Portfolio Architecture Claire Duquesne 2015
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1
portfolio Architectureclaire Duquesne
5
curriculum vitÆ 6
projets & trAvAux
une école de l’art de bâtir 8
Master 2
Nids d’inspiration dans les salines 24
Master 2
entrer à l’université de montréal 34
Master 1
habiter la densité 42
Bac 3
structure en arc 1:1 50
Bac 2
l’entre deux quartiers 56
Bac 1
De la monumentalité des friches de montréal 62
Mémoire
Dessins & peintures 70
2013 - 2015
les « Archis » à saint-luc 82
Exercice d’autogestion, sociologie
I
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
IX
6
clAire [email protected]
(+ 1) 514 278 0806
764, avenue Bloomfield
Montréal, QC H2V 3S3
ce portfolio rassemble une série de travaux réalisés au cours de cinq an-
nées passées à l’école d’architecture de tournai appartenant à la facul-
té loci de l’université catholique de louvain, en Belgique. ma formation
ayant particulièrement encouragé l’exercice manuel, j’ai appris au travers
du crayon à développer et mettre ma sensibilité au service de l’architec-
ture. De nature tenace, je recherche une cohérence du projet architectural
à chaque échelle de sa réflexion. la diversité de mon parcours m’a amenée
à m’adapter face à diverses situations et interlocuteurs. je recherche une
agence qui aspire à trouver un équilibre entre l’homme et son milieu, et
souhaite exercer dans un environnement où les disciplines liées à l’art de
bâtir collaborent afin que l’architecture soit l’objet d’une vision du monde
partagée et vécue.
CurriCuluM VitÆ
7
Décembre 2015 et Janvier 2016
Août 2014
Août 2013
Août 2011 et 2012
Etés 2008 à 2010
Espagnol
Anglais
ExpériEnCE profESSionnEllE
Architecte junior
AVAntpropoS Architectes, lille (59), frANce⌐ Aménager, aux normes, les espaces libre-service d’une compagnie bancaire, phase esquisse
⌐ Analyser les réglements d’urbanisme pour évaluer la capacité constructive de parcelles
⌐ mettre à jour les pièces graphiques au cours de la phase d’exécution
Stagiaire en agence d’architecture
BÖarchitectures, roubaix (59), frANce⌐ réhabiliter une usine textile en ruche d’entreprises, concours d’idées
⌐ Dessiner les plans d’une maison à partir du relevé manuel opéré sur terrain
tAo architectes, roubaix (59), frANce⌐ Aménager les lots intérieurs d’une usine textile reconvertie en lofts habitables, phase esquisse
⌐ Dresser les procès-verbaux des réunions de chantier
Stagiaire sur chantier
Stages d’apprentissage sur chantier⌐ Assister la mise en oeuvre et l’installation d’une ferme de charpente
⌐ rénover des murs en moellons et carreler
⌐ Aider à la maçonnerie de briques
⌐ isoler le gros-oeuvre et repérer l’emplacement du système structurel
Emploi saisonnier
Société Généraleservices prêts et moyens de paiements, lille (59), frANce⌐ recevoir, vérifier, numériser et encaisser les chèques bancaires
⌐ editer et envoyer les prêts personnels immobiliers
CoMpétEnCES pArtiCulièrES
langues
Ecrit oral
Ecrit oral
techniques
Crayon photoshop
Maquette indesign
Autocad illustrator
Sketchup Suite office
9
forMAtion
Master en architecturemention Grande Distinctionuniversité catholique de louvain, site de saint luc à tournai, BelGiQue
université de montréal, Année d’échange, cANADA
Baccalauréat en architecturemention Grande Distinctionuniversité catholique de louvain, site de saint luc à tournai, BelGiQue
université de montréal, Année d’échange, cANADA
Diplôme universitaire de technologies en Mesures physiques ~ DEC + 2option mesures et contrôles physico-chimiquesinstitut universitaire de technologies, iut lille (59), frANce
universitat politècnica de valència, semestre d’échange, espAGNe
Baccalauréat scientifique ~ DECmention bien
option sciences et vie de la terrelycée saint pierre, lille (59), frANce
réAliSAtionS Et BénéVolAt
Crayon, fusain, pastels, aquarelle, encre⌐ membre du club de peinture de Quesnoy-sur-Deûle, 2001 à 2010
⌐ mise en oeuvre de l’exposition annuelle « Deûle en fête », à Quesnoy-sur-Deûle, de 2005 à 2010
⌐ récompensée au salon des peintres de Quesnoy-sur-Deûle, 2004
Association des Compagnons Bâtisseursmembre bénévole⌐ elaboration des outils de communication écrite
⌐ collaboration à la mise en oeuvre d’une « outil-thèque »
De la monumentalité des friches de Montréalmémoire de fin d’études, montréal, cANADA
Journée et nuit De l’architecture 2015⌐ collecte de subsides matériels et financiers
⌐ collaboration à la conception et à l’installation de la scénographie extérieure
⌐ service en table, au bar et à la billetterie
Mention obtenue au prix Van Hove 2015prix délivré par l’union professionnelle d’Architectes, BelGiQue
2013 - 2015
2013 - 2010
2008 - 2010
2008
Dessin et peinture
février - Mars 2016
Septembre 2013 - Août 2015
Septembre 2014 - Avril 2015
Septembre 2015
10
uNe ecole De l’Art De BâtirMontmédy, frAnCE
Master 2 - Atelier 1.618 / Mention au prix Van Hove 2015
thématique: entre paysage naturel et paysage rationnel
programme: une école de l’art de bâtir [lieu du séjour éphémère]
superficie: 1600 m²
I
12
En Lorraine, non loin de la rencontre entre Belgique, France et Luxembourg, Charles Quint fait
construire au XVI siècle une citadelle. Perchée sur un éperon rocheux du massif ardennais la
place forte veille sur un vaste territoire. Plusieurs enveloppes minérales, dessinées suivant les
régles de poliorcétique, protègent Montmédy de ses assaillants. Ces grands murs de pierres
mêlés au roc confèrent force et prestance à l’architecture de la place forte.
Le long du versant sud-est, le vestige d’un mur d’enceinte fractionné liant autrefois la ville
basse à la ville haute dessine la rampe principale d’accès vers la citadelle. Avant d’intercepter
les remparts de la citadelle, le mur rencontre à mi-hauteur de l’ascension un paysage naturel:
une masse arborée qui ceinture la citadelle. Ce cours végétal abrite un chemin piétonnier, lequel
donne accès à la citadelle par des voies plus secrètes.
