Opérations et logistique au Mali après le...

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Janvier 2014

0 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

Opérations et logistique au Mali après le conflit Janvier 2014

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© 2014

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1 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

Table de matières

I. Introduction _____________________________________________________________ 3

II. L’environnement économique _____________________________________________ 4

Une reprise économique... __________________________________________________________ 4

…Concentrée au Sud _______________________________________________________________ 5

Un environnement commercial relativement pro-investisseur _____________________________ 6

III. Relations entre le gouvernement et les ONG _________________________________ 8

Un environnement réglementaire opaque et complexe ___________________________________ 8

L’accord-cadre, important mais insaisissable ___________________________________________ 9

La taille compte ___________________________________________________________________ 10

IV. L’environnement sécuritaire ______________________________________________ 11

Instabilité continue ________________________________________________________________ 11

Violence de l’armée à Bamako _______________________________________________________ 13

Présence persistante d’AQMI à Tombouctou ___________________________________________ 15

Menace prolongée du MUJAO et troubles civils à Gao ___________________________________ 17

Le bourbier de Kidal ______________________________________________________________ 20

V. Transports _____________________________________________________________ 22

Voies d’accès ____________________________________________________________________ 22

Ports maritimes __________________________________________________________________ 25

Transport routier _________________________________________________________________ 25

Transport aérien _________________________________________________________________ 28

Transport ferroviaire ______________________________________________________________ 29

Transport fluvial _________________________________________________________________ 29

VI. Télécommunications ____________________________________________________ 29

L’explosion du téléphone portable ___________________________________________________ 29

Accès pour les organisations humanitaires ____________________________________________ 32

VII. Énergie et eau __________________________________________________________ 33

Les services de l’État sont insuffisants _______________________________________________ 33

VIII. Système bancaire _____________________________________________________ 35

Un système financier inaccessible ___________________________________________________ 35

Le boom des transferts d’argent mobiles ______________________________________________ 36

Reprise des opérations au nord _____________________________________________________ 36

IX. Conclusion ____________________________________________________________ 38

Références __________________________________________________________________ 39

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2 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

Figures

Figure 1. Des ressources économiques concentrées au sud __________________________________ 5

Figure 2. Répartition de la population par commune_______________________________________ 5

Figure 3. Un environnement plutôt favorable aux affaires ___________________________________ 7

Figure 4. Un taux d’imposition plus faible et des procédures administratives simplifiées _________ 8

Figure 5. Carte des évènements du conflit, _______________________________________________ 12

Figure 6. Chronologie des évènements du conflit, 12 août au 29 décembre 2013 _________________ 13

Figure 7. Zones dangereuses aux environs de Tombouctou _________________________________ 16

Figure 8. Zones dangereuses aux environs de Gao _________________________________________ 19

Figure 9. Principaux couloirs internationaux vers le Mali __________________________________ 22

Figure 11. Principaux corridors nationaux _______________________________________________ 23

Figure 12. Les prix du carburant au Mali sont supérieurs à la moyenne régionale. ______________ 26

Figure 13. Les coûts et les délais d’import-export sont parmi les plus élevés de la région. ________ 27

Figure 14. La couverture mobile est étendue _____________________________________________ 30

Figure 15. Peu d’internautes, mais beaucoup d’abonnements mobiles ________________________ 31

Figure 16. Maintenant le rythme face à l’explosion de la téléphonie mobile ___________________ 32

Figure 17. Le réseau électrique existant ne couvre pas une grande partie de la population _______ 34

Figure 18. Les emplacements d’approvisionnement public en eau sont rares __________________ 35

Tableaux

Tableau 1. Ports desservant le Mali ____________________________________________________ 25

Tableau 2. Réseau routier ____________________________________________________________ 25

Tableau 3. Fournisseurs commerciaux de services de télécommunications ___________________ 30

Tableau 4. Disponibilité des services ___________________________________________________ 34

Tableau 5. Banques rouvertes ________________________________________________________ 36

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3 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

I. Introductioni Il y a un an, au début de l’année 2013, le Mali glissait rapidement vers une situation de faillite de l’État. Divers

mouvements islamistes et séparatistes contrôlaient le nord du pays, les dirigeants militaires du coup d’État

d’avril continuaient de tirer les ficelles d’un gouvernent de transition déstabilisé, et le territoire mal gouverné

du Mali était reconnu sur la scène internationale comme une plaque tournante du trafic de drogues et de

contrebande.

Sans l’intervention militaire rapide de la France, ancien pays colonisateur du Mali, en janvier 2013, le pays

aurait pu devenir la Somalie de l’Afrique de l’Ouest. L’intervention française a restauré l’intégrité du territoire

national, a déniché les islamistes de leurs forteresses et a facilité l’élection démocratique d’un nouveau

président et d’une nouvelle assemblée nationale. L’État est en train de réaffirmer son autorité dans les trois

régions du Nord et les populations déplacées retournent peu à peu dans leurs communautés.

Alors que le Mali émerge du conflit, les

acteurs de l’aide humanitaire et du

développement, les organisations

internationales et les investisseurs privés

nécessitent de nouveaux outils pour

fonctionner dans l’environnement de

l’après-conflit. Ce rapport cherche à

clarifier une situation complexe et à

faciliter le réengagement des partenaires

étrangers en abordant des facteurs

essentiels pour planifier la logistique et les

opérations. Il se penche sur

l’environnement économique, sur la

réglementation gouvernementale, sur les

conditions de sécurité, sur les réseaux de

transport et de communication, sur les infrastructures énergétiques et d’approvisionnement en eau ainsi que

sur le secteur bancaire.

Les crises de 2012 et 2013 ont incontestablement touché toute la population malienne. Ce rapport se concerte

cependant sur la capitale, Bamako, et sur les trois régions du Nord : Tombouctou, Gao et Kidal. La nature du

conflit a en effet rendu ces régions particulièrement vulnérables aux instabilités.

Afin de compléter des recherches documentaires menées à Washington, DC, les auteurs ont visité les villes de

Bamako, Tombouctou et Gao en décembre 2013 afin de recueillir des données originales et pour interroger

des acteurs sur le terrain. Des extraits pertinents de ces entretiens sont retranscrits ci-après, sauf si la personne

interrogée a demandé à rester anonyme ou si les informations pourraient nuire aux intérêts de l’individu ou de

l’organisation.

i Ce rapport a été préparé par Eric Wulf et Farley Mesko de c4ads, avec le soutien d'une subvention de Working Partners Foundation

International. Les opinions exprimées ci-après sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les points de vue de c4ads, de Working Partners Foundation ou de leurs directeurs ou administrateurs.

Porte cassée du cimetière des trois saints (détruite par AQMI), Tombouctou (C4ADS)

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4 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

II. L’environnement économique UNE REPRISE ECONOMIQUE... Il n’est pas surprenant de constater une contraction de l’économie malienne en 2012. Le pays était déchiré par

les instabilités politiques, par des querelles des élites, par une rébellion séparatiste, par dix mois de contrôle

islamiste du nord du pays et par des préoccupations sécuritaires. La diminution de la confiance des

investisseurs et l’érosion des dépenses gouvernementales, couplées à un commerce perturbé dans le nord et à

la suspension de l’aide internationale, ont conduit à une croissance négative du PIB réel de 1,5 pour cent.1

Ceci était en dépit d’une impressionnante croissance des secteurs de l’or et du coton, qui représentent les

principales sources d’exportation du Mali.

En 2013, les prévisions économiques étaient beaucoup plus optimistes. La Banque africaine de

développement prévoit un rebond de l’économie malienne avec un taux de croissance de 5,4 pour cent en

2013, suivi par un taux de croissance de 5,1 pour cent en 2014.2 L’accroissement de la production d’or et de

coton, parallèlement à des cours mondiaux à la hausse, devraient y contribuer de manière significative. La

reprise et l’augmentation des flux d’aide internationale au Mali seront tout aussi critiques au rétablissement

pérenne de la stabilité. Après le succès d’élections législatives s’étant déroulées dans le calme en décembre, les

États-Unis ont rétabli le statut de partenaire privilégié du Mali, afin un récompenser le retour à la démocratie.3

Le Mali pourra ainsi tirer profit de l’Africa Growth and Opportunity Act (AGOA), qui devrait aider à

encourager l’amélioration de la croissance économique. Lancé en 2000 par le congrès américain, AGOA

facilite l’exportation de produits africains vers le marché américain afin de promouvoir le développement

économique des pays à faible revenu.

Enclavé à l’intérieur du territoire africain, le Mali dépend des ports de ses pays limitrophes pour ses échanges

commerciaux. Le Mali est un membre de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest

(CEDEAO), un bloc de 15 pays fondé en 1975 pour faciliter l’intégration économique régionale. Le rôle de la

CEDEAO s’est depuis élargi. La CEDEAO s’occupe activement des relations diplomatiques entre les pays

membres et avec la communauté internationale. Les interventions militaires dirigées par la CEDEAO sont

devenues de plus en plus courantes dans la région. La CEDEAO était ainsi le premier organisme international

à mettre en place une intervention au Mali après la crise de 2012. En décembre 2012, les Nations Unies

(l’ONU) ont autorisé la mission de la CEDEAO, baptisée Mission internationale de soutien au Mali sous

conduite africaine (MISMA). La mission a cependant dû faire face à des problèmes logistiques, administratifs

et de financement, qui ont souligné l’incapacité de la région à réellement résoudre la crise malienne de

manière interne. Tandis que les islamistes commençaient à déplacer vers le sud du pays en janvier 2013, les

troupes de la MISMA n’étaient toujours pas déployées. L’intervention militaire décisive et rapide de la France

a de plus clairement montré l’inefficacité des mécanismes de réponse de l’organisme régional. La mission de la

MISMA a officiellement pris fin en juillet 2013, et la plupart des soldats de la MISMA ont changé de béret

pour intégrer la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali

(MINUSMA).

Malgré les chocs économiques au Mali, l’Afrique du Nord-Ouest et de l’Ouest a connu en 2012 une

impressionnante croissance de son PIB. 4 Ce succès a été en grande partie rendu possible par l’Union

économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). L’UEMOA regroupe sept pays francophones (Bénin,

Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Sénégal et Togo) et la Guinée-Bissau lusophone. Ces huit pays

partagent une banque centrale commune (la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest ou BCEAO) et

une monnaie commune (le Franc CFA d’Afrique de l’Ouest ou XOF), qui est rattachée à l’Euro5 et garantie

par le Trésor français. La BCEAO a été conçue pour stabiliser la monnaie face aux chocs exogènes. Elle a

particulièrement bien rempli sa fonction en 2012, en limitant l’inflation au Mali.

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5 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

…CONCENTREE AU SUD Bien que la reprise soit établie dans le pays, l’activité économique et les ressources naturelles sont très

largement concentrées au sud du pays. Il est donc possible que la trajectoire de croissance projetée n’ait qu’un

impact minime sur les régions du nord, particulièrement troublées.

L’agriculture et l’industrie représentent respectivement 36,8 et 23,4 pour cent du PIB malien.6 Les principales

cultures agricoles sont le coton, le millet et le riz. La production industrielle est principalement composée d’or

sous forme de matière première. La Figure 1 et la Figure 2 illustrent la concentration de l’activité économique

et des populations humaines dans la moitié sud du pays.

Figure 1. Des ressources économiques concentrées au sud

Sources : Ramankutty (2004); Anglogold Ashanti; Avnel; Endeavour; IAMGOLD; Pearl Gold; Randgold; Resolute

Figure 2. Répartition de la population par commune

Source : Institut National de la Statistique Recensement Général de la Population

du Mali (2009)

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6 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

La croissance des secteurs industriels de l’agriculture et de l’exploitation aurifère ne sauraient profiter au nord

qu’à travers un réinvestissement des revenus en hausse de l’État dans ces régions. Le Nord devrait de plus

bénéficier du retour des flux d’aide et des activités des organisations internationales, humanitaires et non

gouvernementales. Ces deux sources de retombées secondaires n’adressent cependant pas directement les

principaux griefs principaux des populations du nord : le manque d’opportunités économiques et l’important

taux de chômage.

