La lettre soufie n°7
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8/14/2019 La lettre soufie n7
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Janvier/Fvrier 2003
N 7
La Lettre Soufie regroupe quelques articles sur le soufisme selon quatre thmesprincipaux, pome, article gnral, discours du matre de lordre Nmatollahi DrNurbakhsh et histoire. Elle est publie bi-mensuellement et reflte le contenu dusite web Le Journal Soufi (journalsoufi.multimania.com)
Guider les autresSommaire
Discours 1
Guider les autres
Histoire 3
Le poirier
Pome 4
Moi je ne suis pas Moi!
Article 5
Le Dhikr
Humour 11
Au pays des fous
Par Dr Nurbakhsh
La premire des conditions afind'tre capable de guider les
autres est de faire preuve de
bont et de toujours considrer
les autres comme suprieurs
soi-mme. La deuxime
condition est de ne pas tre
gocentrique, de ne pas
chercher son propre intrt, et
de ne pas tre hypocrite: en
rsum de mettre en pratique
ce que l'on prche. La troisime
condition est de ne pas tre un
voile entre le disciple et Dieu,autrement dit d'appeler les gens
Dieu et non pas soi.
L'histoire suivante extraite du
Tadhkirat al-awliya (mmorial
des saintes) de Attar nous
permet d'illustrer ce point. Le
matre soufi Ab Uthman Hiri a
dit un jour un autre matre
soufi, Ab Hafs Haddad, "Je
suis devenu tellement illumin
que je donne maintenant des
cours de sagesse divine"
"Comment en tes vous arriv-
l ?" lui rpondit l'autre matre.
"La bont envers les autres",
rpondit-il.
"Et jusqu'o va votre bont
envers les autres ?", rpliqua
Ab Hafs.
"Jusqu'au point o", rpondit-il,"si Dieu me mettait en enfer afin
de purger les pchs de tous
les hommes, je trouverai cela
tout fait acceptable".
"Dans ce cas", dit son
compagnon, "je vous rends
grce! Cependant, lorsque vous
prenez la parole dans les
runions, soyez attentif avant
tout votre cur et votre
corps. De plus, prenez soin de
ne pas laisser la foule vousrendre arrogant, car ils ne
voient que votre aspect
extrieur alors que Dieu seul
voit l'intrieur".
Ab Uthman monta ensuite en
chaire pour donner son
discours, alors que Ab Hafs se
cacha dans un coin afin de
l'observer. Lorsque enfin la
runion se termina, un
vagabond passa par l et
demanda si quelqu'un pouvaitlui donner une chemise pour se
couvrir. Sans hsiter, Ab
Uthman enleva sa chemise et la
lui donna.
"Menteur!" cria Ab Hafs de
l'endroit o il se tenait.
"Descendez de cette chaire!"
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La Lettre SoufiePage 2
"Quel mensonge ais-je dit ?"
implora Ab Uthman.
"Vous avez prtendu", rpliqua
l'autre matre, "que votre bont
envers les autres tait plus
grande que celle envers vous-
mme. Cependant, vous voilamaintenant exceller1 dans la
gnrosit afin de gagner les
mrites des 'excellents' , vous
considrant comme meilleur et
ayant plus de valeur que les
autres. Si vous aviez t
vraiment honnte vous auriez
attendu pour laisser sa chance
un autre. Ainsi donc vous tes
un menteur et il n'y pas de
place la chaire pour les
menteurs!"
Aticle extrait du magazine SUFI n 53Printemps 2002, pp. 42 "Guiding
Others"
1Rfrence au passage du Coran: "Les
excellents, ce sont ceux-la les plus
rapprochs d'Allah!" (10:56).
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La Lettre SoufiePage 3
Le poirier
Une femme marie se vantait
auprs de son amant qu'elle seraitcapable de badiner avec lui sous
les propres yeux de son mari, le
cocufiant ouvertement, sans que
cette indiscrtion ne porte
prjudice ni a l'un ni a l'autre.
