Ouverture de la session 2014 (Dominique santelli)

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Ouverture de la session

Dominique Santelli

1. Présentation du lieu et des personnes

Qui sommes-nous ?

Nous sommes heureux de vous accueillir à L’ICM/ISTR, l’institut catholique de la

Méditerranée, institut associé aux universités catholiques de Lyon et plus particulièrement

dans l’Institut de Sciences et Théologie des Religions dirigé par Xavier Manzano. Cet institut

a fêté l’an dernier ses vingt ans. L’ISTR développe trois départements (voir capture du site).

Un département d’études interreligieuses dirigé par Colette Hamza, un département de

pastorale et de spiritualité qui veut penser la pastorale et la spiritualité sur l’horizon de la

pluralité religieuse dirigé par Bernard Maitte et Catherine Pagès et un département d’étude et

de recherches sur les religions à l’école dirigé par Christian Salenson et moi même. Ce

département est organisateur de cette session. Il propose des formations à tous les acteurs de

l’Ecole catholique : enseignants, APS, chefs d’établissement…

Et vous ? Qui êtes-vous ?

Depuis de longues années une collaboration régionale s’est instaurée particulièrement

entre les directions diocésaines de la région et l’ISTR. L’Institut apporte ses compétences

spécifiques en matière de connaissance des religions et de théologie chrétienne.

Ces propositions à l’adresse des enseignants de l’enseignement catholique ne sont

possibles que grâce au soutien indéfectible de Formiris et tout particulièrement de Formiris

méditerrannée et de son président Marc Keraudren

Les 31 stagiaires du DU3, mais aussi et nous les saluons des anciens du DU1 et du DU2

Les 27 stagiaires APS, mais aussi des anciens APS

...

2. Présentation des sessions sur le Fait religieux

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Cette session sur l’enseignement du fait religieux est la deuxième que nous proposons

et nous aimerions en faire un rendez vous annuel. D’ailleurs vendredi nous vous

donnerons les dates et peut être le thème de celle de 2015 !

Rappelons brièvement ce que recouvre l’expression fait religieux. Les distinctions sont

toujours à faire. Ce n’est pas la catéchèse ni un enseignement confessant de la foi, ni de la

culture chrétienne. L’enseignement du FR est demandé par l’éducation nationale pour tous les

établissements publics ou privés.

L’approche de cet enseignement relève de l’anthropologie religieuse et donc

essentiellement des sciences des religions. En cela il se distingue d’une approche confessante.

Nul n’est besoin d’être chrétien, ni croyant pour enseigner le fait religieux. Et son

enseignement est bénéfique aux chrétiens et aux croyants qui apprennent ainsi à parler de la

chose religieuse avec le seul usage de la raison.

Cet enseignement n’a pas à être utilisé à d’autres fins. Il n’est pas le cheval de Troie de

la catéchèse, ou pire de quelque forme de prosélytisme que ce soit. Que serait d’ailleurs une

annonce de la foi construite sur de la malhonnêteté intellectuelle, de la ruse ou du

mensonge…

Cet enseignement du FR est essentiellement dispensé à travers les disciplines. Certains

établissements ont aussi des cours propres. Souvent l’enseignement du fait religieux croise

l’histoire des arts.

3. Rappel de la session 2013 (cf les actes en ligne sur le site de l’Istr)

Nous nous étions fixés comme objectifs une meilleure définition de l’enseignement du

fait religieux, une meilleure connaissance de ses enjeux, une articulation dans l’éducation à la

paix. Qu’avons-nous mieux compris à l’issu de la session de mars 2013 ?

Une meilleure intelligence de la laïcité

Tout d’abord, une meilleure intelligence de la laïcité. J. C. Ricci nous a montré la

complexité du concept de laïcité trop souvent réduit et parfois instrumentalisé pour rejeter les

religions dans le domaine privé. Il nous a appris au moyen du droit que la laïcité est un

concept vivant, évolutif, en relation constante avec d’autres données de la vie… Il nous a

appris à interroger ce concept.

Il nous a surtout appris que la laïcité n’est pas une valeur autonome mais qu’elle est en

référence constante à ce qui, pour le coup, est une valeur fondamentale : la liberté religieuse.

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Une meilleure intelligence de la place du religieux/ des religions.

Nous le pressentions mais nous l’avons vérifié. Nous avons besoin pour une meilleure

intelligence des enjeux de l’enseignement du fait religieux, de mieux comprendre la place et

les enjeux du religieux et de la religion dans nos sociétés démocratiques et postmodernes.

Des pistes de travail se sont ouvertes pour nos établissements

En particulier avec Claire Ly qui a dénoncé pour nous le concept d’intégration dans sa

violence de désintégration de la culture antérieure. Elle nous a alertés par rapport au risque de

renvoi de jeunes issus de l’immigration à la culture de leurs parents … culture qui n’est pas la

leur. Elle nous a proposés de penser en terme d’adoption dans la réciprocité d’une hospitalité

réciproque.

