L & MANUSCRITS AUTOGRAPHES
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LETTRES & MANUSCRITS AUTOGRAPHES
Salle des ventes FavartMercredi 26 et jeudi 27 avril 2017
LETTRES & MANUSCRITS AUTOGRAPHES
Salle des ventes FavartMercredi 26 et jeudi 27 avril 2017
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Salle des ventes FavartMercredi 26 et jeudi 27 avril 2017
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exPert
Thierry BODIN, Les AutographesSyndicat Français des Experts Professionnels en Ćuvres dâArt
45, rue de lâAbbĂ© GrĂ©goire - 75006 ParisTĂ©l. : + 33 (0)1 45 48 25 31Fax : + 33 (0)1 45 48 92 [email protected]
AbréviationsL.A.S. ou P.A.S. : lettre ou piÚce autographe signée
L.S. ou P.S. : lettre ou piĂšce signĂ©e(texte dâune autre main ou dactylographiĂ©)
L.A. ou P.A. : lettre ou piÚce autographe non signée
DIVISION DU CATALOGUE
Mercredi 26 avril
Littérature Nos 1 à 247Beaux-Arts Nos 248 à 307
Jeudi 27 avril
Musique et spectacle Nos 308 Ă 401Sciences, techniques et voyages Nos 402 Ă 433Histoire Nos 434 Ă 602
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Lettres &
manuscrits
autographes
Mercredi 26 avril 2017 Ă 14 heures nos 1 Ă 307
Jeudi 27 avril 2017 Ă 14 heures nos 308 Ă 602
Vente aux enchĂšres publiques
Salle des ventes Favart 3, rue Favart 75002 Paris
expert : Thierry BODIN, Les Autographes
Syndicat Français des Experts Professionnels en Ćuvres dâArt 45, rue de lâAbbĂ© GrĂ©goire - 75006 Paris
TĂ©l. : + 33 (0)1 45 48 25 31 Fax : + 33 (0)1 45 48 92 67
responsable de la vente : Marc GUYOT
[email protected]âTĂ©l.â:â01â78â91â10â11
Exposition privĂ©e sur rendez-vous chez lâexpert
Expositions publiques Ă la salle des Ventes Favart Mardiâ25âavrilâdeâ10âhâĂ â18âhâ
Mercrediâ26âavrilâdeâ10âhâĂ â12âhâJeudiâ27âavrilâdeâ10âhâĂ â12âh
âTĂ©lĂ©phone pendant lâexposition :
01â53â40â77â10ââ
catalogue visible sur www.ader-paris.fr
enchérissez en direct sur
www.drouotlive.com
En 1re de couverture, est reproduit le lot 257En 4e de couverture, est reproduit le lot 324
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LittérAturE
1. Laure Permon, duchesse dâABRANTĂS (1784-1838) mĂ©morialiste ; veuve du gĂ©nĂ©ral Junot duc dâAbrantĂšs (1771-1813), elle fut la maĂźtresse de plusieurs Ă©crivains romantiques. L.A.S., Paris samedi 18 octobre [1834 ?] ; 4 pages in-8. 150/200 Son ami Hesse, Directeur gĂ©nĂ©ral de lâInstruction Publique Ă Darmstadt, est en visite Ă Paris pour quelques jours : « Il a vu Paris comme pouvait le voir un Ă©tranger entourĂ© dâamis comme je puis lâĂȘtre, qui se sont entremis de tout leur pouvoir pour lui faire emporter dans sa patrie un beau souvenir de notre patrie ». Elle voudrait aussi lui montrer la Manufacture de SĂšvres : « câest moi qui suis le directeur en chef des tournĂ©es savantes ». Son oubli « nâest pas pardonnable Ă une ayeule, qui nâest pas encore imbĂ©cille, et qui ne radote pas tout Ă fait », et elle prie son correspondant, qui est « Ă la fois un honneur Ă toutes les cours littĂ©raires, savantes et politiques », dâintervenir pour lui faciliter lâentrĂ©e Ă la Manufacture dimanche⊠On jOint une L.A.S. dâAnne Thoynard comtesse dâesparbĂšs (1805) ; une L.A.S. de Sophie de M. Ă la veuve de Bernardin de Saint-Pierre (1816 ?) ; et 4 L.A.S. dâHortense COrnu (1862-1874).
2. Marie-Madeleine de Vignerot, duchesse dâAIGUILLON (1604-1675) femme de lettres et salonniĂšre (Corneille lui dĂ©dia Le Cid), niĂšce et hĂ©ritiĂšre de Richelieu, qui acheta pour elle le duchĂ© dâAiguillon, dame dâatours de Marie de MĂ©dicis, elle se consacra aux Ćuvres charitables de Saint Vincent de Paul. L.A.S. « La duchesse dâAiguillon », Paris 17 dĂ©cembre 1649, [au cardinal de Mazarin] ; 2 pages in4, adresse à « Monsieur le Cardinal » avec cachets de cire rouge aux armes (brisĂ©s). 400/500 sOutien Ă Mazarin pendant la FrOnde. « Vous deves estre bien satisfait de la grace que Dieu vous a faite de reprendre une ville et de gaigner une bataille en quatre jours se sont deux services assez considerables et importans a lestat pour obliger ceux qui en souhaittent ardemment la grandeur comme moi et qui sont aussi attachĂ©s a vostre servise particulier que je la suis, a sâen rejouir avec vostre Eminence »... Elle en a Ă©prouvĂ© une joie incroyable, et espĂšre que la paix suivra cette victoire... Elle ajoute : « M. de sainte-Maure est arrivĂ© qui attant lefest des promesses de la Raine et de vostre Ece. Je la suplie dâen donner ordre Ă Mr le tellier et pour le restablissement du Sr de sCuderi dans le fort de Nostre Dame de la Garde Mr de brienne attant le commandement de vostre Eminence ». On jOint une P.S. par une autre niĂšce du Cardinal, Marie du Cambout-Coislin duchesse dâĂpernOn (1614-1691), 5 janvier 1671, concernant la succession de son mari Bernard de nogaret de la Valette, duc dâĂpernon, mort en 1661.
3. Jean Le Rond dâALEMBERT (1717-1783). L.A., [fin janvier ou dĂ©but fĂ©vrier 1751] Ă la marquise de CrĂ©qui ; 3 pages in-4, adresse. 1 500/2 000 trĂšs belle lettre littĂ©raire. Il la prĂ©vient de sa visite le soir, « câest bien le cas de dire quâil vaut mieux tard que jamais ». Il lui portera « mes deux Epitres, mais je vous prie que la seconde ne soit vĂŒe que de Mr lâambassadeur [de Malte, Louis-Gabriel de Froullay, oncle de la marquise], puisquâelle nâest pas publique, & que peut etre elle ne le sera jamais » [il sâagit probablement de lâĂ©pĂźtre dĂ©dicatoire au marquis Lomellini des recherches sur la prĂ©cession des Ă©quinoxes (1749), et, pour celle non publiĂ©e, de lâĂ©pĂźtre dĂ©dicatoire Ă lâEncyclopĂ©die]. Il a vu Ă lâopĂ©ra son grand ami lâabbĂ© de Canaye, « enfin revenu de Maroc et dâAlger [Canaye vivait avec sa jeune niĂšce Mme de Menilglaise, qui le tenait en esclavage], je luy donnay mon Eloge, et je lui en dis meme par cĆur la plus grande partie. Il mâen a paru fort content » [il sâagit de lâĂ©loge de lâabbĂ© terrasson, premier essai littĂ©raire de DâAlembert]. Quant Ă reMOnd de sainte-albine, il soupçonne la marquise dâĂȘtre lâauteur de cet ouvrage, que lâabbĂ© du resnel soupçonne dâĂȘtre de lâabbĂ© de Canaye. « Remond me repondit quâeffectivement il etoit en doute si cet ouvrage etoit de moy, parce quâil nây avoit pas reconnu ma maniere » ; et DâAlembert sâamuse Ă rappporter, avec force points de suspension, les propos embarrassĂ©s et bredouillants de Remond⊠« Je voudrois pouvoir vous rendre la conversation que lâabbĂ© de Canaye eut hier Ă lâacademie sur cet Eloge avec lâabbĂ© de Resnel. Mais câest une espece de Pantomime qui nâest pas du ressort du papier. LâabbĂ© Canaye pretend que lâabbĂ© du Resnel luy a dit ladessus en gestes, tout ce quâon peut dire de plus precis. Si vous voyĂ©s Remond, faites le accoucher, je vous prie. Il a grand besoin de sage femme, & il nâen scauroit rencontrer de meilleure »⊠Il ajoute en P.S. que trois prĂȘtres sont venus chez lui : « Ils mâont beaucoup parlĂ© du livre de buFFOn & de celuy du Pr de MOntesquieu, que la Sorbonne veut condamner. Il y a apparence que Montesquieu aura bien de la peine a sâen tirer, quoyquil remĂŒe ciel et terre pour cela ». [Il sâagit de lâHistoire naturelle de Buffon, dont les trois premiers volumes ont paru en septembre 1749, et que la Sorbonne renoncera finalement Ă poursuivre ; et de LâEsprit des lois de Montesquieu, paru en 1749, que la Sorbonne examine depuis aoĂ»t 1750.] Merci Ă Mme irĂšne Passeron de son aide prĂ©cieuse pour dater cette lettre et en Ă©claircir le contenu.
Jean Le Rond dâALEMBERT : voir aussi le n° 165.
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4. Jean ANOUILH (1910-1987). ManusCrit autographe, Le pĂątre, [vers 1930] ; 8 pages petit in-4 Ă©crites au dos de musiques imprimĂ©es (et un feuillet un peu effrangĂ© au dos dâun brouillon de lettre Ă Dalio). 400/500 sketCH publiCitaire pOur la sOCiĂ©tĂ© laitiĂšre MOnt blanC. [Anouilh est entrĂ© Ă la fin de 1929 Ă lâagence de publicitĂ© Ătienne Damour ; il dira que cet apprentissage lui a « tenu lieu dâĂ©tudes poĂ©tiques ».] Un couple se promĂšne dans les Alpes : lui prodigue des mots dâadmiration pour le paysage et pour lâamour, alors quâelle, essoufflĂ©e, manifeste plus dâintĂ©rĂȘt pour sa propre personne : « Crotte alors si il pleut on nâa pas de pĂ©pin »⊠Un chant leur parvient, puis entre « un gros monsieur » : « Je suis le pĂątre des montagnes / Jâaime lâair et la libertĂ© » ; ce personnage est accueilli avec lyrisme comme le « prĂȘtre des cimes » par le jeune homme, qui sâĂ©lance vers les sommets. Cependant le pĂątre ricane : il trouve lâautre « idiot », et entreprend de faire la cour Ă la femme⊠Il se prĂ©sente comme millionnaire, le cĂ©lĂšbre baryton Totor de lâOpĂ©ra, et il lâentraĂźne, faisant fi de ses scrupules : « Il a prĂ©fĂ©rĂ© Ă la tienne lâodeur des troupeaux ! »⊠Cependant il accepte de lui laisser un mot, et brandit une boĂźte de lait Mont Blanc, sur lequel il Ă©crit un message dâadieu et de conseil : « Pas besoin dâaller si haut [âŠ] pour avoir du bon lait ! »⊠On jOint un tapuscrit du sketch. Plus un ensemble de 19 tapuscrits de brefs scĂ©narios ou sketchs, la plupart datĂ©s de 1929.
5. Jean ANOUILH. ManusCrit autographe, Le Coup de Jarnac, drame, [vers 1930] ; 7 pages petit in-4 avec ratures et corrections au dos de musiques imprimĂ©es de films. 400/500 sketCH publiCitaire pOur le Gant perrin. [Ce sketch a valu Ă Anouilh une prime mensuelle de lâagence Damour, grĂące Ă laquelle il put sâacheter un phonographe et des disques de jazz.] La scĂšne sâouvre devant un chĂąteau, et met en scĂšne le baron de Jarnac, lâhabile duelliste du XVIe siĂšcle dont le nom reste associĂ© Ă un coup habile et imprĂ©vu, et son valet. « Crois-tu que ma dame nous entende Gardaine ? G. Il faudrait quâelle soit sourde monseigneur. J. Manant tu lâinsultes (il tire un poignard). G. Mais non monseigneur⊠Jâai employĂ© le conditionnel. J. ça va ça va. Nâessaie pas de me possĂ©der avec la grammaire »⊠Alors que le valet assure son maĂźtre que la dame connaĂźt son « coup », un Ă©cuyer arrive du chĂąteau pour offrir Ă Jarnac lâhospitalitĂ© du comte de cĂ©ans. La scĂšne 2 se passe dans lâoratoire de la comtesse. Celle-ci sait que Jarnac lâaime, et elle accepte dâaccompagner le baron « sur les remparts sur lâherbe tendre des talus »⊠Ils sortent, et le comte Ă©merge de sa cachette : « Enfer et cornes ! [âŠ] Il va lui faire le coup de Jarnac et je serais cocu sur mes propres remparts » Et dâappeler son Ă©cuyer : « mon gant que je le provoque ! »⊠La scĂšne 3, dans la cour du chĂąteau, voit le comte, furieux, arriver auprĂšs de Jarnac et son valet Gardaine : « ArrĂȘtez, Baron, vous mâavez dĂ©shonorĂ©. Voici mon gant je vous provoque. (Il lui jette son gant Ă la face). G. le ramasse. Regardez monseigneur câest un gant Perrin. J. Un gant Perrin ? Un superbe gant Perrin en peau. Je le garde ! »âŠ
6. Jean ANOUILH. ManusCrit autographe, Un speech, [vers 1930] ; 9 pages petit in-4 avec ratures et corrections au dos de musiques imprimées (derniÚre page un peu effrangée). 400/500
sketCH publiCitaire pOur la peuGeOt 201 (premiĂšre voiture française Ă ĂȘtre Ă©quipĂ©e de roues avant indĂ©pendantes). La scĂšne 1 montre Dick et John, « deux vieux gangsters » qui sâinsultent copieusement : « topinambour noir », « sale cornichon », « vieille carotte pourrie », etc. ; ils font allusion Ă un grand stock dâanisette. Dans la scĂšne 2, entre Dick « senor » (senior) et John son fils : le fils reproche au pĂšre dâavoir placĂ© toutes ses Ă©conomies dans lâanisette, et ils sâinsultent encore. Ă la derniĂšre scĂšne (non numĂ©rotĂ©e), alors que Dick commande du rhum par tĂ©lĂ©phone, John entre avec deux bĂ©quilles, la tĂȘte bandĂ©e, un bras en Ă©charpe, des croix de taffetas gommĂ©s sur la figure : « Tu ne sais plus tirer ? J. Si. D. Tu lâas suivi avec la grosse voiture ? J. Si. [âŠ] Sale vieille tomate crue tu ne pouvais pas me le dire quâil avait une 201 Peugeot ».
