LE CHARDONNET
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N° 359 - Juillet - aoĂ»t - septembre 2020 - 2,50 âŹParution le premier dimanche du mois
Le mois de juillet est traditionnelle-ment consacrĂ© au culte du PrĂ©cieux Sang de JĂ©sus, dĂ©votion fondamen-tale dans notre vie chrĂ©tienne car elle nous ramĂšne Ă lâĆuvre de la RĂ©demption par laquelle Notre-Sei-gneur nous a rachetĂ©s au prix de son Sang divin. Saint Paul, dans lâĂpĂźtre aux HĂ©breux, nous montre comment les sacrifices de lâAncienne Alliance nâavaient de valeur que parce quâils signifiaient lâunique sa-crifice qui pouvait expier les pĂ©chĂ©s du monde, puisque dâune valeur infinie : celui du Fils de Dieu fait homme. JĂ©sus, en effet, est le « grand prĂȘtre des biens Ă venir », celui qui « est entrĂ© une fois pour toutes dans le Saint des Saints, aprĂšs avoir acquis une rĂ©demption Ă©ternelle ». Lui qui nous a rachetĂ©s non par le sang des boucs et des taureaux immolĂ©s dans lâAncien Testament, mais par son propre sang, offert Ă Dieu pour pu-rifier nos Ăąmes des Ćuvres mortes, pour que nous puissions servir le Dieu Vivant (Hbr. 9, 11).
Le prĂ©cieux sang de JĂ©sus nous rappelle dâemblĂ©e la valeur de notre Ăąme aux yeux de Dieu et sa destinĂ©e Ă©ternelle : pour la sauver Dieu nâa pas hĂ©sitĂ© Ă sacrifier son fils ! Saint Pierre nous lâĂ©crit dans sa premiĂšre Ă©pĂźtre : « Ce nâest pas par des choses pĂ©rissables, par de lâargent ou de lâor, que vous avez Ă©tĂ© rachetĂ©s de
la vaine maniĂšre de vivre que vous aviez hĂ©ritĂ©e de vos pĂšres, mais par le sang prĂ©cieux du Christ, comme dâun agneau sans dĂ©faut et sans tache » (1 Pt 1,18).
Il nous exhorte donc Ă vivre, pen-dant notre pĂšlerinage sur terre, dans la crainte de Dieu. Crainte non pas uniquement servile, motivĂ©e par la peur de lâenfer Ă©ternel qui menace le pĂ©cheur impĂ©nitent, mais plutĂŽt crainte filiale, fondĂ©e sur lâamour de Notre-Seigneur qui nous a rachetĂ©s Ă si haut prix.
La dĂ©votion au PrĂ©cieux Sang est trĂšs importante dans nos efforts de sanctification personnelle et Ă©galement dans les combats quâil nous faut mener pour lâĂglise. La fĂȘte du PrĂ©cieux Sang, en effet, a Ă©tĂ© Ă©tendue Ă lâĂglise universelle par le Pape Pie IX dans des circonstances trĂšs particuliĂšres. En 1849, les rĂ©-volutionnaires, imbus des principes maçonniques, avaient occupĂ© Rome pour y instaurer une rĂ©publique. Le Pape, contraint de quitter la Ville sainte, sâĂ©tait rĂ©fugiĂ© Ă GaĂšte, au Royaume de Naples. La Providence se servit des armĂ©es autrichiennes et surtout françaises pour libĂ©rer Rome et rĂ©tablir le Souverain Pontife sur son trĂŽne. Avant de reprendre le gouvernement de ses Ătats, Pie IX institua la fĂȘte du PrĂ©cieux Sang,
soulignant ainsi, en quelque sorte, le lien entre cette fĂȘte et lâaide divine contre les menĂ©es rĂ©volutionnaires.
Aujourdâhui, plus que jamais, lâĂglise a besoin de cette dĂ©votion puisque ses ennemis la sapent de lâintĂ©rieur. Pour remporter la vic-toire en ce combat surnaturel, il nous faut des armes surnaturelles. Lâarme par excellence, câest la Croix sur laquelle JĂ©sus a versĂ© son sang en un triomphe complet sur les forces du mal. Or cette victoire est renou-velĂ©e Ă chaque messe, chaque fois que le sang rĂ©dempteur de JĂ©sus est rendu prĂ©sent sur lâautel. Câest pour cela que le dĂ©mon a toujours essayĂ© de dĂ©truire la messe catholique en fomentant les rĂ©voltes successives des grands hĂ©rĂ©siarques.
Nous sommes tous appelĂ©s Ă parti-ciper Ă ce combat, par notre amour de Dieu et notre assistance fidĂšle Ă la messe de toujours. Faisons donc des efforts, surtout en cette pĂ©riode de vacances, pour assister frĂ©quem-ment au Saint Sacrifice, mĂȘme en semaine, pour recevoir le sang de JĂ©sus qui nous purifie de nos pĂ©chĂ©s et nous fortifie. Nous pourrons ainsi obtenir des grĂąces de guĂ©rison pour la partie humaine de lâĂglise, infectĂ©e par le modernisme.
Abbé Pierpaolo Maria PETRUCCI
Sang du Christ, sauvez nous
CHARDONNETLE
âTout ce qui est catholique est nĂŽtreâLouis Veuillot
SOMMAIREPAGE 1 - Ăditorialpar M. lâabbĂ© Pierpaolo Petrucci
PAGE 2 - Holidays vacancespar M. lâabbĂ© Guillaume d'Orsanne
PAGE 4 - La frénésie du videpar le P. Jean-François Thomas s.j.
PAGE 7 - L'obĂ©issance de Jeannepar M. lâabbĂ© François-Marie Chautard
PAGE 9 - Ămile ChĂ©nonpar Vincent Ossadzow
PAGE 12 - Vie de la paroisse
2 Le Chardonnet n° 359 - juillet - août - septembre 2020
Actualité
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Holidays vacancesPar lâabbĂ© Guillaume dâOrsanne
Câest au point quâune annĂ©e, saint Dominique Savio voulut de lui-mĂȘme se priver
de vacances ! Il sâen expliqua ainsi : « Nous aimons bien nos parents et nous irions volontiers Ă la maison. Mais nous savons que lâoiseau qui est en cage, sâil nâest pas libre, est tout de mĂȘme Ă lâabri du faucon. Hors de sa cage au contraire, il vole oĂč ça lui plaĂźt, mais, dâun moment Ă lâautre il peut tomber dans les griffes du faucon de lâenfer. »2
Quelques lecteurs du Chardonnetse rĂ©crieront peut-ĂȘtre que câĂ©tait exagĂ©rĂ©, que le dix-neuviĂšme siĂšcle nâĂ©tait pas aussi corrompu que le vingt et uniĂšme, que ces bons en-fants nâĂ©taient pas si fragiles quâils le disaient et quâils devaient quand mĂȘme aimer leurs parents et re-tourner Ă la maison. Il est vrai que saint Jean Bosco ne se rendit point
Ă la conclusion de ses Ă©lĂšves et les obligea Ă passer quelques jours chez eux, mais avec de solides consignes pour garder leur Ăąme de tout danger.
Un siĂšcle et demi plus tard, la ques-tion demeure Ă lâidentique : que faire pour non seulement soustraire nos enfants au mal mais encore et surtout continuer Ă les faire pro-gresser dans la vertu tout au long de ces mois dâĂ©tĂ© ? Voici quelques conseils qui sont trĂšs loin dâĂȘtre exhaustifs.
La priĂšre et la confession« Au nom de Notre Seigneur JĂ©-sus-Christ, Nous vous en supplions, chers jeunes Ă©poux, ayez Ă cĆur de garder cette belle tradition des fa-milles chrĂ©tiennes : la priĂšre du soir en commun ».3
Ne repoussons pas cette priĂšre du soir Ă un « plus tard » qui se transforme en « jamais ». Il y a des choses de la vie dont on ne fait pas lâĂ©conomie, comme le repas ou le dessert : le cĆur Ă cĆur avec Dieu nâest-il pas plus important ?Pour la priĂšre du matin, souvent individuelle, une simple question rituelle au petit dĂ©jeuner suffira Ă ancrer solidement les bonnes habi-tudes :« - As-tu fait ta priĂšre ? Non ? Alors vas-y dâabord et reviens ensuite : je prĂ©pare ton bol en attendant ».
