Massacre Francais Au Cameroun 2 Mars 1960

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MASSACRES AU CAMEROUN : mars 1960 Génocide perpétré en pays bamiléké par une campagne militaire française A l’aube de l’indépendance, des milliers de Camerounais ont été massacrés sous les auspices de la "maffia françafric" de De Gaulle et Foccart, ches les Bamilikés, mais aussi dans d’autres régions du Cameroun. Le 2 mars 1960, sous la direction de l’armée française, les troupes camerounaises rasent le bourg de Yogandima, massacrant près de 8 000 civils sans armes. Mais ces effroyables massacres ne sont pas du tout un fait isolé, car depuis 10 ans, l’administration coloniale française fait face à la résistance de l’Union des Populations du Cameroun (UPC) née dans les années 1940. Si l’UPC est présente sur tout le Cameroun, son emprise est très forte en pays Bamiléké. Ce qui est très marquant c’est leur cohésion dans leur refus de se plier au quadrillage, à la discipline de la machinerie coloniale, aux travaux forcés. Ce peuple occupé fait preuve d’une formidable ingéniosité qui se traduit même dans le langage de résistance, où le signifiant sert ainsi à un sens second d’ordre politique. C’est un large front anti-impérialiste qui organise par exemple le boycott des élections. Ce sont de véritables grappes humaines, sans armes, mais hostiles, qui barrent le passage des camions de l’armée et s’agrippent aux voitures. Rarement insurrection a été aussi populaire. Leur rage est d’autant plus grande que les maquisards, opérant presque à mains nues - mais sur plusieurs fronts - remportent des succès ponctuels. Le colonisateur met tout en oeuvre pour mater ces « rebelles » et interdit l’UPC en 1955. Le haut-commissaire français Pierre Messmer, futur ministre de De Gaulle, a organisé des expéditions punitives sanglantes ainsi que l’assassinat de nombreux leaders de l’UPC, comme son secrétaire général et fondateur, Ruben Um Nyobé, dans son village natal le 13 septembre 1958. À l’indépendance, le 1er janvier 1960, Jacques Foccart installe au Cameroun un gouvernement fantoche, présidé par son ami Ahmadou Ahidjo. Il s’agit d’un homme sûr,

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  • MASSACRES AU CAMEROUN : mars 1960

    Gnocide perptr en pays bamilk par une campagne militaire franaise

    A laube de lindpendance, des milliers de Camerounais ont t massacrs sous les auspices de la "maffia franafric" de De Gaulle et Foccart, ches les Bamiliks, mais aussi

    dans dautres rgions du Cameroun. Le 2 mars 1960, sous la direction de larme franaise, les troupes camerounaises rasent le bourg de Yogandima, massacrant prs de 8

    000 civils sans armes.

    Mais ces effroyables massacres ne sont pas du tout un fait isol, car depuis 10 ans,

    ladministration coloniale franaise fait face la rsistance de lUnion des Populations du Cameroun (UPC) ne dans les annes 1940. Si lUPC est prsente sur tout le Cameroun, son emprise est trs forte en pays Bamilk. Ce qui est trs marquant cest leur cohsion dans leur refus de se plier au quadrillage, la discipline de la machinerie coloniale, aux

    travaux forcs. Ce peuple occup fait preuve dune formidable ingniosit qui se traduit mme dans le langage de rsistance, o le signifiant sert ainsi un sens second dordre politique.

    Cest un large front anti-imprialiste qui organise par exemple le boycott des lections. Ce sont de vritables grappes humaines, sans armes, mais hostiles, qui barrent le passage

    des camions de larme et sagrippent aux voitures. Rarement insurrection a t aussi populaire. Leur rage est dautant plus grande que les maquisards, oprant presque mains nues - mais sur plusieurs fronts - remportent des succs ponctuels. Le colonisateur met

    tout en oeuvre pour mater ces rebelles et interdit lUPC en 1955. Le haut-commissaire franais Pierre Messmer, futur ministre de De Gaulle, a organis des expditions

    punitives sanglantes ainsi que lassassinat de nombreux leaders de lUPC, comme son secrtaire gnral et fondateur, Ruben Um Nyob, dans son village natal le 13 septembre

    1958.

    lindpendance, le 1er janvier 1960, Jacques Foccart installe au Cameroun un gouvernement fantoche, prsid par son ami Ahmadou Ahidjo. Il sagit dun homme sr,

  • en faveur duquel le pouvoir colonial mettait depuis longtemps des paquets de bulletins

    dans lurne . Le jour mme de cette indpendance fictive , le jeune tat signe un accord dassistance militaire avec la France. Deux conseillers militaires viennent encadrer le prsident Ahidjo : le colonel Noiret et le capitaine Leroy. Lancien ministre des Armes Pierre Guillaumat confirme : Foccart a jou un rle dterminant dans cette

    affaire. Il a mat la rvolte des Bamilks avec Ahidjo et les services spciaux . Au

    passage, on notera la prsentation ethnique dune rvolte politique...

    Charles de Gaulle dpche alors cinq bataillons dinfanterie, commands par le gnral Max Briand, un vtran des guerres dIndochine et dAlgrie, surnomm le Viking , auxquels se rajoutent un escadron de blinds, ainsi quun escadron dhlicoptres et de chasseurs bombardiers T26.

    Un Bamilk rsidant alors Dschang et qui tait amen circuler dans cette rgion

    montagneuse, o se cachaient les rsistants de lUPC, racontera :

    Les soldats franais raflaient des Bamilks en ville, puis les relchaient en pleine

    campagne, en leur disant daller rejoindre leurs frres au maquis. Quelques jours plus tard, videmment, ils les retrouvaient errants : cela faisaient des maquisards quils capturaient sans mal ou tuaient sur place.

