Le Monde Du Mercredi 7 Decembre 2011

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Mercredi 7 décembre 2011 - 67 e année - N˚20801 - 1,50 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Erik Izraelewicz Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,50 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,50 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA, C ommençons par le positif. L’euro sort peut-être du pot au noir, cette dépres- sion majeure où l’a plongé l’affai- re de la dette grecque depuis bien- tôt deux ans. Une éclaircie pour- rait se dessiner. Les dirigeants européens ont été fidèles à leur pénible façon de faire : contem- pler l’abîme avant de se décider à agir sérieusement. L’accord franco-allemand annoncé lundi 5 décembre à Paris porte les germes d’une sortie de crise. Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont tracé les grandes lignes d’une réforme de la gouver- nance de la zone euro. C’est un premier pas que doit confirmer, jeudi et vendredi à Bruxelles, le Conseil européen – auquel il reviendra ainsi la tâche de démentir l’évaluation négative portée, ce même lundi, par l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) sur l’ensemble de la zone euro. Le canevas arrêté à Paris va au cœur d’une des pathologies majeures de l’euro : l’absence de gouvernance budgétaire dans une fédération monétaire. A juste titre, M me Merkel et M. Sarkozy ne se sont pas attachés à concoc- ter un énième plan de soutien aux plus endettés des 17 membres de l’union monétaire. Les deux dirigeants proposent une réforme du traité de Lisbonne, qui fixe les règles de fonctionnement de l’Union européenne. Cette réfor- me concerne les membres de l’eu- rozone : ils devront adhérer à une « règle d’or », rédigée sous le contrôle de la Cour de justice euro- péenne. La fameuse règle leur fixe pour objectif de revenir à l’équili- bre budgétaire. Ceux qui s’en éloi- gneraient seront passibles de sanc- tions quasi automatiques. C’est de bonne logique. La mon- naie unique n’a de chance de bien fonctionner que si les économies de ses membres convergent – au moins dans les grandes lignes. Or le contraire s’est pro- duit. L’euro ne peut s’affirmer comme une monnaie solide, susci- tant la confiance, que si ses mem- bres font aussi converger leurs politiques budgétaires – au moins dans les grandes lignes. Là encore, le contraire s’est produit. En échange de cette discipline budgétaire renforcée, l’accord ne prévoit pas d’instituer une vraie solidarité financière entre les 17 : il rejette – on le regrette – la créa- tion d’euro-obligations. Mais il entend accélérer la mise en place d’une sorte de Fonds d’assistance financière permanent. L’accord ne mentionne pas la Banque centrale européenne (BCE). Par ce silence, M me Merkel laisse la porte ouverte à un rôle plus actif de la BCE dans la solution de la crise, rôle auquel l’Allemagne est opposée. Plus important, M me Merkel et M. Sarkozy jurent que « la Grèce restera une exception ». En som- me, le retour de la confiance passe par cette règle chère à Jean-Claude Trichet, l’ancien patron de la BCE : il n’y aura plus de défaut partiel imposé aux créanciers privés d’un des Etats de la zone euro. Tout cela, savante synthèse berlino-parisienne, va dans la bon- ne direction. S&P eût gagné en sérieux en en prenant connaissan- ce avant de jeter l’opprobre sur la zone euro. Pour son inconsé- quence, S&P mérite une très mauvaise note. p Affaire La justice enquête sur le rôle de l’ancien premier ministre en marge d’une affaire d’escroquerie au sein des Relais & Châteaux. « Le Monde » révèle le contenu des écoutes où apparaît M. de Villepin. P. 15 L e changement de 85 % des horaires de la SNCF diman- che 11 décembre provoque beaucoup d’inquiétudes. Sur la carte de France des mécontente- ments, Blois n’est pas le cas le plus critique. Mais illustre la situation d’une ville moyenne bousculée par l’ampleur de la réforme. Les usagers du train grognent : le nom- bre de trains rapides va certes aug- menter ; mais pas aux bonnes heu- res pour tous ceux qui vont tra- vailler quotidiennement à Paris. Ces tensions illustrent les difficul- tés, pour la SNCF, à concilier inté- rêts locaux et intérêt général, désir de multiplier les arrêts et volonté d’aller plus vite… p Lire pages 20 et 23 Crise Standard & Poor’s a placé sous surveillance négative 15 des 17 Etats de la zone euro, dont l’Allemagne et la France. Gouvernance Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont présenté, lundi 5 décembre, leurs projets de réforme de la zone euro. Europe Le sommet des 8 et 9 décembre sera décisif : les Etats membres devront se prononcer sur le plan franco-allemand. Migrations Pour l’OIM, la crise ne décourage pas les 214 millions de migrants, mais accroît leur rejet. Pages 2 à 6, 12 et 24 Monde arabe Après le printemps des blogueurs, place à l’automne des barbus, concrétisé par les victoires des islamistes en Tunisie et en Egypte. Ces partis, légitimés par leur opposition aux anciens régimes, vont être confrontés aux dures réalités du pouvoir. L’analyse de Gilles Paris, page 25 Editorial La colère sourde des Français « invisibles » Du Caire à Tunis, les islamistes sauront-ils gouverner ? M. de Villepin pris au piège des Relais & Châteaux ? Le big bang des horaires de la SNCF pages spéciales Zone euro : la menace de Standard & Poor’s L’accord Berlin-Paris, enfin une bonne note L a société française se fissure, une partie fait le constat d’un « abandon démocratique ». C’est la « France des invisibles », la « France d’à côté », celle qu’on n’entend pas, dont on ne relaie pas les colères et qui se sent de moins en moins représentée. Avec des outils d’analyse diffé- rents, des sociologues, des géographes, des polito- logues et des spécialistes de l’opinion travaillant pour des institutions différentes et parfois concurrentes arrivent au même diagnostic. A cinq mois de l’élection présidentielle, ils parta- gent la même conviction : la clé de l’élection se trouve dans la réponse que les candidats sauront apporter à cette partie de l’électorat, de plus en plus nombreuse, qui oscille entre colère sourde et résignation rageuse. « Une rupture d’ordre existentiel s’est produi- te », affirme le sociologue et sondeur François Miquet-Marty, qui vient de publier Les Oubliés de la démocratie (Michalon, 304 p., 17 ¤). Des franges de plus en plus larges de la population ont le senti- ment que ce qu’elles vivent n’est relayé par per- sonne. Alain Mergier fait le même constat. En 2006, cet ancien professeur de sémiologie avait publié, avec le sociologue Philippe Guibert, une enquête sur les milieux populaires dont le titre avait marqué les esprits : Le Descenseur social (Plon, Fondation Jean-Jaurès). Cinq ans plus tard, le regard qu’il porte sur la société française est beaucoup plus inquiétant. Plus que jamais, expli- que-t-il, s’est installée l’idée que « deux France sui- vent des chemins opposés ». L’image n’est plus, comme il y a encore quel- ques années, celle d’une « société à deux vitesses », dont une partie profiterait plus que l’autre des fruits de la croissance. Désormais, « une partie de la société a le sentiment qu’elle fait marche arrière parce que l’autre fait marche avant », explique M. Mergier. Comme si le bonheur des uns ne pou- vait passer que par le malheur des autres. Françoise Fressoz et Thomas Wieder aLire la suite et notre reportage page 13 t Les politologues sont convaincus que la clé de l’élection de 2012 est détenue par une population rurale et périurbaine. Exposée à la mondialisation et abandonnée par la démocratie A la gare de Cergy-Préfecture, mars 2011. LAURENT HAZGUI/FEDEPHOTO UK price £ 1,50 Le regard de Plantu

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Mercredi 7 décembre 2011 - 67e année - N˚20801 - 1,50 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur: Erik Izraelewicz

Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,50 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,50 ¤, Malte 2,50 ¤,Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,50 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA,

C ommençons par le positif.L’euro sort peut-être dupot au noir, cette dépres-

sion majeure où l’a plongé l’affai-re de la dette grecque depuis bien-tôt deux ans. Une éclaircie pour-rait se dessiner. Les dirigeantseuropéens ont été fidèles à leurpénible façon de faire : contem-pler l’abîme avant de se déciderà agir sérieusement.

L’accord franco-allemandannoncé lundi 5décembre à Parisporte les germes d’une sortiede crise. Angela Merkel et NicolasSarkozy ont tracé les grandeslignes d’une réforme de la gouver-nance de la zone euro.

C’est un premier pas que doitconfirmer, jeudi et vendredi àBruxelles, le Conseil européen– auquel il reviendra ainsi latâche de démentir l’évaluationnégative portée, ce même lundi,par l’agence de notation Standard

&Poor’s (S&P) sur l’ensemblede la zone euro.

Le canevas arrêté à Paris vaau cœur d’une des pathologiesmajeures de l’euro : l’absence degouvernance budgétaire dans unefédération monétaire. A justetitre, Mme Merkel et M. Sarkozyne se sont pas attachés à concoc-ter un énième plan de soutienaux plus endettés des 17 membresde l’union monétaire. Les deuxdirigeants proposent une réformedu traité de Lisbonne, qui fixe les

règles de fonctionnement del’Union européenne. Cette réfor-me concerne les membres de l’eu-rozone: ils devront adhérer à une« règle d’or », rédigée sous lecontrôle de la Cour de justice euro-péenne. La fameuse règle leur fixe

pour objectif de revenir à l’équili-bre budgétaire. Ceux qui s’en éloi-gneraient seront passibles de sanc-tions quasi automatiques.

C’est de bonne logique. La mon-naie unique n’a de chance de bienfonctionner que si les économiesde ses membres convergent– au moins dans les grandeslignes. Or le contraire s’est pro-duit. L’euro ne peut s’affirmercomme une monnaie solide, susci-tant la confiance, que si ses mem-bres font aussi converger leurspolitiques budgétaires – au moinsdans les grandes lignes. Là encore,le contraire s’est produit.

En échange de cette disciplinebudgétaire renforcée, l’accord neprévoit pas d’instituer une vraiesolidarité financière entre les 17 :il rejette – on le regrette – la créa-tion d’euro-obligations. Mais ilentend accélérer la mise en placed’une sorte de Fonds d’assistance

financière permanent. L’accordne mentionne pas la Banquecentrale européenne (BCE). Parce silence, Mme Merkel laisse laporte ouverte à un rôle plus actifde la BCE dans la solution de lacrise, rôle auquel l’Allemagneest opposée.

Plus important, Mme Merkel etM.Sarkozy jurent que « la Grècerestera une exception ». En som-me, le retour de la confiance passepar cette règle chère à Jean-ClaudeTrichet, l’ancien patron de la BCE :il n’y aura plus de défaut partielimposé aux créanciers privésd’un des Etats de la zone euro.

Tout cela, savante synthèseberlino-parisienne, va dans la bon-ne direction. S&P eût gagné ensérieux en en prenant connaissan-ce avant de jeter l’opprobre surla zone euro. Pour son inconsé-quence, S&P mérite une trèsmauvaise note. p

Affaire La justice enquête sur le rôle de l’ancienpremier ministre en marge d’une affaire d’escroquerieau sein des Relais & Châteaux. « Le Monde » révèlele contenu des écoutes où apparaît M. de Villepin. P.15

L e changement de 85 % deshoraires de la SNCF diman-che 11 décembre provoque

beaucoup d’inquiétudes. Sur lacarte de France des mécontente-ments, Blois n’est pas le cas le pluscritique. Mais illustre la situationd’une ville moyenne bousculéepar l’ampleur de la réforme. Lesusagersdu train grognent: le nom-bre de trains rapides va certes aug-menter; maispas aux bonnes heu-res pour tous ceux qui vont tra-vailler quotidiennement à Paris.Ces tensions illustrent les difficul-tés, pour la SNCF, à concilier inté-rêts locaux et intérêt général,désir de multiplier les arrêts etvolonté d’aller plus vite… p

Lire pages20 et23

Crise Standard & Poor’sa placé sous surveillancenégative 15 des 17 Etatsde la zone euro, dontl’Allemagne et la France.

Gouvernance AngelaMerkel et Nicolas Sarkozyont présenté, lundi5décembre, leurs projetsde réforme de la zone euro.

Europe Le sommetdes 8 et 9 décembre seradécisif : les Etats membresdevront se prononcer surle plan franco-allemand.

Migrations Pour l’OIM, lacrise ne décourage pas les214 millions de migrants,mais accroît leur rejet.Pages2 à6, 12 et 24

Monde arabe Après leprintemps des blogueurs, placeà l’automne des barbus, concrétisépar les victoires des islamistesen Tunisie et en Egypte. Ces partis,légitimés par leur opposition auxanciens régimes, vont êtreconfrontés aux dures réalitésdu pouvoir. L’analysede Gilles Paris, page25

Editorial

La colère sourde des Français «invisibles»

DuCaireàTunis,lesislamistessauront-ilsgouverner?

M.deVillepinprisaupiègedesRelais&Châteaux?

Lebigbangdeshorairesdela SNCF

pagesspéciales Zone euro: la menace de Standard & Poor’s

L’accord Berlin-Paris, enfin une bonne note

L a société française se fissure, une partie faitle constat d’un « abandon démocratique ».C’est la « France des invisibles », la « France

d’à côté », celle qu’on n’entend pas, dont on nerelaie pas les colères et qui se sent de moins enmoinsreprésentée.Avecdesoutilsd’analysediffé-rents,des sociologues, des géographes, des polito-logues et des spécialistes de l’opinion travaillantpour des institutions différentes et parfoisconcurrentes arrivent au même diagnostic. Acinq mois de l’élection présidentielle, ils parta-gent la même conviction : la clé de l’élection setrouve dans la réponse que les candidats saurontapporter à cette partie de l’électorat, de plus enplus nombreuse, qui oscille entre colère sourde etrésignation rageuse.

« Une rupture d’ordre existentiel s’est produi-te », affirme le sociologue et sondeur FrançoisMiquet-Marty, qui vient de publier Les Oubliés dela démocratie (Michalon, 304p., 17 ¤). Des frangesdeplus enplus largesdelapopulation ontlesenti-

ment que ce qu’elles vivent n’est relayé par per-sonne. Alain Mergier fait le même constat. En2006, cet ancien professeur de sémiologie avaitpublié, avec le sociologue Philippe Guibert, uneenquête sur les milieux populaires dont le titreavait marqué les esprits : Le Descenseur social(Plon, Fondation Jean-Jaurès). Cinq ans plus tard,le regard qu’il porte sur la société française estbeaucoup plus inquiétant. Plus que jamais, expli-que-t-il, s’est installée l’idée que « deux France sui-vent des chemins opposés ».

L’image n’est plus, comme il y a encore quel-ques années, celle d’une «société à deux vitesses »,dont une partie profiterait plus que l’autre desfruits de la croissance. Désormais, « une partie dela société a le sentiment qu’elle fait marche arrièreparce que l’autre fait marche avant », expliqueM.Mergier. Comme si le bonheur des uns ne pou-vait passer que par le malheur des autres.

Françoise Fressoz et Thomas WiederaLire la suite et notre reportage page13

t Les politologues sont convaincus que la clé de l’électionde 2012 est détenue par une population rurale et périurbaine.Exposée à la mondialisation et abandonnée par la démocratie

A la gare de

Cergy-Préfecture,

mars 2011.

LAURENT HAZGUI/FEDEPHOTO

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1,50

Leregard dePlantu

Les indégivrables Xavier Gorce

Société éditrice du « Monde » SAPrésident du directoire, directeur de la publication Louis DreyfusDirecteur du « Monde », membre du directoire, directeur des rédactions Erik Izraelewicz

Secrétaire générale du groupe Catherine SueurDirecteurs adjoints des rédactions Serge Michel, Didier PourqueryDirecteurs éditoriaux Gérard Courtois, Alain Frachon, Sylvie KauffmannRédacteurs en chef Eric Béziat, Sandrine Blanchard, Luc Bronner, Alexis Delcambre,Jean-Baptiste Jacquin, Jérôme Fenoglio, Marie-Pierre Lannelongue (« M Le magazine du Monde »)Chef d’édition Françoise TovoDirecteur artistique Aris PapathéodorouMédiateur Pascal GalinierDirecteur du développement éditorial Franck NouchiConseil de surveillance Pierre Bergé, président. Gilles van Kote, vice-président

0123est édité par la Société éditrice du « Monde » SADurée de la société : 99 ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social : 149 017 497 ¤. Actionnaire principal : Le Monde SA.

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MadridCorrespondance

Dans notre entourage, cinqfamilles sont reparties pourfuir leur dette », avoue Mar-ta Molina, Equatorienneinstallée en Espagnedepuis dix ans avec son

mari et leurs deux enfants de 14 et 20 ans.« Elles ont peur et se cachent… Nous som-mes venus chercher un avenir meilleur etnous nous retrouvons traités comme desdélinquants. »

La crise économique espagnole frappesans égards les nombreux immigrés arri-vés en Espagne à partirde 2000-2002,atti-rés par la forte croissance qu’a connue lepays jusqu’en 2008. C’est ainsi qu’en deuxans, entre septembre 2009 et septem-bre 2011, le nombre d’Equatoriens rési-dant en Espagne – la troisième commu-nauté d’immigrés derrière les Roumainset les Marocains – a chuté de 15 %, selon

l’Observatoire de l’immigration. Près de66 000 seraient rentrés chez eux. Maiscombien, en réalité, ont plié bagages sansrien dire, pour ne plus revenir ?

Marta, femme de ménage, et son mari,électricien, eux, ne partiront pas, malgréleurs difficultés à joindre les deux bouts,car « les cousins de mon mari se sont portécaution pour [notre logement] et monmari pour ma sœur ». Pris au piège, le cou-ple paie tant bien que mal les traites.« Nous avions acheté dans l’idée que c’étaitun placement pour nos économies mais,aujourd’hui, notre logement est notre per-dition », ajoute-t-elle.

Les dettes contractées par les Equato-riens en Espagne se monteraient à 3,5 mil-liards d’euros, selon le préambule au «pro-jet de loi pour la défense des droits des tra-vailleursimmigrésetcontrelafraudehypo-thécaire commise en Espagne », présentéau Parlement équatorien le 14octobre.

Imaginé par la Coordination nationaledes Equatoriens en Espagne (Conadee),rédigé avec l’aide d’avocats spécialisés etle soutiendu Parti progressiste plurinatio-nal, ce projet de loi a pour objectif d’empê-cher qu’une banque puisse percevoir enEquateur les dettes dues en Espagne.

S’il est finalement voté, ce texte pour-rait rassurer les Equatoriens d’Espagne quiontapprisenoctobrequelabanque Pichin-cha, la principale du pays, a racheté leursdettes auprès des banques espagnoles.Tous craignent, malgré les démentis offi-

ciels, que son objectif ne soit de leur récla-mer là-bas ce qu’ils doivent en Espagne.

Un chapeau noir à large bord entouréd’un ruban tressé de fils bleus et rougessur la tête, Aida Quinatoa, Equatorienneoriginaire de la province de Bolivar, arri-véeenEspagne il yaquatorze ans, estprési-dente de la Conadee. Elle sait, pour l’avoirvécu, le drame de nombre de ses compa-triotes, étranglés par les dettes après avoircontractédescrédits immobiliersenpério-de faste, aujourd’hui très souvent au chô-mage, parfois à la rue, mais continuant dedevoir des dizaines de milliers d’eurosaux banques.

Depuis 2008, la Conadee demande augouvernement espagnol que, lorsqu’unebanque saisit le logement d’un emprun-teur incapable de rembourser, la remisedes clefs solde la dette. Ce n’est pas le casaujourd’hui: selon la législation espagno-le, la banque peut saisir une demeure pour60 % de sa valeur au moment l’emprunt ;et les acheteurs continuent à devoir rem-bourser le reste du prêt. Mais la majoritédesdéputéss’opposent àune telleréforme.

Pour les familles – de plus en plus nom-breuses – qui subissent cette «double pei-ne » (être mis à la rue tout en étant tenu decontinuer à verser des mensualités), restela lutte sociale, au travers de la Plate-for-me des victimes des hypothèques (PAH).Aida Quinatoa est une des porte-parole decette organisation qui a empêché pacifi-quement une centaine d’expulsions cetteannée.

Mais pas celle de Consuelo Lozano. Le23 novembre, une cinquantaine de poli-cierssesontassuréquelacommissionjudi-

ciaire pourrait exécuter l’ordre d’expul-sion,malgrélesdizainesd’«indignés»assisdevant la porte de son immeuble, à Torre-jon de Ardoz, dans la banlieue madrilène.

En 2006, Consuelo et son mari, Jaime,alors charpentier dans la construction,avaient pris un crédit sur la seule garantiede quelques factures et avec la caution deson frère. Un an plus tard, Jaime s’estretrouvé au chômage et le couple a dû sur-vivre, avec ses trois enfants, grâce au seulsalaire de Consuelo, femme de ménagepayée370eurosparmois. Impossible d’ho-norer leurs traites. La banque a récupéréleur appartement pour la moitié de savaleur. La famille s’est retrouvée non seu-lement sans demeure, mais avec unedettede plus de 100 000 euros.

Pour protéger sa famille, Consuelo amis l’an dernier ses deux fils de 13 et 15 ansdans un avion pour Quito. Et en octobre,Jaime est reparti à son tour avec leur fillede 9 ans. Consuelo est restée, pour que sadette ne retombe pas sur les épaules deson frère. « Les banques détruisent desfamilles», soupire Aida Quinatoa.

La présidente de la Conadee a elle aussicompté sur des cautions personnellespour obtenir un prêt avec son époux. Maisc’est le Centre hypothécaire de l’immi-grant(CHI) quiles lui atrouvées.Se présen-tant comme « un organisme de soutien àl’immigrant » travaillant à « un program-me d’intégration basée sur l’achat d’unlogement», leCHI obtenait des crédits ban-caires grâce à un système de cautions croi-sées, se chargeant de trouver des person-nes qui se portent caution mutuellement.

« Ils nous ont montré un vaste apparte-ment dans nos prix et nous ont demandé3000 euros d’avance pour le réserver. Puisils nous ont fait signer un contrat de copro-priété avec des inconnus en nous disantque c’était une simple formalité. Deuxmois plus tard ils nous ont annoncé que cetappartement n’était plus à vendre, nous enont proposés d’autres, en mauvais état,plus chers. Nous avions donné une avance,signéun contrat. Nousnepouvionsplus fai-re marche arrière », témoigne-t-elle.

Le couple s’est retrouvé avec un créditsur trente ans et des mensualités indexéessur l’euribor qui ne cessent d’augmenter.« Ils ne nous ont jamais rien expliqué »,conclut Aida Quinatoa qui a déposé plain-te l’an dernier avec une dizaine d’autresfamilles.

Jeudi 1er décembre, le gérant du CIH afinalement été mis en examen pour undélit présumé d’escroquerie. Aida Quina-toa est satisfaite, même si cela ne va pasrégler ses problèmes. Son mari, ancien tra-vailleur de la construction, est au chôma-ge et le couple survit avec les 730 eurosmensuels qu’Aida gagne comme aide àdomicile.Ce qu’elle demande? « Que lecré-dit, vendu sur des mensonges, soit annulé.Vivre dignement. Rendre cette maison. Etrepartir de zéro. » p

Sandrine Morel

Consueloaperdusondomicile,maiselleestrestée,pourquesa

detteneretombepassurlesépaulesdesonfrèrequis’étaitportécaution

A u taxi qui transportaitRazan Ghazzawi versAmman, les services de

sécurité syriens ont indiqué, à lafrontière, qu’il pouvait poursui-vre sa route. Mais sans la jeuneblogueuse, convoquée dans lesbureaux, et sans son ordinateur,prestement confisqué.

C’est ainsi que dimanche4 décembre, cette activiste de31ans, qui devait participer en Jor-danie à un forum sur la libertédes médias, a été arrêtée, rappor-te Mazen Darwich, président duCentre syrien pour les médias etla liberté d’expression (SCM). Lesmotifs de son arrestation, quis’inscrit dans la répression exer-cée par Damas à l’encontre descontestataires du régime, ne sontpas connus.

Depuis six mois, Razan Ghaz-zawi avait rejoint le SCM, uneONG créée en 2004. Au sein de cetobservatoire des médias et lieude soutien aux journalistes et blo-geurs, on lui a confié la responsa-bilité du bureau de presse. Sur leréseau social Twitter, elle s’expri-me sans détours contre le pou-voir. A visage découvert, elle ani-me aussi son blog, Razaniyyat,depuis 2008, et échange avecd’autres blogueurs.

Ses posts, en arabe ou enanglais, oscillent initialemententre des chroniques à la premiè-re personne, consacrées à sasexualité, et des écrits plus enga-gés, pour les droits des Lesbien-nes, gays, bisexuels et transgen-res (LGBT) ou la cause palestinien-ne. Sur sa page Facebook, elle serevendique «végétarienne », « enrévolte contre presque tout » et«genderqueer », une formule quidit son refus de l’étiquetagesexuel. A partir de mars, ses postssont entièrement consacrés à la

révolte syrienne. Razan Ghazzawidénonce un régime « mons-trueux» et insiste sur la primautéde la rue dans l’insurrectionsyrienne. Un soulèvement qu’elleveut sans leaders, basé sur l’enga-gement des anonymes.

«Je n’ai plus peur»La blogueuse, qui a passé plu-

sieurs années au Liban, décrit sessentiments, alors que la contesta-tion se développe : l’impressionque tout peut basculer, que les« projets d’émigration » peuventêtre abandonnés du jour au len-demain. Un « mélange de dépres-sion et d’espoir », dit-elle. Néeaux Etats-Unis – où elle n’ajamais vécu – d’un père d’originepalestinienne et d’une mère nati-ve de Homs, cette jeune femmeen révolte dit aussi son dédainde la répression. « Comprenez-vous que j’avais peur de manifes-ter et que maintenant je n’ai pluspeur? Que j’avais peur d’être déte-nue et que maintenant nous nepensons plus ? », écrivait-elle surson blog.

Son ONG, dont le président,interpellé à deux reprises depuisle mois de mars, est interdit desortie du territoire syrien depuis2007, a demandé sa libérationimmédiate. Une page Facebook,lancée dans la foulée de son arres-tation, a réuni près de trois milleabonnés en moins de deux jours.

Lundi, par ailleurs, les activis-tes des Comités de coordinationlocale (LCC) ont annoncé l’arresta-tion à Damas de MohammedKheir Al-Wazeer, militant desdroits de l’homme et membre duConseil national syrien (CNS),l’une des principales plateformesde l’opposition syrienne.

Laure Stephan(Beyrouth, Correspondance)

page deux

Face aux difficultés pour payer leurs crédits, près de 66 000 immigrés auraient quitté l’Espagne

pour retourner en Equateur après la saisie leur logement. DAVID RAMOS/GETTY

Uneblogueuse syriennedansles griffes d’Assad

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Imprimerie du Monde12, rue Maurice-Gunsbourg,

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80, bd Auguste-Blanqui,75707 PARIS CEDEX 13Tél : 01-57-28-39-00Fax : 01-57-28-39-26

Président : Louis DreyfusDirectrice générale :Corinne Mrejen

Récit En Espagne, des centaines de familles d’immigrés sud-américains,en majorité équatoriens, se retrouvent dans un cauchemar immobilier,expulsés de leurs appartements qu’ils doivent continuer à rembourser

«Aujourd’hui, notrelogementestnotre perdition»

AMadrid, police contreindignésBlog

UNE VINGTAINE de fourgons de police etquelque 200 agents antiémeutes ont délo-gé, lundi 5décembre, à 7 heures du matin,les 93 personnes qui se trouvaient dansl’Hôtel Madrid, occupé depuis le 15 octo-bre par les indignés. Dix d’entre elles ontété arrêtées, dont neuf pour être en situa-tion irrégulière.

Situé près de la Puerta del Sol, l’HôtelMadrid, abandonné depuis une dizained’années, avait été transformé en centred’hébergement temporaire pour les victi-mes d’expulsions immobilières et en lieude réunion pour les assemblées populai-res et les groupes de travail. « Depuis unmois, l’augmentation de la répression poli-cière est brutale, dénonce Chema Ruiz, por-te-parole de la Plateforme des victimesdes hypothèques (PAH). Lors de nos cinqdernières tentatives pour paralyser desexpulsions, des dizaines de policiers nous

ont délogés alors que nous manifestionspacifiquement.»

Le 10 novembre, Chema Ruiz avait étéarrêté alors qu’il tentait de stopper l’ex-pulsion d’une famille – une femme, sesdeux enfants et sa mère de 74 ans. Assisdevant la porte du logement, refusant dese lever, il avait été conduit au commissa-riat, accusé de « résistance à l’autorité ».« Maintenant que les élections sont finies,nous commençons à déranger, dit-t-il. Lesautorités veulent faire pression sur le mou-vement, nous faire peur et nous démobili-ser. Pas seulement sur le thème des expul-sions… » La police a récemment empêchéla tenue de réunions en plein air, saisi despancartes dans des rassemblements ouinterdit l’usage de haut-parleurs lors d’as-semblées de la Puerta del Sol. p

n Sur Lemonde.frExtrait du blog de Sandrine Morel, L’Espagnedésenchantée, espagne.blog.lemonde.fr

0123Mercredi 7 décembre 2011

l’événement

L’ANNONCE de l’agence de nota-tion Standard & Poor’s a étéaccueillie en Europe, lundi5décembre, avec un mélange deflegme et de préoccupation. Parti-culièrement visés, les six pays dela zone notés « AAA » mettent enavant les mesures déjà prisesdans chaque Etat et au niveaueuropéen, tout en soulignant,pour les plus stricts, que l’avertis-sement doit être pris au sérieux.

En précisant que la France pour-rait être dégradée de deux cranscontre un seulement pour lescinq autres pays AAA de la zone,Standard & Poor’s a mis une pres-sion particulière sur Paris. Leministre des finances, FrançoisBaroin, a assuré lundi soir qu’iln’y aurait pas de troisième plande rigueur en France. « Nousavons de la marge pour un éven-tuel ralentissement économique»,a-t-il fait valoir sur France 3.L’agence évoque par ailleurs dansson communiqué « la possibilitéd’un besoin d’injection de capi-taux supplémentaires [dans lesbanques] par l’Etat ». Cette hypo-thèse a été rejetée par M. Baroin.

Paris a aussi fait valoir que Stan-dard & Poor’s ne prend pas encompte le compromis annoncélundi à Paris par Angela Merkel etNicolas Sarkozy – qui comportenotamment une révision des trai-tés, avec sanction automatiquedes Etats qui laissent filer leursdéficits. « La France et l’Allemagneréaffirment que les propositionsformulées conjointement permet-tront de renforcer la gouvernancede la zone euro », lit-on dans uncommuniqué diffusé lundi soir.

A Berlin, la perspective d’unedégradation allemande a suscitédes réactions contrastées, alorsque le déficit a été ramené àmoins de 3 % du produit intérieurbrut (PIB), mais que la dette dépas-se 81%. Selon le Spiegelonline, l’en-tourage d’Angela Merkel veut yvoir la confirmation qu’il esturgent d’agir dans le sens de larigueur. La chancelière verrait saligne orthodoxe validée par S

&P. Le député CSU Hans Michel-bach, membre de la commissiondes finances, voit plutôt dans l’an-nonce de l’agence une « décisionarbitraire sans lien avec la réali-té ». Pour le quotidien Handels-blatt, « l’annonce de Stan-dard& Poor’s a tué dans l’œuf lefragile optimisme des sauveurs del’euro».

Aux Pays-Bas, le gouverne-ment s’est abstenu de toute réac-tion à chaud. Le ministre desfinances, Jan Kees de Jager, s’estcontenté de souligner que lamenace de dégradation prouvaitque « tous les pays de la zone peu-vent désormais être atteints par lacrise». Ce partisan de l’austérité aplaidé pour des décisions énergi-ques. Jusqu’ici le gouvernementdu libéral Mark Rutte n’a pas jugéutile de renforcer un importantplan d’économies qui vise à rédui-re les dépenses publiques de18milliards d’euros, alors que lePIB du pays a baissé de 0,3 % autroisième trimestre.

«Follement exagéré»Le Luxembourg est lui aussi

menacé mais son premier minis-tre, Jean-Claude Juncker, parailleurs président de l’eurogrou-pe, a jugé « follement exagéré etinjuste» l’avertissement de S &P.« Je ne suis pas troublé, je suis stu-péfait », a indiqué M. Juncker à laradio allemande Deutschlandfu-nk. La situation du Grand-duchéreste particulièrement favorablecomparée à celle de ses voisins.Selon les prévisions, la croissancedevrait être de 1 % en 2012, tandisque l’endettement public s’établi-ra à quelque 20 %.

A Helsinki, où les comptespublics sont aussi parmi les plussains d’Europe, le ministère desfinances a fait valoir que « lameilleure façon de retrouver laconfiance dans les finances publi-ques de chaque pays (…) est de rega-gner la confiance pour la zone eurodans son ensemble, et plus particu-lièrement dans les finances publi-ques de ses Etats membres les plus

importants». Le premier ministreconservateur, Jyrki Katainen, estpartisan d’une stricte disciplinebudgétaire au niveau européen.

En Autriche, le chancelier, Wer-ner Faymann, et le vice-chance-lier, Michael Spindelegger, ontpublié une déclaration conjointe

rappelant que Vienne et les autresEtats de la zone euro ont déjà prisdes mesures pour réduire les défi-cits et l’endettement à moyen ter-me. Les experts de S &P sontattendus à Vienne d’ici à la fin dumois de décembre. p

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L e coup de semonce est sansprécédent et place la zoneeuro sous extrême tension

avant le sommet des chefs d’Etatet de gouvernement des 8 et9 décembre. L’agence Standard& Poor’s (S & P) a indiqué, lundi5 décembre dans la soirée, quel-ques heures après un compromisfranco-allemand pour modifierles traités,qu’elle plaçait «sous sur-veillance avec implication négati-ve » les notes de quinze des dix-sept Etats de l’union monétaire.

En clair, dans le cadre d’une telleprocédure, l’agence se donne troismois pour décider si les pays de lazone euro méritent leur notationactuelle. Selon les précédents his-toriques, une « mise sous sur-veillance avec implication négati-ve» se traduit par une baisse de lanote dans plus d’un cas sur deux.

Pour justifier sa décision, S & Pestime que « les tensions systémi-quesdanslazoneeuroontaugmen-té ces dernières semaines jusqu’aupoint de faire pression à la baissesur le degré de solvabilité de la zoneeuro dans son ensemble ».

Les principaux pays de la zoneeuro sont touchés. A commencerpar les six Etats encore notés AAA,ce sésame qui permet en théoried’emprunterdes fonds sur lesmar-chés à des taux d’intérêt peu éle-vés : l’Allemagne, la France, l’Autri-che, les Pays-Bas, le Luxembourget la Finlande.

Reste que S &P prend bien soinde distinguer deux catégories depays : ceux qui pourraient n’êtredégradés que d’un « cran » et ceuxqui pourraient reculer de deuxnotes.Enplus delaBelgique, dégra-dée le 25 novembre, tous les pays

AAA appartiennent à la premièrecatégorie,à l’exceptionde… la Fran-ce. Paris, doté d’un AAA sans dis-continuerdepuissapremièrenota-tion en 1975, pourrait non seule-ment perdre son 20/20, mais aussitomber non pas à AA + mais à AA(la troisième meilleure note survingt-deux possibles).

Message clairSeules Chypre et la Grèce sont

« épargnées » : Nicosie car sa noteBBB (la neuvième sur vingt-deux)était déjà sous perspective négati-ve et Athènes car son évaluationCC avec perspective négative estune des pires possibles.

S & P pointe cinq facteurs destress qui « s’auto-alimentent »pour justifier sa décision : l’endet-tementélevédes Etatset desména-ges ; l’activité économique en ber-ne, avec « une légère récession aupremier semestre 2012 dans lazone euro, avant une modestereprise dans la seconde moitié del’année » ; « le conflit ouvert et pro-longé chez les décideurs euro-péens» ; le durcissement dans l’oc-troi de crédit de la part des ban-ques; la prime de risque de plus enplus élevée exigée par les marchéspour prêter aux Etats de la zoneeuro, y compris ceux notés AAA. Etce, même si la tension constatée aelle-même été alimentée par lesagences, leurs dégradations denotes et leurs mises en garde…

Le message délivré par S &P estclair : les Etats européens doiventvite trouver un accord de sortie decrise lors du sommet de la fin desemaine. Cette réunion offre,selon elle, « l’opportunité de casserune spirale de mesures que nous

considérons comme défensives etfragmentaires jusqu’ici, de dépas-ser les seuls intérêts nationaux etd’avancer une réponse crédible quirestaurerait grandement laconfiance des investisseurs ».

L’agence indique d’ailleurs qu’ellen’attendra pas 90 jours avant defaire tomber ou non son couperet,mais que ses comités de notationse réuniront « dès que possi-ble après le sommet européen

prévu les 8 et 9 décembre ». Pourprendre sa décision, S & P vanotamment s’attarder sur l’attitu-dede la Banquecentrale européen-ne(BCE), l’agence semblantà demi-voix espérer davantage d’achat dedette publique par l’institut franc-fortois. Or, note-t-elle, la BCE inter-viendra plus seulement si les Etatsde la zone euro réussissent à semettre d’accord sur un fort renfor-cement du contrôle budgétaire, lapoursuite des programmes deréformes nationaux, ainsi queplus d’harmonisation fiscale.

Le compromis franco-alle-mand, annoncé lundi par NicolasSarkozy et Angela Merkel, est « laréponse » aux interrogations de S

& P, a répondu, mardi, le ministredes affaires étrangères, Alain Jup-pé : « Nous allons considérable-ment améliorer [la gouvernanceéconomique] avec la disciplinebudgétaire.»

Malgré la surprise, les marchésont gardé leur calme et n’ont pasconnu d’accès de faiblesse aprèsune semaine d’améliorationconstante : mardi matin, les Bour-ses ne perdaient que peu de ter-rain et les rendements des obliga-tions ne se tendaient que très légè-rement. Les taux des obligationsitaliennes restaient ainsi sous les6 %, un point bas inédit depuisplus d’un mois.

Un seul pays était plus touchéque les autres : la France, dont lesrendements des emprunts à dixans se tendaient de 0,1 point depourcentage, à 3,2 %. Mais S & Ps’est montré particulièrementsévère contre la France, indiquantque « les mesures budgétaires »annoncées par Paris pourraientêtre « insuffisantes » pour attein-dre un déficit de 4,5 % en 2012.p

Clément Lacombe

Les «triple A» entre colèreet résignation

La crise de la zone euro

La perte du triple A effraieune majorité de Français

F INLANDE

FRANCE

ALLEMAGNEIRLANDE

PORTUGAL

CHYPRE

MALTE

PAYS-BAS

BELGIQUE

LUX.SLOVAQUIE

ESTONIE

ITAL IE

GRÈCE

SLOVÉNIE

ESPAGNE

AUTRICHE

AAA

AA+

AA

AA–

A+

A

A–

BBB+

BBB

BBB–

BB+

BB

BB–

B+

B

B–

CC

Sécuritémaximale

Notation financière selon Standard & Poor’sdes 17 pays de la zone euro

Qualité hauteou bonne

Dégradation possibled’un cran

Dégradation possiblede deux crans

Qualitémoyenne

Qualité moyenneinférieure

En défaut

Hautementspéculatif

Spéculatif

Quinze pays menacés

SOURCE : STANDARD & POOR’S

S&Ps’apprêteà dégrader toute lazone euroL’agence est particulièrement sévère au sujet de la France, qui pourrait voir sa note reculer de deux crans

54% des Français estiment quela perte par la France de son tri-ple A serait «grave», alors que23% considèrent que cela neserait «pas grave», selon un son-dage Ipsos-Logica Business réa-lisé pour Le Monde, Radio Fran-ce et France Télévisions les 2 et3décembre (lire p.14). Cettecrainte est partagée par 74%des électeurs du MoDem, 66%des sympathisants UMP et 61%des sympathisants du PS. Seulle Front de gauche compte unemajorité relative d’électeurs(42%) peu inquiets par uneéventuelle perte du tripleA.L’électorat du Front nationalest le plus divisé : 38% des sym-pathisants du FN considèrentque cela serait «grave», 37%que cela ne le serait pas, tandisque 25% n’ont pas d’avis.

30123Mercredi 7 décembre 2011

L’événement

Entretien

N orbert Gaillard est écono-miste et consultant indé-pendant. Spécialiste des

agences de notation, il a notam-ment publié une grande étude his-torique sur les notations souverai-nes : A Century of SovereignRatings (Springer, New York, 2011,206 pages, 95 euros).La décision de Standard &Poor’sde mettre sous surveillance avecimplication négative les notes dequinze des dix-sept pays de lazone euro est-elle une surprise?

Cette décision est assez logique,en tout cas pas vraiment une sur-prise. Elle se traduira probable-ment par des dégradations denotes dans les prochaines semai-nes, à moins de très fortes avan-cées lors du sommet européen des8 et 9décembre.

La contagion de la crise partie deGrèce à l’Espagne et à l’Italie est tel-le que c’est l’ensemble de la zoneeuroquiestaffaiblie.Vulesdifficul-tés de Rome et Madrid à se refinan-cer, l’activation du Fonds européen

de stabilité financière (FESF) pourvenir en aide à ces pays devient deplus en plus probable, ce qui alour-dirait du coup la dette des paysgarantissant le FESF, à commencerpar l’Allemagne et la France. Ducoup, ce sont l’ensemble des paysde la zone euro qui voient leur qua-lité de crédit se détériorer. A celas’ajoute le refus de la Banque cen-trale européenne (BCE) de jouer lerôledeprêteuren dernierressortetdes prévisions de croissance deplus en plus mauvaises…

Avec cet avertissement de Stan-dard & Poor’s, l’Allemagne peutenfin comprendre qu’elle est sur lemême bateau que ses partenaireseuropéens. Qu’elle ne peut plusmettre en avant des fondamen-taux macroéconomiquesmeilleurs malgré un taux d’endet-tement encore élevé et un systèmebancaire sans doute plus fragilequelaFrance. Lesprincipauxparte-naires commerciaux de l’Allema-gne sont la France, l’Italie et l’Espa-gne : en cas de stress très fort, ellesera inévitablement touchée…Standard &Poor’s menace ouver-tement la France d’une dégrada-tion de deux crans…

Depuis la mi-octobre, il y a eutouteuneséried’alertesetdemena-

cesdelapartdestroisgrandesagen-ces: Moody’s, Standard &Poor’s etFitch. Au niveau macroéconomi-que, la France est clairement lemaillon faible des pays AAA, avecune dette et un déficit très élevés.Mais aujourd’hui, le problèmen’est pas que national et la Franceconserve d’importants atouts : lepays lève très bien ses impôts, serefinance à des taux encore très basetrésistebienplusquelesautresenpériode de récession. En outre, lastabilitépolitiqueetinstitutionnel-le du pays est indiscutable.Est-il déjà arrivé que des agen-ces dégradent non pas un pays,mais une zone économique dansson ensemble?

La solvabilité d’un pays dépendessentiellement de ses fondamen-taux propres, comme sa dette, sacapacitéàfairedelacroissanceetsastabilité politique… Ces dernièresannées, une des erreurs des agen-ces ajustement été de sous-estimerl’interdépendance des économies.

L’Union européenne est cepen-dant une exception. Ainsi, le12novembre 2002, Moody’s avaitaugmenté de deux à trois crans lesnotes de pays de l’Est entrant dansl’Union européenne : pour l’agen-ce, ces pays allaient bénéficier deplansd’aide,del’ouverturedesmar-chés… Mais cette démarche restaitjusqu’ici très peu courante.Cette décision de S &P relancela polémique sur les agences etleur poids jugé trop important…

Ce qui peut en particulier êtreassezsurprenant,c’estlacommuni-cation de Standard & Poor’s : dansun premier communiqué, elleexplique sa décision et pourquoielle l’a prise ; dans un secondtemps,ellelistelesmesuresquidoi-vent être prises pour éviter unedégradationdenote.Ellemetclaire-ment la pression sur les décideurs,indique la voie à suivre et pousseimplicitement la BCE à jouer le rôlede prêteur en dernier ressort.Comment réduire le poids de cesagences?

Il faut d’abord réduire les réfé-rences aux notations dans lesréglementations financières, com-me sonten trainde lefaire les auto-rités américaines et européennes.Il faut aussi favoriser davantage deconcurrence. Autre piste : il fautencourager les grands investis-seurs – banques, assureurs, fondsde pension… – à développer leurpropre département de risque cré-dit, avec leur propre système denotation. Il est aussi temps que laBCE fasse de la notation souverai-ne et utilise ses propres notes.C’est tout cela réuni qui permet-trait de réduire l’influence destrois grandes agences… p

Propos recueillis parClément Lacombe

L orsque Nicolas Sarkozy reçoitAngelaMerkel, lundi5décem-bre pour déjeuner à l’Elysée, il

a déjà la note de Standard &Poor’s,qui met la France sous surveillancenégative.IlsaitqueleLuxembourg,non endetté, est dans la mêmesituation. Pendant le repas, le chefde l’Etat glisse à la chancelière, quidéguste du chou, qu’à son avis, l’Al-lemagne sera aussi sous surveillan-ce négative. Quelques minutesplus tard, Mme Merkel en reçoitconfirmation en provenance deBerlin. Comme toute la zone euro,son pays est sous surveillance.L’agence se dit prête à prendre desdécisions sévères si le conseil euro-péen des jeudi 8 et vendredi9 décembre ne met pas de l’ordredans la gouvernance européenne.Les deux dirigeants n’ont plus lechoix. Ils doivent boucler leuraccord sur la réforme de la zoneeuro immédiatement et le présen-ter à la presse.

La gauche française a dénoncéunevictoirecomplètedesidéesalle-mandes. Ce n’est pas le cas. Dans lecompromis franco-allemand,Mme Merkel obtient un durcisse-ment des règles budgétaires à longterme, tandis que M. Sarkozy réus-sit à envoyer des signaux de natureà calmer les marchés financiers.

Les deux dirigeants ont casséleur pacte scellé lors du sommet deDeauville, en octobre2010. À l’épo-que, à la demande de Mme Merkel, ilavait été décidé de faire payer lesbanques, coupables d’avoir tropfinancé la Grèce, tandis queM. Sarkozy échappait à des règlesbudgétaires trop strictes. L’affaireavaitfaitsortirdesesgondsleprési-dent de la Banque centrale euro-péenne (BCE), Jean-Claude Trichet,qui y voyait une menace pour lazone euro. C’est ce qui s’est passé,aveclafaillitedelaGrèceetlaquasi-explosion de la monnaie unique.

Lundi, Mme Merkel et M. Sarkozyontfaitmarchearrière.« Cequis’estpassé en Grèce ne se reproduirapas»,aexpliquéM.Sarkozy.Ladéci-sion peut apparaître immorale,mais le secteur privé ne participeraplus aux sauvetages des pays. Lesrestructurations de dette aurontlieu selon les procédures du Fondsmonétaire international (FMI), quiexcluent de facto les défauts depaiement.

Deuxième signal aux marchés,le Mécanisme européen de stabili-té (MES), successeur du Fondseuro-péen de stabilité financière (FESF),sera créé dès 2012 et le déblocagedes fonds se fera à la majorité des85 % et non plus à l’unanimité. Ce

changement permettra d’éviterqu’un petit pays puisse bloquer unplan de sauvetage, comme la Fin-lande et la Slovaquie ont menacéde le faire vis-à-vis de la Grèce cetautomne. Ce pourcentage laisse undroit de blocage aux grands Etats,comme l’exigeait l’Allemagne.

Troisième espérance de Paris, laBCE devrait entrer rapidement enaction, tandis que Paris et Berlinréforment la gouvernance de lazone euro et que l’Italie a annoncéun plan d’austérité massif. Parisespère une politique « agressive »

de la BCE. Au minimum une baissedes taux d’intérêts jeudi, au mieuxun soutien aux pays en difficultés.

Pour calmer les marchés etconvaincre la banquecentrale d’in-tervenir, M. Sarkozy a jugé néces-saire de rejoindre les idées alle-mandes sur le renforcement desrègles budgétaires, qui ne s’appli-queront pas avant plusieurs tri-mestres. Il a été décidé d’introdui-re une règle d’or qui force les paysàrevenir progressivement àl’équi-libre budgétaire. Son libellé seradéfini entre Européens, au fil de la

négociation du traité. Cette règle aété combattue par le PS. MaisM.Sarkozy a noté que M. Hollandeétait ce lundi avec les sociaux-démocrates allemand à Berlin. « Jen’aurai pas besoin de convaincre[le candidat socialiste] puisque lessocialistes allemands ont déjà votéla règle d’or. Vérité d’un côté duRhin, vérité de l’autre », a déclaré lechef de l’Etat.

Le ministre des finances, Fran-çois Baroin, a évoqué la possibilitéde convoquer le Congrès pourapprouver cette règle d’or.« L’union nationale, ce serait bienen France », a expliqué M. Baroin,qui espère trouver « une fenêtre detir » avant les élections. L’Elyséen’y croit guère : il faut d’abord quele texte soit voté dans les mêmestermes par l’Assemblée nationaleet le Sénat, passé à gauche.

Cette règle d’or représente letransfert de souveraineté le plussubstantiel, alors que l’Elysée veutménager la France du non.M. Sarkozy a jugé « indignes » lesproposgermanophobes d’une par-tie de la gauche, mais l’un de sesconseillers a noté avec inquiétudecombien la polémique avait prisrapidement. M. Sarkozy a doncexpliqué à Mme Merkel qu’il étaitimpossible que la Cour de justiceeuropéenneaitàjuger dela confor-mité des budgets nationaux avecla règle européenne. Elle aura sim-plement à vérifier si la règle d’orest bien transposée par les Etatsmembres. En France, c’est le

Conseil constitutionnel qui reto-quera ou non un budget ne respec-tant pas ladite règle d’or.

Enrevanche,M.Sarkozy aaccep-té que les sanctions soient quasiautomatiques pour les pays dontles déficits franchissent la barredes 3 % du produit intérieur brut(PIB). Les ministres des finances dela zone euro ne pourront s’oppo-ser auxsanctions que par un vote àla majorité qualifiée. Jusqu’à pré-sent, ils devaient approuver cessanctions à la majorité qualifiée,ce qui rendait facile la constitutiond’une minorité de blocage. Iln’existe toutefois aucun moyende coercition.

Ce durcissement des règles nevautpaspour les paysqui nerédui-raient pas, comme prévu, leurendettement pour redescendre envingt ans sous les 60 % du PIB.L’évolution de l’endettement estjugée trop volatile, dépendant durenflouement d’une banque oud’un pays voisin.

