Numéro 2 N DU BURKINA Février 2012 -...
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Associat ion Ber nay Burkina Faso
Numéro 2
ED I TO
Février 2012
D A N S C E N U M É R O :
NOUVELLES DU BURKINA
SEMAI N E DU C I N ÉMA 2011
Depuis plus d’un an nos regards se sont tournés vers le village de Sankondé à quelques kilomè-
tres de Kongoussi, village où nous avons décidé de nous engager dans la construction d’une école
rurale souhaitée par l’ensemble de la population. L’heure est venue d’un premier bilan de ce projet
qui a avancé vite, très vite, grâce la détermination des villageois, des membres de notre associa-
tion et des donateurs, et le soutien effectif de la Région Haute-Normandie. C’était un pari fou au
départ, vu la taille de notre association. Nous y avons cru et nous avons eu raison. En pages inté-
rieures vous découvrirez les premières photos de cette belle réalisation. Des enfants ont en effet
fait leur première rentrée en octobre dernier avec un an d’avance par rapport à nos premiers objec-
tifs.
Faire vivre le droit à l’éducation est une constante de notre association. Il est la première condi-
tion pour l’autonomie des populations et leur capacité à être les acteurs de leur propre développe-
ment. Il conditionne aussi l’égalité homme-femme puisque la scolarisation des filles fait partie inté-
grante du projet.
A l’heure où les crises économiques se multiplient, où s’ajoutent des craintes sérieuses liées
aux mauvaises récoltes dans le Sahel, et qui concernent également la région de Kongoussi, nous
nous refusons à baisser les bras. Avec eux, nos partenaires et amis sur le terrain, avec vous qui
soutenez le projet, nous le mènerons à son terme. Il reste encore deux classes à construire pour
que l’école soit complète. L’aventure continue.
L’association a plus de 20 ans. Dans ce numéro également nous avons demandé aux plus an-
ciens de nous raconter l’histoire de Misola, farine créée pour lutter contre la dénutrition des jeunes
enfants. Problème récurrent hélas, comme on le verra dans l’article sur la situation alimentaire.
On trouvera aussi dans ce journal un compte rendu de la traditionnelle semaine du Cinéma
Africain, rendez-vous annuel important pour tous ceux qui s’intéressent à l’Afrique et qui met en
œuvre le second objectif de l’association : la présence africaine à Bernay et sa région.
Toutes ces actions rendent plus que jamais nécessaire le partenariat avec d’autres associations
intervenant sur le même projet.
Jacqueline Authesserre
Edito 1
Semaine du Cinéma 2011
1
Misola 2
L’école de Sankondé 3
Crise alimentaire au Sahel
3
Présentation des res-sources et utilisation des fonds
4
Remerciements aux donateurs
4
La souscription pour l’école
de Sankondé continue .
Vous pouvez envoyer vos
dons à l’association
(adresse au dos).
Un reçu fiscal vous sera
adressé.
18ème Semaine du Cinéma africain
Elle s’est déroulée du 6 au 12 octobre 2011.
Les pays évoqués dans les films (Egypte , Algérie , Afrique de l’Ouest ) ainsi que les thèmes abordés ( droits des
femmes , migrations, santé , démocratie ) entraient en résonance avec l’actualité et offraient un choix intéressant
pour tous les publics .
Au programme :
Un homme qui crie de Mahamat Saleh Haroun ( Tchad 2010 )
Femmes du Caire de Yousry Nasrallah (Egypte 2009 )
Harragas de Merzag Allouache ( Algérie 2010 )
Fleur du désert de Sherry Hormann ( 2010 )
Deweneti + Un transport en commun court et moyen métrages de Dyana Gaye (Sénégal)
Kinshasa Symphony de Martin Baer et Claus Wischmann ( Allemagne 2010 )
Ces films ont été vus par 319 spectateurs en entrées Public et par 656 scolaires.
Les dossiers mis à la disposition des enseignants ( sur le site de l’association ) permettent de préparer les élèves
et de faire ensuite un travail pédagogique .