Le projet naît de cette rencontre entre ces deux paysages, l’un rationnel et l’autre naturel, lequel
se lit au travers de deux matériaux prémonitoires du site: la pierre et le bois. Il s’implante au seuil
de la citadelle, à l’intersection de la masse arborée avec le mur d’enceinte. Un volume appuyé
sur des éléments porteurs linéaires et orienté suivant le tracé des lignes topographiques abrite
un socle minéral. Au sol, le décalé local du mur d’enceinte encadre un grand escalier dessiné
auquel s’accroche le volume. L’intersection de ces dessins naturels et rationnels du site a inspiré
les qualités spatiales intérieures du projet.
A la porte d’entrée de Montmédy,
parcour des remparts - février 2014
Un noeud entre pierre et bois,
implantation définitive - extrait pré-jury
Un projet entre architecture et paysage,
coupe d’implantation - esquisse finale
0 10 10020 50
Un nouveau seuil vers Montmédy,
perspective extérieure finale
17
Entre opacité et transparence,
maquette 200 finale
Accroché à la pierre et porté par le bois,
maquette 200 finale et schéma concept
L’allure du volume réinterprète le profil des bastions enchâssés dans le relief du mont. Le bord
inférieur est dessiné suivant deux obliques, lesquelles donnent l’impression d’une architecture
délicatement assise sur la masse végétale. La rencontre des paysages naturel et rationnel a
inspiré la nature programmatique du projet. L’architecture abrite un lieu d’école visant l’échange
entre les disciplines impliquées à l’art de bâtir dans le but d’apprendre et de produire des projets
communs traitant du bois et de la pierre. Etudiants, « Compagnons du devoir », architectes,
paysagistes et ingénieurs sont invités à se réunir le temps d’un court séjour pour échanger et
conjuguer leurs connaissances mais aussi expérimenter et d’inventer au profit de la connaissance.
Ce programme invite à davantage de dialogue entre disciplines. Le cadre de Montmédy est qui
plus est l’occasion de se ressourcer.
18
L’enseignement au sein de l’école est de deux ordres: pratique et théorique. Le premier entend
un apprentissage au contact direct de la matière. A cet effet, un atelier pratique disposé au
rez-de-chaussée, sous le volume, initie au maniement du bois et de la pierre. Le second type
d’enseignement a lieu en partie supérieure du projet, à l’intérieur du volume où l’espace profite
des obliques de la volumétrie pour habiter une série de plateaux successifs formant au centre
une grande halle centrales d’ateliers de groupe ouverts. De hauteur sous-plafond variable, cet
immense atelier ouvert profite d’une pluralité d’atmosphères. Les espaces plus réduits des
côtés latéraux contiennent des classes et des lieux de réflexion individuelle. La pluralité des
espaces encourage à de multiples échelles d’appropriation de l’espace. En about du volume,
une bibliothèque est à la disposition des étudiants. Fruit d’une réflexion conjointement menée
entre structure et spatialité, le projet apporte des communications simultanées entre l’activité
des gradins et terrasses au sol, l’animation intérieure du volume suspendu et les mouvements
infinis du ciel. Le projet dialogue ainsi avec chaque échelle de son environnement. L’espace
intérieur du projet est contenu dans un immense squelette métallique. Pour répondre aux
intentions spatiales du plan libre et formelles des obliques, la structure de l’édifice repose sur
deux immenses poutres treillis longitudinales élancées qui, en plan, séparent les deux bandes
latérales asymétriques plus intimistes de la grande galerie centrale ouverte. Les poutres treillis
conduisent les circulations et dessinent les limites entre espaces.
Un sol habité - plan rez
Une halle d’ateliers - r + 1
Des balcons privatifs - r + 2
[documents finaux]
Des ateliers partagés,
esquisses programmatiques
Des continuités visuelles et spatiales,
esquisses coupe transversale
19
0 2 204 10
20
Un lieu de vie collective,
coupe détails finale
Evolution du treillis et de l’accroche au sol,
esquisses
Ces deux poutres principales reposent chacune sur trois appuis libres logés dans des murs massifs
continus avec le tracé du mur d’enceinte. Un cours de traverses croise les membrures supérieures
des poutres treillis de sorte à porter par suspension verticale l’ensemble des planchers latéraux
et ainsi minimiser le dimensionnement des poutres inférieures. A hauteur de la galerie centrale,
les planchers sont encastrés dans les membrures inférieures des poutres treillis. Des croix de
contreventement disposées à hauteur des appuis entre les deux poutres treillis, ainsi que dans
les plafonds et planchers des espaces latéraux, assurent le maintien transversal en coupe.
Un revêtement de verre en façade, ainsi qu’en toiture à hauteur de la galerie centrale, recouvre
ce squelette d’acier. Côté paysage, un bardage bois ajouré couvre le verre pour former un écran
unitaire qui soit à échelle du paysage. Côté paysage, un bardage bois ajouré couvre le verre pour
former un écran unitaire qui soit à échelle du paysage. Ponctuellement, cet écran est percé pour
offrir des vues depuis les espaces intérieurs principaux. Côté citadelle, la façade verre est laissée
libre. L’espace intérieur s’ouvre totalement à l’environnement boisé. Cette relation différenciée
à l’environnement proche et lointain rejoint la relaton de la citadelle au paysage. En intérieur, le
revêtement bois des surfaces prolonge cette proximixuité avecla ceinture arborée.
Des spatialités multiples pour un plan libre,
maquette 200 finale
0 0.5 51 2.5
23
Une structure expressive,
maquette 50
24
25
Les chemins du savoir,
tryptique final à l’aquarelle 1189 x 2523 mm
[erratum: nouveau titre]
26
NiDs D’iNspirAtioN DANs les sAliNesMarsala, SiCilE
Master 2 - Atelier 1.618
thématique: entre paysage naturel et paysage rationnel
programme: ateliers d’artistes [lieu du séjour éphémère]
superficie: 2020 m²
II
28
Sur la pointe ouest de l’île sicilienne, vent et soleil permettent le développement d’une activité
maritime particulière : les marais salants. Situées entre de grandes formes naturelles, la mer
à l’ouest et le Mont San Giuliano au nord-est, les salines de Marsala déploient un paysage
rationnel singulier. La dispersion observée de groupements de fermes alentours est héritée de
l’urbanisation romaine. Une déambulation libre et intuitive, guidée par le dessin géométrique
des canaux et l’horizon ponctué de moulins, nous amène à parcourir les salines. Celles-ci forment
une longue étendue en bord de mer. Une partie des salines présente un contour circulaire dû à la
succession juxtaposée de lots de bassins de formes différentes. Entre deux formes, la pliure locale
des canaux dessine des lieux particuliers de la géométrie. La continuité de canaux principaux
ainsi que l’axialité avec les moulins connectent ces lieux les uns aux autres, physiquement et
visuellement qui, ensemble, forment un système dynamique au sein du marais. Les couleurs, la
lumière et l’atmosphère reposée du site ont amené le caractère artistique du programme.
