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/ 45 An event created and organized by the Villa Gillet - 25 rue Chazière - 69004 Lyon - France Tel : 00 33 (0)4 78 27 02 48 - Fax : 00 33 (0)4 72 00 93 00 - www.villagillet.net Jean-Marc Lévy-Leblond France Professeur à l’université de Nice jusqu’en 2002, dans les dé- partements de physique, de philosophie et de communication, Jean-Marc Lévy-Leblond est professeur émérite et Directeur de programme au Collège international de philosophie (depuis 2001). Cette figure atypique du monde de la recherche se dis- tingue non seulement par ses nombreux travaux de recherche en physique théorique et mathématique, mais aussi par sa forte implication dans le domaine de l’éducation scientifique - y com- pris pour des littéraires- et ses contributions importante à l’his- toire, la politique et la philosophie des sciences. Redonnant à la vulgarisation et à la culture scientifiques ses lettres de noblesse, il ne cesse de combattre la simplificaiton et les clichés, quitte à dévoiler, avec humour, l’« immense musée des erreurs qui nous ont précédées ». Doté d’un solide sens de la formule et d’un réel talent d’écriture, il a signé de nombreux ouvrages de « critique de la science », comme d’autres sont critiques d’art. L’auteur L’œuvre La Science (n’)e(s)t (pas) l’art. Brèves rencontres... (Hermann, 2010) À quoi sert la science ? (Bayard, 2008) La Vitesse de l’ombre : aux limites de la science (Seuil, 2006) De la matière – relativiste, quantique, interactive (Seuil, 2006) La Science en mal de culture : Science in Want of Culture (Futuribles, 2004) Impasciences (Bayard, 2000 ; 2 e éd. Seuil, 2003) La Pierre de touche (la science à l’épreuve) (Gallimard, 1996) Aux contraires (l’exercice de la pensée et la pratique de la science) (Gallimard, 1996) Mettre la science en culture (Anais, 1986) L’Esprit de sel : science, culture, politique (Fayard, 1981) (Auto)critique de la science, textes réunis par Alain Jaubert et Jean-Marc Lévy-Leblond (Seuil, 1973) Zoom © OPALE La Science (n’)e(s)t (pas) l’art. Brèves rencontres... (Hermann, 2010) « L’idée la plus courante aujourd’hui, parfois explicite, mais le plus souvent implicite, sur la nature des rapports entre les arts d’un côté, les sciences et les techniques de l’autre, est de considérer le problème à l’ordre du jour comme celui d’une réconciliation : il s’agirait de favoriser la convergence de la création ar- tistique et de la recherche technoscientifique, afin d’atténuer, ou d’abolir une coupure dou- loureuse. Mais l’histoire de l’humanité, dans sa dimension culturelle en particulier, n’est-elle précisément pas celle de la séparation de ses divers champs d’activité, de leur autonomisation ? L’idée d’une réunification œcuménique, des grandes retrouvailles de l’art et de la science, me paraît relever d’une nostalgie naïve plus que d’un projet informé, fut- il utopique. Et puis, je dois l’avouer, cette séparation ne m’est nullement pénible. Peut-être est-ce une affaire de tempérament personnel, mais je me trouve fort bien de la différence essen- tielle entre l’Art et la Science - et de leurs diversités propres (les arts et les sciences) au surplus. Si, scientifique professionnel, mon intérêt pour l’art aboutissait à m’y faire retrouver des atti- tudes et des œuvres semblables à celles que je connais (trop) bien, cet intérêt s’émousserait vite... L’art, et l’art contemporain en particulier, m’attire en raison directe de ses différences avec la science, et non pas de leurs éventuelles similarités. Je n’ai aucunement la nostalgie d’une Unité perdue de la création - pas plus naturelle (c’est la diversité du monde des pierres, des fleurs, des oiseaux qui en fait la beauté) qu’humaine. » Jean-Marc Lévy-Leblond A Salon de Fleurus Salon Thursday October 11 th 2012 / MoMA

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Tel : 00 33 (0)4 78 27 02 48 - Fax : 00 33 (0)4 72 00 93 00 - www.villagillet.net