Quelques réactions après le film Fleur du Désert :
Ils ( les élèves ) ont eu du mal à « revenir » de Somalie
C’est la première fois que je vois un film applaudi par des élèves
Emotion suscitée par l’histoire
Belles images du désert
Thème de l’excision clairement abordé
C’est grâce au partenariat avec le Festival Regards sur le Cinéma du Monde de Rouen et au soutien du Conseil
Général de l’Eure que nous avons pu , cette année encore , offrir au public bernayen un choix de films qui corres-
pondent à l’un des objectifs de l’Association : une meilleure connaissance et compréhension Nord-Sud .
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UN E PAG E D ’H I STO IR E D E L ’A SSOC I ATIO N
Numéro 2
Le projet Misola
Projet de Santé publique
En 1992, le Docteur Laurent, médecin à Caudebec en Caux faisant des interventions au Burkina Faso et ami d’Anne Sophie
Legorju adhérente de l’Association, nous propose de soutenir un projet de Santé Publique qui s’appuie sur l’utilisation d’un aliment
pour lutter contre la malnutrition infantile : la farine Misola.
Qu’est-ce que la Farine Misola ? Pendant leur quatre à six premiers mois, les enfants correctement allaités bénéficient d’une bonne croissance. A partir de
six mois on observe un ralentissement ou même une stagnation de leur courbe de croissance, le lait maternel ne pouvant plus couvrir
tous leurs besoins.
La farine Misola va mettre à la disposition des mères un aliment de complément pour satisfaire les besoins nutritionnels des bébés.
La farine Misola associe des céréales et des légumineuses riches en huile afin d’en faire un aliment équilibré, fourni en pro-
téines et en matières grasses. Misola se compose de 60% de petit mil ( ou de maïs ) de 20% de soja et de 10% d’arachide.
L’adjonction de vitamines et de sels minéraux permet de mieux répondre aux carences alimentaires.
L’incorporation d’amylase ou de malt permet de préparer des bouillies énergétiques.
Le grillage des ingrédients permet une bonne conservation de la farine, lui donne un goût agréable et la rend facile à digérer.
Les objectifs du projet sont les suivants :
- faciliter l’accès à un aliment de complément
- développer une recette s’appuyant sur les productions agricoles locales
- générer des revenus pour les femmes par le développement d’unités locales
- favoriser le changement de pratiques néfastes en matière d’alimentation et de santé
- contribuer à la réduction des taux de malnutrition et de certaines carences
- favoriser une meilleure fréquentation des structures de santé
Installation d’une Unité de production à Kongoussi En 1993, grâce à un partenariat avec le Secours Populaire de l’Eure, le projet est lancé.
Dans le cadre d’une action vers le Tiers Monde, le SPF envoie 18 000 F (2770 €) pour le démarrage : construction des locaux .
Misola est pris en charge à Kongoussi par une association de promotion féminine et infantile : Le Pag la Biig Yidgdri ( P.B.Y) .
En 1994, l’association féminine P.B.Y a mis en place les locaux Misola et la production de farine a débuté. La délégation de Bernay
Burkina Faso remet 2 500F (385 €) à l’association pour divers achats de matériels et de matières premières (céréales pour six à sept
mois).
La deuxième participation du SPF, 13 000F (2000 € ) , va permettre la construction d’un mur d’enceinte (pour empêcher les ani-
maux de s’introduire dans les réserves à grains) et l’alimentation en eau de l’Unité grâce à un puits busé .
En 1995, un protocole a été signé par l’A.P.B.Y. et la Direction Provinciale de la Santé pour permettre de livrer des sachets de farine
Misola au Centre médical pour les enfants nécessiteux. ABBF finance les bons .
L’Unité étant devenue autonome, notre action s’arrête en 2000, date à laquelle on finance l’achat de trois vélos car le centre de pro-
duction est décentré et les vélos vont faciliter les déplacements des femmes du Groupement.
D’autres associations sont intervenues au cours du projet, que les Burkinabés ont sollicitées :
- UNICEF pour un moulin et une décortiqueuse
- Les Frères de la Sainte Famille pour une pompe
- Solidarité Objectif Sud (association de Lisieux ) pour la formation des personnels de Santé.
Misola a essaimé dans d’autres pays et étend son action en lançant le projet «Maquis Bébés » qui va être d’un grand se-
cours en cette période de pénurie alimentaire.
Marie-Claude Hugon, Isaac et Gaby Séron.
