More TV - Numéro 1 (Janvier, Février 2014)
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Transcript of More TV - Numéro 1 (Janvier, Février 2014)
MORE TV
nE sOus-EsTiMEz pas lEs ROsbifs les anglais osent et innovent
fROnTièREs En séRiEs« run for the border »
lE RETOuR En fORcE de la série d'anthologie
lE cOnsulTanT spécialiséatout majeur des séries
numéro 1 janvier, février 2014
On y est, le voici. Le premier numéro de More TV est à la portée de
votre souris et on espère qui sera à la hauteur de vos attentes.
More TV est né suite au constat que la presse écrite spécialisée dans
les séries télévisées traite, à chaque numéro, des mêmes créa-
tions et ce, parce qu'elle vise un seul et même public : les adoles-
cents. Ainsi, cet e-magazine vous propose une alternative à cette
presse devenue trop homogène et où une grande partie des fans
ne trouvent plus leur compte. Conçu par et pour les sérievores, ce
concept de collaboration est imaginé par Jérôme Raffin.
Des sériephiles talentueux, qu'on remercie pour leur contribution,
ont donc écrit des articles qui couvrent l'actualité du monde des
séries et qui vous proposent de vous plonger de manière inédite
dans des univers encore trop peu connus. C'est ainsi que vous se-
rez emmenés à découvrir pourquoi il existe toujours cette fréné-
sie autour de la série Breaking Bad, tout juste récompensée d'un
Golden Globe, ou comment la figure du consultant spécialisé s'est
imposée au fur et à mesure des années dans les séries.
Se trouveront sur votre route quelques critiques de séries qui vous
permettront de vous faire un avis sur ces dernières, puis vous re-
trouverez d'autres articles aussi surprenants qu'intéressants qu'il
était impossible de faire l'impasse dessus. Sur ces derniers petits
mots, on vous souhaite de vivre une aventure aussi incroybable
que la nôtre au travers de la lecture.
LiLy Ho et ALLAn CoLpAert
édito
MORE TVtwitterLe site Le CArnet
pHoto : MAttHew MCConAugHey - true DeteCtive / HBo
MORE TVn°1 janvier, février 2014
sÍ, sE puEdE ! l'avenir de la télévision américaine parle espagnol12
Vous êtes un téléphage chevronné, et vous pensez tout
savoir sur la télévision américaine. Attendez-vous à
quelques surprises ! Car l’un des visages de la télévision
US qui reste encore peu connu, c’est celui des networks
de langue espagnole. Mais ça, c’était avant.
paR lady TERuki
4 MORE TV
lE cOnsulTanT spécialisé atout majeur des séries18
Dans un imbroglio de créations savamment imaginées et construites, une figure transcende les âges, les concepts et les networks : le consultant spécialisé.
paR sulliVan lE cORVic
nE sOus-EsTiMEz pas lEs ROsbifs les anglais osent et innovent30
Avant que ces salauds d'internet ne promeuvent le partage et permettent la découverte d'autres horizons, la plupart des séries auxquelles, nous, pauvres zombies affalés devant notre poste de télévision, avions accès étaient soit améri-caines, soit françaises.
paR bilEl
la wEb-séRiE paR lEs EnTREpRisEs la stratégie du brand content42
Les web-séries sont aujourd’hui incontournables dans le paysage audiovisuel et deviennent un produit marketing puissant pour les marques désireuses à la fois de maîtriser leur identité numérique et de conquérir une nouvelle clien-tèle.
paR la séRiEThèquE
lE RETOuR En fORcE
de la série d'anthologie
38paR yann
5MORE TVpHoto : BryAn CrAnston - FrAnk oCkenFeLs 3 / AMC
MORE TVn°1 janvier, février 2014
chROniquEfROnTièREs En séRiEs ......................................................... 08
La série transfrontalière est une formule à succès, dans
ce numéro on se penche sur ceux pour qui la frontière est
synonyme de salut.
paR iOanis dEROidE
pORTRaiTshOnda RhiMEs ..................................................................... 26
À 43 ans, la réalisatrice, scénariste et productrice com-
mence peu à peu à sortir de l’ombre.
paR auRéliE cORbin
cRiTiquEsà la décOuVERTE du paRadis ..................................... 34
Lancée à l’automne 2012, The Paradise est un drama histo-
rique de la BBC que tous les sériephiles se doivent de décou-
vrir.
paR ThEOdORa M.
slEEpy hOllOw ...................................................................... 22
La série s'affiche comme la bonne surprise de la rentrée.
Pourquoi accorder une chance à cette adaptation du mythe ?
paR gwladys c.
ElEMEnTaRy, Ma chèRE waTsOn ............................... 24
Lancée en 2012 par CBS, Elementary relate l’histoire d’un
Sherlock Holmes immigré à New-York. Du réchauffé ?
paR ThibaulT cOllaRT
VOyagEfaiRy TalEs by xiVEnTs ..................................................... 37
Il était une fois Fairy Tales, une convention sur la série Once
Upon A Time par Xivents
paR allan cOlpaERT
zOOMThE VEROnica MaRs MOViE ........................................... 48
Veronica revient en Mars. L’univers de la télévision est
peut-être sur le point de changer, d’entrer dans une nou-
velle ère.paR sTéphanE bERnaulT
bREaking bad
une série à part
06paR jORdan TaffinOVic
Walter White, le baron de la drogue a tiré sa révérence fin septembre 2013. Retour sur cette série atypique
considérée par beaucoup comme un chef d’œuvre grâce à son scénario original, ses acteurs excellents,
et son ambiance unique.
Breaking Bad, c’est l’histoire d’un
professeur de chimie cinquantenaire,
sur-diplômé et à la petite vie bien ran-
gée. Celui-ci apprend qu’il a un cancer
du poumon et décide donc de mettre sa
famille à l’abri du besoin financière-
ment avant de succomber à la maladie.
Pour cela, Walter White utilisera ses
connaissances en matière de chimie
pour fabriquer de la « meth’ », une
drogue dure et hautement addictive.
Pour l’aider dans sa quête, Walter s’al-
lie à Jesse Pinkman, un de ses anciens
élèves ayant quelques penchants pour
les produits illicites mais ayant des
contacts dans le milieu de la drogue.
Les bases d’un duo que tout oppose
sont donc posées.
Dans l’esprit de Vince Gilligan,
créateur de la série, Aaron Paul qui in-
terprète Jesse Pink-
man devait mou-
rir dès la première
saison, soit au bout
de 7 épisodes. Mais
l’alchimie entre lui
et Bryan Cranston dans le rôle de Wal-
ter White était telle que Pinkman est
finalement resté jusqu’à la fin de la
série. Nul doute que la série aurait été
complètement différente sans le jeune
junkie et ses « Yo bitch ! ».
Mais si un acteur sort du lot, c’est bien
Bryan Cranston, lui qui jouait Hal dans
Malcolm tient à merveille
le rôle de Walter White et
arrive à nous faire oublier le
père pittoresque qu’il était
dans la série comique.
Breaking Bad nous montre
donc la spirale infer-
nale dans laquelle s’en-
fonce Walt, tantôt poussé
par l’appât du gain et un
ego grandissant, tantôt
contraint de produire de la
méthamphétamine contre son gré,
jusqu’à atteindre le point de non re-
tour. Lui qui voulait récolter 300.000$
en commençant son petit trafic se re-
trouve avec la somme de 80.000.000$
lors de la dernière saison.
L’homme que l’on connaissait timide
et maladroit se révèle être un fin stra-
tège et n’hésite pas
à manipuler ses
proches, mais sur-
tout Jesse pour ar-
river à ses fins. Ce
dernier sera d’ail-
leurs torturé psychologiquement du-
rant la majeure partie de la série.
Surnommé Heisenberg dans le milieu
de la drogue, Walter tente de concilier
vie privée et vie « professionnelle »
tant bien que mal. Sa femme, Skyler
participera un moment à ses activités
illégales en blanchissant son argent.
C’est ce qui fait la force de cette série,
aucun personnage n’est exempt de
tout reproches.
Le scénario est excellemment bien
ficelé : Hank Schrader, le beau-frère
de Walt travaille pour la DEA, l’équi-
valent français de la brigade des stu-
péfiants. Le jeu du chat et de la souris
nous tient en haleine tandis qu’Hei-
senberg doit rendre des comptes à
ses collaborateurs. Les fans de séries
apprécieront sans aucun doute l’épi-
sode « Ozymandias » qui a d’ailleurs
reçu la note maximale de 10/10 sur le
site imdb.com et que beaucoup consi-
dèrent comme l’un des meilleurs épi-
sodes toutes séries confondues.
La fin de la série, qui a été suivie
par plus de 10.3 millions de téléspec-
tateurs n’a pas déçu, Vince Gilligan
ayant pris le soin de refermer toutes
les intrigues en cours avec un talent
qui n’est désormais plus à prouver.
bREaking bad, unE séRiE à paRT
6
texte : JorDAn tAFFinoviC - pHoto : BreAking BAD / AMC
MORE TV
« breaking bad nous
montre la spirale infer-
nale dans laquelle
s'enfonce walt »
Étudiant en BTS Management, j’écris des articles en guise de passe-temps et je suis habituellement critique
pour le site Addicted To Series. Je regarde des séries telles que Breaking Bad, The Walking Dead ou encore
Bates Motel. Pour toutes remarques ou questions sur l’une de mes productions, ou même une collaboration,
n’hésitez pas à me contacter par mail [email protected] ou via Twitter @MrTaffinovic.
à propos de l'auteur
7MORE TV
Bryan Cranston et Aaron paul dans Breaking Bad
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fROnTièREs En séRiEs« run For tHe BorDer »
texte : ioAnis DeroiDe - pHoto : FrAnk oCkenFeLs / Fx
8 MORE TV
L’accueil réservé à la récente série suédo-danoise Bron / Broen et à ses remakes américano-mexicain et anglo-
français montrent que la série transfrontalière est une formule à succès. Cependant, l’intérêt des séries pour les
frontières est ancien et abondant, même en se limitant, comme je me le propose, aux frontières réelles (sans évo-
quer, donc, le Mur de Game of Thrones ou la Porte des étoiles de Stargate SG-1). Commençons par nous pencher
sur les personnages pour qui la frontière est synonyme de salut.
« Mexico, huh ? » Jonathan à Andrew (Buffy The Vampire Slayer, 6.22)
La frontière dans les séries, c'est
d'abord celle qu'on franchit (ou qu'on
tente de franchir) pour fuir un danger.
Le plus souvent, c'est le danger d'être
arrêté quand on est un criminel en
cavale. Dans les séries américaines,
c'est donc la frontière mexicaine qui
est visée : une fois celle-ci passée, le
malfaiteur se trouvera hors d'atteinte
du bras de la justice, ou du moins le
croit-il. Le Mexique est en effet pré-
senté comme un territoire plus ou
moins sans foi ni loi où l’on n’a guère
à craindre les poursuites policières ou
judiciaires ; il est opposé de manière
caricaturale à l’État de droit qu’in-
carnent les États-Unis.
Les westerns des années 1950-60 sont
pleins de ces scénarios de fuite em-
pêchée vers le Sud, surtout quand le
héros est un (ex-)ranger ou un chas-
seur de primes lancé à la poursuite
de fugitifs comme c’est le cas dans
The Lone Ranger (1.33) ou Wanted Dead
or Alive (1.14). Si nécessaire, le cow-
boy justicier n'hésite pas à franchir
la frontière, comme Cheyenne dans
la série éponyme, qui retrouve dans
une petite ville mexi-
caine les bandits qui
viennent de dévali-
ser une banque aux
États-Unis (« Border
Showdown », 1.04).
La tentation mexicaine est encore as-
sez présente dans les séries contem-
poraines même si la réalité s’est éloi-
gnée de la fiction depuis qu’un traité
d'extradition a été signé entre les deux
pays en 1978 et que leur collaboration
en la matière va s’affirmant. C'est
donc toujours vers le Sud que fuient le
monster of the week, d'ailleurs mexi-
cain, d' « El Mundo Gira » (The X-Files,
4.11), le meurtrier de Warrick Brown
et son complice dans « For Warrick
» (CSI, 9.01), ou bien Aileen Morgan,
l'agente d'al-Qaïda qui anime une in-
trigue secondaire de « The Weekend
» (Homeland, 1.07).
Dans plusieurs séries, la fuite vers la
frontière est un acte réservé aux fins
de saison parce qu'on peut ainsi faire
coïncider sortie du territoire et sor-
tie du récit, le retour « à la maison »
correspondant, lui, au début de la sai-
son suivante. Ainsi, c'est à la fin de
la saison 1 d'Arrested
Development que
George Sr. fuit pour
le Mexique pour ne
pas avoir à répondre
de ses malversations
immobilières, et à la fin de la saison
5 de The Shield que Vic prévoit de faire
émigrer son coéquipier Lem pour le
soustraire à des poursuites judiciaires
qui menacent tous les membres de la
Strike Team.
Appuyant encore davantage sur ce
parallèle entre le temps et l’espace,
le season – et finalement, aussi, series
– finale de Terriers, se clôt sur un clif-
fhanger qui laisse nos héros, Hank et
Britt, en pleine hésitation, alors qu'ils
attendent dans leur voiture que le feu
passe au vert :
Hank : I go straight, you go to prison. I
take a left, it's hola, Mexico. Answer to
all our problems. You never get sick, you
never get old.
Britt : The vacation that never ends.
Hank : So what do you say, partner? Which
way will it be?
A cet instant, l'incertitude pèse sur la
suite du récit mais aussi sur l'avenir
de la série, menacée d'annulation du
fait de ses très faibles audiences, et les
scénaristes jouent de ce double sens.
Dans tous les cas, la fuite vers la fron-
tière est le choix des lâches qui n'assu-
ment pas leurs actes, comme Jonathan
et Andrew dans Buffy. Personnages dé-
risoires, souvent comiques, a contrario
des autres saisons, ils font là un choix
9MORE TV
terriers
Homeland
« dans plusieurs séries,
la fuite vers la fron-
tière est un acte réser-
vé aux fins de saisons »
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finalement banal et très terre-à-terre
qui détonne d'autant plus dans un
season finale où il n'est question que
d'apocalypse et plus précisément de
la furie destructrice d'une puissante
magicienne.
La seule manière de pas faire pas-
ser pour couard celui qui fuit vers la
frontière est d'en faire un innocent
injustement accusé
et démuni face aux
présomptions de
culpabilité qui pèsent
contre lui. C'est le
cas dans Homeland
à la toute fin de la
saison 2 (épisode «
The Choice ») où Carrie accompagne
Brody, accusé d'être l'auteur d'un
attentat meurtrier contre le siège
de la CIA, jusqu'à la frontière pour
lui permettre d'échapper aux pour-
suites. Il s'agit cette fois de passer au
Canada la frontière canadienne, seul
territoire étranger accessible rapi-
dement par la route mais on se doute
que sa cavale va l'emmener plus loin.
De fait, c'est au Venezuela qu'on
le retrouve au début de la saison 3.
« Business. always Business. » Le Grec, à qui on demande le but de son voyage (The Wire, 2.12)
Tels les cavaliers des westerns, les
fuyards d’aujourd’hui continuent
donc d’avaler la route jusqu’au poste
frontière. Pourtant, il existe une ma-
nière plus moderne, et - en apparence
au moins - plus simple, de s’éloigner
du lieu du crime : prendre le premier
avion en partance pour l’autre bout du
monde.
L’avion ou le bateau d’ailleurs : dans
Agatha Christie’s Poirot, le célèbre dé-
tective belge doit, dès sa première
enquête, s’empresser de rejoindre
le port de Southampton avant qu’un
paquebot comptant le coupable parmi
ses passagers ne largue les amarres à
destination de Buenos Aires. En 2009,
c’est encore en bateau que s’enfuit
Cameron dans la dernière scène de la
saison 2 de Sons of Anarchy. L’Irlan-
dais fuit la Californie, non pas tant
pour se soustraire à la justice que pour
échapper à la colère
des Sons dont il a tué
un membre (« Half-
Sack ») et kidnappé
le dernier-né.
Cependant, c’est
bien l’avion qui est
privilégié et l’on ne
compte pas les courses-poursuites à
l’aéroport visant à empêcher un cri-
minel d’embarquer. Le plus souvent,
les forces de l’ordre interpellent de
justesse le candidat à l’émigration et
nous rappellent ainsi que les aéro-
gares sont devenus les postes-fron-
tières les plus empruntés, du moins
pour les personnes.