M. Sarkozy et Mme Merkeldétailleront mercredi leur projetdans une lettre au président duconseil,Herman Van Rompuy. Jeu-di soir, ils présenteront leurs pro-positions aux Vingt-Sept. L’Elyséetable sur un refus du premierministrebritannique, DavidCame-ron, et compte passer immédiate-ment à la rédaction d’un protocoleréservé aux seuls 17 pays de la zoneeuro. Le texte doit être approuvémi-mars. p

Arnaud Leparmentier

La crise de la zone euro

«Lacontagion de lacrisepartie deGrèce àl’Espagne etàl’Italie

esttelleque c’estl’ensemblede la zoneeuroquiest affaiblie»

L’Allemagne«est sur le mêmebateauquesespartenaires»Pour l’économiste Norbert Gaillard, «la France estle maillon faible» des pays AAA de la zone euro

Pourcalmerlesmarchés,M. Sarkozy

arejoint lesidéesallemandessurlerenforcement

desrèglesbudgétaires

Sarkozydonnedesgarantiesaux marchés,Merkelobtientde larigueurbudgétaireLes deux dirigeants se rangent tardivement à la doctrine prônée par Jean-Claude Trichet

Les socialistesdénoncent un traité«de purecontraintebudgétairepour plustard» et«rien pour maintenant»

LES PROPOSITIONS de nouveautraité, conjointement lancées lun-di 5décembre par Nicolas Sarkozyet Angela Merkel, n’ont fort logi-quement pas convaincu les socia-listes. A commencer par leur can-didat François Hollande. « Face àune crise de confiance, ce n’est pasl’annonce d’un traité quel qu’ilsoit, à 17 ou à 27, qui peut être denature à redonner aux citoyens etaux marchés une vision, expliqueau Monde M.Hollande. La réponsedoit être immédiate. Ce qui estattendu par les marchés, c’est uneintervention massive de la BCE[Banque centrale européenne], lamise en place des eurobonds ou unrenforcement du fonds de stabilitéfinancière qui deviendrait une ban-que. Aucune de ces mesuresn’ayant été prise, l’annonce d’untraité ne peut être le règlementd’un problème immédiat. »

Pour le candidat socialiste, letraité pose « deux problèmes» : « Lepremier, c’est que le traité ne pour-ra être ratifié que bien après la pré-

sidentielle. Le second, c’est qu’il n’yaura pas de majorité pour voter larévision constitutionnelle» qu’ilimplique. Argument repris parJean-Marc Ayrault, président dugroupe socialiste à l’Assembléenationale: « Nicolas Sarkozy est unprésident en fin de mandat qui faitcampagne: il n’a pas la légitimitépolitique pour demander au Parle-ment actuel de modifier la Consti-tution.» Pour le député et mairede Nantes, « face à la gravité de lacrise, Nicolas Sarkozy montre unetotale impuissance. Le traité qu’ilpropose va demander du temps ».

Voilà la principale critiqueadressée par les socialistes: l’inca-pacité présumée du dispositifSarkozy-Merkel à faire face entemps et en heure à la gravité de lacrise économique. « Un traité depure contrainte budgétaire pourplus tard et rien pour mainte-nant», regrette Michel Sapin. Pourle conseiller de François Hollande,«malheureusement, il n’y a aucu-ne surprise. Cela ressemble à un ali-

gnement complet, total et absolusur la position de l’Allemagne ».

Les socialistes trouvent, dansles annonces du président fran-çais et de la chancelière alleman-de, la justification a posteriori deleurs récentes attaques sur l’hégé-monisme allemand. « Si on dresseles colonnes crédit et débit,Mme Merkel rentre à la maison avecune victoire », résume BenoîtHamon. « Sur le fond, l’Allemagnevoulait un nouveau traité, ellel’a », poursuit le porte-parole duPS, y ajoutant le contrôle moinsavéré que pourrait exercer la Courde justice européenne sur les par-lements nationaux. Et de conclu-re : « Nicolas Sarkozy, je vois mal cequ’il a à vendre. Pour la France,c’est une défaite, un KO. »

Sur la règle d’or, au chapitre delaquelle le chef de l’Etat a remis lapression sur le PS, « cette questionsera traitée après l’élection prési-dentielle», rappelle François Hol-lande. Le candidat socialiste esti-me que « si la règle d’or était pré-

vue, il ne s’agit plus de la même:elle est renforcée, c’est-à-dire qu’el-le ne dit pas simplement que lesbudgets doivent être conformesaux engagements européens, maisajoute des dates. Cela en dit longsur le caractère improvisé de cesannonces ». « Incapable de la faireaccepter par les Français, Sarkozyréimpose la règle d’or sous couvertde Merkel», estime Jean-Christo-phe Cambadélis, secrétaire natio-nal du PS à l’international.

Quant aux menaces de dégrada-tion de l’agence Standard andPoor’s, « les agences ne pouvaientignorer qu’il y avait une réunionqui se tenait ce lundi», indiqueM.Hollande, pour qui ces menaces«ne sont pas une réaction à l’ac-cord mais à une situation qui duredepuis plusieurs semaines, avec unralentissement de la croissance etdes banques en situation difficile».Alors que pour M. Cambadélis,«Sarkozy et Merkel ne rassurent niles peuples, ni les marchés». p

David Revault d’Allonnes

Zone euro Christian Noyer réclame une réflexionsur le rôle des agences de notationLe gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a réclamé mar-di 6 décembre une réflexion sur le rôle que jouent les agences de nota-tion dans la crise des dettes souveraines qui ébranle la zone euro.M.Noyer, également membre du conseil des gouverneurs de la Banquecentrale européenne (BCE), s’exprimait devant la presse au lendemainde l’annonce par Standard &Poor’s (S & P) de la mise sous surveillancenégative de la note de la France ainsi que de celle de 14 autres pays de lazone euro. La méthodologie de S & P est devenue plus politique, moinséconomique, a encore déclaré M. Noyer. – (Reuters.)

Jean-Claude Juncker juge «follement exagéré»l’avertissement de Standard &Poor’sLe président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a qualifié mardi6décembre de « follement exagéré et injuste » l’avertissement de Stan-dard & Poor’s (S &P) sur la note souveraine de la plupart des pays de lazone euro. « Je ne suis pas troublé par cela, mais je suis stupéfait, vu lesefforts significatifs de ces derniers jours pour surmonter la crise, notam-ment les programmes d’économies en Italie et en Irlande », a-t-il dit surla station de radio allemande Deutschlandfunk.

Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, lundi 5 décembre, au palais de l’Elysée. JOHN SCHULTS/REUTERS

4 0123Mercredi 7 décembre 2011

L’événement

La crise de la zone euro

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P our les experts, le doute n’estplus permis. L’Allemagne,leader économique – et poli-

tique–del’Europe, modèledecom-pétitivité et de discipline financiè-re,connaîtra un très netralentisse-ment de sa croissance, voire unerécession « technique » : à savoirdeux trimestres de contraction duproduit intérieur brut (PIB) dansles mois à venir. Et plus le climat sedétériore, plus les dirigeants tergi-versent,plus l’avenirde Berlin s’as-sombrit, préviennent-ils.

Autrement dit, la remise enquestion, lundi 5 décembre, duAAAdel’Allemagne, gagedesa soli-dité économique et financièrecomme celle des cinq autres paysde la zone euro ainsi notés, n’estpas surprenante.

A quelques jours d’un sommeteuropéen décisif, les 8 et 9 décem-bre, les équipesdelabanqueaméri-caine Goldman Sachs alertentmême dans une note datée du2 décembre : « L’utilisation délibé-rée de la pression des marchés pourforcer des décisions politiques peutêtre un mauvais calcul plongeanttout le système dans l’abysse. » Unpéril dont l’Allemagne ne sortirapasindemne, préciseDirkSchuma-cher, économiste au sein de la ban-que américaine.

Contaminée peu à peu par ladégradation de l’environnement,la première puissance économi-que de la zone euro montre déjàdes signes de faiblesse. La publica-tion, lundi, de l’indice Markit,mesurant l’activité dans le secteurprivé, a renforcé, s’il était besoin,les convictions des pessimistes. Ennovembre, cet indicateur a reculéen Allemagne pour la premièrefois depuis novembre 2009,année de la grande récession qui asuivi la faillite de Lehman Bro-thers et la crise des subprimes.

Pour l’heure, l’avenir de l’écono-mie allemande reste enviable parrapport à celui de la plupart de sespartenaireseuropéens.Selon Gold-man Sachs, l’économie allemandese contractera de 0,2 % au quatriè-me trimestre 2011 et encore de

0,5 % au cours des trois premiersmois de l’année prochaine. Aufinal, la hausse du PIB pour l’en-semble de l’année 2012 resterasupérieure à la moyenne de lazone euro (– 0,8 %) mais bienmédiocre, d’à peine 0,1 %, selon labanque.

«Volatile»Un diagnostic sévère au regard

des prévisions des économistes dela chambre de commerce et d’in-dustrie en Allemagne (DIHK), quienvisagent une croissance de l’or-dre de 1 % l’année prochaine maiscomparable au pronostic (0 % à0,5 %) des économistes de l’insti-tut DIW à Berlin ou de ceux d’UBSet de l’agence S & P (+ 0,6 %).

De fait, le profil très industrielde l’Allemagne rend son économieplus « volatile », c’est-à-dire sensi-ble à l’environnement extérieur,précise M. Schumacher. Et les diffi-cultés des autres membres de lazone euro (qui reçoivent 40 % deses exportations et sont à l’originede l’essentiel des excédents com-

merciaux allemands) pénalisentdirectement le modèle allemand.Le chômage outre-Rhin, jusqu’icibien plus faible que les scores dra-matiques de l’Espagne, de la Grèceou du Portugal, pourrait aussi pro-gresser à plus de 7 % de la popula-tion active, selon Goldman Sachset UBS contre 6,4 % actuellement.

Affectée, l’Allemagne reste tou-tefois l’une des économies les plusrobustes et les plus résilientes del’Europe monétaire, relativise Syl-vain Broyer chez Natixis. Outre-Rhin, les entreprises et les ména-ges ne sont pas, pour le moment,pénalisés par la raréfaction du cré-dit ou un quelconque renchérisse-ment de son coût. Les taux desemprunts souverains allemands,considérés comme une valeurrefuge, sont au plus bas, et leur fai-ble niveau se répercute sur tout lemarché du crédit, explique-t-il.

Les investissements devraientdonc progresser tout comme laconsommation des ménages,aidée de surcroît par une augmen-tation du niveau des salaires réels

de 0,5 % l’année prochaine, selonles calculs de Natixis.

Seul bémol : quel que soit le scé-nario envisagé, il est susceptibled’être révisé… à la baisse. Si aucunaccord politique n’est trouvé rapi-dement pour résoudre la crise desdettes souveraines, l’Allemagnesera frappée plus durement.

Quant à une implosion del’Union monétaire ? Les expertsont du mal à estimer les consé-quences économiques d’une telleoption, même pour l’Allemagnedont les banques très exposéesaux dettes souveraines de l’Euro-pe du Sud et de l’Irlande (à hauteurde 460 milliards d’euros) n’échap-peront sans doute pas à la faillite.

Si les experts d’UBS prédisentqu’une telle catastrophe toucheraplus sévèrement la périphérie del’Europe que les pays forts, ils résu-ment un tel scénario en citant Sha-kespeare : « Cry “havoc”, and let slipthe dogs of war. » (« “Carnage !” etalors seront lâchés les chiens de laguerre»). Tout un programme. p

Claire Gatinois

Larécession pourraitaussi frapperlarobusteAllemagnePlus le climat se détériore en zone euro, plus l’avenir économique de Berlin s’assombrit

L e camp des pessimistes, prêtsà envisager une scission de lazone euro entre les pays du

Nord, peu endettés, orthodoxes etcompétitifs, et ceux du Sud,regroupant entre autres la Grèce,l’Italie, l’Espagne ou le Portugal,peinent à ranger la France dansl’une ou l’autre des catégories.

Une hésitation qui en dit longsur le profil économique du pays.Dans le collimateur des agences denotation depuis plusieurs mois, laFrance reste, pour le moment,membre du club des pays notésAAA. Mais sa dette qui représentede l’ordre de 86 % de son produitintérieur brut (PIB), et son impor-tant déficit (estimé à 5,7 % du PIBfin 2011) fragilise son économie.

Tous les économistes s’accor-dent à dire qu’en 2012, pour assai-nir ses finances, le pays ne fera pasl’économie d’un nouveau plan derigueur. Un diagnostic partagé parl’agence Standard & Poor’s dans sanote publiée lundi 5 décembre,mettant en cause le AAA français.

Or un tel plan d’austérité vien-draitaffecter unpeuplusune crois-sance déjà languissante. PourNatixis, l’économie française neprogressera guère de plus de 0,5 %en 2012, moitié moins quece qu’at-tend le gouvernement. Les analys-tes de Xerfi envisagent une haussed’à peine 0,3 % du PIB l’an pro-chain, après une récession techni-que – deux trimestres de croissan-ce négative – fin 2011 et début 2012.

«Faireplusque0,3%de croissan-ce est impossible. Faire moins enrevanche n’est pas exclu du tout »,prévient Alexandre Mirlicourtois,directeur des études économiqueschez Xerfi. Celui-ci n’éloigne pas lespectre d’une récession plus pro-fonde en 2012. « Le biais est claire-ment baissier », atteste Jean-Chris-tophe Caffet, chez Natixis.

Pour l’heure, rien de compara-ble à la crise de 2008 qui avait fait

plonger l’économie, en 2009, de –2,6%. Mais le pays fait les frais de ladeuxième vague de la crise, etpâtit de la dégradation de l’envi-ronnement délétère de l’ensemblede la zone euro. Qu’il s’agisse de laconstruction de l’immobilier, desservices ou de l’industrie, toutesles composantes de l’économiefrançaise sont en mauvaise postu-re, insiste M. Mirlicourtois.

«Visibilité à peu près nulle»Les exportations françaises,

dont environ 50 % sont à destina-tion de ses partenaires de la zoneeuro, encaissent le freinage deséchanges vers l’Europe du Sud,frappée par la récession. Quant à lademande intérieure, résistante en2009, elle commence à flancher.

Si la« visibilité est à peu près nul-le », reconnaît M. Caffet, les prévi-sions ne sont pas très réjouissan-tes.Le chômage continuera de pro-gresser en 2012, jusqu’à franchirles 10 % de la population active. Dequoi pénaliser le pouvoir d’achatdes ménages, freiner les dépenseset contribuer à rendrel’environne-ment plus anxiogène encore.

Maisla plus grande menace auxyeux des économistes est celled’un « credit crunch », une raréfac-tion et un renchérissement du cré-dit qui gripperait l’investissementdes entreprises et, par ricochet,toute l’économie.

Depuis quelques mois, en dépitde son AAA, la France a vu les tauxde ses emprunts souverains pro-gresser sur le marché de la dette.Cette hausse devrait se traduiresur le reste du marché du crédit.Lesbanques, objet de défiance, pei-nent à se refinancer et pourraientrogner sur les prêts accordés auxentreprises et aux ménages. Unscénario noir. A moins que la crisede la zone euro ne trouve une issuerapide. p

Claire Gatinois

LemarathondeMarioMonti

Le dôme du Reichstag, à Berlin. MICHÈLE TANTUSSI/BLOOMBERG.

Unespiraledéclinantemenacela FrancePour réduire sa dette, le pays devra faire plusde rigueur, pesant un peu plus sur la croissance

C ela ne paraît pas l’épuiser.Ou alors il le cache bien.Depuis dimanche 4 décem-

bre, Mario Monti, le président duconseil italien, s’est lancé dansune campagne d’explications surson plan de rigueur et d’investis-sement. Deux heures trente deconférence de presse dimanche,autant le lendemain devant l’asso-ciation de la presse étrangère, sui-vi dans l’après-midi de deux nou-velles heures de discours à laChambre des députés et au Sénat.Ce marathon communicatifdevait s’achever mardi avec unepremière intervention téléviséesur une chaîne publique.

Son intervention devant lesjournalistes étrangers marqueune rupture avec son prédéces-seur : Silvio Berlusconi ne les arencontrés que deux fois, en 1994et en 2000, avant qu’il ne soit élu.Tous des « communistes », avait-iljugé à chaque fois.

M. Monti, lui, est persuadé quel’image de l’Italie hors de ses fron-tières tient beaucoup au regarddes journalistes étrangers. En lesélevant au rang de « servicepublic», il les a fait rosir de plai-sir. Et désormais que l’Italie « faitsa part du travail », il espère qu’ilschanteront ses mérites dans leurstitres respectifs et l’aideront àramener l’Italie à «jouer son rôlesur le front européen » à côté ducouple franco-allemand.

Accompagné du vice-ministrede l’économie Vittorio Grilli,M. Monti s’est montré sous sonmeilleur jour, disponible et

patient. Mais s’il prend soind’être accompagné à chacune deses interventions publiques demembres de son gouvernement,il répond le plus souvent lui-même aux questions, ne cédantla parole à un ministre que lors-que les arguments sont trop tech-niques, et la reprenant au besoinquand l’un d’eux est imprécis,trop long ou fond en larmes, com-me ce fut le cas dimanche de laministre des affaires sociales ElsaFornero.

«Des sacrifices nécessaires»Il sait qu’une bonne partie du

succès –à confirmer – de sonentreprise tient à son style et à sapersonnalité dont le contrasteavec celle de M. Berlusconi fasci-ne les médias: sérieux maisvolontiers ironique, compétentmais pas verbeux, sévère maisparfois débonnaire. Un exemple :«Sans nos mesures, l’Italie s’effon-drait et allait dans une situationsemblable à celle de la Grèce. Nousavons beaucoup de sympathiepour ce pays mais nous ne souhai-tons pas l’imiter. »

C’est grâce à ce ton mélangeantdramatisation et understatementqu’il est parvenu lundi à conten-ter aussi bien les marchés –quiont fait retomber les taux d’inté-rêts des emprunts obligataire àdixans sous la barre des 6 % – queles Italiens qui sont plus de 60%à juger ces sacrifices « amers maisnécessaires ».p

Philippe Ridet(Rome, correspondant)

50123Mercredi 7 décembre 2011

L a crise de l’euro et le ralentis-sement économique ont déjàcoûté près de 4 000 suppres-

sions d’emplois au secteur finan-cier français.

Ces coupes claires portent, pourl’essentiel, sur les implantations àl’étranger des sociétés. Comme cefut toujours le cas par le passé.Outre la pression politique pourlimiter la casse sociale en France, ledroit anglo-saxon permet en effetde réduire plus rapidement leseffectifs

Ainsi, après BNP Paribas et laSociété générale, qui ont engagédes plans sociaux en novembre,l’assureur Axa a dévoilé, lundi5 décembre, son intention de sup-primer 1 600 postes sur 9 000 enAllemagne, d’ici à 2015, pour« réduire ses coûts et améliorer sacompétitivité». Cette cure d’amai-grissement s’effectuera sans licen-ciement sec, précise le groupe, quia signé un accord avec ses salariésjusqu’en 2014.

Côté banques, BNP Paribas, pre-mière banque de la zone euro, varéduire ses effectifs de 1 400 per-sonnes, dont 370 en France, tandisque, selon des sources syndicales,la Société générale supprimera700postes en Amérique et en Asie.

Les économistes s’attendent àce que le Crédit agricole, autrepoids lourd du secteur, rejoigne lemouvement à la mi-décembre. Labanque verte, qui n’échappe pas àla crise financière en dépit d’unrecentrage mené depuis deux anssur la banque de réseau, pourraitsupprimer jusqu’à 1 000 emplois,selon les syndicats.

Crise des dettes souverainesCette cure d’amaigrissement

dans le secteur financier inter-vient trois ans après la chute deLehman Brothers, qui avait provo-qué une crise financière violenteen 2008-2009 et entraîné des des-tructions massives d’emploisdans le secteur financier mondial.

Cettefois, la crise desdettes sou-veraines frappe de plein fouet lesbanques,parmilespremiers créan-ciers privés des Etats. Afin d’éviterqu’unecrise «systémique» nepara-lysel’économie mondiale, les auto-rités de régulation leur imposentde renforcer leurs fonds propresde manière accélérée, d’ici àjuin2012, soit six ans avant la dateinitialement prévue.

Cette injonction les conduitdonc à réduire leurs activités àmarche forcée dans les métiers lesplus coûteux en capitaux, soit, enpremier lieu, dans la banque definancement et d’investissement.C’est là que se concentrent lamajo-rité des suppressions d’emplois,dans les grandes banques mondia-les.

Les banques françaises, quiavaient moins recruté que leurshomologues anglo-saxonnesdans les activités de banque demarchés, lors de la reprise écono-mique amorcée en 2010, ontd’abord cru résister à la pressionsur l’emploi. Mais l’accélérationdu calendrier des nouvelles règlesde fonds propres et l’assèchementbrutal des ressources en dollars,depuis l’aggravation à l’été de lacrise de la zone euro, les ontcontraintes à réduire à leur tourleurs effectifs.

« Nous avons fait l’objet d’uneréduction sensible de la liquiditéen dollars, qui nous a conduits àmettre en place un plan de réduc-tion ordonné de nos activités, expli-quait ainsi au Monde récemmentle nouveau président de BNP Pari-bas, Baudouin Prot. C’est l’une desraisons qui nous ont conduits àmettre en place des mesuresd’adaptation des effectifs (…) dansle respect de nos principessociaux. »

«C’est la fin de l’âge d’or des ban-ques. Partout dans le monde, lesbanques se replient, l’emploi vacontinuer à souffrir, analyse DianeSegalen, du cabinet de conseilSegalen & Associés. Même une foisla crise finie, on ne retrouvera pasla situation qui prévalait au débutdes années 2000. »

Au total, après une année etdemie de crise de la dette, lesréductions d’effectifs dans le sec-teur financier mondial excèdentdéjà le chiffre de 120 000. Tous lespays sont touchés. p

Anne Michel

Lesecteur financierfrançais réduitseseffectifs…àl’étrangerLesactivitésdefinancementetd’investissementdesbanquessontlesplustouchées

L’événement

Le plan de sortie de faillitede Lehman Brothers validé

LondresCorrespondance

L ’Irlande a présenté ce lundi5 décembre 2011 son septiè-me plan de rigueur depuis le

début de la crise. Après un premierplan d’urgence en juillet 2008,puis deux séries de mesures extra-ordinaires et trois budgetsannuels, Dublin impose donc unenouvelle cure d’austérité pour sonbudget 2012.

Le pays, qui a perdu le tiers deses recettes fiscales par rapport à2007, en grande partie à cause del’éclatementde labulle immobiliè-re, a réussi à stabiliser son déficit,autour de 10 % du PIB pour 2011.Celui-ci avait culminé à 32 % (!) en2010, après l’adoption d’un coû-teux plan de sauvetage des ban-ques. Mais le travail à accomplirpour redescendre sous les 3 % d’icià 2015, selon les termes du plan desecours signé en novembre 2010,demeure énorme. Pour le premierministre Enda Kenny, « le budget[2012] est dur. Il se doit de l’être. »

Dublin annonce pour 2012 deséconomies de 3,8 milliards d’eu-ros : 2,2 milliards viendront deréductions des dépenses publi-ques, et 1,6 milliard de l’augmenta-tion des impôts. La principalemesure est la hausse de deuxpoints de la TVA, portée à 23 %, quirapportera presque un cinquièmedes recettes nouvelles. Du côté descoupes budgétaires, l’éducation etles allocations sociales sont lesplus touchées. Le seuil minimumpour le remboursement des soinsva être augmenté, les allocationsfamiliales à partir du troisièmeenfant vont être diminuées, l’aideau chauffage pour les plus pau-vres est réduite de 20 %… Le toutsur fond de réduction des effectifsde la fonction publique : de 2008 à2015, l’objectif est de réduire de12 %, soit 37 000 personnes, lenombre des fonctionnaires.

M. Kenny ne le cache pas : ces

mesures seront douloureuses. « Jesouhaiterais pouvoir dire que lebudget n’aura pas d’impact sur lescitoyens dans le besoin, mais je nele peux pas.»

Etroite marge de manœuvrePour faire passer la pilule, il

joue la carte nationaliste. Souli-gnant que l’Irlande signait le traitéproclamant son indépendance il ya quatre-vingt-dix ans, jour pourjour, il promet d’être le leader qui« redonnera la souveraineté écono-mique » à son pays.

Pour l’instant, il n’a cependantguère de marge de manœuvre. Leplan de secours de 85 milliardsd’eurossigné avec le FMI et laCom-mission européenne impose15 milliards d’euros d’économiessur trois ans. S’il peut choisir lafaçon dont il effectue les coupes, lasomme totale n’est pas discutable.

En arrivant au pouvoir fin

février, trois mois après la signatu-re du plan de secours, il avait réus-si à obtenir quelques compromis.La baisse du salaire minimum,décidée par son prédécesseur etcensée améliorer la compétitivitédu pays, a été annulée : la mesuren’aurait rien changé en terme deréduction du déficit. Mais pour lereste, la marge de manœuvre deDublin reste étroite.

Le budget irlandais pour 2012 aété examiné à la loupe par la troïka(FMI, Commission européenne,Banque centrale européenne). « Ilsne s’intéressent pas exactement àla façon dont nous choisissons lescoupes, mais ils veulent vérifierquel’enveloppe globaleestbien res-pectée », reconnaît un haut fonc-tionnaire.

Cependant, l’efficacité du plande rigueur est mise en doute parde nombreux économistes. Lesmesures annoncées sont censées

réduire le déficit à 8,6 % du PIB en2012. « Mais avec le ralentissementde l’économie mondiale, le dangerest que ces objectifs de déficit nesoient pas atteints, poussant àencore plus d’austérité », estimentlesanalystes de Bloxham, unemai-son de courtage. « On n’arrête pasdenous direque lareprise économi-que est proche, s’agace David Begg,lesecrétaire généraledela confédé-ration syndicale ICTU. Mais si onnesoutient pasl’économie intérieu-re, cela ne se produira pas.»

Enfin, même en admettant queles déficits soient effectivementréduits, l’austérité devrait durer.Au mieux, pour respecter le plande secours, elle durera jusqu’en2015. Au pire, selon Philip Lane,économiste à l’université TrinityDublin, le poids de la dette et desintérêts sera tel qu’il y en aura :« pour vingt ans au moins ». p

Eric Albert

Lacommissiond’enquête parlementaire sur les «prêts toxiques» a renduson rapportMM. Bartolone et Gorges proposent la création d’un «pôle d’assistance» aux collectivités locales pour aider celles-ci à renégocier face aux banques

La crise de la zone euro

Protestation contre le budget d’austérité du gouvernement, à Dublin, le 25 novembre. PETER MUHLY/AFP

BucarestCorrespondance

L es Roumains sont inquiets.Le 24 novembre, le président,Traian Basescu, a mis en gar-

de les banques autrichiennescontre une réduction des créditsaccordésaux paysd’Europe centra-le et orientale. « Vous avez engran-gé d’énormes bénéfices en Rouma-nie entre2000 et 2009, a-t-il décla-ré. Si vous arrêtez de financer l’éco-nomie roumaine en cette périodede crise, nous considérerons celacomme un manque de fair-play. »

Le21novembre, laBanquenatio-nale d’Autriche (OeNB) a en effetdemandéaux banques autrichien-nes, très présentes en Europe del’Est, de revoir à la baisse leurs cré-

ditsdans cetterégion. «Jeveux croi-re que cette annonce sur la réduc-tion des flux de capitaux vers lespays hors de la zone euro est unmalentendu», a commenté le pré-sident.

Le système bancaire roumainest très dépendant des banquesétrangères, qui contrôlent plus detrois quarts des actifs en Rouma-nie. La banque autrichienne ErsteBank vient en tête, suivie de prèspar Raiffeisen Bank. La réaction duprésident contre les banques estl’expression d’un mécontente-ment de plus en plus partagé parl’opinion publique.

Durement frappée par la criseéconomique en 2008, la Rouma-nie a signé, en mars 2009, unaccord avec le Fonds monétaire

international (FMI) qui lui a per-mis de faire un prêt de 25 milliardsd’euros auprès de cette institu-tion, de l’Union européenne (UE)et de la Banque mondiale. A lademande du FMI, le gouverne-ment roumain a mis en œuvre unprogramme d’austérité dont lecoût social est énorme.

Scénario à la grecque évitéDepuis 2009, le gouvernement

a licencié 200 000 fonctionnaireset 100 000 autres devraient per-dre leur emploi d’ici à l’été 2012. En2010, ils ont perdu un quart deleur salaire et la TVA a augmentéde 19 % à 24 %. Cette politique a évi-té à la Roumanie un scénario à lagrecque.

Les autorités roumaines criti-

quentla décision de la banque cen-trale autrichienne car leurs effortspour stabiliser la situation finan-cière du pays risquent d’en êtreaffectés. « Certes, il y a une pressiondes banques mères, mais ce qui estimportant, c’est la manière degérer cette situation », assureDominic Bruynseels, PDG de labanque Erste en Roumanie.

Pour l’instant, M. Basescu n’estpas convaincu par les bonnesintentions affichées par les ban-quesoccidentales. « J’espère que lespays récemment entrés dans l’UEne seront pas contraints de payer lafacture pour la cupidité, l’impru-dence etl’irresponsabilité dessystè-mes bancaires », a affirmé, le22 novembre, le président. p

Mirel Bran

Bucarests’inquiète d’une baisse des crédits autrichiensLe système bancaire roumain est très dépendant des établissements étrangers

Le plan de sortie de faillite de Leh-man Brothers – la banque d’affai-res américaine dont la chute pro-voqua la crise financière mondia-le de 2008-2009 – devrait êtrevalidé, mardi 6décembre, par lajustice. Il s’agit d’une nouvelleétape dans le processus dedémantèlement de Lehman. Ceplan avait été approuvé finnovembre par des créanciers del’ex-quatrième banque d’affairesdes Etats-Unis, dont huit «liqui-dateurs étrangers», chargés degérer 87 filiales de Lehman dansle monde, ainsi que les princi-paux détenteurs de dette.Ces créanciers revendiquaientcollectivement quelque 450mil-liards de dollars. Ils devraientrecevoir sept fois moins que leurdemande initiale, soit 65mil-liards de dollars. Les fonds pour-raient être distribués à compterdu début de l’année 2012.

Legouvernement irlandais présenteson septième plande rigueur en trois ansLa TVA est augmentée de deux points, à 23%. Le budget de la santé et les aides sociales sont réduits

L e rapport de la commissiond’enquête parlementaire surles « prêts toxiques » vendus

aux collectivités locales françaisesau début des années 2000, avantque n’éclate la crise financière de2008, par des banques françaiseset étrangères, dont Dexia, devaitêtre adopté mardi 6 décembre.

Selon nos informations, ce rap-port sans complaisance codirigépar le président de la commissionClaude Bartolone (président PS duconseil général de Seine-Saint-Denis) et son rapporteur Jean-Pier-

re Gorges (maire UMP de Chartres,en Eure-et-Loir), fait le constat deresponsabilités partagées dans cequi est devenu, depuis quelquesmois, une «affaire d’Etat ».

Si les banques sont les premiè-res mises en cause, pour avoir inci-té les collectivités à transformerleurs crédits classiques à taux fixeen prêts structurés risqués, la res-ponsabilité des collectivités quiont souscrit ces crédits est égale-ment pointée. L’est aussi celle del’Etat et des agences de notation,qui n’ont pas mis en garde le sec-

teurpublic contre le risque d’envo-lée des taux d’intérêt desemprunts. Ces prêts toxiques sonten effet adossés à des paramètrescomplexes et volatils (commel’évolution du franc suisse par rap-port à l’euro), qui, après une pério-de de bonification, se sont envolés,ou menacent de le faire.

Surtout, le rapport Bartolone-Gorges formule deux proposi-tions fortes, pour tenter d’allégerle poids des prêts sur les financespubliques locales et lever ainsil’épée de Damoclès pesant sur de

nombreuses villes, départementset régions.

Ilsuggère de créer« un pôle d’as-sistance et de transactions » pouraccompagner les collectivitésdans la renégociation, actuelle-ment très difficile, des prêts toxi-ques avec les banques – dont prin-cipalement Dexia. Ce pôle pour-rait s’appuyer sur les services del’Etat, soit sur la mission Gissler,du nom de l’inspecteur des finan-ces à qui le premier ministre Fran-çois Fillon a confié la médiationsur ces crédits en 2010.

Mais si ce pôle échouait et si lesrenégociations s’avéraient tropcoûteuses pour les collectivités,alors sans doute, estiment lesauteurs du rapport, faudrait-ildécider d’une « intervention légis-lative », pour plafonner les tauxd’intérêt appliqués par les ban-ques et les indemnités de sortiedes prêts qu’elles leur imposent.

Dans un premier temps, dans lecadre d’une négociation encadréepar l’Etat, le rapport propose de«caper » les crédits toxiques – blo-quer les taux à la hausse.

Au Monde, M. Bartolone, quiveut réserver les conclusions durapport à la présentation publiqueprévue le 15 décembre, confirmetoutefois qu’une proposition serafaite pour « aider les collectivités àrenégocier. (…) Il s’agit de faireconfiance à la renégociation ».

La bulle des prêts toxiques n’apas fini d’exploser. Selon le cabi-net Finance Active, la moitié seu-lement des prêts toxiquesseraient sortis de leur période debonification. p

A. Mi.

6 0123Mercredi 7 décembre 2011

international

Bonn (Allemagne)Envoyés spéciaux

P ar un curieux retournementde l’histoire, lié à la volontéde l’OTAN et à ses membres,

dont la France, de quitter au plusvite l’Afghanistan, le présidentafghan,HamidKarzaï,quelesEtats-Unisetsesalliésvoulaientvoirquit-ter la scène avant l’élection prési-dentiellede2009, est apparu, lundi5 décembre, à la conférence deBonn sur l’avenir de son pays, plusque jamais en mesure d’imposerses conditions à la communautéinternationale.

Agissant en maître de cérémo-nie, le visage quelque peu fatigué,M.Karzaï a pesé de tout son poidsdansl’organisationde l’événementqui a réuni cent délégations, com-me dans son propre discours, pouraffirmer « la souveraineté » de sonpays à l’approche de 2014, date duretraitdéfinitifdestroupescombat-tantes de l’OTAN. Il a ainsi insistépourque les 85pays et les 15déléga-tions présents à Bonn augmententleur aide pour « former et équiper»les forces de sécurité afghanes.

M.Karzaïaaussi confirméque la« transition », c’est-à-dire le trans-fert, par l’OTAN, aux autorités deson pays, du contrôle de la sécuritédu territoire afghan, serait achevéefin 2014 en dépit de la pressioncroissante des talibans.

Enfin, il a insisté pour que lesNations unies cèdent peu à peuleurs prérogatives au gouverne-ment de Kaboul, dénonçant, à

l’avance, toute tentative « d’ingé-rence politique ». Son conseiller etvice-ministre des affaires étrangè-res, Jawed Ludin, présent à Bonn, aprécisé, au Monde, que « l’ONU dis-pose d’un mandat en Afghanistantout à fait dérogatoire, notammentsur le terrain politique et le proces-sus électoral, qui doit reprendre desformes classiques » et que lesNations unies « devaient transférerleurs compétences partout où celaest possible».

Lemandatdel’ONUfaitactuelle-mentl’objetd’uneréévaluationsurle terrain et sera de nouveau sou-mis au Conseil de sécurité pour unvote au mois de mars. Face à cesmises en cause voilées, le secrétairegénéral de l’ONU, Ban Ki-moon,s’est contenté, lors de son interven-tion, de noter que « les Nationsunies étaient là après 2001, ellesseront là après 2014 ».

Le discours de M. Karzaï, endépit d’échecs majeurs en matièrede lutte contre la drogue ou sur leterrain de la gouvernance, ad’autant moins troublé ses interlo-cuteurs que ceux-ci veulent mettreun terme à une aventure militairepeuconcluante. Iln’a ainsi euaucu-ne peine à obtenir, dans le textefinal de la conférence, l’engage-ment des délégations à prolongerleur aide financière de 2015 à 2024sur le terrain civil comme sur celuidelaformationdesforcesdesécuri-té afghanes.

Selon les experts internatio-naux, l’Afghanistan aura besoin dedix milliards de dollars par an

(7,5 milliards d’euros), à partir de2017. L’hôte de la conférence, leministre allemand des affairesétrangères, Guido Westerwelle, arésumé l’enjeu : « Nous ne devonspas répéter les erreurs du passé,nous assumerons nos responsabili-

tés, car si les talibans reviennent àKaboul, nous aurons fait tout çapour rien.»

Defait,surlascèneinternationa-le, M. Karzaï incarne seul ce lienentre le camp occidental et l’Afgha-nistan. Pourtant, très critiqué sur lascène intérieure, le président nepouvait se targuer en venant àBonnquedusoutien d’uneLoyaJir-ga (assemblée traditionnelle),

convoquée en novembre et dontles membres, triés parmi ses sou-tiens dans le pays, avaient validé lafeuille de route sur « l’affirmationde la souveraineté afghane ». Lacommunauté internationale, quine reconnaît que le Parlementafghan élu, est restée silencieuse àce sujet, ce qui a permis au chef del’exécutifafghand’afficherunefor-te légitimité.

Cette affirmation d’autorité aaussi été rendue possible grâce auxdivergences affichées entre desacteursrégionauxdepoidsetl’Occi-dent.AlorsquelesEtats-Unis,relati-vement en retrait à Bonn, négo-cient âprement un partenariat àlong terme avec Kaboul, compre-nant, notamment, des bases mili-taires, le ministre iranien des affai-res étrangères, Ali Akbar Salehi, aexprimé son désaccord sur cetteprésence : « Les forces étrangèresn’ont pas réussi à réduire l’actionterroriste en Afghanistan, or despays occidentaux veulent accroîtreleur influence après 2014, cela va

contre la paix.» Son collègue russe,Sergueï Lavrov, l’avait précédé endéfendant « un statut neutre pourl’Afghanistan».

Ce retour en force de M.Karzaï afait naître des inquiétudes sur sonéventuellevolontéderesteraupou-voir. Selon la presse, qui citait, lun-di, un rapport des services secretsallemands, il tenterait de modifierla Constitution afghane qui luiinterdit d’accomplir un troisièmemandat après 2014. «C’est un non-sens», a réagi M.Ludin, vice-minis-tre des affaires étrangères.

Désormais, la question centralequi se pose d’ici au prochain som-met de l’OTAN à Chicago, enmai2012,porte sur la répartitiondela charge financière nécessaire à lasurvie de l’Etat afghan et aux forcesde sécurité. En coulisses, à l’instiga-tiondesBritanniques, cettedonnéeaétédébattuepourchasserlefantô-med’uneguerrecivileetd’unechu-te prématurée du régime Karzaï.Maiselle pèse lourdement entrelesalliés sur fond de crise financière.

Washington, qui porte les forcesafghanes à bout de bras en débour-sant 12 milliards de dollars par an,réclame un « meilleur partage dufardeau » en confiant la charge àl’OTAN. Mais l’idée est combattuepar les Européens, dont la France.Pour les Européens, la facture doitbaisser de la même manière pourtout le monde.

Problème: Washington n’arrêtepas de réévaluer le « volume » desforces afghanes. Le Pentagone pré-voyait 352000 soldats et policiersafghans en octobre 2012 (contre306000 aujourd’hui). Il est désor-mais question de descendre à226 000 hommes pour ne plusdépenser que 4,4 milliards par an.Sur cette somme, les Etats-Unisassumeraient environ 3 milliards.Le 1,4 milliard restant serait à lacharge des autres membres de lacoalition. Les Européens aime-raient, quant à eux, mobiliser lespays du Golfe.p

Jacques Follorouet Natalie Nougayrède

Afghanistan: les Occidentaux en ordre disperséLa conférence de Bonn laisse entière la question de la survie de l’Etat afghan après le départ de l’OTAN en 2014

«Nous nedevons pasrépéterleserreurs

dupassé»Guido Westerwelleministre allemand

des affaires étrangères

LaHayeCorrespondance

T rès vite, lors de sa premièreaudience devant les juges dela Cour pénale internationa-

le (CPI), lundi après-midi 5 décem-bre,LaurentGbagbo adonné leton.Invité à décliner son identité, l’an-cien président ivoirien, poursuivipour crimes contre l’humanitécommis en Côte d’Ivoire entredécembre 2010 et avril 2011 lorsdes violences post-électorales, aprécisé qu’il « ne parle que français,malheureusement »…

Au cours de sa première appari-tion publique depuis son arresta-tion le 11 avril 2011 à Abidjan, l’ex-président ivoirien a, posément,épinglé la France. « J’ai été arrêtésous les bombes françaises, a-t-ilrappelé, c’est l’armée française quia fait le travail. »

Cellule « correcte »Sa première bataille judiciaire

portera sur les conditions de sontransfèrement à La Haye. Aprèsson arrestation, Laurent Gbagbo aété placé en résidence surveilléepar les forces du nouveau chef del’Etat, Alassane Ouattara, à Korho-go, dans le nord de la Côte d’Ivoire,pendant sept mois. « Une déten-tion arbitraire », selon son avocatEmmanuel Altit. « Je ne voyais pasle soleil, raconte M. Gbagbo à laCour. Je ne savais pas ce qu’il se pas-sait dans le ciel, sauf quand il pleu-vait sur le toit.»

Son départ pour La Haye a étérondementmené. Le29novembre,le procureur général de Côte d’Ivoi-re lui avait signifié le mandat d’ar-rêt délivré en secret par la CPI quel-ques jours plus tôt, avant de leconduiredansl’avionpourlesPays-Bas.Sourirecompliceverssesparti-sans venus de Paris, Bruxelles etdes Pays-Bas. « Si on me dit “Gbag-bo, tu vas à La Haye”, je serais venu,mais là encore, on m’a trompé »,affirme l’ex-président ivoirien, qui

« ne regrette pas d’être là ». « On vaaller jusqu’au bout, lance-t-il auxjuges, mais on n’a pas besoin de secacher.»

Costume bleu marine de bonnefacture, Laurent Gbagbo est arrivéà La Haye « avec la chemisehawaïenne qu’il portait lors de sonarrestation en avril », affirme l’unede ses assistantes juridiques.M.Gbagbo juge sa cellule « correc-te». A son arrivée au petit matin du30novembre, il a été accueilli d’un« welcome » par l’ex-président duLiberia, Charles Taylor. Rencontreau sommet entre deux ancienschefs d’Etat rattrapés par la justiceinternationale… Mais c’est là leurseul point de convergence. A la têtedu Liberia, M.Taylor avait envoyé,en2002 et 2003, des officiers poursoutenir les opposants à M. Gbag-bo.Enreprésailles, leprésidentivoi-rien avait dépêché des milices del’autre côté de la frontière.

« Gbagbo est un ami proche »,avait pourtant déclaré M. Taylor àses juges, au cours de son procès.Son successeur à la présidence duLiberia, Moses Blah, appelé à dépo-ser contre lui, l’a démenti. Les deuxdétenus auront le temps d’aplanirles tensions passées, si toutefoisl’arrivée de Laurent Gbagbo nemodifiepaslahiérarchiedecetuni-vers carcéral, dans lequel CharlesTaylor, emprisonné depuis six ans,fait figure de chef.

LaurentGbagboarencontréaus-si ses nouveaux compagnons d’in-fortune, comme Jean-Pierre Bem-ba, le sénateur congolais qui a ten-té de peser sur le scrutin présiden-tieldu28novembreauCongo-Kins-hasa, en recevant les candidatsd’opposition au parloir, trois chefsde milices congolais et un Rwan-dais…Il auraaussi l’occasiondepar-tager le repas de Noël avec les chefsde guerre yougoslaves, détenusdans une aile séparée. « Une tradi-tion», selon un employé du tribu-nal pour l’ex-Yougoslavie. p

Stéphanie Maupas

LaurentGbagbocomparaîtàLaHaye et accuse laFranceL’ex-président ivoirien, livré à la CPI, n’était pasapparu en public depuis son arrestation, en avril

70123Mercredi 7 décembre 2011

international & europe

Reportage

LeCaireCorrespondance

D ans les ruelles sinueuses deGamaleyya, quartier popu-leux du Vieux Caire, des

enfants sont à la fête. Leur établis-sement scolaire a été réquisition-né pour servir de bureau de vote.Peu de chance de croiser le direc-teur : l’école est aujourd’hui le ter-ritoire d’un grand barbu coiffé deblanc, dont le portrait géant trôneen toute illégalité au-dessus duportail, à quelques centimètres dubéret des militaires qui accueillentles électeurs.

Le cheikh salafiste MohammedAhmed Gaber est candidat dans laseptième circonscription du Cairepour le second tour de la première

phase des élections législatives quis’achève mardi 6 décembre. Sonconcurrent est un Frère musul-man : le docteur Khaled Moham-med Mahmoud. Tous deux sontdes personnalités locales bienconnues des riverains, qui se pas-sionnent pour cette bataille électo-rale islamo-islamiste.

Derrière les déclarations de res-pect mutuel, la détestation que sevouent les deux mouvements estbien connue des Egyptiens. Lessalafistes méprisent les Frèresmusulmans, qu’ils accusent de dif-fuser un islam édulcoré et sanssaveur. Les Frères tolèrent mal lasurenchère des salafistes, qui met-tent en cause leur religiosité etleur fidélité à la lettre de l’islam.

Après avoir dominé la premièremanche, ces frères ennemisétaient opposés au second tour

dans une vingtaine de duels.« Nous travaillons dans la fraterni-té et l’amitié, affirme Mohammed,un cadre salafiste très populairequi distribue des tracts à deux pasd’un bureau de vote. Depuis le pre-mier tour, on s’est coordonnés : les“salafs” ont renoncé à se battrepour certains sièges en échanged’autres. On est tous des islamistesau final, on coopère. »

Répartition des rôlesSi la compétition est féroce, il

semble en effet y avoir eu une taci-te répartition des rôles parmi lesmilitants : la zone située entre laplace Bab Al-Chariya et la mosquéeAl-Hossein est exclusivement qua-drillée par de jeunes salafistes.Ceux-ci déploient des effortsremarquables pour promouvoir lafigure de leur champion, le cheikh

Mohammed Ahmed Gaber. « Onne parle pas doctrine religieuse, onaxe tout sur la personnalité de noscandidats», explique Mohammed.

C’est plus sage, semble-t-il, auregard de la confusion qui règnedans l’esprit de beaucoup des habi-tants de ce quartier pauvre. Attabléautour d’un thé avec Mohammed,Ahmed, un ferrailleur aux mainsmutilées, s’enthousiasme : « Moi,j’ai voté pour le docteur Khaled[surnom du candidat des Frèresmusulmans]. Parce qu’avec sesconnexions, tout arrive, toutes leschoses se réalisent. Il y a desrumeurs qui disent que les Frèressont méchants, qu’ils veulent cou-per la main des voleurs et mettre leniqab aux femmes mais c’est pasvrai.»

« Non, ça c’est les salafistes, tuconfonds », corrige Mohammed,

qui reconnaît sans complexe queson parti milite pour l’instaura-tion des peines islamiques.

Face aux réseaux des Frèresmusulmans, les salafistes dispo-sent de leurs propres structures,mosquées et moyens de finance-ment. Des cheikhs connus, reve-nus au pays après avoir fait fortu-ne dans le Golfe, distribuent desaumônes abondantes. Ils jouissentd’une forte légitimité religieuse etla clarté de leur positionnementpolitique est un véritable défi pourles Frères, dont le discours est cha-que jour de moins en moins lisible,notammentsurlaquestiondespei-nes islamiques.

La confrérie tente pour lemoment d’attirer les électeurs nonislamistes en affichant un visaged’ouverture. Mais il n’est pas sûrque ceux-ci répondent à l’appel.

Coincé à un petit pupitre d’éco-lier, le juge qui supervise le votedans l’école pour filles AmirAl-Gouyoush se morfond : « Pas unélecteur depuis une heure, 50 % desgensquiviennentsontdes analpha-bètes qui votent pour qui on leur adit. Ils sontincapablesde fairela dif-férence entre les bons candidats etles “sauvages”. Les plus de soixanteans, de toute façon, ils veulent tousaller au paradis, c’est leur objectif. »

Une femme entre enfin pourvoter. « Derrière le rideau ! », hurlele juge excédé. « Je sens mauvais ouquoi », grommelle la dame en sedirigeant vers l’isoloir. « De toutefaçon, une chose est sûre, assu-re-t-elleàla sortiede la salledeclas-se, pendant toutes ces années pour-ries, les seuls qui étaient derrière lespauvres, c’étaient les barbus. » p

Claire Talon

MoscouCorrespondante

P rès de 5 000 manifestants,des jeunes surtout, ont défilé,lundi soir 5 décembre, dans

les rues de Moscou, pour protestercontre les fraudes électorales auxlégislatives et réclamer le départ deVladimir Poutine du pouvoir. L’ap-pel à manifester avait couru sur lesréseaux sociaux toute la journée.Pour une fois, la manifestationétait autorisée.

Selon des résultats quasi défini-tifs,Russieunie, le partidupremierministre Poutine, a recueilli lors duscrutin, dimanche 4 décembre,49,5% des suffrages – contre 64% ily aquatre ans–, soit238 des 450 siè-ges quecomptela Douma, la cham-bre basse du Parlement. C’est leplus mauvais résultat électoral deM. Poutine depuis son arrivée aupouvoir en 2000, Russie unieayant perdu 13millions de voix parrapport aux législatives de 2007.

Les observateurs russes n’ontcessé de dénoncer des falsifica-tions à tout-va, films et documentsà l’appui. « Il s’agit des élections lesplus sales que j’ai jamais vues », aconstaté Lilia Chibanova, directricede l’ONG Golos. Même son de clo-che des observateurs européens,affligés par « les bourrages d’ur-nes» et « l’ingérence de l’Etat à tou-tes les étapes du processus électo-ral ». Le Kremlin nie. Le présidentDmitri Medvedev, estimant que lescrutin avait été « équitable etdémocratique », s’est réjoui de lanouvelle composition de la Dou-ma : « Ça sera un Parlementjoyeux.».

Le rassemblement de lundi soir,du jamais-vu à Moscou – la « villedesnantis»–enditlongsurladésil-lusionambiante.Auxcrisde«Révo-lution ! » et de « Poutine voleur ! »,lesmanifestantsontréussi àpercerlecordondesforcesdel’ordre.Déci-déeàmarchersurleKremlin, lafou-le en a été empêchée par les « cos-monautes » (les forces antiémeu-te). Près de 300 personnes ont étéinterpellées.

Parmi les jeunes qui défilaient,beaucoup ont donné leur voix auxcommunistes, aux sociaux-démo-crates et aux ultranationalistes,non par conviction mais pour pro-tester contre Russie unie. Voterpour les formations assurées defranchir le seuil de représentativité(7 % des suffrages), tel était leréflexe.

«Voleurs et escrocs»Selon le système proportionnel

en vigueur en Russie, les voix despartis qui ont recueilli moins de7 %, de même que les bulletins devotes non valables, sont répartisentre les formations gagnantes.C’était donc à qui ne donnerait passa voix à Russie Unie. Pourquoi ?« Parce que ce parti a un tchékiste[membredes services de sécurité]àsa tête. C’est pas suffisant ? », affir-me Varia, la trentaine. «Russie uniem’agace. Ça n’est pas un parti maisun rassemblement de “voleurs etd’escrocs” comme on dit aujour-d’hui. Voleur, passe encore, mais ilsont zéro idée sinon celle de se main-tenir au pouvoir », explique Marc,

25 ans. Sacha, 27 ans, renchérit :«J’aime mon pays, je veux que mesenfants grandissent ici et non enGrande-Bretagne. Mon mari estanglais,ilestchoquédecequisepas-se. Moi j’ai honte. Je ne veux pas quePoutine reste. Je veux que la Russiesoit libre, choisisse enfin la vérité.»

Les mensonges éhontés desautorités agacent. Les jeunes quivoyagent, lisent et surfent sur leNet, souffrent d’être pris pour desimbéciles. Un sentiment compré-hensible lorsqu’on observe lesrésultats du scrutin diffusés par lachaîne publique Rossia 24. PourRostov, une province du sud de laRussie, le panneau informatif don-ne le décompte des voix pour lessept partis en lice avec un total de…146,37 % ; 115 % pour Sverdlovsk,129% à Voronej,etc..

Or ces résultats sont officiels, ilsémanent de la Commission électo-ralecentrale(TsIK)dirigéeparVladi-mirTchourov,unprochedeM.Pou-tine. Drôle de façon de compter.«Des voix ont sans doute été rajou-tées à Russie unie mais on a oubliéde les enlever aux autres partis », a

expliquélundiDmitriMouratov, lerédacteuren chef deNovaïa Gazetasur la radio Echos de Moscou.

