le pommier

4
Introduction La pomme (Malus domestica) est un fruit largement cultivé en zones tempérées avec une concentration dans l’hémisphère nord, entre les latitudes 30° et 60°. Elle a comme origine l’Asie de l’Ouest et serait issue à partir d’hybridations entre plu- sieurs espèces incluant Malus sylvestris, M. Baccata et M. Borkh. Bien que le nombre d’espèces reportées pour le pommier est élevé (25), la majorité des pommiers en culture dérive de l’espèce Malus pumila et on compte actuellement plus de 7.000 cultivars. Bien qu’il existe une diversité génétique assez importante, les vergers commerciaux sont conduits avec un nom- bre restreint de variétés dont les plus importantes sur le plan commerciale ont été identifiées à partir de semis de hasard comme Golden Delicious ou issues de mutation. Importance de la culture Le pommier occupe une superficie d’envi- ron 26.700 ha et se place au 2 ème rang des rosacées après l’amandier. Ce secteur four- nit une production de 372 500 t de fruits, soit un rendement moyen de 14t/ha. Les premiers vergers commerciaux ont été crées en zones de montagne où les condi- tions climatiques sont favorables au déve- loppement et à la fructification de l’espè- ce. Sa culture a été étendue, en suite à d’autres zones cependant moins propices, par simple transposition des modèles de culture. Les statistiques du ministère de l’agriculture font état de l’existence du pommier même en régions à faibles alti- tudes (Gharb, Rabat-Salé, Souss Massa, khémisset..). Cependant, les plus impor- tantes zones de production sont localisées en zones de hautes et moyennes altitudes du haut et du moyen atlas (Khénifra, Elhajeb, Sefrou, Ifrane, Midelt, Meknès..) avec certains pôles de concentration. Cette répartition donne au secteur un poids important dans l’économie du pays par la création d’emploi (2 millions de journées de travail) et en générant une valeur commerciale de l’ordre de 1.5 milliard de dirhams. Contraintes climatiques Si la culture du pommier a connu une évo- lution très rapide durant la décennie 1982-1992, où les superficies ont triplé pour passer de 8 800 ha à 27 000 ha, actuellement elle connaît une certaine stagnation des superficies à cause de plu- sieurs contraintes. Celles d’ordre clima- tique, où les disponibilités en froid accu- sent une tendance nette à la diminution, freinent son extension au profit d’autres espèces moins exigeantes en froid en en eau. Des alternances de périodes de hau- tes températures durant l’hiver gênent la dormance des bourgeons et perturbent leur différenciation florale. La réduction des ressources en eau, liée à la sécheres- se et à la baisse d’enneigement, et au sur utilisation du pompage ont poussé cer- tains arboriculteurs à chercher d’autres cultures alternatives comme celle de l’a- mandier et de l’olivier. Si les zones de montagne réunissent des conditions favorables à la culture, elles restent cependant, menacées par la grêle qui peut survenir en période de grossisse- ment des fruits (Mai-avril) et même en été. Les dégâts qu’elle peut occasionner sont importants sur bois et la production qui peut être complètement détruite. La protection par le biais de filets para-grê- les est le moyen de lutte le plus efficace à l’échelle parcellaire mais elle reste oné- reuse. La lutte contre ce fléau naturel doit passer par l’organisation de la profession. La rentabilité de la culture impose la pro- duction des fruits de qualité avec un ren- dement moyen qui dépasse les 25 t/ha. Ces conditions ne peuvent être satisfaites que dans certaines régions de culture où l’eau et le froid ne constituent pas de fac- teur limitant et en utilisant un matériel végétal (variété et porte-greffes) perfor- mant et adapté. Comportement et choix du matériel végétal Variétés Le matériel végétal en culture est consti- tué exclusivement de variétés étrangères et la gamme n’a cessé d’évoluer en gar- dant comme variété de base Golden Delicious (GD) et ses pollinisatrices Starking Delicious (SD) et Starkimson (SK). Malgré que GD soit exigeante en froid 1000 heures), elle possède une cer- taine souplesse d’adaptation lui permet- tant d’être cultivé dans différentes situa- tions avec cependant d’inégales perfor- mances. La nécessité de répondre à des préoccupations d’étalement du calendrier de production, de qualité ou d’introduc- tion de variétés moins exigeantes en froid et adaptées aux conditions climatiques a emmené l’INRA a entreprendre une série d’expérimentations relatives à l’évaluation du matériel végétal (34 variétés et 5 porte-greffes), à la caractérisation de la dormance (déroulement et intensité) aux BULLETIN MENSUEL D’INFORMATION ET DE LIAISON DU PNTTA TRANSFERT DE TECHNOLOGIE EN AGRICULTURE Royaume du Maroc Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural MADER/DERD Avril 2004 PNTTA LE POMMIER Une culture de terroir en zones daltitude SOMMAIRE 115 Importance de la culture......................... p.1 Contraintes climatiques........................... p.1 Comportement et choix variétal.............. p.1 Eléments de conduite technique.............. p.3 Programme National de Transfert de Technologie en Agriculture (PNTTA), DERD, B.P: 6598, Rabat, http://www.iav.ac.ma/pntta Bulletin réalisé à l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, B.P:6446, Rabat, Tél-Fax: (037) 77-80-63, DL: 61/99, ISSN: 1114-0852 Arboriculture

