Platon, 8.3 Le Sophiste
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7/29/2019 Platon, 8.3 Le Sophiste
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COLLECTION DES UNIVERSITÉS DE FRANCE
publiée sous le patronage de {'ASSOCIATION GUILLAUME BUDÉ
PLATONOEUVRES COMPLÈTES
' TOME VIII — 3« PARTIE
LE SOPHISTE
TEXTE ÉTABLI ET TRADUIT
pu
Auguste DIÈSChanoine Honoraire de Rennes
Professeur aux Facultés catholiques de l'Ouest.
PARIS
SOCIÉTÉ D'ÉDITION « LES BELLES LETTRES »
95, BOULE VARD RASPAIL
10,25
Tous droit* réserves.
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V. ? 3
Lfî SOPHISTE
\.
589728 VIII. 3. — i
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NOTICE
i
OBJET ET PLAN DU DIALOGUE
i ne formule de Th. Gomperz exprime heureusementl'ap-
parente disparate et l'étroite connexion des deux parties du
Sophiste : l'une est le fruit, l'autre la coque'. Le fruit, c'est la
démonstration de la posssibilité de l'erreur, fondée sur lareconnaissance d'une certaine réalité du non-être. La coque,ce sont les définitions du sophiste. Mais, entre la coque et le
fruit, il y a continuité de structure : dans son plan généralaussi bien que dans ses discussions particulières, le Sophisteest savamment construit 2
.
D'abord un prologue. Théétète et Théodore viennent au
rendez-vous que Socrate leur a donné la veille. Le premier est
naturellement accompagné de son ami d'études, Socrate le
Jeune, ici encore assistant muet, et dont on prépare, depuisle Théétète, la prochaine apparition comme répondant dans
les discussions du Politique et du Philosophe. Mais Théodore
amène, cette fois, un étranger. L'école de Platon recevait
fréquemment alors de tels visiteurs, venant, par exemple,d'Italie ou de la Sicile: la comédie contemporaine nous rend
parfois l'écho moqueur de ces visites et des conversations
scientifiques dont elles sont l'occasion, et les élèves de Platon
tlevaient goûter, dans ces fictions essentielles au dialogue, la
i. Les Penseurs delà Grèce, Irait. A. Reymond, JI, p. 5ga.2. L'authenticité du Sophiste est suffisamment attestée par les allu-
sions précises d'Aristote (Met. K, 8, 1064 b ao-N, a, 1089 a 3» et
suiv.) et ses emprunts mômes (Met. B, 1000 a 9 et suiv. comparé à
Soph. a^3 a). •
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LE SOPHISTE
yàf tUfiiKOÎi TiAûifîtovç km) vî'ouç toçpwvt» » (Cynèg. c.i3). On
n'a pas ici à prendre parli dans la question de l'authenticité
du Cynégétique,regardé par beaucoup
commeapocryphe,mais que Miinscher lient encore pour authentique et, d'ail-
leurs, postérieur à 386 l. Mais le Banquet de Platon nous pré-
sente l'Amour, d'une part comme un chasseur habile, d'autre
part comme vin « habile magicien, fabricant de charmes et
sophiste » (ao3 d). Le Lysis dépeignait déjà l'amoureux
comme un chasseur (206 a) et ce lieu commun n'a, naturel-
lement, rien de strictement platonicien.— La définition du
sophiste comme commerçant d'enseignement, soit en gros,
soit en détail (2e
,3e
et 4e
définitions), est comme un lieu com-
mun des dialogues. La République oppose son étudiant-philo-
sophe, qui ne cherchera dans la « logistique » ou science du
calcul qu'une préparation à la dialectique, à ceux qui la pra-
tiquent seulement en vue du gros commerce ou delà vente
au petit détail : « co; Èu.-o';cu; rt xztt/jAou; aïÀîTfovTX; » (5a5 c).
Le ProLagoras avait dit, bien auparavant : ceux qui s'en vont
de ville en ville achetant et revendant au détail les diverses
sortes d'enseignements (o;. ~'x uxOt^axtx r.î^.dyo-nz; x«7à xàç
Ttt'ÀEir atott TtwXouvTs; wct x.xtzt/.evovtc;) ne savent pas toujourssi leur marchandise est saine (3i3 d). Le mot aù-roTrcoXr,;
n'apparaît que dans le Sophiste et le Politique.— Nous ne
retrouvons pas ailleurs la cinquième définitiondu sophiste :
athlète au combat de paroles. Mais elle était préparée par la
comparaison naturelle des joutes rhétoriques avec les com-
bats gymnasliques : le Gorgias fait développer celte compa-raison parle grand ancêtre des rhéteurs (456 d).
— Quandla sixième définition nous montre le sophiste, avec toutes les
réservescju'il faudra pour le distinguer du véritable dialecti-
cien, sous la figure du purificateur,nous nous rappelons
que, dans le Cralyle, le sophiste est, à côté du prêtre, le
représentant de la cathartique (3g7 a). Le vieux sens du mot
sophiste, avec ce qu'il comporte de science et d'adresse, est le
fond de celle comparaison du sophiste avec le dialecticien
1. l'auh-YYissusva-krull : Realencyclopadn- 1\. 2 (1916), art.
Isokratcs, col.aiSô. Si le Cynégétique n'est pas authentique, ce qui
paraîtêtre
l'opinionla
plus générale,il
appartient pourtantencore
au iv c siècle. Il contient plusieurs autres expressions parallèles —ou empruntées — à celles du Sophiste.
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NOTICE ,71
dans noire dialogue. Hadès est ainsi, dans le Cralyle, a le
parfait sophiste cl le bienfaiteur suprême », en même temps
qu'il est philosophe parce qu'il ne veut avoir contact qu'avecdes âmes purifiées (4o3 e, 4o4 a). — Mais la cinquième défi-
nition donne lieu, quand on la reprend pour introduire la
discussion centrale, à une étude approfondie de la mimé-
tique.Dans la République (096 c),
comme dans le Sophiste
(233 e et suiw), on réfute les prétentions d'omniscience du
sophiste par une comparaison avec les prétentions omnicréa-
Irices du magicien1
. Les simulacres que l'on montre de loin
aux jeunes gens (Soph. 234 h ; Rèp. 5g8 b/c), la définition
de l'imitateur comme magicien (Rèp. 5g8 d), la définition
de son art comme noHtz, l'illusion produite par les peintures
en perspective, le rôle du faiseur de prodiges (Rèp. 602 b-
t)02 d), celui des fabricants d'images (Rép. 5i4 b-Goô c),
tous ces détails sur les reflets des eaux (5 10 a), sur les
simulacres produits par la magie (Rèp. 584 a),sur l'irréalité
essentielle de tout ce qui est image (Rèp. 597), tous ces
parallèles que montre une lecture, même rapide, du Sophiste,
illustrent la façon dont notre dialogue s'est bâti. Tout l'appa-
reil d'exemples matériels ou moraux que traînait avec lui le
problème de l'erreur se trouve naturellement utilisé pourcondenser dans la personne du sophiste toutes les puissances
créatrices d'illusion, et poser le problème de l'erreur comme
problème de la réalité du non-ètre (23:? a-2/11 e).
inBien que le Sophiste soit, au point de
La méthn̂ti{
.
uevue doctrinal, plein d'emprunts ou d'al-
lusions aux dialogues du platonisme
classique, on pourrait dire que l'horizon littéraire du dia-
logue est un passé tout proche : c'est vers le Théétète et le
Parmênide que l'Étranger du Sophiste paraît orienter le plusdirectement ses allusions. Il serait peut-être difficile d'affir-
mer que, dans l'opposition entre les deux éristiques, celle
qui vise et réalise le profit et celle qui pousse le désintéresse-
ment jusqu'au «gaspillage
» (Soph. 2.2b d), l'Eléate ne pense
qu'à la dialectique dont le Parmênide (1 35 d) nous dit que le
vulgaire la traite de « bavardage». L'Apoloyie a depuis long-
1. La puissance magique du Ào'yo: fait le fond des développementsde YHélhne de Gorgias.
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a 7 2 LE SOPHISTE
temps fait gloire à Socrate de la pauvreté dont la comédie
faisait raillerie. Mais, si claires que soient les allusions du
Phédon à ces railleries et la glorification du « bavardage
scientiûque » dans le Phèdre, c'est dans le Parménide que l'on
a, le plus directement, identifié, à ce bavardage, la véritable
dialectique. Celle qui remplit la seconde partie de ce dialogue
est bien, en tout cas, celle où l'on met le moins, « dans sa
manière de dire, l'agrément qui captive » '. Ce que l'on peutaffirmer sans crainte, c'est que, dans l'opposition qu'établit
le Sophiste entre les deux méthodes d'éducation (229 e-23o e),
Platon a directement en vue le Théétète et la maïeu tique. Lavieille métbode ici condamnée comme inopérante est, d'ail-
leurs, celle que prônait le Protagoras (32^ a-326 e).C'est à ce
développement qu'est pris aussi le rôle de la justice corrective
(Soph. 229 a; Prolag. 32G e). Mais ce qu'on oppose à cette
méthode d'admonestation ou de châtiment, c'est directement
la méthode dont le Théétèle a donné et le nom et l'illustra-
tion continue : c'est la réfutation socratique telle qu'elle esl
pratiquée sur le jeune Théétète, avec les résultats qui sont ici
décrits de la même manière qu'à la fin du Théétète. Aussi
l'Eléatesc refuse-t-il à l'attribuer aux sophistes. On peut croire
que Platon vise ici, dans ces sophistes si proches en appa-rence de la socratique, des socratiques rivaux. Mais l'éristique
représentée, pour la tradition, principalement par les Méga-
riques, a dû être, de très bonne heure, la marque de la dialec-
tique éléate, et Platon peut garder, à cette revue historique
des méthodes, son orientation toute générale. Notons, au
passage, que ce rappel de la maïeulique telle que la décrit le
Théétète sera fait même après la démonstration de la réalité
du non-être : alors on montrera, dans les difficultés élevées
sur le problème de la prédication, le premier fruit abortif
d'âmes qui viennent à peine de prendre contact avec le réel
(2 59 d).
2° Quelque chose de plus important que la méthode scien-
tifique elle-même esl l'esprit scientifique,et Campbell a
heureusement rapproché le couplet du Sophiste sur a l'impar-tialité scientifique
» (227 a-227 c) de l'avertissement quedonne Parménide au jeune Socrate, épouvanté d'avoir à
admettre une forme ensoi
dela
boue: «
un jour viendra
1.Soplt.
2>Ô il.
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NOTICE 27."»
où tu ne mépriseras plus rien de tout cela » ÇParm. i3o e)
Le philosophe qui cherche à se constituer une méthode, le
savant qui s'exerce à des problèmes préliminaires « pour
acquérir de la pénétration d'esprit », ont, à ce point de vue.
une égale estime pour tous les arts : ce n'est pas leur plus
ou moins de distinction ou d'utilité pratique qui importe,mais les ressemblances ou dissemblances qu'on peut décou-
vrir entre eux, et le flair que l'on gagne à de tels exercices.
Tout le vieux passé des dialogues socratiques est en arrière-
fond d'une telle description de la méthode scientifique : ce
n'est pas pour eux-mêmes, c'est pour en dégager la notion
et la méthode du savoir, que Socrate « avait toujours à la
bouche tisserands, savetiers et corroyeurs'
». Les dichoto-
mies du Sophiste ont, elles aussi, avant tout, ce but d'entraîne-
ment scientifique.Il sera peut-être plus profitable de faire,
de celte méthode de divisions, une étude d'ensemble quandle Politique nous en aura complété l'exposé. Nous devons au
moins rappeler que le Phèdre avait proclamé, en l'appuyantsur l'autorité d'IIippocrate, le principe de cette méthode de
« division par genres », et vu, dans la division et la synthèse,le procédé essentiel de la dialectique (270 d).
III
LA RÉALITÉ DU NON-ÊTRE
La cinquième définition est parliculièrc-L erreur et le
nient significative. Contradicteur de mé-
du non-être *'er>caPaD'e
>sur tous sujets, d'en remon-
trer à tous, le
sophiste possède,
en
apparence, la science universelle : il sait faire vrai ce qui est
faux. Essentiellement contrefacteur, il sait, par les images
que fabrique sa parole artificieuse, donner l'être à ce quin'est pas. Telle est, en effet, l'essence du faux, dans les choses
et dans les mots, qu'il impose l'être à ce qui n'a point l'être.
C'est là. pourtant, au dire du grand Parménidc, la plus
grande impossibilité : « non, jamais, proclame-t-il encore en
1. Voir, là-dessus, les railleries de CallicKs dans le Gonjias 'iQra.
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t?4 LE SOPHISTE
son poème aussi bien que jadis en ses leçons, jamais tu ne
plieras ce qui n'est point à être. »
Mais il ne sert à rien de répéter, avec Parménide et le sens
commun, que le non-être est impensable et inexprimable,
puisque les formules mêmes qui nient le non-être ne le
peuvent nier sans le penser et l'exprimer. Il est vain d'essayer
de définir le sophiste sans énoncer ce non-être. Soutenir, en
effet, que le sophiste ment et dit faux, c'est soutenir qu'il dit
être ce qui n'est pas et ne pas être ce qui est. Nous ne pou-vons donc maintenir nos définitions du sophiste et affirmer la
possibilité du faux, dans les choses ou dans le discours, qu'àla condition de nous décider à ce qui semble un parricide : il
nous faut, contre Parménide, prouver que, d'une certaine
manière, le non-êlre est et l'être n'est pas (a/ji e).
A cette démonstration, Platon ne vient
Critique (|Ue par un ^tour. Le détour choisi estdes théories
,
l K., .,
, .
,.,
nde l'être a cn^ cIue des théories de 1 être. Cos-
mogonies naïves des antiques physio-
logues, unitarisme intransigeant des Eléates, coexistence ou
alternance de l'un et du multiple dans l'harmonie que chantent
les muses d'Heraclite ou d'Empédocle, opposition du corporelet de l'incorporel dans les systèmes éternellement ennemis des
Fils de la Terre et des Amis des Formes, défilent ici en un
large tableau d'histoire philosophique. L'un des gains pré-
cieux de celle revue historique est la critique définitive de
l'Un-Tout parménidien. Son but général avoué est de nous
montrer que le concept de l'être est tout aussi obscur quecelui du non-être. Mais le but précis qu'elle vise est l'établis-
sement du principe sur lequel se bâtira la démonstration de
la communauté des genres : quelle que soit la dualité par
laquelle on s'essaie à définir la nature de l'être, l'être est irré-
ductible à cette dualité; il est toujours é'tîço'v ti, Tpfrov ti.
Unitaires et pluralistes prétendent nous conter avec préci-
sion combien il y a d'èlres et quels ils sont. Mais les plura-listes ne peuvent définir l'être sans l'expliquer au moins parune dualité de termes : or l'être ne se laisse pas enfermer en
cette dualité; il la déborde : il est toujours troisième terme.
Les unitaires, par contre, sont impuissants à maintenir l'unitéabsolue soit de l'Etre et soit du Tout (3 43 d-245 e).
Fils de la Terre et Amis des Formes prétendent, chacun de
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NOTICE .>-:>
leur colé, enfermer l'être eu un terme exclusif'
: le corporel,
l'incorporel. Pour élargir cet unitarisme intransigeant, on
amène,par hypothèse
au moins et
pourle besoin de
l'argu-ment, les Fils de la Terre à reconnaître, dans l'âme et les
vertus, quelque chose d'incoiporel. De l'être, ainsi communM corporel et à l'incorporel, on leur propose une définition
provisoire par la puissance d'action ou de passion : cela est
qui peut, dans la mesure la plus minime que ce soit, ou agir
ou pâlir (2/1-7 e).
Mais les Amis des Formes se refusent à définir, par cette
puissance d'action ou de passion, leur être incorporel. Le
devenir peut pâtir et agir : l'être véritable que constituent les
Formes purement intelligibles ne peut ni l'un ni l'autre.
A cette dualité, rejetée par eux, de l'action et de la passion,
on substitue celle du mouvement et du repos. Entre l'être
intelligible et l'âme, ils admettent une communauté: l'âme
a rapport à l'être en tant qu'elle le connaît; l'être a rapportà l'âme en tant qu'il est connu par l'âme. Si l'on peut démon-trer que le fait de connaître est agir, le fait d'être connu sera
pâtir. L'être, par le fait d'être connu par l'acte de connais-
sance et pour autant qu'il est connu, sera donc mù en tant
que patient, puisque le « pâtir» ne peut, d'après eux-mêmes,se réaliser là où il n'y a point mouvement. Or, si Tonne veut
pas, de cet être qui est l'être universel, la somme de Vèlre (to
-avTsXw; ov), bannir l'Intellect, il faut se garder, comme d'un
crime, d'y supprimer ce qui est condition delà pensée active;
si l'on ne veut pas que l'être ne soit qu'une statue inerte
et vide, il faut, en lui, faire place à la vie, donc à l'âme,
donc au mouvement. Là où rien ne se meut, il n'y a plus
intellection d'aucun objet par aucun sujet : il n'y a plus de
place où se puisse réaliser l'Intellect (2^9 b).
Mais là où tout serait emporté dans la translation et le
mouvement, il n'y aurait plus aucune identité, donc encore
aucune possibilité d'existence pour l'Intellect. Si l'on ne veut
abolir la science, la pensée claire, l'Intellect, il faut donc
rejeter, et les thèses qui immobilisent l'être, soit dans l'unité
absolue, soit même dans une pluralité de Formes, et celles
qui meuvent l'être en toutes ses parties.Il faut, comme les
enfants dans leurs souhaits, s'obstinant à garder et ce qui semeut et ce qui ne se meut point, dire que l'Etre et que le
Tout est l'un et l'autre à la fois.
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a 7<» LE SOPHISTE
Affirmer l'être aussi bien du mouvement que du repos, est-
ce donc là résoudre le problème de l'être? C'est, au contraire,
le poser dans toute son acuité. A ceux qui définissaient l'être
par le chaud et le froid, nous montrions, tout à l'heure, quel'être débordait celle dualité. La même objection nous atteint.
Mouvement et repos sont contraires. Quand nous les affir-
mons être, l'un et l'autre, nous ne voulons point dire par là
que chacun d'eux ou leur couple se meuve ou soit immobile.
L'être que nous en affirmons est donc autre que chacun d'eux
et autre que leur somme : il n'esl, de par sa nature propre, ni
mû ni immobile. Extérieur à cette dualité tout autant qu'il
l'était aux autres, l'être demeure, au bout du compte, aussi
obscur pour nous que l'était le non-être. Echec apparent de
la discussion, mais échec savamment préparé. L'idée que le
dialogue va développer tout à l'heure, celle d'une communauté
qui n'est point confusion, est déjà très claire en cette conclu-
sion sur le rapport de l'être au mouvement et au repos :
« c'est donc en tiers à eux surajouté que tu poses l'être dans
l'âme; et c'est en les rassemblant sous lui, qui les embrasse,
pour ainsi dire, du dehors, et en dominant du regard la com-
munauté qu'ils ont avec l'être, que tu en es venu à les dire
être l'un et l'autre » (a5o b). Platon a dégagé les termes
nécessaires à sa démonstration future. L'apparition, sous
forme de digression subite, du problème de la prédication,
se fait donc à l'heure voulue.
Nous laisserons-nous, en effet, enfermerLe problème de la
cians ia simple/or/mi/e d'identité où la pen-pre ica ion e
g^c nc ul g |ourncr inutilement surla communauté des „ f . v, ,
qenres.elle-même ? Lcouterons-nous les jeunessots ou les écoliers tardifs qui s'amusent
à
répéter
: vous n'avez
pas
le droit de tirer, d'unsujet unique,la pluralité qu'il ne contient pas ? L'un nc peut être multiple ;
le multiple ne peut être un. Donc dites : l'homme est homme,le bien est bien. Mais ne dites pas: l'homme est bon. Ce n'est
pas avec eux seulement, c'est avec tous ceux qui se sont pré-
occupés du problème de l'être que nous allons étudier la
question (a5i d).
Nous avons le choix entre trois hypothèses. Ou bien l'être
ne se lie ni au repos ni au mouvement : la réalité n'est qu'une
multiplicité discontinue d'unités mutuellement inalliables;
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278 LE SOPHISTE
formes privilégiées, essayer de démontrer la thèse qui est
l'objet propre de notre discussion : le non-être a réel être de
non-être(a54 d).
Eludecomparative
descinq genres suprêmesou catégories de l'être, définition du non-être comme autre,
portée de celle définition, telles sont les pièces de cette démons-
tration ardue, qui est la démonstration centrale du Sophiste.
Nous n'avons plus à chercher ces formes
les plus hautes. Nous les avons claire-
ment dégagées tout à l'heure : l'être, le repos, le mouvement.
Si nous nous rappelons ce que nous en avons dit, nous pose-rons les propositions suivantes : repos et mouvement ne se
peuvent mêler ;l'être se mêle au repos et se mêle au mou-
vement, car le repos est, le mouvement est. Nous avons donc
là trois termes distincts : chacun d'eux est autre que le reste
et même que soi. Or ce même et cet autre, que nous déga-
geons ainsi, sont deux termes nouveaux, irréductibles aux
trois premiers, et c'est sur cinq formes distinctes que portera
notre comparaison.
Impossible, en effet, de ramener ces deux termes nouveaux
à l'un quelconque des trois premiers. Identifier le couple de
contraires, mouvement-repos, à quelque terme que ce soit,
serait détruire leur contrariété par une identité commune.
Nous dirons donc : le mouvement n'est ni le même ni l'autre,
le repos n'est ni le même ni l'autre. Cependant, comme toutterme qui se pose, le mouvement est même, le repos est
même;comme tout terme qui se distingue, le mouvement
est autre, le repos est autre : mouvement et repos participent
du même el de Vautre sans être, ni le même, ni l'autre.
Identifier le même et l'autre à l'être est tout aussi impos-
sible. Etre et même ne sont pas identiques : sans quoi dire
que le repos est et que le mouvement est serait dire que le
mouvement est la même chose que le repos. Etre et autre ne
sont pas identiques : car l'être se dit en un sens absolu et en
un sens relatif; l'autre ne se dit qu'au sens relatif, et rien
n'est autre que relativement à autrui. Ainsi l'autre est, dans
les formes par nous prélevées pour cet examen, cinquième
forme, irréductible à l'une quelconque des quatre premières,
mais toujoursnécessairement associée à chacune d'elles : car
tout ce qui se pose s'oppose en tant qu'ilse distinguo, et rien
n'est soi sans être antre que le reste (a56 e).
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NOTICK vfy
Si nous voulons Taire ressort ir nettementL'autre 1 1
• >
et le non-êtreconclusion que prépare celte comparai-
son des
cinq
formes
suprêmes,montrons-
la sur une de ces formes : le mouvement. Le mouvement, quic< est », mais n'est pas le repos, est autre que le repos. Le
mouvement, qui est même en tant qu'il est soi, est pourtantautre que le même. Le mouvement, qui est autre en tant
qu'il se distingue, est. par là-même, autre que l'autre : il est
donc autre et non-autre. Mais il est, par la même raison, autre
que l'être. Ainsi nous obtenons et nous maintiendrons commesolide cette proposition : le mouvement, qui est, qui donc
participe à l'être, est néanmoins autre que l'être et réelle-
ment non-être.
Nous traduirons maintenant celle proposition dans sa géné-ralité : en toute la série des genres, l'un quelconque est tou-
jours autre que tout le reste, donc autre que l'être, donc non-
être. Toute réalité, dirions-nous, pose la quantité définie de
son être et l'oppose à l'infinité des autres êtres. Platon dit :
autour de chaque forme, multiple est l'être, infinie quantitéle non-être. L'être, à son tour, est une forme. En tant queforme distincte, il s'oppose à toutes les autres
; donc, autant
de fois les autres sont, autant de fois l'être n'est pas ;et cette
infinité de formes, qui ne sont pas l'être, constitue une infi-
nité de non-êtres (26^ a).
Si nous voulons voir clair au fond, de celte réalité du non-
être, par nous démontrée, nous dirons que la négation essen-
tielle à ce « ne pas être » ne supprime pas l'être, mais le dis-
tingue. Le non-être, c'est l'autre. Mais l'autre est un genre et
ses espèces sont multiples : chacune d'elles est opposition d'être
déterminé h être déterminé. Le non-beau, le non-grand, le
non-juste ne sont négations que de la réalité déterminée à
laquelle ils s'opposent : beau, grand, juste. Mais ce qui, parces négations, s'oppose et se distingue, n'est pas moins réalité
que la réalité dont il se distingue: « le non-être n'est pas moins
cire que l'être lui-même;car ce n'est point le contraire de l'être
qu'il exprime; c'est simplement autre chose que lui » (258 b).
Ainsi nous avons fait bien plus que
de la°dénnition.dém™trcr, contre
Parménide,la réa-
lité du non-être. Nous avons découvert
ce qu'il est : qu'il est « l'autre », et qu'à ce titre il est aussi
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a8o LE SOPHISTE
omniprésent que l'être et, pour ainsi dire, son envers inévi-
table. Toute réalité qui s'aflirme présente, en effet, deux laces,
dirions-nous : l'une
par laquelleelle se
poseet réalise le
quan-tum défini de son être; l'autre par laquelle elle s'oppose, nie,
de son être, l'infinité des êtres qu'elle n'est pas, et s'enveloppeainsi d'une zone illimitée de non-être. Nous tenons bien, cette
fois, solidement, le sophiste « dans le filet de l'argumenta-tion ». Nous nous dégageons, du même coup, du réseau d'argu-ties où nous voulaient emprisonner leséristiques, jouant, sans
les
comprendre,
avec les
oppositions
essentielles à une réalité
que, jeunes ou vieux, ils n'ont encore approchée que du
dehors. Qu'ils ne nous disent point que, en affirmant cette
réalité du non-être, nous affirmons la réalité d'un contraire
de Fêtre. A ce non-être absolu, il y a beau temps que nous
avons dit adieu. Nous ne nous préoccupons plus de savoir
« s'il est rationnel ou totalement irrationnel » : nous avons
trouvé, pourrait dire Platon, dans le non -être, une illimita-
tion que pose nécessairement toute limite, une grandeurd'ordre négatif qui demeure inséparable, en quelque ma-
nière, de la grandeur positive qu'est l'être. On ne nous fera
abandonner cette conclusion qu'en réfutant la série bien
enchaînée de nos arguments : communauté des genres, omni-
présence inévitable, et de l'être et de l'autre, à travers toute
la série des genres, participation de l'autre à l'être et, dans
cette participation même, altérité persistante en laquelle se
manifeste la réalité du non-être. Ainsi Platon, conscient de
l'effort qu'il demande à qui veut le suivre, résume, avant le
dernier départ, les étapes de la route parcourue (25q b).
IV
LE NON-ÊTRE ET LA FAUSSETÉ DANS LE DISCOURSET LA PENSÉE
11 reste un bout de route, en efiet, qu'il faut nécessaire-
ment parcourir si Ion veut démontrer que le sophiste est
réellement fabricant de fausseté.
Lui,dont
l'unique refugeest
la fausseté, nie absolument que le faux puisse être. Nous, au
contraire, sommes bien contraints de dire que cet être du
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NOTICE 281
faux est un réel non-être : a car le fait que ce sont des non-
êtres qu'on se représente ou qu'on énonce, voilà, en somme,ce qui constitue la fausseté et dans la pensée et dans les dis-
cours » (2G0 c). Or le sophiste prétend que « le non-être nese peut, ni concevoir, ni énoncer: car le non-être n'a, sou»
aucun rapport, aucune part à l'être • (260 d).
Ne pourrions-nous, à la rigueur, décla-ecessi e
j dispute close? Nous venons dede la discussion. l
,• • ,
démontrer que le non-etre participe a
l'être, et c'est là une conclusion contre laquelle le sophistene peut plus désormais batailler. Mais, que le non-être se
mêle à tous les genres, c'est une démonstration que nous
n'avons faite que d'une façon globale. Le sophiste peut donc
vouloir revenir à notre triple position du problème de la
communauté des genres : ou bien tous les genres peuventmutuellement se lier, ou bien aucun ne le peut, ou bien les
uns le peuvent, et les autres non. Il fera son profit de la der-nière hypothèse, par nous adoptée. Il dira : opinion et dis-
cours sont des formes de Fêtre, et la dernière est, d'après vous,
aussi infiniment précieuse que la philosophie et que la penséemême ; or je maintiens qu'opinion et discours sont précisé-
ment au nombre des formes qui ne peuvent avoir absolu-
ment aucune liaison avec le non-être. Puisque le faux n'est
qu'irréelle imagede
réel,et
quenous l'affirmons
réalisable,et dans l'opinion, et dans le discours, il nous faut étudier
discours, opinion et imagination et « dévoiler la commu-nauté qu'ils ont avec le non-être ». Ainsi nous démontrerons
l'existence de la fausseté et pourrons «y attacher définiti-
vement le sophiste » (261 a).
La démonstration sera gagnée pour l'opi-
Discours, opinion { l'imagination dès quelle aura étéet imagination.
° l
obtenue pour le discours. Le discours,
en effet,nous l'avons établi dans le Thèélète l
,et le Sophiste
utilise, sans le dire, les résultats de cette analyse, n'est
que la pensée proférée. La pensée est dialogue intérieur et
silencieux; le discours est pensée extériorisée vocalement.
L'affirmation ou négation qui clôt le discours intérieur est
1. 190a.
VIII. 3 — 2
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28a LE SOPHISTE
l'opinion. Quand l'opinion se forme, non plus comme conclu-
sion d'un pur débat de pensée, mais comme affirmation ou
négation imposée à ce débat par l'immixtion d'une sensation,
elle devient imagination, combinaison de sensation et d'opi-
nion. Parentes du discours, si le discours peut être faux, l'opi-
nion et l'imagination pourront l'être également (a63 d-264 b).
Or, avant môme de démontrer à Théétète ce raisonnement
bypotbétique, Socrale en a établi la mineure : le discours
peut être faux (261 d-263 d). Nous referons, en effet, sur les
noms, l'examen que nous avons fait sur les lettres. Mais il ne
suffit point de dire, ici, que, dans les noms, comme dans les
lettres, certains se peuvent mutuellement accorder et que les
autres ne le peuvent. Ce serait revenir à la théorie simpliste
qui ne voit, dans la « raison »qu'est le discours, qu'un
assemblage de noms. Elle s'est exprimée dans le Théétète, au
début de la troisième définition de la science, et sous une
forme où le connaissable s'expliquait, en dernier recours,
comme une somme d'éléments inconnaissables1
.
Mais le
Socrale du Cratyle n'était point de ces « non-initiés »
qu'écarte dédaigneusement le Théétète, et pour qui les actions
et les devenirs qui en résultent ne comptent point commeformes de l'être
2. Il reconnaissait, à l'action, une réalité, dont
les formes diverses sont aussi naturellement distinctes, aussi
réglées, aussi connaissables, que le sont les formes de l'être,
et sont, elles-mêmes, des formes de l'être3
.
Le Sophiste
reprend donc la définition que donnait le Cratyle (4a 5 a,
43 1 b/c) : « le discours est une synthèse de noms et de verbes ».
Non content de la formuler à nouveau, il en donne, cette
fois, la preuve par une analyse génétique. Le désir qu'il a
d'établir logiquement et ontologiquement la possibilité de
l'erreur amène peut-être Platon à voir clair, maintenant seu-
lement, dans une distinction que la science de son tempsdevait lui donner faite en gros. En tout cas il définit, ici,
pour la première fois, d'une façon explicite,la relation, dont
nous l'avons senti souvent préoccupé, entre la chose ou lesujet,
représenté par le nom, et Vaction ou genèse, manièred'agir, ou de
devenir, ou d'être, du sujet, exprimée par le verbe ou prédicat.
1. Théét. 201 e-202 c. Cf. notre Notice, p. i\\-i!\-.
2. Théét. f 55 0.
3. Cratyle 386 e-387 a.
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NOTICE
La vérité du discours, ou dé la « propo-sition », qui est le discours le plus élé-
ae 1 erreur. .
. ,,„ .r
,
mentaire, nepouvait
se détinir, .dans le
Sophiste comme dans Je Cratyle, que par sa conformité avec le
réel. Dans l'un et dans l'autre dialogues, une proposition est
vraie « quand elle dit ce qui est, tel que c'est » (Crat. 385 b;
Soph. ii03 b). On n'a donc aucune raison de trouver trop
aisée la façon dont la possibilitéde l'erreur est prouvée, finale-
ment, par un simple rappel à l'expérience, à une expérience,
d'ailleurs, essentiellement rationnelle et logique. Quand on
aura montré à Théétète que l'on peut véritablement former
des propositions qui ne disent pas « ce qui est, tel que c'est »,
la possibilité de l'erreur sera rationnellement démontrée. Mais
on insiste ici sur ce que la proposition ne dit pas seulement
ce qui est ou se fait, pas plus qu'elle ne se borne à nommer la
ebose ou le sujet : elle dit ce qui est d'un sujet ou ce qui est
fait par unsujet. Le sujet et le prédicat sont chacun partie
et condition essentielle de la proposition. Il ne peut y avoir
vérité ou fausseté que là où il y a affirmation d'être, d'action
ou d'inaction d'un sujet déterminé (262 c).
Ainsi la proposition est fausse quand elle affirme d'un sujet
ce qui n'est point de lui. C'est bien toujours de l'être qu'elle
exprime. Elle exprime ce qui est, mais autrement qu'il n'est
pour le sujet donné : elle dit être, de lui, ce qui n'est pas, et>
ne pas être, ce qui est.
Si le discours peut être faux, la pensée, l'opinion, l'imagi-
nation le peuvent également. Il y a donc des images fausses
de la réalité et, du maniement de ces fausses images, un art
de tromperie se peut constituer. Nous avons donc lo droit de
revenir à nos définitions du sophiste : elles sont fondées sur
la réalité même de cette falsification du réel.
V
LE SENS ET LA PORTÉE DU SOPHISTE
1 . Brochard a pu soutenir que, dans
et le Parménide.
les divisions surlesquelles
se fondent
la définition du pêcheur à la ligne et
la définition du sophiste, notre dialogue « donne un exemple
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284 LE SOPHISTE
particulier de ce que doit être la participation, avant même
que celle-ci soit définie et que lapossibilité en soit éta-
blie1
». Ces divisions ne veulent, en effet,
que poursuivreles rapports naturels de parenté ou d'opposition entre les
formes ou « espèces ». Elles sont au moins une illustration
anticipée de la communauté des genres. La démonstration de
cette communauté des genres n'est que le développement et
la justification du principe que posait le Parménide. Celui-ci
disait, envisageant directement l'existence même des Formes :
« nepas
vouloir
que chaque
forme de l'être
garde
identité
permanente, c'est anéantir la vertu même de la dialectique »
(i35 c).Le Sophiste d'il, envisageant la participation mutuelle
d'une forme à l'autre : « c'est la plus radicale manière d'anéan-
tir tout discours que d'isoler chaque réalité de toute attache
avec le reste;car c'est par la mutuelle combinaison des forme
que le discours nous est né ». Ainsi le Sophiste vise moins
directement la participation des sensibles aux Formes et les
difficultés qui s'y peuvent attacher que la participation des
Formes entre elles. Dans le Parménide, il revient se nouer
directement à ce qui, pour le jeune Socrate, était l'unique
problème qui comptât : « que l'on commence par distingueret mettre à part, en leur réalité propre, les Formes, et qu'onles démontre, ensuite, capables de se mélanger et de se séparer ;
c'est alors que je serais émerveillé » (129 e).La démonstra-
tion de la communauté des genres est la réponse à cet appel.
Maisl'esprit
de la démonstration est le même dans le Sophiste
que dans le Parménide. Comme, dans celui-ci, la réalité per-manente des Formes, dans celui-là la nécessité de leurs mu-
tuelles relations est toujours, en définitive, fondée sur un
1. La Théorie Platonicienne de la Participation d'après le Parmé-
nide et le Sophiste, dans Etudes de Philosophie Anciennecl
de Phi-losophie Moderne, Paris, Alcan, 19 12, p. i3a/3. En renvoyant à cet
article pour toute la discussion qui va suivre, qu'il me soil permis de
rappeler que, au moment où il paraissait dans l'Année Philosophique
(1908), ma thèse sur La Définition de l'Etre et la Nature des Idées
dans le Sopliiste de Platon (Alcan, 1909) était imprimée, et que je
n'ai pu trouver, dans l'accord général de mon interprétation avec
celle de Brochard, qu'un encouragement de plus. J'ai essayé d'étudier
le rôle du principe de relation dans un article sur L'Idée de la Sciencedans Platon (Annales de l'Institut Supérieur de Philosophie de Lou-
vain, III, 1914. p- 137-196).
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NOTICE a85
postulat fondamental : est vrai ce sans quoi la pensée logique
ne saurait subsister. S'il n'y a aucune relation de l'être avec
les autres formes ni des formes entre elles, toute assertion est
impossible, même celle qui nie cette relation, et tous les sys-
tèmes construits jusqu'ici pour [expliquer la réalité ne sont
plus que vains bruits de paroles.
2. C'est précisément dans cette exposition des tbéories de
l'être que le Sophiste recommence, pour la pousser jusqu'au
bout, la réfutation qui ne pouvait être qu'esquissée et adom-
brée dans le Parménide, et que Platon n'avait même pas voulu
ébaucher dans le Théétète. Nous avons vu quel était, dans
le Sophiste, le but dialectique de celte exposition des sys-
tèmes antiques : démontrer l'irréductibilité de l'être, pièce
nécessaire de l'argumentation qui établira le principe de
la communauté des genres. Mais Platon en profite pourdétruire définitivement la conception parmènidienne de VUn-
Tout, qui est en même temps l'Un absolu. La première hypo-thèse du Parménide, développée par le grand Eléate lui-même,n'avait pu présenter cette réfutation que comme l'un des
moments d'une argumentation à deux temps, dont le second
était contradictoire au premier. C'était une conséquencenécessaire de la forme zénonienne donnée à cette argumenta-lion. Platon ne pouvait, d'autre part, au Parménide qu'il
avait « construit » dans ce dialogue, porte-parole des objec-
tions contre les Formes en même temps qu'Ami et défenseur
des Formes, imposer une réfutation qui eût été un véritable
suicide, contraire à toute vraisemblance littéraire, et destruc-
tif de l'effet général voulu par le dialogue. C'est pour cela quele résultat de la première hypothèse était, dans le Parménide,
déclaré, par Parménide lui-même, inacceptable. Dans le
Sophiste, ce n'est plus Parménide qui mène l'argumentation ;
c'est un de ses disciples, mais qui vient de se déclarer tout à
l'heure acculé « au parricide». Aussi la réfutation de l'Un
parménidien est-elle ici décisive et absolue : on ne peut dire,
ni que l'être est un, ni que l'Un est tout, sans se contredire
soi-même (a44 b-245 e). Quant à la conception parmènidiennede l'Etre, sa réfutation est l'objet direct du Sopliiste. L'être
est, le non-être n'est pas: tel est le vrai et original principe
de la pensée parmènidienne, et l'Etre-Un n'est que le second
moment de celte pensée. Or c'est contre ce principe fonda-
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a8fi LE SOPHISTE
mental' que s'établit la thèse directe du Sophiste : sous uncertain rapport, l'être n'est pas et le non-être est.
Dans le grand parallèle des doctrines
mouvement antiques que nous présentait le Thcétète,
c'est l'immobilité de l'être parménidien
qui venait au premier plan. Elle revient, dans le Sophiste,
occuper encore, apparemment, le premier plan, aussi long-
temps que Platon n'a pas dévoilé le but de cette discussion
entre mobilistes et statiques. Mouvement et repos participent
à l'être sans que l'être soit ni mouvement, ni repos : c'est sur
cette proposition que s'établira le principe de la communauté
des genres. Pour l'obtenir, il fallait montrer que le mouve-
ment a autant de réalité que le repos. Ceci se traduit en langue
platonicienne : dans l'être qui est la somme de toutes les
Cprmes d'être,, ne peut manquer ni le repos, ni le mou-
vement. A cette comparaison des termes être, mouvement et
r.epos, Platon ne vient que par l'intermédiaire d'une autre
opposition : action et passion. Cette opposition elle-même' a
çté introduite dans une déûnition proposée aux matérialistes
(J247 e) pour expliquer cet être qu'on les contraint d'accorder
ù un minimum d'incorporel en même temps qu'au corps.
Déûnition de l'être et mouvement de l'être sont les deux
points d'exégèse qui ont le plus divisé les critiques.
1. La définitionde Vètre par la 3ûva;juç n'a point, dans le
platonisme, l'importance d'une révolution doctrinale 1. Il
1 . Zeller se servit de cette définition pour démontrer sa thèse queles Idées sont causes immanentes des choses (P/u7. d. Gr. II, 1,
4 eéJ., p. 689) ;
Lutoslawski (Plato's Logic, 1897), pour opposer la
conception dynamique de l'être, dans le Sophiste, à celle des formes
immuables que défendait le Banquet, et présumer qu'à partir duS-ophiste l'être véritable appartient avant tout aux âmes (p. 4a3/4).
Th. Gomperz (II, p. 5g3) célébra, dans Platon, « le premier des
énergétiques modernes ». F. Horn (Platonsludicn, Neue Folge, 190/j)
vit, dans cette définition de l'être, «le point cenlral et le gain essen-
tiel du Sophiste » et le germe d'où la communauté des genres sort
«par une nécessité organique». Mise on relation avoc la « passion»
qu'introduit, dans l'objet,le fait d'être connu, et le mouvement qui
est démontré exister nécessairement daas l'être, la définition pro-
posée aux matérialistes devenait le point de départ d'une totale
transformation de la théorie des Formes: Campbell avait pourtant
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NOTICE a87
n'est point nécessaire, pour l'atténuer, et, d'ailleurs, il n'est
plus possible, aujourd'hui, de dire, avec Apelt, que la défini-
tion,essentiellement matérialiste, n'a rien de
platonicien.Avant même de se formuler dans le Sophiste, elle était vir-
tuellement contenue dans la terminologie ordinaire des dia-
logues. La méthode qui explique chaque « nature d'être » parsa §uva;ju;, par ses vertus actives et passives, est antérieure
même à Hippocrate, auquel le Phèdre se réfère, et que l'on a
regardé comme l'auteur de notre définition. L'emploi du
coupleepya
ts xal cpûct;dans la seconde partie du poème de
Parménide est déjà équivalent à l'usage des couples cpucri;xe
y.x'. Bôvau/ç, î5ea ~e xal cuvai/.'.; dans les textes de la collection
hippocratique1
. Chez Platon, le sens dynamique de l'action -
passion s'amincit, en maintes formules des dialogues, jusqu'àne plus désigner que les deux faces de toute relation ou par-
ticipation. Nous avons vu que, dans le Sophiste, le fait d'être
connu est une passion. Dans le Sophiste encore (2^5 a/b), la
participation à l'unité était une passion. Enfin le Parménide
regardait comme une passion le fait même d'être ou de ne pas
être (i36 b), et ne faisait, là-même, que répéter une formule
déjà remarqué combien nettement cette définition est présentée
commo provisoire, et pour les matérialistes, qui la reçoivent faute
d'une meilleure, et pour l'Eléate, qui déclare qu'à lui comme à eux
« la chosoparaîtra peut-ôtre
tout autreplus
tard »(Sop/i. 2^7 c).
Campbell observait aussi que la définition était l'écbo d'une méthode
exposée dans le Phèdre 270 c/d, et, là, expressément fondée sur une
doctrine d'Hippocrate. Apelt (Beitràge, p. 71-77) ne se contenta pas
d'en accepter le caractère précaire; il soutint que la définition, origi-
nellement hippocratique, selon toutes vraisemblances, était maté-
rialiste et n'avait rien de platonicien. C'est là une thèse qu'il n'est
plus possible de maintenir aujourd'hui. Je n'avais fait qu'amorcer la
recherchesur
l'emploi duterme
UvetfUfdans Platon
(La Définitionde l'Etre et la Nature des Idées dans le Sophiste de Platon, Paris,
Alcan, 1909, p. 21-29). Mes conclusions ont été considérablement
fortifiées par l'excellent travail qu'a consacré directement à ce sujet
J. Souilhé (Étude sur le terme Sjvaatç dans les dialogues de Platon,
Paris, Alcan, 19 19).
1. Une étude, en effet, devrait être instituée sur les équivalents du
couple f&Rf, 5jvaai;. Le uivoç des poètes remplace, chez Empédocle,
duvau.i{. La seconde partie du poème do Parménide emploie oûvajju;
(fragment 9) ;mais le fragment 10 n'est, lui-même, qu'une suite de
périphrases exprimant diversement l'idée du couple « nature-effets ».
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288 LE SOPHISTE
du Phédon (97 c).La définition de l'être par la îûvaiu; peut
donc être platonicienne sans impliquer, par elle-même, soit la
preuved'une activité causale dans les Idées, soit le
transportde l'être véritable aux âmes seules, soit la formule anticipéedes conceptions énergétiques modernes. On n'en est que pluslibre pour constater que celte définition est, dans le Sophiste,
expressément provisoire, et qu'elle y sert d'intermédiaire sim-
plement dialectique entre le couple corporel-incorporel et le
couple mouvement-repos. Ce qu'il faut dire surtout, c'est quecette définition ne pouvait être ici donnée comme résolvant
le problème de l'être. Toute l'argumentation dont elle n'est
qu'une des pièces tend à montrer, et l'Eléate le déclare expres-
sément, que l'être n'est définissable par aucun terme antre que
lui, par aucun couple de termes autres que lui. 11 est toujours
eTSfov -p., xpiTov xt (25o c).Cette absolue irréductibilité de
l'être est, nous l'avons vu, la base indispensable de l'argu-
mentation qui établit, et la communauté des genres, et la
réalité du non-être. Celui-ci n'exprime, en effet, que l'ai térité
essentielle de l'être, et de tout être, par rapporta tout le reste.