Les commentateurs assurentque Russie unie n’a pas pu avoirguère plus que 30 % des suffrages.C’est le cas, là où le scrutin n’a pasété «retouché»: en Carélie (32%), àArkhanguelsk (31,8 %), à Irkoutsk(34 %), à Iaroslavl (29 %), et aussidans le quartier Gagarinski de lacapitale, où vote le « père de lanation», (23,7% pour Russie unie ;26,35% pour le Parti communiste).« Comment, ayant recueilli moinsde 30%, Russie unie obtient 50%?»,titrait le quotidien Vedomosti mar-di matin.

Le Nord du Caucase a « sauvé lamise » : 99 % en Tchétchénie, 91 %en Ingouchie, 91 % au Daguestan.Dans les casernes, les prisons (91%en Mordovie, zone pénitentiaire del’Oural), et les hôpitaux psychiatri-ques, le parti de M.Poutine a fait untabac. « Hospices, lieux de déten-tion, asiles psychiatriques sont lea-ders dans le soutien à Russie unie»,confirme Vedomosti. p

Marie Jégo

Fukushima remet-il en questionl’utilisation de l’énergie nucléaire ?

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BruxellesCorrespondant

L e compteur de la crise belges’est arrêté sur 541 jours avecla nomination officielle du

socialiste wallon Elio Di Rupo auposte de premier ministre, lundi5décembre.Auparavant,lessixpar-tis (socialistes, chrétiens démocra-tes et libéraux, néerlandophonesetfrancophones)quicomposentsacoalition avaient démontré quetoute négociation reste périlleuseau royaume d’Albert II : il leur a fal-lu vingt heures pour se répartir13postes de ministres et 6 fauteuilsde secrétaires d’Etat. Avec un chefde gouvernement considéré com-me neutre (« asexué linguistique »dans le jargon belge), ce qui fut unautre sujet de discussion.

Le « gouvernement Papillon »,comme il a déjà été baptisé en réfé-renceaunœudrougequiestl’acces-soire fétiche du premier ministre,devait prêter serment mardi, puisobtenir la confiance des chambres.Il compte ensuite s’atteler rapide-ment à la concrétisation du vasteaccord qu’il a conclu et qu’il devratraduire en actes dans un délai dedeux ans et demi. M.DiRupo parti-cipera, le 8 décembre, à son pre-mier sommet européen.

Le plus étonnant est la grande…stabilité de ce gouvernement. Dixdes douze ministres de M. Di Rupoétaient déjà membres de l’équiped’Yves Leterme, démissionnaire.Les principaux portefeuilles chan-gent toutefois de détenteur. Lenuméro deux du gouvernement,le chrétien-démocrate flamandSteven Vanackere, abandonne lesaffaires étrangères pour devenirministre des finances. Le libéralfrancophone Didier Reynders,grand rival de M. Di Rupo – « Untype brillant, mais une personnali-té singulière», dit ce dernier de sonadversaire – suit le chemin inverse

après douze ans au poste. Il dirige-ra aussi les affaires européennes.

Les autres vice-premiers minis-tres sont le socialiste flamandJohan Vande Lanotte (économie),Joëlle Milquet (centriste, à l’inté-rieur), Vincent Van Quickenborne(libéral flamand, aux pensions) etLaurette Onkelinx (PS, aux affairessociales). Le parti de M. Di Rupo afait des concessions pour conser-ver ce poste-clé qui lui permettrade contrôler la sécurité sociale,l’une des derniers clés de voûte del’édifice belge.

L’opinion et les commenta-teurs hésitaient, mardi, entre sou-lagement et scepticisme. Certainséditorialistes écrivaient queM. Di Rupo sera peut-être « le der-nier premier ministre de la Belgi-que », d’autres voulaient croire enses chances de stabiliser le pays,dontl’instabilité a conduit àaggra-ver la situation financière.

Courant indépendantisteLes six formations seront sou-

dées par leurs craintes du pire, àsavoir d’une nouvelle progressiondu courant indépendantiste enFlandre au cas où ils échoueraient.Des sondages donnent désormaisl’Alliance néoflamande (NVA) deBart De Wever à 35 %, voire davan-tage en Flandre. Des électionsmunicipales, en 2012, permettrontsans doute à cette formation d’en-granger de nouveaux succès.

D’ici là, M. Di Rupo tentera deconcrétiser une importante réfor-me institutionnelle – avec le trans-fert de 17 milliards d’euros vers lesrégions –, un plan d’austérité bud-gétaire et des « réformes structu-relles ». Il devra aussi affronter lacolèredespuissantssyndicats, hos-tiles à la rigueur, et, enfin, s’impo-ser àune opinionflamande, scepti-que face à sa maîtrise insuffisantede la langue néerlandaise.p

Jean-Pierre Stroobants

Belgique:sortie decriseaprès 541jourssans gouvernementLa coalition de six partis reste sous la pressiondu mouvement indépendantiste flamand

Sur la chaîne Rossia 24, les résultats à Rostov sont de... 146,47 %. ROSSIA 24

EnRussie, de nombreuses voix s’élèventpourdénoncer lesfraudes électoralesPrès de 300 manifestants contre le déroulement des législatives ont été interpellés le 5 décembre à Moscou

Rivalitéfeutrée entre salafisteset Frèresmusulmans dans les ruelles du vieuxCaireLes deux mouvements islamistes étaient opposés dans une vingtaine de duels, lors du second tour de la première phase des législatives égyptiennes

8 0123Mercredi 7 décembre 2011

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EDF: «Déployerplus vite de nouvellesmesures»

planète

Photographie postée sur le site de Greenpeace France qui montre un militant entré dans la centrale

nucléaire de Nogent-sur-Seine (Aube) et brandissant une bannière « Coucou », le 5 décembre. GREENPEACE/AFP

Entretien

Après l’intrusion de Greenpeacedans deux centrales nucléairesfrançaises, Dominique Minière,directeur du parc nucléaire d’EDF,annonce des mesures complé-mentaires de sécuritéQue savez-vous précisément del’action de Greenpeace, lundi5décembre, sur plusieurs sitesnucléaires français?

A Nogent-sur-Seine (Aube), il ya eu neuf intrusions. Les neuf mili-tants ont été appréhendés, septdans les deux premières heures,les deux autres, deux heures plustard. A Chinon (Indre-et-Loire), auBlayais (Gironde) et à Chooz(Ardenne), Greenpeace n’a pas purentrer. A Cruas (Ardèche), deuxmilitants ont pu se dissimuler plu-sieurs heures dans la zone nonprotégée de l’installation, sur uneaire de stockage de gravats.Comment ces militants sont-ilsrentrés à Nogent-sur-Seine?

Ils s’y sont introduits en cou-pant la clôture extérieure, puis legrillage de la zone protégéeautour de nos réacteurs.

Vous les avez laissés couperdeux grillages successifs?

Quelques mètres les séparent,c’est très rapide. Ils sont bien équi-pés. De vrais professionnels.Comment ont-ils pu aller aussiloin?

On pourrait électrifier toute lazone, mais on n’a pas envie detuer des gens. Des systèmes dedétection par caméras à infrarou-ge connectés à une salle de com-mande suivent automatique-ment les intrus. Dès qu’il y a détec-tion, le Peloton spécialisé de pro-tection de la gendarmerie (PSPG)intervient. A partir du momentoù on voit que c’est des gens deGreenpeace, on les intercepte endouceur. Notre souci numéro un,c’est de ne blesser personne.Pourquoi avoir attendudes heures?

Il y a eu un peu de course-pour-suite, je ne vous le cache pas, cer-tains d’entre eux se sont enchaînésà des échelles à crinoline, quigagnent les toits. D’autres sontmontés sur le toit du bâtimentréacteur. Ils étaient en train de letaguer quand ils ont été interrom-

pus. Il est clair que s’ils avaient étédes terroristes, nos gendarmes, quiont 30kg de matériel sur le dos, lesauraient neutralisés autrement,avec des moyens assez dissuasifs.Vous avez passé, il y a trois ansun contrat avec la gendarmeriepour disposer d’un peloton spé-cialisé sur chaque site…

Ce ne sont pas les actions deGreenpeace qui nous inquiètent leplus, mais l’évolution de la menaceterroriste. On mène régulièrementdes exercices, on teste nos lignesde défense, pour voir quelles amé-liorations on peut apporter. C’estce qui nous a conduits à mettre enplace les PSPG et à prévoir desmodifications à nos installations.Quelles mesures allez-vousprendre à la suite de l’actionde Greenpeace?

Des mesures complémentairesde défense étaient déjà en coursde déploiement d’ici à 2015. On vavoir si elles sont suffisantes et s’ilfaut accélérer leur déploiement.Quel est leur coût?

Cela reste supportable, en des-sous du milliard d’euros. On vaaméliorer les moyens de détecter

encore plus en amont et encoreplus finement toutes les intru-sions possibles d’objets mena-çants. On en détecte déjà beau-coup.Greenpeace souligne que, dansl’audit de sûreté, la question durisque terroriste n’est pas abor-dée…

Des actes de terrorisme se tra-duiraient par des accidents gravesoù il y a perte d’eau et d’électricité.On a regardé dans l’Evaluationcomplémentaire de sûreté (ECS)les stress-tests demandés parl’Autorité de sûreté nucléaire(ASN) sur ce type d’accidents. Maisl’Etat nous a demandé de ne pasavoir de transparence sur le sujetterroriste lui-même, pour des rai-sons évidentes de confidentialité.Où en est-on sur la protectiondes piscines de combustible?

On a analysé ce sujet dans lecadre de l’ECS. On a proposé àl’ASN des actions de protection,soit d’études, soit de moyens. Ellerépondra par des prescriptions enjanvier2012. p

Propos recueillis parHervé Kempf

C ’estunepartiedecache-cachequi a provoqué dans l’urgen-ce une convocation du Secré-

tariatgénéraldeladéfense nationa-le (SGDN). Et qui va conduire d’ici àla fin de la semaine à une réunionau ministère de l’intérieur de l’en-semble des acteurs du nucléaire.L’intrusion, lundi 5décembre, dansdeux centrales nucléaires françai-ses – celles de Nogent-sur-Seine(Aube)et deCruas(Ardèche) –d’unedizaine demilitants de Greenpeace,a pointé les failles des dispositifs desécurité mis en place par EDF, l’ex-ploitant des sites.

L’ONGn’a paschoisiau hasardladate de son action, comme le rap-pelle Sophia Majnoni, chargée desquestions nucléaires : « Nous som-mes à un mois de la publication del’audit que va rendre l’Autorité desûreténucléaire(ASN)surlescentra-les françaises. Nous avons penséque c’était le bon moment pourmontrer aux Français qu’une partiedes risques ne sont pas analysésdans ce travail, notamment lesagressions terroristes, les actes demalveillance, les virus informati-ques et les chutes d’avion.»

Les événements surviennentaussi en plein débat politique surlaplacedunucléairedansl’offreéner-gétiquefrançaise.Le Partisocialiste(PS) souhaite la ramener, d’ici à2025, de 75 % à 50 % de la produc-tion d’électricité. Une propositionqui soulève un tollé à droite com-me chez les électriciens. Riend’étonnant donc que le PS se soitimmédiatement engouffré dans la

brèche ouverte par Greenpeace :« Nous avons réclamé à plusieursreprises un audit pluraliste etcontradictoire,demandantunerévi-sion des cahiers des charges destests de résistance, qui intégreraitles risques liés à des facteurshumains. La sûreté des installationset la sécurité de la population sontdes impératifs sur lesquels on nepeut pas transiger.»

Daniel Cohn-Bendit, coprési-dent des Verts au Parlement euro-péen, a également appelé à revisi-ter les stress-tests, mettant en gar-de contre la possibilité d’un risqueterroriste: « Si Greenpeace parvientà rentrer dans une centrale, imagi-nez ce qu’il pourrait se produireavec des terroristes…»

Même si Nicolas Sarkozy a jugé« assez irresponsable l’action deGreenpeace dans les centrales », legouvernement a admis par la voixde Claude Guéant, ministre de l’in-térieur, « des défaillances dans lasécurité », tandis qu’Eric Besson,ministre de l’industrie, réclameune enquête approfondie.

Il faut dire qu’in fine les équipesde Greenpeace ont déjoué la sécuri-té des centrales pendant quatorzeheures,tempsqu’ilafalluauxservi-ces de sécurité de la centrale deCruas pour trouver deux militantscachés dans un grand sac sur uneaire de stockage de gravats, dansunezonenonprotégéedel’installa-tion. Très en colère, Gérard Ancelin,maire(diversdroite)deNogent-sur-Seine, ne comprend toujours pascomment neuf membres de

Greenpeace ont pu s’introduire surle site : «La commission locale d’in-formation (CLI) dont je suis le prési-dent demandera des explica-tions! », fulminait-il quelques heu-res après l’intrusion de militants.

Il déplore « un décalage certainetregrettableentrelediscoursrassu-rant tenu au niveau national parEDF et la réalité des faits sur le ter-rain». Un discours lénifiant, selonlui, même si au niveau local, « ladirection du site s’est efforcée de fai-re preuve de transparence». L’élu adonc annoncé que l’assembléegénéraleordinairedelaCLI–instan-ce ayant un rôle d’interface entrel’exploitant de l’équipementnucléaire, les pouvoirs publics et lapopulation –, programmée le13 décembre, se transformerait enséance « extraordinaire». Ouverteau public, elle fera une large place àcette « actualité » qui a laissé lesNogentais pantois à leur réveil.

Pour ce maire et conseiller géné-ral, il y a « une faille évidente dans lesystème». Greenpeace est parvenu« à démontrer la vulnérabilité descentrales nucléaires », estime-t-il.

« Et la démonstration est réussie.Maintenant, il faut en tirer desconclusions et se donner les moyenspour qu’à l’avenir ce type d’intru-sion soit impossible », martèleGérardAncelin,enappelantlesdiri-geants d’EDF et les forces de sécuri-té à « rectifier le tir» au plus vite.

Composé de neuf personnes–qui seront jugées début 2012 –, le

commando de Greenpeace s’estintroduitsurlesitede la centraledeNogent-sur-Seine vers 6 heures dumatin en ouvrant des brèches dansles grillages d’enceinte. Il est alorsparvenu à franchir trois barrièresde sécurité successives avant d’at-teindre le bâtiment du réacteur dela tranche 1 de la centrale nogentai-

se, qui compte deux unités.EDF affirme que les systèmes

anti-intrusion ont immédiate-mentfonctionnéetquelavidéosur-veillance a permis de suivre la pro-gression de l’équipe au cœur desinstallations. Considérant qu’ils’agissait de pacifistes, sans armes,une intervention en douceurauraitétéprivilégiéeparlesrespon-sables de la sécurité. Tout en sollici-tant l’intervention du GIGN afin derenforcer le peloton spécialisé deprotection de la gendarmerie, fortde 38 militaires formés et équipéspour intervenir dans la centrale.

Dans un premier temps, septmembres de Greenpeace ont étéarrêtés dans le calme, puis deuxautresenfin de matinéealorsqu’ilspeignaient sur le toit.

«Quandjesuisarrivédevantl’en-trée, entre 9h30 et 10heures, j’ai vudeux hommes déambuler sur ledôme du réacteur. Le GIGN est arri-vé et un hélicoptère s’est positionnéà la verticale du réacteur », confieChristophe Levert, seul journalisteprésent sur la zone à cet instant.«Voyant quela route d’accèsdepuis

le centre de Nogent-sur-Seine étaitbarrée, je suis passé à travers lesboisdepuis le village voisin de Marnaysans me faire repérer », explique leresponsable de l’agence locale duquotidien L’Est-Eclair, lequel s’estfondu dans un petit groupe d’élusde la CLI venus s’informer. « Il yavait de la tension, poursuit-il, et laprincipale crainte des communi-cants d’EDF, alors, c’était lesmédias… Un gendarme m’a recon-nu et j’ai été escorté en dehors dupérimètre.»

L’affaire Greenpeace intervientaussi après la visite surprise, mer-credi 30 novembre, de deux parle-mentaires français UMP, le députéClaude Birraux et le sénateurBruno Sido, dans les centrales dePaluel (Seine-Maritime) et duBlayais (Gironde). Objectif ? Assis-ter à des exercices d’urgence aprèsune perte simulée des alimenta-tions électriques. Le compte rendudes deux hommes pointait nom-brede lacuneset de déconvenues. p

Marie-Béatrice Baudet,Hervé Kempf et Philippe Schilde

(à Nogent-sur-Seine)

La sécurité nucléaire en France

LeprésidentNicolasSarkozy

ajugé «assezirresponsablel’action

deGreenpeacedansles centrales »

Tests de résistance Au lende-main de l’accident de Fukushima,l’Union européenne demande queses 143 réacteurs soient soumis àdes tests de résistance. Le pre-mier ministre, François Fillon,ordonne un audit des 150 installa-tions nucléaires françaises sousl’égide de l’Autorité de sûreténucléaire (ASN).

Scénarios catastrophes Cesaudits prennent en compte larésistance des bâtiments face àdes «phénomènes naturels extrê-mes» (séismes, inondations, tem-pêtes). L’ASN envisage des casde figure allant d’une coupureaccidentelle de l’alimentation à laperte de refroidissement et la libé-

ration de produits radioactifs.L’ASN s’inquiète également durecours à la sous-traitance etd’un éventuel cumul de différen-tes catastrophes, comme ce fut lecas à Fukushima.

Terrorisme Les tests européensprennent en compte «les consé-quences de tout type d’accident,d’origine humaine ou naturelle»,mais pas les actes de malveillan-ce, tels qu’une attaque informati-que ou un attentat. «Dans desdélais aussi courts, il n’est pas pos-sible de mener des études sérieu-ses sur le risque terroriste» et la«transparence» est exclue sur cesujet, justifie le président del’ASN, André-Claude Lacoste.

Un grand classiquede l’action militante

L’opérationGreenpeaceravivele débat françaissurla sécurité nucléaireLe ministère de l’intérieur réunira d’ici à la fin de lasemaine l’ensemble des acteurs de la filière aprèsl’intrusion de 9militants de l’ONG dans deux centrales

Ce que les tests de résistance n’évaluent pas

L’intrusion sur les sites nucléai-res est devenue un classique desactions militantes menéesdepuis vingt-cinq ans par lesopposants à l’atome en France.En 1986, neuf militants des asso-ciations Robin des bois et RobinWood avaient ainsi escaladé unetour de refroidissement de lacentrale de Golfech (Tarn-et-Garonne) pour démontrer lesdéfaillances existant dans lasécurité.Ces dernières années, les mili-tants de Greenpeace ont menéplusieurs actions similaires, s’in-troduisant notamment dans lescentrales de Penly (Seine-Mariti-me), Belleville-sur-Loire (Cher)et Dampierre-en-Burly (Loiret),pour dénoncer le projet EPR deréacteur de troisième généra-tion en cours de construction àFlamanville (Manche).

10 0123Mercredi 7 décembre 2011

LeMonde

12/2011

PUBLICITÉ

Il gère les revenus de 12,5 millions de retraités

Il prélève 100 milliards d’euros de cotisationsobligatoires sur 17,8 millions de salariés...

P É T I T I O N À F R ANÇO I S F I L L ONP r em i e r m i n i s t r e

Monsieur le Premier ministre,

Les statuts initiaux prévoyaient que la CNAV devait être administrée par les affiliés eux-mêmes ouleurs représentants. Il n’en est rien : depuis 30 ans, il n’y a plus d’élections et la démocratie sociale estconfisquée par des administrateurs cooptés qui, pour certains, ne sont même pas affiliés à la CNAV. Jerefuse que perdure cette situation qui se traduit par un déficit qui se creuse, une gestion aléatoire denos caisses et des efforts toujours plus importants demandés exclusivement aux mêmes : les salariés etretraités du privé. Je veux que la CNAV soit contrôlée par des affiliés élus en toute transparence.

C’est pourquoi je vous demande d’inscrire prioritairement à l’ordre du jour de cette sessionparlementaire la proposition de loi déposée par le député Jean-Paul Garraud, « tendant à renforcer lecontrôle démocratique du système de retraites ».

Je retourne mon coupon

à Sauvegarde Retraites.

Je souhaite que la CNAV

soit contrôlée par des affiliés

élus en toute légitimité.

Signez la pétition en ligne : sauvegarde-retraites.org

Nom : — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — —

Prénom : — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — —

Adresse : — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — —

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Association Loi 1901Conformément à la loi Informatique et libertés N° 78-17 du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification aux données vous concernant.

Pour rétablir la démocratie sociale,

signez la pétition !

Pourtant, le conseild’administrationdu régime généralde retraite dessalariés (CNAV)est renouvelé,sans élection,sans vote devotre part.

Vous trouvezça normal ?

Le 3 décembre, manifestation d’immigrés à Athènes, en Grèce, pour le droit au respect. KOSTAS TSIRONIS/AP

L a persistance de la crise éco-nomique n’a pas freiné lesmigrations et le nombre total

de migrants dans le monde n’a pasdiminué ces dernières années.Dans son rapport de 2011 sur« L’état de la migration dans lemonde », rendu public mardi6 décembre, l’Organisation inter-nationale pour les migrations(OIM)estime à214millions lenom-bre de migrants internationaux.En comptant les migrations ditesinternes, le chiffre atteint près de1 milliard de personnes.

Cette « mobilité humaine sansprécédent parle passé » s’accompa-gne d’une vision faussée et d’unregain de préjugés négatifs qu’ilconvient de corriger, estime l’OIM.Pour le rédacteur en chef du rap-port, Gervais Appave, « les discoursdes médias et des politiques sur lamigration sont réducteurs et ren-voient à des interrogations négati-ves : “La migration est-elle bénéfi-que ? Les migrants sont-ils tropnombreux ?” » Préjugés, attitudesdiscriminatoires, manifestationsde xénophobie amplifient cetteperception anxiogène et l’imagenégative des migrants.

La percée électorale des mouve-ments d’extrême droite en Euro-pe, la montée en puissance de par-tis nationalistes et les manifesta-tions contre l’arrivée ou l’installa-tion de migrants ont marqué lesdernières années. Affrontementsen Grèce entre anti et pro-immi-gration en janvier, manifestationde milliers d’Israéliens en maipourexiger l’expulsion des«immi-grés d’Afrique noire », manifesta-tionanti-Coréens auJapon,ou anti-Japon en Chine, les exemples sontnombreux de tensions qui drama-tisent la question des migrations.

Pour Catherine de Wenden,directrice de recherches au Centred’études et de recherches interna-tionales, « on assiste à un durcisse-ment des politiques gouvernemen-tales, sous la pression des extrêmesdroites, qui crée une sorte de spiraleavec des manifestations de violen-ce et, surtout, de la peur et durejet».Le vieillissement de lapopu-lation est, selon elle, l’un des fac-teursexpliquant lamontée du sen-timent d’insécurité et la « craintede l’autre ». Il faut, dit Mme de Wen-den, « banaliser l’immigration ».

Le rapport 2011 de l’OIM décorti-que l’importance de l’opinionpublique et souligne sa tendance àsurestimer la taille de la popula-

tion migrante, « parfois jusqu’à300 % ». Alors que l’immigrationne représentait que 7 % de la popu-lation italienne en 2010, les enquê-tes ont montré que les Italiens éva-luaient ce pourcentage à 25 %. Scé-nario identique aux Etats-Unis, oùcertains sondages estimaient à39 % la part des migrants dans lapopulation alors qu’elle se situe enréalitéà14 %.Il faut avanttout «dif-fuser des informations exactes »,insiste l’OIM.

Apports économiquesL’image du migrant évolue aus-

si dans les pays de départ. Le rap-port étudie la perception de lamigration dans les pays d’origineet le résultat est pour le moinscontrasté. Le jugement sur ceuxqui partent dépend de la durée dela migration, de ses causes et dulien que le migrant maintient avecses proches.

Dansdesétudes menéesau Gua-temala, au Mexique ou au Ghana,la perception négative est plutôtmajoritaire. Au Sénégal, le scéna-rio est différent, l’émigrant étantplutôt considéré comme un sym-bole de réussite. « En Australie,l’opinion estime très majoritaire-ment que les expatriés sont des

“personnes audacieuses” », consta-te M. Appave.

De fait, la crise n’a pas entaméles apports économiques par lestransferts de fonds. En 2010, selonle « Recueil de statistiques 2011 »de la Banque mondiale, la totalitédes envois de fonds des migrants aatteint 328,4 milliards d’euros,dont 242,5 en direction des pays envoie de développement. Soit uneaugmentation de 6 % par rapport à2009. Ce chiffre devrait encorecroître d’environ 7 % à 8% dans lestrois prochaines années.

« Economiques, mais aussi cli-matiques avec 42 millions de per-sonnes déplacées en 2010 en raisonde catastrophes naturelles [plus25 millions par rapport à 2009], lesmigrationsne vontpascesser, résu-me Gervais Appave. Il est doncurgent de dépolitiser le débat etdonner la parole aux migrants. »

La récente déclaration de Nico-las Sarkozy sur son hostilité audroitdevotedesimmigrésauxélec-tions locales illustre cette difficultéà changer l’image des migrants.Pour M. Appave, « il ne serait pasillogique de faire du droit d’expres-sion politique des immigrés uneconséquence de ce rapport». p

Rémi Barroux

planète

Près d’un milliard de migrants dans le monde

Lasécuritédescentralesnucléai-res française est assurée par lePeloton spécialisé de protec-

tion de la gendarmerie nationale(PSPG). Créé en 2007, il comprend18 unités qui ont été progressive-ment déployées au sein des centra-les nucléaires. Ces brigades sontcomposées de 38membres forméspar des unités d’élite, comme leGrouped’interventiondelagendar-merie nationale (GIGN). Deux nou-velles unités doivent être installéesen 2012, portant l’effectif total à740hommes.

Jusqu’en 2007, la protection descentrales nucléaires était assuréeparlePelotondesurveillanceetd’in-tervention de la gendarmerie, desbrigadespluslégèresd’unequinzai-ned’hommes.Lesattentatsterroris-tes du 11 septembre 2001 à NewYork ontconduit les autorités à ren-forcer le dispositif de surveillanceetdeprotectiondessitesnucléaires.

Enmars2007,justeaprèsunpre-mier coup de force de Greenpeacequi s’était introduit dans la centraledeBelleville-sur-Loire(Cher),legou-vernementamis enplace deuxpre-mières unités du PSPG à Flamanvil-le (Manche) et Cattenom (Moselle).Après deux années d’expérimenta-tion, une convention, signée entrel’exploitant, EDF et la gendarmerienationale en février2009, a généra-lisé la procédure aux autres sitesnucléaires. Particularité du disposi-tif: hormis le matériel, c’est EDF quiassure le financement de ces unitésde protection.

En poste vingt-quatre heures survingt-quatre, le PSPG a notammentpour mission de lutter contre « lesintrusions et les actes de malveillan-ce». Il constitue le premier niveaude protection et peut être appuyépar le groupement de gendarmeriedu département et, en dernier res-sort, par le GIGN. Les hommes sontautorisésà tirerà vue encas d’alerteterroriste.

S’agissant de l’opération menéepar Greenpeace, lundi 5décembre,sur le site de Nogent-sur-Seine, lesresponsables du PSPG assurentqu’ils ont immédiatement identi-fié les militants de l’ONG et décidé«d’intervenir et de les interpeller endouceur». «Notre impératif était dene pas faire courir de danger auxmilitants», explique Pierre-HenryBrandet, porte-parole du ministèrede l’intérieur.

L’Autorité de sûreté nucléaire(ASN)affirmenepasêtreconcernéepar cette affaire, ayant la charge dela « sûreté » des installationsnucléaires,maispasdeleur«sécuri-té ». Selon les textes réglementai-res, lechampdelasûretés’étend« àla conception, à la construction, au

fonctionnement, à l’arrêt et audémantèlement des installationsnucléaires de base », ainsi qu’autransport de matières radioactives,mais ne couvre pas les agressionshumaines.

« Nous sommes consultés pourdes études sur la résistance de tel outel équipement à un acte de mal-veillance, mais la surveillance, lecontrôle des accès ou l’intrusion surun site nucléaire ne relèvent pas denotre domaine de compétence »,précise l’ASN. Le gendarme dunucléaire a pourtant dans ses attri-butions la « radioprotection »,c’est-à-direlaprotectiondelapopu-lation contre les effets d’un inci-dent ou d’un accident nucléaire,quelle qu’en soit l’origine. p

Sophie Landrin etPierre Le Hir

La sécurité nucléaire en France

Durban (Afrique du Sud)Envoyée spéciale

L es négociateurs européensredoutaient l’intransigeanceindienne. Ils avaient raison.

Alors que, bon gré mal gré, lesautres pays émergents ont accep-té de rentrer dans la discussion surla feuille de route que souhaitearracher l’Union européenne (UE)en échange de son engagementdans une seconde période du pro-tocole de Kyoto (qui expire fin2012), l’Inde répète qu’il n’est pasl’heure pour elle de discuter d’unnouveau traité et demande à s’entenir à la mise en œuvre des déci-sions actées à Cancun (Mexique),il y a un an.

La ministre indienne de l’envi-ronnement, Jayanti Natarajan,s’est livrée, lundi 5décembre, à uneexplication de fond. Pas devant lesmicros et les caméras de la presseinternationale, comme la Chine etle Brésil qui, quelques heures plustôt, avaient envoyé des signes debonne volonté, mais dans le cadreplus restreint d’un séminaireconsacré à « l’équité dans la luttecontre le changement climatique».

Un débat aussi vieux que lesnégociations climatiques, maisque l’Inde redoute de voir éludépar la volonté des pays industrielsde mettre à contribution tous lesgrands pays pollueurs, dont ellefait partie. Elle arrive au troisièmerang mondial après la Chine et lesEtats-Unis. Mais, rapporté à lataille de sa population, l’Inde émetmoins de 2 tonnes de CO2 par habi-tant quand la Chineavoisine 6 ton-nes et les Etats-Unis, 20.

« La notion d’équité devrait êtreaucœurdelanégociation »,aplaidéMme Natarajan, en évoquant la res-ponsabilité historique des paysindustrialisés : « Les engagementsvolontaires que nous avons prisreprésentent un énorme effort alorsque notre pays fait face à desbesoinssociaux considérables. Nousn’en sommes pas récompensés.»

L’Inde demande que son droitau développement et à la croissan-cenesoitpascontesté.«Entendons-nous bien : l’Inde ne demande pasun droit à polluer. Elle est tout à faitconsciente qu’il faut parvenir à uneréduction globale des émissions deCO2. Mais les pays industrialisés doi-ventadmettreque,pour croître, l’In-

de va continuer à émettre davanta-ge de CO2, a défendu Sunita Narain,directrice du Center for Scienceand Environment (CSR) de Delhi.Les pays industrialisés veulent faireporterlefardeaudel’ajustementcli-matique sur les pays en développe-ment. C’est inacceptable. Il ne serapas possible de parvenir à unaccord si la base de discussions selimiteàlarépartitiondubudgetcar-bone qu’il nous reste [pour ne pasdépasser un réchauffement de2˚C]. Les émissions du passé doiventêtre prises en compte.»

«Sens de l’équité»Quel écho ce discours trou-

ve-t-ilparmiles paysen développe-ment? Tous sont attachés à ce quesoit clairement réaffirmé le princi-pe de « responsabilité commune etdifférenciée » qui, dans les accordsonusiens, exprime le traitementsingulier qui doit être réservé auxpays en développement. « Pour-quoi mettrait-on le fusil sur la tem-pedesémergents alorsque les Etats-Unis ne font rien ? Les émergents neportent pas la responsabilité histo-rique du réchauffement », observeTosi Mpanu Mpanu, le négocia-

teur du groupe Afrique.Pourtant, sans toujours encore

oser le dire ouvertement, certainspays pauvres commencent à poserle débat climatique en faisant unedistinction entre les grands paysémetteurs et les autres. Le Bangla-desh a par exemple souhaité, lun-di,que «tous lesgros pollueurs s’en-gagent à réduire leurs émissions ».

La Chine avance avec précau-tion sur ce terrain. Si elle continuede revendiquer son statut de paysen développement – Xie Zenhua, lechef de sa délégation, a rappelé que128millions de Chinois vivent avecmoins de 1 dollar par jour –, elle estaussi consciente que ce discoursest de moins en moins audible.

Les pays industrialisés comp-tent bien évidemment jouer surces divisions naissantes. « Nouscontinuerons de travailler dans lesens de l’équité, a affirmé JayantiNatarajan. Jusqu’à assumer unéchec à Durban ? La ministreindienne de l’environnement apréféré indiquer qu’elle avait eu« des entretiens constructifs avecles autres pays » et qu’elle restaitconfiante». p

Laurence Caramel

Ala conférencede Durban, l’Inde exige unpartageéquitablede la «facture climatique»Le sous-continent émet moins de 2tonnes de CO2par habitant, loin derrière les Etats-Unis et la Chine

214millions de migrants interna-tionaux, dont 70millions ontmigré du Sud vers le Nord et 70mil-lions du Sud vers le Sud. 59mil-lions, nés dans un pays du Nord,vivent dans un autre pays du Nordet 15millions ont migré du Nordvers le Sud. Sans oublier 750mil-lions de migrants «internes».

16,3millions de réfugiés et dedemandeurs d’asile.

42millions de déplacés à causede catastrophes naturelles.

Principaux pays d’accueil Etats-Unis, Russie, Allemagne, Arabiesaoudite et Canada.

Envois de fonds Les migrants ren-voient l’équivalent de 328,4mil-liards d’euros, dont 242,5milliardsprincipalement en Inde, en Chine,au Mexique et aux Philippines.

Lacrise ne freinepas lesflux migratoiresmaisaccroît lesmanifestations de rejetUn rapport souligne que l’ampleur des déplacements est surestimée par les opinions publiques

L’Autoritéde sûreténucléaire ditn’êtrechargéequede la

«sûreté» des centrales,pasde leur «sécurité»

Environnement La déforestation de l’Amazoniebrésilienne a été divisée par quatre en sept ansLa déforestation de l’Amazonie brésilienne est tombée à son niveau leplus bas depuis 1988, selon une étude de l’Institut national de recher-ches spatiales publiée lundi 5décembre. Les auteurs attribuent cetteévolution au renforcement des mesures contre l’abattage clandestin. Lasurface déboisée de juillet 2010 à juillet 2011 couvre 6 238 km2, soit unebaisse de 11 % en un an, contre 27700 km2 en 2004. – (Reuters.)

Haïti Pour le président Martelly, l’aide reçueaprès le séisme n’a pas été investie «correctement»Le président haïtien, Michel Martelly, a critiqué, dimanche 4 décembre,l’utilisation de l’aide dont a bénéficié son pays après le tremblement deterre de janvier 2010. « L’argent n’a pas été investi correctement : au lieude donner à boire et à manger aux gens, nous aurions pu entamer lareconstruction et créer de l’emploi », a-t-il déclaré. – (AFP.)

740 gendarmesassurent lasécuritédessites nucléairesUn peloton d’élite spécialisé a été créé en 2007pour faire face à la menace d’attentat terroriste

12 0123Mercredi 7 décembre 2011

france

Reportage

C’est une cité sans renommée,dans une petite ville de la banlieueparisienne. Des immeubles pro-prets, de quatre ou cinq étages,pas plus. Il y a un arrêt de bus oùles bus s’arrêtent encore. Il y a quel-ques commerces de proximité, uncentre social et un poste de la poli-ce municipale. Le centre-ville est à300m à peine, mais c’est déjà unautre monde. «Ici, monsieur, nousvivons dans une bulle. Nous som-mes abandonnés à nous-mêmes.»

M.Jean, 75 ans, et Mme Françoise,64 ans, habitent à quelques numé-ros l’un de l’autre. Une fois obte-nue la promesse de ne pas êtrereconnus (« Ça peut être risquépour nous »), la parole se débondeen un flot ininterrompu, pendantplusieurs heures.

M. Jean, un ancien photogra-veur, est arrivé ici, avec sa femmeet son enfant, à la fin des années1960. La construction des immeu-bles n’était pas encore achevée.Les voisins étaient alors des fonc-tionnaires de La Poste ou d’autresadministrations, des militaires,des ouvriers de l’usine voisine.« Tout le monde travaillait. On seconnaissait. On laissait la porteouverte. » « On causait les unsavec les autres », poursuitMme Françoise, employée trente-huit ans dans un grand magasin

et qui a emménagé en 1986.Quand tout cela a-t-il commen-

cé à déraper ? «C’est difficile à dire.Quand on s’aperçoit des choses,c’est trop tard. » M.Jean situe toutde même le basculement dans lesannées 1980. La cité a commencé àaccueillir des familles délogéesdes squats de Paris qui entra-vaient les projets immobiliers deprestige dans la capitale. « Elles ontcommencé à s’installer à un boutde la rue et puis ont remonté à cha-que appartement libéré. On met-tait quatre personnes dans un loge-ment et on en voyait d’autres arri-ver avec des valises d’on ne sait où.Très vite, les gens se sont entassésdans des F3.»

Quand il s’agit de décrire lesnouveaux venus, le discours s’em-barrasse un peu, les mots devien-nent encombrants, le vocabulaireforcément connoté. Alors on cher-che, on change : les étrangers, lesimmigrés, les Noirs, les Africains,les Arabes, les Maghrébins. Lesanciens habitants, eux, sont partis,appartement après appartement.

Autres circonvolutions, contor-sions de langage pour décrire cettepopulation en fuite: les Français,les Gaulois, les Blancs. Mme Françoi-se et M. Jean sont restés.

L’ancien photograveur décrit lapaupérisation croissante du voisi-nage. « Plus personne ou presquene travaille, décrit cet homme

investi de fonctions associativesqui lui permettent de pousser lesportes fermées. Quand on entredans certains appartements, y com-pris ceux des Français qui restent,on voit des choses incroyables, desgens entassés, de la misère. »

Depuis les années 1990, lespetits trafics ont gangrené le voisi-nage, les cambriolages n’ont cesséde se multiplier. « Je vois des jeu-nes circuler à bord de voitures com-me jamais je ne pourrais en avoiralors qu’ils sont officiellement auRSA. Ici, c’est tout petit. On connaîtla situation de chacun.»Mme Françoise dit retrouver régu-lièrement de la drogue cachée der-rière les compteurs. Elle ne des-cend plus seule dans sa cave.Même si sa cité a été épargnée parles émeutes de 2005, elle voit régu-lièrement de ses fenêtres des voi-tures brûler sur le parking, notam-ment au Jour de l’an.

« Grande gueule », comme ellese décrit elle-même, Mme Françoisen’a jamais hésité à expulser lesjeunes qui investissaient le hall.Cela lui vaut des déboires. Il y a unmois, sa guimbarde, vieille de20ans, a été vandalisée. En mai,elle a été agressée en bas de chezelle, s’est retrouvée avec despoints de suture à la tête. «Réguliè-rement, je me fais insulter. »

« Les gamins jouent en touteimpunité à des choses qu’ils voient

à la télévision ou entendent avec lerap, explique M. Jean. Ils refontl’histoire. Pour eux, on reste lescolons. Chez les parents, c’est la loidu silence. Ils n’osent rien dire. Ilsont peur de leurs enfants ou peurde la police parce qu’ils sont ensituation irrégulière. »

Il y a peu, les deux témoinsvoient également la religionmusulmane prendre la rue.« Depuis un an ou deux, les fem-mes sortent maintenant avec levoile. La fille de ma voisine s’est

mise à le porter, il y a six mois. Çam’a fait un choc. Les hommes selaissent pousser la barbe et s’ha-billent à la pakistanaise. » Une sal-le de prière devrait bientôt ouvrirdans la cité.

Alors, Mme Françoise et M. Jeanont commencé à se sentir en déca-lage, pour ne pas dire esseulés.« Nous nous retrouvons enfermésdans un ghetto», résume M. Jean.

Ils se sentent intrus dans « leur »cité. « On me conseille de partir, onme dit que je n’ai pas à occuperseule un appartement de 60 m2,dit Mme Françoise, qui a perdu sonmari. Je ne demande pas mieuxque de me barrer mais je n’en aipas les moyens. »

La veuve dont la retraite est de1 250 euros, paye 506,95 euros deloyer pour son F4. « Je ne pourraisjamais trouver ça ailleurs avecmes revenus. » M. Jean touche2100euros de retraite avec sa fem-me, et paye un loyer de 652 eurospour un appartement de 82 m2.«Si je pouvais partir, pensez bienque je le ferais. Mais j’ai passé l’âged’acheter.» Alors M. Jean a fait unedemande de logement social dansle Var qu’il renouvelle chaqueannée, sans grand espoir.

«Tout le monde se fout de notresort», estime M. Jean. C’est sansdoute le plus cruel. « La policenous dit qu’elle n’ose pas intervenircar elle craint de mettre le feu auxpoudres. » Le bailleur social, lui, ases bureaux dans les beaux quar-tiers de Paris. « Quand vous vousretrouvez autour d’une table avecces gens-là, vous sentez que vousn’êtes rien.» Un constat amer quene confirment pas exactement lesimportants travaux de rénovationentrepris par le bailleur et la muni-cipalité ces dernières années.

Quant aux hommes politi-

ques… Mme Françoise explose d’unrire sardonique. « Ils nous ontoubliés. La cité ne vote pas. La par-ticipation atteint à peine 30 %.Alors nous n’intéressons person-ne.» Les deux voisins avaient choi-si Nicolas Sarkozy en 2007. « J’y aivraiment cru », assure M. Jean. Iléprouve aujourd’hui plus que dela déception, de la révulsion pour« cet homme qui nous a trompés,qui a dit qu’il s’occuperait de nouset qui ne s’est occupé que de sesamis les riches ».

Aujourd’hui, affirmeMme Françoise, « ce qui se passe à latélé, ce qu’il dit à l’Elysée, on s’enbalance, ça ne nous concerneplus». Ils iront quand même voterpuisqu’ils l’ont toujours fait.Mme Françoise a arrêté son choix :« Sarkozy ? Il n’y a pas de risqueque je me fasse avoir à nouveau. Agauche, il n’y a personne qui puis-se vraiment changer les choses.Alors, pour moi, je vous le dis toutnet, ce sera Marine Le Pen et tantpis si ça pète.»

M. Jean, ancien syndicalistechrétien, ne peut se résoudre à cechoix. « C’est contraire à mesconvictions. Je ne me suis pas enco-re fixé. Je regrette que le vote blancne soit pas comptabilisé.» Il soupi-re. « Pourquoi ces gens-là ne sen-tent-ils pas que nous n’en pou-vons plus ? » p

Benoît Hopquin

aaaSuite de la première page

Ce sentiment de « faire marchearrière», combien sont-ils au justeà le partager ? « Jusqu’au milieu desannées 2000, on pouvait dire quec’était l’apanage des milieux popu-laires», répond M. Mergier. Grossomodo la France du «non », celle quiavait voté non aux référendumseuropéens de 1992 et 2005, parcequ’elle se sentait perdante dans lamondialisation. « Aujourd’hui, unepartie des classes moyennes est tou-chée », ajoute-t-il, tout en conve-nant qu’une définition socio-éco-nomique est insuffisante.

Plus encore que le niveau derevenu en tant que tel, c’est l’imagequesefontlesindividusdeleurpla-ce dans la société qui importe. « Lapuissance des marchés a engendréun malaise existentiel et diffus.Même certains cadres sont touchés:ils ont le sentiment de subir aujour-d’hui une perte de leur valeur per-sonnelle,carl’obligation derentabi-lité à court terme remet en causeleur travail», explique M.Mergier.

Pourcerner les contours decettesociété hantée par la perte d’identi-té et la crainte du déclassement,ChristopheGuilluydessinedescar-tes.Coauteur d’un Atlas desnouvel-les fractures sociales (Autrement,2004), ce géographe distinguedeux France. La première est celledes«25grandesmétropolesquipro-fitent de la dynamique de la mon-dialisation».Ellesvivent undoublephénomène d’embourgeoisementet d’immigration. La seconde Fran-ceinclut l’essentiel du monde ruralet périurbain, mais aussi de trèsnombreuses villes moyennes, tou-chées par la désindustrialisation etles plans sociaux à répétition.

Selon M. Guilly, cette « Francepériphérique », caractérisée par« une part plus importante desouvriers et des employés dans lapopulation, un taux de chômage etd’emploi partiel supérieur à lamoyenne nationale et un revenumoyen inférieur au revenumédian », concentrerait environ65% de la population. Elle accueilledes natifs, mais aussi des migrantsqui n’ont pu trouver leur placedans les grandes métropoles.

L’Ouest, par exemple, a connurécemment d’importants mouve-ments de population, mais « c’estune géographie qui va se figer, carles logiques foncières sont très for-

tes : une fois que vous avez quitté laville, vous n’y revenez plus », expli-que le géographe. C’est la raisonpour laquelle il ne croit plus à lanotion de classes moyennes. « Onassiste à la réémergence des classespopulaires, à qui on répète depuisvingt-cinq ans qu’elles vont profiterde la mondialisation et qui, en réali-té, sont en situation de précaritésociale, éloignées des endroitsimportants et de l’offre scolaire laplus qualifiée. Si l’usine du coin fer-me, elles dégringolent. La crise vali-de leur crainte de la mondialisa-tion », ajoute Christophe Guillyqui, comme Alain Mergier, fait par-tie des auteurs du récent Plaidoyerpour une gauche populaire (sous ladirection de Laurent Baumel etFrançois Kalfon, Le Bord de l’eau,118p., 10¤).

Que fera, en 2012, cette « Francequi se sent reléguée, à tous les sensdu terme » ? Pour qui voteront cesquelque 40 % d’électeurs qui affir-

ment aujourd’hui ne se reconnaî-trenidans lagauche nidans la droi-te? Le vivier est stratégique: si ellesne sont pas reconquises, ces quel-que 16 millions de voix peuvent seréfugier dans l’abstention ou levote Front national. Anne Muxel,

chercheuse au Centre de recher-chespolitiquesdeSciencesPo(Cevi-pof), rappelle que les cinq derniè-res élections – législatives de 2007,municipales de 2008, européen-nes de 2009, régionales de 2010 et

cantonales de 2011 – ont enregistrédes records d’abstention. Bouderles urnes devient de plus en plusune façon de sanctionner l’offrepolitique.

Cependant, depuis le choc du21 avril 2002, plus personne nesous-estime le pouvoir d’attrac-tionduFrontnationaldansl’électo-rat populaire. Son haut niveau auxcantonales de mars – y comprisdanscertainssecteursdecetteFran-ce de l’Ouest où le FN était jusque-là inexistant – est souligné par tousles observateurs. «Politiquement, ils’est produit quelque chose dans cetélectorat,unpointderupture», sou-lignent Alain Mergier et JérômeFourquet qui, par des chemins dif-férents, en sont arrivés à la mêmeconclusion : pour une partie del’électorat populaire, le vote FNn’est plus un vote de sanction oud’avertissementmais un vote d’ad-hésion (Le Point de rupture, Fonda-tion Jean-Jaurès, 86 p., 6euros)

C’est que la crise de la dette a uneffetravageur : ellesape la légitimi-té des gouvernants qui semblentcourir derrière les marchés. Ellen’est pas appréhendée par le biaisdes discours politiques mais à tra-vers l’expérience personnelle dusurendettement. « L’idée prévautque c’est une dette pharaonique,quine peuttrouverdesolution dansle cadre économique actuel. Pourrompre le nœud, il faut trancher.Pourbeaucoup,celapasseparlasor-tie de l’euro », observe M. Mergier.Chez les ouvriers et les employés,plus de la moitié des électeurs sou-haite la disparition de la monnaieunique, alors que ce sentimentn’est partagé que par un tiers del’ensemble de l’électorat.

Des entretiens réalisés parAlain Mergier, mais aussi de larécente enquête publiée par Fran-çois Miquet-Marty, un mot surna-ge:l’insécurité.Physique,économi-que,identitaire, liéeauvécuet,tout

aussi important, à la convictionqu’il s’est produit une rupturedanslesrègles dujeu. «Quandvousn’avez pas de réseaux, la notion derègle du jeu est vitale, expliqueM. Mergier. Elle renvoie à la ques-tion des habitudes qui, lorsqu’ellessont brisées, induisent la menace del’imprévisible.»

C’est parce qu’ils ont l’impres-sion que les règles du jeu sont faus-séesque«lesmilieuxpopulaires dé-testent les profiteurs du bas, ceuxqui trichent avec les prestationssociales et qui travaillent au noir »,explique le chercheur. Et c’est par-ce qu’ils ont l’impression de subirun processus de destruction desrègles de vie commune que «le ter-me le plus porteur dans leur dis-cours est celui d’islamisation, quirenvoie à la peur d’une hégémo-nie », assure M. Mergier. « Lesmilieux populaires sont ceux quiontété les plus exposés à la mondia-lisation et au multiculturalisme. Oron ne les a pas armés pour», confir-me M.Guilluy.

Pour les candidats qui veulentreconquérir l’électorat populaire,la conjugaison de la question iden-titaire et de la question sociale estredoutable, car celle qui fait le lienentre les deux problématiques estprécisément Marine Le Pen. « Ellecolle à la demande. Elle a calé sonprogramme sur la nouvelle sociolo-gieduFN.Elleestpassée dulibéralis-me à l’étatisme», constate M. Guil-luy. Dans la revue Etudes, Domini-que Reynié, directeur général de laFondationpourl’innovationpoliti-que (proche de l’UMP) et auteur dulivre Populismes, la pente fatale(Plon,280p.,19,50¤),qualifiele dis-cours de la présidente du FNd’«ethno-socialiste».

« La question de l’extrême droiten’est pas seulement une questionpolitiqueposée à la droite, c’est aus-si une question sociale posée à lagauche », confirme Pascal Perri-neau, directeur du Cevipof, quiinsiste sur le parallélisme avecl’évolution des extrêmes droiteseuropéennes. « Le protectionnis-me culturel s’est prolongé d’un ral-liement au protectionnisme écono-mique et d’une remise en cause ducredo néolibéral du début », dit-il.Pour M. Miquet-Marty, « le granddanger de la période a un nom : lepopulisme ». p

Françoise Fressoz etThomas Wieder

M.Jean, dansune citéde larégionparisienne: «Tout lemonde se foutde notresort»

Depuisle chocdu21avril 2002,pluspersonne

nesous-estimelepouvoird’attraction

duFNdans l’électoratpopulaire

La«France d’à côté» ne se sent plusreprésentéeOuvriers et employés, mais aussi cadres, subissent la crise, le déclassement et une perte d’identité collective

Quandil s’agitdedécrireles nouveaux

venus, le discourss’embarrasseunpeu,lesmots deviennent

encombrants,levocabulaire connoté

Dans le quartier de la Victoire à Compiègne, cité où de nombreuses voitures avaient été incendiées en 2009. JEAN-MANUEL SIMOES/FEDEPHOTO POUR « LE MONDE »

130123Mercredi 7 décembre 2011

politique

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Le CCFD-Terre Solidaire « a publiéun “livre objet” relatant de manièreoriginale et vivante la richessedes interrogations commedes initiatives entourant l’idéede développement. »« Coup de cœur » MARIANNE

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A l’issue de l’examen du pro-jet de loi de finances rectifi-cative qui doit être adopté

mardi 6 décembre à l’Assembléenationale, le déficitbudgétaire pré-visionnel de l’Etat pour 2011devrait s’élever à 95,3 milliardsd’euros.Cequatrièmecollectifbud-gétaire de l’année prévoit 5,3 mil-liards d’euros de hausses d’impôts.