description

une culture de terroir en zones d'altitude

Transcript of le pommier

Page 1: le pommier

Introduction La pomme (Malus domestica) est un fruitlargement cultivé en zones tempéréesavec une concentration dans l’hémisphèrenord, entre les latitudes 30° et 60°. Elle acomme origine l’Asie de l’Ouest et seraitissue à partir d’hybridations entre plu-sieurs espèces incluant Malus sylvestris, M.Baccata et M. Borkh. Bien que le nombred’espèces reportées pour le pommier estélevé (25), la majorité des pommiers enculture dérive de l’espèce Malus pumila eton compte actuellement plus de 7.000cultivars. Bien qu’il existe une diversitégénétique assez importante, les vergerscommerciaux sont conduits avec un nom-bre restreint de variétés dont les plusimportantes sur le plan commerciale ontété identifiées à partir de semis de hasardcomme Golden Delicious ou issues demutation.

Importance de la culture Le pommier occupe une superficie d’envi-ron 26.700 ha et se place au 2ème rang desrosacées après l’amandier. Ce secteur four-nit une production de 372 500 t de fruits,soit un rendement moyen de 14t/ha. Lespremiers vergers commerciaux ont étécrées en zones de montagne où les condi-tions climatiques sont favorables au déve-loppement et à la fructification de l’espè-ce. Sa culture a été étendue, en suite àd’autres zones cependant moins propices,par simple transposition des modèles deculture. Les statistiques du ministère del’agriculture font état de l’existence dupommier même en régions à faibles alti-tudes (Gharb, Rabat-Salé, Souss Massa,khémisset..). Cependant, les plus impor-tantes zones de production sont localiséesen zones de hautes et moyennes altitudesdu haut et du moyen atlas (Khénifra,Elhajeb, Sefrou, Ifrane, Midelt, Meknès..)avec certains pôles de concentration.Cette répartition donne au secteur unpoids important dans l’économie du pays

par la création d’emploi (2 millions dejournées de travail) et en générant unevaleur commerciale de l’ordre de 1.5milliard de dirhams.

Contraintes climatiquesSi la culture du pommier a connu une évo-lution très rapide durant la décennie1982-1992, où les superficies ont triplépour passer de 8 800 ha à 27 000 ha,actuellement elle connaît une certainestagnation des superficies à cause de plu-sieurs contraintes. Celles d’ordre clima-tique, où les disponibilités en froid accu-sent une tendance nette à la diminution,freinent son extension au profit d’autresespèces moins exigeantes en froid en eneau. Des alternances de périodes de hau-tes températures durant l’hiver gênent ladormance des bourgeons et perturbentleur différenciation florale. La réductiondes ressources en eau, liée à la sécheres-se et à la baisse d’enneigement, et au surutilisation du pompage ont poussé cer-tains arboriculteurs à chercher d’autrescultures alternatives comme celle de l’a-mandier et de l’olivier.

