L'Ecole primaire, 01 mars 1913

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Miettes pédagogiques Limitons notre ensei[!.tlement. Dans une leçon de sciences faite à nos élè- ves du cours élémentaire, on parlait tout ré- cemment d'électricité positive et négative, de . courants, etc. Le maître était bien intentionné, il voulait faire comprendre le danger des con- ducteurs qui transportent l'électricité de -vil- lage en village. Il faut se résigner à taire ce qui ne peut être compris.: l'école. ne peut enseigner tout ce qUi sera utIle a-1 adulte. XXX A !JrODOS de récitation. Il serait nécessaire qu'en récitation des re- visions fréquentes fussent faites, de manière qu'à la fin de l'année scolaire chaque sût parfaitement tous les morcea,ux dan.s l'année. Même si l'on pouvalf falre des reVl- sions d'année à autre afin que l'enfant quittant l'école à 15 ans possédât bien tous les textes qu'il aurait par au de la scolarité, ce seraü parfaIt. 1.1 sufhralf cela que chaque fût mlS P?SSeSS10n d'un carnet ou d'un livret de réCitation. Que l'on songe donc à l'importance du ba- gage littéraire que nos ainsi de l'école! Apprendre htteralement dIX gnes seulement par mois, cela fait 100 lignes par an, cela fait 800 lignes pour la durée de la scolarité. Si ces lignes sont empruntées à nos meilleurs poètes, ainsi qu'il convient, quelle provision d'idées, d'expressions, de tournures, d'habitudes littéraires ne trouve- ront-ils pas là, et de quelle ressource cela ne leur sera-t-il pas dans la vie! Partie pratique Sujets de Rédactlen ----- Mariette ef Lucie sortent de l'école. Il pleut. Mariette ouvre son beau parapluie neuf. Lucie court sous la pluie. Que fait Ma- riette. Une fourmi, lasse de travailler en com- mun quitte sa fourmilière. Au bout de quel- que 'temps elle est réduite à la misère? Une de ses anciennes compagnes la rencontre et l'engage à revenir avec les autres. Faites le dialogue et concluez. '" ,:: ,1: 48 Qu'entend-on par blanche? Son importance et son emploI. '" * * Un mineur et un laboureur comparent les fatigues de leur profession les services qu' ils rendent aux autres. faItes-les parler. * * * Que faire un sou? (Choses utiles, fnandlses, aumone). > '" * >1: Décrivez la maison la plus récemment construite dans le village, vue de l'extérieur. '" ':' * Décrivez la pièce Olt- vous prenez vos re- pas. '" , :, '" Si vous aviez à faire construire une tite maison où voudriez-vous qu'elle fût SI- tuée? vous plairait-il Comment, quoique. simple, saunez-vous lUi donner un aspect l'lant? '" Vous écrivez à grand frère absent pour lui racon.ter feu de chemin,ée pris à la maIson. de aCCi- dent émotion - premières tentatIves, vral mo- yen 'd'éteindre' un feu de cheminée. '" Sur les ruisseaux avez déjà fait tour- ner de petits moulins. Dessinez-les. Décri- vez-les. '" * * Un brin de laine que vous de votre veston' vous raconte son h1st01re de- puis le moment où il a été sur dos d'un mouton jusqu'à celui Il a serVi à confectionner votre vêtement. '" Retenu à la un gros l'hume, vous vous excusez auprès d'un ami de n'a- voir pu aller le voir, lui et ses parents, à l'occasion du Nouvel An. '" Quelles personnes * réunies chez vous le soir autour de la lampe, quand e repas est terminé? Quelles sont les attitudes et les occupations de chacune d'elles? * * * Dans une çJasse le ne marche l?as. Les élèves cherchent à explIquer pourquoi. '" * * En allumant le feu vous expliquez à votre jeune frère la raison de toutes- les que vous prenez. . SION, 1 êr Mars 1913 32 me année L'EOOLE PRIM- AIRE ORGANE DE LA - SOCIETE VALAISAlflfE D'EDUCATION E du c at e ur. et Educa t ion - (S'uile.) 1 d' ici -bas: leur regard ne porte P'3'S plus haut. Ils veulent qu'on surveille avec sollicitude le développement des aptitu- des physiques et la santé td u corps, qu' On meuble l'esprit de connaissances va- riées et utiles, ils acceptent même qu'on éveille la conscience et qu'on-incite t'en- fant à la pratique des vertus naturelles, individuelles et sociales Iv1 8 is d'ensei · gnement religieux positif, de devoirs en- vers un Dieu personnel et vivant, il n'est nullement question dans leur p1an encyclopédique, pas plus que de l'.âme, substance spirituelle et immortelle. Leur morale mentionne tout au plus une re- ligiosité vague et plutôt sentimentale, et propose comme sanction posthume une survivance _ abstraite et impersonnelle, Ces savants naturalistes veulent qu'on scru te et qu'on admire les 'splen deurs du monde que nous habitons, tandis que le Créateur lui-même doit rester eux ,systématiquement le Dieu in - connu et, qui plus est, inconnaissable. Il y a mieux à dire à ce suiet: nous, éducateurs, nous ne saurions nous bor- ner à le progrès, comme on dit, - ce qui serait le subir. Notre ambitîon doit être de le dépasser, de le diriger ou de le compléter, si l'on aime mieux . mènent, en effet, les théories préconi- sées à notre époque? En dernière ana- lyse, elles ne visent guère que l'élément matériel de l'éducation: quant à l' élé- ment formel, ce Qui doit en être l'âme et en constituer l'ultime fin, elles en font généralement abstraction, Leur commu- ne tendance est, sinon de s'opposer au christianisme et - de combattre son in- fluence, du moins de se fixer en dehors de lui, de se déployer dans une neutra- lité déclarée en matière de r eli gion, - me de se substituer à la religion, qu' elles affectent de traiter comme un meu . ble inutile à supprimer, ou enCOre com- me un parasite à détruire. C'est là un symptôme inquiétant, et qui révèle dans notre génération un mal profond. Pour que l'humanité ne succombe pas au dan- ger qui en résulte, il faut que, en édu- cation comme en n'importe quel ordr e, elle reste fidèle à ce haut idéal chrétien que résume le mot évangélique: « Cher ': chez premièrement le royaume de Dieu et sa justice; et le reste vous vi endra par surcroît. » 9 ue si l'on s'élève à ces hauteurs, est-Il tellement vrai que nous, maî- chrétiens, nous soyons inférieurs , retrogrades,_ parce que nous donnerions .é9ucation qui ne prépare point aux reahtes de la vie? Ceux qui nous jet- tent ce r epr oche, envÎsaS?:ent, eux, la vie Tout autres sont les principes, que nous _ professons. Dieu est au centre de notre plan d'éducation, lequel nous a p:-- paraît inconcevable sans lui. de même que sans le soleil on ne saurait se re- présenter le système planétaire. Notre 1 conviction est - que 'la tâèhe ess t' ntielle de .l'éducation consiste à Dréparer l'enl- fant non pour le temps présent, mais Pour l'éternité. A la vérité, ceux qui rai- sonnent et vivent en dehors du christia- nisme ne pas avec nous: peu nous importe, et, comme disait Mgr Spalding, «la question de savoir si tel svstèm-e d'éducation sert bien les inté- rêts de ce ' qu'on appèlle civilisa1ion et progr ès, vient au se COnd ranJ;! . S'il e xi s-

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Miettes pédagogiques Limitons notre ensei[!.tlement.

Dans une leçon de sciences faite à nos élè­ves du cours élémentaire, on parlait tout ré­cemment d'électricité positive et négative, de

. courants, etc. Le maître était bien intentionné, il voulait faire comprendre le danger des con­ducteurs qui transportent l'électricité de -vil­lage en village. Il faut se résigner à taire ce qui ne peut être compris.: l'école. pr~m~ire ne peut enseigner tout ce qUi sera utIle a-1 adulte.

XXX A !JrODOS de récitation.

Il serait nécessaire qu'en récitation des re­visions fréquentes fussent faites, de manière qu'à la fin de l'année scolaire chaque ~!ève sût parfaitement tous les morcea,ux ~tudles dan.s l'année. Même si l'on pouvalf falre des reVl­sions d'année à autre afin que l'enfant quittant l'école à 15 ans possédât bien tous les textes qu'il aurait appri~ par c~ur au c~ur.s de la scolarité, ce seraü parfaIt. 1.1 sufhralf p~ur cela que chaque enfa~t fût mlS e~_ P?SSeSS10n d'un carnet ou d'un livret de réCitation.

Que l'on songe donc à l'importance du ba­gage littéraire que nos élè~es. emporter~ie~t ainsi de l'école! Apprendre htteralement dIX h· gnes seulement par mois, cela fait 100 lignes par an, cela fait 800 lignes pour la durée de la scolarité. Si ces lignes sont empruntées à nos meilleurs poètes, ainsi qu'il convient, quelle provision d'idées, d'expressions, de tournures, d'habitudes littéraires ne trouve­ront-ils pas là, et de quelle ressource cela ne leur sera-t-il pas dans la vie!

Partie pratique

Sujets de Rédactlen -----

Mariette ef Lucie sortent de l'école. Il pleut. Mariette ouvre son beau parapluie neuf. Lucie court sous la pluie. Que fait Ma­riette.

Une fourmi, lasse de travailler en com­mun quitte sa fourmilière. Au bout de quel­que 'temps elle est réduite à la misère? Une de ses anciennes compagnes la rencontre et l'engage à revenir avec les autres. Faites le dialogue et concluez.

'" ,:: ,1:

48

Qu'entend-on par ho~ille blanche? Son importance et son emploI.

'" * * Un mineur et un laboureur comparent les fatigues de leur profession ~t les services qu' ils rendent aux autres. faItes-les parler.

* * * Que pourriez-~ous. faire av~c un sou? (Choses utiles, fnandlses, aumone). >

'" * >1: Décrivez la maison la plus récemment

construite dans le village, vue de l'extérieur.

