Les différents styles de...

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1 Les différents styles de bonsaï. Les styles de bonsaï sont assez différents selon qu’ils proviennent de Chine ou du Japon, même si beaucoup de bonsaïs importés de Chine sont traités selon les « normes » japonaises. Les styles et les différents courants. Il existe plusieurs courants dans le bonsaï : - la recherche de formes naturelles que l’on applique surtout sur les feuillus pour tenter d’exprimer un sentiment, une sensation naturelle. - la recherche de formes plus codifiées qui tendent à appliquer des formes et des équilibres répertoriés, un art qui répond à la culture japonaise, à une maîtrise par la répétition. - une recherche plus contemporaine qui casse les rythmes, met en valeur les forces plus agressives de la nature en montrant le bois mort, les espaces vides plus poussés, un sens artistique plus personnel. Kimura en est le parfait exemple (cf. Photos de Kimura et France Bonsaï n° 48, page 26). Il revendique de considérer ses arbres comme des oeuvre d’art et met en avant la notion de créativité et non plus faire du bonsaï selon la tradition. - une recherche pour sortir le bonsaï du bonsaï, de le confronter à l’art et toutes les variations de l’art, couleur, sculpture, opposition, objet métallique...une recherche avec des réussites mais aussi des maladresses ! (cf. photos de Farrand Bloch).

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Les différents styles de bonsaï.

Les styles de bonsaï sont assez différents selon qu’ils proviennent de Chine ou du Japon, même si beaucoup de bonsaïs importés de Chine sont traités selon les « normes » japonaises. Les styles et les différents courants. Il existe plusieurs courants dans le bonsaï : - la recherche de formes naturelles que l’on applique surtout sur les feuillus pour tenter d’exprimer un sentiment, une sensation naturelle. - la recherche de formes plus codifiées qui tendent à appliquer des formes et des équilibres répertoriés, un art qui répond à la culture japonaise, à une maîtrise par la répétition. - une recherche plus contemporaine qui casse les rythmes, met en valeur les forces plus agressives de la nature en montrant le bois mort, les espaces vides plus poussés, un sens artistique plus personnel. Kimura en est le parfait exemple (cf. Photos de Kimura et France Bonsaï n° 48, page 26). Il revendique de considérer ses arbres comme des œuvre d’art et met en avant la notion de créativité et non plus faire du bonsaï selon la tradition. - une recherche pour sortir le bonsaï du bonsaï, de le confronter à l’art et toutes les variations de l’art, couleur, sculpture, opposition, objet métallique...une recherche avec des réussites mais aussi des maladresses ! (cf. photos de Farrand Bloch).

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Les différentes catégories. Pour les expositions les arbres sont classés suivant différentes catégories. C’est le propriétaire de l’arbre qui définit la catégorie dans laquelle l’arbre sera classé. - Les conifères. - Les feuillus. Cette catégorie englobe les arbres à feuilles caduques et les arbres à feuilles persistantes. - Les arbres à fleurs ou à fruits. - Les compositions. Plantations de groupes. Forêts. Implantations sur rocher. Paysages naturels miniatures. - Les moins de 23 cm en hauteur ou en largeur.

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Les différents classements : Les bonsaïs sont classés de différentes manières. - Par hauteur. - Par nombre d’arbres. - Par nombre de troncs. - Par styles. Classification par hauteur : Shito jusqu’à 7,5 cm. Mame de 7,5 à 15 cm (1 main). Kotate Mochi de 15 à 30 cm (2 mains). Chiu Bonsaï de 30 à 60 cm. Dai Bonsaï de 60 cm à 1 m et plus (4mains). Le Mame : cette taille très réduite est une contrainte qui limite le nombre de variétés susceptibles d’être travaillées (orme de Chine ; buis ; pins ; acer palmatum...). ═> ces 2 premières catégories appartiennent à la catégorie des bonsaïs miniatures

où « Shohin ». Classification par nombre d’arbres dans le pot: (Style forêt). Soju 2 arbres. Sambon Yose 3 arbres. Gohon Yose 5 arbres. Nanahon Yose 7 arbres. Kyukton yose 9 arbres. Yose-Ue plus de 9 arbres. Classification par nombre de tronc : (Styles à troncs multiples). Tankan 1 tronc. Sokan 2 troncs. Sankan 3 troncs. Gokan 5 troncs. Nanakan 7 troncs. Kyukan 9 troncs et plus.

