MSF Rapport D'activités 2008
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MSF RappoRt d’activitéS 2008
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ort d’activités 2
00
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4|
10|
79|
17|
Médecins Sans Frontières est une association privée à vocation internationale. L’association rassemble majoritaire-ment des médecins et des membres des corps de santé et est ouverte aux autres professions utiles à sa mission.tous souscrivent sur l’honneur aux principes suivants:
Les Médecins Sans Frontières apportent leurs secours aux populations en détresse, aux victimes de catastrophes d’origine naturelle ou humaine, de situation de bel-ligérance, sans aucune discrimination de race, de religion, philosophique ou politique.
Œuvrant dans la neutralité et l’impartialité, les Médecins Sans Frontières revendiquent, au nom de l’éthique médicale universelle et du droit à l’assistance humanitaire, la liberté pleine et entière de l’exercice de leur fonction.
ils s’engagent à respecter les principes déontologiques de leur profession et à maintenir une totale indépendance à l’égard de tout pouvoir, ainsi que de toute force politique, économique ou religieuse.
volontaires, ils mesurent les risques et périls des missions qu’ils accomplissent et ne réclameront pour eux ou leurs ayants droit aucune compensation autre que celle que l’association sera en mesure de leur fournir.
La chaRte de Médecin SanS FRontièReS
PHOTO DE COUVERTURE © Marta Ramoneda, Pakistan
Les résumés par pays présentés dans ce rapport donnent une description des
activités de MSF à travers le monde entre janvier et décembre 2008. Les
statistiques relatives au personnel font état du total des effectifs équivalent
plein temps par pays en 2008.
Les motifs d’intervention indiquent le ou les événements à l’origine des
actions médico-humanitaires de MSF telles que renseignées dans l’étude
typologique de 2008. Les résumés des activités dans chaque pays se veulent
représentatifs et pour des raisons évidentes de place, ne sont pas exhaustifs.
2 | LeS MiSSionS de MSF à tRaveRS Le Monde
4 | BiLan de L’année Kris Torgeson, Secrétaire Générale, MSF International
Dr. Christophe Fournier, Président, Conseil International de MSF
7 | apeRçu deS opéRationS de MSF
8 | LeS cRiSeS négLigéeS en 2008
aLBuM photo 10 | trois maladies mortelles négligées
15 | gLoSSaiRe MédicaL
LeS pRojetS de MSF à tRaveRS Le Monde 17 | afrique 47 | asie et caucase 65 | Les amériques 71 | europe et Moyen-orient
encadRéS LatéRaux 24 | est du congo: les défis pour MSF 79 | irak: de nouvelles préoccupations humanitaires
84 | LeS FeRMetuReS de pRogRaMMeS nationaux
86 | MSF en chiFFReS apRèS audit
88 | contacteR MSF
SoMMaiRe
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Médecins Sans Frontières est une association privée à vocation internationale. L’association rassemble majoritaire-ment des médecins et des membres des corps de santé et est ouverte aux autres professions utiles à sa mission.tous souscrivent sur l’honneur aux principes suivants:
Les Médecins Sans Frontières apportent leurs secours aux populations en détresse, aux victimes de catastrophes d’origine naturelle ou humaine, de situation de bel-ligérance, sans aucune discrimination de race, de religion, philosophique ou politique.
Œuvrant dans la neutralité et l’impartialité, les Médecins Sans Frontières revendiquent, au nom de l’éthique médicale universelle et du droit à l’assistance humanitaire, la liberté pleine et entière de l’exercice de leur fonction.
ils s’engagent à respecter les principes déontologiques de leur profession et à maintenir une totale indépendance à l’égard de tout pouvoir, ainsi que de toute force politique, économique ou religieuse.
volontaires, ils mesurent les risques et périls des missions qu’ils accomplissent et ne réclameront pour eux ou leurs ayants droit aucune compensation autre que celle que l’association sera en mesure de leur fournir.
La chaRte de Médecin SanS FRontièReS
PHOTO DE COUVERTURE © Marta Ramoneda, Pakistan
Les résumés par pays présentés dans ce rapport donnent une description des
activités de MSF à travers le monde entre janvier et décembre 2008. Les
statistiques relatives au personnel font état du total des effectifs équivalent
plein temps par pays en 2008.
Les motifs d’intervention indiquent le ou les événements à l’origine des
actions médico-humanitaires de MSF telles que renseignées dans l’étude
typologique de 2008. Les résumés des activités dans chaque pays se veulent
représentatifs et pour des raisons évidentes de place, ne sont pas exhaustifs.
2 | LeS MiSSionS de MSF à tRaveRS Le Monde
4 | BiLan de L’année Kris Torgeson, Secrétaire Générale, MSF International
Dr. Christophe Fournier, Président, Conseil International de MSF
7 | apeRçu deS opéRationS de MSF
8 | LeS cRiSeS négLigéeS en 2008
aLBuM photo 10 | trois maladies mortelles négligées
15 | gLoSSaiRe MédicaL
LeS pRojetS de MSF à tRaveRS Le Monde 17 | afrique 47 | asie et caucase 65 | Les amériques 71 | europe et Moyen-orient
encadRéS LatéRaux 24 | est du congo: les défis pour MSF 79 | irak: de nouvelles préoccupations humanitaires
84 | LeS FeRMetuReS de pRogRaMMeS nationaux
86 | MSF en chiFFReS apRèS audit
88 | contacteR MSF
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MaRoc
SieRRa Leone
éthiopie
RépuBLique déMocRatique
du congo
congo-BRaZZaviLLe
tchad
RépuBLiquecentRaFRicaine
caMeRoun
BuRundi
BuRkina FaSo
MaLawi
LiBéRia
LeSotho
guinée-conakRy
nigeR
MoZaMBique
MaLi
SoMaLie
nigeRia
aFRique du Sud
Soudan
ouganda
ZaMBie
ZiMBaBweBoLivie
guateMaLa
honduRaS
coLoMBie
haïti
aRMénie
inde
SRi Lanka
népaL
thaïLande
chine
LaoS
kiRghiZStan
indonéSie
géoRgie
caMBodge
BangLadeSh
tuRkMéniStan
MyanMaR
pakiStan
ouZBékiStan
FRanceSuiSSe
itaLie
teRRitoiReSpaLeStinienS
iRaniRak
BeLgique
FédéRationde RuSSie
MoLdavie
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papouaSie nouveLLe guinée
gRèce
guinée-BiSSau
LiBanMaLte
phiLippineScÔte d’ivoiRe
39 | aFRique du Sud 48 | aRMénie 49 | BangLadeSh72 | BeLgique66 | BoLivie67 | BRéSiL 18 | BuRkina FaSo19 | BuRundi50 | caMBodge 20 | caMeRoun51 | chine68 | coLoMBie25 | éthiopie76 | FédéRation de RuSSie 72 | FRance52 | géoRgie73 | gRèce69 | guateMaLa27 | guinée-BiSSau26 | guinée-conakRy 70 | haïti69 | honduRaS 52 | inde
54 | indonéSie 78 | iRak78 | iRan74 | itaLie28 | kenya55 | kiRghiZStan28 | LeSotho80 | LiBan30 | LiBéRia31 | MaLawi32 | MaLi75 | MaLte 32 | MaRoc76 | MoLdavie34 | MoZaMBique56 | MyanMaR57 | népaL35 | nigeR 36 | nigeRia44 | ouganda64 | ouZBékiStan58 | pakiStan59 | papouaSie nouveLLe guinée
60 | phiLippineS 21 | RépuBLique centRaFRicaine23 | RépuBLique déMocRatique du congo37 | SieRRa Leone38 | SoMaLie40 | Soudan60 | SRi Lanka77 | SuiSSe 43 | SwaZiLand22 | tchad 82 | teRRitoiReS paLeStinienS62 | thaïLande63 | tuRkMéniStan80 | yéMen 45 | ZaMBie46 | ZiMBaBwe
pRogRaMMeS cLoS84 | congo-BRaZZaviLLe84 | cÔte d’ivoiRe84 | LaoS
chaque année, MSF lance ou clôt un certain nombre de projets individuels, répondant aux situations de crises aiguës, transférant des projets, surveillant l’évolution des besoins des patients et s’adaptant à celle-ci en tout lieu. plusieurs projets peuvent être en cours simultanément dans un même pays si nécessaire.
LeS MiSSionS de MSF à tRaveRS Le Monde
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39 | aFRique du Sud 48 | aRMénie 49 | BangLadeSh72 | BeLgique66 | BoLivie67 | BRéSiL 18 | BuRkina FaSo19 | BuRundi50 | caMBodge 20 | caMeRoun51 | chine68 | coLoMBie25 | éthiopie76 | FédéRation de RuSSie 72 | FRance52 | géoRgie73 | gRèce69 | guateMaLa27 | guinée-BiSSau26 | guinée-conakRy 70 | haïti69 | honduRaS 52 | inde
54 | indonéSie 78 | iRak78 | iRan74 | itaLie28 | kenya55 | kiRghiZStan28 | LeSotho80 | LiBan30 | LiBéRia31 | MaLawi32 | MaLi75 | MaLte 32 | MaRoc76 | MoLdavie34 | MoZaMBique56 | MyanMaR57 | népaL35 | nigeR 36 | nigeRia44 | ouganda64 | ouZBékiStan58 | pakiStan59 | papouaSie nouveLLe guinée
60 | phiLippineS 21 | RépuBLique centRaFRicaine23 | RépuBLique déMocRatique du congo37 | SieRRa Leone38 | SoMaLie40 | Soudan60 | SRi Lanka77 | SuiSSe 43 | SwaZiLand22 | tchad 82 | teRRitoiReS paLeStinienS62 | thaïLande63 | tuRkMéniStan80 | yéMen 45 | ZaMBie46 | ZiMBaBwe
pRogRaMMeS cLoS84 | congo-BRaZZaviLLe84 | cÔte d’ivoiRe84 | LaoS
chaque année, MSF lance ou clôt un certain nombre de projets individuels, répondant aux situations de crises aiguës, transférant des projets, surveillant l’évolution des besoins des patients et s’adaptant à celle-ci en tout lieu. plusieurs projets peuvent être en cours simultanément dans un même pays si nécessaire.
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Sur l’ensemble de l’année, le personnel de MSF a assuré 8,8 millions de consultations et 47.500 interventions chirurgicales dans plus de 65 pays. Nous avons fourni des traitements à plus d’un million de person-nes atteintes de paludisme, ainsi que des soins nutritionnels à plus de 200.000 enfants souffrant de malnutrition.
Que ce soit lors des violences post-électorales au Kenya, du passage d’un cyclone dévastateur dans le delta de l’Irrawaddy au Myanmar, ou de l’épidémie de choléra au Zimbabwe, les équipes médi-cales de MSF étaient déjà sur place, prêtes à offrir l’aide requise de toute urgence. Au Kenya, face à l’escalade de violence, nos équipes de terrain ont été renforcées par des chirurgiens, des urgentistes, des infir-miers et des logisticiens supplémentaires.
Au Myanmar, nous avons offert une aide
médicale, psychosociale et alimentaire ainsi que des abris aux survivants du cyclone Nargis. Pendant des mois, MSF a été l’une des seules organisations à avoir accès à toutes les zones touchées par l’épidémie de choléra au Zimbabwe ; début 2009, nous y avions traité 45.000 patients.
Dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), MSF a offert des soins médicaux essentiels dans les villes touchées par les combats. Dans toute la région, les équipes ont soigné les blessés de guerre dans nos programmes chirurgi-caux, créé des structures de traitement du choléra et fourni aux déplacés et aux résidents des biens essentiels, comme de l’eau potable et d’autres denrées.
Si ces crises ont fait la une des journaux du monde en 2008, ne fût-ce que briève-ment, l’essentiel de ce que les équipes MSF
Bilan de l’annéekris torgeson, Secrétaire générale, MSF internationaldr. christophe Fournier, président, conseil international de MSF
ont accompli durant l’année – et, plus préoccupant encore, de ce qu’elle n’ont pu accomplir - n’a pas fait les gros titres, et est difficile à résumer en quelques chiffres ou en quelques mots.
Tout au long de l’année, l’accès aux victimes de conflits armés, que ce soit en Somalie, en Irak, au Pakistan, au Soudan ou dans les Territoires palestiniens occupés a posé de sérieuses difficultés à MSF. L’insécurité et les obstacles administratifs, parfois intentionnels, ont contribué à ces difficultés. MSF s’est beaucoup appuyé sur son personnel national pour apporter une aide humanitaire indépendante aux plus vulnérables dans ces zones de conflit.
En Somalie, l’enlèvement et la libération de deux membres du personnel MSF au moment du passage à la nouvelle année, puis le meurtre brutal de trois de nos collègues en janvier nous ont forcés à fermer des programmes, et à réévaluer notre façon de travailler dans ce contexte très violent. Le personnel somalien de MSF a poursuivi son travail, soignant 2.300 blessés par balles ou tirs de mortier, et traitant 10.000 enfants atteints de malnu-trition aiguë dans les camps de déplacés. En Irak, MSF a continué à fournir une assistance médicale en marge du conflit, via des programmes de chirurgie répara-trice et l’offre de formations et de matériel aux hôpitaux du pays.
Présent pendant plus de vingt ans en Afghanistan, MSF a dû quitter le pays en 2004 suite au meurtre brutal de cinq de nos collègues. En 2008, nous avons commencé à étudier la possibilité de retourner offrir une aide médicale dans ce pays en proie à une insécurité croissante. Au Pakistan voisin, où 600.000 personnes ont fui les combats dans la Province de la Frontière du Nord-Ouest, MSF a amélioré l’accès aux soins via un service d’ambulan-ces. Toutefois, il s’est encore avéré difficile de garantir que tous les belligérants recon-naissent et respectent l’aide humanitaire indépendante : début 2009, MSF a dû suspendre ce service après le meurtre de deux membres de notre personnel, voya-geant dans une ambulance MSF pourtant clairement identifiée.
Au Soudan, l’accroissement des obstacles
administratifs et de l’insécurité a limité l’aide apportée par MSF aux plus vulnéra-bles au Darfour, et dans d’autres régions du pays. Ainsi, en août, après une série d’attaques contre le personnel MSF, nos équipes ont été forcées de quitter les projets de Tawila, au nord du Darfour, où 35.000 déplacés s’étaient rassemblés, et de Shangil Tobaya, où MSF offrait des soins à 28.000 déplacés. Le fait de laisser tant de personnes sans accès aux soins, même temporairement, a été très difficile ; mais sans garantie de sécurité minimum pour les travailleurs humanitaires, MSF n’avait d’autre option que de suspendre ses activi-tés pendant plusieurs semaines. Malgré cela, 70.000 consultations ont été assurées en 2008 dans ces deux zones.
En décembre, Israël a lancé l’offensive « Plomb durci » dans la Bande de Gaza. Pendant les combats, MSF a eu des diffi-cultés à envoyer des équipes médicales supplémentaires, Israël restreignant la liberté de mouvement des personnes et de l’aide humanitaire. Toutefois, les équipes déjà présentes à Gaza ont pu réagir immé-diatement et soutenir les hôpitaux locaux submergés par l’afflux de blessés. Ce n’est qu’après que les forces israéliennes ont proclamé un cessez-le-feu en janvier, qu’une équipe chirurgicale de MSF et 21 tonnes de matériel (y compris deux tentes hospitalières gonflables) ont pu atteindre Gaza ville. MSF a ensuite concentré ses activités sur la chirurgie spécialisée, les soins post-opératoires et la physiothérapie.
L’une des autres priorités de MSF en 2008 a été la recherche de nouvelles méthodes pour lutter contre la malnutrition et les maladies négligées. Tout au long de l’année, MSF a plaidé pour relever les normes de l’aide alimentaire internationale afin que les jeunes enfants reçoivent les nutriments dont ils ont besoin. Dans les zones où la malnutrition est chronique, comme l’Asie du Sud, le Sahel et la Corne de l’Afrique, les aliments nutritifs ne sont pas abordables pour de nombreuses familles. Or l’aide alimentaire fournie actuellement par les agences et donateurs internationaux repose principalement sur des céréales, et ne comprend pas de denrées d’origine animale, comme le lait, qui contiennent des nutriments essentiels.
En 2008, MSF s’est engagé à donner aux enfants dénutris les aliments d’origine animale dont ils ont besoin, et à plaider pour la mise en œuvre plus large d’une aide alimentaire adaptée aux enfants partout dans le monde.
En Éthiopie, entre mai et août, MSF a mené un vaste programme de lutte contre la malnutrition aigue et modérée, soignant plus de 28.000 personnes. Au Niger, le travail de MSF a été menacé en juillet, lorsque les autorités locales ont suspendu des projets MSF dans certaines régions, principalement parce qu’elles souhaitaient ré-intégrer nos activités dans le système national de santé, et éviter une action indépendante et des campagnes de sensibi-lisation du public. Pour MSF, cette décision était prématurée étant donné le nombre d’enfants touchés, et, après deux mois de discussions, nous avons pu repren-dre une partie de nos activités nutrition-nelles. En 2008, MSF a traité 97.600 enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition modérée ou sévère.
En Afrique australe, où les co-infections VIH-TB sont endémiques, MSF a intensifié ses efforts pour accroître l’accès au dia-gnostic et au traitement. Ces dernières années, le nombre de personnes atteintes de TB seulement a plus que triplé dans les pays où la prévalence du VIH est élevée. Près d’un tiers des séropositifs dans le monde auraient la TB, mais seul un pour cent d’entre eux reçoivent un traitement. La plupart ne sont pas soumis au dépistage de la TB ; et même s’ils le sont, la méthode standard de diagnostic a été mise au point il y a déjà un siècle, et est inefficace chez la plupart des séropositifs. De plus, les protocoles de traitement actuels sont diffi-ciles à respecter pour les personnes sous antirétroviraux (ARV). En 2008, MSF a appelé de manière répétée les gouverne-ments et donateurs à investir dans la recherche et le développement de nouveaux outils de diagnostic et de traitement de la TB. Nous estimons qu’il faudrait au moins quadrupler les investissements actuels pour combattre la résurgence de cette maladie mortelle mais curable.
Le VIH touche aussi environ 1,9 million d’enfants de par le monde, mais seuls quelque 200.000 reçoivent un traitement
L’année 2008 a été une année de succès mais également de frustrations pour MSF. Si des avancées en matière de traitement de la malnutrition nous ont permis d’aider davantage d’enfants, nos équipes ont été confrontées à des diffi-cultés considérables pour accéder aux victimes de certains des conflits les plus violents du monde.
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Sur l’ensemble de l’année, le personnel de MSF a assuré 8,8 millions de consultations et 47.500 interventions chirurgicales dans plus de 65 pays. Nous avons fourni des traitements à plus d’un million de person-nes atteintes de paludisme, ainsi que des soins nutritionnels à plus de 200.000 enfants souffrant de malnutrition.
Que ce soit lors des violences post-électorales au Kenya, du passage d’un cyclone dévastateur dans le delta de l’Irrawaddy au Myanmar, ou de l’épidémie de choléra au Zimbabwe, les équipes médi-cales de MSF étaient déjà sur place, prêtes à offrir l’aide requise de toute urgence. Au Kenya, face à l’escalade de violence, nos équipes de terrain ont été renforcées par des chirurgiens, des urgentistes, des infir-miers et des logisticiens supplémentaires.
Au Myanmar, nous avons offert une aide
médicale, psychosociale et alimentaire ainsi que des abris aux survivants du cyclone Nargis. Pendant des mois, MSF a été l’une des seules organisations à avoir accès à toutes les zones touchées par l’épidémie de choléra au Zimbabwe ; début 2009, nous y avions traité 45.000 patients.
Dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), MSF a offert des soins médicaux essentiels dans les villes touchées par les combats. Dans toute la région, les équipes ont soigné les blessés de guerre dans nos programmes chirurgi-caux, créé des structures de traitement du choléra et fourni aux déplacés et aux résidents des biens essentiels, comme de l’eau potable et d’autres denrées.
Si ces crises ont fait la une des journaux du monde en 2008, ne fût-ce que briève-ment, l’essentiel de ce que les équipes MSF
Bilan de l’annéekris torgeson, Secrétaire générale, MSF internationaldr. christophe Fournier, président, conseil international de MSF
ont accompli durant l’année – et, plus préoccupant encore, de ce qu’elle n’ont pu accomplir - n’a pas fait les gros titres, et est difficile à résumer en quelques chiffres ou en quelques mots.
Tout au long de l’année, l’accès aux victimes de conflits armés, que ce soit en Somalie, en Irak, au Pakistan, au Soudan ou dans les Territoires palestiniens occupés a posé de sérieuses difficultés à MSF. L’insécurité et les obstacles administratifs, parfois intentionnels, ont contribué à ces difficultés. MSF s’est beaucoup appuyé sur son personnel national pour apporter une aide humanitaire indépendante aux plus vulnérables dans ces zones de conflit.
En Somalie, l’enlèvement et la libération de deux membres du personnel MSF au moment du passage à la nouvelle année, puis le meurtre brutal de trois de nos collègues en janvier nous ont forcés à fermer des programmes, et à réévaluer notre façon de travailler dans ce contexte très violent. Le personnel somalien de MSF a poursuivi son travail, soignant 2.300 blessés par balles ou tirs de mortier, et traitant 10.000 enfants atteints de malnu-trition aiguë dans les camps de déplacés. En Irak, MSF a continué à fournir une assistance médicale en marge du conflit, via des programmes de chirurgie répara-trice et l’offre de formations et de matériel aux hôpitaux du pays.
Présent pendant plus de vingt ans en Afghanistan, MSF a dû quitter le pays en 2004 suite au meurtre brutal de cinq de nos collègues. En 2008, nous avons commencé à étudier la possibilité de retourner offrir une aide médicale dans ce pays en proie à une insécurité croissante. Au Pakistan voisin, où 600.000 personnes ont fui les combats dans la Province de la Frontière du Nord-Ouest, MSF a amélioré l’accès aux soins via un service d’ambulan-ces. Toutefois, il s’est encore avéré difficile de garantir que tous les belligérants recon-naissent et respectent l’aide humanitaire indépendante : début 2009, MSF a dû suspendre ce service après le meurtre de deux membres de notre personnel, voya-geant dans une ambulance MSF pourtant clairement identifiée.
Au Soudan, l’accroissement des obstacles
administratifs et de l’insécurité a limité l’aide apportée par MSF aux plus vulnéra-bles au Darfour, et dans d’autres régions du pays. Ainsi, en août, après une série d’attaques contre le personnel MSF, nos équipes ont été forcées de quitter les projets de Tawila, au nord du Darfour, où 35.000 déplacés s’étaient rassemblés, et de Shangil Tobaya, où MSF offrait des soins à 28.000 déplacés. Le fait de laisser tant de personnes sans accès aux soins, même temporairement, a été très difficile ; mais sans garantie de sécurité minimum pour les travailleurs humanitaires, MSF n’avait d’autre option que de suspendre ses activi-tés pendant plusieurs semaines. Malgré cela, 70.000 consultations ont été assurées en 2008 dans ces deux zones.
En décembre, Israël a lancé l’offensive « Plomb durci » dans la Bande de Gaza. Pendant les combats, MSF a eu des diffi-cultés à envoyer des équipes médicales supplémentaires, Israël restreignant la liberté de mouvement des personnes et de l’aide humanitaire. Toutefois, les équipes déjà présentes à Gaza ont pu réagir immé-diatement et soutenir les hôpitaux locaux submergés par l’afflux de blessés. Ce n’est qu’après que les forces israéliennes ont proclamé un cessez-le-feu en janvier, qu’une équipe chirurgicale de MSF et 21 tonnes de matériel (y compris deux tentes hospitalières gonflables) ont pu atteindre Gaza ville. MSF a ensuite concentré ses activités sur la chirurgie spécialisée, les soins post-opératoires et la physiothérapie.
L’une des autres priorités de MSF en 2008 a été la recherche de nouvelles méthodes pour lutter contre la malnutrition et les maladies négligées. Tout au long de l’année, MSF a plaidé pour relever les normes de l’aide alimentaire internationale afin que les jeunes enfants reçoivent les nutriments dont ils ont besoin. Dans les zones où la malnutrition est chronique, comme l’Asie du Sud, le Sahel et la Corne de l’Afrique, les aliments nutritifs ne sont pas abordables pour de nombreuses familles. Or l’aide alimentaire fournie actuellement par les agences et donateurs internationaux repose principalement sur des céréales, et ne comprend pas de denrées d’origine animale, comme le lait, qui contiennent des nutriments essentiels.
En 2008, MSF s’est engagé à donner aux enfants dénutris les aliments d’origine animale dont ils ont besoin, et à plaider pour la mise en œuvre plus large d’une aide alimentaire adaptée aux enfants partout dans le monde.
En Éthiopie, entre mai et août, MSF a mené un vaste programme de lutte contre la malnutrition aigue et modérée, soignant plus de 28.000 personnes. Au Niger, le travail de MSF a été menacé en juillet, lorsque les autorités locales ont suspendu des projets MSF dans certaines régions, principalement parce qu’elles souhaitaient ré-intégrer nos activités dans le système national de santé, et éviter une action indépendante et des campagnes de sensibi-lisation du public. Pour MSF, cette décision était prématurée étant donné le nombre d’enfants touchés, et, après deux mois de discussions, nous avons pu repren-dre une partie de nos activités nutrition-nelles. En 2008, MSF a traité 97.600 enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition modérée ou sévère.
En Afrique australe, où les co-infections VIH-TB sont endémiques, MSF a intensifié ses efforts pour accroître l’accès au dia-gnostic et au traitement. Ces dernières années, le nombre de personnes atteintes de TB seulement a plus que triplé dans les pays où la prévalence du VIH est élevée. Près d’un tiers des séropositifs dans le monde auraient la TB, mais seul un pour cent d’entre eux reçoivent un traitement. La plupart ne sont pas soumis au dépistage de la TB ; et même s’ils le sont, la méthode standard de diagnostic a été mise au point il y a déjà un siècle, et est inefficace chez la plupart des séropositifs. De plus, les protocoles de traitement actuels sont diffi-ciles à respecter pour les personnes sous antirétroviraux (ARV). En 2008, MSF a appelé de manière répétée les gouverne-ments et donateurs à investir dans la recherche et le développement de nouveaux outils de diagnostic et de traitement de la TB. Nous estimons qu’il faudrait au moins quadrupler les investissements actuels pour combattre la résurgence de cette maladie mortelle mais curable.
Le VIH touche aussi environ 1,9 million d’enfants de par le monde, mais seuls quelque 200.000 reçoivent un traitement
L’année 2008 a été une année de succès mais également de frustrations pour MSF. Si des avancées en matière de traitement de la malnutrition nous ont permis d’aider davantage d’enfants, nos équipes ont été confrontées à des diffi-cultés considérables pour accéder aux victimes de certains des conflits les plus violents du monde.
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antirétroviral – ce qui signifie que neuf enfants sur dix n’ont pas accès aux médi-caments vitaux dont ils ont besoin. C’est pourquoi MSF a appelé les gouvernements et donateurs à rendre les tests existants plus largement disponibles, et à accroître nettement l’utilisation de la version pédia-trique d’une association standard de médi-caments à dose fixe. Un effort combiné des gouvernements et des agences humanitai-res est nécessaire, et MSF continuera à offrir une prise en charge globale, compre-nant la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant.
MSF continue aussi à soutenir la recherche de nouveaux traitements contre les maladies négligées. En 2008, une étape importante a été franchie dans l’améliora-tion des options thérapeutiques pour la maladie du sommeil. La DNDi (Drugs for Neglected Diseases initiative), en collabo-
ration avec MSF et Épicentre, a mis au point un traitement nouveau, moins toxique et plus facile à administrer contre cette maladie, appelé NECT (Nifurtimox-Eflornithine Combination Therapy). Ce traitement de 10 jours revêt un intérêt particulier pour MSF, car la plupart des 50.000 patients nécessitant un traitement actuellement vivent dans des zones isolées et instables.
La lutte contre l’exclusion délibérée de nombreuses personnes des systèmes de soins de santé est demeurée un élément majeur du travail de MSF en 2008 : nos équipes en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique se sont employées à aider les réfugiés et migrants ayant besoin d’une aide médicale. Les politiques restrictives d’immigration en Europe n’ont pas empêché l’arrivée de migrants en quête d’un refuge, de protection ou de meilleures
conditions de vie. MSF gère à leur inten-tion des programmes médicaux d’urgence dans plusieurs pays, notamment à Malte, en Italie et en Grèce. En Afrique du Sud, nous avons également fourni ce type de services aux migrants, pour la plupart zimbabwéens. Il est clair que les migra-tions et les déplacements constituent un défi global : MSF a aidé des déplacés dans 37 pays en 2008.
En juillet 2008, MSF a été choqué par le jugement rendu par la plus haute instance judiciaire suisse, le Tribunal fédéral, dans l’affaire concernant le remboursement d’une rançon payée par les autorités néer-landaises pour obtenir la libération d’Arjan Erkel. Ce ressortissant néerlandais, chef de mission de MSF, avait été retenu en otage dans la région du Caucase nord pendant 20 mois, après avoir été enlevé en août 2002. Après quatre ans de procédure et malgré deux jugements préalables en faveur de MSF, le Tribunal fédéral a partiellement admis le recours de l’Etat néerlandais en partageant le coût financier entre MSF et le gouvernement néerlandais. Cette décision crée un grave précédent pour l’action humanitaire indépendante. En acceptant, comme le demandait le gouver-nement néerlandais, de réduire les consé-quences de l’enlèvement à un simple litige commercial, la décision du Tribunal fédéral contribue à banaliser les délits commis à l’encontre des travailleurs humanitaires en toute impunité.
A l’évidence, MSF continuera en 2009 à lutter contre tout ce qui entrave l’offre d’une aide médicale d’urgence indépendante aux victimes de conflits, et aux exclus des systèmes de santé ; nous rechercherons des moyens nouveaux et innovants pour traiter la malnutrition et les maladies infectieuses ; nous ferons en sorte que nos outils médicaux soient efficaces et adaptés au terrain ; et nous nous efforcerons d’amélio-rer la préparation de notre réponse aux catastrophes naturelles. Toutefois, nous ne pourrions accomplir ce travail essentiel sans le soutien continu des millions de donateurs – dont 3,7 millions d’individus de par le monde – et des dizaines de milliers de membres du personnel MSF, qui le rendent possible chaque jour.
Merci.
apeRçu deS opéRationS de MSF
© Joanne Wong
interventions les plus importantes en fonction des dépenses 1 République démocratique du Congo 2 Nord-Soudan 3 Somalie 4 Éthiopie 5 Sud-Soudan 6 Niger 7 Tchad 8 Myanmar 9 Kenya 10 Zimbabwe11 Haïti 12 République centrafricaine
Zones d’intervention Afrique | 68% Asie | 16% Amériques | 7% Europe | 6% Moyen-Orient | 4%
contexte des interventions Stable | 41% Conflit armé | 34% Instabilité interne | 19% Situation post-conflit | 6%
événements à l’origine des interventions
Conflit armé | 42% Endémie/épidémie | 33% Violence sociale/exclusion
des soins de santé | 21% Catastrophe naturelle | 4%
activités principales (Liste non exhaustive comprenant uniquement les activités (diagnostic, traitement, suivi) avec prise en charge directe par MSF).
activité déFinition totaL
Patients externes Consultations externes 8.814.813
Patients hospitalisés Patients admis 312.509
Paludisme Cas confirmés et traités 1.178.679
Centres de nutrition Enfants souffrant de malnutrition sévère admis
thérapeutique dans un centre mobile ou hospitalisés 212.565
Centres de nutrition Enfants souffrant de malnutrition modérée
complémentaire admis 119.353
Accouchements Femmes ayant accouché,
césariennes comprises 101.858
Violence sexuelle Personnes victimes de violences sexuelles
ayant donné lieu à un traitement médical 15.145
Interventions Interventions chirurgicales majeures, y
chirurgicales compris opérations de chirurgie obstétrique
sous anesthésie totale ou péridurale 47.515
Traumatismes dus Interventions médicales et chirurgicales
à la violence suite à des violences directes 48.871
VIH/sida Patients VIH/sida enregistrés en traitement 227.591
Traitement ARV Patients sous antirétroviraux de première ligne
(première ligne) 130.214
Traitement ARV Patients sous ARV de deuxième ligne
(deuxième ligne) (échec des traitements de première ligne) 1.761
Prévention de la Femmes enceintes séropositives ayant
transmission de la reçu un traitement préventif
mère a l’enfant (mères) 8.664
Prévention de la Nouveau-nés ayant reçu un traitement
transmission de la post-exposition
mère a l’enfant (bébés) 8.807
Tuberculose Nouvelles admissions pour
(première ligne) traitement de première ligne 29.369
Tuberculose Nouvelles admissions pour
(deuxième ligne) traitement de seconde ligne 971
Santé mentale Consultations individuelles
(individuelle) 126.831
Santé mentale Sessions d’assistance et de soutien
(groupe) en groupe 22.173
Choléra Personnes admises en centre de traitement du choléra
ou traitées par solution orale de réhydratation 68.293
Rougeole - Personnes vaccinées contre la rougeole
vaccinations en réponse à une épidémie 1.913.793
Rougeole - Personnes traitées pour la rougeole
traitement 32.652
Méningite - Personnes vaccinées contre la méningite
vaccinations en réponse à une épidémie 706.787
Méningite - Personnes traitées pour la méningite
traitement 7.188
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antirétroviral – ce qui signifie que neuf enfants sur dix n’ont pas accès aux médi-caments vitaux dont ils ont besoin. C’est pourquoi MSF a appelé les gouvernements et donateurs à rendre les tests existants plus largement disponibles, et à accroître nettement l’utilisation de la version pédia-trique d’une association standard de médi-caments à dose fixe. Un effort combiné des gouvernements et des agences humanitai-res est nécessaire, et MSF continuera à offrir une prise en charge globale, compre-nant la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant.
MSF continue aussi à soutenir la recherche de nouveaux traitements contre les maladies négligées. En 2008, une étape importante a été franchie dans l’améliora-tion des options thérapeutiques pour la maladie du sommeil. La DNDi (Drugs for Neglected Diseases initiative), en collabo-
ration avec MSF et Épicentre, a mis au point un traitement nouveau, moins toxique et plus facile à administrer contre cette maladie, appelé NECT (Nifurtimox-Eflornithine Combination Therapy). Ce traitement de 10 jours revêt un intérêt particulier pour MSF, car la plupart des 50.000 patients nécessitant un traitement actuellement vivent dans des zones isolées et instables.
La lutte contre l’exclusion délibérée de nombreuses personnes des systèmes de soins de santé est demeurée un élément majeur du travail de MSF en 2008 : nos équipes en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique se sont employées à aider les réfugiés et migrants ayant besoin d’une aide médicale. Les politiques restrictives d’immigration en Europe n’ont pas empêché l’arrivée de migrants en quête d’un refuge, de protection ou de meilleures
conditions de vie. MSF gère à leur inten-tion des programmes médicaux d’urgence dans plusieurs pays, notamment à Malte, en Italie et en Grèce. En Afrique du Sud, nous avons également fourni ce type de services aux migrants, pour la plupart zimbabwéens. Il est clair que les migra-tions et les déplacements constituent un défi global : MSF a aidé des déplacés dans 37 pays en 2008.
En juillet 2008, MSF a été choqué par le jugement rendu par la plus haute instance judiciaire suisse, le Tribunal fédéral, dans l’affaire concernant le remboursement d’une rançon payée par les autorités néer-landaises pour obtenir la libération d’Arjan Erkel. Ce ressortissant néerlandais, chef de mission de MSF, avait été retenu en otage dans la région du Caucase nord pendant 20 mois, après avoir été enlevé en août 2002. Après quatre ans de procédure et malgré deux jugements préalables en faveur de MSF, le Tribunal fédéral a partiellement admis le recours de l’Etat néerlandais en partageant le coût financier entre MSF et le gouvernement néerlandais. Cette décision crée un grave précédent pour l’action humanitaire indépendante. En acceptant, comme le demandait le gouver-nement néerlandais, de réduire les consé-quences de l’enlèvement à un simple litige commercial, la décision du Tribunal fédéral contribue à banaliser les délits commis à l’encontre des travailleurs humanitaires en toute impunité.
A l’évidence, MSF continuera en 2009 à lutter contre tout ce qui entrave l’offre d’une aide médicale d’urgence indépendante aux victimes de conflits, et aux exclus des systèmes de santé ; nous rechercherons des moyens nouveaux et innovants pour traiter la malnutrition et les maladies infectieuses ; nous ferons en sorte que nos outils médicaux soient efficaces et adaptés au terrain ; et nous nous efforcerons d’amélio-rer la préparation de notre réponse aux catastrophes naturelles. Toutefois, nous ne pourrions accomplir ce travail essentiel sans le soutien continu des millions de donateurs – dont 3,7 millions d’individus de par le monde – et des dizaines de milliers de membres du personnel MSF, qui le rendent possible chaque jour.
Merci.
apeRçu deS opéRationS de MSF
© Joanne Wong
interventions les plus importantes en fonction des dépenses 1 République démocratique du Congo 2 Nord-Soudan 3 Somalie 4 Éthiopie 5 Sud-Soudan 6 Niger 7 Tchad 8 Myanmar 9 Kenya 10 Zimbabwe11 Haïti 12 République centrafricaine
Zones d’intervention Afrique | 68% Asie | 16% Amériques | 7% Europe | 6% Moyen-Orient | 4%
contexte des interventions Stable | 41% Conflit armé | 34% Instabilité interne | 19% Situation post-conflit | 6%
événements à l’origine des interventions
Conflit armé | 42% Endémie/épidémie | 33% Violence sociale/exclusion
des soins de santé | 21% Catastrophe naturelle | 4%
activités principales (Liste non exhaustive comprenant uniquement les activités (diagnostic, traitement, suivi) avec prise en charge directe par MSF).
activité déFinition totaL
Patients externes Consultations externes 8.814.813
Patients hospitalisés Patients admis 312.509
Paludisme Cas confirmés et traités 1.178.679
Centres de nutrition Enfants souffrant de malnutrition sévère admis
thérapeutique dans un centre mobile ou hospitalisés 212.565
Centres de nutrition Enfants souffrant de malnutrition modérée
complémentaire admis 119.353
Accouchements Femmes ayant accouché,
césariennes comprises 101.858
Violence sexuelle Personnes victimes de violences sexuelles
ayant donné lieu à un traitement médical 15.145
Interventions Interventions chirurgicales majeures, y
chirurgicales compris opérations de chirurgie obstétrique
sous anesthésie totale ou péridurale 47.515
Traumatismes dus Interventions médicales et chirurgicales
à la violence suite à des violences directes 48.871
VIH/sida Patients VIH/sida enregistrés en traitement 227.591
Traitement ARV Patients sous antirétroviraux de première ligne
(première ligne) 130.214
Traitement ARV Patients sous ARV de deuxième ligne
(deuxième ligne) (échec des traitements de première ligne) 1.761
Prévention de la Femmes enceintes séropositives ayant
transmission de la reçu un traitement préventif
mère a l’enfant (mères) 8.664
Prévention de la Nouveau-nés ayant reçu un traitement
transmission de la post-exposition
mère a l’enfant (bébés) 8.807
Tuberculose Nouvelles admissions pour
(première ligne) traitement de première ligne 29.369
Tuberculose Nouvelles admissions pour
(deuxième ligne) traitement de seconde ligne 971
Santé mentale Consultations individuelles
(individuelle) 126.831
Santé mentale Sessions d’assistance et de soutien
(groupe) en groupe 22.173
Choléra Personnes admises en centre de traitement du choléra
ou traitées par solution orale de réhydratation 68.293
Rougeole - Personnes vaccinées contre la rougeole
vaccinations en réponse à une épidémie 1.913.793
Rougeole - Personnes traitées pour la rougeole
traitement 32.652
Méningite - Personnes vaccinées contre la méningite
vaccinations en réponse à une épidémie 706.787
Méningite - Personnes traitées pour la méningite
traitement 7.188
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4.
La catastrophe humanitaire en Somalie s’aggrave
La Somalie présente certains des indicateurs de
santé les plus mauvais au monde, et l’accès de la
population aux services de santé, même les plus
élémentaires, est extrêmement limité. On estime
qu’une femme sur dix meurt en couches, et que
plus d’un enfant sur cinq meurt avant son cin-
quième anniversaire.
En 2008, la violence a atteint un niveau inconnu
depuis plus de dix ans. Depuis décembre 2006, les
combats ont fait un million de déplacés. Plus de
250.000 habitants de Mogadiscio vivent désormais
dans des conditions terribles sur la route
d’Afgooye, sans perspective de répit.
Certains se réfugient au Kenya, où, d’après le HCR,
200.000 personnes vivent dans trois camps.
D’autres essaient de passer clandestinement par
bateau au Yémen. Plus de 43.500 personnes –
principalement des Somaliens, mais aussi des
Éthiopiens – ont tenté cette traversée en 2008.
Entassés dans de petites embarcations, beaucoup
meurent asphyxiés, ou se noient dans le Golfe.
Les attaques ciblées contre les travailleurs huma-
nitaires ont également augmenté : certains ont
été enlevés, ou tués, notamment des membres du
personnel MSF. Ceci a contraint MSF et d’autres à
retirer leurs équipes et à réduire leurs activités
médicales, exacerbant la difficulté chronique à
apporter une aide d’urgence essentielle.
Loin des projecteurs, les besoins de santé essentiels au Myanmar sont toujours ignorés
En mai, le cyclone Nargis a ravagé le delta de
l’Irrawaddy, faisant quelque 130.000 morts et
disparus. Les équipes de MSF et d’autres agences
ont immédiatement fourni une aide d’urgence
dans les zones les plus touchées. L’essentiel de
l’aide MSF a été apporté par le personnel local,
détaché d’autres programmes pour répondre à
cette urgence.
Mais au-delà de l’attention des médias, les besoins
sanitaires chroniques du pays sont largement
ignorés. En 2007, les dépenses de santé de l’État
s’élevaient à 0,70 dollar par habitant et l’aide
humanitaire internationale à environ 3 dollars par
habitant, le taux le plus bas au monde. Le VIH/
sida a fait 25.000 décès en 2007, mais moins de
20% des quelque 75.000 personnes ayant besoin
d’un traitement antirétroviral (ARV) y ont accès.
MSF fournit environ 80% des ARV disponibles
gratuitement dans le pays, une situation intenable
qui force déjà les équipes à restreindre les admis-
sions dans le programme.
D’autres épidémies pourtant traitables contribuent
aux statistiques sanitaires déplorables : la moitié
des morts liées au paludisme dans toute l’Asie du
Sud-Est se concentrent au Myanmar, où il est la
principale cause de décès. Plus de 80.000 cas de
tuberculose (TB) sont diagnostiqués chaque
année, et la TB multirésistante est en hausse. Les
autorités et agences nationales doivent d’urgence
intensifier leurs efforts pour protéger des milliers
de personnes vulnérables de souffrances inutiles
et de la mort.
La violence et l’effondrement économique exacerbent la crise sanitaire au Zimbabwe
En 2008, l’inflation au Zimbabwe a atteint 231
millions de pour cent. Les violences politiques se
sont intensifiées et, dans la période précédant les
élections contestées de juin, de nouvelles restric-
tions ont encore compliqué le travail des organisa-
tions humanitaires.
Le pays compte deux millions de séropositifs. La
violence et l’effondrement économique ont forcé
de nombreux patients sous ARV à interrompre ou
abandonner leur traitement, avec de graves
conséquences pour leur santé. Certains ne peuvent
plus se payer une alimentation appropriée ou le
trajet jusqu’aux cliniques pour être traités ;
d’autres craignent de quitter leurs maisons ou ont
été contraints de fuir.
Beaucoup de Zimbabwéens – y compris du person-
nel médical essentiel – ont quitté le pays. Environ
trois millions ont déjà fui en Afrique du Sud
voisine. Chaque jour, des milliers d’autres traver-
sent le fleuve Limpopo pour rejoindre la ville
frontalière de Musina, risquant des attaques de
bandits. Ceux qui atteignent l’autre rive sont
souvent contraints à la clandestinité pour éviter
d’être arrêtés et expulsés. En mai, de violentes
attaques xénophobes en Afrique du Sud ont fait
plus de 100.000 déplacés.
Une épidémie de choléra, apparue à Harare en
août, s’est répandue rapidement. De nouveaux
foyers ont été détectés avant même la saison des
pluies (propice à la propagation du choléra). Un
état d’urgence national a été décrété et MSF est
intervenu, soignant plus de 11.000 patients.
civils pris au piège de la guerre dans l’est de la République démo-cratique du congo
La reprise des combats entre groupes armés et
forces armées congolaises (FARDC) a poussé des
centaines de milliers de personnes à fuir le Nord-
Kivu, sans guère d’accès à la nourriture, l’eau, les
soins ou des abris élémentaires.
La force de maintien de la paix de l’ONU, la
MONUC, a été largement incapable de protéger les
civils piégés par la violence. Elle a bien pris la
tête d’un convoi armé de « secours humanitaire »
pour Rutshuru, après la prise de la ville par les
rebelles, mais de telles actions peuvent compli-
quer le travail des organisations humanitaires
indépendantes en estompant la distinction entre
le militaire et l’action humanitaire.
Loin des projecteurs, dans la province du Haut-
Uélé, quelque 50.000 déplacés ont été la proie des
raids transfrontaliers des rebelles de l’Armée de
Résistance du Seigneur. Là comme ailleurs, les
combats ont rendu certaines zones inaccessibles
aux humanitaires, alors que le surpeuplement,
l’assainissement insuffisant et le manque d’eau
potable dans de nombreux camps de déplacés
rendent des milliers de personnes vulnérables à
des maladies aisément traitables et aux épidémies
récurrentes.
des aliments prêts à l’emploi pour la guérison rapide de millions d’enfants malnutris
Selon l’Organisation mondiale de la Santé, 178
millions d’enfants dans le monde sont dénutris, une
situation qui, d’après l’UNICEF, s’aggrave actuelle-
ment dans 16 pays. Jusqu’à cinq millions d’enfants
de moins de cinq ans meurent chaque année de
complications liées à la malnutrition. Pour lutter
contre la faim, des aliments en quantité suffisante
sont nécessaires ; mais pour vaincre la malnutri-
tion, la qualité nutritionnelle de l’alimentation est
essentielle, tout comme la quantité.
Les programmes de nutrition soutiennent des
dizaines de millions d’enfants dans le monde, mais
souvent avec des aliments inappropriés. Les farines
enrichies, à base de maïs ou de froment additionné
de soja, ne suffisent pas, car elles ne contiennent
pas les nutriments, vitamines et minéraux nécessai-
res au développement sain des bébés et jeunes
enfants.
Sur les vingt millions d’enfants souffrant de malnu-
trition aiguë sévère, seuls 7% reçoivent le traite-
ment recommandé par l’ONU, composé de produits
prêts à l’emploi (RUF) riches en nutriments. Ces
pâtes et biscuits à haute valeur énergétique à base
de lait offrent les éléments dont les enfants ont
besoin pour grandir et lutter contre les infections.
Donnés à domicile, ils permettent une guérison
rapide.
MSF a traité avec succès plus de 300.000 enfants
malnutris dans 22 pays ces deux dernières années.
Si les RUF étaient plus largement utilisés, les
programmes de nutrition ambulatoires et commu-
nautaires dans le monde pourraient traiter des
millions d’enfants de plus.
nomades isolés et en danger dans la région de Somali en éthiopie
La sécheresse ayant contribué à détruire les
récoltes, les réserves de nourriture, les pâturages
et le bétail dans la région éthiopienne de Somali,
les éleveurs et habitants de la brousse, souvent
nomades, doivent constamment lutter pour
survivre. Désormais ils sont aussi pris au piège
entre des groupes rebelles et les forces gouverne-
mentales, parfois directement exposés aux violen-
ces, et de plus en plus isolés.
Les restrictions aux importations et hausses
vertigineuses des prix ont rendu l’alimentation et
autres biens de première nécessité inabordables.
La limitation de la liberté de mouvement dans
certaines zones a empêché les populations de
trouver de la nourriture pour le bétail, mais
également MSF et d’autres agences humanitaires
d’évaluer la situation et d’intervenir. Les obstacles
administratifs accroissent la difficulté à fournir
une assistance absolument nécessaire.
L’incidence de la malnutrition aiguë sévère chez
les enfants a fortement augmenté dans la région,
quand le manque d’eau potable et l’assainissement
inadéquat ont favorisé la prolifération des
maladies. Or, selon nos estimations, dans au moins
une des neufs zones de Somali, les trois quarts de
la population n’ont aucun accès aux soins.
Les civils exposés aux combats dans le nord-ouest du pakistan
En 2008, les combats entre forces gouvernementa-
les et militants se sont intensifiés dans la Province
de la Frontière du Nord-Ouest et les zones tribales
sous administration fédérale. Les frappes aérien-
nes américaines ont accru les destructions ; en
août, des milliers de Pakistanais ont fui, souvent
en Afghanistan. Dans les régions de Bajaur
Agency, Swat et Mohmand, dans la Province de la
Frontière du Nord-Ouest, les attentats suicides,
attaques aériennes et échanges de tirs ont fait des
centaines de morts et blessés. Des milliers ont fui.
En octobre, de nouvelles violences ont poussé des
centaines de milliers de personnes à fuir dans les
régions voisines en quelques jours. Beaucoup ont
trouvé refuge dans des maisons particulières,
mosquées, écoles et camps de fortune. Les clini-
ques locales ont dû fermer à cause de la violence
et, à Kurram Agency, le danger posé par des
groupes armés sectaires a empêché presque tous
les patients, hormis les cas les plus graves, d’at-
teindre les services médicaux. Des ambulances
MSF, parfois les seuls véhicules autorisés à circuler
pendant les couvre-feux réguliers, ont été
attaquées.
Un conflit couve par ailleurs depuis plus de 30 ans
dans la région orientale du Balouchistan. En
octobre, un séisme de magnitude 6,4 a secoué les
régions montagneuses du nord-ouest, provoquant
de nouvelles destructions et faisant 300 morts et
40.000 sans-abri.
violences et souffrances au Soudan continuent
Un tiers des habitants du Darfour ont été déplacés
par la guerre civile. Alors que plus de 80 organisa-
tions humanitaires y travaillaient en 2008, l’accès
à des milliers de personnes et l’évaluation des
besoins restent difficiles. L’aide est menacée par
l’instabilité des lignes de front, les changements
d’alliances, les attaques et les restrictions crois-
santes imposées par le gouvernement aux humani-
taires. D’après l’ONU, onze humanitaires ont été
tués au Darfour en 2008, et 189 ont été enlevés.
En février, bombardements, hélicoptères d’attaque
et troupes au sol étaient de retour dans le nord du
Darfour occidental. Des villages ont été incendiés
et vidés, affectant quelque 50.000 personnes.
Après une attaque près de la ville d’Abyei, dans le
Sud Kordofan, des milliers de réfugiés ont afflué
dans les camps du nord de l’État de Bahr-el-Ghazal
et quelque 10.000, dans la brousse. En mai, les
combats ont pratiquement détruit Abyei, forçant
60.000 autres personnes à fuir.
On estime que 1,2 million de réfugiés sont retour-
nés au Sud-Soudan après 20 années de guerre
civile, pour découvrir que les infrastructures,
services et soins de santé y étaient désormais
presque inexistants. La malnutrition est endémi-
que, les taux de mortalité maternelle restent
parmi les plus élevés du monde, la tuberculose et
le kala-azar (leishmaniose viscérale) sont courants
et les vastes épidémies de méningite, rougeole,
choléra et paludisme se succèdent sans relâche.
Or, bien que les violences puissent reprendre à
tout moment, le nombre d’agences humanitaires
diminue, certains donateurs importants consacrant
leurs fonds à d’autres causes.
des milliers d’irakiens livrés à leur sort
L’accès aux personnes prises au piège des conflits
armés est un défi majeur pour les organisations
humanitaires. Depuis 2003, les efforts en Irak ont
été entravés à la fois par les obstacles administra-
tifs et physiques habituels et par les factions
militaires et politiques, qui utilisent l’action
humanitaire à des fins politiques, faisant ainsi des
humanitaires des cibles d’attaques.
La guerre en Irak a fait quatre millions de
déplacés, dont la moitié sont encore bloqués dans
le pays, d’après le HCR et le Norwegian Refugee
Council.
Bombardements et violences sectaires tuent et
provoquent des blessures nécessitant souvent un
traitement immédiat intensif ; mais le système de
santé longtemps négligé ne peut offrir de soins,
même primaires, à des milliers d’Irakiens. Les
maladies se propagent facilement dans les camps
surpeuplés, et les infections bactériennes résistan-
tes aux médicaments prolifèrent.
Le gouvernement irakien a tenté de rétablir des
services de santé, mais les lacunes demeurent
énormes, une grande partie du personnel médical
ayant fui. MSF propose des programmes chirurgi-
caux, des formations pour les spécialistes irakiens,
du matériel, des interventions d’urgence, des
campagnes d’éducation et du soutien psychologi-
que ; mais nous ne pouvons atteindre qu’une
fraction de ceux qui ont d’urgence besoin d’aide.
de meilleurs outils essentiels pour combattre les co-infections vih-tB
Chaque année, la tuberculose (TB) tue environ 1,7
million de personnes. Elle est l’une des principales
causes de mortalité chez les séropositifs, dont
environ un tiers (11 millions dans le monde) sont
infectés par une TB latente. Toutefois, en 2006,
moins de 1% des séropositifs avaient subi un
dépistage de la TB.
La TB est difficile à diagnostiquer : le test
standard, datant de plus d’un siècle, est inopérant
chez la plupart des séropositifs. Les tests rapides
avec mise en culture donnent de meilleurs résul-
tats mais sont trop complexes pour être employés
là où vivent la plupart des patients.
Les traitements contre la TB sont obsolètes,
compliqués et inadaptés aux problèmes spécifi-
ques des co-infectés. Au moins quatre médica-
ments sont nécessaires au départ, qui ont parfois
de graves effets secondaires ou compromettent le
traitement VIH. Aucun nouveau médicament
contre la TB n’a été développé pour un usage à
grande échelle depuis des décennies, et l’incidence
croissante de la TB multirésistante complique
encore le problème.
En 2006, les investissements dans la recherche de
médicaments, outils de diagnostic et vaccins
contre la tuberculose ont atteint 439 millions de
dollars d’après le Treatment Action Group ; or deux
milliards de dollars d’investissements annuels sont
nécessaires d’urgence pour donner à des millions
de co-infectés une vraie chance de survie.
LeS cRiSeS négLigéeS en 2008
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La catastrophe humanitaire en Somalie s’aggrave
La Somalie présente certains des indicateurs de
santé les plus mauvais au monde, et l’accès de la
population aux services de santé, même les plus
élémentaires, est extrêmement limité. On estime
qu’une femme sur dix meurt en couches, et que
plus d’un enfant sur cinq meurt avant son cin-
quième anniversaire.
En 2008, la violence a atteint un niveau inconnu
depuis plus de dix ans. Depuis décembre 2006, les
combats ont fait un million de déplacés. Plus de
250.000 habitants de Mogadiscio vivent désormais
dans des conditions terribles sur la route
d’Afgooye, sans perspective de répit.
Certains se réfugient au Kenya, où, d’après le HCR,
200.000 personnes vivent dans trois camps.
D’autres essaient de passer clandestinement par
bateau au Yémen. Plus de 43.500 personnes –
principalement des Somaliens, mais aussi des
Éthiopiens – ont tenté cette traversée en 2008.
Entassés dans de petites embarcations, beaucoup
meurent asphyxiés, ou se noient dans le Golfe.
Les attaques ciblées contre les travailleurs huma-
nitaires ont également augmenté : certains ont
été enlevés, ou tués, notamment des membres du
personnel MSF. Ceci a contraint MSF et d’autres à
retirer leurs équipes et à réduire leurs activités
médicales, exacerbant la difficulté chronique à
apporter une aide d’urgence essentielle.
Loin des projecteurs, les besoins de santé essentiels au Myanmar sont toujours ignorés
En mai, le cyclone Nargis a ravagé le delta de
l’Irrawaddy, faisant quelque 130.000 morts et
disparus. Les équipes de MSF et d’autres agences
ont immédiatement fourni une aide d’urgence
dans les zones les plus touchées. L’essentiel de
l’aide MSF a été apporté par le personnel local,
détaché d’autres programmes pour répondre à
cette urgence.
Mais au-delà de l’attention des médias, les besoins
sanitaires chroniques du pays sont largement
ignorés. En 2007, les dépenses de santé de l’État
s’élevaient à 0,70 dollar par habitant et l’aide
humanitaire internationale à environ 3 dollars par
habitant, le taux le plus bas au monde. Le VIH/
sida a fait 25.000 décès en 2007, mais moins de
20% des quelque 75.000 personnes ayant besoin
d’un traitement antirétroviral (ARV) y ont accès.
MSF fournit environ 80% des ARV disponibles
gratuitement dans le pays, une situation intenable
qui force déjà les équipes à restreindre les admis-
sions dans le programme.
D’autres épidémies pourtant traitables contribuent
aux statistiques sanitaires déplorables : la moitié
des morts liées au paludisme dans toute l’Asie du
Sud-Est se concentrent au Myanmar, où il est la
principale cause de décès. Plus de 80.000 cas de
tuberculose (TB) sont diagnostiqués chaque
année, et la TB multirésistante est en hausse. Les
autorités et agences nationales doivent d’urgence
intensifier leurs efforts pour protéger des milliers
de personnes vulnérables de souffrances inutiles
et de la mort.
La violence et l’effondrement économique exacerbent la crise sanitaire au Zimbabwe
En 2008, l’inflation au Zimbabwe a atteint 231
millions de pour cent. Les violences politiques se
sont intensifiées et, dans la période précédant les
élections contestées de juin, de nouvelles restric-
tions ont encore compliqué le travail des organisa-
tions humanitaires.
Le pays compte deux millions de séropositifs. La
violence et l’effondrement économique ont forcé
de nombreux patients sous ARV à interrompre ou
abandonner leur traitement, avec de graves
conséquences pour leur santé. Certains ne peuvent
plus se payer une alimentation appropriée ou le
trajet jusqu’aux cliniques pour être traités ;
d’autres craignent de quitter leurs maisons ou ont
été contraints de fuir.
Beaucoup de Zimbabwéens – y compris du person-
nel médical essentiel – ont quitté le pays. Environ
trois millions ont déjà fui en Afrique du Sud
voisine. Chaque jour, des milliers d’autres traver-
sent le fleuve Limpopo pour rejoindre la ville
frontalière de Musina, risquant des attaques de
bandits. Ceux qui atteignent l’autre rive sont
souvent contraints à la clandestinité pour éviter
d’être arrêtés et expulsés. En mai, de violentes
attaques xénophobes en Afrique du Sud ont fait
plus de 100.000 déplacés.
Une épidémie de choléra, apparue à Harare en
août, s’est répandue rapidement. De nouveaux
foyers ont été détectés avant même la saison des
pluies (propice à la propagation du choléra). Un
état d’urgence national a été décrété et MSF est
intervenu, soignant plus de 11.000 patients.
civils pris au piège de la guerre dans l’est de la République démo-cratique du congo
La reprise des combats entre groupes armés et
forces armées congolaises (FARDC) a poussé des
centaines de milliers de personnes à fuir le Nord-
Kivu, sans guère d’accès à la nourriture, l’eau, les
soins ou des abris élémentaires.
La force de maintien de la paix de l’ONU, la
MONUC, a été largement incapable de protéger les
civils piégés par la violence. Elle a bien pris la
tête d’un convoi armé de « secours humanitaire »
pour Rutshuru, après la prise de la ville par les
rebelles, mais de telles actions peuvent compli-
quer le travail des organisations humanitaires
indépendantes en estompant la distinction entre
le militaire et l’action humanitaire.
Loin des projecteurs, dans la province du Haut-
Uélé, quelque 50.000 déplacés ont été la proie des
raids transfrontaliers des rebelles de l’Armée de
Résistance du Seigneur. Là comme ailleurs, les
combats ont rendu certaines zones inaccessibles
aux humanitaires, alors que le surpeuplement,
l’assainissement insuffisant et le manque d’eau
potable dans de nombreux camps de déplacés
rendent des milliers de personnes vulnérables à
des maladies aisément traitables et aux épidémies
récurrentes.
des aliments prêts à l’emploi pour la guérison rapide de millions d’enfants malnutris
Selon l’Organisation mondiale de la Santé, 178
millions d’enfants dans le monde sont dénutris, une
situation qui, d’après l’UNICEF, s’aggrave actuelle-
ment dans 16 pays. Jusqu’à cinq millions d’enfants
de moins de cinq ans meurent chaque année de
complications liées à la malnutrition. Pour lutter
contre la faim, des aliments en quantité suffisante
sont nécessaires ; mais pour vaincre la malnutri-
tion, la qualité nutritionnelle de l’alimentation est
essentielle, tout comme la quantité.
Les programmes de nutrition soutiennent des
dizaines de millions d’enfants dans le monde, mais
souvent avec des aliments inappropriés. Les farines
enrichies, à base de maïs ou de froment additionné
de soja, ne suffisent pas, car elles ne contiennent
pas les nutriments, vitamines et minéraux nécessai-
res au développement sain des bébés et jeunes
enfants.
Sur les vingt millions d’enfants souffrant de malnu-
trition aiguë sévère, seuls 7% reçoivent le traite-
ment recommandé par l’ONU, composé de produits
prêts à l’emploi (RUF) riches en nutriments. Ces
pâtes et biscuits à haute valeur énergétique à base
de lait offrent les éléments dont les enfants ont
besoin pour grandir et lutter contre les infections.
Donnés à domicile, ils permettent une guérison
rapide.
MSF a traité avec succès plus de 300.000 enfants
malnutris dans 22 pays ces deux dernières années.
Si les RUF étaient plus largement utilisés, les
programmes de nutrition ambulatoires et commu-
nautaires dans le monde pourraient traiter des
millions d’enfants de plus.
nomades isolés et en danger dans la région de Somali en éthiopie
La sécheresse ayant contribué à détruire les
récoltes, les réserves de nourriture, les pâturages
et le bétail dans la région éthiopienne de Somali,
les éleveurs et habitants de la brousse, souvent
nomades, doivent constamment lutter pour
survivre. Désormais ils sont aussi pris au piège
entre des groupes rebelles et les forces gouverne-
mentales, parfois directement exposés aux violen-
ces, et de plus en plus isolés.
Les restrictions aux importations et hausses
vertigineuses des prix ont rendu l’alimentation et
autres biens de première nécessité inabordables.
La limitation de la liberté de mouvement dans
certaines zones a empêché les populations de
trouver de la nourriture pour le bétail, mais
également MSF et d’autres agences humanitaires
d’évaluer la situation et d’intervenir. Les obstacles
administratifs accroissent la difficulté à fournir
une assistance absolument nécessaire.
L’incidence de la malnutrition aiguë sévère chez
les enfants a fortement augmenté dans la région,
quand le manque d’eau potable et l’assainissement
inadéquat ont favorisé la prolifération des
maladies. Or, selon nos estimations, dans au moins
une des neufs zones de Somali, les trois quarts de
la population n’ont aucun accès aux soins.
Les civils exposés aux combats dans le nord-ouest du pakistan
En 2008, les combats entre forces gouvernementa-
les et militants se sont intensifiés dans la Province
de la Frontière du Nord-Ouest et les zones tribales
sous administration fédérale. Les frappes aérien-
nes américaines ont accru les destructions ; en
août, des milliers de Pakistanais ont fui, souvent
en Afghanistan. Dans les régions de Bajaur
Agency, Swat et Mohmand, dans la Province de la
Frontière du Nord-Ouest, les attentats suicides,
attaques aériennes et échanges de tirs ont fait des
centaines de morts et blessés. Des milliers ont fui.
En octobre, de nouvelles violences ont poussé des
centaines de milliers de personnes à fuir dans les
régions voisines en quelques jours. Beaucoup ont
trouvé refuge dans des maisons particulières,
mosquées, écoles et camps de fortune. Les clini-
ques locales ont dû fermer à cause de la violence
et, à Kurram Agency, le danger posé par des
groupes armés sectaires a empêché presque tous
les patients, hormis les cas les plus graves, d’at-
teindre les services médicaux. Des ambulances
MSF, parfois les seuls véhicules autorisés à circuler
pendant les couvre-feux réguliers, ont été
attaquées.
Un conflit couve par ailleurs depuis plus de 30 ans
dans la région orientale du Balouchistan. En
octobre, un séisme de magnitude 6,4 a secoué les
régions montagneuses du nord-ouest, provoquant
de nouvelles destructions et faisant 300 morts et
40.000 sans-abri.
violences et souffrances au Soudan continuent
Un tiers des habitants du Darfour ont été déplacés
par la guerre civile. Alors que plus de 80 organisa-
tions humanitaires y travaillaient en 2008, l’accès
à des milliers de personnes et l’évaluation des
besoins restent difficiles. L’aide est menacée par
l’instabilité des lignes de front, les changements
d’alliances, les attaques et les restrictions crois-
santes imposées par le gouvernement aux humani-
taires. D’après l’ONU, onze humanitaires ont été
tués au Darfour en 2008, et 189 ont été enlevés.
En février, bombardements, hélicoptères d’attaque
et troupes au sol étaient de retour dans le nord du
Darfour occidental. Des villages ont été incendiés
et vidés, affectant quelque 50.000 personnes.
Après une attaque près de la ville d’Abyei, dans le
Sud Kordofan, des milliers de réfugiés ont afflué
dans les camps du nord de l’État de Bahr-el-Ghazal
et quelque 10.000, dans la brousse. En mai, les
combats ont pratiquement détruit Abyei, forçant
60.000 autres personnes à fuir.
On estime que 1,2 million de réfugiés sont retour-
nés au Sud-Soudan après 20 années de guerre
civile, pour découvrir que les infrastructures,
services et soins de santé y étaient désormais
presque inexistants. La malnutrition est endémi-
que, les taux de mortalité maternelle restent
parmi les plus élevés du monde, la tuberculose et
le kala-azar (leishmaniose viscérale) sont courants
et les vastes épidémies de méningite, rougeole,
choléra et paludisme se succèdent sans relâche.
Or, bien que les violences puissent reprendre à
tout moment, le nombre d’agences humanitaires
diminue, certains donateurs importants consacrant
leurs fonds à d’autres causes.
des milliers d’irakiens livrés à leur sort
L’accès aux personnes prises au piège des conflits
armés est un défi majeur pour les organisations
humanitaires. Depuis 2003, les efforts en Irak ont
été entravés à la fois par les obstacles administra-
tifs et physiques habituels et par les factions
militaires et politiques, qui utilisent l’action
humanitaire à des fins politiques, faisant ainsi des
humanitaires des cibles d’attaques.
La guerre en Irak a fait quatre millions de
déplacés, dont la moitié sont encore bloqués dans
le pays, d’après le HCR et le Norwegian Refugee
Council.
Bombardements et violences sectaires tuent et
provoquent des blessures nécessitant souvent un
traitement immédiat intensif ; mais le système de
santé longtemps négligé ne peut offrir de soins,
même primaires, à des milliers d’Irakiens. Les
maladies se propagent facilement dans les camps
surpeuplés, et les infections bactériennes résistan-
tes aux médicaments prolifèrent.
Le gouvernement irakien a tenté de rétablir des
services de santé, mais les lacunes demeurent
énormes, une grande partie du personnel médical
ayant fui. MSF propose des programmes chirurgi-
caux, des formations pour les spécialistes irakiens,
du matériel, des interventions d’urgence, des
campagnes d’éducation et du soutien psychologi-
que ; mais nous ne pouvons atteindre qu’une
fraction de ceux qui ont d’urgence besoin d’aide.
de meilleurs outils essentiels pour combattre les co-infections vih-tB
Chaque année, la tuberculose (TB) tue environ 1,7
million de personnes. Elle est l’une des principales
causes de mortalité chez les séropositifs, dont
environ un tiers (11 millions dans le monde) sont
infectés par une TB latente. Toutefois, en 2006,
moins de 1% des séropositifs avaient subi un
dépistage de la TB.
La TB est difficile à diagnostiquer : le test
standard, datant de plus d’un siècle, est inopérant
chez la plupart des séropositifs. Les tests rapides
avec mise en culture donnent de meilleurs résul-
tats mais sont trop complexes pour être employés
là où vivent la plupart des patients.
Les traitements contre la TB sont obsolètes,
compliqués et inadaptés aux problèmes spécifi-
ques des co-infectés. Au moins quatre médica-
ments sont nécessaires au départ, qui ont parfois
de graves effets secondaires ou compromettent le
traitement VIH. Aucun nouveau médicament
contre la TB n’a été développé pour un usage à
grande échelle depuis des décennies, et l’incidence
croissante de la TB multirésistante complique
encore le problème.
En 2006, les investissements dans la recherche de
médicaments, outils de diagnostic et vaccins
contre la tuberculose ont atteint 439 millions de
dollars d’après le Treatment Action Group ; or deux
milliards de dollars d’investissements annuels sont
nécessaires d’urgence pour donner à des millions
de co-infectés une vraie chance de survie.
LeS cRiSeS négLigéeS en 2008
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il y a dix ans, lorsque Médecins Sans Frontières a reçu le prix nobel de la paix, james orbinski, alors président de MSF, a déclaré que plus de 90% des décès et de la morbidité liés aux maladies infectieuses se concen-traient dans les pays en développe-ment parce que les “médicaments essentiels vitaux sont trop chers, indisponibles parce que perçus comme non viables financièrement ou parce qu’il n’existe pratiquement aucun nouveau projet de recherche-développement ciblant les principa-les maladies tropicales.”
MSF a consacré l’argent du prix nobel à ses programmes axés sur les maladies négligées. La même année a été lancée la campagne d’accès aux médicaments essentiels, devenue un pilier du travail de MSF tout comme son enga-gement à améliorer la qualité des médicaments disponi-bles, et à garantir que même les plus pauvres y aient accès.
au fil des ans, MSF a pu constater que la recherche- développement sur les maladies négligées s’était améliorée à l’échelle globale. cependant les besoins des personnes souffrant de ces maladies ne sont toujours pas couverts. a elles seules, trois affections – le kala-azar, la maladie de chagas et la maladie du sommeil – mettent en danger la vie de plus de 80 millions de personnes chaque année.
Le kala-azar, ou leishmaniose viscérale, affecte souvent les communautés pauvres dans les régions isolées. propagé par le phlébotome et mortel en l’absence de traitement, il est endémique dans 88 pays, mais 90% des cas surviennent au Bangladesh, au Brésil, en inde, au népal et au Soudan. Le traitement est rendu difficile par la résistance aux médica-ments, leur coût élevé, le manque d’accès aux médicaments existants, et la lenteur des progrès dans la recherche de nouveaux remèdes.
La maladie de chagas est endémique dans nombre de pays d’amérique latine : 10 à 15 millions de personnes en seraient atteintes, et jusqu’à 40.000 en meurent chaque
année. elle s’attaque au cœur et aux systèmes nerveux et digestif chez un tiers des patients,
La maladie du sommeil, transmise par la mouche tsé-tsé, menace 60 millions de personnes dans 36 pays d’afrique sub-saharienne. elle avait presque été éradiquée dans les années 1960, mais est réapparue dans les années 1990 à la suite de guerres, de mouvements de populations et de l’effondrement des systèmes de santé. Même si certaines régions sont parvenues à réduire sa prévalence, elle est encore non dépistée et donc non traitée dans les zones isolées et/ou peu sûres de plusieurs pays où elle est endémique.
une étude récente du George Institute for International Health a révélé que moins de cinq pour cent de la recherche-développement sur les maladies négligées au niveau mondial ont été directement consacrés aux maladies les plus négligées – le kala-azar, la maladie de chagas et la maladie du sommeil.
en 2008, MSF s’est engagé à versé 18 millions d’euros à la dndi (Drugs for Neglected Diseases initiative). en parallèle, MSF continuera à soutenir la recherche clinique et opéra-tionnelle à travers ses programmes sur le terrain, à réclamer de nouvelles recherches pour des médicaments plus efficaces, et à demander aux gouvernements, aux entreprises et aux agences d’agir pour que ces maladies reçoivent d’urgence l’attention et le financement requis.
trois maladies mortelles négligées
© Juan Carlos Tomasi © Juan Carlos Tomasi
© Francesco Zizola / Noor
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il y a dix ans, lorsque Médecins Sans Frontières a reçu le prix nobel de la paix, james orbinski, alors président de MSF, a déclaré que plus de 90% des décès et de la morbidité liés aux maladies infectieuses se concen-traient dans les pays en développe-ment parce que les “médicaments essentiels vitaux sont trop chers, indisponibles parce que perçus comme non viables financièrement ou parce qu’il n’existe pratiquement aucun nouveau projet de recherche-développement ciblant les principa-les maladies tropicales.”
MSF a consacré l’argent du prix nobel à ses programmes axés sur les maladies négligées. La même année a été lancée la campagne d’accès aux médicaments essentiels, devenue un pilier du travail de MSF tout comme son enga-gement à améliorer la qualité des médicaments disponi-bles, et à garantir que même les plus pauvres y aient accès.
au fil des ans, MSF a pu constater que la recherche- développement sur les maladies négligées s’était améliorée à l’échelle globale. cependant les besoins des personnes souffrant de ces maladies ne sont toujours pas couverts. a elles seules, trois affections – le kala-azar, la maladie de chagas et la maladie du sommeil – mettent en danger la vie de plus de 80 millions de personnes chaque année.
Le kala-azar, ou leishmaniose viscérale, affecte souvent les communautés pauvres dans les régions isolées. propagé par le phlébotome et mortel en l’absence de traitement, il est endémique dans 88 pays, mais 90% des cas surviennent au Bangladesh, au Brésil, en inde, au népal et au Soudan. Le traitement est rendu difficile par la résistance aux médica-ments, leur coût élevé, le manque d’accès aux médicaments existants, et la lenteur des progrès dans la recherche de nouveaux remèdes.
La maladie de chagas est endémique dans nombre de pays d’amérique latine : 10 à 15 millions de personnes en seraient atteintes, et jusqu’à 40.000 en meurent chaque
année. elle s’attaque au cœur et aux systèmes nerveux et digestif chez un tiers des patients,
La maladie du sommeil, transmise par la mouche tsé-tsé, menace 60 millions de personnes dans 36 pays d’afrique sub-saharienne. elle avait presque été éradiquée dans les années 1960, mais est réapparue dans les années 1990 à la suite de guerres, de mouvements de populations et de l’effondrement des systèmes de santé. Même si certaines régions sont parvenues à réduire sa prévalence, elle est encore non dépistée et donc non traitée dans les zones isolées et/ou peu sûres de plusieurs pays où elle est endémique.
une étude récente du George Institute for International Health a révélé que moins de cinq pour cent de la recherche-développement sur les maladies négligées au niveau mondial ont été directement consacrés aux maladies les plus négligées – le kala-azar, la maladie de chagas et la maladie du sommeil.
en 2008, MSF s’est engagé à versé 18 millions d’euros à la dndi (Drugs for Neglected Diseases initiative). en parallèle, MSF continuera à soutenir la recherche clinique et opéra-tionnelle à travers ses programmes sur le terrain, à réclamer de nouvelles recherches pour des médicaments plus efficaces, et à demander aux gouvernements, aux entreprises et aux agences d’agir pour que ces maladies reçoivent d’urgence l’attention et le financement requis.
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Beaucoup des cas de kala-azar recensés dans le monde se concentrent dans l’état du Bihar, dans le nord-est de l’inde. Le traitement le plus courant est le stibogluconate de sodium ; mais la résistance à ce médicament est en augmentation, surtout en inde, où 65% des patients développent une résistance. depuis 2007, MSF traite le kala-azar dans le district de vaishali avec un des traitements les plus effica-ces disponibles à ce jour : l’amphotéricine liposo-male B. Les équipes médicales ont diagnostiqué et soigné plus de 3.000 patients, avec un taux de guérison de 98,4%, un taux de mortalité de 0,7% et une faible incidence d’effets indésirables.