Bien sûr, ce modèle possède des va-
riantes. Les fugitifs peuvent être
contrariés dans leur fuite par des
« méchants » plutôt que par des po-
liciers, comme dans Weeds (6.12-13)
lorsque Nancy voit son départ pour le
Danemark empêché par deux gangs-
ters mexicains. Ils peuvent aussi res-
ter cloués au sol, non parce qu’on les
a rattrapés mais parce qu’ils arrivent
trop tard et que l’avion ne les a pas at-
tendus (Prison Break, 1.22). Ou alors, ils
peuvent embarquer le plus tranquille-
ment du monde parce que l’étau de la
weeds
prison Break
10 MORE TV
« tels les cavaliers des
westerns, les fuyards
d'aujourdh'ui conti-
nuent d'avaler la
route jusqu'au poste
frontière »
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justice n’a pas pu se resserrer sur eux à
temps. C’est le cas du Grec, trafiquant
international et véritable criminal
mastermind de la saison 2 de The Wire.
Dans le dernier épisode, confortable-
ment installé dans sa suite d’hôtel, il
fait le point sur sa situation avec son
lieutenant, Vondas, alors que le ca-
davre de leur dernière victime vient
d’être retrouvé et que le neveu de
celle-ci, Nick Sobotka, pourrait être
tenté de les dénoncer :
Vondas : Niko, the nephew. By now he
knows.
Le Grec : Our people wait for him, but so do
the police. I’m thinking... There's nothing
to be done at this point. What he says, he
says.
Vondas : He knows my name. But my
name is not my name. And you? To them,
you're only « The Greek ».
Le Grec : And, of course, I'm not even
Greek. (Il sourit.)
Vondas : So we go.
Un peu plus tard dans l’épisode, le
Grec quitte les États-Unis en toute
impunité. Archétype du criminel de
haut vol qui se joue des frontières,
changeant de passeport et d’identité
au gré des voyages, il est le bénéfi-
ciaire de la mondialisation qui facilite
les échanges transnationaux, qu’ils
soient légaux ou pas ; les dockers
qu’on suit tout au long de la saison en
sont au contraire les perdants, vaincus
par une concurrence internationale
qui a rendu obsolètes le port de Balti-
more et le travail de ses employés.
Dans un prochain article, j'aborderai
les héros qui, eux aussi, peuvent être
pressés de passer de « l'autre côté »,
et plus précisément les espions des
séries britanniques de la guerre froide
qui devaient franchir le Rideau de fer
pour regagner le « monde libre ».
11MORE TV
Ioanis Deroide est enseignant d'histoire-géographie et s'intéresse en particulier à la représentation des
territoires dans les séries. Il a écrit Séries TV : Mondes d'hier et d'aujourd'hui (Ellipses, 2011) et sa dernière pu-
blication est un chapitre consacré à la wilderness dans l'ouvrage collectif dirigé par A. Blot et A. Pichard : Les
séries américaines, la société réinventée ? (L'Harmattan, 2013). Il sévit également sur Twitter @IoanisDeroide.
à propos de l'auteur
tH
e w
ire
: H
Bo
the wire
Pourquoi parler des networks his-
panophones en ce mois de janvier ?
Parce que l’année 2013 a été celle de
tous les exploits, en particulier pour le
network Univision. Lors des sweeps de
février (une période de mesure d’au-
diences opérée par l’institut Nielsen,
capitale pour l’avenir de bien des pro-
grammes), Univision a réussi à sur-
passer NBC, devenant le quatrième
network le plus regardé du pays sur
la tranche d’âge si convoitée des 18-
49 ans ; une performance qui s’est
renouvelée lors des sweeps de juillet.
Cette année marque donc la première
fois de toute l’histoire de la télévision
américaine qu’une chaîne non-anglo-
phone surpasse un des « big four ».
Tout un symbole. Et encore, jusque
là, c’étaient la WB, UPN, puis The CW
qu’Univision surpassait régulière-
ment, ce qui n’était déjà pas anodin.
Une victoire qu’Univision prend
comme un double signe : d’abord parce
que cela lui permet d’entrer « dans la
cour des grands », mais surtout, parce
que son public parle bien souvent aus-
si l’anglais. Alors pourquoi ça marche
si bien ?
Démographiquement, les Hispa-
niques représentent 17% de la popu-
lation étasunienne d’après le recense-
ment de 2011 contre 11 en l’an 2000 (et
avec un taux de naissance de 26%, ce
n’est sans doute que le début).
Cela représente un marché total de
près de 53 millions de personnes, ce
qui n’est évidémment pas négligeable.
Pour comparaison, les Afro-Améri-
cains ne représentent que 12% de la
population américaine.
De plus, le public hispanique, ce sont
généralement des personnes jeunes ;
l’âge médian du spectateur d’Univi-
sion est par exemple de 37 ans, contre
55 pour ABC, 58 pour CBS, 54 pour NBC,
et 47 pour FOX, les fameux « big four
». C’est aussi une population très ac-
tive sur internet (68% des Hispaniques
sont actifs sur les réseaux sociaux,
contre 58% de moyenne nationale) qui
relaie donc facilement les messages et
participe à la viralité des contenus.
Jeunes, impliqués sur les réseaux so-
ciaux, et en constante croissance ? Les
annonceurs sont aux anges !
D’autres facteurs entrent en ligne
de compte : les principaux networks
hispaniques, qui sont Univision mais
aussi Telemundo, proposent à lon-
gueur d’année des programmes entiè-
rement inédits en primetime, là où les
networks anglophones prennent des
pauses et s’autorisent même une «
saison estivale », entre diffusion de
restants d’épisodes de séries annu-
lées, programmes importés (notam-
ment du Canada), ou même rediffu-
sÍ sE puEdE !L'Avenir De LA téLévision
AMériCAine pArLe espAgnoL
texte : LADyteruki
12 MORE TV
Vous êtes un téléphage chevronné, et vous pensez tout savoir sur la télévision américaine. Attendez-vous à
quelques surprises ! Car l’un des visages de la télévision américaine qui reste encore peu connu, c’est celui des
« networks » de langue espagnole. Mais ça, c’était avant.
37
55
58
54
47
âge médian
univision
abc
cbs
nbc
fox
sions. Les séries originales de l’été
sont majoritairement diffusées sur le
câble, qu’Univision et Telemundo ne
craignent pas du tout ; or, c’est préci-
sément pendant l’été que les compéti-
tions de foot attirent massivement du
monde devant les écrans des chaînes
hispanophones !
Pour finir, d’autres éléments viennent
encore renforcer le pouvoir de la télé-
vision en espagnol, comme le fait que
personne d’autre n’y prête attention,
par exemple ! Là où Hulu ou Net-
flix viennent marcher sur les plates-
bandes des networks anglophones
en proposant des séries en anglais,
ces mêmes services ne s’intéressent
que peu ou pas aux séries non-anglo-
phones, de fait, les spectateurs par-
lant l'espagnol n’ont pas le choix et
doivent se tourner vers les networks
tels qu’Univision ou Telemundo pour
avoir leur dose.
Pourtant, si cela ne fait que quelques
années que les networks comme Tele-
mundo ou Univision font parler d’eux
régulièrement dans le monde anglo-
phone, en réalité, ces chaînes existent
depuis plusieurs décennies !
L’idée fait en effet son chemin de-
puis les années 50, alors que de petites
stations locales en espagnol émergent
progressivement sur le territoire éta-
sunien et à sa périphérie. Parmi ces
stations, l’une d’elle, née à Porto Rico
en 1954, va particulièrement bien s’en
sortir : il s’agit de WKAQ-TV, qui se
surnomme « WKAQ Telemundo ».
A l’époque, Porto Rico est le berceau
de quelques unes des telenovelas les
plus populaires du monde hispanique,
un héritage que l’archipel hérite de
sa compétence dans les radionovelas,
qu’elle produisait massivement dans
les années 30 puis exportait à toute
l’Amérique du Sud. A la faveur de
fusions, d’acquisitions et de rachats
dont on vous fait grâce du détail, celle
qui en 1987 prend le nom définitif de
Telemundo va progressivement s’ins-
taller sur le territoire des USA, englo-
bant dans son giron toujours plus de
stations locales hispaniques.
En 1962 naît une autre station, cette
fois au Texas : KCOR-TV, une petite
chaîne en espagnol également, qui, ne
parvenant pas à être rentable, va être
revendue à un certain Emilio Azcár-
raga Vidaurreta. Son nom ne vous dit
rien et pourtant, la famille Azcárraga
est à l’origine d’un véritable empire,
qui de génération en génération a
bâti Televisa, le géant de la télévision
mexicaine. Azcárraga et son parte-
naire le producteur Emilio Nicolas
(qui préparait des émissions pour son
beau-père, fondateur de KCOR-TV)
vont développer la station, qui pren-
dra le nom d’Univision en 1986. Là
encore, de nombreuses petites sta-
tions hispaniques locales seront pro-
gressivement acquises pour agrandir
l’influence d’Univision.
Les années 90 seront pour les deux
géants de la télévision hispanique un
temps de développement, parfois de
négociations financières, mais tou-
jours d’expansion. Les deux géants
se font face, avec des stratégies simi-
laires pour s’étendre : s’appuyer sur
des partenariats avec l’Amérique du
Sud. Toutefois, le début des années
2000 sera un plus grand tournant
encore, avec l’acquisition des deux
géants par de grands groupes : NBC
Universal pour Telemundo en 2002, et
Saban Capital Group pour Univision en
2006.
Pour rentabiliser ces investissements
massifs, les chaînes vont rivaliser
d’ingéniosité pour attirer un public
toujours plus large : développer les
programmes d’information, lancer
des segments dédiés à la jeunesse (dif-
13MORE TV
amores verdaderos
produite au Mexique, la telenovela
s’inspire d’une série de 2005 nommée
Amor en Custodia (de nombreuses
telenovelas se voient ainsi adaptées
au travers de l’Amérique du sud ; Amor
en Custodia a d’ailleurs une version co-
lombienne datant de 2009). C’est grâce
à cette histoire ayant fait ses preuves
qu’univision a pu s’imposer dans le
panorama nord-américain. Le final de
la série a été vu, en juillet dernier, par
une moyenne de 5,2 millions de spec-
tateurs sur tout l’épisode de 2h, avec
un pic à 7,6 millions ! Mieux encore, la
série était première de sa case horaire
sur les cibles si convoitées des 12-34
ans, des adultes ayant entre 18-34 ans,
des hommes entre 18-49 ans, et des
femmes entre 18-49 ans ! Que deman-
der de plus ?
fusant des dessins animés déjà connus
aux USA et doublés en espagnol), pro-
duire plus de contenu original, pro-
poser des sous-titres anglais pour les
programmes de primetime brefs tous
les moyens sont bons ! La diffusion
d’événements sportifs, notamment,
va permettre aux deux networks de fi-
déliser leurs spectateurs, surtout avec
la diffusion de compétitions de foot,
ou plutôt soccer, sport auquel les spec-
tateurs anglophones n'ont pas facile-
ment accès (c'est une chaîne du câble
non-basique qui en détient les droits
en anglais), et que les autres chaînes
snobent au profit du football améri-
cain. Quelques unes des meilleures
audiences des deux chaînes sont ainsi
réalisées par des soirées sportives.
Ces dernières années, Telemundo et
Univision sont également très atten-
tives à leurs émissions d’information
ou de débats politiques ; le « vote his-
panique » n’est en effet plus à négli-
ger, et les networks veulent s’imposer
comme des leaders d’opinion dans la
communauté hispanophone.
Et du côté des séries ? Si les teleno-
velas occupent une place largement
majoritaire dans les grilles des deux
chaînes (et on va y revenir dans un
instant), les networks s’intéressent
aussi ponctuellement à la comédie,
par exemple. Les années 90 et le tout
début des années 2000 étaient par-
ticulièrement fructueuses de ce cô-
té-là. Les deux networks principaux
étaient alors soupçonnés de vouloir
calquer leur programmation sur celle
des chaînes anglophones, et on a vu
émerger des sitcoms à l’américaine.
Par exemple, en 1998, Un Angel en la
Casa apparait sur les écrans, et rap-
pelle étrangement Madame est servie
(Who’s the boss ? dans son pays), avec
une femme active qui embauche un
homme pour s’occuper de sa famille
tandis qu’elle se dédie à son travail. Il
ne s’agit pas d’un remake officiel de
la série avec Tony Danza, mais per-
sonne ne se fait vraiment d’illusion,
en la voyant, sur ce que Telemundo
tente d’entreprendre avec cette série.
Cette initiative dans le domaine des
comédies, couronnée d’un succès très
modéré dirons-nous, va être de courte
durée. Les comédies vont lentement
disparaître des networks hispaniques
mais pas durablement : Univision a
annoncé 3 nouvelles comédies lors
des upfronts du printemps dernier, et
par ce biais, elles pourraient bien faire
leur retour progressif dans les grilles.
Pour le moment, il n’est cependant
pas question de produire ces séries sur
le sol américain, et les comédies sont
généralement des acquisitions aussi
peu coûteuses que possibles venues du
Mexique.
Quelques séries d’action et/ou poli-
cières apparaîtront également au fil
des années, mais de façon très spora-
dique. Ces genres ne font pas partie de
la culture télévisuelle des pays d’Amé-
rique du Sud au même degré que les
comédies ou surtout les telenovelas.
Pendant bien longtemps, c’est l’ac-
quisition de ces fictions à l'étranger
qui a primé. Univision achetait des
séries produites par (ou plus tard, co-
produites avec) Televisa au Mexique,
14 MORE TV
relaciones peligrosas
Dans le but de draguer un public tou-
jours plus jeune, les networks hispa-
niques ont entrepris de rajeunir leurs
fictions. L’une des excellentes démons-
tration de cette démarche est l’adapta-
tion de la série espagnole Física o Quí-
mica (diffusée en France sous le titre
physique ou Chimie), un teen drama
s’alignant sans problème sur des fic-
tions anglophones comme gossip girl
ou skins. proposée en seconde partie
de soirée et presque totalement dé-
nuée de censure, la série rassemble dé-
but 2012 environ un million de jeunes
spectateurs en quotidienne. Autant
de monde qui ne regarde pas, du coup,
des chaînes comme the Cw ou ABC
Family… Les essais ne se borneront pas
à cette série : désormais, chacun des
deux principaux networks a une filiale
spécialisée qui courtise le jeune public
hispanophone.
ou au Venezuela avec Venevision; Te-
lemundo privilégiait son partenariat
avec RTI Colombia, ou en second lieu,
avec le mexicain Argos Comunicación.
Ces paris se sont avérés fructueux, à
plus forte raison car la popularité des
telenovelas dans leur pays original
alimente le bouche à oreille, et fait
baisser d’autant le budget de commu-
nication des chaînes aux États-Unis.
En se servant des pays hispanophones
comme d’un banc d'essai, les grands
networks comme Telemundo et Uni-
vision peuvent aussi sélectionner
les telenovelas qui rencontrent déjà
un fort enthousiasme dans leur pays
d’origine, et ainsi éviter l’échec avec
plus de facilité.
Désormais les chaînes s’intéressent
de plus en plus à la production de sé-
ries originales ; en particulier, cette
politique a été énormément dévelop-
pée par Telemundo depuis son acqui-
sition par NBC Universal. De son côté,
Univision n’hésite pas à recourir à ses
partenariats, ou à en créer d’autres.
N’allez pour autant pas croire que les
séries originales soient un phénomène
totalement récent : la première à être
apparue date de la fin des années 80
(voir encadré). Malheureusement,
les finances permettent rarement, à
cette époque, un investissement mas-
sif dans des séries originales ; cela
explique le rôle majeur des co-pro-
ductions avec l'étranger, permettant
d'inviter des stars internationales de
la telenovela pour des projets d'im-
portance.
Ce sont bel et bien les réussites phé-
noménales de ces dernières années
qui ont donné aux chaînes l’impulsion
nécessaire à l’exploration de la fiction
originale.
L’un des exemples les plus parlants est
La Reina del Sur, lancée par Telemundo
en partenariat avec RTI en Colombie
et Antena3 en Espagne. La telenovela,
qui surfe sur la vague des « narcono-
velas » dont l’intrigue mêle à la fois
romance et rebondissements autour
de la question du trafic de drogues,
sans oublier une large dose de sus-
pense et d’action ; la série rencontre
un fulgurant succès, et au terme de
sa diffusion, son final permet à Tele-
mundo de connaître ses meilleures
audiences depuis 19 ans ! Le network
est tellement satisfait de la série qu’il
entreprend une campagne pour es-
sayer de faire nommer la série aux Pri-
metime Emmy Awards, une première.