    Jai dit au Colonel Griblin, commandant du groupement de Dschang, "vivement que la paix revienne". Il ma rpondu : "Bien sr, vous, les Camerounais, vous serez contents. Mais, nous, les militaires franais, quest-ce que nous allons devenir ? Heureusement quil y a le Congo"

    Larme ne fait pas de quartier. Les cadavres sont exposs dans les villages, de mme que les ttes des prisonniers qui ont t dcapits. Entre fvrier et mars 1960 cent cinquante-

    six villages bamilks sont incendis et rass. Un bilan mticuleux des destructions de

    biens publics sera opr : 116 classes, 3 hpitaux, 46 dispensaires, 12 stations agricoles,

    40 ponts seront dtruits. Personne na recenc les logements privs dtruits ni les rcoltes incendies. Personne na pu dnombrer les dizaines de milliers de civils qui ont t massacrs. On ne saura jamais.

    Jeannette Kamtchueng tmoigne, de ses souvenirs de petite fille :

    Le soir, les convois des militaires reviennent remplis des ttes qui sont dverses et

    exposes au carrefour qui deviendra le carrefour des maquisards, jusqu mon dpart du Cameroun, en 1976, et mme peut-tre jusqu aujourdhui. Cest au coeur de Bafoussam, une trentaine de mtres de la maison de mes parents que tout cela est

    expos. Cest aussi l que les excutions ont lieu. Aprs une certaine pause, en raison de la famine et en labsence de tout secours, les populations sont rentres dans les royaumes sans maisons et sans cultures. Dautres sont alles dans les camps crs par loccupant, sans eau, sans accs au bois, et terrorises par les militaires.

  • A son retour, papa ntait quun tmoin renvoy par Dieu, pour tmoigner de ce quest lhorreur coloniale, lhitlrisme version tropicale. Il parlait tout seul, il se dfendait, ne sortait pas. Son corps tait prsent, mais sa personne, son esprit, sa personnalit taient

    rests dans les camps de la mort. Certains, surtout loccupant lui-mme, ont os avancer le chiffre de 400 000 morts. Sur quelle priode ? Les gens morts dans la rgion du Mungo

    sont-ils compts ? Beaucoup sont morts l-bas. Dautres ont t tatous et renvoys lOuest o les massacres et les entassements dans les camps faisaient rage. A-t-on compt ceux qui mourraient dans les camps de concentration, ceux des camps dextermination (BBm, Yoko, tous les camps militaires de lOuest ? Et Bangou, qui tait si redoutable, et dont on parlait tant ? Aprs la guerre, la rgion tait presque vide ; en 1992, ma mre ma dit que lOuest est presque aussi peupl quavant lextermination. Ma belle-mre a perdu ses 8 frres. Quelle est la priode retenue ? La priode des bombardements et du

    dversement du napalm ou la priode de Terreur ?

    Rien que de parler de cette priode un Bamilk, cela provoque leffroi. De cette terrible rpression, la presse franaise, compltement musele, et aveugle par la crise

    algrienne, ne dira mot. Il est impossible de trouver au Cameroun des documents sur ces

    massacres : le gouvernement dAhidjo, la solde de la France, a soigneusement tout occult. Et ce grand crime de la France prmdit, planifi, quelle a russi touffer jusquaujourdhui, a continu encore pendant plusieurs annes : ce sont finalement peut-tre 400 000 Bamilks qui furent massacrs, ou peut-tre plus...( En fait de gnocide,

    les Bamilks en ont connu entre 1955 et 1965. Les chiffres tournent entre huit cent mille

    et un million de morts dans la rgion des Hauts-Plateaux et dans les autres villes telles

    Douala, Yaound, Sangmlima, Ebolowa, Nkongsamba affirme Jacques Kago Ll ).

    Les services secrets franais ont mme russi empoisonner le leader de lUPC, Felix Moumi, le 2 octobre 1960, Genve.

    Voil ce quen dit Franois-Xavier Verschave :

    Le service Afrique du Sdece (services secrets franais) enfante et instruit une filiale

    camerounaise, le Sdoc : sous la direction de Jean Fochiv, elle sera vite rpute pour sa

    sinistre efficacit . On y torture tour de bras. Ct police, un redoutable

    professionnel franais, Georges Conan, dmontre ses talents - dont celui de multiplier les

    aveux et dnonciations.

    Quelques exemples de tortures :

    La Balanoire : les patients, tous menotts les mains derrire le dos et entirement nus,

    dans une pice peine claire, sont tout tour attachs, la tte en bas, par les deux gros

    orteils, avec des fils de fer quon serre avec des tenailles, et les cuisses largement cartes. On imprime alors un long mouvement de balanoire, sur une trajectoire de 8

    10 mtres. A chaque bout, un policier ou un militaire, muni de la longue chicotte rigide

    dun mtre, frappe, dabord les fesses, puis le ventre, visant spcialement les parties sexuelles, puis le visage, la bouche, les yeux. Le sang gicle jusque sur les murs et se

    rpand de tous cts. Si lhomme est vanoui, on le ranime avec un seau deau en plein visage. Lhomme est mourant quand on le dtache. Et lon passe au suivant...

  • Vers trois heures du matin, un camion militaire emmne au cimetire les cadavres. Une

    quipe de prisonniers les enterre, nus et sanglants, dans un grand trou. Si un des

    malheureux respire encore, on lenterre vivant...

    Le Bac en ciment : les prisonniers, nus, sont enchans accroupis dans des bacs en ciment

    avec de leau glace jusquaux narines, pendant des jours et des jours. Un systme perfectionn de fils lectriques permet de faire passer des dcharges de courant dans leau des bacs. Un certain nombre de fois dans la nuit, un des geliers, "pour samuser", met le contact. On entend alors des hurlements de damns, qui glacent de terreur les habitants

    loin la ronde. Les malheureux, dans leurs bacs de ciment, deviennent fous !...