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Classification par style : Il existe une seconde classification selon l’inclinaison du tronc par rapport à l’axe verticale. - le Chokkan : style droit formel soit un tronc parfaitement droit (0° d’inclinaison). - le Moyogi (où Tachiki) : un tronc droit informel qui présente quelques courbes (0 à 10° d’inclinaison). - le Shakan : un tronc penché (10 à 45° d’inclinaison). - le Han-Kengai : tronc en semi cascade (45 à 90° inclinaison). - le Kengai : un tronc en cascade retombant en dessous du pot (plus de 90° inclinaison).

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D’autres styles se définissent en fonction de : - la répartition du feuillage : � Le style balai. � Le style battu par les vents. - des racines : � Le style Neagari (ou racines aériennes) : racines exposées au-dessus du niveau de la terre. � Le style Sekijojû : racines enserrant la roche. Les styles principaux: Il existe donc une classification de styles fondamentale que tous créateurs de bonsaï doit connaître. Ces codifications ont été établies par les Japonais et elles permettent d’identifier le style de l’arbre sur une exposition quelle que soit la langue du pays organisateur (=langage universel). En dehors du monde des expositions, ce qui est important c’est de bien comprendre pourquoi ces classifications existent. En effet ces différents styles sont le reflet des arbres que nous pouvons observer dans la nature. Chaque style évoque le vécu de l’arbre et son habitat d’origine : neige ; vents dominants ; sol aride ; plaine ; montagne ; surplomb rocheux...

═> Les styles font référence aux formes des arbres dans la nature.

Styles et pots : Le choix du pot dépend du style de l’arbre (cf. exposé sur le choix du pot).

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- Style Chokkan ou tronc parfaitement droit :

Un arbre solitaire qui s’épanouit sur un terrain sans accident et fertile. Il bénéficie des rayons solaires pendant toute la journée. C’est le style le mieux adapté aux conifères (pins ; cèdre ; cyprès ; cryptomerias ; épicéas ; mélèzes...mais aussi à certains feuillus comme l’orme ; l’érable trident et le zelcova. Le tronc de l’arbre doit être parfaitement vertical. Tout mouvement est proscrit. Il doit s’amincir régulièrement du collet vers la cime avec une ramification symétrique et alternée. La première branche charpentière doit se situer environ au tiers de la hauteur du tronc. L’arbre doit donner un effet de pyramide. Les pots utilisés sont généralement rectangulaires, ovales ou ronds.

- Style Hokidachi ou forme en balai :

Hokidachi est une forme dérivée du Chokkan.

Sa régularité et sa symétrie évoque un paysage verdoyant sous un ciel clément. Très courant dans la nature, ce style est particulièrement adapté pour les caduques : les ormes, zelcovas, érables, micocouliers...avec une ramification dense et fine. Le tronc est donc droit et vertical mais ne se termine pas à la cime de l’arbre. Toutes les branches partent d’un seul endroit dans le haut du tronc. Elles rayonnent dans toutes les directions à une hauteur égale à 3 fois le diamètre du tronc. Le rayonnement des branches est rappelé par un enracinement étoilé. Les branches et les feuilles forment une couronne hémisphérique (vision magnifique l’hiver). L’arbre doit être légèrement décentré de son pot. Les pots utilisés sont généralement aplatis, ovales à légèrement sphériques.

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- Style Shakan ou tronc incliné :

Cette forme possède en général une branche longue et lourde démarrant du haut de l’arbre ce qui illustre son caractère penché. Les forces de la nature comme le vent et la neige créent des styles obliques. C’est un arbre qui peut être vu sur les côtes de la mer ou les pentes de montagne. Cette forme se distingue de la forme chokkan, dont elle est tirée, car la cime de l’arbre est décalée par rapport aux racines. Le tronc peut avoir une forme droite ou comporter des mouvements. Les branches sont asymétriques et plus développées d’un côté. Les pots utilisés sont rectangles ou ovales.

