o n d e S Ingénierie du développement local · 2020. 4. 10. · -D'une planification centralisée...
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Ecole de Développement et de Management des Collectivités Locales
(EDMCL-INJS)
Elément constitutif :
Ingénierie du développement local
(FP 106)
Pour le Cycle I
Par
Dr AMOUGOU Martial Patrice Conseiller Principal de Jeunesse et d’Animation
Manager des Systèmes d’Information Documentaire
Ingénieur de la Formation et des Systèmes d’Emploi
Docteur Ph.D. en Linguistique appliquée
REPUBLIQUE DU CAMEROUN
Paix-Travail-Patrie
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JEUNESSE ET DES SPORTS
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REPUBLIC OF CAMEROON Peace-Work-Fatherland
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NATIONAL INSTITUTE OF YOUTH AND SPORTS
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Descriptif de l’enseignement
L’enseignement sur l’ingénierie de développement local met à disposition des outils permettant
d'influencer, définir, conduire, accompagner et évaluer une stratégie de développement local et
territorial.
Objectif général
Cet enseignement a pour objectif général de familiariser l’apprenant avec les structures et
langage relatifs au développement local et à la décentralisation.
Objectifs spécifiques
Au terme de cet enseignement, l’apprenant doit être capable de :
Définir clairement les concepts de développement local et de décentralisation ;
Identifier les enjeux les acteurs et leur rôles dans un contexte de développement local et
de décentralisation ;
Réaliser un diagnostic, une évaluation, une étude de faisabilité, une capitalisation
d'expérience ;
Concevoir, monter, mettre en œuvre et gérer un programme ou un projet de
développement ;
Manager une organisation et une équipe ;
Elaborer et mettre en œuvre une stratégie de communication, de lobbying et de
plaidoyer ;
Mettre en place et piloter des partenariats ;
Elaborer des analyses prospectives pour aider à la décision.
Modalités d’enseignement
Ce cours a une valeur de 06 crédits, soit un volume horaire compris entre 90 et 120 heures
d’enseignement. Sa réalisation commande la mise à disposition d’un support de cours élaboré
par l’enseignant. Un diaporama sert de soutien aux échanges pédagogiques en salles, qui sont
renforcés par le travail personnel de l’étudiant.
Modalités d’évaluation
Une évaluation sur table sanctionne la fin de ce cours. C’est la note de l’examen. Toutefois, un
contrôle continu est effectué à chaque séance, prenant en compte la participation des apprenants
aux échanges pédagogiques interactifs, qui donnent lieu à des bonus, dont la somme constitue
la note de contrôle continu. Cette note est associée à celle de la synthèse où les groupes de
travail sont invités à opérer une capture synthétique du document de cours.
Structure de l’enseignement
Cet enseignement comporte deux parties. La première, constituée d’informations théoriques en
relation avec la décentralisation et le développement local. La deuxième partie quant à elle, se
focalise sur les aspects pratiques de l’ingénierie du développement local. Il s’agit de montrer
comment s’opérationnalise la démarche de planification, en s’adossant sur la Méthode accélérée
de Recherche participative (MARP).
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Première Partie
I- Bref historique et définition du développement local
I.1. Du développement rural intégré au développement local
I.2. L'émergence de la démarche gestion des terroirs
- De 1960 à 1980 : la voie « productiviste » ;
- Le milieu des années 1980 : L'émergence de l'approche GT ;
- Les résultats de la démarche gestion des terroirs ;
- Les limites de la démarche gestion des terroirs
I.3. Vers le développement local
II- La décentralisation
II.1. Exemple de pays africain ancré dans le processus de décentralisation : le Burkina
Faso.
- Une décentralisation imposée par les bailleurs de fonds
- D'une planification centralisée à une planification locale
- Cadre politico-juridique de la décentralisation au Burkina Faso
- Quelques implications de la décentralisation sur les actions de développement
local
II.2. La décentralisation au Cameroun
- Les lois de Décentralisation
- Partage du pouvoir au cœur de l'état unitaire décentralisé
III- Stratégies et enjeux de la décentralisation et du développement local et perception
de la population locale
III.1. Les stratégies de la décentralisation et du développement local
III.1.1. Les stratégies de la décentralisation
- L'appropriation sociale et politique de la décentralisation
- Le transfert des compétences et des ressources
- Le renforcement des capacités locales
- L'appui à l'élaboration et à la mise en œuvre des plans de développement locaux
- Le pilotage et la coordination
- La participation locale
III.1.2. Les Stratégies du développement local
- Le projet à entrée technique
- L'approche par l'accompagnement institutionnel
- L'approche par le soutien aux initiatives locales
III.2. Les enjeux de la décentralisation et du développement local
III.2.1. Les enjeux de la décentralisation
- Les enjeux politiques
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- Enjeux économiques
- Enjeux socioculturels
III.2.2. Les enjeux du développement local
- Perceptions de la population des enjeux et des stratégies de la décentralisation et du
développement local
- Les compétences et les responsabilités des acteurs et l'Etat et la participation de la
population au développement local.
- Les compétences et les responsabilités des acteurs locaux et L'Etat
- Les compétences et les responsabilités des acteurs locaux et L'Etat telles que
généralement définies
- Les compétences et les responsabilités de l'Etat
- Les compétences et les responsabilités du conseil régional
- Les compétences et les responsabilités des conseils provinciaux
- Les compétences et les responsabilités des élus
- Les compétences et les responsabilités de la société civile
- Les attributs de la CVGT (Comités Villageois de Gestion des terroirs)
- Les compétences et les responsabilités de la population
III.2.3. Appréciations des compétences et responsabilités des acteurs locaux et de l'Etat
III.2.4. La participation des populations aux projets et programmes de développement
- Le caractère dynamique de la participation
- Les modèles de participation
- L'ouverture institutionnelle
- « L'offre » de participation de l'autorité locale
- Le désir de collaborer
- L'appui conseil à l'organisation des communautés
- « La demande » de participation de la population locale
- La prise de conscience
- Le degré d'organisation
- Le leadership communautaire
- Le désir de collaborer avec les autorités locales
Deuxième partie ! Cadre opératoire de la MARP
Section 1. Bref aperçu sur les notions fondamentales de la MARP
- La MARP qu'est-ce que c'est?
- A quoi sert la MARP ?
- Les éléments-clés de la MARP
Section 2. Les différents types de MARP
- La MARP exploratoire
- La MARP thématique
- La MARP de planification participative
- La MARP de suivi et évaluation
Résumé
Section 3. Les concepts-clés de la MARP
- La participation
- Un processus d'apprentissage
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- Connaissances et savoirs populaires
- Un processus itératif
- La flexibilité
- L’innovation
- L’interaction
- La pluridisciplinarité au sein de l'équipe de recherche MARP
- La rapidité dans la génération des résultats
- L ' exploration
- La triangulation
- Les biais
Résumé
Section 4. Les outils et techniques de la MARP
- La revue des données secondaires
- L'observation directe
- L'atelier préliminaire
- L'Interview Semi-Structurée (I.S.S.)
- Les principes de l'Interview Semi-structurée
- Pour bien planifier et bien conduire l'ISS: aide-mémoire N° 1
- Pour bien planifier et bien conduire MSS: aide-mémoire N° 2
- Guide d'entretien pour une interview semi-structurée dans une communauté de pêche
- Les diagrarnmes
- Les calendriers
- Le diagramme de Venn
- Les cartes
- Le transect
- Le profil historique
- Les techniques de classification
- La classification préférentielle
- La classification selon le niveau de richesse ou de prospérité
- Les jeux
- Les citations révélatrices et les proverbes
- Les photographies
- Les contes et les légendes
- Quand utiliser les outils et techniques de la MARP
Résumé
Section 5. Comment planifier et exécuter une étude de terrain par la MARP.
lère étape: La phase de préparation
2e étape: Le travail de terrain : utilisation des outils et techniques de la MARP
- Comment faire un transect
- Comment procéder aux classifications:
- La classification préférentielle
- La classification selon le niveau de richesse ou de prospérité
- Le choix des unités à classer
- Le choix des personnes-ressources pour la classification
- Les questions que vous devez vous poser pendant et après la classification
- Faites faire une carte du village par les populations elles-mêmes
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3e étape: Analyse, rédaction de l'avant-projet du rapport de l'étude
4e étape: La restitution, la validation, la rédaction du rapport final et la publication des résultats
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PREMIERE PARTIE : Eléments théoriques sur le développement local et la
décentralisation
Bref historique du développement local
La question du développement humain est si préoccupante aujourd'hui qu'elle mobilise les
acteurs à tous les niveaux : institutionnel, administratif, associatif, etc. Pendant plusieurs
décennies, les pays africains ont été soumis à un système de gestion dirigiste n'ayant forcément
pas pris en compte les besoins essentiels des populations à la base. Mais malgré les immenses
richesses naturelles (60% du total de la planète) dont disposent les pays en voie de
développement, les peuples sont d'éternelles victimes des maladies endémiques, de la
sécheresse, de l'analphabétisme, de la dégradation de l'environnement et du cadre de vie, et
d'une paupérisation de plus en plus grandissante. (PNUD, 1996).
En effet, pendant les deux décennies qui ont suivi les indépendances (période dite du « Tout
Etat «), l'effort de développement dans les pays du sahel par la mise en œuvre de certains
programmes d'aménagement du territoire ne s'est pas réduit à la seule intervention de la
puissance publique ; même si elle a été forte dans tous les secteurs de l'économie. A ces
programmes ont succédé des années plus tard l'ère des projets qui s'est affirmée au cours des
années 70. Ces projets étaient d'inspiration technocratique et faisaient peu de place à la
participation des producteurs peu ou pas associés à la définition des objectifs et des contenus
du projet. Pendant cette ère des projets, deux stratégies valorisant le niveau local ont commencé
à s'affirmer: Il s'agit de l'action des ONG et de la politique de décentralisation menée par
certains pays africains. La période des années 85 à nos jours est dominée dans tous les pays du
sahel par le désengagement des Etats qui se traduit par un ensemble de mesures. Cette période
qui pourrait être analysée comme une ère de responsabilisation des organisations populaires,
est également marquée par la dualité des stratégies insuffisamment concertées entre l'Etat et les
populations. (Idem).
Dans le contexte par exemple du Burkina, l'Etat a défini des priorités de développement à
travers le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP) basées sur quatre points focaux
que sont :
- le renforcement d'une croissance équitable ;
- la garantie de l'accès des plus pauvres aux services sociaux de base ;
- la multiplication des opportunités d'emploi et de production de revenu auprès des plus pauvres
;
- et la promotion de la bonne gouvernance. (MEDEV, 2004).
Le concept de développement local paraît encore insuffisamment maîtrisé et d'importants
débats ont été mené ou se mènent toujours. Sous cet angle, il paraît nécessaire de cerner les
origines de celui-ci ainsi que les contenus que les autres lui donnent afin de mieux comprendre
son opportunité dans le contexte et les réalités de ces pays à dominance rurale.
Ainsi, le développement local pourrait se définir comme un processus dynamique dans lequel
les acteurs organisés et mobilisés initient et mettent en œuvre des actions sur un espace donné
en vue de l'amélioration de leurs conditions de vie. (Benoit Lisch, 1995). Il doit par ailleurs
s'appuyer sur certains éléments de base tels que : la gouvernance locale, une vision commune
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du développement de la collectivité, une réappropriation de l'espace collectif, une auto analyse
des besoins, la participation des populations, la prise en compte des besoins individuels et
collectifs et la mise en place d'une plateforme de travail négociée entre partenaires (idem).
Apparu dans les années 60, la notion de développement local est partie du principe selon lequel
la mobilisation des potentialités locales (ressources naturelles, sociales, individuelles, etc.) peut
orienter les dynamiques socio-économiques et les dynamiques de développement en général.
En France par exemple, certains acteurs prirent conscience que leurs territoires n’avaient pas
bénéficié des effets des initiatives de développement économique engagés pendant l’après-
guerre. Pour eux, il s’agissait alors d’orienter leur destin selon des décisions prises localement
avec pour objectif de mobiliser les potentialités et les ressources de groupes sociaux et de
communautés locales, afin d’en tirer un bénéfice social et économique, en premier lieu pour les
groupes en question. Dans ce sens, le développement local correspondait à une critique du
fonctionnement économique en faisant le constat que toutes les collectivités humaines, tous les
territoires, ne pourront pas remplir les conditions d’une intégration à un fonctionnement
économique national et, à plus forte raison, mondial. C’est ainsi que l’approche en termes de
développement local conduit à considérer que le développement ne découle pas seulement de
la valeur économique des activités et qu’il ne relève pas seulement des systèmes organisés de
production et des institutions centralisées mais est aussi lié à de petites initiatives localisées, à
la mobilisation de la population locale autour de projets utilisant des ressources locales. Il
apparait alors d’une part comme une réponse à la mondialisation naissante à l’époque, dont on
commence à peine à ressentir les conséquences et les enjeux, d’autre part à l’approche classique
de l’aménagement du territoire, très centralisé. Ainsi, ce concept montant en puissance depuis
une cinquantaine d’années, semble aujourd’hui en maturation, au regard de la remise en cause
des centralismes consubstantiels au développement économique. Petit à petit, le développement
local s'impose dans le langage populaire, alors que c'est l'expression développement
communautaire (community-based development) que l'on utilisait au Québec en référence aux
initiatives adoptées dans un cadre d'intervention partenariale en vue de répondre au problème
du sous-emploi.
Le concept de développement local et les pratiques qui s'y rapportent se caractérisent par la
multiplicité des discours et des programmes, tour à tour complémentaires et contradictoires. Le
développement local est une pratique institutionnalisée sous de multiples facettes. Devenue un
phénomène de plus en plus préoccupant pour de nombreuses sociétés, le développement local
s’impose aujourd’hui à la fois comme une philosophie du développement, une grille de lecture
du développement qui oriente d’ailleurs les pratiques sociales de différents acteurs qui y sont
impliquées (communautés, OSC, acteurs de la solidarité internationale, acteurs publics) et par
conséquents les politiques publiques qui les sous-tendent. Cette problématique a pris de
l’ampleur aujourd’hui dans plusieurs pays africains à la faveur de la décentralisation vers
laquelle ils semblent tous s’orienter. Le concept de développement local devient de part et
d'autre de l'Afrique de plus en plus familier. Il s’impose de plus en plus par endroits comme
stratégie prioritaire de développement. On comprend dès lors qu'il s'agit avant tout d'une
démarche ou d'une pratique qui, contrairement au développement régional, ne s'appuie pas sur
un cadre théorique rigoureusement défini. En tant que processus de diversification et
d’enrichissement des activités économiques et sociales sur un territoire d’échelle locale à partir
de la mobilisation et de la coordination de ses ressources matérielles et immatérielles, le
développement local constitue à la fois une posture vis-à-vis de la question du développement,
une méthode pour le développement des territoires locaux ainsi qu’un cadre d’analyse de ses
ressorts.
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Mais comment en est-on arrivé à passer d'une approche descendante à cette approche de
développement local ?
Du développement rural intégré au développement local
L'approche dite de « gestion des terroirs », apparait au Burkina Faso en 1984. Cependant, dès
les années 60 et dans la décennie 70, des initiatives similaires mais relativement isolées avaient
vu le jour ; notamment au Niger, au Sénégal et au Mali avec la mise en place d'unités
expérimentales de gestion agro-sylvo-pastorales. Elle nait de la convergence de plusieurs
démarches (animation rurale, lutte contre la désertification, recherche-développement,
organisation des filières de production et de commercialisation etc.) et tente de répondre à des
préoccupations que les projets antérieurs n'avaient pas su ou pu absorber : la mise en valeur
durable du patrimoine naturel, la prise en main du développement par les communautés locales,
la promotion des entreprises de service privés ou associatives (coopération française, 1994).
Ici il est question de voir comment les différents gouvernements africains sont passés d'une
approche de GT à une approche de développement local.
L'émergence de la démarche gestion des terroirs
Dans le but de mieux appréhender le sujet, nous l'avons scindé en deux périodes.
- De 1960 à 1980 : la voie « productiviste »
Durant cette période, selon la coopération française, les stratégies de développement mettent
l'accent sur l'introduction et la diffusion de « paquets technologiques » devant permettre
l'augmentation de la production agricole et la croissance économique. Dans un contexte
économique relativement favorable et un environnement naturel considéré comme stable, cette
voie du développement « productiviste » permet certains succès tel que l'extension des cultures
réservées à l'exportation : coton, arachides ... (coopération française, 1994).
Cependant, les limites du model apparaissent rapidement. Les techniques et matériels introduits
ne bénéficient pas systématiquement aux productions vivrières qui restent largement
extensives. L'occupation des espaces agricoles utiles s'accélère du fait de l'expansion
démographique rapide et conduit localement à une dégradation du potentiel naturel productif
(idem).
A cette situation s'ajoutent la lourdeur et le dirigisme des structures d'encadrement et de services
créées par les Etats en amont et en aval des producteurs. Dans le courant des années 1980, avec
l'apparition de projets dits de « développement rural intégré », ces structures paraétatiques se
voient de plus confier l'amélioration des équipements collectifs, ce qui alourdis encore leur
fonctionnement et grève leur budget. Comme corollaire, les services aux producteurs et la
maintenance des équipements se dégradent sans que les organisations paysannes, les
collectivités locales quand elles existent ou le secteur privé soient en mesure d'assurer le relais
(ministère de la coopération Française, 1994).
- Le milieu des années 1980 : L'émergence de l'approche GT
L'approche se base sur le concept de terroir. Celle-ci désigne un espace géographique de taille
variable, continu ou discontinu qui réunit l'ensemble des terres contrôlées par une communauté
rurale : terres cultivées, jachères, zone sylvo- pastorales, brousse. Le terroir constitue à la fois
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un repère (pour justifier l'appropriation des ressources ou le refus de les partager) et une garantie
de cohérence (le terroir est un lieu d'enracinement et d'évolution de la société villageoise). Dans
cet espace délimité par le droit coutumier, l'objectif est d'initier par des mesures d'incitations
financières et par la fourniture de conseils, un double processus :
- De restauration et de gestion durable des ressources naturelles,
- D'intensification des productions végétales et animales et de diversification des services en
amont et en aval de la production agricole. (Ministère de la coopération française, 1994)
L'idée est aussi de susciter la création d'organisations villageoises représentatives capables de
mobiliser la population autour de ces enjeux, de négocier et de faire respecter une
règlementation de l'utilisation des ressources naturelles par les habitants du village comme par
leurs voisins.
Toutefois, la démarche gestion des terroirs a pour objectif principal de créer les conditions
nécessaires à l'établissement de formes d'utilisation des terres qui soient à la fois durables, sans
préjudice majeur pour l'environnement, socialement acceptables et économiquement rentables
(Simbroek et al, 1994 cité par Serigne ; M. T et Bara.G, 2002).
Les résultats de la démarche gestion des terroirs
L'adoption de cette approche par la plupart des projets de gestion des ressources naturelles
intervenant dans le Sahel, a contribué à la réalisation d'un certain nombre d'acquis parmi
lesquels Serigne M.T et Bara. G citent :
le déplacement de l'échelle de planification et de mise en œuvre des programmes de
développement du niveau central vers le niveau local ;
l'implication plus forte des populations locales dans les actions de développement ;
le renforcement de la concertation interne entre les acteurs ;
la prise en compte plus affirmée de la dimension organisationnelle et méthodologique
à la place des «paquets technologiques» ;
le développement d'une vision globale du concept de développement ;
~ l'éveil ou la résurgence de la conscience écologique des populations locales, etc.
Les limites de la démarche gestion des terroirs
Toujours par rapport aux explications de la coopération française, la démarche gestion des
terroirs a connu trop de limites, au nombre desquelles on peut citer :
l'application de la démarche parfois trop mécaniste : La volonté de structurer la
démarche et de lui donner une cohérence théorique a dans certains cas, nui au réalisme
de l'approche et au souci de responsabiliser les populations.
les difficultés à déboucher sur des réalisations concrètes : En l'absence de procédures
fixant les marches à suivre pour l'instruction, le financement et l'exécution des plans,
certaines initiatives ont été mal conçues ou mal réalisées ; d'autres ont été abusivement
subventionnées.
les structures d'intervention mal adaptées : Les structures d'intervention adaptées ne sont
pas exemptes de reproches. La gestion des personnels et des financements des projets,
qui obéit en fait au cadre administratif général, rend l'autonomie des projets souvent
fictive. Les équipes de terrain disposent rarement de la souplesse d'intervention
nécessaire.
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un contexte économique et institutionnel contraignant : Diverses contraintes d'ordre
économique et institutionnel ont également pesé sur la mise en place des actions de
gestion de terroirs (Ministère de la coopération Française, 1994).
Par rapport à toutes ces limites, les différents pays se voient donc obligés de progresser
vers une approche de développement local
Vers le développement local
Selon toujours cette coopération, la démarche « gestion des terroirs » en posant en préalable à
toute intervention l'acquisition d'une connaissance approfondie du milieu, a permis une
meilleure identification avec les populations rurales des véritables contraintes à une mise en
valeur durable des espaces ruraux. Elle a fait ressortir la prééminence des facteurs sociaux,
législatifs et économiques sur les seules contraintes techniques. Elle a également montré qu'il
s'agissait moins de sensibiliser les populations que de leur donner les moyens de s'organiser,
de concevoir de nouvelles pratiques et d'en gérer elles-mêmes la mise en œuvre en tant que
maîtres d'ouvrage.
Compte tenu de l'expérience acquise sur le terrain, l'approche a progressivement évolué. Elle
aboutit aujourd'hui à ce que l'on appelle une « approche de développement local » qui se
différencie de l'approche gestion des terroirs sur les points suivants :
Un diagnostic plus global : les projets ont aujourd'hui pour premier souci de porter leur
zone d'intervention par un diagnostic global. L'Etat veut ainsi se donner les moyens de
mieux soutenir les initiatives des populations et d'identifier les axes d'intervention
complémentaires qui dépassent l'échelle des terroirs, mais conditionnent néanmoins leur
mise en valeur durable.
La GT n'est plus une fin en soi, mais la composante d'un développement local
durable.
Des communautés actrices et responsables : les projets ne désignent plus eux- mêmes
les communautés- cibles, mais interviennent à la demande auprès des communautés qui,
après une campagne d'information, sollicitent leur appui en exprimant des problèmes
précis. Un contrat sommaire confirmant l'accord des communautés sur les conditions
d'intervention générales du projet doit être établi.
Des procédures transparentes : un second souci est d'instruire et de financer les
initiatives des communautés d'une façon qui garantisse au mieux leur caractère pertinent
et responsable (idem). Aussi, des procédures claires et transparentes doivent être
conçues avec des représentants des communautés, qui définissent la marche à suivre
pour l'instruction, le financement et la mise en œuvre des initiatives locales ; ainsi que
les tâches de chacun des partenaires et leurs relations de collaboration. L'implication
directe des communautés dans la formulation de ces règles et mécanismes d'intervention
est actuellement favorisée à travers l'instauration de commissions locales. (Ministère de
la Coopération Française, 1994)
Devant l'impuissance des projets sectoriels à juguler ces problèmes selon cette coopération
française, et tenant compte des nouvelles politiques de libéralisation de l'économie et de
décentralisation des pouvoirs de l'Etat, beaucoup de pays africains ont tenté de promouvoir des
modes d'intervention plus participatifs et plus globaux, dits de « développement local », qui
visent à :
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Appuyer les initiatives de développement à la base en renforçant la
responsabilisation des populations dans l'aménagement et la gestion durable de
l'espace et des ressources naturelles ;
Favoriser la redéfinition des rôles de l'administration ;
Appuyer la structuration de la société civile et l'émergence d'opérateurs locaux
de développement.
Le développement local se veut une démarche d'impulsion de développement par le bas. Ce qui
suppose que les communautés locales (groupes et individus) s'impliquent davantage au
processus de développement de leur territoire Neya Sihe (2008). C'« est un processus qui prend
naissance à travers les initiatives des habitants des terroirs organisés pour opérer des choix
responsables, pour créer une dynamique d'amélioration des conditions locales de vie, et pour
défendre leurs intérêts face au pouvoir public » Mercoiret (1994).
