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la nouvelle ACTION FRANÇAISE IDE Crise de confiance, sujétion, irréso- lution, fuite en avant. Tels sont les mots qui résument la semaine poli- tique, au niveau de l'Etat et de l'action gouvernementale. Une semaine politique comme tant d'autres depuis la rentrée, avec une saveur de fin de règne en dépit des nobles déclarations d'intentions et de l'enthousiasme des congrès. Enthousiasme équivoque et décla- rations vite démenties par les faits. Car les assises de l'U.D.R. apparais- sent comme une défaite pour le Pré- sident de la République, qui a pu cons- tater comme tout un chacun que les bravos étaient moins destinés à sa personne qu'à celle de MM. Debré et Chaban-Delmas. Deux hommes dont M. Pompidou s'est séparé récemment. Deux hommes qui constituent à ses yeux une menace, l'un parce qu'il est l'interprète du gaullisme orthodoxe, l'autre parce qu'il risque de devenir un candidat dangereux aux prochaines élections présidentielles. Phénomène inquiétant que ce parti « de gouvernement » qui ne se ras- semble plus autour du Chef de l'Etat, préférant envisager les perspectives de l'après-pompidolisme. Phénomène inquiétant que ce parti qui, malgré les votes par acclamations et les motions unanimes, a révélé des tendances pro- fondément divergentes : l'une conser- vatrice avec M. Chirac, l'autre natio- naliste jacobine avec M. Debré, et la troisième réformiste qui s'exprime à travers M. Chaban-Delmas. Comment gouverner avec ces cen- seurs, ces réformistes, ces mécon- tents qui critiquent soit la faiblesse, soit le manque d'audace, soit les orientations européistes de la poli- tique pompidolienne ? Voici donc le Président de la République contraint d'avancer sur un terrain mouvant, alors qu'il était en droit d'espérer de l'U.D.R. le soutien le plus ferme. Ga- geons que cela le confortera, sur le plan intérieur, dans son parti-pris d'im- mobilisme. (suite page 2.) le régime en panne colloque de l'éducation nationale restituer l'école à la société ? HEBDOMADAIRE ROYALISTE TROISIEME ANNEE 28-11-73 - 135 1,50F

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la nouvelleACTION FRANÇAISE

IDECrise de confiance, sujétion, irréso-

lution, fuite en avant. Tels sont lesmots qui résument la semaine poli-tique, au niveau de l'Etat et de l'actiongouvernementale.

Une semaine politique comme tantd'autres depuis la rentrée, avec unesaveur de fin de règne en dépit desnobles déclarations d'intentions et del'enthousiasme des congrès.

Enthousiasme équivoque et décla-rations vite démenties par les faits.Car les assises de l'U.D.R. apparais-sent comme une défaite pour le Pré-sident de la République, qui a pu cons-tater comme tout un chacun que lesbravos étaient moins destinés à sapersonne qu'à celle de MM. Debré etChaban-Delmas. Deux hommes dontM. Pompidou s'est séparé récemment.Deux hommes qui constituent à sesyeux une menace, l'un parce qu'il estl'interprète du gaullisme orthodoxe,l'autre parce qu'il risque de devenirun candidat dangereux aux prochainesélections présidentielles.

Phénomène inquiétant que ce parti« de gouvernement » qui ne se ras-semble plus autour du Chef de l'Etat,préférant envisager les perspectivesde l'après-pompidolisme. Phénomèneinquiétant que ce parti qui, malgré lesvotes par acclamations et les motionsunanimes, a révélé des tendances pro-fondément divergentes : l'une conser-vatrice avec M. Chirac, l'autre natio-naliste jacobine avec M. Debré, et latroisième réformiste qui s'exprime àtravers M. Chaban-Delmas.

Comment gouverner avec ces cen-seurs, ces réformistes, ces mécon-tents qui critiquent soit la faiblesse,soit le manque d'audace, soit lesorientations européistes de la poli-tique pompidolienne ? Voici donc lePrésident de la République contraintd'avancer sur un terrain mouvant,alors qu'il était en droit d'espérer del'U.D.R. le soutien le plus ferme. Ga-geons que cela le confortera, sur leplan intérieur, dans son parti-pris d'im-mobilisme.

(suite page 2.)

le régimeen panne

colloque de l'éducation nationale

restituer l'école à la société ?

HEBDOMADAIRE ROYALISTE TROISIEME ANNEE 28-11-73 - N° 135 • 1,50F

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suite de I éditorialUn immobilisme, une « irrésolution »,

comme le montre Arthur Conte dans sondernier livre, que M. Messmer s'est efforcéde faire oublier par de fermes paroles.« Pour moi, a-t-i-l déclaré à Nantes, l'exer-cice de l'autorité peut être résumé pardeux mots : action et sanction ». Voilà quisonnait bien. Mais voici que, moins d'unesemaine plus tard, cette fermeté se trouvedémentie par le résultat des négociationsentre le gouvernement et les commerçants,puisque M. Giscard d'Estaing a acceptéd'« aménager » la taxation des produitsalimentaires. Comment, ensuite, osera-t-onencore parler de l'« autorité » d'un Etat quisuccombe chaque jour aux groupes depression pour les raisons électorales quel'on sait ? C'est évident pour les petitsdétaillants. C'est non moins vrai pour d'au-tres secteurs de l'activité économique :comment expliquer, par exemple, que l'Etattolère que les composants chimiques duvin ne soient pas indiqués sur les étiquet-tes, comme c'est maintenant obligatoirepour les autres produits alimentaires ? Icicomme ailleurs, les consommateurs fontles frais de l'asservissement de l'Etat auxintérêts privés.

Seule la grève paie face à un Etat quin'écoute que ceux qui le menacent : pour-quoi les industriels et les commerçantsn'utiliseraient-ils pas à leur avantage safaiblesse intrinsèque ? Et comment s'éton-ner que les salariés victimes de l'inflation

choisissent à leur tour la grève, faute depouvoir se faire entendre d'un Etat insou-ciant de l'intérêt général ?

Seule la révolte paie : les ouvriers deLip en sont conscients, puisqu'ils sont àl'origine d'un projet de loi qui accroît lesdroits des salariés dans les entreprises. Etles adversaires du projet de loi sur l'avor-tement savent bien que seule la menacepeut faire reculer un gouvernement sou-cieux de ne pas perdre leurs voix aux pro-chaines élections.

Telle est la loi naturelle d'une démo-cratie qui n'obéit qu'à la force. Que cettedernière soit bienfaisante ou néfaste, faut-ils'en satisfaire ? Ce serait oublier qu'ellene permet aucun résultat durable, les pas-sions et les majorités pouvant brutalementchanger, intimant à l'Etat une autre poli-tique. Comment pourrait-on faire confianceà un Etat ballotté au gré des majorités etdes groupes de pression ? Il ne présenteaucune garantie d'avenir même s'il choisitpour l'instant, sur la question de l'avorte-ment par exemple, un immobilisme quipourrait annoncer l'enterrement pur et sim-ple du projet.

Ne rien faire, ou se contenter de satis-faire des intérêts trop menaçants, telle estdonc la ligne de conduite du gouverne-ment. Conservatisme mou qu'il tente au-jourd'hui de faire oublier par une intenseactivité diplomatique. M. Jobert n'arrête pasde prononcer des discours, et M. Pompi-dou de recevoir, depuis que le conflitisraélo-arabe a révélé au gouvernement sa

profonde incapacité. On pouvait supposerque ce choc serait salutaire, décidant enfinla France à jouer un rôle qui lui soitpropre. Son gouvernement a préféré seréfugier peureusement dans une Europemythique, où il prétend rassembler uneAllemagne furieusement pro-américaine etune France que l'on croyait revenue duvertige atlantique.

Croyance naïve apparemment, puisqueM. Jobert se répand sur les tribunes diplo-matiques pour célébrer d'un même mou-vement la « défense européenne » et lesvertus de l'Alliance atlantique. Le voici quibénit le parapluie atomique américain etqui demande le maintien des troupes amé-ricaines en Europe. Comme si nous n'étionspas capables de nous défendre nous-mêmes. Comme si nous n'avions pas ànous défendre contre l'impérialisme amé-ricain autant que contre une Union sovié-tique qui ne menace plus sérieusementl'Europe de l'Ouest.