La complexité du retour des populations déplacées à la vie normale et aux activités économiques sera un

obstacle majeur à la reprise économique du nord du pays. Dans la ville de Tombouctou, la population arabe,

restreinte mais importante du point de vue économique, a en grande partie fui la ville et n’est toujours pas

revenue. Bien qu’il n’existe que peu d’informations sur leur nombre exact, les habitants locaux estiment que

les Arabes représentaient environ cinq pour cent de la population de Tombouctou avant le conflit.7 Diadié

Maïga, Président du Comité de Crise (un comité local formé en avril 2012 pour coordonner l’accès

humanitaire et pour servir d’intermédiaire entre les occupants et les populations) a affirmé à C4ADS que « les

activités commerciales étaient contrôlées par les Arabes, qui ont même formé des milices pour protéger leurs

intérêts économiques. Cependant, de nombreux Arabes ont fui alors que le MNLA [Mouvement national

pour la libération de l’Azawad] s’approchait de la ville. »8 Une seconde vague d’Arabes a quitté la ville après le

retour des forces armées maliennes à Tombouctou au début de l’année 2013. Ces populations craignaient que

les forces armées ne les accusent de collaboration avec les occupants islamistes et qu’elles ne commettent des

actes de représailles aveugles contre les populations à la peau claire.

Les résidents, les autorités locales et les travailleurs humanitaires considèrent en général que la reprise

économique au nord est restée « timide ».9 Dans un entretien avec Attaher Maïga, chef de la délégation du

Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Gao et à Kidal, celui-ci notait que les principaux défis pour

la reprise étaient de résoudre les préoccupations sécuritaires et d’encourager les populations déplacées à

reprendre leurs activités génératrices de revenu. Selon Maïga, « une reprise économique complète est

impossible sans le retour des populations déplacées, puisque les communautés sont fortement

interdépendantes. Si leur sécurité n’est pas garantie, elles hésiteront à revenir. » Il a aussi noté que le retour de

l’administration avait trainé, ce qui a d’autant plus ralenti la reprise. D’après lui, « l’État n’est pas absent, mais

son retour est timide. Il existe toujours des zones sans administration publique. »

UN ENVIRONNEMENT COMMERCIAL RELATIVEMENT PRO-

INVESTISSEUR Au début des années 2000, le Mali a débuté une réforme de son secteur commercial et a commencé à

développer les incitations à l’investissement afin de stimuler la croissance économique. Ceci s’est traduit par

plusieurs réformes spécifiques ayant pour objectif d’attirer les investissements étrangers et de simplifier les

procédures administratives de création et d’exploitation des entreprises.

L’une de ces initiatives phares était la mise en place de l’Agence pour la promotion des investissements au

Mali (API Mali). L’agence cherche à promouvoir et à soutenir les investissements étrangers et nationaux et à

améliorer le climat global des affaires. Son personnel, parlant couramment le français et l’anglais, fournit des

services de conseil sur les opportunités d’investissement et guide les entreprises à travers les procédures et

réglementations administratives.10

Dans le cadre de ses efforts de simplification des processus d’enregistrement et de réglementation des

entreprises, API-Mali a aussi lancé le programme eRegulations Mali, qui fonctionne comme un portail unique

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7 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

pour tous les opérateurs économiques.11 eRegulations Mali vise à améliorer la transparence et à fournir à

toutes les parties des procédures détaillées concernant l’enregistrement des sociétés, l’acquisition de permis et

de licences, les obligations fiscales et le commerce transfrontalier. Un entrepreneur à Bamako a estimé que le

coût total de la création et de l’enregistrement de sa société anonyme à responsabilité limitée (SARL) auprès

du gouvernent était d’un million de XOF (environ 2 000 $US).12

Sous l’effet d’initiatives pro-investisseur, l’environnement réglementaire et fiscal au Mali est relativement plus

favorable aux investisseurs que celui des autres pays d’Afrique de l’Ouest, et bien plus favorable en moyenne

que celui des pays de l’Afrique subsaharienne. Les Figures 3 et 4 illustrent la situation relative du Mali : plus la

barre d’un pays s’étend vers la droite, plus ses procédures commerciales sont complexes, fastidieuses et

couteuses.

Figure 3. Un environnement plutôt favorable aux affaires

Source : Doing Business 2014

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8 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

Figure 4. Un taux d’imposition plus faible et des procédures administratives simplifiées

Source : Doing Business 2014

Il ne faut pas surestimer le succès du Mali, les investissements directs étrangers restant relativement limités en

chiffres absolus. Un faible revenu par habitant, une situation politique changeante et des instabilités

persistantes ont dissuadé de nombreux investisseurs potentiels. Si ces deux derniers sujets de préoccupations

peuvent être résolus, les opportunités pour des investissements plus élevés sont signifiantes.

III. Relations entre le gouvernement et les

ONG UN ENVIRONNEMENT REGLEMENTAIRE OPAQUE ET COMPLEXE Contrairement à un environnement commercial toujours plus simplifié et rationalisé, les procédures

administratives et réglementations s’appliquant aux organisations non gouvernementales (ONG)

internationales sont beaucoup moins transparentes et beaucoup plus complexes. Il n’est dès lors pas

surprenant de constater que de nombreuses petites ONG ne s’enregistrent pas officiellement auprès du

gouvernent ou ne tirent pas complètement profit des avantages accordés par le gouvernement aux ONG.

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9 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

Il n’existe que peu d’informations disponibles sur les procédures spécifiques d’enregistrement des ONG au

Mali. Il est ainsi généralement important de disposer de contacts au sein du gouvernement national pour

faciliter le processus d’enregistrement. L’enregistrement est techniquement gratuit, mais des entretiens avec

des représentants du gouvernement indiquent que les fonctionnaires demandent souvent des pots-de-vin lors

du traitement des documents.13

Les ONG sont officiellement régulées par la Cellule d’appui au développement à la base. Ce comité est placé

sous la surveillance de la Direction nationale de l’intérieur, qui fait partie du Ministère de l’administration

territoriale, dirigé par le Général Moussa Sinko Coulibaly. Créée en 1990, la Cellule d’appui au développement

à la base est théoriquement chargée de l’implémentation du règlement administratif s’appliquant aux ONG et

de la coordination de tous les efforts de développement. En pratique, les activités des ONG ne sont

cependant que peu contrôlées. Aucune base de données officielle des ONG étrangères n’existant, les

communications et la coordination entre travailleurs humanitaires reste limitées, ce qui peut contribuer à une

duplication des efforts des ONG.

L’enregistrement officiel d’une ONG requiert plusieurs étapes, une enquête de police sur les antécédents de

l’organisation, des efforts important et peut durer plusieurs mois. Les remaniements ministériels et

changements de gouvernement peuvent compliquer ou retarder le processus. En tant qu’organisation

étrangère, une ONG doit d’abord recevoir une autorisation d’association étrangère à but non lucratif du

gouvernement. Cet accord est signé entre l’ONG et le gouvernement, en vertu de la loi N. 04-38 du 05 août

2004. Une requête doit être adressée au Ministère de l’administration territoriale, mais l’accord est finalement

signé par le directeur de l’intérieur. L’autorisation d’association étrangère à but non lucratif ne confère pas de

privilèges particuliers à l’organisation, mais constitue une autorisation officielle d’activité du gouvernement.14

Bien que l’accord doive être renouvelé tous les ans, la procédure ne nécessite que peu d’obligations de

déclaration. Contrairement à l’enregistrement d’une entreprise, qui peut être effectué en quelques semaines, il

faut généralement au moins six mois pour enregistrer officiellement une ONG auprès du gouvernement.

Après trois ans d’activité, une organisation peut initier le processus d’accord-cadre, qui offre des privilèges

spéciaux à l’organisation. Ceci n’est cependant pas une obligation, et une organisation peut opérer

indéfiniment dans le cadre d’une autorisation d’association étrangère à but non lucratif.

L’ACCORD-CADRE, IMPORTANT MAIS INSAISISSABLE L’accord-cadre15 est un accord signé par le gouvernement du Mali et par une ONG qui définit les activités de

l’ONG et sa relation avec le gouvernement d’une manière plus explicite qu’une autorisation d’association

étrangère à but non lucratif. Dans l’accord, l’ONG doit spécifier explicitement le type et la localité des

activités qu’elle souhaite mettre en place. L’ONG doit aussi accepter de soumettre un rapport financier et

d’activités annuel à la Cellule d’appui au développement à la base. Le gouvernement s’engage à assister l’ONG

autant que possible, ainsi qu’à l’exonérer de la plupart des taxes et frais de douane.

Les signataires de l’accord-cadre sont exonérés de droits de douane et de la taxe sur la valeur ajoutée sur les

matériaux, sur les fournitures, ainsi que sur l’équipement et les appareils techniques utilisés pour la mise à

exécution des projets de l’ONG. Cette exonération ne s’applique cependant pas à certains articles tels que les

véhicules importés, les pièces automobiles, le carburant et les appareils ménagers. Les taxes suivantes

s’appliquent cependant : la redevance statistique (RS, 1 %), le prélèvement communautaire de solidarité de

l’UEMOA (PCS, 1 %), et le prélèvement communautaire de la CEDEAO (0.5 %).

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10 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

Afin de bénéficier de ces exonérations, les ONG doivent être enregistrées auprès de l’administration fiscale et

disposer d’un numéro d’identification fiscale valide, ce qui demande des procédures externes à l’accord-cadre.

En dépit des avantages offerts par l’accord-cadre aux ONG, de nombreuses petites ONG continuent

d’opérer dans le pays de manière informelle ou dans le cadre d’une autorisation d’association étrangère à but

non lucratif. Ces ONG ne disposent pas généralement de l’expertise, des contacts personnels et/ou des

ressources nécessaires pour répondre aux exigences associées. Certaines organisations choisissent cependant

de ne pas mettre en place d’accord-cadre, le contrôle accru du gouvernement et les obligations de déclaration

plus rigoureuses pouvant être contraignants.

La situation actuelle ne bénéficie ni au gouvernement ni à la communauté des ONG. Elle empêche aux ONG

de bénéficier des exemptions fiscales auxquelles elles ont droit et entrave la coordination entre les acteurs de

l’aide humanitaires et du développement et le gouvernement.

En l’absence d’informations claires et d’un processus transparent, des services locaux et privés de conseil se

sont développés pour aider les ONG à naviguer le processus d’enregistrement, en tirant profit de contacts

personnels et d’une connaissance approfondie des procédures gouvernementales.16

LA TAILLE COMPTE Les conclusions de la recherche sur le terrain et des entretiens indiquent une forte corrélation positive entre la

taille de l’ONG et le niveau de coopération avec le gouvernement national. Les plus petites ONG

n’interagissent presque pas avec le gouvernement national, en dépendant plutôt d’autorités locales clés pour

mettre en place leurs projets.

Des représentants d’ONG plus importantes, telles que Médecins du Monde et le CICR, nous ont indiqué

avoir des relations étroites avec des membres clés du gouvernement national.17 Ils mettent souvent en place

des partenariats avec des ministères gouvernementaux pour exécuter leurs projets et organisent régulièrement

des réunions avec des représentants du gouvernement. Les personnes interrogées ont cependant souligné leur

grande autonomie quant au choix des sites d’exécution des projets, en s’appuyant sur leurs propres

évaluations et analyses. Les ONG plus importantes consultent parfois les autorités gouvernementales locales

(maires, etc.) avant d’exécuter un projet, mais leur soutien parait moins important et n’est pas impératif. Une

stratégie commune à toutes les ONG est de travailler à travers des organisations locales afin d’établir des

partenariats avec la communauté et de développer les capacités locales. Ceci pose cependant un risque de

mauvaise gestion et de détournement des fonds. Ces organisations locales n’ont généralement pas les mêmes

obligations de déclaration ou normes de responsabilité que les organisations de plus grande taille, et elles sont

souvent dirigées par des notables locaux défendant leurs propres intérêts.18 Pour limiter les détournements de

fonds et la corruption, le CICR n’utilise pas de partenaires opérationnels et distribue directement l’aide aux

populations affectées.