Pour Hassane (1999) cité par Marcel coffi ; H ; Djihoun, (2007), le développement local est la
conséquence de l'effondrement des modèles de développement centralisé et des opportunités
qu'offrent les collectivités locales en matière de développement participatif. Ce concept de
développement local a été aussi abordé par les participants au colloque sur « Développement
local et Gestion des ressources naturelles» organisé à Douala au Cameroun en 1998. Selon eux
le développement local peut se définir comme un processus qui vise à construire un mieux-être
des populations à l'intérieur d'un espace donné, avec une approche où différents acteurs se
rencontrent, échangent et édifient ensemble un projet de société. Cette expression «
développement local», utilisée depuis quelques décennies en France, est selon Dabire & Logo
(1996), d'un usage récent en Afrique Noire, usage largement impulsé du nord. Le couplage des
deux thèmes « développement» et « local» appelle l'articulation de deux caractéristiques
essentielles : la durée qui doit marquer toute démarche de développement, et l'espace ; c`est à
dire le territoire local concerné par cette démarche (Mengin, 1989 cité par Fall, 2004, p.6). Il
trouve en effet que c'est « une intervention structurée, organisée, à visée globale et continue
dans un processus de changement des sociétés locales en proie à des déstructurations et des
restructurations».
Le développement local est donc une démarche globale de mise en mouvement et en synergie
des acteurs locaux pour la mise en valeur des ressources humaines et matérielles d'un territoire
donné en relation négociée avec les centres de décision des ensembles économiques, sociaux et
politiques dans lesquels ils s'intègrent (P. Houée, 1992). Ce concept renvoie ainsi de façon
générale, à la participation des différents acteurs à la libération des initiatives ; en particulier
celles locales et communautaires (S. Diallo, 2006 cité par Neya sihé, 2008, p19).
La plupart des chercheurs et développeurs admettent qu'il y a une dynamique locale de
développement quand sont satisfaits les trois critères suivants :
l'existence d'un projet d'avenir collectif ;
l'existence d'une structure plus ou moins formalisée exprimant qui porte le projet ;
une volonté du groupe initiateur de créer une articulation du processus local avec son
environnement. (Mission de décentralisation du Mali, 1997).
Le développement local a certes de multiples définitions, mais force est de reconnaitre qu'il
est avant tout une dynamique économique et sociale voire culturelle plus ou moins concertée,
impulsée par des acteurs individuels et collectifs sur un territoire donné. Ce territoire (espace
économique et social construit) n'est pas isolé mais articulé à des espaces plus vastes (D.
Gentil et B. Husson, 1996, p5). D'une façon générale donc, le concept de développement local
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appelle un esprit de cohésion, de mise en synergie des forces d'une population locale pour le
développement de leur territoire.
Le concept de développement local se révèle de plus en plus comme une panacée pour de
nombreux projets intervenant en Afrique. Il s'inscrit dans le cadre d'une recherche de
développement le plus approprié dans un contexte de décentralisation affichée comme option
dans ces pays africains, qui prend le relais des formules de développement participatif ou
d'autopromotion connues jusqu'ici à travers des projets localisés et limités dans leurs actions.
Nécessité donc s'impose à nous de présenter les origines de ce processus de décentralisation qui
défraie la chronique dans nos contrées africaines.
La décentralisation
Plusieurs auteurs ont tenté de donner une définition à la décentralisation. Ainsi de l'avis de
Sawadogo.R.A (2001), la décentralisation est la voie indiquée sinon la voie obligée. Elle permet
la réalisation d'une synthèse sociale et offre un cadre approprié pour une bonne gestion et un
partage équilibré des pouvoirs et des ressources économiques. Il définit ainsi la décentralisation
comme un processus qui consiste à transférer des fonctions, des pouvoirs et des responsabilités
de l'administration centrale à une administration autonome et distincte. A priori la
décentralisation est un processus intéressant car, elle répond à plusieurs motivations qui sont
souvent portées par des acteurs différents : les Etats eux-mêmes, les populations concernées et
leurs représentants, les ONG et les divers types de coopérations.
D'une manière générale, la décentralisation consiste à reconnaître l'existence de personnes
morales autres que l'Etat, dotées d'organes propres et de l'autonomie financière. C'est ce que
Sawadogo R A et Pamphile S (2004), cité par Doly C (2010), pensent d'ailleurs quand ils disent
que la décentralisation est un mode d'organisation institutionnelle qui consiste à faire gérer par
des organes délibérants élus les propres affaires d'une collectivité territoriale ou locale. Pour
ces auteurs, par le principe de la personnalité morale, c'est à dire la reconnaissance d'une
personnalité juridique propre, des pouvoirs de décision sont reconnus à des entités
administratives autres que l'Etat et non situées par rapport à lui dans une relation hiérarchique.
On ne peut donc parler de décentralisation qu'au moment où les organes chargés des affaires
locales émanent de la collectivité et non de l'Etat et possèdent à l'égard de celui-ci une
autonomie réelle.
Claude Ouattara, intervient également dans ce sens car pour lui, Il s'agit en fait d'attribuer des
compétences autonomes à des structures dirigées par des organes élus au suffrage universel par
les administrés eux- mêmes et dont les actes sont soumis à un simple contrôle de l'égalité par
la voie juridictionnelle. Vue sous cet angle, la décentralisation repose selon lui sur trois
conditions essentielles :
La reconnaissance de la personnalité morale à des collectivités autre que l'Etat central ;
ce qui indique que ces collectivités ont des intérêts particuliers dignes d'être protégés.
Ces intérêts particuliers sont résumés dans la notion d'affaires locales.
La reconnaissance à la collectivité du droit de gérer elle-même ses affaires par
l'intermédiaire d'organes désignés par elle. Ce critère de la gestion par les organes
propres distincts des agents de l'Etat et non soumis au devoir d'obéissance hiérarchique,
appelle dans un système démocratique, l'élection de ces membres.
Le contrôle de l'Etat central sur les organes et les actes des collectivités territoriales. Ce
contrôle doit à la fois respecter l'autonomie de la collectivité ; ce qui exclut l'exercice
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d'un pouvoir hiérarchique, et l'empêche de déborder sa sphère de compétence. Il peut
être plus ou moins étendu selon le degré d'autonomie des collectivités décentralisées.
Ainsi, le concept de décentralisation est par essence un moyen de donner plus d'autonomie aux
populations soucieuses de leur avenir. C'est une expression de démocratie permettant à une
population locale d'impulser son propre développement ; en un mot, « un développement par
tous et pour tous ».
Exemple de pays africain ancré dans le processus de décentralisation : le Burkina Faso.
La constitution de 1991 du Burkina soulignait que la décentralisation est un élément clef pour
la promotion du développement et de la démocratie et dans la lutte contre la pauvreté. Elle vise
également à donner aux initiatives locales, un environnement institutionnel permettant de la
valider et de pérenniser ainsi la dynamique de développement « local » qui donne aux acteurs
leurs véritables places et responsabilités dans la prise en charge de leur propre devenir. La
décentralisation apparaît a priori comme un instrument de facilitation et de consolidation du
développement de proximité en rupture avec les pratiques d'un développement centralisé, initié
et programmé sans implication véritable des acteurs locaux que cette décentralisation va
désormais considérer comme organisation de la société civile (Marc Totté et al, 2003).
En effet, le discours sur le développement a beaucoup changé au cours des vingt dernières
années parallèlement à la remise en cause du rôle de l'Etat, à la mise en œuvre des politiques
d'ajustement structurel et de la décentralisation. On a beaucoup vanté l'émergence d'une
démocratie locale capable de contrebalancer les tendances hégémoniques des Etats
centralisateurs.
Une décentralisation imposée par les bailleurs de fonds
Si les politiques de municipalisation et de communalisation ont été mises en œuvre bien avant
la période des ajustements structurels y compris pendant la période coloniale, elles ont le plus
souvent été conçues par l'Etat central pour encadrer la société. La réforme des Etats pendant la
première phase de l'ajustement structurel a perpétué cette logique : elle se limitait à une
déconcentration, les pouvoirs publics préservant la plupart de leurs prérogatives. Au cours de
la deuxième phase, les bailleurs de fonds ont tenté d'imposer des politiques de décentralisation
complète en faisant pression sur les Etats ; tandis que ces derniers essayaient de maîtriser au
mieux ces processus grâce notamment au contrôle des moyens budgétaires des organisations
locales ou à la « caporalisation » des associations (Marc Totté et al, 2003)
La décentralisation en Afrique de l'ouest ne prend donc réellement son essor que dans les années
90 par une accélération du mouvement de démantèlement des Etats sous les pressions des
bailleurs. La transformation des institutions nationales revêt ainsi une importance considérable
dans les politiques prônées par les institutions de Bretton Woods ; lesquelles voient dans la
décentralisation et les organisations de base un moyen de promouvoir le « capital social » en
tant que réseau d'acteurs non institutionnels. En outre, pour les pays francophones, l'unicité des
voies empruntées tient également au fait que les textes juridiques sont pour une grande part
calqués sur les lois françaises de décentralisation ; bien que leur degré d'application ait été assez
variable (idem).
Pourtant, il est possible de déceler des originalités nationales dans l'application des réformes
selon Marc totté, Tarik Dahou et René Billaz (2003) ; l'histoire des sociétés a imprimé sa
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marque aux évolutions institutionnelles et politiques de chaque pays. En effet les réformes se
caractérisent par des rythmes différents, résultats de forces contradictoires : Au sein de cadres
historiques variés, la trajectoire des Etats qui tentent de reproduire leur hégémonie et les
stratégies des institutions internationales qui tiennent à faire appliquer leurs recommandations.
Il est par conséquent important de présenter l'évolution de ces réformes. Le BF est le pays retenu
pour faire l'objet d'études de cas. Ce pays a en effet été choisi pour illustrer comment se sont
manifestées les spécificités nationales dans la mise en œuvre de la décentralisation.
D'une planification centralisée à une planification locale
Le Burkina Faso a hérité d'un système de gestion centralisé tant au niveau administratif que
financier. Au bout de trente années après l'indépendance, le pays semblait toujours avoir
d'énormes progrès à faire non seulement pour la modernisation de l'Etat mais aussi et surtout
pour l'amélioration du cadre et des conditions de vie de la grande majorité des populations.
Durant toute cette période, l'action publique avait un double réflexe face à toute initiative visant
l'amélioration des conditions de vie au niveau local. D'abord, l'administration du territoire
semblait être à la recherche permanente d'une pertinence territoriale. (Zongo. B, 2005). En
témoignent, les multiples découpages administratifs intervenus depuis lors. Ensuite,
l'omniprésence et l'interventionnisme de l'Etat étaient de mise dans la gestion des affaires
locales (idem). L'émergence et l'implication d'un réseau d'acteurs dans la gestion des affaires
locales n'étaient pas à l'ordre du jour. Cependant, le pays a connu une période d'exception entre
1983 et 1987 marquée par la révolution démocratique et populaire qui a «bousculé les lignes«
en matière de planification tant au niveau national que local.
Cadre politico-juridique de la décentralisation au Burkina Faso
La décentralisation commence au Burkina Faso en 1974 avec la création de 11 départements
qui constitueront avec les communes, des collectivités décentralisées. En 1983, on assistera à
la création des provinces. Aussi, à cette époque, d'aucuns considéreront l'existence des comités
de défense de la révolution (CDR) comme « un mouvement de décentralisation réel poussé
jusqu'à la gestion du pouvoir d'Etat.. » (CND, 1998).
A la faveur des années 90 marquées par l'apparition des mesures d'ordre institutionnel dans le
processus de planification démocratique dans les pays en voie de développement (François
Charbonneau, Paul Lewis, Claude Manzagol, 2003), le Burkina Faso connaît un renouveau du
discours politique national promu par l'adoption de la constitution le 2 juin 1991. C'est dans
cette constitution que la décentralisation au BF trouve son fondement juridique. Cette dernière
« affirme le principe de l'organisation administrative du territoire en collectivités locales.
Celles-ci s'administrent librement par les conseils élus et dans les conditions fixées par la loi »
(PDM, 2000). Un nouveau paysage institutionnel se dessinait et inaugurait une nouvelle ère
pour la planification tant à l'échelle nationale que locale. Il s'agit de la décentralisation qui
permettra par la suite l'émergence et l'affirmation de nouveaux acteurs au niveau national et
local : les collectivités locales.
La décentralisation marque un changement fondamental par la délégation de compétences aux
nouvelles entités administratives et territoriales. En effet, elle « ...consacre le droit des
collectivités locales à s'administrer librement et à gérer les affaires propres en vue de
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promouvoir le développement à la base et à renforcer la gouvernance locale »1. La consécration
de ce nouveau paysage institutionnel s'est réalisée par l'adoption des textes d'orientation de la
décentralisation2. Promulgués en 1998, Ils précisent les lois d'orientation de la décentralisation
prises en 1993 dans le sillage de la constitution de la quatrième république adoptée en 1991. Le
processus de décentralisation a été concrètement engagé en février 1995 par l'instauration via
des élections locales, dans trente-trois communes urbaines dotées d'organes délibérants. À
terme, le pays étendra la communalisation à l'ensemble du territoire par la mise en place
progressive et négociée d'un maximum de cinq cents communes urbaines et rurales, chacune
ayant ses spécificités. Grâce à cette disposition légale, non seulement des collectivités locales
ont vu le jour dans l'organisation du territoire national, mais aussi et surtout l'exercice de la
planification locale glissera progressivement du niveau central vers l'échelon local. Dès lors, le
niveau local devient l'échelle stratégique pour l'observation des relations entre l'autorité
publique locale et la population. D'ailleurs, cette nouvelle architecture institutionnelle a fait
émerger à l'échelle locale un certain nombre d'enjeux que Charles M'Back (2003) identifie
comme étant la quête pour un développement local et une «démocratie locale ».
La décentralisation au Burkina Faso a tenu compte des spécificités du pays. Les textes
d'orientation de la décentralisation (TOD) comprennent quatre lois dont celle d'orientation de
la décentralisation au Burkina Faso, celle d'organisation de l'administration du territoire, la loi
d'organisation et de fonctionnement des collectivités locales, et enfin la loi de programmation
de la mise en œuvre de la décentralisation.
La première précise les objectifs assignés à cette dernière. Elle stipule que la décentralisation
consacre le droit des collectivités territoriales ou collectivités locales à s'administrer librement
et à gérer des affaires propres en vue de promouvoir le développement à la base et la
gouvernance locale.
Sur le plan de l'organisation du territoire, le Burkina Faso est organisé d'une part en collectivités
locales (à savoir la province et la commune) dotées de la personnalité morale et de l'autonomie
financière et d'autre part, en circonscriptions administratives (la province, le département et le
village) qui sont des cadres de représentation de l'État et de coordination des activités de ses
services déconcentrés.
En 2004, l'Etat burkinabé a franchi un pas déterminant pour la mise en œuvre de ces textes
grâce à l'élaboration du code général des collectivités territoriales (CGCT) qui détaille
l'organisation générale, la direction et les articulations du processus de décentralisation, les
compétences et ressources à transférer et les structures à créer pour en faire une réalité. Ce code
s'appuie également sur la riche expérience du Burkina Faso en matière d'approche du
développement participatif au niveau local. Les élections des conseils municipaux dans 302
communes nouvellement créées se sont tenues en avril 2006. Les commissions villageoises de
1 Loi 040/98//AN du 3 août 1998 portant orientation de la décentralisation au BF, modifiée par l'Assemblée
Nationale le 2 juillet 2001, articles 2 et 3. Citée par Liliane Pierre avec la collaboration d'Emeline BAILLY et
Sophie DUBOIS, Dispositif de décentralisation : gouvernement des territoires, stratégies municipales et
marchandisation foncière (Burkina Faso), Programme de recherche urbaine pour le développement, GEMDEV-
ISTED, 2004, 120p.
2 Loi 043/98/AN du 6 août 1998 portant organisation fonctionnement des collectivités locales modifie par la loi
Num.013-2001 du 2 juillet 2001 portant modification des lois Num 040/98/AN du 03août 1998, Num. 043/98/AN
du 6 août 1998 et son décret de promulgation Num. 2001-385/PRES.
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gestion des terroirs (CVGT) qui ont participé à la gestion des terroirs, cèdent la place désormais
à des conseils villageois de développement (CVD) formellement élus. Ce processus traduit une
certaine évolution de la démocratie. Il vise également à donner aux initiatives locales, un
environnement institutionnel permettant de la valider et de pérenniser ainsi la dynamique de
développement « local« qui donne aux acteurs leur véritables place et responsabilités dans la
prise en charge de leur propre devenir.
Les enjeux de la décentralisation sont donc théoriquement explicites dans ce pays : il s'agit de
transférer le pouvoir et les compétences auparavant dévolus à l'Etat, à des assemblées locales
élues ayant un budget et un exécutif propres et cela selon une loi votée. Cette politique semble
donc en principe, appropriée à l'implication des collectivités locales dans le développement de
leur territoire.
Mais chaque pays interprète et opérationnalise la décentralisation selon ses propres logiques,
voire ses propres contradictions. Parfois il ne s'agit que d'un prétexte pour engager une «
recomposition« politique qui impose par exemple à tout candidat à un mandat local,
l'appartenance à un parti. Certains analystes dressent la décentralisation contre le
développement local reprochant entre autres à l'administration d'instrumentaliser la
décentralisation au seul bénéfice d'un pouvoir central dont les « bonnes intentions » ne seraient
que virtuelles (une décentralisation « d'appareil « ).
Quelques implications de la décentralisation sur les actions de développement local
Du rapport de Ali Almouate Abdoul Nasser (2010), il est ressorti que le
dysfonctionnement dans la gestion compromet souvent les efforts de développement
local. Il provient généralement des acteurs chargés de la gestion des collectivités
territoriales mais aussi du manque d'appui de l'Etat ; car le transfert des compétences et
des ressources prévues par la loi pose problème à cause de leur faiblesse.
Il faut aussi selon lui, noter le déficit quantitatif et qualitatif des acteurs de gouvernance.
Les communes souffrent d'un manque considérable de ressources humaines pour leur
fonctionnement. Ce déficit est manifeste tant du point de vue quantitatif que qualitatif.
Tout est dû à l'absence de textes cohérents pour l'organisation des services locaux.
Les conseillers viennent d'horizons et de secteurs d'activités divers ; ils méconnaissent
leur mission sur le terrain de la décentralisation et sur la gestion des pouvoirs. En effet,
certains n'ont même pas été à l'école ou ont un niveau inférieur ne leur permettant pas
une rapide assimilation ou compréhension des textes (idem).
Enfin, Ali Almouate Abdoul Nasser (2010) trouve que le manque de cohésion sociale
observé au sein des populations entre les villages entrave l'exécution des opérations de
développement de type collectif. Cette situation est généralement passée sous silence
par les acteurs alors qu'elle doit être considérée comme une contrainte à résoudre.
En effet, s'il est admis que développement local et décentralisation peuvent s'enrichir
mutuellement, il n'en demeure pas moins vrai que ces deux processus peuvent être aussi
antagonistes. Moussa Ka (2009) pour sa part trouve par exemple que la prolifération anarchique
d'initiatives locales peut échapper au contrôle des élus locaux, faisant ainsi planer le risque
d'une fragilisation de la décentralisation dans la mesure où les populations peuvent ne plus rien
attendre des élus. Pour l'instant, la collectivité locale considérée comme acteur incontournable
pour la conduite d'actions de développement local n'a pas donné les résultats escomptés selon
lui. Le plus souvent les élus mettent en avant leurs intérêts électoraux plutôt que d'apporter de
vraies solutions ou un soutien actif aux initiatives locales naissantes. En outre, il existe très
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souvent des conflits de compétences entre élus et autorités déconcentrées de l'Etat qui se sentent
dépouillées de leurs prérogatives d'une part, et entre élus et populations qui ne se retrouvent pas
dans les initiatives portées par les élus d'autre part (idem). Le clientélisme politique et la
corruption ne font qu'amplifier ces phénomènes. L'irruption de considérations partisanes sur le
champ du développement se présente ainsi comme une donnée inéluctable de blocage dès lors
que les élus se présentent comme les seuls initiateurs de stratégies de développement local.
Si la loi donne la possibilité aux citoyens de participer à la gestion des affaires locales, selon
Moussa Ka (2009), ce pouvoir est peu exercé à cause de leur faible niveau d'instruction, de
l'analphabétisme et de la difficulté d'accéder aux textes de lois et aux sources d'information.
Des impacts de la décentralisation sur les actions de développement local, le groupe d'action
développement local et décentralisation au Togo (1998), pour abonder dans le même sens que
Moussa ka, cite :
le clientélisme politique, entraîné et amplifié par la décentralisation ;
« l'irruption de considérations partisanes ; car de plus en plus d'élus initient avec les
autres acteurs locaux, des stratégies de développement local ;
l'incohérence des découpages territoriaux.
Fissou Kouma (2004), pour sa part trouve que le plus souvent, les relations
entre les Maires et le Préfet sont parfois conflictuelles. En effet, l'étude technique des
dossiers soumis à l'appréciation des services du Préfet fait l'objet d'une arnaque.
Pour que le budget ou le compte administratif soit examiné, les collaborateurs du
Préfet chargés de l'étude du dossier exigent que le Maire leur donne «quelque
chose ». Celui qui ne se soumet pas à cette exigence verra son dossier « bloqué ».
En dehors des appuis légaux prévus pour le Préfet, le Maire est tenu de faire face à
certaines dépenses du Préfet ; notamment les réceptions qu'il organise. Les
interventions des forces de maintien de l'ordre font la plupart du temps l'objet de
sollicitations du Maire ; même quand celles-ci se font hors du territoire communal.
C'est ainsi que le Préfet envoie très souvent des messages aux maires de son
département pour leur annoncer la tournée du Commandant de compagnie de
gendarmerie. Ce n'est pas tout puisque le même message instruit les maires de
fournir à ce dernier du carburant (idem). Tout se passe comme si les services
déconcentrés de l'Etat n'avaient pas de budget de fonctionnement.
Selon lui, le recouvrement de l'impôt libératoire sur le revenu agricole au
Benin, fait le plus souvent l'objet de conflits avec les Maires. Les Sous-préfets lors de
leurs descentes sur le terrain ponctionnent entre 10 à 20% des recouvrements
effectués pour leur carburant et le repas frais des membres de la commission de
recouvrement ; alors que l'appui prévu au Sous-préfet dans le budget lui est
débloqué dès que le budget communal est approuvé. De plus, le taux de
recouvrement de l'impôt libératoire sur le revenu agricole est très bas ; dans tous les
cas, si le Maire refuse la ponction de 20%, aucun recouvrement de l'impôt libératoire
ne sera fait ; puisque la commission de recouvrement n'effectuera aucune descente sur le terrain.
Dans ces conditions, faut-il supprimer l'appui légal au Sous-préfet prévu dans le budget de la
Commune ?
Toujours de l'explication de Fissou Kouma (2004), la commission des marchés publics placée
auprès de chaque Préfet au Benin, est une manière légale d'escroquer les communes quand on sait
que le Maire en tant que maître d'ouvrage doit débourser une importante somme pour les frais de
la tenue de ladite commission. Or, le Maire qui est un élu du peuple a envie de réaliser les promesses
faites lors de la campagne électorale pour prétendre briguer un autre mandat. Il ne devrait pas être
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soumis à ce genre de tracasseries nécessaires pour les gestionnaires des crédits de l'Etat qui n'ont
aucun compte à rendre aux populations.
Au Benin, au niveau provincial, les budgets votés au niveau des communes et visés par les Préfets
doivent être revêtus du visa du Contrôleur provincial des finances. A ce niveau, selon ses dires, la
commune concernée doit débourser de l`argent pour accélérer le processus comme cela se passe
habituellement aux finances. Par ailleurs, au Benin pour que les différents dossiers soient vérifiés
au niveau du service provincial des communes avant leur transmission au cabinet du Gouverneur
pour visa, il faut débloquer «quelque chose » pour les agents de ce service, faute de quoi, les
dossiers importants tels que les budgets risquent de traîner paralysant ainsi le fonctionnement de la
commune (kouma. F 2004).