Si les zones de montagne réunissent desconditions favorables à la culture, ellesrestent cependant, menacées par la grêlequi peut survenir en période de grossisse-ment des fruits (Mai-avril) et même enété. Les dégâts qu’elle peut occasionnersont importants sur bois et la productionqui peut être complètement détruite. Laprotection par le biais de filets para-grê-les est le moyen de lutte le plus efficaceà l’échelle parcellaire mais elle reste oné-reuse. La lutte contre ce fléau naturel doitpasser par l’organisation de la profession.

La rentabilité de la culture impose la pro-duction des fruits de qualité avec un ren-dement moyen qui dépasse les 25 t/ha.Ces conditions ne peuvent être satisfaitesque dans certaines régions de culture oùl’eau et le froid ne constituent pas de fac-teur limitant et en utilisant un matériel

végétal (variété et porte-greffes) perfor-mant et adapté.

Comportement et choix dumatériel végétal

VariétésLe matériel végétal en culture est consti-tué exclusivement de variétés étrangèreset la gamme n’a cessé d’évoluer en gar-dant comme variété de base GoldenDelicious (GD) et ses pollinisatricesStarking Delicious (SD) et Starkimson(SK). Malgré que GD soit exigeante enfroid 1000 heures), elle possède une cer-taine souplesse d’adaptation lui permet-tant d’être cultivé dans différentes situa-tions avec cependant d’inégales perfor-mances. La nécessité de répondre à despréoccupations d’étalement du calendrierde production, de qualité ou d’introduc-tion de variétés moins exigeantes en froidet adaptées aux conditions climatiques aemmené l’INRA a entreprendre une séried’expérimentations relatives à l’évaluationdu matériel végétal (34 variétés et 5porte-greffes), à la caractérisation de ladormance (déroulement et intensité) aux

BULLETIN MENSUEL D'INFORMATION ET DE LIAISON DU PNTTA

TRANSFERT DE TECHNOLOGIEEN AGRICULTURE

Royaume du Maroc

Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural

MADER/DERD ● Avril 2004 ● PNTTA

LE POMMIERUne culture de terroir en zones d�altitude

SOMMAIRE

n°115● Importance de la culture......................... p.1● Contraintes climatiques........................... p.1● Comportement et choix variétal..............p.1● Eléments de conduite technique..............p.3

Programme National de Transfert de Technologie en Agriculture (PNTTA), DERD, B.P: 6598, Rabat, http://www.iav.ac.ma/pnttaBulletin réalisé à l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, B.P:6446, Rabat, Tél-Fax: (037) 77-80-63, DL: 61/99, ISSN: 1114-0852

Arboriculture

Page 2: le pommier

modes de fructification, à la caractérisa-tion pomologique. Les variétés et lesporte-greffes ont été introduits de diffé-rents pays et les essais ont été installés auniveau des Domaines Expérimentaux del’INRA d’Ain Taoujdate et de Laânaceursous climat donc à hiver relativement douxet celui de montagne afin de proposer desvariétés pour chaque milieu. Des observa-tions complémentaires ont été effectuéesdans des vergers privés sur les variétésdéjà en culture afin de mieux comprendreleur réaction aux milieux et identifier descritères d’adaptation pouvant servircomme indicateurs dans le diagnostic ducomportement du matériel végétal.

Dans les zones de moyenne altitude (500-800m), des différences importantes decomportement existent entre les variétéset sont à mettre en relation avec leurs ori-gines génétique et écologique. La chutedes feuilles, indicateur d’une entrée endormance, se fait tardivement et d’unemanière étalée. Ce comportement est liéau rythme de croissance et la chronologiede l’apparition des feuilles. Chez la variétéAnna, la reprise d’activité après récoltedonne lieu à des feuilles d’âges physiolo-giquement jeunes dont la sénescence esttardive. La cinétique de leur chute suit ungradient allant du vieux bois aux partiesjeunes dont les bourgeons entrent en dor-mance plus tardivement.