Jean-Marc Lévy-Leblond

France

Professeur à l’université de Nice jusqu’en 2002, dans les dé-partements de physique, de philosophie et de communication, Jean-Marc Lévy-Leblond est professeur émérite et Directeur de programme au Collège international de philosophie (depuis 2001). Cette figure atypique du monde de la recherche se dis-tingue non seulement par ses nombreux travaux de recherche en physique théorique et mathématique, mais aussi par sa forte implication dans le domaine de l’éducation scientifique - y com-pris pour des littéraires- et ses contributions importante à l’his-toire, la politique et la philosophie des sciences. Redonnant à la vulgarisation et à la culture scientifiques ses lettres de noblesse, il ne cesse de combattre la simplificaiton et les clichés, quitte à dévoiler, avec humour, l’« immense musée des erreurs qui nous ont précédées ». Doté d’un solide sens de la formule et d’un réel talent d’écriture, il a signé de nombreux ouvrages de « critique de la science », comme d’autres sont critiques d’art.

L’auteur

L’œuvre

La Science (n’)e(s)t (pas) l’art. Brèves rencontres... (Hermann, 2010)À quoi sert la science ? (Bayard, 2008)La Vitesse de l’ombre : aux limites de la science (Seuil, 2006)De la matière – relativiste, quantique, interactive (Seuil, 2006)La Science en mal de culture : Science in Want of Culture (Futuribles, 2004)Impasciences (Bayard, 2000 ; 2e éd. Seuil, 2003)La Pierre de touche (la science à l’épreuve) (Gallimard, 1996)Aux contraires (l’exercice de la pensée et la pratique de la science) (Gallimard, 1996)Mettre la science en culture (Anais, 1986)L’Esprit de sel : science, culture, politique (Fayard, 1981)(Auto)critique de la science, textes réunis par Alain Jaubert et Jean-Marc Lévy-Leblond (Seuil, 1973)

Zoom

© OPALE

La Science (n’)e(s)t (pas) l’art. Brèves rencontres... (Hermann, 2010)

« L’idée la plus courante aujourd’hui, parfois explicite, mais le plus souvent implicite, sur la nature des rapports entre les arts d’un côté, les sciences et les techniques de l’autre, est de considérer le problème à l’ordre du jour comme celui d’une réconciliation : il s’agirait de favoriser la convergence de la création ar-tistique et de la recherche technoscientifique, afin d’atténuer, ou d’abolir une coupure dou-loureuse. Mais l’histoire de l’humanité, dans

sa dimension culturelle en particulier, n’est-elle précisément pas celle de la séparation de ses divers champs d’activité, de leur autonomisation ? L’idée d’une réunification œcuménique, des grandes retrouvailles de l’art et de la science, me paraît relever d’une nostalgie naïve plus que d’un projet informé, fut-il utopique. Et puis, je dois l’avouer, cette séparation ne m’est nullement pénible. Peut-être est-ce une affaire de tempérament personnel, mais je me trouve fort bien de la différence essen-tielle entre l’Art et la Science - et de leurs diversités propres (les arts et les sciences) au surplus. Si, scientifique professionnel, mon intérêt pour l’art aboutissait à m’y faire retrouver des atti-tudes et des œuvres semblables à celles que je connais (trop) bien, cet intérêt s’émousserait vite... L’art, et l’art contemporain en particulier, m’attire en raison directe de ses différences avec la science, et non pas de leurs éventuelles similarités. Je n’ai aucunement la nostalgie d’une Unité perdue de la création - pas plus naturelle (c’est la diversité du monde des pierres, des fleurs, des oiseaux qui en fait la beauté) qu’humaine. »

Jean-Marc Lévy-Leblond

A Salon de Fleurus SalonThursday October 11th 2012 / MoMA

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Tel : 00 33 (0)4 78 27 02 48 - Fax : 00 33 (0)4 72 00 93 00 - www.villagillet.net

À quoi sert la science ? (Bayard, 2008)

