ORSA : la créativité actuarielle au-delà des formules standard · l’ent epise: court terme /...
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ORSA : la créativité actuarielle au-delà des formules standard
Journées actuarielles de Strasbourg
Vendredi 19 septembre 2014
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Introduction
Le DUAS fête son trentième anniversaire par un colloque international consacré aux thèmes et aspects parmi les
plus actifs dans les préoccupations et recherches actuarielles (Sujet d’actualité depuis 2003: Solvabilité 2 , Sujet de
préoccupation depuis 2011: ORSA )
Cette présentation a pour but de présenter l’ORSA avec des angles variés:
Un peu de réglementation
Du pragmatisme et de la proportionnalité,
Quelques messages pour les futurs actuaires concernant l’évolution de notre profession
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Sommaire
1. Introduction-Calendrier
2. Solvabilité 1: Les limites du cadre actuel d’évaluation
3 Solvabilité 2: un nouveau cadre réglementaire pour les assureurs Européens
4. Un premier pas vers l’ORSA
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1.Introduction /
Calendrier
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Introduction
• La Directive Solvabilité 2 qui vise à introduire officiellement à
l’horizon 2016 un nouveau système de solvabilité pour le secteur de
l’assurance, a été adoptée le 22 mai 2009 par le Parlement
Européen.
Cependant, il semble que l’Union Européenne se dirige désormais
vers un nouveau report : l’application de ces règles prudentielles
pour les assureurs devrait au mieux pouvoir intervenir au 1er
janvier 2016.
Ce décalage laisse donc du temps aux acteurs du marché de
l’assurance pour se préparer aux exigences de la réforme Solvabilité
2, et notamment les mutuelles d’assurance, qui se révèlent être les
catégories d’institutions les moins bien préparées à Solvabilité 2,
selon la dernière enquête de l’ACPR.
Article paru le 29 Mars 2013 dans l’Argus de l’assurance
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2012 2013 2014 2015 2016
Consultations techniques (LTGA) Mesures de
niveau 2
Automne 2013 ?Vote
d’Omnibus II
• Entrée en vigueur d’une partie du règlement pour supervision (ex. IM)
• ORSA• QRT
Janvier 2016 ?Application de
la Directive
Mesures de niveau 3
(Guidelines et ITS)
Calendrier hypothétique de mise en œuvre
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2.Solvabilité 1
Les limites du cadreactuel d’évaluation
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Rappel sur Solvabilité 1
Objectif : Protéger les assurés (prémunir des risques de faillites)
Comment ?
− En détenant des provisions prudente : les provisions comptables sont calculées en utilisant des hypothèses prudentes (les
flux sont non actualisés par exemple), de telle sorte que les provisions soient supérieures en moyenne au montant de
règlements à venir.
En couvrant la marge de solvabilité
− Les entreprises établissent un état rapprochant la marge de solvabilité constituée de l'exigence minimale de marge de
solvabilité.
− Cette exigence minimale se calcule différemment en Vie et Non-Vie.
− En Non-Vie, l’exigence minimale brute de réassurance correspond environ au maximum entre 16% des primes encaissées de
l’année en cours et 23% du montant de sinistres (moyenne sur les trois dernières années).
Respecter les règles de dispersion des actifs
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Les raisons du changement
Règles de
Solvabilité 2
Homogènes
Complètes
Cohérentes
Adaptées
Pertinentes
Mais….
Robustes
Ajustables
Règles de
Solvabilité 1
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3.
Solvabilité 2Un nouveau cadre
réglementaire pour les assureurs Européens
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Objectifs de Solvabilité 2
Principes généraux de la réforme
− Homogénéiser la mesure des fonds propres et le capital requis à leur niveau économique entre les pays
européens
− Évaluation de la solvabilité globale basée sur tous les risques : en prenant en compte les spécificités de
l’entreprise : court terme / long terme, vie / non vie, taille, réassurance, ALM, risque de crédit, etc…)
− Incitation des assureurs à mesurer et contrôler leurs risques : Risk management, Contrôle interne,
Gouvernance
− Surveillance efficiente des groupes, harmonisation des méthodes de surveillance entre les législations.