Le barème de l’impôt sur le reve-nu pour 2012 et 2013 sera gelé auniveau de 2011 et non plus indexésur l’inflation. Cela devrait entraî-ner un surplus de 1,6milliard d’eu-ros en 2012 et de 3,2 milliards en2013. Les seuils de l’impôt sur la for-tuneet les droits de succession, euxaussi gelés, devraient rapporterchacun environ 40 millions d’eu-ros supplémentaires. Le rappor-teur général de la commission desfinances, Gilles Carrez (UMP), adéfendu un amendement visant àlimiterces gelsenpréservantlesys-tème de décote qui protège les fai-bles revenus. Le gouvernement l’arefusé.«Celacoûte60millionsd’eu-ros, on ne peut pas se le permettre»,a jugé la ministre du budget,Valérie Pécresse.

Le passage du taux réduit deTVA de 5,5 % à 7 % a donné lieu à delongs débats, visant à excluredavantagedesecteurs decette aug-mentation. Toutes les tentativesse sont heurtées à une fin de non-recevoir de la part du gouverne-ment, à l’exception des cantinesscolaires, qui continueront donc àbénéficier du taux à 5,5 %. L’Assem-blée a cependant supprimé la taxede 2 % sur les nuitées d’hôtel deluxe qu’elle avait votée en septem-bre, au motif que le relèvement dela TVA concernera aussi l’hôtelle-rie. Au total, le gouvernement enattend1,8milliard d’euros de recet-tes supplémentaires en 2012.

Les députés ont légèrementmodifié le dispositif d’exonéra-

tionsur lesplus-values immobiliè-res voté en septembre en accor-dant un traitement spécifique auxpersonnes partant en maison deretraite : leur domicile resteraconsidéré comme une habitationprincipale pendant deux ans.

L’Assemblée a adopté un amen-dement de l’UMP portant le prélè-vement forfaitaire libératoire surlesdividendesde19 %à21%, aulieude 24 % comme le prévoyait le gou-vernement dans son plan derigueur annoncé le 7 novembreparFrançoisFillon.Lerapporteurgéné-ral a fait valoir qu’il y avait un ris-quedepertes de recettes pour2012.

Retraites chapeauxLa fiscalité des retraites cha-

peaux a été modifiée. Les bénéfi-ciaires de petites retraites cha-peaux, jusqu’à 1 000 euros men-suels, seront exonérés d’impôt surle revenu. En revanche, une nou-velle tranche à21 % a été créée pourles rentes mensuelles dépassant24 000 euros.

Les députés ont limité à15 000euros par ménage l’avanta-ge fiscal lié aux dons et cotisationsaux partis politiques, sans remet-tre en cause la possibilité de don-ner à autant de partis qu’un parti-culier le souhaite, dans la limite de7 500euros par parti. L’Assembléea également voté, contre l’avis dugouvernement, un durcissementde l’« exit tax », destinée à limiterl’évasion fiscale et votée en juinafin d’imposer toute personnedétenantau moins1,3 milliond’eu-ros de participations dans dessociétés soumises à l’impôt.

Les entreprises réalisant un chif-fre d’affaires supérieur à 250 mil-lions d’euros paieront une majora-tion«exceptionnelle»de5%del’im-pôt sur les sociétés. Gain estimé :1,1milliard d’euros sur deux ans.p

Patrick Roger

L a fin d’un long imbroglio ?L’Assemblée nationaledevait procéder, mardi

6 décembre, à l’élection de deuxnouveaux représentants françaisau Parlement européen. Si tout sepasse comme prévu, Jean Roatta,député (UMP) des Bouches-du-Rhône, et Yves Cochet (Verts, Paris)devraient abandonner leur siègeau Palais Bourbon pour devenirdéputés européens. Si tout se pas-se toutefois comme prévu.

Cette désignation a été sourced’improbables rebondissements.Depuis le 1er décembre 2009, eneffet, la France a droit, en applica-tion du traité de Lisbonne concluen2007, à deuxreprésentants sup-plémentaires : 74 au lieu de 72.Mais lorsque les dernières élec-tions européennes ont eu lieu, enjuin 2009, le traité de Lisbonnen’avait pas encore été ratifié partous les Etats membres. Seuls72sièges ont donc été pourvus.

La France n’est pas la seule dansce cas. Au total, douze paysgagnent des députés. Tous ont déjàpourvu leurs sièges supplémentai-res sans difficulté. Tous, hormis laFrance, qui n’avait pas anticipé. Le30 novembre 2009, à la veille del’entrée en vigueur du traité de Lis-bonne, le premier ministre, Fran-

çois Fillon, demande au présidentde l’Assemblée nationale, BernardAccoyer, de désigner deux députésqui siégeront « à titre d’observa-teurs» au Parlement européen. Et,pour éviter toute polémique, qu’ilen choisisse un dans la majorité etun dans l’opposition.

C’est raté. M.Accoyer préfère enpasser par un vote, à la proportion-nelle. Mais la gauche, qui dénoncel’«imprévoyance » de l’exécutif –eta quelque mal à s’accorder sur lebénéficiaire du siège, que revendi-quent les Verts–, refuse de partici-per au scrutin prévu le 13 janvier2010. Au dernier moment, l’élec-tion est reportée sine die.

Près de deux ans plus tard, celle-ci devrait quand même avoir lieu.Juste à temps pour que la Francenese couvre pasdu ridicule d’ache-ver la législature en laissant deuxsiègesvacants.Et àtempspourper-mettre à des députés menacés parle redécoupage des circonscrip-tions législatives de trouver unpoint de chute. L’UMP a désignéM. Roatta. Le PS a laissé le siègeeuropéen à M. Cochet, dans lecadredes bonnesmanièresconsen-ties à Europe Ecologie-Les Vertsavant les échéances électorales duprintemps 2012. p

P. Rr

LaFrancepourvoitenfinsesdeuxsiègesdedéputéseuropéenssupplémentairesLes députés Jean Roatta (UMP) et Yves Cochet(Verts) devraient être élus mardi 6décembre

Lesdéputés votent5,3milliards d’eurosdehausses d’impôtsLes élus ont obtenu que les cantines scolairesconservent un taux réduit de TVA à 5,5%

M algré un léger tassementen novembre, FrançoisHollande devance tou-

jours nettement Nicolas Sarkozy.Tel est le principal enseignementde la septième vague du baromètreIpsos-Logica Business Consulting,réalisée les 2 et 3décembre par télé-phone auprès de 955 personnesconstituant un échantillon repré-sentatif de la population âgée de18ans et plus, pour Le Monde, Fran-ce Télévisions et Radio France.

Si lepremier tour de la présiden-tielleavait lieuce dimanche, le can-didat socialiste arriverait donc entête, avec 32 % des voix. En baissede trois points par rapport à notreprécédentsondage, réaliséfin octo-bre, il retrouve le niveau qui est lesien depuis juin. Ce tassementétait attendu : nul n’imaginait queles 35 % d’intentions de vote dont ilétait crédité après la primaire PScorrespondaient à quelque chosede durable. Reste que le décrocha-ge aurait pu être plus important :au regard d’une entrée en campa-gne parfois désordonnée, dufeuilleton peu glorieux des négo-ciations entre socialistes et écolo-gistes et de la vigueur des attaques

lancées contre lui par la droite,M. Hollande s’en sort plutôt bienpour l’instant, d’autant plus qu’ildomine largement son camp : à cejour, les électeurs d’Eva Joly (6 %)et de Jean-Luc Mélenchon (7,5 %,+ 1,5 point en un mois) se reporte-raient massivement sur lui ausecond tour.

Situation délicateDe son côté, M. Sarkozy conti-

nue de se redresser. Il est aujour-d’hui crédité de 25,5 % des voix,soit 1,5 point de plus que fin octo-bre. Parrapportà sonétiagedu pre-mier semestre – autour de 20 %, cequi était étonnamment bas pourun président sortant –, il y a doncun mieux, qui repose sur deux fac-teurs. Le premier tient à la gestionplutôt réussie de la communica-tion présidentielle face à la crise dela zone euro. Le second est lié à laclarification de l’offre électorale àdroite, et au report sur le chef del’Etat d’une partie des 8 % d’élec-teurs qui disaient vouloir voterpour Jean-Louis Borloo avant quecelui-ci n’annonce son retrait de lacourse élyséenne, le 2 octobre.

Malgré cette dynamique positi-

ve, la situation de M. Sarkozy restedifficile. En décembre 2006, ildépassait les 30 % d’intentions devote. Aujourd’hui, il en est loin.Surtout, ses réserves de secondtour sont étiques. Ensemble, Her-vé Morin, Dominique de Villepin,Christine Boutin et NicolasDupont-Aignan ne totalisent eneffetque3%desvoix. FrançoisBay-rou, lui, est crédité de 7 % des inten-tions de vote (+ 1,5 point en unmois), mais moins d’un tiers de sesélecteurs sont prêts à voter pourM. Sarkozy au second tour, alorsque près de la moitié reporteraitleurs suffrages sur M. Hollande.

Les électeurs de Marine Le Penne sont, eux, que 35 % à préférer lechef de l’Etat au candidat socialis-te. On est loin de l’époque – c’étaitencore le cas en 2007 – où un élec-teur du FN sur deux votait ausecond tour pour le candidat dedroite. Or, la position de M. Sarko-zy est d’autant plus délicate queles électorats qu’il courtise n’ontpas les mêmes attentes : alorsqu’une majorité relative d’élec-teurs de l’UMP et du MoDem esti-me que la politique de rigueurbudgétaire et fiscale définie par

son gouvernement « ne va pasassez loin », 59 % des électeurs duFN pensent le contraire.

Avec 17 % d’intentions de vote,Mme Le Pen perd deux points en unmois. Mais elle se situe à un niveaubien plus élevé que celui de sonpère cinq mois avant la présiden-tielle de 2007: en décembre 2006,les sondages situaient Jean-MarieLe Pen dans la zone des 11 % (soit unpointdeplus quele scorequ’ilréali-serait finalement au premier tour).

Sans surprise, c’est dans l’électo-rat populaire que la présidente duFN réalise ses meilleurs scores. Elleest mêmeen progression surce ter-rain : en un mois, elle gagne ainsi5points chezlesemployés,9pointschez les ouvriers et 17 points chezles inactifs. Dans ces deux derniè-res catégories, elle devance nette-ment M. Sarkozy et M.Hollande.

Pour l’un comme pour l’autre,cet électorat est un enjeu majeur.Pour l’instant, 43% des électeurs deMarine Le Pen refusent de choisirentrele candidatsocialisteet le pré-sident sortant au second tour. Prèsde 4 millions d’électeurs dont levote sera décisif le 6mai 2012.p

Thomas Wieder

Présidentielle:M.Sarkozy progresse,maisa peuderéserves pour le second tourSelon un sondage Ipsos-Logica Business Consulting pour «Le Monde», M.Hollande reste en tête

Social

M.GuéantetM.Delanoë s’opposentsurdes arrêts antimendicité à ParisLa révélation de deux nouveaux arrêtés antimendicité pris par la Préfec-ture de police de Paris, lundi 5 décembre, concernant le secteur desgrands magasins (Caumartin-Haussmann) et du Louvre, près de troismois après celui qui avait été pris aux Champs-Elysées, crée une polémi-que entre le ministre de l’intérieur, Claude Guéant, et le maire de Paris,Bertrand Delanoë.M.Guéant, lundi, a jugé ces arrêtés « utiles » pour lutter contre la délin-quance roumaine. M. Delanoë s’est dit, lui, « choqué », dénonçant une« opération de communication visant à stigmatiser une catégorie de lapopulation ». « Vouloir combattre la pauvreté par l’amende et la répres-sion est choquant au moment même où l’Etat ne remplit ses obligationsni en termes de mise à l’abri des mineurs isolés, ni en matière d’héberge-ment d’urgence », a affirmé le maire de Paris dans un communiqué. p

Transparence

Lancementd’un portailofficielconsacréaux «donnéespubliques»Quelque 352 000 jeux de données fournis par 90 producteurs diffé-rents, allant du budget 2012 de l’Etat aux résultats des élections françai-ses, en passant par des données sur l’enseignement agricole dans lesecond degré ou les chiffres annuels des accidents de la route : c’est legenre d’informations que les internautes peuvent trouver surdata.gouv.fr, le « portail unique interministériel des données publiques »lancé lundi 5 décembre.Ce dernier est inspiré des initiatives de l’administration du présidentaméricain, Barack Obama, et du mouvement « open data », selon lequelrendre des données accessibles favorise la transparence et la participa-tion des citoyens à la vie publique. p

Baromètre d’intention de vote pour l’élection présidentielle. Enquête Ipsos/Logica Business Consultingpour France Télévisions, Radio France et Le Monde réalisée par téléphone, du 2 au 3 décembre,sur un échantillon de 955 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.Méthode des quotas : sexe, âge, profession du chef de famille, région, catégorie d’agglomération.

*Score inférieur à 0,5 %**Lors de la vague précédente, les candidatures de J.-P. Chevènement, F. Nihous, C. Lepage, C. Boutinet H. Morin ne faisaient pas partie de l’offre proposée.

Dans la situation actuelle, diriez-vous que la politique de rigueur budgétaireet fiscale définie par nicolas sarkozy et le gouvernement... en % des exprimés

Va trop loin

Est au bon niveau

Ne va pas assez loin

Sympathisants Front de gauche

Sympathisants PS

Sympathisants MoDem

Sympathisants Europe Ecologie-Les Verts

Sympathisants UMP

Sympathisants FN

Ne se prononcent pas

44% 26%

19%11%

58 12 10 20

60 19 12 9

48 23 21 8

19 44 29 8

15 43 35 7

59 20 11 10

François Hollande

Nicolas Sarkozy

Si le second tour de l’élection présidentielle avait lieu dimanche, quel seraitle candidat pour qui il y aurait plus de chances que vous votiez...

60

40

Nathalie Arthaud

Philippe Poutou

Jean-Luc Mélenchon

Jean-Pierre Chevènement

Eva Joly

Corinne Lepage

François Bayrou

Frédéric Nihous

Marine Le Pen

Nicolas Dupont-Aignan

Christine Boutin

Nicolas Sarkozy

Dominique de Villepin

Hervé Morin

François Hollande

1

*

7,5

0,5

32

6

*

0,5

7

*

2

25,5

*

0,5

17

Si le premier tour de l’élection présidentielle avait lieu dimanche,quel serait le candidat pour qui il y aurait plus de chances que vousvotiez en % des exprimés

1

19

rappel2/11

1

1 0,5

6 8

** **

35 32

6 5

** **

** **

5,5 5,5

** **

2 4

24 21

** **

0,5 0,5

16

rappel4/10

=

=

=

=

Intentions de vote au premier tour de l’élection présidentielle (sondage Ipsos des 2 et 3 décembre)

14 0123Mercredi 7 décembre 2011

société

L ’ancien premier ministreDominique de Villepin pen-sait bien en avoir terminé

avec ses tracas judiciaires, après sarelaxeconfirméeenappel, le14sep-tembre, dans l’affaire Clearstream.Il s’était même dernièrement rap-proché de son grand rival, NicolasSarkozy. Las, un juge d’instructionde Strasbourg, Jean-Baptiste Poli,s’intéresse désormais à lui, sous leregard d’un parquet inquiet. Lejuge envisage de le convoquer, àtout le moins comme témoin. Lemagistrat s’interroge notammentsur l’intervention de l’ex-locatairede Matignon dans le dossier pénaldont il est chargé. Les enquêteurs,qui disposent d’écoutes téléphoni-ques intrigantes, nourrissent desdoutes sur le train de vie du cabinetd’avocats fondé par M. de Villepin,et sur le financement de ses activi-tés politiques. Les gendarmes ontmêmeinterrogé,vendredi2décem-bre,Marie-LauredeVillepin,l’épou-se de l’ancien premier ministre.

C’est au détour d’une banaleaffaire de surfacturations – évo-quéeparLePoint le9février–impli-quant Régis Bulot, 64 ans, prési-dent jusqu’en janvier 2006 de laprestigieuse association Relais& Châteaux, que le nom de M. deVillepin est apparu, au grand éton-nement de la section de recherchesde la gendarmerie de Strasbourg.M. Bulot a été mis en examen le18novembre pour «escroqueries enbande organiséeet abus deconfian-ce», puis écroué. Il lui est reprochéd’avoir profité, au moinsentre 2002 et 2008, d’un systèmede commissions occultes, mis enplace pour l’impression du guideannuel présentant les 518 établisse-ments de l’enseigne Relais & Châ-teaux. Le préjudice se monterait à1,6million d’euros.

Or l’un des meilleurs amis deRégisBulot n’estautre queDomini-que de Villepin. Dans un portraittrès fouillé de celui qui était alorspremier ministre, Le Point écrivait,en septembre 2005, à propos d’unséjour dans le Morbihan: « Commetouslesans,sonamiRégisBulot,pré-sident de Relais & Châteaux, avaitorganisé les vacances familiales,trouvélamaisonàloueretlesadres-ses de bistrots. » Les deux hommesne cessent de se parler, comme enattestent les surveillances télépho-niques opérées par les enquêteurs.Le jour de sa relaxe dans l’affaireClearstream, le 28 janvier 2010,c’est même M. Bulot qui reçoit lepremier un coup de fil de son ami.A charge pour lui d’organiser undéjeuner, avec les deux autresgrands amis de M. de Villepin,l’homme d’affaires AlexandreDjouhri et le PDG d’EDF, Henri Pro-glio. «Que ça s’ébruite pas…», insis-te M.de Villepin.

Seize jours plus tôt, le 12 janvier2010, il était plutôt question despropres soucis de M. Bulot, empê-tré dans son affaire de surfactura-tions. Depuis deux ans, les gendar-mes enquêtent en toute discrétionsurd’importantessommesenespè-ces quilui ont été remises.L’ex-pre-

mier ministre l’avait appelé, deuxfois, avant puis après un déjeuneravec Jaume Tapiès, le successeur deM.Bulotàlaprésidencedel’associa-tion Relais &Châteaux. M. Bulot, àl’époque, se doute que la nouvelleéquipe dirigeante a fait des décou-vertes compromettantes.

«Le ménage avait été fait, pour-tant, indique M. Tapiès, interrogépar Le Monde. Il manquait beau-

coup de documents… » Il en restetoutefois suffisamment pour queM. Tapiès se positionne contreM.Bulot et se constitue partie civiledansl’instructionouverte en 2009.Le conflit est violent. Le restaura-teur Alain Ducasse, ami deM.Bulot, lance,lorsd’uneconversa-tion téléphonique interceptée le30janvier 2010 : « Il faut lui couperla tête vite à ton successeur.»

M.de Villepin a-t-il tenté, hypo-thèse privilégiée semble-t-il par lesenquêteurs, de faire pression surles nouveaux patrons de l’associa-tion pour éviter que le dossier neprenne de l’ampleur? En tout cas, ilcommet une imprudence, en nar-rant à son ami au téléphone sa ren-contre avec les nouveaux diri-geants. « Ce qu’ils m’ont dit, assu-re-t-il le12janvier2010dansl’après-

midi,permetdefaireleplusgrosfeud’artifice des prochaines années, àsupposer que l’affaire Clearstreams’arrête.» Il se vante de leur « avoirfait une trouille dix fois au-dessusde ce qu’ils imaginaient» et d’avoirrappelé à ses interlocuteurs lors dudéjeuner que « si un jour on s’inté-resse à savoir quel est l’homme poli-tique qui a couché avec qui dansquelle chambre, vous êtes morts… »

L’ex-ministredel’intérieurinsis-te sur le fait qu’il vaut mieux éviterles téléphones portables, maislâche tout de même à son ami : «Jeles ai retournés. » La conversation aéveillé la curiosité des enquêteurs.Et fait de M. de Villepin une éven-tuelle cible judiciaire, lui aussi. Eneffet, M. Tapiès, qui a confirmé auMonde la tenue de ce déjeuner, apris soin de prévenir les gendar-mes, expliquant que c’est l’ex-pre-mier ministre qui avait sollicité cerendez-vous – M. Bulot affirme

l’inverse. Le matin, lors d’un pre-mier appel, M. Bulot avait lâché àM. de Villepin, à propos deM.Tapiès: « Je te remercie d’être fer-meets’ilveutseconduire…Rappelle-toi que huit jours après avoirété élu,il était à ta table à Matignon. »

Par ailleurs, l’affaire s’enrichitd’unnouveauvolet.Lesgendarmesont découvert un système de prati-quescommercialesdouteuses.Cha-cun des 518 établissements mem-bres de Relais & Châteaux devaitfournir 29 nuitées gratuites par anà la présidence de l’association.M.Bulot en avait l’absolu contrôle.Devantle jugePoli, ils’estainsi sou-venu d’« un ancien ministre quiavait bénéficié d’un week-end sur laCôte d’Azur, avec une Ferrari prêtéepar le garage Ferrari…»

Il semblerait que certaines per-sonnalités françaises, politiques etmembres du show-business, aienteu droit à ce traitement de faveur.Enéchange, l’associationa-t-elle puobtenir des contreparties ? Cetteinterrogation est désormais aucœur de l’enquête. Le juge a faitentendre, la semaine dernière, toutlepersonneldusiègesocial,etpour-rait se pencher sur les bénéficiairesdes nuitées. S’il a reconnu le systè-me de fausses factures, M. Bulot anié tout financement politique :« Je n’ai jamais remis d’enveloppesà des tiers», a-t-il expliqué sur pro-cès-verbal, certifiant que l’argentlui avait servi à renflouer ses troisaffaires qui périclitaient, mais aus-si à acheter des tableaux. Il a aussiexpliqué son mode de fonctionne-ment vis-à-vis des VIP, pendant sesdix-huit années de présidence :« Quand on invite des personnali-tés, c’est l’établissement qui invite etonn’a pas besoin de payer.» Il a pré-cisé que M. de Villepin, avec qui ilétait par exempleparti en vacancesen Martinique dans un établisse-ment des Relais &Châteaux, avaitréglé son séjour sur place : « Il n’ajamais bénéficié d’une gratuité et jepeux vous dire que c’est rare dans cemilieu. » Sollicité par Le Monde,M.de Villepin n’a pu être joint. p

Gérard Davetet Fabrice Lhomme

M.deVillepincité dans l’affaire Relais &ChâteauxLa justice s’intéresse à un système de surfacturations organisé par un ex-dirigeant de la prestigieuse association

Uneenquêtesur des surfacturations qui pourrait prendre unetournure politique

M. Bulotse souvientd’«un ancien ministre

quiavait bénéficiéd’un week-endsur laCôted’Azur, avec une

Ferrariprêtée»

DominiquedeVillepin: «Jecroisque je les ai retournés»Verbatim Dans des écoutes, l’ex-premier ministre se félicite d’avoir pesé sur les dirigeants de l’association

LA MÈCHE a été allumée en jan-vier2007 par les services fiscauxallemands, intrigués par sept factu-res suspectes. Le 25février 2008, leparquet de Strasbourg, alerté parson homologue allemand, confieaux gendarmes une enquête préli-minaire visant les activités d’An-dré Handwerk, représentant àStrasbourg de la société KepnerPapier, domiciliée à Sinsheim, del’autre côté du Rhin, et fournisseurdu guide Relais &Châteaux.

Les investigations établissentque M.Handwerk et un autre inter-médiaire, Gérard Clairiot, perce-vaient chaque année, depuis aumoins 2002, d’importantes som-mes en espèces remises par unreprésentant de Kepner Papier, et

décaissées par le biais de surfactu-rations. Des fonds remis à 80% enmains propres à Régis Bulot–MM. Handwerk et Clairiot, sim-ples «petites mains», prélevant10% chacun au passage. Au total,les détournements porteraient sur1,6million d’euros. Devant lesenquêteurs, M.Handwerk a recon-nu les faits : «En 2002, M.Clairiotme téléphone et me demande si jepeux mettre en relation lui etM.Bulot avec un papetier, Clairiotme faisant savoir qu’il était enmesure d’obtenir le marché du gui-de Relais &Châteaux, à conditionque le papetier qui serait choisi soiten mesure de verser des commis-sions en espèces. » M.Clairiot a luiaussi admis avoir « perçu des espè-

ces à onze reprises » entre2002 et2008. L’argent liquide (environ150000euros par an) lui étaitremis à Paris, généralement au res-taurant Le Train bleu, par M.Hand-werk. Il le reversait ensuite àM.Bulot qui cachait les fonds dansdes bacs à fleurs, ou sous des dallesamovibles…

DiscrétionLes gendarmes découvrent

ensuite que le même système aété mis en place, par l’intermé-diaire d’un couple de promo-teurs immobiliers du Var, avec legroupe Maury, chargé de l’im-pression du guide. En jan-vier 2009, le parquet de Stras-bourg ouvre une information

judiciaire, confiée au juge Jean-Baptiste Poli.

Début 2010, le dossier prendune tournure plus politique lors-qu’il apparaît, grâce à une séried’écoutes téléphoniques, queDominique de Villepin s’intéressede près à l’affaire, susceptible d’in-quiéter son grand ami Régis Bulot.Les enquêteurs vont alors tra-vailler dans la plus grande discré-tion. Le juge n’a procédé que récem-ment aux premières mises en exa-men. Celle de M.Bulot est interve-nue le 18novembre, pour « abus deconfiance», «escroqueries en ban-de organisée» et «blanchiment ».S’agissant des fonds détournés, lejuge n’a pas fait mystère de ses sus-picions lors de l’interrogatoire de

M.Bulot: «Cet argent a-t-il été utili-sé dans le cadre du financementd’un parti politique et, dans l’affir-mative, lequel et selon quellesmodalités?», a-t-il demandé.«Non», a assuré le mis en examen,qui a été longuement interrogé surM.deVillepin et sur le contenu decertaines écoutes entre les deuxhommes. Notamment celle où l’ex-premier ministre dit avoir fichu«la trouille » aux nouveaux diri-geants de Relais &Châteaux.

«La constitution de partie civileavait été déposée, et Tapiès et Gom-bert commençaient à baver par-tout. Villepin leur a dit que rien neserait pire pour l’association que decommuniquer sur ce genre de pro-blème, a justifié M.Bulot. Je crois

que c’est là qu’il leur a dit qu’il fal-lait faire attention aux gratuitésqu’ils faisaient à des hommes politi-ques en vue et c’est là qu’il leur acité, je crois, deux ou trois exemplesqui leur ont foutu la trouille.» Le16novembre, l’intermédiaireGérard Clairiot avait reconnudevant le juge avoir « rencontré àtrois reprises» M.de Villepin, «cha-que fois avec M.Bulot». Interrogépar Le Monde sur le fait de savoir sila justice privilégiait la piste definancements politiques occultes,le procureur de Strasbourg, PatrickPoirret a prudemment répondu:«On n’en est pas là pour lemoment. Mais je vous dirai peut-être autre chose dans six mois…» p

G. Da. et F. Lh.

Régis Bulot, ancien président de Relais & Châteaux, le 22 novembre. JEAN-CHRISTOPHE SOUNALET/PQR/« SUD-OUEST »

LE 12 JANVIER 2010, Dominique deVillepin appelle Régis Bulot, alorsqu’il vient de déjeuner avec JaumeTapies, président de l’associationRelais & Châteaux, et son secrétai-re général, Philippe Gombert,auprès de qui il s’est enquis de leurposition dans le dossier judiciaire.

YDominiquede Ville-pin: Allô.Régis Bulot : Ouais.

D.de V. : Tu vas bien?R. B. : Ouais, ouais, ça va.D.de V. : Bon écoute, tu pourrasm’inviter à une bonne bouffe…R. B. : Je m’en doute (rires)D.de V. : Bon euh écoute, ça s’esttrès bien passé, euh… (…) En toutcas, ils m’ont donné tous les élé-ments. Quel que soit le scénarioeuh… nous permet de faire face.R. B. : D’accord.D.de V. : Et euh… tu n’as pas en facede toi des gens méchants, tu asface à toi des gens peureux.R. B. : D’accord.

D.de V. : Compte tenu des nomsqu’ils ont cités dans leur histoire(rires)… permet de… quels quesoient les scénarios, permet de réo-rienter ces affaires euh… un peucomme dans l’affaire Clearstream,c’est-à-dire tous les… tout est possi-ble… mais en tout état de causeeuh… ceux qui te veulent du malne sont pas susceptibles de retrou-ver leur chien (…). La bonne nouvel-le, c’est quelle que soit la façondont ils veulent s’y prendre, ceuxqui voudraient te vouloir du maln’y arriveront pas.R. B. : Hum!(…)D.de V.: Voilà, voilà, aucun de tousces gens ne… ni l’un ni l’autre n’estmauvais ni méchant, ils sont désar-çonnés, ils sont paumés, ils sontpeureux, ils sont inquiets, je vais tedire, l’idée que je… compte tenu(rires) de ce qu’ils m’ont dit (rires),ça suppose à quel point les genssont hallucinants… ce qu’ils m’ont

dit permet de faire le plus gros feud’artifice des prochaines années àsupposer que l’affaire Clearstreams’arrête, mais honnêtement, c’estbon, voilà t’es tout à fait tranquille,tout cela est très marginal et trèsfacile à gérer. Il faudra que l’on enreparle plus tranquillement euh…en dehors du téléphone portable.R. B. : Bien sûr.D.de V. : Il y a une chose que je leurai fait comprendre…, c’est que s’il yavait un intérêt commun à la mai-son Relais &Châteaux, c’est querien de tout ce qu’ils m’ont dit nesorte jamais, ce dont ils sontconvaincus… Bon, voilà, c’est trèssimple, euh… la maison Relais&Châteaux comme n’importequel réseau d’hôtels… elle a unpatrimoine, c’est la confidentialité,ça veut dire que si un jour on s’inté-resse à savoir quel est l’hommepolitique qui a couché avec qui,dans quelle chambre et à quelendroit, vous êtes morts et euh… Je

te dis, ils ont reçu le message 5 sur5.R.B: D’accord. Ils étaient combien?D.de V.: Ils étaient deux mais ilsont bien compris que… c’est là queje leur ai dit… Ils m’ont dit, voussavez, on est face à une affaire judi-ciaire, on ne sait pas comment fai-re… et on regarde, puis… Je leur aidit, la meilleure chose que vousauriez faite, c’est de ne pas laissercette affaire se dérouler… Je vaisvous dire, l’hôtellerie, son premierennemi, c’est une affaire judiciai-re… Bon, là-dessus, je crois que jeles ai retournés, euh… Il faut que jevoie comment je donne suite àtout ça… Il est évident qu’il faudraqu’il y ait une suite, euh, mais… Ilfaut que toi et moi on puisse tra-vailler sur la complexité de toutça… parce que, c’est quand mêmetrès complexe.R. B. : Oh là, c’est très complexe. Jecomprends pas la moitié de ce quise passe… »p

150123Mercredi 7 décembre 2011

CAHIER DU "MONDE" DATE DU 07 DECEMBRE 2011, N° 20801. NE PEUT ETRE VENDU SEPAREMENT - LA RÉDACTION DUMONDE N’A PAS PARTICIPÉ À LA RÉALISATION DE CE PUBLI � DOSSIER

Les nouveaux en j eux

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Entre nous...Responsabilité sociétale des entreprises : la solidarité en marche ?

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Laresponsabilité sociétale des entreprisescouramment appelée RSE est la contri-bution des entreprises aux enjeux dudéveloppement durable. Pour ces der-nières, la démarche consiste à prendre en

compte les impacts sociaux et environnementauxde leur activité a�in d’adopter les meilleurespratiques possibles et ainsi contribuer à l’amélio-ration de la société et à la protection del’environnement. La RSE permet d’associerlogique économique, responsabilité sociale etéco-responsabilité.

Il y a les enjeux environnementaux. Comment ré-duire son empreinte carbone ? Comment réduiresa consommation de papier ? Comment économi-

ser l’eau ? Comment mieux traiter ses déchets ?Autant de questions auxquelles les entreprisesfrançaises essaient de répondre en se �ixant desobjectifs ambitieux. Il faut savoir, par exemple, queles Français sont 3 fois plus consommateurs depapiers que lamoyennemondiale. Qu’un employéproduit, généralement, toujours environ 80 kg depapier chaque année, que 65% d’entre eux consi-dèrent que l’on imprime du papier inutilement,qu’en moyenne, 14 % des impressions ne sontjamais lues. Dans les grandes entreprises, il appa-raît que l’on imprime en moyenne plus de34 feuilles par jour et par salarié contre 26 pourles très petites entreprises.Il y a aussi les enjeux sociaux. Commentmettre enplace une politiques RH qui respecte le droit

de tous ? Comment respecter la paritéhommes/femmes ? Comment intégrer le handicapdans la politique d’entreprise ? Comment éviterles accidents du travail ? Comment éviter touteforme de discrimination à l’embauche ? Leshommes restent aujourd’hui massivement inves-tis dans la sphère professionnelle. En effet, selonl’Insee, près de 75% d’entre eux ont une activitécontre seulement 65% des femmes… 30,2% desfemmes travaillent à temps partiel contre 5,7%des hommes. Une situation déséquilibrée qui, au�inal, ne favorise ni l’entreprise, ni la famille.Une meilleure mixité dans les équipes ne pourracontribuer qu’à de meilleures performances del’entreprise.

Il y a en�in, les enjeux économiques. Commentremettre l’Humain au cœur des préoccupationsdes entreprises plutôt que le pro�it ? Commentfavoriser le mécénat ? Comment contribuer à uneéconomie plus solidaire ? Comment montrerl’exemple ? Si cela reste relativement méconnu, ilfaut quand même garder en tête que le secteur�inancier participe à l’effort de solidarité grâce àdes gammes d’offres spéci�iques et un engagementsociétal. Ainsi, à peu près tous les produits �inan-ciers aujourd’hui se déclinent sous le signe de lasolidarité. En France, il n’existe pas encore àproprement parler de véritable banque solidairenationale mais les efforts faits par certainsétablissements restent à souligner…

«Les nouveaux enjeux» datés du 07 décembre 2011 sont édités par SystemMédia.Conception et rédaction de ce publi-dossier :

SystemMedia, 9 rue de la Gare, 94230 Cachan, Tél. : 01 46 12 04 70Directeur général : Marc Vermeil - Chef de projet : Leila Ebelle - Rédaction : Maxence Perotti

Responsable publi-information et maquette : Louane PicautCrédits photos des pages DR sauf mentions obligatoires.

La responsabilité d’entreprise :une ambition stratégiqueEn 25 ans, AXA est devenue la premièremarquemondiale d’assurance* et un leader incontestable.En France, 34 000 personnes travaillent pour AXA,au service de 9millions d’assurés. Nous avons unseul objectif : devenir l’entreprise préférée desFrançais. Eclairages de Nicolas Moreau,Directeur Général d’AXA France :

AXAFrance s’inscrit dans une stratégiede croissance pérenne et entendrépondre aux nouveaux enjeux socié-taux. Pouvez-vous nous en dire plus ?Le Groupe AXA a placé au cœur de sonambition stratégique la responsabilitéd'entreprise, un levier fondamental pourun développement dans la durée. Noussouhaitons qu’elle soit utile et concrètepour tous nos clients et le grand public,motivante et inspirante pour l’ensemblede nos collaborateurs et respectueuse del’environnement. A ce titre, je suis �ierd'être le sponsor de la responsabilitéd’entreprise a�in que celle-ci trouve unerésonance concrète au sein du Groupe.C’est pour nous synonyme d’engagement,d’exemplarité, d’éthique et de respect dechacun.

Quelle est la place de la responsabilitéd’entreprise dans l’assurance au-jourd’hui ?Notre métier est formidable puisqu’ilconsiste à protéger les personnes, leurvie, leur santé, leur épargne, leurs biens,leurs projets, ainsi que les entreprises.A nous de vivre avec notre temps et de proposer des réponses auxgrandes questions de société. Ainsi, le Groupe AXA a lancé le FondsAXA pour la Recherche, qui avec 20 millions d’euros par an et uneéquipe dédiée, soutient des chercheurs et des études sur des pro-blématiques de société ; par exemple la longévité, le changementclimatique... Chez AXA France, nous soutenons le développementdes entreprises. Nous plaçons la prévention des risques au cœur denotre action depuis plus de 25 ans. En tant qu’employeur, nous mi-litons pour la diversité et l’égalité des chances. Nousmobilisons nosefforts et nos idées pour que les collaborateurs soient �iers de leurentreprise et aient eux-mêmes la possibilité d’innover… AXA Franceet ses collaborateurs sont également actifs auprès de plus de 200associations à travers AXA Atout Cœur.

Vous évoquiez plus haut la prévention. Comment cette notionse concrétise-t-elle au sein de votre action ?Notre métier est de gérer les risques ; la prévention en est leprolongement naturel, en essayant d’éviter qu’ils ne surviennent.Notre association AXA Prévention, à travers desmoyens importants,sensibilise à tous les niveaux : sur la route, la santé, les accidents dela vie courante. Cette année, nous investissons un nouveau champd’actions : les risques numériques, un sujet majeur pour noscollaborateurs, nos clients. Nous agissons notamment via notre siteinternet www.axaprevention.fr.

Et vis-à-vis de vos assurés, comment accompagnez-vous les nou-veauxmarchés liés aux enjeux du développement durable ?Nous prônons l’éco-responsabilité et nos produits sont en parfaiteadéquation avec cette politique : offre spéciale pour les voitures

propres, « Pack Energies Nouvelles » pour les particuliers quiinstallent des panneaux solaires ou ont recours à la géothermie,assurances « GREEN » pour la responsabilité environnementale desEn outre, AXA développe des offres d’assurance spéci�iques pour lesecteur du bâtiment en pleine évolution réglementaire : éolien,photovoltaïque, HQE, « éco-artisans », tarifs spéci�iques pour lesbâtiments HQE… En�in nous favorisons l’épargne responsable àtravers des fonds verts ou ISR (Investissement Socialement Res-

ponsable) dans tous nos contrats d’assurancevie et dans nos gammes d’épargne salariale.Nous dédions également un site à une meil-leure connaissance des questions �inancières :www.mieuxcomprendreavecaxa.fr. En�in, jesuis attaché à l’offre de micro-assurance quenous avons développée avec l’Adie pour lesplus vulnérables économiquement.

Reste la question de la responsabilité en-vironnementale d’un Groupe d’envergurecomme le vôtre…AXA s’est �ixé dès 2008 des objectifs ambi-tieux à échéance 2012 : une baisse de 20% desa consommation d’énergie et de sesémissions de CO2, de 15% sa consommationd’eau et de papier. Pour cela, nous avons prisdes mesures très concrètes : site de covoitu-rage, véhicules propres pour nos salariés iti-nérants, intéressement des collaborateurspartiellement lié à la consommation de papier,matériels informatiques plus verts, nouveauxsites HQE, etc. Ces choix ont valu au GroupeAXA d’être classé première grande entreprisefrançaise pour sa faible intensité carbonepar l’ONG britannique EnvironmentalInvestment Organisation.

*Classement Interbrand 2010

www.axafrance.fr

Valéry Hergott, directeur de Riposte Verte – Association pourl’environnement dans le secteur tertiaire« En 2010, notre association a évalué la politique papier des 50 plusgrandes entreprises françaises. AXA est arrivé en seconde position.Sa place sur le podium, l’entreprise la doit à la politique papierqu’elle a mise en place et aux objectifs qu’elle s’est �ixés : reportingannuel, -15% de consommation de papier entre 2009 et 2012,recyclage du papier de bureau depuis 2006, utilisation de papiersrecyclés à plus de 90 %. AXA France a par ailleurs mis en place uneinitiative innovante, un accord d’intéressement pour ses salariés baséen partie sur des objectifs de baisse de consommation de papier et detri. »

Catherine Barbaroux, présidente de l’AdieAssociation pour le droit à l’initiative économique« L’assurance joue un rôle important dans le sens où elle permet desécuriser des personnes en situation précaire. AXA nous apporte saconnaissance de l'assurance, de la distribution au back-of�ice.C’est un groupe ouvert qui sait prendre des risques. En développantdes produits d'assurance simples et adaptés à la situation de nosclients, AXA nous a vraiment aidés ! C’est ainsi que plus de 1600micro entrepreneurs ont été assurés. AXA a également su faireévoluer cette offre au �il du temps et nous a apporté son savoir-fairedans le domaine de la gestion des contrats. AXA s’est beaucoupinvesti dans cette relation partenariale. »

Le « Grenelle de l’environnement » a permisd’amorcer collectivement la mutation écologique denotre pays. Et dans ce cadre, les entreprisesfrançaises ont nécessairement dû intégrer la notionde développement durable au sein de leur politiqueRSE. En effet, on leur demande aujourd’hui à la foisdes performances environnementales et sociales.

Dans les politiques RSE des entreprises, trois enjeux majeurs se déta-chent, environnementaux, sociaux et économiques. Du point de vueenvironnemental, plusieurs postes sont à prendre en considération parles employeurs, l’eau, les déchets, l’énergie et la biodiversité. Pour cela,de nombreuses initiatives sont prises tant en interne que dans les re-lations client-fournisseurs. Il faut savoir que les déchets représententgénéralement une part non négligeable du chiffre d’affaires des entre-prises. Or ces dernières peuvent non seulement faire un geste pour laplanète par leurs bonnes pratiques mais aussi, réaliser d’importanteséconomies en réduisant la quantité de leurs déchets, par le traitementde ceux-ci, en les triant et en les valorisant sur site dans la mesure dupossible, bien sûr. La majorité (80%) des entreprises reconnaissentque les changements climatiques représentent un risque opérationnelimportant et 35 à 40% ont déjà mis en place des plans d’action. Unebonne partie des entreprises investissent dans des technologies re-nouvelables ou à faible intensité en carbone.

RSE

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Mercredi 07 décembre 2011

L’entreprise américaine Zenprise, est un fournisseur de solutions de gestion pour les terminauxmobiles quia récemment racheté la start-up française Sparus Software, éditeur de logiciels. Un rapprochement quipermet une synergie des compétences respectives de chaque entité et une ouverture aumarché nord-amé-ricain alors que la société est déjà implantée en France, en Allemagne, au Benelux et en Grande-Bretagne.

Zenprise...

La Banque Fédérale Mutualiste (BFM)a été créée en 1986 par des mutuellesde la Fonction Publique. A travers leréseau des 2 300 agences de sonpartenaire la Société Générale, elles’adresse spéci�iquement aux agentsdu secteur public. Guidé pardes valeursmutualistes -solidarité, responsabilité,éthique -, cet établissementn’est pas tout à fait comme lesautres. Explications de Pierre-Emmanuel Valentin, sonDirecteur Général délégué.

En quoi la BFM est-elle une banquedifférente des autres ?Par nos valeurs en premier lieu puisquenotre vocation est de positionner l’humain aucentre de nos préoccupations. A ce titre, dans uneapproche que nous voulons « solidaire », nousnous efforçons de mettre en pratique une utilisa-tion responsable de l’argent, c’est-à-dire d’en as-surer sa traçabilité. Nous nous inscrivons ainsidans une démarche de RSE appliquée à la banque.A la BFM, nous ne prétendons pas être des ban-quiers solidaires exemplaires mais c’est la direc-tion vers laquelle nous souhaitons aller !

Quels produits bancaires, une banque solidairecomme la vôtre propose-t-elle à ses clients ?Sur le terrain de l’épargne d’abord, nous avons leLivret BFM Avenir qui, en proportion des intérêtsacquis génère des droits à crédit cessibles aux as-cendants ou descendants pour que ces dernierspuissent emprunter à un taux avantageux. Nousavons également le « Service d’épargne solidaire »,activable sur le Livret BFM Avenir, qui permet departager tout ou partie des intérêts de son épargneavec des associations reconnues d’utilité publique.Pour accompagner cette démarche, la BFM contri-

bue de son côté, à hauteur de 10 %,à l’effort de partage fait par ses clients. En�in, nousavons un Fonds Commun de Placement, géré selonles normes de l’ISR, qui permet de reverser direc-tement jusqu’à 2% de la valeur liquidative à laFondation de l’Avenir, fondation créée par nosmutuelles en faveur de la recherche médicaleappliquée.

Et sur le terrain du crédit, mainte-nant…La BFM propose une gamme de prêtsamortissables à des conditions parmiles plus attractives du marché, jusqu’à8 ans et sans garanties. Nous proposonségalement une formule d’assuranceemprunteur « risques aggravés » pourles moins de 60 ans. J’évoquerais aussinotre accord avec Crésus, associationde lutte contre le surendettement, pouraccompagner les personnes confron-tées à cette problématique. Tous nos

clients en situation d’impayés peuvent en béné�i-cier. En�in, nos deux prêts solidaires, le « PrêtSolidarité » à la main de l’action sociale de nosmutuelles et « BFM Microcrédit » à la main denotre réseau accompagnant Crésus, permettentquant à eux, d’accompagner nos clients confrontésaux aléas de la vie (handicap, accident…). En�in, laBFM engage sa propre «tirelire» dans des actionsde soutien de type dons et sponsoring au pro�itd’associations.

Diriez-vous que la BFM réconcilie les Françaisavec les banques ?Aux yeux de ses clients, la BFM n’est pas assezperçue comme une banque vraiment différentedes autres. D’une façon générale, je dirais que laperception que le grand public a de la �inancesolidaire est assez lointaine. Il y a donc encore untravail gigantesque à accomplir mais nous nebaissons pas les bras !

En savoir plus : www.bfm.fr ou 0 821 222 500(0,118€TTC/min. depuis un poste �ixe en France métropolitaine)

Des initiatives en faveurd’une économieplus solidaire

(suite p. 1) Enjeux sociauxD’un point de vue social, maintenant, plusieurs cri-tères doivent également être pris en considérationa�in d’aller vers une politique RH plus solidaire.Parmi eux, il y a la nécessité de favoriser l’égalitéprofessionnelle dans les PME, de réaliser des plansd’actions en faveur d’une résorption des écarts derémunération. Mais il y aussi l’importance de s’en-gager pour une amélioration des conditions de tra-vail, un meilleur aménagement et une meilleureorganisation du temps de travail, de former acti-vement les collaborateurs. L'équilibre travail / viefamiliale doit aussi être favorisé ainsi que les ré-seaux femmes. Rappelons, à ce sujet, que selon uneétude McKinsey, en 2010, les femmes restaientsous-représentées dans les conseils d’administra-tion des entreprises, une réalité d’autant plus frap-pante dans les comités exécutifs. L’étude WomenMatter 2010 révèle que peu d’entreprises prennentdes mesures pour développer la présence desfemmes dans leurs équipes de direction et que,pour la grandemajorité des entreprises, le sujet dela mixité ne fait pas partie des priorités straté-giques : seules 28% de celles interrogées ont mis

ce sujet parmi leurs 10 premières priorités straté-giques, et 8% parmi leurs 3 premières priorités.

Enjeux économiquesContribuer à l’effort de solidarité et prévenir outraiter la question du surendettement représen-tent aujourd’hui deux enjeuxmajeurs, notammentpour les organismes �inanciers. D’ores et déjà, desproduits spéci�iques ont été mis en place pourprouver les engagements sociétaux qui vont dansce sens. Il y a par exemple, les produits et services�inanciers à valeur ajoutée sociale. Il y a aussi, lesplacements de partage qui permettent de reverserles revenus et éventuellement les frais de gestion àdes ONG. Il y a en�in, ce que l’on appelle l’épargnesalariale solidaire. Aujourd’hui, en effet, il est pos-sible d’épargner dans les Fonds Communs de Pla-cement d’Entreprises Solidaires (FCPES). Ainsi,grâce à ces fonds, 5 à 10% de l’encours sont inves-tis dans une entreprise solidaire qui emploie parexemple des personnes en dif�iculté. Rappelons,que l’exclusion bancaire et �inancière concerne au-jourd’hui environ 1% des Français.

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société

D e«rencontres»en «rencon-tres », le Parti socialiste s’ef-force de dessiner son pro-

gramme présidentiel sur la laïcité.François Hollande devait clorel’après-midi de débats que le grou-pe socialiste de l’Assemblée natio-nale organise, mardi 6 décembre,sur le sujet. L’heure n’est pas auxpropositionsdétaillées maisle can-didat PS à l’élection présidentielledevait notamment annoncer savolonté de « constitutionnaliser »laloi de1905; une manièrede sanc-tuariser ce texte fondateur de laséparation entre les cultes et l’Etat.

Ulcéré de s’être laissé doublerpar la droite, voire par l’extrêmedroite,surcessujets traditionnelle-mentsensibles àgauche, lePS cher-che à y reprendre pied. Sans éviterla confusion et les clivages, qui, en

la matière, caractérisent les débatsà gauche. « On a toujours eu descontradictionssur ces sujets,recon-naît Jean Glavany, spécialiste de lalaïcité au PS. Et on a toujours cher-ché la synthèse entre des militantslaïcs très rigoureux, pour qui toutcompromis est une compromis-sion, et d’autres plus partisans dumulticulturalisme.»

La semaine qui s’ouvre illustrecette tension. Mardi, les responsa-bles socialistes présenteront un«Guide pratique de la laïcité », quiliste les « bonnes pratiques » adop-tées par des collectivités localessocialistespourrépondreauxques-tionsnouvellesposées–principale-ment – par l’islam. Une approchepragmatique, légaliste etdépouillée de ses aspects les plusidéologiques. « Nous avons voulumontrer qu’à partir des lois et règle-ments actuels, pour contestablesqu’ils soient, des municipalités ontpu trouver des solutions qui évitentla rupture entre leurs adminis-trés », explique M.Glavany dans lapréface du guide.

Le travail de compilation a étéconfié à l’anthropologue Dounia

Bouzar, dont l’approche sur cessujetsestjugée trop«multicultura-liste» par nombrede personnalitésde gauche. En l’occurrence,Mme Bouzar développe des dossiersconcrets de gestion des lieux deculte, de demandes de non-mixité,derestaurationscolaireoudecime-tières. Ce guide est aussi pour le PSl’occasion d’expliquer le contextequi a favorisé l’ouverture de cré-neaux horaires accordés à des fem-mes dans une piscine lilloiseentre 2000 et 2008. Les détrac-teurs de la maire, Martine Aubry, yvoient toujours le signe de soncommunautarisme supposé.

Or il n’est pas question pour lePS de promouvoir les « accommo-dements raisonnables ». Le guidedevrait même éviter que « des élusneversent dansdesdérivescommu-

nautaristes face à des demandesidentitaires», insiste M. Glavany.

Face à ces tentations, une partiede la gauche tient d’ailleurs à réaf-firmer sa défense « d’une laïcitérépublicaine ». Dans cet esprit, lessénateurs examineront, mercredi,une proposition de loi de Françoi-se Laborde(Partiradical de gauche)et du Rassemblement démocrati-que et social européen (RDSE).

Ce texte prévoit « d’étendrel’obligation de neutralité à certai-nes personnes ou structures privées[hors établissementsconfessionnels] accueillant desmineurs et à assurer le respect duprincipe de laïcité». Un thème évo-qué par le gouvernement et l’UMPces derniers mois mais sur lequella droite a renoncé à légiférer.

Les subtilités juridiques et les

amendements complexes intro-duits par le rapporteur socialiste,Alain Richard, atténuent la portéedu texte initial. Ce dernier pré-voyait de conditionner l’agrémentdélivré aux assistantes maternel-les à leur neutralité religieuse, ycompris pour les femmes gardantdes enfants à domicile.

Mais, en reprenantà soncomptela jurisprudence «Babyloup» – quipermet aux structures privées derestreindre la liberté d’expressionreligieuse des salariés par le biaisdu règlement intérieur –, et en pré-voyant que les assistantes mater-nelles, « sauf stipulation contrairedanslecontratdetravail, soientsou-mises à une obligation de neutralitéreligieuse», le texte s’inscrit dans lecontexte général d’extension duprincipe de laïcité au-delà desagents du service public. Et cible enpremier lieu les femmes voilées.

