Pascal Bruckner - La maison des anges - articol lansare carte

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SDF : les envies de meurtre de Pascal Bruckner Avec son nouveau roman, La maison des anges (Grasset), Pascal Bruckner va encore faire grincer quelques dents et hurler les belles âmes. Après avoir, entre autres, fustigé la Tyrannie de la pénitence dans les sociétés occidentales, passé au lance-flammes l’écologie radicale et son Fanatisme de l’apocalypse, démystifié le devoir de bonheur, imaginé dans une réjouissante fable, Mon petit mari. De quoi est-il question dans La maison des anges ? Antonin Dampierre, trente ans et des poussières, fils de soixante-huitards, exerce le métier d’agent immobilier. Sa vie professionnelle lui sourit, sa vie privée un peu moins. Si l’on met de côté son obsession de la propreté, Antonin est un type normal. Mais un incident va le faire basculer dans l’anormalité. Antonin rate la vente d’un splendide appartement à cause, pense-t-il, de deux ivrognes, qui faisaient tache dans le décor. De rage, il bat à mort l’un des deux pauvres malheureux. Dès lors, Antonin Dampierre se sent investi d’une mission : débarrasser le bitume parisien de ses indigents. Pas tous. Le sérial killer établit une hiérarchie : sa croisade vise seulement les irrécupérables. Délaissant son emploi, il intègre une structure d’accueil pour miséreux, La maison des anges, dirigée par Isolde de Hauteluce, grande bourgeoise qui dédie sa vie aux déshérités. Isolde est "assoiffée de malheur comme d’autres d’or". Cette "Madone des Egarés", aussi exaltée que sculpturale, a la bonté cannibale. Elle cherche partout des êtres en perdition pour les sauver. « Sa charité précède toute détresse », dit Bruckner. Dans le sillage de cette émule de Mère Teresa, Antoine Dampierre repère ses proies parmi les clochards à la trogne tuméfiée et les roms devenus rois de la cour des miracles version 2013. Mais le passage à l’acte s’avère plus compliqué qu’il ne le pensait. Car ce qui est au cœur de ce roman, c’est l’ambivalence de nos sentiments à l’égard des plus démunis. « Avec le clochard, écrit Bruckner, la compassion n’est jamais loin de la violence, la charité de la haine. On ne pardonne pas à celui qui s’abaisse de vous abaisser en même temps, de vous tirer vers la fange. Dans sa perdition, il suscite en nous une sorte d’horreur sacrée puisqu’une mince frontière sépare la vie courante de l’abjection. Il incarne la fascination du gouffre ». Comme le dit Isolde de Hauteluce : « Il faut quelques jours à peine pour devenir un clochard ».Le miséreux est donc un oiseau de mauvais augure. La mauvaise nouvelle qu'il nous apporte ? La pauvreté revient et menace chacun d’entre nous. Le clochard "atteint notre foi en l’homme, notre croyance béate dans le progrès". Si nous lui donnons parfois une pièce, c’est pour conjurer le sort. Comme Antonin Dampierre, le lecteur découvre « la misère du monde comme le puceau une femme nue : avec stupéfaction ». C’est aussi sa réaction en refermant le roman grinçant de Pascal Bruckner. Décidément, les mauvais sentiments font les bons romans.

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SDF : les envies de meurtre de Pascal Bruckner

Avec son nouveau roman, La maison des anges (Grasset), Pascal Bruckner va encore faire grincer quelques dents et hurler les belles âmes. Après avoir, entre autres, fustigé la Tyrannie de la pénitence dans les sociétés occidentales, passé au lance-flammes l’écologie radicale et son Fanatisme de l’apocalypse, démystifié le devoir de bonheur, imaginé dans une réjouissante fable, Mon petit mari. De quoi est-il question dans La maison des anges ?

