La course dorientation à lécole,un moyen dévaluation et dévolution des stéréotypes de genre...
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La course d’orientation à l’école,un moyen d’évaluation et d’évolution des stéréotypes de genre
ColloqueFemmes et hommes en MontagneAu – delà des différences29,30 Mai 2008
Fabienne GillonnierPRAG d’EPSUniversité de Savoie STAPS
ERT-GEC puis UMR ADEF
Les normes du genre, la course d’orientation, les contenus d’enseignement en
EPS«Durant leur éducation, les élèves
intériorisent des normes socioculturelles, qui structurent leur comportement, leur attitude, leur valeur et leur représentation »
« Construites et variables selon les époques elles définissent la masculinité et la féminité et pérennisent un rapport de pouvoir au profit de la domination du masculin sur le féminin »
C.Ottogalli, Dossier EPS N°67
Les conduites Observées
des élèves en EPS
Pratique sociale de référence
Rappeler l’affirmation institutionnelle, « d’une volonté d’égalité entre les sexes » et de« promouvoir une éducation fondée sur le respect mutuel des deux sexes » Convention interministérielle de 2000.
Contenus d’enseignement
en EPS
Le plan de l’exposé
1- la course d’orientation et la norme de genre, un paradoxe du genre.
- Les pratiques d’orientation véhiculent-elles des stéréotypes de genre?- Là où l’histoire nous renseigne sur l’ébranlement progressif de l’ordre
du genre.-Aujourd’hui, la course d’orientation d’un drôle de genre.
2- Le recueil des données, les conduites typiques des élèves et le genre.Comment croiser des conduites d’élèves et les problématiques du
genre?Quelles données à recueillir, quelles conclusions en tirer?
3- La démarche proposéeL’analyse du genre dans la conduite typique des élèves permet des
contenus d’enseignement d’un nouveau « genre ».
A l’école,la course d’orientation,est peu connotée à l’aune du genre, c’est une pratique dite «mixte »(Dossier DEP
2007-Image du sport scolaire et pratiques d’enseignement).
Les groupements d’élèves souvent sont affinitaires (Bordes- Revue EPS)
L’enseignant se concentre sur l’aspect sécuritaire et de contrôle.
-«ne pas perdre les élève » et « contrôler leur passage aux balises
(observation sur le terrain)
Randonnée pour les filles, cueillette, exploration pour les garçons
Définition de la course d’orientationLa course d’orientation est une
course individuelle contre la montre, en terrain varié généralement, sur un parcours matérialisé par des postes que le concurrent doit découvrir dans un ordre imposé à l’aide d’une carte. (définition fédérale)
Carte des Cheires d’AYDA
Explorationdes
espaces
Au moyen d’une carte
Quelles normes de genre véhiculent la pratique de la course d’orientation?
DORA,l’exploratrice
Des conduites exploratoires, porteuses de stéréotypes de genre. Les ancrages symboliques passent par des images, des personnages mythiques. Déjà, s’installe une coloration genrée des conduites d’exploration dans l’ imaginaire enfantin.
Indiana Jones, l’explorateur en play mobil
La lecture de carte, un savoir faire masculin. Les femmes ont de sérieux problèmes d’orientation et de
lecture de carte
Une réalité très présente…
Souvent , j’entends dire :« Je suis vraiment nulle en orientation »« je vais me perdre », « c’est l’angoisse de partir seule »
Des injonctionsparentalesprécoces
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1-2 L’histoire d’un paradoxe:
Là où l’histoire nous renseigne sur l’ébranlement progressif de l’ordre du genre. Quelques exemples…
1-2 Aujourd’hui assez neutre, la course d’orientation s’inscrit, dans l’histoire d’une conquête par les femmes d’un espace qui préserve et construit
l’hégémonie masculine.