Associer petite et grande échelle,
maquette de groupe 500
Dispersion et horizon,
coupe d’implantation finale
Une activité maritime singulière,
aux abords du canal - octobre 2014
0 10 10020 50
29
0 40 40060 200
1
2
4
3
En effet, le projet intègre ce système et consiste en une dispersion articulée d’ateliers d’artistes
implantés aux noeuds particuliers de la géométrie du marais. Les bâtiments se lient les uns
aux autres au moyen de canaux directeurs et de relations visuelles. Les sites 2, 3 et 4 sont des
ateliers d’artistes individuels et privatifs. Le site 1 est un grand atelier public équipé d’espaces
d’exposition où s’organisent des stages artistiques. Une auberge annexe héberge les visiteurs.
Une étendue maillée, articulée et ponctuée,
plan d’implantation final et schéma concept
30
rez
rez
r + 1
site 4
0 1 102 5
r + 1
Somme toute, cinq éléments composent l’architecture de ces nids d’inspiration : le sol, les murs
d’accroche aux salines, les murs intérieurs, les plateaux, le toit.
Pour s’implanter à la mesure d’un bassin, chaque entité est tenue par deux murs disposés sur
la longueur des côtés de la parcelle occupée. Côté canaux, ces murs servent le cadrage des
ponctualités du parcours, en l’occurrence les moulins. Côté bassin, les murs préservent l’intimité
de l’atelier. Ils s’accordent au langage des murets préexistants sur le site.
Amorcée par ces murs d’entrée, l’architecture des ateliers est fabriquée au moyen de plans
simples verticaux et horizontaux. La simplicité du geste est à l’instar des qualités vernaculaires,
humbles et naturelles du contexte. Des murs indépendants les uns des autres, viennent structurer
l’espace. Eloignés, ils créent un espace. Rapprochés, ils articulent les entrées et transitions au sein
du vide.
Les étages sont formés au moyen de paliers répartis jusqu’au premier étage. Passé le premier
étage, à l’exception de deux murs porteurs du toit, les plans verticaux cessent de grandir. Ainsi,
les plans horizontaux transitent d’un espace fermé et cadré sur le paysage proche, vers un
espace ouvert sur le paysage lointain.
De même que les plateaux d’étages, la toiture est un élément indépendant des plans verticaux,
telle un plan horizontal et flottant. Deux cours de poutres croisés à mi-bois rigidifient l’ensemble.
Seuls deux grands murs intérieurs hauts reprennent le poids du toit de sorte à libérer la façade de
toute implication structurelle. Pour la retenir sur ces abords, des câbles discrets sont distribués
en arrière des châssis et retiennent la toiture via le poids des murs. La simplicité architecturale
des plans verticaux et horizontaux est recherchée en priorité pour ne rien défaire des qualités
vernaculaires, humbles et naturelles du site.
Habiter une pièce de la saline,
plans rez / r + 1 finaux
Un parcour ponctué d’événements,
maquette de groupe 500
En quête des éléments constitutifs de
l’architecture,
esquisses
Préserver l’intimité du site,
façade finale
0 2 204 10
32
Le projet apporte une attention fine à l’assemblage de ces cinq éléments constitutifs de sorte
à former un tout cohérent pour chaque échelle d’étude. Les matériaux employés font écho
au contexte d’implantation. De même que les chemins dispersés sur la saline, le sol est fait de
terre. Ce matériau assure une continuité d’extérieur en intérieur tout au long du parcours du
site. Les murs sont montés à l’aide de la pierre employée dans les salines. Le calepinage opte
pour de longues pierres de sorte à appuyer l’horizontalité des murs. Un traitement particulier
de l’arête inférieure des pierres souligne l’assise superposée des pierres par effet d’ombre. Pour
les plateaux, le choix matériel s’est porté sur le bois, en particulier le mélèze. Cet usage du bois
est un clin d’œil aux petites écluses dispersées sur les salines pour réguler l’acheminement de
l’eau aux canaux. Le mélèze satisfait en particulier les critères d’esthétique et de disponibilité
à proximité du site. Il revêt plateaux intérieurs et terrasses pour apporter chaleur aux espaces.
Dépendamment des plateaux, le sens de pause des planchers conforte la direction d’une
déambulation ou assure la stabilité d’un espace.
33
Une architecture modulée,
plan rez final
Une générosité spatiale et lumineuse,
coupe AA transversale finale
Une matérialité héritée de l’architecture locale,
maquette 500 1 102 5
A
A
B
B
34
35
Une simplicité de l’unité à la globalité,
planche finale au crayon sur calque 5 x A0
Un geste structurel simple et fort,
coupe BB détails finale
0 0.40 40.80 2
Entre mer et terre, ce projet s’accorde à la mesure du bâti existant tout en conservant un rapport
étendu au contexte dans lequel il s’implante. L’architecture porte le regard du seuil à l’horizon.
Le projet propose une réponse humble mais soignée aux défis du mariage ambitieux d’un vaste
territoire avec une architecture d’échelle humaine et de la rencontre exceptionnelle de paysages
naturel et rationnel. Il offre de surcroît une complicité efficace entre un dessin constructif simple
et une qualité d’ambiances étendue. L’architecture mise en place se veut forte d’une grande
amplitude donnée à la diversité de l’espace, de la lumière et des ambiances, mais aussi à celle de
l’ergonomie et des possibilités de déambulation.
36
eNtrer à l’uNiversité De moNtréAlMontréal, CAnADA
Master 1 - projet intégrateur en développement durable
thématique: architecture de la mobilité et de l’immobilité
programme: réfection de l’entrée de l’udem suivant une approche durable
III
38
Deux étudiants en architecture et cinq étudiants en ingénierie s’unissent pour repenser
l’entrée de l’université de Montréal suivant une démarche environnementale respectueuse
d’un monument de Montréal: le Mont-Royal. A l’occasion de son 70ème anniversaire, le projet
cible particulièrement la réhabilitation du parcours reliant le pavillon principal Roger Gaudry à
la place de l’Université de Montréal en contre-bas. Les commanditaires souhaitent mettre en
valeur les qualités patrimoniales et architecturales du pavillon, défendre les valeurs promues par
l’université, intégrer l’expérience du Mont Royal et s’inscrire dans une démarche de conception
durable. L’aspect durable du projet a été d’emblée une préoccupation essentielle pour le groupe.