On ne peut célébrer tout à la fois « l'in-dépendance de l'Europe » et l'Allianceatlantique. On ne peut souhaiter une poli-tique française au Proche-Orient et en Afri-que en même temps qu'une intégrationpolitique européenne. Il faut choisir entrel'ambition nationale et le renoncement su-pranational, entre l'indépendance de laFrance et son asservissement. MM. Pom-pidou et Jobert entreraient-ils à la foisdans la voie du renoncement et de l'asser-vissement ?

N.A.F.

le réveil des nationalismesEn réponse à un article (1) de la presse chi-

noise qualifiant l'U.R.S.S. d'à Empire colonial detype nouveau », la Lïtteratournaya Gazieta (or-gane des écrivains de l'U.R.S.S.} a fait desrévélations surprenantes. M. Barnabiekov, auteurde l'article, accuse en effet les Chinois de s'êtrelivrés au massacre de 12.000 Tibétains en 1972.Cette répression sanglante ferait suite à larésistance de la population tibétaine face auxexcès des représentants de Pékin. Plusieursmilliers d'opposants auraient d'autre part étéenvoyés dans des camps de travail, toujourspour les mêmes raisons.

Malgré les promesses faites en 1945 lors duVIIe Congrès du Parti Communiste Chinois, ga-rantissant le respect des droits nationaux desMongols, des Ouïgours et des Tibétains, lesdirigeants maoïstes se livrent, selon le journalsoviétique, à des répressions de masse. Mais,ajoute l'auteur de l'article, « les dirigeants péki-nois ne réussiront pas à faire passer leurs vi-sées expansionnistes et leur politique, prochedu génocide, d'assimilation forcée de millionsde gens, pour « le flot impétueux de l'histoire ».Les Soviétiques affirment que plusieurs dizainesde peuplades et de minorités nationales ont été,soit exterminées massivement, soit entièrementassimilées. Désormais, prétend M. Barnabiekov,c'est au tour des Mongols, des Ouïgours et desTibétains d'être menacés de disparition totale.

Par opposition à cette politique d'oppression,l'auteur de l'article cite très sérieusement enexemple l'U.R.S.S. qui fut «créée sur le fonde-ment de la volonté libre et démocratique des

peuples», et quj se serait développée sur leprincipe d'une « égalité réelle » et de l'autodé-termination des peuples. Qui M. Barnabiekovespère-t-il convaincre ? Lui-même sans doute !Il oublie, ou il feint d'oublier, les récentesémeutes qui ont éclaté dans plusieurs Républi-ques de l'Union, celles-là même dont l'hymnesoviétique prétend qu'elles constituent « uneunion indéfectible de Républiques libres ». Etpourtant, il n'est pas besoin de remonter siloin dans le temps pour constater que cetteUnion n'est pas aussi indéfectible et libre qu'onveut bien le chanter.

Selon la « Chronique des Evénements cou-rants », la Lituanie aurait été le théâtre de vio-lents incidents. En mai 1972, un ouvrier se se-rait immolé par le feu dans la ville de Kaunaspour protester contre l'oppression à laquelle estsoumis son pays. Toujours selon ces témoi-gnages, une importante manifestation se seraitdéroulée le jour des obsèques de la victime.Une foule nombreuse et scandant les slogansde « Liberté » et « Lituanie » a traversé la ville.Arrivée à hauteur du bâtiment du K.G.B., elles'est heurtée à la milice. De violentes bagarreséclatèrent durant toute la nuit. Bilan : un mort,400 arrestations.

En Arménie, au mois de mai 1973, des rema-niements modifièrent la composition du parti,entraînant l'éviction de plusieurs dirigeantsarméniens et leur remplacement par les Russes.Les observateurs occidentaux s'accordent à pen-ser qu'il s'agit là d'un mouvement accéléré derussification des cadres supérieurs du parti.

En Ukraine, où plus d'un millier de personnesont été arrêtées depuis le début de l'année,M. Piotr Chelest est évincé de la direction duparti. II est violemment critiqué, et dénoncépar la presse pour ses « illusions nationalistes »et son « esprit de clocher ». Un mois plus tard,cinq militants ukrainiens sont condamnés pour« activités nationalistes et antisoviétiques ». Cesont des intellectuels : les écrivains VyatcheslavTchornovil, Eylen Sverstiouk et Ivan Dziouba,ainsi que le critique littéraire Ivan Svitlitchni etsa sœur. L'un d'eux, Ivan Dziouba, a été graciéau début du mois de novembre après la paru-tion de son autocritique dans la LitteratournayaGazieta d'Ukraine.

En Géorgie, au mois de mai 1973, le mécon-tentement profond de la population s'est mani-festé par de violentes bagarres. Cette fois-ci,l'armée serait intervenue. Le monument célé-brant l'amitié russo-géorgienne a été dynamitépar des éléments nationalistes. Il est à noterque ce mécontentement est dû tant à l'exaspé-ration des sentiments anti-russes qu'aux scan-dales et à la corruption qui affectent actuelle-ment le P.C. géorgien.

Moralité : « Hypocrite, enlève d'abord la pou-tre de ton œil, et alors tu verras clair pour en-lever la paille de ton frère. »

Youri ALEXANDROV.

(1) Article de Van Tchen dans le journal « Gouan-MinJibao » : On ne peut retenir le courant de l'histoire.

naf 1 3 5 - 2 8 novembre 1973 - p. 2

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dossier D... comme droguem^r

Tout change aujourd'hui, et même les truands.Ce ne sont plus les bandits d'il y a un oudeux siècles, que leur révolte contre l'injusticeplaçait hors-la-loi. Ce ne sont plus les « apa-ches », les « casseurs », les gangsters vivant deleur calibre et de leur pince-monseigneur popu-larisés par le roman et le cinéma. Le gangsté-risme est aujourd'hui une industrie, et le truandun P.-D.G. dont Tes soucis (conquête du marché,rentabilité, investissements) montrent qu'il estpleinement intégré à la société industrielle.

Il faut en effet aligner quelques chiffres sil'on veut saisir l'importance du crime organisédans la société moderne :

— Fraude fiscale : entre 21 et 50 milliards de•francs lourds. Activité en constante expansion ;

— Prostitution : 2 milliards de francs lourds.Activité rentable, où l'offre rencontre une de-mande soutenue. Secteur où la mentalité expor-tatrice est traditionnelle ;

— Drogue : 125 millions de profit annuel, en1971. Marché en plein développement, où lesrisques sont largement compensés par les gains.

Ainsi, selon Alain Jaubert (1), le profit ducrime en France (car l'énumération ci-dessusn'est pas exhaustive) s'établit entre 30 et 60 mil-liards de francs. Sommes considérables qui sontensuite réinvesties dans des activités honnêtes(opérations boursières, immobilier), soit dans denouvelles opérations criminelles, la drogue étantaujourd'hui le secteur économique le plus ren-table.

On imagine que l'Etat et sa police n'ont decesse que les réseaux soient démantelés, etmis hors d'état de nuire les hommes quiamassent des fortunes considérables grâce auxfailles de la loi, au vice et à la peur. Le dossierqu'a constitué Alain Jaubert montre que la ques-tion est plus complexe, l'Etat apparaissantmoins pur qu'on ne le croit, et sa police moinsincorruptible qu'elle ne le dit.

Un exemple, pris parmi beaucoup d'autres, lemontrera mieux qu'une longue démonstration :

il s'agit de l'affaire du « Fétich's Club », quivient de défrayer la chronique judiciaire. Le« Fétich's Club », maison close qui appartenaitaux frères Guérini, et où le commissaire Javil-liey se laissa compromettre, servit de refugeau truand Christian David après qu'il eut assas-siné le commissaire Galibert. Ancienne « bar-bouze » ayant participé à la répression anti-O.A.S. en Algérie, ce membre du S.A.C. parvintà s'enfuir en Amérique du Sud où il travaillapour le compte du S.D.E.C.E. et dans les ré-seaux de trafiquants de drogue. Ainsi, la cor-ruption, la politique, la drogue et les servicessecrets se trouvent intimement mêlés dans uneaffaire qui ne cesse d'avoir des répercussionssanglantes.