Le jour suivant, alors qu'elle se
promenait dans un champ avec
son mari, elle se tourna vers lui et
dit: "Mon cher mari, regarde donc
ces fruits dlicieux hauts perchs
dans cet arbre. Laisse-moi donc
grimper, et en cueillir quelques-
uns pour le djeuner."
Ds qu'elle eut grimp dans
l'arbre, la femme regarda en bas
vers son mari et clata
soudainement en sanglots.
"Comment peux-tu ?!" Cria-t-elle
son mari stupfait. "A peine suis-
je hors de ta vue que tu ramne
une fille dbauche pour satisfaire
tes dsirs de luxure ? As-tu perdu
tout respect pour tes vux de
mariage ?""As-tu perdu la raison ?" rpondit
son mari. "Il n'y a ici personne
d'autre que moi: je le jure sur tout
ce que j'ai de sacr. Descends de
cet arbre et constate le par toi-
mme, car cet arbre t'a fait perdre
l'esprit".
Une fois descendue, elle alla vers
son mari et lui demanda qu'il aille
constater par lui-mme qu'elle
n'est pas folle. Ds qu'il eut
grimp dans l'arbre, elle demanda son amant de sortir de sa
cachette. L'amenant dans ses
bras, elle l'entrana sur l'herbe o
ils commencrent faire l'amour
passionnment.
"Que fais-tu ?" cria son mari du
haut de l'arbre. "Tu fait l'amouravec un autre homme devant mes
propres yeux ?! Comment peux-tu
me faire cela?"
"Ne sois pas absurde mon cher. Il
n'y a personne avec moi. Tu es
devenu aussi fou que je l'tais.
Arrte donc de dbiter des choses
insenses".
Il l'accusa encore une fois de le
cocufier, et de nouveau elle nia.
"Tout cela vient de ce poirier,"
s'exclama-t-elle tout en se
dfendant. "Du haut du poirier je
voyais les choses aussi
faussement que tu les vois
maintenant. Ecoute, descends et
constate qu'il ne se passe rien ici:
tout ceci n'est qu'une illusion
cre par le poirier."
O chercheur, descends de ce
poirier dont tu es devenu si frivole
et volage. Ce poirier est ton ego
animal, ta propre existence,
depuis laquelle ta vision devientdforme, et tes yeux se mettent
loucher. Quand tu descendras
de cet arbre, tes penses, tes
yeux et tes paroles ne seront plus
gars. Lorsque tu laisseras cet
arbre derrire toi, dieu dans sa
bont le transformera.
Grce a l'humilit que tu
montreras en descendant de ce
poirier et le laissant derrire toi,
dieu t'accordera la vrai vision
(Livre IV, lignes 3544-3566).
Extrait du magazine SUFI n 48 Hiver
2000/01, pp. 53 "Lighten Up: Humor in
Rumi's Mathnawi".
Grce a l'humilit que tu
montreras endescendant de ce
poirier et le laissantderrire toi, dieu
t'accordera la vrai vision- (Livre IV, lignes 3544-
3566).
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Page 4 La Lettre Soufie
Moi je ne suis pas moi!Titre en Persan : " Man na manam " extrait de DivaniNurbakhsh 10 me dition pp. pp65
Tu es mon intrieur et mon extrieurMoi je ne suis pas moiNi moi je ne suis plus moi !
Tu es mon absence et ma prsenceMoi je ne suis pas moiNi moi je ne suis plus moi !
Tu as cre les tres et tu tais dj moiJe suis nant et toi lExistence
Tu es ma similitude exacteMoi je ne suis pas moi
Ni moi je ne suis plus moi !
Tu es mon ombre et ma lumireTu es fleur et mon jardin de fleur
Tu es mon paysage et tu es mon tmoinMoi je ne suis pas moiNi moi je ne suis plus moi !