Pour protéger la faune & flore du site et veiller au recyclage des infrastructures, nous avons choisi
d’améliorer la rampe existante en termes de spatialité et lumière. Pour ce, le projet consiste
à décliner l’ascension du Mont-Royal suivant trois étapes. La première réaménage la place
de Montréal où débouche le métro comme un immense jardin paysager, pris entre feuillages
et clairières, qui annonce l‘envergure de l’Udem. Les chemins venus de tous parts rejoignent
l’embouchure basse de la rampe. Puis, une fois débutée la montée, un café intercepte la rampe au
deux-tiers créant un puits de lumière dans le souterrain. L’équipement émerge en plein cœur de
la masse boisée qui arpente cette zone du Mont-Royal. Enfin, au terme de l’ascencion, la rampe
débouche sur une vaste esplanade paysagère étendue le long du pavillon Roger-Gaudry. De cet
immense balcon, l’on peut contempler l’étendue urbaine des bordures du Mont-Royal. Passée
l’esplanade, la fin du parcours gravit l’escalier monumental menant à la porte du pavillon Roger
Gaudry. La terminaison de l’ascension se veut solennelle, à l’image des intentions premières
de l’architecte du bâtiment, Ernest Cormier. En somme, le projet veut signifier la montée de la
montagne comme la traversée de plusieurs lieux successifs qui, ensemble, dessinent le portrait
d’une grande université assise sur les versants ouest du Mont-Royal.
Une figure à l’Ouest du Mont-Royal en 1920,
archivesdemontreal.org
Une ascension du Mont-Royal en trois étapes:
1_une place d’entrée au Mont-Royal
2_un lieu d’étape pour la communauté
3_un aboutissement paysager et monumental,
esquisses
Faire avec l’existant et pour l’existant,
coupe d‘implantation finale et schéma concept
Une architecture de la mobilité et de l’immobilité,
plan d’implantation final
Un paysage institutionnel,
maquette d’implantation
Sur le chemin de la rampe,
premiers pas sur site - septembre 2013
4
39
3 2 1
3
1
2
2
1
3
0 5 502510
0 20 20010040
4
40
1
1
2
2
3
3
4
4
5
5
67
7
6
0 2 20104
41
Dans un second temps du projet, la réflexion à échelle du détail technique s’est focalisée sur le
café qui intercepte la rampe. Ce lieu a pour vocation d’être un lieu de rencontres et d’échanges
sur le Mont-Royal, fait pour et par la communauté étudiante de l’Udem. L’articulation café-rampe
est de deux ordres: lumineuse, via le puits de lumière, et physique, via un mur vertical servant
d’accroche. Pour accéder au café, un couloir s’échappe de l’axe de la rampe, contourne un noyau
blanc et neutre renfermant des espaces techniques ainsi qu’une cuisine ouverte sur le souterrain,
pour finalement permettre d’entrer dans le café ou de sortir rejoindre le réseau piétonnier du
Mont-Royal. Les lignes fortes qui dessinent l’architecture s’appuient sur un parcours en « lacets
» grimpant la montagne. D’extérieur, le café est une architecture horizontale interceptée par un
élément massif et vertical venu de la rampe. L’approche tectonique entre en mimétisme avec
l’extérieur. Un sol en ardoises symbolise une assise rocheuse. La toiture et la face inférieure du
plafond sont revêtues de bois comme une prolongation du boisé en intérieur. La transparence
du verre en façade appuie la légèreté des plans horizontaux et permet une totale ouverture
sur l’environnement naturel. Le noyau technique reste blanc par soucis de neutralité. Depuis
l’esplanade, la volumétrie se fait discrète grâce à une toiture végétale.
L’enjeu structurel principal consiste à suggérer la légèreté et l’auto portance des plans horizontaux
pour des épaisseurs de plafond et plancher les plus fines possibles et, qui plus est, équivalentes
par souci d’harmonie visuelle. Les murs porteurs se trouvent au sein de l’îlot technique et dans
la continuité des murs latéraux de la rampe intérieure. Contrairement au reste du bâtiment, la
matérialité apparente et structurelle de ces éléments suggèrent la pesanteur, la résistance et la
massivité.
Une respiration à l’ascension de la rampe,
maquette 100 finale
Un café adossé à la montagne,
plan final
Aller-retour entre architecture et ingénierie,
esquisse de l’ingénieur civil
43
Au plafond, des poutres d’acier continues axées parallèlement à la rampe et partant du mur de
soutènement [côté esplanade], terminent en porte-à-faux au niveau de la façade pour dégager
un maximum l’espace de restauration de tout élément structurel. L’espacement des poutres,
le dimensionnement des profils et la qualité des appuis sont réglés en vue d’une épaisseur
structurelle la plus fine.
L’essentiel des équipements mécaniques se trouve dans une salle technique placée au-dessous
du café, accessible par ascenseur. Un système géothermique, installé plus haut sous l’esplanade,
ainsi que des planchers radiants permettent le chauffage du café. L’inertie de l’ardoise au sol
facilite les transferts et la conservation de chaleur. Pour ventiler la partie située à l’est du café et
gérer le chauffage de la vitre sur le pourtour du puits de lumière, les gaines passeront le long des
âmes des poutres aciers. Une installation récupère en toiture l’eau de pluie et veille à réduire au
mieux sa consommation sanitaire en eau.
L’approche durable du projet se base sur les critères de certification LBC. Les choix de conception
remplissent des pétales d’exigences relatifs à la préservation du site, à la consommation d’eau
et d’énergie, à l’adéquation entre l’Homme et son environnement, à l’usage des matériaux et
aux valeurs éthiques de l’architecture. Au prix de longs dialogues, architecture et ingénierie se
complètent finalement l’une et l’autre dans l’expression tectonique du projet. Les stratégies
techniques s’accordent avec les gestes architecturaux d’ensemble. Tout au long du projet,
l’équipe a mis un point d’honneur à l’échange entre co-équipiers, chacun ayant la motivation
double de partager ses connaissances tout en s’instruisant des autres disciplines.
