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Réseau SAGIR, 2016, Surveillance sanitaire de la faune sauvage en France. Lettre n° 183. Ed. Office national de la chasse et de la faune sauvage, Paris, 11p.
LETTRE SAGIR N° 183 - Avril 2016
http://www.oncfs.gouv.fr/Reseau‐SAGIR‐ru105
E ffervescence sanitaire. On pourrait croire à une montée de sève mais non, lettre après lettre on voit bien que la mon‐tée en puissance de nos activités n'a rien d'exclusivement printanier. Pas un mois qui ne s’écoule sans une nouvelle
preuve de l’intérêt grandissant de toutes les parties prenantes à la surveillance et à l’étude des pathologies de la faune sauvage. Dernier événement en date : la publication du règlement communautaire n° 2016/429 du 09/03/2016, connu comme « loi de la santé animale ». N’oublions pas que la majeure partie du droit nous vient de l’Union Européenne. Or le règlement 2016/429, qui résulte de la refonte et de la rénovation du droit communautaire en santé publique vétérinaire, mentionne plusieurs fois la faune sauvage. S’agissant d’un texte fonda‐mental, d’autres textes réglementaires viendront préciser les condi‐tions d’application des mesures fixées. Attendons‐nous donc à voir progressivement se dessiner le cadre juridique dans lequel les organis‐mes porteurs de Sagir seraient peu ou prou délégataires de ce nou‐veau service public, chargé de mettre en œuvre la surveillance de la faune sauvage, inscrite comme mission régalienne de l’Etat. La responsabilité qui nous est confiée, les tâches qui en découlent et les sujets d'étude que les découvertes sans cesse renouvelées et le progrès technologique nous suggèrent fortement, tout cela représente une charge de travail fortement accrue qu'il n'est pas possible d'assu‐mer sans renforcement. C’est ainsi que malgré le contexte économi‐que difficile et les restrictions imposées à toutes les administrations, l’équipe de l’Unité Sanitaire de la Faune à l’ONCFS a été tout récem‐ment renforcée par la pérennisation de deux de ses postes‐clés, celui d’Anouk Decors, responsable scientifique de Sagir, et celui de notre nouveau chargé d’études en écotoxicologie et épidémiologie, Olivier Cardoso, tous deux ayant brillamment réussi le concours d’ingénieurs des travaux organisé en novembre 2015. Arrivée également début janvier, Anne Van de Wiele est le 3ème agent mis à disposition par le MAAF, chargé de mettre en ouvre les actions découlant de la nouvelle mission de police sanitaire confiée à l’ONCFS par la LAAF, ainsi que d'apporter une aide dans la mise en œuvre du renforcement de la sur‐veillance de certains dangers sanitaires prioritaires, notamment la tu‐berculose et l'Influenza aviaire. Parmi les gros et récents dossiers du moment, citons : ‐Le démarrage de la thèse de Geoffrey Petit sur la maladie de l'œdème du sanglier en Ardèche, en partenariat avec la FDC07 et le réseau fédé‐ral des chasseurs, l'INRA de Tours, le CIRAD et l'ENVT.
EDITO
EDITO
Jean‐Yves Chollet Administrateur national du réseau SAGIR Office national de la chasse et de la faune sauvage email : [email protected]
SOMMAIRESOMMAIRE
Résultats du jeu de l’été Page 8
Gale sarcoptique Page 2
Virus Usutu Page 4
Vie du réseau Page 6
‐La montée en puissance d'Epifaune, mise en production début décembre 2015 et qui requiert encore beaucoup d'attention et d'énergie pour former et accompagner tous ceux qui débutent avec ce nouvel outil, notamment les laboratoires pour lesquels les changements de pratiques sont importants ; ainsi 3 sessions de formations ont été consacrées à Epifaune pour chaque collège d'utilisateurs, les ITD et les personnels de laboratoires, une 4ème session est organisée le 3 mai pour les ITD, et il est probable que d'au‐tres seront encore nécessaires. ‐Les programmes de surveillance renforcée, que l'actualité sanitaire jamais longtemps calme impose, notamment celui dédié à l'Influenza aviaire hautement pathogène dans le sud‐ouest. Bref, avec Sagir il y en a pour tous les goûts, et puisque nous sommes au printemps, je ne saurais trop vous encourager à cultiver votre curiosité, à vous dont le travail sur le terrain est à la base de tout.