7. Jean ANOUILH. ManusCrit autographe, La Reddition de Tortosa, [vers 1930] ; 7 pages petit in-4 avec ratures et corrections, au dos de musiques imprimĂ©es. 400/500 sketCH publiCitaire pOur le Caviste niCOlas. La scĂšne se passe dans le palais des gouverneurs, assiĂ©gĂ©, sur fond de bruits de canon, entre le gouverneur et son confident, Gusman. Le gouverneur dĂ©clare, pour la postĂ©ritĂ© et lâopinion publique : « Je ne rendrais Tortosa quâavec mon Ăąme et mon Ăąme quâavec la derniĂšre cartouche »⊠Les messagers se succĂšdent, porteurs de mauvaises nouvelles... Le gouverneur est toujours aussi dĂ©terminĂ© : « Il nây a plus rien Ă manger quâimporte ! Nous pillerons des ossements. Nous mangerons
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des rats ! Tu le diras nâest-ce pas plus tard »⊠Un nouveau messager arrive, et peine Ă sortir ses mots : « Excellence⊠Le cĂŽte de Beaune⊠scin⊠scintillant⊠le chĂąteau Margaux⊠ve⊠ve⊠velouté⊠[âŠ] Tout⊠tout tout⊠rĂ©duit en miettes⊠Un obus est tombĂ© sur le dĂ©pĂŽt Nicolas ! Le G. Enfer ! (Il sâarrĂȘte pĂąle il sort une Ă©norme clef de sa poche, la donne Ă Gusman). Gusman. Va rendre la ville ». On jOint un tapuscrit, Sketch Nicolas. La reddition de radaga (3 p. in-fol., un peu dĂ©chirĂ©).
8. Jean ANOUILH. ManusCrit en partie autographe sur François desCaMps, [fĂ©vrier 1934] ; 22 pages et demie in-4 (dont 3 pages et demie entiĂšrement autographes) au dos de musiques imprimĂ©es. 200/250 HOMMaGe au bOxeur FrançOis desCaMps (1875-1934, entraĂźneur et manager du champion de boxe anglaise, Georges Carpentier). Les premiĂšres et derniĂšres pages sont entiĂšrement de la main dâAnouilh ; le reste est de la main de sa compagne Monelle valentin. « François Descamps, qui fut le bon gĂ©nie de Carpentier vient de mourir. Il y a-t-il encore des hommes capables de juger dâun coup dâĆil un garçon de 12 ans et de se donner Ă lui pour le mener jusquâoĂč il mena son illustre poulain ? »⊠Il a Ă©tĂ© le demander Ă Totor, un espoir il y a quatre ou cinq ans, avant son service militaire. « Il cognait Ă en Ă©branler les plus durs, les salles de sa banlieue le voyaient dĂ©jĂ champion, on avait Ă©tĂ© le montrer Ă Carpentier ; Ă peine sorti de lâarmĂ©e il fallait quâil sây mette, car tous les entraĂźneurs de la rĂ©gion voulaient avoir eu leur part Ă la formation de la future gloire. ça a durĂ© jusquâau point oĂč il sâest mis Ă trimer. Maintenant il ne peut plus rien faire. Mais [âŠ] des ricanements des jurons de Toto jâai appris comment un petit gars pauvre sây prend, quand il a la foi »⊠Monelle Valentin retranscrit les propos de Toto⊠Anouilh reprend la plume pour conclure : « Demain matin Ă lâusine, les copains fielleux et plats vont le gonfler â jusquâau moment oĂč le contremaĂźtre arrivera pour lui gueuler [âŠ] Ton contremaĂźtre â mĂȘme si lâon mange du foie de veau cru 4 fois par semaine mĂȘme si on a un pare-dents en caoutchouc â on ne le descend pas »âŠ
9. Jean ANOUILH. tapusCrit, La Sauvage, [1934 ?] ; in-4 de [2]-66-69-57 pages, dos toile noire, couv. papier fort rouge (manque à la couv. inf.). 120/150 preMier état, trÚs différent du texte définitif, de cette piÚce écrite en 1934 et créée au théùtre des Mathurins le 11 janvier 1938 par Georges et Ludmilla Pitoëff. Cette dactylographie (double carbone) présente de nOMbreuses et iMpOrtantes variantes ; elle est différente du dactylogramme recensé par Bernard Beugnot dans son édition du Théùtre dans a BibliothÚque de la Pléiade. Ainsi, le premier acte commence par une longue scÚne entre le Garçon et un client ivre, qui a disparu des versions ultérieures.
10. Jean ANOUILH. ManusCrit autographe, Le Bon Dieu, [vers 1935 ?] ; 18 pages et demie in-fol. sous chemise de la Librairie Joseph Gibert avec titre au crayon rouge. 1 000/1 200 petite piĂšCe inĂ©dite en un aCte, dont le protagoniste est Pierre, un mĂ©decin de lâAssistance publique. LâInspectrice lui amĂšne une jeune fille de 15 ans : « Celle-lĂ monsieur le docteur câest une salope pour ne pas dire pire. Nous autres parmi les inspectrices â on lâa surnommĂ©e âla traĂźneâ câest vous dire quâon avait nos raisons. P. la regarde regarde la fille il a un petit grognement. Comment tâappelles-tu. La fille le regarde bien en face et laissant peser ses mots. La traĂźne »⊠Mais Pierre ne se laisse pas impressionner ; il regarde le dossier de la pupille, et invite celle-ci Ă faire un tour dans le jardin, alors que lâinspectrice poursuit ses injures : « Jâen avais presque une admiration mais une admiration, Mr le docteur, de voir que je rĂ©ussissais pas Ă la faire pleurer »⊠Elle plaide pour « une bonne baffe », plutĂŽt que le mot gentil suggĂ©rĂ© par le mĂ©decin ; celui-ci fait reconduire lâinspectrice, et rappelle dans son cabinet la jeune fille. AprĂšs un petit jeu de scĂšne concernant le dossier administratif, il promeut la pupille monitrice de lâĂ©tablissement, avec tous les avantages liĂ©s Ă la fonction... Lâannonce de lâarrivĂ©e imminente de la duchesse bienfaitrice de lâĂ©tablissement permet une nouvelle illustration du calme du mĂ©decin directeur⊠On jOint un feuillet autographe dâĂ©bauches et rĂ©pliques, avec dessins au dos (chat, chien, poissons, fourchettes, une main, une jambe, etc.).
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11. Jean ANOUILH. 2 tapusCrits, nOtes autographes et ManusCrit autographe signĂ©, Le Voyageur sans bagage, [1936-1950]. 800/1 000 iMpOrtant enseMble sur la GenĂšse de Cette piĂšCe, crĂ©Ă©e le 17 fĂ©vrier 1937 au ThĂ©Ăątre des Mathurins par Georges PitoĂ«ff. * tapusCrit dâune preMiĂšre versiOn trĂšs diFFĂ©rente, intitulĂ©e Le tour est jouĂ© (titre biffĂ© avec le nouveau titre inscrit au crayon) (double carbone, [2]-82 pages in-4, dos toile noire, Ă©tiquette du stĂ©nographe A.B. Wyler). Il prĂ©sente quelques additions et corrections autographes. Outre dâimportantes variantes, cette version se dĂ©roule en un seul acte, et ne comprend pas les personnages du Petit Garçon et de MaĂźtre Pickwick ; notons encore que Gaston est ici appelĂ© Charles (et non Jacques). * tapusCrit du synOpsis, Le Voyageur sans bagage (20 pages in-4), en vue de lâadaptation cinĂ©matographique (rĂ©alisĂ©e par Anouilh lui-mĂȘme avec Pierre Fresnay dans le rĂŽle-titre, sortie en fĂ©vrier 1944). « Ă lâAsile du Pont-au-Bronc, le jeune et moderne Dr. Albert succĂšde au feu et dĂ©suet Dr. Bonfant, et sa Tante, la Duchesse Dupont-Dufort, trĂšs active, prend la direction gĂ©nĂ©rale des Ćuvres de lâĂtablissement. Un cas la passionne entre tous : celui de âGastOnâ, un amnĂ©siaque de guerre, soignĂ© Ă lâAsile depuis 18 ans, et auquel les soins les plus assidus nâont pu encore rendre la mĂ©moire. Les nombreuses familles ayant un disparu Ă la guerre se le disputent, soit par affection, soit par intĂ©rĂȘt »⊠* nOtes autOGrapHes (25 pages in-8 sur papier quadrillĂ© de carnet), pendant les rĂ©pĂ©titions de la reprise de la piĂšce le 1er avril 1944 au thĂ©Ăątre de la MichodiĂšre, avec Pierre Fresnay et Marguerite Deval : « Piano bien fort [âŠ]. 1er acte. Regard Marg. Deval. Costume Huspar. D le surnom dâun ami. Fresnay pas bouger. [âŠ] MD. On ne donnera pas un amnĂ©sique Ă un frotteur. MA. En vous perdant jâai tout effacĂ© â sans la regarder. Mde M. Regarder Valentine quand elle parle du banc [âŠ]. Il sâen va vite parce que Valentine le regarde [âŠ] Rideau Voyageur »⊠Etc. * ManusCrit autographe signĂ©, Le Voyageur sans bagage, pour le programme de la reprise de 1950 au thĂ©Ăątre Montparnasse (4 pages in-4, avec ratures et corrections), dans une premiĂšre version avec variantes. « AccusĂ© de toutes sortes de noirceurs Ă la reprise dâAntigone en quarante-cinq je dus dĂ©jĂ relire longuement la piĂšce, comme un bon Ă©lĂšve, pour me faire une idĂ©e sur elle et tĂącher de rĂ©pondre convenablement sur ce que jâavais voulu dire. Avant de donner le Voyageur Ă Marguerite jaMOis jâai fait le mĂȘme petit travail me demandant moi spectateur de 1950, si cela mâamusait encore de la voir jouer. Je me suis peut-ĂȘtre un peu imprudemment rĂ©pondu oui. Mais sans doute avais-je lâexcuse de la dĂ©couverte. En effet jâai pourtant Ă©tĂ© coupable dâune adaptation cinĂ©matographique du sujet et complice dâune reprise avec Pierre Frenay en 1944 Ă la MichodiĂšre, Le Voyageur sans bagage est une piĂšce que jâoublie toujours. [âŠ] Ă chaque lecture tous les cinq ou six ans jâentre dans cette piĂšce, comme Gaston, lâamnĂ©sique dans sa chambre »⊠Il parle de Michel vitOld qui va reprendre le personnage aprĂšs PitoĂ«ff et Fresnay⊠Etc.