La campagne ne portera pas ses fruits,
mais attirera plus encore l’attention
sur la programmation des networks
hispaniques. La Reina del Sur a depuis
été diffusée dans de nombreux pays
du monde où son succès ne s’est pas
démenti, rentabilisant ainsi l’inves-
tissement initial dans la série ; il s’agit
en effet de la production la plus coû-
teuse de l’histoire de Telemundo, avec
un budget de 10 millions de dollars et
un tournage allant jusqu’au Maroc. En
juin dernier, Telemundo annonçait la
mise en chantier d’un sequel; après
tout, pourquoi tuer la narcotrafiquante
aux œufs d’or ?
Les records d’audiences de La Reina
del Sur ont depuis été régulièrement
battus par d’autres telenovelas de la
chaîne, à l’instar d’El Señor de los Cie-
los, que le network s’est empressé de
renouveler pour une deuxième saison,
ce qui là encore est une première. Par
définition, les telenovelas n’ont d’or-
dinaire pas la chance de revenir ; ce
choix, typiquement nord-américain,
montre que des mutations sont en
train de s’opérer dans la façon d’en-
15MORE TV
angélica, mi vida
pour la première fois, une chaîne amé-
ricaine diffuse une telenovela produite
sur son sol. prenant le parti de rassem-
bler le public hispanique, la série met
en scène trois familles venues de trois
pays différents : le Mexique, porto rico
et Cuba. L’action se déroule entre trois
villes américaines à forte immigration
latine, à savoir Miami, new york, et
san Antonio au texas ; le but est avant
tout de dépeindre la vie ordinaire du
public (pour autant qu’une telenovela
avec 140 épisodes de rebondissements
puisse être ordinaire !). et pourtant, en
lançant la série, telemundo ne croît pas
qu’elle va marcher, et s’attend même à
un gouffre financier, voire une catas-
trophe de production quand le script
prend plus de temps que prévu à être
écrit, ou que les acteurs, peu rodés au
rythme de tournage des telenovelas,
s’épuisent en cours de route. et pour-
tant Angélica, mi vida a réussi son pari
en lançant un nouveau genre de tele-
novela, capable de rassembler le public
hispanique mais aussi d’attirer un pu-
blic anglophone.
visager la programmation hispano-
phone aux États-Unis.
Vous l’aurez compris, à bien des
égards, les networks hispaniques des
États-Unis ont encore un bel avenir
devant eux ; sur un plan purement
financier, par exemple, la télévision
hispanique est l’un des rares secteurs
connaissant une augmentation des
dépenses de la part des annonceur, un
facteur très important !
Les chaînes anglophones l’ont bien
compris, et essayent depuis plusieurs
années de récupérer une partie des
spectateurs de ces chaînes ; des tenta-
tives comme Ugly Betty ou plus récem-
ment Devious Maids y parviennent, en
adaptant des séries sud-américaines
mais jamais durablement. Contraire-
ment à d’autres minorités aux USA, les
hispaniques ont un marché télévisuel
suffisamment dense et divers à leur
disposition pour n’avoir plus autant
besoin des « big four » ou des autres
chaînes anglophones pour se divertir,
tout en se reconnaissant dans ce qu’ils
regardent. En cela, la télévision his-
panophone est encore une exception
dans le panorama américain.
Plutôt que de chercher à tout prix à
combattre cette tendance, de plus en
plus de groupes investissent eux aussi
dans la télévision en espagnol. C’est
ainsi le cas de MundoFox, une filiale,
vous l’aviez deviné, de Fox, lancée en
2012 et qui, avec des séries plus courtes
que les telenovelas traditionnelles
(qu’en Amérique du Sud on qualifie
de « teleseries »), et s’adressant à un
public traditionnellement plus mas-
culin, avec beaucoup d’action, espère
trouver la bonne formule pour s’im-
miscer sur le marché. En s’appuyant
sur les productions des studios Fox
Telecolombia, déjà très prolifiques,
la petite chaîne espère bien faire son
trou. Le succès de la teleserie El Capo,
l’an dernier, lui a ainsi donné une oc-
casion de se faire remarquer par les
spectateurs. La chaîne propose aussi
des séries américaines de Fox avec un
doublage en espagnol, à l’instar de
Bones. Avec une cible potentielle de 53
millions d’Hispaniques, et une démo-
graphie nationale qui indique que les
prochaines années seront toujours
plus radieuses, les possibilités d’ex-
pansion semblent infinies. Comme on
dit chez nos amis les Américains : el
cielo es el límite !
16 MORE TV
Quand elle avait 5 ans et demi, ladyteruki, accroupie sous un fort fait à partir de coussins du sofa, s’est écriée
: « je veux rentrer dans la télé ! ». Âgée à présent de 32 ans, elle n’a pas abandonné ce noble objectif, et
explore son sujet favori sur le site ladyteruki.com, où elle discute des fictions de toutes les époques et de
tous les continents.
à propos de l'auteur
metástasis
Le succès de Breaking Bad dans le
monde entier encourage univision à
commander une adaptation co-pro-
duite avec la Colombie, qu’elle bap-
tise Metástasis. problème : lorsque
l’annonce est faite et même, que le
pilote est tourné, les négociations sont
encore en cours avec sony qui détient
les droits de la série diffusée par AMC.
en dépit de la bande-annonce qui
circule à la vitesse de l’éclair, et des
espoirs d’univision pour attirer un pu-
blic anglophone qui se tournerait vers
l’adaptation par nostalgie suite à la fin
de Breaking Bad, la diffusion de Metás-
tasis est maintenant… en stase. une
autre adaptation de série anglophone
a déjà vu le jour (sans imbroglios juri-
diques !) : gossip girl Acapulco, lancée
fin 2013 par UniMás, une filiale d’Uni-
vision ciblant un public jeune. une pra-
tique qui pourrait se développer ?
dealing tv
Février 2014
Une nouvelle façon de partager sa passion.
dealingtv.com
lE cOnsulTanT spécialiséAtout MAJeur Des séries
texte : suLLivAn Le CorviC - pHoto : MentAList / wArner Bros.
18 MORE TV
La production sérielle massive, depuis les années 1990, s’est révélée fructueuse des plus belles et intenses expé-
rimentations télévisuelles et a collectionné des moments d’anthologie uniques et rares dans l’univers audiovi-
suel. Regroupant des milliers de séries de tous les formats et de tous les genres, elle regorge logiquement de
similitudes plus ou moins fortuites, de rapprochements thématiques plus ou moins importants et d’œuvres plus
ou moins réussies. Et dans tout cet imbroglio de créations savamment imaginées et construites, une figure trans-
cende les âges, les concepts et les networks : le consultant spécialisé.
Il s’agit de mettre à disposition de
la police une expertise, un don par-
ticulier, une façon différente d’ap-
préhender les problèmes. Vous les
connaissez forcément ou vous en avez
déjà entendu parler au cours de vos
conversations. Ils portent une série
sur leurs épaules et leurs noms déter-
minent souvent, à eux seuls, l’univers
de la fiction. Qu’ils aient une vingtaine
d’années ou qu’ils viennent juste de
dépasser le stade de l’imagination
pour nous offrir de belles séquences
d’émotions télévisuelles, vous fre-
donnez leur nom bien plus que vous ne
le pensez : Le Mentaliste Patrick Jane,
l’asocial Sherlock Holmes, l’écrivain
Richard Castle, l’amnésique John Doe,
le dangereux fugitif Raymond Red-
dington ou encore l’irrésistible Monk.
Cette liste non exhaustive est l’une
des preuves saisissantes que la thé-
matique n’est pas une exception et
qu’elle a réussi à se frayer un chemin,
pour le meilleur et pour le pire, dans
l’imposante production feuilleton-
nante.
En effet, le consultant est avant tout
un atout scénaristique permettant de
pimenter le quotidien policier, vu et
revu dans les procedurals. Sa particu-
larité première réside
dans sa néophilie pro-
fessionnelle : il ou elle
n’y connait pratique-
ment rien dans les pro-
cédures policières mais
sa spécificité va instantanément le
transposer dans cet univers inconnu.
Les scénaristes vont alors identifier
grossièrement les points atypiques du
personnage pour les mêler astucieu-
sement avec le comportement com-
mun du policier fictionnel.
Le concept un temps novateur de la
franchise des Experts par exemple a
tendance à lasser, à se répéter et à dé-
laisser presque totalement la touche
d’extraordinaire qui surprend et im-
pressionne quelque peu. Dès lors,
les drames et les comédies se retran-
chant derrière le charisme physique
et/ou psychologique du consultant
s’assurent une marge de manœuvre
scénaristique osée mais conséquente
pour étendre leurs aventures sur plu-
sieurs saisons. Elemen-
tary, Sleepy Hollow et
Medium ne seraient-
elles pas fades sans cet
élément d’extranéité
? Serions-nous aussi
assidus, aussi mordus de ces séries si
Teresa Lisbon et Kate Beckett résol-
vaient seules leurs affaires ?
Ce n’est pas nouveau, le personnage
hors du commun que cela soit par
ses aptitudes (Sherlock Holmes dans
Sherlock et Elementary, Shawn Spencer
dans Psych, Allison Dubois dans Me-
dium, Johnny Smith dans Dead Zone)
ou par son caractère (Richard Castle et
Adrian Monk dans leur série éponyme)
a un intérêt beaucoup plus marquant.
La morosité du quotidien est contre-
balancée par cet individu sorti des
sentiers battus qui va métamorphoser
l’ensemble du casting, en bien ou en
mal. La puissance d’un tel personnage
se retrouve en effet dans la dimension
chorale de l’histoire : cette unicité dra-
matique, en plus de dévoiler une autre
dimension du domaine profession-
nel visé, conduit à une mutation des
autres personnages qui, au contact du
consultant, vont être amenés à chan-
ger leurs perspectives. Et réciproque-
ment : même si l’écriture s’attache à
rendre le consultant exceptionnel, elle
ne le déshumanise pas pour autant.
19MORE TV
Dulé Hill et James roday dans Psych
tom Mison et nicole Beharie dans Sleepy Hollow
« sa particularité
première réside dans
sa néophilie
professionnelle »
psy
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y H
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Ainsi, tout est fait, le plus souvent,
pour que les influences soient mu-
tuelles.
Récemment et comme premier
exemple, Sleepy Hollow démontre par-
faitement cette utilité : Abbie Mills est
une agent de police pragmatique qui
s’efforce de ne pas croire au surna-
turel mais sa collaboration avec Icha-
bod Crane (espion pour le compte de
George Washington pendant la Guerre
d’Indépendance) réveille un nouveau
trait de caractère et l’obligera à renouer
des liens familiaux. Crane, quant à lui,
doit s’appuyer sur les connaissances
contemporaines d’Abbie pour obtenir
un semblant de vie sociale.
Dans Elementary, le lien qui unit
Sherlock Holmes et Joan Watson en
plus d’être un superbe prétexte de
complémentarités émotionnelles
entre les deux les
conduit à en ap-
prendre un maxi-
mum l’un de
l’autre. Sherlock
contrôle de mieux
en mieux ses émo-
tions et ses obsessions alors que Joan
maitrise rapidement les techniques de
détective et se redécouvre profession-
nellement.
L’efficacité d’un tel processus,
d’une telle mise en avant tient surtout
à la qualité et à la cohérence de l’écri-
ture. On ne le répètera jamais assez
mais un très bon acteur n’est pas à
l’abri d’un piètre scénario, et malgré
toute sa bonne volonté il est rare qu’il
rattrape la faiblesse de l’ensemble des
répliques.
Néanmoins, les Cop-Show qui jouent
de cet instrument dramatique et/ou
comique ont un succès commercial
et critique plus ou
moins conséquent.
Dans la catégorie «
séries peu convain-
cantes », on peut
lister John Doe (une
seule saison, 21 épi-
sodes), Lie To Me (3 saisons, 48 épisodes),
Dead Zone (6 saisons, 80 épisodes),
Numbers (6 saisons, 118 épisodes).
Alors que dans celle des « séries à re-
garder absolument » on peut retrou-
ver Medium (7 saisons, 130 épisodes),
Monk (8 saisons, 125 épisodes), Sher-
lock (2 saisons, 6 épisodes) et Elemen-
tary (2 saisons, 35 épisodes).
Cette liste n’est en rien révélatrice
d’une adéquation systématique entre
qualité de l’écriture et succès com-
mercial : malgré le maigre intérêt que
pouvaient avoir Dead Zone ou Num-
bers, deux séries qui n’ont malheu-
reusement rien révolutionné, elles
ont, toutes les deux, atteint la sixième
saison, étape non négligeable dans la
vie d’une série. Ainsi, bien que le scé-
nario, le pitch de départ et les intri-
gues ne soient pas les points forts et
essentiels d’une ou plusieurs fictions
misant sa popularité sur le consultant,
le succès pointe le bout de son nez
dans la majorité des cas et renforce
le poids de l’institution qu’est deve-
nu le Consultant Spécialisé. Au vu de
tous ces spécialistes qui occupent nos
écrans de télévision, d’ordinateur et
de tablette, qui sera le prochainla pro-
chaine à déposer ses valises et à briller
de sa singularité ?
Éduqué à la sauce X-Files, déclencheuse de mon imperturbable addiction, je suis, depuis ma tendre enfance,
un véritable tout-à-tout sériel et je ne peux échapper au qualificatif de « geek » dont j'assume l'entière
définition. Egalement chroniqueur « Séries » sur TéléNantes, je voue un culte absolu pour ce format fic-
tionnel et je n'hésite pas à faire partager cette passion.
à propos de l'auteur
20 MORE TV
« l'efficacité d'un tel pro-
cessus, d'une telle mise en
avant tient surtout à la
qualité et à la cohérence
de l'écriture »
tim roth dans Lie To Me
Lie to
Me
: Fo
x
le top 5
01
02
03
04
05
sherlockeLeMentAry, CBs
allison duboisMeDiuM, nBC & CBs
will graham & hannibalHAnniBAL, nBC
sherlock holmessHerLoCk, BBC one
adrien monkMonk, usA network
21MORE TV
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Sleepy Hollow s'affiche comme la bonne surprise de la rentrée. pourquoi faut-il donner une chance à cette adap-
tation du mythe du cavalier sans tête et quels sont ses points forts qui donnent envie de voir la suite.
La première fois que j’ai entendu
parler de Sleepy Hollow adapté en sé-
rie, j'ai toute de suite pensé que c’était
stupide. « Encore des scénaristes qui
n’ont pas d’idées originales et qui
veulent transformer à leur sauce un
film déjà parfait », me suis-je dis. Ce
n’est qu’après la diffusion du premier
épisode que ma sœur m’a dit : « Tu
devrais regarder cette série, en fait,
c’est vraiment bien ». Et me voilà
aujourd’hui chers lecteurs pour vous
faire l’éloge de Sleepy Hollow, la série.
Diffusée sur la Fox le lundi soir aux
États-Unis, elle raconte l’histoire
d’Abbie Mills, lieutenant de police
dans la ville Sleepy Hollow et d’Icha-
bod Crane, qui grâce
aux dons magiques
de son épouse Katrina
Van Tassel, a pu voya-
ger dans le temps pour
arriver à l’époque contemporaine.
Après avoir combattu sous les dra-
peaux anglais lors de la guerre d’in-
dépendance, il est passé dans l’autre
camp pour servir d’espion à Georges
Washington. Malheureusement, sa
première rencontre avec le cavalier
sans tête l’a laissé mourant, ce qui a
contraint Katrina à le protéger en l’em-
prisonnant dans notre présent. Vous
devez surement pen-
ser : « mais qu’est-ce
que c’est que ce truc ?
». Il se peut que mon
résumé ne fasse pas
honneur à la complexité de la situa-
tion dans laquelle les personnages
sont plongés dès le pilote mais le ton
de la série est clairement fantastique,
et les épisodes s’enchaînent pour nous
exposer petit à petit la mythologie de
cet univers.