Une expérience masculine
Une pratique transgressive aux
assignations genrées
Un durcissement du stéréotype
de genre
Une pratiqueinnovante dans les rapports
au norme du genre
Le temps de « l’orientation exploratoire et de conquête ou de défense du territoire »Sociétés topographiques 1870-1880
Le mouvement des Guides de France(1936)Le touring club de France
Les « Raiders scouts » (1953)
Le cross orientationCréation de la FFCO1970
• Les femmes accèdent aux pratiques d’orientation grâce au mouvement des guides de France
• Badge de « topographie » et de « guide » en 1936.)
«Le chanoine Cornette rappelle dans son discours que « le scout est fait pour l’extérieur, la guide pour l’intérieur »
Les guides France (janvier 1939),P.12
Pratique de la course d’orientation en Suéde en 1953
La pratique est directement importée des pays scandinaves dans lesquels la pratique féminine est plus présente.
1-3 Aujourd’hui, une pratique sociale de
référence, un curieux mélange des genres
1-Espace publicConquête de territoireOrientation spatiale
2-CompétitivitéPuissanceperfomanceCourage
4-Ligne droite
3-Demande pour des pratiques de performances physiques de forces, vitesse, prise de risque (APPN)Énergie
1-Espace privé, espace du foyer
2-Écoute DouceurEmpathieEntraide
4- La courbeVerbalisation
3-Demande forte vers des pratiques physiques d’entretien et d’esthétisation
Masculin Féminin
Spectre du genre, un continuum
Espaces de
pratique
Des espaces de pratique -la végétation-Le relief- la nature des sols
Du masculin
féminin
-Espaces boisés et avec du relief et des pierriers de la végétation basse inconnus et difficilement pénétrables-zones de friches,-Terrains semis ouverts avec la visibilité et présence de l’homme - prairies-Centre ville (CityO),-Stades -Parcs-Cours de l’école-Gymnase-Espaces clos et connusAbandons des « féminines » sur des courses
Espace plus accessibles
Course au score en ville,La vieille ville de Nice
Forêt Suédoise, des paysages boisés et marécageux Du masculin
Nature de l’épreuve +masculin +féminin
Des motifs
Raid OBIWAK
Marche, promenadeContemplation de la nature Ensemble, à l’écoute
Course contre la montre, performance,classement
1-3 Les enjeux de cette étude.Pourquoi la notion de genre permet-elle de nourrir mon activité professionnelle de formatrice?
-Outil exploratoire qui permet de dépasser le clivage filles /garçons.
-Penser la construction et la réalité
identitaire sexuée des élèves dans les contenus d’enseignement proposés.
-Questionner la mixité dans la perspective de l’égalité des sexes à l’école.
2- Le recueil des données sur le terrainConstat, les publics,les modes d’investigation,
et synthèse des données.
2-1ConstatUn recueil de données est compliqué car:1- La motricité directement observable (course,marche,
arrêt pour la lecture de carte, habileté à franchir les obstacles) renseigne sur un seul aspect de la conduite motrice.
2- L’activité cognitive de décodage des symboles, encodage des éléments perçus, stratégie de l’itinéraire ne sont pas directement observables et déductibles du rapport par exemple entre le temps de course et le temps de marche.
3-Les élèves disparaissent du champ visuel de l’enseignant. Et un seul binôme peut être observé à la fois pendant la durée de la séance si l’on souhaite observer les interactions sociales.
Les observations réalisées sont de nature exploratoire. Des séquences vidéo ont été réalisé sur
2-2 Croiser les normes du genre et les conduites typiques des élèves observés
pendant la course d’orientation
Peut-on affirmer que la lecture de carte est genrée?
Peut-on affirmer que les choix d’itinéraire sont inhérents au genre?
Les filles se perdent –elles plus que les garçons en course d’orientation ?
Les filles ont-elles plus peur que les garçons?