    Oui jaffirme que cela se passe depuis des annes, notamment au camp de torture et dextermination de Manengouba (Nkongsamba)

    Ils ont massacr de 300 400 000 personnes. Un vrai gnocide. Ils ont pratiquement

    ananti la race. Sagaies contre armes automatiques. Les Bamilks navaient aucune chance. Les villages avaient t rass, un peu comme Attila , tmoigne le pilote

    dhlicoptre Max Bardet. Jappris avec ces phrases le massacre littralement inou dune population camerounaise au tournant des annes soixante, dit encore Franois-Xavier

    Verschave. Je mattachai en savoir davantage. Ce ne fut pas facile, tant la terreur, l-bas, produit encore son effet. Ce nest pas termin.

    Le peuple bamilk reste encore aujourdhui trs traumatis. Quand la France

    reconnatra-t-elle sa culpabilit ?

  • 2 mars 1960 : massacres au Cameroun

    Gnocide perptr en pays bamilk par une campagne militaire franaise

    Publi dimanche 2 mars 2008

    A laube de lindpendance, des milliers de Camerounais ont t massacrs sous les auspices de la "maffia franafric" de De Gaulle et Foccart, ches les Bamiliks, mais

    aussi dans dautres rgions du Cameroun.

    Le 2 mars 1960, sous la direction de larme franaise, les troupes camerounaises rasent le bourg de Yogandima, massacrant prs de 8 000 civils sans armes.

    Mais ces effroyables massacres ne sont pas du tout un fait isol, car depuis 10 ans,

    ladministration coloniale franaise fait face la rsistance de lUnion des Populations du Cameroun (UPC) ne dans les annes 1940. Si lUPC est prsente sur tout le Cameroun, son emprise est trs forte en pays Bamilk. Ce qui est trs marquant cest leur cohsion dans leur refus de se plier au quadrillage, la discipline de la machinerie coloniale, aux

    travaux forcs. Ce peuple occup fait preuve dune formidable ingniosit qui se traduit mme dans le langage de rsistance, o le signifiant sert ainsi un sens second dordre politique.

    Cest un large front anti-imprialiste qui organise par exemple le boycott des lections. Ce sont de vritables grappes humaines, sans armes, mais hostiles, qui barrent le passage

    des camions de larme et sagrippent aux voitures. Rarement insurrection a t aussi populaire. Leur rage est dautant plus grande que les maquisards, oprant presque mains nues - mais sur plusieurs fronts - remportent des succs ponctuels. Le colonisateur met

    tout en oeuvre pour mater ces rebelles et interdit lUPC en 1955. Le haut-commissaire franais Pierre Messmer, futur ministre de De Gaulle, a organis des expditions

    punitives sanglantes ainsi que lassassinat de nombreux leaders de lUPC, comme son secrtaire gnral et fondateur, Ruben Um Nyob, dans son village natal le 13 septembre

    1958.

  • lindpendance, le 1er janvier 1960, Jacques Foccart installe au Cameroun un gouvernement fantoche, prsid par son ami Ahmadou Ahidjo.

    Il sagit dun homme sr, en faveur duquel le pouvoir colonial mettait depuis longtemps des paquets de bulletins dans lurne . Le jour mme de cette indpendance fictive , le jeune tat signe un accord dassistance militaire avec la France. Deux conseillers militaires viennent encadrer le prsident Ahidjo : le colonel Noiret et le capitaine Leroy.

    Lancien ministre des Armes Pierre Guillaumat confirme : Foccart a jou un rle dterminant dans cette affaire. Il a mat la rvolte des Bamilks avec Ahidjo et les

    services spciaux . Au passage, on notera la prsentation ethnique dune rvolte politique

    Charles de Gaulle dpche alors cinq bataillons dinfanterie, commands par le gnral Max Briand, un vtran des guerres dIndochine et dAlgrie, surnomm le Viking , auxquels se rajoutent un escadron de blinds, ainsi quun escadron dhlicoptres et de chasseurs bombardiers T26.

    Un Bamilk rsidant alors Dschang et qui tait amen circuler dans cette rgion

    montagneuse, o se cachaient les rsistants de lUPC, racontera :

    Les soldats franais raflaient des Bamilks en ville, puis les relchaient en pleine

    campagne, en leur disant daller rejoindre leurs frres au maquis. Quelques jours plus tard, videmment, ils les retrouvaient errants : cela faisaient des maquisards quils capturaient sans mal ou tuaient sur place.

    Jai dit au Colonel Griblin, commandant du groupement de Dschang, "vivement que la paix revienne". Il ma rpondu : "Bien sr, vous, les Camerounais, vous serez contents. Mais, nous, les militaires franais, quest-ce que nous allons devenir ? Heureusement quil y a le Congo"

  • Larme ne fait pas de quartier. Les cadavres sont exposs dans les villages, de mme que les ttes des prisonniers qui ont t dcapits. Entre fvrier et mars 1960 cent cinquante-

    six villages bamilks sont incendis et rass. Un bilan mticuleux des destructions de

    biens publics sera opr : 116 classes, 3 hpitaux, 46 dispensaires, 12 stations agricoles,

    40 ponts seront dtruits. Personne na recenc les logements privs dtruits ni les rcoltes incendies. Personne na pu dnombrer les dizaines de milliers de civils qui ont t massacrs. On ne saura jamais.

    Jeannette Kamtchueng tmoigne, de ses souvenirs de petite fille :

    Le soir, les convois des militaires reviennent remplis des ttes qui sont dverses et

    exposes au carrefour qui deviendra le carrefour des maquisards, jusqu mon dpart du Cameroun, en 1976, et mme peut-tre jusqu aujourdhui. Cest au coeur de Bafoussam, une trentaine de mtres de la maison de mes parents que tout cela est

    expos. Cest aussi l que les excutions ont lieu. Aprs une certaine pause, en raison de la famine et en labsence de tout secours, les populations sont rentres dans les royaumes sans maisons et sans cultures. Dautres sont alles dans les camps crs par loccupant, sans eau, sans accs au bois, et terrorises par les militaires.