Les entretiens avec les ONG de plus petite taille ont révélé que l’appui du gouvernement local contribue bien

plus à la réussite de leurs efforts. 19 Les contacts dans les centres de santé communautaires, dans les

établissements d’enseignement et dans les bureaux de mairie sont plus utiles pour accélérer les procédures

administratives et pour faciliter leurs activités que les représentants du gouvernement national à Bamako.

Certaines personnes interrogées ont exprimé du dédain quant à l’efficacité du gouvernement national et ont

rapporté que ses représentants n’ont que peu contribué à la réussite de leurs projets.20

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11 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

En décembre 2013, de nombreuses grandes ONG internationales sont retournées dans les capitales régionales

de Tombouctou et de Gao. Les conditions de sécurité ont cependant limité leur présence dans de

nombreuses zones rurales ainsi que dans la région de Kidal. Le CICR, Save the Children, Plan International,

Médecins du Monde, Médecins Sans Frontières et Handicap International font partie des organisations

présentes à Gao et à Tombouctou. D’importants réseaux internationaux, du personnel expérimenté et des

ressources importantes facilitent la capacité de ces organisations à opérer dans ces régions instables. Les

importants coûts de fonctionnement posent cependant un défi majeur aux activités des ONG dans ces

régions. Fadima Maïga, gestionnaire du programme Oxfam à Gao, a affirmé à C4ADS que les coûts de

soutien des opérations sont souvent plus onéreux que les activités de secours. Selon elle : « beaucoup de nos

donateurs ne sont pas d’accord avec cela, ce qui complique les demandes de fonds et notre capacité à aider

des populations vulnérables. »21

IV. L’environnement sécuritaire INSTABILITE CONTINUE La libération menée par la France des trois villes principales du nord du Mali, Gao, Tombouctou et Kidal,

était terminée dès la fin janvier 2013. Les objectifs primaires de l’opération Serval, restaurer la souveraineté du

territoire et chasser les terroristes islamistes de leurs forteresses, ont été remplis. Des forces maliennes et de la

MINUSMA ont depuis renforcé les positions françaises dans le nord du pays. La MINUSMA, composée de

6 347 hommes, est chargée d’une mission de maintien de la paix et de l’ordre dans les principales villes du

nord. La France devrait graduellement réduire sa présence, en passant d’une force de 4 500 hommes au plus

fort du conflit à 1 600 à la mi-février, puis à 1 000 hommes. Selon le président de la République française

François Hollande, les troupes restantes concentreront leurs efforts sur la lutte contre les groupes terroristes

toujours présents dans la région.22

Cette importante présence militaire n’a pas empêché une insécurité persistante, des troubles civils, des

divisions internes dans l’armée et des attaques terroristes intermittentes, qui continuent de poser un défi

significatif au fonctionnement normal du pays. Dans un communiqué de presse en novembre, Christoph

Luedi, chef de la délégation du CICR au Mali, a affirmé que « le conflit continue d’avoir un impact sur le

fonctionnement des centres de santé, qui se battent pour répondre aux besoins des populations sans soutien

extérieur. »23

De manière inquiétante, des actes de violence ont été commis par des casques bleus sur les populations

civiles. Entre le 19 et le 20 septembre, environ 100 soldats tchadiens opérant au Mali dans le cadre de la

MINUSMA ont été accusés d’abus sexuels et autres fautes graves sur des civils à Gao.24 Les soldats auraient

déserté leur poste à Tessalit et seraient descendus sur Gao pour demander le paiement d’arriérés. Bien que les

incidents de crimes perpétrés par des forces d’ONU sur les populations civiles ne soient pas un phénomène

nouveau, les autorités doivent continuer de surveiller la situation de près et d’enquêter sur le problème.

Alors que la situation sécuritaire reste fragile dans les trois régions du nord, le sud reste relativement stable.

Un directeur de la sécurité d’une organisation internationale de développement a affirmé à C4ADS que « la

situation est prévisible et la plupart des menaces sont bien connues. Jusqu’à Ségou, les conditions sont

gérables pour les organisations humanitaires et de développement. Lorsque vous arrivez à Mopti, par contre,

les choses commencent à devenir un peu plus problématiques. »25

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Janvier 2014

12 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

En août 2011, les maliens se rendus en nombre record aux urnes, pour le second tour des premières élections

démocratiques depuis le coup d’État de mars 2012. Le politicien de carrière Ibrahim Boubacor Keïta a été élu

président. Les élections ont été acclamées par la communauté internationale pour son haut taux de

participation, le mandat clair donné au vainqueur et l’ordre et le calme dans lesquels elles se sont déroulées.26

L’optimisme initial s’est refroidi alors que des questions de sécurité continuaient de menacer les trois régions

du nord et Bamako. L’environnement sécuritaire force la plupart des ONG internationales continuant

d’opérer au nord du Mali à n’affecter qu’un personnel limité à Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal.27 Les

préoccupations d’enlèvement font de plus qu’aucun membre du personnel de ces localités n’est occidental.

Un analyste du gouvernement américain sur le Mali a averti C4ADS que « l’environnement sécuritaire à Gao,

Tombouctou et Kidal n’est pas assez sûr pour le retour des occidentaux. AQMI [Al-Qaida au Maghreb

islamique] and le MUJAO [Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest] ne sont pas partis, ils

se cachent. Ces régions demandent une présence militaire permanente. »28

La Figure 5 dresse la carte des évènements de conflit rapportés au Mali depuis la concession du perdant de

l’élection présidentielle le 12 août 2013 jusqu’au 31 octobre 2013.

Figure 5. Carte des évènements du conflit, 12 août au 29 décembre 2013

Source : Armed Conflict Location and Event Dataset

Les évènements du conflit sont en outre de plus en plus mortels. Les données indiquent aussi une tendance à

l’accroissement du nombre d’attaques terroristes (perpétrées par AQMI ou le MUJAO) ces derniers mois. La

Figure 6 illustre la fréquence des évènements du conflit et le nombre de morts durant la même période.

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Janvier 2014

13 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

Figure 6. Chronologie des évènements du conflit, 12 août au 29 décembre 2013

Sources : Armed Conflict Location and Event Dataset; Rapports des médias.

VIOLENCE DE L’ARMEE A BAMAKO Bien que les attaques terroristes ne posent qu’un risque minime à l’intérieur de Bamako, les rivalités entre les

diverses branches des forces armées et les violences contre les civils ne semblent pas vouloir se résorber.

En août 14, 2013 peu de temps avant l’entrée en fonction du président Ibrahim Boubacar Keïta, le

gouvernement de transition sortant a promu le capitaine Amadou Haya Sanogo, meneur du coup d’État, au

grade de général quatre étoiles de l’armée. Plusieurs groupes humanitaires et partis politiques maliens ont

condamnés la promotion.29 Le gouvernement de transition a aussi promu un autre membre de la junte,

Moussa Sinko Coulibaly, au rang de général. Sanogo a nommé Coulibaly comme son directeur de cabinet en

mars 2012. En avril 2012, le gouvernement de transition l’a nommé ministre de l’administration territoriale,

un poste qu’il continue d’occuper aujourd’hui.

En réponse à ces nominations, environ 30 soldats armés ont pris d’assaut le bureau du nouveau directeur de

cabinet de Sanogo à Kati et l’ont enlevé en septembre. Le directeur de cabinet a été légèrement blessé par

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14 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

balle durant l’enlèvement. Les soldats responsables de l’enlèvement étaient proches de la junte militaire avant

la promotion de Sanogo. Un fonctionnaire de la Défense a affirmé à l’Agence France-Presse (AFP) que « les

soldats autrefois sous contrôle de la junte militaire sont

mécontents parce qu’ils se sentent délaissés. Certains

d’entre eux se sont battus en première ligne mais n’ont

pas été promus, ce qui a provoqué leur colère. »30 Ces

soldats auraient été dirigés par le capitaine Amadou

Konaré, ancien bras droit de Sanogo et porte-parole de

la junte militaire. Il aurait apparemment mal accepté de

ne pas avoir été inclus dans les récentes promotions.

Cet épisode mettait en lumière les divisions internes

persistant au sein de l’armée malienne. Il marquait aussi

un moment embarrassant pour le nouveau président,

Ibrahim Boubacar Keïta, qui avait promis de restaurer

l’ordre et la dignité au Mali. Le Ministère de la défense a

par la suite lancé une nouvelle initiative, connue sous le

nom d’Opération Saniya (qui signifie « nettoyage » en

Bambara, la langue locale), pour désarmer les soldats

mutins et assurer le contrôle civil de l’armée. À partir

d’octobre, plusieurs membres de l’armée accusés d’avoir

participé et sympathisé avec la mutinerie de septembre ont mystérieusement disparu ou ont été retrouvés

morts. Après la découverte des corps de quatre soldats et la disparation de plusieurs autres membres des

forces armées, Amnesty International a conclu que « l’armée malienne semble effectuer une purge et des

exécutions extrajudiciaires » contre les soldats ayant participé à la mutinerie.31

Le 27 novembre, après avoir ignoré plusieurs requêtes judiciaires d’interrogatoire, un mandat d’arrêt a été

émis à l’encontre de Sanogo. 25 hommes armés ont arrêté Sanogo à son domicile à Bamako. Il a été accusé

par le département de la justice de « meurtre, assassinat et complicité de meurtre et d’assassinat » pour son

rôle dans les disparitions ayant touchées une autre faction militaire, les bérets rouges, qui avait essayé de

fomenter un contre-coup d’État après la prise de pouvoir de Sanogo en mars 2012.32

Quelques jours plus tard, le ministre de la Justice et le procureur ont annoncé la découverte d’un charnier

contenant 21 corps à proximité d’une petite ville située près de la caserne militaire de Kati. Le procureur a

affirmé à Reuters que les premiers indices indiquaient que les corps étaient ceux de bérets rouges s’étant

opposés au coup de Sanogo.33

Après l’arrestation de Sanogo, la ville de Kati a été la proie d’une série de manifestations demandant sa

libération. Le 3 décembre, les médias locaux ont signalés que des militants pro-Sanogo avaient aussi mis le feu

à un marché public à Kati.34 Les partisans pro-Sanogo ont de plus essayé d’influencer le processus judiciaire.

Le fils du juge responsable de l’instruction du dossier de Sanogo a été attaqué et sa moto a été volée par un

groupe de jeunes le 26 novembre.35

Ces évènements n’ont constitué globalement qu’une faible menace directe sur les civils, les expatriés, les

entreprises et les ONG à Bamako. La vie quotidienne s’est poursuivie normalement. Selon le directeur de la

sécurité d’une organisation internationale de développement, « Bamako est sécurisé. La possibilité d’une

attaque terroriste est faible et son impact serait minimal. Nous avons remarqué une légère augmentation de la

Le général Sanogo, peu après sa nomination (Reuters)

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Janvier 2014

15 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

petite criminalité et des incidents de justice populaire, mais ce n’est pas une source majeure d’inquiétude. »36 À

terme, l’une des sources les plus immédiates d’inquiétude pour l’ordre public sont les retombées possibles du

procès de Sanogo. Quel que soit le verdict, des manifestations sont probables : que ce soient des partisans

demandant sa libération ou des opposants demandant une condamnation. Les manifestations et la violence

politique peuvent créer un contexte opérationnel incertain et explosif et doivent être suivie de près.

PRESENCE PERSISTANTE D’AQMI A TOMBOUCTOU Entre le 1er avril 2012 et le 28 janvier 2013,

Tombouctou a été gouverné par une alliance entre le

groupe ethnique touareg et islamiste Ansar Dine et Al-

Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Après la reprise

de la ville par les forces françaises et maliennes, la

plupart des djihadistes se sont fondus dans la

population locale ou se sont dispersés dans les villages

du désert. Il n’existe aucune présence militaire

permanente de sécurisation de la région en dehors de

la ville de Tombouctou et de quelques autres des plus

grandes villes. La présence de longue date d’AQMI

dans la région et sa capacité durable à monter des

attaques terroristes soulignent le danger des activités

dans ces zones rurales.