Nous avons donc un cavalier, qui a
22
texte : gwLADys - pHoto : sLeepy HoLLow / Fox
MORE TV
« la série nous expose
petit à petit la Mytho-
logie de cet univers »
pROMEnOns-nOus dans lEs bOistAnt Que Le CAvALier sAns tête n'y est pAs
Dans un univers parallèle, j’ai probablement un blog que j’alimente d’articles formidables débattant de
divers sujets culturels. Le reste de mon temps libre, je le passe en compagnie d’Indiana Jones à découvrir des
trésors nazis perdus. Dans ce monde ci, je suis une pauvre étudiante en lettres noyée dans la masse de gens
qui ne savent pas très bien où ils en seront dans dix ans. Et je mets mes compétences de rédaction (le secret
: une bouteille de whisky et un paquet de clopes à 23h) au service de notre grande passion à tous : les séries.
à propos de l'auteur
été décapité par Ichabod pendant la
guerre d’Indépendance. La perte de sa
tête n’a pas eu trop de conséquences
sur le cavalier, puisqu’il est un des
quatre cavaliers de l’Apocalypse, des
créatures démoniaques venues pré-
parer l’arrivée du Diable sur Terre. Il a
donc suivit Ichabod jusqu’au XXIème
siècle, et sème la terreur dans Sleepy
Hollow. Abbie, qui croit d’abord que
c’est Ichabod qui décapite les victimes,
est rapidement convaincue qu’ils ont
besoin de travailler ensemble pour
trouver un moyen de stopper le cava-
lier et les autres démons en tout genre.
Les scénaristes se sont révélés pleins
d’imagination, sans pour autant
perdre en cohérence.
Au niveau de la réalisation, dès le
pilote, les mouvements de caméra
un peu particuliers et
les nombreux filtres
ajoutés peuvent en
surprendre plus d’un,
voire les agacer. C’est
néanmoins très inté-
ressant à observer,
puisque cela permet au spectateur de
s’immiscer totalement dans l’atmos-
phère angoissante de la série. Je me
rappelle notamment d’une scène de
poursuite dans la forêt de Sleepy Hol-
low, lieu gothique par excellence, où
la lumière des plans changeait peu
à peu : intense, puis obscurcie par le
brouillard montant, pour finalement
devenir très sombre. De plus, la vic-
time de la poursuite se retrouvait sys-
tématiquement prisonnière des élé-
ments naturels dans chaque plan : le
feuillage constituait un cadre et les
arbres étaient comme les barreaux
d’une prison. C’est agréable les séries
qui soignent leur réa-
lisation, qui portent
une attention particu-
lière aux couleurs et au
rendu visuel, et Sleepy
Hollow entre dans cette
catégorie.
Enfin, cette première saison a ré-
vélé de très bons acteurs. Tom Mison
est simplement excellent dans le rôle
de l’espion anglais venu d’une autre
époque ; il arrive à alterner moments
comiques (la découverte d’Internet
par Ichabod : mémorable !) et drama-
tiques avec un équilibre parfait. Quant
à Nicole Beharie, elle campe avec brio
la flic pleine d’assurance qui soutient
sans faillir son étrange co-équipier.
Je précise qu’il n'y a pas d’histoire
d’amour entre les personnages qu’ils
incarnent, mais une très belle amitié
faite de confiance et de loyauté. L’al-
chimie entre les acteurs est évidente,
ce qui contribue à rendre certaines
scènes encore plus fortes.
Pour ceux qui se sont ennuyés et ont
sautés des paragraphes, je vais être
très gentille et je vais vous résumer
mon propos : Sleepy Hollow est une
très bonne nouveauté, d’autant plus
surprenante que le synopsis de départ
ne donne pas envie. Si vous aimez les
séries fantastiques menées par des
acteurs brillants, dont l’écriture est
suffisamment intelligente pour garder
le spectateur en haleine sur toute une
saison, alors allez-y ! Pour ma part, elle
figurera sur ma courte liste des Séries
A Reprendre Après Les Vacances…
23MORE TV
« sleepy hollow
porte une attention
particulière aux
couleurs et
au rendu visuel »
tom Mison et nicole Beharie dans Sleepy Hollow
sLe
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Lancée en 2012 par CBS, Elementary relate l’histoire d’un Sherlock Holmes immigré à New-York après une cure
de désintoxication, bientôt rejoint par Joan Watson pour l’aider. Du réchauffé ?
Dès le départ, les téléspectateurs
étaient sceptiques quant à la nouvelle
série de CBS, Elementary. En effet,
avant même la diffusion du pilote, en
septembre 2012, la série était décriée,
critiquée pour être une énième adap-
tation de l’œuvre d’Arthur Conan
Doyle. Adaptation moderne, surfant
sur la vague Sherlock de la BBC. Mais,
insulte suprême, avec un Watson de
sexe féminin. Face à une telle levée
de bouclier des fans, la série semblait
bien mal embarquée.
Arrive la diffusion du pilote, et
surprise, on y retrouve un Sherlock
Holmes, bien Anglais, ancien drogué
immigré à New York pour une cure de
désintoxication et qui a pour « com-
pagnon de sobriété » engagée par le
père Holmes, une certaine Joan Wat-
son, ancien chirurgien.
Sherlock étant Sherlock, il décide
d’aider la police de New York dans la
résolution de certains crimes commis
dans la Grosse Pomme. Les références
à l’œuvre de Conan Doyle sont nom-
breuses, mais Elementary tient sur-
tout du procedural. Rapidement, et
contrairement à ce qu’aurait pu laisser
supposer les premiers épisodes de la
saison 1, Elementary s’éloigne de Sher-
lock, beaucoup plus centrée sur une
adaptation des livres.
Une des menaces pesant sur Ele-
mentary était le duo Sherlock / Watson
homme et femme.
ElEMEnTaRy, Ma chèRE waTsOn
texte : tHiBAuLt CoLLArt - pHoto : CBs stuDios inC
24 MORE TV
Belge et étudiant en traduction à l'université de Mons, je suis plutôt éclectique niveau série, je touche un
peu à tout. J'ai débuté par Heroes, pour enchainer avec How I Met Your Mother et d'autres séries au fur et à
mesure. Actuellement, ma préférence séristique se porte sur Ripper Street, Masters of Sex, Adventure Time et
Revolution.
à propos de l'auteur
Certains craignaient un rapproche-
ment amoureux des deux. Bien vite,
cette idée est mise au placard par les
producteurs, qui jurent que nos deux
héros ne finiront pas
ensemble. Et jusque-
là, ils tiennent parole,
la série développe
l’amitié et le respect
mutuel que se vouent
les deux protagonistes. Un lien bien
plus intime que celui vu dans Sherlock
et qui, contrairement à celui existant
dans cette dernière, évolue.
La série n’a évidemment rien d’ori-
ginal. À chaque épisode son affaire,
son enquête et sa résolution. Rien
d’étonnant, venant de la chaîne créa-
trice des Experts, qui ne change pas un
concept gagnant. Il faudra donc at-
tendre la mi-saison avant d’avoir droit
à un début de fil rouge
et la saison deux, qui a
débuté en septembre
2013, offre à son tour
son lot de nouveautés.
Moins novatrice
et plus traditionnelle que le Sherlock
de la BBC, Elementary a, au fil de ces
deux premières saisons, approfondit
la relation entre Sherlock et Watson.
On en apprend plus sur les raisons de
l’addiction de Sherlock, interprété par
un Jonny Lee Miller survolté et tatoué
, ainsi que sur son passé et de celui de
Watson, jouée par Lucy Liu, intransi-
geante mais néanmoins attachante.
Souvent, la série nous rappelle que
Sherlock n’est qu’un homme et que,
contrairement à ce qu’on pourrait
penser, il n’a pas totalement changé.
Les différentes affaires que prennent
le duo ne sont qu’une béquille au dé-
veloppement de la relation des per-
sonnages, l’éloignant encore un peu
plus de la version britannique.
La série mérite au moins d’être vue
pour cela : une vision humaine de
Sherlock Holmes, avec ses qualités
et ses défauts, et qui, plus d’une fois,
vous offrira des moments d’émotions.
« la série développe
l'amitié et le respect
mutuel que se vouent
sherlock et watson »
25MORE TV
Jonny Lee Miller et Lucy Liu dans Elementary
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Mais qui es-tu shonda rhiMes ?
Grey’s Anatomy, Private Practice, Scan-
dal… Trois séries qui ont une femme
en commun : leur créatrice, Shonda
Rhimes. À 43 ans, la réalisatrice, scé-
nariste et productrice commence peu
à peu à sortir de l’ombre, pouvant
enfin se permettre de faire ce que ses
camarades font depuis une décennie :
utiliser son nom comme une arme de
vente massive pour ses shows. Mais
avant de devenir la star d’ABC qu’on
connaît aujourd’hui et la patronne
de l’empire Shondaland, la produc-
trice venue de l’Illinois a dû faire ses
preuves… et trouver le bon filon.
une enfant obsédée par les livres
et les contes
Shonda Rhimes naît en 1970 à Chica-
go d’une mère professeur de lycée et
d’un père gestionnaire d’université.
Très tôt, elle développe un véritable
amour pour les contes et confie d’ail-
leurs qu’à 4 ans, elle dictait déjà ses
propres histoires au dictaphone pour
que sa mère puisse ensuite les écrire…
Pas étonnant donc qu’au lycée, elle
passe son temps à écrire, à jouer dans
des pièces de théâtre et à réaliser
quelques courts-métrages. En démé-
nageant à San Francisco avec une de ses
sœurs et en obtenant un travail dans la
publicité, elle est à deux doigts de rater
sa voie. Mais c’était sans compter sur
la personnalité hors norme de Shonda
Rhimes et son envie de repousser tou-
jours plus ses limites ! La légende veut
en effet que la scénariste se soit ins-
crite à U.S.C - pour apprendre l’écri-
ture de scénarios, après avoir lu un ar-
ticle expliquant qu’il était plus dur d’y
entrer qu’à Harvard. Un challenge qui
lui a plutôt bien réussi ! « Je n’avais
jamais réussi à finir d’écrire un roman
parce que c’est trop long. J’adore la
fiction, mais je n’arrive pas à écrire
quatre pages sur la description d’une
armoire antique. Ça me donne mal au
crâne. Mais l’écriture de scénarios est
propre. Il y a de l’action, du dialogue
et finalement, ça me convient bien. »
À tel point qu’elle gagne le prix Gary
Rosenberg.
Grey’s anatoMy, ou la chance
d’une vie
Son master en poche, Shonda
Rhimes se lance dans la jungle hostile
des auteurs à Hollywood. Et la jeune
femme a beau être douée, elle devra
d’abord enchaîner de nombreux petits
boulots avant de finalement trouver
un travail dans ses cordes : directrice
des recherches pour le documentaire
Hank Aaron: Chasing the Dream. Enfin,
en 1999, elle réalise le téléfilm Intro-
ducing Dorothy Dandridge pour HBO,
qui vaudra en autres à Halle Berry de
gagner un Emmy et un Golden Globe.
Elle écrira et réalisera ensuite plu-
sieurs films pour ados plutôt éton-
portrait
shOnda RhiMEs
texte : AuréLie CorBin - pHoto : « An evenning witH sHonDA rHiMes & FrienDs » / piCture group
26 MORE TV
nants, mais ça, c’est une autre histoire
contée dans « Le Saviez-vous ? ».
Vous vous demandez pourquoi j’ai
pris la peine de vous faire un résumé
non exhaustif de la vie de Shonda
Rhimes ? Tout simplement pour vous
démontrer que malgré
quelques années diffi-
ciles, l’avènement de
la réalisatrice fut ra-
pide et surtout… inat-
tendu. En 2002, Shon-
da accueille la première de ses trois
filles : Harper. Et c’est finalement en
s’occupant d’elle et en restant bloquée
à la maison face à la télé que la scé-
nariste découvrira (et cela pour notre
plus grand bonheur) le monde com-
plexe des séries TV. « Je suis devenue
accro à Felicity , à Buffy contre les vam-
pires, Sex and The City et Les Sopranos
! » C’est alors qu’elle décide d’écrire
elle-même la série parfaite, celle qui
lui plairait. Son premier projet sur des
correspondants de guerre est rapi-
dement acheté par Touchstone mais
finit au placard à cause du début de la
guerre en Irak. Ce sera un mal pour un
bien, car la scénariste apprend ensuite
qu’ABC cherche une nouvelle série
médicale : Grey’s Anatomy et ses ap-
prentis chirurgiens sont nés.
Dès sa première série, Shonda Rhimes
impose sa vision des choses. Il faut
dire qu’à l’époque, elle ne sait même
pas qu’on peut virer le showrunner
d’une série… Cet excès de confiance
lui permettra de façonner les
personnages qu’elle imagine :
des chirurgiennes ambitieuses,
d’autres lesbiennes, des couples
interraciaux ou adultères. Shon-
da Rhimes explore toutes les
facettes des êtres humains,
tout en offrant des histoires
d’amour niaises à souhaits, des intri-
gues haletantes et des cliffhangers à
gogo (quitte à en faire trop et à nous
faire croire que Seattle est la ville de
toutes les apocalypses). Et même si
le show a souffert de quelques turbu-
lences à cause d’une
mésentente entre les
acteurs, il a permis à la
créatrice d’apprendre
à travailler en équipe
(elle a plusieurs scé-
naristes sous ses ordres) et à faire ses
premières erreurs…
Un succès phénoménal qui façonne sa
carrière et lui offrira quelques années
plus tard sa propre société de produc-
tion, Shondaland.
Et ce petit manège surmonté d’un
cœur est bien plus que deux ou trois
séries à succès, c’est une véritable vi-
sion de l’espèce humaine. Car en nous
divertissant, Shonda Rhimes bouscule
nos habitudes et la façon dont on re-
garde notre petit écran.
shonda rhimes, une wonder wo-
man des temps modernes
Vous êtes-vous déjà demandé pour-
quoi Shonda Rhimes mettait autant de
personnages féminins forts dans ces
séries ? Meredith Grey, Cristina Yang,
Dr Addison Forbes Montgomery, Oli-
via Pope… Des héroïnes aux caractères
bien trempés et qui gèrent leur vie
d’une main de fer, malgré leurs failles
et leurs faiblesses. Des personnages
dans lesquelles la scénariste doit
sûrement se retrouver ! Après tout,
Shonda Rhimes gèrent deux séries (la
saison 10 de Grey’s Anatomy et la sai-
son 3 de Scandal), tout en s’occupant
de ses trois enfants, Harper, Emerson
(deux enfants adoptés) et Beckett (une
fille qu’elle a eu par mère porteuse)…
Les propres dilemmes de la showrun-
ner se retrouvent d’ailleurs dans ses
séries, comme quand Meredith doit
jongler entre sa vie de famille et
sa carrière ou quand le Dr Mon-
tgomery dans Private Practice se
lance dans l’adoption d’un bébé
en étant mère célibataire…
Son secret pour équilibrer car-
27MORE TV
« dès sa première
série, shonda rhimes,
impose sa vision des
choses »
shonda rhimes aux nAACp image Awards en 2009
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rière professionnelle et vie de famille
bien remplie ? Outre une véritable
passion pour ses univers et ses per-
sonnages, c’est bien évidemment
l’organisation. D’ailleurs, ses enfants
ont des chambres en face des bureaux
qu’elle occupe :
une façon pour elle
de voir ses trois
filles entre deux
prises ou entre les
lectures de script.
Et malgré un sa-
laire de 12 millions de dollars par an,
Shonda Rhimes garderait un style de
vie des plus simples.
Vous l’aurez compris, pour Shonda
Rhimes, ce sont les femmes qui ont
le pouvoir ! Mais pas que… La scéna-
riste et productrice a complètement
chamboulé le paysage audiovisuel en
accordant plus de place aux minorités
ethniques (après tout, Kerry Wash-
ington est la première héroïne afro-
américaine sur le petit écran depuis
presque 40 ans) et aux homosexuels.
Changer le monde, un personnage à
la fois ? « Je n’ai jamais eu le projet
d’élever le niveau de conscience col-
lectif en termes de diversité raciale,
j’espérais juste montrer un monde
qui ressemblerait au nôtre. J’ai grandi
à une époque où les gens comme moi
n’avaient pas de place à la télévision.
Je comble le retard… », explique-t-
elle avec humilité.
Mais là où la productrice fait très fort,
c’est en sortant de sa zone de confort
pour créer Scandal, une série politique
sur les aventures d’Olivia Pope (jouée
par Kerry Washington, donc). Alors
que la troisième saison est actuelle-
ment en pause aux États-Unis (et sera
malheureusement plus courte que
prévue à cause de la grossesse de l’ac-
trice principale), Shonda Rhimes peut
se réjouir d’avoir réussi à emmener
ses fans dans un autre univers (90%
des téléspectateurs regardant Grey’s
Anatomy sur ABC regardent également
Scandal en deuxième partie de soirée)
tout en séduisant
de nouveaux séries
addicts ! Et si la
plupart s’enthou-
siasment surtout
des rebondisse-
ments à répétition,
l’air de rien, le show secoue encore le
monde du petit écran en racontant les
amours d’un couple adultère et inter-
racial, celui d’un couple gay et en met-
tant avant quelques vrais scandales
politiques.
quel avenir pour shonda rhiMes ?
