Mobilité moléculaire dans les...
Transcript of Mobilité moléculaire dans les...
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3
‘’ On peut prendre un grand plaisir simplement en regardant le monde, mais ce plaisir est accru si lesyeux de l’esprit peuvent pénétrer à l’intérieur des objets et voir ce qui s’y passe’’
Peter AtkinsOxford, 1987
6RPPDLUH
7
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%LEOLRJUDSKLH
1-1- Dynamique dans les verres et les liquides : faits expérimentaux 15
1-1-1- Les phénomènes de relaxation dans les matériaux amorphes 15
1-1-2- Diagrammes d’Arrhénius 15
1-1-3- Comportement du matériau vers la transition vitreuse et relaxation structurale 17
1-1-4- Description des relaxations 18
1-1-5- Mobilité moléculaire aux temps courts 21
a) Processus rapide 21
b) Pic de Boson 22
1-1-6- Fragilité 22
1-1-7- Coopérativité 24
1-2- Modélisation de la dynamique dans les verres et les liquides 24
1-2-1- Modèle du volume libre 24
1-2-2- Modèle de Adam et Gibbs 25
1-2-3- Modèle des effets couplés [Ngai 1979] 26
1-2-4- Modèle de hiérarchie et défauts 26
1-2-5- Théorie Mode Coupling de Götze 27
1-2-6- Modélisation de la dynamique aux temps courts : ( βfast – pic de Boson) 28
1-3- La jonction des relaxations α et β 28
1-3-1- Zone de jonction 28
1-3-2- Scénarios différents de ‘’merging’’ 30
1-4- Etude de matériaux avec la même problématique 31
1-4-1- La jonction α/β dans le sorbitol et le maltitol 31
1-4-2- Les Polysulfures de propylène 33
1-4-3- Le comportement relaxationnel des poly(alkyl méthacrylate)s 34
a) Rôle du groupe latéral, identification à l’échelle moléculaire 35
b) Apport spécifique de la RMN 35
c) La jonction α/β GDQV OHV SRO\DON\O PpWKDFU\ODWHV 37
d) Relaxations basses températures 37
e) Caractérisation structurale en diffraction des rayons X : corrélation structure/propriétés 38
1-5- Conclusion : choix des Poly(Butyl Méthacrylate)s - PBMA 40
6RPPDLUH
8
0DWpULDX[
2-1- Les matériaux étudiés : caractérisations chimique et calorimétrique 41
2-2- Caractérisation structurale des PBMA 44
2-3- Autres systèmes étudiés 45
²'\QDPLTXHDX[WHPSVORQJV
3-1- Caractérisation isochrone 47
3-1-1- Spectroscopie mécanique 47
3-1-2- Spectroscopie diélectrique 49
3-1-3- Comparaison entre les deux spectroscopies 50
3-1-4- Complaisance/module 51
3-2- Analyse isotherme 55
3-2-1- Analyse par spectroscopie mécanique 55
3-2-2- La spectroscopie diélectrique 63
3-2-3- Extension des diagrammes d’Arrhenius 66
3-3- Analyse de Starkweather 68
3-4- Conclusion sur la dynamique aux temps longs 75
/D]RQHGHMRQFWLRQαβ
4-1- Modélisation des phénomènes de relaxation dans la jonction α/β 77
4-1-1- Modélisation du PnBMA 80
4-1-2- Modélisation du PiBMA 82
4-1-3- Modélisation du PtBMA 84
4-1-4- Conclusion sur les modélisations par des lois semi-phénoménologiques 86
4-2- Modélisation des diagrammes d’Arrhénius vers la jonction α/β et au delà 87
4-2-1- Modélisation VFT 87
4-2-2- Modélisation de la relaxation β 91
4-3- Modèle de hiérarchie et de défauts quasi ponctuels 95
4-3-1- Modélisation 95
4-3-2- Défauts quasi-ponctuels 98
4-3-3- Bilan sur la fragilité 100
4-4- Effet du couplage sur la relaxation secondaire 101
4-5- Comparaison avec un autre système : les PolySulfures de Propylène 105
4-6- Conclusion sur l’analyse de la zone de jonction α/β 109
6RPPDLUH
9
'\QDPLTXHDX[WHPSVFRXUWV
5-1- Simulations de dynamique moléculaire 111
5-1-1- Champ de force et méthodologie 111
5-1-2- Fonction d’autocorrélation et temps de corrélation 113
5-1-3- Validation du champ de force 113
5-1-4- Dynamique des angles de torsion φβ et φδ 115
5-1-5- Coopérativité du processus de relaxation β 119
5-1-6- Conclusion sur les simulations 120
5-2- Etude des mouvements par diffusion de neutrons 121
5-2-1- Introduction 121
5-2-2- Les scans élastiques 122
5-2-3- Déplacement carré moyen 124
5-2-4- Modélisation des spectres élastiques 127
5-2-5- Spectres quasiélastiques sur IN10 131
5-2-6- Pic de boson 132
5-2-6-1- Spectres Inélastiques sur IN6 133
5-2-6-2- Les densités d’états 136
5-2-6-3- Distribution de fréquence généralisée 138
5-2-6-4- Comparaison avec le Raman basses fréquences 142
5-2-9- Conclusion sur la diffusion de neutron et raman 145
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5pIpUHQFHVELEOLRJUDSKLTXHV
$QQH[HV
Annexe 1 : Spectroscopie mécanique 159
Annexe 2 : Spectroscopie diélectrique 161
Annexe 3 : Courbes du paragraphe 4-2-1 162
Annexe 4 : Champ de forces 164
Annexe 5 : Diffusion de neutrons 165
Annexe 6 : Diffusion Raman 168
,QWURGXFWLRQ
7
Introduction
La compréhension des propriétés macroscopiques de la matière à partir de ces caractéristiques
microscopiques, structurales ou dynamiques, en particulier dans le cas des polymères et des verres est
une des thématiques importantes en physique de la matière condensée. Mais les propriétés
macroscopiques peuvent-elles être déduites des caractéristiques microscopiques ? A chaque niveau de
description correspondent des concepts spécifiques, notre but étant de chercher quelques corrélations
entre les différentes échelles. Cet effort pour relier les propriétés macroscopiques et microscopiques a
déjà donné lieu à une étude sur un système modèle : le couple sorbitol/maltitol, deux sucres de structures
chimiques voisines. Cette thèse fait suite à ce travail. La figure 1 présente le diagramme de relaxation des
deux sucres. Ces deux matériaux ont une relaxation β identique mais des relaxations α différentes. Le
cycle présent sur le maltitol décale la transition vitreuse et la température de jonction.
Figure 1 : Diagramme d’Arrhénius du sorbitol et du maltitol.
Le maltitol est le dimère du sorbitol (sucre linéaire), et contient un cycle.
Dans cette étude, il a été suggéré que le temps caractéristique de la relaxation β pouvait être associé au
mouvement de torsion d'une liaison située à l'extrémité de la chaîne carbonée alors que le temps
caractéristique de la relaxation α était intimement relié à la dynamique d'un angle de torsion au milieu de la
chaîne. C'est par conséquent un gradient de mobilité plus fort dans le maltitol qui pourrait constituer
l'origine la température de jonction plus élevée entre les deux processus de relaxation α et β. D'autre part,
les interactions intermoléculaires associées au processus de relaxation β semblent diminuer au voisinage
de cette jonction et la contribution intramoléculaire est plus forte dans le maltitol.
,QWURGXFWLRQ
8
La zone de jonction entre les processus α et β apparaît donc bien comme une zone cruciale dans le
diagramme d'Arrhénius précédent si on admet qu'elle est le reflet de la structure chimique et des
caractéristiques au niveau de la mobilité que cette structure induit.
Vis à vis de cette jonction de nombreuses questions restent ouvertes suite à cette étude :
- est-il possible de relier la température et la fréquence de jonction à la structure du verre ou du polymère,
et à ces caractéristiques dynamiques microscopiques, comme peut l'être un gradient de mobilité
moléculaire plus ou moins fort?
- comment se fait cette jonction, quelle relation existe entre les deux processus α et β, au voisinage de
cette jonction?
- comment évoluent les interactions intramoléculaires et intramoléculaires au voisinage de la jonction?
Nous avons choisi pour ce travail de thèse d'étudier les isomères du poly(buthyl méthacrylate) dans la
mesure ou ce système est à première vue l'analogue, dans le domaine des polymères, du système
sorbitol-maltitol. En effet, comme on le verra, la relaxation β est très semblable dans ces isomères alors
que la relaxation α est décalée en fonction de la chaîne latérale du polymère, plus ou moins encombrée.
Les conclusions obtenues dans le cas du sorbitol et du maltitol sont elles transposables dans le cas de
ces polymères? Une analogie est elle possible?
Notre projet initial était donc la compréhension de cette zone de jonction entre les processus de relaxation
principale et secondaire. A priori on peut penser que nul n'est besoin de s'intéresser à ce qui se passe
"bien avant" (basse fréquence et haute température), ou "bien après" (haute fréquence et haute
température). Nous avons fait le pari contraire, à savoir qu'il était préférable d'avoir une vue d'ensemble
des processus dynamiques de ces isomères, si on veut mieux comprendre la zone de jonction.
Si l'on fait cette hypothèse, on dispose alors de toute une panoplie de techniques couvrant une vingtaine
d'ordre de grandeur en fréquence et surtout de tout un ensemble de modèles et de concepts, sans liens
entre eux. La difficulté est alors d'essayer de faire des rapprochements et de tisser des liens entre les
résultats donnés par les différentes techniques, mais aussi entre les différents éclairages proposés par
des modélisations très dissemblables. La problématique de cette thèse n'est plus seulement la
compréhension d'un domaine restreint du diagramme de relaxation. Elle s'élargit et comprend alors deux
axes principaux. Le premier concerne la compréhension des liens structure - processus dynamiques, qu'il
s'agissent des processus de vibration ou de relaxation. D'autres questions surgissent en plus de celles
déjà évoquées : quels liens existe-t-il entre les variations de structure chimique et les propriétés
vibrationnelles? Quelles sont les relations entre la structure chimique, la microstructure à l'échelle de
quelques nanomètres, et les propriétés vibrationnelles ou relaxationnelles?
Le second aspect à éclaircir a trait à la compréhension des relations qu'entretiennent entre eux les
différents processus dynamiques. Par exemple il ne s'agit plus seulement des liens α/β mais aussi des
liens entre la relaxation α et les autres relaxations sous vitreuses Une structuration possible ce travail
consiste à présenter les résultats en parcourant l'ensemble des températures explorées, en distinguant
par exemple l'état liquide et l'état vitreux. Elle ne nous a pas semblé judicieuse car certains processus sont
,QWURGXFWLRQ
9
présents sur toute la gamme de température, parfois avec un temps caractéristique qui dépend peu de la
température (fast process ou pic de boson par exemple). Le plan de ce travail va donc correspondre au
trajet de descente suivant l'axe des temps sur le diagramme d'Arrhénius, c’est à dire en allant vers les
temps caractéristiques des mouvements moléculaires les plus courts.
Une première partie bibliographique est d'abord présentée qui tente de résumer les caractéristiques
générales de la mobilité moléculaire dans les polymères, un certain nombre de modèles qui se proposent
d'en rendre compte ainsi que les résultats de quelques études sur les poly(butyl méthacrylate).
Dans une seconde partie nous nous intéressons à la mobilité moléculaire à basse fréquence, accessible
en spectroscopie mécanique et diélectrique, quand les processus de relaxation sont encore bien séparés.
Puis nous nous consacrerons à la zone de jonction entre les relaxations α et β et à la modélisation qu'on
peut en faire. Dans dernière partie, les mouvements basses fréquences sont explorés avec des résultats
issus des simulations de dynamique moléculaire, de diffusion de neutrons et de diffusion Raman.
Faire un synthèse entre tous ces résultats n'est pas chose facile, c'est ce que nous tenterons dans un
dernier chapitre de conclusion.
&KDSLWUH %LEOLRJUDSKLH
15
1- Bibliographie
1-1- Dynamique dans les verres et les liquides : faits expérimentaux
1-1-1- Les phénomènes de relaxation dans les matériaux amorphes
Les relaxations Physiquement, le terme de relaxation est défini comme le retour d’un système
macroscopique à l’équilibre thermodynamique après une perturbation de cet équilibre. La relaxation
est la réponse différée à la variation du stimulus dans un tel système. Par exemple dans une
expérience de relaxation mécanique on peut observer l’évolution temporelle de la contrainte lorsque
l’on applique une déformation constante à l’échantillon.
Spécificité des Polymères Les polymères sont des systèmes complexes, pas seulement à cause
du désordre local comme dans les verres, mais aussi à cause de la structure des monomères qui
constituent la macromolécule. La dynamique du polymère, et donc le temps de relaxation, est
influencée par deux contributions qui sont d’une part le potentiel inter-atomique du type Van der
Waals, et d’autre part par les liaisons covalentes qui constituent la chaîne. Des mouvements simples
ainsi que des mouvements plus complexes, se produisent donc dans le verre ou le liquide, par
exemple la rotation d’un segment du polymère, sous l’influence à la fois de la structure intra-chaîne
qui joue sur la rigidité locale, et des forces d’interaction chaîne-chaîne. Dans les polymères, les
relaxations de plus forte amplitude sont attribuées à ces mouvements moléculaires variés, qui
impliquent des parties plus où moins longues de chaînes.
1-1-2- Diagrammes d’Arrhénius
Les relaxations sont souvent décrites dans une représentation d’Arrhenius qui lie le logarithme
du temps de relaxation à l’inverse de la température. L’étude de l’évolution des temps de relaxation
caractéristiques d’un système apte à vitrifier, en fonction de la température ou de la fréquence, révèle
en général l’existence de plusieurs processus de relaxation : les mouvements les plus simples, ou les
plus localisés, nécessitant une faible énergie d’activation, se produisent plutôt à basse température et
correspondent aux relaxations secondaires, nommées β, γ, δ…. La comparaison des temps de
relaxation mesurés par différentes techniques spectroscopiques nécessite une analyse critique et
homogène des résultats expérimentaux qui sera abordée plus loin. En particulier les spectroscopies
diélectrique ou mécanique sont des mesures macroscopiques , qui intègrent les mouvements sur
l’ensemble des distances, alors que les techniques de diffusion (lumière, neutron…) conduisent à la
détermination de fonctions de corrélation qui dépendent du vecteur de diffusion q, donc plus
spécifique qu’une distance caractéristique.
&KDSLWUH %LEOLRJUDSKLH
16
Elles permettent donc de choisir l’échelle de distances sur laquelle on sonde la dynamique, puisqu’il
est possible de travailler à différents vecteurs de diffusion q.
Par exemple, le mouvement « crankshaft » ou « manivelle » dans le polyéthylène, engendre une
relaxation vers 100K (à 1 Hz), en impliquant quatre -CH2- le long de la chaîne macromoléculaire
linéaire [Schatzi 1965]. Les relaxations secondaires sont en général dues principalement à des
mouvements impliquant de petites portions de chaînes, soit dans la chaîne principale dans le cas de
polymères linéaires, soit dans une participation de la chaîne latérale, comme par exemple le PMMA
(polyméthylméthacrylate) [Muzeau 1992]. Il existe aussi des matériaux dont la géométrie moléculaire
n’autorise que peu de mouvements locaux, par exemple les polyépoxides réticulées, où l’on observe
uniquement des relaxations localisées à très basse température (T∼150K pour des fréquences de
l’ordre du hertz) [Vignoud 2001].
Figure 1-1 : Diagramme de relaxation schématique montrant la relaxation principale α arrhenienne dans
l’état vitreux, et les processus locaux ( β, γ, δ) arrheniens sur une large gamme de température. La zone de
jonction α/β sera étudiée dans le chapitre 4. La température de transition vitreuse observée en DSC
(schéma du haut : quelque de K/min) correspond à la température de la relaxation α pour une fréquence
de quelques Hertz sur le diagramme d’Arrhenius. Le trait pointillé donne la température de transition
vitreuse obtenue en spectroscopie mécanique, donnée par le changement de pente de la relaxation α.
La relaxation principale, nommé α, ne présente pas un comportement Arrhenien au dessus de Tg
contrairement aux relaxations secondaires. Elle est liée à des mouvements coopératifs des chaînes
macromoléculaires. Ce comportement très coopératif n’est plus observé à haute température (zone
‘’a’’), après la jonction des relaxations α et β (zone analysée en détails dans le chapitre 4). D’autre
1000/T (K)
Cp
Transition vitreusecalorimétrique
-14
-10
-6
-2
2
6
2 3 4 5 61000/T(K)
LOG
( τ/s
)
α
a
β
zone de jonction α/β
δ
γ
Tg
Liquide Verre
Zone dejonction α/β
Tg mécanique
DSC
&KDSLWUH %LEOLRJUDSKLH
17
part, lorsque le matériau refroidit, il y a une cassure de pente qui correspond au passage de l’état
liquide à l’état vitreux sur une échelle de temps caractéristique du protocole expérimental choisi pour
les expériences spectroscopiques. A cet endroit, les propriétés du polymère changent complètement :
la relaxation α devient arrhenienne, et son énergie d’activation diminue, mais reste relativement
élevée, synonyme d’une forte coopérativité.
1-1-3- Comportement du matériau vers la transition vitreuse et relaxation structurale
Lorsque la température diminue infiniment lentement, un liquide doit cristalliser à une
température Tcristallisation. Cependant, il arrive fréquemment que le système présente une surfusion,
c’est à dire qu’il conserve son état liquide en dessous de cette température jusqu’à la température de
transition vitreuse, à laquelle il passe en état hors équilibre, appelé état vitreux. Au passage de la
zone de transition vitreuse, la structure du système change peu, alors que la viscosité augmente
rapidement sur plus de seize décades. A l’état liquide, la mobilité translationnelle est grande, et
lorsque la température diminue, l’énergie cinétique des molécules est réduite et l’énergie thermique
n’est alors plus suffisante pour franchir les barrières de potentiel qui restreignent les mouvements
atomiques. La mobilité translationnelle prend un caractère coopératif, impliquant un plus grand
nombre de molécules en interaction. La transition vitreuse traduit le ralentissement de la mobilité
moléculaire translationnelle associé au figeage de la structure sur l’échelle de temps d’observation
donnée.
Figure 1-2 : Variation du volume spécifique ou de l’enthalpie en fonction de la température. Le profil de
cette courbe dépend de la vitesse de refroidissement et de l’histoire thermique du polymère.
A T<Tg, le système est dans un état hors équilibre, sa structure évolue lentement et spontanément
vers son état d’équilibre. C’est cette évolution que l’on appelle relaxation structurale du verre ou
encore vieillissement physique. Ce phénomène est détectable sur des temps d’observation de plus en
plus longs lorsque la température du système s’éloigne de la température de transition vitreuse.
Cependant si l’on se place à suffisamment basse température par rapport à Tg, on peut considérer
Vol
ume,
Ent
halp
ie
Liqu
ide
TcristallisationTgaTgb
Verresa rapide
b lent
Cristal
Température
Liqu
ide
surfo
ndu
Relaxationstructurale
↓ Ë
Ë
2
1
2 1
&KDSLWUH %LEOLRJUDSKLH
18
que le système est dans un état figé (isoconfigurationnel), par rapport à l’échelle de temps des
expériences, et on peut alors sonder sa dynamique, pour une structure donnée. Puisque l’état vitreux
n’est pas un état d’équilibre, un verre peut se présenter sous des états configurationnels différents,
correspondant à différentes histoires thermiques (la vitesse de refroidissement par exemple, sur la
figure : Tg1<Tg2, car dans le cas 2, le refroidissement est plus lent) [Abbès 1998]. Ceci se traduit sur
une représentation d’Arrhénius comme sur la figure 1-3.
Figure 1-3 : Influence de l’histoire thermique d’un matériau sur la représentation schématique d’un
diagramme d’Arrhenius. Le matériaux qui a une Tg plus basse a été refroidi plus lentement (voie 2). La
relaxation α à l’état vitreux est aussi influencée.
La transition vitreuse ne correspond donc pas à une température fixé, mais à une zone de
température.
1-1-4- Description des relaxations
Relaxation α Il est intéressant de noter que malgré la nature chimique très différente des
systèmes vitrifiables (polymères, verres d’oxydes, verres métalliques...) et indépendamment de la
technique utilisée, le comportement relaxationnel associé à la transition vitreuse observé
expérimentalement est à chaque fois assez semblable.
Figure 1-4 : Description de la relaxation α sur toute la gamme de température : αvitreuse dans le
domaine vitreux (avant Tg), αliquide après la transition vitreuse, et a ou αβ après la jonction avec la
relaxation secondaire β (figure 1-1).
La relaxation α présente donc trois comportements différents suivant la température (et la fréquence) :
1) Avant la transition vitreuse, la relaxation α a un comportement arrhénien mais l’énergie d’activation
très élevée n’est qu’apparente, car le processus est très coopératif [Perez 1992].
1/T
log(τ)
Tga Tgb
Etat 1
Etat 2
1/T
log(τ)
αvitreuse
αliquide
a ou αβ
&KDSLWUH %LEOLRJUDSKLH
19
2) Dans la zone de transition vitreuse, la relaxation α change de comportement : on n’observe plus de
linéarité, mais il est possible de décrire la relaxation α par une loi VFT.
VFT La variation du temps de relaxation avec la température, qui présente un
comportement non arrhénien à l’état liquide surfondu, a une énergie d’activation qui apparaît d’autant
plus grande que la température diminue et approche la transition vitreuse. Ce comportement peut être
décrit par la loi empirique de Vogel-Fulcher et Tamman (VFT) [Tamman 1926].
τα = τ0 exp
B(T-T0)
T0<Tg (1-1)
3) A plus haute température, la relaxation α a fusionné avec la relaxation secondaire β, et la nature de
cette nouvelle relaxation n’est pas clairement définie, et peut être décrite soit par une autre loi VFT,
soit par une dépendance de type arrhénius.
Relaxation β C’est un processus de relaxation secondaire qui est souvent observé à l’état
vitreux mais qui existe aussi dans le liquide surfondu au dessus de Tg, et qui ne présente pas
obligatoirement de changement de régime à cet endroit. Il est bien décrit par une loi d’Arrhenius dans
une large gamme de température. Il a été suggéré que le temps de relaxation β est déterminé par
une barrière locale à l’intérieur de la molécule [Heijboer 1977].
Cependant Johari a mis en évidence des relaxations secondaires dans des verres constitués de
molécules sans degré de liberté interne. Il a donc conclu que dans certains verres, la barrière de
potentiel pour les réarrangements moléculaires provient des interactions intermoléculaires. Se pose
donc le problème de la contribution intermoléculaire ou intramoléculaire de cette relaxation.
L’origine microscopique de ce processus de relaxation n’est pas décrite de manière générale dans la
littérature. Une étude de la relaxation secondaire dans le Bisphénol A Polycarbonate [Jho 1991]
réalisée en spectroscopie mécanique suggère que la relaxation secondaire trouve son origine dans
les mouvements coopératifs de plusieurs unités de répétition avec des contributions intermoléculaires.
Ce résultat est en accord avec l’interprétation de la relaxation secondaire en terme de mouvement
‘’manivelle’’ [Schatzi 1965] dans les polymères, mettant en œuvre 5 à 6 motifs constitutifs. Dans le cas
du PMMA, la relaxation β est liée à un mouvement de la chaîne latérale, couplée à un mouvement de
quelques atomes le long de la chaîne principale [Muzeau 1992]. Il apparaît donc que la relaxation β
qui est présente dans de très nombreux systèmes aptes à vitrifier, est associée à une mobilité
localisée, qui ne correspond pas à un mouvement purement intramoléculaire simple, mais plutôt à un
changement de type conformationnel : suivant la nature du système, les mouvements impliqués dans
ce processus pouvant être plus ou moins coopératifs. Cette relaxation secondaire ne doit pas être
associée ou confondue avec la relaxation βfast prédite par la théorie des modes couplés [Götze 1992],
et qui n’est observable qu’avec les méthodes hautes fréquences comme la spectroscopie
neutronique. Son origine n’est d’ailleurs pas non plus clairement établie.
&KDSLWUH %LEOLRJUDSKLH
20
Autres relaxations secondaires D’autres relaxations secondaires peuvent exister, mettant en
jeu des mouvements de plus en plus localisés, dépendants de la structure du polymère, comme par
exemple les relaxations γ et δ présentées sur la figure 1-1. Ces relaxations sont en général
arrhéniennes.
Pour obtenir les diagrammes d’Arrhénius, les fonctions de relaxation expérimentales sont décrites par
les modèles suivants dans le domaine temporel (KWW) ou fréquentiel (HN ou biparabolique).
KWW Dans le domaine temporel la fonction de relaxation est clairement non exponentielle et
souvent décrite comme une exponentielle étendue de Kolrausch, Williams et Watts [Williams 1991] :
φ(t) ∝ exp
-
t
τKWW βKWW, (1-2)
qui correspond pour le domaine fréquenciel , à une forme de la fonction de relaxation plus large qu’un
simple pic de Debye. Un exposant β différent de 1 traduit les effets de la non exponentialité qui sont
représentatifs de la coopérativité [Pérez 1992] [Ngai 1979].
HN La relation de Havriliak-Negami [Havriliak 1966], permet de décrire les résultats
expérimentaux dans le domaine fréquentiel :
F(ω) ∝ 1
( )1+( )iωτ α γ (1-3)
qui est le cas général des expressions proposées par Debye, Cole-Cole (γ=1, forme symétrique), et
Cole-Davidson (α=1, forme d’autant plus asymétrique que γ est petit), permettant à la fois de décrire
l’asymétrie et l’élargissement des fonctions de relaxation.
Alvarez et al [Alvarez 1993] ont étudié la relation entre la fonction de relaxation temporelle de KWW
et la fonction fréquentielle de HN. Ces deux fonctions permettent en général une bonne description
des courbes expérimentales, bien qu’elles ne soient pas la transformée de Fourrier analytique l’une de
l’autre. La correspondance entre les paramètres βKWW et (α, β) de HN a été déterminée
numériquement et il apparaît que βKWW joue à la fois sur la largeur et sur l’asymétrie de la relaxation.
Biparabolique Le modèle biparabolique est aussi très souvent utilisé pour modéliser les
résultats obtenus par spectrométrie mécanique car une signification physique peut être attribuée aux
paramètres qui interviennent dans cette expression [Cavaillé 1989]:
F(ω) = 1
1+(iωτ) -b +Q(iωτ) -b' (1-4)
L’expression du modèle biparabolique a aussi été utilisée pour représenter phénoménologiquement
les données de relaxation diélectrique, et les auteurs l’ont combinée avec une méthode statistique
pour obtenir une estimation raisonnable des paramètres [Diaz-Calleja 1995]. Ces mêmes auteurs ont
comparé cette méthode, avec la fonction HN, en montrant que ces deux expressions permettent de
bien décrire les résultats expérimentaux.
&KDSLWUH %LEOLRJUDSKLH
21
Equivalence temps-Température Notons tout d’abord qu’un lien entre les trois expression citées
précédemment est possible : les paramètres b du modèle biparabolique et α.γ du modèle d’Havriliak
Negami sont égaux s’ils correpondent au même paramètre βKWW. Ceci exprime le lien entre le
domaine temporel et fréquentiel.
L’équivalence temps - température est un concept clé pour la construction de courbes maîtresses,
résultant de la simplicité thermorhéologique. L’allure des spectres de relaxation change peu avec la
température : on observe essentiellement un décalage le long de l’axe des fréquences : le fait
d’augmenter la température revient à multiplier l’échelle des temps (détails de la construction des
courbes maîtresses en annexe). Notons que cette notion d’équivalence temps-température reste une
approximation.
1-1-5- Mobilité moléculaire aux temps courts
Ces dernières années, de nombreuses études ont été réalisées concernant la dynamique pour
des temps courts, que les techniques mécaniques ou diélectriques conventionnelles ne peuvent pas
atteindre, typiquement dans la gamme de temps 10-14s<t<10-9s, en particulier par diffusion de la
lumière, diffusion de neutrons, ou RMN. Les résultats expérimentaux pour le mouvement des atomes
sont souvent inclus dans le facteur de structure dynamique S(Q,ω) et ses différentes transformées de
Fourier, ou dans la susceptiblité χ qui est le produit ωS(Q,ω). Ces techniques permettent notamment
d’accéder à la densité d’états de vibration qui permet d’interpréter de nombreux phénomènes
observés dans les verres.
a) Processus rapide
Un processus rapide (‘’ fast process’’) a été observé par diffusion de neutrons et diffusion de la
lumière dans les verres, qui est souvent comparé avec les prédictions de la théorie ‘’mode coupling‘’,
en particulier avec le processus de relaxation ‘’β fast’’. En diffusion inélastique de neutrons, il se
manifeste par une intensité quasiélastique (E<1 meV) qui apparaît quand la température augmente au
voisinage de la température de transition vitreuse et qui ne peut pas être expliqué par des relaxations
secondaires qui concernent des fréquences beaucoup plus basses. Ce processus de relaxation rapide
se manifeste aussi par l’évolution du déplacement carré moyen <u2> tel qu'on peut le déduire du
facteur de Debye Waller, qui montre une augmentation rapide au voisinage de la transition vitreuse. Il
est remarquable que ce phénomène qui apparaît au niveau microscopique très local, et pour des
échelles de temps très petites, soit également sensible à l’état structural qui varie sensiblement au
voisinage de la température de transition vitreuse Tg. L’échelle de temps correspondant au processus
βfast est faible par rapport aux modes de diffusion [Frick 1995] mais grande vis à vis des modes de
phonons et par conséquent légèrement plus faible que la picoseconde.
b) Pic de boson
&KDSLWUH %LEOLRJUDSKLH
22
Le pic de boson est observé soit par diffusion inélastique de neutron soit par diffusion Raman basse
fréquence.
Le facteur de structure dynamique S(Q,ω) montre un pic large et intense qui apparaît entre 2 et 4
meV. La raison de l’intérêt pour les modes de basse fréquence dans les verres est la suivante : si on
estime la fréquence d’une onde acoustique longitudinale de longueur d’onde 1 nm, on trouve ν=24
THz (24meV). On peut penser que la dynamique vibrationnelle est très influencée par la structure à
cette échelle. L’étude de la dynamique apparaît donc comme un moyen de préciser la connaissance
de l’ordre à courte et moyenne distance dans les verres.
Au voisinage de Tg, la partie basse fréquence du pic de boson se superpose avec la diffusion
quasiélastique due aux processus relaxationnels ou au processus rapide décrit dans le paragraphe
précédent. Cette superposition est importante pour les verres obtenus à partir de liquides fragiles (qui
seront définis dans le paragraphe suivant). Le pic est mieux isolé pour le cas des verres provenant de
liquides forts. Le pic de boson peut être interprété comme un excès de diffusion des vibrations par
rapport à la contribution de Debye. A basse fréquence, comme la densité d'état de Debye varie
comme gDebye(ω)=ω2 et le facteur de Bose a pour valeur n(ω)=kT/ω, l'intensité normalisée
I
n(ω).ω²
devrait donc être constante. Ce n'est pas le cas et on observe un pic [Mermet 1996].
Le pic boson a souvent été attribué à la diffusion des vibrations acoustiques par les fluctuations des
constantes élastiques, et à leur impossibilité de se propager dans la structure du verre [Sokolov 1997].
Il peut être dû à des modes de basses fréquences, différents des phonons et liés à la nanostructure
du verre. La comparaison entre divers polymères amorphes a montré que le pic se déplaçait vers les
basses énergies lorsqu’on passe de polymères ayant un fort encombrement stérique à des polymères
très flexibles [Frick 1995].
Notons qu’aucune théorie ne permet de relier le processus rapide aux relaxations plus lentes (δ, γ, β
et α).
1-1-6- Fragilité
Les liquides sont souvent classés comme fragiles, forts ou intermédiaires [Angell 1991]. Les
liquides qui présentent un figeage rapide des modes de configuration, au passage de la transition
vitreuse, sont dénommés fragiles, alors que les verres dont la viscosité varie peu au passage de Tg
sont nommés forts. Les liquides les plus forts montrent une viscosité qui suit une loi d’Arrhenius de
part et d’autre de Tg. Il s’agit pour l’essentiel des liquides à liaisons covalentes, dont la silice SiO2 est
l’archétype et qui présentent une faible sensibilité structurale à la température et une faible sensibilité
de la dynamique à la microstructure . Les systèmes forts peuvent aussi être décrit comme ayant une
uniformité du type de liaison (SiO2 ne possède que des liaisons covalentes). Au contraire, ceux qui
voient leur viscosité varier beaucoup plus violemment à l’approche de Tg sont des liquides moins
coordonnés, souvent moléculaires, avec une plus grande variété de types de liaison, et sont appelés
liquides fragiles.
&KDSLWUH %LEOLRJUDSKLH
23
Figure 1-4 : Représentation d’Arrhénius à Tg de la fragilité selon Angell.
On peut signaler d'autre part qu'une corrélation a été proposée entre la fragilité des systèmes et
l'amplitude et/ou la position du pic boson. Il semble que le pic Boson se déplace avec une fragilité
croissante vers les basses fréquences et que son intensité augmente [Sokolov 1993].
Beaucoup d’études sont recensées sur l’origine moléculaire de la fragilité. Notons que cette fragilité
est bien interprétée par le modèle de Pérez [Faivre 1997] à partir de l’étude des spectres de relaxation
dans le polymère au dessus de Tg, notamment la zone de jonction entre les relaxations α et β (voir
paragraphe 1-3). On peut s’attendre à une corrélation entre les spectres de relaxations, la fragilité et
les propriétés vibrationnelles d’un matériaux.
Paramètre de fragilité
Pour quantifier la fragilité, on peut introduire le paramètre m sans dimension:
m = d ln(τ)
d
Tg
T
(1-5)
et dans le cas d’une description avec une loi VFT (relation 1-4) : m = BTg*
1-T0
Tg-2 (1-6)
Pour les liquides fragiles, m est de l’ordre de 100, alors que pour les liquides forts, m est de l’ordre de
10. D’autre part, il a été suggéré depuis longtemps que l’amplitude du saut de chaleur spécifique ∆Cp,
lors de la transition vitreuse est associé à l’écart au comportement arrhénien, correspondant à la
fragilité. Dans le cadre du modèle des effets couplés, Ngai suggère une corrélation entre l’exposant
de Kolrausch (équation 1-2) et la fragilité. Dans les cas de structures moléculaires simples, le
couplage est réduit et on obtient une relaxation quasi exponentielle. Des couplages plus forts entre les
unités structurales élémentaires qui relaxent (polymères ayant des squelettes moins flexibles et/ou
des groupes pendants avec une forte gène stérique) engendrent une coopérativité plus forte et en
conséquence une fragilité plus forte [Roland 1994] [Ngai 1999] [Ngai 2000]. La fragilité a aussi été
corrélée à l'intensité du fast process telle que l'on peut l'évaluer à partir de la dépendance de <u2> en
fonction de la variable réduite T/Tg. Tous ces phénomènes auraient une même origine, à savoir un
potentiel d'interaction anharmonique [Ngai 1999].
1-1-7- Coopérativité
log η log(τ)
Tg/T
Fragile
fort
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24
L’idée intuitive que la coopérativité moléculaire commence dans la zone de jonction des
relaxations α et β, et se développe à plus basse température, est assez ancienne. La taille des
régions de réarrangements coopératifs (Cooperative Rearranging Regions ou CRR) augmente quand
la température diminue : ceci est introduit depuis 1965 par Adam et Gibbs [Adam 1965]. En 1976,
Johari écrit [Johari 1976] : ″at some temperature above Tg, no cooperative rearrangement is
required″, et ″as the liquid approaches Tg, there is an increasing proportion of cooperative molecular
rearrangement″. Le processus β tel qu'il est conçu par Johari-Goldstein reflète un mouvement localisé
dans un ’’îlot de mobilité’’, c’est à dire dans les zones moins denses et plus mobiles d’une CRR.
