L'elaboration d'un cours de latin specialise pour des etudiants de theologie

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SysfmVol.8,pp. 131-141 0 Pergamon Press Ltd. 1980. Printed in Great Britain 0346-251x/80/0501-013 1 /s02.00/0 L’ELABORATION D’UN COURS DE LATIN SPECIALISE POUR DES ETUDIANTS DE THEOLOGIE A. J. A. MEIJERS Centre des Langues KHT, Le Tilburg Many students of theology in the Netherlands have not had any previous training in Latin when they enter university. Yet their studies require an ability to read religious texts in Latin. Therefore the Faculties organize Latin courses which are generally similar to secondary school courses in their method of instruction and selection of texts. This method is characterized by a separation of grammatical training and morphology on the one hand and the translation of texts on the other hand. Dissatisfied with this situation the Faculty of Theology and the Language Centre have jointly made investigations which are to result in a Latin course whose objective is the comprehension of specialized texts (here, religious texts), with the - possibility of individual learning and a minimum of demand on the students’ time. Basing ourselves on an analysis of the Latin course as it is taught now, in combination with what applied linguistics has taught us about the reading-process, we believe we have found a solution in a reading method based on a suffm- grammar. The principles of this grammar and a partial and experimental version of it will be discussed and shown here. 1. Introduction En developpant un tours de latin specialis& nous touchons a des probltmes de caractere general. 11 y a d’abord le fait qu’il s’agit d’un apprentissage de lecture au niveau dtbutant qui est disjoint de l’acquisition des autres aptitudes comme la production orale et &rite et la comprehension orale. Puis ce tours est destine a des adultes de niveau universitaire qui ont un objectif specifique, qui est dans notre cas la lecture de textes religieux et thtologiques. Finalement, pour differentes raisons, nous visons a une grande individualisation du processus de I’acquisition. Comme il s’agit de problemes generaux, nous esptrons trouver des solutions applicables a l’apprentissage d’autres langues, mortes et vivantes, dans des situations semblables. Apres une description des objectifs du tours et de la situation actuelle a Tilburg, suivie de quelques remarques d’ordre pedagogique, nous traiterons le probleme du contenu d’un tours de lecture (au niveau debutant) et plus specifiquement la relation entre grammaire et vocabulaire d’une part et lalecture d’autre part. Finalement nous presentons notre solution, c’est-a-dire une methode d’apprentissage de lecture base sur une grammaire de desinences. 2. Objectifs et description de la situation actuelle Aux Pays-Bas beaucoup d’etudiants qui commencent les etudes universitaires de theologie n’ont jamais appris le latin. 11va de soi que la lecture de textes religieux et theologiques redigts en latin est indispensable. Bien qu’il existe en general des traductions de tous ces 131

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SysfmVol.8,pp. 131-141 0 Pergamon Press Ltd. 1980. Printed in Great Britain

0346-251x/80/0501-013 1 /s02.00/0

L’ELABORATION D’UN COURS DE LATIN SPECIALISE POUR DES ETUDIANTS DE THEOLOGIE

A. J. A. MEIJERS Centre des Langues KHT, Le Tilburg

Many students of theology in the Netherlands have not had any previous training in Latin when they enter university. Yet their studies require an ability to read religious texts in Latin. Therefore the Faculties organize Latin courses which are generally similar to secondary school courses in their method of instruction and selection of texts. This method is characterized by a separation of grammatical training and morphology on the one hand and the translation of texts on the other hand. Dissatisfied with this situation the Faculty of Theology and the Language Centre have jointly made investigations which are to result in a Latin course whose objective is the comprehension of specialized texts (here, religious texts), with the

- possibility of individual learning and a minimum of demand on the students’ time. Basing ourselves on an analysis of the Latin course as it is taught now, in combination with what applied linguistics has taught us about the reading-process, we believe we have found a solution in a reading method based on a suffm- grammar. The principles of this grammar and a partial and experimental version of it will be discussed and shown here.