Fort de ces preuves, MSF demande que l’amphotéri-cine liposomale B soit inclue dans le protocole indien de traitement comme option de traitement de première ligne, ou qu’elle soit utilisée comme un des principaux composants des polythérapies dans le futur.
Le kala-azar en inde
La maladie de chagas en Bolivie La maladie de chagas représente un problème majeur de santé publique en Bolivie, le pays où son incidence est la plus élevée au monde ; mais le traitement, qu’un décret présidentiel impose pourtant d’intégrer dans les soins pédiatriques de base, est rarement disponible et les plus vulnérables ne peuvent le payer. dans les zones rurales et suburbaines de Bolivie, MSF prend en charge les patients jusqu’à l’âge de cinquan-te ans, ce qui constitue un important progrès dans la lutte contre cette maladie qui, aujourd’hui encore, reste souvent non traitée. pour y remédier, un meilleur accès aux outils de diagnostic, des traite-ments plus courts et plus sûrs, des formulations pédiatriques et des indicateurs précoces de taux de guérison pour évaluer l’efficacité des médicaments sont nécessaires.
MSF plaide pour garantir la production et la disponi-bilité de deux médicaments existants contre la maladie de chagas – le nifurtimox et le benznidazol – mais également pour intensifier la recherche de traitements efficaces, simples, moins toxiques et plus abordables pour toutes les formes de cette affection, aussi bien pour les enfants que pour les adultes.
© Juan Carlos Tomasi
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Beaucoup des cas de kala-azar recensés dans le monde se concentrent dans l’état du Bihar, dans le nord-est de l’inde. Le traitement le plus courant est le stibogluconate de sodium ; mais la résistance à ce médicament est en augmentation, surtout en inde, où 65% des patients développent une résistance. depuis 2007, MSF traite le kala-azar dans le district de vaishali avec un des traitements les plus effica-ces disponibles à ce jour : l’amphotéricine liposo-male B. Les équipes médicales ont diagnostiqué et soigné plus de 3.000 patients, avec un taux de guérison de 98,4%, un taux de mortalité de 0,7% et une faible incidence d’effets indésirables.
Fort de ces preuves, MSF demande que l’amphotéri-cine liposomale B soit inclue dans le protocole indien de traitement comme option de traitement de première ligne, ou qu’elle soit utilisée comme un des principaux composants des polythérapies dans le futur.
Le kala-azar en inde
La maladie de chagas en Bolivie La maladie de chagas représente un problème majeur de santé publique en Bolivie, le pays où son incidence est la plus élevée au monde ; mais le traitement, qu’un décret présidentiel impose pourtant d’intégrer dans les soins pédiatriques de base, est rarement disponible et les plus vulnérables ne peuvent le payer. dans les zones rurales et suburbaines de Bolivie, MSF prend en charge les patients jusqu’à l’âge de cinquan-te ans, ce qui constitue un important progrès dans la lutte contre cette maladie qui, aujourd’hui encore, reste souvent non traitée. pour y remédier, un meilleur accès aux outils de diagnostic, des traite-ments plus courts et plus sûrs, des formulations pédiatriques et des indicateurs précoces de taux de guérison pour évaluer l’efficacité des médicaments sont nécessaires.
MSF plaide pour garantir la production et la disponi-bilité de deux médicaments existants contre la maladie de chagas – le nifurtimox et le benznidazol – mais également pour intensifier la recherche de traitements efficaces, simples, moins toxiques et plus abordables pour toutes les formes de cette affection, aussi bien pour les enfants que pour les adultes.
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La maladie du sommeil en République démocratique du congo
a doruma, ando et Bili, dans le nord-est de la République démocratique du congo, MSF soigne depuis juillet 2007 plus de 1.500 patients atteints de la maladie du sommeil. Sa prévalence est élevée dans la région, dépassant les 10% dans certains villages. ayant entendu parler du travail de MSF, des patients ont parcouru jusqu’à 150 km pour recevoir un traite-ment. Le traitement des patients au deuxième stade de la maladie repose sur l’eflornithine, un traitement sûr mais compliqué qui requiert 56 perfusions sur 14 jours. ces 20 dernières années, MSF a soumis plus de deux millions de personnes au dépistage de la maladie du sommeil et en a soigné 48.000 dans plu-sieurs pays africains.
MSF, epicentre et la dndi ont franchi un pas impor-tant dans l’amélioration du traitement en mettant au point un nouveau traitement plus facile à adminis-trer, basé sur une combinaison d’injections intra-veineuses d’eflornithine et de prises de nifurtimox par voie orale. cette solution est bien plus simple ; cependant des traitements par voie orale seraient préférables.
traitements antirétroviraux pour les patients à
un stade avancé de la maladie.
MSF a traité plus de 227.000 person-nes atteintes du vih/sida et fourni des antirétroviraux à plus de 130.000 patients en 2008.
tRypanoSoMiaSe aFRicaine huMaine(MaLadie du SoMMeiL)Communément appelée maladie du sommeil,
cette maladie parasitaire se rencontre en
Afrique sub-saharienne et est transmise par la
mouche tsé-tsé. Plus de 90% des cas signalés sont
provoqués par le parasite Trypanosoma brucei
gambiense, qui attaque le système nerveux
central, provoquant de graves troubles neurolo-
giques, mortels en l’absence de traitement.
Au premier stade, la maladie est, par ses symptô-
mes non spécifiques (fièvre et atonie), difficile à
diagnostiquer mais relativement aisée à soigner.
Au second stade, le parasite envahit le système
nerveux central et déclenche des symptômes
neurologiques ou psychiatriques, tels que
mauvaise coordination des mouvements, confu-
sion, convulsions et troubles du sommeil.
L’établissement d’un diagnostic précis au second
stade requiert une ponction lombaire. Le traite-
ment est douloureux, requérant des injections
quotidiennes. Le médicament le plus courant, le
mélarsoprol, mis au point en 1949, a de
nombreux effets secondaires. Dérivé de l’arse-
nic, il est hautement toxique et inefficace dans
plus de 30% des cas dans certaines zones d’Afri-
que. Il tue jusqu’à 5% des malades. Dans ses
projets, MSF utilise l’eflornithine, une alterna-
tive plus sûre et plus récente bien que difficile à
administrer parce qu’elle requiert une intravei-
neuse et un protocole de traitement compliqué.
En 2009, un nouveau traitement appelé NECT
(traitement combiné Nifurtimox-Eflornithine) a
été ajouté à la liste des médicaments essentiels
de l’OMS, à la suite de la candidature introduite
par l’association sans but lucratif Drugs for
Neglected Diseases initiative (DNDi) et soutenue par
Epicentre et par MSF. Des études ont montré
que le traitement NECT, qui prévoit l’adminis-
tration de nifurtimox par voie orale et d’eflorni-
thine par voie intraveineuse, est une meilleure
option pour traiter les patients à un stade
Si cette maladie n’entraîne qu’une légère
infection chez la plupart des sujets, elle peut
aussi être très sévère, causant de fortes diar-
rhées et vomissements, et entraînant une
déshydratation sévère et la mort en l’absence
de traitement rapide. Le traitement préconisé
vise à remplacer les fluides et les sels avec une
solution de réhydratation administrée par voie
orale ou intraveineuse.
MSF a élaboré des kits de traitement du
choléra pour fournir une assistance rapide, et
crée des centres de traitement du choléra dans
les zones où sévissent les épidémies. Les
mesures de prévention et de contrôle incluent
un approvisionnement adéquat en eau potable
et des pratiques d’hygiène strictes.
MSF a traité plus de 68.000 patients atteints de choléra en 2008.
vih/Sida Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH)
se transmet via le sang et les fluides corporels,
et affaiblit graduellement le système immuni-
taire - généralement sur une période de trois à
dix ans - pour causer le syndrome d’immuno-
déficience acquise ou sida. Plusieurs infections
opportunistes (candidose, pneumonie et
diverses formes de tumeurs) peuvent se déve-
lopper à mesure que le système immunitaire
s’affaiblit. Certaines peuvent être traitées,
mais d’autres sont potentiellement mortelles,
telle que la tuberculose, l’infection opportu-
niste la plus courante.
Beaucoup de gens restent des porteurs sains
pendant des années et peuvent ignorer leur
séropositivité. Un simple test sanguin suffit à
confirmer le statut VIH. Des associations de
médicaments appelées antirétroviraux aident
à combattre le virus et permettent de vivre
plus longtemps en meilleure santé. Le respect
du traitement est facilité lorsque les médica-
ments sont combinés dans une pilule unique
(combinaison à dose fixe ou CDF). Les program-
mes globaux VIH/sida de MSF comportent
généralement des activités d’éducation et de
sensibilisation pour prévenir la propagation
du virus, des distributions de préservatifs, des
dépistages couplés à du counselling avant et
après le test, le traitement et la prévention des
infections opportunistes, la prévention de la
transmission de la mère à l’enfant et des
MaLadie de chagaS Décrite pour la première fois par le médecin
brésilien Carlos Chagas, cette maladie parasi-
taire se rencontre presque uniquement en
Amérique latine, même si des cas ont été
signalés aux États-Unis et en Europe en raison
de l’expansion globale des voyages. Cette
maladie potentiellement mortelle s’attaque au
cœur et aux systèmes nerveux et digestif.
Elle est transmise par des insectes hématopha-
ges vivant dans les fissures des murs et toits
des maisons en torchis, courantes dans les
zones rurales et les bidonvilles urbains d’Amé-
rique latine. Si l’infection peut ne générer
aucun symptôme pendant des années, des
symptômes chroniques, affaiblissants et poten-
tiellement fatals, apparaissent chez environ
30% des sujets infectés. La maladie de Chagas
cause des dommages irréversibles au cœur, à
l’œsophage et au côlon, réduisant l’espérance
de vie de dix ans en moyenne. L’arrêt cardia-
que est une cause fréquente de décès chez les
adultes atteints.
Le traitement, qui doit être administré aux
premiers stades aigus de l’infection, n’est à ce
jour efficace que dans la phase aiguë et asymp-
tomatique de la maladie chez les enfants. Le
diagnostic, difficile à établir, requiert deux ou
trois prises de sang. Peu de médicaments ont
été développés pour soigner cette maladie et le
protocole actuel, qui s’étend sur un ou deux
mois, peut être toxique. Hormis la prise en
charge des symptômes, il n’existe aucun
traitement efficace pour cette affection chroni-
que chez l’adulte.
Les programmes de MSF consacrés à la maladie
de Chagas en Bolivie se concentrent sur l’édu-
cation, la prévention, le dépistage et le traite-
ment des enfants. MSF tente désormais de
traiter aussi les adultes dans un projet.
MSF a traité plus de 2.000 patients atteints de la maladie de chagas en 2008.
choLéRa Le choléra, du grec signifiant diarrhée, est une
infection gastro-intestinale aiguë d’origine
hydrique, causée par la bactérie Vibrio cholerae
et transmise par l’eau ou les aliments contami-
nés. Elle peut se propager rapidement et causer
des épidémies soudaines de grande ampleur.
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La maladie du sommeil en République démocratique du congo
a doruma, ando et Bili, dans le nord-est de la République démocratique du congo, MSF soigne depuis juillet 2007 plus de 1.500 patients atteints de la maladie du sommeil. Sa prévalence est élevée dans la région, dépassant les 10% dans certains villages. ayant entendu parler du travail de MSF, des patients ont parcouru jusqu’à 150 km pour recevoir un traite-ment. Le traitement des patients au deuxième stade de la maladie repose sur l’eflornithine, un traitement sûr mais compliqué qui requiert 56 perfusions sur 14 jours. ces 20 dernières années, MSF a soumis plus de deux millions de personnes au dépistage de la maladie du sommeil et en a soigné 48.000 dans plu-sieurs pays africains.
MSF, epicentre et la dndi ont franchi un pas impor-tant dans l’amélioration du traitement en mettant au point un nouveau traitement plus facile à adminis-trer, basé sur une combinaison d’injections intra-veineuses d’eflornithine et de prises de nifurtimox par voie orale. cette solution est bien plus simple ; cependant des traitements par voie orale seraient préférables.
traitements antirétroviraux pour les patients à
un stade avancé de la maladie.
MSF a traité plus de 227.000 person-nes atteintes du vih/sida et fourni des antirétroviraux à plus de 130.000 patients en 2008.
tRypanoSoMiaSe aFRicaine huMaine(MaLadie du SoMMeiL)Communément appelée maladie du sommeil,
cette maladie parasitaire se rencontre en
Afrique sub-saharienne et est transmise par la
mouche tsé-tsé. Plus de 90% des cas signalés sont
provoqués par le parasite Trypanosoma brucei
gambiense, qui attaque le système nerveux
central, provoquant de graves troubles neurolo-
giques, mortels en l’absence de traitement.
Au premier stade, la maladie est, par ses symptô-
mes non spécifiques (fièvre et atonie), difficile à
diagnostiquer mais relativement aisée à soigner.
Au second stade, le parasite envahit le système
nerveux central et déclenche des symptômes
neurologiques ou psychiatriques, tels que
mauvaise coordination des mouvements, confu-
sion, convulsions et troubles du sommeil.
L’établissement d’un diagnostic précis au second
stade requiert une ponction lombaire. Le traite-
ment est douloureux, requérant des injections
quotidiennes. Le médicament le plus courant, le
mélarsoprol, mis au point en 1949, a de
nombreux effets secondaires. Dérivé de l’arse-
nic, il est hautement toxique et inefficace dans
plus de 30% des cas dans certaines zones d’Afri-
que. Il tue jusqu’à 5% des malades. Dans ses
projets, MSF utilise l’eflornithine, une alterna-
tive plus sûre et plus récente bien que difficile à
administrer parce qu’elle requiert une intravei-
neuse et un protocole de traitement compliqué.
En 2009, un nouveau traitement appelé NECT
(traitement combiné Nifurtimox-Eflornithine) a
été ajouté à la liste des médicaments essentiels
de l’OMS, à la suite de la candidature introduite
par l’association sans but lucratif Drugs for
Neglected Diseases initiative (DNDi) et soutenue par
Epicentre et par MSF. Des études ont montré
que le traitement NECT, qui prévoit l’adminis-
tration de nifurtimox par voie orale et d’eflorni-
thine par voie intraveineuse, est une meilleure
option pour traiter les patients à un stade
Si cette maladie n’entraîne qu’une légère
infection chez la plupart des sujets, elle peut
aussi être très sévère, causant de fortes diar-
rhées et vomissements, et entraînant une
déshydratation sévère et la mort en l’absence
de traitement rapide. Le traitement préconisé
vise à remplacer les fluides et les sels avec une
solution de réhydratation administrée par voie
orale ou intraveineuse.
MSF a élaboré des kits de traitement du
choléra pour fournir une assistance rapide, et
crée des centres de traitement du choléra dans
les zones où sévissent les épidémies. Les
mesures de prévention et de contrôle incluent
un approvisionnement adéquat en eau potable
et des pratiques d’hygiène strictes.
MSF a traité plus de 68.000 patients atteints de choléra en 2008.
vih/Sida Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH)
se transmet via le sang et les fluides corporels,
et affaiblit graduellement le système immuni-
taire - généralement sur une période de trois à
dix ans - pour causer le syndrome d’immuno-
déficience acquise ou sida. Plusieurs infections
opportunistes (candidose, pneumonie et
diverses formes de tumeurs) peuvent se déve-
lopper à mesure que le système immunitaire
s’affaiblit. Certaines peuvent être traitées,
mais d’autres sont potentiellement mortelles,
telle que la tuberculose, l’infection opportu-
niste la plus courante.
Beaucoup de gens restent des porteurs sains
pendant des années et peuvent ignorer leur
séropositivité. Un simple test sanguin suffit à
confirmer le statut VIH. Des associations de
médicaments appelées antirétroviraux aident
à combattre le virus et permettent de vivre
plus longtemps en meilleure santé. Le respect
du traitement est facilité lorsque les médica-
ments sont combinés dans une pilule unique
(combinaison à dose fixe ou CDF). Les program-
mes globaux VIH/sida de MSF comportent
généralement des activités d’éducation et de
sensibilisation pour prévenir la propagation
du virus, des distributions de préservatifs, des
dépistages couplés à du counselling avant et
après le test, le traitement et la prévention des
infections opportunistes, la prévention de la
transmission de la mère à l’enfant et des
MaLadie de chagaS Décrite pour la première fois par le médecin
brésilien Carlos Chagas, cette maladie parasi-
taire se rencontre presque uniquement en
Amérique latine, même si des cas ont été
signalés aux États-Unis et en Europe en raison
de l’expansion globale des voyages. Cette
maladie potentiellement mortelle s’attaque au
cœur et aux systèmes nerveux et digestif.
Elle est transmise par des insectes hématopha-
ges vivant dans les fissures des murs et toits
des maisons en torchis, courantes dans les
zones rurales et les bidonvilles urbains d’Amé-
rique latine. Si l’infection peut ne générer
aucun symptôme pendant des années, des
symptômes chroniques, affaiblissants et poten-
tiellement fatals, apparaissent chez environ
30% des sujets infectés. La maladie de Chagas
cause des dommages irréversibles au cœur, à
l’œsophage et au côlon, réduisant l’espérance
de vie de dix ans en moyenne. L’arrêt cardia-
que est une cause fréquente de décès chez les
adultes atteints.
Le traitement, qui doit être administré aux
premiers stades aigus de l’infection, n’est à ce
jour efficace que dans la phase aiguë et asymp-
tomatique de la maladie chez les enfants. Le
diagnostic, difficile à établir, requiert deux ou
trois prises de sang. Peu de médicaments ont
été développés pour soigner cette maladie et le
protocole actuel, qui s’étend sur un ou deux
mois, peut être toxique. Hormis la prise en
charge des symptômes, il n’existe aucun
traitement efficace pour cette affection chroni-
que chez l’adulte.
Les programmes de MSF consacrés à la maladie
de Chagas en Bolivie se concentrent sur l’édu-
cation, la prévention, le dépistage et le traite-
ment des enfants. MSF tente désormais de
traiter aussi les adultes dans un projet.
MSF a traité plus de 2.000 patients atteints de la maladie de chagas en 2008.
choLéRa Le choléra, du grec signifiant diarrhée, est une
infection gastro-intestinale aiguë d’origine
hydrique, causée par la bactérie Vibrio cholerae
et transmise par l’eau ou les aliments contami-
nés. Elle peut se propager rapidement et causer
des épidémies soudaines de grande ampleur.
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Les projets de MSF à travers le mondeafrique
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La méningite apparaît sporadiquement dans le
monde entier mais la majorité des cas et décès
surviennent en Afrique, en particulier dans la
« ceinture de la méningite », une bande traver-
sant le continent du Sénégal à l’Éthiopie, où
des épidémies apparaissent régulièrement. La
vaccination est le mode de protection reconnu
contre cette maladie.
MSF a traité plus de 7.100 cas et vacciné 706.000 personnes contre la méningite en 2008.
tuBeRcuLoSe Un tiers de la population mondiale est actuel-
lement porteur du bacille de la tuberculose
(TB). Chaque année, neuf millions de person-
nes développent la forme active de la TB et
près de deux millions en meurent. 95% des cas
se rencontrent dans les pays pauvres.
Cette maladie contagieuse affecte les poumons
et se transmet par l’air lorsque les personnes
contagieuses toussent ou éternuent. Seuls dix
pour cent des personnes infectées développe-
ront la forme active de la TB à un moment de
leur vie, présentant une toux persistante, de la
fièvre, une perte de poids, des douleurs thora-
ciques et des difficultés respiratoires menant à
la mort. La TB est une infection opportuniste
courante et la principale cause de décès chez
les séropositifs.
Les médicaments utilisés pour traiter la TB
datent des années 1950. Le traitement dure six
mois en l’absence de complications. Une
gestion et un respect inadéquats des traite-
ments expliquent l’apparition de nouvelles
souches du bacille, résistantes à au moins un
médicament antituberculeux. La TB multirésis-
tante (MDR-TB) en est une forme grave : elle est
caractérisée par une résistance aux deux
antibiotiques de première ligne les plus puis-
sants. Elle n’est pas incurable mais son traite-
ment entraîne de nombreux effets secondaires
et dure jusqu’à deux ans. Une nouvelle souche,
la tuberculose ultrarésistante (XDR-TB), se
caractérise par une résistance aux médica-
ments de seconde ligne s’ajoutant à la MDR-TB,
ce qui rend le traitement encore plus difficile.
MSF a traité plus de 29.000 patients atteints de tuberculose, dont 971 atteints de MdR-tB, en 2008.
que la fièvre et des maux de tête. En Afrique, la
moitié des personnes présentant une fièvre et
traitées pour le paludisme ne sont peut-être
pas infectées par le parasite. Un diagnostic
précis peut être établi par un comptage des
parasites au microscope ou un test rapide sur
bandelette réactive - deux méthodes actuelle-
ment employées par MSF dans ses projets.
Des médicaments antipaludiques existent
pour traiter la maladie. La chloroquine a jadis
été le traitement idéal en raison de son prix,
son efficacité et ses effets secondaires limités ;
toutefois, son efficacité a nettement diminué
ces dernières décennies. Les recherches de MSF
sur le terrain ont contribué à prouver que la
polythérapie à base d’artémisinine (ACT)
constitue actuellement le traitement le plus
efficace contre le plasmodium falciparum et
MSF presse les gouvernements africains de
modifier leurs protocoles de traitement pour
passer à l’ACT. Si beaucoup de gouvernements
ont adopté cette modification sur le papier,
dans bien des cas le médicament n’est toujours
pas disponible pour les patients.
MSF a traité 1,17 million de patients atteints de paludisme en 2008.
Méningite La méningite à méningocoque, causée par la
Neisseria meningitidis, est une infection
bactérienne contagieuse et potentiellement
mortelle des méninges, la fine membrane qui
entoure le cerveau et la moelle épinière. Les
personnes infectées peuvent rester des
porteurs sains et transmettre la bactérie via
des gouttelettes de secrétions respiratoires ou
pharyngées, par exemple lorsqu’elles toussent
ou éternuent. L’infection peut causer de
soudains et intenses maux de tête, de la fièvre,
des nausées, des vomissements, une sensibilité
à la lumière et une raideur du cou. La mort
peut intervenir dans les heures suivant l’appa-
rition des symptômes.
Sans traitement adéquat, la méningite bacté-
rienne est mortelle dans 50% des cas. L’examen
d’un échantillon de fluide céphalorachidien
permet d’établir un diagnostic correct ; mais
même avec un traitement antibiotique
adéquat, cinq à dix pour cent des patients
mourront et un cinquième des survivants
souffriront de séquelles allant de la perte
d’audition à des difficultés d’apprentissage.
avancé de la maladie, puisqu’il est plus sûr que
le melarsoprol et plus facile à utiliser que
l’eflornithine seule.
MSF a admis plus de 1.900 patients en traitement pour la trypanosomiase africaine humaine en 2008.
LeiShManioSe (kaLa-aZaR)Pratiquement inconnue dans le monde déve-
loppé, la leishmaniose est une maladie parasi-
taire tropicale causée par une des 20 variétés
de Leishmania et transmise par les piqûres de
certains types de phlébotomes. Sa forme la
plus sévère, la leishmaniose viscérale, est aussi
appelée kala-azar (fièvre noire en hindi). Plus
de 90% des cas se concentrent au Bangladesh,
au Brésil, en Inde, au Népal et au Soudan. Non
traitée, cette forme de leishmaniose est
presque toujours mortelle.
Le kala-azar attaque le système immunitaire,
causant fièvres, perte de poids, anémie et
dilatation de la rate. Les tests de diagnostic
actuels sont invasifs ou potentiellement dange-
reux, et requièrent des laboratoires et des
spécialistes, difficilement disponibles dans des
régions pauvres. D’une durée de 30 jours, le
traitement exige des injections quotidiennes
douloureuses. Le médicament le plus utilisé, le
stibogluconate de sodium (SSG), a été mis au
point dans les années 1930 ; assez cher, il cause
une réaction toxique chez certains patients.
La co-infection par la leishmaniose et le VIH
est une menace croissante. Ces deux maladies
attaquent et affaiblissent le système immuni-
taire, diminuant chacune la résistance à
l’autre, ce qui rend le traitement moins
efficace.
MSF a soigné plus de 4.400 patients atteints de leishmaniose en 2008.
paLudiSMe Causé par quatre espèces du parasite
Plasmodium, le paludisme est transmis par
des moustiques infectés. Il provoque de la
fièvre, des douleurs articulaires, des céphalées,
des vomissements répétés, des convulsions et
le coma. Non soigné, le paludisme causé par le
plasmodium falciparum peut être mortel.
Le paludisme est fréquemment diagnostiqué
sur la seule base des symptômes cliniques, tels
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Les projets de MSF à travers le mondeafrique
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La méningite apparaît sporadiquement dans le
monde entier mais la majorité des cas et décès
surviennent en Afrique, en particulier dans la
« ceinture de la méningite », une bande traver-
sant le continent du Sénégal à l’Éthiopie, où
des épidémies apparaissent régulièrement. La
vaccination est le mode de protection reconnu
contre cette maladie.
MSF a traité plus de 7.100 cas et vacciné 706.000 personnes contre la méningite en 2008.
tuBeRcuLoSe Un tiers de la population mondiale est actuel-
lement porteur du bacille de la tuberculose
(TB). Chaque année, neuf millions de person-
nes développent la forme active de la TB et
près de deux millions en meurent. 95% des cas
se rencontrent dans les pays pauvres.
Cette maladie contagieuse affecte les poumons
et se transmet par l’air lorsque les personnes
contagieuses toussent ou éternuent. Seuls dix
pour cent des personnes infectées développe-
ront la forme active de la TB à un moment de
leur vie, présentant une toux persistante, de la
fièvre, une perte de poids, des douleurs thora-
ciques et des difficultés respiratoires menant à
la mort. La TB est une infection opportuniste
courante et la principale cause de décès chez
les séropositifs.
Les médicaments utilisés pour traiter la TB
datent des années 1950. Le traitement dure six
mois en l’absence de complications. Une
gestion et un respect inadéquats des traite-
ments expliquent l’apparition de nouvelles
souches du bacille, résistantes à au moins un
médicament antituberculeux. La TB multirésis-
tante (MDR-TB) en est une forme grave : elle est
caractérisée par une résistance aux deux
antibiotiques de première ligne les plus puis-
sants. Elle n’est pas incurable mais son traite-
ment entraîne de nombreux effets secondaires
et dure jusqu’à deux ans. Une nouvelle souche,
la tuberculose ultrarésistante (XDR-TB), se
caractérise par une résistance aux médica-
ments de seconde ligne s’ajoutant à la MDR-TB,
ce qui rend le traitement encore plus difficile.
MSF a traité plus de 29.000 patients atteints de tuberculose, dont 971 atteints de MdR-tB, en 2008.
que la fièvre et des maux de tête. En Afrique, la
moitié des personnes présentant une fièvre et
traitées pour le paludisme ne sont peut-être
pas infectées par le parasite. Un diagnostic
précis peut être établi par un comptage des
parasites au microscope ou un test rapide sur
bandelette réactive - deux méthodes actuelle-
ment employées par MSF dans ses projets.
Des médicaments antipaludiques existent
pour traiter la maladie. La chloroquine a jadis
été le traitement idéal en raison de son prix,
son efficacité et ses effets secondaires limités ;
toutefois, son efficacité a nettement diminué
ces dernières décennies. Les recherches de MSF
sur le terrain ont contribué à prouver que la
polythérapie à base d’artémisinine (ACT)
constitue actuellement le traitement le plus
efficace contre le plasmodium falciparum et
MSF presse les gouvernements africains de
modifier leurs protocoles de traitement pour
passer à l’ACT. Si beaucoup de gouvernements
ont adopté cette modification sur le papier,
dans bien des cas le médicament n’est toujours
pas disponible pour les patients.
MSF a traité 1,17 million de patients atteints de paludisme en 2008.
Méningite La méningite à méningocoque, causée par la
Neisseria meningitidis, est une infection
bactérienne contagieuse et potentiellement
mortelle des méninges, la fine membrane qui
entoure le cerveau et la moelle épinière. Les
personnes infectées peuvent rester des
porteurs sains et transmettre la bactérie via
des gouttelettes de secrétions respiratoires ou
pharyngées, par exemple lorsqu’elles toussent
ou éternuent. L’infection peut causer de
soudains et intenses maux de tête, de la fièvre,
des nausées, des vomissements, une sensibilité
à la lumière et une raideur du cou. La mort
peut intervenir dans les heures suivant l’appa-
rition des symptômes.
Sans traitement adéquat, la méningite bacté-
rienne est mortelle dans 50% des cas. L’examen
d’un échantillon de fluide céphalorachidien
permet d’établir un diagnostic correct ; mais
même avec un traitement antibiotique
adéquat, cinq à dix pour cent des patients
mourront et un cinquième des survivants
souffriront de séquelles allant de la perte
d’audition à des difficultés d’apprentissage.
avancé de la maladie, puisqu’il est plus sûr que
le melarsoprol et plus facile à utiliser que
l’eflornithine seule.
MSF a admis plus de 1.900 patients en traitement pour la trypanosomiase africaine humaine en 2008.
LeiShManioSe (kaLa-aZaR)Pratiquement inconnue dans le monde déve-
loppé, la leishmaniose est une maladie parasi-
taire tropicale causée par une des 20 variétés
de Leishmania et transmise par les piqûres de
certains types de phlébotomes. Sa forme la
plus sévère, la leishmaniose viscérale, est aussi
appelée kala-azar (fièvre noire en hindi). Plus
de 90% des cas se concentrent au Bangladesh,
au Brésil, en Inde, au Népal et au Soudan. Non
traitée, cette forme de leishmaniose est
presque toujours mortelle.
Le kala-azar attaque le système immunitaire,
causant fièvres, perte de poids, anémie et
dilatation de la rate. Les tests de diagnostic
actuels sont invasifs ou potentiellement dange-
reux, et requièrent des laboratoires et des
spécialistes, difficilement disponibles dans des
régions pauvres. D’une durée de 30 jours, le
traitement exige des injections quotidiennes
douloureuses. Le médicament le plus utilisé, le
stibogluconate de sodium (SSG), a été mis au
point dans les années 1930 ; assez cher, il cause
une réaction toxique chez certains patients.
La co-infection par la leishmaniose et le VIH
est une menace croissante. Ces deux maladies
attaquent et affaiblissent le système immuni-
taire, diminuant chacune la résistance à
l’autre, ce qui rend le traitement moins
efficace.
MSF a soigné plus de 4.400 patients atteints de leishmaniose en 2008.
paLudiSMe Causé par quatre espèces du parasite
Plasmodium, le paludisme est transmis par
des moustiques infectés. Il provoque de la
fièvre, des douleurs articulaires, des céphalées,
des vomissements répétés, des convulsions et
le coma. Non soigné, le paludisme causé par le
plasmodium falciparum peut être mortel.
Le paludisme est fréquemment diagnostiqué
sur la seule base des symptômes cliniques, tels
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BuRkina FaSoMotiF d’inteRvention • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santé peRSonneL de teRRain 471
MSF décentralise la prise en charge du vih/sida dans deux districts de ouagadougou et accroît le nombre de lieux de traitement. “Là où les médecins sont rares, explique François giddey, chef de mission, le fait de confier des tâches cliniques à du personnel soignant formé autre que des médecins a permis de décentraliser les services dans certaines structures de soins primaires. combinée à une nouvelle répartition des tâches dans les structures de soins secondaires, cette décentralisation répartit la charge de travail entre un plus grand nombre de soignants. ceci permet de faire face à la pénurie de médecins, et facilite l’accès aux traitements”.
En septembre 2008, sur les 4.275 patients que
traitait MSF, 3.410, dont 126 enfants, avaient
entamé un traitement antirétroviral. En
moyenne, 100 nouveaux cas sont recensés
chaque mois.
aider les filles des rues et leurs enfantsMSF offre des soins aux filles des rues de
Ouagadougou et à leurs jeunes enfants depuis
2005. Mineures et sans éducation, les filles des
rues sont très vulnérables parce que souvent
séparées de leur famille, sans personne pour
les protéger. Pour survivre, beaucoup se prosti-
tuent. Aux risques physiques et psychologiques
qu’elles encourent, s’ajoutent souvent l’exploi-
tation sexuelle, la stigmatisation et la discri-
mination. Etant donné leur situation
marginale, elles n’ont pas accès aux services
de santé mais les soins médicaux “standard”
ne répondraient de toute façon pas à leurs
besoins spécifiques.
MSF a fourni des traitements contre les
maladies sexuellement transmissibles et des
soins génésiques, obstétriques et prénatals.
MSF a également traité les victimes de violences
sexuelles, leur proposant un soutien psycholo-
gique. En 2008, plus de 2.500 consultations,
dont 500 en santé mentale, ont été menées
pour les filles des rues et près de 160 enfants
ont été soignés.
En décembre, MSF a transféré ce programme à
une ONG locale, Keoogo, qui aide les enfants
des rues du Burkina Faso depuis plusieurs
années. Keoogo poursuivra le programme et, à
terme, l’étoffera.
traiter la malnutrition aiguë et le paludisme dans le nord MSF traite les enfants dénutris dans deux
districts (Yako et Titao) du nord du Burkina
Faso, où la malnutrition est endémique. Les
enfants de moins de cinq ans sont privés des
nutriments de base pendant la période
annuelle de disette, lorsque les réserves de
nourriture de la récolte précédente sont
épuisées.
MSF a fourni des aliments thérapeutiques
prêts à l’emploi afin que les familles puissent
alimenter à domicile les enfants souffrant de
malnutrition, et que seuls les cas les plus
complexes soient hospitalisés. Durant la phase
d’urgence, en septembre, MSF a admis en
moyenne 600 enfants dénutris dans ses clini-
ques chaque semaine.
“Nous nous concentrons sur les enfants de
moins de cinq ans, qui sont plus vulnérables à
la malnutrition, dit Jean-Luc Anglade, direc-
teur de programme de MSF au Burkina Faso. La
malnutrition infantile est la cause sous-jacente
du décès de beaucoup d’enfants, mais elle
suscite peu d’intérêt. Les jeunes enfants ont
besoin d’une quantité adéquate de macro- et
micro-nutriments dans leur alimentation.”
Depuis le lancement du programme en sep-
tembre 2007, plus de 23.440 enfants ont été
admis, dont 88% ont été guéris.
Beaucoup d’enfants sont également atteints du
paludisme : 65 à 70% des enfants admis dans les
programmes de nutrition de MSF en souffrent
durant le pic annuel de paludisme, en fin
d’année. MSF a traité plus de 10.700 enfants, y
compris ceux ne souffrant pas de malnutrition.
MSF travaille au Burkina Faso depuis 1995.
dans 15 à 20% des accouchements. La mère doit
être à proximité d’une salle d’opération et d’un
centre de transfusion pour pouvoir bénéficier de
soins d’urgence et, en dernier recours, d’une
césarienne. Les soins offerts par MSF sont essentiels
parce que les urgences obstétriques menacent la vie
de la mère et du bébé et peuvent avoir de graves
conséquences, comme la stérilité ou une fistule
entre le vagin et la vessie”.
Via son service d’ambulances, MSF réfère les
urgences 24 heures sur 24 au centre de
Kabezi depuis une dizaine de centres de
santé.
Par ce projet, MSF entend souligner l’am-
pleur de la mortalité maternelle et infantile
au Burundi et l’importance des soins gratuits
et accessibles dans ce domaine. Un décret
présidentiel adopté en 2006 garantit la
gratuité des soins aux femmes enceintes et
aux enfants de moins de cinq ans, mais ceci
reste hypothétique pour la population de la
province de Bujumbura Rural, vu le mauvais
état des routes et le manque de personnel
spécialisé, de matériel et de médicaments.
traiter la violence sexuelleMalgré la fin des années de guerre ouverte, la
violence sexuelle demeure préoccupante au
Burundi. En 2008, le centre Seruka de MSF
(seruka signifie “sortir de l’ombre” en
kirundi, la langue nationale) a fourni un
traitement médical et psychologique aux
victimes de violences sexuelles à Bujumbura
Mairie. Depuis son ouverture en 2003, il a
traité plus de 7.000 patientes. Le nombre de
jeunes patientes y est en augmentation. En
2008, 60% des victimes avaient moins de 19
ans, et la moitié d’entre elles moins de 12
ans. Les statistiques montrent clairement que
les agresseurs sont souvent des civils connus
des victimes.
Le centre Seruka demeure une exception au
Burundi : bien que le viol soit une urgence
médicale, il est difficile pour les victimes de
violences sexuelles de trouver des soins
appropriés.
En 2008, du personnel local a créé l’Initiative
Seruka pour les victimes de viols, qui repren-
dra toutes les activités du centre de MSF en
2009.
MSF travaille au Burundi depuis 1992.
Toutefois, ces longues années de guerre ont
affaibli le système de santé du pays. Les
équipes de MSF surveillent donc en perma-
nence l’émergence d’urgences sanitaires
potentielles, comme des épidémies ou des
crises nutritionnelles.
Santé maternelleEn juin, MSF a ouvert un nouveau centre de 35
lits pour les urgences obstétriques à Kabezi,
dans la vaste province de Bujumbura Rural,
comptant quelque 565.000 habitants. Chaque
mois, ce centre offre des soins spécialisés,
notamment des césariennes, à une moyenne
de 100 femmes souffrant de complications de
la grossesse ou de l’accouchement, et qui ne
peuvent être traitées dans les centres de santé.
Selon le docteur Pablo Nuozzi, coordonnateur
du projet MSF, “des complications surviennent
MotiF d’inteRvention • Conflit armé • Violence sociale/exclusion des soins de santé peRSonneL de teRRain 101
via son service d’ambulances, MSF réfère les urgences 24 heures sur 24 depuis une dizaine de centres de santé vers le centre de kabezi, comptant 35 lits.
BuRundi
en avril, deux ans après la signature d’un accord de paix mettant fin à plus d’une décennie de conflit au Burundi, les rebelles des Forces nationales de libération (FnL) ont lancé une offensive contre la capitale, Bujumbura, ravivant les craintes d’une reprise de la guerre. en juin, le gouvernement et les rebelles ont signé un cessez-le-feu.
© Elisabeth Griot
© Benedicte Kurzen
18 | BuRkina FaSo19 | BuRundi20 | caMeRoun21 | RépuBLique centRaFRicaine22 | tchad23 | RépuBLique déMocRatique du congo25 | éthiopie26 | guinée-conakRy27 | guinée-BiSSau28 | kenya28 | LeSotho30 | LiBéRia31 | MaLawi32 | MaLi32 | MaRoc34 | MoZaMBique 35 | nigeR36 | nigeRia37 | SieRRa Leone38 | SoMaLie39 | aFRique du Sud40 | Soudan 43 | SwaZiLand44 | ouganda45 | ZaMBie46 | ZiMBaBwe
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BuRkina FaSoMotiF d’inteRvention • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santé peRSonneL de teRRain 471
MSF décentralise la prise en charge du vih/sida dans deux districts de ouagadougou et accroît le nombre de lieux de traitement. “Là où les médecins sont rares, explique François giddey, chef de mission, le fait de confier des tâches cliniques à du personnel soignant formé autre que des médecins a permis de décentraliser les services dans certaines structures de soins primaires. combinée à une nouvelle répartition des tâches dans les structures de soins secondaires, cette décentralisation répartit la charge de travail entre un plus grand nombre de soignants. ceci permet de faire face à la pénurie de médecins, et facilite l’accès aux traitements”.
En septembre 2008, sur les 4.275 patients que
traitait MSF, 3.410, dont 126 enfants, avaient
entamé un traitement antirétroviral. En
moyenne, 100 nouveaux cas sont recensés
chaque mois.
aider les filles des rues et leurs enfantsMSF offre des soins aux filles des rues de
Ouagadougou et à leurs jeunes enfants depuis
2005. Mineures et sans éducation, les filles des
rues sont très vulnérables parce que souvent
séparées de leur famille, sans personne pour
les protéger. Pour survivre, beaucoup se prosti-
tuent. Aux risques physiques et psychologiques
qu’elles encourent, s’ajoutent souvent l’exploi-
tation sexuelle, la stigmatisation et la discri-
mination. Etant donné leur situation
marginale, elles n’ont pas accès aux services
de santé mais les soins médicaux “standard”
ne répondraient de toute façon pas à leurs
besoins spécifiques.
MSF a fourni des traitements contre les
maladies sexuellement transmissibles et des
soins génésiques, obstétriques et prénatals.
MSF a également traité les victimes de violences
sexuelles, leur proposant un soutien psycholo-
gique. En 2008, plus de 2.500 consultations,
dont 500 en santé mentale, ont été menées
pour les filles des rues et près de 160 enfants
ont été soignés.
En décembre, MSF a transféré ce programme à
une ONG locale, Keoogo, qui aide les enfants
des rues du Burkina Faso depuis plusieurs
années. Keoogo poursuivra le programme et, à
terme, l’étoffera.
traiter la malnutrition aiguë et le paludisme dans le nord MSF traite les enfants dénutris dans deux
districts (Yako et Titao) du nord du Burkina
Faso, où la malnutrition est endémique. Les
enfants de moins de cinq ans sont privés des
nutriments de base pendant la période
annuelle de disette, lorsque les réserves de
nourriture de la récolte précédente sont
épuisées.
MSF a fourni des aliments thérapeutiques
prêts à l’emploi afin que les familles puissent
alimenter à domicile les enfants souffrant de
malnutrition, et que seuls les cas les plus
complexes soient hospitalisés. Durant la phase
d’urgence, en septembre, MSF a admis en
moyenne 600 enfants dénutris dans ses clini-
ques chaque semaine.
“Nous nous concentrons sur les enfants de
moins de cinq ans, qui sont plus vulnérables à
la malnutrition, dit Jean-Luc Anglade, direc-
teur de programme de MSF au Burkina Faso. La
malnutrition infantile est la cause sous-jacente
du décès de beaucoup d’enfants, mais elle
suscite peu d’intérêt. Les jeunes enfants ont
besoin d’une quantité adéquate de macro- et
micro-nutriments dans leur alimentation.”
Depuis le lancement du programme en sep-
tembre 2007, plus de 23.440 enfants ont été
admis, dont 88% ont été guéris.
Beaucoup d’enfants sont également atteints du
paludisme : 65 à 70% des enfants admis dans les
programmes de nutrition de MSF en souffrent
durant le pic annuel de paludisme, en fin
d’année. MSF a traité plus de 10.700 enfants, y
compris ceux ne souffrant pas de malnutrition.
MSF travaille au Burkina Faso depuis 1995.
dans 15 à 20% des accouchements. La mère doit
être à proximité d’une salle d’opération et d’un
centre de transfusion pour pouvoir bénéficier de
soins d’urgence et, en dernier recours, d’une
césarienne. Les soins offerts par MSF sont essentiels
parce que les urgences obstétriques menacent la vie
de la mère et du bébé et peuvent avoir de graves
conséquences, comme la stérilité ou une fistule
entre le vagin et la vessie”.
Via son service d’ambulances, MSF réfère les
urgences 24 heures sur 24 au centre de
Kabezi depuis une dizaine de centres de
santé.
Par ce projet, MSF entend souligner l’am-
pleur de la mortalité maternelle et infantile
au Burundi et l’importance des soins gratuits
et accessibles dans ce domaine. Un décret
présidentiel adopté en 2006 garantit la
gratuité des soins aux femmes enceintes et
aux enfants de moins de cinq ans, mais ceci
reste hypothétique pour la population de la
province de Bujumbura Rural, vu le mauvais
état des routes et le manque de personnel
spécialisé, de matériel et de médicaments.
traiter la violence sexuelleMalgré la fin des années de guerre ouverte, la
violence sexuelle demeure préoccupante au
Burundi. En 2008, le centre Seruka de MSF
(seruka signifie “sortir de l’ombre” en
kirundi, la langue nationale) a fourni un
traitement médical et psychologique aux
victimes de violences sexuelles à Bujumbura
Mairie. Depuis son ouverture en 2003, il a
traité plus de 7.000 patientes. Le nombre de
jeunes patientes y est en augmentation. En
2008, 60% des victimes avaient moins de 19
ans, et la moitié d’entre elles moins de 12
ans. Les statistiques montrent clairement que
les agresseurs sont souvent des civils connus
des victimes.
Le centre Seruka demeure une exception au
Burundi : bien que le viol soit une urgence
médicale, il est difficile pour les victimes de
violences sexuelles de trouver des soins
appropriés.
En 2008, du personnel local a créé l’Initiative
Seruka pour les victimes de viols, qui repren-
dra toutes les activités du centre de MSF en
2009.
MSF travaille au Burundi depuis 1992.
Toutefois, ces longues années de guerre ont
affaibli le système de santé du pays. Les
équipes de MSF surveillent donc en perma-
nence l’émergence d’urgences sanitaires
potentielles, comme des épidémies ou des
crises nutritionnelles.
Santé maternelleEn juin, MSF a ouvert un nouveau centre de 35
lits pour les urgences obstétriques à Kabezi,
dans la vaste province de Bujumbura Rural,
comptant quelque 565.000 habitants. Chaque
mois, ce centre offre des soins spécialisés,
notamment des césariennes, à une moyenne
de 100 femmes souffrant de complications de
la grossesse ou de l’accouchement, et qui ne
peuvent être traitées dans les centres de santé.
Selon le docteur Pablo Nuozzi, coordonnateur
du projet MSF, “des complications surviennent
MotiF d’inteRvention • Conflit armé • Violence sociale/exclusion des soins de santé peRSonneL de teRRain 101
via son service d’ambulances, MSF réfère les urgences 24 heures sur 24 depuis une dizaine de centres de santé vers le centre de kabezi, comptant 35 lits.
BuRundi
en avril, deux ans après la signature d’un accord de paix mettant fin à plus d’une décennie de conflit au Burundi, les rebelles des Forces nationales de libération (FnL) ont lancé une offensive contre la capitale, Bujumbura, ravivant les craintes d’une reprise de la guerre. en juin, le gouvernement et les rebelles ont signé un cessez-le-feu.
© Elisabeth Griot
© Benedicte Kurzen
18 | BuRkina FaSo19 | BuRundi20 | caMeRoun21 | RépuBLique centRaFRicaine22 | tchad23 | RépuBLique déMocRatique du congo25 | éthiopie26 | guinée-conakRy27 | guinée-BiSSau28 | kenya28 | LeSotho30 | LiBéRia31 | MaLawi32 | MaLi32 | MaRoc34 | MoZaMBique 35 | nigeR36 | nigeRia37 | SieRRa Leone38 | SoMaLie39 | aFRique du Sud40 | Soudan 43 | SwaZiLand44 | ouganda45 | ZaMBie46 | ZiMBaBwe
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Malgré un nouvel accroissement de l’aide
internationale en 2008, une grande partie de
la population reste à la merci des éléments,
vivant dans la crainte constante de nouvelles
attaques, sans accès aux soins ni à l’eau
potable. Ces personnes peinent à trouver de la
nourriture et sont très vulnérables au palu-
disme, aux infections respiratoires et aux
maladies diarrhéiques.
Traiter les victimes du conflitMSF s’est attaché à fournir une aide médicale
aux populations affectées par le conflit, via un
réseau de cliniques mobiles, d’hôpitaux et de
centres de santé répartis dans le nord-ouest à
Kabo, Batangafo, Markounda, Paoua,
Bocaranaga, Boguila, et dans le nord-est, à
Birao et Gordil. Plus de 385.000 consultations
ambulatoires et 14.800 hospitalisations ont
été assurées. MSF a traité des cas de palu-
disme, tuberculose, VIH/sida, maladie du
sommeil et malnutrition.
aider les mères et leurs enfantsLa République centrafricaine connaît un taux
élevé de mortalité maternelle et infantile.
MSF a assuré 30.000 consultations prénatales
et a assisté plus de 5.000 accouchements en
2008.
Des services de santé mentale ont également
été proposés aux communautés vivant sous
la menace de déplacements et de violences.
MSF a aussi apporté un soutien aux centres de
santé dans les zones isolées, via des forma-
tions, le don de matériel médical et la mise en
place de systèmes de transfert des patients
vers les hôpitaux. Toutefois, l’aide aux centres
de santé périphériques a été réduite par
l’insécurité, qui limite souvent la capacité des
équipes à se déplacer.
MSF travaille en République centrafricaine depuis
1997.
caMeRoun MotiF d’inteRvention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 170
au cameroun, MSF continue de traiter l’ulcère de Buruli, une des maladies curables les plus négligées au monde. L’ulcère de Buruli est une infection bactérienne apparentée à la tubercu-lose et à la lèpre, qui détruit la peau et le tissu osseux et qui, non traitée (par exemple par de la physiothéra-pie), peut entraîner des malformations.
A l’hôpital d’Akonolinga, dans la Province du
Centre, un service spécialisé offre des soins
gratuits et complets aux patients atteints.
Depuis le début du projet, plus de 700 patients
MotiF d’inteRvention • Conflit armépeRSonneL de teRRain 1.188
depuis la fin de 2005, les combats entre le gouvernement et divers groupes rebelles ont entraîné des déplacements massifs de population en Républicaine centrafricaine. de nombreux villages ont été pillés ou brûlés, forçant les habitants à fuir. La plupart se sont réfugiés dans la brousse ou dans des familles d’accueil en ville, souvent loin de leurs foyers dévastés.
y ont été soignés, originaires pour la plupart
du district d’Akonolinga mais aussi d’autres
provinces et régions.
En 2008, des changements ont été apportés au
traitement : l’offre de soins a été décentralisée
et, grâce à un nouveau type de pansement, le
traitement des patients vivant dans des
régions éloignées ne nécessite plus
d’hospitalisation.
Chaque année, MSF gagne de l’expérience dans
le traitement de l’ulcère de Buruli et peut
ainsi offrir des soins de meilleure qualité,
adaptés aux besoins des patients. MSF tente
aussi d’attirer l’attention des chercheurs et
donateurs sur cette maladie affectant non
seulement des pays africains tels le Cameroun
et la Côte d’Ivoire, mais aussi l’Australie.
En 2008, 54 patients en moyenne ont été
hospitalisés chaque mois. Le taux d’occupation
des lits de l’hôpital a atteint 77%.
Lancé en 2003, le projet PRETIVI pour la pré-
vention et le traitement intégré du VIH/sida
fournissait des traitements antirétroviraux
aux patients atteints du VIH/sida à Douala,
deuxième ville du Cameroun. MSF a fermé ce
projet en 2008, après la création d’un projet
national pour le traitement du VIH/sida
financé par le Fonds mondial de lutte contre le
sida, la tuberculose et le paludisme.
MSF a également clos ses projets à Baturi, dans
l’est du Cameroun, qui fournissaient une aide
humanitaire aux réfugiés de République
centrafricaine.
MSF travaille au Cameroun depuis 2000.
© MSF
© Claude Mahoudeau
in MeMoRiaM
Le 10 mars, tous les mouvements de véhi-cules MSF se sont brutalement arrêtés : Mariam atim, mère d’un patient de MSF, a été tuée par balle alors qu’elle accompa-gnait un de ses enfants à bord d’un véhicule clairement marqué du logo de MSF dans la région de vakaga. MSF a condamné ce meurtre. Les mouvements et le transfert des patients aux urgences ont été forte-ment limités durant le reste de l’année.
‘ nous voyons de plus en plus de patients dont l’état de santé s’est détérioré à la suite de leur fuite dans la brousse. Les enfants souffrent du paludisme, d’infections respiratoires, de diarrhées et de conjonc-tivite, et les adultes pré-sentent toute une série d’autres affections.’ Stéphane hauser, coordinateur MSF, Batangafo
RépuBLique centRaFRicaine
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Malgré un nouvel accroissement de l’aide
internationale en 2008, une grande partie de
la population reste à la merci des éléments,
vivant dans la crainte constante de nouvelles
attaques, sans accès aux soins ni à l’eau
potable. Ces personnes peinent à trouver de la
nourriture et sont très vulnérables au palu-
disme, aux infections respiratoires et aux
maladies diarrhéiques.
Traiter les victimes du conflitMSF s’est attaché à fournir une aide médicale
aux populations affectées par le conflit, via un
réseau de cliniques mobiles, d’hôpitaux et de
centres de santé répartis dans le nord-ouest à
Kabo, Batangafo, Markounda, Paoua,
Bocaranaga, Boguila, et dans le nord-est, à
Birao et Gordil. Plus de 385.000 consultations
ambulatoires et 14.800 hospitalisations ont
été assurées. MSF a traité des cas de palu-
disme, tuberculose, VIH/sida, maladie du
sommeil et malnutrition.
aider les mères et leurs enfantsLa République centrafricaine connaît un taux
élevé de mortalité maternelle et infantile.
MSF a assuré 30.000 consultations prénatales
et a assisté plus de 5.000 accouchements en
2008.
Des services de santé mentale ont également
été proposés aux communautés vivant sous
la menace de déplacements et de violences.
MSF a aussi apporté un soutien aux centres de
santé dans les zones isolées, via des forma-
tions, le don de matériel médical et la mise en
place de systèmes de transfert des patients
vers les hôpitaux. Toutefois, l’aide aux centres
de santé périphériques a été réduite par
l’insécurité, qui limite souvent la capacité des
équipes à se déplacer.
MSF travaille en République centrafricaine depuis
1997.
caMeRoun MotiF d’inteRvention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 170
au cameroun, MSF continue de traiter l’ulcère de Buruli, une des maladies curables les plus négligées au monde. L’ulcère de Buruli est une infection bactérienne apparentée à la tubercu-lose et à la lèpre, qui détruit la peau et le tissu osseux et qui, non traitée (par exemple par de la physiothéra-pie), peut entraîner des malformations.
A l’hôpital d’Akonolinga, dans la Province du
Centre, un service spécialisé offre des soins
gratuits et complets aux patients atteints.
Depuis le début du projet, plus de 700 patients
MotiF d’inteRvention • Conflit armépeRSonneL de teRRain 1.188
depuis la fin de 2005, les combats entre le gouvernement et divers groupes rebelles ont entraîné des déplacements massifs de population en Républicaine centrafricaine. de nombreux villages ont été pillés ou brûlés, forçant les habitants à fuir. La plupart se sont réfugiés dans la brousse ou dans des familles d’accueil en ville, souvent loin de leurs foyers dévastés.
y ont été soignés, originaires pour la plupart
du district d’Akonolinga mais aussi d’autres
provinces et régions.
En 2008, des changements ont été apportés au
traitement : l’offre de soins a été décentralisée
et, grâce à un nouveau type de pansement, le
traitement des patients vivant dans des
régions éloignées ne nécessite plus
d’hospitalisation.
Chaque année, MSF gagne de l’expérience dans
le traitement de l’ulcère de Buruli et peut
ainsi offrir des soins de meilleure qualité,
adaptés aux besoins des patients. MSF tente
aussi d’attirer l’attention des chercheurs et
donateurs sur cette maladie affectant non
seulement des pays africains tels le Cameroun
et la Côte d’Ivoire, mais aussi l’Australie.
En 2008, 54 patients en moyenne ont été
hospitalisés chaque mois. Le taux d’occupation
des lits de l’hôpital a atteint 77%.
Lancé en 2003, le projet PRETIVI pour la pré-
vention et le traitement intégré du VIH/sida
fournissait des traitements antirétroviraux
aux patients atteints du VIH/sida à Douala,
deuxième ville du Cameroun. MSF a fermé ce
projet en 2008, après la création d’un projet
national pour le traitement du VIH/sida
financé par le Fonds mondial de lutte contre le
sida, la tuberculose et le paludisme.
MSF a également clos ses projets à Baturi, dans
l’est du Cameroun, qui fournissaient une aide
humanitaire aux réfugiés de République
centrafricaine.
MSF travaille au Cameroun depuis 2000.
© MSF
© Claude Mahoudeau
in MeMoRiaM
Le 10 mars, tous les mouvements de véhi-cules MSF se sont brutalement arrêtés : Mariam atim, mère d’un patient de MSF, a été tuée par balle alors qu’elle accompa-gnait un de ses enfants à bord d’un véhicule clairement marqué du logo de MSF dans la région de vakaga. MSF a condamné ce meurtre. Les mouvements et le transfert des patients aux urgences ont été forte-ment limités durant le reste de l’année.
‘ nous voyons de plus en plus de patients dont l’état de santé s’est détérioré à la suite de leur fuite dans la brousse. Les enfants souffrent du paludisme, d’infections respiratoires, de diarrhées et de conjonc-tivite, et les adultes pré-sentent toute une série d’autres affections.’ Stéphane hauser, coordinateur MSF, Batangafo
RépuBLique centRaFRicaine
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Malgré les craintes suscitées par les divers conflits armés qui ont marqué le premier semestre de 2008, le reste de l’année s’est avéré moins tendu, bien que le pays reste très instable. L’insécurité a continué à affecter une grande partie de la population et à entraver le travail humanitaire.
violences et déplacementsBeaucoup d’habitants du Tchad sont quoti-
diennement exposés à la violence en raison
des affrontements entre forces gouvernemen-
tales et rebelles, de l’anarchie et du bandi-
tisme. Le conflit a atteint son paroxysme en
février, avec l’attaque de la capitale
N’djamena. Une équipe chirurgicale de MSF a
aidé l’hôpital Bon Samaritain de N’djamena,
traitant 126 blessés et assurant plus de 80
actes chirurgicaux. Une aide d’urgence a aussi
été offerte aux victimes des combats à Adé et à
Goz Beida, en avril et juin.
Dans l’est du Tchad, quelque 185.000
Tchadiens forcés de quitter leur foyer et
250.000 réfugiés du Darfour voisin vivent
toujours dans des camps, sans espoir de retour
dans leurs villages à court terme.
MSF s’est efforcé de répondre aux besoins
médicaux de base des réfugiés dans les camps
d’Iridimi et Touloum, à l’hôpital d’Iriba et au
centre de santé de Tine. Plus de 71.000 consul-
tations, 140 interventions chirurgicales et
1.000 accouchements ont eu lieu. Dans les
camps de réfugiés d’Arkoum, Farchana et
Breijing, plus de 44.300 consultations ont été
assurées, notamment dans le domaine de la
nutrition. Passé le pic d’urgence sanitaire, MSF
a pu transférer ses projets de Farchana,
Arkoum et Breijing à des partenaires en juin
2008 et fera de même à Iridimi et Touloum en
2009.
Toutefois à Adré, Guéréda et Abéché, malgré
les interventions continues de MSF, l’offre de
soins aux Tchadiens et aux réfugiés soudanais
reste insuffisante. MSF a concentré ses efforts
sur les soins materno-infantiles et mis en
œuvre un programme chirurgical pour traiter
les fistules obstétriques. MSF poursuit son
action dans les centres de santé d’Adré, où
près de 2.400 patients ont été hospitalisés, et a
assuré plus de 56.000 consultations ambulatoi-
res dans les centres de santé du district de
Guéréda, y compris à Birak, où quelque 10.000
nouveaux réfugiés soudanais sont arrivés en
début d’année.
Plus au sud, MSF a offert une aide médicale à
80.000 déplacés et résidents des villages de Goz
Beida, Kerfi et Adé. A Kerfi et Adé, les cliniques
mobiles ont commencé à proposer des services
hospitaliers début 2008. Plus de 81.800 consul-
tations ont eu lieu et 1.700 personnes ont été
traitées pour malnutrition. La situation dans
le camp de Gassire à Goz Beida s’étant stabili-
sée, MSF transfèrera la clinique du camp à des
partenaires en 2009.
Depuis juillet 2006, MSF fournit une aide
médicale aux 27.000 déplacés et 3.000 rési-
pour les habitants de l’est et du nord-est de la République démocrati-que du congo (Rdc), 2008 a été une année sombre. en janvier, un accord de paix signé entre l’armée congolaise et divers groupes armés a fait naître une lueur d’espoir au nord- et au Sud-kivu. toutefois, des affrontements sporadiques ont éclaté tout au long de l’année jusqu’à la reprise d’une véritable guerre fin août, forçant des centaines de milliers de civils à fuir, et la plupart des organisations huma-nitaires à suspendre leurs activités.
MSF a progressivement intensifié ses activités
dents de Dogdoré, un village reculé du district
le plus touché par le conflit interne. En 2008,
MSF a assuré 25.000 consultations en soins
primaires, 3.000 consultations prénatales et
350 accouchements, hospitalisé 1.000 patients
et admis 600 enfants souffrant de malnutri-
tion sévère dans son centre nutritionnel.
Toutefois, des incidents de sécurité répétés
l’ont forcé à réduire l’équipe et, finalement, à
évacuer tout le personnel international en
octobre. Le personnel local a pu continuer à
fournir certains services de santé de base dans
l’intervalle, et le personnel international a
commencé à revenir début 2009.
aide dans le sud-ouestDans le sud-ouest du pays, MSF a continué à
soutenir l’hôpital de Goré pour satisfaire les
besoins en soins secondaires d’environ 30.000
réfugiés de République centrafricaine et de
137.000 résidents du district de Goré. Au total,
20.000 consultations, 4.300 hospitalisations et
1.000 interventions chirurgicales ont été
assurées.
Après l’arrivée d’environ 5.000 réfugiés de
République centrafricaine, MSF a assuré, entre
mai et octobre, un approvisionnement d’ur-
gence en eau, des consultations en soins
primaires et périnatals et des vaccinations
contre la rougeole pour les enfants de moins
de cinq ans. Les patients nécessitant des soins
secondaires ont été transférés dans un hôpital
proche du ministère de la Santé.
Après 25 ans d’activité, MSF a quitté Bongor en
décembre 2008, transférant l’hôpital de la ville
au ministère de la Santé. En 2008 seulement,
cet hôpital a traité environ 154.000 cas de
paludisme, accueilli 5.815 patients en consul-
tations médicales et pratiqué 1.440 accouche-
ments et 850 interventions chirurgicales.
En 2008, MSF a également fait face à des
épidémies dans tout le pays. Après une
épidémie de rougeole, MSF a vacciné plus de
11.000 enfants à Goré et environ 15.000 à Adré.
Les habitants d’Abéché ont été vaccinés début
2009.
MSF travaille au Tchad depuis 1981.
en 2008 dans les provinces du Nord- et Sud-
Kivu. A Rutshuru, à environ 70 km au nord de
Goma, MSF a continué à travailler à l’hôpital
au plus fort des combats, pratiquant plus de
3.700 opérations, dont 19% pour des blessures
par balles.
MSF a ouvert un programme à Kabizo pour
enrayer une épidémie de rougeole et soigner
les déplacés internes récemment arrivés dans
cette zone. L’équipe MSF a dû évacuer plusieurs
fois de Nyanzale pour des raisons de sécurité
au cours des quatre derniers mois de 2008.
Deux équipes MSF, l’une arrivée à l’hôpital de
Mweso en avril, l’autre déjà à l’œuvre à l’hôpi-
tal de Kitchanga, au nord-ouest de Goma, ont à
elles deux pratiqué 550 actes chirurgicaux
majeurs, dont 120 liés à la guerre. Dans la ville
de Masisi, à quelque 80 km au nord-ouest de
Goma, MSF a admis plus de 500 patients par
mois à l’hôpital.
Plus au sud, MSF a travaillé dans les hôpitaux
de Kirotshe et Minova (Nord-Kivu), et Kalonge
(Sud-Kivu). A Minova, 34.000 consultations ont
été assurées avant la clôture du projet en
décembre. En fin d’année, MSF avait admis
plus de 4.000 patients à l’hôpital de Kalonge,
notamment pour des interventions chirurgica-
les, des accouchements et des traitements de
la malnutrition.
Dans un contexte de grande insécurité et
d’instabilité, il est essentiel, pour être efficace,
de gérer des cliniques mobiles, d’évaluer de
nouvelles zones et de déplacer rapidement les
équipes. Les équipes MSF ont ouvert des clini-
ques mobiles et soutenu des centres de santé
dans les villages et camps situés autour de
Rutshuru, Nyanzale, Kabizo, Kayna, Mweso,
Kitchanga, Pinga, Masisi, Kirotshe, Kalonge et
Minova. MSF a aussi fourni des latrines et un
accès à l’eau potable en divers endroits,
comme Kitchanga, où plus de 70.000 déplacés
s’étaient rassemblés dans des camps.
En 2008, plus de 6.700 victimes de violences
sexuelles ont reçu des soins médicaux spéciali-
sés et du counselling dans divers programmes
de MSF au Nord- et Sud-Kivu. Plus de 3.500 ont
été traitées à Nyanzale et 1.450 dans les
régions de Kitchanga et Mweso.
En août, d’intenses combats ont éclaté, inter-
rompant l’aide humanitaire. La détérioration
des conditions d’hygiène et de l’accès à l’eau
potable pour les déplacés a engendré une
recrudescence du choléra. MSF a traité plus de
2.280 patients à Rutshuru et Buturande.
Le système de santé affaibli au Sud-Kivu a été
submergé par l’arrivée d’importants groupes
de réfugiés congolais revenant des camps de
Tanzanie et du Burundi. MSF a continué à
soutenir l’hôpital et un centre de traitement
du choléra à Baraka, dans la région de Fizi. A
Minova, MSF a traité plus de 800 patients dans
un centre de traitement du choléra.
Au Nord-Kivu, les équipes ont également soigné
des enfants dénutris dans diverses structures
de santé soutenues par MSF, et vacciné plus de
215.000 enfants contre la rougeole.
Alors que des années de conflit dans le district
de l’Ituri, au nord-est de la RDC, avaient pris
fin en 2005, la reprise des combats entre
milices et armée congolaise a forcé quelque
100.000 civils à fuir. Les équipes MSF ont
travaillé à l’hôpital de Gety et établi des clini-
ques mobiles à Songolo et Soke, pour fournir
des soins aux quelque 50.000 déplacés et
acheminer des patients vers l’hôpital Bon
Marché de Bunia, où 11.500 patients et 26.000
enfants de moins de cinq ans ont été admis.
En décembre 2008, l’Ouganda, la RDC et le
Soudan ont lancé une offensive conjointe
contre les rebelles ougandais de l’Armée de
tchadMotiF d’inteRvention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 1.155
dans un contexte de grande insécurité et d’insta-bilité, il est essentiel, pour être efficace, de gérer des cliniques mobiles, évaluer de nouvelles zones et déplacer rapidement les équipes.
© Cedric Gerbehaye
© Hu O Reilly
RépuBLique déMocRatique du congo MotiF d’inteRvention • Conflit armé • endémie/épidémie • violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 2.465
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Malgré les craintes suscitées par les divers conflits armés qui ont marqué le premier semestre de 2008, le reste de l’année s’est avéré moins tendu, bien que le pays reste très instable. L’insécurité a continué à affecter une grande partie de la population et à entraver le travail humanitaire.
violences et déplacementsBeaucoup d’habitants du Tchad sont quoti-
diennement exposés à la violence en raison
des affrontements entre forces gouvernemen-
tales et rebelles, de l’anarchie et du bandi-
tisme. Le conflit a atteint son paroxysme en
février, avec l’attaque de la capitale
N’djamena. Une équipe chirurgicale de MSF a
aidé l’hôpital Bon Samaritain de N’djamena,
traitant 126 blessés et assurant plus de 80
actes chirurgicaux. Une aide d’urgence a aussi
été offerte aux victimes des combats à Adé et à
Goz Beida, en avril et juin.
Dans l’est du Tchad, quelque 185.000
Tchadiens forcés de quitter leur foyer et
250.000 réfugiés du Darfour voisin vivent
toujours dans des camps, sans espoir de retour
dans leurs villages à court terme.
MSF s’est efforcé de répondre aux besoins
médicaux de base des réfugiés dans les camps
d’Iridimi et Touloum, à l’hôpital d’Iriba et au
centre de santé de Tine. Plus de 71.000 consul-
tations, 140 interventions chirurgicales et
1.000 accouchements ont eu lieu. Dans les
camps de réfugiés d’Arkoum, Farchana et
Breijing, plus de 44.300 consultations ont été
assurées, notamment dans le domaine de la
nutrition. Passé le pic d’urgence sanitaire, MSF
a pu transférer ses projets de Farchana,
Arkoum et Breijing à des partenaires en juin
2008 et fera de même à Iridimi et Touloum en
2009.
Toutefois à Adré, Guéréda et Abéché, malgré
les interventions continues de MSF, l’offre de
soins aux Tchadiens et aux réfugiés soudanais
reste insuffisante. MSF a concentré ses efforts
sur les soins materno-infantiles et mis en
œuvre un programme chirurgical pour traiter
les fistules obstétriques. MSF poursuit son
action dans les centres de santé d’Adré, où
près de 2.400 patients ont été hospitalisés, et a
assuré plus de 56.000 consultations ambulatoi-
res dans les centres de santé du district de
Guéréda, y compris à Birak, où quelque 10.000
nouveaux réfugiés soudanais sont arrivés en
début d’année.
Plus au sud, MSF a offert une aide médicale à
80.000 déplacés et résidents des villages de Goz
Beida, Kerfi et Adé. A Kerfi et Adé, les cliniques
mobiles ont commencé à proposer des services
hospitaliers début 2008. Plus de 81.800 consul-
tations ont eu lieu et 1.700 personnes ont été
traitées pour malnutrition. La situation dans
le camp de Gassire à Goz Beida s’étant stabili-
sée, MSF transfèrera la clinique du camp à des
partenaires en 2009.
Depuis juillet 2006, MSF fournit une aide
médicale aux 27.000 déplacés et 3.000 rési-
pour les habitants de l’est et du nord-est de la République démocrati-que du congo (Rdc), 2008 a été une année sombre. en janvier, un accord de paix signé entre l’armée congolaise et divers groupes armés a fait naître une lueur d’espoir au nord- et au Sud-kivu. toutefois, des affrontements sporadiques ont éclaté tout au long de l’année jusqu’à la reprise d’une véritable guerre fin août, forçant des centaines de milliers de civils à fuir, et la plupart des organisations huma-nitaires à suspendre leurs activités.
MSF a progressivement intensifié ses activités
dents de Dogdoré, un village reculé du district
le plus touché par le conflit interne. En 2008,
MSF a assuré 25.000 consultations en soins
primaires, 3.000 consultations prénatales et
350 accouchements, hospitalisé 1.000 patients
et admis 600 enfants souffrant de malnutri-
tion sévère dans son centre nutritionnel.
Toutefois, des incidents de sécurité répétés
l’ont forcé à réduire l’équipe et, finalement, à
évacuer tout le personnel international en
octobre. Le personnel local a pu continuer à
fournir certains services de santé de base dans
l’intervalle, et le personnel international a
commencé à revenir début 2009.
aide dans le sud-ouestDans le sud-ouest du pays, MSF a continué à
soutenir l’hôpital de Goré pour satisfaire les
besoins en soins secondaires d’environ 30.000
réfugiés de République centrafricaine et de
137.000 résidents du district de Goré. Au total,
20.000 consultations, 4.300 hospitalisations et
1.000 interventions chirurgicales ont été
assurées.
Après l’arrivée d’environ 5.000 réfugiés de
République centrafricaine, MSF a assuré, entre
mai et octobre, un approvisionnement d’ur-
gence en eau, des consultations en soins
primaires et périnatals et des vaccinations
contre la rougeole pour les enfants de moins
de cinq ans. Les patients nécessitant des soins
secondaires ont été transférés dans un hôpital
proche du ministère de la Santé.
Après 25 ans d’activité, MSF a quitté Bongor en
décembre 2008, transférant l’hôpital de la ville
au ministère de la Santé. En 2008 seulement,
cet hôpital a traité environ 154.000 cas de
paludisme, accueilli 5.815 patients en consul-
tations médicales et pratiqué 1.440 accouche-
ments et 850 interventions chirurgicales.
En 2008, MSF a également fait face à des
épidémies dans tout le pays. Après une
épidémie de rougeole, MSF a vacciné plus de
11.000 enfants à Goré et environ 15.000 à Adré.
Les habitants d’Abéché ont été vaccinés début
2009.
MSF travaille au Tchad depuis 1981.
en 2008 dans les provinces du Nord- et Sud-
Kivu. A Rutshuru, à environ 70 km au nord de
Goma, MSF a continué à travailler à l’hôpital
au plus fort des combats, pratiquant plus de
3.700 opérations, dont 19% pour des blessures
par balles.
MSF a ouvert un programme à Kabizo pour
enrayer une épidémie de rougeole et soigner
les déplacés internes récemment arrivés dans
cette zone. L’équipe MSF a dû évacuer plusieurs
fois de Nyanzale pour des raisons de sécurité
au cours des quatre derniers mois de 2008.
Deux équipes MSF, l’une arrivée à l’hôpital de
Mweso en avril, l’autre déjà à l’œuvre à l’hôpi-
tal de Kitchanga, au nord-ouest de Goma, ont à
elles deux pratiqué 550 actes chirurgicaux
majeurs, dont 120 liés à la guerre. Dans la ville
de Masisi, à quelque 80 km au nord-ouest de
Goma, MSF a admis plus de 500 patients par
mois à l’hôpital.
Plus au sud, MSF a travaillé dans les hôpitaux
de Kirotshe et Minova (Nord-Kivu), et Kalonge
(Sud-Kivu). A Minova, 34.000 consultations ont
été assurées avant la clôture du projet en
décembre. En fin d’année, MSF avait admis
plus de 4.000 patients à l’hôpital de Kalonge,
notamment pour des interventions chirurgica-
les, des accouchements et des traitements de
la malnutrition.
Dans un contexte de grande insécurité et
d’instabilité, il est essentiel, pour être efficace,
de gérer des cliniques mobiles, d’évaluer de
nouvelles zones et de déplacer rapidement les
équipes. Les équipes MSF ont ouvert des clini-
ques mobiles et soutenu des centres de santé
dans les villages et camps situés autour de
Rutshuru, Nyanzale, Kabizo, Kayna, Mweso,
Kitchanga, Pinga, Masisi, Kirotshe, Kalonge et
Minova. MSF a aussi fourni des latrines et un
accès à l’eau potable en divers endroits,
comme Kitchanga, où plus de 70.000 déplacés
s’étaient rassemblés dans des camps.
En 2008, plus de 6.700 victimes de violences
sexuelles ont reçu des soins médicaux spéciali-
sés et du counselling dans divers programmes
de MSF au Nord- et Sud-Kivu. Plus de 3.500 ont
été traitées à Nyanzale et 1.450 dans les
régions de Kitchanga et Mweso.
En août, d’intenses combats ont éclaté, inter-
rompant l’aide humanitaire. La détérioration
des conditions d’hygiène et de l’accès à l’eau
potable pour les déplacés a engendré une
recrudescence du choléra. MSF a traité plus de
2.280 patients à Rutshuru et Buturande.
Le système de santé affaibli au Sud-Kivu a été
submergé par l’arrivée d’importants groupes
de réfugiés congolais revenant des camps de
Tanzanie et du Burundi. MSF a continué à
soutenir l’hôpital et un centre de traitement
du choléra à Baraka, dans la région de Fizi. A
Minova, MSF a traité plus de 800 patients dans
un centre de traitement du choléra.
Au Nord-Kivu, les équipes ont également soigné
des enfants dénutris dans diverses structures
de santé soutenues par MSF, et vacciné plus de
215.000 enfants contre la rougeole.
Alors que des années de conflit dans le district
de l’Ituri, au nord-est de la RDC, avaient pris
fin en 2005, la reprise des combats entre
milices et armée congolaise a forcé quelque
100.000 civils à fuir. Les équipes MSF ont
travaillé à l’hôpital de Gety et établi des clini-
ques mobiles à Songolo et Soke, pour fournir
des soins aux quelque 50.000 déplacés et
acheminer des patients vers l’hôpital Bon
Marché de Bunia, où 11.500 patients et 26.000
enfants de moins de cinq ans ont été admis.
En décembre 2008, l’Ouganda, la RDC et le
Soudan ont lancé une offensive conjointe
contre les rebelles ougandais de l’Armée de
tchadMotiF d’inteRvention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 1.155
dans un contexte de grande insécurité et d’insta-bilité, il est essentiel, pour être efficace, de gérer des cliniques mobiles, évaluer de nouvelles zones et déplacer rapidement les équipes.