De nombreuses études de la coopérativité dans la zone de jonction ont quantifié la coopérativité en
calculant Nα, le nombre de particules par CRR [Beiner 1996].
Les résultats obtenus montrent que la coopérativité est fortement dépendante de la température
avant la jonction α/β, puis Nα prend une valeur plus faible et constante d’environ 1, pour des
températures supérieures à la température de jonction.
Une étude sur la coopérativité dans les Poly(alkylméthacrylate)s [Beiner 1993] a mis en évidence, par
mesure de chaleur spécifique, que le nombre d’unités monomères impliquées dans un mouvement
coopératif à Tg était de 30 unités le long de la chaîne. Les simulations de dynamique moléculaire
peuvent s’avérer très utiles pour préciser l’origine de cette coopérativité, c’est à dire les mouvements
moléculaires qui sont effectivement couplés [Karatasos 2002].
1-2- Modélisation de la dynamique dans les verres et les liquides
1-2-1- Modèle du volume libre
Le concept de volume libre a été proposé en 1951 par Doolittle [Doolittle 1950] à travers une
équation empirique décrivant, dans le cas des liquides à l’équilibre de faibles poids moléculaires, la
viscosité en terme de volume occupé par les molécules.
Le volume libre vf est défini comme l’excès de volume moyen vm rapporté à chaque unité structurale
par rapport au volume effectif v0 : vf = vm – v0 (1-7)
Notons que ce volume n’est pas localisé comme c’est le cas pour les lacunes dans un cristal, mais
qu’il est réparti de façon uniforme dans tout le système.
Cette notion de volume libre a été reprise par Cohen et Turnbull [Cohen 1959] [Turnbull 1970], en
supposant que dans les liquides surfondus les molécules sont confinées dans des cages constituées
par les atomes voisins. Tout mouvement d’atomes résulte alors de la redistribution du volume
excédentaire, sans franchissement de barrière énergétique. L’édifice se réarrange par un mécanisme
de diffusion dû essentiellement aux sauts des atomes dans les espaces libres créés avec un temps
moyen τm :
τm ∝ exp
-
v0
vf(1-8)
&KDSLWUH %LEOLRJUDSKLH
25
Les sauts ne sont possibles que si la cavité a un volume supérieur à un certain volume critique. Toute
la théorie du volume libre repose sur l’hypothèse que la mobilité atomique est suffisante pour
permettre une redistribution du volume libre en équilibre thermique. Ceci implique que la température
doit être supérieure à Tg de 50 à 100K au moins.
Si cette condition n’est pas observée, il faut tenir compte des barrières énergétiques que doivent
franchir les unités structurales en mouvement. Ceci a été proposé par Macedo et al [Macedo 1965] en
combinant l’équation précédente avec une loi VFT rendant compte des processus thermiquement
activés. Cette proposition est plausible car elle décrit de manière satisfaisante le comportement
arrhénien associé la dynamique de l’écoulement à l’état vitreux, mais leurs paramètres semblent
dépourvus de sens physique.
L’approche plus récente de Cohen et Grest [Cohen 1979] utilise une théorie de la percolation pour
décrire le passage de la transition vitreuse. La phase amorphe est décrite comme un mélange de
cellules liquides et solides, une redistribution du volume libre étant possible à l’intérieur des cellules
liquides, sans variation d’énergie. Une élévation de température conduit à une augmentation du
nombre p de cellules liquides, et à une percolation entre les cellules lorsque p atteint une valeur
critique : on atteint alors l’état liquide. Ces considérations permettent également de remonter à
l’équation empirique de VFT pour décrire la viscosité [Cohen 1981].
Malgré le succès et l’utilisation très répandue du concept simple de volume libre, de nombreuses
réserves ont été émises à propos de cette théorie [Perez 1992]. Cette théorie est essentiellement
adaptée à la description des phénomènes hautes températures, car elle ne tient pas compte des
phénomènes thermiquement activés. Il est reconnu aujourd’hui que ce concept ne permet pas à lui
seul, de caractériser l’état vitreux. Par exemple, la connaissance du volume spécifique n’est pas
suffisante pour prédire la réponse du matériau, ayant une histoire thermique donnée [Kovacs 1979],
ou ayant subi une déformation [Quinson 1995]. L’introduction de paramètres d’ordre complémentaires
est nécessaire pour caractériser l’état vitreux.
1-2-2- Modèle de Adam et Gibbs
La théorie de Adam et Gibbs [Adam 1965] considère une entropie de configuration Sc comme la
quantité fondamentale qui détermine le temps de relaxation. Cette entropie est liée au nombre de
molécules engagées dans un réarrangement coopératif sous l’effet d’une fluctuation thermique. Ce
réarrangement s’effectue au sein d'une "coopérative rearranging region" ou CRR [Donth 1997]. Quand
la température diminue, le mouvement d’une molécule est gêné par un nombre croissant de
molécules voisines, donc Sc décroît entraînant l’augmentation de selon l’équation 1-9 :
τα = τ∞ exp
C
TSc(1-9)
avec C une constante comprenant le potentiel que subit chaque molécule lors du réarrangement. A
haute température, Sc tend vers la valeur (Na.sc) où Na est le nombre d’Avogadro et sc l’entropie de
configuration du plus petit système qui se réarrange de façon coopérative.
La théorie d’Adam et Gibbs repose sur la supposition d’une distribution uniforme de l’entropie de
configuration, ce qui est certainement une hypothèse grossière pour les systèmes désordonnés.
&KDSLWUH %LEOLRJUDSKLH
26
Néanmoins, cette théorie offre une base intéressante pour la description des phénomènes coopératifs
et qu’elle a donné lieu à de très nombreuses extensions.
1-2-2- Modèle des effets couplés [Ngai 1979]
Dans le cadre du modèle des effets couplés, il existe un temps de coupure tc séparant deux
régimes de dynamique. tc est de l’ordre de la picoseconde et correspond au temps nécessaire à la
manifestation des mouvements coopératifs. Pour des temps courts, les unités relaxent
indépendamment les unes des autres conduisant à une dépendance exponentielle des fonctions de
corrélation : φα(t)= exp -
t
τ1 si t<tc (1-10)
Pour des temps plus longs, les interactions interviennent et la coopérativité augmente.
φα(t)= exp -
t
τ0
β si t>tc (1-11)
β (ou n=1-β) est un paramètre de corrélation : il augmente si la corrélation augmente.
Le temps de relaxation τ d’une relaxation coopérative peut donc s’écrire sous la forme :
τ ∼ tc
τ1
tc
1 (1-n) (1-12)
L’influence de la structure se manifeste d’abord à travers τ1 qui est un mécanisme de mouvement
primitif, et que l’on peut calculer connaissant n (paramètre de corrélation) et τ .
1-2-3- Modèle de hiérarchie et défauts
A partir d'un modèle de mouvements hiérarchiquement corrélés, une relation est proposée
entre le temps caractéristique de la relaxation principale et le temps caractéristique d’un mécanisme
élémentaire identifié au mécanisme sous vitreux le plus proche de la relaxation principale, à savoir la
relaxation β [Perez 1992]. Les processus α et β ne sont donc pas indépendants : β est ainsi le
mécanisme élémentaire dont la combinaison hiérarchique donne le mécanisme α.
τ ∼ t0
τ1
t0 1b (1-13)
t0 est un facteur d’échelle, homogène à un temps
τ1 = τβ
b est le paramètre de corrélation hiérarchique explicite relié à l’état structural :
- b=0 → corrélation maximale
- b=1 → corrélation minimale
Dans le cadre de ce modèle, l’état structural d’un verre peut être décrit à l’échelle locale comme un
pseudo cristal avec une forte concentration de défauts [Perez 1988]. La sensibilité à la microstructure
se manifeste par l’évolution de b avec la concentration de défauts.
Une mesure de b et τ permet donc de déterminer t0, qui conditionne la séparation entre les relaxations
α et β.
&KDSLWUH %LEOLRJUDSKLH
27
t0∼10-5s → les processus α et β sont proches ex : PolyStyrène
t0∼10-14s → les processus α et β sont séparés, ex : PolyCarbonate
Les deux approches précédentes, le modèle des effets couplés et le modèle de hiérarchie et de
défauts, basées sur des expressions similaires, se différencient par l’interprétation des diagrammes
d’Arrhenius [David 2002], notamment par :
n l’identification du phénomène élémentaire précurseur
o l’identification des paramètres sensibles à l’état structural
p le sens physique et l’identification du paramètre d’échelle de temps.
1-2-5- Théorie Mode Coupling de Götze
Les études sur la dynamique des liquides ont conduit à l’élaboration d’une théorie pour leur
dynamique : la théorie Mode Coupling (MCT) [Götze 1999]. Cette théorie est surtout applicable dans
le domaine du liquide.
L’origine de la transition vitreuse ‘’idéale’’ est trouvée dans une discontinuité pour une température Tc
de la limite pour un temps infini de la fonction d’autocorrelation de densité (ou paramètre de non
ergodicité) qui traduit la dynamique des fluctuations de densité:
φ(t) = < ρq(t).ρq> (1-14)
En approchant d’une température critique notée Tc supérieure à la température de transition vitreuse ,
la relaxation devient de plus en plus lente de manière singulière et le système devient non ergodique
(composante de relaxation infiniment lente) au point critique sans changement essentiel de la
structure. La température critique Tc est donc interprétée comme la température à laquelle se produit
la transition liquide-verre, passage d’un état ergodique à un état non-ergodique. La résolution
numérique qui résulte des équations de ce modèle fait apparaître deux types de relaxations : un
processus de relaxation rapide : β fast, et un processus plus lent nommé α .
Parmi les théories qui décrivent la dynamique moléculaire pour des échelles de temps courts, la
théorie des modes couplés est celle qui est le plus souvent comparée soit aux résultats
expérimentaux soit aux simulations de dynamique moléculaire. Elle fait en effet des prédicitions assez
précises, au voisinage de cette température, quant aux signatures d’une transition de phase
dynamique pour Tc>Tg, notamment pour le paramètre de non ergodicité ou la susceptibilité, sous
forme de lois d'échelles. Par exemple, pour la relaxation α, la théorie des modes couplés prédit une
divergence en loi puissance pour T>Tc :
τα ∝ (T-Tc)-γ (1-15)
Cette théorie permet la description de nombreux processus à temps court : diffusion de neutron
ou de lumière mais elle n’est pas valable pour les processus aux temps longs, lorsque la température
diminue et que les interactions entre particules prédominent. Il est en effet clairement établi
expérimentalement que le temps de relaxation α ne diverge pas à Tc, à cause des phénomènes
coopératifs et/ou thermiquement activés [Frick 1990][Fujara 1987][Kob 1995][Sjögren 1991].
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28
1-2-6- Modélisation de la dynamique aux temps courts : (βfast – pic de Boson)
Le processus rapide est très souvent comparé aux prédictions de la théorie Mode Coupling
[Frick 1990].
On peut citer deux modèles qui ont pour but de décrire la dynamique aux temps courts : le
modèle dit "soft potential model" et un modèle développé par U.Buchenau qui s’en inspire et qui veut
rendre compte de la partie basse fréquence des spectres de diffusion de neutrons où coexistent
vibrations et relaxations rapides (signal quasiélastique).
Le ‘’soft potential model’’ [Mermet 1996], part de la considération des modes propres dans un solide
amorphe et tente de décrire des modes "mous" créés par un potentiel anharmonique. Le modèle de
Buchenau repose sur l’idée d’un passage d’un régime de vibrations amorties à un régime de
relaxations classiques [Buchenau 1994]. Dans le cadre de ce modèle, le pic de boson se déplace vers
les basses fréquences au fur et à mesure que la température augmente. Parallèlement au
‘’ramollissement’’ du pic de boson, les relaxations deviennent plus rapides, augmentant ainsi la
contribution du quasiélastique au spectre basse fréquence.
On peut signaler enfin une troisième approche. Le fast process a été interprété comme un processus
élémentaire de relaxation, à l'origine de la relaxation α, analogue à celui qui apparaît dans le modèle
de Ngai. Un temps de ‘’crossover’’ tc est obtenu séparant les deux régimes. Cependant, il resterait à
préciser s'il s'agit d'une fusion entre les vibrations et les relaxations ou une échelle de temps pour
laquelle les interactions commencent à jouer un rôle important dans la dynamique relaxationnelle pure
[Zorn 1995]. Dans le cadre de cette interprétation, le processus rapide serait là encore relié à
l'anharmonicité du potentiel d'interaction intermoléculaire [Casalini 2001].
1-3- La jonction des relaxations α et β
1-3-1- Zone de jonction
L’intérêt pour cette zone de jonction entre les deux relaxations α et β a été généré au départ
par la théorie des modes couplés (MCT) qui prédit une bifurcation à très haute fréquence [Götze
1992], entre le processus de relaxation βfast, et le processus de relaxation principale. Pour de
nombreux systèmes, les processus α et β semblent se rapprocher dans la zone du liquide surfondu
pour des températures proches de la température Tc, de la théorie des modes couplés. Cependant, le
crossover prédit par la MCT indique un processus de relaxation β plus rapide que le processus
observé généralement par spectroscopie diélectrique et mécanique. Rossler [Rossler 1994] a
répertorié la température de jonction entre les processus α et β pour toute une série de systèmes, et il
apparaît que ce phénomène a souvent lieu pour une température d’environ 1,2 Tg. Dans une récente
publication, Beiner [Beiner 2001], a tenté d’éclaircir cette zone à l’aide de nombreuses données
expérimentales sur différents matériaux et de relier notamment les paramètres (température et
&KDSLWUH %LEOLRJUDSKLH
29
fréquence) qui caractérisent la zone de jonction et la fragilité de la relaxation α conventionnelle. Un
grand nombre de données, provenant de méthodes expérimentales diverses, pour des verres de
natures différentes, permettent de mettre en évidence des changements de comportement le long le la
courbe de relaxation α dans les diagrammes d’Arrhénius, notamment à la jonction α/β. Beiner et al
mettent en évidence une augmentation de la diffusion translationnelle comparé à la diffusion
rotationnelle. La relaxation β est elle modifiée au voisinage de la jonction entre les deux relaxations?
Existe-t-elle toujours? Qu'en est-il de la relaxation α, change-t-elle de nature?
Toute les expériences sur le sujet aboutissent à distinguer deux parties distinctes dans la relaxation
principale : α (T < Tαβ)et a (T > Tαβ), ce qui fut déjà discuté dès 1966 par Williams [Williams 1966].
L'incertitude expérimentale est grande dans la zone de jonction, les relaxations se superposent et leur
déconvolution par une modélisation est nécessaire pour les séparer.
Pour étudier ces phénomènes de superposition de relaxations, Gomez et al. [Gomez 2001] ont étudié
la ‘’fusion’’ des relaxations α et β dans plusieurs polymères selon les deux hypothèses suivantes, en
considérant qu’il est possible de donner une description correcte des fonctions de relaxation α et β
séparément.
La première méthode consiste en une simple addition des fonctions de relaxation correspondant
à chaque relaxation α et β, pondérées par les facteurs fα et 1-fα, qui implique qu’il n’y a pas
d’indépendance statistique entre les deux relaxations α et β :
φ(t) = fα.φα(t) + (1-fα).φβ(t) (1-14)
Dans ce cas on déduit des courbes de relaxation une modification de la relaxation β au voisinage de
la jonction, qui dévie vers les temps plus courts, et un changement de dynamique dans les polymères
apparaît donc au voisinage de la jonction. La diminution de fα avec la température est de plus
interprétée comme une disparition du processus de relaxation α et de la coopérativité.
La deuxième méthode consiste en l’addition de deux termes , le premier correspondant à la
relaxation principale et l’autre à la combinaison linéaire des fonctions correspondant à la relaxation
principale et à la relaxation secondaire extrapolée à partir des basses températures. Ici,
l’indépendance statistique des relaxations α et β est sous-entendue.
La fonction de relaxation est aussi donnée dans le domaine temporel par:
φ(t) = fα.φα(t) + [(1-fα).φα(t)].φβ(t) (1-15)
Les mouvements moléculaires rapides impliqués dans la relaxation β sont attribués à des
mouvements restreints dans un environnement fixé qui permet une relaxation partielle. (1-fα ).φα(t)
tient compte de la fraction de la relaxation permise par le mécanisme impliqué dans le processus β.
C’est seulement lorsque les mécanismes de la relaxation α sont capables de modifier l’environnement
qu’une relaxation complète est atteinte.
Ces deux approches permettent de décrire les résultats expérimentaux de façon correcte mais
elles impliquent des interprétations très différentes de la dynamique du polymère. Dans le cas de la
&KDSLWUH %LEOLRJUDSKLH
30
deuxième méthode, la relaxation β n’est pas modifiée au voisinage de la jonction, elle garde la même
dépendance en température sur toute la gamme de température. Le second terme de l'expression (1-
15) est dominé par le plus rapide des deux processus et donc à haute température φ(t) = φα(t). Ceci
signifie que la dynamique à très haute température est gouvernée par le mécanisme responsable de
la relaxation α et donc fα ne peut pas être interprété comme la contribution relative de la relaxation α
mais comme la partie de la décroissance temporelle associée à la relaxation β qui n’aurait pas lieu si
l’environnement moléculaire ne changeait pas. Ce genre d’analyse a aussi été utilisé pour dépouiller
des résultats de diffusion de neutrons par Spin-Echo [Arbe 1996].
L'interprétation des phénomènes dans la zone de jonction entre les deux relaxations α et β reste donc
très délicate : le changement de pente de la relaxation β est sensible à la méthode de découplage car
le mouvement β ne change pas de dynamique, si l’on considère la fonction de relaxation (1-15).
D’autre part, Murthy [Murthy 1995] a observé par des mesures de chaleur spécifique, que de
nombreux liquides aptes à vitrifier présentent un phénomène assimilable à une transition liquide-
liquide, autour de 1,2 Tg. Ces températures de transition liquide-liquide, sont proches de la
température de jonction α/β. Pour l’auteur, ce phénomène observé en DSC n’est pas réellement une
transition de phase, mais plutôt un changement de dynamique progressif pour lequel on passe d’un
état liquide à un état liquide surfondu constitué d’agrégats (régions α), entourés de zones de type
‘’liquide’’ (région β) qui conduisent respectivement aux processus α et β.
1-3-2- Scénarios différents de ‘’merging’’
Johari [Johari 1973] avait tout d’abord proposé que ces processus soient tangents à haute
température mais des études récentes ont montré que ce n’était pas toujours le cas [Domberger
1995][Garwe 1996]. Le processus de relaxation α influence-t-il la relaxation secondaire, ou est-ce la
relaxation secondaire qui détermine la relaxation principale ? Les deux processus sont-ils
indépendants? Une meilleure compréhension du couplage devrait conduire à une meilleure
compréhension de la dynamique haute température et peut-être des conditions de vitrification.
La figure 1-6 propose quatre scénarios différents.
Figure 1-6 : Quatre scénarios de jonction différents entre les relaxations α et β.
α
β
α
β
α
β
-a- -b- -c-
β
α
-d-
&KDSLWUH %LEOLRJUDSKLH
31
Plusieurs scénarios ont été proposés pour la jonction entre les deux relaxations α et β. Ils doivent
sans doute être envisagés avec prudence, compte tenu de la difficulté à déconvoluer les deux
relaxations.
Le scénario –a- est quelquefois présenté dans la littérature mais peu de détails sont apportés : les
processus α et β tangentent à haute température [Johari 1973], les deux relaxations semblant ne pas
être affectées par la jonction. Le scénario –b- montre une relaxation β non affectée par la jonction,
alors qu’un changement de comportement pour α est observé. Le troisième scénario –c- pourrait se
produire par exemple dans les poly(alkyl méthacrylate)s. La relaxation β semble être affectée par la
jonction avec la relaxation α et change de dynamique. La relaxation α n’est pas modifiée. Le
quatrième scénario –d- présente le cas où les deux relaxations α et β sont modifiées après la jonction.
1-4- Etude de matériaux avec la même problématique
1-4-1- La jonction α/β dans le sorbitol et le maltitol
Figure 1-7 : Représentation d’une molécule de sorbitol -a- et d’une molécule de maltitol -b-
L’étude de la dynamique à haute température du comportement de deux sucres à structure
chimique très voisine [Faivre 1997], le sorbitol et le maltitol, a conduit à étudier le couplage des
relaxations α et β. Les relaxations β de ces deux matériaux sont très semblables mais les relaxations
α ont un comportement différent : les jonctions entre ces deux relaxations sont par conséquent très
différentes.
CH2OH
HOCH
HOCH
HCOH
HOCH
CH2OH
H
HO
H
OH H
OH
HH
CH2OH
O
O
CH2OH
CH
HOCH
HCOH
HOCH
CH2OH
-a- -b-
&KDSLWUH %LEOLRJUDSKLH
32
Figure 1-8 : Diagramme d’Arrhénius du sorbitol et du maltitol [Faivre 1997]
Dans le cadre du modèle de hiérarchie et de défauts, afin d'expliquer les différents
comportements des deux sucres, il a été suggéré qu'on pouvait séparer les contributions
intermoléculaires et intramoléculaires de l’énergie d’activation du processus β. On distingue donc deux
contributions:
• ∆Gβintra qui reste constante sur toute la gamme de température
• ∆Gβinter qui diminue dans la zone de jonction α/β
on a donc :
τβ = kT«
exp
∆Gβintra + ∆Gβinter
kT (1-16)
La jonction α/β correspond au temps pour lequel le mouvement translationnel associé à la viscosité,
devient aussi rapide que le mouvement plus localisé β. On peut donc faire les hypothèses suivantes:
• si T<Tαβ : les contributions intermoléculaires de l’énergie d’activation de la relaxation β sont
indépendante de T car le processus β est plus rapide que α.
• quand T augmente, T>Tαβ : les contributions intermoléculaires sont de moins en moins importantes
car le temps de relaxation du processus à haute température, après la jonction, est aussi rapide que le
temps de relaxation τβ.
Les contributions intermoléculaire et intramoléculaires de l’entropie et de l’enthalpie d’activation de la
relaxation β sont données par les relations pénoménologiques suivantes :
∆Sβinter (T) = ∆SβinterBT
Tαβ
T T>Tαβ (1-17)
∆Hβinter (T) = ∆HβinterBT
Tαβ
T T>Tαβ (1-18)
∆HβinterBT est plus faible pour le maltitol que pour le sorbitol : le maltitol offre des possibilités
importantes de liaisons intramoléculaires entre le cycle et la chaîne, avec une ‘’architecture
complexe’’, les liaisons intermoléculaires étant limitées par rapport au sorbitol. La structure chimique
&KDSLWUH %LEOLRJUDSKLH
33
complexe du maltitol implique que la mobilité généralisée apparaît à plus haute température. Seule la
partie intermoléculaire de l’enthalpie libre est sensible à l’état structural. La contribution
intermoléculaire s’affaiblit à haute température et pour des temps plus courts, impliquant une
température de jonction plus haute et une valeur de ταβ plus faible. Les molécules dont l’architecture
moléculaire est plus complexe pourraient donc être caractérisées par des relaxations secondaires
avec des mouvements à composante intramoléculaire dominantes. Dans les molécules les plus
simples, le caractère intermoléculaire dominerait. Donc pendant la jonction α/β :
Si ∆Gβ est à dominante intermoléculaire : la dynamique de β est fortement influencée par
l’état structural au voisinage de τα/β, et la jonction se produira à des temps plus longs.
Si ∆Gβ est à dominante intramoléculaire : β est peu influencée par l’état structural, et la
jonction se produira à des temps plus courts.
1-4-2- Les Polysulfures de propylène
Une étude intéressante des relaxations a été effectuée par Nicol et al [Nicol 1999], sur deux
polymères qui ont des propriétés très voisines, dont les auteurs ont fait varier la masse, afin d’analyser
les contributions intermoléculaires et intramoléculaires. Deux études ont été menées, en parallèle en
spectroscopie diélectrique principalement, sur des poly(sulfure de propylène) PPS, et sur le poly(oxide
de propylène PPO, deux polymères linéaires de formule -(CH2-CH2-S)- et -(CH2-CH2-O)-
respectivement. Dans le PPS, les liaisons hydrogènes sont très faibles, par conséquent une
comparaison entre PPS et PPO va révéler l’influence des liaisons hydrogènes sur les propriétés
dynamiques. Les terminaisons des chaînes du poly-oxyde sont des fonctions alcool, c’est donc là que
les liaisons hydrogènes se forment, avec n’importe quel oxygène de la chaîne ou d’une chaîne
voisine. Donc plus les chaînes sont courtes, plus il y a de terminaisons alcool, donc plus de liaisons
hydrogène. Ceci se traduit par une réduction de la mobilité. Pour des petites masses moléculaires, la
température de transition vitreuse des PPO dépent faiblement de la masse molaire, alors qu’elle est
très liée à la masse pour les PPS.
La relaxation β du PPS a une énergie d’activation, une largeur et une amplitude qui varient peu avec
la masse. Son origine n’est pas clairement établie mais il semble qu’elle soit fortement liée à la
relaxation α. Les deux relaxations se joignent à 107Hz, et à environ 70K au dessus de Tg. La
fréquence du point de jonction apparaît être plus grande pour les polymères de plus petites masses,
mais il apparaît clairement que les bouts de chaînes influencent les relaxations α et β.
La relaxation β des PPO est plus faible et plus large, et donc plus difficile à caractériser. L’énergie
d’activation est plus faible que pour les PPS, mais les deux relaxations se joignent dans la même zone
de fréquence et d’écart à la Tg.
&KDSLWUH %LEOLRJUDSKLH
34
1-4-3- Le comportement relaxationnel des poly(alkyl méthacrylate)
Figure 1-9 : Formule générale des poly(alkyl méthacrylate)s
avec R=CH3 (méthyl), C 2H5 (éthyl), C 3H7 (propyl), C 4H9 (butyl), C 5H11 (pentyl), C 6H13 (hexyl), ……, C 8H17
(octyl), C 10H21 (décyl), C 12H23(dodécyl ou lauryl)
Les polymères de la famille des poly(alkyl méthacrylate)s montrent une variation graduelle de
comportements relaxationnels dépendant de la structure de la chaîne alkyl latérale. Ces polymères
ont l’avantage de pouvoir être étudiés par de nombreuses techniques complémentaires : ils sont
solides à température ambiante donc tous les tests mécaniques peuvent être effectués. Ces
polymères possèdent un groupement latéral polaire, permettant l’étude par spectroscopie diélectrique.
Etant polaires, ils sont légèrement hydrophiles et prennent en eau (environ 2% en masse pour le
PMMA, <1% pour les autre membre de la famille, plus le nombre de carbone augmente dans la
chaîne latérale, plus le caractère hydrophobe du polymère augmente).
Un diagramme d’Arrhenius, regroupant des résultats obtenus essentiellement en
spectroscopie diélectrique par différents auteurs résume le comportement relaxationnel des
poly(alkylméthacrylate)s (Figure 1-8). Pour des groupements alkyles linéaires (du méthyl à l’hexyl),
plus la chaîne latérale est longue, plus la température de transition vitreuse diminue. Ce phénomène
est expliqué par McCrum [Mc Crum 1967] par le fait que les chaînes latérales séparent les chaînes
principales les unes des autres, ce qui facilite les mouvements α.
Figure 1-10 : Représentation des relaxations α et β par un diagramme d’Arrrhenius pour le PMMA ( •), le
PEMA(∆), le PnPMA( X), le PnBMA( ), et le PnHMA( ο).
Les intersections entre le trait en pointillé et les courbes matérialisent les valeurs des températures des
relaxations α et β pour 1Hz pour chaque polymère, représentées dans le tableau 1-1.
&+ &Q
&
&+
2
5
2
-6
-4
-2
0
2
4
6
82 2,5 3 3,5 4 4,5 5
1000/T(K )
Lo
g f
(H
z)
relaxations α
relaxations β
&KDSLWUH %LEOLRJUDSKLH
35
Le tableau 1-1 résume les valeurs des températures de transition vitreuse, dont les relaxations sont
représentées dans la figure 1-10. L’écart entre la température des maxima des relaxations α et β à
1Hz est aussi donné : ces valeurs mettent en relief le fait que plus la longueur de la chaîne alkyl
latérale augmente, plus les relaxations α et β sont proches.
PMMA PEMA PnPMA PnBMA PnHMA
Tg (°C) 100 74 46 24 0
Tα1Hz/Tβ1Hz 1.43 1.35 1.2 1.1 1
Tableau 1-1 : Températures de transition vitreuse d’une série de poly(alkylméthacrylate)s, et écart
entre les relaxations α et β à 1Hz en fonction de la taille de la chaîne latérale linéaire.
a) Rôle du groupe latéral, identification à l’échelle moléculaire
Les relaxations β de ces polymères semblent assez similaires : c’est du moins un résultat que
l’on retrouve dans de nombreuses publications [Mc Crum 1967]. Cependant, elles ne le sont pas sur
toute la gamme de température, et notamment au niveau de la jonction αβ [Garwe 1996] : après la
jonction, l’énergie d’activation apparente diminue avec le nombre de carbone sur la chaîne latérale.
Ces relaxations β seraient dues à la rotation de la chaîne latérale autour de la liaison C-C(O) (entre la
chaîne principale et le groupement carbonyle), couplée à un mouvement d’une portion de la chaîne
principale. Des mesures de spectroscopie dielectrique [Gomez-Ribelles 1985] pour différents
poly(alkyl méthacrylate)s ont permis de confirmer que la rotation du groupement COOR est impliquée
dans la relaxation β de ces polymères ; les auteurs n’excluent pas que des réarrangements locaux de
la chaîne jouent également un rôle.
b) Apport spécifique de la RMN
Le processus β n’est pas strictement localisé au groupement latéral. En effet, il s’agirait d’une
rotation de 180° du groupe latéral accompagnée d’un réarrangement de la chaîne principale qui se
comporte comme un mouvement de rotation autour de l’axe local d’une amplitude de ± 20°.
Ceci est montré par des étude de RMN multidimensionnelle sur le poly(éthylméthacrylate) et le
poly(méthylmétacrylate) [Kulik 1994]. Notons que le domaine de temps observé en RMN est de l’ordre
de la microseconde.
&KDSLWUH %LEOLRJUDSKLH
36
Figure 1-11 : Représentation en 2D d’une unité du PnBMA le long de la chaîne principale : la rotation du
groupe latéral est matérialisée par une flèche et un angle de 180° et le mouvement de la chaîne principale
est associé à une flèche et un angle de 20° autour de l’axe local de la macromolécule.
Un résultat décisif de cette l’étude est de quantifier le nombre de groupes qui participent à
chaque relaxation. Notons que ceci se voit aussi qualitativement par l’intensité croissante des
relaxations analysées en spectroscopie diélectrique lorsque la température augmente, l’intensité étant
proportionnelle au nombre de dipôles en mouvement.
Les études de RMN montrent que dans le PEMA (Tg = 338K), seulement 40% des groupes latéraux
participent à la relaxation β, c’est à dire que 60% restent bloqués à T/Tg=0,88. Les mouvements dans
le PMMA et le PEMA sont de même nature mais il y a moins de groupes latéraux ‘’immobiles’’ dans le
PMMA (Tg’ = 390K) où 50% des unités sont emprisonnées dans l’environnement, pour la même
température réduite. Lorsque la température se rapproche de Tg, le nombre de groupes latéraux
emprisonnés diminue, mais ce n’est qu’à environ Tg+30° que tous les groupes latéraux participent au
mouvement dans la fenêtre de temps caractéristique.
A 355K et 365K le couplage entre les mouvements β du groupe latéral et les mouvements α des
chaînes principales augmente, et se manifeste par une augmentation de l’amplitude de l’oscillation qui
atteint une valeur de 40° à 355K et 50° à 365K autour de l’axe local de la chaîne (Figure 1-9). Pour
aboutir finalement aux mouvements de chaînes très anisotropes bien au dessus de Tg, où le
mouvement d’oscillation autour de l’axe local de la chaîne principale devient plus rapide de deux
ordres de grandeur que la rotation de l’axe de la chaîne lui même. Les valeurs des énergies
d’activation déduites des résultats de RMN sont en accord avec celles trouvées par spectroscopie
diélectrique, mais en plus, la RMN peut détecter le couplage entre les mouvements des chaînes
latérale et principale. La jonction entre les relaxations α et β du PEMA apparaît vers 400K, c’est à dire
à une température réduite de T/Tg=1.175, ce qui correspond à un résultat déjà obtenu pour de
nombreux liquides surfondus. Les mesures de RMN du 13C montrent que les mouvements du groupe
latéral sont très restreints, non seulement dans l’état vitreux, mais aussi au dessus de Tg : les
contraintes de mouvement sont causées par le compactage des chaînes et les interactions avec les
voisines.
20°
180°
Chaînelatérale
Axe local de lachaîne principale
C
O
CO
&KDSLWUH %LEOLRJUDSKLH
37
Cependant, la relaxation α, ainsi que la jonction entre la relaxation α et la relaxation β restent très
dépendantes de la géométrie donc de l’encombrement stérique de la chaîne latérale.
c) La jonction α/β dans les poly(alkyl méthacrylate)s
De nombreux auteurs [Beiner 1999][Floudas 1998] ont étudié la série des poly(n-
alkylméthacrylate)s : la série allant du poly(méthyl méthacrylate) (C=1), au poly(dodécyl méthacrylate)
(C=12), et le tableau suivant résume les températures et les fréquences de jonction, ainsi que les
paramètres reflétant la fragilité m.
PMMA PEMA PnBMA PnHMA
Tαβ (K) 455 395 340 295
Log(Fαβ/Hz) 6.2 3.6 2.3 1.1
m 136 68 48 35
Tableau 1-2 : Classement des températures et des fréquences de jonction des relaxations α et β, et de la
fragilité (m) pour quatre polymères de la série de Poly(alkylméthacrylate)s [Beiner 2001]
La fragilité semble pouvoir être reliée à la longueur de la chaîne latérale, ou bien à la température Tαβ
ou fréquence de jonction Fαβ.
Plus la longueur de la chaîne latérale augmente, plus la température de jonction diminue. Ceci est lié
au fait que la relaxation α est de plus en plus proche de la relaxation β lorsque le nombre de carbones
dans la chaîne latérale augmente, alors que la relaxation β varie peu (même gamme de fréquence et
de température pour chaque polymère). Ce comportement peu être comparé à celui du couple sorbitol
/maltitol présenté dans le paragraphe précédent. La variation de la fréquence de jonction adopte le
même comportement : plus la chaîne latérale est longue, plus les relaxations α et β se joignent à
basse fréquence (ceci justifie qu’on les étudie par des techniques basses fréquences qui découplent
mieux les relaxations α et β).
Un changement de comportement assez clair est observé dans cette famille en ce qui concerne la
fragilité : le PMMA a un comportement plutôt de liquide fragile car m>100, selon la classification
d’Angell. Quand la longueur de la chaîne latérale augmente, les matériaux adoptent un comportement
de liquide plus fort.
d) Relaxations basses températures
Relaxation γ Cette relaxation, présente pour tous les membres de la famille du PMMA, se
situe vers 150K pour 1Hz, et serait attribuée à la mobilité des molécules d’eau [Muzeau 1992].