1. Introduction En developpant un tours de latin specialis& nous touchons a des probltmes de caractere general. 11 y a d’abord le fait qu’il s’agit d’un apprentissage de lecture au niveau dtbutant qui est disjoint de l’acquisition des autres aptitudes comme la production orale et &rite et la comprehension orale. Puis ce tours est destine a des adultes de niveau universitaire qui ont un objectif specifique, qui est dans notre cas la lecture de textes religieux et thtologiques. Finalement, pour differentes raisons, nous visons a une grande individualisation du processus de I’acquisition. Comme il s’agit de problemes generaux, nous esptrons trouver des solutions applicables a l’apprentissage d’autres langues, mortes et vivantes, dans des situations semblables. Apres une description des objectifs du tours et de la situation actuelle a Tilburg, suivie de quelques remarques d’ordre pedagogique, nous traiterons le probleme du contenu d’un tours de lecture (au niveau debutant) et plus specifiquement la relation entre grammaire et vocabulaire d’une part et lalecture d’autre part. Finalement nous presentons notre solution, c’est-a-dire une methode d’apprentissage de lecture base sur une grammaire de desinences.

2. Objectifs et description de la situation actuelle Aux Pays-Bas beaucoup d’etudiants qui commencent les etudes universitaires de theologie n’ont jamais appris le latin. 11 va de soi que la lecture de textes religieux et theologiques redigts en latin est indispensable. Bien qu’il existe en general des traductions de tous ces

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textes en neerlandais ou une autre langue Ctrangtre, ces theologiens considtrent qu’un accts direct aux sources est indispensable, parce que chaque traduction est en quelque sorte une interpretation. Afin d’etre capable de verifier les interpretations explicites dans des articles ou figurent souvent des citations latines, le theologien doit Gtre capable de lire des textes en latin. Ces textes sont rtunis dans un corpus ttabli par les professeurs de la facultt. Chaque faculte de thtologie aux Pays-Bas organise done un tours de latin pour les etudiants qui ne connaissent pas le latin. Ce tours s’ajoute au programme d’etudes normal. I1 n’y a pas de programme standard, ni du point de vue durte, ni du point de vue contenu. A 1’UniversitC de Tilburg le tours dure au total 132 heures (lesons plus heures de preparation). A l’universite d’utrecht le tours dure 400 heures. A Tilburg les ttudiants lisent un lettre de Seneque, un fragment de 1’Evangile et trois sermons d’Augustin. A Utrecht les etudiants lisent 16 lettres se Seneque et de Ciceron. A Tilburg la programmation du tours de latin actuel est groaso modo identique a celle de l’enseignement secondaire et consiste en un enseignement plus ou moins complet de la morphologie et de la syntaxe, suivi d’une phase de traduction de textes en latin. Pendant cette deuxitme phase les connaissances formelles doivent &tre appliquees a la lecture. 11 y a done l’enseignement de la grammaire (syntaxe et morphologie) d’une part et d’autre part l’apprentissage propre du processus de comprehension. Les Ctudiants qui doivent suivre ce tours, forment un groupe heterogene: il y a de trts grandes diffences d’Pge (de 18 a 50 ans), de formation anterieure et, en plus, une partie des Ctudiants ne peut pas assister a tous les tours parce qu’ils ont un travail a temps partiel ou m&me a plein temps. Finalement il y a des probltmes de motivation. L’utilite de la maitrise du latin est mise en doute. Dans la situation actuelle les etudiants n’atteignent pas l’objectif voulu: la comprehension de textes theologiques et religieux. Le Centre de langues et la Facultt de theologie ont done decide d’elaborer un nouveau tours de latin, de la m@me duree que le tours actuel qui, par une meilleure methode d’enseignement, atteigne l’objectif exprime ci-dessus, tout en tenant compte de I’hCtCrogtnCitt des Ctudiants.

3. Remarques d’ordre pkdagogique ’ Dans une brochure sur des systemes d’etudes individuelles van Rookhuyzen (1976) dtcrit deux conceptions pedagogiques:

1) Chaque Ctudiant recoil le meme enseignement c’est-a-dire m@me qualite et mOme nombre d’heures d’instruction. Si un Ctudiant n’est pas capable de suivre cet enseignement, il est jugt incompetant. 2) L’enseignement vise a ce que le plus grand nombre d’etudiants possible atteigne le niveau voulu. I1 n’est done pas question de selection.