12. Jean ANOUILH. Carnet autographe, 1938-[1939] ; carnet in-12 de 70 pages (le reste vierge, couv. cart., dos toile bleue. 1 800/2 000 prĂ©Cieux Carnet, vĂ©ritable jOurnal intiMe, auquel anOuilH COnFie ses « HOntes », des rĂ©FlexiOns sur lâĂ©rOtisMe et la prOstitutiOn, ses diFFiCultĂ©s aveC sa COMpaGne MOnelle valentin et leur Fille CatHerine, la Guerre, et sOn tHĂ©Ăątre. Le premier feuillet porte la date de « 1938 » ; prĂšs de la fin est inscrite celle du « 13 juillet » (1939). Nous ne pouvons en donner ici quâun aperçu. « Ce carnet je lâai achetĂ© un soir oĂč il pleuvait oĂč je me traĂźnais les pieds. Tristement â avec ces regards sur les femmes de
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pauvre clochard inacceptable qui me font honte⊠Je lâai achetĂ© pour Ă©crire mes hontes. Minutieusement en tout petits caractĂšres et en allant bien Ă la ligne â toutes mes hontes. Les hontes de cette pauvre bataille que je me livre depuis tant dâannĂ©es et dont je ne suis pas sĂ»r encore de sortir vainqueur. Câest presque toujours de la honte que sont nĂ©es nos meilleures choses â mais en attendant jâai mal, mal. Et Monelle a mal et nous en mourrons et je me tuerai sans doute un jour â ou bien elle »⊠Il Ă©voque quatre jours entre le Havre et les hĂŽtels de Saint-Lazare, ayant lâair dâun fou, et finissant Ă Montmartre entre collĂ©giens et soldats, « Ă regarder les cartes obscĂšnes dans un appareil », et Ă Ă©prouver du dĂ©goĂ»t et de la tendresse pour les pauvres petits⊠« Une suceuse⊠Une bonne petite suceuse. Ce mot de CĂ©line me hante. Câest vrai que les Françaises ont lâair de suceuses. Et soudain voilĂ que je ne vois plus les femmes que par la bouche. [âŠ] Câest ce cĂŽtĂ© soumise â servante â de la putain qui me la rend si attachante. â Je pense aux petites figurantes â Ă la fille que jâai connu Ă 13 ans en 1924 et qui essaie de sâaccrocher espĂ©rant â quâen Ă©change de quelque chose â je lui procurerai une figuration. Ah ce cĂŽtĂ© Ă©change ce cĂŽtĂ© monnaie du corps de la femme quelle joie ! (Vas-y vieux moraliste !) Quelle Ăąpre et puissante joie, partant la seule qui me donne des couilles et la force de tout vaincre. [âŠ] Ce qui serait drĂŽle câest que la chastetĂ© obligatoire par fidĂ©litĂ© ait fait de moi un vicieux â ou un maniaque »⊠La montĂ©e de la guerre lâinquiĂšte, avec « le pĂšre Hitler et le pĂšre Mussolini »⊠Ăcho dâune conversation avec vitraC : « La vie est Ă base dâĂ©rotisme : je sors je regarde immĂ©diatement dans la rue la 1re femme qui passe et je vais de femme en femme »⊠De nombreuses rĂ©flexions sur lâĂ©rotisme et la femme, et ses doutes sur lui-mĂȘme et sur lâhomme, si facile Ă dĂ©molir : « on tue dâabord les couilles et puis on sâaperçoit que son courage son gĂ©nie ne vivaient que de ces couilles »⊠Il relit ces pages avec effroi : « Câest effrayant ce qui est sorti de cette simple solitude de 3 jours. Que deviendrais-je seul »⊠Il sâinquiĂšte pour MOnelle : « je ne pourrais pas vivre avec en moi lâimage de Monelle dupĂ©e. [âŠ] Elle mâaime elle devrait savoir que je meurs »⊠ScĂšne Ă©mue Ă Erquy avec sa fille Catherine : « Câest drĂŽle que tout ce qui est notre humanitĂ© â notre noblesse humaine soit honte ou faiblesse. Catherine tout Ă lâheure tremblait de peur devant la mer, son petit menton clapotait â elle voulait avoir lâair de rester et quand je lâai prise contre moi son Ćil Ă©tait Ă©tonnĂ© presque et elle essayait de sourire quand mĂȘme comme une grande â et câest la premiĂšre fois que jâai senti quelque chose comme de lâamour pour elle »⊠Il cache ce carnet que Monelle dĂ©couvrira peut-ĂȘtre un jour : « mon petit moine jâai lâimpression que lorsque je serai mort et que tu trouveras ce carnet dans mes papiers et que tu le liras derriĂšre ta premiĂšre petite peine â naĂźtra une pitiĂ© pour moi et une nouvelle amitiĂ© au fond de ton cĆur. [âŠ] Tiens petit moine sur ce petit livre que tu ne verras peut-ĂȘtre jamais et oĂč il y a tant de choses contre toi je veux Ă©crire ce que je viens de penser : [âŠ] je pense quâon lâa prĂ©dit que tu mourrais noyĂ©e et je pense que je veux ĂȘtre sur le mĂȘme bateau que toi â et je pense soudain quâau moment de sombrer je te prendrai dans mes bras je te regarderai et je tâembrasserai en te disant moine je tâaime et je tâai aimĂ© et je suis plus fort que la mort en te regardant. Et ça aussi câest vrai â comme le reste de ce pauvre petit carnet »⊠On a songĂ© Ă le faire venir Ă Hollywood pour tourner Yâavait un prisonnier, mais câest un rĂȘve⊠« Je pense Ă LâHermine que je vais tĂącher de faire reprendre et au mot de Stendhal oĂč il dit il faut faire une belle noirceur une seule qui vous assure votre place et aprĂšs ĂȘtre propre. Il vaut beaucoup mieux tuer une bonne fois la duchesse que passer sa vie â poussĂ© par la mĂ©diocritĂ© â Ă une petite bassesse par jour. Acheter sa puretĂ© et le monde est ainsi fait quâelle sâachĂšte [âŠ]. En temps de guerre acheter dâabord sa vie coĂ»te que coĂ»te »⊠Dâautres rĂ©flexions sur la guerre « On en arrive presque Ă souhaiter la guerre qui donnerait lâoccasion de se servir dâune maniĂšre plus fruste de ses qualitĂ©s dâhomme. â En cas de guerre en cas de rupture, de mort il doit falloir savoir âentrer dans le drameâ. Et on doit entrer dans le drame, comme on entre dans tout autre chose. AprĂšs tout doit se simplifier et prendre, Ă lâintĂ©rieur dâune certaine horreur â des proportions humainement supportables »âŠ
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13. Jean ANOUILH. ManusCrit autographe, LâHomme de la nuit [Le Chevalier de la nuit, 1942] ; 179 pages in-4 avec ratures et corrections, certaines pages Ă©crites au dos de brouillons barrĂ©s. 5 000/6 000 ManusCrit COMplet du sCĂ©nariO aveC dialOGues du FilM Le ChevaLier de La nuit, film fantastique rĂ©alisĂ© par Robert darĂšne, avec RenĂ©e Saint-Cyr et Jean-Claude Pascal dans les principaux rĂŽles (sortie le 5 fĂ©vrier 1954). Le manuscrit porte le titre primitif : Le Secret du chevalier de SĂ©gur, biffĂ© au crayon et remplacĂ© par celui de « LâHomme de la nuit ». Le drame est celui de Mlle Bella Fontanges, danseuse de lâOpĂ©ra, et son amant le chevalier de SĂ©gur. Il sâouvre le soir, dans une auberge : Bella rompt avec le chevalier, et sâenfuit, mais sa voiture verse, le chevalier la rattrape, et alors quâun orage fait rage, ils cherchent asile dans un chĂąteau dont le vieux maĂźtre comprendra vite leur dĂ©saffection, et la manipulera. Câest le dĂ©but dâune sĂ©rie dâaventures qui se dĂ©noue par la rĂ©conciliation du couple. Le manuscrit, Ă lâencre bleue, est prĂ©sentĂ© sur deux colonnes : Ă gauche, le dĂ©coupage et les didascalies, Ă droite les dialogues. On relĂšve de nombreuses ratures et corrections, ainsi que des remaniements. On jOint 3 feuillets dactylographiĂ©s (copies carbones) correspondant au dĂ©but et Ă la fin du scĂ©nario, dans une version qui a Ă©voluĂ© par rapport au prĂ©sent manuscrit. Plus une facture du Studio de la Copie, 13 fĂ©vrier 1942, pour la copie en 8 exemplaires de LâHomme de la nuit.
14. Jean ANOUILH. L.A.S., [vers 1945 ?], et nOtes autographes avec CrOquis ; 10 pages in-4 (taches de peinture jaune Ă la derniĂšre page), et 5 pages petit in-4 au crayon bleu au dos de musiques imprimĂ©es. 800/1 000 prOjet inĂ©dit dâune piĂšCe sur don Juan. « Pour simplifier mettons que câest un âDon Juanâ et quâil sâagit du vrai. ça peut aussi sâappeler âLe Premier Pasâ. On fĂȘte le 1er anniversaire du mariage de Juan. Une maison de campagne, le soir en Espagne. Pendant cette annĂ©e Elvire a Ă©tĂ© parfaitement heureuse, sans lâombre dâun doute. Le commandeur estime Juan. Le dernier des valets que nous surprenons tournant la broche parle de lui avec vĂ©nĂ©ration »⊠Il est si doux et charmant quâon lâappelle « Jean-la-fille », mais lorsquâune bande de voleurs fait irruption parmi les convives, Juan se prend au jeu dâimiter son beau-frĂšre volontiers batailleur : il promĂšne un des voleurs « au bout de son canon, il est heureux, transfigurĂ©, il lui fait peur longtemps â puis lâabat »⊠AprĂšs cet incident, Juan comprend que sa douceur ne fut quâun « long mensonge »⊠« Il faut quâil parte. Il le dit Ă Elvire et sous le bon jeune homme quâelle avait prĂšs dâelle, elle regarde monter ce monstre »⊠Sâensuivent des « rencontres significatives » (dont la premiĂšre, avec son « double », se termine par un meurtre), mais le lien Ă Elvire le ramĂšne auprĂšs dâelle : « Le bien ne pardonne pas plus quâun vice. Sa part de Dieu le torture »⊠Par bontĂ©, Elvire le dĂ©tache dâelle, mais au moment oĂč il va repartir, « dĂ©livrĂ© », il sâen aperçoit, « sent la chaĂźne entre elle et lui quâil ne dĂ©liera jamais », et il la tue comme il a tuĂ© le voleur et son « double caricatural » : « « La mise en scĂšne soulignera la ressemblance des trois gestes.) Et en la tuant il sâest jetĂ© Dieu sur le dos et il ne sâen Ă©chappera plus »⊠Le drame se dĂ©noue par une damnation originale⊠nOtes de preMier jet au crayon bleu, probablement du dĂ©but des annĂ©es 1930, avec de nombreux dessins et croquis (principalement des tĂȘtes humaines ou fantastiques) : « Le PromĂ©thĂ©e/Don Juan (les forces humaines et mauvaises rĂ©voltĂ©es) â Le commandeur/Dieu â Doña Elvire â Sganarelle (le peuple lĂąche et dur et au fond Adrien et Bigre) [âŠ] Il cherche Dieu lâabsolu. [âŠ] Dieu et les hommes. PromĂ©thĂ©e va les rĂ©volter. Ils le suivent mais Dieu les reprend et chasse seul PromĂ©thĂ©e et ça finit pourtant par le chant dâamour de PromĂ©thĂ©e. Ange pleure de bonheur. [âŠ] Et si Sganarelle (bigre) avait quelque chose dans le ventre ? Au fond. Don Juan amoureux du commandeur »⊠On jOint un tapuscrit de Claude sylvian, Le ChĂątiment de Don Juan ou le Festin dâamour (33 p.).
15. Jean ANOUILH. pOrtrait avec dĂ©diCaCe autographe signĂ©e, dĂ©cembre 1946 ; 22,7 x 14,3 cm. 400/500 Portrait Ă la mine de plomb par Karl Werner skOGHOlM, signĂ© et datĂ© « 46 » par lâartiste sur la droite. Au-dessous, Anouilh a inscrit : « A Carle Werner Skogholm ce portrait qui ressemble Ă une photographie qui ne me ressemblait pas du tout Jean Anouilh DĂ©cembre 1946 ». On jOint la photographie dâAnouilh par Teddy piaz ayant servi de modĂšle au dessin (24 x 18 cm).
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16. Jean ANOUILH. tapusCrit avec COrreCtiOns autographes, Marie du Risquontout. ScĂ©nario et dialogues de Monelle Valentin et Jean Anouilh, [1946-1947] ; [1]-193 pages in-4 sous chemise cartonnĂ©e avec cachet encre travaux dactylographiques J.M. SalomĂ©, pince mĂ©tallique. 500/700 ScĂ©nario avec dialogues restĂ© inĂ©dit ; la CinĂ©mathĂšque française nâen conserve quâun synopsis (CN186-B120) ; le film nâa pas Ă©tĂ© tournĂ©. Monelle valentin (1915-1979, la premiĂšre compagne dâAnouilh) en a tirĂ© plus tard un roman (La Table ronde, 1955). Ce tapuscrit (double carbone) a servi de document de travail : nombreux passages biffĂ©s au crayon, minutage de scĂšnes, corrections et modifications de la main dâAnouilh (et dâune autre main), et un feuillet autographe de Monelle Valentin (brouillon dâune chanson) insĂ©rĂ©. Lâaction se passe dans un petit village du Nord, prĂšs de la frontiĂšre belge. Marie a menĂ© une vie dure et difficile, amassant une petite fortune dans la contrebande, empĂȘchant ses sĆurs de se marier ; elle vit seule dans sa grande maison, et se livre Ă la boisson ; dans son grenier, elle a fait empailler son cheval CĂ©sar, son seul amourâŠ
17. Jean ANOUILH. ManusCrit autographe, Les MystĂšres du thĂ©Ăątre, [vers 1947-1948] ; 48 pages in-4 avec ratures et corrections, Ă©crites au seul recto (petits dĂ©fauts aux premier et dernier feuillets). 1 500/1 800 ManusCrit COMplet dâune COnFĂ©renCe sur le tHĂ©Ăątre, la premiĂšre donnĂ©e par Anouilh, devant un auditoire suisse, et qui semble inĂ©dite. « Vous Ă©coutez ici une humble confĂ©rence [âŠ] il y a dans le thĂ©Ăątre, dans cet usage abusif de la personne humaine que Dieu nâavait probablement pas prĂ©vu, une trĂšs grave et trĂšs mystĂ©rieuse invention des hommes »⊠Renonçant Ă parler des comĂ©diens, ces « Ă©tranges animaux » dont il Ă©voque seulement lâĂ©volution sociale, il retrace lâhistoire du thĂ©Ăątre, nĂ© dâune cĂ©rĂ©monie religieuse, « dâune priĂšre » : « au dĂ©but le thĂ©Ăątre a Ă©tĂ© le verbe presque exclusivement. La puissance incantatoire du verbe. Puis par la suite, il a Ă©tĂ© le drame, de drama, lâaction [âŠ] Le verbe câest le poĂšme câest le chĆur avant Thespis ; lâaction seule câest la pantomime, câest la danse de vierge de DĂ©los mimant la visite du dieu. Le thĂ©Ăątre est la synthĂšse mystĂ©rieuse de ces deux Ă©lĂ©ments en apparence contradictoires. Entre ces deux bornes est un royaume secret [âŠ]. Si le thĂ©Ăątre veut franchir dâun cĂŽtĂ© ou de lâautre la frontiĂšre mystĂ©rieuse, sâil ne veut plus ĂȘtre que verbe ou quâaction, un sort mystĂ©rieux le frappe dâĂȘtre hors de son vrai royaume il se dĂ©ssĂšche sâĂ©tiole et meurt â comme une plante sans son tuf, un homme sans sa patrie »⊠Il parle, bien entendu, des frontiĂšres du « grand thĂ©Ăątre » : celui des Grecs, des ĂlisabĂ©thains et des classiques français, maĂźtres ayant en commun la vĂ©ritĂ© des sentiments, le secret