Coïncidence ? On retrouve trop constammentdepuis 15 ans les mêmes personnes, les mêmessigles et les mêmes trafics pour qu'il soit pos-sible de conclure à un regrettable hasard. C'estbien plutôt de nécessité qu'il s'agit, tant les inté-rêts de certains politiciens et de certainstruands se trouvent confondus. Les premiers ontbesoin d'argent ou d'un bras protecteur, tandisque les seconds tentent de se refaire une vir-ginité en assurant les services d'ordre ou enexécutant certaines missions particulièrementodieuses (tortures, exécutions sommaires parexemple). Le malheur est qu'on ne sait plustrès bien qui se sert et qui est asservi. Lecandidat protégé devient nécessairement le pro-tecteur, l'ordonnateur est tenu par l'exécuteurde ses basses œuvres, comme le débiteur parson créancier. Inextricable réseau de chantage,de corruption, de complicités ignobles, qui en-serre et pénètre l'Etat, au point d'en fairepartie intégrante et d'assurer sa conservation.

Sans doute l'avait-on un peu deviné, au tra-vers des innombrables scandales qui ont mar-qué ces dernières années. Mais les souvenirsdemeuraient confus et fragmentaires. Le mérite— il faudrait dire le courage (2) — d'Alain

Jaubert est d'avoir su jeter quelque clarté dansces affaires sombres par définition, et surtoutd'avoir réussi à nouer les fils qui rassemblent,au carrefour de la drogue, les politiciens, lestruands de haut vol et leurs hommes de main.

Procès d'un régime sans aucun doute. Maisaussi du système démocratique tout entier quine peut survivre sans le secours de l'argent.Car il est significatif que les rapports entre lespartis politiques et les truands se nouent aumoment des élections ou lors des « coupsdurs », qu'il s'agisse de faire taire l'adversaireou d'acheter des voix. C'est la S.F.I.O. de Mar-seille, financée par la C.I.A., qui demande auxtruands de briser les grèves de l'après-guerre.C'est le R.P.F., puis l'U.D.R., qui ont recours auxmercenaires pour tenter de conquérir et ensuitepour conserver le pouvoir : faiblesse des partis,dits démocratiques, qui ont besoin de nervis etde « banquiers » douteux pour s'imposer. Fai-blesse d'un système qui ne peut se débarrasserde ses éléments compromettants parce qu'ils luisont toujours indispensables, d'élection en élec-tion et de crise en crise.

On n'ignorait pas ce phénomène depuisl'affaire Stavisky et les scandales de la policepolitique sous la troisième République, depuisJoanovici et le trafic des piastres sous laQuatrième. On le sait mieux depuis le livred'Alain Jaubert qui, au-delà des accusationsportées contre le personnel de la CinquièmeRépublique, fait le procès du système politiquetout entier.

B. LA RICHARDAIS.

(1) Alain Jaubert : Dossier D... comme drogue. (Edi-tions Alain Moreau).

(2) Courage d'Alain Jaubert, menacé à plusieursreprises dans sa vie. Courage aussi de son éditeur AlainMoreau qui raconte comment un mystérieux émissairelui a « conseillé » de renoncer à ce livre, en raison desrisques commerciaux qu'une telle publication lui feraitcourir. La campagne de grande envergure déclenchéeil y a quelques semaines contre la « Pensée univer-selle » (autre maison d'édition dirigée par Alain Moreau)aurait-elle quelque rapport avec cette visite ?

En vente à nos bureaux : 38 F - Franco : 40 F.

UNE SOCIÉTÉ D'ÉTRANGERSpar Vance Packard

(Calmann-Lévy)

Après avoir étudié les effets de la sociétéd'abondance sur la psychologie de ses contem-porains dans leur comportement individuel (Lapersuasion clandestine, l'art du gaspillage...),l'Américain Vance Packard explique comment letissu social et la vie collective sont à leurtour atteints et décomposés dans une sociétéhédoniste où la mobilité de la population estencouragée de manière excessive. Tel est lethème de son dernier livre, A nation of stran-gers, qu'il faudrait plutôt traduire par « unesociété de déracinés ».

Le fait est là : quarante millions d'Américainschangent de domicile chaque année (soit unAméricain sur cinq) pour se rendre quelquefoisà des milliers de kilomètres de leur point dedépart, se dirigeant « non pas vers quelquechose, mais fuyant quelque chose », coupantsans cesse leurs frêles racines.

Regardons de plus près cette frénésie dedéplacements. Si* l'on excepte le cas des re-traités et de certains étudiants, il apparaît queces migrations incessantes ne se font pas degaieté de cœur. Et pour cause ! Saviez-vousqu'il est courant pour une compagnie de dépla-cer son siège social avec 4 ou 5.000 personnes« pour se rapprocher de la résidence du Direc-teur » ? pour un cadre dynamique d'accepter

tout déplacement et de le faire admettre à sonépouse sous peine d'être rejeté de sa compa-gnie ? que des dizaines de milliers d'ouvriersagricoles vivent comme des nomades, remon-tand du Sud vers le Nord au fur et à mesuredes récoltes ? Que ce soient les ingénieurs, lestechniciens, et les cadres ou bien la populationchassée des quartiers saignés par les auto-routes urbaines et par les opérations immobi-lières (ou par les regroupements selon des affi-nités ethniques) tous se déplacent contraintset forcés pour le plus grand bénéfice des agen-ces immobilières et des sociétés de déména-gement...

Conséquences : elles sont multiples et graves.Maladies mentales, angoisses, malaises, de-viennent plus fréquents devant les difficultésd'adaptation. Une « société froid&*> où s'accroîtl'isolement des personnes ; les voisins restentdes inconnus, parents et enfants doivent sanscesse se refaire des amis, ces amitiés étantvolontairement superficielles pour éviter les sé-parations douloureuses. Une « société de salo-pards » où l'anonymat engendre irresponsabilitéet agressivité. Un « désengagement civique » detoute une élite à laquelle on interdit de s'enra-ciner, ce qui laisse les affaires locales entre lesmains de « politicards » professionnels.

Conclusion de Vance Packard : « Sous la ban-nière du progrès technique — avec ses impli-cations : institutions géantes, environnementturbulent, étalement urbain et haute mobilité —

nous avons suivi la voie de la dépersonnalisa-tion, radicalement dangereuse pour l'homme entant qu'animal social. L'homme a besoin de fairepartie d'une communauté ; il a besoin de conti-nuité. »

Les solutions ? Juste des recettes empiriqueset quelques conseils en matière d'urbanisme.C'est insuffisant! Et pourtant l'excellent tableauque brosse le « journaliste » Vance Packard surla vie quotidienne aux Etats-Unis, par son hon-nêteté même, entraîne bien des questions :comment en est-on arrivé là ? Le destin dupeuple américain n'est-il pas en train de luiéchapper au profit d'immenses appareils (lePentagone, les compagnies privées, les « poli-ticards ») sur lesquels ils n'ont aucune prise ?Et inversement, les Américains n'acceptent-ilspas le déracinement en échange d'un esclavagedoré?

Le behaviorïste Vance Packard commence às'intéresser aux cercles communautaires. Sou-haitons qu'il dépasse bientôt l'aspect psycho-logique de ses recherches pour comprendre quel'abdication de la médiation politique devant lemonde des affaires est à l'origine de ce « mou-vement brownien » de population qui n'a pasde raison de s'arrêter tant qu'on ne s'attaquepas aux véritables causes de la crise de civi-lisation.

Michel GIRAUD.

naf 135-28 novembre 1973 - p. 3

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Les animateurs du Colloque de l'EducationNationale (21. 22 et 23 novembre) n'avaientpas jugé bon d'Inviter des représentants desétudiants et des professeurs de la « Nou-velle Action Française».

Tant pis pour eux ! Cela n'a pas empêchéle groupe de recherches sur l'enseignementd'élaborer un texte expérimental montrantcombien il était essentiel de relier les ques-tions scolaires et universitaires au problèmede société.

Voici les principaux extraits de ce texte,destiné aux participants du colloque, quenous reproduisons ci-après.

notrerapport

L'université française est morte.Cette vérité semble aujourd'hui partagée par

tous, même par ceux qui, il n'y a pas si long-temps, ont le plus misé sur la loi d'orientationde 1968, ont le plus joué avec l'« autonomie »et la « participation ».

En livrant les universités autonomes au petitjeu des factions syndicales et politiques, EdgarFaure réussit cette belle opération de ne leurabandonner qu'une coque vide. Car la « partici-pation » en fonction de laquelle chacun serègle et s'organise, fait oublier que l'énormemajorité des étudiants se moque de « participer »et utilise en « usager » une université subiecomme le canal obligatoire de la réussitesociale.