2-3 Les publics observéset les modes d’investigation
Classes de l’école primaire:- CP et CE1 (6 séances)- CM1 (6 séances)- CM2 (6 séances)
Classes de collège:3ème (4 séances)
Classe de lycée:- terminale S (4séances et- évaluation de fin de cycle)- terminale STG (4 séances)
Étudiants STAPS
1-Les dessins, les topos, la narration par écrit de l’itinéraire. 2-La description oral del’itinéraire réalisé.
3-Observation filmée et directe des déplacements des élèves
3-Interview sur la motivation
1- Des relevés topographiques et des narrations du chemin à
réaliserAfin d’identifier:- Ce qui est perçu de la réalité et ce
qu’il est possible de représenter de la réalité.
1- A partir d’une photo aérienne2- A partir du chemin à réaliser pour
aller jusqu’à la balise
Dessin d’Adrien (CP) de l’école à partir d’une vue aérienne
Terrain de foot
Photo aérienne de groupe scolairede Grésy sur AIx
Dessin d’Auriane(CP) de l’école à partir d’une vue aérienne
Dessin De lucie(CP) de l’école à partir d’une vue aérienne
Etudes de Galéa et Kimura, 1993;« Sex diferences in route learning », Pers Ind.diff,
N°14, PP.53-6
Des différences entre les garçons et les filles?
- Les écoliers garçons établissent une représentation de la réalité d’une façon plus précise que les filles. Les filles font des erreurs de localisation plus sérieuses.
- Les garçons insistent sur les routes et les parcours , les filles sur des repères spécifiques (boutiques).
2-Faire verbaliser l’itinéraire réalisé
Afin d’identifier :- Quels sont les
symboles de la carte connus et utilisés?
- Comment les élèves organisent-ils leur déplacement et pourquoi?
3-Observer les élèves pendant leur déplacement
Afin d’identifier:- La motricité
engagée(marche ou course, franchissement des obstacles).
- La fréquence des arrêts
- Les regroupements. - La nature des échanges
entre les élèves (entraide, verbalisation, comparaison)
4-Questionner les élèves Afin d’identifier:- Leur motivation
pour l’activité« On sort du
lycée », « c’est un sport de vieux, c’est pas fun », « j’aime pas quand c’est glissant et boueux » « on se défoule »
2-3 Synthèse des observations
L’espace d’évolution est un catalyseur . C’est un curseur qui renforce ou minimise l’expression d’une conduite genrée.
Production de réponses aux polarités masculines ou féminines dans un milieu naturel
L’habileté à lire la carte n’est ni masculine , ni féminine (passage du symbole au réel), les choix d’itinéraire et les motricités produites, le deviennent dans un espace dit plus « masculin »Ce qui est renforcé en fonction des origines sociales des élèves
Plaisir à :-Sauter au dessus des obstacles.-Traverser la boue, les ronces, course dans les éboulis.-Se déplacer seul dans la nature.
-A se perdre et se retrouver.
La motricité- engagement
Cherche à :-Contourner l’obstacle,passer dessous.-Eviter la boue, les éboulis.-Ne pas se salir.-Être accompagnée , de l’enseignant , d’une copine.- Peur de se perdre et de ne pas se retrouver.
Une organisation motrice, gestuelle de déplacement
+ les garçons
+les filles
Une stratégie d’orientation
Choix d’itinéraire- gestion de l’erreur
-Aller tout droit , sous le trait prendre la ligne la plus directe, couper à travers au risque de perdre le contact avec la carte « je taille »-Impulsif, cours vite et même lorsqu’il se perd. - « Mouiller le maillot ».- Ne pas renoncer, nier son erreur.
-Prendre des chemins pour assurer.-Revenir sur ses pas , « bétonner son déplacement ».-Assurer sa sécurité en faisant des détours.
HypothèsesUne relation à la nature différente , plus de «peur» de « se perdre » et d’appréhension pour les polarités féminines que pour les masculines. En conséquence, nous faisons l’hypothèse que:
-Les temporalités d’apprentissage sont différentes.Dans un cas il faut construire et agir , dans l’autre il faut agir puis construire.