Les djihadistes représentent toujours une préoccupation significative dans

les zones désertiques au nord et à l’est de Tombouctou. Ces zones ne sont

que peu peuplées et des petits groupes armés peuvent se déplacer sur de

vastes territoires en passant inaperçu. AQMI a commencé au milieu des

années 2000 à profiter de cette opportunité en forgeant des liens étroits

avec les communautés locales. Les interventions des forces françaises ont

fréquemment ciblé des cellules d’AQMI dans le vaste désert au nord de

Tombouctou. Le 11 octobre, le Colonel Gilles Jaron, porte-parole de

l’armée française, a confirmé que 10 djihadistes avaient été « neutralisés » à

120 kilomètres directement au nord de Tombouctou. 37 Au début du mois

de décembre, les forces françaises ont tué 19 autres militants extrémistes au

nord de la ville.38

De nombreux acteurs humanitaires considèrent que le banditisme et les

munitions non explosées constituent les obstacles les plus importants à la

livraison de l’aide humanitaire dans les zones rurales, plus que la menace

terroriste. Diadié Maïga, Président du Comité de Crise, a dit à C4DS que « la sécurité n’est pas garantie dans la

région. Le gouvernement et l’armée font ce qu’ils peuvent mais la région est tellement vaste. Le problème

principal est que les populations ne peuvent pas se déplacer librement parce qu’ils craignent les bandits. »39

Selon Mamadou Sow, chef de la délégation du CICR à Tombouctou, la plupart de ces attaques sont

opportunistes et ne sont pas forcément planifiées. De nombreuses ONG internationales hésitent ainsi à

envoyer leurs véhicules tout terrain—un atout précieux dans ces régions au climat rude et une cible fréquente

des bandits--dans ces zones non sécurisées.

Tombes et sanctuaires détruits par AQMI au Cimetière des trois saintes, à Tombouctou (C4ADS)

Affiche d’avertissement contre les munitions non explosées, Tombouctou (C4ADS)

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16 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

Souligner le banditisme et l’insécurités, pendant le premier tour des élections législatives, des hommes armés

non identifiés ont infiltrés les bureaux de vote d’Aldjounab, de Bajakry, de Goundam, de Léré, et de Takouba

et ils ont volé les urnes de vote et les documents électoraux.40,41,42

La carte ci-dessous illustre les zones et les routes de Tombouctou qui étaient citées à C4ADS par des

organisations internationales comme étant les plus dangereuses ou les moins sécurisées, à cause du

banditisme, de munitions non explosées ou du terrorisme.

Figure 7. Zones dangereuses aux environs de Tombouctou

Sources : Entretiens avec le CICR, Handicap International et Plan International (Tombouctou);

Africa Infrastructure Knowledge Program; Cluster logistique du PAM

La ville de Tombouctou est composée de huit quartiers. Les quatre quartiers plus anciens de Badjindé,

Djingareïber, Sankoré et Sareïkeïna forment le cœur de la zone urbaine. Les quatre autres quartiers sont

relativement récents ou situés à la

périphérie de la ville : Abaradjou,

Bellafarandi, Kabara-Fondo et le Quartier

Administratif.

Des huit quartiers de Tombouctou,

Abaradjou est surtout le plus dangereux.

Étant situé au nord de la ville, il est à la

bordure du Sahara et il n’est pas

recommandé aux étrangers d’y demeurer.

La seule route sortant de ce quartier

mène à l’avant-poste de Taoudenni dans

le désert du nord-ouest du Mali, une

région notoire comme un sanctuaire d’AQMI et une route de contrebande. Il est appelé localement le quartier

arabe et, selon ses résidents, c’est dans ce quartier que les deux dernières attaques terroristes sur la ville ont

été préparées.43 C’est aussi dans ce quartier où trois touristes ont été enlevés et un quatrième a été tué par

AQMI en 2011.44 Le quartier héberge également l’impressionnant monument de la Flamme de la paix, érigé

Casques bleus, Tombouctou (C4ADS)

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17 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

en 1996 pour commémorer la cérémonie de destruction de 3 000 armes en honneur de la fin de la deuxième

rébellion touareg.

Le 28 septembre, un camp militaire situé à la périphérie de Tombouctou a été la cible de deux attentats à la

voiture piégée. Les rapports initiaux évoquaient quatre morts. Cependant, deux jours après l’attaque, dans une

déclaration au service de presse mauritanien Alakhbar, le bataillon Imaratou Sahra d’AQMI a revendiqué la

mort de 16 soldats maliens.45

En raison de cette situation précaire, les mesures de sécurité ont été renforcées dans la ville. Des points de

contrôle sont gardés à toutes les entrées par les forces maliennes, françaises et de la MINUSMA et tous les

véhicules et leurs passagers sont fouillés. Les entrées de la ville sont fermées chaque soir à 18:00 et personne

n’est autorisé à rentrer ou à sortir. Les résidents recommandent d’arrêter toute activité commerciale chaque

jour à 16:00.

MENACE PROLONGEE DU MUJAO ET TROUBLES CIVILS A GAO Gao, ville la plus peuplée du nord du Mali, a été

la première ville du nord à être libérée par

l’intervention française. En plus, elle a enduré la

plus des troubles civils depuis sa libération. Bien

que la population ait largement rejeté l’imposition

de la loi de la charia par le groupe islamiste du

Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique

de l’Ouest (MUJAO), elle n’a pas accueilli avec

enthousiasme le retour de l’administration

malienne et de la police local.

Le MUJAO continue de commettre des attaques

terroristes contre les civils, les forces armées et

les réseaux d’infrastructure dans la ville et dans la

région. Ses cibles principales ont été les villes de Gao et de Ménaka. Le 8 octobre, des islamistes du MUJAO

ont fait sauter un pont stratégique près de la frontière du Niger, sur la route principale entre Niamey (capitale

du Niger) et Gao. Le 21 novembre, quelques jours avant le premier tour des élections législatives, plusieurs

roquettes ont été lancées sur la périphérie de Gao depuis une distance de moins de douze kilomètres, ce qui

indique que les terroristes ont trouvé sanctuaire dans des villages proches.46 Le 1er décembre, un kamikaze a

pris pour cible les forces françaises et de la MINUSMA à Ménaka.47

Durant les derniers mois, une série de manifestations de jeunes a eu lieu à Gao, pour protester contre

l’insécurité persistante, le manque d’opportunités économiques, la corruption parmi la police et les gendarmes

locaux et la mauvaise gestion de la ville par les autorités locales.

Le 9 et 10 octobre, un sit-in a été organisé sur la place principale de la ville, la place de l’Indépendance, pour

demander la démission du gouverneur et de plusieurs autres dirigeants, accusés d’avoir mal géré la crise

actuelle. Les questions sociales sont plus en plus importantes dans ces manifestations. Les griefs les plus

communs incluent le manque d’électricité, d’éducation et de travail.

Le 1er novembre, des manifestants ont pris des mesures plus radicales et ils ont brûlé plusieurs bâtiments

publics dans la ville. Les bâtiments ciblés comprenaient le bureau du gouverneur et la maison du maire, Sadou

Palais de Justice—Détruit après une bataille entre le MUJAO et l’armée française, Gao (C4ADS)

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Janvier 2014

18 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

Harouna Diallo. Les manifestants se sont affrontés dans les rues à la police, armés les uns de pierres et les

autres de gaz lacrymogène.48

Ces manifestations sont souvent menées et encouragées par les mouvements de jeunes Jeune patrouille,

Jeunes patriotes, and Nous pas bouger. Ces organisations

de la société civile ont été fondées après la chute de Gao

dans le but de résister contre des occupants et de

protéger la population. « Après le mois d’avril 2012, nous

avons vraiment compris ce qu’était l’anarchie... Gao est

devenu hors-la-loi, » a affirmé à C4ADS Moussa

Boureima Yoro, coordinateur de Jeune patrouille. 49

Pendant ce vide sécuritaire, son organisation a monté des

patrouilles de sécurité dans chacun des neufs quartiers de

la ville durant les dix mois d’occupation. « Nous avons

donné aux militaires des renseignements sur les

djihadistes et ceux-ci connaissent bien nos contributions

durant l’occupation. Après la libération, nous avons

montré à Serval et à l’armée malienne où trouver les

stocks d’armes du MUJAO. Nous voulons maintenant que le gouvernement reconnaisse notre effort et aide

nos membres. » L’importante force de volontaires de Yoro assiste à la permanence des points de contrôle

avec l’armée malienne et participe aux projets de reconstruction financés par la France, mais ses membres

veulent des avantages plus tangibles. Selon Yoro, « Il faut seulement une annonce courte à la radio pour qu’un

nombre impressionnant de mes partisans me suivent. »

Maintenant que le gouvernement du Mali est revenu, ces mouvements de jeunes se préoccupent

principalement de la sécurité de la population et de s’assurer que leurs mouvements soient reconnus pour

leurs contributions : généralement en demandant que leurs membres soient incorporés dans les forces de

sécurité ou dans l’appareil gouvernemental. Hamaya Ag Abdoulaye, le porte-parole de Nous pas bouger, a

affirmé à C4ADS, « Nous avons besoin d’être impliqué dans tous les actes de réconciliation. Nous sommes le

seul mouvement capable de vraiment représenter la population et de parler des occupants, parce que nous

avons vécu avec eux. »50

L’un des griefs revenant le plus souvent est la corruption parmi les gendarmes et la police locale, qui sont

accusés de demander des pots-de-vin pour de minimes contraventions (par exemple ne pas porter sur soi sa

carte d’identité) et de ne pas essayer suffisamment de punir les collaborateurs du MUJAO. Mahamane Alpha,

membre d’un autre mouvement de jeunes, le Mouvement patriote, a affirmé à l’AFP durant une récente

manifestation que « On a demandé le départ du commandant de la gendarmerie et du directeur de la police.

Pourquoi? Parce que plusieurs fois, nous-même la population de Gao, on a arrêté des jihadistes, on ne les a

pas touchés, on les a emmenés à la gendarmerie et à la police qui prennent des +miettes+ (un peu d'argent)

pour les libérer. » 51

Des démonstrations ont aussi eu lieu dans les autres grandes villes de la région de Gao, y compris Ménaka et

Ansongo.

Malgré les troubles civils et les attaques terroristes, la situation sécuritaire de la ville de Gao s’est significativement améliorée. Dans le cadre d’une mission d’évaluation commune conduite par le Cluster des Télécommunications d’Urgence et le Département de Sécurité de l’ONU en juin 2013, la mission notait que « la ville de Gao est plus sécurisée qu’elle ne l’était il y a un mois. Les populations reviennent et les activités de

Manifestant de Nous pas bouger, Gao (Reuters)

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19 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

commerce ont repris. La forte présence de l’armée malienne, ainsi que celle des troupes étrangères, a permis de diminuer le nombre d’actions terroristes et d’incursions dans la ville. »52 Comme pour Tombouctou, l’armée malienne, la MINUSMA et les forces françaises opèrent des points de contrôle à l’entrée et à la sortie de la ville, et les patrouilles de la MINUSMA et de l’armée malienne sont omniprésentes à l’intérieur de la ville.

De nombreuses ONG internationales sont de plus revenues. Oxfam, Médecins du Monde, Action contre la Faim, Save the Children et le CICR sont quelques-unes des organisations ayant repris leurs activités de secours dans la ville et dans la région.

La ville elle-même est relativement en sécurité : les marchés sont animés, les restaurants et les bars sont pleins et l’importante présence de l’ONU ont revigoré l’économie locale. Travailler dans les zones rurales peut toutefois présenter des défis significatifs. Abdoussalam Tiemogo Maïga, chef de terrain pour Save the Children à Gao, affirme que « la ville de Gao est sécurisé, nous ne courons aucun risque ici. Les vrais risques commencent lorsque vous vous éloignez de quelques kilomètres de la ville. »53 En particulier, les villages wahabites, qui se sont révélés de fertiles terrains de recrutement pour le MUJAO et qui ont ouvertement accepté l’occupation, sont considérés comme dangereux. Cette situation est particulièrement vraie pour le village insulaire de Kadji et pour plusieurs des villages de la commune rurale de Gabero, qui sont tous situés à moins de 35 kilomètres de Gao.