    A son retour, papa ntait quun tmoin renvoy par Dieu, pour tmoigner de ce quest lhorreur coloniale, lhitlrisme version tropicale. Il parlait tout seul, il se dfendait, ne sortait pas. Son corps tait prsent, mais sa personne, son esprit, sa personnalit taient

    rests dans les camps de la mort. Certains, surtout loccupant lui-mme, ont os avancer le chiffre de 400 000 morts. Sur quelle priode ? Les gens morts dans la rgion du

    Mungo sont-ils compts ? Beaucoup sont morts l-bas. Dautres ont t tatous et renvoys lOuest o les massacres et les entassements dans les camps faisaient rage. A-t-on compt ceux qui mourraient dans les camps de concentration, ceux des camps

    dextermination (BBm, Yoko, tous les camps militaires de lOuest ? Et Bangou, qui tait si redoutable, et dont on parlait tant ? Aprs la guerre, la rgion tait presque vide ; en

  • 1992, ma mre ma dit que lOuest est presque aussi peupl quavant lextermination. Ma belle-mre a perdu ses 8 frres. Quelle est la priode retenue ? La priode des

    bombardements et du dversement du napalm ou la priode de Terreur ?

    Rien que de parler de cette priode un Bamilk, cela provoque leffroi. De cette terrible rpression, la presse franaise, compltement musele, et aveugle par la crise

    algrienne, ne dira mot. Il est impossible de trouver au Cameroun des documents sur ces

    massacres : le gouvernement dAhidjo, la solde de la France, a soigneusement tout occult. Et ce grand crime de la France prmdit, planifi, quelle a russi touffer jusquaujourdhui, a continu encore pendant plusieurs annes : ce sont finalement peut-tre 400 000 Bamilks qui furent massacrs, ou peut-tre plus( En fait de gnocide, les Bamilks en ont connu entre 1955 et 1965. Les chiffres tournent entre huit cent mille

    et un million de morts dans la rgion des Hauts-Plateaux et dans les autres villes telles

    Douala, Yaound, Sangmlima, Ebolowa, Nkongsamba affirme Jacques Kago Ll [1]).

    Les services secrets franais ont mme russi empoisonner le leader de lUPC, Felix Moumi, le 2 octobre 1960, Genve.

    Voil ce quen dit Franois-Xavier Verschave [2] :

    Le service Afrique du Sdece (services secrets franais) enfante et instruit une filiale

    camerounaise, le Sdoc : sous la direction de Jean Fochiv, elle sera vite rpute pour sa

  • sinistre efficacit . On y torture tour de bras. Ct police, un redoutable

    professionnel franais, Georges Conan, dmontre ses talents - dont celui de multiplier les

    aveux et dnonciations.

    Quelques exemples de tortures :

    La Balanoire : les patients, tous menotts les mains derrire le dos et entirement nus,

    dans une pice peine claire, sont tout tour attachs, la tte en bas, par les deux

    gros orteils, avec des fils de fer quon serre avec des tenailles, et les cuisses largement cartes. On imprime alors un long mouvement de balanoire, sur une trajectoire de 8

    10 mtres. A chaque bout, un policier ou un militaire, muni de la longue chicotte rigide

    dun mtre, frappe, dabord les fesses, puis le ventre, visant spcialement les parties sexuelles, puis le visage, la bouche, les yeux. Le sang gicle jusque sur les murs et se

    rpand de tous cts. Si lhomme est vanoui, on le ranime avec un seau deau en plein visage. Lhomme est mourant quand on le dtache. Et lon passe au suivant

    Vers trois heures du matin, un camion militaire emmne au cimetire les cadavres. Une

    quipe de prisonniers les enterre, nus et sanglants, dans un grand trou. Si un des

    malheureux respire encore, on lenterre vivant

    Le Bac en ciment : les prisonniers, nus, sont enchans accroupis dans des bacs en

    ciment avec de leau glace jusquaux narines, pendant des jours et des jours. Un systme perfectionn de fils lectriques permet de faire passer des dcharges de courant

    dans leau des bacs. Un certain nombre de fois dans la nuit, un des geliers, "pour samuser", met le contact. On entend alors des hurlements de damns, qui glacent de terreur les habitants loin la ronde. Les malheureux, dans leurs bacs de ciment,

    deviennent fous !

    Oui jaffirme que cela se passe depuis des annes, notamment au camp de torture et dextermination de Manengouba (Nkongsamba)

    Ils ont massacr de 300 400 000 personnes. Un vrai gnocide. Ils ont pratiquement

    ananti la race. Sagaies contre armes automatiques. Les Bamilks navaient aucune chance. Les villages avaient t rass, un peu comme Attila , tmoigne le pilote

    dhlicoptre Max Bardet. Jappris avec ces phrases le massacre littralement inou dune population camerounaise au tournant des annes soixante, dit encore Franois-Xavier

    Verschave. Je mattachai en savoir davantage. Ce ne fut pas facile, tant la terreur, l-bas, produit encore son effet. Ce nest pas termin.

    Le peuple bamilk reste encore aujourdhui trs traumatis. Quand la France reconnatra-t-elle sa culpabilit ?

    Voir ce rapport de Brice Nitcheu "Campagne militaire franaise en pays Bamilk -

    chronique dun gnocide programm" (histoire et volution) qui arriverait nous dgoter dtre franais.

  • Jacques et le caillou Bamilk

    [1] Tribalisme et exclusions au Cameroun, le cas des Bamilks. Yaound, CRAC, 1995, p. 16

    [2] La franafrique (1958 - 1998) Le plus long scandale de la Rpublique Franois-Xavier Verschave

    Criminelle Franafrique.