L’époque du débourrement est liée auxbesoins en froid des variétés. Sur un mêmegénotype, la reprise de l’activité végétati-ve se produit en premier lieu sur les spurset les bourgeons terminaux des rameaux.Ces bourgeons seraient moins exigeants enfroid que les bourgeons latéraux. Ledébourrement avancé des bourgeons ter-minaux traduit le phénomène d’inhibitioncorrélative et conduit à l’installation de la

dominance apicale. Celle-ci favorise la for-mation des pousses vigoureuses plutôt quele développement des spurs qui consti-tuent le support potentiel de production.Ce schéma d’évolution caractérise lesvariétés mal adaptées dont les arbres sontdégarnis et généralement moins ramifiés.

La répartition des organes de productionmontre que les dards et les brindilles cons-tituent le support préférentiel de fructifi-cation pour toutes les variétés. Les bour-ses ne sont produites en proportions éle-vées que sur le bois âgé de 3 ans, les lam-bourdes sont les moins fréquentes quelquesoit l’âge du bois. En revanche, les brin-dilles sont assez fréquentes aussi bien surle bois âgé de 2 ans que sur celui de 3 anset constituent le second support de fructi-fication. Ces éléments donnent une idéesur le comportement typique du pommieren zone de moyenne altitude; où le froidreste insuffisant pour satisfaire les exigen-ces de l’espèce.

La quantification des organes de produc-tion pour chaque variété est donc un élé-ment permettant de juger ses possibilitésde fructification. Une déficience en spursserait donc liée à une mauvaise adaptationvariétale aux conditions du milieu.

Dans une région où il y’ a une déficienceen froid, le déroulement des stades phéno-logiques est aussi affecté chez les variétésmal adaptées. La dormance des bourgeonsdes cultivars de base GD et SD, est peuprofonde et difficile à surmonter. La char-ge en coursonnes est déficiente et ledéroulement des stades phénologiques estperturbé. La dominance apicale est trèsmarquée et le débourrement des bour-geons latéraux est retardé et hétérogène.

L’évolution de ces bourgeons peut mêmeêtre erratique pour ne donner que des

pousses végétatives, contrairement à cequi se fait habituellement, et l’indice defloraison est très faible. Cette anomalie dedéveloppement peut conduire à une bais-se considérable des rendements et traduitla forte sensibilité de cette espèce d’origi-ne tempérée aux changements climatiquesnotamment durant l’époque d’induction etde différenciation florale.

La production qui en découle est de moin-dre qualité et sa durée de conservation estégalement réduite. La nécessité de cultiverle pommier en dehors des zones où le cli-mat est favorable, impose le choix devariétés précoces moins exigeantes enfroid pouvant s’accommoder au milieucomme Anna et Dorset Golden. Ces varié-tés lèvent leur dormance sous l’effet de200 à 300 heures de froid (T°<7.2°C). Leurfloraison débute à partir de la 2ème déca-de de février et peut s’étaler jusqu’à mi-mars. Leur pollinisation peut être assuréepar la variété Ein Shiemer. Anna arrive àmaturité à partir de la 1ére semaine dejuillet. Le fruit est de calibre moyen (80 à120 g) avec une couleur généralementstriée ou rouge sur fond vert-claire d’im-portance variable.

La maturité de Dorset Golden est tardived’environ 10 jours avec un fruit qui res-semble à celui de GD dont la couleur estvert-jaunâtre. Le fruit peut être conservé 4à 6 semaines lorsque les prix pratiqués surle marché sont faibles.

Transfert de Technologie en Agriculture Page 2 N° 115/Avril 2004

Anna

Dorset Golden

Red Chief

Page 3: le pommier

Dans les zones de transition vers la mon-tagne les variétés semi-précocesOzarkgold et Royal Gala, sont parfaitementadaptées et leur maturité arrive pour com-bler un trou dans le calendrier de produc-tion. Elles donnent respectivement desfruits de couleur jaune-claire et rouge car-min légèrement striée. Leur texture estcroquante et l’écoulement sur le marchéest aisé.