Quant aux sacrements, câest gĂ©nĂ©-ralement la confession qui est dĂ©-laissĂ©e, au grand dommage des Ăąmes abandonnĂ©es Ă des difficultĂ©s plus grandes. Et Ă la rentrĂ©e, les pauvres enfants qui en Ă©taient pourtant des pratiquants trĂšs assidus, doivent reconnaĂźtre :
« - Je ne me suis pas confessĂ© depuis⊠voyons⊠eh bien depuis deux mois ! En fait, mes parents nây ont pas pensĂ© ».
En gĂ©nĂ©ral, ne comptez pas trop sur la confession pendant la messe, commode mais facilement superfi-cielle : chers Parents, faites lâeffort de venir en famille en semaine, vous y passerez aussi vous-mĂȘmes par la mĂȘme occasion !
Le jeuTous les Ă©ducateurs le rĂ©pĂštent Ă lâenvi : lâoisivetĂ© est la mĂšre de tous les vices. Comment combattre cet affreux cancer de lâĂąme : trĂšs simplement par le travail (surtout pendant lâannĂ©e scolaire) et par le jeu (surtout pendant les vacances). Le prophĂšte Zacharie dĂ©crit ainsi une ville paisible oĂč rĂšgne la vertu :« Des vieux et des vieilles sâassiĂ©-ront sur les places de JĂ©rusalem, et chacun sa canne Ă la main Ă cause du nombre de ses jours. Et les places de la ville seront remplies de petits garçons et de fillettes jouant sur ces places. »4
Le Saint Esprit nâa pas dit :« Des jeunes sâassiĂ©ront sur les places de JĂ©rusalem, chacun son smart-phone Ă la main, et les places de la ville seront remplies dâun silence pesant⊠»
Saint Jean Bosco voyait arriver avec beaucoup de craintes le moment des grandes vacances. Il avait remarquĂ© que, mĂȘme dans les familles profondĂ©ment catholiques, les enfants revenaient souvent avec un regard en tire-bouchon⊠Et câest avec une immense tristesse que ce directeur dâĂąmes expĂ©rimentĂ© constatait dans ces Ăąmes abĂźmĂ©es les tristes consĂ©quences de lâimpiĂ©tĂ©, de lâoisivetĂ© et des mauvaises compagnies.
1 DĂ©tail de la banniĂšre de la Croisade eucha-ristique de Saint-Nicolas confectionnĂ©e par Odette Delorme (â ) fi dĂšle de la paroisse. 2 Vie de saint Dominique Savio par saint Jean Bosco â Ch. 19.3 Pie XII, Discours aux jeunes Ă©poux, 12 fĂ©-vrier 1941.4 Zacharie 8, 4.
Saint Dominique Savio1
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Actualité
5 Saint Jean Chrysostome, In Cap. 18 Matth. Hom. 60. 6 ConsĂ©cration de la famille au SacrĂ©-CĆur â Saint Pie X.
Horaire des messes
Dimanche8h00 : Messe lue9h00 : Messe chantée
grĂ©gorienne10h30 : Grand-messe paroissiale12h15 : Messe lue avec orgue16h30 : Chapelet17h00 : VĂȘpres et Salut du TrĂšs
Saint Sacrement18h30 : Messe lue avec orgue
En semaineMesse basse Ă 7h45, 12h15 et 18h30. La messe de 18h30 est chantĂ©e aux fĂȘtes de 1Ăšre et 2e classe.
Il faut que les enfants sâamusent, disait le PĂšre Timon-David, sans cela le travail est difficile, et la mo-ralitĂ© impossible. Oui, vous avez bien lu : un enfant qui ne joue pas, ou qui joue mal, est en danger !
Mais pour remplir leur rĂŽle, ces jeux doivent revĂȘtir quelques qua-litĂ©s fondamentales : ils doivent bien sĂ»r plaire aux enfants, ĂȘtre modestes, trĂšs bruyants, fortifier le corps, ne pas donner le goĂ»t des plaisirs du monde, ĂȘtre simples et peu coĂ»teux. Exit, donc, les gad-gets, les tablettes, et lâennui ! Petits enfants, sortez, bougez, criez, du moment que vous nâoffensez pas le Bon Dieu ! Grands enfants, faites jouer les plus jeunes, sortez de votre chambre, vous vous en por-terez mieux ! Chers Parents, votre inquiĂ©tude nâa raison dâĂȘtre que si vous nâentendez plus rien dans le jardin !
Les occasions dangereuses« âGardez-vous de mĂ©priser un seul de ces petits enfants ; parce que leurs Anges voient toujours la face de mon PĂšreâ, parce que je suis venu pour eux et que telle est la volontĂ© de mon PĂšre. Par-lĂ , JĂ©-sus-Christ nous rend plus attentifs Ă protĂ©ger et Ă prĂ©server les petits enfants. Vous voyez quels grands remparts il a Ă©levĂ© pour abriter les faibles ; que de zĂšle et de sollicitude
il a pour empĂȘcher leur perte ! Il menace des chĂątiments les plus graves ceux qui les trompent ; il promet Ă ceux qui en prennent soin la suprĂȘme rĂ©compense⊠Quelle plus grande chose que de disci-pliner les esprits, que de former les mĆurs des adolescents ? Pour moi, celui qui sâentend Ă former lâĂąme de la jeunesse est assurĂ©ment bien au-dessus des peintres, bien au-dessus des statuaires, et de tous les artistes de ce genre ».5
Quelle sollicitude souvent exa-gĂ©rĂ©e pour le corps, surtout en ce moment : masques, frictions au gel hydroalcoolique, respect des dis-tances, dĂ©pistages, gestes barriĂšres. Et pendant ce temps, que fait-on pour lâĂąme ? Il fallait faire ceci et ne pas omettre cela ! Ăloignons de nos Ăąmes tout ce qui peut ternir lâinnocence baptismale et vivons en prĂ©sence de Dieu.
Les anglo-saxons traduisent le mot « vacances » par « holidays », ce qui signifie littéralement « jours saints ». Nos vacances seront-elles effectivement des jours saints ?
« Restez au milieu de nous, ĂŽ CĆur de JĂ©sus : que notre famille soit pour vous un asile aussi doux que celui de BĂ©thanie, oĂč vous puissiez trouver le repos prĂšs des Ăąmes ai-mantes. Restez avec nous car dĂ©jĂ
il se fait tard et le monde pervers veut nous envelopper des ombres de ses nĂ©gations, alors que nous ne voulons ne nous attacher quâĂ vous, qui ĂȘtes la voie, la vĂ©ritĂ© et la vie. Dites-nous ce que vous disiez Ă ZachĂ©e : Il faut quâaujourdâhui vous me donniez lâhospitalitĂ© dans votre maison. »6
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La frénésie du videP. Jean-François Thomas s.j.
Pour connaßtre, pour aimer, il est nécessaire de se poser, de concen-trer son attention sur un objet particulier et
singulier. Tout lâĂȘtre est alors aux aguets, Ă lâĂ©coute de ce pas qui vient vers lui, le pas de la charitĂ© et de la vĂ©ritĂ©. Le philosophe AimĂ© Forest employait la belle expression de « marcher paisiblement dans lâAllĂ©e » pour exprimer cette quĂȘte ordonnĂ©e et silencieuse qui rĂ©vĂšle Ă tout homme quâil est capable de Dieu, capax Dei comme le rappelle saint Thomas dâAquin. La folie du mouvement et du changement qui a peu Ă peu saisi lâĂȘtre humain depuis deux siĂšcles connaĂźt son apogĂ©e lorsque tout est dĂ©sormais rĂ©duit en miettes et que chacun, avec des efforts surhumains, doit se battre pour vivre autrement que dans lâĂ©clatement constant sâil a le souci de son Ăąme.