Voici les variables qui d’apres van Rookhuyzen peuvent influencer les performances. 1) Aptitude (le nombre d’heures dont l’ttudiant a besoin pour atteindre un niveau voulu) 2) Facilite a suivre un certain mode d’enseignement 3) Tenacitt 4) Temps disponible (L’enseignement prend en consideration les heures que l’ttudiant a de disponible) 5) Qualitt de l’enseignement

Un systtme d’ttudes individuelles qui se base sur la deuxitme conception, essaie de tenir compte de toutes ces variables. Les caracteristiques d’un tel systeme sont les suivantes:

1) une diversitt de modes d’enseignement

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2) que l’ttudiant peut utiliser individuellement 3) donnant une possibilitt de passer des tests (par exemple, chaque unite d’enseignement est pour-we d’un test)

Ce systtme aboutit a une individualisation qui fait dans une large mesure appel au facteur “tenacitt”. Celui-ci peut &tre stimule en informant regulitrement I’ttudiant sur ses performances (par exemple au tours d’entretiens a propos des tests, travaux dirigb). Van Rookhuyzen avertit que l’elaboration d’un tel systeme demande beaucoup de temps et dit que l’application en est seulement rentable s’il s’agit d’un tours qui peut servir longtemps. Comme ce tours de latin ne fait pas partie du programme d’etudes proprement dit (puisqu’il y prepare) et qu’il ne doive done pas servir de moyen de selection, il s’applique a la deuxieme conception pedagogique. De plus, les etudiants composent un groupe tellement heterogtne qu’ils demontrent de grandes differences quant aux variables d&rites cidessus. C’est pour cela que nous avons decide d’elaborer un tours de latin individualise base sur un systeme d’apprentissage efficace afin d’atteindre le niveau requis en peu de temps.

4. Contenu d’un cows de lecture

4. I Lecture et Grammaire Nous ne savons pas encore exactement de quelle connaissahce grammaticale (morphologique et syntaxique) le lecteur a vraiment besoin afin de comprendre un texte tcrit dans une langue &rang&e. 11 va de soi que cette connaissance est moins &endue que pour la production orale ou &crite. Ainsi un &ranger qui lit des textes en francais, n’a pas besoin de connaltre et de savoir appliquer les rtgles qui regissent l’ordre des pronoms personnels conjoints en francais. 11 se trouve devant un ordre donne qu’il doit interpreter. Ne pas savoir qu’un certain mot est masculin, fiminin ou neutre en latin, ne bloquera pas la d’un texte. L’emploi d&s connaissances grammaticales depend aussi de la connaissance conceptuelle du sujet d’un texte. Kempen (1975) Ccrit que dans des situations oh il posstde une grande connaissance du sujet du texte, le lecteur se contente d’une analyse syntaxique superficielle. Comme il est capable d’anticiper sur ce contenu, il n’a besoin que de quelques donnees linguistiques pour verifier ses hypotheses. Le lecteur passe presque directement a une identification conceptuelle des mots dans le texte sans intervention d’une analyse syntaxique complete; l’identification du verbe et du sujet de la phrase lui suffisent. Mais au cas od la connaissance conceptuelle est rtduite, le lecteur doit proceder a une analyse syntaxique plus approfondie afin de pouvoir trouver le sens du texte. Les experimentations psycho- linguistiques d’Ulijn (1978) qui applique ce modele de lecture a la lecture de textes en langue &rang&e, confirment le r81e preponderant de l’analyse conceptuelle au detriment de l’analyse syntaxique. Dans sa these sur l’enseignement du latin Eikeboom (1967) conclut deja qu’une maitrise active d’une partie de la grammaire n’est pas indispensable a la comprehension de textes en latin. De plus, il constate que, dans beaucoup de cas, les connaissances grammaticales acquises ne fonctionnent pas au moment od celles -ci devraient @tre appliquees pendant la lecture de textes en latin. Selon lui ce non-fonctionnement est du au fait que l’apprentissage des regles grammaticales se fait stparement de l’apprentissage de la lecture proprement dite. Les experiments de Schofield (1968) confirment ces constations. MCme quand les eleves etaient capables de denommer les constructions grammaticales, il y avait des fautes de traduction, souvent dues a une segmentation fautive de la phrase. Afin de remedier aux problemes constates, Eikeboom propose d’integrer l’apprentissage de la grammaire dans la lecture de textes. D’apres lui il faut restreindre cette grammaire a ce qui

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est absolument a la Le choix regles a doit &re sur des de frtquence. propose un visuel de de phrases

pourrait aider tlhes a percevoir la des phrases. tenant compte ce qui nous avons de dhelopper tours de qui

fournit Ctudiants les d’une analyse des phrases. choix des grammaticales que Ctudiants doivent sera base une reflexion ce qui fonctionnel pour lecture de et sur donnees de La separation l’acquisition de grammaire et sera tvitee une integration grammaire et

Ainsi nous que l’apprentissage au modtle lecteur dtcrit dessus.