− Communication au public et à l’Autorité de Contrôle
− Principes de proportionnalité
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Les 3 piliers de Solvabilité 2
Définition des provisions
techniques
Définition de la marge de
solvabilité (MCR et SCR)
Modalités de calcul (formule
standard, modèle interne)
Eligibilité des actifs
Pilier 1
Exigences quantitatives
Pilier 2
Exigences qualitatives et supervision
Gouvernance
Risk management : identification
et gestion des risques internes,
ORSA
Contrôle interne
Renforcement et organisation du
contrôle
Pilier 3
Information du public et du superviseur
Discipline de marché
Transparence
Réconciliation des reportings
comptables et prudentiels
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Concepts fondamentaux du Pilier 1
Une approche novatrice, basée sur les risques et une nouvelle mesure de la
richesse
Vision économique de la richesse via le Bilan Prudentiel :
− L’Actif est calculé en valeur de marché : le bilan prudentiel intègre les plus-values latentes.
− Le calcul des provisions est revu, sans marge de prudence− Les marges de prudence identifiée (PVL, Boni latents), sont retraités des
Impôts Différés avant de remonter en Fonds Propres.
Vision économique du risque via le SCR (nouvelle marge de solvabilité)
− Le futur système ne vise plus uniquement les risques traditionnelsassurantiels mais englobe dans son périmètre les risques « oubliés » telsque les risques de marché, de défaut des réassureurs ou les risquesopérationnels.
− Les corrélations entre risques, l’impact du regroupement des entreprises oules mécanismes de transfert de risque (notamment les couvertures deréassurance) deviennent également de nouveaux critères à mesurer.
− Le capital doit être suffisant pour assurer que les prestations soientintégralement payées avec une probabilité de 99.5% à un horizon de un an.Ce capital cible est nommé le SCR (Solvency Capital Requirement)
Définition des provisions
techniques
Définition de la marge de
solvabilité (MCR et SCR)
Modalités de calcul (formule
standard, modèle interne)
Eligibilité des actifs
Pilier 1
Exigences quantitatives
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SCR : Value-At-Risk à 99,5%
Le SCR correspond à la Value-at-Risk à 99,5% sur un horizon d’un an : si le montant de fonds propres d’une entreprise est égal au
SCR, l’entreprise pourra faire face à ses engagements dans 99,5% des cas, sur un horizon d’un an.
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Les grandes lignes de la formule standard
Calcul de l’exigence de capital basée sur une architecture modulaire
− Pour chaque sous-module, l’exigence de capital est calculée à l’aide d’un scénario fourni dans les spécifications du QIS
− Les différentes exigences de capital sont agrégées à l’aide de matrices de corrélation suivant deux niveaux d’agrégation
entre les sous-modules et entre les modules
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4.Une initiation à
l’ORSA
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Contexte
Un ORSA à blanc est à rendre à l’ACP le 24 septembre
2014
Nécessitant une bonne compréhension des enjeux et
une forte implication de la gouvernance
Au 31/12/2012, moins de 20% des sociétés avait
réalisé un ORSA blanc
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Introduction
Définition
L’auto-évaluation de la solvabilité et des risques (ORSA pour Own Risk and Solvency Assessment) est un processusqui fournit une évaluation à court et à moyen terme des risques propres à la compagnie, ainsi que du niveau decapital correspondant pour les couvrir.
L’ORSA est introduit par l’Article 45 de la Directive et a fait l’objet de nombreuses publications :
Il s’agit pour l’entreprise de démontrer sa capacité à apprécier et à maîtriser ses risques, dans une visionprospective et en cohérence avec son niveau de tolérance au risque, en lien avec sa stratégie commerciale.
- Consultation Paper CP8 de novembre 2011,
- Final Report de juillet 2012.
- Issues Paper et Feedback Statement (EIOPA
ex-CEIOPS) de mai 2008
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Quelle approche permet de répondre aux exigences réglementaires?
«nnnnnnnn &»L’approche ORSA pourrait être ventilée en quatre chantiers qui couvrent l’ensemble des exigences réglementaireslistées ci-dessus.
A ce jour toutes les sociétés disposent pour la plupart des éléments à recycler pour répondre au sujet ORSA. Ils’agit principalement de la cartographie des risques et du business plan sur lesquels se fondent toute l’approchequi vous est présentée ici.
