L’évolution de la politique
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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
Faculté de Droit, D’Economie, de Gestion et de Sociologie
(Domaine : Science de la société)
Département Economie
(Mention Economie)
…………….…………………
Mémoire de fin d’études pour l’obtention du Diplôme de Maitrise en Sciences
Economiques
Option : « DEVELOPPEMENT ET ECONOMIE PUBLIQUE »
…………….…………………
Par : Mlle RANAIVOSON Vaninah
Encadreur: Monsieur FANJAVA Refeno, Enseignant Chercheur
Date de soutenance : 17 Janvier 2017
Promotion : FANDRESENA Date de dépôt : 30 Janvier 2017
AU : 2015/2016
L’évolution de la politique
industrielle de Madagascar depuis
1960
I
REMERCIEMENTS
Je remercie tout d’abord Dieu de m’avoir donné le courage, la santé pour amener à
terme mes études. Je tiens à exprimer mes profonds et vifs remerciements à toutes les
personnes qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation du présent ouvrage, plus
particulièrement à :
- Docteur RAMAROMANANA A. Fanomezantsoa, Chef de Département Economie,
vous nous avez accueillis avec bienveillance malgré vos lourdes obligations. Un grand
merci à vous pour le temps que vous nous avez accordé et surtout pour vos précieux
aides et conseils ;
- Monsieur LAZAMANANA André Pierre, Responsable de parcours Master 1 du
Département Economie ;
- Monsieur FANJAVA Refeno, notre encadreur enseignant.
Je ne saurais oublier tous nos professeurs du Département sans eux, qui nous ont
permis d’acquérir toutes nos connaissances. Je remercie également le personnel administratif
du Département.
Et enfin, tous les membres de notre famille et surtout mes amis qui m’ont soutenu
financièrement et moralement dans la réalisation de ce présent travail.
II
SOMMAIRE
INTRODUCTION .................................................................................................................... 1
PREMIERE PARTIE : APPROCHES THEORIQUES SUR LA POLITIQUE
INDUSTRIELLE ...................................................................................................................... 3
Chapitre I : Notion et concepts de base .................................................................................. 3
Section 1 : Notion sur l’industrialisation ................................................................................ 3
Section 2 : Notion sur la politique industrielle ..................................................................... 11
Chapitre II : La revue de la littérature sur la politique industrielle ................................. 15
Section 1 : Les fondements théoriques de la politique industrielle ...................................... 15
Section 2 : Les expériences de politique industrielle des pays en voie de développement .. 19
DEUXIEME PARTIE : LES DIFFERENTS ELEMENTS DE CONTINUITE ET DE
RUPTURE DE LA POLITIQUE INDUSTRIELLE DE MADAGASCAR ...................... 24
Chapitre I : L’évolution de la politique industrielle de Madagascar depuis 1960 ........... 24
Section 1 : Contexte économique ......................................................................................... 24
Section 2 : Evolution de l’industrie ...................................................................................... 27
Chapitre II : Les éléments de continuité et de rupture : analyse à travers les
performances économique et industrielle ............................................................................ 33
Section 1 : La performance économique .............................................................................. 33
Section 2 : La performance du secteur industriel ................................................................. 36
CONCLUSION ....................................................................................................................... 43
III
LISTE DES ABREVIATIONS
AGOA : African Growth Opportunities Act
APD : Aides Publiques au Développement
CASI : Crédit d’Ajustement du Secteur Industriel
CEPAL : Commission Economique pour l’Amérique Latine
CERDIC : Centres Régionaux de Développement Industriel et Commercial
DCPE : Document Cadre de Politique Economique
DSRP : Document de Stratégie de Réduction De la Pauvreté
EDBM : Economic Development Board of Madagascar
FBCF : Formation Brute De Capital Fixe
FMI : Fonds Monétaire International
FNI : Fonds National d’Investissement
IDE : Investissement Direct Etranger
III : Industrialisation par les Industries Industrialisantes
ISI : Industrialisation par Substitution aux Importations
ISE : Industrialisation de Substitution aux Exportations
ITE : Industrialisation Tournée vers l’Exportation
LPI : Lettre de Politique Industrielle
MAP : Madagascar Action Plan
MICP : Madagascar Industrial Competitiveness Plan
MCA : Millenium Challenge Account
NPI : Nouveaux Pays Industrialisés
OCDE : Organisation de Coopération et Développement Economiques
ONUDI : Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel
OMD : Objectifs du Millénaire de Développement
OMNIS : Office Militaire Nationale des Industries Stratégiques
OPEP : Organisation des Pays Exportateurs de pétrole ou OPEP
PADECI : Programme d'Appui au Développement de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie
PAS : Programme d’Ajustement Structurel
PGE : Politique Générale de l’Etat
PMA : Pays Moins Avancés
PME : Petites et Moyennes Entreprises
PMI : Petites et Moyennes Industries
PND : Plan National de développement
PNEI : Pacte National pour l’Emergence Internationale.
PPP : Partenariat Public Privé
SADEC : Southern African Development Community
SNI : Société Nationale d’Investissement
ZFI : Zones Franches Industrielles
IV
LISTE DES TABLEAUX
TABLEAU N°1 : Taux de croissance annuel composé et contribution moyenne des
branches d’activités industrielles à la formation du PIB industriel (en %) ..................... 39
V
LISTE DES GRAPHIQUES
GRAPHE N°1 : L’évolution du taux de croissance démographique et le taux de
croissance économique (en %) .............................................................................................. 34
GRAPHE N°2 : L’évolution des parts des secteurs d’activités dans le PIB (en %) ......... 36
GRAPHE N°3 : L’évolution de la valeur ajoutée du secteur secondaire (en %) ............. 37
GRAPHE N°4: L’évolution de la FBCF (en $ US courant) ................................................ 41
1
INTRODUCTION
Des tentatives d’industrialisation ont été entamées par Madagascar bien avant son
indépendance de l’année 1960. Ce fut lors du règne du Roi Radama 1er (1818-1828) quand il
voulait coopérer avec le London Misionary Society ou LMS pour l’installation d’unités de
production pour des produits manufacturés. Lors du règne de Ranavalona 1ère (1828-1861)
également, en collaborant avec Jean Laborde, elle voulait implanter une industrie
d’armement. Mais ceux-ci furent tous un échec. A la fin du Royaume de Madagascar, c’est-à-
dire pendant la colonisation, l’économie est marquée par une économie de traite, agricole
malgré l’éclosion de quelques industries. Ce n’est qu’après l’indépendance que l’industrie a
pris un nouvel air, nous allons se focaliser sur l’étude de cette période plus précisément celle
de l’après 1960.
Depuis 1960, des efforts en matière d’industrialisation ont été faits par les
Gouvernements mais jusqu’à présent, on peut dire que le pays enregistre un faible niveau
d’industrialisation. Selon la Banque Mondiale, le PIB de Madagascar est de 9,98 milliards de
dollars en 2015 ; la part du secteur secondaire a été estimée à 18% contre 24% pour le secteur
primaire et 58% pour le secteur tertiaire. Le secteur secondaire contribue donc faiblement au
PIB par rapport aux autres secteurs. Ainsi, à travers les différentes politiques propres à chaque
Gouvernement se trouvent différentes politiques industrielles. En effet, la politique
industrielle est importante du fait qu’elle assure le développement industriel d’un pays ; elle a
donc comme mission de rendre les entreprises ou industries compétitives dans le but d’obtenir
une croissance soutenue et inclusive.
L’intérêt de notre présent travail intitulé « L’évolution de la politique industrielle
depuis 1960 » se repose surtout sur l’importance de la politique industrielle comme on l’a
énoncé précédemment. Il repose également sur l’analyse des expériences vécues par le pays
afin d’expliquer la situation actuelle et de prendre des mesures adéquates pour atteindre un
certain niveau de développement industriel.
Ainsi, pendant l’analyse de l’évolution de la politique industrielle de Madagascar,
nous essayerons de répondre à notre problème majeur : « Y a-t-il des éléments de continuité
ou de rupture dans la politique industrielle depuis 1960 ? ». Notre problème se tournera
donc sur la recherche des éléments de continuité et de rupture dans la politique industrielle
mise en œuvre depuis 1960.
2
Pour ce faire, notre méthodologie sera comme-suit. Notre étude va être basée
essentiellement sur une revue de la littérature existante sur les politiques industrielles et le
développement industriel du pays, et aussi sur des considérations empiriques et théoriques.
Nous prendrons alors comme dimensions la performance économique et la performance de
l’industrie tout en analysant certains critères à savoir la part de valeur ajoutée du secteur dans
le PIB national, la structure de ce PIB industriel, l’évolution du chiffre d’affaires de
l’industrie. Afin d’établir les éléments de continuité et de rupture, nous allons procéder à une
comparaison entre les périodes que nous préciserons plus tard.
Comme hypothèses donc nous supposons qu’il y a éléments de continuité lorsque les
critères que nous avons choisis plus haut connaissent des augmentations, des améliorations, et
qu’il y a éléments de rupture dans le cas contraire. Il y a donc d’éléments de continuité quand
il y a amélioration de la performance de l’économie et surtout la performance du secteur
industriel. Nous allons donc établir ces éléments de rupture ou de continuité par rapport aux
différentes mesures et instruments utilisés par la politique industrielle.
Pour élucider ce problème, nous allons adopter le plan suivant. Dans une première
partie, nous allons voir les approches théoriques sur la politique industrielle avec les
différentes notions et concepts de base ; la notion sur l’industrialisation et la notion sur la
politique industrielle. A cela s’ajoute la revue de littérature sur la politique industrielle
montrant les fondements théoriques de la politique industrielle et les expériences de la
politique dans le passé de certains pays. Notre analyse se fera donc dans la deuxième et
dernière partie, en commençant par l’évolution de la politique industrielle depuis 1960, en
passant par la description du secteur industriel, nous finirons par l’établissement des éléments
de continuité et de rupture de la politique industrielle.
3
PREMIERE PARTIE : APPROCHES THEORIQUES
SUR LA POLITIQUE INDUSTRIELLE
Notre première partie se propose de présenter les approches théoriques sur la politique
industrielle. Avant d’entamer l’analyse, il nous serait utile d’élaborer un cadre conceptuel et
théorique. Pour cela, à travers les deux chapitres, nous développerons quelques notions et
concepts de base, notamment sur l’industrialisation et la politique industrielle. Puis, nous
ferons une revue de littérature, cette revue se portera sur les fondements théoriques de la
politique industrielle et les expériences de politique de deux pays.
Chapitre I : Notion et concepts de base
Dans ce premier chapitre, nous allons nous focaliser sur quelques notions et concepts
de base. En commençant par la première section concernant quelques définitions, puis les
différentes stratégies d’industrialisation. Nous continuerons sur la seconde section concernant
la politique industrielle avec une généralité avec ses objectifs et ses instruments.
Section 1 : Notion sur l’industrialisation
Dans cette section nous allons présenter quelques définitions sur l’industrie,
l’industrialisation et la stratégie d’industrialisation, puis les différentes stratégies
d’industrialisation.
1. Quelques définitions
a) Industrie
Etymologiquement, le mot industrie vient du mot grec « industria » qui signifie
« activité ». Selon BAUDEAU et DUBOIS (1910) l’industrie est définie comme l’ensemble
des activités économiques fondées sur la transformation des matières premières en produits
fabriqués. A cela s’ajoute l’exploitation des richesses minérales et des diverses sources
d’énergie, à l’aide de moyens techniques, dans une structure particulière : l’usine (MERNNE-
SCHOUMAKER B. ,1991)
L’industrie peut également être définie comme « un secteur d’activité réunissant
l’ensemble des unités économiques de transformation en produits de plus grand utilité des
biens réels en faisant appel au travail humain collectif en se servant d’un capital
technique ».1
1 Lexique d’économie. (2012) 12
ème édition, Ed. Dalloz, p.472
4
Autrement dit, par l’usage des facteurs productifs (capital et travail), l’industrie
produit des biens réels en produits qui sont des biens matériels destinés au marché. Elle
dégage une valeur ajoutée qui mesure la contribution productive de chaque facteur de
production. Il s’agit plutôt d’une définition économique.
En effet C. CLARK a défini un groupement fondamental des activités économiques de
production qui retient trois secteurs, et qui est ensuite repris par J. FOURASTIE (1954) :
- Le secteur primaire concerne l’agriculture, la pêche, l’élevage, l’exploitation forestière
et l’exploitation minière ;
- Le secteur secondaire concerne les industries de transformation, il regroupe les
activités liées à la transformation des matières premières issues du secteur primaire. Il
comprend des activités variées telles que l’industrie du bois, les bâtiments et travaux
publics, l’aéronautique et l’électronique, etc. ;
- Le secteur tertiaire concerne le commerce et les industries de service, on peut citer
l’enseignement, les banques, les assurances, le transport, le tourisme, etc.
On peut classifier les industries selon différents critères :
- Selon la dimension des entreprises : micro entreprises, très petites entreprises, petites
entreprises, moyennes entreprises et grandes entreprises.
- Selon les caractères pondéreux des produits : industrie lourde et industrie légère.