© Cedric Gerbehaye
© Hu O Reilly
RépuBLique déMocRatique du congo MotiF d’inteRvention • Conflit armé • endémie/épidémie • violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 2.465
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un site internet, condition-critical.org, consacré aux témoignages de ceux qui vivent à proximité des zones de combats dans l’est du congo, a été lancé en 2008. MSF y ajoute régulièrement les témoigna-ges, les photos et les vidéos des personnes vivant dans ce contexte de crise.
des milliers de personnes fuient la guerre faisant rage dans les provinces du nord- et Sud-kivu et dans la province orientale, dans le nord. MSF a estimé nécessaire de mettre en lumière leur lutte pour survivre, en utilisant leurs mots pour expliquer leur situation extrêmement précaire.
Méd
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Résistance du Seigneur (LRA). A partir de
septembre, les combattants de la LRA ont
répliqué en perpétrant des actes d’une
violence extrême contre la population civile
du district du Haut-Uélé. Des centaines de
personnes ont été tuées, et beaucoup de
jeunes gens ont été enrôlés de force dans la
LRA. En fin d’année, plus de 100.000 personnes
étaient déplacées, à la merci des assaillants.
MSF a établi plusieurs cliniques mobiles
autour de la ville de Dungu et à Doruma,
Bangadi et Faradje, mais ses activités médica-
les ont été entravées par l’extrême insécurité
dans la région. Les équipes ne pouvaient se
rendre qu’en avion dans les zones isolées, et
n’y rester que peu de temps. Malgré l’insécu-
rité et les défis logistiques, MSF a pu soumet-
tre 21.600 personnes au dépistage de la
maladie du sommeil et en soigner plus de 680
dans le Haut-Uélé.
A Opienge (district de Tshopo), une équipe MSF
a assuré 5.500 consultations pour des civils
victimes des combats entre l’armée nationale
et les milices locales.
Dans les zones stables de la RDC, les besoins
sanitaires restent énormes, et MSF répond
constamment à des urgences médicales. En
décembre 2008, le centre du pays a été frappé
par une épidémie d’Ebola, une fièvre hémorra-
gique mortelle. MSF a isolé les patients, soigné
ceux qui pouvaient avoir contracté la maladie
et enrayé l’épidémie.
Dans les premiers mois de l’année, MSF a lutté
contre des épidémies de choléra dans les villes
de Lubumbashi, Likasi et Kolwesi, dans le sud-
est. Plus au nord, dans la région du Tanganyika,
plusieurs équipes MSF ont vacciné un demi-mil-
lion d’enfants âgés de six mois à 15 ans contre
la rougeole pendant l’été 2008.
Malgré la fin du conflit au Katanga en 2006, la
situation médicale reste précaire. MSF travaille
dans trois hôpitaux à Shamwana, Dubie et
Pweto et dans 13 centres de santé. L’hôpital de
Kilwa a été transféré à des partenaires en juin.
Ces établissements se concentrent entre autres
sur les soins maternels, notamment les
urgences obstétriques, et la santé mentale à
Shamwana et Dubie.
MSF a continué à traiter le VIH/sida à
Kinshasa, la capitale, ainsi qu’à Bukavu et
Bunia, dans l’est. En décembre 2008, MSF a
transféré son projet de Bukavu à une autre
organisation et aux autorités sanitaires
locales. Deux cliniques de MSF à Kisangani,
dans le nord, ont traité en moyenne 5.000
patients par mois pour des infections sexuelle-
ment transmissibles, et plus de 120 patients
par mois ont été hospitalisés à l’hôpital de
MSF à Lubutu, dans le Maniema.
MSF travaille en RDC depuis 1987.
Bien que la crise nutritionnelle ait essentielle-
ment frappé le sud, d’autres zones ont aussi
été touchées. En août, une intervention nutri-
tionnelle a été lancée dans la région Afar, dans
le nord-est. En septembre, les équipes de MSF
ont signalé une détérioration de la situation
humanitaire autour de Wardher, dans la
région de Somali, en proie à des conflits. Des
milliers de déplacés s’étaient massés en
bordure de la ville, en quête de nourriture et
d’eau. Via la clinique de Wardher, MSF a pu
offrir des soins aux déplacés et aux habitants
de la ville. Toutefois, à partir de septembre,
l’insécurité a empêché les équipes d’établir des
cliniques mobiles dans un périmètre plus
étendu autour de Wardher.
Les projets se sont poursuivis à Cherrati et
Degahbur, dans la région de Somali. A
Cherrati, MSF a assuré plus de 18.500 consulta-
tions ambulatoires en soins primaires et admis
près de 700 patients en traitement contre la
tuberculose (TB) durant l’année. En décembre,
ce projet a été transféré aux autorités sanitai-
res locales.
A Degahbur, des équipes médicales travaillent
dans un hôpital, fournissant soins ambulatoi-
res, hospitalisations, et aide nutritionnelle. En
2008, elles ont assuré plus de 7.300 consulta-
tions ambulatoires et traité plus de 6.000
patients dans le programme de nutrition.
En juillet, MSF a dû fermer son projet à Fiiq,
dans la région de l’Ogaden, les obstacles
administratifs et l’insécurité l’empêchant de
fournir une aide médicale aux habitants de la
ville et des environs. Malgré divers accords
signés avec les autorités fédérales, le personnel
international de MSF n’a pas reçu les permis
de travail nécessaires et n’a pu travailler que
durant de brèves périodes.
Dans le nord, MSF a continué à soigner les
patients atteints de kala-azar (leishmaniose
viscérale) à Humera (région de Tigray), et à
Abdurafi (région d’Amhara). MSF a aussi plaidé
pour une amélioration de la prise en charge de
cette maladie négligée. Le kala-azar est
transmis par des phlébotomes ; non traité, il
est presque toujours mortel mais des soins
appropriés permettent de guérir plus de 90%
des cas primaires.
Dans la clinique d’Abdurafi, MSF traite égale-
ment les patients atteints du VIH/sida, y
compris ceux co-infectés par le kala-azar et la
TB. En 2008, un programme nutritionnel a
fourni des aliments thérapeutiques à près de
500 patients et a traité plus de 360 enfants de
moins de cinq ans souffrant de malnutrition.
Au service des urgences de la clinique, MSF a
soigné plus de 670 personnes durant l’année, y
compris des cas sévères de paludisme et de
méningite.
MSF travaille en Ethiopie depuis 1984.
Au départ, MSF n’a pu traiter que les cas de
malnutrition sévère et s’est concentré sur les
enfants, plus vulnérables. Mi-juillet, des pro-
grammes de nutrition ont été lancés pour les
enfants souffrant de malnutrition modérée et
leurs familles. En septembre, ces programmes
employaient plus de 700 personnes. A la fin de
cette intervention, plus de 34.800 cas de mal-
nutrition sévère et 37.600 cas de malnutrition
modérée avaient été traités. Un programme de
nutrition ciblé avait aussi fourni de la nourri-
ture à 14.000 enfants risquant la malnutrition.
En février et mars, environ 93.000 enfants ont
été vaccinés contre la rougeole dans la région
d’Oromiya.
en 2008, une crise nutritionnelle a frappé certaines régions du sud du pays. Les sécheresses et la hausse spectaculaire du prix des denrées, entre autres, ont privé de nourriture des centaines de milliers de personnes, qui doivent désor-mais lutter pour survivre. MSF a pu lancer une intervention d’urgence immédiatement.
éthiopieMotiF d’inteRvention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 1.152
© Robin UtrechtLe fait de décider d’intervenir dans l’est du congo implique que l’on comprenne une situation complexe et volatile. Le conflit trouve son origine dans les tensions liées à l’accès à la terre, aux luttes de pouvoir et au sens de la propriété et du droit à la terre de certains groupes, qui perçoivent les autres comme des étrangers. ces problè-mes ont été exacerbés par la récession économique et la précarité sociale, ainsi que par la désintégration de l’autorité de l’état. il a dès lors suffi que des dirigeants politiques ou des groupes armés exploi-tent ces réalités et perceptions reflétées dans les opinions publiques locales pour que l’est du pays s’embrase.
Les deux guerres congolaises de 1996-1997 et 1998-2002, qui ont suivi le génocide rwandais, étaient l’œuvre de plusieurs armées (notamment du Rwanda, d’ouganda et du Burundi) et visaient des objectifs politi-ques et économiques. toutefois, cette coalition n’aurait pas trouvé d’alliés congolais si elle n’avait su comment rallier certaines popula-tions à sa cause sur la base de litiges locaux. Les pouvoirs en place à kinshasa, aidés par les politiciens locaux, ont utilisé ces mêmes anta-gonismes pour mobiliser d’autres populations au cœur des mouve-ments de l’armée de résistance. il n’est dès lors pas étonnant que les accords de paix de 2002 n’aient pas mené à la paix.
c’est dans ce contexte que MSF apporte son aide aux plus vulnérables. il est essentiel de ne pas considérer la situation dans la zone de nyanzale comme similaire à celle de Lubero, Bunia ou Baraka. Les
problèmes sont complexes et variés. des groupes armés, alliés dans une zone, peuvent se déclarer la guerre dans une autre. des mouve-ments rebelles peuvent collaborer avec l’armée nationale dans certains lieux et la braver dans d’autres. MSF doit comprendre ces paramètres et identifier des sources d’information fiables, ainsi que ceux qui dirigent et influencent les forces armées ou les milices concernées.
L’armée congolaise, elle, est en déclin. Les nombreux déserteurs ont gonflé les rangs de toutes sortes de bandits. Soldats de l’armée, hommes armés de mouvements rebelles ou agissant à titre indépen-dant extorquent les populations chaque jour. Les attaques sur les routes, viols répétés, pillages et meurtres restent presque toujours impunis, l’état n’ayant presque plus d’autorité. L’armée et le système judiciaire ne fonctionnent pas. L’impunité qui en résulte ne fait que renforcer le niveau d’insécurité. dans l’est du congo, prendre les armes pour satisfaire des besoins personnels, régler des comptes souvent liés aux rivalités locales et échapper aux conditions de vie intolérables est devenu un mode de vie pour une petite partie de la population. L’autre partie, elle, fuit, dort dans la brousse, souffre de la faim et du froid, endure des blessures par balles et meurt trop souvent sans même avoir pu faire entendre sa voix.
Romain gitenet, chef de mission, République démocratique du congo
est du congo : les défis pour MSF
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un site internet, condition-critical.org, consacré aux témoignages de ceux qui vivent à proximité des zones de combats dans l’est du congo, a été lancé en 2008. MSF y ajoute régulièrement les témoigna-ges, les photos et les vidéos des personnes vivant dans ce contexte de crise.
des milliers de personnes fuient la guerre faisant rage dans les provinces du nord- et Sud-kivu et dans la province orientale, dans le nord. MSF a estimé nécessaire de mettre en lumière leur lutte pour survivre, en utilisant leurs mots pour expliquer leur situation extrêmement précaire.
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Résistance du Seigneur (LRA). A partir de
septembre, les combattants de la LRA ont
répliqué en perpétrant des actes d’une
violence extrême contre la population civile
du district du Haut-Uélé. Des centaines de
personnes ont été tuées, et beaucoup de
jeunes gens ont été enrôlés de force dans la
LRA. En fin d’année, plus de 100.000 personnes
étaient déplacées, à la merci des assaillants.
MSF a établi plusieurs cliniques mobiles
autour de la ville de Dungu et à Doruma,
Bangadi et Faradje, mais ses activités médica-
les ont été entravées par l’extrême insécurité
dans la région. Les équipes ne pouvaient se
rendre qu’en avion dans les zones isolées, et
n’y rester que peu de temps. Malgré l’insécu-
rité et les défis logistiques, MSF a pu soumet-
tre 21.600 personnes au dépistage de la
maladie du sommeil et en soigner plus de 680
dans le Haut-Uélé.
A Opienge (district de Tshopo), une équipe MSF
a assuré 5.500 consultations pour des civils
victimes des combats entre l’armée nationale
et les milices locales.
Dans les zones stables de la RDC, les besoins
sanitaires restent énormes, et MSF répond
constamment à des urgences médicales. En
décembre 2008, le centre du pays a été frappé
par une épidémie d’Ebola, une fièvre hémorra-
gique mortelle. MSF a isolé les patients, soigné
ceux qui pouvaient avoir contracté la maladie
et enrayé l’épidémie.
Dans les premiers mois de l’année, MSF a lutté
contre des épidémies de choléra dans les villes
de Lubumbashi, Likasi et Kolwesi, dans le sud-
est. Plus au nord, dans la région du Tanganyika,
plusieurs équipes MSF ont vacciné un demi-mil-
lion d’enfants âgés de six mois à 15 ans contre
la rougeole pendant l’été 2008.
Malgré la fin du conflit au Katanga en 2006, la
situation médicale reste précaire. MSF travaille
dans trois hôpitaux à Shamwana, Dubie et
Pweto et dans 13 centres de santé. L’hôpital de
Kilwa a été transféré à des partenaires en juin.
Ces établissements se concentrent entre autres
sur les soins maternels, notamment les
urgences obstétriques, et la santé mentale à
Shamwana et Dubie.
MSF a continué à traiter le VIH/sida à
Kinshasa, la capitale, ainsi qu’à Bukavu et
Bunia, dans l’est. En décembre 2008, MSF a
transféré son projet de Bukavu à une autre
organisation et aux autorités sanitaires
locales. Deux cliniques de MSF à Kisangani,
dans le nord, ont traité en moyenne 5.000
patients par mois pour des infections sexuelle-
ment transmissibles, et plus de 120 patients
par mois ont été hospitalisés à l’hôpital de
MSF à Lubutu, dans le Maniema.
MSF travaille en RDC depuis 1987.
Bien que la crise nutritionnelle ait essentielle-
ment frappé le sud, d’autres zones ont aussi
été touchées. En août, une intervention nutri-
tionnelle a été lancée dans la région Afar, dans
le nord-est. En septembre, les équipes de MSF
ont signalé une détérioration de la situation
humanitaire autour de Wardher, dans la
région de Somali, en proie à des conflits. Des
milliers de déplacés s’étaient massés en
bordure de la ville, en quête de nourriture et
d’eau. Via la clinique de Wardher, MSF a pu
offrir des soins aux déplacés et aux habitants
de la ville. Toutefois, à partir de septembre,
l’insécurité a empêché les équipes d’établir des
cliniques mobiles dans un périmètre plus
étendu autour de Wardher.
Les projets se sont poursuivis à Cherrati et
Degahbur, dans la région de Somali. A
Cherrati, MSF a assuré plus de 18.500 consulta-
tions ambulatoires en soins primaires et admis
près de 700 patients en traitement contre la
tuberculose (TB) durant l’année. En décembre,
ce projet a été transféré aux autorités sanitai-
res locales.
A Degahbur, des équipes médicales travaillent
dans un hôpital, fournissant soins ambulatoi-
res, hospitalisations, et aide nutritionnelle. En
2008, elles ont assuré plus de 7.300 consulta-
tions ambulatoires et traité plus de 6.000
patients dans le programme de nutrition.
En juillet, MSF a dû fermer son projet à Fiiq,
dans la région de l’Ogaden, les obstacles
administratifs et l’insécurité l’empêchant de
fournir une aide médicale aux habitants de la
ville et des environs. Malgré divers accords
signés avec les autorités fédérales, le personnel
international de MSF n’a pas reçu les permis
de travail nécessaires et n’a pu travailler que
durant de brèves périodes.
Dans le nord, MSF a continué à soigner les
patients atteints de kala-azar (leishmaniose
viscérale) à Humera (région de Tigray), et à
Abdurafi (région d’Amhara). MSF a aussi plaidé
pour une amélioration de la prise en charge de
cette maladie négligée. Le kala-azar est
transmis par des phlébotomes ; non traité, il
est presque toujours mortel mais des soins
appropriés permettent de guérir plus de 90%
des cas primaires.
Dans la clinique d’Abdurafi, MSF traite égale-
ment les patients atteints du VIH/sida, y
compris ceux co-infectés par le kala-azar et la
TB. En 2008, un programme nutritionnel a
fourni des aliments thérapeutiques à près de
500 patients et a traité plus de 360 enfants de
moins de cinq ans souffrant de malnutrition.
Au service des urgences de la clinique, MSF a
soigné plus de 670 personnes durant l’année, y
compris des cas sévères de paludisme et de
méningite.
MSF travaille en Ethiopie depuis 1984.
Au départ, MSF n’a pu traiter que les cas de
malnutrition sévère et s’est concentré sur les
enfants, plus vulnérables. Mi-juillet, des pro-
grammes de nutrition ont été lancés pour les
enfants souffrant de malnutrition modérée et
leurs familles. En septembre, ces programmes
employaient plus de 700 personnes. A la fin de
cette intervention, plus de 34.800 cas de mal-
nutrition sévère et 37.600 cas de malnutrition
modérée avaient été traités. Un programme de
nutrition ciblé avait aussi fourni de la nourri-
ture à 14.000 enfants risquant la malnutrition.
En février et mars, environ 93.000 enfants ont
été vaccinés contre la rougeole dans la région
d’Oromiya.
en 2008, une crise nutritionnelle a frappé certaines régions du sud du pays. Les sécheresses et la hausse spectaculaire du prix des denrées, entre autres, ont privé de nourriture des centaines de milliers de personnes, qui doivent désor-mais lutter pour survivre. MSF a pu lancer une intervention d’urgence immédiatement.
éthiopieMotiF d’inteRvention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 1.152
© Robin UtrechtLe fait de décider d’intervenir dans l’est du congo implique que l’on comprenne une situation complexe et volatile. Le conflit trouve son origine dans les tensions liées à l’accès à la terre, aux luttes de pouvoir et au sens de la propriété et du droit à la terre de certains groupes, qui perçoivent les autres comme des étrangers. ces problè-mes ont été exacerbés par la récession économique et la précarité sociale, ainsi que par la désintégration de l’autorité de l’état. il a dès lors suffi que des dirigeants politiques ou des groupes armés exploi-tent ces réalités et perceptions reflétées dans les opinions publiques locales pour que l’est du pays s’embrase.
Les deux guerres congolaises de 1996-1997 et 1998-2002, qui ont suivi le génocide rwandais, étaient l’œuvre de plusieurs armées (notamment du Rwanda, d’ouganda et du Burundi) et visaient des objectifs politi-ques et économiques. toutefois, cette coalition n’aurait pas trouvé d’alliés congolais si elle n’avait su comment rallier certaines popula-tions à sa cause sur la base de litiges locaux. Les pouvoirs en place à kinshasa, aidés par les politiciens locaux, ont utilisé ces mêmes anta-gonismes pour mobiliser d’autres populations au cœur des mouve-ments de l’armée de résistance. il n’est dès lors pas étonnant que les accords de paix de 2002 n’aient pas mené à la paix.
c’est dans ce contexte que MSF apporte son aide aux plus vulnérables. il est essentiel de ne pas considérer la situation dans la zone de nyanzale comme similaire à celle de Lubero, Bunia ou Baraka. Les
problèmes sont complexes et variés. des groupes armés, alliés dans une zone, peuvent se déclarer la guerre dans une autre. des mouve-ments rebelles peuvent collaborer avec l’armée nationale dans certains lieux et la braver dans d’autres. MSF doit comprendre ces paramètres et identifier des sources d’information fiables, ainsi que ceux qui dirigent et influencent les forces armées ou les milices concernées.
L’armée congolaise, elle, est en déclin. Les nombreux déserteurs ont gonflé les rangs de toutes sortes de bandits. Soldats de l’armée, hommes armés de mouvements rebelles ou agissant à titre indépen-dant extorquent les populations chaque jour. Les attaques sur les routes, viols répétés, pillages et meurtres restent presque toujours impunis, l’état n’ayant presque plus d’autorité. L’armée et le système judiciaire ne fonctionnent pas. L’impunité qui en résulte ne fait que renforcer le niveau d’insécurité. dans l’est du congo, prendre les armes pour satisfaire des besoins personnels, régler des comptes souvent liés aux rivalités locales et échapper aux conditions de vie intolérables est devenu un mode de vie pour une petite partie de la population. L’autre partie, elle, fuit, dort dans la brousse, souffre de la faim et du froid, endure des blessures par balles et meurt trop souvent sans même avoir pu faire entendre sa voix.
Romain gitenet, chef de mission, République démocratique du congo
est du congo : les défis pour MSF
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MotiF d’inteRvention • Endémie/épidémiepeRSonneL de teRRain 7
MSF a organisé une intervention d’urgence pour enrayer une épidémie de choléra en guinée-Bissau. Les premiers cas de cette maladie bactérienne très contagieuse ont été détectés en mai et, en juillet, le gouvernement a déclaré l’état d’urgence et demandé l’aide internationale.
Le choléra se répand rapidement via des eaux
contaminées. Il est endémique en Guinée-
Bissau, où il n’existe pas de réseau d’égouts et
où l’accès à l’eau potable est très limité.
Lorsque MSF est arrivé en août 2008, près de
4.000 cas et 93 décès avaient été recensés dans
le pays, dont 70% à Bissau, la capitale. Le per-
sonnel de MSF a aidé le Ministère de la santé à
contrôler l’épidémie : des équipes de coordina-
teurs, infirmiers, logisticiens et épidémiologis-
tes ont dirigé des centres de traitement,
renforcé les capacités locales et amélioré la
détection précoce et les traitements. Des
équipes mobiles ont été déployées pour amélio-
rer l’approvisionnement en eau et l’assainisse-
ment, et effectuer des visites à domicile.
MSF a soigné plus de 8.000 patients et ses
stratégies d’assainissement et de prévention
ont contribué à juguler l’épidémie. Fin
novembre, MSF a transféré les projets aux
autorités sanitaires locales et à d’autres organi-
sations humanitaires.
MSF a travaillé en Guinée-Bissau d’août à
novembre 2008.
MSF a poursuivi sa prise en charge du vih/sida à guéckédou, dans l’est de la région de guinée Forestière, et dans la capitale.
MSF demeure le principal fournisseur de soins
aux patients séropositifs du pays. Afin de
permettre aux patients d’être soignés plus
près de chez eux, MSF a entamé la décentrali-
sation des soins vers des centres de santé plus
petits à Conakry et en Guinée Forestière. Les
équipes ont offert traitements, dépistages
volontaires et counselling, formé et supervisé
du personnel médical, et remis à niveau des
unités médicales.
Plus de 3.500 patients recevaient des traite-
ments antirétroviraux (ARV) à la fin de 2008,
dont beaucoup de co-infectés par la tubercu-
lose. Il semble peu probable que MSF puisse
transférer ses programmes VIH/sida à des
organisations locales, comme cela a été fait
dans d’autres pays, étant donné le manque de
ressources du ministère de la Santé et la
pénurie de personnel qualifié.
plaidoyer en faveur de meilleurs médicaments antipaludiquesA Dabola, MSF a transféré en novembre 2008
son programme de lutte contre le paludisme
aux autorités sanitaires locales, qui ont
intégré l’utilisation de l’ASAQ dans leurs
structures de santé. En effet, après avoir plaidé
auprès des autorités sanitaires nationales en
faveur de la polythérapie à base d’artémisinine
(ACT), plus efficace, MSF a insisté en 2008 pour
passer à l’ASAQ, une polythérapie en doses
uniques, facile à utiliser, efficace et peu
coûteuse, mise au point par la Drugs for
Neglected Diseases initiative. Un film visant à
promouvoir l’utilisation de cette polythérapie
a été réalisé en partenariat avec des acteurs
guinéens, en trois langues : le français, le
malinké et le peul.
plus de 3.500 patients recevaient des traitements antirétroviraux (aRv) à la fin de 2008, dont beaucoup de co-infectés par la tuberculose.
des équipes mobiles ont été déployées pour améliorer l’approvisionnement en eau et l’assainisse-ment, et effectuer des visites à domicile.
guinée- conakRy MotiF d’inteRvention on • endémie/épidémiepeRSonneL de teRRain 229
© Clara Tarrero
combattre le choléraLe choléra reste un problème en Guinée. Il a
gravement frappé Conakry en 2007, mais est
resté plutôt limité à la région côtière de
Guinée Maritime (au nord de Conakry) en
2008. MSF a donné du matériel médical et des
médicaments à Boké et a organisé une forma-
tion pour une centaine de soignants de diffé-
rents centres de santé de la capitale.
MSF travaille en Guinée depuis 1984.
conditions d’incarcération inacceptablesEn septembre 2008, MSF a lancé une interven-
tion d’urgence à la prison civile de Guéckédou.
A son arrivée, un tiers des prisonniers mascu-
lins adultes souffraient de malnutrition, dont
un cinquième de malnutrition aiguë sévère.
Les conditions d’hygiène déplorables avaient
engendré déshydratations et infections
cutanées et respiratoires. Dans des cellules
surpeuplées, les mineurs cohabitaient avec des
adultes, et les prisonniers tuberculeux avec
d’autres prisonniers. Des soins n’étaient
offerts qu’occasionnellement.
MSF a distribué des aliments thérapeutiques
d’urgence pendant environ trois mois ; mené
des consultations médicales ; donné des médi-
caments et fourni du matériel pour l’approvi-
sionnement en eau, l’assainissement et
l’hygiène personnelle ; et effectué des évalua-
tions et vaccinations dans trois autres prisons
du pays (à Mamou, Boké et Gaoual). Début
2009, MSF a publié un rapport pour témoigner
et dénoncer cette situation.
© Julie Rémy
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MSF a organisé une intervention d’urgence pour enrayer une épidémie de choléra en guinée-Bissau. Les premiers cas de cette maladie bactérienne très contagieuse ont été détectés en mai et, en juillet, le gouvernement a déclaré l’état d’urgence et demandé l’aide internationale.
Le choléra se répand rapidement via des eaux
contaminées. Il est endémique en Guinée-
Bissau, où il n’existe pas de réseau d’égouts et
où l’accès à l’eau potable est très limité.
Lorsque MSF est arrivé en août 2008, près de
4.000 cas et 93 décès avaient été recensés dans
le pays, dont 70% à Bissau, la capitale. Le per-
sonnel de MSF a aidé le Ministère de la santé à
contrôler l’épidémie : des équipes de coordina-
teurs, infirmiers, logisticiens et épidémiologis-
tes ont dirigé des centres de traitement,
renforcé les capacités locales et amélioré la
détection précoce et les traitements. Des
équipes mobiles ont été déployées pour amélio-
rer l’approvisionnement en eau et l’assainisse-
ment, et effectuer des visites à domicile.
MSF a soigné plus de 8.000 patients et ses
stratégies d’assainissement et de prévention
ont contribué à juguler l’épidémie. Fin
novembre, MSF a transféré les projets aux
autorités sanitaires locales et à d’autres organi-
sations humanitaires.
MSF a travaillé en Guinée-Bissau d’août à
novembre 2008.
MSF a poursuivi sa prise en charge du vih/sida à guéckédou, dans l’est de la région de guinée Forestière, et dans la capitale.
MSF demeure le principal fournisseur de soins
aux patients séropositifs du pays. Afin de
permettre aux patients d’être soignés plus
près de chez eux, MSF a entamé la décentrali-
sation des soins vers des centres de santé plus
petits à Conakry et en Guinée Forestière. Les
équipes ont offert traitements, dépistages
volontaires et counselling, formé et supervisé
du personnel médical, et remis à niveau des
unités médicales.
Plus de 3.500 patients recevaient des traite-
ments antirétroviraux (ARV) à la fin de 2008,
dont beaucoup de co-infectés par la tubercu-
lose. Il semble peu probable que MSF puisse
transférer ses programmes VIH/sida à des
organisations locales, comme cela a été fait
dans d’autres pays, étant donné le manque de
ressources du ministère de la Santé et la
pénurie de personnel qualifié.
plaidoyer en faveur de meilleurs médicaments antipaludiquesA Dabola, MSF a transféré en novembre 2008
son programme de lutte contre le paludisme
aux autorités sanitaires locales, qui ont
intégré l’utilisation de l’ASAQ dans leurs
structures de santé. En effet, après avoir plaidé
auprès des autorités sanitaires nationales en
faveur de la polythérapie à base d’artémisinine
(ACT), plus efficace, MSF a insisté en 2008 pour
passer à l’ASAQ, une polythérapie en doses
uniques, facile à utiliser, efficace et peu
coûteuse, mise au point par la Drugs for
Neglected Diseases initiative. Un film visant à
promouvoir l’utilisation de cette polythérapie
a été réalisé en partenariat avec des acteurs
guinéens, en trois langues : le français, le
malinké et le peul.
plus de 3.500 patients recevaient des traitements antirétroviraux (aRv) à la fin de 2008, dont beaucoup de co-infectés par la tuberculose.
des équipes mobiles ont été déployées pour améliorer l’approvisionnement en eau et l’assainisse-ment, et effectuer des visites à domicile.
guinée- conakRy MotiF d’inteRvention on • endémie/épidémiepeRSonneL de teRRain 229
© Clara Tarrero
combattre le choléraLe choléra reste un problème en Guinée. Il a
gravement frappé Conakry en 2007, mais est
resté plutôt limité à la région côtière de
Guinée Maritime (au nord de Conakry) en
2008. MSF a donné du matériel médical et des
médicaments à Boké et a organisé une forma-
tion pour une centaine de soignants de diffé-
rents centres de santé de la capitale.
MSF travaille en Guinée depuis 1984.
conditions d’incarcération inacceptablesEn septembre 2008, MSF a lancé une interven-
tion d’urgence à la prison civile de Guéckédou.
A son arrivée, un tiers des prisonniers mascu-
lins adultes souffraient de malnutrition, dont
un cinquième de malnutrition aiguë sévère.
Les conditions d’hygiène déplorables avaient
engendré déshydratations et infections
cutanées et respiratoires. Dans des cellules
surpeuplées, les mineurs cohabitaient avec des
adultes, et les prisonniers tuberculeux avec
d’autres prisonniers. Des soins n’étaient
offerts qu’occasionnellement.
MSF a distribué des aliments thérapeutiques
d’urgence pendant environ trois mois ; mené
des consultations médicales ; donné des médi-
caments et fourni du matériel pour l’approvi-
sionnement en eau, l’assainissement et
l’hygiène personnelle ; et effectué des évalua-
tions et vaccinations dans trois autres prisons
du pays (à Mamou, Boké et Gaoual). Début
2009, MSF a publié un rapport pour témoigner
et dénoncer cette situation.
© Julie Rémy
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En janvier 2006, MSF et le ministère de la Santé
et du Bien-être social ont lancé un programme
conjoint pour offrir une prise en charge du
VIH/sida, y compris des traitements antirétrovi-
raux (ARV), au niveau des soins primaires dans
les régions rurales.
Le programme a été lancé dans la zone de
santé de l’hôpital Scott, comprenant un hôpital
de district et 14 cliniques de soins primaires
dans des localités isolées, desservant quelque
200.000 personnes. Les cliniques offrent égale-
ment des services VIH/sida complets compre-
nant ARV, dépistage du VIH et counselling,
prévention de la transmission de la mère à
l’enfant, diagnostic précoce du VIH chez les
nourrissons et traitement des infections oppor-
tunistes et co-infections, comme la TB.
Des services intégrés de type “guichet unique”
ont été créés pour les patients co-infectés par
la TB et le VIH. L’intégration des traitements
de ces maladies est assurée notamment par le
dépistage systématique de la TB chez les séro-
positifs et l’offre d’un dépistage du VIH aux
patients tuberculeux. MSF collabore avec les
autorités sanitaires locales pour renforcer le
MotiF d’inteRvention • endémie/épidémiepeRSonneL de teRRain 9
au Lesotho, l’espérance de vie n’est que de 35 ans. Le vih/sida est une impor-tante cause de mortalité : plus de 23% de la population adulte en est atteinte. La plupart des décès liés au vih/sida sont dus à une co-infection par la tuberculose (tB). ne comptant que cinq médecins et 62 infirmiers pour 100.000 habitants, le pays a d’urgence besoin de plus de personnel médical.
système de soins primaires en améliorant les
services de laboratoire, l’approvisionnement
en médicaments, les infrastructures, et la
supervision et le suivi des programmes.
En décembre 2008, 39.500 dépistages du VIH
avaient été menés depuis le début du projet en
2006, et 4.300 patients avaient débuté un
traitement ARV. Les résultats cliniques des
deux premières années sont assez encoura-
geants : 86% des adultes et 93% des enfants
sont toujours en traitement après 12 mois sous
ARV. En outre, la transmission du VIH de la
mère à l’enfant a été réduite à moins de 5%
pour les femmes enceintes recevant un traite-
ment préventif. Les taux de guérison de la TB
se sont aussi améliorés, atteignant 78% en
2008.
Soins décentralisésLes services hospitaliers administrant les ARV
sont engorgés, le personnel est rare et nombre
de patients éprouvent des difficultés à obtenir
ou financer leurs soins. Dès le départ, MSF a
donc cherché à décentraliser les traitements
VIH/sida au niveau des dispensaires afin de les
rapprocher des patients et d’en assurer la
gratuité.
Du personnel infirmier a été formé pour
assumer la responsabilité clinique des traite-
ments VIH/sida, y compris le placement sous
ARV et la prise en charge chez les adultes et les
enfants. Des “conseillers non professionnels”
(principalement des personnes atteintes du
VIH/sida) ont été recrutés et formés pour
renforcer la capacité des cliniques et soutenir
l’offre de services VIH/sida et TB, et surtout le
respect des traitements. En décembre 2008, ils
étaient 45 à travailler dans 15 structures.
Joseph Ramokoatsi, conseiller non profession-
nel dans une clinique de montagne, sait ce que
c’est de vivre avec le VIH et devoir prendre des
ARV toute sa vie. “Mon travail ici est ma
passion, dit-il. Lorsque je dis aux patients de
prendre des antirétroviraux pour se sentir
mieux, ils me font confiance parce que je suis
un exemple vivant. Je leur dis de bien respecter
la prise des antirétroviraux et de ne pas s’arrê-
ter malgré les effets secondaires”.
MSF a réclamé l’élimination des frais pour les
soins primaires et, entre-temps, subventionné
tous les services essentiels liés au VIH/sida dans
la zone sanitaire de l’hôpital Scott : médica-
ments et autre matériel, tests de laboratoire,
équipements et frais d’hôpitaux. En janvier
2008, le ministère de la Santé a aboli tous les
frais pour les soins primaires et diminué ceux
d’autres services au niveau des districts.
Toutefois, les coûts restants – frais d’admission
en hôpital pour les patients séropositifs n’étant
pas sous ARV et radios des poumons – demeu-
rent des obstacles à l’accès aux soins, y compris
au diagnostic de la TB.
Le programme soutenu par MSF à l’hôpital
Scott visait à élaborer un modèle durable
pouvant être reproduit, tout en atteignant des
objectifs immédiats ambitieux de placement
sous ARV. La première phase de trois ans étant
terminée, MSF transfèrera progressivement
toutes ses responsabilités au ministère de la
Santé et à d’autres partenaires locaux d’ici
2010.
MSF travaille au Lesotho depuis 2006.
kenyaMotiF d’inteRvention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santé peRSonneL de Santé 659
début 2008, des contestations de l’élection présidentielle ont provoqué deux mois de violences, faisant plus de 1.000 morts et, d’après la croix-Rouge kényane, quelque 300.000 déplacés. Le personnel médical de MSF, qui normale-ment se concentre sur la prise en charge des milliers de patients atteints du vih/sida et de la tuberculose (tB) dans la capitale nairobi et au kenya occiden-tal, était sur place pour apporter son aide.
MSF a fourni des soins d’urgence aux victimes
des violences, établissant des cliniques mobiles
pour les Kenyans fuyant les violences et des
secours dans des camps de déplacés. Les
équipes sur le terrain ont été renforcées avec
des chirurgiens, des urgentistes, du personnel
infirmier et des logisticiens.
Les manifestations et heurts violents se pro-
duisant dans tout le Kenya durant la crise ont
fait des centaines de blessés. A Nairobi, les
équipes ont adapté les projets VIH/sida de
longue durée pour offrir des premiers secours
aux victimes. Les déplacements étant difficiles,
MSF a envoyé des ambulances dans les bidon-
villes pour aider les blessés. Un système d’ache-
minement des cas les plus graves vers des
hôpitaux publics et privés a été organisé.
Début janvier, une équipe chirurgicale de MSF
a aidé les hôpitaux d’Eldoret et de Nakuru à
soigner les victimes souffrant notamment de
blessures à la machette et de brûlures. Plus
tard dans le mois, MSF a soutenu le personnel
du ministère de la Santé lorsque des heurts
violents ont éclaté à Nakuru et Naivasha, deux
destinations touristiques populaires proches
de Nairobi. A Nakuru, les équipes MSF ont
participé au traitement de plus de 150 blessés
en deux jours.
La violence a poussé des milliers de personnes
à fuir leurs foyers, en particulier dans la Vallée
du Rift. Beaucoup se sont regroupés dans des
stades et terrains d’exposition. MSF a fourni
des soins médicaux et du matériel de secours
là où des milliers de déplacés s’étaient massés,
notamment à Eldoret, Nakuru et Kitale.
D’autres Kényans se sont réfugiés dans des
postes de police, des prisons et des églises ou
sont restés en petits groupes dans des zones
isolées. Dans certaines parties du pays, la forte
mobilité de la population a exigé de MSF une
grande souplesse dans sa réponse. Les équipes
médicales se sont rendues dans différents
lieux de la Vallée du Rift chaque semaine pour
soigner ceux qui recevaient peu ou pas d’aide.
déplacés du Mont elgonLa situation politique se stabilisant vers la fin
février, MSF s’est progressivement désengagé
de son assistance d’urgence. Des activités ont
toutefois été maintenues dans la région du
Mont Elgon, dans l’ouest du pays, où des
dizaines de milliers de déplacés ayant fui les
violences débutées en août 2006 luttaient pour
leur survie, pris au piège entre les parties au
conflit. MSF a commencé à fournir une assis-
tance dans cette région en avril 2007, se
concentrant sur les soins primaires et la santé
mentale, les références vers d’autres structures
et la distribution de secours non alimentaires,
comme des couvertures.
En 2008, plus de 23.000 consultations ambula-
toires, dont quelque 1.600 consultations préna-
tales, ont été assurées. MSF a traité 110
victimes de violences sexuelles et 349 patients
souffrant de blessures dues à des traumatis-
mes violents. En fin d’année, vu l’amélioration
de la sécurité, MSF a pu transférer ses activités
au ministère de la Santé.
Soins spécialisés Depuis de nombreuses années, les équipes MSF
à Nairobi et dans les provinces de Nyanza, de
l’Ouest et de la Vallée du Rift offrent des soins
spécialisés aux patients souffrant de maladies
chroniques et négligées.
Fin 2008, plus de 18.600 patients atteints du
VIH/sida étaient pris en charge par MSF et
14.000 recevaient des traitements antirétrovi-
raux vitaux. Dans les bidonvilles de Mathare et
Kibera (à Nairobi) et les zones rurales de Busia
et Homa Bay, le personnel MSF a dépisté 17.250
personnes pour le VIH/sida. Dans la région de
Pokot (nord-ouest du Kenya), les équipes médi-
cales ont offert un dépistage à plus de 1.700
personnes pour le kala-azar, maladie mortelle,
et traité près de 640 patients.
MSF travaille au Kenya depuis 1987.
LeSotho
© Juan Carlos Tomasi
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En janvier 2006, MSF et le ministère de la Santé
et du Bien-être social ont lancé un programme
conjoint pour offrir une prise en charge du
VIH/sida, y compris des traitements antirétrovi-
raux (ARV), au niveau des soins primaires dans
les régions rurales.
Le programme a été lancé dans la zone de
santé de l’hôpital Scott, comprenant un hôpital
de district et 14 cliniques de soins primaires
dans des localités isolées, desservant quelque
200.000 personnes. Les cliniques offrent égale-
ment des services VIH/sida complets compre-
nant ARV, dépistage du VIH et counselling,
prévention de la transmission de la mère à
l’enfant, diagnostic précoce du VIH chez les
nourrissons et traitement des infections oppor-
tunistes et co-infections, comme la TB.
Des services intégrés de type “guichet unique”
ont été créés pour les patients co-infectés par
la TB et le VIH. L’intégration des traitements
de ces maladies est assurée notamment par le
dépistage systématique de la TB chez les séro-
positifs et l’offre d’un dépistage du VIH aux
patients tuberculeux. MSF collabore avec les
autorités sanitaires locales pour renforcer le
MotiF d’inteRvention • endémie/épidémiepeRSonneL de teRRain 9
au Lesotho, l’espérance de vie n’est que de 35 ans. Le vih/sida est une impor-tante cause de mortalité : plus de 23% de la population adulte en est atteinte. La plupart des décès liés au vih/sida sont dus à une co-infection par la tuberculose (tB). ne comptant que cinq médecins et 62 infirmiers pour 100.000 habitants, le pays a d’urgence besoin de plus de personnel médical.
système de soins primaires en améliorant les
services de laboratoire, l’approvisionnement
en médicaments, les infrastructures, et la
supervision et le suivi des programmes.
En décembre 2008, 39.500 dépistages du VIH
avaient été menés depuis le début du projet en
2006, et 4.300 patients avaient débuté un
traitement ARV. Les résultats cliniques des
deux premières années sont assez encoura-
geants : 86% des adultes et 93% des enfants
sont toujours en traitement après 12 mois sous
ARV. En outre, la transmission du VIH de la
mère à l’enfant a été réduite à moins de 5%
pour les femmes enceintes recevant un traite-
ment préventif. Les taux de guérison de la TB
se sont aussi améliorés, atteignant 78% en
2008.
Soins décentralisésLes services hospitaliers administrant les ARV
sont engorgés, le personnel est rare et nombre
de patients éprouvent des difficultés à obtenir
ou financer leurs soins. Dès le départ, MSF a
donc cherché à décentraliser les traitements
VIH/sida au niveau des dispensaires afin de les
rapprocher des patients et d’en assurer la
gratuité.
Du personnel infirmier a été formé pour
assumer la responsabilité clinique des traite-
ments VIH/sida, y compris le placement sous
ARV et la prise en charge chez les adultes et les
enfants. Des “conseillers non professionnels”
(principalement des personnes atteintes du
VIH/sida) ont été recrutés et formés pour
renforcer la capacité des cliniques et soutenir
l’offre de services VIH/sida et TB, et surtout le
respect des traitements. En décembre 2008, ils
étaient 45 à travailler dans 15 structures.
Joseph Ramokoatsi, conseiller non profession-
nel dans une clinique de montagne, sait ce que
c’est de vivre avec le VIH et devoir prendre des
ARV toute sa vie. “Mon travail ici est ma
passion, dit-il. Lorsque je dis aux patients de
prendre des antirétroviraux pour se sentir
mieux, ils me font confiance parce que je suis
un exemple vivant. Je leur dis de bien respecter
la prise des antirétroviraux et de ne pas s’arrê-
ter malgré les effets secondaires”.
MSF a réclamé l’élimination des frais pour les
soins primaires et, entre-temps, subventionné
tous les services essentiels liés au VIH/sida dans
la zone sanitaire de l’hôpital Scott : médica-
ments et autre matériel, tests de laboratoire,
équipements et frais d’hôpitaux. En janvier
2008, le ministère de la Santé a aboli tous les
frais pour les soins primaires et diminué ceux
d’autres services au niveau des districts.
Toutefois, les coûts restants – frais d’admission
en hôpital pour les patients séropositifs n’étant
pas sous ARV et radios des poumons – demeu-
rent des obstacles à l’accès aux soins, y compris
au diagnostic de la TB.
Le programme soutenu par MSF à l’hôpital
Scott visait à élaborer un modèle durable
pouvant être reproduit, tout en atteignant des
objectifs immédiats ambitieux de placement
sous ARV. La première phase de trois ans étant
terminée, MSF transfèrera progressivement
toutes ses responsabilités au ministère de la
Santé et à d’autres partenaires locaux d’ici
2010.
MSF travaille au Lesotho depuis 2006.
kenyaMotiF d’inteRvention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santé peRSonneL de Santé 659
début 2008, des contestations de l’élection présidentielle ont provoqué deux mois de violences, faisant plus de 1.000 morts et, d’après la croix-Rouge kényane, quelque 300.000 déplacés. Le personnel médical de MSF, qui normale-ment se concentre sur la prise en charge des milliers de patients atteints du vih/sida et de la tuberculose (tB) dans la capitale nairobi et au kenya occiden-tal, était sur place pour apporter son aide.
MSF a fourni des soins d’urgence aux victimes
des violences, établissant des cliniques mobiles
pour les Kenyans fuyant les violences et des
secours dans des camps de déplacés. Les
équipes sur le terrain ont été renforcées avec
des chirurgiens, des urgentistes, du personnel
infirmier et des logisticiens.
Les manifestations et heurts violents se pro-
duisant dans tout le Kenya durant la crise ont
fait des centaines de blessés. A Nairobi, les
équipes ont adapté les projets VIH/sida de
longue durée pour offrir des premiers secours
aux victimes. Les déplacements étant difficiles,
MSF a envoyé des ambulances dans les bidon-
villes pour aider les blessés. Un système d’ache-
minement des cas les plus graves vers des
hôpitaux publics et privés a été organisé.
Début janvier, une équipe chirurgicale de MSF
a aidé les hôpitaux d’Eldoret et de Nakuru à
soigner les victimes souffrant notamment de
blessures à la machette et de brûlures. Plus
tard dans le mois, MSF a soutenu le personnel
du ministère de la Santé lorsque des heurts
violents ont éclaté à Nakuru et Naivasha, deux
destinations touristiques populaires proches
de Nairobi. A Nakuru, les équipes MSF ont
participé au traitement de plus de 150 blessés
en deux jours.
La violence a poussé des milliers de personnes
à fuir leurs foyers, en particulier dans la Vallée
du Rift. Beaucoup se sont regroupés dans des
stades et terrains d’exposition. MSF a fourni
des soins médicaux et du matériel de secours
là où des milliers de déplacés s’étaient massés,
notamment à Eldoret, Nakuru et Kitale.
D’autres Kényans se sont réfugiés dans des
postes de police, des prisons et des églises ou
sont restés en petits groupes dans des zones
isolées. Dans certaines parties du pays, la forte
mobilité de la population a exigé de MSF une
grande souplesse dans sa réponse. Les équipes
médicales se sont rendues dans différents
lieux de la Vallée du Rift chaque semaine pour
soigner ceux qui recevaient peu ou pas d’aide.
déplacés du Mont elgonLa situation politique se stabilisant vers la fin
février, MSF s’est progressivement désengagé
de son assistance d’urgence. Des activités ont
toutefois été maintenues dans la région du
Mont Elgon, dans l’ouest du pays, où des
dizaines de milliers de déplacés ayant fui les
violences débutées en août 2006 luttaient pour
leur survie, pris au piège entre les parties au
conflit. MSF a commencé à fournir une assis-
tance dans cette région en avril 2007, se
concentrant sur les soins primaires et la santé
mentale, les références vers d’autres structures
et la distribution de secours non alimentaires,
comme des couvertures.
En 2008, plus de 23.000 consultations ambula-
toires, dont quelque 1.600 consultations préna-
tales, ont été assurées. MSF a traité 110
victimes de violences sexuelles et 349 patients
souffrant de blessures dues à des traumatis-
mes violents. En fin d’année, vu l’amélioration
de la sécurité, MSF a pu transférer ses activités
au ministère de la Santé.
Soins spécialisés Depuis de nombreuses années, les équipes MSF
à Nairobi et dans les provinces de Nyanza, de
l’Ouest et de la Vallée du Rift offrent des soins
spécialisés aux patients souffrant de maladies
chroniques et négligées.
Fin 2008, plus de 18.600 patients atteints du
VIH/sida étaient pris en charge par MSF et
14.000 recevaient des traitements antirétrovi-
raux vitaux. Dans les bidonvilles de Mathare et
Kibera (à Nairobi) et les zones rurales de Busia
et Homa Bay, le personnel MSF a dépisté 17.250
personnes pour le VIH/sida. Dans la région de
Pokot (nord-ouest du Kenya), les équipes médi-
cales ont offert un dépistage à plus de 1.700
personnes pour le kala-azar, maladie mortelle,
et traité près de 640 patients.
MSF travaille au Kenya depuis 1987.
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ces dernières années, le gouvernement du Malawi a intensifié ses efforts pour fournir plus de traitements antirétro-viraux (aRv) face à la propagation du vih/sida. environ 12% de la popula-tion adulte serait infectée, mais beaucoup de malades ne sont pas traités du fait de la pénurie aiguë de personnel soignant.
Résoudre le problème du vih/sidaMSF fournit des ARV dans deux districts
ruraux du sud du pays, Chiradzulu et Thyolo,
où plus de 28.000 patients ont entamé un
traitement ARV (12.000 à Chiradzulu depuis
2001, et 16.000 à Thyolo depuis 2003). En 2007,
MSF a atteint son objectif d’accès universel
aux ARV à Thyolo, mettant 11.520 patients
sous traitement. En 2008, MSF a placé sous
ARV plus de 4.300 nouveaux patients à
Chiradzulu et plus de 4.400 à Thyolo.
MSF participe à l’accroissement du nombre et
de la capacité des centres de santé dans ces
deux districts. Dans 25 centres de santé, le
personnel du ministère de la Santé a été
formé pour prescrire des ARV et donner des
traitements de suivi aux patients stables.
Des services de prévention de la transmission
de la mère à l’enfant sont disponibles dans 20
sites à Thyolo et dans dix centres de santé à
Chiradzulu. L’incidence des co-infections VIH-
tuberculose étant élevée au Malawi, MSF s’em-
ploie aussi à identifier les patients potentiels et
à pratiquer des diagnostics précoces de la TB.
En 2008, l’équipe MSF à Chiradzulu a mené
une évaluation des patients ayant abandonné
leur traitement ; elle a révélé que les princi-
paux motifs d’abandon sont la stigmatisation
liée à la maladie exprimée par la famille ou la
communauté, le manque d’information sur les
médicaments ou la maladie elle-même, ou une
impression d’amélioration générale de la santé.
MSF collabore avec les autorités sanitaires
locales pour mettre en œuvre un plan
national de traitement du VIH/sida. Par le
biais de groupes de travail techniques au
niveau national, MSF a participé à l’élabora-
tion de protocoles et directives de soins qui
ont été diffusés dans tout le pays.
Selon Jomah Kollie, directeur du programme
communautaire, “le VIH/sida n’est pas qu’un
problème médical. C’est aussi un problème
culturel, social. Nous voulons permettre aux
patients de se prendre en charge. C’est
pourquoi nous avons commencé à donner
beaucoup d’informations aux communautés
sur le VIH/sida, notamment où trouver des
services, comment résoudre les problèmes liés
à la prise des médicaments, comment rester
en bonne santé.”
Redistribution des tâches et décentra-lisation des servicesPour retenir les patients existants et faire face
au nombre croissant de cas, MSF a formé des
infirmiers à prescrire des ARV, une responsabi-
lité jusque-là réservée aux cliniciens, assis-
tants médicaux et médecins.
MSF a décentralisé certains services vers des
lieux fixes dans des zones plus rurales afin de
réduire la distance que les patients doivent
parcourir pour venir aux consultations de
routine et obtenir leurs médicaments. Les
infirmiers traitent les infections opportunistes
et les maladies chroniques ; les conseillers
non professionnels et volontaires spécialisés
de la communauté, souvent séropositifs
eux-mêmes, assurent le dépistage et le coun-
selling, ainsi que d’autres services essentiels,
comme aider les patients à respecter le traite-
ment et identifier les personnes ayant aban-
donné leur traitement. Des progrès dans les
méthodes de traitement permettent désor-
mais aux patients stables, traités depuis au
moins un an, de ne venir aux consultations
que tous les six mois plutôt que tous les deux
ou trois mois.
epidémie de choléraMi-novembre 2008, une épidémie de choléra a
touché le pays. MSF est intervenu dans trois
districts ruraux ainsi que dans la capitale,
Lilongwe. MSF a soigné plus de 3.700 patients
et apporté un soutien logistique pour amélio-
rer l’approvisionnement en eau et l’assainisse-
ment dans neuf centres de santé et un hôpital
de district. MSF a aussi formé du personnel
médical et logistique, soutenu un centre de
santé à Blantyre et mené des missions d’éva-
luation à la frontière avec le Mozambique.
MSF travaille au Malawi depuis 1986.
Soins maternelsMSF a fourni des soins secondaires gratuits
dans le comté de Montserrado, dans le nord-
ouest du pays, où se trouve la capitale
Monrovia. Dans la banlieue de Paynesville, MSF
a assuré plus de 3.000 accouchements et 770
interventions chirurgicales gynécologiques
d’urgence à l’hôpital Benson, consacré aux
femmes et aux enfants. Le transfert de ce
projet au ministère de la Santé est en cours.
MSF a également offert un accès gratuit aux
soins à l’hôpital pédiatrique Island, sur l’île de
Bushrod. Dans ce quartier surpeuplé de
Monrovia comptant plus de 500.000 habitants,
les admissions ont dépassé les 12.600 en 2008.
Ce projet cible les mères et les enfants, la
malnutrition doublée de complications médi-
cales et l’intégration dans le système des
traitements de maladies chroniques telles que
le VIH/sida et la tuberculose. Les équipes MSF
ont pratiqué plus de 3.900 accouchements.
MSF a aussi fourni des soins primaires dans
deux centres gérés par le ministère de la Santé
à Clara Town et New Kru Town. Les équipes ont
soutenu une variété de services materno-
infantiles, tels que les soins pré- et postnatals,
les vaccinations et la prévention de la trans-
mission du VIH de la mère à l’enfant. Au total,
ces deux centres ont effectué plus de 122.300
consultations en 2008.
violences sexuellesLes taux de violences sexuelles demeurent
élevés au Libéria. A Benson, MSF a traité plus
de 880 survivantes de viols. En juillet, ce projet
a été transféré à Think, une ONG locale, mais
MSF maintient un soutien technique et
matériel. Ce partenariat a assuré plus de 2.260
consultations psychologiques en 2008.
Les victimes de violences sexuelles ont reçu un
soutien médical et psychosocial à Island
Hospital et dans les deux centres de santé.
En 2008, les équipes MSF ont traité plus de 770
personnes sur l’île de Bushrod, dont plus de
70% avaient moins de 19 ans et quelque 11%,
moins de quatre ans.
transfert de projetMSF compte transférer au ministère de la
Santé son centre de santé de Saclepea, dans le
comté de Nimba, dans le nord-est du Libéria.
En 2008, ce centre a effectué plus de 3.000
consultations ambulatoires. Plus de 100
patients ont bénéficié de tests de dépistage du
VIH anonymes et gratuits. MSF collabore avec
le ministère de la Santé, le Centre de recher-
che et d’épidémiologie de terrain (Epicentre)
et la Drugs for Neglected Diseases initiative (DNDi)
pour réaliser une étude visant à rendre la
polythérapie à base d’artémisinine accessible
aux personnes atteintes de paludisme dans
toute l’Afrique.
traiter la fièvre hémorragique de LassaEn 2008, quelque 80 personnes atteintes de
fièvre hémorragique de Lassa ont été admises
dans l’unité spéciale de Saclepea. Cette fièvre
est mortelle si elle n’est pas traitée rapidement
par ribavirine, un médicament coûteux protégé
par un monopole pharmaceutique. Dans le
cadre de son retrait de Saclepea, programmé
pour 2009, MSF tente de garantir que la ribavi-
rine devienne abordable au Libéria. MSF plaide
également auprès des responsables de la santé
pour la continuité des soins aux patients
séropositifs après son retrait. Il a maintenant
été convenu que ces patients pourront être
traités à l’hôpital Ganta, dans le nord du comté
de Nimba, et que les tests de dépistage du VIH
et de la tuberculose se poursuivront à Saclepea.
plaidoyer pour des soins gratuitsEn 2006, le gouvernement a instauré une
politique de gratuité des soins dans tout le
Libéria, mais toutes les structures de santé du
pays ne sont pas capables d’offrir des services
gratuits, et dans certains endroits les traite-
ments restent inabordables. MSF plaide pour
une mise en œuvre homogène de la gratuité
des soins dans tout le pays.
MSF travaille au Libéria depuis 1990.
LiBéRia MotiF d’inteRvention • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 875
Bien que le Libéria se soit engagé sur la voie de la stabilité et de la reconstruc-tion après 14 années de violente guerre civile, la pauvreté y demeure extrême et l’offre de soins, inadéquate. Femmes et enfants restent très vulnérables.
MaLawi MotiF d’inteRvention • Endémie/épidémiepeRSonneL de teRRain 700
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ces dernières années, le gouvernement du Malawi a intensifié ses efforts pour fournir plus de traitements antirétro-viraux (aRv) face à la propagation du vih/sida. environ 12% de la popula-tion adulte serait infectée, mais beaucoup de malades ne sont pas traités du fait de la pénurie aiguë de personnel soignant.
Résoudre le problème du vih/sidaMSF fournit des ARV dans deux districts
ruraux du sud du pays, Chiradzulu et Thyolo,
où plus de 28.000 patients ont entamé un
traitement ARV (12.000 à Chiradzulu depuis
2001, et 16.000 à Thyolo depuis 2003). En 2007,
MSF a atteint son objectif d’accès universel
aux ARV à Thyolo, mettant 11.520 patients
sous traitement. En 2008, MSF a placé sous
ARV plus de 4.300 nouveaux patients à
Chiradzulu et plus de 4.400 à Thyolo.
MSF participe à l’accroissement du nombre et
de la capacité des centres de santé dans ces
deux districts. Dans 25 centres de santé, le
personnel du ministère de la Santé a été
formé pour prescrire des ARV et donner des
traitements de suivi aux patients stables.
Des services de prévention de la transmission
de la mère à l’enfant sont disponibles dans 20
sites à Thyolo et dans dix centres de santé à
Chiradzulu. L’incidence des co-infections VIH-
tuberculose étant élevée au Malawi, MSF s’em-
ploie aussi à identifier les patients potentiels et
à pratiquer des diagnostics précoces de la TB.
En 2008, l’équipe MSF à Chiradzulu a mené
une évaluation des patients ayant abandonné
leur traitement ; elle a révélé que les princi-
paux motifs d’abandon sont la stigmatisation
liée à la maladie exprimée par la famille ou la
communauté, le manque d’information sur les
médicaments ou la maladie elle-même, ou une
impression d’amélioration générale de la santé.
MSF collabore avec les autorités sanitaires
locales pour mettre en œuvre un plan
national de traitement du VIH/sida. Par le
biais de groupes de travail techniques au
niveau national, MSF a participé à l’élabora-
tion de protocoles et directives de soins qui
ont été diffusés dans tout le pays.
Selon Jomah Kollie, directeur du programme
communautaire, “le VIH/sida n’est pas qu’un
problème médical. C’est aussi un problème
culturel, social. Nous voulons permettre aux
patients de se prendre en charge. C’est
pourquoi nous avons commencé à donner
beaucoup d’informations aux communautés
sur le VIH/sida, notamment où trouver des
services, comment résoudre les problèmes liés
à la prise des médicaments, comment rester
en bonne santé.”
Redistribution des tâches et décentra-lisation des servicesPour retenir les patients existants et faire face
au nombre croissant de cas, MSF a formé des
infirmiers à prescrire des ARV, une responsabi-
lité jusque-là réservée aux cliniciens, assis-
tants médicaux et médecins.
MSF a décentralisé certains services vers des
lieux fixes dans des zones plus rurales afin de
réduire la distance que les patients doivent
parcourir pour venir aux consultations de
routine et obtenir leurs médicaments. Les
infirmiers traitent les infections opportunistes
et les maladies chroniques ; les conseillers
non professionnels et volontaires spécialisés
de la communauté, souvent séropositifs
eux-mêmes, assurent le dépistage et le coun-
selling, ainsi que d’autres services essentiels,
comme aider les patients à respecter le traite-
ment et identifier les personnes ayant aban-
donné leur traitement. Des progrès dans les
méthodes de traitement permettent désor-
mais aux patients stables, traités depuis au
moins un an, de ne venir aux consultations
que tous les six mois plutôt que tous les deux
ou trois mois.
epidémie de choléraMi-novembre 2008, une épidémie de choléra a
touché le pays. MSF est intervenu dans trois
districts ruraux ainsi que dans la capitale,
Lilongwe. MSF a soigné plus de 3.700 patients
et apporté un soutien logistique pour amélio-
rer l’approvisionnement en eau et l’assainisse-
ment dans neuf centres de santé et un hôpital
de district. MSF a aussi formé du personnel
médical et logistique, soutenu un centre de
santé à Blantyre et mené des missions d’éva-
luation à la frontière avec le Mozambique.
MSF travaille au Malawi depuis 1986.
Soins maternelsMSF a fourni des soins secondaires gratuits
dans le comté de Montserrado, dans le nord-
ouest du pays, où se trouve la capitale
Monrovia. Dans la banlieue de Paynesville, MSF
a assuré plus de 3.000 accouchements et 770
interventions chirurgicales gynécologiques
d’urgence à l’hôpital Benson, consacré aux
femmes et aux enfants. Le transfert de ce
projet au ministère de la Santé est en cours.
MSF a également offert un accès gratuit aux
soins à l’hôpital pédiatrique Island, sur l’île de
Bushrod. Dans ce quartier surpeuplé de
Monrovia comptant plus de 500.000 habitants,
les admissions ont dépassé les 12.600 en 2008.
Ce projet cible les mères et les enfants, la
malnutrition doublée de complications médi-
cales et l’intégration dans le système des
traitements de maladies chroniques telles que
le VIH/sida et la tuberculose. Les équipes MSF
ont pratiqué plus de 3.900 accouchements.
MSF a aussi fourni des soins primaires dans
deux centres gérés par le ministère de la Santé
à Clara Town et New Kru Town. Les équipes ont
soutenu une variété de services materno-
infantiles, tels que les soins pré- et postnatals,
les vaccinations et la prévention de la trans-
mission du VIH de la mère à l’enfant. Au total,
ces deux centres ont effectué plus de 122.300
consultations en 2008.
violences sexuellesLes taux de violences sexuelles demeurent
élevés au Libéria. A Benson, MSF a traité plus
de 880 survivantes de viols. En juillet, ce projet
a été transféré à Think, une ONG locale, mais
MSF maintient un soutien technique et
matériel. Ce partenariat a assuré plus de 2.260
consultations psychologiques en 2008.
Les victimes de violences sexuelles ont reçu un
soutien médical et psychosocial à Island
Hospital et dans les deux centres de santé.
En 2008, les équipes MSF ont traité plus de 770
personnes sur l’île de Bushrod, dont plus de
70% avaient moins de 19 ans et quelque 11%,
moins de quatre ans.
transfert de projetMSF compte transférer au ministère de la
Santé son centre de santé de Saclepea, dans le
comté de Nimba, dans le nord-est du Libéria.
En 2008, ce centre a effectué plus de 3.000
consultations ambulatoires. Plus de 100
patients ont bénéficié de tests de dépistage du
VIH anonymes et gratuits. MSF collabore avec
le ministère de la Santé, le Centre de recher-
che et d’épidémiologie de terrain (Epicentre)
et la Drugs for Neglected Diseases initiative (DNDi)
pour réaliser une étude visant à rendre la
polythérapie à base d’artémisinine accessible
aux personnes atteintes de paludisme dans
toute l’Afrique.
traiter la fièvre hémorragique de LassaEn 2008, quelque 80 personnes atteintes de
fièvre hémorragique de Lassa ont été admises
dans l’unité spéciale de Saclepea. Cette fièvre
est mortelle si elle n’est pas traitée rapidement
par ribavirine, un médicament coûteux protégé
par un monopole pharmaceutique. Dans le
cadre de son retrait de Saclepea, programmé
pour 2009, MSF tente de garantir que la ribavi-
rine devienne abordable au Libéria. MSF plaide
également auprès des responsables de la santé
pour la continuité des soins aux patients
séropositifs après son retrait. Il a maintenant
été convenu que ces patients pourront être
traités à l’hôpital Ganta, dans le nord du comté
de Nimba, et que les tests de dépistage du VIH
et de la tuberculose se poursuivront à Saclepea.
plaidoyer pour des soins gratuitsEn 2006, le gouvernement a instauré une
politique de gratuité des soins dans tout le
Libéria, mais toutes les structures de santé du
pays ne sont pas capables d’offrir des services
gratuits, et dans certains endroits les traite-
ments restent inabordables. MSF plaide pour
une mise en œuvre homogène de la gratuité
des soins dans tout le pays.
MSF travaille au Libéria depuis 1990.
LiBéRia MotiF d’inteRvention • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 875
Bien que le Libéria se soit engagé sur la voie de la stabilité et de la reconstruc-tion après 14 années de violente guerre civile, la pauvreté y demeure extrême et l’offre de soins, inadéquate. Femmes et enfants restent très vulnérables.
MaLawi MotiF d’inteRvention • Endémie/épidémiepeRSonneL de teRRain 700
© Alessandra Vilasboas
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MaLiMotiF d’inteRvention • Conflit armé • Endémie/épidémiepeRSonneL de teRRain 143
Le paludisme est une des principales causes de mortalité en afrique sub-saharienne et la première cause de décès chez les enfants de moins de cinq ans au Mali. il est très répandu dans la région pauvre de kangaba, dans le sud du pays, où peu de person-nes ont accès aux soins, surtout lorsque la saison des pluies isole de nombreux villages et accélère la propa-gation de la maladie.
approche intégrée du traitement des fistulesA Tombouctou, MSF traite aussi les fistules
obstétriques - un «trou» situé entre le rectum
et le vagin ou entre la vessie et le vagin. Ces
lésions surviennent le plus souvent pendant
l’accouchement en cas de complications et de
manque de soins, et causent une incontinence.
Les femmes qui en souffrent sont souvent
rejetées par leur communauté. En 2008, MSF a
organisé trois sessions en collaboration avec
l’hôpital régional de Tombouctou et opéré 160
femmes gratuitement. La gratuité fait partie
d’une approche intégrée comprenant soins
pré- et post-chirurgicaux, promotion de la
santé, éducation, soutien psychosocial, physio-
thérapie et un foyer où les femmes peuvent
discuter de leur expérience et se préparer à
rentrer chez elles. MSF encourage aussi les
femmes à vaincre leur crainte du traitement.
apporter des soins à kidalEntre mai et décembre, MSF a fourni des soins
dans la région de Kidal, théâtre d’un conflit de
faible intensité entre forces gouvernementales
et rebelles touaregs. La moitié des quelque
52.000 habitants de Kidal auraient quitté la
zone en raison de la situation tendue. MSF a
offert des consultations en soins primaires via
deux équipes mobiles dans les principaux
centres de rassemblement, soutenu les services
pédiatriques de l’hôpital de Kidal, et facilité le
transfert des patients ayant besoin d’une
intervention chirurgicale vers l’hôpital de Gao.
MSF travaille au Mali depuis 1992.
MSF soutient 11 centres de santé à Kangaba,
et a contribué à garantir la gratuité des soins
pour les enfants de moins de cinq ans et les
femmes enceintes, et la disponibilité des soins
à faible coût pour les enfants fébriles de plus
de cinq ans. Davantage de cas de paludisme
sont ainsi traités à un stade précoce, ce qui
contribue à éviter des récidives pouvant être
fatales. Une approche similaire a été appliquée
à d’autres maladies.
MSF a instauré des équipes mobiles de tra-
vailleurs communautaires, formés et équipés
pour détecter et traiter rapidement les cas de
paludisme sans complications chez les enfants
de moins de dix ans dans les villages isolés
pendant la saison des pluies. En 2008, MSF a
effectué plus de 83.500 consultations. Le
nombre de cas de paludisme dépassait 35.700
en 2008, contre 25.640 en 2007. Le pourcentage
de cas graves a continué à diminuer, passant
de 2,13% en 2007 à 1,68% en 2008.
S est un homme de 27 ans qui a quitté la côte d’ivoire en février 2005, pensant gagner l’europe en l’espace d’un mois. il est toujours au Maroc, où il vit dans la brousse entre nador et Berkane. il a tenté à quatre reprises de passer à Melilla en sautant par-dessus la barrière, mais les autorités espagnoles l’ont renvoyé et l’armée marocaine l’a battu avant de l’emmener à la frontière avec l’algérie. S a tenté de traverser à la nage, mais a été arrêté
par les autorités espagnoles et renvoyé au Maroc. en 2006, il est devenu très malade. il n’avait pas accès aux soins ; MSF l’a donc emmené à l’hôpital et suit son cas depuis lors. La mendicité est la seule façon pour lui d’obtenir de la nourriture. S est bloqué au Maroc : il n’a pas d’argent pour payer le voyage en europe et ne peut retourner dans son pays car la situation qui l’a forcé à partir n’a pas changé.
A Rabat, Casablanca et Oujda, MSF offre des
soins curatifs et préventifs, facilite l’accès aux
structures de santé et garantit la qualité des
soins. En 2008, plus de 4.000 consultations ont
été assurées.
En outre, MSF presse les autorités et d’autres
organismes de prendre en charge la santé des
migrants. En 2008, un rapport sur la violence
et les migrations a été remis aux autorités
espagnoles et marocaines, exposant les diffi-
cultés actuelles.
Les migrants étant pris au piège au Maroc sans
aucune source de revenus, des comportements
à risque sont apparus, comme la prostitution
et le travail forcé liés aux réseaux de trafic
d’êtres humains. Dès lors, de nouveaux problè-
mes liés à la santé sexuelle et génésique se
répandent.
MSF travaille au Maroc depuis 1997.
MaRocMotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santé peRSonneL de teRRain 27
‘ Le Maroc est devenu un pays de transit, mais aussi un pays où les gens restent plus longtemps, ce qui engendre frustra-tions, incertitudes et violence. pour atteindre cette population – qui fait tout pour passer ina-perçue – il faut créer un climat de confiance, et donc être présent là où les gens se trouvent.’ jorge Martín, chef de mission MSF.
de nombreux migrants se retrouvent involontairement au Maroc, incapables de passer dans d’autres pays. ils s’établissent dans des villes comme Rabat et casablanca, sans accès aux services de santé de base.
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MaLiMotiF d’inteRvention • Conflit armé • Endémie/épidémiepeRSonneL de teRRain 143
Le paludisme est une des principales causes de mortalité en afrique sub-saharienne et la première cause de décès chez les enfants de moins de cinq ans au Mali. il est très répandu dans la région pauvre de kangaba, dans le sud du pays, où peu de person-nes ont accès aux soins, surtout lorsque la saison des pluies isole de nombreux villages et accélère la propa-gation de la maladie.
approche intégrée du traitement des fistulesA Tombouctou, MSF traite aussi les fistules
obstétriques - un «trou» situé entre le rectum
et le vagin ou entre la vessie et le vagin. Ces
lésions surviennent le plus souvent pendant
l’accouchement en cas de complications et de
manque de soins, et causent une incontinence.
Les femmes qui en souffrent sont souvent
rejetées par leur communauté. En 2008, MSF a
organisé trois sessions en collaboration avec
l’hôpital régional de Tombouctou et opéré 160
femmes gratuitement. La gratuité fait partie
d’une approche intégrée comprenant soins
pré- et post-chirurgicaux, promotion de la
santé, éducation, soutien psychosocial, physio-
thérapie et un foyer où les femmes peuvent
discuter de leur expérience et se préparer à
rentrer chez elles. MSF encourage aussi les
femmes à vaincre leur crainte du traitement.
apporter des soins à kidalEntre mai et décembre, MSF a fourni des soins
dans la région de Kidal, théâtre d’un conflit de
faible intensité entre forces gouvernementales
et rebelles touaregs. La moitié des quelque
52.000 habitants de Kidal auraient quitté la
zone en raison de la situation tendue. MSF a
offert des consultations en soins primaires via
deux équipes mobiles dans les principaux
centres de rassemblement, soutenu les services
pédiatriques de l’hôpital de Kidal, et facilité le
transfert des patients ayant besoin d’une
intervention chirurgicale vers l’hôpital de Gao.
MSF travaille au Mali depuis 1992.
MSF soutient 11 centres de santé à Kangaba,
et a contribué à garantir la gratuité des soins
pour les enfants de moins de cinq ans et les
femmes enceintes, et la disponibilité des soins
à faible coût pour les enfants fébriles de plus
de cinq ans. Davantage de cas de paludisme
sont ainsi traités à un stade précoce, ce qui
contribue à éviter des récidives pouvant être
fatales. Une approche similaire a été appliquée
à d’autres maladies.
MSF a instauré des équipes mobiles de tra-
vailleurs communautaires, formés et équipés
pour détecter et traiter rapidement les cas de
paludisme sans complications chez les enfants
de moins de dix ans dans les villages isolés
pendant la saison des pluies. En 2008, MSF a
effectué plus de 83.500 consultations. Le
nombre de cas de paludisme dépassait 35.700
en 2008, contre 25.640 en 2007. Le pourcentage
de cas graves a continué à diminuer, passant
de 2,13% en 2007 à 1,68% en 2008.
S est un homme de 27 ans qui a quitté la côte d’ivoire en février 2005, pensant gagner l’europe en l’espace d’un mois. il est toujours au Maroc, où il vit dans la brousse entre nador et Berkane. il a tenté à quatre reprises de passer à Melilla en sautant par-dessus la barrière, mais les autorités espagnoles l’ont renvoyé et l’armée marocaine l’a battu avant de l’emmener à la frontière avec l’algérie. S a tenté de traverser à la nage, mais a été arrêté
par les autorités espagnoles et renvoyé au Maroc. en 2006, il est devenu très malade. il n’avait pas accès aux soins ; MSF l’a donc emmené à l’hôpital et suit son cas depuis lors. La mendicité est la seule façon pour lui d’obtenir de la nourriture. S est bloqué au Maroc : il n’a pas d’argent pour payer le voyage en europe et ne peut retourner dans son pays car la situation qui l’a forcé à partir n’a pas changé.
A Rabat, Casablanca et Oujda, MSF offre des
soins curatifs et préventifs, facilite l’accès aux
structures de santé et garantit la qualité des
soins. En 2008, plus de 4.000 consultations ont
été assurées.
En outre, MSF presse les autorités et d’autres
organismes de prendre en charge la santé des
migrants. En 2008, un rapport sur la violence
et les migrations a été remis aux autorités
espagnoles et marocaines, exposant les diffi-
cultés actuelles.
Les migrants étant pris au piège au Maroc sans
aucune source de revenus, des comportements
à risque sont apparus, comme la prostitution
et le travail forcé liés aux réseaux de trafic
d’êtres humains. Dès lors, de nouveaux problè-
mes liés à la santé sexuelle et génésique se
répandent.
MSF travaille au Maroc depuis 1997.
MaRocMotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santé peRSonneL de teRRain 27
‘ Le Maroc est devenu un pays de transit, mais aussi un pays où les gens restent plus longtemps, ce qui engendre frustra-tions, incertitudes et violence. pour atteindre cette population – qui fait tout pour passer ina-perçue – il faut créer un climat de confiance, et donc être présent là où les gens se trouvent.’ jorge Martín, chef de mission MSF.
de nombreux migrants se retrouvent involontairement au Maroc, incapables de passer dans d’autres pays. ils s’établissent dans des villes comme Rabat et casablanca, sans accès aux services de santé de base.
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En 2008, les autorités sanitaires ont pris des
mesures de lutte contre la malnutrition en
enregistrant comme médicaments essentiels
une pâte prête à l’emploi enrichie en vitami-
nes, et des laits thérapeutiques. Elles ont
adopté les nouvelles normes de croissance de
l’Organisation mondiale de la Santé, qui
permettent d’identifier et soigner les enfants
souffrant de malnutrition à un stade plus
précoce.
apporter un soutien nutritionnelMSF lutte contre la malnutrition depuis 2001.
En 2008, les équipes ont collaboré avec les
autorités sanitaires nationales et locales dans
les régions de Maradi, Zinder et Tahoua
(Madaoua et Bouza).
MSF a traité quelque 97.600 enfants de moins
de cinq ans souffrant de malnutrition modérée
à sévère. D’autres groupes à haut risque,
comme les femmes enceintes et allaitantes, ont
aussi été ciblés. MSF dispense ces soins princi-
palement via une quarantaine de centres
nutritionnels mobiles, permettant une prise en
charge plus proche du lieu de vie des enfants.
Beaucoup sont soignés à domicile avec des
aliments thérapeutiques prêts à l’emploi et ne
viennent au centre qu’une fois par semaine
pour un contrôle, alors que les familles se
réapprovisionnent. Cette approche permet de
traiter avec succès un grand nombre d’enfants :
à Zinder par exemple, le taux de guérison a
atteint 72% en 2008.