Mais une autre interprétation a été donnée à la présence de cette relaxation : Heijboer [Heijboer 1992]
l’a d’abord remarquée dans le poly(n-hexyl méthacrylate), mais elle est présente pour les poly(n-
alkylméthacrylate)s dont le nombre de -CH2- dans la chaîne alkyl latérale est supérieur à 3. Son
intensité augmentent avec le nombre de CH2. Elle est peu apparente en spectroscopie diélectrique, ce
&KDSLWUH %LEOLRJUDSKLH
38
qui prouverait que le carbonyl n’est pas impliqué dans ce processus. Les mouvements qui lui seraient
associés sont donc décrits comme des mouvements de chaîne alkyle (comme dans le polyéthylène).
Relaxation δ Un dernière relaxation, la relaxation δ, est observée vers 100K à 1Hz et des
résultats de simulation de mécanique moléculaire prédisent une rotation de la chaîne latérale autour
de la liaison C-O [Heijboer 1992]. Ce mouvement est peut-être lié à un changement de configuration
de la chaîne latérale. En effet, Heijboer a déduit, par mécanique moléculaire, l’énergie d’activation de
la rotation du groupe alkyl autour de la liaison C-O, une énergie d’activation comparable aux résultats
expérimentaux.
Cette relaxation ne peut correspondre à un mouvement interne à la chaîne latérale qui ressemblerai à
un mouvement élémentaire du Polyéthylène, car elle est présente dans le PEMA et le PcyHMA, dont
la structure ne permet pas ces mouvements [Baas 1991].
e) Caractérisation structurale en diffraction des rayons X : corrélation structure/propriétés
Une étude en Rayon X aux petits angles montre qu’il y aurait apparition de nanophases pour
ces polymères, à partir de C=2 [Beiner 1999].
Une hétérogénéité serait provoquée par le regroupement des chaînes alkyles latérales.
La figure 1-12 présente les diagrammes de diffraction des rayons X pour la série des poly(n-
alkylméthacrylate)s.
A l’exception du PMMA, les diagrammes WAXS des poly(alkylméthacrylate)s présentent trois bosses
amorphes [Miller 1984][Floudas 1998] : les pics à grand Q, avec une distance de Bragg environ
équivalente à 5 Å, correspond à la distance de Van Der Waals (VDW) entre deux atomes non liés de
manière covalente, et est appelé pic de VDW. La variation en température de ce pic reflète bien
l’expansion thermique du matériau.
Le pic intermédiaire correspond à l’unique pic observé pour le PMMA, sa présence n’est pas
clairement expliquée dans la littérature.
Le pic à petit angle, correspondant donc à des plus grandes distances, est appelé ‘’Low Van Der
Waals peak’’ (LVDW), et varie systématiquement avec le nombre de carbone dans la chaîne alkyl
latérale (tableau 1-3). Il correspond à des distances entre 10 et 18 Å et reflète principalement la
distance moyenne entre deux chaînes principales adjacentes, et augmente donc avec la longueur de
la chaîne latérale.
&KDSLWUH %LEOLRJUDSKLH
39
Figure 1-12 : Diagrammes de diffraction des rayons X des poly(n-alkylméthacrylate)s [Miller 1984]. Le
nombre de carbone pour chaque alkyle est indiqué.
Les courbes ont été translatées verticalement pour plus de clarté.
PMMA PEMA PnPMA PnBMA PnHMA PnOMA PnDMA
Nombre de C 1 2 3 4 6 8 10
LVDW (nm) 0.6 1.1 1.16 1.25 1.4 1.4 1.72
Tableau 1-3 : Classement des longueurs correspondant au pic LVDW (nm) en fonction du nombre de
carbone dans la chaîne latérale [Floudas 1998].
Il existe donc des corrélations entre les informations de nature statique contenues dans ce pic et des
caractéristiques dynamiques reliées à la fragilité.
D’autre part, il est peut être possible de relier la position de ce pic au pic Boson. En effet, dans de
nombreux verres un pic est obtenu dont la position varie entre 0.8 et 2 Å-1 par diffraction de rayons X
ou de neutrons, qui correspond à un ordre à plus grande distance que celui donné par la distance
entre plus proches voisins. Il peut s’agir de fluctuations de densité qui induisent une localisation des
phonons ou bien des corrélations interchaines sans qu’elles soient nécessairement interprétées en
terme de domaines de fluctuations de densité [Elliott 1992].
1
2
3
4
5
6
I I I I I I4 8 12 16 20 24
Angle 2θ
intensité
LVDWVDW
&KDSLWUH %LEOLRJUDSKLH
40
1-5- Conclusions : choix des Poly(Butyl Méthacrylate)s PBMA
C’est une des problématiques du laboratoire de relier les propriétés macroscopiques des
systèmes aptes à former un verre et la structure de ces matériaux. Le choix des isomères du PBMA
devrait nous permettre d’observer les modifications induites par une modification de la chaîne latérale
sur les propriétés dynamiques. Ces matériaux peuvent être analysés par de nombreuses techniques
expérimentales : spectroscopie mécanique et diélectrique, mesures calorimétriques, diffusion de
neutron et diffusion Raman, ainsi que simulation de dynamique moléculaire. Toutes ces études
complémentaires pourront apporter des informations sur une large gamme de mouvements et de
vibrations dans les matériaux.
Les PBMA constituent un système comparable au système sorbitol/maltitol [Faivre 1997] : nous
pourrons les comparer au niveau des contributions intermoléculaires et intramoléculaires des
interactions. Nous essaierons aussi de comparer le comportement de nos matériaux, dont la
différence est la taille et la forme de la chaîne latérale, au système des PPS dont les chaînes ont des
longueurs différentes.
&KDSLWUH 0DWpULDX[
41
2- Matériaux
2-1- Les matériaux étudiés : caractérisations chimique et calorimétrique
Les trois poly(butyl méthacrylate)s que nous allons étudier ont une formule brute similaire,
ayant chacun un isomère du groupe butyle dans leur chaîne latérale. Leurs formules chimiques et
leurs propriétés de base sont résumées dans le tableau 2-1.
Poly(n-butyl méthacrylate)
PnBMA
Poly(iso-butyl méthacrylate)
PiBMA
Poly(ter-butyl méthacrylate)
PtBMA
Tg ≈ 300Keywords Tg ≈ 330K Tg ≈ 360K
d ≈ 1,05 d ≈ 1,04 d ≈ 1,03
L1 =8.3 Å L2 =7 Å L3 =5.8 Å
Tableau 2-1 : présentation des trois poly(butylméthacrylate)s, avec la température de transition vitreuse
Tg, la densité [McCrum 1967] et la taille de la chaîne latérale L (L = distance entre le carbone quaternaire
de la chaîne principale et le CH 3 de bout de chaîne –chaîne déployée).
Ces polymères présentent des différences de température de transition vitreuse et de
densité. Bien qu’ayant une densité plus faible, le PtBMA possède la température de transition vitreuse
la plus haute. Il n’y a donc pas de relation entre le volume libre et température de transition vitreuse
dans cette série de polymères. En fait, le PtBMA a la chaîne latérale la plus ‘’rigide’’ à cause du
carbone quaternaire, et de plus elle est plus courte.
Ces matériaux proviennent de ‘’Polysciences’’ (www.polysciences.com) sous forme de
granulés et sont pressés à chaud (∼Tg + 10) pour obtenir des plaques transparentes, les films ainsi
produits sont analysés en spectroscopies mécanique et diélectrique, ainsi qu’en diffusion de neutrons
et Raman.
Les trois polymères sont atactiques. Leur masse molaire moyenne a été mesurée par Mr
Lucas par Chromatographie par Perméation de Gel (GPC) au laboratoire LMPB à l’université Claude
Bernard LYON 1. Les masses moyennes en nombre et les indices de polymolécularité (Ip) sont
donnés dans le tableau 2-2.
L2L1
L3
&+ &Q
&
&+
2
&+
&+
&+
&+
2
&+ &Q
&
&+
R
&
&+
&+ &+
R
&+
&+ &Q
&
&+
2
&+
&+
&+
2
&KDSLWUH 0DWpULDX[
42
Mn (g.mol-1) Ip
PnBMA 40000 3.5
PiBMA 32000 4.7
PtBMA 23000 5
Tableau 2-2 : Caractérisation des matériaux en GPC : masse molaire en nombre et indice de
polymolécularité.
Les températures de transition vitreuse sont obtenues par DSC, (DSC 7 PERKIN ELMER), et
le saut de capacité calorifique de chaque polymère est donné dans le tableau 2-3. Chaque polymère a
subi au préalable un traitement thermique visant à leur donner à tous les trois la même histoire
thermique : une montée en température au dessus de Tg (T≈Tg + 40), puis après une stabilisation de
dix minutes à cette température, une descente à vitesse constante (10K/min) jusqu’à la température
de début de balayage.
Figure 2-1 : Représentation du saut de chaleur spécifique correspondant à la transition vitreuse du
PnBMA. Les courbes sont obtenues par DSC. La zone de transition vitreuse est centrée sur 25°C.
Des essais réalisés avec un appareil mieux adapté pour les basses températures (mais moins
sensible : Metler TA3000) ont permis de confirmer les résultats du tableau 2-3.
0
0,5
1
1,5
2
10 20 30 40T (°C)
Cp
(J.K
-1.g
-1)
Tg
∆Cp
&KDSLWUH 0DWpULDX[
43
Figure 2-2 : Représentation du saut de chaleur spécifique correspondant à la transition vitreuse du
PiBMA. Les courbes sont obtenues par DSC. La zone de transition vitreuse est centrée sur 63°C.
Figure 2-3 : Représentation du saut de chaleur spécifique correspondant à la transition vitreuse du
PtBMA. Les courbes sont obtenues par DSC. La zone de transition vitreuse est centrée sur 87°C.
Tg (°C) ∆Cp (J.K-1.g-1) ± 0.2
PnBMA 25 0,25
PiBMA 63 0,3
PtBMA 87 0,35
Tableau 2-3 : Classement des températures de transition vitreuse et des amplitudes des sauts de chaleur
spécifique pour les trois polymères.
0
0,5
1
1,5
30 40 50 60 70 80
T (°C)
Cp
(J.K
-1.g
-1)
Tg
∆Cp
0
0,5
1
1,5
40 50 60 70 80 90 100
T (°C)
Cp
(J.K
-1.g
-1)
Tg
∆Cp
&KDSLWUH 0DWpULDX[
44
2-2- Caractérisation structurale des PBMA
Les trois matériaux sont des polymères amorphes, donc aucun ordre à longue distance n’est attendu.
Cependant, dans un matériau donné, les chaînes latérales qui sont toutes de même taille vont
imposer des distances caractéristiques entre chaînes (voir le paragraphe 1-4-3-e). C’est ce que l’on
peut observer en diffusion aux petits angles et aux grands angles des Rayons X (SAXS et WAXS).
Figure 2-1 : Diagramme de diffusion des rayons X aux grands angles (WAXS) du PnBMA ( ), PiBMA (zz) et
du PtBMA ( ).
Le tableau 2-2 résume la position de chaque pic pour chaque polymère, et la distance caractéristique
correspondante.
Pic c Pic d
q (Å-1) d (Å) q (Å-1) d (Å)
PnBMA 0.522 9.55 1.167 5.38
PiBMA 0.59 10.65 1.247 5.05
PtBMA 0.658 12.05 1.273 4.95
Tableau 2-2 : Classement des positions des deux pics sur les diagrammes de diffusion des rayons X, et
distances correspondantes.
Ces polymères présentent tous deux pics, dont le pic d qui est environ à 1,2 Å-1 pour tous les
polymères. Ce pic correspond au distances de Van Der Waals entre deux atomes non liés, et est
défini dans le chapitre 1 pour les poly(n-alkyl méthacrylate)s, dont la chaîne alkyle latérale est linéaire.
0
500
1000
1500
0 1 2 3
q (A -1)
Inte
nsité
q (Å-1)
c
d
&KDSLWUH 0DWpULDX[
45
La présence des pics c révèle une ‘’structure’’ dont l’échelle de taille est plus grande qu’un simple
contact atomique, avec une régularité et une concentration suffisante pour donner un pic de diffusion.
Ces pics correspondent à la distance entre les chaînes principales, qui sont écartées les unes des
autres par les chaînes latérales : ces distances sont liées à la taille de la chaîne latérale.
Il apparaît parfois un pic intermédiaire qui est peu discuté dans la littérature, mais dont la position
correspond à celle du pic que l’on observe dans le PMMA.
2-3- Autres systèmes étudiés
Nous utiliserons dans le chapitre 5 des matériaux supplémentaires qui nous servirons d’outils
de comparaison en diffusion de neutron : le PsBMA et le PnBA dont les formules sont les suivantes :
Poly(sec-butyl méthacrylate) Poly(n-butyl acrylate)
PsBMA PnBA
Ces polymères ont été synthétisés au laboratoire : le PsBMA a été polymérisé en masse,
polymérisation amorcée par l’AIBN (Mn = 113000 g.mol-1, Ip = 4.9), le PnBA a été synthétisé par
polymérisation en émulsion.
Quelques expériences seront effectuées dans le chapitre 4 sur une série de poly(sulfure de
propylène)s linéaires (ou PPS) de différentes tailles, pour comparer le comportement du matériau à la
jonction des relaxations α et β. Les caractéristiques de ces matériaux seront alors données.
Ces matériaux nous ont été fournis par le laboratoire de Polymères, Colloïdes et Interfaces de
l’université du Maine.
&+&Q
&
&+
R
&+
&+
&+
&+
R
&+ &Q
&
+
2
&+
&+
&+
&+
2
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
47
3 - Dynamique aux temps longs
De nombreux phénomènes de relaxation peuvent être observés à l’état vitreux, c’est à dire à des
températures inférieures à la température de transition vitreuse grâce aux techniques basses
fréquences. La dynamique des relaxations secondaires, mais aussi celle de la relaxation principale,
qui change de régime de part et d’autre de la transition vitreuse, sont décrites et analysées dans ce
paragraphe.
3-1- Caractérisation isochrone
3-1-1- Spectroscopie mécanique
Ces polymères, bien qu’ayant des structures très voisines, ont des comportements
relaxationnels assez différents. Les spectres des relaxations des trois polymères obtenus par
spectroscopie mécanique sont représentés sur la figure 3-1-1.
Figure 3-1-1 : Caractérisation isochrone à 0,316Hz en spectroscopie mécanique, pour le PnBMA( ), le
PiBMA( ) et le PtBMA( ).
On retrouve bien sûr pour les trois polymères une relaxation α, dans la zone de température
de transition vitreuse : en effet, les Tg de ces trois polymères sont respectivement 25°C, 65°C et 90°C
(298K, 338K et 363K). Les relaxations β sont difficiles à observer et ne forment pas un pic de
frottement interne bien défini comme la relaxation α. En revanche, pour le PnBMA, on peut observer
que l’intensité de la relaxation β est plus grande que pour les autres polymères, ce qui pourrait être dû
au fait que la relaxation α est plus proche, conduisant ainsi à un renforcement apparent au niveau de
tan ϕ au voisinage de la relaxation β. La relaxation β semble identique pour le PiBMA et le PtBMA.
0,001
0,01
0,1
1
80 130 180 230 280 330 380T(K)
tan
ϕ
αβγδ
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
48
Après un traitement thermique de 48h à une température d’environ 20K au dessous de la
température de transition vitreuse, une relaxation structurale se produit et permet de ‘’creuser’’ les
isochrones entre ces deux relaxations, et la relaxation β apparaît plus visiblement [Beiner 1994]. Le
vieillissement physique permet aux motifs constitutifs de s’organiser, et peut augmenter la
coopérativité, ce qui entraîne une augmentation du temps de relaxation du processus α dans l’état
vitreux. C’est ce que nous pouvons observer sur la figure 3-1-2.
Une relaxation γ, de faible amplitude, est aussi présente pour les trois polymères : elle est associée à
la présence d’eau, ces polymères étant légèrement hydrophiles. Selon la littérature, l’eau ne ferait pas
de liaisons hydrogène avec les groupements polaires des polymères à cause des chaînes latérales
[Dionisio 1994], mais jouerait quand même un rôle de plastifiant. Pour mettre en évidence ce
phénomène, des mesures de spectroscopie mécanique sont présentées figure 3-1-2 sur un
échantillon de PiBMA laissé dans l ‘eau pendant un mois à température ambiante, et sur un
échantillon de PiBMA qui a subi un traitement thermique à une température proche de Tg, destiné à
éliminer l’eau.
Figure 3-1-2 : Série d’isochrones représentant l’influence de l’eau et du traitement thermique sur le
comportement mécanique à 1Hz du PiBMA .
Le traitement thermique diminue l’intensité de la relaxation α et augmente celle de la relaxation β.
L’hydratation augmente l’amplitude de la relaxation γ. Néanmoins, d’après cette figure, on peut
conclure que les effets de l’eau sur les autres relaxations ( α, β, et δ) des échantillons utilisés pour
l’étude sont faibles.
Une dernière relaxation est présente dans la gamme de température étudiée, pour le PnBMA et le
PiBMA, appelée relaxation δ, qui se situe à plus basse température. Cette relaxation est donc
directement liée à la chaîne butyle. Avec un simple modèle moléculaire, il est facile de voir que le
groupe ter-butyle, très encombré, ne peut pas tourner autour de la liaison C-O car il est bloqué par le
carbonyle (C=O). Comme nous le verrons par la suite avec des calculs de dynamique moléculaire,
aucune distorsion de liaison n’est possible pour le laisser tourner. La relaxation δ est donc associée à
la rotation des groupes alkyles autour de la liaison ester (C-O).
0.001
0.01
0.1
1
80 130 180 230 280 330 380
T (K)
tan
ϕ étatde référence fortement hydraté
vielli à T<Tg
δ
α
β
γ
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
49
3-1-2- Spectroscopie diélectrique.
Les matériaux étudiés ont des composantes du moment dipolaire le long de la chaîne latérale
(liaison C-O) et perpendiculaire à la chaîne latérale (liaison C=O). Les mouvements actifs en
spectroscopie mécanique impliquant le mouvement de ces dipôles répondent donc également en
spectroscopie diélectrique.
La figure 3-1-3 représente l’allure du spectre obtenu par spectroscopie diélectrique pour le PiBMA.
Figure 3-1-3 : Comportement diélectrique en température du PiBMA, les fréquences explorées sont
précisées sur la figure.
Nous observons à basse fréquence le découplage des relaxations : en effet, il est clair sur cette figure
qu’à haute fréquence, par exemple sur l’isochrone à 10000 Hz, les relaxations α et β sont
superposées, ainsi que les relaxations secondaires (γ et δ). Compte tenu du fait que ces processus
sont thermiquement activés, les relaxations se décalent vers les hautes températures quand la
fréquence augmente, surtout pour la relaxation α pour laquelle nous pouvons suivre parfaitement le
déplacement du maximum. La figure 3-1-4 montre une comparaison de la réponse de tous les
systèmes à 1Hz.
En plus de nos trois matériaux de départ, nous avons étudié ici, comme élément de comparaison, le
PsBMA qui a une structure très proche du PiBMA car il correspond au quatrième isomère du butyle.
0,001
0,01
0,1
1
80 130 180 230 280 330 380
T (K)
tan
ϕ 0,01Hz
1Hz
0,1Hz
10Hz
100Hz
1000Hz
10000Hz
αβγδ
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
50
Figure 3-1-4 : Comportement diélectrique en température à 1Hz des poly(butylméthacrylate)s :
le PnBMA ( ), le PiBMA ( ), le PtBMA ( ) et le PsBMA ( x).
Le comportement global, et les différences entre les polymères sont les mêmes qu’en spectroscopie
mécanique. La relaxation α se déplace à l’image de la transition vitreuse lorsque l’encombrement du
groupe butyle varie. A priori, les relaxations secondaires sont identiques. L’intensité des pics,
considérée comme proportionnelle au nombre d’espèces relaxantes, prouverait qu’il n’y a pas toujours
le même nombre de groupements qui bougent pour tous les polymères lors d’un processus donné (si
on admet que les moments dipolaires portés par les chaînes latérales sont les mêmes pour tous les
polymères). Par exemple, pour la relaxation β : le fait que son intensité soit plus grande dans le
PnBMA que dans les autres polymères, pourrait s’expliquer par la plus grande souplesse de la chaîne
latérale linéaire par rapport à ses isomères, qui faciliterai le mouvement de rotation.
3-1-3- Comparaison entre les deux spectroscopies
La figure 3-1-5 donne une première comparaison entre les spectroscopies mécanique et
diélectrique : les isochrones à 1Hz de la partie imaginaire du module mécanique et la partie imaginaire
de la permittivité diélectrique sont représentées sur le même graphique.
0.001
0.01
0.1
80 130 180 230 280 330 380
T (K)
tan
ϕ
γδ β α
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
51
Figure 3-1-5 : Comparaison des spectres mécanique ( zz) et diélectrique ( ) du PiBMA à 1Hz. Les
relaxations se retrouvent aux mêmes températures par les deux spectroscopies.
Les premières remarques générales sur les différences entre les résultats de spectroscopie
diélectrique et mécanique sont tout d’abord sur le profil général qui est globalement le même au
niveau de la présence des quatre relaxations.
Les intensités relatives des relaxations secondaires sont différentes en spectroscopie mécanique ou
diélectrique. En effet, les données mécaniques montrent une amplitude de la relaxation δ supérieure à
celles des relaxations β et γ, alors que les données diélectriques montrent des relaxations γ et δ
comparables et une relaxation β plus intense.
Cependant, il faut noter que les ‘’sondes’’ sont différentes pour les deux spectroscopies : il serait donc
plausible de trouver un écart de température pour les relaxations α. C’est ce que nous verrons par la
suite : les relaxations αmécanique et αdiélectrique ne présentent pas toujours le même comportement.
3-1-4- Complaisance/module
Nous avons comparé les deux spectroscopies en considérant les valeurs de la partie
imaginaire de la susceptibilité. Mais il se pose le problème de comparer des mesures mécaniques
représentées en module et des mesures diélectriques représentées en complaisance. En effet, une
expérience de relaxation fournit des variables intensives (par exemple la contrainte mécanique σ ou le
champ électrique E) en fonction d’une variable extensive (respectivement la déformation γ ou la
polarisation P), alors qu’une expérience de recouvrement fournit les variations d’une variable
extensive en fonction d’une variable intensive. Ceci conduit à la définition de deux types de
susceptibilité : le module et la complaisance.
Dans le cas d’expériences de spectrométrie mécanique, le module G* et la complaisance J*
complexes sont définis comme suit :
0.01
0.1
1
10
100
80 130 180 230 280 330 380
T (K)
ε",G
"
δγ
β
α
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
52
G*(iω) = σ*(iω)γ*(iω) = G’ + i G’’ (3-1-1)
J*(iω) = γ*(iω)σ*(iω) = J’ - i J’’ (3-1-2)
Avec σ*(iω) et γ*(iω) les expressions complexes respectivement de la contrainte et de la déformation
harmonique.
Remarque : - J''J' =
G''G' = tan ϕ (3-1-3)
De manière équivalente, la permittivité et le module diélectriques dynamiques sont définis par les
expressions suivantes :
ε*(iω) = D*(iω)E*(iω) = ε’ - i ε’’ (3-1-4)
M*(iω) = 1
ε*(iω) = M’ + i M’’ (3-1-5)
Module et complaisance sont reliés par : G*(iω).J*(iω) = 1 (3-1-6)
Les deux types de dépouillements mettent en évidence les différences entre les spectres des mêmes
résultats représentés en complaisance ou en module, qui se traduisent par un écart entre les temps
de relaxation et les temps de retard. Il s’avère que plus l’amplitude du phénomène de relaxation
∆G = Gnon relaxé - Grelaxé est grande, plus les écarts entre les maxima de J’’ et de G’’ sont importants.
Ceci peut s’illustrer par une équation qui relie les temps de relaxation de la complaisance et du
module diélectrique, dont les courbes sont ajustées avec le même modèle biparabolique. Les détails
du modèle seront présentés dans le chapitre 4. Diaz-Calleja et al [Diaz-Calleja 1995] ont recalculé
l’équation biparabolique, appliquée en général sur les modules, avec les permittivités, et ont calculé
l’écart entre les temps de relaxation qui est donné par l’équation 3-1-7 :
τε
τM =
1+
∆εεrelaxée
1k (3-1-7)
τε est le temps caractéristique du processus analysé en complaisance, τM est le temps caractéristique
du processus analysé en module, k est un paramètre ajustable du modèle biparabolique.
Si l’amplitude du phénomène de relaxation ∆ε (ou ∆G) augmente, et l’écart entre les temps de
relaxation issus du dépouillement en module et en complaisance augmente.
La comparaison des modules et des complaisances pour les données de spectroscopie mécanique
est illustrée sur les figures 3-1-6 et 3-1-7.
Pour la partie imaginaire du module et de la complaisance montrée sur la figure 3-1-7 : G’’ et J’’ ont le
même comportement à basse température, mais ils changent de comportement vers 250K, ce qui
correspond à la zone de température de la relaxation β.
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
53
De plus, il semble que la relaxation α soit décalée vers les hautes températures lorsque l’on dépouille
en complaisance.
Figure 3-1-6 : Représentation des isochrones de spectroscopie mécanique du PnBMA à 1Hz, partie réelle
du module G’ (GPa) et de la complaisance J’ (GPa -1).
Figure 3-1-7 : Représentation des isochrones de spectroscopie mécanique du PnBMA à 1Hz, partie
imaginaire du module G’’ (GPa) et de la complaisance J’’ (GPa -1).
Sur la figure 3-1-7, la courbe G’’ présente un maximum plus clair que la courbe J’’. Il est ainsi plus
facile d’analyser les données de spectroscopie mécanique en module, c’est donc ce mode de
dépouillement que nous utiliserons dans l’étude.
En ce qui concerne la spectroscopie diélectrique, la différence entre le module et la complaisance est
plus faible, comme le montrent les figures 3-1-8 pour la partie réelle et 3-1-9 pour la partie imaginaire.
T (K)
1E-4
1E-2
1E+0
1E+2
1E+4
80 130 180 230 280 330 380
G',
J' (
GP
a)
104
102
1
10-2
10-4
4 décades
G’
J’
1E-6
1E-4
1E-2
1E+0
1E+2
1E+4
80 130 180 230 280 330 380
T (K)
G",
J"
(GP
a)
104
102
1
10-2
10-4
10-6
G’’
J’’
αβγ
δ
α
βγδ
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
54
Figure 3-1-8 : Comparaison des isochrones de spectroscopie diélectrique dont la partie réelle est
dépouillée en module M’ ou en complaisance ε’, pour le PiBMA pour des fréquences de 0,01 Hz ; 0,1Hz ;
1Hz ; 10 hz ; 100Hz ; 1000Hz et 10000Hz.
Figure 3-1-9 : Comparaison des isochrones de spectroscopie diélectrique dont la partie imaginaire est
dépouillée en complaisance ( RX HQ PRGXOH GX OH PiBMA pour des fréquences de 0,01 Hz ; 0,1Hz ;
1Hz ; 10 hz ; 100Hz ; 1000Hz et 10000Hz.
On observe bien sûr, comme pour les données mécaniques, une variation inverse entre ε’ et M’.
D’autre part, les parties imaginaires semblent avoir le même profil en complaisance et en module à
basse température pour les relaxations secondaires, mais un léger décalage est observé pour la
1E-5
1E-4
1E-3
1E-2
1E-1
1E+0
80 130 180 230 280 330 380
T(K)
ε", M
"
1
10-1
10-2
10-3
10-4
10-5
1E-1
1E+0
1E+1
80 130 180 230 280 330 380
T(K)
ε', M
' 10
1
10-1
∆ε < 1 décade
∆M < 1 décade
ε’
M’
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
55
relaxation α. Notons que cet écart entre module et complaisance est très petit pour les spectres
diélectriques par rapport à l’écart trouvé en mécanique. Sur la figure 3-1-7, si on compare les
températures correspondant aux sommets des pics de G’’ et de J’’ pour la relaxation α en
spectroscopie mécanique, on trouve un écart d’environ 40K. Sur la figure 3-1-9, l’écart correspondant
en spectroscopie diélectrique n’est que de quelques degrés. L’écart est donc dix fois plus faible en
diélectrique, ce qui est compatible avec le fait que l’amplitude de la relaxation diélectrique ∆ε ou ∆M
est de plusieurs ordres de grandeurs plus petit que ∆G ou ∆J.
Pour pouvoir comparer les résultats des deux spectroscopies, il faut choisir la même méthode de
dépouillement. Nous allons étudier les modules mécaniques, par conséquent, il faut utiliser les
modules diélectriques. Par la suite, nous allons modéliser les résultats de spectroscopie diélectrique,
et nous parlerons plutôt en permittivité (complaisance) diélectrique. C’est pourquoi nous utiliserons les
deux dépouillements, bien que l’écart de température soit très faible entre les deux. En général, le
dépouillement en complaisance ou en module conduit à la même dépendance en température du
temps de relaxation, mais on observe une translation le long de l’axe de temps dans un diagramme de
relaxation lorsque l’on considère les résultats de spectrométrie mécanique. Les résultats de
spectrométrie diélectrique sont très peu sensibles au mode de dépouillement (c’est un des intérêts de
la spectroscopie diélectrique).
3-2- Analyse isotherme
3-2-1- Analyse par spectroscopie mécanique
Les courbes maîtresses sont obtenues à partir des isothermes mesurées tous les deux
degrés, sur un balayage de fréquence de 1Hz à 10-4Hz. L’acquisition des spectres à basse fréquence
augmente les temps de mesures : l’établissement d’une courbe maîtresse représente donc des temps
de mesure de l’ordre du mois. A partir de l’hypothèse de l’équivalence temps-température, toutes les
isochrones sont décalées sur l’axe des fréquences pour former une courbe commune. Le résultat est
une courbe globale qui couvre toute une gamme de fréquences auxquelles on ne peut accéder
expérimentalement. Pour chaque isochrone correspond un facteur de translation ou de décalage a(T)
par rapport à la température de référence. Le détail du tracé d’une courbe maîtresse est présenté en
annexe.
Pour le calcul de ces facteurs, il faut donc choisir une courbe de référence. Il est commode de choisir
cette isotherme de référence dans une gamme de température où la courbe de G’’ présente un
maximum. Les facteurs de décalages sont les mêmes pour chaque isotherme en tanϕ, G’’ et G’, mais
l’isotherme de référence pour chaque relaxation peut changer.
Les figures suivantes représentent les courbes maîtresses obtenues en tanϕ, G’’ et G’. Travailler sur
tanϕ permet de s’affranchir de l’évolution éventuelle de la forme de l’échantillon pendant les mesures,
surtout à haute température lorsque le fluage peut éventuellement perturber les mesures.
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
56
Les courbes maîtresses de la partie réelle du module G’ seront présentées dans un deuxième temps :
nous ne pouvons pas les utiliser pour déterminer les coefficients de décalage car elles ne présentent
pas de maximum.
La première isotherme est effectuée à une température de 30K au dessus de Tg pour chaque
polymère, de manière à ‘’effacer’’ l’histoire thermique des matériaux.
Trouver des coefficients de décalage est difficile entre les relaxations α et β, à une température juste
en dessous de la transition vitreuse, car le principe d’équivalence temps-température ne s’applique
pas bien. Ce phénomène est dû principalement au vieillissement physique, qui a pour conséquence
de diminuer la valeur de tanϕ (et G’’) entre les relaxations α et β, mais il n’a pas de conséquences
importantes sur les relaxations γ et δ. Notons aussi que cette zone est une zone de transition entre
deux relaxations qui n’ont pas la même énergie d’activation.
Dans cette zone de relaxation structurale, les coefficients de décalage ont été attribués en traitant
tanϕ et G’’ parallèlement pour réduire les incertitudes. En terme d’histoire thermique, cette zone
montre la séparation entre le domaine de température où la relaxation structurale est plus rapide que
les fréquences de sollicitation explorées (hautes températures), et le domaine de température où elle
devient trop lente pour induire une relaxation structurale mesurable à basse température : le système
se fige, les isothermes se recollent sans problème pour la caractérisation de la dynamique à l’état
vitreux isoconfigurationnel.
Les figures 3-2-1 et 3-2-2 montrent les courbes maîtresses en tanϕ et en G’’ du PnBMA. Pour ce
polymère, les relaxations α et β sont très proches, et la zone de fréquence qui les sépare est difficile à
analyser. Il n’est pas possible de déterminer un maximum pour la relaxation α sur les isothermes en
G’’ (figure 3-2-2), donc nous les avons déterminé en traçant la courbe maîtresse en tanϕ.
En utilisant ces facteurs pour construire la courbe maîtresse en G’’, on observe que les isothermes ne
se rejoignent pas. En comparant cette figure 3-2-2 avec les figures représentant les courbes
maîtresses en G’’ du PiBMA (figure 3-2-4) et du PtBMA (figure 3-2-6), on remarque que cet effet est
atténué quand les relaxations α et β sont plus éloignées. En effet, pour ces deux derniers polymères,
un maximum pour le pic de la relaxation α apparaît, et on observe un écart de 13K environ entre
l’isotherme de référence en G’’ et celle en tanϕ. Nous avons donc appliqué cette même règle pour
déterminer une isotherme de référence pour la courbe maîtresse en G’’ du PnBMA pour la relaxation
α.
Pour les relaxations β, ce problème se pause également pour des températures où elles se
rapprochent des relaxations α, et la détermination de facteurs de décalage dans cette zone est
entachée d’incertitudes. Notons que cet effet est là encore plus faible pour le PtBMA, car les
relaxations α et β sont plus éloignées.
A plus basse température, la construction des courbes maîtresses des relaxations γ et δ ne présente
pas ce problème.
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
57
Figure 3-2-1 : Courbe maîtresse en tan ϕ du PnBMA, sur toute la gamme de température, comprenant les
quatre relaxations. Les courbes maîtresses de chaque relaxation sont construites séparément, avec des
isothermes de référence différentes, puis sont regroupées sur ce diagramme.
Figure 3-2-2 : Courbe maîtresse en G’’ du PnBMA, sur toute la gamme de température, comprenant les
quatre relaxations. Les températures de références sont les mêmes que pour les courbes maîtresses en
tanϕ pour les relaxations secondaires, mais pas pour la relaxation α.
F' (Hz)10-4 1
1
10-1
10-2
10-3
Isotherme référence (312K)de la relaxation α
Isotherme référence (264K)de la relaxation β
Isotherme référence (148K)de la relaxation γ
Isotherme référence (120K)de la relaxation δ
relaxation α relaxation β relaxation γ relaxation δ
tan
ϕ
F' (Hz)
G"
(GP
a)
4.10-2
2.10-2
0
isotherme référence (298K)de la relaxation α
isotherme référence (264K)de la relaxation β
isotherme référence (148K)de la relaxation γ
isotherme référence (120K)de la relaxation δ
relaxation α relaxation β relaxation γ relaxation δ
10-4 1
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
58
Figure 3-2-3 : Courbe maîtresse en tan ϕ du PiBMA, sur toute la gamme de température, comprenant les
quatre relaxations. Les courbes maîtresses de chaque relaxation sont construites séparément, avec des
isothermes de référence différentes, puis sont regroupées sur ce diagramme.
Figure 3-2-4 : Courbe maîtresse en G’’ du PiBMA, sur toute la gamme de température, comprenant les
quatre relaxations. Les températures de références sont les mêmes que pour les courbes maîtresses en
tanϕ pour les relaxations secondaires, mais pas pour la relaxation α.
