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NOM PRENOM
GROUPE
IUFM
Stage filé en Moyenne section
à ……………….
DOSSIER PROFESSIONNEL
Pratiquer et fréquenter l’écrit en Moyenne section.
2009-2010
INTRODUCTION
Tous les enfants, dès qu’ils sont capables d’utiliser leurs mains, parfois fortuitement, et quel
que soit leur milieu socioculturel, prennent plaisir à laisser leur trace, le premier outil scripteur
étant la main. Il apparaît qu’un enfant très jeune est intéressé par SA trace écrite, mais est
indifférent à l’écrit de l’autre. Dans la classe de moyenne section où j’effectue mon stage filé, j’ai pu
constater très vite que mes élèves n’étaient pas du tout entrés dans le monde de l’écrit malgré le
travail fait en petite section. C’est le rôle de l’école d’intéresser l’enfant à l’écrit en général, à
l’inciter à s’interroger sur ce moyen de communication. Les enfants ont tous, dès leur plus jeune
âge, la même potentialité pour découvrir et produire de l‘écrit, mais leur évolution dépend
essentiellement des médiateurs qui les entourent (école, parents…). Je me suis donc penchée sur ce
problème, et c’est sur ce sujet que porte ce dossier professionnel.
Comment accompagner efficacement les élèves de moyenne section dans
la pratique et la fréquentation de l’écrit ?Comment donner la conscience de l’écrit à un jeune enfant tout au long de l’année scolaire ? Par
quels moyens pédagogiques ? Comment optimiser les apprentissages dans ce sens ?
C’est à ces questions que je vais tenter de répondre, en établissant d’abord un constat à partir des
observations faites en classe, puis en faisant part de ma réflexion autour de l’écrit. Enfin, à travers
ma pratique, j’exposerai quels sont les moyens pédagogiques possibles pour accompagner au
mieux les élèves.
I- OBSERVATIONS ET CONSTAT : DES ELEVES INDIFFERENTS A L’ECRIT
a) Situation socio-culturelle et géographique de l’école
Mon stage filé se déroule dans une école maternelle d’un village de l’Eure. Elle se situe au
milieu qu’un quartier pavillonnaire non loin du centre-ville. Quelques structures culturelles sont
disponibles comme la bibliothèque municipale par exemple. La majorité des parents d’élèves
travaillent à deux, souvent dans le milieu libéral, ce qui donne une idée sur le niveau social
environnant. En règle générale, les parents sont assez investis dans l’école. Il est donc possible de
compter sur leur participation concernant le travail de leurs enfants, ce qui n’est pas négligeable
pour les aider à entrer dans l’écrit convenablement.
b) Observations à propos de l’écrit
Dès le début de l’année scolaire, les enfants ont été en contact avec le monde de l’écrit, à
travers leur étiquette-prénom utilisée pour l’appel d’abord, puis leur étiquette à coller sur leurs
travaux. Une lecture offerte était programmée tous les jours, et quelques affiches réalisées l’année
précédente avec d’autres élèves étaient encore affichées. Je n’ai pas pu discuter du travail déjà fait
avec l’enseignante qui a eu ces élèves en petite section puisqu’elle a été mutée. A mon arrivée fin
septembre, lorsque j’ai mis en place une séquence autour de la pomme, je me suis aperçue que les
enfants n’avaient pas du tout conscience de l’utilité que pouvait avoir l’écrit, à part « raconter une
histoire ». Bien que cette conscience ne s’acquière pas en une année scolaire, j’ai vite compris qu’il
allait falloir travailler particulièrement les compétences du domaine de la découverte de l’écrit avec
eux. Je me suis donc demandé quel était le rapport à l’écrit des élèves de ma classe. J’ai alors
effectué une sorte d’enquête auprès des élèves pour connaitre leurs idées à ce propos. Je leur ai
demandé ce qu’est l’écrit, à quoi ça sert, qu’est-ce qu’on écrit, qui écrit, avec quoi. Puis j’ai posé
des questions à propos de la lecture et l’acte de lire. Il est apparu que les élèves sont intéressés par
l’aspect concret de l’écriture, c’est-à-dire par la trace laissée, et ce sont le plaisir de la narration,
l’attrait pour l’objet livre, la notion de prestance et de pouvoir (lorsqu’un enfant « lit » sur la chaise
de la maîtresse) et le plaisir d’imiter l’adulte qui les motivent dans l’utilisation de l’écrit. A la suite
de cela, à l’accueil, le matin, je leur ai demandé d’écrire ce qu’ils voulaient, et la plupart ont tracé
des signes plus ou moins ressemblant à des lettres, en précisant qu’ils ont écrit « papa » ou
« maman ». D’autres ont préféré écrire directement leur prénom. Cela montre bien que les mots
sont porteurs d’affectivité chez les enfants jeunes. J’ai aussi remarqué que les élèves ne
reconnaissaient pas encore d’indices dans l’écrit.