Outre le traitement de la malnutrition et des
affections connexes comme la diarrhée, MSF
fournit des médicaments contre le paludisme,
endémique dans certaines régions, et assure
des consultations ambulatoires en soins pri-
maires. En 2008, plus de 100.000 enfants en
ont bénéficié dans les districts de Madaoua et
Bouza (région de Tahoua) et à Dakoro.
La santé des jeunes enfants se détériore parti-
culièrement pendant la disette saisonnière,
lorsque la qualité et la quantité de leur ali-
mentation diminue. Chaque année, le nombre
des admissions en centre de nutrition
augmente nettement entre juin et octobre.
Pour éviter les cas de malnutrition sévère, MSF
a distribué, chaque mois de la période de
soudure, des suppléments nutritionnels sous
forme de pâtes nutritives à 30.000 enfants âgés
de six à 36 mois, dans les villages aux alen-
tours de Maradi et Zinder. Ce projet de préven-
Le Mozambique ne s’est pas encore remis de la guerre civile de 17 ans, qui a pris fin en 1992. Son système de santé, affaibli et manquant de person-nel, est submergé par l’épidémie de vih/sida. environ 16% des plus de 15 ans sont séropositifs et 68% des patients tuberculeux sont co-infectés par le vih. MSF soigne ces patients dans deux provinces rurales – niassa, dans le nord et tete, dans le centre – ainsi que dans la capitale, Maputo, dans le sud.
A Niassa, MSF offre des soins à l’hôpital pro-
vincial, dans des centres de santé de la ville de
Lichinga et dans trois autres zones rurales. A
Maputo, MSF travaille dans les hôpitaux d’Alto
Mae et Primeiro de Maio, au centre-ville, ainsi
que dans neuf centres de santé hors des villes
principales.
A Tete, MSF traite le VIH/sida dans trois dis-
tricts et encourage les communautés locales à
soutenir les patients, par exemple en les
aidant à respecter le traitement. Le fait d’équi-
per les établissements de santé des endroits
plus isolés permet aussi de réduire les distan-
ces à parcourir pour venir aux consultations
de routine et obtenir les médicaments.
En 2008, MSF a assuré plus de 229.000 consul-
tations pour le VIH/sida au Mozambique et
placé plus de 6.600 nouveaux patients sous
traitement antirétroviral (ARV).
décentralisation des services de santéMSF collabore avec les autorités locales pour
transférer les traitements de première ligne
du VIH aux unités de soins locales, notam-
ment les services de counselling, la prévention
de la transmission de la mère à l’enfant et
l’identification des patients qui abandonnent
leur traitement. Cette décentralisation, essen-
tielle dans les zones rurales où les ressources
sont limitées, permet de rapprocher le traite-
ment des patients et soulage les structures de
santé centrales.
Pour soutenir les centres de traitement locaux,
MSF a renforcé les connaissances cliniques du
personnel, le soutien à la gestion et la
dotation en personnel ; assuré l’approvisionne-
ment régulier des pharmacies en médica-
ments ; et amélioré les installations médicales.
MSF plaide pour que le personnel paramédical
local soit autorisé à prescrire des ARV et à
renouveler les ordonnances, et pour faire
appel à des conseillers non professionnels. Ces
mesures permettraient au personnel infirmier
de consacrer plus de temps à ses tâches
médicales.
MSF travaille au Mozambique depuis 1984.
nigeRMotiF d’inteRvention • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santé peRSonneL de teRRain 1.810
chaque année entre mai et la récolte d’octobre, les nigériens vivent une période de disette. Les familles épuisent leurs réserves de nourriture et leur santé se dégrade à mesure que la malnutrition s’installe.
MoZaMBiqueMotiF d’inteRvention • Endémie/épidémie • Catastrophe naturellepeRSonneL de teRRain 662
© Olivier Asselin
tion lancé en 2007 a produit des résultats
encourageants, réduisant fortement l’inci-
dence de la malnutrition sévère dans ces
zones.
défisEn juillet, les autorités ont décidé de suspen-
dre les activités de MSF, dont le personnel
menait pourtant depuis plus de huit ans des
programmes d’urgence centrés en particulier
sur la nutrition. Elles désiraient réintégrer la
nutrition dans le programme national et
éviter toute intervention indépendante et
publicité à ce sujet. Après deux mois de discus-
sions, MSF a toutefois pu rependre partielle-
ment ses activités.
Répondre aux urgencesMSF continue à répondre aux urgences et mène
des campagnes de vaccination. Entre avril et
mai, les équipes ont vacciné environ 700.000
enfants âgés de six mois à 15 ans contre la
rougeole dans les régions de Zinder et Maradi,
et aidé les structures sanitaires nationales à
traiter les enfants atteints. Dans les districts de
Birni N’Konni, Bouza et Madaoua, MSF a coopéré
avec le personnel du ministère de la Santé pour
vacciner quelque 437.000 personnes contre la
méningite. A partir de septembre, MSF a aidé
l’hôpital du district de Birni N’Konni à traiter le
choléra après une augmentation soudaine du
nombre de cas. A Agadès, une région affectée
par le conflit entre le gouvernement et des
rebelles touaregs, MSF soutient les maternités
de trois centres de santé.
MSF travaille au Niger depuis 1985.
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En 2008, les autorités sanitaires ont pris des
mesures de lutte contre la malnutrition en
enregistrant comme médicaments essentiels
une pâte prête à l’emploi enrichie en vitami-
nes, et des laits thérapeutiques. Elles ont
adopté les nouvelles normes de croissance de
l’Organisation mondiale de la Santé, qui
permettent d’identifier et soigner les enfants
souffrant de malnutrition à un stade plus
précoce.
apporter un soutien nutritionnelMSF lutte contre la malnutrition depuis 2001.
En 2008, les équipes ont collaboré avec les
autorités sanitaires nationales et locales dans
les régions de Maradi, Zinder et Tahoua
(Madaoua et Bouza).
MSF a traité quelque 97.600 enfants de moins
de cinq ans souffrant de malnutrition modérée
à sévère. D’autres groupes à haut risque,
comme les femmes enceintes et allaitantes, ont
aussi été ciblés. MSF dispense ces soins princi-
palement via une quarantaine de centres
nutritionnels mobiles, permettant une prise en
charge plus proche du lieu de vie des enfants.
Beaucoup sont soignés à domicile avec des
aliments thérapeutiques prêts à l’emploi et ne
viennent au centre qu’une fois par semaine
pour un contrôle, alors que les familles se
réapprovisionnent. Cette approche permet de
traiter avec succès un grand nombre d’enfants :
à Zinder par exemple, le taux de guérison a
atteint 72% en 2008.
Outre le traitement de la malnutrition et des
affections connexes comme la diarrhée, MSF
fournit des médicaments contre le paludisme,
endémique dans certaines régions, et assure
des consultations ambulatoires en soins pri-
maires. En 2008, plus de 100.000 enfants en
ont bénéficié dans les districts de Madaoua et
Bouza (région de Tahoua) et à Dakoro.
La santé des jeunes enfants se détériore parti-
culièrement pendant la disette saisonnière,
lorsque la qualité et la quantité de leur ali-
mentation diminue. Chaque année, le nombre
des admissions en centre de nutrition
augmente nettement entre juin et octobre.
Pour éviter les cas de malnutrition sévère, MSF
a distribué, chaque mois de la période de
soudure, des suppléments nutritionnels sous
forme de pâtes nutritives à 30.000 enfants âgés
de six à 36 mois, dans les villages aux alen-
tours de Maradi et Zinder. Ce projet de préven-
Le Mozambique ne s’est pas encore remis de la guerre civile de 17 ans, qui a pris fin en 1992. Son système de santé, affaibli et manquant de person-nel, est submergé par l’épidémie de vih/sida. environ 16% des plus de 15 ans sont séropositifs et 68% des patients tuberculeux sont co-infectés par le vih. MSF soigne ces patients dans deux provinces rurales – niassa, dans le nord et tete, dans le centre – ainsi que dans la capitale, Maputo, dans le sud.
A Niassa, MSF offre des soins à l’hôpital pro-
vincial, dans des centres de santé de la ville de
Lichinga et dans trois autres zones rurales. A
Maputo, MSF travaille dans les hôpitaux d’Alto
Mae et Primeiro de Maio, au centre-ville, ainsi
que dans neuf centres de santé hors des villes
principales.
A Tete, MSF traite le VIH/sida dans trois dis-
tricts et encourage les communautés locales à
soutenir les patients, par exemple en les
aidant à respecter le traitement. Le fait d’équi-
per les établissements de santé des endroits
plus isolés permet aussi de réduire les distan-
ces à parcourir pour venir aux consultations
de routine et obtenir les médicaments.
En 2008, MSF a assuré plus de 229.000 consul-
tations pour le VIH/sida au Mozambique et
placé plus de 6.600 nouveaux patients sous
traitement antirétroviral (ARV).
décentralisation des services de santéMSF collabore avec les autorités locales pour
transférer les traitements de première ligne
du VIH aux unités de soins locales, notam-
ment les services de counselling, la prévention
de la transmission de la mère à l’enfant et
l’identification des patients qui abandonnent
leur traitement. Cette décentralisation, essen-
tielle dans les zones rurales où les ressources
sont limitées, permet de rapprocher le traite-
ment des patients et soulage les structures de
santé centrales.
Pour soutenir les centres de traitement locaux,
MSF a renforcé les connaissances cliniques du
personnel, le soutien à la gestion et la
dotation en personnel ; assuré l’approvisionne-
ment régulier des pharmacies en médica-
ments ; et amélioré les installations médicales.
MSF plaide pour que le personnel paramédical
local soit autorisé à prescrire des ARV et à
renouveler les ordonnances, et pour faire
appel à des conseillers non professionnels. Ces
mesures permettraient au personnel infirmier
de consacrer plus de temps à ses tâches
médicales.
MSF travaille au Mozambique depuis 1984.
nigeRMotiF d’inteRvention • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santé peRSonneL de teRRain 1.810
chaque année entre mai et la récolte d’octobre, les nigériens vivent une période de disette. Les familles épuisent leurs réserves de nourriture et leur santé se dégrade à mesure que la malnutrition s’installe.
MoZaMBiqueMotiF d’inteRvention • Endémie/épidémie • Catastrophe naturellepeRSonneL de teRRain 662
© Olivier Asselin
tion lancé en 2007 a produit des résultats
encourageants, réduisant fortement l’inci-
dence de la malnutrition sévère dans ces
zones.
défisEn juillet, les autorités ont décidé de suspen-
dre les activités de MSF, dont le personnel
menait pourtant depuis plus de huit ans des
programmes d’urgence centrés en particulier
sur la nutrition. Elles désiraient réintégrer la
nutrition dans le programme national et
éviter toute intervention indépendante et
publicité à ce sujet. Après deux mois de discus-
sions, MSF a toutefois pu rependre partielle-
ment ses activités.
Répondre aux urgencesMSF continue à répondre aux urgences et mène
des campagnes de vaccination. Entre avril et
mai, les équipes ont vacciné environ 700.000
enfants âgés de six mois à 15 ans contre la
rougeole dans les régions de Zinder et Maradi,
et aidé les structures sanitaires nationales à
traiter les enfants atteints. Dans les districts de
Birni N’Konni, Bouza et Madaoua, MSF a coopéré
avec le personnel du ministère de la Santé pour
vacciner quelque 437.000 personnes contre la
méningite. A partir de septembre, MSF a aidé
l’hôpital du district de Birni N’Konni à traiter le
choléra après une augmentation soudaine du
nombre de cas. A Agadès, une région affectée
par le conflit entre le gouvernement et des
rebelles touaregs, MSF soutient les maternités
de trois centres de santé.
MSF travaille au Niger depuis 1985.
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tières Rapport d’activités 2008
nigeRia MotiF d’inteRvention • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 518
Dans le delta du Niger, malgré une nouvelle
vague de violences à Port Harcourt en juillet,
la situation s’est apaisée. Toutefois, l’accès à
des soins de qualité reste difficile pour les
personnes ayant de faibles ressources ; MSF a
étroitement collaboré avec le ministère de la
Santé en divers endroits afin d’améliorer la
situation.
traumatologie et soins primaires dans le delta du nigerDans le delta du Niger, riche en pétrole, MSF
gère des programmes dans les Etats de Rivers et
Bayelsa. A Port Harcourt, la capitale du delta du
Niger, les soins ne sont pas abordables pour
tous les habitants ; MSF s’emploie donc à
améliorer la qualité des soins fournis dans son
hôpital pour les victimes de traumas. Les
équipes ont amélioré l’utilisation de fixations
internes, une procédure visant à insérer un
composant métallique dans l’os pour relier les
segments cassés. Cette technique présente de
sérieux avantages par rapport aux fixations
externes car elle réduit la durée d’hospitalisa-
tion et permet un retour plus rapide à une vie
normale.
Gondama, qui offre des services d’hospitalisa-
tion pour les femmes et les enfants, des traite-
ments antipaludiques et un programme de
nutrition thérapeutique. MSF gère également
cinq cliniques de soins ambulatoires en colla-
boration avec les autorités sanitaires locales et
soutient le fonctionnement de 30 dispensaires
ruraux, plus accessibles aux habitants des
zones isolées. MSF a assuré plus de 417.000
consultations en 2008.
Le paludisme, première cause de mortalitéEn Sierra Leone, le paludisme menace toute la
population mais, comme dans d’autres pays,
les enfants de moins de cinq ans et les femmes
enceintes sont les plus à risque. La polythérapie
à base d’artémisinine (ACT) est en principe
gratuite en Sierra Leone mais les droits d’enre-
gistrement, la consultation médicale ou le coût
d’éventuels autres médicaments restent inabor-
dables pour les patients. En 2008, MSF a traité
gratuitement par ACT plus de 180.000 patients
atteints de paludisme. En 2008, MSF a consti-
tué un réseau de 140 volontaires communau-
taires formés pour diagnostiquer et traiter la
maladie. Basés dans leurs propres villages, ces
volontaires permettent de vaincre l’obstacle
géographique à l’accès au traitement.
Jabaty, âgé de 31 ans et choisi comme volon-
taire par son village, déclare : “Je suis très
heureux d’être volontaire parce que je sauve des vies,
surtout des enfants. C’est un grand avantage pour
mon village parce que nos habitants ne doivent plus
parcourir des kilomètres jusqu’à la clinique la plus
proche.” Jabaty utilise un test de diagnostic
rapide : s’il est positif, il offre l’ACT au patient.
“ J’ai traité des gens tous les jours et nous avons eu
44 cas de paludisme dans les trois dernières
semaines. Ils sont tous très heureux parce qu’ils ont
eu le traitement rapidement et ils vont tous bien.”
Soins maternels et malnutritionLa Sierra Leone a l’un des taux de mortalité
maternelle les plus élevés du monde. Les cinq
cliniques et le centre de référence de Gondama
offrent des soins aux femmes tels que soins
pré- et postnatals, soins obstétriques, accouche-
ments normaux et avec complications (y
compris par césarienne), planning familial,
traitement des maladies sexuellement trans-
missibles et soins aux survivantes de violences
sexuelles. Les enfants dénutris sont pris en
charge dans un centre de nutrition thérapeuti-
que à l’hôpital de Gondama ou par des clini-
ques mobiles permettant de soigner plus
d’enfants à domicile.
Johan Mast, chef de mission de MSF en Sierra
Leone, souligne l’importance d’apporter une
solution appropriée aux problèmes sanitaires
du pays : “Le grand nombre de personnes encore
privées de soins de base en raison d’obstacles finan-
ciers et géographiques et de manque de personnel est
préoccupant. Il faut intensifier les efforts pour
fournir des outils de diagnostic appropriés et veiller
à ce que les patients reçoivent un traitement
adéquat. L’accès gratuit aux soins revêt une impor-
tance capitale.”
MSF travaille en Sierra Leone depuis 1986.
Port Harcourt est régulièrement exposé à des
vagues de violences ; cette année, les équipes
MSF ont traité plus de 9.300 patients dans leur
service des urgences et assuré plus de 3.000
interventions chirurgicales. Depuis peu, MSF
offre un soutien aux victimes de violences
sexuelles. Une équipe de spécialistes a soigné
265 personnes et poursuivra ce travail dans
cette ville où les victimes ne peuvent souvent
se tourner vers aucune structure de santé pour
se faire soigner.
En octobre dernier, MSF a ouvert un centre de
soins primaires et materno-infantiles à
Oloibiri, dans le sud de l’Etat de Bayelsa. Les
dix lits du centre ont été pleinement occupés.
En décembre, plus de 800 consultations avaient
été assurées, dont 31% pour des enfants de
moins de cinq ans. Les principales pathologies
traitées comprennent le paludisme, les infec-
tions respiratoires et les diarrhées. Offrant des
soins prénatals aux femmes enceintes, le
centre pratiquera des accouchements.
améliorer les soins maternels et enrayer les épidémies dans le nordMSF a lancé un projet en santé maternelle à
l’hôpital de Goronyo, dans l’Etat de Sokoto,
exposé à des taux de mortalité maternelle et
infantile alarmants. Ceux-ci sont plus élevés
encore que dans le reste du Nigeria, pourtant
déjà septième au monde pour son taux de
mortalité maternelle avec environ 59.000
décès de femmes par an.
A Jahun, dans l’État de Jigawa, MSF a ouvert
un programme de chirurgie centré sur les
urgences obstétrique et les fistules. Les fistules
résultent souvent de mauvais soins obstétri-
ques ; elles apparaissent lorsque le travail se
prolonge pendant plusieurs heures, voire
plusieurs jours. En 2008, 63 femmes ont été
opérées pour des fistules et l’équipe a aidé plus
de 530 femmes à accoucher ; environ 480
femmes ont été admises à l’hôpital pour des
complications obstétriques.
MSF a répondu à plusieurs urgences médicales
dans le nord. Des équipes sont intervenues
pour enrayer des épidémies de choléra dans
l’Etat de Sokoto, et ont vacciné plus de 71.000
personnes contre la méningite dans les Etats
de Katsina et Kebbi, et plus de 11.000 contre la
rougeole dans l’Etat du Niger. Elles ont aussi
mis en œuvre un programme de nutrition
dans l’Etat de Yobe.
MSF a également fourni des biens non alimen-
taires après les émeutes de Jos et évalué la
situation des réfugiés de la péninsule de
Bakassi (située dans l’Etat nigérian de Cross
River), un territoire que se disputent le
Cameroun et le Nigeria.
transfert du programme vih/sida à LagosEn septembre 2008, après cinq années d’acti-
vité, MSF a achevé le transfert de ses program-
mes VIH/sida à Lagos. En 2003, MSF avait été la
première organisation à offrir des traitements
antirétroviraux (ARV) vitaux gratuits et des
soins intégrés aux patients séropositifs au
Nigeria. En 2006, un décret présidentiel a lancé
un programme national visant à offrir gratuite-
ment des traitements ARV à tous les patients
séropositifs du pays. Ces dernières années, MSF
a soigné plus de 1.900 patients atteints du VIH/
sida.
En 2008, le gouvernement nigérian ayant
réalisé d’importants progrès dans la fourniture
de traitements ARV gratuits, MSF a transféré ce
programme à des partenaires locaux et à
l’hôpital général de Lagos.
MSF travaille au Nigeria depuis 1996.
en 2008, le contexte politique a été relativement calme au nigeria, après les élections présidentielles de 2007. toutefois, en fin d’année, jos, dans l’etat de plateau, a connu plusieurs jours de violences ethniques.
SieRRa LeoneMotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santé • Endémie/épidémiepeRSonneL de teRRain 402
en Sierra Leone, les principaux obsta-cles à l’accès aux soins sont le coût et la distance. présent dans le pays depuis 1986, MSF se concentre actuel-lement sur le traitement du paludisme et de la malnutrition, et les soins materno-infantiles.
MSF soutient le centre de référence de
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apport d’activités 2008
nigeRia MotiF d’inteRvention • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 518
Dans le delta du Niger, malgré une nouvelle
vague de violences à Port Harcourt en juillet,
la situation s’est apaisée. Toutefois, l’accès à
des soins de qualité reste difficile pour les
personnes ayant de faibles ressources ; MSF a
étroitement collaboré avec le ministère de la
Santé en divers endroits afin d’améliorer la
situation.
traumatologie et soins primaires dans le delta du nigerDans le delta du Niger, riche en pétrole, MSF
gère des programmes dans les Etats de Rivers et
Bayelsa. A Port Harcourt, la capitale du delta du
Niger, les soins ne sont pas abordables pour
tous les habitants ; MSF s’emploie donc à
améliorer la qualité des soins fournis dans son
hôpital pour les victimes de traumas. Les
équipes ont amélioré l’utilisation de fixations
internes, une procédure visant à insérer un
composant métallique dans l’os pour relier les
segments cassés. Cette technique présente de
sérieux avantages par rapport aux fixations
externes car elle réduit la durée d’hospitalisa-
tion et permet un retour plus rapide à une vie
normale.
Gondama, qui offre des services d’hospitalisa-
tion pour les femmes et les enfants, des traite-
ments antipaludiques et un programme de
nutrition thérapeutique. MSF gère également
cinq cliniques de soins ambulatoires en colla-
boration avec les autorités sanitaires locales et
soutient le fonctionnement de 30 dispensaires
ruraux, plus accessibles aux habitants des
zones isolées. MSF a assuré plus de 417.000
consultations en 2008.
Le paludisme, première cause de mortalitéEn Sierra Leone, le paludisme menace toute la
population mais, comme dans d’autres pays,
les enfants de moins de cinq ans et les femmes
enceintes sont les plus à risque. La polythérapie
à base d’artémisinine (ACT) est en principe
gratuite en Sierra Leone mais les droits d’enre-
gistrement, la consultation médicale ou le coût
d’éventuels autres médicaments restent inabor-
dables pour les patients. En 2008, MSF a traité
gratuitement par ACT plus de 180.000 patients
atteints de paludisme. En 2008, MSF a consti-
tué un réseau de 140 volontaires communau-
taires formés pour diagnostiquer et traiter la
maladie. Basés dans leurs propres villages, ces
volontaires permettent de vaincre l’obstacle
géographique à l’accès au traitement.
Jabaty, âgé de 31 ans et choisi comme volon-
taire par son village, déclare : “Je suis très
heureux d’être volontaire parce que je sauve des vies,
surtout des enfants. C’est un grand avantage pour
mon village parce que nos habitants ne doivent plus
parcourir des kilomètres jusqu’à la clinique la plus
proche.” Jabaty utilise un test de diagnostic
rapide : s’il est positif, il offre l’ACT au patient.
“ J’ai traité des gens tous les jours et nous avons eu
44 cas de paludisme dans les trois dernières
semaines. Ils sont tous très heureux parce qu’ils ont
eu le traitement rapidement et ils vont tous bien.”
Soins maternels et malnutritionLa Sierra Leone a l’un des taux de mortalité
maternelle les plus élevés du monde. Les cinq
cliniques et le centre de référence de Gondama
offrent des soins aux femmes tels que soins
pré- et postnatals, soins obstétriques, accouche-
ments normaux et avec complications (y
compris par césarienne), planning familial,
traitement des maladies sexuellement trans-
missibles et soins aux survivantes de violences
sexuelles. Les enfants dénutris sont pris en
charge dans un centre de nutrition thérapeuti-
que à l’hôpital de Gondama ou par des clini-
ques mobiles permettant de soigner plus
d’enfants à domicile.
Johan Mast, chef de mission de MSF en Sierra
Leone, souligne l’importance d’apporter une
solution appropriée aux problèmes sanitaires
du pays : “Le grand nombre de personnes encore
privées de soins de base en raison d’obstacles finan-
ciers et géographiques et de manque de personnel est
préoccupant. Il faut intensifier les efforts pour
fournir des outils de diagnostic appropriés et veiller
à ce que les patients reçoivent un traitement
adéquat. L’accès gratuit aux soins revêt une impor-
tance capitale.”
MSF travaille en Sierra Leone depuis 1986.
Port Harcourt est régulièrement exposé à des
vagues de violences ; cette année, les équipes
MSF ont traité plus de 9.300 patients dans leur
service des urgences et assuré plus de 3.000
interventions chirurgicales. Depuis peu, MSF
offre un soutien aux victimes de violences
sexuelles. Une équipe de spécialistes a soigné
265 personnes et poursuivra ce travail dans
cette ville où les victimes ne peuvent souvent
se tourner vers aucune structure de santé pour
se faire soigner.
En octobre dernier, MSF a ouvert un centre de
soins primaires et materno-infantiles à
Oloibiri, dans le sud de l’Etat de Bayelsa. Les
dix lits du centre ont été pleinement occupés.
En décembre, plus de 800 consultations avaient
été assurées, dont 31% pour des enfants de
moins de cinq ans. Les principales pathologies
traitées comprennent le paludisme, les infec-
tions respiratoires et les diarrhées. Offrant des
soins prénatals aux femmes enceintes, le
centre pratiquera des accouchements.
améliorer les soins maternels et enrayer les épidémies dans le nordMSF a lancé un projet en santé maternelle à
l’hôpital de Goronyo, dans l’Etat de Sokoto,
exposé à des taux de mortalité maternelle et
infantile alarmants. Ceux-ci sont plus élevés
encore que dans le reste du Nigeria, pourtant
déjà septième au monde pour son taux de
mortalité maternelle avec environ 59.000
décès de femmes par an.
A Jahun, dans l’État de Jigawa, MSF a ouvert
un programme de chirurgie centré sur les
urgences obstétrique et les fistules. Les fistules
résultent souvent de mauvais soins obstétri-
ques ; elles apparaissent lorsque le travail se
prolonge pendant plusieurs heures, voire
plusieurs jours. En 2008, 63 femmes ont été
opérées pour des fistules et l’équipe a aidé plus
de 530 femmes à accoucher ; environ 480
femmes ont été admises à l’hôpital pour des
complications obstétriques.
MSF a répondu à plusieurs urgences médicales
dans le nord. Des équipes sont intervenues
pour enrayer des épidémies de choléra dans
l’Etat de Sokoto, et ont vacciné plus de 71.000
personnes contre la méningite dans les Etats
de Katsina et Kebbi, et plus de 11.000 contre la
rougeole dans l’Etat du Niger. Elles ont aussi
mis en œuvre un programme de nutrition
dans l’Etat de Yobe.
MSF a également fourni des biens non alimen-
taires après les émeutes de Jos et évalué la
situation des réfugiés de la péninsule de
Bakassi (située dans l’Etat nigérian de Cross
River), un territoire que se disputent le
Cameroun et le Nigeria.
transfert du programme vih/sida à LagosEn septembre 2008, après cinq années d’acti-
vité, MSF a achevé le transfert de ses program-
mes VIH/sida à Lagos. En 2003, MSF avait été la
première organisation à offrir des traitements
antirétroviraux (ARV) vitaux gratuits et des
soins intégrés aux patients séropositifs au
Nigeria. En 2006, un décret présidentiel a lancé
un programme national visant à offrir gratuite-
ment des traitements ARV à tous les patients
séropositifs du pays. Ces dernières années, MSF
a soigné plus de 1.900 patients atteints du VIH/
sida.
En 2008, le gouvernement nigérian ayant
réalisé d’importants progrès dans la fourniture
de traitements ARV gratuits, MSF a transféré ce
programme à des partenaires locaux et à
l’hôpital général de Lagos.
MSF travaille au Nigeria depuis 1996.
en 2008, le contexte politique a été relativement calme au nigeria, après les élections présidentielles de 2007. toutefois, en fin d’année, jos, dans l’etat de plateau, a connu plusieurs jours de violences ethniques.
SieRRa LeoneMotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santé • Endémie/épidémiepeRSonneL de teRRain 402
en Sierra Leone, les principaux obsta-cles à l’accès aux soins sont le coût et la distance. présent dans le pays depuis 1986, MSF se concentre actuel-lement sur le traitement du paludisme et de la malnutrition, et les soins materno-infantiles.
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MSF a été affecté de manière directe par cette
insécurité. En janvier 2008, trois collègues ont
été tués en Somalie et trois projets ont dû être
fermés à Kismayo, Mogadiscio et Bosasso. En
avril, d’intenses combats dans tout le pays et
les menaces spécifiques à l’encontre des tra-
vailleurs humanitaires étrangers ont forcé MSF
à évacuer tout son personnel international.
Toutefois, les projets de MSF continuent grâce
au personnel somalien dévoué, soutenu par le
personnel international basé à Nairobi, qui se
rend en Somalie lorsque la sécurité le permet.
Sur la route de Mogadiscio à Afgooye, on
estime à plus de 300.000 le nombre de
déplacés ayant dû fuir les violences dans la
capitale et vivant dans des conditions de vie
extrêmement précaires. Dans cette zone, MSF
soutient depuis 2007 une clinique privée, gère
les services ambulatoires, d’hospitalisation
pédiatrique, de traitement du choléra et de
nutrition, et assure la distribution d’eau, de
couvertures et autres secours non
alimentaires.
En 2008, le personnel de MSF a constaté une
forte augmentation des admissions dans ses
centres nutritionnels intensifs et mobiles à
Hawa Abdi et Afgooye. Les équipes médicales
ont traité plus de 15.500 enfants dénutris de
moins de cinq ans ; plus de 2.000 ont été
admis en soins intensifs, mais la plupart ont
été traités en ambulatoire.
A Mogadiscio, le service de chirurgie de l’hôpi-
tal de Danilye a soigné 5.250 patients aux
urgences, dont plus de 3.000 blessés durant le
conflit. Plus de la moitié des patients étaient
des femmes et des enfants de moins de 14 ans.
Dans une clinique ambulatoire du nord de
Mogadiscio, des pansements ont été fournis à
1.400 patients opérés pour des blessures de
guerre. La nutrition est une préoccupation
majeure : MSF a traité 1.800 enfants souffrant
de malnutrition sévère dans un programme
ouvert au début de l’année. Dans tout le pays,
les équipes ont traité plus de 18.400 enfants
pour malnutrition sévère et plus de 16.000
pour malnutrition modérée.
Alors que l’attention internationale se concen-
tre sur la capitale et ses environs, MSF a
répondu à d’énormes besoins dans neuf
régions du sud et du centre du pays. Dans le
nord, à Galcayo, les équipes médicales ont
traité 470 victimes de violence cette année. A
Galgaduud, plus de 600 patients ont été
opérés.
Les victimes de violence ne sont cependant pas
les seules à avoir besoin d’aide en Somalie. Des
maladies évitables et curables comme la
diarrhée, le paludisme et les infections respira-
toires font des milliers de morts chaque année.
Les soins de base tels que consultations préna-
tales et vaccinations jouent un rôle crucial
dans les efforts de MSF pour sauver des vies. Le
personnel médical a assuré plus de 727.000
consultations ambulatoires, 55.000 consulta-
tions prénatales, 82.000 vaccinations et, à
Jowhar, 1.500 accouchements.
MSF travaille en Somalie depuis 1991.
Le bidonville de Khayelitsha, en bordure du
Cap, abrite un demi-million de personnes et
recense une des incidences de VIH/sida les plus
élevées du pays. Le programme ARV que MSF y
gère depuis mai 2001 avec les autorités sanitai-
res locales a été le premier de ce type dans le
secteur public sud-africain et a fait des émules
dans le reste du pays. Plus de 11.000 patients
en bénéficient maintenant à Khayelitsha.
De nombreux patients atteints du VIH/sida
sont co-infectés par la TB. Le taux de notifica-
tion de la TB à Khayelitsha est d’au moins
1.500 pour 100.000 habitants par an, soit un
des plus élevés du monde. Comme dans le
reste du pays, les cas de TB résistante (DR-TB)
sont en augmentation. MSF mène un projet
pilote pour fournir des soins et traitements
décentralisés à Khayelitsha, basé sur le
principe qu’il sera possible de diagnostiquer et
traiter plus de patients s’ils sont encouragés à
suivre le traitement à domicile plutôt qu’isolés
dans des structures spécialisées. Ce modèle de
soins intégrés pour les patients atteints du
VIH/sida et de la TB a été reproduit dans bien
d’autres contextes et est reconnu par l’Organi-
sation mondiale de la Santé comme un modèle
de bonne pratique.
Le Centre Simelela pour survivantes de violen-
ces sexuelles de Khayelitsha offre aux victimes
de viols des soins médicaux d’urgence, du
counselling et une aide sociale et juridique.
Des liens avec des militants communautaires
visent à réduire le nombre de victimes par la
sensibilisation et la dénonciation du viol
comme un délit violent. Cette clinique a reçu
près de 700 patientes en 2008.
assistance médicale et humanitaire pour les réfugiés zimbabwéens Depuis décembre 2007, MSF travaille dans le
centre de Johannesburg et à Musina pour
offrir aux Zimbabwéens des soins primaires
généraux et un soutien en santé mentale, et
les référer vers des hôpitaux et structures
médicales spécialisées. MSF traite jusqu’à
5.000 Zimbabwéens par mois dans ces deux
projets, surtout pour des infections respiratoi-
res, des maladies sexuellement transmissibles
dont le VIH, des affections gastro-intestinales
et diarrhées et des troubles liés au stress. Les
équipes de MSF traitent également un nombre
croissant de victimes de violences sexuelles et
constatent l’augmentation du nombre de
mineurs non accompagnés.
“Les Zimbabwéens sont confrontés à des risques
importants, dont la violence sexuelle, physique et
verbale et le harcèlement policier lorsqu’ils traver-
sent la frontière”, selon Sara Hjamlarsson,
coordinatrice de terrain pour MSF à Musina, à
la frontière du Zimbabwe. “Et ces risques persis-
tent en Afrique du Sud, où beaucoup continuent à
être harcelés par la police et ne parviennent pas à
trouver un emploi durable.”
Entre mai et septembre 2008, une flambée de
violence à l’égard des étrangers a fait 62 morts
et déplacé plus de 100.000 personnes dans le
pays.
MSF a répondu à cette urgence dans plus de 15
sites à Johannesburg, Pretoria et au Cap. Les
équipes ont traité des blessures par balles, des
traumatismes crâniens et des blessures résul-
tant de passages à tabac, de lacérations et de
brûlures. Elles ont offert des soins primaires
aux déplacés et distribué des kits d’hygiène,
couvertures et bâches.
A Johannesburg, où la violence a été la plus
grave, MSF a intégré des activités en santé
mentale dans le travail des équipes médicales.
MSF a également pressé les autorités sud-
africaines d’améliorer les services de base,
comme les abris, l’eau et l’assainissement
dans les camps temporaires.
Durant cette crise, MSF a assuré 11.000 consul-
tations médicales et 8.000 consultations en
santé mentale.
épidémie de choléraEn novembre, une épidémie de choléra s’est
propagée du Zimbabwe à l’Afrique du Sud. Les
autorités de la province septentrionale de
Limpopo ont déclaré le district frontalier de
Vhembe zone sinistrée. MSF a renforcé ses
équipes à Musina, dans le district de Vhembe,
et à Johannesburg, adaptant l’offre de soins
primaires de base aux Zimbabwéens pour
accorder la priorité au diagnostic et au traite-
ment du choléra et à la promotion de l’hy-
giène. Pendant l’épidémie, l’équipe MSF à
Musina a référé plus de 300 personnes attein-
tes du choléra via trois cliniques mobiles
sillonnant fermes, villages et autres zones à
haut risque dans et autour de Musina. A
l’église méthodiste centrale de Johannesburg,
MSF, avec les autorités sanitaires locales, a
réussi à endiguer l’épidémie par une promo-
tion intensive de la santé, un dépistage
précoce, le traitement et des améliorations de
l’eau et l’assainissement.
MSF travaille en Afrique du Sud depuis 1999.
SoMaLieMotiF d’inteRvention • Conflit armé • endémie/épidémie peRSonneL de teRRain 1.348
depuis des années, les Somaliens sont exposés aux violences, aux déplacements et à un manque de nourriture et d’accès aux soins. de multiples facteurs, notam-ment l’effondrement de l’économie locale, l’incapacité à acheminer l’aide alimen-taire, la sécheresse, l’inflation, des prix alimentaires internationaux élevés et une réduction draconienne de l’aide humanitaire ont aggravé les conditions de vie déjà désastreuses.
aFRique du Sud MotiF d’inteRvention • endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santé peRSonneL de teRRain 92
environ 18% des Sud-africains adultes sont séropositifs, et beaucoup ont d’urgence besoin d’un traitement antirétroviral (aRv). La tuberculose (tB), y compris sa forme résistante, est la principale cause de morbidité et de morta-lité chez les patients atteints du vih/sida.
in MeMoRiaM
Le lundi 28 janvier 2008, une équipe de MSF a été victime d’une violente attaque alors qu’elle revenait de son déjeuner, après une matinée productive à l’hôpital de kismayo, où elle pratiquait la chirur-gie d’urgence. une bombe placée au bord de la route a pulvérisé le second véhicule du convoi, tuant trois membres du per-sonnel international.
victor okumu, 51 ans, était chirurgien ; damien Lehalle, 27 ans, un logisticien français; et Mohamed abdi ali (Bidhaan), le chauffeur.
victor et damien étaient à kismayo depuis peu mais faisaient partie de la famille MSF depuis longtemps. victor restera dans notre mémoire pour son dévouement envers ses patients en Sierra Leone, au darfour et pendant de nom-breuses années au Sud-Soudan.damien venait de rejoindre l’équipe de kismayo au terme de sa première mission en République démocratique du congo. chaleureux, dévoué et travailleur, il restera toujours dans nos mémoires.Bidhaan restera dans nos mémoires pour son travail et son dévouement envers MSF.
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MSF a été affecté de manière directe par cette
insécurité. En janvier 2008, trois collègues ont
été tués en Somalie et trois projets ont dû être
fermés à Kismayo, Mogadiscio et Bosasso. En
avril, d’intenses combats dans tout le pays et
les menaces spécifiques à l’encontre des tra-
vailleurs humanitaires étrangers ont forcé MSF
à évacuer tout son personnel international.
Toutefois, les projets de MSF continuent grâce
au personnel somalien dévoué, soutenu par le
personnel international basé à Nairobi, qui se
rend en Somalie lorsque la sécurité le permet.
Sur la route de Mogadiscio à Afgooye, on
estime à plus de 300.000 le nombre de
déplacés ayant dû fuir les violences dans la
capitale et vivant dans des conditions de vie
extrêmement précaires. Dans cette zone, MSF
soutient depuis 2007 une clinique privée, gère
les services ambulatoires, d’hospitalisation
pédiatrique, de traitement du choléra et de
nutrition, et assure la distribution d’eau, de
couvertures et autres secours non
alimentaires.
En 2008, le personnel de MSF a constaté une
forte augmentation des admissions dans ses
centres nutritionnels intensifs et mobiles à
Hawa Abdi et Afgooye. Les équipes médicales
ont traité plus de 15.500 enfants dénutris de
moins de cinq ans ; plus de 2.000 ont été
admis en soins intensifs, mais la plupart ont
été traités en ambulatoire.
A Mogadiscio, le service de chirurgie de l’hôpi-
tal de Danilye a soigné 5.250 patients aux
urgences, dont plus de 3.000 blessés durant le
conflit. Plus de la moitié des patients étaient
des femmes et des enfants de moins de 14 ans.
Dans une clinique ambulatoire du nord de
Mogadiscio, des pansements ont été fournis à
1.400 patients opérés pour des blessures de
guerre. La nutrition est une préoccupation
majeure : MSF a traité 1.800 enfants souffrant
de malnutrition sévère dans un programme
ouvert au début de l’année. Dans tout le pays,
les équipes ont traité plus de 18.400 enfants
pour malnutrition sévère et plus de 16.000
pour malnutrition modérée.
Alors que l’attention internationale se concen-
tre sur la capitale et ses environs, MSF a
répondu à d’énormes besoins dans neuf
régions du sud et du centre du pays. Dans le
nord, à Galcayo, les équipes médicales ont
traité 470 victimes de violence cette année. A
Galgaduud, plus de 600 patients ont été
opérés.
Les victimes de violence ne sont cependant pas
les seules à avoir besoin d’aide en Somalie. Des
maladies évitables et curables comme la
diarrhée, le paludisme et les infections respira-
toires font des milliers de morts chaque année.
Les soins de base tels que consultations préna-
tales et vaccinations jouent un rôle crucial
dans les efforts de MSF pour sauver des vies. Le
personnel médical a assuré plus de 727.000
consultations ambulatoires, 55.000 consulta-
tions prénatales, 82.000 vaccinations et, à
Jowhar, 1.500 accouchements.
MSF travaille en Somalie depuis 1991.
Le bidonville de Khayelitsha, en bordure du
Cap, abrite un demi-million de personnes et
recense une des incidences de VIH/sida les plus
élevées du pays. Le programme ARV que MSF y
gère depuis mai 2001 avec les autorités sanitai-
res locales a été le premier de ce type dans le
secteur public sud-africain et a fait des émules
dans le reste du pays. Plus de 11.000 patients
en bénéficient maintenant à Khayelitsha.
De nombreux patients atteints du VIH/sida
sont co-infectés par la TB. Le taux de notifica-
tion de la TB à Khayelitsha est d’au moins
1.500 pour 100.000 habitants par an, soit un
des plus élevés du monde. Comme dans le
reste du pays, les cas de TB résistante (DR-TB)
sont en augmentation. MSF mène un projet
pilote pour fournir des soins et traitements
décentralisés à Khayelitsha, basé sur le
principe qu’il sera possible de diagnostiquer et
traiter plus de patients s’ils sont encouragés à
suivre le traitement à domicile plutôt qu’isolés
dans des structures spécialisées. Ce modèle de
soins intégrés pour les patients atteints du
VIH/sida et de la TB a été reproduit dans bien
d’autres contextes et est reconnu par l’Organi-
sation mondiale de la Santé comme un modèle
de bonne pratique.
Le Centre Simelela pour survivantes de violen-
ces sexuelles de Khayelitsha offre aux victimes
de viols des soins médicaux d’urgence, du
counselling et une aide sociale et juridique.
Des liens avec des militants communautaires
visent à réduire le nombre de victimes par la
sensibilisation et la dénonciation du viol
comme un délit violent. Cette clinique a reçu
près de 700 patientes en 2008.
assistance médicale et humanitaire pour les réfugiés zimbabwéens Depuis décembre 2007, MSF travaille dans le
centre de Johannesburg et à Musina pour
offrir aux Zimbabwéens des soins primaires
généraux et un soutien en santé mentale, et
les référer vers des hôpitaux et structures
médicales spécialisées. MSF traite jusqu’à
5.000 Zimbabwéens par mois dans ces deux
projets, surtout pour des infections respiratoi-
res, des maladies sexuellement transmissibles
dont le VIH, des affections gastro-intestinales
et diarrhées et des troubles liés au stress. Les
équipes de MSF traitent également un nombre
croissant de victimes de violences sexuelles et
constatent l’augmentation du nombre de
mineurs non accompagnés.
“Les Zimbabwéens sont confrontés à des risques
importants, dont la violence sexuelle, physique et
verbale et le harcèlement policier lorsqu’ils traver-
sent la frontière”, selon Sara Hjamlarsson,
coordinatrice de terrain pour MSF à Musina, à
la frontière du Zimbabwe. “Et ces risques persis-
tent en Afrique du Sud, où beaucoup continuent à
être harcelés par la police et ne parviennent pas à
trouver un emploi durable.”
Entre mai et septembre 2008, une flambée de
violence à l’égard des étrangers a fait 62 morts
et déplacé plus de 100.000 personnes dans le
pays.
MSF a répondu à cette urgence dans plus de 15
sites à Johannesburg, Pretoria et au Cap. Les
équipes ont traité des blessures par balles, des
traumatismes crâniens et des blessures résul-
tant de passages à tabac, de lacérations et de
brûlures. Elles ont offert des soins primaires
aux déplacés et distribué des kits d’hygiène,
couvertures et bâches.
A Johannesburg, où la violence a été la plus
grave, MSF a intégré des activités en santé
mentale dans le travail des équipes médicales.
MSF a également pressé les autorités sud-
africaines d’améliorer les services de base,
comme les abris, l’eau et l’assainissement
dans les camps temporaires.
Durant cette crise, MSF a assuré 11.000 consul-
tations médicales et 8.000 consultations en
santé mentale.
épidémie de choléraEn novembre, une épidémie de choléra s’est
propagée du Zimbabwe à l’Afrique du Sud. Les
autorités de la province septentrionale de
Limpopo ont déclaré le district frontalier de
Vhembe zone sinistrée. MSF a renforcé ses
équipes à Musina, dans le district de Vhembe,
et à Johannesburg, adaptant l’offre de soins
primaires de base aux Zimbabwéens pour
accorder la priorité au diagnostic et au traite-
ment du choléra et à la promotion de l’hy-
giène. Pendant l’épidémie, l’équipe MSF à
Musina a référé plus de 300 personnes attein-
tes du choléra via trois cliniques mobiles
sillonnant fermes, villages et autres zones à
haut risque dans et autour de Musina. A
l’église méthodiste centrale de Johannesburg,
MSF, avec les autorités sanitaires locales, a
réussi à endiguer l’épidémie par une promo-
tion intensive de la santé, un dépistage
précoce, le traitement et des améliorations de
l’eau et l’assainissement.
MSF travaille en Afrique du Sud depuis 1999.
SoMaLieMotiF d’inteRvention • Conflit armé • endémie/épidémie peRSonneL de teRRain 1.348
depuis des années, les Somaliens sont exposés aux violences, aux déplacements et à un manque de nourriture et d’accès aux soins. de multiples facteurs, notam-ment l’effondrement de l’économie locale, l’incapacité à acheminer l’aide alimen-taire, la sécheresse, l’inflation, des prix alimentaires internationaux élevés et une réduction draconienne de l’aide humanitaire ont aggravé les conditions de vie déjà désastreuses.
aFRique du Sud MotiF d’inteRvention • endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santé peRSonneL de teRRain 92
environ 18% des Sud-africains adultes sont séropositifs, et beaucoup ont d’urgence besoin d’un traitement antirétroviral (aRv). La tuberculose (tB), y compris sa forme résistante, est la principale cause de morbidité et de morta-lité chez les patients atteints du vih/sida.
in MeMoRiaM
Le lundi 28 janvier 2008, une équipe de MSF a été victime d’une violente attaque alors qu’elle revenait de son déjeuner, après une matinée productive à l’hôpital de kismayo, où elle pratiquait la chirur-gie d’urgence. une bombe placée au bord de la route a pulvérisé le second véhicule du convoi, tuant trois membres du per-sonnel international.
victor okumu, 51 ans, était chirurgien ; damien Lehalle, 27 ans, un logisticien français; et Mohamed abdi ali (Bidhaan), le chauffeur.
victor et damien étaient à kismayo depuis peu mais faisaient partie de la famille MSF depuis longtemps. victor restera dans notre mémoire pour son dévouement envers ses patients en Sierra Leone, au darfour et pendant de nom-breuses années au Sud-Soudan.damien venait de rejoindre l’équipe de kismayo au terme de sa première mission en République démocratique du congo. chaleureux, dévoué et travailleur, il restera toujours dans nos mémoires.Bidhaan restera dans nos mémoires pour son travail et son dévouement envers MSF.
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Les heurts entre forces armées et milices
tribales le long des frontières contestées du
nord et du sud du Soudan, ainsi que les
tensions politiques, ont entraîné le déplace-
ment de milliers de personnes dans l’Etat de
Bahr-el-Ghazal durant l’année. En janvier, MSF
a ouvert un nouveau projet dans la ville
d’Aweil. Beaucoup de déplacés ayant dû tout
abandonner, MSF a d’abord distribué aux plus
vulnérables des kits contenant du matériel
essentiel (savon, jerrycans, moustiquaires,
bâches et matériel de cuisine), couvrant les
besoins de plus de 15.000 personnes.
MSF a également lancé un programme de
nutrition et soins materno-infantiles à l’hôpi-
tal d’Aweil. La malnutrition étant une préoccu-
pation majeure, six cliniques mobiles
supplémentaires ont été établies. Sur l’année,
plus de 21.000 consultations ambulatoires ont
été assurées et plus de 6.000 enfants dénutris
ont été soignés.
En février, après une attaque très violente près
de la ville d’Abyei, des milliers de déplacés ont
fui vers les camps dans le nord de l’Etat de
Bahr-el-Ghazal et quelque 10.000 ont fui dans
la brousse. En mai, les combats ont presque
détruit Abyei, déplaçant 60.000 autres person-
nes. Présentes à Abyei depuis 2006, les équipes
MSF ont pu fournir une aide immédiate.
Etant donné le nombre des blessés de guerre,
des équipes chirurgicales et de soins post-
opératoires ont été envoyées en renfort.
Pour atteindre les personnes ayant fui dans la
brousse, des cliniques mobiles ont été organi-
sées à Abyei et dans une ville voisine, Agok.
Des soins nutritionnels à l’hôpital ou en
ambulatoire ont été proposés. Au total, 8.950
consultations ambulatoires ont eu lieu et plus
de 1.200 enfants ont été traités pour malnutri-
tion sévère. MSF a également organisé la
distribution de biens non alimentaires à
Muglad, au nord d’Abyei, pour environ 400
familles. Des équipes demeurent prêtes à
intervenir rapidement dans cette zone instable
où les gens luttent pour leur survie.
En fin d’année, l’Armée de Résistance du
Seigneur, un groupe rebelle ougandais, a mené
des attaques dans le sud du Soudan, près de la
frontière congolaise, et en République démo-
cratique du Congo (RDC), déplaçant des
milliers de Soudanais et amenant des
Congolais à traverser la frontière pour se
réfugier au Soudan. Face à cette situation, MSF
a commencé à soutenir deux cliniques de soins
primaires à Gangura et Sakura, dans l’Etat de
l’Equatoria occidental, près de la frontière
avec la RDC. En fin d’année, 7.200 consulta-
tions médicales avaient été assurées pour les
résidents et réfugiés de ces deux zones.
Ailleurs dans le sud du pays, MSF continue
d’offrir des soins à des centaines de milliers de
personnes. Dans les Etats de Jongleï, du
Haut-Nil et d’Unity, le personnel médical
fournit tous types de soins, depuis les consul-
tations pour infections respiratoires jusqu’aux
actes de chirurgie vitaux. En 2008, il a mené
plus de 365.900 consultations ambulatoires,
19.000 consultations prénatales, 1.000 opéra-
tions (souvent en urgence pour des blessures
par balles), et a admis plus de 8.000 patients
dans ses services d’hospitalisation.
Au total, MSF a traité 9.000 enfants pour
malnutrition aiguë sévère au Sud-Soudan, et
plus de 600 victimes de traumatismes liés aux
violences.
Dans l’ensemble du pays, les équipes MSF sont
prêtes à répondre aux urgences et aux épidé-
mies. En juillet, des pluies torrentielles et des
inondations ont attisé une épidémie de
choléra à Aweil. En collaboration avec le
ministère de la Santé et d’autres agences, MSF
a soigné plus de 6.700 patients à Aweil et plus
de 1.200 à Juba, la capitale du Sud-Soudan, où
les premiers cas avaient été détectés en mai. La
couverture vaccinale étant faible au Soudan,
les enfants sont vulnérables lors des épidémies
de rougeole. MSF a vacciné plus de 19.200
enfants lors de deux campagnes en juillet et
novembre 2008 dans le comté de Pibor (Etat de
Jongleï).
Dans le nord, outre ses programmes au
Darfour, MSF dispense des soins maternels à
Port Soudan, dans l’Etat de la Mer Rouge, en
particulier aux femmes enceintes ayant été
circoncises. On estime que la circoncision y est
pratiquée sur plus de 97% des femmes. Pour de
nombreuses femmes, cette procédure entraîne
de graves complications médicales à vie.
Pendant l’accouchement, elles doivent être
“dés-infibulées”, c’est-à-dire incisées pour
permettre le passage de l’enfant. Après une
naissance, il est courant de suturer la femme,
ou la “ré-infibuler”. Toutefois, à Port Soudan,
le projet de MSF à l’hôpital de Tagodom ne
ré-infibule aucune femme après
l’accouchement.
En 2008, MSF y a assuré en moyenne 1.000
consultations et 64 accouchements chaque
mois. Les équipes communautaires fournissent
aussi une éducation à la santé de base et
sensibilisent aux risques médicaux liés à la
circoncision des femmes.
MSF a transféré certains projets, là où cela
était possible. En juin 2008, MSF a confié,
après deux ans d’activité, son projet à l’hôpital
de Bor (Etat de Jongleï) aux autorités sanitaires
locales. En fin d’année, MSF a transféré au
ministère de la Santé son programme consacré
à la maladie du sommeil à Yambio, dans l’Etat
d’Equatoria occidental.
MSF travaille au Soudan depuis 1979.
Soudan
MotiF d’inteRvention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santé peRSonneL de teRRain 3.240
tout au long de 2008, le personnel de MSF a fourni des services médicaux dans un pays exposé à de fréquentes attaques et flambées de violence, une malnutri-tion généralisée, des taux de mortalité maternelle parmi les plus élevés au monde, une forte incidence de la tuberculose et du kala-azar (leishmaniose viscérale), ainsi que de graves épidémies de méningite, rougeole, choléra et paludisme.
darfourMSF offre une aide médico-humani-taire dans la région du darfour au Soudan depuis 2003, année où les forces gouvernementales et milices alliées ont commencé à combattre les groupes rebelles qui cherchaient à obtenir plus d’autonomie et de res-sources pour cette région aride et pauvre. Depuis le début du conflit, l’environnement politique s’est com-plexifié. La fragmentation des groupes armés a multiplié les flambées de violence et accru l’insécurité. Le har-cèlement des groupes armés, l’aug-mentation du banditisme et les heurts entre tribus nomades ont forcé davan-tage de personnes à fuir.
En 2008, le Darfour demeurait une des plus
grandes opérations humanitaires au monde ;
un tiers de sa population serait déplacée. Plus
de 80 organisations et 15.000 humanitaires y
travaillaient – dont 2.000 pour MSF. Malgré
tous ces efforts, des centaines de milliers de
personnes restent coupées de l’aide humani-
taire. Plusieurs milliers d’autres risquent
d’être privées d’aide en raison de l’instabilité
des lignes de front, de la modification des
alliances entre factions armées, des attaques
ciblées contre les humanitaires et des restric-
tions croissantes imposées par le gouverne-
ment à l’aide humanitaire.
Les défis de l’insécuritéLa sécurité s’est détériorée au cours de l’année.
En février, une offensive militaire près de
Seleia, au Darfour occidental, a fait 300 morts
et entraîné la fuite de 10.000 réfugiés au Tchad
voisin. Parties avant les attaques, les équipes
de MSF ont pu retourner à Seleia un mois plus
tard, pour dispenser une aide médicale via des
cliniques mobiles.
En août, une série d’attaques contre le person-
nel MSF au Nord-Darfour a contraint les
équipes à quitter les projets de Tawila, où trois
camps accueillent environ 35.000 déplacés
depuis août 2007, et Shangil Tobaya, où MSF
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Les heurts entre forces armées et milices
tribales le long des frontières contestées du
nord et du sud du Soudan, ainsi que les
tensions politiques, ont entraîné le déplace-
ment de milliers de personnes dans l’Etat de
Bahr-el-Ghazal durant l’année. En janvier, MSF
a ouvert un nouveau projet dans la ville
d’Aweil. Beaucoup de déplacés ayant dû tout
abandonner, MSF a d’abord distribué aux plus
vulnérables des kits contenant du matériel
essentiel (savon, jerrycans, moustiquaires,
bâches et matériel de cuisine), couvrant les
besoins de plus de 15.000 personnes.
MSF a également lancé un programme de
nutrition et soins materno-infantiles à l’hôpi-
tal d’Aweil. La malnutrition étant une préoccu-
pation majeure, six cliniques mobiles
supplémentaires ont été établies. Sur l’année,
plus de 21.000 consultations ambulatoires ont
été assurées et plus de 6.000 enfants dénutris
ont été soignés.
En février, après une attaque très violente près
de la ville d’Abyei, des milliers de déplacés ont
fui vers les camps dans le nord de l’Etat de
Bahr-el-Ghazal et quelque 10.000 ont fui dans
la brousse. En mai, les combats ont presque
détruit Abyei, déplaçant 60.000 autres person-
nes. Présentes à Abyei depuis 2006, les équipes
MSF ont pu fournir une aide immédiate.
Etant donné le nombre des blessés de guerre,
des équipes chirurgicales et de soins post-
opératoires ont été envoyées en renfort.
Pour atteindre les personnes ayant fui dans la
brousse, des cliniques mobiles ont été organi-
sées à Abyei et dans une ville voisine, Agok.
Des soins nutritionnels à l’hôpital ou en
ambulatoire ont été proposés. Au total, 8.950
consultations ambulatoires ont eu lieu et plus
de 1.200 enfants ont été traités pour malnutri-
tion sévère. MSF a également organisé la
distribution de biens non alimentaires à
Muglad, au nord d’Abyei, pour environ 400
familles. Des équipes demeurent prêtes à
intervenir rapidement dans cette zone instable
où les gens luttent pour leur survie.
En fin d’année, l’Armée de Résistance du
Seigneur, un groupe rebelle ougandais, a mené
des attaques dans le sud du Soudan, près de la
frontière congolaise, et en République démo-
cratique du Congo (RDC), déplaçant des
milliers de Soudanais et amenant des
Congolais à traverser la frontière pour se
réfugier au Soudan. Face à cette situation, MSF
a commencé à soutenir deux cliniques de soins
primaires à Gangura et Sakura, dans l’Etat de
l’Equatoria occidental, près de la frontière
avec la RDC. En fin d’année, 7.200 consulta-
tions médicales avaient été assurées pour les
résidents et réfugiés de ces deux zones.
Ailleurs dans le sud du pays, MSF continue
d’offrir des soins à des centaines de milliers de
personnes. Dans les Etats de Jongleï, du
Haut-Nil et d’Unity, le personnel médical
fournit tous types de soins, depuis les consul-
tations pour infections respiratoires jusqu’aux
actes de chirurgie vitaux. En 2008, il a mené
plus de 365.900 consultations ambulatoires,
19.000 consultations prénatales, 1.000 opéra-
tions (souvent en urgence pour des blessures
par balles), et a admis plus de 8.000 patients
dans ses services d’hospitalisation.
Au total, MSF a traité 9.000 enfants pour
malnutrition aiguë sévère au Sud-Soudan, et
plus de 600 victimes de traumatismes liés aux
violences.
Dans l’ensemble du pays, les équipes MSF sont
prêtes à répondre aux urgences et aux épidé-
mies. En juillet, des pluies torrentielles et des
inondations ont attisé une épidémie de
choléra à Aweil. En collaboration avec le
ministère de la Santé et d’autres agences, MSF
a soigné plus de 6.700 patients à Aweil et plus
de 1.200 à Juba, la capitale du Sud-Soudan, où
les premiers cas avaient été détectés en mai. La
couverture vaccinale étant faible au Soudan,
les enfants sont vulnérables lors des épidémies
de rougeole. MSF a vacciné plus de 19.200
enfants lors de deux campagnes en juillet et
novembre 2008 dans le comté de Pibor (Etat de
Jongleï).
Dans le nord, outre ses programmes au
Darfour, MSF dispense des soins maternels à
Port Soudan, dans l’Etat de la Mer Rouge, en
particulier aux femmes enceintes ayant été
circoncises. On estime que la circoncision y est
pratiquée sur plus de 97% des femmes. Pour de
nombreuses femmes, cette procédure entraîne
de graves complications médicales à vie.
Pendant l’accouchement, elles doivent être
“dés-infibulées”, c’est-à-dire incisées pour
permettre le passage de l’enfant. Après une
naissance, il est courant de suturer la femme,
ou la “ré-infibuler”. Toutefois, à Port Soudan,
le projet de MSF à l’hôpital de Tagodom ne
ré-infibule aucune femme après
l’accouchement.
En 2008, MSF y a assuré en moyenne 1.000
consultations et 64 accouchements chaque
mois. Les équipes communautaires fournissent
aussi une éducation à la santé de base et
sensibilisent aux risques médicaux liés à la
circoncision des femmes.
MSF a transféré certains projets, là où cela
était possible. En juin 2008, MSF a confié,
après deux ans d’activité, son projet à l’hôpital
de Bor (Etat de Jongleï) aux autorités sanitaires
locales. En fin d’année, MSF a transféré au
ministère de la Santé son programme consacré
à la maladie du sommeil à Yambio, dans l’Etat
d’Equatoria occidental.
MSF travaille au Soudan depuis 1979.
Soudan
MotiF d’inteRvention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santé peRSonneL de teRRain 3.240
tout au long de 2008, le personnel de MSF a fourni des services médicaux dans un pays exposé à de fréquentes attaques et flambées de violence, une malnutri-tion généralisée, des taux de mortalité maternelle parmi les plus élevés au monde, une forte incidence de la tuberculose et du kala-azar (leishmaniose viscérale), ainsi que de graves épidémies de méningite, rougeole, choléra et paludisme.
darfourMSF offre une aide médico-humani-taire dans la région du darfour au Soudan depuis 2003, année où les forces gouvernementales et milices alliées ont commencé à combattre les groupes rebelles qui cherchaient à obtenir plus d’autonomie et de res-sources pour cette région aride et pauvre. Depuis le début du conflit, l’environnement politique s’est com-plexifié. La fragmentation des groupes armés a multiplié les flambées de violence et accru l’insécurité. Le har-cèlement des groupes armés, l’aug-mentation du banditisme et les heurts entre tribus nomades ont forcé davan-tage de personnes à fuir.
En 2008, le Darfour demeurait une des plus
grandes opérations humanitaires au monde ;
un tiers de sa population serait déplacée. Plus
de 80 organisations et 15.000 humanitaires y
travaillaient – dont 2.000 pour MSF. Malgré
tous ces efforts, des centaines de milliers de
personnes restent coupées de l’aide humani-
taire. Plusieurs milliers d’autres risquent
d’être privées d’aide en raison de l’instabilité
des lignes de front, de la modification des
alliances entre factions armées, des attaques
ciblées contre les humanitaires et des restric-
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ment à l’aide humanitaire.
Les défis de l’insécuritéLa sécurité s’est détériorée au cours de l’année.
En février, une offensive militaire près de
Seleia, au Darfour occidental, a fait 300 morts
et entraîné la fuite de 10.000 réfugiés au Tchad
voisin. Parties avant les attaques, les équipes
de MSF ont pu retourner à Seleia un mois plus
tard, pour dispenser une aide médicale via des
cliniques mobiles.
En août, une série d’attaques contre le person-
nel MSF au Nord-Darfour a contraint les
équipes à quitter les projets de Tawila, où trois
camps accueillent environ 35.000 déplacés
depuis août 2007, et Shangil Tobaya, où MSF
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SwaZiLand MotiF d’inteRvention • Endémie/épidémiepeRSonneL de teRRain 55
au Swaziland, un quart des adultes seraient séropositifs et 80% des per-sonnes atteintes de tuberculose (tB) seraient co-infectées par le vih. depuis novembre 2007, MSF travaille avec le personnel de santé public pour traiter ces deux maladies dans la région de Shiselweni.
MSF y décentralise les services offerts aux
patients séropositifs et tuberculeux afin d’éta-
blir un système de « guichet unique » où les
patients peuvent être traités pour ces deux
maladies en même temps, au même endroit et
par le même personnel soignant. Dépistages et
traitements sont désormais offerts à l’hôpital
de Hlatikulu et dans les centres de santé de
Nhlangano et Matsanjeni, ainsi que dans neuf
des 20 autres centres de santé de cette région
où, en 2008, près de 2.300 patients ont reçu un
traitement anti-tuberculose et 1.870 patients
co-infectés par le VIH/sida et la TB ont obtenu
un traitement antirétroviral (ARV).
fournit une aide médicale aux quelque 28.000
déplacés des camps de Shangil et Shadat et à
environ 5.000 habitants des villages voisins.
Laisser tant de personnes sans accès aux soins,
même temporairement, a été très dur mais
sans garantie de sécurité minimum pour les
humanitaires, MSF n’avait d’autre choix que
de suspendre ses activités. En septembre,
l’équipe a pu retourner à Shangil Tobaya. En
2008, près de 45.000 consultations ont été
assurées et plus de 4.000 femmes ont reçu des
soins prénatals. MSF est retourné à Tawila en
octobre, où 25.000 consultations ont eu lieu en
2008, mais a dû repartir en décembre.
En août, des attaques sur le camp de Kalma, qui
abrite plus de 90.000 déplacés, ont fait de
nombreux blessés. Au moins 65 patients ont été
admis dans la clinique du camp, et les ambulan-
ces de MSF ont évacué 49 blessés par balles vers
un hôpital de Nyala, capitale de la région.
MSF a dû évacuer le personnel du projet de
Kaguro dans le Djebel Si à la mi-septembre,
pendant une campagne de bombardements
menée par le gouvernement. L’équipe y est
retournée dix jours plus tard.
Soins en santé mentalePour aider les personnes traumatisées par le
conflit et par les déplacements répétés et
prolongés, MSF a introduit des soins en santé
mentale en 2006. Le personnel a tenu 9.380
séances de counselling pour plus de 1.600
patients. En 2008, 84% de ces patients ont
montré une amélioration de leurs symptômes
ou une guérison totale. Toutefois, plus tard
dans l’année, MSF a reçu de la Commission
d’aide humanitaire soudanaise et du ministère
fédéral de la Santé l’ordre d’arrêter le counsel-
ling en santé mentale au Sud-Darfour, sous
peine d’expulsion.
Au total, les équipes ont traité 64.000 patients,
pris en charge 19.000 femmes enceintes et
pratiqué 1.750 accouchements. Malgré cela, les
autorités n’ont laissé à MSF d’autre choix que
de mettre fin à cette intervention.
Dans l’ouest du Darfour, de nouveaux projets
ont été ouverts en avril à Golo et Killin, dans le
Djebel Mara. Ils dispensent des soins primaires
et secondaires ciblant en priorité la santé des
femmes, le paludisme et la malnutrition.
Environ 3.800 consultations mensuelles ont
été effectuées en 2008.
Des équipes ont également travaillé à Niertiti
et Zalingei (Ouest-Darfour), offrant des soins
de santé à environ 170.000 personnes. La
plupart des 130.000 résidents de Zalingei sont
des déplacés. MSF soutient trois services à
l’hôpital de Zalingei, dont la chirurgie pédia-
trique et les urgences. Etant donné l’augmen-
tation de la malnutrition, les équipes ont
distribué des suppléments alimentaires à
11.000 enfants âgés de six à 36 mois pendant la
période de disette précédant la nouvelle
récolte. A Niertiti, MSF a effectué 86.000
consultations ambulatoires et 4.900 hospitali-
sations. A la suite d’une épidémie de ménin-
gite en février, plus de 28.000 personnes ont
été vaccinées.
Près de là, à Serif Umra, le personnel médical a
assuré des soins primaires et secondaires, y
compris des soins prénatals, vaccinations,
hospitalisations et traitement de la malnutri-
tion. Environ 4.000 consultations ont eu lieu
chaque mois ; plus de 45 enfants ont reçu un
traitement nutritionnel et 110 patients ont été
admis à la clinique. Dans le Djebel Si, MSF gère
une clinique à Kaguro et cinq dispensaires
dans les environs, offrant des soins médicaux
à environ 40.000 personnes coupées de toute
assistance depuis 2003, année où la zone a été
attaquée et la plupart des villages incendiés.
Dans la ville rurale de Kebkabiya, à 140 km à
l’ouest d’El Fasher, capitale du Nord-Darfour,
MSF soutient deux cliniques et cinq dispensai-
res fournissant des soins de base, y compris
des vaccinations et des traitements nutrition-
nels. Les équipes soutiennent aussi le service
d’obstétrique de l’hôpital de Kebkabiya,
offrant des soins urgents complets.
Au Sud-Darfour, MSF gère une clinique de 25
lits pour les quelque 70.000 habitants de la
ville de Muhajariya et des environs. Des
services de chirurgie, soins ambulatoires,
hospitalisations, laboratoire et obstétrique y
sont offerts, de même que des traitements
pour les survivantes de violences sexuelles. En
2008, cette unité a traité plus de 55.000 per-
sonnes, et assuré 1.300 hospitalisations et 440
interventions chirurgicales. En avril 2008, MSF
a relancé des cliniques mobiles à Labado et Um
Shegeira pour améliorer l’accès aux soins.
Durant l’année, 660 enfants dénutris y ont été
pris en charge. Dans les montagnes de l’est du
Djebel Mara, une équipe basée à Feina gère
une clinique offrant des soins ambulatoires et
prénatals et un programme mobile de nutri-
tion. Un service d’hospitalisation y accueille
les enfants souffrant de malnutrition sévère et
les patients nécessitant des soins urgents. Des
cliniques mobiles sont aussi présentes à
Gulombei et Deribat.
En 2008, MSF a ouvert un nouveau projet à
Adila, après qu’une évaluation en mars a
révélé un taux de malnutrition aiguë de 14%
chez les enfants. Fin octobre, 4.700 enfants
avaient été traités.
MSF travaille au Darfour depuis 2003.
En 2008, quelque 12.000 nouveaux cas de TB
ont été détectés au Swaziland, dont 200 de TB
résistante ; 42 d’entre eux ont été diagnosti-
qués et placés sous surveillance à Shiselweni.
Le dépistage et le traitement des formes résis-
tantes de TB sont une priorité, en raison de la
nature dangereuse et complexe de cette
maladie. MSF travaille directement avec les
communautés et les personnes atteintes du
VIH/sida pour la prévention et l’éducation, la
recherche et le dépistage des cas, et le suivi des
patients. Encouragés par leur bon respect du
traitement, des « patients experts », qui ont une
expérience personnelle de cette maladie chro-
nique, aident d’autres patients à maîtriser la
maladie et à vivre avec le VIH/sida.
MSF travaille au Swaziland depuis 2007.
Fatima, qui vit avec son mari et ses quatre enfants dans le camp de Motorwat, près de la ville de Muhajariya, a raconté à MSF qu’elle et sa famille avaient déjà dû fuir huit fois, de la ville à la forêt, puis au camp et ainsi de suite. ‘a chaque fois nous avons perdu nos biens, dit-elle. c’est épuisant, mais si vous ne partez pas vite, vous, ou vos enfants et vous, risquez la mort. inutile de se mettre en colère : je ne peux rien faire’.
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SwaZiLand MotiF d’inteRvention • Endémie/épidémiepeRSonneL de teRRain 55
au Swaziland, un quart des adultes seraient séropositifs et 80% des per-sonnes atteintes de tuberculose (tB) seraient co-infectées par le vih. depuis novembre 2007, MSF travaille avec le personnel de santé public pour traiter ces deux maladies dans la région de Shiselweni.
MSF y décentralise les services offerts aux
patients séropositifs et tuberculeux afin d’éta-
blir un système de « guichet unique » où les
patients peuvent être traités pour ces deux
maladies en même temps, au même endroit et
par le même personnel soignant. Dépistages et
traitements sont désormais offerts à l’hôpital
de Hlatikulu et dans les centres de santé de
Nhlangano et Matsanjeni, ainsi que dans neuf
des 20 autres centres de santé de cette région
où, en 2008, près de 2.300 patients ont reçu un
traitement anti-tuberculose et 1.870 patients
co-infectés par le VIH/sida et la TB ont obtenu
un traitement antirétroviral (ARV).
fournit une aide médicale aux quelque 28.000
déplacés des camps de Shangil et Shadat et à
environ 5.000 habitants des villages voisins.
Laisser tant de personnes sans accès aux soins,
même temporairement, a été très dur mais
sans garantie de sécurité minimum pour les
humanitaires, MSF n’avait d’autre choix que
de suspendre ses activités. En septembre,
l’équipe a pu retourner à Shangil Tobaya. En
2008, près de 45.000 consultations ont été
assurées et plus de 4.000 femmes ont reçu des
soins prénatals. MSF est retourné à Tawila en
octobre, où 25.000 consultations ont eu lieu en
2008, mais a dû repartir en décembre.
En août, des attaques sur le camp de Kalma, qui
abrite plus de 90.000 déplacés, ont fait de
nombreux blessés. Au moins 65 patients ont été
admis dans la clinique du camp, et les ambulan-
ces de MSF ont évacué 49 blessés par balles vers
un hôpital de Nyala, capitale de la région.
MSF a dû évacuer le personnel du projet de
Kaguro dans le Djebel Si à la mi-septembre,
pendant une campagne de bombardements
menée par le gouvernement. L’équipe y est
retournée dix jours plus tard.
Soins en santé mentalePour aider les personnes traumatisées par le
conflit et par les déplacements répétés et
prolongés, MSF a introduit des soins en santé
mentale en 2006. Le personnel a tenu 9.380
séances de counselling pour plus de 1.600
patients. En 2008, 84% de ces patients ont
montré une amélioration de leurs symptômes
ou une guérison totale. Toutefois, plus tard
dans l’année, MSF a reçu de la Commission
d’aide humanitaire soudanaise et du ministère
fédéral de la Santé l’ordre d’arrêter le counsel-
ling en santé mentale au Sud-Darfour, sous
peine d’expulsion.
Au total, les équipes ont traité 64.000 patients,
pris en charge 19.000 femmes enceintes et
pratiqué 1.750 accouchements. Malgré cela, les
autorités n’ont laissé à MSF d’autre choix que
de mettre fin à cette intervention.
Dans l’ouest du Darfour, de nouveaux projets
ont été ouverts en avril à Golo et Killin, dans le
Djebel Mara. Ils dispensent des soins primaires
et secondaires ciblant en priorité la santé des
femmes, le paludisme et la malnutrition.
Environ 3.800 consultations mensuelles ont
été effectuées en 2008.
Des équipes ont également travaillé à Niertiti
et Zalingei (Ouest-Darfour), offrant des soins
de santé à environ 170.000 personnes. La
plupart des 130.000 résidents de Zalingei sont
des déplacés. MSF soutient trois services à
l’hôpital de Zalingei, dont la chirurgie pédia-
trique et les urgences. Etant donné l’augmen-
tation de la malnutrition, les équipes ont
distribué des suppléments alimentaires à
11.000 enfants âgés de six à 36 mois pendant la
période de disette précédant la nouvelle
récolte. A Niertiti, MSF a effectué 86.000
consultations ambulatoires et 4.900 hospitali-
sations. A la suite d’une épidémie de ménin-
gite en février, plus de 28.000 personnes ont
été vaccinées.
Près de là, à Serif Umra, le personnel médical a
assuré des soins primaires et secondaires, y
compris des soins prénatals, vaccinations,
hospitalisations et traitement de la malnutri-
tion. Environ 4.000 consultations ont eu lieu
chaque mois ; plus de 45 enfants ont reçu un
traitement nutritionnel et 110 patients ont été
admis à la clinique. Dans le Djebel Si, MSF gère
une clinique à Kaguro et cinq dispensaires
dans les environs, offrant des soins médicaux
à environ 40.000 personnes coupées de toute
assistance depuis 2003, année où la zone a été
attaquée et la plupart des villages incendiés.
Dans la ville rurale de Kebkabiya, à 140 km à
l’ouest d’El Fasher, capitale du Nord-Darfour,
MSF soutient deux cliniques et cinq dispensai-
res fournissant des soins de base, y compris
des vaccinations et des traitements nutrition-
nels. Les équipes soutiennent aussi le service
d’obstétrique de l’hôpital de Kebkabiya,
offrant des soins urgents complets.
Au Sud-Darfour, MSF gère une clinique de 25
lits pour les quelque 70.000 habitants de la
ville de Muhajariya et des environs. Des
services de chirurgie, soins ambulatoires,
hospitalisations, laboratoire et obstétrique y
sont offerts, de même que des traitements
pour les survivantes de violences sexuelles. En
2008, cette unité a traité plus de 55.000 per-
sonnes, et assuré 1.300 hospitalisations et 440
interventions chirurgicales. En avril 2008, MSF
a relancé des cliniques mobiles à Labado et Um
Shegeira pour améliorer l’accès aux soins.
Durant l’année, 660 enfants dénutris y ont été
pris en charge. Dans les montagnes de l’est du
Djebel Mara, une équipe basée à Feina gère
une clinique offrant des soins ambulatoires et
prénatals et un programme mobile de nutri-
tion. Un service d’hospitalisation y accueille
les enfants souffrant de malnutrition sévère et
les patients nécessitant des soins urgents. Des
cliniques mobiles sont aussi présentes à
Gulombei et Deribat.
