Les Vendéens et la Mer - vendee.fr©cial... · Le temps des incertitudes (XVIIIe - milieu du XIXe)...
Transcript of Les Vendéens et la Mer - vendee.fr©cial... · Le temps des incertitudes (XVIIIe - milieu du XIXe)...
Les Vendéens et la Merde la grande pêche au Vendée Globe
Num
éro
sp
écia
l
Les Vendéens et la Merde la grande pêche au Vendée Globe
Colloque les 20, 21 et 22 septembre aux Sables-d’Olonne
Colloque les 20, 21 et 22 septembre aux Sables-d’Olonne
La Vendée, et avant elle le Bas-Poitou, ont de tout temps été tournés vers l’Océan. Pour autant, la Vendée est particulièrement absente des ouvra-
ges d’histoire maritime. Dénuée de ports coloniaux et d’arsenaux militaires, elle est passée entre les mailles des filets des historiens de marine. Et pourtant, de Nau l’Olonnois, terreur des Caraïbes, aux aventuriers du Vendée Globe, de très nombreux marins d’excep-tion ont vu le jour dans notre département ou y ont vécu. Parmi eux, Pierre Garcie-Ferrande resta célèbre à travers tous les océans grâce à son célèbre « Grand
Routier de la Mer ». Le Bas-Poitou fut longtemps une escale obligée pour charger le sel de la baie, denrée in-dispensable à la conservation des aliments. Les marins de l’Île d’Yeu restèrent durant des siècles les rois du cabotage. Les chantiers maritimes sablais n’eurent pas leur pareil pour construire les thoniers de l’Île de Groix. La liste pourrait être longue. Il en reste qu’aujourd’hui, la Vendée fait figure de vitrine du nautisme. Son indus-trie est florissante en la matière et n’a pas fini de se développer. Et si sa pêche est malmenée ses marins ne sont pas décidés à rester au port. Notre département
est aussi leader en matière de tourisme, en raison de son littoral. Ces succès méritaient d’être étudiés. C’est ce que les participants aux Colloque « Les Vendéens et la Mer » vont faire. Durant trois jours, près de quarante spécialistes vont rencontrer des centaines de partici-pants pour débroussailler notre riche histoire maritime, mais aussi pour envisager l’avenir. Notre littoral pourrait bien devenir un nouvel Eldorado.
Le Conseil Général de la Vendée
Jeudi 20 septembreJeudi 20 septembre
Le sel de la baie et la grande pêche (XIIIe-XVIIe)Le sel de la baie et la grande pêche (XIIIe-XVIIe)
Histoire d’un flibustier vendéen
Nau l’Olonnois, la terreur des Espagnols
Jean-DavidNau,ditNau,estplusconnu sous le nom de Nau l’Olon-nois. Et pour cause! Ce VendéennéauxSables-d’Olonneen1630a,si l’on peut dire, considérablementmarqué son époque. «On ne sait pas grand chose sur lui, nous ditl’historien Patrick Villiers qui a écritunlivresurlesujetetquienparleraaucolloque. C’est le livre d’Alexan-dre Exquemelin, un chirurgien qui vécut à la même époque que lui, qui nous fournit la principale source d’informations. Réal Ouellet et moi-
même avons décidé d’en faire une édition critique. Ce qui nous a per-mis de découvrir notamment que Nau l’Olonnois a bel et bien existé contrairement à d’autres pirates dé-crits dans ce livre. »Nau l’Olonnoisest donc bien réel. Alexandre Ex-quemelinetNauétaient«desenga-gés»,c’est-à-direqu’ilsprenaientlebateau pour se rendre aux Antillesetyfairefortune.Encontrepartiedecebillet,ilss’engageaientàtravaillerlà-baspendant aumoins trois ans.Exquemelinracontedanssonlivrelavie de ces engagés, la brutalité deceXVIIeoùlaviolenceestordinaire.«Lui et Nau l’Olonnois sont donc en-semble à Saint-Domingue, précisePatrickVilliers. Pour s’enrichir, il leur reste la flibuste, que les Espagnols appelleront piraterie. Alors ils s’em-barquent sur des corsaires flibus-tiers, ces navires marchands autori-sés en temps de guerre à attaquer l’ennemi. »Naul’Olonnoisnedevaitpasêtreledernier.Onraconteàplu-sieursreprisesdansl’ouvraged’Ex-quemelin que les flibustiers «don-nèrent lagêneauxEspagnols»,cequi signifie qu’ils les torturaient…Naul’Olonnoisdevientl’undesplusgrandschefsdesflibustesfrançais,on raconte (n’en déplaise aux Sa-blais)qu’ilétaitunassezpiètrena-vigateur mais qu’il réapparaissaittoujours, parfois même au bout delongsmois,aprèsunnaufrage.