F' (Hz)
G"
(GP
a)
10-4 1
10-3
6.10-2
0
Isotherme référence (322K)de la relaxation α
Isotherme référence (268K)de la relaxation β
Isotherme référence (150K)de la relaxation γ
Isotherme référence(120K)de la relaxation δ
relaxation α relaxation β relaxation γ relaxation δ
6.10-2
3.10-2
F ' (Hz)10-4 1
1
10-1
10-2
10-3
Isotherme référence (345K)de la relaxation α
Isotherme référence (268K)de la relaxation β
Isotherme référence (150K)de la relaxation γ
Isotherme référence (120K)de la relaxation δ
relaxation α relaxation β relaxation γ relaxation δ
tan
ϕ
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
59
Figure 3-2-5 : Courbe maîtresse en tan ϕ du PtBMA, sur toute la gamme de température, comprenant les
trois relaxations. Les courbes maîtresses de chaque relaxation sont construites séparément, avec des
isothermes de référence différentes, puis sont regroupées sur ce diagramme.
Figure 3-2-6 : Courbe maîtresse en G’’ du PtBMA, sur toute la gamme de température, comprenant les
trois relaxations. Les températures de références sont les mêmes que pour les courbes maîtresses en
tanϕ pour les relaxations secondaires, mais pas pour la relaxation α.
F' (Hz)
tan
ϕ
10-4 1
10
1
10-1
10-2
10-3
isotherme référence (370K)de la relaxation α
isotherme référence (262K)de la relaxation β
isotherme référence (150K)de la relaxation δ
relaxation α relaxation γrelaxation β
F' (Hz)
G"
(GP
a)
10-4 1
5.10-2
3.10-2
2.10-2
0
isotherme référence (358K)de la relaxation α
isotherme référence (266K)de la relaxation β
isotherme référence (150K)de la relaxation δ
relaxation α relaxation γrelaxation β
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
60
Figure 3-2-7 : Courbe maîtresse en G’ du PnBMA, sur toute la gamme de température, comprenant les
quatre relaxations. Les températures de références sont les mêmes que pour les courbes maîtresses en
G’’ pour chaque relaxation.
Figure 3-2-8 : Courbe maîtresse en G’ du PiBMA, sur toute la gamme de température, comprenant les
quatre relaxations. Les températures de références sont les mêmes que pour les courbes maîtresses en
G’’ pour chaque relaxation.
Figure 3-2-9 : Courbe maîtresse en G’ du PtBMA, sur toute la gamme de température, comprenant les
trois relaxations. Les températures de références sont les mêmes que pour les courbes maîtresses en G’’
pour chaque relaxation.
F' (Hz)
G' (
GP
a)
1 -
10-1-
10-2-
10-3-
10-4 1
α β γ δ
F' (Hz)
G' (
GP
a)
10-4 1
1 -
10-1 -
10-2 -
10-3 - α β γ
F' (Hz)
G' (
GP
a)
10-4 1
1 -
10-1 -
10-2 -
10-3 - α β γ δ
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
61
Figure 3-2-10 : Diagramme Cole-Cole du PnBMA.
Figure 3-2-11 : Diagramme Cole-Cole du PiBMA.
Figure 3-2-12 : Diagramme Cole-Cole du PtBMA.
0 1 2
G' (GPa)
G"
(GP
a)
10-1
5.10-2
0
α β γ δα β γ δ
G' (GPa)
G"(
GP
a)3.10-2
2.10-2
0 0 2.10-1 4.10-1 6.10-1
G' (Gpa)
G"
(GP
a)
6.10-2
3.10-2
00 3.10-1 5.10-1
α β γ
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
62
A partir des coefficients de décalage trouvés pour tracer ces courbes maîtresses, un diagramme
d’Arrhenius peut être établi, et les énergies d’activation de chaque relaxation peuvent être calculées.
Nous avons tracé les courbes maîtresses avec pour abscisse les fréquences réduites F’: F’ = F.aT .
Pour déterminer les temps de relaxation, on a considéré que ωτ = 1 au maximum des isothermes de
référence en G’’ (pour une fréquence Fmax), pour chaque relaxation.
La correspondance entre la fréquence et le temps de relaxation est donnée par :
log (τ) = log
a(T) .
12π Fmax
(3-2-1)
Ainsi, en traçant log (τ) en fonction de l’inverse de la température, on obtient donc une représentation
d’Arrhenius, et il est maintenant possible de comparer les relaxations avec plus de détails pour les
trois polymères comme l’illustre la figure 3-2-13.
Figure 3-2-13 : Diagramme d’Arrhénius de PBMA à partir des données de spectroscopie mécanique :
PnBMA (), PiBMA ( ο) et PtBMA ( ∆).
Dans ce diagramme, il s’avère que les relaxations secondaires des trois polymères, décrites par des
loi d’Arrhénius, sont très proches et de même pente, comme ceci est décrit dans la littérature pour la
relaxation β dans la famille des poly(alkylméthacrylate)s.
Les relaxations α sont décalées en température : la plus haute température pour le polymère qui
possède la chaîne latérale la plus rigide : PtBMA. Ces décalages en température correspondent aux
décalages entre les températures de transition vitreuse déterminées lors de l’analyse calorimétrique
(présentée dans le chapitre 2). Ces relaxations montrent un changement de comportement vers leur
température de transition vitreuse : elles passent d’un comportement Arrhenien pour T<Tg (relaxation
αvitreuse) à un comportement non Arrhenien pour T>Tg.
-4
0
4
8
2 4 6 8
1000/T (K)
log(
τ)
α β
γ
δ
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
63
Pour toutes les relaxations dans l’état vitreux, on peut déduire une énergie d’activation, liée à la pente
de chaque droite. Ces énergies sont classées dans le tableau 3-2-2.
Ea (kJ.mol-1)
αvitreuse 86 ± 10
β 70 ± 5
γ 42 ± 1
PnBMA
δ 30 ± 1
αvitreuse 103 ± 10
β 68 ± 5
γ 42 ± 1
PiBMA
δ 30 ± 1
αvitreuse 110 ± 10
β 67 ± 5
PtBMA
γ 42 ± 1
Tableau 3-2-2 : Classement des énergies d’activation des relaxations vitreuses pour le PnBMA, le PiBMA
et le PtBMA
Les relaxations γ et δ des trois polymères peuvent être décrites par la même équation dans la
représentation d’Arrhénius. Les relaxations β, bien que très proches sur le diagramme, présentent
quelques différences d’énergies d’activation. En effet, pour le PnBMA et le PiBMA, les coefficients de
régression linéaire sont proches de 0.97 : ceci est dû au difficultés de construction des courbes
maîtresses dans la zone où les relaxations α et β sont proches. Ce phénomène est plus accentué
pour le PnBMA que pour le PiBMA, et est faible pour le PtBMA. Notons qu’en tenant compte des
incertitudes sur les énergies d’activation des relaxations β, déterminées graphiquement, on peut
considérer que les relaxations secondaires sont similaires pour les trois polymères. Pour la suite, nous
considérerons une énergie d’activation commune pour les trois polymères de 67kJ.mol-1.
3-2-2- La spectroscopie Diélectrique
La spectroscopie diélectrique mise en œuvre dans cette étude a été réalisée dans une large
gamme de fréquence (10-2 à 106 Hz), ce qui conduit à éviter la construction approchée des courbes
maîtresses et à compléter le diagramme d’Arrhenius tracé à partir des données de spectroscopie
mécanique.
Pour les relaxations secondaires, à très basse température, on observe un bruit important à cause de
la faible valeur de la constante diélectrique.
U = 1
jCω . I (3-2-2)
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
64
Les mesures étant effectuées à tension imposée, le courant mesuré devient très faible si C devient lui
même très faible. Il serait intéressant de disposer d’un programme d’acquisition dont la tension crête-
à-crête serait asservie ou réglable pendant l’expérience, ce qui n’est pas le cas du logiciel Solartron
dont nous n’avons pas le code source.
Les isochrones obtenues dans la gamme de température de la relaxation α pour le PiBMA sont
reportées sur la figure 3-2-14. A partir de ces courbes, il est aisé de trouver les temps de relaxation
associés aux différents processus, pour chaque température et chaque fréquence, sans forcément
faire référence au principe d’équivalence temps-température.
Figure 3-2-14 : Isochrones de spectroscopie diélectrique dans la gamme de température de la relaxation α
du PiBMA. L’écart de température entre chaque isotherme est d’environ 2,5K.
Les diagrammes Cole-Cole, présentés sur les figures 3-2-15, 3-2-16 et 3-2-17, ont des allures
similaires, et montrent clairement qu’il n’est pas possible d’établir des courbes maîtresses à partir des
données de spectroscopie diélectrique. La comparaison des diagrammes des trois polymères, comme
en spectroscopie mécanique, montre que pour le PtBMA les relaxations α et β sont plus séparées que
dans le cas du PnBMA, et que l’allure du diagramme Cole-Cole du PiBMA est intermédiaire.
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
0,01 0,1 1 10 100 1000 10000
F (Hz)
ε"
351K 400K332K
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
65
Figure 3-2-15 : Diagramme Cole-Cole du PnBMA à partir des données de spectrométrie diélectrique.
Figure 3-2-16 : Diagramme Cole-Cole du PiBMA à partir des données de spectroscopie diélectrique.
Figure 3-2-17 : Diagramme Col-Cole du PtBMA à partir des données de spectroscopie diélectrique.
0
0,1
0,2
0,3
0,4
2,5 3 3,5 4
ε'
ε"372K
304K
295K
0
0,2
0,4
0,6
5,6 6,4 7,2 8 8,8
ε'
ε"
2.3 3.2 3.6 4 4.4
0.3
0.2
0.1
382K
353K
292K
0
0,1
0,2
0,3
2,8 3,3 3,8 4,3 4,8
ε'
ε"
410K
348K
300K
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
66
3-2-3- Extension des diagrammes d’Arrhenius
A partir de ces données de spectroscopie diélectrique, il est possible de suivre l’évolution de ces
relaxations dans un diagramme d’Arrhenius, en prenant les coordonnées du maximum de chaque pic
de relaxation (couple de données (T,Fmax)), soit dans une représentation d’isochrones, soit dans une
représentation d’isothermes. Le diagramme de relaxation précédemment obtenu à partir des données
de mécanique pour le PnBMA s’enrichit donc sur la figure 3-2-18.
Fig 3-2-18 : Diagramme d’Arrhénius étendu du PnBMA : données mécaniques ( ) complétées
avec les données diélectriques : permittivité ε’’ () et module M’’( ).
Dans le cas du PnBMA, les temps de relaxation obtenus en spectroscopie mécanique coïncident avec
ceux qui ont été obtenus en spectroscopie diélectrique. Une autre conclusion attendue est qu’il n’y a
pas de différences entre l’utilisation des modules ou des complaisances diélectriques. Les relaxations
secondaires basses températures (γ et δ) ont la même énergie d’activation. En revanche, nous
n’avons que très peu de points pour la relaxation β au dessus de 300K, car elle est superposée à la
relaxation α. Ces point sont certainement entachés d’erreurs à cause de cette influence de la
relaxation α, et ceci est bien visible sur la figure 3-1-4 : la superposition des relaxations décale le
sommet de la relaxation β vers les hautes températures. La déconvolution des deux pics est donc
nécessaire dans la zone de jonction, et une analyse de cette zone sera effectuée dans le chapitre 4.
Les points obtenus sont cependant , avec cette échelle de température, dans le prolongement de la
relaxation β issue des mesures mécaniques. Lors de l’étude plus précise de la zone de jonction entre
les relaxations α et β, nous devrons tenir compte d’un léger décalage de cette relaxation β vers les
plus basses températures.
.
-6
-2
2
6
2 4 6 8 10
1000/T (K)
αβ
γ
δ
log(
τ /s)
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
67
Figure 3-2-19 : Diagramme d’Arrhenius étendu du PiBMA. données mécaniques ( ) complétées avec les
données diélectriques : ε (zz) et M (zz).
Dans le cas du PiBMA (figure 3-2-19), les mêmes conclusions sont tirées que pour le PnBMA : les
résultats de spectroscopie diélectrique coïncident bien avec ceux de mécanique, ainsi que les
résultats des traitements des données diélectriques en module et en complaisance. Nous n’observons
que peu de points pour la relaxation β : la qualité des données ne permettait pas d’avoir plus de points
raisonnables dans la zone de jonction α/β. Les relaxations αmécanique et αdiélectrique semblent être
légèrement décalée : nous analyserons cette zone de température plus précisément dans le chapitre
4.
Figure 3-2-20 : Diagramme d’Arrhenius étendu du PtBMA. données mécaniques ( ∆) complétées avec les
données diélectriques : ε () et M ().
-6
-2
2
6
2 4 6 8 10
1000/T (K)
α β
γ
δ
log(
τ /s)
-6
-2
2
6
2 4 6 8
1000/T (K)
log(
τ)
α
γ
β
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
68
Pour le PtBMA (figure 3-2-20), la relaxation αdielectrique est là encore légèrement décalée vers les
hautes températures par rapport à la relaxation αmécanique.
Pour la relaxation β, il est possible d’obtenir beaucoup plus de données fiables que pour les deux
autres polymères : les relaxations α et β sont plus éloignées, et la zone de jonction dans laquelle le
maximum du pic est masqué par la relaxation principale est plus étroite. Les données des deux
spectroscopies coïncident. Le comportement de la relaxation β est parfaitement Arrhénien.
→ Compilation des diagrammes d’Arrhenius étendus
Figure 3-2-21 : Diagramme d’Arrhenius étendu des PBMA : PnBMA ( ), PiBMA ( ) et PtBMA ( ∆).
Notons que l’allure de ce diagramme rappelle celui du sorbitol et du maltitol qui regroupe des données
expérimentales différentes, sur lequel les relaxations β étaient quasi identiques, et les relaxations α
décalées. Nous avons élargi l’étude aux relaxations secondaires γ et δ, et à la relaxation α dans le
domaine vitreux.
3-3- Analyse de Starkweather
Une analyse de Starkweather permet de comparer les coopérativités des mouvements en évaluant la
distribution des paramètres d’activation [Starkweather 1991].
Un processus de relaxation est décrit par la loi d’Eyring :
-6
-2
2
6
2 4 6 8 10
1000/T (K)
log(
τ)
α
δ
γ
β
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
69
τ = (h/kT) exp(∆Ha/RT) exp(-∆Sa/R) (3-3-1)
où ∆Ha est l’enthalpie d’activation du processus de relaxation, et ∆Sa l’entropie d’activation.
Starkweather, a vérifié que pour beaucoup de relaxations secondaires dans les polymères (où ∆Sa=0),
l’énergie d’activation coïncidait avec la formule tirée de l’équation 3-3-1, où T’ est la température au
maximum de tanϕ à 1Hz:
Eath=RT’(22.922+ln(T’)) (3-3-2)
Nous avons calculé, avec cette méthode, l’énergie d’activation théorique Eath des relaxations
secondaires des polymères, pour lesquelles l’entropie serait nulle. Connaissant les valeurs des
énergies d’activation Eaexp de ces relaxations, il est possible de calculer leur entropie d’activation. Ces
valeurs sont données dans le tableau 3-3-1.
Eath (∆Sa=0)
(kJ.mol-1)
Eaexp
(kJ.mol-1)∆Sa =
Eaexp-Eath
T(kJ.mol-1)
Relaxation β 62 67 5
Relaxation γ 41.5 42 0,5
Relaxation δ 30 30 0
Tableau 3-3-1 : Classement des enthalpies d’activation théoriques Ea th pour lesquelles ∆Sa=0,
des énergies d’activation expérimentales Ea exp trouvées en spectroscopie mécanique, et
entropie calculée à partir de ces énergies.
Selon le critère de coopérativité de Starkweather, ces entropies d’activation peuvent être reliées à la
coopérativité de chaque processus. Ceci peut être illustré par la figure 3-3-1 : la droite est appelée
‘’droite de Starkweather’’ [David 2002], et correspond à l’équation 3-3-2 : elle passe par les points
correspondant aux relaxations sous-vitreuses γ et δ, où ∆S est faible et où il n’y a pas de coopérativité.
Les relaxations αvitreuses et β s ‘écartent de cette droite : ∆S augmente : les mouvements sont de plus
en plus coopératifs.
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
70
Figure 3-3-1 : Représentation de l’énergie d’activation de chaque relaxation en fonction de la température
au maximum du pic de G’’ à 1Hz pour le PnBMA ( ), le PiBMA () et le PtBMA ( ∆).
Sur ce diagramme, on note que la relaxation β est légèrement coopérative dans ces polymères, et que
la relaxation αvitreuse est plus coopérative. Une étude plus approfondie par la méthode de Starkweather
permet d’analyser cette coopérativité.
Les deux méthodes de calcul des énergie d’activation sont donc valables car elles aboutissent au
même résultat, étant donné que nous sommes bien dans le cas où ∆S est assez petit pour être
interprété comme une entropie d’activation.
L’enthalpie libre d’activation est donnée par : ∆Ga = ∆Ha - T∆Sa (3-3-4)
et peut aussi s’exprimer sous la forme : ∆Ga = RT ln
kTτ
h (3-3-5)
La fonction de distribution ϕ∆Ga donne le poids de ∆Ga : ϕ∆Ga = 2G’’
π.(G∞-Gr)(3-3-6)
Cette description suppose des événements microscopiques non corrélés, représentés par un modèle
de Maxwell généralisé. La distribution a été obtenue avec une série d’isothermes dans la gamme de
température 110K à 380K.
0
40
80
120
80 140 200 260 320 380
T (K)
Ea
(kJ.
mol
-1)
relaxation δ
relaxation γ
relaxation β
relaxations αvitreuse
T∆Sa
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
71
Figure 3-3-2 : Distribution de l’enthalpie libre pour toutes les relaxations du PnBMA.
Figure 3-3-3 : Distribution de l’enthalpie pour toutes les relaxations du PnBMA.
∆G (kJ.mol-1)
ϕ G" (
u. a
.)
20 40 60 80
∆H (kJ.mol-1)
ϕG" (
u. a
.)
20 60 100
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
72
Figure 3-3-3 : Distribution de l’enthalpie libre pour les relaxations du PiBMA.
Figure 3-3-4 : Distribution de l’enthalpie pour les relaxations du PiBMA.
∆G (kJ.mol-1)
G" (
u. a
.)
20 40 60 80 100
∆H (kJ.mol-1)
G" (
u.a.
)
20 60 100 140
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
73
Figure 3-3-5 : Distribution de l’enthalpie libre des relaxations du PtBMA.
Figure 3-3-6 : Distribution de l’enthalpie des relaxations du PtBMA.
∆G (kJ.mol-1)
G" (
u. a
.)
20 40 60 80 100
∆H (kJ.mol-1)
G" (
u. a
. )
20 60 100 140
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
74
Si ∆Sa a une valeur faible, voire nulle, les isothermes se superposent. On constate que c’est le cas
jusqu’au pied de la relaxation β (vers 273K pour tous les poly(butyl méthacrylate)s), et que ∆Sa
augmente à partir de la fin de la relaxation β ou au début de la relaxation α. Pour reconstituer le profil
commun des relaxations β et α, il est nécessaire de décaler les isothermes sur l’axe ∆G : la courbe
obtenue est la distribution de l’enthalpie d’activation ∆H. A partir de la formule 3-3-4, on déduit que le
facteur de décalage correspond au terme T∆Sa, et sert à évaluer l’entropie d’activation. Ainsi, nous
obtenons la variation de ∆Sa en fonction de la température (figure 3-3-7). A basse température, lors
des relaxations γ et δ, et jusqu’au sommet de la relaxation β, l’entropie d’activation est voisine de 0.
Ensuite, en fin de relaxation β, l’entropie d’activation augmente pour atteindre des valeurs élevées et
on observe un changement de régime vers Tg pour chaque polymère.
Notons que l’on travaille à une fréquence fixée dans l’intervalle exploré par la spectroscopie
mécanique et qu’en augmentant la température on observe successivement les mouvements associés
aux relaxations γ, δ, β puis α, qui sont de plus en plus coopératifs, comme on peut le voir en suivant
une horizontale dans un diagramme d’Arrhénius.
Figure 3-3-7 : Variation de l’entropie d’activation avec la température du PnBMA ( ), du PiBMA ( ) et du
PtBMA ( ∆), trouvées lors de la construction des courbes 3-3-2, 3-3-4 et 3-3-6.
Les températures de transition vitreuse sont obtenues par DSC.
Ce diagramme montre des valeurs qui n’ont aucun sens pour la relaxation αliquide, car cette relaxation
n’est pas arrhénienne et la loi 3-3-1 n’est pas valable pour cette zone de la relaxation α. Notons
également qu’a l’état vitreux, le système étant figé, l’entropie doit être constante pour une relaxation
donnée. Par conséquent, seuls les plateaux observés sur ce graphe ont un sens.
0
20
40
60
80
100
120
230 280 330 380
T (K)
∆Sa
(J.m
ol-1
.K-1
)
TgPnBMA TgPtBMATgPiBMA
β
ββ
αliquide
αvitreuse αvitreuse αvitreuse
αliquide αliquide
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV ORQJV
75
Pour les relaxations γ et δ, l’entropie est nulle, ce qui confirme bien que ces relaxations secondaires
sont très peu coopératives.
Le plateau qui apparaît pour les trois polymères avant Tg, et qui est plus ou moins long pour chaque
polymère, correspond à la relaxation β. Les entropies correspondant aux plateaux pour le PnBMA,
PiBMA, et le PtBMA sont respectivement de 35, 25 et 10 J.mol-1.K-1.
La valeur de ce plateau donne une évaluation de la coopérativité de la relaxation β. Celle-ci est
d’autant plus forte que la chaîne latérale est longue et interagit avec le milieu environnant. Donc la
relaxation β du PnBMA serait plus coopérative que celle du PtBMA. Si on interprète l’entropie
d’activation en terme de désordre dans l’état activé, on peut expliquer ceci par le fait que la chaîne
latérale linéaire est plus longue et plus flexible, et a donc accès à un grand nombre d’états activés. Au
contraire, une chaîne latérale très encombrée et très rigide, a accès à moins de configurations
différentes à l’état activé : les mouvements sont donc plus limités.
La longueur du plateau est liée à l’écart entre les relaxations α et β : il est plus long dans le cas du
PtBMA car les relaxations α et β sont plus éloignées l’une de l’autre.
Le plateau associé à la relaxation αvitreuse n’est pas présent sur ce graphe, il doit être masqué par la
relaxation structurale et par le fait qu’il est difficile, comme lors de la construction des courbes
maîtresses, de trouver des facteurs de décalage dans la zone de jonction α/β.
3-4- Conclusion sur la dynamique aux temps longs
La dynamique des PBMA aux temps longs a été étudiée par spectroscopie diélectrique et
mécanique, afin de pouvoir tracer des diagrammes d’Arrhénius étendus. Les résultats obtenus par les
deux spectroscopies coïncident, mais certaines zones restent inaccessibles comme la zone de
jonction entre les relaxations α et β, où les relaxations sont superposées et leur déconvolution
nécessite l’utilisation d’un modèle. Une première analyse de la coopérativité est effectuée à partir des
isothermes de spectroscopie mécanique, par la méthode de Starkweather, et un premier classement
des polymères en terme d’entropie d’activation dans le processus β a été effectué : la relaxation β du
PnBMA a une entropie d’activation plus élevée que la relaxation β du PtBMA. Le PiBMA adopte un
comportement intermédiaire.
Ce classement, montrant l’influence de la structure de la chaîne butyle, se retrouvera lors des
analyses ultérieures.
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
77
4- La zone de jonction α/β
L’intérêt de cette modélisation est d’étendre le diagramme d’Arrhenius dans la zone où les
relaxations α et β sont trop proches pour pouvoir être approchées expérimentalement.
Cette zone de jonction est intéressante à explorer : les phénomènes qui s’y produisent ne sont pas
totalement compris. Des questions se posent quant à l’existence même des relaxations α, β et de la
relaxation présente après la ‘’fusion’’ de ces relaxations α et β, nommée a.
Ces modélisations doivent permettre aussi d’obtenir des paramètres qui ont une signification physique
et qui permettent d’établir un classement entre nos trois polymères, comme la fragilité, la coopérativité
ou les contributions inter et intramoléculaires de l’énergie d’activation de la relaxation β.
4-1- Modélisation des phénomènes de relaxation dans la jonction α/β
Comment évaluer individuellement les dynamiques de ces relaxations ?
Dans cette zone, il est en effet difficile de séparer les relaxations α et β car elles se superposent
même à basses fréquences. Pour cela, nous avons utilisé pour l’analyse des isothermes, une
superposition de deux fonctions d’Havriliak-Negami (HN) [Havriliak 1966]. Cette approche permet la
description de la complaisance au voisinage d’une relaxation diélectrique à l’aide de cinq paramètres
tels que l’amplitude de relaxation, le temps de relaxation et des paramètres de forme, paramètres qui
donnent à la fois une représentation correcte du phénomène observé et une connexion avec les
propriétés microscopiques du matériau comme par exemple la coopérativité [Capaccioli 1998].
Le modèle biparabolique est plus rarement utilisé pour traiter des données de spectroscopie
diélectrique, bien qu’il soit possible de donner une signification physique aux paramètres qu’il fait
intervenir [Perez 1998]. Ce modèle fait appel à six paramètres ajustables et il est utilisé sur les
modules en général (les permittivités diélectriques sont des complaisances) ; il est cependant possible
d’utiliser ce modèle directement sur les permittivités [Diaz-Calleja 1995], avec un bon accord avec les
données expérimentales.
Là encore, pour modéliser la relaxation α et la relaxation β, nous avons testé une somme de deux
fonctions biparaboliques.
La modélisation mise en œuvre, à la fois sur les permittivités et les modules, réels et imaginaires, ainsi
que sur le diagramme Cole-Cole, par deux méthodologies ayant des approches différentes (le modèle
de HN et le modèle biparabolique), permet une meilleure estimation de l’ensemble des paramètres.
En effet, un bon accord entre les deux analyses permet de déterminer des temps de relaxations des
processus α et β dans la zone de jonction, indépendamment du modèle utilisé.
Bien que les trois polymères aient des comportements globaux très proches au niveau des relaxations
secondaires, ils diffèrent par la position de la relaxation α. La modélisation permet donc d’affiner les
différences.
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
78
a) Modèle d’ Havriliak-Negami
Modélisation de la relaxation α seule : εα(ω) → ε2 + ε1 - ε2
( )1+(iωτα)b g (4-1)
relaxation β seule : εβ(ω) → ε3 + ε2 - ε3
( )1+(iωτβ)c h (4-2)
isotherme totale : ε(ω) = ε3 + ε1 - ε2
( )1+(iωτα)b g +
ε2 - ε3
( )1+(iωτβ)c h (4-3)
avec
ε1 : permittivité non relaxée du processus α
ε2 : permittivité relaxée du processus α et
non relaxée du processus β
ε3 : permittivité relaxée du processus β
τα : temps de relaxation du processus α
τβ : temps de relaxation du processus β
Figure 4-1 : Représentation schématique de la partie réelle de la permittivité en fonction de la fréquence,
montrant les εi utilisées dans la modélisation.
Les valeurs εi sont tirées de l’évolution de la partie réelle de la permittivité en fonction de la
fréquence comme le montre la figure 4-1. On les retrouve aussi aux pieds des diagrammes Cole-Cole
comme dans le cas du modèle biparabolique, comme cela est illustré sur la figure 4-2. Les valeurs de
τ s’ajustent sur le sommet de chaque pic. Nous avons considéré pour simplifier l’équation 4-3, que la
relaxation β était symétrique, ce qui revient à poser h=1.
b) Modèle biparabolique
Modélisation de l’isotherme totale :
M(ω) = M3 + M1 - M2
1 + (iωτα)-b + P.(iωτα)-c +
M2 - M3
1 + (iωτβ)-d + Q.(iωτβ)-e (4-5)
5
6
7
8
F (Hz)
ε'
10-4 10-2 1 102
ε2
ε1
ε3
Relaxation β
Relaxation α
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
79
relaxation α : Mα(ω) → M2 + M1 - M2
1 + (iωτα)-b + P.(iωτα)-c (4-6)
relaxation β : Mβ(ω) → M3 + M2 - M3
1 + (iωτβ)-d + Q.(iωτβ)-e (4-7)
Avec :
M1 : module non relaxé du processus α
M2 : module relaxé du processus α et non relaxé du processus β
M3 : module relaxé du processus β
τα : temps de relaxation du processus α
τβ : temps de relaxation du processus β
Figure 4-2 : Représentation typique d’un diagramme Cole-Cole montrant les modules relaxés et non
relaxés. La courbe pointillées représente les points expérimentaux (ici cas du PiBMA).
Les deux autres courbes sont les modélisations de HN.
On remarque qu’il y a dans ce modèle un paramètre ajustable en plus pour chaque relaxation par
rapport au modèle HN. Les exposants dans l’équation correspondent directement aux pentes aux
pieds du diagramme Cole-Cole, comme ceci est indiqué sur la figure 4-2.
Les équations ci-dessus sont appliquées sur les modules, or le modèle HN s’applique sur les
complaisances (permittivités), et même si il n’y a que très peu de différences entre ces deux
grandeurs pour nos résultats, il est préférable d’utiliser deux méthodes qui modélisent la même
grandeur pour les comparer.
Nous avons donc utilisé le modèle biparabolique sur les permittivités, comme l’avait proposé Diaz-
Calleja en recalculant cette équation pour les permittivités, et en calculant les équivalences des
paramètres du biparabolique en module par rapport aux paramètres en complaisance [Diaz-Calleja
1994]. Ces calculs ont montré un bon accord avec l’expérience.
Modèle biparabolique sur les permittivités :
ε(ω) = ε3 + ε1 - ε2
1 + d.(iωτ'α)-k + (iωτ'α)-l +
ε2 - ε3
1 + p. (iωτ'β)-m + (iωτ'β)-n (4-8)
relaxation α : εα(ω) → ε2 + ε1 - ε2
1 + d.(iωτ'α)-k + (iωτ'α)-l (4-9)
τ’α = τα.
ε1
ε2
1
l (4-10)
P
Q
d. π2 e. π
2
b. π2 c.
π2
M3 M2 M1 M ’
M ’ ’ α+β
β
α
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
80
relaxation β : εβ(ω) → ε3 + ε2 - ε3
1 + p. (iωτ'β)-m + (iωτ'β)-n (4-11)
τ’β = τβ.
ε2
ε3
1
n (4-12)
Nous avons là aussi pour simplifier les calculs, choisi de prendre une représentation symétrique pour
la relaxation β, ce qui revient à prendre p = 0, et de ce fait, les deux modèles utilisent la même
représentation pour la relaxation β : nBP=cHN .
4-1-1- Modélisation du PnBMA
Les figures suivantes montrent la modélisation à la fois sur la partie réelle et sur la partie imaginaire
de la permittivité, et sur la représentation Cole-Cole.
La courbe modélisée s’ajuste parfaitement sur la courbe expérimentale. Les temps de relaxation des
processus α et β, trouvés avec les équations biparabolique et de HN, sont identiques.
-a- -b- -c-
Figure 4-3 : Ajustement de ε’’(-a-), ε’ (-b-) et du Cole-Cole (-c-) pour le PnBMA à 340K. Les contributions
des relaxations α et β seules sont représentées ainsi que leur combinaison qui rend bien compte des
résultats expérimentaux ( ).
Le cas du PnBMA est particulièrement difficile à traiter, à cause de la proximité des relaxations α et β.
La gamme de fréquence explorée n’est peut-être pas suffisamment large pour lever toutes les
incertitudes, comme le montrent les figures 4-3. Nous ne disposons donc que de peu de points à
placer sur le diagramme d’Arrhénius (figure 4-4).
Paramètres d’ajustement pour le modèle d’Havriliak Négami :
- relaxation α : b et g sont centrés sur 0.6
0
0 ,1
0 ,2
0 ,3
0 ,4
2 ,5 3 3 ,5 4'
ε"
α + β
α
β
2,5
3
3,5
4
4,5
1E-3 1E-1 1E+1 1E+3 1E+5F(Hz)
ε"
α + βα
β
0
0,1
0,2
0,3
0,4
1E+0 1E+1 1E+2 1E+3 1E+4 1E+5F(Hz)
ε"
α
β
α + β
ε’
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
81
- relaxation β : c ≈0.4.
- L’amplitude de la relaxation β (ε3 - ε2) a tendance à augmenter avec la température alors que
l’amplitude de la relaxation α (ε2 - ε1) a tendance à diminuer avec la température. Cette tendance
est la même que pour le PiBMA (figure 4-7), mais elle est plus visible pour ce dernier car nous
disposons de plus de points.
Figure 4-4 : Diagramme d’Arrhénius étendu du PnBMA, avec les points issus des ajustements par les
modèles de HN et BP représentés par des traits noirs, données de spectroscopie mécanique ( ), et
diélectrique en permittivité ( ) et en module ( ). Les point expérimentaux de spectroscopie diélectrique
pour la relaxation β sont certainement entachés d’erreur, car ils ont été déterminés avant la
déconvolution des relaxations α et β (chapitre 3), et doivent se trouver à plus basse fréquence.
L’utilisation des modèles biparabolique ou d’Havriliak-Négami conduisent aux mêmes temps de
relaxation, c’est pourquoi un seul trait est représenté sur la courbe de la figure 4-4. Notons que les
ajustements présentés sur les figures 4-3 à 340K, correspondent à une coupe verticale du diagramme
d’Arrhénius, comme le montre le trait sur la figure. On remarque pour la relaxation β, un bon accord
entre les points modélisés et les points expérimentaux issus des techniques basses fréquences. Il en
est de même pour la relaxation α, qui semble changer de pente aux alentours de 330K et devenir
arrhénienne à haute température.
-6
-4
-2
0
2
4
6
2,5 3 3,5 41000/T(K)
log(
τ/s)
340K
α
β
a
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
82
4-1-2- Modélisation du PiBMA
Le cas du PiBMA est plus favorable car les relaxations α et β sont mieux séparées.
-a- -b- -c-
Figure 4-5 : Ajustement de ε’’ (-a-), ε’ (-b-) et du diagramme Cole-Cole (-c-) par le modèle HN et BP pour le
PiBMA à 340K.
A 340K, les ajustements sont très proches des données expérimentales. La figure 4-6 montre un
exemple de diagramme où les modélisations par les deux méthodes, HN et biparabolique sont
superposées, et on s’aperçoit que les différences sont tout à fait minimes.
Figure 4-6 : Ajustement du diagramme Cole-Cole par les modèles HN et biparabolique du PiBMA à
différentes températures. Sur le diagramme à 340K, nous avons montré des courbes plus fines pour
pouvoir voir les différences entre les deux modèles.
0
0,2
0,4
0,6
1E-3 1E-1 1E+1 1E+3 1E+5
F(Hz)
ε"
1E-3 1E-1 1E+1 1E+3 1E+5
F(Hz)
ε'
4,5
4
3,5
3
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
0,6
'
"
3 3,5 4 4,5
α + β
α + β
α + β
α
β
α
α
β
β
ε’
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
ε
3 3,5 4 4,5
α
β
α +β
323K
ε
3 3,5 4 4,5
α
α + β
β
340K
0
0,2
0,4
0,6
0,8
ε
3 3,5 4 4,5
371K
ε’
ε’
ε’
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
83
A l’état vitreux à 323K, seule la relaxation β est entièrement accessible dans la fenêtre expérimentale.
Pour pouvoir modéliser la relaxation α, on utilise la valeur de la permittivité relaxée accessible à
d’autre température, comme par exemple à 340K, comme on le voit sur les figures 4-5.
La courbe s’ajuste parfaitement aux résultats expérimentaux. A 371K, une seule courbe s’ajuste sur la
courbe expérimentale : ce qui laisse à penser que les paramètres des deux relaxations sont très
proches. Notons que dans la gamme de fréquence que nous explorons, il n’est plus possible après
380K, d’ajuster des courbes sur les points expérimentaux.
Les résultats de la modélisation sont représentés sur la figure 4-8. Rappelons que, comme dans le
cas du PnBMA, les modélisations avec les équations biparabolique et de Havriliak-Négami conduisent
aux mêmes résultats.