Dans LâImposture, Georges Ber-nanos campe un personnage de prĂ©lat, Mgr Espelette, sâinspirant dâun Ă©vĂȘque ralliĂ© et moderniste du dĂ©but du XXĂšme siĂšcle, Mgr Julien, occupant le siĂšge dâArras. Le portrait est rude, conforme hĂ©las Ă la rĂ©alitĂ© et toujours valable au-jourdâhui, plus que jamais : « In-capable dâune trahison dĂ©libĂ©rĂ©e, avec une foi dâenfant qui rĂ©siste Ă tous les caprices de sa cervelle lĂ©gĂšre, il a fait ce rĂȘve insensĂ© dâĂȘtre seulement prĂȘtre dans le temps, et il lâest dans lâĂ©ternitĂ©. âJe suis de mon tempsâ, rĂ©pĂšte-t-il, et de lâair dâun homme qui rend tĂ©moignage de lui-mĂȘme (âŠ). Aussi lâĂ©vĂȘque de Pamiers croit-il au ProgrĂšs, et il sâest fait de ce ProgrĂšs une image Ă
sa mesure. Cet agrĂ©gĂ©, et qui porte son titre avec tant de fiertĂ©, a pu sâenrichir de notions sans dĂ©livrer son intelligence de la tyrannie de ses entrailles. » Ainsi, « il prodigue des gages, Ă©crit des lettres retentissantes, se montre Ă chaque occasion entre un pasteur et un rabbin, dispute humblement leur place Ă ces fonc-tionnaires officiels. » Il est probable que ce qui subsistait de naĂŻvetĂ© dans la vanitĂ© de cet Ă©vĂȘque a dorĂ©navant fait place Ă une morgue brutale et dĂ©vastatrice, celle des ĂȘtres qui ne supportent pas que le bien existe et que le Christ juge le monde.
De tels clercs poursuivront jusquâĂ la mort une Ćuvre dâapocalypse, prĂ©fĂ©rant brĂ»ler ce quâils ont reçu
en hĂ©ritage plutĂŽt que de laisser derriĂšre eux la moindre trace de vĂ©ritĂ©. Lorsquâon est attirĂ© par le vide, il est insupportable de constater que dâautres, par leur charitĂ© et leur saintetĂ©, avancent paisiblement ou avec tĂ©nacitĂ© sur le chemin tracĂ© par Notre-Seigneur. Cette attitude conduit Ă la mort, celle Ă©ternelle dâoĂč Dieu est absent parce quâIl a Ă©tĂ© nĂ©gligĂ© et rejetĂ© pendant toute lâexistence terrestre.
Ce vide hypnotique est pourtant rempli de tout un fatras au milieu duquel une chatte nây retrouverait pas ses petits. Il est le vide de la cacophonie, du bruit, de lâacti-visme et des loisirs, des plaisirs Ă la chaĂźne. Pour retrouver un
Pour entendre les frĂŽlements des pas de la charitĂ© dans son Ăąme dont parle saint Augustin, il est nĂ©cessaire de fuir le vide abyssal que le monde essaie dâimposer aux intelligences dĂ©sormais trĂšs anesthĂ©siĂ©es. Par le confinement ou le divertissement, par le bĂąton ou par la carotte, le monde sait faire marcher les Ăąnes que nous sommes et les pousser peu Ă peu vers le prĂ©cipice. La dispersion, caractĂ©ristique de notre Ă©poque, crĂ©e le chaos et empĂȘche lâesprit de se fixer, de sâarrĂȘter, afin de peser ce qui est bien et ce qui est mauvais. Le tourbillon remplace la boussole.
Georges Bernanos (dans les années 40) : « Un saint mûrit dans le silence »
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Ă©quilibre afin dâĂ©vacuer toute cette tromperie, il faudrait accueillir le silence dans lâĂąme, seule porte ouverte dĂ©bouchant sur la priĂšre de contemplation. Le philosophe thomiste Joseph Rassam note, dans son ouvrage Le Silence, com-bien les Anciens, mĂȘme Ă©loignĂ©s de la plĂ©nitude de la RĂ©vĂ©lation, possĂ©daient une vive conscience du silence qui rĂšgne dans la nature, dans la crĂ©ation tout entiĂšre, marque de lâordre divin. Plotin, par exemple, parlait de lâunivers oĂč « tout se fait en une marche silencieuse » (EnnĂ©ades).
Le silence est ce qui accompagne lâharmonie, le dĂ©sordre Ă©tant tou-jours une dĂ©chirure et lâirruption du vacarme. DâoĂč lâimportance, dans la vie spirituelle, de ce « grand silence » cultivĂ© depuis les origines dans la vie monastique. Saint BenoĂźt, reprenant saint Basile dans sa Sancta Regula, insiste sur le culte constant du silence : Omni tempore silentium studere. Notre-Seigneur nous a souvent donnĂ© lâexemple dâun tel recueillement en sâĂ©car-tant des foules qui le suivaient et le harcelaient afin de se donner au face Ă face avec le PĂšre, et lorsquâIl aborde sa Passion, il se plonge dans le silence du Jardin de GethsĂ©mani, le gardant jusquâĂ lâexpiration sur la Croix, Ă lâexception de quelques mots plantĂ©s comme des puits au sein du dĂ©sert.
Le silence est une arme contre le vide de lâaccumulation. Il protĂšge contre lâĂ©touffement au cĆur du brouhaha mondain. Encore faut-il sây soumettre et lui laisser une place. RĂ©aliser le silence dans et par ses actions les plus ordinaires aide Ă mettre de lâordre dans toute sa personnalitĂ©, dâoĂč lâimportance dây Ă©duquer les enfants dĂšs le plus jeune Ăąge afin quâils ne prennent point lâhabitude de se laisser happer par le vide du trop-plein.
Le P. Joseph de Finance, autre thomiste, souligne, dans Existence et libertĂ©, que « seule une Ăąme ac-coutumĂ©e aux rĂ©alitĂ©s intĂ©rieures peut comprendre tout ce que ren-ferme dâactivitĂ© vĂ©ritable le repos silencieux du contemplatif. » Ce nâest point invitation Ă la paresse intellectuelle et physique, bien au contraire, puisque le silence prĂ©a-lable devient lâĂ©crin de toutes les activitĂ©s, sans prĂ©cipitation et sans hystĂ©rie. Le bavardage par les mots et lâinstabilitĂ© dans les actions dĂ©-notent un manque de retenue pro-venant du vide dans lequel lâĂąme est plongĂ©e Ă force dâĂȘtre Ă©crasĂ©e par les seules prĂ©occupations ter-restres. MĂȘme si le silence en soi nâest pas une vertu, il prĂ©pare les conditions de lâexercice des vertus et prĂ©dispose Ă y ĂȘtre fidĂšle. « Un saint mĂ»rit dans le silence », Ă©crit Georges Bernanos dans Sous le soleil de Satan. Aucune vie intĂ©-
rieure ne peut éclore au sein du vide désordonné. Elle requiert un silence au caractÚre sacré.
Il Ă©tait de mode, dans les annĂ©es 1950, de parler de fureur de vivre, sans doute pour rattraper le temps perdu et oublier lâĂ©preuve de la guerre. Cette revanche sur le sort a entraĂźnĂ© lâhomme peu Ă peu vers la frĂ©nĂ©sie du vide puisquâil ne cesse de gesticuler afin dâaccumuler les expĂ©riences et dâoublier son ennui. DâoĂč lâassourdissement et la caco-phonie qui recouvrent dĂ©sormais pratiquement toute la planĂšte. Lorsque lâhomme, dâaventure, se retrouve confrontĂ© au silence qui lâenvironne, il est souvent saisi dâangoisse et ne tarde pas Ă se prĂ©-cipiter vers de nouvelles activitĂ©s pour le rompre. Rares sont les ĂȘtres capables de se taire et de faire taire ce qui gronde autour dâeux. Pour-tant un tel silence serait un signe dâhumilitĂ© spirituelle et aiderait Ă progresser dans lâhumilitĂ© ontolo-gique, celle oĂč nous reconnaissons notre finitude, notre petitesse et la nĂ©cessitĂ© dâaccueillir le salut.