Lors de la première visite-conseil, mes tuteurs m’ont aidé à y voir plus clair en me faisant
remarquer que la présence de l’écrit dans la classe était insuffisante. Pas de coin livres, peu de
situations d’écrit avec les enfants ou alors sans réelle progression, peu d’affichages même si nous
étions en début d’année, et surtout, des affichages anciens, qui ne « parlaient » pas aux élèves
puisqu’ils n’en étaient pas les auteurs.
Après ces observations, j’ai décidé de me documenter sur tout ce qui concerne l’écrit chez le
jeune enfant afin d’avoir un éclairage théorique et quelques pistes pédagogiques pour améliorer la
situation dans ma classe.
II- RECHERCHES ET REFLEXION AUTOUR DE L’ECRIT
a) Qu’est-ce que l’écrit ?
Pour mieux comprendre le rapport qui s'instaure à l'école entre l'enfant et le monde de
l'écrit, il convient de définir ce qu'est l'écrit. Les étapes de l'entrée dans l'écrit sont liées à
l'acquisition du geste graphique et de la conscience phonologique.
Je rappelle que, dans le cadre scolaire, les activités de lecture et d'écriture concourent
toutes deux au même but : l'appropriation de la langue écrite.
« La langue écrite est à la fois porteuse de sons et de sens : elle représente la langue
parlée, le message verbal est transcrit. Le message écrit présente donc des particularités par rapport
au message oral : il subsiste, peut être relu. »1 Quand, à l'oral, le feed-back est immédiat, le
réajustement des paroles est possible, tout comme la correction, la réorientation du discours ; en
revanche, à l'écrit, les modifications sont impossibles, la communication est différée, l'émetteur
doit donc se mettre à la portée du destinataire. La trace écrite définitive peut avoir été élaborée en
plusieurs jets (brouillon) ce qui implique la relecture, la distanciation : ajout d'éléments,
suppression d'objets inutiles, corrections diverses.
C'est à l'école que, le plus souvent, l'apprentissage des spécificités de l'écrit aura lieu.
Il est certain que, dans les milieux favorisés, les parents, par les lectures du soir ou par le modèle de
lecteur qu'ils offrent à leur enfant, participent à cet apprentissage. Les compétences à acquérir sont
listées dans les nouveaux programmes de 2008, et déclinées dans le domaine « Découvrir l’Ecrit ».
« Ce sont les activités d’expression à l’oral, les situations nombreuses d’écoute de textes que
l’enseignant raconte et lit, et la production d’écrits consignés par l’enseignant, qui préparent les
1 Pratiques de l’écrit à l’école maternelle, ECF éditeurs
élèves à aborder l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Par trois activités clés (travail sur les
sons et la parole, acquisition du principe alphabétique et des gestes de l’écriture), l’école maternelle
favorise l’apprentissage systématique de la lecture et de l’écriture qui commencera au CP. » 2Aussi,
le cycle 1 permet aux élèves de découvrir les supports de l’écrit, et de se familiariser avec. Ainsi, les
rencontres, organisées par le maître la plupart du temps, avec le langage écrit doivent être
nombreuses, répétées, pour qu'à l'école maternelle l'enfant se construise une première culture
littéraire et manipule la langue écrite. Il s'agira alors de découvrir les fonctions sociales et
culturelles de l'écrit.