    A Ernest Ouandi, mon matre penser, dont je viens de clbrer en famille le trente-huitime anniversaire de lassassinat. A mon Frre de toujours, Lon Mbia Mka dont le courage et lhonntet ont su forcer ladmiration de ses pires ennemis. A Denis Bouallo qui je dois ma cure psychopathologique aprs ma libration du Camp de Concentration de Tchollir. A quoi peut bien ressembler le concept de la Protection des Minorits ? Il y a des choses que les kamerunais devront un jour cesser de dissimuler.

    Le dbat sur la cohabitation harmonieuse interethnique au Kamerun est en train dtre fauss dessein, car depuis prs de 6o ans lentreprise de lavage de cerveau lchelle de lensemble de la Nation narrte pas de prosprer et connat un triomphe de plus en plus exubrant au fil du temps, en raison du fait que le rgime Ahidjo et son appendice ladministration Biya sont, en fin de compte, parvenus oblitrer les pages les plus exaltantes de notre histoire commune et dmolir tous les repres dorientation et de solidarit du peuple kamerunais. On nen serait pas l si la guerre de libration du Kamerun avait connu une issue heureuse. Elle a t une dbcle du fait de la violence extrme associe aux mthodes de pacification de larme coloniale et de la complicit active de la classe politique officielle entirement acquise aux autorits franaises. Elle fut, au final, qualifie de rvolte des bamilks et des bassas, un phnomne isol qui ne concernait en rien les autres populations du pays.Triste constat.

    Dans cette entreprise dcidment criminelle datant des annes 56 mene par les troupes coloniales dont lobjectif tait de livrer le Kamerun , pieds et poings lis limprialisme franais, la diabolisation de certaines tribus dtermines obtenir lindpendance du Kamerun au prix de leur sang, (les populations bamilk et bassa en loccurrence), a t le cheval de Troie derrire lequel le pouvoir colonial et ses hritiers

  • se sont camoufls. La facture a t extrmement lourde, - 500.000 morts dans la Rgion Bamilk et 80.000 dans lex Sanaga Maritime entre 1956 et 1960 -, chiffres comparables ceux du gnocide rwandais rgulirement revus la hausse, passant de 400.000 victimes en 1994 800.000 en 2008.

    Le sentiment de culpabilit des autres composantes ethniques de la Nation implantes dans les localits en marge des sites de carnage durant les annes de plomb, si jamais il existe, ne sest gure traduit par la rsipiscence ou par la revendication collective de louverture, sans dlai, des archives coloniales et de celles de ladministration publique des premires annes de la Rpublique du Cameroun, en vue de la reconstitution de la vrit et de lcriture de notre vritable histoire. La contribution des ressortissants des autres tribus, tout au contraire, consiste de tout temps, jusquau moment o je parle, pointer un doigt accusateur sur toute personne qui prtend interpeler le rgime sur ses errements quotidiens, sur le manquement grave ses promesses vis vis des kamerunais et sur son allgresse irrsistible mitrailler ses propres citoyens. Cette volont manifeste dignorer les tapes douloureuses par lesquelles notre histoire est passe est la meilleure des armes du rgime pour ralentir notre marche vers la construction dune Nation paisible, unie et prospre, et vers la modernit.

    Shanda Tomne qui ne devrait aucunment avoir honte de ses prises de position aggressives vis vis du Systme Biya a au moins le mrite de se ddouaner devant lhistoire. Mme sil lui arrive de tirer sa rvrence aujourdhui, il tient en main le flambeau quil est prt passer la prochaine gnration. Son souci, jen suis certain, nest pas de jouer au hros, mais de rappeler aux bonnes consciences endormies que nous sommeillons sur un volcan dont lruption est imminente.

    La veulerie des kamerunais face aux apptits repressifs du pouvoir nocolonial est, en vrit, lgendaire. At-on besoin de preuves plus bavardes ? Le reste du pays a les yeux cyniquement ferms face lacharnement avec lequel le rgime Ahidjo-Biya a jur danantir conomiquement le pays bakoko/bassa qui nest quun long corridor de transit entre le Port de Douala et la capitale Yaound. Aucun projet concret de dveloppement conomique intgr ! Le pouvoir central qui a enfin russi flanquer la mauvaise conscience aux populations de ces contres quil qualifie dternels rebelles, de maquisards les a, de facto, ttanises et accules la dfensive. Elles ont puis leur besace de compromissions pourtant bien fournie au dpart, dans la qute incessante des faveurs du rgime. Elles se bousculent au portillon, au jour le jour, pour rclamer bruyamment, travers leurs lites intrieures, extrieures, latrales et centrales, leur Certificat Collectif de Bonne Conduite et de Servilisme vis vis du systme Ahidjo-Biya.

    A Douala, Eda, Pouma, Eseka et Makak, le larbinisme a bon dos ; cest la branche la plus productive du secteur des services au Pays des Hommes les Plus Corrompus du Monde (en ouagalais, il parat que le terme correspondant le plus appropri est, selon les experts en langues africaines, le Burkina Mvondo). Cest malheureusement un investissement foireux car les retombes de cette pratique mprisable, en matire de dveloppement, sont pratiquement nulles. Le Pays Bassa-Bakoko, malgr la lutte hroque et le sacrifice de ses enfants pour faire du Kamerun une Nation indpendante, est en effet demeur une sous-exploitation de la Franafrique au Kamerun dans laquelle les ressources nergtiques locales dont regorge la contre sont littralement brades sans effet dentranement socio-conomique bnfique pour les populations. Cest une honte pour les lites de ces coins dont les motions de soutien en faveur du pouvoir

  • figurent pourtant parmi les meilleurs morceaux choisis de la flagornerie nationale. Cest si triste quau lieu den rire, on devrait en pleurer. Passons !