Le banditisme est fréquent dans les zones nomades et le long des principales routes de transport. Les personnes interrogées ont le plus souvent cité les routes Gao-Kidal, Ansongo-Ménaka et Bourem-Bamba comme étant particulièrement problématiques. Le CICR a indiqué avoir eu un véhicule volé et deux autres pillés le long de la route Ansongo-Ménaka. Les munitions non explosées font aussi partie des préoccupations, bien que, par chance, aucune organisation humanitaire n’ait été touchée jusqu’à présent.

La Figure 8 ci-dessous illustre les routes et les zones les plus souvent indiquées comme dangereuses durant des recherches sur le terrain menées par C4ADS.

Figure 8. Zones dangereuses aux environs de Gao

Sources : Entretiens avec le CICR, Malitel, Orange, Oxfam et Save the Children (Gao);

Africa Infrastructure Knowledge Program; Cluster logistique du PAM

Affiche d’avertissement contre les munitions non explosées, Gao (C4ADS)

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20 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

LE BOURBIER DE KIDAL La région de Kidal, déchirée par les conflits et l’instabilité, pose la menace la plus directe aux organisations

opérant dans le Nord-Mali. Depuis les élections présidentielles d’août, Kidal souffre d’une situation de

gouvernance ambiguë. Une alliance tenue entre les mouvements rebelles touaregs, les forces armées

maliennes, la MINUSMA et les forces de Serval n’a pas réussi à créer de claires lignes hiérarchiques ou à

fournir une sécurité rudimentaire, en laissant la place à de nombreuses attaques terroristes, émeutes civiles et

enlèvements. Aucune entité ne dispose à elle seule d’une complète autorité sur la ville ou sur la région, et les

conditions sécuritaires sont trop volatiles pour permettre le retour de la plupart des acteurs humanitaires. Le

26 novembre, Kidal était toujours interdite d’accès pour le personnel de l’ONU.54 Le directeur de la sécurité

d’une grande organisation internationale de développement a affirmé à C4ADS que « Kidal est complètement

interdite pour la communauté humanitaire et du développement. »55

En juin 2013, après un accord entre le gouvernement malien et les deux principaux groupes rebelles touaregs

présents à Kidal, le MNLA et le HCUA (Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad), un cessez-le-feu a été mis

en place. Dans l’accord, toutes les parties se sont

entendues pour placer la ville de Kidal sous le contrôle

conjoint des forces françaises, maliennes, du MNLA,

du HCUA et de la MINUSMA. Cette stratégie ne s’est

pas avérée une réussite. Abdoulaye Bathily, numéro

deux de la MINUSMA, a dit à France 24 « La vérité

est que l’état de droit n’est pas respecté à Kidal en ce

moment. Les groupes armés le sont toujours, en dépit

d’une résolution de l’ONU les forçant à déposer les

armes. »56

L’accord de partage du pouvoir entre les groupes est

incroyablement tendu, particulièrement entre le MNLA et les forces armées maliennes, et a culminé à

plusieurs reprises en des affrontements armés.57,58 Chacune de ces confrontations a été à la suite d’une

tentative du MNLA de renforcer ses positions à Kidal avec des troupes supplémentaires.

Les attaques terroristes continuent de menacer à la fois les civils et les forces armées. Des attaques ont été

dirigées contre une agence de la Banque Malienne de Solidarité à Kidal, contre un ancien entrepôt du

Programme alimentaire mondial, contre des points de contrôle militaires et contre des véhicules de l’armée

française.59,.60,61 Le 14 décembre, la veille du second tour des élections législatives, un autre attentat suicide

contre une banque locale a tué deux casques bleus de la MINUSMA. Le chef malien du MUJAO, Sultan Ould

Bady, a revendiqué l’attentat.62 Un fossé est en train d’être creusé autour du périmètre de la ville pour

empêcher aux terroristes de rentrer et de sortir rapidement de la ville.

Les émeutes et manifestations sont aussi généralisées. Le transfert du service de presse de l’État (l’Office de

radiodiffusion télévision du Mali, ORTM) et du bureau du gouverneur de l’administration malienne a

déclenché des manifestations anti-gouvernementales les 13 et 14 novembre. Les manifestants ont mis le feu

au bureau du gouverneur et ont saccagé le bureau du trésor public et un établissement d’enseignement de

l’État. Au début du mois de décembre 2013, l’ORTM a repris la diffusion de ses programmes radio et

télévisuels après près de deux ans de suspension de ses activités.

Borne de Kidal(AFP)

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Janvier 2014

21 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

Le 15 septembre, peu de temps après sa prise de fonctions, le président Keïta a envoyé une délégation de

ministres (comprenant le ministre de l’Administration territorial général Coulibaly, le Ministre de l’intérieur

colonel Sada Samaké, ministre de la Réconciliation nationale et du développement des régions du Nord

Cheick Oumar Diarrah) à Kidal par avion. Les ministres ont été accueillis sur la piste d’atterrissage par une

foule de manifestants pro-MNLA en colère, qui ont jeté des pierres sur le convoi officiel et ont brisé l’une des

vitres d’un véhicule.63

Un incident similaire a eu lieu deux mois plus tard pendant la visite suivante officielle d’un haut responsable

du gouvernement. Le 28 novembre, le premier ministre Oumar Tatam Ly devait arriver à Kidal après avoir

visité Tombouctou et Gao. Son avion ne put cependant pas se poser parce que des manifestants pro-MNLA

bloquaient la piste d’atterrissage. La manifestation dégénéra et les protestants commencèrent à jeter des

pierres sur les forces armées maliennes, qui répondirent en tirant des coups de feu.64 Plusieurs manifestants

furent blessés.

Ce dernier incident déclencha des propos incendiaires de la part du gouvernement et du MNLA, le vice-

président du MNLA Mahamadou Djéri Maïga y voyant une déclaration de guerre et un motif de renoncement

du cessez-le-feu. Un autre responsable du MNLA, Ambeiry Ag Rhissa, a cependant essayé de développer les

remarques de Maïga et a dit à RFI, « Je pense qu’il a raison d’être en colère mais je pense qu’il est allé trop loin

dans sa déclaration. Il ne faut pas la prendre au

sérieux. »65

Un incident souligne particulièrement bien le

danger couru constamment par les

occidentaux à proximité de Kidal. Le 2

novembre, des militants liés à AQMI ont

enlevé deux journalistes de RFI, juste après

qu’ils aient fini d’interviewer un représentant

du MNLA. Dans ce qui apparait comme une

tentative raté d’enlèvement contre rançon, les

journalistes ont été tués peu après leur

enlèvement et leurs corps ont été abandonnés

à la sortie de la ville. C’était un geste

incroyablement audacieux, mené en plein jour

sous le nez des forces françaises, maliennes et

de la MINUSMA.

Les groupes rebelles touaregs et le gouvernement malien rendent tous la France responsable de la mauvaise

gestion de Kidal, et l’accusent de ne suffisamment essayer de résoudre la crise politique. Le 4 décembre, le

président Keïta a déclaré de manière menaçante au quotidien Le Monde que, « La communauté internationale

nous oblige à négocier sur notre sol avec des gens qui ont pris des armes contre l’État. Je rappelle que nous

sommes un pays indépendant. »66

La présence militaire française persistante limite la possibilité d’un retour à un conflit généralisé à Kidal dans

un futur proche, mais la situation sécuritaire précaire ne présente pas de signes d’amélioration. Ainsi, le CICR,

Médecins du Monde et Médecins sans Frontières sont les seules organisations humanitaires continuant de

mettre en place des efforts de secours dans la région, bien que l’échelle de leurs activités soit plus limitée que

dans les régions relativement sûres de Tombouctou et de Gao.

Drapeau du MNLA, Kidal (AFP)

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Janvier 2014

22 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

V. Transports VOIES D’ACCES Le manque de fiabilité et le piteux état du réseau de transport représente un obstacle important aux

opérations des organisations au Mali. Le rapport le plus récent d’une étude des réseaux de transport et de la

gouvernance des transports routiers dans les pays de l’UEMOA, régulièrement mise à jour par Borderless et

l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), note que le Mali « reste le pire pays

pour le mouvement des biens et des véhicules. »67 Les points de contrôle sont fréquents, les pots-de-vin sont

généralement nécessaires pour les véhicules commerciaux (typiquement entre 3 et 6 $ par tranche de 100

kilomètres), et les durées de transit sont longues.

La Figure 9 ci-dessous identifie les principales voies d’accès internationales vers le Mali. La Figure 10 illustre

tous les couloirs nationaux et souligne le réseau d’infrastructure relativement robuste dans les régions du sud

par rapport aux zones plus inaccessibles du nord.

Figure 9. Principaux couloirs internationaux vers le Mali

Sources : Africa Infrastructure Knowledge Program; Cluster logistique du PAM; UNHAS

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23 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

Figure 10. Principaux corridors nationaux Sud

Nord

Sources : Africa Infrastructure Knowledge Program; Cluster logist. du PAM; UNHAS

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Janvier 2014

24 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

Afin de promouvoir la croissance économique locale, mais aussi à cause des coûts élevés d’importation et du

manque de fiabilité des transports, la plupart des ONG internationales préfèrent se fournir localement.

Lorsqu’une ONG est obligée d’importer des biens, leur transport est typiquement effectué par voie routière.

Les durées de transport varient généralement d’un à deux mois, selon le lieu de livraison.

La route principale d’importation de biens vers Bamako est via l’un des ports maritimes des pays limitrophes.

Les biens sont alors transportés par voie routière, les routes étant souvent goudronnées mais en mauvais état.

Le port de Dakar au Sénégal est aussi relié à la capitale malienne par une voie ferroviaire qui est utilisée pour

le transport commercial de marchandises.

Le transport des biens vers le nord du Mali est problématique. Il n’existe que quelque grandes sociétés de

transport dotées d’un réseau national et les routes sont en très mauvais état. Si une organisation est reconnue

par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) comme un acteur humanitaire,

le Service aérien humanitaire des Nations Unies (UNHAS) est la méthode la plus efficace de transport pour

les petites cargaisons. La MINUSMA fournit aussi dans certain cas des services de transport aérien.68

À Tombouctou, la plupart des marchandises arrivent par route depuis Bamako, Mopti ou Gao. Les agences

de l’ONU et le CICR disposent d’importants centres de distribution à Mopti, qui sont utilisés comme des

hubs logistiques pour tout le nord du Mali.

À Gao, de nombreuses marchandises sont importées de Niamey et la plupart du carburant vient d’Algérie,

celui-ci étant moins cher mais souvent de moindre qualité. De grandes quantités de nourriture (céréales,

légumes et produits alimentaires) sont aussi livrées à Gao par transport fluvial, le fleuve Niger la reliant aux

régions agricoles du sud du Mali.

Kidal est particulièrement problématique. De par son isolation et le manque de travailleurs humanitaires sur

place, la plupart de l’aide d’urgence est achetée localement par des hommes d’affaires de la région de Kidal.69

Le CICR rapporte que la majorité de ces marchandises provient d’Algérie, en passant par les villes de

Tamanrasset en Algérie et Tinzouatène au Mali. Les autorités algériennes ont fermé la frontière Algérie-Mali

peu après le début du conflit et ne l’ont pas encore rouverte de manière permanente, ce qui exacerbe les

problèmes d’approvisionnement, bien que des exceptions soient parfois faites pour le transport des

marchandises de secours.70

Les récentes instabilités dans le nord n’ont pas ralenti la contrebande de marchandises vers et dans la région.

Les patrouilles frontalières et les points de contrôle ne suffisent pas. Le chef de terrain d’une organisation

internationale de secours à Tombouctou, qui a demandé à rester anonyme, a clairement affirmé, « Je peux

faire passer un camion d’essence de la Libye vers Tombouctou sans avoir à franchir un seul point de

contrôle ».71

Bien que les pots-de-vin soient nécessaires le long des routes, aucune ONG n’a rapporté à C4ADS avoir eu à

payer de pots-de-vin lorsque les marchandises sont transportés par voie aérienne. Cette méthode de transport

est cependant extrêmement coûteuse et reste inabordable pour la plupart des organisations et hommes

d’affaires locaux. Les pots-de-vin sont aussi moins gênants pour les organisations internationales

officiellement enregistrées auprès du gouvernement et qui ont signé un Accord-Cadre, ce qui les exonère de la

plupart des tarifs et droits de douane.