Bonne lecture !
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Réseau SAGIR, 2016, Surveillance sanitaire de la faune sauvage en France. Lettre n° 183. Ed. Office national de la chasse et de la faune sauvage, Paris, 11p.
La gale sarcoptique, un indicateur de santé pour les populations de sangliers?
SOPHIE FIALDES1, ANOUK DECORS2, CHRISTINE SAINT‐ANDRIEUX3, AURÉLIE BARBOIRON3, EVA FAURE4,CLÉMENT CALENGE5, SOPHIE ROSSI1
1ONCFS, Unité Sanitaire de la Faune – Gap ; 2ONCFS, Unité Sanitaire de la Faune – Auffargis ; 3ONCFS, Unité Cervidés sanglier – Bar‐le‐
Duc; 5ONCFS, Direction des Etudes et de la Recherche, Le‐Perray‐en‐Yvelines
FRCLR E.F.
La gale sarcoptique est une maladie parasitaire qui semble émerger dans un certain nombre de pays d’Europe continentale tels que la Suisse. Elle est à l’inverse supposée largement distribuée en France depuis de nom‐breuses années chez le sanglier. L’idée de cette étude n’est pas d’estimer l’impact de la gale sur la dyna‐mique de population de sangliers, mais plutôt d’évaluer la possibilité d’u‐tiliser une maladie, faiblement mortelle mais avec une expression clini‐que très marquée, comme indicateur de santé d’une population. Nous supposons en effet qu’elle s’exprime sous certaines conditions et qu’elle pourrait révéler précocement une rupture d’immunité dans une population et donc aider à la gestion de cette espèce. Entre 2008 et 2013, les cas de gale représentent 6% de l’échantillon SA‐GIR (31 cas de gale sarcoptique, 1 cas de gale psoroptique, 9 cas de dé‐modécie et 7 cas pour lesquels l’acarien n’est pas précisé, sur 767 san‐gliers enregistrés). Les cas de gale rapportés dans le cadre du réseau, sont probablement les formes les plus sévères. D’après l’analyse inféren‐tielle, les sangliers de moins de 2 ans en mauvais état corporel auraient plus de chances d’être concernés, et ce particulièrement au printemps.
Quels sont les parasites de la « gale »? La « gale » est une maladie ectoparasitaire due à la colonisation cutanée par un aca‐rien, qui creuse des sillons. : ‐la gale sarcoptique ‐la gale psoroptique Les animaux n’expriment la gale que sous certaines conditions, il peut également y avoir du portage sain. Il existe un autre type de gale, folliculaire et non contagieuse, il s’agit de la démodécie (infestation des follicules pileux par un aca‐rien microscopique de forme allongée).