2. Mais l'idée d'une activité motrice et vitale essentielle à
l'être n'est-clle pas introduite par ce mouvement, accordé,
dans notre dialogue, soit à l'oûfffa des Amis des Formes, soit
à l'être qualifié de TTav-rsXôiç ov? On a beaucoup bataillé poursavoir si l'on devait trouver, dans cette conception essentielle-
ment dynamique et psychique de l'être, soit la traduction
naturelle, soit une transformation totale du platonisme
classique1
. En réalité, le Sophiste a, ici même, condamné«
1
I. Les critiques qui refusaient d'admettre une rupture dans l'évo-
lution de la pensée platonicienne ont pensé retrouver cette animation
des Formes dans le platonisme antérieur, soit au sens d'activité cau-
sale (Zeller), soit au sens de simple conscience intellectuelle (Apelt).Hodier (L'évolution de la dialectique de Platon, Année Philosophique,\M (1905), Paris, 1906) interprétait le mouvement du -avTôÀw; ov
comme un mouvement purement logique (p. 64/5). Par contre,
G. Ritter (Untersuchungen iiber Plato (1888), p. 168 et suiv. — Platos
Gcselze, Kommentar (1896), 3o6et suiv.)et Luloslawski (Plalo's Logic,
p. !\ll\) estimaient que l'être était ainsi transporté, des Idées ou For-
mes, aux âmes, y compris les Ames humaines. Ils ne faisaient là
([lie développer un passage de YIntroduction de Campbell (p. lxxvi).Th. Gomperz (II, 599) voyait, dans celte transformation de la con-
ception platonicienne de l'être, une régression des essences meta-
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agn LE SOPHISTE
Mais on prouve immédiatement, par un bref rappel d'un
raisonnement du Cratyle (44o a/d), que le repos ou l'immu-
tabilité est une condition
également
nécessaire de Vlntellecl.
Identité permanente du sujet comme de l'objetsont la base
indispensable de tout acte de connaissance, et ce rappel nous
autorise à regarder le mouvement passif introduit, par l'acte de
connaître, dansl'objet qu'est l'oÙTia des Amis des Formes, et y
par suite, dans tout être au moment où il est objet, commeun argument ad hominem et comme une simple traduction de
la passivité« grammaticale » corrélative à l'activité du « con-
naître ». Platon s'en sert pour affirmer que la réalité intel-
ligible est vraiment un objet sur lequel s'exerce notre connais-
sance. Notre langue moderne est tout aussi impuissante à évi-
ter de traduire, par des métaphores, cette « fictive passivité»
de l'objet par nous connu, en tant et pendant qu'il est connu.
Ainsi Platon n'a point, dans le Sophiste, abandonné sa
doctrine classique pour une conception énergétique ou psy-
chique de l'être. Mais il a réussi à franchir indemne la ligne
dangereuse dont parlait le Théélète (181 a).Il n'a voulu être
prisonnier, ni de ceux qui « immobilisent le Tout », ni de
ceux qui « meuvent jusqu'aux choses immobiles ». Il a défi-
nitivement fixé sa voie entre Heraclite et Parménide.
Mettons de côté, tout d'abord, la ques-Les
problèmes i[on je savoir qui est visé sous ces « jeuneshistoriques du . ,. »« , , j.»
Sovhistes ou e tucuants tarons », qui ne per-
Les Eristiques.mettent pas que l'on dise « l'homme est
bon », et veulent enfermer la penséedans le jugement d'identité : « l'homme est homme, A est A »
(25 1 a et suiv.). Nous pouvons aborder ce problème historiqueavant tous les problèmes de même genre que pose le Sophiste,
parce quela
critique sembles'être
facilement accordée surles
identifications possibles. Elles sont, à vrai dire, plus difficiles
à limiter qu'à découvrir. Dans les « étudiants tardifs », on
s'accorde généralement à retrouver l'inévitable Anlisthène.
qu'Aristotc met en tète des gens « inéduqués » par qui la
définition de l'essence était déclarée impossible (Met. io43 b
a4). Simplicius, d'autre part, compte les Mégariques au
nombre de ceuxqui
voulaient «
séparertout de tout »
(inPhys. p. 120, 1Ô-21). Philopon (in Phys. p. 49) 19) y ajouteles philosophes d'Erétrie, mais le nom de Ménédèmc, sous
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293 LE SOPHISTE
cuvaient rentrer dans le cadre d'un matérialisme si large-
ment dessine. Mais chercher à en spécifierune comme direc-
tement visée est une tentative aussi
peu justifiée qu'elles'est,
de fait, montrée peu réalisable.
La critique ne s'est pas davantage accor-es mis
j^ identification précise desdes Formes. . .
~~ _, ¥ ,. ,
r.
Amis des formes '. L îdenlihcation avec
les Mégariqnes n'a pu tenir: les rares textes qui les concer-
nent s'opposent absolument à ce que nous les disions par-
tisans d'une «pluralité » intelligible, car ils attestent, chez
eux, de fermes tenants de l'unité absolue 2. Le témoignage
même de Proclus en faveur des derniers Pythagoriciens ne
serait admissible qu'une fois confirmé par des textes qui nous
feraient retrouver, chez eux, une théorie des formes « mul-
tiples et immobiles ». D'autre part, on peut bien dire, avec
U. von Wilamowitz, que les Amis des Formes sont, ici, des-
i . Le fond de toutes les hypothèses est l'idée que notre dialogue
vise, ici, une école historique ou quelque fraction d'une école histo-
rique déterminée : i° Platon, critiqué par un auteur inconnu dans
l'inauthciitiquc Sophiste (Ueberweg, Windelband), ou se critiquant
lui-môme (Th. Gomperz, II, p. 596 ; Raedcr, p. 3a8 et suiv.;
hutoslawski, p. 4^4 et suiv.), ou corrigeant sa terminologie anté-
rieure
pour protégersa
penséecontre des déformations faciles
(G. Riller, l\'eue Untersuchuiigen, p. 33) ;2° des Platoniciens en retard
sur Platon (Natorp, Idecnlehre, p. 284 ; Campbell, adlocum, p. 125,
note 4, et Introd., p. lxxv : retardataires contaminés par l'éléatisme
et le pythagorisme, P. Ritchie, Plalo, p. 100); 3° une fraction de
l'école platonicienne, dirigée par Speusippe. Platon revient de son
troisième voyage en Sicile. Contre l'enseignement de Speusippe, qui
remplaçait le maître absent, s'est élevé Aristote avec tout un parti :
Speusippe est le chef des Amisdes
Formes, quifalsifient la réelle
doctrine de Platon;
Aristote est le sophiste combattu dans notre
dialogue (Eberz, Archiv. f. Gesch. d. Philos., XXII, 2, p. 2Ô2-263;
4, p. 456-462); 4° des Mégariqucs (Schlciermacher, Zeller, II, 1,
4eéd., p. 2Ô2 et suiv.
; Apelt, Comment., p. i44 et Beitrwje, p. goet suiv.); 5° les derniers Pythagoriciens (Burnet, Greek Phil. I,
p. 91, s'appuyant sur Proclus in Parm., p. i4g, Cousin); 6° des
Eléales (Deussen).
2. Aristoclès dans Eusohe Pr. èvang,, XIV, 1-, -j56.
— Cicéron,Acad., II, 42. — Diogènc. II, 106. Cf. notre notice sur le Parmé-
nide, p. 19-23.
7/29/2019 Platon, 8.3 Le Sophiste
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NOTICE 2y3
sinés en traits aussi impersonnels que les Géants, Fils de la
Terre. Leur idéalisme est assez général pour embrasser aussi
bienle
platonisme quel'éléatisme l
.
Mais,si Platon
pouvaitse compter au nombre des idéalistes à côté des Parménidiens,
comment aurait-il pu se compter au nombre de ceux quiimmobilisent le Tout? On ne voit pas dans quel dialoguePlaton aurait pu lire une phrase de lui qui niât absolu-
ment le mouvement cosmique.
11 ne reste peut-être qu'un biais pourL'histoire j ., .• j> , •
. .
f. .. comprendre cette mention d un parti
d'Amis des Formes, si étroitement liés
à Parménide qu'on puisse dire en parlant de tout le groupe :
« nous ne nous laisserons imposer l'immobilité du Tout,ni par ceux qui prônent l'Un, ni par ceux qui prônent les
multiples Formes » (2^9 c/d). Ce serait de dire que ce grouped'Amis des Formes, chez qui l'admission, soit de l'unité,
soit de la pluralité intelligible, s'allie à la négation dumouvement cosmique, est une création littéraire. Une telle
alliance entre l'éléatisme et la Théorie des Formes nous a été
présentée, en effet, dans le Parménide, et, si profondes quesoient certaines parentés entre le platonisme et l'éléatisme,
si émouvant que reste, pour nous, dans sa grandeur et dans
son habileté, et d'ailleurs, si fécond qu'ait été, pour l'histoire
de la pensée grecque, cet appel d'un génie à un autre génie r
cette alliance n'était, dans le Parménide, qu'une fiction à la
fois défensive et offensive, temporairement construite pourles besoins de la polémique platonicienne.Nous avons cru pouvoir observer que le passé immédiate-
ment en vue dans le Sophiste, celui qui limite, pour ainsi dire r
l'horizon des personnages de ce dialogue et, spécialement,
de l'étranger éléate, est constitué par les dialogues Parménideet Théétète. Littérairement, le Théétèle, le Sophiste, le Poli-
tique, le Philosophe devaient former comme un groupe fermé,
suspendu au Parménide : une tétralogie dont toute l'affabu-
lation a, comme explication, cette rencontre déjà très vieille
entre Parménide et Socrale. Or, dans le Parménide, le grandÉléate nous est apparu comme le défenseur des Formes.
Ila vraiment fait sienne la théorie qui affirme la réalité
!.. U. von Wilamowitz, Platon, Bd II, 1™ éd., p. 2 '42.
7/29/2019 Platon, 8.3 Le Sophiste
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agi l^E SOPHISTE
permanente et distincte des multiples Tonnes intelligibles ;
il a déclaré que l'identité immuable de chaque forme était la
condition absolue de la pensée ;il a, pour expliquer sa mé-
thode dialectique, énuméré les plus importantes de ces formes,
et, choisissant son Un, comme une l'orme entre ces formes,
pour le soumettre à cet examen dialectique, il a vraiment
paru ne regarder son hypothèse unitaire que comme un cas
particulier de la grande hypothèse des formes intelligibles.
Le Socrate du Thèèlèle, qui gardait le souvenir reconnaissant
de cette « protection », en même temps que le souvenir
respectueux de la profondeur de pensée, révélée, soit dans les
objections, soit dans l'argumentation finale du Parménide,
répugne tout naturellement à réfuter les doctrines propres de
Parménide. Le Théètète n'a réfuté que les partisans de l'uni-
versel mouvement. Il l'a fait, d'ailleurs, avec des arguments
qui rappellent, on l'a vu depuis longtemps, la manière em-
ployée par les Amis des Formes dans leur critique des « ma-
térialistes » : « leur Vérité, ils la brisent et l'émicttent dans
leurs arguments, et montrent qu'elle est, non point réalité,
mais devenir en perpétuelle translation » ÇSoph. 2/j6c). Mais
l'argumentation du Parménide sur l'infinie multiplicité querécèlent ces blocs apparemment uns, quand l'Un en est
absent (i64c/d), avait déjà beaucoup du caractère de celte
critique. En tout cas, l'immutabilité des multiples formes
était défendue, dans ce dialogue, par -celui qui fut, histori-
quement, et reste, littérairement, dans la tétralogie,le pre-
neur de l'Un immobile. N'est-ce pas à cette protection
accordée aux Formes, à ce ralliement aux Formes accompli
par un Eléatisme littérairement imaginé, que fait allusion
l'Etranger éléate, lui aussi fiction littéraire, et qui se charge
d'expliquer lui-même la théorie des Amis des Formes, « parce
qu'elle lui est familière » ? (2^8 b).
Nous venons de dire, avec U. von Wilamowitz, que l'idéa-
lisme dont s'inspire cette théorie pouvait embrasser aussi
bien le platonisme que l'éléatisme. Encore est-il que, si l'on
fait abstraction de la multiplicité des Formes, — et le second
exposé du Sophiste (2/48 a/d) fait réellement cette abstraction,— la teinte de la doctrine est directement éléatique et non
platonicienne. L'opposition entre l'être et le devenir, entrela sensation et la raison ou l'intellect, ne va jamais, dans les
dialogues, sans ses correctifs : la participation des sensibles
7/29/2019 Platon, 8.3 Le Sophiste
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NOTICE Bgâ
aux formes, l'ascension progressive de la sensation à l'in-
tcllection. Ici, c'est l'opposition crue, telle que la présente le
poème de Parménidcdans sa
première partie
'.
Quant à l'actionet la passion, acceptées pour le monde du devenir, absolument
exclues de l'être véritable, nous avons déjà vu qu'une oppo-sition si tranebée ne s'accorde plus guère avec les babitudes de
la terminologie platonicienne, et que, d'ailleurs, aucune rela-
tion, soit entre les formes et les objets sensibles, soit entre les
diverses formes, n'était exprimable autrement qu'en termes
d'action-passion
2.
Or, quidonc a si nettement
rélégué,dansle
monde du devenir, cette double Sjva;xt;, si ce n'est le Parmé-
nide du poème de l'Opinion? Nous n'avons plus, de cette
partie, que des fragments épars. Mais la distinction de la
lumière et de la nuit, la distribution de toutes eboses sous
cette rubrique générale « suivant leurs puissances respec-tives » 3
, qu'est-ce autre ebose que l'introduction d'une telle
distinction entre puissances actives et
puissances passives
')
Aristote, le premier, en a jugé ainsi, et, après lui, Théo-
phraste transmettra aux doxograpbes ces distinctions de Par-
ménideentre lumière et nuit, chaud et froid, agent et patient1
.
C'est donc, avant tout, à l'idéalisme des Éléatcs que s'adresse
l'objurgation si solennelle du Sophiste (2/19 a/b). C'est avec
eux qu'on est obligé d'user de subterfurge et de traduire en
un mouvement passif le simple fait d'être connu. C'est de
leur part aussi qu'on refuse d'accepter la tbèse qui affirme
l'immobilité du Tout, « soit qu'ils prônent l'Un, soit même
qu'ils acceptent la multiplicité des Formes » (2^9 d). Mais ce
dernier trait décèle, nettement, des Éléatcs fictifs. Théétète ne
saurait expliquer la doctrine de ces imaginaires Amis des
Formes. C'est qu'il n'a point entendu Parménide, le Parmé-
nidc qu'a inventé Platon, proclamer les difficultés, mais aussi
l'excellence et la nécessité logique de la théorie des Formes.Et l'Etranger, lui, le peut, car il a été, tout jeune, l'élève de
Parménide. Au lieu de chercher, sans aucun appui dans les
textes, et, souvent, à l'encontre même des textes, à mettre,
1. Cf. notre notice du Parménide, p. i3/i'i.
2. Cf. supra, p. 287 et 290.
3. Diels, Fragmente der Vorsokratiker, I3
, p. ioy (fragment 9).
'i. Arist. Métaph. 98^ b, 3 et 5, 986 b, 3i. — Tbéophraste apud
Diels, Doxographi Graeci, 482, i3 et 18, 56/J, 31.
7/29/2019 Platon, 8.3 Le Sophiste
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ag6 LE SOIMII>TK
dans l'intérieur du Platonisme, soit des périodes, soit des
sectes qui se contredisent si violemment, ou bien à créer, de
toutes pièces, des écoles inconnues d'éclectiques étranges, quene reconnaît-on à Platon le droit de prolonger ses propresfictions par des fictions nouvelles, et de garder, entre les actes
successifs de son drame philosophique, la continuité de la vie?
Platon a eu besoin de se couvrir du nom de Parménidc
contre ceux qui l'attaquaient en se couvrant du nom de
Zenon; il est allé lui-même, d'instinct, vers cette grandeur
qu'il sentait congénialc à la sienne;
il a senti que ces misé-
rables disputes sur l'un et le multiple, où se complaisaientdes «
sophistes », n'étaient qu'écume au bord d'un « océan »,
et s'est lancé, dans le Parménide, sur cet océan des oppositions
foncières de l'être. Tout en cherchant la solution définitive,
il a dégagé ses voies en réfutant, dans le Théétèle, les tenants
de l'héraclitéisme. Quand il a cru posséder sa solution, il
s'est affranchi de cette « protection » imaginée : il a donné
libre champ à la critique de l'Éléatisme, seulement esquissée
dans le Parménide, et il a écrit le Sophiste.
Que vaut, en soi, cette solution ? C'est une question à
laquelle chacun sera tenté de répondre suivant ses proprestendances métaphysiques ou antimétaphysiques. Mais son
influence historique a été indubitablement féconde. Brochard
nous dit : « c'est en réalité l'idée de relation ou de relativité
que Platon introduit dans les plus hautes spéculations et
qu'il substitue à l'absolu tel que l'avait conçu l'éléatisme »',
et Gomperz a montré, de son côté, que la conception aristo-
télicienne de la science relève, en droite ligne, de celte dia-
lectique nouvelle, assouplie par l'idée de relativité2
. J'ai
essayé de dire ailleurs comment, en formulant ce principede relation, le Platonisme ne faisait, malgré certaines appa-
rences, qu'achever son évolution naturelle
1
.
D'autre part, lathéorie de la proposition, telle qu'elle est exposée dans le
Sophiste, après avoir été esquissée dans le Cratyle et le Théé-
tèle, marque une avance considérable dans l'analyse du lan-
gage, et ce n'est pas seulement clans la logique d'Aristole,
i. Etudes de philosophie ancienne et de philosopliic moderne, p. i5o.
2. Les Penseurs de la Grèce, II, p. Cos/0.3. L'idée de la science dans Platon, p. 1GG-19O.
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a98 LE SOPHISTE
genre de celles qu'on trouve dans tous nos manuscrits. Ses
groupements divers avec B, T, ou W ne sont point inutiles
pour l'histoire de leurs rapports mutuels. Il a souvent le pri-
vilège de la bonne lecture, soit avec B ou ï, soit avec W ou
Stobce : il l'a parfois seul, et l'on ne voit pas pourquoi nous
serions obligés, en de tels cas, de substituer, à la garantie
offerte par Y, la garantie précaire fournie « (coniieiendo ?)
ab aliis librariis » (/6., p. 45). Nous avons, naturellement,
utilisé, comme pour les deux autres dialogues, la tradition
indirecte, spécialement les citations de Stobée et Simplicius,
en prenant soin d'indiquer les limites précises de ces citations,
de façon à n'avoir pas à répéter ces noms devant des lectures
conformes à celles de la majorité des manuscrits. Là où un
manuscrit seulement, ou deux manuscrits seulement, s'écar-
tent de la lecture adoptée dans notre texte, l'apparat donne
cette lecture sans aucune mention de manuscrits et suivie
seulement de deux points, et se contente de mentionner le ou
les manuscrits qui contiennent la variante. Nous ne noussommes écarté de cette règle que lorsque la clarté l'exigeait.
Là môme où je n'ai pas adopté leurs vues, je dois beau-
coup aux Platonica de H. Richards (1911), au Platon de
U. von Wilamowitz (spécialement Bd II), aux Neue Lnter-
suchungen iiber Platon (1910) et au Jahresbericlit déjà cité de
G. Ritter (cf. Notice du Pannénide, p. 5a, note 1). Je dois
plus que je ne saurais dire, pour tout ce tome VIII, à l'exacte
vigilance de M. L. Lemarchand, aux précieuses remarquesou suggestions de M. A. Rivaud.
11 serait prétentieux et vain, après Campbell, d'entreprendreici une dissertation sur le style
du Sophiste. Ce dialogue est,
malheureusement, de ceux que fréquentent le moins les purs^
hellénistes, et la sécheresse apparente des problèmes qu'il
discute lui a quelque peu fait tort:
en réalité, la languequ'il parle est encore la belle langue platonicienne. Mais c'est
vraiment un dialogue d'école, et, si 1 ironie platonicienne,
voilant, d'un sourire léger, le grave émoi de la pensée, n'en
est certes point absente, elle y a pris, elle-même, des allures
toutes scolaires. Dans ce style si ferme et si net, qui dit,
d'ordinaire, d'une façon aussi simple que précise, exacte-
ment tout ce qu'il veut dire, s'il y a, de temps à autre, deslongueurs, des redondances ou des boursouflures, si l'on
entend, dans certains couplets presque régulièrement dis-
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NOTICE 290
tribués, cliqueter des formules exagérément techniqueset pédantes, ne nous y trompons pas : Platon a voulu
ces effets d'un comique tout spécial. Gravité un peu grandi-loquente ou familiarité brutale de l'Étranger, hésitations,
maladresses, étonnements naïfs de Théélète, accumulations
de noms de métiers ou de sciences fabriqués à plaisir, étymolo-
gies outrageusement forcées, esprit de mots, métaphores quise succèdentsans toujours bien se suivre, richesse déconcertante
des métamorphoses que subit un même personnage, tout cela
est ducomique fait, certes, pour
des écoliers trèssavants, rom-
pus à toutes les subtilités de la dialectique, passionnés, d'ail-
leurs, pour les grands problèmes métaphysiques, mais c'est du
comique d'école, fait pour l'école et puisé dans les mœurs de
l'école. Certaines formules, « la nature de l'autre, le genredu non-ètre, la forme de l'être, l'art de la production, elc... »,
ne sont redondantes que pour nous : elles sont en passe de
devenir des
pléonasmes,mais ne le sont
pasdevenues
encore,et, d'ailleurs, plusieurs d'entre elles continueront à être
employées, sans être senties comme pléonasmes, pendant tout
le Moyen-Age et jusque chez notre Descartes. Mais beaucoup,sinon la plupart, des traits qui nous étonnent dans le Sophiste
sont issus de cet esprit proprement scolaire et de cet humour
dialectique. Rendre tout cela, un traducteur le voudrait, le
devrait, au moins. Il devrait faire sentir, et l'emphase, et la
pédanterie, et la naïve gaucherie qui les souligne, et l'ironie
ou le sarcasme qu'elles ne voilent qu'à demi, sans jamaisfaire tort, ni à la vigoureuse clarté de cette pensée, ni à la
beauté encore toute classique de ce style, qu'anime une
double passion : l'amour du vrai, la haine du faux semblant
et du frelaté. Il devrait même, à la rigueur, essayer, sinon de
reproduire, au moins de faire soupçonner les allures savantes
du rythme, si magistralement décrites par Campbell. Si je le
dis, ce n'est point que je prétende avoir atteint cet idéal, ce
n'est même pas pour qu'on me sache gré de l'avoir entrevu
ou qu'on me pardonne des efforts peu fructueux;
c est pour
qu'on aborde ce dialogue avec un avant-goût plus net de
la manière qui le caractérise, pour qu'on l'étudié avec une
curiosité mieux informée, et pour qu'on ne laisse pas rebuter,
par l'aspect insolite ou mal venu que pourrait donner, à ce
style, une traduction forcément imparfaite, l'attention quemérite une œuvre si originale et si profonde.
7/29/2019 Platon, 8.3 Le Sophiste
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GONSPECTUS SIGLORUM
Platonis Codices :
B = cod. Bodleianus 3g (saec. ix).
T = cod. VenctusAppend.Class.4,cod.i(saec.xi).
Y = cod. Vindobonensis ai (saec. xiv).
W = cod. Vindobonensis 54, suppl. phil. gr.7
(saec. xu).
Paris. 1808 = cod. Parisinus 1808 (saec. xm).
Paris 1809= cod. Parisinus 1809 (saec. xv).
Paris. î8u — cod. Parisinus 181 1 (circasaec. x.v).
Paris. 1812 = cod. Parisinus 1812 (circasaec. xiv).
Paris. 181 4 = cod. Parisinus 181 4 (saec. xvi).
Ven. 8 = cod. Vendus8
(saec. xv).Ve!ît i84 = cod. Venetus 184 (saec. xv).
Ven. 180 = cod. Venetus i85 (saec. xv).
Vatic. 225 = cod. Vaticanus 225 (saec. xv).
Coisl. i55 = cod. Coislinianus 1 55 (saec. xiv).
Commentarii et Ânthologia :
r -(T^A
Eus. = Eusebii Praeparatio Euangehca, éd. h. H. Oitlord,
I9Proclusin Parm. = Procli in Platonis Parmenidem Com-
mentarius, ap. V. Cousin Procli Philosophi Platomci Opéra
Inedita, i864- M . ....,• /r»:«i.
Simpl. in Pbys.== Simplicii
in Pbysica Anstotelis (Diels
! 882-1885). ta-WV o
SimpliciiD = Simplicii codex Laurentianus L.YAAV 2
(saec.xu uel
xm).,
SimpliciiE = Simplicii
codex Marcianus 229 (saec. xu
uel xm)
7/29/2019 Platon, 8.3 Le Sophiste
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CONSPECTUS SIGLORLM 3oc
Simplicii F — Simplicii codex Marcianus 227 (saec. xn
uel xui).
Simplicii Aldina = Simplicii Commentarii in octo Aristote-
lis Physicae Auscultationis libros, Venetiis, in aedibus Aldi,
i5a6.
Simpl.in Categ.=
Simplicii in Aristotelis Categorias (Kalb-
fleisch, 1907).Stob. = Joannis Stobaei Anthologium (Wachsmutb-
Ilense, 188/1- 1923).
Stobaei A = cod. Parisinus 1984 (saec. xiv).
Stobaei B = cod. Parisinus iq85 (saec. xvi).
Stobaei L = cod. Florentinus plutei vin n. 22 (saec. xiv).
Stobaei M = cod. Escurialensis LXXXX (S II i4) saec. xn.
Stobaei S = cod. Vindobonensis phil. Gr.LXVII(saec. xi).
Stepb.=
Stepbanus.
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LE SOPHISTE
[ou De l'Etre, genre logique.]
THÉODORE SOCRATE LÉTRANGER DÊLÉE TIIÉÉTÊTE
216 a Théodore. — Nous voici, Socratc, fidèles
m , ,Pr0*°3ue: au rendez-vous convenu hier et voici,
Théodore introduit ,, ...l'étranger d'Élée.
avec nous, cet étranger : originaire
d'Elée, il appartient au cercle des dis-
ciples de Parménide et Zenon; c'est, d'ailleurs, tout à fait
un philosophe.Socrate. — Ne serait-ce point, Théodore, au lieu d'un
étranger, un dieu que tu amènes, comme dit Homère, à ton
insu ? A son dire, en effet, s'il y a d'autres dieux à se faire
b les compagnons des hommes qui révèrent la justice, c'est sur-
tout le Dieu des Étrangers qui vient ainsi observer la déme-
sure ou l'équité des actions humaines. Peut-être aussi est-ce
l'un de ces êtres supérieurs qui nous est venu en ta com-
pagnie, pour surveiller et réfuter, lui, réfutateur divin, les
piètres raisonneurs que nous sommes.
c Théodore. — Ce n'est point là, Socratc, la manière de
l'étranger : il a plus de mesure que les fervents amis de
réristique. Pour moi, je ne vois point du tout un dieu en
cet homme; mais un être divin, oui; car, à tous les philo-
sophes, c'est là le titre que je donne.
Socrate. — Et avec raison, ami. Mais c'est là, j'en ai
peur, un genre qui n'est, pour ainsi dire, guère plus facile
à discerner que le genre divin ; tant cette sorte d'humainsprend d'apparences différentes dans le jugement ignorant de
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SOM2TH2[y, nepl "OJ Ôvto:, \o^:/.6;.]
OEOAaPOZ ZnKPATHZEAEATHZ ZENOZ ©EAITHTOZ
GEOAOPOZ. Ka-rà tt]v \ôè.ç ô^oXoylav, cô ZcÔKpaTEÇ, 216 a
fJKO^iEV aÙTol te Koa^ilwq Kal t<5v5e Tivà E,évov ayo^EV, t6
^ièv ysvoç eE, 'EXÉaç, ETatpov Se tcùv à^icpl riap^EviSr)v
Kal Zfpcûva [êTalpcov], ^L&Xa 8è avSpa cpiXôaocpov.
ZOKPATHZ. "Ap3
ouv, S ©£68cop£, où £,évov àXXa Tiva
8eôv aycov <axà tôvc
O(if)pou X6yov XsXr]8aç ; 8ç cpr)cnv
aXXouç te Seoùç toiç àvSpamoïc; ÔTtôaoi ^etÉ)(ouotv atSoOç b
Sixalaç, KalBî\
Kal tôv £,éviov ou)( fJKiaxa 8eôv auvoTtaSôv
yiyv6^iEvov uôpEiç te Kal EÙvo^lac; tbv àvSpcÔTtcùv Ka9op8v.
Tâ)(3
ouv av Kal crol tiç oStoç tcov Kp£iTT6vcov ouvéttoito,
cpaûXouç r)^âq ovTaç êv tolç X6yoiç Itioi|j6^ev6ç te Kal
EXÉy£,Qv, 8eôç cov tiç IXEyKTiKÔq.
OEO. Ovy^ oStoç 6 Tp6noq, cô ZcùKpaTEÇ, toO £,évou,
àXXà ^ETpu&TEpOÇ TCOV TIEpl tôcç IpiSaç ÈanouSaKéTcov. Kal
^ioiSokel 8eôç y.èv uvf^p ouSa^icùç EÎvat, Beloç ^r)V TtàvTaç
yàp êycb toùç cpiXoadcpouq toioûtouç TtpoaayopEÙco. C
Zfi. Kal KaXdoq y£, côcpiÀE. ToOto u.Évtoi kivÔuveûei t6
216 a 2 T'.vi : tôv W||a 3
frrcttpov: stspov T2Y
j
tôv : t8v BT||
1 laou.îvtortv : -î:'3r
(v constanter B
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secl. Upton ||a 6
'.; : &Ç Y || b t SXXoUf : àXXrjXou; B'jb !\ OUTo; : OÛTÛ»{ (sed o
supra ta)W b 9 àvr,p Bekker : à- codd.
'|c 2 /.xi om. B
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216 c LE SOPHISTE 3oa
la Coule, quand, « faisant le tour des cités », ceux-là qui ont
non point façon, mais réalité de philosophes, surveillent de
leur hauteur la vie des hommes d'ici-bas '. Aux uns ils sem-
d blent, en effet, ne rien valoir; aux autres, tout valoir 2. Ils
prennent l'apparence, tantôt, de politiques et, tantôt, de
sophistes, et, d'autres fois même, ils feraient, à d'aucuns, l'effet
d'être totalement en délire. A l'étranger, précisément, j'aurais
plaisir à demander, si ma question lui agrée, pour qui les te-
217 a naient les gens de son pays et de quels noms ils les appelaient.
Théodore. — Qui donc ?
Socrate. — Le sophiste, le politique, le philosophe3
.
Théodore. — Que veux -tu savoir au juste et quelle questiont'es-tu posée, à leur propos, à laquelle tu demandes réponse ?
Socrate. — Celle-ci : voyait-on, dans cet ensemble, une
seule unité ou bien deux ? Ou bien, comme il y a là trois noms,
y distinguait-on aussi trois genres, un pour chaque nom ?
Théodore. — Mais il n'aura, j'imagine, nulle gène à s'ex-
pliquer là-dessus. N'est-ce point ainsi que nous répondrons,
étranger?
b L'étranger. — Parfaitement, Théodore. Je n'ai, en effet,
aucune gêne ni, non plus, aucun mérite à répondre qu'onles tenait pour trois genres distincts. Mais, définir claire-
ment ce qu'ils sont, un par un, ce n'est point petite affaire
ni besogne aisée.
Théodore. — Au fait, cela tombe bien, Socrate : car les
sujets que tu viens d'aborder se trouvent être voisins de
ceux sur lesquels, avant de venir ici, nous étions en train de
l'interroger; et les difficultés qu'il t'oppose maintenant lui
servaient alors de prétextes avec nous. Car, là-dessus, il avoue
i. Platon transpose ici les vers de l'Odyssée (XVII, 483/7).
a. Les
grammairienssont,
parfois,trop
prompts
à condamner la
langue du Sophiste. Cobet (Mnem. IX, 343) condamnait l'expression
zÀaarw; a'.Xoaoaot, oubliant Rép. 485 d (-jTzÀaausvw; çhao'œoço;) et
Lois G4a d (-Àa^Tto; âyaôot). Cobet encore (ib., 347) et Madvig,suivis par tous les éditeurs, condamnent absolument toS jjl^Ssvo;
Tttxio:, qu'emploie le traité sur l'éducation des enfants (VII, 4 F)attribué à Plutarque.
3. Pour une comparaison des trois personnages, cf. Timée 19 c, et s.
4. Pour cette
façond'introduire la discussion comme une conti-
nuation de conversations immédiatement antérieures, cf. Parm.
x35 d, Théét. i47 c/d, et notre \otice générale, p. xiv et suiv.
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217 b LE SOPHISTE 3o3
avoir ouï autant de leçons qu'il faut et ne les point avoir
oubliées '.
c Socrate. — Veuille donc, étranger, à la première faveur
que nous te demandons, ne point opposer de refus. Mais,
plutôt, dis-nous: que préfères-tu, d'ordinaire? Développertout seul, dans un long exposé, la thèse que tu veux démon-
trer, ou bien employer la méthode interrogative, celle dont,
en un jour lointain, Parménide usa lui-même, quand il
développa des arguments merveilleux en la présence du jeunehomme que j'étais,
lui qui, pour lors, avait déjà grand âge2?
L'étranger. — Avec un partenaire complaisant et docile,
d Socrate, la méthode la plus facile est celle-là, celle avec inter-
locuteur. Sans quoi mieux vaut argumenter à soi tout seul.
Socrate. — Il t'est loisible, en ce cas, de choisir qui tu
voudras parmi ceux qui sont ici, car tous te seront des inter-
locuteurs dociles. Mais, si tu veux m'en croire, tu prendrasun jeune, Théétète que voici, ou quelque autre à ton choix.
L'étranger. — Socrate, je suis un peu confus, dans
cette première rencontre, où nous devrions deviser en échan-
geant nos réflexions par de brèves phrases, de venir dévelop-
e per longuement une argumentation copieuse, soit seul, soit
même en m'adressant à un interlocuteur, tout comme si je
faisais une démonstration oratoire. C'est que, en réalité, la
question que nous abordons n'est point aussi simple qu'on
pourrait l'espérer en la formulant comme tu fais ; elle exige,
au contraire, un très long pi-opos. Mais aussi ne point me
rendre, moi, votre hôte, à tes instances et à celles de tes
amis, surtout après des paroles comme celles que tu as dites,
serait, je le vois trop bien, incivil et grossier. D'ailleurs,
218 a que Théétète me donne la réplique, j'y consens de grand cœur,
après les entretiens que j'ai déjà échangés avec lui et sur le
désir que tu m'en exprimes.Théétète. — Agis donc ainsi, étranger; comme l'a dit
Socrate, c'est à nous tous que tu feras plaisir.
L'étranger. — Là-dessus, je le crains, tout mot de plus
serait superflu.Mais c'est loi qui, désormais, scmble-t-il,
i . Son expose ne sera donc point une improvisation en l'air, mais
l'écho d'unenseignement
solide.
Comparer Cratylc, 4i3 d; Banquet,aoi d.
a. Cf. Parm. 127 b, Théét. i83 o, et nos Notices, p. xiiî, p. 7.
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3o3 vo*imii: 217 b
vCv Kal t6te iaic^TtTETO Ttpèç rj^Sc;-
ItieI SiaKrjKoÉvai yé
<pr|<jiv LKavGç Kal ouk àp.vrniov£Îv.
Zft. Mf) to'ivuv, S E,éve. f|p.ûv t^v y£ TtpcbTr|v aÎTrjaàv- C
tcov X^P^ àTtapvr)8Ei<; yévr|, to<j6v8e 8' ^tv <£p⣣. H6te-
pov EuaSaç fjSiov aÙTÔç ettI aauToO ^iatcpco Xoycp Sie£,iévai
XÉycov toOto S av EvSEi.£,aa8al tq (5ouXr)8f]c;, f^Si
3
lpQTr|-
qeqv, otév TtoTE Kal fl app.EV i5r| xP^évco KOtl 8<-e£,iovti
Xôyouç TtayKaXouç TtapEy£v6p.r|v lyô véoç ôv, Ike'ivou p.àXa
Sr] TOTE OVTOÇ TtpEaBÛTOU ;
HE. Tô ^ev, 2> ZcÔKpaTEÇ, àXuTccoc; te KalEÙr)vicoç Ttpoa-
SiaXEyo^iÉvcù pfiov outco, tô Ttpôç aXXov ei 8èjirj,
tô Ka6' d
aÛT6v.
Zfi. "E^ectti toIvuv tôv Tiap6vTcov Sv av|5ovXr|8flq
Ik-
XÉ^aoSai, nâvTEc; yàp ÛTtaKoûaovTal aoi Ttpàcoç' aup.6o\jXco
^f)v ip.ol xp6^i£vo<; tôv vécùv Tivà atp^ar], 0Eaî.TT|Tov
t6v8e, f\Kal tôv aXXov ei t'iç aoi KaTà voOv.
HE. *Q ZcbKpaTEÇ, aîSûç t'iç ^' ^X£l T^ v ^ v TtpÔTov
auyy£v6^Evov û^îv jxif)KaTà a^iKpôv Inoç npôq etioc;
TTOiEÎoSai t^)v auvoualav, àXX' ÉKTEivavTa àTto^r)KÛVEi.v
Xéyov au^vôv kot l^auT6v, eïte Kal Ttpôç ETEpov, oîov
etil8eiE,lv Ttoio\jp.£vov tô yàp ovtl tô vOv ^r|8Èv oùx Saov e
SSe lpcoTT)6Èv IX-nlaELEv av aÙTÔ EÎval tiç, àXXà Tuy^àvEi
Xéyou Tta^^ifjKouc; ôv. Tô 8è a8 aol^f] y^ap\.C,zaBai «xi
toîoSe, aXXcoç te Kal ctoO XÉÊ,avToç ôç eÎtteç, aE,Evov ti
KaTacpalvETa'i p.01 Kal aypiov. 'EtteI ©EaÎTT]Tév y£ tôv
TTpoaSLaXEyô^Evov EÎvai SÉ^o^ai TtavTàTtaaiv IE, Sv aÛT6ç 218 a
te Ttp6T£pov SiElXEy^ai Kal au Ta vOv ^ol SiaKEXEÙrj.
OEAITHTOZ. Apa to'ivuv, S £,éve, oîjtu Kal KaBaTtEp
eÎtte ZoKpâTrjç Ttaaiv KE^apia^Évoç far).
HE. KivSuveûei npôq y.èv TaÛTa oùSèv eti Xektéov EÎvai,
C 5 oio'v : oftav W!|
zat anle 8tcÇi£vtt deîendum putat Schanz'
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218 a LE SOPHISTE 3o4
auras à soutenir la discussion. Si donc ce labeur prolongévient à te peser quelque peu, ce n'est point à moi qu'il faut
t'en prendre, mais à tes amis ici
présents.b Théétète. — Mais je compte bien que je ne vais point
défaillir, comme cela, tout de suite. Si toutefois cela m'arrive,
nous nous associerons le Socrate que voici. Homonyme de
Socrate, il est de mon âge et suit les mêmes exercices; prendre
sa large part de mes labeurs n'est point ebose qui ne lui soit
familière.
Le dialogue entre S*™*"*' ~ Bien dlt ;
£glà '
l'étranger et " ailleurs, ton affaire, et tu en décideras
Théétète: au cours de l'argumentation. Mais c'est
définition du affaire à nous deux, pour entreprendresophiste. », j i1 cette enquête, de commencer, a mon
avis, tout de suite, par le sophiste, en essayant de trouver et
c clairement définir ce qu'il est. A cette heure, en effet, toi et
moi ne sommes d'accord que sur son nom, mais la fonction
que vise en lui ce nom pourrait bien n'être, en chacun de
nous, qu'une notion toute personnelle. Or ce qui s'impose,
toujours et dans toute recherche, c'est plutôt de s'entendre
sur la chose même au moyen des raisons qui la définissent
que de s'entendre sur le nom seulement sans se préoccuperd'une définition. Quant à la race qui fait l'objet de notre
enquête, ce n'est point la tâche la plus facile de comprendrece que c'est que le sophiste ! Mais, quelques grandes œuvres
qu'il faille mener à bonne fin, la règle admise, en ce cas, partous et de tout temps, c'est qu'il s'y faut d'abord essayer sur
d des exemples réduits et plus faciles avant que d'aborder en eux-
mêmes les tout grands sujets.Aussi est-ce là, Théétète, dans
l'occasion présente, le parti que je conseille pour nous deux :
avant cette difficile et
péniblechasse
qu'exigera,nous le
savons, le genre sophistique, faire d'abord, sur quelque
sujet plus facile, l'essai de la méthode applicable à cette
recherche. A moins, toutefois, que tu n'aies à proposer
quelque voie plus aisée.
Théétète. — C'est que je n'en ai point.
L'étrangki,. — Veux-tu donc que nous fassions l'investiga-
tion de
quelque sujet simple
enessayant d'y
trouver unmodèle pour notre grand sujet?
e Théétète. — Oui.
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3o4 20METH2 218 a
©£alxr|X£' Ttpèc; Se aèf^Sr)
xè u.£xà xoOxo, coç eolke, yly-
volto âv o X6yoç. *Av S3
apa xl xcûu.r]K£L novcov a\^Tl' V^\
elle aÎTiaaSaL xoûxcov, àXXà xoûaSE xoùç aoùç éxalpouc;.
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Kpàxr), xôv ZooKpàxouç llèv ôllgovullov, IliSv Se r|XiKLcbxr)v
Kal auyyuu.vaaxr)v, $ auvSiaTtovEÎv u.ex' IlioO xà TtoXXà ouk
ar|8Ec;.
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xoO Xéyou* KOivrj 8è u.ex3
IlaoO aoL auaKETtxÉov àp^oLiÉvcp
TtpGxov, coq lu.ol cpalvExaL, vOv ornô xoO aoGfuaxoO, £r|xoOvxi
Kal Eu.<f>avl£ovxL Xéyco xl Ttox5
eoxl. NOv yàp 8f]au xe Kàyô c
xoûxou Ttépi xouvou.a u.6vov e^ou.ev Koivfj, xô 8è ëpyov Icp
3
co KaXouu.EV ÉKaxEpoq xâ)(3
av îSla Ttap* f\\ûv aôxoîç ^X01"
u.ev Sel 8è oceI Ttavxôc; TtÉpt xè Ttpayu.a auxô LiâXXov Sià
X6ycov f)xoû'vou.a u.6vov auvoLioXoyfjaSaL \coplc; X6you. T6
Se cpOXov S vOv etuvooOlaev £r|X£Îv ou Ttâvxcov p'Saxov auX-
XaBEÎv xl ttox' laxLV, S aocf>Laxf|c;- baa S' au xcov LiEyâXcov
Sel SiaTtovEÎaSai koXqç, TtEpl xcov xoioûxcov SéSoKxai Ttaatv
Kal TtàXai xo Ttp6xEpov ev aLUKpotç Kal pdoatv aùxà SeIv d
lleXexSv, Ttplv ev auxoîc; xoîç LLEylaxoLÇ. NOv ouv, S ©Eal-
xt]xe, lycoyE Kal vcov ouxco auu.6ouXEÙco, ^aXETtSv Kal Sua8^|-
pEuxov r)yr)aau.Évoi.q EÎvai xà xoO aocpiaxoO yévoç TtpéxEpov
Iv aXXcp pàovi xf)v liéSoSov auxoO Ttpou.EXEx8v, eIli^j
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tio8ev EUTtEXEaxépav e'xelÇ etTtEÎv aXXtyv SS6v.
OEAI. 'AXX' oukIXco.
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TtEipaScoLiEv TtapâSEiyLia aùxS 8Éa8ai~xoO u.el£ovoç ;
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a 6 ante Ota^TE add. d> Schanz||
a 7-8 lit) eu.; :
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218 e LE SOPHISTE 3o6
L'étranger. — Que pourrions-nous donc proposer qui soil
facile à connaître et minime, tout en comportant une délini-
tion non moins laborieuse que ne ferait n'importe quel sujet
plus considérable? Le pêcheur à la ligne, par exemple,n'est-ce pas là un sujet notoire et qui ne réclame point une
trop grande attention ?
Théétète. — Si.
219 a L'étranger. — Et pourtant, dans la méthode qu'il com-
porte, dans sa définition, nous ne manquerons point, j'es-
père, de trouver profit pour le dessein que nous poursuivons '.
Théétète. — Ce serait excellent.
L'étranger. — Eh bien, voici par où nous l'aborderons.
Dis-moi, est-ce un art, ou, sinon un art, quelque autre
faculté que nous lui reconnaîtrons ?
Théétète. — Lui dénier l'art serait la réponse la moins
admissible.
L'étranger. — Mais tout ce qui est vraiment art se résume,
en somme, sous deux formes.Théétète. — Lesquelles ?
L'étranger. — L'agriculture et tous les soins consacrés à
l'entretien des corps mortels;tout travail relatif à ce qui,
b composé et façonné, est compris sous le nom d'objet mobilier;
la mimétique enfin;tout cet ensemble n'a-t-il pas vraiment
droit à une appellation unique ?
Théétète. — Comment cela, et à quelle appellation ?
L'étranger. — Pour tout ce que, d'un non-être antérieur,
on amène postérieurement à l'être, amener, c'est produire ;
être amené, c'est, pouvons-nous dire, être produit2
.
Théétète. — Bien.
L'étrvngeu. — Or ce pouvoir est propre à tous les arts quenous venons d'énumérer.
Théétète. — En effet.L'étranger. — Production, voilà donc l'appellation sous
laquelle il les faut rassembler.
I. Ainsi, dans le Ménon (75 a), Socratc demande à Ménon d»
s'essayer d'abord à définir la figure, afin que ce lui soit un exercice
pour sa définition de la vertu. L'inversion du procédé n'est qu'appa-
rente et la méthode scientifique est la même, quand Socrate, dans la
République (368 d), prend, comme modèle d'essai, un modèle agrandi.Cf. aussi Descartes, Règles pour la Direction de l'Esprit (Règle X).
a. Pour celte définition, cf. lianquel, ao5 b/c.
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3o5 S04MSTHS 218 e
HE. Tl Sfjxa TtpoTa^al^e91>
av EuyvcoaTov u.èv kocI olu-
Kpév, Xéyov Se u.t)Sev6ç iXaTTOva £X0V Tuv ^e^évcov : oîov
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ou TtSa'iTE yvôpiu.ov KalortouSf)ç ou Ttâvutl TToXXf)ç tlvoç ETtà^iov :
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Selovf|u.îv £XElv Tipàç S ftouX6u.E8a.