Schéma structurel de toiture,
modèle d’esquisse
Une fenêtre sur le Mont-Royal,
maquette finale 100
Chemins de chaleur et d’eau,
modèles de l’ingénieur mécanique
Label Living Building Challenge [LBC]
44
hABiter lA DeNsité sur les DocksAnvers, BElGiQuE
BAC 3 - projet facultaire « loCuS »
thématique: habiter la ville en devenir
programme: logements [densité et mixité]
IV
46
Cet exercice de troisième année de bachelier en architecture traite traditionnellement du grain
de la ville, soit du logement. L’étude se pose à Anvers, ville de Belgique en territoire flamand.
Située sur la rive droite de l’Escaut, Anvers doit sa prospérité économique au développement
d’un port international de marchandises, qui en 2015 est le second port le plus important d’Europe
après Rotterdam. L’extension d’Anvers au nord laisse en désuétude les docks les plus anciens des
aires portuaires. La ville investit ces territoires devenus obsolètes pour y planifier l’expansion de
son habitat. L’exercice architectural consiste à réfléchir sur comment habiter une densité entre
horizontalité, celle de l’eau, et une verticalité, celle de figures urbaines prédominantes.
Pris entre parcs et bassins,
analyse à échelle de la ville0 400 20001000200
47
Le terrain de réflexion cible une zone particulière de l’ancien tissu portuaire : la presqu’île de
Cadix. Entre des docks inusités et l’émergence récente d’ensembles de logements, la presqu’île
de Cadix est la rencontre d’un tissu ancien organique et du futur de la ville dessiné sur une trame
orthogonale, héritée d’une implantation industrielle bientôt révolue. Une première réflexion à
large échelle consiste à dessiner un schéma directeur de l’urbanisation à suivre sur la presqu’île.
Le choix d’une densité verticale sur les quais Ouest entraîne la création d’un vaste espace
public qui soit à échelle de l’axe majeur Nord-Sud. Vers l’intérieur et sur les quais Est, la densité
horizontale est en continuité avec l’urbanisme existant et favorise l’échelle de proximité, animée
notamment par le port de plaisance. Elle permet qui plus est d’articuler les différentes hiérarchies
du viaire, soit la connexion entre un grand axe périphérique faisant le pourtour de Cadix et des
rues et ruelles plus secondaires traversant la presqu’île d’ouest en est. Le travail des logements
s’est concentré sur l’aménagement de la nappe horizontale implantée sur l’îlot nord-ouest.
Prendre position
entre verticale et horizontale,
presqu’île de Cadix,
Eilandje - le quartier des docks,
plan masse final
0 50 250 500100
48
0 2 204 10
49
Pour habiter la nappe, la répartition des logements procède par imbrication. Deux objectifs
principaux ont conduit à cette méthode, le premier étant la mixité programmatique. En rez-de-
chaussée, des fonctions commerciales et tertiaires de petite échelle complètent l’implantation
de logements, notamment le long de l’axe piéton central qui traverse la presqu’île. Les gabarits
de logements s’échelonnent du T1 au T4 accueillant ainsi des typologies familiales diverses. A
ce critère de mixité s’ajoute le désir de profiter simultanément des avantages d’un logement en
façade et de ceux d’un logement traversant. Tous les logements bénéficient d’un espace extérieur.
Les gabarits de chaque logement s’emboîtent comme un tétris, offrant ainsi simultanément des
orientations multiples, une ouverture sur la quiétude des jardins et le maintien d’une accroche à
la rue, soit plus largement à la ville.
Un grain de proximité,
plan rez final
Une richesse d’atmosphères
pour une pluralité de gabarits,
plans finaux r +1 / r + 2 / r + 3
0 1 102 5
t5 t1
t4 t3
t3
50
Une architecture généreuse,
perspective manuelle sur format A0
51
52
structure eN Arc 1:1Ecole d’architecture de tournai, BElGiQuE
Atelier Bac 2 - « Semaine de l’archi »
thématique: expérimenter les lois de la statique
programme: construire un arc en tasseaux de bois
V
54
A l’école d’architecture de Tournai, les élèves de première et seconde année de baccalauréat
interrompent chaque année momentanément le cours de leur programme pour participer à la
traditionnelle « semaine de l’archi ». Durant cette « semaine de l’archi », l’atelier se partage en
groupes d’effectif important pour réaliser un projet à caractère expérimental dans un lapse de
temps et un cadre matériel restreints. Outre l’occasion d’expérimenter des projets à plus grande
échelle, cette expérience offre une parenthèse détendue et vivante à la routine scolaire. En
2011, l’exercice consiste à la construction échelle 1:1, par groupe de dix étudiants, d’une structure
en arc capable de franchir la largeur de l’atelier Bac 2 situé en arrière de la chapelle. Pour cette
réalisation, nous disposons uniquement de tasseaux de bois d’une longueur de 2,50 m, pour
une section de 3x5cm, et de vis pour plaque de plâtre. A l’issue de la construction, la tenue
de l’ouvrage sera testée au moyen d’un poids suspendu dans les conditions déterminées au
préalable par chaque groupe.
Le projet consiste à l’évolution organique d’un portique cindé en deux poutres treillis, l’une
reposant sur l’autre à la manière de deux cornes inversées. Le tout forme un triangle dont chaque
sommet est rotulé. Chaque corne est une poutre treillis en trois dimensions. La triangulation des
faces supérieures et inférieures assemblent et maintiennent les poutres treillis 2D à distance.
Elles assurent également la résistance de l’ensemble à la flexion latérale. Les barres intérieures
protègent des effets de torsion, notamment du gauchissement. Par souci esthétique, les appuis
au sol s’élargissent jusqu’au mur, lesquels agissent sur la structure par compression.
Passées les phases de dessins et réflexions, place à la construction qui durera quatre jours et
deux nuits. Pour s’assurer du bon équilibre des cornes l’une sur l’autre, nous commençons par
construire les deux cornes dans leur version 2D. Une fois assurés de la tenue du système au
point de rotule supérieur, nous construisons les modèles de ces poutres 2D à l’identique que
nous assemblons ensuite pour obtenir l’objet 3D. Les assemblages sont à moise. Le test de tenue
final consiste à faire suspendre une personne de gabarit moyen au point de rencontre des deux
cornes. Pari réussi!