L'écrit a une valeur sociale ainsi qu'une valeur culturelle. Pour M-J. BOUCHARD3,
l'écrit est à la fois un moyen de connaissance (documentaires…), de communication,
d'interprétation personnelle, mais aussi un objet d'organisation de la pensée. En effet, en anticipant
sur le sens de mots inconnus en lecture, l'enfant organise son langage et sa pensée. Ecrire, c'est
produire un texte à lire, communiquer. L'intérêt pour la chose écrite vient spontanément aux
enfants dans notre monde entouré de signes : affiches, presse, enseignes, signalisation, courrier…
Ces écrits fonctionnels servent de base au travail en maternelle.
b ) le geste graphique, et la conscience phonologique
Comme je l’ai dit précédemment, c’est la trace laissée qui intéresse le jeune enfant en
premier. Il faut ensuite, à l'école, aider l'enfant à se constituer un répertoire graphique en lui en
montrant l'utilité. Centré en priorité sur le dessin, l'enfant va, peu à peu, dans la mesure où
l'écriture est présente dans son environnement, distinguer le dessin de l'écriture, en passant par le
graphisme.
La motricité fine est liée à la motricité globale : le fait de vivre le mouvement avec
son corps en motricité sur des comptines conduit à l'appropriation d'un mouvement. Les jeux de
doigts facilitent le mouvement donné à l'outil scripteur et sa tenue. Ceux-ci sont aussi un excellent
moyen de chanter et de solliciter la conscience phonologique.
Tout comme le graphisme, la conscience phonique est souvent considérée comme
un pré -requis pour la lecture et l'écriture. Jeux de rimes, jeux chantés, poésies, comptines,
participent à la sensibilisation de l'enfant aux réalités sonores du langage. La perception de la
syllabe est un préalable indispensable à la décomposition des mots. Frapper dans les mains en
2 Programmes officiels de 20083 BOUCHARD, M-J., Apprendre à lire comme on apprend à parler, Paris : Hachette Education, 1991
prononçant chaque syllabe d'un mot, "taper les syllabes" avec rythme, aide l'enfant à percevoir la
constitution de ce mot. Qu'il soit dans l'écrit par l'écriture en position d'émetteur ou qu'il se dirige
vers l'écrit par la lecture en tant que récepteur, l'enfant effectue un va-et-vient au sein du monde
de l'écrit, montrant l’importance de la relation entre lecture et écriture.
Nous venons de voir quels sont les liens qui se nouent entre l'enfant et le monde de l'écrit, à
l'école. Il convient donc d’étudier l’aspect pédagogique de l’entrée dans l’écrit, en faisant part de
ma mise en pratique.
III- Par quels moyens pédagogiques l’enseignant parvient à sensibiliser les
élèves ? éléments de réponse à travers ma pratique
a) Le rôle de l’enseignant
J. FIJALKOW4 distingue trois types d'attitudes :
- type "autoritaire", où toutes les interactions sont centrées sur le maître,
- type "laissez-faire", où la liberté remplace la contrainte,
- "on n'apprend pas à lire tout seul", où les interactions sont décentrées par rapport au maître,
mais où il reste l'organisateur. De plus, il tient compte des variations individuelles.
Programmation des activités et contrôle des acquisitions ne sont pas figés.
Même si la position recommandée est la 3ème variante, il est clair qu’au début, je me situais
plutôt dans le « laisser faire ».