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HE. ^Éps Sr), TrjSE àp^âu-ESa aÔToO. Kal u.01 XÉyE" Tt6-
TEpov coç TE)(v!.Tr)vauTèv
fjTiva aT£)(vov, aXXrjv Se Sûvau.t.v
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GEAI. "Hkicttix yE aT£)(vov.
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8£paTt£ia. tô te au TtEpl to guv8etov Kal TtXaoTÔv, SSr]
ctkeOoç Qvog.aKau.Ev, f\te Luu.r)TiKf). aûu.navTa TaOTa 81- b
KaiÔTaT' av Ivl Ttpoo"ayopEÛoiT3
av ôvou.aTi.
OEAI. ricoq <al t'ivi ;
HE. riSv OTtEp avU.r| TtpéTEpOV TlÇ OV UOTEpOV EÎÇ OÛ-
alav ayr), tôv u.èv ayovTa ttoleIv, tô 8è àyÔLiEvov TtoiEiaSaî
Ttoû cpau.EV.
OEAI. 'Op8ôç.
HE. Ta 8é yE vuvSf] a 8ir|X8ou.Ev &TtavTa eT^ev eiç
toOto Tf|V aÛTÔv 8uvau.1v.
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HE. rioLr|TLKf)v to'ivuv auTà auyKE(paXaL(ao"(iu.EvoL Ttpoa-
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221 c 'a ïtSrJXwtat habet Stob. A/if/ioi. lib. IV cap. XVIII, 6, vol.
I\ p. 4o8-4iï Hcnse;a 8 Tftèvt xao&v Stob.
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Wom. Stob.
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Paris. 1808 : vjvot, BTYW v3v Stob.||b 1 1 «5t4 : -wv \
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Rbiittï : -0J1SV W.
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3o8 20*IETHS 219 c
0EAI. "Eaxw. c
HE. Tô8f] ^a8r)u.axiK8v a8 ^lExà xoOxo eÎSoç oXov Kal
xè xfjç yvcoplaECùç x8 te xpri^axiaxi-Kèv Kal àycoviaxiKÔv«où 6r)pEUTiK6v, ETtEi.8^) SrnuoupyEÎ p.èv ouSèv xoûxcov, xà
Se ovxa Kal yEyovéxa Ta ^ièv )(£i.poGxai X6yoiç <al TtpâE,Eai,
xà Se xoîç )(Eipouu£voic; oùk ETuxpÉTtEi, ^âXiax3
av nou Sua
xauxa auvaTtavxa xà^Épi"| xÉ)(vr} xiç Kxr|xiKf) XE^BEiaa av
SiaTtpÉ^ELEV.
0EAI. Nal* TtpÉTtoi yàp av.
HE. Kxr)xiKrjç &r\Kal Ttoir|xi.Kfjç ou^maacov oùacov x&v d
xe)(v2>v ev Ttoxépa xr)v àaTtaXiEUXLKr)v, S 0£alxr|XE, xi6£>-
^ev ;
0EAI.3
EvKxr|xtKfj tiou SfjXov.
HE. Kxr|xiKfjç Se ap' ou Sûo elSt) : xè u.èv ek6vxcov
Ttpèç EKévxaq ^Exa6XT]xiKÔv 8v Siâ xe ScopEÔv Kal yuaScô-
cjecov Kal àyopâcEcov, xè 8è Xomèv, f\Kax' Ipya f\
Kaxà Xé-
youç ^ELpoûu.Evov aûu/nav, xEipcoxiKèv avzir\ ;
0EAI. «t'alvExai yoOv ek tûv EÎpr)u.Év<av.
HE. Ti Se; xfjv XEipcoxiKr)v ap' ou S
«-^rj xu.r)xéov ;
0EAI.ITf|
;
HE. Tè \xèv àvacpavSèv bXov àycùviaxiKov 8Évxaç, xè 8è
Kpucpaîov auxf]c; Ttav 8r|p£uxiK<Sv. e
0EAI. Nal.
HE. Tf^v Se yE ur]v SripEuxiKi'jv aXoyov xè\xr\
ou xéu.veiv
ÔLxfi-
0EAI. AéyE S-nr).
HE. T8 u.èv à»|iù)^ou yÉvouq SieXouevouç, xè S' eu.ijjû-
Xou.
C 2 or;: oè Hcindorf c 7 av
Slfitsp&jMtUV13W : av
Biaypi'j" TY
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C 9 va! secl. Cobet|| gpibcot
: -3:
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ôY[ -ou Slob.|jd 7 xa: àyopaastov : ante /.xi
p.'.jOojaîtov Iransp.
TY om. Stob.||d 12
àvaçxvoov:
i;j.3aoov
Slob.
Ofvra; W : -3; BTY et ( supra a) W T.OivTa; Stob.|
! e 3 oe om.
W Stob.H où om. W.
VIII. 3. — h
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3o7 SOMSTIIÏ 2f9 e
©EAI. Tî^irjv ; EÏTtEp laxov y£ ap.cpco.
HE. f~lcoç S3
oùk êaxov : Kal Set ye r|^Sç xo^jlèv
xcov 220 a
a^/ù^cùv, àvcôvup.ov 8v TtXfjv kccx' evia xrçç Ko\u^i6r|TiKfjç
cixxa pépr| koI TOLaOT^ aXXa (Spa^éa, ^alpeiv èâaat, xo
8é, tcove^h|»ù)(cov £cpcov oSaav 8r)pav, TrpooEUTEÎv £cpo8r|-
pitcrjv.
©EAI. *Eaxco.
HE. Zcpo8r)ptKrjq Se ap' où SmXoOv eTSoç âv XÉyoïxo lv
S'iicr).xô jièv TtEt^oO yévouç, ttoXXcûç elSecfi. koù ovô^aai
8ir)pr|^Évov, TTE£o8r|piic6v, xô S' ëxEpov veucttikoO £<pou tt&v
Evuypo8r]piK6v ;
0EAI. riàvu ys.
HE. NeuctxikoO\ir\v
xô ^lèv Ttxr|vôv <p9Xov épco^iEv, xô b
8è ivuSpov ;
©EAI. ricoç S' oO;
HE. Kal xoO Ttxr|vo0 p.fjv yÉvouç nSaa f)^tv f\ 8/)pa
XÉyExai. Ttoû xiç opvi8EUXLKr).
©EAI. AéyExai yàp ouv.
— E. Tou 8è IvûSpou ct^eSov xô aûvoXov âXicuxiKf|.
©EAI. Nol.
HE. Ti 8é; xcojxr|v ct3 xf)v 8i^pav Sp' oùk Sv Kaxà ^ié-
yiaxa ^Épr| Sùo SiéXoi^ev ;
©EAI. Kaxà ttoloc ;
.=.E. Ka8J
a xô ^ièv EpKEcnv aùxéSEv noiEÎxai xfjv 8r)pav,
xô SeTtXriyrj.
220 a i o' oJz W Stob. : oï où/. BTY||oîï : or
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dorf : tèv 13TYW om. Stob.||
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marg. W [| 6pcô|isv post Ivuopov transp. W j|b 4 «x»iv yivoj?
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Stobaei A||b 5
opvtGïuTiXïj :
loflijpM ciaij Y||b 6 yio ouv om. Stob.
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«XiEirr'.x/j 70 tjvoXov- Stob.j|b 8 va: om. Stob.
jjb 9 oé : oal Y,
Stoba«i codd. | au -rr.v
TW Stob.:
ïv tijl B aù-rr.v Y j| xaTa:
xaxàT« Stob.
[jb IO OtEAO'.ULÎV Stob. : Ol£ÂO!U.T)V BTYW H b 12 to :
x« Wi|aÙTdÔcV Paris. 181 2 : -o<h BTYW Stob. -oïv Baumann.
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3o9 20*I2THS 220 e
HE. Tè if\ç IvavTÎaç TaÛTr) nXi-iyn^ç. àyKÎaxpcp te yiy-
vô^ievov <ai tcùv I^Sûcûv ou)( rj tiç av TÛyr\ toO acô^ctTOÇ, 221 a
cSaTtEp toîç TpuSSouaiv.àXXà
Ttspl ttjv KE<paXr|v<al xô
axé^iaTOO 8r|pEu8ÉVTOÇ EKaaTOTE, KCxl KaTCù8£V EIÇ TOÔVaVTÎOV
avco pâ68oLc; kocI KaXà^iou; àvaartcbuEvov oS xi <pr|0"ou£v, S
0Eai.Tr)TE. Secv Toôvo^ia XÉy£a8ou :
©EAI. AokG ^év, 8-nEp apxt Ttpou8É^E8a SeÎv I^EupEtv,
toOt' oiut& vOv oVnoTETEXÉaBou.
HE. Nuv apa Tfjç âaTtaXi.EUTLKf)Ç'nÉpiau te
Kàyà>auvco-
^oXoyrjicauEv ou ^6vov Tou"vo(ia, àXXà <al t8v X6yov TtEpl b
<xut6 Toupyov ElX^cpau.Ev licavûc;. ZuuTiàar|ç yàp TÉ)(vr)q
TO ^lèv f^UUJU U£pOÇ KTr)TlKÔV ?JV, KTr)TlKoO SE )(£ip(3Tl.KOV.
XEipwriKoO Se SripEUTLKov. toO Se 8r|pEUTiKoû £cpo8i-|piic6v,
^cpo8r)piKoO 8è Evuypo6r|pLK6v, èvuypo8r|pLKoO Se t& kôctcoSev
T^if]^a bXov àXiEUtiicév, àXiEUTiKfjç Se 7iXr)KTLK6v, tiXtjktu
<rjc;Se àyici.aTpEUTiic6v toutou 8è t6 Tispl tt]v koitcoSev
avco TiXriY^v àvaaTTWtiÉvr|v, an' auTfjç ir\q Ttpâ^ECoç àcpo-C
^ioicoSèv Touvojjia, f\vOv àanaXiEUTiKn, £r)Tr)8£Îaoc ETt'ucX-qv
yéyovEV.
0EAI. riavTâTtaaL uèv ouv toOtô yE licavôç SeS^Xcùtou.
HE. ^ÉpE Sr), KaTà toOto to TtapâSEiy^a Kal tov aocbi-
0"T1*)V ETtL^EipG^EV EÙpEÎV 8tL TTOt' ECTLV.
0EAI. Ko^iSfj ^aèv ouv.
HE. Kal yr)v ekeîvo" y' ?jv to £r)Tr|pa mpÛTOv. TtÔTEpov
lSui>Tr|v fjTtva TÉ)^vr|v I^ovTa Betéov eÎvcu tov àaTtaXiEU-
tf\v.
©EAI. Nal.
6 8 -TJ-.r, :
-r,: W j|221 a I l T :
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a 3 0ijp(wlyTO( : -cjîvto: T 1 -ïjot.oz W]
a 4 /.a/.âuot; : "ioâ-
awatv Herodianusj
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ooxw;x:v TW ||a 8 au Heindort'
e Ficino : ou au BTYW, Stobaci MA|
ti : y« W j'b 5 buypoôi}-
pixcîv, £V'jyooOré ç:y.o-j: ivuSfO- TY
|;b G n/.r/.t'.zo'v, xXiptTCXÎfc ^:
habet in marg. W j
b 7 toûtoj : touto T||c 3 yiyovEv om. (add.
supra lin.) W ||c 8 y' f
(
v : yoûv Y | "J-.i^i.: ^r toj;j.:vov (scd corr.
in marg.) ~\\j
C 9 t3/vy,v T:va W.
7/29/2019 Platon, 8.3 Le Sophiste
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221 c LE SOPHISTE 3io
L'étranger, — Et noire homme, le poserons-nousd comme profane, Tiiéétète, ou bien absolument clans sa com-
pétence de sophiste ?
Tiiéétètk. — Pas du tout comme profane, car j'entendsbien ce que tu veux dire : il s'en faut du tout au tout qu'on
puisse lèlre, avec un si grand nom.
L'étranger. — Nous devons donc, ce semble, le poser
comme possédant un art déterminé.
Tiiéétète. — Mais quel art sera-ce bien au juste?
L'étranger. — Aurions-nous, par les dieux, méconnu la
parenté de nos deux hommes ?
Tiiéétète. — De quels deux hommes?L'étranger. — Du pêcheur à la ligne et du sophiste.
Tiiéétète. — Quelle parenté?L'étranger. — Des chasseurs, voilà ce qu'ils sont très
clairement tous les deux pour moi.
e Théétète. — Dans quel genre de chasse le dernier? Car,
pour le premier, c'est chose dite.
L'étranger. — En deux sections, je crois, nous divisâmes
tout à l'heure la chasse à tout ce qui est gibier : dans l'une,
nous mimes les nageurs, dans l'autre, les marcheurs '.
Tiiéétète. — Oui.
L'étranger. — L'une, nous l'avons explorée, pour autant
qu'il s'agit de ceux des nageurs qui vivent dans les eaux.
Quant à celle des marcheurs, nous la laissâmes indivise, endisant simplement qu'elle était multiforme.
222 a Tiiéétète. — Parfaitement.
L'étranger. — Jusqu'à ce point donc, sophiste et pêcheurà la ligne se tiennent compagnie, faisant route commune
depuis l'art d'acquisition.
Tiiéétète. — Ils en ont l'air, au moins.
Première définition £***>*«?•~
J*aiileurs sentiers
du sophiste: divergent a partir de la chasse a ce qui a
chasseur vie. L'un s'en va vers la mer, peut-être,intéressé de jeunes vcrg ]cs fleuves et les marais : ce qui vit
gens î^iches. i\ j j :ula-dedans sera son gibier.
i. Les divisions qui suivent partiront, l'une après l'autre, d'un des
yenres laissés à gauche dans une division précédente. Ici, on reprend
la division marcheurs-nageurs, en invertissant l'ordre, pour recom-
mencer à progresser à droite.
7/29/2019 Platon, 8.3 Le Sophiste
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3io EG4»I2TH2 221 c
HE. Kal vGv 8v}toutov 18u»tv)v 8r|aoy.Ev. cô 0£aiTr)TE, f\
•navTâTiaaiv coq àXr|8coc; aocpicn:f|v ; d
OEAI. OuSaucoç lSicÔTr|v' navBâvco yàp S XÉyEi-c;, coç
TtavTÔc; Seî tchoOtoç EÎvai tô y£ ovoua toOto e)(cov.
HE.3
AXXà xiva TÉ)(vr|v auxàvr|p.îv I)(ovTa, côç echke,
Setéov.
OEAI. Tlva ttot' ouvSf| Taûtr|v ;
HE. *ApD
S np6ç Becov îPiyvorjKa^Ev TCxvSpàç tôv avSpa
ovxa auyYEvfj |
OEAI. Tlva toO;
HE. Tôv àaTTaXiEUTf)v tou cocpiaToO.
0EAI.rifl
:
HE. 0r|p£UT(x tlve KaxacpalvEaSov aucfxa ^cu.
0EAI. Tlvoç 8r)paç aTEpoç ;tôv uèv yàp ETEpov eïtto- e
U.EV.
HE. Ai.)(a mou vvjv8f| Sie'iXouev xr\v aypav naaav, veu-
cttikoO ^lépouç, tô Se tte£oO téuvovteç.
0EAI. Nat.
HE. Kal tô uèv 8ir)X8o^£v, 8aov TiEpl xà vEucrciKa tcov
IvùSpcov t8 8è tiec^ôv EiàaauEv aa^iaxov, eittôvteç 8ti
tioXueiSèç £Ïr|.
0EAI. nâvu y£ . 222 a
HE. MÉ^pi y.Èv to'ivuv IvxaGBa ô aocpiaxrjq te Kal ô
àaTtaXiEUTi1
)ç &u.a artô x^ç KTr)Tiicfjc; xÉ)(vr)c; Ttop£ÛEa8ov.
0EAI. 'EolKaxov yoOv.
HE.a
EKTpÉTrEa8ov 8é y£ à-nb i?\q £coo6r|pi.Kfjç, ôp.èv ettI
SâXaTTtxv ttou Kal TTOTauoùc; Kal Xluvaq, tàv toùtchc; £coa
8r|pEua6^Evoq.
d 3 -xvto; W inckclmann : ~xvTœ; codd.[j toioù'to; : -ov TY
|
d
l\ ë/ovtx f,;j.ïvxjtov W
;jd 7 xp' : xp'ouv W j
d 9 tov Iloindorf :
toutov codd.j d 1 2 /.xTaçx{vcO0ov : -îpaivc'aOwaxv (sod ov supra w)W ||
e I TOV : TO n|
e 3 vjvot, : vjV BW||
JÛfattV : xnxTXVW!|
VCUOTIXOS
aipou;:
-xôv -50: Madvig;j
e 4 WÇdï t^uvovto; Bj| e 8 ttï] : ùV,v B ||
222 a 2 tofvuv : ouv W ||ts om TY
||ô post sa! om. W
|
a 5 0=yi
:
0' ïv(o B|]a 6 txy : tx sv BT.
7/29/2019 Platon, 8.3 Le Sophiste
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222 a LE SOPHISTE 3it
Tuéétète. — Sans aucun doute.
L'étranger. — L'autre va, lui, vers la terre, vers des fleuves
d'une autre sorte, després,
si l'on
peutdire, où richesse et
jeunesse foisonnent: ce qui s'ynourrit lui sera bonne prise,
b Théétète. — Que veux-tu dire?
L'étranger. — La chasse aux marcheurs fournil deux par-
ties de vaste extension '.
Théétète. — Que sont-elles l'une et l'autre ?
L'étranger. — L'une est celle des animaux apprivoisés ;
l'autre, celle des animaux sauvages.
Théétète. — Y aurait-il donc une chasse aux animaux
apprivoisés ?
L'étranger. — Oui, si du moins l'homme est un animal
apprivoisé. Choisis la thèse qui te plaira. Pose qu'il n'y a point
d'animal apprivoisé, ou qu'il y en a, mais en dehors de
l'homme, et que lui est sauvage; ou bien, tout en disant quel'homme est apprivoisé, juge qu'il n'y a point de chasse à
l'homme. Quelle que soit celle de ces formules qui t'agrée,
dis-nous ce que tu décides.
C Théétète. — Eh bien, nous sommes un animal apprivoisé,
voilà comme je juge, étranger, et je dis qu'il y a une chasse
à l'homme.
L'étranger. — Nous dirons alors que la chasse aux appri-
voisés est elle-même double.
Théétète. — A quel point de vue?
L'étranger. — Brigandage, chasse à l'esclave, tyrannie,
guerre sous toutes ses formes, nous ferons, du tout, une unité
que nous définirons chasse violente.
Théétète. — Bien.
L'étranger. — Mais discours judiciaire, harangue pu-
blique, entretien privé, à ce nouvel ensemble qui, lui aussi,
d est un, nous donnerons le nom d'art de persuasion.
i . Le schéma sera :
chasse aux marcheur- (— chasse au gibier de terre ferme)
mivagMi
apprivoises (chasse à l'homme)à maiu »rm£> 1 par persuasion
en publicI <-n
particulier
par de» eadeaux__J__'pour le lucre
pour la subsistance (ftatterie)__î__jx>ur l'argent (aopui»ti<jue).
Gibier de terre ferme et marcheurs sont ici traités comme syno-
nymes (cf. aussi Timée, 4o a, encore que Timée 92 a distingue mar-
cheurs et apodes).
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3ia £04>IETH2 222 d
0EAI. 'OpScoç.
ZE. Tf)ç 5r) Tu8avoupyiicf)ç SiTxà XÉy<au.Ev yévr).
©EAI. nota ;
— E. Tô u.èv ETEpov tSîa. tô Se Sr)u.oala yiyvô^Evov.
©EAI. rtyvEaSov yàp ouv eÎSoç EKôVtEpov.
ZE. OukoOv au Tx\q t8io8r)pEUT:i.icfîç T0b*EV H«x8apvr|-
tikôv ECTTiv, to Se Scopocpopiicôv ;
OEAI. Où u.av8âvco.
-E. Tf] tôv èpôvTcov 8r)pa xôv voOv, ôbç êoLtcaç. oôtio
npoaèay^Eç.
OEAI. ToO TtÉpt:
ZE. "Oti toîç 8r)pEu8EÎai Sôpa TTpoa£fu5i.8ôao-iv. e
OEAI. 'AXr|8ÉcrraTa XÉyEiç.
ZE. ToOto u.èv Toîvuv lpo>TLKf]c; TÉxvr|c; iaxco eÎSoç.
OEAI. riàvu y£.
,=.E. ToO Se yE jiLa8apvr|TLKoO tô pèv Ttpoaou.iXoOv Sià
XâptToc; Kal TiavTàTtaai. Si3
fjSovfjq tô SéXEap TtETioir)u.Évov
Kal x6v ua<j8ôv TtpaTT6u.Evov Tpocprp éauxcà u.6vov KoXa-
klki^v. &ç ÈySu.ai. TtâvTEq cpatu.£v avf) f|SuvTuc!
!
|v -uva 223 a
té^vi^v EÎvai.
©EAI. ricoc; yàp ou:
— E.. Tô Se ETTayyEXX6^Evov ^èv â>ç àpExfjç è'vEKa xàq
ouaXUxç ttoioû^evov, u.ia8ôv Se v6u.iau.a TipaTTÔjiEvov. apaou toOto tô yÉvoç ETÉpcp TtpoCTELTtEÎv a£,iov ôvôu-aTi
;
OEAI. nSçyàpoô:ZE. T'iVl
Sr) TOÙTÛ3; TtEipCO XÉyELV.
OEAI. Af]Xov Sr)- t6v yàp aocf>LaTr|v u.01 SokoOuev
d 3Xiyt»(uv
:
-o;j.:vY\\
||d 7 [Uafapvf)Tixov Heindorf : wq&apwu-
codd. (et infra e 5) j
d 8 h~:v : xl ÈsTtv T|| d 10 tôv voSv port
-oo^i-z/i; transp. W J
e 1 Bâpa jtpoaexiStWootv : sp©î Itt otr.s*
5:- W et in marg. t||
e a ÀiyEi; om. W||
e 3 ?7tw 11805 B : cT&K
?T-:ca TV l<nta
W e 7 prfvov:
-r,v TY || xoXeoctxifv secl. Schanz223 a 1
f;add. Heindorf
|ja h -.'*;: -î]; Y
|
a 6 yivo;: yrro-vôc B,
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223 d LE SOPHISTE 3i',
Tuéétète. — Pourquoi pas ?
L'étranger. — Or, dans le négoce, n'apercevons-nous pas
une distinction:
ne sonl-ce pas des objets servant à la nourri-e ture ou à
l'usage,tantôt du corps, tantôt de l'âme, qui sont
vendus et échangés contre argent'?
Théétète. — Que veux-tu dire par là?
L'étrangek. — C'est la partie relative à l'àme que, peut-
être, nous manquons à reconnaître; car l'autre, j'imagine,est claire pour nous.
Théétète. — Oui.224 a L'étranger. — Disons donc que la musique, sous toutes
ses formes, colportée de ville en ville, achetée ici pour être,
là, transportée et vendue; que la peinture, l'art des faiseurs
de prodiges2
,et maints autres articles destinés à l'âme, qui
se transportent et se vendent, soit à titre d'agréments, soit
comme objets d'étude sérieuse, donnent, à celui qui les
transporteet
quiles
vend,non moins
quela vente
du mangeret du boire, le droit au titre de négociant.Théétète. — C'est la stricte vérité que tu dis là.
b L'étranger. — A celui donc qui vend en gros les sciences
et, de ville en ville, les échange contre argent, tu appliquerasce même nom ?
Théétète. — Très certainement.
L'étranger. — Dans ce
négoce spirituel,
est-ce
qu'une par-tie ne s'appellerait pas, à très juste titre, art d'exhibition ?
Quant à l'autre, c'est d'un nom qui ne sera pas moins ridi-
culeque le premier, et pourtant, puisque c'est de sciences qu'elle
i. Cf. Gorgias 5i7 d, énumérant, pour illustrer sa théorie de la
sophistique, « ces objets qui servent à la nourriture ou à l'usage du
corps », et les producteurs ou trafiquants qui en font le service.
a. Cf. Notice,p.
6,Protagoras,
3ia d, et voir les Lois citant
(658 b/d), parmi les amuseurs publics, à côté de celui que nous
appellerions le montreur de curiosités ou de phénomènes (xov ix(ttdfutra
ifttâtucvuvxa), le comédien, le tragédien, le rhapsode. Le Oauii.» est
souvent la poupée ou la marionnette : pour les Lois (644 c et suiv.).
nous sommes des marionnettes dont les dieux tirent les fils. L'art
des faiseurs de prodiges a fourni à Platon l'allégorie de la caverne
(Rép. 5i4 b). Cette caverne est un véritable théâtre de Guignol,avec son mur «
pareil
auparavent que
les montreurs deprodigesmettent entre eux et le public, et par-dessus lequel ils exhibent leurs
poupées ». Pour le détail scientifique de ces tours et merveilles, cf.
Héron d'Alexandrie, Traité des Automates.
7/29/2019 Platon, 8.3 Le Sophiste
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3i4 20<I>I£THS 223 d
àXXayf), ct^eSôv aÙTfjç fj^uxu ^Époç 8v, KaTtr|Xi.K?) npoaayo-
peiieTai ;
GEAI. NoL.
HE. Tè 8é ye èE, aXXrjç eIç aXXr|v Tt<5Xiv SiaXXaTTOv
(ivfjKal TTpâCTEt E^TtOpiKl
!
| |
0EAI. T18' ofl;
HE. Tfjç S' è^TTopLKfjç ap1
oôk flaSrmESa 8tl to jxèv
oaoïç t6 aûpa TpÉ(pETai Kal xpfJTai, tô 8è baoïç f\ 4»u^, e
tiûûXoOv 8ià vo^lapaToç àXXaTTETai ;
GEAI, nûç toOto Xéyelç ;
HE. T8 TTEpl xf|v ij;u^f]v Xaaq àyvooO^Ev, etteI t6 ye
£TEp6v TtOU aUvlE^LEV.
GEAI. Nat.
HE. MouaiKf|v te to'lvuv auvà-naaav XÉycoiiEv, ek ti6Xeoç 22 'i a
EKdccjTOTE eÎç ti6Xlv evBev ^xÈv <àvr|8EÎaav, ETÉpcoaE 8è àyo-
^LÉvr|v Kal mTTpaaKO^Évr|v, Kal ypacpucfjv Kal Bau^ato-
tiouk^v <al TtoXXà ETEpa Tfjç i^u^ç, xà yèv Ttapa^uBLaç,
Ta 8è Kal ortouSfjç X^P LV aX^EVTa Ka ^ TroXoiijiEva, t8v
ocyovTa Kal TtcoXoOvTa |ir)8Èv Tjttov Tfjç tôv cutUdv Kal
TtoTÔv TtpàaEcoç E^mopov ôp82>ç av XEy6(iEvov Ttapao^Eiv.
GEAI.5
AXr|6ÉaTaTa XéyEiç.
HE. OukoOv Kal t8v ^a6r)^iaTa auv<avoûp.Evov tkSXiv te ]>
ek tt6Xecoç vo^'ia^aToç à^Ei6ovTa TauTèv TtpooEpEÎç avoua;
GEAI. Zcp68pa yE.
HE. Tfjç 8f) i^uxE^TtopiKfjc; TaÛTr|ç SpJ
où t6 uèv Itu-
Seiktik^ SiKaiéTaTa XéyoLT' av, t8 8è yEXotcp uèv oû^ îjttov
toO TtpéaGEV, ojicoq 8è uaSnuàTov ouaav Ttpacuv aÔTfiv
d 6 xazïiXixrj Y b t : xai SiiXta] BTxaxi)XrjTtxJ| W ||
d 9 8:aX-
littov [sed -ât tov] W : -atTojjLsvwv BIT ||d 10
è[x7:op!X7J : -R T- BY D e i xaî XP^"10" Heindorf : xÉypr,Tat codd.
||224 a 1
Xs'ycopey :
-ojiev (ante auvarcaaav transp.) W ||a 3 xoù
7ri-paaxouiv7]v secl.
Burnet|| 0au;a.aTOZOiixf,v
: -rotTjttxriv W ||a 7 rapaaysïv B : -eyeiv
TYW (jizapyjlv Badhara||
b 1 r.oliv... b 2 aix£t'6ov:a : et'; zdXtv...àu.£i'6ovTa Baumann r.okiv... < 7:n>Xouv-a >• à;jLE:'6ov:a Bichards
||
b 5yeXcu'o)
Heindorf: -oïov codd. malit Wilamowitz.
VIII. 3.-5
7/29/2019 Platon, 8.3 Le Sophiste
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224 b LE SOPHISTE 3i5
est vendeuse, c'est d'un nom apparenté de près au nom mêmede son œuvre que nous devrons, n'est-ce pas, nécessairement
l'appeler
?
Théétètk. — Certainement.
L'étranger. — Donc, dans ce gros négoce en sciences, la
c section relative aux sciences des diverses techniques aura un
nom; celle qui s'occupe de l'article vertu en doit avoir un
autre.
Théétète. — Naturellement.
L'étranger. — Gros négoce en techniques est le nomquiconviendrait à la première. Quant à la dernière, essaie toi-
même de dire son nom.
Théétète. — Et quel nom formuler qui ne sonne faux,
à moins de dire : voilàl'objet que nous cherchons, le fameux
genre sophistique !
L'étranger. — Lui, et pas un autre. Voyons donc mainte-
nant à récapituler, et disons : celte partie de l'acquisition,
d de l'échange, de l'échange commercial, du négoce, du négoce
spirituel, qui fait trafic de discours et d'enseignements rela-
tifs à la vertu, voilà, sous son second aspect, la sophis-
tique.
Théétète. — Parfaitement.
„ . ., L'étranger. — Troisième aspect : à qucl-
Troisiemeet
qua-,
.,..
,. t\, n
.
trième définition :1e <IU un > J imagine, qui, établi sur place
sophiste, petit dans une ville, pour une part achète,
commerçant, de pour une autre part fabrique ce qu'ilpremière ou vend d'enseignements relatifs à ce mêmeseconde main. ,. .
•
. .,°
.,
objet et s est promis cl en vivre, tu ne
voudras point donner d'autre nom que celui de tout à l'heure.
Théétète. — Comment le voudrais-je?
e L'étranger. — Ainsi acquisition par échange, par échange
commercial, que ce soit vente de seconde main ou vente
par le fabricant, il n'importe, pourvu que ce commerce portesur les enseignements que nous avons dits, ce sera toujourslà pour toi, apparemment, la sophistique ?
Théétète. — Nécessairement : c'est une conséquence qui
s'impose.
L'étranger. — Voyons donc si nous ne pourrions pointassimiler encore le genre que nous poursuivons à quelquechose comme ceci.
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3cg SOM2TH2 226 d
OEAI. Aéys xî.
HE. nacraf\ xoLaûxrj SiàKpujiç, <»<; lyô cruvvocà, XéyExai.
xtapà TtàvTov KaSapiiôç xiç.
OEAI. AÉysxai yàp ouv.
HE. OôkoOv x6 ys Ka8apxiK6v eÎSoç au SmXoOv ov Ttaç e
àv ïSoi;
GEAI. Nal, Kaxà a)(oXr]v ye ïocùÇ' ou ^v Eycoys
tcaSopS vOv.
HE. Kai u.f]v xà ys rcspl xà acôpaxa TtoXXà £Ï8r| Ka8àp-ac-ov évl Ttep'AaSstv ôvûLiaxi Tt~>Ojf\Kzi.
OEAi. riota <al x'lvl;
HE. Ta xe xSv £ç>cov, Sera âvxàç acopàxoav uttS yuLivaa-
xucf)ç taxpi.K?)c; xe ôp8ôç SiaKoivÔLiEva KaSaloExat «al Ttspl 227 a
xàKx6ç, e'tteIv lièv d>aOXa, Sera fiaXavEUXiK^ TtapÉ^ExaL"
Kal xSv àipû^cav acou.âxav, Sv yva^Euxuc?) Kal aÙLmaaa
Koa^irjxiKî] xqv EmiiÉX£'..av TtapE^ouévr) Kaxà cu.iKpà TtoXXà
Kal ysXola SoKoOvxa ov6iiaxa la^Ev.
OEAI. MiÀc. ye.
HE. riavxâTtaaL lièv ouv, S ©EalxrjXE. 'AXXà yàp xj]
xcùv Xéycov lle6<5oç> anoyyLaxLKrjç f\ cpapLiaKOTcoalaç oôSèv
^XXOV OOSÉ XL LiaXXoV XUy)(àVEL LlÉXoV El XÔ LIEV CTLllKpà, x6
Se LiEyâXa r|Liaç û>cj>eX£'l Ka3atpov. ToO KxrjcraaSai yàp
êvEKa voGv Ttaaûv xej(v£jv xô cruyyEvÈc; Kal xô{jitj auyyEvèç b
KaxavoEÎv TtEipcoLiÉvr) xiliS npoq xoCxo ê£ ïaou Ttàaaç, Kal
8âx£pa xov EXÉpcov Kaxà x?jv ÔLtotéxrjxa oôSèv rjyELXai
yEXouôxEpa, aELiv6xEpov Se xi xbv Sià axpaxrjyiKfjc; f)
<p8£'.pLaxLKqç SrjXoOvxa 8ï^pEuxiKf]v oôSèv vev6lilk£v, àXX'
àç xô tcoXù yauv6xEpov. KalSi^
Kal vOv, SrcEp f^pou, xl
e 2 Km BY : itSoi T a»v(8o< VV||e 3 v*( secl. Cobet
||e 5 ys W :
oui, BTYj|e 8- a a osa... ^paJXa : tî;o:;.. frcuXa Badham ojotç....
(paûXoi; Schiinzjj227 a i KaJialpzxai : -xiotyzau B
|| nspl txxtôî edd. :
rcepi-rax-ôç Bjeepî
ta sxtô; TYVV|j
a 2 sînstv : S stwïv TY||a 6
KOopsiTuà):
Cf(j.7jtixTi Badham||
a 8 ^apLiaxoTcoaiaî:
--oi-'aç
Wj|
bi
xai xô[il; 8uyyevl{ om. W ||
b 3 f,y£Ïtat: ^xtij-ca- W [j
b 4 Si : té
BT|| rj rfctptorixiK om. B
||b 6 S/, /.a; om. TY.
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3ao EO^ISTHS 227 b
TipoaEpoCpEV ovoLia aupTtàaaç Suvôilieiç oaaL acoLia elte
ëjiipu^ov elte aipu)(OV EiXr))(aCTL KaBatpsLV, oôSèv aôtfj
StolaEL TtOÎàv XL Xe)(8ÈV EUTTpETtÉaTaTOV eÎWl Sé^EL* LIOVOV C
ey^étcù X^P'-Ç T"v THÇ t^X^Ç KaBàpaEov TtâvTa auvSfjaav
oaa aXXo tl tcaBalpEL. T6v yàp TiEpl xfjv SiàvoLav icadapLiôv
ànô tcov aXXov ETiiKE)(EipT]KEv àcpoplaaafiaL Ta vOv, El yE
ônEp fioûXETau LiavBâvoLLEV.
0EAI. 'AXXà LiELiâ8r|Ka, ical auyx<opco Sûo llèv EÏSrj
KaflàpOECùÇ, EV SE t6 TtEpl Tf]V ^u^v eÎSoç EÎvai, ToO TTEpl
t6 aÔLia x°P lÇ °v -
HE. riàvxcov KaXXLcrra. Kal llol t6 llet& toOto è-nâicouE
TtELpÔLlEVOÇ au TO Xe^SÈV SL^fj TELLVELV. d
0EAI. KaB' ÔTtoL3
avucpr|yfj TtELpàaoLial aoi auvTÉLivELv.
HE. rioVT^p'iaV ETEpOV àpETfjç EV Lpo^fj XÉyoLLÉv tl;
0EAI. ricoç yàp où";
HE. KalLifjv KadapLiéç y' ^v t6 XeIttelv llèv BàxEpov,
1k6oXXelv Se oaov avr\noû tl cpXaOpov.
0EAI. "HK/ yàp o3v.
HE. KalLpu)(fjç %><*, KaB
3
tiaov av EuplaKULiEv icaiclaç
àcpalpEalv TLva, KaBapLiôv auTÔv XÉyovTEÇ ev lléXel <p8£y-
£,6LLE8a.
0EAI. Kal LiàXa yE.
HE. Aûo llèv EÏ8r| tcaiclaç TtEpl ljjux^v pr\téov.
0EAI. nota;
HE. Tô llèv oîov vôaov ev acÔLiaTi, t6 8' oîov aîa^oç 228 a
EyyLyvdLLEvov.
0EAI. Ouk ELLaBov.
b 8 £ ;
.Xr|/aai W : -çaat BTY||
C 3 tôv : -cô W|j
c 9 £7taxoue
?:cipwjx£vo; : ê^axoXoûôci reipwLLÉvw Badham|jd 1
8iy9j om. Y II
d a xaO' ôkoV av Goisl. i55 : xa6* o^tj av Y xa6d~ot av B xaôônoi
av T xa8' ôrcoîav W|| ûçtjyïj
: kf- Y ||d 3 àpeTrjç : àp' Trjç B |j
d 5 y' W : om. BTY||
XeÎ7ïeiv Heindorf : Xi^eîv codd. xaTaXet-
Olympiodorus||d 12 8yo
pièv...
a3o e 3eù8at[xova
eTvat habet Stob.
Anthol. lib. II cap. xxxi 129 (vol. II p. a5o-a54 Wachsmuth) ||
d 1 a llèv :
jjltjvHeindorf.
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228 a LE SOPHISTE 3a i
L'étranger. — C'est peut-être que tu ne reconnais pasl'identité de la malalie cl de la discorde?
Théétète. — A cela encoreje
ne sais
que répondre.L'étranger. — Verrais-tu donc, en la discorde, autre chose
que ceci : en ce que la nature apparenta, je ne sais quelle cor-
ruption née d'une rupture d'accord *?
Théétète. — Pas autre chose.
L'étranger. — Mais, dans la laideur, vois-tu autre chose
que l'absence de mesure, qui transporte partout sa difformité
générique
?
b Théétète. — Rien d'autre.
L'étranger. — Eh bien, dans l'âme, ne voyons-nous pas
qu'opinions et désirs, courage et plaisirs, raison et peines
sont, chez les méchants, en mutuel et général désaccord?
Théétète. — Très nettement.
L'étranger. — H y a pourtant, entre tout cela, une parenté
originelle inévitable.
Théétète. — Sans contredit.
L'étranger. — Si donc nous disons que la méchanceté est
une discorde et une maladie de l'âme, nous tiendrons un
langage correct. •
Théétète. — Absolument correct.
c L'étranger.— Eh bien, toute chose qui participe du mou-
vement, lorsque se posant un but, s'efforçant de l'atteindre,
dans chacun de ses élans elle dévie et manque le but/
dirons-nous qu'elle doit de tels échecs à la symétrie qu'il y
a entre elle et lui, ou bien, tout au contraire, à leur asv-
métrie ?
Théétète. — Evidemment à leur asymétrie.
L'étranger. — Mais pour l'âme, nous le savons, et pourtoute âme, toute ignorance est involontaire.
TnÉÉTÈTE. — Tout à fait involontaire.
L'étranger. — Or, ignorer, c'est précisément le fait d'une
4 âme qui s'élance vers la vérité et, dans cet élan même vers
la raison, dévie 2: ce n'est rien autre chose qu'une déraison.
i . J'ai essayé de rendre le jeu de Platon sur otasopaç StaçGopav. Les
dialogues scolaires cherchent naturellement les formules qui frappent.
a. Comparer, entre autres clymologies du Cratyle, celle du motcomprendre (auvu'vat, aller avec) : c'est le mouvement de l'âme se
modelant sur le mouvement des choses (4 1 a a).
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3a i EOWETHS 228 a
HE. Néaov ïcjcùç Kal axàaiv ou xauxov VEv6u.iKaç ;
0EAI. Ou5' au Ttp&ç xoOxo e^co xl^pi'j ^e àTioKptvaa8ai.
HE. rioTEpov aXXo tl Grxàaiv fjyoù^EVoc; f\ xf)v xoO <J>ûa£i
auyyEVoCç ek xivcç SiacfiopSç Sia<£>6opàv ;
©EAI. Ou8év.
HE. 'AXX3
ata^oc; aXXo xi TtXfjv x6 xfjç à^ETptaç -nav-
xa)(oO SuaEiSèç 8v yévoç ;
©EAI. Oô8au.Sç aXXo.jj
HE. Tt Se ; Iv i^uxfl SéÉjaç £Tu8uu.lau; Kal 8uu.6v
^Scvaîç <al Xôyov XuTiaiç Kal Ttâvxa àXXrjXoiç xaOxa xSv
<j>Xaûpcoç e)(6vtcov ouk flaS^u-EBa SiacpEpduEva ;
©EAI. Kal acpéSpa y£.
HE. ZuyyEvq yE ^îi^v e£ àvàyKrjç aùuTtavxa yéyovEV.
©EAI. riôç yàp où;
HE. Zxàaiv apa Kal véaov xf^ç i^/u^ç Ttovr|plav XÉyov-
xeç ôp8ûç âpoOu.Ev.
©EAI. 'Op86xaxa u.èv ouv.
HE. Tl 5';8aa KivrjaEcoç ^£xaa)(6vxa Kal aKOTtov xiva c
8é|iEva TXEtpcb^Eva xoûxou xuyxavEiv Ka85
EKaaxqv opu.f]v
Ttapdupooa aùxoO ylyvExai Kal àTtoxuy^àvEi, TtoxEpov aôxà
<|>f|aou.Ev ûno cuu.u.Expiaç xfjç Ttp6ç aXXrjXa f\xouvavxlov
uTtb à^LExplac; aôxà Ttàa)(Eiv ;
©EAI. AfjXov âç uti6 àu.Explaç.
HE. 'AXXàu.f)v ipu)(v|v yE ïau.Ev aKouaav naoav ttSv
àyvooOaav.
©EAI. Z<}>o5pa yE.
HE. Té yE \it)v àyvoEÎv iaxiv kn àXf|8Eiav ôpu.cou.Évr|ç
ipu^ç, napacf)6pou ouvéoeoç yiyvou.Évr)ç, ouSèv aXXo nXf)v d
Ttapacppoaùvr).
228 3 5 t: : 5w W|| 37 oiaçopa; SiaçOopàv : -çOopàç -çpopâv corr.
Ven. 189 Galcnusj|
a 10 ov BTW : sv 6v Y Stob. èv ov t Ivov
Schleicrmacherj|b 2 èv : sv
Tf,W
j|b 4 çÀaûpwç : «paûXw; W 1
[|c 1
oaa:
os' av Cobet || C 2 O/jisva: -ov Stob. || -gipoiaeva TY GalenusSlob. :
-p-gOa W om. B||ante xaO' add. xat-Stob.
||C 3 ylyvrrai
Ven.
i85 Galenus Stob. : -tjtœi BTYW || xTZOXjyy àvv. :-t) T.
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228 d LE SOPHISTE 3aa
Théétète. — Absolument.
L'étranger. — Nous devrons donc poser que l'âme insensée
est laide et
manquede mesure.
Théétète. — 11 semble bien.
L'étranger. — L'âme a donc, apparemment, ces deux
genres de maux : l'un, que le vulgaire nomme la méchanceté,
est manifestement, chez elle, une maladie.
Théétète. — Oui.
L'étranger. — L'autre, il l'appelle ignorance, mais refuse
d'avouer
quece
mal,dans
l'âme,soit, à lui seul, un vice,
e Théétète. — Oui, il faut l'admettre, bien que j'aie hésité
à te croire tout à l'heure, il y a deux genres de vice dans
l'âme : lâcheté, intempérance, injustice doivent toutes être
regardées comme une maladie en nous '
; quant à cette affec-
tion multiple et diverse qu'est l'ignorance, c'est une laideur
qu'il y faut voir.
L'étranger. — N'a-t-on pas, pour le corps au moins,
contre ces deux affections, trouvé deux arts ?
Théétète. — Lesquels ?
229 a L'étranger. — Contre la laideur, la gymnastique ;contre
la maladie, la médecine 2.
Théétète. — Apparemment.L'étranger. — Ainsi, contre la démesure, l'injustice et la
lâcheté, la correction est, de toutes les techniques, celle qui
s'apparente le mieux avec la Justice.
Théétète. — Vraisemblablement, si du moins nous vou-
lons parler suivant l'humaine opinion.L'étranger.— Eh quoi, contre l'ignorance en son ensemble,
y a-t-il un art plus approprié que l'enseignement?Théétète. — Aucun.
L'étranger. — Voyons alors : l'enseignement ne forme-t-il
i. Comparer Timêe (86 d-87 b) : dans presque tous les cas, on a
tort de regarder l'intempérant comme un homme volontairement
mauvais : c'est un malade. Son mal est, pour une part, hérité en
même temps que son tempérament ; pour l'autre part, aggravé parune mauvaise éducation. S'il y a des responsables, ce sont plutôt les
parents et les éducateurs. Au lieu de le blâmer, il faut le plaindre,
et le traiter par une saine hygiène du corps et del'esprit.
a. Cf. Gorgias, 464 b, et noter, avec Apelt (ad loc.) commentPlaton construit ses définitions pour faire cadrer correction et
gymnastique, enseignement et médecine.
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3a3 EOM2THE 229 b
EÎvaif) ttXeio, 8ûo Se tlve auxî]Ç EÎvai LiEylcxcù ; 0"k6tiei.. b
0EAI. EkottS.
HE. Kat u.oi SokoOliev TflSe av Tir} xâviaxa EupEÎv.
0EAI. nfi;
HE. Tfjv ayvotav tSôvxsç eXttt]
Kaxà u.Éaov aùxfjç
xolitiv e)(el xivà. AmXf) yàp a8xr| yt-yvoLiÉvr) SfjXov 8xi Kal
xfiv SLSaaKaXiicrjv Sùo àvayKa^Ei u.épia £XeLV >^v
^4*'^v ^
xSv aôxfjc; ÉKaxÉpa.
0EA!. Ti ouv ; Kaxacpavéç Tir) aoi xô vOv £r|toûu.Evov ;
HE. 'Ayvolaç yoOv u-Éya xl u.oi Sokô Kal xaX£Tt8v àcpcù- c
piau-Évov ôpSv eÎSoç, ttSji xotç aXXoiç auxfjç àvxlaxa8u.ov
\X£pEOl\>.