Les ajustements décrits sur les figures 4-5 à 340K correspondent à une coupe du diagramme
d’Arrhenius selon la droite verticale tracée en pointillés sur la figure 4-8.
Paramètres d’ajustement pour le modèle d’Havriliak Négami :
- relaxation α : b est centré sur 0.64 et g est centré sur 0.63
- relaxation β : c ≈0.34.
La variation des amplitudes de chaque relaxation est présentée uniquement pour le PiBMA, car plus
de points sont accessibles et la variation d’amplitude est plus nette.
La figure 4-7 montre donc cette évolution de l’amplitude de chaque relaxation avec la température :
l’amplitude de la relaxation α diminue avec la température après la transition vitreuse, et l’amplitude
de la relaxation β augmente. Le fait de passer la transition vitreuse débloque les mouvements liés à la
relaxation β, ou bien en augmente l’amplitude.
Figure 4-7 : Variation de l’amplitude des relaxations α et β avec la température, pour la relaxation α(•) et la
relaxation β (ο).
Ce comportement est moins marqué pour les deux autres polymères, du fait du manque de données
expérimentales, mais la tendance est la même.
0
1
2
3
300 320 340 360
T (K)
∆ε
Tg
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
84
Figure 4-8 : Diagramme d’Arrhenius étendu du PiBMA avec les points issus des ajustements par le
modèle HN et biparabolique des données expérimentales : spectroscopie mécanique ( ), diélectrique en
permittivité ( ) et en module ( ).
Les résultats de la modélisation de la relaxation β au voisinage de la jonction α/β sont
comparables aux résultats issus des données expérimentales de mécanique et de diélectrique à plus
basse température. La partie vitreuse de la relaxation α est aussi accessible, mais il y a un léger
décalage entre les points de spectroscopie mécanique et diélectrique.
D’après ces résultats, il devient indiscutable que la relaxation β change de dynamique dans cette
zone. Il reste un écart entre les relaxations α et β issus de la spectroscopie diélectrique, qui ne
semblent pas se rejoindre.
D’autre part, pour ce polymère, il a été possible d’accéder par modélisation des données de
spectroscopie diélectrique, à la partie vitreuse de la relaxation α : le passage d’un comportement non-
arrhénien à haute température, au comportement arrhénien à plus basse température, est la transition
vitreuse, qui était déjà déterminée avec les données de spectroscopie mécanique. On observe ainsi
un écart entre la température de transition vitreuse diélectrique et la température de transition vitreuse
mécanique : cette différence est liée à la vitesse de la rampe de température. En effet, la rampe de
température des mesures de spectroscopie diélectrique est d’environ 0.1K/min, alors qu’en
spectroscopie mécanique, la rampe est d’environ 0.1K/h (courbes maîtresses). Pour des variations de
température plus lentes, la transition vitreuse est décalée vers les basses températures : ceci
correspond bien au fait que la température de transition vitreuse est plus basse en spectroscopie
mécanique.
4-1-3- Modélisation du PtBMA
Le cas du PtBMA est encore différent. Les relaxations sont beaucoup mieux séparées, mais la
gamme de fréquence explorée est trop petite pour avoir en même temps les deux relaxations dans
une large gamme de température.
-6
-4
-2
0
2
4
6
2,5 3 3,5 41000/T(K)
340K
α
βlo
g(τ/
s)
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
85
Là encore, les ajustements des courbes sont très proches des données expérimentales, et les deux
modèles donnent le même résultat (figure 4-9).
Figure 4-9 : Ajustement des parties réelle et imaginaire de la permittivité et du diagramme Cole-
Cole du PtBMA à 410K, par les modèles HN et BP.
Paramètres d’ajustement pour le modèle d’Havriliak Négami :
- relaxation α : b est centré sur 0.65 et g est centré sur 0.62
- relaxation β : c ≈0.35.
- La variation de l’amplitude des relaxations adopte la même tendance que le PiBMA (figure 4-7).
La séparation de deux relaxations reste nette, même à 50° au dessus de Tg, ce qui n’est pas le cas
pour le PiBMA et le PnBMA.
Ceci est bien net dans le diagramme d’Arrhenius du PtBMA figure 4-10 .
Figure 4-10 : Diagramme d’Arrhénius étendu du PtBMA, avec les points issus des ajustements avec les
modèles HN et biparabolique des données de spectroscopie mécanique ( ∆),
diélectrique en permittivité ( ) et en module ( ).
0
0,1
0,2
0,3
3 3,5 4 4,5'
ε" α
α +β
β
2 ,5
3
3 ,5
4
4 ,5
1 E-4 1 E-2 1 E+0 1 E+2
F (Hz)
ε'
α +β
αβ
0
0 ,1
0 ,2
0 ,3
1E-4 1E-1 1E+2 1E+5F (Hz)
ε
α +β
α
β
ε’
-7
-5
-3
-1
1
3
5
2,4 3 3,61000/T(K)
410K
α
β
log(
τ/s)
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
86
Les ajustements décrits sur les figures 4-9 à 410K des composantes réelle et imaginaire de la
permittivité diélectrique et du diagramme Cole-Cole, correspondent à une coupe du diagramme
d’Arrhenius selon la droite verticale tracée en pointillés sur la figure 4-10, ce qui montre bien la
subsistance d’une différence de temps τα et τβ même à haute température.
Notons que le paramètre d’ajustement c, de la relaxation β dans le modèle d'Havriliak-Négami
(formule 4-3), pourrait être relié à la coopérativité de la relaxation β : il est plus grand pour le PnBMA
(c ≈ 0.4) et plus petit pour le PtBMA (c ≈ 0.33). Ceci est en accord avec le fait que la chaîne butyle
linéaire est plus longue et doit entraîner plus de chaînes voisines dans son mouvement : la relaxation
β du PnBMA serait donc plus coopérative.
4-1-4- Conclusions sur les modélisations des relaxations α et β par des lois
semi-phénoménologiques
Les scénario de jonction semblent être identiques pour les trois polymères, et peuvent être
schématisés sur la figure 4-11.
Figure 4-11 : Représentation schématique de la zone de jonction entre les relaxations α et β pour les
poly(butyl méthacrylate)s.
En effet, pour les trois polymères, la relaxation β change de comportement et commence à
adopter un comportement non arrhénien dans la zone de jonction, mais à des distances différentes de
la relaxation α : pour le PnBMA, ce changement de comportement est très proche de la relaxation α (5
K d’écart environ) alors que pour le PtBMA, la relaxation β change de dynamique assez loin de la
relaxation α (environ 30 K d’écart).
Remarquons que, pour les trois polymères, la relaxation β modélisée change de comportement là où
elle rencontrerait la relaxation αmécanique. Cette zone révèle la possibilité de mouvements généralisés
qui ont pour effet de libérer les groupes relaxants dans le processus β, et d’accélérer la dynamique de
cette relaxation, ce qui explique qualitativement le changement de pente observé.
Cette observation sur l’écart entre les données de spectroscopie diélectrique et celles de mécanique
ne peut être généralisée. En effet, l’étude qui a été menée sur les sucres (sorbitol/maltitol) [Faivre
αmécanique
αdiélectrique
βmodèle
1/T
Log(τ)
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
87
1997], a révélé que les temps issus de la spectroscopie diélectrique étaient plus lents que ceux issus
de la spectroscopie mécanique. L’écart observé est donc l’inverse de celui qui apparaît sur nos
systèmes. La différence entre ces sucres et les PBMA est la localisation des dipôles, qui se trouvent
sur la chaîne principale pour les sucres, et sur la chaîne latérale pour les PBMA. Donc, dans notre
cas, le mouvement du processus α n’est vu que de façon indirecte par l’intermédiaire de son
couplage avec le mouvement de la chaîne latérale.
La dynamique moléculaire pourrait apporter des éléments de réponse : il serait intéressant de
comparer les fonctions d’autocorrélation qui traduisent la réorientation d’un vecteur en choisissant
deux vecteurs différents : un au dipôle et l’autre sur la chaîne principale.
4-2- Modélisation des diagrammes d’Arrhénius dans la zone de jonction α/β etau delà
4-2-1- Modélisation VFT
Le modèle VFT permet d’ajuster des courbes semi-phénoménologiques aux courbes expérimentales
de la relaxation α, et s’exprime par la relation 4-13, dérivée de la relation 1-4, avec B = DT0.
τ = τ0 exp
D(T/T0-1) T0<Tg (4-13)
Dans l’équation 4-13, trois paramètres sont ajustables : τ0 qui fixe l’échelle des temps, T0 et D relié au
paramètre de fragilité. L’influence de D sur un ajustement VFT est représenté sur la figure 4-12.
Cette méthode permet donc de classer nos trois polymères suivant leur fragilité, et d’essayer de relier
cette fragilité à la microstructure de la chaîne latérale. Cette méthode permet aussi de mettre en relief
la différence entre les données mécaniques et diélectriques : c’ est ce que nous pouvons observer sur
les figures 4-13 à 4-18.
Figure 4-12 : Représentation schématique de l’ajustement de la relaxation α avec des modèles VFT
comprenant différents paramètres D. Ce diagramme montre bien que ce paramètre D reflète la fragilité
d’un matériau.
T/T0
log(
τ/s)
D
relaxation α
T0/Tg T0/T
D Ê
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
88
Deux méthodes ont été choisies pour modéliser les relaxations αdiélectrique et αmécanique, et mettre en
avant leurs différences. Une première méthode consiste à prendre les mêmes valeurs du paramètre D
pour les deux types de données (mécaniques et diélectriques) et d’ajuster T0 (figure 4-13, 4-14 et 4-
15). La deuxième méthode consiste au contraire à prendre le même paramètre T0 et d’ajuster D
(Figure 4-16, 4-17, et 4-18 en annexes). Les deux méthodes conduisent aux mêmes conclusions, les
paramètres de fragilité sont différents suivant la méthode, mais le classement de la fragilité des trois
polymères reste toujours le même.
Figure 4-13 : Ajustement des données de spectroscopie diélectrique ( ε’’: ; M’’:) et mécanique ( )du
PnBMA pour la relaxation α par deux lois VFT (D identiques).
– : modélisation de la relaxation αdiélectrique
– : modélisation de la relaxation αmécanique .
Figure 4-14 : Ajustement des données de spectroscopie diélectrique ( ε’’: ; M’’: ) et mécanique ( )duPiBMA pour la relaxation α par deux lois VFT (D indentiques).
– : modélisation de la relaxation αdiélectrique
– : modélisation de la relaxation αmécanique .
-8
-6
-4
-2
0
2
4
6
2 2,5 3 3,5 41000/T(K)
log(
τ/s)
α
β
-8
-6
-4
-2
0
2
4
6
2 2,5 3 3,5 4
1000/T(K)
log(
τ/s)
α
β
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
89
Figure 4-15 : Ajustement des données de spectroscopie diélectrique ( ε’’: ; M’’: ) et mécanique ( ∆) du
PtBMA pour la relaxation α par deux lois VFT (D identiques).
– : modélisation de la relaxation αdiélectrique
– : modélisation de la relaxation αmécanique .
Les ajustements des données diélectriques et mécaniques montrent bien l’écart entre les deux
spectroscopies. Cette différence est plus faible dans le cas du PnBMA, et est grande pour le PtBMA. Il
est difficile d’en tirer une loi générale, mais on s’aperçoit que le PiBMA a toujours un comportement
intermédiaire. La différence entre les données de spectroscopie diélectrique et mécanique est donc
liée à l’encombrement du groupement butyle dans la chaîne latérale : plus la chaîne latérale est
encombrée et rigide, plus ce qui est observé pour la relaxation α en spectroscopie mécanique est
différent de ce que l’on observe en spectroscopie diélectrique. Plus les processus α et β sont séparés,
comme dans le cas du PtBMA, plus les relaxations αmécanique et αdiélectrique sont séparées.
Ci-dessous, les tableau 4-2 et 4-3 résument les paramètres des modélisations VFT selon les deux
méthodes :
VFT mécanique VFT diélectrique
D ± 0.1 τ0(s) T0(K) ± 1 D ± 0.1 τ0(s) T0(K) ± 1
PnBMA 10 10-14 230 10 10-12 220
PiBMA 8 10-14 269 8 10-12 263
PtBMA 7.5 10-14 294 7.5 10-12 307
Tableau 4-2 : Classement des paramètres utilisés pour les ajustements VFT des relaxations αmécanique et
αdiélectrique sur une représentation d’Arrhénius, des trois polymères pour la première méthode (D
identiques).
-8
-6
-4
-2
0
2
4
6
2 2,5 3 3,5 41000/T(K)
log(
τ/s)
α
β
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
90
VFT mécanique VFT diélectrique
D ± 0.1 τ0(s) T0(K) ± 1 D ± 0.1 τ0(s) T0(K) ± 1
PnBMA 10 10-14 230 8.7 10-12 230
PiBMA 8 10-14 269 7.5 10-12 269
PtBMA 7.5 10-14 294 7 10-12 294
Tableau 4-3 : Classement des paramètres utilisés pour les ajustements VFT des relaxation αmécanique et
αdiélectrique sur une représentation d’Arrhénius des trois polymères pour la deuxième méthode (T 0
identiques).
Les données de mécanique et de diélectrique ont été modélisées séparément. Afin de pouvoir
comparer les paramètres, nous avons pris le même τ0 pour les trois polymères. Ces τ0 ont été
déterminés par l’ajustement des courbes.
Ces résultats remettraient donc en cause la construction de diagrammes d’Arrhénius étendus par
translation suivant l’axe des temps des courbes des relaxations α issues de différentes techniques
pour n’en donner qu’une seule [Faivre 1997]. Cependant, les écarts sont faibles, et les diagrammes
d’Arrhénius sont difficiles à établir car les relaxations α et β sont proches, ce qui modifie la position
des maxima.
L’incertitude sur le paramètre D a été estimée graphiquement à ± 0.1 : notons que si l’on tient compte
des incertitudes sur les points expérimentaux (difficile à quantifier), l’incertitude sur D doit être plus
grande.
On peut remarquer que les valeurs des paramètres D suivent un ordre décroissant du PnBMA au
PtBMA, quelle que soit la méthode. Ces paramètres permettent de classer les fragilités de cette série
de polymères .
Pour cela, nous calculons à partir du paramètre D la valeur du paramètre de fragilité m, défini par
Angell et al, dont les plus grandes valeurs correspondent aux plus grandes fragilités [Angell 1991].
Ces paramètres sont tirés des ajustements par des lois VFT des relaxations α.
m = d ln(τ)
d(Tg/T) (1-10)
et avec l’équation (4-13) donnant ln(τ), on obtient : m = D
T0
Tg
1 -
T0
Tg ²(4-38)
Le tableau 4-14 donne les valeurs de m obtenues à partir des données de spectroscopie mécanique
et diélectrique, avec les ajustement décrits dans le tableau 4-2.
mécanique Diélectrique
D T0/Tg m1 T0/Tg m2
PnBMA 10 0.776 140.8 0.733 103.1
PiBMA 8 0.803 165.5 0.797 154.7
PtBMA 7.5 0.817 182.2 0.853 295
Tableau 4-4 : Classement des paramètres utilisés pour ajuster les courbes avec la loi VFT et les
paramètres de fragilité m 1 et m2 correspondant aux données de spectroscopie mécanique et diélectrique
respectivement.
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
91
Par les deux méthodes spectroscopiques, les valeurs des fragilités trouvées sont toujours dans le
même ordre croissant : PnBMA, PiBMA et PtBMA. La fragilité est donc sans doute liée à
l’encombrement de la chaîne latérale.
4-2-2- Modélisation de la relaxation β
Afin de modéliser le comportement de la relaxation β sur toute la gamme de température,
dans une première analyse nous définissons un processus β efficace dont le temps de relaxation τβeff
correspond au temps le plus correct entre le temps τβ du processus β à basse température, et le
temps τα du processus α, après la jonction (des relaxations α et β) qui est caractérisé par les lois VFT
que nous venons de décrire dans le paragraphe 4-2-2. Par cette méthode, on sous entend
l’indépendance statistique des relaxations α et β, comme le décrit l’équation 1-15 du premier chapitre
[Gomez 2001].
φ(t) = fα.φα(t) + [(1-fα).φα(t)].φβ(t) (1-15)
avec ici : fα = 0.
Ainsi : φα(t).φβ(t) ≈ exp
-
tτα
-t
τβ = exp
-
tτeffβ
(4-17)
Le temps de relaxation τβeff est donc donné par la fonction :
1
τβeff =
1τβ
+ 1τα
(4-18)
Dans ce raisonnement, la relaxation α n’est pas modifiée par la relaxation β. Au contraire, c’est la
relaxation β qui est ‘’accélérée’’ par la relaxation α lorsque celle-ci devient plus rapide que
l’extrapolation de la forme arrhénienne valable à basse température : elle est donc compatible avec le
scénario d de la figure 1-5.
Cette modélisation permet-elle d’interpréter les diagrammes d’Arrhénius ? La figure 4-21 représente
sur un diagramme d’Arrhénius, les données de spectroscopie diélectrique pour le PtBMA et la
modélisation de la fonction βeff : ces points sont très décalés de ceux que nous avons déterminés avec
les fonctions d’Havriliak-Négami βHN, qui changent de dynamique avant de rencontrer la relaxation α.
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
92
Figure 4-21 : Diagramme d’Arrhénius du PtBMA contenant uniquement les données de spectroscopie
diélectrique : la relaxation α (ajustée par la loi VFT), la relaxation βHN () , et βeff(--).
Il n’apparaît pas vraiment de fusion entre les relaxations α et β pour ce polymère, mais une zone de
changement de dynamique de la relaxation β, uniquement en diélectrique, qui semble compatible
avec les données mécaniques.
Pour ces données diélectriques, il faudrait déterminer un autre temps τβeff défini par l’équation 4-18 :
1τβeff
= 1τ'α
+ 1τβ
(4-19)
avec τ’α, un temps proche de ταmécanique.
Essayons de trouver pour les trois polymères, un nombre k tel que : τ’α = k. ταdiélectrique (4-20)
pour pouvoir modéliser la jonction entre les relaxations α et β.
Dès lors, l’équation 4-18 devient :
1τβeff
= 1
k.ταdiélectrique +
1τβ
(4-21)
Figure 4-22 : Représentation de la relaxation βeff (--) calculée à partir de l’équation 4-20 pour le PnBMA.
Points expérimentaux de spectroscopie diélectrique : relaxation α() et ajustement VFT ( oo) et relaxation
βHN (). La constante k pour ce matériau est de 0,2.
-8
-4
0
4
2 2.5 31000/T(K)
log(
τ/s)
-8
-4
0
4
2 2.5 3 3.5
1000/T(K)
log(
τ/s)
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
93
Figure 4-23 : Représentation de la relaxation βeff (--) calculée à partir de l’équation 4-20 pour le PiBMA.
Points expérimentaux de spectroscopie diélectrique : relaxation α() et ajustement VFT (oo) et relaxation
βHN (x). La constante k pour ce matériau est de 0,07.
Figure 4-24 : Représentation de la relaxation βeff (--) calculée à partir de l’équation 4-20 pour le PtBMA.
Points expérimentaux de spectroscopie diélectrique : relaxation α() et ajustement VFT ( oo) et relaxation
βHN (x). La constante k pour ce matériau est de 0,01.
Des paramètres k ont donc pu être déterminés, qui traduisent l’écart entre les relaxations mécaniques
et diélectriques. Un ajustement des temps de relaxation τβHN obtenus avec les équations d’Havriliak-
Négami a pu être correctement effectué.
On a donc montré que, dans cette zone : ταmécanique ∼ k.ταdiélectrique (4-22)
Ce paramètre k, traduisant l’écart entre les temps de relaxation ταmécanique et ταdiélectrique peut être relié à
la géométrie de la chaîne latérale puisqu’un classement peut être effectué : plus la chaîne latérale est
rigide (cas du PtBMA), plus les relaxations α et β sont éloignées, plus k est petit.
Afin de donner un ordre de grandeur des températures et des fréquences de jonction des relaxations
α et β en spectroscopie diélectrique, nous avons extrapolé la relaxation β sans tenir compte d’un
changement de comportement aux alentours de la relaxation α. Ces données sont reportées dans le
tableau 4-4, et peuvent ainsi être comparées aux données de spectroscopie mécanique.
-8
-4
0
4
2 2.5 3 3.51000/T(K)
log(
τ/s)
-8
-4
0
4
2 2.5 31000/T(K)
log(
τ/s)
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
94
En ce qui concerne les données de spectroscopie mécanique, la figure 4-25 montre les courbes
représentant les τβeff extrapolées, et les ajustements des relaxations α par les lois VFT pour pouvoir
déterminer une température et une fréquence de jonction pour chaque polymère.
Figure 4-25 : Ajustement des relaxations α et β de spectroscopie mécanique : les relaxations β sont
considérées comme étant les mêmes pour les trois polymères, et sont extrapolées jusqu’à la zone de
jonction, les relaxations α sont représentées par leur ajustement par la loi VFT.
Mécanique Diélectrique
Tαβ (K) ± 5 Tαβ/TgDSC ταβ (s) ± 2.10-3 Tαβ (K) ± 5 Tαβ/TgDSC ταβ (s)10-3
PnBMA 310 1.03 2,7.10-2 324 1.05 7,4.10-4
PiBMA 347 1.05 10-2 366 1.05 4,7.10-4
PtBMA 381 1.06 10-3 418 1.05 1,7.10-5
Tableau 4-4 : Classement des températures et des fréquences de jonction extrapolées des relaxations α
et β pour le PnBMA, le PiBMA et le PtBMA, en spectroscopie mécanique et diélectrique.
Les jonctions extrapolées des données de spectroscopie diélectrique se trouvent à plus haute
température et à des temps plus courts que les jonctions extrapolées des données de spectroscopie
mécanique. La température de jonction recalée par rapport à Tg peut permettre de classer les
polymères : plus la chaîne latérale est encombrée, plus la jonction α/β s’éloigne de Tg. Ce classement
n’est pas visible en spectroscopie diélectrique.
Le temps caractéristique associé au point de jonction des deux relaxations est plus faible (donc la
fréquence est plus haute) quand la chaîne latérale est plus encombrée. Cette fréquence de jonction
peut être liée à la coopérativité.
-12
-7
-2
3
8
1 1.5 2 2.5 3 3.5 4
1000/T (K )
log(
τ/s)
re laxations α
PtBM A
PnBM APiBM A
Relaxations α
Relaxations βeff
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
95
4-3- Modèle de hiérarchie et de défauts quasi ponctuels
4-3-1- Modélisation
Ce modèle [Perez 1992] décrit les mouvements dans les matériaux désordonnés comme
étant une succession d’événements simples (processus β), hiérarchiquement corrélés : le temps
moyen τmol est le temps nécessaire à une unité structurale pour se déplacer d’une distance
comparable à sa dimension, et s’exprime comme : τmol = t0
τβt0
1/b (4-22)
t0 est un paramètre d’échelle ajustable.
b est un paramètre de corrélation, relié à la microstructure et donc dépend de la concentration en
défauts (0 ≤ b ≤ 1)
- si b = 1 : il n’y a pas de corrélation, τmol → τβ
- si b = 0 : le degré de corrélation est maximal, τmol → ∞.
A l’état vitreux, b est constant (si on néglige le vieillissement). A l’état liquide, b augmente avec la
température.
Pour déterminer b , on considère que le temps de relaxation de la relaxation α vitreuse a un
comportement arrhenien , et d’après l’équation de 4-19, sa pente (Uα) doit être égale à celle de la
relaxation β (Uβ), divisée par le facteur b.
Figure 4-23 : Diagramme d’Arrhenius schématique de la relaxation α, Uβ est l’énergie d’activation de la
relaxation β.
A basse température, la relaxation β est arrhenienne et le temps caractéristique τβ peut s’écrire :
τβ = τ’0 exp
-
Uβ RT (4-23)
Comme on peut déterminer Uβ à basse température, le rapport bi = Uβ/Uα permet de calculer b à l’état
vitreux.
bi
PnBMA 0,7
PiBMA 0,62
PtBMA 0,57
Tableau 4-5 : Classement des paramètres b pour le PnBMA, le PiBMA et le PtBMA.
Uβ /Rb
1/T
log τ
1/Tg
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
96
Les valeurs des paramètres b obtenues sont de l’ordre de 0.6, ce qui est une valeur élevée pour des
polymères (b est proche de 0.3 en général pour les polymères). Ces valeurs expriment que la
corrélation est plus grande pour le PtBMA et plus petite pour le PnBMA, avec le PiBMA en position
intermédiaire. Cette corrélation semble donc aller de paire avec la mobilité réduite de la chaîne
latérale à fort encombrement stérique.
Enfin, connaissant les paramètres b, τα et τβ pour une température et une fréquence donnée, on peut
en déduire t0 .
t0 (s)
PnBMA 9.10-11
PiBMA 8.10-11
PtBMA 1,5.10-12
Tableau 4-6 : Classement des paramètres t 0 pour le PnBMA, le PiBMA et le PtBMA.
Ces valeurs de t0 sont de l’ordre de grandeur de ceux trouvés généralement pour les polymères. Les
temps sont décalés vers les temps courts pour le PtBMA car la fréquence de jonction est plus haute ;
en revanche, l’écart entre le PnBMA et le PiBMA est faible. t0 pourrait donc correspondre à une
mesure de l’éloignement entre les relaxations α et β. Par contre, son sens microscopique reste à
préciser.
Les diagrammes d’Arrhenius expérimentaux peuvent donc être modélisés par l’équation 4-22, avec
les paramètres trouvés.
La variation des facteurs b avec la température dans le domaine non arrhénien de la relaxation α, est
approximée comme linéaire, dans la zone de transition vitreuse.
Dès que la jonction avec la relaxation β est atteinte, b dépasse la valeur de 1, et l’équation 4-22 perd
son sens physique.
Figure 4-24 : Modélisation de la relaxation α (oo) par le modèle de hiérarchie et de défauts quasi-ponctuels
pour le PnBMA.
-4
-2
0
2
4
6
2.5 3 3.5 4 4.5 5
1000/T(K)
log(
τ/s)
α β
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
97
Figure 4-25 : Modélisation de la relaxation α (oo) par le modèle de hiérarchie et de défauts quasi-ponctuels
pour le PiBMA.
Figure 4-26 : Modélisation de la relaxation α (oo) par le modèle de hiérarchie et de défauts quasi-ponctuels
pour le PtBMA.
Les courbes expérimentales sont bien représentées par les ajustements donnés par le modèle de
hiérarchie et défauts, uniquement à basse température proche de Tg.
Les figures 4-27 montrent les variations des paramètres b avec la température. Pour des
températures inférieures à la température de transition vitreuse, le paramètre b est constant et
correspond à la valeur que nous avons déterminée grâce aux pentes des relaxations β et αvitreuse sur
une représentation d’Arrhenius. Après la transition vitreuse, b augmente. Les pentes à Tg,
matérialisées sur les figures, sont relevées dans le tableau 4-7.
-4
-2
0
2
4
6
8
2.5 3 3.5 4 4.5 5
1000/T(K)
log(
τ/s)
α β
-4
-2
0
2
4
6
8
2.5 3 3.5 4 4.5 5
1000/T(K)
log(
τ/s)
α
β
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
98
-PnBMA- -PiBMA- -PtBMA-
Figure 4-27 : Représentation de la variation du paramètre b du modèle de hiérarchie et de défauts en
fonction de la température pour l’ajustement des courbes des relaxations α sur un diagramme
d’Arrhénius.
Pente de b (K-1) x103 ± 0.5
PnBMA 8.5
PiBMA 10.5
PtBMA 12
Tableau 4-7 : Classement des pentes des paramètres b en fonction de la température pour T>Tg.
Si b varie fortement avec la température, cela conduit à un comportement non arrhénien
caractéristique des systèmes fragiles.
La variation est la plus rapide pour le PtBMA, il est donc le plus fragile. Au contraire , le PnBMA est le
moins fragile. Nous avons déterminé dans le paragraphe 4-2 les paramètres de fragilité m, et le même
classement a été obtenu : le PtBMA est plus fragile que le PiBMA, qui lui même est plus fragile que le
PnBMA.
Cette fragilité peut être appelée ‘’fragilité de coopérativité’’, car c’est à partir de la variation de b que
nous l’avons déterminée.
Dans le modèle de hiérarchie et de défauts, un lien est établi entre l’évolution du paramètre b et
l’évolution de la structure du système. En effet, on peut relier b à la concentration en défauts quasi
ponctuels. Il apparaît donc que l’on peut caractériser la sensibilité de la structure avec la température
pour définir une fragilité ‘’microstructurale’’.
4-3-2- Défauts quasi-ponctuels
Un défaut structural est un site dont le niveau d’enthalpie et / ou d’entropie est supérieur à la
valeur moyenne de l’ensemble des unités structurales.
Pour des températures supérieures à Tg, le système est dans un état de liquide surfondu, et il y a
formation de nanofluctuations de densité. Le nombre de défauts à l’équilibre dans un cristal suit une
statistique de Boltzmann. Le raisonnement pour le matériau amorphe dans son état d’équilibre
thermodynamique (T>Tg) est le même. La concentration en défauts Cd est donnée par :
0
0,2
0,4
0,6
300 320 340T(K)
b
0
0,2
0,4
0,6
280 290 300T(K )
b
0
0,2
0,4
0,6
320 340 360
T(K)
b
1
0,8
0,6
0,4
1
0,8
0,6
0,4
1
0,8
0,6
0,4
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
99
Cd(T) = 1
1 + exp
-∆SF
k exp
∆HF
kT
(4-24)
où ∆HF est l’enthalpie de formation et ∆SF est l’entropie de formation d’un défaut. Ces grandeurs
peuvent être estimées à partir des données calorimétriques.
La variation de l’enthalpie à l’équilibre est : H(T) = Cd.Na.∆HF (4-25)
La variation de l’enthalpie dans cette relation doit conduire au saut ∆Cp de capacité calorifique
constaté au passage de l’état vitreux à l’état métastable.
On détermine ainsi ∆HF et ∆SF :
∆HF ≈ 4.R.Tg + ∆Cp.Tg
4 (4-26)
∆SF ≈ ∆HF
Tg - R.ln
∆HF²R.∆Cp.Tg² - 1 (4-27)
Où R est la constante des gaz parfaits = 8.32 J.K-1.mol.
Le tableau suivant récapitule les données calorimétriques, présentées dans le chapitre 2.
Tg (K) ± 2 ∆Cp ( J. K-1.mol-1d’unité de répétition) ± 3
PnBMA 298 35
PiBMA 336 43
PtBMA 360 50
Tableau 4-8 : Classement des températures de transition vitreuse et des sauts de capacités
calorifiques obtenus en DSC.
Masse d’une unité de répétition ( ≈ un monomère) pour les trois polymères : 142g.mol -1.
Notons que ces valeurs sont déterminées graphiquement, c’est la raison pour laquelle l’incertitude est
assez élevée.
A l’aide de ces valeurs, les enthalpies et les entropies de formation de défauts peuvent être
calculées : elles sont résumées dans le tableau suivant pour les trois polymères. Les valeurs des
concentrations de défaut à Tg sont aussi calculées.
∆HF (kJ.mol-1) ∆SF (J.mol-1.K-1) Cd(Tg) dCd /dT (T=Tg)
PnBMA 12.5 28 0.17 0.76
PiBMA 14.7 31 0.18 0.83
PtBMA 16.4 34 0.19 0.9
Tableau 4-9 : Classement des enthalpies et des entropies de formation de défauts, des concentrations de
défauts à Tg, des pentes des variations de Cd à Tg pour les trois polymères.
Ces résultats nous donnent la variation de concentration de défauts en fonction de la température, au
dessus de la transition vitreuse. Quand cette variation est grande, le système est moins fragile sur le
plan structural, et c’est ce que l’on peut observer sur la figure 4-28. Cette figure montre que la pente
de la concentration de défaut est la plus forte pour le PtBMA, et la plus faible pour le PnBMA. Le
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
100
même classement est obtenu que celui de fragilité totale : le PtBMA est le plus fragile, et le PnBMA
est le moins fragile.
Figure 4-28 : Variation de la concentration de défauts en fonction de la température réduite pour le
PnBMA(), le PiBMA( ), et le PtBMA( ∆).
Il est possible de relier ce comportement à celui du paramètre b, d’après l’équation 4-28 :
b(T) = b(Tg) + r (Cd(T) – Cd(Tg)) (4-28)
où r est une constante positive qui dépend du matériau : r =
d b
d Cd (4-29)
Par conséquent :
d b
dT T=Tg =
d b
d Cd x
d Cd
dT T=Tg (4-30)
Nous avons déterminé ces coefficients r pour chaque matériau : rPnBMA=11.2 , rPiBMA =12.6 et
rPtBMA=13.3, ces coefficients sont de valeur comparable pour les trois polymères.
La concentration en défauts varie de la même manière que le paramètre b.
4-3-3- Bilan sur la fragilité
Nous avons successivement utilisé trois définitions différentes de la fragilité physique :
La fragilité totale avec les paramètres m
La fragilité de coopérativité, définie par
d b
dT T=Tg
la fragilité microstructurale avec le paramètre
d Cd
dT T=Tg .
Toutes ces fragilités sont cohérentes avec le fait que le PtBMA est le plus fragile et que PnBMA est le
moins fragile. De plus, pour des températures proches de la transition vitreuse, les valeurs de r de
l’équation 4-28 sont très comparables entre les trois polymères.
0
0.1
0.2
0.3
0.4
0.5
0.6
1 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5
T/Tg
Cd
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
101
Par conséquent, dans la famille des PBMA, la fragilité totale est bien issue de la fragilité
microstructurale, et non pas d’une différence de sensibilité des effets de corrélation vis à vis de la
structure. Le concept de défaut est donc ici bien pertinent pour expliquer la notion de fragilité
physique.
Nous avons donc obtenu des classements de fragilité pour nos trois polymères, pour des fréquences
dans la gamme de 103 à 10-3Hz et pour des températures proches de la transition vitreuse. Mais il est
possible que cette fragilité se manifeste dans d’autres fenêtres expérimentales. Cette fragilité peut
peut-être aussi être reliée aux contributions intramoléculaires et intermoléculaires des interactions
mises en jeu dans la relaxation β.
4-4- Effet du couplage sur la relaxation secondaire
Dans le paragraphe 4-2-2, la relaxation β a été décrite dans la zone de jonction, en
considérant les relaxations α et β indépendantes. Nous n’avons cependant pas pu donner un sens au
paramètre k de décalage de la relaxation αdiélectrique.
Une autre approche pour décrire cette relaxation β dans la zone de jonction, consiste à étudier
l’influence de la relaxation α sur la relaxation β dans cette zone en essayant de séparer les
contributions intramoléculaires et intermoléculaires des enthalpies et des entropies d’activation de
cette relaxation.
L’étude de l’influence du couplage entre les relaxations α et β sur la relaxation β a été effectuée sur le
système sorbitol/maltitol [Faivre 1997], comme cela est décrit dans la partie 1-4-1 et nous essaierons
de comparer nos résultats avec ceux de ces sucres.
Sur la base de nos observations expérimentales, nous pouvons écrire que l’énergie d’activation ∆Gβ
du processus β, possède deux contributions :
τβ = τ0β exp
∆Gβintra + ∆Gβinter
kT (4-31)
-une contribution intramoléculaire ∆Gβintra, qui est constante sur toute la gamme de température
-une contribution intermoléculaire ∆Gβinter, qui diminue dans la zone de jonction α/β et au delà : nous
considérons en effet que les contributions intermoléculaires dépendent de la température :
∆Gβinter(T) = ∆Hinter(T) - T∆Sinter(T) (4-32)
T<<Tαβ (équivalent à τ<<ταβ) : ces contributions intermoléculaires sont indépendantes de la
température, car le processus β est beaucoup plus rapide que le processus α. La structure de la
zone affectée par le processus β est donc indépendante de la température
quand la température approche de la zone de jonction : ces contributions intermoléculaires
diminuent, car les liaisons intermoléculaires s’affaiblissent : les mouvements locaux deviennent
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
102
plus faciles. A très haute température, on peut considérer que les contributions intermoléculaires
disparaissent, les molécules se déplacent alors indépendamment les unes des autres.