Dans les zones de montagne, le pommierforme plus de spurs et de brindilles, indi-cateur d’une bonne adaptation au milieu.Sa floraison est relativement groupée et laproduction est meilleure. Au cours de lamaturité des fruits, la disparition rapide dela chlorophylle cède la place à une colora-tion plus intense. Les températures modé-rées et les fortes amplitudes thermiquesfavorisent la synthèse des pigmentsresponsables d’une bonne coloration etsurtout rouge. Le fruit est ferme, croquantet plus parfumée à pleine maturité. Dansces conditions, la gamme usuelle forméede GD et SD est à élargir avec la variétéRed Chief, Golden Smoothée et mêmeGloster. Une tendance à une forte deman-de des fruits de couleur rouge existe ce quiindique que les plantations futures doi-vent être basées sur les variétés colorées. Porte-greffesLe constat effectué sur le terrain a mon-tré que plusieurs arboriculteurs accordentde l’importance à la variété et ignorentcelui du porte-greffe (PG). Une gammetrès large de PG existe pour répondre auxexigences des différentes conditions deculture. Elle reste cependant dominée parMM106, considéré parmi les meilleuressélections dans le monde.

L’intensification des vergers a été un soucides arboriculteurs marocains qui onttransposés des modèles de culture nonadaptés (axe central, palmette), basés surl’utilisation des PG nanisants comme M9,M26 au contexte climatique nationale.Cela a engendré plusieurs problèmes deconduite (dégarnissement, dépérissement,hétérogénéité,..) à cause de plusieurs fac-teurs contraignants comme les températu-res élevées de l’été, les disponibilitésréduites en eau d’irrigation qui n’ont pasété pris en considération lors de la créa-tion du verger. Les maladies racinairesconstituaient aussi un autre problème quia entravé cette culture en causant desdégâts importants dans certaines régions(Tigrigra, Aïn Leuh,…). Elles ont pris del’importance dans les sols lourds et irriguésà la raie ou en situation asphyxiante àcause de la forte sensibilité du matérielvégétal utilisé comme MM106 et M26.

Avec la limitation des ressources en eaud’irrigation, le secteur s’est orienté versl’irrigation au goutte à goutte pour faireune adéquation entre la taille du verger et

les disponibilités en eau. Plusieurs vergersse trouvent en situation de déficit d’inten-sité variable ce qui a engendré des problè-mes de dépérissement et de limitation dela croissance. Dans ces conditions, les PGont des comportements différents et cer-tains seraient plus productifs que d’autres.

La comparaison des performances desvariétés de base GD et SD sur 5 PG a mon-tré que ce dernier affecte non seulement lerendement mais aussi la qualité des fruits.Bien que l’influence du porte-greffe sur lecalibre est difficile à mettre en évidencedu fait que le respect de l’équilibre mise àfruit-vigueur qui est fonction de la taille,de l’éclaircissage et de la nutrition, lesrésultats confirment les effets du porte-greffe sur le comportement et les perfor-mances du cultivar. Le porte-greffe vigou-reux MM111 a montré une bonne adapta-tion en région à climat chaud que les PGnanisants. Cette performance est attribuéeà son efficacité dans l’absorption des élé-ments minéraux qui s’est répercutée sur lacroissance végétative, la vigueur, la pro-ductivité et sur le calibre des fruits.L’avantage des porte-greffes nanisants nepeut être exploité que dans l’augmenta-tion des densités en sol fertile et en bon-nes conditions d’alimentation hydrique.

Eléments de conduite techniquede la culture

Le pommier est espèce extrêmement sen-sible aux erreurs de conduite, aux maladieset aux attaques des ravageurs. La réussitede sa culture nécessite une maîtrise detoutes les opérations de l’itinéraire tech-nique qui doivent être en adéquation avecle matériel végétal choisi et les conditionsdu milieuDensité de plantation et forme deconduiteEtant donné la dominance des variétésproposées qui ont une fructification detype «spur» et de type «Golden», et lesproblèmes posés par la conduite en axecentral dans l’établissement de l’équilibrevégétatif, le contrôle de la fructification etla maîtrise des caractères de l’arbre, legobelet est le mode de conduite à adopterlorsque le niveau technique de l’arboricul-teur est moyen.