En toi le nant est devenu existenceLe monde sest enivr de ToiTu es mon vin et tu es ma coupeMoi je ne suis pas moi
Ni moi je ne suis plus moi !
Tu es ma haine et ma paixTu es ma lumire et mon obscuritTu es ma certitude et tu es mon douteMoi je ne suis pas moiMoi je ne suis pas moi
Ni moi je ne suis plus moi !A lintrieur de mon esprit il y a lenvie de ToiDe te rencontrer dans un lieu de solitude au sein de Ta maison
Tu es mon Ami et Tu me sauveMoi je ne suis pas moiNi moi je ne suis plus moi !
Oh, Tu es le soleil qui me donne la gaiet et en mme temps la lumire
Tu es pour moi la certitude la plus videnteMoi je ne suis pas moiNi moi je ne suis plus moi !.
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La Lettre SoufiePage 5
Le Dhikr, archtype de transformationPar Lewellyn Vaughan-Lee
Son plus grand nom
Le dhikrest la rptition d'un nom
ou d'une phrase sacre. Ce peut
tre la shahada, "La ilaha
illa'Llah", mais c'est le plus
souvent l'un des noms ou attributs
de Dieu. On dit qu'il existe 99
noms de Dieu, mais le plus lev
est le nom Allah qui contient tous
Ses attributs divins.
Lorsque Ab Sa'id Abe'l-Khayr
entendit le verset du coran "Dit
Allah! et puis laisse-les s'amuser
dans leur garement" (Coran
6:91), son cur fut boulevers
(Nicholson 1921, p.10). Il
abandonna ses tudes et se retira
dans la niche de la chapelle de sa
maison, o pendant sept ans il
rpta "Allah! Allah!
Allah!....jusqu'a ce qu'enfin tous
les atomes de mon corps se
mirent rpter, Allah! Allah!
Allah!" Il raconte ainsi l'histoire qui
lui indiqua l'importance de ce
dhikr. Il tait alors en prsence deCheikh Ab'l-Fadhl Hassan,
lorsque celui-ci prit un livre et
commena le feuilleter. Ab
Sa'id tant un rudit, ne put
s'empcher de se demander ce
que pouvait tre ce livre. Le
Cheikh perut ses penses et dit
alors:
Ab Sa'id! Les 124 000 prophte qui
ont t envoy sur terre n'ont prch
qu'un mot: Dites Allah, et dvouez vous
a Lui. Ceux qui n'entendirent ce mot
qu'avec leur oreille, le laissrent
sortirent par l'autre oreille; mais ceux
qui l'entendirent avec leur ame,
l'imprimrent en eux et le rptrent
jusqu'a ce qu'il s'imprime dans leur
cur et ame, et que leur tre entier
devint ce mot. Ils se sparrent de la
prononciation du mot, ainsi que du son
et des lettres. Ayant compris le sens
spirituel du mot, ils furent tellement
absorbs dans le mot au point qu'ils enoublirent leur non-existence.
Selon une tradition sotrique du
soufisme, le mot Allah est
compos des particules al et ilah,
dont une des interprtations est
"nant". Pour le soufi, le fait que
son plus grand nom signifie "le
nant" a beaucoup d'importance,
car l'exprience de la Vrit ou de
Dieu, est aussi l'exprience du
Nant. Et l'un des secrets de la
voie est que ce Nant, ce Vide,
nous aime, intimement,
tendrement et avec une infinie
comprhension. Il nous aime au
plus profond de notre tre, de
notre cur. Ce n'est pas une
entit spare de nous. Les soufis
sont des amoureux, et le Nant
est l'ultime bien-aim, dans
l'treinte duquel l'amoureux
disparat compltement.
Je suis avec celui qui sesouvient de moi.