4.2 Lecture et vocabulaire Le modtle de Kempen montre que les connaissances lexicales jouent un grand role dans la lecture parce que ce sont les mots qui dtsignent directement les concepts. En traduisant les resultats de ses experimentations dans des conseils d’ordre pedagogique, Ulijn est d’avis que l’apprentissage du vocabulaire doit occuper une place prioritaire dans l’enseignement de la lecture. Comme le lecteur essaie de passer directement du mot au concept ce sont surtout les mots ayant un plein sens qui valent la peine d’Ctre appris. Les mots outils doivent &re present& d’apres Ulijn selon un groupement conceptuei dans lequel se trouvent aussi les structures syntaxiques exprimant le meme concept, (ainsi les conjonctions quia, quad, la preposition ob, ‘l’ablatif absolu’ feraient partie dun groupement: expression de cause). Eikeboom plaide pour une acquisition du vocabulaire a l’aide de vrais textes et non pas de phrases detach&s. Le vocabulaire doit etre selection& d’aprb des don&s de frequence. Ces frequences sont d’autant plus importantes que le lecteur se trouve devant un texte donne. Des qu’il ne peut pas traduire un mot, le processus de comprehension est bloqu&e, parce que contrairement au locuteur il ne peut pas essayer de trouver une paraphrase.

5. Le nouveau cows de latin En tenant compte de ce qui precede nous avons decide d’tlaborer un tours de lecture basee sur une grammaire de desinences. Ce systeme d’enseignement de lecture a ete dheloppe par le professeur J. Jelinek et P. Heron de I’Universitt de Sheffield, pour le russe, le japonais et l’allemand (voir P. Heron, 1975,1976). Leur mtthode consiste en un dictionnaire qui integre la grammaire darts le lexique. L’etudiant y trouve toute l’information dont il a besoin pour comprendre des textes en langue etrangere. Leur methode est destinee a des personnes qui veulent apprendre a lire en peu de temps des articles d’un specialisme. Avant de discuter en detail comment ce tours r&pond aux differents desiderata mention& au tours du texte, nous voulons d’abord montrer comment on peut, a l’aide d’un dictionnaire inttgrt, arriver a comprendre des textes. La version partielle et exptrimentale de notre tours de latin, developpt par M. Groen, professeur de latin de la faculte de thtologie, comprend pour I’instant la plus grande partie de la morphologie mais le lexique de settlement trois phrases simples. Pour montrer l’explication du fonctionnement du tours nous analysons les mots en italique de la phrase suivante:

Milites in pace agros incolarum vastaverant Dans le dictionnaire inttgre (voir l’annexe 1) l’etudiant doit chercher le plus de lettres possibles a partir de la gauche de chaque mot. Pour milites il trouve:

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Milit = Soldat Sub. M. ‘ = ’ ‘Sub’, ‘M’ sont des abreviations (voir annexe 2) ‘ = ’ signifie: ce mot n’est pas fini, il faut encore y avoir une suite. ‘Sub’ = substantivum = substantif (voir annexe 2) ‘M’ = masculinum (voir Sub sous c) Signification: Soldat

02-10

Done milites est un substantif, masculin qui signifie ‘soldat’. 02-01 La suite de ‘milit = ’ se trouve dans le dictionnaire et doit Ctre pourvue des codes 02,03 . . . 10.

L’etudiant cherche -es dans le dictionnaire. 11 a l’embarras du choix (voir annexe I), mais seulement deux fois -es r&pond a ce qui est demand6 comme suite.

06 -es No PM 09 -es AC PM ‘-’ signifie: cet element ne figure jamais seul dans la phrase, mais est toujours precede d’une autre element. No = Nominatif = premier cas voir Sub sous a P = Pluralis = pluriel voir Sub sous b M = Masculinum = masculin voir Sub sous c

Aprts avoir lu les references sous ‘Sub’, l’etudiant peut conclure que militesest soit sujet soit objet et que le mot est au pluriel et qu’il signifie ‘soldat’.

Sous in on trouve dans le dictionnaire: in + vers, B Praep

dans, a Praep + AC direction + Ab lieu, temps

+ signifie: le mot a une relation ttroite avec un autre mot dans la phrase. Praep = praepositio = preposition, a une relation Ccroite avec un Substantif ou un pronom, a l’accusatif ou a l’ablatif. AC = accusativus = 4e cas voir Sub sous a Ab = ablatif = 5e cas voir Sub sous a.