- Style Moyogi ou droit informel:

Ce style représente l’arbre de la plaine, l’arbre au bas de la colline. Solitaire, il a lutté contre les forces de la nature depuis de nombreuses années. Ce style convient à la plupart des espèces mais on évitera de l’appliquer à celles dont le port est typiquement droit. Le tronc sort de terre avec un angle prononcé puis est sinueux jusqu’au sommet. Les courbes doivent se rétrécir en allant vers la cime et ne doivent pas être égales. Les branches doivent être placées à l’extérieur des courbes. La cime inclinée vers l’avant, est dans le même axe que la base du tronc. Les pots utilisés sont généralement rectangulaires, ovales ou arrondis.

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- Style Han-kengai ou semi-cascade :

Ce style représente un arbre qui possède une branche maîtresse très importante descendant en dessous du niveau de la base du tronc, mais jamais en dessous de la base du pot. Cette branche maîtresse tombe comme une cascade. L’arbre possède donc 2 cimes, une haute et une basse. C’est une variété de style penché plus accentué. Ce style se retrouve dans la nature sur les falaises, sur les bords des rivières et des lacs. Souvent le départ est classique, l’arbre pousse d’abord verticalement voire normalement puis sous l’effet de son propre poids il s’affaisse, se tord, se déracine en partie. Les pots utilisés sont carrés, ronds, arrondis ou conques.

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- Style Kengai ou cascade :

Dai Kengai.

Dans la nature, c’est l’arbre qui pousse accroché à la roche, luttant pour sa survie dans les pentes de montagne ou sur une falaise surplombant la mer. Un arbre vivant sur une falaise verticale peut se pencher vers le bas à cause du poids de la neige ou des chutes de pierres. En bonsaï, il peut être difficile de maintenir un arbre qui pousse vers le bas car l’orientation de la pousse est opposée à sa tendance naturelle de pousser vers le haut. Par ce style, les conifères évoquent leurs conditions de vie « escarpée » mais les feuillus ont aussi leur place. Ceux à fleurs sont vivement conseillés avec leurs floraisons évoquant la corne d’abondance. Cette forme ne peut posséder des branches que d’un seul côté à cause de la paroi de la falaise. L’arbre devrait se développer vers le haut sur une petite distance, puis après une rupture marquée, se diriger vers le bas. La couronne de l’arbre pousse normalement au dessus du rebord du pot mais les branches inférieures alternent à droite et à gauche le long d’un tronc courbé en S. Cette ramure devrait pousser horizontalement pour maintenir l’équilibre de l’arbre. Le nébari sera étalé, très « cramponné » à la terre avec des racines tirantes dans le sens inverse de la cascade. Le style kengai peut-être classé en 5 formes : 1- Dai Kengaï : cascade extrême ou presque verticale. C’est la cascade avec pente maximale.

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Gaito Kengai.

Ito Kengai.

Taki Kengai.

2 - Gaito Kengaï : cascade sur falaise ou en dôme. Formation de cette cascade sur la dernière moitié du tronc principal en voûte compacte. 3 -Ito Kengaï : troncs et branches tombant en cascade, en faisceau de cordes. Formation de la cascade à l’aide de multiples branches de longueurs différentes qui descendent ensembles vers la même direction et donnent l’apparence de faire partie d’une même branche. 4 - Taki Kengaï : cascade en chute d’eau. Cascade formée sur une branche unique. 5 - Ta Kan Kengaï : cascade par 2 troncs qui s’écartent de plusieurs branches de différentes longueurs.

Les pots utilisés seront carrés, ronds, arrondis ou conques. Il s’agit de pots souvent plus profonds qu’à la normale et plus étroits. La présentation de la cascade nécessitera un tabouret ou une tablette. Veiller à ce que le tronc ne touche pas la coupe.