Lorsque j’ai mis en place la rédaction d’une affiche expliquant les règles de vie 5, la première
séance fut assez chaotique. A partir d’un incident entre deux élèves en cour de récréation, j’ai
amené l’activité. Mon objectif était que les élèves me proposent d’écrire les règles pour s’en
souvenir (en groupe classe) Or, cet objectif était bien trop ambitieux à ce stade. Les élèves ont
su verbaliser ce qui s’était passé, ont su dire pourquoi cela était interdit, mais malgré mes
tentatives pour les mettre sur la voie, aucun ne m’a proposé de l’écrire. C’est finalement moi
qui ai amené l’idée, mais les élèves ne semblaient pas convaincus. Ils m’ont donc dicté une
phrase, qu’il a fallu remanier ensemble. Puis, pour donner du sens à cette succession de signes
que sont les mots, des enfants sont venus illustrer6. J’ai remarqué que si certains participaient,
d’autres pas du tout. Justement, ce sont ces derniers qui avaient le plus besoin de comprendre
4 FIJALKOW, Jacques, Entrer dans l'écrit, Tournai, Belgique : Magnard, 1993.5 Voir la fiche de préparation associée, en annexe.6 Voir photo de l’affiche en annexe.
l’utilité de l’écrit à ce moment. Cette séance n’a donc pas été efficace pour eux. En faisant le
bilan de cette séance, j’ai donc compris qu’il fallait travailler en petits groupes pour guider et
solliciter ceux qui en ont le plus besoin. J’ai aussi compris que j’aurai dû être plus organisée
dans ma préparation et rien ne laisser au hasard sous prétexte de laisser une certaine liberté
aux enfants.
D’autre part, il faut savoir que l'adulte sert de modèle à l’élève. Il joue un rôle fondamental.
Véritable motivation, le modèle de l'adulte scripteur (et lecteur) doit être omniprésent en
classe. C’est pourquoi j’ai accentué certains de mes gestes apparemment banals. J’ai beaucoup
écrit sous les yeux des élèves. Tout est prétexte à écrire. Par exemple, lorsqu’un enfant vient
faire l’appel de son groupe, je note de façon presque théâtrale les absences dans mon cahier
d’appel, en précisant pourquoi je l’écris. Aujourd’hui, après quelques mois, certains enfants me
rappellent d’eux-mêmes de ne pas oublier d’écrire les absents. Aussi, je profite de chaque
occasion pour écrire au tableau devant les enfants, en verbalisant mon geste et en expliquant,
encore une fois, pourquoi je l’écris. Pour mettre en avant la fonction de communication, j’écris
régulièrement devant les enfants des « petits mots » pour la titulaire, que les élèves sont
chargés de lui transmettre. Annoter des dessins7, relever des hypothèses en dictée à l’adulte
lors des séances de découverte du monde, sont autant d’occasions pour écrire.
Le rôle et l’attitude de l’enseignant est donc très important. Il doit être l’organisateur des
interactions, le guide qui explique, sans tomber dans le « laisser faire » ni dans une attitude
autoritaire. Il doit prendre en compte la diversité des élèves, et se rappeler qu’il sert de modèle
pour les élèves, et agir en fonction de cela. En tant que spécialiste, il veillera à se servir de tous
les outils dont il dispose, et variera les approches. Aussi, il s’attachera, autant que possible, à
mettre l’enfant en position de scripteur.
b) Mettre l’élève en position de scripteur
Beaucoup de situations mettent l’enfant en position de scripteur. A travers l’écriture
inventée, l’écriture autonome qui s’appuie sur des outils référents (affichages…), et d’autres
situations encore, l’enfant peut travailler les compétences demandées. J’ai choisi de m’attarder
sur le cas de la dictée à l’adulte, car c’est ce qui m’a le plus désorienté au départ.