du style, le secret de lâaction. Quant au style, le thĂ©Ăątre « a Ă©tĂ© Ă©crit. Le grand thĂ©Ăątre peut se lire. Il y a des points des virgules, des pĂ©riodes. Jamais aucun de ces grands auteurs nâest tombĂ© dans le travers contemporain, dans cet abĂźme de facilitĂ© oĂč est tombĂ© ce thĂ©Ăątre au 19e siĂšcle, pour essayer de faire plus vrai ». Il parle du « pouvoir incantatoire » qui distingue la phrase de thĂ©Ăątre de la simple phrase Ă©crite, de la phrase rythmĂ©e ou rimĂ©e sans rapport avec le langage articulĂ© courant, du miracle de telle scĂšne entre Hamlet et Polonius, oĂč ce nâest plus le langage dâhomme issu de la sincĂ©ritĂ©, mais « lâartifice qui Ă©tait vrai »⊠Pour lâaction, le problĂšme est le mĂȘme⊠Parlant de son lent apprentissage de ces mystĂšres, Anouilh assure : « le thĂ©Ăątre est une science trĂšs Ă©trange, oĂč il nây a ni professeurs, ni maĂźtres â ils sont tous morts ou bien incapables sâils vivent encore dâexpliquer leur secret. Il faut avancer et redĂ©couvrir tout, tout seul, avec seulement son instinct et des exemples »⊠Ayant Ă©laborĂ© son opposition au naturalisme (« ce que vous appelez la nature est dĂ©jĂ une convention »), il analyse Le Gendre de M. Poirier dâAugier, parle de la convention du jeu illustrĂ©e par Racine, MoliĂšre et Shakespeare, et enfin, de quelques mystĂšres de lâexĂ©cution de ses propres piĂšces : Antigone, qui prit soudain vie Ă la rĂ©pĂ©tition, provoquant « le silence sacrĂ© du thĂ©Ăątre ce silence qui se multiplie quand la salle est pleine il faut mille personnes qui se taisent pour faire ce vrai silence, plus Ă©pais que le vrai silence, ce silence mystĂ©rieux du thĂ©Ăątre on nâentendrait pas voler une mouche » ; Lâinvitation au chĂąteau, Ă©galement Ă©clairĂ©e par un incident lors des rĂ©pĂ©titions ; La Sauvage, dans sa reprise de 1945⊠Il parle aussi de la question de coupures dans le texte, et termine par « un petit mystĂšre plaisant », une anecdote sur la crĂ©ation de sa premiĂšre piĂšce, LâHermine (1932), lorsque Paulette pax eut un trou de mĂ©moire face Ă Pierre Fresnay, et lâauteur dut supplĂ©er au souffleur, « Ă©vanoui dans lâescalier son manuscrit Ă la main ». Mais Pax nâentendit pas le texte soufflĂ©, et fixant Fresnay, dit : « Je sais bien mon petit ami que vous mâallez mâassassiner au 3e acte. Mais ce nâest pas une raison pour ne pas sauver la situation ! â Je vous jure que câest textuel »⊠Fresnay « raccrocha » Ă la fin de la scĂšne, et lâacte eut beaucoup de succĂšs, quelques initiĂ©s seulement perçurent le petit flottement. LâinterprĂšte directrice lui dit ensuite : « Anouilh le thĂ©Ăątre est une chose inouĂŻe ! [âŠ] â Je lui rĂ©pondis : oui madame. Je ferai un jour une confĂ©rence lĂ -dessus »âŠ
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18. Jean ANOUILH. ManusCrit autographe, [Pattes blanches, 1948] ; 215 feuillets petit in-fol., paginĂ©s 1-215, avec quelques versos de brouillons abandonnĂ©s (quelques mouillures et traces de brĂ»lures de cigarettes, marge du 1er feuillet un peu rongĂ©e sans perte de texte). 8 000/10 000 iMpOrtant ManusCrit COMplet du sCĂ©nariO du FilM de jean GrĂ©MillOn, Pattes bLanChes. Ce film devait ĂȘtre rĂ©alisĂ© par Jean Anouilh, mais, tombĂ© malade quelques jours avant le tournage, il dut se rĂ©soudre Ă le confier Ă Jean GrĂ©MillOn (1901-1959). Le tournage eut lieu dans le petit port dâErquy, oĂč Anouilh possĂšde une maison. Le film, sorti en avril 1949, ne rencontra pas le succĂšs, malgrĂ© la force des dialogues de Jean Anouilh, la beautĂ© de la rĂ©alisation et des images de Jean GrĂ©millon, et les interprĂštes remarquables : Fernand Ledoux (Jock), Suzy Delair (Odette), Paul Bernard (Keriadec), Arlette Thomas (Mimi), et Michel Bouquet (Maurice ; il Ă©tait aussi lâinterprĂšte dâAnouilh Ă ce moment-lĂ au thĂ©Ăątre dans Lâinvitation au chĂąteau). Lâintrigue se passe dans un petit port breton : Jock Le Guen, riche mareyeur et tenancier du CafĂ© du Port, ramĂšne de Saint-Brieuc sa maĂźtresse, quâil installe dans son auberge, et qui va susciter les passions et amener la tragĂ©die. Odette est jeune et belle, elle aime sĂ©duire et jouer avec les hommes. Elle prend dans ses filets Julien de Keriadec, le chĂątelain ruinĂ© qui vit reclus, et dont les gamins se moquent en lâappelant « Pattes blanches », Ă cause des guĂȘtres quâil porte. Julien est poursuivi par la haine et le dĂ©sir de vengeance de son demi-frĂšre bĂątard, Maurice, quâil a humiliĂ© et rejetĂ©, et qui rĂ©ussit Ă faire dâOdette sa maĂźtresse. Mais, aspirant Ă une vie tranquille, Odette accepte dâĂ©pouser Jock, et le drame se noue le soir du mariage. Julien a tout vendu pour pouvoir partir avec Odette. Maurice fait dâelle lâinstrument de sa vengeance en lâobligeant Ă aller au chĂąteau dire Ă Julien quâelle ne lâaime pas ; elle obĂ©it et avoue Ă Julien quâen fait elle aime Maurice, puis elle sâenfuit dans la nuit, poursuivie par Julien, qui lâĂ©trangle et la prĂ©cipite du haut de la falaise. Jock et Maurice errent aussi dans la nuit, Ă la recherche dâOdette et ne la trouvent pas. Seule tĂ©moin de la scĂšne, Mimi, la petite servante bossue de lâauberge, unique figure positive de lâhistoire, qui aime M. de KĂ©riadec dâun amour pur, sincĂšre et dĂ©vouĂ©, sâaccuse du meurtre ; mais Julien, qui voulait mettre le feu Ă son chĂąteau, finira par se rendre Ă la justice, enfin sensible Ă lâabnĂ©gation de Mimi, Ă qui il donne le chĂąteau. Maurice sâest enfui ou a disparu ; Jock sâest pendu de dĂ©sespoir. Jean GrĂ©millon ne cache pas son estime pour le travail dâAnouilh : « Je suis particuliĂšrement sensible Ă la richesse, Ă la vigueur, Ă la cruautĂ© du dialogue de Jean Anouilh dont jâai la charge de faire un film. Jâessaye, pour ĂȘtre le plus fidĂšle illustrateur de lâhistoire de Pattes blanches, dâutiliser au mieux les ressources de lâĂ©criture cinĂ©matographique » Ă©crit-il. Un exemple de la violence des dialogues, que GrĂ©millon respecte mot Ă mot, lorsque Maurice se dĂ©chaine contre KĂ©riadec : « Ă genoux ! Ă genoux ! Comme moi ! Le jour oĂč tu mâas foutu dehors ! Et pardon ! Tout de suite ! Je le ferai plus ! Tu te rappelles ? Tous les mots, tous les mots que jâai dits tu vas me les redire. Un mois, un mois que je te lâenvoie dans ton lit pour ça, cochon ! » (p. 177).
...â/â...
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Le film est trĂšs proche du scĂ©nario, dont le dĂ©coupage a Ă©tĂ© respectĂ©, sauf quelques scĂšnes supprimĂ©es. Ainsi le texte dâAnouilh sâouvre et se clĂŽt sur la mort de Mimi, petite vieille ratatinĂ©e, seule dans le chĂąteau, et la suite se prĂ©sente comme un long flash-back ; GrĂ©millon nâen a pas tenu compte, et le film commence par lâarrivĂ©e nocturne dâOdette dans la camionnette de Jock, et se termine par le dĂ©part en calĂšche de M. de KĂ©riadec pour Saint-Brieuc, oĂč il va se livrer Ă la justice. Le rĂ©alisateur a aussi supprimĂ© une scĂšne oĂč lâon voit Maurice et sa mĂšre affronter Julien de KĂ©riadec, oĂč se dĂ©ploie toute leur haine (p. 49-52). Anouilh dĂ©crit une rencontre dans le train entre M. de KĂ©riadec et Jock qui lui fait ingĂ©nument ses confidences et lui avoue son amour pour Odette (p. 61-67). Au retour de sa premiĂšre visite au chĂąteau, oĂč Odette a suivi Mimi, les deux femmes font une promenade en barque, qui manque de mal se terminer : Mimi a-t-elle la tentation de pousser Odette Ă lâeau ? En tout cas, Odette a eu peur (p. 102-103). Dans le manuscrit dâAnouilh, Odette revient Ă la charge et se prĂ©sente au chĂąteau, mais Julien, qui est lĂ , nâouvre pas, et quand elle est partie, court dans les bois « comme une bĂȘte qui cherche » (p. 128-130). Deux scĂšnes montrent M. de KĂ©riadec aux abois, cherchant de lâargent auprĂšs dâun usurier puis de sa famille (p. 158-160). Dans une scĂšne cruelle, au bal du mariage, Jock veut faire danser Mimi qui se rebiffe violemment (pp.166-168). Le meurtre dâOdette est Ă©ludĂ© dans le scĂ©nario, qui montre le repĂȘchage du « cadavre dâOdette dans sa robe blanche » (p. 178), contrairement au film (sublime image du meurtre avec le voile blanc flottant dans le noir ; on apprend que le corps a Ă©tĂ© repĂȘchĂ©). Dans le scĂ©nario, Maurice, quâon ne revoit pas dans le film, retourne au chĂąteau et tente de tirer sur son demi-frĂšre, mais, trop lĂąche, il jette son fusil et sâenfuit dans la lande (p. 212-313). Anouilh montre enfin lâarrivĂ©e de KĂ©riadec dans le bureau du juge, qui a tout devinĂ© (p. 214), alors que le film sâachĂšve sur le dĂ©part de KĂ©riadec dans sa voiture Ă cheval. Le manuscrit est rĂ©digĂ© Ă lâencre bleue, sur deux colonnes, le scĂ©nario, lâaction, les plans et les didascalies Ă gauche, les dialogues sur la droite ; il est entiĂšrement de la main dâAnouilh [le gĂ©nĂ©rique indique Jean Bernard-Luc comme co-scĂ©nariste (probablement dans lâĂ©laboration du scĂ©nario avant son Ă©criture)]. Il prĂ©sente de nOMbreuses additiOns, ratures et COrreCtiOns, des passages entiĂšrement biffĂ©s ou rayĂ©s (souvent au verso de pages rĂ©utilisĂ©es), qui sont des scĂšnes prĂ©cĂ©demment travaillĂ©es, ou abandonnĂ©es, des annotations au crayon de papier ou au crayon rouge. Anouilh renonce Ă une scĂšne oĂč Odette explique Ă KĂ©riadec pourquoi elle ne peut quâĂ©pouser Jock (p. 132 v°) ; il ajoute au crayon, en marge de la page 204, la magnifique scĂšne oĂč Mimi rĂȘve quâelle danse aux bras de KĂ©riadec en robe de bal dans la grande salle du chĂąteau illuminĂ©e : « Pendant quâelle danse surimprimer sur elle, elle nâest plus bossue elle a la belle robe, elle est belle jeune parĂ©e de bijoux elle danse seule dans le grand salon, dĂ©barrassĂ© de sa paille et illuminĂ© de cent flambeaux, avec Keriadec souriant. Lâimage redevient la petite bossue qui tourne seule, Keriadec la regardant » Nous sommes dans lâunivers sombre et grinçant dâAnouilh, qui donne une vision trĂšs noire des mĂ©canismes et des enjeux de la sĂ©duction. Le dĂ©sir de possession amĂšne les protagonistes Ă la tragĂ©die ; les trois hommes qui errent dans la lande sont dominĂ©s par la passion, la frustration ou la vengeance, dans un contexte de lutte des classes, et tous les trois animĂ©s de pulsions de mort ; ils seront tous les trois perdants. MĂȘme la pure Mimi est soumise passagĂšrement Ă cette envie de tuer, mais elle, qui est laide et croit nâavoir droit Ă rien, gagnera, alors quâOdette, qui est belle, qui veut ĂȘtre heureuse Ă tout prix et croit avoir droit Ă tout, perdra la vie. Le scĂ©nario dâAnouilh est sublimĂ© par les images de GrĂ©millon, qui saura utiliser la beautĂ© des extĂ©rieurs et des paysages naturels, et donner une vision onirique des scĂšnes dâintĂ©rieur du chĂąteau. « Un diamant noir », dit justement Bertrand Tavernier. On jOint la brochure publicitaire illustrĂ©e du film, Ă©ditĂ©e par la production Majestic.
19. [Jean ANOUILH]. Jean-Denis MALCLĂS (1912-2002). Maquette originale signĂ©e pour Ă©pisode de la vie dâun auteur, [1948] ; gouache, signĂ©e en bas Ă droite, 31,5 x 46 cm (encadrĂ©e). 700/800 Maquette du dĂ©cor de cet impromptu crĂ©Ă© Ă la ComĂ©die des Champs-ĂlysĂ©es le 4 novembre 1948, en lever de rideau dâArdĂšle ou la Marguerite.
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20. Jean ANOUILH. La rĂ©pĂ©tition ou âlâAmour puniâ, comĂ©die en cinq actes, [1950] ; dactylogramme ronĂ©otĂ©, in-4 de 25-35-32-24-16 pages, brochĂ© sous couverture rouge. 150/200 IntĂ©ressant exeMplaire de travail de la piĂšce crĂ©Ă©e le 27 octobre 1950 au thĂ©Ăątre Marigny par la compagnie Renaud-Barrault. Il comporte de nOMbreuses nOtes autOGrapHes, probablement portĂ©es lors des rĂ©pĂ©titions, concernant le jeu des acteurs : « moins vite », « plus brillant », « plus de classe », « trop tĂŽt pincĂ©e », « trop pĂąle et orgueilleuse », « plus lĂ©ger plus sang bleu », etc. On relĂšve Ă©galement quelques passages biffĂ©s. On jOint un dactylogramme de MĂ©dĂ©e (48 p.), portant sur la couverture le nom de « Monelle Valentin » de la main dâAnouilh.
21. Jean ANOUILH. 7 volumes avec dĂ©diCaCes autographes signĂ©es (La Table Ronde, 1955-1984) ; in-8 brochĂ©s. 300/400 Bel ensemble de piĂšces dĂ©dicacĂ©es Ă son ami et collaborateur Roger lauran, directeur de scĂšne de la ComĂ©die des Champs-ĂlysĂ©es, la plupart en Ă©dition originale. Ornifle ou le courant dâair (1955) : « Pour Lauran toujours traitre toujours prĂ©sent toujours dĂ©vouĂ© toujours dans la lune et toujours prĂ©cis quand mĂȘme sans lâombre duquel les coulisses de thĂ©Ăątre seraient Ă©trangĂšres »⊠LâHurluberlu ou le rĂ©actionnaire amoureux (1959) : « Pour Lauran tireur dâĂ©lite »⊠La Grotte (1961) : « Pour Roger Lauran vieux compagnon de lutte (toujours armĂ© dâun pistolet) qui devait se rĂ©vĂ©ler curieusement un balayeur de gĂ©nie »⊠Cher Antoine ou lâamour ratĂ© (1969) : « Pour Roger Lauran qui a lâoreille fine⊠Et comme en musique câest la principale vertu de thĂ©Ăątre Son vieux compagnon de thĂ©Ăątre qui nâest pas sourd non plus »⊠(dĂ©dicacĂ© aussi par les actrices Françoise rOsay et Uta taeGer). Ne rĂ©veillez pas Madame⊠(1970) : « Pour Roger Lauran qui est toujours lĂ depuis toujours dĂ©fiant le temps semblable Ă lui-mĂȘme et qui se confond dans mes souvenirs avec la notion mĂȘme de thĂ©Ăątre »⊠Le ScĂ©nario (1976) : « un des rares crimes que nous nâavons pas perpĂ©trĂ© ensemble »⊠LĂ©ocadia (1984) : « Pour Roger Lauran vieux compagnon des guerres de lâEmpire »⊠On jOint les Fables illustrĂ©es par Jean-Denis MalclĂšs, avec envois a.s. Ă Lauran « pistolero et vieux compagnon fidĂšle » (La Table ronde, 1967, petit in-4, rel. toilĂ©e et ornĂ©e dâĂ©diteur).