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ORSA : une approche pragmatique
1. Identification des risques et mesure du capital ORSA
Risques standards et cartographie des risques
• Identification des risques
• Estimation d’un besoin global de solvabilité
2. Suivi continu de la solvabilité
Suivi permanent et stress tests
• Respect permanent et continu du SCR
3. Evaluation prospective
Business Plan et Indicateurs de rentabilité et de solvabilité
• Définition des indicateurs de rentabilité et de solvabilité
• Suivi prospectif de ces indicateurs
4. Stress test et appétence• Stratégie et mesure d'impact des décisions
• Niveau de prise de risque souhaité
• Allocation du capital - Budget de risque
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1. Identification des risques et mesure du capital ORSA
Partant de la cartographie des risques standards et du SCR
Le capital ORSA permet aux entités d’adapter et de compléter le SCR en représentation des risques spécifiquesidentifiés :
Le capital ORSA représente le niveau le plus complet des expositions aux risques d’une entité.
Niveau de capital réglementaire standard qui permet de couvrir le risque bi-centennal etlimité aux risques « classiques » observés au sein des entreprises d’assurance.
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1. Identification des risques et mesure du capital ORSA
Changement de métrique
Sujet central de gouvernance à trancher lors de l’initialisation de l’ORSA
Dans quel cas le changement de métrique prend du sens ?
Conserver la métrique standard VaR 99,5% à horizon un an présente l’intérêt :
De simplicité et d’unicité des concepts ~ comparable aux résultats SCR
De ne pas avoir à re-calibrer les pénalités
De protéger les actionnaires à minima à hauteur du niveau de protection des assurés
Pour matérialiser une possible solidarité en cas de choc. C’est le cas d’une filialepouvant compter sur l’intervention capitalistique de la mère en cas de coup dur
Pour capter des effets extrêmes à l’aide d’une mesure de risque du type Tail VaR
Pour satisfaire une contrainte de rating à un centile offrant plus de protection
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1. Identification des risques et mesure du capital ORSA
Critiques des concepts du modèle standard
Certains risques sont pris en compte dans les modules de calcul du SCR, mais ne sont pas en phase avec le risqueréel porté par une entité.
En cas de non recours au modèle interne ou aux USP, l’ORSA représente une alternative permettant d’adapter les risquesexistants.
− Fort d’une justification appropriée, une entité peut démonter qu’une partie de ses créances classées en Type 2 de plusde 3 mois n’est pas à considérer comme irrécouvrable.
En effet, le risque de contrepartie associé à cette catégorie de créance prévoit la constitution d’un capital à hauteur de90% du montant de la créance.
− Matérialisation d’un SCR défaut pour se prémunir d’une éventuelle faillitedes États débiteurs.
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1. Identification des risques et mesure du capital ORSA
Profil de risque
Il doit intégrer l’ensemble des risques inhérents à l’activité et au développement de l’entité, et ne pas se limiter auseul périmètre retenu dans le modèle standard.
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1. Identification des risques et mesure du capital ORSA
Mise en évidence du capital ORSA
Attention particulière à porter sur
− l'identification des risques
− leur quantification (fréquence et sévérité)
− la corrélation à prendre en compte
− Matérialisation d’un SCR défaut pour se prémunird’une éventuelle faillite des États débiteurs.
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1. Identification des risques et mesure du capital ORSA
Quelques pistes:
Utiliser les travaux réalisés dans le cadre du Pilier 1
Corriger uniquement les risques qui consomment des fonds propres
Utilisation de la méthode Mertz & Wuthrich pour le recalcul du sigma réserve
Utilisation des la volatilité des S/P à un an pour le sigma prime
Utilisation des indices immobiliers si le parc investit est concentré sur une région
Regarder absolument la cartographie des risques et challenger le contrôle interne sur les évaluations desfréquences et des sévérités
Interviewer l’ensemble des Directeurs de l’entreprise
Dessiner les résultats
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2. Suivi continu de la solvabilité
Suivi permanent et continu du SCR
Une des vocations premières de l’ORSA est de pouvoir juger en permanence du respect des exigencesréglementaires de fonds propres.