    Les populations du pays Bamilk, par contre, ont courageusement assum leur automdication psychologique et socioconomique. Brutalement dguerpies coup de bombes de leurs villages rass au napalm par les gnraux franais Max Brillant, Maurice Robert et le Colonel Lamberton, danciens compagnons darmes de Jean Bedel Bokassa en Indochine et appuys dans leur tche exterminatrice par lAdministrateur des Colonies, Maurice Delaunay, les populations bamilks ont d leur salut lexil. Elles ont atterri par charters entiers, parfois pieds, dans toutes les localits du pays, fuyant leur Rgion que la soldatesque coloniale avait convertie en gigantesque cimetire ciel ouvert, en immense restaurant pour les porcs, les chiens et les vautours devenus pour la circonstance la seule Agence de Pompes Funbres gratuitement oprationnelle dans ces localits. Ceci, il convient de le rappeler en passant, participait de lradication de lUPC de la vie publique kamerunaise.

    Les crimes commis en douce en brousse, dans la discrtion absolue, seront repris trs modeste chelle Douala, lors de lincinration du Quartier Congo, la seule diffrence que les 15.000 victimes de cette agglomration ont t braises vivantes, le dimanche 5 avril 1960. Voil Nron qui brle Rome par pure dlectation artistique ! Ctait le premier dimanche dAvril 1960, durant la semaine de Pques, tout juste avant la rentre scolaire prvue le lendemain, lundi 6 avril. Des chrtiens brls vifs le jour du Seigneur, jour de paix et de tolrance. Ce jour l limprialisme franais avait tout simplement aboli toutes les frontires permises du crime et oubli quil est une manation du patrimoine judo-chrtien de lOccident. Pourquoi sen mouvoir ? Ces valeurs culturelles nont aucune importance pour ces quelques kamerunais (pour une fois je ne les appelle pas bamilks pour viter de me tromper en cas dinventaire dtaill) en train de rtir dans la fournaise, car aprs tout le christianisme nest pas leur religion traditionnelle. Je serai hant par ce spectacle jusquau jour o je fermerai mes yeux tout jamais. Ce sont des choses ignores par plus de 15 millions de nos concitoyens actuels. Certaines familles nen parlent mme plus. Au nom de quoi avons-nous le droit doublier cet holocauste ? Quel collectif davocats nationaux pourrait dnoncer ce crime, mme sil ny a plus de coupables juger ? Au moins Mme Germaine Ahidjo, notre Premire Dame Nationale viendrait, au nom de son dfunt poux, solliciter le pardon des familles des supplicis et rconcilier la mmoire de son poux avec les descendants de tous ceux quil a impitoyablement rays du monde des vivants.

    Quarante neuf ans aprs, je me demande encore comment la sauvagerie exterminatrice de lHomme Blanc pourtant investi de la Mission civilisatrice de lHumanit, selon ses propres dires, a pu en arriver l. Cest le complexe freudien de Nron. Lautodaf du Quartier Congo, voil lun des chefs duvre du rgime Ahidjo, le Pre de la Nation Camerounaise qui, ce jour l, cette heure de laprs-midi, ivre dextase, jouait sans doute de la lyre ou de la kora partir du balcon de son Palais du Plateau Atemengue Yaound, en voyant de loin, monter vers le ciel les volutes noires de fume en provenance de Douala. Cette signature criminelle elle seule aurait pu imposer la remise en cause de la canonisation dEl Hadj Ahmadou Ahidjo en hros national. Peut-tre que cette dcision politique trs contestable pour les personnes soucieuses de la protection des vies humaines (celles des minorits tout autant que celles des majorits ethniques) trouve son inspiration dans la dfinition voltairienne du criminel qui prcise que lorsquon assaissine un homme, on est qualifi dassassin, lorsquon tue plusieurs

  • hommes, on est un hros et lorsque lon tue tous les hommes, on devient un dieu. La dification de lIllustre Prdecesseur de Paul Biya y trouve certainement toute sa raison-dtre. Jaimerais tout simplement savoir, avec un peu de recul, ce quen pense Mbouah Massock le pourfendeur des consciences et grand slectionneur des hros nationaux de son pays devant lEternel. Malheureusement, comme beaucoup de mes compatriotes, je respecte ce fait accompli, car en Afrique, il est interdit de juger les morts.

    Les kamerunais ne devraient pas avoir la mmoire slective en raison des pressions alimentaires qui font dornavant partie de leur quotidien. Aujourdhui, plus que jamais, la plaquette publicitaire du rgime inscrit en gros plan la prsentation des bamilks comme des hordes barbares dAttila et de Gengis Khan lassaut du monde civilis. Si lhistoire de notre pays tait enseigne nos enfants, on viterait la promotion de telles aberrations extrmement dangereuses qui risquent daboutir un jour au scnario rwandais. Lorsque Emmaa Basile en 1991, et Mama Fouda Ondobo Andr, en 2008, recrutent des milices, des voyous du village, leurs cousins et neveux quils ont t incapables de scolariser convenablement, bref, de vulgaires blousons noirs sans le moindre avenir, pour casser du bamilk Yaound, lorsque Tsimi Evouna donne ces mmes Allognes (pour ceux qui lignorent, cest le nouveau prnom collectif des Bamilks officiellement reconnu par les autorits administratives du Burkina Mvondo) pourtant dtenteurs de titres fonciers des terrains quils occupent, rien que 48 heures pour dguerpir des lieux que lAdministration Municipale de Yaound na pas pris la peine de viabiliser les dcennies prcdentes, il y a de quoi pressentir la provocation annonce et bien consciente dun embrasement qui pourra bien dboucher un jour sur lApocalypse.