D'un pouvoir capable d'une si belle opérationpolitique, on attend aujourd'hui le miracle. Se-

rait-ce l'« autonomie », cet autre fantôme de laloi d'orientation ? Ou bien l'intégration à l'Eco-nomie et aux activités du pays ?

L'Etat renoncerait-il à financer l'Ecole et lesUniversités alors qu'il finance tout?

A ces nouvelles questions évoquées au coursdu colloque, nous répondons simplement ceci :

Aujourd'hui, l'Ecole et les Universités dépen-dent entièrement de l'Etat qui s'en sert pouragir comme il peut sur la société, c'est-à-diremal. Nous voulons renverser le processus : fairede l'enseignement le produit de la société.Non de la société libérale-planifiée, non de lasociété industrielle, mais d'une société nou-velle, préalable à toute vraie réforme.

Laissant de côté les critiques communémentadmises sur la rigidité du système scolaire fran-

çais et de sa sélection par l'échec, nous vou-drions ouvrir la vole à une réflexion positiveet utile en suggérant des réponses à deux inter-rogations :

1. A quelle société l'Ecole doit-elle être res-tituée ?

2. Vers quelles formes nouvelles l'enseigne-ment peut-il se diriger ?

Notre projet n'est ici que résumé. Car nousne pouvons qu'évoquer les réformes relativesaux préalables politiques et sociaux.

Nous aurions atteint notre but si le lecteur,sans nous tenir rigueur de l'ambition de trai-ter un tel sujet en si peu de lignes, acceptait denous suivre dans notre démarche afin de mieuxpénétrer les implications des thèmes novateursévoqués au cours de ce colloque.

QUELLE SOCIÉTÉ ?

Lorsque nous parlons de restituer l'enseigne-ment à la société, il ne peut évidemment s'agirde la société actuelle. Si nous examinons la na-ture des collectivités aujourd'hui intéressées defaçon directe à l'enseignement, il apparaîtqu'elles auront à subir de radicales mutations.

1. LES COLLECTIVITÉSINTÉRESSÉES

Les entreprises. Celles qui pourront du faitde leurs dimensions et de leurs activités, finan-cer et mettre en œuvre une formation continueseront tentées, dans le système actuel, de fairede cette activité nouvelle un élément de leurpolitique de développement et de concurrence.

Des structures d'encadrement, véritables or-ganes de mission, devront être créées et dotéesdes pouvoirs nécessaires au niveau de la bran-che et du métier, et non du conglomérat ou desregroupements multi-sectoriels, pour garantir lavaleur de cette formation.

De même un contrôle public devra s'exercerdans un cadre décentralisé. Notons aussi qu'ensystème libéral, pour éviter les désagrémentsde la concurrence, nul organisme ne présentede véritables garanties.

Les collectivités territoriales. Elles apparais-sent aujourd'hui comme artificielles dans leurdéfinition (le département), leur cadre juridique[les régions), leur étendue. Elles n'ont ni lesmoyens financiers, ni les moyens techniquespour promouvoir une véritable politique de re-cherche. Elles manquent de moyens humainsdans la mesure où les meilleurs éléments sontaspirés par la centralisation parisienne et nepeuvent ainsi développer un enseignement di-versifié de grande qualité.

II est remarquable que les Conseils régio-naux prévus par le pouvoir ne fassent aucuneplace à l'enseignement.

Plus grave : les collectivités territoriales ac-tuelles ne présentent pas entre elles un équi-libre minimum nécessaire qui leur permette àtoutes d'offrir des débouchés en rapport avecl'enseignement diversifié qu'elles développe-raient (songeons aux disparités entre régionspeu urbanisées et sur-urbanisées, etc.).

L'Etat actuel n'a pas les moyens politiquespour imposer des changements profonds quis'opposent à une foule d'intérêts et d'habitudes.On ne voit pas comment il recréerait des com-munautés naturelles avec leur identité vécue.Son essence d'Etat centralisé comme ses inté-rêts politiques l'en empêchent physiquement etmoralement.

Les Universités. Le colloque organisé parM. Fontanet résulte d'une contradiction aveu-glante : la faillite -d'une Université que les ré-formes de l'après-mai n'ont pu sauver de samaladie fatale.

Une question majeure se pose : l'Etat consen-tira-t-il à laisser échapper un monopole qui luiassure la direction des intelligences, la clef dusavoir, la promotion sociale, en un mot un desplus formidables instruments de pouvoir sur lesesprits pour un Etat qui tient toute sa fortunede l'opinion ?

2. QUEL ETAT ?

Dans notre perspective, ce qui est demandéà l'Etat est considérable. Il lui faut consentir àêtre dépossédé du financement, de la mise enœuvre, de la direction, du contenu de l'enseigne-ment, également de la sujétion du personnel en-seignant.

Il lui faut pouvoir accepter et jouer réellementle jeu. El lui faut pouvoir exercer son rôle à unautre niveau. Comment cela sera-t-il possible ?

— pour que la société reprenne l'enseigne-ment à son compte, il lui faut avant tout exis-ter, comme réalité profonde, corps social diffé-rencié en de multiples communautés autonomes,vivantes.

— l'enseignement ne doit plus être le moyenpour l'Etat d'agir sur la société ;

— l'Etat ne doit jamais se confondre avec lasociété.

Il faut donc à cet Etat indépendance et effi-cacité. Cela est possible s'il est limité. Renon-çant à s'intégrer aux activités générales de lasociété, il échappe à son emprise. Il peut alorsse passer de moyens traditionnels d'action, auprofit d'une efficacité retrouvée parce que lesrisques d'interdépendance disparaissent.

Aujourd'hui l'Etat contrôle directement ou indi-rectement la totalité de l'activité nationale ; ilse distingue de moins en moins des élémentsdominants et dominateurs de la société quiconstituent avec lui une sorte de technostructurenationale.

Cet Etat ne saurait donc être sauvegardé.Mais quel serait le rôle d'un Etat distinct dela société ?

Il aurait à fournir à cette société ses défini-tions indispensables au niveau de ses normes,et à jouer un rôle prospectif.

L'enseignement reflétant directement la so-ciété, en étant même partie intégrante, recevraune influence indirecte de l'Etat dont la natureaura totalement changé. Ainsi, effectuant lesprévisions nécessaires à l'évolution du corpssocial, l'Etat devra faire ressortir les impératifsles moins chiffrables, ceux qui appelleront peut-être les plus grands changements. L'indépen-dance lui conférera ce rôle de cellule prospec-tive, au-dessus de corps sociaux plus préoccu-pés de l'immédiat.

3. L'UNITÉ SOCIALENÉCESSAIRE

La création d'une éducation continue, coïnci-dant pratiquement avec la durée de la vie, estindispensable à la fois pour donner à chacunses meilleures chances, construire de nouveauxrapports sociaux, développer la société elle-même. Pour suivre le cours de la vie, cetteéducation s'insérera dans des cadres très dif-férents, s'adaptera à des modalités diverses.Ceci fait apparaître un impératif essentiel : lanécessité de l'unité sociale.

Toute société développe des conflits qui in-terdisent à l'individu, soumis à des influencescontradictoires, de bénéficier d'un progrès har-monieux de ses connaissances, de ses capaci-tés, de sa culture. Or notre société non seule-ment développe de tels conflits mais se trouvefondée et ne cesse de vivre des conflits. Qrtdonnera ce seul exemple : l'Entreprise.

Confier aujourd'hui à l'entreprise une tâcheaussi noble, aussi essentielle et nouvelle quela formation de base n'a de sens que si l'on

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"restituer l'école à la société H

donne réponse à deux questions. A qui doit re-venir en définitive le contrôle général de l'éco-nomie ? Quelle est la finalité exacte de l'éco-nomie actuelle, faut-il la maintenir ? Tant qu'iln'y aura pas de réponse à ces questions, et àquelques autres, la société industrielle perpé-tuera les rapports de domination et d'exploita-tion.

Comment en dernier ressort restaurer l'uniténécessaire ? Compter sur la seule bonne vo-lonté des citoyens est insuffisant. Par-delà lasociété en général et les communautés larges,il importe de ne pas oublier les ensemblessouples, les milieux de base, l'originalité descommunautés. Or tout ce tissu social est envoie de décomposition systématique. Il importede restaurer l'unité sans abolir aucune des ori-ginalités nécessaires.