Dans sa Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartĂ©sienne, Charles PĂ©guy Ă©crit : « Silence de la priĂšre et silence du cĆur, silence du repos et silence du travail mĂȘme, le silence du septiĂšme jour mais le silence des six jours mĂȘmes ; la voix seule de Dieu ; silence de la peine et silence de la mort ; silence de lâoraison ; silence de la contemplation et de lâoffrande ; silence de la mĂ©ditation et du deuil ; silence de la solitude ; silence de la pauvretĂ© ; silence de lâĂ©lĂ©vation et de la retombĂ©e, dans cet immense parlement du monde moderne lâhomme Ă©coute le silence immense de sa race. Pourquoi tout le monde cause-t-il, et quâest-ce quâon dit ? Pourquoi tout le monde Ă©crit-il, et quâest-ce quâun public ? Lâhomme se tait. Lâhomme se replonge dans le silence de sa race et de remontĂ©e en remontĂ©e il y trouve le dernier prolongement que nous puissions saisir du silence Ă©ternel de la crĂ©a-
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tion premiĂšre. » Les ramifi-cations dâun tel silence sont capables dâĂ©touffer dans lâĆuf toute nos vellĂ©itĂ©s dâoccuper le monde par notre remue-mĂ©nage, par nos cris et, pour certains, nos malĂ©dictions et nos blasphĂšmes. Elles rĂ©servent Ă Dieu sa place, qui est toute la place car notre Ăąme ne peut ĂȘtre partagĂ©e et tiĂšde au point de chicaner et de mettre de cĂŽtĂ© un jardin secret oĂč notre PĂšre nâaurait pas le droit dâentrer.
Le catholique contempo-rain, y compris parfois le plus pieux dans sa pratique religieuse, a du mal Ă com-prendre qui fut vraiment son ancĂȘtre mĂ©diĂ©val dans la foi, alors que toute la sociĂ©tĂ© Ă©tait Ă©rigĂ©e sur les principes Ă©vangĂ©liques et que toutes les activitĂ©s, mĂȘme les plus ordinaires, Ă©taient bercĂ©es par le rythme liturgique. Il nâexistait pas alors de vie domestique dâun cĂŽtĂ©, dâoĂč Dieu aurait Ă©tĂ© banni, et de vie intĂ©rieure de lâautre, par-celle rĂ©servĂ©e Ă Dieu par notre feinte gĂ©nĂ©rositĂ© humaine. Cela nâempĂȘchait point Ă coup sĂ»r le pĂ©chĂ© mais permettait cependant Ă lâhomme de ne pas ĂȘtre Ă©cartelĂ© entre deux maĂźtres.
Ce nâest pas par hasard si un tel monde a vu surgir une sainte Jeanne dâArc, pourtant au milieu de troubles politiques considĂ©-rables. Le tissu des peuples de-meurait chrĂ©tien et nâentrait dans sa composition aucun Ă©lĂ©ment Ă©tranger et synthĂ©tique. Tout y Ă©tait de lin pur malgrĂ© les taches du pĂ©chĂ©. Aucune place pour le vide puisque les fĂȘtes elles-mĂȘmes Ă©taient rĂ©glĂ©es, dans leurs rĂ©jouis-sances humaines, par lâĂ©quilibre et lâharmonie acquises dans la vie spi-rituelle et sacramentelle. Comme nous sommes dans un temps de grande falsification, il nous est plus difficile de rĂ©sister Ă certaines
illusions qui foisonnent et pros-pĂšrent autour de nous, et nous ne donnons pas toujours tout Ă Dieu, prĂ©fĂ©rant nous rĂ©server une petite part qui pourrait lui Ă©chapper, ce qui entretient notre vide. Nous avons oubliĂ© que, dĂšs les com-mencements de la RĂ©vĂ©lation, il Ă©tait exigĂ© que le sacrifice offert Ă Dieu soit sans restriction, et que la plĂ©nitude de cette RĂ©vĂ©lation par Notre Seigneur JĂ©sus-Christ signe Ă jamais notre engagement Ă Ă©va-cuer toute mĂ©diocritĂ© et demi-me-sure dans notre consĂ©cration pour Le suivre. Les paroles aux disciples regimbant et encore aveugles sont claires : « Il dit Ă un autre : Suis-moi. Celui-ci rĂ©pondit : Seigneur, permettez-moi dâaller dâabord, et dâensevelir mon pĂšre./ Et JĂ©sus lui dit : Laisse les morts ensevelir leurs morts ; pour toi, va, et annonce le royaume de Dieu./ Un autre dit : Je vous suivrai, Seigneur ; mais permettez-moi
dâabord de renoncer Ă ce qui est dans ma maison./ JĂ©sus lui rĂ©pondit : Quiconque ayant mis la main Ă la charrue, regarde en arriĂšre, nâest pas propre au royaume de Dieu. » (Ăvangile selon saint Luc, IX. 59-62)
Lâattirance pour le vide empĂȘche dâembrasser tout le divin car le Malin nous fait croire quâil y aurait des limites Ă lâĂ©tendue et Ă la puissance du royaume de Dieu. Parlant de lâerreur moderniste, le jĂ©suite Leo-nardo Castellani mettait ainsi en garde : « (âŠ) Elle est terriblement dange-reuse pour les catholiques ingĂ©nus, auxquels elle prĂ©sente le dogme chrĂ©tien dans son intĂ©gralitĂ©, genti-ment rĂ©vĂ©rĂ© et glorifiĂ©, mais vidĂ© intĂ©rieurement de tout contenu surnaturel pour se transformer en une espĂšce de grande mythologie sym-bolique âde tout ce quâil y a de divin dans la nature hu-maineâ ». (Le Verbe dans le
sang) Il prĂ©cisait dâailleurs quâ « il ne reste plus aucune doctrine qui ne puisse ĂȘtre falsifiĂ©e depuis la fal-sification de la doctrine catholique elle-mĂȘme dans cette monstrueuse hĂ©rĂ©sie appelĂ©e modernisme. »
Notre vocation chrĂ©tienne nâest pas de nous acclimater aux dĂ©-sordres multiples de ce monde et dâĂ©pouser le vide quâils engendrent. Tout ce qui induit en erreur, tout ce qui risque de salir ou de dĂ©vaster la foi doit ĂȘtre combattu avec la plus ferme dĂ©termination. Il ne sâagit pas de sâindigner facilement du bout des lĂšvres au spectacle du mal commis dans le monde, mais dâĂ©vacuer de sa propre vie tout ce qui conduit Ă la spirale du nĂ©ant sous des apparences innocentes et attrayantes. Il est temps dâutiliser la serpe pour couper nos mauvaises herbes, pour tailler et Ă©monder tout ce qui risquerait dâempĂȘcher le passage par la porte Ă©troite.
Appel au silence de la priĂšre (croix de la Grande Chartreuse)
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Histoire
LâobĂ©issance de JeannePar lâabbĂ© François-Marie Chautard
Il nâest pas rare de lire sous la plume de quelque biographe de notre sainte quâelle fut une rebelle, voire une fĂ©ministe avant lâheure. Georges Ber-
nard Shaw y voyait mĂȘme un prĂ©cur-seur de Luther dans sa lutte contre la hiĂ©rarchie ecclĂ©siastique.Rien de plus faux que ce portrait rĂ©ducteur. Si Brasillach a pu parler avec justesse de la vertu dâinsolence en notre sainte, il est tout aussi juste de relever avec quel hĂ©roĂŻsme elle a pra-tiquĂ© lâobĂ©issance. ModĂšle dâobĂ©is-sance, sainte Jeanne dâArc lâest sans doute avec ses parents, mais surtout avec son roi.