En 2008, MSF a ouvert un nouveau projet à
Adila, après qu’une évaluation en mars a
révélé un taux de malnutrition aiguë de 14%
chez les enfants. Fin octobre, 4.700 enfants
avaient été traités.
MSF travaille au Darfour depuis 2003.
En 2008, quelque 12.000 nouveaux cas de TB
ont été détectés au Swaziland, dont 200 de TB
résistante ; 42 d’entre eux ont été diagnosti-
qués et placés sous surveillance à Shiselweni.
Le dépistage et le traitement des formes résis-
tantes de TB sont une priorité, en raison de la
nature dangereuse et complexe de cette
maladie. MSF travaille directement avec les
communautés et les personnes atteintes du
VIH/sida pour la prévention et l’éducation, la
recherche et le dépistage des cas, et le suivi des
patients. Encouragés par leur bon respect du
traitement, des « patients experts », qui ont une
expérience personnelle de cette maladie chro-
nique, aident d’autres patients à maîtriser la
maladie et à vivre avec le VIH/sida.
MSF travaille au Swaziland depuis 2007.
Fatima, qui vit avec son mari et ses quatre enfants dans le camp de Motorwat, près de la ville de Muhajariya, a raconté à MSF qu’elle et sa famille avaient déjà dû fuir huit fois, de la ville à la forêt, puis au camp et ainsi de suite. ‘a chaque fois nous avons perdu nos biens, dit-elle. c’est épuisant, mais si vous ne partez pas vite, vous, ou vos enfants et vous, risquez la mort. inutile de se mettre en colère : je ne peux rien faire’.
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ZaMBieMotiF d’inteRvention • Endémie/épidémiepeRSonneL de teRRain 68
Le vih/sida reste très répandu en Zambie et pose un grave problème sanitaire, qui fait peser un lourd fardeau sur la société. témoin de l’impact de cette pandémie sur le pays, l’espérance de vie à la naissance est passée, d’après l’organisation mondiale de la Santé, de 52 ans en 1990 à 35 ans en 2003.
Toutefois, au fil des ans, le gouvernement
zambien a mené des campagnes de sensibilisa-
tion au VIH/sida et mis en œuvre des politi-
ques visant à renforcer la disponibilité des
traitements. En juillet 2005, il a commencé à
fournir des traitements gratuits contre le VIH/
sida et, en 2006, a aboli le système national de
partage des coûts des soins de santé.
MSF s’est attaché à apporter une aide aux
patients atteints du VIH/sida dans le district de
Kapiri M’Poshi, une ville à croissance rapide
mais pauvre en infrastructures, dont la
position centrale en zone de transit est propice
à la propagation de maladies telles que les
infections sexuellement transmissibles, le VIH,
la tuberculose (TB) et le choléra. On estime que
20% de ses habitants sont atteints du VIH/sida.
Or l’accès aux soins en général et aux traite-
ments VIH/sida en particulier est limité pour
les 250.000 habitants du district, éparpillés
dans une vaste zone dépourvue de routes ou
de moyens de transport. Les soins fournis par
les installations existantes sont très limités
étant donné le manque de matériel médical et
de ressources humaines. MSF a prouvé que
certaines des tâches et responsabilités jadis
assumées par des médecins, comme le dépis-
tage du VIH et le counselling, peuvent être
confiées à des cliniciens ou des infirmiers.
MSF gère une clinique VIH/sida dans l’hôpital
de district de Kapiri et travaille dans 14 dispen-
saires ruraux et quatre centres de santé
urbains. Grâce à cette prise en charge décen-
tralisée du VIH, les gens habitant en dehors
des grands centres urbains peuvent recevoir
un traitement. MSF associe également la
communauté à la prévention du VIH, au
traitement et au soutien des personnes affec-
tées par le VIH/sida.
Fin décembre, MSF avait admis plus de 10.500
patients dans ce projet, dont plus de 5.000
recevaient des antirétroviraux. En 2008, les
équipes MSF ont mené plus de 2.600 consulta-
tions médicales par mois. Dans le même temps
et en vue d’un transfert du programme VIH/
sida, MSF a commencé à intégrer ce projet
dans les activités du ministère de la Santé.
MSF travaille en Zambie depuis 1999.
ouganda MotiF d’inteRvention • Conflit armé • Endémie/épidémie peRSonneL de teRRain 719
en ouganda, huit pour cent de la population serait séropositive. d’après l’organisation mondiale de la Santé, le pays compterait plus d’un million de personnes atteintes du vih/sida, dont 312.000 nécessitant un traitement antirétroviral (aRv). Selon les estima-tions, 42% des patients sont sous aRv dans l’ensemble du pays, mais ce taux est beaucoup plus bas dans le nord.
A Arua, la clinique VIH/sida de MSF propose un
traitement intégré pour les co-infections VIH-
tuberculose (TB), un soutien nutritionnel pour
les adultes et enfants séropositifs souffrant de
malnutrition, et un programme de soins préna-
tals et de prévention de la transmission du VIH
de la mère à l’enfant. Plus de 4.700 patients
sont sous ARV à l’hôpital régional d’Arua.
Parallèlement, MSF soutient trois cliniques VIH/
sida décentralisées dans la région du Nil occi-
dental, pour garantir un accès local aux soins.
Seuls 10% des séropositifs ont accès aux soins
à Madi Opei, dans le district de Kitgum. MSF
y a introduit les traitements VIH/sida/TB, et a
offert des soins dans les services ambulatoires
et d’hospitalisation et à la maternité. Chaque
mois, environ 2.000 patients ont été reçus et
100 ont été admis à la clinique.
Dans le district de Gulu, les équipes MSF
continuent leur intervention au centre de soin
de Lalogi, environ 35 km au sud-est de Gulu.
Elles s’emploient à établir un système de soins
secondaires intégrés (comprenant la mater-
nité, les hospitalisations, les services ambula-
toires et les traitements VIH/sida/TB) assez
durable pour qu’il puisse être repris par le
ministère de la Santé. En 2008, elles ont traité
plus de 53.000 patients.
Répondre aux urgencesEn novembre 2007, l’assainissement déplorable
dans les camps de Kitgum a favorisé une
épidémie d’hépatite E, un virus qui se propage
via l’eau ou des aliments contaminés. Il
n’existe ni traitement, ni vaccin ; les équipes
MSF se sont donc employées à prendre en
charge les patients infectés et à prévenir la
propagation du virus, en ciblant surtout les
plus vulnérables, à savoir les femmes enceintes
et les enfants. Fin 2008, MSF avait traité plus
de 1.500 patients et organisé la prévention et
les références vers d’autres structures.
Fin 2007 et début 2008, MSF a répondu à une
épidémie de fièvre hémorragique Ebola à
l’ouest du pays, dans deux foyers principaux :
Bundibugyo et Kikyo.
Au plus fort d’une épidémie de choléra
survenue entre janvier et avril dans le district
d’Arua, MSF a admis jusqu’à 40 patients par
jour dans son centre de traitement.
A Ishasha/Matanda et à Nakivale, MSF a
apporté son aide aux réfugiés ayant fui les
combats en République démocratique du
Congo (RDC) à la fin de 2008, via une clinique
de santé et l’amélioration de l’approvision-
nement en eau et de l’assainissement dans les
camps.
Malnutrition à karamoja et kaabongA Karamoja, dans le nord-est du pays, une
mauvaise récolte en 2006 et des pluies peu
abondantes en 2007 et tardives en 2008 ont
rendu la nourriture rare, d’où une augmenta-
tion des prix et une réduction du bétail. En
juin 2007, MSF a lancé une intervention nutri-
tionnelle dans le district de Kaabong. Celle-ci
s’est prolongée en 2008 et a été transférée à
Action Contre la Faim (ACF) en décembre 2008.
A Kaabong, MSF a traité près de 900 cas de
malnutrition sévère et 2.500 cas de malnutri-
tion modérée. La malnutrition a été prise en
charge au centre de récupération de l’hôpital
de Kaabong entre janvier et juillet. En juillet
2008, MSF a commencé à étendre ce projet aux
soins pédiatriques et à tous les aspects de la
santé génésique. En 2009, ce projet sera élargi
aux victimes de violences résultant des activi-
tés de désarmement du gouvernement.
Informé de la hausse des taux de malnutrition
à Karamoja, MSF a lancé une deuxième inter-
vention nutritionnelle dans les districts de
Moroto et Nakapiripirit, y soignant près de
4.000 enfants souffrant de malnutrition.
MSF travaille en Ouganda depuis 1980.
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Le vih/sida reste très répandu en Zambie et pose un grave problème sanitaire, qui fait peser un lourd fardeau sur la société. témoin de l’impact de cette pandémie sur le pays, l’espérance de vie à la naissance est passée, d’après l’organisation mondiale de la Santé, de 52 ans en 1990 à 35 ans en 2003.
Toutefois, au fil des ans, le gouvernement
zambien a mené des campagnes de sensibilisa-
tion au VIH/sida et mis en œuvre des politi-
ques visant à renforcer la disponibilité des
traitements. En juillet 2005, il a commencé à
fournir des traitements gratuits contre le VIH/
sida et, en 2006, a aboli le système national de
partage des coûts des soins de santé.
MSF s’est attaché à apporter une aide aux
patients atteints du VIH/sida dans le district de
Kapiri M’Poshi, une ville à croissance rapide
mais pauvre en infrastructures, dont la
position centrale en zone de transit est propice
à la propagation de maladies telles que les
infections sexuellement transmissibles, le VIH,
la tuberculose (TB) et le choléra. On estime que
20% de ses habitants sont atteints du VIH/sida.
Or l’accès aux soins en général et aux traite-
ments VIH/sida en particulier est limité pour
les 250.000 habitants du district, éparpillés
dans une vaste zone dépourvue de routes ou
de moyens de transport. Les soins fournis par
les installations existantes sont très limités
étant donné le manque de matériel médical et
de ressources humaines. MSF a prouvé que
certaines des tâches et responsabilités jadis
assumées par des médecins, comme le dépis-
tage du VIH et le counselling, peuvent être
confiées à des cliniciens ou des infirmiers.
MSF gère une clinique VIH/sida dans l’hôpital
de district de Kapiri et travaille dans 14 dispen-
saires ruraux et quatre centres de santé
urbains. Grâce à cette prise en charge décen-
tralisée du VIH, les gens habitant en dehors
des grands centres urbains peuvent recevoir
un traitement. MSF associe également la
communauté à la prévention du VIH, au
traitement et au soutien des personnes affec-
tées par le VIH/sida.
Fin décembre, MSF avait admis plus de 10.500
patients dans ce projet, dont plus de 5.000
recevaient des antirétroviraux. En 2008, les
équipes MSF ont mené plus de 2.600 consulta-
tions médicales par mois. Dans le même temps
et en vue d’un transfert du programme VIH/
sida, MSF a commencé à intégrer ce projet
dans les activités du ministère de la Santé.
MSF travaille en Zambie depuis 1999.
ouganda MotiF d’inteRvention • Conflit armé • Endémie/épidémie peRSonneL de teRRain 719
en ouganda, huit pour cent de la population serait séropositive. d’après l’organisation mondiale de la Santé, le pays compterait plus d’un million de personnes atteintes du vih/sida, dont 312.000 nécessitant un traitement antirétroviral (aRv). Selon les estima-tions, 42% des patients sont sous aRv dans l’ensemble du pays, mais ce taux est beaucoup plus bas dans le nord.
A Arua, la clinique VIH/sida de MSF propose un
traitement intégré pour les co-infections VIH-
tuberculose (TB), un soutien nutritionnel pour
les adultes et enfants séropositifs souffrant de
malnutrition, et un programme de soins préna-
tals et de prévention de la transmission du VIH
de la mère à l’enfant. Plus de 4.700 patients
sont sous ARV à l’hôpital régional d’Arua.
Parallèlement, MSF soutient trois cliniques VIH/
sida décentralisées dans la région du Nil occi-
dental, pour garantir un accès local aux soins.
Seuls 10% des séropositifs ont accès aux soins
à Madi Opei, dans le district de Kitgum. MSF
y a introduit les traitements VIH/sida/TB, et a
offert des soins dans les services ambulatoires
et d’hospitalisation et à la maternité. Chaque
mois, environ 2.000 patients ont été reçus et
100 ont été admis à la clinique.
Dans le district de Gulu, les équipes MSF
continuent leur intervention au centre de soin
de Lalogi, environ 35 km au sud-est de Gulu.
Elles s’emploient à établir un système de soins
secondaires intégrés (comprenant la mater-
nité, les hospitalisations, les services ambula-
toires et les traitements VIH/sida/TB) assez
durable pour qu’il puisse être repris par le
ministère de la Santé. En 2008, elles ont traité
plus de 53.000 patients.
Répondre aux urgencesEn novembre 2007, l’assainissement déplorable
dans les camps de Kitgum a favorisé une
épidémie d’hépatite E, un virus qui se propage
via l’eau ou des aliments contaminés. Il
n’existe ni traitement, ni vaccin ; les équipes
MSF se sont donc employées à prendre en
charge les patients infectés et à prévenir la
propagation du virus, en ciblant surtout les
plus vulnérables, à savoir les femmes enceintes
et les enfants. Fin 2008, MSF avait traité plus
de 1.500 patients et organisé la prévention et
les références vers d’autres structures.
Fin 2007 et début 2008, MSF a répondu à une
épidémie de fièvre hémorragique Ebola à
l’ouest du pays, dans deux foyers principaux :
Bundibugyo et Kikyo.
Au plus fort d’une épidémie de choléra
survenue entre janvier et avril dans le district
d’Arua, MSF a admis jusqu’à 40 patients par
jour dans son centre de traitement.
A Ishasha/Matanda et à Nakivale, MSF a
apporté son aide aux réfugiés ayant fui les
combats en République démocratique du
Congo (RDC) à la fin de 2008, via une clinique
de santé et l’amélioration de l’approvision-
nement en eau et de l’assainissement dans les
camps.
Malnutrition à karamoja et kaabongA Karamoja, dans le nord-est du pays, une
mauvaise récolte en 2006 et des pluies peu
abondantes en 2007 et tardives en 2008 ont
rendu la nourriture rare, d’où une augmenta-
tion des prix et une réduction du bétail. En
juin 2007, MSF a lancé une intervention nutri-
tionnelle dans le district de Kaabong. Celle-ci
s’est prolongée en 2008 et a été transférée à
Action Contre la Faim (ACF) en décembre 2008.
A Kaabong, MSF a traité près de 900 cas de
malnutrition sévère et 2.500 cas de malnutri-
tion modérée. La malnutrition a été prise en
charge au centre de récupération de l’hôpital
de Kaabong entre janvier et juillet. En juillet
2008, MSF a commencé à étendre ce projet aux
soins pédiatriques et à tous les aspects de la
santé génésique. En 2009, ce projet sera élargi
aux victimes de violences résultant des activi-
tés de désarmement du gouvernement.
Informé de la hausse des taux de malnutrition
à Karamoja, MSF a lancé une deuxième inter-
vention nutritionnelle dans les districts de
Moroto et Nakapiripirit, y soignant près de
4.000 enfants souffrant de malnutrition.
MSF travaille en Ouganda depuis 1980.
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© Joanna Stavropoulou
© Vali Faucheux-Georges
ZiMBaBwe MotiF d’inteRvention • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 579
Au Zimbabwe, un adulte sur cinq est séroposi-
tif et les traitements antirétroviraux (ARV) ne
sont que rarement accessibles à ceux qui en
ont besoin d’urgence. Dans ses programmes
VIH/sida à Bulawayo, Epworth, Gweru,
Tshlotshlo et divers lieux de la province du
Manicaland, MSF soutient la gratuité des soins
pour 40.000 patients, dont 26.000 ont entamé
un traitement ARV en 2008. De plus en plus,
les patients manquent leurs rendez-vous et
risquent d’interrompre leur traitement faute
de pouvoir se rendre dans les rares cliniques
dadirai a entamé un traitement antiré-troviral au centre d’epworth en 2007. avant cela, elle était si malade qu’elle ne pouvait marcher ou manger seule. Son mari est mort, ayant refusé de se faire soigner, et ses deux filles sont séropositi-ves. après le début du traitement, dadirai a d’abord travaillé comme conseillère vih volontaire mais elle est ensuite retournée à l’école et a obtenu son certificat d’aide-soignante. elle est maintenant membre du personnel MSF et travaille à la clinique d’epworth.
qui fonctionnent, souvent parce que les trans-
ports sont trop chers et peu fiables, mais
parfois aussi parce qu’ils ont dû fuir dans les
pays voisins. Face à ce problème, MSF a
commencé à décentraliser les traitements,
rendant ses services plus accessibles, surtout
en zones rurales.
Beaucoup de Zimbabwéens qui quittent le pays
– environ trois millions à ce jour – gagnent
l’Afrique du Sud. Depuis mai 2008, à
Beitbridge, point de passage le plus utilisé par
ces réfugiés, MSF offre des soins primaires aux
plus vulnérables tels que les migrants, les
orphelins ou les prostitués, et prend en charge
les victimes de violences ou de mauvais traite-
ments. Depuis 2007, MSF fournit une assis-
tance médicale aux réfugiés zimbabwéens
dans la ville frontalière de Musina et dans le
centre de Johannesburg.
combattre le choléraAu 31 décembre 2008, MSF avait traité plus de
30.000 cas de choléra et plus de 1.500 décès
avaient été recensés. Les équipes médicales de
MSF ont soutenu les structures gouvernemen-
tales, donnant du matériel, des primes et une
formation au personnel, et ont installé des
centres de traitement du choléra séparés dans
des zones dépourvues de structures sanitaires.
MSF travaille au Zimbabwe depuis 2000.
‘ étant donné ce que nous voyons chaque jour, il est on ne peut plus évident qu’il s’agit d’une énorme urgence médicale qui devient incontrôlable’ Manuel Lopez, chef de mission
L’instabilité politique a précipité la chute libre de l’économie du Zimbabwe, qui se traduit par une inflation galopante, l’effondrement des infrastructures et services de base, des pénuries alimentaires et l’implosion totale du système de santé. dans ses programmes réguliers, MSF se concentre sur le traitement du vih/sida et fournit une aide nutritionnelle aux enfants souffrant de malnutri-tion sévère.
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© Joanna Stavropoulou
© Vali Faucheux-Georges
ZiMBaBwe MotiF d’inteRvention • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 579
Au Zimbabwe, un adulte sur cinq est séroposi-
tif et les traitements antirétroviraux (ARV) ne
sont que rarement accessibles à ceux qui en
ont besoin d’urgence. Dans ses programmes
VIH/sida à Bulawayo, Epworth, Gweru,
Tshlotshlo et divers lieux de la province du
Manicaland, MSF soutient la gratuité des soins
pour 40.000 patients, dont 26.000 ont entamé
un traitement ARV en 2008. De plus en plus,
les patients manquent leurs rendez-vous et
risquent d’interrompre leur traitement faute
de pouvoir se rendre dans les rares cliniques
dadirai a entamé un traitement antiré-troviral au centre d’epworth en 2007. avant cela, elle était si malade qu’elle ne pouvait marcher ou manger seule. Son mari est mort, ayant refusé de se faire soigner, et ses deux filles sont séropositi-ves. après le début du traitement, dadirai a d’abord travaillé comme conseillère vih volontaire mais elle est ensuite retournée à l’école et a obtenu son certificat d’aide-soignante. elle est maintenant membre du personnel MSF et travaille à la clinique d’epworth.
qui fonctionnent, souvent parce que les trans-
ports sont trop chers et peu fiables, mais
parfois aussi parce qu’ils ont dû fuir dans les
pays voisins. Face à ce problème, MSF a
commencé à décentraliser les traitements,
rendant ses services plus accessibles, surtout
en zones rurales.
Beaucoup de Zimbabwéens qui quittent le pays
– environ trois millions à ce jour – gagnent
l’Afrique du Sud. Depuis mai 2008, à
Beitbridge, point de passage le plus utilisé par
ces réfugiés, MSF offre des soins primaires aux
plus vulnérables tels que les migrants, les
orphelins ou les prostitués, et prend en charge
les victimes de violences ou de mauvais traite-
ments. Depuis 2007, MSF fournit une assis-
tance médicale aux réfugiés zimbabwéens
dans la ville frontalière de Musina et dans le
centre de Johannesburg.
combattre le choléraAu 31 décembre 2008, MSF avait traité plus de
30.000 cas de choléra et plus de 1.500 décès
avaient été recensés. Les équipes médicales de
MSF ont soutenu les structures gouvernemen-
tales, donnant du matériel, des primes et une
formation au personnel, et ont installé des
centres de traitement du choléra séparés dans
des zones dépourvues de structures sanitaires.
MSF travaille au Zimbabwe depuis 2000.
‘ étant donné ce que nous voyons chaque jour, il est on ne peut plus évident qu’il s’agit d’une énorme urgence médicale qui devient incontrôlable’ Manuel Lopez, chef de mission
L’instabilité politique a précipité la chute libre de l’économie du Zimbabwe, qui se traduit par une inflation galopante, l’effondrement des infrastructures et services de base, des pénuries alimentaires et l’implosion totale du système de santé. dans ses programmes réguliers, MSF se concentre sur le traitement du vih/sida et fournit une aide nutritionnelle aux enfants souffrant de malnutri-tion sévère.
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Le programme DR-TB de MSF couvre les
quelque 1,2 million d’habitants d’Erevan. Une
fois le diagnostic posé, les patients sont
d’abord soignés à l’hôpital, où MSF a remis en
état une unité de 35 lits. Lorsqu’ils ne sont
plus contagieux, ils peuvent rentrer chez eux
et poursuivre leur traitement par le biais de
polycliniques mobiles ou à domicile, jusqu’à
leur guérison.
Le traitement n’est pas facile à respecter car il
dure entre 18 mois et deux ans, implique la
prise quotidienne d’une quantité de médica-
ments et induit souvent des effets secondaires.
Chez MSF, une équipe multidisciplinaire de
médecins, infirmiers, psychologues et assis-
tants sociaux aide les patients de différentes
façons et souligne l’importance de suivre le
traitement jusqu’au bout.
MSF offre aux patients et à leurs familles un
soutien social : des colis alimentaires assurant
un régime équilibré, une indemnité de trans-
port pour les déplacements quotidiens jusqu’à
la clinique, et des indemnités de chauffage pour
rendre les mois les plus froids de l’hiver suppor-
tables. Plus de 200 patients ont été admis dans
ce programme depuis septembre 2005.
MSF travaille en Arménie depuis 1988.
Dans les districts isolés des collines de
Chittagong, la région la moins développée du
pays, la population comptant diverses ethnies
est particulièrement vulnérable. Des années de
conflit, de discrimination et de marginalisa-
tion y ont abaissé le niveau des soins, désor-
mais bien inférieur à celui d’autres parties du
pays. En 2008, l’insécurité alimentaire s’est
accrue ; elle a été aggravée par une invasion de
rats qui a fortement réduit les réserves de riz,
l’aliment de base de la population.
Des tensions entre les groupes tribaux locaux,
d’autres Bengalis arrivés (et arrivant) plus
récemment, le gouvernement (dont la
présence militaire est importante) et les
groupes d’opposition locaux ont rendu la zone
sujette aux flambées de violence, et entraîné
des déplacements de populations. Un des
principaux marchés de la zone est resté vide
pendant une grande partie de l’année en
raison de la peur, des boycotts et des
intimidations.
Face à la montée de l’insécurité alimentaire et
BangLadeSh MotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santé • Catastrophe naturelle • Endémie/épidémiepeRSonneL de teRRain 150
a la frontière du Myanmar (Birmanie), des milliers de musulmans rakhines, souvent appelés Rohingyas, luttent pour survivre. non reconnus comme citoyens dans leur pays, beaucoup ont fui les persécutions et vivent désor-mais dans des conditions déplorables au Bangladesh, sans une protection et un accès aux soins suffisants.
En 2008, MSF a continué à fournir des soins à
plus de 7.500 musulmans rakhines dans le
camp de fortune de Tal, ainsi qu’à ceux des
communautés voisines. Installé entre une
rivière souvent en crue et une route très
passante, ce camp était particulièrement
surpeuplé et insalubre. Dans sa clinique de
soins primaires, MSF a traité de nombreux cas
de diarrhées, dermatoses et infections respira-
toires, causées par les mauvaises conditions de
vie. MSF a également établi un centre de nutri-
tion thérapeutique pour les cas de malnutri-
tion sévère, un programme en santé mentale et
des projets d’amélioration de l’approvisionne-
ment en eau et de l’assainissement. Après des
mois d’intenses tractations, MSF a finalement
obtenu que le camp soit déplacé à Lada Bazaar
en juillet ; d’autres agences s’étant impliquées,
MSF a pu leur transférer ses activités.
à une incidence de 13% de la malnutrition
aiguë chez les enfants de moins de cinq ans,
MSF a mené, d’avril à décembre, une interven-
tion nutritionnelle d’urgence dans la zone de
Sajek Union, dans les collines de Chittagong,
afin d’aider les personnes affectées et d’éviter
une aggravation de la situation. Un program-
me mobile de nutrition a été établi, ainsi
qu’un centre de stabilisation permettant
d’hospitaliser les enfants nécessitant un suivi
médical plus soutenu. MSF a fourni des
denrées essentielles (huile, pâtes de poisson,
sel…) à environ 28.000 personnes.
Parallèlement, MSF a établi une clinique de
soins de base et huit dispensaires, soutenus
par un service de laboratoire, notamment pour
le dépistage du paludisme.
Alors que la situation nutritionnelle s’amélio-
rait, MSF a continué à traiter environ 200
personnes par semaine dans ses cliniques,
principalement pour des diarrhées, infections
respiratoires et paludisme.
MSF travaille au Bangladesh depuis 1985.
48 | aRMénie49 | BangLadeSh50 | caMBodge51 | chine52 | géoRgie52 | inde54 | indonéSie55 | kiRghiZStan56 | MyanMaR57 | népaL58 | pakiStan59 | papouaiSie nouveLLe guinée 60 | phiLippineS 60 | SRi Lanka62 | thaïLande63 | tuRkMéniStan64 | ouZBékiStan
aRMénieMotiF d’inteRvention • Endémie/épidémiepeRSonneL de teRRain 56
L’arménie a l’une des incidences les plus élevées au monde de tuberculose résis-tante (dR-tB). en septembre 2005, en collaboration avec le ministère arménien de la Santé, MSF a lancé un programme pilote de diagnostic et de traitement de la dR-tB dans la capitale erevan, où vit près de la moitié de la population du pays. depuis, la réponse à l’épidémie de dR-tB dans le pays s’est améliorée, grâce au soutien d’agences et donateurs internationaux qui ont contribué à renforcer les capacités locales. au niveau national, MSF propose ses conseils en vue de l’instau-ration d’un « traitement de courte durée sous surveillance directe ».
‘certains patients hésitent à entamer un traitement dR-tB. parfois, ils interrompent le traitement en raison des effets secondaires des médicaments de deuxième ligne. un infirmier, un assistant social et un psychologue s’occupent de chaque patient indi-viduellement pour tenter de les encourager à pour-suivre le traitement.’ auxiliaire spécialiste de la tB
‘je ne pense pas que je retournerai au Myanmar. il est clair que la situation reste très mauvaise là-bas et même si nous vivons avec peu d’aide ici, au moins nous ne vivons pas dans la peur.’ Réfugiée de 30 ans, camp de tal
d et sa famille vivaient dans des condi-tions difficiles. après deux pneumonies, un test a montré que d était atteinte de la tuberculose. tout ce qu’elle savait sur la tB, c’est que c’était contagieux. La nouvelle a effrayé tout le monde, même sa proche famille. elle a fait un long séjour à l’hôpital, mais est finalement rentrée chez elle parce que les médica-ments restaient sans effet. a la maison elle est à nouveau tombée malade, et a été emmenée à l’hôpital de nor-nork en ambulance. elle a été opérée et un dia-gnostic de dR-tB a été posé. après l’inter-vention, elle a été transférée à abovian et admise dans le programme MSF. elle est restée à l’hôpital plusieurs mois puis, après des progrès notables, a pu rentrer chez elle. elle a poursuivi son traitement via une clinique mobile. au total, le traitement a duré deux ans. au début, d a trouvé difficile de prendre ces médica-ments à cause des effets secondaires, mais elle a persévéré. aujourd’hui, elle est guérie et a pu reprendre une vie normale.
‘Les collines de chittagong ont toujours été une zone de troubles, et la croissance démographique semble attiser les conflits concernant la terre et les droits de propriété. pour chacun, la terre est synonyme de capacité à nourrir sa famille et à gagner sa vie.’ yvonne cuppens, coordinatrice du projet MSF
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Le programme DR-TB de MSF couvre les
quelque 1,2 million d’habitants d’Erevan. Une
fois le diagnostic posé, les patients sont
d’abord soignés à l’hôpital, où MSF a remis en
état une unité de 35 lits. Lorsqu’ils ne sont
plus contagieux, ils peuvent rentrer chez eux
et poursuivre leur traitement par le biais de
polycliniques mobiles ou à domicile, jusqu’à
leur guérison.
Le traitement n’est pas facile à respecter car il
dure entre 18 mois et deux ans, implique la
prise quotidienne d’une quantité de médica-
ments et induit souvent des effets secondaires.
Chez MSF, une équipe multidisciplinaire de
médecins, infirmiers, psychologues et assis-
tants sociaux aide les patients de différentes
façons et souligne l’importance de suivre le
traitement jusqu’au bout.
MSF offre aux patients et à leurs familles un
soutien social : des colis alimentaires assurant
un régime équilibré, une indemnité de trans-
port pour les déplacements quotidiens jusqu’à
la clinique, et des indemnités de chauffage pour
rendre les mois les plus froids de l’hiver suppor-
tables. Plus de 200 patients ont été admis dans
ce programme depuis septembre 2005.
MSF travaille en Arménie depuis 1988.
Dans les districts isolés des collines de
Chittagong, la région la moins développée du
pays, la population comptant diverses ethnies
est particulièrement vulnérable. Des années de
conflit, de discrimination et de marginalisa-
tion y ont abaissé le niveau des soins, désor-
mais bien inférieur à celui d’autres parties du
pays. En 2008, l’insécurité alimentaire s’est
accrue ; elle a été aggravée par une invasion de
rats qui a fortement réduit les réserves de riz,
l’aliment de base de la population.
Des tensions entre les groupes tribaux locaux,
d’autres Bengalis arrivés (et arrivant) plus
récemment, le gouvernement (dont la
présence militaire est importante) et les
groupes d’opposition locaux ont rendu la zone
sujette aux flambées de violence, et entraîné
des déplacements de populations. Un des
principaux marchés de la zone est resté vide
pendant une grande partie de l’année en
raison de la peur, des boycotts et des
intimidations.
Face à la montée de l’insécurité alimentaire et
BangLadeSh MotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santé • Catastrophe naturelle • Endémie/épidémiepeRSonneL de teRRain 150
a la frontière du Myanmar (Birmanie), des milliers de musulmans rakhines, souvent appelés Rohingyas, luttent pour survivre. non reconnus comme citoyens dans leur pays, beaucoup ont fui les persécutions et vivent désor-mais dans des conditions déplorables au Bangladesh, sans une protection et un accès aux soins suffisants.
En 2008, MSF a continué à fournir des soins à
plus de 7.500 musulmans rakhines dans le
camp de fortune de Tal, ainsi qu’à ceux des
communautés voisines. Installé entre une
rivière souvent en crue et une route très
passante, ce camp était particulièrement
surpeuplé et insalubre. Dans sa clinique de
soins primaires, MSF a traité de nombreux cas
de diarrhées, dermatoses et infections respira-
toires, causées par les mauvaises conditions de
vie. MSF a également établi un centre de nutri-
tion thérapeutique pour les cas de malnutri-
tion sévère, un programme en santé mentale et
des projets d’amélioration de l’approvisionne-
ment en eau et de l’assainissement. Après des
mois d’intenses tractations, MSF a finalement
obtenu que le camp soit déplacé à Lada Bazaar
en juillet ; d’autres agences s’étant impliquées,
MSF a pu leur transférer ses activités.
à une incidence de 13% de la malnutrition
aiguë chez les enfants de moins de cinq ans,
MSF a mené, d’avril à décembre, une interven-
tion nutritionnelle d’urgence dans la zone de
Sajek Union, dans les collines de Chittagong,
afin d’aider les personnes affectées et d’éviter
une aggravation de la situation. Un program-
me mobile de nutrition a été établi, ainsi
qu’un centre de stabilisation permettant
d’hospitaliser les enfants nécessitant un suivi
médical plus soutenu. MSF a fourni des
denrées essentielles (huile, pâtes de poisson,
sel…) à environ 28.000 personnes.
Parallèlement, MSF a établi une clinique de
soins de base et huit dispensaires, soutenus
par un service de laboratoire, notamment pour
le dépistage du paludisme.
Alors que la situation nutritionnelle s’amélio-
rait, MSF a continué à traiter environ 200
personnes par semaine dans ses cliniques,
principalement pour des diarrhées, infections
respiratoires et paludisme.
MSF travaille au Bangladesh depuis 1985.
48 | aRMénie49 | BangLadeSh50 | caMBodge51 | chine52 | géoRgie52 | inde54 | indonéSie55 | kiRghiZStan56 | MyanMaR57 | népaL58 | pakiStan59 | papouaiSie nouveLLe guinée 60 | phiLippineS 60 | SRi Lanka62 | thaïLande63 | tuRkMéniStan64 | ouZBékiStan
aRMénieMotiF d’inteRvention • Endémie/épidémiepeRSonneL de teRRain 56
L’arménie a l’une des incidences les plus élevées au monde de tuberculose résis-tante (dR-tB). en septembre 2005, en collaboration avec le ministère arménien de la Santé, MSF a lancé un programme pilote de diagnostic et de traitement de la dR-tB dans la capitale erevan, où vit près de la moitié de la population du pays. depuis, la réponse à l’épidémie de dR-tB dans le pays s’est améliorée, grâce au soutien d’agences et donateurs internationaux qui ont contribué à renforcer les capacités locales. au niveau national, MSF propose ses conseils en vue de l’instau-ration d’un « traitement de courte durée sous surveillance directe ».
‘certains patients hésitent à entamer un traitement dR-tB. parfois, ils interrompent le traitement en raison des effets secondaires des médicaments de deuxième ligne. un infirmier, un assistant social et un psychologue s’occupent de chaque patient indi-viduellement pour tenter de les encourager à pour-suivre le traitement.’ auxiliaire spécialiste de la tB
‘je ne pense pas que je retournerai au Myanmar. il est clair que la situation reste très mauvaise là-bas et même si nous vivons avec peu d’aide ici, au moins nous ne vivons pas dans la peur.’ Réfugiée de 30 ans, camp de tal
d et sa famille vivaient dans des condi-tions difficiles. après deux pneumonies, un test a montré que d était atteinte de la tuberculose. tout ce qu’elle savait sur la tB, c’est que c’était contagieux. La nouvelle a effrayé tout le monde, même sa proche famille. elle a fait un long séjour à l’hôpital, mais est finalement rentrée chez elle parce que les médica-ments restaient sans effet. a la maison elle est à nouveau tombée malade, et a été emmenée à l’hôpital de nor-nork en ambulance. elle a été opérée et un dia-gnostic de dR-tB a été posé. après l’inter-vention, elle a été transférée à abovian et admise dans le programme MSF. elle est restée à l’hôpital plusieurs mois puis, après des progrès notables, a pu rentrer chez elle. elle a poursuivi son traitement via une clinique mobile. au total, le traitement a duré deux ans. au début, d a trouvé difficile de prendre ces médica-ments à cause des effets secondaires, mais elle a persévéré. aujourd’hui, elle est guérie et a pu reprendre une vie normale.
‘Les collines de chittagong ont toujours été une zone de troubles, et la croissance démographique semble attiser les conflits concernant la terre et les droits de propriété. pour chacun, la terre est synonyme de capacité à nourrir sa famille et à gagner sa vie.’ yvonne cuppens, coordinatrice du projet MSF
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Bien que le gouvernement chinois fournisse
des ARV via son programme national, le dépis-
tage du VIH et le traitement des infections
opportunistes ne sont pas gratuits. Des person-
nes peuvent donc mourir d’une maladie liée
au VIH avant d’avoir pu accéder au traitement.
En outre, en raison de la stigmatisation, les
habitants ne consultent pas les structures
nationales pour y subir un dépistage et ne
reçoivent pas de traitement à un stade précoce.
Si certains importants antirétroviraux de
deuxième ligne ont fini par être enregistrés en
2008, nombre de médicaments essentiels
demeurent inaccessibles. Beaucoup de médica-
ments contre les infections opportunistes
restent trop chers et les formulations pédiatri-
ques des médicaments contre le VIH et la
tuberculose sont indisponibles dans le pays.
En collaboration avec le Bureau de la santé
publique et le Centre de prévention et de lutte
contre les maladies de la province de Guangxi,
MSF fournit des traitements confidentiels et
gratuits contre le VIH/sida à Nanning depuis
2003. Ce programme complet assure counsel-
ling et dépistages volontaires, diagnostic,
gestion des infections opportunistes, ARV et
activités de terrain dans certaines communau-
tés. En 2008, plus de 3.000 patients ont bénéfi-
cié de dépistages et counselling volontaires
gratuits et environ 300 ont été placés sous
ARV. Fin 2008, 1.550 étaient inscrits dans ce
programme, dont plus de 900 placés sous ARV.
aide d’urgence Le 12 mai, un séisme de magnitude 8.0 a
frappé la province du Sichuan, faisant plus de
80.000 morts et dix millions de sans-abri. En
collaboration avec la Croix-Rouge du Sichuan,
MSF a donné 4.310 tentes familiales d’hiver et
du matériel médical à la ville de Mianzhu. MSF
a aussi offert un soutien aux patients hospita-
lisés souffrant du “syndrome d’écrasement” à
Chengdu et participé au tri des patients à
Guanghan, dans le Deyang. Toutefois l’accès à
la zone et à la population touchée par le
séisme s’est avéré difficile en raison des restric-
tions du gouvernement.
MSF a offert un soutien psychologique aux
survivants à Hanwang, dans le district de
Mianzhu, et à Long Men Shan, à Pengzhou.
Selon le docteur Misa Sugawara, qui a travaillé
comme coordinateur de terrain MSF dans le
Sichuan, “après le séisme, la population était sous
le choc et très effrayée. Elle avait vraiment besoin
d’un soutien psychologique”. MSF poursuit son
soutien psychologique dans les districts de
Mianzhu et Beichuan, où 238 consultations
ont été assurées entre novembre et décembre
2008.
Suite aux tempêtes de neige qui ont balayé le
village de Maocao, dans la province de
Guizhou en février, MSF a distribué 9.000 kg
de riz, de l’huile et de l’eau aux villageois.
En juin, après des inondations dans le
Guangxi, MSF a fourni 115 tonnes de riz, 1.900
bouteilles d’huile et 140 bâches aux victimes
de Zhongdu dans le district de Luzhai, dans le
Guangxi.
transfert de projetEn mai 2003, MSF avait commencé à fournir
des soins à Xiangfan, ciblant les quelque
45.000 patients atteints du VIH/sida dans les
provinces de Hubei et Henan. Ce projet a été
transféré aux autorités chinoises en mars
2008.
accès à la Mongolie intérieure bloquéMSF a tenté d’établir un programme ciblant la
tuberculose multirésistante en Mongolie
intérieure, où quelque 6,5% des patients
tuberculeux dépistés mais non soignés sont
porteurs d’une souche multirésistante. Les
négociations répétées avec les autorités chinoi-
ses en vue de signer un protocole d’accord
étant restées vaines, MSF a renoncé à ce projet
début 2009.
MSF travaille en Chine depuis 1988.
caMBodgeMotiF d’inteRvention • Endémie/épidémiepeRSonneL de teRRain 334
gouvernement aux médicaments est insuffisant.
Certains patients disent même qu’ils “préféreraient
avoir le sida” car l’offre de soins pour le VIH/sida est
bien meilleure. L’approche de MSF consistant à
intégrer le traitement du VIH/sida, de l’hypertension
et du diabète a donné de bons résultats chez les
patients, et amélioré l’efficacité des services”.
A la fin de l’année, les deux cliniques trai-
taient plus de 3.000 patients séropositifs, plus
de 1.700 patients diabétiques et 390 cas d’hy-
pertension. Quelques patients atteints de TB et
de TB multirésistante (MDR-TB) étaient égale-
ment traités. MSF se prépare désormais à
transférer ces activités aux autorités sanitaires
locales et à des ONG partenaires.
A Phnom Penh, MSF prend en charge le VIH/
sida à l’hôpital de l’Amitié soviéto-khmère, où
3.650 patients ont reçu un traitement antiré-
troviral (ARV). En juin, MSF a commencé à
intégrer ce traitement dans le système de
santé publique, en transférant les patients
d’autres provinces vers des centres locaux
fournissant des ARV. Désormais, dans cet
hôpital, MSF ne traite plus que les patients
atteints de MDR-TB.
Depuis 2006, MSF assure la prise en charge du
VIH/sida dans les prisons de Phnom Penh. En
juin, l’accès aux traitements a été amélioré
dans deux des prisons principales.
A Kampong Cham, le transfert des soins VIH/
sida aux autorités sanitaires locales est entré
dans sa phase finale en fin d’année. Les autori-
tés sanitaires cambodgiennes y prenaient en
charge les patients adultes, tandis que MSF
assurait les consultations pédiatriques. Un
projet consacré aux patients séropositifs
co-infectés par la TB ainsi qu’aux patients
atteints de TB multirésistante a été établi en
juin.
MSF réclamait depuis longtemps la création
d’un groupe de travail sur la TB résistante,
auquel participeraient les autorités sanitaires
cambodgiennes et d’autres parties intéressées.
Ce groupe a enfin vu le jour fin 2007. Il s’est
réuni plusieurs fois au cours de 2008, se
concentrant sur l’élaboration de lignes direc-
trices et de plans nationaux à long terme pour
enrayer la MDR-TB.
MSF travaille au Cambodge depuis 1979.
chine MotiF d’inteRvention • Endémie/épidémie • Catastrophe naturellepeRSonneL de teRRain 70
L’an dernier, le vih/sida s’est classé pour la première fois en tête des maladies infectieuses mortelles en chine. Le ministère de la Santé a recensé 44.839 nouveaux cas entre janvier et septembre 2008. Selon l’onuSida, le programme commun des nations unies sur le vih/sida, la chine comptait 700.000 person-nes atteintes de la maladie fin 2007, dont 190.000 nécessitant un traitement antirétroviral (aRv). Moins de 20% d’entre eux reçoivent le traitement dont ils ont besoin.
Les principaux problèmes de santé au cambodge comprennent le vih/sida, le diabète et la tuberculose (tB). un accroissement substantiel des finance-ments accordés par les donateurs internationaux a permis au gouverne-ment du cambodge et à ses partenaires d’intensifier leurs efforts pour lutter contre ces maladies ; MSF a dès lors commencé à réduire ses activités dans le pays.
Dans les provinces de Siem Reap et Takeo, MSF
gère deux cliniques ayant adopté une approche
novatrice, consistant à traiter le VIH/sida
comme une maladie chronique au même titre
que le diabète et l’hypertension. L’objectif est
de dé-stigmatiser le VIH/sida et d’accroître
l’attention portée au diabète, une maladie
rarement traitée au Cambodge, qui affecte
pourtant cinq à dix pour cent de la population.
Selon Philippe Berneau, chef de mission, “au
Cambodge, la prise en charge du VIH/sida se déve-
loppe et attire beaucoup l’attention des donateurs
internationaux. Toutefois, la prise en charge des
patients atteints de diabète, d’hypertension arté-
rielle et d’autres maladies chroniques pouvant être
traitées reste limitée, et le budget consacré par le
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Bien que le gouvernement chinois fournisse
des ARV via son programme national, le dépis-
tage du VIH et le traitement des infections
opportunistes ne sont pas gratuits. Des person-
nes peuvent donc mourir d’une maladie liée
au VIH avant d’avoir pu accéder au traitement.
En outre, en raison de la stigmatisation, les
habitants ne consultent pas les structures
nationales pour y subir un dépistage et ne
reçoivent pas de traitement à un stade précoce.
Si certains importants antirétroviraux de
deuxième ligne ont fini par être enregistrés en
2008, nombre de médicaments essentiels
demeurent inaccessibles. Beaucoup de médica-
ments contre les infections opportunistes
restent trop chers et les formulations pédiatri-
ques des médicaments contre le VIH et la
tuberculose sont indisponibles dans le pays.
En collaboration avec le Bureau de la santé
publique et le Centre de prévention et de lutte
contre les maladies de la province de Guangxi,
MSF fournit des traitements confidentiels et
gratuits contre le VIH/sida à Nanning depuis
2003. Ce programme complet assure counsel-
ling et dépistages volontaires, diagnostic,
gestion des infections opportunistes, ARV et
activités de terrain dans certaines communau-
tés. En 2008, plus de 3.000 patients ont bénéfi-
cié de dépistages et counselling volontaires
gratuits et environ 300 ont été placés sous
ARV. Fin 2008, 1.550 étaient inscrits dans ce
programme, dont plus de 900 placés sous ARV.
aide d’urgence Le 12 mai, un séisme de magnitude 8.0 a
frappé la province du Sichuan, faisant plus de
80.000 morts et dix millions de sans-abri. En
collaboration avec la Croix-Rouge du Sichuan,
MSF a donné 4.310 tentes familiales d’hiver et
du matériel médical à la ville de Mianzhu. MSF
a aussi offert un soutien aux patients hospita-
lisés souffrant du “syndrome d’écrasement” à
Chengdu et participé au tri des patients à
Guanghan, dans le Deyang. Toutefois l’accès à
la zone et à la population touchée par le
séisme s’est avéré difficile en raison des restric-
tions du gouvernement.
MSF a offert un soutien psychologique aux
survivants à Hanwang, dans le district de
Mianzhu, et à Long Men Shan, à Pengzhou.
Selon le docteur Misa Sugawara, qui a travaillé
comme coordinateur de terrain MSF dans le
Sichuan, “après le séisme, la population était sous
le choc et très effrayée. Elle avait vraiment besoin
d’un soutien psychologique”. MSF poursuit son
soutien psychologique dans les districts de
Mianzhu et Beichuan, où 238 consultations
ont été assurées entre novembre et décembre
2008.
Suite aux tempêtes de neige qui ont balayé le
village de Maocao, dans la province de
Guizhou en février, MSF a distribué 9.000 kg
de riz, de l’huile et de l’eau aux villageois.
En juin, après des inondations dans le
Guangxi, MSF a fourni 115 tonnes de riz, 1.900
bouteilles d’huile et 140 bâches aux victimes
de Zhongdu dans le district de Luzhai, dans le
Guangxi.
transfert de projetEn mai 2003, MSF avait commencé à fournir
des soins à Xiangfan, ciblant les quelque
45.000 patients atteints du VIH/sida dans les
provinces de Hubei et Henan. Ce projet a été
transféré aux autorités chinoises en mars
2008.
accès à la Mongolie intérieure bloquéMSF a tenté d’établir un programme ciblant la
tuberculose multirésistante en Mongolie
intérieure, où quelque 6,5% des patients
tuberculeux dépistés mais non soignés sont
porteurs d’une souche multirésistante. Les
négociations répétées avec les autorités chinoi-
ses en vue de signer un protocole d’accord
étant restées vaines, MSF a renoncé à ce projet
début 2009.
MSF travaille en Chine depuis 1988.
caMBodgeMotiF d’inteRvention • Endémie/épidémiepeRSonneL de teRRain 334
gouvernement aux médicaments est insuffisant.
Certains patients disent même qu’ils “préféreraient
avoir le sida” car l’offre de soins pour le VIH/sida est
bien meilleure. L’approche de MSF consistant à
intégrer le traitement du VIH/sida, de l’hypertension
et du diabète a donné de bons résultats chez les
patients, et amélioré l’efficacité des services”.
A la fin de l’année, les deux cliniques trai-
taient plus de 3.000 patients séropositifs, plus
de 1.700 patients diabétiques et 390 cas d’hy-
pertension. Quelques patients atteints de TB et
de TB multirésistante (MDR-TB) étaient égale-
ment traités. MSF se prépare désormais à
transférer ces activités aux autorités sanitaires
locales et à des ONG partenaires.
A Phnom Penh, MSF prend en charge le VIH/
sida à l’hôpital de l’Amitié soviéto-khmère, où
3.650 patients ont reçu un traitement antiré-
troviral (ARV). En juin, MSF a commencé à
intégrer ce traitement dans le système de
santé publique, en transférant les patients
d’autres provinces vers des centres locaux
fournissant des ARV. Désormais, dans cet
hôpital, MSF ne traite plus que les patients
atteints de MDR-TB.
Depuis 2006, MSF assure la prise en charge du
VIH/sida dans les prisons de Phnom Penh. En
juin, l’accès aux traitements a été amélioré
dans deux des prisons principales.
A Kampong Cham, le transfert des soins VIH/
sida aux autorités sanitaires locales est entré
dans sa phase finale en fin d’année. Les autori-
tés sanitaires cambodgiennes y prenaient en
charge les patients adultes, tandis que MSF
assurait les consultations pédiatriques. Un
projet consacré aux patients séropositifs
co-infectés par la TB ainsi qu’aux patients
atteints de TB multirésistante a été établi en
juin.
MSF réclamait depuis longtemps la création
d’un groupe de travail sur la TB résistante,
auquel participeraient les autorités sanitaires
cambodgiennes et d’autres parties intéressées.
Ce groupe a enfin vu le jour fin 2007. Il s’est
réuni plusieurs fois au cours de 2008, se
concentrant sur l’élaboration de lignes direc-
trices et de plans nationaux à long terme pour
enrayer la MDR-TB.
MSF travaille au Cambodge depuis 1979.
chine MotiF d’inteRvention • Endémie/épidémie • Catastrophe naturellepeRSonneL de teRRain 70
L’an dernier, le vih/sida s’est classé pour la première fois en tête des maladies infectieuses mortelles en chine. Le ministère de la Santé a recensé 44.839 nouveaux cas entre janvier et septembre 2008. Selon l’onuSida, le programme commun des nations unies sur le vih/sida, la chine comptait 700.000 person-nes atteintes de la maladie fin 2007, dont 190.000 nécessitant un traitement antirétroviral (aRv). Moins de 20% d’entre eux reçoivent le traitement dont ils ont besoin.
Les principaux problèmes de santé au cambodge comprennent le vih/sida, le diabète et la tuberculose (tB). un accroissement substantiel des finance-ments accordés par les donateurs internationaux a permis au gouverne-ment du cambodge et à ses partenaires d’intensifier leurs efforts pour lutter contre ces maladies ; MSF a dès lors commencé à réduire ses activités dans le pays.
Dans les provinces de Siem Reap et Takeo, MSF
gère deux cliniques ayant adopté une approche
novatrice, consistant à traiter le VIH/sida
comme une maladie chronique au même titre
que le diabète et l’hypertension. L’objectif est
de dé-stigmatiser le VIH/sida et d’accroître
l’attention portée au diabète, une maladie
rarement traitée au Cambodge, qui affecte
pourtant cinq à dix pour cent de la population.
Selon Philippe Berneau, chef de mission, “au
Cambodge, la prise en charge du VIH/sida se déve-
loppe et attire beaucoup l’attention des donateurs
internationaux. Toutefois, la prise en charge des
patients atteints de diabète, d’hypertension arté-
rielle et d’autres maladies chroniques pouvant être
traitées reste limitée, et le budget consacré par le
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indeMotiF d’inteRvention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santé • Catastrophe naturellepeRSonneL de teRRain 394
La tuberculose est un véritable fléau dans la
région du Caucase : selon les estimations, 10%
des nouveaux cas sont porteurs de souches
résistantes, mais la moitié des personnes déjà
traitées ont développé la DR-TB. En 2008, le
projet de Zugdidi a admis en moyenne six à
sept nouveaux patients atteints de DR-TB par
mois. Depuis son lancement en novembre
2006, il a permis de soigner plus de 150
patients. Bien que long et difficile vu ses
nombreux effets secondaires, le traitement a
été bien respecté. Toutefois, en raison de la
guerre, 30% des patients ont interrompu leur
traitement pendant une courte période.
En juillet 2008, un premier patient de Zugdidi
a achevé son traitement après avoir pris des
médicaments chaque jour pendant 20 mois.
Bien qu’il soit encore trop tôt pour le déclarer
totalement guéri vu les risques de rechute,
cette fin de traitement est encourageante.
Depuis, neuf autres patients de Zugdidi ont
achevé leur traitement.
En Abkhazie, MSF prend en charge des
patients à Gulripsh, près de la capitale
Soukhoumi. MSF soutient le programme
national de lutte contre la TB depuis 1999 et,
depuis 2001, se concentre sur la DR-TB. Depuis,
204 patients atteints de DR-TB ont entamé un
traitement, dont 38 en 2008. MSF a remis en
état l’hôpital près de Soukhoumi et lui a
fourni médicaments, matériel et équipements
de laboratoire. Un tiers des patients de MSF
ont peu de ressources et, sans le soutien psy-
chologique et social, le bois de chauffage, les
vêtements, une nutrition appropriée et
d’autres produits de première nécessité
fournis par MSF, beaucoup ne pourraient
respecter le traitement.
MSF a introduit des traitements antirétrovi-
raux (ARV) vitaux pour les co-infections VIH-TB
en Abkhazie. Actuellement, neuf patients sont
sous ARV. MSF soutient aussi les nouveaux
programmes nationaux contre la DR-TB dans
les villes géorgiennes de Tbilissi et
Abastoumani, assurant la formation des
infirmiers locaux et des conseillers affectés au
contrôle du respect des traitements.
Le programme d’accès aux soins pour les
personnes vulnérables d’Abkhazie a été réduit.
En 2008, 143 patients vulnérables, essentielle-
géoRgieMotiF d’inteRvention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 164
MSF soigne la tuberculose résistante (dR-tB) en abkhazie, une région sépa-ratiste de la République de géorgie, et à Zugdidi, dans l’ouest du pays. en août 2008, une guerre a éclaté dans une autre région séparatiste du Sud de l’ossétie, provoquant la fuite de milliers de personnes.
patients séropositifs sous ARV, dont un quart a
été transféré dans le programme VIH/sida
national.
Soins primaires au chhattisgarh et dans l’andhra pradesh Un conflit de faible intensité entre des rebelles
maoïstes et les forces gouvernementales a forcé
des dizaines de milliers de personnes à fuir
dans des camps du gouvernement ou à se
cacher dans la jungle, pratiquement sans accès
aux soins. MSF fournit des soins primaires et un
soutien nutritionnel aux déplacés des camps du
Chhattisgarh, aux communautés locales du
district de Bijapur, et dans les campements
établis autour de villages dans la zone fronta-
lière entre l’Andhra Pradesh et le Chhattisgarh.
En 2008, les cliniques mobiles de MSF y ont
assuré 32.600 consultations et ont traité plus de
3.300 patients atteints de paludisme dans les
districts de Bijapur et Dantewada.
kala-azar (leishmaniose viscérale) au BiharDans le district de Vaishali, au Bihar, MSF dia-
gnostique et traite gratuitement le kala-azar. En
2008, plus de 4.800 patients ont subi un dépis-
tage et 1.974 ont été traités par amphotéricine B
liposomale – un traitement relativement
nouveau pour cette maladie. Le taux de
guérison est très élevé : plus de 98% des patients.
ment des personnes âgées, ont été admis dans
ce programme.
aider les personnes déplacéesEn août 2008, des dizaines de milliers de
personnes ont été déplacées suite aux combats.
A Tbilissi et Gori, MSF a offert des services
médicaux et un soutien psychologique aux
personnes forcées de fuir. MSF a assuré 8.500
consultations médicales, dont plus de 30%
pour des affections chroniques. Beaucoup
souffraient de dépression, angoisses, stress
post-traumatique et troubles psychologiques.
MSF s’est efforcé d’éviter toute interruption
des traitements contre la DR-TB. Ainsi, le
personnel national a pris le relais du person-
nel international de MSF, évacué en raison des
violences. La plupart des patients ont pour-
suivi leur traitement, ce qui est vital car toute
interruption peut entraîner une rechute ou
des complications.
MSF travaille en Géorgie depuis 1993.
Malgré la croissance économique rapide du pays, des millions de per-sonnes n’ont que peu, voire pas accès aux soins. MSF fournit une assistance médicale aux victimes de conflits ou catastrophes naturelles en zone rurale, et offre des traitements contre la tuberculose (tB) et le vih/sida aux groupes marginalisés de Bombay et du Manipur.
MSF soigne gratuitement les groupes suscepti-
bles d’être marginalisés tels que les trans-
sexuels, prostituées ou homosexuels qui n’ont
pu accéder aux traitements VIH/sida via le
système de santé public. Dans une clinique du
sud de Bombay, MSF assure la prévention de la
transmission du VIH de la mère à l’enfant, et a
formé du personnel des ONG et du ministère
de la Santé au dépistage du VIH et au counsel-
ling. En 2008, MSF a mené plus de 4.200 consul-
tations à Bombay et placé plus de 300 patients
sous traitement antirétroviral (ARV).
Dans le nord-est, dans l’Etat du Manipur,
éprouvé par un conflit chronique de faible
intensité, MSF gère quatre cliniques offrant des
soins de base, des traitements du VIH/sida et de
la TB, du counselling, ainsi qu’une maternité.
En 2008, plus de 50.000 consultations ont eu
lieu au Manipur. A ce jour, MSF a placé 781
‘ces premières guérisons sont très encourageantes pour les 93 patients en traitement. pour les médecins, infirmiers et tout le personnel, c’est un combat quotidien pour s’assurer que les patients gardent la force de poursuivre le traitement.’
jocelyne Madrilène, cheffe de mission
‘La plupart des gens n’ont presque jamais entendu parler de la leishmaniose viscérale. cette maladie grave est mieux connue sous le nom de kala-azar, et son incidence en inde est parmi les plus élevées au monde. L’etat de Bihar concentre à lui seul jusqu’à 90% des cas. La maladie touche surtout les castes inférieures, les plus pauvres parmi les pauvres. au Bihar, le traitement le plus fréquent du kala-azar est ancien, dou-loureux et en plus, peu efficace. or, non traitée, cette maladie est presque toujours mortelle. a l’hôpital de hajipur, au Bihar, MSF utilise pour la première fois à grande échelle un médicament qui raccourcit le traitement à dix jours seulement, avec un taux de guérison de plus de 98%. nos patients en sont la preuve vivante. voir leur état s’améliorer de jour en jour est une chose merveilleuse.’ dr gaurab Mitra, médecin MSF
Santé mentale au cachemireDans la partie du Cachemire administrée par
l’Inde, MSF offre des soins de base et un
soutien psychosocial à une population trauma-
tisée par plus de 20 années de violences. En
2008, MSF a traité 6.324 patients dans son
programme de santé mentale et soutenu six
cliniques du district de Kupwara, offrant soins
de base et vaccinations, et assurant plus de
10.000 consultations.
Réponse d’urgenceAu fil des ans, MSF a effectué plusieurs inter-
ventions d’urgence à la suite de graves catas-
trophes naturelles. En septembre 2008, les
équipes ont fourni une assistance humanitaire
à des dizaines de milliers de personnes au
Bihar, déplacées suite à la crue de la rivière
Kosi. De nombreuses familles, déjà très
pauvres, ont perdu tous leurs biens. MSF a
fourni une assistance médicale aux victimes
de ces inondations et distribué des secours
non alimentaires tels que des bâches et couver-
tures à plus de 18.000 familles. En 2008, les
équipes ont assuré plus de 22.200 consulta-
tions médicales.
MSF travaille en Inde depuis 1999.
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indeMotiF d’inteRvention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santé • Catastrophe naturellepeRSonneL de teRRain 394
La tuberculose est un véritable fléau dans la
région du Caucase : selon les estimations, 10%
des nouveaux cas sont porteurs de souches
résistantes, mais la moitié des personnes déjà
traitées ont développé la DR-TB. En 2008, le
projet de Zugdidi a admis en moyenne six à
sept nouveaux patients atteints de DR-TB par
mois. Depuis son lancement en novembre
2006, il a permis de soigner plus de 150
patients. Bien que long et difficile vu ses
nombreux effets secondaires, le traitement a
été bien respecté. Toutefois, en raison de la
guerre, 30% des patients ont interrompu leur
traitement pendant une courte période.
En juillet 2008, un premier patient de Zugdidi
a achevé son traitement après avoir pris des
médicaments chaque jour pendant 20 mois.
Bien qu’il soit encore trop tôt pour le déclarer
totalement guéri vu les risques de rechute,
cette fin de traitement est encourageante.
Depuis, neuf autres patients de Zugdidi ont
achevé leur traitement.
En Abkhazie, MSF prend en charge des
patients à Gulripsh, près de la capitale
Soukhoumi. MSF soutient le programme
national de lutte contre la TB depuis 1999 et,
depuis 2001, se concentre sur la DR-TB. Depuis,
204 patients atteints de DR-TB ont entamé un
traitement, dont 38 en 2008. MSF a remis en
état l’hôpital près de Soukhoumi et lui a
fourni médicaments, matériel et équipements
de laboratoire. Un tiers des patients de MSF
ont peu de ressources et, sans le soutien psy-
chologique et social, le bois de chauffage, les
vêtements, une nutrition appropriée et
d’autres produits de première nécessité
fournis par MSF, beaucoup ne pourraient
respecter le traitement.
MSF a introduit des traitements antirétrovi-
raux (ARV) vitaux pour les co-infections VIH-TB
en Abkhazie. Actuellement, neuf patients sont
sous ARV. MSF soutient aussi les nouveaux
programmes nationaux contre la DR-TB dans
les villes géorgiennes de Tbilissi et
Abastoumani, assurant la formation des
infirmiers locaux et des conseillers affectés au
contrôle du respect des traitements.
Le programme d’accès aux soins pour les
personnes vulnérables d’Abkhazie a été réduit.
En 2008, 143 patients vulnérables, essentielle-
géoRgieMotiF d’inteRvention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 164
MSF soigne la tuberculose résistante (dR-tB) en abkhazie, une région sépa-ratiste de la République de géorgie, et à Zugdidi, dans l’ouest du pays. en août 2008, une guerre a éclaté dans une autre région séparatiste du Sud de l’ossétie, provoquant la fuite de milliers de personnes.
patients séropositifs sous ARV, dont un quart a
été transféré dans le programme VIH/sida
national.
Soins primaires au chhattisgarh et dans l’andhra pradesh Un conflit de faible intensité entre des rebelles
maoïstes et les forces gouvernementales a forcé
des dizaines de milliers de personnes à fuir
dans des camps du gouvernement ou à se
cacher dans la jungle, pratiquement sans accès
aux soins. MSF fournit des soins primaires et un
soutien nutritionnel aux déplacés des camps du
Chhattisgarh, aux communautés locales du
district de Bijapur, et dans les campements
établis autour de villages dans la zone fronta-
lière entre l’Andhra Pradesh et le Chhattisgarh.
En 2008, les cliniques mobiles de MSF y ont
assuré 32.600 consultations et ont traité plus de
3.300 patients atteints de paludisme dans les
districts de Bijapur et Dantewada.
kala-azar (leishmaniose viscérale) au BiharDans le district de Vaishali, au Bihar, MSF dia-
gnostique et traite gratuitement le kala-azar. En
2008, plus de 4.800 patients ont subi un dépis-
tage et 1.974 ont été traités par amphotéricine B
liposomale – un traitement relativement
nouveau pour cette maladie. Le taux de
guérison est très élevé : plus de 98% des patients.
ment des personnes âgées, ont été admis dans
ce programme.
aider les personnes déplacéesEn août 2008, des dizaines de milliers de
personnes ont été déplacées suite aux combats.
A Tbilissi et Gori, MSF a offert des services
médicaux et un soutien psychologique aux
personnes forcées de fuir. MSF a assuré 8.500
consultations médicales, dont plus de 30%
pour des affections chroniques. Beaucoup
souffraient de dépression, angoisses, stress
post-traumatique et troubles psychologiques.
MSF s’est efforcé d’éviter toute interruption
des traitements contre la DR-TB. Ainsi, le
personnel national a pris le relais du person-
nel international de MSF, évacué en raison des
violences. La plupart des patients ont pour-
suivi leur traitement, ce qui est vital car toute
interruption peut entraîner une rechute ou
des complications.
MSF travaille en Géorgie depuis 1993.
Malgré la croissance économique rapide du pays, des millions de per-sonnes n’ont que peu, voire pas accès aux soins. MSF fournit une assistance médicale aux victimes de conflits ou catastrophes naturelles en zone rurale, et offre des traitements contre la tuberculose (tB) et le vih/sida aux groupes marginalisés de Bombay et du Manipur.
MSF soigne gratuitement les groupes suscepti-
bles d’être marginalisés tels que les trans-
sexuels, prostituées ou homosexuels qui n’ont
pu accéder aux traitements VIH/sida via le
système de santé public. Dans une clinique du
sud de Bombay, MSF assure la prévention de la
transmission du VIH de la mère à l’enfant, et a
formé du personnel des ONG et du ministère
de la Santé au dépistage du VIH et au counsel-
ling. En 2008, MSF a mené plus de 4.200 consul-
tations à Bombay et placé plus de 300 patients
sous traitement antirétroviral (ARV).
Dans le nord-est, dans l’Etat du Manipur,
éprouvé par un conflit chronique de faible
intensité, MSF gère quatre cliniques offrant des
soins de base, des traitements du VIH/sida et de
la TB, du counselling, ainsi qu’une maternité.
En 2008, plus de 50.000 consultations ont eu
lieu au Manipur. A ce jour, MSF a placé 781
‘ces premières guérisons sont très encourageantes pour les 93 patients en traitement. pour les médecins, infirmiers et tout le personnel, c’est un combat quotidien pour s’assurer que les patients gardent la force de poursuivre le traitement.’
jocelyne Madrilène, cheffe de mission
‘La plupart des gens n’ont presque jamais entendu parler de la leishmaniose viscérale. cette maladie grave est mieux connue sous le nom de kala-azar, et son incidence en inde est parmi les plus élevées au monde. L’etat de Bihar concentre à lui seul jusqu’à 90% des cas. La maladie touche surtout les castes inférieures, les plus pauvres parmi les pauvres. au Bihar, le traitement le plus fréquent du kala-azar est ancien, dou-loureux et en plus, peu efficace. or, non traitée, cette maladie est presque toujours mortelle. a l’hôpital de hajipur, au Bihar, MSF utilise pour la première fois à grande échelle un médicament qui raccourcit le traitement à dix jours seulement, avec un taux de guérison de plus de 98%. nos patients en sont la preuve vivante. voir leur état s’améliorer de jour en jour est une chose merveilleuse.’ dr gaurab Mitra, médecin MSF
Santé mentale au cachemireDans la partie du Cachemire administrée par
l’Inde, MSF offre des soins de base et un
soutien psychosocial à une population trauma-
tisée par plus de 20 années de violences. En
2008, MSF a traité 6.324 patients dans son
programme de santé mentale et soutenu six
cliniques du district de Kupwara, offrant soins
de base et vaccinations, et assurant plus de
10.000 consultations.
Réponse d’urgenceAu fil des ans, MSF a effectué plusieurs inter-
ventions d’urgence à la suite de graves catas-
trophes naturelles. En septembre 2008, les
équipes ont fourni une assistance humanitaire
à des dizaines de milliers de personnes au
Bihar, déplacées suite à la crue de la rivière
Kosi. De nombreuses familles, déjà très
pauvres, ont perdu tous leurs biens. MSF a
fourni une assistance médicale aux victimes
de ces inondations et distribué des secours
non alimentaires tels que des bâches et couver-
tures à plus de 18.000 familles. En 2008, les
équipes ont assuré plus de 22.200 consulta-
tions médicales.
MSF travaille en Inde depuis 1999.
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ca
Se
interventions d’urgenceBien que le nombre d’urgences requérant l’aide
de MSF ait diminué en 2008, MSF a aidé les
survivants d’un fort séisme dans le centre de
Sulawesi en novembre, via des activités en
santé mentale et des cliniques mobiles. Près de
2.600 personnes ont reçu une formation psy-
chologique sur la gestion du stress et les consi-
gnes en cas de séisme. Plus de 1.000 patients
ont bénéficié de consultations médicales.
Lorsque le puissant cyclone Nargis a frappé le
Myanmar en mai 2008, l’équipe d’urgence de
MSF en Indonésie a réagi rapidement : en un
mois, huit vols charters ont acheminé 39.000
bâches, 14.400 kits d’hygiène et autres secours
– soit au total 260 tonnes – depuis la capitale,
Djakarta.
traiter une maladie négligéeEn étudiant l’opportunité d’utiliser des tests de
diagnostic rapide du paludisme dans l’Asmat,
un district marécageux et difficile d’accès dans
la province de Papouasie, MSF a découvert des
taux inquiétants de microfilaires, le parasite
responsable de la filariose lymphatique ou
éléphantiasis. Bien qu’endémique dans 304 des
414 districts d’Indonésie, cette maladie reste
négligée.
MSF a décidé d’intervenir en deux phases: une
campagne massive d’administration de médica-
ments, suivie par de la chirurgie pour les
patients souffrant de filariose chronique. La
campagne a été menée en collaboration avec
les autorités sanitaires locales, qui ont garanti
le suivi nécessaire durant les quatre prochaines
années. En trois mois, 36.644 patients ont été
traités dans sept sous-districts de l’Asmat et 36
opérations ont été pratiquées.
Santé maternelle et infantileLe paludisme, les diarrhées et les infections
respiratoires sont les principales causes de
mortalité et morbidité infantiles dans l’Asmat,
et les conditions de vie difficiles dans la forêt
tropicale et les marais aggravent les risques
sanitaires pour les femmes enceintes. En 2008,
MSF a poursuivi son programme visant à
améliorer l’accès aux soins primaires et aux
services d’urgence pour ces populations vulné-
rables, via l’établissement d’un système de
référence complet au niveau d’un village, et
l’entrée en fonction d’une salle d’opération à
Agats. MSF a formé du personnel à tous les
niveaux du système de santé, et a établi un
système sûr de transfusion sanguine et un
système radio permettant aux villageois d’ap-
peler un bateau-ambulance en cas d’urgence.
Plus de 8.000 consultations ont été assurées
par les cliniques mobiles dans les villages des
districts isolés. Beaucoup de villageois ne
connaissant pas la médecine moderne, des
activités de promotion de la santé ont été
menées.
MSF travaille en Indonésie depuis 1995.
kiRghiZStan
MSF lutte contre la TB dans une prison et un
centre de détention préventive près de la
capitale, Bichkek, dans le nord du pays. En
2008, MSF a contribué à traiter 400 patients
atteints de TB sensible aux médicaments, et 50
porteurs de souches résistantes aux médica-
ments de première ligne.
Ce projet est mis en œuvre en collaboration
avec le service médical de l’administration
pénitentiaire, le ministère de la Justice du
Kirghizistan et le Comité international de la
Croix-Rouge (CICR). MSF contribue au dépis-
tage et au diagnostic de tous les cas présumés
de TB parmi les prisonniers, ainsi qu’au traite-
ment de la TB sensible aux médicaments de
première ligne, tandis que le CICR se charge
du traitement des souches multirésistantes.
MSF a amélioré les cellules et les installations
prenant en charge la TB dans les prisons, a
équipé des laboratoires pour la TB, et continue
de fournir du matériel médical et de labora-
toire. En 2008, MSF a participé à l’établisse-
ment d’un système de diagnostic plus rapide
de la TB résistante aux médicaments de
première ligne dans le laboratoire national
pour la TB. MSF assure également le dépistage
et la vaccination contre l’hépatite B pour les
prisonniers tuberculeux. Les médecins et
assistants psychosociaux veillent à l’applica-
tion des protocoles de traitement et au respect
des traitements par les patients.
Les nouvelles dispositions garantiront une
séparation stricte des patients tuberculeux
afin d’éviter des infections croisées et de
nouvelles contaminations.
MSF travaille au Kirghizstan depuis 2005.
indonéSieMotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santé • Catastrophe naturelle • Endémie/épidémie peRSonneL de teRRain 137
en indonésie, MSF soigne les patients atteints de maladies infectieuses et les victimes de violences et de catastrophes naturelles depuis 1995. etant donné l’amélioration de la capacité du pays à répondre aux catastrophes naturelles, MSF a décidé de clore ses activités début 2009 mais a continué, en 2008, à surveiller la situation et répondre aux urgences, et à fournir des soins dans les zones reculées.
‘Les anciens prisonniers qui doivent poursuivre leur traitement se heurtent surtout au manque d’interaction et d’information entre les prisons et le monde extérieur. La tB est un problème social complexe aux multiples facettes qui ne peut être géré uniquement par un traitement médical. il existe une volonté politique de résoudre ces problèmes mais dans la réalité, il ne se passe pas grand-chose.’ Markus Frits, chef de mission
MotiF d’inteRvention • violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 48
La tuberculose (tB) est la principale cause de mortalité dans les prisons kirghi-zes. Sa prévalence y est environ 35 fois plus élevée que dans le secteur civil et la proportion de souches résistantes est très importante. Son développement est favorisé par une mauvaise aération, des cellules sombres et surpeuplées et une alimentation insuffisante. Les hôpitaux des prisons manquent de médicaments, matériel et personnel qualifié.
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interventions d’urgenceBien que le nombre d’urgences requérant l’aide
de MSF ait diminué en 2008, MSF a aidé les
survivants d’un fort séisme dans le centre de
Sulawesi en novembre, via des activités en
santé mentale et des cliniques mobiles. Près de
2.600 personnes ont reçu une formation psy-
chologique sur la gestion du stress et les consi-
gnes en cas de séisme. Plus de 1.000 patients
ont bénéficié de consultations médicales.
Lorsque le puissant cyclone Nargis a frappé le
Myanmar en mai 2008, l’équipe d’urgence de
MSF en Indonésie a réagi rapidement : en un
mois, huit vols charters ont acheminé 39.000
bâches, 14.400 kits d’hygiène et autres secours
– soit au total 260 tonnes – depuis la capitale,
Djakarta.
traiter une maladie négligéeEn étudiant l’opportunité d’utiliser des tests de
diagnostic rapide du paludisme dans l’Asmat,
un district marécageux et difficile d’accès dans
la province de Papouasie, MSF a découvert des
taux inquiétants de microfilaires, le parasite
responsable de la filariose lymphatique ou
éléphantiasis. Bien qu’endémique dans 304 des
414 districts d’Indonésie, cette maladie reste
négligée.
MSF a décidé d’intervenir en deux phases: une
campagne massive d’administration de médica-
ments, suivie par de la chirurgie pour les
patients souffrant de filariose chronique. La
campagne a été menée en collaboration avec
les autorités sanitaires locales, qui ont garanti
le suivi nécessaire durant les quatre prochaines
années. En trois mois, 36.644 patients ont été
traités dans sept sous-districts de l’Asmat et 36
opérations ont été pratiquées.
Santé maternelle et infantileLe paludisme, les diarrhées et les infections
respiratoires sont les principales causes de
mortalité et morbidité infantiles dans l’Asmat,
et les conditions de vie difficiles dans la forêt
tropicale et les marais aggravent les risques
sanitaires pour les femmes enceintes. En 2008,
MSF a poursuivi son programme visant à
améliorer l’accès aux soins primaires et aux
services d’urgence pour ces populations vulné-
rables, via l’établissement d’un système de
référence complet au niveau d’un village, et
l’entrée en fonction d’une salle d’opération à
Agats. MSF a formé du personnel à tous les
niveaux du système de santé, et a établi un
système sûr de transfusion sanguine et un
système radio permettant aux villageois d’ap-
peler un bateau-ambulance en cas d’urgence.
Plus de 8.000 consultations ont été assurées
par les cliniques mobiles dans les villages des
districts isolés. Beaucoup de villageois ne
connaissant pas la médecine moderne, des
activités de promotion de la santé ont été
menées.