Esquisses
Simulation du diagramme des efforts tranchants
Simulation de la déformée
55
Assemblage des poutres 2D
Assemblage des poutres 2D
Test du poids
Modèle en maquette
Poutres treillis 2D avant assemblage
56
Zoom sur triangulation et assemblage type moise
Série photographique de
l’élévation de la structure
Structure achevée,
veille de la présentation
58
l’eNtre Deux QuArtierstournai, BElGiQuE
Atelier Bac 1 - projet de fin d’année
programme: maison de quartier [salle polyvalente + crèche]
superficie: 830 m²
VI
60
8
1
2
3
4
10
9
11
5
1
5
2
6
3
7
4
8
6
0 5 10 25 50
7
Situé à Tournai, en bordure de la seconde enceinte médiévale datant du XIIIe siècle, le square
Marie-Louise est un entre-deux arboré entre l’implantation rectiligne de la bourgeoisie du
boulevard périphérique et le tissu plus organique du vieux quartier Saint-Piat situé plus bas
aux abords de l’Escaut. L’implantation végétale qui arbore le site dessine naturellement une
déclinaison de cadres sur l’environnement direct du square. Ainsi, il est un point dans le parc
autour duquel vides et pleins s’articulent, et qui permet en un tour d’horizon d’appréhender
les pleins et les vides qui fabriquent la richesse spatiale du site: une perspective qui traverse le
parc d’Ouest en Est [1 & 5], une ouverture sur les maisons bourgeoises de la rue de la Justice [2],
un sentier reliant au palais de Justice [3], un arbre remarquable de Tournai [4], un dégagement
donnant vue sur l’ancien collège des Jésuites [6], une sortie vers le dédale du quartier Saint-
Piat [7] et un escalier menant au site associatif de la palette Saint-Piat [8]. L’exercice consiste
à implanter une maison de quartier qui puisse faire renaître l’échange social d’une rive à l’autre
du square. La maison de quartier contient une salle polyvalente et une crèche, lesquelles se
partagent les services d’une unité centrale. Le projet sépare formellement ces fonctions pour
enrichir la perception de rayonnement en apportant de nouveaux vides et de nouveaux pleins à
savoir une transparence visuelle reliant à la palette Saint-Piat au travers de la salle polyvalente
[9], une percée au travers de l’unité de services [10] et une cour extérieure protégée pour la
petite enfance [11]. Le square n’est alors plus un entre-deux qui sépare mais un lieu qui unifie les
horizons divergents de deux quartiers au moyen d’une interface sociale de proximité.
9, 10, 11
Un parc aux multiples facettes,
plan d’implantation final
Raccorder deux hauteurs de la ville,
coupe finale
0 1 2 5 10
Trois nouvelles composantes au site,
maquette 200
« Un » lieu pour « des » regards,
Stonehenge - schéma concept
0 1 2 5 10
63
Le projet est construit à partir d’un long volume disposé le long de la rue Hyppolyte Boulanger
puis creusé de part et d’autre jusqu’à émergence des murs directeurs. Chacune des fonctions
du projet s’oriente selon une direction particulière. Elles forment un tout mais se détachent
visuellement les unes des autres de par leur géométrie et leur degré de transparence. L’unité
de services sert d’articulation entre la crèche et la salle polyvalente. Deux épaisseurs de part et
d’autre d’un couloir traversant séparent de la salle polyvalente et de la crèche. La création d’un
bar côté parc et d’une buanderie côté rue fabriquent deux pôles d’intérêt pour l’échange social.
En partie ouest, la salle polyvalente affiche une totale transparence. Une scène naît de la
prolongation du dénivelé en intérieur. Munie d’une grande terrasse extérieure bordée de gradins,
la salle polyvalente établit également une continuité entre le parc et l’espace de la palette. La
forme trapézoïdale simple de la salle et la générosité de l’espace qui la borde permettent une
flexibilité des usages.
Par souci d’intimité, les espaces dédiés à la petite enfance s’inscrivent dans la topographie. La
crèche s’ouvre pour l’essentiel sur une cour extérieure protégée du couvert des arbres. Plus
largement, un soin particulier est apporté aux bords du projet de telle sorte à ouvrir le dialogue
entre le projet et son environnement.
Une interface culturelle,
façade finale
Maquette 200
Un noyau culturel pour la collectivité,
plan final
0 1 2 5 10
64
De lA moNumeNtAlité Des friches De moNtréAlMontréal, CAnADA
Mémoire de fin d’études, 2013 - 2015
VII
objectif et carnet d’esquisse en main, ce mémoire s’écarte des sentiers
battus pour aller à la découverte d’une monumentalité implicite de la ville
de montréal.
67
Le 23 août 2013, j’entame une année universitaire outre-atlantique à Montréal. Peu de temps
après la rentrée, le professeur du cours de stratégies urbaines demande une courte rédaction
sur un sujet urbain, au choix. Je pense aux friches urbaines. Difficile de passer outre cet aspect
de la ville lorsque l’on est originaire du Nord de la France. De nombreuses friches, bien que peu
à peu ensevelies sous les ruées de la rentabilité foncière, rappellent le passé industriel glorieux
de la région. Mais de ce paysage n’émane pas que décrépitude et abandon. Ces ruines du XXe
siècle ont au contraire quelque chose de beau. Emballée par cette idée, je propose le sujet, ce
à quoi mon interlocuteur me répond: « Le sujet est intéressant, sauf que tu ne sais pas encore
pourquoi! ». Et il me cite:
such urban space, which i will denote by the french expression terrain vague,
assumes the status of fascination, the most solvent sign with which to indicate
what cities are and what our experience of them is. »
ignasi de Solà-Morales i rubió
[1995]. Terrain vague. Anyplace. page 119.
Ici commence ce mémoire de fin d’études. A Montréal, je pars en quête de cette fascination du
terrain vague, ou plus globalement de la friche urbaine. La rhétorique de Jean-Claude Marsan
dans Sauver Montréal [Chroniques d’architecture et d’urbanisme], « Paris
a ses boulevards, Rome a ses basiliques, Florence ses palais, Venise ses canaux. Et Montréal
? », ainsi que la réflexion menée par Luc Lévesque dans l’article Montréal, l’informe
urbanité des terrains vagues, m’amènent à soulever le questionnement suivant:
en quoi les friches urbaines sont-elles un monument de la ville de montréal?
La « Malt’ » : le beffroi du quartier Saint-Henri
Sur le toit du parking « Peur Peur Peur »,
une nouvelle place publique,
quartier du Mile End
68
En quête de réponses, la réflexion poursuit une méthode particulière, inventée au fur et à mesure
de l’approche du sujet. Elle consista en une minutieuse exploration menée in situ durant cinq
mois au coeur des friches urbaines de Montréal. Au cours de cette explorations, le maniement
conjugué de plusieurs médias d’études, à savoir la promenade, l’appareil photo, le crayon et le
langage apportèrent un juste équilibre entre des positions objectives d’analyses et des partis pris
plus sensibles et personnels. En plus d’être un voyage personnel, ce mémoire est une invitation
à dépasser l’explicite de la ville dans le but de parcourir ses revers, implicites mais non riches.