22. Jean ANOUILH. Bitos ou Le DĂźner de tĂȘtes, [1956] ; dactylogramme ronĂ©otĂ©, in-4 de 68-71-41 pages, couvertures rouge brique avec le cachet de lâAgence gĂ©nĂ©rale de copies dramatiques et littĂ©raires CompĂšre, dos toile noire. 120/150 preMiĂšre versiOn de la piĂšce crĂ©Ă©e le 11 octobre 1956, portant le titre primitif (qui deviendra Pauvre BitosâŠ), avec un personnage supplĂ©mentaire : Octave/Marat. Cette premiĂšre version est inconnue de Bernard Beugnot dans son Ă©dition du thĂ©Ăątre dans la BibliothĂšque de la PlĂ©iade.
23. Jean ANOUILH. Carnet autographe de nOtes pour LâHurluberlu, [1959] ; bloc Steno Ă spirale mĂ©tallique, 95 pages in-8. 800/1 000 nOtes prises pendant les rĂ©pĂ©titiOns de LâhurLuberLu, ou Le rĂ©aCtionnaire amoureux, piĂšce en 4 actes crĂ©Ă©e Ă la ComĂ©die des Champs-ĂlysĂ©es le 5 fĂ©vrier 1959. Lâauteur y consigne, acte par acte, des mouvements ou fragments de rĂ©pliques de ses interprĂštes (Paul Meurisse « M » ou « Meurice », Marie Leduc, Marcel PĂ©rĂšs « Perez », Jean Claudio), ou des personnages (le GĂ©nĂ©ral, Sophie, MendigalĂšs, AglaĂ©, le CurĂ©), ainsi que des observations sur la position des personnages, les accessoires, le dĂ©bit des acteurs, etc. De nombreuses notes sont barrĂ©es, probablement pour indiquer quâil a fait part de ses critiques aux acteurs. « EntrĂ©e Sophie dans centre. â Mouvement. â CurĂ© Ce nom me dit quelque chose. [âŠ] Leduc Il ne sâagit pas de la France ! â et indigne â Mouvement Leduc â A. Faire le bouquet lenteur [âŠ] CurĂ© Trop lyrique â grand-mĂšre â Sophie tĂȘte en arriĂšre â Claudio plus net avec Perez [âŠ] Perez plus au fond â voir places [âŠ] M Beaucoup plus triste que 12 nov. [âŠ] CurĂ© â un peu de phare â texte lacunes [âŠ] entrĂ©e Pietri â M/ Pas bon jeu de scĂšne sortie des autres [âŠ] C pas jouer entre les rĂ©pliques â diffĂ©rence de ton â attaque », etc. La sĂ©quence suivante, concernant lâacte II, nâest pas biffĂ©e : « Plus dâironie avec Lebelluc â Lebelluc. Il est entreprenant ce garçon pas soupçon â M/ Le âah ! ah !â en sortant avec le docteur â Perez. Alors quoi des foutaises ! â AglĂ© : Passage sur le Bon Dieu â Petites rĂ©actions public pendant la lecture [âŠ] GĂ©nĂ©ral trop long â Meurice garder la fureur avec Marie Christine et Bise. IVe â Couper la rĂ©plique de Toto pas celle dâAglaĂ© »⊠Etc. Quelques lignes Ă propos dâun rendez-vous dâenregistrement au Studio BarclayâŠ
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24. [Jean ANOUILH]. Jean-Denis MALCLĂS (1912-2002). Maquette originale signĂ©e pour LâHurluberlu ou le rĂ©actionnaire amoureux, [1959] ; gouache, signĂ©e en bas Ă droite, 31,5 x 23,5 cm (encadrĂ©e). 300/400 Maquette de costume pour le GĂ©nĂ©ral, jouĂ© par Paul Meurisse, Ă la crĂ©ation de la piĂšce Ă la ComĂ©die des Champs-ĂlysĂ©es, le 5 fĂ©vrier 1959.
25. Jean ANOUILH. 4 volumes avec dĂ©diCaCes autographes signĂ©es (La Table Ronde, 1959-1974) ; 4 vol. in-8, cartonnages dâĂ©diteur illustrĂ©s par D.D. MalclĂšs (un peu dĂ©fraĂźchis, petits accidents aux jaquettes rhodoĂŻd). 150/200 Bel ensemble de « nougats » de son ThĂ©Ăątre dĂ©dicacĂ©s Ă son ami et collaborateur Roger lauran, directeur de scĂšne de la ComĂ©die des Champs-ĂlysĂ©es. PiĂšces grinçantes (1957) : « Pour Roger Lauran pistolero sa victime amicale et jamais atteinte »⊠PiĂšces noires (1970) : « Pour Roger Lauran un des rares survivants de la vieille garde impĂ©riale avec qui jâai fait toutes mes campagnes »⊠Nouvelles PiĂšces grinçantes (1970) : « Pour Roger Lauran vieux compagnon de route qui est devenu un peu ataxique dans cette piĂšce et avec qui jâai pourtant lâimpression dâavoir appris Ă marcher⊠il y a dĂ©jĂ bien longtemps »⊠PiĂšces baroques (1974) : « Pour Roger Lauran quâon appelle toujours qui rĂ©pond toujours oui du fond des coulisses et qui retrouve toujours au fond de son marchĂ© aux puces la dĂ©froque ou le vieux parapluie dĂ©sirĂ© »âŠ
26. Jean ANOUILH. ManusCrit et nOtes autographes sur tartuffe, [1960] ; 7 pages in-8. 400/500 Notes pour sa mise en scĂšne de tartuffe de MOliĂšre Ă la ComĂ©die des Champs-ĂlysĂ©es (5 novembre 1960), avec François PĂ©rier dans le rĂŽle-titre. Instructions pour les Ă©clairages ; notes pour les accessoires et la mise en scĂšne. Brouillon (incomplet) dâun texte pour le programme : « Le dix-septiĂšme siĂšcle, qui a laissĂ© dans nos yeux, une grande tache solaire, dont nous sommes encore Ă©blouis, fut en fait un siĂšcle noir et dur. [âŠ] Moi je pense que jâaurais interdit tartuffe. CâĂ©tait en effet dangereux en un siĂšcle oĂč la religion Ă©tait la base mĂȘme et la raison premiĂšre du pouvoir royal. [âŠ] Deux joyaux noirs brillent cependant dâun feu obscur, nous permettent de deviner la profondeur de cette nuit. Ils sont donc de lâauteur, de lâhomme qui sâĂ©tait donnĂ© pour tĂąche de faire rire ces grands fous. Ce sont Don Juan et tartuffe »⊠On jOint le n° de LâAvant-ScĂšne sur Tartuffe reprenant le texte dâAnouilh (15 novembre 1966).
27. Jean ANOUILH. Carnet autographe de nOtes pour Cher Antoine, [1969] ; 51 pages in-8 dâun bloc-carnet rhodia. 800/1 000 nOtes prises pendant les rĂ©pĂ©titiOns de Cher antoine, ou Lâamour ratĂ©, comĂ©die en 4 actes crĂ©Ă©e Ă la ComĂ©die des Champs-ĂlysĂ©es le 1er octobre 1969, dans une mise en scĂšne de Roland PiĂ©tri et Jean Anouilh. Lâauteur y consigne des observations ou remarques concernant les personnages (Cravatar, Marcellin, Estelle, Carlotta, AnĂ©mone, le consul de France), les interprĂštes (Claude Nicot, Hubert Deschamps, Pierre Bertin, Françoise Rosay, Ădith Scob, Roland PiĂ©tri), leurs mouvements et dĂ©placements sur scĂšne, plantations des dĂ©cors et accessoires (croquis), lâĂ©clairage, etc. « II * sur le notaire â * sortie salle Ă manger Car larme [...] FR Il faut que je marche au pas bloquĂ© â 1er acte tout est rĂ©ussi ma chĂšre »... « Ă©clairage. 1 Joseph a fait la lumiĂšre testament avant la scĂšne dâEstelle. 2 La desCente sur Marcelle sâest faite trop tard. [âŠ] Baisser montĂ©e en gĂ©nĂ©ral. niveau GĂ©nĂ©ral. â Au dĂ©but du IIe acte â trop de Bertin par rapport Ă Ozeray. â Les places â Les changements â RĂ©gler ballet valises â ScĂšne du IV danse »⊠« raCCOurCir Hymne allemand CHOrale sur sedan rĂ©duire ballet. les valises. CHOrale et sCĂšne aveC valises »⊠« Valise Estelle â Bertin Vive la foi â Valise qui reste au fond Ozeray »⊠« Samedi places Joseph, AnĂ©mone â Places Ozeray avalanche â Places Carlotta au III â Carlotta Place devant notaire Andromaque â raccord Bertin Nicot Deschamps Rosay â versailles distributiOn â Enregistrement bande son â le CHien Garder la bande plus bas »⊠Etc. On joint le n° de LâAvant-ScĂšne sur Cher Antoine (1er septembre 1970.
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28. Jean ANOUILH. tapusCrit, Le ThĂ©Ăątre ou La Vie comme elle est, [1970] ; 138 pages in-4. 150/200 preMiĂšre versiOn de ne rĂ©veiLLez Pas madameâŠ, avec le titre primitif et dâimportantes variantes.
29. Jean ANOUILH. Carnet autographe de nOtes pour Chers Zoiseaux, [1976] ; 56 pages in-8 dâun Carnet StĂ©no Ă spirale mĂ©tallique. 800/1 000 Carnet de nOtes prises pendant les rĂ©pĂ©titiOns de Chers zoiseaux, comĂ©die en 4 actes crĂ©Ă©e Ă la ComĂ©die des Champs-ĂlysĂ©es le 2 dĂ©cembre 1976, dans une mise en scĂšne de Jean Anouilh et Roland PiĂ©tri. Anouilh y consigne des observations, remarques ou idĂ©es concernant les interprĂštes (Jacques Castelot, Françoise Brion, Uta Taeger, Odile Mallet, HervĂ© Bellon, GĂ©rard DournelâŠ), ou les personnages (Duplessis Morlet, Lucie, le Chef, Fraulein Trude, MĂ©lusine Melita, Rosa, le Borgne, les Filles). Le carnet sâouvre par un projet de scĂ©nario dâune dizaine de pages Ă©crites, semble-t-il, dâun seul jet, oĂč figurent les personnages de La Chanson de roland : Roland, Aude, Charles (Charlemagne), et le lieu dâAix-la-Chapelle : « Ă la fin de la journĂ©e les Saxons sont une fois encore rĂ©duits Ă merci â en attendant la prochaine rĂ©volte. Leur chef Witiking, lâĂąme de la rĂ©sistance a rĂ©ussi Ă se sauver, dĂ©fiant Charles, qui voudrait composer avec lui, de jamais tuer lâĂąme de sa race. Le roi contemple le troupeau de vaincus, le marchĂ© quâil leur propose est simple. Ă ceux qui acceptent le baptĂȘme â il ne veut que leur apporter ses lois et son Dieu â la vie sauve, aux autres la mort. Les rangs se scindent suivant le choix fait par ces hommes rudes »⊠Etc. Suivent des notes prises pendant les rĂ©pĂ©titions de Chers Zoiseaux : observations sur les entrĂ©es et sorties, lâĂ©clairage, les jeux de scĂšne, pense-bĂȘte sur les accessoires, etc. « Chemise de nuit Utta â ridicule fin. â Odile ceinture pas son histoire. La dĂ©rision mĂ©chante de Duplessis. Attaque du 3. â Castelot â le ridicule agressif de lâhomme trompĂ© â sa superbe jusquâau bout. â rosa placer les effets de vacherie un par un »⊠« IIIe acte. ArrivĂ©e Archibert : Il faut me cacher. â IVe acte. 1 attente gĂ©nĂ©rale Archibert bouge. 2 Duplessis. Le chef y va. Le borgne [âŠ] 7 * PĂšre et fils (DĂ©trompe-toi) plus accusateur â petites coupures »⊠« texte HervĂ© Alors faisons-le nous aussi cher petit papa lâoccasion est unique. aCCusatiOn dure et CalMe »⊠On lit ensuite un rĂ©sumĂ© de la piĂšce (7 pages), signĂ© « Jean Anouilh », qui commence ainsi : « Dans une grande maison un peu dĂ©labrĂ©e, Ă la campagne pas loin de Paris un vieil homme qui a gagnĂ© sa vie et celle des dĂ©sordres de toute sa famille, en Ă©crivant des romans policiers â du sexe et du sang â sâest remis au travail »⊠Suit un hommage Ă paGnOl, dĂ©cĂ©dĂ© en 1974 (2 pages) : « Pagnol, câĂ©tait Marcel, et Marcel câĂ©tait lâaccent, lâĆil frisĂ©, la goguenardise, la tendresse un peu superficielle des grands lucides. CâĂ©tait aussi lâargent simplement gagnĂ©, avec cette naĂŻvetĂ© heureuse dâancien petit pauvre »⊠Et dâautres notes sur sa piĂšce⊠On jOint un autre carnet avec 3 pages de notes autogr. (le reste vierge), pour le minutage de la piĂšce : « 8h 58 on dira Ă maman plus prĂšs de Trude. Sortie des filles â Entre Fraulein 1 temps. 10h 52 Rosa ne pas fermer la porte [âŠ] 10h 15 enchaĂźnement Rosa ne pas Ă©couter »⊠Plus le n° de LâAvant-ScĂšne sur la piĂšce (15 dĂ©cembre 1977).
30. [Jean ANOUILH]. Photographies, noir et blanc. 120/150 Album toilĂ© de 10 photographies dâAntigone montĂ©e Ă Prague par Antonin Kurs (1946). Album reliĂ© de 13 photographies de LĂ©ocadia montĂ©e Ă GĂȘnes par Giulio Cesare Castello (dĂ©cors de Pier Luigi Pizzi, 1952, avec envoi et tract). SĂ©rie de 6 photographies par Schulmann du Bal des voleurs (?). SĂ©rie de 15 photographies de dessins de dĂ©cors (pour le film Le Chevalier de la nuit ?). Plus un programme du Voyageur sans bagage Ă Copenhague.