- Selon l’usage des produits : industries de biens de production ou industries de biens
d’équipement et industries de biens de consommation.
- Selon la nature de l’activité : industrie extractive et industrie de transformation.
A part cette classification des industries, il y a également la typologie des industries, définie
par l’OCDE (1997) :
- Les industries de haute technologie ;
- Les industries de moyenne haute technologie ;
- Les industries de moyenne faible technologie ;
- Les industries de faible technologie.
b) Industrialisation :
L'industrialisation est la phase durant laquelle l'industrie croît plus vite que
l'agriculture et détient peu à peu le rôle moteur de l'économie. « L’industrialisation ou
5
développement de l’industrie se traduit au plan des structures économiques par un recul de
l’agriculture. »2
Elle peut se définir donc comme le passage d'une économie à prépondérance agricole à une
économie à prépondérance industrielle.
L'industrialisation est un processus complexe qui permet d'appliquer à un secteur, à
une branche de l'économie, des techniques et des procédés industriels qui apportent
rationalisation et hausse de productivité. Elle permet de remplacer le système artisanal ou
manuel de production dans des lieux dispersés, par une production centralisée, en grandes
séries, utilisant des machines, appliquant des normes ou standards pour obtenir des produits
de qualité homogène. Il s’agit d’un processus de développement des activités industrielles.
Selon FRANÇOIS PERROUX, « l’industrialisation est un processus cumulatif
structurant l’ensemble social par l’emploi intensif de systèmes des machines et permettant
l’augmentation à un coût décroissant des objets bénéfiques au groupe humain. »3
c) Stratégie d’industrialisation :
La stratégie est un choix des moyens interdépendants à mettre en œuvre pour réaliser
les objectifs ; des objectifs opérationnels choisis pour mettre en application les politiques
préalablement définies. Les choix devraient être cohérents et intelligents.
La stratégie comprend l’élaboration et la mise en œuvre aussi bien par le noyau
stratégique (dans notre cas il s’agit du gouvernement) que par l’ensemble des principaux
acteurs (les entreprises industrielles), ainsi que dans le domaine interne à l’industrie.
La stratégie sectorielle, souvent présentée sous la forme d'un plan stratégique ou d'un
document similaire, décrit la façon dont le gouvernement entend mettre en œuvre sa politique
sectorielle à moyen terme (généralement 3 ou 5 ans). La stratégie sectorielle est un «schéma
directeur» ou un plan d'action de haut niveau pour la mise en œuvre de la politique sectorielle,
selon la Commission Européenne (2007).
Concernant l’industrie, les stratégies d’industrialisation sont donc des moyens utilisées
afin d’atteindre les objectifs opérationnels pour la mise en place de la politique industrielle
qui se doit d’offrir un environnement propice aux industries et d’assurer un développement
industriel sain et efficace.
2 Lexique d’économie, (2012), 12
ème édition, Ed. Dalloz, p.471.
3 BREMOND J., GELEDAN A. (1981), Dictionnaire économique et social.100 articles thématiques 1200
définitions, Hatier, p.123.
6
2. Les différentes stratégies d’industrialisation
Il nous serait utile de présenter brièvement les fondements théoriques qui sont à
l’origine des principales stratégies de développement axées sur l’industrialisation.
a) Les fondements des stratégies d’industrialisation
Comme fondements il y a le choix de l’industrie et les stratégies de croissance
équilibrée et déséquilibrée.
Le choix de l’industrie
W. W. ROSTOW et A. LEWIS sont les deux auteurs qui ont mis en exergue
l’importance de l’industrie dans le processus de développement d’un pays. Leurs théories se
trouvent à l’origine de l’industrialisation.
D’une part, ROSTOW dans son ouvrage intitulé « Les étapes de la croissance
économique », définit cinq étapes de croissance que chaque pays doit connaître pour se
développer : la société traditionnelle, les préalables au développement, le take-off (décollage),
la marche vers la maturité et l’ère de la consommation de masse. ROSTOW a montré que la
modernisation de la société traditionnelle est la clé pour pouvoir accéder à l’industrialisation ;
l’une des étapes de la croissance économique.
D’autre part, selon LEWIS, le sous-développement est causé par le dualisme de
l’économie des pays du tiers-monde ; deux secteurs coexistent au sein de ces économies : le
secteur traditionnel (de subsistance) qui est associé au secteur agricole et le secteur moderne
qui est associé au secteur industriel. Le secteur traditionnel pèse sur le secteur moderne
puisqu’il monopolise la main d’œuvre disponible et empêche le secteur moderne de se
développer. La solution est donc de transférer ce surplus de main d’œuvre du secteur
traditionnel où la productivité est nulle dans le secteur moderne où la productivité est
croissante, afin de dégager de taux de profit croissant et donc un épargne suffisamment
important pour lancer le processus d’industrialisation. LEWIS pense donc que le processus de
développement se déroulera par la rupture de ce dualisme. Le secteur agricole doit donc
concurrencer le secteur industriel pour attirer les mains d’œuvre. Il se trouve alors obligé
d’accroître son investissement et d’utiliser des techniques modernes en vue d’augmenter la
productivité c’est-à-dire qu’il doit se moderniser. De ce fait, le secteur traditionnel ne devrait
plus exister ainsi que le dualisme.
7
Une croissance équilibrée ou déséquilibrée
En sachant que le pays va choisir l’industrie au détriment de l’agriculture, le pays va
devoir encore choisir dans quelle branche de l’industrie investir. Deux thèses s’opposent sur
ce sujet, d’une part il y a les théoriciens de la croissance équilibrée et d’autre part, il y a les
partisans de la croissance déséquilibrée.
Concernant la stratégie de croissance équilibrée, une stratégie néoclassique aussi
appelée thèse de la « croissance proportionnée », se repose sur la thèse de RAGNAR
NURKSE et ROSENSTEIN-RODAN et la loi des débouchés de Say. Selon cette stratégie, les
investissements devraient être réparties dans toutes les branches industrielles afin d’assurer
simultanément une offre et une demande pour éviter tout déséquilibre, il y a interdépendance
et équilibre entre offre et demande aussi bien au niveau de chaque secteur qu’au niveau
mondial. Elle prône ainsi la répartition équitable des ressources entre les divers secteurs ; une
vague d’investissements dans plusieurs secteurs peut donc réussir tandis qu’une implantation
d’une industrie isolée qui se traduira par des surcoûts importants vouera à l’échec. Chaque
secteur doit offrir à l’autre des fournitures et des débouchés, d’où l’appellation « croissance
équilibrée ». L’intervention de l’État n’est légitime que lorsqu’il y a déficience au niveau de
la demande, lorsqu’il y a imperfections du marché.
Concernant la stratégie de croissance déséquilibrée, elle se base sur la théorie des
effets d’entrainement de HIRISCHMAN. Selon ses partisans, il faut favoriser les
investissements qui engendrent plus d’effets d’entrainement c’est-à-dire privilégier un ou
plusieurs secteurs mais pas tous les secteurs. C’est par le développement de « pôle de
croissance » que l’on développe le reste de l’économie. Ainsi, les gouvernements sont incités
à pratiquer une politique d'investissement sélective en faveur des secteurs industriels jugés les
plus stratégiques en termes de retombées économiques. Cette thèse est renforcée par
PERROUX, selon ce dernier, il faut favoriser les industries industrialisantes. Cette priorité
donnée à l’industrie repose sur une forte intervention de l’État via la planification et la
nationalisation des entreprises. L’intervention en aval doit être plus conséquente, plus
volontariste et plus fiable.
Si la stratégie de croissance équilibrée et la croissance déséquilibrée sont des stratégies
basées sur l’orientation des industries, les deux stratégies qui s’en suivent quant à elles se
basent sur l’orientation du marché.
8
b) Les stratégies de développement autocentré
Les stratégies de développement autocentré regroupent donc les industrialisations
basées sur le développement du marché intérieur en laissant de côté l’exportation, il s’agit
donc d’un développement tiré par le marché intérieur. En effet, elles reflètent un pessimisme
pour les exportations à la suite de spécialisations défaillantes (souvent dues à un passé de
colonie) et d’une dégradation des termes de l’échange. On distingue la stratégie
d’Industrialisation par Substitution aux Importations et la stratégie d’Industries
Industrialisantes.
L’industrialisation par substitution aux importations
Elle a été théorisée par la Commission Economique pour l’Amérique Latine (CEPAL)
et les travaux de RAUL PREBISCH qui reprennent le « protectionnisme éducateur » de
FRIEDRICH LIST. Mise en œuvre dans les années 50 dans pratiquement tous les PED, elle a
été généralisée en Amérique Latine mais aussi en Asie (Corée, Philippines…) et en Afrique
(Egypte, Sénégal, Kenya…) c’est-à-dire la plupart des pays africains nouvellement
indépendants.
Elle consiste à libérer le pays de la dépendance du commerce international en
substituant progressivement la production nationale aux importations. On remplace les
produits qu’on importe massivement par une production locale ; cette politique essaye alors
de mettre en valeur les industries locales pour satisfaire les besoins de la population. Pour que
cette stratégie soit efficace il faudrait que les industries réalisent des économies d’échelles ;
les prix des biens produits localement seront inférieurs à ceux des prix constatés au niveau
mondial. Puisque la stratégie de l’ISI est basée sur la théorie des industries naissantes de
LIST, selon laquelle un système de protection doit être établi en vue de protéger les industries
nouvelles et de leur donner des temps de mûrir, elle devrait donc être pratiquée avec des
mesures d’accompagnement comme l’utilisation des tarifs douaniers, des contingentements
d’importation,… dans le but de freiner la consommation des produits importés et de valoriser
les industries naissantes. Ainsi, l’État devrait mettre en place des politiques protectionnistes et
assurer un financement des investissements massifs, provenant souvent de l’extérieur. Le
développement devrait être assuré par la remontée de filière. Le pays produit donc en premier
lieu des biens basiques comme le textile ou les biens alimentaires, ensuite, il produit des biens
plus élaborés tels que les biens industriels, les biens d’équipement puis l’industrie lourde. De
cette manière, la production doit se diversifier à long terme. Ainsi, le pays pourra pénétrer le
marché mondial avec les produits essentiellement manufacturés. C’est à ce moment-là que
9
l’État laisse le marché jouer son rôle de régulateur économique. On peut dire que cette
stratégie répond vraiment à l’initiative d’indépendance mais il exige beaucoup de temps, des
coûts à supporter jusqu’à ce que les entreprises atteignent un certain niveau de compétitivité.
L’industrialisation par les industries industrialisantes
Le concept d’ « industrie industrialisante » est introduit par G. DESTANNE De
BERNIS. Cette stratégie a été optée par l’Inde dans les années 50 et l’Algérie dans les années
70. L’industrie est appréhendée en termes d’option et de priorité :
- Option pour une voie socialiste de développement ;
- Option pour le développement par l’industrialisation ;
- Priorité accordée à l’industrie par rapport à l’agriculture ;
- Priorité accordée à l’industrie lourde par rapport à l’industrie légère ou encore à la
production de biens d’équipement sur celle des biens de consommation.
Il faut donc construire une industrie par l’amont et non par l’aval comme la stratégie
ISI, par une politique volontariste de l’État à travers une planification publique. La stratégie
III est inspirée de l’expérience de l’URSS et de la thèse de la croissance déséquilibrée de
FRANÇOIS PERROUX, elle amène l’État à orienter les investissements à la place du marché
dans les secteurs stratégiques pour constituer des pôles industriels de croissance qui, par les
effets d’entraînement, propageront le développement dans tous les autres secteurs industriels
en aval. Ces secteurs privilégiés sont ceux de l’industrie lourde en amont du processus
productif qui, en dégageant des gains de productivité, favoriseront la croissance de
l’économie tout entière (mécanisation de l’agriculture par exemple…). Le secteur primaire,
lui, doit fournir les biens de consommation intermédiaires à l’industrie et des débouchés aux
biens d’équipement qui y sont produits. La production industrielle va se diversifier à travers la
constitution d’un appareil productif modernisé et la richesse produite par habitant augmente.
Les industries lourdes s’étendent à de grand complexe industriel, elles sont donc très
coûteuses ce qui implique une dépendance financière, technologique et humaine, ce qui va
générer un déficit important de leur balance des paiements.
Les libéraux, eux, vont pointer trois responsabilités dans son échec : un État trop
présent qui se substitue au marché, une spécialisation industrielle trop précoce et un
développement qui s’est coupé du commerce international.
10
c) Les stratégies de développement extraverti
Elles sont caractérisées par une participation croissante au commerce international ; les
pays doivent s’ouvrir au monde et au commerce international. On la nomme également
industrialisation tournée vers l’exportation (ITE). Elles sont basées sur les principes de la
théorie néoclassique des avantages comparatifs, selon laquelle un pays devrait se spécialiser
dans la production de biens dans laquelle le pays possède un avantage comparatif.
