La compagnie de la Vieille Dame

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VOISINS, ADVERSAIRES, AMIS

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réalisé après l'entretien avec Jean-Paul Confais

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voisins,adversaires,

amis

La Compagnie de La vieiLLe dame

La troupe est relativement ancienne. A l’origine de la créa-tion, on retrouve un professeur à l’université du Mirail, ger-maniste, qui cherche à monter une compagnie pour réunir les étudiants autour de l’allemand. La première pièce jouée fut “La Visite de la vieille dame” de l’autrichien Dürrenmatt. C’était une interprétation libre et modernisée, avec un as-pect loufoque, on y voyait par exemple apparaitre un curé avec un révolver ! C’est ainsi que la troupe trouve un nom “La compagnie de la vieille dame”, faisant un clin d’oeil un peu prétentieux à la Comédie Française, dont c’est le sur-nom. En 1992, après une nouvelle affectation, Jean-Paul Confais, reprend le flambeau, et dirigera la compagnie pour plus de 10 ans.

C’est une troupe qui se vante d’être amateur, et qui évolue, se transforme, mouve sans cesse, au gré des rentrées sco-laires.Deux pièces sont jouées par an, fin avril ou début mai, et les comédiens sont accueillis en septembre, il faut former ces étudiants français germanophones, allemands franco-phones, bilingues ou Erasmus, qui n’ont pas de pratique du théâtre.L’équipe qui encadre la troupe, et qui elle, ne change que peu, déploie alors ses talents de pédagogue pour travailler les voix, les placement, la chorégraphie, etc.

Une pièce classique du XVIII ou XIXe  est jouée au Goethe Institut chaque année, et si les textes sont retravaillés, adap-tés, modernisés, la langue elle ne change pas.Depuis plusieurs années, une chance a été offerte à la troupe, celle de participer à Universcènes, festival de théâtre universitaire en langues étrangères, qui grâce au surtitrage des pièces modernes jouées, réunit l’espagnol, l’allemand, l’anglais ou encore l’italien avec le français.

Profitant de relations avec la très ancienne université d’Inns-bruck, en Autriche, Jean-Paul Confais organisa par deux fois des représentations de pièces contemporaines là bas.Et si il regrette de n’avoir pu faire venir jouer la troupe de théâtre francophone autrichienne à Toulouse, il garde le souvenir fort des galères logistiques pour faire bouger une troupe de vingt personnes, et les décors et costumes faits mains et fragiles.

Ce projet concret qu’est cette compagnie a une toute pe-tite ampleur sur le plan matériel et financier, trop petit pour être subventionné, soumis à la débrouille, mais malgré tout, il continue, d’années en années, de renforcer les liens hu-mains, faisant naître parfois les vocations, propulsant des comédien(e)s dans de grands théâtres Allemands ou Vien-nois.

Aujourd’hui, avec la médiatisation forte des relations fran-co-allemandes, on pourrait croire que ce projet est soutenu, suivi, pourtant, même avec la proximité d’Airbus, la troupe peine à propager le théâtre allemand à Toulouse.Et pire encore, si cette initiative connaît des “descendants” à Lyon ou Nantes, ils sont tous témoins de la baisse du nombre d’élèves germanistes.Depuis les années 80 et les politiques étrangères orientées vers l’Amérique du sud, menées par Mitterand, l’espagnol prend le pas sur l’allemand, et le symbole de la poignée de main à Verdun entre Helmut Kohl et lui, n’aura pas suffit à sauver la langue allemande.Véritable parenthèse dans l’amitié franco allemande, le mandat de Mitterand marque la début d’une dégradation, non pas politique, mais culturelle des relations binationales.

Et on semble observer le même phénomène en Allemagne ou en Autriche : peu de lycées proposent aujourd’hui le français en LV1, et préfèrent, comme en France, ouvrir des classes plus tournées vers l’anglais, l’espagnol, ou les lan-gues orientales, qui sont à la mode.Les langues européennes sont donc délaissées, et même si des initiatives sont prises aujourd'hui, quel avenir peut avoir la Compagnie De La Vieille Dame si le nombre d'étudiants diminue, et si les subventions, locales, nationales ou euro-péennes, déjà rares, cessent en cette période de crise ?

FRANçois-XAViER JAMiNPiERRE TERRANCLEHUGo PETRACHi

- 2013 -