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- Style Bunjin /Bunjingi /Literati ou style abstrait et libre du lettré :

Ce style a été inventé par les écrivains de la Chine antique. Véritable calligraphie vivante, il est souvent représenté par de grands pins. Le style bunjin exprime un style libre qui semble défier les principes de l’art du bonsaï. Dans la nature, les arbres de style lettré poussent dans des lieux ou la lumière fait défaut ce qui explique l’absence de branches basses; dans des endroits densément peuplés par d’autres arbres où la concurrence est telle que l’arbre ne peut survivre qu’en grandissant plus que les autres. Le tronc pousse donc de travers vers le haut. Ce style représente aussi le summum en matière de vieillesse chez le pin. En effet, ces derniers se dégarnissent progressivement à la base et ne peuvent plus croître au-delà d’une certaine hauteur (=limite physiologique). Les conifères sont les plus représentés. Le Bunjin est une forme légère et fragile. L’arbre très élancé et très fin a un tronc irrégulier et exempt de branches pratiquement jusqu’à la cime. Le tronc forme donc des angles tout en restant vertical. Sa ligne de tronc élancée est particulièrement expressive avec une faible conicité voire même absente. Les rameaux grêles sont toujours localisés près du sommet. Le tronc ne comporte pas de branches au 2/3 de sa hauteur. Le feuillage est réduit au maximum, n’apparaissant que par deux ou trois touffes sur le sommet de l’arbre. Possibilité de créer des « Jin » ou « Shari », l’idée étant de dramatiser le fait que l’arbre doit se battre pour survivre, qu’il paraisse encore plus agressé. Les pots utilisés sont souvent de petits pots ronds, ou ronds évasés vers le haut.

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- Style Bankan ou tronc massif, torsadé, enroulé :

Dans ce style, l’arbre est un mastodonte. Elle peut être une forme très imposante. Il a un tronc à la fois épais, lourd et accidenté résultant d’innombrables remplacements du tronc par des branches. Le tronc principal est caractérisé par sa forme exagérée en « S » ou de forme plus libre avec un tronc qui s’enroule sur-lui-même formant plusieurs torsions. A noter que le Shari ou le Jin ne sont pas obligatoires pour cette forme. La plupart des bonsaïs d’importation produits en masse sont cultivés en « S ». Jadis répandue en Chine, cette forme a désormais pratiquement disparue car jugée trop artificielle. Ce style convient aux conifères et feuillus.

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- Style Sabamiki ou tronc creusé, fendu, évidé :

Il s’agit d’un vieillissement du tronc par écorcement et creusement ce qui permet de donner artificiellement un aspect âgé. Ce style s’inspire des arbres ayant été frappés par la foudre ou ravagés, creusés par les intempéries. Mais il peut également évoquer un abri, un refuge.

Les arbres creux sont fréquents dans la nature. Ce sont souvent des feuillus au bois putrescible même si les conifères ne sont pas en reste. Pour ces derniers, il faudra prendre des précautions car leur capacité de régénération ne leur permet pas de résister bien longtemps aux attaques diverses et sont rapidement mis en péril. N’importe quel sujet massif au tronc relativement large, peut être creusé ce qui exclut les arbres fins exprimant la légèreté comme le style lettré... Ce style permet de transformer des souches en bonsaï, la conicité étant taillée dans la masse ; de la matière peut-être enlevée pour améliorer sa ligne de tronc; c’est aussi idéal pour masquer un point de greffe provoquant généralement un élargissement local du tronc.

- Style Sharimiki ou bonsaï écorcé :

Style au tronc partiellement écorcé (Shari + Jin) évoquant un vieil arbre ayant subi d’importantes catastrophes naturelles (foudre ; tremblement de terre ; vents violents ; sécheresse...). Ne pas confondre avec le style Sabamiki où le tronc est creusé. Avec le temps, certains arbres vont développer des parties sèches ou écorcées sur leur tronc, résultats de conditions météorologiques difficiles et deviennent alors de véritables sculptures. Il ne reste parfois, sur certains sujets qu’une mince bande d’écorce vivante pour alimenter tout l’arbre. En général, les parties sèches commencent là ou les racines émergent du sol et s’amincissent au fur et à mesure que l’on remonte sur le tronc. Le bois sous l’action constante des vents/sable, d’un ensoleillement intense, blanchi et devient très lisse comme poli. Style adapté aux vieux sujets ou plants de pépinières ayant des troncs conséquents.