Il recherche et apprend à connaître les clés de lecture permettant de déduire la réalité d’un
monument à celle des friches urbaines.
Au lendemain de l’ère industrielle,
rue Notre Dame Est / Rue Dickson,
quartier de Maisonneuve
Au-dessous de l’échangeur Turcot,
quartier Saint-Henri
A la recherche des pollinisateurs,
PolliniFête de juin 2014,
au Champ des Possibles - quartier du Mile End
70
71
72
DessiNs & peiNturesMontréal, CAnADA / lemps, frAnCE
2014 - 2015
VIII
cette partie regroupe des dessins et peintures réalisés à partir de tech-
niques, sujets et contextes divers. cette diversité d’approche est due à
l’intention permanente de toujours aller au devant de l’inconnu, sur le
fond comme sur la forme. Ainsi s’acquière l’exercice du regard.
74
0h
A l’université de Montréal, un atelier propose d’amorcer l’exercice architectural sur base d’une
réflexion diagrammatique. Dans le cadre de cette approche, la bande dessinée ci-contre
questionne dans quelles mesures l’architecture peut-elle favoriser la mixité des usages. Le
programme de l’exercice fait intervenir cinq acteurs différents. Elle illustre, le temps d’une
journée, le quotidien de chaque acteur dans la situation où ils sont amenés à partager l’usage de
chambres étudiantes
communs
Gymnase
salle de danse
salle de réunion
cabinet d’architecture
l’étudiant
cafet’ + salle de projection
le danseur
Galerie d’art
l’architecte / le designer
café-laverie + salle de spectacle
le médiateur culturel
Grands ateliers
le public
6h
Du programme,
à la Bande Dessinée,
à l’architecture.
rez à demi-enterré
r + 1 jusque r + 3
r + 4
75
lieux d’ordinaire exclusifs. Le projet procède suivant la métaphore de l’arbre. Toutes les fonctions
qui composent le projet intègrent un seul et même édifice dont les racines sont figurées par
de grands ateliers communs. De là s’élèvent des branches de circulation verticale., lesquelles
traversent un espace aéré, le feuillage, composé de fonctions aux usages plus réservés. Arrrivé
à la canopée de l’arbre, le panorama sur Montréal est laissé au luxe d’un seul acteur: l’étudiant.
24h12h 18h
77
Hommes,
d’après modèles vivants,
fusain sur chevalet 600 x 760,
Montréal - 2014
78
un voyage à lemps
A la veille du rendu de projet de fin d’année, Eric Van Overstraten et Pierre Accarin, architectes
et enseignants chargés de l’atelier 1.618 de l’école d’architecture de Tournai, emmènent
traditionnellement leurs élèves au village de Lemps situé dans la Drôme provençale française.
Durant une semaine, les élèves effectuent une retraite dans un cadre idyllique pour exercer leur
regard, dessiner et se ressourcer.
Le village de Lemps, frappé par l’exode rural au cours de l’ère industrielle, a gagné de nouveau
le cœur des Hommes revenus y vivre depuis ces trente dernières années. Actuellement,
la réhabilitation de la commune de Lemps est cogérée par ses habitants et l’A.S.B.L. « Art et
Recherche à Lemps » [Association Sans But Lucratif] tenue par les deux architectes. L’association
panse petit à petit les plaies du village. En période estivale, elle organise des stages de dessins
ouverts à tous les membres de la faculté LOCI de l’université catholique de Louvain. Des
professeurs encadrent bénévolement les participants. Le planning est partagé entre chantier le
matin et dessin l’après-midi. Lemps compte de nombreuses ruines qu’il faut réhabiliter.
En juin 2015, durant une semaine, les élèves de l’atelier 1.618 ont donc collaboré à la réfection
des bâtisses de moellons, chaque étudiant apportant sa pierre à l’édifice. L’après-midi, le groupe
part en excursion dans les alentours pour dessiner les merveilles du paysage. Les repas sont pris
communément, en toute convivialité. Le voyage se clôture par une exposition de nos dessins où
sont conviés les villageois, l’occasion de partager nos regards réciproques sur la région.
Un peu de hauteur,
premiers pas sur site - juin 2015
Village de Lemps,
aquarelle 500 x 250,
2015
81
Eglise de Lemps,
craie grasse noire + gomme 594 x 420,
2015
Dans les ruelles de Lemps,
pastels secs 420 x 100,
2015
82
Village de la Drôme,
aquarelle 500 x 650,
2015
Depuis Lemps,
pastels secs 594 x 420,
2015
En somme, le voyage à Lemps peut se résumer sous trois angles de rencontre: une rencontre
avec le paysage, une rencontre avec l’architecture, une rencontre avec l’Homme. Les trois
s’allient pour trouver harmonie, quiétude et ressources. Partagé entre des moments de solitude
et de convivialité, ce voyage à Lemps nous recentre sur des valeurs essentielles que sont celles
du vivre-ensemble et de l’équilibre trouvé entre nature et architecture. Le temps adonné à
l’exercice du dessin affûte le regard de l’étudiant et l’amène à se fabriquer des clés de lecture sur
son environnement. L’expérience allume le goût du voyage, le goût des rencontres et le goût
d’apprendre de l’architecture comme étant une fenêtre sur le monde.
84
les « Archis » à sAiNt luctournai, BElGiQuE - rétrospective photographique
2014 - 2015
IX
Avant que l’école d’architecture n’achève son dernier carton de déménage-
ment, des architectes et photographes en herbe s’associent pour faire mé-
moire des bâtiments emblématiques de l’institut saint-luc.