'" ':' * Décrivez la pièce Olt- vous prenez vos re-pas.

'" ,:, '" Si vous aviez à faire construire une p~­

tite maison où voudriez-vous qu'elle fût SI­tuée? Com~ent vous plairait-il d~ l'entourer'~ Comment, quoique. simple, saunez-vous lUi donner un aspect l'lant?

'" Vous écrivez à v~tr~ grand frère absent

pour lui racon.ter qU'l~11 feu de chemin,ée ~ pris à la maIson. CIrconstal~ces de ~ aCCi­dent émotion - premières tentatIves, vral mo­yen 'd'éteindre' un feu de cheminée.

'" Sur les ruisseaux :oJ~ avez déjà fait tour-ner de petits moulins. Dessinez-les. Décri­vez-les.

'" * * Un brin de laine que vous a~rac~ez de votre veston' vous raconte son h1st01re de­puis le moment où il a été recuei~li sur 1~ dos d'un mouton jusqu'à celui où Il a serVi à confectionner votre vêtement.

'" Retenu à la mais~n ~'<par un gros l'hume, vous vous excusez auprès d'un ami de n'a­voir pu aller le voir, lui et ses parents, à l'occasion du Nouvel An.

'" Quelles personnes * s~~f réunies chez vous le soir autour de la lampe, quand e repas est terminé? Quelles sont les attitudes et les occupations de chacune d'elles?

* * * Dans une çJasse le poêl~ ne marche l?as. Les élèves cherchent à explIquer pourquoi.

'" * * En allumant le feu vous expliquez à votre jeune frère la raison de toutes- les p~écautions que vous prenez. .

SION, 1 êr Mars 1913 32me année

L'EOOLE PRIM-AIRE ORGANE DE LA -

SOCIETE VALAISAlflfE D'EDUCATION

E ducateur. et Educat ion ­(S'uile.)

1 d'ici-bas: leur regard ne porte P'3'S plus haut. Ils veulent qu'on surveille avec sollicitude le développement des aptitu­des physiques et la santé tdu corps, qu' On meuble l'esprit de connaissances va­riées et utiles, ils acceptent même qu'on éveille la conscience et qu'on-incite t'en­fant à la pratique des vertus naturelles, individuelles et sociales Iv1 8is d'ensei · gnement religieux positif, de devoirs en­vers un Dieu personnel et vivant, il n'est nullement question dans leur p1an encyclopédique, pas plus que de l '.âme, substance spirituelle et immortelle. Leur morale mentionne tout au plus une re-ligiosité vague et plutôt sentimentale, et propose comme sanction posthume une survivance _ abstraite et impersonnelle, Ces savants naturalistes veulent qu'on scrute et qu'on admire les 'splendeurs du monde que nous habitons, tandis que le Créateur lui-même doit rester ~our eux ,systématiquement le Dieu in­connu et, qui plus est, inconnaissable.

Il y a mieux à dire à ce suiet: nous, éducateurs, nous ne saurions nous bor­ner à su.ivr~ le progrès, comme on dit, ­ce qui serait le subir. Notre ambitîon doit être de le dépasser, de le diriger ou de le compléter, si l'on aime mieux. Où mènent, en effet, les théories préconi­sées à notre époque? En dernière ana­lyse, elles ne visent guère que l'élément matériel de l'éducation: quant à l'élé­ment formel, ce Qui doit en être l'âme et en constituer l'ultime fin, elles en font généralement abstraction , Leur commu­ne tendance est, sinon de s'opposer au christianisme et -de combattre son in­fluence, du moins de se fixer en dehors de lui, de se déployer dans une neutra­lité déclarée en matière de religion, mê­me de se substituer à la religion, qu' elles affectent de traiter comme un meu. ble inutile à supprimer, ou enCOre com­me un parasite à détruire. C'est là un symptôme inquiétant, et qui révèle dans notre génération un mal profond. Pour que l'humanité ne succombe pas au dan­ger qui en résulte, il faut que, en édu­cation comme en n'importe quel ordre, elle reste fidèle à ce haut idéal chrétien que résume le mot évangélique: «Cher': chez premièrement le royaume de Dieu et sa justice; et le reste vous viendra par surcroît. »

9ue si l'on s'élève à ces hauteurs, est-Il tellement vrai que nous, maî-t~es chrétiens, nous soyons inférieurs ~t

, retrogrades,_ parce que nous donnerions u~e .é9ucation qui ne prépare point aux reahtes de la vie? Ceux qui nous jet­tent ce reproche, envÎsaS?:ent, eux, la vie

Tout autres sont les principes, que nous _ professons. Dieu est au centre de notre plan d'éducation, lequel nous ap:-­paraît inconcevable sans lui. de même que sans le soleil on ne saurait se re­présenter le système planétaire. Notre

1 conviction est -que 'la tâèhe esst'ntielle de .l'éducation consiste à Dréparer l'enl­fant non pour le temps présent, mais Pour l'éternité. A la vérité, ceux qui rai­sonnent et vivent en dehors du christia­nisme ne s'a~cordent pas avec nous: peu nous importe, et, comme disait Mgr Spalding, «la question de savoir si tel svstèm-e d'éducation sert bien les inté­rêts de ce ' qu'on appèlle civilisa1ion et progrès, vient au seCOnd ranJ;!. S'il exis-

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te uni Dieu, il paSse avant tout, il est tout; si nous avons une âme, elle nous intéresse plus que la civilisation et le progrès». Et don~, que l'enfant ait re­çu un bon enseignement religieux, qu'il ait appris à . élever. son âme vers Dieu par la prière, à s',unir à lui 'D'àr les sa­crements, qu'il sache quelles sont ses fins dernières et quel est le vrai sens de la vie, et l'on n'aura plus le droit de soutenir que sa formation est manquée. Il est en -possession de connaissances bien autrement précieuses que les ma­thématiques et la physique, et ]a 'certio

tude où il appuie sa ,croyance est bien autrement fondée que tout ce que pour­rait lui foumir en ce genre la philoso­phie humaine.

. Mais pourquoi tant insister sur un prin­CIpe dont nOUs sentons tous la vérité? C'est que - on peut le craindre -- nous négligeons parfois de traduire dans la pratique ce dont nous nous déclarons si fermement assurés en théorie. Même au nombre des maîtres chrétiens ne s'en ren<:ontre-t-Ïl pas qui ont du mal à com­prendre quelle est la sublimité de leur ministère et quelle responsabilité ils ont à porler? Perdant de vue leur noble idéal, ils en viennent à se réduire au rôle purement profane de pédagogues. Heureux et fiers d'enregistrer les suc­c~ scolaires de leurs disciples, ils, se preoccupent moins de leur avancement religieux.

Trois éléments essentiels entrent dans la formation d'un enfant chrétien: les principes, les mœurs, l'esprit. Les prin ... Clpes sont, sous la garantie de Dieu ré­véla!eur et législateur, expos~s dans un e~seI~nement oral, catéchisme ou pré­dicatIon. Les mœurs, qui sont la 'mora ... le catholique en action, comportent à la fois des habitudes de conduite ou 'ver­tus, et des pratiques, prière, sacrements dévotions. L'esprit est la lumière intim~ de la croyance, il inspire les habitudes il vivifie le$ pratiques. N'oublions pa~ que ces trois éléments s'appellent et se

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commandent à tel point qu'un seul man­quant, l'édJ.tlCation chrétienne de l'en­fant s'en trouve compromise.

(A .vwre,)

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Précis d'Instruction civique (St6ite)

IV. - LA SOUVERAINETE NATIO­NALE

DROITS DE L'HOMME PRIS INDIVIDUELLEMENT

Pris individuellement, l'homme a le droit de se conduire selon sa raison et sa consdençe, d'user de son- Industrie, de ses forces physiques, des biens qu'il s'est acquis et de 'ceux que lui présente la nature soumise à sa puissance et à son activité.

Si l'homme peut user légitimement de toutes choses et même attenter à l'exis­tence des _Mimaux pour satisfaire ses besoins, il fait aussi de sa puissance un usage illégitime lorsqu'il détruit sans utilité, où qu'il cause des souffrances qui ne sont pas commandées Dar la né­cessité. (a cruauté envers les animaux est une injustice et une tyrannie. La 'conscience nous dit que la douleur qu' on inflige inutilement à un être sen~ible est un m,al, une offense envers la nature qui connaît la pitié et envers le Créa­teur qui ne nous a pas en vain inspiré ce sentiment. '

DROITS DE L'ET A T QUI EST UNE PERSONNE COLLECTIVE

L'Etat, q!Jj est une personne collec­tive, a,. comme l'individu, le droit {i'arrir selon la raison et la conscience p.ubli­ques. d'user de la force commune pour se conserver et s'améliorer en amélio­rant l'homme social et les ressources dont il peut iouir.

Ce droit, qui appartient également à toute société politique, s'appelle souve-rain,eté. ' ~

Ainsi, d'après ' la loi natureI1e, nul n'est souverain que la raison et la vo·

lonté genérale, quoiqu'on appelle guel­quefois ainsi une personne ou quelques personnes qui, en vertu d'une fiction lé­gale, sont regardées comme possédant

. le droit de souveraineté. Sous peine cependant de s'exposer à

la désonranisation que produit l'anar­chie, toute société ' doit reconnaître un souverain, soit dans elle-même, soit dans une ou plusieurs personnes revê· tues de ses droits.

En d'autres termes, toute société doit g.arder pour en faire usage par elle-mê­me, ou abandonner à quelqu'un l'auto­rité qui peut la. protéger, l'améliorer, lui faire atteindre, selon des lois parti­culières, le but essentiel de son exis-tence. ' . "

Il n'y a aucune autorité au-dessus de celle du souverain, peuple ou roi; , il est indépendant et maître absolu de tout ce qui constitue l'Etat, dans ce sens qu'il ne peut être rendu responsable que de­vant la loi divine, dont sa propre loi n'est qu'une dérivation plus ou moins imparfaite. Il trouve, dans la nature le principe et les lim:ites de sa puissance, la mesure de ses droits, la règle de ses devoirs.