31. [Jean ANOUILH]. 27 livres dĂ©dicacĂ©s Ă Jean anOuilH ; volumes brochĂ©s (usagĂ©s, dĂ©fauts). 300/400 Paul Andreota, Attentat Ă la pudeur (1948). Paul Arnold, FrontiĂšres du thĂ©Ăątre (1946). Jean Bernard-Luc, Nuit des hommes, Salle des mariages (1949). Jean Berthet, Primes rimes (1941), Couleurs sans danger (1945), Joseph (1946), Vers de BohĂȘme (1949). Madeleine BĂ©rubet, Monsieur Sardony (1946, avec L.S. jointe). Paul Blanchart, Gaston Baty (1939), Le thĂ©Ăątre de H.r. Lenormand (1947). N. Bouron, Kalaat-Allah (1943). Pierre Boutang, La Maison du Dimanche (1947), Quand le furet sâendort (1948). AndrĂ© Charmel, La DĂ©faite de Don Juan (1938). Claudine Chonez, LĂ©on-Paul Fargue (1950). Maurice Clavel, Les incendiaires (1947). Georges Couturier, LâHonorable Mr Pepys (1946). Johan Daisne, La Charade de lâAvent (1943, amusant quatrain dâAnouilh joint). Luc Dietrich, LâApprentissage de la ville (1942). Drieu la Rochelle, Le Feu follet (1931, « Ă Jean Anouilh ce petit rĂ©cit triste qui nâa rien Ă faire avec sa jeunesse, Ă lui »âŠ). Henri Duvernois, Apprentissages (1933). Lucienne Favre, Mourad (1944). Jacques Fouquet, Porte de Montreuil (1947). Paul Haurigot, thĂ©Ăątre I et II (1943-1944). Henry Houssaye, Mort et transfiguration (1946, envoi Ă Anouilh et Monelle Valentin). Pamela Hansford Johnson, Lâinnommable Skipton (1964).
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32. [Jean ANOUILH]. 23 livres dĂ©dicacĂ©s Ă Jean anOuilH (2 Ă Monelle valentin) ; volumes brochĂ©s (usagĂ©s, dĂ©fauts). 300/350 Gabriel Laplane, rachel (1947). Jean-Marie Large, Femmes admirables admirables femmes (1949). FrĂ©dĂ©ric LefĂšvre, OrphĂ©e (1947). H.R. Lenormand, DĂ©serts (1944, envoi Ă Anouilh et Monelle Valentin), thĂ©Ăątre complet VII (1931, Ă Monelle Valentin). Marguerite Liberaki, Le Saint Prince (1964). LĂ©opold Marchand, Jâai tuĂ© (1929), La Vie est si courte (1938), Ă quoi penses-tu ? (1940), Balthazar (1946). Mathias Morhardt, Ă la rencontre de William Shakespeare (1938). Georges Neveux, thĂ©Ăątre I. Henri PollĂšs, LâAnge de chair (1934). Claude des Presles, Suite de danses (1947). Jean-Michel Renaitour, Le thĂ©Ăątre Ă Paris IV (1961). Pierre Schaeffer, tobie (1939). Philippe Soupault, Le Grand Homme (1947). Henri Troyat, Le Sac et la Cendre (1948), La Case de lâoncle Sam (1948). Paul Vialar, une ombre (1946), Le Bal des sauvages (1946), Le Petit Jour (1947), Le Bouc Ă©tourdi (1949, Ă Monelle Valentin). On jOint : Jean anOuilH, Lâinvitation au chĂąteau, illustrations par AndrĂ© Barsacq (La Table Ronde, 1948, dĂ©brochĂ©), avec envoi Ă sa fille : « A ma chĂšre Catherine qui veut absolument des dĂ©dicaces, comme les autres dames â en attendant les vraies invitations dans les vrais chĂąteaux pour bientĂŽt âpapillonâ dit Jean Anouilh ».
Jean ANOUILH : voir aussi le n° 343.
33. Marcel AYMĂ (1902-1967). ClĂ©rambard, piĂšce en 4 actes (Grasset, 1950) ; in-12, brochĂ©. 200/300 envOi autographe Ă Roger lauran, directeur de la scĂšne de la ComĂ©die des Champs-ĂlysĂ©es oĂč la piĂšce fut crĂ©Ă©e le 13 mars 1950 (il y jouait aussi le 2e Dragon) : « Ă Roger Lauran qui porte si gracieusement lâuniforme et le casque Ă criniĂšre en amical souvenir Marcel AymĂ© ». Sur la page de garde, dessin Ă la plume de Jean-Denis MalClĂšs (auteur des dĂ©cors et costumes, et de lâillustration de couv.) reprĂ©sentant « la Langouste », avec envoi : « Ă lâami Lauran lâamant⊠passager de la Langouste »⊠Lâexemplaire porte aussi des dĂ©dicaces et signatures des 15 acteurs de la piĂšce : Robert Lombard, Huguette Duflos, Jacques Dumesnil, Mona Goya, etc. On jOint 4 volumes de Marcel ayMĂ© (brochĂ©s, dos jaunis) avec envOis a.s. Ă Roger Lauran : La Jument verte (1944), Vogue la galĂšre (1944), Lucienne et le boucher (1947), En arriĂšre (1950). Plus le n° de Paris-ThĂ©Ăątre sur ClĂ©rambard (aoĂ»t 1954).
34. [Marcel AYMĂ]. Jean-Denis MALCLĂS (1912-2002). 3 Maquettes originales pour ClĂ©rambard, [1950] ; gouaches, environ 32 x 25 cm chaque, une encadrĂ©e. 700/800 Maquettes de costumes pour la piĂšce de Marcel ayMĂ©, ClĂ©rambard, crĂ©Ă©e Ă la ComĂ©die des Champs-ĂlysĂ©es le 13 mars 1950, dans une mise en scĂšne de Claude Sainval. « La Langouste » [jouĂ©e par Mona Goya], 2 gouaches, chacune la reprĂ©sentant dans deux tenues diffĂ©rentes avec une petite Ă©tude de coiffure, une signĂ©e et encadrĂ©e [exposition Marcel AymĂ©, B.H.V.P. 2002] ; lâautre non signĂ©e, avec au verso 3 petites esquisses de dĂ©cors, et 2 Ă©tudes de militaires. Ătudes pour la tĂȘte du comte Hector de ClĂ©rambard [Jacques Dumesnil], sur papier gris, signĂ© des initiales.
35. Pierre Simon BALLANCHE (1776-1847) Ă©crivain et philosophe, ami de Mme RĂ©camier. 2 L.A.S., Paris 1837-1840 ; 1 page in-8 chaque, une adresse. 200/300 Mercredi matin [26 avril 1837], au comte de FOrbin, qui a Ă©tĂ© souffrant, mais on dit quâil continue Ă faire de fort belles choses ; Mme rĂ©CaMier aussi a Ă©tĂ© fort souffrante : « elle lâest encore beaucoup. On lui prescrit le repos et le silence le plus absolus. Voici venir la belle saison ; il faut espĂ©rer que la santĂ© de madame RĂ©camier se rĂ©tablira, ainsi que la vĂŽtre, et que les communications pourront enfin reprendre comme par le passĂ© »⊠17 novembre 1840, [au duc de luynes] : « Jâai mille peines Ă trouver un local convenable pour quelques expĂ©riences trĂšs-importantes que jâaurais Ă faire. [âŠ] Il me faudrait un rez-de-chaussĂ©e dallĂ©, pas trĂšs grand, mais assez Ă©levĂ©. Les expĂ©riences que jâai Ă faire nâont aucun inconvĂ©nient, et ne prĂ©sentent aucun danger. Il sâagit dâune action sur lâeau, mais sans machine Ă vapeur. Le seul accident qui puisse se prĂ©senter câest de rĂ©pandre un peu dâeau »⊠Il
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demande si le duc aurait pareil local, dans les dĂ©pendances de lâhĂŽtel de Luynes, Ă mettre Ă sa disposition pour deux ou trois mois : « je serais trĂšs heureux de vous devoir ce service, qui serait, en mĂȘme temps, un service pour la science. [âŠ] je voudrais une salle fermĂ©e, parce que je serais obligĂ© dây placer mes appareils Ă mesure quâon les confectionne »âŠ
36. ThĂ©odore de BANVILLE (1823-1891). 5 L.A.S., 1859-1876 ; 6 pages in-8. 200/300 [DĂ©but 1859 ?], [Ă pOulet-Malassis] : « Si vous ĂȘtes Ă Paris sachez si les exemplaires [Esquisses parisiennes] ont Ă©tĂ© envoyĂ©s, si les deux en question ont Ă©tĂ© donnĂ©s Ă relier, si la mise en vente a Ă©tĂ© faite. [âŠ] je souffre et je mâinquiĂšte beaucoup. [...] Plus que jamais je voudrais savoir ce que jâai, car en Ă©tudiant ma maladie, il me semble bien quâon se trompe »...Bellevue 9 octobre 1859, au prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© des Gens de Lettres [Francis Wey], demandant un prĂȘt de 100 francs, pour remĂ©dier à « lâĂ©tat de gĂȘne oĂč me maintient mon interminable maladie [...] mes confrĂšres mâont donnĂ© assez de bienveillante sympathie pour que jâose compter encore une fois sur leur appui »... 20 aoĂ»t [1866, Ă ArsĂšne HOussaye] : il va bientĂŽt lui envoyer « un article sur quelques poĂštes : Brises dâOrient, MĂ©rat, Ch. Diguet »... Paris 23 aoĂ»t 1869, au poĂšte Ămile kuHn, dit jOb-lazare, faisant lâĂ©loge de ses recueils roses et Chardons et Les rafales, bien quâ« en vieux classique » il ait relevĂ© quelques incorrections de rimes... « Victor HuGO le maĂźtre des maĂźtres est celui quâil faut toujours consulter en fait de rimes ; Les Contemplations et La LĂ©gende des siĂšcles doivent ĂȘtre nos Ă©vangiles ! »... 16 mars 1876, rĂ©ponse Ă des condolĂ©ances aprĂšs le dĂ©cĂšs de sa mĂšre (6 mars) : « Ma douleur [...] est bien grande, car je dois tout sans exception Ă cette mĂšre adorĂ©e que jâespĂšre aimer et garder en moi toujours »...
37. ThĂ©odore de BANVILLE. pOĂšMe autographe signĂ©, La Plainte de Sapho, 17 mars 1872 ; 1 page et demie in-fol., avec quelques ratures et corrections. 250/300 beau pOĂšMe, non recueilli, en volume de 8 quatrains. « Entends encor pleurer ma lyre, Caverne sombre oĂč dort lâĂ©cho Et toi, que lâouragan dĂ©chire, Ă mer, entends gĂ©mir Sapho ! »... Ancienne collection Daniel siCkLes [XIX, 8130].
38. ThĂ©odore de BANVILLE. pOĂšMe autographe, Au docteur GĂ©rard Piogey, Lundi 22 mars 1875 ; 1 page in-fol. 250/300 Amusant sonnet Ă la gloire de son ami et mĂ©decin le cĂ©lĂšbre docteur piOGey, recueilli dans les rimes dorĂ©es des PoĂ©sies complĂštes (Charpentier, 1878). 7 vers ont Ă©tĂ© biffĂ©s au milieu du poĂšme : « Ă GĂ©rard, si mes vers sont dignes dâĂȘtre lus Par la postĂ©ritĂ© curieuse et ravie, Ton nom resplendira parmi ceux quâon envie, Toujours plus jeune aprĂšs les Ăąges rĂ©volus. [...] Sais-tu combien de fois tu mâas rendu la vie ? Moi, sans ĂȘtre oublieux, je ne mâen souviens plus »... [GĂ©rard piOGey Ă©tait le mĂ©decin de Banville et Charles Baudelaire. Ce dernier lui offrit un exemplaire sur chine des Paradis artificiels (Correspondance, Ă©d. Cl. Pichois, t. II, p. 56), et Sainte-Beuve dans une lettre Ă Baudelaire du 15 fĂ©v. 1866 le qualifie de « vĂ©ritable mĂ©decin dâhommes de lettres ». Banville lui Ă©crira une des ses Lettres chimĂ©riques (Charpentier, 1885), intitulĂ©e La MĂ©decine.] Ancienne collection Daniel siCkLes [XIX, 8134].
39. ThĂ©odore de BANVILLE. 3 L.A.S., Paris 1887-1890, Ă Philippe Gille ; 4 pages in-8, enveloppes. 150/200 belles lettres sur LâHerbier, recueil de poĂ©sies de Gille paru en 1887 chez Lemerre et rĂ©Ă©ditĂ© en 1890. 27 mai 1887 : « LâHerbier mâa tout Ă fait ravi, par la justesse, par la dĂ©licatesse, par la grĂące intense des sentiments, par la fraĂźcheur des images, et par une exĂ©cution trĂšs pure, exempte du charlatanisme de ses faciles violences. Ce poĂšte Ă©mu, discret, profondĂ©ment touchĂ© et ayant la douleur de la souffrance, je lâavais depuis bien longtemps devinĂ©, mĂȘme Ă travers les mers de lâopĂ©ra comique ! »... 5 novembre 1890, il a Ă©tĂ© content de relire ce recueil, augmentĂ© « de ces quelques poĂšmes dictĂ©s par un sentiment dĂ©licat et profond, jamais banal. [...] Votre volume, tout augmentĂ© quâil est, est encore mince comme ChĂ©rubin ; mais devient-il Falstaff, tout le monde sera content »... 9 novembre 1890, au sujet dâune faute typographique : « Ce nâest pas vous, artiste dĂ©licat, si exquis, si prĂ©cis, que jâaurais accusĂ© de cette pointe cruelle tombant sur le mot Brisant ! Ce sont lĂ des vĂ©tilles dont il faut prendre son parti » ; cela est mĂȘme arrivĂ© Ă HuGO : « Il y a dans La LĂ©gende des SiĂšcles de notre maĂźtre une faute qui fausse tout le sens dâune des plus belles phrases, et qui nâa jamais pu ĂȘtre corrigĂ© dans aucune Ă©dition ! »...