- hadith qodsi
Peu avant sa mort, le matre soufi
de la confrrie Naqshbandi, Bhai
Sahib, a dit: "Il n'y a rien d'autreque le Nant". Il le rpta deux
fois, et cela indique l'essence
mme de la voie soufie, comme
Irina Tweedie l'explique:
Il n'y rien d'autre que le Nant...Le
Nant dans le triple sens suivant: Le
Nant car le petit Moi (l'ego) doit
mourir, le disciple doit devenir "rien". Le
Nant, car les tapes suprieures de la
conscience reprsentent le Nant pour
l'esprit, c'est une chose inaccessible qui
ne peut tre perue. La comprhensiontotale du point de vue de l'esprit n'tant
pas possible, on se retrouve face au
Nant. Enfin, le dernier sens, le plus
sublime, est celui o l'on se fond avec
l'Ocan Lumineux de l'Infini. Je pense
que c'est de cette faon qu'il faut le
comprendre, et c'est ce que Bhai Sahib
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voulait dire lorsqu'il parlait du Nant et
de l'Unique.
(Tweedie 1978, pp. 775)
Ainsi, le nom Allah contient
l'essence mme du soufisme:
devenir rien, s'annihiler en Lui afinqu'il ne reste rien d'autre que ce
vide infini. C'est cela la voie de
l'amour, c'est la coupe de vin dans
laquelle boivent les amoureux.
Comme le dit Roumi:
J'ai vid la coupe:
Il n'y a maintenant rien d'autre
que l'extase de l'annihilation.
(Liebert 1981, pp. 45)
Le SouvenirAu cur du dhikr se trouve le
principe du souvenir. En rptant
Son nom on se souvient de Lui,
pas seulement par l'esprit, mais
aussi par le cur, puis lentement
on en arrive ce que chaque
atome de notre corps rpte son
nom (le dhikr).
Il est dit que, "d'abord on s'occupe
de son dhikr, et ensuite le dhikr
s'occupe de nous". Cela s'intgre
notre inconscient, et chante
dans nos veines. On en trouve
une trs belle illustration dans
l'histoire soufie suivante:
Sahl dit l'un de ses disciples: "Essaie
de dire pendant un jour sans t'arrter
'Allah! Allah! Allah!' et fais en autant les
jours suivants jusqu'a ce que cela
devienne une habitude." Il lui demanda
ensuite de le rpter aussi pendant la
nuit, jusqu'a un point o le disciple finit
par le rpter pendant son sommeil.
Alors, Sahl lui dit "Ne rpte plus le
Nom consciemment, mais fais en sorte
que tous tes sens soit absorbs dans
Son souvenir!" Le disciple suivit ce
conseil jusqu'a ce qu'il devienne
totalement absorb dans la pense de
Dieu. Un jour, une branche tomba d'un
arbre sur sa tte, et la fendit. Des
gouttes de sang qui coulrent on
pouvait lire 'Allah! Allah! Allah!'
(Schimmel 1975, pp. 169)
La faon dont le nom de Dieu
imprgne le disciple n'est pas
mtaphorique mais bien rel. Ledhikrest magntis par le Matre
afin d'aligner intrieurement celui-
ci avec la voie et le but
atteindre. C'est pour cette raison
que le dhikrdoit tre donn par un
matre, bien que dans certains cas
il peut tre donn par la
conscience suprieure, ou bien
traditionnellement par Khidhr.
De faon inconsciente, le dhikr
nous modifie au niveau mental,
psychologique et physique. Auniveau mental, cela est facile
observer. Dans notre vie de tous
les jours, notre esprit est dans un
mode de pense automatique, sur
lequel nous avons peu, sinon
aucun contrle...Observez votre
pense un instant, et remarquez
comment une pense en entrane
une autre, et comment chaque
rponse cre une nouvelle
interrogation. Et de plus, comme
l'nergie est lie la pense,
notre nergie mentale etpsychologique est disperse dans
de nombreuses directions. La vie
spirituelle signifie que l'on dirige
toute son nergie dans une seule
direction, dans Sa direction. En
rptant Son nom, nous modifions
le sillon du disque de notre
pense qui a t conditionn
rpter inlassablement la mme
chanson. Le dhikr remplace
progressivement les anciens
sillons de notre pense par le
sillon unique de Son nom. Leconditionnement de notre pense
est redirig vers Lui, comme un
ordinateur, nous sommes
reprogramms pour Dieu.
d'abord on s'occupe deson dhikr, et ensuite ledhikr s'occupe de nous
On dit que l'on est ce que l'on
pense. Si nous pensons Allah,
nous devenons unis Lui. Mais
l'effet du dhikrest bien plus subtil
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et puissant qu'un simple re-
conditionnement de la pense.