Après 10 saisons et une audience
moyenne de 9 millions de téléspecta-
teurs, Grey’s Anatomy n’a plus grand-
chose à prouver, tandis que Scandal se
paie le luxe de gagner toujours plus
de téléspectateurs à chaque saison.
Mais on s’en doute, Shonda Rhimes
ne compte pas s’arrêter là et pré-
pare déjà son prochain challenge. En
plus de deux nouvelles séries (How
To Get Away with Murder), un thriller
juridique dont le pilote a été écrit par
Peter Nowalk, scénariste de Scandal
et producteur exécutif de Grey’s Ana-
tomy, et qui raconte les aventures d’un
professeur de défense pénale et ses
élèves, entraînés dans une histoire de
meurtre ; ainsi qu’une comédie non ti-
trée sur un groupe d’amis réunis suite
à d’étranges événements), la scéna-
riste et productrice va s’atteler à un
nouveau rêve : celui d’écrire enfin un
livre !
Mais cette fois, il ne s’agira pas
d’écrire de la fiction mais de raconter
sa propre vie sous la forme de ses mé-
moires. Celle qui se renferme quand il
s’agit d’évoquer sa vie privée va enfin
se dévoiler, de ses débuts à Hollywood
à la création de son empire, en pas-
sant par la construction de sa famille
en tant que mère célibataire. Un projet
ambitieux, qui devrait voir le jour en
2015. D’ici là, on compte sur elle pour
nous pondre d’autres séries à succès.
« shonda a complètement
chaMBoulé le paysaGe
audiovisuel en accordant
plus de place aux Minorités
ethniques »
shonda rhimes a écrit Un
Mariage de Princesse en 2004,
avec Anne Hathaway ! Qui l’eût cru ?
et pourtant, la scénariste chérit cette
expérience, qui lui a permis de travail-
ler avec l’actrice Julie Andrews. Avant
ça, elle avait déjà écrit Crossroads, le
film de 2002 avec Britney Spears. Deux
films violemment critiqués mais très
rentables !
elle a décidé de créer sa
famille après le drame du
world trade Center, qui lui a fait re-
considérer ses priorités.
La scénariste tient telle-
ment au girl power qu’on lui
a reproché le manque de personnages
masculins dans Grey’s Anatomy : c’est
pour ça que le personnage d’Alex karev
a été créé !
tandis que certains voient
Scandal comme une série
pour les filles, de nombreuses person-
nalités ont avoué leur amour pour le
show, comme pink, naomi Campbell,
Bill Clinton et Michelle obama.
kerry washington a créé
une nouvelle tradition sur le
plateau de Scandal : à chaque tournage
d’un épisode, le casting crie le numéro
de l’épisode, applaudit et tape sur les
meubles.
le saviez-vous ?
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Rédactrice web pour un site féminin, Aurélie a nourri sa passion des séries TV dès sa folle jeunesse à coups
de Trilogie du Samedi et de Séries Mag... Aujourd'hui, à 24 ans, elle se donne comme mission de regarder
chaque pilote de nouveautés tout en continuant à regarder ses shows préférés : pire que les 12 travaux
d'Hercule, en somme. Et comme elle n'arrive pas à garder toutes ses découvertes pour elle-même, Aurélie
parle de séries sur Smallthings.fr et sévit sur Twitter sous le pseudo @TheGirlyGeek !
à propos de l'auteur
les échecs de shonda rhimes
inside the Box
En 2010, Shonda Rhimes propose une
série sur une ambitieuse journaliste,
prête à tout pour réussir dans le monde
de la télévision. Même si la série n’a fi-
nalement pas été choisie par ABC, pas
mal de stars du casting ont été trans-
férées vers d’autres séries : Kim Raver
est devenue Teddy Altman dans Grey’s
Anatomy, et Sarah Drew est entrée
dans la peau d’April Kepner.
Gilded lilys
Premier essai de série historique pour
la showrunner ! Commandé en janvier
2012, le pilote a été filmé en mars et
devait raconter le quotidien de la fa-
mille Lily et de leurs employés dans la
gestion d’un hôtel de luxe en 1985. On
aurait dû y retrouver Madeline Zima,
ex-star d’une Nounou d’Enfer et de Cali-
fornication. Malheureusement, la série
n’a pas été choisie par ABC.
off the map
Après Grey’s Anatomy et Private Prac-
tice, Shonda Rhimes s’enfonce encore
un peu dans le monde médical… N’a-t-
elle pas peur de lasser ? Effectivement,
l’histoire de ces docteurs partis au Chili
pour prendre un nouveau départ ne
convainc pas et finit par être annulée au
bout d’une seule saison. On comprend
mieux pourquoi après ça, Shonda s'est
tournée vers la politique pour Scandal.
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Depuis que nous subissons avec
plaisir une inondation culturelle, no-
tamment en matière de séries grâce à
internet, nous avons pu découvrir qu'il
est possible de traiter subtilement de
sujets plus ou moins sensibles à tra-
vers ce média. Attention, loin de moi
l'idée de reprocher un manque de qua-
lité aux séries américaines, je suis le
premier à passer des heures devant
The Walking Dead ou Person of Interest
mais je remarque seulement qu'à part
quelques exceptions, Breaking Bad ou
The Wire, les séries américaines ont
tendance à être caricaturales.
des séries qui osent
Si je ne devais preter ne serait-ce
qu'une qualité à nos ennemies rosbifs
en matière de série ce serait la capa-
cité qu'ils ont à être innovant et à oser.
Alors qu'AMC se contente d'adapter le
célèbre comics The Walking Dead avec
ses traditionnels zombies lent dévo-
reurs de cervelle auxquels les héros
tentent à tout prix d'échapper, la
chaîne anglaise BBC Three a, quant
à elle, diffusé In the Flesh, une mini-
série racontant comment se passe la
réintégration, dans la société, d'an-
ciens zombies redevenus « humains
» grâce à un médicament. Au travers
des épisodes on voit comment se pas-
serait la réinsertion de ces êtres qui
ont, sans en être conscients, dévorés
leurs voisins, amis etc. On voit la créa-
tion de partis politiques anti-zombies,
la formation de milices anti-zombies
dans un monde proche du nôtre.
Lorsque je regarde une série britan-
nique j'ai souvent l'impression que
le créateur ne prend pas le spectateur
pour plus idiot qu'il n'est. On assiste
rarement à des plans longs cadrés sur
le regard sans que le personnage ne
dise un mot, dans l'unique but de bien
montrer au spectateur qu'il y a une
tension.
Généralement en sortant du vision-
nage d'une série dramatique anglaise
on se sent moins bête qu'avant, dans
mon cas il serait difficile de l'être
plus. Lorsqu'on ressort d'un épisode
de Black Mirror des questions restent
en suspens dans notre tête; des ques-
tions d'ordre sociétal voire métaphy-
sique (rassurez vous on ne reste pas
nE sOus-EsTiMEz pas lEs ROsbifs
texte : BiLeL - pHoto : in tHe FLesH / BBC tHree
30 MORE TV
Avant que ces salauds d'internet ne promeuvent le partage et permettent la découverte d'autres horizons, la plu-
part des séries auxquelles, nous, pauvres zombies affalés devant notre poste de télévision, avions accès étaient
soit américaines, soit françaises. Bien sûr au milieu des Feux de l'Amour et autres Alerte à Malibu, il arrivait que
s'égare une série anglaise. Mais combien de Dynastie pour une série telle que Les condamnées ?
une heure à se demander si Brenda a
enfin couché avec Brian). Black Mirror
est une série qui nous met face à notre
propre comportement vis-à-vis de la
technologie. Elle fait ressortir en nous
nos pires travers. On se sent coupable.
Cette série est considérée par beau-
coup comme une des plus belles réus-
sites de ces dernières années.
Je vous mets au défi de ne pas être
bouleversé après avoir vu le second
épisode de la première saison dans
lequel nous est dépeint un monde où
tout est payant à travers des espèces
d'application (comme celle que vous
avez sur vos smartphones). Vous vou-
lez une petite dose de dentifrice ? Pas-
sez votre brosse à dents sous le réser-
voir et désistez vous d'un crédit. Vous
ne voulez pas voir la pub s'affichant
sur l'un des six écrans
recouvrant les murs,
le sol et le plafond de
votre chambre ? Payez
et vous pourrez pas-
ser cette pub débile et
enfin regarder un pro-
gramme de télé-réalité tout aussi idiot
(il n'y a que ça).
Lorsque le héros qui a horreur de
se système se retrouve confronté à
un dilemme, vous vous demande-
rez, longtemps après, si vous auriez
vous aussi agit de la sorte. Ce n'était
qu'un exemple d'épisode, vous serez
confronté à travers les six épisodes,
qui composent pour le moment cette
série, à des sujets tels que le deuil,
l'amour, la télévision, le voyeurisme,
la peine de mort, la politique...
Sachez qu'à travers les séries bri-
tanniques vous pourrez retrouver
autant de sujets différents que dans
les séries américaines, ce qui varie
réellement c'est le traitement qui est
fait de ces sujets : souvent plus sé-
rieux, plus subtil, voir plus audacieux.
une petite pièce s'il vous plaît !
Le seul défaut que je concède vo-
lontiers aux détracteurs de ces pro-
grammes, c'est le
manque de moyen(s).
Bien sûr, la qualité des
séries n'en est abso-
lument pas moindre,
mais le nombre d'épi-
sode, lui, l'est. Il arrive
souvent que les séries ne dépassent
pas trois épisodes par saison , on peut
s'estimer heureux lorsqu’on a le droit
à six épisodes. Récemment, j'ai regar-
dé Fresh Meat, qui elle en compte huit,
j'ai rarement vu des séries d'outre-
manche en comporter autant.
C'est bien là le vrai problème: face
aux américains qui eux parviennent à
nous fournir des saisons pouvant aller
jusqu'à vingt-quatre épisodes, les An-
glais doivent se contenter de beaucoup
moins.
Reprenons l'exemple de Black Mirror,
après avoir vu une saison, à laquelle
vous aurez accroché, il vous sera dif-
ficile d'accepter d'attendre une année
de plus pour seulement 3 épisodes
supplémentaires. Il faut parfois même
attendre plusieurs années pour avoir
le final d'une série.
Par exemple pour la série The IT Crowd
dans laquelle vous pouvez retrouver
Chris O'Dowd, vu récemment dans
la série Family Tree sur HBO, il a fallu
que les fans, dont je fais partie à cent
pour cent, attendent deux ans entre la
saison trois et la saison quatre. Il aura
ensuite fallu attendre trois années
supplémentaires entre la fin de la sai-
son quatre et l'épisode spécial, venant
clôturer la série. Tout aficionado se
sentira frustré face au désordre de la
programmation.
Cette restriction budgétaire pousse
donc les chaînes britanniques à pro-
poser des formats auxquels nous ne
sommes pas habitués. Entre le film
court et la série longue, les mini-sé-
ries nous offrent une intensité dans
l'intrigue et le traitement des person-
nages que peu de séries traditionnelles
n'ont la possibilité d'offrir. En effet,
contrairement à une série de douze
à vingts épisodes, les « serials » ne
peuvent se permettre de trop digres-
ser et doivent donc s'en tenir à leur
intrigue initiale. Un mal pour un bien
au final.
« le seul défaut
que je concède aux
détracteurs de ces
programmes, c'est le
Manque de Moyens »
31MORE TV
BLA
Ck
Mir
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CH
An
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L 4
peaky Blinders
Tommy Shelby (Cillian Murphy) fait partie du « gang » des Peaky Blin-
ders. Là encore un drame historique qui nous fait ressentir l'ambiance
crasseuse de ces quartiers anglais à l'aube des années 1920.
sherlock
Un Sherlock Holmes (Benedict
Cumberbatch) dans le présent qui
aide la police britannique grâce au
soutient de l'inénarrable Watson
(Martin Freeman).
broadchurch
David Tennant est chargé d’en-
quêter avec Olivia Coleman sur le
meurtre d'un petit garçon. Un po-
lar stressant et énigmatique.
luther
Le quotidien du policier londonien
Jhon Luther (Idriss Elba) qui lutte
contre ses démons intérieurs et
ses détracteurs au sein même de la
police.
downton aBBey
La célèbre série historique multi-
récompensée débute en 1912 et suit
le fonctionnement d'une famille
d'aristocrates et de leurs servants.
utopia
Un groupe de fans d'une bande dessinée se retrouve pourchassé par des
inconnus qui veulent savoir où est Jessica Hyde. Un thriller complotiste
haletant aux images colorées.
in the flesh
Quatre ans après son suicide, suite
auquel il s'est changé en zombie,
Kieren redevient humain grâce à
un vaccin. Il devra faire face aux
antis-zombie et aux questions de
sa famille.
black mirror
Une série aux épisodes indépen-
dants les uns des autres qui dé-
peignent tous notre rapport à la
technologie. Entre science fiction
et futurisme. Une série intelligente
qui nous pousse à nous question-
ner.
one night
Un même événement du point de
vue de plusieurs personnes qui
l'ont vécu , un cinquantenaire de
la classe moyenne, une mère céli-
bataire, une jeune diplômée des
quartiers sensibles et un jeune
pré-ado.
a younG doctor's note-
book
On y retrouve Daniel Radcliffe
(Harry Potter) et Jon Hamm (Mad
Men) étonnamment crédibles en
Médecins russes lors de la pre-
mière guerre mondiale.
32 MORE TV
⬆
les séries anglaises à ne pas manquer !
Je m'appelle Bilel, j'ai 21 ans, je suis étudiant en L.E.A Anglais/Russe. Je suis fan de séries depuis Friends
et Le Caméléon, il faut bien débuter quelque-part. J'ai crée avec Paul le podcast hebdomadaire Au Prochain
Épisode qui a pour but de parler de trois séries par semaine. Mes autres passions : Les pokemon et le bacon.
à propos de l'auteur
fresh meat
A Manchester, une colocation lou-
foque d'étudiants qui le sont tout
autant.
bad education
Une série autour d'un jeune pro-
fesseur (presque aussi jeune que
ses élèves) qui est le pire profes-
seur possible de l'école.
the thick of it
Une sitcom dans laquelle le nou-
veau docteur (Docteur Who) Peter
Capaldi ose se moquer des rouages
du pouvoir britannique.
the office
Avant d'adapter sa série aux États-
Unis, Ricky Gervais a créé ce «
mocumentary » avec brio en An-
gleterre.
the it crowd
Jen devient manager du service informatique de Reynhilm Industries
alors que ses connaissances en informatique sont limitées. C'est le choc
des cultures avec les deux geeks qu'elle doit superviser : Roy et Moss.
Cette série aurait inspiré The Big Bang Theory.
how to not live your life
La vie d'un trentenaire ultra faignant en compagnie de son homme à tout
faire, de la voisine sénile d’à côté ,surnommée Gollum, et de sa coloca-
taire.
doctor who
La plus célèbre série anglaise. De
la science fiction déjantée qui se
permet des choses qu'on ne voit
dans aucune autre série de science
fiction dans le monde. Bien sûr sa
grande réussite est notamment
due aux acteurs et actrices qui la
font vivre.
My Mad fat diary
À travers un journal intime, la vie
d'une adolescente qui sort tout
juste de l’hôpital psychiatrique.
Evidemment, elle préférerait que
cela reste secret. C'est une plon-
gée au cœur des années 90 grâce
aux musiques et aux références de
l'époque.
the fades
Une série où le héros doit empê-
cher des fantômes de semer le
trouble dans la société, avec l'aide
d'étranges personnages qu'il vient
tout juste de rencontrer.
misfits
Comment des jeunes qui ont tous
commit de petits délits se re-
trouvent avec des super pouvoirs
et s'en servent bien maladroite-
ment dans leur vie quotidienne.
33MORE TV
Lancée à l’automne 2012, The Paradise est un drama historique de la BBC que tous les sériephiles se doivent de
découvrir. Série basée sur le roman d’Émile Zola, Au Bonheur des Dames, elle a su se démarquer de manière intel-
ligente de l’œuvre originale pour devenir en saison 2 un petit bijou.