« La moindre des choses est queles parents sachent à qui ilsconfient leurs enfants », plaideM. Richard, en butte au scepticis-me de plusieurs de ses collègues.Ainsi, tout en se disant « prêt à serallier au texte », Gaëtan Gorce (PS)a évoqué « une dérive » en commis-sion des lois. « On a commencé àinterdire, à travers le port du voile,l’expression religieuse dans la rue,puis dans les lieux de travail, et voi-cique l’oncontinuedanslesdomici-les.» Pour le sénateur de la Nièvre,« cela traduit davantage uneangoissedevantuneformereligieu-se à laquelle nous sommes mal pré-parés que la défense des principesauxquels nous sommes attachés».

« Une énième loi sur le voile est-elle utile ? » s’est aussi interrogéeEsther Benbassa (EELV). « Que lecontrat de travail précise l’habille-ment me semble source d’uncontentieux permanent », a ajoutéNicole Borvo Cohen-Seat (commu-niste). Mais Mme Laborde tient àson texte. « En 1981, la gauche n’arien fait pour la laïcité ; il faut avoirdu courage. A force de reculs, onlaisse des brèches ouvertes » pourle communautarisme.

Sur ces sujets sensibles, rendusplus délicats par la proximitéd’échéances électorales et la réac-tion d’une partie des musulmans,la gauche risque d’avoir du mal àparler d’une seule voix. p

Stéphanie Le Bars

A vantfindécembre,unesolu-tion doit être trouvée pourrégler le casse-tête des

comptes épargne-temps (CET)ouverts à partir de 2002 par lesmédecins hospitaliers et dont lespremiers arrivent à échéance en2012. Certes, tout le monde sembletenir à un accord, mais l’enjeu de lanégociation, et le fait qu’elle soit sitardive, en dit long sur la mauvai-se gestion des 35 heures à l’hôpital,au niveau local comme national.

Lundi 5 décembre, le ministèrede la santé a engagé des rencontresbilatérales. Une réunion finalepourrait se tenir vendredi. Unmoyen de lever la date butoir du1er janvier devrait être trouvé. L’en-jeu est de tomber d’accord sur lafaçon de liquider le stock actuel,sans poser de problème aux servi-ces, et d’éviter que les CET se rem-plissent autant par la suite.

Xavier Bertrand s’est dit prêt à«donnerdelasouplesse»ensuppri-mant à l’avenir la date limite pourprendre les jours stockés. Mais à laveille de la reprise des discussions,ce qui ressortait avant tout, c’étaitun grand flou. Tout d’abord sur lenombre de jours. La Coordinationmédicale hospitalière (CMH), qui amédiatisé l’affaire dans un contex-te d’élections professionnelles,avance le chiffre de 2 millions dejours cumulés. Le ministère neconfirmeni n’infirme. Il fait actuel-lement remonter l’informationdes établissements, ce qui prenddu temps.

Situation très disparateLa manière dont ces jours doi-

vent être pris – en 2012 ou sur unebase glissante (en 2012 ceux stoc-kés en 2002, en 2013 ceux de2003…) – doit également être tran-chée. Mais là aussi, les donnéesmanquent. « Cette question desCET a été gérée de façon insuffisan-te dans les établissements », jugeFrançois Aubart, président de laCMH.

Le coût du rachat des CET oul’embauche de remplaçants en casde prise des congés est estimé à600millions d’euros. Les établisse-ments devaient mettre de côté cetargent, mais tous ne s’y sont pastenus. Sur ce point aussi, difficiled’y voir clair. M. Aubart estime à35 % les sommes provisionnéescontre 50% pour le ministère. Maisquels établissements s’y sontpliés ? L’administration indique

juste que la situation est très dispa-rate. Les changements de directeuront pu rendre l’anticipation plusdifficile ; l’exigence d’un retour àl’équilibre financier des hôpitaux apu aussi inciter à s’y soustraire.

Pourtant, la difficulté des méde-cins à poser des jours est connue delongue date. En 2002, des créationsde postes ont été actées, mais tousn’ontpasétépourvus. Enoutre,«cen’étaitpassuffisantetlarépartitionn’a pas été uniforme», ajoute Nico-le Smolksi, présidente duSNPHAR-E,syndicatdesanesthésis-tes-réanimateurs, qui ne participepas aux négociations. Elle se mon-tre néanmoins sévère envers cer-tains praticiens qui refusent dejouer la transparence sur leur plan-ning. Au fil des ans, les CET desurgentistes, anesthésistes ouchirurgiens se sont particulière-ment remplis. Le travail de nuit etde week-end engendrant des récu-pérations, il leur était difficile deposer en plus des jours de RTT.Dans les petits hôpitaux aux équi-pes réduites, même problème, sur-tout s’ils peinent à recruter.

L’histoire se répète. En 2008, unaccordpourle rachatd’une partdesstocks avait été trouvé. Depuis, lesCET se sont regarnis. Aujourd’hui,trois pistes sont examinées, quipourront se cumuler : mieux s’or-ganiser pour prendre des jours, lesvoir racheter par l’hôpital ou partirplus tôt à la retraite.

Mais le casse-tête reste entier.D’abord, tous les hôpitaux ne pour-ront pas payer sans que cela porte àconséquence sur la qualité dessoins, a prévenu la Fédération hos-pitalière de France. Une rallonge duministère est espérée, mais lecontexte est plus tendu qu’en2008. Quant aux retraites antici-pées, option souvent privilégiéeparlesmédecins,ellesposentlepro-blème du manque de praticiens,d’autant que des postes sont déjàvacants et que beaucoup devraientbientôt partir.

Même si les médecins ont lesCET les plus fournis, les personnelsnon médicaux sont aussi concer-nés, notamment les cadres. Uneautre négociation est en cours.Dénonçantun«laisser-fairescanda-leux», laCFDTs’estinterrogée,dansun communiqué, sur l’incapacitéde la fonction publique hospitaliè-re à gérer les 35 heures, quandd’autres y parviennent. p

Laetitia Clavreul

Al’hôpital,l’impossibleéquationdesRTTM.Bertrand et les médecinscherchent un accordpoursolder les comptes épargne-temps

Lesmusulmansdénoncentunclimatvisantàl’«éradicationdufoulard»islamique

Justice

Procèsdes piratessomaliens:le parquet faitappel duverdictLe parquet général de Paris a annoncé, lundi 5 décembre, avoir fait appeldes cinq peines prononcées le 30novembre contre les six pirates soma-liens accusés d’avoir pris en otage un couple de Français en 2008. Les pei-nes « ne sont pas à la hauteur de l’extrême gravité de faits de piraterie quiont conduit la communauté internationale – et tout particulièrement laFrance – à mobiliser d’importants moyens militaires». Le verdict de lacour d’assises – cinq peines de 4 à 8ans de prison et un acquittement –avait été moins sévère que les réquisitions de l’avocat général. A l’issuedu procès, les accusés avaient demandé pardon à leurs victimes, lesquel-les leur avaient serré la main en leur souhaitant «bon courage». p – (AFP).

Une figure du banditisme interpellée à MarseilleUne figure du banditisme, Antoine Cossu, dit «Tony l’Anguille», a étéinterpellée, dimanche, à Marseille, dans le cadre d’une enquête sur un tra-fic international de stupéfiants. Deux autres personnes ont été arrêtéeslundi à Perpignan. La police judiciaire de Nice enquête sur un réseau detrafic de drogues par hélicoptère entre la France et l’Espagne. – (AFP.)

Santé Des syndicats d’internes en médecineopposés à une augmentation du numerus claususDes syndicats d’internes en médecine se sont dits opposés, lundi, à unehausse du numerus clausus. «La démographie connaît et connaîtra desévolutions, mais une augmentation du numerus clausus ne permettrapas de résoudre la diminution du nombre de médecins prévue jusqu’en2020», jugent les syndicats des internes des hôpitaux et des internesgénéralistes. L’Institut de recherche en économie de la santé estime quele nombre de médecins va baisser jusqu’en 2020 en raison des départs àla retraite, avant de retrouver en 2030 son niveau actuel. – (AFP.)

LesresponsablesPSontconçuun«Guidepratiquedelalaïcité»,

pourrépondreauxquestionsposées

parl’islam

Laïcité: la gauchecherche sa voie entrepragmatismeet principesidéologiquesLe PS organisait, mardi 6décembre, ses deuxièmes Rencontres de la laïcité à l’Assemblée.Au Sénat, la gauche propose de restreindre le port du voile dans les lieux accueillant des enfants

FAUT-IL y voir le signe d’une exas-pération grandissante ? La mar-que d’une certaine maturité insti-tutionnelle? Ou les deux ? Tou-jours est-il que les musulmans nesont pas contents et qu’ils ontentrepris de le faire savoir, par let-tre officielle, par communiqué,par envoi de courrier-type…

L’objet de leur colère? La propo-sition de loi, soutenue par le PS etexaminée mercredi 7 décembreau Sénat, visant « à étendre l’obli-gation de neutralité à certainespersonnes et structures accueillantdes mineurs ». Ce texte est perçupar une partie des musulmanscomme une nouvelle attaquecontre les femmes qui souhaitentporter le voile islamique.

Pour le président du Conseilfrançais du culte musulman(CFCM), qui a rédigé un long argu-mentaire à l’attention des séna-teurs, l’heure est grave : selon lui,le texte « bafoue explicitement etde manière sans précédent dansl’histoire de notre pays le principede laïcité, la liberté de convictiondont fait partie la liberté de reli-gion et la liberté d’opinion ». Et,activant un possible lobby électo-ral, il prévient : « Permettez-moi

de souligner la gravité de la situa-tion créée par cette propositionde loi qui risque à la veille de ren-dez-vous électoraux importantsde susciter trouble et interroga-tions qui ne peuvent être que pré-judiciables ».

AvertissementSur le fond, s’il reconnaît que la

liberté de manifester ses convic-tions religieuses peut être réduitedans certains cas (sécurité, hygiè-ne, prosélytisme…), le CFCM rap-pelle que cette restriction doitêtre « proportionnée » et objective.« Qui va déterminer ce qui est unemanifestation religieuse de ce quine l’est pas ? Peut-on sérieusementimaginer d’inscrire sur un contratde travail la liste exhaustive etdétaillée des manifestations surlesquelles il y aurait accord entrel’employeur et le salarié? », s’inter-roge-t-il, rappelant l’avis duConseil d’Etat, qui en 1996, indi-quait que « le port du foulard neconstitue pas en lui-même un actede pression ou de prosélytisme ».

Plus militant, le Collectifcontre l’islamophobie en France(CCIF) propose à ses adhérentsd’envoyer un avertissement aux

sénateurs en leur proposant unelettre-type: « S’il advenait qu’unetelle mesure soit adoptée, elleserait considérée par un grandnombre d’électeurs, qui ont bienl’intention de faire entendre leurvoix lors des élections présidentiel-le et législatives prochaines, com-me la volonté affichée de la partdu Parti socialiste de poursuivre lapolitique islamophobe initiée parM.Sarkozy et son gouvernement».

Après la décision récente dutribunal administratif de Mon-treuil d’autoriser une école à ins-crire la neutralité religieuse dansson règlement intérieur – ce quiinterdit de fait aux mères voiléesd’accompagner les sorties scolai-res –, après le jugement en appelconfirmant la légalité du licencie-ment d’une femme voilée exer-çant dans une crèche non confes-sionnelle, le CCIF estime que« l’éradication du foulard estrecherchée ». « L’idée est de fairerenoncer les femmes au port duvoile et de les asphyxier économi-quement et socialement », estimela juriste du collectif.

Les sénateurs ont commencé àrecevoir des courriers. p

S. L. B.

18 0123Mercredi 7 décembre 2011

économie

D éfaillances de gestion, fai-blesse des contrôles, gravesirrégularités, climat social

dégradé, obstruction à l’enquêtedes magistrats… Dans un rapportintitulé « les dysfonctionnementsdu comité d’entreprise de la RATP »,publié mardi 6 décembre, la Courdes comptes détaille par le menu ledéveloppement d’un « système »au cœur de l’entreprise publique.

Un système d’une opacité telleque la Cour a décidé de saisir le gar-de des sceaux afin d’engager uneprocédure judiciaire pénaleconcernant les faits constatés.Après les comités d’entreprisesd’EDF-GDF, d’Air France, de laSNCF ou de France Télécom, c’estdonc au tour de celui de la RATPd’être rappelé très sévèrement àl’ordre.

Au fil de 234 pages, les magis-tratsrelatentlesdérives d’uncomi-té d’entreprise (CE) doté d’un bud-get de 53 millions d’euros et deprès de 450 salariés. Un CE qui aéchappé au fil des années à toutcontrôle. Au cœur du « système »,des dirigeants, élus par les person-nels, ont largement outrepasséleurs pouvoirs : « Les élus, et plusparticulièrement le secrétaire et letrésorier, interfèrent dans la ges-

tionquotidienne desactivitéssocia-les et culturelles au point de retireraux responsables des services ducomité d’entreprise tout pouvoird’initiative. »

Ainsi, conte la Cour des comp-tes, « au cours de la période exami-née, les services gestionnaires ontété écartés des négociations avecles fournisseurs choisis par les élussans appel à la concurrence, enméconnaissance des instructionsinternes du comité d’entrepriseimposant la consultation de plu-sieurs entreprises ».

Peu pouvaient connaître cettesituation, puisque le CE ne fait pascertifier, ni ne publie ses comptes,selon les magistrats. Enfévrier 2011, un audit commandépar le CE a d’ailleurs démontré de« nombreuses anomalies telles quela non-déclaration des cotisationssociales à l’Urssaf ».

L’analyse des diverses actionssociales et culturelles menées parle CE montre d’autres irrégulari-tés. Ilen va ainsi de lagestion direc-te de la restauration collective del’entreprise. Pas moins de 6 000repas sont fabriqués et servis cha-que jour dans une trentaine de res-taurants et une trentaine de sitesde distribution automatique.

La Cour s’étonne de certainespratiques : destruction à peine unjour après leur mise à dispositiondedenrées alimentaires, une prati-que qui a coûté au CE 290 000euros sur la période 2006-2009 ;«disparition » des recettes des cais-ses ; « manquements aux règles

d’hygiène» au restaurant du siègeà Paris, qui sert 1 200 repas parjour en pleine activité ; prix desdenrées achetées surévalué…

Ce dernier point s’explique,selon les magistrats, car « les rela-tions avec la centrale d’achat desfournisseurs sont du ressort exclu-sif des élus et plus particulièrementdutrésorier»et nondes gestionnai-res. Pour la Cour, « le comité d’en-treprise a mis en place un systèmedans lequel les prix qu’il paye sontmanifestement surévalués. Lesdéfaillances dans le circuit de paie-ment des factures conduisent à desdoubles paiements répétitifs à cer-tains fournisseurs… ».

Mais là ne s’arrête pas les griefs.

La gestion des activités vacancesdu CE a également révélé des prati-ques douteuses. Disposant d’unequarantaine de centres en proprié-té ou copropriété, le CE a menéentre 2004 et 2010 six rénova-tions immobilières. Et pour tou-tes, constate la Cour, « les mêmespratiques se répètent : prix payéau-delàdu marché,prestations fac-turées mais non réalisées, piètrequalité des travaux exécutés avecdes malfaçons généralisées allantjusqu’à mettre en danger la sécuri-té des personnes».

La Cour des comptes s’inquièteégalement d’autres irrégularitésconcernant les dépenses, parexemplecelles pour la fêteannuel-

le du CE dans un château de l’Es-sonne. Elles s’élèvent depuis 2007à environ 447 000 euros par an. Etl’agent,détaché delaRATP,en char-ge de cette fête « ne répond qu’auxélus, ne suit aucune procédure,choisit seul les fournisseurs dontcertains pratiquent des factura-tions manifestement abusives et sedispense de produire des pièces jus-tificatives pour un nombre signifi-catif de transactions».

A cela, s’ajoutent de sérieusestensions sociales dans la gestiondesressources humaines.Un nom-breélevé de démissions etlicencie-ments s’est soldé par 1,1 milliond’euros d’indemnités versées etdes postes stratégiques non pour-

vus. En mai 2010, le directeurdépartementaldu travail de Seine-Saint-Denis constatait « l’existenced’une situation dangereuse » pourla santé physique et mentale dessalariés du CE.

Pour la Cour, « le caractère systé-mique des pratiques constatées,quel que soit le secteur d’activitéanalysé, conduit à penser qu’ils nesont la conséquence ni de hasardsmalheureux, ni de défaillanceshumaines. C’est un système de “fui-te” des fonds confiés au comité derégie d’entreprise qui apparaît ».

Pour mettre fin à ces dérives, laRue Cambon demande une sérieu-se reprise en main du CE. p

Philippe Jacqué

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EnhausseParis – Eric Schmidt, PDG de Google, inaugure,mardi 6 décembre, le nouveau siège de GoogleFrance ainsi qu’un centre de recherche et déve-loppement, en présence de Nicolas Sarkozy : unimmeuble de 10 000 m2, rue de Londres à Paris,qui a coûté 100 millions d’euros de travaux.

EnbaisseAsie – La Banque asiatique de développementa revu à la baisse, mardi 6décembre, ses prévi-sions de croissance. Elle prévoit une croissancede 7,2 % en 2012 pour les pays d’Asie du Sud-Est,plus la Chine, Hongkong, la Corée du Sudet Taïwan, contre 7,5 % en septembre.

Lescoursdu jour ( 06/12/11 , 09 h 51 )

Desérieuses tensionssocialesdemeurentdansla gestiondes

ressourceshumaines

Lesdériveset les irrégularités du CE de laRATPLa Cour des comptes parle de «système» et saisit le garde des sceaux afin d’engager une procédure pénale

Argentdessyndicats:le rapportenterré

L es mécanismes de finance-ment des organisations syn-dicales, d’employeurs com-

me de salariés, ne feront pas l’ob-jet d’une publication. Une com-mission d’enquête parlementaire,six mois de travail, une cinquan-taine de personnes auditionnées,dont les principaux responsablesde toutes les organisations syndi-cales. Et, mercredi 30novembre,au moment de l’adoption du rap-port, l’UMP se défile et le docu-ment est mis au pilon. Toute tracedes auditions comme du rapportdéfinitif disparaît des archives del’Assemblée nationale. Toute com-munication sur le texte final estproscrite, sous peine de poursui-tes au pénal.

«Il n’y avait rien d’explosif.Même les responsables syndicauxne comprennent pas pourquoi aété appliqué cet embargo, qui ris-que d’accréditer les fantasmes lesplus débiles », juge le rapporteurde la commission, Nicolas Perru-chot, député (Nouveau Centre),de Loir-et-Cher.

Certes, à l’origine, la demanded’une commission d’enquête par-lementaire n’a pas soulevé un folenthousiasme. Et certains ne sesont pas privés d’y voir unmoyen d’alimenter le vieux fondde sauce de l’antisyndicalisme. Apreuve, cette une du Figaro Maga-zine daté du 3 décembre sur «L’ar-gent caché des syndicats » annon-çant, « en exclusivité », les fracas-santes révélations du « rapportparlementaire qui dérange ».

Une opération bien montée,fustigeant la « gabegie » d’organi-sations syndicales de salariés peureprésentatives – à peine 8 % desyndiqués – mais vivant «aux cro-chets des autres ». La commission

d’enquête, affirme le magazine,établirait que les syndicats tou-chent chaque année 4 milliardsd’euros de la collectivité alorsque les cotisations ne représen-tent que 3 à 4 % de leur budget.Las, le journal était bouclé avantque le rapport ne soit rejeté. Ceschiffres, si tant est qu’ils existent,ne sont étayés par aucunedémonstration.

Nombreuses pressionsPourquoi l’UMP a-t-elle finale-

ment reculé au moment du vote ?Paradoxalement, les organisa-tions syndicales de salariés, mal-gré leurs réticences de départ, sesont plutôt pliées au jeu. Pour lapremière fois, même, en vertu dela loi de 2008 sur la représentati-vité syndicale, elles publientdésormais leurs comptes.

D’où sont venues, alors, lespressions? La décision d’enterrerle rapport a été prise mardimatin, au bureau du groupe UMPde l’Assemblée nationale. Certai-nes fédérations patronales etorganisations agricoles voyaientd’un très mauvais œil le sujet descircuits de financement faire l’ob-jet d’un rapport public. Le prési-dent du groupe UMP, ChristianJacob, ancien syndicaliste agrico-le lui-même, en a été alerté. Il a, àson tour, fait passer le messageau président (UMP) de la commis-sion d’enquête, Richard Mallié.«Est-ce que ça vaut vraiment lecoup de remuer tout ça alorsqu’on sait qu’on n’ira pas plusloin ? », interroge ce dernier, quise défend d’avoir « jamais reçu deconsigne de qui que ce soit ». Visi-blement, à droite, on a estiméque ce n’était pas le moment. p

Patrick Roger

Euro 1euro 1,3442 dollar (achat)Or Once d’or 1 744,00 dollarsPétrole Lightsweet crude dollarsTauxd’intérêt France 3,095 (à dix ans)Tauxd’intérêt Etats-Unis 1,940 (à dix ans)

190123Mercredi 7 décembre 2011

C ’est la dernière ligne droitepour la SNCF. Dimanche11 décembre, 85 % des horai-

res des trains changeront. A forcede messages publicitaires et d’an-nonces en gare, 90 % des usagersréguliers du train en sont avisés,selon les enquêtes de la SNCF.

Mais, à mesure que l’on s’appro-chedu«bigbang»ferroviaire,com-me l’a qualifié Guillaume Pepy, lepatron de l’entreprise publique, lesassociations d’usagers, les collecti-vitéslocalesetlessyndicatsaccrois-sent la pression pour régler tous les«dysfonctionnements » engendréspar ce nouveau service horaire.

Face à cette situation, le gouver-nement a demandé à GuillaumePepy et à Hubert du Mesnil, prési-dent de Réseau ferré de France(RFF),legestionnairedesinfrastruc-tures ferroviaires, une seule chose:«Pas de vague » à quelques mois del’élection présidentielle.

MM. Pepy et du Mesnil multi-plient les interventions dans lesmédias pour expliquer pourquoices changements s’imposent. Ettententdedéminertouslesconflitsnaissants. Lundi 5 décembre, aprèscinq heures de réunion de concilia-tion, la direction de la SNCF a réussià faire revenir la FGAAC-CFDT surson préavis de grève, déposé le2 décembre, pour les quatre pro-chains week-ends de décembre.

Le syndicat, représentant lesagents de conduite, voulait profi-ter du passage aux nouveauxhoraires pour obtenir une « recon-

naissance» desefforts de producti-vité réalisés. Les autres syndicatsde l’entreprise, CGT et UNSA entête, ont reproché à la CFDT d’avoirfait « cavalier seul ». Pour ces orga-nisations, il est essentiel de « réus-sir » ce passage au nouveau servicehoraireafindene pasternir«l’ima-ge de la SNCF ». Même si la CGT ouSUD soutiennent, au niveau local,desgrèvespour régler descasparti-culiers.

«Désobéissance civile»Pour MM. Pepy et du Mesnil, ce

répit syndical n’est pas suffisant.Tous les vendredis, la SNCF et RFFdoivent rendre des comptes auministère des transports sur lerèglement des points noirs causéspar les nouveaux horaires. Car, ceque craint avant tout le gouverne-ment, c’est la réaction des usagersquotidiens du train.

Les deux entreprises estimentque vingt à vingt-cinq cas difficilesn’ont pas encore trouvé de solu-tion. Nommée le 21 novembremédiateur des nouveaux horaires,Nicole Notat a déjà reçu plus de200 saisines de particuliers et decollectivités.

Les associations d’usagersdéplorent beaucoup d’absences dedessertes ou des suppressions detrains de proximité. « Depuis sep-tembre, nous alertons des consé-quences désastreuses de ce change-ment d’horaires », assure WillyColin, le porte-parole de l’Associa-tiondesvoyageursusagers des che-mins de fer (AVUC).

« Aujourd’hui, au moins 200cassont encore problématiques », jugeM. Colin, qui appelle, avec quinzeautres associations, à une grève deprésentation des billets à partir du12 décembre. « Nous répondonsparladésobéissance civileà l’absen-ce de réelle concertation sur un dos-sier traité de manière purementtechnocratique», justifie-t-il.

Poursapart, la Fédérationnatio-nale des associations d’usagersdes transports regrette l’absenced’une concertation plus pousséeavec RFF et la SNCF, et juge qu’ilfaut régler quelques « cas très diffi-ciles». « Aucun horaire ne satisferatout le monde. Il y a un équilibre àtrouver entre l’intérêt général et lesintérêts particuliers », répondM.du Mesnil. p

Ph. J.

D Lire aussi p.23« Le big bang du rail »

ISABELLE GIORDANO11h - Les AffranchisAvec tous les mercredis la chroniquede Sandrine Blanchard du journal

franceinter.fr

économie

Pourquoi changer 85%des horaires de trains?

Trois raisons expliquent un chan-gement si important des horaires.Nouvelle ligne L’ouverture de lanouvelle ligne à grande vitesseRhin-Rhône oblige à supprimerdes trains classiques et à changerde nombreux horaires pour revoirles correspondances.

Chantiers Mille chantiers serontlancés en 2012, soit deux fois plusqu’en 2011. Pour réaliser ces tra-vaux, des voies seront bloquéestotalement ou partiellement pen-dant les heures creuses ou la nuit.

Cadencement Le développe-ment du cadencement des trains,qui permet de créer des desser-tes à heure et minute fixes, d’uneheure à l’autre, ajoute à la com-plexité.

LaSNCFéviteunegrève,maisadumalàcontenirlacolèredesesclientsDimanche 11décembre, 85% des horairesde trains vont changer

C ’est un véritable choc dans lesecteur du transport. Crééau mois de mars, Veolia-

Transdev, le premier acteur dutransport urbain au plan mondial,est déjà à vendre. C’est ce qu’a déci-dé, mardi 6 décembre, la directionde Veolia Environnement dans lecadre d’une vaste réorganisation.

Le groupe, présidé par AntoineFrérot, accélère le recentrage deses activités, en se concentrant surtrois de ses quatre métiers : l’eau,la propreté et les services à l’éner-gie. Cette nouvelle stratégie l’amè-nera à céder 5 milliards d’eurosd’actifs au cours des deux prochai-nes années.

Le plan prévoit aussi une accélé-rationdes réductionsdecoûtspourredresser le cap, le groupe ayant,pardeuxfoisen troismois,revusesperspectives financières à la baisse.Il s’agit de retrouver la confiancedes investisseurs en ramenant ladette de 15 milliards d’euros àmoins de 12 milliards fin 2013.

La présentation de ce viragestratégique était appréciée mardià l’ouverture de la Bourse, le titreVeolia gagnant 2,92 %, quand leCAC 40 perdait 0,88 %.

Fusion difficileToutefois, les questions demeu-

rent sur le futur de Veolia-Trans-dev, mastodonte du transporturbain (7,9 milliards d’euros dechiffre d’affaires, 119 000 salariés)détenuàparité par Veoliaetla Cais-se des dépôts et consignations.Une telle cession est d’autant plusétonnante que ce groupe s’apprê-tait à lancer, le 11 décembre, le pre-mier train privé en France, Thello.

Lancée dès 2009, la fusion a eubeaucoupdemalàsemettreenpla-ce. Les partenaires historiques deTransdev,commelesvillesdeStras-bourgou de Grenoble, ne cachaientpas leur hostilité au nouvel ensem-ble. La perte de quelques contratsurbains a, par ailleurs, terni l’imagedu nouveau groupe en France.

Cependant le handicapmajeur du Veolia-Transdev restesa dette de 1,85 milliard d’euros.Toute la difficulté est de trouveraujourd’hui un acheteur, hors dela Caisse des dépôts. « En France,pour des questions de concurren-ce, il ne sera pas possible d’ados-ser Véolia-Transdev à la RATP ouà Keolis, filiale de la SNCF, juge unobservateur du secteur. La RATP

n’a pas la taille et la SNCF ne pour-ra négocier un bon prix s’il est leseul acheteur. Or je vois mal l’Etatfrançais céder un leader mondialà un concurrent provenant de l’é-tranger… »

Outre le désengagement de sabranche transport, Veolia comptecéder ses activités d’eau régulée auRoyaume-Uni et celles de déchetssolides aux Etats-Unis. Il entend

poursuivre la rationalisation de saprésence géographique – de 77 à40 pays.

Cette réduction du nombred’implantations géographiquesavait déjà été annoncée en août.M. Frérot avait alors évoqué lerecentrage du groupe, lancé desréductionsdecoûts etunprogram-me de cession.

« Pour mener à bien ces écono-mies de coûts, nous n’avons pasbesoin de licencier et même nouscontinuerons à embaucher», a esti-mé le PDG, mardi 6 décembre, enévoquant la situation en France.

D’autre part, M.Frérot a annon-cé un renforcement du partena-riat avec EDF dans leur filiale com-mune de services énergétiquesDalkia: l’actionnariat sera partagéà parité, avec une gestion opéra-tionnelle assurée par Veolia. EDFmontera donc de 34 % à 50 %, enéchange d’actifs. p

Dominique Galloiset Philippe Jacqué

L e fabricant français de linge-rie, Lejaby, situé à Rillieux-la-Pape (Rhône), pourrait, une

quatrième fois depuis 2003, chan-ger de propriétaire et voir encoreses effectifs fondre comme neigeausoleil. Après lamise en redresse-ment judiciaire de Lejaby, le27 octobre, le groupe grenobloisAbcias’estretrouvé l’unique candi-dat à avoir déposé une offre dereprise au tribunal de commercede Lyon, le 30 novembre.

Par le biais de sa filiale Phoenix(diversifiée dans les barbecues, ladécoration de salles de bains, lemobilier pour cafés, l’emballage,le travail temporaire…), ce groupespécialisé dans la reprise de PMEen difficultés a proposé de repren-dre Lejaby pour 1 euro symboli-que. Il ne veut conserver que 135des 450 salariés.

Les représentants syndicauxjugent cette offre « non accepta-ble ». De façon impromptue, le

PDG d’Abcia, Rodolphe Tarnaudestvenu, lundi 5décembre,àla ren-contre des représentants de Leja-by. Sans les convaincre, malgré sapromesse d’injecter 5 millionsd’euros (en compte-courant etcapital) et son objectif d’équilibrefinancier en une année.

Au même moment, les politi-ques, qui commencent à s’inquié-terdudossier,étaient venusappor-ter leur soutien aux salariés. Jean-Jack Queyranne, président (PS) duconseil régional de Rhône-Alpes etle maire (PS) de Rillieux-la-Pape,Renaud Gauquelin, en étaient.

Un nouveau délaiLes représentants syndicaux

ont demandé à l’administrateurjudiciaire, Me Bruno Sapin, un nou-veau délai, le temps que de nouvel-les offres de reprise, plus satisfai-santes en termes d’emploi, puis-sent se faire jour. La prochaineaudience au tribunal de commercede Lyon, qui doit normalement sta-tuer sur le nom du repreneur, estprévue le 22décembre.

La marque Lejaby est née dansles années 1930, grâce à une jeunefemme, Gabrielle Viannay, sur-nommée Gaby, qui s’est lancéedansla fabrication de soutiens-gor-ge,dansl’arrière-salleducinémadeson beau-frère, Marcel Blachard, àBellegarde-sur-Valserine (Ain).Dans la tradition de la corseterie àlafrançaise, la marque aimposé, aufildesannées,lesdécolletéspigeon-nantspuisles soutiens-gorgeou lesslips en microfibres.

En 1996, l’américain Warnaco aacquis Lejaby et licencié 250 per-

sonnes pour délocaliser, en 2003,une partie de la production auMaroc et en Tunisie. Cinq ans plustard, Warnaco a revendu Lejaby,pour 45 millions d’euros, au grou-pe textile autrichien Palmers. Cedernier a intenté une procédurejudicaire pour tenter de casser lavente, estimant avoir payé tropcher. Ce litige n’est toujours pastranché.

Fin mars 2010, Palmers aannoncé un nouveau plan deréduction des effectifs, pour neconserver que 197 salariés (avecles départs en retraites, ils serontfinalement 194) sur les 653 dugroupe. Le propriétaire a aussi fer-mé trois des quatre sites de pro-duction installés dans l’Hexago-ne, à Bellegarde-sur-Valserine,Bourg-en-Besse (Ain) et Le Teil(Ardèche) pour ne conserverqu’Yssingeaux (Haute-Loire),comme seul atelier « pilote ».

Aujourd’hui, plus de 90 % de lalingerie est fabriquée au Maghreb.Faute d’investissements en publi-cité, les ventes se sont érodées et legroupe a enregistré une perte de2,7 millions d’euros pour l’exerci-ce 2010-2011.

De source syndicale, on préciseque sur les 194 salariés qui ont per-du leur emploi, « seuls huit ontretrouvé un CDI à temps plein ».Complication supplémentaire, leplan de sauvetage pour l’emploin’était pas achevé, certains sala-riés n’ayant toujours pas touchétoutes leurs indemnités ou termi-né leur formation, quand Lejaby adéposé son bilan. p

Nicole Vulser

Activité Employant 317034 sala-riés, le groupe a réalisé en 2010 unchiffre d’affaires de 34,8milliardsd’euros réparti entre l’eau (35%),la propreté (27%), l’énergie (21%)et les transports (17 %).

ImplantationPrésent dans77pays, la part réalisée en Europereprésente 77% du chiffre d’affai-res (40% en France). L’Amériquedu Nord est à 9 %, l’Asie-Océanieà 8% et le reste du monde à 6%

RésultatsEn 2010, le groupe adégagé un résultat opérationnelde 2,056 milliards d’euros. Sonendettement s’élève à 15,2 mil-liards d’euros.

Bourse Plus forte chute duCAC 40 depuis le début de l’an-née, le titre a perdu 56,46 %, à9,5 euros. 56,9 % du capital estdans le public. Le premier action-naire est la Caisse des dépôts(9,5%).

Legroupe de transport VeoliaTransdev,crééil y a dixmois, est déjà àvendreVeolia Environnement veut se désendetter et se recentre sur l’eau, la propreté et l’énergie

Unprojet de reprise pourLejaby, à 1euro et à 135emploisLe groupe grenoblois Abcia est l’unique candidat au rachat du fabricant de lingerie

Un groupe présent dans 77 pays

Antoine Frérot (à droite) et Henri Proglio lors d’un meeting de Veolia, le 7 mai 2010. ERIC PIERMONT/AFP

20 0123Mercredi 7 décembre 2011

économie & médias

P asde reprise du travailà l’usi-ne de frites surgelées dugroupe canadien McCain à

Matougues dans la Marne, mardi6 décembre au matin. Le bras defer se poursuivait. Le site est quasiparalysé depuis le 27 novembrequand une large majorité du per-sonnel a engagé un mouvementde grève.

Cette usine qui emploie près de200 personnes, est la plus grandede la société McCain en France,mais est aussi son plus importantcentre de production de frites sur-gelées en Europe. Près de 700 ton-nes de frites sortent chaque jourde ces lignes de fabrication. Lessalariés ont décidé, avec l’appuid’une intersyndicale formée de laCGT, de FO et de la CFTC dedébrayerpour exiger uneaugmen-tation de salaire. Ils demandentune hausse uniforme de leurrémunération de 10 % applicabledès le 1er janvier 2012.

Une revendication jugée« irréa-liste » par Philippe Bluszcz, direc-teur des ressources humaines dugroupe McCain en France. Il meten avant les propositions d’unaccord salarial qui avaient été fai-tes par la direction au niveau dugroupe et qui avaient été accep-tées par la CFDT.

Cet accord prévoit une haussede salaire de 2 %. Elle pourraitatteindre 2,68 % en intégrant unerevalorisation des primes etautres rémunérations variables.De plus, la direction se dit prête àanticiper la négociation annuelledes salaires de l’année 2013, pourapplication au 1er octobre 2012.Mais elle ne souhaite pas allerau-delà en terme de revalorisa-tion des salaires. Elle a voulu plu-tôt ouvrir le dialogue sur les condi-tions de travail.

La tension est montée d’uncran dimanche 4 décembre lors-que le mouvement de contesta-tion a gagné un autre site du grou-pe McCain en France, à Harnesdans le Pas-de-Calais, à l’instiga-tion du syndicat CGT.

Cesite, qui emploie 500 person-nes, héberge le siège de la filialefrançaise de l’entreprise canadien-ne et une deuxième unité de fabri-cation de frites surgelées. Lesdeux tiers des effectifs de l’équipede nuit de l’usine d’Harnesavaient à leur tour décidé de nepas reprendre le travail. L’usinetournait alors à la moitié de sacapacité.

Des négociations entre repré-sentants syndicaux centraux et ladirection ont eu lieu lundi5décembre en fin de journée à Har-nes. Mais aucun accord n’a ététrouvé.

Lundi, des non-grévistes

avaient repris le travail à Matour-gues, mais la production restaittrès perturbée. Une seule équipefaisait tourner la fabrication,contre quatre habituellement,sachant que les lignes fonction-nent normalement 24 heures sur24 et six jours sur sept. De même,mardi matin.

La direction a rappelé dans uncommuniqué que « toutes les dis-positions ont été prises pour conti-nuer à servir ses clients ». McCainpossède un troisième site de pro-duction à Béthune (Pas-de-Calais),qui fournit en priorité des pro-duits sous marque distributeur etalimente l’export. Le groupe quivend un tiers de sa productionaux chaînes de restauration rapi-de, dont en particulier à McDonal-d’s, tente de rassurer ses clients.

En France, McCain est le troisiè-me acteur du marché des surgelés,tous produits confondus, derrièreFindus et Nestlé. Mais le groupecanadien fondé en 1956 par Harri-son et Wallace McCain revendiquele titre de plus gros producteurmondial de frites surgelées. Mêmes’il produit également des snacks,des pizzas et autres plats préparésetdesserts surgelés. Basée àFloren-ceville,dans le New Brunswick, cet-te société est restée aux mains delafamille et n’est pas cotée.Elle res-te donc discrète sur ses résultats etse contente d’annoncer un chiffred’affaires de 6 milliards de dollarscanadiens (4,4 milliards d’euros).Elle emploie 20 000 personnesdans le monde.

En juin 2011, McCain a nomméDirk Van de Put comme présidentet PDG de l’entreprise, en rempla-cement de Dale Morrison qui étaitresté sept ans à la tête du groupe.Le nouvel homme fort de McCain,est un Belge qui a fait l’essentiel desa carrière dans l’agroalimentaireet la pharmacie. p

Laurence Girard

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Ne pas se tromper de robe

Y aller doucement sur le maquillage

Retrouver la bonne personne

Nasser Al-Khelaifi et Leonardo, lors d’un match de Ligue 1 au Parc des Princes, le 4 décembre. FUENTES/REUTERS

A l-Jazira a frappé un grandcoup ! Le groupe audiovi-suel qatari a obtenu les

droits de retransmission de laLigue des champions de footballpour les trois prochaines saisons(2012-2015).L’UEFA, l’autorité euro-péennedufootball, a annoncé, lun-di 5 décembre, que, pour mettre lamain sur cette compétition,Al-Jazira va débourser 61 millionsd’euros par saison. C’est quasi-mentle double du montant actuel-lementpayéparCanal+pour diffu-ser cette compétition sur sonantenne – 31 millions d’euros parsaison.

Le groupe audiovisuel qataricompte ainsi alimenter sa chaîneAl-Jazira sports, qu’il doit lancerdans cinq à six mois. Ce lancementest préparé dans le plus secret parCharles Biétry, l’ancien patron dessports de Canal+, directeur d’Al-Jazira sport France. Al-Jazirava pouvoir diffuser 133 matchespar saison,à la télévision,sur Inter-net mais aussi sur tous lesécrans mobiles, smartphones ettablettes.

Pour l’heure, le groupe audiovi-suel qatari a acheté quatre descinq lots mis en vente par l’UEFA.Seul reste encore à vendre le lot« premier choix », qui représente13matches, dontla finale, etcorres-pondauxmatches diffusésaujour-d’huien clair par TF1, contre 25mil-lions d’euros par saison.

Al-Jazira « n’est pas candidat »pour ce lot, assure M. Biétry. C’estcontre notre philosophie. Les gensqui n’ont pas les moyens de s’offrirun abonnement à une chaîne àpéage doivent quand même pou-voir voir du football à la télévi-

sion. » La montée en charge dugroupe qatari entre en concurren-ce directe avec Canal+. La chaînecryptée croyait s’être débarrasséede toute concurrence d’importan-ce avec le retrait d’Orange. C’estraté ! Al-Jazira semble un rivalbeaucoup plus coriace avec desmoyens financiers sans limites.« Nous avions fait une offre trèscompétitive, mais nous ne pou-vions lutter à armes égales. L’attri-bution a eu lieu dès le premiertour», a déploré Rodolphe Belmer,

le directeur général adjoint deGroupe Canal+.

Jouant du carnet de chèques,Al-Jazira se constitue un porte-feuille de droits impressionnants.A l’inter-saison, le groupe a repris,pour quelques dizaines de mil-lions d’euros, le Paris-Saint-Ger-main. Il espère bien faire du clubde la capitale l’un des clubs pharesde la Ligue des champions.

Al-Jazira a aussi acquis, il y aquelques mois, les droits deretransmission de deux matches

de championnat de France deLigue 1 et de deux magazines pourles quatre prochaines saisons de2012 à 2016. Al-Jazira a déboursé90millions d’euros.

Cette boulimie d’achats ne sem-ble pas terminée. Des lots des pro-chaines saisons de la Ligue 1 n’ontpas encore été vendus. Après laLigue 1 et la Ligue des champions,le groupe qatari pourrait aussirafler les droits de retransmissiondes deux prochains champion-nats d’Europe des nations, en 2012

et 2016. Selon la rumeur, Al-Jaziraaurait mis sur la table 130 millionsd’euros.

Au premier tour, les instancesdu football avaient déclaré l’appeld’offres infructueux car TF1 et M6avaient divisé par deux leur offreconjointe. Après avoir payé, àparts égales, 100 millions d’eurospour diffuser la précédente com-pétition, les deux chaînes gratui-tes ne proposent plus que 50 mil-lions d’euros. Entre-temps, la criseest passée par là.

Après la France, le groupe qata-ri pourrait encore à aller faire sesemplettes en Espagne et en Italie.Al-Jazirapourrait chiper, dès la sai-son prochaine, la Liga et le Calcio.Une fois encore contre Canal+, quidiffuse le championnat espagnolpour 6,5 millions d’euros par an.

M. Biétry assure qu’Al Jazira« dispose d’un budget rigoureux etextrêmement serré contrairementà ce que l’on a pu dire ». Pour s’em-parer d’un gros morceau de laLigue 1 et de la quasi-totalité de laLigue des champions, Al Jazira n’ad’ailleurs mis sur la table « que »151 millions d’euros. Pour diffuserun seul match du championnat deLigue 1, Orange, verse, depuis qua-tre ans, 203 millions par saison. p

Guy Dutheil

Selonl’Autoritéeuropéenne

dufootball (UEFA),Al-Jazirava débourser

61millionsd’eurospar saison

Cetteusine,quiemploieprès de200personnes, est le

plusimportant centredeproduction

defrites surgeléesenEurope

Electronique Les pertescachées à Olympus ontdépassé 1milliard d’eurosLes pertes dissimulées pendantdes années par d’anciens diri-geants du groupe d’appareils pho-to nippon Olympus se sont éle-vées à 134,8milliards de yens(1,29milliard d’euros au coursactuel), a révélé, mardi 6décem-bre, un comité d’enquête indépen-dant désigné par des administra-teurs. L’entreprise a eu recours ànombre de subterfuges pour mas-quer un passif lié à des investisse-ments hasardeux effectués durantla bulle spéculative immobilière etboursière (fin des années 1980). Lemontant des pertes révélé inclutles commissions versées à des com-plices extérieurs qui ont permis àHisashi Mori (ex-directeur généraladjoint) et Hideo Yamada, ancienresponsable de la validation descomptes, d’utiliser divers tours depasse-passe pour masquer les per-tes endurées. –(AFP.)

Technologie Dell arrêtesa tablette Streak sousAndroid aux Etats-UnisLe fabricant informatique améri-cain Dell a retiré de la vente auxEtats-Unis sa tablette sousAndroid Streak de 7 pouces, maiss’est dit, lundi 5 décembre, décidéà continuer de produire ce typed’appareils destinés au marché dela mobilité. – (AFP.)

Distribution Wolseley:les Etats-Unistirent les ventesLe groupe britannique Wolseley,numéro un mondial de la distribu-tion d’équipements de plomberieet de chauffage, annonce une haus-se de 5% de son chiffre d’affairesau premier trimestre, grâce auxEtats-Unis, mais met en garde surune possible dégradation de l’envi-ronnement commercial dans lesprochains mois. – (AFP.)

Al-Jazira diffuserala Ligue des championsSur la période 2012-2015, la chaîne qatarie retransmettra 133 matches par saison à la télévision, sur Internet et les mobiles

AMatougues, les salariésde McCainsont en grèvedepuis plus d’une semaineIls ont décidé, avec l’appui d’une intersyndicale,de débrayer pour exiger une augmentation de salaire

210123Mercredi 7 décembre 2011

SÉLECTION publiée sous laresponsabilité de l'émetteurDernier cours connu le 6/12 à 9hValeur Cours date

en euro valeur

CM-CIC EUROPE 21,18 2/12

Fonds communs de placementsCM-CIC EURO ACTS C 16,74 2/12CM-CIC SELECT.PEA 6,84 2/12CM-CIC MID EUROPE 18,22 2/12CM-CIC TEMPERE C 163,27 2/12CM-CIC DYN.EUROPE 30,06 2/12CM-CIC FRANCE C 27,85 2/12CM-CIC EQUILIBRE C 67,21 2/12CM-CIC DYNAM.INTLE 25,41 2/12CM-CIC OBLI C.T.D 132,75 5/12CM-CIC MID FRANCE 30,18 2/12

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SICAV ET FCP

PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercicecourant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible.

FRANCE CAC 40 3191,50 6/12 -0,31 4169,87 16/2 2693,21 23/9 9,90

ALLEMAGNE DAX Index 6062,12 6/12 -0,72 7600,41 2/5 4965,80 12/9 10,10

ROYAUME UNI FTSE 100 index 5568,13 6/12 0,00 6105,77 21/2 4791,01 9/8 9,00

ETATS-UNIS Dow Jones ind. 12097,83 6/12 0,65 12876,00 2/5 10404,49 4/10 11,70

Nasdaq composite 2655,76 6/12 1,10 2887,75 2/5 2298,89 4/10 16,60

JAPON Nikkei 225 8575,16 6/12 -1,39 10891,60 17/2 8135,79 25/11 13,50

LES BOURSES DANS LE MONDE 6/12, 9h51

Pays Indice Dernier % var. Maxi Mini PER cours 2011 2011

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VALEURS DU CAC40

Cours en euros.◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation.Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2011. n/d : valeur non disponible. A : acompte, S : solde, T : totalité.

ACCOR ......................... ◗ 20,39 20,44 -0,22 -38,75 36,20 17,82 0,62 T FR0000120404AIR LIQUIDE ....................... ◗ 91,60 92,00 -0,43 -3,21 100,65 80,90 2,35 T FR0000120073ALCATEL-LUCENT ........... ◗ 1,25 1,27 -2,05 -42,89 4,47 1,11 0,16 T FR0000130007ALSTOM ............................ ◗ 26,18 26,59 -1,52 -26,89 45,32 21,82 0,62 T FR0010220475ARCELORMITTAL ................ 14,52 14,70 -1,26 -46,16 28,55 10,46 0,16 S LU0323134006AXA .................................... ◗ 11,25 11,26 -0,09 -9,64 16,16 7,88 0,69 T FR0000120628BNP PARIBAS ACT.A ........ ◗ 33,44 33,16 0,84 -29,77 59,93 22,72 2,10 T FR0000131104BOUYGUES ....................... ◗ 24,18 24,45 -1,12 -25,03 35,05 20,88 1,60 T FR0000120503CAP GEMINI ...................... ◗ 27,57 27,70 -0,45 -21,06 43,38 21,98 1,00 T FR0000125338CARREFOUR ..................... ◗ 20,26 20,29 -0,12 -24,82 31,98 14,65 1,08 T FR0000120172CREDIT AGRICOLE ............ ◗ 4,96 5,06 -2,06 -47,85 12,92 3,98 0,45 T FR0000045072DANONE ............................ ◗ 48,49 48,37 0,27 3,14 53,16 41,92 1,30 T FR0000120644EADS ................................... ◗ 22,02 22,05 -0,16 26,26 25,39 17,55 0,19 T NL0000235190EDF ...................................... ◗ 19,89 20,27 -1,92 -35,22 32,75 17,71 0,58 S FR0010242511ESSILOR INTL .................... ◗ 51,85 52,03 -0,35 7,63 57,72 46,60 0,83 T FR0000121667FRANCE TELECOM ............ ◗ 12,68 12,69 -0,08 -18,69 16,65 11,12 0,60 A FR0000133308GDF SUEZ ........................... ◗ 21,02 21,39 -1,73 -21,71 30,05 17,65 0,83 A FR0010208488LAFARGE ........................... ◗ 28,38 28,59 -0,75 -39,52 48,76 22,29 1,00 T FR0000120537L’OREAL ............................ ◗ 79,60 79,53 0,09 -4,19 91,24 68,83 1,80 T FR0000120321LVMH MOET HEN. ............ ◗ 114,70 115,15 -0,39 -6,82 132,65 94,16 0,80 A FR0000121014MICHELIN ........................... ◗ 48,02 48,62 -1,23 -10,57 68,54 40,20 1,78 T FR0000121261PERNOD RICARD ............... ◗ 69,09 69,38 -0,42 -1,81 72,78 56,09 0,77 S FR0000120693PEUGEOT ............................ ◗ 14,18 14,46 -1,97 -50,09 33,60 11,60 1,10 T FR0000121501PPR ..................................... ◗ 111,20 111,85 -0,58 -6,55 132,20 90,50 3,50 T FR0000121485PUBLICIS GROUPE ........... ◗ 35,45 35,35 0,28 -9,10 41,84 29,10 0,70 T FR0000130577RENAULT ............................ ◗ 29,23 29,71 -1,63 -32,80 50,53 22,07 0,30 T FR0000131906SAFRAN .............................. ◗ 22,55 22,55 -0,04 -14,92 30,50 20,18 0,50 T FR0000073272SAINT-GOBAIN .................. ◗ 32,01 32,20 -0,59 -16,87 47,64 26,07 1,15 T FR0000125007SANOFI ............................... ◗ 51,42 51,36 0,12 7,46 56,82 42,85 2,50 T FR0000120578SCHNEIDER ELECTRIC ..... ◗ 42,55 42,51 0,09 -24,03 61,83 35,00 3,20 T FR0000121972SOCIETE GENERALE ......... ◗ 20,00 20,14 -0,72 -50,27 52,70 14,31 1,75 T FR0000130809STMICROELECTR. ............. ◗ 4,65 4,68 -0,64 -39,91 9,73 3,96 0,09 A NL0000226223SUEZ ENV. .......................... ◗ 9,24 9,27 -0,38 -40,21 15,99 8,84 0,65 T FR0010613471TECHNIP ............................. ◗ 71,23 71,38 -0,21 3,08 78,14 52,85 1,45 T FR0000131708TOTAL ................................. ◗ 38,82 38,77 0,14 -2,09 44,55 29,40 0,57 A FR0000120271UNIBAIL-RODAMCO ........ ◗ 138,10 139,25 -0,83 -6,69 162,95 123,30 2,70 D FR0000124711VALLOUREC ....................... ◗ 51,33 52,07 -1,42 -34,69 89,58 38,34 1,30 T FR0000120354VEOLIA ENVIRON. ............. ◗ 9,74 9,52 2,29 -55,46 24,30 8,02 1,21 T FR0000124141VINCI ................................... ◗ 33,76 33,99 -0,71 -17,02 45,48 28,46 1,15 S FR0000125486VIVENDI .............................. ◗ 17,12 17,16 -0,23 -15,22 22,07 14,10 1,40 T FR0000127771

Mardi 6 décembre 9h45Valeur Dernier Cours % var. % var. Plus Plus Divid. Code cours préc. /préc. 31/12 haut bas net ISIN

Finances publiquesUn budget d’austéritépour la CroatieLe probable futur premier minis-tre croate, Zoran Milanovic, a indi-qué, lundi 5décembre, au lende-main de la victoire de la coalitionde centre gauche qu’il dirige auxlégislatives, que l’adoption d’unbudget d’austérité figurerait par-mi ses priorités. « Nous avons50jours pour adopter le budget »et éviter une baisse de la note dela Croatie par les agences de nota-tion, a indiqué M. Milanovic à latélévision. Selon lui, ce budgetdonnera une « légitimité claire» àZagreb auprès des institutionsfinancières internationales.