Lisant l’information sous Sub, l’tleve voit que la preposition figure toujours en relation avec un ablatif ou accusatif. S’il y a une preposition que precede, l’ablatif et l’accusatif perdent leur sens premier. In signifie done ‘dans’ ou ‘vers’ selon la forme du mot qui suit (ablatif ou accusatif). Suivant la methode de milites, l’eltve designera le mot puce comme suit:

Signification: paix forme: ablatif, singulier

C’est maintenant que l’ambigui’te de in peut ktre resolue, parce que nous savons que ce mot est suivi d’un ablatif. Pour agros l’elke trouve que ce mot signifie ‘champ’, qu’il est au pluriel et a la fonction d’objet. (Ainsi milites doit Ctre interpret& comme sujet). Incolarum signifie ‘des habitants’.

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Pour finir now traitons en detail l’analyse de vustaverunt. Dans le dictionnaire on trouve vasta

vasta = detruire V Ind. Praes S2, S3, PI, 2, 3 detruire V - 71-76

L’instruction gentrale dit que l’information dans le dictionnaire doit &tre lue ligne par ligne. Cela implique que les lignes reprbentent des ensembles d’information. Ctla est trb important pour l’interprttation de vustu, parce que, seulement au cas oti vasta = est suivi d’un element S2, S3, Pl, P2, P3, la forme doit &tre interprette comme un Ind. Praes. La suite verant ne se trouve pas dans le dictionnaire. 11 faut done appliquer la regle gtnerale: Essayez de trouver dans le dictionnaire le plus de lettres possibles a partir de la gauche. (En plus cette suite doit Ctre pourvue d’un des codes mentionnts). L’ttudiant trouve dans le dictionnaire:

71 -v= Perf.Act Sl, 2,3 - 72-76

Pl,2,3

Maintenant la meme rtgle s’applique, done l’etudiant continue l’analyse avec l’tlement suivant :

-era

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Dans son article P. Heron (1976) pretend qu’il est inutile d’enseigner la langue. En cherchant les mots et les dtsinences dans le dictionnaire, l’utilisateur se souviendra automatiquement de ce qui est important a mtmoriser pour la lecture. Bien que ce soit vrai, nous crayons pouvoir accelerer l’apprentissage en enseignant aux ttudiants des regles de syntaxe et de morphologie et surtout du vocabulaire. Cet enseignement ne commencera qu’aprts une periode pendant laquelle les Ctudiants ont dechiffre seuls des phrases en latin a l’aide du dictionnaire integre. A ce moment ils sauront comment se servir de donntes grammaticales et lexicales dans la lecture. Nous essaierons de reduire le plus possible le nombre de regles a enseigner. Les regles seront choisies en fonction de ce qui est utile pour la lecture d’une part et d’autre part selon des donntes de frequence. Ainsi le phenomtne du genre, le fait qu’une preposition se combine avec l’ablatif ou l’accusatif ne seront traitis que superficiellement. Les recherches d’un groupe de professeurs de latin montrent que les differentes fonctions des cas que la grammaire latine distingue, n’ont pas une distribution egale. Aussi pour l’accusatif l’emploi ‘objet’ et ‘sujet dans la construction accusativus cum infinitivo’ couvre dans leur corpus 90% des occurences. Le corpus de la faculte de thiologie de Tilburg sera soumis a un examen frtquentiel par ordinateur. Les resultats de cet examen nous aideront a composer le dictionnaire, mais ils nous donneront aussi des donntes concernant l’occurrence de certaines constructions (par exemple, le gerondif et l’ablatif absolu). D’apres les recherches de Pecket (1975) un tel examen donne parfois des rtsultats inttressants. 11 a par example constate que Virgile ne se sert que trb rarement de propositions consecutives. I1 va de soi que nous nous baserons sur ces do&es frequentielles pour choisir le vocabulaire B apprendre. 11 est possible que nous nous servions du systeme de Schofield, afin d’apprendre aux etudiants a segmenter les phrases. Dans son sysdme lui aussi se sert dans une large mesure des desinences pour marquer les segments de la phrase. L’elaboration de ce tours de lecture contribuera a rtsoudre le probltme de ceux qui veulent apprendre a lire une langue etrangere sans apprendre en mCme temps a parler ou ecrire cette langue. Dans divers endroits de Hollande chercheurs et enseignants s’y appliquent aussi. A Utrecht un tours de lecture individuel de sutdois et d’italien a ete developpe. (Tonkens et al. 1978). A l’universite Technique d’Eindhoven un tours de lecture de textes techniques russes est en train d’&tre diveloppe: ce tours ressemble en partie a celui que nous sommes en train d’tlaborer. En Angleterre des tours de russe, de japonais et d’allemand, diveloppes a l’universitt de Sheffield, se donnent depuis de an&es. A un moment ou l’inttret pour les aptitudes receptives augmente et oti l’ordre de l’acquisition des differentes aptitudes commence a &tre discutte, l’heure est venu de refltchir sur une methodologie de l’acquisition de la lecture par des debutants adultes.