DEVOIRS DU SOUVERAIN ENVERS LES CITOYENS

Le souverain a pour devoir de con­server et de diriger les forces et toutes les ressources sociales, de leur impri­mer une action régulière qui tende à as · surer la tranquillité et la prospérité commune.

Il use pour cela de trois sortes de mo .. yens:

1 ° Il use d'un enseignement général. La première chose nécessaire à. l'har­monie et à la force dans une société est que chacun sache 'ce Qu'il doit fairè, ce 'dont il doit s'abstenir et en quoi il doit contribuer à la création ou à l'en­tre.tien des ressources publiques. On ~oIt donc apprendre au -citoyen ~e que 1 Etat demande de lui.'

,Cet enseignement se fait, en ce qu'il

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a d'essentiel, au moyen des lois et il est complété, éclairé, fécondé par la na­role du magistrat et par l'enseignement officiel ou l'instruction publique dans ses divers degrés.

2° Ii use ,d'une surveillall'ce et d'une action directrice constantes. Car ,il est nécessaire qujil veille à l'harmonie en­tre les faits 'et les lois, qu'il fasse servir les forces physiques et morales dont il dispose au maintien de cette harmonie et à son rétablissement si elle â été troublée.

3° Il use d'une action de haute criti­que. C'est le droit de lUger et de décla­rer que, d'après la loi, 'tel ayan( fait une chose défendue, ou n'avant pas fait une chose ordonnée, doit être soumis à la contrainte ou à la répression.

LES TROIS POUVOIRS Ces trois attributions du souverain:

enseigner, diriger, iuger, nous font dis~ tinguel' en lui trois pouvoirs essentiels qui leur correspondent. '

Quand il enseigne sa volonté au mo­yen de la loi., le souverain est lérzisla­teur, il exerce le pouvoir législatif.

Quand il veille à l'exécution de la loi, maintient l'ordre ou le rétablit" il exerce le pouvoir administratif ou exé­cutif et il prend le titre de ma!!,istrat.

Lorsqu'enfin il rend la iustice d'anrès cette même loi, le souverain est jUfre, il exerce le 'p-ouvoir iudiciaire. '

Attributions rzénérales ou fonctions des principaux p.ouvoirs qui découlent

dt} la souveraineté POUVOIR LEGISLATIF

Les attributions du pouvoir législa­tif sont de discuter et de décréter les 10isJ ainsi q~e les dépenses publiques d'après le budget ou compte approxi'­matif des dépenses à faire pendant l'an­née, pJrésenté par le pouvoir exécutif compte nécessaire pour que les repré: sentants de la nation puissent fixer avec connaissance de cause les impôts ou les contributions à payer par chaque cito-

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yen pour subvenir aux dépenses de l'E­tat, - de traiter au nom de la nation avec les puissances étrangères, et par conséquent de déclarer la ,paix ou la guerre, .- de se faire rendre compte de la gestion du pouvoir exécutif et ad­ministratif, comme aussi de l'adminis­tration de la iustice, - de faire les no­minations que la loi lui attribue, -d'exercer le droit de grâce et d'amnis­tie, c'est-à-dire de supprimer ou de di­minuer, dans certains cas, la peine pro­noncée au nom de la loi contre un cou­pable.

POUVOIR EXECUTIF ET ADMINISTRATIF

Ses attributions sont de faire obser­ver les lois et exécuter les sentences por­tées par les tribunaux; -"- de présenter ies proiets de lois, en vertu de son droit d'initiative. OH lnl'<::ou'il en est requis par l'autorité lég-islative; - de faire des ré­glements détaillés pour: expliquer ·com­ment certaines lois doivent être exécu­tées; - de surveiller l'administration des communes. Il doit veiller aussi aux intérêts généraux de la nation et pour­voir aux approvisionnements nécessai­res à l'Etat; c'~st en raison de ces fonc­tions qu'il est appelé pouvoir adminis­tratif. Les fondions du pouvoir exé.cutif et administratif sont permanentes.

POUVOIR JUDICIAIRE Il est charg-é de rendre la iustice con­

formément aux lois. On appelle ;ustice civile ,celle gui a pour objet ou de sim,­pIes questions d'administration iudicia.i­re', telles que successions, tutelles, ces­sions de biens, ou des contestations de droits, sources de procès ruineux, mal­heureusement encore beaucoup· tron, fré­quents un peu partout.

La ;ustice vénale est celle qui appli­que aux personnes reconnues coup'ables d'une contravention, d'un délit où d'un crime la peine prescrite par la loi.

LE JURY Le jUry est 'composé d'un certain

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nombre de simples ,citoyens chargés de' prononcer sur la culpabilité des a(:cu­sés dans les ' causes pénales. On n'a pas étendu l'institution du iurv aux affai­res civiles, 'parce que dans ces causes les difficultés de droit sont autrement compliquées et exigent une compétence spéciale, tandis que dans les affaires cr.iminelles, la question de fait et d'in­tention, POur être tranchée, n'exige en g'énéral que du bon sens et de l'imp,ar­tialité.

Les assises fédérales se composent de la chambre criminelle et de douze lurés. Les iurés sont élus p·ar le pe1fpl~ suisse tous les six ans; il y a un lure pour 1000 habitants dans la Suisse al­lemande' et française et un par 500 d:.lns la Suisse italienne. Est éligible tout ci­toyen ayant droit de vote en matière fé­dérale. On ne peut refuser le mandat de iuré que si on l'a été dans la der­nière période, ou si l'on a p'assé ' 60 ans ou si l'on est malade on infirme.

Il v a ciriq arrondissements d'assises fédérales. un pour la Suisse de langue française, trois pour la Suisse alleman­de et un pour la Suisse italienne.

. Quand les assises doivent avoir lieu, la chambre criminelle fait mettre dans une urne les noms de tous les iurés )de l'arrondissement: on en tire au sort 54. Le procureu.r g-énéral a le droit d'en récuser 20, et l'accusé ou les a~cusés 20. Les 14 restants sont convoqués aux assises; le sort en désigne deux comme suppléants.

Quand les débats sont clos, le prési­dent du tribunal soumet au iury les questions qu'il doit résoudre. Ce sont généralement les suivantes: Le prévenu a~t-i1 fait telle ,chose dont il est accus~? A-t-il ,ag-i avec intention coup'able ou avec préméditation? Y a-t-il des circon~, . tances atténuantes (quelque (:hose a dire en sa faveur)? .

Le iurv . se retire dans une chaiubre à part et délibère. Quand le iurv a fini 'se délibération, il rentre en séance. nuis son président dit: En notre âme et

conscience, pous déclarons que .... , etc. Pour libérer ou .condamner un prévenu, il faut une maiorité d'au moins 10 voix sur 12.

(Â SltVvre,)

a ••••

A. un jeune collègue Instituteur l Lettre amicale ouverte)

Vous tenez à me confier une bien lourde charge, mon ami, en me priant d'être votre «c'onseiller », bien plus encore «votre maître en pédaR:oR:ie». Vous prétextez, il est vrai, ma bonne plume, mon expérience, mes diplômes ... bien fallacieuses raisons, à mon avis, qui ne m'auraient guère convaincu si le souci de vous être utile n'était vepl:! me décider, en tout dernier lieu, Jl ac­cepter la charge offerte et à être, non pas ce «maître» que vous réclamez, mais un si~ple «ami», votre ancien, alerte encore, qui, au gré de ·sa plume, de temps en temps, laissera se fixer sur le papier ses impressions, ses idées, s~s causeriesp~dagog-iques.

Puissent (es causeries vous donner l'amour de votre profession! Puissent­elles aussi, mon jeune collègue, vous aider dans votre belle tàche d'éduca­teur'!

• * *

Vous voici donc, me disiez-vous na­guère, à la tête de 40 bambins aux fri­mousses éveillées. Et ie vous voyais dé­jà, au milieu de votre petit mQnde~ srral1d frère aimant et aimé ,apprenant à lire aux moins avancés, .près de la fenêtre, pendant que vos autres, les «grands », s'appliquent le nez baissé, la lanR:ue ti­rée, à aligner q.uelques chiffres ou à décrire la dernière feuille d'automne; je vous pensais heureux, tout à votre besogne, quand iustement votre lettre vin~ me p,rouver le contraire. «Ah! si vous saviez combien i'ai de mal: - Je parle, .ie >crie, personne ne m'écoute. J'aimais ces enfants, au début d~ l'an-

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née; ie peU}Ç à peine les souffrir aujour­d'hui. Je n'en tire rien: ce sont de vrais petits tyrans. Je n'ai plus de goût à tout ce qui m'intéressait au début.»

J'attendais cette lettre, mon cher \ ami. . Te savais que l'enthousiasme des premiers temps ne durerait pas et qu' un soir, après six heures de dasse, longues et pénibles, vous vous diriez comme tant d'autres: «Je suis découra­gé,. ie ne peux établir ' aucune dIscipline, ie n'ai pas d'autorité., Quelle triste mis­sion qJle la mienne! »

Voyons, voyons, vous raisonnez com­me un enfant. Vous savez que ParisT]e s'est pas bâti en un lour. Eloignez, POUr un moment, ' ces pensées qui vous obsè­dent et parlons à cœur ouvert.

Sachez d'abord obtenir de la disci­pline. Vous avez tout pour réussir: VOUS êtes grand, votre figure paraît énergi­que, votre voix sait s'adoucir autant que gronder. Vous êtes instruit, votre tenue est exemplaire. Que demandez­vous davantaR"e? .

Mais, voilà, il vous faut ne pas abu­ser du commandement; mesurez vos in­terventions suivant les natures. Répri­mandez doucement l'élève timide qui ne sait pas sa leçon. Parlez fort au ~ontrai­re, ie dirai. presque, parlez durement, d'une voix qui n'admet pas de réplique, au petit effronté Prenez de l'empire sur lui par un geste qui lui en imposera, p.ar un ton qu'il iugera sans réplique.