La dictée à l'adulte consiste à demander à un enfant ou à un groupe d'enfants de dicter au
maître un texte dans un contexte précis : dans le cadre d'un projet. Grâce à ce dispositif, l'enfant 7 Voir le dessin de Lilou, MS, en annexe.
peut se concentrer sur la formulation du message et sa teneur. Par ce biais, il peut donc
produire des écrits qui ont un sens, sans maîtriser le codage. L'élève prend conscience, par les
retours de l'adulte, qu'il doit ralentir son débit verbal et s'attacher à structurer son énoncé. La
parole ayant été fixée par l'écriture, elle peut être modifiée.
L'adulte sert de secrétaire : l'enfant, alors détaché des problèmes matériels du graphisme, se
heurte aux contraintes propres de l'écrit. L'enseignant se doit de relire fréquemment : adulte et
enfant écrivent en synergie. Des compétences orales et écrites sont mises en jeu dans cet
exercice. La dictée à l'adulte peut procéder selon les mêmes étapes que la production écrite
autonome : recherche d'idées, premier jet (brouillon), copie du dernier jet. L’enseignant prend
soin de préciser que certaines formulations ne peuvent pas s’écrire, pour que l’enfant
comprenne que l’on n’écrit pas comme on parle.
J’ai beaucoup travaillé la dictée à l’adulte à travers de nombreux projets, comme la
fabrication de la fiche de recette de la compote de pommes, ou encore la lettre au Père Noël par
exemple. Ce travail étant assez récurrent, j’ai pu constater une nette progression dans les
apprentissages des élèves. La majorité dicte correctement de plus en plus facilement. Certains
(une minorité) découpent même les syllabes de certains mots pour me faciliter le travail
d’écriture.
Rapidement, j’attire l’attention sur le choix du matériel et des supports. Il est important de
proposer de vrais outils scripteurs aux enfants, et de faire la différence dès le départ entre ce
qui sert à dessiner et ce qui sert à écrire. Dans ma classe, les crayons de couleur et les feutres
sont destinés au dessin, tandis que le crayon à papier sert exclusivement à écrire. Biensûr,
l’enseignant doit montrer le modèle. Le papier utilisé doit être de bonne qualité, et d’un format
adapté en cas de dictée à l’adulte du groupe.
Parallèlement à la position de scripteur, il est primordial d’offrir aux élèves la possibilité
d’être « baignés » dans l’écrit.
c) Multiplier les occasions de rencontrer l’écrit
Pour acquérir les compétences demandées en fin de cycle, il ne suffit pas à l’enfant de
pratiquer l’écrit, ou d’observer les adultes. Ils doivent être « imprégnés », développer la culture
de l’écrit. Pour cela, J’ai créé un espace bibliothèque dans la classe avec des albums, des
journaux, des magazines, des programmes TV, des livres de recettes. Les livres sur lesquels nous
avons travaillé sont mis systématiquement à disposition des élèves, à côté d’autres livres. Ce
coin est accessible à l’accueil, aux temps calmes et après chaque atelier. Ainsi, les enfants
peuvent s’approprier les livres, les « relire », les manipuler, entrer en contact avec l’écrit, et
rencontrer différents types de supports.
J’ai également laissé affichés un maximum des écrits produits par la classe pour m’en
resservir comme référent. Les règles de vie sont régulièrement relues dessins à l’appui pour
montrer que l’écrit a une valeur de mémoire. Je pousse certains élèves à utiliser certains
affichages pour recopier certains mots lorsque je sais qu’ils en sont capables mais peu d’entre
eux pensent d’eux-mêmes à utiliser ces outils. Cette habitude viendra avec le temps, mais il faut
avant tout que les enfants comprennent l’utilité de ces affichages. Cela est possible que dans le
cas où c’est eux qui les ont fabriqués. J’ai donc retiré avec l’accord de la titulaire les anciens faits
par les élèves de l’année précédente qui se révèlent être inutiles et encombrants.