Aérien Air France veut êtreà l’équilibre fin 2013 surle court et moyen-courrierAir France espère retrouver l’équi-libre financier sur les lignes direc-tes de son réseau court et moyen-courrier (hors Roissy – Charles-de-Gaulle) fin 2013, a annoncé, lundi5décembre, Alexandre de Juniac,

le nouveau PDG de la compagnie,à l’occasion de la présentation dela deuxième base à bas coûts de lacompagnie, installée à Toulouse.

Luxe Chanel rachèteun atelier de broderieChanel a acquis l’atelier de brode-rie Montex, spécialisé dans les bro-deries «au crochet Lunéville, àl’aiguille et à la cornely » (un outilspécial). Chanel compte déjà sept

ateliers dans sa filiale Paraffectionconsacrée aux métiers d’art: le bro-deur Lesage, le parurier Desrues, leplumassier Lemarié, le chapelierMaison Michel, le bottier Massaro,l’orfèvre Goossens et le parurierfloral Guillet. – (AFP.)

Hermès table sur 10%de croissance en 2012Le groupe Hermès table sur « unebonne croissance, de l’ordre de

10 %, en 2012 », a déclaré PatrickThomas, le gérant du groupe,dans le quotidien suisse Le Tempsdu lundi 5 décembre. « Après deuxannées consécutives à 20 %, onpeut se permettre un exercice avecune croissance un peu plus modé-rée, cela nous permettra de souf-fler», a-t-il ajouté. Le groupen’aurait pas pu continuer à garderce rythme en « raison de capacitésde production limitées». Trois nou-veaux sites de production, quis’ajouteront aux 27 existants,seront ouverts au premier trimes-tre 2012 en France.

Finance Les tauxdes crédits immobiliersse stabilisentLes taux d’intérêt des créditsimmobiliers se sont établis enmoyenne à 3,86 % en novembreen France, comme en octobre,alors « que la demande a faibli surun marché maintenant très fragi-le », selon une étude de l’Observa-toire crédit logement/CSA,publiée lundi 5 décembre. – (AFP.)

Marchés

Edition

Mobilisationdes libraires contrelahausse dela TVA de5,5%à 7%Yannick Poirier, patron de la librairie Tschann (Paris, 6e arrondissement)mobilise son réseau pour alerter les parlementaires « sur la fragilité dulivre au regard de la nouvelle loi de finances». Avec une rentabilité quis’établit à 0,5% de son chiffre d’affaires, avant impôt, «la librairie françai-se ne pourra pas résister au choc», analyse-t-il. Il invite ses clients et sesconfrères à diffuser par courriel un message d’alerte auprès des parle-mentaires. Mercredi 7décembre, le texte gouvernemental passe en com-mission des finances au Sénat. Le vote final est prévu le 22 décembre. Enrégion, la mobilisation est relayée par de nombreuses associations etgroupements (Libraires à Marseille et Libraires du Sud, Text’OCentre,Association des éditeurs de la région Centre, etc.). p Alain Beuve-Méry

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Conjoncture&vie desentreprises

Areva, Veolia…

I l y a des héritages que l’onrefuse et d’autres qu’il fautbien assumer et parfois gérer

sous le regard indigné du testa-teur. C’est ce qui arrive à AntoineFrérot, PDG de Veolia Environne-ment, et Luc Oursel, président dudirectoire d’Areva, « héritiers »d’Henri Proglio et d’Anne Lauver-geon. Le premier, patron dugéant mondial des services auxcollectivités (eau, déchets, éner-gie et transports), a dû présenter,mardi 6 décembre, un plan derigueur sans précédent ; lesecond, à la tête du numéro 1 del’industrie nucléaire, devra seplier au même exercice le13 décembre.

« Après une phase d’expansion,nous sommes dans une phase degestion », lançait M. Frérot, le3août, en annonçant sa décisionde « réduire les implantations géo-graphiques de 77 à 40 pays ». Une«phase de gestion », vraiment?L’euphémisme était sans doutedestiné à ne pas froisser l’ombra-geux mentor, qui a jugé cetteannonce comme une faute. Carchez Veolia comme chez Areva,tout a été passé à la paille de fer.Au point que cette démarche res-semble à l’exercice d’un droit d’in-ventaire.

Le parcours et la situation deces deux sociétés auxquelles ilsétaient viscéralement attachés nesont pourtant pas très éloignés :l’une et l’autre se sont lourde-ment endettées et se retrouventdans le collimateur des agences

de notation ; elles souffrent d’uneforte contraction de leurs mar-chés liée à la crise, amplifiée chezAreva par le syndrome post-Fukushima; elles doivent réduireles coûts et céder des actifs àrebours de l’expansionnisme,flamboyant mais coûteux, desannées 2000.

« Rappelle-toi qui t’a fait roi »M. Proglio n’appréciera pas le

rapprochement avec Mme Lauver-geon, sa meilleure ennemie. Etréciproquement. L’ex-patronnedu groupe nucléaire peut nourrirle sentiment, sans doute infondé,d’avoir été trahie par M. Oursel.Mais elle semble avoir tourné lapage de ses dix ans d’Areva. A latête d’EDF, M. Proglio reste admi-nistrateur de son ancienne mai-son. Après trente-sept ans à laGénérale des eaux devenue Veo-lia, il avait choisi son successeuret peut dire : « Rappelle-toi qui t’afait roi. »

Quand un patron a laissé unsouvenir vivace dans l’entreprise–c’est vrai de Mme Lauvergeon etde M. Proglio –, la passion peut ledisputer à la raison économiqueet conduire au déni à l’heure dubilan. Tous deux sont comptablesde la situation. La crise a opportu-nément transformé le droit d’in-ventaire en devoir de vérité,offrant à M. Frérot et à M. Oursell’occasion de tuer le père (ou la«mère ») pour s’imposer. p

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Pertes & Profits | ChroniqueJean-Michel Bezat

Droit d’inventaire

économie

A l’instar des ordinateurs,auxquels ils ressemblent deplus en plus, les téléphones

mobiles seraient aussi victimesd’attaques malveillantes.

Dans un document reprenantles prévisions et les tendances enmatière de sécurité informati-que, publié mardi 6 décembre,Symantec note que les smartpho-nes sont exposés à un risque crois-sant d’attaques de « maliciels » etautres programmes hostiles.Selon l’éditeur de logiciels de sécu-rité informatique, ce risqueconnaît une augmentationannuelle de 42 %.

« Nous l’avions déjà prévu il y aun an et la tendance se confirme.Les menaces de piraterie évoluentvers les nouveaux terminaux quenous utilisons maintenant plusque nos ordinateurs : smartphonesettablettes», souligneLaurentHes-laut, responsable sécurité chezSymantec.

Une étude du cabinet Gartner,citée par la note de prévision,montre que le nombre de smart-phones écoulés dépassera 461 mil-lions d’unités d’ici à la fin de cetteannée, surpassant les ventes dePC. Les ventes combinées desmartphones et de tablettes sont44 % plus importantes que cellesdes PC.

Selon Pascal Lointier, présidentdu Club de la sécurité de l’informa-tiquefrançais,près de20%des pro-grammes proposés sur Apple Sto-re et Android Market, les deux plusgrandes plates-formes d’applica-tions pour les smartphones,seraient malveillants.

On y trouverait le même typede chevaux de Troie que ceux quiinfectent les ordinateurs après untéléchargement, par exemple. « Ily a, précise M. Lointier, des centai-nes d’applications proposées tousles jours. Même s’il y a des tests, cer-

taines passent à travers les maillesdu filet. »

Pour le spécialiste, les utilisa-teurs accordent de l’importance àla sécurité informatique de leurordinateur mais ne songent pas àleur téléphone portable.

D’autant, précise Eric Filiol, spé-cialiste en sécurité informatique àl’Esiea, une école d’ingénieurs eninformatique, que ces machinessont une véritable mine d’or oùsontstockées toutes sortes d’infor-mations sur leurs propriétaires :mots de passe de messageries,numéros de compte, codes d’accèspour services bancaires reçus parSMS et conservés…

La pandémie est encore loin« Le smartphone est un environ-

nement qui est connecté en perma-nence, or il y a des techniques pouraccéder à toutes les informationset rentrer dans l’intime, la vie pri-vée », prévient M. Filiol. Sansoublier les attaques de pirates quiprennent le contrôle du terminalpour lui faire appeler ou envoyerdes SMS à des numéros surtaxés.

Mais le vrai danger semble sur-tout résider dans la politique deconnexion quasi systématiquedes smartphones au réseau cen-tral que pratiquent les entreprises.Celles-ci ne semblent en effet passonger au pouvoir qui est ainsiaccordé à d’éventuels pirates.

« Beaucoup de chefs d’entrepri-se et même de simples employés,remarque M. Filiol, sont dotés desmartphonesdans desmilieux aus-si sensibles que la finance, la ban-que ou encore l’énergie. »

Pour l’instant, rassure tout demême Yacine Ben Bouali du cabi-net de conseil aux entreprisesKurtSalmon,la pandémieest enco-re loin d’être d’actualité. « Mais lerisque doit être pris au sérieux. » p

Sarah Belouezzane80, boulevard Auguste-Blanqui - 75013 Paris01 57 28 29 85 - http://boutique.lemonde.fr/

0123LA BOUTIQUE

Du lundi au vendredi9 h 30 à 18 h

Samedi 10 h à 14 h

Gareaux attaques viralessurles smartphonesLes téléphones intelligents sont aussi exposésau piratage que les ordinateurs

BruxellesBureau européen

L eprojetdefusionentreDeuts-che Börse et NYSE Euronext,qui vise à donner naissance à

laplusgrande Bourse mondiale surtous les segments de marché, tra-verse une mauvaise passe. Selonnosinformations,ladirectiongéné-rale européenne de la concurrencedevait même, mardi 6décembre àBruxelles, informer les deuxopéra-teurs qu’elle s’apprête à interdirel’opération, sauf à ce qu’ils concè-dent de nouvelles cessions d’actifs.

Une décision définitive, prépa-rée par le commissaire à la concur-rence, Joaquin Almunia, n’est pasattendue avant le 23 janvier. Maisles jours à venir seront cruciauxpour cette fusion, annoncée enfévrier et scrutée de près à Paris,Berlin ou Washington.

Les gardiens de la concurrenceconsidèrent qu’à ce stade la fusionde la Bourse allemande et de sarivale transatlantique – qui gèreles places de New York, Paris,Bruxelles, Amsterdam ou Lisbon-ne – peut entraver la concurrence,

en débouchant sur un doublemonopole : sur le marché des déri-vés en Europe et sur celui du règle-ment livraison (compensation).

Lesservices deM.Almuniacher-chent de longue date à casser lemodèle d’intégration verticale,qui fait la force de Deutsche Börse :l’alliance des activités de marchéet de compensation, c’est-à-dire lagestion intégrée des titres échan-gés sur ses plateformes.

«Un grand marché régulé»Cette approche n’est pas du

goût des promoteurs de l’opéra-tion. Ceux-ci critiquent la grille delecture retenue par la Commis-sion: ils lui reprochent de circons-crire le marché des dérivés auxseuls échanges effectués en Euro-pe sur les places régulées, sansprendre en compte la concurrencedes transactions de gré à gré, nil’explosion des plateformes alter-natives.

« Les Bourses se font tailler descroupières par les plateformes nonréglementées, elles vont disparaî-tre ou être absorbées par des rivauxmoins régulés si la fusion de deux

opérateurs dominants n’est pasautorisée », dit un avocat prochede la transaction.

Les deux groupes ont proposé,mi-novembre, des remèdes pourapaiser les craintes : ils acceptentde céder une petite partie de leursactivités dérivées et d’ouvrir leurchambre de compensation auxnouveaux produits innovantsd’autres sociétés.

Ces concessions ne sont pas suf-fisantes aux yeux de leurs concur-rents, comme l’ont montré lestests organisés, fin novembre àBruxelles, par les autorités de laconcurrence en présence desrivaux du futur ensemble. Le Nas-daq explique, depuis l’annonce dela fusion, que celle-ci ne peut êtreautorisée que si la nouvelle entitécède l’une de ses activités principa-les, le Liffe, filiale de dérivés deNYSE Euronext appelée à fusion-ner avec Eurex (Deutsche Börse).

Certains architectes de l’accordespèrent sensibiliser les responsa-bles européens afin qu’ils les sou-tiennent à Bruxelles. DominiqueCerutti, le numéro deux de NYSEEuronext, sera présent à Marseille,

lors du congrès du Parti populaireeuropéen, les 7 et 8 décembre, oùse presseront Angela Merkel, Nico-las Sarkozy et Timothy Geithner.Le secrétaire américain au Trésorsoutiendrait la fusion, alors que lachancelière allemande et le prési-dentfrançais ne se sont pasmobili-sés outre mesure à ce jour.

« La fusion représente uneopportunité unique de créer ungrand marché régulé, dont le cen-tre de gravité sera en Europe, ce quidoit satisfaire politiques, régula-teurs et clients, indique-t-on dansl’entourage de NYSE Euronext. Sice rapprochement n’a pas lieu, celan’empêchera pas la consolidationdu secteur de se poursuivre, avecl’émergence d’un nouveau géantailleurs dans le monde.»

NYSE Euronext assure que des« aménagements» pourraient êtrefaits et que « le deal ira au bout ».Dans le pire des cas, DeutscheBörse et NYSE Euronext pour-raient se résoudre à abandonnerleur projet, afin d’éviter une inter-diction en bonne et due forme. p

Philippe Ricardavec Clément Lacombe

Bourses: Bruxellesmenace la fusionentre NYSEEuronext et DeutscheBörseLa Commission pourrait interdire le rapprochement, faute de nouvelles cessions

22 0123Mercredi 7 décembre 2011

décryptages REPORTAGE

Alphonse Allais rêvait deconstruire les villes à la cam-pagne parce que l’air y estmeilleur… S’il avait été ingé-nieur ferroviaire, il auraitpeut-être imaginé le moyen

de transport ad hoc : un train àla fois ultra-rapide et qui… s’arrête partout. L’impossi-ble prototype serait aujourd’hui d’ungrand secours à la SNCF, alors que se profi-le la mise en place de son nouveau plan decirculation:85% deshoraires seront modi-fiés dimanche 11 décembre.

Conciliervitesseetaccessibilité,satisfai-re les besoins des grandesvilles et ceux desplus petites : la grande équation ferroviai-re a beau être vieille comme la vapeur, ilest beaucoup question de cette sommed’exigences contradictoires, partout où laréforme dite du «cadencement » a du malà passer.

A Blois, la colère monte graduellement.A la gare, une centaine d’élus locaux etd’usagers ont envahi les voies, lundi5 décembre, comme ils l’avaient déjà faitfin octobre. Sur la carte de France desmécontentements, Blois est probable-ment moins un cas critique que le cas typed’une ville moyenne (50 000 habitants),située dans un entre-deux géographique,à égale distance d’une capitale régionale(Orléans) et d’une desserte TGV (Tours).Blois est aussi une ville qui n’a pas cru à lagrande vitesse quand on la lui a proposée,au contraire de Vendôme, à 30 km plus aunord. « C’est la double peine, estime le mai-re, Marc Gricourt (PS). Non seulement on araté le TGV il y a vingt ans, mais on s’ache-mine aujourd’hui vers une détériorationdes dessertes classiques.»

Perçue comme une « catastrophe » parles édiles locaux, la nouvelle offre ferro-viaire illustre surtout l’art de la SNCF debrouiller les pistes. Le trajet Blois-Paris estun cas d’école. D’un côté, le nombre detrains rapides (1 h24 de trajet) va passer deun à quatre par jour, ce qui est un progrèsindéniable au vu du temps moyen de par-coursactuel (1 h57). Surtout pour une lignediagnostiquée comme « malade » par laSNCF – avec deux nœuds ferroviaires,beaucoup de montées et de descentes devoyageurs et d’indispensables travaux. De

l’autrecôté,àl’exception d’untrainà7heu-res, ces express sont placés à des horaires(midi, 16heures, 18 heures)qui neconvien-nent guère à ceux qui « montent » tra-vailler quotidiennement à la capitale.

« On voulait des rapides, on les a eus, estbienobligédeconstaterEricBoileau, le pré-sident de l’Association d’usagers Blois-Paris Illico (500 adhérents). Le problèmeest qu’ils ne sont pas aux bons moments dela journée.»

Mais encore ont-ils l’avantage d’êtredirects. Car les dix autres allers quotidiensnécessiteront tous désormais une « ruptu-re de charge » à Orléans – comprenez unecorrespondance. La perspective de chan-ger de train après trente minutes de voya-ge est vécue comme un traumatisme àBlois. Les uns auront à peine le temps d’al-lumer leur ordinateur. Les autres devront

interrompre leur sommeil. Et, fatalement,la garantie de poursuivre son voyage à laplace de son choix sera plus faible – justeretour des choses diront les Orléanais, quiétaient parfois obligés de voyager debout«à cause » des Blésois montés avant eux…Que dire, enfin, du stress supplémentaireinduit par cette nouvelle règle ferroviaire :les trains à l’heure n’attendront plus ceuxqui sont en retard.

A quelques jours de l’application de laréforme, envahir des voies pour réclamertrois trains supplémentaires sembleraitvain si les négociations n’étaient toujoursen cours. Une médiatrice, Nicole Notat, aété nommée par la SNCF et Réseau ferré deFrance (RFF) afin de régler les cas litigieux,dans la perspective de possibles aménage-ments courant 2012. Faire du bruit appa-raîtducoupcommeleseulmoyende sefai-re entendre, explique en substance Chris-tophe Degruelle, le président (PS) d’Agglo-polys, la communauté d’agglomération :« Il faut râler, râler et continuer de râler ! »

En la matière, Blois peut se prévaloird’une certaine expérience. Ses premièresrevendications remontent à 2009, bienavant que le cadencement ne soit lancésur les rails. Les élus locaux avaient alorsobtenu audience auprès de GuillaumePepy, le président de la SNCF, afin de récla-mer une meilleure desserte, dans le but deredynamiser le quartier autour de la garede Blois.

Avoir établi un dialogue en amont avecla régie a-t-il fait croire à Blois que sesdemandes seraient entièrement satisfai-tes? « On a le sentiment de s’être fait bala-der, poursuit Christophe Degruelle. Maisla SNCF est comme ça. Il faut du tempsavant que l’impulsion qui part de la têten’arriveà destination. » Lemaire, Marc Gri-court, n’est pas plus tendre : « Pendantdeux ans, SNCF et RFF ont eu un discoursrassurant à notre égard et semblaient

avoir écouté nos attentes. Au final, les actesne correspondent pas aux paroles. On a étégrugés.»

Grugés ? Ou peu conscients que legrand jeu de construction des nouveauxhoraires était, d’abord, un « projet global »à entrées multiples ? Pour les autorités detransport, l’objectif de la réforme est plu-riel. Il s’agit à la fois de faire des travauxsur un réseau en mauvais état, de libérerde nouveaux sillons pour le fret, de clari-fier la politique d’horaires – tout ceci aunomd’un « intérêt général » qui,automati-quement, se heurte à une somme d’« inté-rêts particuliers », martèle-t-on au siège dela SNCF.

« On est sur du transport de masse etnon pas sur du transport individuel,appuie la directrice régionale, LaurenceEymieu. A un moment donné, on ne peutpas satisfaire toutes les demandes. Il nefaut pas perdre de vue l’ambition qui estprojetée : l’amélioration du réseau. » Ceque Laurence Eymieu résume d’une for-mule : « Des ennuis aujourd’hui pour dumieux demain. Sans ennuis, plus de réseaudemain. »

Des ajustements ont pourtant été effec-tuésdepuis l’annoncedesnouveaux horai-res. La suppression d’un TER partant deTours à 7 heures avait créé un certain

émoi, notamment à l’IUT de Blois, dont unbâtiment, tout neuf, est situé juste en facede la gare. Certains enseignants n’auraientpas pu assurer leurs cours à 8 heures« Nous en étions à imaginer des cours à8 h 30 pour les profs venant de Tours et à8 heures pour les profs habitant Blois »,racontela directricedel’établissement, Isa-belle Laffez.

Une pluie de courriers plus tard, le traina finalement été reprogrammé… mais augrand dam des petites communes situéessur le tracé qui auraient aimé que le trainen question s’arrête également chez elles.« Bref, on se fait engueuler des deux côtés»,soupire Jean-Michel Bodin, le vice-prési-dent (PC) de la région Centre, « autoritéorganisatrice» sur son territoire. Dans cer-tains villages des environs, comme Chis-say-en-Touraine (1 000 habitants), la gro-gne a également conduit les habitants surles voies, la semaine dernière.

C omme souvent, évaluer la propor-tion des mécontents et celle dessatisfaits est un exercice complexe,

les premiers ayant tendance àdonner de lavoix et les seconds à se taire. Chaque casest particulier. Prenez Marine d’Epinay,uneétudianteenscienceet géniedesmaté-riaux qui effectue tous les jours le trajetOrléans-Blois: « Pour moi, le cadencementc’est du donnant-donnant », dit-elle. Unnouvel horaire lui permettra d’arriverplus confortablement pour les journéescommençant à 10 heures. Un autre, àl’inverse, l’obligera à se « lever vingt minu-tes plus tôt» pour les cours de 8 heures.

Sonder les opinions de manière fiablerevient souvent à mettre dans la balancedes contingences personnelles – nounou àlibérer, bus à attraper, atelier yoga à ne pasrater… « Les gens sont enferrés dans descontraintes de temps qui se jouent à laminute près. C’est le lancement d’Ariane auquotidien », analyse Jean-Michel Bodin à larégion Centre.

Les désagréments prennent une toutautre ampleur lorsque le dernier train dusoir est supprimé. A Blois, la « grande affai-re » est précisément la disparition, ensemaine, du 22 h 52 au départ de Paris-Aus-terlitz. Souvent présenté comme la « rouede secours » des provinciaux qui ne veu-lent pas dormir à l’hôtel à Paris, cet Interci-tés ne transporte pas plus de 50 passagerscertains jours. De là à penser qu’il n’est pasassez « rentable » pour la SNCF, le pas estvite franchi. Ce que confirme à demi-motLaurence Eymieu. « Le train, ça coûte del’argent. Celui-ci n’est pas plein. Il lui fautun financement », estime la directricerégionale en renvoyant la question de sasauvegarde dans le jardin des collectivités,Etat et région. « La rentabilité ne peut pasgouverner les choix de la SNCF, s’offusqueEric Boileau, président de l’association desusagers blésois et ingénieur en semaine àParis. Qu’on ne me parle de rentabilité àpropos d’un train qui roule sur des voiesconstruites il y a 110 ans et dont les voituresdatent de 1984 ! »

La suppression du 22 h 52 devrait entoutcastoucher unepopulationparticuliè-rement sensible pour les décideurslocaux: les cadres en transit dans la capita-le – en provenance de Bruxelles, Lyon etailleurs. Ne pas pouvoir rentrer à Bloisaprès 20 h 30, nouvel horaire du derniertrain au départ de Paris, est d’ailleursimpensable pour eux. « Ceux qui le pour-ront quitteront leurs réunions plus tôt. Lesautres reprendront la voiture », se désoleMarie-Christine Lebert, une salariée dugroupe Atos, qui emploie 500 personnes àBlois.Pourcettehabituée, cetrainestsyno-nyme de « service public».

Voir les routes se remplir « en raisonde la dégradation de l’offre ferroviaire »est aussi la grande crainte d’Isabelle Laf-fez, la directrice de l’IUT : « La vocationd’un établissement comme le nôtre est departiciper à l’aménagement du territoire.Un IUT à Blois, entre Orléans et Tours, sejustifie pleinement. Mais encore faut-ilque nous ayons les infrastructures quivont avec. » Elle pousse le raisonnementjusqu’à l’absurde : « On ne va quandmême pas faire tous les cours en visiocon-férences ! » Et encore moins mettre les vil-les à la campagne. p

«Qu’onne meparle pasderentabilité à propos

d’untrain qui roulesurdes voies construites

ily a 110ans etdont lesvoituresdatentde 1984!»

Eric Boileauprésident de l’association d’usagers

Blois-Paris Illico

Lebigbangdurail

Une centaine d’usagers ont manifesté,

en gare de Blois, lundi 5 décembre.

Ils ont envahi les voies pendant

près d’une demi-heure afin de protester

contre les nouveaux horaires de train

prévus par la SNCF.

CYRIL CHIGOT/FEDEPHOTO POUR « LE MONDE »

Frédéric Potet

La SNCF change85% de ses horairesle 11décembre.Blois, ville moyenne,pourrait mener lebal des mécontents.De l’universitéà l’entreprise, lesusagers regimbent:à quoi sert d’avoirdes trainsplus rapidess’ils ne partent pasau bon moment?

230123Mercredi 7 décembre 2011

SyrieparSerguei

Dirigeants de grandes entre-prises françaises, noussommes attachés au déve-loppement économiqueet social de nos sociétés,de notre pays et à l’ancra-

ge territorial de nos activités, et cemême si pour beaucoup d’entre nous cedéveloppement se réalise de plus enplus à l’international en tirant parti de lacroissance des autres régions du monde.

Dans un contexte difficile sur le planfinancier, économique et social, nousavons décidé de nous engager à renfor-cer le tissu économique local, en investis-sant dans les compétences pour demain,levier de la compétitivité du pays à tra-vers une démarche que nous voulonspublique et expérimentale.

Elle porte sur six actions pour les jeu-nes, les salariés et les territoires. En pre-nant ces engagements, nos entreprisess’inscrivent dans le contexte de change-ments qui leur paraissent importantspour le développement économique etsocial du pays : favoriser le dialoguesocial pour négocier les transforma-tions auxquelles les entreprises sontconfrontées et rechercher des solutionspartagées ; assurer une stabilité et unevisibilité du cadre légal permettant deprendre des engagements durables etsécurisés ; réformer les protectionssociales et leurs modes de financementpour faire face aux enjeux démographi-ques, sociaux et financiers.

D’ores et déjà, nous nous engageons,pour former et transmettre les compé-tences, à renforcer, à amplifier ou à met-tre en œuvre les actions suivantes.

1. Dans un contexte de crise, les jeu-nes les moins qualifiés et les moins pro-ches de l’entreprise accèdent peu à l’em-ploi. C’est pourquoi, afin de leur permet-tre de maximiser leurs chances dès lafin de leur formation, nous nous enga-geons à soutenir l’apprentissage par l’al-ternance.

Tout d’abord, en favorisant l’accès àl’alternance aux jeunes issus de milieuxsociaux défavorisés et en difficulté,notamment en développant des disposi-tifs d’aide à l’orientation et de préqualifi-cation, en partenariat avec des structu-res spécialisées. Puis, en favorisant l’em-bauche des jeunes alternants (apprentis-sage, contrat de qualification) à l’issuedes formations, en organisant la mise enréseau avec nos entreprises partenairesau sein de nos filières, notamment envalorisant les compétences acquises ausein de grandes entreprises.

En effet, la création d’emplois et lesbesoins de recrutement sont plusgrands dans les PME qui disposent demoins de capacité de formation que lesgrandes entreprises.

En parallèle de ces actions, nous nousengageons à promouvoir la mise en pla-ce de dispositifs d’encadrement par nospropres salariés, soit pour les aider àchoisir leur orientation professionnel-le, soit pour les soutenir, une fois leurdiplôme obtenu, dans leur recherched’emploi.

2. Le développement des compéten-ces du salarié et de son employabilitéconstituent sa première sécurité enmatière d’emploi. Afin de le maximiser,nous nous engageons à deux mesuresportant sur la formation et sur lesseniors.

Premièrement, proposer une forma-tion à tous les salariés au moins une foistous les trois ans quels que soient leurniveau de qualification et leur âge. Eneffet, la formation du salarié est le pre-mier vecteur de son employabilité, carelle apporte de la compétence technique

liée à la fonction, elle élargit la compré-hension de l’environnement économi-que et social dans lequel il agit et déve-loppe ses capacités d’adaptation.

Deuxièmement, développer desdémarches de type passeport-forma-tion ou passeport-compétences valori-sant dans la durée les acquis des salariéslors de leurs expériences et favorisantdes parcours professionnels plus riches.A cet effet, et pour favoriser l’évolutionprofessionnelle, nous appelons les parte-naires sociaux à négocier et à favoriserdes dispositifs de validation des acquisde l’expérience transversaux aux bran-ches et aux secteurs d’activité.

Au-delà de ces engagements sur ledéveloppement de l’employabilité etdes parcours professionnels de nos sala-riés, une attention particulière seraapportée à la prise en compte desseniors, notamment en anticipant l’al-longement de la durée de vie profession-nelle, en généralisant les bilans à mi-car-rière et en étant vigilants sur les modali-tés d’organisation du travail.

3. Au-delà des jeunes et de nos sala-riés, nos entreprises opèrent au sein deterritoires composés d’une multituded’acteurs économiques et sociaux dontdes PME partenaires en amont et en avalde leur activité : leur écosystème.

Les grandes entreprises ont un rôledéterminant dans les relations qu’ellesentretiennent avec ce tissu économiquelocal, dont la performance et la réussitecontribuent à leur propre croissancedurable, dans une relation d’interdépen-dance et de codéveloppement.

4. Dans le cadre de leurs relationscontractuelles, les grandes entreprisesont déjà négocié avec leurs fournisseursla mise en place, pour leurs salariés,d’un cadre social cohérent avec leursambitions. Nos entreprises veulent allerplus loin et dépasser le simple cadre dela relation contractuelle pour accélérerla croissance des PME opérant sur lesmêmes territoires. L’emploi se créant ausein des PME, les grandes entreprisespeuvent contribuer à accélérer cettedynamique.

5. D’abord, en développant le mécé-nat de compétences auprès des PME, eten mettant à disposition les connaissan-ces de nos experts qualifiés pour les sou-tenir dans leurs projets de croissance. Cetype de mécénat de compétences va per-mettre de renforcer la filière et, ou, le ter-ritoire sur le long terme, tout en valori-sant les experts des grandes entrepriseset en créant des solidarités entre les diffé-rents acteurs. Cette action requiert uneclarification du cadre juridique pour larendre possible.

6. Ensuite, en soutenant la créationd’entreprises et l’appui à leur croissancepar l’encadrement des jeunes entrepre-neurs. L’objectif de cette action sera defaciliter l’accès à un réseau d’acteurs etde décideurs du monde économique,financier et institutionnel ainsi que l’ap-proche des marchés internationaux.Au-delà de cette action commune, nosentreprises s’engagent à mutualiserleurs dispositifs, leurs expériences, dansle domaine du soutien à la création d’en-treprise et à l’essaimage.

Nous nous engageons chacun à déve-lopper plusieurs de ces six actions dansles trois ans à venir en fonction de nosenjeux. Nous espérons que cette initiati-ve sera reprise et complétée par d’autresentreprises et nous tiendrons à leur dis-position les pratiques et les outils quenous développerons.

Nous rendrons publics les évalua-tions et les enseignements que nousdégagerons de ces expérimentationspour enrichir les pistes d’actions permet-tant le développement des hommes etdes territoires en France. p

BrunoPalierDirecteur de recherche du CNRS au Centre

d’études européennes de Sciences Poet membre du conseil scientifique de Terra Nova,auteur de « La Réforme des systèmes de santé »

(PUF, 2010)

décryptages DÉBATS

Les entrepreneurs doivents’engagerpour l’emploiSixnouvelles propositions

L’erreur est humaine, mais persévérer nel’est pas. C’est pourtant ce que nous pous-sent à faire les dirigeants européens enplace, ainsi que les autorités économi-ques et financières européennes. Depuis2010, les plans d’austérité se multiplient

en Europe pour faire face à la crise de la dette desEtats, et pour rassurer les marchés. Les mesuresadoptées par les différents gouvernements euro-péens, ainsi que les recommandations émises parles instances européennes, sont principalement detrois types : réformes de la protection sociale, privati-sations, gel du salaire des fonctionnaires et réduc-tion de leur nombre.

Des coupes sont prévues dans les dépenses socia-les, des réformes structurelles sont imposées : aug-mentation de l’âge de départ à la retraite, flexibilisa-tion accrue du marché du travail, baisse des presta-tions chômage pour rendre le travail plus attractif,heures de travail obligatoire pour les bénéficiaires del’assistance, compétition renforcée dans le domainedes services sanitaires et sociaux.

Prises dans leur ensemble, ces mesures ne sont pasoriginales, si ce n’est par leur ampleur et leur soudai-neté. Elles sont directement inspirées par une penséeéconomique devenue dominante au cours desannées 1980. Les politiques sociales y sont conçuescomme un poids pour l’économie, elles sont suppo-sées empêcher les investissements et la créationd’emplois, et être trop généreuses pour inciter les chô-meurs à rechercher une nouvelle activité.

Si l’on continue d’appliquer les recettes en voguedepuis près de trente ans, c’est que l’on estime quecette pensée continue d’être valide. Mais est-ce bienla protection sociale qui est la cause des difficultéséconomiques européennes et de la situation actuellede surendettement de certains Etats ?

Depuis au moins deux décennies, la stratégie pourcréer des emplois et retrouver la croissance reposesur une politique de libération de l’offre qui se seraittrouvée contrainte et inhibée par l’expansion del’Etat-providence. Baisser les charges et les rigiditéspour restaurer les profits devait générer une croissan-ce des investissements qui devait déboucher sur lacréation de nombreux emplois (le fameux théorèmed’Helmut Schmidt énoncé en 1974).

Les politiques menées ont effectivement restauréles profits et permis aux plus riches de s’enrichirplus encore, mais ni les investissements ni lesemplois n’ont suivi. Une étude récente de l’Organisa-tion internationale du travail (« Making MarketsWork for Jobs ») souligne que, dans les pays dévelop-pés, les profits ont augmenté de 83 % entre 2000 et2009, mais que le niveau des investissements a sta-gné au cours de la même période. Les profits dégagésse sont de plus en plus traduits en dividendes pour

les actionnaires (de 29 % des profits en 2000 à 36 %en 2009), et en investissements financiers plutôtqu’en investissements productifs (les investisse-ments financiers des entreprises non financièressont passés de 81,2 % du PIB des pays développés en1995 à 132,2 % en 2007). L’erreur a été de croire que lesmarchés sauraient transformer les profits en inves-tissements productifs. Les immenses revenus géné-rés ont en fait surtout été employés pour alimenterla spéculation, tandis que les classes moyennes devai-ent emprunter pour maintenir leur niveau de vie,générant par là la dette privée à l’origine de la crisefinancière de 2007-2008.

En outre, les stratégies menées par les entreprisespour restaurer leurs marges se sont le plus souventfaites contre l’emploi de qualité. Pour réduire leurscoûts de production, de nombreuses entreprises ontmultiplié les plans de réduction des effectifs, et ontdéveloppé la sous-traitance pour ce qui n’était pasleur cœur de métier, ce qui a conduit au développe-ment de plus en plus d’emplois atypiques.

Au total, la stratégie ne crée pas de croissance et lesemplois générés sont de mauvaise qualité et faible-ment rémunérés. Etant souvent subventionnés, ilscoûtent à l’Etat plus qu’ils ne lui rapportent. Cettestratégie est en fait une stratégie de dumping socialet d’appauvrissement des salariés et des Etats, quiexplique en grande partie les difficultés budgétairesdes pays européens qui l’ont suivie.

Comme le montre l’atonie économique européen-ne en 2011 et 2012, ces mêmes politiques ne permet-tent pas à l’économie de redémarrer. Il est étrange depersister à mettre en œuvre des politiques qui ontfait la preuve de leurs échecs, et sont à l’origine de lacrise actuelle. Il convient plutôt de construire unnouveau modèle économique et social qui reposesur les investissements nécessaires pour préparerl’avenir. Les pays qui souffrent le plus aujourd’huisont ceux qui n’ont pas effectué les investissementsnécessaires hier.

Plutôt que de compter sur le jeu des marchés, ilfaut désormais décider et faire collectivement lesinvestissements permettant de favoriser des activi-tés économiques innovantes et durables et sourcesd’emplois de qualité. Ils doivent aussi donner à tousles atouts pour réussir dans une nouvelle économietirée par l’innovation et le savoir.

Il faut investir dans le capital humain, dans l’ac-cueil et les capacités des jeunes enfants, dans l’éduca-tion et la formation tout au long de la vie, dans lespolitiques permettant une meilleure conciliationentre vie familiale et vie professionnelle. De nom-breuses dépenses sont attachées aux politiques pas-sées : baisse des taux supérieurs d’imposition, exoné-ration des cotisations sociales pour financer de mau-vais emplois, aides aux secteurs en déclin qui repo-sent pour leur survie sur l’hyperproductivisme, lasous-traitance et les délocalisations. Les sommes icidépensées – gâchées – seraient mieux employées auxdépenses d’investissement social.p

Nos entreprisess’engagentà mutualiserleurs dispositifs,leurs

expériences, dansledomaine du soutien

àla créationd’entrepriseetà l’essaimage

CollectifJean-Pierre Clamadieu, PDG de Rhodia;

Xavier Fontanet, président d’Essilor;Louis Gallois, président d’EADS; Bruno

Lafont, PDG de Lafarge; GérardMestrallet, PDG de GDF Suez; Guillaume

Pepy, président de la SNCF; PierrePringuet, directeur général

de Pernod-Ricard; Franck Riboud,PDG de Danone; Jean-Pascal Tricoire,

PDG de Schneider Electric

L’erreur aété de croire queles marchéssauraient transformerles profits

eninvestissements productifs

¶Bruno Palier

est l’auteur

notamment

de «Réformes

de l’Etat-

providence»

(PUF, 2008)

et de « La Réforme

des retraites »

(PUF, 2010)

Les dépenses sociales n’ontpas causéla criseIly a d’autressolutions que celles dumarché

24 0123Mercredi 7 décembre 2011

A insi donc, la capitale de laFrance s’encombre d’unecatégorie supplémentaire

de véhicules à moteur. Trois milleautos électriques seront progressi-vement disponibles en accès libreaux personnes abonnées au servi-ce dit Autolib’. Celles-ci pourrontemprunter une voiture à une sta-tion et la déposer dans n’importequelle autre station des quelquequarante communes voisines deParis participant au système.

Ce nouveau dispositif a étéconçu dans la foulée de Vélib’, lesvélos accessibles à tous. Il permet-trait aux Parisiens de ne plus pos-séder d’automobile tout en circu-lant de façon non polluante.Mais si les écologistes avaientapplaudi des deux mains au lan-cement de Vélib’, ils critiquentvivement Autolib’. D’abord, lebilan environnemental de l’autoélectrique ne semble pas positif,puisque la production de l’électri-cité nécessaire à la mouvoir esttoujours polluante, qu’il s’agissede fossile ou de nucléaire – sansoublier, bien sûr, la masse demétaux et de plastique que repré-sente la voiture elle-même. Enfait, soulignent les Amis de la Ter-re, au lieu de pousser à « la réduc-tion de la consommation énergé-tique », Autolib’« encourage ledéploiement d’une filière indus-trielle de voitures électriques ».

Imaginons que celle-ci rencon-tre le succès. Le nombre d’automo-biles et de camionnettes dans lemonde dépasse 1,3 milliard d’en-gins. Qui peut croire que leur subs-

titution par autant de véhiculesélectriques améliorerait vraimentl’impact écologique de ce parc ?L’enjeu réel est de faire diminuerle nombre de véhicules. De cepoint de vue, Autolib’est-il si néga-tif? « Nous voulons amener lesParisiens à constater que l’essen-tiel n’est pas la possession mais

bien l’usage d’une voiture », ditAnnick Lepetit, adjointe au mairede Paris. A quoi Europe Ecologie-Les Verts répond que « l’autopar-tage existe à Paris depuis plusieursannées» sous forme de nombreu-ses petites sociétés de location etassociations de covoiturage. Pour-quoi privilégier une firme – enl’occurrence Bolloré, maisonmère d’Autolib’?

Car dans la mobilité partagée,autant que le véhicule compte leréseau informatique qui met encontact les usagers et les moyensde transport. Avec Autolib’, lecontrôle du réseau est détenu parune compagnie, alors qu’il pour-rait être géré par la communauté,à la façon de Wikipédia et des logi-ciels libres, comme le suggèreYves Heuillard sur le site Ddmaga-zine.com. L’autopartage sera coo-pératif ou ne sera pas. p

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L es élections égyptiennes, marocaines ettunisiennes l’ont confirmé en moins dedeux mois : l’islamisme politique est à cet-

te étape le grand bénéficiaire des « prin-tempsarabes ». Les icônes éphémères des révo-lutions Facebook et Twitter, à commencer parSlim Amamou en Tunisie ou Wael Ghonim enEgypte, ont cédé la place aux « barbus » HamadiJebali,du parti Ennahda,etEssam Al-Arian,figu-re de la confrérie des Frères musulmans. La vic-toire de ces derniers, qui n’est pas une surprise,frappe cependant par son ampleur.

S’ils n’ont pas été les premiers à descendredans les rues pour obtenir la fin de régimesautoritaires corrompus et usés, les islamistesont enfin pu convertir en pourcentages et ensièges des décennies de lutte opiniâtre contredespouvoirs auxquels lesOccidentaux ne trou-vaient pas grand-chose à redire à la veille deleur effondrement. La déception que provoquechez ces derniers la disparition de ces figuresoccidentalo-compatibles se double désormaisd’une sourde inquiétude dopée par l’émergen-ce d’un fondamentalisme religieux incarné parle courant salafiste. Un courant radical assezéloigné de l’islamisme conservateur de l’AKPturc érigé parfois en modèle sur la rive sud de laMéditerranée.

Cette émergence présente au moins une ver-tu pour ceux qui avaient déjà oublié que l’islama été utilisé en Irak pour justifier l’une des plusmeurtrières guerres de religion entre « frères »de la région, et que la grande fracture entre sun-nisme et chiisme est plus béante que jamais depart et d’autre du golfe Arabo-Persique. L’is-lamisme politique, loin d’être uniforme, faitdésormais l’étalage de divisions longtempsmasquées par la solidarité à laquelle le contrai-gnait la répression.

Trois pôles peuvent être schématiquementidentifiés: lepuissant courant national-islamis-te de la confrérie des Frères musulmans toutd’abord, aguerri par des décennies d’expérien-ce et qui a essaimé dans tout le monde arabe. Lemouvement salafiste ensuite, qui oscille entresa version littéraliste (qui prône un retrait de la

politique), réformiste (prêt au contraire àentrer en politique) ou djihadiste dans sa for-me extrême et ultraminoritaire. L’islam « offi-ciel» enfin, dont la parole a été affaiblie par desannées de compromis ou de compromissionavec les régimes déchus et qui peut être tentéaujourd’hui, à l’instar de l’institution égyptien-ne d’Al-Azhar, de jouer les arbitres entre les dif-férentes sources de pouvoir.

Cette multiplicité de l’islamisme politiqueexplique la dimension de la lame de fond. Elleen porte aussi la faiblesse : le combat électoraloppose déjà les Frères musulmans aux salafis-tes dans les circonscriptions égyptiennes etleurrivalité nesera queplus vivequand se pose-ra la question cruciale des équipes gouverne-mentales et des politiques à suivre.

Certes, le poids inattendu des salafistes com-porte indéniablement un risque de surenchèrequi pourra être mesurée sur un marqueur telque la situation réservée aux femmes. Nul dou-te qu’une partie de l’électorat « frériste » égyp-tien, redoutant un arrangement entre l’arméeet la confrérie (qui avaient déjà fait cause com-mune lors du référendum constitutionnel demars), a été séduit par la virginité salafiste.Maisce serait oublier que le passageà des règlesdu jeu démocratiques, inédites dans les paysconcernés, risque de soumettre ces formationsà une épreuve dont elles n’ont sans doute pasencore mesuré la portée.

Le risque est le plus grand pour les salafistes,qui doivent troquer un mode d’organisation

reposant sur un leader charismatique et desmilitants contre un fonctionnement de parti,avec des responsables administratifs et desadhérents. Comme le note le chercheur SamirAmghar, bon connaisseur de ce mouvement, cepassage au politique peut déboucher sur unesécularisation, et une forme de pragmatismeparce qu’il oblige à travailler avec d’autres for-cesqu’islamistes. « Dansun contexte de pluralis-me, ajoute-t-il, on troque le discours sur le chan-gement total par le travail à la marge. » Cettebanalisation relative du salafisme politique estd’ailleurs en cours d’élaboration au Koweït, oùdes thuriféraires des «pieux ancêtres» siègentaux côtés d’élues.

Plus aguerris, les Frères musulmans qui ontcomptéparlepassé desélus dansla quasi-totali-té des Parlements arabes chaque fois que le plu-ralisme y était toléré vont être confrontés pourleur part à un autre défi : celui de l’exercice dupouvoir. Cette épreuve implique des clarifica-tions dans deux domaines essentiels : le pro-gramme et les alliances. Sur le premier point,c’est la vacuité qui domine encore : les formu-les vagues ou incantatoires répétées ici ou là nesont pas de nature à répondre aux urgencessociales qui accueilleront les futurs gouver-nants. Face à la pauvreté, la charité ne resterapas longtemps la seule réponse audible etacceptable par l’électorat des Frères. Ces der-niers devront aussi trancher entre le tête-à-têtepérilleux avec les salafistes, dont ils pourraientêtre les prisonniers, et la coalition avec des for-mations non religieuses, formule pour l’ins-tant privilégiée.

Le bilan de ces expériences ne pourra certai-nement pas être dressé en toute connaissancede cause avant longtemps. Mais il y a tout lieudecroire que les victoires électorales sontle pré-lude à de douloureuses remises en cause. Com-ment s’accommoder du pluralisme ? Que fairede la liberté de conscience, des minorités ? C’està l’aune de leurs réponses que les nouveauxpouvoirs pourront être jugés. p

[email protected]

I ncontournable mais discret, normatifmais évolutif, le multilatéralisme est àun tournant de son histoire, expli-

quent dans leur dernier ouvrage les deuxuniversitaires Guillaume Devin et Marie-Claude Smouts. Pendant des siècles, cetteancienne technique de coopération aconditionné le quotidien des Etats et for-maté le comportement des diplomates.Depuisla fin de la bipolarité et les pousséesde mondialisation, le multilatéralisme vitune transformation. Sous la pression dessociétés civiles, de la montée des puissan-ces du Sud et des dynamiques propres auxorganisations internationales, l’activitémultilatéralene peutplusêtreperçuecom-me une machine verrouillée avec ses réfor-

mes avortées et ses espoirs déçus. Aucontraire, elle doit être abordée comme unmouvement permanent.

Or, de prime abord, ces évolutions n’ap-paraissent pas. Et d’aucuns ont le senti-ment que les organisations internationa-lessontdesappareilsfigésoùl’intergouver-nementalité brise la moindre volonté dechangement et stérilise toute idée neuve.Sauf que, à la lecture de cet ouvrage, les cer-titudes tombent : le multilatéralisme estplus vivant que les photos figées de clôturede sommets le laissent croire.

Tout y passe dans ce manuel de sociolo-gie des relations internationales: la genèsedes organisations internationales, leursfonctionset leursdynamiques. Pour lapre-mière fois, deux politologues ouvrent laboîtenoiredesorganisationsinternationa-leset accompagnent le lecteur dans le laby-rinthe de la gouvernance mondiale. Pour-

quoi coopère-t-on ? Comment se sert-ondes organisations internationales ? Quelleest leur représentativité, leur légitimité etleur efficacité ? Comment évoluent-elles ?Soucieux de pédagogie, les auteurs propo-sent une lecture rigoureuse et à la carte :soit d’une traite et le multilatéralisme livreses secrets, soit par chapitre.

Cet ouvrage ne se limite pas à dépoussié-rer la vieille construction de la paix perpé-tuelle. Il a aussi pour ambition d’exposerles organisations internationales commeun phénomène social où les jeux desacteursl’emportentsurlesrègles, lesidenti-tés sur les normes. Outre ce défi scientifi-que, M. Devin et Mme Smouts se lancent undéfipratique: proposerun guide accessibleà tous les adeptes d’Internet comme com-plémentauxquelquesclicsactionnéssurlaToile pour tout savoir du fonctionnementdu Fonds monétaire international ou del’Organisation mondiale du commerce…

Cette Toile de la gouvernance mondialen’a jamais été autant d’actualité. Telle unealarme, la crise rappelle tous les jours quelesEtatssontmalàl’aiseaveccettemondia-lisation qui rogne leur souveraineté et ron-ge leur puissance. Les révolutions du mon-de arabe et le mouvement des «indignés »sont là comme des vigies d’une réalitésocialelasse quel’onparleensonnom sansjamaislaconsulter.Caraulieud’inclurecet-te demande globale dans leur agenda, lesEtats agissent comme des accélérateurs dela fragmentation du monde, au nom deleur puissance exclusive mais… incertaine.L’Etat, dépossédé du monopole de la puis-sance, peut encore se ressaisir pour peuqu’il utilise cette gamme de régulationqu’est le multilatéralisme global. Car,même fragmenté, le «nous » porte un visa-ge en mouvement : l’organisation interna-tionale. p

Gaidz Minassian

décryptages ANALYSES

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Livredu jour

AnalysePar Gilles ParisService International

Ecologie | Chroniquepar Hervé Kempf

Libérez Autolib’!

Lesvictoiresélectorales sontleprélude àde douloureuses

remisesencause

Les islamistesau défi du pouvoir

Lebilanenvironnemental

del’auto électriquenesemble paspositif

Les Organisations internationalesGuillaume Devin etMarie-Claude SmoutsArmand Colin, 254 p., 26,30 ¤

Rectificatifs&précisions

Multilatéralisme enmouvement

Turquie Dans l’article consacréaux relations entre Nicolas Sarko-zy et le premier ministre turc,Recep Tayyip Erdogan (Le Monde

du 2 décembre), nous avons malorthographié le nom de l’expertde la Turquie au cercle deréflexion Crisis Group : il s’agit de

Hugh Pope, auteur du livre Fils deconquérants, le monde türk et sonessor (Presses de l’universitéLaval, 452 p., 32 euros).

250123Mercredi 7 décembre 2011

cultureppp excellent ppv àvoir pvv pourquoipas vvv àéviter

Shame

ppp

R entré chez lui, l’homme poseun disque des VariationsGoldberg sur la platine. Il

allume son ordinateur portable etpart à la recherche de sites porno-graphiques. Entre la beauté et l’ab-jection, il y a la honte (Shame). Envagues successives, ce mépris desoi-mêmedéferlesurleprotagonis-te du deuxième film de SteveMcQueen. Le corps admirable deMichael Fassbender, l’interprètedu film, est à chaque fois laissédans une posture de déploration –latêteentrelesmains,leregardper-du sur un horizon new-yorkais.

