Négociations internationales sur le climat : nouveaux enjeux pour les pays africains
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Négociations internationales sur le climat : nouveaux enjeux pour les
pays africains
Regional Development Briefing No.4Ouagadougou, 1-2 Novembre 2010
Celia Gautier, Chargée de mission Politiques Publiques et Régulations
Internationales, [email protected]
Plan1) Introduction : Changement climatique et vulnérabilité en
Afrique
2) Etat des lieux des négociations avant Cancun (COP16) 1) Cancun, l’an 1 de l’après Copenhague
2) De Copenhague à Cancun
3) Cancun : remettre la négociation climat sur les rails
3) Les principaux enjeux de la négociation pour l’Afrique1) La réduction des émissions dans les pays du Nord et les
actions de réduction dans les pays du Sud
2) REDD+
3) Les financements (précoces et à long terme)
4) L’adaptation
5) L’inclusion de l’agriculture des pays du Sud
6) Transfert de technologies
7) Le renforcement de capacités
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Introduction
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Les impacts du changement climatique en Afrique
L’un des continents les plus vulnérables Pourtant responsable de seulement 4% des émissions mondiales
de gaz à effet de serre (GES) => justice climatique Principaux effets néfastes (Giec 2007, Boko et al. 2007, Collier et
al. 2008, Müller 2009, UNCCD et al. 2009) Plus grande fréquence des aléas climatiques extrêmes, variabilité accrue Baisse des rendements agricoles Risques accrus d’insécurité alimentaire Augmentation du nombre de personnes en situation de risque de stress hydrique
(baisse de la disponibilité de la ressource en eau) Augmentation des risques d’exposition au paludisme Augmentation du niveau de la mer => érosion côtière, impact sévère sur les
mangroves et les ressources halieutiques et augmentation des risques d’inondation
Déforestation, dégradation des forêts
Agriculture en Afrique : relever les défis du changement climatique et de la sécurité alimentaire
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Source : Pnud 2005
Les négociations internationale avant la conférence de Cancun
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Cancun : L’an 1 de l’après Copenhague
Accord de Copenhague Déclaration politique, non juridiquement contraignante, en dehors
du processus de la Convention-cadre des Nations unies sur le climat (CCNUCC)
Approche ascendante (« bottom-up ») : Fossé entre les recommandations de la science (de -25% à -40% d’ici 2020) et les annonces de réduction des émissions des pays développés : +3°C au lieu de +2°C
Promesses de financements par les pays développés : 30 mds $US pour les financements précoces (« fast start ») sur 2010-2012, en
particulier aux pays les plus vulnérables. Puis 100 mds $US par an d’ici 2020
Signé par les pays africains, malgré des promesses de financements inférieures aux demandes du Groupe Africain à Copenhague
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De Copenhague (COP15) à Cancun (COP16)
Des négociations laborieuses, avec quelques progrès incrémentaux à la session de Tianjin (début octobre)
… mais qui ne suffiront pas à atteindre un accord mondial, équitable, ambitieux et juridiquement contraignant à Cancun.
Forme légale du futur accord toujours incertaine : Majorité de pays : un accord mondial contraignant dans le cadre
de la Convention (AWG-LCA) Mais aussi deuxième période d’engagement dans le cadre du
Protocole de Kyoto. Garantie pour les PED. UE désormais disposée à considérer une 2e période d’engagement au titre du Protocole (sans USA) si l’accord mondial reste l’objectif final
Enjeu : Sortir de l’impasse sur la forme légale du futur accord
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Cancun : remettre les négociations sur les rails
Attentes pour Cancun considérablement réduites par rapport à Copenhague :
restaurer la confiance entre les pays, envoyer un signal positif
Adopter un « paquet équilibré » de décisions Les éléments nécessaires d’un « balanced package »
Des décisions de la COP sur la réduction des émissions, l’adaptation, les financements, la technologie, et le renforcement de capacités
Une déclaration sur l’objectif final d’un accord juridiquement contraignant Un plan de travail pour atteindre cet objectif Une décision de la COP/MOP qui souligne la poursuite du Protocole de Kyoto
sur une deuxième période d’engagement
Mais comment trouver l’équilibre ? Les pays doivent discuter de leur vision du « paquet »
et de comment il équilibre les différents enjeux
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Position africaine à Cancun A Copenhague : position commune de l’Afrique A Cancun, elle ne devrait pas se différencier de celle de Copenhague (président de la CUA)
… avec une ambition moindre : atteindre des objectifs sectoriels à Cancun avant la dernière étape de la COP17 en Afrique du Sud qui devra déboucher sur un accord.