Se référant à la loi, il est dit que : « l'autorité de tutelle a pour mission de provoquer toutes
dispositions d'ordre administratif, économique et social propres à assurer le développement
harmonieux des communes ». Dans la pratique, Fissou Kouma fait savoir que la tutelle ne remplit
pas correctement la mission qui lui est assignée. On peut dire que la tutelle ruine les communes et
incite les maires à détourner les crédits au profit de celle-ci. Généralement, on a l'impression que
les Maires sont les seuls à gérer des crédits dans la circonscription communale puisque tout repose
sur la mairie. Tous les services sollicitent le soutien de la mairie pour leur fonctionnement, y
compris ceux qui ne font rien pour aider le Maire dans l'exercice de ses fonctions. Pour arriver à
leur fin, leurs demandes d'aide sont transmises au Maire via l'autorité de tutelle. Par ailleurs, la
tutelle au niveau central se prête également à ce jeu d'arnaque des communes.
Les maires subissent selon lui, des pressions et des abus de toutes sortes de telle manière que leurs
budgets ne sont pas normalement exécutés. En dehors de la tutelle conventionnelle du Préfet, du
Gouverneur et du Ministre de l'administration territoriale et de la décentralisation, les interventions
du contrôleur provincial des finances dans les budgets communaux, du centre provincial de la
comptabilité matières, de l'agence de régulation des marchés publics dans les affaires communales
peuvent être assimilées à une forme de tutelle. Ces différentes formes de tutelle paralysent ou mieux
nuisent au fonctionnement des communes au Benin.
Marc Totte, Tarik Dahou et Rene Billaz (2003), trouvent que l'application réelle des dispositifs de
la décentralisation telle que présentées à travers les Textes d'orientation de la décentralisation
(TOD) dans nos pays, connaît des difficultés majeures parce que la commune est « plus gérée
politiquement du dehors que du dedans ». La légitimation et la légalisation du pouvoir politique
comme acteur principal de l'orientation et de la conduite du processus ont conduit à un
repositionnement de l'ensemble des acteurs ; y compris le pouvoir traditionnel qui a quitté sa zone
de neutralité pour se « mouiller » avec le politique. Pour qu'un maire puisse rester à la tête de son
conseil et mieux gérer sa commune selon eux, il doit non seulement chercher la « grâce » du pouvoir
politique central, mais aussi celle des pôles de pouvoir traditionnels. De leur avis, trois leçons
majeures sont à retenir de cette expérience :
la décentralisation avec les enjeux multiples qu'elle comporte peut contribuer à
l'exacerbation de la division des différents pôles de pouvoir traditionnel, politico-économique et
institutionnel). Le pouvoir traditionnel, censé être l'élément de régulation de certaines sociétés
africaines, se politise de plus en plus et perd sa crédibilité institutionnelle avec la partialité liée à
son appartenance politique ;
l'influence notoire des partis politiques dans le choix des hommes et des femmes qui
doivent décider au nom des populations et dans la gestion quotidienne du processus de
développement des communes conduit très souvent à un « nomadisme politique » des élus en
fonction des opportunités et des risques. Ce nomadisme constitue une stratégie anti-aléatoire pour
assurer un meilleur positionnement dans l'arène politique. « Rien ne se fait sans la politique » ;
la gestion durable du foncier et le rejet de la Réorganisation agraire et foncière(RAF)
constituent des défis majeurs d'une recherche de cohérence dans le processus de décentralisation.
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N'est-il pas contradictoire de donner des pouvoirs aux collectivités décentralisées et d'ignorer les
pratiques et les politiques qu'elles définissent pour gérer leur patrimoine ? Se demandent Marc
Totté, et al (2003). Selon eux, cette question mérite une analyse plus profonde mais le constat est
là, les règles actuelles de fonctionnement proposées par les acteurs dominants sont battues en
brèche par les acteurs locaux en fonction des intérêts de leurs leaders et en fonction des positions
de ceux-ci dans les formations politiques.
D'autres auteurs trouvent que la décentralisation n'a pas que des impacts négatifs sur le
développement ; Il existe aussi des effets positifs.
Moussa Ka(2009), après analyse trouve qu'avec la décentralisation, le citoyen parce que davantage
motivé à agir sur les institutions de sa cité d'où se prennent les mesures qui font gouverner sa vie,
sera plus prompt à s'associer à d'autres partageant les mêmes intérêts et points de vue que lui afin
d'accroître son pouvoir d'influence sur son environnement institutionnel. Pour lui, le cadre
associatif qui permet l'intégration des intérêts individuels et leurs expressions dans des formes
collectives plus organisées, trouve dans la décentralisation des conditions plus favorables à sa
manifestation. De ce point de vue, la société civile dont l'une des composantes essentielles est
constituée par le tissu associatif devient, par l'entremise de la décentralisation, un atout pour la
population locale dans ses entreprises de négociation avec les autorités locales pour la création d'un
meilleur cadre de vie. Avec la décentralisation, le citoyen prend, donc, vite conscience que le cadre
associatif peut, à terme, être un instrument du développement. Pour rappel, l'un des objectifs de la
décentralisation est de renforcer les identités locales qui susciteraient à leur tour des dynamiques
d'actions collectives autour de projets de développement à l'échelle des collectivités locales.
Toujours est-il que l'absence de coordination entre les différents intervenants c'est-à-dire les divers
acteurs, rend illisible et inefficace les actions entreprises (idem). Il y a également :
la planification globale des initiatives de développement local dont les collectivités sont
désormais chargées. Cette planification permet de transformer des initiatives locales de
développement en initiatives de développement local ;
l'avènement d'un cadre de concertation, dans le cadre fédérateur de la collectivité locale
;
le financement du développement local ;
l'expérience des anciennes autorités locales (anciens élus) pour contribuer au processus
de développement local (Moussa Ka, 2009).
A un tout autre niveau, les gouvernements sont de plus en plus confrontés à la grande
mécanique économique qui les connecte chaque jour un peu plus aux réalités d'un monde en
mouvement et à des partenaires financiers qui imposent à la fois rigueur et transparence dans la
gestion de leurs « affaires ». Alors face à un tel constat, un certain nombre de questions sont posées
:
Partant de ces constats, il est établi une corrélation entre les concepts de Décentralisation et
de Développement local représenté à travers le schéma ci-dessous.
Développement local - Développement à la base
- Mobilisation des acteurs à la base - Existence d'un projet collectif
- Mobilisation des ressources locales
- Fourniture des services sociaux de base - Responsabilisation de la population
- Participation de la population
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Décentralisation - Transfert de compétences
- Autonomie dans la gestion des affaires locales
- Existence d'autorités locales élues
- Participation politiques et fonctionnement des organes locaux - Partage équilibré des pouvoirs et
des ressources
Enjeux et les stratégies de la décentralisation et du développement local et perception de la
population locale
Il s'agit ici de cerner les stratégies de mise en œuvre de la décentralisation et du développement
local, d'aborder leurs enjeux et de donner les différentes perceptions que les populations locales ont
de ces enjeux et de ces stratégies.
Les stratégies de la décentralisation et du développement local Toute politique de développement doit être accompagnée de stratégies. C'est dans cette optique que
nous essayons de donner les différentes démarches de mise en œuvre de la décentralisation et du
développement local.
Les stratégies de la décentralisation
Les démarches de décentralisation sont diverses et varient selon les grandes orientations définies
par chaque pays pour la mise en œuvre de sa politique de décentralisation. Ainsi l'approche
stratégique globale de mise en œuvre de la décentralisation est bâtie sur plusieurs axes majeurs que
nous avons identifiés à travers notre revue de littérature.
L'appropriation sociale et politique de la décentralisation
Elle vise le renforcement et l'adhésion de tous les acteurs au processus dans des espaces homogènes
et viables. C'est pourquoi, il s'avère nécessaire d'élaborer et de mettre en œuvre un plan
d'information et de communication sur la décentralisation avec la participation des différents
acteurs (CSMOD 2006-2015, 2007). Ainsi, pour la mise en place des communes rurales, une
stratégie de formation et d'information doit être conçue et se traduire par:
au niveau de l'information, une ouverture démocratique à travers l'utilisation des médias
modernes afin de donner la plus large audience possible à la
philosophie et aux enjeux inhérents à la communalisation rurale. Cette stratégie doit se concrétiser
par la traduction en langues nationales des textes relatifs à l'extension de la décentralisation au
monde rural;
au niveau de la formation, elle pourrait être assurée par une institution décentralisée multi
plénière s'articulant sur un réseau de centres de formation régionaux, de programmes
d'alphabétisation, de contractualisation de compétences locales. Les formations seront conçues
dans une perspective de long terme et dans l'optique d'un développement des compétences et des
capacités locales. (Ouedraogo G, 2003).
Par ailleurs, la mobilisation de tout le Gouvernement s'avère nécessaire afin de créer un
environnement favorable devant permettre à la population de s'approprier le processus de
décentralisation ; car sans une appropriation et un leadership local durable, la décentralisation sera
mort née (Ministère de l'administration locale et des affaires sociales du Rwanda, 2000, p7).
Le transfert des compétences et des ressources
L'organisation d'une décentralisation administrative et l'adoption des textes législatifs y afférents
ne suffisent pas pour une décentralisation effective. Pour passer d'une décentralisation formelle à
une décentralisation réelle, il faut encore conférer à la collectivité locale des pouvoirs et des
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prérogatives concrètes dans les matières qui concernent les affaires locales. La règlementation de
la décentralisation doit ainsi indiquer sans équivoque les domaines de compétences qui engagent
dorénavant la responsabilité de l'Etat et ceux qui engagent la responsabilité de la commune (mission
de décentralisation et réformes institutionnelles du Mali, 1997).
Le renforcement des capacités locales
Cela nécessite la mise en place des premières infrastructures de la décentralisation, la mise en
œuvre des plans locaux de développement et des stratégies de mobilisation et d'utilisation optimale
des ressources des acteurs. Il nécessite également un dispositif à même d'assurer la formation,
l'appui conseil et la promotion de la maîtrise d'ouvrage local. (CSMOD 2006-2015, 2007).
Pour se faire, ceci doit aller de pair avec le renforcement de la fonctionnalité des services
déconcentrés de l'Etat. Aussi, développer des capacités de gestion managériale, administrative et
technique au niveau du gouvernement local pour permettre une fourniture de services sociaux
effectifs, efficients, responsables et équitables, un développement pour tous est la pierre angulaire
du succès de la gouvernance locale ; car sans développement des capacités, la décentralisation n'est
pas durable (Ministère de l'administration locale et des affaires sociales du Rwanda, 2000).
L'appui à l'élaboration et à la mise en œuvre des plans de développement locaux Il vise à créer un environnement à même de stimuler le développement économique en vue de
contribuer à l'édification des économies locales fortes dans le cadre de la lutte contre la pauvreté
(CSMOD 2006-2015, 2007).
En effet, les différents acteurs doivent pouvoir faire preuve de manière persistante d'une effectivité
et d'une efficacité exemplaires ainsi que d'un esprit de responsabilité dans la planification,
l'exécution, le suivi et l'évaluation de tous les programmes et projets relatifs à la décentralisation
dans le pays ; car, sans une efficacité et une responsabilité exemplaires, les problèmes actuels de
performance auxquels est confronté le gouvernement central seront transférés aux unités
décentralisées. Il n'est donc pas nécessaire de décentraliser l'inefficacité et le manque de
responsabilité (Ministère de l'administration locale et des affaires sociales du Rwanda, 2000).
Le pilotage et la coordination
La mise en œuvre de cet axe devra permettre de mieux clarifier le rôle des structures de coordination
et de concertation et veiller à la tenue régulière de leurs différentes sessions. A cet effet, les moyens
nécessaires à leur fonctionnement devront être déterminés de manière adéquate et budgétaire
(CSMOD 2006-2015, 2007).
Par ailleurs, la mise en place et le renforcement d'une structure organisationnelle s'avère nécessaire
pour assurer la mobilisation et la coordination effective de toutes les parties prenantes au niveau du
leadership de l'Etat, du secteur privé, du leadership des administrations locales, de la société civile,
des donateurs, de tous les partenaires au développement pour s'approprier et appuyer le processus
de décentralisation ainsi que la bonne gouvernance en général. (Ministère de l'administration locale
et des affaires sociales du Rwanda, 2000).
La participation locale
La participation est un maillon essentiel dans la mise en œuvre de toute politique de décentralisation
qui se veut efficace et durable.
Toutefois, les différents acteurs de la décentralisation devraient pouvoir assurer la participation
locale et insuffler un esprit d'autosuffisance dans la population en mobilisant et en utilisant
effectivement les ressources locales, humaines, matérielles et financières pour planifier, exécuter,
contrôler et mettre en place, de manière durable, une gouvernance locale devant permettre la
fourniture participative de services sociaux à tous les citoyens ; car, si la population locale ne peut
pas mobiliser ses propres énergies et ressources pour son propre développement, si elle doit
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dépendre éternellement de l'assistance extérieure, on ne pourrait parler de gouvernance locale
(Ministère de l'administration locale et des affaires sociales du Rwanda, 2000). En outre, le
renforcement de la participation politique au niveau local par l'organisation d'élections locales
libres et justes à travers lesquelles les populations locales vont élire leurs leaders qui seront
responsables devant elles est d'une importance non négligeable (idem).
En effet, le processus de décentralisation est un processus dynamique à inscrire dans la durée, et sa
mise en œuvre nécessite des adéquations que seule la vision prospective permettra de repérer.
Les Stratégies du développement local
Le concept de développement local recouvre une grande diversité de démarches, de stratégies et de
méthodes. Au-delà des libellés et des affichages, on peut néanmoins à travers notre revue de la
littérature, identifier quelques grands types de stratégies fondées sur des options différentes. Nous
retiendrons en effet les stratégies proposées par Patrick Freudiger, Jean-pierre Jacob et Jean-david
Naudet (1999) ; car faisant le point de toutes les méthodes de développement local vues à travers
notre lecture. Ainsi, on peut distinguer :
les interventions à entrer technique utilisant de manière privilégiée l'instrument
projet ;
les interventions de type « programme », subdivisées en :
des approches d'accompagnement institutionnel ;
des approches d'appui aux initiatives.
Le projet à entrer technique
Il vise à délivrer et à diffuser un message sur la nécessaire réhabilitation des conditions physiques
du milieu de type gestion et conservation des sols et des espaces. Pour promouvoir son message, le
projet utilise en priorité les services déconcentrés des ministères (ministère de l'agriculture
notamment). Ces derniers ont pour rôle d'appuyer l'action du projet. Leur implication permet
d'espérer que les opérations entreprises seront prolongées au-delà de la durée de l'intervention. De
ce fait, le renforcement institutionnel des services déconcentrés apparaît comme un objectif
secondaire obligatoire. La durabilité de l'action s'appuie donc sur deux formes d'appropriation : une
appropriation des messages techniques par les populations et une appropriation des objectifs par
les services techniques.
Dans le cours de l'action, le projet peut également s'appuyer sur des partenaires d'exécution hors
administration (ONG par exemple). Pour parer à certaines déficiences en matière de gestion et de
coordination des activités, le projet mettra en outre en place un cadre de concertation réunissant les
principales institutions publiques et privées qui comptent localement.
L'approche des projets de type gestion de terroir n'est plus comme par le passé, entièrement
descendante. Les projets proposent plutôt des regards croisés entre le diagnostic des techniciens et
la connaissance du milieu par les acteurs eux-mêmes. La première phase de planification des
activités est constituée à partir de ces regards croisés. Afin de promouvoir la maîtrise des acteurs
sur les enjeux identifiés, les projets participent également à l'organisation des communautés. Le
bien-fondé de ce type de projet repose d'abord sur la pertinence de ses apports techniques dans la
situation où il intervient et dans l'impact que l'action de ces techniques peut avoir sur la préservation
des ressources naturelles et à plus ou moins long terme, sur les conditions de vie des populations.
L'approche par l'accompagnement institutionnel
Elle part de l'idée que le goulot d'étranglement essentiel du développement local est l'organisation
insuffisante des acteurs locaux, et de ce fait leur incapacité à proposer des réponses collectives face
aux enjeux auxquels ils sont confrontés.
La démarche cherche d'abord à repérer les « acteurs-clés », porteurs de visions endogènes et
structurantes. L'action d'accompagnement consiste à appuyer la concrétisation de ces visions en
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aidant à la mise en œuvre d'opérations définies par les « porteurs de projets ». Le renforcement des
capacités des acteurs locaux apparaît dans tous les cas comme un axe essentiel d'appui. Le
partenariat entre le bailleur et les individus et institutions locales est au cœur de l'approche.
Cette primauté donnée à l'accompagnement, au partenariat et au développement institutionnel a
conduit à rompre avec l'instrument projet ou a cherché à mieux en équilibrer le cycle : moindre
importance accordée à la phase de conception trop déterminante dans les projets classiques, grande
souplesse d'exécution ; y compris dans la programmation des moyens afin de répondre aux
incertitudes et aux opportunités, effort de suivi important. L'accompagnement institutionnel s'opère
directement à l'aide de fonds souples gérés par le représentant local donateur. Dans cette démarche,
la durabilité des acquis est assurée par la prise progressive d'autonomie des institutions appuyées.
L'approche par le soutien aux initiatives locales
Elle recouvre l'ensemble des options qui tendent à dissoudre l'approche projet en proposant que les
enjeux classiques de l'intervention, en terme de pouvoir de décision et d'allocation des ressources
financières soient pris en charge en grande partie par les bénéficiaires, aux travers d'instruments de
type fonds d'investissement. En tant que tel, l'approche peut donc intéresser des acteurs privés ou
des acteurs publics, de type collectivités territoriales. L'intervention se fixe pour principal objectif
de permettre la réalisation des projets définis et sélectionnés par les acteurs eux-mêmes ; que ces
projets émanent
de collectifs ou d'individus. Elle ne joue pas de rôle direct dans l'orientation des investissements.
Le soutien aux initiatives se fixe également comme objectif essentiel de développer la maîtrise
d'ouvrage locale sur les actions entreprises. L'impact recherché ne concerne pas les seuls
gestionnaires des fonds, mais également l'ensemble de l'environnement socio-économique par les
effets induits résultant de la mise en œuvre des projets des acteurs.
Afin d'établir cette relation de soutien aux porteurs d'initiatives, l'intervention doit mener plusieurs
actions structurantes. La première est d'appuyer l'organisation des bénéficiaires de façon à
construire le dispositif d'expression et de sélection des initiatives ; la seconde est de renforcer
certaines capacités des individus, des institutions et des entreprises permettant le montage,
l'évaluation et la réalisation des projets des porteurs d'initiatives. L'approche de soutien aux
initiatives repose donc sur les présupposés suivants :
les acteurs locaux sont eux-mêmes porteurs des solutions à leur propre développement,
mais ce sont les opportunités de mise en place de ces solutions qui font défaut ;
les acteurs de l'économie locale doivent participer étroitement à la dynamique de
concrétisation des initiatives.
C'est sur cette structuration progressive de l'environnement socioéconomique que reposent les
espoirs de durabilité de l'action de l'intervention.
Les enjeux de la décentralisation et du développement local La décentralisation a certes une relation étroite avec le développement local comme nous l'avons
vu précédemment, mais tous deux ont des enjeux comme toute politique de développement. Ainsi,
pour une bonne compréhension de ces enjeux, nous allons d'abord présenter ceux de la
décentralisation et ensuite aborder ceux du développement local.
Les enjeux de la décentralisation
Les projets de décentralisation en Afrique reposent en règle générale sur le présupposé explicite
que la trop grande centralisation des décisions politiques au sommet de l'Etat étouffe les initiatives
politiques et économiques locales. Cette situation amène à parler d' « Etat commando. »
(Bierschenk T et de Sardan JPO, 1998). La décentralisation revêt selon ces auteurs un enjeu central
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et sa portée ne peut s'évaluer qu'à l'échelle des communes où la participation à la base est la clé de
voûte pour une réelle prise en compte des aspirations des populations.
Ainsi toute politique de décentralisation vise des objectifs précis dont l'importance et la pertinence
sont fonction du contexte sociopolitique et économique. Il reste cependant certain que dans tous
les cas de figure, les enjeux sont d'une importance capitale. Les enjeux politiques, économiques et
socioculturels sont ceux retenus dans cette étude.
Les enjeux politiques
Avant la politique de décentralisation, le développement était géré par le gouvernement central qui
décidait des besoins des populations ; tous les auteurs reconnaissent cela. Ainsi selon Marcel Coffi
h. Djihoun (2007), la conséquence d'une telle gestion a été :
o une mauvaise planification des actions de développement ;
o la non-implication des populations dans la prise de décisions et la gestion ;
o des investissements ne répondant pas aux besoins des populations.
L'un des objectifs premiers de la décentralisation est de favoriser la participation de toute la
population locale. Elle offre ainsi plus de responsabilité au citoyen d'influencer la vie collective ;
par exemple en votant les conseillers municipaux pour le représenter, en se faisant élire et en
militant dans un parti politique(Idem). La conviction est de plus en plus partagée qu'il ne peut y
avoir donc de développement sans une adhésion des populations et sans une référence à leurs
assises culturelles. La participation est reconnue comme indispensable pour engager et soutenir le
processus de développement. L'action au niveau du quartier, du village, du terroir est plus
prometteuse de résultats que la réalisation d'infrastructures ou le soutien de sociétés régionales de
développement (D. Gentil et B. Husson, 1996, p2). L'instauration d'un échelon local de
représentation constitue de ce point de vue une possibilité pour mieux prendre en compte les
aspirations des habitants. Mais pour Karim Dahou (2003), la décentralisation ne saurait se réduire
à un transfert de prérogatives du pouvoir centrale aux autorités locales. Pour qu'elle tteigne son
véritable objectif, qui est de tirer le meilleur parti possible des ressources locales, il pense tout
comme les autres qu'elle doit encore permettre aux populations de participer pleinement à la
valorisation de leur environnement. Au-delà de sa dimension institutionnelle, la décentralisation
devrait ainsi viser les sphères privées et s'appuyer sur tous les acteurs qui font preuve d'un réel
dynamisme.
La décentralisation politique de l'avis de Pamphile S(2000), c'est la mise en place d'organes
délibérants au niveau communal. Les conseillers élus constituent le conseil municipal qui dispose
sous la direction d'un maire élu par ses pairs, d'une autonomie politique et juridique dans la gestion
des affaires locales. Toutefois le haut-commissaire de la province assure la tutelle de l'État sur le
conseil communal. Ceci par conséquent, apparait en Afrique comme une avancée significative ; car
elle est perçue comme un choix favorable au processus de démocratisation et comme un
encouragement aux dynamiques de développement local. La réforme de décentralisation et plus
particulièrement la création des communes sur l'ensemble du territoire, permet à la commune d'être
le fruit d'une démocratisation de l'administration qui confère à chaque citoyen dans sa localité une
part de responsabilité et de liberté dans la gestion des affaires de sa localité (PAVD/Mali, 2004).
La création des communes renforce ainsi le processus de démocratisation en créant les conditions
et les modalités d'une participation directe des citoyens au processus de prise de décisions locales.
Ils redeviennent les acteurs de leur destin et les vrais partenaires d'un Etat qui ne peut plus exister
en dehors d'eux. La décentralisation entraîne ainsi un mouvement de renaissance des hommes et
des femmes là où ils vivent et la revalorisation de leur savoir-faire et de leur culture. Elle permet
également à la commune d'être un espace de développement : Les citoyens de la commune
partagent dorénavant avec l'Etat des responsabilités du développement de leur commune. Ils en
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deviennent le principal moteur en participant au processus de prise de décision en matière de
programmation du développement, de gestion des ressources et de l'environnement. Les politiques
de développement ne partiront plus exclusivement d'en haut pour redescendre vers le bas. Elles
seront d'abord et avant tout conçues à la base. C'est ainsi que les communes bénéficieront d'un
patrimoine et des ressources propres et seront en charge de la gestion de ce patrimoine et de ces
ressources aux fins de générer un développement économique et social de la collectivité
(PAVD/Mali, 2004). La conduite du processus de décentralisation demeure donc éminemment
politique car il s'agit de «partager le pouvoir«. Ce partage du pouvoir de décision ne doit pas être
perçu comme un danger potentiel qui affaiblirait ou remettrait en cause le pouvoir d'Etat. Il y a à
ce niveau d'énormes progrès à faire, nécessitant moins de suspicion et beaucoup d'information-
formation. (Marc Totte, et al, 2003).