    Dans le cas despce du Kamerun, la production intellectuelle tendant justifier la protection des minorits autochtones contre les agresseurs allognes participe du mme programme daction criminel. Theodor Herzl, journaliste de profession comme James Mouangue Kobila un moment de sa vie, ne simaginait pas, en publiant en 1896, la fin du XIXme sicle, son manifeste intitul Der Judenstaat / lEtat des Juifs, quil embouchait la trompette pour le massacre des populations palestiennes au XXme et XXIme sicles. Cest a, leffet de la rpercussion long terme de certaines ides apparemment innocentes et humanitaires. James Mouangu Kobila na aucune raison davoir peur. Je sais quil crot en lducation et lexcellence qui, pour moi galement, constituent la seule arme dont disposent les minorits pour simposer dans un cadre social. Jai limpression que pour en arriver solliciter la protection des minorits par le Prince, les populations Sawa, celles de Douala en particulier, ont cess de prner lducation et lexcellence comme leviers dmancipation et de promotion sociale. Paul Biya est devenu leur dernier recours. La Protection des Minorits est un paradigme faisant penser loppression et la domination, une approche dichotomique qui reconnat dun ct la race suprieure, et de lautre, une sous-race. Le concept de la protection ne saccompagne pas seulement de ladoption des mesures administratives relevant de la discrtion du Prince et des dispositions juridiques souvent votes par un Parlement. Il sous-tend, de tout temps, le recours aux armes, toutes les armes, pour dfendre ce qui est prescrit par la Loi, ce qui est cens tre un droit.

    La brigade dapplaudisseurs sigeant au Palais de lAssemble Nationale Ngoa Ekl ne manquera gure de voter des lois allant dans le sens de cette absurdit abondamment irresponsable ds lors que chaque mandataire local y verra lopportunit inespre de bouter les Allognes (tout le monde les connat, ce sont toujours les

  • mmes comme on dit dans les cercles proches de Biya) hors de son territoire et rcuprer ainsi, sans bourse dlier et pour son compte, les terres vendues aux Bamilks avec titre foncier lappui. Jespre que le pouvoir en place Yaound nutilisera pas un jour les baonnettes pour la sauvegarde des intrts des minorits autochtones menaces par les Allognes venus des Hauts Plateaux de lOuest. Je constate avec apprhension que le dcor pour une telle hcatombe est dj en place. Mais avant de siffler le coup denvoi dune telle boucherie, il faudra prvenir les organisateurs de ces festins de vautours et de charognards que 65% des titres fonciers de Yaound et Douala sont entre les mains des Bamilks. Ce sera la pire des fautes. Ce jour verra la rsolution de toutes les frustrations endures par les kamerunais depuis plus dun demi-sicle. A bon entendeur, salut !

    Mais enfin, pourquoi sobstine-t-on loublier ? Ces allognes qui ne mendient aucune protection des autorits kamerunaises sont des rescaps,- oui des survivants-, dun programme dextermination impitoyable. Leur caractre a t form lexprience de deux preuves insupportables pour ltre humain, la dcimation systmatique, et lostracisme gnralis bien orchestr par le pouvoir colonial et lEtat nocolonial leur encontre.

    Fort heureusement, cet instinct de survie cultiv par une ethnie accule la mfiance, ainsi que cette dtermination ne compter que sur soi-mme ont fini par accoucher dun concept, le Dynamisme Bamilk qui, aujourdhui, vaut aux Kamerunais de la Province de lOuest une campagne de suspiscion de conqute sournoise du pouvoir confisqu par un rgime sans ambition et sans imagination. Ils en sont pourtant les principaux contributeurs sur le plan fiscal,-ayons le courage de laffirmer-, ils sont la vritable planche billets, la mamelle nourricire de ce systme qui astucieusement tire les ficelles du gigantesque pantin de la machine de propagande nationale qui ne cesse pas de les prsenter, la nuit, avec la complicit des tnbres, comme le danger suprme que court le Kamerun. Comment une toute petite pithte de huit lettres bamilk associe un terme dorigine grecque dynamisme (dunamis) qui signifie tout simplement mouvement peut-elle entraner une telle leve de boucliers et miroiter aux gens bien pensants lventualit dune guerre civile ? De quel danger sagit-il donc ?

    Que ceux qui le brandissent nous le dcrivent un peu. Le jour o les kamerunais se rappelleront quils sont parvenus dmystifier des prsomptions bien ancres lchelle mondiale telles que le football brsilien ou bien le football argentin, en fait le football sud-amricain, le meilleur de la Plante, ils feront front commun pour proposer au monde entier la recette du dynamisme bamilk qui est tout simplement le modle kamerunais de reconstruction dun pays au sortir dune guerre civile, sans solliciter les leviers de la mendicit internationale, sans recourir aux mcanismes dajustements structurels du Fonds Montaire International. Cest notre marque dpose. Cest la manifestation du gnie de notre peuple. Au moment du constat de faillite de certaines thories conomiques, qui avec le temps se sont avr de fantasmes purs et simples, des techniques de gangstrisme financier prns par les savants occidentaux comme les meilleures recettes de tous les temps, tels que lultralibralisme, le moment pour lAfrique de proposer des alternatives solidaires et crdibles est arriv.

    Le dynamisme bamilk est pourtant notre patrimoine collectif. Il est lincarnation de lopinitret de notre peuple face aux preuves insurmontables. Il est lexpression de la rsurrection arrogante de cette tranche du peuple kamerunais sortie victorieuse de la

  • rpression coloniale, dune guerre civile dont lethnie a, en victime expiatoire, assum les pripties les plus cruelles voisines de lanantissement programm, et ce, sans le recours au Plan Marshall ni aux ajustements structurels de la Banque Mondiale. Cest le miroir devant lequel tout kamerunais doit se regarder le matin. Jen suis fier, car dans cette volont de survivre, je reconnais effectivement le slogan de limmortalit du Mouvement Nationaliste Kamerunais (lUPC), contre lequel tait dirig ce gnocide vicieusement ethnocentr. Cest la seule lecture objective que tout kamerunais bien averti de lhistoire de notre pays, peut faire de ce concept contre lequel semblent enrager certains de nos intellectuels.