La science, on la connaît sur-tout à travers des applications techniques de plus en plus présentes dans notre vie quo-tidienne. Mais elle est aussi le fruit d’une volonté de savoir, d’un désir de connaissance et de reconnaissance du monde. Entre ces deux faces - celle de l’utilité pratique et celle de la

curiosité et de l’éveil - y a-t-il complémentarité ou conflit ? Est-ce que les logiques de rendement et d’efficacité ne vont pas à l’encontre d’un destin plus fondamental ou plus rêveur ? A quoi sert la science ? Et qui sert-elle vraiment ? Ce ne sont pas là des questions abstraites mais des ques-tions qui orientent notre avenir.

La Vitesse de l’ombre : aux limites de la science (Seuil, 2006)

Les essais rassemblés ici cherchent à esquisser ce que l’on aimerait appeler une cri-tique de science. Non pas une critique de la science où elle serait d’emblée mise en accu-sation, mais plutôt un ques-tionnement sur ses tenants et aboutissants, qui aide à en comprendre, sans les sépa-

rer, les contenus, la nature et les enjeux. Le titre de ce livre, s’il trouve son origine dans le paradoxe qui permet d’assigner à l’ombre une vitesse supérieure à celle de la lumière, renvoie surtout à la crise du projet des Lumières et à la sombre perspective d’une technoscience qui ne délivrerait plus que d’obscures clartés. La stra-tégie suivie dans ces études consiste, pour mieux comprendre l’activité scientifique, à en explo-rer les limites, à partir de questions singulières mais éclairantes: pourquoi les physiciens, depuis quatre siècles, s’intéressent-ils à l’Enfer ? d’où vient le mythe des sept couleurs de l’arc-en-ciel ? quelle est la portée des lettres de l’alphabet dans les formules (cabalistiques, effectivement) de la physique ? que nous disent de la science les anecdotes qui courent sur les grands savants, et sur Einstein au premier chef ? la science a-t-elle une universalité transculturelle ? le partage du savoir ne demande-t-il pas aussi celui de l’igno-rance ? y a-t-il une Muse de la science ?

De la matière – relativiste, quantique, interactive (Seuil, 2006)

Ces trois conférences ont pour objectif d’expliciter les concep-tions que la physique moderne se fait de la matière, et tout particulièrement l’impact sur ces conceptions des révolu-tions quantique et relativiste qu’a connues le début du XXe siècle. L’accent y est mis sur la nouveauté et l’originalité de nos

idées quant à la constitution de la matière plutôt que sur les propriétés spécifiques de ses consti-tuants. Comme on le verra, la notion même d’objet phy-sique et les concepts qui permettent de localiser, caractériser et dénombrer ces objets, puis d’ana-lyser leurs interactions, ont subi des mutations profondes, trop souvent masquées par un forma-lisme mathématique ardu, totalement absent de ces leçons. Il s’agit au fond de présenter la pensée physique moderne de la matière telle qu’en elle-même l’a transformée un bon siècle de pratiques théoriques et techniques.

La Science en mal de culture : Science in Want of Culture (Futuribles, 2004)

On ne peut aujourd’hui se contenter d’attendre de la science explications et applica-tions, sans prendre en compte ses implications pour la socié-té. La nécessité s’impose d’une plus grande maîtrise de l’activi-té scientifique par les citoyens, ce qui exigerait une meilleure diffusion de la culture scienti-

fique et technique. Mais l’existence même d’une telle culture est douteuse en un temps où les savoir-faire l’emportent sur les savoirs. Il s’agit donc d’abord de (re)mettre la science en culture.

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Tel : 00 33 (0)4 78 27 02 48 - Fax : 00 33 (0)4 72 00 93 00 - www.villagillet.net

Impasciences (Bayard, 2000 ; 2e éd. Seuil, 2003)

A ceux pour qui la science s’ap-prend, s’utilise et, trop souvent, se subit, ce petit livre réserve trois surprises. La première est que la science se pense, s’évalue et se critique. La deu-xième est que des formes aussi variées que la chronique et le pastiche, la comptine et l’inter-view imaginaire se révèlent à

cet égard souvent mieux adaptés que de savantes analyses. La troisième tient à ce que ces aimables promenades où se croisent MacGyver et Marie Curie, et où le trou d’ozone en remontre au Big Bang, éclairent avec une singulière acuité les abus de la Raison savante et les grandes ques-tions posées par la science et la technique. Un ouvrage indispensable à tout technocitoyen dési-reux de ne pas mourir idiot et impatient de voir émerger une science plus humaine, plus sage et plus transparente.