La décentralisation est également un puissant facteur d'intégration entre les multiples régions et
ethnies. En accordant aux futures collectivités une autonomie de gestion et en leur transférant un
certain nombre de compétences précises, l'Etat reconnait l'égalité du droit pour chaque collectivité
au développement et le maintien des originalités locales. (Idem).
En effet, un enjeu politique majeur de la décentralisation est la restauration de la crédibilité de l'Etat
; le rejet de l'institution étatique par le corps social est largement imputable à l'incapacité de l'Etat
à satisfaire les besoins essentiels des citoyens au niveau local. Il s'agit donc de concevoir un
nouveau type d'Etat qui reconnaisse un rôle et une place aux initiatives individuelles et de groupes
à travers l'émergence d'un système administratif et de représentation locale transparent, consensuel
mais autonome dans ses décisions, et sachant négocier avec l'Etat d'une part, et les organisations
communautaires d'autre part (PAVD/Mali, 2004). Cette vision permet de recentrer les interventions
directes de l'Etat sur les missions de souveraineté à l'issue d'un transfert équilibré de compétences
qui responsabilise les collectivités territoriales.
Par ailleurs, la décentralisation est soutenue par l'ensemble des acteurs de coopération. Les
institutions multi ou bilatérales lui portent une attention soutenue en terme de recomposition des
différents niveaux de pouvoir et de spécification de leur compétences respectives ; les agences
privées qui se sont données pour mandat l'action au niveau local, l'appuient également en ce qu'elle
concoure à une meilleure prise en compte des aspirations des populations. Deux raisons essentielles
expliquent cet intérêt : - Tout d'abord les résultats des politiques menées par les Etats depuis trente
ans sont globalement décevants ; elle a conduit à l'hypertrophie des secteurs contrôlés par la
puissance publique et non à une amélioration généralisée des conditions de vie de la majorité de la
population. - Ensuite, Il ne s'agit plus d'organiser l'Etat pour qu'il assure un rôle de pilote du
développement mais rechercher des voies qui permettent de libérer les forces initiatives que portent
toutes les sociétés qui se pensent dans l'avenir (D. Gentil et B. Husson, 1996). La décentralisation
devient ainsi un thème majeur du discours sur le développement par contrainte en raison de la
défaillance des Etats, mais aussi par nécessité parce qu'elle est un moyen de l'expression des
groupes de population et de pérennisation des actions engagées.
Au final, trois grandes familles de motivation ont permis aux Etats africains de mettre en œuvre
des politiques de décentralisation. Il s'agit de :
- la décentralisation comme modalité pour favoriser la mobilisation des populations en
vue d'un développement à la base durable ;
- la décentralisation comme moyen d'approfondissement et d'enracinement de la
démocratie au niveau local ;
- la décentralisation comme entreprise de restructuration de l'Etat et de légitimation des
institutions.
Enjeux économiques
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En effet, la décentralisation renforce l'engagement des populations à réaliser leurs micro-projets en
comptant sur leurs propres initiatives. Aussi, le citoyen profite d'un développement local accéléré
avec la prise en compte de ses préoccupations et bénéficie également de biens et de services qui
correspondent à ses besoins (Marcel Coffi.H, 2007).
Mais indépendamment des enjeux économiques internationaux, il ressort de la littérature que sur
le plan purement interne la décentralisation présente un certain nombre d'avantages économiques
certains.
La décentralisation accompagne et facilite l'action de ce que l'on appelle «la décentralisation non
formelle« ; c'est-à-dire l'action des associations non gouvernementales et autres groupements
coopératifs qui agissent au niveau local. La décentralisation pourra accompagner ce mouvement
plus ou moins spontané d'activisme local. Au niveau provincial ou communal, des cadres de
concertation se créent pour discuter des problèmes de développement économiques et sociaux
souvent en marge d'une légalité restés en retrait jusque-là (Claude Ouattara). La décentralisation
favorisera en outre la promotion d'un développement économique durable grâce à la libération des
énergies locales et l'utilisation optimum des ressources disponibles dans les localités. Grâce à une
identification plus certaine des véritables besoins des populations et leur auto-responsabilisation
progressive dans la gestion des affaires locales, la vie économique à la base sera plus animée et
plus apte à surmonter les différents écueils qui ont jusque-là freiné la croissance économique et la
bonne gestion des ressources naturelles (idem).
En effet, les communautés locales sont les plus à même de définir les mesures les mieux adaptées
aux diversités des situations particulières en présence. Elles seront ensuite plus enclines à trouver
les moyens nécessaires à leur réalisation. Le monopole des décisions au niveau central est
aujourd'hui condamné à laisser la place à un Etat mobilisateur et facilitateur d'initiatives locales de
développement par les communautés de base.
Les réformes économiques actuelles reposent sur l'idée libérale qui est également à la base de la
décentralisation. Il s'agit dans un 1er cas de libérer l'initiative privée d'une règlementation étouffante
ou de la compétition déloyale d'entreprises publiques bénéficiaires de monopoles ou dévoreuses de
subventions. Dans un second cas, il s'agit de libérer les initiatives locales pour la satisfaction des
intérêts généraux (Claude Ouattara). L'idée de base dans les deux cas semble être ici la libération
des initiatives. Moins qu'un désintérêt donc, le désengagement de l'Etat, c'est la reconnaissance par
l'Etat que d'autres personnes sont mieux à même de prendre en charge la satisfaction des besoins
dans tels ou tels secteurs de développement.
Toutefois, la décentralisation semble être à même de favoriser une meilleure adéquation des
programmes de développement et des besoins locaux, et une mobilisation plus spontanée des
ressources. Cette dynamisation des économies locales s'articule autour de :
o la conception d'une approche de développement s'appuyant d'abord sur la capacité de
mobilisation des ressources locales ;
o la réintégration de la dimension spatiale dans l'approche de résolution des problèmes
économiques et sociaux ;
o une nouvelle répartition des compétences (pouvoirs de décision), des ressources
(humaines et financières) et du patrimoine national entre l'Etat et les collectivités ;
o la mise en place de nouvelles méthodes et règles de relation de partenariat entre les
acteurs appuyant le développement local notamment la coopération décentralisée
(PAVD/Mali, 2004).
Par ailleurs, Chaque collectivité territoriale constituera un espace d'initiatives ; un niveau de
programmation, de réalisation des actions de développement et d'organisation de la gestion et de la
fourniture des services publics essentiels qui fondent le développement (idem).
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Enfin, la décentralisation permet aux collectivités locales de jouir d'une autonomie de gestion pour
certaines formes de fiscalité (vente de timbres communaux par exemple) et la collecte des taxes
communales (Pamphile. S, 2000).
Enjeux socioculturels
La décentralisation offre une possibilité de valorisation et de promotion des valeurs culturelles.
C'est-à-dire qu'elle favorise la promotion des sites touristiques, des traditions, des masques, des
mets traditionnels etc. (Marcel Coffi H. Djihoun, 2007). Ainsi donc, la décentralisation ambitionne
de faire des communes les points d'ancrage culturel du processus de démocratisation et de libre
administration : « l'érection en commune doit remplir avant toute considération, le critère
fondamental de l'adéquation du cadre territorial et humain concerné, qui se traduit par la réunion
de certaines conditions dont la volonté de vivre ensemble, l'existence de liens de solidarité et la
viabilité économique » (PAVD/Mali, 2004).
En outre, elle permet aux diverses initiatives locales de s'exprimer en vue d'un développement local
maîtrisé par les populations elles-mêmes et crée un espace de diversité culturelle (idem). En d'autres
termes, la décentralisation permet un cheminement vers un modèle de société où l'homme pris dans
son contexte de vie de tous les jours est rendu plus responsable et plus impliqué dans l'initiation et
la mise en œuvre des différentes actions devant transformer progressivement ses conditions de vie
(Claude Ouattara).
Par ailleurs, la décentralisation permet une autonomie de gestion des affaires administratives au
niveau de la commune. Celle-ci dispose par exemple d'un service de l'état civil et d'une
comptabilité. (Pamphile S, 2000). Sur ce point, un consensus existe pour reconnaître la proximité
de l'administration comme un des avantages de la décentralisation. En effet, la création de la
commune selon Pamphile, facilite les démarches administratives (obtention de la carte d'identité,
acte de naissance, mariage civil...) pour ses habitants qui ne doivent plus se rendre à la préfecture.
Ceci est d'autant plus important que les gens savent que plus leur localité s'urbanise, plus il devient
nécessaire d'être en règle administrativement.
Toutefois, au-delà de ses nombreux enjeux socioculturels, la décentralisation induit des
changements importants mais paradoxaux dans ses façons de concevoir le développement : la
référence à la collectivité locale devient centrale, mais l'unanimité politique n'est plus une exigence,
elle devient même suspecte. L'apport principal de la décentralisation serait bien de ce point de vue
de prôner un pluralisme des opinions et des visions. La décentralisation force également le débat
sur la chose publique (en particulier le rapport public/privé), car elle permet une organisation au
niveau local de la division du travail entre représentants chargés des intérêts publics et représentés
censés assurer leurs objectifs de production et le paiement de l'impôt (Jacob.J-P, 1998).
Les enjeux du développement local
La littérature sur les enjeux du développement local n'est pas aussi fournie que celle de la
décentralisation ; néanmoins nous retenons quelques écrits d'auteurs. Le développement local est
avant tout un processus endogène s'inscrivant dans un territoire vécu, conduisant à un projet global
de société en articulation avec l'extérieur (Handicap international, 2007). Dans ce sens, Le
développement local doit également être pensé comme une « arène politique » dans le sens où
s'affrontent différents pouvoirs et groupes stratégiques pour l'accès aux ressources et au pouvoir de
contrôle sur la distribution de droits (Olivier de Sardan, 1995). Cela n'a rien d'une évidence tant la
tendance est forte de réduire le développement local à la simple (mais nécessaire) réalisation
massive d'infrastructures socioéconomiques de base (pistes, écoles, centres de santé, puits, forages,
etc.).
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Une autre caractéristique du développement local est que, lorsque la dimension institutionnelle est
présente, elle s'inscrit dans un esprit de pluralisme des formes d'institutions et des acteurs et prône
généralement l'unanimité politique, contrairement à la décentralisation (Marc Totte, 2003).
Par ailleurs, il crée une dynamique interne au sein des populations dans la prise en charge de leurs
propres affaires à travers la création d'une capacité de contrôle des ressources et réalisations locales
et de réaction face aux éléments extérieurs. (PAVD/Mali, 2004). Ce processus de mobilisation et
de changement s'organisent sur des aires géographiques de nature différentes. En outre, le
développement local n'est pas la défense d'un territoire contre les autres territoires ; mais une
démarche solidaire contre toute forme de localisme en mettant toutefois en exergue les avantages
comparatifs dans le but d'une harmonisation et d'une complémentarité entre les zones
géographiques d'un même Etat. Il crée des institutions spécifiques et pousse à la rétention locale
des richesses (idem).
Ainsi de tous ses enjeux, il ressort que le développement local renforce l'identité et la cohésion
socioculturelle, crée des espaces de coopération, de dialogue, de réflexion et de créativité, et
constitue également une alternative aux modèles classiques de développement.
Perceptions de la population des enjeux et des stratégies de la décentralisation et du
développement local Des textes actuellement en discussion dans plusieurs pays africains, les premières réalisations et
les réactions des paysans montrent cependant que les modalités pratiques prévues pour la
décentralisation risquent fort d'aller à l'encontre des objectifs prévus. Leurs inquiétudes portent sur
les points suivants :
La décentralisation est pour le moment décidée au sommet et imposée aux populations.
Définir une réforme du sommet quand on a comme objectif de «mobiliser les populations«, c'est se
moquer du monde ou avouer que la mobilisation ou la participation des populations n'est qu'un
élément décoratif du discours. Quand on connaît par ailleurs la méfiance des populations vis-à-vis
de ce qui vient de l'extérieur, et particulièrement de l'Etat, on ne peut que rester sceptique sur les
chances de réussite. Actuellement pour la majorité des paysans interrogés, la décentralisation va
être une magouille entre les partis, un moyen de prélever davantage d'argent sans qu'on voie les
réalisations. » (D. Gentil et B. Husson, 1996,p3).
En effet, s'il est encore fréquent de rencontrer généralement parmi les couches les plus défavorisées
de la population, des personnes qui n'ont jamais entendu parler de la décentralisation ou qui n'en
connaissent que le nom un nombre non négligeable de personnes au Benin qui sont à même de lui
donner un contenu en ont une compréhension erronée ou confuse (Christophe A, 2006). Le plus
souvent, elles assimilent à la décentralisation les autres aspects de la réforme territoriale et est ainsi
régulièrement confondue avec le découpage territorial (idem).
En outre, l'arrivée de l'Etat au niveau local est ressentie par les populations locales comme une
nouvelle source de contraintes et de dangers. Si aux yeux des populations, la décentralisation n'agit
pas positivement sur leur cadre de vie et de travail, sur leurs revenus, sur leur éducation, sur leur
santé, alors ils jugeront inutile la construction politique de la décentralisation (Sawadogo. R. A,
2003 cité par M. Totte et al, 2003, p96).
La décentralisation étant toujours un phénomène nouveau au Benin, de l'avis de Christophe André,
il est bien malaisé de savoir aujourd'hui ce qu'elle sera concrètement et quelles en seront les
conséquences pratiques pour les populations. Selon lui, si l'on ajoute à cela la mauvaise information
ou l'absence d'information qui règne à son propos au sein de la population, on comprend plus
aisément pourquoi l'attitude des uns et des autres vis-à-vis de la décentralisation, qu'elle soit
positive ou négative, reflète fondamentalement un positionnement par rapport à l'État. L'État reste
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le référent ultime, l'interlocuteur absolu de la population, comme l'illustrent bien ces propos d'une
jeune marchande appréhendée par ce dernier :
"Tout ce que l'État décide est bon. Est- ce que nous pouvons quelque chose contre notre sort ? Le
mieux pour nous maintenant est de regarder faire".
Aussi, pour une certaine catégorie de population, la décentralisation est perçue comme une réforme
de l'État parmi d'autres ; telles que la création des départements et des provinces (Pamphile. S,
2000). Pour la population, l'initiative vient de l'État et c'est lui qui la met en œuvre. Ainsi elle ne
conçoit pas la décentralisation comme un champ politique à investir (idem).
Il est cependant un aspect de la décentralisation qui inquiète fort une frange de la population au
Benin pour qui ce processus ne se résume pas à un mot ; c'est la question des moyens financiers
dont disposeront les communes décentralisées. En effet, bien ou mal comprise, la décentralisation
consiste néanmoins pour les populations locales en un retrait de l'État dont elles craignent qu'il se
transforme en un abandon. Selon ce point de vue, la décentralisation laisserait alors aux seules
nouvelles communes la responsabilité d'assurer le développement local. Or il s'agit là d'une tâche
qui nécessite des moyens financiers non négligeables et à laquelle les populations accordent la plus
grande importance ; leurs attentes dans ce domaine portant prioritairement sur un entretien de
qualité et le développement de l'infrastructure routière ainsi que l'adduction d'eau et l'électrification
(Christophe A, 2006). Dans leur esprit, le développement local constitue déjà à l'heure actuelle la
fonction principale de l'administration locale (après celle de délivrer des documents administratifs)
et ils estiment à ce propos qu'elle l'assume mal ou insuffisamment. Elles redoutent que la
décentralisation ait pour effet d'accentuer cette situation, l'État se désengageant davantage tout en
n'allouant pas plus de moyens financiers aux entités décentralisées (idem).
Aussi de l'avis toujours de Christophe André (2006), ne voyant pas de quelle façon les entités
décentralisées pourraient subvenir à leurs besoins accrus, la population locale redoutent souvent
d'être abandonnées par l'État dont ils attendent toujours l'intervention et craignent que la
décentralisation ne les livre par conséquent à eux-mêmes.
Toutefois, il existe une certaine tranche de la société civile qui reconnait les effets positifs de
l'avènement de l'érection des mairies. Selon Pamphile sebahara (2000), Pour cette dernière, il ya
une facilité des démarches administratives liée à la proximité de la commune et à la disponibilité
de ses agents ainsi que des réalisations du conseil municipal en matière de développement.
Les compétences et les responsabilités des acteurs et l'Etat et la participation de la population au
développement local. Ce dernier chapitre de notre étude se donne pour objectifs d'identifier et d'analyser d'une part les
compétences et les différentes responsabilités qu'occupent les acteurs locaux et l'Etat dans le
processus de décentralisation et d'autre part étudier la participation de la population locale aux
projets et programmes de développement.
Les compétences et les responsabilités des acteurs locaux et L'Etat Il est de plus en plus évident que le développement d'un pays n'est pas l'affaire d'une minorité de
personnes mais de tous les membres de la communauté sans exception. D'où la nécessité de définir
les rôles et les responsabilités de chaque tranche de la communauté pour un développement des
plus harmonieux.
Ainsi pour une meilleure compréhension de ces rôles et responsabilités que jouent ces acteurs
locaux et l'Etat, nécessité s'impose à nous de les définir d'abord sous un angle tel que proposé par
les textes avant de donner les différentes opinions des auteurs sur cette question.
les compétences et les responsabilités des acteurs locaux et L'Etat telles que généralement
définies
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Dans la plupart des pays qui ont adopté la réforme de décentralisation, il est définis des rôles et des
pouvoirs pour chacun des acteurs et ceux à travers des textes bien structurés.
Les compétences et les responsabilités de l'Etat
La fonction de l'Etat est et restera déterminante dans deux domaines essentiels : en matière de
relations extérieures (contrôles des importations, valeur de la monnaie, politique d'ouverture aux
investissements étrangers) comme espace de débat pour fixer les grandes orientations de la
politique économique interne (fiscalité, soutien aux circuits de commercialisation des produits
agricoles, aménagement d'infrastructures...) (D. Gentil et B. Husson, 1996, p5). Ainsi, Les services
déconcentrés de l'État concourent par leur appui à la réalisation des projets de développement
économique, social et culturel des collectivités locales. Les affaires financières sont gérées avec
l'assistance des services déconcentrés de l'État qui sont compétents en la matière : le service de la
perception qui s'occupe des taxes du secteur informel d'une part, et la division fiscale de la province
qui assure la gestion technique du projet de lotissement et la vente de timbres fiscaux d'autre part
(TOD, 2001). Cet exemple illustre le rôle central que jouent les services déconcentrés de l'État dans
l'appui aux nouvelles structures communales.
L'État, à travers le gouvernement et les différents départements ministériels, joue un rôle de premier
plan dans la conception, l'élaboration et la mise en œuvre de la décentralisation à l'échelle nationale.
Le rôle de l'État ne se limite pas à légiférer. Ainsi l'article 126 des TOD cité par Laurent P.J (1995),
stipule que « l'État entretient avec les collectivités locales, dans le domaine de leurs compétences,
des relations contractuelles, d'assistance et de contrôle ». Aussi, le devoir d'assistance de l'État
envers les collectivités locales s'exerce sous forme de subventions, de dotations spéciales, de mise
à la disposition de ressources humaines ou matérielles, d'appui technique et financier (idem).
Le préfet est l'autorité de tutelle la plus proche des communes. Son rôle consiste à déceler les erreurs
sur les budgets et comptes administratifs et ou les irrégularités par rapport aux textes réglementaires
et proposer des corrections au Maire (Fissou K, 2004).
En effet, plusieurs administrations exercent leur tutelle sur les communes. C'est à ce titre que de
nombreux actes de la commune, aussi bien les délibérations du conseil municipal que les arrêtés
des magistrats municipaux subissent un contrôle à priori ou à posteriori. Ainsi, Martin Finken
(1996) dans « Commune et gestion municipale au Cameroun », relève :
o les contrôles exercés par le Ministère chargé des Finances et du Budget sur les finances
communales ;
o les contrôles de l'Administration chargée des forêts sur les initiatives des municipalités
pour se doter d'un patrimoine forestier ;
o les interventions du Ministère chargé de l'Urbanisme et de l'Habitat en matière de
confection et d'application des plans d'urbanisme ;
o les autorisations préalables à obtenir de l'Administration chargée des domaines avant
toute aliénation du domaine privé national et des contrôles exercés par cette même
administration sur l'utilisation du domaine public communale ;
o l'intervention du Ministère chargé de la Justice au moment de la prestation de serment
par les maires et quand il s'agit de parapher et de coter les registres d'Etat civil ;
o la tutelle exercée par le Ministère de l'Administration Territoriale et de la
Décentralisation, forme la plus large et la plus connue.
La nouvelle répartition des responsabilités ne remet aucunement en cause la sécurité ni
l'existence d'un Etat souverain (mission de décentralisation et des réformes institutionnelles
du Mali, 1997). Toutes les compétences qui fondent l'existence de l'Etat sont exclues du
champ des transferts de compétences ; Ces compétences relèvent de la souveraineté de
l'Etat. Ce sont notamment :
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o la mission de défense nationale ;
o la distribution de la justice (législation, organisation des cours et tribunaux, l'unicité de
la jurisprudence) ;
o les relations internationales ;
o l'orientation du développement national (planification, coordination, etc.) (idem).
D'un côté, on demande à l'Etat de se désengager au profit des collectivités locales, et de
l'autre, on lui demande beaucoup d'investissements au profit de ces collectivités afin de leur
assurer une base de départ en termes d'infrastructures administratives et sociales et de
personnel.
Les compétences et les responsabilités du conseil régional
Le conseil régional est constitué de conseillers régionaux issus des conseils municipaux. Cette
assemblée se réunit pour examiner et adopter les activités de développement de la région (TOD,
2001). A ce titre, il doit :
o définir les orientations en matière de développement de la région conformément aux
grandes orientations nationales ;
o élaborer et adopter le plan régional de développement, contrôler son exécution et en
assurer l'évaluation périodique ;
o mobiliser les ressources financières internes et externes.
Les compétences et les responsabilités des conseils provinciaux
Selon les TOD (2001), les conseils provinciaux délibèrent sur toutes les questions intéressant la vie
des provinces.
Il s'agit comme on le voit d'une vaste compétence de principe.
Les affaires locales que les collectivités décentralisées doivent gérer ont un contenu indéterminé.
A côté de cette compétence de principe les conseils provinciaux délibèrent sur :
o les comptes administratifs et de gestion ;
o les taxes et redevances perçues directement au profit de la province;
o les acquisitions, les aliénations ou les échanges de biens mobiliers ou immobiliers
de la province;
o l'acceptation ou le refus de dons et legs d'organismes étrangers (Moussa Ka, 2009).
les compétences et les responsabilités des élus
Pour les partenaires de l'association monde rural (AMR), les rôles de l'élu sont entre autres un
décider, un mobiliser, un communiquer sur un pouvoir législatif et de contrôle (Sidwaya n°6648 du
09/04/2010).
En effet ; le maire est responsable sous le contrôle du conseil municipal, de l'exercice des
compétences attribuées à la commune. Il est ordonnateur du budget communal, officier d'état civil,
représentant de la commune dans les conseils, commissions et organismes dans lesquels cette
représentation est prévue par les lois et règlements (TOD, art. 118 à 127). Il est aussi le représentant
de l'État dans la commune (idem, art. 122). Autrement dit, il est le chef de l'administration
communale (idem, art. 143). En d'autres termes, le maire est l'organe exécutif de la commune et le
conseil municipal en est l'organe délibérant (TOD, art. 80).3 Toutefois, le conseil municipal est
composé de l'ensemble des conseillers. Il est présidé par le maire. Le bureau communal comprend
le maire, les deux adjoints au maire et les présidents des commissions permanentes. Ces
commissions sont dirigées par des présidents qui rendent compte au maire. Le maire et ses adjoints
ne peuvent pas présider par ses commissions.
Le conseil municipal a la responsabilité de :
o définir des grandes voies en matière de développement de la commune,
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o élaborer et adopter le plan communal de développement, contrôler son exécution et en
assurer l'évaluation périodique,
o mobiliser les ressources financières internes et externes,
o assurer l'exécution par priorité des activités de développement.
Pour assurer cette responsabilité au niveau village, le conseil municipal s'appuie sur les CVD qui
sont les structures chargées de l'animation du développement sous son contrôle.