FidĂšle sujette de son roiCette obĂ©issance revĂȘt une forme dâabnĂ©gation tout Ă fait particu-liĂšre. Lorsquâelle est prisonniĂšre Ă Rouen et que lâheure de son sup-plice approche, Jeanne aurait pu se rĂ©volter Ă lâidĂ©e que le roi, quâelle avait rassurĂ© sur sa lĂ©gitimitĂ©, dont elle avait dĂ©livrĂ© la ville fidĂšle dâOr-lĂ©ans, quâelle avait conduit jusquâĂ Reims pour asseoir son royaume, quâelle nâavait eu de cesse de servir, lui « la mĂ©diocritĂ© faite roi », elle, le courage fait femme, lâavait pure-ment et simplement abandonnĂ©e, quâil ne lâavait pas rachetĂ©e comme elle lâescomptait.
Et voici quâau soir du procĂšs de Rouen, son juge accuse son roi dâhĂ©rĂ©sie. Comment va rĂ©agir Jeanne ? Va-t-elle charger son roi ? Simplement laisser passer lâoutrage sans relever lâoffense envers un homme qui ne lâavait pas dĂ©fendue ? Rien de tel. Jeanne est trop grande pour sâabaisser Ă de telles mesquineries. Jeanne sort dâelle-mĂȘme, Jeanne bondit, Jeanne proclame Ă qui veut lâen-tendre que « câest le plus noble
chrĂ©tien de tous les chrĂ©tiens, et qui mieux aime la foi et lâĂglise, et nâest point tel que vous dites ! »
Jeanne est lâun des modĂšles les plus emblĂ©matiques de lâobĂ©issance hĂ©roĂŻque qui, sans prendre la place du supĂ©rieur, le sert malgrĂ© ses fai-blesses, sans se dĂ©partir aucunement du respect, de la fidĂ©litĂ© et mĂȘme de lâaffection dues au reprĂ©sentant de lâautoritĂ© divine.Et il nâest certes pas anodin que ce modĂšle dâobĂ©issance ait Ă©tĂ© assumĂ© par une femme, laquelle est si sou-vent appelĂ©e Ă servir fidĂšlement et Ă pratiquer lâobĂ©issance Ă des autoritĂ©s humaines et donc faillibles.
Ce nâest pas un hasard non plus si cet exemple de fidĂ©litĂ© a Ă©tĂ© donnĂ© au sein du monde politique tant il est vrai que les souverains ne sont pas toujours les exemples que leurs sujets sont en droit dâattendre.Jeanne est ainsi le tout le contraire dâune rĂ©volutionnaire ou dâune fĂ©-ministe.
Toute Ă sa missionMais son obĂ©issance culmine sur-tout dans lâaccomplissement de sa mission. Imaginer une Jeanne, heureuse de quitter la maison de ses parents, toute Ă la joie de claquer la porte de sa maisonnĂ©e et de jouir dâune vie de libertĂ© loin du carcan familial relĂšve de la divagation. Jeanne nâĂ©tait pas un garçon manquĂ©. Elle aimait filer la laine. Combien de fois elle regretta son cher village de DomrĂ©my, son fuseau, ses tissus quâelle aimait toucher, caresser, palper en fine connaisseuse. Elle aimait son beau jardin, sa famille aimante.
Et le Bon Dieu lui demanda de quitter ses chers parents quâelle aimait tant ; encore dĂ»t-elle les quitter en secret, sous un prĂ©texte. En rĂ©alitĂ©, elle sâenfuit de chez elle. Ă la douleur de la sĂ©paration sâajou-tait celles de la dissimulation et de lâincertitude des retrouvailles. Elle qui aimait tant sa vallĂ©e fleurie, elle dut partir dans des contrĂ©es Ă©loi-
Ă lâĂ©vĂȘque Cauchon qui lâinterroge, Jeanne a cette rĂ©partie magnifique : « Je suis venue de par Dieu, et n'ai que faire ici, et demande qu'on me renvoie Ă Dieu de qui je suis venue ».
Jeanne d'arc interrogée
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Histoire
gnĂ©es, elle qui nâavait jamais combattu, elle allait che-vaucher sur les champs de bataille. Jeanne est soumise Ă la sĂ©paration. SĂ©paration dure, sĂ©paration cruelle. « J'aimerais mieux ĂȘtre tirĂ©e Ă quatre chevaux qu'ĂȘtre venue en France sans congĂ© de Dieu » avouait Jeanne, levant un voile sur le crĂšve-cĆur que fut son dĂ©part de DomrĂ©my.
Cette confidence relĂšve dâautant la gĂ©nĂ©rositĂ© de son obĂ©issance.« Quand vous ĂȘtes partie de chez vos pĂšre et mĂšre, croyiez-vous point pĂ©cher ? » demande son juge La Fontaine, visible-ment dĂ©nuĂ© de psycho-logie.Jeanne rĂ©pondit : « Puisque Dieu le commandait, il le convenait faire. Puisque Dieu le commandait, si j'avais eu cent pĂšres et cent mĂšres, et si j'eusse Ă©tĂ© fille de roi, je serais partie. »
Câest par obĂ©issance quâelle quittera pĂšre et mĂšre, câest par obĂ©issance quâelle chevauchera de Vaucouleurs jusquâĂ Chinon, affrontant la fa-tigue des routes, les dangers des en-nemis et lâinquiĂ©tante compagnie de hommes qui lâaccompagnent, câest par obĂ©issance quâelle em-brassera la carriĂšre militaire, câest par obĂ©issance Ă ses Voix quâelle ne veut pas trahir quâelle reviendra sur sa signature, câest par obĂ©issance quâelle mourra pour ĂȘtre fidĂšle Ă sa mission et ne pas la renier, dĂ»t-elle voir son corps net ĂȘtre rĂ©duit en cendres.
« Jeanne donc, du point de vue spirituel, nous fait lâeffet dâun ĂȘtre de rĂ©ponse beaucoup plus que dâun ĂȘtre de dĂ©cision appliquant un plan personnel, comme lâont Ă©tĂ© par exemple certains fondateurs dâordre. LĂ est probablement son ĂȘtre profond : elle est Ă lâĂ©coute de quelquâun dâautre, animĂ©e dâun
seul souci : rĂ©pondre Ă ce quelquâun en se conformant exactement aux instructions quâelle en reçoit. »1
Les confl its de lâobĂ©issanceCâest aussi son obĂ©issance qui la conduira jusquâau paradoxe de lâobĂ©issance rebelle et de lâobĂ©issance insolente.
Sur lâordre de son Conseil, elle dĂ©-sobĂ©ira Ă son pĂšre en quittant le gĂźte familial. Sur lâordre de son Conseil, elle rĂ©pondra hardiment aux juges qui lâassaillent. Sur lâordre de son Conseil, elle prĂ©fĂ©rera obĂ©ir Ă Mes-sire Dieu plutĂŽt quâĂ une certaine Ăglise qui se proclame lâĂglise.
ObĂ©issante et humblement docile Ă Dieu, elle dĂ©sobĂ©ira aux hommes, et mĂȘme aux hommes dâĂglise, dis-tinguant judicieusement lâordre qui vient de lâĂglise et lâabus dâautoritĂ© qui vient dâhommes dâĂglise, ne re-jetant jamais la lĂ©gitime autoritĂ© des hommes dâĂglise au nom de lâabus de quelques-uns.
DĂ©sobĂ©issante en apparence, aucunement rĂ©vo lutionnaire, Jeanne est lâin carnation mĂȘme de lâobĂ©issance chrĂ©-tienne, ni servile ni rĂ©volu-tionnaire, ni compassĂ©e ni rĂ©voltĂ©e, mais Ă©clairĂ©e de la foi et guidĂ©e par la raison, audacieuse Ă lâoccasion.