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40. Jules BARBEY DâAUREVILLY (1808-1889). 2 L.A.S., [1853-1854], Ă Armand dutaCq ; 2 pages in-8, la premiĂšre avec adresse. 500/600 sur sa COllabOratiOn au jOurnal Le Pays, et ses diffĂ©rends avec Joseph COHen, le rĂ©dacteur en chef. [Fin novembre 1853], aprĂšs son Ă©reintement de La Chine de Guillaume pautHier (Le Pays 20 novembre 1853) : « Je ne demande quâune occasion de reparler de M. Pauthier. Son grotesque amour-propre peut donner Ă un de mes articles quelque gaitĂ© et si Cohen insĂšre la rĂ©clamation, il insĂšrera aussi la rĂ©ponse. [...] je trouve honteux que le journal fasse des rĂ©clames Ă M. Pauthier »... [Novembre 1854]. Il demande de lui envoyer quelques volumes : « Nâoubliez pas [...] le M. de Cupidon et les figurines de M. MOnselet. Ajoutez-y LâHistoire de Constantinople par M. Mery, si elle est publiĂ©e. Vous voyez si je ne touche Ă rien de ce que COHen abhorre, et si je suis le garçon de mauvaise volontĂ© quâil sâest amusĂ© Ă vous faire de moi ! Rappelez-lui quâil mâa promis sa DĂ©mocratie athĂ©nienne et que tous les jours il vient chez moi un porteur de journal qui pourrait lây remettre avec le journal »... Il ajoute un « adieu, â triste, dĂ©couragĂ© â sur la derniĂšre marche de lâescalier du dĂ©couragement »âŠ
41. Jules BARBEY DâAUREVILLY. pOĂšMe autographe signĂ©, Ă mon ami M. Prosper Delamare, [1862] ; 1 page in-8 Ă lâencre rouge, contrecollĂ© sur une feuille dâalbum. 500/600 aMusant pOĂšMe Ă sOn aMi le pOĂšte prOsper delaMare. Une note prĂ©cise que ce poĂšme de 5 vers accompagnait lâenvoi de la critique sur Les MisĂ©rables de Victor HuGO : « Je ne vous offre pas ceci pour lâadmirer, mais pour quâĂ votre esprit mon souvenir sâamarre, et de lâaffreux oubli me gare ! Quand on est avec Delamare on ne veut jamais dĂ©marrer ! »⊠Au verso, poĂšme a.s. dâHector de saint-Maur, 28 dĂ©cembre 1862 : A mon ami Prosper Delamare.
42. Jules BARBEY DâAUREVILLY. L.A.S., mercredi 19 [octobre 1864], Ă un ami ; 1 page in-12. 150/200 ... Il demande de lui apporter dans la journĂ©e « la brochure de bĂ©CHard sur la DĂ©centralisation... [Du Projet de dĂ©centralisation administrativeâŠ] Date Lilia, date rosas ! » Il passera au CafĂ© dâOrsay pour lui serrer la main...
43. Jules BARBEY DâAUREVILLY. L.A.S., 29 juillet [1872] ; 1 page in-8 Ă sa devise Never More. 250/300 Il prĂ©pare un travail sur littrĂ©, et demande de lui envoyer « sa Philosophie positive. Si vous ne lâavez pas, quel en est lâĂ©diteur ? Dans tous les cas, envoyez moi [...] MĂ©decine & mĂ©decins »...
44. Jules BARBEY DâAUREVILLY. L.A.S., mercredi 10 [fĂ©vrier 1875 ?], à « Mon cher Artiste » [le peintre Gabriel leFĂ©bure] ; 1 page in-8 Ă lâencre rouge Ă sa devise Never More. 300/400 Sur son portrait. « Mon cher Artiste, Hier, jâai attendu mon portrait toute la journĂ©e, ainsi que vous me lâaviez promis. Je nâai rien vu venir, comme SĆur Anne. Le Mardi gras nâest pas un jour de portraits, mais de masques, et vous mâavez embelli ! »... Il le prie de lâexcuser de ne pouvoir dĂźner chez Mme LefĂ©bure : « Quand jâai acceptĂ© pour demain, je ne pensais pas Ă mon article du Constitutionnel, quâil faut que je dĂ©croche. Jâaimerais mieux accrocher mon portrait »...
45. Jules BARBEY DâAUREVILLY. L.A.S., vendredi [fin juin 1876], Ă Auguste-FĂ©lix azaMbre ; 1 page in-8 Ă lâencre violette Ă sa devise Never More. 250/300 AprĂšs le dĂ©cĂšs de son ami le critique et historien dâart ThĂ©ophile silvestre [20 juin 1876] : « La mort de Silvestre & son enterrement mâont rendu avant-hier & hier tout travail impossible. Or, câĂ©taient les jours consacrĂ©s Ă mon article. Je ne suis donc pas prĂȘt pour aujourdâhui ». Il se remet au travail et nâaura pas trop de retard. « Le coup a Ă©tĂ© cruel. Vous savez si je sais aimer mes amis. Souvenez-vous de dutaCq [beau-frĂšre dâAzambre] â jamais, jamais oubliĂ© ! »...
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46. Jules BARBEY DâAUREVILLY. L.A.S., Vendredi 5, Ă une dame [la comtesse de briGOde ?] ; 1 page in-8 Ă sa devise Never More. 200/250 Il nâa pu venir lui prĂ©senter son respect et lui dire quâil acceptait avec bonheur son invitation : « une souffrance aigue et subite me cloue chez moi, et me prive de lâhonneur de vous voir. AgrĂ©ez donc mes regrets, Madame. Je voudrais quâils fussent pour vous ce quâils sont pour moi »...
47. Jules BARBEY DâAUREVILLY. L.A.S., Paris 18 fĂ©vrier 1878 ; 1 page in-8 Ă lâencre rouge Ă sa devise Never More. 250/300 « Mettez-moi partout â pourvu que je sois avec vous et Ă cĂŽtĂ© de vous, je serai bien. [...] seulement envoyez-moi qq. numĂ©ros de votre journal, pour que, si jây Ă©cris, je sache comment mây prendre »... On jOint une enveloppe autographe aux encres violette et verte, Ă M. Louis Heulard « au Bibliophile » [avril 1879] avec cachet de cire rouge Ă ses armes au dos ; et une carte avec sa signature gravĂ©e en vert, soulignĂ©e avec le mot « reconnaissant » Ă lâencre dorĂ©e.
48. Maurice BARRĂS (1862-1923). 5 L.A.S., [1912-1922] ; 6 pages in-4 ou in-8, la plupart Ă en-tĂȘte Chambre des DĂ©putĂ©s, une enveloppe. 200/300 [1912], Ă son ami Francis [CHarMes ?]. Envoi de son « livre sur TolĂšde qui peut faire le pendant de La Mort de Venise [âŠ]. Câest la lente rĂ©alisation dâun plan que je me suis depuis longtemps vaguement fixĂ© [...]. Il est curieux que je ne mĂšne pas parallĂšlement deux littĂ©ratures et que jâaie pu prĂ©cipiter, confondre dans un seul lit, dans un seul cours, ma plume dâĂ©crivain pur et dâĂ©crivain politique. Je vous mets sous les yeux mon discours sur les Ă©glises »⊠18 janvier 1920. « Je suis trĂšs touchĂ© quâun homme tel que vous ait distinguĂ© et signalĂ© lâintĂ©rĂȘt de lâimmense question que je pose : âcomment aider lâintelligence française ?â⊠Samedi [3 juin 1922], Ă Maurice levaillant : « Toute ma sympathie et mon concours vous sont assurĂ©s »⊠Samedi saint : « Je suis trĂšs touchĂ© quâĂ vous, ces pages chantantes vous plaisent »⊠Dimanche [1er octobre 1922]. « La derniĂšre ligne de votre petite analyse serait une bien juste conclusion de cette querelle du Jardin de lâOronte. Je vous remercie de sentir que câest absurde de chercher une telle querelle Ă un tel livre dans une telle Ă©poque. Ceux des catholiques qui rĂ©prouvent ce petit livre, trĂšs peu dâailleurs, que veulent-ils, quâapprouvent-ils dans les musĂ©es du Vatican et dans ces grands Ă©crivains quâun collĂšge de prĂȘtres dâabord mâapprit Ă aimer ? »âŠ
49. Maurice BARRĂS. P.A. [1922 ?] ; 1 page in-4 Ă en-tĂȘte de la Chambre des DĂ©putĂ©s. 100/150 « Pourquoi ai-je Ă©crit le Jardin sur lâOronte ? Mais aprĂšs les annĂ©es noires, nâayant pas quittĂ© Paris depuis juillet 1914, nâĂ©tait-il pas naturel que je voulusse mâoffrir un plaisir, Ă©crire un poĂšme dâor, dâargent et dâazur, me donner un concert au jardin ? » Il rappelle quâil a fait un cours Ă lâUniversitĂ© de Strasbourg « sur le GĂ©nie du rhin. Dans le mĂȘme esprit, je veux parler de la Syrie. MĂȘme souci dâorienter les imaginations vers les horizons de la victoire ». On jOint 2 L.A.S. de BarrĂšs, renonçant Ă ĂȘtre candidat, et remerciant pour des « memoranda » ; 2 lettres de sa femme Paule (1925-1930) ; et 2 L.A.S. de son fils Philippe BarrĂšs Ă Ămile BurĂ© (1930), Ă propos de lâĆuvre de son pĂšre
50. Jean-Jacques BARTHĂLEMY (1716-1795) Ă©rudit et Ă©crivain. L.A.S., Paris 3 septembre 1763, [Ă Sir Christian MeiGHan, docteur en mĂ©decine] ; 3 pages et demie in-4. 200/250 belle lettre du COnservateur des MĂ©dailles du rOi, parlant des travaux de ses COnFrĂšres de lâaCadĂ©Mie des insCriptiOns. Il a distribuĂ© divers exemplaires de lâouvrage de Meighan aux savants du pays, et lui-mĂȘme lâa lu avec « autant dâaviditĂ© que de plaisir », en en apprĂ©ciant son Ă©claircissement dâune matiĂšre toute neuve : « Peu de gens sâappliquent icy au moderne [âŠ]. A lâĂ©gard de lâantique, il paroit depuis quelques mois un excellent recueil sur les mĂ©dailles des peuples et des villes par le meme auteur qui nous avoit donnĂ© un recueil sur les medailles de Rois. Nous aurons bientĂŽt deux nouveaux volumes des memoires de notre academie oĂč seront plusieurs dissertations sur des monumens dâantiquitĂ©. Nous venons de recevoir dans cette academie M. anquetil qui a lâage de 20 ans partit pour les Indes orientales, dans le dessein de nous apporter la langue et les ouvrages de Zoroastre. Ce missionnaire ou plutĂŽt ce martyr de la littĂ©rature orientale est Ă present occupĂ© Ă traduire ces ouvrages et Ă mettre en ordre toutes les lumieres que lui ont communiquĂ© les docteurs des Parsis. [âŠ] Il a donnĂ© dans le journal des savans un precis de son voyage, et une notice des manuscrits quâil a rapportĂ©s. Pendant quâil est occupĂ© Ă debrouiller le systĂšme et les ecrits de Zoroastre, M. de GuiGnes poursuit sa decouverte sur la communication des Egyptiens avec les Chinois. Il trouve des choses etonnantes dans les annales chinoises. Les antiquitĂ©s Egyptiennes y sont cachĂ©es dans les caracteres ou hieroglyphes quâon y voit, et dont la decomposition donne des mots Pheniciens ou Egyptiens. [âŠ] M. needHaM a travaillĂ© dâaprĂšs M. de Guignes et a pretendu trouver les caracteres de la figure de Turin dans un dictionnaire chinois. M. de Guignes quoique interessĂ© Ă la decouverte en a doutĂ© parce que effectivement ces caracteres ne se trouvent pas dans
...â/â...
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un dictionnaire semblable conservé à la Bibliotheque du Roi. Vous connoissez sans doute le reste des travaux de M. Needham »⊠On jOint une commission de colonel en 1769par Louis XV (secrétaire), contresignée par le duc de Choiseul (griffe, reste de sceau pendant), et 4 gravures.
51. [Armand BASCHET (1829-1886) Ă©crivain, archiviste et journaliste blĂ©sois, ami de Baudelaire et Gautier, historien spĂ©cialiste de Venise et des Valois]. Environ 37 L.A.S ou L.S Ă lui adressĂ©es, 1855-1878 ; environ 50 pages formats divers. 200/250 intĂ©ressant enseMble COnCernant prinCipaleMent les arCHives et le COnsulat de venise, lettres de ministres, ambassadeurs ou bibliothĂ©caires italiens, français, ou autrichiens. Autorisations dâaccĂšs aux archives ; missions du ministĂšre de lâInstruction publique pour la recherche et la publication de documents du XVIe au XVIIIe siĂšcles « inĂ©dits relatifs Ă lâHistoire de France » [1855-1856] ; 6 l.s. de Fabio Mutinelli (1797-1876) directeur de lâArchivio generale de Venise ; des ministres ou administrateurs de lâInstruction publique Hippolyte FOrtOul et Jules Ferry ; lettres du baron de baude, de John edWards secrĂ©taire de la Public Office Library, et du BibliothĂ©caire principal du British Museum ; lettres de son agent financier Hury HĂ©rard, etc. On jOint 6 diplĂŽmes Ă lui dĂ©cernĂ©s : bachelier Ăšs lettres, carte de la BibliothĂšque impĂ©riale, sociĂ©tĂ©s savantes (SociĂ©tĂ© archĂ©ologique de touraine, Ateneo Veneto, Accademia Storico-Archeologica de Milan, Deputazione Veneta di Storia Patria) ; plus un rapport polygraphiĂ© sur la publication des instructions aux amassadeurs, et une liste impr. des membres du corps diplomatique (1882).