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- Style Nejikan ou style du dragon, ou tronc en spirale, vrillé, enroulé :

Il s’agit d’une forme qui est parfois appelée en Chine style du dragon. Proche du style Sharimiki, l’arbre nous montre un tronc pratiquement dénudé (Shari), ne laissant qu’une simple bande d’écorce vivante. Cependant, pour ce dernier cas, le tronc se vrille et se tord. La torsion du tronc est parfois due au vent qui peut tordre un arbre au point d’en décoller les cernes. L’arbre est dit « roulé ». Le sujet, s’il survit, présente une déformation du tronc caractéristique : tronc noueux, en spirale, enroulé, vrillé. Dans la nature, des tensions peuvent aussi aboutir à ce genre de déformation qui affichera l’âge avancé de certaines espèces. L’amandier et le grenadier en font partie en présentant souvent un tronc et des racines vrillées. De nombreux arbres tropicaux conviennent parfaitement à l’aspect vrillé de ce style.

Les pots sont généralement rond, ovale, carré ou rectangulaire.

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- Style Fukinagashi ou battu par les vents :

Style formé par les vents. Dans la nature c’est l’arbre qui pousse dans un environnement venteux comme le bord de la mer, le désert ou crête de la montagne.

Le tronc et les branches sont plus ou moins orientés dans la direction du vent selon qu’on veut évoquer un arbre subissant un vent léger, fort ou tempétueux. Des formes moins spectaculaires peuvent être représentées avec des arbres au tronc vertical et ayant des branches simplement fouettées par le vent. Réaliser un bonsaï battu par les vents ne présentant pas de cicatrices sur le côté exposé au vent est assez difficile. C’est le seul cas où des branches, suivant la direction du vent sont autorisées à croiser le tronc. Ce style est adapté à toutes les formes mais pas à toutes les essences comme les tropicaux. Les bois morts et les écorçages les plus proéminents sont toujours situés au vent (facultatifs chez les feuillus). Eviter de bosseler le sol juste du côté vent car produit un effet de déchaussement. Les pots utilisés sont généralement rectangulaires, ovales ou conques.

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- Style Neagari ou racines remontantes visibles ou aériennes :

Les racines apparentes prolongent le tronc et semble ainsi suspendues dans les airs. Ce style représente un arbre qui a subi des conditions de vie difficiles vivant en bordure de rivière, dans un éboulis, à flanc de montagne. Avec l’érosion naturelle du sol, les pluies, crues, le sol s’est raviné, découvrant ainsi les racines de l’arbre. Ces dernières se solidifient peu à peu, allant toujours plus bas dans le sol pour y retrouver ombre, fraîcheur et éléments nutritifs. Comme dans son environnement naturel, nous trouverons principalement des espèces de bord de rivière ou de flanc de montagne. Cependant la majorité des essences peuvent se travailler en Neagari. Veiller seulement à ce que cela paraisse naturel. Les arbres tropicaux sont aussi très bien représentés. Le système racinaire participe à la hauteur de l’arbre dans des proportions plus ou moins grandes : le premier tiers de la hauteur est le minimum; les 2/3 de la hauteur (bonsaï « échassier » typique des arbres de la mangrove, le niveau de l’eau expliquant cette hauteur racinaire) voir la totalité de la hauteur (espèces tropicales tels que les ficus...). Les racines monteront depuis le sol en prenant des formes arrondies avec des ruptures. Elles seront serrées, bloquées les unes contre les autres mais pourront cependant s’ouvrir. Son tronc sera plutôt court, du fait de sa lutte contre les éléments et sa ramification courte et fine. Le style Neagari se mélange bien avec d’autres styles. L’association Neagari/Kengai est très esthétique. Le style Neagari doit rester fin et léger. Il est très graphique et rappelle la peinture Sumi-e. Les pots utilisés sont généralement rond, ovale, rectangulaire.