Comme le Christ, elle pou-vait dire : « Ne savez-vous pas que je dois ĂȘtre aux affaires de mon pĂšre ? ». Comme les ApĂŽtres, elle pouvait sâĂ©crier : « Il vaut mieux obĂ©ir Ă Dieu quâaux hommes ». En un mot, Ă lâinstar du Verbe dont elle est lâimage, Jeanne fut toute Ă sa mission reçue du PĂšre.« Peut-ĂȘtre nâa-t-on pas suf-fisamment prĂȘtĂ© attention Ă ce quâelle rĂ©pĂšte pourtant sans cesse : âQuâelle nâa rien fait par elle-mĂȘme, quâelle ne fait rien sinon se fier au commandement de ses âvoixâ, que rien nâa Ă©tĂ© fait par elle sans le comman-
dement de Dieu.â Peut-ĂȘtre faut-il prendre Ă la lettre, et ce serait alors la dominante de sa spiritualitĂ©, cette affirmation de nâĂȘtre quâune rĂ©-ponse, une merveilleuse rĂ©ponse Ă la volontĂ© divine. PĂ©guy en avait sans doute lâintuition quand, obstinĂ©-ment, il disait de Jeanne quâelle Ă©tait âla fille la plus sainte aprĂšs sainte Marieâ, celle dont le âouiâ marque le dĂ©but du Nouveau Testament, dâune Ăšre nouvelle et de lâhistoire mĂȘme du monde chrĂ©tien. Jeanne en serait une sorte de copie, une ad-mirable imitation au point quâil ne serait probablement pas nĂ©cessaire de sâĂ©vertuer Ă chercher le pourquoi de son action ou dâexpliquer ses dĂ©marches : avant tout, elle est celle dont le oui Ă Dieu fut aussi total que celui mĂȘme de Marie. »2
1 RĂ©gine Pernoud, La SpiritualitĂ© de Jeanne dâArc, Mame, 1992, p. 73.2 RĂ©gine Pernoud, La SpiritualitĂ© de Jeanne dâArc, Mame, 1992, p. 75.
Jeanne dâArc quittant Vaucouleurs par Jean-Jacques Scherrer
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Histoire
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Ătudiant brillantPaul, Philippe, Joseph, Ămile ChĂ©non naĂźt Ă Nevers le 16 mai 1857, dans une famille de la bourgeoisie du Bas-Berry qui possĂšde no-tamment des terres Ă Acre, sur la paroisse de NĂ©ret (Indre). Son pĂšre exerce les fonctions d'avocat gĂ©nĂ©ral Ă Bourges, ville oĂč Ămile suit ses Ă©tudes secondaires. Bachelier Ăšs lettres et Ăšs sciences Ă 17 ans, Ămile ChĂ©non entre en 1875 Ă lâĂcole polytechnique, dâoĂč il sort deux ans plus tard sous-lieutenant au 37Ăšme rĂ©-giment dâartillerie, alors en garnison Ă Bourges.
Cependant, le jeune homme nâa pas la vocation militaire. DĂ©missionnant de lâarmĂ©e en 1878, il suit des Ă©tudes de droit et soutient, en 1881, ses deux thĂšses de doctorat, Ă l'Ă©poque en droit romain et en droit français. ConsidĂ©rĂ© comme un des Ă©tudiants les plus brillants de la facultĂ© de droit de Paris, il est reçu second, en septembre 1882, au concours de lâagrĂ©gation de droit, derriĂšre Maurice Hauriou et devant LĂ©on Duguit1.
Outre ce parcours acadĂ©mique classique, Ămile ChĂ©non suit, comme auditeur libre Ă lâĂcole des Chartes, le cours dâhistoire de droit civil et canonique, ainsi que celui dâarchĂ©ologie. Sentant sans doute ces enseignements insuffisants, il complĂšte Ă lâInstitut catholique de Paris par le cours dâhistoire de lâĂglise de Mgr Duchesne, membre de l'Institut et directeur de lâĂcole française de Rome.
Ămile ChĂ©nonPar Vincent Ossadzow
Professeur de droitNommĂ© Ă la facultĂ© de Rennes en 1883, le jeune professeur y enseigne lâhistoire du droit et le droit consti-tutionnel pendant dix ans. Ă partir de 1893, il rejoint la facultĂ© de droit de Paris pour y donner les mĂȘmes cours, et devient en 1898 le titu-laire de la chaire dâhistoire gĂ©nĂ©rale du droit français. Ă Rennes et Paris, il enseigne ces matiĂšres pendant 34 ans, dirigeant plus de 150 thĂšses de doctorat. De sa chaire professo-rale, Ămile ChĂ©non ne cache pas ses convictions religieuses, ce qui n'empĂȘche pas l'estime de ses col-lĂšgues, quelles que soient leurs di-vergences d'opinions. DĂ©veloppant clartĂ© et mĂ©thode dans ses leçons,
il lie Ă©troitement droit et histoire, considĂ©rant que les deux disciplines sâĂ©clairent mutuellement. Il en tire dâailleurs ces Ă©pigraphes quâil aime Ă rĂ©pĂ©ter : « Le droit Ă©claire lâhistoire et lâhis-toire Ă©claire le droit ; tout historien devrait ĂȘtre juris-consulte, tout jurisconsulte devrait ĂȘtre historien. »
Pendant trente ans, le professeur dirige en outre bĂ©nĂ©volement la confĂ©rence dâhistoire du droit pour les candidats Ă lâagrĂ©gation. Ses leçons exposent des doc-trines claires et sĂ»res pour les futurs professeurs, propo-sant pour chacun des sujets Ă©voquĂ©s un plan simple et logique et des vues nettes, prĂȘtes pour lâenseignement. Par son approche pragma-tique, il apporte Ă©galement une vision de bon sens dans lâexamen des normes. Son Ćuvre magistrale est l'His-toire gĂ©nĂ©rale du droit français
public et privé, des origines à 1815. Le premier tome est publié en 1926, mais l'auteur décÚde l'année suivante avant d'avoir achevé son travail. François Olivier-Martin, son disciple à la faculté de droit, publie le début du second tome en 1929 à partir des notes de son maßtre. Ainsi exposé, l'enseigne-ment du professeur de droit reste une référence dans les facultés jusqu'à l'aprÚs-guerre.
Outre JĂ©rĂŽme Bignon, un autre Ă©minent juriste fut paroissien de Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Au service du droit comme Ă celui de lâĂglise, Ămile ChĂ©non a marquĂ© la vie paroissiale au tournant des XIXĂšme et XXĂšme siĂšcles.
Ămile ChĂ©non
1 Hauriou et Duguit sont deux grands théori-ciens du droit public français, dont les prin-cipes sont toujours enseignés dans les facul-tés de droit.
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Histoire
Chercheur, Ă©rudit et Ă©crivainMembre de plusieurs sociĂ©tĂ©s savantes, Ămile ChĂ©non pour-suit toute sa vie de multiples recherches sur lâhistoire du droit, lâhistoire locale et lâhistoire reli-gieuse. Comme berruyer (terme quâil prĂ©fĂšre Ă celui de berrichon), il publie de nombreux travaux sur le Bas-Berry, dont une His-toire de Sainte-SĂ©vĂšre en Berry, La grande charte du MusĂ©e de La ChĂątre, Histoire et coutumes de la Chapelle-Aude et Les Jours de Berry au Parlement de Paris. Bien que parisien, il continue Ă passer toutes ses vacances estivales dans son manoir Ă Acre.