L’ITE consiste alors à promouvoir les industries capables de produire toutes les
exportations afin de réduire les dépendances externes et d’éviter tous les maux de l’ISI. Elle
exige certaines conditions : une libéralisation du commerce (pas de droit de douane, quotas
d’importation), la compétitivité des industries (le niveau de qualité, une économie d’échelle
croissant), un système d’incitation ou mesures incitatives pour promouvoir les activités
exportatrices (subventions, avantages fiscaux, accès privilégié aux prêts à des taux
préférentiels, garanties, régime de change favorable…). Il y a deux variantes tout deux
orientées vers l’exportation : l’exportation des produits primaires et la promotion des
exportations.
L’exportation des produits primaires
Les pays qui ont opté pour cette stratégie sont des pays dotés en ressources naturelles
abondantes, donc ils se spécialisent dans la production et l’exportation de produits primaires.
On peut citer par exemple les pays de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole ou
OPEP dotés en pétrole ou les pays d’Asie et d’Afrique en produits agricoles et d’autres
matières premières. Les ressources financières tirées de ces exportations doivent permettre
d’importer des biens d’équipement pour favoriser l’industrialisation du pays.
Cette stratégie s’est avérée comme un échec pour certains pays. Ceux qui se sont
spécialisés dans une monoculture ont subi une dégradation des termes de l’échange, une
dégradation qui a touché aussi les pays exportateurs de pétrole dans les années 1980 à la suite
des deux chocs pétroliers de 1973 et 1979. De plus, la forte volatilité des cours des produits
primaires ainsi que la concurrence et les pratiques protectionnistes des pays du Nord rendent
ce processus de développement instable. Beaucoup de ces pays, hormis les pays de l’OPEP,
font partie des PMA aujourd’hui du fait de leur spécialisation internationale défaillante.
La promotion des exportations
Cette stratégie aussi appelée Industrialisation de Substitution aux Exportations (ISE), a
été initiée dès les années 1950 par deux pays asiatiques, Hong Kong et Singapour, rejoints
dans les années 1960-1970 par la Corée du Sud et Taiwan (ces quatre pays devenant les
11
NPIA: Nouveaux Pays Industrialises Asiatiques ou les « Dragons asiatiques ») et certains
pays d’Amérique latine comme le Brésil, le Chili ou le Mexique. Dans les années 1980,
d’autres pays asiatiques ont suivi la même voie comme la Chine, la Malaisie, la Thaïlande.
Les NPIA ont connu un succès éclatant alors que plusieurs pays d’Amérique latine non
puisqu’ils n’ont pas réussi à sortir de leur spécialisation initiale.
Cette stratégie a pour but de substituer progressivement aux exportations de produits
primaires des produits de plus en plus élaborés par la remontée de filières : remplacer les
exportations traditionnelles par de nouvelles, plus intensives en capital et à plus forte valeur
ajoutée. Il faudrait donc passer de l’industrie légère à l’industrie lourde, en intégrant
progressivement du progrès technique et en assurant la formation de la main-d’œuvre.
Section 2 : Notion sur la politique industrielle
Si nous avons concentré notre précédente section sur la notion d’industrialisation, cette
section suivante va se porter essentiellement sur la politique industrielle.
1. Définition et objectifs de la politique industrielle
La politique économique est définie comme « un ensemble d’actions conscientes de la
puissance publique se traduisant par la définition d’objectifs économiques et sociaux et la
mise en œuvre des moyens nécessaire pour les atteindre »4. Globalement, elle cherche une
croissance élevée, une inflation faible, un chômage réduit et un solde extérieur positif, ce sont
des objectifs connus sous le nom de « carré magique de KALDOR ».
Ces objectifs peuvent être à court terme (politiques économiques conjoncturelles) et à
moyen et long terme (politiques économiques structurelles). Les politiques économiques
conjoncturelles cherchent à stabiliser la conjoncture ; elles s’appuient généralement sur la
politique budgétaire et la politique monétaire. Les politiques économiques structurelles quant
à elles cherchent à obtenir une croissance durable ; elles visent donc à influencer durablement
la structure et la base l’économie, elles s’intéressent particulièrement au tissu productif de
l’économie (secteur, entreprises…). On peut citer la politique industrielle, la politique
agricole, la politique environnementale…
La politique industrielle fait donc partie des politiques économiques structurelles.
PIERRE MAILLET (1984, p.84) l’affirme également: « Comme l’industrie constitue une
4 Lexique d’économie, (2012) 12
ème édition, Ed. Dalloz, p.643.
12
partie de l’économie, la politique industrielle doit s’insérer dans l’ensemble de la politique
économique. On ne peut pas avoir une industrie efficace si les conditions de la politique
économique d’ensemble ne sont pas respectées, et inversement de bonnes orientations du
développement industriel peuvent favoriser les grands équilibres économiques. Une
cohérence d’ensemble est donc nécessaire».
La politique industrielle peut être également définie comme « l’ensemble des objectifs
fixés et des moyens mis en œuvre par l’Etat pour rendre l’industrie compétitive en vue
d’assurer une croissance économique globale soutenue, lutter contre le chômage, améliorer
la situation de la balance des paiements. »5
Elle a donc pour but d’offrir un environnement favorable pour le développement des
industries, elle vise à développer la compétitivité de l’économie nationale en orientant la
spécialisation industrielle de façon à favoriser les performances à l’exportation. D’après
Keynes, il faut un environnement où la rentabilité financière est nettement supérieure au taux
d’intérêt afin d’attirer les capitaux non aux placements mais aux investissements productifs,
ce qui entraînera l’augmentation de la productivité des entreprises et donc de la croissance.
De plus, la transformation structurelle en particulier le développement des industries
est une condition nécessaire pour une croissance économique soutenue et inclusive. En effet,
une spécialisation dans la production agricole ou des ressources naturelles à faible valeur
ajoutée pourrait permettre une croissance économique soutenue à court terme mais elle ne
pourrait pas être soutenue et inclusive à long terme.
L’Etat se doit donc de rendre l’industrie compétitive en vue d’assurer une croissance
économique soutenue et inclusive, d’où la nécessité d’une politique industrielle. C’est la
raison d’être de la politique industrielle.
2. Les principaux instruments d’action de la politique industrielle
Salon PIERRE MAILLET (1984), on peut citer entre autres : la fiscalité, les aides
financières, les marchés publics, la politique de concurrence, la nationalisation, la législation
et les règles administratives et la politique commerciale extérieure.
a) La fiscalité
L’objectif est d’inciter les investisseurs à exploiter davantage. Le taux de
prélèvements obligatoires payés par les entreprises exerce un effet sur la compétitivité ; si le
5 Lexique d’économie, (2012) 12
ème édition, Ed. Dalloz, p.472.
13
taux de prélèvement est plus élevé dans le pays que dans les pays voisins, il y a réduction de
la compétitivité. L’Etat peut donc agir selon trois modalités : il peut réduire le taux
d’imposition sur les bénéfices, il peut également réduire les coûts des biens d’équipement par
détaxation de ceux-ci ou encore réduire temporairement les coûts de l’investissement.
b) Les aides financières
Les aides financières peuvent prendre de formes variées, par exemple accorder des
subventions d’équipement ou de fonctionnement, des prêts remboursables auprès du Trésor
ou les organismes publics avec des conditions plus favorables que les banques ou les marchés
des capitaux (un faible taux d’intérêt, une durée de prêt adéquate à chacun)
c) Les marchés publics
L’Etat peut ouvrir ses marchés à l’ensemble des fournisseurs possibles ou les réserver
à certains d’entre eux, notamment les fournisseurs nationaux.
d) La politique de concurrence
La concurrence est un facteur d’efficacité mais elle ne se maintient pas spontanément.
Elle conduit à la concentration qui devient à son tour un monopole. Il y a alors un problème
d’allocation des ressources d’où la nécessité de l’intervention publique. Ici, la politique de
concurrence se développe ainsi selon deux axes en luttant contre les ententes néfastes à
l’acheteur et contre les abus de position dominante.
e) Les nationalisations
La nationalisation peut être définie comme le fait de donner à l’Etat la propriété des
instruments de production.
L’Etat peut par exemple reprendre les entreprises qui sont au bord de faillite ou bien
nationaliser certaines entreprises dans le but de lutter contre la constitution de monopole
abusant leur position de force.
f) Les législations et les règles administratives
D’une part, il y a le domaine de la législation commerciale par les modalités de
constitution et de fonctionnement des entreprises et les actes de commerce. D’autre part, il y a
le domaine de la législation du travail concernant les relations entre l’entreprise et son
personnel.
L’instauration des normes obligatoires peuvent avoir des effets économiques dans la mesure
où elles protègent les produits étrangers fabriqués dans des pays où les normes sont
différentes.
14
g) La politique commerciale extérieure
Il existe deux familles de mesures : celles qui sont officiellement annoncées (les
contingentements et les droits de douane) et celles qui ne le sont pas (les obstacles non-
tarifaires aux échanges). Pour les importations, la mesure extrême est le contingentement ; il
consiste à fixer un plafond quantitatif au volume d’importation, tandis que la mesure la plus
souple est la protection douanière ; l’imposition d’un droit de douane a pour effet de relever le
prix du produit importé et donc de protéger la production intérieure. Pour les exportations, ce
sont plutôt des aides financières que l’Etat offre.
Bref, les modalités d’interventions des pouvoirs publics peuvent prendre plusieurs formes,
elles peuvent être :
- Des mesures directes qui ont pour objectif de promouvoir les entreprises (les aides aux
exportations, les aides financières, la politique de concurrence, la constitution des
pôles industriels,…) ;
- Des mesures indirectes qui visent à modifier l’environnement économique (politique
budgétaire, politique fiscale, politique monétaire) ou provoquer un dynamisme
industriel (politique d’aménagement du territoire, soutien à la recherche et à
l’innovation,…).
15
Chapitre II : La revue de la littérature sur la politique industrielle
Le chapitre précédent nous a donc permis d’avoir une vue globale sur les concepts de
base. Afin d’approfondir la politique industrielle spécialement, nous allons procéder à une
revue de littérature. D’abord, dans la première section, nous aborderons les fondements
théoriques de la politique industrielle tout en dégageant son importance et dans la seconde
section, nous allons présenter les expériences de la politique industrielle passée de deux pays
afin d’en tirer des leçons, et en comparer avec celle de notre pays.
Section 1 : Les fondements théoriques de la politique industrielle
1. L’origine de la politique industrielle
Selon les classiques, les gouvernements proclament leur confiance dans les stimulants
mécanismes du marché et dans la nécessaire autonomie des entreprises. Ils devraient donc
appuyer leurs éventuelles interventions sur les théories du marché et de la libre-entreprise,
c'est à dire sur ce que l'on peut appeler la théorie « standard ».
L’action publique doit seulement assurer le fonctionnement efficace des marchés et de
la libre-entreprise. Selon la théorique standard ; la théorie libérale, la société atteint l’optimum
par ce libre fonctionnement des marchés. L’action publique s’efforce donc d'offrir un cadre
réglementaire adapté à ce libre fonctionnement et lui permettant de supprimer tout ce qui
serait susceptible de le remettre en cause ou de nuire à son efficacité.
Pour cela l’Etat devrait donc mettre en place quatre politiques distinctes qui sont
toutes en faveur de l’industrie dont l’objectif d’ensemble est d’assurer les conditions les plus
favorables à l’industrie nationale ; elles ne se préoccupent surtout pas des structures et de
l’évolution de l’industrie nationale.
- La politique de la concurrence concerne les conditions de la concurrence, elle se doit
d’assurer le respect les conditions de concurrence pure et parfaite. L’industrie
nationale ne pourra s’épanouir que dans un climat sain de concurrence ; ainsi, la
politique de concurrence doit donc prévenir les pratiques anticoncurrentielles des
firmes.
- La politique commerciale concerne les conditions de l’échange. Sa tâche est de
s’assurer à ce que les concurrences venues de l’étranger soient loyales ; les firmes
étrangères ne peuvent et ne doivent donc pas obtenir d’avantages que ce soit par les
mesures légales ou financières prises par le Gouvernement. Elle lutte également pour
16
la suppression des droits de douane qui empêchent les firmes nationales de concourir
sur les marchés.
- La politique technologique concerne quant à elle, l’accès aux ressources et aux
informations technologiques. Elle prend en charge, en relayant la politique éducative,
la formation des capacités d'innovations dont les firmes et l'industrie ont besoin pour
concourir dans de bonnes conditions sur la scène internationale.
- Finalement, la politique industrielle concerne le fonctionnement concret de certains
marchés industriels. Puisqu’il y a d’autres imperfections ou défaillance du marché, la
politique industrielle devra si ce n'est les supprimer, trouver des palliatifs à ces
défaillances. Il s'agit de compenser les effets dus aux externalités, aux coûts de
transactions, aux économies d'échelle ou d'apprentissage.
Cet ensemble de politiques va donc supprimer les entraves au bon fonctionnement
naturel des marchés, elle assure donc l’efficience des marchés et par voie de conséquence
assure la performance de l’industrie.
Pour le courant libéral donc avec la théorie de la main invisible d’Adam Smith,
l’intervention de l’Etat n’est légitime que lorsque les marchés sont défaillants. Dans les autres
cas les mécanismes du marché sont suffisants pour réguler l’économie, l’Etat doit seulement
veiller au respect des règles concurrentielles, autrement dit, il devrait assurer les conditions de
concurrence pure et parfaite pour les entreprises. En d’autres termes, donc il n’y a pas de
véritable politique industrielle.