Te vous conseillerais en(:ore de mettre souvent vos veux «en relation» avec ceux de vos jeunes auditeurs. Dans une leçon commune, leurs yeux seront fixés sur vous, et vous-même, vous fixerez les élèves (à c.ondition cependant d'avoir fort bien. préparé votre classe). Vous n'admettrez pas qu'un seul d'entre eux puisse vous parler les yeux baissés. Les yeux sont le miroir de l'âme, et par les yeux de l'enfant on pénètre bien loin, allez! Et (:elui qui vous regarde en fa­ce n'est pas un dissimulateur, un men­teur.

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Prenez encore l'habitude de donner une poignée de main à chacun de vos élèves - lOrSqU'lIs arrivent, lorsqu'ils s'en vont. C'est un. excellent moyen d'é­ducation. - Mais obligez-les, en fai­sant ce geste, à se découvrir, et à vous regarder encore bien en face. - Alors un sourire de votre part, quelques mots aimables leur feront ' une excellente im­pression.

Essayez, en même temps, de décou­vrir, par;mi vos «petits tyrans » , les quelques audacieux (ceux qui plus tard seront peut-être des hommes de « carac­tères ») les quelques têtes qui diri­gent la masse - ceux qui par leurs bêtises font rire toute la classe - les meneurs. Une fois ·connus, surveillez-les de près, saisissez le moment où l'un d'entre eux va faire une farce pour jus­tement l'envoyer au tableau, le charger de mettre du 'charbon dans le poêle, etc ... Ses olans sont déioués: vous avez déià cause ~agnée. Une autre fois, vous lui confierez, après la classe, une let­tre à mettre à la poste ou encore vous converserez quelques instants avec- lui - T'insiste Il faut voir vos élèves. sou vent. en particulier . Si vous habitez l'é­cole et que les rè!rlements le permettent, recevez-les vonlontiers chez vous. Dans un entretien où vous ne serez plus seu­lement le «maître », \1/"\11 "- converserez avec votre petit élève, VOlIS l'entretien­drez de tout ce qui Pintéresse, de sa fa­mille, de ses loüets, du «petit monde» dans lequel il vit. Vous «entrerez en son amitié». Vous partagerez même ses goûts et il s'assàciera aux vôtres, Inci­demment, vous lui direz un mot de ses devoirs, de ses leçons, de sa tenue en classe. · Infailliblement, ce petit turbu­lent deviendra votre ami. Vous aurez Drise sur lui.

Je vous donnerai prochainement des exemples.

En attendant, ie vous prédis un écla­tant succès . Mais ne vous croyez pas exempté de vos autres devoirs. Soyez un modèle - un exemple vivant. Ne

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m'écrivez iamais ce que m'écrivit JI v. a cinQ ans l'un de mes amis, institut~ur: « L'expérienc~ m'a tant rendu scepttq~e que le grand ressort est cassé et qJ1e le fais mon travair comme un métier, après l'avoir considéré conune un sacerdoce. »

Puissiez-vous toujours, au contraire, être un apôtre! Votre tâche est haute entre toutes et il faut que vous sachiez tirer beaucoup des plus mauvais d 'en" tre vos élèves. . '

J 'espère que vous aUez enfin être « maître» ·chez vous. T'attends que vous me le disiez. Mais d'autres Ques­tions 'Surgiront: posez-les moi sans· crainte. Ceux qui ont «blan·chi sous le ha.rnais» n'ont plus qu'à ten.dre la main aux autres. ' . R. O.

•••• Instr.lre~·ne suffit pas

- Il faut «élever :t

Depuis la -création bientôt demi-sécu­laire, en France, de Ja «Ligue de l'en­seignement », ·combien de fois son fon­dateur, Jean Macé, s'est il plu à com­menter :son programme résumé dans ces .plaroles d'un présomptueux orgueil.: Nous sommes des faiseurs de lumière! et combien de 'fois ses émules· ont-ils"ré­pété la formule simpliste de Victor Hu­go: Remplir l'école, c'est vider la pri-son et l'hospice. .

Hélas! le temps s'est chanré d'humi­lier toutes ces présomptions du génie.

Ne vovons-nous pas tous les iours qu'en dépit des flots de lumière répan­dus sur la ieunesse, en dépit des , éta­blissements scolaires multipliés à pro­fusion et peuplés par contrainte ou per­suasion, prisons et hospices, bien loin de se vider, recueillent chaque iour plus nombreux de nouveaux déchets: des ,çri­minels à peine échappés des bancs de l'école, ou des loques humaines, avariés à l'âge de la peine floraison? . ,

Il serait excessif d'en faire l'école la « seule» responsable. Mais- sans rien . exagérer, n'est-il pas indéniable Que le

fait d'écarter systématiquement toute notion religeuse de l'instruction de l'en­fance et de l'adolescence, contribue dans une proport40n énorme à produiré et à accentuer ·cette rupture de l'équilibre moral dont souffre et se meurt notre so­ciété 'contemporaine?

Eh! oui, Dieu nous a créés et il nous a ·créés pour Lui. Et tant qu'on s'obsti­nera à construire la société hors de cet­te base, on construira dans le vide. Il ne faudra pas s'étonner que l'équilibre soit instable.

On s'en apercevrait plus vite si' au lieu de se préoccuper uniquement d'ins" truire, on se préoccupait d'élever.

On a trop répété « qu'une belle pen­sée valait une belle action », qu'il suf­fisait d'éclairer les ~hommes pour les rendre maîtres de leurs mauvais ins­tincts et de leurs passions perverses.; on attribue à la raison, à la science, un pouvoir qu'elles n'ont pas; on oublie qu' elle n'est, suivant l'expression d'un philosophe anglais, que la. lanterne au moyen de laquelle la passion - bonne ou mauvaise. plus 'souvent mauvaise -cherche la voie la plus' sûre pour attein­dre son but. Non, il ne suffit pas 'de dissiper l'ignorance pour élever les âmes.

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En vérité, péchaient-ils par ignoran-' ce ces bandits dont l'effrayante audace tint si longtemps la police française en échec? L'instruction fait-elle ' défaut aux lanceurs d'affaires véreuses, aux tripoteurs, aux agioteurs, aux aigrefins, aux voleurs, aux empoisonneurs, aux entrepreneurs de pornographie et de débauche? Est-ce que les problèmes de l'existence reposent sur des notions de grammaire et d'arithmétique?

Donc, le problème social le plus u_r· gent, c'est de raviver, de stimuler\ d'af­fermir, de diriger chez les parents, gardiens-nés et les premiers responsa­bles de l'avenir de leurs enfants, et chez tous ceux qui, à des titres divers. con­courent avec les parents à la forma-

tion de l'enfance, la conscience exacte de l'impprtance primordiale et de la haute gravité de l'éducation. dont on a dit avec raison qu'elle ,était l'axe de l'humanité.

Or, faire l'éducation, c'est avoir un souci ·constanJ et très vif de faire préva­loir, dès le premier éveil des sens et de la conscience, les exigences .du vrai. du iuste, du beau, du bIen moral sur les appétits inférieurs de la sensibilité ani­male, - et de mettre dans sa propre conduite l'exemple des parole~_ de~ at" titudes, des gestes, des actes à faire pro­duire aux enfants.

Faire l'éducation, c'est développer la vie, toute la vie, non pas la vie de l'es­prit seul, ni celle du -cœur ou du corps séparément; m·ais la vie dans son inté­grité et sa totalité.

Donner au corps vigu~ur et enduran­ce, grâce à un. régime sobre, dicté nar une hvgiène sage qui_ .prémunisse et to­nifie à la fois; accoutumer l'âme à se détourner du laid, à s'attacher au beau véritable, à s'aguerrir virilement 'contre la difficulté et la sou.ffrance. à v .. aincre la peur, la timidité, l'élloïsme, à s'entrai" ner aux tâches ingrates et austères, à se discipHner pour ne pas reculer de. vant le .devoir ou le sacrifice; façonner l'esprit, le rendn~ lucide, iuste, itîdicieux, observateur, solidement instruit; mais surtout - ~t ce droit doit être la préoc­cupation première en date et en impor" tance - révéler à l'enfant, à mesure qU' il avance dans le spectacle des hommes et des ·choses, les réalités supérieures, ­les clartés que' l'Evangile a répandues sur nQtre monde obscur, les dépendan­ces sacrées et bienfgis~ntes vis-à-vis du Père . qui est aux cieux, providence. té· moin et iuge, et du Verbe, son Fils. Qui s'est fait l'un de nous pour être à tout homme « la vérité, le chemin et la vie»; faire tout cela, s'attacher à cet effort d'une facon constante et ininterrompue, c'est vraiment « élever» un enfant.

• •••• •

Page 5: L'Ecole primaire, 01 mars 1913

L~ composiUon française à l'école primaire

L'exercice de la -composition françai· se est lié étroitement à ,ceux de gram­maire et d'orthographe, de récitation et lecture, puisque tous ont pour but de faire connaître, parler et écrire la lan­gue maternelle, de donner f'11sa ae du français. . .... - :Mais cet exercice est le plus relevé

Qui résume tous les autres en montrant le profit .personllel qy'en a tiré l'élève.

SA VALEUR. - Formation vrati­qllle. - D'autant plus que l'école pri­maire ne vise pas à donner «l'art d'é­crire », mais à permettre le maniement de la lang-ue dans les cas iournaliers. Même dans le milieu populaire écho de « 'crise du français». 'N éces~ité et multiplicité actuelle des correspondan­c.e~, o~casionS' d~ parler ou d'écrire (po­Itttq~e, associatIons ouvrières

J _etc.)

C est moyen de relation et d'influence formation intellectuelle. - Exercer l~·

memOlre en l'aidant à accumuler des notions claires. Avantage du français: s'exerc~r à l'écrire, c'est s'exercer à pen-

. ser c1éJ.Ir~ent, provoquer l'observation et la réflexion, développer le jugement.