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ONCFS-BMI78 ONCFS-BMI78 ONCFS-SID77 ONCFS-SID77
ONCFS-SID77
Anonyme
Il est difficile de dire si les animaux les plus maigres sont les plus susceptibles de contracter la gale, ce qui est sûr en revanche c’est que la gale, à un stade avancé a un effet sur la condition corporelle. La fin de l’hiver/début du printemps peut correspon‐dre à une période critique pour les jeunes en croissance, ayant de forts besoins énergé‐tiques, en particulier si la reprise de la végétation est tardive. En effet, les ressources alimentaires encore limitées à la fin de l’hiver doivent être partagées puisque le prin‐temps correspond à une période de densité accrue du fait des naissances. Les animaux jeunes, ayant de forts besoins énergétiques, sont alors particulièrement touchés. En raison du manque de ressources et de la densité augmentée, les sangliers sont plus agrégés, notamment sur les places d’agrainage, ce qui pourrait favoriser le contact en‐tre les animaux et donc la circulation de la gale (ou d’autres maladies contagieuses). La gale semble également être plus fréquente certaines années et notamment en 2009 et 2011 (sur la période d’étude 2008‐2013). On peut supposer que des conditions environ‐nementales particulières telles qu’un climat difficile et/ou une faible fructification fo‐restière ont conduit à une pénurie alimentaire. Les sangliers ont donc pu être immuno‐déprimés et s’agréger plus fortement, expliquant ainsi une plus forte fréquence de la gale sarcoptique. Il est intéressant de noter qu’en 2009 et 2011, il y a également eu une baisse nationale des tableaux de chasse. L’hypothèse d’une pénurie alimentaire ces années là pourrait expliquer une plus forte mortalité, pas forcément détectée sur le terrain. Ce qui est intéressant, c’est que les animaux galeux ont été observés au prin‐temps, soit en amont de la détection de la baisse des tableaux de chasse, la gale sarcoptique pourrait donc être un indicateur précoce de santé de la population de sangliers. Nous avons également remarqué que, indépendamment de la période, la gale est plus fré‐quente lorsque l'indice d’abondance des sangliers – estimé via les tableaux de chasse – est élevé. Pour résumer, la gale sarcoptique survient plus parti‐culièrement chez de jeunes sangliers en mauvais état corporel, principalement entre avril et juin, lorsque la population est importante. Elle s’exprimerait plus par‐ticulièrement certaines années, sous des conditions environnementales probablement défavorables. Sans être nécessairement elle‐même une cause de mortalité, la gale sarcoptique ainsi observée au printemps pourrait être annonciatrice d’une baisse d’immunité et de la survie des sangliers et d’émergence d’au‐tres maladies. La gale sarcoptique pourrait ainsi jouer le rôle d’un indicateur de santé pour les populations de sangliers. Ces résultats restent préliminaires et d’autres études devront être conduites pour confirmer ces tendances et envisager la mise au point d’indicateurs utiles aux gestion‐naires cynégétiques.
Attention Dans la base de données SAGIR, les cas de démodécie sont plus rares que ceux de gale sarcopti‐que et semblent plutôt concerner des individus en bonne condition corporelle, à l’automne. Sarcop‐tes et Demodex occupent donc des niches très différentes et n’ont a priori pas la même signifi‐cation en termes d’indicateur de santé. Il est donc impératif de ne pas se contenter d’un auto‐diagnostic et de confirmer l’ori‐gine étiologique auprès d’un labo‐ratoire départemental d’analyses vétérinaires.
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Nous tenons à remercier chaleureu‐sement les interlocuteurs techniques des réseaux ongulés sauvages et les formateurs à l’examen initial de la venaison pour avoir répondu au ques‐tionnaire mis en ligne durant l’au‐tomne 2015. Nous adressons égale‐ment nos sincères remerciements à Dominique Gauthier, Nicolas Keck, et Chloé Haas pour leur contribution à cette étude.
© FDC63-Bérangère Grosbety
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Le virus USUTU fait son apparition en France en 2015
CÉCILE BECK 1, ANOUK DECORS2, CYRIL ERAUD2, JEAN‐YVES CHOLLET2, HÉLÈNE QUENAULT3, PIERRICK LUCAS3, YANNICK BLANCHARD3,
CHRISTINE MANSON4, ELSA JOURDAIN5, SYLVIE LECOLLINET1
1 ANSES LSAN MAISONS ALFORT; 2 ONCFS; 3 ANSES PLOUFRAGRAN; 4 LVD 68; 5 INRA
Pendant l’été 2015, des mortalités anormales de merles (Turdus merula) ont été signalées au Réseau de surveillance
épidémiologique SAGIR dans deux départements de l’Est de la France (départements du Haut‐Rhin et du Rhône). La
première alerte a été donnée entre le 5 et 10 août dans le Haut‐Rhin et la seconde entre le 5 août et le 6 octobre dans
le département du Rhône. Cinq merles (deux prélevés dans le Haut‐ Rhin et trois dans le Rhône) ont fait l’objet d’autop‐
sie et d’analyses histologiques (LVD68, ANSES) ainsi que d’une recherche de virus par RT‐PCR (diagnostic moléculaire
réalisé au laboratoire de santé animale de l’ANSES Maisons Alfort). L’autopsie a révélé une hépatomégalie et une splé‐
nomégalie sur un merle du Haut‐Rhin et des hémorragies rénales sur un autre animal trouvé mort début septembre
dans le Rhône.