Pour traduire simplement cette hypothèse , nous avons décris l’entropie et l’enthalpie par les
équations:
∆Sβinter(T) = ∆SβinterBT .
Tαβ
Tp à T > Tαβ (4-33)
∆Hβinter(T) = ∆HβinterBT .
Tαβ
T p à T > Tαβ (4-34 )
où ∆HβinterBT et ∆SβinterBT sont les valeurs des composantes intermoléculaires de l’enthalpie et de
l’entropie d’activation du processus β à basse température, considérées comme constantes dans le
domaine de température T < Tαβ.
La puissance p est un paramètre ajustable qui traduit la décroissance des contributions
intermoléculaires avec la température. Dans le cas du sorbitol et du maltitol, un bon ajustement des
données expérimentales est obtenu avec la valeur p=1.
Pour déterminer les paramètres intervenant dans ces expressions, nous avons tout d’abord considéré
qu’une valeur raisonnable de 10-14s doit être obtenue pour le temps τβ à haute température.
Le temps de relaxation arrhenien β est décrit par l’expression :
τβ = τβ0 exp
-
EβRT (4-35)
ce qui est équivalent à basse température à l’expression (4-26). La limite à haute température de ces
expressions conduit à :
τ0β = 10-14exp
-∆SβinterBT - ∆Sβintra
k (4-36)
Eβ ≈ ∆HβinterBT + ∆Hβintra (4-37)
Les valeurs de ∆SβinterBT + ∆Sβintra obtenues, sont données dans le tableau 4-10, avec les valeurs de τ0β
et Eβ.
τ0β(s) ± 5.10-13 (∆SβinterBT + ∆Sβintra) (J. K-1 .mol-1) Eβ (kJ/mol)
PnBMA 1.10-12 38 ± 5 70 ± 5
PiBMA 6,3.10-13 34 ± 5 68 ± 5
PtBMA 3,2.10-12,5 28 ± 5 67 ± 5
Tableau 4-10 : Classement des paramètres obtenus pour la modélisation des contributions
intermoléculaires et intramoléculaires pour le PnBMA, le PiBMA et le PtBMA.
D’autre part, nous avons choisi d’utiliser des valeurs de l’enthalpie intramoléculaire de la relaxation β
que nous avons déterminées par simulation de dynamique moléculaire (décrites dans le chapitre 5) :
une valeur approchée de 30 Kj.mol-1 est donc fixée pour ∆Hβintra pour les trois polymères.
Le temps caractéristique de la relaxation secondaire peut être décrit par les expressions suivantes :
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
103
τβ = 10-14exp
∆HβinterBT + ∆Hβintra -T(∆SβinterBT + ∆Sβintra)kT à T < Tαβ (4-38)
τβ = 10-14exp
∆HβinterHT + ∆Hβintra -T(∆SβinterHT + ∆Sβintra)kT à T > Tαβ (4-39)
où ∆SβinterHT(T) et ∆HβinterHT(T) sont données par les expressions précédentes.
Les seuls paramètres inconnus sont ∆SβinterBT et p. Ces paramètres sont déterminés en ajustant les
courbes calculées aux données expérimentales obtenues à haute température.
Figure 4-29 : Ajustement des résultats du PnBMA par les expressions décrites dans le texte et les
paramètres donnés dans le tableau précédent. Diagramme d’Arrhenius étendu du PnBMA ( ).
Figure 4-30 : Ajustement des résultats du PiBMA par les expressions décrites dans le texte et les
paramètres donnés dans le tableau précédent. Diagramme d’Arrhenius étendu du PiBMA ( ).
-12
-7
-2
3
2 2.5 3 3.5 41000/T(K)
log(
τ/s)
-12
-7
-2
3
2 3 41000/T(K)
log(
τ/s)
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
104
Figure 4-31 : Ajustement des résultats du PtBMA par les expressions décrites dans le texte et les
paramètres donnés dans le tableau précédent. Diagramme d’Arrhenius étendu du PtBMA ( ∆).
Le changement de comportement de la relaxation β dans la zone de jonction est bien représenté par
cette modélisation et cette séparation en terme de composante intermoléculaire et intramoléculaire.
Les paramètres ajustés sont listés dans le tableau 4-11.
La puissance p est égale à 6 pour les trois polymères.
PnBMA PiBMA PtBMA PMMA*
∆HβinterBT (kJ.mol-1) ± 5 41 38 36 75±7
∆Hβintra (kJ.mol-1) ± 5 30 30 30 3±7
∆SβinterBT (J.K-1.mol-1) ± 5 36 25 15 35±3
∆Sβintra (J.K-1.mol-1) ± 5 2 9 14 3±3
Tableau 4-11 : Classement des entropie et des enthalpies intermoléculaires et intramoléculaires pour le
PnBMA, le PiBMA et le PtBMA.
Les valeurs pour le PMMA* [Faivre 1997] ont été ajoutées comme éléments de comparaison.
Il semble intéressant de faire le parallèle avec le comportement des sucres :
Le sorbitol : les relaxations α et β sont proches, et leur jonction se produit à temps long
(ταβsorbitol>ταβmaltitol) ; ∆Gβ est majoritairement intermoléculaire (∆Hβ est majoritairement
intermoléculaire, et ∆Sβ est majoritairement intermoléculaire). Il pourrait être analogue au PnBMA
de notre série.
Le maltitol : les relaxations α et β sont mieux séparées, et la jonction se fait à temps plus court ;
∆Gβ est à dominante intramoléculaire car la molécule est plus complexe (∆Hβ est majoritairement
intramoléculaire, et ∆Sβ est majoritairement intermoléculaire).
Il pourrait être analogue au PtBMA de notre série, dont la chaîne latérale contient un carbone
quaternaire, et qui est par conséquent le plus complexe des trois isomères.
La complexité de la structure s’exprime, pour les PBMA, avec les poids des contributions
intermoléculaires et intramoléculaires de l’entropie : bien qu’il y ait une grande incertitude sur la
détermination de ces entropies, il peut être possible de dégager une tendance générale.
-12
-7
-2
3
2 3 41000/T(K)
log(
τ/s)
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
105
L’entropie d’activation de la relaxation β du PnBMA est majoritairement intermoléculaire, comme pour
le PMMA. Le PtBMA, ayant la chaîne latérale la plus encombrée, a une entropie d’activation pour la
relaxation β dont les contributions inter et intramoléculaires sont équivalentes. Le PiBMA a un
comportement intermédiaire. La valeur de l’entropie traduit la coopérativité du processus relaxationnel.
La coopérativité est majoritairement intermoléculaire dans le PnBMA dont la chaîne latérale est souple
et plus longue, et est donc plus en contact avec des portions de chaînes voisines. La coopérativité de
la relaxation β du PtBMA a une composante intramoléculaire plus grande, car sa chaîne latérale est
plus encombrée et moins souple, elle doit donc entraîner un plus grand nombre d’atomes auxquels
elle est liée pour pouvoir effectuer un mouvement.
Cette différence ne s’exprime pas pour les sucres car ce sont de petites molécules, susceptibles de
former de nombreuses liaisons hydrogènes entre elles : les contributions sont clairement
intermoléculaires.
Pour conclure sur cette approche, deux points peuvent être soulignés :
nous avons essayé de modéliser la décroissance des interactions intermoléculaires en prenant
pour température seuil non pas Tαβ mais Tg. C’est en effet à cette température que les interactions
intermoléculaires de type Van der Waals s’affaiblissent comme en témoigne la chute du module.
Cependant, une loi de puissance pour la décroissance des interactions intermoléculaires ne donne
pas de bon résultats et cette modélisation s’est avéré infructueuse.
la modélisation du paragraphe 4-2-2 où un temps de relaxation effectif pour la relaxation β est
obtenu par l’équation 4.17 revient à supposer que les processus de relaxation α et β sont
indépendants. Cette modélisation donne de bons résultats mais ne permet pas de séparer les
contributions inter et intramoléculaires des enthalpies et des entropies. En conclusion, il nous
semble difficile de privilégier l’une ou l’autre des deux approches.
4-5- Comparaison avec un autre système : les PolySulfures de Propylène(PPS)
La série des PPS de tailles différentes est un système intéressant à étudier comme outil de
comparaison avec la série des poly(butyl méthacrylate). A l’aide de la même procédure que dans le
paragraphe précédent, les composantes intramoléculaires et intermoléculaires peuvent être
déterminées suivant la taille du PPS linéaire. Une étude complète a été effectuée sur une série de
PPS, lors de la thèse de Nicol [Nicol 2000]. Nous avons effectué des expériences supplémentaires
avec le pendule de torsion, car le comportement à basse fréquence n’avait pas été exploré. Nous
avons utilisé des fréquences de balayage allant de 10-2 Hz à 1 Hz. Nous avons ainsi pu étudier la
relaxation secondaire β, et l’influence de la taille de la macromolécule sur les composantes
intermoléculaires et intramoléculaires de cette relaxation.
Le tableau 4-12 récapitule les masses molaires moyennes en nombre, les indices de polymolécularité,
et les températures de transition vitreuse obtenues par spectroscopie diélectrique des polymères qui
nous ont été fournis.
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
106
Mn(g.mol-1) Nombre de motifs
constitutifs
Ip Tα(1Hz)
(=Tgdiélectrique) (K)
D 0,5 880 15 1,13 207
D 1 1283 20 1,1 217
D 2 2123 35 1,19 228
D 20 18520 300 1,65 235
D 40 28330 470 1,25 236
Tableau 4-12 : Classement des masses molaires moyennes en nombre, des indices de polymolécularité et
de la température de transition vitreuse diélectrique des PPS.
Masse molaire d’une unité de répétition : 60g.mol -1.
Nous avons utilisé les résultats obtenus dans ce travail en spectroscopie diélectrique, que nous avons
complétés. Pour la relaxation β, il a été trouvé par spectroscopie diélectrique que l’énergie d’activation
variait assez peu avec la masse molaire, et sa valeur a été estimée à 39kJ.mol-1. Nous avons trouvé
des valeurs légèrement supérieures en spectroscopie mécanique. Sur la figure 4-34, un diagramme
d’Arrhénius représente les relaxation βmécanique de la série des PPS.
Figure 4-33 : Représentation d’Arrhénius des PPS, pour la relaxation β, par spectroscopie mécanique.
D 0,5(), D 1(x), D 2(-), D20(û) et D 40(|).
Les énergies d’activation sont résumées dans le tableau 4-13.
-1
-0,5
0
0,5
6 6,4 6,8 7,2
1000/T (K)
log(
τ/s)
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
107
Eaβ (kJ.mol-1) ± 5 Log(τ0)
D 0,5 47 -17
D 1 50 -17
D 2 51 -18
D 20 55 -18
D 40 65 -22
Tableau 4-13 : Classement des énergies d’activation et des temps pré-exponentiels de la relaxation β de
PPS, trouvés en spectroscopie mécanique.
On observe, contrairement à l’interprétation de Nicol et al, que les énergies d’activation de la
relaxation β ne sont pas identiques. On trouve des énergies de 10 à 20 kJ supérieures à celles
trouvées en spectroscopie diélectrique, c’est d’ailleurs l’écart qu’ils trouvaient entre les mesures en
viscosité et les mesures diélectriques [Nicol 2000].
Plus la chaîne du polymère est longue, plus l’énergie d’activation de la relaxation β est grande. Une
première explication possible est qu’avec des chaînes courtes, la composante intramoléculaire de
l’énergie d’activation associé à un mouvement de type manivelle diminue. Mais ce résultat peut aussi
s’expliquer en examinant le nombre de bouts de chaîne qui diminue quand la taille du polymère
augmente. Ces bouts de chaînes peuvent jouer un rôle de défauts structuraux et créer des zones où
la mobilité moléculaire est plus forte, et où les interactions intermoléculaires sont réduites.
Pour les relaxations α, nous avons utilisé l’ajustement VFT qui a été utilisé par Nicol : une même loi
peut décrire tous les polymères :
log(fmax) = 11,2 - 390
T - Tgdiel - 35 (4-40)
La forme des lois VFT est identique pour tous ces polymères sur un diagramme d'Arrhénius en Tg/T.
Le nombre de bouts de chaîne modifie aussi la température de transition vitreuse, qui est plus haute
pour des polymères de plus grande taille. La relaxation α est décalée de la même manière.
Couplage α/β et changement de dynamique de la relaxation secondaire :
Nous pouvons à présent nous pencher sur la jonction entre les relaxations α et β, et expliciter les
composantes intermoléculaires et intramoléculaires de l’enthalpie et de l’entropie d’activation de la
relaxation β. Avec le même raisonnement que dans le paragraphe précédent, on peut calculer la
somme des contributions intermoléculaire et intramoléculaire de l’entropie à partir du temps pré-
exponentiel τ0 de la relaxation β (relation 4-37).
La somme des contributions intramoléculaires et intermoléculaires de l’enthalpie de la relaxation β est
donnée par l’énergie d’activation (relation 4-38).
La puissance p, comme dans le cas du sorbitol et du maltitol, est considérée comme étant égale à 1.
Il reste à déterminer une température de jonction entre les relaxations α et β pour chaque échantillon,
que nous déterminerons graphiquement.
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
108
Deux modélisations représentatives sont présentées sur les figures 4-35 et 4-36.
Figure 4-35 : Modélisation de la relaxation β avant et après la jonction α/β
pour un PPS de grande masse D 20.
Figure 4-36 : Modélisation de la relaxation β avant et après la jonction α/β
pour un PPS de petit masse D 0.5.
Les courbes expérimentales sont bien représentées par cette modélisation et cette séparation en
terme de composantes intermoléculaire et intramoléculaire. Les paramètres ajustés sont résumés
dans le tableau 4-14.
On observe que plus la masse du polymère augmente, plus la relaxation β vient tangenter la relaxation
α dans la zone de jonction. On passe du scénario de jonction –a- au scénario –c- (figure 1-35) définis
dans le chapitre 1.
-14
-9
-4
1
1 2 3 4 5 6 7
1000/T (K)
log(
τ/s)
αdiélectrique
βmécanique
βdiélectrique
-14
-9
-4
1
1 2 3 4 5 6 7
1000/T (K)
log(
τ/s)
αdiélectrique
βmécanique
βdiélectrique
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
109
D 0,5 D 1 D 2 D 20
∆HβinterBT (kJ.mol-1) ± 5 47 45 30,5 25
∆Hβintra (kJ.mol-1) ± 5 ≈0 5 20 30,3
∆SβinterBT (J.K-1.mol-1) ± 5 67 65 74,5 93
∆Sβintra (J.K-1.mol-1) ± 5 ≈0 ≈0 ≈0 ≈0
Tableau 4-13: Classement des entropies et des enthalpies intermoléculaires et intramoléculaires
pour la série des PPS.
Pour les petites masses, la contribution enthalpique est majoritairement intermoléculaire, comme cela
était le cas pour le sorbitol. Lorsque la masse du polymère augmente, la contribution intramoléculaire
de l’enthalpie augmente. La relaxation β est donc bien influencée par la taille du polymère. Les
entropies sont principalement intermoléculaires, mais l’incertitude reste grande. L’entropie d’activation
de la relaxation β est majoritairement intermoléculaire pour tous les PPS qui sont des molécules
linéaires, donc qui ne possèdent pas d’encombrement stérique, et qui sont souples. L’entropie est
aussi intermoléculaire pour le PnBMA, qui a une chaîne latérale linéaire. Au contraire, l’entropie
d’activation de la relaxation β du PtBMA est plus intramoléculaire, car la chaîne latérale est
encombrée.
&KDSLWUH /D ]RQH GH MRQFWLRQ αβ
110
4-6- Conclusion sur l’analyse de la zone de jonction α/β
La séparation des relaxations α et β nous a permit de voir que la relaxation β change de
comportement au voisinage de la relaxation α. La modélisation des diagrammes d’Arrhénius par une
loi VFT permet de mieux apprécier la différence entre les relaxations αmécanique et αdiélectrique, mais aussi
d’évaluer des paramètres de fragilité permettant d’établir un classement : PtBMA est le plus fragile, et
PnBMA est le moins fragile. Le PiBMA adopte un comportement intermédiaire.
Le modèle de mouvements hiérarchiquement corrélés et de défauts abouti au même classement de
fragilité des PBMA, que ce soit par les ajustements des relaxations α avant la jonction où à partir des
concentrations de défauts quasi ponctuels obtenus à partir des sauts de capacité calorifique obtenus
en DSC. L’adéquation entre ces méthodes nous permet de conclure que la fragilité est d’origine
microstructurale.
L’influence de la relaxation α sur la relaxation β a été mise en évidence en séparant les contributions
intermoléculaires et intramoléculaires de l’enthalpie et de l’entropie d’activation de la relaxation β. En
ce qui concerne l’enthalpie, pour les petites molécules comme les PPS ou les sucres, où la masse
joue un grand rôle : la contribution intermoléculaire augmente avec leur taille. En revanche, pour les
polymères, les contributions intermoléculaires et intramoléculaires sont équivalentes.
L’entropie d’activation est majoritairement intermoléculaire pour le PnBMA et plus intramoléculaire
pour le PtBMA. La coopérativité est donc plus intramoléculaire pour le PtBMA que le PnBMA et le
PiBMA qui adopte là encore, un comportement intermédiaire.
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
111
5- Dynamique aux temps courts
Dans cette partie, deux techniques analysant la même gamme de fréquence seront présentées : la
simulation de dynamique moléculaire et la diffusion de neutrons. Ces techniques complémentaires
permettent de compléter le diagramme d’Arrhénius étendu des PBMA.
5-1- Simulations de dynamique moléculaire
Les temps accessibles par simulation de dynamique moléculaires sont courts, car le facteur
limitant est la durée du calcul, dépendant de la puissance des stations de travail. Ces simulations ont
donc été menées pour permettre de comprendre le processus dynamique microscopique qui est à
l’origine des relaxations β et δ, et l’influence que peut avoir la gène stérique du groupe latéral sur ces
mécanismes. Cette étude est basée sur le calcul d’une fonction de corrélation pertinente pour
examiner la mobilité des angles de torsion impliqués dans les processus β et δ, matérialisés sur la
figure 5-1-1. Les simulations de dynamique moléculaire offrent l’avantage de pouvoir étudier la
dynamique conformationnelle de ces angles de torsion à la fois en phase condensée et sur des
structures isolées : ainsi, des informations importantes sont apportées sur les contributions
intermoléculaires et intramoléculaires des interactions impliquées dans ces processus basse
température. Comme on l'a vu, ces données sont importantes pour tenter d’explorer la coopérativité
des mouvements moléculaires et la jonction entre la relaxation principale α et la relaxation plus locale
β.
Figure 5-1-1 : Représentation d’un trimère du PnBMA dans l’espace (Cerius). Les angles de torsion φβ et
φδ représentés sur la figure, caractérisent les rotations des groupes latéraux autour des liaisons C-C(O) et
C(O)-O respectivement.
5-1-1- Champ de force et méthodologie
Dans ce paragraphe, les constructions des structure initiales sont détaillées, ainsi que les
stratégies concernant l’étude des relaxations et les simulations de dynamique moléculaire sur les
poly(butyl méthacrylate)s. Les calculs de dynamique moléculaire ont été effectués en utilisant le
φβ
φδ
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
112
champ de force CVFF95 intégré dans le programme CERIUS [Hagler 1974](détails en annexes). Ce
champ de forces est utilisé pour les polymères et petites molécules. L’intégration numérique des
temps a été menée avec la forme temporelle de l’algorithme de Verlet (User Guide, MSI 1996), par
pas de 1fs. La température est tenue constante, en utilisant le thermostat d’Andersen en couplant la
vitesse des atomes à une référence externe de temps caractéristique 0,1ps [Andersen 1980].
En ce qui concerne la structure des polymères, une chaîne atactique de 30 unités de répétition a été
générée avec la méthode de Monte Carlo pour les angles dièdres de toutes les liaisons suceptibles de
tourner, avec le module ‘’Amorphous builder’’ de Cerius. La structure des chaînes macromoléculaires
a été optimisée en utilisant des algorithmes de descente rapide (steepest descent) et de gradient
conjugués. Les structures amorphes condensées ont été simulées avec les conditions aux limites
périodiques et la convention d’image minimum, une méthode qui a été utilisée avec succès pour
simuler des polymères en phase condensée et à l’état fondu. Pour les structures condensées, les
densités des cellules initiales sont celles tirées de la littérature [Mc Crum 1967] à 300K : 1,05 pour le
PnBMA et 1,04 pour le PiBMA et le PtBMA .
Figure 5-1-2 : Représentation du PnBMA en phase condensée (Cerius), constitué de 30 monomères et
construit avec une densité de 1,04. Conditions aux limites périodiques : les interactions intermoléculaires
et intramoléculaires sont prises en compte. Trois cubes indépendants sont construits aléatoirement et
constituent les structures de départ pour les calculs.
Pour éviter au système de rester bloqué dans un minimum local métastable de haute énergie, il est
nécessaire d’ effectuer une opération de dynamique moléculaire à haute température. Pour relaxer
cette structure, une procédure similaire à celle de Mattice a été suivie [Li 1992] [Kim 1993]. Après une
minimisation avec l’algorithme de descente rapide en 100000 pas, les structures sont chauffées de
300K à 1000K dans l’ensemble statistique NVT à une vitesse de 100K/10ps et ce chauffage est suivi
par un calcul de dynamique moléculaire de 50ps effectué à 1000K , à volume constant. La
conformation avec l’énergie potentielle totale la plus basse au dernier calcul de dynamique
moléculaire est sélectionnée, et son énergie potentielle est minimisée. A la fin de cette première
étape, un calcul de dynamique moléculaire dans l ‘ensemble statistique NPT à 300K, 400K, 500K et
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
113
600K est ensuite effectué jusqu'à obtention d’une densité et d’une énergie constante. Les structures
obtenues à la fin de cette stratégie sont considérées comme ayant une énergie minimale, car des
calculs de dynamique moléculaire supplémentaires montrent que leurs énergies totales et leurs
densités fluctuent de moins de 0,5%.
Nous avons ensuite utilisé les structures relaxées obtenues pour effectuer des calculs de 300ps à
300K, 400K, 500K et 600K dans l ‘ensemble statistique NVT. La position et la vitesse sont
enregistrées toutes les picosecondes. Pour chaque polymère, trois cellules sont construites
indépendamment pour s’assurer que plusieurs conformations du polymère amorphe sont explorées.
Pour améliorer la statistique, ces structures équilibrées sont simulées, et leurs propriétés moyennées.
5-1-2- Fonction d’autocorrélation et temps de corrélation
Pour calculer l’échelle de temps caractéristique liée à la rotation des angles dièdres cités, nous avons
calculé la fonction de corrélation du second ordre, qui est défini pour l’angle φ par l’équation :
G(t) = 12 ( )3 <cos2φ(t) > - 1 (5-1)
Cette fonction caractérise tout le processus de diffusion angulaire [Kim 1994].
Par la suite, φ correspond successivement à l’angle de torsion φβ lié à la relaxation β, et à l’angle de
torsion φδ lié à la relaxation δ. Le rôle de ces angles a été mis en évidence en RMN, comme cela a été
rappelé dans le chapitre bibliographique. Pour les calculs de cette fonction de corrélation, une
moyenne est prise sur le temps et sur les unités constitutives du polymère. Cette fonction de
corrélation est calculée pour le polymère isolé et pour le polymère en phase condensée. La
décroissance de G(t) est ensuite modélisée par une exponentielle étendue de Kolhraush Williams
Watts : G(t) = exp
-
t
τβ (5-2)
Une simple échelle de temps caractéristique est ainsi obtenue, et pour chaque température, les
valeurs reportées sont moyennées sur les temps de corrélation obtenus par les simulations à partir
des trois structures relaxées.
5-1-3- Validation du champ de force
Dans le but d’évaluer si les structures optimisées donnent une bonne représentation des
polymères, la même méthode de simulation a été appliquée au PMMA pour lequel de nombreux
résultats expérimentaux ont été publiés. Nous avons plus particulièrement regardé la rotation du
groupe latéral carboxyméthyl dans le PMMA. Ce processus a été étudié en diffusion de neutrons, et
une comparaison avec les résultats de dynamique moléculaire est possible. La fonction de corrélation
G(t) a été évaluée pour l’angle de torsion lié au groupe carboxyméthyl.
La figure 5-1-3 montre la fonction G(t) calculée pour le PMMA atactique à 100K , le trait fin correspond
à l’ajustement avec une exponentielle étendue KWW.
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
114
Figure 5-1-3 : Représentation de la fonction de corrélation G(t) pour le PMMA. Un courbe est ajustée sur
ces points avec l’exponentielle étendue KWW.
Dans la gamme de température 100K – 250K, une valeur constante du facteur β (β = 0,7 ± 0,1) et une
énergie d’activation apparente de 3,9kJ.mol-1 ont été obtenues à partir des simulations. La valeur de
l’énergie d’activation est comparable avec celles obtenues en diffusion de neutrons qui est de
5,3kJ.mol-1 [Arrighi 1995].
L’exposant β issue des simulations est légèrement plus élevé que celui obtenu par diffusion de
neutrons qui est environ de 0,6 [Gabrys 1984]. Les résultats des simulations sont donc en accord avec
les mesures en diffusion de neutron.
Pour aller plus loin dans la justification des méthodes de simulation, nous avons calculé la densité
d’énergie cohésive qui peut être comparée avec les paramètres de solubilité mesurés
expérimentalement à 300K. La densité d’énergie cohésive est associée aux interactions
intermoléculaires et peut être définie comme la différence entre l’énergie totale de la microstructure
Utot et l’énergie de la chaîne isolée Uiso. Le paramètre de solubilité de Hildebrand δ correspond à la
racine carré de la densité d’énergie cohésive :
δ =
Utot - Uiso
V 1/2 (5-3)
Les valeurs expérimentales des paramètres de solubilité à température ambiante sont comprise entre
17,4 et 27,2 (J.cm-3)0,5[Arrighi 1995].
La valeur obtenue à partir des simulations pour le PMMA est de 20 ± 0,5 (J.cm-3)0,5 .
Enfin, les densités obtenues pour les structures relaxées du PMMA correspondent aux densités
expérimentales avec une erreur de 2% [Lousteau 2000][Bandrup 1989].
Pour conclure, le champ de force CVFF95 et la stratégie de relaxation reproduisent assez bien les
données de diffusion de neutrons pour le PMMA ainsi que les paramètres de solubilité et les valeurs
de densité. Les structures des unités répétitives des poly(butyl méthacrylate)s sont très proches
chimiquement de celle du PMMA.
Pour ces raisons, nous avons considéré que ce champ de force et cette procédure de relaxation sont
capables de prédire raisonnablement les propriétés de ces polymères.
0
0 .2
0 .4
0 .6
0 .8
1
0 2 0 4 0 6 0t (p s )
G(t
)
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
115
5-1-4- Dynamique des angles de torsion φβ et φδ
Comme exemple, la figure 4 montre l’évolution de G(t) dans une échelle semi-logarithmique
dans la gamme de température de 300K à 600K pour l’angle de torsion φδ pour le PnBMA isolé et en
phase condensée. Une structure représentative a été arbitrairement choisie pour ce tracé.
Figure 5-1-4 : Variation de la fonction de corrélation du PnBMA en phase isolée (-a-) et en phase
condensée (-b-) à 300K( ×),400K (∆), 500K (ο) et 600K (◊) .
Pour extraire les temps de corrélation à partir de ces courbes, la décroissance rapide dans les
premières picosecondes, qui peuvent être attribuées aux mouvements de librations sont négligés, et
la décroissance de G(t) est ajustée avec l’exponentielle étendue KWW.
Dans tous les cas, pour les deux relaxations, si les premières picosecondes sont négligées, l’exposant
β est très proche de 1 et aucune tendance en fonction de la température ou de la nature du
monomère ne peut être mise en évidence. Donc une simple exponentielle donne une bonne
description de la décroissance de G(t). La faiblesse du décalage par rapport à une relaxation
exponentielle peut être attribuée à la haute température de simulation. Sur la base de cette méthode,
nous avons déterminé la dépendance en température des temps de corrélation τφδ (T) et τφβ (T) pour
les macromolécules isolées et en phase condensée. Notons que prendre en compte l’exposant de la
fonction KWW ne conduit pas à des changements significatifs dans les énergies d’activation.
Avant de présenter tous les résultats de temps de corrélation calculés, plusieurs résultats méritent
d’être mentionnés. Pour l’angle φβ , les comportements du PiBMA et du PtBMA sont très proches.
Pour les isomères en phase condensée, nous avons conclu qu’il n’était pas possible de déterminer
précisément un temps de relaxation τφβ en dessous de 450K où la décroissance de la fonction de
corrélation est trop lente. De même, il n’est pas possible de déterminer un temps de relaxation pour le
PtBMA dans le cas de l’angle φδ car après une décroissance rapide dans les premières picosecondes,
la fonction de corrélation reste constante. Ce dernier résultat est en accord avec nos résultats
expérimentaux qui ne montraient pas de processus δ pour le PtBMA.
Les évolutions avec la température des valeurs moyennes des temps de corrélation τφβ et τφδ obtenus
pour les polymères isolés et en phase condensée sont représentées figure 5-1-5. Ce graphique montre
que les structures isolées permettent des relaxations plus rapide.
-1.2
-0.8
-0.4
0
0 20 40 60t (ps)
ln(G
(t))
-0.6
-0.4
-0.2
0
0 20 40 60
t (ps)
ln(G
(t))
-a- -b-
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
116
-a- -b-
Figure 5-1-5 : Dépendance en température des temps de corrélation τφδ (-a-) et τφβ (-b-) pour le PnBMA ( ,
) et le PiBMA ( , z) en phase isolée (symboles vides) et en phase condensée (symboles pleins).
Le diagramme d’Arrhenius obtenu grâce aux spectroscopies mécanique et diélectrique peut
maintenant être complété par les temps de relaxation obtenus par simulation pour les polymères en
phase condensée et pour les processus de relaxation β et δ (figure 5-1-6). Les barres d’erreurs ont
été estimées par la fluctuation des temps de corrélation venant des différentes configurations de
départ, qui sont indépendantes. La gamme de température explorée n’étant pas très large, une loi
d’Arrhenius donne donc une bonne description de la dépendance en température.
-10
-5
0
5
1 3 5 7 91000/T (K)
log(
τ)
α β
γ
δ
Figure 5-1-6 : Diagramme d’Arrhénius des poly(butylméthacrylate)s. Pour les basses fréquences :
données de spectroscopie diélectrique et mécanique déterminées dans le chapitre 3. Le coin en bas à
gauche correspond à la partie hautes fréquences : les temps de corrélation ont été calculés pour le
PnBMA () et le PiBMA ( ) pour la relaxation β (en gris) et pour la relaxation δ (symboles vides). Les
courbes pointillées reliant les points hautes fréquences et les données expérimentales basses
fréquences pour la relaxation β sont les courbes issues de la loi VFT ajustées sur les relaxations α
(chapitre 4).
-10.2
-9.2
-8.2
1.5 2 2.5 3 3.5
1000/T (K)
τ(T)
-9.8
-8.8
1.5 2 2.5
1000/T (K)
τ(T)
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
117
A partir des données présentées sur cette figure, la question est de savoir si les mesures basses
fréquences et les résultats de simulation peuvent être reliés.
Il semble que les points calculés par les fonctions de corrélation pour la relaxation β se trouvent sur
les courbes issues des modélisations VFT des données expérimentales des spectroscopies basses
fréquences pour la relaxation α. Ceci peut être une preuve que dans cette zone de température et de
fréquence, les relaxations α et β se sont déjà rejointes et donnent lieu à une relaxation que nous
avons précédemment appelée relaxation a. La rotation du groupe latéral selon l’angle de torsion φβ
serait donc un des mouvements majoritaires qui gouverne ou qui limite cette nouvelle relaxation.
Les énergies d’activation calculées pour les temps de corrélation correspondant à l’angle φβ obtenus
pour les isomères en phase condensée ou isolés, sont résumées dans le tableau 5-1-1. L’énergie
d’activation de la relaxation β, identique pour les trois polymères, déterminée en spectroscopie
‘’basses fréquences’’ est rappelée.
Simulation :
polymère isolé
Simulation :
phase condensée
Données expérimentales
Basses fréquences
PnBMA
Ea(φβ) en kJ.mol-128 ± 2 43 ± 2 67 ± 5
PiBMA, PtBMA
Ea(φβ) en kJ.mol-130 ± 2 47 ± 2 67 ± 5
Tableau 5-1-1 : Energies d’activations issues de simulations en phase condensées et isolés pour le
PnBMA et le PiBMA pour la rotation de l’angle φβ, et comparaison avec les énergies d’activation
expérimentales pour la relaxation β.
L’énergie d’activation calculée pour les polymères en phase condensée s’avère beaucoup plus faible
que l’énergie que nous avions obtenue en spectroscopie aux basses fréquences. La barrière
énergétique associée à la rotation de l’angle φβ possède une contribution intermoléculaire qui est
diminuée par la flexibilité de la chaîne principale, si on suppose que la contribution intramoléculaire est
constante.
D’après ces résultats de simulations, Il y a une légère différence d’énergie d’activation suivant les
isomères : la mobilité est plus grande pour le PnBMA que pour le PiBMA. En revanche, la relaxation
β, paraît être indépendante du groupe latéral, si on considère que les relaxations α et β sont résolues.
La plus grande mobilité pour la dynamique de φβ est obtenue pour le PnBMA : ceci peut être dû au fait
que la jonction α/β se fait à plus basse température pour ce polymère. Cette explication serait en
accord avec l’influence proposée de la relaxation α sur le processus β.
Finalement, pour la relaxation β, les contributions intramoléculaires, représentent la part prédominante
sur l’énergie d’activation totale, et jusqu’à présent, aucune différence significative entre les isomères
n’a été observée.
Les énergies d’activation calculées pour les temps de corrélation correspondant à l’angle φδ obtenus
pour les isomères en phase condensée ou isolés, sont résumées dans le tableau 5-1-2.
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
118
Simulation :
polymère isolé
Simulation :
phase condensée
Données
expérimentales
PnBMA
Ea(φδ) en kJ.mol-114,5 20 ± 2 30 ± 1
PiBMA
Ea(φδ) en kJ.mol-114,5 22 ± 2 30 ± 1
Tableau 5-1-2 : Energies d’activations issues de simulations en phase condensée et isolée pour le
PnBMA et le PiBMA pour la rotation de l’angle φδ et comparaison avec les énergies d’activation
expérimentales pour la relaxation δ.
Pour l’angle φδ, l’énergie d’activation obtenue à partir des simulations ne dépend pas de l’isomère
butyle de la chaîne latérale (lorsque la relaxation δ existe): ceci est en accord avec les résultats que
nous avions obtenu expérimentalement dans la gamme basses fréquences.
La valeur de cette énergie déduite des simulations est un peu plus faible que celle trouvée en
spectroscopie basses fréquences. D’autre part, ce résultat démontre que la relaxation δ est bien
associée au mouvement de l’angle φδ et que la fonction de corrélation que nous utilisons est capable
d’estimer correctement un temps moyen pour le processus δ. Dans les domaines de temps et de
température explorés, la relaxation δ est peut-être faiblement influencée par la relaxation β, la
relaxation α ou le processus haute température a, mais il semble que δ n’a pas encore fusionné avec
ces relaxations lorsque l’on observe la figure 5-1-6.