Moyen . indispensable de mettre en œuvre tout ·ce Que l'ensemble de l'édu­cation intellectuelle a pu donner: tant que nous ne Pouvons «extérioriser » par écrit nos connaissances, nous ne les oossédons Qu'impadaitement .

Formation mora/le. fadeur important pour habituer l'enfant à la réflexion morale et au iugement de valeur.

PRATIQUE DE CET ENSEIGNE­ME~T A L'ECOLE. - Suivant ordre du developnement enfantin

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Tous les cours v contribuen.t. «Cf. le­çon de choses: obiets et noms nouveaux, géographie, erc.)>> Qu'on ne saurait trop vérifier si les enfants ont le sens des termes employés: im;:Jainations bi-zarres pour mots mal connus, ten­dance des enfants au psittacisme.

Progression d'exercies spéciaux. Etu­de de groupes de mots: à proximité ou destinaüon commune. Ex.: -objets de classe. salle à manger, animaux de fer­me, objets de même ,couleur, etc. (Cf. procédés po.ur étude langue vivante, à utiliser au début.)

Idée des relations des mots entre eux, trouver verbes .correspopdants à mots. donnés et les idées relatives entre elles: métier et ouvrage. Trouver le qualifica­tif le p,lus apparent d'un obiet (dimen­sion, couleur, formè, etc.), nommer mou­vements simples exécutés. etc

Méthode générale d'interrogation au point de vue de la langue. Réponses -par phrases 'complètes dont les éléments sont fournis .. . P~tits exeî'cices d'élocution: phrases,

hIstOIres reproduites p-resque littérale­ment, images étudiées par Questions 'et réponses.

Cours moyen. - L'enfant est déjà plus riche en moyens ,d'expression Y'QueI. ques images stables sont fixées dans son esprit ..

On continuera étude du langap'e, ins­trument de la pensée, en faisant l'étude du vocabulaire surtout par la dictée la récitation. ou la lecture courante '

On peut commencer premiers exerci­ces de rédaction.

Co.urs. éltmentaire. - L;enfant a l'i­magmatIon vive et fugace, mais som­me toute pquvre. II faut lui donner les moyens de fixer ses impressions par le l~ngage pa~lé et écrit. Ex. de composi­tIons françaIses seront surtout exercices de vocabulaire.

. Exercices d'observation. - Grada­tIons ~ationnelles. faites. (Ct dict. pé­dagogIe: expreSSIOn d'un fait simple' ­for:me, couleur, action, description dru~ Oble! du simple au 'compliqué: olume, encn~~, couteau, montre, lampe, etc ... )

CntIque: part de convention dans ce choix .. Bonnes i~ées pour. dresser à l'ob­~eryatIOn: ~escnption d'un arbre, fleur, frUIt en faIsant exprimer ce que per­çoit chaque sens.

A ce stade laisser peu de part à l'i­magination. On aboutirait à une per­sonnalité d'emprunt.

Exercices d'imitation: d'une lectu~e d'un récit, .un résumé de leçon explI­que, p'ar ex.: leçons de choses.

On fera cependant trouver les p~n~­graphes Qui représentent idées pnnCl-pales. l' ,

L'exercice sera toujours fad lie par la préparation (divisions, points de re­père) au tableau.

Exer.cices d'invention. - Porteront sur choses, imap'e$ ou expériences vues, entendues, qui peuvent être l'observa­tion iournaIlère et n,l'"!:l,uQue. Ex.: ne pas donner le Savoyard perdu . dans une tempête de neige à petits dtadins . qui ne connaissent pas les Alpes, mais blen: «Vous avez rehcontré {:e matin de pe­tits Savovards », etc ...

Donner suiets où l'ordre des idées est donné par suite naturelle des faits. Ex.: expliquer un ieu, écrire conversation te­nue pour achat d'un jouet. Comment S'y prendre pour accomolir telle action, faire tel trajet, etc.

Exercice de raisonnement très peu encore. Exprimer une conclusion simule sur un exemple fourni.. MotIver choix ou ex cl usion (saisons, héros).

Cours supérieur. - L'enfant ,a des associations d'idées, un iugement qui peut essayer de s'exer-cer et de contrô­ler son imatdnation.

Il faut l'habituer à grOUper ce qu'il sait sur sujet donné, à «composer» ( grosse difficulté),

L'étude du vocabulaire devient péné­tration de la langue, étude s~ms préten­tion des procédés des auteurs (point de vue langue~ style, composition. Pour­quoi tel mot, telle comDaraison?)

Une excellente application sera de faire rédiger ces réponses, et d'autres encore d'ordre moral, Qui , sont faites à prooos d'un texte lu ou dicté . .

C'est à ce moment Qu'il faut donner aux enfants le goût de la lecture, l'uti­liser et le ·co.ntrôler en leur apprenant à

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en tirer un profit net sous forme d~ deux Ou trois idées principales.

La composition écrite restera très sim­ple. On peut suivre cette gradation as-

. SiZ ;uste: portrait physique: ex. le iar­dinier; portraiLmoral: ex. l'écolier soi­gneux . . Narrations d'après image ou observation' directe.

D'après des récits, en en modifiant les données, lettres sur des événements simples.

Vous continuez à user du tableau noir ,pour la p'rép.aration du devoir. Le maître Qui a travaillé un peu son suiet a son plan, mais doit laisser une -cer­taine liberté aux élèves. Il les amènera patiemment Dar des exercices fréquents à distinguer entre la recherche des idées, leur groupement (limiter .son su­iet mettre en valeur l'idée dominante de' l'ensembie et du parasrraphe, prou­vér ses affirmations par l'analyse) et leur expression (qu'elle -~oit <correcte, propre, claire et surtout sans recherche, nlutôt plate si c'est mieux corresnondre à l'idée). ' Autant de points sur lesquels faire porter tour à tour leur attention.

Ce seront toujours les sujets de bon sens plutôt que ceux d'imagination qui seront choisis.

La piart des· réflexions morales pour; ra être faite beaucoup plus grande que celle des impressions sentimentales. On choisira les proverbes ou les maximes dont le sens très clair se déduit d'un fa­dIe raisonnement.

L'étude de la comp-osition francaise au.rait comme complément nécessa1re l'étude de ·la cor.rection de la composi­tion francaise, ce que peut y être la part du m~ître, (travail personnel, en de­hors de la classe), quels modes il peut .employer (tout relever,' bien et mal ou grouper les observations sous plusieurs chefs, s'il fa.ut avoir ou non un nlan re­fait, et un corrigé) 'et ce qui doit être aussi la part de l'élève. (11 ne devra pas seulement regarder la note mais tenir compte de la correction -colleçtive et re­faire tout ou partie).

Page 6: L'Ecole primaire, 01 mars 1913

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Cet,te .étud~ par la Quantité de vues ~7 detatl QU elle soulève montre bien l.tm·portance de cet enseiR"nement essen-tIel. - -

n?n plus, s'ils n'en avaient ni mangé, nt vu.» E~ à l'un de ses enfants, âgé de .7 an~ llJ.ste, Qui manquait d'imagi-

••• __ nabon, le, donnai les Contes de Per­rault. Il s en montra enthousiasmé .

Des eoatell et hllltoirell M~s les histoires ne sont pas que pour les teD' petltll 1) des gateau~; elles sont aussi du pain.

d ..... Joie et progrès, plaisir et profit t~ons-nous intentionnellement. Les his~

tOIres, en effet, produisent, du· même coup, ces. deux sortes d'avantages' en l~ur graCIeuse yégétation, comme' sur 1 arbuste fortune des dimats de rêve les fruits se mélangent aux fleurs '

Tous ~es enfants aiment les histoires, et, ~epuls q.ue le monde est monde ils l~s. ~co~tent avec transport. Toutes' les cIvlltsatIOns nous en ont transmis' tou­tes les annales, tous les récits de ~oya-

· ges nous en font connaître. Les explo­rateurs en o:r: t recueilli qui font le bon­hel!r des r:ett~s Lapons, des petits Chi~ nOlS, des ne2'nllons de l'Afrique du Sud

(;2uand LouisXIV enfant passa de l~ maIn des femmes à la direction plus TIl­de des gouverneurs et des valets de chambre, <~ce qui lui fit le plus de pei­ne .»', au dlr.e de La Porte, «fut d'être pnve des contes de Peau-d'Ane avec les­~uels le~ femmes avaient contume de 1 endorr~ll~ »; et,plus tard, dans les li­'dres QUI f.ur~nt ~crits pour l'édu.cation

e son pettt-fIls, Il dut préférer de beau-coup les. Fables à Télémaque. .

Il arrIve, quand on parle éducation avec les famtlles, d'en rencontrer' unë dU de~x ~ans le nombre, qui, paf abus · es ~nncIpes .et excès de logique, n'ont lam~IS condUIt leurs enfants dans le palaIS enchanté des contes: « Les miens ne demandent pas, d'histoires, me disait une J11,!lT1lan - He' Madame ' d· · '1 . d . . . ' repon tS_ l.:..~~e emanderatent p'as de gâteaux

l' b1)béCes, }?ages ~ont extraites d'un article que a FelIx Klem a donl1' C

dan t" et q "1 f A e au " orrespon~ BI d u 1 era paraltre' en brochure chez

ou sous une forme plus complète.

« On ne dOIt 'pas regarder le ieu comme une chose fnvole », disait le père Frœ­bel. - Les histoires non plus!

