Mieux vaut ne pas tomber malade maklerzentrum st wirz

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Mieux vaut ne pas tomber malade Stephan M. Wirz membre de la direction Maklerzentrum Bâle Stephan Wirz. (DR) Stephan Wirz, membre de la direction de Maklerzentrum (Bâle), revient sur notre système des trois piliers et ses lacunes dans le segment maladie. Il évoque l’importance de l’assurance maladie en matière de planification de la prévoyance Le système suisse des trois piliers est largement applaudi en ce qui concerne la prévoyance vieillesse, décès et perte de gain. En revanche, dans le domaine de l’invalidité consécutive à une maladie, la situation laisse fortement à désirer. Si un employé se retrouve dans l’incapacité de travailler à la suite d’une maladie, l’employeur a une obligation légale de continuer à lui verser son salaire, mais pendant quelques semaines seulement. Dans la pratique, la plupart des entreprises disposent d’une assurance-maladie collective d’indemnités journalières, qui finance la perte de salaire pendant 720 jours au maximum, à hauteur d’environ 80%. Si la maladie entraîne une invalidité, les prestations de l’assurance

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Mieux vaut ne pas tomber maladeStephan M. Wirz membre de la direction Maklerzentrum Bâle

Stephan Wirz. (DR)

Stephan Wirz, membre de la direction de Maklerzentrum (Bâle), revient sur notre système des trois piliers et ses lacunes dans le segment maladie. Il évoque l’importance de l’assurance maladie en matière de planification de la prévoyance

Le système suisse des trois piliers est largement applaudi en ce qui concerne la prévoyance vieillesse, décès et perte de gain. En revanche, dans le domaine de l’invalidité consécutive à une maladie, la situation laisse fortement à désirer.

Si un employé se retrouve dans l’incapacité de travailler à la suite d’une maladie, l’employeur a une obligation légale de continuer à lui verser son salaire, mais pendant quelques semaines seulement. Dans la pratique, la plupart des entreprises disposent d’une assurance-maladie collective d’indemnités journalières, qui finance la perte de salaire pendant 720 jours au maximum, à hauteur d’environ 80%. Si la maladie entraîne une invalidité, les prestations de l’assurance invalidité (AI) et de la caisse de pension prennent le relais une fois cette période écoulée. Suivant le niveau de salaire et le règlement de la caisse de pension, ces prestations ne couvrent cependant plus que 50 à 60% de la perte de salaire. En cas d’invalidité à la suite d’un accident par contre, les prestations du premier pilier (AI) et la rente complémentaire de l’assurance accidents de l’employeur couvrent à vie le salaire de l’employé à hauteur de quelque 90%.

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Prévoyance privée

En principe, il est possible de combler la lacune de prévoyance en cas de maladie en concluant une assurance de capital décès ou invalidité auprès d’une caisse maladie. Autre solution possible: la rente d’incapacité de gain dans le cadre de la prévoyance privée. De telles couvertures d’assurance sont toutefois onéreuses et bien au-dessus des moyens d’un simple employé. Les primes des rentes d’incapacité de gain sont calculées sur la base non seulement de l’âge du preneur d’assurance et du montant de la rente assurée, mais aussi de la profession exercée. Ainsi, les artisans paient généralement des primes plus élevées que les employés de commerce. De même, la note est souvent plus lourde pour les fumeurs. En outre, il n’est pas possible de souscrire une assurance de ce type en cas de condition préexistante.

L’invalidité représente aussi un risque important pour les femmes au foyer, les étudiants et les enfants. Certes, l’incapacité de gain donne droit aux prestations du premier pilier, mais celles-ci étant calculées sur la base du revenu AVS moyen (c’est-à-dire une valeur moyenne des années précédentes), le montant des rentes reste faible. Un jeune en incapacité de gain ne recevra ainsi que 1547 francs par mois après son 18e anniversaire. Il en va de même pour l’étudiant qui aurait un poste en vue, mais contracterait une maladie avant son entrée en fonction et deviendrait invalide. Les enfants et les étudiants ne perçoivent aucune prestation du deuxième pilier car ils ne touchent encore aucun revenu d’une activité lucrative. Ils dépendent donc des prestations complémentaires.

Abaisser le taux de conversion

L’allongement de l’espérance de vie crée une autre lacune de prévoyance: l’évolution démographique nécessite un abaissement du taux de conversion de la prévoyance professionnelle et peut-être même une diminution des rentes AVS, ce qui signifie donc que les prochaines générations de retraités auront moins d’argent à leur disposition. Dans les dix à quinze premières années suivant leur départ à la retraite, les personnes concernées n’auront sans doute pas à réduire leur train de vie. Par la suite cependant, elles feront de plus en plus appel à des prestations de soins et de médecine palliative à mesure de leur avancée en âge. Il est donc important que les assurés planifient leur prévoyance en tenant compte de ce facteur, même si ceux qui ont cotisé trente ans et plus à l’AVS et à la caisse de pension ont du mal, de prime abord, à en accepter la nécessité. Car les soins portés aux personnes dépendantes ont tôt fait d’épuiser le capital de prévoyance. Autre élément à ne pas négliger: en cas de recul des rentes, les assurés risquent de rencontrer des difficultés financières, voire des incapacités, s’ils attendent l’âge de la retraite pour commencer à combler cette lacune de prévoyance.

La prévoyance dépendance engendre un important potentiel de nouvelles solutions de prévoyance. L’on pourrait imaginer, par exemple, de créer un pilier 3c de prévoyance libre, qui permettrait de soulager financièrement les proches, mais aussi les pouvoirs publics et tous les contribuables. Une autre option serait de laisser le taux d’intérêt technique de la prévoyance professionnelle évoluer librement, en fonction de la situation conjoncturelle, et de développer en parallèle dans le troisième

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pilier des produits flexibles pour rééquilibrer le capital, notamment durant les périodes de taux bas.

S’en préoccuper avant qu’il ne soit trop tard

Au vu de ce qui précède, il est indispensable de faire appel à un conseiller professionnel afin d’examiner le plus tôt possible les différents scénarios susceptibles de se réaliser à la vieillesse ou en cas de décès ou d’invalidité. Une telle démarche permet d’identifier les lacunes de prévoyance éventuelles et d’étudier des solutions pour y remédier avec les moyens disponibles. Dans la pratique cependant, la plupart des gens ne se préoccupent de ces questions que lorsqu’un cas concret de dommage se présente, c’est-à-dire lorsqu’il est déjà trop tard.

Les premières années de la vie active sont celles de l’insouciance: l’on n’a pas le temps de penser à plus tard. Pourtant, ce sont aussi les années où un assuré a le plus d’argent à sa disposition. Une fois qu’il fonde une famille, son budget disponible diminue. Et à partir de 45 ou 50 ans, le temps ne suffit déjà plus pour se constituer une prévoyance suffisante. En outre, une invalidité consécutive à une maladie peut survenir n’importe quand.

Le phénomène moderne des familles recomposées ajoute à la nécessité de bien planifier sa prévoyance en fonction des différents scénarios et risques possibles. En effet, en cas de décès de l’assuré, le partenaire survivant n’a aucune prétention légale à une rente de veuf ou de veuve. La perte des revenus du travail à la suite d’un décès représente ainsi un risque financier considérable si le couple a des enfants (qu’ils soient communs ou non): le partenaire survivant doit alors subvenir seul aux besoins de la famille et ce, sans l’aide d’une rente de veuf ou de veuve. Il faut donc couvrir ce risque dans le cadre de la prévoyance privée.