-Les raisons d’apprendre sont différentes.Dans un cas il faut apprendre pour oser explorer , vaincre sa peur du être seule et de l’inconnu, des mauvaises rencontres…Dans l’autre cas, il faut apprendre pour se recaler lorsque l’on est perdu, accepter l’erreur et gérer son impulsivité
Des propositions au plus proche de la réalité pour :
1- Exposer tous les élèves à l’ensemble du spectre du féminin et du masculin inhérente à la pratique de la course d’orientation.
2- Proposer des contenus d’enseignements qui font des différences une richesse et non une pénalisation.
3- Poursuivre le processus d’égalité entre les hommes et les femmes , et contribuer à la prise en compte de l’altérité.
3-1 Deux axes forts, faire cohabiter des
expériences …
Oser s’orienter seul par l’acquisition de compétences, oser diriger le groupe.
-Oser être ensemble à l’écoute pour acquérir des connaissances.
Accepter de se perdre et de se retrouver
Mieux se retrouver, se recaler en acceptant de s’être perdu.
Pour les masculins Pour les féminins
3-2 La démarche- Les variables didactiques au service des différences …
Gestion de l’espace:Alterner les espaces de pratiques ( du gymnase à la forêt, et de la forêt à la ville)
Conception du groupe:Alterner les rôles sociaux , être guide et se faire guider par une fille, par un garçon.
Gestion de la nature de l’épreuve:Alterner des épreuves avec peu de charge émotionnelle communes d’apprentissage , des épreuves chargées d’émotion ,en rupture avec le quotidien, plus compétitives.
Diversifier les modes de traduction de la réalité en engageant des mémoires visuelles et auditives ( verbalisation, dessin)
Pour conclure sur les contenus d’enseignement en EPS.
Grâce au jeu des transparences, j’ai pu envisager une autre lisibilité des conduites typiques des élèves en course d’orientation.
Si construction identitaire est un véritable enjeux de formation alors impliquer les élèves dans un déplacement seul dans un espace inconnu, naturel c’est:
- pour les féminines, sortir d’une incapacité dite « biologique » à lire la carte et s’éprouver dans le plaisir de l’exploration.
- pour les masculins, pouvoir assumer pleinement leur rôle mais aussi construire d’autres chemins dans la relation à la féminité. La leur et celle des autres. (contemplation, écoute)
Pour conclure
La course d’orientation est un savoir prometteur d’une plus grande « liberté » au sens d’affranchissement, individuelle, car elle engage l’acquisition d’un « savoir s’orienter » dans son quotidien.
La course d’orientation, est un moyen d’évolution des stéréotypes de genre si les contenus proposés en EPS prennent en compte dans le projet de formation la construction de l’identité sexuée des élèves.
Enfin dans une démarche plus globale, la course d’orientation peut faciliter l’accès à un espace plus sensible, d’un corps cette fois inscrit dans l’évocation artistique. Partir de la narration d’un déplacement réel dans la nature, chargé d’émotions et de sensations pour aller vers une évocation symbolique forte.
Merci à Cécile,à Daniel aux collègues d’EPS.
Annexes
3-2 Les étapes
Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3
Compétences à construire
-Conduire le groupe entre deux éléments remarquables sur un cheminement de niveau 1.
- Réaliser un circuit de 3 balises seul en un temps limité
-Faire réaliser un circuit à un camarade en expliquant verbalement le chemin pour s’y rendre.
- Réaliser un circuit de 3 balises de niveau 2
-Organiser un déplacement collectif lors d’une randonnée en milieu inconnu.
- Réaliser un circuit de 4 balises avec un contrat
Espaces de pratique
Stade et école
Espace naturel boisé
Critères d’observation
Élèves de l’école primaire
Élèves de collège
Élèvesdu lycée
Étudiants STAPS
Description de l’itinéraire réalisé
Temps de cours/tps de marcheMotricité de franchissement
Entraide et relation dans les binômes
Représentation de la réalité
Publicité pour l’achat d’une boussole