L~rsqu'on aporofondit la Question des J~ux, o~. s'aperçoit que, s'il faut cn favonser d Instrucüfs .et de moralisa­teurs, le~ autres" pour n'être qu'amü­sants, 11 en possedent pas moins un gran? ~ou'Voir d'éducation. De même, les hIstOIres, Il en est sans doute panni el,~es que leur c~n!enu rend cap~blès d mfluence plus serIeuse, plus profonde plus durable, celles-là s'imposent davap~ tat4e à, notre attention, et nous devons veIller a ce Qu'el1~s gardent leur place, une. place de Ch01X, dans le répertoire. Mats ce n'est pas une raison pour ex­dure ,.les autr~s, celles Qui ne paraissent entralner ou: Qui 'n'entraînent vraiment aucune conséquence. Toutes les histoi­re~ sont bonnes~ oserai-je dire, dès lors qu elle.s ne sonr pas mauvaises, et cel­les QUI ne fon~ que plaire, par là même sont encore utIles. . Mais ?e plaire est le mérite essen­

tIel, cel Ut dont aucune ne pourrait se passer. -C'est une Qualité nécessaire à toutes, au~ l?lus légères et aux plus gra­ves, aux recIts burlesques et aux contes. moraux. Les !tistoires, avant tout, sont des œuvres .d art; elles doivent premiè­~emen~ channer l'auditeur, promouvoir' 1 exerc!ce agréable de ses facultés de connaItre, ~t de sentirJ satisfaire son s~n.s estheüque, éveiller en lui la joie debcate que provoque tOulours même sous ses formes les plus mode~tes la rencontre du beau ' . Qu~ ce. soien,t là, du reste, autan/de le~x Inutt!es, c est. ce. que n'admettront n!l . les l!leres, les InstItutrices, Qui, pOUr aVOlr, fut· ·ce une seule fois~ racQnté

avec verve une histoire même des plus simples, ont connu 1'émotion heureuse de voir s'épanouir près d'elles, comme fleurs au soleil, leurs enfants radieux d'enthousiasme. Pour moi, de tant de gracieux souvenirs que m'ont laissés les visites aux Jardins d'enfants, il n'en est pas que .le préfère à celui des récits d'histoires; et ce qui m'en reste le plus vivant, -ce n'est pas ce Que la maîtresse disait, c'est la manière dont elle était écoutée.

Les histoires ne feraient-elles qu'éta-blir entre narratrice et auditeurs une teUe communication' de sentiments et de vie, -c'en serait assez pour q~e de plus en plus, ·comme fait la pédagogie nou­velle, on en recommande l'usage à la place des anciennes lectures. Rien de plus propre,. en effet, à inspirer aux élè­ves pour la maîtresse ou pour le maî­tre ces sentiments de confiance, d'affec­tion et de gratitude Qui, pourvu qu'on n'en abuse point, seront d'une si grande ressource aux heures du travail- et de l'effort sérieux. Mais n'est-ce pas déià un gain aporéciable que l'effet de dé­tente et d'aisance morale, immédiate, ment produit dans l'atmosphère de 1'é­cole par l'amusant repos ou la bienfai­sante émotion du récit que 1'on vient d'entendre? Peut-être une dgngereuse électricité s'amassait au . .dessus des ieu­nes têtes, .p'ar suite d'un devoir diffidle, d'une réprimande mal acceptée, d'une sorte de v~ue mécontentement. Les courants nécessaires de parfaite com­munion commençaient de s'interrompre. L~histoire est venue les rétablir et tout remettre en ordre, l'histoire qui a repo· sé 1'esprit, adouci le -caractère, enchan­té l'imagination et touché le ·cœur No­tons aussi sans v insister. tant c'est évi- ' dent. que. par le fait même du plaisir qu'elle attache à l'acte d'écouter, d'é­couter longtemps, elle déveloope la puissance d'attention. de contefltion. et peu à peu transforme en habitude l'exercice précieux de cette faculté.

A ces excellents effets Que produisent,

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il faut le remarquer, toutes les histoires sans exception, pourvu qu'elles soient bien dites et intéressantes, l'on en pour­rait ajouter 00 autre Qui leur est égale­ment commun et Qui consiste à enrichir le vocabulaire des enfants. à leur ensei­gner nombre d'expressions nouvelles que le contexte fait 'comprendre sans peine ou dont l'explication est bien ac­cueillie. Et ce n'est pas rien Que de meu­bler ainsi p.~_u à peu les espaces vides d'un ieune cerveau, 'd'v inscrire des tournures de phrases, des locutions. de simples mots, que dis-ie? des_sons bien 'articulés et une exacte prononciation.

(A 81tivre,)

••• 1

Partie pratique

L'enfant et la Moelété (Leçon au Cours élémentaire pouvant

être adantée au Cours moy,en) Les devoirs sociaux de l'enfant -en'

dehors de la famille et de l'école. -Les élèves du Cours élémentaire doivent être instruits des devoirs Qui leur incom. bent envers la Société, étendue plu.s loin que la famille et l'école. A cet effet, nous avons à développer les sentiments et à favoriser les ades Qui, chez l'en­fant, sont l'ébauche de la justice d la première initiation à la charité.

1. A l'aide d'images et de récits, car un énseignement tout didactique ne se­rait pas possible ici auprès de jeunes enfants, nous nous efforcerons d'inspi­rer à nos élèves, en. même-temps que la docilité, des sentiments de reconnaissan­ce et d'affection envers les serviteurs, c'est-à-dire, envers toute personne qui seconde leurs parents ou s'occuoe d'eux, de 'concert avec leur mère, on en son ab­sence.

2. Nous développons en eux, au mo· yen des mêmes procédés -concrets, le res. pect le plus profond, en même temps qu'une affectueuse confiance pour le Prêtre, leur disant Que le prêtre Qui lès

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a baptisés, qui leur fait connaître le bon Dieu et les dispose à leur première Communion t est le représentant de Té­sus-Christ. Aux plu.s Q:rands, nous pour­rons donner une idée de la dignité du prêtre, de son pouvoir surnaturel. Nous serons mieux compris que nous ne saù­rions le ,croire et nous imprimerions, ain­si dans ces ieunes âmes d'ineffables et bien précieuses empreintes.

3. Des sentiments analogues devront être suggérés aux enfants à l'endroit des personnes, revêtues d'un habit reli­gieux. Les missions de dévouement qu' elles exercent ne laisseront pas de frap­per l'esprit et d'émouvoir · le -cœur de nos élèves. Parlons-leur des Mission­naires qui évangélisent lès sauvages, des bonnes Sœurs qui, sur toute la sur­face du srlobe, sacrifient leur existenée au soulagement de tous les maux (en­trer dans le détail et, d'avance, réfuter les erreurs, les calomnies combattre les préiugés dont les enfant; confiés à nos soins pourraient être victimes à cet en-droit). .

4. Nous leur ferons comprendre aussi en quoi consistent la politesse les égards, la déférence qu'ils doivent ;voir P9u~ les personnes haut placées et, en gen~ral, _ toute nuance observée pour les personnes dont l'âge dépasse suffisam­ment le leur, en .particulier pour les vieillards.

5. Les vieillards! Sur cette dernière ·catégorie de personnes nous ,fixerons ~o~t particulièrement l'attention de nos eleves et, en faisant cela c'est à l'éduca­!ion du ·cœur, cette partie délicate ël si Importante de notre tâ-che que nous travaillerons. Il faut que 'l'enfant ap­prenne à respecter la vieillesse, à l'ai­mer,. à lui rendre, à l'occasion, tous les serVI-ces dont il est capable; il y a de si ·touchantes affinités entre les deux âges extrêmes de la vie! Apitoyons nos élè­ves sur la situation des infirmes, sur celle des malades. Ne craülnons pas sous prétexte de sensiblerie à éviter, d'é:

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motions affaiblissantes à proscrire, de développer une sensibilité, sa~ et for­tifiante, celle-là, car elle tue l'égoïsme, si naturel à l'enfant et, avec lui, la du­reJé qui en est la conséquence.

6. Ne laissons oas ignorer à nos pe­tits élèves, aux plus jeunes même, qu'il y a dans le monde et souvent tout pro­che de leurs demeures, ,de ,pauvres en­fants de leur âge, orphelins et malheu­reux; d'autres, qui sont privés de la vue, de l'ouïe, de la parole, de l'usage de leurs , membres, et excitons-les à la pitié élevée, à celle qui vient du 'cœur et qu'accompagne, avec la sympathie, le désir a1'<ient de voir tant de souffran­.ces secourues et soulagées.

Aux élèves du Cours élémentaire et, à fortiori, é\UX élèves du Cours moyen, nous pourrons raconter les prodiges ac­complis par la charité chrétienne en fa­veur de ces déshérités et les actes de dé­vouement, le plus sou.vent cachés; que suscite tous les iours leur infortune. Mais peut-on les atteindre tous! Et com­bien qui souffrent dans l'isolement et la pauvreté! Des traits .bien choisis de la «Vie des Saints », l'histoire abrégée, mais saisissante de bienfaiteurs de l'hu­manité, des récits nous serviront à mon­trer aux enfants tous 'ce que des hom­mes et des femmes de grand dévouement, d'oubli total d'eux-mêmes ont entre­pris et mené à bonne fin, pour abriter, soigner, consoler et instruire tant de malheureux, voués à l'infirmité. Nous ne savons pas de lectures plus saines, de récits qui soient de nature à intéres­ser davantage les enfants que ceUx qui ont trait aux œuvres vraiment divines de la charité. Ne éroyons pas que nos , élèves soient trop ieunes pDur les. com­prendre: leur candeur est intuitive et périétrante, .comme tout ce Qui est pur. Ils seront touchés, émus et garderont au fond de leu.r -cœur, pour la vre en­tière, ces sentiments de bonté, de pitié, de 'charité, d'admiration pour les bien­faiteurs de l'humanité, qui sont d'actifs stimulants dans la pratique du . bien.

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Résumé L'enfant doit l'obéissance, la reconnaissau-

ce la bonté à toute personne qui, en dehors d~ la famille et de l'école, s'occupe de lui. Le prêtre et les personnes .consacrées à Dieu dans la vie religieuse ont droit à son respect profond et à sa confiance. Les vieillards ré­clament, avec son respect, sa sympathie et se, services. Il doit être plein d'égards pour tous ceux que la situation ou l'âge placent au-des­sus de lui. Les infirmes, les malades, les pe­tits enfants orphelins ou infirmes doivent lui être chers. Leur souvenir les aidera à être bons, à savoir, au besoin, se priver d'une' friandise pour leur envoyer une obole. et les excitera à bien employer tout ce. que Dieu leur a donné à eux de santé, de bons organes physiques, de tendresses et d'affections. (A placer ici un mot en faveur des enfants. sourds­muets de Géronde ou de Gruyère).