À lafinduXVesiècle,deuxportsdu Bas-Poitou rivalisaient avecles plus importants du royaume, ycompris Nantes, Bordeaux et LaRochelle: Les Sables-d’Olonne etSaint-Gilles.Cederniersetaillaunebelle renommée, notamment grâceàl’undesesmarins:PierreGarcie-Ferrande.Celui-cipubliaeneffeten1483 le «Grant Routtier et pilotage de la mer»,principalouvragederé-férencedel’histoiremodernepourlanavigation.
Néen1430àSaint-Gilles,PierreGarcie, dit Ferrande. devint marin,commesonpère.Commelaplupartdespilotesdel’époque,ilnotaitdansdescarnetslescaractéristiquesdesports et des côtes qu’il fréquentaitlorsdesesnavigation.Cesprécieu-sesindicationssetransmettaientde
marinàmarin.Lepremier,ilrassem-blasesnotesetcellesdenombredesespairsenunouvragequ’ilpublia.L’opus remplaça avantageusementles portulans et cartes maritimesimprécises employées jusqu’alors.Sérieux,précis, clair, il remportaungrandsuccèsetconnut trente-deuxéditions en français et huit en an-glais. Il resta l’ouvragederéférencedesmarins,sansréelleconcurrencejusqu’auXVIIIesièclelorsquefutédi-té«Nos Pilotes ou Instructions nauti-ques modernes».
PierreGarcie-Ferrandemouruten1520àSaint-Gilles. Il estconsidérécomme le premier véritable océa-nographe.François1erlequalifiade«l’un des maistres de navires les plus experimentez qui sont aujourd’hui et le plus cognaissant en navigage».
Le premier océanographe de l’Histoire
Garcie-Ferrande, père de la cartographie marine
Programme jeudi 20 septembre
• de 9h à 12h301) L’héritage médiéval :Jean-Luc Sarrazin, Université deNantes – «La côte bas-poitevineauXIIIesiècle»
Mathias Tranchant,UniversitédeLaRochelle–«LesSablesdeSa-varydeMauléon(1218)àPhilippedeCommynes(1472)»
Robert Favreau,UniversitédePoi-tiers–«Lacôtebas-poitevineàlafinduMoyenÂge»
2) L’âge d’orJean-Claude Hocquet,UniversitédeLille–«L’EuropeduNordetleseldelaBaie(XIIIe-XIXesiècle)»
Hervé Retureau, présidentd’Olona–«LesOlonnaisetTerre-Neuve:unpariaudacieux?(1660-1780)»
Jean-François Henry, historien–«Lesmarinsdel’Îled’Yeu,roisducabotage(XVIIesiècle)»
• de 14h à 18h1) Les audacesJacques Marcadé–«Leprotestan-tismeetlescôtesduBas-Poitou»
Patrick Villiers,UniversitédeBou-logne – «Nau l’Olonnois, terreurdes Espagnols, d’après l’Histoiredes Aventuriers flibustiers d’Ex-quemelin»
2) ReprésentationsMaurice Pougeard, historien –Garcie Ferrande, de Saint-Gilles-sur-Vie,etson«GrandRoutierdelamer»(1483)
Yannis Suire,ConservationduPa-trimoinedePoitiers–«LacôteduBas-Poitou selon Claude Masse(vers1700)»
Fortune du Bas-Poitou
Le sel de la Baie, richesse universellePrésident-fondateur de la Com-mission internationale d’histoire du sel, Jean-Claude Hocquet est intarissable sur le sujet. Outre de nombreux ouvrages, il a écrit plu-sieurs études sur le sel et consa-cré plusieurs heures de cours à transmettre sa passion à ses étu-diants.