Au-delĂ de lâhistoire locale, lâĂ©rudit contribue Ă lâĂ©criture de lâhistoire gĂ©nĂ©rale. Lors de son arrivĂ©e Ă Paris, en 1893, Ernest Lavisse et Alfred Rambaud le contactent, sur la recommandation de Mgr Duchesne, pour le charger de composer les chapitres relatifs Ă
lâhistoire de lâĂglise dans leur travail sur lâHistoire gĂ©nĂ©rale du IVĂšme siĂšcle Ă nos jours, publiĂ©e en plusieurs volumes entre 1893 et 1901. Sa participation commence avec lâex-posĂ© des rĂ©formes grĂ©-goriennes et se termine sur la politique du Ralliement menĂ©e par LĂ©on XIII. En 1921, il publie Le rĂŽle social de lâĂglise, ouvrage trai-tant successivement de l'action de lâĂglise sur les Ă©lĂ©ments so-ciaux (l'individu et la famille), lâĂglise et la sociĂ©tĂ© civile (les pou-voirs publics, les droits individuels et les ques-tions Ă©conomiques), enfin le domaine social de lâĂglise (la science, la morale, la charitĂ©).
Ămile ChĂ©non ne limite pas ses talents Ă lâhistoire. Bien que scien-tifique de formation, il possĂšde aussi une plume qui verse dans la poĂ©sie. Sous le pseudonyme de Joseph dâAcre, il rassemble et publie ses textes dans plusieurs recueils : Harmonies chrĂ©tiennes, ĂlĂ©vations chrĂ©tiennes et MĂ©dita-tions chrĂ©tiennes.
ChrĂ©tien dans la citĂ©LâĂ©rudit ne sâenferme pas dans son cabinet de travail, voulant mettre au profit de la sociĂ©tĂ© ses connais-sances et rĂ©flexions. AssociĂ©, au dĂ©but, Ă la naissance du Sillon, Ămile ChĂ©non le conseille avec prudence et sĂ»retĂ© doctrinale, ce qui nâempĂȘchera pas ultĂ©rieure-ment Marc Sangnier de voir ses idĂ©es condamnĂ©es par le Vatican en 19102. En 1905, le juriste donne Ă lâInstitut populaire du VĂšme arrondissement une sĂ©rie de confĂ©rences sur « Les rapports de lâĂglise et de lâĂtat du Ier au XXĂšme siĂšcle ». Vers la mĂȘme Ă©poque, il accompagne la fonda-tion de la Ligue des catholiques
français pour la paix, devant la montée des crises européennes conduisant à la PremiÚre Guerre mondiale.
Câest naturellement quâil prend voix au chapitre lors de la SĂ©pa-ration des Ăglises et de lâĂtat. La question des associations cultuelles, prĂ©vues par la loi de 1905, constitue un problĂšme Ă©pineux. Outre lâadministration des biens matĂ©riels des paroisses et diocĂšses, il est prĂ©vu que ces associations jouent un rĂŽle dans la nomination des curĂ©s et Ă©vĂȘques, ce qui entraĂźnerait un retour Ă une Ăglise gallicane strictement sĂ©parĂ©e du Saint-SiĂšge. Avant la condamnation par saint Pie X de ces associations cultuelles3, le cardinal Richard, archevĂȘque de Paris, anticipe le cas extrĂȘme et rĂ©unit en janvier et fĂ©vrier 1906 une commission de juristes chargĂ©s d'examiner leur lĂ©galitĂ©.
2 Lettre pontifi cale Notre charge apostolique du 25 août 1910.3 Encyclique Gravissimo offi cii munere du 10 août 1906.
Précision
Dans le numĂ©ro prĂ©cĂ©dent du Chardonnet fi gurait un « article » de Louis Veuillot dont la source, qui nous Ă©tait inconnue, nâĂ©tait pas prĂ©ci-sĂ©e.Des lecteurs ont eu la bontĂ© de nous lâindiquer. Il s'agit d'une petite partie d'un ar-ticle Ă©crit avant la guerre (de 70), et Ă©ditĂ© dans le numĂ©ro 4461 du journal L'univers, journal datĂ© du lundi 12 jan-vier 1880. Le titre de cet article est "le canon rayĂ©". Cet article est Ă©crit juste aprĂšs l'invention du canon Ă Ăąme rayĂ©e, grande invention guerriĂšre, par la sociĂ©tĂ© (Prussienne Ă l'Ă©poque) Krupp ».
Que nos lecteurs avisés en soient remerciés.
Ăglise Saint-Nicolas vue par Maurice Utrillo en 1930 avant lâachĂšvement de la façade
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Histoire
Ămile ChĂ©non en fait partie et se retrouve rapidement l'un des meilleurs canonistes du groupe : « Nous Ă©tions tous d'accord sur le caractĂšre schismatique des asso-ciations cultuelles, et nos efforts n'ont tendu qu'Ă une chose : es-sayer d'en attĂ©nuer les effets, pour le cas oĂč le pape en aurait autorisĂ© l'essai »4.
Le professeur de droit est alors dĂ©signĂ© pour rĂ©diger le rapport sur l'aspect schismatique des associations cultuelles. Prudent dans ses travaux, il demande, au cas oĂč elles seraient autorisĂ©es par le Saint-PĂšre « [...] un serment de fidĂ©litĂ© Ă l'Ă©vĂȘque de la part des membres des associations cultuelles pour en attĂ©nuer le ca-ractĂšre schismatique. L'Ă©tablisse-ment par le Saint PĂšre d'un mode d'Ă©lection des Ă©vĂȘques, simple et clair, pour Ă©viter le retour au sys-tĂšme du Concordat. Un concile plĂ©nier des Ă©vĂȘques français sous la prĂ©sidence d'un lĂ©gat pour Ă©tablir la charte constitutive de lâĂglise de France »5.
Paroissien engagĂ©La vie publique intense dâĂmile ChĂ©non puise assurĂ©ment sa force dans la vie spirituelle qu'il nourrit Ă Saint-Nicolas-du-Chardonnet. FidĂšle Ă la messe quotidienne, il est membre de lâĆuvre de l'ado-ration nocturne, trĂšs dĂ©veloppĂ©e Ă cette Ă©poque dans les paroisses, et passe rĂ©guliĂšrement chaque semaine une ou deux longues veil-lĂ©es devant le Saint-Sacrement.
Depuis 1893, il habite rue des Ăcoles, Ă lâangle de la rue des Carmes. Il cultive la pauvretĂ© dans un appartement trĂšs simple oĂč sa chambre, meublĂ©e dâun lit de fer et dâune image pieuse, tient davantage de la cellule monacale que des appartements dâun pro-fesseur dâuniversitĂ©. Le paroissien de Saint-Nicolas-du-Chardonnet entretient profondĂ©ment cet esprit de pauvretĂ© au sein de la confĂ©rence Saint-Vincent-de-Paul, dont il est un membre
actif jusquâĂ son dĂ©cĂšs, prĂ©sidant l'assemblĂ©e pendant de nom-breuses annĂ©es. Câest lui qui est Ă lâorigine, en 1907, des agapes de PremiĂšres communions pour les enfants pauvres de la paroisse, au cours desquelles le curĂ© prend lâhabitude de lire un poĂšme com-posĂ© par Joseph dâAcre. Au-delĂ de la confĂ©rence, il fonde l'Ă©cole mĂ©nagĂšre, installĂ©e chez les sĆurs de CharitĂ© de la rue des Bernar-dins, qu'il entretient avec ses propres deniers. Enfin, il crĂ©e la caisse dotale du patronage parois-sial, permettant Ă de nombreuses jeunes filles de contracter mariage sans difficultĂ©.
Outre ces Ćuvres de charitĂ©, le paroissien s'engage Ă©galement avec zĂšle dans lâarchiconfrĂ©rie de Marie, Reine du ClergĂ©, en l'honneur de laquelle il compose un poĂšme en 1916, brodĂ© sur les armes adoptĂ©es par cette assem-blĂ©e :Ă Reine du ClergĂ©, Vierge prĂȘtre6 ! Avec larmes,Mais avec grand amour, je contemple vos armes.Leur chef d'or est chargĂ© d'un SacrĂ© CĆur saignantSous l'Ă©pine tressĂ©e en forme de couronne.Des humiliations de JĂ©sus, qui pardonneMalgrĂ© tout, cette Ă©pine est l'em-blĂšme poignant.