0EAI. rioiovSfj ;
HE. T6^?) KaxEu86xa xl Sokelv ElSÉvai' Si ou kivSuveùei
xtivxa oja Siavoïa crc|>aXX6u.E8a y'iyvE0-8ai -naaiv.
0EAI. 'AXn 8f}.
HE. Kal5f) Kal xoûxcp yE oTu.au u.6vw xf]ç àyvoiaç
àua6'iav xoôvou.a Ttpoapr|9fjvai.
0EAI. nàvu yE.
HE. Tl Se8?) xô xfjç SiSaaicaXiK^ç ocpa u.ÉpEt xS xoOxo
oVnaXXâxxovxi. Xekxéov ;
0EAI. OXu.ai u.èv ouv, o £,éve, x8 lièv aXXo SrjLuoup- j
yiKaç SiSaaKaXlaç, xoOxo Se IvSàSE y£ TiaiSElav Si3
f|u.cùv
KEKXfjaSat.
HE. Kal yàp ct)(eS6v,a 0Ealxr|XE, ev TtSaiv "EXXriaiv.
a
AXXà yàp ^u.îv Ext Kal xoOxo o-ketttéov, Sp* axou.ov
b i eivat om. Slob.||b 5 au"rîjç edd. : a-jT/j; I3TVW xjttj Stob.
||b 7 ivi Y Stob. : IvE yévei BTW ||
c i yoSv W : ô' ouv BTY t"
oùv Stobaei L|| àswp'.ajxïvov : àepopt^dusvov Stob.
||C 2 ocùt^; àvitsta-
6;j.ov: aùtôv
-{/.oùvStob.
||C 6 O'.avcc'a : 3:' âyvotaç Stobaei L
||c 8
[idvto: p-opûo Badbam
||C 9 àaaOïav W Stob. : -ta BTY
||C 1 1 t«3
antc T7J; om. Stob. d 1 oùv om. W Stob.|| 8i){i(0upytxà(
:-txî)
Stob. Il
d a 81': us' W Stob. ||
d 5 r)[xïv : sv Jjliîv
BW|| OXOttJOV :
i.-'.- Stob.|! otp'
Sxoliov W et in marg. t: « Sx- BTY i\%-- Sto-
baei L.
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3a4 20<I>ISTHS 229 d
fjSr)laxl ttSv
\\xiva e)(0v SialpEaiv à£iav ÈTtovu^taç.
0EAI. OuKoOv)(pf] OKOTTELV.
HE. Aokel xolvuv u.ol Kal toOto etitix] oyJLC,£oQaLi.
0EAI. Kaxà xi;
ZE. Tfjç ev xoîç Xéyoïç 8L8aCTKaXLKt]c; f\ yÈv xpa)(uxÉpa
xiç eoikev 88èç EÎvai, x6 S' ETEpov aôxqç (léptov XsLéxEpov. e
0EAI. T6 Ttoîov8f]
xoûxcov EKàxEpov XÉyo^EV ;
HE. Tô u.èv àpxouoTtpETtéç xt Ttàxpiov, <5 TTpOÇ XOÙÇ UEÎÇ
^àXiax' E)(pQvx6 xe Kal Ixi TtoXXol xpôvxai xà vOv, bxav
aôxoîç E^a^iapxàvcùcrl xi, xà |ièv )(aXETtalvovxEÇ,xà 8è 230 a
{iaX8aKcoxÉpcoç Ttapau.u8ouu.Evoi/ x6 8' ouv aûu.nav aàxo
cpSôxaxa eÎttol xiç Slv vou8Exr)XLKf)v.
OEAI. "Eaxiv ouxcoç.
HE. T6 8é y£, E"E,aarl xiveç au XcSyov eccuxolç 86vxeç
f)yf|aaa8ai Ttaaav aKoûaiov à^aBlav EÎvai, Kal u.a8EÎv ouSév
tiox* av e8éXeiv xov oI<5u.evov EÎvai aocpov xoùxosv Sv oïoixo
Ttépi Seiv&ç EÎvau, u.Exà 8è TtoXXoO Ttévou x6 vou8exi-|xikov
eÎSoç xfjç TtaiSElaç au.ucp6v àvuxEiv.
0EAI.3
Op8ôç yE vou.'i£ovxeç.
HE. Tô xoi xaùxr)ç xfjç 86£,r)ç Inl EK6oXf)v aXXa> xpéna b
axÉXXovxai.
OEAI. TlviS/| ;
HE. AiEpcùxcoaiv Sv àv oïr|xal x'iç xi TtÉpi XéyEiv XÉyoav
u.r|8Év eÎS' Sxe TtXava>u.Év<3v xàç 86E,aç paSlcoç è£,Exà^ouai,
Kal auvàyovxEÇ 8fj xoîç Xéyoïç eIç xaôxôv xiBÉaai Ttap'
àXXfjXaç, xiSévxeç 8è etci8£ikvûouo"iv auxàç aûxaîç au.a
TTEpl xSv auxôv Ttpèç xà aôxà Kaxà xauxà èvavxLaç. Ot 8'
d 6 sa-tv rfir\ Stob.|| eyov : -ei W Stob.
||d 8 xat : xaxà Hermann
•e i udpiov aÙTÎjs W Stob.j]e a Xlyou.ev W Stob. :
-w;j.£vBTY
||e 3
tô u-kv om. Stobaei L||230 ai ti om. TY
||a 5 ante el'Çaai add.
w; corr. Ven. 189 ||a 6 oùBî'v BW : oùoiv T oùos Y Stob.
||a 7 Jtox'
av : x' àv Stobaei L||
eîvat aocpôv et moi wv om. Stobaei L||
oitoixo :
oTot xe Stobaei L || b 1 x« : xat yâp TY || b 6 auvayovxeç : -ouat
Stob.Il
xaùxdv xê Stob.||b 7 aixaî; Goisl. i55: aùxaTç TYW,
Stobaei L aùxoT; B.
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b LE SOPHISTE 3a5
en conçoivent du mécontentement contre eux-mêmes et des
dispositions plus conciliantes envers autrui. Par un tel trai-
c
tement,tout ce
qu'ils
avaient sur eux-mêmesd'opinions
orgueilleuses et cassantes leur est enlevé, ablation où l'audi-
teur trouve le plus grand charme, et le patient, le profil le
plus durable '. Un principe, en effet, mon jeune ami, inspire
ceux qui pratiquent cette méthode purgative, celui-là même
qui fait dire, aux médecins du corps, que, de la nourriture
qu'on lui fournit, le corps ne saurait tirer profit tant que les
obstacles internes ne seront évacués 2. Ils se sont donc fait, à
d propos de l'âme, la même idée : elle ne tirera, de ce qu'onlui peut ingérer de sciences, aucun bénéfice jusqu'à ce qu'onl'ait soumise à la réfutation et que, par cette réfutation, lui
faisant honte d'elle-même, on l'ait débarrassée des opinions
qui ferment les voies à l'enseignement, amenée à l'état de
pureté manifeste et à croire savoir tout juste ce qu'elle sait,
mais pas davantage.
Théétète. — C'est, à coup sûr, la disposition la meil-
leure et la plus sensée.
L'étranger. — Voilà donc autant de raisons pour nous,
Théétète, de déclarer que la réfutation est ce qu'il y a de plus
important et de plus efficace en fait de purification, et de
croire aussi que rester soustrait à cette épreuve, c'est, fût-on
e le Grand Roi, rester impurifié des plus grandes souillures et
garder inéducation et laideur en ces parties de soi-même oùla plus grande pureté, la plus parfaite beauté est requise de
qui veut posséder la véritable béatitude 3.
Théétète. — Absolument.
L'étranger. — Eh bien, quel nom donnerons-nous à ceux
qui pratiquent cet art ? Carj'ai, moi, quelque crainte à les
a nommer sophistes.
Théétète. — Quelle crainte?
L'étranger. — De faire, aux sophistes, trop d'honneur.
Théétète. — Et pourtant il y a quelque similitude entre
leur personnage et celui que nous venons de dire.
i. Comparer Théét. i68a, aioc; Apol. a3 c.
a. Cf. Gorgias, 5o4 e/5o5 a, Hippocrate, Aphorisme 10, et Plu-
tarqiio, De sanitate luenda praecepta, ia8 d/e.
3. Cf. Gorgias 458 a, ^71 a (le cas d'Archélaos), Apol. 38 a.
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LE SOPHISTE 3a6
L'étranger. — Comme entre chien et loup, en effet, commeentre la bête la plus sauvage et l'animal le plus apprivoisé.
Or, pour se bien assurer, c'est, par-dessus tout, à l'égard des
ressemblances qu'il se faut tenir en garde perpétuelle : c'est
un genre, en effet, extrêmement glissant. Mais qu'ils soient
les mêmes, passe pour l'instant, car ce ne sera point minime
conflit de termes qui s'élèvera, sitôt qu'ils observeront une
garde rigoureuse *.
Théétète. — C'est, du moins, vraisemblable.
L'étranger. — Posons donc, comme partie de l'art de trier,
l'art de purifier. Dans ce dernier, séparons la portion qui a
pour objet l'âme. Mettons-y à part l'art d'enseignement et,
dans celui-ci, l'art d'éducation. Enfin, dans l'art d'éducation,
le présent argument nous est venu montrer, d'aventure,
s'exerçant autour d'un vain semblant de sagesse, une méthode
de réfutation en laquelle nous n'avons point à voir autre chose
que l'authentique et vraiment noble sophistique.
Théétète. — Appelons-la de ce nom. Mais me voici embar-rassé devant la multiplicité de ces aspects : comment, si je
veux donner formule véridique et assurée, dois-jc réellement
définir le sophiste ?
L'étranger. — Ton embarras se conçoit. Mais le sien, il
faut croire, est bien grand, à celte heure, à chercher quelqueissue qui le dérobe à l'argumentation ;
car le proverbe a rai-
son : « ce n'estpoint
chose facile
quede les
esquivertoutes ».
C'est l'heure donc, et plus que jamais, de lui courir sus.
Théétète. — Bien parlé.
L'étranger. — Arrêtons-nous donc
^TéfiniUons^
dabord Pour rcPrendre halelne - Entre
nous, durant cette pause, faisons notre
compte. Voyons : sous combien d'aspects le sophiste nous
est-il apparu? En premier lieu, je crois, nous avons trouvé
qu'il est chasseur intéressé de jeunes gens riches 2.
Théétète. — Oui.
L'étranger. — En second lieu, gros négociant dans les
sciences à l'usage de l'âme.
i. Concession momentanée (cf. injra a3i e), car il y aura conflit
de termes (ooo; =notion et
frontière)si les
purificateurs gardentbien leur domaine.
a. Cf. Xén. (?), Cynégétique, i3, et notre Notice, p. a4o.
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3a 7 EOMSTHS 231 d
0EAI. nàvu ye.
HE. Tptxov 8è apa ou TtEpl auxà xaOxa icàTirjÀoç
àvEcfxxvrj ;
©EAI. Nal, Kcd xÉxccpxév y£ auxoTtobXriç TtEpl ta ^aBi']-
u.axa r^Lv (^v).
HE. 'OpBcoç Eu.vr|u.6v£uaaç. néu/nTov S' iyà) TtEipâao^oii
u.vr)^ovEÛ£iV xrjç yàp àycùviaxiKf|Ç TtEpl Xdyouç ?\v xiç e
à6Xrjxr)q, xfjv Epio"xiicr|v xÉ)(vr|v à<pcùpiau.Évoç.
0EAI. *Hv yàp o3v.
HE. Tô yE |j.f|vekxov à^<pia6r|xr)ai^ov jiév, 8u.<aç b'
e6eu.ev auxô axiy^coprjaavTEc; SoEjûv lu-TtoSiav u.a9r)u.<xoiv
TtEpl tjiuxrjv Ka8apxr|v aôxov EÎvai.
©EAI. riavToiTtaai u.èv oSv.
HE. *Ap° oSv IvvoEÎç, 8xav ETii.aTr)u.cdv tiç ttoXXSv (pal- 232 a
vrjTai. ^uâç Se TÉ^vr|ç ov6u.octl TtpoaayopE\3r|Tai, tô cpàv-
Taapa toCto cùç oôk laB' ûyiéç, àXXà SfjXov obç ô Tt<xa)(Cùv
auxô Ttp6ç xiva tÉ)(vt]v ou Sûvaxai kcitiSeîv ekeîvo auxfjç
eIç S Ttàvxa xà u.a8r)^axa xaOxa [ÎXéttei, 810 kcù TtoXXoîç
ôv6paaiv àvB3
évèç xèv £)(ovxa auxà TtpoaayopEÙEi ;
©EAI. KivSuveûei xoOxo xaûxrj nr) ^âXiaxa TtEcpuicÉ-
vai.
HE. Mf] xolvuv ^EÎÇ Ye ocùxb evxrj ^rjxrjCTEt Si' àpylav b
Ttâcr^co^Ev. àXX3
avotXaBco^iEv TtpGxov xcov TtEpl xôv aocp la-
xf|V Elpri^iÉvcùv. "Ev yàp xljioi ^âXiaxa KaxE<pàvr) auxôv
jir)vOov.
©EAI. T6 Ttoîov;
HE. 'AvxiXoyiK&v auxov £cpau.£v EÎval Ttou.
©EAI. Nal.
d 7 aj~à W : xaùxà BT xauti Y||d 8 post iviçavî] add. îTvai W
||d io TjV add. Heindorf
j|e i râp àYwvtaTtx^ç : rcapayco- B |)
e 4-5
o' eOeuîv : oï (Je'uev T -Owulev Yj| paOrfuaatv : aâOrjatv B ||
e 6 xaOaptïjv
T : xaOaoxrjv YWt sine accentu Bjj232 a a spavxaa;xa : çdfouoc W l|
b i tf) om. W|| b 2 -pwTov
: Ev npwxov Heindorf Kp&X&t x; corr.
Paris. 1808||b 3 xaxEçâvï] pàXtaxx W ||
aùxôv : aùxô TY||b 6
EçaaEv :
^ctjAcVY.
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b LE SOPHISTE 3a8
L'étranger. — Eh bien, n'en suit-il point qu'aux autres il
enseigne le même art ?
Thééïète. — Comment ne pas le conclure?
L'étranger. — Examinons donc sur quelles matières ces
gens prétendent former des contradicteurs. Cet examen, voici,
à peu près, comment nous l'entreprendrons. Voyons, sur celles
* des choses divines qui restent cachées aux regards vulgaires,
donnent-ils une telle compétence ?
Théétète. — On prétend au moins qu'ils la donnent.
L'étranger. — Et sur tout ce qu'offrent de visible la terre,
le ciel, et leurs phénomènes?Théétète. — Bien sûr.
L'étranger. — Mais, dans les réunions de caractère privé,
sur toute question générale de devenir ou d'être, nous les
voyons, n'est-ce pas, habiles eux-mêmes à contredire et com-
muniquant aux autres leur propre capacité ?
Théétète. — Absolument.
<1 L'étranger. — Maintenant, sur les lois et tout l'ensembledes choses politiques, est-ce qu'ils ne s'engagent pas à former
de bons disputeurs ?
Théétètk. — Ils n'auraient, l'on peut dire, personne à
suivre leurs entretiens s'ils ne prenaient cet engagement1
.
L'étranger. — Quant à la dispute sur l'ensemble des
arts et sur chacun en particulier, les arguments qu'il y faut
tenir pour contredire chaque praticien en sa spécialité mêmesont connus, je puis dire, de tout le monde, couchés qu'ils
sont par écrit sous les yeux de qui les veut apprendre.Théétète. — C'est des écrits de Protagoras, ce semble, que
e tu veux parler, sur la palestre et sur les autres arts 2.
L'étranger. — Et de ceux de beaucoup d'autres encore, moncher ami. Mais, au fait, le propre de cet art de contradiction
n'est-il pas, ce semble, essentiellement, une aptitude tou-jours prête à disputer sur quelque matière que ce soit 3
?
i. Pour les promesses des sophisîes, cf. Gorgias, 456 b/c.
a. Cf. Diog. Laert. IX, 8, 55, H. Gornperz, Sophistik u. Rhe-
torik, p. i3a, et Th. Gornperz, Les Penseurs de la Grèce, I, p. 4q3.
3. Ainsi les sophistes de YEuthydeme sont toujours prêts à réfuter
tout ce qu'on pourra dire (272 a/b). Le Thomas Diafoirus de notre
Malade Imaginaire s'est, lui aussi, rendu redoutable dans les luttesde l'école ; « il ne s'y passe point d'acte où il n'aille argumenter à
outrances pour la proposition contraire ».
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LE SOPHISTE 3ag
Théétète. — 11 apparaît, au moins, qu'à peu près aucune
matière ne lui échappe.
L'étranger. — Mais, tui, par les dieux, mon jeune ami,
crois-tu cela possible? Peut-être qu'en effet, vous, les jeunes,
vous voyez cela d'une vue plus pénétrante, et nous, d'une
vue plus émoussée.
Théétète. — Quoi, cela? A quoi penses-tu, au juste? Je
ne vois pas encore clairement quelle question tu poses là.
L'étranger. — S'il est possible qu'un homme sache tout.
Théétète. — Nous serions, à ce compte, étranger, une race
de bienheureux.L'étranger. — Comment donc alors, contredisant celui qui
sait, celui qui ne sait pas pourrait- il jamais dire quelque ebose
de sain '?
Théétète. — D'aucune manière.
L'étranger. — Qu'est-ce donc qui peut donner à la sophis-
tique cette prestigieuse puissance ?
Théétète. — Laquelle?
L'étranger. — Gomment peuvent bienLes arts
s*
prendre ces hommes pour réussir àd'illusion : la «•
• , i • . •
miméticruetaire accroire a la jeunesse qu eux seuls,
sur tous sujets, sont plus savants quetout le monde? La chose est claire, en effet : si, comme con-
tradicteurs,
ils n'avaient raison ou neparaissaient,
à cette
jeunesse, avoir raison; si, alors même, leur habileté de dis-
puteurs n'ajoutait encore quelque lustre à leur sagesse, ce
serait le cas de dire avec toi qu'on ne vieillirait guère volon-
tiers leur donner de l'argent pour se former à ces deux arts 2.
Théétète. — Assurément.
L'étranger. — Or, au fait, on y vient de bon gré?
Théétète. — De fort bon gré.
L'étranger. — C'est qu'ils semblent, j'imagine, posséder
un savoir personnel sur tous les sujets où ils contredisent.
Théétète. — Inévitablement.
L'étranger. — Or ils le font à propos de tout,,selon nous?
i. Comparer Gorgias 45g a/c : le rhéteur n'a pas besoin d'un
savoir, mais seulement d'un savoir dire, et, devant ceux qui ne savent
pas, lui, qui ne sait pas, sera plus persuasif que, par exemple, le
médecin, qui sait.
a. Cf. supra a3a d, et, pour une tournure analogue, Théèt. 179 a.
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233 c LE SOPHISTE 33»
Théétète. — Oui.
L'étranger. — Us font donc, à leursdisciples, l'effet d'être
omniscients l.
Tiiéétète. — Comment donc !
L'étranger. — Sans l'être, en fait;car l'être est impos-
sible, nous l'avons vu.
Théétète. — Comment ne serait-ce pas impossible ?
L'étranger. — C'est donc, nous le voyons, un faux sem-
blant de science universelle, ce n'en est point la réalité que le
sophiste possède,
d Théétète. — Absolument, et la formule risque bien d'être
la plus juste qu'on puisse trouver au sujet de ces gens-là.
L'étranger. — Prenons maintenant, à leur propos, un
exemple plus clair.
Théétète. — Lequel donc?
L'étkanger. — Celui-ci. Essaie de me suivre bien attenti-
vement pour me répondre.
Théétète. — A quoi ?
L'étranger. — Celui qui affirmerait qu'il sait, non pointdire ni contredire, mais produire et faire, par un art unique,,
e toutes choses absolument—Théétète. — Qu'entends-tu par toutes choses ?
L'étranger. — C'est le principe même de notre explication
qui, tout de suite, t'échappe, puisque, à mon « toutes choses
absolument », tu as l'air de rien comprendre.Théétète. — Rien du tout, en effet.
L'étranger.— Or mon « toutes choses » veut dire et toi et
moi et, outre nous, tout le reste, les animaux comme les arbres.
Théétète. — Que dis-tu là ?
L'étranger. — Celui qui se ferait fort de produire et moi
et toi et tout le reste de ce qui pousse
Théétète. — De quelle production veux-tu parler là ? Car234 a ce n'est point à un cultivateur que tu penses, puisque ton
homme produit jusqu'à des vivants.
L'étranger. — Parfaitement, et la mer avec cela, et la
terre et le ciel et les dieux et tout le reste2
. Qui plus est,
i. Cf. Notice, p. 371, et tout l'exposé de Rép. 5q6 a-6o5 b sur la
mimétique.a. « Cet artisan dont je parle n'est pas seulement capable de faire
toutes sortes de meubles, mais il produit encore tout ce qui pousse de
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234 a LE SOPHISTE 33 r
en un tournemain produisant lune ou l'autre de ces créa-
tions, c'est pour une somme minime qu'il les livre.
Tuéétète. — C'est d'une chose dite par jeu que tu parles là.
L'étranger. — Eh quoi ? Quand on affirmequ'on sait tout et
qu'on enseignera tout à autrui pour presque rien et presque en
un rien de temps, ne faut-il pas penser que ce n'est que par
jeu?Tuéétète. — Si, je crois, totalement,
b L'étranger. — Or connais-tu, du jeu, une forme ou plussavante ou plus gracieuse que la mimétique ?
Théétète. — Aucune, car elle est bien complexe, cette
forme que tu mentionnes là, comme l'unité à laquelle tu
ramènes tout le reste; c'est presque la plus diverse qui soit.
L'étranger. — Ainsi l'homme qui se donne comme capable,
par un art unique, de tout produire, nous savons, en somme,
qu'il ne fabriquera que des imitations et des homonymes des
réalités. Fort de sa technique de peintre, il pourra, exhi-
bant de loin ses dessins aux plus innocents parmi les jeunes
garçons, leur donner l'illusion que, tout ce qu'il veut faire,
il est parfaitement à même d'en créer la réalité vraie,
c Théétète. — Sans aucun doute.
L'étranger. — Eh bien, ne faut-il pas nous attendre à ce
que la parole comporte, elle aussi, une technique, à l'aide de
laquelle on pourra, aux jeunes qu'une longue distance sépare
encore de la vérité des choses, verser par les oreilles les paroles
ensorcelantes, présenter, de toutes choses, des fictions parlées,
et donner ainsi l'illusion que ce qu'ils entendent est vrai et
que celui qui parle sait tout mieux que personne'
?
d Théétète.— Pourquoi n'y aurait-il pas aussi une techniquede cette sorte ?
L'étranger. — Pour le plus grand nombre de ceux qui
entendirent, à cet âge, de tels discours, n'cst-il pas inévitable,
Théétète, qu'une suite suffisante d'années s'écoulant, l'avance-
ment en âge, les choses abordées de près, les épreuves qui les
la. terre, il fabrique tous les vivants, y compris lui-même, et, outre
cela, fabrique et la terre, et le ciel, et les dieux, et tout ce qu'il y a
dans le ciel, et tout ce qu'il y a sous terre, dansl'Hadès. » (Iîép. 096 c).
i.
Cf., pourla
mimétiquc-jcu, Rép.O03 b;
pourles dessins
montrés de loin, Rép. 598 b/c ; pour l'ensorcellement par la parole,
598 d.
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33i EOfclSTHS 234 a
noLr)aaç aÙTcov EKaaxa Ttàvu auAKpoO vou.lau.aToc ànoS'i-
Soxai.
0EAI. riaiSiav XÉyEiç Tivâ.
HE. T'i Se; xf)v xoO XéyovToç oti TtàvTa oTSe Kal xaOxa
ETepov &v Si5â£,EiEV SXlyou Kal ev ôXlyca xpévcp, u.£>v où
TtaiSiàv vouactéûv ;
0EAI. riàvTcoc; ttou.
HE. FlaiSiSç 8è £XELÇ H ti TE)(vi.KÔT£pov f)<al ^apiéa-
b
TEpov eÎSoç f) t6 u.Lu.r)TiK6v ;
0EAI. Où8au.coç" Ttâu,TtoXu yàp EÏpr|Kaq eÎSoç eIç ev
Ttàvxa auXXa6à>v icai. q^eSôv TtoïKiXcÔTaTov.
HE. OùkoOv tov y5
ùmo"xvoùu.£vov Suvaxàv EÎvai uaS
TÉ)(vr| Ttàvxa TtoiEtv yiyvcdO"Kou.Év Ttou toOto, 8ti uau.r|u.aTa
Kal ôu.G>vuu.a tqv ô'vtcùv àTtEpya£6u.£voç xrj ypa<piKrj TeXvrl
SuvaToç zaïoii toùç àvor)xouç tûv vécdv TtalScov, TtdppoaSEv
xà y£ypau.u.Éva etuSelkvùç. Xav8âv£iv a>ç Stittep Sv(iouXr|8rj
Spav, toOto LKavÛTaToç 5>v aTtoTEXEiv l'pyo.
0EAI. l~lcoç yàp où;
c
HE. Tl Se Srj ; TtEpl toùç Xôyouç ap' où TtpoaSoKcàu.£v
EÎval Tiva aXXr|v TÉ)^vr)v, fj (tiou SuvaTÔv au TuyxâvEi
toùç véouç Kal etl Ttéppcù tcov Ttpayu.àTCùv Tf]ç àXr|8£laç
àcpEO-TÛTac; Suxtcov (Stcov toîç X6yoic; yor|TEÙEiv, SsiKVÙvTaç
EÏSwXa XEy6^Eva TtEpl TtàvTOùv, cSaTETtoiEÎv àXr|8f) Sokeîv Xé-
yEaSatKal tov XéyovTaSf) aocpcoTaTov TtavTcov &TtavT5
EÎvai;
©EAI. Tl yàp oùk &v£Ïr| aXXrj tiç TOLaùxr) TÉ)(vr| ;
d
HE. Toùç ttoXXoùç ouv, co ©EalTr)TE. tcov t6te oikouôv-
tov Sp' oùk àvâyKr) xpôvou t£ etieX86vtoç aÙTOÎç iKavoO
Kal Ttpoïoùcrr|ç fjXiKlaç toîç te oSai TtpoaTtlTtTovTaç êyyùSEv
a 8 Tr;v : to Schanz|]b i
fjbis om. W
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||C 7 7:av70)V : à- W d I TO'.aJTr; t:; ï/.Àr,
WIjd 2 o5v : yoSv Y
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.
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234 d LE SOPHISTE 33a
contraignent au clair contact des réalités ne leur fassent
changer les opinions reçues alors, trouver petit ce qui leur
avait paru grand, difficile ce qui semblait facile, si bien quee les simulacres que transportaient les mots s'évanouiront
devant les réalités vivantes ?
Théétète. — Oui, du moins autant qu'à mon âge on en
peut juger. Mais je pense que, moi, je suis encore de ceux
qu'une longue distance séparel
.
L'étranger. — C'est pourquoi, justement, nous tous quisommes ici nous efforcerons et, dès cette heure, nous efforçons
de te faire avancer le plus près possible en t'épargnant les
épreuves2
. Pour en revenir au sophiste, dis-moi: est-il dès
235 a maintenant clair que c'est un magicien, qui ne sait qu'imiterles réalités, ou gardons-nous encore quelque velléité de croire
que, de tous les sujets où il parait capable de contredire, il a,
de fait et réellement, la science ?
Théétète. — Et comment hésiter encore, étranger ? Il est
dès maintenant assez clair, d'après ce qui précède, que sa
place est parmi ceux qui participent du jeu.
L'étranger. — C'est donc comme magicien et comme imi-
tateur qu'il le faut poser.
Théétètk. — Sans aucun doute,
b L'étranger-. — Allons, à nous maintenant de ne plus relâ-
cher la bête. La voilà, en effet, assez bien enveloppée dans
les mailles où le raisonnement sait arrêter ces gibiers-là.Aussi le nôtre ne s'esquivera plus, de ceci, au moins.
Ïiiéétète. — De quoi ?
L'étranger. — D'avoir à se ranger dans le genre des fai-
seurs de prestiges.
Théétète. — Pour moi, sur ce point-là, je suis de ton
avis.
i. G.-à-d. « sépare de la vérité des choses », cf. supra a34 c.
a. Pour les changements d'opinion produits par l'avancement en
âge, comparer Lois. 888 ab, et noter la chaleur du ton, l'amour intel-
lectuel qui anime l'éducateur. Les épreuves que celui-ci veut épargnerau jeune homme sont les désillusions que décrit le Phédon : commela confiance inexpérimentée engendre la misanthropie, ainsi la foi
aux raisonnements, non éclairée par une bonne formation logique,
engendre
la misologie et le scepticisme. Les « analogiques » font
métier de ce scepticisme ;les âmes droites en souffrent et finissent
par renoncer à la science (89 d-go d).
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33i EOfclSTHS 234 d
Kal 8ià Tta8r|^âxoùv àvayKa£o^Évouç ivapyûç £cpàTtT£a8ai
xûv ovxcùv, u.£xa6âXX£iv xàç x6xe yEvo^Évaç S6£,aq, ôax£
a^iKpà jaÈv (palvEaSai xà p.£yàXa, )(aXETtà Se xà jSàSia.
<al Ttàvxa Ttâvxr] àvax£xpàcp6ai xà Iv xoîç X6yoiç cpav- e
xàa^axa uttô xéov ev xaîç Ttpà£J£aiv ëpycûv TtapayEvo^Évov ;
GEAI.c
Cïq yoOv è^iol Tr)XiKCùS£ Svxi Kpîvai. Oîu.ai Se
Kal è\xè xûv exl Tt6ppco8Ev àcpEaxr) k6xcov EÎvai.
HE. ToLyapoOv r^Eiç cte oISe TtàvxEÇ TtEipaa6u.£8a Kal
vOv TtEipcô^ESa 6ç lyyùxaxa avEU xcov Tta8r| u.àxcov Ttpoaà-
yEiv. riEpl S' ouv xoO aocpiaxoO x6Sey.01 XéyE* Tt6xEpov f|Sr|
xoOxo aacpÉç, oxi xav yorjxcùv iaxl xiç, jntir|xf)ç8>v xâv 235 a
ovxcov. f\ Siaxà£ou.£V exllit*] TtEpl 8acovTTEp àvxiXÉyEiv Sokel
Suvaxoç EÎvai, TtEpl xoctoûxcov Kal xàç Emaxrj^aç àXr|8coq
I)(cov xuy^âvEt ;
0EAI. Kal TtSç av, où £,éve ;àXXà o)(e8ov f]ôr| aacpÈc;
ek xûv EÎpr)^Évû>v, 8xl xqv xfjç TtaiSiSq ^exe^6vxov Iaxl
xiç [^lEpcov] eTç.
HE. T6r|xa ^Èv 8f|Kal ^i^qxf]v apa 8exéov auxév xiva.
0EAI. riûc; yàp ou Sexéov;
HE. "AyE &•?),vOv f|^ÉXEpov Ipyov fjSrj
xèv Bfjpa u-tikéx'
àvEÎvai." oy^zhbv yàp aôxov TTEpiEiXr|Cpap.EV evà^icpi.6Xr)CTTpi.KCù b
xivl xcov Iv xoîç X6you; TtEpl xà xoiaOxa ôpyàvov, oSctxe
oukéx' ÊK(pEû£,ExaL x68e yc.
0EAI. Ta ttolov;
HE. T6^f|
où xoO yÉvouç EÎvai xoC xcov 8auu.axoTtoicov
XIÇ EÎÇ.
GEAI. Kà^iol xo0x6 yE ouxco TtEpl aûxoO cuvSokeî.
e 3 xptva:: sccl. Ast xpfostv W ||
e 4 xaî vj-'i :
xapl W ||e 6
-itpolp.eOasccl. Schanz
|| Èvyj-axa : -utoctw Y|j235 a 4 Tuyyâvî: :
-wv Y -r(
Heindorfjja 6 na:5;a; : -s(a; Y ||
a 7 [lijpfflvsecl. Hcusdc :
[lipofHeindorf
jjl-jv'ojv Apelt || fT( W : e;; BTY hospiti dantcs|]a 8
aùxôv om. B || a 10 v5v : vuv yàp W |] b 3 oyxïx1
W: où/, ït: B
aux TY[1b 4 -0 om. BT*
||b 5 où : ix Y
||toj tô» : Toitwv B
||
b 6 sic : eT Y]|b 7 xâaol : /.a\ suot W.
7/29/2019 Platon, 8.3 Le Sophiste
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LE SOPHISTE ÏS2
L'étranger. — Voilà donc qui est décidé : diviser au plusvite l'art qui fabrique les images et, descendant dans ce repaire,
si,dès
l'abord,le
sophistenous fait
tète,le saisir confor-
mément à l'édit royal et le livrer au souverain, en déclarant
notre capture1
. Que si, dans les parties successives de la mi-
métique, il trouve quelque gite où s'enfoncer, le suivre pied à
pied, divisant sans répit chaque portion qui l'abrite, jusqu'àce qu'il soit pris. Aucun moyen que ni lui ni quelque autre
espèce que ce soit se puisse jamais vanter d'esquiver une
poursuite
aussi
méthodiquementconduite dans le détail et
l'ensemble.
Théétète. — C'est parfaitement dit; voilà comme il faut
nous y prendre.L'étranger. — En poursuivant la division de la manière
que nous avons fait jusqu'ici, je crois apercevoir deux formes
de la mimétique ; quant àl'aspect précis que nous cherchons,
en laquelle de ces deux formes le
pourrons-noustrouver, c'est
ce que je ne me sens pas encore capable de découvrir.
Théétète. — En tout cas, veuille d'abord nommer et dis-
tinguer les deux formes dont tu parles.
L'étranger. — Le premier art que je distingue en la mi-
métique est l'art de copier. Or on copie le plus fidèlement
quand, pour parfaire son imitation, on emprunte au modèle
ses rapports exacts de longueur, largeur et profondeur, et revêt
en outre chaque partie des couleurs qui lui conviennent.
Théétète. — Eh quoi ? Est-ce que tous ceux qui imitent
n'essaient pas d'en faire autant?
L'étranger. — Pas ceux du moins qui ont à modeler ou à
peindre quelque œuvre de grande envergure. S'ils reprodui-
saient, en effet, ces beautés avec leurs véritables proportions,tu sais que les parties supérieures nous apparaîtraient trop
i. Ainsi d'après le récit du Ménexene (a4o a/c), et des Lois
(098 c/d), Datis reçut, de Darius, l'ordre de ramener prisonniers les
Erétriens et les Athéniens; et ses soldats firent la chaîne, de mon-
tagne en montagne, jusqu'à la mer, sur tout le territoire Erétrien,
« pour pouvoir annoncer au Grand Roi que personne ne leur avait
échappé ». Comparer Hérodote, VI, 3i. 94 et suiv. Cela n'empêche
point, quoi qu'en dise Apelt, que Campbell puisse deviner juste en
supposant un jeu sur (iaatXixdf Àoyo; (édit royal, Raison Souveraine):
images de guerre, image» de chasse et termes de logique s'entremê-
lent ici comme dans tout le dialogue.
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333 XOMXTII^ 235 b
HE. AéSoKxai xolvuv oti xâ^iaxa 8iaipEÎv xf)v EÎScoXo-
TtouKf]v TÉ^vr)v, Kal Kaxaoàvxac; elç aôxrjv, làv pèv f|(iSq
eiuSùç o crocpi.oxr|Ç ÛTio^eîvr], ouX\cc6elv auxov Kaxà xà
£TTEaxaXp.Éva uttô toO (iaaiXiKoO Xoyou, KaKEivcp TtapaSovxaç c
àTto<f>fjvai xr|v aypav èàv S' apa Kaxà ^Épr| xfjç pap:r|Xt.Kf}q
Sûr)xal Ttr],cruvaKoXouSEÎv auto Siaipouvxaç <xeI xf|V utto-
Se)(O^Évrjv auxov ^xoîpav, IcocmEp avXr)cp8rj. riàvxcoc; où'te
oSxoç oôxe aXXo yévoç ouSèvp.r|
ttote EKcpuyov ETt£û£,r|xai
xr|V xcov ouxco Suvap;Évcov p.£xiÉvai Ka8' EKaaxà te Kal ettI
TtdtvTa u.É8oSov.
0EAI. AéyEiç eu, Kal xaOxa xaûxr) Ttoi.r|xÉov.
HE. Kaxà8f)
xàv Ttap£Xr|Xu86xa xpénov xfjç 8iai.pÉaEcoç
lycoyÉ p.01Kal vOv cpalvouai Sùo Ka8opav EÎBr\ i?\q imir)xi- d
Kfjç" xf]v Se ^r)Tou^Évr)v îSÉav, Iv ÔTtoxÉpcp tto85
^tv
ouaa Tuy^dcvEi, Kaxa^iaSEÎv ouSéttco poi Sokû vOv 8uvax6ç
eTvai.
0EAI. !Eù 8' àXX3
eÎttè Ttpcoxov Kal SIeXer|p.îv
t'ive xco
Sûo XéyELÇ.
HE. M'iav pèv xf|v EÎKaatiK^v ôpéov Iv aôxf) xÉ^vriv.
"Eaxi 8' auxr| p.àXiaxa ÔTtéxav Kaxà xàç toO Ttapa8£'iyp.a-
XOÇ CTUU(IEXplaÇ Tl<; Iv pr|KEl Kal TtXàXEl Kal fià8Ei, Kal
Ttp8q xoûxoiç eti xpcop.axa ànoSiSoùc; xà Ttpocrr|Kovxa EKà- e
axoiç, xr|v toO uip.r|p.axo<; ylvEaiv àTiEpyà£r|xai.
0EAI. T'i 8'; où TTavTEÇ ol uipoûuEvol xi xoOx' etii^ei-
poOai 8pSv ;
HE. Oôkouv oaoi y£ xûv pEyàXcov noù xi TtXàTTOuaiv
Ipycov f] ypàcpouaiv. El yàp aTtoSiSoîEv xf]v xcov koXcov àXr|-
8ivf]v au^.p.£xplav, oTa8' 8xi a^iiKpôxEpa ^lev xoO Séovxoç
b 8 ôîooxTat corr. supra lin. W: ïPjv.v.- BTYW|| sîfcAoscOlod)* :
--•y.r-.:/}^ Y ||C 2 v.oL-.à. : tmtà Ta Ileindorf
j|C g XflrtÊt 8f
(... a36
C 7 çxvrajTt/.rlv habet Stob. Anthol. lib. IV cap. xviir, 7 (vol.
IV p. 4ia Hensc) ||d 1
el'ôr,:
tj'Ôt)W
||d 2 Iv otn. Y
||ncÂl o-j^a
7ja!v
WII
d 3 v5v Benfi aot W||
d 5 ttcwtov post. o:V/.c transp. W||
-rtvs om. Stob.||d 7 ôpwv : -tô W | d 9 xat 3â0ei /.ai l&dfat W j|
C 1 bcaaTou Y\Yt Stob. : -at; BT !|e 6 /.aXoiv : z.wÀwv Badham.
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334 20M2TH2 236 a
Ta avcù, \x.e'iC,(ù8è Ta KaTco cpaivoir' av Sià to Ta u.èv n6p- a
pcùSsv, Ta 8' iyyûBEv ùcp' f^Gv ôpaaBai.
©EAI. riàvu yèv ouv.
HE. *Ap' oùv où xatpEiv t6 àXr)8èç lâaavTEc; ol Sr^iLOup-
yol vCv où t<xç oùaaç au^ETplaç àXXà Taç SoE,oùaaç EÎvai
KaXàç toîç eiScôXoiç EvaTt£pyâ£ovTai ;
©EAI. riàvu u.èv ouv.
HE. T6 ^èv apa eTEpov où S'iKaiov, e!k6ç yE ov, EiK<5va
KaXEÎv ;
•
©EAI. Nat.
HE. Kal Tfjç y£ ^LU.r)TL<fjc;to etù toùtgj ^Époq kXt|téov b
&Tt£p EmojiEv ev to Ttp6a8Ev, ELKaaTiicfjv ;
©EAI. KXr|TÉov.
HE. Tl 5é; tô cJ>aiv6^Evov u.èv Sià Tfjv oùkIk KaXoO BÉav
loïKÉvai tû KaXcp, Sùva^juv Se eï tiç Xà6oi Ta Tr)XucaïjTa
iKavûc; ôpSv, fcir|S' elk6c; S cpi^aiv èoïKÉvai, tI KaXoOuEv;
Sp' oùk, ette'lttep cf>alv£Tai jiÉv, eoike Se où, cpàvTaa^ia ;
©EAI. Tlu.f)v ;
HE. OùkoOv Ttà|rnoXu Kal KaTà t^v £cùypa<|>iav toOto to
u.Époç eotI <al KaTà aùu/naaav juu.r)TiKf|v ;C
©EAI. nûçS' o0 ;
HE. Ti^v hi] (pàvTaa^ia àXX' oùk EiK6va àTt£pya£ouÉvr|v
TÉ)(vr|v Sp3
où c|>avTaaTLKf)v opBdTaT* av npoaayopEÙoniEv ;
©EAI. rioXù yE.
HE. Toùtco to'ivuv tw Sùo eXEyov EÏ8r| Tf]ç eIôcoXotiouk^ç,
ElKaCTTLKfjV Kal (f>aVTaO"TlK/|V .
236 a 3 -âvu[xjv
ouv TY Stob. : 8ox*ï pot rcâvujaèv
oùv W om. B
||a 5 vjv : ol vuv Heindorf
|| oo;ou<ja; : -aaa; W2 Stobaei A||a 6
lvaxspy<£Çovcat: krco- Y
||a 7 7:àvu... a 9 xaXetv in marg. restituit
W2II
-«vujjùv
o-Jv : -avTanacî y£ W 1
||a 8 xô
jxàv apa : àp' ojv tô
uiv W 1
i
1 où om. W 1 Slob.||
stxo'; ys ov : ibtaertxôv W 1
||Etxo'va om.
W 1
IIb 1 "outw : Toûro Stob.
Ilb 4 oùx £/. : sx Y toj Stobaei A
||b t>
rii : 6 WJ w Stobaei M rtStobaei A
||b 7 loua : touc^vcu Y
||c 1 ante
auu-aaav add. xf,v Y||
c 3 savTaa;j.a:
çavTasu-aTa BT||
C 4 Sv om.Stob.
IlC 5 -oX'j : icivu W ||
C 6 XOOTto : ~o\>-q Stob.||
Ttî) om. Stob.
Il lfôt)>XottOUX7}{: --oiïjT'.x»;; Y.
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236 c LE SOPHISTE 335
Théétète. — C'est cela.
L'étranger. — Quant au problème qui me laissait alors
perplexe,
de savoir danslequel
de ces arts
loger
le
sophiste,je n'arrive pas encore à en apercevoir clairement la solution.
d C'est un vrai prodige que cet homme, et le saisir à fond est
bien difficile, puisque, celte fois encore, le voilà bel et bien
réfugié dans une forme dont le mystère est inextricable.
Théétète. — Il semble bien.
L'étranger. — Est-ce la conscience de la difficulté qui te
dicte cet assentissement, ou serait-ce emporté par le courant
de l'argumentation et l'entraînement de l'habitude que tu
joins si promptement ton affirmation à la mienne ?
Théétète. — Que veux-tu due? A quel propos cette
question ?
L'étranger. — C'est que nous voilà réellement, bienheu-
reux jeune homme, devant une question extrêmement diffi-
e cile;car paraître et sembler sans être, dire quelque chose
sans pourtant dire vrai, ce sont là formules qui, toutes,
sont grosses d'embarras, aujourd'hui comme hier et comme
toujours. Quelle formule, en effet, trouver pour dire ou
penser que le faux est réel, sans que, à la proférer, on reste
enchevêtré dans la contradiction, la question est vraiment,
237 a Théétète, d'une difficulté extrême.
Théétète. — Pourquoi donc?
L'étranger. — L'audace d'une pareilleLe problème assertion est qu'elle suppose être le non-
de l'erreur et la .. •i j r « - -ui rr »
.. être : point de laussete possible, en eilet,
du non-être. sans cette condition 1. Or le grand Par-
ménide, mon enfant, aux enfants quenous étions alors, l'attesta sans trêve ni
répit,en prose
comme en vers-
:
i. C'est que, dit Fénelon (Existence de Dieu, 2 epartie, i3), « le
mensonge est un néant, et le néant n'est point objet de la pensée.On ne peut penser qu'à rétro et à ce qui est vrai, car l'être et la
vérité sont la même chose, » et, plus loin (23), « l'être ne peut
convenir qu'à ce qui est vrai, car ce qui est entièrement faux n'est
rien;et ce qui est faux en partie n'existe aussi qu'en partie.
» Cf.
Cratyle, £29 d, Eulhydcme, 184 a-187 a, ThécL, 188 d. .
2. « En prose comme en vers » veut dire « de toutes façons »,
ou bien encore « dans ses leçons comme dans son poème ».
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336 S0*1STHS 237 a
Ou yàp HT TT0 're xoOxo8au.rj, <pr)alv, etvaL
u.f|èovxa -
àXXà au xf]o"8
3
àcp' ôSoO 8i£r|^EVoç sîpyE v6rma.
riap' IkeIvou xe ouv u.apxup£ixai, Kal u.âXiaxà y£ Sr) Ttâvxcdv b
ô X6yoç auxôç av 8r|X(ào"EiE u.Éxpia liacraviaSElç. ToOxo ouv
auxà TtpGxov 8£aaobu.E8a, elu.r|
xi. aoi8ia<J>ÉpEi..