Selon nous, il existerait au moins deux possibilités, en fonction du niveau de solvabilité des entités, pour répondreà cette recommandation :
Cas d’une solvabilité robuste (ex. ratio de couverture supérieur à 300%)
− Un choc d’une intensité équivalente à deux SCR ne suffit pas à mettreen péril la solvabilité d’une entité. Dans ce cas, le niveau dejustification doit être adapté à la matérialité du risque.
Cas d’une solvabilité susceptible d’être remise en cause par la survenanced’un évènement majeur
− Lorsque la survenance d’un évènement (ou cumul) peut provoquerune insolvabilité alors à tout instant une entité doit être en mesured’évaluer sa situation de risque.
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2. Suivi continu de la solvabilité
Suivi permanent et continu du SCSuivi permanent et continu du SCR
L’objectif est de produire une estimation fiable de l’état desolvabilité d’une entité
A l’aide d’un outil qui, alimenté de certains drivers, permet larecomposition des indicateurs de solvabilité à tout instant
− Primes, prestations et provisions
− Allocation d’actifs + conditions de marché (indices actions etniveau des taux)
La production des indicateurs doit être simple et l’outilfonctionnel.
La fréquence de production doit être définie et doit permettre derépondre à toute demande émanant du contrôle.
La méthodologie doit faire l’objet de corrections a posteriori
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3. Evaluation prospective
Business plan : capitaliser sur l’existant
Il s’agit de projeter les principaux indicateurs de solvabilité sur un horizon temporel cohérent pour l’entreprise, enfonction des anticipations stratégiques, renseignées dans le business plan.
Décliner les indicateurs prévisionnels d’activité existants à lagranularité Solvabilité 2
Préciser les éléments de pilotage en vision centrale pouranalyser la sensibilité des indicateurs dans le temps
Intégrer les éléments nécessaires au déroulé des risquesdans le Business Plan
Mesure des indicateurs Solvabilité 2 SCR et CapitalORSA sur l’horizon
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Définition des indicateurs et des drivers de risque
Les indicateurs, qui feront l’objet d’un suivi et d’une estimation prospective, doivent être définis clairement àl’initialisation de l’ORSA.
SCR / MCR
Capital ORSA
Surplus
Ratio de couverture
Résultat
VAN des résultats
La granularité du suivi est également un sujet essentiel à considérer au démarrage.
3. Evaluation prospective
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3. Evaluation prospective
Analyse des résultats et construction de scénarii
L’évaluation prospective permet de valider la stratégie de développement au regard des contraintes Solvabilité II etd’en mesurer la sensibilité.
Le référentiel prospectif accompagné des sensibilités permet d’introduire la notion d’appétence.
Une vision centrale n’a de valeur qu’encadrée de scénariifavorables et défavorables
Et accompagnée des sensibilités en termes de mesures derisques.
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4. Stress test et appétence
Définition
Niveau de risque accepté par une compagnie dans le but d’accomplir ses objectifs de développement.
Comment exprimer une appétence au risque ?
A l’aide des indicateurs précédemment définis : surplus, ratio de couverture, résultat,…
Encadrés par un intervalle de confiance sur un horizon
− Exemple : sur l’horizon 5 ans, le ratio Solvabilité II sera supérieur à 125% dans 90% des cas
− Equivalence en termes de surplus et de bornes de résultat acceptés.
Importance du choix des variables qui vont influer surl’évaluation prospective,
Stratégie et appétence au risque doivent êtreintimement liées.
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Lorsque l’actuaire travaille sur l’ORSA, il est important de:
Définir en amont une approche pragmatique, en impliquant l’ensemble des services de la compagnie (Riskmanagement, Fonction finance, Contrôle Interne, ALM, Souscription, Réassurance, …).
Faire preuve d’imagination car la formule « risque homme clé », « risque de dépendance aux prestatairesinformatiques », « risque de conflit avec le courtier principal » et autres… ne font pas partie du lot despécifications techniques du Pilier 1.
Renforcer sa communication auprès de la gouvernance avec des concepts parfois mal maitrisés (SCR, BE,Appétence, Dépendance, Corrélations, ….).
Etre synthétique et efficace dans ses restitutions.