Photos de l’unité de production de Kongoussi, 2007
Nouvel les du Burkina Page 3
UN E ÉCO LE À SA NKON D É Une belle aventure a commencé lors
de la délégation de février 2011: l’asso-
ciation s’est engagée auprès du village
de Sankondé à la construction d’une
école primaire.
Ce projet a pour but de faciliter l’ac-
cès à l’école pour plus d’enfants et de
désengorger les écoles environnantes qui
peuvent compter jusqu’à 90 élèves par
classe.
Une école primaire compte six clas-
ses, un logement par instituteur et des
latrines. Six classes pour six niveaux, du
CP1 au CM2. La première année est
consacrée à l’apprentissage du français
qui n’est pas la langue maternelle. Celle
de Sankondé comptera 3 classes de 2
niveaux chacune, car elle est proportion-
nelle à la taille du village.
Le contrat entre l’association et le
village de Sankondé s’étendra sur plu-
sieurs années. Le montant de la première
tranche de travaux s’élève à 22125 eu-
ros pour une classe, un logement et les
latrines
La rentrée de la classe s’est faite en
octobre 2011. 28 élèves ont pris place
sur les tables-bancs devant l’instituteur
de CP1. Le logement a été achevé après
la rentrée des classes, mais les villageois
s’étaient engagés à le loger en attendant
la fin des travaux. Chose faite en décem-
bre 2011.
Les fonds de l’association, la subven-
tion de 10000 euros du Conseil Régional,
les dons reçus grâce à la souscription
mise en place dès le retour de la déléga-
tion, et surtout la volonté des villageois
de voir ouvrir la première classe ont per-
mis une réalisation rapide de la première
tranche de travaux.
La suite des travaux se fera en fonc-
tion des finances de l’association et des
projets mis en place en France pour ré-
colter des fonds.
Les pays du Sahel (de la Mauritanie au Tchad) sont durement
frappés en ce début 2012 par la crise alimentaire qui concernera,
selon les sources, entre 8 et 20 millions de personnes, dont 2
millions au seul Burkina Faso. Elle se produit en Afrique de
l’ouest dans un contexte économique de grande vulnérabili-
té depuis plusieurs années : hausse des prix des carburants,
dépendance accrue des importations, instabilité politique.
Le déficit de la récolte céréalière est variable selon les régions
du Burkina, mais la province du BAM (Kongoussi) est particuliè-
rement touchée en 2011 à cause de précipitations très tardives
pendant la saison des pluies, les récoltes sont parfois inexistan-
tes dans les villages autour de la ville. Dès 2012, cela se traduit
par une flambée des prix insupportable pour des paysans qui
n’ont plus de réserves après une récolte 2009 déjà faible, car le
Sahel est frappé par des sècheresses de plus en plus fréquentes
depuis quarante ans.
Conscients des risques, de nombreux acteurs se mobilisent
au niveau local et international pour essayer de prévenir la catas-
trophe que serait une nouvelle famine pour toute la population,
en particulier pour les enfants. Ainsi le gouvernement Burkinabé
a lancé dès janvier 2012 des ventes de céréales à prix social.
Certaines ONG (ACF, UNICEF, etc.) interviennent auprès des
enfants menacés par la malnutrition. Dans l’ensemble de l’Afrique
de l’ouest, le P.A.M. (Programme alimentaire mondial), financé en
urgence par l’U.E. et la France, appuie les efforts des gouverne-
ments en étendant les distributions de vivres auprès des popula-
tions les plus gravement affectées. On peut espérer que cette
aide, indispensable à court terme, permettra d’éloigner la famine
et de limiter la mortalité, ainsi que les séquelles graves pour la
santé des populations. Elle doit aussi permettre aux paysans et
aux éleveurs de conserver les semences et le bétail pour préparer
les prochaines récoltes.
A plus long terme, face à la baisse de la pluviométrie moyen-
ne et aux sècheresses récurrentes, la région a besoin de mener
une politique de développement agricole susceptible de protéger
le couvert végétal. En effet, la déforestation liée à l’agriculture
extensive et la consommation croissante de bois de chauffe pour
la cuisine entraine la disparition de plus de 100000 hectares de
forêt par an au seul Burkina Faso. En outre, l’abattage des ar-
bres accélère l’érosion des sols par le vent et accroit sans doute
les sècheresses.