86
En seconde année de master, le cours de sociologie propose un exercice d’autogestion, amenant
les élèves à créer et gérer eux-mêmes un projet impliqué dans la vie étudiante. A l’heure où la
consigne est prononcée, l’école commence ses cartons en vue de son déménagement prévu
en 2016 pour le centre-ville tournaisien. Avec deux autres étudiantes, nous saisissions l’occasion
de ce tournant pour faire un arrêt sur image sur les bâtiments de Saint-Luc qui auront fait,
plus de trois décennies durant, la renommée et l’image emblématique de l’école d’architecture
de Tournai. Pour faire mémoire de cette histoire, nous réalisons un projet photographique
en collaboration avec des élèves de la section Photographie de l’institut Saint-Luc. L’équipe
comporte huit membres étudiants actifs: cinq d’architecture et trois de photographie. Outre le
vœu de mémoire, ce projet cherche également à ouvrir les possibilités d’échanges entre deux
disciplines complémentaires. Le projet s’est construit progressivement, au fil des souhaits et
réflexions apportés par chacun, pour finalement aboutir sur une production satisfaisante: les 26
juin et 4 septembre 2015, dates de proclamation des résultats, le projet vit le jour sous forme
d’une exposition et d’une vente de photos sous format carte postale. L’exposition est montée
sur des cubes en carton qui s’emboîtent les uns dans les autres à la manière des poupées russes.
Le système permet ainsi d’allier le 2D de la photographie avec le 3D de l’architecture. Les photos
occupent plusieurs faces du cube de sorte à amener le visiteur à manipuler les volumes et faire
évoluer l’exposition au gré des regards posés par chacun. Le tout peut être rangé et ressorti
ailleurs pour une autre occasion. La vente des cartes postales aura eu un franc succès, notamment
auprès des jeunes diplômés soucieux d’emporter un souvenir de leur passage à Saint-Luc. Des
élèves de master ont eu recours au projet pour illustrer leur mémoire de fin d’étude, preuve en
est que le projet aura été apprécié par la communautaire.
Pêle-mêle de cartes postales,
40 clichés sélectionnés sur près de 300 initiales
Les clichés des pages suivantes sont tirés de séries photographiques personnelles menées sur
trois thématiques d’approche du sujet: l’espace propre, la fenêtre et les tables et assises.
Saint-Luc: une architecture néo-gothique
entourée d’un parc,
Printemps 2015
87
88
espaces propres
Le Théâtre est l’espace référent pour
bons nombres d’étudiants de l’école de
Tournai car il est le fief des premières
années. Les après-midi d’ateliers, les
élèves se disputent les tabourets pour
prendre part à l’effervescence créative,
pendant que du haut de ses balcons,
l’atelier Bac 3 s’amuse de la scène. Aux
heures creuses, le théâtre est un foyer
culturel où s’organisent conférences,
rendez-vous associatifs et festifs. Sortez
du théâtre pour regagner le hall, et
prenez l’escalier principal. Le milieu des
marches est fléchi et adouci à force
de piétinements. Les craquements
des bois trahissent toute âme qui vive.
Lors de la montée, vous pourrez saluer
quelques travaux d’élèves ainsi que le
souvenir du passage d’illustres noms
de l’architecture dans l’école. Arrivé
au second et dernier étage, un cours
de portes vitrées distribue salles de
classe et bureaux. D’autres portes, plus
grandes, renferment l’un des trésors
de Saint Luc: la chapelle. D’ordinaire, la
chapelle est peu usitée, si ce n’est qu’elle
est le musée permanent d’une foule de
projets étudiants. Puis, arrivé l’automne,
les élèves de Bac 2 s’accaparent le lieu
pour y étaler leurs bricolages à l’occasion
de la « semaine de l’archi ». Le printemps
annonce la préparation du premier mai,
jour traditionnel des portes ouvertes au
cours duquel la chapelle revêt ses plus
beaux atouts et met en scène les travaux
étudiants retenus pour l’occasion. Une
fois venue la fin d’année, elle offre la
chance aux élèves de seconde année de
master de présenter leur projet dans un
lieu unique et solennel.
90
la fenêtre
Les bâtiments de Saint-Luc comptent
des fenêtres par centaines. D’une
architecture à l’autre, elles changent de
forme, de tailles, de verres. La succession
de petites fenêtres indépendantes de la
salle G5 rend compte de la longueur du
bâtiment voisin de l’école supérieure
des arts. Tables et chaises s’installent
perpendiculairement à la façade
profitant d’une maigre lumière du nord.
Loin de cette atmosphère minérale et
froide, la salle G1 orientée sud, bien que
peu lumineuse, dégage une atmosphère
plus chaleureuse, ses fenêtres ouvrant
sur le parc de Saint-Luc. A certains
endroits, la végétation gagne le verre
créant en intérieur des ombrages animés.
Tantôt de verre clair, tantôt de verre
granité, et, tantôt laissées nu, tantôt
recouvertes, les fenêtres du fond de la
salle G1 sont un patchwork de teintes
et de textures. De même, les fenêtres
de l’aile basse de « la ferme » située à
l’entrée du parc, ont leur lot d’originalité.
Sur l’appui de fenêtre s’empilent au fil
de l’année et des projets un flot d’objets
hétéroclites, du disque de Julio Eglesias
à la maquette. De taille généreuse, les
fenêtres procurent une atmosphère
douce à ces anciens baraquements à
bestiaux, aujourd’hui consacrés aux
ateliers de master. En somme, la diversité
des fenêtres de Saint-Luc induit une
pluralité d’atmosphères lumineuses tout
en laissant suffisamment d’obscurité
pour laisser à l’architecture sa part de
secrets.
91
tables et assises
Sur la scène du théâtre, la pente au
sol crée des conditions ergonomiques
d’étude pour le moins singulières. Un
flot de tables saignées d’entailles au
cutter donne l’impression de glisser sur
le sol. Votre crayon s’il est trop lisse se
retrouve en bas de la scène. Au fin fond
du théâtre, dans le « bac à papiers »,
tables et chaises ont un équilibre assuré
mais sont la toile propice à quelques
expérimentations colorées. Le « bac à
papiers » est une part retirée et semi-
enterrée de l’atelier des premières
années. Il y est facile de profiter des
cours de moyen d’expression pour y
customiser son tabouret. Armés de
pastels, graphite et peinture, les élèves
colorent et éclaboussent chaque
surface. Ce branle-bas de combat, nous
le retrouvons à nouveau en salle G1.
Le fond de la pièce a pour habitude
d’entretenir la présence de tables et
assises en quarantaine. A la longue, ce
n’est plus une surprise. Mais est-ce dû
à l’usure du temps ? Dû à la pression
des examens? Ou simplement la
représentation anodine de l’art de vivre
le désordre en école d’architecture...?
Quoi qu’il en soit, multiples ou isolées,
neuves ou personnalisées, soignées
ou malmenées, les tables et assises de
l’école de Tournai racontent combien
la communauté étudiante ne manque
pas de liberté pour se réapproprier
continuellement les espaces.