Le diagnostic moléculaire sur des prélèvements de foie, cœur et cerveau a permis pour la première fois en France
de mettre en évidence le virus Usutu (USUV) sur trois merles (les deux oiseaux du Haut‐Rhin soumis à analyse et
un oiseau du Rhône) et de l’isoler sur cellules Vero.
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J. David-FDC28
LE VIRUS Le virus Usutu (USUV) est un virus appartenant au genre flavivirus qui regroupe de nombreux virus à transmission vectorielle dont le virus West Nile (WNV) ou celui de l’Encéphalite japonaise (JEV). Comme pour le WNV, l’USUV a la caractéristique d’ê‐tre transmis par des moustiques du genre Culex (avec Culex pipiens comme vecteur principal) et d’avoir un réservoir aviaire qui amplifie le virus. Les hommes sont considérés comme des culs de sacs épidémiologiques du fait d’un titre viral insuffisant dans le sang pour infecter un moustique naïf (figure 1). CLINIQUE Ce virus cause des mortalités importantes chez les oiseaux sauvages et captifs et des infec‐tions sporadiques chez l’homme. Bien qu’asymptomatique chez un grand nombre d’espèces d’oiseaux sauvages, l’USUV peut occasionnellement engendrer des épisodes de mortalité groupée chez certaines espèces. C’est le cas en particulier chez les grands turdidés (merle noir et grives, Turdus sp.), l’étour‐neau sansonnet (Sturnus vulgaris) ou encore chez les rapaces nocturnes comme les chouet‐tes (chouette lapone, Strix nebulosa ou chouette épervière, Surnia ulala). A l’autopsie, une augmentation de volume et de la congestion peuvent être notées au niveau du foie, de la rate et des reins (figure 2). Les mammifères (ex : chevaux, rongeurs et l’Homme) constituent quant à eux des hôtes accidentels pour lesquels le virus se montre peu pathogène. Chez l’homme, les infections à USUV passent généralement inaperçues. Quelques cas de
méningo‐encéphalite, principalement chez des patients immunodéprimés, ont été décrits en
Afrique [1], en Italie [2] et en Croatie [3]. Les symptômes les plus fréquemment rencontrés
sont de la fièvre, un rash cutané, des maux de tête, de la rigidité nucale et des tremblements
des mains. Ces cas peuvent facilement être confondus avec une infection par le WNV et être
sous‐estimés.