Plus tard MORVAN (1983) affirme encore qu’il y a absence de fondement logique
immédiat de toute politique industrielle. La politique industrielle ne devrait pas exister.
Conçue comme un ensemble de relations entre l'État et l'industrie, elle ne devrait pas avoir sa
place dans un système économique réglé par les mécanismes de marché, organisé selon les
lois de la concurrence et dominé par le dogme de la propriété privée.
Après la crise de 1929 qui marque surtout l’avènement de Keynes, face aux problèmes
d’inflation, d’emploi, les Gouvernements ont plutôt opté pour les politiques keynésiennes.
Comme durant la période des trente glorieuses, les politiques macroéconomiques, monétaires,
budgétaires et financières ont été mises en place par les Gouvernements dans le but
d’atteindre une croissance économique et le plein emploi. Les actions sur les industries ne
faisaient donc pas partie de leurs préoccupations.
17
C’est au cours des années 70 qu’on observe un grand tournent. A cause de la crise des
années 70, les entreprises sont fermées, il y avait une montée inexorable du chômage, des
déficits extérieurs. Depuis, tous les pays de l’OCDE ont multiplié leurs interventions sur
l’industrie. Selon DE BANDT (1983), la politique industrielle apparait donc comme réponse
de l’Etat-Nation à la crise. Les politiques économiques et sociales ont centré progressivement
leurs mesures sur le champ de l'industrie. Les politiques macroéconomiques d’avant ne
permettaient pas le redéploiement industriel alors que l’économie nationale doit avoir une
industrie forte, c’est ce que STOLERU6 montre dans son ouvrage intitulé « L’impératif
industriel ». A cela s’ajoute également l’argument de MORVAN (1983, p. 29) «
L'observation avait révélé que l'allocation optimale des facteurs se faisait mal».
Mis à part ces nécessités de la politique industrielle, certains auteurs avancent
également l’idée que tous pays possèdent de la politique industrielle sans même le savoir.
BELLON et DE BANDT dans l’ouvrage d’ARENA et al. (1988, p. 841) expliquent que, la
puissance publique peut faire une politique industrielle « sans le dire » ou même « sans le
savoir, comme Monsieur Jourdain faisait de la prose ». STOFFAËS (1978, p. 507) affirme
également que : « L'État ne peut pas éviter d'avoir une politique industrielle ; même si celle-ci
est implicite et non formulée, elle est présente au sein de la panoplie des moyens de politique
générale qu'utilise la puissance publique ».
Depuis, les interventions dans les industries se sont multipliées dans le monde.
Beaucoup sont les pays qui ont connu un réel succès en mettant en place des mesures
coordonnées et ciblées en faveur de l’industrie. C’est ce que nous allons voir dans le point
suivant.
2. Les approches de la politique industrielle
Il y a deux écoles de pensées concernant les politiques économiques qui doivent
orienter les politiques industrielles : l’approche horizontale et l’approche verticale.
a) L’approche horizontale de la politique industrielle
Selon la première école, les politiques industrielles qui réussissent sont celles qui
visent à promouvoir des industries spécifiques qui sont conformes aux avantages comparatifs
des pays (LIN, 2009 ; BUSSER, 2010). Précisément, cette conception de la politique
industrielle se résume en la nécessité pour le gouvernement de créer un environnement plus
favorable pour les entreprises. Elle limite considérablement l’implication du gouvernement
6 STOLERU L. (1969) : L'impératif industriel, Le Seuil, Paris.
18
dans les prises de décisions commerciales concernant les secteurs ou les industries à
promouvoir. L’hypothèse est que les personnes physiques ou les entités privées qui
poursuivent leurs propres intérêts connaissent mieux que les gouvernements les secteurs ou
les industries qui sont susceptibles de se développer ou qui sont viables. De ce point de vue, le
rôle du gouvernement est limité aux politiques visant le développement des infrastructures, la
fourniture de l’éducation et en particulier la formation professionnelle, la création ou
l’amélioration de l’accès au financement, des politiques visant à attirer les investissements
directs étrangers et la création des conditions pour la recherche et le développement. Selon
cette approche, pour qu’une stratégie de croissance réussisse, elle doit être basée sur ce qu’un
pays peut mieux faire, son avantage comparatif.
b) L’approche verticale de la politique industrielle
La deuxième école de pensée est connue sous le nom d’approche "verticale" des
politiques et stratégies industrielles. Cette approche n’écarte pas l’approche "horizontale"; elle
va plus loin car selon elle, le rôle de l’Etat dans l’industrialisation va au-delà de la simple
création d’un soi-disant "environnement favorable". Tout en évitant de minimiser la valeur et,
en effet, la sagesse qui consiste à profiter de l’avantage comparatif d’un pays, elle fait appel à
des mesures qui visent des secteurs et des industries spécifiques qui ne sont pas directement
liés à l’avantage comparatif d’un pays. En d’autres termes, les pays en développement doivent
s’aventurer dans des domaines où ils sont supposés ne pas avoir un avantage comparatif.
L’approche "verticale" de l’industrialisation s’inspire des faits historiques qui montrent que de
nombreux pays en développement qui se battent pour se développer et s’industrialiser à
travers l’expansion des exportations agricoles, l’exploitation des ressources minérales, ou à
travers le développement des industries manufacturières à faible valeur ajoutée – l’agro-
industrie – n’ont pratiquement pas réussi à modifier leurs structures économiques ou à
améliorer leurs capacités industrielles. Pour certains pays africains, ils se sont concentrés sur
l’expansion des activités que leurs richesses naturelles leur permettent de mener. Pour la
plupart, ces pays ont été amenés à se spécialiser dans des activités économiques caractérisées
par des rendements décroissants et ayant des liens très limités avec le reste de l’économie.
Une telle spécialisation est synonyme de spécialisation en pauvreté dans la mesure où les pays
qui l’ont choisie ont aussi connu des niveaux élevés de pauvreté et de faibles améliorations
des niveaux de vie standards (BUSSER, 2010). Contrairement à ceci, les pays de l’Asie de
l’Est et du Sud-Est, qui se sont aventurés dans des domaines et des activités qui ne sont pas
nécessairement dictés par leur avantage comparatif naturel ont connu plus de succès. Ils ont
19
réussi à modifier considérablement leurs structures économiques et à construire des industries
durables. Ils ont réussi non pas en se contentant de créer un "environnement favorable" mais
en allant au-delà. Ils ont installé des entreprises d’Etat et les ont effectivement protégées tout
comme les pays de l’Afrique de l’Ouest l’ont fait mais ils sont allés plus loin. Avec une
volonté farouche de porter l’économie plus loin sur la chaîne des valeurs, ils ont soumis les
entreprises locales à la discipline du marché intérieur et du marché extérieur. Ils ont apporté
aux industries locales un soutien actif, contrairement au soutien passif ou sans orientation
offert par les pays de la sous-région aux industries locales et qui a fini par les conduire à la
ruine.
Bref, en réalité, pour que les politiques industrielles soient efficaces, elles devraient
comprendre à la fois des éléments fonctionnels, horizontaux et verticaux. Pour qu’une
politique industriel réussisse donc, il faut un Etat actif qui soit en mesure d’orienter le flux du
capital économique vers des secteurs et des industries jugés viables et ayant la potentialité
d’induire le développement d’autres secteurs.
Section 2 : Les expériences de politique industrielle des pays en voie de développement
1. La politique industrielle du Maroc
Pendant quelques dizaines d’années après son indépendance, le Maroc est en
recherche constant d’une nouvelle politique industrielle. Les réformes en cours témoignent
des contraintes qui pèsent sur l’industrialisation de son économie nationale. Dès le début des
années soixante, le maniement du secteur industriel de transformation avait imposé à l’État de
définir des choix stratégiques, s’exprimant dans un optique d’accumulation considérés comme
les plus aptes à répondre aux objectifs comme : croissance, couverture de la demande locale,
exportations, emploi, maîtrise technique, etc.
a) Les phases et les voies de la politique industrielle marocaine
Au lendemain de l’indépendance, une rupture s’imposait dans ses relations nouées
avec l’ex-métropole. Le développement économique était identifié à la mise en place d’une
industrie nationale endogène et auto-entretenue. C’est-à-dire il ne s’agissait pas seulement
d’accroître la capacité productive locale mais de poser l’industrie comme force pour une
modification de l’économie marocaine par un processus de croissance cumulative et de
transformations structurelles.
20
Dès 1965, dans un environnement de politique nouvelle, la politique industrielle s’est
orientée vers la prudence : développement du potentiel industriel s’inscrivant dans
l’accompagnement de l’évolution du secteur agricole. Et pendant la période 1973-1977,
l’économie marocaine a marqué un tournant dans la politique industrielle ; constatant que
l’agriculture souffre des limitations structurelles qui freinent ses effets sur l’économie, les
pouvoirs publics ont retenu l’industrialisation comme un impératif au décollage économique.
Donc, la manne phosphatée a offert un surplus financier affecté au financement de grands
projets. Cependant, L’effet des phosphates s’étant très rapidement dissipé par la baisse du prix
du minerai, l’État s’est de nouveau trouvé confronté à un problème de financement. Le
recours à l’endettement, attrayant dans un premier temps, s’est révélé lourd de conséquences.
L’impact du premier "choc pétrolier" a conduit à l’adoption d’un plan considéré de transition
(1978-1980) où l’action industrielle s’est limitée à la poursuite des plans sectoriels définis
antérieurement.
Pour le plan (1981-1985) les nouvelles orientations du programme d’ajustement
appliqué au secteur industriel expriment avant tout, cette situation de blocage du processus
d’industrialisation pratiqué au cours des décennies soixante et soixante-dix. Processus
considéré comme une combinaison de deux modes d’accumulation, l’un correspondant à la
politique de substitution des importations, l’autre à celle des industries orientées vers
l’extérieur.
b) Choix et enjeux de la nouvelle politique industrielle marocaine
On peut diviser les expériences du Maroc en deux parties :
- De l’indépendance à l’application PAS (Programme d’Ajustement Structurel) en
1983 :
Pendant cette période, le pays a appliqué les PSI ou Politique de Substitution aux Importations
et de promotion des exportations par la sous-traitance internationale. La PSI s’est focalisée sur
un système de protection tarifaire. Le Maroc s’est spécialisé seulement sur des produits à
faible valeur ajoutée et à faible coût de main d’œuvre.
- De l’après PAS jusqu’à nos jours :
Le pays a appliqué la politique des spécialisations dans les métiers mondiaux en l’occurrence
avec l’adoption du PNEI ou Pacte National pour l’Emergence Internationale. Les objectifs du
PNEI sont d’attirer de nouveaux investissements industriels, développer les secteurs
21
répondant aux métiers mondiaux dans lesquels le Maroc dispose un avantage comparatif
(l’automobile, l’électronique, l’aéronautique…) et réorienter les exportations vers les marchés
à forte expansion.
Alors le lancement des nouvelles stratégies industrielles mettant l'accent sur les métiers
mondiaux du Maroc a permis d'accélérer la croissance du secteur industriel, tirée par
l'automobile et l'aéronautique, avec une hausse moyenne de 7,6% par an entre 2005 et 2011,
contre 1,5% entre 1999 et 2004.
Malgré l'apport du PNEI, le modèle industriel marocain demeure vulnérable du fait de
l'impact limité en matière d'industrialisation et d'amélioration de la compétitivité globale du
pays, du système d'éducation et de formation qui n'arrive pas encore à offrir au tissu productif
les ressources humaines en quantité et qualité suffisantes et de la contribution limitée des
entreprises industrielles à la croissance économique. Pour y faire face, l’orientation à donner à
la politique industrielle pour faire aux besoins est :
- D’inscrire la stratégie industrielle dans le cadre d'une vision globale et de long terme ;
- D’accélérer l'accumulation du capital humain pour doter le système productif national
des ressources humaines nécessaires ;
- D’assurer une plus grande implication des acteurs dans la conception et la mise en
œuvre des politiques publiques dans le domaine industriel ;
- Et comme plus, des mesures d’accompagnement de la politique industrielle dans le but
d'en accroitre la portée, tels que :
o Favoriser le développement du marché intérieur,
o Optimiser le système national de promotion économique pour renforcer
l'attractivité du Maroc aux investissements étrangers,
o Favoriser l'internationalisation des entreprises nationales, notamment sur des
marchés porteurs en Afrique et dans le monde arabe.
2. La politique industrielle du Vietnam
Le Vietnam est un pays d'Asie du Sud-Est qui avait eu une croissance fortement
ébranlée par la crise asiatique, et qui a repris son envol. La croissance de l’économie
vietnamienne est fortement liée à sa demande intérieure. Le secteur industriel est le moteur de
cette croissance, alors que l’agriculture demeure un sujet sensible.