La Pierre de touche (la science à l’épreuve) (Gallimard, 1996)

La science est-elle moderne? La « révolution scientifique » a-t-elle eu lieu? Sommes-nous véri-tablement passés de l’obscuran-tisme des sciences «occultes» aux lumières des sciences véri-tables ? Il existe de fortes rai-sons de douter que la coupure soit aussi radicale que le croit l’opinion courante. Si critiques

d’art, critiques littéraires, critiques musicaux, critiques de cinéma ont droit de cité, il n’y a pas de « critiques de science » reconnus pour tels. Ce paradoxe, qui obère toute tentative pour intégrer la science au sein du monde de la culture, est le moteur des textes ici rassemblés. Ils visent tous à dépasser le stade d’une critique de la science, trop extérieure et à l’efficacité limitée, pour développer une critique de science, qui porte la réflexion au cœur de l’activité scientifique - dans ses rapports avec le politique, avec sa propre his-toire comme avec l’art ou la langue.

Aux contraires (l’exercice de la pensée et la pratique de la science) (Gallimard, 1996)

À quoi, pour la pensée, la science, lui demeure notre idéal de connaissance, peut-elle aujourd’hui servir ? Le temps est venu d’une réflexion sur les rapports entre théories scien-tifiques et pensée commune, analysant et critiquant le trans-fert inconsidéré de concepts (ou, plus souvent de simples for-

mules) des unes vers l’autre. Plutôt que de fournir des idées toutes faites, ne peut-on demander à la science - et particulièrement à la physique - de nous montrer la difficulté d’une pensée ferme ? La plupart des efforts aujourd’hui déployés afin de partager les savoirs émergents sont d’ailleurs peu efficaces, tant leurs soubassements clas-siques demeurent mal assurés: comment expli-quer au profane la nature des quarks quand l’or-ganisation du noyau atomique reste mystérieuse, celle des quasars quand la constitution des ga-laxies est méconnue ? Au lieu d’estomper par une pédagogie simplificatrice les difficultés concep-tuelles des avancées modernes, il convient de les affronter. Ce plaidoyer pour la pensée dans la science se construit sur quelques grands couples antinomiques du langage naturel - droit/courbe, continu/discontinu, absolu/relatif, certain/ incer-tain, élémentaire/composé, déterminé /aléatoire, rigoureux/intuitif, etc. - à partir desquels la phy-sique structure sa réflexion, mais, par le même mouvement, ébranle ces vieilles oppositions et brouille leur polarité. Ainsi la science pourra-t-elle répondre au souhait qu’exprimait Merleau-Ponty: par ses « découvertes philosophiques négatives », elle détruira certains préjugés de la pensée, elle invalidera des certitudes implicites, elle ouvrira, enfin, des nouveaux espaces à l’intel-ligence du monde.

L’Esprit de sel : science, culture, politique (Fayard, 1981)

L’esprit de sel. Activité de re-cherche, la science est-elle nécessairement productrice de connaissances ? Y a-t-il de nouvelles formes et normes du savoir ? Qu’est la science pour la science ? Activité intellectuelle, la science est-elle aussi une ac-tivité culturelle ? La science mo-derne est-elle dans la culture.

est-elle une nouvelle culture - devrait-elle l’être ? Qu’est la science pour la culture ? Activité sociale, la science est liée de façon complexe aux struc-tures économiques et à la conjoncture politique. Quel rôle joue-t-elle, quels conditionnements su-bit-elle ? Qu’est la science pour la politique ? Voici un ensemble de contributions pour aiguiser ces questions cruciales et décaper les idées reçues.