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25 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

PORTS MARITIMES Le Mali est accessible depuis plusieurs ports maritimes, mais le port de Dakar reste le point d’accès préféré

pour l’importation, de par ses bonnes installations portuaires et face au déclin de popularité du port d’Abidjan

durant les crises de 2002 à 2007 et de 2010 à 2011 en Côte d’Ivoire. 1,3 millions de tonnes de marchandises

ont été importées au Mali depuis le port de Dakar en 2012.72 En plus de Dakar et d’Abidjan, les ports

maritimes de Tema, Cotonou et Lomé sont aussi couramment utilisés. Bien que le couloir Bamako-Conakry

soit le plus court, le port de Conakry n’est que peu fréquemment utilisé à cause de la mauvaise qualité de ses

installations portuaires.

Le Tableau 1 décrit les différents ports maritimes desservant le Mali.

Tableau 1. Ports desservant le Mali

Port Pays Distance

de Bamako

Qualité de l’infrastructure

portuaire Échelle de

1 (faible) à 7 (élevée)

Durée approximative

de transit

Abidjan Côte d’Ivoire 1 150 km 4,6 15,5 heures Conakry Guinée 911 km 3,5 13 heures Cotonou Bénin 1 867 km 3,7 25 heures

Dakar Sénégal 1 342 km 4,5 18 heures Lomé Togo 1 785 km Non disponible 23,5 heures Nouakchott Mauritanie 1 451 km 3,7 20 heures Tema Ghana 1 600 km 4 21 heures

Sources : Cluster logistique du PAM; Base de données de la Banque mondiale (2012)

TRANSPORT ROUTIER Les routes sont mal entretenues au Mali et seulement 13 pour cent du réseau routier est bitumé.73 De

nombreuses grandes localités, comme les capitales régionales de Tombouctou et de Kidal, ne sont accessible

que par des routes non bitumées de gravier ou en terre.

Tous les produits pétroliers au Mali sont importés. Avant

2002, 70 pour cent des produits pétroliers étaient importés

de Côte d’Ivoire. Le Mali a depuis diversifié ses sources

d’approvisionnement pour inclure l’Algérie, le Bénin, le

Ghana, le Sénégal et le Togo.74

Le manque de sources nationales de pétrole et de raffineries

locales, les longues durées de transport et les grandes

distances, ainsi que l’instabilité qui continue de régner dans

le nord contribuent à créer des prix élevés du carburant.

Ces facteurs augmentent aussi les frais d’importation et d’exportation. Le coordinateur de la logistique du

CICR au Mali a observé que « Lorsque les djihadistes étaient présents à Gao, les frais de transport étaient 80

pour cent plus élevés et nous devions engager des gardes pour protéger nos cargaisons. »75 Les coûts ont

légèrement baissé depuis l’intervention française, mais ils fluctuent selon l’intensité du conflit dans la région.

Tableau 2. Réseau routier

Kilomètres

de route Pourcentage (%) du total

Réseau routier total

34 072,26 -

Asphalte 4 545,32 13,34 Terre 22 162,74 65,04

Gravier 7 364,19 21,61

Source : Banque africaine de développement

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26 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

Les Figures 11 et 12 ci-dessous illustrent les coûts relativement élevés du transport au Mali par rapport au

reste de la région.

Figure 11. Les prix du carburant au Mali sont supérieurs à la moyenne régionale.

Source : Base de données de la Banque mondiale (2012)

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27 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

Figure 12. Les coûts et les délais d’import-export sont parmi les plus élevés de la région.

Source : Doing Business 2014

Les coûts élevés d’importation contribuent aussi au prix élevé des locations de véhicules dans le pays. Le type

de véhicule le plus souvent disponible à la location est le véhicule tout terrain. Le véhicule privilégié des

organisations internationales, des représentants du gouvernement, des bandits, des contrebandiers et des

terroristes reste le Toyota Landcruiser, celui-ci étant bien adapté aux terrains accidentés. Bien qu’il existe des

sociétés de location de voitures, telles que CFAO Motors, elles ne disposent pas de bureaux à l’extérieur de

Bamako et les prix sont généralement compris entre 150 et 200 $ par jour. Quelques petites entreprises ou

propriétaires privés pratiquent des prix inférieurs (environ 90 $ par jour).

Les menaces du banditisme et des munitions non explosées dans le nord font que la plupart des organisations

internationales préfèrent ne pas utiliser leurs propres véhicules pour leurs missions sur le terrain. De

nombreux guides et hommes d’affaires, qui s’occupaient autrefois des touristes à Tombouctou et Gao, louent

désormais leurs 4x4 aux organisations internationales à des prix élevés. La demande est tellement élevée que

les organisations internationales présentes à Gao et à Tombouctou se sont plaintes d’une offre insuffisante de

véhicules.

Pour toutes les locations de véhicules dans les régions de Tombouctou, de Gao ou de Kidal, il est

particulièrement important d’engager des conducteurs connaissant bien le terrain et sachant conduire dans le

désert. La plupart des routes ne sont pas bitumées et les tempêtes peuvent obscurcir la route.

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Janvier 2014

28 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

TRANSPORT AERIEN Bamako-Sénou est le seul aéroport malien desservi

par des compagnies aériennes commerciales. Il

existe cependant de plus petits aéroports dans

chaque capitale régionale et dans plusieurs des

grandes villes. La compagnie française de voyage

Point-Afrique était le seul opérateur international à

organiser des vols vers Gao, mais cette liaison

aérienne a été abandonnée en 2010 pour des raisons

de sécurité. Un représentant de Point-Afrique a

informé C4ADS que les vols reprendront dès que

les conditions de sécurité le permettront.76 Oumar

Doucouré, coordinateur des opérations à l’aéroport

de Tombouctou, est sceptique quant à la possibilité

de la mise en place dans un futur proche d’une

liaison commerciale vers le Nord.77

Des services d’affrètement aérien sont disponibles auprès de Sahel Aviation Service et MAC Air, mais leurs

prix sont élevés. En juillet 2013, MAC Air demandait 15 615 $ pour un vol aller-retour de Bamako à Gao.

Le Programme alimentaire mondial propose un service aérien aux membres de la communauté humanitaire

au Mali (comme désignée UN OCHA), le Service aérien humanitaire des

Nations Unies (UNHAS). Les vols de l’UNHAS sont disponibles de

Bamako à Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal plusieurs fois par semaine.

L’UNHAS dispose de deux petits avions : un Beechcraft 1900D et un LET

L-140, tous deux d’une capacité de 19 passagers. Chaque passager peut

emmener au maximum 20 kilogrammes de

bagages. Hormis les vols de la MINUSMA,

de Serval ou charter, c’est l’unique moyen

de transport aérien à ces villes.

Les forces militaires françaises assurent la

sécurité des aéroports de Tombouctou,

Gao et Kidal. Le terminal et le tarmac de

l’aéroport de Tombouctou ont été rénovés

en 2002 et sont bien entretenus. Selon le

coordinateur des opérations de l’aéroport,

la piste d’atterrissage fait 2 200 mètres de

longueur et peut accueillir un Boeing 737. L’aéroport de Gao est bien plus

piteux état. Son terminal a été pillé et vandalisé par le MNLA en 2012, et il

n’a toujours pas été remis en état. L’aéroport de Kidal n’est guère plus

qu’une piste en terre.

Les violentes tempêtes de sable représentent un autre obstacle au transport

aérien dans le nord.

LET L-410 loué par l’UNHAS, Mopti (C4ADS)

République de l’Azawad et impacts de balles, Aéroport de Gao (C4ADS)

Tempête de sable durant un vol UNHAS vers Gao (C4ADS)

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Janvier 2014

29 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

L’envoi de marchandise par voie aérienne vers Bamako est couteux. De nombreuses petites ONG, peu

dotées, ont signalé à C4ADS qu’il était plus facile et moins couteux de mettre les marchandises dans les

bagages des passagers voyageant sur les vols commerciaux plutôt que d’utiliser un service de logistique.

L’envoi de produits non liquides par courrier express international coûte environ 100 $ par kilogramme avec

DHL.

TRANSPORT FERROVIAIRE Il existe une ligne de chemin de fer au Mali, qui relie directement Bamako à Dakar. La distance par rail entre

les deux capitales est légèrement supérieure à 2000 kilomètres. Cependant, seulement douze pour cent des

marchandises destinées au Mali sont transportées par voie ferroviaire.78 L’importance de ce couloir ferroviaire

a diminué ces dernières années. Des problèmes de gestion et le manque d’investissement ont provoqué une

dégradation graduelle des infrastructures ferroviaires, ce qui a réduit la capacité et la fiabilité de la ligne.

Des trains de marchandise circulent normalement tous les jours dans les deux directions, et mettent environ

cinq jours à atteindre leur destination. Les voies ferrées sont en mauvais état et les trains déraillent

régulièrement. La plupart de la capacité disponible est réservée aux transitaires (tels que Maersk et SDV), ce

qui complexifie l’accès au transport ferroviaire de marchandises pour les utilisateurs occasionnels.

TRANSPORT FLUVIAL Le transport fluvial est disponible le long du fleuve Niger entre les villes de Koulikoro et Gao, sur une

distance d’environ 1 500 kilomètres. Des ports existent à Koulikoro, Ségou, Mopti, Diré, Tombouctou,

Bourem et Gao. Le transport fluvial met environ une semaine entre Koulikoro et Gao et deux à trois jours de

Mopti à Tombouctou. Le transport fluvial est principalement utilisé pour envoyer des produits agricoles

depuis les régions du sud du pays vers le nord, les bateaux retournant vers le sud chargés de marchandises

algériennes embarquées à Gao.

La navigabilité du fleuve dépend de la saison et de l’intensité des précipitations. Le fleuve n’est navigable pour

les grosses embarcations qu’entre juillet et décembre. Le coût du transport fluvial est compétitif avec celui du

transport routier, avec un prix estimé d’environ 30 $ par tonne métrique entre Mopti et Tombouctou.

Le corridor n’a qu’un seul opérateur, l’entreprise publique Compagnie Malienne de Navigation

(COMANAV). Le conflit et l’occupation du nord du Mali en 2012 ont forcé la COMANAV à suspendre ses

activités, pour la première fois depuis 50 ans. Cette interruption du service a fait augmenter l’inflation dans le

nord du Mali et a laissé des centaines d’employés de la COMANAV sans emploi.

La COMANAV a repris ses activités entre Koulikoro et Gao en juillet 2013. La flotte de la COMANAV est

cependant âgée et le transport n’est pas sûr. Le 11 octobre, un navire de la COMANAV a chaviré près de

Konna (à environ 60 kilomètres au nord de Mopti), causant la mort de 68 passagers.79

VI. Télécommunications L’EXPLOSION DU TELEPHONE PORTABLE La disponibilité croissante et la baisse des prix des téléphones portables et de l’infrastructure mobile ont rendu quasiment tous les endroits peuplés accessible par téléphone portable. Un représentant de l’un des deux opérateurs de téléphonie mobile a estimé qu’environ 90 pour cent de la population totale étaient couverts par leur réseau. La fiabilité du service n’est cependant pas toujours optimale, des coupures de plusieurs heures ou plusieurs jours étant possibles.

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30 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

Les deux opérateurs de téléphonie mobile au Mali sont Orange, une entreprise française, et Malitel, une société marocaine. Les abonnements et les frais d’utilisation sont relativement peu onéreux. Les deux compagnies offrent aussi un accès à internet. Plus de 99 pour cent des abonnés mobiles utilisent des forfaits prépayés, et Orange rapporte une utilisation de 48 minutes par abonné en décembre 2010. Orange domine le marché avec une part de 60 pour cent, mais celle-ci ne cesse de s’éroder. 80 Une troisième compagnie, Afribone SA, offre aussi des services commerciaux d’accès à internet à Bamako.