Lorsdeson interventionauxSa-bles-d’Olonne,Jean-ClaudeHocquetparleranotammentdecespaysansdelamerquiontcultivédesmilliersdepetitsbassinssalantsentreleXIIIeet le XVIIe siècles, sur les côtes del’Atlantique.Lessalinesétaientéga-lement visitées chaque année pardes centaines de vaisseaux venusde lamerBaltiqueoudeHollande.À la finduXVIesiècle, lesÉcossaisabandonnèrentleraffinageduseldelaBaiepourbouillirdirectementl’eaudemeretfaireunselblanc.Jean-Claude Hocquet, grand spé-cialiste de l’histoire du sel, a écritplusieursouvragessur lesujet.Les
principauxsont:«LeseletlafortunedeVenise»;«Leseletlepouvoir,del’an mil à la Révolution française»;«Hommesetpaysagesdusel,uneaventuremillénaire».
Jeudi 20, vendredi 21 et samedi 22 septembre, le Centre vendéen de recherche historique (CVRH) réunit plusieurs centaines de per-sonnes aux Sables-d’Olonne autour de spécialistes venus de toute la France pour disserter du sujet « Les Vendéens et la Mer, de la grande pêche au Vendée Globe ». C’est la première fois que ce sujet sera abordé sous un aspect historique, mais surtout ils ouvriront de nouvelles perspectives. La première journée du colloque sera consacrée à la période faste du Bas-Poitou, lorsque le sel de la Baie, denrée indispensable à la conservation des aliments, faisait sa richesse. De grands marins ont fait alors la renommée de la région, et les marins de l’Île d’Yeu étaient alors les rois du cabotage…
Entretien avec Jean-François Henry
Les marins de l’île d’Yeu, rois du cabotageJean-François Henry, docteur en histoire, a orienté principalement ses recherches sur le milieu mari-time et en particulier sur l’Île d’Yeu, dont il est originaire. Il a notam-ment publié : « Des marins au siè-cle du Roi-Soleil », « La Dame du grand-mât », « L’Île d’Yeu au large de la guerre de Vendée », « La Fa-goteuse » et de nombreux articles. Son intervention portera sur ces marins, rois du cabotage au XVIIe.
L’Île d’Yeu avait-elle une place stratégique en plein âge d’or, au XVIIe notamment ? AuXVIIesiècleeneffet,l’Îled’Yeuétait sur la routedesnaviresquial-laient de Nantes à Bordeaux, descôtesarmoricainesauxrivagesaqui-tains,ouencoredespaysdel’Europedu Nord aux contrées hispaniquesou méditerranéennes. Son éloigne-mentenmeren faisaitaussi lepre-mier point d’ancrage des vaisseauxquivenaientduNouveauMonde.Est-ce pour cette raison que les
marins de l’île sont devenus des rois du cabotage ? Grâce à cette place de premierchoix, les insulaires ont fait de leurîle le premier port au cabotage descôtesatlantiques.Ilsontsutirerprofitde cette position géographique quia attiré moult vaisseaux. L’Île d’Yeus’estainsiplacéeensecondeplaceen qualité de port d’armement du
commerce bordelais. Derrière Ams-terdammaisdevantRotterdam!
Le temps des incertitudes (XVIIIe - milieu du XIXe)
Entretien avec Bernard Michon
Au XVIIIe, croissance de Nantes, déclin des Sables ?Natif des Sables-d’Olonnes, Ber-nard Michon a soutenu en 2005 une thèse intitulée « l’Aire por-tuaire de Nantes aux XVIIe et XVIIIe siècles ». Attaché au Centre de Re-cherches en Histoire Internationale et Atlantique (CRHIA) de l’Univer-sité de Nantes, il étudie l’influence de la croissance du port de Nantes sur le déclin des Sables-d’Olonne.
À partir de quelle époque, Nantes connaît-elle une croissance im-portante ? Au XVIIIe siècle, Nantes atteint lefaîtedesagloire.Sesrelationscom-mercialesaveclescoloniesdeplan-tationsituéesauxAntilleset la traitenégrière lui assurent une richessejamaiségalée.
Est-ce au détriment des Sables-
d’Olonne ? Dans le même temps queNantes s’enrichit avec soncommerceantillais,signe tan-gibledesondéclin,lavilledesSables-d’Olonne connaît uneimpressionnante baisse depopulationàpartirdesannées1740-1750.Alorsqu’ellecomp-tait autour de 10 000 habitantsvers1700,unpeuplusde5000personnes seulement, y viventencoreen1800.