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Annexe 1

64

61 05 15 25 21 24 35 45 55 51 54

72

06 16 09 19 36 46 39 49

P3

e=

-e= -e =

-e

-e

-e

-e -e -e

-e

-e

-e

-e

era = -era =

es es=

-es -es -es -es -es -es -es -es

in+

miles milit =

-nt pat =

Pa -” =

va sta =

Dictionnaire intCgrC (Version expkrimentale abrkgke)

signification catkgorie grammnticale

marque fonctionelle

il. elle Pro Per ce, cet, celui Pro Det

&re

tu es, sois Otre

vers Praep. a, dans Praep. soldat Sub.M. soldat Sub.M.

paix Sub.F. Sub.F.

V V

s3, P3

Ind.fut. Coni.praes.

AbSM AbSF AbSN NoSN AC S N AbSM AbSF AbSN NoSN AcSN

Ind.Impf. Pl.Perf.Act

Imp! Ind.Praes.

NoPM NoPF AcPM AcPF NoPM NoPF AcPM AcPF

02-20 22-30

S 2.3, P1.2.3 S 1.2.3, P1.2.3

S1,2,3, P1,2,3 A1,2,3, P1,2,3

s3, P2

+Ac +Ab

NoS

02 t/m IO P3.Act.

12-20 NoS

Perf. Act -

V Ind.Praes. S2,3, P1,2,3 V - 71-76

S1,2,3, P1,2,3 72,73,74,X

= : le mot n’est pas fini, il faut y avoir une suite - : cet element est toujours precede d’un autre Clement + : le mot a une relation etroite avec un autre mot darts la phrase - : change la signification ou la categoric grammaticale du mot

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Annexe 2

Liste d’abrhiations (Version exptrimentale abrkgke)

Ab = ablativus = cinquieme cas (voir Sub sous a) AC = accusativus = quatrihme cas (voir Sub sous a) Act = active = forme active du verbe (voir V sous a) F = femininum = feminin (voir Sub sous c) M = masculinum = masculin (voir Sub sous c) No = nominatif = premier cas (voir Sub sous a) P = pluralis = pluriel (voir Sub) P3 = pluralis 3e personne pluriel (voir V sous e) PI .Perf = plusquamperfectum = plusque parfait (voir V sous b) Praep. = praepositio = preposition, a toujours une relation etroite avec un Substantif ou Pronom marque AC au

Ab. S = singularis = singulier (voir Sub sous b) Sub = substantivum = substantif

a. a une fonction dans la phrase (par ex. sujet ou objet) et porte des marques indiquant cette fonaion. Les marqueurs de fonction sont:

No le CBS: sujet ou predicat

Ge 2e cas: a traduire par : “de” Da 3e cas: objet indirect

AC 4e cas: objet direct et aprb preposition Ab 5e cas: a traduire par “par ou avec” et apres preposition

b. peut figurer au singulier (S) ou pluriel (P)

C. peut Etre masculin (M), feminin (F) ou neutre (N)

V = verbum = verbe les verb& ont

a. deux formes: active: il voit, il achete passive: il est vu, il at achete

b. six temps: praes (present) ii voit, il achbe impf (imparfait) il voyait, il achetait fut (future) il verra, il achctera perf (parfait) il a vu, il a achete pl perf (plusque parfait) il avait vu, il avait achete fut.ex (future du parfait) il aura vu, il aura achete

C. quatre modes: Ind: indicatif: expression d’un fait Coni: conjonctif: expression d’un d&sir Imp: imptratif: ordre Inf: infmitif

d. trois participes:du present (travaillant) du parfait (ayant travail]@ du futur

e. Au cas de Sl, S2, PI, P2 (premiere et deuxitme personne singulier et pluriel) le sujet n’est pas exprime separiment. le sujet est inclus dans le verbe. Au cas de S3 ou P3, le sujet peut etre inclur dans le verbe ou bien exprimt scpartment par un substantif marqut No S (nominatif, singulier) ou No P (nominatif pluriel)

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