MSF travaille en Indonésie depuis 1995.
kiRghiZStan
MSF lutte contre la TB dans une prison et un
centre de détention préventive près de la
capitale, Bichkek, dans le nord du pays. En
2008, MSF a contribué à traiter 400 patients
atteints de TB sensible aux médicaments, et 50
porteurs de souches résistantes aux médica-
ments de première ligne.
Ce projet est mis en œuvre en collaboration
avec le service médical de l’administration
pénitentiaire, le ministère de la Justice du
Kirghizistan et le Comité international de la
Croix-Rouge (CICR). MSF contribue au dépis-
tage et au diagnostic de tous les cas présumés
de TB parmi les prisonniers, ainsi qu’au traite-
ment de la TB sensible aux médicaments de
première ligne, tandis que le CICR se charge
du traitement des souches multirésistantes.
MSF a amélioré les cellules et les installations
prenant en charge la TB dans les prisons, a
équipé des laboratoires pour la TB, et continue
de fournir du matériel médical et de labora-
toire. En 2008, MSF a participé à l’établisse-
ment d’un système de diagnostic plus rapide
de la TB résistante aux médicaments de
première ligne dans le laboratoire national
pour la TB. MSF assure également le dépistage
et la vaccination contre l’hépatite B pour les
prisonniers tuberculeux. Les médecins et
assistants psychosociaux veillent à l’applica-
tion des protocoles de traitement et au respect
des traitements par les patients.
Les nouvelles dispositions garantiront une
séparation stricte des patients tuberculeux
afin d’éviter des infections croisées et de
nouvelles contaminations.
MSF travaille au Kirghizstan depuis 2005.
indonéSieMotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santé • Catastrophe naturelle • Endémie/épidémie peRSonneL de teRRain 137
en indonésie, MSF soigne les patients atteints de maladies infectieuses et les victimes de violences et de catastrophes naturelles depuis 1995. etant donné l’amélioration de la capacité du pays à répondre aux catastrophes naturelles, MSF a décidé de clore ses activités début 2009 mais a continué, en 2008, à surveiller la situation et répondre aux urgences, et à fournir des soins dans les zones reculées.
‘Les anciens prisonniers qui doivent poursuivre leur traitement se heurtent surtout au manque d’interaction et d’information entre les prisons et le monde extérieur. La tB est un problème social complexe aux multiples facettes qui ne peut être géré uniquement par un traitement médical. il existe une volonté politique de résoudre ces problèmes mais dans la réalité, il ne se passe pas grand-chose.’ Markus Frits, chef de mission
MotiF d’inteRvention • violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 48
La tuberculose (tB) est la principale cause de mortalité dans les prisons kirghi-zes. Sa prévalence y est environ 35 fois plus élevée que dans le secteur civil et la proportion de souches résistantes est très importante. Son développement est favorisé par une mauvaise aération, des cellules sombres et surpeuplées et une alimentation insuffisante. Les hôpitaux des prisons manquent de médicaments, matériel et personnel qualifié.
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des décennies de négligence ont entravé le développement et l’amélioration des soins de santé au népal. Les autorités médicales locales sont sous-équipées et manquent de personnel qualifié. présent dans le district montagneux de kalikot depuis 2005, MSF participe à la transformation du centre de santé local en hôpital de district et fournit des soins primaires et secondaires.
L’équipe MSF et le personnel médical du minis-
tère de la Santé ont assuré plus de 22.000
consultations ambulatoires et offert des médi-
caments à l’issue des consultations. L’hôpital a
admis 1.346 patients, et pratiqué 170 interven-
tions chirurgicales et 66 césariennes.
cliniques mobilesEn 2008, MSF a lancé un nouveau projet dans
le Teraï central, à la suite de troubles causés
par des tensions ethniques. Les cliniques
mobiles ont traité gratuitement 12.000
patients. Ce projet a récemment été étendu
pour soutenir des services de l’hôpital de
district, en particulier les soins materno-
infantiles et la chirurgie obstétrique
d’urgence.
accouchements sans risqueLes Népalaises ont peu accès aux soins prodi-
gués par des sages-femmes qualifiées. Le
respect des pratiques traditionnelles peut
entraîner des taux élevés de mortalité mater-
nelle et néonatale. Katrien Coppens, responsa-
ble des opérations, a été marquée par les récits
de femmes du Teraï : “Toutes avaient perdu au
moins un enfant durant la grossesse ou peu après
l’accouchement. Une femme m’a même raconté avoir
perdu quatre bébés. Dans cette zone surtout, il est
très important que les femmes enceintes et les
nouveau-nés passent des contrôles médicaux
réguliers.”
MSF sensibilise la communauté à la nécessité
pour les femmes de se rendre dans nos structu-
res médicales à temps et propose, entre autres,
du planning familial et des soins prénatals. En
novembre s’est ouverte une maison d’accueil
pour les patientes présentant une grossesse à
haut risque, telles que les femmes attendant
des jumeaux ou ayant des problèmes
médicaux. En y séjournant quelques temps
avant l’accouchement, les femmes augmentent
leurs chances d’un accouchement sans risque.
Lutte contre la malnutrition et le choléraTout au long de 2008, la malnutrition a été
source de préoccupation, les dépistages par
mesure du périmètre brachial révélant une
incidence globale de malnutrition aiguë de
10,8%. MSF a traité plusieurs milliers d’enfants
via ses programmes mobiles de nutrition
thérapeutique, et ouvert une clinique saison-
nière dans un site particulièrement isolé,
accessible uniquement au terme de deux jours
de marche sur des pistes de montagnes
abruptes. Les équipes ont préparé des structu-
besoin d’un traitement antirétroviral (ARV).
En réalité, moins de 20% d’entre eux en bénéfi-
cient. La plupart des traitements sont fournis
par MSF. Dans l’ancienne capitale Rangoon et
les Etats de Shan, Kachin et Rakhine et le
district de Thanintaryi, MSF fournit des soins
intégrés à 16.000 patients atteints du VIH/sida,
dont 11.000 reçoivent des ARV. Des campagnes
de prévention et d’éducation ciblent les
groupes à haut risque, notamment les prosti-
tués, les utilisateurs de drogues injectables et
les travailleurs migrants.
Atteignant ses limites en matière de distribu-
tion d’ARV, MSF a continué à plaider pour un
renforcement de l’aide, appelant le gouverne-
ment du Myanmar et la communauté interna-
tionale à améliorer rapidement les services
VIH, et surtout la fourniture d’ARV.
co-infection vih-tBDans tout le pays, MSF combat la tuberculose
(TB), une des infections opportunistes les plus
courantes chez les personnes atteintes du VIH/
sida. En 2008, MSF a admis plus de 2.800
patients tuberculeux dans ses cliniques et
donné aux plus vulnérables des suppléments
alimentaires et des allocations de transport.
Dans le district de Thanintaryi, dans le sud du
pays, MSF prend en charge la TB et le VIH dans
trois bidonvilles du district de Dawei. Dans
deux bidonvilles, MSF offre une éducation à la
santé et des diagnostics gratuits, ainsi que des
traitements dans une clinique depuis mars
2008 ; à Thayetchaung, MSF dispense égale-
ment des soins primaires.
paludismeLe paludisme est une des principales causes de
mortalité au Myanmar. MSF offre des dépista-
ges et traitements dans plusieurs endroits, où
la maladie est endémique. Ainsi, dans l’Etat de
Rakhine, MSF soutient 30 cliniques et trois
équipes de santé mobiles se consacrant au
diagnostic et au traitement. En 2008, le person-
nel y a traité plus de 200.000 cas de paludisme.
MSF travaille au Myanmar depuis 1992.
MyanMaRMotiF d’inteRvention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santé • catastrophe naturellepeRSonneL de teRRain 1.427
en mai 2008, le cyclone nargis a ravagé le delta de l’irrawaddy, faisant près de 130.000 morts ou disparus. ce désastre a été un coup dur pour une population exposée à la répres-sion, à la négligence et à un conflit de faible intensité depuis des décennies et vivant dans une terrible pauvreté, privée de ses droits humains fondamentaux.
Secours d’urgence après le cyclone nargis MSF est intervenu en urgence dans les 48 heures
suivant le cyclone. Alors que le gouvernement
limitait l’aide extérieure, MSF a fourni de la
nourriture, des abris, de l’eau, des soins et des
secours non alimentaires essentiels. Quand
l’accès s’est amélioré, MSF a étoffé ses program-
mes pour y inclure le soutien psychosocial.
Entre mai et novembre, environ 450 membres
du personnel ont aidé une population de plus
de 520.000 personnes dans quatre bidonvilles -
Laputta, Ngapudaw, Phya Pon, Bogaley (compre-
nant plus de 1.000 villages), jusqu’à ce que les
besoins urgents soient comblés. Toutefois,
plusieurs activités de MSF, en particulier la
nutrition et la santé mentale, ont été mainte-
nues dans certaines des zones les plus difficiles
à atteindre, où l’aide n’était pas adéquate. Ces
programmes ont pris fin mais le soutien à la
reconstruction (moyens de subsistance, nutri-
tion, eau et assainissement, en particulier)
demeure essentiel dans tout le delta.
aide aux populations vulnérablesToujours sous-financé, le système de santé
n’aide guère les centaines de milliers de person-
nes atteintes de maladies infectieuses pouvant
être traitées, telles que le paludisme, la tubercu-
lose et le VIH/sida. Le gouvernement ne consacre
que 0,3% de son produit intérieur brut aux soins
de santé, soit la plus faible proportion au
monde. L’aide officielle au développement est
aussi une des plus basses par habitant.
Le vih/Sida n’est pas une fatalité Selon les estimations, le pays compterait
240.000 séropositifs, dont 76.000 ont d’urgence
res d’urgence pour enrayer le choléra dans un
lieu très propice à son développement en
raison du manque d’eau, d’assainissement et
d’hygiène. Plus de 2.200 consultations ont été
assurées et plus de 450 enfants ont été admis
dans le programme nutritionnel.
crues de la rivière koshiLe 18 août, la rivière Koshi est sortie de son lit.
Environ deux millions d’habitants ont été
affectés au Népal et en Inde. MSF a déployé
une équipe du côté népalais où quelque 50.000
personnes étaient directement touchées.
Pendant deux mois, les équipes se sont concen-
trées sur les urgences médicales et la préven-
tion du choléra.
En 2009, MSF transférera son projet de Kalikot
au ministère népalais de la Santé et de la
Population. MSF maintiendra une présence au
Teraï et une capacité de réponse rapide aux
urgences.
MSF travaille au Népal depuis 2002.
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des décennies de négligence ont entravé le développement et l’amélioration des soins de santé au népal. Les autorités médicales locales sont sous-équipées et manquent de personnel qualifié. présent dans le district montagneux de kalikot depuis 2005, MSF participe à la transformation du centre de santé local en hôpital de district et fournit des soins primaires et secondaires.
L’équipe MSF et le personnel médical du minis-
tère de la Santé ont assuré plus de 22.000
consultations ambulatoires et offert des médi-
caments à l’issue des consultations. L’hôpital a
admis 1.346 patients, et pratiqué 170 interven-
tions chirurgicales et 66 césariennes.
cliniques mobilesEn 2008, MSF a lancé un nouveau projet dans
le Teraï central, à la suite de troubles causés
par des tensions ethniques. Les cliniques
mobiles ont traité gratuitement 12.000
patients. Ce projet a récemment été étendu
pour soutenir des services de l’hôpital de
district, en particulier les soins materno-
infantiles et la chirurgie obstétrique
d’urgence.
accouchements sans risqueLes Népalaises ont peu accès aux soins prodi-
gués par des sages-femmes qualifiées. Le
respect des pratiques traditionnelles peut
entraîner des taux élevés de mortalité mater-
nelle et néonatale. Katrien Coppens, responsa-
ble des opérations, a été marquée par les récits
de femmes du Teraï : “Toutes avaient perdu au
moins un enfant durant la grossesse ou peu après
l’accouchement. Une femme m’a même raconté avoir
perdu quatre bébés. Dans cette zone surtout, il est
très important que les femmes enceintes et les
nouveau-nés passent des contrôles médicaux
réguliers.”
MSF sensibilise la communauté à la nécessité
pour les femmes de se rendre dans nos structu-
res médicales à temps et propose, entre autres,
du planning familial et des soins prénatals. En
novembre s’est ouverte une maison d’accueil
pour les patientes présentant une grossesse à
haut risque, telles que les femmes attendant
des jumeaux ou ayant des problèmes
médicaux. En y séjournant quelques temps
avant l’accouchement, les femmes augmentent
leurs chances d’un accouchement sans risque.
Lutte contre la malnutrition et le choléraTout au long de 2008, la malnutrition a été
source de préoccupation, les dépistages par
mesure du périmètre brachial révélant une
incidence globale de malnutrition aiguë de
10,8%. MSF a traité plusieurs milliers d’enfants
via ses programmes mobiles de nutrition
thérapeutique, et ouvert une clinique saison-
nière dans un site particulièrement isolé,
accessible uniquement au terme de deux jours
de marche sur des pistes de montagnes
abruptes. Les équipes ont préparé des structu-
besoin d’un traitement antirétroviral (ARV).
En réalité, moins de 20% d’entre eux en bénéfi-
cient. La plupart des traitements sont fournis
par MSF. Dans l’ancienne capitale Rangoon et
les Etats de Shan, Kachin et Rakhine et le
district de Thanintaryi, MSF fournit des soins
intégrés à 16.000 patients atteints du VIH/sida,
dont 11.000 reçoivent des ARV. Des campagnes
de prévention et d’éducation ciblent les
groupes à haut risque, notamment les prosti-
tués, les utilisateurs de drogues injectables et
les travailleurs migrants.
Atteignant ses limites en matière de distribu-
tion d’ARV, MSF a continué à plaider pour un
renforcement de l’aide, appelant le gouverne-
ment du Myanmar et la communauté interna-
tionale à améliorer rapidement les services
VIH, et surtout la fourniture d’ARV.
co-infection vih-tBDans tout le pays, MSF combat la tuberculose
(TB), une des infections opportunistes les plus
courantes chez les personnes atteintes du VIH/
sida. En 2008, MSF a admis plus de 2.800
patients tuberculeux dans ses cliniques et
donné aux plus vulnérables des suppléments
alimentaires et des allocations de transport.
Dans le district de Thanintaryi, dans le sud du
pays, MSF prend en charge la TB et le VIH dans
trois bidonvilles du district de Dawei. Dans
deux bidonvilles, MSF offre une éducation à la
santé et des diagnostics gratuits, ainsi que des
traitements dans une clinique depuis mars
2008 ; à Thayetchaung, MSF dispense égale-
ment des soins primaires.
paludismeLe paludisme est une des principales causes de
mortalité au Myanmar. MSF offre des dépista-
ges et traitements dans plusieurs endroits, où
la maladie est endémique. Ainsi, dans l’Etat de
Rakhine, MSF soutient 30 cliniques et trois
équipes de santé mobiles se consacrant au
diagnostic et au traitement. En 2008, le person-
nel y a traité plus de 200.000 cas de paludisme.
MSF travaille au Myanmar depuis 1992.
MyanMaRMotiF d’inteRvention • Conflit armé • Endémie/épidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santé • catastrophe naturellepeRSonneL de teRRain 1.427
en mai 2008, le cyclone nargis a ravagé le delta de l’irrawaddy, faisant près de 130.000 morts ou disparus. ce désastre a été un coup dur pour une population exposée à la répres-sion, à la négligence et à un conflit de faible intensité depuis des décennies et vivant dans une terrible pauvreté, privée de ses droits humains fondamentaux.
Secours d’urgence après le cyclone nargis MSF est intervenu en urgence dans les 48 heures
suivant le cyclone. Alors que le gouvernement
limitait l’aide extérieure, MSF a fourni de la
nourriture, des abris, de l’eau, des soins et des
secours non alimentaires essentiels. Quand
l’accès s’est amélioré, MSF a étoffé ses program-
mes pour y inclure le soutien psychosocial.
Entre mai et novembre, environ 450 membres
du personnel ont aidé une population de plus
de 520.000 personnes dans quatre bidonvilles -
Laputta, Ngapudaw, Phya Pon, Bogaley (compre-
nant plus de 1.000 villages), jusqu’à ce que les
besoins urgents soient comblés. Toutefois,
plusieurs activités de MSF, en particulier la
nutrition et la santé mentale, ont été mainte-
nues dans certaines des zones les plus difficiles
à atteindre, où l’aide n’était pas adéquate. Ces
programmes ont pris fin mais le soutien à la
reconstruction (moyens de subsistance, nutri-
tion, eau et assainissement, en particulier)
demeure essentiel dans tout le delta.
aide aux populations vulnérablesToujours sous-financé, le système de santé
n’aide guère les centaines de milliers de person-
nes atteintes de maladies infectieuses pouvant
être traitées, telles que le paludisme, la tubercu-
lose et le VIH/sida. Le gouvernement ne consacre
que 0,3% de son produit intérieur brut aux soins
de santé, soit la plus faible proportion au
monde. L’aide officielle au développement est
aussi une des plus basses par habitant.
Le vih/Sida n’est pas une fatalité Selon les estimations, le pays compterait
240.000 séropositifs, dont 76.000 ont d’urgence
res d’urgence pour enrayer le choléra dans un
lieu très propice à son développement en
raison du manque d’eau, d’assainissement et
d’hygiène. Plus de 2.200 consultations ont été
assurées et plus de 450 enfants ont été admis
dans le programme nutritionnel.
crues de la rivière koshiLe 18 août, la rivière Koshi est sortie de son lit.
Environ deux millions d’habitants ont été
affectés au Népal et en Inde. MSF a déployé
une équipe du côté népalais où quelque 50.000
personnes étaient directement touchées.
Pendant deux mois, les équipes se sont concen-
trées sur les urgences médicales et la préven-
tion du choléra.
En 2009, MSF transférera son projet de Kalikot
au ministère népalais de la Santé et de la
Population. MSF maintiendra une présence au
Teraï et une capacité de réponse rapide aux
urgences.
MSF travaille au Népal depuis 2002.
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Se pakiStanMotiF d’inteRvention • Conflit armé • Violence sociale/exclusion des soins de santé peRSonneL de teRRain 478
en 2008, les attaques contre les civils se sont multipliées, faisant des centai-nes de milliers de déplacés. La santé et les conditions de vie se sont fortement détériorées, dans un pays où la morta-lité maternelle et infantile était déjà élevée. dans la province de la Frontière du nord-ouest, les régions tribales sous administration fédérale et au Balouchistan, les femmes et les enfants des zones rurales sont très vulnérables en raison du manque de personnel médical et des services de santé ina-bordables. alors que les besoins se sont grandement accrus, l’insécurité et des attaques ciblées contre les humanitai-res rendent toute assistance très difficile.
l’armée, l’ambulance de MSF, un des seuls
véhicules autorisés à circuler, a transporté 700
patients en cinq mois, surtout des femmes
enceintes et des victimes de violences. Ce
service a toutefois été suspendu à Swat, après
que deux membres du personnel de MSF ont
été tués dans des tirs croisés.
De même, à Kurram Agency, la violence et
l’insécurité dues aux groupes armés actifs dans
la zone rendent l’assistance de plus en plus
difficile. Outre des soins materno-infantiles,
notamment des services de chirurgie obstétri-
que et de néonatologie, les équipes MSF ont
fourni des secours d’urgence durant les heurts
et des biens non alimentaires aux déplacés.
Réponse au séismeEn octobre, un séisme de magnitude 6.4 dans
la zone montagneuse du nord-ouest du
Balouchistan a détruit la plupart des maisons
en briques de terre, et contraint les habitants à
dormir dehors dans le froid, par crainte des
répliques. Selon les chiffres officiels, ce séisme
a fait environ 300 morts, 35.000 blessés et
40.000 sans-abri. MSF a fourni une aide
médicale d’urgence, des secours et des soins
en santé mentale.
traiter la leishmanioseDans le district de Mansehra, MSF a établi un
programme pour traiter la leishmaniose, une
parasitose affectant, selon les estimations de
En 2008, MSF a soutenu une clinique à Lae, la
deuxième métropole du pays, située sur la côte
est de l’île. Au Centre d’aide pour les femmes et
les enfants, le personnel de MSF offre des soins
médicaux et psychosociaux aux survivantes de
violences sexuelles et conjugales. En décembre
2008, un an après l’ouverture de la clinique,
l’équipe avait traité plus de 2.500 patients.
Depuis septembre 2008, MSF offre des soins
chirurgicaux à l’hôpital local de la ville de Tari,
dans l’ouest de l’île, abandonné depuis dix ans
en raison de l’insécurité. MSF assure les soins
d’urgence, notamment la chirurgie pour les
survivants de violences, et les soins
obstétriques. Après seulement trois mois
d’activité, fin décembre, MSF avait effectué
plus de 1.000 consultations.
MSF travaille en Papouasie Nouvelle Guinée depuis
2007.
papouaSie nouveLLe guinéeMotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 32
d’après l’organisation mondiale de la Santé, près de 40% de la population vit en dessous du seuil national de pauvreté. La violence à tous les niveaux de la société fait peser un lourd fardeau sur la santé, et ses causes sont complexes. d’après le rapport 2008 de ausaid, le programme d’aide au développement de l’australie, deux femmes sur trois sont victimes de violences conjugales et la moitié des femmes du pays ont été violées dans le cadre de conflits tribaux.
Dans les régions de Bajaur Agency, Swat et
Mohmand, les attaques suicides, bombarde-
ments et combats ont tué ou blessé des centai-
nes de personnes, et déplacé des milliers de
gens à plusieurs reprises. En octobre, un pic de
violence a fait affluer en quelques jours
environ 600.000 personnes vers les régions
voisines ainsi qu’à Islamabad, Lahore et
Karachi. Plus de deux tiers des déplacés ont
trouvé refuge dans des familles d’accueil ; les
autres, dans des mosquées, écoles et camps de
fortune. MSF a fourni des secours de base
(nourriture, kits d’hygiène, abris, couvertures
et tapis), et installé des systèmes d’eau et
d’assainissement dans les camps. Les équipes
ont adapté les programmes de soins primaires
pour répondre à la brusque augmentation du
nombre de victimes de violences. Elles ont
fourni du matériel médical pour traiter les
blessés de guerre, contribué aux références de
patients et, avec les structures locales, fourni
des traitements contre les diarrhées dues à la
mauvaise qualité de l’eau.
Lorsque des cliniques locales ont fermé par
crainte de l’insécurité, MSF a ouvert des clini-
ques mobiles en partenariat avec des prestatai-
res locaux et établi un service d’ambulance
clairement identifiable pour acheminer les
patients en toute sécurité dans les hôpitaux.
Durant les nombreux couvre-feux imposés par
naomi, 30 ans, mère célibataire, bénévole contre le vih/sida, vit à Lae.“j’ai été victime d’un vol et d’un viol. ils ont pris mon sac puis l’un m’a poursuivie et quand je suis tombée, il a tenté de me poignarder et m’a violée. après cela, je revoyais toujours la scène et je faisais des cauchemars. quand je suis allée voir la psychologue, elle m’a parlé et m’a dit que ce n’était pas de ma faute. elle m’a aidée. j’ai suivi ses conseils et cela m’a aidée. je suis heureuse maintenant. en tant que patiente ici, je vais essayer de faire connaître les traitements et le counselling aux femmes et enfants violés.”
MSF, 60 à 70% des enfants dans certains
villages. Les cas sont envoyés à l’hôpital de
Darband, où une équipe médicale de MSF
travaille dans les services ambulatoire et
d’hospitalisation, et participe à la prise en
charge des urgences.
aider les réfugiésPlus au sud, au Balouchistan, MSF aide les
réfugiés afghans en soutenant les soins
materno-infantiles à Kuchlak, une ville proche
de la capitale, Quetta. Dans la ville frontalière
de Chaman, les services de santé peinant à
fournir des soins aux résidents, MSF offre aux
communautés locales et aux patients afghans
des soins en santé génésique, notamment des
soins obstétriques d’urgence, des services de
néonatalogie et un soutien nutritionnel.
En septembre, MSF a été autorisé à ouvrir de
nouveaux projets dans les districts de
Jafarabad et Nasirabad après la découverte de
cas de malnutrition. En fin d’année, le pro-
gramme de nutrition avait admis 1.300 enfants
et les soins materno-infantiles étaient intégrés
dans le programme.
MSF travaille au Pakistan depuis 2000.
“il est difficile de se faire accepter quand on commence à travailler dans une nouvelle zone. une mère avait parcouru une longue distance sur une charrette tirée par un âne pour amener son bébé de deux ans. il souffrait de malnutrition sévère, et nous avons dû lui donner une nourriture thérapeutique spéciale, riche en vitamines et minéraux. La première fois, la mère est venue seule avec le bébé, mais quand elle est revenue pour un contrôle, elle était accompagnée de sa mère et sa belle-mère. Le bébé se portait déjà beaucoup mieux et elles avaient toutes les larmes aux yeux. il souffrait d’une carence en vitamines a, probablement depuis la naissance, et était aveugle. elles ont expliqué qu’il avait l’habitude de rester couché sans bouger mais maintenant il devenait un peu plus actif. j’ai vu des larmes de joie et de bonheur couler sur le visage de la mère. ces larmes, mieux que les mots, me font sentir que ce que je fais vaut vraiment la peine.” aleem Shah, chargé de programmes au Balouchistan
in MeMoRiaM
Le 1er février 2009, deux membres du personnel MSF ont été tués durant des combats dans le district de Swat, dans le nord-ouest du pakistan. Riaz ahmad, 24 ans, et nasar ali, 27 ans, avaient quitté Mingora, la ville principale de la vallée de Swat, dans deux ambulances pour ramener à l’hôpital les personnes blessées durant les combats qui sévissaient près de là, à charbagh. Bien que clairement identifiées comme des véhicules médicaux, leurs ambulances ont été prises sous le feu des belligérants à l’intérieur de charbagh et les deux hommes ont été tués.
tous deux travaillaient un jour de congé : tel était leur engagement envers MSF et les habitants de la vallée de Swat. ils nous manqueront énormément. Leur dévoue-ment restera une source d’inspiration pour beaucoup au sein de MSF et au-delà.
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Se pakiStanMotiF d’inteRvention • Conflit armé • Violence sociale/exclusion des soins de santé peRSonneL de teRRain 478
en 2008, les attaques contre les civils se sont multipliées, faisant des centai-nes de milliers de déplacés. La santé et les conditions de vie se sont fortement détériorées, dans un pays où la morta-lité maternelle et infantile était déjà élevée. dans la province de la Frontière du nord-ouest, les régions tribales sous administration fédérale et au Balouchistan, les femmes et les enfants des zones rurales sont très vulnérables en raison du manque de personnel médical et des services de santé ina-bordables. alors que les besoins se sont grandement accrus, l’insécurité et des attaques ciblées contre les humanitai-res rendent toute assistance très difficile.
l’armée, l’ambulance de MSF, un des seuls
véhicules autorisés à circuler, a transporté 700
patients en cinq mois, surtout des femmes
enceintes et des victimes de violences. Ce
service a toutefois été suspendu à Swat, après
que deux membres du personnel de MSF ont
été tués dans des tirs croisés.
De même, à Kurram Agency, la violence et
l’insécurité dues aux groupes armés actifs dans
la zone rendent l’assistance de plus en plus
difficile. Outre des soins materno-infantiles,
notamment des services de chirurgie obstétri-
que et de néonatologie, les équipes MSF ont
fourni des secours d’urgence durant les heurts
et des biens non alimentaires aux déplacés.
Réponse au séismeEn octobre, un séisme de magnitude 6.4 dans
la zone montagneuse du nord-ouest du
Balouchistan a détruit la plupart des maisons
en briques de terre, et contraint les habitants à
dormir dehors dans le froid, par crainte des
répliques. Selon les chiffres officiels, ce séisme
a fait environ 300 morts, 35.000 blessés et
40.000 sans-abri. MSF a fourni une aide
médicale d’urgence, des secours et des soins
en santé mentale.
traiter la leishmanioseDans le district de Mansehra, MSF a établi un
programme pour traiter la leishmaniose, une
parasitose affectant, selon les estimations de
En 2008, MSF a soutenu une clinique à Lae, la
deuxième métropole du pays, située sur la côte
est de l’île. Au Centre d’aide pour les femmes et
les enfants, le personnel de MSF offre des soins
médicaux et psychosociaux aux survivantes de
violences sexuelles et conjugales. En décembre
2008, un an après l’ouverture de la clinique,
l’équipe avait traité plus de 2.500 patients.
Depuis septembre 2008, MSF offre des soins
chirurgicaux à l’hôpital local de la ville de Tari,
dans l’ouest de l’île, abandonné depuis dix ans
en raison de l’insécurité. MSF assure les soins
d’urgence, notamment la chirurgie pour les
survivants de violences, et les soins
obstétriques. Après seulement trois mois
d’activité, fin décembre, MSF avait effectué
plus de 1.000 consultations.
MSF travaille en Papouasie Nouvelle Guinée depuis
2007.
papouaSie nouveLLe guinéeMotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 32
d’après l’organisation mondiale de la Santé, près de 40% de la population vit en dessous du seuil national de pauvreté. La violence à tous les niveaux de la société fait peser un lourd fardeau sur la santé, et ses causes sont complexes. d’après le rapport 2008 de ausaid, le programme d’aide au développement de l’australie, deux femmes sur trois sont victimes de violences conjugales et la moitié des femmes du pays ont été violées dans le cadre de conflits tribaux.
Dans les régions de Bajaur Agency, Swat et
Mohmand, les attaques suicides, bombarde-
ments et combats ont tué ou blessé des centai-
nes de personnes, et déplacé des milliers de
gens à plusieurs reprises. En octobre, un pic de
violence a fait affluer en quelques jours
environ 600.000 personnes vers les régions
voisines ainsi qu’à Islamabad, Lahore et
Karachi. Plus de deux tiers des déplacés ont
trouvé refuge dans des familles d’accueil ; les
autres, dans des mosquées, écoles et camps de
fortune. MSF a fourni des secours de base
(nourriture, kits d’hygiène, abris, couvertures
et tapis), et installé des systèmes d’eau et
d’assainissement dans les camps. Les équipes
ont adapté les programmes de soins primaires
pour répondre à la brusque augmentation du
nombre de victimes de violences. Elles ont
fourni du matériel médical pour traiter les
blessés de guerre, contribué aux références de
patients et, avec les structures locales, fourni
des traitements contre les diarrhées dues à la
mauvaise qualité de l’eau.
Lorsque des cliniques locales ont fermé par
crainte de l’insécurité, MSF a ouvert des clini-
ques mobiles en partenariat avec des prestatai-
res locaux et établi un service d’ambulance
clairement identifiable pour acheminer les
patients en toute sécurité dans les hôpitaux.
Durant les nombreux couvre-feux imposés par
naomi, 30 ans, mère célibataire, bénévole contre le vih/sida, vit à Lae.“j’ai été victime d’un vol et d’un viol. ils ont pris mon sac puis l’un m’a poursuivie et quand je suis tombée, il a tenté de me poignarder et m’a violée. après cela, je revoyais toujours la scène et je faisais des cauchemars. quand je suis allée voir la psychologue, elle m’a parlé et m’a dit que ce n’était pas de ma faute. elle m’a aidée. j’ai suivi ses conseils et cela m’a aidée. je suis heureuse maintenant. en tant que patiente ici, je vais essayer de faire connaître les traitements et le counselling aux femmes et enfants violés.”
MSF, 60 à 70% des enfants dans certains
villages. Les cas sont envoyés à l’hôpital de
Darband, où une équipe médicale de MSF
travaille dans les services ambulatoire et
d’hospitalisation, et participe à la prise en
charge des urgences.
aider les réfugiésPlus au sud, au Balouchistan, MSF aide les
réfugiés afghans en soutenant les soins
materno-infantiles à Kuchlak, une ville proche
de la capitale, Quetta. Dans la ville frontalière
de Chaman, les services de santé peinant à
fournir des soins aux résidents, MSF offre aux
communautés locales et aux patients afghans
des soins en santé génésique, notamment des
soins obstétriques d’urgence, des services de
néonatalogie et un soutien nutritionnel.
En septembre, MSF a été autorisé à ouvrir de
nouveaux projets dans les districts de
Jafarabad et Nasirabad après la découverte de
cas de malnutrition. En fin d’année, le pro-
gramme de nutrition avait admis 1.300 enfants
et les soins materno-infantiles étaient intégrés
dans le programme.
MSF travaille au Pakistan depuis 2000.
“il est difficile de se faire accepter quand on commence à travailler dans une nouvelle zone. une mère avait parcouru une longue distance sur une charrette tirée par un âne pour amener son bébé de deux ans. il souffrait de malnutrition sévère, et nous avons dû lui donner une nourriture thérapeutique spéciale, riche en vitamines et minéraux. La première fois, la mère est venue seule avec le bébé, mais quand elle est revenue pour un contrôle, elle était accompagnée de sa mère et sa belle-mère. Le bébé se portait déjà beaucoup mieux et elles avaient toutes les larmes aux yeux. il souffrait d’une carence en vitamines a, probablement depuis la naissance, et était aveugle. elles ont expliqué qu’il avait l’habitude de rester couché sans bouger mais maintenant il devenait un peu plus actif. j’ai vu des larmes de joie et de bonheur couler sur le visage de la mère. ces larmes, mieux que les mots, me font sentir que ce que je fais vaut vraiment la peine.” aleem Shah, chargé de programmes au Balouchistan
in MeMoRiaM
Le 1er février 2009, deux membres du personnel MSF ont été tués durant des combats dans le district de Swat, dans le nord-ouest du pakistan. Riaz ahmad, 24 ans, et nasar ali, 27 ans, avaient quitté Mingora, la ville principale de la vallée de Swat, dans deux ambulances pour ramener à l’hôpital les personnes blessées durant les combats qui sévissaient près de là, à charbagh. Bien que clairement identifiées comme des véhicules médicaux, leurs ambulances ont été prises sous le feu des belligérants à l’intérieur de charbagh et les deux hommes ont été tués.
tous deux travaillaient un jour de congé : tel était leur engagement envers MSF et les habitants de la vallée de Swat. ils nous manqueront énormément. Leur dévoue-ment restera une source d’inspiration pour beaucoup au sein de MSF et au-delà.
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82.000 en l’espace de quelques mois, prenant
de court les structures de santé locales.
Les équipes MSF ont également mis en place
des cliniques mobiles dans dix lieux de rassem-
blement des déplacés, et effectué quelque
3.000 consultations médicales. La plupart des
cas pathologiques étaient directement liés aux
conditions de vie précaires : dormant dehors
ou buvant de l’eau contaminée, beaucoup
souffraient d’infections des voies respiratoires
ou de diarrhées.
MSF a commencé à travailler aux Philippines en
2008.
Certains déplacés ont trouvé refuge dans des
familles d’accueil, bien que nombre d’entre
elles aient déjà atteint les limites de leurs
faibles ressources. D’autres vivent dans des
abris de fortune, dans les forêts avoisinantes
ou le long des routes ; d’autres encore se sont
installés dans les centres d’évacuation établis
par le gouvernement.
MSF fournit aux déplacés des traitements
médicaux, de l’eau potable et des systèmes
d’assainissement dans la région XII et l’ARMM
(Région autonome du Mindanao musulman).
Par ailleurs, MSF a fourni un soutien au per-
sonnel et des médicaments aux centres de
santé dépassés par l’afflux de nouveaux
patients. Ainsi, dans la ville de Datu Piang, par
exemple, la population est passée de 42.000 à
population vit dans un état constant de peur et
d’intimidation, qui limite gravement l’accès
aux soins.
En 2008, MSF a soutenu les hôpitaux locaux
dans les zones contrôlées par le gouvernement
près des lignes de front, à Point Pedro, Vavuniya
et Mannar. MSF a aussi travaillé à Kilinochchi
(district de Vanni), un territoire contrôlé par les
LTTE, jusqu’à ce que le gouvernement ordonne
à toutes les ONG de quitter la zone de conflit en
septembre. Les projets ont offert un soutien
médical et chirurgical ainsi que des soins
gynécologiques et obstétriques et des soins
d’urgence. En 2008, MSF a pratiqué 2.550 accou-
chements et 1.885 interventions chirurgicales
en partenariat avec le ministère de la Santé.
A Point Pedro, à l’extrémité nord de la péninsule
de Jaffna, l’hôpital dessert une population de
100.000 habitants mais manque de spécialistes
Le conflit entre l’armée sri-lankaise et les tigres tamouls (Ltte) s’est aggravé en 2008. en janvier, le gou-vernement a rompu les six années de cessez-le-feu et a intensifié ses attaques militaires contre les Ltte, reprenant progressivement le contrôle de territoires clés détenus par les rebelles dans le nord.
De lourds combats ont repris sur les lignes de
front, qui ont aggravé le sort des civils, déjà
opprimés depuis des années par diverses
milices opérant en toute impunité. Exposée aux
enlèvements, exécutions illégales, arrestations
arbitraires et restrictions de mouvements, la
phiLippineSMotiF d’inteRvention • Conflit armépeRSonneL de teRRain 2
SRi LankaMotiF d’inteRvention • Conflit armé • Catastrophe naturellepeRSonneL de teRRain 128
soutient aussi une ONG locale spécialisée en
santé mentale, en formant son personnel et en
offrant une supervision clinique pour améliorer
la qualité des soins proposés.
Jusqu’en septembre 2008, MSF travaillait à
Kilinochchi, dans la zone contrôlée par les
LTTE. La plupart des habitants de la zone de
conflit ont dû fuir et vivent dans une situation
précaire. En novembre, de fortes inondations
ont détruit les rizières, ce qui a encore aggravé
les conditions de vie à Vanni. Les inondations
ont aussi fait des milliers de déplacés à Point
Pedro. MSF a lancé une intervention d’urgence
et distribué des secours tels que de la nourri-
ture, des couvertures et des seaux. Les soins
chirurgicaux et obstétriques d’urgence de MSF
à l’hôpital de Mannar ont pris fin en décembre
2008.
MSF travaille au Sri Lanka depuis 2007.
qualifiés, matériel médical et médicaments. Des
restrictions aux mouvements pour des raisons
de sécurité entravent les transferts de patients
vers l’hôpital universitaire de Jaffna, seul centre
de référence. Des consultations prénatales et
chirurgicales ont eu lieu dans deux autres
hôpitaux locaux en partenariat avec le person-
nel du ministère de la Santé. MSF a préparé le
personnel hospitalier à l’afflux massif de blessés
en le formant aux soins médicaux et paramédi-
caux d’urgence, et a donné aux infirmiers une
formation spécifique en matière d’hygiène, de
pansements et d’observation des patients.
Dans le district de Vavuniya, MSF soutient
l’hôpital général depuis 2006 avec des spécialis-
tes, tels que des chirurgiens, des anesthésistes
et des techniciens de laboratoire. Après une
évaluation nutritionnelle générale dans le
district, plus de 150 enfants ont été traités dans
le programme mobile de nutrition. MSF
depuis la suspension des négociations de paix entre le gouvernement philip-pin et le Front Moro de Libération islamique (FMLi) en août 2008, les combats ont repris dans certaines parties de l’île de Mindanao. La violence soudaine a entraîné le déplacement de centaines de milliers de personnes. cette période d’incertitude a duré cinq mois ; à leur retour, certains ont dû constater qu’ils avaient tout perdu, leurs villages ayant été détruits par les flammes.
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82.000 en l’espace de quelques mois, prenant
de court les structures de santé locales.
Les équipes MSF ont également mis en place
des cliniques mobiles dans dix lieux de rassem-
blement des déplacés, et effectué quelque
3.000 consultations médicales. La plupart des
cas pathologiques étaient directement liés aux
conditions de vie précaires : dormant dehors
ou buvant de l’eau contaminée, beaucoup
souffraient d’infections des voies respiratoires
ou de diarrhées.
MSF a commencé à travailler aux Philippines en
2008.
Certains déplacés ont trouvé refuge dans des
familles d’accueil, bien que nombre d’entre
elles aient déjà atteint les limites de leurs
faibles ressources. D’autres vivent dans des
abris de fortune, dans les forêts avoisinantes
ou le long des routes ; d’autres encore se sont
installés dans les centres d’évacuation établis
par le gouvernement.
MSF fournit aux déplacés des traitements
médicaux, de l’eau potable et des systèmes
d’assainissement dans la région XII et l’ARMM
(Région autonome du Mindanao musulman).
Par ailleurs, MSF a fourni un soutien au per-
sonnel et des médicaments aux centres de
santé dépassés par l’afflux de nouveaux
patients. Ainsi, dans la ville de Datu Piang, par
exemple, la population est passée de 42.000 à
population vit dans un état constant de peur et
d’intimidation, qui limite gravement l’accès
aux soins.
En 2008, MSF a soutenu les hôpitaux locaux
dans les zones contrôlées par le gouvernement
près des lignes de front, à Point Pedro, Vavuniya
et Mannar. MSF a aussi travaillé à Kilinochchi
(district de Vanni), un territoire contrôlé par les
LTTE, jusqu’à ce que le gouvernement ordonne
à toutes les ONG de quitter la zone de conflit en
septembre. Les projets ont offert un soutien
médical et chirurgical ainsi que des soins
gynécologiques et obstétriques et des soins
d’urgence. En 2008, MSF a pratiqué 2.550 accou-
chements et 1.885 interventions chirurgicales
en partenariat avec le ministère de la Santé.
A Point Pedro, à l’extrémité nord de la péninsule
de Jaffna, l’hôpital dessert une population de
100.000 habitants mais manque de spécialistes
Le conflit entre l’armée sri-lankaise et les tigres tamouls (Ltte) s’est aggravé en 2008. en janvier, le gou-vernement a rompu les six années de cessez-le-feu et a intensifié ses attaques militaires contre les Ltte, reprenant progressivement le contrôle de territoires clés détenus par les rebelles dans le nord.
De lourds combats ont repris sur les lignes de
front, qui ont aggravé le sort des civils, déjà
opprimés depuis des années par diverses
milices opérant en toute impunité. Exposée aux
enlèvements, exécutions illégales, arrestations
arbitraires et restrictions de mouvements, la
phiLippineSMotiF d’inteRvention • Conflit armépeRSonneL de teRRain 2
SRi LankaMotiF d’inteRvention • Conflit armé • Catastrophe naturellepeRSonneL de teRRain 128
soutient aussi une ONG locale spécialisée en
santé mentale, en formant son personnel et en
offrant une supervision clinique pour améliorer
la qualité des soins proposés.
Jusqu’en septembre 2008, MSF travaillait à
Kilinochchi, dans la zone contrôlée par les
LTTE. La plupart des habitants de la zone de
conflit ont dû fuir et vivent dans une situation
précaire. En novembre, de fortes inondations
ont détruit les rizières, ce qui a encore aggravé
les conditions de vie à Vanni. Les inondations
ont aussi fait des milliers de déplacés à Point
Pedro. MSF a lancé une intervention d’urgence
et distribué des secours tels que de la nourri-
ture, des couvertures et des seaux. Les soins
chirurgicaux et obstétriques d’urgence de MSF
à l’hôpital de Mannar ont pris fin en décembre
2008.
MSF travaille au Sri Lanka depuis 2007.
qualifiés, matériel médical et médicaments. Des
restrictions aux mouvements pour des raisons
de sécurité entravent les transferts de patients
vers l’hôpital universitaire de Jaffna, seul centre
de référence. Des consultations prénatales et
chirurgicales ont eu lieu dans deux autres
hôpitaux locaux en partenariat avec le person-
nel du ministère de la Santé. MSF a préparé le
personnel hospitalier à l’afflux massif de blessés
en le formant aux soins médicaux et paramédi-
caux d’urgence, et a donné aux infirmiers une
formation spécifique en matière d’hygiène, de
pansements et d’observation des patients.
Dans le district de Vavuniya, MSF soutient
l’hôpital général depuis 2006 avec des spécialis-
tes, tels que des chirurgiens, des anesthésistes
et des techniciens de laboratoire. Après une
évaluation nutritionnelle générale dans le
district, plus de 150 enfants ont été traités dans
le programme mobile de nutrition. MSF
depuis la suspension des négociations de paix entre le gouvernement philip-pin et le Front Moro de Libération islamique (FMLi) en août 2008, les combats ont repris dans certaines parties de l’île de Mindanao. La violence soudaine a entraîné le déplacement de centaines de milliers de personnes. cette période d’incertitude a duré cinq mois ; à leur retour, certains ont dû constater qu’ils avaient tout perdu, leurs villages ayant été détruits par les flammes.
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important du projet. Trois psychologues
offrent un soutien en santé mentale, et MSF
est responsable de la distribution de nourri-
ture et de secours non alimentaires dans le
camp.
Dans la province de Phang Nga, MSF soigne les
clandestins birmans venus travailler en
Thaïlande. MSF gère des cliniques mobiles sur
les lieux de travail des migrants et soutient
l’hôpital et les dispensaires locaux. En 2008,
plus de 3.600 consultations médicales ambula-
toires et 235 hospitalisations ont été assurées,
ainsi que 1.500 consultations prénatales et 222
accouchements. En décembre a été entamé le
transfert des activités, qui devrait s’achever à
la mi-2009.
MSF travaille en Thaïlande depuis 1985.
VIH/sida et la société civile thaïe dans leur
combat pour l’accès à des traitements aborda-
bles de qualité, via la production de génériques.
Largement vantée pour son accès universel aux
ARV, la Thaïlande a progressivement amélioré
la capacité et la qualité de la prise en charge
proposée. Le gouvernement ayant réussi à
améliorer l’accès des minorités ethniques et des
migrants à son programme national de santé,
MSF a progressivement transféré tous ses
projets VIH/sida courant 2008.
tuberculose : Mae SotLa tuberculose (TB) est endémique en
Thaïlande et au Myanmar et représente un
grave problème pour une population dont
l’accès aux soins est limité. A Mae sot, à la
frontière birmano-thaïe, MSF soigne les clan-
destins birmans souffrant de TB et TB multiré-
sistante (MDR-TB) depuis 1999. En 2008, MSF a
assuré 4.620 consultations médicales, et dia-
thaïLande
MSF est présent au Turkménistan depuis
1999 et travaille actuellement à Magdanly,
dans la région orientale isolée de Lebap
Velayat. MSF y soutient les services de santé
maternelle et infantile et le laboratoire de
l’hôpital de district.
MSF agit en qualité de conseiller, mène des
visites dans les dispensaires proches et
s’emploie surtout à former les médecins et
infirmiers locaux aux normes internationa-
les de traitement des maladies. Les équipes
ont aussi remis en état les installations
médicales locales et ont fourni des médica-
ments, du matériel médical et des équipe-
ments de laboratoire.
MSF négocie pour lancer à Turkmenabad, la
deuxième ville du pays, un nouveau projet,
centré sur le traitement de la TB, y compris
ses formes résistantes, et des co-infections
par le VIH. Il sera le premier service de ce
type disponible au Turkménistan.
MSF travaille au Turkménistan depuis 1999.
au turkménistan, le contexte limite la capacité de MSF à mettre en œuvre des programmes médicaux efficaces. Le pays dispose de peu de données fiables sur la mortalité et la morbidité : officiellement, des maladies telles que le vih/sida n’existent pas et la vraie prévalence d’autres maladies infec-tieuses est très difficile à établir. dès lors, les personnes atteintes de ces maladies ne peuvent obtenir de traite-ments, leur état s’aggrave et les risques pour la santé publique augmentent.
gnostiqué la TB chez 319 patients, dont 43 ont
entamé un traitement contre la MDR-TB. MSF
offre aussi une prise en charge VIH/sida et des
ARV aux patients séropositifs et co-infectés. En
2008, 2.085 consultations VIH ont été données
et 52 nouveaux patients atteints du VIH/sida
ont été admis dans le programme.
paludisme : Sangklaburi/état MonA Sangklaburi, à la frontière avec le Myanmar,
MSF gère un projet transfrontalier contre le
paludisme, endémique dans cette zone ; il
soutient l’ethnie Mon vivant dans des camps
de réinstallation et des villages de l’État Mon
(Myanmar). MSF a assuré 13.542 consultations
en 2008, confirmé 4.260 cas de paludisme et
distribué 8.381 moustiquaires, répondant aux
besoins de 16.698 habitants. MSF a aussi fourni
des médicaments essentiels à neuf dispensai-
res de l’État Mon, et mène régulièrement de
petites campagnes de vaccination.
Fournir des soins primaires aux réfugiés hmongsDepuis juillet 2005, MSF offre des soins primai-
res aux Hmongs laotiens dans le camp de Huai
Nam Khao, dans la province de Petchabun, au
nord du pays. En 2008, le gouvernement thaï a
rapatrié plus de 2.000 personnes au Laos, ne
laissant que 5.700 Hmongs au Petchabun en
fin d’année. En signe de protestation, les
Hmongs ont organisé une marche ; des centai-
nes ont entamé une grève de la faim, et le
camp a été incendié. L’accès à l’eau potable et
les conditions sanitaires des déplacés sont
restées inadéquates pendant des semaines.
Seule organisation médicale active au
Petchabun, MSF a dénoncé de manière répétée
le rapatriement forcé des Hmongs. En 2008,
MSF a assuré plus de 27.600 consultations,
surtout pour des infections respiratoires et
cutanées et des diarrhées, et notamment plus
de 2.500 consultations prénatales, un axe
MotiF d’inteRvention • Conflit armé • Endémie/Epidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 221
MSF fournit une assistance médicale aux déplacés et aux groupes vulnéra-bles, minorités ethniques et migrants n’ayant pas d’autre accès aux soins de santé.
vih/Sida : transfert des projets En introduisant les traitements antirétroviraux
(ARV) en Thaïlande fin 2000, MSF a pu prouver
qu’il était possible d’utiliser des traitements
complexes à vie pour le VIH/sida dans des
contextes moins développés. En étroite collabo-
ration avec le ministère de la Santé et des
partenaires locaux, MSF a offert une prise en
charge à des milliers de patients au fil des ans.
MSF a aussi soutenu les groupes de patients
patchara, 43 ans, purge la dernière année de sa peine de trois ans et demi à la prison Minburi, à Bangkok. “j’ai été dépistée pour le vih dans une autre prison. La stigmatisation était grande à l’époque. il n’y avait pas de médicaments contre le vih/sida là-bas et on voyait les femmes mourir les unes après les autres.”
patchara a développé sa première infection opportuniste à Minburi, où MSF travaillait en partenariat avec les autorités pénitentiaires pour fournir des traitements contre le vih/sida. “a Minburi, l’atmosphère était très différente de ce que j’avais connu auparavant. Le personnel m’a encouragée à faire une prise de sang et offert un soutien moral, et j’ai commencé les aRv en mars 2006.”
pour patchara, l’accès à l’information a joué un rôle crucial dans l’évolution des mentalités et l’accès au traitement : “je parle de ma maladie ; il n’y a pas de discrimination ici parce que nous connaissons les modes de transmission et que nous savons que vih ne signifie pas mort. Les groupes pour prisonniers séropositifs sont un vrai soutien et je peux les consulter quand je veux”.
tuRkMéniStanMotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santé • Endémie/épidémiepeRSonneL teRRain 65
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important du projet. Trois psychologues
offrent un soutien en santé mentale, et MSF
est responsable de la distribution de nourri-
ture et de secours non alimentaires dans le
camp.
Dans la province de Phang Nga, MSF soigne les
clandestins birmans venus travailler en
Thaïlande. MSF gère des cliniques mobiles sur
les lieux de travail des migrants et soutient
l’hôpital et les dispensaires locaux. En 2008,
plus de 3.600 consultations médicales ambula-
toires et 235 hospitalisations ont été assurées,
ainsi que 1.500 consultations prénatales et 222
accouchements. En décembre a été entamé le
transfert des activités, qui devrait s’achever à
la mi-2009.
MSF travaille en Thaïlande depuis 1985.
VIH/sida et la société civile thaïe dans leur
combat pour l’accès à des traitements aborda-
bles de qualité, via la production de génériques.
Largement vantée pour son accès universel aux
ARV, la Thaïlande a progressivement amélioré
la capacité et la qualité de la prise en charge
proposée. Le gouvernement ayant réussi à
améliorer l’accès des minorités ethniques et des
migrants à son programme national de santé,
MSF a progressivement transféré tous ses
projets VIH/sida courant 2008.
tuberculose : Mae SotLa tuberculose (TB) est endémique en
Thaïlande et au Myanmar et représente un
grave problème pour une population dont
l’accès aux soins est limité. A Mae sot, à la
frontière birmano-thaïe, MSF soigne les clan-
destins birmans souffrant de TB et TB multiré-
sistante (MDR-TB) depuis 1999. En 2008, MSF a
assuré 4.620 consultations médicales, et dia-
thaïLande
MSF est présent au Turkménistan depuis
1999 et travaille actuellement à Magdanly,
dans la région orientale isolée de Lebap
Velayat. MSF y soutient les services de santé
maternelle et infantile et le laboratoire de
l’hôpital de district.
MSF agit en qualité de conseiller, mène des
visites dans les dispensaires proches et
s’emploie surtout à former les médecins et
infirmiers locaux aux normes internationa-
les de traitement des maladies. Les équipes
ont aussi remis en état les installations
médicales locales et ont fourni des médica-
ments, du matériel médical et des équipe-
ments de laboratoire.
MSF négocie pour lancer à Turkmenabad, la
deuxième ville du pays, un nouveau projet,
centré sur le traitement de la TB, y compris
ses formes résistantes, et des co-infections
par le VIH. Il sera le premier service de ce
type disponible au Turkménistan.
MSF travaille au Turkménistan depuis 1999.
au turkménistan, le contexte limite la capacité de MSF à mettre en œuvre des programmes médicaux efficaces. Le pays dispose de peu de données fiables sur la mortalité et la morbidité : officiellement, des maladies telles que le vih/sida n’existent pas et la vraie prévalence d’autres maladies infec-tieuses est très difficile à établir. dès lors, les personnes atteintes de ces maladies ne peuvent obtenir de traite-ments, leur état s’aggrave et les risques pour la santé publique augmentent.
gnostiqué la TB chez 319 patients, dont 43 ont
entamé un traitement contre la MDR-TB. MSF
offre aussi une prise en charge VIH/sida et des
ARV aux patients séropositifs et co-infectés. En
2008, 2.085 consultations VIH ont été données
et 52 nouveaux patients atteints du VIH/sida
ont été admis dans le programme.
paludisme : Sangklaburi/état MonA Sangklaburi, à la frontière avec le Myanmar,
MSF gère un projet transfrontalier contre le
paludisme, endémique dans cette zone ; il
soutient l’ethnie Mon vivant dans des camps
de réinstallation et des villages de l’État Mon
(Myanmar). MSF a assuré 13.542 consultations
en 2008, confirmé 4.260 cas de paludisme et
distribué 8.381 moustiquaires, répondant aux
besoins de 16.698 habitants. MSF a aussi fourni
des médicaments essentiels à neuf dispensai-
res de l’État Mon, et mène régulièrement de
petites campagnes de vaccination.
Fournir des soins primaires aux réfugiés hmongsDepuis juillet 2005, MSF offre des soins primai-
res aux Hmongs laotiens dans le camp de Huai
Nam Khao, dans la province de Petchabun, au
nord du pays. En 2008, le gouvernement thaï a
rapatrié plus de 2.000 personnes au Laos, ne
laissant que 5.700 Hmongs au Petchabun en
fin d’année. En signe de protestation, les
Hmongs ont organisé une marche ; des centai-
nes ont entamé une grève de la faim, et le
camp a été incendié. L’accès à l’eau potable et
les conditions sanitaires des déplacés sont
restées inadéquates pendant des semaines.
Seule organisation médicale active au
Petchabun, MSF a dénoncé de manière répétée
le rapatriement forcé des Hmongs. En 2008,
MSF a assuré plus de 27.600 consultations,
surtout pour des infections respiratoires et
cutanées et des diarrhées, et notamment plus
de 2.500 consultations prénatales, un axe
MotiF d’inteRvention • Conflit armé • Endémie/Epidémie • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 221
MSF fournit une assistance médicale aux déplacés et aux groupes vulnéra-bles, minorités ethniques et migrants n’ayant pas d’autre accès aux soins de santé.
vih/Sida : transfert des projets En introduisant les traitements antirétroviraux
(ARV) en Thaïlande fin 2000, MSF a pu prouver
qu’il était possible d’utiliser des traitements
complexes à vie pour le VIH/sida dans des
contextes moins développés. En étroite collabo-
ration avec le ministère de la Santé et des
partenaires locaux, MSF a offert une prise en
charge à des milliers de patients au fil des ans.
MSF a aussi soutenu les groupes de patients
patchara, 43 ans, purge la dernière année de sa peine de trois ans et demi à la prison Minburi, à Bangkok. “j’ai été dépistée pour le vih dans une autre prison. La stigmatisation était grande à l’époque. il n’y avait pas de médicaments contre le vih/sida là-bas et on voyait les femmes mourir les unes après les autres.”
patchara a développé sa première infection opportuniste à Minburi, où MSF travaillait en partenariat avec les autorités pénitentiaires pour fournir des traitements contre le vih/sida. “a Minburi, l’atmosphère était très différente de ce que j’avais connu auparavant. Le personnel m’a encouragée à faire une prise de sang et offert un soutien moral, et j’ai commencé les aRv en mars 2006.”
pour patchara, l’accès à l’information a joué un rôle crucial dans l’évolution des mentalités et l’accès au traitement : “je parle de ma maladie ; il n’y a pas de discrimination ici parce que nous connaissons les modes de transmission et que nous savons que vih ne signifie pas mort. Les groupes pour prisonniers séropositifs sont un vrai soutien et je peux les consulter quand je veux”.
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L’incidence de la MDR-TB dans la région, une
des plus élevées au monde, est estimée à 13%
parmi les nouveaux cas de TB et à 40% parmi
ceux qui ont été traités auparavant. Certains
patients développent des souches qui résistent
aux médicaments de deuxième ligne, destinés
à traiter la TB résistante.
En 2008, l’hôpital de MSF à Nukus, la capitale
régionale, a admis plus de 230 patients. Ce
nombre aurait pu être plus élevé si le ministère
de la Santé n’avait dû limiter les nouvelles
admissions en raison de l’approbation tardive
donnée pour l’approvisionnement en médica-
ments de deuxième ligne. En tout, 830 patients
ont été inscrits dans le programme MSF.
En moyenne, les patients atteints de MDR-TB
doivent être hospitalisés environ deux mois,
avant de poursuivre le traitement hors de
l’hôpital entre 18 mois et deux ans.
Cependant, pour diverses raisons, beaucoup
n’y parviennent pas. Le taux de succès du
Makset, 36 ans, est soigné pour la MdR-tB depuis août 2006. il était censé terminer son traitement en mai 2009. Lorsque son test d’expectoration a révélé qu’il n’était plus contagieux, il a pu quitter l’hôpital pour entamer la phase ambulatoire, mais est revenu peu de temps après. il habitait trop loin pour aller chercher son traite-ment régulièrement et n’avait rien à manger. il a été admis dans la zone réservée aux patients non tuberculeux pour être soigné. début 2009, il est redevenu contagieux et a dû être placé à nouveau dans le service pour tuberculeux. pendant plus de deux ans, Makset n’a quasiment pas quitté l’hôpital. comme lui, beaucoup de patients passent des mois dans la zone pour patients non tuberculeux parce qu’ils n’ont pas d’en-droit approprié où aller. certains sont sans-abri, d’autres ont été rejetés par leur famille en raison de la stigmatisation et de la peur engendrées par cette maladie.
ouZBékiStan
traitement est de 59%. MSF entend le porter à
plus de 70%.
A Nukus, MSF a équipé et soutient un labora-
toire moderne qui effectue les tests de sensibi-
lité pharmacologique. La composante
psychosociale du programme MSF est cruciale.
Elle permet aux patients de discuter avec un
conseiller de la gestion des effets secondaires,
et d’en apprendre plus sur la maladie, son
traitement ainsi que ses conséquences généra-
les sur leur vie. MSF soutient les dépistages et
le counselling volontaires pour le VIH/sida et
fournit au personnel local des formations
régulières sur des sujets divers : prévention
des infections et soins ambulatoires, gestion
des effets secondaires, nouvelles méthodes de
diagnostic, amélioration du respect du traite-
ment, collecte d’échantillons d’expectorations
et transport.
MSF travaille en Ouzbékistan depuis 1992.
MotiF d’inteRvention • Endémie/épidémiepeRSonneL de teRRain 96
dans le karakalpakstan, une région autonome d’ouzbékistan, MSF soigne la tuberculose multirésistante (MdR-tB). Beaucoup de patients doivent être hospitalisés. en cette deuxième année de transfert du projet au ministère de la Santé, la gestion des nouvelles admissions a été officiellement transférée en juillet 2008.
Les amériques
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L’incidence de la MDR-TB dans la région, une
des plus élevées au monde, est estimée à 13%
parmi les nouveaux cas de TB et à 40% parmi
ceux qui ont été traités auparavant. Certains
patients développent des souches qui résistent
aux médicaments de deuxième ligne, destinés
à traiter la TB résistante.
En 2008, l’hôpital de MSF à Nukus, la capitale
régionale, a admis plus de 230 patients. Ce
nombre aurait pu être plus élevé si le ministère
de la Santé n’avait dû limiter les nouvelles
admissions en raison de l’approbation tardive
donnée pour l’approvisionnement en médica-
ments de deuxième ligne. En tout, 830 patients
ont été inscrits dans le programme MSF.
En moyenne, les patients atteints de MDR-TB
doivent être hospitalisés environ deux mois,
avant de poursuivre le traitement hors de
l’hôpital entre 18 mois et deux ans.
Cependant, pour diverses raisons, beaucoup
n’y parviennent pas. Le taux de succès du
Makset, 36 ans, est soigné pour la MdR-tB depuis août 2006. il était censé terminer son traitement en mai 2009. Lorsque son test d’expectoration a révélé qu’il n’était plus contagieux, il a pu quitter l’hôpital pour entamer la phase ambulatoire, mais est revenu peu de temps après. il habitait trop loin pour aller chercher son traite-ment régulièrement et n’avait rien à manger. il a été admis dans la zone réservée aux patients non tuberculeux pour être soigné. début 2009, il est redevenu contagieux et a dû être placé à nouveau dans le service pour tuberculeux. pendant plus de deux ans, Makset n’a quasiment pas quitté l’hôpital. comme lui, beaucoup de patients passent des mois dans la zone pour patients non tuberculeux parce qu’ils n’ont pas d’en-droit approprié où aller. certains sont sans-abri, d’autres ont été rejetés par leur famille en raison de la stigmatisation et de la peur engendrées par cette maladie.
ouZBékiStan
traitement est de 59%. MSF entend le porter à
plus de 70%.
A Nukus, MSF a équipé et soutient un labora-
toire moderne qui effectue les tests de sensibi-
lité pharmacologique. La composante
psychosociale du programme MSF est cruciale.
Elle permet aux patients de discuter avec un
conseiller de la gestion des effets secondaires,
et d’en apprendre plus sur la maladie, son
traitement ainsi que ses conséquences généra-
les sur leur vie. MSF soutient les dépistages et
le counselling volontaires pour le VIH/sida et
fournit au personnel local des formations
régulières sur des sujets divers : prévention
des infections et soins ambulatoires, gestion
des effets secondaires, nouvelles méthodes de
diagnostic, amélioration du respect du traite-
ment, collecte d’échantillons d’expectorations
et transport.
MSF travaille en Ouzbékistan depuis 1992.
MotiF d’inteRvention • Endémie/épidémiepeRSonneL de teRRain 96
dans le karakalpakstan, une région autonome d’ouzbékistan, MSF soigne la tuberculose multirésistante (MdR-tB). Beaucoup de patients doivent être hospitalisés. en cette deuxième année de transfert du projet au ministère de la Santé, la gestion des nouvelles admissions a été officiellement transférée en juillet 2008.
Les amériques
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BoLivie
MotiF d’inteRvention • Endémie/épidémiepeRSonneL de teRRain 33
L’accès au diagnostic et au traitement de la maladie de chagas, endémique sur 60% du territoire bolivien, est limité, et il n’existe guère de traitement pour les patients de plus de 15 ans. MSF traite les adultes ainsi que les enfants, et plaide pour un accès accru au traitement. a ce jour, les équipes MSF ont soigné près de 3.000 patients en Bolivie. Le défi pour elles consiste à démystifier cette maladie et à intégrer le traitement dans le système national de santé publique.
En 2005, MSF a ouvert un projet à Sucre, qui a
amélioré l’accès au diagnostic et au traitement
pour les moins de 18 ans dans cet environne-
ment semi-urbain. Le projet a clos en mars
2008.
A Cochabamba, MSF a collaboré avec le min-
istère de la Santé dans cinq centres de santé
pour intégrer la prise en charge de la maladie
de Chagas dans le système de santé. Le suivi
hebdomadaire des patients permet de détecter
les effets secondaires à temps pour transférer
les patients vers l’hôpital, si nécessaire. En
2008, plus de 500 patients ont été traités.
Clos en 2006, le projet de Tarija avait traité
près de 1.400 enfants. En 2008, 969 ont été
revus pour évaluer l’efficacité du traitement et
l’impact du projet à long terme.
MSF travaille en Bolivie depuis 1986.
pamela, de cochabamba, 21 ans, mère de griselda, 1 an, et kevin, 3 ans.‘un jour, j’attendais le médecin au centre de santé. une femme s’est approchée et a commencé à me parler de la maladie de chagas. je n’ai pas fait attention jusqu’à ce qu’elle mentionne que le vinchuca était l’insecte qui transmettait la maladie. j’ai réalisé que ma maison en était pleine quand j’étais enfant. elle m’a persuadée de faire le test. il était positif et ceux de mes enfants aussi. j’ai beaucoup pleuré. j’avais transmis la maladie quand j’étais enceinte. nous avons tous été traités et nous allons tous bien. je suis très recon-naissante d’avoir reçu le traitement gratuitement. il n’est gratuit que dans quelques centres de santé, et il est rare qu’il soit donné à des gens de plus de 15 ans.’
des groupes armés locaux contrôlent depuis des années les bidonvilles de Rio de janeiro, ou favelas. ils y recrutent des jeunes gens pour rejoin-dre leurs rangs, et imposent des règles sociales comprenant de sévères puni-tions pour ceux qui désobéissent. des milliers de personnes sont prises au piège de la violence associée aussi bien aux conflits territoriaux entre groupes armés qu’aux heurts entre ces groupes et la police. elles risquent d’être prises entre deux feux et gravement blessées dans leur vie quotidienne.
Une de ces favelas, Complexo do Alemão,
regroupe 11 communautés en bordure de Rio
et compte quelque 150.000 habitants. MSF y
gère une structure médicale offrant un
soutien psychosocial et des soins d’urgence
aux victimes des affrontements, afin
d’améliorer leurs chances de survie et de
rétablissement. Une fois stabilisés, les patients
sont renvoyés vers un hôpital public en dehors
de la communauté. En raison des points de
passage et des obstructions instaurés par les
groupes armés, seules les ambulances de MSF
peuvent entrer dans la zone et accéder aux
patients à domicile. Des patients présentant
d’autres urgences médicales, telles que la
forme hémorragique de la dengue, une
maladie saisonnière à Rio, ont aussi été reçus
au centre de MSF, qui a assuré 11.315 consulta-
tions en 2008. Près d’un tiers des patients
avaient moins de cinq ans.
Le climat permanent de violence a un grave
impact sur la santé mentale de la population.
MSF a fourni un soutien psychologique à
environ 900 patients en 2008. La plupart
avaient été pris dans les affrontements ou
avaient été témoins directs d’actes de violence.
Un sur dix avait eu un membre de sa famille
assassiné. Pour promouvoir les services dis-
ponibles au centre, une équipe de quatre
travailleurs communautaires est en contact
avec les écoles, les églises et autres institutions
locales, organise des activités dans les rues et
effectue des visites à domicile.
MSF travaille au Brésil depuis 1991.
‘ grâce au service d’urgence dans notre communauté, nous pouvons recevoir des soins médicaux beaucoup plus vite que si nous devions aller dans un autre hôpital.’ patient du service des urgences de MSF à complexo do alemão
‘ Ma mère est morte de la maladie de chagas quand j’étais petit ; maintenant j’ai 25 ans et j’ai réussi à obtenir le traitement.’ Rosario, patient du centre de santé de cerro verde
‘ un de nos buts est de réduire le laps de temps entre le traumatisme et l’hospitalisation. nous devons traiter le patient dans les 60 minutes suivant la blessure.’ gianfranco de Maio, médecin
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BoLivie
MotiF d’inteRvention • Endémie/épidémiepeRSonneL de teRRain 33
L’accès au diagnostic et au traitement de la maladie de chagas, endémique sur 60% du territoire bolivien, est limité, et il n’existe guère de traitement pour les patients de plus de 15 ans. MSF traite les adultes ainsi que les enfants, et plaide pour un accès accru au traitement. a ce jour, les équipes MSF ont soigné près de 3.000 patients en Bolivie. Le défi pour elles consiste à démystifier cette maladie et à intégrer le traitement dans le système national de santé publique.
En 2005, MSF a ouvert un projet à Sucre, qui a
amélioré l’accès au diagnostic et au traitement
pour les moins de 18 ans dans cet environne-
ment semi-urbain. Le projet a clos en mars
2008.
A Cochabamba, MSF a collaboré avec le min-
istère de la Santé dans cinq centres de santé
pour intégrer la prise en charge de la maladie
de Chagas dans le système de santé. Le suivi
hebdomadaire des patients permet de détecter
les effets secondaires à temps pour transférer
les patients vers l’hôpital, si nécessaire. En
2008, plus de 500 patients ont été traités.
Clos en 2006, le projet de Tarija avait traité
près de 1.400 enfants. En 2008, 969 ont été
revus pour évaluer l’efficacité du traitement et
l’impact du projet à long terme.
MSF travaille en Bolivie depuis 1986.
pamela, de cochabamba, 21 ans, mère de griselda, 1 an, et kevin, 3 ans.‘un jour, j’attendais le médecin au centre de santé. une femme s’est approchée et a commencé à me parler de la maladie de chagas. je n’ai pas fait attention jusqu’à ce qu’elle mentionne que le vinchuca était l’insecte qui transmettait la maladie. j’ai réalisé que ma maison en était pleine quand j’étais enfant. elle m’a persuadée de faire le test. il était positif et ceux de mes enfants aussi. j’ai beaucoup pleuré. j’avais transmis la maladie quand j’étais enceinte. nous avons tous été traités et nous allons tous bien. je suis très recon-naissante d’avoir reçu le traitement gratuitement. il n’est gratuit que dans quelques centres de santé, et il est rare qu’il soit donné à des gens de plus de 15 ans.’
des groupes armés locaux contrôlent depuis des années les bidonvilles de Rio de janeiro, ou favelas. ils y recrutent des jeunes gens pour rejoin-dre leurs rangs, et imposent des règles sociales comprenant de sévères puni-tions pour ceux qui désobéissent. des milliers de personnes sont prises au piège de la violence associée aussi bien aux conflits territoriaux entre groupes armés qu’aux heurts entre ces groupes et la police. elles risquent d’être prises entre deux feux et gravement blessées dans leur vie quotidienne.
Une de ces favelas, Complexo do Alemão,
regroupe 11 communautés en bordure de Rio
et compte quelque 150.000 habitants. MSF y
gère une structure médicale offrant un
soutien psychosocial et des soins d’urgence
aux victimes des affrontements, afin
d’améliorer leurs chances de survie et de
rétablissement. Une fois stabilisés, les patients
sont renvoyés vers un hôpital public en dehors
de la communauté. En raison des points de
passage et des obstructions instaurés par les
groupes armés, seules les ambulances de MSF
peuvent entrer dans la zone et accéder aux
patients à domicile. Des patients présentant
d’autres urgences médicales, telles que la
forme hémorragique de la dengue, une
maladie saisonnière à Rio, ont aussi été reçus
au centre de MSF, qui a assuré 11.315 consulta-
tions en 2008. Près d’un tiers des patients
avaient moins de cinq ans.
Le climat permanent de violence a un grave
impact sur la santé mentale de la population.
MSF a fourni un soutien psychologique à
environ 900 patients en 2008. La plupart
avaient été pris dans les affrontements ou
avaient été témoins directs d’actes de violence.
Un sur dix avait eu un membre de sa famille
assassiné. Pour promouvoir les services dis-
ponibles au centre, une équipe de quatre
travailleurs communautaires est en contact
avec les écoles, les églises et autres institutions
locales, organise des activités dans les rues et
effectue des visites à domicile.
MSF travaille au Brésil depuis 1991.
‘ grâce au service d’urgence dans notre communauté, nous pouvons recevoir des soins médicaux beaucoup plus vite que si nous devions aller dans un autre hôpital.’ patient du service des urgences de MSF à complexo do alemão
‘ Ma mère est morte de la maladie de chagas quand j’étais petit ; maintenant j’ai 25 ans et j’ai réussi à obtenir le traitement.’ Rosario, patient du centre de santé de cerro verde
‘ un de nos buts est de réduire le laps de temps entre le traumatisme et l’hospitalisation. nous devons traiter le patient dans les 60 minutes suivant la blessure.’ gianfranco de Maio, médecin
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S guateMaLaMotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 21
La guerre civile, la pauvreté, les gangs de rue, l’extension des cartels mexicains de la drogue et la faillite du système judiciaire ont favorisé une flambée de la criminalité et de la violence. en 2008, le pays a recensé en moyenne plus de 17 homicides par jour, le taux le plus élevé depuis la fin de la guerre civile.
honduRaSMotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santé peRSonneL de teRRain 46
Les jeunes sans-abri vivant dans les rues de la capitale tegucigalpa sont vulnérables : ils n’ont guère accès aux soins médicaux, vivent dans des condi-tions précaires et sont les premières cibles de la violence dans un environ-nement déjà volatil. L’an dernier, plus de 500 sans-abri de moins de 24 ans ont été assassinés à tegucigalpa.
MSF offre des traitements médicaux et psy-
chologiques et un suivi social dans un centre
thérapeutique de jour ouvert en 2005, à
Comayaguela, un quartier pauvre de la
capitale. En 2008, plus de 370 jeunes des rues y
ont été reçus.
MSF a traité 310 patients en 2008, souvent pour
des infections respiratoires, mais aussi pour
des dermatoses, problèmes dentaires, blessures
résultant de la violence et le VIH/sida.
MSF propose en outre à ceux qui viennent au
centre des vaccinations contre l’hépatite B et le
tétanos.
Les psychologues de MSF aident les jeunes à
faire face à la vie dans la rue, à la peur et à la
toxicomanie. Les équipes ont aussi établi un
système de référence médicale et psy-
chologique pour les patients qui ne peuvent
être traités au centre de jour. Ces patients ont
été adressés à l’hôpital psychiatrique pour
dépression, tentatives de suicide, épisodes
psychotiques ou syndrome de sevrage de
l’alcool.
MSF travaille au Honduras depuis 1988.
MotiF d’inteRvention • Conflit armé • Violence sociale/exclusion des soins de santé peRSonneL de teRRain 294
En 2008, les conflits territoriaux liés au trafic de drogue en Colombie ont forcé un nombre croissant de personnes à quitter leurs foyers, aggravant la crise humanitaire alarmante. L’aide aux plus vulnérables, y compris les soins de santé, est limitée. des soins en santé mentale pour les victimes de la violence sont nécessaires dans tout le pays. Les habitants des campagnes et des zones urbaines marginalisées continuent à souffrir de maladies faciles à éviter et à traiter.
Cette situation exacerbe les inégalités sociales,
la répartition injuste des richesses et
l’effritement du noyau familial. Une forte
incidence des violences sexuelles a été con-
statée : plus de 10.000 cas ont été officielle-
ment recensés au Guatemala l’an dernier.
Cette violence se concentre dans la capitale et
surtout en bordure de celle-ci, dans les zones
suburbaines 7 et 18. Depuis 2007, MSF y offre
une aide médicale et psychologique et des
médicaments, et forme le personnel du min-
istère national de la Santé. En 2008, plus de
400 victimes ont reçu une prise en charge
médicale et psychologique complète. Le volet
médical comprend un traitement présomptif
ou prophylactique pour prévenir le développe-
ment de toute maladie sexuellement transmis-
sible. L’an dernier, ce programme a été étendu
pour fournir plus de points d’accès aux
patients. MSF a installé un service 24h sur 24
dans le bureau du Ministère public guaté-
maltèque (bureau de signalement des
délits). Les femmes qui signalent un abus
sexuel peuvent y recevoir une aide médicale
et psychologique gratuite.