, _________ ~I~ •• -B---------1Jn brin de morale

L'œrf{ent est un bon serviteur et un mauwais maître

Qu'est-ce que l'argent? - C'est un métal blanc qu'on trouve le plus sou­vent mêlé au plomb dàns les mines. On manipule le minerai pour isoler l'ar­gent. - Et que fait-on de l'argent une fois que ce métal est obtenu? - On en fait des ustensiles de ménage: coupe~, plateaux, cuillères, fourchettes. Il peut servir aussi à faire des statuettes, des boîtes de montre. Enfin, on l'emploie à frapper des pièces de monnaie. - Sous laquelle de ces formes est-il question de l'argent dans notre p'roverbe, Qui le dé­clare bon serviteur et mauvais maître? - Pour sûr, il s'agit de l'argent mon-navé.

Et la monnaie d'or, de billon, de nic-kel, n'en est-il pas question dans le pro­verbe? - Que si, il est question aussi de cette monnaie-là. Le proverbe p-arle même des billets de banque et de tout ce qui sert à la ciliculation financière. ArfZent ici, veut dire tout le bien qu'on peut dépenser et qui tient dans le porte­nonnaie, les portefeuilles, les coffres­forts et les banques.

L'argent est une des grandes puis· san ces de ce monde. Chacun le sait. On en parle tous les iours. Mais on en par­le très diversement. Si l'argent était un monsieur ou une dame, vous ne saurie~ certainement plus que penser de lm après en avoir entendu dire tant de choses contradictoires.

Car enfin, il y a des iours où vous entendez sur son compte de telles hor­reurs que vous devez nécessairement en conclure: ce monsieur Argent doit être un monstre, une sorte de brute sauvage et malfaisante, sans entrailles et sans pitié_. pour qui rien n'est respectable ni sacré, et qui ne , -connaît rien, . hormis lui-même. .

Et d'autres iours, vous en entendez dire tant de bien que vous devez inévi­tablement penser que c'est un' bon prin,~ ce, large et bienfaisant, inépuisable en trouvailles inl!énieuses pour soulager la misère, encourager le travail, créer des merveilles.

Oui débrouillera ,cet écheveau? qui saura le mot de l'énigme? Oui, ou non, l'argent est-il un grand coupable digne de tous les châtiments ou mi bienfaiteur d'une rare noblesse, digne de tous les honneurs? Eh bien! ce n'est ni l'un ni l'autre et c'est tous les deux. Les gens qui veulent tout trancher p~r <fui et non perdent leur latin ici. Impossible de ré­pondre oui,' impossible de répondre non. Mais impossible aussi de se taire. Car enfin, l'argent, il faut savoir qu'en penser, sous peine de faire du tort et de 'Se tromper tous les iours.

L'argent est ·à la-fois bon et mauvais. On parlera et pensera de lui sous ces deux formes, tant qu'il y aura des hom­mes, car on ne pourra iamais se passer de l'argent. Si. on le remplaçait, -ce se­rait par quelque chose d'analogue des~ tiné à remplir la même fonction et cela reviendrait au même. Les avantages .et les inconvénients reparaîtraient identi­ques, et plus on changerait, plus ce se­rait la même -chose.

Dans cette question de l'argent, si

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tre excellent le violon sur lequel i.1 sa­bote la musique d'une si ' criante façon. L'argent est un bon serviteur, veut dire q~e ,c'est un instrument de marque, qui, bIen employé, produit des résultats re., marquables.

L'argent doit obéir à la conscience a l'intelligence, à la bonne volonté. Il d~it s'emp.Joyer à bien rémunérer le travail, à créer des œuvres utiles, à soulager la misère, à instruire, cultiver, améliorer les hommes et les institutions Aussitôt qu'une entrepdse utile s'orlla;lise quel­Que part, il faut que l'argent soit dispo~ sé à S'y as~ocier. On ne peut pas énu­mérer les résultats innombrables et bons que produit l'argent quand il est un instrument docile aux mains des braves gens.

obscure, si troublante, si déconcertan­te, ~,?tre proverbe apPorte une certaine lumlere. çertes, il ne dit pas tout sur ce grav,e sUlet. Mais il dit une chose es­s~nhelIe, bonne à méditer, à 'creuser, et c est ce gue nous allons faire Si nous retenon~ la leçon de ce prov~rbe elle nous · ~l~era .à ~viter en grande ~artie les. mefalts de 1 argent, du moins en ce qUI dépend de nous et de notre volonté. -; Le ~r?verbe loue d'abord l'argent. C, est, dIt-Il,. un bon serviteur. L'éloge n est pas I?lll'ce. Un bon serviteur. Poùr ma part, le me contenterais de mériter un s~mbl~ble témoignage. Et ie vous conseIlle a tous de n'aspirer, en ce qui vou,s concerne, qu'à l'honneur d'être an. peles bons servzteurs. Bon serviteur de san pavs, d~ ~e~ semblables: bon servi. teur ~e la vente, de l.a iustice, c'est tout ce qU On peut souhaIter de plus beau. , - Mals comment peut-on parIer de

1 argent, ,en des termes qui , ne ,convien­ne!!t qU a des personnes intelligentes et raIsonnables? - C'est que l'argent est u~.e so,rte d'annexe de la personne. Lmt~lhgence ou la sottise, la bonté ou la n:echanceté de l'homme qui s'en' sert, sc r~percute en lu~. L'argent est un bon. servI~eur, v~ut dIre qu'il exécute des fondlO~? utdes et favorables à tous, tant QU Il reste modestement à sa place d~ ,subalterne. - Il doit servir l'huma­mte et non p~s la réduire eu servit1lde. En un mot. 1 argent est fait pour l'hom­me et nOn l'homme pour l'argent.

Mais pourquoi l'argent, ce même ar-,gent qui est si bienfaisant dans son rôle de serviteur, est il qualifié de ma/.ll~ vais maître? Cela, nous allons ~ssayer de vous le faire comprendre. Ce n'est pas la même chose du tout Qu'un hom ·. me soit le maître de son argent ou que 1'argent soit le maître d'un homme. Supposez un homme esclave de son argent. Que fera-t·il. On peut être sûr Qu'il fera le ,possible et l'impossiblef>our le ~onserver. Il en sera avare. Pour ce maltre il commet des cruautés, des cri­m~s, des bassesses. Il ne ~onnaît que lUI. Toute occasion de dépenser de l'ar­g-ent. pour l'avare, est un danger gray ve. L'essentiel n'est pas que les travail. Iel!rs soient bien payés, les institutions uhle.s organisées, la misère soulagée; les serVIces publics bien dirillés: l'essentiel e.st. pour lui, Qu'on dépense aussi peu

~aturel1ement, p'as plus ce proverbe ~u aucun autre n'est' à l'abri des excep­tlOn~ et de ~'erreu~. L'argent est un bon servlt:~r S'Il est bIen dirillé et bien com­mande, Un imbécile Qui a de l'argent beaucoup d'arllent, n'est na's nOl1r 'cel~ caoable de diriger un tel serviteur Il P~ut lui faire exécuter des ordres stu­PIdes ~ be~ucouô d: !!ens, l'arQ'ent ne sert Q,U a faIre des behses nlus Q'rosses que n en !ont les autres Mais ceci. en somme. n em,neche pas l'arp'ent d'être un bon;. servIteur, pas p,lus ou'un mé, chant racleur de violon n'empêche d'ê-

a'argent que possible. _ '

L'argent est le maître encore- si un homme est conduit par lui à des abus. II y a des gens qui ne peuvent pas aVOI! ~'argent sans qu'il leur vienne des Id,ees. de !e ,mal employer. L"argent les sedUIt ,htteralement et les égare. B~aucoup dA enfants et de ieunes gens se-

raIent peut-etre laborieux et de conduite

excellente. Mais ils ont trop d'argent, ils sont prisonniers de leur fortune.

L'argent est le maHre encore lors­qu'on lui attribue aussi tous les POl,l­voirs et qu'on se figure que tout peut être obtenu à coups d'argent, Que de gens s'imaginent que l'argent suf­fit à tout; ils, ont confiance en lui seul. Mais leur · maître les trompera. S'ils attendent tout de l'argent, ils se­ront décus. L'argent ne .peut procurer la santé, ni remplacer l'intelligen-ee, ni supnléer au courage, à la l}robité;. et même à l'habileté. Les ,èhoses qui ont le plus de valeur comme la bonté; la iustice, la vérité, la liberté, l'honneur, l'amour, le génie, ne peuvent ni s'ache­ter, ni se vendre. L'argent est un mau· vais maître lorsqu'il entreprend d'ache­ter ce que personne ne peut ni ne doit vendre. Acheter la conscience d'un iu­ge, l'inté2'rité d'un témoin, la voix d'un électeur, l'opinion d'un iournaI. l'hon­neur d'un soldat, -ce sont des crimes de l'arflent maître. Mais ,ce sont des illu­sions et des duperies en même temps. Si vous achetez la iustice, ce n'est jJlus la iustice; si vous achetez l'opinion, ce n'est plus l'opinion. De l'honneur qu'on vend n'est pas, n'a iamais été de l'hon­neur, Il n'en est pas moins vrai que par ces essais d'acheter le cœur d'es hom­mes, de gouverner leur volonté, de les asservir et de les opprimer, l'argent de­vient une source de corruption. un fléau destructeur. Et dans ,ce rôle de maître, il ne faut iamais le supporter. Qu'il serve, mais ne commande pas. Ne Soyez donc bas les esclaves de votre argent et n'essayez iamais de vous en 'servir Dour réduire les' autres en esclavage.