0EAI. Ta u.Èv lu.èv onr] (ÎoûXel xIBego, xàv Se Xôyov
rjfiÉXxiaxa 8iÉ£,£iai aKOTtSv aùxéç te Ï8i k<xu.è Kaxà xaùxr|v
xf]voSôv
ayE.ZE. 'AXXà
)(pf) Spav xaOxa. Kal u.ou XÉyE* x8 u.r)8au.coç
8v xoX^ôu.év Ttou cp8ÉyyEa8aL ;
OEAI. nûq yàp oÔ;
HE. Mf| xolvuv EpiSoç IvEKau.r|SÈ TtaiSiaç, àXX
3
eI
OTtcuSrj Séoi auvvoi'jaavxà xiva àTiocpr)vaa8ai xûv àKpoaxûv C
TTOt)(pf)
XOUVOU.'ETtLCpÉpELV XoOxO, XÔ U.f] o'v, Xl SoKoOu.£V &V
eIç xl <al ettI ttolov auxév xe Kaxa)(pr)CTaCT8aL Kal xcp ttuv-
8avou.Évco SELKvùvai;
OEAI. XaXETtèv f|pou Kal o^eSôv elttelv oXa yE i^iol
TtavxàTtaaLV anopov.
-E. 'AXX3
ouv xo0x6 yE 8f)Xov, oxi xôv o'vxcov ett'i (xi)
x6 \ii] 8v oùk oîaxéov.OEAI. nûç yàp av
;
ZE. OuKOUV ETTElTtEp OUK ETtl XO OV,0Ù8' ETtl x6 xl «pÉpCOV
op8Gq av xiq cpÉpoi.
OEAI. nSç8/| ;
a 8 touto oatif, Simplicius : tojt' oy3aij.7J BT tout' oùôaaij YtoCx' oj oaarj W ||
èdv-a Arist. Me<. 1089 a> 4 (et W infra 258 d) :
ovxa BTY et hic W||a 9 ob' 68o£î : àçoSou W || ô*:£t;'ij.svo; codd. (sed
St^ato; infra a58 d) ||b 2 aùxôç : 0Z-0; BT ||
b 3 OsaaoiiAsOa tzgwtov
Wy StacpÉoîi : -ot W
||b 5 xaià TauTYjv : xaTCWTJjvW ||
b 6 t?jv om. Y ||
aye xrjv ô5ov W||b 8 çOiyycaOat : -Çaaôai W
||b 10 frexat : tt- W
jj
àXX' stejcou3j|
Bekker : âXXr,; -ou ot) B àXXr] s-oyô"*) T àXXà emo-jo/j YàXX' ^ a-ou8î) W II
C 1
à-o?7Îvaa0at
YWt :
iroxpi-BT
||c 2 r.oï :
r.^ Y IIxl Winckelmann : ti B 071 TYW ||
c 7 ti add. corr. Paris.
1808: om. BTYW H c 10 vipvv. -ov W.
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237 d LE SOPHISTE 33-
d L'étranger. — Il est clair encore pour nous, j'imagine,
que ce vocable « quelque », c'est à de l'être que foutes
nos expressions l'appliquent. Le formuler tout seul, en effet,
comme nu, dépouillé de tout ce qui a l'être, c'est impossible,
n'est-il pas vrai ?
Théétète. — Impossible.L'étranger. — A prendre la question de ce biais, tu diras
donc avec moi que, inévitablement, dire « quelque », c'est
dire, pour le moins, « quelque un » ?
Théétète. — Oui.
L'étranger. — Car, tu l'accorderas, ce « quelque » veut,
précisément, dire « un », et « quelques » veut dire ou bien
deux ou bien plusieurs.
Théétète. — Comment ne pas l'accorder ?
e L'étranger. — Et qui ne dit quelque chose, inévitablement,
ce semble, et absolument, ne dit rien 1.
Théétète. — Inévitablement.
L'étranger. — Ne faut-il pas retirer même cette concession,
que ce soit là dire, à savoir rien dire ? Ne faut-il pas affirmer,
au contraire, que ce n'est même pas dire que s'évertuer à
énoncer le non-être 2?
Théétète. — "Voilà au moins qui mettrait fin aux difficultés
de la question.
238 a L'étranger. — N'enfle point trop la voix encore : il en
reste, bienheureux jeune homme, et la difficulté qui reste est
la plus grande et la première de toutes. C'est, en effet, dans
le principe même qu'elle réside.
Théétète. — Que veux-tu dire? Explique-toi sans tergi-
verser.
L'étranger.— A l'être, je crois, peut venir s'accoler quelqueautre être.
Théétète. — Sans aucun doute.L'étranger. — Mais que quelque être s'accole jamais à du
non-être, affirmerons-nous cela possible?
i. Pour des raisonnements analogues sur quelque, un. être, cf. Rép.
478 b, Théét. 188 c-189 a.
2. Cf. Malebranche, Entretien d'un philosophe chrétien avec un
philosophechinois : «
Apercevoirrien et ne rien
apercevoir,c'est
la môme chose... Penser a rien et ne point penser, c'est la mêmechose », et Bergson, L'Evolution créatrice, 4
e éd., p. 298-307.
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33 7 SOMSTH2 237 d
HE. Kal toOto t)lûv tiou cpavEpôv, âbç Kal tô « tI » d
touto tô pf]u.a etc' ovtl XéyoLiEv EKâaTOTE" li6vov yàp auTÔ
XÉyEiv. cocrnEp yuLivôv Kal ànripruicoLLÉvov ornô tGv ovtcùv
cVnâvTCùv, àSûvaTov?\ yàp ;
©EAI. 'ASûvaTov.
HE. "Apo trfjSEctkoticùv aÛLicprjc;, cùç àvâyKr) tov tl Xé-
yovToc ev yé tl XéyELv ;
©EAI. Ou-tcùç.
HE.c
Evôç yàp Sr) tô y£ « xl » cpr)aELÇ ot)llelov Eivai, tôSe « tlvè » Suoîv, tô Se « tlvèç » ttoXXcùv.
OEAI. nûq yàp ou;
HE. Tov SeSf] u.r|
tl XéyovTa àvayKaLéTaTov, cùç eolke, e
TtavTaTtaCTL Lir|ôÈv XéyELv.
©EAI.3
AvayKaL6xaTov u.èv ouv.
HE. *Ap' ouv ouSè toOto auy^cûpr)TÉov, tô tôv toloutov
XéyEiv u.év[ti], XéyEiv llevtol Lir|5Év, àXX
3
ouSè XÉysLv cpa-
téov, oç y3
av ETtL^Eipî] LiT)8v cp6Éyy£a8aL ;
©EAI. TeXoç yoOv av à-noplaq ô X6yoç £X0L -
HE. Mr)Tt<a Liéy5
EÏTir|ç-
etl yàp, w LiaKapLE, eotl, Kal 238 a
TaOTa yE tcùv àTtoptûv f] u.EylaTr| Kal TtpcùTr). flEpl yàp au-
tt]v auToO tt^v àp^v ouaa Tuy)(àvEL.
©EAI. ricoç cp/|ç ; XéyE Kallli-|8èv cVnoKvr)ar|c;.
HE. Tô LIÈV OVTLTrOUTtpoayÉvOLT' av titûv Ô'vTCÙV ETEpOV.
©EAI. nôç yàp où";
HE. Mi1
)ovtl Se tl tcùv ovtcùv apà ttote TtpoaylyvEaSaL
cp^aoLiEV SuvaTÔv EÎvaL;
d a touto tô pf;u-2 Y coniecerat Hcindorf : toj prJuaTo; B touto
pf;u.aT ofjU.a W tojto Schanz
[|In' ovt 1
. edd. : ettovti B è~\ ovti T£-' Sv T-. YW
|| Xe'yo;jL£v: Xîyôiuvoy Y
|| yàp om. TY||d 9 y;
om. AVIIe 4 tov "ô B
IIe 5 llî'v om. BW
||ti secl. Schleiermacher
||
Liivrot : piv t- Y|!
àXX' : iXX'f;AV
IIe 6 y' B : 5' AV om. TY
||
;j.f Sv : ur.oiv AA*|:e 7 iv : or, AV
|j ï/o: : «Cl Y post àjtopia; Iransp.
TAf y 238 a 1 h: : ïi~: TYd xcù : xaxk Ueindorf c Ficino
|j
a 2 y£ dclcndum susp. Si-hanzI a 7 6Vtt os ti Goisl. i55 : ov oi
Tj-BAA" 6vt: 0: TY
|
r.o-.i om. B|
a 8 ç^aousv KpocylyvtaOat^ •
7/29/2019 Platon, 8.3 Le Sophiste
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238 a LE SOPHISTE 338
Théétête. — Comment l'affirmer?
L'étranger. — Or, d'après nous, le nombre, en son en-
semble,c'est de l'être,
b Théétête.— S'il y a quelque cbose qui ait droit à ce titre,
c'est lui.
L'étranger. — Evitons donc jusqu'à la tentative de trans-
porter sur le non-être quoi que ce soit du nombre, pluralité
ou unité.
Théétête. — Nous aurions tort, en tout cas, de l'essayer,
à ce qu'ilparaît
: le raisonnement nous l'interdit.
L'étranger. — Comment alors énoncer de bouche ou
même, seulement, concevoir par la pensée les non-êtres ou
le non-être sans faire emploi du nombre ?
Théétête. — Explique-toi.c L'étranger. — Quand nous parlons des non-êtres,
n'essayons-nous point là d'appliquer le nombre plural ?
Théétête. — Indubitablement.
L'étranger. — Et, parlant du non-êlre, d'appliquer, cette
lois, l'unité?
Théétête. —- Très manifestement.
L'étranger. — Or il n'est ni juste ni correct, affirmons-
nous, de vouloir assembler être et non-être.
Théétête. — C'est la vérité même.
L'étranger. — Comprends-tu alors qu'on ne saurait légi-
timement ni prononcer, ni dire, ni penser le non-êlre en lui-
même; qu'il est, au contraire, impensable, ineffable, impro-
nonçable, inexprimable?1
Théétête. — Absolument,
d L'étranger. — Me serais-je donc trompé tout à l'heure en
disant que j'allaisénoncer la plus grande des difficultés qui
le concernent ?
Théétête. — Eh quoi ? Est-ce qu'une plus grave encorenous reste à formuler?
L'étranger. — Eh quoi, étonnantjeune homme, ne devines-
tu pas, au seul énoncé des phrases précédentes, en quelle diffi-
culté le non-être met celui même qui le réfute, si bien
i. « Le pur néant ne saurait être l'objet de l'intelligence ;on ne le
conçoit point, on n'en a point d'idée, il ne peut se présenter à l'es-
prit» (Fénelon, Traité dé l'Existence de Dieu). Cf. Parm., i64 a, et
(îorgias, De la Nature (apud Sextum Empiricum, adv. math., VII, 80).
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d LE SOPHISTE 33g
qu'essayer de le réfuter, c'est s'engager en d'inévitables
contradictions )
Théétète. —Que
dis-tu là ?
Explique-toi plusclairement.
L'étranger. — Ce n'est point en moi qu'il faut chercher ce
e surplus de clarté. Moi qui ai posé comme principe que le
non-être ne doit participer ni à l'unité ni à la pluralité, tout
à l'heure et maintenant encore, en cela même je l'ai dit un;
car je dis « le non-être ». Tu comprends certainement.
Ïhéétète. — Oui.
L'étranger.— Quiplus
est, l'instant
d'auparavant,j'affirmaisqu'il est, lui, imprononçable, ineffable et inexprimable.Tu suis?
Théétète. — Je suis. Comment ne pas suivre ?
L'étranger.— M'essayer à lui appliquer ce « est », n'était-ce
a pas contredire mes propositions antérieures ?
Théétète. — x\pparemment.L'étranger. — Eli quoi ? le lui appliquer, n'était-ce pas
m'adresser, en lui, à une unité?
Théétète. — Si.
L'étranger. — Et puis, en le disant inexprimable, inef-
fable, imprononçable, c'est comme unité que je l'exprimais.
Théétète. — Comment ne pas l'avouer ?
L'étranger. — Or il est interdit, nous l'affirmons, à quiveut parler en stricte rigueur, de le définir, soit comme un,
soit comme multiple, et même, absolument, de parler de
lui; car c'est, ici encore, la forme d'unité que cette appel-
lation lui appliquerait1
.
Théétète. — Absolument.
h L'étranger. — A quoi bon, alors, parler de moi plus
longtemps ? Pour trouver que je suis battu, maintenant
comme toujours, dans cette argumentation contre le non-être?
Ce n'est donc point en mon parler, comme je le disais, qu'il
i. Si on parle du non-ètrc en disant, de lui, qu'i/ est inexprimable,
etc., tous les mots d'une telle phrase seront au singulier. Gondillac
dira, un peu autrement : « Pour parler d'une chose, il faut lui
avoir donné un nom, ou pouvoir la désigner par plusieurs mots
équivalents; et pour lui donner un nom, ou pour la désigner par
plusieurs mots, il faut qu'elle existe ou que nous puissions la regarder
comme existante;car ce qui n'existerait ni dans la nature, ni dans
notre manière de concevoir, ne saurait être l'ohjet de notre esprit. Lenéant môme prend une sorte d'existence lorsque nous en parlons »
(Grammaire, I, ia).
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339 SOMSTttS 238 d
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xlot aôxàv aÙTcp ne.pi ekeîvo àvayRâ^EcrSai XÉyELV ;
GEAI, ricoç cprjc; ; eIttè eti aac}>£CTTEpov.
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yàp UTtoSÉLiEvoq oùte evôç oïïte tcov ttoXXcov tôLif|
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L1ETÉ)(ELV, apTL TE Kal vOv OUTCOÇ £V aUTÔ E'îpT^Ka- TÔ
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yàp c|>r|Ljil. Zuvlr|Ç toi.
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auTÔ <al ocppr|Tov <al aXoyov Ecpr]v EÎvai. ZuvÉTtr) ;
OEAI. ZuvÉno(jiai. r\S>ç yàp où;
HE. OukoGv tô yE EÎvat TtpoaaTtTELV TtEipcoLiEvoc; IvavTÎa
toîç txp6ct8ev IXEyov ;239 a
OEAI. <t>atvr|.
HE. Tl 8é; touto TrpoaàTiTcov ou)( côç évl
8iEX£y6Ltr)v ;
OEAI. Nat.
ZE. Kal(if)v aXoyôv y£ Xéycov Kal apprjTov Kal acpBEy-
ktov coç yE Ttpôç iv tôv X6yov £TtoioÛLir)v.
OEAI. nS>q S' o0;
ZE. <}>au.Èv 8é yE Selv, EÏTtEp ôp82»ç tiç Xé£,el, li^te coç
lv li^te coq noXXà Stoptt^ELv auT6, Lir)Sèto TtapaTtav auto
KaXEÎv evôç yàp e'îSei Kal KaTà TauTr]v &v Tfjv TTp6apr)CTi.v
TTpoCTayop£Ùoi.To.
OEAI. riayTanaal yE.
ZE. Tôv lièv toIvuv !u.é y'etl tiç Sv XÉyoi ;Kal yàp b
TtâXai Kal Ta vOv f^TTrjLiÉvov &v Eupoi TtEpl t6v toOur|
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34o £0*IETH2 239 b
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tou Xéy<a>u.ev <oç TtavToç liocXXov TTavoûpycoç eiç aTtopov Ô
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Xa^6avd^£voc; r^cov eiç; TouvavTlov àTtoaTpÉ^EiToùçXéyouc;,
bxav elScùXottolôv auTÔv KaX2>u.EV, àvEpcoTÔv t'i ttote t6
Trapânav eïScoXov Xéyo^Ev. Zkotteîv ouv, S ©EaÎTr|T£, \pi]
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239 e LE SOPHISTE 34i
L'étranger. — Quand tu lui répondras en ce sens, si tu
viens à lui parler de ce qui se forme dans les miroirs ou de ce
queles mains
façonnent,il se rira de tes
exemples,faits
pourun homme qui voit. Lui feindra d'ignorer miroirs, eaux et
240 a vue même, et ce qu'ilte demandera, c'est uniquement ce
qu'on doit tirer de ces exemples.Théétète. — Quoi donc ?
L'étranger. — Ce qu'il y a de commun entre tous ces
objets, que tu dis multiples et que tu honores cependant d'un
nomunique,
à savoir du nomd'image, que
tu étends commeune unité sur eux tous '
. Parle maintenant, et, sans céder d'un
pas, repousse l'adversaire.
Théétète. — Quelle définition donnerions-nous donc de
l'image, étranger, autre que de l'appeler un second objet
pareil copié sur le vrai ?
L'étranger. — Ton « second objet pareil » veut-il dire
h un objet vrai, ou que veux- tu dire avec ce «pareil
» ?
Théétète. — Point du tout un vrai, bien sûr, mais un
qui ressemble 2.
L'étranger. — Mais, parle vrai, tu entends « un être réel »?
Théétète. — Oui certes.
L'étranger. — Eh quoi? Par le non-vrai, tu entends le
contraire du vrai ?
Théétète. — Comment donc !
L'étranger. — Ce qui ressemble est donc pour toi unirréel non-être, puisque tu l'affirmes non-vrai.
Théétète. — Il a quelque être, pourtant.L'étranger. — Pas un vrai être, en tout cas, d'après toi.
Théétète. — Assurément non;encore qu'il ait réel être
de ressemblance.
L'étranger. — Ainsi donc, ce que nous appelons ressem-
blance est réellement un irréel non-être ?
i. Ces formules sur l'essence commune qu'atteint la définition se
retrouvent partout dans Platon. Cf., en particulier, Ménon j4 d-^Ô a,
Phèdre a65d/e, Thcélele i/(8 d.
a. Cf. Cratyle 43a b/d, où l'on montre que l'image, pour être
image, ne doit pas reproduire absolument tous les caractères de
l'objet, sans quoi elle serait le double exact de l'objet. Pour les for-
mules, cf. Rèp. 096 d/e:
l'objet que nous présente le miroir« apparaît, mais n'est point »
;le lit que peint l'artiste « n'est point
iin vrai lit, mais un lit apparent ».
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34 1 10«MÏTH2 239 e
HE. Tr)v àTTÔKpiaiv 8xav oûtqç aùxco SiScoç, làv lv <ax6-
Ttxpoiç r}nXâauaai.
XÉyr|c; xi% KaxayEXâaExa'i aou xcov Xdyov,
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XÉyr|ç auxcp, TtpooTioioûuEvoçoûxe <à-
xoTtxpa ouxe uSaxa YiyvcôaKEiv oûxe x6 Ttapdmav oipiv, x6 240 a
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avSpa.0EAI. TL Sfjxa, S E,éve. eÏScoXov av (poûuEV eÎvou TtXr)v
yE x6 Tipôç xàXr]8iv6v àcpcùuouopÉvov Exspov xoloOxov;
HE. "ExEpov Se XéyEu; xoioOxov àXr)8i.v6v, t\étiI x'ivl xo
xoioOxov eÎtteç ;b
0EAI. OàSaucoc; àXr|8iv6v yE. àXX' Ioikoç uév.
HE. *Apa x6 àXr)8i.vôv ëvxcoçov
XÉycov:
0EAI. Ouxoç.
HE. Tt Se;xè
uf) àXr|8i.vèv Sp3
êvavxlov àXr)8o0ç ;
0EAI. Tl ^v ;
HE. Ouk ovxcùç ouk 8v Spa XÉyEiç x6 eoikôç, eotep aùxS
ys \iî\ o\Xrj8iv6v ÈpEÎç.
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HE. Oûkouv o\Xr|8ôç yE, <pf|ç.
0EAI. Où yàp ouv ttXtjv y' eikgjv Svxqc;.
HE. Oùk 8v apa ouk ovxcoç âaxlv ovxcoç r\v XÉyo^iEv
Euc6va :
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T! se<^- Cobet.||e 7 8tkv...
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: -tmv tj TY |j 240 a 1 xô ante xapixovom. Y
IIa 2 Àoycov : spywv W |]
b 1 £?'£; : -a;W ||b 7 où/, ovtw;
où/. 5v W et sic legit Proclus in Parm. 7^4,34 816,19-21 Damas-
cius II 293,18 : oùx ovtwv où/.ôv B aux ov TY|i
b 9 roo; Hermann :
roi; ;codd. praecedcntia hospiti tribuentes
||b 10 oJV.ouv A\ : oùxoSv
TY où/.ôv BII y£ ?r^ Steph. : ys çt-; TY y' Èçr.v h\V
|
b 12 où/.
ov W : où/.ôv B où/.oOv T\ malit Bittcr||
où/, ovtio; BT\W Camp-bell: oj/. ôv~o; t où/. «Cov> ovtio; Ritter ovrw; Badham Schanz
Burnct ôvxto; ovtio: \YilamoAvitz|
ante Èsx'iv add. ov (uoluit ov) su-
pra lin. altéra manu Y|| Svrtu; r,v
: ovro: r,vt Steph. ^ ilamowitz.
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LE SOPHISTE 34a
Théétète. — J'ai bien peur que ce soit d'un lel entrelace-
ment que l'être s'enlace au non-être, de la façon la plus bizarre.
L'étranger. — Bizarre, assurément. Tu vois, à tout le
moins, que, maintenant encore, par un tel entrecroisement,notre sophiste aux cent têtes nous a contraints de reconnaître,
malgré nous, que le non-être est en quelque façon.
Théétète. — Je le vois trop bien.
L'étranger. — Eh bien, que dire maintenant de son art?
Gomment pourrons-nous le définir si nous voulons rester
d'accord avec nous-mêmes ?
Théétète. — Que veux-tu dire et que crains-tu donc?L'étranger. — Quand, lui donnant pour domaine le simu-
lacre et, pour œuvre, la tromperie, nous affirmerons que son
art est un art d'illusion 1
,dirons-nous alors que notre âme
se forme des opinions fausses, par l'effet de son art? Sinon,
que pourrons-nous bien dire ?
Théétète. — Cela même. Que pourrions-nous dire d'autre ?
L'étranger. — L'opinion fausse, sera-ce, maintenant, celle
qui conçoit le contraire de ce qui est, ou quoi ?
Théétète. — Le contraire de ce qui est.
L'étranger. — Ce sont donc, selon toi, des non-êtres queconçoit l'opinion fausse 2
?
Théétète. — Nécessairement.
L'étranger. — Cela veut-il dire qu'elle conçoit ces non-
êtres
comme n'étant pas, ou qu'elle conçoit comme étant enquelque façon ce qui n'est d'aucune façon ?
Théétète. — Qu'elle conçoit les non -êtres comme étant
en quelque façon ;il le faut bien, si l'on veut que l'erreur
soit possible, si peu que ce soit.
L'étranger. — Eh quoi ? Ne concevra-t-elle point aussi
comme n'étant absolument pas ce qui est absolument ?
Théétète. — Si.
i. Cf. supra 33g d, et, pour « la sophistique, art d'illusion », Xén.
Cynég. XIII, 4 et i5.
2. La formule « penser ou dire faux, c'est penser ou dire ce quin'est pas » était une formule courante (Rêp. 38g c, 4i3 a). Mais les
sophistes qui niaient la possibilité de l'erreur (cf. Isocrate, Hélène,
208 a) niaient aussi qu'on put penser ou dire le non-être (Euthyd.
284 a/c, Crat. 385 b/c), et Platon lui-même Ta nié dans les argu-
ments dialectiques de la République (4/8 b/c) et du Théétète (188 d-
189 b). Cf. Notice du Théétète, p. i4i, note 3.
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240 e LE SOPHISTE 343
L'étranger. — El cela encore sera fausseté ?
ïhéétète. — Cela encore.
L'étranger.
—Le discours,
à cecompte, sera,
luiaussi,
j'imagine, réputé faux pour la même raison, à savoir pour241 a dire, des êtres, qu'ils ne sont pas, ou, des non-êtres, qu'ils sont?
*
Théétètk. — Pour quelle autre raison pourrait-il être
faux ?
L'étranger. — Je n'en vois guère d'autre. Mais celle-là, le
sophiste la rejettera. Le moyen, en effet, de la faire accepter
parun homme de bon
sens, quandil a été antérieurement
convenu que c'est là une chose imprononçable, ineffable,
inexprimable, impensable2? Comprenons-nous, Théétète, ce
que le sophiste peut dire ?
Théétète. — Comment ne pas comprendre qu'il nous accu-
sera de dire maintenant le contraire de ce que nous disions
alors, nous qui avons l'audace d'affirmer qu'il y a fausseté
dans les
opinions
comme dans les discours ? Cela même, en
b effet, nous contraint d'assembler l'être au non-être en maintes
formules, alors que nous venions de convenir que c'est là
l'impossibilité la plus absolue.
L'étranger. — Ton souvenir est exact. Mais voici l'heure
de nous demander que faire au sujet du sophiste ; car, à le
prétendre mieux scruter si nous lui assignons comme art celui
des faiseurs d'impostures et des magiciens, tu vois comme les
objections et les difficultés s'accumulent àplaisir.
Théétète. — Je le vois trop bien.
L'étranger. — Or ce n'en est qu'une minime partie queC nous avons passée en revue : leur nombre n'a, pour ainsi
dire, point de fin.
Théétète. — Impossible alors, ce semble, de nous saisir
du sophiste, s'il en est ainsi.
i. Comparer Aristotc, Mélaph. ion b, 20 et suiv.
2. Le texte des manuscrits donnerait, après « impensable », les
mots « celle qui a été convenue avant celle-ci, xk Jtpô tojtcov ôjttïo-
yr,6evTa ». Le texle de Madvig, supprimant « imprononçable..., impen-sable », donnerait : « quand a été antérieurement convenue la chose
convenue avant celle-ci ». J'ai préféré supprimer Ta npiiaûcmv ô;j.o-
Xo-pjÔô'vTa ; c'est une glose explicative du composé -ioZ:«>p.o~/.ovr,'j.v>3..
Le sujet est urifsa. Platon fait allusion à 238 c, et c'est là aussi querenvoie la réponse de Théétète.
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343 SO*ISTHS 240 e
HE. Koù toOto5f) ijjeOSoç :
OEAI. Kal toOto.
HE. Kal Xôyoç oTuai iy£u8f|Ç outco KaTa Tauxà V0Lna8r|-
aETai t<x te ovxa XÉycov u.r)EÎvai Kal xà
u.f]ovxa EÎvai.
241 a
OEAI. ri2>ç yàp av aXXcoç toioOtoç yÉvoiTO ;
HE. Z)(eS6v ou8au.coc;" àXXà xauxa ô aocpiaTf|Ç oucf>r)a£i.
*H tîç u.r)X<xvr| auy^cùpEÎv Tiva tcov eu eppovoûvxcûv, btav
a<p8£yKTa Kal otpprjTa Kal aXoya Kal àSiav6r|Ta TtpoSicou.o-
Xoyr)u.Éva t] [xà Ttpô toûtcùv êuoXoyr|8£VTa] ; MavSàvouEV,
S ©Ea'iTr]T£, a XÉyEi ;
OEAI. nûç yàp ou u.av8âvou.Ev otl TàvavTia cprjaEu
XÉyEtv rju.Sc; toîç vuvSr), iyEu8r] ToXu.r|aavTaç eitieîv cùç
Eaxtv ev Sôc^aiq te Kal Kaxà Xôyouç ;tco yàp u.f|
ovti tô 8v b
npoaâTTTELv r|u.a<; TtoXXàKiç àvayKâ^EoSaL, 8iou.oXoyr)aau.É-
youç vuvSf] toOto EÎvai TtàvTCOv àSuvaxcûTaxov.
HE. 'OpScoc; àTtEu.vr|u.6vEuaac;.5
AXX' copa 8f| frouXEÛsaSai
t'l xpf| SpSv toO aocpiaToO TiÉpi* t<xç yàp àvn.Xf|ip£iç Kal
omoplaç, èàv auxèv SiEp£uvcou.£v evxrj
tûv ijJEuSoupycov Kal
yorjTCùv t£)(vr) tlSévtec;, ôp&ç cùç EÔnopoi Kal TtoXXal.
OEAI. Kal u.àXa.
HE. MiKpôv uÉpoç to'ivuv auxcov Si£Xr)Xû8au£v, ouacov
COÇ ETIOÇ eÎtteIv omEpâvTCûV. C
OEAI. 'ASûvaxdv y5
av, coç eolkev, eït)t6v aocpiaTfjV
eXelv. el xauxa outcoç e)(ei.
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241 a a aXÀto; W Stob.:
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241 c LE SOPHISTE mL'étranger. — Eh quoi ? Aurions-nous, à celle heure,
perdu courage au point de nous dérober ?
Théétète.—
Je n'en suis, certes, point d'avis, pour peuque nous ayons chance de mettre la main sur notre homme.
L'étranger. — Ainsi je puis compter sur ton indulgence
et, comme tu viens de le dire, tu te contenteras du peu quenous pourrons gagner, n'importe où, sur une thèse d'une
telle vigueur ?
Théétète. — Comment pourrais-tu en douter ?
d L'étranger. — Je te ferai donc encore uneprière plus
instante.
Théétète. — Laquelle ?
L'étranger. — De ne me point regarder comme un parri-
cide.
Théétète. — Que veux-tu dire ?
Réfutation de L'étranger. — C'est qu'il nous faudra
varménidienne nécessairement, pour nous défendre,mettre à la question la thèse de notre
père Parménide et, de force, établir que le non-être est, sous
un certain rapport, et que l'être, à son tour, en quelque façon,
n'est pas.
Théétète. — C'est là, évidemment, qu'il nous faut porterle fort du débat.
L'étranger. — Comment ne serait-ce pas évident et,
comme on dit, évident même pour un aveugle ? Tant que ne
e sera faite ni cette réfutation ni cette démonstration, on ne
pourra guère parler de discours faux ni d'opinions fausses, ni
d'images, de copies, d'imitations ou de simulacres, pas plus
que d'aucun des arts qui s'en occupent, sans s'empêtrer iné-
vitablement en des contradictions ridicules.
Théétète. — C'est très vrai.242 a L'étranger. — Y
r
oilà pourquoi, précisément, le momentest venu, ou de s'attaquer à la thèse paternelle, ou de lui céder
le champ sans retour, au cas où, devant le premier parti,
quelque scrupule nous retiendrait.
Théétète. — Mais, quant à cela, que rien absolument ne
nous retienne.
L'étranger.— Pour la
troisième fois, en ce cas, j'aurai àte demander une légère faveur.
Théétète. — Tu n'as qu'à parler.
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m 204ISTH2 241 c
HE. Tl ouv; omoaTr|a6^E8a vOv LiaXBaKiaBÉvTEc; ;
0EAI. Oôkouv lycoyé cpr|Lii Seîv, eI Kal <axà au.iKpèv
oîol t' ETuXa6Éa8ai Ttr| Tàv8p8ç lau.£v.
HE.c
'EE,elc; oSv auyyvcb^r|v ical KaBdmEp vOv ElntEq àya-
•nr]<j£u; èâv nr) Kal KaTà frpa)(ù TiapaoTiaacùLiEBa outoç
la^upoO Xôyou ;
0EAI. ricàç yàp où)( e£,cù ;
HE. TôSe to'lvuv etl ll&XXov TtapaiToO^al ce. d
0EAI. Ta tiolov ;
HE. Mr) jieoîov TiaTpaXo'iau ÛTtcXâ6r|<; y'iyvEaGal TLva.
0EAI. Ti8/| :
HE. Tôv toO TTaxpèq riapLiEvlSou X6yov àvayKaîov ^lûv
oiliuvoliévolç l'axau fiacavl^ELV, Kal fità^EaGai iô teLif)
8v
<oç eotl Kaxdc tl Kal t8 8v au TtâXiv gûç oùk eotlTtr|.
0EAI. <t>alvETai t8 toloOtov 8caLia)(ETÉov ev tolç X8-
youç.
HE. I~Icùc; yàp où tpalvETaL Kal tô XEyétiEvov 8r)toOto
TucpXcp ;toûtojv yàp h^t
3
eXeyxBévtcdv ll^te ÔLLoXoyr|8£VTcove
<J)(oXf]TTOTE TLÇ oXàq TE EOTaL TXEpl X8yCOV iJJEuSÛV XÉyCDV f)
S6£,r|ç,elte eISoùXcov e"te eIk6vcdv elte LULir^àTCùv e'lte
cpavTaauiâTCùv auTcov, fj Kal TtEpl te^vqv toùv 8aai TtEpl
TaÛTa el<ji, ^if) KaTayÉXaoToc; EÎvai Ta êvavTia àvayKa£8-
^evoç aÛTÛ XéyEiv.
0EAI. 'AXrjBÉaTaTa.
HE. Auà TaOTa llévtol toXu.it|téov ETtiTlBEaBat tco Tta- 242 a
TpiKco X8ycp vOv, f]tô napà-nav iaTÉov, eI to0t6 tlç EÏpyEt
Spav okvoç.
©EAI. 'AXX' rj^aq to0t6 yE ^ir)8èv u.r|8au.rj Eip£,r|.
HE. TplTov to'lvuv etl o~e aLLLKpév TL TTapaiTr|aoLiai..
0EAI. AÉyE llôvov.
C !\ posl oJv add. outwç W j!C 5 osîv om. Y
||C 7 eT~c; v3v W
||
C 8 T.Tt:
îîf| r. Badhamjj
d 8 xo.. Xtfyotf secl. Hermann|
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ÈXsyy^'v'wv TY : |M{TfX*£-B uojn Xey- W ||
e 5 "à avav-.'î: : ~J. y'èv- Burnet ?x u.iv avT'. B
|| 242 a 2 viv om. TY.
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242 a LE SOPHISTE 345
L'étranger. — J'ai avoué, je crois, tout à l'heure, d'une
façon expresse, qu'une telle réfutation a toujours dépassé mes
forces et les
dépasseassurément encore.
Théétète. — Tu l'as avoué.
L'étranger. — J'ai donc peur que ce que j'ai dit ne le
donne occasion de me regarder comme un détraqué, qui se
b retourne bout pour bout, à volonté. Or, au fait, c'est bien
pour te faire plaisir que nous nous déciderons à réfuter la
thèse, si nous la réfutons.
Théétète. —Compte
bien
que,
moi du moins,je
ne trou-
verai jamais que tu passes la mesure si tu te lances en cette
réfutation et cette démonstration. S'il n'est que de cela, va
donc de l'avant sans rien craindre.
L'étranger. — Eh bien, allons, par quel début entamer
une si périlleuse argumentation? A mon avis, voici, mon
jeune ami, le chemin qui s'impose à nous.
-•
Théétète. — Lequel?théories antiques
L'étranger. — Sur ce qui parait actuel-
de l'être. lement clair, porter d'abord notre exa-
Les doctrines men, de peur que, n'en ayant encore
cp ura 1S es'
qu'une vue trop trouble par endroits,
nous ne nous y mettions trop facilement d'accord comme en
affaire bel et bien jugée.
Théétète. — Formule plus clairement ce que tu veux dire.L'étranger. — C'est sans y chercher trop de façons qu'à
mon avis Parménide nous entretint, lui, et quiconque avec
lui se lança dans cette entreprise de déterminer combien il ya d'êtres, et quels ils sont.
Théétète. — Comment ?
L'étranger. — Ils m'ont l'air de nous conter des mythes,
chacunle
sien, commeon ferait à des enfants.
D'après l'un,il
y a trois êtres, qui tantôt s'entreguerroient les uns ou les autres
d en quelque façon, tantôt, devenant amis, nous font assister
à leurs épousailles, enfantements, nourrissements de rejetons.
Un autre s'arrête à deux : humide et sec, ou chaud et froid,
qu'il fait cohabiter et marie en due forme 1. Chez nous,
la gent Eléatique, issue de Xénophane et de plus haut
i. Comparer Isocrate disant, des anciens sophistes:
« Pour l'un,' il
y a une infinité d'êtres; pour Empêdocle, quatre, parmi lesquels
régnent la Haine et l'Amitié; pour Ion, seulement trois
; pour
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345 S0*tETH2 242 a
HE. ETttôv mou vuvSn, Xsycov ôç Ttpàç tôv nepl TaOT*
tXsyxov âel te àTt£ipr|Kcbç èycb Tuyxâvco KalSf|
Kal Ta vOv.
GEAI. EtTtEç.
HE. <l>o6o0u.aiSf]
Ta Eipr|u.Éva, u.r|tiote 8ià TauTa aoi
u.aviKcc; EÎvai Sô£,co Ttapà Tt68a u.ETa6aXcbv iu.auT8v avco
Kal koctco. Zf]v yàp Sf] X"P LV éXÉyxEiv t8v Xôyov £m8r|a8- b
u.E8a, âàvTtEp eXeyxcou.ev.
GEAI. 'Clç toIvuv lumyE ^r|8a^f] 86E,cov ut|Sèv nX^u.-
u-eXeiv, av Irtl t8v eXeyxov toOtov <al Tqv aTt68EL^LV ïrjç,
8appcov Ï8i toutou yE £V£Ka.
HE. «fcépE Sr),Tlva apxr|v tiç av ap^aiTO TtapaKivSuvEU-
tlkoO X6you ;Sokco u.èv yàp Tl^vS
3
,oô naî, Tn,v ôSov àvay-
KaiOTàTT^V ^"ÂV EÎvai TpÉTtEaBai.
GEAI, riolav St6
! ;
HE. Ta SoKoCuTa vGv Ivapyûç £XeLV ETuaKÉ^aaSat
TtpcÔTOv u.r| Ttr| TETapay^iÉvoi uèv couev TtEpl TaOTa, paS'uoç C
83
àXXniXoiç ou.oXoycou.EV coq EÛKpivcoc; exovteç.
GEAI. AéyE aacpÉaTEpov S XÉyEiç.
HE. Euk6Xcoç u.01 Sokeî riap^EvlSric; n,uÂv SiEiXéxBai Kal
TtaÇ SaTlÇ TtCÔTtOTE ETtl KpiCTlV C0p^lT]O£ toO Ta OVTa SlO-
plaaaSai Tt6oa te Kal nota ecjtiv.
GEAI, nf;HE. M086v Tiva EKaaToç cpalvETal u.01 8ir)yEtc8ai
naialv côç ouaiv n,uÂv, o uèv côç Tpla Ta SvTa, tioXe^eî 8è
àXXrjXoiç evIote auTcov aTTaTtr|,
totè 8è Kalcp'iXa yiyvo-
d
u£va yâu-ouç te Kal tôkouç Kal Tpocpàç tcov EKy6vcov
TtapÉXETai" Sûo 8è ETEpoç eittcôv, ûypèv Kal £r|pôv n, SEpuèv
Kal i|;uxpt5v, ctuvoi.kl£ei te aÙTà Kal ekSIScocti.- t6 8è Ttap'
a " ~oj vjvof, : vjv o/j -ou Bj|
a 9 £;-£; : -aç W||b 3 urjoèv :
ur,oÈ Y ||b 7 8oxto
jxèv : &0XÔU4V W||b 10 ivaoyw; :
icyto; Y||
C i u'sv«SfiW W : aÉvcoiuv BTY
;|C 3 o' om. TY
||C 4 sjko'àw:.,. 3iJ3
a 4 iKtTtjMtV habet Eus. Prcep. Euang. XIV, 4,725 ||C 4 oozïî
aoi Wi| C 5 post oz-.\; add. f( iùv Eus. || k~\ y.y'.zvK.. c 8 faoOTOfi
in marg. habet Y d i à'~a -7) : iyâ;^ B||
y.a: om. TYj|d 3
Cycov te y.xi W|
d .'; ys/ys* y.x: Oesadv W.
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346 ï KMSTH2 242 d
r|uîv 'EXeaTiKÔv e8voç, dorô HEvocpàvouç te Kal eti
Ttp6a9Ev àp£,àp.£vov, &ç Ivôç ovtoç tôov TtâvTCùv KaXou-
uévcov outco Si.E^Ép)(ETaL toÎç uù8ou;. MôiSeç Se <al ZiKEXal
tiveç OaxEpov Mouaai auvEvôr)aav oti ovi^ttXékelv àacpa-
XÉaxaTov àucpdTEpa Kal XÉyEiv coq tô ov TroXXà te Kal ev e
eqtlv, E)(8pa Se Kal cpiXia auvé^Exai. Aia<p£p6p.£vov yàp
àel cruucpÉpETai, cpaalv al ouvTovcoTEpai tûv Mouocov at
Se uaXaKÛTEpai tô p.èvoieI TaOxa oûtcoç exeiv E^àXaaav,
Iv uÉpEi Se totè uèv ev EÎval cpaai tô tiSv Kal cplXov uTt3
3
Acppo8'iTr|c;, totè Se TtoXXà Kal ttoXéuiov auTÔ aÛTto Sià 243 a
veîk6ç ti. TaOTa Se TtàvTa el uèv àXr|8coç tiç f) p.r|toùtcov
EÏprjKE, ^oXett6v Kal TtXr|uuEXÈç oîjtco uEyâXa kXeivcûç Kal
TtaXaioîq àvSpàcuv ETUTipav Ikeîvo 8è àv£mcf>8ovov àTiocpr|-
vaaSai —0EAI. T6 Ttoîov
;
]ZE. "OTl X'iaV TQV TtoXXcOV f|UCOV ÔTTEpiSévTEÇ CûXl-
ycôpr|crav oùSev yàp cppovTlaavTEÇ eit' ETtaKoXouGoOuEv
auToîq Xéyouaiv eïte àTtoXEi/nôuEBa, TtEpalvouau tô acpé-
TEpOV aUTÛV EKaCTTOl. b
0EAI. nôç Xéyelç;
HE. "Oxav tiç aÙTÔv ^>8Éy^r|Tai Xéycov coç egtlvf)
yéyovEv f) ylyvETaL TtoXXàf)
evf| Sûo, Kal 8Epuôv au ijjuxpco
cruyKEpavvûuEvov aXXoç E^rfl, SiaKplaEic; Kal cruyKptaEiç
ûttoti8eIç. toùtcov, S» 0£alTr)TE, ÉKaoTOTE où tl Ttpèç Secjv
CTUv'ir)qoti XÉyouaiv : lycb uèv yàp 8te uèv
?)v VEcÔTEpoç,
toOtô" te tô vOv àTiopoùuEvov ôti6te tic; EÏTTOl, TÔ ur| Sv,
d 5Jjjitïv
corr. Paris. 1808 Eus. : ^uiov BT\ W||d 7 ~'jU V&~
tlotç : toj; ;jlj6ov; Theodorclus||
'lioîi u'|3 a 2 vaxoç t: habct
Simpl. in. Ar. Phys. p. ôo (Dicls) ||T'./.îÀa! B Simpl. : -:7.a{
TYW Eus.|jd 8 Tjvîvo'^iav :
-vor(/'.a3'.v15
; arv|XxXlxctv: Eu- W
||
àsçaXiaTaTOv : -têoqv Eus.||
6 5 ev : ôv Bj|243 a 1 os : 'À Xtti TY
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ajTw : «jtw anle xj-Jj transp. B||a 2 r.i'r.'x 0: -.xj-.t. W 87 wXiyoi-
pr( 3av : jze/oj- W )sed corr. in marg.) || b 1 KÙtôv : -0: Y j| b 4 r, <5jo
r,h \
Ilb 5 xX/.oï
5?rt)Radcrmacher : SXXo9( zr, codd.
]|b 8 tî ; yç
Hcrmann sccl. Cobct II -J> antc vOv om. B II to a/. Sv socl. Cobet.
VIII. 3.-9
7/29/2019 Platon, 8.3 Le Sophiste
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243 b LE SOPHISTE 3i 7
lo non-être, je m'imaginais l'entendre exactement. Et, main-
tenant, tu vois quel est encore, à son sujet, notre embarras.
c Théétète. — Je vois.
L'étranger. — Or il se peut très bien que, par rapport à
l'être, nous ayons l'âme pleine* d'une égale confusion, et quenous, qui nous affirmons si parfaitement à l'aise en ce qui le
concerne, qui prétendons comprendre ceux qui l'énoncent
et ne rien entendre à l'autre terme-, nous en soyons au même
point en ce qui concerne l'un et l'autre.
Théétète. — Cela se peut.L'étranger. — Formulons donc la même réserve pour
tous les termes dont nous venons de parler.
Théétète. — Volontiers.
L'étranger. — Or, à la troupe qu'ils sont, nous éton-
d drons postérieurement l'examen, si bon te semble. Mais c'en
est le plus grand, le chef, qu'il faut d'abord examiner 1.
Théétète. —Lequel
veux-tu dire ?
Evidemment,c'est
pourl'être qu'avant tout s'impose, selon toi, ce devoir : de décou-
vrir quelle signification ceux qui l'énoncent peuvent bien lui
prêter ?
L'étranger. — Tu as saisi ma pensée au bond, Théétète.
Voici donc, selon moi, quelle méthode s'impose à notre
recherche. Nous les supposerons présents en personne et leur
adresserons ces
questions: «
Voyons,vous tous
pour quilo
Tout est le chaud et le froid ou quelque couple de cette
sorte, que pouvez-vous bien mettre sous ce vocable que vous
e appliquez au couple, quand vous dites et que le couple et
que chacun de ses termes « e3t » ? Par ce « est », que voulez-
vous nous faire entendre ? Y verrons-nous un troisième terme
ajouté aux deux autres et devrons-nous, selon vous, poser,
comme Tout, trois et non plus deux? Car il ne vous suffi'
point, j'imagine, d'appeler « être » l'un ou l'autre des deux
pour dire que, à titre égal, l'un et l'autre « sont » ? On aurait
là, à la rigueur, une double manière de faire que un soit,
mais aucune manière de faire que deux soient. »
Théétète. — Tu dis vrai.
L'étranger. — « Serait-ce donc le couple que vous entendez
appeler être » ?
i. Depuis a/jac/dà a45 e, l'exposition même des doctrines et surtout
leur discussion n'est faite qu'au point de vuequantitatif(~d7r, 2^5 c).
7/29/2019 Platon, 8.3 Le Sophiste
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347 EOH2THS 2i3 b
à<pi6Sq ^>^jir|vauviévai.. NOv Se ôpSç ïv' èa^èv auToO Ttépi
xfjq oarop'iocc;.
0EAI.c
Opû. c
HE. Tà^a toivuv Xaaq oô)( ?}ttov <axà tô ov TauTov
touto TtâSoç ElXr)cp6TEÇ evTrj ^vj^f] TtEpl (jiev
touto eu-
•nopeîv cpa^Ev Mal ^lavSàvEiv onÔTav tiç aÔTd <p8ÉY£,T)Tai,
TTEpl Se 8<XT£pov o\J, Tipôq à^cpoTEpa Ô^o'lCOÇ £)(OVTEC;.
©EAI. "lacoç.