Quelle corrélation entre cette crois-sance et ce déclin ? Les raisons du déclin des Sa-blessontnombreuses.Maisonpeutd’oresetdéjàconstaterquelamobi-lisationdescapitauxnantaisdansleséchangesaveclesîlesdel’Amériques’est faite au détriment de ceux qui
é t a i e n tjusqu’alors consacrés à la
pêche morutière, spécialité du portdesSables.D’autresfacteursentrentencompte,commeledéclingénéraldelapêchemorutièreauXVIIIesiècle,les difficultés d’accès du port desSables,etsonéloignementdetoutevoie de communication importante,estuaireouautresvoiesdecommu-nicationfluviales...
Entretien avec Michel Vergé-Franceschi
Officiers bas-poitevins des Rois de FranceDocteur en histoire, Michel Vergé-Franceschi a consacré deux thè-ses à l’histoire de la marine. Spé-cialiste reconnu de la marine des XVIIe et XVIIIe siècles, il a dirigé le Dictionnaire d’Histoire maritime. Au cours du colloque, Michel Ver-gé-Franceschi retrace l’histoire de ces « clans » de hobereaux peu fortunés du Bas-Poi-tou qui ont fourni des lignées de marins, de Richelieu à la Révolution.
A quelle épo-que la Vendée a-t-elle donné le plus d’offi-ciers de ma-rine aux ar-mées du roi ? À partir dela fin du XVIIesiècle, le Poitouet la Vendée ontdonné un grandnombre d’officierset notamment des of-ficiers de marine aux ar-méesroyales.Entre lesXVIIeetXVIIIesiècleunsursix,soitenviron130viennentdecescontrées.
Quelles en sont les raisons ? Plusieurs raisons expliquent cetétatdefait.Ettoutd’abord,laproxi-mité géographique de ces régions
de l’Ouest avec l’océan. D’autrepart,danslesannées1665et1666,Colbert, ministre de Louis XIV, faitconstruireparVaubanleportdeRo-chefort, pour renforcer la protectionmaritimeduroyaume.Beaucoupdejeunesaristocratessansfortunetrou-ventalorsl’opportunitédes’engager
dans la Royale. Plus tard,Richelieu, originaire de
larégion,etmadamede Maintenon, fa-
vorite puis épou-sedeLouisXIV,yontétabliunei m p o r t a n t eclientèle.
Quels sont les grands noms des f a m i l l e s d’officier de
Vendée ? O n
trouve la familledes seigneurs
des Herbiers, ilsont fourni une qua-
rantaine d’officiers. Lafamille de la Galissonnière
ouencorelesLaRocheSaint-André.Jusqu’à laRévolution toutesces fa-milles seront un véritable «vivier»d’officiers.Aumomentde laGuerrede Vendée, nombre d’entre eux seretrouventdanslesrangsdel’arméecatholiqueetroyale.
Programme vendredi 21 septembre
• de 9h à 12h301 / ReplisJacques Péret,UniversitédePoitiers–«LeBas-PoitouetlaguerresurmerauXVIIIesiècle»Bernard Michon,UniversitédeNantes–«AuXVIIIe,croissancedeNan-tes,déclindesSables?»Philippe Bossis,UniversitédeNantes–«Itinérairesd’armateursbas-poi-tevins(XVIIe-XVIIIesiècles)»
2 / Révolution et guerre de VendéeMichel Vergé-Franceschi,UniversitédeTours–«Lesofficiersdemarinebas-poitevinsdeLouisXIIIàLouisXVI»Jean Artarit,historienetpsychanalyste–«LacôteetlaRévolution»Thierry Heckmann, Conservateur des Archives départementales de laVendée–«L’AngleterreetlaGuerredeVendée»
• de 14h à 18h3 / Le renouveau du XIXe siècleXavier Dubois,UniversitédeLorient–«Conservesvendéennes,influen-cesbretonnes(XIXesiècle)»Sylvie San Quirce et Michel Perrin,ConservateurdumuséedeGroixethistorien–«LerayonnementdeschantierssablaisenBretagne-Sud»
4 / Gens de merAlain Gérard,UniversitédeParisIV-Sorbonne–«Lesdamnésdelamer»Pierre Rézeau,DirecteurderechercheauCNRS–«Lesmotsdelamer:nomsd’embarcationsetd’animauxmarinsdanslesmanuscritsdeCollinet(1739-1804)»
5 / Chansons de marins vendéensJean-Pierre Bertrand, avec Gilbert Biron et Michel Raballaud
Entretien avec Sylvie San Quirce
Les chantiers sablais, spécialistes du thonier bretonConservatrice à l’écomusée de l’Ile de Groix, Sylvie San Quirce préside la section « La mer et les Hommes » de l’Institut Culturel de Bretagne. En 1992, elle a fondé la revue « Les Cahiers de l’Ile de Groix » avec l’association des Amis du Musée. Dans son intervention, elle parlera des rapports entre les marins de l’île de Groix et les constructeurs des Sables-d’Olonne.