Par ailleurs, il est consulté sur toutes les décisions à prendre par d'autres organes et autorités sur
des questions intéressant la commune ou engageant sa responsabilité. Il contrôle aussi l'action du
maire. Le conseil municipal se réunit en session ordinaire sur convocation du maire et ses séances
sont publiques. Il peut toutefois se réunir en session extraordinaire ou siéger à huis clos sur tout ou
une partie de son ordre du jour. De cette description du cadre juridique régissant les élus locaux,
apparaît leur double mission : celle de représenter la population qui les a élus et de gérer les affaires
communales d'une part, et celle de représenter l'État en tant que garant de l'intérêt général ou public
d'autre part. Ainsi jouissent-ils des compétences essentielles pour l'amélioration des conditions de
vie des habitants de leur commune (TOD, 2001).
Eu égard à ce qui précède, les élus communaux ont un double défi à relever. Ils doivent d'une part,
mettre en place des structures de base pour le fonctionnement de leur commune, et d'autre part faire
preuve d'efficacité afin de gagner non seulement l'adhésion de la population mais aussi la crédibilité
et les compétences nécessaires pour assumer leurs attributions. Les élus locaux, en particulier le
maire, doivent investir beaucoup de temps dans l'élaboration des projets de demande de
financement à soumettre aux agences d'aide ou à participer aux réunions avec celles qui ont des
projets sur le territoire de sa commune (Pamphile. S, 1995).
Toutefois, la décentralisation ne doit pas être une occasion de transfert de l'inefficacité du niveau
central au niveau local. Le rôle que peuvent efficacement jouer les municipalités en matière
économique est essentiellement d'ordre organisationnel ; afin de mettre à la disposition des
opérateurs locaux un environnement favorable à leurs activités, les municipalités ont pour charge :
o l'amélioration des infrastructures (voies de circulation) et des équipements de
soutien à la production (gares routières, abattoirs, entrepôts frigorifiques, halles et marché, zones
d'activités artisanales, etc.).
o la sécurisation de l'environnement général de la micro entreprise en matière de
règlementation des activités économiques, de fiscalités et surtout d'occupation de l'espace (sécurité
alimentaire). (PAVD/Mali, 2004).
Au-delà de ces types d'intervention génératrices de recettes pour les municipalités, celles-ci peuvent
jouer un rôle d'intermédiation et de structures d'appui capable d'accompagner et de soutenir les
initiatives locales de développement : aides à la création d'entreprises, formulation de projets, aide
dans la recherche de financement, fournir une formation et une éducation fonctionnelle centrée sur
la société et l'économie, ses rouages et son fonctionnement etc.
En outre, les municipalités sont par les commandes publiques qu'elles lancent, un agent de
développement non négligeable de l'économie locale. Elles peuvent également offrir un cadre de
négociation à tous les acteurs de la vie économique locale (entreprises modernes, chambre de
commerce et d'industrie, chambre des métiers, etc.). La commune doit produire des services publics
qui s'inscrivent dans ses champs de compétences. Elle peut le faire directement ou le confier à un
opérateur sous sa responsabilité (PAVD/Mali, 2004).
Les compétences et les responsabilités de la société civile
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La société civile est non seulement un lieu où s'expriment des solidarités multiples mais aussi un
espace où peuvent survenir la concurrence et les conflits entre les acteurs. Ainsi reconnaître et
entretenir les potentialités des organisations de la société civile tout en faisant preuve de sélectivité
parmi celles-ci, constitue un défi majeur auquel sont confrontées les agences de coopération qui
interviennent dans le développement local (Pamphile. S, 1995).
Le rôle de la société civile consistera toutefois, à contrôler l'action publique des élus, à exercer une
influence sur les actions des autorités locales, à améliorer l'offre des services aux citoyens etc. Par
ailleurs, les collectivités villageoises prennent de plus en plus conscience de la nécessité de
s'impliquer dans le développement du pays (Sansan Lucien Kambire, p14). Les nombreuses
associations pour la plupart «de développement« suscitent la participation populaire aux activités
de développement aux côtés des collectivités locales. Les autorités locales font de ces associations
de développement donc des partenaires privilégiés chaque fois qu'il s'agit de promouvoir les actions
de développement : créations d'écoles, de dispensaires, construction de puits, de retenues d'eau ...
(idem)
Toutefois, les organisations non gouvernementales eux aussi ne sont pas en reste. Elles apportent
une contribution appréciable au développement socio- économique des collectivités locales. Les
autorités locales comptent de plus en plus avec elles. Les ONG de leur côté acceptent de plus en
plus être membre des cadres de concertations, des partenaires de développement au niveau
provincial, départemental et villageois (Sansan Lucien Kambire, p14).
Les organisations traditionnelles sont des organisations de jeunes, de femmes ou d'anciens qui
fonctionnent sur la base du consensus. Ces organisations constituent ainsi un cadre de mobilisation
des communautés villageoises ; car, avec beaucoup de doigté, les autorités locales peuvent les
amener à jouer un rôle important dans la sensibilisation pour des actions de développement (idem).
Les attributs de la CVGT (Comités Villageois de Gestion des terroirs)
Les attributs de la CVGT avaient été à l'ordre du jour lors du séminaire de formation sur la démarche
et les méthodes du développement local, organisé par le PNGT II. En effet la CVGT est l'organe
qui fait le lien entre le village et tous les intervenants extérieurs en matière de gestion des terroirs
et aménagement du territoire. Elle participe à la définition du schéma directeur d'aménagement du
terroir villageois, contribue à la mise en œuvre du schéma d'aménagement (ou plan d'aménagement)
et exécute l'ensemble des contrats concourant à la matérialisation du plan, attribue et retire les terres
du village selon les principes d'utilisation rationnelle des terres, règle les litiges résultant de
l'exploitation des terres du village, veille au respect des principes directeurs de la gestion du terroir
et enfin rend compte régulièrement aux instances du village ou toute autre instance supérieure de
l'exécution des tâches confiées à la commission et tout problème dépassant ses compétences.
Les compétences et les responsabilités de la population
En effet, la démocratie étant « le pouvoir pour le peuple et par le peuple » rend obligatoire la
participation et le contrôle permanent des actes des décideurs par les citoyens. Il est important de
souligner que le législateur a mis en place des mécanismes de participation et d'information des
populations. Les textes prévoient effectivement, les possibilités de participation et d'information
des citoyens sur la conduite des affaires locales. Ils peuvent :
o faire au Président du conseil régional, au Maire ou au Président du conseil rural toutes
propositions relatives à l'impulsion du développement économique et social et à
l'amélioration du fonctionnement des institutions ;
o demander à ses frais, la communication des procès-verbaux du conseil régional, du
conseil municipal ou du conseil rural ;
o assister aux réunions des conseils : les séances sont en principe publiques ;
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o demander au gouverneur, préfet ou sous-préfet d'exercer son contrôle de légalité sur
les actes des autorités locales sans préjudice du recours direct dont ils disposent. (Moussa
K, 2009).
Si ces textes permettent la règlementation du processus de décentralisation, il va sans dire qu'ils
rencontrent des difficultés dans leur application.
Appréciations des compétences et responsabilités des acteurs locaux et de l'Etat En effet, l'État central réglemente l'action de ses services déconcentrés ; mais en ce qui concerne
les réalisations concrètes en matière d'appui à la décentralisation et au développement local, l'action
de l'État central apparaît limitée par deux principaux handicaps. Primo, le problème des ressources
humaines et financières ; secundo, l'État doit gérer des demandes qui semblent a priori
contradictoires (Laurent P.J, 1995).
Dans le processus de décentralisation en Guinée par exemple, le pouvoir central a attribué des
pouvoirs de délibération et d'exécution aux collectivités rurales décentralisées ; toutefois, la portée
et les principes de cette délégation de compétences restent définis et contrôlés par l'État central
(Christiane Loquai et al, document de réflexion ECPDM n°32).
En outre, au regard des textes règlementaires, il apparaît clairement que ces structures de
l'Administration Territoriale pèsent de tout leur poids dans le fonctionnement des communes parce
que bénéficiant d'un pouvoir de sanction et d'aliénation du domaine privé national et des contrôles
exercés par cette même administration sur l'utilisation du domaine public communale (Mengue
Nkili Pauline, 2004). Le processus de décentralisation ne doit donc pas être perçu comme un
engagement incontrôlé de l'Etat, mais bien d'une nouvelle répartition des pouvoirs liés à des
objectifs de démocratie et de développement (mission de décentralisation et des réformes
institutionnelles du Mali, 1997).
En ce qui concerne les élus communaux, ceux-ci rencontrent beaucoup de difficultés dans l'exercice
de leurs missions ; ce qui réduit leur champs de responsabilités (Pamphile. S, 2000). L'une des
obstacles est par exemple l'insuffisance voire l'absence de ressources financières et humaines (peu
de techniciens au service des élus, qualification très faible de certains membres du conseil
municipal etc.). Un autre handicap dans l'exercice de leurs missions est lié au statut de bénévolat
de leurs fonctions. En d'autres termes, les élus municipaux ne peuvent pas se consacrer à temps
plein à leurs mandats parce qu'ils poursuivent leurs activités professionnelles d'avant les élections.
Même si « les employeurs sont tenus au vu de la convocation régulière, de libérer leurs salariés
membres du conseil municipal, le temps nécessaire pour participer aux sessions du conseil ou aux
réunions des commissions, cela pose quelques difficultés ; car les communes ne disposent pas
encore du personnel qualifié » (idem). En principe, l'administration municipale devrait jouer un
rôle important pour aider le maire à préparer et à mettre en œuvre les décisions pertinentes et les
interventions concrètes du conseil. Toutefois, dans la pratique, peu nombreuses sont les
municipalités en Guinée qui disposent des ressources financières suffisantes ou des compétences
en termes de lobbying pour pourvoir aux postes correspondants des divisions techniques et
socioculturelles. Elles doivent faire face à une situation paradoxale. De nombreux postes techniques
sont vacants ou occupés par des personnes dépourvues des qualifications appropriées.
Simultanément, les municipalités doivent conserver un nombre disproportionné d'effectifs sous-
qualifiés provenant des anciens services des sous-préfectures urbaines qui viennent maintenant
gonfler les charges salariales des municipalités (Commission européenne, 1997, p. 15).
En effet, le terme de « société civile » est souvent utilisé de façon polysémique par les acteurs de
la coopération internationale. En effet, toutes les composantes de la société civile ne jouent pas un
rôle d'acteurs du développement (au sens moderne du terme), ni ne reflètent une vie associative
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véritable. Certaines d'entre elles manquent en effet d'objectifs clairs. Elles sont généralement peu
structurées et reposent souvent sur des individualités fortes (Pamphile. S, 2000).
La population locale a un pouvoir de contrôle sur les actions des autorités locales ; c'est ce qui
ressort des textes. Mais dans la pratique, Il apparaît sur la base d'entretiens menées, que l'inefficacité
des mécanismes de sanction et notamment de recours judiciaire constitue un facteur limitant
strictement le contrôle des populations locales et leur pouvoir de sanction à l'égard de leurs
représentants municipaux (Christiane Loquai et al, document de réflexion ECDPM n°32).
Même si les «acteurs décentralisés« peuvent être limités dans leurs capacités technique,
professionnelle et organisationnelle, ils peuvent aussi les développer et les renforcer par le biais
des actions qu'ils mettent en œuvre (FED, 1996). A ce titre, la responsabilité des acteurs locaux
aux diverses étapes du processus suppose qu'ils puissent y prendre part de manière active, maîtriser
la problématique de développement de leurs localités et prendre des décisions en connaissance de
cause. Il est aujourd'hui communément admis que la participation des acteurs à la base est une
condition essentielle pour le développement durable. Ces énergies et ces ressources humaines
existent et ne demandent qu'à participer au développement des communes (idem).
Tout laisse à penser donc que l'Etat continue d'exercer une large tutelle sur les communes ; ce qui
va à l'encontre des objectifs de la décentralisation qui se veut être un transfert d'une grande partie
de ses compétences aux collectivités territoriales. Cela ne serait-elle pas l'une des causes de la
problématique de la participation de la population locale aux travaux de construction de leur localité
?
La participation des populations aux projets et programmes de développement Meister (1971) cité par Moussa Ka(2009), définit la participation comme " une organisation
volontaire de deux ou plusieurs individus dans une activité commune dont ils n'entendent pas
uniquement tirer les bénéfices personnels et immédiats".
En effet, la mise en œuvre d'une politique de développement qui répond aux aspirations légitimes
et naturelles des millions d'hommes et de femmes en lutte perpétuelle pour leur survie ne peut se
faire que dans le contexte de décentralisation qui constitue l'option privilégiée pour la promotion
de développement local. La viabilité des communes étant une condition pour l'efficacité de cette
décentralisation, la participation de tous les acteurs devient donc une préoccupation majeure et
permanente pour les tenants de cette nouvelle approche de développement local.
Le caractère dynamique de la participation
La participation ne se construit pas à travers un état statique. Elle évolue en fonction de la
configuration du système d'acteurs en présence et aussi de la redistribution des responsabilités
assignées à chacun des acteurs présents ( Zongo B, 2005). Tout se passe donc en réalité comme s'il
existait une négociation permanente pour le partage des responsabilités entre les parties prenantes.
L'usage du concept de la participation a connu une réelle évolution depuis les années 1950.
Cependant, à travers la définition retenue, il apparaît que la participation revêt un caractère
dynamique dû au fait qu'elle s'installe dans une situation donnée dans laquelle il est possible
d'identifier les acteurs en présence et leurs caractéristiques intrinsèques.
Les modèles de participation
Pour analyser le caractère dynamique de la participation, nous nous interrogeons au préalable sur
les modèles de participation. A ce propos, Ramos et Roman (Ramos exaltacion et Ma AA, Roman,
pp 101-122), nous proposent un modèle constitué de trois étapes : Les intrants, la phase de
conversation, et les extrants. Les intrants représentent tous les éléments (ce sont les Connaissances
théoriques et pratiques, contribution physique et financière, main d'œuvre, etc.) qui sont apportés
par les autorités locales et la population locale en vue de la production d'un service. La phase de
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conversation représente l'apprentissage du travail d'équipe (échange des contributions respectives)
entre les autorités locales et la population locale. Les extrants concernent les résultats, le fruit de
l'association des éléments constituant les intrants.
Ainsi une collectivité locale est habituée à une forme de réception passive des services pour sa
population, l'adoption d'une démarche de participation exigera une période d'apprentissage,
d'assimilation et d'adaptation. Au cours de cette phase, la mise en place d'une structure de
coordination s'avère nécessaire pour la collecte des demandes populaires, l'analyse et le traitement
de l'information, et la combinaison des intrants pour solutionner les problèmes posés. Le
fonctionnement d'une telle instance devrait en principe être assuré à la fois par quelques
représentants du côté des autorités locales et ceux du côté de la population locales. Or, ce ne sont
en général que les représentants du côté des autorités locales qui s'en occupent (idem). Dans un tel
cas de figure, on pourrait se demander jusqu'à quel point la population locale est-elle disposée à
faire de l'autorité un partenaire ?
Comment cette population pourrait-elle acquérir une parcelle de pouvoir vis-à-vis de l'autorité
public ? Seules les revendications de la part des populations pourraient lui permettre d'être élevé
au rang de partenaire, donc d'acquérir un pouvoir de négociation et d'action par rapport à l'autorité
public (Hardoy jorge E et satterwaite David, 1993, pp 111-159).
Au final, on peut retenir que la phase de conversation constitue le point névralgique de l'interaction
entre l'autorité public et la communauté locale. Cette interaction se focalise souvent autour des
revendications et des pressions (les demandes) effectuées par la population qui en définitive, influe
sur l'attitude (l'offre) de l'autorité publique.
« L'offre » de participation de l'autorité locale
De la littérature, il ressort que trois éléments déterminants caractérisent l'offre de participation de
l'autorité locale. Ce sont :
- l'ouverture institutionnelle ;
- le désir de collaborer ;
- l'appui conseil à l'organisation des communautés.
L'ouverture institutionnelle
L'objectif majeur de cette ouverture est d'intégrer la population particulièrement les plus pauvres,
dans le processus de prise de décision. « A democratic process in which people, particularly the
weak and the poor, are not passive receivers of a development project at the end of a top-down
approach, but are requested to identify their livelihood with the help of the financial, technical, and
human resources offered by the development project, as well as their own» (Satterwaite. David,
2003, pp 15-45).
Cette ouverture caractérise alors des modifications ou des évolutions institutionnelles opérées par
l'autorité locale au fur et à mesure que se développe et se renforce le partenariat avec les différentes
communautés. Autrement dit, c'est aller à la recherche d'un consensus dans le partage du pouvoir
(de décision) car, plus ces deux groupes d'acteurs interagissent, plus le partage du pouvoir devient
un enjeu.
Le désir de collaborer
Les autorités publiques semblent avoir une vision critique des attitudes de la population locale et
aussi de leur cadre de vie. Ainsi, ces lieux sont perçus comme « des nids de marginaux incapables
et sans volonté de payer pour les services et qui sont à la fois victimes et responsables des piètres
conditions dans lesquelles ils vivent. » (Campbell T, 1987, 186-192).
Cette vision ironique de Campbell illustre bien la conception négative et réductrice de la population
locale parfois développée par les autorités publiques. Toutefois, il peut arriver que ces dernières
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écartent l'idée de toute collaboration car pensant être les mieux placés pour trouver des solutions
aux problèmes de cette population. Dans une telle situation, la participation est alors perçue comme
un facteur de ralentissement et d'alourdissement des mécanismes de prise de décision et de
l'efficacité des services publics.
Pourtant, le processus de la participation communautaire commande une autre approche de la
perception des problèmes du milieu communautaire par l'autorité publique. Jean Pierre Elong
Mbassi (2001), en appelle alors à une nouvelle vision car, « Les solutions les plus novatrices et les
plus efficaces émergent en partant de ce que veulent les gens eux-mêmes.»4 Effectivement,
contrairement aux idées reçues, la population locale dispose d'une très bonne connaissance
physique et sociale de son cadre de vie. Ce capital de savoir mieux exploité, peut être mis au service
des collectes de données, de la mobilisation des ressources locales, etc. De plus, il est aujourd'hui
admis que les populations locales ont le droit de se prononcer sur toutes les questions
d'aménagement qui modifient l'environnement de leur cadre de vie. En leur reconnaissant ce droit
et en impliquant les membres des communautés dans le processus de planification, l'autorité locale
pourrait ainsi poser les jalons d'une collaboration fructueuse pouvant conduire à de meilleurs
résultats dans le processus de la participation.
L'appui conseil à l'organisation des communautés
Il a été établi précédemment que pour rentrer dans une dynamique d'interaction avec l'autorité
publique, la population locale est mise en demeure de s'organiser. Or le manque de ressources, de
temps et surtout le manque de formation sont autant d'obstacles qui entravent la capacité
d'organisation de cette population. Par la suite, l'autorité publique se doit de lui apporter une
assistance particulière pour une meilleure interaction entre ces deux acteurs dans le processus de la
participation.
« La demande » de participation de la population locale
Pour caractériser la demande de participation de la population locale, Bernard zongo (2005) cite
les points suivants qui sont en général évoqués dans la littérature spécifique au concept de la
participation. Il s'agit :
- de la prise de conscience de la population ;
- du degré d'organisation de la population ;
- du leadership ;
- et enfin du désir de collaborer avec les autorités locales.
La prise de conscience Elle renvoie à la perception que la population pourrait avoir de son environnement. Ainsi, la
perception des problèmes par la population est fonction de son histoire, de ses conditions de vie
socio-économiques, etc. (Jean François Tremblay, 1994). Il devient alors difficile d'apprécier le
degré de prise de conscience d'une population puisque d'une communauté à une autre, la nature des
besoins change.
Une communauté donnée pourrait donc avoir sa propre logique de perception des problèmes
différente de celle de l'œil extérieur. Toutefois, en raison de l'existence de besoins universels au
sein de toute communauté (PNUD, 1994), il est fort possible d'aborder la prise de conscience au
sein de la population. Echanger avec les autorités locales nécessitera alors de la part de la population
une forte capacité de perception de sa propre réalité en vue de la transformer grâce au processus de
planification. Par la suite, elle peut être en mesure d'identifier ses besoins (problèmes), leurs causes
directes ou indirectes et les conséquences si toutefois ces besoins ne sont pas satisfaits ou résolus.
La population peut en outre faire appel à sa conscience pour apprécier et juger les solutions qui lui
sont proposées par les autorités publiques locales. Dès lors, la prise de conscience devient un
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vecteur de mobilisation utilisé par les membres d'une communauté pour prendre part au processus
de participation.
Le degré d'organisation
L'hétérogénéité de la population, la pauvreté, les subordinations politiques, les disparités de
revenus, etc. compliquent souvent l'émergence de la solidarité au sens large dans une communauté
(Nawani, 1984 cité par Moser, 1989). Pourtant, pour rentrer en interaction avec l'autorité publique,
la population doit faire montre d'une certaine forme de cohésion sociale. Par la suite, l'union et
l'organisation leur sont s'imposées comme une nécessité pour s'ériger en partenaires et faire valoir
leurs revendications au moment de l'action.
Le leadership communautaire
Dans toute communauté, il existe des leaders qui sont considérés comme des représentants de la
communauté par les acteurs extérieurs. Ces leaders peuvent émerger à plusieurs sources de
légitimité. En Afrique, « Aux cotés des leaders de l'Etat moderne, d'autres acteurs émanent d'autres
sources de légitimité, émergent et obtiennent une forte adhésion des populations locales. Il s'agit
des détenteurs de la légitimité coutumière (et religieuse) et ceux ayant la légitimité d'action (les
diverses organisations de la société civile : association, ONG, etc.). » (Jean pierre Elong Mbassi J
P cite par Nach Mback. C, 2003).
Par ailleurs, la coexistence de ces divers leaders pose la question de leur mode d'émergence. En
effet, le processus d'émergence des leaders n'est pas le même selon que l'on se positionne du côté
de l'autorité publique ou du côté de la population. Les critères d'émergence n'étant pas les mêmes.
Au demeurant, plus la communauté se reconnaîtra dans ses leaders, plus elle sera disposée à prendre
part à la mobilisation populaire. En d'autre terme, l'existence d'un leadership actif, dynamique et
surtout reconnu au sein de la communauté détermine l'engagement de cette dernière dans le
processus de participation. Et l'inverse aussi pourrait se justifier : la participation peut conduire à
l'émergence de nouveaux leaders plus représentatifs au sein de la communauté.
Le désir de collaborer avec les autorités locales
Pour la population, s'associer avec les autorités locales dans une démarche commune de production
n'est pas toujours une évidence (Zongo. B, 2005). Une certaine forme de réticence existe au sein de
la population. Le taux élevé d'illettrisme, l'expérience historique malheureuse avec les pouvoirs
publics et les normes socioculturelles en Guinée par exemple, constituent autant d'obstacles à la
participation populaire (Christiane Loquai et al, document de réflexion ECDPM n°32).
En général, les mauvaises expériences du passé sont toujours évoquées pour justifier le déni de
confiance à l'endroit des autorités locales. Aussi, l'insuffisance de communication entre ces
dernières et la population, la corruption et la pléiade de promesses électorales non tenues
contribuent à générer une méfiance croissante à l'égard des autorités publiques. Gagner le défi du
processus de participation, nécessite peut être donc l'établissement de nouveaux rapports de
confiance, de nouvelles règles de jeu faciles à comprendre et à respecter surtout par la population.
Au final, grâce aux revues savantes consultées, nous avons pu retenir les éléments d'analyse qui
permettent de mieux cerner les logiques propres à chaque acteur qui cherche à avoir le contrôle sur
les ressources et les institutions de contrôle du processus de participation. Ainsi, pour l'autorité
publique, ces éléments d'analyse sont : l'ouverture institutionnelle, le désir de collaborer, et l'appui
conseil à l'organisation. Du côté de la population locale, il s'agit de la prise de conscience, du désir
de collaborer, de la capacité d'organisation, et enfin le leadership.
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La décentralisation au Cameroun
L’histoire de la décentralisation au Cameroun est antérieure à l’indépendance du pays. On peut
rappeler à cet effet que c’est en 1941 que furent créées les Communes de Yaoundé et de Douala.