Une troisième licence mobile a été octroyée à Alpha Telecom Mali, une co-entreprise entre Monaco Telecom et Planor Afrique (une entreprise burkinabée) en juin 2012. L’accord a depuis été marqué par la controverse et par des soupçons de paiements manqués et de mauvaise gestion gouvernementale. Aucun plan d’exploitation concret n’a été mis en place.

Tableau 3. Fournisseurs commerciaux de services de

télécommunications

Propriétaire Tarifs voix Tarifs SMS Réseau 3G Services internet

Maroc Télécom (51%) Gouvernement du Mali (49%)

90-198 FCFA/minute

10-50 FCFA/minute

Oui (couverture limitée)

56ko/s-2mo/s (Bamako, Kati, Kayes)

France Télécom

48-190 FCFA/minute

20-50 FCFA/minute

Oui (Bamako et toutes les capitales régionales sauf Kidal)

256ko/s-1mo/s (Bamako, Mopti, Kayes, Sikasso)

Afribone SA N/A N/A Non

256ko/s-512mo/s (Bamako)

Malitel a fourni à C4ADS une carte des emplacements de ses tours et de la couverture de son réseau, qui est

reproduite dans la Figure 13 ci-dessous.

Figure 13. La couverture mobile est étendue

Source : Département technique de Malitel

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Janvier 2014

31 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

Un ingénieur a noté que le réseau cellulaire avait été endommagé pendant la crise, mais qu’il avait depuis été

réparé. Certains sites dépendent uniquement des générateurs électriques, dont beaucoup ont été volés ou

endommagés pendant la crise. En plus, une coupure de courant peut interrompre le réseau. Alors que les

forces françaises s’approchaient des villes de Tombouctou et de Gao au début de l’année 2012, les occupants

islamistes ont détruit des tours Orange et Malitel pour empêcher aux populations locales de fournir des

renseignements sur leurs positions. Malitel a ainsi perdu 60 pour cent de son réseau dans le nord, mais estime

qu’environ 80 pour cent de la capacité a pu être restaurée.81 Orange affirme que son réseau a été restauré à

100 pour cent, mais estime que les pertes occasionnées par les vols et le vandalisme sur ses sites s’élèvent à

des milliards de FCFA.82

Internet ne s’est pas du tout développé de la même manière que la téléphonie portable. La population

malienne n’est dotée que de peu de connaissances en informatique et le prix initial d’un ordinateur est

inabordable pour la plupart des Maliens. L’introduction de l’ADSL, du WiMAX et de services de données

mobiles a accéléré la croissance d’Internet, mais la situation géographique du Mali rend le pays dépendant de

ses pays limitrophes pour obtenir de la bande passante sur les fibres optiques internationales.

Les figures ci-dessous illustrent les tendances des télécommunications dans la région.

Figure 14. Peu d’internautes, mais beaucoup d’abonnements mobiles

Source : Base de données de la Banque mondiale (2012)

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32 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

Figure 15. Maintenant le rythme face à l’explosion de la téléphonie mobile

Mais une pénétration Internet en retard.

Source : Base de données de la Banque mondiale (2012)

ACCES POUR LES ORGANISATIONS HUMANITAIRES Toutes les organisations humanitaires internationales interrogées pour ce rapport ont indiqué utiliser Orange

ou Malitel comme leur moyen de télécommunication principal. La plupart des organisations équipent aussi

leur personnel sur le terrain de téléphones satellitaires durant leurs missions en dehors des capitales

régionales, par mesure de précaution.

La Plate-forme humanitaire d’urgence des TIC, dirigée par le Programme alimentaire mondial, opère le

Cluster des télécommunications d’urgence (ETC) au Mali. ETC offre des services gratuits de voix et de

données aux organisations humanitaires opérant dans le pays.83 Ses services incluent :

Des centres de communication sécurisés (COMCEN)

Des réseaux radio couvrant les principales zones d’opération

Une fréquence radio et la coordination des indicatifs d’appel

La formation des opérateurs radio et des utilisateurs

La programmation des radios et une assistance technique

L’accès Internet via VSAT à Bamako, Mopti, Tombouctou et Gao

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33 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

Depuis décembre 2013, ETC fournit des services de télécommunications sécurisées à Bamako, Mopti,

Tombouctou et Gao, et des services de données à Mopti, Tombouctou et Gao à environ 12 agences de

l’ONU et à 21 ONG.84

Les acteurs humanitaires doivent envoyer une demande à [email protected] pour s’enregistrer auprès

d’ETC.

VII. Énergie et eau LES SERVICES DE L’ÉTAT SONT INSUFFISANTS Les services publics d’approvisionnement en électricité et en eau sont gérés par Énergie du Mali (EDM) et la

Société Malienne de Gestion de l’Eau Potable (SOMAGEP), qui appartiennent majoritairement à l’État.

EDM est le fournisseur d’électricité le plus important du Mali et 66% de son capital est

détenu par l’État. EDM n’a cependant pas réussi à répondre à l’augmentation rapide de la

demande de consommation électrique. Les coupures de courant sont fréquentes,

particulièrement hors de Bamako. La plupart des grands consommateurs d’électricité (par

exemple les entreprises d’exploitation aurifère) sont obligées de rechercher d’autre sources

pour répondre à leurs besoins en électricité, l’approvisionnement offert par EDM étant

insuffisant et peu fiable. Ceci représente un important manque à gagner. Les mines sont

d’importants utilisateurs d’électricité, et elles dépensent 52 pour cent de leur budget

d’exploitation pour acheter de l’énergie à des fournisseurs de services privés.85

La SOMAGEP, le fournisseur de services d’approvisionnement en eau le plus important du

pays, est en proie à de similaires problèmes d’approvisionnement. Le service est souvent

interrompu, particulièrement entre avril et juin (la saison chaude).

À la suite de la crise du nord, EDM et la SOMAGEP se sont retirées de toutes les villes au nord

de Mopti, et ne sont retournées dans leurs bureaux de Tombouctou, Gao et Kidal qu’en juin et juillet 2013.

EDM et la SOMAGEP ont toutes deux décidées de fournir leurs services d’approvisionnement gratuitement,

en signe de bonne volonté aux communautés du nord. Des représentants des deux structures ont confirmé à

C4ADS qu’elles recommenceraient à facturer leurs clients dès le 1er janvier 2014.

Le Département de l’appui aux missions de l’ONU a conclu que le principal défi pour les opérations au Mali

(sud et nord) était l’accès à l’énergie.86 À cause de ces problèmes d’approvisionnement, la plupart des ONG

internationales sont équipées de leurs propres générateurs et/ou panneaux solaires, qui peuvent être tous

deux achetés localement. À Tombouctou, Gao et Kidal, le CICR a fourni du carburant pendant la crise pour

continuer de faire fonctionner les générateurs des hôpitaux et des cliniques. Le gouvernement malien a repris

la charge de ces services à Tombouctou et à Gao en novembre 2013. Les services publics à Kidal bénéficient

toujours de l’assistance du CICR.

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Janvier 2014

34 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

Depuis le coup d’État de 2012, l’approvisionnement en

électricité a beaucoup diminué. Les coupures d’électricité

sont bien plus fréquentes à Bamako, mais l’accès est

relativement stable. À Mopti, les acteurs humanitaires sur le

terrain rapportent que l’électricité est coupée environ deux

heures par jour. 87 À Tombouctou, l’électricité n’est

disponible que 11 heures par jour. À Gao, EDM possède

sept générateurs, mais uniquement trois d’entre eux sont

fonctionnels et le courant n’est disponible que la nuit entre

18:00 et 6:00. À Kidal, l’électricité est disponible tous les

jours entre 17:00 et 0:00. Des exceptions spéciales sont

faites pour les jours fériés, pour lesquels le courant est

disponible toute la journée (comme lors de la fête

musulmane de Eid-Al-Adha et les jours d’élection). En

décembre 2013, des représentants d’EDM et de la

SOMAGEP ont informé C4ADS qu’ils effectueraient des

efforts pour rétablir l’électricité 24 heures par jour dans chacune de ces villes à partir du 1er janvier 2014, mais

rien n'est encore confirmé.

Les figures ci-dessous présentent le réseau électrique du Mali et les emplacements des services

d’approvisionnement en eau de la SOMAGEP. Elles montrent que de nombreux hameaux n’ont accès ni au

réseau électrique ni à l’eau courante.

Figure 16. Le réseau électrique existant ne couvre pas une grande partie de la population

Sources : Africa Infrastructure Knowledge Program; Carbon Monitoring for Action; ECOWREX

Tableau 4. Disponibilité des services

Valide en décembre 2013

Électricité Eau

Bamako 24 heures/jour

24 heures/jour

Tombouctou

10:00 – 15:00

18:00 – 00:00

24 heures/jour

Gao 18:00 – 06:00

24 heures/jour

Kidal 17:00 – 00:00

24 heures/jour

Sources : Recherche sur le terrain; SOMAGEP; EDM

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35 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

Figure 17. Les emplacements d’approvisionnement public en eau sont rares

Sources : Africa Infrastructure Knowledge Program; SOMAGEP

VIII. Système bancaire UN SYSTEME FINANCIER INACCESSIBLE L’énorme majorité des activités bancaires se tient à Bamako, et les régions rurales n’ont que peu accès aux

banques classiques. Les coûts élevés du crédit limitent aussi l’accès aux services financiers. Il n’existe que peu

de renseignements sur la solvabilité des clients, ce qui n’incite pas les banques à prêter de l’argent. Afin de

répondre à ce problème, la Société financière internationale a signé un accord de partenariat avec la BCEAO

pour établir des bureaux régionaux de crédit. 88 La mise en place d’une autorité centrale capable d’évaluer les

antécédents de crédit des citoyens devrait aider à encourager les banques à prêter de l’argent et à offrir un

accès aux financements à des milliers de consommateurs.

Le système bancaire reste néanmoins peu développé. Il se concentre en grande partie à Bamako et est

caractérisé par un manque de compétition. À Tombouctou, le directeur de l’agence de la Banque Malienne de

Solidarité (BMS) estime que moins de 30 pour cent de la population de la ville utilisent des services

bancaires.89 Le directeur de l’agence de Gao de la Banque Nationale de Développement Agricole (BNDA)

estime que moins de 15 pour cent de la population de la ville utilisent des services bancaires.90 Les clients

actuels sont principalement des fonctionnaires, des hommes d’affaires, des militaires et les organisations

internationales d’aide humanitaire et de développement.

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36 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

Malgré la crise de 2012, le système bancaire malien est resté globalement stable et fluide. Ces bons résultats

sont en grande partie dus aux prudentes politiques de stabilisation de la BCEAO.

Citibank New York et la banque American Express sont les correspondants américains de cinq banques

majeures du Mali : Bank of Africa (BOA), Banque de Développement du Mali (BDM), Banque Internationale

pour le Mali (BIM), Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie (BICIM) et Ecobank. Les cartes

de crédits étrangères peuvent être utilisées dans ces agences pour retirer des devises locales et les clients

peuvent effectuer des transferts depuis et vers les comptes bancaires étrangers.

LE BOOM DES TRANSFERTS D’ARGENT MOBILES Pour résoudre le problème du manque d’accès au système bancaire dans les zones rurales, le fournisseur de

téléphonie mobile Orange a lancé le service Orange Money en 2008. Orange Money contribue à apporter des

services financiers à des populations autrefois déconnectées du système bancaire. Il a

permis de dynamiser la croissance économique rurale et de promouvoir l’inclusion au

système financier. Les clients des services bancaires par téléphonie mobile peuvent utiliser

des transactions numériques plutôt que des espèces, ces transactions étant souvent plus

pratiques et moins chères que les services bancaires traditionnels.

Les boutiques Oranges sont plus répandues au Mali que les agences bancaires. Les consommateurs ayant un

abonnement Orange peuvent visiter leur boutique Orange et transférer de l’argent vers un autre utilisateur de

téléphonie mobile Orange dans le pays. Cet utilisateur reçoit une notification et peut alors visiter sa boutique

Orange locale pour obtenir les fonds.