Ces résultats montrent que la contribution intramoléculaire est la partie dominante de l’énergie
d’activation totale. Néanmoins, à cause des incertitudes, il n’est pas possible de distinguer les
contributions relatives des interactions intramoléculaires et intermoléculaires dépendant de la
structure du monomère.
5-1-5- Coopérativité du processus de relaxation β
Les simulations de dynamique moléculaire permettent d’aller plus loin dans la description des
mouvements atomiques, et c’est un outil utile pour étudier la coopérativité des mécanismes
moléculaires. Dans cette partie, nous allons analyser la coopérativité du processus β, en relation avec
la jonction entre les processus α et β. La coopérativité des transitions de conformation a été largement
étudiée à travers des analyses de torsion couplée [Adolf 1991], et des analyses de fonctions de
corrélations [Takeuchi 1991].
Le but de cette étude est de déterminer quels degrés de libertés ajuster pour accommoder les
changements d’angles de torsion, et dans quelle proportion on doit les ajuster.
Pour caractériser la coopérativité intramoléculaire de la relaxation β, et comme l’a proposé Mattice
[Kim 1994], l’angle de torsion a été mesuré le long de la chaîne principale du polymère de manière à
révéler comment cet angle peut être influencé par la rotation de la chaîne latérale.
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
119
Nous avons ainsi calculé une fonction de corrélation croisée (CCF) entre les angles φβ et φi :
CCF(i,t) = < sin [φβ(t) - φβ(0)].sin [φi(t) - φi(0)] > (5-4)
Où φi est le ième angle dièdre le long de la chaîne principale, comme sur la figure 5-1-7.
L’index i = 0 correspond au dièdre φ0 = φβ correspondant à l’angle formé par les atomes cdef
(équivalent à l’angle cdeq). L’indexe i = 1 correspond à l’angle efghou bien eqrs. L’indexe
augmente de 1 lorsque l’on se déplace d’une liaison sur la chaîne principale.
Figure 5-1-7 : Fragment de PnBMA : les angles de torsion sont constitués de 4 atomes numérotés sur la
figure. φβ est l’angle ccddeeff équivalent à l’angle ccddeeqq.
L’avantage de cette CFF est que l’on exclut les incertitudes causées par l’introduction de définitions
de la transition conformationnelle. En plus de la moyenne de temps, une moyenne des résultats de
toutes les unités répétitives d’un polymère a été effectuée à chaque fois pour les trois structures de
départ.
Nous avons mis en relief l’effet de la structure de la chaîne : la figure 5-1-8 montre l’évolution de CFF
en fonction de l’index de l’angle le long de la chaîne principale pour le PtBMA et le PnBMA à 300K.
Figure 5-1-8 : Corrélation croisée entre l’angle φβ et les angles φi le long de la chaîne principale, pour le
PnBMA () et le PiBMA ( ). Le PtBMA a le même comportement que le PiBMA.
c
d
e
i fh
j
g rs
q
0
0,1
0,2
-2 -1 0 1 2i
CF
F(i,
t =
30ps
)
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
120
Les mêmes résultats quantitatifs sont obtenus sur toute l’échelle de température. Les résultats
obtenus pour le PiBMA sont très proches de ceux du PtBMA. La valeur de la fonction de corrélation
croisée a été évaluée pour t = 30 ps, ce qui correspond au temps pour lequel l’évolution temporelle de
CFF(1,t) montre un maximum. Pour tous les isomères, la corrélation disparaît après le second angle
de torsion sur la chaîne principale. Ce résultat suggère que les distorsions et les réarrangements des
liaisons le long de la chaîne principale sont localisés sur une petite échelle correspondant environ à
deux unités de répétition. La décroissance de la fonction de corrélation croisée en fonction de l’index
le long de la chaîne principale est moins marquée sur le PnBMA que sur le PiBMA. Une explication
possible est de dire que l’écart entre la température de jonction α/β et la température étudiée
détermine la coopérativité intramoléculaire du mouvement φβ. De ce point de vue, la coopérativité plus
grande pour PnBMA que pour PiBMA devrait être reliée à la plus petite température de jonction α/β
observée dans cet isomère.
L’effet sur la coopérativité intramoléculaire de la structure du monomère suggère que l’intensité de la
coopérativité peut être reliée à la proximité de la température de jonction.
Pour résumer, la coopérativité intramoléculaire devrait augmenter avec la température, mais les effets
sont difficiles à mettre en évidence et cette étude demande à être poursuivie.
Les effets mentionnés ci dessus doivent être distingués de la coopérativité intermoléculaire du
processus α qui commence dans la zone de jonction et qui augmente quand la température diminue
[Perez 1988][Ngai 1998].
D'une façon générale, on observe en simulation que les comportements du PtBMA et du PiBMA sont
similaires, et différents du comportement du PnBMA, pour la relaxation
5-1-6- Conclusion sur les simulations
La limite principale de cette technique reste le temps de calcul.
Les simulations de dynamique moléculaire ont permis de compléter le diagramme d’Arrhénius dans la
zone de temps τ = 10-9s. Les simulations de la dynamique des angles de torsion φδ et φβ ont permis de
déterminer des énergies d’activation pour les relaxations β et δ dans l’état isolé et en phase
condensée, ce qui permet de tirer les poids relatifs des contributions intermoléculaires et
intramoléculaires des énergies d’activation des relaxations et il apparaît que la contribution majoritaire
est intramoléculaire.
La coopérativité intramoléculaire de la relaxation β a été analysée en calculant la fonction de
corrélation entre l’angle φβ et des angles de torsion le long de la chaîne principale, et il apparaît qu’elle
s’étend à deux liaisons le long de la chaîne principale.
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
121
5-2- Etude des mouvements par diffusion de neutrons
Nous avons tenté d’étendre, par cette méthode, la gamme de temps limitée en spectroscopie
mécanique et diélectrique, de manière à corréler la dynamique à la structure du motif constitutif, c’est
à dire à la gène stérique de la chaîne. Les spectromètres sont décrits en annexe.
5-2-1- Introduction
Les spectres élastiques et les facteurs incohérents dynamiques ont été mesurés sur IN6 et
IN10 sur des films totalement hydrogénés des quatre poly(butylméthacrylate)s PnBMA, PiBMA,
PtBMA, PsBMA et d’un acrylate : le poly(n-butyl acrylate) PnBA. Leurs structures chimiques sont
rappelées sur la figure5-2-1.
Tg ≈ 300K Tg ≈ 225K Tg ≈ 330K Tg ≈ 330K Tg ≈ 360K
Figure 5-2-1 : Formules développées des polymères étudiés en diffusion de neutrons : le poly(n-butyl
méthacrylate) = PnBMA, le poly(n-butyl acrylate) = PnBA, le poly(iso-butyl méthacrylate) = PiBMA, le
poly(sec-butyl méthacrylate) = PsBMA et le poly(ter-butyl méthacrylate) = PtBMA.
La diffusion des neutrons résulte essentiellement de l’interaction entre le neutron et les noyaux des
atomes. Deux types de diffusion sont possibles : la diffusion cohérente est liée aux corrélations
interatomiques (fonctions de corrélation densité-densité) et la diffusion incohérente est liée à la
fonction d’autocorrélation individuelle des atomes.
Dans une expérience de diffusion de neutrons, l’intensité mesurée est proportionnelle à la section
efficace différentielle ∂²σ
∂ω∂Ω, qui peut être reliée à la loi de diffusion dynamique S(Q,ω):
∂²σ∂ω∂Ω ∝
kk0
( )b²cohScoh(Q,ω) + b²incSinc(Q,ω) (5-2-1)
avec k et k0 les vecteurs d'onde incident et diffusé, et bcoh et binc les amplitudes de diffusion cohérente
et incohérente.
&+ &Q
&
&+
2
&+
&+
&+
&+
2
&+ &Q
&
&+
R
&
&+
&+ &+
R
(
PnBMA PnBA PiBMA PsBMA PtBMA
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
122
Elément Section efficace cohérente (barns) Section efficace incohérente (barns)
H
C
O
1.76
5.5
4.2
79.9
0
0
Tableau 5-2-1 : Valeurs des sections efficaces cohérentes et incohérentes pour l’hydrogène, le carbone et
l’oxygène.
Les contributions relatives de la diffusion cohérente et incohérente sont données dans des tables
(tableau 5-2-1)[Bée1988]. L’hydrogène est l’élément qui possède la plus grande section efficace de
diffusion et celle-ci est incohérente à 98%. La diffusion d’un composé organique hydrogéné sera donc
très largement dominée par la contribution incohérente : c’est pourquoi, dans notre étude, nous ne
nous intéressons qu’à la diffusion incohérente, donc associée à la dynamique individuelle des protons.
5-2-2- Les scans élastiques
De manière à obtenir une première analyse qualitative des processus dynamiques se produisant dans
les isomères, nous avons effectué une série de spectres élastiques sur IN10. Il s’agit de mesurer
l’intensité diffusée, dans une fenêtre d’énergie fixée correspondant à la résolution de l’instrument (1
H9 $ FHWWH UpVROXWLRQ pQHUJpWLTXH FRUUHVSRQG XQ WHPSV GH O¶RUGUH GH -9 s. Les mouvements
moins rapides que cette échelle de temps sont donc inclus dans l’intensité élastique. A mesure que la
température augmente, la mobilité augmente, de nombreux mouvements sortent de la fenêtre
élastique et l’intensité diffusée élastique à ±1µeV décroit.
Figure 5-2-2 : Scan représentant l’intensité élastique du PnBMA en fonction de la température et pour
différents angles de 0,5 Å -1 à 1,96 Å-1 (0,5 Å-1 ; 0,86 Å-1 ; 1,18 Å-1 ; 1,45 Å-1 ; 1,68 Å-1 ; 1,85 Å-1 ; 1,96 Å-1),
correspondant aux sept détecteurs de IN10 (données normalisées avec les scan basses températures).
Plus l’angle est petit, donc la zone observée grande, plus l’intensité élastique décroît rapidement quand
la température augmente.
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
0 50 100 150 200 250 300 350
T(K)
I éla
stiq
ue
q↑
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
123
Dans les polymères, les petites unités des groupes latéraux attachés à la chaîne principale ont un
mouvement à très basse température. A des températures en dessous de la transition vitreuse, où les
mouvements du squelette sont essentiellement bloqués, la réorientation des groupes latéraux peut
être détectée. De nombreuses publications révèlent que les études en diffusion quasi élastique de
neutrons en dessous de Tg donnent des informations sur la nature géométrique et dynamique de ces
mouvements. Un spectre typique du PnBMA est montré sur la figure 5-2-2, pour différentes valeurs du
vecteur de diffusion . De plus la décroissance en température de l’intensité élastique dépend de la
gène stérique de la chaîne butyle (figure 5-2-3).
Figure 5-2-3 : Comparaison des spectres élastiques (IN10) du PnBMA, PiBMA et PtBMA en fonction de la
température pour un angle Q = 1,96 Å -1. Le PtBMA présente une transition bien définie, alors que pour le
PnBMA, cette marche est moins marquée.
Figure 5-2-4 : Comparaison des spectres élastiques (IN10) du PiBMA et du PsBMA en fonction de la
température pour Q = 1,96 Å-1. Les deux polymères de structure très proches ont des comportements
comparables.
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
0 100 200 300 400
T(K)
I éla
stiq
ue
PsBMA
PiBMA
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
0 100 200 300 400 500
T(K)
I éla
stiq
ue
PnBMA PiBMA PtBMA
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
124
Figure 5-2-5 : Comparaison des spectres élastiques (IN10) du PnBA et du PnBMA en fonction de la
température pour Q = 1,96 Å -1. La différence de structure entre ces deux polymères est la présence du
groupe méthyle sur la chaîne principale pour le PnBMA.
De façon qualitative, pour des températures supérieures à 50 K, le PtBMA montre une décroissance
en forme de marche (step-like) assez bien définie, alors que pour le PnBA par exemple, la
décroissance de l’intensité élastique est plus continue.
Une explication possible est d’attribuer les mouvements mis en jeu dans cette gamme de température
et de fréquence à la rotation des groupes méthyles. Le PtBMA en possède 4 ( dont 3 dans la chaîne
latérale), et cette chaîne latérale étant encombrée, les mouvements les plus locaux possibles sont
bien les rotations des CH3. En revanche, le PnBMA et le PnBA possèdent une chaîne latérale butyle
linéaire, où d’autres mouvements locaux peuvent se produire, faisant intervenir les CH2, la
décroissance de l’intensité élastique est donc plus continue, et on peut supposer qu’elle résulte de la
superposition de plusieurs mouvements. Le profil des PiBMA et PsBMA est intermédiaire, ils
possèdent un nombre intermédiaire de groupes méthyles (de la chaîne principale et de chaîne
latérale) par rapport au PtBMA et aux PnBMA et PnBA.
La modélisation de ces courbes permettra de déterminer des énergies d’activation des mouvements
mis en jeu. Seuls les trois polymères PnBMA, PiBMA et PtBMA seront étudiés dans les parties
suivantes, le PsBMA et le PnBA ont été étudiés uniquement en tant qu’ éléments de comparaison
qualitatifs.
5-2-3- Déplacement carré moyen
Sur la figure 5-2-6, l’évolution du déplacement carré moyen <u2> (dérivé de l’intensité élastique avec
<u2> = 3.ln(Ielas)
q² ) est représentée en fonction de la température pour PnBMA, PiBMA et PtBMA.
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
0 50 100 150 200 250 300 350
T(K)
I éla
stiq
ue
PnBMAPnBA
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
125
Une dépendance en température linéaire est attendue dans cette représentation pour des vibrations
harmoniques. L’évolution est montrée en fonction de T/Tg sur la figure 5-2-7. On peut séparer trois
domaines de température:
- Pour les basses températures (T<100K), <u2> augmente linéairement avec la température et la
pente est pratiquement la même pour les trois polymères d<u2>
dT = 0,0025 Ų.K-1.
- Au dessus de 100K, une déviation à la linéarité est observée, et les mouvements des groupes
méthyles (de la chaîne latérale ou de la chaîne principale) entrent dans la fenêtre expérimentale de
temps de IN10. Dans cette gamme de température (100K à 250K), la rotation des méthyles ou
d’autres portions de la chaîne latérale n’est pas affectée par d’autres processus plus rapides.
- Peu au dessous de Tg, la croissance de <u2> avec la température est encore plus marquée, ce qui
peut être dû au processus rapide (βfast défini dans le chapitre 1).
Figure 5-2-6 : Evolution du déplacement carré moyen avec la température pour le PnBMA( ), le PiBMA( )
et le PtBMA ( ∆). Q = 1.96 Å.
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
0 50 100 150 200 250 300 350 400
T(K)
<u²
>
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
126
Figure 5-2-7 : Evolution du déplacement carré moyen avec la température réduite pour le PnBMA( ), le
PiBMA( ) et le PtBMA (∆). Q = 1.96 Å.
5-2-4- Modélisation des spectres élastiques
Dans le cas de polymères avec une chaîne latérale procurant une gène stérique, comme le
PtBMA, dans la zone basse température et avant une décroissance marquée correspondant au début
de la dynamique du processus rapide près de la transition vitreuse, une décroissance en forme
caractéristique de vague est observée pour l’intensité élastique. Une décroissance plus rapide est
observée quand la chaîne latérale est linéaire, comme pour le PnBMA, spécialement pour les grands
Q.
Dans les matériaux polymères amorphes, le groupe méthyle en rotation a des environnement locaux
différents, conduisant à des distributions de barrières énergétiques pour la rotation. Le modèle des
distributions des temps de rotation, qui prend en compte cette distribution, donne une bonne
description de la dynamique du groupe méthyle dans la plupart des polymères vitreux [Frick
1994][Chahid 1994][Arrighi 1995][Zorn 2002].
Les spectres élastiques ont donc été modélisés, avec l’hypothèse que la décroissance d’intensité est
due à la rotation du groupe méthyle, dans la gamme de température 100-200K.
Nous avons tenté d’analyser les spectres élastiques avec une distribution de lorenziennes pour
modéliser les composantes quasiélastiques qui seraient responsables de la décroissance de
l’intensité élastique.
Le facteur de structure dynamique incohérent S(Q,ω) peut être séparé en trois termes : élastique,
quasiélastique et inélastique [Mukhopadhyay 1998].
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2
T/Tg
<u²
>
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
127
S(Q,ω) = exp
−
Q²<u²(T)>3 .
A0 (Q) δ(ω) + Σ fi(Q) Li(Q,ω,Γi) + Q²
8πm ( )n(ω) + 1 g(ω)
ω (5-2-2)
avec m la masse de l'atome constituant : dans notre cas m = mH.
Compte tenu de la gamme d’énergie explorée par IN10, on ne tiendra compte que des deux premiers
termes. Dans cette relation, le terme Li signifie lorentzienne avec une demi largeur à mi hauteur Γi . La
dépendance en température de Γi est donnée par une loi d’Arrhénius : Γi = Γ0 exp
-
Ei
RT (5-2-3)
où Γ0 est une fréquence d’essai et Ei est l’énergie d’activation.
Le poids fi est obtenu à partir d’une distribution gaussienne des énergie d’activation :
fi =
1σ(2π)1/2 .exp
-
(Ei-E0)²2σ² (5-2-4)
où σ est la largeur de distribution et E0 la moyenne.
A(Q) est le facteur de structure élastique incohérent (EISF), qui donne des informations sur la
géométrie du mouvement.
L’intensité élastique est calculée en convoluant S(Q, DYHF OD UpVROXWLRQ LQVWUXPHQWDOH 5Q,
[Arrighi 1997] :
Iel(Q,T,ω≈0) = ⌡⌠
S(Q,ω)⊗R(Q,ω)dω (5-2-5)
où ⊗ représente un produit de convolution. Le profil de la décroissance de l’intensité élastique
incohérente expérimentale en fonction de la température a été modélisé avec l’équation suivante
[Arrighi 1999] :
Iel(Q,T,ω≈0) = exp
-
<u²>Q²3 .
A(Q) +
2π (1-A(Q)) . Ji arctan
Γr
Γ0 exp(
EaRT ) (5-2-6)
Le paramètre Γr représente la largeur de la résolution instrumentale, et est prise égale à 1µeV. Les
valeurs des énergies ont été réparties dans la gamme ± 3σ. Nous avons trouvé qu’un nombre de
lorentziennes égal à 30 est suffisant pour évaluer Sinc(Q,ω) (un nombre plus grand ne modifie pas
significativement la fonction calculée).
En fait, on doit considérer qu’une fraction des atomes d’hydrogène dans les unités de répétition des
polymères participe aux mouvements rotationnels, tandis que les atomes du squelette paraissent
statiques avec la résolution de IN10. A basse température, ces contributions peuvent être considérées
comme élastiques avec un temps caractéristique plus élevé que celui correspondant à la demi largeur
à mi hauteur de la fonction de résolution du spectromètre.
Si cfix correspond à la contribution à la diffusion de tous les atomes autres que les protons des groupes
méthyles, la fonction décrivant la diffusion peut être écrite :
S(Q,ω) = exp
-
<u²> Q²3 ( )cfix δ(ω) + (1-cfix) S(Q,ω) (5-2-7)
Iel(Q,T,ω≈0) = exp
-
<u²> Q²3
cfix + (1-cfix). A(Q) +
2π (1 - cfix) . (1-A(Q)) Ji arctan(
Γr
Γ0 exp(
EaRT)) (5-2-8)
i=1
n
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
128
Nous avons fixé cfix = 0,14, c’est la fraction d’atomes d’hydrogène qui se trouvent sur la chaîne
principale sur le nombre total d’hydrogènes d’un motif de PtBMA. La fraction de groupe méthyle
participant dans le processus de rotation est considéré constant.
Nous avons présumé que cette loi peut être utilisée pour nos polymères. Les paramètres de
modélisation Γ0, Ea et σ sont inscrits dans le tableau 5-2-1 et les ajustements sont représentés dans
les figures 5-2-8, 5-2-9, et 5-2-10.
Figure 5-2-8 : Ajustement du spectre élastique du PnBMA avec le modèle de distribution des temps de
rotation. Q = 1.96 Å.
Figure 5-2-9 : Ajustement du spectre élastique du PIBMA avec le modèle de distribution des temps de
rotation. Q = 1.96 Å.
Figure 5-2-10 : Ajustement du spectre élastique du PtBMA avec le modèle de distribution des
temps de rotation. Q = 1.96 Å.
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
0 100 200 300 400
T(K)
I éla
stiq
ue
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
0 50 100 150 200 250 300 350 400
T(K)
I éla
stiq
ue
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
0 50 100 150 200 250 300 350 400
T(K)
I éla
stiq
ue
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
129
Tableau 5-2-2 : Classement des paramètres de modélisation de l’intensité élastique avec la
température.
Les paramètres obtenus pour le PMMA sont Ea = 5,9 kJ.mol-1, Γ0 = 4,8 meV et σ = 2 kJ.mol-1
[Frick 1994].
Les intensités calculées avec les paramètres du tableau 5-2-2 sont représentées par des lignes dans
les figures précédentes. Un bon accord avec les résultats expérimentaux est obtenu sauf pour les
hautes températures où le PnBMA et le PiBMA sont plus mobiles. Ceci peut être dû à une autre
contribution de la chaîne latérale, venant des -CH- et des -CH2- . A plus haute température, la
décroissance de l’intensité élastique et l’élargissement du pic quasiélastique correspondant sont la
signature du processus rapide (fast process).
Commentaires sur les modélisations élastiques :
Le facteur de Debye-Waller : exp
−
<u²>Q²3 a été considéré comme un paramètre ajustable et les
valeurs trouvées pour d<u²>
dT sont proches de celles reportées pour d’autres polymères, par exemple
le polyisoprène [Frick 1994].
La valeur de l’énergie d’activation moyenne Ea dépend faiblement de la structure moléculaire du
polymère. Elle est plus grande pour le PtBMA où les groupes méthyles sont gênés. Les valeurs de Γ0
sont en accord avec les densités d’états déduites des résultats obtenus sur IN6, comme nous le
verrons par la suite.
La largeur de distribution des énergies d’activations est plus grande pour le PiBMA et le PnBMA. Tout
se passe comme si le désordre de l’arrangement intermoléculaire est plus grand pour ces polymères
et les groupes méthyles côtoient plus de types d’environnements différents [Mukhopadhyay 1998].
La distribution plus étroite obtenue pour PtBMA est liée à la marche nette que décrit la décroissance
de la diffusion élastique.
En effet, il a déjà été observé que tout mouvement moléculaire avec une énergie d’activation bien
définie peut donner une belle vague décroissante de la diffusion élastique dans une fenêtre
expérimentale d’énergie constante.
Ce n’est pas le cas pour les poly(butyl méthacrylate)s, spécialement pour le PnBMA et le PiBMA, qui
contiennent des groupements CH et CH2.
Facteur de structure incohérent (EISF)
Le facteur de structure élastique incohérent A(Q) donne des informations sur la géométrie du
mouvement. Dans le cas du modèle classique de saut entre trois positions équivalentes sur un cercle
de rayon r, A(Q) peut s’écrire :
Γ0 (meV) d<u2>/dT (A2.K-1) Ea (J/mole) σ ( kJ/mole)
PtBMA 5.5 0.0032 10000 5.5
PiBMA 6.25 0.0025 9000 8
PnBMA 6.25 0.0025 9000 8
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
130
Améthyl (Q) = 13
1 + 2
sin (Qr√3) Qr√3 (5-2-9)
D’autres types de rotation conduisent à des expressions différentes de l’EISF . Ce facteur peut être
extrait des paramètres d’ajustement en utilisant la relation :
EISF = Iélastique
Iélastique + Iquasiélastique (5-2-10)
où Iélastique et Iquasiélastique sont les intensités intégrées élastique et quasiélastique.
L’exactitude des valeurs dépend de la manière dont la bande quasiélastique peut être séparée de la
résolution et du bruit de fond.
Les contributions élastiques et quasiélastiques ont été analysées en utilisant de simples
Lorentziennes. Les valeurs obtenues à 210K pour le PtBMA sont représentées en fonction du vecteur
de diffusion Q et comparée avec l’EISF apparente obtenue avec le modèle de trois sauts des
méthyles :
EISFapparent = cfix + (1- cfix) Améthyl(Q) (avec cfix = 0,14) (5-2-11)
Ces valeurs peuvent aussi être comparées avec l’EISF déduite des ajustements de la décroissance
de l’intensité élastique.
On constate sur la figure 5-2-11, un assez bon accord entre les trois méthodes, ce qui peut signifier
que la décroissance de l’intensité élastique à 210K dans le PtBMA peut être attribuée à la rotation des
groupes méthyles avec un potentiel à trois sauts.
Pour les autres polymères, la dépendance en Q de l’EISF est plus complexe, car d’autres
mouvements se superposent à la rotation des méthyles.
Figure 5-2-11 : Représentation de l’EISF expérimentale ( •) (figure 5-2-10), l’EISF issue des ajustements
des spectres élastiques ( •), et l’EISF issue du modèle de rotation des méthyles ( ο) (figure 5-2-9).
Cas du PtBMA.
5-2-5- Spectres quasiélastiques sur IN10
Une faible intensité quasi élastique est obtenue, même à haute température. Lorsque la
température augmente, l’intensité quasi élastique diminue. Ce résultat suggère que la décroissance
de la diffusion élastique provient d’une large distribution du temps de relaxation, où la fraction
principale du signal est en dehors de la fenêtre expérimentale de IN10.
0
0.4
0.8
1.2
0 0.5 1 1.5 2 2.5
Q (Å-1)
EIS
F
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
131
Figure 5-2-12 : Spectre quasiélastique typique sur IN10, pour le PiBMA, et Q = 1,96 Å -1, pour des
températures de 150K ( ), 180K() et 350K ().
Nous ne pourront donc tirer aucune information sur les spectres quasiélastique effectués sur IN10.
5-2-6- Pic de boson
La compréhension de l’origine du pic de boson reste un défi dans le domaine de la physique à
l’état solide. Les systèmes que nous avons étudiés dans les chapitres précédents (PnBMA, PiBMA et
PtBMA), de structures très voisines, peuvent permettre d’apporter certaines explications. Ce pic peut
être mis en évidence soit par diffusion inélastique de neutron soit par diffusion Raman. Le pic de
boson est présent dans les spectres inélastiques effectués sur le spectromètre IN6 sous la forme
d’une large bosse située à des énergies aux alentours de 15-20 cm-1. La présence du pic de boson
pourrait être une conséquence de l’excès de densité d’état des verres (il n’y a pas de pic de boson
dans le cristal).
Le modèle de la structure vitreuse non continue, développé par Duval [Duval 1993], donne une
interprétation de la présence de cet excès de densité d'état. Le pic de Boson serait la signature d’une
inhomogénéité structurale à l’échelle de quelques nanomètres, du fait de la similitude des spectres de
diffusion Raman basse fréquence des verres avec ceux des matériaux hétérogènes contenant des
nanoparticules par exemple. Ce modèle postule donc l’existence de domaines à l’intérieur desquels
les atomes seraient plus fortement liés entre eux que les atomes à l’extérieur de ces domaines. La
taille moyenne des inhomogénéités dans le PMMA est estimée à environ 40Å [Mermet 1996]. Notons
que cette taille ne peux être reliée aux fluctuations de densité observées en diffusion des rayons X.
D’autre part, il a été suggéré que le pic de boson est décalé vers les basses fréquences quand la
fragilité physique augmente [Sokolov 1988][Sokolov 1993].
0
100
200
300
400
-0,01 -0,005 0 0,005 0,01
E(meV)
I
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
132
Dans ce paragraphe, nous allons décrire les pic de boson à partir des spectres inélastiques obtenus
sur IN6, en calculant des spectres corrigés et des densités d’état normalisées. Nous essaierons de
relier la position de ces pics et la fragilité.
5-2-6-1- Spectres Inélastiques sur IN6
Les spectres inélastiques à temps de vol ont été convertis en énergie et regroupés suivant
différentes valeurs de Q par un programme appelé INGRID (ILL), et sont présentés sur les figures 5-2-
13, 5-2-14 et 5-2-15.
Figure 5-2-13 : Spectre de diffusion de neutron du PnBMA (q = 2 Å -1) pour des températures de
100K (), 150K (), 200K(∆), 250K (x), 300K() et 350K(). La résolution de l’appareil est donnée par un
spectre de référence du vanadium à ≈10K ().
0,00
0,05
0,10
0,15
0 2 4 6 8 10
E (meV)
S(Q
, ω)
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
133
Figure 5-2-14 : Spectre de diffusion de neutron du PiBMA (Q = 2 Å -1) pour des températures de 100K ( ),
200K (), 250K(∆), 280K (x), 330K() et 380K(). La résolution de l’appareil est donnée par un spectre de
référence du vanadium à ≈10K ().
Figure 5-2-15 : Spectre de diffusion de neutron du PtBMA (Q = 2 Å -1) pour des températures de 100K ( ),
150K (), 310K() et 360K().
La résolution de l’appareil est donnée par un spectre de référence du vanadium à ≈10K ().
Pour tester dans quelle mesure l’intensité inélastique peut être attribuée à la diffusion par une densité
d’états constante, la fonction de diffusion a été recalée par les facteurs de Bose et de Debye.
Le facteur de Debye est donné par exp
−
<u²>Q²3
Le facteur de Bose (lié au facteur de population thermique) : n(ω) + 1 est défini par :
n(ω) +1 = 1
exp
ω
kT - 1 . (5-2-12)
0,00
0,05
0,10
0,15
0 2 4 6 8 10
E (meV)
S(Q
, ω)
0,00
0,05
0,10
0,15
0 2 4 6 8 10
E (meV)
S(Q
, ω)
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
134
En première approximation, pour des énergies très faibles (E = ω), il est possible de considérer
que : n(ω) ≈ ωkT (5-2-13)
Les spectres, une fois corrigés du facteur de Debye, sont recalés sur la courbe à 100K, de telle sorte
que l’intensité pour les grandes valeurs d’énergies soit la même pour toutes les températures. Le
facteur correctif est de l’ordre de 100/T pour un spectre mesuré à une température T, ce qui
correspond, en première approximation au facteur de Bose , n(ω) + 1.
Les spectres corrigés sont représentés sur les figures 5-2-15, 5-2-16 et 5-2-17. Nous avons choisi
d’utiliser les facteurs de Debye Waller trouvés à partir des spectres élastiques obtenus sur IN10,
présentés dans le tableau 5-2-1.
Un bon recouvrement est obtenu pour des transferts d’énergie de ∆E > 3 meV.
Pour les transferts d’énergie plus faibles, quand la température augmente, les courbes ne se
rejoignent plus en une courbe maîtresse, car des diffusions additionnelles comblent le minimum
obtenu à basse température.
L’excès de diffusion quasi élastique provenant du processus de relaxation rapide, commence
légèrement en dessous de Tg, et augmente fortement à des températures supérieures (voir figure 5-2-
12).
Figure 5-2-16 : Spectre de diffusion (à q = 2 Å -1) corrigé des facteurs de Debye Waller et de Bose du
PnBMA pour des température de 100K ( ), 150K (), 200K(∆), 250K (x), 300K() et 350K().
0,00
0,05
0,10
0,15
0 2 4 6 8 10
E (meV)
Inte
nsité
cor
rigée
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
135
Figure 5-2-17 : Spectre de diffusion (à q = 2 Å -1) corrigé des facteurs de Debye Waller et de Bose du
PiBMA pour des température de 100K ( ), 200K (), 250K(∆), 280K (x), 330K() et 380K().
Figure 5-2-18 : Spectre de diffusion (à q = 2 Å -1) corrigé des facteurs de Debye Waller et de Bose du
PtBMA pour des température de 100K ( ), 150K (), 310K() et 360K().
5-2-6-2- Les densités d’états
Les densités d’états vibrationnels montrent certains modes de libration, qui sont caractérisés par des
pics.
Nous avons calculé une densité d’états effective :
g(ω) ∝ ω ( )exp(ω/kT) - 1
exp(ω/kT) Sinc(Q,ω)
Q² (5-2-14)
Le PtBMA, où la densité d’états effective g(ω) a été calculée pour IN6 à 100K, montre une large bosse
aux alentours de 5 meV. Cette énergie correspond à la fréquence de saut Γ0, déterminée par l'étude
des spectres élastiques. Cette zone de fréquence caractéristique n’est pas observable aussi
0,00
0,05
0,10
0,15
0 2 4 6 8 10
E (meV)
Inte
nsité
cor
rigée
0,00
0,05
0,10
0,15
0 2 4 6 8 10
E (meV)
Inte
nsité
cor
rigée
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
136
clairement pour le PiBMA et le PnBMA, ce qui pourrait correspondre à une fréquence de sauts des
groupements méthyles moins bien définie ou plus largement distribuée.
On remarque que les profils des densités d’états sont les mêmes pour chaque détecteur, les énergies
des maxima des pics sont constants, mais l’intensité des pics change. Notons cependant, que l’ordre
est à chaque fois le même : le PtBMA montre un pic de plus grande intensité et d’énergie plus faible,
et le PiBMA est positionné sur des intensités et des énergies intermédiaires.
-a- -b-
-c- -d-
Figure 5-2-19 : Densités d’états en fonction de l’énergie à 100K pour le PnBMA ( ), le PiBMA ( ), et le
PtBMA ( ). Les quatre graphes correspondent à 4 angles différents :
qa = 2 Å-1, qb = 1,54 Å-1, qc = 1,31 Å-1 et qd = 1,09 Å-1.
Le pic de boson devrait apparaître sur ces graphes sous forme d’un épaulement vers 1,5 meV. Mais
pour de nombreux polymères, il ne se manifeste pas, comme c’est le cas ici. Pour pouvoir l’observer, il
faut diviser la densité d’états g(E) par E², comme sur les figures 5-2-19, ce qui revient à observer
l’écart par rapport à une densité de Debye.
0 2 4 6 8 10
E(meV)
g(E
)
2.1010
1.1010
0
0 2 4 6 8 10
E (meV)
g(E
)
3.1010
2.1010
1.1010
0
0 2 4 6 8 10
E (meV)
g(E
)
3.1010
2.1010
1.1010
00 2 4 6 8 10
E (meV)
g(E
)
3.1010
2.1010
1.1010
0
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
137
-a- -b-
-c- -d-
Figure 5-2-20 : Densités d’états divisées par E² en fonction de l’énergie pour le PnBMA ( ), le PiBMA ( ),
et le PtBMA ( ). Les quatre graphes correspondent à 4 valeurs de q différentes :
Qa = 2 Å-1, Qb = 1,54 Å-1, Qc = 1,31 Å-1 et Qd = 1,09 Å-1.
Le pic de boson est bien identifiable sur ces courbes : pour un polymère donné, il a la même énergie
pour tous les détecteurs, mais possède une intensité différente. Leurs positions et leurs intensités sont
différentes pour les trois polymères. Le tableau 5-2-3 résume les coordonnées des maxima des pics
de boson pour les trois polymères et les 4 détecteurs.
PnBMA PiBMA PtBMA
E (meV) G(E)/E²(10-19) E (meV) G(E)/E²(10-19) E (meV) G(E)/E²(10-19)
Qa = 2 Å-1 1,5 1,35 1,46 1,4 0,9 3,5
Qb = 1,54 Å-1 1,5 1,5 1,46 1,5 0,9 3,7
Qc = 1,31 Å-1 1,5 1,25 1,46 1,8 0,9 4,2
Qd = 1,09 Å-1 1,5 1,8 1,46 2 0,9 4,6
Tableau 5-2-3 : Classement des coordonnées des maxima des pics de boson pour les trois polymères et
les quatre détecteurs.