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- Style Seki jôju/ Ishigami ou racines qui enserrent la roche :

L’arbre pousse sur la roche, ses racines rampent jusqu’à l’enserrer et y adhérer totalement. Dans ce style, l’aspect des racines sur la roche est aussi important que l’arbre lui-même. Dans la nature, c’est la petite graine qui s’est développée sur un sol rocailleux, dans une crevasse en haute montagne ou d’une falaise. L’arbre a besoin que ses racines pénètrent dans les crevasses pour s’ancrer (parois verticales...). Les racines sont également à la recherche d’éléments nutritifs accumulés dans les fissures au fil du temps. Les racines des arbres ne se développent que dans la terre, la terre s’en va, les racines la poursuivent. Dans cette forme, elles ne sont donc pas enterrées jusqu’à ce quelles atteignent le sol et doivent se protéger elles-mêmes contre le soleil grâce à la formation d’une fine couche d’écorce particulière, semblable à la couleur du tronc. Ce style se décline en de nombreuses variantes : - de part le choix du style de l’arbre : la forme droite et en balai sont déconseillées car rendent l’ensemble peu naturel. - de part le choix de la roche et son évocation : La roche peut évoquer une colline ; une falaise une montagne ; une île... L’emplacement de l’arbre sur la roche (au sommet ; sur le côté ; à sa base...). La roche devient tronc. Plusieurs arbres sur une ou plusieurs roches. En respectant la logique de la nature. Le style de l’arbre et la forme du rocher doivent se trouver en harmonie tout en restant naturel. Les érables de Bürger ; l’orme de Chine ; les pins et les genévriers sont recommandés pour ce style. Les pots utilisés sont généralement rond, ovale ou rectangulaire.

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- Style Ishitsuki ou arbre planté dans la roche :

Ici l’arbre est planté directement dans une anfractuosité de la roche. Elle a la même fonction qu’un pot. Dans la nature, c’est l’arbre dont les racines poussent dans les fissures et les trous d’un rocher. Ce qui signifie qu’elles n’ont que peu de place pour se développer et absorber les rares nutriments. Ce genre d’arbre ne paraîtra jamais en bonne santé, c’est pourquoi il faut montrer un arbre qui se bat pour survivre. La forme et l’aspect de la roche revêtent une importance capitale : rechercher une roche présentant les caractéristiques d’une montagne ou d’une falaise. Dans la forme Ishitsuki, la végétation se développe de façon verticale comme la prise de vue lointaine d’une falaise (et non une disposition horizontale classique telle une forêt sur un plateau). Le style Ishitsuki se combine très bien avec le style Kengai, Han-kengai, Seki jôju. La roche est souvent placée sur un plateau, poterie peu profonde, sans trous qui est parfois rempli d’eau ou de graviers fins.

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- Style Sokan ou double tronc:

Le style double tronc est courant dans la nature mais n’est pas si fréquent dans l’art du bonsaï. C’est le seul nombre pair que l’on utilise dans le bonsaï. Cette forme rassemble un gros tronc et un petit tronc soudé à la base. Si les troncs sont séparés, cela devient une forme « Sôju » ou la mère et l’enfant. Normalement les deux troncs partagent un seul système racinaire mais il est aussi possible que le plus petit des deux arbres pousse sur le plus gros tronc juste au-dessus du collet. Les deux troncs sont différents tant en épaisseur qu’en hauteur. Le plus épais et le plus développé croît assez verticalement alors que le plus petit suit son mouvement. La 1ère branche située sur le plus petit arbre. Au sommet, les deux troncs forment une seule couronne de feuilles. Toutefois dans ce style, il arrive que la différence entre le gros arbre et le petit arbre soit insignifiante sans que cela choque si l’œil enveloppe la création comme un tout. Convient pour toutes les espèces. Les pots utilisés sont généralement ovales ou rectangulaires.

- Style Soju ou la mère et l’enfant ou troncs jumeaux :

Style simple et très élégant visuellement, il est une variante de la forme double tronc. Ce sont deux arbres poussant en parallèle avec des troncs séparés à leur base (non soudés). Le sommet de l’arbre fils ne doit pas toucher le tronc de l’arbre mère. Les pots sont généralement ovales, rectangulaires, peu profonds.