Maintenant, je vais aborder un aspect important de l’apprentissage : la
différenciation.
d) Prendre en compte les élèves : la différenciation
La différenciation est un sujet assez vaste, c’est pourquoi je limiterai mes propos. Les
enfants ne sont pas égaux entre eux lorsqu'ils abordent l'apprentissage de la lecture-écriture
à l'école, comme le souligne Jacques FIJALKOW dans son ouvrage Entrer dans l'écrit . Les
difficultés des enfants issus de milieux défavorisés sont d'origine culturelle ou plutôt de
différence culturelle. A l'école, les conditions doivent donc être réunies pour que tous les
enfants puissent entrer dans les apprentissages, qu'ils aient un sens pour tous. L’évaluation
sert à adapter le niveau d’apprentissage à mettre en œuvre. Si un élève présente des
difficultés à un moment donné, il est inutile d’aller plus loin. Il faut alors penser son
enseignement en fonction de ses difficultés pour le faire progresser à son rythme. Ainsi, T.
un de mes élèves en MS présente de grosses difficultés quant à la discrimination visuelle. Il
ne sait pas encore repérer deux signes identiques, et reconnait une fois sur deux son propre
prénom au mois de mars. Il est donc trop tôt pour aborder avec lui les lettres de l’alphabet,
ou encore de lui faire écrire son prénom puisqu’il n’a pas encore appris à prendre des
indices visuels.
L'hétérogénéité des niveaux au sein d'une classe d'âge est indéniable. Il faut donc en
tenir compte dans la mise en place des activités et dans la constitution des groupes. En
début d’année, avec la titulaire, nous avons constitué des groupes plus ou moins
homogènes non définitifs après des évaluations diagnostiques. Cependant, établir des
groupes de « forts » et des groupes de « faibles » peut être un inconvénient dans le travail
des élèves. Aussi, dans chaque groupe, des éléments moteurs se sont vite distingués du
groupe ce qui permet de faire progresser tous les élèves. Des groupes de besoin, transitoires
par essence, ont aussi été constitués pour travailler une compétence précise.
Enfin, pour éviter que certains élèves s’effacent devant d’autres lors des séances
collectives d’écriture, j’ai compris que le travail en groupe classe n’était pas productif, et
efficace pour les apprentissages. J’ai donc privilégié le travail individuel en tête à tête avec
l’enseignant, ou alors en petits groupes, voir en binômes. Cette fois, j’ai pu faire progresser
tous les élèves en respectant leur rythme, réservant les moments de classe entière pour
d’autres activités.
CONCLUSION
Dans ma classe, les élèves ne pratiquaient pas suffisamment l’écrit, et ne le
fréquentaient pas assez, ce qui a rapidement posé problème pour leurs apprentissages. Je
me suis donc particulièrement intéressée à ce sujet, pour apprendre à accompagner
efficacement les élèves dans ce domaine. Après avoir recherché des ressources théoriques
sur ce qu’est l’écrit, et sur les liens qui se font entre l’enfant et ce domaine, j’ai adapté ma
pratique pour améliorer mon enseignement. J’ai pris en compte la position de l’élève,
l’attitude à adopter, la nécessité de « baigner » les enfants dans l’écrit tout en différenciant
le travail pour que chaque enfant puisse progresser. Bien sûr, ce dossier n’est pas exhaustif.
Il n’apporte pas de « solution miracle et universelle » pour accompagner les enfants dans
l’écrit, mais grâce à lui, j’ai tenté d’apporter des éléments de réponses que j’ai pu vérifier
lors de mon stage. Aujourd’hui, tous les élèves sont entrés dans l’écrit, à des stades plus ou
moins avancés, ce dont je me félicite. Mes erreurs du début m’ont permis de progresser et
d’affiner mon enseignement, avec les conseils de mes tuteurs. Lier dire, lire et écrire au
cycle 1, faire prendre conscience que l'utilisation du langage écrit est transversale permet de
mieux préparer l'élève de moyenne section au cycle 2, avec l’entrée en grande section, puis,
plus tard, au CP.
ANNEXESAnnexe 1 : Fiche de préparation : les règles de vie
Annexe 2 : Dessin annoté d’une élève, Lilou
Annexe 3 : Photo de l’affiche réalisée en classe sur les règles de vie.