Le pic de boson semble être décalé vers les basses fréquences quand l’encombrement de la chaîne
latérale augmente. Une interprétation possible de ce phénomène consiste à faire la liaison avec le
concept de fragilité physique : le PtBMA, plus fragile, a son pic de boson à plus petite énergie. Sa
fragilité conduirait à des fluctuations de constantes élastiques plus faibles, cet isomère pourrait donc
être plus homogène. La relation entre la nanostructure du verre et la fragilité (microstructurale) peut
0 2 4 6 8 10E (meV)
g(E
)/E
²
4.109
2.109
00 2 4 6 8 10
E (meV)
g(E
)/E
²
4.109
2.109
0
0 2 4 6 8 10
E (meV)
g(E
)/E
²
4.109
2.109
0
0 2 4 6 8 10
E (meV)
g(E
)/E
²
6.109
4.109
2.109
0
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
138
aussi être éclairée par le modèle de défauts. Le PtBMA a une entropie de formation de défauts plus
élevée que le PiBMA et le PnBMA. Cette entropie pourrait résulter d'un plus grand nombre d'unités
structurales (motifs constitutifs) impliquées, donc la fluctuation est répartie sur un plus grand nombre
d'unités structurales aboutissant à une microstructure plus homogène. En parallèle, une forte entropie
de formation de défauts conduit à une grande fragilité microstructurale.
Selon Frick [Frick 1995], les polymères ayant une plus grande flexibilité, à T>Tg, montreront un excès
de vibration ou de libration, et le pic de boson se trouvera à plus basse fréquence et de plus grande
amplitude. Pour les polymères gênés stériquement, le pic de boson se trouve à plus haute fréquence.
Or c’est bien le contraire que nous obtenons ici : le PtBMA est le plus encombré car sa chaîne latérale
est plus rigide, ce qui lui interdit certains mouvements intramoléculaires. C’est aussi une raison pour
laquelle la température de transition vitreuse est plus haute que celle des deux autres polymères.
Nos résultats seraient donc plutôt en accord avec la proposition de Duval [Mermet 1996] selon
laquelle le pic de boson n’a pas d’origine intramoléculaire. Cependant, la chaîne latérale joue un rôle
indirect important dans l’origine de ce pic de boson.
De plus, on a observé aux rayons X un ordre à moyenne distance différents pour les trois polymères
(chapitre 2), pouvant aussi être lié à l’origine du pic de boson. En revanche, le PMMA ne présente pas
de telle organisation visible en rayon X, alors qu'il présente un pic de boson.
D’autres mouvements de vibration ou de libration peuvent être observés grâce aux spectres
inélastiques, mais ils dépendent de la nature du polymère, et n’ont pas le caractère universel du pic
de boson. Bien qu’étant difficiles à définir, ils peuvent donner des informations intéressantes sur la
mobilité à très haute fréquence dans nos polymères.
5-2-6-3- Distribution de fréquence généralisée
Lors d’une expérience de diffusion de neutrons, la quantité mesurée est la double section efficace
différentielle de diffusion. Nous avons vu que si on considère que la diffusion est totalement
incohérent, elle s’exprime sous la forme :
d²σinc
dΩdω ≈ 1N
kk0
b2inc
4²4m exp(-Q²<u²>)
1
ω sinh
ω
2kT
exp
-
ω2kT g(ω) (5-2-15)
où le terme entre parenthèses désigne Sinc(Q,ω).k0, k et binc étant fixes : on peut considérer
directement Sinc(Q,ω) comme la quantité mesurée.
On obtient donc la relation : exp(-Q²<u²>).g(ω) ≈ Sinc(Q;ω)
exp
-
ω2kT
4m
Q² «ω sinh
«ω
2kT (5-2-16)
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
139
Le deuxième terme dans cette équation peut s’exprimer sous une autre forme, en introduisant les
variables α et β suivantes [Mermet 1996] : α = 4²
2mkT et β = ω kT (5-2-17)
On défini donc P(α,β), appelé ‘’distribution de fréquence généralisée’’ :
exp(-2W(Q)).g(ω) = P(α,β) (5-2-18)
P(α,β) β sinh
β
2 Sinc(α,β)
α exp
β
2 (5-2-19)
La densité d’état est alors donnée par extrapolation à Q→0 : g(ω) = limα→0 P(α,β). (5-2-
20)
Rappelons que la densité d’états mesurée ici provient essentiellement des atomes d’hydrogène. Une
deutération sélective permettrait de distinguer les différentes contributions dues aux différents types
d’hydrogènes. D’autre part, on néglige les termes ‘’multiphonon’’ et la diffusion multiple.
Pour chaque température, nous n’avons donc plus qu’un seul spectre par polymère, caractérisé par
un 2θ moyen (≈52.31° si tous les détecteurs ont fonctionné normalement). Notons que la statistique
des spectres ainsi obtenus est très bonne.
Pour minimiser la contribution élastique, nous avons soustrait un spectre de référence correspondant
à la résolution de l’appareil : elle correspond à la raie élastique la plus fine que puisse enregistrer
l’instrument de mesure. Nous avons donc mesuré les spectres du vanadium pour toutes les
températures étudiées et nous les avons soustraits aux spectres des échantillons à chaque
température.
Les P(α ,β) sont directement obtenues à partir du logiciel LAMP (ILL).
Les figures 5-2-20, 5-2-21 et 5-2-23 montrent les densités d’états expérimentales obtenues pour le
PnBMA, le PiBMA et le PtBMA respectivement, pour des températures comprises entre 90 k et 400K,
à partir des P(α,β), corrigées du facteur de Debye.
Figure 5-2-21 : Densités d’états expérimentales G( ω) du PnBMA à différentes températures.
0 20 40 60 80 100
E (meV)
G(W
) (u
. a.)
100K 150K
200K
250K350K
P(α
, β)
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
140
Figure 5-2-22 : Densités d’états expérimentales G( ω) du PiBMA à différentes températures.
Figure5-2-23 : Densités d’états expérimentales G( ω) du PtBMA à différentes températures.
Trois bandes peuvent être distinguées, pour chaque polymère et presque sur toute la gamme de
température. Pour comparer la position des trois bandes pour les trois polymères, la figure 5-2-23
montre les spectres obtenus pour 150K.
Figure 5-2-24 : Densités d’états des trois polymères à 150K.
0 20 40 60 80 100E (meV)
g(ω)
(u.
a.)
PtBMA
PiBMA
PnBMA
nA o p
nC
0 20 40 60 80 100
E (meV)
g(w
) (u
. a.)
100K
150K
200K
250K280K350K380K
P( α
, β)
0 20 40 60 80 100
E (meV)
g(w
) (u
. a.)
100K 150K
200K
250K310K360K400K
P( α
, β)
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
141
La position des bandes ne varie pas avec la température. Les valeurs des énergies des trois bandes
sont reportées dans le tableau suivant, en meV et en cm-1.
Bande 1 Bande 2 Bande 3
E (meV) ω (cm-1) E (meV) ω (cm-1) E (meV) ω (cm-1)
PnBMA 11 88 36 288 46 368
PiBMA 10 80 32 256 46 368
PtBMA 7.5 60 34.5 276
Tableau 5-2-4 : Classement de l’énergie des trois bandes principales de la densité d’état des polymères
obtenues à partir des P( α,β).
E(meV) ↔ 0,124 x ω(cm -1)
La largeur de ces spectres suggère que d’autres bandes sont peut-être masquées par ces trois
bandes principales. Remarquons que pour le PtBMA, une bande intermédiaire se trouve entre les
deux premiers pics. Nous avons mis en relief ces trois bandes car elles correspondent à celles qui ont
été relevées pour le PMMA par Mermet et al [Mermet 1996], pour pouvoir discuter des mouvements
qui leur sont attribués.
Dans le cas du PMMA, la bande la plus intense se situe autour de 380 cm-1, elle est épaulée par une
large bande centrée sur 230 cm-1. Une dernière bande se situe vers 100 cm-1, dont le sommet est
masqué par la bande à 230 cm-1.
Les énergies correspondant aux trois bandes du PMMA sont très proches de celles de nos polymères,
ont peut donc raisonnablement les comparer.
• bande o : le mode optique situé à 230 cm-1 pour le PMMA, est attribué à un mouvement de
torsion du groupe méthyl de l’ester : il s’agit en fait d’un mouvement de libration : les trois atomes
d’hydrogène effectuent un mouvement de balancement autour d’un axe d’ordre 3, défini par la
liaison C-C. Le mouvement de libration correspondant dans nos polymères se situe au niveau de
l’angle de torsion défini pour la relaxation δ que nous avons décrite dans les chapitres précédents.
Nous avions conclus que cette relaxation était très semblable pour le PiBMA et le PnBMA, et due
à la rotation du groupe alkyl, mouvement impossible pour le PtBMA car l’alkyl est trop encombré
(chapitre 3). Si la rotation complète du groupe alkyl est impossible, la libration est au contraire
possible. On n’observe pas de sommet bien défini, mais seulement un épaulement pour cette
bande pour le PtBMA car elle est superposée avec la bande de plus haute énergie.
• bande p : la bande haute énergie a été attribuée par Mermet pour le PMMA à un mouvement de
libration faisant intervenir le groupe méthyle de le chaîne principale. La troisième bande que nous
obtenons est très proche en énergie de cette bande décrite pour le PMMA. Ce mouvement met
en jeu une portion du polymère qui est la même pour le PMMA que pour les PBMA, il est donc
logique que les mouvements soient les mêmes et que les bandes correspondent. Cependant,
pour le PtBMA, il est impossible d’en avoir le maximum. Ce polymère étant plus encombré, les
mouvements primaires sont peut-être plus distribués. Les bandes sont donc plus larges.
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
142
• bande n : la bande à basse énergie est identifiable à un mode acoustique. Elle est présente pour
le PMMA sous la forme d’un épaulement alors que pour nos polymères la bande est bien définie.
Sa position est compatible avec celle de la bande acoustique observée en Raman basses
fréquences, en tenant compte du fait que seuls les modes induisant des variations de
polarisabilité sont observés en Raman.
5-2-6-4- Comparaison avec le Raman basses fréquences
En spectroscopie Raman, le signal diffusé est le résultat des modulations de susceptibilité
diélectrique par les phonons, alors que la diffusion des neutrons provient de l’interaction avec les
noyaux. La spectroscopie neutronique a l’avantage de donner des densités d’états vibrationnels qui
peuvent être mesurées directement, alors que pour la diffusion de lumière, une constante de couplage
c(ω) intervient et dépend elle même de la fréquence (voir annexes).
Pour les polymères vitreux, le pic de boson émerge sur la partie basse fréquence de la bande
acoustique en Raman. Les modes acoustiques en Raman, sont des modes localisés à l’échelle de
liaison moléculaire. La bande acoustique présente moins d’intérêt que le pic de boson car on peut
l’associer à l’équivalent des modes acoustiques d’un cristal : ce caractère intramoléculaire prouve
qu’elle est peu influencée par l’introduction du désordre. La bande acoustique donne donc des
informations sur la cohésion entre atomes aux petites distances. La position de son maximum est liée
au module de rigidité ou à la vitesse du son dans le matériau.
Les spectres obtenus par la diffusion Raman basses fréquences sont présentés sur les figures 5-2-25
et 5-2-26. L’analyse du PnBMA a été impossible à réaliser, car il a une température de transition qui
est trop proche de la température ambiante (température de l’expérience) et il flue au contact du
faisceau laser qui le chauffe localement.
Le domaine d’énergie exploré est de 0 à 200cm-1 (0 à 25meV).
Figure 5-2-25 : Densité d’états en diffusion Raman basses fréquences du PiBMA.
ω (cm-1)
C
B
A
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
143
Figure 5-2-26 : Densité d’états en diffusion Raman basses fréquences du PtBMA.
Les deux polymères montrent trois bandes, dont les énergies sont résumées dans le tableau 5-2-5 :
Bande A Bande B Bande C
E (meV) ω (cm-1) E (meV) ω (cm-1) E (meV) ω (cm-1)
PiBMA 6 48 10.25 82 14.75 118
PtBMA 4.75 38 12.5 100 17.5 140
Tableau 5-2-5 : Classement des énergies des bandes observées en Raman.
On peut remarquer tout d’abord que les spectres des deux polymères n’ont pas le même profil : le
PtBMA présente trois bandes bien séparées alors qu’elles le sont moins pour le PiBMA.
Par rapport aux densités d’états obtenues en neutron, la zone que l’on observe ici est celle de la
bande n, qui est plus précise en Raman :
La bande A et la bande C en Raman correspondent respectivement au pic nA et nC en neutron.
Elles semblent être aux mêmes positions par les deux méthodes. La bande B n'apparaît pas sur les
spectres de diffusion de neutron, elle est de trop faible intensité.
La bande C est différente pour les trois polymères : ont peut supposer qu’elle est issue d’un
mouvement dans le groupe alkyl latéral. Ce mouvement peut être un mouvement de libration des
groupes méthyles : en effet, cette bande est beaucoup mieux définie pour le PtBMA car la rotation ou
libration des CH3 est le seul mouvement possible dans cette chaîne. Pour le PiBMA, cette bande est
présente mais de plus faible intensité, car elle ne possède que deux méthyles, et leur mouvement
peut être masqué par d’autres, car la chaîne iso-butyl présente plus de degrés de liberté. La figure 5-
2-23 montre une bande beaucoup moins bien définie pour le PnBMA, le mouvement du CH3 de la
chaîne latérale noyé dans tous les autres mouvements qu’une chaîne alkyle linéaire peut effectuer.
ω (cm-1)
A
C
B
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
144
On peut tenter de représenter tous ces mouvements sur un diagramme d'Arrhénius, bien que ces
mouvements ne soient pas thermiquement activés. Ces vibrations sont donc représentées sous la
forme d'une droite horizontale (figure 5-2-27) : cela permet de les ordonner suivant leur énergie.
Figure 5-2-27 : Diagramme d'Arrhénius des vibrations des PBMA obtenues sur IN6, et de la rotation des
-CH3 (de la chaîne latérale et/ou principale) obtenue sur IN10. PnBMA ( - -), PiBMA(>> >> et PtBMA
Le diagramme d'Arrhénius étendu de la série des PBMA peut donc être encore complété en ajoutant
ces mouvements de vibration, même si il est difficile de trouver un lien entre les données à basses
fréquences et les données à hautes fréquences.
La figure 5-2-28 résume ainsi toutes les relaxations observées dans notre travail.
-14
-13
-12
1 3 5 7 91000/T (K)
log(
τ/s)
pic de boson
-CH3 chaîne latérale
-O-C4H9
-CH3 chaîne principale
rotation des -CH3
vibrationsou
librations
&KDSLWUH '\QDPLTXH DX[ WHPSV FRXUWV
145
Figure 5-2-28 : Diagramme d'Arrhénius étendu des PBMA regroupant les résultats expérimentaux de
spectroscopie mécanique et diélectrique, les modélisations de ces résultats donnant des points dans la
zone de jonction entre les relaxations α et β, les résultats des calculs de simulations de dynamique
moléculaire et les résultats de diffusion de neutrons sur IN10 (rotation des -CH 3 sur les spectres
élastiques), diffusion de neutron sur IN6 (pic de boson et vibrations) et spectroscopie Raman. PnBMA
(), PiBMA (zzzz) et PtBMA ( ∆).
5-2-9- Conclusion sur la diffusion de neutron et raman
La diffusion élastique de neutrons (sur IN10) nous donne des informations sur la rotation des
groupes méthyles du polymère, sans pouvoir dissocier les -CH3 de la chaîne principale et ceux de la
chaîne latérale.
La diffusion inélastique des neutrons permet de révéler le pic de boson. Bien que son origine soit mal
définie, il est possible de classer les polymères en fonction de son énergie et de son intensité. Ce
classement rappelle celui de la fragilité, on peut donc associer les deux phénomènes : le PtBMA, qui
est le plus fragile, montre un pic de boson à une plus faible énergie et de plus grande intensité.
La diffusion inélastique permet également d’accéder aux densités d’état, que l’on peut comparer aux
spectres obtenus par diffusion Raman basses fréquences. Il a donc été possible de repérer des
mouvements de vibration ou de libration des -CH3 de la chaîne principale, séparément de ceux de la
chaîne latérale, ainsi que du groupe butyle autour de la liaison O-C4H9 qui est différent pour le trois
isomères. Ces vibrations, bien qu’elles ne soient pas thermiquement activées, ont une énergie pour
chaque température et peuvent venir compléter le diagramme d’Arrhénius des PBMA.
-14
-9
-4
1
6
1 3 5 7 91000/T (K)
log(
τ/s)
α β
γδ
simulations dedynamique moléculaire
pic de bosonvibration/libration
spectroscopie mécanique et diélectrique
diffusion de neutrons et raman
βcalculée
δcalculée
rotation des -CH3
&RQFOXVLRQ
151
Conclusion
En reprenant les directions d’étude proposées dans l’introduction, certaines conclusions peuvent être
tirées concernant les relations entre les différents processus dynamiques d’une part, et les relations entre
structure et mobilité d’autre part.
Les relaxations sous vitreuses δ et β sont modifiées au voisinage de la relaxation principale α. On peut ici
souligner l'intérêt de la dynamique moléculaire. L’analyse de cette zone de fusion entre les relaxations α et
β conduit à plusieurs interprétations possibles à partir des résultats de spectroscopie mécanique ou
diélectrique, en considérant que les relaxations α et β sont soit corrélées, soit statistiquement
indépendantes. Une des questions qui se pose alors est de savoir si la jonction α/β peut servir de modèle
à la jonction α/δ.
Le lien entre les processus mis en évidence en diffusion inélastique de neutrons et les processus de
relaxation α, β ou δ est plus difficile à appréhender. D’après le diagramme de relaxation (figure 5-2-28),
dans la gamme de température explorée, les processus mis en évidence par les ajustement des spectres
élastiques sont beaucoup plus rapides que les différentes relaxations. Peut on envisager un couplage
entre le mouvement des méthyles de la chaîne latérale et le mouvement des angles φβ ou φδ? C'est une
question à laquelle la dynamique moléculaire pourrait peut être apporter des éléments de réponses.
Le diagramme de relaxation étendu (figure 5-2-28) montre que les différences de structure induisent des
différences de mobilité à toutes les échelles de temps, pour tous les processus dynamiques depuis le pic
de boson jusqu'à la relaxation principale α. La relaxation δ par exemple n'est pas présente dans le PtBMA.
Il est probable que les relaxations secondaires β dans le PnBMA et le PtBMA n'apparaissent confondues
qu'en première approximation, c’est d’ailleurs ce que suggèrent les différences obtenues en simulation de
dynamique moléculaire. Les processus β et δ sont sans doute bien décrits par les mouvements des angles
de torsion φβ et φδ : leur origine est donc assez bien identifiée.
Les différences de structure se manifestent aussi au niveau des contributions relatives des interactions
intermoléculaires et intramoléculaires. Ces différences n'apparaissent pas clairement dans les simulations
de dynamique moléculaire, lorsqu'on compare les simulations réalisées sur les molécules isolées ou avec
des conditions au limites périodiques. Au contraire, l’ajustement des relaxations β sur les diagrammes
d’Arrhénius conduit à la détermination des poids relatifs des deux types d'interaction, en supposant une
décroissance des interactions intermoléculaires avec la température (chapitre 4). La contribution
intermoléculaire reste importante pour les deux processus de relaxations sous vitreuses β et δ.
La question est maintenant de savoir si il existe un lien la complexité de la structure moléculaire d’un côté
et un poids variable des interactions inter et intramoléculaires ; et de l’autre, des caractéristiques comme
&RQFOXVLRQ
152
le pic de boson, la fragilité et la température ou la fréquence de jonction entre les processus α et β,
phénomènes qui correspondent à des échelles de temps totalement différentes.
On peut suggérer que plus la chaîne latérale est encombrée comme dans le PtBMA, plus la contribution
intramoléculaire est prédominante, ce qui est corrélé au niveau de la mobilité à une jonction entre les
relaxations α et β qui se fait à temps courts et à haute température, et à un pic de boson qui se trouve à
basse énergie et de plus grande intensité. D’une certaine façon, le PtBMA serait l’analogue du maltitol en
terme de complexité moléculaire et le PnBMA l’analogue du sorbitol, le PiBMA se révélant être un cas
intermédiaire
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$QQH[HV
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Annexe 1 : Spectroscopie mécanique - pendule de torsion
Shéma d'un pendule de torsion inversé à oscillations forcées (schéma réalisé par Sylvain Deville),
conçu au laboratoire GEMPPM de l'INSA de Lyon.
Ce pendule fonctionne en régime sinusoïdal forcé dans le domaine des basses fréquences (10-4 à
1Hz). L'appareillage donne le module de cisaillement complexe en fonction de la température (100K à
500K) et /ou de la fréquence (10-4 à 1 Hz). Les échantillons sont des éprouvettes parallélépipèdiques
de 9 * 3 * 0.3 mm.
Dans le domaine linéaire, si l'on applique à un solide une sollicitation harmonique en contrainte
σ=σ0sinωt, la réponse en déformation est une sinusoïde de même pulsation mais déphasée d'un angle
δ, ε=ε0sin(ωt-ϕ).
Le module complexe est donc défini par le rapport de la contrainte σ à la déformation ε.
Lorsque l'échantillon subit une contrainte de torsion, l'expression du module s'écrit :
G* = G' + iG'' avec : G' → module de cisaillement élastique
G" → module de perte
G"/G'=tanϕ → coefficient d'amortissement ou frottement intérieur
Le frottement interne tanϕ est donc le rapport de l'énergie dissipée pendant un cycle de la contrainte,
sur l'énergie élastique mise en jeu lors de ce cycle.
axe d’équilibrage
miroir
bobines fendues
tige de suspension
Dewar (isolation thermiqu
mors supérieur
four
échantillon
mors inférieur
fil de suspension
aimant
fléau de suspension
contre poids
bâti
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Annexe 1 : Spectroscopie mécanique - courbes maîtresses -
Lorsque les propriétés du matériau sont stables, les spectres de relaxation changent peu avec la
température. L'effet d'une augmentation de température est le même que si l'on multipliait l'échelle
des temps.
C'est le principe de l'équivalence temps-température. A partir de ce réseau de courbes isothermes,
obtenues à différentes températures, on peut tracer une courbe maîtresse à une température de
référence, en faisant glisser les isothermes le long de l'axe des temps, d'un facteur aTi.
On obtient de cette manière le comportement dynamique du matériau sur un très large domaine de
fréquence. Les courbes maîtresses peuvent être construites pour tanϕ, G" et G' avec les mêmes
facteurs de glissement.
Schéma de principe de la construction des courbes maîtresses.
G’’
0,1
1
10
0,00001 0,001 0,1 10 1000
F (Hz)
a357K
a349K
a340K
a336K
a332K
isotherme deréférence : 345K
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Annexe 2 : Spectroscopie diélectrique
L’appareil de spectroscopie diélectrique est composé de plusieurs parties : les mesures sont
effectuées dans une cellule contrôlée en température avec contrôleur de température Oxford, dans la
gamme de 80K to 450K, sous atmosphère inerte. La gamme de fréquence explorée est de 10-2 à 106
Hz, avec un système Solartron composé d’un analyseur de réponse en fréquence, et d’une interface
diélectrique avec un module de référence. Le porte échantillon est composé de deux électrodes
parallèles de 20mm de diamètre, dont l’une est fixe et l’autre vient au contact de l’échantillon.
L’épaisseur moyenne des échantillons est de 50 µm. Une bague de séparation sur l’électrode fixée
permet de réduire les effets de champ aux bords de l’échantillon. Chaque mesure a été effectuée
avec un AC-Level de 1Vrms et 4 périodes d’intégration.
Schéma de description de l'appareillage de spectroscopie diélectrique.
En spectroscopie diélectrique, les matériaux sont soumis à un champ électrique, qui produit une
réponse proportionnelle au champ appliqué dans le cas de faibles valeurs du champ. Cette réponse
est la polarisation du matériau, résultat des déplacements électroniques autour des noyaux
atomiques.
La méthode d'analyse électrique dynamique est proche de l'analyse mécanique dynamique. Le
principe est de solliciter les dipôles du matériau avec une tension sinusoïdale et de mesurer l'intensité
du courant alternatif résultant en fonction de la température.
A l'inverse des techniques de spectrométrie mécanique, la composante en phase correspond aux
pertes diélectriques (composantes de conduction) et la composante en quadrature de phase à la
conservation (facteur capacitif).
On détermine ainsi une permittivité complexe ε* = ε' + iε" et on peut construire un spectre présentant
l'évolution des deux composantes en fonction de la température. La tangente de l'angle de perte
(tanϕ) correspond alors au rapport de ces deux composantes et son évolution en fonction de la
température peut être comparée au spectre de tanϕ obtenu en spectrométrie mécanique.
Frequency Reponse AnalyserSolartron 1255 FRAs
Temperature controlerOxford ITC503
Dielectric interfaceSolartron 1296
nitrogencryostatOxford
sample holderSolartron 1296A
sample
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Annexe 3 : Ajustement de la relaxation α avec les lois VFT du chapitre 4
Figure 4-15 : Ajustement des données de spectroscopie diélectrique ( ε’’ : ; M’’ : ) et mécanique ( )duPnBMA pour la relaxation α par deux lois VFT (T 0 identique).
– : modélisation de la relaxation αdiélectrique
– : modélisation de la relaxation αmécanique .
Figure 4-16 : Ajustement des données de spectroscopie diélectrique ( ε’’ : ; M’’ : ) et mécanique ( )duPiBMA pour la relaxation α par deux loi VFT (T 0 identiques).
– : modélisation de la relaxation αdiélectrique
– : modélisation de la relaxation αmécanique .
-8
-6
-4
-2
0
2
4
6
2 2,5 3 3,5 4
1000/T (K)
log(
τ/s)
-8
-6
-4
-2
0
2
4
6
2 2,5 3 3,5 4
1000/T (K)
log(
τ/s)
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Figure 4-17 : Ajustement des données de spectroscopie diélectrique ( ε’’ : ; M’’ : ) et mécanique (¨ duPtBMA pour la relaxation α par une loi VFT (T 0 identiques).
– : modélisation de la relaxation αdiélectrique
– : modélisation de la relaxation αmécanique .
-8
-6
-4
-2
0
2
4
6
2 2,5 3 3,5 4
1000/T (K)
log(
τ/s)
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Annexe 4 : Champs de forces pour les simulations de dynamique moléculaire
Expression analytique de l’énergie utilisée dans le champ de force CVFF.
Cerius² User Guide, Molecular Simulations Inc. 1997
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Annexe 5 : Diffusion des neutrons
Pourquoi utiliser la technique des neutrons ?
→ parce qu’il peut voir les atomes les plus légers, le neutron est informateur unique pour suivre les
mouvements les plus insondables dans les milieux très complexes .
Un neutron est une particule dont la masse m=1.675*10-27kg est 1836 fois celle de l’électron, dont la
charge électrique est nulle, et dont le spin est ½. L’énergie d’un neutron est relié à sa vitesse par la
relation E =1/2 m v².
Les sources de neutrons utilisées en diffraction et spectrométrie neutronique sont rares. Ce sont des
réacteurs nucléaires qui permettent de disposer de faisceaux de neutrons dont l’énergie est comprise
entre 0.2 et 500 meV, les longueurs d’onde correspondantes variant de 2nm à 0.04nm. Pour donner
un ordre de grandeur, notons qu’un neutron dont la longueur d’onde est 0.4nm a une énergie de
5meV et une vitesse de 1000m.s-1.
L’expérience consiste à envoyer sur l’échantillon un faisceau dont la direction et la longueur d’onde λ
sont bien définies, puis à mesurer, en fonction de l ‘angle de diffusion θ, le nombre de neutrons de
longueur d’onde λ’ diffusés dans un angle solide dΩ autour de l’angle θ. Ces paramètre permettent de
définir les vecteurs d’onde et les énergies des faisceaux incident (k, E) et diffusé (k’, E’). Le transfert
de moment et le transfert d’énergie traduisent les interactions entre les neutrons et les atomes de
l’échantillon.
Spectromètre IN10
Schéma représentant le spectromètre IN10 (source : www.ILL.fr)
IN10 est utilisé pour des expériences de diffusion inélastique avec une très haute résolution en
énergie (0.3meV) et une résolution de transfert de moment modérée. IN10 peut être adapté à une
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large gamme de problèmes expérimentaux par combinaison judicieuse du monochromateur et du
cristal analyseur.
IN10 est un instrument à géométrie inversée dans lequel les transferts d’énergie sont calculés en
faisant varier l’énergie incidente et en gardant l’énergie final fixe. L’énergie incidente est modifiée par
le Doppler qui change la longueur d’onde des neutrons, ou par expansion thermique du
monochromateur.
Les neutrons qui sont rétro-diffusés arrivent sur 8 détecteurs qui sont placés en demi cercle autour de
l’échantillon. Les neutrons qui sont directement diffusés dans le détecteur sont éliminés durant
l’acquisition des données grâce au chopper.
Une application typique de cet instrument : des études de diffusion quasi-élastique de l’hydrogène
dans les métaux, diffusion dans les liquides, mouvements moléculaires ( réorientation, diffusion)
proche de la transition ordre-désordre.
Spectromètre IN6
Schéma représentant le spectromètre IN6 (source : www.ILL.fr)
IN6 est un spectromètre à temps de vol désigné pour les diffusions quasiélastique et inélastique avec
des longueurs d’onde incidente dans la gamme de 4 à 6 Å.
Un faisceau intense est extrait de la ligne H15, par un cristal monochromateur vertical, composé de
trois monochromateurs en graphite, qui dirigent le faisceau sur l’échantillon. Pour minimiser les
interférences avec les autres instruments, le monochromateur ne peut donner que 4 longueurs
d’onde : 4.1, 4.6, 5.1 et 5.9 Å. Les réflexions du second ordre sont stoppées par un filtre en beryllium,
refroidi à l’azote liquide.
Pour être dans les bonnes conditions de mise au point sur le temps, le faisceau passe par un chopper
de Fermi.
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Conditions expérimentales
L’épaisseur des échantillons dépend de la nature du matériau, et est calculée de manière à avoir une
transmission supérieure à 90%. Les porte échantillons sont ronds, de diamètre 50mm sur IN6, et
rectangulaires (38*29mm) sur IN10.
Calcul de l’épaisseur du matériaux, ayant une transmission de 90% :
La masse de l’unité de répétition pour les trois polymères étudiés est la même à chaque fois :
m=142g.mol-1.
La densité moyenne des échantillons est de l’ordre de ρ=1.04g.cm-3.
Donc le volume molaire est calculé par : V0= m/ρ=133.4cm3.mol-1.
La transmission pour un faisceau incident perpendiculaire est donné par :
T=exp(-Σd)
Avec d → épaisseur
Σ → est la section totale traversée par le faisceau par unité de volume.
Σ = σi/V0
ΣPBMA = (8σC + 14 σH + 2σO).N.10-24
V0
L’épaisseur doit être comprise entre 0.1 et 0.2 mm.
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Annexe 6 : Diffusion Raman Basses Fréquences
Ces expériences de diffusion consistent à irradier un échantillon à l’aide d’une source de lumière
visible et d’en analyser la lumière diffusée. Un faisceau laser Argon est focalisé sur l’échantillon au
moyen d’une lentille. La lumière diffusée est collectée à 90° au moyen d’un objectif. Le réglage de la
focale et de la hauteur de l ‘objectif permettent de focaliser la zone irradiée de l’échantillon sur la fente
d’entrée du spectromètre. Le signal diffusé est collecté par un monochromateur, à la sortie duquel un
photomultiplicateur mesure la lumière diffusée. [Le Parc 2002].
La diffusion Raman a été effectuée à l’université de Claude Bernard de Lyon 1, au LPCML, avec le
professeur Eugène Duval.
La diffusion Raman consiste à sonder les états vibrationnels d’un solide via l’interaction lumière-
vibration. Contrairement à la diffusion des neutrons, la diffusion Raman obéit à des règles de sélection
restrictives qui empêchent de détecter systématiquement tous les modes de vibration possibles d’un
système donné. La diffusion Raman ne donne donc aucune informations sur les modes acoustiques
(basses fréquence) d’un cristal, car ils sont propagatifs. En revanche, dans un système désordonné, le
désordre structural permet de visualiser les modes acoustique. Une bande supplémentaire apparaît
aux alentours de 15-20cm-1 pour les polymères, qui est appelé pic de boson.
Le pic de boson est une conséquence de l’excès de densité d’état de vibration observé par diffusion
de neutrons dans la même gamme d’énergie. Notons qu’il faut tenir compte en diffusion Raman du
facteur de couplage issue de l’interaction lumière/vibration, qui vient pondérer la densité d’état.
FOLIO ADMINISTRATIF
THESE SOUTENUE DEVANT L'INSTITUT NATIONAL DES SCIENCES APPLIQUEES DELYON
NOM : MENISSEZ DATE de SOUTENANCE : 12 novembre 2002(avec précision du nom de jeune fille, le cas échéant)
Prénoms : Cécile Marie Martine
TITRE : MOBILITE MOLECULAIRE DANS LES POLY(BUTYLMETHACRYLATE)S
NATURE : Doctorat Numéro d'ordre : 02 ISAL 00 68
Formation doctorale : Microstructure et comportement mécanique des matériaux – Génie des matériaux
Cote B.I.U. - Lyon : T 50/210/19 / et bis CLASSE :
RESUME :
Nous avons étudié la mobilité moléculaire dans les isomères du poly(butylméthacrylate) qui se différencient par
l’encombrement de la chaîne latérale de l’unité monomère, sur une large gamme de température et de fréquence,
afin de préciser les liens qui peuvent exister entre les phénomènes de réarrangements atomiques et moléculaires à
l’échelle microscopiques et les propriétés macroscopiques liées à la mobilité moléculaire. Sur le plan expérimental,
cette étude nous a permis de construire un diagramme d’Arrhénius s’étendant sur plus d’une dizaine de décades
de fréquence. Les données relatives aux basses fréquences, allant de 106 à 10-4 Hz, ont été obtenues par
spectroscopie mécanique et diélectrique, et quatre relaxations ont été mises en évidence dans cette famille de
polymères, correspondant chacune à un mouvement moléculaire plus ou moins local. La zone de jonction entre la
relaxation principale α et la relaxation secondaire β a été modélisée et interprétée en liaison avec les contributions
intramoléculaires et intermoléculaires des interactions mises en jeu dans la relaxation β. A plus haute fréquence,
les simulations de dynamique moléculaire ont apporté des éléments importants pour la détermination de la nature
des mouvements moléculaires sous-jacents, ainsi que pour la détermination de leur coopérativité en liaison avec la
structure chimique. Des expériences de diffusion de neutron et de spectroscopie Raman révèlent des modifications
des caractéristiques de certains mouvements de rotation, de libration, ou de vibration de portions de chaîne ou
encore de la position et de l’amplitude du pic de boson qui peuvent peut-être être reliées à la fragilité physique des
différents isomères.
MOTS-CLES :
Polymères amorphes, poly(butyl méthacrylate)s, spectroscopie mécanique, spectroscopie diélectrique, relaxation principale α,
relaxations secondaires, jonction des relaxations α et β, simulations de dynamique moléculaire, pic de boson, diffusion de
neutrons
Laboratoire (s) de recherches : Groupe d’étude de Métallurgie Physique et de Physique des Matériaux – INSA de Lyon
Directeur de thèse: G. Vigier
Président de jury :
Composition du jury : J. L. Barrat, F. Lauprètre, M. Descamp, E. Duval, B. Frick, G. Vigier, L. David, B. Sixou