Antonin Dampierre, trente ans et des poussières, fils de soixante-huitards, exerce le métier d’agent immobilier. Sa vie professionnelle lui sourit, sa vie privée un peu moins. Si l’on met de côté son obsession de la propreté, Antonin est un type normal. Mais un incident va le faire basculer dans l’anormalité. Antonin rate la vente d’un splendide appartement à cause, pense-t-il, de deux ivrognes, qui faisaient tache dans le décor. De rage, il bat à mort l’un des deux pauvres malheureux. Dès lors, Antonin Dampierre se sent investi d’une mission : débarrasser le bitume parisien de ses indigents. Pas tous. Le sérial killer établit une hiérarchie : sa croisade vise seulement les irrécupérables. Délaissant son emploi, il intègre une structure d’accueil pour miséreux, La maison des anges, dirigée par Isolde de Hauteluce, grande bourgeoise qui dédie sa vie aux déshérités. Isolde est "assoiffée de malheur comme d’autres d’or". Cette "Madone des Egarés", aussi exaltée que sculpturale, a la bonté cannibale. Elle cherche partout des êtres en perdition pour les sauver. « Sa charité précède toute détresse », dit Bruckner. Dans le sillage de cette émule de Mère Teresa, Antoine Dampierre repère ses proies parmi les clochards à la trogne tuméfiée et les roms devenus rois de la cour des miracles version 2013. Mais le passage à l’acte s’avère plus compliqué qu’il ne le pensait. Car ce qui est au cœur de ce roman, c’est l’ambivalence de nos sentiments à l’égard des plus démunis. « Avec le clochard, écrit Bruckner, la compassion n’est jamais loin de la violence, la charité de la haine. On ne pardonne pas à celui qui s’abaisse de vous abaisser en même temps, de vous tirer vers la fange. Dans sa perdition, il suscite en nous une sorte d’horreur sacrée puisqu’une mince frontière sépare la vie courante de l’abjection. Il incarne la fascination du gouffre ». Comme le dit Isolde de Hauteluce : « Il faut quelques jours à peine pour devenir un clochard ».Le miséreux est donc un oiseau de mauvais augure. La mauvaise nouvelle qu'il nous apporte ? La pauvreté revient et menace chacun d’entre nous. Le clochard "atteint notre foi en l’homme, notre croyance béate dans le progrès". Si nous lui donnons parfois une pièce, c’est pour conjurer le sort. Comme Antonin Dampierre, le lecteur découvre « la misère du monde comme le puceau une femme nue : avec stupéfaction ». C’est aussi sa réaction en refermant le roman grinçant de Pascal Bruckner. Décidément, les mauvais sentiments font les bons romans.

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Vagabonzii: Dorintele ucigase ale lui Pascal Bruckner

Cu noul roman, Casa Ingerilor, Pascal Bruckner va face din nou cativa dinti sa scartaie si suflete frumoase sa strige. Dupa ce, printre altele, a condamnat „Tyrannie de la pénitence”(Tirania Penitentei)  in societatile vestice, pe lângă ecologia radicală aruncatoare de flacari si “Fanatisme de l’apocalypse”(Fanaticii apocalipsei), a spulberat iluziile datoriei fericirii, imaginata intr-o fabula incantatoare „Mon petit mari”. Despre ce este vorba in ”La maison des anges” (Casa Ingerilor)?

Antonin Dampierre, 30 de ani prafuiti, fiul unor parinti de 68 de ani, incearca meseria de agent imobiliar. Viata lui profesionala ii surade, viata personala mai putin. Daca lasam deoparte obsesia lui pentru curatenie, Antonin este un tip normal. Dar un incident ar putea înclina balanta spre anomalie. Antonin rateaza vânzarea unui apartament splendid pe motiv ca, el crede, doi bețivi care au fost la fața locului au murdarit decorul.De furie, il bate pana la moarte pe unul din cei doi nefericiti săraci. De atunci, Antonin Dampierre se simte investit cu o misiune: să curețe bitum-ul parizian de vagabonzi. Nu toti. Criminalul în serie stabilește o ierarhie: cruciada sa vizează doar pe cei aflati in stare irecuperabilă. Abandonandu-si slujba, el introduce o structură de primire a persoanelor sărace, Casa de îngeri, initiate de Isolde Hauteluce o persoana importanta din clasa de mijloc care isi dedica toata viata celor defavorizati. Isolde este însetata de nenorocirea celorlalti ca altii dupa aur". Aceasta "mama a ranitilor” asa de entuziasmata și sculpturala, si cu o bunătate canibala cauta ființe pretutindeni, aflate în nelegiuire pentru a le salva. "Actele lui de caritate preceda orice mizerie”, spune Bruckner.Acest discipol al Maicii Tereza, Antonin Dampierre isi gasea victimele in randul cersetorilor fără adăpost și romii ce au devenit regi ai Curții de minuni versiunea 2013. Dar punerea in practica a acestui act se dovedeste a fi mult mai complicata decât a crezut . Pentru ceea ce este prezentat in inima acestui roman este ambivalenta sentimentelor noastre față de cei săraci.“Cu vagabonzii, scrie Bruckner, compasiunea nu este niciodată departe de violență , caritatea urii. Ei nu scuza pe cei ce se injosesc, pentru a-i reduce în același timp, pentru a-i trage cu ei in noroi. În nelegiuirea lor, provoacă în noi un fel de teroare sacra, deoarece o graniță subțire separă viața comună de abjecție. Aceasta reprezintă fascinația prăpastiei. " Așa cum a spus Isolde Hauteluce: " Este nevoie doar de câteva zile pentru a deveni un vagabond " Sărăcia este o pasăre de rău augur. Ce veste proastă ne aduce? Sărăcia se întoarce și ne amenință pe noi toți. Vagabondul „a atins credința în om, credinta fericita în progres . " Dacă uneori ii dăm o monedă, este ispita soartii. Ca si Antonin Dampierre, cititorul descoperă " mizeria lumii ca pe o femeie goală: cu uimire. " Este de asemenea si reacția lui in încheierea romanului de Pascal Bruckner. Indubitabil, sentimentele rele produc romane bune!