Ceci n'est possible que si les originalitéss'inscrivent dans la société'en général, avec pré-cision, à une juste place et en accord avecl'ensemble. L'enseignement devra se développerdans ce milieu social neuf.

4. LA « SOCIALISATION »DE L'ENSEIGNEMENT

Une fois reconstitué à l'instar de la sociétéelle-même, l'Enseignement se voit confier desfinalités originales.

Ces finalités sont de deux ordres :— intégrer l'individu dans un milieu différencié

mais unifié grâce au rôle de l'Etat ;— développer un homme multidimensionnel, ca-

pable de réussite personnelle, de progres-sion.

La socialisation de l'enseignement consiste enune réalisation simultanée de ces deux objec-tifs. Des risques considérables naîtraient deleur rupture.

L'essentiel est alors d'envisager une multipli-cité de formes et de types d'enseignementadaptée au maximum de situations concrètesainsi qu'au développement de la personnalité. Ilfaut également que tout enseignement spécifi-que s'insère dans une culture générale. Ce quinous conduit aux objectifs suivants :

— la prise en compte de ce qui apparemmentest improductif. Il s'agira d'éviter les ana-lyses à court terme et leurs conclusionsabusives ;

— la volonté d'écarter toute spécialisation inté-grale aboutissant au « ghetto intellectuel »,même au niveau le plus élevé. Celle d'écar-ter l'orientation anticipée d'un caractère dé-finitif et de la même façon, à l'inverse,d'imposer toute filière privilégiée, « obliga-toire », légalement ou moralement ;

— la multiplicité des choix, intervenant trèstôt, mais n'ayant un caractère définitif quebeaucoup plus tard. Ceci est possible si lechoix n'a pas le caractère d'une sélectionsociale ;

— le développement de la compréhension so-ciale et celle du « milieu vécu ».

Si ces objectifs sont tenus, on peut alorsévoquer une culture générale sur laquelle toutenseignement sera greffé, grâce à laquelleil trouvera son équilibre interne. On peut évo-quer les données et les contraintes généralesde l'enseignement.

QUELLES FORMES NOUVELLESPOUR L'ECOLE?

Comment traduire au niveau de l'école lesimpératifs de la socialisation de l'enseigne-ment ?

1. LA MULTIPLICITÉNÉCESSAIRE DES VOIES

Cette multiplicité implique moins une extrêmediversité des orientations que la possibilité defaire appel à l'intérieur de celles-ci à une « pon-dération » entre des formes d'enseignement di-versifiées, dispensées par les différents corpssociaux et collectivités, dans un environnementimmédiat reconstitué. D'où les conséquencessuivantes :

— chaque filière doit être totalement débar-rassée des « seuils » obligatoires et sélectifs detype traditionnel. L'enseignement doit être conti-nu, sans coupures. Puisque chacun peut pondé-rer la part respective des divers types d'ensei-gnement, la notion de sélection tombe d'elle-même ;

— en cas d'inadaptation à l'école, chaque indi-vidu doit trouver une solution dans le cadre col-lectif le plus adapté à sa situation : famille, mi-lieu, groupe social, telle ou telle activité, etc.En aucun cas des normes générales ne doiventêtre imposées à quiconque ;

— la notion de scolarité obligatoire n'a évi-demment plus aucun sens - La « sortie » defilière peut intervenir à tout moment selon lavolonté de chacun. Et ceci ne saurait, du faitde la formation continue, avoir de conséquencesdéfinitives ;

— les différentes filières doivent prévoir lesactivités futures correspondantes de manière àoffrir tout à la fois la possibilité d'accès à l'ac-tivité et la garantie que la nature du travail seraà la hauteur du degré de formation atteint.

Ceci suppose :

1) de la part des entreprises un effort d'in-formation et de prévision, une accumulation dedonnées précises sans lesquelles la liberté duchoix est un leurre ;

2) de la part de nouvelles structures d'écono-mie régionale la mise en œuvre d'une politiqueéconomique régionale pour mieux adapter lesfilières aux situations rencontrées.

2. ORGANISATIONDE L'ENSEIGNEMENT

II importe de développer ici le rôle des diffé-rents corps sociaux appelés à exercer la décen-tralisation de l'enseignement.

Collectivités territoriales

L'enseignement primaire sera pris en chargepar les communes sous le contrôle des munici-palités, que ce soit en secteur rural ou urbain.Aucune différenciation n'interviendra à ce stademais l'environnement sera largement pris encompte.

Cet enseignement débutera vers l'âge de septans. Auparavant, le rôle essentiel revient aumilieu familial. L'action des collectivités publi-ques jouera dans ce sens pour éviter que l'in-fluence et le rôle de ce milieu ne s'exercentdans un sens défavorable à l'enfant. L'environ-nement immédiat reconstitué interviendra égale-ment pour une large part.

Cette phase de l'éducation couvrira la pé-riode de 7 à 11 ans. Elle ne comportera aucunesélection intermédiaire ni finale. Elle sera assu-rée de façon souple pour éviter des écarts ex-cessifs entre les enfants d'un même âge.

En ce qui concerne la période 12-17 ans, lescollectivités prendront en charge une partie del'enseignement. En particulier toutes les ma-tières qui tendent à enraciner les élèves dansla communauté et la société (histoire, littéra-ture...), celles qui prennent en compte les carac-téristiques régionales (langues, histoire locale...),ainsi que les sciences naturelles ou un ensei-gnement « écologique ».

Les établissements seront différenciés : ly-cée en régions urbaines, établissement d'un typepropre en région rurale... La prise en charge demême que ta définition du contenu et le con-trôle de l'enseignement se feront au plan régio-nal. La décentralisation sera totale, la concer-tation intervenant de région à région. La partrelative de ces matières dans l'enseignementcomplet sera, à partir de quelques normes préa-lablement définies, l'affaire de chaque élève.

Les entreprises

Pendant la même période 12-17 ans, ellesprendront en charge la formation générale scien-tifique et technique de chaque élève. Aucunedifférenciation importante n'interviendra à cestade. Chacun pourra abandonner la filière àtout moment pour entrer dans une phase deformation professionnelle proprement dite, sousréserve d'un contrôle des motivations exactesde ce passage à l'apprentissage.

Chaque élève devra doser la part d'ensei-gnement relevant des entreprises et celle descollectivités territoriales. Cependant, si des« minima » peuvent être prévus, il n'existera au-cune limite « vers le haut », chacun connaissantses propres moyens...

Au cours de cette phase, les entreprises se-ront contrôlées par les organes collectifs de labranche et par les collectivités publiques.

Par ailleurs, le choix initial de telle branchene sera à ce stade nullement décisif.

A partir de 17-18 ans, les entreprises prendronten charge une formation professionnelle danslaquelle leur propre politique interviendra large-ment, sous la réserve d'une formation égalementassurée à tous. Le contrôle pourra être assurépar les structures d'économie régionale. Lescontraintes de financement pour l'ensemble del'éducation en entreprises seront définies dansleurs grandes lignes par les collectivités pu-bliques.

Cette phase ne concerne que les jeunes quin'aspirent pas à la voie universitaire.

Les universités nouvelles

Totalement autonomes, elles seront définieset financées au plan régional. Elles prendront encharge l'enseignement spécifique traditionnel :disciplines juridiques, sciences médicales et hu-maines, et ce dans une perspective d'étude etde recherche critiques.

Outre les étudiants à part entière, elles se-ront ouvertes à tous ceux qui, poursuivant uneformation spécifique en entreprise, estimerontqu'elles peuvent leur apporter quelque chose.Des rapports maître-élève de type plus convi-vial seront possibles dans ces universités indé-

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suite de notre rapport

pendantes, dont le financement sera « de droit ».Toute liberté leur sera laissée pour l'attributiondes titres.

La question des sciences médicales sera ré-glée entre l'Etat et la profession.

Voilà un trèsvbref résumé de ce que pourraitêtre l'enseignement dans une société recons-tituée. Peut-on prévoir les conséquences decette mutation quant à la place de chacun dansla société?

3. ENSEIGNEMENTET PROMOTION SOCIALE

Premier axiome : Tout groupe social doit pou*voir « vivre » en pleine identité sans chercherà s'évader dans un groupe ressenti comme plusfavorisé. Il faut préciser ! Quelle que soit sasituation sociale, l'individu doit pouvoir l'assu-mer de manière à ne pas se sentir « rejeté »de la société et de sa dynamique. Ceci entraîneque toutes les classes, tous les corps sociauxqui subissent à l'heure actuelle les retombéesnégatives de la société industrielle-urbaine ensoient définitivement débarrassés. Dès lors unedes conditions de la réussite personnelle ces-sera d'être !'« évasion » de son corps sociald'origine et des aliénations qui le frappent.