Depuis ces années, la pratique de la décentralisation n’a cessé d’évoluer au Cameroun à travers
l’avènement de la mise en place d’autres communes. Toutefois, c’est surtout la loi N°96/06 du 18
janvier 1996 portant révision de la constitution du 02 Juin 1972 qui a donné une impulsion nouvelle
et un rôle accru et déterminant à la décentralisation pour améliorer et dynamiser le développement
politique, social et économique du Cameroun.
Indicateur du niveau d’enracinement de la culture démocratique du pays, la décentralisation rend
effective la participation des citoyens à la gestion des affaires locales. Elle est porteuse de
réels espoirs d’un développement durable. Au Cameroun, le processus de décentralisation est en
cours et avance sereinement.
L’histoire de la décentralisation au Cameroun est antérieure à l’indépendance du pays. On peut
rappeler à cet effet que c’est en 1941 que furent créées les Communes de Yaoundé et de Douala.
Depuis ces années, la pratique de la décentralisation n’a cessé d’évoluer au Cameroun à travers
l’avènement de la mise en place d’autres communes. Toutefois, c’est surtout la loi N°96/06 du 18
janvier 1996 portant révision de la constitution du 02 Juin 1972 qui a donné une impulsion nouvelle
et un rôle accru et déterminant à la décentralisation pour améliorer et dynamiser le développement
politique, social et économique du Cameroun.
En effet, le titre 10 de cette loi traite des collectivités territoriales décentralisées de la République,
il s’agit des régions et des communes. Si en 1996, l’institution communale était en soi une réalité
bien connue autant par les aînés que par la jeune génération, Il n’en était pas de même pour les
régions qui renvoyaient certes à une réalité administrative tout aussi connue à savoir la Province,
mais déjà, le terme région que l’on découvrait à cette occasion apportait des éléments novateurs
que la loi elle-même allait se charger de décliner pour une meilleure compréhension des enjeux de
la décentralisation.
En effet, l’enjeu majeur de la décentralisation est de promouvoir le développement durable en
impliquant les populations de la base à la gestion de leurs affaires. Il s’agit d’aller bien au-delà de
ce que l’institution communale permettait de faire jusque-là. Et oser franchir le pas décisif d’une
grande responsabilisation des populations. Une incitation à prendre des initiatives au plan local et
de s’investir dans la recherche des solutions idoines aux problèmes locaux.
Donner un contenu concret à la gestion de proximité et une réelle autonomie à ces entités, en
reconnaissant à la base le pouvoir de partager l’initiative des projets et des décisions engeant la
vie de la localité et cette de la nation, au final.
La loi définit et codifie le cadre d’existence et de fonctionnement optimal de cette autonomie. Ainsi,
en tant que personnes morales de droit public, les collectivités locales décentralisées jouissent de
l’autonomie administrative et financière pour la gestion des intérêts régionaux et locaux. La loi
affirme que les collectivités territoriales décentralisées sont librement administrées par les conseils
élus qui ont pour mission de promouvoir le développement économique, social, sanitaire, éducatif,
culturel et sportif de ces collectivités. Par de la cette autonomie reconnue, le Cameroun demeure
un état unitaire décentralisé. La constitution précise que l’Etat assure la tutelle sur les collectivités
territoriales décentralisées et veille à leur développement harmonieux sur la base de la solidarité
nationale, des potentialités régionales et de l’équilibre inter-régional.
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Proclamée par la loi constitutionnelle du 18 Juin 1996, la décentralisation annoncée restait à rendre
opérationnelle en l’inscrivant dans un processus de mise en œuvre bien maîtrisé et judicieusement
encadré par la loi et les textes réglementaires subséquents et veiller parallèlement au renforcement
des capacités des acteurs impliqués à l’application concret de cette décentralisation.
Le cadre juridique évoqué ci-dessus appelait de toute évidence la mise en cohérence de toute la
législation existante en matière d’organisation et de fonctionnement de l’institution communale et
les régions pour les adapter au contexte nouveau créé par l’avènement de la décentralisation. Sur
le sujet tout un arsenal législatif et réglementaire était en vigueur, notamment :
La constitution du 02 Juin 1972.
La loi N°74/23 du 058 Décembre 1974 portant sur l'organisation communale et ses divers
modificatifs subséquents.
La loi ou 87/015 du 15 Juillet 1987 portant sur la création des Communautés Urbaines.
La loi N°92/002 du 14 Août 1992 fixant les conditions d’élection des conseillers
municipaux.
Le Décret N°77/91 du 25 Mars 1977 déterminant les pouvoirs de tutelle sur les communes,
les syndicats de communes et établissements communaux, plus l’ensemble de ses
modificatifs subséquents.
Le Décret N°77/85 du 07 Mai 1996 modifiant certaines dispositions du décret N°77/85 du
22 Mars 1977 fixant les modalités de fonctionnement et de gestion du FEICOM plus
l’ensemble de ses modificatifs.
Le mouvement associatif communal est animé par deux organisations :
L’Association des Communes et Villes du Cameroun (ACVC)
L’union des Communes et Villes du Cameroun (UCVC)
De même, le Fond d’Equipement et d’Intervention Inter – Communal (FEICOM) restructuré en
2006 et le Centre de Formation pour l’Administration Municipale (CFAM) sont les deux
principales structures d’encadrement des communes.
Les lois de Décentralisation
A la suite de la loi N°96/06 du 18 Janvier 1996 portant révision de la Constitution du 02 Juin 1972
en son titre 10 traitant des collectivités locales décentralisées, un nouveau dispositif législatif est
entré en vigueur.
Il abroge certaines dispositions de loi N°74/23 du 05 Décembre 1974 portant sur
l'organisation communale et celle du 15 Juillet 1987 portant sur la création des Communautés
Urbaines. Un ensemble de trois textes législatifs constitue l’essentiel du nouveau dispositif, à
savoir une loi dite d’orientation de la décentralisation (Loi N°2004/017 du 22 Juillet 2004) fixant
les règles générales applicables en matière de décentralisation territoriale.
Cette loi définit la décentralisation comme un transfert par l’Etat aux collectivités territoriales
décentralisées de compétences particulières et de moyens appropriés. Pour le Législateur
Camerounais, la décentralisation constitue l’axe fondamental de promotion du développement, de
la démocratie et de la bonne gouvernance au niveau local. Très important à relever, les collectivités
territoriales décentralisées exercent leurs activités dans le respect de l’Unité Nationale, de
l’intégrité du territoire et de la primauté de l’Etat. Ces précisions du législateur sont des données
fondamentales dans le contexte de notre pays, ou la tentation scissionniste s’est parfois manifestée
d’une manière plus au moins sérieuse.
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Votés en 2004, ces textes très attendus sont venus combler la soif de précision, de lisibilité et de
visibilité qui voilait jusque-là les contours encore imprécis du processus de décentralisation
annoncé avec force par le texte constitutionnel du 18 Janvier 1996.
Ce cadrage législatif rendu disponible permet désormais de lire l’ensemble du processus de
décentralisation dans ses détails et donne la possibilité de procéder de manière rigoureuse et
méthodique à la mise en place des diverses structures et de pouvoir en temps opportun l’ensemble
des maillions des éléments indispensables à un fonctionnement optimal de cette délicate machine.
Il va sans dire que pareille manœuvre exige pas mal d’habilité. Une réelle dextérité. Une véritable
vision politique pour prévenir les erreurs d’appréciation souvent porteuses de lourdes conséquences
au plan des intérêts immédiats des citoyens et la stabilité de l’Etat.
Il faut donc préparer mûrement les citoyens à assumer efficacement les responsabilités nouvelles
et accrues que leur impose le transfert des compétences, inscrit en lettres capitales dans le
processus de décentralisation.
Partage du pouvoir au cœur de l'état unitaire décentralisé
Le nouveau contexte met en scène des acteurs nouveaux, mais appelés à prendre des initiatives
cruciales dans la gestion des affaires locales. Et ce dans les divers domaines où des compétences
leur sont dévolues précisément, au plan économique, social, sanitaire, éducatif, culturel et sportif.
D’où les efforts de vulgarisation des textes fondateurs de la décentralisation, pour promouvoir leur
appropriation optimale par les différents acteurs sociaux à travers de nombreux séminaires
et ateliers de renforcement des capacités pour permettre aux élus locaux de maîtriser leur rôle afin
de faire des municipalités des centres d’application de la bonne gouvernance, et des conseils
municipaux, d’authentiques écoles de démocratie. Le législateur affirme à ce propos que la
Commune est la collectivité territoriale décentralisée de base. Notons a cet effet que la robustesse
de tout édifice dépend de la solidité de ses fondations qui constituent sa base. C’est à dire
l’importance des municipalités dans la réussite du processus de décentralisation au Cameroun. La
bonne santé des régions sera à coup sûr tributaire des belles performances des municipalités qui en
constituent le socle. De la santé physique et mentale des élus locaux dépendra aussi certainement
la qualité des conseillers régionaux dont ils constituent le collège électoral.
L’un des atouts essentiels du processus en cours est de répondre à un besoin essentiel sans cesse
exprimé par la population de la base de participer à la prise de décision et à la gestion des affaires
qui les concernent. Ceci explique toute l’attention portée au suivi des activités des élus locaux dans
l’exercice de leurs fonctions où le moindre écart ne leur est point pardonné.
Bien au contraire, on a pu le vérifier au cours des derniers mois. En effet, de nombreux élus locaux
convaincus de malversations financières, d’abus de biens sociaux, d’atteinte à la fortune publique
et de délits similaires ont dû prendre la fuite ( c'est le cas du Maire de la Commune Urbaine
d’arrondissement de Yaoundé VI ) et dans tous les cas ils subissent le déshonneur de leur
déchéance prononcée par la plus haute autorité du pays nonobstant les poursuites judiciaires
encourues (c'est le cas du Maire de la Commune d’Eyumojock et celui de son collègue de la
Commune de Ndom). Est- il meilleure illustration du souci permanent de s’assurer que les
Communes, ces laboratoires de la décentralisation, demeurent le reflet des espoirs que la société
fonde pour impulser le développement local.
Si l ‘échéancier politique national ne subit pas de modification, l’année 2007 devrait être une année
électorale. Le mandat des députés à l’assemblée Nationale élus en Juin 2002 arrive à son terme
en Juin 2007, celui des conseillers municipaux élus à la même date arrive également à terme.
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Si le processus de décentralisation venait à s’accélérer après le renouvellement des conseils
municipaux, la mise en place des régions pourrait voir le jour dans des délais relativement courts.
C’est évidemment un processus délicat et coûteux pour lequel il vaut sans doute mieux s’avancer
à pas mesurés, question de s’assurer que l’on garde la bonne cadence et donc renvoyer l’éventualité
d’un faux pas au nombre des hypothèses les moins plausibles. Tant il est vrai qu’on ne joue pas au
hasard avec le destin des individus. La gestion des affaires publiques fût-elle au niveau local est
tout un art qui s’apprend à bonne école. Un fiasco au plan local peut avoir de graves répercussions
au niveau central et national et peut affecter l’ensemble du système. Courir à la décentralisation
peut être un choix contestable. Il est certainement avisé de si engager par étapes successives.
Sagement. En toute prudence !
Deuxième partie ! Cadre opératoire de la MARP
Une des techniques que les Programmes locaux de développement adoptent pour atteindre leurs
objectifs est la MARP (Méthode Accélérée de Recherche Participative ou Méthode Active de
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Recherche et de Planification Participatives) qui prend en compte les points de vue et les pratiques
des membres de la communauté.
Pourquoi la MARP?
Le développement de la MARP remonte à la fin des années 70 où plusieurs spécialistes de
la recherche en sont arrivés à la conclusion que les méthodes habituelles de recherche ne reflétaient
pas toujours les réalités rurales et qu'elles étaient très lourdes, trop longues et trop formelles. Par
surcroit, elles coutaient très cher et la collecte ainsi que le traitement des données prenaient
beaucoup de temps. Il a donc fallu se baser sur les nombreuses expériences de terrain pour élaborer
une méthode qui permette de produire des informations plus fidèles et dont la nature participative
donne, à terme, un pouvoir a la population locale.
La MARP est décrite comme étant une méthodologie de collecte rapide d'informations riches et
fiables sur le terrain par la combinaison de différents outils et techniques qui suscitent et
maintiennent la participation des communautés tout le long du processus. En tant qu'approche basée
essentiellement sur la participation, elle favorise la mise en œuvre des actions pour jeter les bases
d'une meilleure organisation et de responsabilisation des communautés. L’intérêt de l’utilisation de
la M.ARP réside particulièrement dans son aptitude à répondre aux impératifs de promotion d'une
approche favorisant l'information et la sensibilisation des différents acteurs, ainsi que l'instauration
d'un dialogue continu entre les communautés et les intervenants dans la connaissance du milieu, le
suivi des activités et l'évaluation des résultats.
En tant qu'instrument de collecte et d’analyse des informations de base, la MARP est bien indiquée
pour susciter une dynamique participative de la communauté, favoriser une meilleure connaissance
du milieu à partir de la production de données fiables et adéquates. Au total, on peut dire que la
MARP permet une meilleure compréhension des réalités des communautés, connaissance dont la
maitrise conditionne la pleine participation des communautés au processus de prise de décisions
pour aboutir à la planification du développement local.
Section 1
BREF APERÇU SUR LES NOTIONS FONDAMENTALES DE LA MARP
1.1 La MARP : qu'est-ce que c'est?
La MARP (Méthode Accélérée de Recherche Participative ou Méthode Active de Recherche et de
Planification Participatives) ou PRA (Participatory Rapid Appraisal) est une méthodologie
d'investigation rapide en milieu rural. Elle trouve sa source dans le RRA (Rapid Rural Appraisal)
mis en pratique et enseigné à l'instigation des chercheurs anglo-saxons aussi renommés que R.
CHAMBERS ou à l'initiative de certaines ONG.
La MARP est une approche de collecte rapide sur le terrain d'informations riches et fiables par une
équipe multidisciplinaire et par le biais de différentes interactions Par cette méthodologie, il s'agit
essentiellement de susciter une prise de conscience de la population locale de ses problèmes et des
causes de ceux-ci, et de créer les conditions d'une recherche et d'une formulation des solutions à
ces problèmes. En raison de sa flexibilité, cette méthodologie peut être utilisée pour plusieurs
applications du développement.
La MARP se définit comme étant "un processus intensif, itératif et rapide d'apprentissage orienté
vers la connaissance des situations’’.
La MARP est un processus:
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Intensif, itératif, parce qu'elle n'est pas linéaire et qu'elle instaure un dialogue pour un
échange permanent d'informations entre les personnes-ressources venues de l'extérieur
d'une part et les membres de la communauté d'autre part ;
Rapide dans la génération des résultats en procédant a l'analyse des données tout au long de
l'étude. Pour cela, l'analyse, la revue, l'évaluation, la discussion et la critique des données
sont effectuées itérativement d'un bout à l'autre des différentes phases de étude ;
qui permet d'obtenir des informations et de les analyser dans des limites de temps assez
courtes ;
pour un apprentissage orienté vers la connaissance des situations locales. En effet, la MARP
met l'accent sur la valorisation des connaissances et savoirs des populations locales.
La MARP est une approche rapide, éclectique, globale et orientée vers les interactions
communautaires en matière de recherche pour ce qui est de la collecte et de l'évaluation des
informations sur le terrain. Elle est rapide parce que les intervenants peuvent être rapidement
informés des résultats; elle est éclectique parce qu'elle utilise une variété de techniques d'interview
et d'enquête permettant d'obtenir les informations spécifiques à collecter; elle est globale en ce sens
qu'elle saisit une marge multidisciplinaire de la situation locale; enfin, elle est interactive parce
qu'elle crée le dialogue entre les techniciens et les communautés.
La MARP encourage le recours à des supports visuels élaborés par les villageois aides des agents
de développement, et ce, au fur et à mesure que le processus de discussion et d'auto-analyse évolue.
Son instrumentation est surtout sous-tendue par un ensemble d'attitudes, d'aptitudes et de
comportements sans lesquels le processus ne peut fournir de bons résultats. La MARP conduit
inéluctablement á débattre du changement, d'un changement qualitatif qui doit amener les
communautés locales d'une situation donnée à une situation jugée meilleure, A. un mieux-être.
Beaucoup de techniques liées à la MARP ont été utilisées pour obtenir des résultats fiables à
moindre cout aussi bien en termes de temps que d'argent. Mais la MARP est essentiellement un
processus accéléré d'apprentissage par le biais de différentes interactions qui permettent de réunir
une information "riche et fiable".
Il existe aussi des méthodes intuitives et hasardeuses à côté de celles qui sont très structurées et
quantitatives. La méthodologie MARP est la résultante des deux parce qu'elle permet de produire
des informations plus fidèles; la nature participative du processus donne, à terme, un pouvoir à la
population locale.
La MARP s'appuie essentiellement sur de petites équipes pluridisciplinaires qui utilisent une
variété de méthodes, outils et techniques spécialement choisis pour permettre une meilleure
connaissance des situations locales.
1.2 A quoi sert la MARP?
A cause de la flexibilité de la méthodologie, la MARP peut être utilisée pour plusieurs applications
adaptées à des situations spécifiques par différentes personnes. Par exemple, pour aider les
techniciens à comprendre les systèmes agricoles et halieutiques dans une zone donnée, aider les
planificateurs de projet à identifier les problèmes et à trouver des solutions possibles dans la zone
couverte par le projet, motiver et apporter un appui à la communauté pour identifier, analyser ses
propres problèmes, exiger et décider les solutions appropriées.
La MARP peut aider à approfondir la connaissance de problèmes particuliers ou de sujets
rencontrés au cours d'un travail de développement et à évaluer l'impact ou le progrès d'un travail
de développement dans une zone donnée avec la communauté cible.
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La MARP peut se substituer à l'enquête de type formel dans une situation donnée et être utilisée
comme méthode complémentaire dans d'autres situations.
1.3 Les éléments-clés de la MARP
La MARP est une approche qui se veut documentée au départ, c'est-à-dire qu'elle est basée sur une
étude préalable des données secondaires (documentation) disponibles sur la zone de l'étude; elle
est par essence exploratoire, qualitative, ciblée, participative, interactive et itérative sur le terrain.
La MARP préconise et exige une finalisation immédiate et efficace des résultats de l'étude et une
orientation pour des actions participatives
De même, la rapidité dans la génération des résultats que préconise la MARP implique que l'analyse
des données soit un processus continu tout au long de l'étude. Ainsi par exemple, l'analyse, la revue,
l'évaluation, la discussion et la critique des données sont-elles effectuées itérativement d'un bout à
l'autre des différentes phases de l'étude.
La restitution ou 'feed-back" à la communauté sur les lieux mêmes de l'étude des données recueillies
pendant l'étude constitue une particularité de cette méthode qui se veut innovante pour la collecte
de l'information, participative et performante en termes de développement
Ce "feed-back" des résultats de l'étude MARP à la communauté s'effectue nécessairement avant
que les personnes-ressources venues de l'extérieur quittent la zone d'étude, c'est-à- dire tout juste
après la rédaction du brouillon du rapport, de façon à pouvoir faire compléter certaines
informations, faire préciser certaines omissions par la communauté ou à retrancher certaines
informations jugées non adaptées.
Section 2
LES DIFFERENTS TYPES DE MARP
SeIon les pionniers et les utilisateurs courants de la MARP, on peut distinguer quatre types de
MARP, à savoir:
la MARP exploratoire,
la MARP thématique,
la MARP de planification participative et
la MARP de suivi et évaluation
2.1 La MARP exploratoire
La MARP exploratoire est utilisée pour la collecte d'informations sur un problème général, collecte
au cours de laquelle l'accent est surtout mis sur les problèmes prioritaires pour aboutir à la
formulation d'hypothèses préliminaires pouvant guider des recherches ultérieures. Elle ouvre
généralement la voie à d'autres recherches approfondies qui peuvent avoir des impacts sur la vie
des communautés.
Une MARP exploratoire doit faire une recherche générale sur la zone où elle doit chercher à
explorer un aspect particulier de la vie de la zone, comme le traitement du poisson, le rôle des
femmes et leur statut, la santé ou l'approvisionnement en eau par exemple.
2.2 La MARP thématique
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La MARP thématique est utilisée pour approfondir la connaissance sur un thème spécifique
identifié, généralement, à partir d'une MARP exploratoire et pour aboutir à la formulation
d'hypothèses spécifiques, avec peut-être des recommandations pour une action à mettre en œuvre.
Si, par exemple, une agence de développement pense qu'il y aura un effet positif à introduire un
nouveau type d'engin qui, d'après elle, doit aider la communauté, elle peut recourir à une MARP
thématique pour voir si la technologie répond A. un besoin réel des communautés de pêche,
déterminer quel impact cette technologie peut avoir, quels problèmes elle peut créer à d'autres
communautés de pêche avoisinantes, quel impact elle peut avoir sur les mareyeuses et qui doit être
intéressé ou capable de participer A un éventuel essai ou démonstration de la technologie
2.3 La MARP de planification participative
Elle peut être utilisée pour impliquer les populations dans la planification ou le réajustement des
actions qui les concernent, on obtient ainsi un programme ou plan identifié et mis en place par les
populations elles-mêmes.
Une des caractéristiques essentielles de la MARP est qu'elle doit permettre aux populations locales
d'exprimer leurs idées et d'enseigner aux personnes extérieures leur mode de vie, leurs problèmes
et leurs connaissances Dans ce sens, on peut dire que toutes les MARP sont "participatives". Les
MARP peuvent, toutefois, être utilisées non seulement pour apprendre de la population, mais aussi
pour s'assurer qu'elles sont impliquées dans l'identification, la planification et l’exécution de projet
de développement naissant. Les MARP de ce type peuvent être appelées "participatives".
2.4 La MARP de suivi et évaluation
Elle est souvent employée pour évaluer les résultats d'un programme ou d'une action en vue de la
révision des hypothèses de base et, éventuellement, en vue du réajustement du programme.
Résumé
la MARP exploratoire qui est souvent utilisée pour la collecte d'informations sur un problème
général, au cours d'une MARP exploratoire, l'accent est surtout mis sur les problèmes prioritaires
pour aboutir à la formulation d'hypothèses préliminaires pouvant guider des recherches ultérieures.
Vous pouvez, par exemple, utiliser la MARP exploratoire pour effectuer une étude de milieu ou
une étude de base dans un village de pêcheurs ou sur un débarcadère.
la MARP thématique qui est utilisée pour approfondir la connaissance sur un thème spécifique
identifié, généralement a. partir d'une MARP exploratoire, et pour aboutir à la formulation
d'hypothèses spécifiques et des recommandations pour une action à mettre en œuvre. Une MARP
thématique peut être utilisée pour étudier, par exemple, un aspect particulier de la
commercialisation des produits de la pêche dans une localité, l'introduction d'un nouvel engin de
pêche, les coûts et revenus des femmes de pécheurs, pour réaliser une enquête-cadre ou pour
démarrer tout simplement un programme d'alphabétisation fonctionnelle identifié lors de la
conduite d'une MARP exploratoire.
la MARP de planification participative souvent utilisée pour impliquer les populations dans la
planification ou le réajustement des actions qui les concernent, on obtient ainsi un programme ou
plan identifié et mis en place par les populations elles-mêmes la MARP de suivi et évaluation
utilisée pour évaluer les résultats d'un programme ou d'une action.
Section 3
LES CONCEPTS-CLES DE LA MARP
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3.1 La participation
Par la MARP, vous devez créer les conditions nécessaires à la participation permanente de la
communauté a. la démarche d'analyse des contraintes et des potentialités locales, de réflexion et de
recherche de solutions aux problèmes qui seront identifiés. L'important pour la MARP est de
pouvoir susciter et entretenir la participation de la communauté pour s'assurer qu'elle est partenaire
dans le processus de la recherche et pourra, par la suite, s'approprier les actions qui suivront l'étude
et assurer ainsi leur durabilité.
Conduire une étude de terrain par la MARP, c'est faire la recherche "avec" les populations et non
"sur" les populations.
3.2 Un processus d'apprentissage
La MARP préconise notamment de procéder à l'analyse et à évaluation permanentes des activités
pour ainsi amorcer un processus d'apprentissage à travers ces activités, à travers les diverses
personnes à rencontrer et à travers la synthèse et la restitution à la population des données
recueillies.