L’action de The Paradise se situe en
Angleterre, dans une ville du Nord-
Est, et plus précisément dans le grand
magasin qui donne son nom à la série.
Lorsque débute la saison 1, on dé-
couvre cet univers à travers les yeux de
Denise, jeune provinciale fraîchement
débarquée de son village natal Peebles,
situé près de la frontière écossaise,
pour aller travailler chez son oncle,
qui habite juste en face de The Para-
dise et tient une boutique de confec-
tions. Ce dernier représente le petit
commerce, mourant face à la montée
du commerce capitaliste plébiscité par
la bourgeoisie de la Belle Époque. Ce-
pendant ce sujet est rapidement éva-
cué par la série, tandis que Zola en fait
un des thèmes de son roman.
Son oncle ne pouvant l’employer,
Denise trouve du travail au rayon des
confections pour dames du Paradise
où on y croise l’intransigeante Miss
Audrey, incarnée par Sarah Lancashire
(que les Whovians connaissent puisque
c’était la nourrice des Adipose dans le
1er épisode de la saison 4); Pauline,
jeune vendeuse tête en l’air, ou Clara
une femme forte et cynique qui cache
un secret douloureux. On y voit aussi
Sam, vendeur au rayon des articles de
luxe et Jonas, concierge, homme à tout
faire, et manipulateur au possible. A
la tête du grand magasin, on retrouve
John Moray, un homme passionné par
son métier, qui le gère depuis la mort
de sa femme, fille du précédent pro-
priétaire. Pour seconder Moray, il y a
l’indispensable Dudley, ami de tou-
à la décOuVERTE du paRadis
texte : tHeoDorA M. - pHoto : tHe pArADise / BBC one
34 MORE TV
jours, mais qui s’oppose fréquemment
à lui sur la gestion du Paradise. Moray
et Denise sont également confrontés à
l’ambition de Katherine Glendenning,
une riche héritière qui a jeté son dévo-
lu sur le gérant, tandis que son père,
qui finance Moray, souhaite contrôler
cet homme dont les coups de poker
dans sa gestion de la clientèle l’agace.
La première saison est donc celle
de la découverte des personnages et
du fonctionnement du magasin, des
secrets et des manipulations des uns
et des autres. Car le magasin renferme
une hiérarchie bien établie, mais cha-
cun souhaite gravir l’échelle, se tenir
au plus près du génie et du prestige de
Moray. Denise, au milieu de tout cela,
cherche à garder sa place, chose peu
facile quand Moray tombe petit à petit
amoureux d’elle, alors que Katherine
souhaite entraîner ce dernier vers une
alliance qu’elle pense stratégique au
départ, avant de se prendre au piège
de son propre jeu.
La saison 2 de The Paradise change
la donne, pour tous les personnages.
Grâce à un bond en
avant de quelques
mois, on repart sur
de nouvelles bases :
de nouveaux enjeux
se forment autour
d’antagonistes bien précis. D’un côté,
Moray, heureux en amour (comme
il l’est à la fin du roman de Zola, qui,
d’une certaine façon, ne couvre que les
intrigues de la saison 1) mais malheu-
reux en affaire. Suite à un retourne-
ment de situation, il a en effet perdu le
contrôle du Paradise ; ses adversaires
sont maintenant Katherine et surtout
son mari Tom Weston ; un homme re-
doutable, ancien militaire, qui entend
bien gérer le magasin à sa guise. Pour
Denise et Moray, il s’agit donc de s’al-
lier pour reprendre le pouvoir.
La deuxième saison est donc plus poli-
tique, et moins légère ; elle met habi-
lement en scène les personnages, leurs
manigances, leurs machinations tout
en explorant différents thèmes avec
beaucoup de vivacité et de profondeur.
L’un des thèmes majeurs est d’ailleurs
l’affirmation de Denise en tant que vé-
ritable businesswoman, qui est égale-
ment une femme calme, généreuse et
toujours amoureuse,
même si elle voit les
défauts de son amant.
Tandis que Moray,
pour reconquérir son
cher magasin, recourt
à d’autres voies plus discutables et il
l'est toujours l'homme possessif et
prompt à se laisser entraîner.
L’introduction d’un nouveau person-
nage très atypique, Clémence Roma-
nis, dans le 2ème épisode, permet à
Denise de prendre conscience qu’il est
normal et juste qu’elle soit, en plus
d'être la fiancée de Moray, sa par-
tenaire en affaire, chose que Moray
ne peut concevoir. Les dernières se-
condes de l’épisode 7 illustrent par-
ticulièrement bien le problème de
l’égalité réclamée, légitime, mais pas
encore acquise.
Si la saison 2 traite le problème du
couple principal, toutefois elle n’ou-
blie pas d’approfondir la psychologie
des personnages secondaires. Tom
Weston est un antagoniste au passé
obscur, et le couple qu’il forme avec
Katherine est inquiétant, bizarre,
voire glaçant. Susie, Sam et Clara tous
des intrigues secondaires qui per-
mettent de mieux les comprendre
et de les apprécier. Car il faut bien le
dire, la saison 1 de The Paradise peut
être un peu lente et paresseuse par-
fois dans le traitement des intrigues
mineures (l’intrigue majeure étant le
rapprochement entre Denise et Moray
aux dépens de Katherine) ; le maga-
sin nous apparaît en saison 2 comme
une maison vivante, chaleureuse, une
famille que l’on est content de retrou-
ver. Les thèmes traités sont sérieux,
mais cela n’empêche pas la série d’ex-
« la saison 2 de the
paradise change la
donne, pour tous les
personnages »
35MORE TV
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emun elliot (Moray), sonya Cassidy (Clara) et Joanna vanderham
ploiter le potentiel comique de Sam
notamment et de faire référence à des
objets, usages et modes victoriennes
qui aident à ancrer la série dans son
temps, sans oublier de montrer que les
temps changent.
Ajouté à cela que les décors, surtout
l’intérieur du Paradise, sont splen-
dides et minutieux ; les costumes sont
magnifiques (même les vendeuses,
qui portent la robe de soie noire régle-
mentaire, sont élégantes). Si vous êtes
collectionneurs de beaux génériques,
ne manquez pas non plus celui de The
Paradise, qui, sur une musique entraî-
nante et légère, montre les charmes et
les séductions du grand magasin.
Enfin, comme il s’agit d’une série
anglaise, on voit passer des visages
familiers : j’ai déjà cité Sarah Lan-
cashire, mais de Doctor Who on ren-
contre aussi Arthur Darvill (Rory le
Romain, le mari d’Amelia Pond) pour
quelques épisodes en fin de saison 1.
D’autres acteurs ont joué dans des sé-
ries comme Misfits, Merlin, Law & Or-
der: UK, Lark Rise to Candleford, Game Of
Thrones, et même House of Cards pour
Ben Daniels.
The Paradise est donc une de ces sé-
ries qui mûrit lentement mais sûre-
ment ; certes, la saison 1 est plaisante,
mais n’est pas exceptionnelle. Vous
vous direz que c’est un bon drama,
avec de bons acteurs, dans la lignée
de Downton Abbey ; mais si vous conti-
nuez jusqu’en saison 2, je le garantis,
la série devient plus attachante et plus
intéressante dans les thématiques
traitées. On ne sait actuellement si la
série sera renouvelée pour une saison
3 (les audiences étaient stables, mais
pas formidables)… Une chose est sûre,
si saison 3 il y a, c’est en courant que
je franchirais de nouveau les portes du
Paradis.
J’ai grandi sans la télé ; sans passer des heures devant l’écran, absorbée par les séries des années 2000; sans
parler à mes amies de ce qui s’était passé dans l’épisode d’hier soir. Mais j’ai toujours eu une passion dévo-
rante pour la fiction, qu’elle soit romanesque, télévisuelle, sous forme de bandes dessinées ou de films. Et
quand j’ai enfin eu le temps de plonger dans le monde merveilleux des séries télévisées, j’ai réalisé que je ne
voulais plus jamais en ressortir, car il y a constamment des choses à découvrir et à faire découvrir.
Oh, et sinon, vous pouvez me suivre sur Twitter, @TheodoraManzana.
à propos de l'auteur
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Il était une fois Fairy Tales, une
convention sur la série Once Upon A
Time par Xivents, une association qui
avait pour mission de vendre du rêve
aux fans de la série les 21 et 22 dé-
cembre 2013.
Une aubaine pour les fans qui on pu
rencontrer et partager avec leurs ac-
teurs fétiches lors des différentes acti-
vités comme les Q&A, les photoshoots
et bien sûr les séances d’autographes.
L’ambiance était bon enfant, le staff
très sympathique et ce même dans les
moments d'affluence. On a rarement
vu une convention de fans aussi bien
organisée que celle-ci, d’autant plus
qu’il y a eu de l’avance dans le pro-
gramme !
L'attente entre chaque activité était
parfaitement gérée par une animatrice
du tonnerre - la pimpante Patricia -
qui a fait le show grâce à des quizz, des
chansons, des enchères, des blagues
et les petites histoires de Patch et Fri-
pouille (désolé mais il fallait être pré-
sent pour comprendre)... Bref, que du
bon !
Le week-end aura bien évidemment
été marqué par Keegan Connor Tracy
(Mère Supérieure/Fée Bleue), David
Anders (Dr. Whale/Frankenstein),
Sarah Bolger (Aurore) et Eion Bailey
(August/Pinocchio) qui sont des per-
sonnes fantastiques, pleines d'hu-
mour et d'amour pour les fans. Les
fans qui ont, d'ailleurs, fait pleurer
Keegan lorsque celle-ci s'est vue re-
mettre un fanbook et de nombreux ca-
deaux ainsi qu’Eion, à l'occasion d'un
Happy Birthday chanté par l'assem-
blée pour fêter la première année de
son petit prince.
Xenan, Phoebe et les bénévoles ont
fourni un énorme travail avant, mais
aussi pendant, si bien
que les fans interrogés à l’issue de
l’évènement se sont avérés unanimes
: la convention Fairy Tales par Xivents
est une réussite !
Suite au succès de la convention Fairy Tales, Xivents
a d’ors et déjà annoncé que la deuxième édition se
déroulera les 21 et 22 juin prochain à Paris en pré-
sence d’Emilie de Ravin, l’interprète de Belle dans
la série.
MORE TV 37
texte : ALLAn CoLpAert - pHoto : FLorenCe roosens
faiRy TalEs by xiVEnTsiMpressions sur LA Convention
un truBlion noMMé ryan Murphy
Le 22 décembre 2011 au matin, le
lendemain de la diffusion du final de
ce qui serait plus tard renommé Ame-
rican Horror Story : Murder House, John
Landgraf, le président de la chaîne FX,
et Ryan Murphy, créateur et produc-
teur exécutif de la série, prennent un
téléphone pour communiquer à divers
organes de presse une idée pour le
moins étrange !
Après un beau départ de la série, FX
avait très vite annoncé la commande
d’une saison 2 et ce après seulement
quatre épisodes. Mais dans la fou-
lée d’un dénouement dramatique, de
nombreuses questions se posaient.
La série allait-elle continuer indéfini-
ment cloîtrée dans cette grande bâtisse
californienne et surtout, malgré qu’il
s’agisse de fantômes, comment pour-
rait-on rebondir après ce qu’il faut
bien appeler une hécatombe ? Murphy
ne se démonte pas et confirme alors
avec aplomb que son intention est de
développer un tout autre récit dans
la saison suivante, avec de nouveaux
personnages. AHS devient alors offi-
ciellement une série de type antholo-
gie. La rentrée suivante, les téléspec-
tateurs ont alors le plaisir de retrouver
une partie du casting de l’année pré-
cédente dans le second volet intitulé
Asylum. Jessica Lange, Evan Peters,
Sarah Paulson ainsi que Zachary Quin-
to sont de retour dans des rôles tout à
fait distincts. Le dernier volet en date,
Coven, qui se termine actuellement
voit lui revenir Taissa Farmiga et De-
nis O’Hare au sein d’un autre lieu, La
Nouvelle Orléans, pour un tout autre
récit là encore.
Alors que la saison 2 avait maintenu
le même niveau d’audiences, la saison
3 s’est ouverte le 9 octobre dernier en
augmentation de 44% par rapport au
précèdent record de la série, propul-
sant ainsi la série parmi les plus regar-
dée de la chaîne. Les changements de
récits et de personnages à chaque sai-
son sont donc pleinement digérés par
le public qui plébiscite la série. Le for-
mat de l’anthologie saisonnière fonc-
tionne et va très vite inspirer toute la
profession.
« AHS est une oeuvre fascinante, notam-
ment parce que Ryan Murphy a monté
une troupe d’acteurs, une compagnie, où
chacun change de rôle entre les saisons.
Comme au théâtre. »
kAtHy BAtes, DeLpHine LALAurie
lE RETOuR En fORcEDe LA série D'AntHoLogie
texte : yAnn - pHoto : AMeriCAn Horror story / Fx
38 MORE TV
Qu’est-ce qu’une série qui fonctionne sur le mode de l’anthologie et pourquoi ce type de récit, à priori contraire
à notre sacro-saint fil rouge épisodique, revient sur le devant de la scène sérielle ?
le preMier âGe d’or sériel
On peut diviser le champ sériel en
quatre groupes distincts, bien que
certaines frontières sont parfois fran-
chies. Il y a le classique format épiso-
dique ou procedural, le format séria-
lisé dans lequel le récit se déploie peu
ou prou à l’échelle de la série, puis la
mini-série et enfin la série dite de type
anthologie. Cette dernière est assez
vaste puisqu’on y englobe toute série
ayant une histoire différente et/ou un
casting différent à l’échelle d’un épi-
sode ou d’une saison.
Très rare aujourd'hui, le découpage sur
le mode de l’anthologie a connu une
période faste que l'on délimite entre
les années 50 et le débuts des années
60. C'est l'époque où le petit écran se
démocratise au sein des foyers améri-
cains. Techniquement, les équipes de
productions ne disposent pas encore
de l'enregistrement vidéo, l'invention
de cette technologie se situe autour
de 1956. Les formats n’ont que deux
vecteurs de retransmission possibles
qui sont le film et, plus notablement,
le direct. C’est le cas pour The Philco
Television Playhouse, diffusée sur NBC
de 1948 à 1955, qui adapte alors chaque
semaine une pièce de théâtre ou une
comédie musicale populaire.
Ces anthologies découlent souvent de
la radio comme le General Electric Thea-
ter qui sera ensuite diffusée sur CBS de
1953 à 1962 et dont le présentateur était
un certain Ronald
Reagan. Mais la
série embléma-
tique de cette
époque, celle qui
restera comme
la série d’anthologie au deux sens du
terme, fut sûrement Alfred Hitchcock
Presents. Durant 361 épisodes diffusés
de 1955 à 1965 sur CBS puis sur NBC,
le célèbre cinéaste anglais, qui n'en
a signé qu'une minorité, introduisait
des histoires s’intéressant à des per-
sonnages ordinaires confrontés à des
événements extraordinaires dont le
dénouement était très ironique et/ou
avec une conclusion surprenante .
Alfred Hitchcock Presents (AHP) allait
inspirer de nombreuses séries comme
The Twilight Zone (La Quatrième Dimen-
sion, 5 saisons de 59 à 65 sur CBS en
lieu et place d’AHP qui venait de dé-
ménager sur NBC) dont chaque épi-
sode était également introduit par un
présentateur, le dramaturge Rod Ser-
ling. Le schéma s'essouffle pourtant.
Les sponsors,
remarquez le na-
ming des titres
cités précédem-
ment, Philco et
General Electric,
deviennent trop exigeants sur les
scripts. L'avènement de l'enregistre-
ment vidéo permet aux productions
de s'étaler sur de longues durées et
les personnages récurrents prennent
alors le pouvoir.
Pourtant, la période aura laissé une
profonde empreinte qui, pour beau-
coup, restera comme le premier âge
d’or de la télévision. La proximité avec
le registre théâtral, la tension inhé-
rente à la diffusion en direct et la défi-
nition même du format qui permettait
de profondes remises en question d’un
épisode à l’autre, auront façonnés une
période télévisuelle majeure.
MORE TV
« celle qui restera comme la
série d'antholoGie aux deux
sens du terme, fut sûrement
alfred hitchcok presents »
générique The Twilight Zone (La Quatrième Dimenson)
Alfred Hitchcock pour Alfred Hitchcock Presents
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39
l’antholoGie saisonnière
Plus proche de nous, l’anthologie
sérielle est rare ! On considère que le
téléspectateur aime découvrir des his-
toires différentes à chaque épisode
mais dans un cadre récurrent bien dé-
finit avec un ou plusieurs personnages
réguliers pour ne pas troubler son
confort. On pense bien sûr aux dramas
policiers et judiciaires.