Qu’est-ce qui explique le succès des navires de pêche thonière de l’île de Groix ? Parcequ’ilsontsuinnoveretfaireévoluerleursnavires,lesmarinsetar-mateursdel’îledeGroixontconstituépendantprèsd’unsiècle,laplusim-portanteflottethonièredeFrance.Ausommetdesonapogée,PortTudynecomptaitpasmoinsde300navires.Hommesoufemmes,gensaisésoumodestes, c’est l’esprit d’innovationquiapermisauxarmateursgroizillonsdeconnaîtrecesheuresdegloire.
Quels sont les rapports entre les navires groizillons et les chantiers
des Sables-d’Olonne ?
C’est une longue histoire. Desannées 1850 aux années 1950, lamoitiédesdundéesdel’îledeGroixont été construits sur les chantiersdes Sables-d’Olonne. En effet, unemajorité des armateurs de l’île deGroix avait peu de moyens, or lesnavires construits sur les chantiersdes Sables offraient un excellentrapport qualité/prix et les délais deconstructions étaient courts. Enfin,l’espritnovateurdescharpentierssa-blaisrépondaitàceluidesarmateursgroizillons: des bateaux construitssurmesurepourrépondreauxcom-mandes de clients particulièrementperfectionnistes.
Jusqu’à quelle époque l’île de Groix est-elle restée un important port thonier ? AprèslaSecondeGuerremondia-le,dansundernier sursaut, la flottedeGroixsemaintient.Maistrèsvite,Port Tudy est dépassé parlesportsducontinent,en particulierceluide
Keranon, justeen face.Àpartirdesannéescinquante, ledéclinest irré-versible. Groix perd son rang. Plu-sieurs causes l’expliquent. D’unepart,enraisondequerellesintestinesentre les familles de Groix, les ca-pacitésd’accueildePortTudyn’ontjamaisétédéveloppéesaumomentdesonapogée.Or c’était indispen-sable : au-delà de 300, les naviresnetrouvaientpasd’endroitoùs’abri-ter.D’autrepart, laflottemit tropdetempsàsemotoriseret l’installationde chambres à glace électriquestarda trop. Enfin, les épouses despêcheurs se lassèrent dumanque de confort del’île. Ainsi, peu à peu,Groix se vida d’unegrandepartiedesesmarins.
Vendredi 21 septembre
Le vendredi 21 septembre, deuxième journée du colloque, les XVIIIe et XIXe siècles seront évoqués. Deux siècles d’incertitudes pendant les-quels la mer est en Vendée synonyme de succès mais aussi d’échec et de déclin. De nouvelles orientations doivent être prises par les gens de mer pour répondre à de nouveaux défis. La première partie de la journée sera consacrée au « repli ». Jacques Péret, Bernard Michon et Philippe Bossis se succéderont. La seconde partie sera consacrée à « la Révolution et la Guerre de Vendée » avec Michel Vergé-Franceschi, Jean Artarit et Thierry Heckmann. Puis Xavier Dubois, Sylvie San Quirce et Michel Perrin évoqueront « le renouveau du XIXe siècle ». Enfin, la journée se terminera sur le thème des « Gens de mer » avec Alain Gérard, Pierre Rézeau et des « Chansons de marins vendéens » présentées par Jean-Pierre Bertrand.
Le temps des incertitudes (XVIIIe - milieu du XIXe)
LeJournaldelaVendéeNumérospécial-Septembre2007Vendredi 21 septembre
Samedi 22 septembreSamedi 22 septembre
Avec l’arrivée du tourisme de masse dans les années 50, le rapport des Vendéens avec l’Atlantique a beaucoup évolué. Les interven-tions du samedi 22 septembre s’articuleront autour des nouveaux enjeux du monde moderne face à l’océan. Si la pêche est malmenée, d’autres secteurs, l’industrie nautique et le tourisme, notamment sont florissants. L’impressionnante réussite des Chantiers Bénéteau sera expliquée par Annette Roux, présidente de la société, avant que le skipper Loïck Peyron n’évoque le Vendée Globe et l’engoue-ment qu’il suscite.