Les écartements qui se pratiquaient étaientde 5 x 5 m (400 arbres/ha) et ont évoluéau fil des années à la faveur d’une intensi-fication pour atteindre 1000 à 1250 arbrespar hectare. Avec l’âge des arbres, des pro-blèmes de chevauchement sur la ligne ontinduit un dégarnissement des arbres lié àun faible éclairement. Un développementcorrect des branches fruitières et des arb-res nécessite l’adoption de densité permet-tant de respecter l’équilibre mise à fruitvigueur. La maîtrise de la croissance desarbres par la réduction de la dominance

apicale et en favorisant l’autonomie descoursonnes peut être obtenue en adoptantdes écartement de 5 x3 m (666 arbres/ha).Cet écartement correspond à une densitéoptimale dans un système à tendanceintensive avec des possibilités de travaillermécaniquement les inter lignes et de trai-ter les arbres aisément.Taille La taille est une des opération les plusimportante de l’itinéraire technique qui estdifficile à décrire et qui nécessite une maind’ouvre spécialisée pour sa réalisation.Après la plantation et pour une forme deconduite en gobelet, le plan doit être rabat-tu à 50-60 cm pour former l’arbre sur 3 à 5charpentières la deuxième année en élimi-nant les rameaux à angle fermé ou tropouvert. Les sous-chaprentières sont choi-sies pour être à l’extérieur de la frondaisonet réparties à des espaces réguliers sur lastructure principale. La croissance excessivedes sous mères dans la partie supérieure dela charpente doit être contrôlée afin deréduire le développement des rameaux de lapartie basale et provoquer un certain dés-équilibre de l’arbre.

La taille de fructification consiste à contrô-ler la fructification par un allongementrégulier de la branche fruitière et par unélagage modéré lorsque la branche vieillit.Les branches fruitières doivent se position-ner sous l’horizontal. Leur simplification etl’ablation des réitérations visent la réparti-tion de la croissance sur les coursonnes envue des les rendre autonome.Eclaircissage L’amélioration du calibre des fruits et doncde la qualité de la production peut êtreobtenue par l’éclaircissage des fruits. Cettetechnique peut être réalisée manuelle-ment pour plus de sécurité et de précision,

Transfert de Technologie en Agriculture Page 3 N° 115/Avril 2004

Page 4: le pommier

et consiste à supprimer un certain nomb-re de fruits pour réduire la concurrenceentre. L’opération organise la charge del’arbre en permettant le maintien des fruitsissus des fleurs principales au niveau desbouquets (King flowers). Il est pratiqué 1à 1.5 mois après la pleine floraison. Lenombre de fruit à éliminer peut être déter-miné en fonction du rendement désiré, lecalibre souhaité et la densité de planta-tion. Sur le plan pratique et en présenced’une forte charge, on ne doit garder que2 fruits/bouquet sur la moitié inférieurede l’arbre et 1 fruit/bouquet sur la moitiésupérieure.

L’éclaircissage chimique peut être envisa-gé aussi en utilisant plusieurs produits, entraitement de post-floraison comme l’ANA,NAD, Carbaryl, et autres. Cependant lesrésultats obtenus dépendent des condi-tions climatique du milieu (homogénéitéde floraison, floridondité,…).FertilisationLa fumure organique permet d’apporter,en plus d’une certaine quantité d’élémentsfertilisants majeurs, des oligo-élémentsindispensables à une croissance et à unefructification correcte et de qualité chezl’espèce. Le fumier contribue également àl’amélioration de la qualité du sol (struct-ure et perméabilité). Les quantités àapporter et la fréquence des apportsdépend du niveau de matière organiquedans le sol (le sol est bien pourvu lorsqu’ilrenferme 3 à 4% de matière organique) etdes disponibilités en fumier. Un apport de10 à 20 t/ha/an peut être suffisant.

La fumure minérale est importante et lesquantités d’engrais à apporter dépendentaussi de plusieurs facteurs et surtout del’élément fertilisant, l’âge des arbres, de larichesse du sol et du niveau des rende-ments. En irrigation goutte à goutte, lephosphore et la potasse sont à apportersous forme d’engrais soluble à injecter enplusieurs apports fractionnés sur toute lapériode de grossissement du fruit. L’azoteest à fractionner également en période decroissance végétative active.