L’enseignement lui-même du fait religieux

Nous le savions l’enseignement du fait religieux n’est pas réductible à ce qu’il a été si

souvent et que l’on voit encore dans les manuels, à savoir un enseignement positiviste qui ne

donne pas accès au sens quand on se contente de nommer les différents éléments d’une

architecture religieuse sans ouvrir à la symbolique des lieux.

Nous savons aussi qu’il n’est pas réductible à une approche patrimoniale par laquelle

certes on permet à des gens de ne pas être égaré dans la culture qu’ils habitent, d’avoir accès à

ses productions culturelles mais qui en font plus des récepteurs passifs que des acteurs.

Multiplication des supports et des entrées

Nous avons multiplié les supports… Le religieux ne se laisse pas enfermer dans des

lieux, dans des espaces, ou dans des temps particuliers, dans les expressions de la religion…

Nous avons vu comment il pouvait se donner à vivre dans l’EPS et que le rapport au corps

était un lieu privilégié de l’incarnation ouvrant même à la dimension théologique de l’EPS !

Nous sommes entrés par le cinéma, la BD….

Une meilleure compréhension du monde

Nous avons mieux compris que l’on ne peut pas comprendre le monde dans lequel on

vit et la culture dans laquelle nous baignons sans la compréhension du religieux. Nous l’avons

abordé par deux aspects : La relation avec le judaïsme est une blessure de notre culture.

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Nous avons aussi été conduits dans une intelligence pondérée, scientifique, rigoureuse

de l’islamisme aujourd’hui. Ainsi nous avons bien perçu que c’est l’intelligence non

seulement de la culture mais de l’actualité et donc de la manière d’habiter aujourd’hui le

monde qui pour une part est en jeu dans l’enseignement du fait religieux…

Nous avons mieux compris pourquoi tant de résistances à l’enseignement du fait

religieux qui n’ont d’égales que son urgente nécessité. Cela tient à la nature même de ce

qu’est le religieux. Les phénomènes religieux sont complexes. Ils entrainent une véritable

révolution culturelle, qui n’a comme enjeu à terme, selon Philippe Joutard rien de moins que

la maitrise de la globalisation du monde dans laquelle nous sommes.

On a entendu aussi qu’un enseignement objectif n’avait de sens que s’il ne faisait pas

l’impasse sur deux choses : d’une part sur l’expérience humaine du divin et d’autre part sur

les croyances dans lesquelles cette expérience tente de se dire, nous rappelant que, dans une

apparent paradoxe, ces croyances, en un sens anhistoriques, furent souvent productrices d’une

longue histoire.

L’ouverture à l’intelligence symbolique du réel

Et puis avec la présentation d’Isabelle Dumoulin de son travail sur l’au-delà et avec

Ferrante Ferranti nous sommes passés du visible à l’invisible… Ferrante ne nous a pas fait de

discours conceptuel. Il a fait l’exercice sous nos yeux… Cet exercice qui consiste au moyen

des images, de ce que l’on voit, de ce qui tombe sous nos sens, de nous ouvrir à la dimension

cachée du symbole… Il nous a fait vivre cette ouverture de la réalité, de ce qui se voit, vers un

ailleurs, des empreintes laissées dans la réalité vers la profondeur inaccessible du réel…

4. Le thème de cette nouvelle session

On l’a dit si l’enseignement du fait religieux donne accès au patrimoine, cet enseignement

ne peut se contenter d’une approche trop positiviste où le savoir serait en quelque sorte

« écrasé » et ne donnerait pas accès au sens. Il en irait ainsi, par exemple, en regardant une

Visitation sans décrypter les caractéristiques de l’authentique rencontre.

L’enseignement du fait religieux a aussi pour fonction, avec l’initiation aux arts, d’éveiller

la conscience à la dimension symbolique de la vie.

Le réel ne se laisse pas réduire et appréhender par la seule raison instrumentale. Le

concept ne suffit pas à rendre compte de l’intelligence des choses. Il a besoin de cette autre

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dimension de la raison qu’est l’intelligence symbolique. Ces deux formes d’intelligence du

réel, celle du concept et celle du symbole se complètent. Elles sont comme les deux serpents

du Dieu Hermès représentés dans le caducée des médecins qui s’entourent dans une juste

distance et différentiation. L’un et l’autre s’enroulent sans se confondre ni s’éloigner et ainsi

dégage l’espace de l’herméneutique, de l’interprétation de la vie.

Il ne s’agit pas seulement d’explorer les symboles, les mythes et rites – mais c’est

nécessaire de mettre les symboles en travail - mais d’entrer dans ce mouvement poétique

d’intelligence comme on l’avait vécu dans la journée sur le terrain l’an dernier, comme on l’a

entendu dans la présentation du travail sur l’au-delà. Il ne s’agit pas de transformer des

symboles en concepts mais de les laisser travailler l’intelligence, la sensibilité, le rapport au

temps …

Et c’est donc une des tâches de l’École que de permettre cette initiation, c’est ce que nous

allons explorer ensemble ces trois jours.