Plasticien venu au cinéma avecHunger qui, en 2008, mettait enscènel’agoniedu républicainirlan-dais Bobby Sands (avec, déjà,Michael Fassbender), SteveMcQueen réaffirme, par ce deuxiè-me long-métrage, sa maîtrise d’unart encore nouveau pour lui.

Shame est bien « l’histoire d’addic-tion sexuelle» dont on avait enten-du parler avant sa présentation à laMostra de Venise, une étude clini-que précise et sans pitié. C’est aussiune tragédie et une représentationstupéfiante de beauté de la viemisérable d’un privilégié, perdudans la capitale du monde moder-ne, New York.

Brandon (Michael Fassbender)habite un appartement aux largesbaies vitrées, avec vue sur la riviè-re, à une trentaine de pâtés de mai-sons de Wall Street. A part une col-lection de disques vinyle, rien dansl’ameublement et la décorationn’indique quoi que ce soit sur l’oc-cupant. On le découvre nu, étendusur des draps bleus, les yeuxgrandsouverts, comme mort. Toutde suite, Steve McQueen pose laquestion : peut-on appeler « vie »l’existence qu’il mène?

Il n’écoute pas les messagesqu’une femme malade de solitudea laissés sur son répondeur. Il fautattendre de longues séquencespour être sûr que Brandon est biendouéde parole.Seul, il se lève ; seul,il se donne du plaisir sous la dou-che. Il faut qu’il descende dans lemétro et entame une parade éroti-que silencieuse avec une passagè-re (Lucy Walters) pour que sa phy-sionomies’animeunpeu.Lachoré-graphie de cette scène est régléeavec une précision qui n’empêchepas les acteurs de faire leur travail.Tout au long du film, la construc-

tion des situations restera précise,intellectuellement fascinante (etle terme d’installation vient vite àl’esprit) ; et pourtant le souci d’in-carnation des personnages, le res-pect pour le métier de comédienest toujours pris en compte.

Au travail (une activité mysté-rieuse, dont la conclusion quoti-dienne est une virée alcooliséeentre garçons), Brandon se voitdépossédé de son ordinateur pour-ri par des virus attrapés sur dessites pornographiques. Ça n’empê-che pas son patron (James BadgeDale, presque caricatural en colblanc dominé par ses poussées detestostérone)d’êtreéperdud’admi-rationpourlestalentsdeséducteurde son collaborateur. Celui-ci luisouffle une conquête sous le nez,mais n’emmène pas la jeune fem-me plus loin qu’un local à poubel-les, où ils consomment sur place.

Il faut l’irruption de Sissy (CareyMulligan), la sœur de Brandon,pour mettre à bas cet ordre sinis-

tre. De leur héritage commun (Sis-sy dit : « Nous ne sommes pas mau-vais,nousvenonsd’unendroitmau-vais »), elle a fait un mélodrameplutôtqu’unenfer glacial.Suicidai-re,dépressive,Sissyrenvoiesonfrè-re à toutes ses imperfections. Ellechante, et lorsqu’elle interprèteNew York, New York (une versionralentie à l’extrême, commeembrumée par des narcotiques),dans un club luxueux, des larmescoulent sur le visage de Brandon.

Comme Sissy s’est installéechez lui, il est pris d’une pulsion depureté et se débarrasse d’un coupde toute la pornographie (images,magazines, ordinateur) que conte-nait un appartement finalementplus riche en objets personnelsqu’on aurait pu le croire. Il tenteensuite de nouer une relation« normale » avec une collègue debureau.

A chaque épisode, SteveMcQueen force son personnage àse briser, que ce soit sur ce rêve denormalitéimpossibleousurl’insa-tisfaction que laissent ses excur-sions dans les bas-fonds virtuelsou réels. Pour échapper à ce dilem-me, Brandon court. Le travellingqui suit Michael Fassbender dansles rues de Manhattan, la nuit,atteintlaperfectionkinétique. Cet-te course (au rythme métronomi-que d’un prélude et d’une fugue deBach) n’apporte qu’un bref répit, etle damné replonge dans son enfer.

Celui-ci ressemble à New Yorkpar son paysage. Mais les rues sontdésertées par les piétons. La nuit,on ne voit que les phares des voitu-res ; dans la journée, les formessont voilées par un brouillardhivernal. La lumière grise et bleuedonne l’impression d’un aqua-rium pour poissons d’eaux froi-des. Steve McQueen n’est pas làpour observer de l’extérieur cescréatures captives. Il passe del’autre côté de la vitre, et l’on suffo-que avec elles. p

Thomas Sotinel

Film britannique de Steve McQueen,avec Michael Fassbender, Carey Mulli-gan, James Badge Dale (1 h 39).

DÉCEMBRE 2011

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Qui a gagnéla guerre en Libye ?

Par Patrick Haimzadeh

Michael Fassbender, l’acteur principal de « Shame », interprétait déjà Bobby Sands, le héros du premier film de Steve McQueen, « Hunger ». HANWAY FILMS

Dansles yeux de MichaelFassbender

SteveMcQueentrouvelagrâcederrièrel’abjectionPortrait d’un «sex addict» dans l’éther new-yorkais, le deuxième film du plasticien confirme sa maîtrise du 7eart

IL Y AVAIT des embouteillagesdans Paris ce soir-là. A l’hôtel oùétait fixé le dernier rendez-vous dela tournée promotionnelle deShame, le nouveau film de SteveMcQueen où il joue un yuppieaccro au sexe, Michael Fassbenderest arrivé un peu en retard. Epuisé,à bout de nerfs, vous expli-que-t-on. Rayonnant néanmoins.Quand il se tourne vers vous, ilplante ses yeux bleu lagon dans lesvôtres, attrape la main que vouslui tendez tout en se penchantpour vous embrasser à la parisien-ne, sur les deux joues. Esquissantun sourire désarmant, il vousdemande l’autorisation de passerdans sa chambre poser ses sacs,sans vraiment attendre de réponsede votre part.

Difficile de ne pas y être sensi-ble, bien que vous reconnaissiezdans ce numéro un truc d’acteurhypermaîtrisé. Une minute trenteplus tard, il est de retour, vous pro-pose un whisky, s’en sert un lui-même au bar de l’hôtel, et se prêteau jeu des questions-réponsesavec un professionnalisme sansfaille. Toujours les yeux bleu lagonplantés dans les vôtres.

Né il y a trente-quatre ans,d’unpère allemand et d’une mèreirlandaise descendant du leader del’IRA Michael Collins, Michael Fass-bender doit son premier grandrôle à un Français, François Ozon,qui lui offrit en 2007 d’interpréterEsmé, le mari de son héroïne, dansAngel. Il sortait alors du tournagede 300, le péplum boursouflé deZack Snyder et n’allait pas tarder àrencontrer Steve McQueen.

Pour son premier et fracassantlong-métrage, Hunger (2008), leplasticien lui confie le rôle christi-que du résistant irlandais BobbySands, mort en prison des suitesd’une grève de la faim en 1981, exi-geant de lui une performance d’ac-teur d’une intensité rare. Il fait bas-culer sa carrière.

Depuis, Michael Fassbenderexplose, alternant grosses produc-tions hollywoodiennes et filmsd’auteurs prestigieux. Il joue ainsidans X-Men. Le Commencement(juin2011), Prometheus, de RidleyScott (sortie prévue en mai2012),mais aussi Inglorious Basterds, deTarantino (2009), A DangerousMethod, de David Cronenberg (sor-tie le 21décembre), Haywire, de Ste-ven Soderbergh (sortie enfévrier2012)…

Ses retrouvailles avec SteveMcQueen dans Shame, pour ce per-sonnage dévoré par la haine de soi,dont il dit qu’il fut « le plus difficilequ'[il ait] jamais eu à jouer », luiont valu à la Mostra de Venise leprix d’interprétation masculine.

Aussi prompt à se lancer dansces rôles hors norme qu’à caboti-ner dans les magazines qui raffo-lent de sa plastique d’Apollon et deson regard à faire fondre un ice-berg, Michael Fassbender ne renon-ce à rien. Alors que l’on parle de lui,entre autres, pour jouer le pro-chain James Bond, il revendique ledroit de lever le pied: «La seulepression qui existe est celle quevous vous mettez vous-même. Jepense qu’il est très important pourun artiste de pouvoir puiser dans lavie. Or, avec tous ces gens qui pas-sent leur temps à booster votre ego,la vie d’acteur peut devenir malsai-ne. Le monde du cinéma peut facile-ment vous faire perdre pied.»

Devant ce grand écart perma-nent, qu’il parfait en interviewspar un affichage d’extrême modes-tie et de simplicité candide, on hési-te entre l’admiration pantoise etun léger agacement. Lorsqu’il

raconte l’échec de sa première ren-contre avec Steve McQueen, qui l’a«sans doute jugé trop arrogant»,et la manière dont il a décroché inextremis, et uniquement grâce autalent de son agent, une auditionpour le rôle de Bobby Sands, onfinit par se demander s’il n’en faitpas un peu trop.

La manière qu’il a de parler desa pratique, en revanche, sanschichis, force le respect. Grandadmirateur de Robert Mitchum,Marlon Brando, Al Pacino, forméaux enseignements de Stanislavs-ki et Strasberg, il dit s’êtreaffranchi, avec le temps, de laméthode Actors Studio. «Jouer relè-ve avant tout du bon sens… J’essaiele moins possible d’importuner leréalisateur avec ma manière de tra-vailler. Mon travail consiste à leurfaciliter le travail. Les réponses queje leur apporte sont physiques. Çase passe directement sur le pla-teau.»

Une façon de faire qui aidequand on doit tourner un filmcomme Shame en vingt-cinq jours,et que la perspective de toutes cesscènes de nudité et de sexe vousangoisse violemment. Commentsurmonte-t-on un tel sentiment?«On arrête d’y penser, on se remon-te les manches, et on y va. »

S’il aime se décrire, en tantqu’acteur, comme un instrumentau service de cinéastes visionnai-res, Michael Fassbender ne s’inter-dit pas d’avoir ses propres visions.Au sein de la société de productionqu’il a créée, il développe actuelle-ment quatre scénarios. Pour desfilms dans lesquels il compte jouerbien sûr, mais dans lesquels il pour-rait aussi, du moins pour l’un d’en-tre eux, se donner le rôle du réalisa-teur. «Je ne voudrais pas, toutefois,que l’histoire souffre de mon inapti-tude à diriger, ou de mon manqued’expérience.» Simple et modeste,toujours. p

Isabelle Regnier

Il faut l’irruptiondeSissy (Carey

Mulligan), la sœurdeBrandon,pourmettreàbascet ordresinistre

Cerôle lui avalu leprixd’interprétationmasculine àla Mostra

deVenise leprix

26 0123Mercredi 7 décembre 2011

cinéma

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Carnage

pvv

D ès Le Couteau de l’eau, sonpremierlong-métrageréali-sé en Pologne en 1962, à

l’âge de 29 ans, Roman Polanski amanifesté son goût pour le huisclos anxiogène, la pulsion délétè-re, le constat de fragilité de la civili-sation. Son histoire personnelle(enfance dans le ghetto de Craco-vie, mère assassinée à Auschwitz)lui aura autorisé cette foi modéréeenla naturehumaine, et plus enco-re en la capacité de la société àl’améliorer.

D’autres films et d’autres tragé-dies ont marqué depuis lors le des-tin de ce grand artiste, la dernièrecalamité en date étant, en 2009,son arrestation en Suisse à lademande de la justice américaine.Un séjour de dix mois où aura peséchaque jour la menace de sonextradition aux Etats-Unis, où unprocès pour crime sexuel sur unemineure, pourtant jugé voici tren-te-cinq ans, l’attend toujours.

Si l’on veut savoir comment leréalisateur, âgé aujourd’hui de78ans, a perçu son séjour à la mon-tagne,et sicelui-ci aplusparticuliè-rement adouci sa vision du mon-de, il n’y a qu’à aller voir Carnage,écrit durant ses loisirs helvéti-ques, pour se convaincre ducontraire. Il s’agit d’une comédienoire, rongée par une aigreur quiprogresse à bas bruit, empreinted’une implacable misanthropie.

Le récit est adapté des Dieux ducarnage de Yasmina Reza, une piè-

ce de théâtre créée, en 2008, auThéâtre Antoine à Paris, avec unsuccès tel que la pièce a ensuitevoyagéen Angleterre,puis àBroad-way. C’est justement aux Etats-Unis, et avec des acteurs de langueanglaise, que Polanski transposeironiquement l’action du film, quin’en a pas moins été tourné danslesstudiosfrançais deBry-sur-Mar-ne, en banlieue parisienne.

L’intrigue,d’une cruauté grotes-que, a le mérite de la simplicité.Après que le fils des uns a cassédeux incisives et défiguré à coupsde bâton le fils des autres, lesparents de ces jeunes adolescentstrouvent bon de se réunir pour fai-re le point. L’ouverture a lieu enextérieur, filmant l’incident entreles adolescents de suffisammentloin pour qu’on en perçoive la vio-lence mais qu’on n’en comprennepas les ressorts. Ceci suggère d’em-

blée deux choses : que l’irruptiondu mal se soustrait à toute tentati-ve d’explication, et que sa puissan-ce de contamination est assez for-tepourentraînerledébondagepul-sionnel des parents censémentréunis pour pacifier la situation.

Quatuor aux petits oignonsLe film nous enferme dès lors

dans l’appartement des parents dela victime pour n’en plus ressortir.Il faudra moins d’une heure trentepourqueces deux couplesdebour-geois new-yorkais, après un miel-leux round d’observation, s’échar-pent à leur tour, en une successiond’alliances et de mésalliances inat-tendues. Il faudra beaucoup detalent à Polanski, mais on sait qu’iln’en manque pas, pour tenir lerythme,la fluiditéet la montéedra-matiquedecettelongue scène d’in-térieur durant laquelle les quatre

protagonistes ne cessent d’être enprésence. Il s’est entouré pour cefaire d’un quatuor aux petitsoignons – Kate Winslet, Jodie Fos-ter, Christoph Waltz et JohnC. Reilly – qu’il a soumis à deuxsemaines de répétition intensive,avant de tourner en temps quasi-ment réel.

Les acteurs se sont d’autantmieux glissés dans la peau de per-sonnages dont les caractères res-pectifs contribuent à faire monterla tension. Chez les Longstreet(parents de la victime), la femme(Foster) est une hyper-rigide obsé-déepar l’équité etla morale, l’hom-me (Reilly) un représentant enobjets ménagers frustré par la viequi craint plus que tout le conflit.Chez les Cowan, la femme (Wins-let) est une gourde inconséquente,l’homme (Waltz) un avocat cyni-que et malpoli, qui pense que toutlui est acquis.

La planche est donc bien savon-néepourque la questiondela répa-ration du tort infligé et de la récon-ciliation tourne rapidement auvinaigre, révélant au passage lesfailles insoupçonnées de chacundes couples. Tout cela, joué et réali-sé comme sur du velours, peinenéanmoins à être autre chosequ’une sorte de jeu de massacrehaut de gamme, déclenchant cegenre de rire qui ne laisse quel’amertume à la bouche. p

Jacques Mandelbaum

Film français de Roman Polanski.Avec Jodie Foster, John C. Reilly,Christoph Waltz, Kate Winslet (1 h 20).

Entretien

L e temps est incertain, dans lesfilms de Jeon Soo-il commedansla vieprofessionnelle du

cinéaste sud-coréen. Dans son hui-tième long-métrage, Entre chien etloup, qu’il a lui-même produit, ceprofesseur de cinéma à l’Universi-té de Pusan (sud du pays), âgé de52 ans, parle un peu de lui-même :un réalisateur en mal de finance-ments, à la recherche de ses origi-nes dans une Corée du Sud encoretraumatisée par les séquelles de laguerre (1950-1953) et la séparationd’avec la Corée du Nord.

En France comme à l’étranger,Jeon Soo-il n’est connu que d’uncercle de cinéphiles (Entre chien etloup n’est projeté qu’à l’EspaceSaint-Michel, à Paris). Il a étudié lecinéma en Corée du Sud, puis enFrance, et revendique une filiationavec la Nouvelle Vague française.Francophone, il nous raconte lafabrication artisanale de ses filmset son attachement à montrer lesblessures de son pays.«Entre chien et loup» frapped’abord par sa couleur.C’est un nuancier de bleus…comme un bleu à l’âme?

J’ai grandi dans le nord-est de laCorée du Sud, près de la frontièreavec la Corée du Nord : dans la villedeSokcho, où laneigeest omnipré-sente. Depuis mon enfance, je mesuis habitué aux couleurs neutres.Mon père, qui était photographe,m’atout appris dutirage photogra-phique. Adolescent, je dévelop-pais en noir et blanc. Je découvraisla magie de l’image qui surgit. Jecomparais cela à la neige. Est né enmoi un désir de non-couleur. Celalaisse des traces sur la pellicule…Dans Entre chien et loup, le réalisa-teur, interprété par Ahn Kil-kang,cherche sa maison d’enfance et nela retrouve pas, tandis que la fem-me(Kum Sun-jai)cherche désespé-rément sa sœur.

Ce passage du film a été tournédans la ville de Sokcho, où il n’y apas beaucoup de couleur. Maispour moi il y en avait encore trop.J’en ai enlevé, et j’ai forcé le traitsur le bleu. Le bleu, c’est le signeque le temps est incertain : entrechien et loup, entre le nord et lesuddu pays,entre lesdeux person-nages qui errent et dont la vie bas-cule au fil de ce road-movie…C’est un peu votre histoire…

Il y a une part d’autobiogra-phie, c’est évident. Le réalisateur

qui ne sait pas s’il va pouvoir ter-miner son film, c’est moi… Mestrois premiers longs-métrages, jeles ai autofinancés. Les produc-teurs refusaient mes scénarios :pas assez commerciaux ! J’ai donccréé ma société de production.Ensuite, j’ai trouvé des soutiensauprès du Kofic (Korean FilmCouncil,équivalent coréendu Cen-tre national du cinéma) et dubureau du cinéma de Pusan, où jevis et travaille. Entre chien et loupn’a coûté que 200 000 euros, grâ-ce à une équipe d’amis qui me sui-vent et acceptent d’être très peupayés.

Comme le personnage, je suistravaillé par le passé : mon père afui la Corée du Nord pendant laguerre. Il pensait que les deux par-ties du pays se réuniraient un jour.Après mes études, j’ai essayé deretrouver ma maison d’enfance.Impossible, tout avait été rasé : jeperdais mon identité, mes racines.Les familles séparées entre le Nordet le Sud se retrouvent parfois enChine, en faisant appel à des inter-médiaires qu’il faut payer. C’est lepoint de départ du film. J’ai puobtenir l’autorisation de filmerune zone militaire avec de vraisgardes-frontière.Comment vos films sont-ils per-çus en Corée du Sud?

Ilsreçoivent detrès bonnescriti-ques, mais ils ne sont vus que parun public limité. Mes films ne sor-tent que dans les salles art et essai :il y en a une vingtaine en Corée duSud, sur un parc total de800 écrans. La programmation estdominée par les productions hol-lywoodiennes, les films d’actioncoréens ou les mélos.Vous revendiquez l’influence dedeux cinéastes, Leos Carax etAndreï Tarkovski. Qu’est-ce quivous séduitchez eux?

Quand j’étais étudiant à Paris-VII, j’ai soutenu un mémoire sur le«Voyage spiritueldans l’œuvre deTarkovski ». C’est la contempla-tion, la mémoire, le temps quis’écoule dans l’image qui m’atti-rent chez lui. Chez Leos Carax, toutparticulièrement dans Mauvaissang (1986), j’aime le style, rapide,excitant, le récit par ellipses. Sesfilms parlent avec l’image, pasavec les dialogues. C’est commedans les miens : j’élague tout, lapsychologie, la couleur, pour allerà l’essentiel, le noir et blanc. p

Propos recueillis parClarisse Fabre

Le 11e émerveillement d’Hong SangsooDans son dernier opus, le Coréen médite sur les choix que l’on ne fait pas. Toujours avec brio

Oki’s Movie.Les Amours d’Oki

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D epuis plus de quinze ans, lecoréen Hong Sangsooconstruit, film par film,

séquence par séquence, plan parplan, une œuvre d’une force etd’une cohérence inouïes. Ce qui s’yexprime est à la fois une intuitionde ce que peut (ou plutôt de cequ’est) le cinéma tout autantqu’un regard méditatif sur l’exis-tence elle-même. Oki’s Movie. LesAmours d’Oki, son onzième long-métrage, est composé de quatrehistoires, quatre miniatures àl’émouvante précision et à l’enjeuapparemment dérisoire.

On y retrouve, dans chacuned’elles, le même trio de personna-ges : un professeur d’université,un étudiant devenu cinéaste etenseignant lui-même, une jeunefemme,étudianteet parfois aman-te, en fonction de l’un ou de l’autrechapitre, des deux hommes. Sont-ce les mêmes individus, d’histoireen histoire, à différents momentsd’une vie qui ne serait pas forcé-mentrestituée dansun ordre chro-nologique? Ne se transforment-ilspas, d’un récit à l’autre, en person-nages de fiction, figures virtuellesuniquement créées pour un film ?Et à quel dessein faudrait-il que laperception du spectateur soit ainsibrouillée?

Danslapremièrehistoire,intitu-lée « Le jour des incantations», Jin-gu, un cinéaste indépendantauteur d’un film dont on devineque ce fut un insuccès, s’enivre lorsd’un banquet entre enseignantsuniversitaires, patauge lamenta-blement en voulant flatter un pro-fesseur, M. Song, qu’il ne réussitqu’à vexer, puis va discuter avecdes spectateurs dans une salle oùson film vient d’être projeté. Il s’yfaitprendreàpartieparune specta-tricequiluireprocheuneincondui-te amoureuse passée.

Dans la seconde histoire, « Le roides baisers », un étudiant en ciné-ma(c’estJingu, lecinéastedela pre-mière partie) tente de draguer unejeune femme, Oki. Il fait le pied de

grue, toute une nuit, par un froidque l’on devine glacial, devantchez elle et parvient à la séduire.Dans la troisième histoire, aprèsune tempête de neige, un profes-seur (Song, celui offensé par lehéros du premier récit) discute del’amour et du désir avec les deuxseuls étudiants qui ont bravé leséléments pour se rendre en cours(le héros du premier récit et Oki, lajeune femme qu’il a séduite dansle second mais avec laquelle il nesemble pas avoir ici de lien senti-mental). Dans le dernier épisode,« Le film d’Oki », la jeune femmecompare deux moments presquesimilaires (une promenade dansun parc) vécus avec deux hommesdifférents, Jingu et Song, avec les-quels elle avait eu une liaison.

Une fois de plus, Hong Sangsoochoisit comme univers un micro-cosme qu’il semble bien connaître,une planète minuscule peuplée decinéastes indépendants, de profes-seurs d’université un peu pom-peux, d’étudiants velléitaires ou

timides, de jeunes femmes volon-taires et d’hommes renduspatauds par leur désir pour celles-ci. Les situations de gêne, l’étatd’ivresse provoquant de minuscu-les catastrophes, sont encore ici lasource d’un burlesque doux et par-faitement efficace.

Mais Oki’s Movie. Les Amoursd’Oki est aussi un des films les plusémouvantsdu cinéaste.L’apparen-te familiarité réaliste de chacundes récits n’empêche pas une trou-blante désorientation du specta-teur.Commentfaireraccorderqua-tre histoires qui mettent en scènece qui semble être les mêmes per-sonnages, alors que la possibilitéde ce raccord semble être incertai-ne? A quel moment est-on dans la

vie? A quel moment est-on dans lecinémaou, au moins, dansune sui-te d’images purement mentale ?

La force d’Hong Sangsoo est defilmer de façon directe, frontale,sans artifice, ce qui pourrait êtreune virtualité de l’existence, undéveloppement possible de celle-ci. Son cinéma est un art qui inter-rogeles notions d’être et de contin-gence à travers les événements lesplus simples et les plus triviaux.

Et c’est ainsi que les deux histoi-res d’amour du dernier récit,contées en parallèle, comparées etcondensées autour d’une mêmepromenade à la campagne, incar-nent littéralement le vertige quisaisit tout un chacun devant l’illu-sion que la vie pourrait être autreque ce qu’elle est et que le meilleurchoix est, peut-être, celui que l’onn’a pas fait. p

Jean-François Rauger

Film coréen d’Hong Sangsoo. AvecJung Yumi, Lee Sunkyun, Moon Sun-keun (1 h 20).

Entre chien et loup

ppv

Remarqué pour La Petite Fille de laterre noire (2007), le cinéastecoréen Jeon Soo-il livre ici un filmà la beauté étrange et inquiétante,l’auteur suit le parcours d’uncinéaste depuis Séoul jusqu’à lafrontière nord du pays. Il est appe-lé là-bas pour accompagner unevieille tante en Chine, où l’attendson mari. Les retrouvailles sontretardées; il n’a plus grand-chosed’autre à faire que se laisser gagnerpar l’atmosphère désolée de cetterégion enneigée, que la vie sembleavoir désertée.

Intrigué par une jeune femmesolitaire, revenue sur les tracesd’une sœur disparue quand elleétait encore petite fille, le person-nage masculin la suit dans la ville,se propose de lui servir de chauf-feur. La jeune femme entraîne soncompagnon de voyage dans sonspleen. Propulsé, comme malgrélui, sur les rives de ses souvenirsd’enfance, il se lance à son tour à la

recherche de l’échoppe de photo-graphe que tenait son père dans larégion.

Les scènes de beuverie, la rela-tion avec la jeune femme, la profes-sion du personnage font d’abordpenser au cinéma de Hong Sang-soo, compatriote de Jeon Soo-il.Mais, rapidement, on voit qu’ils’agit d’autre chose. Parce que lespersonnages parlent beaucoupmoins. Parce que la tonalité estbien plus sombre aussi.

Ce qui est en jeu ici est de l’or-dre de la désolation. Un désarroiviolent lié bien sûr aux déchire-ments causés par la partition dupays, avec lesquels se conjuguentles effets d’un système capitalistequi tourne à vide. Mais le proposest plus profond. A travers les quê-tes inabouties de ses personnages,le cinéaste livre une méditationpoignante sur la perte, la dispari-tion, la solitude.p

I. R.

Film coréen de Jeon Soo-il. Avec AhnKil-kang, Kum Sun-jai (1 h 50).

Lagêne, l’ivressesontici la source d’un

burlesquedoux etparfaitementefficace

Unebeautéinquiétante

Oki (Jung Yumi) et Jingu (Lee Sun-kyun), pris dans le vertige des amours possibles. DR

Jodie Foster et John C. Reilly sont les Longstreet. DR

RomanPolanski toujours aux prises avec le malLes prisons suisses ne redonnent pas confiance en l’humanité. La preuve par cette comédie amère

JeonSoo-il:«EntrelesdeuxCorées,mafamillefutséparée»Le réalisateur filme dans un presque noiret blanc la quête d’une identité. La sienne

270123Mercredi 7 décembre 2011

En temps normal, on aurait écrit que Le Chat potté, nouvel avatar ani-mé de la franchise Shrek, fracassait tout sur son passage, avec un millionde spectateurs en première semaine, et une impressionnante moyennede plus de 1 400 entrées par copie. Mais le temps n’est pas normal : unesorte de cyclone décoiffe depuis cinq semaines le sommet du box-officefrançais. Faut-il, pour la cinquième fois consécutive, rappeler le nom,apparemment prédestiné, du phénomène ? Vous l’avez lu, avant qu’onne l’écrive: Intouchables. Soit, depuis mercredi 30novembre, 1 600 000spectateurs supplémentaires aspirés par la tornade, et une moyenne de2115 entrées par copie. Ce qui nous fait un total de 11 729435 spectateurs.Sa fin de carrière, estimée voici un mois à onze millions de spectateurs,est aujourd’hui chiffrée à 20millions. L’effet boule de neige et l’appro-che des fêtes de fin d’année peut donc donner des sueurs froides à Bien-venue chez les Ch’tis, de Dany Boon (2008), champion français du box-office avec 20 400 000 entrées. Parmi les nouveaux films, deux titresparviennent néanmoins à trouver leur public, sur des échelles et dansdes genres très différents. Il s’agit des Lyonnais d’Olivier Marchal, quiprend la troisième place, et du Cheval de Turin, de Bela Tarr, qui satisfait,hors classement, plus de 400 spectateurs par copie.

Dernière Séance

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C ’est connu, les cinéphilessont des grands malades. EtSylvain,celuique metenscè-

ne Laurent Achard dans ce filmn’est pas le moins atteint. Projec-tionniste et caissier au cinémaL’Empire, dans une petite ville deprovince, ce garçon au regarddoux s’occupe de ses films commeune louve de ses petits, guidanttendrement les spectateurs versles uns, ou vers les autres : FrenchCancan, de Renoir, Last Days, deGus Van Sant, La Captive, de Chan-tal Akerman, Betty, de Claude Cha-brol, Le Mécano de la “General”, deClyde Bruckman et Buster Kea-ton… Cette programmation rêvée,inimaginable dans une salle decinéma réelle, imprègne le film,dès les premières secondes, d’unpuissant imaginaire cinéphile. Aupassage, elle l’installe dans le regis-tre du conte.

Dernière séance, qui évoquel’émissionqu’Eddy Mitchellconsa-crait au cinéma classique hol-lywoodien dans les années 1980,renvoie plus encore au précédentfilm de Laurent Achard, Le Dernierdes fous (2006), drame claustro-phobe sur la relation mortifèred’un garçon et de sa mère dépressi-ve. Grotte utérine, refuge où l’onvient se soustraire, le temps d’uneprojection, à la laideur du monde,L’Empire de Sylvain est avant tou-te chose un espace imaginaire.

Ausous-sol, dansune petite piè-ce jonchée de bobines de films etde documentation, il a installé sonlit, collé une affiche de Play Time(Jacques Tati, 1967) sur une portecoulissante. Derrière celle-ci, uneffroyablejardinsecret: unecollec-tion de portraits en noir et blancd’actrices hollywoodiennes – BetteDavis, Joan Crawford, Mia Farrow…sur lesquelles il épingle soigneuse-ment des oreilles humainesornées de boucles d’oreilles. Ce

sont les trophées des excursionsnocturnes au cours desquelles legentil projectionniste se transfor-me en un tueur sanguinaire.

Sans être à proprement parlerun film d’horreur, Dernière séanceestunhommageauPsychose d’Hit-chcock (1960), et à tout un pan ducinéma d’épouvante qui s’en inspi-re.Film decommande,réalisé pourun budget minimal dans le cadredu cycle « French Frayeur » deCanal+, il adoptela structure classi-que du slasher (ces films centréssur des personnages de tueurs àl’arme blanche qui commettentdes meurtres à répétition). MaisAchardaprislepartidenepasmon-trer frontalement les meurtres.

Son attention, au contraire, sefocalise sur le visage de son acteur(formidable Pascal Cervo), sur sonobsession, à laquelle répond celledu film, pour le cadre, la symétrie,les jeux de couleurs très pictu-raux. Conjugué au systématismedes scènes de meurtre, ce formalis-mepermet àl’auteur un beaupara-doxe : recréer un monde à chaquenouvelle tuerie, en quelquesplans. Une actrice, un geste, unevoix qui esquissent une personna-lité, un décor, quelques accessoi-res qui suggèrent un passé, et unprésent.

Une majorette qui s’entraîne lanuit sur un stade, une chauffeurdetaxiadepte dukaraoké, uneven-

deuse de bijou en minivan, sontainsi autant de propositions defilm, que le serial killer cinéphiletue dans l’œuf.

Deux femmes échappent à cecycle infernal. Une jeune actricedont Sylvain fait la connaissance àl’intérieur du cinéma et dont iltombe amoureux. Et sa mère, cellequi lui a transmis l’obsession ducinéma et des actrices. Mortedepuis longtemps, sa mémoireemplit littéralement la cave, oùelle trône en reine, au milieu de lacollection de trophées.

En toile de fond, une situationde crise donne au film une autretonalité : dès les premières scènes,on comprend en effet que le ciné-ma est sur le point d’être vendu. Ilva fermeràla findela semaine. Ins-crivant le film dans la lignéemélancolique de Goodbye, Dra-gon Inn, du Taïwanais Tsai Ming-liang, sur la fin de l’âge d’or de lacinéphilie, cette trame tire aussi lefilm vers la comédie.

La manière dont Sylvain réagità cette réalité, en effet, jouant lejeu devant son patron mais luiopposant un déni farouche dèsqu’il a le dos tourné, est presque del’ordre du burlesque. Cet attache-ment délirant au cinéma, parlequel se manifeste la schizophré-nie du personnage, finit par le ren-dre attachant. Ce n’est pas le moin-dre des exploits. p

Isabelle Regnier

Film français de Laurent Achard.Avec Pascal Cervo, Charlotte Van Kem-mel, Karole Rocher (1 h 21).

cinéma

ppp excellent ppv àvoir pvv pourquoipas vvv àéviter

Les meilleures entrées en FranceEvolution

Nombre de par rapport Totalsemaines Nombre Nombre à la semaine depuis

d’exploitation d’entrées (1) d’écrans précédente la sortie

nRetrouvez l’intégralitéde la critique sur Lemonde.fr

pppexcellentOki’s Movie.Les Amours d’OkiFilm coréend’Hong Sangsoo (1 h 20).ShameFilm britanniquede Steve McQueen (1 h 39).

ppvà voirDernière séanceFilm françaisde Laurent Achard (1 h 21).Entre chien et loupFilm coréen de Jeon Soo-il (1 h 50).nEx-drummerFilm belge de Koen Mortier (1 h 30).Dans Soudain, le 22 mai, un vigilequi n’a pu empêcher l’explosiond’une bombe dans le centre com-mercial où il travaille estcontraint de traquer le terroristedans un monde parallèle. Visuelle-ment épatante, cette variation surla culpabilité ne fascine toutefoispas autant qu’Ex-drummer, uneplongée glauque et nihiliste dansles bas-fonds de la Belgique. Cefilm suit le quotidien nauséeuxd’un groupe de rock ostendaiscomposé de musiciens bêtes,sales et méchants. Film trash, touty baigne dans la crasse, le sang, l’al-cool, les sécrétions sexuelles, lasueur ou la merde. Les personna-ges seront condamnés par lamorale punk qui anime le film :«No Future». p Sophie Walon

nLa Fin du silenceFilm françaisde Roland Edzard (1 h 20).Dans les Vosges, à l’approche del’hiver, une famille se déchiredans la violence et la pluie glacée.Plasticien passé derrière la camé-ra, Roland Edzard prend un plaisircommunicatif et un peu sadiqueà précipiter les corps de ses per-sonnages dans une nature hostile.Il les filme avec une élégancerigoureuse. Cette grâce et l’intensi-té du jeune comédien Franck Fali-se dans le rôle du fils indigne com-pensent plus que largement lesconventions du récit. p T. S.

pvvpourquoi pasCarnageFilm français de Roman Polanski(1 h 20).

nLivideFilm français de Julien Mauryet Alexandre Bustillo (1 h 30).Deuxième long-métrage de Mau-ry et Bustillo après l’horrifiqueA l’intérieur (2007), Livide revisitele film de vampires sous les cieuxbretons. Trois adolescents déci-dent de cambrioler le manoird’une chorégraphe centenaire(Marie-Claude Pietragalla) et seretrouvent la proie d’une famillede vampires déchaînés. Sur cecanevas classique, les auteurs bro-dent une fantaisie qui vaut ledétour, où le gore n’interdit pas lapoésie fantastique. p J.M.nSoudain, le 22maiFilm belge de Koen Mortier (1 h 28).Voir notre critiqued’Ex-drummer.

vvvon peut éviternHappy Feet2Film d’animation australiende George Miller (1 h 39).Après le succès du premier volet,une suite aux aventures des pin-gouins chanteurs était inévitable.Cette fois, la situation est criti-que: à cause du réchauffement cli-matique, la banquise se scinde,créant par endroits d’énormes cra-tères glacés où le peuple de man-chots se retrouve emprisonné.Gags quasi absents, personnagesmoyennement attachants, chan-sons ronflantes, scénario et dis-cours écologique qui rappellenttrop ceux du volet précédent oude L’Age de glace 2… Malgré desimages sublimes et quelques pas-sages touchants, cette suite peineà séduire. p S. W.nL.A. ZombieFilm américainde Bruce LaBruce (1 h 03).Surgi des flots, un être bleu etbien membré se découvre le pou-voir de ressusciter les morts par lapénétration. Ce zombie à reboursdevient SDF à Los Angeles, ce quine suffit pas à donner une raisond’être à cette provocation un peupuérile, même si elle est interditeaux moins de 16 ans. p T. S.

Nous n’avonspas pu voirAlien Girl, film russed’Anton Bormatov.Hollywoo, film françaisde Frédéric Berthe et Pascal Serieis.Une soirée d’enfer, film américainde Michael Dowse.

Lesfilms dela semaine

Au Silencio, Gonzalesen robe de chambreet charentaises

réservations01 44 95 98 21theatredurondpoint.frfestival-automne.com

Retrouvez aussi le Rond-Point surVentscontraires.netTwitter.com/RondPointParisFacebook.com/RondPointParisDailymotion.com/WebTV_du_Rond-Point

La Loi dumarcheur(entretien avec Serge Daney)Nicolas Bouchaud, Éric Didry

29 novembre - 31 décembre, 20h30

Gólgota picnicRodrigo García

8 - 17 décembre, 20h30

El Tiempo todo entero(Le Temps tout entier)

Romina Paula6 - 24 décembre, 18h30

en espagnolsurtitré

en espagnol

surtitré

Intouchables 5 1 668 938 789 � – 7% 11 729 435

Le Chat potté 1 1 002 077 671 � _ 1 002 077

Les Lyonnais 1 377 031 442 � _ 452 916

Twilight, chapitre 4 3 340 219 702 � – 54% 3 184 338

Time out 2 229 583 328 � – 38% 671 033

The Lady 1 178 594 332 � _ 178 594

Mission Noël :Les Aventures de la

famille Noël2 116 982 475

�– 36% 309 835

Les Immortels 2 86 006 366 � – 51% 296 011

Les Neiges duKilimandjaro 3 73 821 243 � – 30% 392 823

Les Aventuresde Tintin :

Le Secret de la Licorne6 52 148 376

�– 58% 5 202 431

Source : Ecran Total (1) Période du 30 novembre au 4 décembre inclus

T oujours là où on ne l’attendpas, Gonzales. A peine entrédans le Guinness Book com-

me recordman du concert le pluslong du monde (vingt-sept heu-res, en 2009), le musicien perfor-meur se lançait dans le tournaged’un long-métrage. A partir deson album Ivory Tower, et avec lacollaboration scénaristique de laréalisatrice Céline Sciamma (Tom-boy), il a écrit un script, dont il aconfié la réalisation à un de sesproches, Adam Traynor, ancien,comme lui, du groupe électro-rapPuppetmastaz.

Présenté au Festival de Locarnoen 2010, Ivory Tower n’a été vu jus-qu’ici que dans des projections-concerts où Gonzales venait faireun show avant ou après le film. Apartir du 7 décembre, il va enfinêtre visible par tous, mis en ventesur le site Internet de l’artiste(Chillygonzales.com), en VOD(vidéo à la demande) et DVD.

Fou, à la limite du burlesque,porté par la musique de l’albumqui prend en charge une bonnepartie de la narration, IvoryTower conte une histoire éternel-le de rivalité entre frères. Inter-prétés par Gonzales lui-même etpar son complice DJ Tiga, lesennemis sont deux surdouésdes échecs, un malade de compé-tition et un « artiste » adepted’une méthode très personnelleappelée jazz-chess, dans laquel-le il n’y a ni gagnant ni perdant.Ne compte que la beauté desdéplacements.

MégalomaneLe déplacement, Gonzales

connaît bien. Virtuose du piano,ex-performeur postdada de la scè-ne underground berlinoise, pro-ducteur de Jane Birkin, PhilippeKaterine, Feist, compositeur demusiques publicitaires célèbres,ce génie mégalomane est aussi

connu pour ses collaborations,que ce soit avec Tiga, Boyz Noise,ou avec la compositrice et perfor-meuse Peaches – qui joue dansIvory Tower le rôle d’une ancien-ne artiste punk devenue femmeau foyer. Sa renommée vient aus-si de ses « music talk-shows »,mixes totalement vrillés entreconcert et stand-up comedy, oùles gags, toujours musicaux, fonc-tionnent là encore sur le motif dudéplacement. Déplacement deregistre, d’harmonie, de positionau piano même – ce grand barbuau dos voûté aime s’accroupirsous le clavier et jouer à l’aveu-gle.

Depuis que le Silencio, le clubparisien très sélect de DavidLynch, a ouvert en septembre, lemusicien y donne régulièrementdes spectacles dans son costumede scène préféré : robe de cham-bre en soie et charentaises. Le4 décembre, le lancement du DVD

d’Ivory Tower fut l’occasion d’unesoirée spéciale, où les convivescirculaient entre une salle de pro-jection où passait le film et celledu concert où Gonzales avait invi-té sa copine Peaches. Entre deuxsolos, l’hôte accompagnait laguest-star dans une réinterpréta-tion à la sauce punk glamrock dela comédie musicale des années1980 Jesus Christ Superstar.

Vêtue d’une combinaison rosepâle et noir qui faisait penser àdu Jean-Paul Gaultier rapiécé parEmmaüs, puis d’une peau de ser-pent gris métal qui n’aurait pasjuré dans un rêve lynchien, Pea-ches chantait d’une voix divine,dansait avec une gestuelle virile àla Freddie Mercury, endossanttour à tour, et avec autant de foi,les rôles de Jésus, Marie-Madelei-ne, Ponce Pilate… Pour ce qui estdu déplacement, on était servi.Pour l’émerveillement aussi. p

I. R.

Sur desportraitsd’actrices, ilépingle

soigneusementdesoreilles humaines

ornéesde bouclesd’oreilles

Sylvain (Pascal Cervo) campe un jeune homme doux,

projectionniste-caissier dans un cinéma et tueur de femmes. DR

Amoureuxde cinémale jour,tueursanguinaire la nuitUn film hommage au «syndrome Hitchcock» et au cinéma d’épouvante

28 0123Mercredi 7 décembre 2011

290123Mercredi 7 décembre 2011

Svetlana Alliloueva, la dernière prison-nière de Staline, par Marie Jégo

Claude Harmel, figure de l’anticommu-nisme, par Abel Mestre

Pierre Dumayet, pionnier de la télévi-sion, par Guillaume Fraissard

Paul Motian, batteur de jazz et composi-teur, par Paul Benkimoun

KenRussell, sulfureux réalisateur britan-nique, par Thomas Sotinel

Sur 0123.fr

disparitions

Avec Christa Wolf, morte le1er décembre, disparaît l’unedes figures de proue de la lit-térature européenne del’après-guerre, mais aussiune femme de courage et

d’engagement. Personnage tutélaire de lalittérature est-allemande, elle a joué unrôle d’instance morale et créatrice, endépitdes polémiques qui, peuaprès la réu-nification, ont essayé de ternir son image.

Christa Ihlenfeld est née à Landsberg ander Warthe (actuelle Gorzów Wielkopolskien Pologne) en 1929. Fuyant l’arrivée desRusses, la famille s’installe en 1945 dans larégion du Mecklenbourg, et Christaobtient son baccalauréat en 1949, juste aumoment où la République démocratiqueallemande est créée. Elle choisit de rester àl’Est et suit des études de germanistique. Acette même époque, elle adhère au SED (leparti unique de l’ex-Allemagne de l’Est), eten restera membre jusqu’à sa dissolution.Mariée en 1951 avec l’essayiste GerhardWolf, elle a une fille un an plus tard.

Publié en 1959, son premier récit, Mos-kauer Novelle, raconte la relation entre unefemme médecin originaire de Berlin-Est etun interprète russe. Il ne paraît pas àl’Ouest. En 1963, elle publie son premierroman, Le Ciel partagé (Der geteilte Him-mel), qui remporte d’emblée un immensesuccès et lui vaut le prix Heinrich Mann.L’histoire est celle de la rupture, aumoment de l’édification du Mur, entreRita, une étudiante qui choisit de rester enRDA, et son ami Manfred qui préfère seréfugieren RFA. Christa Wolfest accusée de«décadence » par les autorités. Une toutenouvelle traduction de ce livre, due à AlainLance et Renate Lance-Otterbein, vientd’ailleurs de paraître en France sous le titreaccrédité par l’auteur : Le Ciel divisé.

Membre suppléant du comité centraldu SED de 1963 à 1967, Christa Wolf s’oppo-

se néanmoins à la soumission de la cultureau pouvoir politique, ce qui lui vaut sonexclusion de cette instance et sa mise soussurveillance par la Sécurité d’Etat (Stasi).

Désormais, chacun de ses livres va reflé-ter les grandes évolutions et les impassespolitiques de la RDA. En 1968, son secondgrand roman, Christa T. (Nachdenken überChrista T), retrace la vie d’une jeune femmejusqu’à sa mort des suites d’une leucémie –le mal qui vient justement de l’emporter.

Le choix de resterDansune succession depensées, desou-

venirs, d’essais, de retours en arrière de lanarratrice sur sa façon d’écrire et sa propresubjectivité, elle met en scène la tensionentre l’évolution programmée d’un Etatet le développement d’une personnalitéqui a besoin de liberté. Christa Wolf s’ins-talle à Berlin en 1976, année où paraît sontroisième grand roman : Trame d’enfance(Kindheitsmuster),un récit autobiographi-que de son enfance sous le IIIe Reich. Elle seconsacre ensuite à la place de l’écrivaindans la société. Dans Aucun lieu, nulle part(Kein Ort. Nirgends – 1979) qui met en scè-

ne une rencontre fictive entre l’écrivainHeinrich von Kleist et la poétesse CarolinevonGünderrode, elle s’interroge sur laréa-lisation de l’être humain dans la sociétébourgeoise et poursuit cette réflexiondans Cassandre (Kassandra) en 1983.

Dans les années 1990, elle est accuséed’avoir travaillé entre 1959 et 1962 pour laStasi.Elle reprend alors un manuscrit rédi-gé à la fin des années 1970. Ce récit, quiparaît en 1990 sous le titre Ce qui reste(Was bleibt), décrit lavie d’une femme écri-vain qui, se sachant surveillée, tente deprotéger sa vie privée. L’ouvrage déclen-che à l’Ouest une vague d’accusations qui,souligne Alain Lance, « témoigne d’uneméconnaissance volontaire du choixqu’avait fait Christa Wolf : rester dans sonpays pour continuer d’écrire, de publier,d’être lue par des dizaines de milliers de lec-teurs, dans un désaccord de plus en plusaffirmé avec le pouvoir, mais sans jamaisaller jusqu’à la dissidence. Ce qui lui permitégalement d’intervenir efficacement enfaveur de jeunes confrères incarcérés ».

Dans Médée (Medea – 1996), elle répondindirectement à ses détracteurs en recou-

rant à l’histoire ancienne et à la figure dubouc émissaire. Christa Wolf n’a pas cachéqu’elle avait souffert des accusations por-tées contre elle. Il n’y eut guère que GünterGrass pour, à l’époque, prendre publique-ment sa défense. Dans son ouvrage précé-dent,courageuxet lucide,Adieu auxfantô-mes (Auf dem Weg nach Tabou – 1994), ellecritiquait la façon dont s’était faite la réu-nification. « Beaucoup de gens qui vivaienten RDA se sont sentis bafoués, humiliés,exclus, on ne les a pas reconnus. C’est sûre-ment ce qui m’a fait le plus mal. »

En 2010, elle revenait sur ce thème dansun roman, Stadt der Engel oder The Over-coat of Dr Freud, référence à Los Angelesoù elle s’était retirée pendant neuf moisaprès la chute du Mur. Ce livre doit êtrepublié au Seuil en septembre 2012, sous letitre Le Pardessus du docteur Freud. Chris-ta Wolf y décrit sans fard sa vie derrière leMur, les rêves et les cauchemars qui l’ontpeuplée. La vérité a été son guide et sonbourreau. De cette tension il reste uneœuvre pleine de doutes et d’espoirs, qui ala résistance de la fragilité. p

Pierre Deshusses

Peu d’anciens déportés ont,avecunetelleconstanceetpen-dant de si longues décennies,œuvré pour perpétuer le sou-venirde laShoah.Mortdiman-che 27 novembre au lende-

main de son 93e anniversaire, HenryBulawko faisait partie des rares rescapés àavoir endossé, dès leur retour des campsnazis, le rôlede «porteur de mémoire».Et àen avoir fait l’engagementde touteune vie.

Cette vie bascule, le 19 novembre 1942,quand un policier français l’arrête aumétroPère-Lachaisesousprétextequ’ildis-simule son étoile jaune sous sa gabardine.Henry Bulawko est alors un jeune hommede 23 ans déjà très engagé dans la vie de lacommunauté juive.

Fils et petit-fils de rabbin, né en Lituanieen 1918 et arrivé à Paris à l’âge de 7 ans, il estalors l’une des chevilles ouvrières du«Comité de la rue Amelot», une organisa-tion clandestine fondée en 1940 pour four-nir aux juifs persécutés des fausses pièces

d’identité, les aider à franchir la ligne dedémarcation, et organiser le sauvetage desenfants.

InternéàBeaune-la-RolandepuisàDran-cy, Henry Bulawko est déporté en Pologneen juillet 1943. Il est affecté au camp deJaworzno, l’un des commandos satellitesdépendantdel’immensecomplexeconcen-trationnaire d’Auschwitz, où les détenus

ont deux tâches principales : l’extractiondu charbon et la construction d’une usined’électricité. Survivant des terribles «mar-ches de la mort » qui suivent l’évacuationdes camps lors de l’effondrement duIIIe Reich, il retrouve finalement Paris enmai1945.Quelquesjoursplustard,ilpartici-pe à la fondation de l’Association desanciens déportés juifs de France.

Aussitôt engagé dans un travail associa-tif qui ne cessera pas, Henry Bulawko nefait pourtant pas partie des tout premiers àtémoigner. Préférant se taire quandd’autresbrisentlesilence,telsLouiseAlcan,Suzanne Birnbaum, Pélagia Lewinska,André Rogerie ou Georges Wellers, dont lessouvenirs sur Auschwitz paraissent peuaprès la Libération, il ne prend la plumeque quelques années plus tard. C’est en1954que paraît son témoignage, Les Jeux dela mort et de l’espoir, qui sera réédité en1980, préfacé par le philosophe VladimirJankélévitch.

Président d’honneur de l’Union desdéportés d’Auschwitz, Henry Bulawkoétait présent sur tous les fronts de lamémoire. Très impliqué dans l’organisa-tion des commémorations, comme cellequi a lieu chaque 16 juillet en hommageaux victimes de la rafle du Vél’d’Hiv, il afait partie des rescapés venus témoignerau procès de Klaus Barbie, l’ancien chef dela Gestapo lyonnaise, en mai 1987. Et n’hé-sitait pas, quand il l’estimait nécessaire, à

tenir tête aux négationnistes.Longtemps président de la commission

du souvenir au sein du Conseil représenta-tif des institutions juives de France (CRIF),ce défenseur de la culture yiddish ne disso-ciait pas son combat pour la mémoire desenjeux du présent. Engagé à la fin desannées1930 au sein de la branche françaisede l’Hashomer Hatzaïr (« la jeune garde »,en hébreu), cofondateur, en 1954, du cercleBernard-Lazare, du nom de cet intellectuelfrançais connu pour son engagement sio-niste et dreyfusard, il resta fidèle toute savie à ses idéaux de jeunesse, défendantavec autant de force l’existence de l’Etatd’Israël et la nécessité de faire la paix avecles Palestiniens.