Résumé De personne et d'aucune chose on ne dit

à la fois plus de bien et plus de mal que de l'argent. Est-il bon? est-il mauvais? Notre proverbe . fait une très fine remarque. Il est ~on servIteur; mauvais maître. S'il est un IUstrument docile au service de l'intelligence et de la bonne volonté il fait des merveîIles. S'il veut dominer, êtr~ obéi vénéré en maî-. ,

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tre, s'il veut que devant lui tout plie et s'in­cline, alors il n'est plus qu'un tyran aveugle. Prenons garde à nous. Ne soyons jamais nous-mêmes' des esclaves de notre argent et n'essayons jamais de régner sur personne au moyen de l'argent. Charles \YI AGNER. .. -..

Sujets de rédaction

Dans une promenade vous avez cueilli des fleurs pour les offrir à votre mère. Comment vous est venue l'idée de faire ce bouquet? Comment l'avez-vous composé? Comment l'a­vez-vous présenté? Surprise de votre mère, sa joie. Comment eUes se sont manifestées. - Conclusion.

'" ,:, '" Lettre à un vieux maître (ou maîtresses)

qui va prendre sa retraite pour ' lui dire un affectueux adieu et lei remercier de ce qu'if (ou qu'elle) a fait pour vous.

* * :J: En vous rappelant vos souvenirs, en vous

adressant à vos parents ou grands parents, vous constaterez que, dans votre endroit, un certain nombre de métiers ont disparu. Vous direz en quoi consistaient ces métiers et quel­les ont été les causes de leur disparition. Vous terminerez par quelques réflexions.

>1<

* * Vous êtes près d'un champ de blé en di­

verses saisons. Vous décriv.ez l'aspect qu'il présentait et les travaux qu'on y exécuta,it.

'" :::1:: :.t:

En revenant de l'école, deux amis trou­vent un porte-monnaie contenant de l'argent. Pierre propose de partager. Réponse de Paul. A quoi se décide-t-on et qu'advient-il du por­te-monnaie? _

A table, MI, Difficile est toujours 'mécon­tent. «Ce pain est rassis, cette soupe est trop épaisse. On me donne une cotelette saignante et j'aime la viande bien grillée ,». - M. Diffici­le est un enfant gâté qui sera plus tard bien malheureux.

'" ,:: ,k

Décrivez la pièce où l'on se tient le plus souvent. en famille, dans une maison propre et gentIment oIllée. .

1\1

>1< *

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Décrivez un étang gelé, ou une rivière g_e­lée. 1. La glace: son aspect, sa couleur. -2. Les rives: joncs, plantes aquatiques prises dans la couche de glace. - 3. Que font les enfants pour s'assurer de la solidité de la glace? - 4. Que font-ils 10.1sque la glace est solide? ..

*' * Situation de votre maison, sa physiollo:

mie, ce qui vous y plaît le plus, pourquot vous l'aimez.

• :~ :1:

Il ne faut pas, a dit la Fontaine, juger les gens sur l'apparence. Qu'entend-on par là.? Pourquoi ne faut-il pas juger ainsi? Faut-il ne tenir aucun compte de l'apparence des gens?

* * * Jules dépose à la maison de commune un

pOlie-monnaie qu'il a trouvé. Jacques parta­ge son repas avec U11 camarade pauvre. Ra­contez rapidement leurs actions. Dite8 quelle est la plus méritoire et pourquoi.

• ::< *

S'instruit-on seulement paf' les livres? S'il y a d'autres sources œinstruction que les livres, dites lesquelles.

Racontez l'histoire de votre derl11ère ma­ladie. Où l'avez-vous contractée? la visite du docteur les soins, la convalescence, réHexions.

Citel quelques imprudences graves qu'il ne faut pas commettre si on veut éviter des maladies.

* >:, :k

Quel est votre jeu ou votre passe-temps préféré? Dites pour quelle. raisons il v,?u.s plaît et rappelez-vous une Clrconstance ou Il vous a procuré un très vif plaisir.

'" * * Vous ferez un dialogue entre deux amis

(ou amies) dont l'un est prodigue et dépense sans ;réflexion l'argent dont il dispose tandis que l'autre est économe.

lit ~: :::

Indiquer les devoirs que nous avons à remplir enver s nos voisins et l~s raisons qui doivent nous porter à remplIr ces de­voirs.

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• ,), ,~

Peut-on arriver à se perfectionl1~r soi­même? Montrez, par des exemples pns dans votre vie d 'écolier, ce qu'un en.fant de vo~re âge peut faire pour son perfechonnemen.t 111-

tellectuel et moral.

Un de vos amis (amiés pour les. filles) a dû quitter votre commune. V?US lm envoy:z un petit souvenir. Lequel? Ddes votre choIx et pourquoi. .. -..

Le J euno Catholique !ournal illustré po.ur TWS . ~,!fants .pa­raissant Ch4QUe mOlS et publœ avec hau­te approbation ecclésia'Stiqwe. - AboD­nement 1.50 par an pour la Suisse (2 fr. pour l'Etranger).

Sommaire de la livraison de février : Grand'mère à l'école. - L'hiver. -;­

Le petit Tambour de la Grande Armee (suite), - ·La fête du soleil.,,---: L'en­fant sage. - Le pain. - L elephant. - Pensées. - Rayons et ombres. -Travaux manuels pour jeunes filles. , -Concours et récréations. - Anecdotes. - Partie de traîneau.

Ce numéro compte 9 illltS~rations., Pour s'abonner ou receVOIr nUI?er.o

spécimen s'adresser simplement amSI: !eune Cat/Wlique, Sion. '

Le règlement des abon~ements, ?evra être intégralement effectue ;U,SQU au 10 mars faute de quoi l'envoi du iournal cesse~a à partir' du présent numéro,' à moins qu'un délai n'ait été demande et obtenu pour différer le paiement à un peu plus tard. .

Encore une fois, nous engage,ons le· personnel enseignant à provoquer a~­tant que possible, des abonnemeu}s dI­rects qui, bien qu'un neu plus onereux, ont par compensation le grand avanta­ge de permettre au petit journal d'~r­river sans intermédiaire ni retard, nUlS­que re·mis aux intéressés par la poste elle-même.

SION, l~ Mars 1913 =

L'EC LE PRIMAIRE ORGANE DE LA

SOCIETE VALAISABliJI D'EDUCATIOli

Educateurs et Edncœtlon (Suite.)

celle de saint Ignace: « Commencez par agir comme si tout dépen.dait de vous~ même, et puis r emettez-vous à Dieu comme si tout déperidait de lui ». L)ex­tension du règne de Jésus par Marie Immaculée ne réussit donc oue l)ar le zèle. San.s cela, le dessein providentiel est frustré. Comme l'insinue saint Paul dans ,ce texte connu: « J 'ai planté,. Apol­lon a ·arro'Sé. Dieu a fait 'croître ». à l'al~ pôtre il revient de semer ou de planter, de cultiver et d'arroser; - la croissance est la part de Dieu.

Et maintenant observons en témoins impartiaux les faits à notre portée. Tels maîtres s 'imaginent que le développe­ment théorique du texte littéral soit du catéchisme, . soit de l'histoire sacrée, constitue, e~l fait .de religion, tout leut ministère; ils ne vont guère au-delà. Tels autres font une si large part aux pratiques. extérieures et aux dévotions, qu'elles absorbent et compensent t')res­que tout le reste. Quant à l'esprit, qui de l'âme débordante du maître doit se Dès lors, c'est bien à chacun de ltous déverser dans le cœur des élèves, si la d'examiner s'il s'intéresse comme. il ·est source est à sec, hélas! 'comment pour- iuste à l'âme de ses élèves. de chercher ra-t-elle aHmenter le bassin? iusqu'à quel noint il se préoccupe adî-

- Mais, Dbiedera-t-o.n, vous raisorJ1- vement de stimuler et d'ancrer: · à fond . nez comme. si la formation d'un ieune les bons dans la vertu, et non moins. de

chrétien était tout uniment notre affai- ramener sur la voie droite ceux qui, re, ~!)ns que nul autre élément doive y poussés par les pàssions naissantes ou participer. Ne faites-vous ]Jas abstrac- fi1al influencés, ·commencent a faire des tion de l'action divine, qui tient ici au écarts. Car il ne nous sied l)aS d'être moins la l)rédominance et qui, rigoureu- exclusifs dans notre sollicitude, et notre sement suffit à assurer la sanctificatiOn dévouement appartient à tous sans. res­des âmes, entreprise de tout point sur- triction. Par un sentiment bien inten­naturelle? - Il est hors de conteste que tionné, il nous plairait que notre classe Dieu tient le premier rôle dès qu'il s'a- ou notre école ne contînt que des en­gît de christianiser les · âmeS': il est la fants irréprochables et que tout élément cause prod?ctrice de ~a grâce, c'est e!l- ., ma:}1vais ou ~i!lll)len:t~nt suspect fût éloi­tendu. MalS la queshon n'est pas la: gne de 'ce mIl1eu tne sur ·le volet, com­vous ne .pouvez nier qùe, par une disposi- me on dit. Aussi cherchons-nous d'ins~ tion de 'sa Providence ordinaire, Dieu a tinet à nous. débarrasser de 'certains ca­subordonné son opération propre à l'ac- racières diffki1es, et nous. · ne manquons. complissement de certaines conditions, pas d'habileté pour invoquer raisons ou Danni lesquelles il faut rantrer en pre- prétextes à l'appui de nos prétentions. mière ligne l'action apostolique. En' Ce faisan.t, nous paraissons d'ahord ou­d'a~tres termes, son plan ·est de nOUs. as- blier qu'il v a là des âmes en détresse; SOCler en toute 'confiance -.à 'Son œuvre, nous perdons . de vue qu'il faut prier d'en attacher le succès aux initiatives pour 'ces égarés, offrir à leur. intention de notre zèle. La règ-le à suivre est donc nos fatigues, nos peines de ch_a:que iour,