Vers un nouvel eldorado ?
Entretien avec Bernard Groisard
L’Île d’Yeu : île pêchante, île vivante
Essentielle pour l’Île d’Yeu, la pêche au thon a connu d’importantes muta-tions auxquelles les pêcheurs îliens ont pris une part active. La recherche de la compétitivité et le respect de la ressource fut et restera leur souci constant. Embarqué comme mousse à 13 ans en 1956, Bernard Groisard a gravi tous les échelons : novice, puis matelot, second, patron et enfin armateur. Il a publié « Cinquante an-nées de pêche au thon » en 2006.
Bernard Groisard, que reste-t-il après 50 ans de pêche au thon ? Ilrestel’appeldularge,dessensa-
tionsmagnifiques.QuandvousvoyezlesoleilseleverauAçores,cen’estpaslemêmequecheznous!Jecomprendslesplaisanciersquipréfèrentnavigueraularge.Là-bas,onestseul, loindestracas,desmesquineriesduquotidien.J’aicegoûtdulargejusquedansmapeau!
On est seul face à soi-même ? Seulfaceàplusieursdéfis.Unbonmarin, c’est celui qui revient au portavectousseshommesd’équipage,etavecdequoilesnourrir.
L’Île d’Yeu est forcément liée à la pê-che ? L’îleet lapêchevontdepair.Maisaujourd’hui, lasituationduportaévo-lué: ilya lesbateauxdepêche,biensûr,maisde laplaceaété faitepourle commerce avec le continent, l’ac-cueil des touristes et la plaisance.Aujourd’hui, le port de l’Île d’Yeu estundesraresàpouvoirsetarguerd’unbudgetexcédentaire.
En 50 ans, vous avez dû voir évoluer votre métier… Ohoui, ils’enestpassé,descho-ses! Aujourd’hui, je navigue sur mon
sixièmebateau:j’aigrandietj’aiévoluéaveclapêcheauthon.Biensûr,lapé-riodedifficilequenous traversonsmerendtriste.C’estunedesplusdifficilesquenousayonsconnu,maisjenedé-sespèrepasdel’avenir.
Pourquoi cet optimisme ? J’aivécudanscemétierdumatinausoir.Jeleconnais,jel’aime.Cettevie,ellevalaitlapeined’êtrevécue,etellelavaudrapourd’autres.Ceserapeut-êtredifférent,mais,enVendée,lamerjoueratoujoursunrôleimpor-tant,surtoutàl’Îled’Yeu.Voilàcequejevoudraistransmettre:unepassioncommune à plusieurs générations ,etl’espoirdelendemainsquis’amé-liorent.
Entretien avec Jean Rousseau
Défis aux pouvoirs publicsJean Rousseau a été professeur d’histoire puis proviseur de lycée. Il a notamment écrit « Des enfants juifs en Vendée. Chavagnes 1942-1944 », et a publié deux ouvrages sur la Guerre de 14-18. Mais c’est d’abord son expérience d’ancien maire de Saint-Gilles-Croix-de-Vie qui lui est utile pour présenter les épineux problèmes que le tourisme pose aux responsables publics.
Comment a évolué la côte ven-déenne ces dernières années ? Lacôtevendéenneaconnu,pen-dantlesTrenteGlorieuses,unevérita-bleexplosiontouristique,provoquantuneurbanisationmassiveetl’installa-tiond’unnouvellepopulationlittorale.
Dans le même temps, des activitéstraditionnelles comme la pêche en-traient dans une période de turbu-lences et amorçaient un déclin, etce pendant que la construction desbateaux de plaisance connaissait leformidable développement que l’onsait.
Quel défi cela pose-t-il ? Le défi des pouvoirs publics detous niveaux est aujourd’hui d’assu-meretdegérercethéritage:assurerla cohésion d’une population nom-breuse mais vieillissante, favoriserl’équilibre des activités, affronter lesconséquences de l’envol du prix dufoncier pour les jeunes générationsactives, le toutdansuncontextederenversement de certaines donnéesdelagéographiephysique,tellequel’élévationduniveaudelamer.
Entretien avec Guy Labouérie
Désir de mer...Guy Labouérie est Vice-Amiral d’Escadre (2s). Maître de confé-rences à l’ENA, il a enseigné puis commandé l’École Supérieure de Guerre Navale, et dirigé l’ensei-gnement supérieur de la Marine. Il a publié divers ouvrages de réflexion sur la guerre maritime. Volontiers poète et romancier, il s’est aussi intéressé à des ques-tions spirituelles. En 1992, il a été élu à l’Académie de Marine.