MSF a établi une nouvelle clinique mobile,
et projette d’installer un autre service
médical et psychologique ouvert 24h sur 24
à l’hôpital général de Guatemala City,
centre de référence pour les autres struc-
tures sanitaires.
A des fins de sensibilisation, MSF a mené de
vastes campagnes d’information auprès des
communautés, mais d’autres efforts sont
nécessaires pour améliorer les connais-
sances des professionnels de la santé, des
autorités et de la société en général.
MSF travaille au Guatemala depuis 1984.
coLoMBie
MSF travaille dans 17 des 32 départements de
Colombie, assurant soins primaires et préna-
tals, programmes en santé mentale et génési-
que, cliniques mobiles dans les zones urbaines
et rurales, soins obstétriques d’urgence, aide
aux victimes de violences sexuelles, assainisse-
ment, remise en état des structures de santé,
counselling volontaire, avortements et inter-
ventions d’urgence.
Dans la région d’Uraba, des cliniques mobiles
offrent des soins aux communautés les plus
isolées dans les zones rurales proches de Saiza
et Rio Sucio. MSF a aussi soutenu les services
hospitaliers, proposant des soins en santé
mentale et génésique, et a mené plus de 14.700
consultations. Dans le département de Norte de
Santander, les équipes ont aidé les communau-
tés isolées par le conflit à El Tarra et La Gabarra.
A travers des cliniques mobiles, elles ont offert
plus de 8.400 consultations aux personnes
ayant dû fuir leurs maisons en zone rurale.
Dans les départements de Sucre et Bolivar,
MSF a obtenu un meilleur accès à la région
contestée des Montes de Maria. MSF a fourni
des soins de base via ses cliniques mobiles,
assurant plus de 10.550 consultations. Les
services à Sincelejo se sont concentrés sur les
soins primaires et la santé génésique des
déplacés, l’aide aux victimes de violences
sexuelles et l’accès au dépistage du VIH et au
counselling.
A Buenaventura, en zone urbaine, MSF a établi
un dispensaire fixe, des cliniques mobiles dans
les alentours et un système de renvoi vers les
structures de santé publiques. Ce programme
a pris en charge les victimes de violences
sexuelles, la santé reproductive, les soins
pédiatriques et l’aide psychologique, assurant
8.375 consultations médicales. Une équipe
médicale mobile travaille aussi à la frontière
entre Meta et Guaviare, où 4.650 consultations
médicales ont eu lieu en 2008.
Dans les zones du sud-ouest de Tolima, où
l’accès aux soins s’est nettement amélioré,
MSF a recensé plus de 6.470 consultations
médicales.
A Barbacoas, Magui Payán et Roberto Payán,
des cliniques mobiles ont offert 8.670 consul-
tations médicales et 180 consultations psycho-
logiques. Le volet médical a été clos en octobre
2008, mais une équipe réduite est restée dans
la zone pour aider les déplacés qui continuent
à arriver à Barbacoas. Dans les municipalités
de Piamonte, département de Cauca, et de
Puerto Guzman, dans la province de
Putumayo, MSF a fourni des soins médicaux
(notamment psychologiques) et assuré la
promotion de la santé. En 2008, les cliniques
mobiles ont recensé 5.860 consultations médi-
cales et 755 consultations psychologiques.
MSF a clos son projet pour déplacés dans la
municipalité de Soacha, après dix ans d’acti-
vité et plus de 100.000 consultations.
Dans la région de Chocó, l’une des plus
pauvres du pays, MSF fournit des soins en
santé sexuelle et reproductive dans les zones
urbaines et rurales, et aide les victimes de
violences sexuelles. A Quibdó, la ville princi-
pale, MSF gère une clinique mobile urbaine et
soutient la maternité du seul hôpital offrant
des soins secondaires. A Istmina, une équipe
mobile se rend en bateau dans les villages
isolés sur les rives du fleuve San Juan, où
10.470 consultations ont eu lieu en 2008.
Dans la municipalité de Tame, les équipes MSF
ont assuré plus de 15.000 consultations en
soins primaires, planning familial, soins
prénatals et aide psychologique.
En 2008, MSF a répondu aux urgences engen-
drées par l’éruption du volcan Nevado del
Huila, dans le département de Cauca, et la
crue du San Juan, à Chocó.
MSF travaille en Colombie depuis 1985.
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S guateMaLaMotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 21
La guerre civile, la pauvreté, les gangs de rue, l’extension des cartels mexicains de la drogue et la faillite du système judiciaire ont favorisé une flambée de la criminalité et de la violence. en 2008, le pays a recensé en moyenne plus de 17 homicides par jour, le taux le plus élevé depuis la fin de la guerre civile.
honduRaSMotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santé peRSonneL de teRRain 46
Les jeunes sans-abri vivant dans les rues de la capitale tegucigalpa sont vulnérables : ils n’ont guère accès aux soins médicaux, vivent dans des condi-tions précaires et sont les premières cibles de la violence dans un environ-nement déjà volatil. L’an dernier, plus de 500 sans-abri de moins de 24 ans ont été assassinés à tegucigalpa.
MSF offre des traitements médicaux et psy-
chologiques et un suivi social dans un centre
thérapeutique de jour ouvert en 2005, à
Comayaguela, un quartier pauvre de la
capitale. En 2008, plus de 370 jeunes des rues y
ont été reçus.
MSF a traité 310 patients en 2008, souvent pour
des infections respiratoires, mais aussi pour
des dermatoses, problèmes dentaires, blessures
résultant de la violence et le VIH/sida.
MSF propose en outre à ceux qui viennent au
centre des vaccinations contre l’hépatite B et le
tétanos.
Les psychologues de MSF aident les jeunes à
faire face à la vie dans la rue, à la peur et à la
toxicomanie. Les équipes ont aussi établi un
système de référence médicale et psy-
chologique pour les patients qui ne peuvent
être traités au centre de jour. Ces patients ont
été adressés à l’hôpital psychiatrique pour
dépression, tentatives de suicide, épisodes
psychotiques ou syndrome de sevrage de
l’alcool.
MSF travaille au Honduras depuis 1988.
MotiF d’inteRvention • Conflit armé • Violence sociale/exclusion des soins de santé peRSonneL de teRRain 294
En 2008, les conflits territoriaux liés au trafic de drogue en Colombie ont forcé un nombre croissant de personnes à quitter leurs foyers, aggravant la crise humanitaire alarmante. L’aide aux plus vulnérables, y compris les soins de santé, est limitée. des soins en santé mentale pour les victimes de la violence sont nécessaires dans tout le pays. Les habitants des campagnes et des zones urbaines marginalisées continuent à souffrir de maladies faciles à éviter et à traiter.
Cette situation exacerbe les inégalités sociales,
la répartition injuste des richesses et
l’effritement du noyau familial. Une forte
incidence des violences sexuelles a été con-
statée : plus de 10.000 cas ont été officielle-
ment recensés au Guatemala l’an dernier.
Cette violence se concentre dans la capitale et
surtout en bordure de celle-ci, dans les zones
suburbaines 7 et 18. Depuis 2007, MSF y offre
une aide médicale et psychologique et des
médicaments, et forme le personnel du min-
istère national de la Santé. En 2008, plus de
400 victimes ont reçu une prise en charge
médicale et psychologique complète. Le volet
médical comprend un traitement présomptif
ou prophylactique pour prévenir le développe-
ment de toute maladie sexuellement transmis-
sible. L’an dernier, ce programme a été étendu
pour fournir plus de points d’accès aux
patients. MSF a installé un service 24h sur 24
dans le bureau du Ministère public guaté-
maltèque (bureau de signalement des
délits). Les femmes qui signalent un abus
sexuel peuvent y recevoir une aide médicale
et psychologique gratuite.
MSF a établi une nouvelle clinique mobile,
et projette d’installer un autre service
médical et psychologique ouvert 24h sur 24
à l’hôpital général de Guatemala City,
centre de référence pour les autres struc-
tures sanitaires.
A des fins de sensibilisation, MSF a mené de
vastes campagnes d’information auprès des
communautés, mais d’autres efforts sont
nécessaires pour améliorer les connais-
sances des professionnels de la santé, des
autorités et de la société en général.
MSF travaille au Guatemala depuis 1984.
coLoMBie
MSF travaille dans 17 des 32 départements de
Colombie, assurant soins primaires et préna-
tals, programmes en santé mentale et génési-
que, cliniques mobiles dans les zones urbaines
et rurales, soins obstétriques d’urgence, aide
aux victimes de violences sexuelles, assainisse-
ment, remise en état des structures de santé,
counselling volontaire, avortements et inter-
ventions d’urgence.
Dans la région d’Uraba, des cliniques mobiles
offrent des soins aux communautés les plus
isolées dans les zones rurales proches de Saiza
et Rio Sucio. MSF a aussi soutenu les services
hospitaliers, proposant des soins en santé
mentale et génésique, et a mené plus de 14.700
consultations. Dans le département de Norte de
Santander, les équipes ont aidé les communau-
tés isolées par le conflit à El Tarra et La Gabarra.
A travers des cliniques mobiles, elles ont offert
plus de 8.400 consultations aux personnes
ayant dû fuir leurs maisons en zone rurale.
Dans les départements de Sucre et Bolivar,
MSF a obtenu un meilleur accès à la région
contestée des Montes de Maria. MSF a fourni
des soins de base via ses cliniques mobiles,
assurant plus de 10.550 consultations. Les
services à Sincelejo se sont concentrés sur les
soins primaires et la santé génésique des
déplacés, l’aide aux victimes de violences
sexuelles et l’accès au dépistage du VIH et au
counselling.
A Buenaventura, en zone urbaine, MSF a établi
un dispensaire fixe, des cliniques mobiles dans
les alentours et un système de renvoi vers les
structures de santé publiques. Ce programme
a pris en charge les victimes de violences
sexuelles, la santé reproductive, les soins
pédiatriques et l’aide psychologique, assurant
8.375 consultations médicales. Une équipe
médicale mobile travaille aussi à la frontière
entre Meta et Guaviare, où 4.650 consultations
médicales ont eu lieu en 2008.
Dans les zones du sud-ouest de Tolima, où
l’accès aux soins s’est nettement amélioré,
MSF a recensé plus de 6.470 consultations
médicales.
A Barbacoas, Magui Payán et Roberto Payán,
des cliniques mobiles ont offert 8.670 consul-
tations médicales et 180 consultations psycho-
logiques. Le volet médical a été clos en octobre
2008, mais une équipe réduite est restée dans
la zone pour aider les déplacés qui continuent
à arriver à Barbacoas. Dans les municipalités
de Piamonte, département de Cauca, et de
Puerto Guzman, dans la province de
Putumayo, MSF a fourni des soins médicaux
(notamment psychologiques) et assuré la
promotion de la santé. En 2008, les cliniques
mobiles ont recensé 5.860 consultations médi-
cales et 755 consultations psychologiques.
MSF a clos son projet pour déplacés dans la
municipalité de Soacha, après dix ans d’acti-
vité et plus de 100.000 consultations.
Dans la région de Chocó, l’une des plus
pauvres du pays, MSF fournit des soins en
santé sexuelle et reproductive dans les zones
urbaines et rurales, et aide les victimes de
violences sexuelles. A Quibdó, la ville princi-
pale, MSF gère une clinique mobile urbaine et
soutient la maternité du seul hôpital offrant
des soins secondaires. A Istmina, une équipe
mobile se rend en bateau dans les villages
isolés sur les rives du fleuve San Juan, où
10.470 consultations ont eu lieu en 2008.
Dans la municipalité de Tame, les équipes MSF
ont assuré plus de 15.000 consultations en
soins primaires, planning familial, soins
prénatals et aide psychologique.
En 2008, MSF a répondu aux urgences engen-
drées par l’éruption du volcan Nevado del
Huila, dans le département de Cauca, et la
crue du San Juan, à Chocó.
MSF travaille en Colombie depuis 1985.
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S haïtiMotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santé • Catastrophe naturellepeRSonneL de teRRain 813
C’est aux urgences de la Trinité qu’ont été
amenées la plupart des victimes des émeutes
alimentaires d’avril 2008 et de l’effondrement
d’une école à Petionville en décembre 2008. Ce
service, où MSF assure des soins chirurgicaux,
offre des fixations internes, une technique
orthopédique qui accélère la guérison. En 2008,
plus de 17.950 patients ont été traités, dont plus
de 6.100 ont subi une intervention chirurgicale.
centre de réhabilitation pacotMSF gère aussi un centre de réhabilitation où
les patients nécessitant des traitements post-
opératoires spécialisés peuvent recevoir de la
physiothérapie et une aide psychologique. Plus
de 600 patients y ont été hospitalisés et plus
de 10.900 ont bénéficié de consultations
orthopédiques.
prise en charge des victimes de violences sexuellesMSF a renforcé sa capacité à traiter les
victimes de violences sexuelles dans la
capitale, offrant une prise en charge médicale
et psychologique globale. Ce programme a
reçu 468 personnes en 2008, dont 51% avaient
moins de 18 ans. Les campagnes de sensibilisa-
tion dans les bidonvilles et le centre ville se
sont poursuivies, soulignant la nécessité pour
les femmes de recevoir un traitement dans les
72 heures suivant le viol.
hôpital d’urgences obstétriques jude anneTout au long de 2008, MSF a géré le service
d’urgences obstétriques de 65 lits à l’hôpital
Jude Anne à Port-au-Prince. MSF a par ailleurs
mis en place trois cliniques mobiles dans trois
bidonvilles, proposant soins prénatals, périna-
tals et postnatals. Ces cliniques assurent les
césariennes d’urgence, du counselling volon-
taire, des dépistages, la prévention de la trans-
mission du VIH de la mère à l’enfant, la prise
en charge des victimes de violences sexuelles et
les références vers d’autres hôpitaux des
femmes dont l’accouchement ne présente pas
de complications.
Fin décembre 2008, plus de 14.700 bébés
étaient nés dans cet hôpital. Une moyenne de
1.000 accouchements y ont lieu par mois, dont
la moitié avec complications. L’hôpital dispose
d’une unité de néonatalogie, qui admet en
moyenne 90 nourrissons par mois pour les
stabiliser avant leur transfert vers l’hôpital
général de Port-au-Prince.
Service des urgences et cliniques mobiles de Martissant Depuis décembre 2006, MSF travaille dans le
bidonville de Martissant, à Port-au-Prince, pour
aider la population fortement touchée par la
violence armée. MSF y dispose d’un service des
urgences où stabiliser les patients, et transfère
ceux qui nécessitent une intervention chirurgi-
cale vers d’autres hôpitaux de la ville. Jusqu’en
décembre 2007, des cliniques mobiles offraient
des premiers secours médicaux dans différentes
parties du bidonville, mais désormais les
patients viennent directement à la clinique. En
2008, les équipes MSF ont reçu 25.445 patients,
dont 16.942 présentant des traumatismes.
intervention d’urgence après les ouragansAprès deux tempêtes tropicales et deux
ouragans sur Haïti fin août et début septembre,
MSF a lancé une intervention d’urgence dans la
ville de Gonaïves, dans le nord de l’Artibonite.
MSF y a rouvert un hôpital de 80 lits, en coopé-
ration avec le ministère de la Santé et de la
Population. Cette structure est la seule de la
région à pouvoir répondre aux urgences et
fournir des soins obstétriques et pédiatriques.
Durant les trois dernières semaines de 2008,
675 patients ont été admis aux urgences et
plus de 110 accouchements et 50 interventions
chirurgicales ont été pratiqués.
MSF a aussi distribué des kits d’hygiène pour
5.000 familles (comprenant bâches, savons et
jerrycans) pour aider un maximum de person-
nes ayant tout perdu dans les tempêtes.
Les équipes médicales mobiles de MSF se sont
rendues en voiture, à cheval et à pied dans
Gonaïves et dans les villages voisins isolés pour
aider les personnes vulnérables vivant dans
des abris temporaires. Au total, elles ont assuré
plus de 3.500 consultations.
MSF travaille en Haïti depuis 1991.
La situation dans la capitale a continué à se stabiliser. MSF a traité en moyenne 45 blessés par balle chaque mois au centre de traumatologie de la trinité, le seul service des urgences offrant des soins gratuits à port-au-prince.
europe etMoyen-orient
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S haïtiMotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santé • Catastrophe naturellepeRSonneL de teRRain 813
C’est aux urgences de la Trinité qu’ont été
amenées la plupart des victimes des émeutes
alimentaires d’avril 2008 et de l’effondrement
d’une école à Petionville en décembre 2008. Ce
service, où MSF assure des soins chirurgicaux,
offre des fixations internes, une technique
orthopédique qui accélère la guérison. En 2008,
plus de 17.950 patients ont été traités, dont plus
de 6.100 ont subi une intervention chirurgicale.
centre de réhabilitation pacotMSF gère aussi un centre de réhabilitation où
les patients nécessitant des traitements post-
opératoires spécialisés peuvent recevoir de la
physiothérapie et une aide psychologique. Plus
de 600 patients y ont été hospitalisés et plus
de 10.900 ont bénéficié de consultations
orthopédiques.
prise en charge des victimes de violences sexuellesMSF a renforcé sa capacité à traiter les
victimes de violences sexuelles dans la
capitale, offrant une prise en charge médicale
et psychologique globale. Ce programme a
reçu 468 personnes en 2008, dont 51% avaient
moins de 18 ans. Les campagnes de sensibilisa-
tion dans les bidonvilles et le centre ville se
sont poursuivies, soulignant la nécessité pour
les femmes de recevoir un traitement dans les
72 heures suivant le viol.
hôpital d’urgences obstétriques jude anneTout au long de 2008, MSF a géré le service
d’urgences obstétriques de 65 lits à l’hôpital
Jude Anne à Port-au-Prince. MSF a par ailleurs
mis en place trois cliniques mobiles dans trois
bidonvilles, proposant soins prénatals, périna-
tals et postnatals. Ces cliniques assurent les
césariennes d’urgence, du counselling volon-
taire, des dépistages, la prévention de la trans-
mission du VIH de la mère à l’enfant, la prise
en charge des victimes de violences sexuelles et
les références vers d’autres hôpitaux des
femmes dont l’accouchement ne présente pas
de complications.
Fin décembre 2008, plus de 14.700 bébés
étaient nés dans cet hôpital. Une moyenne de
1.000 accouchements y ont lieu par mois, dont
la moitié avec complications. L’hôpital dispose
d’une unité de néonatalogie, qui admet en
moyenne 90 nourrissons par mois pour les
stabiliser avant leur transfert vers l’hôpital
général de Port-au-Prince.
Service des urgences et cliniques mobiles de Martissant Depuis décembre 2006, MSF travaille dans le
bidonville de Martissant, à Port-au-Prince, pour
aider la population fortement touchée par la
violence armée. MSF y dispose d’un service des
urgences où stabiliser les patients, et transfère
ceux qui nécessitent une intervention chirurgi-
cale vers d’autres hôpitaux de la ville. Jusqu’en
décembre 2007, des cliniques mobiles offraient
des premiers secours médicaux dans différentes
parties du bidonville, mais désormais les
patients viennent directement à la clinique. En
2008, les équipes MSF ont reçu 25.445 patients,
dont 16.942 présentant des traumatismes.
intervention d’urgence après les ouragansAprès deux tempêtes tropicales et deux
ouragans sur Haïti fin août et début septembre,
MSF a lancé une intervention d’urgence dans la
ville de Gonaïves, dans le nord de l’Artibonite.
MSF y a rouvert un hôpital de 80 lits, en coopé-
ration avec le ministère de la Santé et de la
Population. Cette structure est la seule de la
région à pouvoir répondre aux urgences et
fournir des soins obstétriques et pédiatriques.
Durant les trois dernières semaines de 2008,
675 patients ont été admis aux urgences et
plus de 110 accouchements et 50 interventions
chirurgicales ont été pratiqués.
MSF a aussi distribué des kits d’hygiène pour
5.000 familles (comprenant bâches, savons et
jerrycans) pour aider un maximum de person-
nes ayant tout perdu dans les tempêtes.
Les équipes médicales mobiles de MSF se sont
rendues en voiture, à cheval et à pied dans
Gonaïves et dans les villages voisins isolés pour
aider les personnes vulnérables vivant dans
des abris temporaires. Au total, elles ont assuré
plus de 3.500 consultations.
MSF travaille en Haïti depuis 1991.
La situation dans la capitale a continué à se stabiliser. MSF a traité en moyenne 45 blessés par balle chaque mois au centre de traumatologie de la trinité, le seul service des urgences offrant des soins gratuits à port-au-prince.
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© Julien Lévêque
© Giorgos Moutafis
Le centre de Paris accueille les personnes en
souffrance, venues en France pour y chercher
asile et protection. La plupart ont fui une zone
de conflit ou la violence politique. Certains ne
sont arrivés que récemment, d’autres sont
présents sur le territoire de manière plus
ancienne. Pour les patients de MSF, comme
pour les demandeurs d’asile en général, l’accès
aux soins et services psychologiques existants
est entravé par l’association de plusieurs
facteurs : la nature et l’intensité de leur
détresse psychologique, la précarité sociale et
administrative, et la barrière de la langue.
Le centre de MSF propose une prise en charge
adaptée à chaque patient, le suivi thérapeuti-
que étant étayé par des références et orienta-
tions médicales, sociales et juridiques. En près
de deux ans, ce centre a effectué plus de 7.000
consultations, dont la moitié relève du suivi
psychologique, un quart du volet médical, et le
reste du volet social. 365 patients ont bénéficié
d’un suivi psychologique et 160 sont toujours
en traitement.
La précarité dans laquelle vivent les personnes
sans titre de séjour, ajoutée à ce qu’elles ont
subi dans leur pays d’origine, les rendent très
vulnérables. Elles risquent de souffrir de fortes
angoisses. Un suivi psychologique est donc
essentiel pour éviter une détérioration
pouvant mener à des tentatives de suicide. 41%
des patients du centre déclarent avoir des
pensées suicidaires.
MSF travaille en France depuis 1987.
SoMMaiRe
Ces migrants utilisent la Grèce surtout comme
un point de passage en Europe ; leur but
commun est de progresser vers l’Italie, puis vers
d’autres pays européens, mais les autorités
grecques refusent systématiquement de leur
accorder le statut de réfugié. En 2007, sur plus
de 25.000 demandeurs d’asile, huit seulement se
sont vu octroyer le statut de réfugié.
Après un examen général de la situation, MSF a
décidé en février de mener une mission explora-
toire, qui a mis en lumière les problèmes ren-
contrés par les personnes sans titre de séjour. Ils
comprenaient notamment l’accès limité ou
inexistant aux services de santé, les conditions
de vie difficiles, le manque de mesures spécifi-
ques pour les groupes vulnérables tels que les
femmes et les enfants, l’absence de services de
santé mentale et l’insuffisance des services dans
les centres de détention gouvernementaux et le
camp de fortune de Patra.
Île de LesbosEn juin, MSF a commencé à fournir une aide
médicale, psychologique et humanitaire au
centre de détention de l’île de Lesbos et au
point d’accostage du port. MSF a toutefois
décidé de clore cette intervention en septem-
bre en raison des restrictions d’accès au centre
de détention, qui ont entravé les efforts visant
à fournir une aide médicale et à améliorer les
conditions de vie des sans-papiers. “A plusieurs
reprises, l’équipe médicale a dû examiner les
patients à travers les barreaux car les migrants
n’étaient pas autorisés à quitter les salles”,
explique Yorgos Karagiannis, chef de la
mission MSF en Grèce. Malgré tout, MSF a
assuré plus de 1.700 consultations dans ce
centre, traitant des infections respiratoires,
des dermatoses, des angoisses, des troubles
post-traumatiques et des cas de dépression.
BeLgiqueMotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 9
en Belgique, toute personne a droit aux soins de santé, y compris les sans-papiers et demandeurs d’asile. dans la pratique cependant, leur accès aux services de santé est res-treint par de nombreux obstacles administratifs. depuis 1987, MSF les aide en leur offrant des soins médicaux, et plaide pour que les services publics assument leurs responsabilités.
De janvier à avril 2008, MSF a réalisé plus de
600 consultations à Bruxelles. En avril, ce
projet a pu être transféré.
A Anvers, MSF continue à offrir des consulta-
tions médicales et psychosociales à ceux qui
n’y ont pas accès via les voies normales. Plus
de 2.000 consultations ont eu lieu en 2008 ;
la majorité des patients étaient des sans-
papiers et des demandeurs d’asile. Plutôt
que de créer un système parallèle, il s’agit
d’orienter les personnes vers le système
national, censé offrir ce service. MSF transfé-
rera ses activités à Anvers fin avril 2009.
MSF travaille en Belgique depuis 1987.
72 | BeLgique72 | FRance73 | gRèce74 | itaLie75 | MaLte76 | MoLdavie76 | FédéRation de RuSSie77 | SuiSSe78 | iRan78 | iRak80 | LiBan80 | yéMen82 | teRRitoiReS paLeStinienS
FRanceMotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 11 Face aux difficultés rencontrées par certains demandeurs d’asile et patients non francophones pour accéder à une aide psychologique en France, MSF a ouvert un nouveau programme à paris en 2007. L’objectif est de proposer à cette popula-tion une aide médicale et psychologique ainsi qu’un accompagnement social.
gRèce
L. est né en afghanistan, il y a environ 30 ans. comme beaucoup de ses compatriotes, c’est après un long et douloureux périple à travers l’afghanistan, l’iran, la turquie, la grèce et l’italie qu’il est arrivé en France. une partie de sa famille est morte dans une explosion en afghanistan. avec sa femme et ses enfants, il a fui son pays pour trouver refuge en iran parce qu’il avait peur. L. a pris seul le chemin vers la France.L. a constamment peur d’être renvoyé en afghanistan. il a fait une demande d’asile mais elle a été rejetée ; il n’a plus le droit de rester sur le territoire français.L. est soigné au centre de MSF depuis un an. il est suivi par un psychologue. Son agres-sivité envers lui-même témoigne de sa détresse. chaque jour, ses pensées sont hantées par ce qu’il a subi en afghanistan.
MotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 6
Située à la croisée de l’asie, de l’afrique et de l’europe, la grèce a connu ces der-nières années une augmentation rapide du nombre de migrants venus du Moyen-Orient et d’Asie, fuyant principalement les conflits armés et l’instabilité politique dans leurs pays d’origine. La plupart des personnes sans titre de séjour viennent d’afghanistan, d’irak, de palestine et de Somalie. parmi eux figurent beaucoup de mineurs non accompagnés.
camp de fortune de patraPatra est le principal port de sortie vers l’Italie.
Ces dix dernières années, un flux constant de
migrants, cachés dans des camions, est passé
en Italie. Le camp de Patra est fait d’abris de
carton, de plastique et de bois, dépourvus de
chauffage ou d’électricité. Il abrite principale-
ment des réfugiés d’Afghanistan et d’Irak. En
mai, MSF y a ouvert une clinique offrant des
soins primaires et un soutien psychosocial aux
sans-papiers. Les équipes ont également
organisé des campagnes d’éducation régulières
pour améliorer l’hygiène, l’assainissement et
prévenir les maladies. Les principales affec-
tions sont les dermatoses, les infections respi-
ratoires et les troubles gastro-intestinaux. En
outre, les migrants présentent souvent des
contusions et d’autres blessures, résultant de
leurs fréquentes tentatives de monter à bord de
bateaux en partance, ou de résister à une
arrestation. Fin décembre, les équipes de MSF
avaient réalisé 6.000 consultations et référé
plus de 400 patients vers des hôpitaux locaux.
MSF travaille en Grèce depuis 2008.
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© Giorgos Moutafis
Le centre de Paris accueille les personnes en
souffrance, venues en France pour y chercher
asile et protection. La plupart ont fui une zone
de conflit ou la violence politique. Certains ne
sont arrivés que récemment, d’autres sont
présents sur le territoire de manière plus
ancienne. Pour les patients de MSF, comme
pour les demandeurs d’asile en général, l’accès
aux soins et services psychologiques existants
est entravé par l’association de plusieurs
facteurs : la nature et l’intensité de leur
détresse psychologique, la précarité sociale et
administrative, et la barrière de la langue.
Le centre de MSF propose une prise en charge
adaptée à chaque patient, le suivi thérapeuti-
que étant étayé par des références et orienta-
tions médicales, sociales et juridiques. En près
de deux ans, ce centre a effectué plus de 7.000
consultations, dont la moitié relève du suivi
psychologique, un quart du volet médical, et le
reste du volet social. 365 patients ont bénéficié
d’un suivi psychologique et 160 sont toujours
en traitement.
La précarité dans laquelle vivent les personnes
sans titre de séjour, ajoutée à ce qu’elles ont
subi dans leur pays d’origine, les rendent très
vulnérables. Elles risquent de souffrir de fortes
angoisses. Un suivi psychologique est donc
essentiel pour éviter une détérioration
pouvant mener à des tentatives de suicide. 41%
des patients du centre déclarent avoir des
pensées suicidaires.
MSF travaille en France depuis 1987.
SoMMaiRe
Ces migrants utilisent la Grèce surtout comme
un point de passage en Europe ; leur but
commun est de progresser vers l’Italie, puis vers
d’autres pays européens, mais les autorités
grecques refusent systématiquement de leur
accorder le statut de réfugié. En 2007, sur plus
de 25.000 demandeurs d’asile, huit seulement se
sont vu octroyer le statut de réfugié.
Après un examen général de la situation, MSF a
décidé en février de mener une mission explora-
toire, qui a mis en lumière les problèmes ren-
contrés par les personnes sans titre de séjour. Ils
comprenaient notamment l’accès limité ou
inexistant aux services de santé, les conditions
de vie difficiles, le manque de mesures spécifi-
ques pour les groupes vulnérables tels que les
femmes et les enfants, l’absence de services de
santé mentale et l’insuffisance des services dans
les centres de détention gouvernementaux et le
camp de fortune de Patra.
Île de LesbosEn juin, MSF a commencé à fournir une aide
médicale, psychologique et humanitaire au
centre de détention de l’île de Lesbos et au
point d’accostage du port. MSF a toutefois
décidé de clore cette intervention en septem-
bre en raison des restrictions d’accès au centre
de détention, qui ont entravé les efforts visant
à fournir une aide médicale et à améliorer les
conditions de vie des sans-papiers. “A plusieurs
reprises, l’équipe médicale a dû examiner les
patients à travers les barreaux car les migrants
n’étaient pas autorisés à quitter les salles”,
explique Yorgos Karagiannis, chef de la
mission MSF en Grèce. Malgré tout, MSF a
assuré plus de 1.700 consultations dans ce
centre, traitant des infections respiratoires,
des dermatoses, des angoisses, des troubles
post-traumatiques et des cas de dépression.
BeLgiqueMotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 9
en Belgique, toute personne a droit aux soins de santé, y compris les sans-papiers et demandeurs d’asile. dans la pratique cependant, leur accès aux services de santé est res-treint par de nombreux obstacles administratifs. depuis 1987, MSF les aide en leur offrant des soins médicaux, et plaide pour que les services publics assument leurs responsabilités.
De janvier à avril 2008, MSF a réalisé plus de
600 consultations à Bruxelles. En avril, ce
projet a pu être transféré.
A Anvers, MSF continue à offrir des consulta-
tions médicales et psychosociales à ceux qui
n’y ont pas accès via les voies normales. Plus
de 2.000 consultations ont eu lieu en 2008 ;
la majorité des patients étaient des sans-
papiers et des demandeurs d’asile. Plutôt
que de créer un système parallèle, il s’agit
d’orienter les personnes vers le système
national, censé offrir ce service. MSF transfé-
rera ses activités à Anvers fin avril 2009.
MSF travaille en Belgique depuis 1987.
72 | BeLgique72 | FRance73 | gRèce74 | itaLie75 | MaLte76 | MoLdavie76 | FédéRation de RuSSie77 | SuiSSe78 | iRan78 | iRak80 | LiBan80 | yéMen82 | teRRitoiReS paLeStinienS
FRanceMotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 11 Face aux difficultés rencontrées par certains demandeurs d’asile et patients non francophones pour accéder à une aide psychologique en France, MSF a ouvert un nouveau programme à paris en 2007. L’objectif est de proposer à cette popula-tion une aide médicale et psychologique ainsi qu’un accompagnement social.
gRèce
L. est né en afghanistan, il y a environ 30 ans. comme beaucoup de ses compatriotes, c’est après un long et douloureux périple à travers l’afghanistan, l’iran, la turquie, la grèce et l’italie qu’il est arrivé en France. une partie de sa famille est morte dans une explosion en afghanistan. avec sa femme et ses enfants, il a fui son pays pour trouver refuge en iran parce qu’il avait peur. L. a pris seul le chemin vers la France.L. a constamment peur d’être renvoyé en afghanistan. il a fait une demande d’asile mais elle a été rejetée ; il n’a plus le droit de rester sur le territoire français.L. est soigné au centre de MSF depuis un an. il est suivi par un psychologue. Son agres-sivité envers lui-même témoigne de sa détresse. chaque jour, ses pensées sont hantées par ce qu’il a subi en afghanistan.
MotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 6
Située à la croisée de l’asie, de l’afrique et de l’europe, la grèce a connu ces der-nières années une augmentation rapide du nombre de migrants venus du Moyen-Orient et d’Asie, fuyant principalement les conflits armés et l’instabilité politique dans leurs pays d’origine. La plupart des personnes sans titre de séjour viennent d’afghanistan, d’irak, de palestine et de Somalie. parmi eux figurent beaucoup de mineurs non accompagnés.
camp de fortune de patraPatra est le principal port de sortie vers l’Italie.
Ces dix dernières années, un flux constant de
migrants, cachés dans des camions, est passé
en Italie. Le camp de Patra est fait d’abris de
carton, de plastique et de bois, dépourvus de
chauffage ou d’électricité. Il abrite principale-
ment des réfugiés d’Afghanistan et d’Irak. En
mai, MSF y a ouvert une clinique offrant des
soins primaires et un soutien psychosocial aux
sans-papiers. Les équipes ont également
organisé des campagnes d’éducation régulières
pour améliorer l’hygiène, l’assainissement et
prévenir les maladies. Les principales affec-
tions sont les dermatoses, les infections respi-
ratoires et les troubles gastro-intestinaux. En
outre, les migrants présentent souvent des
contusions et d’autres blessures, résultant de
leurs fréquentes tentatives de monter à bord de
bateaux en partance, ou de résister à une
arrestation. Fin décembre, les équipes de MSF
avaient réalisé 6.000 consultations et référé
plus de 400 patients vers des hôpitaux locaux.
MSF travaille en Grèce depuis 2008.
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et demandeurs d’asile à Malte. Les nouveaux
arrivants souffrent souvent de problèmes de
santé découlant des dures conditions de la
traversée : la plupart ont passé jusqu’à sept
jours sur un bateau avec peu de nourriture et
d’eau, incapables de bouger et à la merci des
éléments. La gale, les infections respiratoires
et les parasites intestinaux sont courants. Les
problèmes musculo-squelettiques, tels que
problèmes articulaires et maux de dos, sont
aussi fréquents chez cette population en
raison de l’accès limité à l’air libre et du
manque d’activité. MSF n’a cessé de faire part
aux autorités maltaises de ses préoccupations
concernant les conditions de vie et
l’insuffisance de soins médicaux dans les
centres.
MSF travaille également dans des centres
ouverts. Une fois que les demandeurs d’asile
ont obtenu le statut de réfugié, ils sont trans-
férés dans des centres ouverts, où ils jouissent
de la liberté de mouvements. Ils y restent
jusqu’à ce qu’ils soient capables de louer un
logement privé. MSF leur offre des consulta-
tions médicales dans les centres et facilite leur
accès aux services de santé publics.
MSF travaille à Malte depuis 2008.
nouveaux arrivants peu après leur transfert
dans les centres de détention, des consulta-
tions de suivi médical, un soutien psy-
chologique, le triage médical et l’éducation à
la santé et à l’hygiène dans les lieux de vie.
Entre août et décembre 2008, MSF a assuré
plus de 1.700 consultations pour les migrants
MaLte MotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santé peRSonneL de teRRain 4
Malgré des contrôles plus stricts à la frontière sud de l’union européenne, le nombre de migrants arrivant à Malte a augmenté en 2008 pour atteindre 2.740. une fois sur l’île, les personnes en situation irrégulière et les demandeurs d’asile sont envoyés dans des centres de détention. a leur arrivée et à l’intérieur des centres, MSF leur fournit des soins médicaux et psychosociaux.
Arrivés de Libye par bateau, 60% de ces
migrants viennent de pays en proie à des
conflits ou marqués par des violations général-
isées des droits de l’homme. Près de la moitié
des nouveaux arrivants viennent de Somalie.
La plupart d’entre eux se verront octroyer le
statut de réfugié ou une protection en vertu du
droit humanitaire par les autorités maltaises ;
cependant, ils doivent au préalable attendre
jusqu’à 18 mois dans des centres de détention
surpeuplés, exposés à de mauvaises conditions
de vie et d’hygiène. Cet environnement nuit à
leur santé physique et mentale.
Depuis août 2008, MSF offre à cette population
des soins et un soutien psychologique. Les
activités incluent l’évaluation médicale des
itaLieMotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 23
Depuis 2002, l’Italie connaît un afflux croissant de sans-papiers et demandeurs d’asile. en quête d’un refuge, d’un emploi ou de meilleures conditions de vie, cette population est frappée de plein fouet par le durcissement des mesures visant à dissuader l’immigration. ce durcissement s’accompagne d’une détério-ration des conditions d’accueil. ainsi, ces personnes déjà vulnérables sont confrontées à un système incapable de répondre à leurs besoins fondamentaux, notamment en matière de protection et de soins de santé.
MSF fournit des soins médicaux aux migrants,
y compris aux travailleurs saisonniers, et
plaide pour qu’ils bénéficient d’un meilleur
accès aux services et de meilleures conditions
de vie.
Naples, troisième ville du pays, attire
beaucoup de migrants : quelque 25.000 person-
nes y vivraient clandestinement, exclues de la
société et des services publics. Pour améliorer
leur accès aux soins, MSF a créé des cliniques
intégrées dans les services de santé nationaux,
en vue de les transférer à terme aux autorités.
L’aide y est octroyée dans le respect de l’anony-
mat afin de réduire les obstacles engendrés par
la situation irrégulière des patients. En 2008,
MSF a réalisé près de 5.000 consultations.
Étant donné la forte incidence des maladies
sexuellement transmissibles chez les immi-
grées sans papiers, MSF a également lancé un
programme en santé sexuelle et génésique, et
assuré plus de 1.000 consultations en 2008.
Chaque année, les terres agricoles du sud de
l’Italie attirent des milliers de clandestins, une
main-d’œuvre bon marché, exploitée et vivant
dans des conditions intolérables. Depuis 2005,
MSF aide cette population en Sicile, dans les
Pouilles, en Calabre et en Campanie. En 2008,
MSF a effectué plus de 700 consultations et
distribué 3.750 kits d’hygiène, 1.500 sacs de
couchage et 800 couvertures.
Pour tenter d’améliorer leurs conditions de
vie, MSF a réclamé aux autorités une interven-
tion humanitaire pour tous les migrants, quel
que soit leur statut légal. Les autorités régiona-
les des Pouilles, de Calabre et de Campanie ont
alors pris des mesures d’urgence pour garantir
des conditions de vie de base – toilettes,
douches, réservoirs d’eau – et des services
médicaux suffisants pour les 4.000 migrants
travaillant dans cette zone. Ces mesures ont
suivi les recommandations du rapport de MSF
intitulé Une saison en enfer, qui expose les
conditions déplorables de vie, de travail et de
santé des travailleurs migrants dans le sud de
l’Italie.
Dans le sud de la Sicile, MSF était la seule
organisation à offrir une aide médicale aux
migrants arrivés par bateau à Lampedusa, au
terme d’une traversée dure et périlleuse.
Toutefois, en octobre 2008, les autorités ita-
liennes n’ont pas renouvelé notre autorisation
à travailler sur cette île. MSF a donc dû partir
et désormais les milliers de migrants qui
arrivent à Lampedusa n’ont aucun accès aux
soins. De janvier à octobre, MSF avait reçu
1.420 patients en consultation. Les pathologies
telles que les infections respiratoires et derma-
toses étaient surtout liées aux difficiles condi-
tions de la traversée.
MSF négocie avec les autorités un éventuel
retour à Lampedusa, où plus de 30.000 sans-
papiers et demandeurs d’asile sont arrivés en
2008.
Dans toute l’Italie, le travail avec les migrants
est effectué avec le soutien de médiateurs
culturels, qui aident à surmonter les difficul-
tés de communication et les différences cultu-
relles entre l’équipe et les patients.
MSF travaille en Italie depuis 1999.
S., une érythréenne de 18 ans, est arrivée à Malte le 24 août 2008.“j’ai fui l’érythrée parce que je voulais éviter d’être recrutée pour combattre dans la guerre interminable contre l’éthiopie. en Libye, on m’a mise dans un centre de déten-tion, où j’ai été harcelée, battue et violée plusieurs fois. pendant deux ans, j’ai été traitée comme une esclave par les gardes et les soldats.”
“Lorsque je suis arrivée à Malte, je pensais que je serais enfin libre. dès que j’ai compris que j’allais être de nouveau enfermée dans un centre de détention, j’ai perdu espoir et j’ai fait une grave dépression. j’avais du mal à dormir et je souffrais de problèmes gastriques et cardiaques. des souvenirs des viols, la peur des gardes et des soldats me revenaient en tête et il était difficile de vivre entassée avec tant de gens.”
Le psychologue de MSF a trouvé S. évanouie dans les sanitaires et l’a orientée vers l’hôpital. après quelques jours là-bas, elle a tenté de se pendre. après plus d’un mois dans un hôpital psychiatrique, elle a été renvoyée au centre de détention. vingt jours plus tard, elle a tenté à nouveau de se pendre. a la mi-novembre, elle a enfin été reconnue comme personne vulnérable, libérée du centre et installée dans un centre ouvert.
“Les problèmes de santé que nous détectons sont principalement ostéo-musculaires, dermatologi-ques, respiratoires et gastro-intestinaux, tous liés non seulement aux dures conditions de vie mais aussi aux conditions non hygiéniques dans lesquel-les ces gens vivent. Les travailleurs migrants sai-sonniers du sud de l’italie ont peu accès aux soins primaires.” Francesca Faraglia, coordinatrice médicale de MSF
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et demandeurs d’asile à Malte. Les nouveaux
arrivants souffrent souvent de problèmes de
santé découlant des dures conditions de la
traversée : la plupart ont passé jusqu’à sept
jours sur un bateau avec peu de nourriture et
d’eau, incapables de bouger et à la merci des
éléments. La gale, les infections respiratoires
et les parasites intestinaux sont courants. Les
problèmes musculo-squelettiques, tels que
problèmes articulaires et maux de dos, sont
aussi fréquents chez cette population en
raison de l’accès limité à l’air libre et du
manque d’activité. MSF n’a cessé de faire part
aux autorités maltaises de ses préoccupations
concernant les conditions de vie et
l’insuffisance de soins médicaux dans les
centres.
MSF travaille également dans des centres
ouverts. Une fois que les demandeurs d’asile
ont obtenu le statut de réfugié, ils sont trans-
férés dans des centres ouverts, où ils jouissent
de la liberté de mouvements. Ils y restent
jusqu’à ce qu’ils soient capables de louer un
logement privé. MSF leur offre des consulta-
tions médicales dans les centres et facilite leur
accès aux services de santé publics.
MSF travaille à Malte depuis 2008.
nouveaux arrivants peu après leur transfert
dans les centres de détention, des consulta-
tions de suivi médical, un soutien psy-
chologique, le triage médical et l’éducation à
la santé et à l’hygiène dans les lieux de vie.
Entre août et décembre 2008, MSF a assuré
plus de 1.700 consultations pour les migrants
MaLte MotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santé peRSonneL de teRRain 4
Malgré des contrôles plus stricts à la frontière sud de l’union européenne, le nombre de migrants arrivant à Malte a augmenté en 2008 pour atteindre 2.740. une fois sur l’île, les personnes en situation irrégulière et les demandeurs d’asile sont envoyés dans des centres de détention. a leur arrivée et à l’intérieur des centres, MSF leur fournit des soins médicaux et psychosociaux.
Arrivés de Libye par bateau, 60% de ces
migrants viennent de pays en proie à des
conflits ou marqués par des violations général-
isées des droits de l’homme. Près de la moitié
des nouveaux arrivants viennent de Somalie.
La plupart d’entre eux se verront octroyer le
statut de réfugié ou une protection en vertu du
droit humanitaire par les autorités maltaises ;
cependant, ils doivent au préalable attendre
jusqu’à 18 mois dans des centres de détention
surpeuplés, exposés à de mauvaises conditions
de vie et d’hygiène. Cet environnement nuit à
leur santé physique et mentale.
Depuis août 2008, MSF offre à cette population
des soins et un soutien psychologique. Les
activités incluent l’évaluation médicale des
itaLieMotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 23
Depuis 2002, l’Italie connaît un afflux croissant de sans-papiers et demandeurs d’asile. en quête d’un refuge, d’un emploi ou de meilleures conditions de vie, cette population est frappée de plein fouet par le durcissement des mesures visant à dissuader l’immigration. ce durcissement s’accompagne d’une détério-ration des conditions d’accueil. ainsi, ces personnes déjà vulnérables sont confrontées à un système incapable de répondre à leurs besoins fondamentaux, notamment en matière de protection et de soins de santé.
MSF fournit des soins médicaux aux migrants,
y compris aux travailleurs saisonniers, et
plaide pour qu’ils bénéficient d’un meilleur
accès aux services et de meilleures conditions
de vie.
Naples, troisième ville du pays, attire
beaucoup de migrants : quelque 25.000 person-
nes y vivraient clandestinement, exclues de la
société et des services publics. Pour améliorer
leur accès aux soins, MSF a créé des cliniques
intégrées dans les services de santé nationaux,
en vue de les transférer à terme aux autorités.
L’aide y est octroyée dans le respect de l’anony-
mat afin de réduire les obstacles engendrés par
la situation irrégulière des patients. En 2008,
MSF a réalisé près de 5.000 consultations.
Étant donné la forte incidence des maladies
sexuellement transmissibles chez les immi-
grées sans papiers, MSF a également lancé un
programme en santé sexuelle et génésique, et
assuré plus de 1.000 consultations en 2008.
Chaque année, les terres agricoles du sud de
l’Italie attirent des milliers de clandestins, une
main-d’œuvre bon marché, exploitée et vivant
dans des conditions intolérables. Depuis 2005,
MSF aide cette population en Sicile, dans les
Pouilles, en Calabre et en Campanie. En 2008,
MSF a effectué plus de 700 consultations et
distribué 3.750 kits d’hygiène, 1.500 sacs de
couchage et 800 couvertures.
Pour tenter d’améliorer leurs conditions de
vie, MSF a réclamé aux autorités une interven-
tion humanitaire pour tous les migrants, quel
que soit leur statut légal. Les autorités régiona-
les des Pouilles, de Calabre et de Campanie ont
alors pris des mesures d’urgence pour garantir
des conditions de vie de base – toilettes,
douches, réservoirs d’eau – et des services
médicaux suffisants pour les 4.000 migrants
travaillant dans cette zone. Ces mesures ont
suivi les recommandations du rapport de MSF
intitulé Une saison en enfer, qui expose les
conditions déplorables de vie, de travail et de
santé des travailleurs migrants dans le sud de
l’Italie.
Dans le sud de la Sicile, MSF était la seule
organisation à offrir une aide médicale aux
migrants arrivés par bateau à Lampedusa, au
terme d’une traversée dure et périlleuse.
Toutefois, en octobre 2008, les autorités ita-
liennes n’ont pas renouvelé notre autorisation
à travailler sur cette île. MSF a donc dû partir
et désormais les milliers de migrants qui
arrivent à Lampedusa n’ont aucun accès aux
soins. De janvier à octobre, MSF avait reçu
1.420 patients en consultation. Les pathologies
telles que les infections respiratoires et derma-
toses étaient surtout liées aux difficiles condi-
tions de la traversée.
MSF négocie avec les autorités un éventuel
retour à Lampedusa, où plus de 30.000 sans-
papiers et demandeurs d’asile sont arrivés en
2008.
Dans toute l’Italie, le travail avec les migrants
est effectué avec le soutien de médiateurs
culturels, qui aident à surmonter les difficul-
tés de communication et les différences cultu-
relles entre l’équipe et les patients.
MSF travaille en Italie depuis 1999.
S., une érythréenne de 18 ans, est arrivée à Malte le 24 août 2008.“j’ai fui l’érythrée parce que je voulais éviter d’être recrutée pour combattre dans la guerre interminable contre l’éthiopie. en Libye, on m’a mise dans un centre de déten-tion, où j’ai été harcelée, battue et violée plusieurs fois. pendant deux ans, j’ai été traitée comme une esclave par les gardes et les soldats.”
“Lorsque je suis arrivée à Malte, je pensais que je serais enfin libre. dès que j’ai compris que j’allais être de nouveau enfermée dans un centre de détention, j’ai perdu espoir et j’ai fait une grave dépression. j’avais du mal à dormir et je souffrais de problèmes gastriques et cardiaques. des souvenirs des viols, la peur des gardes et des soldats me revenaient en tête et il était difficile de vivre entassée avec tant de gens.”
Le psychologue de MSF a trouvé S. évanouie dans les sanitaires et l’a orientée vers l’hôpital. après quelques jours là-bas, elle a tenté de se pendre. après plus d’un mois dans un hôpital psychiatrique, elle a été renvoyée au centre de détention. vingt jours plus tard, elle a tenté à nouveau de se pendre. a la mi-novembre, elle a enfin été reconnue comme personne vulnérable, libérée du centre et installée dans un centre ouvert.
“Les problèmes de santé que nous détectons sont principalement ostéo-musculaires, dermatologi-ques, respiratoires et gastro-intestinaux, tous liés non seulement aux dures conditions de vie mais aussi aux conditions non hygiéniques dans lesquel-les ces gens vivent. Les travailleurs migrants sai-sonniers du sud de l’italie ont peu accès aux soins primaires.” Francesca Faraglia, coordinatrice médicale de MSF
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Meditrina, un projet lancé en 2006 à Zurich, fournit des soins médicaux aux personnes exclues du système public. Fin 2007, MSF a décidé de l’étendre en établissant des contacts avec les com-munautés d’immigrants clandestins de la ville. cette nouvelle stratégie, impli-quant également une diversification des services médicaux offerts, visait à stimuler l’utilisation du centre. elle a rapidement porté ses fruits : le per-sonnel de Meditrina a assuré en moyenne 120 consultations par mois en 2008, dont environ 60% pour de nouveaux patients.
Avec la diversification des services Meditrina,
des patients souffrant d’affections chroniques
telles que l’hypertension, le diabète, la tuber-
culose et le VIH/sida ont pu recevoir les soins
nécessaires.
Pour permettre ces changements, une plus
grande attention a été portée au travail
accompli par les médiateurs. Ces sept média-
teurs appartiennent à des communautés
d’origines différentes, notamment d’Amérique
latine, d’Asie du Sud-Est et d’Afrique orientale.
Ils établissent un lien direct entre Meditrina et
les utilisateurs du service. Grâce à eux, la
confiance nécessaire s’est installée plus facile-
ment, ce qui a eu des avantages considérables.
Le travail médical effectué via Meditrina a
révélé, tant aux responsables de la ville qu’aux
associations locales, les difficultés
qu’éprouvent beaucoup de personnes à se faire
soigner à Zurich. L’intérêt porté par d’autres
institutions et associations devrait permettre
le retrait de MSF et le transfert des efforts
médicaux et sociaux de Meditrina en 2009.
MSF travaille en Suisse depuis 2003.
© Alexander Gyadyelov
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plus haut. Auparavant, les prisonniers
n’avaient aucun accès à des traitements spécifi-
ques pour le VIH.
En décembre 2008, MSF a pu transférer toutes
ses activités dans le secteur civil au ministère
de la Santé. Jusque-là, MSF et le ministère
fournissaient conjointement des soins contre le
VIH à environ 860 patients, soit plus de la
moitié des séropositifs enregistrés en
Transnistrie. Plus de 180 d’entre eux avaient été
placés sous ARV. MSF a formé le personnel de
l’hôpital afin de garantir des services de qualité.
En outre, l’insistance de MSF a fini par débou-
cher sur un transfert de ressources VIH/sida de
la Moldavie vers la Transnistrie. Le programme
dans les prisons devrait être transféré au minis-
tère de la Justice et au ministère de la Santé
début 2009.
MSF travaille en Moldavie depuis 2007.
saire TB à Grozny s’est ajouté au programme
début 2008. MSF fournira des traitements
contre la TB dans toute la Tchétchénie, y
compris dans les régions montagneuses isolées
qui n’y avaient pas accès jusque-là. Depuis le
début du programme en 2004, plus de 1.800
patients ont été soignés.
En octobre 2008, un fort séisme a fait 13 morts,
plus de 100 blessés et d’importants dégâts en
Tchétchénie. Des répliques ont été ressenties
pendant plusieurs jours et les habitants ont
dormi dehors dans le froid, par crainte que les
bâtiments ne s’effondrent. MSF a envoyé des
équipes mobiles dans les cinq villages les plus
touchés et assuré plus de 1.000 consultations
La région reste instable malgré la fin de la
guerre. La sécurité s’est améliorée en
Tchétchénie, mais elle s’est fortement détério-
rée dans l’Ingouchie voisine. En raison de
l’insécurité, les visites du personnel internatio-
nal MSF sur les sites des projets restent brèves
bien que régulières, et la gestion des program-
mes est essentiellement assumée par le person-
nel national.
Des milliers de personnes dont les maisons ont
été détruites durant les guerres sont encore
réfugiées en Ingouchie, au Daghestan ou à
Grozny même. En 2008, MSF a assuré à leur
intention jusqu’à 1.200 consultations médica-
les et psychologiques chaque mois dans un
centre médical à Nazran, en Ingouchie. Les
médecins ont fourni des soins gynécologiques
et pédiatriques dans les cliniques de Grozny ;
en moyenne, plus de 1.300 consultations
gynécologiques par mois ont été menées dans
le quartier de Staropromyslovsky. MSF a
soutenu l’hôpital républicain des femmes à
Grozny et des hôpitaux de district dans les
villages de montagne de Shatoy, Sharoy et
Itum-Kale, fournissant médicaments et
matériel médical.
En 2006, MSF a ouvert un projet de chirurgie à
l’Hôpital No.9 de Grozny (principal hôpital de
Tchétchénie), pour traiter les blessures ancien-
nes et handicaps chroniques liés à la guerre, et
soigner les victimes d’accidents de la route. En
2008, MSF y a assuré 445 opérations et 11.056
consultations en physiothérapie.
La TB est un problème dans la région depuis
l’interruption du traitement et du suivi des
patients pendant la guerre. MSF a restauré des
sanatoriums, établi des systèmes d’élimination
des déchets, formé le personnel médical local
et commencé à traiter les patients ; un dispen-
FédéRation de RuSSieMotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 292
médicales et 3.000 consultations psychosociales.
MSF ne cherchant pas à dupliquer les services
locaux existants ou naissants, certains pro-
grammes ont été fermés ou transférés en 2008,
notamment les deux polycliniques rénovées à
Grozny, où nos équipes avaient mis en place
des pharmacies gratuites et une clinique de
soins génésiques et planning familial. Les
équipes médicales mobiles ne desservent plus
les centres d’accueil temporaires à Grozny.
Le nombre d’interventions diminuant chaque
mois, MSF fermera son programme de chirur-
gie d’urgence à Grozny en 2009.
MSF travaille en Russie depuis 1988 et dans le Nord
du Caucase depuis 1995.
En collaboration avec le ministère de la Santé
de Transnistrie, MSF a ouvert le premier pro-
gramme VIH dans la région début 2007. Etant
donné l’urgence de la situation, les premiers
patients ont entamé un traitement antirétro-
viral (ARV) vital quatre mois avant l’ouverture
du premier service ambulatoire à l’hôpital
principal de la capitale, Tiraspol. MSF a rénové
le laboratoire de l’hôpital et installé un
nouveau système d’élimination des déchets.
Les activités du programme ont été étendues à
des visites hebdomadaires au sanatorium de
Bender pour les patients co-infectés par la
tuberculose (TB) ; à Slobozia, seule unité d’hos-
pitalisation pour patients séropositifs ; à
Ribnitza, dans le nord du pays, pour y tenir
une consultation hebdomadaire à la polyclini-
que de la ville ; et au système pénitentiaire, où
l’incidence du VIH/sida est environ 13 fois plus
élevée que dans la société civile. Le taux de
co-infections, surtout par la TB, est aussi bien
dans le nord du caucase, en tchétchénie et en ingouchie, MSF offre de la chirurgie, des soins materno-infantiles, un soutien en santé mentale et des traitements contre la tuberculose (tB).
“avant la guerre, il y avait plus de 120 spécialistes de la tB pour une population d’un million. pendant les deux guerres, l’infrastructure des services tB a été totalement détruite. MSF a montré que le traitement de la tB dans un contexte d’après-guerre est possible et donne de bons résultats.”Shamsudin ikhaev, médecin tchétchène, spécialiste de la tB
une fois par semaine, l’équipe MSF se rend à Ribnitza, dans le nord de la région. en cours de route, l’équipe s’arrête chez une jeune mère séropositive, qui vit seule dans un village isolé. elle vient chaque semaine à la clinique mobile avec son bébé pour une visite de contrôle avec les médecins MSF. jusqu’à présent, les tests vih ont été négatifs pour le bébé, mais il faudra attendre quelques temps avant de pouvoir être sûr qu’il n’a pas contracté la maladie. elle ne peut acheter de la nourriture ni des biens essentiels pour son bébé et ne peut l’allaiter ; MSF lui fournit donc non seulement des aRv, mais aussi de la nourriture pour le bébé.
MoLdavieMagomed, 59 ans, suit un traitement intensif contre la tB à l’hôpital spécialisé de grozny. il est faible et partiellement sourd en raison des médicaments antitubercu-leux. il a contracté la tB en prison, il y a cinq ans. a l’époque, la guerre ravageait le pays et il n’y avait pas d’endroit ni de moyens pour soigner les personnes comme lui efficacement. il n’a pas terminé son traitement, et a fait une rechute. “cette maladie est traître : elle vient de nulle part et il faut longtemps pour s’en débarrasser”, dit-il.
MotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 33
La transnistrie, région sécessionniste à majorité russophone, politiquement isolée, est une bande de terre séparée de la Moldavie par le fleuve Dniester. jadis le théâtre d’une violente guerre séparatiste, elle n’est pas reconnue par la communauté internationale et reçoit peu d’aide internationale malgré l’importante assistance offerte par les institutions internationales pour endiguer l’épidémie de vih/sida.
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SuiSSeMotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 4
Meditrina, un projet lancé en 2006 à Zurich, fournit des soins médicaux aux personnes exclues du système public. Fin 2007, MSF a décidé de l’étendre en établissant des contacts avec les com-munautés d’immigrants clandestins de la ville. cette nouvelle stratégie, impli-quant également une diversification des services médicaux offerts, visait à stimuler l’utilisation du centre. elle a rapidement porté ses fruits : le per-sonnel de Meditrina a assuré en moyenne 120 consultations par mois en 2008, dont environ 60% pour de nouveaux patients.
Avec la diversification des services Meditrina,
des patients souffrant d’affections chroniques
telles que l’hypertension, le diabète, la tuber-
culose et le VIH/sida ont pu recevoir les soins
nécessaires.
Pour permettre ces changements, une plus
grande attention a été portée au travail
accompli par les médiateurs. Ces sept média-
teurs appartiennent à des communautés
d’origines différentes, notamment d’Amérique
latine, d’Asie du Sud-Est et d’Afrique orientale.
Ils établissent un lien direct entre Meditrina et
les utilisateurs du service. Grâce à eux, la
confiance nécessaire s’est installée plus facile-
ment, ce qui a eu des avantages considérables.
Le travail médical effectué via Meditrina a
révélé, tant aux responsables de la ville qu’aux
associations locales, les difficultés
qu’éprouvent beaucoup de personnes à se faire
soigner à Zurich. L’intérêt porté par d’autres
institutions et associations devrait permettre
le retrait de MSF et le transfert des efforts
médicaux et sociaux de Meditrina en 2009.
MSF travaille en Suisse depuis 2003.
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plus haut. Auparavant, les prisonniers
n’avaient aucun accès à des traitements spécifi-
ques pour le VIH.
En décembre 2008, MSF a pu transférer toutes
ses activités dans le secteur civil au ministère
de la Santé. Jusque-là, MSF et le ministère
fournissaient conjointement des soins contre le
VIH à environ 860 patients, soit plus de la
moitié des séropositifs enregistrés en
Transnistrie. Plus de 180 d’entre eux avaient été
placés sous ARV. MSF a formé le personnel de
l’hôpital afin de garantir des services de qualité.
En outre, l’insistance de MSF a fini par débou-
cher sur un transfert de ressources VIH/sida de
la Moldavie vers la Transnistrie. Le programme
dans les prisons devrait être transféré au minis-
tère de la Justice et au ministère de la Santé
début 2009.
MSF travaille en Moldavie depuis 2007.
saire TB à Grozny s’est ajouté au programme
début 2008. MSF fournira des traitements
contre la TB dans toute la Tchétchénie, y
compris dans les régions montagneuses isolées
qui n’y avaient pas accès jusque-là. Depuis le
début du programme en 2004, plus de 1.800
patients ont été soignés.
En octobre 2008, un fort séisme a fait 13 morts,
plus de 100 blessés et d’importants dégâts en
Tchétchénie. Des répliques ont été ressenties
pendant plusieurs jours et les habitants ont
dormi dehors dans le froid, par crainte que les
bâtiments ne s’effondrent. MSF a envoyé des
équipes mobiles dans les cinq villages les plus
touchés et assuré plus de 1.000 consultations
La région reste instable malgré la fin de la
guerre. La sécurité s’est améliorée en
Tchétchénie, mais elle s’est fortement détério-
rée dans l’Ingouchie voisine. En raison de
l’insécurité, les visites du personnel internatio-
nal MSF sur les sites des projets restent brèves
bien que régulières, et la gestion des program-
mes est essentiellement assumée par le person-
nel national.
Des milliers de personnes dont les maisons ont
été détruites durant les guerres sont encore
réfugiées en Ingouchie, au Daghestan ou à
Grozny même. En 2008, MSF a assuré à leur
intention jusqu’à 1.200 consultations médica-
les et psychologiques chaque mois dans un
centre médical à Nazran, en Ingouchie. Les
médecins ont fourni des soins gynécologiques
et pédiatriques dans les cliniques de Grozny ;
en moyenne, plus de 1.300 consultations
gynécologiques par mois ont été menées dans
le quartier de Staropromyslovsky. MSF a
soutenu l’hôpital républicain des femmes à
Grozny et des hôpitaux de district dans les
villages de montagne de Shatoy, Sharoy et
Itum-Kale, fournissant médicaments et
matériel médical.
En 2006, MSF a ouvert un projet de chirurgie à
l’Hôpital No.9 de Grozny (principal hôpital de
Tchétchénie), pour traiter les blessures ancien-
nes et handicaps chroniques liés à la guerre, et
soigner les victimes d’accidents de la route. En
2008, MSF y a assuré 445 opérations et 11.056
consultations en physiothérapie.
La TB est un problème dans la région depuis
l’interruption du traitement et du suivi des
patients pendant la guerre. MSF a restauré des
sanatoriums, établi des systèmes d’élimination
des déchets, formé le personnel médical local
et commencé à traiter les patients ; un dispen-
FédéRation de RuSSieMotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 292
médicales et 3.000 consultations psychosociales.
MSF ne cherchant pas à dupliquer les services
locaux existants ou naissants, certains pro-
grammes ont été fermés ou transférés en 2008,
notamment les deux polycliniques rénovées à
Grozny, où nos équipes avaient mis en place
des pharmacies gratuites et une clinique de
soins génésiques et planning familial. Les
équipes médicales mobiles ne desservent plus
les centres d’accueil temporaires à Grozny.
Le nombre d’interventions diminuant chaque
mois, MSF fermera son programme de chirur-
gie d’urgence à Grozny en 2009.
MSF travaille en Russie depuis 1988 et dans le Nord
du Caucase depuis 1995.
En collaboration avec le ministère de la Santé
de Transnistrie, MSF a ouvert le premier pro-
gramme VIH dans la région début 2007. Etant
donné l’urgence de la situation, les premiers
patients ont entamé un traitement antirétro-
viral (ARV) vital quatre mois avant l’ouverture
du premier service ambulatoire à l’hôpital
principal de la capitale, Tiraspol. MSF a rénové
le laboratoire de l’hôpital et installé un
nouveau système d’élimination des déchets.
Les activités du programme ont été étendues à
des visites hebdomadaires au sanatorium de
Bender pour les patients co-infectés par la
tuberculose (TB) ; à Slobozia, seule unité d’hos-
pitalisation pour patients séropositifs ; à
Ribnitza, dans le nord du pays, pour y tenir
une consultation hebdomadaire à la polyclini-
que de la ville ; et au système pénitentiaire, où
l’incidence du VIH/sida est environ 13 fois plus
élevée que dans la société civile. Le taux de
co-infections, surtout par la TB, est aussi bien
dans le nord du caucase, en tchétchénie et en ingouchie, MSF offre de la chirurgie, des soins materno-infantiles, un soutien en santé mentale et des traitements contre la tuberculose (tB).
“avant la guerre, il y avait plus de 120 spécialistes de la tB pour une population d’un million. pendant les deux guerres, l’infrastructure des services tB a été totalement détruite. MSF a montré que le traitement de la tB dans un contexte d’après-guerre est possible et donne de bons résultats.”Shamsudin ikhaev, médecin tchétchène, spécialiste de la tB
une fois par semaine, l’équipe MSF se rend à Ribnitza, dans le nord de la région. en cours de route, l’équipe s’arrête chez une jeune mère séropositive, qui vit seule dans un village isolé. elle vient chaque semaine à la clinique mobile avec son bébé pour une visite de contrôle avec les médecins MSF. jusqu’à présent, les tests vih ont été négatifs pour le bébé, mais il faudra attendre quelques temps avant de pouvoir être sûr qu’il n’a pas contracté la maladie. elle ne peut acheter de la nourriture ni des biens essentiels pour son bébé et ne peut l’allaiter ; MSF lui fournit donc non seulement des aRv, mais aussi de la nourriture pour le bébé.
MoLdavieMagomed, 59 ans, suit un traitement intensif contre la tB à l’hôpital spécialisé de grozny. il est faible et partiellement sourd en raison des médicaments antitubercu-leux. il a contracté la tB en prison, il y a cinq ans. a l’époque, la guerre ravageait le pays et il n’y avait pas d’endroit ni de moyens pour soigner les personnes comme lui efficacement. il n’a pas terminé son traitement, et a fait une rechute. “cette maladie est traître : elle vient de nulle part et il faut longtemps pour s’en débarrasser”, dit-il.
MotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 33
La transnistrie, région sécessionniste à majorité russophone, politiquement isolée, est une bande de terre séparée de la Moldavie par le fleuve Dniester. jadis le théâtre d’une violente guerre séparatiste, elle n’est pas reconnue par la communauté internationale et reçoit peu d’aide internationale malgré l’importante assistance offerte par les institutions internationales pour endiguer l’épidémie de vih/sida.
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Les défis humanitaires ont évolué ces dernières années en irak. L’accord de Sécurité, signé entre les etats-unis et l’irak fin 2008, a ouvert la voie au retrait des forces étrangères du pays (les troupes américaines quitteront les villes principales à la fin juin 2009) et des élections nationales se sont tenues en janvier 2009.La situation reste toutefois tendue, surtout à Bagdad et dans les provinces du nord : l’avenir de kirkouk reste incertain, par exemple, et Mossoul demeure très instable. Le retrait des troupes étrangères fait craindre une nouvelle escalade de violence, qui ne sera pas sans conséquences pour les opérations de MSF.
MSF s’est efforcé de déterminer l’approche la mieux adaptée à l’irak, à savoir la meilleure façon de trouver un équilibre entre les besoins médicaux des populations et les sérieuses préoccupations liées à la sécurité. notre organisation a dû s’adapter rapidement pour établir des réseaux et gagner la confiance de ses homologues en irak. pour des raisons de sécurité, les opérations sont limitées aux zones urbaines ; il est donc difficile d’évaluer avec précision les
besoins médicaux et humanitaires en zones rurales. nos équipes ont dû trouver des moyens d’atteindre les personnes vulnérables sans mettre en danger la réputation de l’organisation, ni la sécurité de son personnel. Beaucoup d’ong occidentales, ainsi que les nations unies, sont perçues comme alliées des forces améri-caines. ceci a brouillé la distinction essentielle entre la coalition armée et les agences humanitaires, posant de nouveaux défis à MSF et soulignant toute l’importance de sa neutralité, de son indépen-dance et de son impartialité en matière opérationnelle.
depuis que le ministère irakien de la Santé a commencé à repren-dre le contrôle de l’offre de soins, MSF a réduit la quantité de médicaments délivrée et son soutien aux structures de santé. MSF concentre désormais son attention en irak sur des projets médicaux plus techniques, tels que la chirurgie réparatrice complexe.
caroline abu-Sada, cheffe de mission par intérim
irak : de nouvelles préoccupations humanitaires
iRan MotiF d’inteRvention • Conflit armépeRSonneL de teRRain 96
Dans un Iran exposé à une crise économique,
le ressentiment à l’égard des réfugiés s’est
accru. En novembre 2007, officiellement pour
des raisons de sécurité, le gouvernement a
décrété les régions frontalières « no go areas ».
Celles-ci incluent le Sistan-Balouchistan, où
vivent illégalement un demi-million d’Afghans.
Les autorités iraniennes considèrent la
majorité des Afghans comme des migrants
économiques, qui n’ont par conséquent pas
droit au statut de réfugié ou à un accès
gratuit aux soins. Au Sistan-Balouchistan,
MSF continue à offrir des soins primaires et
secondaires à cette population qui a peu ou
pas accès au système de santé iranien. En
2008, à Zahedan, les équipes ont rendu visite
à en moyenne 23 familles nouvellement
arrivées chaque semaine (contre une
moyenne de huit familles par semaine en
2007).
MSF gère trois cliniques à Shirabad, Karimabad
et Besat, y proposant des consultations médica-
les gratuites et une aide nutritionnelle pour les
enfants. En 2008, plus de 7.000 consultations
par mois en moyenne ont été assurées. MSF
réfère des patients vers les structures de soins
secondaires et prend en charge les coûts des
consultations de spécialistes, des traitements et
de l’hospitalisation. Une équipe de travailleurs
sociaux identifie les personnes ayant besoin
d’une aide médicale dans la communauté des
réfugiés, leur assure un accès aux consultations,
et distribue du matériel de première nécessité,
comme des couvertures et des chauffages, selon
les besoins.
MSF travaille en Iran depuis 1996.
depuis 2001, MSF offre une assistance aux réfugiés afghans à Zahedan, capitale de la province iranienne du Sistan-Balouchistan, où les réfugiés traversent la frontière depuis 30 ans. en 2002, malgré la détérioration de la situation dans un Afghanistan accablé par les conflits, le gouvernement iranien a mis en œuvre une politique de rapatriement forcé. Beaucoup de réfugiés hésitent à rentrer dans leur pays et préfèrent rester en iran ; certains y reviennent après avoir été expulsés. etant donné les restrictions au travail, à l’éducation et aux services de santé imposées par l’iran, les conditions de vie des réfugiés afghans sont diffici-les ; mais l’immigration se poursuit, surtout pour des raisons économiques liées à la sécheresse dans les provinces du nord ou à l’insécurité dans d’autres régions.
dans ce programme, développé en partenariat
avec l’hôpital du Croissant-Rouge jordanien et
l’Association médicale irakienne.
chirurgie reconstructiveDans les gouvernorats kurdes du nord de
l’Irak, MSF a pris en charge les grands brûlés
et offert une assistance chirurgicale aux
blessés des hôpitaux de Souleimania, Erbil et
Dohuk, se concentrant sur la chirurgie
reconstructive prothétique et orthopédique.
De la chirurgie reconstructive a également
été proposée aux blessés de guerre irakiens à
Mehran, en Iran. MSF souhaitait mettre en
place un système de référence des patients de
la zone de guerre vers ces hôpitaux, mais ses
L’accès aux soins est problématique, surtout
après les bombardements : il est alors difficile
pour les blessés de rejoindre les hôpitaux. Les
patients atteints de maladies chroniques
souffrent du manque général de médica-
ments et d’un suivi approprié.
Une grande partie des médecins et des
soignants a fui le pays depuis le début de la
guerre en 2003. Ceux qui sont restés font face
à d’énormes difficultés et risquent parfois
leur vie. D’après le ministère irakien de la
Santé, plus de 600 membres du personnel
médical, dont 132 médecins, ont été tués
durant la guerre. Les organisations humani-
taires ont aussi été ciblées.
MSF lutte depuis des années pour obtenir un
accès aux populations. Selon Gustavo
Fernandez, chef de mission pour les program-
mes des gouvernorats de Ninewa et Tameen,
“le dilemme auquel nous sommes confrontés en
Irak est symptomatique de nombreux conf lits
actuels. Atteindre les civils au coeur du conf lit et de
la violence est devenu un énorme défi.”
Pour la première fois depuis le changement
de régime en 2003, MSF a pu établir une
équipe internationale en Irak en 2008. En
octobre, un projet de formation a débuté à
l’hôpital général de Bassora, dans le sud, en
vue d’améliorer les soins pré- et post-
opératoires.
assistance transfrontalière Depuis août 2006, MSF offre de la chirurgie
orthopédique, maxillo-faciale et plastique aux
blessés de guerre irakiens à Amman, en
Jordanie. Près de 600 patients nécessitant un
traitement trop complexe pour être offert dans
un contexte de guerre ont été pris en charge
tentatives ont échoué pour diverses raisons.
MSF a donc décidé de clore certains program-
mes en 2008 pour se concentrer sur les activi-
tés de chirurgie reconstructive à l’hôpital
d’Amman, et apporter une aide plus spécifique
aux hôpitaux situés dans la zone de conflit. Le
programme pour grands brûlés à Souleimania
se poursuit, avec en moyenne 80 admissions
par mois. Les blessures sont dues principale-
ment à des accidents ou des tentatives de
suicide ratées.
aide psychologiqueA Bagdad, dans le centre et dans le sud de
l’Irak, MSF fournit du matériel médical, des
équipements et des formations à huit
iRakMotiF d’inteRvention • Conflit armépeRSonneL de teRRain 489
en cette sixième année de guerre, le niveau général des violences a diminué mais les bombardements et meurtres continuent dans de nombreuses régions, faisant des dizaines de morts et de blessés chaque semaine. pour des raisons de sécurité, MSF ne peut offrir une assistance directe dans les régions les plus affectées ; l’aide est donc essentiellement délivrée depuis les régions plus sûres ou les pays voisins.
hôpitaux. Un soutien psychologique d’ur-
gence a été introduit pour les victimes de
violences dans quatre de ces hôpitaux. Dans
les gouvernorats de Tameen et Ninewa, au
nord, MSF délivre du matériel médical à cinq
hôpitaux et des interventions d’urgence après
les incidents violents.
Bien que la situation en Irak demeure
violente et très volatile, MSF espère pouvoir
profiter des relatives améliorations dans la
sécurité pour étendre son aide médico-
humanitaire en 2009.
MSF travaille en Irak depuis 2006.
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Les défis humanitaires ont évolué ces dernières années en irak. L’accord de Sécurité, signé entre les etats-unis et l’irak fin 2008, a ouvert la voie au retrait des forces étrangères du pays (les troupes américaines quitteront les villes principales à la fin juin 2009) et des élections nationales se sont tenues en janvier 2009.La situation reste toutefois tendue, surtout à Bagdad et dans les provinces du nord : l’avenir de kirkouk reste incertain, par exemple, et Mossoul demeure très instable. Le retrait des troupes étrangères fait craindre une nouvelle escalade de violence, qui ne sera pas sans conséquences pour les opérations de MSF.