Deuxième axiome : l'enseignement ne doit ja-mais être le moyen unique de progression,terme mieux adapté que promotion, pour unesociété équilibrée et harmonieuse. Nous n'avonspâ*s parlé de la formation permanente : ellejouera un rôle essentiel en s'adressant auxadultes. Elle prendra même tout son sens dansUn système qui refusera les choix trop précoceset irréversibles : au lieu de « rattraper » leserreurs d'orientation, elle permettra à chacun deprogresser s'il le désire et quel que soit sonniveau.

En fait, ces problèmes seront logiquementrésolus lorsque l'identité et surtout l'« intelli-gence » des milieux sociaux auront été recons-tituées (fût-ce au moyen de mutations psycho-logiques considérables : rôle de l'école paral-lèle...). Cette reconstitution est une tâche maté-rielle (assurer un meilleur aménagement du ter-ritoire, refaire les villes...) qui implique un tra-vail d'organisation sociale, et qui nécessite enfinla réapparition de cultures, dernier stade del'opération.

CONCLUSION

II est impossible aujourd'hui de parler d'uneécole nouvelle sans parler d'une socité nou-velle. Il est impossible d'entreprendre la miseen œuvre d'une société nouvelle tant que l'Etatet le « système industriel » actuels n'auront pasété relégués comme anachroniques, nuisibleset sans espoir.

Notre tâche est de construire un nouvelEtat, l'« Etat minimum » ; une société libre, dé-centralisée, créatrice ; une école socialisée oùchacun pourra trouver sa voie.

Cette tâche est celle de l'Intelligence, c'estla vôtre de le comprendre.

la semaine prochaine :

échec du colloque

ou colloque de l'échec ?

cheminset

distancesles pitres

Les Grecs nous ont appris — et d'abord avecle précieux dialogue de VEutydème, chez Pla-ton — que la sophistique ne va pas sans cequi devait être plus tard nommé « clownerie » :Eutydème et Dionysodore sont des « clowns »philosophiques ; mais le sont aussi, à leurmode, les « grands » sophistes, même frottésd'Heraclite. Or Paris, depuis dix ans, a renou-velé sa clownerie sophistique, a canonisé troispitres, comme vient d'écrire, avec un fracassans respect, la victime de l'un d'eux (1). Cestrois artistes (dont le dernier serait plus juste-ment décrit comme un trapéziste travaillantavec le double filet de la névrose personnelleet de l'appartenance-quand-même au parti com-muniste) disposent d'un crédit aveugle dansl'intelligentsia qui confond toujours mieux soncirque avec le sens de l'histoire : Lacan, Lévi-Strauss et Althusser ne peuvent être compris, àl'orée de tragiques renouvellements, que selonla catégorie du clown sophiste, et leurs toursdoivent être reconnus et décrits comme tels,faute de quoi les jeunes gens continueront deles croire philosophiques. Vaste programme,dira-t-on... Inévitable du moins, et qui ne peutattendre.

Le roman de François Weyergans procure uneintroduction et justification à ce travail, dumoins pour le plus bouffon des trois sophistes,Lacan. Il constitue très visiblement une spé-culation parasitaire sur la « gloire » de celui-ciet un règlement de comptes assez terrible. Leroman, d'ailleurs, devait et voulait être un« miserere », une longue plainte et prière oùl'obsession sexuelle, l'érotisme scatologique,l'incontestable abjection, laisseraient apparaîtrel'exigence désespérée d'un amour. Oui, « unesorte de miserere» (p. 391), à quoi le «grandVizir » Lacan répond : « le miserere, en méde-cine, ça désigne une colique, et des plus dou-loureuses ! Tenez je vous la rends votrechiasse... ». « Cela reste à la mesure d'un tempsabject; le jeune homme n'a pas inventé lachose ; ça lui est arrivé, même si, pasticheur,c'est un fameux luron ! Le suprême discours duprêtre-mufle, à la page 531, venge sa victime, etnul ne peut prétendre qu'il y ait une différencequelconque entre cette parole trouée et lesécrits aveugles du maître ; est-ce de Weyergans,ceci, ou lambeau d'un «séminaire» pieusementédité par Le Seuil: «J'ordonne qu'on ne cessede raisonner aveuglément, Œdipe oblige, enmatière fécale, et qu'à l'avenir on ne prétendeplus sottement à de nouvelles découvertes quine soient pas dans Freud, c'est-à-dire dans mespropres écrits que trop de commentaires macu-lent. Qu'on ne m'accule pas... » Le jargon deLacan, pire encore que celui de Lévi-Strauss —juste aussi mufle, mais un zeste moins trisso-tin — n'aurait pas dû résister au grand jour ;l'extraordinaire ignorance de notre intelligentsia,vorace de toutes les panades macérées dansl'urine, mais incapable de déglutir le raisonne-ment le plus élémentaire, a fait cette merveille :personne ne semble s'apercevoir que cet avaregestionnaire d'une névrose sur mesure renvoiede l'insignifiant au désignifié, et ce livre, à lafois par habitude et par mépris de ses dupessemi-volontaires à des tours intellectuels quiennobliraient par comparaison le piquepoche etle vol à l'étalage. Je n'insulterais pas cette dé-concertante bourrique, si, au hasard, le flagrantdélit ne surgissait non pas du roman vengeuret misérable de Weyergans, mais de ses mal-propres publications. Au petit bonheur du cro-

chet, en voici l'exemple, qui aurait déshonoré,naguère, le plus verdâtre homme de lettres et lerépétiteur le plus crasseux. A ne pas croire !

Au livre XI du « séminaire », le pitre se dé-clare (p. 26): «Je suis certes maintenant, àma date, à mon époque, en position d'introduiredans le domaine de la cause la loi du signi-fiant, au lieu où cette béance se produit ». Etcomme, à propos de cause, il a entendu parlerd'Aristote, comment résisterait-il à ta tentation :«ce que j'articulerai la prochaine fois vousmontrera comment nous approprier à ce pro-pos les admirables quatrième et cinquième cha-pitres de la Physique d'Aristote». Parbleu! Ils'approprie... Il a vu quelque chose comme ça,et ces « chapitres » à piller ; qu'il s'agisse duLivre II de cette Physique, qu'est-ce que ça peutfaire à sa Béance ? Qu'il n'ait rien compris dela théorie aristotélicienne des causes, cela sedémontre ; mais qui et quoi l'obligeait à sefendre, ce béant, de la prétention cocasse d'yavoir insinué le groin ? Le groin, c'est disgra-cieux... Vous allez voir, par un second exemplequ'en effet je viens d'insulter les cochons.

Toujours à propos de la cause, qui est aucentre de son discours, voilà qui vous sauteaux yeux, jolie semence, à la page 25 de ceSéminaire garni comme les anciens bordels,d'un numéro d'identification : « La cause, pournous, toute modalité que Kant l'inscrive dansles catégories de la raison pure — plus exacte-ment il l'inscrit au tableau des relations, entrel'inhérence et la communauté — la cause n'enest pas pour autant rationalisée » !

N'importe quel bachelier d'il y a quarante ans,ou « agrégatif » d'aujourd'hui irait se pendre s'ilignorait que la causalité n'a rien à voir, pour.ne pas dire laconiquement à foutre, avec lamodalité, chez Kant ni ailleurs. Que s'est-il doncpassé ? Le prêtre avait de dignes réminis-cences, qu'il a gaiement inscrites, car elles fai-saient bien. Puis quelque élève ou client arelu, et regimbé. Allait-on raturer, rectifier ? Quenon ! I! était plus beau d'écrire, à faire rêver :«... ou plus exactement... » Je plains qui nesentirait pas ce que révèle une porcellerie dé-masquée cent fois, et autrement, par le romande Weyergans.