22
a) Le décollage des NPI d’Asie
Dans les années 1960, les premiers Nouveaux Pays Industrialisés (NPI) figuraient
parmi les pays en développement. Depuis, ils ont démontré qu’il était possible, sous certaines
conditions d’amorcer un véritable décollage industriel et rattraper les pays développés. Grâce
à leur stratégie de développement, leurs économies ont connu une phase d’industrialisation
très rapide aux cours des vingt dernières années. Parmi les NPI on retrouve les « 5 bébés
Tigres » : Malaisie, Indonésie, Thaïlande, Philippines, et Vietnam. Ces tigres asiatiques se
caractérisent dans les années 1970 par des ressources naturelles considérables dans le sol
(zone équatoriale) et le sous-sol (l’Indonésie est membre de l’OPEP jusqu’en 2008).
Alors la stratégie de développement des tigres d’Asie s’organise en trois temps :
- L’industrialisation par substitution aux importations (modèle japonais de l’ISI) ;
- La spécialisation dans l’assemblage à partir des années 1980 (industrialisation par
l’exportation) ;
- La remontée de filière (c’est-à-dire une industrialisation orientée vers des technologies
de plus en plus complexes et avancées dans la chaîne de valeur).
Bien sûr, l’entrée des tigres dans l’ASEAN a permis une insertion plus facile dans la DIT
asiatique et a contribué à les sortir de la crise qui a succédé au krach boursier de 1997 en Asie.
b) Expériences de la politique industrielle du Vietnam
Après la victoire du Nord-Vietnam sur le Sud-Vietnam durant la guerre de 1955-1975.
Le Nord et le Sud fusionnèrent et deviennent la République Socialiste du Vietnam. Des
réformes socialistes notamment la collectivisation massive des firmes et usines ont été mises
en place. En 1986, les politiciens réformistes ont remplacé la vieille garde et introduit une
série de réformes (ou réformes Doi Moi), dans le but d’effectuer une transition depuis une
économie de planification centrale vers une économie socialiste tournée vers le marché. Ces
réformes marquèrent alors le début d’une croissance économique sans précédent et de
transformation structurelle de l’économie, leur PIB par habitant est passé de 97 $ en 1988 à
1903 $ en 2013 selon le FMI.
La politique industrielle a pris une place centrale dans les programmes de
développement réformistes du gouvernement. Au départ elle était envisagée comme moyen de
remédier au déficit galopant des paiements courants. En conséquence, la politique industrielle
s’est axée fortement sur la promotion des exportations, en commençant par les produits
23
pétroliers et agricoles (en particulier le café). Mais le Vietnam avait déjà reconnu qu’il devrait
se développer et diversifier sa production manufacturière pour pouvoir augmenter son rythme
de rattrapage du retard. Le Vietnam a progressivement éliminé les barrières au commerce et à
l’investissement étranger et retiré les privilèges précédemment accordés aux entreprises
publiques. Il a également adopté des lois d’entreprise de 2000 et 2005. Tous ces efforts ont
conduit à l’augmentation des IDE. L’industrialisation du Vietnam en 2007 fut menée
principalement par les sociétés transnationales et les firmes du secteur privé.
L'industrie manufacturière la plus importante au Vietnam est celle des vêtements ;
c’est une industrie massive d’échelle internationale. Elle a pris une place importante grâce à
l’efficacité rationnalisée des responsables étatiques et des procédures de l’industrie du
vêtement. Les Ministères du Commerce, des finances et de l’industrie collaborent ensemble.
Les mesures prises sont donc coordonnées : les prêts subventionnés, l’élimination des licences
d’exportation, l’allègement des procédures douanières,… Il est à noter qu’à part l’industrie
des vêtements, l’industrie de la construction navale a connu également un grand essor. Le
Gouvernement a soutenu l’industrie de construction navale de différentes façons comme celle
des vêtements.
Bref, on a pu montrer dans un premier temps l’importance de la politique industrielle.
En effet, elle assure une croissance économique globale, soutenue et aussi inclusive. On a pu
montrer également que l’Etat peut intervenir de différentes manières ; les mesures utilisées
par l’Etat peuvent être des mesures directes comme les aides financières, la fiscalité… et aussi
des mesures indirectes comme la politique budgétaire, la politique monétaire… Ensuite, nous
nous sommes intéressés dans un second temps sur les expériences passées de deux pays parmi
les pays en voie de développement comme Madagascar : le cas du Maroc et le cas du
Vietnam. De leurs expériences nous avons démontré que malgré leur passé difficile, ils ont pu
développer leurs industries. Le Vietnam a connu une croissance économique soutenue et sans
précédent, actuellement, il fait partie des bébés tigres des NPI. Quant au Maroc, on peut dire
qu’il possède à peu près les mêmes caractéristiques que Madagascar, il était également une
colonie française et a eu son indépendance l’année 1956. Ainsi, face aux différentes
expériences de ces pays, qu’en est-il du cas de Madagascar ?
24
DEUXIEME PARTIE : LES DIFFERENTS ELEMENTS
DE CONTINUITE ET DE RUPTURE DE LA
POLITIQUE INDUSTRIELLE DE MADAGASCAR
Les approches théoriques ont été donc présentées précédemment, ce qui nous amène
aux approches empiriques, le cœur de notre présent travail. Comme nous tenterions d’apporter
des éléments de continuité et de rupture de la politique industrielle, il est indispensable de
présenter au préalable l’évolution de la politique industrielle de Madagascar depuis 1960.
C’est ce que nous allons voir dans le premier chapitre, il va nous situer tout en montrant cette
évolution. C’est dans le second et dernier chapitre que nous apporterons les éléments de
réponse à notre problématique de départ.
Chapitre I : L’évolution de la politique industrielle de Madagascar depuis
1960
Dans ce nouveau chapitre, nous allons présenter le contexte économique et l’évolution
de l’industrie durant les quatre différentes périodes. Il est à noter que Madagascar ne possède
de véritable politique industrielle que depuis 2014 ; mais comme BELLON et De BANDT
l’ont affirmé, le pays peut avoir juste des mesures en faveur de l’industrie sans posséder une
politique. Ainsi, pour notre analyse, nous nous efforcerons d’analyser les instruments utilisés
par le Gouvernement.
Section 1 : Contexte économique
1. La période 1960-1975 : Vers une économie préindustrielle
a) La première République 1960-1972
Après l’indépendance, l’économie malgache a hérité d’une économie de traite ; une
économie structurée autour de quelques filières d’exportation comme le café, la vanille et le
girofle. Cette période a été marquée par une politique introvertie, une option socialiste
caractérisée par la mise en place d’un plan quinquennal adopté par le Président Philibert
TSIRANANA en 1964, prolongé jusqu’en 1972 qui priorise l’agriculture. TSIRANANA
privilégie alors « la politique du ventre » en misant sur l’augmentation de la production
agricole et l’exportation. En effet, l’économie est exclusivement agricole.
25
b) 1972 à 1975 : Le socialisme
A la suite d’une grève générale en 1972, le plein pouvoir a été transféré au Général
RAMANANTSOA. Un autre plan triennal de 1972-74 a été élaboré. La stratégie
d’accumulation interne du régime RAMANANTSOA (1972-75) est orientée sur le socialisme,
et la sortie de la zone Franc en 1973.
2. 1975-1981: Le mirage de l’investissement à l’outrance
Avec l’avènement de la deuxième République, le capitaine de frégate Didier
RATSIRAKA a institué un régime socialiste avec un modèle du système socialiste très
proche du bloc soviétique, dont la politique est condensée dans la charte de la révolution
socialiste très connu sous le nom de Livre Rouge ou « Charte de la Révolution Socialiste
Malagasy ». Elle a comme objectif le développement de l’industrie afin de réduire la
dépendance à l’égard de l’extérieur et le développement de l’agriculture pour parvenir à
l’autosuffisance alimentaire. Les objectifs de l’époque étaient de parvenir à nourrir et à vêtir
la population malgache avant l’an 2000, et aussi de développer rapidement le secteur
industriel.
La politique de développement est donc basée sur l’interventionnisme étatique ; les
priorités du régime RATSIRAKA sont axées sur la politique d’investissement et le bien-être
collectif par l’ « Etatisation de l’économie ».
3. 1983-2002 : Ajustement structurel et prémices de l’ère de libéralisme
a) 1983-1991 : Ajustement structurel et ajustements des grands
déséquilibres macroéconomiques
L’économie malgache s’est désarticulée à partir de l’année 1979, ce qui a entraîné une
réduction de l’activité industrielle et la fermeture des usines. La crise pétrolière de 1979 a
également touché le pays, avec une balance courante fortement déficitaire, vient alors
s’ajouter à cela la crise de la dette. Ainsi, afin de gérer cette crise de la dette la Banque
Mondiale et le Fonds Monétaire International ont mis en place des Programmes d’Ajustement
Structurel mis en œuvre en 1983. Ces programmes se fondent sur le respect des règles du
marché et le retrait de l’Etat. C’est une période de réformes économiques basées sur le
libéralisme.
b) 1992-2003: Désengagement de l’Etat
A partir de 1992, de nouvelles stratégies de développement économique ont été
élaborées. Les Documents Cadre de Politique Economique (DCPE) et les Documents de
26
Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) sont des variantes de l’ajustement structurel. Ils
se veulent, un ajustement structurel à visage humain, c’est-à-dire un ajustement qui intègre le
social et donc le côté socioéconomique pour la population.
4. De 2003 à nos jours : Ebauche de la politique industrielle
a) 2003-2009 : Lutte contre la pauvreté
La crise politique de 2002 a entraîné un ralentissement généralisé des activités
économiques, se traduisant par un taux de chômage important et une inflation galopante. Les
activités ont progressivement repris en 2003 avec une assistance technique et financière des
bailleurs de fonds, et avec la performance de l’Administration fiscale.
A partir des années 2000, la stratégie de développement de Madagascar est orientée
vers la réduction de la pauvreté et l’atteinte des Objectifs du Millénaire de Développement.
Sur le plan politique de développement, le Gouvernement a adopté en juillet 2003 le
Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) couvrant la période 2002-2006 et
axé sur la bonne gouvernance, le développement de l’infrastructure, l’éducation, la santé,
l’appui au secteur privé. Depuis 2005, le pays définit une Politique Générale de l’Etat (PGE),
adoptée en Conseil des Ministres.
Au titre de la réduction de la pauvreté, Madagascar a bénéficié d’appui financière tel
que : le Crédit d’Appui à la Réduction de la Pauvreté de la Banque Mondiale, le Programme
d’Appui à la Réduction de la Pauvreté de l’Union Européenne, Millenium Challenge Account
des Etats-Unis d’Amérique (MCA)…
Les réformes structurelles au niveau de la gestion des finances publiques, de la
promotion des investissements privés et de la lutte contre la corruption ont amélioré
sensiblement la situation macroéconomique globale depuis 2002.
En 2007, le pays a élaboré le Madagascar Action Plan (MAP) qui devrait courir de
2007 à 2012, suite aux DCPE et DSRP. Il prend le relais du Document de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté (DSRP), et a été lancé à l’initiative du Président de la République
Marc RAVALOMANANA dans le but de garantir un saut qualitatif dans le processus de
développement du pays. Il constitue également la réponse de Madagascar à la déclaration de
Paris sur l’efficacité de l’aide au développement, au Plan d’Action de la Banque Mondiale
pour l’Afrique et à la nouvelle stratégie de l’Union Européenne pour l’Afrique.
Le MAP qui est fondé sur la vision « Madagascar Naturellement » a comme
orientation globale la réduction de la pauvreté et l’amélioration tangible de la qualité de vie
des Malagasy.
27
b) De 2009 à nos jours : Vers une croissance inclusive et durable
Le pays s’est encore trouvé frappé par une crise politique en 2009, le régime n’est pas
reconnu par la Communauté Internationale. Ce qui a entrainé la baisse des activités, les APD
ou Aides Publiques au Développement sont suspendues, il y a également la suspension de
l’AGOA et du MCA. Ce qui explique l’absence de stratégie et de document cadre.
En effet, ce n’est après 2014, que l’Etat a mis en place le PND ou Plan National de
Développement de 2015-2019. L’objectif avoué du PND est de réaliser la vision de la
Politique Générale de l’Etat (PGE) : faire de Madagascar une nation moderne et prospère à
l’horizon 2020. Le PND se veut être un cadre de référence, d’orientation stratégique du
développement à moyen et long terme. Les objectifs sont d’assurer l’équilibre interne et
externe, de réussir la croissance inclusive, de créer des emplois décents, de réduire la fragilité
et les inégalités et de réduire la pauvreté.
Section 2 : Evolution de l’industrie
Après avoir présenté le contexte économique du pays, nous allons présenter le secteur
industriel, plus précisément son évolution dans les quatre périodes successives comme celles
de l’économie.
1. 1960-1975 : Vers une économie préindustrielle
a) La première république : 1960-1972
Le régime TSIRANANA a adopté le code des investissements selon l’ordonnance n°
62-024 du 9 Septembre 1962 afin de faciliter la tâche aux investisseurs, plus généralement
offrir un climat propice pour le développement industriel. Le Président fait donc appel à tous
les investisseurs pour venir investir dans le pays. Il y a également la création de certaines
sources de financement comme la Société Nationale d’Investissement (SNI) créée selon
l’ordonnance n° 62-026 du 19 Septembre 1962 et la Banque nationale malgache de
développement mis en place en 1963. Le bureau de développement et de promotion
industrielle a été également crée en 1966 pour faciliter l’implantation des nouveaux
investisseurs. Une politique de l’import-substitution a été mise en place.