MSF s’est efforcé de déterminer l’approche la mieux adaptée à l’irak, à savoir la meilleure façon de trouver un équilibre entre les besoins médicaux des populations et les sérieuses préoccupations liées à la sécurité. notre organisation a dû s’adapter rapidement pour établir des réseaux et gagner la confiance de ses homologues en irak. pour des raisons de sécurité, les opérations sont limitées aux zones urbaines ; il est donc difficile d’évaluer avec précision les
besoins médicaux et humanitaires en zones rurales. nos équipes ont dû trouver des moyens d’atteindre les personnes vulnérables sans mettre en danger la réputation de l’organisation, ni la sécurité de son personnel. Beaucoup d’ong occidentales, ainsi que les nations unies, sont perçues comme alliées des forces améri-caines. ceci a brouillé la distinction essentielle entre la coalition armée et les agences humanitaires, posant de nouveaux défis à MSF et soulignant toute l’importance de sa neutralité, de son indépen-dance et de son impartialité en matière opérationnelle.
depuis que le ministère irakien de la Santé a commencé à repren-dre le contrôle de l’offre de soins, MSF a réduit la quantité de médicaments délivrée et son soutien aux structures de santé. MSF concentre désormais son attention en irak sur des projets médicaux plus techniques, tels que la chirurgie réparatrice complexe.
caroline abu-Sada, cheffe de mission par intérim
irak : de nouvelles préoccupations humanitaires
iRan MotiF d’inteRvention • Conflit armépeRSonneL de teRRain 96
Dans un Iran exposé à une crise économique,
le ressentiment à l’égard des réfugiés s’est
accru. En novembre 2007, officiellement pour
des raisons de sécurité, le gouvernement a
décrété les régions frontalières « no go areas ».
Celles-ci incluent le Sistan-Balouchistan, où
vivent illégalement un demi-million d’Afghans.
Les autorités iraniennes considèrent la
majorité des Afghans comme des migrants
économiques, qui n’ont par conséquent pas
droit au statut de réfugié ou à un accès
gratuit aux soins. Au Sistan-Balouchistan,
MSF continue à offrir des soins primaires et
secondaires à cette population qui a peu ou
pas accès au système de santé iranien. En
2008, à Zahedan, les équipes ont rendu visite
à en moyenne 23 familles nouvellement
arrivées chaque semaine (contre une
moyenne de huit familles par semaine en
2007).
MSF gère trois cliniques à Shirabad, Karimabad
et Besat, y proposant des consultations médica-
les gratuites et une aide nutritionnelle pour les
enfants. En 2008, plus de 7.000 consultations
par mois en moyenne ont été assurées. MSF
réfère des patients vers les structures de soins
secondaires et prend en charge les coûts des
consultations de spécialistes, des traitements et
de l’hospitalisation. Une équipe de travailleurs
sociaux identifie les personnes ayant besoin
d’une aide médicale dans la communauté des
réfugiés, leur assure un accès aux consultations,
et distribue du matériel de première nécessité,
comme des couvertures et des chauffages, selon
les besoins.
MSF travaille en Iran depuis 1996.
depuis 2001, MSF offre une assistance aux réfugiés afghans à Zahedan, capitale de la province iranienne du Sistan-Balouchistan, où les réfugiés traversent la frontière depuis 30 ans. en 2002, malgré la détérioration de la situation dans un Afghanistan accablé par les conflits, le gouvernement iranien a mis en œuvre une politique de rapatriement forcé. Beaucoup de réfugiés hésitent à rentrer dans leur pays et préfèrent rester en iran ; certains y reviennent après avoir été expulsés. etant donné les restrictions au travail, à l’éducation et aux services de santé imposées par l’iran, les conditions de vie des réfugiés afghans sont diffici-les ; mais l’immigration se poursuit, surtout pour des raisons économiques liées à la sécheresse dans les provinces du nord ou à l’insécurité dans d’autres régions.
dans ce programme, développé en partenariat
avec l’hôpital du Croissant-Rouge jordanien et
l’Association médicale irakienne.
chirurgie reconstructiveDans les gouvernorats kurdes du nord de
l’Irak, MSF a pris en charge les grands brûlés
et offert une assistance chirurgicale aux
blessés des hôpitaux de Souleimania, Erbil et
Dohuk, se concentrant sur la chirurgie
reconstructive prothétique et orthopédique.
De la chirurgie reconstructive a également
été proposée aux blessés de guerre irakiens à
Mehran, en Iran. MSF souhaitait mettre en
place un système de référence des patients de
la zone de guerre vers ces hôpitaux, mais ses
L’accès aux soins est problématique, surtout
après les bombardements : il est alors difficile
pour les blessés de rejoindre les hôpitaux. Les
patients atteints de maladies chroniques
souffrent du manque général de médica-
ments et d’un suivi approprié.
Une grande partie des médecins et des
soignants a fui le pays depuis le début de la
guerre en 2003. Ceux qui sont restés font face
à d’énormes difficultés et risquent parfois
leur vie. D’après le ministère irakien de la
Santé, plus de 600 membres du personnel
médical, dont 132 médecins, ont été tués
durant la guerre. Les organisations humani-
taires ont aussi été ciblées.
MSF lutte depuis des années pour obtenir un
accès aux populations. Selon Gustavo
Fernandez, chef de mission pour les program-
mes des gouvernorats de Ninewa et Tameen,
“le dilemme auquel nous sommes confrontés en
Irak est symptomatique de nombreux conf lits
actuels. Atteindre les civils au coeur du conf lit et de
la violence est devenu un énorme défi.”
Pour la première fois depuis le changement
de régime en 2003, MSF a pu établir une
équipe internationale en Irak en 2008. En
octobre, un projet de formation a débuté à
l’hôpital général de Bassora, dans le sud, en
vue d’améliorer les soins pré- et post-
opératoires.
assistance transfrontalière Depuis août 2006, MSF offre de la chirurgie
orthopédique, maxillo-faciale et plastique aux
blessés de guerre irakiens à Amman, en
Jordanie. Près de 600 patients nécessitant un
traitement trop complexe pour être offert dans
un contexte de guerre ont été pris en charge
tentatives ont échoué pour diverses raisons.
MSF a donc décidé de clore certains program-
mes en 2008 pour se concentrer sur les activi-
tés de chirurgie reconstructive à l’hôpital
d’Amman, et apporter une aide plus spécifique
aux hôpitaux situés dans la zone de conflit. Le
programme pour grands brûlés à Souleimania
se poursuit, avec en moyenne 80 admissions
par mois. Les blessures sont dues principale-
ment à des accidents ou des tentatives de
suicide ratées.
aide psychologiqueA Bagdad, dans le centre et dans le sud de
l’Irak, MSF fournit du matériel médical, des
équipements et des formations à huit
iRakMotiF d’inteRvention • Conflit armépeRSonneL de teRRain 489
en cette sixième année de guerre, le niveau général des violences a diminué mais les bombardements et meurtres continuent dans de nombreuses régions, faisant des dizaines de morts et de blessés chaque semaine. pour des raisons de sécurité, MSF ne peut offrir une assistance directe dans les régions les plus affectées ; l’aide est donc essentiellement délivrée depuis les régions plus sûres ou les pays voisins.
hôpitaux. Un soutien psychologique d’ur-
gence a été introduit pour les victimes de
violences dans quatre de ces hôpitaux. Dans
les gouvernorats de Tameen et Ninewa, au
nord, MSF délivre du matériel médical à cinq
hôpitaux et des interventions d’urgence après
les incidents violents.
Bien que la situation en Irak demeure
violente et très volatile, MSF espère pouvoir
profiter des relatives améliorations dans la
sécurité pour étendre son aide médico-
humanitaire en 2009.
MSF travaille en Irak depuis 2006.
© Kloie Picot
charge les cas les plus urgents sur le rivage,
avant leur transfert dans un centre d’accueil
dans la ville d’Ahwar. Les réfugiés y restent
quelques jours pour être enregistrés. MSF a
établi un centre de santé où l’aide médicale
est accessible à tous et où les groupes vulnéra-
bles (femmes et enfants) sont particulièrement
encouragés à venir aux consultations pour
subir dépistages et vaccinations. En 2008,
l’équipe MSF à Ahwar a aidé près de 10.000
personnes.
MSF travaille au Yémen depuis 2007.
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© Michael Goldfarb
tenues grâce au personnel yéménite. Le
personnel international a pu retourner à
Saada en septembre 2008. En fin d’année, MSF
soutenait encore les hôpitaux d’Al Tahl et
Razeh ainsi que les consultations à Dahyan, et
gérait un système de référence vers les structu-
res de soins secondaires de MSF.
En 2008, les hôpitaux et projets périphériques
de MSF ont assuré environ 3.000 consultations
et 500 interventions chirurgicales ; 15.000
patients ont été soignés aux urgences, et plus
de 1.500 ont été admis à l’hôpital. Environ
1.000 enfants ont été admis pour malnutrition
sévère et MSF a mené près de 3.000 consulta-
tions prénatales et 700 accouchements.
MotiF d’inteRvention • Conflit armépeRSonneL de teRRain 352
considéré comme un refuge pour des milliers de personnes fuyant la guerre et la pauvreté dans la corne de l’afrique, le yémen est en proie à ses propres tensions internes. Depuis juin 2004, un conflit dans le gouvernorat de Saada (nord-ouest du pays, près de la frontière avec l’arabie saoudite) aurait fait plus de 9.000 morts et environ 20.000 blessés. un groupe local appelé al houthis s’oppose aux troupes du gouvernement. cinq périodes de combats intenses ont éclaté depuis 2004. La « cinquième guerre » s’est tenue entre mai et juillet 2008. pendant ce temps, le nombre de réfugiés de Somalie et d’éthiopie risquant leur vie pour traverser le golfe d’aden s’est encore accru en 2008.
aide aux réfugiés de la corne de l’afriqueDans le sud du pays, dans les gouvernorats
d’Abyan et de Shabwah, MSF apporte depuis
septembre 2007 une aide aux migrants arrivés
de la Corne de l’Afrique après avoir traversé le
Golfe d’Aden. En 2008, d’après les chiffres du
Haut Commissariat des Nations Unies pour les
réfugiés, plus de 50.000 personnes fuyant la
guerre, les persécutions et la faim en Somalie
et en Éthiopie ont fait un périlleux voyage
dans des bateaux de contrebandiers, dans
l’espoir d’atteindre le Yémen. Près de 950 y ont
perdu la vie.
MSF fournit une assistance médicale, psycho-
sociale et humanitaire à ces réfugiés à leur
arrivée au Yémen. Une équipe mobile prend en
yéMen
Soins aux victimes du conflitDepuis juillet 2007, MSF fournit des soins aux
victimes du conflit dans le gouvernorat de
Saada, développe la capacité de prise en charge
des blessés de guerre, et répond aux besoins
des déplacés pendant les affrontements.
Lorsque la cinquième guerre a éclaté en 2008,
MSF gérait un hôpital et des activités périphé-
riques à Haydan et Razeh ainsi qu’un hôpital
et des consultations mobiles en soins primai-
res à Al Tahl, pour le village voisin de Dahyan.
Bien que l’insécurité pendant la guerre ait
forcé tous les expatriés à évacuer le gouverno-
rat de Saada, certaines activités ont été main-
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MotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 8
après une évaluation des besoins en santé mentale du peuple libanais en 2008, MSF a lancé un programme de trois ans à Burj el-Barajneh. ce quartier du sud de Beyrouth abrite de nombreux Libanais, des réfugiés récemment arrivés d’irak et des réfugiés palestiniens, installés depuis 1948.
Au Liban, 17% de la population souffre de
problèmes psychologiques, mais seuls 11% de
ce groupe ont accès à un traitement. Le
système de santé est cher car largement priva-
tisé, et les services de santé publics ne
couvrent pas les soins en santé mentale. Les
quelques rares centres de santé mentale se
concentrent sur les enfants, mais les adultes,
notamment au sein de la population réfugiée,
requièrent également ce type de traitement. La
guerre de 2006 a mis en évidence ce besoin
chez le peuple libanais ; la mise en œuvre des
mesures nécessaires a toutefois été lente.
Le 18 décembre 2008, MSF a ouvert son centre
communautaire de santé mentale dans le
quartier sud de Beyrouth. Celui-ci a reçu une
dizaine de patients dans les derniers jours de
l’année et MSF s’attend à une rapide augmen-
tation du nombre de patients en 2009.
Composée de thérapeutes internationaux et
libanais, l’équipe MSF offre une assistance
psychologique et psychiatrique à tous ceux qui
en ont besoin, quel que soit leur âge, leur sexe
ou leur origine nationale. Afin d’établir le
programme dans le quartier et de vaincre la
stigmatisation associée aux problèmes psycho-
logiques, MSF, avec l’aide d’ONG locales,
organise des activités psychosociales pour la
communauté. La promotion de la santé
mentale auprès des résidents du quartier
devrait faciliter le transfert futur du projet,
ainsi que la participation de la population à
des sessions de thérapie individuelle, familiale
et de groupe au centre communautaire.
MSF travaille au Liban depuis 2008.
charge les cas les plus urgents sur le rivage,
avant leur transfert dans un centre d’accueil
dans la ville d’Ahwar. Les réfugiés y restent
quelques jours pour être enregistrés. MSF a
établi un centre de santé où l’aide médicale
est accessible à tous et où les groupes vulnéra-
bles (femmes et enfants) sont particulièrement
encouragés à venir aux consultations pour
subir dépistages et vaccinations. En 2008,
l’équipe MSF à Ahwar a aidé près de 10.000
personnes.
MSF travaille au Yémen depuis 2007.
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tenues grâce au personnel yéménite. Le
personnel international a pu retourner à
Saada en septembre 2008. En fin d’année, MSF
soutenait encore les hôpitaux d’Al Tahl et
Razeh ainsi que les consultations à Dahyan, et
gérait un système de référence vers les structu-
res de soins secondaires de MSF.
En 2008, les hôpitaux et projets périphériques
de MSF ont assuré environ 3.000 consultations
et 500 interventions chirurgicales ; 15.000
patients ont été soignés aux urgences, et plus
de 1.500 ont été admis à l’hôpital. Environ
1.000 enfants ont été admis pour malnutrition
sévère et MSF a mené près de 3.000 consulta-
tions prénatales et 700 accouchements.
MotiF d’inteRvention • Conflit armépeRSonneL de teRRain 352
considéré comme un refuge pour des milliers de personnes fuyant la guerre et la pauvreté dans la corne de l’afrique, le yémen est en proie à ses propres tensions internes. Depuis juin 2004, un conflit dans le gouvernorat de Saada (nord-ouest du pays, près de la frontière avec l’arabie saoudite) aurait fait plus de 9.000 morts et environ 20.000 blessés. un groupe local appelé al houthis s’oppose aux troupes du gouvernement. cinq périodes de combats intenses ont éclaté depuis 2004. La « cinquième guerre » s’est tenue entre mai et juillet 2008. pendant ce temps, le nombre de réfugiés de Somalie et d’éthiopie risquant leur vie pour traverser le golfe d’aden s’est encore accru en 2008.
aide aux réfugiés de la corne de l’afriqueDans le sud du pays, dans les gouvernorats
d’Abyan et de Shabwah, MSF apporte depuis
septembre 2007 une aide aux migrants arrivés
de la Corne de l’Afrique après avoir traversé le
Golfe d’Aden. En 2008, d’après les chiffres du
Haut Commissariat des Nations Unies pour les
réfugiés, plus de 50.000 personnes fuyant la
guerre, les persécutions et la faim en Somalie
et en Éthiopie ont fait un périlleux voyage
dans des bateaux de contrebandiers, dans
l’espoir d’atteindre le Yémen. Près de 950 y ont
perdu la vie.
MSF fournit une assistance médicale, psycho-
sociale et humanitaire à ces réfugiés à leur
arrivée au Yémen. Une équipe mobile prend en
yéMen
Soins aux victimes du conflitDepuis juillet 2007, MSF fournit des soins aux
victimes du conflit dans le gouvernorat de
Saada, développe la capacité de prise en charge
des blessés de guerre, et répond aux besoins
des déplacés pendant les affrontements.
Lorsque la cinquième guerre a éclaté en 2008,
MSF gérait un hôpital et des activités périphé-
riques à Haydan et Razeh ainsi qu’un hôpital
et des consultations mobiles en soins primai-
res à Al Tahl, pour le village voisin de Dahyan.
Bien que l’insécurité pendant la guerre ait
forcé tous les expatriés à évacuer le gouverno-
rat de Saada, certaines activités ont été main-
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MotiF d’inteRvention • Violence sociale/exclusion des soins de santépeRSonneL de teRRain 8
après une évaluation des besoins en santé mentale du peuple libanais en 2008, MSF a lancé un programme de trois ans à Burj el-Barajneh. ce quartier du sud de Beyrouth abrite de nombreux Libanais, des réfugiés récemment arrivés d’irak et des réfugiés palestiniens, installés depuis 1948.
Au Liban, 17% de la population souffre de
problèmes psychologiques, mais seuls 11% de
ce groupe ont accès à un traitement. Le
système de santé est cher car largement priva-
tisé, et les services de santé publics ne
couvrent pas les soins en santé mentale. Les
quelques rares centres de santé mentale se
concentrent sur les enfants, mais les adultes,
notamment au sein de la population réfugiée,
requièrent également ce type de traitement. La
guerre de 2006 a mis en évidence ce besoin
chez le peuple libanais ; la mise en œuvre des
mesures nécessaires a toutefois été lente.
Le 18 décembre 2008, MSF a ouvert son centre
communautaire de santé mentale dans le
quartier sud de Beyrouth. Celui-ci a reçu une
dizaine de patients dans les derniers jours de
l’année et MSF s’attend à une rapide augmen-
tation du nombre de patients en 2009.
Composée de thérapeutes internationaux et
libanais, l’équipe MSF offre une assistance
psychologique et psychiatrique à tous ceux qui
en ont besoin, quel que soit leur âge, leur sexe
ou leur origine nationale. Afin d’établir le
programme dans le quartier et de vaincre la
stigmatisation associée aux problèmes psycho-
logiques, MSF, avec l’aide d’ONG locales,
organise des activités psychosociales pour la
communauté. La promotion de la santé
mentale auprès des résidents du quartier
devrait faciliter le transfert futur du projet,
ainsi que la participation de la population à
des sessions de thérapie individuelle, familiale
et de groupe au centre communautaire.
MSF travaille au Liban depuis 2008.
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© Bruno Stevens
Riyad, 19 ans, est né dans la ville de Beit Lahia, dans le nord de la Bande de gaza, une zone particulièrement touchée lors de l’offen-sive militaire israélienne « plomb durci ». Le 5 janvier, il a été grièvement blessé par un tir d’obus. Sa jambe gauche a dû être amputée. il a été suivi à la clinique MSF de gaza ville où il a bénéficié de soins post-opératoires.“j’étais chez moi. c’était un jour calme, on n’entendait ni avions ni chars. j’ai décidé de sortir faire des courses. a mon retour, je n’ai pas compris ce qu’il s’est passé, mais je me suis retrouvé à terre. j’ai dû rester inconscient plusieurs minutes. Mon père nous a traînés, mon frère et moi, à l’intérieur de la maison. il a tenté d’appeler les secours, mais en vain.” “j’étais inconscient la plupart du temps, mais je me souviens quand j’ai été touché par l’obus. j’ai vu ma jambe à moitié arrachée. elle ne tenait plus que par un petit morceau de chair. je perdais beaucoup de sang. j’étais allongé sur le sol, je pensais “je vais mourir!”. Mon père m’a porté à l’extérieur pour trouver de l’aide. nous avons attendu près d’une heure et demie dans la rue, mais aucune voiture ni ambulance ne sont passées. un voisin a fini par embarquer sept personnes, dont mon père et moi, dans son tracteur.”
“quand je me suis réveillé à l’hôpital d’al Shifa, ma jambe avait été amputée. j’ai hurlé, tout semblait si irréel. Mais après tout, ce n’est pas si grave. je ne suis pas triste. Bien sûr, lorsque je vois d’autres personnes sur leurs deux jambes, c’est difficile, mais ça aurait pu être pire. je ne vais pas rester à la maison. j’ai l’inten-tion de retrouver mon autonomie et un travail.”
par le gouvernement israélien, le district de
Jenine se distingue par une détérioration de la
situation économique, de graves problèmes
socio-culturels et une agitation sociale.
Les services psychologiques disponibles pour
répondre aux besoins en santé mentale de la
population du camp étaient insuffisants. En
juin 2008, après des mois de négociations, les
cliniques n’ont pu ouvrir. Certains membres
palestiniens du personnel ont été équipés de
kits médicaux d’urgence pour assurer des soins
de proximité. Le dispensaire MSF de la ville de
Gaza est resté ouvert, mais peu de patients ont
pu rejoindre les structures de santé.
cisjordanieEn 2008, à Naplouse, qui n’a pas connu le
même degré de violence que Gaza, les activités
de MSF sont restées concentrées sur la santé
mentale et le soutien médico-social. Une coopé-
ration, établie avec les autres prestataires
locaux de soins en santé mentale, s’est poursui-
vie avec des références mutuelles de patients.
En 2008, plus de 300 patients ont été pris en
charge.
A Hébron, MSF offre une assistance psychologi-
que, médicale et sociale aux personnes souf-
frant des violentes conséquences du conflit
israélo-palestinien. Pour soulager la souffrance
psychologique, MSF propose également des
psychothérapies de court-terme aux patients.
Les équipes réfèrent aussi des patients au
médecin et à l’assistant social de MSF, ou aux
structures de santé appropriées.
Environ 13.000 réfugiés palestiniens vivent
dans le camp de Jenine, exposé à la violence :
aux incursions régulières des forces de défense
israéliennes s’ajoutent les heurts fréquents
entre diverses factions armées palestiniennes.
Depuis la construction du mur de séparation
équipes MSF sont parvenues à ouvrir un projet
pour y remédier. Celui-ci a malheureusement
dû être fermé alors qu’il était encore dans sa
phase de lancement, en raison du manque de
coopération et de l’hostilité dans le camp.
MSF travaille dans les Territoires palestiniens depuis
1988.
© Bruno Stevens
© Frederic Sautereau / Oeil Public
“chacun de nous a été touché. chaque habitant de la Bande de gaza, sans exception, a souffert de la guerre.” abu abed, médecin de MSF
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la surcharge du seul hôpital pédiatrique de
référence. Plus de 6.600 enfants de moins de
12 ans y ont bénéficié de consultations
externes, soins et suivis médicaux en 2008. Un
programme psycho-médico-social permet aux
personnes souffrant de problèmes psychologi-
ques liés à la violence de continuer à vivre
dans ce contexte très difficile et stressant.
Début 2008, le renforcement du blocus israé-
lien a considérablement réduit les approvision-
Bande de gazaDe nombreux blessés n’ayant pas accès aux
traitements post-opératoires et à la physiothé-
rapie, MSF offre ces soins spécialisés dans trois
cliniques afin d’aider ces personnes à recou-
vrer leur mobilité et leur autonomie. Plus de
480 patients ont été suivis en 2008.
En février 2008, MSF a lancé un programme
pédiatrique dans le nord de la Bande de Gaza
pour compenser le manque général de soins et
MotiF d’inteRvention • Conflit armé peRSonneL de teRRain 127
dans la Bande de gaza, l’année 2008 a été marquée par une forte dégradation de la situation sécuritaire, économique et sanitaire. Les incursions et offensives militaires israéliennes se sont poursuivies, la violence culminant à la fin de l’année. Le conflit intra-palestinien a fait beaucoup de blessés, et le renforce-ment du blocus a aggravé la situation.
teRRitoiReS paLeStinienS
nements. MSF a étroitement suivi la situation,
craignant que l’accès aux médicaments et aux
soins ne soit restreint et que les services hospi-
taliers ne puissent plus fonctionner.
Entre février et mars, en réponse à des tirs de
roquettes contre Israël, l’armée israélienne a
lancé une offensive dans le nord de la Bande
de Gaza. MSF a soigné les blessés dans sa
clinique de Gaza ville, effectué des donations
de matériel médical et de médicaments, et
soutenu les hôpitaux, débordés par l’afflux de
patients. Cette offensive a fait quelque 120
morts et 360 blessés, dont beaucoup de
femmes et d’enfants.
La pénurie de carburant a sérieusement
entravé les activités de MSF ainsi que celles de
l’ensemble du système de santé. De plus, les
politiques contradictoires et concurrentes des
deux ministères palestiniens de la Santé (celui
de l’Autorité palestinienne reconnue par la
communauté internationale à Ramallah et
celui du gouvernement de facto du Hamas à
Gaza) ont mené à la grève générale du person-
nel soignant à partir du 30 août.
Dans cette situation sanitaire très fragile, Israël
a lancé, le 27 décembre, l’opération « Plomb
durci ». MSF a immédiatement réagi en soute-
nant les hôpitaux submergés par l’afflux de
blessés et en donnant du matériel médical.
Tout au long de la guerre, du fait de l’intensité
des bombardements et de l’insécurité, nos
“il est essentiel que les civils, les autorités sanitai-res et les travailleurs humanitaires soient respec-tés par toutes les parties au conflit. Cela n’a pas été le cas jusqu’ici. Le droit humanitaire existe pour être appliqué dans tous les conflits et être respecté par tous, y compris les gouvernements.”dr Marie-pierre allié, présidente de la section française de MSF
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Riyad, 19 ans, est né dans la ville de Beit Lahia, dans le nord de la Bande de gaza, une zone particulièrement touchée lors de l’offen-sive militaire israélienne « plomb durci ». Le 5 janvier, il a été grièvement blessé par un tir d’obus. Sa jambe gauche a dû être amputée. il a été suivi à la clinique MSF de gaza ville où il a bénéficié de soins post-opératoires.“j’étais chez moi. c’était un jour calme, on n’entendait ni avions ni chars. j’ai décidé de sortir faire des courses. a mon retour, je n’ai pas compris ce qu’il s’est passé, mais je me suis retrouvé à terre. j’ai dû rester inconscient plusieurs minutes. Mon père nous a traînés, mon frère et moi, à l’intérieur de la maison. il a tenté d’appeler les secours, mais en vain.” “j’étais inconscient la plupart du temps, mais je me souviens quand j’ai été touché par l’obus. j’ai vu ma jambe à moitié arrachée. elle ne tenait plus que par un petit morceau de chair. je perdais beaucoup de sang. j’étais allongé sur le sol, je pensais “je vais mourir!”. Mon père m’a porté à l’extérieur pour trouver de l’aide. nous avons attendu près d’une heure et demie dans la rue, mais aucune voiture ni ambulance ne sont passées. un voisin a fini par embarquer sept personnes, dont mon père et moi, dans son tracteur.”
“quand je me suis réveillé à l’hôpital d’al Shifa, ma jambe avait été amputée. j’ai hurlé, tout semblait si irréel. Mais après tout, ce n’est pas si grave. je ne suis pas triste. Bien sûr, lorsque je vois d’autres personnes sur leurs deux jambes, c’est difficile, mais ça aurait pu être pire. je ne vais pas rester à la maison. j’ai l’inten-tion de retrouver mon autonomie et un travail.”
par le gouvernement israélien, le district de
Jenine se distingue par une détérioration de la
situation économique, de graves problèmes
socio-culturels et une agitation sociale.
Les services psychologiques disponibles pour
répondre aux besoins en santé mentale de la
population du camp étaient insuffisants. En
juin 2008, après des mois de négociations, les
cliniques n’ont pu ouvrir. Certains membres
palestiniens du personnel ont été équipés de
kits médicaux d’urgence pour assurer des soins
de proximité. Le dispensaire MSF de la ville de
Gaza est resté ouvert, mais peu de patients ont
pu rejoindre les structures de santé.
cisjordanieEn 2008, à Naplouse, qui n’a pas connu le
même degré de violence que Gaza, les activités
de MSF sont restées concentrées sur la santé
mentale et le soutien médico-social. Une coopé-
ration, établie avec les autres prestataires
locaux de soins en santé mentale, s’est poursui-
vie avec des références mutuelles de patients.
En 2008, plus de 300 patients ont été pris en
charge.
A Hébron, MSF offre une assistance psychologi-
que, médicale et sociale aux personnes souf-
frant des violentes conséquences du conflit
israélo-palestinien. Pour soulager la souffrance
psychologique, MSF propose également des
psychothérapies de court-terme aux patients.
Les équipes réfèrent aussi des patients au
médecin et à l’assistant social de MSF, ou aux
structures de santé appropriées.
Environ 13.000 réfugiés palestiniens vivent
dans le camp de Jenine, exposé à la violence :
aux incursions régulières des forces de défense
israéliennes s’ajoutent les heurts fréquents
entre diverses factions armées palestiniennes.
Depuis la construction du mur de séparation
équipes MSF sont parvenues à ouvrir un projet
pour y remédier. Celui-ci a malheureusement
dû être fermé alors qu’il était encore dans sa
phase de lancement, en raison du manque de
coopération et de l’hostilité dans le camp.
MSF travaille dans les Territoires palestiniens depuis
1988.
© Bruno Stevens
© Frederic Sautereau / Oeil Public
“chacun de nous a été touché. chaque habitant de la Bande de gaza, sans exception, a souffert de la guerre.” abu abed, médecin de MSF
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la surcharge du seul hôpital pédiatrique de
référence. Plus de 6.600 enfants de moins de
12 ans y ont bénéficié de consultations
externes, soins et suivis médicaux en 2008. Un
programme psycho-médico-social permet aux
personnes souffrant de problèmes psychologi-
ques liés à la violence de continuer à vivre
dans ce contexte très difficile et stressant.
Début 2008, le renforcement du blocus israé-
lien a considérablement réduit les approvision-
Bande de gazaDe nombreux blessés n’ayant pas accès aux
traitements post-opératoires et à la physiothé-
rapie, MSF offre ces soins spécialisés dans trois
cliniques afin d’aider ces personnes à recou-
vrer leur mobilité et leur autonomie. Plus de
480 patients ont été suivis en 2008.
En février 2008, MSF a lancé un programme
pédiatrique dans le nord de la Bande de Gaza
pour compenser le manque général de soins et
MotiF d’inteRvention • Conflit armé peRSonneL de teRRain 127
dans la Bande de gaza, l’année 2008 a été marquée par une forte dégradation de la situation sécuritaire, économique et sanitaire. Les incursions et offensives militaires israéliennes se sont poursuivies, la violence culminant à la fin de l’année. Le conflit intra-palestinien a fait beaucoup de blessés, et le renforce-ment du blocus a aggravé la situation.
teRRitoiReS paLeStinienS
nements. MSF a étroitement suivi la situation,
craignant que l’accès aux médicaments et aux
soins ne soit restreint et que les services hospi-
taliers ne puissent plus fonctionner.
Entre février et mars, en réponse à des tirs de
roquettes contre Israël, l’armée israélienne a
lancé une offensive dans le nord de la Bande
de Gaza. MSF a soigné les blessés dans sa
clinique de Gaza ville, effectué des donations
de matériel médical et de médicaments, et
soutenu les hôpitaux, débordés par l’afflux de
patients. Cette offensive a fait quelque 120
morts et 360 blessés, dont beaucoup de
femmes et d’enfants.
La pénurie de carburant a sérieusement
entravé les activités de MSF ainsi que celles de
l’ensemble du système de santé. De plus, les
politiques contradictoires et concurrentes des
deux ministères palestiniens de la Santé (celui
de l’Autorité palestinienne reconnue par la
communauté internationale à Ramallah et
celui du gouvernement de facto du Hamas à
Gaza) ont mené à la grève générale du person-
nel soignant à partir du 30 août.
Dans cette situation sanitaire très fragile, Israël
a lancé, le 27 décembre, l’opération « Plomb
durci ». MSF a immédiatement réagi en soute-
nant les hôpitaux submergés par l’afflux de
blessés et en donnant du matériel médical.
Tout au long de la guerre, du fait de l’intensité
des bombardements et de l’insécurité, nos
“il est essentiel que les civils, les autorités sanitai-res et les travailleurs humanitaires soient respec-tés par toutes les parties au conflit. Cela n’a pas été le cas jusqu’ici. Le droit humanitaire existe pour être appliqué dans tous les conflits et être respecté par tous, y compris les gouvernements.”dr Marie-pierre allié, présidente de la section française de MSF
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au
x
cÔte d’ivoiRe
Après 18 ans de présence en Côte d’Ivoire, MSF
a clos tous ses programmes en octobre 2008.
A la suite de la signature du traité de paix en
2007, du démantèlement de la Zone de
Confiance et du retour graduel du personnel
dans les infrastructures médicales du nord et
de l’ouest du pays, MSF s’est successivement
retiré de Bouaké, Guiglo, Man, Danané et
Bangolo. Des équipes sont toutefois interve-
nues lors d’une crise nutritionnelle de courte
durée à Odienné, dans le nord-ouest du pays.
En mars, les équipes ont transféré aux autori-
tés locales les cliniques et programmes nutri-
tionnels mobiles qu’elles avaient gérés dans
l’ouest de la Côte d’Ivoire.
Lors du transfert du programme de Bangolo,
où quelque 400 hospitalisations, 8.000 consul-
tations et 130 naissances étaient assurées
chaque mois, MSF a fait pression pour que les
soins de santé continuent d’être gratuits.
MSF a travaillé en côte d’ivoire de 1990 à 2008.
congo-BRaZZaviLLe
En 2008, le Congo-Brazzaville a continué de
vivre en paix pour la cinquième année consé-
cutive depuis la fin des hostilités. Dans ce
climat de paix et de reprise des activités
économiques, le pays a pu reprendre les
services de santé dans la région du Pool, où
MSF avait travaillé ces 5 dernières années.
Les services hospitaliers de MSF comprenaient
les soins ambulatoires et maternels ainsi que
la chirurgie d’urgence, le traitement des
maladies infectieuses telles que la tuberculose
et le VIH/sida, et le counselling psychosocial.
Via des cliniques mobiles, les équipes MSF ont
aussi apporté des soins aux communautés près
LaoS
Il y a 5 ans, MSF a été l’une des premières orga-
nisations à traiter les patients atteints du VIH/
sida par antirétroviraux (ARV) au Laos. A
l’époque, il s’agissait de démontrer que les ARV
pouvaient être utilisés dans des régions pauvres
et éloignées. La stratégie comprenait du
lobbying au niveau national afin de faire
accepter les ARV, l’objectif étant dès l’origine de
transférer les programmes aux autorités sanitai-
res laotiennes. Les programmes MSF étaient
basés à l’hôpital provincial de Savannakhet et à
l’hôpital Setthathirath de Vientiane.
En 2008, près de 850 patients ont bénéficié
d’ARV fournis gratuitement par MSF, et les
équipes ont finalisé le transfert au personnel
médical local qui avait été formé à travailler de
manière indépendante.
Une institution financière internationale, le
Fonds mondial de lutte contre le sida, la
tuberculose et la malaria, supervise désormais
le financement des programmes nationaux
contre le VIH/sida.
MSF a travaillé au Laos de 1989 à 2008.
des villes de Mindouli et Kindamba. En 2008,
MSF a assuré plus de 12.825 consultations.
MSF a transféré ses programmes des hôpitaux
Mindouli et Kindamba en 2008. Ceux de
Kindamba ont été transférés au ministère de la
Santé et à des partenaires locaux tels que Psy
Sans Frontières et Global Outreach Mission.
Bien que les activités aient cessé en juin, MSF
est retourné au Congo plus tard dans l’année
durant trois mois pour traiter les patients
atteints de trypanosomiase africaine humaine
(maladie du sommeil).
MSF a travaillé au congo-Brazzaville de 1997 à 2008.
© Renzo Fricke
© Jiro Ose
© Thierry Dricot
© Bruno Stevens
autres informations
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Après 18 ans de présence en Côte d’Ivoire, MSF
a clos tous ses programmes en octobre 2008.
A la suite de la signature du traité de paix en
2007, du démantèlement de la Zone de
Confiance et du retour graduel du personnel
dans les infrastructures médicales du nord et
de l’ouest du pays, MSF s’est successivement
retiré de Bouaké, Guiglo, Man, Danané et
Bangolo. Des équipes sont toutefois interve-
nues lors d’une crise nutritionnelle de courte
durée à Odienné, dans le nord-ouest du pays.
En mars, les équipes ont transféré aux autori-
tés locales les cliniques et programmes nutri-
tionnels mobiles qu’elles avaient gérés dans
l’ouest de la Côte d’Ivoire.
Lors du transfert du programme de Bangolo,
où quelque 400 hospitalisations, 8.000 consul-
tations et 130 naissances étaient assurées
chaque mois, MSF a fait pression pour que les
soins de santé continuent d’être gratuits.
MSF a travaillé en côte d’ivoire de 1990 à 2008.
congo-BRaZZaviLLe
En 2008, le Congo-Brazzaville a continué de
vivre en paix pour la cinquième année consé-
cutive depuis la fin des hostilités. Dans ce
climat de paix et de reprise des activités
économiques, le pays a pu reprendre les
services de santé dans la région du Pool, où
MSF avait travaillé ces 5 dernières années.
Les services hospitaliers de MSF comprenaient
les soins ambulatoires et maternels ainsi que
la chirurgie d’urgence, le traitement des
maladies infectieuses telles que la tuberculose
et le VIH/sida, et le counselling psychosocial.
Via des cliniques mobiles, les équipes MSF ont
aussi apporté des soins aux communautés près
LaoS
Il y a 5 ans, MSF a été l’une des premières orga-
nisations à traiter les patients atteints du VIH/
sida par antirétroviraux (ARV) au Laos. A
l’époque, il s’agissait de démontrer que les ARV
pouvaient être utilisés dans des régions pauvres
et éloignées. La stratégie comprenait du
lobbying au niveau national afin de faire
accepter les ARV, l’objectif étant dès l’origine de
transférer les programmes aux autorités sanitai-
res laotiennes. Les programmes MSF étaient
basés à l’hôpital provincial de Savannakhet et à
l’hôpital Setthathirath de Vientiane.
En 2008, près de 850 patients ont bénéficié
d’ARV fournis gratuitement par MSF, et les
équipes ont finalisé le transfert au personnel
médical local qui avait été formé à travailler de
manière indépendante.
Une institution financière internationale, le
Fonds mondial de lutte contre le sida, la
tuberculose et la malaria, supervise désormais
le financement des programmes nationaux
contre le VIH/sida.
MSF a travaillé au Laos de 1989 à 2008.
des villes de Mindouli et Kindamba. En 2008,
MSF a assuré plus de 12.825 consultations.
MSF a transféré ses programmes des hôpitaux
Mindouli et Kindamba en 2008. Ceux de
Kindamba ont été transférés au ministère de la
Santé et à des partenaires locaux tels que Psy
Sans Frontières et Global Outreach Mission.
Bien que les activités aient cessé en juin, MSF
est retourné au Congo plus tard dans l’année
durant trois mois pour traiter les patients
atteints de trypanosomiase africaine humaine
(maladie du sommeil).
MSF a travaillé au congo-Brazzaville de 1997 à 2008.
© Renzo Fricke
© Jiro Ose
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MSF en chiFFReS apRèS auditdépenses totales par pays/régionPays/régions En Me
AfriqueSoudan 47.2République démocratique du Congo 43.8Somalie 22.7Éthiopie 22.1Niger 21.1Tchad 20.4Kenya 17.1Zimbabwe 14.4République centrafricaine 12.8Nigeria 9.7Malawi 8.8Ouganda 8.7Mozambique 8.6Libéria 7.6Burkina Faso 6.0Afrique du Sud 5.1Sierra Leone 4.3Cameroun 3.9Côte d’Ivoire 3.2Guinée-Conakry 3.2Mali 2.5Burundi 1.9Zambie 1.5Swaziland 1.4Congo-Brazzaville 1.0Autres pays* 2.0
Total 301.0
Pays/régions En Me
Asie/Moyen-OrientMyanmar 17.6Irak 12.2Inde 6.2Pakistan 5.2Cambodge 4.4Chine 4.4Thaïlande 4.0Yémen 3.8Territoires palestiniens 3.5Iran 3.0Géorgie 2.9Ouzbékistan 2.0Sri Lanka 1.8Népal 1.8Bangladesh 1.5Arménie 1.4Indonésie 1.4Autres pays* 4.1
Total 81.2
AmériquesHaïti 14.3Colombie 9.0Brésil 1.0Autres pays* 2.4
Total 26.7
EuropeTchétchénie / Ingouchie Daguestan 6.1Russie 2.0Italie 1.5Autres pays* 2.5
Total 12.1
* Le poste “Autres pays” regroupe tous les pays pour lesquels les dépenses totales d’exécution de projets étaient inférieures à 1 million d’euros.
MSF
en
ch
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Médecins Sans Frontières (MSF) est une organisation privée, sans but
lucratif, à vocation humanitaire et médicale opérant au niveau inter-
national. Elle comprend actuellement 19 sections nationales en
Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Danemark,
Espagne, États-Unis, France, Grèce, Pays-Bas, Hong Kong, Italie, Japon,
Luxembourg, Norvège, Suède, Suisse et Royaume-Uni et un Bureau
international à Genève.
Par souci d’efficacité, MSF a créé des organisations spécialisées, dites
« satellites », auxquelles sont assignées des missions spécifiques telles
que la fourniture d’aide humanitaire, les études en matière de recher-
che épidémiologique et médicale, et la recherche sur les actions
sociales et humanitaires. Il s’agit notamment de : MSF-Supply en
Belgique ; MSF-Logistique, Epicentre, Fondation MSF, Etat d’Urgence
Production, MSF Assistance, SCI MSF, SCI Sabin en France; Ärzte Ohne
Grenzen Foundation en Allemagne, et MSF Enterprises Limited au
Royaume-Uni. Ces organisations étant gérées par MSF, leurs activités
sont prises en compte dans le rapport financier ci-dessous.
Les comptes présentés ci-dessous donnent un état consolidé des
finances de MSF à l’échelle internationale. Ces chiffres consolidés
pour 2008 ont été établis conformément aux normes comptables
internationales appliquées par MSF, qui respectent la plupart des
normes internationales d’information financière (International
Financial Reporting Standards). Ces chiffres ont été audités par les firmes
KPMG et Ernst & Young dans le respect des normes internationales
régissant la vérification des comptes. Un exemplaire du rapport finan-
cier complet de 2008 peut être obtenu en adressant une demande au
Bureau international. En outre, chaque section de MSF publie un
rapport financier annuel ayant fait l’objet d’un audit conformément à
la législation et aux règles de comptabilité et d’audit nationales. Des
copies de ces rapports peuvent être obtenues en s’adressant aux
sections respectives.
Les chiffres présentés ci-dessous couvrent l’année civile 2008. Tous les
chiffres sont exprimés en millions d’euros (M€).
NB : Dans les tableaux ci-dessous, les chiffres sont arrondis, ce qui peut donner lieu à de légères différences dans les additions.
où l’argent a-t-il été dépensé ?
dépenses totales* selon leur nature Personnel national | 28% Personnel international | 23% Frais médicaux et nutrition | 22% Transport, fret et stockage | 14% Logistique et infrastructures
sanitaires | 7% Dépenses courantes de
fonctionnement | 5% Formation et soutien local | 1% Autres dépenses | 1%
dépenses totales* par continent Afrique | 70% Asie | 19% Amériques | 6% Europe | 3% Disponible | 1%
* dépenses des équipes de coordination et d’exécution des projets dans les pays
2008 2007Recettes En Me En % En Me En %
Fonds privés 587.4 86.9% 518.7 87.6% Fonds institutionnels 67.7 10.0% 54.2 9.1% Autres recettes 20.3 3.0% 19.8 3.3%
Total des recettes 675.4 100.0% 592.7 100.0%
comment l’argent a-t-il été dépensé ? Opérations* 494.8 76.3% 439.1 76.1% Témoignage 24.7 3.8% 19.4 3.4% Autres activités humanitaires 7.2 1.1% 9.1 1.6% Total pour la mission sociale 526.8 81.2% 467.6 81.0 Recherche de fonds 81.2 12.6% 76.9 13.3% Frais généraux, de gestion et d’administration 40.2 6.2% 32.8 5.7%
Total des dépenses 648.2 100.0% 577.4 100.0% Profits et pertes nets sur change (réalisés ou non) -4.7 -3.2 Surplus/(déficit) 22.5 12.1
* dépenses des programmes et de soutien aux programmes au niveau des sièges
Situation financière En Me En Me(Situation financière en fin d’exercice) Actifs long terme 37.0 37.1 Actifs court terme 73.3 61.0 Trésorerie et valeurs assimilables 375.6 350.2
Total actif 485.9 448.4 Fonds affectés pour investissement 2.5 2.5 Fonds non affectés 423.8 402.2 Autres fonds propres -13.9 -14.6 Total fonds propres 412.4 390.1 Passif long terme 4.6 3.5 Passif court terme 66.6 52.5 Fonds affectés non dépensés 2.3 2.3
Total passif 485.9 448.4
Ressources humainesDéparts internationaux (année complète): 4,617 100% 4,134 100% Médecins et spécialistes 1,052 23% 1,117 27% Infirmiers et autre personnel paramédical 1,452 31% 1,303 32% Personnel non médical 2,113 46% 1,714 41%
Premiers départs (année complète): 1,142 * 25% 1,152 * 28% * en % des départs internationaux
Postes sur le terrain 25,973 100% 24,348 100% Personnel international 2,029 8% 1,994 8% Personnel national 23,944 92% 22,354 92%
Sources des recettesAfin de garantir son indépendance et de resserrer ses
liens avec la société, MSF s’efforce d’obtenir la majeure
partie de ses recettes de sources privées. En 2008,
89,9% des recettes de MSF provenaient de financements
privés. Ce sont plus de 3,7 millions de fondations
privées et de particuliers de par le monde qui ont
rendu ceci possible. Parmi les bailleurs de fonds
institutionnels, il faut citer, entre autres, ECHO (Service
d’aide humanitaire de la Commission européenne), les
gouvernements de l’Allemagne, de la Belgique, du
Danemark, de l’Espagne, de l’Irlande, du Luxembourg,
de la Suède, de la Suisse et du Royaume-Uni.
dépensesLes dépenses sont réparties en fonction des activités
principales de MSF. Le poste « Opérations » regroupe
les dépenses liées aux programmes ainsi que les coûts
de soutien pris en charge par les sièges pour les
opérations. Toutes les catégories de dépenses
comprennent les salaires, les frais directs et les frais
généraux répartis.
Les fonds affectés pour investissement représentent soit des capitaux, les actifs étant investis
ou conservés pour une utilisation spécifique plutôt
que dépensés dans l’immédiat conformément à la
demande des donateurs, soit un niveau légal
minimum de fonds non répartis que doivent conser-
ver certaines sections de MSF.
Les fonds non affectés sont des fonds non encore
utilisés qui ne sont destinés à aucun projet particulier
et qui peuvent être dépensés à la discrétion des
administrateurs de MSF dans le cadre de notre
mission sociale.
Les autres fonds propres représentent le capital
des fondations ainsi que les comptes techniques liés
au processus de consolidation des comptes, écarts de
conversion compris.
Les fonds propres de MSF ont été constitués au
cours des ans par l’accumulation d’excédents de
recettes par rapport aux dépenses. Au terme de
l’année 2008, leur part disponible (les fonds non
affectés, déduction faite des écarts de conversion)
représentait 7,6 mois d’activité. Le but de conserver
des fonds propres est de pouvoir faire face aux besoins
suivants : des urgences humanitaires majeures pour
lesquelles il n’est pas possible d’obtenir les fonds
nécessaires, une baisse soudaine des recettes privées
et/ou institutionnelles, le maintien de programmes à
long terme (tels que les thérapies antirétrovirales)
ainsi que le préfinancement d’opérations devant être
couvertes par des futures campagnes de collecte de
fonds auprès du public et/ou par des bailleurs de
fonds institutionnels.
Les fonds affectés non dépensés sont des fonds
non encore utilisés mais affectés à des fins particuliè-
res à la demande des donateurs, et qui seront utilisés
par MSF en stricte conformité avec la volonté des
donateurs (par exemple pour un pays ou un type
d’interventions précis).
Le Rapport financier complet est disponible sur www.msf.org.
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MSF en chiFFReS apRèS auditdépenses totales par pays/régionPays/régions En Me
AfriqueSoudan 47.2République démocratique du Congo 43.8Somalie 22.7Éthiopie 22.1Niger 21.1Tchad 20.4Kenya 17.1Zimbabwe 14.4République centrafricaine 12.8Nigeria 9.7Malawi 8.8Ouganda 8.7Mozambique 8.6Libéria 7.6Burkina Faso 6.0Afrique du Sud 5.1Sierra Leone 4.3Cameroun 3.9Côte d’Ivoire 3.2Guinée-Conakry 3.2Mali 2.5Burundi 1.9Zambie 1.5Swaziland 1.4Congo-Brazzaville 1.0Autres pays* 2.0
Total 301.0
Pays/régions En Me
Asie/Moyen-OrientMyanmar 17.6Irak 12.2Inde 6.2Pakistan 5.2Cambodge 4.4Chine 4.4Thaïlande 4.0Yémen 3.8Territoires palestiniens 3.5Iran 3.0Géorgie 2.9Ouzbékistan 2.0Sri Lanka 1.8Népal 1.8Bangladesh 1.5Arménie 1.4Indonésie 1.4Autres pays* 4.1
Total 81.2
AmériquesHaïti 14.3Colombie 9.0Brésil 1.0Autres pays* 2.4
Total 26.7
EuropeTchétchénie / Ingouchie Daguestan 6.1Russie 2.0Italie 1.5Autres pays* 2.5
Total 12.1
* Le poste “Autres pays” regroupe tous les pays pour lesquels les dépenses totales d’exécution de projets étaient inférieures à 1 million d’euros.
MSF
en
ch
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eS
ap
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Médecins Sans Frontières (MSF) est une organisation privée, sans but
lucratif, à vocation humanitaire et médicale opérant au niveau inter-
national. Elle comprend actuellement 19 sections nationales en
Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Danemark,
Espagne, États-Unis, France, Grèce, Pays-Bas, Hong Kong, Italie, Japon,
Luxembourg, Norvège, Suède, Suisse et Royaume-Uni et un Bureau
international à Genève.
Par souci d’efficacité, MSF a créé des organisations spécialisées, dites
« satellites », auxquelles sont assignées des missions spécifiques telles
que la fourniture d’aide humanitaire, les études en matière de recher-
che épidémiologique et médicale, et la recherche sur les actions
sociales et humanitaires. Il s’agit notamment de : MSF-Supply en
Belgique ; MSF-Logistique, Epicentre, Fondation MSF, Etat d’Urgence
Production, MSF Assistance, SCI MSF, SCI Sabin en France; Ärzte Ohne
Grenzen Foundation en Allemagne, et MSF Enterprises Limited au
Royaume-Uni. Ces organisations étant gérées par MSF, leurs activités
sont prises en compte dans le rapport financier ci-dessous.
Les comptes présentés ci-dessous donnent un état consolidé des
finances de MSF à l’échelle internationale. Ces chiffres consolidés
pour 2008 ont été établis conformément aux normes comptables
internationales appliquées par MSF, qui respectent la plupart des
normes internationales d’information financière (International
Financial Reporting Standards). Ces chiffres ont été audités par les firmes
KPMG et Ernst & Young dans le respect des normes internationales
régissant la vérification des comptes. Un exemplaire du rapport finan-
cier complet de 2008 peut être obtenu en adressant une demande au
Bureau international. En outre, chaque section de MSF publie un
rapport financier annuel ayant fait l’objet d’un audit conformément à
la législation et aux règles de comptabilité et d’audit nationales. Des
copies de ces rapports peuvent être obtenues en s’adressant aux
sections respectives.
Les chiffres présentés ci-dessous couvrent l’année civile 2008. Tous les
chiffres sont exprimés en millions d’euros (M€).
NB : Dans les tableaux ci-dessous, les chiffres sont arrondis, ce qui peut donner lieu à de légères différences dans les additions.
où l’argent a-t-il été dépensé ?
dépenses totales* selon leur nature Personnel national | 28% Personnel international | 23% Frais médicaux et nutrition | 22% Transport, fret et stockage | 14% Logistique et infrastructures
sanitaires | 7% Dépenses courantes de
fonctionnement | 5% Formation et soutien local | 1% Autres dépenses | 1%
dépenses totales* par continent Afrique | 70% Asie | 19% Amériques | 6% Europe | 3% Disponible | 1%
* dépenses des équipes de coordination et d’exécution des projets dans les pays
2008 2007Recettes En Me En % En Me En %
Fonds privés 587.4 86.9% 518.7 87.6% Fonds institutionnels 67.7 10.0% 54.2 9.1% Autres recettes 20.3 3.0% 19.8 3.3%
Total des recettes 675.4 100.0% 592.7 100.0%
comment l’argent a-t-il été dépensé ? Opérations* 494.8 76.3% 439.1 76.1% Témoignage 24.7 3.8% 19.4 3.4% Autres activités humanitaires 7.2 1.1% 9.1 1.6% Total pour la mission sociale 526.8 81.2% 467.6 81.0 Recherche de fonds 81.2 12.6% 76.9 13.3% Frais généraux, de gestion et d’administration 40.2 6.2% 32.8 5.7%
Total des dépenses 648.2 100.0% 577.4 100.0% Profits et pertes nets sur change (réalisés ou non) -4.7 -3.2 Surplus/(déficit) 22.5 12.1
* dépenses des programmes et de soutien aux programmes au niveau des sièges
Situation financière En Me En Me(Situation financière en fin d’exercice) Actifs long terme 37.0 37.1 Actifs court terme 73.3 61.0 Trésorerie et valeurs assimilables 375.6 350.2
Total actif 485.9 448.4 Fonds affectés pour investissement 2.5 2.5 Fonds non affectés 423.8 402.2 Autres fonds propres -13.9 -14.6 Total fonds propres 412.4 390.1 Passif long terme 4.6 3.5 Passif court terme 66.6 52.5 Fonds affectés non dépensés 2.3 2.3
Total passif 485.9 448.4
Ressources humainesDéparts internationaux (année complète): 4,617 100% 4,134 100% Médecins et spécialistes 1,052 23% 1,117 27% Infirmiers et autre personnel paramédical 1,452 31% 1,303 32% Personnel non médical 2,113 46% 1,714 41%
Premiers départs (année complète): 1,142 * 25% 1,152 * 28% * en % des départs internationaux
Postes sur le terrain 25,973 100% 24,348 100% Personnel international 2,029 8% 1,994 8% Personnel national 23,944 92% 22,354 92%
Sources des recettesAfin de garantir son indépendance et de resserrer ses
liens avec la société, MSF s’efforce d’obtenir la majeure
partie de ses recettes de sources privées. En 2008,
89,9% des recettes de MSF provenaient de financements
privés. Ce sont plus de 3,7 millions de fondations
privées et de particuliers de par le monde qui ont
rendu ceci possible. Parmi les bailleurs de fonds
institutionnels, il faut citer, entre autres, ECHO (Service
d’aide humanitaire de la Commission européenne), les
gouvernements de l’Allemagne, de la Belgique, du
Danemark, de l’Espagne, de l’Irlande, du Luxembourg,
de la Suède, de la Suisse et du Royaume-Uni.
dépensesLes dépenses sont réparties en fonction des activités
principales de MSF. Le poste « Opérations » regroupe
les dépenses liées aux programmes ainsi que les coûts
de soutien pris en charge par les sièges pour les
opérations. Toutes les catégories de dépenses
comprennent les salaires, les frais directs et les frais
généraux répartis.
Les fonds affectés pour investissement représentent soit des capitaux, les actifs étant investis
ou conservés pour une utilisation spécifique plutôt
que dépensés dans l’immédiat conformément à la
demande des donateurs, soit un niveau légal
minimum de fonds non répartis que doivent conser-
ver certaines sections de MSF.
Les fonds non affectés sont des fonds non encore
utilisés qui ne sont destinés à aucun projet particulier
et qui peuvent être dépensés à la discrétion des
administrateurs de MSF dans le cadre de notre
mission sociale.
Les autres fonds propres représentent le capital
des fondations ainsi que les comptes techniques liés
au processus de consolidation des comptes, écarts de
conversion compris.
Les fonds propres de MSF ont été constitués au
cours des ans par l’accumulation d’excédents de
recettes par rapport aux dépenses. Au terme de
l’année 2008, leur part disponible (les fonds non
affectés, déduction faite des écarts de conversion)
représentait 7,6 mois d’activité. Le but de conserver
des fonds propres est de pouvoir faire face aux besoins
suivants : des urgences humanitaires majeures pour
lesquelles il n’est pas possible d’obtenir les fonds
nécessaires, une baisse soudaine des recettes privées
et/ou institutionnelles, le maintien de programmes à
long terme (tels que les thérapies antirétrovirales)
ainsi que le préfinancement d’opérations devant être
couvertes par des futures campagnes de collecte de
fonds auprès du public et/ou par des bailleurs de
fonds institutionnels.
Les fonds affectés non dépensés sont des fonds
non encore utilisés mais affectés à des fins particuliè-
res à la demande des donateurs, et qui seront utilisés
par MSF en stricte conformité avec la volonté des
donateurs (par exemple pour un pays ou un type
d’interventions précis).
Le Rapport financier complet est disponible sur www.msf.org.
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contacteR MSF
Pr Président | DG Directeur Général | SG Secrétaire Général
à pRopoS de cette édition
Résumés par pays et encadrés latéraux rédigés parCaroline Abu-Sada, Sylviane Bachy, Koen Baetens, Frédéric Baldini, Niklas
Bergstrand, Jason Cone, Natacha Bühler, Susan Doettling, François Dumont,
Romain Gitenet, Alois Hug, Olivier Falhun, Isabelle Ferry, Irene Jancsy,
Isabelle Jeanson, Clémentine Lacroix, Claude Mahoudeau, Megan McKenna,
Isabelle Merny, Anna-Karin Moden, Niamh Nic Carthaigh, Naomi Pardington,
Yasmin Rabiyan, Susan Sandars, Francois Servranckx, Natalia Sheletova,
Clara Tarrero, Véronique Terrasse, Theodora Theodoridou, Anna Tsuji,
Mirjam van den Berg, Erwin van ‘t Land, Alessandra Vilas Boas.
article sur les maladies négligées rédigé par Francois Chappuis, Pedro Pablo Palma, Nines Lima, Myriam Henkens
Remerciements àLiane Cerminara, Gaëlle Fedida, Corinne Galland, Myriam Henkens, Alice
Kociejowski, Sally McMillan, Djamila Mili, Jordi Passola, Michel Peremans,
Miriam Schlick, Monique Smulders, Kris Torgeson, Emmanuel Tronc,
Alessandra Vilas Boas, ainsi qu’à tous les collaborateurs sur le terrain et dans
les départements des opérations et de la communication qui ont vérifié le
matériel qui a servi à rédiger le présent rapport.
Rédacteur en chef Siân Bowen
Soutien recherche et rédaction Hélène Ponpon
édition photos Bruno De Cock
édition Diane Pengelly
version françaisecoordination & édition Hélène Ponpon
traduction Translate 4 U sàrl
(Aliette Chaput, Emmanuel Pons)
Soutien édition Jennifer Ocquidant, Isabelle Palacin-Chen
version italiennecoordination Barbara Galmuzzi
traduction Selig S.a.S.
édition Barbara Galmuzzi
version espagnolecoordination Alois Hug
traduction Pilar Petit
édition Eulalia Sanabra
Une version arabe du rapport sera également disponible. Des exemplaires
seront disponibles auprès du Bureau international de MSF.
graphisme et mise en pageStudio Roozen, Amsterdam, Pays-Bas
impressionImprimerie Mercurius, Westzaan, Pays-Bas
allemagne Médecins Sans Frontières/
Ärzte ohne grenzen
Am Köllnischen Park 1 | 10179 Berlin | Allemagne
T 49 (30) 22 33 77 00 | F 49 (30) 22 33 77 88
[email protected] | www.aerzte-ohne-grenzen.de
Pr Dr Tankred Stoebe | DG Dr Frank Doerner
australie Médecins Sans Frontières/
doctors without Borders
Suite C, Level 1 | 263 Broadway Glebe NSW 2037
PO Box 847 | Broadway NSW 2007 | Australie
T 61 2 95 52 49 33 | F 61 2 95 52 65 39
[email protected] | www.msf.org.au
Pr Dr Matthew Reid | DG Philippe Couturier
autriche Médecins Sans Frontières/
Ärzte ohne grenzen
Taborstrasse 10| 1020 Vienne | Autriche
T 43 1 409 7276 | F 43 1 409 7276/40
www.aerzte-ohne-grenzen.at
Pr Dr Reinhard Doerflinger | DG Franz Neunteufl
Belgique Médecins Sans Frontières/
artsen Zonder grenzen
rue Dupré 94 / Dupréstraat 94 | 1090 Bruxelles
Belgique | T 32 2 474 74 74 | F 32 2 474 75 75
[email protected] | www.msf.be ou www.azg.be
Pr Dr Jean-Marie Kindermans
DG Christopher Stokes
canada Médecins Sans Frontières/
doctors without Borders
720 Spadina Avenue, Suite 402 | Toronto | Ontario
M5S 2T9 | Canada
T 1 416 964 0619 | F 1 416 963 8707
[email protected] | www.msf.ca
Pr Dr Joni Guptill | DG Marilyn McHarg
danemark Médecins Sans Frontières/
Læger uden grænser
Kristianiagade 8| 2100 København Ø | Danemark
T 45 39 77 56 00 | F 45 39 77 56 01
[email protected] | www.msf.dk
Pr Dr Søren Brix Christensen
DG Michael G Nielsen
espagne Médicos Sin Fronteras
Nou de la Rambla 26 | 08001 Barcelona | Espagne
T 34 93 304 6100 | F 34 93 304 6102
[email protected] | www.msf.es
Pr Dr Paula Farias | DG Aitor Zabalgogeazkoa
etats-unis Médecins Sans Frontières/
doctors without Borders
333 7th Avenue | 2nd Floor | New York, NY 10001-
5004 | Etats-Unis | T 1 212 679 6800
F 1 212 679 7016 | [email protected]
www.doctorswithoutborders.org
Pr Dr Matthew Spitzer | DG Sophie Delaunay
France Médecins Sans Frontières
8 rue Saint Sabin | 75011 Paris | France
T 33 1 40 21 29 29 | F 33 1 48 06 68 68
[email protected] | www.msf.fr
Pr Dr Marie-Pierre Allié | DG Dr Filipe Ribiero
grèce Médecins Sans Frontières/
15 Xenias St | 115 27 Athènes | Grèce
T 30 210 5 200 500 | F 30 210 5 200 503
[email protected] | www.msf.gr
Pr Ioanna Papaki | DG Reveka Papadopoulou
hong kong Médecins Sans Frontières/
22/F Pacific Plaza | 410 – 418 Des Voeux Road West
Sai Wan | Hong Kong
T 852 2959 4229 | F 852 2337 5442
[email protected] | www.msf.org.hk
Pr Dr Fan Ning | DG Dick van der Tak
italie Médecins Sans Frontières/Medici Senza
Frontiere
Via Volturno 58 | 00185 Rome | Italie
T 39 06 44 86 92 1 | F 39 06 44 86 92 20
[email protected] | www.medicisenzafrontiere.it
Pr Raffaella Ravinetto | DG Kostas Moschochoritis
japon Médecins Sans Frontières/
3F Waseda SIA Bldg | Babashitacho | Shinjuku-ku
Tokyo | 162-0045 | Japon
T 81 3 5286 6123 | F 81 3 5286 6124
[email protected] | www.msf.or.jp
Pr Satoru Ida | DG Eric Ouannes
Luxembourg Médecins Sans Frontières
68, rue de Gasperich | 1617 Luxembourg
Luxembourg
T 352 33 25 15 | F 352 33 51 33
[email protected] | www.msf.lu
Pr André di Prospero (interim)
DG Karine Van Houte (interim)
norvège Médecins Sans Frontières/
Leger uten grenser
Postboks 8813 Youngstorget | 0028 Oslo
Norvège| Youngstorget 1 | 0181 Oslo | Norvège
T 47 23 31 66 00 | F 47 23 31 66 01
www.legerutengrenser.no
Pr Dr Håkon Bolkan | DG Patrice Vastel
pays-Bas Médecins Sans Frontières/
artsen zonder grenzen
Plantage Middenlaan 14 | 1018 DD Amsterdam
Pays-Bas
T 31 20 520 8700 | F 31 20 620 5170
www.artsenzondergrenzen.nl
Pr Dr Pim de Graaf | DG Hans van der Weerd
Royaume-uni Médecins Sans Frontières
67–74 Saffron Hill | London EC1N 8QX |
Royaume-Uni
T 44 20 7404 6600 | F 44 20 7404 4466
[email protected] | www.msf.org.uk
Pr Jacqueline Tong | DG Marc DuBois
Suède Médecins Sans Frontières/
Läkare utan gränser
Gjörwellsgatan 28, 4 trappor | Box 34048
100 26 Stockholm | Suède
T 46 8 55 60 98 00 | F 46 8 55 60 98 01
[email protected] | www.lakareutangranser.se
Pr Kristina Bolme Kuhn | DG Dan Sermand
Suisse Médecins Sans Frontières/
Ärzte ohne grenzen
78 rue de Lausanne | Case Postale 116 |
1211 Genève 21 | Suisse
T 41 22 849 84 84 | F 41 22 849 84 88
[email protected] | www.msf.ch
Pr Isabelle Segui-Bitz | DG Christian Captier
Bureau international Médecins Sans Frontières
Bureau de liaison auprès de l’onu, genève
78 rue de Lausanne | Case Postale 116 | 1211
Genève 21 | Suisse | [email protected] |
www.msf.org | T 41 22 849 84 00 | F 41 22 849 84 04
Coordinateur Politique et témoignage: Emmanuel
Tronc | [email protected]
Pr Dr Christophe Fournier | SG Kris Torgeson
autReS BuReauxMSF campagne d’accès aux Médicaments essentiels
78 rue de Lausanne | Case Postale 116 | 1211
Genève 21 | Suisse
T 41 22 849 8405 | F 41 22 849 8404
www.accessmed-msf.org
DG Dr Tido von Schoen-Angerer
Bureau de liaison MSF auprès de l’onu – new york
333 7th Avenue | 2nd Floor | New York, NY
10001-5004 | Etats-Unis
T 1 212 655 3777 | F 1 212 679 7016 | Agent
de liaison auprès de l’ONU: Fabien Dubuet
Bureau MSF au Brésil
Rua Santa Luzia, 651/11° andar | Centro - Rio de
Janeiro | CEP 20030-041 | Rio de Janeiro | Brésil
T 55 21 3527-3636 | www.msf.org.br
DG Simone Rocha
Bureau MSF en afrique du Sud
Orion Building | 3rd floor | 49 Jorissen Street,
Braamfontein 2017 | Johannesburg
T 27 11 403 44 40/41 | www.msf.org.za
DG Sharon Ekambaram
Bureau MSF aux emirats arabes unis/
PO Box 47226 | Abu Dhabi | UAE
T 971 2 6317 645 | www.msfuae.ae DG Marc Sauvagnac
88
contacteR MSF
Pr Président | DG Directeur Général | SG Secrétaire Général
à pRopoS de cette édition
Résumés par pays et encadrés latéraux rédigés parCaroline Abu-Sada, Sylviane Bachy, Koen Baetens, Frédéric Baldini, Niklas
Bergstrand, Jason Cone, Natacha Bühler, Susan Doettling, François Dumont,
Romain Gitenet, Alois Hug, Olivier Falhun, Isabelle Ferry, Irene Jancsy,
Isabelle Jeanson, Clémentine Lacroix, Claude Mahoudeau, Megan McKenna,
Isabelle Merny, Anna-Karin Moden, Niamh Nic Carthaigh, Naomi Pardington,
Yasmin Rabiyan, Susan Sandars, Francois Servranckx, Natalia Sheletova,
Clara Tarrero, Véronique Terrasse, Theodora Theodoridou, Anna Tsuji,
Mirjam van den Berg, Erwin van ‘t Land, Alessandra Vilas Boas.
article sur les maladies négligées rédigé par Francois Chappuis, Pedro Pablo Palma, Nines Lima, Myriam Henkens
Remerciements àLiane Cerminara, Gaëlle Fedida, Corinne Galland, Myriam Henkens, Alice
Kociejowski, Sally McMillan, Djamila Mili, Jordi Passola, Michel Peremans,
Miriam Schlick, Monique Smulders, Kris Torgeson, Emmanuel Tronc,
Alessandra Vilas Boas, ainsi qu’à tous les collaborateurs sur le terrain et dans
les départements des opérations et de la communication qui ont vérifié le
matériel qui a servi à rédiger le présent rapport.
Rédacteur en chef Siân Bowen
Soutien recherche et rédaction Hélène Ponpon
édition photos Bruno De Cock
édition Diane Pengelly
version françaisecoordination & édition Hélène Ponpon
traduction Translate 4 U sàrl
(Aliette Chaput, Emmanuel Pons)
Soutien édition Jennifer Ocquidant, Isabelle Palacin-Chen
version italiennecoordination Barbara Galmuzzi
traduction Selig S.a.S.
édition Barbara Galmuzzi
version espagnolecoordination Alois Hug
traduction Pilar Petit
édition Eulalia Sanabra
Une version arabe du rapport sera également disponible. Des exemplaires
seront disponibles auprès du Bureau international de MSF.
graphisme et mise en pageStudio Roozen, Amsterdam, Pays-Bas
impressionImprimerie Mercurius, Westzaan, Pays-Bas
allemagne Médecins Sans Frontières/
Ärzte ohne grenzen
Am Köllnischen Park 1 | 10179 Berlin | Allemagne
T 49 (30) 22 33 77 00 | F 49 (30) 22 33 77 88
[email protected] | www.aerzte-ohne-grenzen.de
Pr Dr Tankred Stoebe | DG Dr Frank Doerner
australie Médecins Sans Frontières/
doctors without Borders
Suite C, Level 1 | 263 Broadway Glebe NSW 2037
PO Box 847 | Broadway NSW 2007 | Australie
T 61 2 95 52 49 33 | F 61 2 95 52 65 39
[email protected] | www.msf.org.au
Pr Dr Matthew Reid | DG Philippe Couturier
autriche Médecins Sans Frontières/
Ärzte ohne grenzen
Taborstrasse 10| 1020 Vienne | Autriche
T 43 1 409 7276 | F 43 1 409 7276/40
www.aerzte-ohne-grenzen.at
Pr Dr Reinhard Doerflinger | DG Franz Neunteufl
Belgique Médecins Sans Frontières/
artsen Zonder grenzen
rue Dupré 94 / Dupréstraat 94 | 1090 Bruxelles
Belgique | T 32 2 474 74 74 | F 32 2 474 75 75
[email protected] | www.msf.be ou www.azg.be
Pr Dr Jean-Marie Kindermans
DG Christopher Stokes
canada Médecins Sans Frontières/
doctors without Borders
720 Spadina Avenue, Suite 402 | Toronto | Ontario
M5S 2T9 | Canada
T 1 416 964 0619 | F 1 416 963 8707
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Pr Dr Joni Guptill | DG Marilyn McHarg
danemark Médecins Sans Frontières/
Læger uden grænser
Kristianiagade 8| 2100 København Ø | Danemark
T 45 39 77 56 00 | F 45 39 77 56 01
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Pr Dr Søren Brix Christensen
DG Michael G Nielsen
espagne Médicos Sin Fronteras
Nou de la Rambla 26 | 08001 Barcelona | Espagne
T 34 93 304 6100 | F 34 93 304 6102
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Pr Dr Paula Farias | DG Aitor Zabalgogeazkoa
etats-unis Médecins Sans Frontières/
doctors without Borders
333 7th Avenue | 2nd Floor | New York, NY 10001-
5004 | Etats-Unis | T 1 212 679 6800
F 1 212 679 7016 | [email protected]
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Pr Dr Matthew Spitzer | DG Sophie Delaunay
France Médecins Sans Frontières
8 rue Saint Sabin | 75011 Paris | France
T 33 1 40 21 29 29 | F 33 1 48 06 68 68
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Pr Dr Marie-Pierre Allié | DG Dr Filipe Ribiero
grèce Médecins Sans Frontières/
15 Xenias St | 115 27 Athènes | Grèce
T 30 210 5 200 500 | F 30 210 5 200 503
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Pr Ioanna Papaki | DG Reveka Papadopoulou
hong kong Médecins Sans Frontières/
22/F Pacific Plaza | 410 – 418 Des Voeux Road West
Sai Wan | Hong Kong
T 852 2959 4229 | F 852 2337 5442
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Pr Dr Fan Ning | DG Dick van der Tak
italie Médecins Sans Frontières/Medici Senza
Frontiere
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Pr Raffaella Ravinetto | DG Kostas Moschochoritis
japon Médecins Sans Frontières/
3F Waseda SIA Bldg | Babashitacho | Shinjuku-ku
Tokyo | 162-0045 | Japon
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Pr Satoru Ida | DG Eric Ouannes
Luxembourg Médecins Sans Frontières
68, rue de Gasperich | 1617 Luxembourg
Luxembourg
T 352 33 25 15 | F 352 33 51 33
[email protected] | www.msf.lu
Pr André di Prospero (interim)
DG Karine Van Houte (interim)
norvège Médecins Sans Frontières/
Leger uten grenser
Postboks 8813 Youngstorget | 0028 Oslo
Norvège| Youngstorget 1 | 0181 Oslo | Norvège
T 47 23 31 66 00 | F 47 23 31 66 01
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pays-Bas Médecins Sans Frontières/
artsen zonder grenzen
Plantage Middenlaan 14 | 1018 DD Amsterdam
Pays-Bas
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67–74 Saffron Hill | London EC1N 8QX |
Royaume-Uni
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Suède Médecins Sans Frontières/
Läkare utan gränser
Gjörwellsgatan 28, 4 trappor | Box 34048
100 26 Stockholm | Suède
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Suisse Médecins Sans Frontières/
Ärzte ohne grenzen
78 rue de Lausanne | Case Postale 116 |
1211 Genève 21 | Suisse
T 41 22 849 84 84 | F 41 22 849 84 88
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Bureau international Médecins Sans Frontières
Bureau de liaison auprès de l’onu, genève
78 rue de Lausanne | Case Postale 116 | 1211
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Coordinateur Politique et témoignage: Emmanuel
Tronc | [email protected]
Pr Dr Christophe Fournier | SG Kris Torgeson
autReS BuReauxMSF campagne d’accès aux Médicaments essentiels
78 rue de Lausanne | Case Postale 116 | 1211
Genève 21 | Suisse
T 41 22 849 8405 | F 41 22 849 8404
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10001-5004 | Etats-Unis
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de liaison auprès de l’ONU: Fabien Dubuet
Bureau MSF au Brésil
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Janeiro | CEP 20030-041 | Rio de Janeiro | Brésil
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DG Simone Rocha
Bureau MSF en afrique du Sud
Orion Building | 3rd floor | 49 Jorissen Street,
Braamfontein 2017 | Johannesburg
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T 971 2 6317 645 | www.msfuae.ae DG Marc Sauvagnac
Bureau international de MSF78 Rue de Lausanne, Case Postale 116, CH-1211 Genève 21, SuisseTél. (+41-22) 8498 400, Fax (+41-22) 8498 404, Courriel : [email protected], www.msf.org
Médecins Sans Frontières (MSF) a été fondé en 1971 par un petit groupe de médecins et de journalistes dont l’idée était que toute personne doit avoir accès à une aide d’urgence. MSF est une des premières organisations non gouvernementales à fournir une assistance médicale d’urgence et à témoigner publiquement de la détresse des personnes aidées.
aujourd’hui, MSF est un mouvement international médico-humanitaire, ayant des sections dans 19 pays. en 2008, plus de 26.000 médecins, infirmières, autres professions médicales, experts en logistique, ingénieurs spécialisés dans les systèmes sanitaires et d’approvisionnement en eau, et administrateurs ont apporté une aide médicale dans plus de 65 pays.