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Les enjeux prioritaires des négociations pour les pays
africains
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Réduction des émissions Réduction des émission dans les pays développés : 75 pays engagés à réduire leurs émissions de GES d’ici 2020
Promesses insuffisantes pour rester en deçà de la barre des 2°C Mauvais signal envoyé aux pays en développement Les pays en développement veulent aussi avoir l’assurance que
ces promesses seront tenues à travers des politiques et des plans nationaux (cf cas des Etats-Unis)
Groupe Afrique : la voie de la Convention doit relever le niveau d’ambition des pays de l’Annexe I qui ne font pas partie du Protocole de Kyoto
NAMAs : MRV des actions financées par les pays du Nord MRV des financements
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REDD+ en Afrique Déforestation : 12-17% des émissions Accord de Copenhague
REDD+ important : fournir des incitations à l’action et mobiliser des ressources
La France et Royaume-Uni : 20% des financements précoces à REDD+
Discussions plus poussées avant la signature de l’accord Des points restaient à clarifier (garde-fous)
Enjeux MRV Renforcement de capacités Décision possible à COP16 mais sa substance dépend des
avancées sur d’autres thèmes (financements)
Une décision à la COP si décision sur d’autres mesures Des initiatives et discussions parallèles :
Exemple : Le partenariat REDD+, UN-REDD, FCPF
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Financements précoces (1) Fondamentaux pour :
restaurer un climat de confiance suite à l’échec de Copenhague jeter les bases de l’architecture financière climatique post-2012.
Débat : reconnaissance de la valeur de l’Accord de Copenhague par les PED versement des financements par les pays développés
Faut-il une décision de la COP sur les fast start à Cancun pour qu’ils soient reconnus de tous et effectivement versés ?
Additionnalité par rapport aux objectifs de l’Aide publique au développement
Dans les faits : très peu d’argent nouveau et additionnel, beaucoup de recyclage de l’APD
Le changement climatique fait naître des besoins nouveaux ! Le développement serait +40% plus coûteux (Fankhauser & Schmidt-Traub, 2010)
UE, des définitions divergentes de l’additionnalité !
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Financements précoces (2) Une utilisation prioritaire dans les pays les plus pauvres et les plus vulnérables (cf Accord de Copenhague)
PANA : financement existants (181 millions $) insuffisants pour couvrir leur mise en œuvre (2 mds $)
Pourtant, utilisation semble majoritaire dans les pays émergents et à revenu intermédiaire
Une très faible part revient actuellement à l’Afrique
Un équilibre entre réduction des émissions / adaptation Accord de Copenhague : allocation « équilibrée » Dans les faits, pays développés plus enclins à financer de la
réduction des émissions (70% pour l’UE) que de l’adaptation
Dans les pays les plus vulnérables : Privilégier les financements publics aux financements privés Privilégier les dons par rapport aux prêts :
Peu de pays ont annoncé la répartition prêts/dons Les prêts soutiennent rarement les actions d’adaptation et de renforcement de
capacités
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Financements précoces (3)
Gouvernance des fonds : assurer un équilibre entre pays donateurs et pays récipiendaires
Exemple : Fonds pour l’Adaptation du Protocole de Kyoto Allocation des fonds à des entités nationales plutôt que des
agences internationales Participation directe, pleine et effective des communautés
affectées à la gouvernance des fonds
Besoin crucial de transparence (cf Conseil de l’UE) sur les sources, les canaux de distribution, les décaissements, la
répartition géographique, la répartition prêts/dons, les activités financées
Mandater la COP (organe décisionnel de la Convention climat) pour définir des critères communs sur l’utilisation et la comptabilisation des financements précoces et préparer des rapports annuels d’analyse des contributions ?
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Financements à long terme
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L’Afrique aura besoins de financements sur une durée plus longue que d’autres régions Accord de Copenhague : création d’un « Fonds vert », approvisionné par 100 mds $ par an d’ici 2020
Signé par les pays africains comme un minimum, mais ne préjuge pas du montant réel qu’ils demandent
Groupe Afrique et Groupe des PMA : 1,5% du PIB des pays développés par an d’ici 2020, soit environ 600 mds $ par an (PIB de 2008)
Besoins totaux en transferts nets Nord Sud (UNFCCC) : 425 mds $ par an d’ici 2030 A Cancun : décision probable de la COP de créer le Fonds, les modalités de sa mise en œuvre restant à définir.