Mais pourquoi tant de peine, pourquoi s'occu-per de Lacan et même de ses victimes ? Parceque la Bêtise est sans honneur, non sans puis-sance, et que les trois sophistes dont nousparlions plus haut n'ont pas fini d'utiliser leurfascination sur les imbéciles pour troubler etasservir la jeune intelligence de notre peuple.Cette jeune intelligence, parce qu'elle est jeune,est vulnérable, inquiète de manquer le coche,qui, dans les cas susdits, se réduit à une pata-che dont Mr Pickwick n'aurait pas voulu. Etparce qu'elle est l'intelligence, qu'elle chercheà savoir avec secret amour, elle n'imagine mêmepas que les sophistes puissent prononcer lesnoms sacrés, les noms aimables, les nomsaimés, dans les mêmes intentions où un petittruqueur vous refile une fausse pièce de cinqfrancs. Cette jeune intelligentsia, et même cettejeune intelligence, croit que, lorsque Lacan citela Physique d'Aristote, il l'a lue ; que lorsqu'ilcause causalité, ce n'est pas aussi sordidementfrivole que lorsqu'il pique son fric au petitWeyergans. Eh bien, elle se trompe. Il va falloirle lui montrer, et sans jamais lésiner sur lavulgarité des détails.

ARTHEZ.(1} François Weyergans : Le Pitre. (Gallimard).

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réunions le projet royalistePARIS 10e - 19e - 20e

Permanence le mardi de 21 h à 22 h à« La Mandoline », 2, avenue Secrétan,75019 Paris (Métro Jaurès). Tous les mili-tants et sympathisants sont priés de venirprendre contact pour l'organisation de lacampagne de propagande pour le meetingdu 12 décembre.

LYCEENS DE PARISPermanence tous les mercredis de

15 h 30 à 17 h au local, 17, rue des Pe-tits-Champs.

MERCREDI 12 DECEMBREà 21 heures

« LE PROJET ROYALISTE »meeting

44, rue de Rennes(Métro :

Saint-Germain-des-Près)ETUDIANTS DE PARISPermanence tous les mercredis et les ven-dredis de 15 heures à 18 heures dans leslocaux du journal.

Comité contre l'avortementde RouenConférence à 21 heures le lundi 3 décem-bre (dans la salle de la Halle aux Toiles,place de la Basse-Vieille-Tour à Rouen,avec Gérard Leclerc et Me Hervé Catta.

BORDEAUXRéunion le mercredi de 16 heures à

20 heures permanence et cercle d'étu-des) . Permanence le vendredi, de18 h 30 à 20 heures. Réunions et per-manences ont lieu au local, 59, quai desChartrons.

RENNESPermanence des étudiants et lycéens

chaque mercredi de 17 h à 19 h. Biblio-thèque. Au local, 16, rue de Châteaudun(1er étage, entrée sous le porche).Communiqué du Clubde la Plaine Monceau

Un dîner-débat sur la « crise des artsplastiques dans la France de 1973 » aurafieu le 6 décembre. Il sera animé par desartistes peintres, sculpteurs et écrivainsd'Art en renom. S'adresser au « Club dela Plaine Monceau », 13, rue Saint-Mar-ceaux, 75017 Paris (avant le 1er décem-bre). Tél. : 754-46-58.

Le jeudi 22 novembre à Paris, a été présentéà la presse dans les salons du « Club Pernod »le récent ouvrage de Bertrand Renouvin, Leprojet royaliste que vient de faire paraîtrel'Institut de Politique Nationale et dont la NAFa largement rendu compte ces dernières se-maines. Après que Gérard Leclerc eut misl'accent sur l'importance d'un tel événement etsouligné l'urgence qu'il y a à poursuivre plusavant les travaux et les études auxquels s'atta-che notre mouvement depuis sa création,l'auditoire se partageait en îlots de discussionsau sein desquels on remarquait de nombreusespersonnalités qu'il nous est impossible de toutesciter. Le monde des Arts et des Lettres étaitreprésenté par le peintre Georges Mathieu,l'écrivain Gabriel Matzneff, Philippe Sénart, cri-tique littéraire à Combat. Parmi les universitaires,on notait la présence de Pierre Renouvin, mem-

La campagne de promotion du premierlivre de la N.A.F. « Le Projet Royaliste », parBertrand Renouvin, est maintenant lancée.Cet ouvrage n'est pas seulement destiné auxmilitants et aux sympathisants qui se doi-vent, bien sûr, de le posséder, mais encoreaux simples curieux qui y trouveront lesréponses aux questions que chacun se posesur la N.A.F., ses positions, ses méthodes,ses analyses et ses buts.

Strasbourg, la Bretagne, Reims, Grenoble,Vichy, Nice et Avignon ont déjà fait l'effortde commandes importantes.

Nous les en félicitons, que toutes lesautres unités en fassent autant et le succèsdu livre est assuré.

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bre de l'Institut, de Pierre Boutang et de l'histo-rien Philippe Ariès. M. Jean Bryckaert, directeurgénéral du Parisien libéré, Jacques Doucelin duFigaro, M. Denercia de VAgence France-Presse,Jacques Paugam, l'auteur de L'âge d'or dumaurrassisme, et Gilles du Jonchay, réalisateurde la récente émission de télévision qui per-mit aux royalistes d'expliquer à un plus largepublic les raisons de leur engagement dans lecombat révolutionnaire qui est le leur, avaientparmi tant d'autres répondu à l'invitation quileur avait été faite. Qu'ils en soient ici remer-ciés. Par ailleurs, s'étaient fait représenterGilbert Comte du Monde, le colonel du Jonchay,chef de l'état-major de la Résistance. L'I.P.N.remercie le « Club Pernod » des Champs-Elyséespour le soin apporté à la préparation de lasoirée qui contribua au succès de cette réunion.

AVIS PRATIQUES

— Les souscripteurs qui n'ont pas retiréleur ouvrage à nos bureaux avant le 28 no-vembre, le recevront par la poste pour le1er décembre. (Les éditions originales serontdédicacées par l'auteur).

— Bertrand Renouvin signera son livre àl'issue du meeting du 12 décembre, rue deRennes.

— Conditions de vente :1 exemplaire, prix : 15 F - franco : 18 F.5 exemplaires, prix : 65 F - franco : 69 F.

10 exemplaires, prix : 100 F • franco : 105 F.30 exemplaires, prix : 270 F - franco : 280 F.

Les commandes, accompagnées de leur rè-glement, doivent être adressées à I.P.N.,B.P. 558 - 75026 PARIS Cedex 01 - C.C.P.La Source 33-537-41.

les mercredisde la naf

Tous les quinze jours, la « N.A.F. » or-ganise « les mercredis de la N.A.F. »qui sont ouverts à tous les militantset sympathisants de la région parisienne,sans oublier ceux qu'intéressent la ré-flexion et la recherche politiques. Aucours du premier trimestre nous repren-drons et approfondirons les analysessur la société industrielle dans la Francecontemporaine, nous montrerons la né-cessité des ruptures et indiquerons lesformes de changement dans l'optique duprojet royaliste.

Mercredi 5 décembre : Un portrait iné-dit de Charles Maurras par Gérard Le-clerc.Mercredi 19 décembre : Pour une

charte d'action régionale.Les réunions se tiennent dans la salle

du deuxième étage, 12, rue du Renard,Paris-4e, à 21 heures précises. Il est re-commandé d'y amener des amis.

avis• La direction de la N.A.F. recherche

une secrétaire à mi-temps, pour travailde secrétariat et de bureau. Pratique dela dactylo exigée. S'adresser à YvanAumont pour renseignements complé-mentaires.

Je souscris un abonnement de 3 mois (15 F), 6 mois (30 F), un an (55 F), de soutien (120 F) (*),NOM : Prénom :Adresse : .Profession :[*) Encadrez la formule de votre choix.

Année de naissance :

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les contradictionsde je suis partout

Ce culte douteux de la jeunesse embrigadée et des « fêtes » où la person-nalité s'évanouit, ce mauvais romantisme de l'action, cette mystique de l'interna-tionale blanche, est-ce bien cela l'esprit maurassien ?

ff

Brasillach : condamné à mort et exécuté.Pierre-Antoine Cousteau : condamné à mort.Abel Bonnard : condamné à mort. Alain Lau-breaux : condamné à mort. Claude Jeantet :condamné aux travaux forcés à perpétuité.

Tel fut le destin des principaux animateursde Je suis Partout, hebdomadaire représen-tatif de la droite nationaliste des années 1930qui sombra, entre 1941 et 1944, dans la colla-boration avec l'Allemagne.