L'un des secrets du dhikr (ou
mantra) est que le mot mme
contient l'essence de ce qu'il
nomme. C'est "le mystre de
l'identification entre Dieu et Sonnom" (Wilson et Pourjavady 1987,
pp. 45) ["Au commencement tait
la Parole, et Parole tait avec
Dieu, et la Parole tait Dieu" (Jean
1:1)]. Dans le langage de tous les
jours, cette notion d'identification
n'existe pas. Le mot "chaise" ne
contient pas l'essence d'une
chaise, et signifie simplement ce
qu'il nomme. Mais le langage
sacr du dhikr est diffrent; la
vibration du mot rsonne avec ce
qu'il nomme, liant les deuxensembles. Ainsi l'individu et ce
qu'il nomme sont directement
relis ensemble.
Le Bien-Aim, Lui, n'a pas de
nom, car cela le limiterait. Il n'a ni
forme ni nom, comme il est crit
dans le Tao:
Le Tao que l'on peut raconter n'est pas
le Tao.
Le nom que l'on peut nommer n'est pas
le nom ternel.
(Lao Tsu 1973, pp. 1)
Et cependant, l'homme l'invoque
de diverses faons, et quelle que
soit le nom, Il rponds toujours.
Ainsi, les soufis disent, "Au nom
de celui qui n'a pas de nom et qui
apparat quelque soit le nom". Si
on l'appelle par le nom du Christ, il
viendra en tant que Christ, si on
l'appelle en tant que Ram, il
apparatra comme Ram. Mais le
nom 'Allah' est le plus aim parles soufis, car c'est celui qui est le
plus proche du nant qui est son
essence. Ce nom est une
ouverture vers son essence
divine, permettant son serviteur
de se rapprocher de Lui. En
voquant son nom dans notre
cur, cela nous aide se
souvenir de Lui, puis s'unir a Lui
pour se perdre dans son nant.
Transformationphysique etpsychologique
D'un point de vue psychologique,
le dhikr est un outil puissant de
transformation. Il modifie
inconsciemment notre structure
psychique, et en transforme les
nergies. Le dhikr est l'archtype
symbolique a la fois d'un son et
d'un mot align magntiquement
avec la voie. Les archtypes
symboliques ont un but
psychologique bien spcifique: ils
servent d'agent de transformation
de l'nergie psychique. Ilstransforment la libido (la force de
vie instinctive) d'un niveau
infrieur a un niveau suprieur. En
tant qu'archtype symbolique, le
dhikr a le pouvoir de rveiller,
concentrer et transmuter les
nergies de l'inconscient. Il
dnoue et nous libre des nuds
et des blocages psychologiques
avec lequel nous nous sommes
consciemment ou
inconsciemment enchans, pour
diverses raisons :conditionnement par notre
ducation, prjugs, pulsions de
l'ego, attachements. L'exemple le
plus frappant de ce processus de
transformation est l'effet du dhikr
sur la peur et l'anxit, deux
sentiments qui souvent attaquent
le chercheur sur la voie. Trs
souvent, la rptition du nom peut
faire disparatre ces sentiments,
ou bien en diminuer leur effet.