    Le souvenir de lextermination de 500.000 ressortissants dun pays qui ne comptait que 3.500.000 mes durant ces annes de tueries aveugles, soit prs de 15% de sa population totale a de quoi gurir de lamnsie tous ceux qui veulent, par lchet ou par cynisme passer en perte et profit la tragdie historique du peuple bamilk. Comment nos intellectuels prtendent-ils reconnatre en Ernest Ouandi lun de nos plus grands hros nationaux sans sinterroger sur la contradiction bouleversante de lautodnonciation htive et bcle, par lEtat, du honteux assassinat de lintress organis par le Prince lui-mme, entre juillet 1970 et janvier 1971, avec tout lclat et tout le faste dignes du Colise sous la Rome Impriale ? De pareils revirements ncessitent la mise en place dune procdure de rvision de ce procs en sorcellerie infme et mdival suivi de lindemnisation de lensemble des victimes, de Njassep Mathieu, encore vivant, Tabeu Gabriel, alias Wambo le Courant et Fossing Raphael. Ernest Ouandi nest pas un Deus ex Machina dont le parcours est intraable.

    Sa mise mort a t le couronnement dun holocauste, dune chorgraphie sanguinaire dont le matre des crmonies avait t le Chef de lEtat en personne, le Premier Magistrat de la Rpublique. Ouandi appartenait une organisation politique, une famille charnelle, tout un peuple. Beaucoup de personnes, ces trois niveaux de rapprochement par rapport lui ont pay de leur vie. Sadou Daoudou avait profr en 1973, lors dune confrence de presse que la mise mort de Ouandi marquait la fin de la rebellion et lenterrement dfinitif de lUnion des Populations du Cameroun. Dcidment les repres historiques, au Kamerun, se limitent aux assassinats politiques !

    Jai de plus en plus limpression que les coursiers de commerce du rgime, ses agents de propagande en tout cas, gns par la persvrance du phnix bamilk qui renat de ses cendres chaque fois quon le brle en perdent le sommeil. Leur stratgie de fond consiste dsormais arracher aux Bamilks eux-mmes la promesse tacite de sinterdire, au nom de la stabilit des institutions nationales, de lUnit Nationale, du CRATRE, du PRESBY et tutti quanti, toute ambition politique oriente vers la conqute du pouvoir. Bravo !!! Qui nous a dit que lintimidation manque dimagination ? Aprs les massacres au soleil, cest le temps de faire des Bamilks des citoyens de deuxime classe, littralement privs de tous leurs droits civiques, et partant, de certains droits humains, parmi lesquels celui dligibilit pour certaines fonctions prcises dans leur propre pays. Il est vrai que toutes les autres tribus y ont renonc pour se rfugier dans labri antiatomique de lHomme-Lion, le Petit Pre des Peuples.

    Aprs le complot de lextermination qui a compltement chou, le relais est repris par celui de lexclusion politique laquelle le peuple bamilk est convi, par patriotisme, apporter sa propre contribution (ce sera sans doute le prochain thme de campagne de Franoise Foning pour conserver son poste de Maire de Bonamoussadi/Makp).

  • Personne navait lev le petit doigt pour protger les kamerunais originaires des Hauts-Plateaux de lOuest contre le dlire sanglant du gnocide colonial.

    Il tait mme hors de question, durant ces annes terribles, de protger les bamilks, peuple de maquisards dont il fallait rduire les effectifs. On leur fait aujourdhui le procs des ambitions politiques, seules ambitions dmesures au Burkina Mvondo, le Pays des Motions de Soutien et des Grandes Ambitions. Les Allognes ntaient pas une minorit ethnique lpoque, et le concept de la protection des majorits ethniques, de toute manire, na jamais t lordre du jour, surtout pas au Kamerun. Cest tout simplement incroyable !!! Cela sappelle du chantage grossier et de la discrimination, deux crimes contre lhumanit. Aux Etats Unis dAmrique et en Afrique Australe, des millions de Noirs ont pay labolition de la discrimination de leurs vies. Au Pays des Hommes Corrompus, le concept est en pleine gestation.

    Les gnrations futures ont le devoir dempcher son mergence. Nous devons arrter les errements tribalistes de nos populations et du pouvoir ds maintenant. Si nous attendons demain, il sera trop tard. Je termine mon analyse par la mme rflexion faite par Pierre Abanda Kpama, Jean Jacques Ekindi et James Onobiono lors de trois conversations totalement diffrentes que jai sparment eues avec les intresss, il y a plus de 17 ans de cel. Le vritable problme de notre pays, ma rappel chacun deux, comme sils staient concerts, est que nous avons faire une fonction publique prdatrice, prbendire et prte tout pour protger ses intrts. Le problme bamilk est un faux problme ; leur principale force est le courage doser, la volont de russir et lendurance indracinable face lchec. En y ajoutant la perfection et lexcellence qui ne sont pas leur proprit exclusive, il est possible de rattraper la plupart de leurs milliardaires en moins dune gnration.

    On discutait galement du dynamisme bamilk. Aucun dentre eux navait voqu la moindre thorie exterminatrice des allognes ou protectrice des minorits. Bien au contraire lassainissement des murs managriales et des pratiques administratives de lEtat semblait tre leur principale proccupation. Javais constat avec satisfaction que tout en partageant tous les 3 les mmes convictions, ils taient pourtant de confessions politiques diffrentes. Je crois en toute sincrit quils ne sont pas les seuls tre de cet avis.

    Nous avons le devoir de prparer le futur de nos enfants. En ces temps de retour en force du tribalisme, les dernires meutes contre la vie chre et la rpression slective qui sen est suivie ont confirm que le rgime conserve son discours dbile et discriminatoire, bien connu de tout le monde depuis 56 ans, et continue appliquer les recettes du brviaire de ses ractions ataviques fondes sur le lavage du cerveau et la rhtorique du mensonge. Ces mouvements sociaux qui taient pourtant lexpression lgitime des masses affames et prives de perspectives ont finalement t enrls dans le registre de la dstabilisation du Renouveau par les Anglo-bamis. Sont-ils en fin de compte les seuls constater que le Kamerun va la drive ?