Cependant, la crise de 2012 a forcé une suspension des services Orange Money dans les régions du nord.

Selon un agent commercial Orange à Gao, la sécurité des transferts ne pouvait plus être garantie.91 Les

services Orange Money ont depuis repris.

REPRISE DES OPERATIONS AU NORD Les banques ayant des agences dans les régions de Tombouctou, Gao et Kidal ont dû faire face à d’énormes

pertes d’argent et d’équipement

en 2012. Ces pertes étaient

principalement le résultat du

pillage et du vandalisme

auxquels se sont livrés les

islamistes et les séparatistes

dans les villes du nord. Les

banques ont de plus été

incapables de recouvrer leurs

prêts après l’abandon des

opérations. Selon African

Economic Outlook, les banques

ayant des agences dans le nord

ont perdu un montant estimé à

37 millions de dollars en 2012.92

Tableau 5. Banques rouvertes Valide en décembre 2013

Tombouctou

Banque de Développement du Mali (BDM) Banque de l’Habitat du Mali (BHM) Banque Internationale pour le Mali (BIM) Banque Malienne de Solidarité (BMS) Banque Nationale de Développement Agricole (BNDA)

Gao

Banque Atlantique Banque de Développement du Mali (BDM) Banque Malienne de Solidarité (BMS) Banque Nationale de Développement Agricole (BNDA)

Kidal Banque Malienne de Solidarité (BMS)

Source : Recherche sur le terrain

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37 Une reprise fragile : Opérations et logistique au Mali après le conflit

L’agence BMS de Tombouctou a rapporté à C4ADS que ses pertes dépassaient 650 millions de XOF (environ

1,3 million de dollars), tandis que l’agence BMS de Gao rapportait une perte de 481 millions de XOF (environ

1 million de dollars).93 Ces chiffres incluent les pertes d’argent et d’équipement.

Depuis l’intervention française, la plupart des banques ont lentement rouvert dans la majorité des grandes

villes du nord, sur requête des autorités nationales. L’un des directeurs d’une agence d’une banque locale à

Tombouctou a confié à C4ADS que sa banque opère en ce moment à perte et que l’État subventionne les

banques qui décident de revenir.94 Aucune banque n’a d’agence en dehors des capitales régionales.

Le manque de liquidé, la perte de clients clés et la menace d’une attaque terroriste sont

les principaux problèmes auxquels les banque doivent faire face au nord du pays.

Lorsque les banques ont rouvert, la circulation d’espèces était insuffisante dans

l’économie locale. La BCEAO dispose d’une trésorerie locale à Mopti, mais les

transferts d’espèces vers Tombouctou, Gao et Kidal sont risqués. Il n’existe aucun vol

commercial pouvant transporter les espèces, et le taux de banditisme élevé rend tout

transfert routier risqué. Tous les transferts doivent ainsi être accompagnés d’une

escorte militaire, celles-ci étant intermittentes et couteuses. L’économie de

Tombouctou (et celle de Gao dans une moindre mesure) a de plus été sérieusement

affaiblie par la fuite de la majorité de la population arabe. Les Arabes jouent

traditionnellement dans la région du Sahara les rôles de marchants et de commerçants.

L’un des directeurs d’agence à Tombouctou a estimé que 40 pour cent de l’économie

locale était contrôlée par les Arabes, qui faisaient partie de ses clients les plus

importants avant la crise. Il estime cependant que moins de 10 pour cent de la

population arabe est rentrée, ce qui a ralenti la reprise économique. De nombreux

directeurs d’agence au nord vivent dans la peur d’être la cible d’une attaque terroriste,

comme cela a été le cas à Kidal.

En septembre 2013, la banque publique BMS a annoncé qu’elle

reviendrait à Kidal. Elle a depuis été la cible de plusieurs attaques

terroristes. BMS a affirmé à C4ADS que seulement deux de ses

employés étaient actuellement affectés à cette agence, qui est constamment surveillée par des soldats de la

MINUSMA. L’attaque contre la banque la plus récente a eu lieu le 14 décembre 2013. Elle a tué deux casques

bleus sénégalais. L’agence BMS est un symbole de l’État malien aux yeux de nombreux rebelles, extrémistes et

séparatistes. Depuis son retour, la BMS a aussi été un endroit chaud de conflit entre le MNLA et les forces

armées maliennes.

Agence de la BDM, Tombouctou (C4ADS)

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IX. Conclusion Bien que le contexte opérationnel se soit beaucoup amélioré en un an, le Mali continue de présenter

d’importants défis logistiques et sécuritaires aux partenaires étrangers, la situation étant particulièrement

prononcée dans le nord du pays. La stabilisation économique et des projections de croissance encourageantes

sont de bonne augure pour la santé de l’économie, mais il n’est pas évident que cette croissance contribuera à

une amélioration de la prospérité des régions du nord (au-dessus des niveaux d’avant 2012) ou répondra aux

griefs des populations du nord.

Il existe d’importantes disparités entre les infrastructures des villes du nord et du sud, qui ont été amplifiées

par les crises de 2012-2013. La plupart des services de télécommunication, de transport, d’approvisionnement

et financiers ont été réparés et ont repris leurs activités, mais la reconstruction est lente.

L’insécurité est le principal obstacle à la sûreté et à l’efficacité des opérations à Bamako et au nord. Les

instabilités politiques et la discorde

au sein des forces militaires

maliennes risquent d’entraver les

opérations de sécurité dans le

nord et de favoriser un contexte

de volatilité dans la capitale. Les

villes de Tombouctou et de Gao

sont relativement sécurisées, mais

restent exposées à des attaques

terroristes par les groupes

islamistes toujours présents dans

la région. Les émeutes et les

importantes manifestations,

parfois violentes, contre les

représentants du gouvernement et

contre la police représentent un

risque opérationnel additionnel à Gao. Les zones rurales hors des capitales régionales sont touchées par le

banditisme, les munitions non explosées et les cellules terroristes itinérantes, qui entravent les efforts d’aide

humanitaire. Kidal continue d’être interdite d’accès au personnel humanitaire et la situation sécuritaire ne

présente guère de signes d’une amélioration dans un avenir proche.

En dépit de ces défis, le gouvernement malien réaffirme actuellement son autorité dans le nord, avec l’aide

des forces étrangères, et les services clés reviennent. La poursuite de l’assistance internationale et de l’aide

humanitaire et de développement, couplée aux investissements étrangers, sera critique à un rétablissement

complet de la paix au Mali. Ces organisations doivent être conscientes de ces nouveaux défis et du paysage en

constante évolution de l’environnement post-conflit. Des préparations rigoureuses et une organisation

soigneuse seront nécessaires pour assurer un engagement sûr et efficace.

Fleuve Niger, Mopti (C4ADS)

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44 « Mali : Trois otages enlevés il y a deux ans toujours retenus par les djihadistes. » RFI. Radio France Internationale, 25 nov. 2013. Web. 4 Jan. 2014. 45 « AQMI Revendique L'attentat De Tombouctou(exclusif). » Alakhbar. N.p., 30 sept. 2013. Web. 05 déc. 2013. 46 « Rockets Fired at Northern Malian Town of Gao Ahead of Legislative Poll. » Fox News. FOX News Network, 21 nov. 2013. Web. 21 Nov. 2013. 47 « Mali Suicide Bomber Targets Foreign Forces. » ENCA. ENews Channel Africa, 2 déc . 2013. Web. 2 déc. 2013. 48 Agences. « Violent Protest as Northern Mali Talks Begin. » Al Jazeera. Al Jazeera Media Network, 2 nov. 2013. Web. 05 déc. 2013. 49 Yoro, Moussa Boureima. Coordinateur, Jeune Patrouille. Entretien personnel. 15 déc. 2013. 50 Abdoulaye, Hamaya Ag. Porte-parole, Nous pas bouger. Entretien personnel. 15 déc. 2013. 51 « Mali: à Gao, Où Les Islamistes Rôdent, La Colère Gronde Contre L'Etat. » JeuneAfrique. AFP, 10 oct. 2013. Web. 05 déc. 2013. 52 Mission commune d'évaluation ETC-UNDSS à Gao, Mali 23 – 26 Avril 2013 53 Maïga, Abdoussalam Tiemogo. Chef de terrain, Save the Children. Entretien personnel. 16 déc. 2013. 54 Mali, Minutes de la réunion par téléconférence Global ETC#29, 26 novembre 2013. 55 Directeur de la sûreté et de la sécurité, organisation internationale de développement Entretien personnel. 9 déc. 2013. 56 Oberti, Charlotte, and Thomas Hubert. « Kidal, a lawless outpost in Mali's desert north. » France 24. N.p., 4 déc. 2013. Web. 05 déc. 2013. 57 Diallo, Tiemoko, and Adama Diarra. « Malian Army Clashes with Tuareg Rebels for Second Day in Kidal. » Reuters. Thomson Reuters, 30 sept. 2013. Web. 05 déc. 2013. 58 AHMED, BABA. « Mali Rebels Hand over Administration Buildings » Yahoo! News. Yahoo!, 15 nov. 2013. Web. 05 déc. 2013. 59 « Des membres du MNLA jettent une grenade sur une banque à Kidal (source de sécurité) » Xinhua. N.p., 7 déc. 2013. 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Web. 4 déc. 2013. 67 23ème rapport sur les tracasseries routières de l'Afrique de l'Ouest Résultats des enquêtes du premier trimestre 2013. Rep. no. 23. USAID, 5 nov. 2013. Web. 15 Nov. 2013. 68 Échanges email avec un représentant de l'ETC, 24 août 2013 69 Coordinateur de la logistique d'une organisation humanitaire internationale. 13 oct. 2013. 70 Ramzi, Walid. « L'Algérie promet de traquer al-Qaida. » Magharebia. Commandement des États-Unis pour l'Afrique, 14 nov. 2013 Web. 15 Nov. 2013. 71 Entretien personnel. 11 déc. 2013. 72 Synthèse des statistiques 2012. Port Autonome de Dakar. 73 Analyse de donnés routières maliennes, Banque africaine de développement. Disponible sur Infrastructure Africa http://infrastructureafrica.org/library/doc/581/mali-roads. 74 « Mali—Logistics Services. » Logistics Services — D-LCA. Programme alimentaire mondial, n.d. Web. 20 Nov. 2013. 75 Coordinateur de la logistique du CIRC. Entretien personnel, 21 oct. 2013. 76 Entretien personnel, 11 oct. 2013. 77 Doucouré, Oumar. Coordinateur des opérations, Aéroport de Tombouctou. Entretien personnel. 13 déc. 2013. 78 Booz Allen Hamilton. Dakar-Bamako Corridor Cost of Transport Analysis. Rep. USAID, 3 sept. 2010. Web. 19 Nov. 2013. 79 AFP. « Death Toll in Mali Boat Sinking Rises to 68 with 210 Survivors, Village Official Says. » Fox News. FOX News Network, 19 oct. 2013. Web. 20 oct. 2013. 80 Mali Coverage September 2012, rapport de l'ETC sur le Mali. 81 Hamati, Mohamed Ag. Directeur de Malitel pour Gao et Kidal. Entretien personnel. 13 déc. 2013. 82 Touré. Agent commercial, Orange. Entretien personnel. 16 déc. 2013. 83 « ICT Emergency - Emergency 2012 - Mali Complex Emergency. » ICT Emergency - Emergency 2012 - Mali Complex Emergency. Programme alimentaire mondial, n.d. 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90 Diallo, Sidiki. Directeur d’agence. Banque Nationale de Développement Agricole. Entretien personnel. 14 déc. 2013. 91 M. Touré. Agent commercial, Orange. Entretien personnel. 16 déc. 2013. 92 « Mali. » African Economic Outlook. N.p., n.d. Web. 11 Nov. 2013. 93 Coulibaly, Ibrahim et Seydou Coulibaly. Directeurs d’agence, BMS. Entretien personnel. 12 & 14 déc. 2013. 94 Directeur d’agence d'une banque locale. Entretien personnel. 12 déc. 2013.