Commandeur de la Légion d’honneurdepuis 1999, cet homme hanté par les mal-heurs du siècle mais habité par une grandejoie de vivre – il est notamment l’auteurd’une précieuse Anthologie de l’humourjuif et israélien (Bibliophane, 1988) – étaitretourné à Auschwitz le 27 janvier 2005.Soixante ans jour pour jour après l’entréedes soldats soviétiques dans le camp, Jac-ques Chirac, alors président de la Républi-que, avait prononcé ces mots : « Merci àvousenparticulier,chèreSimoneVeil,mercià vous, cher Henry Bulawko: à travers vous,c’est à tous les témoins de l’inimaginablequejeveuxdirenotreadmirationetlarecon-naissance de la France.» p

Thomas Wieder

S es créations se donnent à voir dansles galeries du Palais Royal, à Paris,pour l’exposition des « Maîtres

d’art» jusqu’au 15 janvier 2012, et son ate-lierparisien de larue de La Grange-Bateliè-re est connu dans le monde entier. Mais lebrodeur François Lesage a tiré sa révéren-ce : il est mort jeudi 1er décembre d’une« longue maladie », à l’âge de 82 ans, dansun hôpital de Versailles. Né en 1929 à Cha-ville (Hauts-de-Seine), fils d’artisans bro-deurs, il assiste dès son plus jeune âge aux

prouessesdeses parentspour lescouturiè-res Madeleine Vionnet ou Elsa Schiaparel-li. A son tour, il portera haut le flambeaude la création.

A 19 ans, il part ouvrir un atelier à Hol-lywood: les broderies Lesage sont bientôtportées par Ava Gardner ou Marlene Die-trich. De retour à Paris, en 1949, après lamort de son père, il prend les rênes de l’en-treprise, créant ses propres collections,qu’apprécient Balmain, Balenciaga,Robert Piguet, Jacques Fath…

A partir des années 1960, François Lesa-ge laisse libre cours à son talent, introduitdes matériaux nouveaux, des traitementsaudacieux. Passionné, imaginatif,curieux de tout, ce petit homme aux yeuxbleusmalicieux s’impose comme le parte-naire créatif des griffes de luxe, de Chris-tian Dior à Yves Saint Laurent en passantpar Lanvin. Par son talent, il a « stupéfiéplus d’une fois » les couturiers travaillantavec lui, a résumé Karl Lagerfeld.

Généreux,il fournit enbroderies dejeu-nes stylistes, comme Christian Lacroix,dont il accompagne les débuts, et ouvreen 1992 une école où l’on vient aujour-d’hui de toute la planète pour apprendrel’art de l’aiguille. En 2002, la maison Lesa-ge s’adosse à Chanel et le brodeur devientle complice de Karl Lagerfeld. Le parurierqui a brodé notamment la tenue de FarahDiba pour son couronnement en 1967, lachasuble et la mitre de Jean Paul II, a faitl’objet de nombreuses expositions, auMusée Galliera à Paris, en 1988, mais aussià Tokyo ou à Los Angeles. Il est de ceux, ajugéle ministre de la culture, Frédéric Mit-terrand, « qui rappellent le peu de distancequi sépare l’art de l’artisanat».p

Véronique Lorelle

18 mars 1929 Naissance à Landsbergan der Warthe, alors en Allemagne1959 Premier récit : « Moskauer Novelle »1963 « Le Ciel partagé », livre saluépar le prix Heinrich Mann1968 « Christa T. »1976 « Trame d’enfance »1990 « Ce qui reste »201O « Le Pardessus du docteurFreud », à paraître en France en 20121er décembre 2011 Mort en Allemagne

JACQUES ZELTER

ABECASIS/SIPA

Figure tutélaire de la littérature est-allemande

ChristaWolf

25 novembre 1918 Naissance à Lyda(Lituanie, aujourd'hui en Biélorussie)1943-1945 Déporté à Auschwitz1954 « Les Jeux de la mort et del'espoir » (éd. AADJF)27 novembre 2011 Mort à Paris

31mars 1929 Naissance à Chaville(Hauts-de-Seine)1949 A la tête de l’entreprise familiale1992 Ouverture d’une école à Paris1er décembre 2011 Mort à Versailles

Brodeurde renom mondialFrançoisLesage

Christa Wolf, dans les années 1980. ROGER VIOLLET/ULLSTEIN BILD

Résistant, déporté, rescapé, inlassable «porteur de mémoire»

Henry Bulawko

& vous

Consommation

L es candidats àl’élection prési-dentielle de 2012 devront seprononcer sur le « pacte

consumériste » que l’UFC-QueChoisir, doyenne française desassociations de consommateurs,entend leur soumettre. Ils devrontnotamment dire s’ils sont favora-bles à « l’action de groupe ». Cemode de règlement collectif despetits litiges permettrait à ungrand nombre de consommateursvictimes du même préjudice – dela part d’un opérateur téléphoni-que ou d’une banque, par exemple– de s’unir pour réclamer en jus-tice leur indemnisation.

Actuellement, les consomma-teurs lésés d’un faible montanthésitent à saisir le juge individuel-lement, compte tenu de la dispro-portion entre les frais à engager etla réparation attendue. La com-plexité du droit français incite àrecourir aux services, coûteux,d’un avocat, même auprès du jugede proximité, compétent pour leslitiges de moins de 4 000 euros.Un sondage réalisé par l’UFCauprès de 56 437 personnes, audébut de l’année, montre que 80%des consommateurs renoncent àintroduire une action en justice.

Les associations de consomma-teurs n’ont pas le droit d’agir enleur nom, comme l’a constatél’UFC à ses dépens. Après que leConseil de la concurrence eutcondamné Orange, SFR et Bou-ygues pour entente illicite en2005, l’association a déposé au tri-bunal pas moins de 12 521 deman-des d’indemnisation de clientslésés par l’un ou l’autre de ces troisopérateurs mobiles. La Cour d’ap-pel de Paris a déclaré son actionnulle, au motif qu’elle a été organi-sée « au mépris des interdictions dedémarchage ».

L’action de groupe est un vérita-ble serpent de mer. En 2005, Jac-ques Chirac, président de la Répu-blique, demande à son gouverne-ment un projet de loi. Le texte estinscrit à l’ordre du jour de l’Assem-blée nationale, mais pas examiné.

Le candidat Sarkozy promet laréforme en mars 2007, mais songouvernement s’y oppose aujour-d’hui. Pourtant, le Conseil de laconcurrence s’y est dit favorableen 2006 et Jacques Attali l’a préco-nisée dans son rapport de 2008sur la libération de la croissancefrançaise. On ne compte plus lespropositions de loi déposéesdepuis 2006.

Les consommateurs la récla-ment: 95 % des personnes sondéespar l’UFC y sont favorables. Mais lepatronat s’y oppose. Le Medef et laCGPME assurent qu’« elle se trans-formerait en un handicap pour lesentreprises françaises qui vivraientsous cette menace, à la différencede leurs concurrentes », rappellentles sénateurs Laurent Béteille(UMP) et Richard Yung (PS), dansun rapport datant de mai 2010.Pourtant, les « class actions » exis-tent déjà aux Etats-Unis, et dansdouze pays de l’Union européen-ne. « Aucun des mécanismes euro-péens étudiés nesemble avoirgéné-

ré des coûts déraisonnables ou dis-proportionnés pour les entrepriseset la vie des affaires », constatentlessénateurs, après avoir luun rap-port de la Commission sur le sujet.Bruxelles va d’ailleurs proposerune directive sur le « collectiveredress » en 2012.

Les détracteurs de l’action degroupe assurent qu’elle importe-rait en France les dérives des« class actions » des Etats-Unis, oùdes avocats démarchent des victi-mes à grand renfort de publicité,afin de se rémunérer ensuite gras-sement sur les dommages et inté-rêts obtenus.

Les propositions de loi identi-ques déposées par MM. Yung etBéteille en décembre 2010 écar-

tent ces risques : seule une asso-ciation de consommateursagréée pourrait initier unrecours. Elle soumettrait au jugequelques cas types du préjudicecommun. Ce magistrat statue-rait sur la responsabilité du pro-fessionnel. Il définirait le groupedes consommateurs concernés(ceux qui avaient un contratentre telle et telle date, par exem-ple). Il fixerait les conditionsdans lesquelles l’associationpourrait faire de la publicité –aux frais du professionnel – pourles en avertir. A l’expiration dudélai prévu, il établirait la listedes personnes recevables et lemontant de leur indemnisation.« Cela nous convient tout à fait »,indique l’UFC. Au Sénat, M. Yungpourrait réintroduire sa proposi-tion, sous forme d’amendementau projet de loi Lefebvre renfor-çant les droits des consomma-teurs, qui devrait être examinéavant Noël. p

Rafaële Rivais

Transports

L orsque vous voyagez entrain, faites attention à vosbillets, si vous ne voulez pas

connaître la même mésaventureque Charles-Emile Gaude. Ce Gre-noblois se rend à Compiègne(Oise) toutes les trois semaines,pour y voir son amie. Il disposed’une carte de réduction Escapa-des, qui lui permet de payer ses tra-jets à moitié prix. Le 1eraoût, com-me d’habitude, il passe comman-ded’unaller-retoursur le site Inter-net Voyages-sncf.com. Un mail luiconfirme son paiement, et il reçoitles titres de transport par la poste.

M. Gaude embarque le 11 août,et s’aperçoit au bout de quelquesinstants qu’on lui a volé ses billetsainsi que sa carte, posés dans lefilet devant son siège. Il va voir lescontrôleurs, leur montre, sur sonsmartphone, le courriel confir-mant son paiement, pour leurprouver sa bonne foi. Ils lui fonttout de même payer un nouveauvoyage, au tarif de bord.

Arrivé à Compiègne, M. Gaudeva déposer plainte pour vol aucommissariat et revient au gui-chet de la gare avec son attesta-tion. L’employé refuse néanmoinsde rééditer son billet de retour.M. Gaude reprend donc le trainsans ticket et paie à nouveau leprix fort. Au service client, il récla-me le remboursement des deuxbillets pris à bord.

Trois semaines plus tard,Mylène Le Gal, chargée des rela-tions clients, lui répond qu’« iln’est pas possible de rembourserdes billets volés ». En effet, expli-que-t-elle, « un titre de transportégaré est utilisable par la personnequi le possède » – comprenons levoleur. M. Gaude fait valoir, envain, que son nom figurait dessuset qu’il ne peut être utilisé sans lacarte Escapades, sur laquelle figu-re sa photo. « La fraude n’est paspossible dans mon cas ! », s’excla-me-t-il.

En fait, cela n’est pas si sûr :« toute une série de billets peuventêtre revendus sur le marché deseconde main », indique QuentinSchaepelynck, fondateur du siteInternet Zepass.com, spécialisé

dans la revente de billets deconcert, de spectacle ou de train.« Les titres de transport cartonnés,que l’on achète au guichet, à uneborne ou que l’on reçoit à domicile,peuvent être légalement revendus,qu’ils soient nominatifs ou non »,explique-t-il, en précisant qu’ilsreprésentent 80 % des achats.N’importe quel voyageur s’appe-lant M. Martin, par exemple, peutainsi voyager avec un billet carton-né au nom de M. Dupont. Un autretitulaire de la carte Escapades queM. Gaude pourrait donc utiliserson billet. Il est possible aussi derevendre des titres électroniquescommandés sur Internet, tant quel’on n’a pas procédé à leur impres-sion et, simultanément, à leur per-sonnalisation.

Vérification d’identitéDepuis peu, la SNCF conseille

d’acheter des e-billets, qui ne peu-vent être ni volés ni perdus, carc’est elle, et non le voyageur, quidétient la preuve de leur achatdans son système de réservation.Le voyageur peut les rééditer sansproblème ; il peut aussi montrer lapreuve de son achat sur un smart-phone au contrôleur, qui scanneraun flashcode. « Si ce contrôleurconstate que deux clients possè-dent le même e-billet, il procédera àune vérification d’identité », préci-se le service de presse de la SNCF.

« L’idée est séduisante », observeMélanie Landru, une voyageusequi a accepté des e-billets, en sedisant qu’en outre « c’est plus éco-lo». Mais le hic, « c’est qu’ils ne sontpas cessibles ! », proteste-t-elle. « Jene le savais pas car c’est inscrit entout petit, souligne-t-elle. Lorsquemon voyage a été annulé, je n’aipas pu les revendre, alors qu’ilsn’étaient ni échangeables ni rem-boursables ! »

M. Schaepelynck, de Zepass.com, qui assure recevoir de nom-breuses protestations de voya-geurs, regrette que « des billetsnominatifs ne soient pas cessibles.C’est le cas de nombreuses placesde concert, pourtant ! ». La SNCF,qui a développé un partenariatavec Zepass, « manque parfois decohérence », estime-t-il.p

R. Rs

Perdu ou volé,un billetde traindoitêtre rachetéSeulslestitresde transportélectroniques(lese-billets)peuvent êtreremplacésparlaSNCF

Santé Mise en garde contre le blanchiment des dentsFace au nombre croissant de personnes qui se font blanchir les dents, àdomicile ou dans des « bars à sourire », les autorités sanitaires (direc-tion générale de la santé, DGCCRF et Agence française de sécurité sani-taire des produits de santé, Afssaps) ont alerté, lundi 5 décembre, lesconsommateurs sur les risques pour la santé. Surtout si le traitementest renouvelé fréquemment et si les produits utilisés contiennent oulibèrent du peroxyde d’hydrogène (eau oxygénée) dont la concentra-tion se révèle supérieure à 0,1 %, le maximum autorisé par la réglemen-tation. Le conseil national de l’ordre des chirurgiens-dentistes avait sai-si en janvier les autorités sur les risques liés au blanchiment en dehorsdes cabinets dentaires.

Quelque95%desconsommateurs

sondéspar l’UFCysontfavorables

Lumièressur la villeLyon, fidèle à une tradition séculaire, lance le 8 décembrela 13e édition de sa Fête des lumières, qui attire chaque année,durant quatre soirs, environ 4 millions de visiteurs… Tous vien-nent s’émerveiller des prouesses techniques, plastiques et poé-tiques des artistes de la lumière. Cette année, cinquante talentsvont illuminer quelque 70 lieux et bâtiments. A découvrirnotamment, la création de Carol Martin et Thibaut Berbezierintitulée Urban Flipper, sur la façade du Théâtre des Célestins ;Aqua Stell, de Pitaya Design, entre les places Jutardet Raspail ; et Le Chant de la pierre, une mise enlumière et en musique de la cathédrale Saint-Jean par Daniel Knipper. p

Mélina Gazsi (PHOTO DR) Fetedeslumieres.lyon.fr

Untramway nommé… égalité

LAURENT PARIENTY

Consommateurs, unissez-vous!Les associations repartent au combat pour la légalisation de l’action de groupe

M aryse Bastié, AdrienneBolland, AlexandraDavid-Niel, Marie de

Miribel, Séverine, Rosa Parks,Colette Besson, Ella Fitzgerald etDelphine Seyrig. Respective-ment deux aviatrices, une explo-ratrice, une créatrice d’œuvressociales, une écrivaine, une figu-re de l’antiracisme aux Etats-Unis, une athlète, une chanteu-se de jazz et une actrice. Lesdeux dernières sont trèsconnues. Les autres un peumoins… Mais elles le seront bien-tôt et feront même partie duquotidien des voyageurs dutramway parisien T3.

Ces femmes soufflent unvent nouveau sur la capitale.

Celui de l’égalité des sexes. Ellesdonneront en effet leur nom endécembre 2012 à neuf futuresstations (sur 25) qui prolongentle Tramway T3 des Maréchaux,de la porte d’Ivry à la porte de laChapelle.

FéminisationTel était le parti pris de fémini-

sation souhaité par la Mairie deParis, qui avait soumis ces propo-sitions de dénominations auxservices du Syndicat des trans-ports d’Ile-de-France (STIF) etauprès de la RATP. La partie estdonc gagnée. Place aux femmesdans le T3 ! Car hormis l’arrêtBaron-Leroy, juriste, les nomsdes autres stations nouvelles

évoqueront les sites traversés.Annick Lepetit, maire adjoin-

te de Paris, chargée des déplace-ments, des transports et de l’es-pace public, ne cache pas sasatisfaction. « Ce fut une rudebataille. Pendant un an, nousavons argumenté contre les avisde la RATP, qui souhaitait queles usagers s’y retrouvent et puis-sent faire le lien avec un lieu exis-tant déjà dans le quartier. » Desconditions au demeurant com-préhensibles ou de nouvellesembûches pour freiner l’ambi-tion de féminisation ?

Ainsi, la future station Adrien-ne-Bolland a bien failli s’appeler« aviateur ». Pas « aviatrice » ! LaRATP n’en voulait pas. Heureuse-

ment qu’à la Mairie de Paris onconnaît quelques noms d’aviatri-ces, telles Hélène Boucher ou jus-tement la Bolland… Autre exem-ple : la dernière station de laligne du T3 avant le terminusaurait pu s’appeler « Fillettes ».Pas terrible ! Comme les raisonsinvoquées par la Régie, quiarguait qu’il y avait à proximitéun stade du même nom. Aufinal, celui de Colette Besson,médaillée d’or du 400 m en1968, l’a emporté.

Faut-il rappeler que dans lemétro parisien, sur 301 stations,trois seulement portent unnom de femme. Lesquelles ? Avous de chercher ! p

Mélina Gazsi

30 0123Mercredi 7 décembre 2011

310123Mercredi 7 décembre 2011 carnet

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AU CARNET DU «MONDE»

Anniversaire de naissance

Loris,

pour tes douze ans,un petit bout du « Monde »pour te souhaiter untrès bon anniversaire !

Isabelle et Jean-Louis

Décès

Le proviseur,La communauté éducative

du lycée Paul Valéry - Paris XII,

ont le regret de faire part du décès de

M. Hervé GIANNOTTI,enseignant,

survenu le 2 décembre 2011.

Roland Bechmann,son époux,après soixante-dix ans d’une merveilleuseunion, ensemble dans la Résistancedans le Vercors,

Marie-Laure et Hans Rietveld,Claudine et Marc Decressac,Dan Ferrand-Bechmann,Luce Bekistan,Marion et François Chaumont,Eve et Richard Johnson,

ses filles et conjoints,Ses petits-enfantsEt ses arrière-petits-enfants,

ont la très grande tristesse d’annoncerle décès de

Martine BECHMANN,née COHEN,

survenu à l’âge de quatre-vingt-huit ans,le 2 décembre 2011, entourée des sienset avec le soutien de l’équipe médicalede l’hôpital Foch.

Vous pouvez adresser vos dons,à l’ICM, 47, boulevard de l’Hôpital,75013 Paris.

Rendez-vous au cimetière de Jouy-en-Josas, le jeudi 8 décembre, à 16 heures.

7, Villa de Buzenval,92100 Boulogne-Billancourt.

A tous ceux qui l’aimaient.

Leila,son épouse,Jeanine,

sa sœur,Maria, John Fawcet, Sami et Maia,Pascal Blacque-Belair,Cathy et Caroline,La famille Godebski,

ont la tristesse de faire part du décès de

Patrice BLACQUE-BELAIR,

survenu le 29 novembre 2011.

Les obsèques ont eu lieu dansl’intimité.

Leila Blacque-Belair,24, rue Balard,75015 Paris.

Marie, Guillaume et AlexandreBoigues,ses enfants,Ses frères et sœursEt toute la famille,

ont la tristesse de faire part du décès de

M. Philippe BOIGUES,

survenu à l’âge de soixante-sept ans

Ses obsèques seront célébrées le jeudi8 décembre 2011, à 14 h 30, en l’églisede Saint-Aré, à Decize (Nièvre), 14, rueJean-Jacques Rousseau.

Papa, puisses-tu reposer enfin en paix.

Luigi, Muriel,son frère et sa compagne,Léa,

sa nièce,Ginette, Elsa,

sa cousine, sa tante,Toute sa familleEt ses nombreux amis,

ont la tristesse de faire part du décès de

Franca DONINI,

survenu le 1er décembre 2011.

La cérémonie religieuse sera célébréele 8 décembre, à 10 h 30, en l’égliseprotestante, 31, rue de la République,à Montreuil.

Nicole Gersen,sa fille,

Jean-Charles Schwartz,son gendre,

Olivier Schwartz et Kareen Benmaor,Marc et Catherine Schwartz,Emmanuelle Jaeger,Léa Kalaora,

ses petits-enfants,

Mathias, Pamela, Sonia, Jérémie, Julie,Ariane et Pauline,ses arrière-petits-enfants,

René et Claude Sliosberget leurs enfants,ses neveux et petits-neveux,

ont la tristesse de faire part du décès,à l’âge de cent trois ans, de

Vera GERSEN,née ZAïTZEFF,

née à Saint-Pétersbourg, le 27 juin 1908,avocate honoraire.

Les obsèques auront lieu le mercredi7 décembre 2011, à 11 heures, au cimetièredu Montparnasse, Paris 14e.

7, boulevard Flandrin,75016 Paris.

Christophe, Gilles, Isabelle, Alice,ses enfants,Christelle, Ariane, Benoit, François,

leurs conjoints,Léna, Fanny, Pablo, Merlin, Noé,

Philémon, Côme, Gaspard, Malo,ses petits-enfants,Jacques NormandEt Philippe Depondt,

son compagnon,ont la tristesse d’annoncer le décès de

Claudine NORMAND,maître de conférences honorairede linguistique à l’université

Paris X-Nanterre.

Ses amis pourront se réunir le vendredi9 décembre, à 10 heures, au crématoriumde Nanterre.

Nous avons l’immense tristessed’annoncer le décès de

Mme Jeanne PERTHUIS,

le 2 décembre 2011, au Chesnay(Yvelines).

Elle était entourée de ses enfantset petits-enfants.

A sa demande, dans la plus grandesimplicité, sans fleurs ni couronnes, unebénédiction aura lieu en l’église de Bonny-sur-Loire (Loiret), le jeudi 8 décembre,à 15 heures.

Elle sera inhumée aux côtés de sonmari,

Roger PERTHUIS,

décédé le 14 mai 1977.

Nous tenons à remercier pour leurdévouement extrême les équipes del’EHPAD « Denis Forestier » à la Verrièreet celles de l’USIC à l’hôpital AndréMignot du Chesnay.

Joëlle Perthuis et Marie ClaudeWernert,Clément-Mikaël Perthuis,Corinne Perthuis et Thijs Berman,

Maxim Berman, Luc Berman.

14, rue Vergniaud,75013 Paris.30, rue Traversière,75012 Paris.

Christine Peyre,son épouse,Annabelle,

sa fille,Yannick et Arantxa,

son fils et sa belle-fille,Khemmis, Noa, Mélina et Louise,

ses petits-enfants,Vincent et Hanna Peyre,

son père et sa belle-mère,Françoise, Anne-Marie et Dominique,

ses sœursEt toute la famille,

ont la grande tristesse de faire partdu décès de

Jean-Jacques PEYRE,militant syndical,

secrétaire national FNCB CFDT(1982-1997),

secrétaire confédéral de la CFDT(1998-2011),

survenu le 2 décembre 2011, à Paris.

Un hommage lui sera rendu le samedi10 décembre, à 10 heures, en la salle dela Coupole, au crématorium du cimetièredu Père-Lachaise, Paris 20e.

Ni fleurs ni couronnes.

La ProviseureEt l’ensemble des personnels

de la cité scolaire Lamartine,

ont la grande douleur de faire part du décèsde

M. Ludovic PIERREDON,attaché d’administration scolaire,

décédé le 2 décembre 2011,dans sa trente-deuxième année.

Les obsèques ont été célébrées le6 décembre, à Rousson (Gard).

Collège et lycée Lamartine,121, rue du Faubourg Poissonnière,75009 Paris.

Mme Annie Raymond,son épouse,Ses enfantsEt ses petits-enfants,

ont la tristesse de faire part du décès de

M. Pierre RAYMOND,capitaine au long cours,arbitre maritime,

vice-président de la chambre arbitralemaritime de Paris,

survenu le jeudi 1er décembre 2011,à l’âge de soixante-dix-sept ans.

La cérémonie religieuse sera célébréele mercredi 7 décembre, à 10 heures,en l’église Saint-Martin de Jouy-en-Josas,suivie de l’inhumation au cimetièrede la commune.

De préférence aux fleurs, des donsau profit de la Ligue contre le cancerseront recueillis.

48, rue Joffre,78350 Jouy-en-Josas.

Auxerre. Joigny.

Mme Claude-Hélène Ribier-Vogel,son épouse,Ses quatre filles,Ses gendres,Ses petits-enfants,Ses neveux et nièces,Toute la familleEt ceux qui ont été proches de lui

pendant ces dernières années,

ont la douleur de faire part du décès du

docteur Jacques RIBIER,pédiatre à Auxerre,

survenu le 1er décembre 2011,dans sa quatre-vingt-quatrième année.

La cérémonie, laïque, aura lieu le jeudi8 décembre, à 11 heures, en la salle dufunérarium d’Auxerre, suivie de lacrémation.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Anna-Liisa Scharf,son épouse,Riitta et Jürg Burri,Lauri et Elisabeth Scharf,

ses enfants,Jan, Niels, Livia, Ellen, Ethan et Eric,

ses petits-enfants,

ont la douleur de faire part du décès,survenu à Cassis, le 30 novembre 2011,de

Bertram SCHARF,né à New York le 3 mars 1931,

professeur émérite,à l’université Northeastern, Boston.

L’incinération aura lieu à Cassisle 9 décembre.

Riitta Burri,Hausmattweg, 29,3074 Muri bei Bern (Suisse).

Mme Colette Tournès,son épouse,Ses enfants,Ses petits-enfantsAinsi que toute la famille,

font part du décès de

M. Hubert TOURNÈS,

survenu à Nantes, le 24 novembre 2011.

La cérémonie d’adieu aura lieule mercredi 7 décembre, à 15 heures,au cimetière du Père-Lachaise, (rendez-vous à 14 h 45, entrée boulevard deMesnilmontant, Paris 20e).

Nous faisons part du décès de

Jacques de VATHAIRE,

survenu chez lui, entouré des siens,à l’âge de quatre-vingts ans,le 3 décembre 2011.

Renée-Noël Leprince-Ringuet,son épouse,Emmanuelle et Philippe Devaux,Florent et Cécile, Vincent et Natalia,Jean-Baptiste et Délia, Sara et Thierry,

ses enfants,Ses petits-enfantsEt ses arrière-petits enfants,

vous invitent à partager leur peine et leurprière le jeudi 8 décembre, à 15 heures,en l’église Saint-Merri, Paris 4e.

Jacques sera inhumé à Aire-sur-l’Adour,le samedi 10 décembre, après une messecélébrée à 14 h 30, en l’église Sainte-Quitterie au Mas.

Janine Verdier,Claude et Alain Braun,Aurélie, Pierre-François et Claire,

ont la grande tristesse de faire partdu décès de

François VERDIER,correcteur d’imprimerie

chevalier de l’ordre national du Mérite,

survenu le 1er décembre 2011.

[email protected]

Remerciements

Hugues Moutou,Véronique et Karine Moutou,

très touchés des marques de sympathieque vous leur avez témoignées lorsdu décès de

Claudine TORRES,épouseMOUTOU,

vou s a d r e s s e n t l e u r s s i n c è r e sremerciements.

Commémoration

Les associations les Fils et fillesdes déportés juifs de France, présidentMe Serge Klarsfeld, la Fédérationdes sociétés juives de France, présidentM. Maurice Skornik, l’Union des sociétésjuives de France, président M. HenryBattner, commémoreront le dimanche11 décembre 2011, à 11 heures,le 70e anniversaire de la première exécutionmassive au Mont Valérien (Suresnes),le 15 décembre 1941, au cours de laquellefurent exécutés 70 résistants ou opposantsà l’occupant allemand, dont 52 juifs.

Les FFDJF, FSJF, USJF rappellentque sur les 1010 fusillés au Mont Valérien,179 étaient juifs.

Venez nombreux leur rendre hommage.Deux autocars partiront de la placede la République, Paris 10e, devant l’hôtelCrown Plaza, à 9 h 30. Ils s’arrêterontd’abord devant la plaque apposéepar les FFDJF sur l’École militaire (angleavenue Duquesne), pour un hommagesilencieux aux 743 juifs qui y furentenfermés le 12 décembre 1941, par lesAllemands, avant d’être internés dans deterribles conditions dans le camp deCompiègne et déportés au campd’extermination d’Auschwitz-Birkeneau.

Communication diverse

Psyché et philosophie,rencontre CRMEP (Kingston)

et LLCP (Paris 8)avec J. Oury, D. Reggio,M. Karkayannis-Doudikou,C. Malabou, H. Caygill.Université Paris 8,

8 décembre 2011, 14 heures,amphithéâtre X,

9 décembre, 9 h 30,amphithéâtre B1.Ouvert à tous.

Métro : Saint-Denis Université.

Colloque

« Les 25 ans de la loi Littoral »

le vendredi 9 décembre 2011Entrée libre sur inscriptions

Tél. : 02 98 01 83 [email protected]

Grande Loge de France

Commission des droits de l’hommeet du citoyen.

Journée du devoir de mémoireconsacrée à Sam Braun,

avec Gérard Haddad, écrivain,

le samedi 10 décembre 2011,14 h 30,

Grand Templede la Grande Loge de France,8, rue Puteaux, Paris 17e.

Concert

Conférence

Concert TALILAà l’Union libérale israélite de Francedimanche 11 décembre 2011, à 18 heures.

ULIF-Copernic,24, rue Copernic, 75116 Paris.

TALILA : MON YIDDISH BLUESPrix des places : 20 €.

Membres ULIF, CFMJ, étudiants : 15 €(carte de membre à montrerà l’entrée du concert).

Billeterie en ligne : www.ulif.orgou par téléphone : 01 47 04 37 27.

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JT d’antan« Le journal télévisé n’est plus qu’un film du monde en accéléré. »Noël Mamère ne croyait pas si bien dire (La Dictature de l’Audimat, éd.LaDécouverte) ! Voyez cette perle glanée sur le site de l’Institut nationalde l’audiovisuel. Ce film documentaire, datant du 1er janvier 1957, relatesoixante ans de presse filmée, « de brèves séquences ou extraits de filmsou d’événements saisis par les caméras de chasseurs d’images depuis l’in-vention du cinéma par les frères Lumière » (tinyurl.com/7pks6vr).Quinze minutes d’archives, soixante ans d’actualités. « C’était unmonde bien étrange que ce Paris des premières automobiles. Un mondeque nous regardons aujourd’hui avec des yeux émerveillés, comme desenfants devant un livre d’images. » Les miens ne perdent pas une miettede ces images en noir et blanc d’un Paris révolu où trottent chevaux etfemmes chapeautées et gantées. « Ce livre d’images n’existerait pas si, en1895, les frères Lumière n’avaient inventé le cinéma et en même temps lefilm d’actualités », rappelle le commentateur. Quelle trépidante Sortie desusines Lumière, balbutiements d’une longue lignée d’images d’actualités !Les images passent, les années trépassent. La caméra est «devenuel’œil vivant » des chasseurs d’images, permettant à l’histoire d’avoir « aujour le jour ce témoin irrécusable qui écrit les faits avec leurs détails, leurpittoresque, leur humanité ». Permettez-moi d’ajouter « Et leurs tragédies» ! Cet œil nous permet de revoir Marie Curie dans son laboratoire « mer-veilleux de pauvreté », les inondations parisiennes de 1910, les premièresmachines volantes, cet essai infructueux de saut en parachute depuis latour Eiffel, mais aussi Jaurès quelques jours avant son assassinat, les tran-chées de la première guerre mondiale – et « Les poux chez les Allemands,comme chez nous » ! –, la liesse de l’armistice et cette grande parade victo-rieuse sur les Champs-Elysées « qui était la plus belle actualité du monde» ! «Un livre d’images » captivant d'actualités qui appartiennent à l’Histoi-re. Et quelle Histoire ! p

PolitiqueManœuvres d’arrière-planA la prochaine présidentielle, cela fera cinquante-huit ans que j’ai ledroit de vote, et je tombe des nues. Je croyais que les accords se négo-ciaient entre personnes ou partis qui partageaient les mêmes idées etpouvaient donc établir leur programme en commun. Or tant vos arti-cles que plusieurs émissions télévisées m’expliquent que, cette année,ils se feront en fonction des circonscriptions ou des fonctions qui leurseront attribuées par le parti majoritaire au sein du groupe! Est-ce unenouveauté ou simplement l’habitude était-elle de ne pas en parler ? Jetrouve absolument scandaleuses ces manœuvres d’arrière-plan, qui res-semblent fort à un trucage des candidatures aux élections moins impor-tantes. Et à quoi donc les « primaires» à la façon socialiste ont-elles étéutiles si les candidats éliminés par cette porte reviennent par la fenê-tre ? Cela n’est plus que gaspillage de fonds en cette période de pénurie.

Jacqueline Bernard

Noiseau (Val-de-Marne)

Courriels

C’est tout Net! Marlène Duretz

Mardi6décembreTF1

20.50 Les Experts : Manhattan.Série. Crise d’identité (S7, 18/22, inédit) U ;Leçons de crime. La Clé des meurtres(S5, 20 et 21/25) U. Avec Gary Sinise.23.20 Appels d’urgence.Vols, agressions : brigade d’élitecontre jeunes délinquants. Magazine.0.55 Un homme de loi (100 min) U.

FRANCE2

20.35 La Grande Battle.Invité : Roberto Alagna. Avec l’Orchestre-Atelier OstinatO, dir. Jean-Luc Tingaud.22.55 Jugez-moi coupablepp

Film Sidney Lumet. Avec Vin Diesel, PeterDinklage, Annabella Sciorra (EU, 2006).1.25 Journal, Météo (20 min).

FRANCE3

20.35 Louis XI.Le Pouvoir fracassé. Téléfilm. Henri Helman.Avec Jacques Perrin, Florence Pernel (Fr., 2011).22.20 et 3.15 Soir 3.22.45 Ce soir (ou jamais !).Présenté par Frédéric Taddeï (120 min).

CANAL+

21.00 Football.Ligue des champions (1re phase, 6e et dernièrejournée, groupe F) : Borussia Dortmund -Marseille. 22.35 Les Rencontres de la soirée.23.45 Nowhere Boypp

Film Sam Taylor-Wood. Avec Aaron Johnson,Kristin Scott Thomas (GB, 2010, 95 min).

ARTE

20.39 Thema - Pour ou contreles châtiments corporels ?20.40 Au pays de la fessée interdite (Fr., 2011).21.35 Tu vas en prendre une. Documentaire.Leila Djitli (France, 2011). 22.00 Débat.22.30 Bobby Fischer.64 cases pour un génie. Documentaire (2011).0.00 Au cœur de la nuit.Charles Bradley et Sharon Jones (2011, 50 min).

M6

20.50 Victoire Bonnot.Dis-moi d’où tu viens. Téléfilm. Vincent Giovanni.Avec Valérie Damidot (Fr., 2011, audiovision).22.25 Nouveau look pourune nouvelle vie. Magazine (135 min).

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New DelhiNew YorkPékinPretoriaRabatRio deJaneiroSéoulSingapourSydneyTéhéranTokyoTunisWashingtonWellingtonOutremerCayenneFort-de-Fr.NouméaPapeetePte-à-PitreSt-Denis

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Amiens

Metz

Strasbourg

Orléans

Caen

Cherbourg

Rennes

Brest

Nantes

Poitiers

Montpellier

Perpignan

Marseille

Ajaccio

Nice

Clermont-Ferrand

Lyon

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Mercredi 7 décembre07.12.2011

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Europe Centrale Quelques giboulées de neige se produiront

En Europe12h TU

Le ciel restera très nuageux voirecouvert sur les trois-quarts du paysavec des pluies intermittentes, plusmarquées du sud-ouest aux reliefs del'est. Le vent d'ouest à sud-ouestsoufflera fort au nord de la Loire. Lesrégions méditerranéennes et le suddes Alpes resteront à l'écart avec untemps sec et assez ensoleillé dansl'ensemble. Les températuresremonteront, il fera doux.

Saint AmbroiseCoeff. de marée 54/58

LeverCoucher

LeverCoucher

Humide et doux

Aujourd’hui

météo & jeux écrans

Mercredi7 décembreTF1

20.45 Football.Ligue des champions (1re phase, 6e et dernièrejournée, groupe B) : Lille - Trabzonspor (Turq.).22.50 Mentalist. Série (S2, 17/23).23.40 Chase. Série. Sept ans à payer.Opération lasso (S1, 15 et 16/18, inédit) U.1.15 24. Série (S6, 3-4/24, inédit, 95 min) U.

FRANCE2

20.35 Fais pas ci, fais pas ça.Série. 20 ans déjà ! Engagez-vous ! (saison 4,7 et 8/8, inédit). Avec Guillaume de Tonquédec.22.25 Avant-premières. Invités :Ariel Wizman, Jalil Lespert, Clémentine Célarié...0.35 Journal, Météo.0.55 Des mots de minuit. Invités :Giancarlo Lucchini, Chantal Thomas... (90 min).

FRANCE3

20.35 Des racines et des ailes.Paris authentique, Paris éclectique. Magazine.22.30 et 2.00 Soir 3.23.00 L’Ombre d’un doute.Jeanne d’Arc, femme providentielle. Magazine.0.10 Doc 24. Documentaire (55 min).

CANAL+

20.55 Pieds nus sur les limacespp

Film Fabienne Berthaud. Avec Diane Kruger,Ludivine Sagnier, Denis Menochet (Fr., 2010) U.22.40 Football. Ligue des champions(1re phase, 6e et dernière journée).23.50 Repérages, l’émission.Avec Kyan Khojandi, Bruno Muschio (100 min).

ARTE

20.15 Don Giovanni.Opéra de Mozart. Mise en scène de Robert Carsen.Par l’Orchestre de la Scala de Milan, dir. DanielBarenboïm. Avec Peter Mattei, Bryn Terfel.23.35 Après l’océanpp

Film Eliane de Latour. Avec Fraser James,Djédjé Apali (Côte d’Ivoire, 2006, v.o.).1.25 Une famille allemandep

Film Oskar Roehler. Avec Martin Weiss,Moritz Bleibtreu (Allemagne, 2004, 105 min).

M6

20.50 La France a un incroyable talent.Troisième demi-finale. Divertissement.23.05 « La France a un incroyable talent », çacontinue. Présenté par Jérôme Anthony (70 min).

Lessoiréestélé

Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditionsdatées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi.Tous les jours Mots croisés et sudoku.

Sudoku n˚11-291 Solution du n˚11-290

Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ;

télécopieur : 01-57-28-21-21Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ;

Par courrier électronique : [email protected]édiateur : [email protected]

Abonnements : par téléphone : de France 32-89(0,34¤ TTC/min) ; de l’étranger : (33) 1-76-26-32-89.

Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/Tarif 1 an : France métropolitaine : 394 ¤

Internet : site d’information: www.lemonde.frfinances : http://finance.lemonde.fr

Emploi : www.talents.fr/ Immobilier: http ://immo.lemonde.fr

Documentation : http ://archives.lemonde.frCollection : Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40

Le Monde sur microfilms : 03-88-04-28-60

Résultats du tirage du lundi 5 décembre.30, 36, 38, 43, 47 ; numéro chance : 5.Rapports :5 bons numéros et numéro chance : pas de gagnant ;5 bons numéros : 158 661,10 ¤ ;4 bons numéros : 1 769,20 ¤ ;3 bons numéros : 15,80 ¤ ;2 bons numéros : 7,10 ¤.Numéro chance : grilles à 2 ¤ remboursées.Joker : 0 617 773.

Motscroisés n˚11-291

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1 5 4 6 2 9Realise par Yan Georget (http://yangeorget.blogspot.com)

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FacileCompletez toute lagrille avec des chiffresallant de 1 a 9.Chaque chiffre ne doitetre utilise qu’uneseule fois par ligne,par colonne et parcarre de neuf cases.

Lesjeux

Loto

Horizontalement Verticalement

I

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X

Solution du n° 11 - 290HorizontalementI. Invalidation. II.Neige. Enesco.III. Curé. Gaine. IV. Urinal. SA. Ca.V. Bol. Bataclan. VI. Aligoté. Elit.VII. Tôt.Niñas. La. VIII. Egéen.Dr.Pli. IX. Ui. Mes. Avion.X. Ressemblante.

Verticalement1. Incubateur. 2.Neurologie..3. Virilité. 4. Agen. Ems. 5. Le.Abonnée. 6. Glati. Sm. 7.DEA.Tend. 8. Anisa. Aral. 9. Tenaces. Va.10. Ise. Ll. Pin. 11. Oc. Caillot.12.Nonantaine.

Philippe Dupuis

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

1. Pour les préparation délicatesen cuisine. 2.Débordementsinutiles. 3. Possessif. De la viandeou du poisson. 4.Ne se trouveplus au travail. Crie en forêt. Vautde l’or. 5. Mange en plein vol.Possessif. 6. Frotte ses six cordes.7. Protège la maison romaine.Bout d’avenue. Au centre deProvins. 8. Aller sans retour. Dameripou. 9. Souvent retournée aprèsavoir été prise. Faire l’innocent.10. Mou et précieux. Sur le dos deséquidés. 11. Corbeille-d’argent.A perdu un E à Maastricht.12. Mauvais placements.

I. Le beau Pablo n'y faisait pas quesa lessive. II.Nomades africains.Cherche à mordre. III. Vert et biendroit. Un peu secoués. Assure laliaison. IV. Sur une carte asiatique.Bien mauvais fond. Mauvaise partde l’héritage. V.Donne du volumeet du relief. Dangereuse sécrétionanimale. VI. Fait vinaigre.Parcourue ou dévorée. Pointmatinal. VII. Enchante mais nechante pas sur scène. VIII. Valléefluviale. Fait tomber les rois.Musique en boîte. IX. EnThuringe. Avance à la chaîne.Préposition. X.Ne doivent paslaisser de traces aux passages.

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N° 9 HAENDELLEMESSIE

32 0123Mercredi 7 décembre 2011

International La carte interactivedes partis politiques égyptiensLes Egyptiens votent depuis le 28 novembrepour élire leurs députés. Le scrutin durera plu-sieurs semaines. Parti de la justice et de laliberté, Al-Nour (salafistes, photo), Parti desEgyptiens libres: visualisez toutes les forma-tions politiques concernées. (PHOTO : AFP)

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LettreduBeneluxJean-Pierre Stroobants

0123

N on, franchement, ça ne luiirait pas. On a encore beau-coup vu Angela Merkel sur

les écrans français lundi 5décem-bre, et on ne l’imagine pas avec uncasque à pointe. Pourtant, depuisque le député socialiste ArnaudMontebourg a comparé la politi-que de l’actuelle chancelière alle-mande à celle de son lointain pré-décesseur Otto vont Bismarck(1815-1898), l’accusant de faire res-surgir l’«égoïsme», le «nationalis-me» allemands, les questions cou-rent les plateaux: Mme Merkel dic-te-t-elle sa loi au président Sarko-zy? L’élection présidentielle fran-çaise se joue-t-elle aussi à Berlin?

Pour les Guignols de Canal+,c’est la marionnette d’Angela Mer-kel qui tire les ficelles: même si ellen’a encore qu’un casque blond etreste habillée en tailleur pantalon,elle vient à Paris pour vérifier lesnotes de frais de Nicolas Sarkozy.Dans le journal de 20heures deFrance 2, ce n’est pas dit comme ça,mais cela revient au même.D’abord, comme souvent, il fautqu’il y ait un vainqueur: «Qui acédé, qui l’a emporté ?», demandeDavid Pujadas. «Disons-le franche-ment, c’est l’Allemagne», luirépond Jean-Paul Chapel devantune carte de l’Europe où s’affichentun énorme drapeau allemand etun tout petit drapeau français. Elleavait l’air bien placide, pourtant, lachancelière, pendant la conférencede presse à l’Elysée.

Alors c’est quoi, cette histoire deBismarck? Justement, l’hommepar qui le «Skandal» est arrivé,Arnaud Montebourg, était l’un desinvités de l’émission «Mots croi-sés», sur France 2. Mais ce n’est paslui qui nous a le plus éclairés. CarMarie-France Garaud était là, tou-jours impeccable, encore implaca-ble. L’ancienne conseillère de Geor-ges Pompidou – «mais pas de Jac-ques Chirac», précise-t-elle – nous

a asséné un cours express d’histoi-re: «L’Allemagne n’a pas eu d’Etatavant Bismarck. Avant, il y a eul’Empire romain germanique,confusion totale. Ensuite, il y a euun passage difficile… » Puis de poli-tique comparée: «Nous, nousjouons à la pétanque, l’Allemagnejoue une partie de billard à troisbandes.» Quand elle parle, lesautres écoutent, et quand ils s’yfrottent, elle pique. Ainsi pen-se-t-elle que M.Sarkozy n’auraitpas dû répondre à la questionposée par un journaliste sur lespetites phrases «germanopho-bes» : «Ça ne relève pas d’un prési-dent, enfin voyons, où sommes-nous?» Malheureuse Nathalie Kos-ciusko-Morizet, qui objecte:«Dans une conférence de presse, çase fait… – Regardez les conférences

de presse du Général, et même dePompidou…» Tiens, en voilà unequi porterait bien le casque à poin-te, et avec une certaine élégance.

Le même jour, à Berlin, tandisque François Hollande concluaitson discours en allemand deuxiè-me langue à la tribune toute rougedu congrès du SPD, une journalistebavaroise avouait au micro deFrance 2: «Ici, il n’est pas connu par-ce qu’il est homme politique, plutôtparce qu’il est marié à SégolèneRoyal.» Bon, on va dire que lematch est nul. De toute façon, unpays qui regarde en boucle depuistrente ans les si peu palpitantesenquêtes de l’inspecteur Derrickne peut pas être tout à fait germa-nophobe. Non, franchement. p

L ’acte d’accusation est tranchant, gla-cé, bouleversant. En 28pages, il résu-me une vie aujourd’hui emportée et

survole d’innombrables questions dontune seule importe vraiment: pourquoidonc est morte Sadia, 20ans, abattue dedeux balles le 22 octobre 2007, près deCharleroi? Avant-dernier enfant d’un cou-ple de commerçants pakistanais, la jeunefille a sans doute été la victime d’un crimed’honneur parce qu’elle refusait un maria-ge forcé au Pakistan. Et d’un complot fami-lial, estime le parquet qui a, dès lors, ren-voyé le père, la mère, le frère et la plusjeune sœur de Sadia Sheikh dans le boxdes accusés, pour un procès qui est unepremière dans l’histoire judiciaire belge.

C’est Mudusar, son frère, qui a tiré surla jeune fille dans ce qu’il présente com-

me un accès de colère, une version contre-dite par des éléments matériels. Lors deson interrogatoire, ce garçon de 27ans auvisage émacié a répété qu’il reprochait àsa jeune sœur ses propos « irrespec-tueux» et ses « trahisons » : elle entendaitvivre avec un jeune Belge après avoir subiun avortement – sans doute imposé parsa mère – lors de sa précédente relationavec un jeune Pakistanais.

Mudusar affirme qu’il aimait sa sœurmais, surtout, qu’il devait se référer à cequ’il sait des règles d’un pays où il n’estpas né. Car au Pakistan, dira-t-il, les fem-mes incarnent l’honneur familial dont leshommes sont les garants. Que la femmen’obéisse pas, et «il est parfaitement nor-mal dans la tradition» que l’homme lapunisse violemment.

Simon Peterman, un universitaire spé-cialiste de l’islam, a été requis par le juged’instruction. Il note que la famille Sheikh–et Mahmood, le père, en particulier –«s’accroche en fait désespérément à desnormes et des traditions, alors que dansson pays d’origine, ces mêmes normesconnaissent des évolutions lentes mais posi-tives pour les femmes». Le père a veillé à ceque l’espace familial reste un monde clos,une société parallèle, «ignorant aussi–sinon méprisant– les us et coutumes dupays d’accueil».

Depuis le début de ce procès-fleuve,commencé il y a plus de deux semaines,deux choses sont particulièrement frap-pantes: d’une part, l’absence d’une quel-conque tristesse chez les protagonistes,comme l’avaient déjà relevé le juge d’ins-truction et les experts, et d’autre part, l’ap-parente implication de tout un clan dansune sorte d’assassinat rituel.

Dans le box, Mahmood, le père, garde levisage constamment fermé. Présenté com-me « polyglotte» par un témoin, il a néan-moins réclamé l’assistance d’un interprè-te. Né en 1949, il vit en Belgique depuisvingt-huit ans et a réussi dans le commer-ce. On le décrivait comme généreux et sou-riant. Depuis son procès, il a dû changer:pas un signe qui trahisse une émotion etpas un mot pour sa fille morte. Un psycho-logue raconte qu’il noircit en réalité le por-trait de Sadia. Il l’avait menacée d’appli-quer la charia et lui avait dit : «Tu sais ceque j’ai le droit de faire.» Elle avait, ducoup, rédigé un testament et l’avait remis

à des amies. «Elle savait que mourir était leprix à payer mais elle voulait sa liberté », araconté l’une d’elles à la barre.

Le procès a révélé que MahmoodSheikh avait «arrangé» d’autres mariages,dont celui d’une jeune femme vivant enFrance. Menacée, enlevée, séquestrée, for-cée de se rendre au Pakistan, elle a refuséde consommer cette union jusqu’à cequ’elle soit victime d’un viol commis parson époux, aidé de proches, dont le neveude Mahmood Sheikh.

Parveen Zahida, 49ans, la mère deSadia, se montre, elle aussi, impassible.Sauf lorsque la tension nerveuse accumu-lée la pousse à interpeller son fils pourdire toute son incompréhension face à ceprocès. « Pourquoi on est là? On vous avaitdonné une bonne éducation! » Avant cetincident, elle s’était montrée d’une totalefroideur, note le procureur. Elle aurait lar-gement contribué à mettre au point le piè-ge qui s’est refermé sur Sadia : quand sa

fille a décidé, pour la seconde fois, de quit-ter le domicile familial, elle l’a harcelée,menacée, et lui a affirmé qu’elle voulait sesuicider. Et, lorsque Sadia est revenue, sonfrère Mudusar l’attendait.

Il n’a sans doute pas agi de manièreimpulsive comme il l’affirme, mais il a misà exécution les menaces contenues dansune lettre qui a été retrouvée par les poli-ciers. Modifiée douze jours avant l’assassi-nat de Sadia, elle n’évoquait aucun motifreligieux mais un acte de «fierté» familia-le, motivé par le manque de chasteté deSadia. Mudusar y disait aussi que le maria-ge forcé des enfants «au pays» témoigned’une volonté éducative des parents: ilsveulent éviter à leurs enfants de finir «com-me des clodos» en Belgique, soutient-il.

Sariya, 22ans, est la quatrième occupan-te du box. Une jeune fille emportée, insta-ble, exclue, comme sa sœur, de «la cohé-sion familiale », soulignent des psycholo-gues. Elle dit avoir été blessée en tentantde protéger Sadia des balles tirées parMudusar. Des spécialistes en balistiqueestiment plutôt qu’elle la retenait pourl’empêcher de fuir… D’autres membres duclan Sheikh n’ont pas été traduits en jus-tice et se sont surtout employés à tenter deréduire les charges pesant sur les accusés.

Au début des audiences, l’un des avo-cats de ces derniers a invité les jurés à res-ter « indépendants de tout a priori ». Ce nesera pas aisé car le joli visage de Sadia han-te tout le royaume. p

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Sariya,22 ans, ditavoir étéblessée ententant de

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balistiqueestiment plutôtqu’ellela retenait pour

l’empêcherde fuir…

CelafaitplusdetrenteansquelesFrançais

regardentDerrick.Ilsnepeuventpasêtretoutàfaitgermanophobes

C’est tout vu ! | Chronique télépar Isabelle Talès

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