Le processus de transformationenglobe aussi le corps physique
du chercheur. Chaque atome de
la cration chante
inconsciemment son nom et
aspire l'union avec Lui. Le dhikr
infuse ce dsir inconscient avec la
lumire de la conscience, avec le
dsir conscient du chercheur de
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se souvenir du bien-aim. La
lumire cache dans l'obscurit
de la matire rpond cet appel,
cette prire constante, et
commence alors vibrer une
frquence suprieure. Ainsi, le
corps physique se re-aligneprogressivement avec ce niveau
suprieur du moi, chaque atome
commence alors a chanter
l'hymne du retour a la source. On
trouve une trs belle illustration de
ce processus de transformation
dans ce rve o le corps se
transforme en cur, puis chaque
atome devient une note de
musique:
Je fis un rve o mon corps se
transformai en un cur, compose detoutes ces cavits. Le cur voyageait
dans un vaste univers. Pendant ce
voyage, le cur se retournait de
l'intrieur vers l'extrieur, et
inversement, sans manquer un seul
battement entre chaque retournement.
Le voyage semblait infini, le cur
ressemblant un astrode lancer
toute vitesse travers l'espace.
Puis, les atomes de mon corps
commencrent a prendre les couleurs
de notes de musique bleu et or. Ce
processus se fit d'abord graduellement,
atome par atome, puis s'acclra
jusqu' ce que mon corps entier fut
compos de ces notes bleu et or.
J'tais comme suspendu au-dessus de
mon corps, regardant ce processus
s'accomplir. Au fur et a mesure que ce
processus progressait, la forme de mon
corps devenait de moins en moins
distincte. Un rayonnement bleu et or
semblait alors maner de mon corps
tandis que l'on distinguait de moins en
moins les notes.
Je me rveillai alors, avec un fort
sentiment de plnitude. Les limites de
mon corps semblaient tre hors de
leurs limites usuelles, retournant
progressivement leur limites
habituelles.
Dans notre cur, nous sommes
unis au Bien-Aim. Notre
battement de cur fait partie du
grand rythme de la cration. Mais
pour la plupart des hommes, c'est
un souvenir enfoui si
profondment en eux, qu'il en at oubli. Lorsque nous nous
efforons consciemment de nous
souvenir de Lui, la mditation et la
pratique du dhikr vient alors
rveiller cet tat pre-existant de
conscience de l'Unit. Notre cur
s'ouvre alors, nous permettant de
ressentir l'harmonie entre ce
rythme et la mlodie de l'Univers.
Progressivement, cette harmonie
interne se fait ressentir dans tout
le corps, transformant chaque
atome de notre corps en une notede la symphonie de la cration.
Du fond de notre cur, jusqu'aux
extrmit de nos doigts et de nos
plantes de pieds, tout notre tre
s'uni dans ce chant unique, tout
entier offrande de la cration au
Crateur.
Compagnie
Pour l'amoureux se trouve une
grande joie dans la rptition du
nom de son Bien-Aim invisible, la fois si proche et si loign.
Lorsqu'Il est proche, il est
merveilleux de pouvoir lui rendre
grce pour tous les bienfaits dont
il nous comble, pour la douceur de
Sa compagnie. Lorsqu'il est
absent, de pouvoir invoquer Son
nom, a chaque respiration, nous
aide supporter la douleur de la
sparation. Lorsque l'on se trouve
en difficult, Son nom nous
rassure, nous aide, et peut nous
donner la force de rduire l'cartqui nous spare de Lui. Lorsqu'on
invoque Son nom, Il devient
prsent, mme si les preuves
que l'on traverse nous donne
l'impression qu'il est loin de nous.
Il aide ses serviteurs quand Il le
peut, et dans les moments les
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plus difficiles, Il peut nous sauver
la vie.