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- Style kabudashi ou troncs multiples issus d’une même souche:

Dans la nature, c’est l’arbre qui meurt ou tombe mais des rejets vont pousser à partir de la souche pour former à nouveau des troncs. Ce style est pratiquement identique au style à double tronc mais avec 3 troncs ou plus : - Sankan = 3 troncs ou triple troncs; - Gokan = 5 troncs ; - Nanakan = 7 troncs ; - Kyukan = 9 troncs ; - Kabudashi = troncs multiples. Les différents troncs poussent donc sur une et même souche (pain de racines unique), il s’agit bel et bien d’un seul et même arbre. Ce style peut être réalisé à partir de plusieurs arbres distincts s’ils sont arrivés à se souder parfaitement pour ne plus faire qu’une base racinaire. Les troncs forment ensemble le branchage et le feuillage dans lequel le tronc le plus gros et le plus développé vient former le sommet de l’arbre. La disposition des troncs est souvent en éventail. Le style Kabudashi se décompose en 3 sous catégories : Attention à ne pas faire l’amalgame entre les styles radeau et dos de tortue car tous deux sont révélateurs d’une évolution différente même si visuellement ces 2 styles sont assez proches ! - Style korabuki ou forme en dos de tortue : troncs multiples à partir d’une même souche mais évoquant la forme d’un dos de tortue. Cette forme est l’expression d’un groupe d’arbres qui, poussant très proche les uns des autres, voient leur système racinaire se souder. Le collet disproportionné qui en résulte évoque alors une petite colline où dos de tortue. - Style Ikadabuki ou forme radeau : exprime un arbre couché par un accident de la vie, ses branches deviennent alors troncs. - Style Netsuranari : les troncs sont issus d’une même grosse racine sinueuse enroulée sur elle-même. Convient pour toutes les espèces. Les pots sont généralement rectangulaires ou ovales.

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- Style Yose-Ue ou forêt :

Ce style résulte de la plantation de plusieurs sujets d’une même espèce ou variété, souvent d’âges et donc de tailles différentes. L’organisation des arbres tend à évoquer un simple bosquet ou une véritable forêt. Le style forêt ressemble beaucoup au style Troncs multiples sauf qu’il est constitué de plusieurs arbres distincts qui n’ont donc pas de racines communes. Ce style nécessite toujours un nombre impair de troncs (sauf le cas des 2 troncs ou Soju). Une forêt à 3 arbres s’appelle Sambon Yose ; à 7 arbres Nanathon Yose ; à 9 arbres Kyuhon Yose ; et à plus de 9 arbres Yose-Ue. Les arbres les plus développés sont placés au centre de la composition et les plus petits sur les côtés. Les arbres sont disposés en quinconce pour distinguer chacun d’eux et pour un rendu plus naturel. Les branches des arbres poussent uniquement en périphérie. Dans le cas d’une forêt, on peut associer des espèces différentes, en mêlant, par exemple, conifères et feuillus pour offrir un certain contraste. Mais il faudra respecter la logique de la nature. Les sujets qui composent une forêt peuvent, eux-mêmes, appartenir aux différents styles d’arbres isolés ou troncs multiples vus plus haut. Les pots utilisés sont généralement plats, rectangulaires ou ovales. On peut également utiliser une pierre plate, la terre de plantation étant alors habillée de mousse.

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Style Saïkei ou Penjing ou style paysage :

Style est complémentaire du bonsaï, le Penjing est l’art chinois de la reproduction d’un paysage dans la nature avec tous ses détails. Les penjing associent l’eau, la pierre et les arbres. Dans la nature, c’est la forêt traversée par une rivière ; une plage avec un arbre tordu par le vent ; un petit « bout » de montagne avec ses arbres enracinés, un lac calme... Saïkei : en japonais, petits arbres en coupe. Bonkei : en japonais, petits arbres en coupe avec figurines. Penjing : en chinois, paysages-bonsaï qui donna naissance au bonsaï japonais. Le paysage-bonsaï est un milieu ouvert : la lumière passe facilement entre les arbres. Chaque arbre est relativement isolé, travaillé de façon individuelle. Il s’agit donc d’une association d’arbres solitaires contrairement au style forêt qui peut compter le même nombre d’arbre mais avec une formation plus fermée, plus dense. Cette densité empêchant la lumière d’atteindre les branches intérieures. On a à faire à un « individu » collectif. Un paysage-bonsaï (comme le saïkei) est le plus souvent constitué de sujets de moins de 10 cm car l’espace occupé est plus important du fait de la faible concentration des individus (permet de suggérer de grands espaces) or les coupes à la fois fines et de grande taille sont rares...et chères. Les caractéristiques du Paysage-bonsaï : - première étape : installer les roches qui peuvent être cimentées ou collées au support. - travail de chaque arbre avant de les placer. - une pièce d’eau, un étang ou une rivière peut être le centre d’intérêt du paysage. - la rivière doit être sinueuse. Eviter quelle soit visible dans son ensemble. Un rétrécissement en allant vers l’arrière de la composition indique que la rivière vient vers le spectateur. Les essences utilisées peuvent être multiples. Les pots utilisés sont généralement peu profonds (suibans ; lauze...) qui peuvent être en céramiques, en pierre, en bois.