Cet apprentissage n'a pas besoin d'être formel ou structuré. En effet, quelques indications chiffrées,
quelques schémas de cartes ou de transects, suffisent pour confirmer ou illustrer l'analyse.
L'essentiel est que des réponses pertinentes soient apportées aux questions-problèmes. La
compétence des chercheurs doit se baser sur la curiosité et l'intuition pour aboutir, par
l’intermédiaire de l'observation participative et objective, à des suggestions et à des propositions
nouvelles.
Cet apprentissage doit être aussi systémique, c'est-à-dire cumulatif, pour tous les participants
incluant des professionnels en formation et la population locale.
3.3 Connaissances et savoirs populaires
Le savoir traditionnel, donc populaire, peut être défini comme étant l'ensemble des expériences et
connaissances utilisées par un groupe déterminé dans le processus de prise de décisions concernant
les problèmes et défis qui l'interpellent. Ainsi dans les localités, il existe un "savoir populaire"
important. Ce savoir comprend à la fois des fragments de connaissances scientifiques, des données
objectives, une conscience partielle des causes d'un problème, des connaissances empiriques utiles.
L'idée est de tenir compte du savoir traditionnel des membres de la communauté, de découvrir et
d'utiliser leurs aptitudes à trouver des solutions à des situations auxquelles ils sont confrontés et de
prêter une grande attention aux connaissances qu'ils peuvent avoir à communiquer sur des
interventions ou projets à programmer. Vous ne devez pas vous fier exclusivement à votre
interprétation personnelle des phénomènes à étudier, vous devez constamment tenir compte du
savoir accumulé au fil du temps par la communauté avec laquelle vous réalisez étude.
En définitive, ne pas tenir compte du savoir traditionnel procède d'une attitude d'arrogance et de
gaspillage qui rend le travail de recherche fondamentalement improductif.
3.4 Un processus itératif
La MARP n'est pas linéaire, encore que par sa flexibilité, elle encourage les différents intervenants
ou partenaires à revoir constamment leur approche, leurs hypothèses, l'utilisation des outils au fur
et a. mesure que l'étude évolue par l'instauration d'un système d'échanges permanents des
informations entre eux et la communauté.
3.5 La flexibilité
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Un autre principe non moins important en MARP est celui de la flexibilité dans la mise en pratique
du plan de l'étude. Ce plan est supposé être assez flexible pour vous permettre de mieux exploiter
les nouvelles connaissances qui peuvent apparaitre pendant l'étude.
Cette flexibilité requiert de pouvoir changer le plan durant le travail de terrain en posant par
exemple des questions pour approfondir un nouveau sujet auquel vous n'avez pas pensé lors de
l'élaboration de vos hypothèses.
3.6 L'innovation
Les outils déjà disponibles peuvent suffire pour obtenir l'information recherchée. Mais vous devez
toujours garder à l'esprit que, si la situation l'exige, vous devez envisager la possibilité de
développer et de tester de nouveaux outils plus adaptés. Les techniques et outils utilisés dans la
MARP évoluent.
3.7 L'interaction
Elle s'entend pour l'interaction entre les personnes-ressources d'une part et entre celles-ci et la
population d'autre part en vue d'un échange dynamique d'expériences et de points de vue.
3.8 La multidisciplinarité au sein de l'équipe de recherche MARP
La MARP privilégie la multidisciplinarité des personnes ressources ayant différentes formations et
expériences pour mener une étude de terrain. Entre autres, elle exige une interaction
pluridisciplinaire avec les acteurs paysans qui, en dernier ressort, valident les résultats de l’étude.
La MARP prescrit que l’équipe soit composée de spécialistes de sciences sociales, de spécialistes
dans le domaine spécifique de l’étude et dont un ou deux membres au moins ont eu des expériences
avec la MARP, qu'elle comprenne des hommes et des femmes pour éviter le biais sexuel, qu'elle
soit formée de personnes du milieu et des personnes extérieures au milieu, qu' elle ait en son sein
des personnes aptes à communiquer et analyser des situations données et comprenne des personnes
de tous âges pour éviter les influences.
II est bien indiqué de ne pas trop insister sur l’importance d'avoir un équilibre entre hommes et
femmes dans l'équipe. Probablement le biais le plus commun dans une collecte d'informations est
de considérer que les personnes-ressources de sexe masculin ne savent rien sur les femmes dans la
communauté, parce que selon les croyances locales: "c'est difficile de parler aux femmes si vous
êtes homme" ou "les femmes ne jouent pas un grand rôle dans l’économie du village".
3.9 La rapidité dans la génération des résultats
La rapidité dans la génération des résultats que préconise la MARP implique que l'analyse des
données soit un processus continu tout au long de l'étude. Ainsi par exemple, l'analyse, la revue,
l’évaluation, la discussion et la critique des données sont-elles effectuées itérativement d'un bout
a. l'autre des différentes phases de l’étude. La MARP permet d'obtenir des informations et de les
analyser dans des limites de temps assez courtes.
3.10 L'exploration
Les meilleurs résultats d'une recherche sont souvent ceux auxquels on s'attendait le moins. En
conséquence, les membres de l'équipe MARP doivent être préparés à trouver sur le terrain de
nouveaux centres d'intérêt qui peuvent changer fondamentalement le cours de l’étude. La curiosité
est, en effet, une vertu de la MARP.
3.11 La "triangulation"
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Le principe de la "Triangulation" stipule que le fait d'étudier un problème à partir d'un seul outil ou
technique peut conduire à des biais. La "triangulation" prescrit donc de recourir plusieurs sources
ou méthodes différentes d'information (au moins trois), à leur comparaison et à leur recoupement,
pour étudier un même phénomène. La "triangulation" vous permet d'éviter les biais en abordant un
problème sous plusieurs angles et d'obtenir ainsi des données complètes et fiables.
La MARP recommande particulièrement d'appliquer le principe de la "triangulation" lors.
de la composition de l'équipe de recherche;
du choix des outils et techniques A. utiliser, et
du choix et de la participation des unités d'observation.
3.12 Les biais
Dans toute étude de terrain, il existe naturellement des biais et la MARP reconnait l'impossibilité
de les éliminer complètement; aussi recommande-t-elle d'en prendre conscience tout le long de
l'étude et d'en tenir compte pour éviter des distorsions lors des conclusions de l'étude.
Différents types de biais
En MARP, on reconnait principalement
le biais spatial (qui a rapport à la tendance à favoriser les zones facilement accessibles et
certains villages ou zones étant écartés parce que la route qui y mène est impraticable, d'où
la possibilité de biais liés au choix du site, des personnes, des zones, etc.).
le biais de saison (qui est lié à la tendance de mener la recherche pendant les périodes les
plus confortables de l'année; il faut savoir choisir le moment approprié pour la MARP en
fonction du thème de votre étude et de la disponibilité des membres de la communauté);
le biais lié au statut économique ou social (ne prenez pas en compte les riches seulement
ou les pauvres seulement, encore moins les personnes les plus en vue uniquement, il faut
considérer tous les membres de la communauté),
le biais sexuel (même s'il s'agit d'un thème qui concerne les femmes, le point de vue des
hommes doit être pris en compte, et vice versa),
le biais de politesse
le biais lié aux attentes des populations.
Pour éviter les biais
A la fin de votre étude de terrain, vous pouvez être sûr que vous n'avez pas eu des informations
biaisées, si:
vous n'avez pas parlé uniquement aux personnes influentes, instruites ou à des membres
bavards de la communauté ;
vous n'avez pas vu seulement quelques endroits de la zone qui sont situés près de la route
principale ;
vous n'avez pas rencontré seulement quelques leaders locaux ou politiciens qui voulaient se
faire voir ;
vous n'avez pas seulement appris au sujet de la situation actuelle et non les autres temps de
l'année ou sur le passé ;
vous n'avez pas parlé aux hommes ou aux femmes seulement ;
vous n'avez pas seulement parlé au sujet des choses liées à votre intérêt ou à votre discipline.
Résumé des concepts-clés de la MARP
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1 La participation
2 Un processus d'apprentissage
3 Connaissances et savoirs populaires
4 Un processus itératif
5 La flexibilité
6 L'innovation
7 L'interaction
8 La pluridisciplinarité
9 La rapidité dans la génération des résultats
10 L'exploration
11 La triangulation
12 Les biais.
Section 4
LES OUTILS ET TECHNIQUES DE LA MARP
De tous les temps, les chercheurs ont toujours utilisé presque tous les outils préconisés par la
MARP, la nouveauté réside surtout dans l'utilisation combinée de la plupart de ces outils pour
obtenir une information plus fiable et la participation et l'implication de la communauté qui sont
fortement encouragées. Les outils et techniques préconisés par la MARP pour la collecte et
l'analyse permanente des données comprennent principalement:
La revue des données secondaires
L'observation directe faite au cours d'une visite ou d'une marche à. travers le village
L'atelier préliminaire
L'interview semi-structurée
Les diagrammes: calendriers, diagramme de VENN, cartes et transects
Le profil historique
Les techniques de classification: la classification préférentielle, la classification selon le
niveau
de richesse ou de prospérité
Les jeux
Les citations révélatrices et les proverbes
Les photographies
Les contes et les légendes.
4.1 La revue des données secondaires
Le premier outil que vous devez utiliser dans une étude par la MARP est certainement la revue des
données secondaires. Vous devez répondre à la question: quelles sont les données disponibles sur
la zone ou sur le sujet?
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Pour ce faire,
1- Cherchez toute source possible d'information existante sur la localité ou sur le sujet à traiter
par votre étude.
2- Revoyez les informations existantes, collectez tout ce qui semble en rapport avec votre
étude, résumez-les sommairement ou copiez-les pour distribution aux autres membres de
l'équipe.
3- Essayez de trouver au moins une carte détaillée ou une photographie aérienne sur la zone
de l'étude.
4- Photocopiez-la si possible ou faites une esquisse simplifiée dans laquelle vous pouvez
insérer vos propres informations pendant l'évolution de l'étude.
5- Vous devez vous réunir avec les autres membres de l'équipe pour discuter de vos
découvertes et de celles qui sont applicables à l'étude.
VOTRE AIDE-MEMOIRE POUR LA REVUE DES DONNEES SECONDAIRES
1. Voici les sources auxquelles vous pouvez chercher des documents en rapport avec votre
étude:
Statistiques officielles, direction des pêches, documents et rapports de projets.
Autres services travaillant dans le village ou autre village similaire: leurs rapports,
documents de projets,
Bibliothèques locales : pour des documents historiques, légendes et traditions, cartes et
photos.
Université: pour informations historiques, études anthropologiques, mémoires et thèses
d'étudiants.
Compagnie de mines ou de pétrole, bureau militaire : pour les cartes, législation, photo
aérienne.
Les missionnaires pour les documents historiques.
2. Avez-vous distribué ou photocopié les résumés des documents utiles aux membres de l'équipe?
3. Avez-vous une bonne carte de l'endroit où vous voulez faire l'étude par la MARP?
4. Après avoir passé en revue les informations utiles collectées, &es-vous prêt à répondre aux
questions que l'on peut vous poser pendant l'étude par la MARP?
4.2 L'observation directe
Au cours d'une visite organisée et guidée travers le village ou la zone de l'étude, vous pouvez
converser avec quelques personnes-ressources membres de la communauté et leur poser des
questions d'ordre général sur la communauté.
Il vous faudra les observer, observer également tout ce qui concerne l'habitat, les conditions de vie
en général, etc. Pour cela, marchez avec elles à travers le village ou sur les points importants de la
zone d'étude, parlez avec elles des problèmes auxquels la communauté est confrontée et essayez de
vérifier de façon sommaire les hypothèses que vous avez formulées pour votre étude.
4.3 L'atelier préliminaire
Après la revue des données secondaires :
1. vous devez organiser une réunion ou un atelier impliquant tous les membres de l'équipe, le
promoteur de l'étude, toutes les personnes directement intéressées par la conduite ou les résultats
de l'étude, de préférence quelqu'un qui a une large connaissance de la zone à étudier.
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2. Au cours de cette réunion des membres de l'équipe, vous devez présenter les objectifs de votre
étude et expliquer pourquoi il est nécessaire de l'entreprendre.
3. Vous devez ensuite présenter brièvement les conclusions de la revue des données secondaires,
discuter les caractéristiques importantes et décider des problèmes qui sont résolus et quelles
informations font défaut.
4. Soit en atelier, soit au sein de l'équipe, vous devez apprêter les points suivants:
une liste révisée des questions critiques et importantes pour lesquelles vous attendez une
réponse pendant l'étude. (Vous devez vous référer à ce que vous voulez apprendre sur le
terrain) ;
une liste préliminaire des informations à collecter pendant l'étude et les sujets à
approfondir ;
les lieux et personnes à visiter et les contacts des à prendre dans la localité ;
Enfin, vous devez revoir les questions et les listes des sujets et décider de celles que vous
pouvez couvrir et celles que vous ne pouvez pas aborder pendant votre étude en termes de
superficie, temps, sujets, etc.
VOTRE AIDE-MEMOIRE SUR L'ATELIER PRELIMINAIRE
Avez-vous invite toutes les parties concernées directement par l'atelier préliminaire comme
institutions gouvernementales, ONG locales, techniciens sur le terrain, communauté, élus locaux?
Avez-vous pu obtenir toutes les données secondaires spécifiques? Les avez-vous copiées et
distribuées aux autres membres de l'équipe?
Avez-vous décidé des limites à accorder à votre étude, en termes de temps nécessaire, l'aire
géographique à couvrir, les sujets ou thèmes pour lesquels la recherche s'effectue?
Avez-vous élaboré une liste des personnes-ressources à contacter? leaders locaux, chef de
village, chefs religieux, autorités administratives, notables, personnes travaillant pour le
développement du village.
Avez-vous élaboré une liste des lieux importants à visiter?
Avez-vous des carnets de notes, des stylos et des crayons?
Avez-vous pris des dispositions pour l'organisation de la logistique sur le terrain, savoir,
transport, hébergement, restauration des membres de l'équipe, etc. ?
4.4 L'interview Semi-Structurée (ISS)
L'Interview Semi-Structurée (ISS) est une discussion avec un individu ou un groupe d'individus
sur un sujet bien précis par exemple, pour découvrir ou pour comprendre une situation, vérifier des
hypothèses, découvrir les préoccupations des différents groupes socio-professionnels et leurs
perceptions des problèmes et atouts de la communauté.
Pour réaliser l'interview, les méthodes participatives exigent surtout d'être maitre dans l'art de la
communication, c'est-à-dire de savoir écouter et poser des questions pertinentes. L'interview doit
être vivante et conduite dans une ambiance sociale et favorable.
L'ISS permet à tous les intervenants de débattre du sujet, pas en répondant à des questions, mais
sur la base d'idées introduites dans la discussion par un guide qui ne tient pas un questionnaire,
mais qui a noté seulement les grandes lignes des informations à obtenir.
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L'ISS est probablement l'outil le plus utilisé en MARP pour le recueil de données. Notez que tout
le monde peut poser des questions, mais la façon dont vous conduisez l'ISS conditionnera beaucoup
la qualité des informations que vous obtiendrez.
Pour bien réaliser une ISS, vous devez avoir une idée claire et précise du sujet dont vous voulez
parler avec l'interviewé; vous ne devez pas avoir sur vous une liste de questions, mais tout au plus
un guide d'entretien portant sur les sujets et résultats que vous voulez avoir. L'ISS suppose que les
questions soient construites au fur et à mesure de l'interview, ce qui nécessitera de votre part une
habileté à penser vite.
Vous devez procéder A. un enchainement progressif des questions, en partant des questions d'ordre
général et moins sensibles pour aboutir aux questions plus spécifiques et plus délicates. La
flexibilité vous recommande de pouvoir orienter le contenu de votre guide d'entretien en fonction
des réponses de votre interlocuteur et des sujets qui peuvent surgir à travers ses réponses.
Important: Gardez toujours à l'esprit que, pendant l'INTERVIEW SEMI-STRUCTUREE
ou pour toute autre forme d'investigation orale avec les membres de la communauté, VOUS
NE DEVEZ JAMAIS POSER DE QUESTIONS FERMEES.
POSEZ PLUTOT DES QUESTIONS OUVERTES.
Exemple de questions fermées:
Est-ce que vous pêchez souvent le "bonga"?
Avez-vous des problèmes de commercialisation de poisson?
questions pour lesquelles vous obtiendrez -oui" ou "non" comme réponses.
Exemples de questions ouvertes:
Quelles sont les espèces de poisson que vous péchez souvent?
Quels problèmes rencontrez-vous pour la commercialisation de votre poisson?
questions pour lesquelles vous obtiendrez naturellement une série de réponses qui vous éclaireront
mieux sur le sujet et orienteront la suite de l'interview.
IMPORTANT:
Notez bien que pour obtenir des informations utiles et complètes pendant votre étude MARP, vous
devez toujours vous référer fondamentalement aux six questions de recherche suivantes:
QUOI? QUI? QUAND? OU? COMMENT? POURQUOI?
Amener la communauté à décrire le sujet ou réactivité faisant l’objet de la discussion.
Qui est impliqué dans réactivité? Qui est affecté par elle?
Qui en tire des bénéfices?
Quand activité a-t-elle été exécutée? Quand a-t-elle démarré?
Ou à quelle période doit-elle être réalisée?
OU a-t-elle été réalisée? Pourquoi là et non ailleurs?
Comment est-elle arrivée? Y a-t-il d'autres alternatives pour la réaliser?
Pourquoi s'est-elle ainsi déroulée et non autrement?
4.4.1 Les principes de l'Interview quand il prépare la marée du lendemain avec son
Semi-Structurée
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Vous devez soigneusement planifier l'interview avant de vous rendre sur le terrain; Une interview
ne doit pas être conduite par plus de trois personnes; une personne peut poser les questions et les
autres prennent notes, le plus discrètement possible, de ce qui est dit. Il faut donc éviter d'être au
nombre de six pour interviewer un ou deux membres de la communauté; d'avoir sur soi de grands
bloc-notes où vous avez plusieurs pages de questions.
Pour prendre des notes, de petits carnets peuvent s'avérer très opérationnels. Vous devez vous
informer sur les coutumes locales (p.e. ce qui est acceptable comme heures de visite à domicile,
interview des femmes par des hommes, les formules de politesse, etc.) et en tenir compte dans la
conduite de l'interview.
Vous devez choisir le moment le plus approprié pour les interviews, particulièrement quand les
populations sont disposées à parler. A titre d'exemple, n'interviewez pas le pêcheur quand il est en
train de débarquer sa production de poisson ou quand il est en train de la vendre (il serait très
préoccupé par la recette du jour), encore moins quand il prépare la marée du lendemain avec son
équipage. Interviewez-le plutôt quand il est en train de ramender son filet, ou quand il est en train
de prendre l'air à la plage;
N’interrogez" pas le pêcheur comme le ferait un policier ou un gendarme venu pour une enquête
policière; conversez avec lui de façon décontractée en l'abordant par des questions simples mais
intéressantes sur sa journée ou ce qu'il fait au moment on vous êtes arrivé.
Evitez de prendre au vol le pêcheur et de commencer par l'interviewer : il doit avoir été informé à
l'avance et préparé pour. La durée de l'interview ne doit pas être trop longue, sinon votre
interlocuteur s'ennuie : il vous appartient de juger de l'opportunité, en considérant qu'on pense
généralement que 30 à40 minutes suffisent pour une interview. Enfin, méfiez-vous de la "personne-
ressource" qui a réponse à toutes vos questions, qui empêche les autres de vous informer, qui se
donne le droit d'assister avec voix prépondérante à toutes vos interviews et qui, de ce fait, vous
induit dans les BIAIS. Après chaque interview, vous devez vous retrouver en équipe pour analyser,
évaluer et compléter, si possible, les informations obtenues.
4.4.2. Pour bien planifier et bien conduire l'ISS Aide-mémoire N° 1
Pour bien planifier et bien conduire l'ISS,
le étape: Vous dressez une liste exhaustive des personnes-ressources que vous pensez être des
informatrices utiles sur les conditions locales, les problèmes, l'histoire et la culture de la zone
d'étude. Ces personnes pourraient être: les leaders locaux, les enseignants, les agents de santé, les
personnes âgées, les agents du développement rural, etc.
2e étape: Avant de rencontrer les personnes ci-dessus, vous établissez une liste des informations
que vous aimeriez obtenir de chacune d'elles.
3e étape: Vous contactez systématiquement chacune de ces personnes et vous parlez avec elles
pour avoir un point de vue général sur la zone de l'étude.
4e étape: Pendant les interviews des personnes ressources, essayez d'obtenir une vue générale sur
la façon dont la communauté est organisée, sur les différents groupes sociaux existants, leur mode
de vie, leurs activités, etc.
Ces personnes ressources peuvent également vous renseigner sur les données de base du village ou
du débarcadère.
5e étape: Sur la base de ces contacts préliminaires, et en fonction des sujets qui vous intéressent,
vous planifiez des interviews avec des membres des différents groupes au sein de la communauté
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6e étape: Avant chaque interview, décidez de comment vous allez aborder chaque sujet de votre
guide d'entretien, surtout s'il n'y a pas d'autres techniques particulières qui pourraient aider votre
interlocuteur à communiquer ses idées.
4.4.3 Pour bien planifier et bien conduire l'ISS: Aide-mémoire N° 2
Pour réaliser l'ISS, avez-vous élaboré un guide d'entretien?
Avez-vous préparé plusieurs façons de poser des questions sur le même sujet?
Avez-vous prévu de rechercher la même information par l'utilisation de plusieurs outils de
la MARP? (triangulation)
Avez-vous décidé quels membres de l’équipe poseront les questions et ceux qui prendront
les notes?
Avez-vous choisi le meilleur moment pour interviewer les membres de la communauté?
Variez-vous le contexte dans lequel vous réalisez les interviews? (au débarcadère, dans les
maisons, près de l'église, de la mosquée, au lieu de fumage, au puits, au marché, A. la place
publique, etc.)
Avez-vous besoin de discuter avec des membres d'autres communautés pour étayer vos
informations sur certaines questions ou êtes-vous sûr que tous les sujets et solutions sont
déjà sérieusement discutés?
Les techniques utilisées pendant l'interview ont-elles été efficaces ou pouvez-vous en
utiliser d'autres pour recueillir plus d'informations sur les mémés questions?
Pensez-vous A. la durée de chaque interview? Vous êtes-vous entendus sur la durée de
l'interview?
Avez-vous discuté de nouveaux sujets apparus pendant que vous réalisez l'interview? Avez-
vous cherché leurs solutions? Ces sujets et solutions vous seront-ils utiles dans la recherche?
Les interviews se sont-elles déroulées avec des groupes constitués ou seulement avec des
groupes artificiels?
Qui conduit la discussion au sein de la communauté et pourquoi celui-là dans ce cas précis?
Est-ce A. cause de son rang social, de son âge, de son instruction, de son éloquence?
Qui a peu parlé pendant la discussion avec la communauté? Est-ce à cause de son rang
social, de son âge, de sa timidité, de son manque d'instruction?
Pendant les discussions de groupe, la communauté a-t-elle eu à réagir sur vos thèmes?
Y a-t-il eu des différences importantes entre les informations recueillies pendant l'entretien
avec des membres de la communauté quand ils sont seuls et celles fournies quand ils sont
en groupe?
Quels problèmes semblent être la cause de ces déviations?
Les hommes et les femmes ont-ils équitablement participé aux discussions de groupe?
Y a-t-il eu des individus dans le groupe qui ont été interviewés parce qu'ils se montraient
plus actifs, plus informés ou représentatifs d'une partie de la communauté? Devriez-vous
les interviewer séparément?
4.5 Les diagrammes
Les diagrammes sont utilisés pour générer de façon visuelle l'information et en faciliter l'analyse et
la compréhension par les membres de la communauté Les diagrammes permettent d'explorer les
situations aussi bien dans le temps que dans l'espace.
4.5.1 Les calendriers
Tandis que les cartes donnent des informations sur les caractéristiques géographiques d'une zone,
les calendriers permettent de comprendre les changements qui s'opèrent tout au long de l'année. Il
peut être nécessaire d'ajuster les unités de temps utilisées si votre interlocuteur n'est pas familier
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avec les mois du calendrier romain. Dans certaines zones, l'utilisation du calendrier lunaire est plus
pertinente Dans d'autres, il faudra utiliser le calendrier traditionnel.