Enfin, là comme ailleurs, la disparition des crises récurrentes
passe par un investissement soutenu pour un développement
durable : scolarisation de tous les enfants, formation des
paysans, organisation du marché et des transports, sans oublier
l’intervention efficace des états pour assurer la sécurité des popu-
lations dans tous les domaines.
CR I SE A LIMEN TA IR E AU SAH EL
L’ouverture anticipée de la première
classe a eu lieu en octobre 2011.
Le logement de l’instituteur (photo en
bas à droite) était alors en voie d’achè-
vement.
Les tout premiers écoliers de l’école de
Sankondé
Bernard Authesserre
Emmanuelle Hullin
Maison des associations
8 Rue Jacques-Philippe Bréant
27300 BERNAY
Associat ion Bernay Burkina Faso
C O M P T E S C U M U L É S 2 0 1 0 - 2 0 1 1
Téléphone : 06 89 35 37 61
E-mail : [email protected]
Retrouvez-nous sur le web !
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Remerciements à tous les donateurs
Grâce à vos dons, vingt-huit enfants de
Sankondé ont pu rejoindre l’école dès cette
année, avant même la fin des travaux an-
nexes, tellement est grande leur soif d’ap-
prendre.
Le Chef du village, Léopold Ouedraogo,
remercie chaleureusement au nom du village
tous ceux, Région Haute Normandie, mem-
bres de l’Association et donateurs qui ont
associé leurs efforts pour que cette première
réalisation soit possible.
Ainsi que le prévoient nos statuts,
les activités de l’association se dé-
ploient dans deux directions : favo-
riser les relations nord-sud par une meilleure connaissance réciproque
et soutenir des projets de dévelop-
pement initiés par nos partenaires
du Burkina Faso. C’est la raison
pour laquelle les recettes et les
dépenses ont été regroupées sous
deux grands chapitres : l’action
culturelle à Bernay (semaine du
cinéma africain, organisation de
spectacles, éducation au développe-ment dans les établissements sco-
laires, etc) et l’aide au dévelop-
pement au Burkina Faso. Selon
les années, l’un ou l’autre de ces
deux pôles requiert de plus grands
moyens financiers. En 2010, ce fut
l’action culturelle avec une magnifi-
que Semaine du Cinéma qui réunit,
outre le public du soir, plus de 1100 scolaires au cinéma et un Opéra
africain qui fit également le plein de
spectateurs. Les projets de déve-
loppement étaient alors à l’étude.
En 2011, au contraire, c’est le par-
tenariat avec le Burkina qui a
concentré l’essentiel de l’emploi des
ressources, sinon des activités de
l’association. Les subventions publi-
ques sont également attribuées en fonction d’un projet : soutien à la
Semaine du Cinéma Africain pour le
Conseil Général de l’Eure et aide à
des micro-projets de développe-
ment pour la Région Haute-
Normandie.
La première classe de l’école de
Sankondé est désormais ouverte.
Tous les bénéfices financiers des
diverses actions des deux exercices
clos et les dons privés sont affectés à cette réalisation. Pour toutes ces
raisons il nous a semblé plus juste
et plus parlant de publier deux
années pour cette première édition.
Fonctionnement
9,00%
Culture47,52%
Développement43,47%
RECETTESFonctionnement
1,96%
Culture28,18%
Développement69,86%
DEPENSES
RECETTES 2010 2011 Total %
Fonctionnement
(cotisations, subvention Mairie,
produits financiers) 1263.88 1288.61 2552.49 9.00
Culture
(subventions Conseil Général,
activités culturelles) 8602.2 4869.1 13471.3 47.52
Développement
(subventions Conseil Régional,
vente artisanat, dons) 2239.2 10083.49 12322.69 43.47
DEPENSES 2010 2011 Total %
Fonctionnement
(assurance, frais de gestion) 105.95 421.53 527.48 1.96
Culture
(Activités culturelles, publicité) 3803.32 4425.44 8228.76 28.18
Développement
(Frais de délégation, développe-
ment au Burkina) 1233.95 19168.00 20401.95 69.98