Une estimation des apports peut êtreapprochée par la méthode du bilan qui sebase sur les analyses du sol. Celles duvégétal permettent de la réajuster et dedétecter les carences possibles liées à descontraintes du sol. Selon certains auteurs,les prélèvements, pour produire 1 tonne depomme, sont de 1.2 à 2.2 - 0.6 à 0.7 - 2 à3 kg d’élément fertilisant, respectivementpour l’azote, le phosphore, la potasse.Ces quantités sont de 4.6 kg de calcium etde 1kg de magnésium. Pour un rendementmoyen de 25t/ha Soing et Vaysse (1999)recommandent donc 80 à 100 unités d’a-zote, à fractionner en plusieurs apports:débourrement-floraison (20%), pleinecroissance (60%) et après récolte (20%).

Pour le phosphore 20 à 40 unités à appor-ter de préférence avant le débourrement.Pour la potasse, 100 à 150 unités à appor-ter dès la nouaison pour permettre unebonne diffusion dans le sol. Pour les oligo-éléments, il est préférable de les appliquerpar pulvérisation foliaire à faible concen-tration (0.5 kg/hl d’eau).Irrigation Le pommier est une espèce exigeante en

eau et ses besoins sont estimés à 6000-7000 m3/ha qui doivent être apportés(selon les régions) à partir du mois de maijusqu’au mois d’octobre.

Le volume d’eau à apporter peut êtreapproché par la méthode du bilanhydrique qui tient compte en particulier del’ETP (Evapotrans-piration potentielle), laréserve facilement utilisable du sol (RFU)et l’âge des arbres. Ce bilan peut être cal-culé hebdomadairement en adoptant uncoefficient cultural (Kc) de l’ordre de 0.8 à0.9 pour un verger adulte.

L’irrigation au goutte à goutte permet unealimentation régulière de la culture enapportant 5 à 10 m3/heure et à des fré-quences élevées. La dose à apporterchaque jour doit être calculée pour com-penser la consommation de la veille afinque le bulbe d’humectation ne se rétracted’une façon exagérée. L’irrigation quoti-dienne est à réaliser en une seule périodecontinue, concentrée durant la périodechaude de la journée, et que la dose jour-nalière appliquée soit proche des besoinsde la journée. Protection phytosanitaireLe pommier est sujet à plusieurs attaquesde maladies et de ravageurs. Les plus fré-quentes sont celles de la tavelure, de l’oï-dium, des pucerons, du carpocapse, de lacochenille et des acariens. La protectionphytosanitaire est onéreuse en raison du

nombre élevé d’interventions (12 à 20)que nécessite cette espèce. Elle dépend dela situation de chaque verger et desattaques subits la saison écoulée. Il estdifficile d’établir un calendrier de traite-ment pour toutes les situations. Les élé-ments présentés dans ce cadre sont à titreindicatif. La protection doit commencerpar un traitement cuprique dès la chutedes feuilles puis par un traitement à based’huile blanche au stade gonflement-débourrement des bourgeons. Pour l’oï-dium et la tavelure des traitements à basede Mancozèbe et de Soufre mouillable sontà envisagés en préventif et/ou en curatifen début de printemps (gonflement desbourgeons, nouaison) par temps humide.A partir du mois de mai, jusqu’au débutmaturité, des traitements insecticidesréguliers doivent être envisagés tous les12 à 15 jours et dépendent de la rémanen-ce et des spécificités du produit. Quantaux acariens rouges, leur pullulation estplus importante par temps très chaud(chergui). Ses œufs sont à observer en find’hiver pour prévoir le traitement de prin-temps qui peut se faire à base d’huileblanche ou de Clofentezine (Apollo) ouHéxythiazox (Cesar). Lorsque la moitié desfeuilles renferment des araignées, un trai-tement à base de Tebufenpyrad (Massaï)ou de Pyridabène(Nexter) ou de Propargite(Omite 30 WP) est à envisager. L’efficacitéde certaine matière active est optimalelorsque le pH de l’eau de traitement estlégèrement acide (4 à 6).

Toutes ces opérations sont à réajuster enfonction de chaque situation et avec l’ap-pui d’un technicien expérimenté car l’erreuren arboriculture fruitière n’est permise sinon elle coûtera chère à l’arboriculteur ■.

Dr Ahmed OUKABLIINRA, Unité de Recherche Amélioration des Plantes et

Conservation des Ressources Phyto-génétiquesCentre Régional de Meknès

[email protected] de Technologie en Agriculture Page 4 N° 115/Avril 2004