EPIDEMIOLOGIE DESCRIPTIVE L’USUV est un virus ancien puisqu’il a été découvert en Afrique du sud en 1959 avant d’être isolé par la suite dans de nom‐breux pays africains (République centrafricaine, Sénégal, Burkina Faso, Cote d’Ivoire, Nigeria, Ouganda et Tunisie). Des analyses génétiques des souches africaines et européennes d’USUV suggèrent que le virus a émergé il y a plus de 500 ans en Afrique et que les souches européennes proviennent d’Afrique par le biais de la migration des oiseaux. Le virus a d’abord été isolé en Autriche en 2001 à la suite d’un épisode de fortes mortalités de merles à Vienne. Plus tard, des analyses rétrospectives sur des oiseaux morts en Italie en 1996, dans la région de la Toscane ont montré que le virus USUV a été introduit bien plus tôt en Europe [4, 5]. Au moins trois introductions virales auraient eu lieu en Europe le long des couloirs migratoires en provenance d’Afrique. Le virus aurait été introduit à deux reprises en Espagne dans les années 1956 puis 1996 selon un couloir migratoire Atlantique Est. Par ailleurs, une introduction en Europe centrale serait surve‐nue dans les années 1980 en suivant un couloir migratoire Mer noire/Méditerranée [6]. Jusqu’à l’été 2015, huit pays Européens, dont cinq ayant une frontière commune avec la France (Allemagne, Belgique, Suisse, Italie et Espagne) avaient déjà isolé du virus sur mous‐tique ou oiseau (Figure 3). En France, la présence du virus USUV (ou d’un virus proche) était suspectée suite à la mise en évidence de traces sérologiques sur des pies bavardes (Pica pica) prélevées entre novembre 2009 et décembre 2010 en Camargue [7]. Les mortalités de l’année 2015 dans le Haut‐Rhin et le Rhône ont permis d’identifier le virus pour la pre‐mière fois en France. L’intégralité du génome des trois isolats français d’USUV ob‐tenus en 2015 a été séquencée au laboratoire ANSES de Ploufragran et comparée aux séquences connues (africaines et européennes) d’USUV. L’analyse phylogénétique a montré que les isolats du Haut‐Rhin sont très proches de la souche allemande 5684 isolée en 2012 (99.8% d’homologie nucléoti‐dique) alors que la souche Rhône est proche de la souche espagnole 2006 Genbank KF573410 (97.8% d’homologie nu‐cléotidique). Cette analyse permet donc de conclure que la France a été
soumise à deux introductions distinctes, une en provenance
d’Espagne et l’autre en provenance d’Allemagne (Figure 4).
Figure 2 : Hépatomégalie (augmentation de volume du foie) sur un merle infecté par l’USUV (Manarolla et al, Vet Microbiol, 2010)
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FDC 55
CONCLUSION Compte‐tenu de l’importante létalité constatée chez certaines espèces telles que le merle noir, les grives ou encore l’étour‐
neau sansonnet, l’apparition d’USUV peut localement conduire à des épisodes de mortalité groupée et anormale chez ces es‐
pèces. Si vous êtes témoin d’un tel évènement, survenant générale‐
ment en fin d’été, vous pouvez le signaler aux correspondants départe‐
mentaux du réseau SAGIR, ceci afin que certains spécimens trouvés
morts soient dirigés vers un laboratoire d’analyse.
Références bibliographiques
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Formations/séminaires
Dates des formations en 2016 : les formations se dérouleront au centre du Bouchet
Niveau 1 : du 28 juin au 1er juillet 2016
Niveau 2 : du 27 au 30 juin 2016
Formation Epifaune : le 3 mai 2016
Dates de formation en 2016
‐Formation Epifaune les 19 et 20 mai à Lyon Des formations continues sont également en prépara‐tion pour l’année 2016 et vous seront communiquées prochainement.
Stage de perfectionnement à la parasitologie vétéri‐naire
Ce stage est organisé tous les ans par l’Université de Reims Champagne‐Ardenne. Il comporte 3 modules (coprologie, diagnose des helminthes, arthropodes d’intérêt médical et vétérinaire). Un stage est prévu du 30 mai au 3 juin 2016, à Reims auquel vous pouvez vous inscrire jusqu’18 avril 2016 (annulation si moins de 6 inscrits).
PARASITOLOGIE
ITD SAGIR
LDAV
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J. Da-
Le Vade-mecum des laboratoires!