Bref, on peut dire que l’économie du pays est caractérisée par une prédominance de
l’agriculture, une dépendance économique et financière, une industrie dépendante de la
production agricole et des équipements importés. Concernant l’industrie spécialement, elle
28
n’est pas considérée comme un moteur de croissance, son rôle a été réduit à un simple outil
pour stabiliser l’économie.
b) La période transitoire de 1972 à 1975
Pendant cette période, les industries se trouvaient en péril puisque Madagascar
n’appartenait plus à la zone Franc, ce qui a causé le départ des investisseurs. L’Etat prenait
donc en charge les secteurs dits stratégiques de l’économie en nationalisant les grandes
entreprises par la prise des parts majoritaires dans le capital, l’Etat a également créé deux
sociétés d’intérêt d’Etat au cours de l’année 1973.
Le code des investissements de l’année 1969 a été remplacé par un nouveau code des
investissements qui fut promulgué en 1973 mais qui est plutôt défavorable aux étrangers pas
comme le précédent
2. 1975-1981 : Le mirage de l’industrie à l’outrance
La Charte de la Révolution comporte trois axes stratégiques : la politique d’ouverture
tous azimuts et omnidirectionnelle, la nationalisation des secteurs stratégiques de
l’économie et la politique de l’investissement à l’outrance. Cela montre la priorisation
accordée à l’industrie au détriment des activités du secteur primaire.
Le principe du Président RATSIRAKA opte pour la centralisation des initiatives
économiques, c’est pourquoi on constate une vague de nationalisation de plusieurs
entreprises et industries ; la plupart des secteurs stratégiques ont été nationalisés comme les
banques, les assurances, les grandes sociétés commerciales coloniales et quelques usines.
La politique d’investissement à outrance conduit à l’implantation de grandes unités
industrielles, de nombreuses entreprises de productions telles que des huileries, des usines de
torréfaction de café, des usines de fabrication d’engrais, de chaussures, de lait… par exemple
la création de la ZEREN en 1979 (production d’engrais chimiques), MAMISOA toujours la
même année (huilerie),… Le secteur privé en général et l’industrie appartenant à des privés ne
bénéficient d’aucun soutien pour leur développement.
Un support financier de cette politique d’étatisation de l’économie malgache, en plus
de la nationalisation des banques, s’est fait à partir de la création d’organismes financiers et
de gestion d’Etat : l’OMNIS (Office Militaire Nationale des Industries Stratégiques), le FNI
(Fonds National d’Investissements).
29
3. 1983-2002 : Ajustement structurel
a) La période 1983-1991
Sur le plan sectoriel, cette politique libérale a permis de bénéficier d’aides sectorielles
plus conséquentes ; des crédits spécifiques à certains secteurs. Pour l’industrie, il s’agit du
Crédit d’Ajustement du Secteur Industriel ou CASI.
D’autres mesures ont été également prises en ce qui concerne l’industrie, comme
l’arrêt de nouveaux investissements financés par l’Etat et la libéralisation progressive des prix
industriels. Ces mesures sont écrites dans le 5ème
accord signé en 1985-1986, cet accord exige
donc : la libéralisation des prix des produits industriels, l’augmentation des prix des produits
agricoles, et l’expansion limitée du crédit interne.
Un plan quinquennal (1986 -1990) a été mis en place dont l’objectif primordial est
d’assurer l’autosuffisance alimentaire qui se traduit par un revirement de l’investissement au
profit de l’agriculture et la mise en œuvre d’une politique de libéralisation.
Malgré la mise en place d’une «industrie autocentrée» et le renforcement des
industries existantes prioritaires au moyen d’une politique appropriée de réhabilitation, de
modernisation et d’extension, l’industrialisation du pays demeure faible à la fin des années
1980.
La stratégie industrielle de 1982-1986 s’organise à partir de deux idées
fondamentales : une meilleure répartition des moyens de production afin de permettre la mise
en valeur prioritaire des ressources nationales et une meilleure intégration des activités des
différentes unités industrielles.
La stratégie industrielle de 1986-1990 sera axée sur le renforcement des industries
existantes prioritaires au moyen d’une politique appropriée de réhabilitation, de modernisation
et d’extension et greffe des grands axes suivants:
- Redynamisation des activités industrielles par l’instauration d’un système de
libéralisation des activités industrielles et par la mise en place d’une politique fiscale
moins antiéconomique ;
- Réhabilitation industrielle axée sur les priorités suivantes:
o Les industries produisant des Produits de Première Nécessité;
o Les industries tournées vers l’exportation;
o Les industries des biens intermédiaires.
- Rentabilisation des unités existantes et des projets en cours ;
- La promotion des activités tournées vers l’exportation.
30
b) La période 1992-2003
La privatisation des entreprises nationalisées continue, des entreprises d’Etat qui
comprennent essentiellement des entreprises commerciales et de services comme la SOLIMA,
TELMA, SOPRAEX,… Ces documents accentuent la libéralisation notamment par les
opérations de privatisation. Des secteurs clés ont été également libéralisés comme les mines,
la pêche, le secteur pétrolier, l’énergie, la communication, le transport aérien,… l’autorisation
de contracter un bail emphytéotique de 99 ans pour les étrangers, et la mise en place
d’entreprises franches industrielles (grâce à la promulgation d’un code des investissements
plus ouvert de la loi sur les zones franches). Tout ceci a été mis en œuvre pour favoriser les
investissements privés étrangers.
Les deux premiers DCPE (1996-1999 et 1997-2001) sont notamment focalisés sur la
nécessité de donner place libre au secteur privé considéré comme moteur de croissance. Quant
au DSRP, l’Etat veut dynamiser le secteur privé et surtout les entreprises franches et les
industries tournées vers l’exportation. En effet, ces documents ne mettent pas trop l’accent
sur le développement industriel en général.
Un programme de mise à niveau s’est concrétisé en 2009 avec le soutien de l’ONUDI.
Ce programme porte sur la période 2009-2011 pour la phase 1 de 2012-2014 pour la phase 2.
4. De 2003 à nos jours : Ebauche de la politique industrielle
a) La période 2003-2009
L’action de l’Etat se limitait à la mise en place d’un environnement favorable au
développement du secteur privé. La libéralisation de l’économie et le développement du
concept « Partenariat-Public-Privé », ont mis désormais au-devant de la scène économique le
secteur privé où son rôle en tant qu’acteur de développement de l’industrie ne se limitait plus
à la création de valeur ajoutée et de croissance, ou de simple pourvoyeur d’emplois, mais
s’étend désormais à des rôles de facilitateur et de modérateur entre l’Etat et les unités de
production industrielle. Des mesures ont été prises par l’Etat, à titre d’exemple la mise en
place de la politique fiscale sécurisante et incitative pour faire appel aux IDE et aux
investissements locaux.
L’Etat a mis en œuvre la politique de détaxation en 2004, et certaines doléances du secteur
privé en matière fiscale basée sur une demande d’abolition tarifaire de certains équipements et
pièces de rechange et de certains intrants dont le secteur industriel a besoin, ont pu être
partiellement satisfaites. Différentes mesures correctives prévues dans les options stratégiques
de l’Etat ont été aussi appliquées pour permettre de renforcer la compétitivité du pays
31
(système et institutions) afin de doter Madagascar d'un tissu productif intègre, diversifié et
compétitif dans le cadre des chaînes de valeur du commerce international.
La Lettre de Politique Industrielle ou LPI (2007-2012) s’inscrit dans cette optique qui
se donne pour mission d’accompagner la mise en œuvre du MAP, en particulier son
engagement « parvenir rapidement à une économie à forte croissance ». Elle définit les
conditions de mise en œuvre des options stratégiques et propose un plan d'action concret pour
y parvenir, notamment:
- la mise en place des Centres Régionaux de Développement Industriel et Commercial
(CERDIC) afin d'accompagner les acteurs économiques dans toutes les régions du pays ;
- la mise en place de zones industrielles permettant de résoudre les questions
d'infrastructures dédiées au secteur productif ;
- le renforcement de la concertation, du partenariat et des relations d'affaires entre acteurs
économiques par la dynamisation des chambres consulaires, des organisations
professionnelles et la mise en place de clusters et d'une bourse de sous-traitance et de
partenariat ;
- l’amélioration du cadre réglementaire et du dispositif d'appui aux entreprises, en particulier
en matière d'exportations, de mise en œuvre de programmes d'appui en restructuration et
mise à niveau, et la promotion de la qualité (métrologie, normalisation, accréditation) ;
- et la pérennisation du positionnement concurrentiel des entreprises par le développement
d'un système d'innovation industrielle performant.
Pour mettre en œuvre la LPI, le Gouvernement a institué le Conseil pour le
Développement Economique de Madagascar7 (EDBM) comme outil de politique économique
et industrielle, dans le but de promouvoir et faciliter le développement des investissements
privés, locaux et étrangers.
Toujours dans la mise en œuvre du MAP et la réalisation de l’engagement en
particulier, le Ministère en charge de l’Economie et de l’Industrie a défini et élaboré un plan
d’action à travers le Programme d'Appui au Développement de l’Economie, du Commerce et
de l’Industrie (PADECI). II prend en compte les politiques sectorielles élaborées au niveau de
la politique de promotion du secteur privé, la Lettre de Politique Industrielle et le plan de
7 Le Conseil pour le Développement Economique de Madagascar (EDBM), institué par le décret du 31 mai 2006
en tant qu’instrument de politique économique et industrielle de l’Etat, sert en même temps de structure pour la
promotion des investissements. Il est opérationnel sous financement de la Banque Mondiale à hauteur de 7
millions USD pour les trois premières années d’activités.
32
développement des PME. Son objectif est « d'accélérer, de mettre en synergie et en cohérence
toutes les interventions du secteur Économie, Commerce et Industrie ».
Un Programme National de Renforcement de la Compétitivité des Industries de
Madagascar (Madagascar Industrial Competitiveness Plan - MICP) s'inscrivant dans le cadre
du MAP, de la LPI, du PADECI et du Programme Régional de Modernisation des Industries
de la SADC (validé par l’ensemble de ses Etats Membres en avril 2008 en Afrique du Sud), a
été aussi lancé avec comme objectif d’appuyer le secteur privé par le renforcement de la
compétitivité du secteur productif (en priorité l’agroalimentaire, puis le textile et l’artisanat,
puis a tous les secteurs). Le MICP permettra de densifier et de faciliter l'intégration du tissu
productif national, tout en créant les conditions pour l’inscrire dans les chaînes de valeur au
niveau sous régional et international.
b) De 2009 à nos jours
Le PND a pour ambition de devenir référentiel fédérateur du secteur privé avec la
société civile, des collectivités territoriales décentralisées mais également des PTF. La mise
en œuvre du PND favorisera la sécurisation et la promotion des investissements nationaux et
étrangers, ainsi que l’actualisation des cadres règlementaires s’y rapportant, selon le Président
de la République.
La croissance économique sera propulsée par quelques branches d’activités plus
résilientes aux chocs exogènes et à la forte propagation des effets d’entrainement sur le reste
du système économique.
Une priorité est donc accordée aux secteurs résilients, aux industries et à quelques
filières de transformation. Parmi les secteurs prioritaires, on peut citer les grands projets
miniers et les Zones Franches Industrielles (ZFI). Parallèlement, des actions seront
développées en faveur des industries, des PME/PMI et de quelques filières de production dont
l’artisanat et la transformation du lait et des fruits et légumes.
Le renforcement de la production industrielle est ainsi un des axes majeurs de priorité,
en focalisant les efforts sur la compétitivité accrue des facteurs de production (capital humain,
énergie, transport, télécommunication, financement, transfert technologique et de savoir-
faire).
33
Chapitre II : Les éléments de continuité et de rupture : analyse à travers les
performances économique et industrielle
Nous avons pu décrire dans le chapitre premier l’évolution de la politique industrielle
de Madagascar depuis 1960. Afin d’établir les éléments de continuité et de rupture de cette
politique, nous allons analyser cette évolution à travers la performance économique dans la
section 1 et la performance industrielle dans la section 2.
Section 1 : La performance économique
Dans cette section, nous allons présenter la performance ainsi que la structure de
l’économie de Madagascar avant de s’étaler sur la performance du secteur industriel.
1. La croissance économique
La performance économique d’un pays peut se mesurer par son Produit Intérieur Brut
(PIB) correspondant à l’ensemble des biens et services produits sur le territoire national quelle
que soit la nationalité des producteurs.
En ce qui concerne la population de Madagascar, elle compte actuellement environ
24.235.000 d’habitants avec un PIB/habitant qui est égal à 449,4 $ US courant selon la
Banque Mondiale. En 2015, on peut dire que la population a augmenté cinq fois de plus que
celle de l’année 1960. La population est à majorité jeune puisque plus de 50% sont moins de
30ans.