FASCISME FOLKLORIQUE...Pourquoi ? C'est ce que cherche à expliquer

Pierre-Marie Dioudonnat (1) en analysant, àtravers l'histoire d'un journal, la naissance et ledéveloppement du fascisme français. Un fas-cisme qui présente cette particularité de n'avoirjamais réussi, dans 1'entre-deux-guerres, à sedonner un chef et à se constituer en parti demasse, le « Faisceau » de Valois et le « Fran-cisme » de Bucard ne relevant que du folklorepolitique. Aussi, avant que la défaite ne viennedonner aux mouvements fascistes quelque con-sistance, le fascisme est demeuré dilué, et seu-lement saisissable chez quelques hommes etdans quelques journaux. Des hommes qui sontplus gens de lettres que militants, et que l'ami-tié unit aussi sûrement que les affinités intel-lectuelles.

Le fascisme des années 1930 est donc unétat d'esprit, l'expression d'une sensibilité, d'unromantisme politique, un phénomène littérairequi s'incarne dans des hommes et au traversd'un journal, et non dans une troupe de nervisbottés. C'est aussi un produit de la droite natio-naliste, car l'autre composante du fascismefrançais — le radicalisme jacobin — ne se ré-vèle qu'entre 1938 et 1944. Pierre-Marie Diou-donnat va même jusqu'à le présenter commeune conséquence du nationalisme maurrassien,et il est vrai que, dans l'équipe de Je Suis Par-tout, nombreux sont ceux qui ont été ou demeu-rent — au moins jusqu'à la guerre — influencéspar la pensée de Maurras.

C'est le cas de Qaxotte, rédacteur en chefde l'hebdomadaire jusqu'en 1937, et qui avaitété secrétaire de Maurras. C'est le cas de Bra-sillach, qui dirige la page littéraire de l'Actionfrançaise de 1932 à 1939, de Rebatet, chroni-queur cinématographique du journal royalisteet de Jeantet qui milite dans les organisationsroyalistes jusqu'en 1930. Mais ces esprits bril-lants (sauf Jeantet) étaient-ils des maurras-siens ? Question plus délicate qu'il ne paraît,tant les personnalités étaient diverses, et lesprises de position de Je Suis Partout mou-vantes.

Comme le montre Pierre-Marie Dioudonnat,l'histoire de Je Suis Partout se décompose enplusieurs époques. Celle de la fondation, où uneéquipe hétérogène développe uniquement « unnationalisme craintif de pays fatigué qui secramponne à un immobilisme considéré comme

l'unique planche de salut», et qui dénonce les« trois capitales du désordre » : Genève, Berlinet Moscou. Celle, ensuite, de l'alignement sur ladroite des ligues, Je Suis Partout militant pourune irréalisable « union des nationaux ». Celle,surtout, où Je suis Partout, sous l'influence deGaxotte et de Brasillach, trouve un ton qui luiest propre et n'hésite pas à se définir commel'organe du fascisme international.

... ET POESIE DE LA POLITIQUE

C'est à ce moment que se manifeste le plusconsciemment ce que Brasillach appelle « l'es-prit fasciste». Un fascisme qui est «beaucoupplus ressenti que pensé », qui se présente com-me « une réaction épidermique devant l'arro-gance du Front populaire » et aussi comme unrefus de l'internationalisme antifasciste. Réac-tions esthétiques, plus poétiques que politiques,qui débouchent sur l'exaltation du rexisme bel-ge, de la Phalange espagnole, de la Garde deFer roumaine et du Faisceau mussolinien. Poèteégaré dans la politique, Brasillach se fait alorsle chantre de la jeunesse des camps et descérémonies où se lève le « fascisme immense etrouge ».

Ce culte douteux de la jeunesse embrigadéeet des « fêtes » où la personnalité s'évanouit,ce mauvais romantisme de l'action, cette mys-tique de l'internationale blanche, est-ce biencela l'esprit maurrassien ? Les humeurs de Bra-sillach et de Rebatet (qui devient germanophilepar antisémitisme et parce que les Allemandschantent bien) sont au contraire à mille lieuesde la méthode maurrassienne et de ce quis'écrit alors dans I1Action française. L'espritmaurrassien reste cependant présent à Je SuisPartout, empêchant qu'il sombre dans le cultede l'Allemagne nazie, et retenant les meilleursde ses rédacteurs « en-deçà du nihilisme » : siRebatet est saisi du délire raciste et nazi, siJeantet devient un agent allemand, Brasillachet Gaxotte restent fidèles à l'antigermanismepolitique et philosophique — à l'anti-racismeaussi — du chef de VAction française.

Ainsi, avant que ne s'ouvre l'ère des grandescrises internationales, l'esprit maurrassien le dis-pute à l'esprit fasciste. Le premier triompheramôme en 1938-1939, puisque Je Suis Partouts'aligne, au moment de la crise tchécoslovaque,sur le pacifisme nationaliste de l'A.F. et envient à éprouver une désaffection de plus enplus nette à l'égard du «fascisme international».

Il faudra la défaite, puis l'invasion allemandede la Russie, pour que Je Suis Partout — quireparaît à Paris en 1941 contre l'avis de Maur-ras — sombre dans le national-socialisme et soitentraîné dans la mécanique infernale de la col-laboration. C'est l'époque où l'équipe de Je SuisPartout règne sur la presse, la littérature et lethéâtre, où Rebatet, suant de haine, vomit unimmonde flot d'insultes sur l'Action françaiseen particulier et sur les Français en général, et

où Brasillach fait l'apologie de l'armée alle-mande et de la politique qu'elle impose à laFrance. Maurras n'a alors plus aucune influencesur ce troupeau d'hystériques, d'aventuriers lou-ches, d'agents allemands et de rêveurs dange-reux qui se rassemble à Je Suis Partout avantque la mort, l'exil ou la prison ne le disperse.

MAURRAS CONTRE LE FASCISME

L'analyse historique de Pierre-Marie Dioudon-nat jette donc des lumières nouvelles sur l'es-prit des années 1930 et sur l'influence de ladroite pendant l'occupation. Il est en revancheregrettable qu'il ait choisi de sous-titrer sonouvrage de manière aussi équivoque — car tousles maurrassiens n'ont pas subi cette tentation ;et les maurrassiens qu'il étudie étaient d'unebien curieuse espèce — et surtout qu'il aitprésenté le fascisme de Je Suis Partout commeun « maurrassisme possible ». On a vu, et Pierre-Marie Dioudonnat le montre à plusieurs reprises,que Je Suis Partout a été le théâtre d'une lutteentre l'esprit maurrassien et l'esprit fasciste.L'auteur n'en affirme pas moins que l'Actionfrançaise a « sécrété » le fascisme, et ceci pourtrois raisons très contestables :

— La première est que l'A.F. n'a jamais ma-nifesté « la moindre hostilité au fascisme ». Cequi est inexact car Maurras et ses collabora-teurs n'ont jamais manqué de formuler les plusvives critiques à rencontre de la doctrine fas-ciste, du totalitarisme fasciste, et du prétenducorporatisme italien.

— La seconde est que l'A.F. n'est «pas épar-gnée par la vague de solidarité politique trans-nationale » qui est un des éléments fondamen-taux du fascisme. Mais solidarité avec qui ?Avec Franco, chef de l'Etat espagnol, — etpour des raisons d'intérêt national — et nonavec José-Antonio Primo de Rivera. Avec Mus-solini, qui est jusqu'à un certain moment unpion contre l'Allemagne, et non avec les Che-mises noires que célèbre Brasillach. Avec Sa-lazar (que les fascistes n'aiment pas), encoreque les articles sur le régime portugais soientrarissimes dans l'Action française.

— La troisième est que l'A.F. « adhère plei-nement aux antagonismes du moment ». Ce quiest vrai. Mais le combat politique des années1930 oppose les conservateurs aux « révolution-naires » et c'est plus un alignement (d'ailleurslimité) sur la réaction conservatrice que l'onpeut reprocher à l'A.F. qu'une union avec unfascisme qui demeure très marginal dans ladroite des années 1930.

Maurras n'a donc pas sécrété le fascisme, nisur le plan politique parce qu'il a toujoursrefusé son romantisme et son jacobinisme, nisur le plan intellectuel parce que sa philosophiepolitique s'oppose fondamentalement aux my-thes fascistes. Il faudra y revenir.

Bertrand RENOUVIN.

(1) Pierre-Marie Dioudonnat : Je Suis Partout - Lesmaurrassiens devant la tentation fasciste. (La TableRonde.)

[la nouvelleACTION

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