La version 1 du vade‐mecum des laboratoires va bientôt être disponible, il constitue un guide de recommandations des bonnes pratiques en matière de diagnostic pour la faune sau‐vage et comprend également le référentiel prescripteur et les données standardisées essentiel au renseignement d’Epifaune
Revue de presse
BEXTON S. ET AL. 2015. Detection of circovirus in foxes with meningoencephalitis, United-Kingdom, 2009-2013. Emerging infectious diseases,21(7) : 1205-1208 Accessible sur http://wwwnc.cdc.gov/eid/article/21/7/pdfs/15-0228.pdf BRO E. ET AL.,2016. Residues of plant protection products in grey patridge eggs in French cereal ecosystems. Environnemental Science and Pollution Research DOI 10.1007/s11356-016-6093-7 DECORS A. ET AL., 2015. Diagnostiquer un problème de santé dans la faune sauvage : exemple de la maladie de l’œdème chez le sanglier sauvage (Sus scrofa) en Ardèche. Bulletin épidémiologique Santé animale – Alimentation, 69: 2-7 DECORS A. ET AL., 2015. Quand suspecter la maladie de Newcastle dans l’avifaune sauvage? Faune sauvage, 307: 49-50 DONAHOE S. ET AL., 2015. A review of neosporosis and pathologic findings of Neospora caninum infec-tion in wildlife. International Journal of Parasititology: Parasites and Wildlife, 4:216-238 GONZALES-BARRIO D. ET AL., 2015. European rabbits as reservoir for Coxiella burnetii. Emerging infec-tious diseases, 21(6):1055-1058 LINHARES B. ET AL, 2015. Investigating the Role of Free-Ranging Wild Boar (Sus scrofa) in the Re-Emergence of Enzootic Pneumonia in Domestic Pig Herds: A Pathological, Prevalence and Risk-Factor Study. PLoS ONE 10(3): e0119060. doi:10.1371/journal.pone.0119060 MILLOT F. ET AL., 2015. Etude des effets non-intentionnels de l’imidaclopride en traitement de semen-ces sur la faune sauvage non-cible. Faune sauvage,309: 10-17
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FAITS MARQUANTS * (* voir aussi : http://www.oncfs.gouv.fr/Reseau(* voir aussi : http://www.oncfs.gouv.fr/Reseau(* voir aussi : http://www.oncfs.gouv.fr/Reseau‐‐‐SAGIRSAGIRSAGIR‐‐‐ru105/ru105/ru105/
ActualitesActualitesActualites‐‐‐sanitairessanitairessanitaires‐‐‐ar1178)ar1178)ar1178)
P remier cas de maladie du dépérissement chronique des Cervidés (CWD) identifié en Europe La maladie a été détectée sur un renne en Norvège pour la première fois en Europe, c’est une mala‐die qui était jusque là confinée en Amérique du Nord. Le diagnostic a été réalisé dans le cadre de la
surveillance évènementielle norvégienne, sur une femelle adulte trouvée morte. La CWD est une maladie neurologique très contagieuse, classée dans les maladies à prion, dont l’agent étiologique survit très longtemps dans l’environnement. Les cervidés affectés présentent en général un perte de condition corporelle et une altération de leur comportement. Pour en savoir plus http://www.vetinst.no/eng/Highlights/The‐first‐detection‐of‐Chronic‐Wasting‐Disease‐CWD‐in‐Europe
DERNIERE MINUTE
Période Territoire(s) Espèce(s) Description sommaire du cas
Printemps/début été 2015
Nord‐Ouest de la France
Hérisson Lésions cutanées insolites, en cours d’investigation (surveillance conjointe SAGIR/centre de sauvegarde)
Aout‐septembre 2015
68,69 Merle noir Première détection en France du virus Usutu
Hiver 2015‐2016 Sanglier Plusieurs épizooties de mycoplasmose
Juin 2016 34 Sterne
caugek
Mortalité anormale d’individus de 3‐4 semaines
présentant un gonflement articulaire Hiver 2015/2016 02,08,51 Chien Plusieurs suspicions foyers de maladie d’Aujeszky
Janvier 2016 37 Chevreuil Suspicion de dysplasie rétinienne par infection de BVD in utero, ou congénitale
Février 2016 29 Chevreuil Identification de Mannheimia granulomatis
© Laurent Evesque/ONCFS
© Sandrine Lefranc/Volée de Piafs © LABOCEA ADV Quimper
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JEUX DE L’
ÉTÉ
résultats
Toutes nos félicitations à Alain Viry, grand vainqueur du jeu! Nous avons le plaisir d’offrir au LDA39, une inscription gratuite au stage Parasitologie animé par Hubert Ferté (en 2016 ou 2017, sous réserve du maintien de la formation)!