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Formes libres – Formes européennes :

Au-delà de ces styles japonais très codifiés, il existe aussi des formes dites libres - européennes. C’est ce que nous faisons ! C’est l’arbre que nous pourrions rencontrer dans nos plaines ; le yamadori qui a été prélevé pour sa particularité...mais ne correspondant pas exactement à un style codifié ! Les arbres de formes libres ou européennes peuvent donc être difficiles à classer dans les styles codifiés : - Ils peuvent comporter un certain nombre d’anomalies, de défauts par rapport aux règles strictes de l’esthétique : L’angle de sortie des branches doit être en rapport avec l’âge, l’habitat et l’essence de l’arbre : � Sur un arbre âgé les branches ont tendance à s’incliner vers le bas. � Les branches des résineux d’altitude sont inclinées vers le bas. � Les branches d’un hêtre ont tendance à pousser vers le ciel. Le mouvement des branches est en relation avec le mouvement du tronc : � Arbre au tronc sinueux = branches sinueuses. � Arbre au tronc droit = branches relativement droites. La densité et la grosseur des branches : � Plus nous nous rapprochons de la cime plus l’espace entre chaque branche diminue. � La grosseur des branches décroît au fur et à mesure qu’elles se rapprochent de la cime. La cohérence au niveau des branches : � Sur un même arbre, l’angle de sortie des branches par rapport au tronc doit être à peu près semblable. Une cascade sans tête est un classique dans la liste des défauts ! - Ces anomalies ne peuvent pas être supprimées systématiquement. Si nous les supprimons, l’arbre peut se retrouver à l’extrême sans branche !

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Le style « surnaturel » dit « Burton » : Ce style, dont Hervé Dora et Laurent Darrieux sont les créateurs, puise leur inspiration dans l’univers fantasmagorique des films de Tim Burton. Le but est donc de créer des arbres fantastiques aux aspects très torturés, « tarabiscotés », inexistants dans la nature et dont les seules limites artistiques et végétales ne peuvent venir que des limites propres à chaque individu en matière d’horticulture ou de développement de l’imaginaire. Les techniques utilisées sont principalement : - la défoliation. - le travail du bois mort (shari ; écorçage ; scarification). - la pose de ligature. Le style Burton c’est tout simplement le fait de créer des arbres surnaturels en essayant de sortir de toute codification ; en utilisant toutes les techniques relatives au bonsaï et en en trouvant d’autres ! Bref un mélange de contemporain et de bricolos défoncés...du surnaturel ! (cf. Photos). Conclusion : Pour tout bon bonsaïka, il reste donc primordial de connaître les bases de cet art ancestral ainsi que pour ceux qui désirent les transgresser un tant soit peu et s’autoriser à faire du bonsaï une pratique un peu moins conventionnelle. Toutefois il ne s’agit pas de remettre en question les techniques asiatiques mais de les adapter à notre culture, pour faire naître pourquoi pas une nouvelle forme d’esthétique.

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Bibliographie : - La connaissance du bonsaï : esprit et esthétique, Tome 3, édisud. - Technique du bonsaï 1, John Yoshio Naka, Verlag bonsaï centrum Heidelberg. - Yamadori Bonsaï 1, Oonuma Yasushi, FFB. - France bonsaï n° 48, page 26... Sites internet : - Les styles en résumé : parlons bonsaï.com/les-style-en-resume - Formes et esthétique : passionbonsai.org/styles-et-formes - Bonsaï styles et formes expliquées : bonsaiempire.fr/mise-en-forme/formes-styles - Style bonsaï : aidobonsai.com/category/bonsai-seus-estilos/ - Vev Law Burton style: vevlaw.hautefort.com