BIBLIOGRAPHIEPratiques de l’écrit à l’école maternelle, ECF Editeurs
Programmes officiels de 2008
Apprendre à lire comme on apprend à parler, de M-J BOUCHARD Hachette Education, 1991
Entrer dans l’écrit, Jacques FIJALKOW, Magnard, 1993
Lecture et écriture à l’école maternelle, RETZ
Eveiller l’enfant à l’écrit, de la naissance à l’école, giselle Boisvert et Jean Gagnon, Edition HMH
ANNEXE 1
DOMAINE : DECOUVRIR L’ECRIT
Niveau : MS
Titre de la séquence : Les règles de vie en classe.
Séance 1
Objectifs : se servir d'un événement vécu pour discuter, pour donner son point de vue,
argumenter. Formuler des phrases corrects de manière à être compris de tous. Ecouter les autres.
Proposer d'écrire les règles pour les fixer. Dicter à l'adulte.
COMPETENCES :
produire un énoncé oral dans une forme adaptée pour qu’il puisse être écrit par un adulte.
raconter, en se faisant comprendre, un épisode vécu inconnu de son interlocuteur, ou une histoire
inventée ;prendre l’initiative de poser des questions ou d’exprimer son point de vue.
Matériel : feutres, feuille A2, feuille A3, Stylo-feutre fin
DEROULEMENT
ETAPE 1 : Constater ce qui s'est passé dans la cour ORAL COLLECTIF
Au coin regroupement, faire dire aux enfants ce qui vient de se passer et laisser réagir.
Par exemple, X a tapé Y.
Les enfants doivent dire que cela est interdit, et doivent aussi dire pourquoi. Faire reformuler les
fautifs.
ETAPE 2 : Fabriquer un règlement ECRIT COLLECTIF
« Je voudrais trouver avec vous une idée pour qu'on puisse s'en souvenir. Comment pourrait-on
faire pour se souvenir de cette règle ? »
> on devrait l'écrire pour s'en souvenir.
« nous allons donc écrire la règle sur une grande feuille, que l'on complètera avec d'autres règles au
fur et à mesure le vendredi. »
écrire le titre et verbaliser mon geste.
ETAPE 3 : Le brouillon
« Vous allez me dire ce que je vais écrire, mais d'abord, je vais utiliser une feuille de brouillon qui
sert à s'entrainer. On a le droit de se tromper sur cette feuille. Quand on sera sûr, on pourra écrire
sur la grande feuille. »
«J'ai besoin que vous me disiez ce que je vais écrire. »
Demander d'aller doucement, détacher chaque syllabe tout en écrivant. Les enfants doivent lever la
main. Écrire la phrase, même si elle est incorrecte. Ensuite, relecture par la PE. « est-ce qu'on peut
laisser comme ça ? Est-ce que ça a du sens ? Est-ce qu'on peut mieux l'écrire ? »
Réécrire une nouvelle phrase grammaticalement correcte en dessous, puis relire. Validation par les
élèves.
ETAPE 4 : ECRIRE AU PROPRE
« Maintenant qu'on est sûr de notre phrase, je vais l'écrire sur la grande feuille qu'on affichera dans
la classe. »
Les enfants dictent une dernière fois la phrase à écrire.
ETAPE 5 : illustration
Sur la base du volontariat, les enfants proposent un dessin qui illustre la règle pour mieux s'en
souvenir. Le dessin qui sera affiché est sélectionné par la classe.
BILAN
Les enfants qui ont participé sont toujours les mêmes.
Attention à ce que le support soit visible par tous.
Aucun n’a eu l’idée de proposer d’écrire la règle pour s’en souvenir.
J’ai trop compté sur leurs réactions libres.
Le langage oral est difficile à différencier du langage écrit. Des phrases incorrectes ont été
proposées et les enfants ne s’en rendaient pas compte.
ANNEXE 2 DESSIN D’UNE ELEVE