A
DC
B
JEU N° 1JEU N° 1
Ton contenu digestif m’intéresse...mais au fait qui es‐tu et qu’as‐tu mangé?
Indices : A et B : observés après examen coprologique C : estomac D : intestin grêle
Réponse © Luc Barbier
Je suis un renard (Vulpes vulpes): dans mon intestin, j’héberge des cestodes de type Mesocestoides (photo D) et je me suis réga‐lé avec des poumons de suidés contenant des vers de type mé‐tastrongles (photo C) mais aussi avec des vers de terre (présence de soies d’oligochète) (photo B) dont les vésicules séminales sont farcies de Monocystis (photo A).
Applications Les parasites en transit dans le contenu digestif peuvent être un excellent moyen de préciser le régime alimentaire. Il peut y avoir des applications notamment en écotoxicologie, pour comprendre l’exposition à un toxique. En cas d’intoxication aigue ,le contenu digestif peut donner une idée de la voie d’exposition. Par exemple s’il y a des parasites de type Monocys‐tis, cela veut dire que l’animal a consommé des vers de terre et a pu être exposé à un produit utilisé (de façon conforme ou non) en traitement du sol. PENSEZ‐Y!
10 Pour toute utilisation des informations de ce document, merci de le mentionner sous la référence suivante :
Réseau SAGIR, 2016, Surveillance sanitaire de la faune sauvage en France. Lettre n° 183. Ed. Office national de la chasse et de la faune sauvage, Paris, 11p.
FDC 55
JEU N°2JEU N°2 Règles du jeu Nous vous proposons de résoudre ces 3 énig‐mes en argumentant vos réponses PUIS de trouver ensuite leur point commun. Maladies listées parmi les dangers sanitaires ou par l’OIE!
Chercher l’intrus!
© LDA Haute-Corse
© J.C. Boisguérin
© Luc Barbier
©
2e énigme: chercher l ‘intrus
Mon premier est une réponse hypothala-mique à une agression microbiologique Mon deuxième est un émirat du Moyen-Orient Mon troisième est un cri rauque Mon quatrième est l’anagramme de l’a-bréviation d’Objet Volant Non Identifié Mon cinquième se mange avec des mouil-lettes ! Mon tout porte aussi le nom de la particu-larité anatomique de Tiliqua scincoides FIEVRE CATARRHALE OVINE
1ère énigme: une charade
A quelle maladie ce tableau lésionnel vous fait‐penser?
Tuberculose bovine
Supposé être un cul de sac épidémiologique
11 Pour toute utilisation des informations de ce document, merci de le mentionner sous la référence suivante :
Réseau SAGIR, 2016, Surveillance sanitaire de la faune sauvage en France. Lettre n° 183. Ed. Office national de la chasse et de la faune sauvage, Paris, 11p.
J. David-
1
A B
D E
Issu d’un élément parasite de la figure 1, parmi nous se cache un élément d’un parasite mal‐
veillant….. Trouvez‐le et dites à qui il appartient!
3e énigme: chercher l ‘intrus
Réponse : D (crochets issus d’un Ténia échino‐coque: Echinococcus multilocularis); principal hôte définitif, encore notre ami « Goupil ». Les autres crochets sont issus d’autres parasites. [A/ Dilepididae (parasites d’oiseaux); B: Dipylidiidae (ex: Dipylidium); E: Taenidae (genre Taenia de type pisiformis)]