Dans la continuité de The Twilight
Zone, l’anthologie a toutefois conservé
la faveur des productions fantastiques
et horrifiques. La fameuse Tales from
the Crypt (Les Contes de la Crypte, 93 épi-
sodes de 1989 à 1996 en 7 saisons sur
HBO) en est un bel exemple. Plus ré-
cemment, Black Mirror (2011-13, 6 épi-
sodes en 2 saisons sur l’anglaise Chan-
nel 4) proposait un regard sombre et
acéré sur notre société contemporaine
en remettant en cause l’usage des
nouvelles technologies notamment.
Mais qu'en est-il de l'anthologie sai-
sonnière ? En 2009, CBS programme
Harper's Island en fin de saison. Le pu-
blic découvre un mélange bancal entre
Agatha Christie (Dix petits nègres) et le
genre du Slasher (comme Scream de
Wes Craven). Logiquement, la chaîne
ne reconduit pas et empêchera les
scénaristes de travailler sur une saison
suivante, qu'ils avaient prévue com-
plètement diffé-
rente. Lorsque Ryan
Murphy assemble
son American Horror
Story, sur un prin-
cipe relativement
proche de Harper's
Island, il va utiliser le
paramètre de limitation dans le temps
à son avantage pour obtenir ce qu'il
ne parvient jamais à constituer pour
une série usuelle : un casting idéal !
Mettons nous quelques instants à la
place d’actrices comme Jessica Lange,
Connie Britton ou Frances Conroy. On
leur propose un rôle dans un projet
certes ambitieux mais dont il est ques-
tion d’un obscur huis clos horrifique.
Vont elles sauter à pieds joints sur une
telle production à long terme ?! L’an-
thologie saisonnière s’impose alors
comme une évidence. Les acteurs très
demandés vont pouvoir s’engager sur
une série, plus valorisante en terme
de performance pure qu’un film, pour
une durée limitée et la production peut
ainsi convaincre un
casting d’exception.
Le 12 janvier 2014,
HBO a lancé True
Detective avec Woody
Harrelson et Mat-
thew McConaughey.
A l’origine du pro-
jet, le romancier Nic Pizzolatto est
séduit par le découpage de l’antholo-
gie qui découle naturellement de son
travail d’écrivain, il signe alors seul
les huit scripts de la série et il va très
vite constater que ce choix s’avère
essentiel. Non seulement il par-
vient à convaincre McConaughey, qui
croule pourtant sous les projets ciné-
matographiques, puis son ami Har-
relson, texan comme McConaughey,
mais surtout, avec un tel duo à bord,
les networks et autres chaînes câblée
s’arrache son script !
« lorsque ryan Murphy
assemble son american
horror story, il va
utiliser le paramètre de
limitation dans le temps
à son avantage »
woody Harrelson et Matthew McConaughey dans True Detective
40 MORE TV
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En janvier également, la chaîne IFC
(groupe AMC) lance The Spoils of Baby-
lon sur un tout autre registre. On doit
cette comédie à Matt Piedmont et
Andrew Steele, deux anciens scéna-
ristes du Saturday Night Live. Produite
par Will Ferrell, on y trouve aussi un
casting exceptionnel : Tobey Maguire,
Kristen Wiig, Tim Robbins, Val Kil-
mer, Michael Sheen, Jessica Alba ...
Présentée comme une mini-série, les
responsables de la chaîne ne cachent
toutefois pas leur souhait de faire évo-
luer la série sur le principe de l’antho-
logie. Plus généralement, prévoir une
saison avec un début et une fin n’est
plus tabou. Syfy lance Helix, égale-
ment proposée en janvier, et décou-
pée en 13 épisodes (24 heures décrites
par épisode) avec un vrai dénouement
au terme de la saison. Si la série était
renouvelée, une partie du casting
pourrait être conservée mais dans un
tout autre lieu et pour une histoire
distincte. FX espère prolonger, de la
même manière, l’adaptation de Fargo
(supervisée par les frères Coen à la
production) d’une série limitée (mini-
série) vers l’anthologie . Enfin la BBC
Two proposera Inside N°9 une comé-
die horrifique de type anthologie par
épisode. Les six épisodes pourrait être
diffusés dès le mois de février
De nombreux talents sont déjà passé
du cinéma au petit écran, David Fin-
cher et Kevin Spacey avec House of
Cards, Michael Mann et Dustin Hoff-
man avec Luck par exemples.
Ce transfert devrait s'accélérer avec le
retour de l’anthologie. 2014 sera ainsi
l'occasion Matthew McConaughey,
Kristen Wiig et Billy Bob Thornton d'y
briller, pour le plus grand plaisir du
sériephile.
Sériephile qui s'ignore depuis Twin Peaks, j'ai fait mon coming out grâce à un blog (blogseriestele.wor-
dpress.com) que j'alimente depuis environ 4 ans. J'y écris de manière parfaitement subjective dans une
prose savamment dosée en mauvaise foi. J'y défends principalement deux thèses. Oui, le genre sériel peut
et doit devenir formellement supérieur au septième art. Et oui, le superviseur musical sériel est un génie !
à propos de l'auteur
tobey Maguire et kristen wiig dans The Spoils of Babylon
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Produites, pensées et créées pour
être diffusées exclusivement sur la
Toile, les web-séries sont aussi et sur-
tout caractérisées par la présence d’un
scénario faisant d’elles des œuvres de
fiction à part entière. Appelées webi-
sodes, ces vidéos, le plus souvent d’une
durée de quelques minutes, forment
une unité scénaristique où l’on suit
des personnages et leurs histoires. Les
exemples les plus parlants en France
ces dernières années sont Noob, Le
Visiteur du Futur, ou encore En Passant
Pécho. Cette dernière cumule presque
3 millions de vues sur YouTube pour
l’ensemble de ses… quatre épisodes
seulement diffusés entre mars 2012 et
avril 2013.
sur la vague tu surferas
A l’origine, les web-séries sont des
vidéos tournées avec « les moyens
du bord » où l’humour, le plaisir de
diffuser ses vidéos en ligne et faire
connaître son univers étaient les mo-
tivations premières. Ce fort pendant
amateur a largement contribué à po-
pulariser le genre notamment parce
que la facilité de production s’est
accrue en même temps que les tech-
nologies se sont améliorées. Les pro-
ductions professionnelles, elles aussi,
font partie de ce paysage audiovisuel
éclectique dont les différents modes
de productions n’ont d’intérêt que le
but ultime d’attirer un public volatile
qui consomme sur Internet comme il
consomme un menu fast-food : dé-
voré, apprécié, vite oublié. Toutes les
productions ne se ressemblent pas,
contrairement à la télévision carac-
térisée par son côté linéaire, les web-
séries sont une sorte de joyeux bordel
et c’est d’ailleurs ce qui fait leur suc-
cès : de la science-fiction aux saynètes
humoristiques en passant par l’ani-
mation ou la satire. Une liberté de ton
qui ne trouve pas toujours le succès
escompté mais qui correspond à un
mode de diffusion en ligne où la gra-
tuité est le maître mot. Avec l’avène-
ment du web 2.0, celui du partage, du
cloud computing et du crowdfunding
vient également l’avènement des ré-
seaux sociaux, Facebook et Twitter en
la wEb-séRiE paR lEs EnTREpRisEsLA strAtégie Du BrAnD Content
texte : LA sérietHèQue - pHoto : Les visiteurs Du Futur
Portées par la démocratisation massive de l’outil informatique et par les possibilités infinies qu’offre d’Internet,
les web-séries sont aujourd’hui incontournables dans le paysage audiovisuel et deviennent un produit marketing
puissant pour les marques désireuses de maîtriser leur identité numérique et conquérir une nouvelle clientèle.
42 MORE TV
tête. Le nombre de vues, le nombre de
clics, les tweets, retweets, et partages
en tous genre se répandent comme une
traînée de poudre sur le sillage d’un
marketing potentiellement puissant
pour les entreprises qui cherchent à
capter une audience toujours plus
jeune sur Internet.
Les recettes de la gloire sont multiples
à commencer par le format court
et rapide que l’on peut consommer
n’importe où, n’importe quand, sur
les smartphones, tablettes et autres
minitel d’aujourd’hui. Pour gagner en
popularité, elles sont mises en ligne
sur des plates-formes de visionnage
de vidéos comme YouTube ou Dai-
lymotion qui revendiquent respec-
tivement 1 milliard et 112 millions
d’utilisateurs uniques. De quoi faire
envie aux amateurs comme aux pro-
fessionnels, aux particuliers comme
aux entreprises. Ces sites communau-
taires parviennent à générer une large
audience notamment grâce aux outils
mis à disposition pour les potentiels
fans et donc consommateurs : likes,
pouces verts, commentaires et autres
moyens de partager un contenu à son
entourage personnel, professionnel ou
à ses « amis » au sein de ces plates-
formes. Les réseaux sociaux donnent
la possibilité d’étendre une audience
et de surfer sur la vague du « buzz »
et de la viralité créant ainsi un contenu
qu’il faut absolument voir ou avoir vu.
C’est le dernier atout des web-séries
et le plus important pour les marques :
la fidélisation du consommateur.
Véritable enjeu à la fois financier et
marketing, les web-séries d’entre-
prises sont souvent hébergées sur leur
propre site avant de se faire une place
complémentaire sur les sites de vidéos
en ligne où le trafic est plus important
et où, à force de sérendipité, l’inter-
naute peut se retrouver à regarder ces
vidéos la plupart du temps humoris-
tiques. Les internautes sont donc les
premiers décideurs d’un succès ou non
sur la Toile car leurs avis sont publiés
et pris en compte.
Pas étonnant que les marques s’y
essaient ! Les grandes entreprises
comme Microsoft (World Wide Web avec
le duo comique Omar et Fred en 2011
pour le lancement d’Internet Explorer
9), Allociné (Dedans Allociné avec les
vrais dirigeants mais la fausse vie de
bureau du site), Intel et Toshiba (The
Power Inside, une histoire d’alien et de
moustaches) ou les start-ups comme
Le Bon Côté des Choses qui mise directe-
ment sur ce support avant même une
présence significative sur les réseaux
sociaux (et Thierry Ferrandiz nous en
dit plus dans une interview à décou-
vrir plus loin dans l'article). On pour-
rait penser que ces entreprises se sont
emparées d’un phénomène populaire
sur Internet afin de se le réapproprier
mais il n’en est (presque) rien. La
toute première web-série s’intitulait
The Spot et était, déjà, financée par la
publicité et le placement de produit.
Lancée en 1995, The Spot est la pre-
mière fiction interactive avec images
et vidéos sur le web. Scott Zakarin, le
créateur, est un réalisateur fasciné par
Internet employé par une agence de
publicité lorsqu’il a l’idée de lancer sur
la Toile un contenu encore jamais vu.
Le succès est immédiat et bientôt des
investisseurs rachètent le concept,
Zakarin est débouté, et paradoxale-
ment, l’échec à venir de The Spot est
à imputer aux amateurs et semi-pro-
fessionnels qui ont vu là une belle oc-
casion de laisser parler leur imagina-
tion et de s’essayer aux mêmes genres
de productions. La concurrence a été
rude mais elle a permis l’avènement
d’un nouveau format de storytelling
qui des années plus tard connaît tou-
jours autant de succès.
43MORE TV
plusieurs modèles, un but commun
Retour en 2014. Aujourd’hui, quels
sont les différents modèles mis en
place par les entreprises pour se dé-
marquer de la concurrence sur le seg-
ment des web-séries ? A première
vue, les éléments essentiels à une
réussite sont l’identité numérique, le
financement et l’écriture de ces sé-
ries. Plusieurs tendances se dégagent
cependant. La première, peut-être la
moins répandue, est le sponsoring de
la marque à une web-série déjà exis-
tante. Souvent placée dans un coin, la
marque précise qu’elle participe sans
pour autant financer le projet de A à
Z. L’exemple le plus parlant est celui
de la web-série Putain de Série ! gé-
néreusement offerte par Texto, une
marque de vêtements et accessoires.
Brand content a son plus bas niveau
ici puisque le signalement se fait dis-
cret mais cliquable au moyen d’un lien
hypertexte pour attirer le visiteur sur
le site e-commerce et générer un plus
grand trafic. Ce modèle est à mon sens
le moins risqué,
le moins coûteux
mais aussi le moins
efficace parce
qu’il ne permet
pas, entres autres
choses, une identification du visiteur à
la marque mais il permet, a contrario,
d’attirer un public de consommateur :
le Jeune. Cet énergumène insatiable
qui tient d’une main ferme le porte-
feuille de ses parents quasiment prêts
à tout pour satisfaire leur progéniture
assoiffée.
La seconde tendance s’appuie sur les
réseaux sociaux et plus particulière-
ment sur les chaînes mises à dispo-
sition par les plates-formes de vidéos
en ligne. Ici pas de site Internet dédié,
la société mise tout sur le dévoreur
de vidéo. Pour illustrer cette ten-
dance, Éléphant Bleu a lancé en avril
2012 sur YouTube sa web-série Lave
Story. Parodie du kitsch en puissance,
la web-série compte au total 115 500
vues sur ces différentes vidéos et met
en scène les clients de ses centres de
lavage auto. Un pari sur l’humour et la
dérision qui donne également l’image
d’une entreprise
« eco friendly »
soucieuse de l’en-
vironnement mais
dynamique et nu-
mérique. Le retour
sur investissement d’une telle dé-
marche est malheureusement difficile
à évaluer. L’entreprise s’assure une
identité numérique, et dans une stra-
tégie de brand content c’est bien sou-
vent l’essentiel.
Autre tendance remarquée : la person-
nalité du petit écran qui se tourne vers
Internet, rappelant ainsi les fortes
connivences entre les programmes
courts diffusés sur de nombreuses
chaînes françaises et les web-séries.
Au petit jeu de qui sera le plus drôle
pour les entreprises on retrouve Chris
Esquerre et Stéphane de Groodt. Avant
il y avait Richard Berry et son Svel-
tesse, maintenant il y a les humoristes
et Internet. Nouveaux canaux de diffu-
sion, même principe : vendre un pro-
duit, une idée, un concept. Le premier,
Chris Esquerre au phrasé si particulier,
apparaît comme le personnage princi-
pal de la web-série en trois épisodes
« autre tendance remar-
quée : la personnalité du
petit écran qui se tourne
vers internet »
Chris esquerre
44 MORE TV
Le Grand Changement pour l’entreprise
(presque éponyme) Legrand. En par-
faite parodie de Valérie Damidot et de
son émission D&Co, Chris Esquerre va
repenser avec humour l’ambiance lu-
mineuse de la maison de Florence sans
oublier, évidemment, de mentionner
les différents interrupteurs vendus
par l’entreprise. Quant à Stéphane
de Groodt, sur le même principe, il
va scénariser les différents produits
d’assurances de la banque CIC. Bapti-
sée On vous rappellera, de Groodt est à
l’écriture et à la réalisation d’une sé-
rie de vidéos sur les entretiens d’em-
bauches. La banque CIC, déjà adepte de
l’humour dans ses spots TV, n’en est
pas à son premier coup d’essai puisque
le YouTubeur Cyprien avait déjà parti-
cipé à deux web-séries en 2012 et 2013
sur les problématiques quotidiennes
des jeunes actifs (CV, impôts, permis),
tout ce que le CIC peut financer pour
cette cible en somme.
La dernière tendance qui se dégage,
et la plus efficace à n’en pas douter,
est la création totale d’une web-série
par une entreprise
avec l’aide d’une
agence de com-
munication ou de
publicité s’assu-
rant ainsi une pro-
duction de qualité. Bouygues Télécom
a lancé à la rentrée 2012 sa première
web-série humoristique intitulée Les
Dumas. On suit, en douze épisodes, les
aventures de cette famille mais aussi
et surtout ses usages du numérique au
quotidien. Plusieurs remarques sur ce
cas de brand content : la première, la
bonne qualité de la réalisation et de
l’écriture. La seconde, le casting avec
la présence d’acteurs issus du web et
de la télévision (Kémar et Kevin Razy,
l’un apparaît dans les vidéos de Nor-
man et l’autre est connu pour sa pa-
rodie de Bref, Bwef). Et la troisième, la
diffusion multicanale des liens vers
les vidéos assurant ainsi une forte
présence sur les
réseaux sociaux.