Puis voici le roseau, que sa main flagelléeA tenu : n'est-il pas une image voiléeDe cette pauvreté qu'Il aimait ; et les clous,
Ne rappellent-ils pas la souffrance divine ?Devant ces instruments de dou-leurs, je m'incline,Et dis à chacun d'eux : « Que Dieu soit avec vous ! »
Mais vous-mĂȘme avez bu ce calice, ĂŽ MarieQue je vois soutenu par votre main bĂ©nie,Calice amer ; pourtant, dans cet azur si doux,Vous souriez : pourquoi ? Vous portez, triomphante,Sur votre bras, JĂ©sus, la Victime vivante...Ă genoux, je vous dis : « Que Dieu soit avec vous ! »
Ă Reine du ClergĂ© de France, ĂŽ Vierge prĂȘtre,Aidez-nous Ă subir, comme le divin MaĂźtreLes humiliations, les peines, les dĂ©goĂ»ts,Pour que â quand notre cĆur reçoit la Sainte Hostie âTous les anges, courbĂ©s devant l'Eucharistie,Puissent nous dire aussi :
« Que Dieu soit avec vous ! »
DĂ©cĂ©dĂ© le 11 avril 1927, il est inhumĂ© dans sa propriĂ©tĂ© fami-liale de NĂ©ret. Ă lâinstar de JĂ©rĂŽme Bignon, Ămile ChĂ©non illustre lâengagement droit, profond et constant dâun chrĂ©tien dans la citĂ©, tel le serviteur de lâĂvangile faisant fructifier le talent reçu au service du bien commun. « Fils de saint Vincent de Paul et de FrĂ©dĂ©ric Ozanam, ne se demande-t-on pas s'il ne partagera pas un jour leur glorieuse destinĂ©e ? »7
4 Lettre Ă Mgr Odelin, 10 novembre 1925.5 Ibid. 6 Certes thĂ©ologiquement peu orthodoxe, lâappellation « Vierge prĂȘtre » est en usage Ă cette Ă©poque. Elle n'est plus reprise Ă partir des annĂ©es 1930, laissant place au titre marial de « co-rĂ©demptrice ».7 AbbĂ© Gabriel Lenert, Le Chardonnet, mai 1927.
Ămile ChĂ©non illustre lâengagement droit, profond et constant dâun chrĂ©tien dans la citĂ©, tel le serviteur de lâĂvangile faisant fructifi er le talent reçu au service du bien commun. »
â
Vie de la paroisse
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Journal de lâĂ©glise Saint-Nicolas du Chardonnet23 rue des Bernardins - 75005 Paris
Téléphone : 01 44 27 07 90 - Fax : 09 56 05 57 64Courriel : [email protected]
www.saintnicolasduchardonnet.fr
Directeur de la publication : Abbé Pierpaolo Petrucci
Maquette et mise en page : [email protected]
ImprimerieCorlet Imprimeur S.A. - ZI, rue Maximilien Vox
14110 Condé-sur-Noireau
ISSN 2256-8492 - CPPAP N° 0321 G 87731
Tirage : 1300 exemplaires
Le Chardonnet
Activités de la paroisse
Les confirmations auront lieu en mai ou juin 2021Les premiÚres communions dans le courant du premier trimestre La kermesse les 26 et 27 septembreReprise des catéchismes pour enfants : le samedi 19 septembre.
Dimanche 5 juillet â 10h30 : premiĂšre messe solennelle de
Monsieur lâabbĂ© Doutrebente
Dimanche 12 juilletâ 10h30 : premiĂšre messe de Monsieur
lâabbĂ© Gravrand
Dimanche 19 juilletâ 10h30 : premiĂšre messe de Monsieur
lâabbĂ© Paccard
Samedi 25 juilletâ 18h30 : messe chantĂ©e de saint Jacques
le Majeur
Samedi 1er aoĂ»tâ Premier samedi du moisâ 18h30 : messe chantĂ©e du CĆur
Immaculé de Marie
Jeudi 6 aoĂ»t â 18h30 : messe chantĂ©e de la Transfiguration
Vendredi 7 aoĂ»tâ Premier vendredi du moisâ Ă lâissue de la messe de 12h15, exposition
du Saint-Sacrement jusquâĂ minuitâ 17h45 : office du rosaireâ 18h30 : messe chantĂ©e du SacrĂ©-CĆurâ 20h00 : heure sainte
Vendredi 14 aoĂ»tâ 17h45 : premiĂšres vĂȘpres de lâAssomption
Samedi 15 aoĂ»tâ Assomption de la TrĂšs Sainte Vierge
Marie, 1Ăšre classeâ Messes et offices comme un dimanche
Samedi 22 aoĂ»tâ 18h30 : messe chantĂ©e du CĆur
Immaculé de Marie
Lundi 24 aoĂ»t â Saint BarthĂ©lĂ©my. 18h30 : messe lue
avec orgue
Mardi 25 aoĂ»tâ Saint Louis. 18h30 : messe lue avec orgue
Mercredi 2 septembreâ 17h45 : premiĂšres vĂȘpres de saint Pie X
Jeudi 3 septembreâ 17h45 : deuxiĂšmes vĂȘpres de saint Pie Xâ 18h30 : messe chantĂ©e de saint Pie X
Vendredi 4 septembreâ Premier vendredi du moisâ Ă lâissue de la messe de 12h15, exposition
du Saint-Sacrement jusquâĂ minuitâ 17h45 : office du rosaireâ 18h30 : messe chantĂ©e du SacrĂ©-CĆurâ 20h00 : heure sainte
Samedi 5 septembreâ Premier samedi du moisâ 18h30 : messe chantĂ©e du CĆur
Immaculé de Marie
Dimanche 6 septembreâ SolennitĂ© de saint Pie X aux messes de
10h30 et 18h30
Mardi 8 septembreâ 17h45 : office du rosaireâ 18h30 : messe chantĂ©e de la NativitĂ© de
Notre-Dame
Dimanche 13 septembreâ 17h45 : concert dâorgue
Lundi 14 septembreâ 17h45 : office du rosaireâ 18h30 : messe chantĂ©e de lâexaltation de
la sainte Croix
Mardi 15 septembreâ 17h45 : office du rosaireâ 18h30 : messe chantĂ©e de Notre-Dame
des sept douleurs
Lundi 21 septembreâ 18h30 : messe chantĂ©e de saint Matthieu
Dimanche 27 septembre â SolennitĂ© de sainte ThĂ©rĂšse de lâEnfant-
JĂ©sus aux messes de 10h30 et 18h30
Lundi 28 septembreâ 17h45 : premiĂšres vĂȘpres de saint Michel
Mardi 29 septembreâ 17h45 : deuxiĂšmes vĂȘpres de saint Michelâ 18h30 : messe chantĂ©e de saint Michel
Vendredi 2 octobreâ Premier vendredi du moisâ Ă lâissue de la messe de 12h15,
exposition du Saint-Sacrement jusquâau lendemain 7h00
â 17h45 : office du rosaireâ 18h30 : messe chantĂ©e du SacrĂ©-CĆurâ 20h00 : heure sainte
Samedi 3 octobreâ Premier samedi du moisâ 18h30 : messe chantĂ©e de sainte ThĂ©rĂšse
de lâEnfant-JĂ©sus
Dimanche 4 octobreâ SolennitĂ© de Notre-Dame du Saint-
Rosaire aux messes de 10h30 et 18h30
Office du rosaire tous les soirs Ă 17h45 pour le mois dâoctobre sauf mention contraire.
Carnet paroissialOnt Ă©tĂ© rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s de lâeau du baptĂȘme
TancrĂšde GILBERT 14 juinUlrich DAMAISIN dâARES 20 juin
Ont été honorées de la sépulture ecclésiastiqueGeorgette SCHOEFFLER, 95 ans 27 maiSimone FAVA, 88 ans 9 juinAstrid CARDONA, 76 ans 20 juin
Grande procession enl'honneur de la Sainte-Vierge
dans les rues de Paris
DĂ©part de Saint-Nicolas-du-Chardonnet Ă 16h
Samedi15 août 2020