Si l’on superpose le taux de croissance de la population avec celui de la croissance
économique, en a le graphe comme-suit :
34
Graphe n°1 : L’évolution du taux de croissance démographique et le taux de croissance
économique (en %)
Source : Banque Mondiale
D’après ce graphe, nous pouvons constater que la population croit de manière assez
stable puisqu’il est aux alentours de 2% alors que la croissance économique est instable ; elle
connait une variation assez instable. Concernant le taux de croissance du PIB par habitant, il
ressemble à peu près à celui de la croissance du PIB avec la même allure du fait que la
croissance démographique elle est presque constante.
Les grandes variations des taux de croissance du PIB et du PIB/habitant
correspondent aux évènements qui ont touché le pays. En 1968, le PIB atteignait un taux de
croissance du PIB de 6,8% du fait de la naissance des industries lors de la première
République. La diminution des années 1972 et 1973 est due à la crise de l’année 1972. Le PIB
et le PIB/habitant ont continué à varié. L’oscillation de 1975-1977 peut être expliquée par la
conjoncture de cette période caractérisée par la baisse des termes de l’échange,
l’augmentation des dépenses publiques. En 1979, le taux de la croissance du PIB s’est élevé à
9,9%, une augmentation qui est due à la politique d’investissement à outrance adoptée par le
Président Didier RATSIRAKA. Puisque la politique s’est avérée être un échec, le pays avait
recours au PAS, ce qui a donné lieu à la nationalisation du début des années 1980 même.
Pendant le PAS les taux ont augmenté mais à un rythme faible, puis ils chutaient lors de la
crise de l’année 1991, de même pour la crise de 2002 et celle de l’année 2009 avec un taux de
croissance économique respectif de -6,3% et -12,7% et -4%.
35
D’après le graphe donc, nous pouvons en déduire que la croissance économique n’a
jamais connu une stabilité, il y a une tendance récessive qui perdure depuis l’indépendance. A
chaque fois que le pays connait une « ébauche de décollage », celle-ci s’est soldée au bout de
quelques années par une crise politique, on peut citer celles des années 1972, 1991, 2002 et
2009, pour ne pas évoquer une crise systématique. En se référant encore sur ce graphe donc,
on peut déduire que l’économie a connu un virage à cause de la tendance protectionniste. On
peut classer les orientations économiques de Madagascar en trois phases ; premièrement une
tendance libérale de 1960 à 1972, deuxièmement une tendance protectionniste de 1972 à
1980, et troisièmement le retour vers la tendance libérale depuis 1980, mais avec une petite
nuance.
Bref, cette tendance protectionniste présentait donc un élément de rupture pour notre
économie. Bien que le taux de croissance du PIB ait atteint 9,9% en 1979, en 1980, il a
diminué pour atteindre 0.8% et en 1981 il était même négatif avec un taux de -9,7%, comme
celle de l’année 1992, 2002 et 2009.
2. La structure économique :
Dans cette analyse de la structure économique du pays, nous nous contenterions
d’étudier la répartition des activités dans les trois secteurs : primaire, secondaire et tertiaire.
Le graphe ci-dessous va nous montrer les poids de chaque secteur dans le PIB national en
pourcentage.
36
Graphe n°2 : L’évolution des parts des secteurs d’activités dans le PIB (en %)
Source : Banque Mondiale
A partir de ce graphe, nous pouvons voir clairement la structure de l’économie du pays
comme il a été vu précédemment. Il y a prédominance du secteur tertiaire, sa part dans le PIB
national est nettement supérieure à 50%. La part du secteur primaire est supérieure à celle du
secteur secondaire ; l’économie est encore agricole mais sous-industrialisée. 70% de la
population malgache appartient au secteur agricole alors qu’il ne représente que 30% du PIB
national. Quant au secteur industriel, il se trouve peu important dans l’économie, sa
production est la plus faible dans le PIB.
Comme nous avons présenté globalement l’économie, il nous est difficile d’en dégager
les éléments de rupture et de continuité, ce qui nous conduit à étudier spécifiquement le cas du
secteur secondaire.
Section 2 : La performance du secteur industriel
Nous nous proposerons d’analyser la performance du secteur industriel, à savoir
l’évolution du PIB industriel, puis le taux de croissance annuel composé et contribution
moyenne des branches d’activités industrielles à la formation du PIB industriel en
pourcentage et enfin l’évolution du capital.
0
20
40
60
80
100
120Contribution des secteurs d'activités dans le PIB
Secteur primaire, valeur ajoutée (% du PIB)
Secteur secondaire, valeur ajoutée (% du PIB)
Secteur tertiaire, valeur ajoutée (% du PIB)
37
1. Le PIB industriel
Le PIB industriel montre la part de valeur ajoutée du secteur secondaire dans le PIB.
Le poids de l’industrie est donné par le graphe ci-après :
Graphe n°3 : L’évolution de la valeur ajoutée du secteur secondaire (en %)
Source : Banque Mondiale
Au premier regard, on peut dire que la valeur ajoutée n’est pas assez stable. Pendant la
première période c’est-à-dire de 1960 à 1975, faute de données nous ne pouvons voir que les
valeurs depuis 1966, nous pouvons constater une hausse de la valeur ajoutée. Elle est passée
de 14% à 18% de 1966 à 1973 puis 16% en 1975. Pendant la deuxième période : de 1975 à
1981, pendant la politique d’investissement à outrance, elle était entre les 16% et les 17%.
Durant la période d’ajustement structurel ; de 1981 à 2002, nous remarquons une diminution à
l’ordre de 2% seulement entre 1980 et 1981. C’est après que la valeur ajoutée a connu une
légère stabilité, elle tournait autour de 13% malgré la grande diminution de l’année 1995 qui
est de 9%. Enfin, pour la dernière période, de 2002 à nos jours, nous pouvons constater une
légère augmentation de 2002 à 2004 mais retrouve une moyenne de 16% jusqu’en 2013. A
partir de 2013, il y a une augmentation : en 2013 (16%), en 2014 (17%) et en 2015 (18%).
Cette évolution du PIB industriel peut être expliquée par différents méthodes et
instruments utilisés par le Gouvernement. De 1966 à 1973, on remarque une augmentation de
la part du PIB industriel ; le code des investissements avec les aides en matière de
financement de l’industrie a permis au secteur de se développer malgré l’échec de la politique
d’import-substitution.
0
2
4
6
8
10
12
14
16
18
20
Valeur ajoutée du secteur secondaire (% du PIB)
38
De 1972 à 1975, le fait de sortir de la zone Franc a eu un effet néfaste pour les
investissements. En effet, les investisseurs ont décidé de ne plus investir. Les industries se
trouvaient donc en péril, d’où la nationalisation. De plus, le nouveau code des investissements
était défavorable aux étrangers ; il interdisait le transfert des bénéfices à l’extérieur, c’est en
effet une disposition qui était dissuasive pour les étrangers. Tout cela explique donc cette
chute.
De 1975 à 1981, pendant la période socialiste, même si nous pouvons constater une
légère augmentation du fait de la politique de l’investissement à l’outrance, cette dernière
connait également des limites. En effet, ces grandes unités industrielles sont
« surdimensionnées »8 et non adaptées ni à la production ni au marché, et les capacités de
production restaient très limitées. A tout cela s’ajoutent, une mauvaise évaluation des besoins
(en termes de marchés et débouchés), un mauvais entretien des matériels, une difficulté
d’approvisionnement, une mauvaise gestion, l’étroitesse du marché intérieur et un système de
prix administrés à fortes rigidités.
Bref, l’investissement à outrance a eu l’effet inverse, s’il cherchait à transformer la
structure de l’économie par la priorisation de l’industrie au détriment des activités du secteur
primaire, au contraire il n’a pas amélioré le tissu industriel, il constitue même une source de
déséquilibre de l’économie en général. L’économie fait donc face à un déséquilibre budgétaire
un déséquilibre monétaire et financier qui se trouve être très important puisque le pays est
fortement endetté, d’où le recours aux aides auprès des institutions. De plus, la politique
d’investissement a été financée à des conditions onéreuses ; puis il y a eu détérioration des
termes de l’échange.
Entre 1983 et 2003, on peut dire que la croissance de la valeur industrielle est stable si
l’on compare avec les périodes précédentes, sauf pour l’année 1995. Ceci peut être expliqué
par la conjoncture de l’année 1995-1997. Et depuis, même les crises de 2002 et de 2009 n’ont
pas eu d’effets comme les crises d’avant c’est-à-dire la diminution brusque de la valeur
ajoutée. Cela peut être expliquée par les diverses mesures que l’Etat a mises en place, comme
la politique fiscale sécurisante et incitative pour faire appel aux IDE et aux investissements
locaux, la lettre de politique industrielle pour accompagner la mise en œuvre du MAP et
l’élaboration de la politique industrielle.
8 RAMAHATRA O. (1989), « La politique industrielle à Madagascar : les traits marquants de 1960 à nos jours »
Projet Madio, p.79.
39
2. La structure des branches d’activités
Après avoir eu une vision globale sur le secteur industriel, passons maintenant dans la
structure des branches d’activités pour avoir une vision plus affinée de la performance de
l’industrie.
Tableau n°1 : Taux de croissance annuel composé et contribution moyenne des branches
d’activités industrielles à la formation du PIB industriel (en %)
Taux de croissance annuel Poids du secteur (% du PIB industriel)
1985-
1992
1992-
1999
1999-
2006
2006-
2012
1985-
1992
1992-
1999
1999-
2006
2006-
2012
Secteur
secondaire
1.33% 2.36% 2.71% 2.44% 100.00% 100.00% 100.00% 100.00%
Secteur
secondaire
hors ZFI
1.23% 1.39% 1.76% 3.05% 99.86% 95.69% 89.06% 87.19%
Agro-
industrie
-2.14% -3.90% -8.22% 7.54% 7.52% 4.88% 2.88% 2.47%
Industrie
extractive
4.35% -5.71% 6.23% 21.44% 1.82% 1.74% 1.77% 2.86%
Energie 8.57% 3.58% -1.28% 4.11% 13.39% 16.52% 13.76% 13.05%
Industrie
alimentaire
1.12% 1.29% 0.28% 2.76% 20.23% 20.55% 18.13% 17.97%
Industrie
boissons
8.89% 10.76% 4.44% 6.49% 9.00% 13.21% 18.56% 20.81%
Industrie
tabac
-1.20% 4.22% 3.49% -2.89% 5.80% 5.52% 6.10% 4.83%
Industrie
corps gras
5.15% -4.08% 1.49% -1.39% 5.35% 4.35% 3.04% 2.59%
Pharmacie 2.09% 1.72% 2.12% -0.10% 4.48% 4.35% 3.83% 3.52%
Industrie
textile (hors
ZFI)
-4.43% -
12.13%
-4.76% -4.12% 10.39% 5.18% 1.84% 1.04%
Industrie cuir -3.70% -
10.96%
-4.67% -1.23% 2.32% 1.29% 0.42% 0.29%
Industrie bois 4.59% 5.63% 1.70% -3.75% 2.05% 2.84% 2.74% 2.22%
Matériaux de
construction
-0.85% 7.27% 2.83% 5.18% 2.24% 2.46% 2.71% 3.18%
Industrie
métallique
-6.77% 11.33% 9.10% 4.17% 1.71% 2.13% 3.57% 4.92%
Matériels de
transport
-0.86% 4.20% 3.27% -2.42% 1.77% 1.75% 1.64% 1.40%
sIndustrie
électrique
-0.46% -5.33% 6.20% -
14.51%
5.57% 5.48% 5.86% 3.94%
Industrie
papier
-6.15% -7.73% -4.83% 6.83% 4.35% 2.25% 0.94% 0.80%
Autres -1.04% -2.46% 10.73% -2.54% 1.87% 1.11% 1.26% 1.30%
Zone
Franche
Industrielle
0.00% 50.68% 12.16% -2.05% 0.14% 4.31% 10.94% 12.81%
Source : CREAM, Décembre 2013.
40
Donc d’après ce tableau, nous pouvons répartir ces industries selon leurs performances et
leurs potentialités. On distingue alors :
- Les branches d’activités porteuses : l’industrie alimentaire et l’industrie de boissons.
Ces branches possèdent une part relativement importante supérieure à 10% dans le PIB
industriel.
- Les branches à forte potentialité : l’énergie, l’industrie extractive, l’industrie du bois,
les matériaux de construction ; l’industrie métallique et les zones franches
industrielles.
Ces branches possèdent à la fois un taux de croissance annuel positif à la fois pendant la
dernière période et au moins durant trois périodes sur quatre.
- Les branches stagnantes et en déclin : l’agro-industrie, l’industrie du tabac, l’industrie
du corps gras, la pharmacie, les matériaux de transport, l’électrique, l’industrie du
papier.
Ces branches possèdent un taux de croissance annuel positif au moins pour une période sur
quatre et en phase de déclin durant la dernière période.
- Les branches non-performantes : l’industrie textile et l’industrie du cuir.
Ces branches possèdent un taux de croissance annuel négatif durant les quatre périodes.
De cette structure des branches d’activités, nous pouvons en dégager l’idée que les
industries sont de faible technologique et surtout de faible valeur ajoutée surtout concernant
les branches d’activités porteuses. Il est indéniable que l’industrie alimentaire est importante
puisque l’alimentation fait partie des besoins physiologiques de l’homme, il ne faut pas
négliger les autres industries comme les industries à forte potentialité qu’il faudrait
développer.