Mais là où Bou-
ygues Télécom a
su maîtriser son
image c’est lorsque
la société a mobilisé les moyens de sa
maison-mère Bouygues, en mettant
en ligne ses vidéos sur le site de TF1,
propriétaire également du groupe in-
dustriel. Coup double. Opération ron-
dement menée. Non seulement Bou-
ygues Télécom comprend les usages
numériques d’une famille lambda et
peut donc anticiper et répondre à ses
besoins, mais en plus de cela TF1 est
à la page et permet aux internautes de
visionner la web-série. Capital sym-
pathie et proximité avec la cible à leur
paroxysme.
Il existe cependant un dernier modèle,
et après promis, j'arrête ! La start-up
Le Bon Côté des Choses a choisi, elle,
de miser dès sa création sur le format
de la web-série. Avant même d'avoir
une identité numérique forte ou un
rayonnement sur les réseaux sociaux,
Le BCC a déjà sa production, deux
sites distincts et une stratégie axée
sur la longévité. J'ai interrogé Thierry
Ferrandiz, le Président, pour qu'il nous
explique un peu plus concrètement sa
démarche.
« la dernière tendance qui
se dégage est la création
totale d'une web-série par
une entreprise »
45MORE TV
stéphane de groodt
Les Dumas
Pouvez-vous présenter votre entreprise en quelques
mots ?
Le Bon Côté des choses est une start-up rhônalpine créée
mi-2011. Nous avons développé un comparateur de courses
en lignes, drive, supers et hypermarchés. Le consommateur
prépare sa liste de courses et décide où et comment remplir
son caddy au meilleur coût, sur la base des produits qu'il
doit ou qu'il préfère consommer. Pour cela, nous avons
mis au point pendant 2 ans un algorithme de calcul exclu-
sif et innovant, le Social Shopping List Optimizer, avec un
éminent laboratoire de recherche public.
LBCC est une start-up pour le moment relativement dis-
crète sur le marché malgré un fort potentiel notamment
auprès des jeunes actifs, pourquoi avoir (déjà) fait le pari
de la web-série ?
Depuis 2009, à l'origine même de la simple idée, nous avons
impliqué les utilisateurs, le consommateur, dans notre
démarche de création. Cet enga-
gement, nous l'avons tout derniè-
rement décliné jusqu'à la logique
du financement puisque nous ve-
nons de boucler une opération de
crowdfunding, financement par-
ticipatif et citoyen, avec Anaxago.
Qui plus est, nous avons toujours
utilisé la puissance du média vidéo
pour accompagner nos étapes de
développement en retenant systé-
matiquement de jeunes créateurs
très talentueux pour des réalisations souvent un peu déca-
lées. Alors quand lors d'un mariage on s'est mis à imaginer
ce que pourrait être le prochain projet sympa et décalé du
BCC avec mon ami Marco de shotoflife... le goût du chal-
lenge à vite repris ses droits et la web-série s'est rapide-
ment imposée. D'autant qu'il s'agissait encore une fois de
mettre en scène nos utilisateurs. C'est tout ce qui fait notre
ADN !
Vous avez mis les petits plats dans les grands à la produc-
tion : Directeur artistique, réalisateur, scénariste, mon-
teur, acteurs professionnels, combien ça coûte une web-
série avec autant de moyens ?
Dans tout ce que nous entreprenons, il y a toujours une
histoire, une histoire d'homme, une histoire d'amitié, une
histoire de confiance, une histoire de challenge, de pari un
peu fou et osé, l'envie de relever le défi de faire ce qui ne
peut pas nous être accessible. Alors oui, c'est vrai, ça claque
bien : directeur artistique, réalisateur, scénariste, monteur,
acteurs professionnels, ça fait du monde. Mais dans 100%
des cas, ces personnes ont tous décidé de s'impliquer per-
sonnellement pour Le Bon Côté des Choses parce qu'ils y
ont trouvé du plaisir et certaines de leurs propres valeurs.
Et ça, honnêtement, j'en suis à la fois extrêmement fier et
reconnaissant !
Pour finir, quelles stratégies marketing avez-vous mis en
place pour promouvoir à la fois la web-série et l'entre-
prise ? Et pouvez-vous d'ores et déjà évaluer l'impact de
la web-série sur votre image ou sur le nombre de télé-
chargements de l'application ?
La web série, pour nous, c'est du branding, c'est du long
terme. Alors oui, il y a de l'impact sur le trafic entrant et sur
les téléchargements. Mais l'impact
va très au-delà de ce simple aspect
B2C. Côté B2B, c'est une enseigne
de Hard Discount totalement brick
& mortar qui a remarqué Le BCC et
qui envisage de référencer son ca-
talogue commercial pour le mettre
à la disposition de nos utilisateurs.
C'est aussi une grande marque de
cuisines de luxe qui nous propose
de l'incrustation produit en nous
fournissant les décors de la se-
conde saison.
En gros, la stratégie d'occupation par la vidéo que nous
avons décidée nous permet de ne pas faire de placards, de
bannières, de site Las Vegas, de spots TV et de 4*3 beaucoup
trop intrusifs à notre goût. C'est beaucoup moins rapide
en termes de visibilité, mais ça génère de l'attachement à
long terme. Et c'est ça que l'on veut. Bien loin de l'afflux
massif des curieux vers le nouveau machin à la mode pour
aller vendre du VU à des investisseurs et qui se transforme
au bout de deux mois en désaveux d'abandonniste. Notre
communauté d'utilisateurs, les IPCuriens, sont des utili-
sateurs patients, engagés, motivés. Ils veulent s'impliquer
pour que nous parvenions à leur délivrer un service qui cor-
responde en tous points à ce dont ils ont véritablement be-
soin pour se faciliter le quotidien.
46 MORE TV
innovation ou rien !
Il en ressort que dans sa stratégie de
brand content et de réappropriation
de l’objet web-série pour capter une
plus large audience, chaque marque
aura une visée différente à commen-
cer par son public. Cependant, qu’il
soit sportif avec Nike, familial avec
Bouygues, cinéphile avec Allociné,
jeune actif désireux de mieux consom-
mer avec Le Bon Côté des Choses, ou
geek moustachu avec Intel et Toshiba,
le but reste de se démarquer, de maî-
triser son identité numérique et de
proposer du contenu gratuit en ligne
innovant auprès duquel l’internaute
puisse s’identifier sur le long terme.
Là est tout l'intérêt pour les sociétés :
la création d’un capital sympathie afin
de posséder une image de marque ca-
pable de s’approcher au plus près de
sa cible, comme un marché de niche
en somme. Quel que soit le modèle
employé, le consommateur reste au
centre d’une stratégie marketing mul-
ticanale.
La question est de savoir jusqu’où les
produits audiovisuels pourront aller,
et jusqu’où l’innovation des entre-
prises est capable de nous étonner.
Différent des modèles cités plus
haut, celui du géant des articles de
sports Nike est à la croisée des mondes
entre le documentaire, la publicité et
le making-off. England Matters est
une web-série lancée en marge de la
Coupe du Monde de Football 2014 où
l’internaute peut découvrir les jeunes
joueurs de l’équipe d’Angleterre se
préparer à ce rendez-vous unique.
Avec des interviews, des behind the
scenes et une réalisation soignée,
Nike frappe fort avec ce nouvel objet
de promotion commerciale hybride.
Reste donc encore à déterminer les
prochaines innovations en la matière.
Quels seront les modes de productions
de demain qui bouleverseront la façon
de consommer des (web)séries ? What
Ze Teuf, la nouvelle série de D8 diffu-
sée en décembre dernier et écrite par
les « twittos » la veille de la diffusion
de l’épisode pour le lendemain est-
elle un nouveau mode de storytelling ?
Peut-on réellement écrire, tourner, et
monter un épisode de série en 24 h ?
Si le concept peut paraître innovant,
il n’en est rien. What Ze Teuf n’est pas
la première incursion du genre. En
1988 (!), la société américaine AOL –
anciennement Quantum- diffusait
sur le web The QuantumLink Serial, la
toute première histoire fictionnelle
racontée sur Internet où le créateur
et écrivain Tracy Reed incorporait aux
épisodes des utilisateurs d’AOL à leur
demande. Une innovation totale à
l’époque puisque l’internaute se re-
trouvait dans la série la semaine sui-
vante mêlé aux personnages fictifs !
Bon. What Ze Teuf se construit sur un
modèle plus actuel évidemment, mais
l’idée de faire participer, toute propor-
tion gardée, le spectateur n’est pas si
mauvaise, à condition que la place du
scénariste soit également respectée et
valorisée. Les deux ne sont pas incom-
patibles. Les Internets n’ont décidé-
ment pas fini de nous surprendre et,
j’en suis sûre, nous promettent encore
de grandes choses.
Pour vous informer sur les web-sé-
ries en général, pas uniquement celles
créées par des marques, trois sites in-
téressants à consulter : webseries.fr ;
les-webseries.com ; serieweb.com.
47MORE TV
Passionnée depuis toujours par les séries, j'ai grandi avec The Nanny, la Trilogie du samedi, Friends, Urgences
et Ça Cartoon. Du haut du mon twenty-something, je découvre aujourd'hui les frontières infinies de la télé-
vision et me délecte des séries du monde entier comme des excellentes productions américaines et euro-
péennes passées et présentes. Plutôt Minus que Cortex, je souhaite aussi conquérir le monde.
à propos de l'auteur
« A long time ago, we used to be
friends… But I haven't thought of
you lately at all… » Ces paroles de la
chanson des Dandy Warhols, le géné-
rique de la série culte, n’ont jamais eu
aussi tort. On pense à Veronica Mars
de plus en plus souvent ces derniers
temps, alors que la série de Rob Tho-
mas, créée en 2003, est sur le point de
revenir sur nos écrans, le grand, pas le
petit, dans quelques semaines. Ce film
porte le poids du monde, sériephile
évidemment, sur ses frêles épaules.
Il y a fort à faire pour Kristen Bell
et Rob Thomas. Au–delà d’avoir créé
l’un des personnages adolescents les
plus fascinants, les plus excitants des
années 2000, il est surtout question de
ne pas décevoir les fans de la première
heure ainsi que les fans de la dernière
qui risquent de découvrir la série dans
les mois à venir pour se préparer à
savourer ce film-événement. Par ail-
leurs, le point crucial de ce film, mis en
route grâce à une campagne de crowd-
funding sur le réseau Kickstarter en
mars 2013, est de ne pas décevoir ces
fans/financeurs qui ont investi leurs
économies pour réaliser leur rêve de
voir le retour des lycéens de Neptune
High, après une fin de série sans véri-
table résolution et une saison 4 mal-
heureusement avortée.
ThE VEROnica MaRs MOViE
Veronica revient en Mars. Après des années d’attente, de faux espoirs, voilà que le rêve de millions de fans à tra-
vers le monde devient réalité. Le show culte Veronica Mars s’invite, grâce à la générosité de ses fans, sur le grand
écran. L’univers de la télévision est peut-être sur le point de changer, d’entrer dans une nouvelle ère.
un kiCkstArter et çA repArt
texte : stépHAne BernAuLt - pHoto : veroniCA MArs / wArner Bros
48 MORE TV
Le budget réclamé par Rob Thomas
lors de l’ouverture du Kickstarter était
« d’à peine » deux millions de dol-
lars, une broutille de budget pour un
film de studio, et il n’aurait pas fallu
quelques heures pour que la somme
soit allégrement dépassée, montrant
l’engouement sans borne pour le pro-
jet The Veronica Mars Movie.
Au bout des 30 jours de la campagne
de financement, Rob Thomas et ses
équipes pouvaient compter sur une
donation atteignant 5 702 153 dollars,
presque le triple de ce qu’espérer Rob
Thomas.
Le plus fort, avec ce Kickstarter, c’est
qu’en quelques heures, Rob Thomas a
réussi l’exploit qu’il tentait de réaliser
depuis des années, depuis l’annulation
de sa série. Avec ce projet de finance-
ment participatif, il trouve là la solu-
tion miracle. Miracle, il est vrai car on
ne l’attendait plus ce film. Cependant
c’est aussi un miracle à double tran-
chant. Certes, Rob Thomas peut faire
le film dont il rêve, le film qu’il veut
en toute liberté, loin de l’influence du
studio Warner Bros, qui détient encore
les droits de la série, mais il joue aussi
un moment important de sa carrière,
même si les risques sont plus ou moins
limités pour lui et le studio. Il doit sur-
tout satisfaire les attentes d’une fan-
base frustrée depuis 2007 et cela, ce
n’est jamais une mince à faire.
C’est aussi du côté des studios et des
autres scénaristes que l’on attend avec
impatience de voir ce que va donner
ce film financé par les fans. Pour les
studios, il s’agit peut-être là pour eux
de trouver une nouvelle manne finan-
cière où leur implication est réduite, ici
Warner Bros s’est engagé à payer les
goodies, rien de plus. De toute façon,
tout est bénef pour
eux. Si le film marche,
c’est le jackpot. Et si ça
ne marche pas, ce n’est
pas grave car ils n’au-
ront pas investi des
mille et des cents. Pour les autres scé-
naristes, le film Veronica Mars est en
train de devenir un modèle, une réfé-
rence. Parmi les scénaristes connus et
reconnus, on peut citer Shawn Ryan,
le créateur de The Shield, qui a exprimé
sur Twitter son intérêt pour ce projet
en pensant conclure aussi sa série Ter-
riers, diffusée sur FX, de cette manière.
A ne pas en douter, de nombreux scé-
naristes réfléchiront à deux fois à cette
solution, si le succès et l’engouement
sont au rendez-vous. Et puis quel fan
ne serait pas prêt à débourser quelques
euros pour retrouver des personnages
avec qui l’on a passés de nombreuses
années. Amy Sherman-Palladino, si
tu m’entends, je sors mon portefeuille
quand vous voulez pour retrouver les
Gilmore le temps d’une heure ou deux.
La série Veronica Mars est déjà ren-
trée dans l’histoire de la télévision
pour proposer un nouveau mode de
fonctionnement, lorsque toutes les
options ne mènent nulle part. Il ne
reste plus qu’à espé-
rer que le film, lors de
sa sortie du film, le
14 mars, un an après
l’aventure Kickstarter,
prolongera l’esprit de
cette série qui a marqué une généra-
tion de sériephiles et ouvrira la voie à
d’autres scénaristes, à d’autres séries.
Réponse sur nos écrans très bientôt…
ou pas. En France, il n’est pas sûr
que le studio Warner Bros décide de
mettre cette aventure de Veronica sur
nos grands écrans. Leur autre solution
étant la VOD. Et si ne vous voulez pas
que cela arrive, il y a une pétition qui
circule ! A vous de jouer Marshmal-
lows !
49MORE TV
⬆roB tHoMAs sur twitter
« Hallelujah! It's a green light my friends.
I love you all, but particularly the donors
among you. #Veronicamars »
« le film veronica
mars est en train de
devenir un modèle,
une référence »
3 raisons de toMBer aMoureux
son charme
principalement, on tombe d’emblée
sous le charme de kristen Bell, qui
prête ses traits à une héroïne comme
on en a vu peu à la télévision. têtue,
intelligente, torturée, amoureuse,
amère, vengeresse…les visages de ve-
ronica sont nombreux et kristen Bell
livre une prestation impressionnante.
l'écriture noire
pour l’écriture noire de rob thomas
qui s’aventure avec aisance dans la
vie et les problèmes de lycéens. viol,
drogue, violence, statut social, rela-
tion parent-enfant, tout y passe ou
presque. Même si les saisons 2 et 3 ne
sont pas au niveau de la première, elle
est quand même de haut niveau.
les shippers
pour les shippers, veronica Mars
offre l’un des couples les plus emblé-
matiques de cette dernière décennie.
Bon là, je ne suis pas sûr que tout le
monde soit d’accord avec moi.
Depuis la trilogie du samedi et les séries des années 80 rediffusées en boucle sur M6, qui sont pour moi ma
marmite de potion magique dans laquelle je me serais laissé tomber avec délectation, j’ai développé un ap-
pétit pour toutes les séries. D’ailleurs, Je rêve d’aller m’installer dans le New Jersey et devenir capo pour les
Soprano, de voyager dans le Tardis et d’être appelé à table par Fabienne Lepic. Mais en attendant que je réa-
lise ses rêves, je sévis sur le site Les Plumes Asthmatiques où je blablate sur les séries mais pas seulement.
à propos de l'auteur
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