Allah aime ceux qui l'aiment, et Il
se souvient de ceux qui se
souviennent de Lui. A travers le
dhikr, nous ravivons le lien qui
avait toujours exist entre Lui etnous, et devenons conscient de
nos plus profonds secrets lis la
vraie unit. Le nom que nous
rptons est le nom par lequel
nous Le connaissions avant d'tre
n. C'est le nom qui est grav
dans nos curs. Le dhikramne
le domaine du cur dans le
monde temporel, nous permettant
aussi de retourner vers Lui. Peu a
peu nous devenons conscients de
la profondeur de ce lien, et a quelpoint dans notre cur nous
sommes toujours unis a Lui.
Le nom rvle ce qu'il nomme, et
l'amoureux commence raliser
qu'il n'existe rien d'autre que Dieu:
Dieu a crer le nom Allah comme
un miroir pour l'homme afin que
lorsqu'il y plonge son regard, il
comprenne le vrai sens de "Dieu
tait, et il n'y a avait rien d'autre
que Lui", et cet instant lui est
alors rvl que son ouie estl'ouie de Dieu, sa vue, la vue de
Dieu, sa parole, la parole de Dieu,
sa vie, la vie de Dieu, son savoir,
le savoir de Dieu, sa volont, la
volont de Dieu, et son pouvoir, le
pouvoir de Dieu(Nicholson
1921, pp. 113).
En rptant Son nom, l'amoureux
s'identifie son Bien-Aim, qui se
trouvait cach dans son propre
cur. Le Bien-Aim aime
entendre Son nom sur les lvreset dans les curs de Ses
amoureux, et comme rponse, Il
te progressivement les voiles qui
le spare d'eux. L'amoureux Le
trouve alors non-seulement dans
son cur, mais aussi dans le
monde extrieur, car comme il est
dit "o que vous vous tourniez, la
face d'Allah est la" (Coran, 2:115).
Le Bien-Aim devient alors le
compagnon de l'amoureux.
L'amoureux devient aussi le
compagnon de Dieu, car comme il
est dit: "l'il qui voit Dieu est
aussi l'il par lequel Il regarde le
monde" (Schimmel, 1975, pp.203). Cette relation d'amiti
appartient l'autre monde,
cependant elle est vcue dans ce
monde ci. C'est l'amiti la plus
profonde qui existe, et qui
demande une implication totale de
la part de l'amoureux. Nous
sommes Ses serviteurs, et Il aime
tre connu en tant que "serviteur
de Ses serviteurs".
Grce au dhikr nous ajustons
notre tre la frquence del'amour. Nous embrassons aussi
bien la douleur de la sparation
que la joie de le connatre. Nous
prononons le nom de notre Bien-
Aim car cela nous rappelle Celui
dont nous nous languissons.
Lorsque nous crions Allah du fond
de notre cur, c'est la fois une
prire et la rponse cette prire.
Nous l'appelons car nous ne
l'avons pas oubli, et se rappeler
de Lui dans ce monde, c'est tre
constamment en sa prsence. Lecur lui le sait, mme si l'intellect
et l'ego ne le savent pas. Roumi
nous raconte cette histoire d'un
fidle qui alors qu'il priait, voit
apparatre Satan qui lui dit:
"Depuis combien de temps crie tu 'O
Allah' ? Arrte donc, car tu n'obtiendras
aucune rponse.
Le fidle se tint silencieux, jusqu'au
moment o il eut la vision du prophte
Khidr, qui lui dit: "Pourquoi donc as-tu
cess d'appeler Dieu ?"
Car je n'ai jamais entendu la rponse
"Me voil" me parvenir, rpondit-il.
Khidr lui rpondit: "J'ai reu l'ordre divin
de venir te voir afin de dlivrer le
message suivant:
Ne vous ais-je point appel afin de me
servir ? Ne vous-ais-je point occup
Grce au dhikr nousajustons notre tre lafrquence de l'amour
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La Lettre Soufie
avec mon Nom ? Ton invocation "Allah"
contient la rponse "Me voil". De tous
ces pleurs, ces larmes et ces
supplications, j'tais l'aimant, et je leur
ai donn des ailes".