3. Evolution du capital
Nous essayerons de montrer l’évolution du capital à travers l’évolution de la formation
brute de capital fixe ou FBCF.
41
Graphe n°4: L’évolution de la FBCF (en $ US courant)
Source : Banque Mondiale
La FBCF est composée par la production et acquisition des biens durables par les
ménages, les entreprises et l’Etat confondus et notamment les IDE. Et ce sont ces IDE, qui
sont des investissements privés, qui tiennent le niveau global de la formation brute de capital
fixe à une certaine hauteur.
Comme nous pouvons constatons, la FBCF ne connait une grande variation, elle a
connu une augmentation depuis 1960 jusqu’en 2002, cependant ce fut petite si on le compare
avec celle de 2002 en 2008. En effet, dans cette dernière période elle a connu un
accroissement immense allant de 627.177.195 $ US en 3.795.117.104 $ US soit une
augmentation de 5%. A partir de l’année 2009, avec la crise politique de 2009, la FBCF a
baissé et cela même de nos jours.
D’après toutes ces analyses donc, il est difficile d’établir les éléments de rupture et de
continuité du fait de la situation économique du pays qui affecte le secteur secondaire. En
effet, l’économie atteint un certain niveau de développement pendant un laps de temps et
connait une récession pendant une période avec les crises politiques répétitives. Cependant, il
est à noter que malgré la crise assez systématique que le pays traverse, l’industrie reste peu
sensible si l’on ne tient compte que la valeur ajoutée du secteur industriel.
Même s’il nous a été difficile de dégager les éléments de rupture et de continuité,
nous tenterions d’établir quelques-uns. D’une part, nous avons comme éléments de rupture la
nationalisation des années 70, ainsi que la politique d’investissement à outrance. Il est vrai
0
500000000
1E+09
1,5E+09
2E+09
2,5E+09
3E+09
3,5E+09
4E+091
96
0
19
62
19
64
19
66
19
68
19
70
19
72
19
74
19
76
19
78
19
80
19
82
19
84
19
86
19
88
19
90
19
92
19
94
19
96
19
98
20
00
20
02
20
04
20
06
20
08
20
10
20
12
20
14
Formation brute de capital ($ US courants)
42
que les effets de ces mesures n’étaient pas dans l’immédiat mais on peut dire qu’elles étaient
l’origine des déséquilibres après les années 80. En effet, la politique d’investissement à
outrance, comme il a été dit plus haut, a provoqué un surendettement du pays, ce qui nous
obligeait à emprunter ; à cela s’ajoute la crise pétrolière de 1979. Cette période a marquée
celle de l’industrie malgré le fait que cela pourrait être considérée comme un début
d’industrialisation, elle s’est avérée un échec du fait des échecs des industries construises
pendant cette période.
D’autre part, concernant les éléments de continuité ; comme éléments de continuité,
nous avons les codes des investissements et la dynamisation du secteur privé à travers les
documents cadres à partir de 1995. Si on se concentre plus sur la valeur ajoutée industrielle,
nous remarquons une augmentation qui est plus ou moins continue depuis l’année 1995. On
peut donc dire que la grande rupture se trouve sur cette période. Cela peut être expliqué par
les mesures prises par le Gouvernement. Les deux DCPE comme nous l’avons annoncé plus
haut, ils se focalisent surtout sur la nécessité de donner place au secteur privé qui est
considéré comme moteur de croissance. Il en va de même pour le DSRP, qui veut dynamiser
le secteur privé et surtout les entreprises franches et les industries tournées vers l’exportation.
Si nous revenons donc sur la revue de la littérature plus précisément les théories et les
expériences des pays en voie de développement que nous avons développée dans le chapitre
premier. Par rapport aux approches de la politique industrielle, la politique industrielle de
Madagascar concerne essentiellement l’approche horizontale. Alors que le devrait mettre en
place des éléments fonctionnels, horizontaux et verticaux.
43
CONCLUSION
Bref, nous avons pu analyser l’évolution de la politique industrielle depuis 1960.
Passant de l’économie préindustrielle, l’économie malgache a connu le mirage des
investissements, puis elle est passée par le Programme d’Ajustement Structurel et maintenant
elle est caractérisée par une ébauche de la politique industrielle. On peut voir une certaine
évolution de l’industrie à travers les instruments mis en œuvre par l’Etat. L’économie
préindustrielle est caractérisée par une économie agraire ; l’industrie est considérée comme un
instrument de stabilité macroéconomique donc il n’y a pas une véritable politique industrielle
mais l’Etat utilise certains instruments en faveur de l’industrie comme le code des
investissements, les aides financières en matière de source de financement. Pendant la
seconde période où l’on nomme mirage des investissements à l’outrance avec la politique
d’investissement à outrance fut un échec. Les nationalisations, la mise en place du nouveau
code des investissements, la création des entreprises d’Etat peuvent être tous considérées
comme causes de cet échec. Cet échec a amené le pays a adopté le Programme d’Ajustement
Structurel et depuis, l’économie est entrée dans une ère libérale. Cette période est marquée par
la libéralisation, les entreprises furent alors privatisées. On peut dire que jusque-là il n’y a pas
encore une véritable politique industrielle. C’est à partir de l’année 2014 qu’il possède une
véritable politique industrielle. Comme nous tentons d’établir les éléments de continuité et de
rupture de la politique industrielle, nous avons analysé à travers les instruments. Comme
éléments de continuité nous pouvons retenir les codes des investissements et la dynamisation
du secteur privé à travers les documents cadres. Quant aux éléments de rupture, nous avons
retenu seulement la nationalisation des années 70 et ka politique d’investissement à outrance.
Comme période marqueur donc nous pouvons retenir l’année 1995. L’économie est en phase
d’ajustement structurel depuis 1980, mais c’est à partir de 1995 avec les DCPE et le DSRP
que l’industrie a connu une croissance et cela malgré les crises politiques qui s’en suivent.
Mais il faut dire que cette croissance n’est encore satisfaisante. Le pays a encore beaucoup à
faire s’il veut atteindre les 25% de PIB industriel en 2020.
44
BIBLIOGRAPHIE
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45
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thématiques 1200 définitions, Hatier, p.123.
- Lexique d’économie, (2012) 12ème
édition, Ed. Dalloz.
46
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS ................................................................................................................. I
SOMMAIRE ............................................................................................................................ II
LISTE DES ABREVIATIONS ............................................................................................ III
LISTE DES TABLEAUX ...................................................................................................... IV
LISTE DES GRAPHIQUES .................................................................................................. V
INTRODUCTION .................................................................................................................... 1
PREMIERE PARTIE : APPROCHES THEORIQUES SUR LA POLITIQUE
INDUSTRIELLE ...................................................................................................................... 3
Chapitre I : Notion et concepts de base .................................................................................. 3
Section 1 : Notion sur l’industrialisation ................................................................................ 3
1. Quelques définitions ................................................................................................... 3
a) Industrie .................................................................................................................. 3
b) Industrialisation : .................................................................................................. 4S
c) Stratégie d’industrialisation : ................................................................................. 5
2. Les différentes stratégies d’industrialisation .............................................................. 6
a) Les fondements des stratégies d’industrialisation .................................................. 6
b) Les stratégies de développement autocentré .......................................................... 8
c) Les stratégies de développement extraverti.......................................................... 10
Section 2 : Notion sur la politique industrielle ..................................................................... 11
1. Définition et objectifs de la politique industrielle .................................................... 11
2. Les principaux instruments d’action de la politique industrielle ............................. 12
a) La fiscalité ............................................................................................................ 12
b) Les aides financières ............................................................................................ 13
c) Les marchés publics ............................................................................................ 13
d) La politique de concurrence ................................................................................. 13
e) Les nationalisations .............................................................................................. 13
f) Les législations et les règles administratives ........................................................ 13
g) La politique commerciale extérieure .................................................................... 14
Chapitre II : La revue de la littérature sur la politique industrielle ................................. 15
Section 1 : Les fondements théoriques de la politique industrielle ...................................... 15
47
1. L’origine de la politique industrielle ........................................................................ 15
2. Les approches de la politique industrielle ................................................................ 17
a) L’approche horizontale de la politique industrielle .............................................. 17
b) L’approche verticale de la politique industrielle .................................................. 18
Section 2 : Les expériences de politique industrielle des pays en voie de développement .. 19
1. La politique industrielle du Maroc ........................................................................... 19
a) Les phases et les voies de la politique industrielle marocaine ............................. 19
b) Choix et enjeux de la nouvelle politique industrielle marocaine ......................... 20
2. La politique industrielle du Vietnam ........................................................................ 21
a) Le décollage des NPI d’Asie ............................................................................... 22
b) Expériences de la politique industrielle du Vietnam ............................................ 22
DEUXIEME PARTIE : LES DIFFERENTS ELEMENTS DE CONTINUITE ET DE
RUPTURE DE LA POLITIQUE INDUSTRIELLE DE MADAGASCAR ...................... 24
Chapitre I : L’évolution de la politique industrielle de Madagascar depuis 1960 ........... 24
Section 1 : Contexte économique ......................................................................................... 24
1. La période 1960-1975 : Vers une économie préindustrielle .................................... 24
a) La première République 1960-1972 ..................................................................... 24
b) 1972 à 1975 : Le socialisme ................................................................................. 25
2. 1975-1981: Le mirage de l’investissement à l’outrance .......................................... 25
3. 1983-2002 : Ajustement structurel et prémices de l’ère de libéralisme ................... 25
a) 1983-1991 : Ajustement structurel et ajustements des grands déséquilibres
macroéconomiques ....................................................................................................... 25
b) 1992-2003: Désengagement de l’Etat .................................................................. 25
4. De 2003 à nos jours : Ebauche de la politique industrielle ...................................... 26
a) 2003-2009 : Lutte contre la pauvreté ................................................................... 26
b) De 2009 à nos jours : Vers une croissance inclusive et durable........................... 27
Section 2 : Evolution de l’industrie ...................................................................................... 27
1. 1960-1975 : Vers une économie préindustrielle ...................................................... 27
a) La première république : 1960-1972 .................................................................... 27
b) La période transitoire de 1972 à 1975 .................................................................. 28
2. 1975-1981 : Le mirage de l’industrie à l’outrance ................................................... 28
3. 1983-2002 : Ajustement structurel ........................................................................... 29
a) La période 1983-1991 .......................................................................................... 29
48
b) La période 1992-2003 .......................................................................................... 30
4. De 2003 à nos jours : Ebauche de la politique industrielle ...................................... 30
a) La période 2003-2009 .......................................................................................... 30
b) De 2009 à nos jours .............................................................................................. 32
Chapitre II : Les éléments de continuité et de rupture : analyse à travers les
performances économique et industrielle ............................................................................ 33
Section 1 : La performance économique .............................................................................. 33
1. La croissance économique........................................................................................ 33
2. La structure économique : ........................................................................................ 35
Section 2 : La performance du secteur industriel ................................................................. 36
1. Le PIB industriel ...................................................................................................... 37
2. La structure des branches d’activités ....................................................................... 39
3. Evolution du capital ................................................................................................. 40
CONCLUSION ....................................................................................................................... 43
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 44
TABLE DES MATIERES ..................................................................................................... 46
Auteur : RANAIVOSON Vaninah
Titre : L’évolution de la politique industrielle de Madagascar depuis 1960
Nombre de pages : 45
Tableaux : 1 Figures : 4
Contacts : [email protected] , 034 45 854 85
Adresse de l’auteur : IPJ 11 Ter Anjazamihira Itaosy Antananarivo 102
Résumé
La politique industrielle est importante du fait qu’elle peut favoriser les grands
équilibres économiques, assurer une croissance économique soutenue et inclusive. Notre
thème se porte donc sur l’analyse de l’évolution de la politique industrielle de Madagascar
depuis 1960. Nous tenterions d’établir les éléments de rupture et de continuité de cette
politique en analysant quelques critères et en référant aux instruments utilisés. Il est à noter
que Madagascar ne possédait une véritable politique industrielle que depuis 2014. Cependant
des mesures ont été prises depuis l’indépendance en faveur de l’industrie, à savoir les codes
des investissements, les nationalisations, la politique d’investissement à l’outrance, les aides
financières et tant d’autres. Comme éléments de continuité nous pouvons retenir les codes des
investissements et la dynamisation du secteur privé à travers les documents cadres. Quant aux
éléments de rupture, nous avons retenu seulement la nationalisation des années 70 et ka
politique d’investissement à outrance.
L’année 1995 a marqué donc l’économie de Madagascar en matière de développement
industriel. Le Gouvernement s’est focalisé surtout sur la nécessité de donner place au secteur
privé qui est considéré comme moteur de croissance. Il a également dynamisé le secteur privé
et surtout les entreprises franches et les industries tournées vers l’exportation. C’est là le début
d’un développement mais qui demeure encore actuellement insuffisant.
Mots-clés : politique industrielle, performance industrielle, rupture, continuité.
Encadreur : Monsieur FANJAVA Refeno