HE. Kal TTEpl tûv aXXcùvSr]
t£v Tipo£ipr|^.Évaiv f\\xiv
xauTÔv touto Elpf)a8co.
0EAI. riâvu ye.
HE. TÔV U.ÈV TOIVUV TtoXXcOV TtÉpi Kal U.£Ta ToOTO0"K£l|JC-
jjihB
3
. ôv 86Ê,r). TtEpl Se toO ^ey'<-cjtoute Kal àpxîiYoO TtpwTou d
vOv aKETCTÉOV.
0EAI. Tlvoç Sr] Xéyeiç: r\ Sî^Xov oti t6 ov cp^ç TtpG.Tov
Secv SiEpEuv^aaaSai x.t ttoB' ol Xéyovteç aÔTÔ Sr|XoOv
r^YoOvTai '
HE. KaTà néSa y^,& ©Ea'iTTjTe, ÛTtÉXaBEÇ. Aéyoj Y«p
Sf) TaÛTT] SeIv TTOLEÎaGaL ir\v u.É9o8ov t^Sç, oîov auTÛv
TtapévTcov àvaTtuvSavo^Évouq
SSe' «
^ÉpE,ott6o"oi
SEp^iôvKal l^U)(pÔV f\
TIVE Sûo toloûtco Ta TtâvT5
Eiva'i cbaTE, t'i
tiote apa toOt' ett3
àu.<potv cp8ÉYYea9e , Xéyovteç a^icpcoKal e
EKaTEpov EÎvat;
t'l t6 EÎvai toOto uTT0Àà6cù^i£V ùuiov ;
Tt6TEpov Tp'iTov Ttapà Ta Sûo EKEÎva, Kal Tpla t6 ttSv àXXà
^ Suo etl Ka8' û^aç TiBSyEV ;oô y&p ttou toîv y^ Suoîv
KaXoCvTEq SdcTEpov
8v
à^cpéTEpaôu.o'icoc; EÎvai.
Xéyete*o)(eS6v y«P &v àg.<poTÉpcoç ev, àXX' ou Sùo eïtt^v. »
0EAI. 'AXri8f) Xéyeu;.
HE. « 'AXX' apa y^ ta au.cpco |}oûXeo"8e KaXEÎv ov »;
b IO tt|; secl. Cobct||
C 3 Ta-jxov : vetàzi Yj!
C 3 tâtopctV : à-
Y||
C 4 ô-otav : -te B||
d I TE om. Y|| Jtpc&COO vjv : -vj 5r, B
spâltrv vjv Coisl. i55 -ov Sr; Schanz||d 3 tô ov : ov Y
||d 4 KttV '
Bjrt Y'W || d G Kd8a : -oXXâ BT1
[|d 7 or; om. W ||
e i çOiyysaOî :
-a-, BWj
I e a toOto : TO&u B||
j-oXao")'j.=y :
-o;jl-vW
||e 4 JWW : R«a
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e 8 T : W: om. BTY.
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243 e LE SOPHISTE 348
Théétète. — Possible.
244 a L'étranger.— « Mais alors, amis », répliquerons-nous, « ce
serait encore là, très manifestement, appeler un le deux'
».Théétète. —JTa réplique est parfaitement juste.
L'étranger. — « Puis donc que nous y avons échoué, à
vous de nous faire voir clairement ce que vous entendez signi-
fier par ce vocable « être ». Evidemment ce sont là choses quivous sonfdepuis longtemps familières. Nous-mêmes, jusqu'ici,
nous nous figurions les comprendre; à celte heure, nous
voici dans l'embarras 2. Commencez donc
parnous instruire
là-dessus pour éviter qu'imaginant comprendre ce que vous
dites il ne nous arrive, en fait, tout le contraire. » Voilà quellesb
questions et quelles réclamations nous adresserons à ces genset à tous autres qui disent que le Tout est plus qu'un. Ytrouves-tu, mon fils, quelque fausse note?
Théétète. — Pas la moindre.
L'étranger. — Eh quoi ? de ceux quies oc nnes
disent que le Tout est un, ne ferons-nousunitaires.
"«. i
pas tous nos eilorts pour apprendre ce
qu'ils peuvent bien entendre par l'être ?
Théétète. — Comment ne pas l'essayer ?
L'étranger. — Demandons-leur donc réponse à cette
question : « Vous affirmez, je crois, qu'il n'y a qu'un être? »
— « Nous l'affirmons, » telle sera, n'est-ce pas, leur réponse?Théétète. — Oui.
L'étranger. — « Eh bien, sous le nom d'être, entendez-
vous quelque chose ? »
Théétète. — Oui.
c L'étranger. — « Est-ce la même chose que un, auquel
cas, pour un seul et même objet, vous emploieriez deux noms,
ou qu'est-ce d'autre ? »
Théétète. — Qu'auront-ils à répondre à cela, étranger ?
L'étranger. — Evidemment, Théétète, pour qui pose celle
i. Les concepts sont traités comme des quantités. Si l'ôlre(Z) est
une dualité quelconque (A., B), ou bien i) Z^A+B, l'être est
quelque chose de plus que la dualité, cf. injra 25o a,—
2) Z = A, ou
Z = B. Alors A est, ou bien B est, mais la dualité (A -+- B) n'est pas.
— 3) Z = A -+- B. Alors la dualité (A et B) est une unité (Z).2. « La question débattue autrefois, et maintenant, et toujours et
jamais résolue: qu'est-ce que l'être ? » Aristotc, Métaph. 1028 b, 2.
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348 SÔ$IETH2 243 e
©EAI. "iottç,
HE. « 'AXX\ co cplXoi ». <pr]aou.Ev, « k&v outco tcx Sûo 244 a
XÉyoïT
3
Sv 0a<pÉaTaTa ev ».
GEAI. 'OpBÔTaxa eïpr|Kaç.
HE. « 'EtteiS^ to'ivuv ^lieXc; ^Tropr]icau.£v. ûlieîc; aÙTa
f|Liîv ELicpavlc^ETE ticavcoç, tI ttote fioûXEcxBE ar)jialvEiv ÔTté-
Tav Sv cpBÉyyriaGE. AfjXov yàp oùç ulieîç lièv TaOxa TtàXai
yiyvcôaiCETE. ^|^EÎq Se Ttpè toO p.èv à6p.E8a, vOv S' ^Ttopf)-
icau.Ev. AiSàaKETE ouv npcoTov toOt3
auTo f^Liac;, tva Lif]
So£,â£cop.£v p.av8àv£t.v p.Èv Ta XEy6u.£va Ttap3
ûlicov, to 8è
toutou ylyvrjTai TtSv ToûvavTlov. » TaGTa 8f) XÉyovTÉç te b
Kal à£,uoOvTEc; Trapâ te toûtcov Kal napà tcov aXXcov Saoi
ttXelov evSç XÉyouai tô ttSv EÎvai, p.wv, cô irai, tlT[Xr)Li-
^îEXrjao^Ev ;
OEAI. "HiaaTà y£.
HE. Tt 8é; Ttapà tSv ev t6 ttSv XeySvtcov ap' ou
tteuotéov eIç SûvaLnv tl TtoTE XÉyouai t8 Sv;
©EAI. nôç yàp ou;
HE. T68e to'ivuv oVnoicpivÉoOcooav. « "Ev ttoû cpaTE
li6vov EÎvai » ;— « ^apÈv yàp ». cprjaouaiv. *H yâp ;
OEAI. Nat.
HE. « Tl 8é : Sv koiXeIté ti »;
GEAI. Nat.
HE. « ri6T£pOV OTlEp Iv. ÊTll TCO aUTCO TipOO")(pâu.£VOl C
Suoîv ôvépaaiv, f\ Ttcoç» ;
OEAI. Tic; ouv aÙTotç f\lietcx tout\ S £,éve, àTiSKpi-
HE. Af^Xov. cô ©EalTrjTE. Sti tco TaÛTrjv ti]\i ÙTtôSEaiv
244 a i xiv : /.al TY||a a li^o:-.'
: -z-.z T -•:' W|]a 6 n£ka: om. Y
a 7 Kpô xo8 : JÇpOTOU \|| p.-v
: lacuna cum punctis Y [j oio'jisOa:
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ooÇcojasv W jjb I "OJtoj : toS
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habctSimpl.
m P/irs.p. 89-ço
||
b 9àrro/.v.vi-
a8o>3av ; -âsôiosav Simplicii Aldina[jb 12 r.où.v.-i : --.xi B Simpl.
C 1 Tto ctOTÛ : tô auto 'W II C ô zt-> : to B.
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349 204HSTHS 244 c
uttoSe^iévco Ttpôr; t6 vGv Ep<aTr|8Èv Kal npôq aXXo Se otiouv
OU TtâvTCOV £SC7TOV ocTTOKplvacrSai .
GEAI. nSq;
HE. T6 te Sûo ovo^axa ô^oXoyeîv EÎvai u.r)&Èv 6éu.evov
TtXr|v ev KaxayÉXaaTiv ttou.
0EAI. ricoç S' où";
HE. Kal x6 Ttapànav yE àTtoSÉ)(£a8al tou Xéyovtoç o>ç
EOTIV OVO^lâ Tl, XôyOV OUK àlV E)(OV. d
0EAI. nfj;
HE. TiSeIç te xouvo^a to\3 Ttpàyu.aToç ETEpov Sûo XéyEi
TTOÛ TIVE.
0EAI. Nal.
HE. Kalp.rjv
av xauTov';y£
aÛTÛTi8fl TOu"vopa, f)
^i-|Sev6c; ovojxa àvayKaa8f|0"£TaL XéyEiv, el 8é tivoç otixb
cfirjCEi, auu.6f]a£Tai t6 è'vop.a ovopaToç ovopa pévov, èXXouSe ouSevSç 5v.
0EAI. Outcoç.
HE. Kal tô ev yE, ivSç ev Sv p6vov, Kal tou ôvo^axoç
•ttUTO ev ov.
0EAI. 'AvayKr).
HE. Tl Se ; t6 oXov ETEpov toO ovtoç Ivoç f) TaÛTèv
eprjeouaL toûtco;
0EAI. l~lcoc; yàp ou cpr|aouai te Kal <paatv ; e
HE. El toIvuv bXov eot'iv, cSartEp Kal riap^£v'i8r)q XéyEi,
C9
ts : oè T'Y||C 12 ~ou Hcrmann : toù' codd.
||d i où/, av
ï/ov : -£/oï Paris. 1808 ï/ou /.avr/ovB
||d 3 Xéfti
oùo W [|d 6
yc : tô Simpl. j|d 7 âvay/.aaÛjjacTai dvopoc W ||
d 8 çrjssi:
-r,Y
|| ôvôuaioç : toj ôv- W||d m ev [év B] ov pdvov BW, Simplicii EF:
ov ti.dvov TY, Simplicii D ev pdvov Madvig Ev ovopa ov Campbell
dvo;j.a ov uovov Zeller ovô'vo;jl<x
Steinhart ovoaa ov tuebatur Wagner
||toO-BW Simpl.: tojto TY Schleiermachcr où toO Ast.
|| ôvo'paTo; :
ov"o; ôvdiJiaTo; Steinhart ovoua ov~o; Bitterj|
d ia aÙTO c'v ov delen-
<lum ci.
Campbell||
ocjtÔ : au to Deussen où -Jj Zeller o' où %0
Badham;
Sv ov : ïv oo'vov Madvig ov ovoua Steinhart ovoua ov W a-
gner :v ovoua Bitterj|d i5 sp^aoua; TOÙTU) : 0r|- tojto B.
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35o EO*ISTFtS 244 e
n<xvTo8ev eôkûkXou a<paîpr|q EvaXiyiciov Syiccp,
lieoctôBev lao-naXÈc; TtàvTTy tS yàp oute tl lieIi^ov
oute xi (iaiéxEpov tieÀévcu XP e<^v èaTi xrj f) ir\,
toloutôv yE ov tS Sv liécov te Kal Ia)(aTa e^el, TaOTa Se
l)(ov Ttaaa àvâyicr) p.Épr| ev^elv f^ ttôç ;
0EAI. Outcoç.
HE. 'AXXàLin.v
t<5 yE LiELiEpiaLiÉvov TtàBoc; u.èv toO èvèç 245 a
E)(EIVETtl
TOLÇ LlÉpECUTtSaiV OÙSÈV
aTtOKGîXÛEL.«al
Ta\JTr|
8^)TlSv TE Sv KOÙ SXoV EV EIVCU.
0EAI. Tl S3
o* ;
HE. Tô Se TtETtovBôc; TaOTa Sp' ouk àSùvaTov aÙTo yE
tô ev auTÔ Eivat;
OEAI. riôq:
HE. 'ApEpÈc; 5f|Ttou Sel navTEXôç to yE àXr)8ôç ev KaTatôv SpBôv XSyov EtpfjaSau.
OEAI. Ael yàp oSv.
HE. TS Se yE toloOtov ek ttoXXôv LiEpôv Sv ou cjull- b
cpcovr)a£i tô XSycp.
OEAI. MavBàvo.
HE. riSTEpov 8f] TtàBoç £)(ov tS Sv toO evôç outcoç ev
te Ecrtai <al SXov. f)TTavTàTxaaL
Lin, XÉycopEV SXov Eivai
to ov ;
OEAI. XaXETti*)v Ttpo6É6Xr|Kac; atpEaiv.
HE.3
AXr|8ÉaTaTa lievtol XÉyEic;. riETtovGoc; te yàp tô
8v Iv EÎva'i Ttcoç ou TaÙTÔv Sv tô £vl (pavEtTai, Kal TtXÉova
Bt) Ta TtâvTa Évôç Ecrcai.
OEAI. Nal.
e 3 vyaipus Simpl. : -a; [ijt supra lin. TJ BTVW j
; e .'i ït om. V
|j6 5 KsXiv«i: -i/.2v V -iXav W
[j yptd» BT : -wv YW Simpl. ||
~Z »i "fiom# ^ sct' lacunam habet
[|e 7 ë/ov : -tuv B, Simplicii I)
|
-i-7. . -av ï[j245 a 2 -Jt.v : îz- W
||a 5 xaSta •. tourôta Y
||a
G Ev :
h ov in marg. Y |j b 2 Xo'yw Simplicii EF: ïïkta Xfiyw BWÀo-co
ôÀ(;)TY Simplicii D
||b l\ Sv Schleiermachor : SXov BTYW
Simpl. j,b 9 or/::
-
:*'. Simpl. : fabccat BTYW ;
-Àiova : IcXiov a B.
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245 c LE SOPHISTE 35 1
c L'étranger. — Or, supposons maintenant que l'être ne
soit pas Tout,.du fait de cette affection dont l'affecte l'Un, et
que,
d'autrepart,
en soi-même, le Tout soit; il s'ensuivra
que l'être se défaut à soi-même.
Théétète. — Parfaitement.
L'étranger. — Et, suivant ce raisonnement, privé qu'il est
de soi-même, l'être ne sera pas être.
Théétète. — C'est exact.
L'étranger. — Ainsi la totalité devient, cette fois encore,
plus grande que un, puisque l'être, d'une part, et, d'autre
part, le Tout ont maintenant chacun leur nature distincte.
Théétète. — Oui.
L'étranger. — Mais supposons que le Tout ne soit absolu-
ment pas : les mêmes conséquences s'ensuivent pour l'être qui,
d outre qu'il n'est pas être, ne peut même jamais le devenir.
Théétète. — Pourquoi ?
L'étranger. — Rien n'est devenu sans être devenu tout
entier. Affirmer réel, soit l'être, soit le devenir, est donc
interdit à qui ne met pas l'Un et le Tout au rang des êtres.
Théétète. — En toute vraisemblance, il en est ainsi.
L'étranger. — Bien plus, ce qui n'est pas Tout ne peutavoir aucune quantité ;
car ce qui aura quelque quantité
l'aura, nécessairement, tout entier, quelle qu'elle soit.
TnÉÉTÈTF. — Assurément.
L'étranger. -
— Aussi est-ce par myriades et myriades inter-
minables que surgiront, en chaque cas, les difficultés pour
e qui définit l'être soit par quelque couple, soit par une stricte
unité.
Théétète. — C'est ce que font présager celles qui, présen-
tement, se laissent entrevoir. Elles s'enchaînent, en effet, sans
cesse l'une à l'autre, et de plus en plus grand, de plus en
plus inquiétant est le doute qu'elles projettent, à mesure, sur
chaque solution émise.
L'étranger. — Voilà donc, sur ces gensMatérialistes •
nous con ten t \e détail exact de l'êtreP L A 111 1 S
des Formes. et ^u non-être, une revue qui n'est point
complète; mais, telle
quelle,
tenons-la
pour suffisante. D'autres apportent, en leurs explications, des
prétentions différentes; il nous faut les observer à leur tour
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35i SOfrtSTHE 245 c
HE. Kal\xi]v
iàv y£ tô 8v?j -pf)
bXov Sià tô TiETiovBÉvai C
tô ûtt3
IkeIvou TtàBoç, fj8è aÙTo tô oXov, IvSeèc; tô Bv
âauxoO aupBalvEi.
0EAI. riâvu ye -
HE. Kal KOtTà toOtovSf|
tôv Xéyov êauToO OTEpopEvov
ouk ov l'axai t6 ov.
©EAI. OStqç.
HE. Kal Ivéç yE a® ttXe'uo tô TtàvTa y'iyvETai., T0^ TE
ovxoq <al toO 8Xou'^coplc; IS'iav ÉKaTÉpou cpûaiv EiXrjcpéTcç.
0EAI. Nal.
HE. Mf] ovtoç Se yE tô TtapaTtav toO oXovj, TaÙTa te
xaOTa ùnàp^EL tô ovtl,'
<al Trpèq tô pf|EÎvai
\xr\è'av d
yEvÉaSai ttotè ov.
0EAI. Tt5f| :
HE. Ta y£v6p£Vov aEl yÉyovEV ôXov' cSote oùte oualav
oute yéveolv cbç ouaav Sei TtpoaaycpEÛELV tô evr\
tô oXov
EV TOÎÇ OUGl|J.T^
TlBÉVTa.
©EAI. riavT<xT[acn.v eolke TaOB' oûtcoç e^elv.
HE. Kal pf|V ouS' ÔTtoaovoOv tl SeX tô^.rj
oXov EÎvai*
•nooôv tl yàp ov, oTtoaov avrj,
toooCtov bXov àvayKaîcv
auTO EÎvai.
©EAI. Koiuôfi Ye.
HE. Kal to'ivuv a.XXa pupîa otTTEpâvTouq ànoplaç EKaa-
tov EiXrjcpôç <pav£ÎTai tô tô 8v e'lte Sûo tivè eïte ev pôvov e
EÎvai XÉyovTi.
©EAI. Ar)Xot lt^eSôv Kal Ta vOv unocpalvovTa' auvànTE-
toL yàp ETEpov IE, aXXcu, pEi£co Kal xaXETTQTÉpav <peP 0V
TTEpl TÔV EL^TtpOaSEV àel £r)8ÉVTCOV TtXàvr|V.
HE. Toùç pèv toIvvjv 8iaKpi6cXoyGupÉvci)ç ovtcç te
C 8 a"j : où Simpl. ||C II TauTa : aiti Simpl. ||
d i ~cô; tvo : -to B
ljd 2 ov : tô ov Simpl. j]
d 5yivsfftv a»; : y£vopiv7,v où'ts W Simpl. ||
to
h r]secl. Bekker
||d io <tjtÔ om. BT
||d 12 à).Àx pufta
: -a; -a;
Paris. 181 3 || e 1 oaveîTai: çat've-ai
W|| tô fiv :
ôv B tô h Y || e 3
•jnoçaivovTa v3v W||
6 6 toù; piv... 2A6 C 5 xkjfifihabot Eus.
Praep. Euanj. XIV, 4, 72^ d- 726 a||
te om. W.
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35a S0$IETH2 245 e
TtÉpi «xi^r], nàvxaç u.Èv ou 8i£Xr|Xû8au.£v, ou.coç Se iKavcoç
e^étco-
xoùç 8è SXXoç Xéyovxaç au Beoitéov, Xv' Ik nàvxcov
ïSqu.ev Sxi xô 8v toO uf| è'vxoç ouSèv EÙTtopcÔTEpov EÎTtEÎv 246 a
oti tiot1
iaxiv.
0EAI. OukoOv -nopEÙEoBai ^prj Kal IttI xoûxouç.
HE. Kalu.f|v
eoiké y£ Iv auxoîç oîov yiyavxou.a)(ia TL<»
EÎvai Sià xf|v àu.cpi.a6r|xr|ai.v TTEpl ir\q oualaç Ttp6ç àXXr)Xouç.
OEAI. nôç;
JEE. Ol \ikv EÎç yf^v IE, oôpavoO Kal toO àopâxou Ttàvxa
eXkoucji, xatç ^Epalv àxE^vcoç TtÉxpaç Kal SpOç TtEpiAau.-
6àvovx£ç. Tûv yàp xoioûxcov lcpaTtx6u.Evoi tnxvxcdv Siia^upl-
£ovxai.xoOxo Etvai u.6vov S napé^EL Ttpoa6oXf]v Kal ETta<pr)v
Tiva, xaôxbv acou.a Kal oualav ôpi£éu.Evoi, xûv 8è aXXcov eï b
xlç (xi) cprjaEi ur|aSua £X0V EÎvai, KaxacppovoOvxEç x6
TtapaTtav Kal ouSèv ISéXovxeç aXXo aKOÛEuv.
OEAI. "H Seivoùç EÏprjKaç avSpaç-
fjSr) yàp Kal lyà>
toùtcov au^votç TtpoaÉxu^ov.
HE. ToiyapoOv oi Ttp&ç auxoùç àu.cpi.a6r|xo0vx£ç u.àXa
EuXa6ûç SvcùGev IE, àopàxou ttoSèv àuùvovxai, vor|xà axxa
Kal àa<&u.axa EÏSr) |5ia£ôu.Evoi xn,v àXr)8ivf|V oualav Eivai"
Ta 8è eke'lvcùv a6p.axa Kal xr|V XEyou.Évr|v un' auxôv àXr]-
SEiav Kaxà aui.Kpà SiaSpaûovxEç Iv xoîç X6yoiç ylvEoiv c
àvx° oualaç <p£pou.Évr|v xivà TtpoaayopEÙouaiv.3
Ev u.éao 8è
TtEpl xaOxa cotXexoc; àucpoxépov ^â)(r) xiç, S ©EaiTr)TE,
«xeI auvÉaxr|KEv.
OEAI. 'AX^Sn,.
-EE. riap' àu.<poîv xo'ivuv xoîv yEvotv Kaxà jxÉpoq Xà6oo-
uev X6yov ÛTtèp fjç xlSEvxai i?\q oualaç.
e 7 nâvxa; Eus. : zâvu HÏYW ! e 8 aj /Jycvta; W ;|246 a I
l'otofxcvEus. : itôûfuv (-wjuv T 1
) BTYW j|a 8 post âts/vw; add.
w; Hermann||b a t« add. Paris. 1808 Paris. 1809 et i8i4 : om.
BTYW Eus. (| çifaE! B Eus. : orp: T 9^7: Y fifoî et 01 supra lin.
WIIb 4 yàp : 0: W 1
j| èyw : £ywy£ W , b 5 tj/voîç : "Àiov 0:;
Eus.Il xposfa/avBT
1 Eus. : «pil- TYW.
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LE SOPHISTE 353
Théétète. — Comment l'obtiendrons-nous ?
L'étranger. — De ceux qui mettent l'existence en des
formes,nous l'obtiendrons
plus facilement,car ils sont d'hu-
meur plus apprivoisée. Avec ceux qui veulent tout ramener de
force au corps, c'est chose plus difficile et, peut-être, à peu près
impossible.Mais voici, je crois, quelle façon d'agir s'impose
à leur égard.
Théétète. — Quelle est-elle ?
L'étranger. — L'idéal serait, si possible, de les rendre
plustraitables en fait. Mais, si cela n'est
point
en notre
pou-voir, faisons-les tels par hypothèse et supposons qu'ils con-
sentent à nous répondre d'une façon plus civile qu'à présent.
L'assentiment de braves gens a, en effet, plus de poids, si
l'on peut dire, que celui des autres. Mais, nous, point ne
nous chaut de leurs personnes : c'est la vérité que nous cher-
chons.
Théétète. — Trèsjuste.L'étranger. — Eh bien, demande-leur de te répondre en
gens traitables qu'ilssont devenus et, de ce qu'ils diront,
fais-toi l'interprète.
Théétète. — Ainsi ferai-je.
L'étranger. — Sachons donc si, quand ils parlent d'un
vivant mortel, ils affirment, par là, quelque réalité.
Théétète. — Naturellement.
L'étranger. — Cette réalité, n'est-ce pas, de leur aveu, un
corps animé?
Théétète. — Certainement.
L'étranger. — Ils mettent ainsi l'âme au rang des êtres ?
Théétète. — Oui.
L'étranger. — Et l'âme, ne l'affirment-ils pas tantôt juste,
tantôt injuste; tantôt sensée, tantôt insensée?
Théétète. — Comment donc !
L'étranger. — Or n'est-ce pas parce qu'elle possède la jus-
tice et l'a présente en soi que chaque âme devient telle, et parce
qu'elle possède les contraires, qu'elle devient le contraire?
Théétète. — Si : cela encore, ils te l'accordent.
L'étranger. — Mais tout ce qui peut commencer ou
cesser d'être présent en quelque chose que ce soit, sera, de
leur aveu, pleinement un être.
Théétète. — Ils le reconnaissent effectivement.
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35', S0W2THS 2*7 b
HE. Ouoriç ouv SLKaLoaûvric; Kal<|>povf)aECi>c;
Kal t?\ç b
aXXr)ç àpETrjç Kal tûv IvavTLcov, KalSf)
Kal vpu^c; êvfj
TaOta éYY'iYVETai., notepov ôpaxôv Kal aTtrèv EÎval cpaol tl
aÔTÛvf]Ttâvxa àépaxa ;
0EAI. Z^eSôv ouSèv toûtqv yE ôpax6v.
HE. TL Se tûv toloûtcùv;
llûv aÛLiâ tl Xéyouolv lo^elv ;
GEAI. ToOto oukétl Kaxà TaÔTa aTtoKplvovTai ttSv,
àXXà xf]v lièvi|>u)(f)v auT^jv Sokelv otyiai aÛLiâ tl KEKT^oSai,
<ppévr)0"LV Se Kal tûv aXXcov EKaarov qv r)pc£>Tr)Kac;, atax»:-
vovxai tô toXliSvt\
litiSev tûv Svtcov aÙTà SlioXoyelv f\C
nâvT1
EÎvaL aÔLiaTa SiLO^upic^EaBaL.
HE. Zacpûç Y"P ^^v'" 0Ea'iTr|T£, [5eXtiouç YeY^vaaiv
avSpEÇ- etieI toûtcùv ouS1
av iv £Ttaia)(uv8EtEv ot y^ aÔTÛv
artapTol te Kal auTÔ^SovEÇ, àXXà SuaTElvoivT3
av ttSv 8lit]
SuvaTol Talc XEP aL oulltueCelv eIolv, ûç apa toOto ouSèv
tô Trapànav eot'lv.
0EAI. Z^eSôv ota SiavooOvTaL Xéyelç.
HE. nâXLV TOIVUV aVEpCùTÔLlEV aÙTOUÇ-
EL y«P t<- Kal
aLiLKpèv e8éXouo"l tûv ovtcov ouyx^P^lv àaÛLiaTov, l^apKEÎ. d
T8 Yàp ETTL TE TOUTOLÇ &Lia Kal ETt' EKELVOLÇ 8aaE)(EL aÛLia
auLicpuèç yzyovàq, e^ ' &Xéttovte<; àucpÔTEpa eîvai Xéyouo"l,
toOto auToîç ^rjTÉov. Tà^' ouv ïacùc; av ànopoLEV el8r)
TL TOLOOTOV TtETl6v8aaL, OK6TIEL, TtpOTELVOLlÉvCOV f|LLÛV, Sp5
ISéXolev av SÉ^EaSaL Kal SlioXoyelv tol<5v8' eÎWl tS Sv.
©EAI. To TtoLov&t] ; Xéye, Kal Ta^a ElaoLiESa.
HE. Aéyco Sf^t8 Kal ônoLavoOv Tiva kekttjllevov Suvau.iv
E*t' ELÇ T8 TTOLEtv iTEpOV 8tlo0v TTECpUKSç ELt' ELÇ t8 TiaOELV e
Kal OLiLKpÔTaTov utto toO cpauXoTaTou, K&V EL U.OVOV ELÇ
b 3 -•-yctatv
WIIb 7 Taù^à edd. : -.k aura W TaOïa BTY
||b 8
Soxftv om. Y||b 9 szasTOv : -a W
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ls(/>-r
t v.'z;: -TTjaêv W ||
c 3 (•>
bzxi-.r^i f,;j.TvW
||C 4 àvop:; Bekker : a- codd.
||oùo' av sv : où5' av
Y ccjoiv àv W|| i^a'.T/yvOsrcv : sv«n- B
||C 6 toCîto : to'jtcuv Y
||d
3 à;j.wOT:;a:
-oWpoiv (scd a supra w) W| d 5 tjllwv om. B || d 6 iv
oi/ ziOol: : ivaoi- W|!d 8 T-.va : om. B secl. Burnet
|le i ift" cfç :
;Vt;; BT.
VIII. 3. — io
7/29/2019 Platon, 8.3 Le Sophiste
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247 e LE SOPHISTE 355
dût cette puissance ne s'exercer qu'une seule fois, tout ce qui la
possède est véritablement; car je pose, comme définition quidéfinisse les êtres, qu'ils ne sont autre chose que puissance'.
Théétète. — Mais, puisqu'eux, pour l'instant, n'ont pointde meilleure formule à donner, ils acceptent celle-là.
L'étranger. — C'est bien : peut-être, en effet, plus tard,
nous comme eux, changerons-nous d'avis. Pour le moment,248 a que cela demeure convenu entre eux et nous.
Théétète. — C'est entendu.
L'étranger. — Passons donc aux autres, aux Amis des
Formes, et toi, traduis-nous encore leur réponse.
Théétète. — Je le ferai.
L'étranger. — Le devenir et, tout à part de lui, l'exis-
tence, voilà bien la division que vous établissez, n'est-ce pas ?
Théétète. — Oui.
L'étranger. — Et, par le corps, nous avons communauté
avec le devenir au moyen de la sensation; mais, au moyen
du raisonnement, par l'àme, avec l'existence réelle ; et celle-ci,
affirmez-vous, est toujours identiquement immuable, tandis
que le devenir varie à chaque instant,
b Théétète. — C'est bien cela que nous affirmons.
L'étranger. — Mais cette communauté, excellentes gens
que vous êtes, quel sens dirons-nous donc que vous lui donnez
en cette double attribution ? Serait-ce le sens que nous formu-
lions tout à l'heure ?
Théétète. — Lequel ?
L'étranger. — Passion ou action, résultant d'une puis-
sance qu'éveille la rencontre mutuelle. Peut-être bien, Théé-
tète, que leur réponse à cette explication, tu ne peux, toi,
l'entendre pleinement, tandis que, moi, je l'entendrais,
parce que j'en ai l'habitude.
Théétète. — Quelle est donc cette réponse ?
c L'étranger. — Ils n'acceptent point ce que nous venons de
dire aux Fils de la Terre à propos de l'existence.
i. Cf. Notice, p. 286 à 288. La traduction moderne serait, non pasl'être est relation, car Platon croit à un substrat de la relation, mais
l'être est puissance de relation : cela seul est qui peut entrer, commeterme actif ou passif, dans une relation. Ainsi ce qui ne saurait être
l'objet d'une pensée n'est pas (infra, 2^8 e), et ce qui est totalementêtre est totalement objet (Rép. 477 a). Pour ce qui suit, cf. Notice,
p. 292/6, et Phèdon, 78 d/79 a.
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355 20f»ISTHE 247 e
cma£, Ttav toOto ô'vtqç EÎvai* Tl8£jiaL yàp bpov op'i^Eiv xà
ovTa oç eotiv ouk àXXo ti ttX^v Sûvau.u;.
0EAI. 'AXX' InelTtep aÔToi ye ouk ê)(ouaiv lv tco TtapévTitoutou (JéXtiov XéyEiv, SéxovTai toOto.
-=.E. KaXôç- ïacùç yàp Sv eIç SaTEpov iqu.tvte <al toù-
toiç ETEpov av$av£Îr). ripàç u.èv ouv toûtouç toOto f\yXv 248 a
IvTaOSa u.evétcoauvou.oXoyr]8Év.
0EAI. Mévei.
— E. ripÔÇ Sf) TOUÇ ETÉpOUÇ ICÙU.EV, TOUÇ TCÙV ElSûv<|)L-
XOUÇ- CTÙ S'r)U.ÎV KOLl Ta Ttapà TOUTCÛV àcpEpU.^VEUE.
©EAI. TauV l'axai.
ZE. TÉvEaiv, xi^v Se ouatav X^P'1^ "n*u SieX6u.evoi Xé-
Yete ; ?i yàp ;
0EAI. Naî.
.=.E. Kal aôu.aTi u.èvf]\x8iq yEVÉaEi Si
5
ata8r)a£oç koi-
vcûveÎv, Sià Xoyiau.oG Sei|n>xfj Tip6q ii]v ovtqç ouatav,
fjvaEl KaTà toutù coaaÙTcoç exeiv cpaTÉ, yévEaiv Se aXXoTE
aXXcoç.
0EAI. <t>au.èv yàp o3v. b
.=.E. Te SESf] KOIVCÙVEÎV, o TtaVTCOV ctpiaToi, t'i toOS
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u^âç En3
àu.4>oîv XéyEiv cpco^Ev ; ap' ou to vuvSr1
) nap' ^ûvpn 9év ;
0EAI. T6 ttoîov;
.=.E. ri(x8r|u.a f) Tto'iT]u.a ek 8uvàu.Eobc; tivoç àn6 tcov Trpoç
aXXr|Xa auviévTasv yiyv6u.£vov. Tàx' ouv, o 0EatTnTE, au-
TÔv t^v Ttpôç TaOTa à-ndicpiaiv au ^ièv où tcaTatcouEic;,lycoSe 'îacoç Sià auvrj8Eiav.
0EAI. T'iv5
ouvSf) Xéyouai Xôyov ;
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LE SOPHISTE 35G
Théétète. — Quoi donc ?
L'étranger. — Suflîsait-elle à définir en quelque façon les
êtres, cette définition par nous posée: « ce en quoi est présente
la puissance, ou de subir, ou d'exercer la moindre action quece soit » ?
Théétète. — Oui.
L'étranger.— Or, à cela, voici leur réponse : le devenir par-
ticipe bien de la puissance^de pâtir et d'agir ; mais, à l'existence,
selon eux, ni l'une ni l'autre de ces puissances ne convient.
Théétète. — Y a-t-il donc quelque chose en ce qu'ils disent?L'étranger. — Quelque chose, en tout cas, à quoi il nous
faut répondre par cette prière : qu'ils nous fassent savoir
encore plus clairement s'ils accordent que l'âme connaît et
que l'existence est connue. .
Théétète. — Gela, ils l'affirment certainement.
L'étranger. — Eh bien, connaître ou être connu, est-ce,
selonvous, action;
est-cepassion;
est-ce l'un et l'autre? Oubien est-ce, l'un, passion, l'autre, action ? Ou bien ni l'un, ni
l'autre, n'ont-ils, ni avec l'une, ni avec l'autre, aucun rapport?Théétète. — Evidemment, ni l'un, ni l'autre, avec ni
l'une, ni l'autre. Autrement, ce serait contredire leurs affir-
mations antérieures.
L'étranger. — Je compi*ends ; mais, ceci, au moins, ils
l'avoueront : si l'on admetque
connaître, c'est
agir,
la consé-
quence inévitable est que l'objet, dans le fait d'être connu,
pâtisse. Par la même raison, l'existence, dans le fait d'être
connue par l'acte de connaissance, et dans la mesure même où
elle est connue, dans cette mesure sera mue parce que passive,
car pâtir n'a point lieu, disons-nous, en ce qui est au repos1
.
Théétète. — C'est juste.
L'étranger. — Eh quoi, par Zeus ! Nous laisserons-nous
si facilement convaincre que le mouvement, la vie, l'âme, la
pensée, n'ont réellement point de place au sein de l'être
universel, qu'il ne vit ni ne pense, et que, solennel et sacré,
vide d'intellect, il reste là, planté, sans pouvoir bouger ?
i. Cf. Gorgias, ^-Q h et suivant : « S'il y a un cire qui agit, il ya nécessairement un être qui pâtit de la part de cet agent... Et ce
patient subit l'action que fait l'agent, telle que la fait l'agent. »
L'opposition du pâtir au repos était déjà sous-entendue plus haut
(a48 b/c) et nettement exprimée dans Théét. i56 a.
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356 ÏOMETHS 248 c
QEAI. Tô ttoîov;
HE.c
licavôv e8eu.ev bpov ttou tSv ovtcov, Sxav xa Ttapt]
f|toO Ttào)(Eiv f) Spâv <al npôç tô a^iiKp^Taxov Sùva^iç ;
0EAI. Nai.
HE. npôç Ôt^|TaOTa tôSe XÉyouaiv, 8ti yevéaEi ^èv
^éteoti toO Tiàa)(ELV <ai ttoie'lv Suvâ^Ecoç, Ttpèç Se oùaiav
TOÙTQV OÙÔETÉpOU Tf]V SÙvaU.lV âp^6TTElV cpaa'iv.
0EAI. OukoOv XÉyoual ti;
HE. ripèç 8 y£ Xektéovrj j-iîv
Sti 8E6p.£8a nap3
aÙTÛv
eti Tiu8Éa8ai aacpéaTÊpov eÎ TTpoaop.oXoyoOai Tn,v ^ev ^u^fjv d
yiyvcùaKELv, Tn,v S3
oùaiav yiyvGbaKEaBai.
0EAI. 4>aal ^i^v toGt6 yE.
HE. Ti 8é;
tô yiyvcbaicEiv f\tô yiyvcbaKEaSal <paTE
Ttolr|p.a f\ TtâSoç f\
àp.<p6T£pov; f)
tô
^ev TtàBruia,
tô Se
8<xTEpov ;f\
TtavTâTtaaiv oùSÉTEpov oùSETÉpou toùtcov p.£Ta-
Xap.6âv£iv ;
0EAI. AfjXov â>ç oùSÉTEpov oùSETÉpou" TàvavTla yàp av
TOÎÇ E^lTtpOaSEV XÉyOLEV.
HE. MavBàvw t68e yE, coç tô yiyvcùaiCEiv e'îttep loxai
TtoiEÎv
ti,
tô
yiyvwaKé^Evov àvayKaîovau
aup.6alv£iTtà- e
a^Eiv. Tfjv oùaiav5f)
Katà t6v X6yov toGtov yiyvcoaKou.Évr|v
ûtiô Tn,ç yvcbaEoç, icaB1
oaov yiyvcbaicETai, KaTà toctoOtov
KivEÎaSai Sià tô nàa^Eiv. SSr) (papsv oùk av yEVÉaSai TtEpi
tô r]pE^iouv.
0EAI. 'OpBûç.
HE. Tl Se
npôç Ai6ç;
âq àXr)8Sç Klvrjaivical
^cof]v<al
ipu^fjv Kal <pp6vr)cnv ?) p'aSlcûç TT£Uj8r|a6p.E8a tco navTEXcoq
6'vtip.f] napEÎvai. ^irjSè t,f\v aÙTÔ pr)5È <ppov£Îv, àXXà ge^i- 249 a
vôv Kal ayiov, voOv oùtc £)(ov, àiclvn.Tov eotôç Eivai;
C 4 Stflw om. Y (in lacuna ~aty eras.) ||C 7 post tooî add. y«
WH ou : ots W
j|C 9 ip|MÎTT«tv
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c II O£oac0a : Ocoi- W|jd 5
r] xô piv... d 6 Odrtpov om. Tj|d 8 of.Àov... d
9 Xfyotw
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tinguit W, primus intcr edd. Theaeteto tribuit Ilcindorfj|d 10 yî
om. BW;|e 4 2ti : x«ti W
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: -ttM 15 e 7 ri oi...
249 b Gp.i}8a{to5
habct Simpl. in Pltys.. p. io5-^o0.
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LE SOPHISTE 35 7
Théétète. — L'effrayante doclrine que nous accepte-rions là, étranger
1
.
L'étranger. — Mais admettrons-nous qu'il ait l'intellect et
pas la vie ?
Théétète. — Et comment l'admettre ?
L'étranger. — Mais, de l'un et de l'autre affirmant en
lui la présence, nierons-nous pourtant que ce soit dans une
âme qu'il les a ?
Théétète.— Et comment pourrait-il les avoir autrement?
L'étranger. —Il aurait donc l'intellect, et la vie, et l'àme, et
bien qu'animé, resterait là planté, sans aucunement se mou-voir 2
?
Théétète. — Tout cela serait absurde, à mon avis.
L'étranger. — Au mû donc et au mouvement il faut con-
céder l'être.
Théétète. — Comment le leur refuser?
L'étranger. —Il nous faut donc conclure, Théétète, que,
d'abord, s'il n'y a qu'immobilité, il n'y a d'intellect nulle
part, en aucun sujet, pour aucun objet.
Théétète. — Assurément.
L'étranger. — Et^par contre, si nous acceptons, de mettre,
en tout, la translation et le mouvement, ce sera encore là
supprimer ce même intellect du rang des êtres 3.
Théétète. — Comment?L'étranger. — Est-ce que permanence d'état, permanence
de mode, permanence d'objet se réalisent jamais, à ton avis.
là où il n'y a pas repos ?
Théétète. — Aucunement.
L'étranger. — Eh quoi ? Quand ces conditions manquent,vois-tu que l'intellect existe ou se réalise où que ce soit?
Théétète. — Pas du tout.L'étranger. — Or, s'il est quelqu'un que l'on doive coni-
i. « Effrayante doctrine », parce que l'être universel (c'est-à-dire
la totalité de l'être) est pour Platon, aussi divin que le sera, mutalis
mutandis, l'universalité de l'être pour Fénelon (Lettres sur la Religion,
IV, i) et l'être sans restriction pour Malebrancbc (ae et 8e Entretiens
sur la Métaphysique).
2.
ComparerMalebranchc : « Dieu ne reste
pasles bras croisés »
(4eEntretien), et cf. Cratyle, $3l b/c, Phèdre, 2~5 c, et aussi Psaume
rfS, versets 12 et suiv. des Septante.
3. Ceci a été démontré par le Cratvle, 'i'iO a/c.
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35 7 EOMETHE
OEAI. Aelv6v (jiEVTav, S E,eve. Xôyov ouy^opoî^ev.
HE. 'AXXà voOv \xèv ex£LV ' £>ur\v Se pf) <pcop£v ;
OEAI. Kal nôç;
HE. 'AXXà TaOxa pèv àpcp6T£pa Iv6vtj
oùtû XéyopEv, oô
jif)vIv ipuxfj y£ cprjaopEv auT6 £XEIV a"T°t
î
OEAI. Kal tu»' av exspov ÊX01 'zp >̂Tl0V
5
HE. 'AXXà Sfjxa voOv pèv KaiC,<ùï\\>
Kal v^ux^v, àKlviyrov
pÉvToi
xèTtapà-nav Ipipuxov
8v Eoràvai;
OEAI. navra IpoiyE aXoya TaCT* EÎvai cpa'ivETai.
HE. Kal t6 KivoùpEvov Si*)Kal Ku/r|aiv auyx"pr|TÉov a>ç
ovxa.
OEAI. n&q 5' oC:
HE. Zup.6alv£i S3
o3v, cô 0EaiTr|TE, aKivr|TCDv te ovtqv
voOvprjSEvl TtEpl pr|&£vèç
EÎvaLpr)8apo0.
OEAI. KopiSfi pèv oSv.
HE. Kal pf]v làv au cpEpépEva Kal KivoûpEva TtàvT'EÎvai
auyxcopÛLiEv, Kal tout© tô X6ycp TauTÔv toOto ek tSv ov-
tcdv E^aLprjaojiEV.
OEAI. nûç;
HE. T6 KaTa TauTàKal
oaaÙTCoçKal
TiEplto auTÔ Sokel
aot X^P 1^ CTTàaEcoq yEvÉaGat. ttot' av;
OEAI. OôSapSq.
HE. Tl S';av£u tovitcùv voOv KaSop&q ovTa
f\ y£v6p£vov
àv Kal ôttouoGv;
OEAI. "Hkioto.
HE. Kal pfjv Tipéç ys toOtov TtavTl X6ycç> paxETÉov. bq
249 a 6 tvtfac' xjtoj [scd Ivrfv t'] W : Iwtvxci ajttô Simpl. cyôv
XWÏ& 15 :v Sv TajTfôTY|| Àiyoaêv : -wpsvTW ||
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post à'r/ty add. ï/î.v Schleiermacher||a 10 ov : \xh Y
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ôD.oya : |y.o: y;Àoîa Simpl. |ib 2 5r, om. T 1
|]iceâ ante tdvrflii om. \
Ilb 4 ~w; 5' oj om. Simpl. jj b 5 5' ojv :
yoOwW Simpl. jj âxmÇtwv
ts :
/.îvtjtôjv Simpl. jj post ovtcov add. twv ovrcuy Ileindorf rcavTtov
Badham||C 1 t.ot' : tôt' B
|jc 4 av : au B
|jC 6 -00: : nod W (sed
a in ras.)'
toOtov : tojtojv W.
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358 S0«M2TH2 249 c
av £mo-xr]Lir)v r\ <ppà\>r\aiv f\voOv àcpav'i^cov îa^up'i^r)Tai
TtEpl XLVOÇ OTtr|o0v.
0EAI. Z<p68pa y£.
HE, Tû 8^ cpLXoa6<pco Kal xauxa LLaXiaxa TipvTi TtSaa,
coç eoikev. àvàyKr) Sià xaOxa u.r)XExûv ev
f)Kal xà TtoXXà
EÏ!8r| XEy6vx<av xô ttSv éaxr|KÔc; aTtoSÉ)(Ea8ai, xôv xe au d
Ttavxa^fj xô ov klvoûvxgîv lit^Sexô Ttapànav àkoûelv, àXXà
Kaxà xn,v xôv natScov EÙ^rjv, oaa àKlvr)xa Kal KEKLvr)LLÉva,
xô ov xe <al xô Ttav cruvaLicpdxEpa XéyELV.