Les calendriers saisonniers (journaliers, hebdomadaires, mensuels, annuels) sont élaborés pour
produire des informations par la communauté, pour concevoir un tableau complexe des variations
saisonnières des activités dans la communauté. Parmi les facteurs qui se prêtent à la présentation
du calendrier saisonnier, on peut citer
variation du temps
saisons de la localité
changements saisonniers dans l'utilisation des engins de la localité
disponibilité en eau
saisonnalité des maladies
variation saisonnière dans la demande des produits locaux.
terminologie locale des mois, des saisons et les façons de diviser l'année.
Ces calendriers seront construits soit de façon complexe, soit de façon simple autant que
nécessaire, mais ils doivent montrer les correspondances et les liaisons entre les différentes
activités et les changements saisonniers.
4.5.2 Le diagramme de VENN
Le diagramme de Venn est un outil qui vous permet d'explorer les problèmes organisationnels du
village et les relations entre le village et l'extérieur. II est utilisé spécialement pour illustrer les
interactions et les rapports entre les groupes, les institutions et les individus dans la communauté
Pour construire un diagramme de Venn, vous commencez par tracer un large cercle qui représente
le village. Tout autre cercle à l'intérieur de celui-ci représente une organisation interne au village
(association ou groupement de femmes, comité de parents d'élèves, groupement ou association de
jeunes, etc.)
Les organisations extérieures ayant un impact sur le village sont illustrées par des cercles qui
prennent origine à l'extérieur et qui recoupent le cercle représentant le village. En général, la taille
du cercle montre l'importance de l'organisation. Quand les cercles représentant différentes
organisations se touchent ou se superposent, cela montre l'existence de relations entre ces
organisations. Quand les cercles ne se touchent pas, les organisations n'ont aucune relation entre
elles. Quand les cercles intersectent, il existe une interaction dont l'importance est illustrée par
l'importance de l'intersection.
La confection de ce diagramme peut être quelquefois assez complexe; mais son intérêt réside
surtout dans la discussion suscitée pendant et après l'exercice d'élaboration du diagramme
VOTRE AIDE-MEMOIRE SUR LE DIAGRAMME
Le diagramme est-il construit pour être compris par la communauté, par vous-même et d'autres
membres de l'équipe ou simplement pour intéresser certains aux résultats de l'étude?
Quels sont les principaux problèmes, les caractéristiques que vous avez voulu représenter dans le
diagramme?
Les sujets illustrés dans le diagramme ont-ils besoin d'être illustrés?
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Pourriez-vous les illustrer mieux avec un autre type de diagramme? (cartes, transects, diagramme
de VENN, etc.)
Les diagrammes préparés avec la population peuvent-ils être utilisés pour mieux éclairer les
conclusions de votre étude?
4.5.3 Les cartes
La carte est un outil qui vous permet de faire la représentation schématique d'une zone donnée tout
en en faisant ressortir les points importants. Elle laisse percevoir l'environnement de la localité, sa
situation géographique, en même temps qu'elle vous renseigne sur l'occupation et l'exploitation de
l'espace de la localité par les communautés. L'élaboration d'une carte participative établit le contact
entre vous et les membres de la communauté, en même temps qu'elle vous informe d'une façon
visuelle sur la zone.
Les cartes tracées par les membres de la communauté vous donnent une idée sur la perception qu'ils
ont de leur aire géo-politico-administrative, de ce qu'ils considèrent comme important pour eux
dans leur environnement local. Les cartes peuvent aussi fournir des informations précieuses sur des
aspects qui ont été oubliés ou non observes par votre équipe.
Qu'ils soient alphabétisés ou non, les membres de la communauté sont généralement en mesure de
tracer des cartes très schématiques. Si certaines personnes éprouvent des difficultés pratiques à
commencer la carte, vous pouvez les y aider en donnant certains repères, par exemple les maisons,
les routes, les noms des propriétaires des maisons, etc.
On peut faire des cartes des zones de pêche, des mouvements des courants, des vents, des marées,
etc. Par les cartes, vous pouvez très bien générer des informations relatives à l'espace et à
l'utilisation de l'espace terrestre et maritime par la communauté.
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4.5.4 Le transect Le transect est un diagramme montrant les principales caractéristiques et les changements survenus
le long d'une ligne tracée à travers le village ou aux environs de la zone de votre étude. peut être
considéré un outil complémentaire de la carte. En effet, tandis que la carte donne une vue aérienne
de l'espace, le transect en donne une coupe horizontale prenant une direction qui permet de couvrir
l'essentiel des variations du bio-écosystème de la zone. Le transect permet de prospecter la localité,
en suivant un parcours déterminé au préalable pour découvrir la diversité du milieu.
A travers le transect, vous voyez le relief, les types de sols, les espèces végétales, les activités
agricoles ou de pèche, etc. Le transect peut être utilisé pour aider à morceler la localité de l'étude
en zones, soit suivant le type d'activité exécutée ici, ou selon les problèmes rencontrés là, la
population qui y vit ou y travaille, ou le type de plantes ou d'animaux trouvés çà et là.
Les transects peuvent être utilisés sous une forme simple pour aider la population à exprimer ce
qu'elle sait de son environnement. Ils peuvent aussi être développés pour illustrer une grande
quantité d'informations sur le village dans une forme claire et concise. Ils peuvent être utilisés
comme représentations graphiques des potentiels inexploités ou sous-exploités existants dans la
communauté.
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4.6 Le profil historique Le profil historique est un diagramme qui montre non pas ce qui s'est passé au cours d'une année
seulement, mais plutôt les événements importants qui se sont déroulés tout au long de la vie du village
ou de la zone. Généralement, ce genre d'information est détenu par les personnes âgées, les historiens et
les griots du village. Il est possible de mettre l'accent sur les événements qui présentent une importance pour l'étude par la MARP.
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4.7. Les techniques de classification
4.7.1 La classification préférentielle
La méthode de classification préférentielle consiste à demander à une personne d'établir une priorité
de ses préférences, besoins, ou opinions sur différentes questions. La classification est un exercice
qui peut être utilisé à plusieurs occasions pour obtenir de la communauté l'expression de
ses priorités, les raisons qui motivent son choix et la façon dont elle répartit les biens.
Le principe de base d'une classification est d'avoir des répondants, soit dans un groupe, soit
individuellement, pour classifier une série d'articles ou d'éléments qui sont importants pour eux,
selon un jeu de critères qu'ils considèrent eux-mêmes comme pertinents Pour ce faire, une bonne
animation est nécessaire.
4.7.2 La classification selon le niveau de richesse ou de prospérité
Une autre méthode de classification est celle dite "Classification selon le niveau de richesse ou de
prospérité". Elle peut être utilisée pour découvrir les critères par lesquels la richesse est mesurée
dans une communauté, vous pouvez, par exemple, demander aux personnes interrogées
approximativement le nombre de personnes qui, dans la communauté, sont considérées comme
riches, pauvres, très riches, très pauvres, ensuite vous pouvez demander ce qui fait classer chaque
groupe comme riche ou pauvre stratifier la communauté plus précisément selon le niveau de
richesse, par exemple pour découvrir les objets par lesquels la richesse est mesurée, pour découvrir
soit différents groupes, familles ou individus dans la communauté en demandant qui possède le
plus ou le moins de biens.
Cette technique de classification se base sur la définition que les populations locales donnent au
concept de "richesse". Une étape préliminaire de cet exercice consistera donc à demander à la
personne ressource qui va faire la classification de préciser ce que "richesse" veut dire pour elle.
Cette étape constitue déjà un pas pour comprendre l'importance que l'on donne aux différentes
ressources locales disponibles.
L'utilisation des résultats d'une telle classification permet d'éviter certains biais liés au statut et à
l'influence de l'individu. En effet, la typologie qui aura été établie permettra d'inclure dans
l’échantillon des personnes à interviewer, aussi bien des individus aisés que des individus pauvres.
4.8 Les jeux L'utilisation des jeux vous permet de connaître la préférence des gens en fonction de la culture
locale; les jeux vous permettent aussi de voir comment les villageois prennent les décisions
d'allocation de leurs ressources. Analysez les différents jeux courants dans la zone où vous faites
votre étude et vous pourrez les adapter pour faire participer les membres de la communauté à votre
étude.
4.9 Les citations révélatrices et les proverbes Quand vous faites votre étude dans une zone rurale, vous vous apercevrez qu'au cours des
discussions, les membres de la communauté utilisent souvent des proverbes ou des citations d'une
personne de référence avant de répondre à vos questions.
Si vous faites bien attention, vous pouvez noter que ces proverbes et citations sont souvent en
rapport avec le sujet dont vous débattez et à l'analyse, ces citations et proverbes vous montrent un
aspect des croyances et des visions des membres de la communauté.
Prenez soin de noter ces proverbes et citations qui pourraient vous servir à mieux comprendre la
communauté, un avantage non négligeable est que si lors de la restitution des
résultats de vos travaux à la communauté, vous utilisez rationnellement ces proverbes et citations
pour illustrer votre présentation, les villageois considéreront que vous êtes intégré à eux et que vous
leur parlez avec des termes qui leur sont propres
4.10 Les photographies
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Les photographies sont des outils souvent très efficaces pour provoquer une discussion ou des
réactions avec les personnes-ressources membres de la communauté sur une situation donnée.
Prenez des photos des endroits importants du village, des points que les villageois peuvent
reconnaitre; prenez des photos des membres de la communauté pendant qu'ils travaillent avec vous,
pendant qu'ils sont dans leur milieu.
Quand vous leur présentez ces photos lors de la restitution, vous sentez un vif intérêt de leur part,
intérêt dont vous devez profiter aussitôt pour discuter des aspects spécifiques en rapport avec votre
étude.
4.11 Les contes et les légendes Les contes et les légendes se réfèrent à l'histoire et aux faits marquants de la communauté et sont
souvent racontés la nuit. Ils vous permettent aussi de connaitre les croyances de la communauté.
Etant donné qu'ils ont souvent lieu la nuit, prévoyez dans votre programme d'y prendre part dans
la mesure du possible et notez toutes informations utiles et intéressantes pour votre étude.
Résumé des outils et techniques de la MARP Les outils et techniques préconisés par la MARP pour la collecte et l'analyse permanente
des données comprennent principalement:
La revue des données secondaires
L'observation directe au cours d'une visite ou d'une marche à travers le village
L'atelier préliminaire
L'interview semi-structurée
Les diagramrnes: calendriers, diagramme de VENN, cartes et transects
Le profil historique Les techniques de classification: la classification préférentielle, la classification selon le niveau
de richesse ou de prospérité
Les jeux
Les citations révélatrices et les proverbes
Les photographies
Les contes et les légendes.
Quand utiliser les outils et techniques de la MARP?
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IMPORTANT: Notez bien que pour obtenir des informations utiles et complètes pendant votre étude MARP vous devez toujours vous référer fondamentalement aux six questions de recherche suivantes
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Section 5
Comment planifier et exécuter une étude de terrain par la MARP?
Quatre grandes étapes sont à définir:
lère étape: La phase de préparation
2e étape: Le travail de terrain
3e étape: La phase d'analyse des résultats et de rédaction du projet de rapport
4e étape: La restitution, la validation, la rédaction du rapport final et la publication des résultats.
5.1. lère étape: La phase de préparation
Cette étape de préparation de l'étude consiste principalement à:
choisir le thème de l'étude, formuler les hypothèses, choisir le site définir la composition de l'équipe
collecter des données secondaires sur la zone de l'étude
procéder à une première analyse de ces données et à
planifier le travail de terrain.
Pour organiser une étude de terrain par la MARP, que faut-il faire?
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Ce travail peut être fait par deux ou trois personnes qui connaissent bien la zone de l'étude et qui
savent bien comment procéder.
En principe, il vous faudra quelques jours ou quelques semaines pour effectuer ce travail
préparatoire, ceci en fonction du sujet et du but de l'étude, de la taille de la zone, des facilités
administratives, des difficultés de communication, etc.
VOTRE AIDE-MEMOIRE SUR LA PHASE DE PREPARATION
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5.2 2e étape: Le travail de terrain: utilisation des outils et techniques de la MARP
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Vous devez très bien planifier le travail de terrain car la plupart du travail d'apprentissage et
d'analyse des données s'effectue à ce niveau. Mais ici, et malgré cette planification, vous ne devez
pas oublier le principe de la flexibilité dans la mise en pratique de votre plan; ce plan doit donc être
assez flexible pour vous permettre de mieux exploiter les nouvelles connaissances qui peuvent
apparaître pendant l'étude.
Cette flexibilité requiert de vous de pouvoir changer votre plan durant le travail de terrain en posant
par exemple des questions pour approfondir un nouveau sujet auquel vous n'avez pas pensé dans
vos hypothèses, en sélectionnant d'autres lieux par exemple ou d'autres personnes-ressources à
interviewer, etc. (or N'oubliez surtout pas qu'essentiellement, le travail de terrain pendant une étude
MARP est pratique et orienté sur la population dont vous devez obtenir Pentière participation. Vous
ne travaillez pas "A la place" de la communauté, mais vous travaillez plutôt "avec" elle.
Pendant le travail de terrain, VOUS DEVEZ donc:
Chercher au maximum à connaitre les savoirs populaires courants sur la localité où vous menez
votre étude;
Étudier les différentes catégories socio-professionnelles locales évoluant dans cette localité,
leurs perspectives, leurs coutumes et pratiques sociales, etc.
Converser avec les membres de la communauté, les interviewer, les observer, marcher avec eux à
travers le débarcadère et parler avec eux des problèmes auxquels ils sont confrontés
pour mieux les connaitre et gagner leur confiance.
La MARP vous permet d'utiliser une combinaison d'interviews avec les principales personnes
ressources, et avec les membres des ménages que vous avez sélectionnés.
Comme il a été dit pour la phase de démarrage, vous commencez très tôt l'analyse et l’évaluation
des données recueillies, c'est-à-dire tout au début de l'étude et vous poursuivez cette analyse tout
au long du travail de terrain.
Sur le terrain donc, vous devez, au sein de votre équipe, organiser des renions et des séances de
discussions pour faciliter l'analyse des données recueillies pendant l'étude.
Pendant ces séances,
VOUS DEVEZ
Revoir, réviser et analyser les notes de terrain après chaque interview importante (ou au moins une
fois par jour) afin d'éviter les oublis et erreurs d'interprétation qui peuvent sérieusement affecter
vos résultats.
En MARP, l'analyse des données est un processus continu tout au long de l’étude. L'analyse, la
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revue, l’évaluation, la discussion et la critique des données sont effectuées itérativement d'un bout
à l'autre des quatre phases décrites plus haut.
5.2.1 Comment faire un transect
Les étapes de préparation d'un transect sont les suivantes:
1- Après avoir bien étudié la configuration de la zone d'étude, vous déterminez les
directions des transects en fonction du thème de votre étude et du nombre de transects que vous
voulez réaliser;
2- Ensuite, vous choisissez une ligne ou une série de lignes traversant la zone d'étude
et qui passeront à différents endroits jugés importants dans la localité.
3- Vous marchez le long de cette ligne imaginaire en notant tous les aspects importants
et les changements que vous avez rencontrés. Selon le centre d'intérêt de l'étude et de votre capacité
personnelle, vous prendrez note des éléments suivants: types de sol, faune, flore, cultures, autres
ressources naturelles, sources d'eau, problèmes pertinents rencontrés en agriculture et types
d'activités, moyens d'existence dans différentes zones. matériels et équipements de pêche en
utilisation ou vétustes rencontrés sur la plage.
4- Prenez le temps de vous arrêter et de bavarder avec les personnes rencontrées
pendant la marche le long de votre ligne choisie. Posez-leur des questions sur tout ce que vous avez
observé, sur ce qu'elles font, les problèmes qu'elles rencontrent, etc.
5- Ensuite, vous devez obtenir de la population, soit en groupe, soit individuellement,
d'identifier les diverses zones qui ont été marquées et vous vérifiez si elle accepte le tracé que vous
avez fait
6- Posez des questions et discutez avec la communauté sur les aspects suivants:
Qu'est-ce qui se passe dans chaque zone?
Pourquoi ceci se produit-il ici et non ailleurs?
Quels problèmes rencontrent-ils?
Y a-t-il eu des changements ici dans le passé et pourquoi?
Quelles solutions possibles trouvez-vous pour chaque problème de chaque zone?
D'autres questions peuvent être éventuellement posées selon le centre d'intérêt et les priorités de
votre étude.
5.2.2 Comment procéder aux classifications
La classification préférentielle
Les étapes préliminaires dans un exercice typique de classification préférentielle sont les suivantes:
Si vous faites l'exercice avec un groupe, essayez d'avoir un groupe qui est vraiment intéressé et
bien informé des sujets que vous voulez classifier.
En vous basant soit sur une catégorie d'éléments que vous voulez étudier, soit sur un sujet que le
groupe ou l'individu avec lequel vous vous entretenez mentionne comme étant important,
choisissez les éléments que vous aimeriez classifier.
Demandez aux répondants de lister les éléments individuels dans chaque catégorie et essayez
d'avoir un groupe de 3 à 7 différents éléments qui sont significatifs pour la population avec laquelle
vous parlez. L'essentiel est de savoir ce qui est important pour les répondants et non pour les
enquêteurs.
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Posez la question à ceux avec qui vous parlez sur les qualités de chaque élément; ne posez pas des
questions du genre "Qu'est-ce qui est bon ou qu'est-ce qui est mauvais parmi les éléments à
classifier".
Ecrivez le critère par lequel les gens jugent les sujets; transformez-les tous en critères positifs et
négatifs et essayez de mettre ensemble les critères qui sont essentiellement les mêmes.
Par exemple, le pécheur avec qui vous parlez mentionne les huit critères suivants pour le choix de
différents engins de pêche:
moins cher à acquérir
utilisable pour capturer plusieurs espèces de poisson
utilisable toute l’année
ne capture pas beaucoup de poissons
peut être utilisé régulièrement
facilement réparable
utilisable par une personne seulement
ne dure pas longtemps.
Vous pouvez résumer ces critères comme suit:
bon marché
multiples et fréquentes utilisations
productif
facile à réparer
durable.
Vous pouvez élaborer un petit tableau dans lequel les réponses aux questions pourront être classées
systématiquement.
Mettez les sujets sur la colonne des ordonnées du tableau et les critères sur la colonne des abscisses.
Ajoutez une colonne où vous pouvez noter les sujets intéressant les personnes interrogées.
Pour chaque critère, demandez premièrement à tout le monde le meilleur engin. Selon le nombre
de sujets (ex. engins) que vous avez couverts, vous pouvez alors demander lequel est le second ou
lequel est le mauvais. C'est mieux de progresser du bon au mauvais.
Ensuite, éliminez les sujets du milieu.
En dernier lieu, demandez aux personnes interrogées quel type d'engin elles choisiraient si on leur
demandait d'en avoir un. Le résultat est souvent surprenant et peut vous conduire à une bonne
discussion et à une meilleure compréhension des critères utilisés par les gens.
La classification selon le niveau de richesse ou de prospérité
Différentes techniques de classification ont aussi été développées pour permettre de discuter
d'autres caractéristiques de la communauté. Parmi celles-ci, on peut citer la classification selon le
niveau de richesse ou de prospérité qui se construit à partir de la définition que les populations
elles-mêmes donnent à la richesse.
Puisque cette technique se construit partir de la définition que les locaux eux-mêmes donnent à la
richesse, vous ne pouvez l'utiliser qu'avec des personnes ayant une connaissance assez poussée de
la situation de chaque concession de la localité.
Toutefois, l'exercice devient fastidieux quand vous travaillez avec une liste supérieure à 50
personnes. Avec un nombre plus grand, il est possible soit de travailler par quartier, soit de tirer un
échantillon au hasard à partir de la liste complète des chefs de concession.
5.2.3 Le choix des unités à classer
Avant de commencer la classification, il est bon d'avoir une idée sur l'organisation du village et de
considérer les objectifs de l'étude pour décider du choix des unités à classer.
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Voulez-vous classer les concessions? (Oui peut-être si vous êtes intéressé par les problèmes de
sécurité alimentaire et s'il existe une gestion commune des stocks alimentaires au sein de la
concession).
Etes-vous intéressé par les différences de revenus entre femmes? (Cela peut se justifier si vous
étudiez, par exemple, les revenus des femmes en fonction des activités, de la période de l'année ou
de l'utilisation qu'elles font de ces revenus).
Les points qui suivent décrivent les principales étapes à suivre dans ce type de classification.
Certaines d'entre elles doivent faire l'objet d'une grande réflexion avant le démarrage de l'exercice
L'expérience a montré que quand l'exercice est bien expliqué, les personnes ressources ne
manifestent aucune réticence à participer. Les problèmes apparaissent seulement lorsque des
explications claires n'ont pas été fournies à la personne-ressource et si cette dernière a des
appréhensions sur l'utilisation future de l'information.
5.2.4 Le choix des personnes ressources pour la classification
La sélection des personnes-ressources est une phase critique. Au moins trois personnes ayant
différentes fonctions dans la communauté devront être choisies (triangulation). La personne-
ressource doit bien connaitre tout le monde ou au moins la grande majorité des personnes dans le
village. Il est bon de mettre en confiance la personne-ressource avant de démarrer l'exercice. La
personne peut être quelqu'un qui est déjà en interaction avec l'équipe.
La classification doit être faite en privé si possible.
Si la personne-ressource est analphabète, un membre de l'équipe peut lui lire, au fur et à mesure,
les noms sur les cartes avant de les lui remettre pour classification.
Voici les différentes étapes à suivre:
Identifiez l'unité qui sert de base de classification, pirogue, ménage, par exemple.
Préparez la liste des noms des différents chefs d'unités à classer.
Mettez un nom sur une carte et numérotez la carte.
Identifiez une personne-ressource et expliquez-lui l'exercice. Bien lui préciser que vous ne
cherchez pas à connaître la richesse d'individus donnés, mais plutôt à vous informer sur les
différents niveaux de richesse qui existent dans le village.
Retirez du jeu de cartes celle portant le nom de la personne-ressource.
Discutez le concept de richesse pour voir la définition que lui donne la personne-ressource.
Demandez à la personne-ressource de classer les cartes en piles homogènes comprenant
chacune des individus de niveau de richesse comparable.
La personne-ressource décidera du nombre de piles.
Vérifiez les piles avec la personne-ressource pour vous assurer qu'il n'y a pas d'autres
changements à introduire.
Discutez avec la personne-ressource des éléments qui caractérisent chaque groupe. Par
exemple, dans un village, les concessions considérées comme les plus riches étaient celles
qui possédaient beaucoup de terre, de matériels agricoles et des revenus provenant de
l’émigration.
Dans un autre village, le facteur déterminant la richesse peut être le nombre de pirogues
possédées par la personne.
A la lumière de ce qui précède, posez toute autre question pouvant aider à mieux
comprendre le problème des revenus dans le village.
Remerciez la personne-ressource et précisez lui encore une fois que vous n'étiez pas
intéressé de
vous informer de la situation de personnes données, mais plutôt de celle plus générale des
groupes.
Reportez sur une feuille (feuille N 1) les informations relatives aux différentes piles.
Affectez un poids à chaque catégorie.
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La somme des poids étant égale à 1, vous divisez ce chiffre par le nombre de catégories
créées par la personne ressource.
Le résultat correspondra au poids du groupe "plus riche", le groupe suivant aura un poids
égal à 2
fois celui du premier groupe, et ainsi de suite jusqu'au dernier groupe "plus pauvre" à qui
sera affect& un poids de 1.
Répétez les étapes 4-10 avec les autres personnes-ressources.
Calculez le nombre de points pour chaque unité. (feuille N 2).
Notez les situations "anormales" qui apparaissent, c'est-à-dire si une carte est placée dans
le groupe des riches par une personne-ressource et dans un groupe de pauvres par une autre.
Organisez la liste en ordre &croissant (feuille N 3).
Repérez et séparez (il suffit de tracer un trait entre les catégories) en catégories les différents
groupes assez homogènes qui ressortent de la classification.