Vous évoquez un désir de mer… Aujourd’hui,forceestdeconsta-ter un mouvement global des po-pulationsvers les rivages.Au-delàdes multiples raisons matériellesqui expliquent ce phénomène, unsentiment demeure: c’est là quese joue une partie de l’avenir, surce que l’on peut appeler la Terre-Océan. Aussi, quelles que soientles richesses et les caractéristi-ques de ce dernier, il est intéres-santderevenirsurl’interfaceTerre- Mer et plus encore sur la façond’aborder les questions crucialesde formation et de managementdans lemonde hétérogènedésor-maisfermé,oùlamerabeaucoupàapporter.
Quelle certitude ? Penser la mer est impératif àcondition de la penser globale-ment.Ledésirestunechose,maissansvolontéd’agiron restepoèteouidéologue…Cefuttropsouventl’attitudedenotrepays.
LeJournaldelaVendéeNumérospécial-Septembre2007
Programme samedi 22 septembre
• de 9h à 12h30Le réel et l’imaginaireGuy Labouérie, vice-amiral d’es-cadre–«Désirdemer»Alain Miossec,recteurdel’acadé-miedelaGuadeloupe–«LaVen-déeetlaluttecontrelesflots»
La mer toujours nourricièreBernard Groisard,armateuràl’Îled’Yeu–«L’Îled’Yeu:îlepêchante,îlevivante»Jean-Yves Perrot, président di-recteurgénérald’IFREMER–«Pê-cheetdéveloppementdurable»
Table rondeJean Garnier, Joël Pénisson, Éric Taraud et Thierry Thoma-zeau–«Lafindelapêche?»
• de 14h à 18hLe choc du tourisme de massePierre Legal, doyen de l’Univer-sitédeNantes–«L’urbanisation,deMerlin-plageàlaloilittoral»Jean Renard,professeurà l’Uni-versitédeNantes–«L’impactdutourisme sur les évolutions despopulations du littoral vendéen(1954-2007)»
Demain…Jean Rousseau,ancienmairedeSaint-Gilles-Croix-de-Vie – «Lesdéfislancésauxpouvoirspublics»Jacques Hussenet, urbaniste –«La côte vendéenne dans 20ans:essaideprospective»
Les voiles du rêveAnnette Roux, présidente desChantiersBénéteau–«Être,voir,croire»Loïck Peyron,skipper–«LeVen-déeGlobe»
Adopté à 6 ans par deux oncles cé-libataires navigants au long cours,BenjaminBénéteaus’installeàCroix-de-Vievers1884.Visionnaire,ilyestlepremieràmotoriser lesbateauxqu’ilconstruit,etseretrouvel’objetdenombreusesattaques.Son fils André poursuit l’activitédeBenjamindanslesecteurdela pêche professionnelle. Sonpetit-fils André est le premierdeVendéeàoser lepolyes-terpourlaconstructiond’unnouveau type de bateaux,les«pêche-promenade».
Avec sa sœur Annette, ils oriententl’activitédeschantierssurlaplaisance.«Impliquéepardevoir»,AnnetteRouxsedonnepourobjectif,dès1964,dedevenir leadermondialvingtansplustard.Elleseproposedepartagersesdoutesetsesconvictionsquantàl’espritd’uneentreprise trèsmondialisée, fortementattachéeàsesracinesvendéennes.En prenant les rênes de Bénéteau,AnnetteRouxaeuconscienced’être«presqueentréeenreligion».Dèslors,sa vie se confond, ou presque, avecl’entreprise.
Annette Roux, à la tête d’une saga
Bénéteau : être, voir, croire
Vers un nouvel eldorado ?
©-B
enoî
tStic
helb
aut-
Jac
ques
Vap
illon
/Poo
lDP
PI-
Hen
riS
imon
-D
iaou
est-
Col
lect
ion
Mus
éed
el’A
bbay
ede
Sai
nte-
Cro
ix
Le colloque « Les Vendéens et la Mer »sedérouleauxAtlantesauxSables-d’Olonnedu20au22septembre
Accessibleàtous/5eparjour
Renseignementsetinscriptions(pasd’inscriptionsurplace):Centre Vendéen de Recherches Historiques
Téléphone:0251477449www.histoire-vendee.com