0EAI.=
AXr|8Éaxaxa.
HE. Tl ouv; ap' oùk etuelkûç f^Ôrj <paLvÔLLE8a Tt£piELXr|-
cpévaL xû Xôycp xô ov;
0EAI. riâvu liev oSv.
HE. Ba6al, llévol av apa. S 0£a'Lxr)X£, coq liol SokoOliev
vOv auxou yvcôoEcSai Ttépi xn,v aTtopiav xfjç aKÉLpEcoç.
0EAI. ricoq au Kal xi xoOx' EÏprjKac; ;e
HE. "O LmKapiE, ouk evvoelç oxl vOv Éo~llev ev àyvo'ia xf]
TtXeiaxr| TtEpl aùxoO, cpaivôu.E8a Se xl XéyELV ^lûv auxoîç ;
0EAI. 'ElioI yoOv <Jnr|S' au XEXrj8au.Ev ouxcoç e^ovxeç,
où nâvuauvlr|Lii.
HE. Zkôttel 5f] aacpÉaxEpov el xà vOv auvoLjLoXoyoOvxEÇ
SiKalcoç avÊTtEpcoxr|8EÎu.£v anEp aùxol x6xe f]pcoxcàu.EV xoùç 250 a
XÉyovxaç Etvai xô nav OEpLiôv Kal Lpuxpôv.
0EAI. rioîa ; ÙTr6u.vr)aôv lie.
HE. riàvu liÈv ouv Kal TtELpàaoLiaL yE SpSv xoOxo épco-
xôv aè KaSaTTEp eke'lvouç x6xe,c
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Apelt pLSVtlfov apa Burnct||d 10 post ajToO add. lujSÎv av et mox
nXr,v ante tz;v Heindorf| yvoiaEaOa'. nlpt : yîvrj- t.-c\ Badham
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250 a LE SOPHISTE35ç>
Théétète. — Bien.
L'étranger. — Voyons : repos et mouvement ne sont-ils
pas,selon
toi,absolument contraires l'un à
l'autre?Théétète. — Sans contredit.
L'étranger. — Et pourtant lu les affirmes être 1
,l'un et
l'autre, et tout aussi bien l'un que l'autre ?
b Théétète. — Je l'affirme, certainement.
L'étranger. — Est-ce mus que tu les dis l'un et l'autre, et
tout aussi bien l'un que l'autre, quand tu leur accordes l'être ?
Théétète. — Pas du tout.
L'étranger. — Est-ce donc en repos que tu veux les dire
quand, tous les deux, tu les dis être?
Théétète. — Gomment le pourrais-je ?
L'étranger. — C'est donc en tiers à eux surajouté que tu
poses alors l'être dans l'âme;et c'est en rassemblant sous lui,
qui les embrasse, pour ainsi dire, du dehors, le repos et le
mouvement, et en dominant duregard
la communautéqu'ilsont avec l'être, que tu en es venu à les dire être, l'un et l'autre?
c Théétète. — J'ai bien peur qu'en toute vérité ce soit
comme tiers que l'être se révèle, quand, parlant du repos et
du mouvement, nous les disons être.
L'étranger. — L'être n'est donc point l'ensemble ce mou-vement et repos »
;il est quelque chose d'autre qu'eux.
Théétète. — Vraisemblablement.
L'étranger. — Par sa nature propre, l'être n'est donc ni
en repos ni en mouvement.
Théétète. — Sans doute.
L'étranger. — Vers quel point de vue nouveau faut-il
donc tourner sa pensée, si l'on veut établir en soi quelqueferme évidence à son sujet ?
Théétète. — Vers lequel, en effet?
d L'étranger. — Je crois qu'on aurait peine à en trouver
désormais aucun. Car le moyen que ce qui ne se meut point
i. Le pivot de toute cette discussion est l'équation apparente
qu'établit, entre mouvement, repos, être, toute affirmation d'une
existence du repos ou du mouvement. C'est pour cela que j'ai dû
conserver partout le mot être, au risque de sembler, parfois, un peu
barbare. Mais Descartes a dit : « Je eberebe quel je suis, moi que je
connais être » (aeMéd.) et Fénelon : « Il fait, comme il lui plait r
être tout ce qui est » {Existence de Dieu, II, § £)•
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339E0M2TH2 250 a
0EA1. 'OpSGc;.
ZE. ETev 8f|, Klv^aLV Kal axàaiv ap3ouk êvavxubxaxa
Xéye"; àXXrjXoiç ;
©EAI. nôç YàP oô :
ZE. Kal ptp ctval Ye Ôpoloç cpr^q à^cpéxEpaaOxà Kal
EKaxEpov ;
0EAI. <l>r|^l yàp ouv.
ZE. *Apa KivEÎaBat Xéycov à^icpàxEpaKal EKaxEpov, 5xav
EÎvai auYX^PVi^ :
GEAI. OuSa^ôç.
ZE. 'AXX' écrxàvai ar^ai-VEu; XÉywv aàxà àfci<p6x£pa
EÎvai;
©EAI. KoIttôç;
ZE.Tplxov
apa Xi Tiapà xaOxa x6 Bv ev xQ i^fi tt-
Belç, ûç fin" IkeIvou xr,v xe oxàaiv Kal xfp Klvnaiv TtEpu:-
Xo^Év^v, ouXXaôùv Kal àmSùv aOxôv Ttp6c; xfjv xf^ç oôataç
Kowcovlav, ouxcoç EÎvaL TtpoaEtnaq à(i<p6xEpa ;
©EAI. KivSuveûohev â>ç àX^Bcoç xplxov &TtoiiavTeÛEa6atC
xi x6 ov, oxav KlvTjaivKal axàaiv EÎvai XÉyco^Ev.
ZE. Oùkapa
Klvriau; Kal axàaiq laxl o-uvafcupàxEpovx6
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250 d LE SOPHISTE 36o
ne soit pas en repos? Ou que ce qui n'a aucune sorte de reposne soit pas en mouvement? Or l'être, pour nous, présente-
ment,s'est révélé manifestement extérieur à cette alternative.
Est-ce donc possible, cela ?
Théétète. — C'est tout ce qu'il y a de plus impossible.L'étranger. — Voici, en ce cas, un souvenir qu'il est juste
de rappeler en cette occasion.
Théétète. — Quel souvenir?
L'étranger. — Quand, nous interrogeant sur le non-être,
on nous demandait à
quelobjet
appliquer
ce nom, l'embar-
ras où nous nous débattions était extrême 1. Tu te souviens?
Théétète. — Assurément,
e L'étranger. — Est-il donc moindre, l'embarras où nous
sommes à cette heure à propos de l'être ?
Théétète. — A mes yeux, étranger, il est, si je puis dire,
plus grand.L'étranger. — Tenons-nous en donc à cet exposé de l'em-
barrassante question. Mais puisque l'être et le non-être nous
embarrassent également, l'espoir est désormais permis que,sous quelque jour, plus ou moins clair, que l'un d'eux
vienne à se présenter, l'autre s'éclairera de même façon. Que251 a si l'un comme l'autre se dérobe à nos regards, nous fraierons
au moins à l'argument le passage le plus convenable entre
ces deux écueils.
Théétète. — Bien.
Le problème de laL'étranger. — Expliquons donc com-
pvédication ment il se peut faire que nous désignionset la communauté une seule et même chose par une plu-
des genres. ralité de noms
Théétète. — As-tu un exemple? Donne-le.
L'étranger. — Nous énonçons«
l'homme », tu le sais, enlui appliquant de multiples dénominations 2
. Nous lui attri-
buons couleurs, formes, grandeurs, vices et vertus; en toutes
ces attributions, comme en des milliers d'autres, ce n'est
b point seulement homme que nous l'affirmons être, mais
encore bon, et autres qualifications en nombre illimité. C'est
ainsi pour tous autres objets : nous ne posons, également,
i. Cf. supra, 237 c.
2. Cf. Arislote, Physique, i85 b, 25 et suiv. et Simplicius ad loc.
(Diels, p. 90-102).
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251 b LE SOPHISTE 36i
chacun d'eux comme un que pour le dire aussitôt multipleet le désigner par une multiplicité de noms.
Théetète. — Tu dis vrai.
L'étranger. — Et c'est, je pense, servir, aux jeunes ou
bien à quelques vieux, tard venus sur les bancs, un beau
régal. La riposte immédiate, en effet, le premier venu la trouve
toute prête, qu'il est impossible que le multiple soit un, et quel'un soit multiple
1. Et, bien entendu, ils prennent plaisir à ne
c point permettre que l'homme soit dit bon, mais seulement
que le bon soit dit bon, et l'homme, homme. Tu en ren-
contres bien souvent, j'imagine, Théetète, des gens dont le zèle
s'échauffe là-dessus : parfois des gens d'âge plus que mûr, quela pauvreté de leur bagage intellectuel tient extasiés là-devant, et
qui croient, certes, avoir fait là une trouvaille de haute sagesse.
Théetète. — Absolument.
L'étranger. — Pour que notre argumentation s'appliqueà tous ceux qui, n'importe en quel temps, n'importe en quel
sens, dissertèrent à propos de l'être, supposons donc que, nonseulement à nos derniers disputeurs, mais encore à tous ceux
d avec qui nous venons de tenir dialogue, nous adressions les
questions qui vont suivre.
Théétête. — Quelles questions ?
L'étranger. — Nous sera-il interdit d'unir l'être au repos
et au mouvement, aussi bien que d'unir l'une à l'autre
aucunes choses qui soient, et, les regardant, au contraire,
comme inalliables, comme incapables de participation mu-
tuelle, les traiterons-nous comme telles en notre langage ?
Ou bien les mélangerons-nous toutes ensemble en les suppo-sant capables de s'associer mutuellement? Ou, enfin, dirons-
e nous que les unes ont ce pouvoir, et les autres, non ? De ces
possibilités, Théetète, à laquelle pourrons-nous bien affirmer
qu'ira la préférence de nos hommes ?
Théetète. — Quant à moi, je ne trouve rien à répondreen leur nom là-dessus.
/
i . D'après Aristolo (loc. laud.) ,les uns supprimaient le est, comme
Lycophron ;les autres disaient « l'homme a blanchi », au lieu de
« l'homme est blanc ». Platon n'est pas esclave de la copule est
(cf. infra262
d).Il eAt
accepté,dans
unautre sens
queRenouvier
(Logique, I, p. gi), tout signe exprimant la relation ou plutôt, commeil dit, la participation.
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LE SOPHISTE 56$
autres », et le « en soi », et des milliers d'autres détermina-
lions 1
. Impuissants qu'ils sont à les écarter, à éviter de les
nouer ensemble dans leur discours, ils n'ont point besoin
qu'un autre les réfute, mais, comme'on dit, logent, dans leur
sein, l'ennemi et le contradicteur, et cette voix qui les gour-mande au fond d'eux-mêmes, ils l'emportent, à l'instar du
bizarre Eurycléc, en quelque endroit qu'ils aillent.
Théétète. — Ta comparaison est très frappante et très
vraie.
L'étranger. — Qu'arrivera-t-il par contre, si nous con-cédons à toutes eboscs ce pouvoir de mutuelle communauté?
Théétète. — C'est une question que, moi-môme, je puisrésoudre.
L'étranger. — En quel sens ?
Théétète. — Ainsi : le mouvement même deviendrait
repos absolu et le repos même, à son tour, se mouvrait, du
moment où ils viendraient se réunir l'un à l'autre 2.
L'étranger. — Or il est bien impossible, j'imagine, de
toute nécessité impossible, que le mouvement soit immobile
et le repos mû ?
Théétète. — Sans aucun doute.
L'étranger. — 11 ne reste plus alors que la troisième hypo-thèse.
Théétète. — En effet.
L'étranger. — Or l'une au moins de ces hypothèses est
inévitable : ou tout se prête, ou tout se refuse, ou ceci se prête
et cela se refuse au mélange mutuel.
Tuéétète. — Sans contredit.
L'étranger. — Mais les deux premières, précisément, se
sont révélées impossibles.
Théétète. — Oui.
L'étranger. — Quiconque veut répondre correctement ne
peut donc soutenir que la dernière.
Théétète. — Assurément.
L'étranger. — Puis donc qu'il y a, parfois, consente-
i. Ils sont, en effet, obligés, pour exclure tout rapport d'attribu-
tion entre les choses, de dire que « chacune est en soi, à part de toutes
les autres »,etlui donnent ainsi des qualifications multiples. Eurvck'eétait un ventriloque, cf. Aristophane, Guêpes, vers 1017-1020.
2. Comparer Plotin, Emu-adc VI, 11,-j,
ad fin.
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364 S0*ISTÏIS 253 a
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ToiaOxa £Ûpr)aou.Ev ETEpa.
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HE. Tl S' : ETtEiSf] Kal xà YEvr) "npic; aXXr)Xa KaTà TaÙTa
u-eî^ecoç e)(eiv ù^oXoYi'lKau.Ev, ap' ou u.et' âmerrr) ^r| ç tivoç
àvaYKaîov Sià tcùv Xôycùv -nopEÙEaSai tôv 6p8coç ^lÉXXovTa
Seî£Jeiv nota Ttoioïc; auu.<|>covEÎ tgùv yev"v k«1 Troîa &XXT]Xa
ou Sé)(ETai ". KalSr)
Kal Stà TtàvTcov eI auvé^ovT' &tt' aûV c
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3GG SOO>ISTHS 254 a
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<apTEpEtv Ttpôç t6 8eÎov oupopôvTa àSùvaxa. b
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HE. OukoOv TtEpl ^lÈV TOUTOU Kal Tà)(a ETtiaKE^6^E8a
aa(pÉaTEpov. av eti |}ouXou.évou; r|^ûv ?j' TtEpl Se toO
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Ta uèv r^uîv tcùv yEvûv cbuoX6yr|Tai
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Ta S' ettI TtoXXâ, Ta Se Kal Sià TtâvTcov ouSèv kcdXûeiv toIç
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Xôyco TrjSE aKOTioOvTEq, u.f| TtEpl TtâvTCûv tcùv elSqv. Xvoluf|
TapaTTcôu.E8a ev TtoXXotc;, àXXà TtpoEXô^Evoi tôv u.EytaT<»v
X£you.Évcùv oVrta. TtpÔTOv ^èv -nota EKaaTa eotlv. ETtEiTa
Koivcùvlaç àXXrjXcov ttcùc; e^el SuvàuEcoç, ïva to te ov Kal
^if|ov EÎ
u.T] Ttâar) aacpr)V£la 5uvâ^E8a XaÔEiv, àXX' ouv
X6you y£ evSeeÎc; ^r|Sèv yiyvcûUESa TtEpl auTcov, Ka8' baov
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TtapELKà8r| tô^if|
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HE. MéyiaTa urjv tôv yEvôv a vuvSf] Sitjuev to te Sv
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b LE SOPHISTE 868
L'étranger. — Eh bien, devrons-nous regarder l'être et le
même comme ne faisant qu'un ?
Théétète. — Peut-être.L'étranger. — Mais, si l'être et le même ne signifient rien
de différent, quand, cette fois encore, parlant et du mouve-
c ment et du repos, nous les dirons être, ce sera dire qu'ils
sont le même en tant qu'êtres.
Théétète. — C'est pourtant bien impossible.
L'étranger. — Impossible donc que le même et que l'être
ne soient qu'un.Théétète. — Oui, en somme.
L'étranger. — Devrons-nous donc, aux trois formes
précédentes, ajouter« le même » comme quatrième forme?
Théétète. — Parfaitement.
L'étranger. — Eh quoi ? « L'autre » est-il à comptercomme cinquième? Ou bien le faut-il regarder, lui et l'être,
comme deux noms qui recouvrent un genre unique?
Théétète. — Peut-être.
L'étranger. — Mais tu accorderas, je pense, que les êtres
d se disent, les uns en eux-mêmes, les autres uniquement dans
quelque relation'
.
Théétète. — Evidemment.
L'étranger. — Or « l'autre », lui, ne se dit que relative-
mentà un
autre,n'est-ce
pas?
Théétète. — Certes.
L'étranger. — Cela ne serait point si l'être et « l'autre »
n'étaient totalement différents. A supposer que « l'autre » par-
ticipâtaux deux formes, comme fait l'être, il pourrait y avoir
un moment où quelque « autre » fût tel sans être autre
qu'autre chose. Or, nous le constatons absolument, tout ce qui
e est autre a comme caractère nécessaire de n'être ce
qu'il
est
que relativement à autre chose.
Théétète. — Tu dis vrai.
L'étranger. — Il faut donc compter la nature de « l'autre »
comme cinquième parmi les formes que nous avons pré-
levées.
i. Sur l'importance do cette distinction pour le problème de la
prédication, cf. les fragments d'Eud<'me transmis par Simplicius (in
Ar. Phys. Diels, 97/8, et iao).
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256 e LE SOPHISTE 37 t
port, nous les dirons correctement non-être, et, par contre,
parce qu'ils participent à l'être, nous les dirons être et les
nommerons des êtres.Théétète. — H y a chance.
L'étranger.— Alentour de chaque forme, il y a donc mul-
tiplicité d'être, infinie quantité de non-être 1.
Théétète. — Ce semble.
257 a L'étranger. — Donc l'être lui-même, devons-nous dire, est
autre que le reste des genres.
Théétète. — Nécessairement.L'étranger. — Ainsi, nous le voyons, autant sont les antres,
autant de fois l'être n'est pas; lui, en effet, n'est pas eux,
mais il est son unique soi, et, dans toute l'infinité de leur
nombre, à leur tour, les autres ne sont pas.
Théétète. — C'est cela, en somme.
L'étranger. — Là donc encore il n'y a rien dont il faille
selâcher, puisque
la
naturedes
genres comporte communautémutuelle. Celui qui se refuse à nous accorder ce point, qu'il
commence donc par convertir à sa cause nos précédents argu-
ments, avant d'essayer d'en convertir les conclusions.
TnÉÉTÈTE. — Ce que tu demandes là est de toute justice,
b L'étranger. — Voici encore un point à considérer.
Théétète. — Lequel ?
L'étranger. —Quand
nousénonçons
le
non-être,ce n'est
point là, ce semble, énoncer quelque chose de contraire à
l'être, mais seulement quelque chose d'autre.
Théétète. — Comment cela ?
L'étranger. — Quand, par exemple, nous parlons de
quelque « non-grand », te semblons-nous alors désigner, parcette expression, plutôt le petit que l'égal
2?
Théétète. — Quelle raison aurions-nous ?
L'étranger. — Quand donc l'on prétendra que négationveut dire contrariété, nous ne l'admettrons point, et nous
nous en tiendrons à ceci : quelque chose d'autre, voilà ce
que signifie le « non » ou le « ne pas » qu'on met en préfixe
i. « Ma main n'est pas ma tète, ma chaise, ma chambre... Elle
renferme, pour ainsi dire, une infinité de néants, les néants de tout ce
qu'elle n'est point. » Malebrancho, Entretien avec un philosophe chinois.
a. Lo non-blanc comprend lo noir, le rouge, le vert, etc. Blanc et
rouge sont différents sans être contraires (Goblol, Logique, p. 9/1).
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257 c LE SOPHISTE 372
c aux noms qui suivent la négation, ou plutôt aux choses dési-
gnées par ces noms '.
Théétète. — Absolument.L'étranger. — Encore une observation, si tu veux bien me
l'accorder.
Théétète. — Laquelle ?
L'étranger. — La nature de l'autre me paraît se morceler
de la même façon que la science.
Théétète. — Comment?
L'étranger. — Celle-ci est une aussi, sans doute. Maischaque partie qui s'en détache pour s'appliquer à un objet
déterminé revêt un nom qui lui est propre : c'est pour cela
d qu'on parle d'une pluralité d'arts et de sciences.
Théétète. — Parfaitement.
L'étranger. — Eh bien, les parties de cette unité qu'estla nature de l'autre se spécifient en même façon.
Théétète.—
Peut-être bien; mais, en quelle façon précise?L'étranger. — Au beau, y a-t-il quelque partie de l'autre
qui s'oppose ?
Théétète. — Oui.
L'étranger. — La dirons-nous anonyme, ou dirons-nous
qu'elle a un nom particulier ?
Théétète. — Elle en a un : car tout ce que nous appelons
non-beau,cela n'est autre
que par rapportà la nature du
beau .
L'étranger. — Allons, voici maintenant ma question,
e Théétète. — Laquelle ?
L'étranger. — Un être que l'on détache d'un genredéterminé 2
,et que l'on oppose* à un autre être, n'est-ce pas
cela qu'est, en fin de compte, le non-beau ?
Théétète. — Si.
1. « Il n'est pas possible de nier un rapport sans en affirmer
quelque autre, et cette affirmation plus ou moins exprimée ou sous-
entendue limite plus ou moins le sujet. Mais, selon la rigueur
logique, la formule non-A se traduit par tous les autres que A et n'a
point d'autre sens. » Rcnouvier, Logique, p. i4q.
2. La pensée est claire : le non-beau est détaché d'un genre déter-
miné (tivoî ivô; ysvo'Jî), et non pas de n'importe quel genre (ab uno
quopiam génère, Apelt), puisqu'il est, on vient de le dire, une espèce
détachée du genre autre, comme les sciences sont des espèces de la
science. Le texte est sain, et toute correction serait une faute.
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3 7 a S0*ISÏH2 257 c
tcov, li&XXov 8è tûv TtpayLiâTQV TTEpl ott' &V KÉr)Tai TO C
ETTKpSEyyoLiEva uaTEpov Tr]ç à-nocpàascoq ôvôpaTa.
0EAI. riavTàTtaai pÈv oSv.
HE. TôBe Se 5iavor|8ÔLiEv, et Kal col ouvSokeî.
0EAI. Tô ttolov;
HE.CH BaTÉpou poi cpûaïc; cpalvETai KaTaKEKEppaTlaBai
KaOâTtEp l-maTr) pr| .
0EAI. nûç;
HE. Mla pÉv Icrrl ttou Kaliieclvif,
to S1
etiî tco yiyvé-
laevov pÉpoç aÙTr]ç iKaaxov àcpopiaBÈv ETtcovup.iav foxEl
Ttvà éauTf^q IS'iav Sià TtoXXal TÉ^vai t* Eial XEy6p.£vai. Kal d
£TUOTf)u.ai..
0EAI. riàvu pÈv ouv.
HE. OùkoOv Kal Tat^ç BaTÉpou <pûa£co<; p6pia
uaaç
oÛarjç TauTÔv TtÉTtovBE toOto.
©EAI. Tà^3 av àXX'
ÔTtr) Sf| XÉycùjiEv ;
HE. "Eati tô KaXô tl BaTÉpou pépiov àvTiTi8Éu£vov;
0EAI. "Eotuv.
HE. ToOt' ouv àvcovupov IpoOpEv fjTiv' txov ÈTtcavujitav ;
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yivottjBTY : iju'c- W (sed y* supra lin.) et in marg. T (évoç ye tîvo;
susp. Burnet) ||e 3
9U{l£Â>i}X«v lîv«« Stoph. : -xê'vx: codd.
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373 £04»ISTft£ 257 e
HE. "Ovxoç bt] Tipbq 8v àvTLSeaic;. &>q eolk', etval Tiq
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koXôvi'jlûv
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0EAI. OuSév.
HE.c
Ollo'loç apa t6 Lfq LiÉya Kal tô Liéya auTÔ eÎvou 258 a
Xektéov ;
0EAI. 'Ollo'lcoç.
HE. OukoOv Kal tôpt)
SucaLov tcù SiKatcp tcaxà xauxà
8etéov npoç t6 Lir|8Év tl li&XXov EÎvai SaTEpov Sorcépou ;
0EAI. Tl ^v ;
HE. Kal x&XXa Sf) xaÛTr) Xé^ollev, etieIttep f\ SaTÉpou
(piiaiç £<pàvr| tcov Svtcùv ouca, EK£ivr|ç Se oûar|ç àvàyKr| 8^
Kal xà Li6pia auTf^ç Lir|8Evàc; ?jttov 8vxa TiSévau.
0EAI. r\G>q yàp °^i
HE. OùkoOv, &q eolkev, r} xfjç SaxÉpou Lxoplou cpûaEcx;
Kal tî^ç toO ovtoç npôç aXXr|Xa àvTLKELp.Évov àvalSEaiq b
OÙSèv fjTTOV, EL 8ÉLUÇ ELTTE LV,aUToO ToO ÔVTOÇ OUala ECTTLV ,
ouk Evavrlov ekeIvcù
ar)Liatvouaa
àXXà toctoOtov
pévov.ETEpOV EKELVOU.
0EAI. ZacpÉaxaxâ Ye -
HE. Tlv1
oSv aÙT?)v TipoaElTtcoLLEv ;
0EAI. AfjXov ôtl tôLif| ôv, S Sià tôv tJo^Laxi^v l£r|-
toOliev. auxd egtl toOto.
HE.l~l6TEpov ouv, dSanEp
eTtteç, e<jtlv ou8ev8ç tûv
olXXcov oùalaç eXXeltt6llevov, Kal Sel 6appo0vxa fjSr) XéyEiv
8tl tôLtf]
8v fiEÔalcoç iaxl ti^v airtoO cpûaiv e)(ov, ôaTEp tô
LiÉya ^v Liéya Kal tô koXôvtjv KaXôv Kal tô
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Ô€t : Stj B.
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LE SOPHISTE 37 4
aon-beau; qu'à ce même titre aussi le non-èlre était et est
non-être, unité intégrante dans le nombre que constitue la
multitude des formes1
? Ou bien serait-ce qu'à son égard,Théétète, nous garderions encore quelque défiance ?
Théétète. — Aucune.
Récapitulation de L'étranger. — Sais-tu, à ce propos, que
l'argumentation notre défi à Parménidc nous a portéssur la bien au-delà des limites par lui inter-
réalité du non-être.jjj
esp
Théétète. — En quoi donc?
L'étranger. — Sur un champ bien plus large que celui
qu'il nous défendait d'explorer, nous avons poussé de l'avant
nos recherches et, contre lui, établi nos démonstrations.
Théétète. — Comment ?
L'étranger. — Il dit, lui, s'il me souvient 2,
« Non, jamais tu ne plieras de force les non-êtres à être ;
De cette route de recherche écarte plutôt ta pensée. »
Théétète. — C'est bien là ce qu'il dit.
L'étranger. — Or nous ne nous sommes point contentés
de montrer que les non-ètres sont, mais, sur la forme même
que constitue le non-être, nous avons fait pleine lumière. Unefois démontré, en effet, et qu'il y a une nature de l'autre et
qu'elle se détaille à tous les êtres en leurs relations mutuelles,
de chaque fraction de l'autre qui s'oppose à l'être nous avons
dit audacieusement : c'est ceci même qu'est réellement le
non-être.
Théétète. — Et, à mon sens, étranger, ce que nous avons
dit là est la vérité absolue.
i. Le premier imparfait (le grand était grand, etc.) est un rappelde ce qui vient d'être dit (a58 a) sur le titre égal du grand et du
non-grand à l'existence; le second (le non-être était... non-être), natu-
rellement amené par le premier, est lui-même justifié par le' sou-
venir des démonstrations précédentes (a56d/e). La formule « le non-
rire est non-être » a été déjà employée par Gorgias (Traité de l'Etre
ou de la Nature, apud Sextum Empiricum, Adv. math., 6) et utilisée,
dans le Parménide, pour montrer que l'Un qui n'est pas est non-étant
( 1
62 a/b). Le Sophiste transforme ces tours de force dialectiques endémonstration métaphysique.
2. Cf. supra, 237 a.
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258 e LE SOPHISTE 37 >
L'étranger. — Qu'on ne nous vienne donc point dire quec'est au moment où nous dénonçons, dans le non-être, le con-
traire de l'être, que nous avons l'audace d'affirmer qu'il est.
Pour nous, à je ne sais quel contraire de l'être, il y a beau
temps que nous avons dit adieu, n'ayant cure de savoir s'il
259 a est ou non, s'il est rationnel ou totalement irrationnel.
Quant à la définition que nous avons donnée du non-être,
ou bien qu'on nous convainque de sa fausseté en la réfutant,
ou, tant qu'on ne le pourra, qu'on accepte de dire ce que
nous-mêmes disons'
. Il y a mélange mutuel des genres. L'êtreet l'autre pénètrent à travers tous et se compénètrent mutuel-
lement. Ainsi l'autre, participant de l'être, du fait de cette
participation, est;il est, toutefois, non point ce dont il parti-
cipe, mais autre, et, parce qu'il est autre que l'être, il est, parla plus manifeste nécessité, non-être. L'être, à son tour, par-
faticipant de l'autre, sera donc autre que le reste des genres.
Autre qu'eux tous, il n'est donc ni aucun d'eux pris à part,ni la totalité des autres moins lui-même; de sorte que l'être,
incontestablement encore, des milliers et milliers de fois n'est
point, et que les autres, soit individuellement, soit en leur
totalité, sous de multiples rapports, sont, et, sous de multiples
rapports, ne sont point.
Théétète. — C'est vrai.
L'étranger. — Si l'on refuse de croire à ces oppositions,qu'on chercbe alors et qu'on dise mieux que nous ne venons
c de dire. Mais croire qu'on a fait une invention difficile parce
qu'on torture à plaisir les arguments dans tous les sens, c'est
peiner sur des choses qui n'en valent guère la peine2
;nos
arguments présents nous l'attestent. Il n'y a là, en effet, ni
invention élégante ni trouvaille difficile, alors que voici quiserait difficile autant
quebeau.
Théétète. — Quoi donc?
L'étranger. — Je l'ai déjà dit 3: laisser là ces arguties dont
le premier venu est capable, mais savoir, au contraire, suivre
i. Ce qui suit résume toute la discussion depuis a5i a.
2. Pour un jeu de mois analogue, emprunté peut-être à Isocrate,
cf. Eatliydeme, $o fi c.
3. Allusion aux arguties sur l'un et le multiple (a5i b), que le
premier venu trouve toutes prèles (jmvTt -po'yjtoov), croyant avoir fait
là « une trouvaille de haute sagesse ».
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V' E0*ISTH13 258 e
HE. Mf] Totvuv r^âç EÏTir) tiç STiToùvavTiov toO Svtoç
toLtf|
Bv àTro<paivôu.£voi toXlaûliev XéyEiv cbç laxiv.c
Hp.EÎ<;
yàp TtEpl pèv êvavTiou tivSç aÙTcji ^alpELV TtàXai XÉyoLiEV,
eït' laTiv eïte pr), X6yov e)(ov f)Kal •navxâ'naaLV aXoyov 259 a
S Se vOv £ipr|Kau.£v EÎvau t6pf| Bv, f)
TtELaàxca tlç a>ç où
koXûç XÉyopEV èXÉy^aç. f] péxpiTiEp |âv àSuvaTfj, Xektéov
Kal ekelvo KaBâTCEp f|p.EÎç XÉyopEv, 8tl cannjLElyvuTat te
àXXr|XoLÇ Ta yÉvr) Kal té te Sv Kal BaTEpov Sià TtàvTCùv Kal
Si' àXXf^Xcùv 8iEXr|Xu86TE t8 pÈv ETEpov p.ETaa)(ôv toO Bvtoç
eotl pÈv Sià TaÙTrjv tr]v liéBe^lv, où prjv ekeîv6 y£ oS
JJIETÉO^EV àXX' iTEpOV, ETEpOV SE ToO OVTOÇ OV ECJTL 0"a(pÉO"-
Taxa èB, àvàyKr|q EÎvaipf|
ov to 8è Sv au BaTÉpou u.etei- b
Xr|<pèç ETEpov tûv aXXov avzïx] yEvoov, ETEpov S
3ekeIvcov
a-nàvTCùv 8v oùk ecjtiv EKaaTov aÙTcov oùSè aùu/navTa Ta
ôcXXa TtXf|V aÙT(5, gSctte tô Bv àvapcpi.a6r]Tr]Tcoc; au pupla
ettI puploiç ouk Ioti, Kal T&XXa8f|
KaB' EKaaTov outco Kal
aùpTTavTa -noXXa^fj pÈv eotl, TioXXa)(fj S' oùk eotiv.
0EAI.3
AXr|8fj.
HE. Kal TaÙTaiç Sf] Taîç EvavTicôtTEaiv eïte àmaTEÎ
Tiq, aKETtTÉov aÙTÛ Kal Xektéov (5éXti6v tl tûv vOvEÎpr|-
U.ÉVCOV EÏTE ÔSç TL ^aXETtSv KaTaVEVOr|K(i>q )(alpEl TOTÈ U.ÈV c
ettI SaTEpa totè S' ettI 8aTEpa toùç X6youç eXkov, oùk a£,ia
TioXXf}ç oTtouSfjç laTtoùSaKEv, «ç ol vOv X6yoi (paa'i.ToOto
u.èv yàp ofjTE tl KopipSv oÙte ^aXE-nôv EupElv, Ikeîvo S*
fjSr)Kal xaXETtSv apa Kal koX6v.
OEAI. T6 notov;
HE. "O Kal Ttp6a8EV £Ïpr|Tai., t6 TaOTa èàcavTa â>ç
{navTl) SuvaTà toîç XEyopÉvoiç oî6v t' EÎvai KaB' EKaaTov
e G ttç om. Simpl. p. a38||259 a 5 tî om. T
||a 6 8uXijXu$or«
Simplicii EF : -a BTYW -eç Siinplicii D ||b i 03 ôv : ôi
pi]ôv
Simpl. jj lutêiXtjsÔî : -ù>; Y||b 9 OttST/ov : hua*- T
|jC 5 )UM
ante j^Locdw om.W j]c 8 Hwri addidi ex 251 b 8
jlfijyaTà-BTW:
ojvxtoî; Y luuarc&tflCTai Icntabat Sclianz àvrjvjTa Badham àvdvrjTa
Richard» SjvaTov péikurca Campbell oe'qv xj-'x Apelt. [jtoT; om. Y.
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260 b LE SOPHISTE 3 77
Théétète. — Tu as raison sur ce point. Mais je ne com-
prends pas pourquoi nous aurions maintenant à définir en
commun le discours.L'étranger. — Voici, peut-être, quelles réflexions, si tu
m'y veux suivre, te le feraient le plus aisément comprendre.Théétète. — Lesquelles ?
L'étranger. — Nous avons découvert que le non-être est
un genre déterminé parmi les autres genres, et qu'il se dis-
tribue sur toute la suite des êtres.
Théétète.
— C'est exact.
L'étranger. — Eh bien, ce qui nous reste à faire est d'exa-
miner s'il se mêle à l'opinion et au discours.
Théétète. — Pourquoi donc ?
L'étranger. — S'il ne s'y mêle, il est inévitable que tout
c soit vrai; qu'il s'y mêle, alors se produit, et l'opinion fausse,
et le discours faux. Le fait que ce sont des non-êtres qu'on se
représenteou
qu'on énonce, voilà,en
somme,ce
quiconstitue
la fausseté, et dans la pensée, et dans les discours.
Théétète. — En effet.
L'étranger. — Or, dès qu'il y a fausseté, il y a tromperie.Théétète. — Oui.
L'étranger. — Et dès qu'il y a tromperie, tout se remplitinévitablement d'images, et de copies, et d'illusion.
Théétète. — Naturellement.
L'étranger. — Or le sophiste, avons-nous dit, c'est bien,
en somme, en cet abri qu'il s'est réfugié, mais il s'est obstiné
£ à nier absolument qu'il y eût fausseté. Il n'y a, en effet,
d'après lui, personne qui conçoive ni qui énonce le non-être;
car le non-être n'a, sous aucun rapport, aucune part à l'être.
- Théétète. — Ce fut bien là son attitude.
L'étranger. — Mais, à cette heure, le non-être s'est révélé
participer à l'être, et voilà donc un argument dont il ne se
ferait plus arme. Peut-être objecterait-il, par contre, que les
formes ont, les unes, part au non-être, et les autres, point, et
que, précisément, le discours et l'opinion sont au nombre de
celles qui n'y ont point de part. C'est ainsi que, cette fois, à
l'art qui fabrique images et simulacres, et dans lequel nous le
cheveu, boue, etc.) el avec les énumérations classiques (égalité, gran-
deur, justice, beauté, etc.) pour apprécier l'étendue du monde des
formes et se faire une idée de leur nature.
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260 e LE SOPHISTE 378
eprétendions loger, il refuserait à toute force et absolument
l'être, du moment qu'opinion et discours n'ont point de com-
munauté avec le non-être;car il ne
peut yavoir de fausseté
si cette communauté n'existe. Voilà donc pour quelles raisons '
il nous faut commencer par examiner à fond ce que peuventbien être le discours, l'opinion et l'imagination. Ainsi, cette
261 a clarté obtenue, nous pourrons découvrir la communauté qu'ils
ont avec le non-être;celle-ci découverte, démontrer l'existence
de la fausseté;
la fausseté une fois démontrée existante, v
attacher le
sophiste
s'il donneprise
à ce
grief,ou, l'en absol-
vant, le chercher dans quelque autre genre.
Théétète. — Voilà qui semble bien, étranger, vérifier sûre-
ment ce que nous disions du sophiste, à notre début : queson genre était d'une chasse difficile. Au fait, il apparaît fer-
tile en problèmes2
: sitôt qu'il vous en oppose un, c'est défense
qu'il faut nécessairement emporter de vive force avant qued'arriver jusqu'à lui. De celle qu'il nous opposa en niant
le non-être, à peine, en effet, sommes-nous venus présen-
b tement à bout, qu'il nous en oppose une autre : c'est du
faux, maintenant, qu'ilfaut établir l'être, et dans le dis-
cours, et dans l'opinion. Après quoi s'élèvera peut-être nou-
veau problème, qu'un autre encore viendra doubler, et jamais,à ce qu'il semble, nous ne verrons le bout.
L'étranger. — Il faut prendre courage, Théétète, sipetite
que soit l'avance dont on peut, à chaque pas, progresser. A se
décourager devant ces premiers obstacles, que gagnerait-oncontre les seconds, que de n'y point avancer d'un pas, ou
même d'être refoulé vers l'arrière ? Il fera beau temps, comme
c dit le proverbe, quand assaillant de cette humeur-là prendmville. Puisqu'à cette heure, mon cher, nous avons mené à
terme la démonstration que tu dis, c'est donc la plus forte
muraille que nous aurions enlevée là : le reste sera, désor-
mais, plus facile et de moindre importance.Théétète. — Bonne parole.
L'étranger. — Prenons donc d'abord, comme nous le
disions tout à l'heure, le discours et l'opinion, pour établir
i. Cf. Notice, p. 281/3, et, par contre, la critique d'Apelt, Plato-
nischc Aujsat:e, p. 270/7.2. Platon jouo ici avec le double sens de npo6/.T,aa : défense que
l'on élève devant soi, et difficulté que l'on soulève, problème.
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3-g SCWMETHS 261 c
vuvSr), XâôcouiEv. ïva. EvapyéaTEpov àTroXoyi.o"cÔLi£8a Tt6xEpov
cxutcov ocTTTETaL tôLif)
8vf|
TTavTaTTaaiv àXrj8f] liév èaxtv
àLicpÔTEpa TaOxa, i|/e\38oç 8è ouSettote oôSÉTEpov.
0EAI. 'Op8Ûq.
HE. ^ÉpE Sr), KaSdtTtEp TTEpl tôv elSôv Kod tûv ypau.- d
LtCXTCOV èXÉyOLlEV, TTEpl TGÛV OVOLKXTCOV TTâXlV obaaÛTCOÇ ETtlCT-
KEijJcb^iESa. «PalvETou yâp nr) Taùxr) tô vCv £r|ToÙLiEvov.
0EAI. Tô TtOLOV OUV 8^ TTEpl TCDV OVOU.(XTCùV UTTOIKOU-
otéov;
HE. Eïte TtàvTa àXXr)Xoi.q auvap^oxTEi eïte littSév, eïte
tôl^èv IGéXei, Ta 8è
\xr\.
0EAI. AfjXov to0t6 yE, 8tl xà lièv e8éXel, Ta S' 08.
HE. Tô tol6v8e XÉyELqïacùÇ, Biairà lièv âcpE^ç X£y6^£va
Kal Sr)XoOvrà tl auvap^6TTEL, xà Sexfj ouvE^Eia LirjSèv e
arjLm'ivovTa àvapLAoaTEt.
GEAI, riûq t'l toOt' EÎnaç ;
HE. "Ottep &r|8r|v ÙTtoXa66vTa as npoaoLioXoYEÎv. "Ecjti
yàp T^LÛV TTOU TÔVTV] $Cùvf] TTEpl Tf)V OUO"laV
Sï]X<aLJlâTCOV
Sittôv yÉvoç.
©EAI. ns>q:
HE. Tô laèv ôvÔLiaTa, tô 8è ^r|LiaTa «XrjSÉv.262 a
©EAI. EIttè ÉKaTEpov.
HE. Tè (ièv ettI Tatç Ttpà^Eaiv Sv 8f|XcoLia p^Lià Ttou
XÉyOLlEV.
0EAI. Nat.
HE. Tô 8é y3
ett' aUToîç toîç EKEivaç TtpaTTOuat. ot|u.eîov
Tt^q (fxavfjq ettlteSèv SvoLia.
©EAI. KoLuSfj pèv ouv.
C 7 vuvorj, /.âooj;i.£v: vjv ci'.a/.a- \
|j StKoXoyta&ipiOtE Heindorf : à~o-
Aoyir)-codd.
Ild i »spe... 262 e 3
jxîv oùv liabet Stob. AnthoL, II,
iv, 17, vol. II, p. 32-33 Wachsmulh|jd 1 nep* : faclTT
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çxivsTai : eavîÏTat Heindorf||d 6 auvapLioitet YW : -siv BT Stob.
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6$ T j| e 3 cÏ7:a; : -sç Y |j 262 a 4 Xiyofxev :
).eyop.svov Stob.
||a 6 aùroïç tôt; : airoî; TY au tolç Heindorf
[|exe (va; B Stob. :
îxsîvayi (sed y os a) W èziîva TY.
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38o EOM2TH2 262 a
HE. OukoOv e£ ovou.<xtcov u.èv u.6vcov cuve^ûc; Xeyo^É-
vcov ouk laTL ttotè Xdyoç, ouô' au ^r|u.âTG3v X^P^-Ç ôvou.aTcov
XexBevtcov.
0EAI. TaOT' ouk Iu.a8ov.
HE. Af^Xov yàp coq Ttpôc; ETEpév tl (JXéticov apTL ctuvcollo- b
X6yEiç-
ètieI toOt5
auxo à|iouXéu.qv EL-nEty, 8tl ctuve)(ooc;coSe
XEyéu-Eva xaûta oùk ecttl X6yoç.
0EAI. n&q;HE. OTov « (iaSi^EL » « Tpé^EL » « «xSeûSei », Kal xSXXa
8aa Ttpà£,Eic; cxr|u.a'LV£L ^r)u.axa, k&v TiâvTa tlç EcpEt^fjc;aux'
£ÏTtr|, Xoyov ouSév tl llSIXXov aTr£pyࣣTai.
0EAI. HS>q yàp ;
HE. OûkoOv KalTtâXtv btav Xéyr|TaL « Xécov » «IXacpoc;
»
« "tttioç », ôaa te èv6u.aTa tcov Tàç Ttpâ£,£iç au TtpaTT<5v-
tcov cbvou.ào8r|, Kal KaTà TaÛTr|v 8f) t^|v auvé^Eiav ouSe'lc; c
ttco auvÉaTr) Xéyoç- oùSELÛav yàp oÛte outcoç OÙV ekelvcoç
TTpaÊ,iv oùS' àTtpa£,lav oùSè oùaiav ovtoç ouSèu.f] ovtoç
8r|XoX Ta <pcovr|8£VTa, Trplv av tic; toXç àv6u.ao% Ta p^u-aTa
KEpàar). T6te 8' fjpu.oaÉv te Kal X6yoç êyÉVETO eù8ùç f\ TtpcoTr)
auu.TtXoKr), a)(E8àv tcov X6ycov ô TtpcoTàc; te Kal au.LKp6TaToç.
0EAI. riwq apJ
coSe XÉyEiç ;
HE. "OTav EÏTin tlç « avSpconoc; u.av8âv£L », XcSyov
EÎvai cp^ç toOtov £Xà)(LaT6v te Kal TtpcoTov ;
0EAI. "EycoyE. d
HE. Ar|Xoî yàp f^8r|ttou t6te TtEpl tcov ovtcov
f) yiyvo-
U.ÉVCOV r\ yEyovéTcov f\ u.eXX6vtcov, Kal ouk ôvou.cx£el u.6vov
àXXâ tl TtEpalvEL, oulittXékcov Ta j5r)u.aTa toîç ôv6u.a<jL. Al6
a 9 lmJvcov : -ov W|jb i flXe^cov : -etç Y || auvtoii.oXoys'.;
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XoysT; BW ||b a irai tout' aùtô BYW : è'-eti' T, Stobaci S *î'^:.Ta
Stobaei À -oïl'
aùro T où ~auxô Stobaci AS||b 6 r:pi^n; :
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Stobaei AS||oùY BT : au x" YW rayt' Stobaei codd.
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Ci wvo-jjixaôr,
T Stob. : ôvoua?8rj BY -LiaaT'' W ||C 3 civxo; post oùcrtav : -toç
T H c 6 ic xatW Stob. : si mû TY xa! B||d 2 toti : to W
|
d A rapal-
>£'. : nspatoi /.ai B v.%: jupalvei Hermann.
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38 1 ÉOMETBÈ 262 d
XÉycLV te auxbv àXX' ou u.6vov ôvolkx£eiv eÏttojiev,Kai 8r|
<al xcp TtX£yu.axi xoûxcû xo 8vou.a Ecp8£yivxu.£8a Xéyov.
0EAI. 'Op8Sc;.
ZE. OOxco Sr] KaScxTtep ta Trpâyu.axa xà lièv aXX/|Xoi<;
fjpLioxxEV, xà S' ou, Kal TtEpl xà xf]ç cpcov^ç au ar)u.EÎa xà
u.èv où]( àpu6xx£i, xà Se àpg.6xxovxa auxcàv X6yov aTtr)p- e
ycxaaxo.
©EAI. navxâTtaai u.Èv o8v.