(Nicholson, 1989, pp. 113)
On retrouve un thme similaire
dans l'histoire suivante. Une
femme fit un rve o elle hurlait
au clair de lune, ressentant une
dtresse terrible car aucune voix
ne rpondait son appel. Plus
tard elle ralisa que l'amour dans
son aspect intime le plus profond
consiste en ce que notre appel est
Son appel vers lui-mme. En
l'appelant nous partageons le
mystre de Sa cration : Lui, qui
tait Unique et Seul voulait treaim, ce pour quoi il cra le
monde.
Notre langueur pour Lui, ainsi que
nos invocations sont le sceau de
l'amiti qui nous lie. Nous
sommes Ses amoureux, et nous
gardons notre attention toujours
porte sur Lui. Lorsque nous
tournons nos curs vers Lui,
nous reconnaissons aussi bien
pour nous-mme que pour le
monde entier, le lien d'amour quiunit le crateur avec Sa cration.
Nous nous abandonnons alors a
l'amour:
Certes, il existe des serviteurs parmi
mes serviteurs qui m'aime et que
j'aime, qui Me dsire et que Je dsire,
qui Me regardent et que Je
regardeOn les reconnat a ce qu'ils
prservent l'ombre durant le jour avec
autant de compassion qu'un berger
garde ses moutons, puis ils attendent
avec impatience l'heure du coucher dusoleil, de mme que les oiseaux
s'impatientent de rejoindre leurs nids au
crpuscule, et lorsqu'il que la nuit vient,
que les ombres se confondent, que les
lits sont dfaits, et que chaque
amoureux est en compagnie de son
bien-aim, alors ils se tiennent debout,
puis face contre terre m'appellent avec
Mes mots, me flattent avec Ma grce,
tantt gmissant, tantt pleurant,
parfois dans un tat de batitude,
parfois se plaignant, parfois debout,assis, a genou, ou se prosternant, et je
suis tmoin de ce qu'ils endurent pour
Moi, et j'entends leurs plaintes suite a
Mon amour pour eux.
(Schimmel 1975, pp. 139)
Article extrait du magazine SUFI n 19
Automne 1993, pp. 26 " The Dhekr as an
Archetype of Transformation". Adapt de
The Bond with the Beloved: The Mystical
Relationship of the Lover and the Beloved,Invernes, California: The Golden Sufi
Center, 1993.
Rfrences
Lao Tsu (1973). Tao Te Ching, Gia-Fu
Feng and Jane English (trans.), Aldershot:
Wildwood House Ltd.
Liebert, D. (1981). Rumi, Fragments,
Ecstasies, Santa Fe, New Mexico: Source
Books.
Nicholson, R.A. (1921). Studies in Islamic
Mysticism, Cambridge: Cambridge
University Press.
_____ (1989). The Mystics of Islam,
London: Arkana.
Schimmel, A. (1975). Mystical Dimesions
of Islam, Chapel Hill: University of North
Carolina Press.
Tweedie, I. (1987). Daughter of Fire,
Nevada City: Blue Dolphin Press.
Wilson, P.L. and Poujavady. (1987). The
Drunken Universe, Grand Rapids: PhanesPress.
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8/14/2019 La lettre soufie n7
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Histoire de Mulla NasrouddinAu pays de fous...
Un jour Nasrouddin arriva dans le pays des fous.
Il se mit a crier "O peuple, le mal et le pch sont des choses
dtestables!"
Il en fit de mme tous les jours pendant quelques semaines.
Un jour, alors qu'il tait sur le point de commencer son sermon, il vit un
groupe de fous se tenant bras croiss.
"Que faites vous ?" leur demanda Nasrouddin.
"Nous venons juste de dcider que faire concernant tout ce mal et ce
pch dont vous nous parlez tout les jours".
"Vous avez dcid de vous en loigner ?" dit Nasrouddin
"Non, nous avons dcid de nous loigner de vous !"
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8/14/2019 La lettre soufie n7
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part des articles sont des traductions d'articles crits en anglais et en
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