Adaptation (1) Adaptation de l’agriculture en Afrique essentielle, à la fois en termes d’actions urgentes et de transformations profondes à plus long terme
Baisse de la productivité, baisse des revenus, augmentation de l’instabilité => vulnérabilité accrue, risques d’insécurité alimentaire et nutritionnelle accrus
Rôle des agricultures familiales => Elles doivent pouvoir se développer en tenant compte du besoin permanent d’adaptation
Coût estimé de l’adaptation de l’agriculture dans les pays en développement : 2.5-2.6 mds $ par an entre 2010 et 2050 (Banque mondiale)
Texte poussé à Copenhague Groupe Afrique et d’autres pays poussent pour la création d’un comité sur l’adaptation
Fournir un appui technique pour mise en œuvre d’actions d’adaptation
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Adaptation (2) Des enjeux en termes de financements :
Financer les PANA (actions urgentes) Des financements pérennes, stables et fiables à plus long terme Des dons majoritairement, pas des prêts De l’argent majoritairement public, pas via le marché carbone
Coordonner les efforts existants et les multiplier Avant et après l’échec de Copenhague, des initiatives, souvent
sur une base « projets » Ne pas attendre la négociation mais être proactif Besoin d’un rôle de coordination de la CCNUCC Sur le dispositif institutionnel : consensus relatif sur la nécessité
de renforcer et établir des institutions nationales sur l’adaptation Suivi des financements et des actions mises en œuvre, ou
seulement des financements pour en révéler les lacunes ?
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L’inclusion de l’agriculture des pays en développement (1)
Un enjeu majeur en termes d’adaptation 96% de l’agriculture africaine est pluviale
Aussi un enjeu en termes d’atténuation 13,5% des émissions globales de GHG en 2004 (Giec)
potentiel d’atténuation de 5 à 6 gigatonnes de CO2eq d’ici 2030
Mais exclue des négociations jusqu’à mi-2009 Un volet nouveau, des incertitudes Intégrée aux discussions dans le cadre de la Convention en
novembre 2009 Progrès significatifs à Copenhague, pas de décision de la COP
Enjeu des négociations : Intégrer l’agriculture des pays du Sud dans un accord mondial sur
le climat pour favoriser un changement des systèmes agraires vers une agriculture « climate smart » en tenant compte de la diversité des agricultures
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L’inclusion de l’agriculture des pays en développement (2) Comme pour les autres sujets, une
décision à la COP dépend du « paquet » global
Si inclusion de l’agriculture, les financements « climat » doivent prendre en compte les spécificités de l’agriculture des pays en développement
Marché carbone : des risques. Avant : Mieux connaître le potentiel d’atténuation, renforcer, développer et diffuser des techniques accessibles aux agricultures familiales, via des fonds publics.
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Transfert de technologies A Copenhague :
Négociations poussées, proches d’une décision de créer un mécanisme pour la technologie (avec un comité exécutif et un Centre de la technologie)
Accord de Copenhague : importance de la technologie reconnue et création d’un Mécanisme, sans plus de précision sur sa mise en œuvre
Décision à Cancun de la COP de créer un mécanisme sur la technologie ?
Possible, mais repose sur d’autres sujet (exemple, les financements)
Des sujets en suspens: Liens mécanisme technologie – mécanisme financier (puisque négociés
séparemment) Droits de la propriété intellectuelle Quel traitement des aspects non financiers (gouvernance adéquate) ? Quel
traitement des enjeux de renforcement de capacité ? Technologie de réduction des émissions / technologies d’adaptation
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Renforcement de capacités Essentiel pour les pays les plus vulnérables et clés pour débloquer les négociations Demandes de la part de certains pays (PMA, Groupe Afrique) de créer un cadre dédié de renforcement de capacité avec des ressource dédiées. Discussions à Tianjin :
Dispositif institutionnel (de nouvelles institutions?) Indicateurs de performance : pas encore au point, plutôt approche
projets
Cf Déclaration du Forum pour le développement de l’Afrique (Addis-Abeba 10-15 octobre 2010) Mention probable du renforcement de capacités à Cancun (dans une décision à part entière ?)
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Conclusion
Des questionnements sur l’efficacité du système multilatéral.
On sait aujourd’hui que les négociations onusiennes ont vouées à être lentes
Des initiatives parallèles qui font précédent Ex : Partenariat REDD+ (Participation des parties prenantes,
garde-fous, transparentes, droits des peuples autochtones)
Et qui viennent nourrir la Convention Mais le cadre multilatéral reste indispensable pour donner une voix à ceux qui ne peuvent s’exprimer ailleurs
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Merci de votre attention !
Thank you for your kind attention !
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