HE. "Exi Sf| au.iKpàv xôSe.
GEAI. Tè Ttouov ;
HE. Aoyov àvayKaîov, bxavTtEp î|, xivôq EÎvai X6yov, u.r|
8è xtvôç àSuvaxov.
©EAI. Ouxcoç.
HE. OukoOv Kal tiol6v xiva auxôv EÎvai Ssî ;
©EAI. nôçS3
oS;
HE. ripoaÉ^o^EV Sr|xèv voOv r)pîv auxoîç.
©EAI. Ael yoOv.
HE. Aéc^cù xolvuv aot XcSyov auv8£lq Ttpayu.a Ttpà£,£i
Si3
ovo^axoç Kal pf|U.axoç' oxou 8' av o Xôyoç ?j,au ^ioi
tppà^stv.
©EAI. Taux' laxai Kaxà Sûva^iv. 263
HE. « ©EalxTyxoç KàSrjxai ». Mcovu.f| u.aKpèç ô X6yoç ;
©EAI. Oôk, àXXà ^Éxpioç.
HE. Zov Ipyov Si1
) cppàc^Eiv TtEpl ou x3
laxl Kal bxou.
©EAI. Af^Xov 8xl TtEpl £u.o0 xe Kal l^cSç.
HE. Tl 8è 8S3
aî ;
©EAI. riotoc; ;
HE. « ©Ealxrjxoç, S vOv lycb 8iaXEyou.au, TtÉXEXai ».
d 5 t£ W Stob. : tc /.al BTY'] si'sojKv Stob. :
-oi;j.3vBTYW
||
0Tt
/.ai B Stob. :or]
zaî /.a: W o/j TY ||d 6 içQêY?â<J^Oa : énes- Stob.
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d g fjSuo—Ev:
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e 9 Ôêî eiva; W ||e i3 -payux : rrpàyaxTa W ||
e i5 ypàÇeiv : -s WH 263 a 2 uwv 'jx
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:
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pffiv supra lin.pJ]
rras. T2j
a 6 rt oÈ :
TIÇ&W.
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38a SOI'ISTHS
0EAI. Kal xoOxov ouS' Slv eÎç aXXcoç eitcoi TtXfjv è\i6v
TE Kal TtEpl E^IOO.
HE. rioiàv Se yÉ xivà (pa^iEV àvayicatov Eicaaxov EÎvai
xcov Xôycov.
0EAI. Nal.
HE. ToûxcovSr]
noî6v xiva êicâxEpov cpaxÉov EÎvai ;
0EAI. T6v^ièv vpEuSf] Ttou, xèv 8è aXr)8f).
HE. AÉyEi 8è aùxcov ojaev àXrjS^ç Ta ovxa ôbç laxiv
TlEpl CTOO.
0EAI. Tt ^rjv ;
HE.cO 5è
8f] i^euStjç EXEpa xûv ovxcov.
0EAI. Nat.
HE. Tapt\ Svx' apa cûç Svxa XÉyEi.
0EAI. ZX
e86v.
HE. "Ovxqv 8é yE ovxa IxEpa TtEpl cjoO. l~loXXà ^ièv yàp
Icpa^Ev ovxa TtEpl EKaaxov EÎvai ttou, TioXXà 8è oûk Svxa.
0EAI. KotuSfi ^Èv o8v.
HE. °Ov OaxEpov 8^) X6yov s*pr|Ka TtEpl aoO, Ttpûxov jiev,
16, Sv opiaà^EBa t'l Ttox' laxi X8yoç, àvayicaiéxaxov aôxèv
Iva tûv|}pa)(uxaxa>v
EÎvai.
0EAI. NuvSf) yoOv xaûxr) auvco^ioXoyrjaa^Ev.
HE. "E-rtEixa 8é yE xivôç.
0EAI. Ouxooç.
HE. Et 8èpi]
Iqtiv aôç, oùk aXXou yE ou8ev6ç.
0EAI. nûç yàp:
HE.Mr|SEv8ç (Se yE
&v où8' avXéyoq eXr\ xènapànav
à7TE(pr|va^Ev yàp bxi xûv àSuvàxcov ?jv X8yov Svxa jirjSEvàq
EÎvai Xéyov.
0EAI. 'Op86xaxa.
HE. riEpl Sf]aoO XEyd^iEva ^évxoi BàxEpa &q xà aùxà
a 9 aÀÀw; : -Oj W ||el'x:oi :
-r)Y 1
||a 10 :î :
"'slva-. BW
||b
t\ajTtov : -w
B||
b 73f
(
om. Y||
b nôvttov Cornarius :
-ta;codd.
||b 12 ov-a sçajiEv W ||
c 5 5e* ft: )iy£ T ||
C 7 y£ : tî B||C
9 8î add. Heindorf||
c 10 à-içrîva;j.£v:
-fi)VçE|U)VTW
||d 1 À:yo-
jxsva, <À£yd;jLîva> Badham.
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263 d LE SOPHISTE 383
qui, à ton sujet, énonce, en fait, comme autre, ce qui est
même, et, comme étant, ce qui n'est point, voilà, ce semble,
au juste, l'espèce d'assemblage qui constitue réellement et
véritablement un discours faux'.
Théétète. — C'est la vérité même.
L'étranger. — Eh quoi? la pensée, l'opinion, l'imagi-
nation, n'est-il pas, désormais, évident, que ce sont là des
genres susceptibles, en nos âmes, aussi bien de fausseté quede vérité?
Théétète. — Comment ?
L'étranger. — Le comment te sera plus facile à savoir si
tu me laisses t.'expliquer en quoi elles consistent et en quoie elles diffèrent les unes des autres.
Théétète. — Explique.L'étranger. — Donc, pensée et discours, c'est la même
chose, sauf que c'est le dialogue intérieur et silencieux de
l'âme avec elle-même que nous avons appelé de ce nom de
pensée2
.
TnÉÉTÈTE. — Absolument.
L'étranger. — Mais le courant qui émane de" l'âme et sort
par la bouche en émission vocale a reçu le nom de discours ?
Théétète. — C'est vrai.
L'étranger. — Nous savons qu'il y a, de plus, dans le dis-
cours, ceci...
Théétète. — Quoi ?
L'étranger. — Affirmation et négation.Théétète. — Nous savons cela.
264 a L'étranger.— Quand donc cela se fait dans l'âme, en pensée,
silencieusement, as-tu, pour le désigner, un autre mot quecelui d'opinion ?
Théétète. — Quel autre aurais-je ?
L'étranger. — Quand, par contre, celle-ci se présente non
plus spontanément, mais par l'intermédiaire de la sensation',
i. Pour de telles alliances de mots, cf. supra 2^0 b, a54 d, et
Théét, 189 c/d.
2. Pour cette définition de la pensée et de l'opinion, cf. Théét.
189 e-190».3. Cf. la description vivante du Philebc (38 b-3g e). Quelqu'un
voit, de loin, une statue grossière (sensation), s'interroge là-dessus
(opinion), et s'imagine voir un homme.
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264 a LE SOPHISTE 384
une telle affection se peut-elle correctement dénommer d'un
autre nom qu'imagination ?
Théétète. — D'aucun autre.
L'étranger. — Puisqu'il y a, nous l'avons vu, discours vrai
et discours faux, et que, dans le discours, nous avons distin-
gué la pensée, dialogue que l'âme se tient à elle-même, l'opi-
nion, achèvement de la pensée, et cette affection que nous
b désignons du mot « j'imagine », combinaison de sensation et
d'opinion, il est donc inévitable que, parentes du discours,
elles soient, quelques-unes et quelquefois, fausses.
Théétète. — Naturellement.
L'étranger. — Te rends-tu compte que nous avons décou-
vert la fausseté de l'opinion et du discours bien plus prompte-ment que nous ne l'espérions, quand nous redoutions, il y a
si peu de temps, que ce ne fût peine absolument perdue d'en
entreprendre la recherche ?
Théétète. — Je m'en rends compte.
L'étranger. — N'allons donc point nous
, , f.??-11
?. décourager pour ce qui reste à faire. Puis-a la définition , £.
,
r.,,
^.
. , ,. .
du sophiste ' °iu en e"e* v0"a ce point éclaira, remet-
c tons-nous en mémoire nos précédentesdivisions par formes.
Théétète. — Quelles divisions au juste?L'étranger. — Nous avons divisé l'art
qui fabriqueles
images en deux formes : l'une produit la copie, l'autre produitle simulacre.
Théétète. — Oui.
L'étranger. — Quant au sophiste, nous étions embarrassés,
disions-nous, de savoir en quelle forme le mettre.
Théétète. — Nous l'étions, en effet.
L'étranger. — Et, au milieu de cet embarras, unvertige
plus ténébreux encore nous submergea, quand apparut l'ar-
gument qui, envers et contre tous, soutient que copie, image,d simulacre, rien de tout cela n'est, puisqu'il n'y a fausseté en
aucune façon, en aucun temps, en aucune part.
Théétète. — Tu dis vrai.
i. Sur la définition d'ensemble et la méthode qui y conduit, cf.
injra aG4 e, et l'excellente appréciation d'E. Goblot (Logique, §75):
Platon saisit le sophiste « dans un filet qu'il resserre toujours davan-
tage, jusqu'à ce qu'il ne contienne plus qu'une proie. A. la fin, il no
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384 S0*I2THS 264 a
TLVL, XO XOloOxOV aC TTOcBoÇ 5p' 0*6v TE SpScûÇ EITIEÎV É'XEpév
tl n\f]v cpavxaalav ;
0EAI. OôSév.
ZE. OukoOv ItteIttep Xéyoç àXr)8r|q ?jv Kalijj£u8r)<;,
xoù-
xcov S1
è<|>dcvr)Siàvoia ^lèv auxf|c; Ttpàç âauxr)v tpu^f^q SiàXo-
yoç, B6E,ol Se Siavolaç àTtoxEX£\Jxr|0"i.c;,« cpalvExai » Se S
XÉyo^Ev aû^EiÉjic; alo"8r)G£coc; Kal 86E,r)ç, àvayKr) Sr]Kal b
xoûxav xcp Xdycp auyyEvcov 0VT<avif
8- ^ TE «uxcov Evia Kal
ev'lote eivcu.
0EAI. HSx; S'oô;
HE. KaxavoEÎç o3v 8xi TtpoxEpov r)upÉ8r| i|j£u8r)ç 86£a
Kal Xoyoç r\Kaxà xr]v TtpoaSoKlav f]v Icpoôr^Sri^Ev apxi, jif]
TtavxàTtaaiv àvr|vuxov Ipyov Em6aXXol^i£8a £r]XoOvx£Ç
auxé;
0EAI. Kaxavoco. •*
HE. M?) xolvuv ^r)8' eÎç xà XoiTtà àSu^co^Ev. ^EttelS^
yàp TtÉcpavTaL xaOxa, xcùv E^mpocSEV àva^vr)a8co^£v Kax° C
EÏSr) SiaLpÉaEcov.
oeai. riotovs/) ;
HE. AiEiAô^ESa xfjç £i8cùXoTtouKf]c; zï6r\ Sûo, xr]v ^ièv
ELKaaTiKr)v, xf]v Se cpavxaaxiKrjv.
©EAI. Nal.
HE. Kal xôv aocpiaTr)v e'îttojiev côç ànopoî^Ev eiç ôtio-
TÉpav 8r|ao^Ev.
OEAI. *Hv xaOTa.
— EL. Kal xoOÔ3
r^éov à-nopou^Évcov exi ^iei^cov KaxE)(û8r|
aKotoSiv'ia,cpavévxoç
toO
X6you
xoO TtSaiv
à^cpLa6r)xo0vToc;cbç o(jxe eÎkcùv oÔte e'îScoXov ovJte (pàvxaa^' eXr\
xè TtapaTtav
ouSèv Sià x6 nr)Sayôç nr|SÉTtoxE ^Sa^oO ijJEOSoçEÎvai. d
OEAI. AéyEiç àXr]8f|.
a 5 àp' om. Stob.|]
a 8 ante Xdyo; add. ô W||
a 9 Iau7r(v :
otÙT^JvW
;|ante
tytyrii add. -tj? W ||a 10 constat : -oftou Stob.
||
b 3 Tto Xdyto:
tmv Xdytov Stob. j| -a:
y£ Schanz secl. Heindorf jj
b 5 ^pdtapov : r.pnô- T Stob.||c k tijî : toTç Y ||
c 10 psfrov : -w B.
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264 d LE SOPHISTE 385
L'étuvngku. — Mais, maintenant du moins que voilà décou-
verte l'existence, et du discours faux, et de 1 opinion fausse, des
imitations des êtres sont, dès lors, possibles, et, de la dispo-
sition à les produire, peut naître un art de tromperie.Thétète. — Cela est réellement possible.
L'étranger. — Que le sophiste, enfin, rentrât dans l'une
des formes susdites, c'est conclusion sur laquelle nous nous
sommes précédemment accordés.
Théétète. — Oui.
L'étranger. — Entreprenons donc à nouveau, scindant en
e deux le
genre proposé,d'avancer en suivant
toujoursla
par-tie droite de nos sectionnements, nous attachant à ce qu'ils
offrent de communauté avec le sophiste, jusqu'à ce qu'ayant
dépouillé celui-ci de tout ce qu'il a de commun, nous ne lui
laissions plus que sa nature propre. Ainsi la pourrons-nousrendre manifeste, avant tout, à nous-mêmes, et, ensuite, à
265 a ceux qui ont, avec une telle méthode, les plus prochesaffinités de race.
Ïhéétète. — Bien.
L'étranger. — Ne commencions-nous pas alors nos divi-
sions par l'art de production et l'art d'acquisition ?
Théétète. — Si.
L'étranger. — Et, dans l'art d'acquisition, la chasse, la
lutte, le négoce et autres formes de cette sorte nous laissèrent
entrevoir le
sophiste
?
Théétète. — Parfaitement.
L'étranger. — Puisque le voilà maintenant enclos dans
l'art mimétique, c'est l'art même de la production qu'il nous
faut évidemment, le premier, diviser en deux. L'imitation est,
b en effet, quelque chose comme une production; production
d'images, assurément, disons-nous, et non point des réalités
elles-mêmes. N'est-ce pas vrai ?
Théétète. — Rigoureusement vrai.
L'étranger. — Commençons donc par distinguer, dans la
production, deux parties.
se contente pas de donner une délinition à deux termes... il récapitule
toute la série des termes intermédiaires, dont chacun est la différence
du précédent et le genre du suivant, en une formule à la fois très
artistique, car elle résume loul le dialogue, et très satirique, car elle
accumule sur une seule tète tous les raffinements de la tromperie ».
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385 SOH2THE 264 d
HE. NGv Se y5
ÈTtEiSn, TtÉcpavTai. jièv Xôyoç, Ttéc^avTaL
S'oSaa BôB,ol i^euSrjç, èyy^cùpeÂ. 8f) pi^f^aTa xûv Svtcov
EÎvai Kal xé)(vr)v ek TaÛTr)ç Y LYv£CT8ai T^Ç SiaSÉaeeoç ôma-TrjTLKl'jV.
0EAI. "Eyxwpet.
HE. Kal ^f]v oti y' fjvô aocp arrive; toûtcûv TtéxEpov,
Sicù^oXoyr)^Évov r|tnv ev totç Ttpoa8£v ?jv.
0EAI. Nal.
HE. riàXlV To'lVUV ET[l)(£ipCC>^EV, a^L^OVTEÇ Sl^f] TO
TtpoTEBÈv yévoq, TtopEÛEaSai Kortà xothù Ss^ià àel ^Époç e
toO T^r)8évTO<;. e^ô^ievou Tfjç toO aocpiaxoO Koivcovlaq, ecûç
âv autoO xà Koivà TtàvTa TtEpiEXovTEÇ. t^v oÎKElav Xm6v-
teç cpOauv etuSeI£,cù^ev ^aXiata ^ièv f^îv auToîç. ETiEi/ra
Se Kal tolç EYYuxàTCù y^v£l T^Ç ToiaoTrjç ^e86Sou TiEcpu-265 a
Koaiv.
0EAI.3
Op8Sc;.
HE. OukoOv t6te ^èv ^ip^ô^iEBa ttoii-|Ti.k?]vKal KTr)Ti.Kn v
T£)(vr|v Siaipoù^Evoi ;
0EAI. Nal.
HE. Kal Tt^ç KTr|TiKf)c; ev 8r)pEUTLKfj Kal ev aYcovla Kal
EV E^TTOpiKT] Kal TLOLV EV TOIOOTOIÇ EÏSeCFIV É(paVTࣣ8'
ty*v :
0EAI. riâvu ^ièv ouv.
HE. NOv Se y' èttelS^) ^nirjTLK?) TtEptElXr]<pEv aàtov
TÉ)(vr|. SfjXov <ï>ç aôxfjv ir|v noiriTua^v Sl^a SiaipETÉov
TtpwTr)v.CH Y&p Ttou ^.l^riaiq TTolr|a'iç xlç êativ, eIScoXcov b
^iévtoi, cpajiÉv, àXX' oux auTÔv EKàorov ?) y^p '•
0EAI. navTanaaL \xàv oîv.
HE. rioir)TLKfjq Sf) Ttpcàxov Su' eœtco ^Épr).
d li «ffoSife: -zl; T [] W] om. W |rd 8 ov. y': ÔV Wi e 3 tt;; :
-oU Y||
e 3 ante oîwîav add. fSiov T||
265 a i U om. BY||
rlfc
: toi; Y||
a7h ante
àytovîaom. BT
||
a S ev anteiy.r.oz:v.f
om. B||b i eî&iXtov: tY&coXov T
|]b 4 Tzo'.r^v/.f^i... e 6 tô tï Osîov
Stob. An</i. I, i, 38, vol. I, p. 47 Wachsmuth||b 4 sîtw Sjo Stoh.
7/29/2019 Platon, 8.3 Le Sophiste
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265 b LE SOPHISTE 386
Théétète. — Lesquelles?L'étranger. — L'une, divine
; l'autre, humaine.
Théétète. — Je ne comprends pas encore.
L'étranger. — Est productrice, disions-nous, s'il noussouvient de notre début *, toute puissance qui devient cause
que ce qui, antérieurement, n'était point, ultérieurement
commence d'être.
Théétète. — Il nous en souvient,
c L'étranger. — Donc tous les animaux mortels, toutes les
plantes aussi que, sur terre, semences et racines font pousser,
enfin tout ce qui s'agrège, dans l'intérieur de la terre, encorps inanimés, fusibles et non fusibles, n'est-ce pas unique-ment par une opération divine que nous les dirons naître,
ultérieurement, de leur non-être primitif? Ou bien userons-
nous de la façon vulgaire de croire et de parler...
Théétète. — A savoir ?
L'étranger. — Que la nature les engendre par une causa-
lité spontanée et qui se développe sans le secours d'aucunepensée ? Ou bien avec raison, avec science divine émanée de
Dieu 2?
d Théétète. — Quant à moi, peut-être à cause de mon âge,
je passe bien souvent d'une opinion à l'autre. Mais, en ce
moment, rien qu'à te regarder, je me dis que, pour toi, ces
générations ont, assurément, une cause divine, et je fais
mienne cettecroyance.
L'étranger. — C'est là bien penser, Théétète. Si, toi-même,nous avions à te compter parmi ceux qui, dans l'avenir, en
viendront à d'autres opinions, ce serait le moment de chercher
à mettre, en cette démonstration, la persuasion contraignante
qui entraînerait ton assentiment. Mais je vois au fond de ta
nature : sans qu'il soit besoin de nos démonstrations, elle se
e
ported'elle-même là où, de ton aveu, tu te sens attiré en ce
i. Cf. supra a 19 b.
a. Comparer Philhbe 28 d/c : « l'univers est-il au pouvoir d'une
force irraisonnablc, procédant au hasard et à l'aventure, ou bien est-
il ordonné et gouverné par un Intellect et une Raison admirables? »,
et Lois (888 a, et suiv.), où l'on réfute longuement celle doctrine,
que les éléments et l'univers sont produits « non par un Intellect, ni
par quelquedieu, ni
parart, mais
par
la nature et le hasard ».
Platon allribue celle incrédulité à la mauvaise influence des théo-
gonies 888 c).
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386 ZOMSTHS 265 b
0EAI. noiu;
HE. Tô ^ièv Selov, xo S' àvBpwTiivov.
0EAI. Outtcope^â8r|Ka.
HE. rioiriTiKi^v, EOTEp ^E^vri^eSa xà Kax' àp^àç Xe)(-
8ÉVTa, Ttaaav Icpa^EV EÎvaL Sûva^iiv fjxiç av alxla ylyvr|xai
xoîç \xt\ TipéTEpov ouaiv uoxEpov ylyvEaSai.
0EAI. ME^vr^ESa.
HE. ZûaSf)
nâvxa 8vr|xâ, Kal5^)
Kal (puxà ooo x' ETtl C
yfjc;ek
aTTEp^iâxcovKal
p\£ôv tpÛExai,Kal
8oa aipu^aev
yr|
auvlaxaxai acb^axa xrjKxà Kal axr|Kxa, ^xGv ctXXou xivèç f)
8eo0 Sr^ioupyoOvxoç <pr)ao^Ev OaxEpov ylyvEaSai np6xEpov
oOk ovxa ; "H xG xûv ttoXXcov Sày^axi Kal p^jiaxi ^pcb^E-
voi —0EAI. riolcp xco
;
HE. Tfjv (pûaiv aûxà yEvvâv à-n6 xivoç atxlaç auxo^ià-
xr)ç Kal avEU Siavolaç <puoûar|c;, f\ ^Exà X6you xe Kal etu-
axr)^ir)<; SElaç ànô 8eo0 yiyvo^Évr|(; ;
0EAI. "Eyô (jlèv Xcac; Sià xfjv f|XiKiav TtoXXaKiq à^$6- d
XEpa ^LExaSo^à^co" vOv ^f)v (îXéttcov eIç aè Kal unoXa^6à-
vûîv oÏEa8al cte Kaxà yE Beôv aùxà ylyvEaBai, xaûxr] Kal
aôxoç VEvé^iKa.HE. KaXcoç yE, ôo 0EalxT]XE. Kal eI ^év yé cte ^yoû^ESa
' xûv eiç x6v ETiEixa xpôvov aXXcoç ttcùç 8o£a£ovxcov EÎvai,
vOv av xcp Xéyco ^Exà tteiBoOç àvayKalaç ETtEXEipoOyiEv ttoieiv
ô^oXoyEÎv* etielS^) Se aou Kaxa^iavBàvco x?)v (pùaiv, oxi Kal
avEU xcov nap' fj^ôv X6ycov auxf] TtpôaEiaiv !<{>' oÎTtEp vCv e
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vin. 3. — 14
7/29/2019 Platon, 8.3 Le Sophiste
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265 e LE SOPHISTE 38 7
moment. Aussi m'abstiendrai-jc, car ce serait perdre le
temps. Mais je poserai que les œuvres dites de nature sont
œuvres d'un art divin ', et celles que les hommes composent
avec elles, œuvres d'un art humain ; à suivre ce principe, il ya donc deux genres de production : l'une, humaine; l'autre,
divine.
Théétète. — Bien.
L'étranger. — Sectionne donc encore chacune d'elles en
deux.
266 a Théétète. — Comment ?
L'étranger. — Par exemple, après avoir sectionné la pro-duction dans toute sa largeur, sectionne-la maintenant dans
sa longueur.Théétète. — Sectionnons.
L'étranger. — C'est donc quatre parties qu'ainsi nous yobtenons : deux relatives à nous et humaines, deux relatives
aux dieux et divines.
Théétète. — Oui.L'étranger. — Mais si nous reprenons la division dans le
premier sens,dechaque partie principalesedétachera une partie
productive de réalités, et les deux parties qui restent doivent,
en rigueur presque absolue, s'appeler productives d'images.
b Voilà donc que la production se dédouble à nouveau.
Théétète. — Explique -moi ce nouveau dédoublement.
L'étranger. —Nous-mêmes, j'imagine,
et le reste des
vivants, et leurs principes composants, feu, eau et substances
congénères, ce sont autant de choses dont la réalité indivi-
duelle fut, nous le savons, la production et l'œuvre de Dieu.
N'est-il pas vrai ?
Théétète. — Si.
L'étranger. —• A côté de chacune d'elles viennent ensuite
se
rangerleurs
images
et nonplus
leurs réalités. Divine encore
est l'invention qui machina ces images.Théétète. — Lesquelles ?
L'étranger. — Celles qui nous viennent dans le sommeil,
et tous les simulacres qui, pendant le jour, se forment, comme
1 . Los Lois justifieront (892 c et suiv.) ce renversement delà thèse
qui oppose, à la causalité aveugle de la nature, l'art humain, créa-
teur des images, des arts, des lois et des dieux (889 b/c). ComparerVoltaire, Dialogues. XXIX, a.
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387 EOélSTHi: 265 e
EXKE<r6ai cf^ç, làaco-
xpévoç y°<P ^ K "nepmoO y^vc-ix* àv.
3
AXXà Srjo&sxà u.èv cpûaEi X£y6u.£va TtoiEÎoBai. Beux xÉ)(vr|,
ta 8' ek xoûxcov ÛTt' àvBpcimcov auviaxàu.Eva àv8pcoTtl.vr| ,
«xl Kaxà xoOxov 5f)t6v X6yov Sûo Ttcur|Xi.Kf]ç yÉvr|, t8 u.èv
àvBpcbmvov EÎvaL, t6 8è 8eîov.
0EAI. 'OpBSq.
HE. Téu.veSi*)
Sucûv oôaaiv St^a EKaxÉpav aSBiç.
0EAI. nûç ;
HE. Otov x6xe u.èv Kaxà TtXàxoc; xéu.vcov xf|v Ttoir|Xi.Kr|v266 a
nâaav, vOv 8è au KaxàfcifJKoç.
0EAI. Texu-^cBco.
HE. TÉxxapa u.f|v aôxf]c; oûxco xà Ttàvxau.Épr) ylyvExai,
Sûo u.èv xà Ttpôç f)u.éov, àvSpcÔTTEia, Sûo 8' au xà Ttpôç Beqv,
8EÎa.
0EAI. Nal.
HE. Ta Se y' coq éxÉpcoq a3 Sir)pr|u.£va, (lépoç u.ev ev
&<$>' ÉKaxÉpaq xf]ç u-EplSoç aùxoTtoir|xiK6v, xco 8' ûtcoXoIttco
o)(eS6v u-àXiax3
ctv X£yolcT8r|v Et8coXoTTouKcô• Kal Kaxà xaOxa
5r)TiaXiv
r} Ttoir|XiKf| St^rj SiaipEtxai.
0EAI. AÉyE &Ttr| ÉKaxépa au8iç. b
HE.c
Hu.£c<; u.év Ttou Kal xSXXa £cpa Kal IE, cov xà Tt£<pu-
<6x' ecjx'iv, TtOp Kal uSoop Kal xà xoûxgîv àSEXcpà, BeoO y£v-
vr)u.axa nàvxa "ctu.ev auxà ànEipYaa^Éva fKaaxa -
rj ttûc; ;
0EAI. Ouxcoq.
HE. Toûxcov Se y£ EKaaxcùv E'îScoXa àXX3
ouk auxà Ttapé-
TtExai,
Sai^ovia
Kal xaOxa u.r)xavfj
yEyov6xa.0EAI. nota;
HE. Ta xe Iv xoîç UTtvotc; Kal bca u.e8' ^Épav cpavxàa-
e 2x?''i'
,Qt ' Xo'yoç Richards||e 8 o'J'jaiv : ouaavW
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b i or.r, Ven. 8 : ôjiot BTY ônoî' W ||
IxKzipa. : Ixittp* BW ||b 3 r;usTe, : -ôc; Hcindorf
j|b g çavxobuaxa :
ttâaaax' W.
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266 c LE SOPHISTE 38»
c on dit, spontanément : l'ombre que projette le feu quand les
ténèbres l'envahissent;cette apparence, enfin, que produit,
endes
surfaces brillanteset
lisses,le
concours, en un mêmepoint, de deux lumières, leur lumière propre et une lumière
étrangère, et qui oppose, à la vision habituelle, une sensation
inverse '.
Théétète. — Voilà donc les deux œuvres de la productiondivine : la chose, d'une part ; et, de l'autre, l'image qui ac-
compagne chaque chose.
L'étranger. — Maisque
dirons-nous de notre art humain ?
I\ 'affirmerons-nous pas que, par l'art du maçon, il crée la
maison réelle et, par celui du peintre, une autre maison,
sorte de songe présenté par la main de l'homme à des yeuxéveillés ?
d Théétète. — Absolument.
L'étranger. — Ainsi donc se répète, jusqu'au bout, sur
une doubleligne,
cette dualité d'œuvres de notre action
pro-ductrice : d'une part, disons-nous, chose, production de chose;
de l'autre, image, production d'image.Théétète. — Maintenant je comprends mieux et je pose,
pour l'art de production, deux formes dont chacune est
,double : d'un côté, production divine et production humaine
;
de l'autre, création de choses, ou création de certaines res-
semblances.
L'étranger. — Eh bien, cette fabrication d'images devait,
souvenons-nous, comprendre, comme genres, et la productionde copies, et la production de simulacres, sitôt que le faux
e serait démontré avoir réel être de faux et compter, par droit
de nature, comme unité parmi les êtres.
Théétète. — Ce fut bien là notre raisonnement.
L'étranger. — Or la démonstration est faite et, par suite,
notre droit est maintenant incontestable de compter ces pro-duits pour deux formes distinctes ?
Théétète. — Oui.
267 a L'étranc.kr. — Divisons donc, à son tour, le simulacre
en deux.
Théétète. — En quel sens ?
i. Cf. Théét., iq3 c/d, el surtout Tirnée 46 a/c, où l'on expliquecette rencontre de la lumière propre du milieu réflecteur avec la
lumière de l'œil, et la symétrie inverse de l'image avec l'objet.
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388 EO&ISTH2 266 c
uaTa auTocpuf] XÉyETai, aKià uèv bxav Iv tgj Ttupl ok6toc; C
^YY^-Yvrl
TaL " SinXoOv Se f\vi< av (pûç oIkeî6v te Kal àXX6-
xpiov TtEpl xà XauTtpà Kal Xeloc eIç ev ouveXSôv Tf]ç luTipo-
<j8ev EtcûBuLaç ouOecùç IvavTlav auj8i"|aiv Ttapé^ov eÎSoç
àTtEpY<x^r)Tai.
0EAI. Aûo Y"P °^v eoti -rauxa Be'iocç Ipya Ttoir]aEcoc;,
auTÔ te Kal tô TtapaKoXouBoOv eïSoXov EKàaTCd.
HE. T'i Se Tr]v r^iETÉpav TÉ^vr|v ; ap1
oôk aÙTrjv uèv
oiKÎav olKoSouiKrj <pr|aouEV ttolelv, YP ot4,LK fi^E TLV '
ÉTÉpav,
oîov Svap àvSpcûTuvov EYpr|Yop6criv àTtEipYa<7^Évr|v ;
0EAI. riâvu ^èv ouv. d
HE. OùkoOv Kal T&XXa oOto KaTà Sûo SiTTà ipya Tf]ç
fjUETÉpaç au noiriTLK^c; Ttpà^Ecoq, tô uèv auT<5, cpauév,
aÛTOupYi-Kr|. tô Se eïScoXov EÎScoXoTToiiKf).
0EAI. NOv u&XXov I^iaSov, Kal Tl8r|ui Sûo Siyf] noirjTi-
<r\q £.XBr\'Oelov uèv Kal àv8pamivr|v KaTà SaTEpov Tufjua,
KaTà Se SàTEpov tô uèv aÛTcov ov, tô Se Suouùu.àTCùv tivôv
YÉvvr|ua.
HE. Tf)Ç to'ivuv EiS&iXoupYiKqç àva^r)o8GuEv Sti tô uèv
EÎKaaTiKÔv, tô Se <|>avTaaTiKÔv eueXXev EÎvai. yévoç, ei tô
uOeûSoç ovtooç Bvi|;e08oc;
Kal tûv ovtcov ev tl<pav£lr| tte- e
<pUK6ç.
0EAI. *Hv Y"P °®v -
HE. OukoOv icpâvr) te Kal Sià TaOTaSn, KaTapi8ur|aouEv
aÔTca vOv àvau<pia6r|Tr|T<oc; £ÏSr| Sùo;
0EAI. Nal.
HE. Tô toIvuv <pavTaaTiKÔv au8iç Siopl£cou£v S'i^a. 2S7 a
0EAI. nfj;
c 2 iv om. T||
c 'i Jtotpi/ov: -vtffyt T\||
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( supra lin.) W c<j
OtX&N : -/.v.ii (sed t puncto nota-
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KÙTOUpY^ et mox t&oXosotixij sccl. Apelt !j d 6 Osûcv... àvGpw-Jtfvïjv Heindorf : -:'a
-r, BW -:'a-ijTY
j|6 5 aùtw Paris. 1 8i 4 : T->~'r>
BTYW||
267 a i B»pg«fuv HT: fcw- Y -Çojuv YW.
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267 a LE SOPHISTE
L'étrasger. — D'une part, le simulacre se fait au moyend'instruments. De l'autre, la personne qui fait le simulacre
se prêle elle-même comme instrument.Théétète. — Que veux-tu dire ?
L'étranger. — J'imagine que quelqu'un adapte son corps
à reproduire ton attitude ou sa voix à reproduire ta voix :
cette façon de simuler est bien, je crois, ce qu'on appelle
proprement mimer'.
Théétète. — Oui.
L'étranger. — Réservons donc ce segment sousle
nomde
mimétique. Quant au reste, permettons-nous cette paresse,
et négligeons-le totalement, laissant à d'autres le soin de le
b ramener à l'unité et de lui assigner quelque nom convenable.
Théétète. — Réservons donc, et laissons aller.
L'étranger. — Mais ce premier segment, Théétète, mérite
encore d'être considéré comme double. Voyons pourquoi.Théétète. — Dis-le moi.
L'étranger. — Ceux qui imitent le font, les uns en con-
naissantl'objet qu'ils imitent, les autres, sans le connaître.
Or quel plus large principe de division pourrons-nous poser
que celui de la non-connaissance et de la connaissance ?
Théétète. — Aucun.
L'étranger. — Donc l'imitation dont nous parlions tout à
l'heure était imitation
par gens quisavent? Car ta confor-
mation et la personne sont possibles à connaître pour qui les
voudrait imiter.
Théétète. — Naturellement,
c L'étranger. — Mais la conformation de la justice et, en
général, de toute la vertu? N'y en a-t-il pas beaucoup qui,
sans la connaître, mais s'en étant fait, je ne sais comment,
une opinion, s'évertuent sur le faux semblant qu'ils s'en
sont forgé et se travaillent à le faire apparaître en eux
comme réellement présent, le mimant le plus qu'ils peuventen actes et en paroles ?
Théétète. — Beaucoup, oui, beaucoup.L'étranger. — Est-ce donc que tous échouent à paraître
justes sans l'être le moins du monde? Ou bien arrive-t-il
lout le contraire ?
i. Sur le rôle d'une tulle mimique dans le langage spontané, cf,
Cratyle 4a3 a/b.
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389 SOMSTH2 267 a
HE. T6 ^ièv Si.' opyâvov yuyvdjJiEvov, xô Se auxoO TtapÉ-
Xovxoç iauxôv Spyavov xoO ttoioOvxoc; x6 (pàvxaa^a.
0EAI. nûç cpf|<; ;
HE. "Oxav oî^ai t6 aôv ay^jiâ xiç t5> éauxoO Xpob^iEvoc;
acb^iaxi Ttpoa6^oiov f) cpcovf^v cpovfj cpaivEaBai Ttoifj. ^l^r|aic;
toOto xf^ç (pavxaaTLK^ç ^âXiaxa KÉKXr|xal nou.
0EAI. Nal.
HE. Ml^T|XI.KÔV 8f]TOOTO aUTf^Ç TtpoaELTTOVTEC; ànovEL-
^icb^ESa-
xô S3otXXo TtSv àtpco^EV ^aXaKiaSévTEq Kal TtapÉv-
xeç ÉTÉpcp auvayayELV Te e^Ç ^v KOt '- TtpÉnouaav ETtcovu^lav b
dmoSoGvai xiv3
OUTÔ.
OEAI. NEVE^T]a8cù, xô Se ^eSeIoBco.
HE. Kal\iï\\>
Kal xoOxo exi SittXoOv, 5» 0Eal*rr|T£. a£uov
^YELa8aL• Si5
S. Se, OKÔTtEi.
0EAI. AÉYe.
HE. T£>v ^u^ou^évcov ol (ièv eISôxeç S ^u^ioOvxai XOUXO
Ttpâxxouaiv, ol S' ouk Et86x£ç. Kalxoi xlva ^e'i£co SialpEaiv
àyvcùalaç te <al yvcboECùç 6r|ao^£v :
0EAI. OuSe^'uxv.
HE. OukoOv x6 yE apxi Xe^Sèv eISôxcùv ^v ^il^r|pa ; xô
yàp aôv a)(f)^a Kal aè yiyvobaKcov av xiç ^i^aaixo.
0EAI. r\€>q S' 08; c
HE. Tl 5è 8tKai.oavivr)c; xô a^fj^a Kal 8Xr|Ç auXXr)6Sr]v
àpExf^ç ; *Ap5
ouk àyvooOvxEÇ jiév, So£à£ovx£ç SeTtr). a<po-
Spa lm)(Ei.poOcri.v ttoXXoI xô SokoOv acplaiv xoCxo âç èvôv
auxoîç TtpoBu^EtaSaL cpalvEaSai tioleIv, bxi ^îaXiaxa Ipyoïq
xe Kal Xôyoïç ^i^où^evoi ;
0EAI. Kal -nàvu yE TtoXXol.
HE. MSv ouv TtàvxEq aTtoxuy^âvouCTi xoO Sokeîv EÎvai
S'iKaioi ^Sa^ûç ovxeç :f)xoûxou TtSv xoôvavxlov
;
a 3 tÔ oï aÙTO'j : tÔ o' au T©8 W a io KXOvf<{tto|iS&a : -o'uîOa
BT || a 1 1 tCfâpev : âss'vTi; Y |j b h xa:. post pjjv om. W
|| c 3
SoÇârovTcï : oô£av:E; W ; ^r :
o>| W |
C A ivôv : §vo: Y I C 5
•a{v£a6a'. om. Y.
7/29/2019 Platon, 8.3 Le Sophiste
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267 c LE SOPHISTE 3go
Théétètk. — Tout le contraire,
d L'étranger. — Voilà donc deux imitateurs qu'il faut dire
différents l'un de l'autre, j'imagine:
celui qui ne sait point etcelui qui sait.
Théétètk. — Oui.
L'étranger. — Où donc prendre, pour chacun d'eux, unnom qui leur aille ? Le trouver est évidemment difficile
; car,
pour cette division par genres et par formes, bien invétérée,
ce semble, était la paresse de nos prédécesseurs, qui en eurent
si
peule
sens qu'ils n'en ont même nulle part tenté l'essai.Aussi nos ressources en noms sont-elles nécessairement peuabondantes. Et pourtant, dût notre expression sembler trop
osée, ne fût-ce que pour bien distinguer l'une et l'autre, à
e l'imitation qui s'appuie sur l'opinion nous donnerons le nomde doxomimétique
'
;à celle qui s'appuie sur la science, le
nom de mimétique savante.
Tiiéétète. — Soit.
L'étranger. — Or c'est de la première qu'il nous faut faire
emploi ;car le sophiste n'est point du nombre de ceux qui
savent, mais de ceux qui se bornent à imiter.
Théétète. — Assurément.
L'étranger. — Examinons donc le doxomime comme nous
ferions un morceau de fer, pour voir s'il est sain ou s'il n'a
point
encore en lui
quelque paille.Théétète. — Examinons.
L'étranger. — Il en a, au fait, et en bien des endroits.
268 a Car un de ses personnages est le naïf, qui croit avoir science de
ce dont il n'a qu'opinion. Quant à la figure que fait l'autre,
d'avoir tant roulé parmi les arguments y met une forte dose
de méfiance, une appréhension très vive d'ignorance person-nelle sur les sujets mêmes où, élevant les autres, il se donne
figure de savant.
Théétète. — L'un et l'autre genre existent, certainement
tels que tu les dis.
L'étranger. — Ainsi nous poserons l'un comme simple
imitateur, l'autre comme imitateur ironique ?
Théétète. — Avec vraisemblance.
i. Platon s'excuse du mot doxomimétique comme d'une hardiesse,
mais il aime les composes de cet ordre, qui traduisent son mépris
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3go EO'MSTHE 267 c
0EAI. nsv.
HE. MLLir|xf]v 8f|xo0x6v y£ EXEpov Ikeîvou Xekxéov oÎLiai, d
xèv àyvooGvxa xoO yiyvoboicovxoc;.
GEAI. Nai.
HE. I~168ev ouv ovo^a iicaxÉpcd xlç auxûv X^ijjExaL TtpÉ-
Ttov;"H SfjXov 8f) ^cxXettôv ov, 8l<5xl ir\q xûv yEvôv icax'
eXSt] StaipÉCTECùc; TtaXaià xiç, â>q eoikev, àpy'ia xoîç ELmpo-
o8ev Kal àaovvouç Ttapf]v, ôcfxelxt)8' etu)(£lpelv Lir|SÉva
SiacpEtcrSai* Ka8S8f)
xqv ôvoLLaxcov àvâyicr) ^if] a<pô8pa
EÙnopEÎv. "Ollcùç Se, k&v el xoX^ir|p6xEpov Eipf]a9ai, 8ia-
yvôaEcaq evekcc x^)v lièv LiExà 86£r|ç Lii.Lir|CJiv So£,oLu^r)XLK^v
TTpOCJELTTCOLLEV, xf)V 8È LIET* £TUO"Xit
) LJL1T|C; LOTOpiK^V XLVa LU- 6
©EAI. "Eotco.
HE. Qaxépcp xo'lvuv )(pr|OTÉov ô yàp ao<pLaxf]ç oùk iv
XOLÇ £Î86oLV ?]V àXX' EV XOÎÇ LULIOU LIEVOLÇ 8f\.
0EAI. Kal LtaXa.
HE. Tov So£oLiLLir|xf]v 5f]okottôlieBcx ôScmEp aL8r|pov,
e'lxeuyL-qc; e'lxe SmX6r|v et
1
e)(cov xivâ eoxlv êv aûxû.
OEAI. Zkottôliev.
HE. "E^ei to'lvuv Kal LiàXaav»)(vr)v.
cO llèv yàp eu^Ot^c;
auxûv ecjxlv, oÎ6l^evoç EtSÉvaL xaOxa a 5o£J6;£el- xo Se 268 a
Saxépou a)(f)Lia Sià x^|v ev xoîq XéyoLÇ kuX'lvSt^olv e^el
TtoXXr|v ÔTtoL|;lav <al cp66ov cbç àyvoEÎ xaOxa S TtpSç xoùç
aXXouç qç elSùç la)(r|^àxLaxaL.
©EAI.riàvu llèv o8v ecjxlv
licaxÉpou yévouç Sv EÏpr)-
Kaç.
HE. OukoOv xèv l^èv ànXoOv Lu^rix/jv XLva, xèv Se Etpo-
vlkSv LULir|xî|v 6r)O0LiEv ;
©EAI. ElkSç yoOv.
d G àpyia Madvig : a.:-:i codd.
||d 8 z.xOo : xaO' a W |
e 8 IVom. TY
||268 a 5 bwzipov yivou; TYW : -pou* ysvo-j* B-pov yï'voî
Madvig -soj yavo; Apelt.
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39 i SOMSTH2 268 a
HE. Toutou 8' au tô yÉvoç evr\
8ûo <J>ûu.ev :
0EAI. "Opa au.
HE. Zkoticù. kocl u.ol Slttù KaTacpalvEaSôv tlve-
tôv u.èv b
Sr)u.oala te koù LLaKpoîç Xéyoïc; Ttpôç TtXr]8r|SuvaTÔv Eipcù-
vEÛEaSai KaSopw, tôv Se IS'ia te Kal (ipa^Éat Xéyoïç àvay-
K<x£ovTa t8v Ttpoa8iQLXEy6u.Evov EvavTLoXoyEÎv auTÔv aoTw.
0EAI. AÉyEic; opGdTaTa.
HE. TLva ouv anocpaivcÔLiESa tôv u.aKpoXoy<iT£pov EÎvai :
Tt6T£pa ttoXltlkôvf) 8r)u.oXoyiKév ;
OEAI. Ar|LioXoyiK6v.
HE. Tl Se tôv ETEpov èpoOu.£vj ao<|>ôv f} ao<piaTiK6v ;
GEAI. Tô llév ttou ao<pôv àSûvaTov, ettelttep ouk EiSdTa
auTÔv eSeliev Ln^rjTfiç S' £>v toO ao<f>oO Sf^Xov otl napco- C
vûluov aÙTou tiXf|LJj£Tai,
Kal a)(£Sôv f^Sr) LiELiâSrjKa otl
toGtov Sel TtpoaEiTtE,
LV àXr|8coc; auTÔv ekeIvov tôv TtavTa-
TtaaLv ôvtcùc; ao<piaT/|v.
HE. OùkoOv auvSqaoLiEv auToO. KaSànEp ELmpoaSEV
Toôvoiia (TULLTtXÉ^avTEÇ ànô teXeutt^ç ett' àpxfjv ;
OEAI. riàvu u.èv o5v.
HE. T6Si*) T^Ç EVaVTLOTTOloXoyiKfjÇ EipGÎVlKoO LLÉpOUÇ
Tf]ç So^aaTLKfjç ^llh-|Tlk6v, toO (^avTaaTiKoO yÉvouç ànô
Tf]Ç ElScùXoTTOllK^Ç OU BeÎOV àXX' àv8p<3TUKÔV Tf)Ç TT0lf]a£C0Ç d
àc^cùpiatiÉvov ev X6yoLÇ tô 8auu.aTOTtoiiKÔv u.6piov, « Taû-
Triç Tfjç yeveSç te Kal a'LLiaTOÇ » 8ç av<pfj
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ao<fLCTf]v EÎvaL, TàXr|8ÉaTaTa, àç eolkev, IpEÎ.
OEAI. riavTàTtaaL liev ouv.
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7/29/2019 Platon, 8.3 Le Sophiste
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