52. Louis-François de BAUSSET (1748-1824) Ă©vĂȘque dâAlĂšs, cardinal et littĂ©rateur (AcadĂ©mie française). 3 L.A.S., 1818-1822, au comte bOissy dâanGlas ; 5 pages in-12 et 1 page et demie in-8. 100/150 belle COrrespOndanCe sur MalesHerbes. 10 novembre 1818. Il le remercie le comte pour son ouvrage sur MalesHerbes, quâil admirait tant. Personne nâest plus avide « de recueillir tous les titres qui doivent assurer Ă la mĂ©moire de cet homme vertueux par excellence, le respect et la tendre admiration des siĂšcles qui doivent nous suivre. Il daigna constamment mâhonorer de sa bontĂ© et de son amitiĂ© jusquâĂ son dernier soupir, et je puis attester que je nâai jamais connu aucun homme qui ait mis Ă un degrĂ© aussi remarquable, la puretĂ© des intentions, la prodigieuse Ă©tendue des connaissances les plus rares et les plus variĂ©es, Ă autant de simplicitĂ©, de candeur et de modestie. Sa mort a Ă©tĂ© la rĂ©vĂ©lation de sa vie pour son siĂšcle, comme pour la postĂ©ritĂ©. Câest avec un sentiment bien profondĂ©ment gravĂ© dans mon cĆur, que je vais lire et relire lâouvrage que vous venez de consacrer Ă sa mĂ©moire »⊠4 mars 1821 : « tout ce qui intĂ©resse MalesHerbes est sacrĂ© pour moi. La confiance et lâamitiĂ© dont il mâa constamment honorĂ©, et dont il aimait encore Ă mâentretenir [âŠ] avant de monter Ă lâĂ©chafaud, sont et seront Ă©ternelles »⊠24 juin 1822, au sujet de sa notice sur le duc de riCHelieu (dĂ©cĂ©dĂ© le 17 mai) : « Je lâai peint tel que je lâai toujours vu et connu, comme lâun de ces caractĂšres antiques devenus entiĂšrement Ă©trangers Ă notre siĂšcle et Ă nos mĆurs, absolument dĂ©sintĂ©ressĂ© de lui-mĂȘme, et exclusivement prĂ©occupĂ© du bonheur et de la gloire de son pays. [âŠ] jâai rencontrĂ© peu dâĂąmes aussi vertueuses, aussi pures et aussi modestes ». La postĂ©ritĂ© lui rendra plus justice que sa gĂ©nĂ©ration, au milieu de laquelle il Ă©tait dĂ©placĂ© : « Il ne pouvait rien comprendre aux petits intĂ©rĂȘts et aux petites passions », qui maintenant rĂ©gissent tout : « Câest une maladie inĂ©vitable dans un siĂšcle qui a vu bouleversĂ©s presque tous les sentimens gĂ©nĂ©reux, les pensĂ©es nobles, et les traditions honorables. Ma carriĂšre est finie, je suis sans aucun intĂ©rĂȘt [âŠ] au milieu des vicissitudes qui peuvent encore agiter la France »⊠On jOint une Notice sur S. Em. M. le Cardinal de Bausset, par lâabbĂ© de MOntesquiOu (Paris, Impr. Jules Didot aĂźnĂ©, 1824, in-8).
53. Simone de BEAUVOIR (1908-1986). pHOtOGrapHie originale avec dĂ©dicace a.s. au dos, [1981] ; 8,7 x 8,7 cm. 120/150 ClichĂ© dâamateur en couleurs, la reprĂ©sentant coiffĂ©e dâun turban, assise dans un fauteuil. Au dos, dĂ©dicace au poĂšte et dĂ©fenseur des droits de lâHomme allemand Wolfgang WindHausen « en toute sympathie »⊠On jOint la copie carbone dâun article dactylographiĂ©, Ă propos de la femme amĂ©ricaine (9 p. in-4).
54. RenĂ© BENJAMIN (1885-1948). ManusCrit autographe signĂ©, Le Bain de Charles Maurras, 1931-1932 ; 157 pages in-4. 700/800 ManusCrit de preMier jet de Ce livre sur CHarles Maurras, abondamment raturĂ© et corrigĂ©, avec de nombreuses et importantes additions marginales. Cette vivante Ă©vocation de Maurras, dans sa maison de Martigues, annoncĂ©e sous le titre Maurras vivant, fut publiĂ©e sous le titre Charles Maurras, ce fils de la mer (Plon, 1932), aprĂšs une prĂ©publication dans la revue universelle (15 juillet-1er septembre 1932), dans un texte soigneusement revu et remaniĂ© par Maurras lui-mĂȘme. RenĂ© Benjamin a notĂ© sur la page de titre du manuscrit, les dates prĂ©cises de lâĂ©laboration du texte (7-25 novembre 1931, 4-7 janvier, 9-21 mars, 6-15 avril 1932), qui est divisĂ© en 9 chapitres : Soleil et imagination ; Lâapparition ; richesses de la mer ; Politique et thĂ©ologie ; Les prĂ©ludes du bain ; La vague et la nymphe ; Breuvage de lâamitiĂ© ; Grandeurs et comĂ©dies ; Les poĂštes et les Ă©toiles. On jOint une L.A.S. Ă Pierre varillOn, 31 octobre 1932, lui donnant ce manuscrit : « Voici la premiĂšre esquisse dâun livre, dont la
![Page 23: L & MANUSCRITS AUTOGRAPHES](https://reader036.fdocument.pub/reader036/viewer/2022062408/62ac42f00056db794921662b/html5/thumbnails/23.jpg)
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premiĂšre idĂ©e vous revient [âŠ] Cette premiĂšre esquisse est assez pauvre, mais elle a je ne sais quel air de vie ; tandis que le portrait achevĂ©, revu, corrigĂ©, pourlĂ©chĂ©, qui va paraĂźtre en librairie, est bien plus riche, avec⊠je ne sais quel air de mort. Et le premier titre Ă©tait le seul vrai »âŠ
55. Pierre BENOIT (1886-1962). ManusCrit autographe signĂ©, Un vrai roman, [1925] ; 2 pages et demie in-fol. 200/300 Critique du roman de Pierre FrOndaie, LâHomme Ă lâHispano (1925). Pierre Benoit prĂ©dit que le livre sera un succĂšs, car câest un « vrai roman » ; par sa composition dâabord (il atteint son point culminant Ă la moitiĂ© du rĂ©cit), et lâimagination y est au service de la raison : « Avec une rigueur inexorable, les trois hĂ©ros de lâHomme Ă lâHispano sâacheminent vers leurs destins respectifs ». Ce roman est du « modĂšle BĂ©rĂ©nice, oĂč câest une femme qui se dĂ©bat entre deux hommes. [âŠ] Autour de Lady Oswill, Sir William Meredith et Georges Dewalter mĂšnent une sarabande qui se terminera, comme câest justice, par la perte du plus honnĂȘte et du moins fort. [âŠ] Ce roman est, au premier chef, un roman des apparences, et câest en cela quâil donne de notre paradoxale vie contemporaine une image dâune prodigieuse exactitude. [âŠ] Nous sommes les hommes des signes extĂ©rieurs, et câest si vrai que câest lĂ -dessus que le personnage le plus important dâaujourdâhui, le percepteur, nous apprĂ©cie, nous taxe. Du plan fiscal, Pierre Frondaie fait passer cette taxation sur le plan sentimental » ; Sir William Meredith, « lâimpitoyable percepteur », fera payer Georges Dewalter avec son sang. On jOint une L.A.S., rĂ©ponse Ă une enquĂȘte avec des indications sur sa biographie (1 page in-4).
56. Henri BĂRAUD (1885-1958). 4 ManusCrits autographes signĂ©s, Querelles dâĂ©crivains, [1923] ; 80 pages in-8. 300/400 SĂ©rie dâarticles polĂ©miques sur la littĂ©rature : De nos Ă©cus, quâen a-t-on fait ?, sâattaquant aux gens de la Nouvelle revue Française et au service de la propagande ; Jean Giraudoux dixit, sur le service de propagande et Jean GiraudOux : une lettre⊠est-ce un faux ? Autre histoire pour les incrĂ©dules, sur le mĂȘme sujet ; RĂ©ponse sans aigreur Ă Monsieur Abel Hermant, oĂč il Ă©voque sa polĂ©mique avec AndrĂ© Gide et rĂ©pond aux partisans dâun certain archaĂŻsme, dont Abel Hermant. On jOint 4 L.A.S. Ă LĂ©on Treich (1929-1943).
57. LĂ©on BLOY (1846-1917). L.A.S., Paris 28 juin 1887, Ă Gustave GuiCHes ; 4 pages in-8. 300/400 belle lettre Ă propos du deuxiĂšme roman de Gustave GuiCHes (1860-1935), LâEnnemi, mĆurs de province (1887). Bloy Ă©crit sans revoir HuysMans, « dont lâopinion pourrait faire dĂ©vier la mienne. [...] LâEnnemi est un trĂšs beau livre, saturĂ© de talent, et complĂštement dĂ©gagĂ© des influences littĂ©raires du dĂ©but. Lâunique rĂ©serve que je puisse faire nâatteint pas lâartiste que je vois en vous et ne porte que sur lâaccessoire psychologie du principal personnage »... Car lâessentiel Ă©tant de se rĂ©vĂ©ler comme Ă©crivain, il est accessoire de le chicaner sur « lâillusion quelque peu romantique dâune certaine conception passionnelle qui tare, selon moi, votre dĂ©nouement. [...] Vous vous ĂȘtes laissĂ© polluer, mon cher, par le rĂȘve dâune transfusion dâĂąmes impossible »... Il sâagit lĂ dâune « juvĂ©nile frondaison » que lâexpĂ©rience du « grand Abyme » fera Ă©monder... « Je suis certain quâau point de vue littĂ©raire, la vĂ©ritĂ© absolue et la beautĂ© absolue sont dans lâhypothĂšse exclusive du Mal et que nous nâavons aucune autre chose Ă faire, si nous sommes vraiment artistes, quâune poĂ©tique de pĂ©chĂ© et de dĂ©sespoir. [...] Câest lâidĂ©e profonde de votre livre dâavoir donnĂ© les consciences Ă dĂ©vorer Ă la bĂȘte. La pauvretĂ© a ceci de commun avec les paniques, quâelle fait sortir les Ăąmes, quâelle les fait apparaĂźtre enfin dĂ©masquĂ©es, telles quâelles sont »... Et de figurer le roman dâobservation qui raconterait cela... AprĂšs avoir indiquĂ© les pages qui lâont le plus frappĂ©, par le style, Bloy assure que ce fut pour lui « une vĂ©ritable dĂ©lectation dâart » : « vous ĂȘtes, assurĂ©ment dans lâimperceptible groupe de ceux Ă qui lâavenir appartient. [...] AprĂšs lâEnnemi, je ne vois pas un seul artiste qui ne doive sâestimer satisfait de vous avoir pour compagnon »... Il recommande dâenvoyer le roman Ă Lucien Descaves, « auteur de MisĂšres du sabre et tOut Ă Fait des nĂŽtres »...
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58. LĂ©on BLOY. L.A.S., Kolding (Danemark) « Mercredi Saint » [29 mars] 1899, Ă Georges rĂ©MOnd ; 4 pages in-8 trĂšs remplies. 1 200/1 500 « lettre trĂšs iMpOrtante », a indiquĂ© LĂ©on Bloy qui en a insĂ©rĂ© le brouillon dans son Journal inĂ©dit (t. II, p. 359-361). Il envoie Ă son ami « le souvenir trĂšs-affectueux dâune famille chrĂ©tienne qui souffre. [âŠ] jâignore comment tout cela finira. Il doit me suffire de savoir que cela finira de la maniĂšre la plus glorieuse pour Dieu. Mais je ne sais pas ce qui nous reste encore Ă souffrir. [âŠ] Nous sommes aujourdâhui, mercredi saint, Ă peu prĂšs sans un sou, ayant Ă©puisĂ© toutes les ressources imaginables ». Mais il nâa plus rien pour payer leur subsistance, et ce sera bientĂŽt « la faillite complĂšte & sans pardon, la vie soudainement impossible â la famine dans la maison & lâinjure dans la rue. [âŠ] Voici, maintenant, le point de vue surnaturel : Nous nâavons jamais Ă©tĂ© abandonnĂ©s. Le âMendiant ingratâ continue toujours. Donc nous le serons ici, moins que jamais, puisque nous sommes en un lieu oĂč il nây a pour nous aucune ressource humaine. Le secours viendra dâoĂč il voudra & dâoĂč il pourra. [...] Vous savez avec quelle anxiĂ©tĂ© jâai toujours attendu le facteur, câest Ă dire le messager quelconque par qui tout devait changer. Câest mĂȘme un trait ridicule de ma lĂ©gende. Explication. Jâai reçu, il y a 20 ans, vers lâĂ©poque oĂč vous naissiez, lâassurance tout Ă fait surnaturelle quâil me fallait attendre, chaque jour, en priant & en souffrant, une chose trĂšs-belle. Jâai su aussi que la richesse devait ĂȘtre une consĂ©quence nĂ©cessaire de cette chose mystĂ©rieuse. En preuve du divin de cette annonce, me furent donnĂ©es toutes les idĂ©es & toutes les formes du Salut par les juifs ». Puis Bloy sâen prend violemment et longuement Ă son Ă©diteur prOlles, quâil accuse de toutes les escroqueries du monde⊠« Il sâagissait, aux approches de PĂąques, dâavoir la paix, de ne plus sentir ces affreuses palpitations de cĆur qui me rĂ©veillaient la nuit, de ne plus subir ces mouvements de haine atroce qui me plongeaient dans le 13e canton de lâenfer. Et il semble que Dieu mâait exaucĂ©. Jâai cru le sentir aujourdâhui mĂȘme. Pour la premiĂšre fois, jâai pu penser Ă cet homme sans amertume. [...] Ces sortes de questions me donnent envie de pleurer. Pourquoi lâexpĂ©rience de toutes les gĂ©nĂ©rations a-t-elle dĂ©montrĂ© que ce sera toujours en vain quâun homme de 56 ou 60 ans dira Ă un homme de 20 ans : âNe passez pas par lĂ , je mây suis dĂ©chirĂ©. Câest un chemin de mortâ. Lâhomme de 20 ans, sâil a quelque noblesse, rĂ©pondra toujours, en descendant Ă reculons lâescalier du gouffre : â Je ne veux pas ĂȘtre un mufle ! Et ce sera invincible. [...] Mon cher Georges, en vĂ©ritĂ©, je nâai le cĆur Ă aucun sermon & Dieu me prĂ©serve de vous importuner de Lui. Mais on est forcĂ©, quelquefois, de parler de maniĂšre intelligible. Or il est clair que vous ĂȘtes hermĂ©tiquement fermĂ© pour moi sur un certain point. Je crois savoir que vous vous ĂȘtes liĂ© vous-mĂȘme dâune façon cruelle, â câest Ă dire banale â prĂ©cisĂ©ment Ă lâĂ©poque de votre vie oĂč vous auriez tant besoin dâĂȘtre libre â Ă©tant exceptionnellement douĂ© du cĂŽtĂ© de lâintelligence, je vous le dis. Câest effrayant de penser que le Saint-Esprit se prĂ©sentera chez vous demain & que vous serez forcĂ© de lui rĂ©pondre : il y a quelquâun ! repassez au COMMenCeMent des siĂšCles ! Câest Ă dĂ©traquer lâentendement, Ă suggĂ©rer le dĂ©goĂ»t de vivre, de se dire â quand on a lâĂ©pouvantable malheur dâĂȘtre LĂ©on Bloy â quâun homme peut admirer le Salut par les Juifs & croire, en mĂȘme temps, en mĂȘme temps ! quâil y a des choses plus importantes que dâobĂ©ir aux commandements de Dieu & aux commandements de lâĂglise »⊠Etc.
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59. Louise dâOSMOND, comtesse de BOIGNE (1781-1866) mĂ©morialiste. L.A.S. et 5 lettres dictĂ©es, la plupart s.d. ; 3 pages in-8 Ă son chiffre couronnĂ©, adresse, et 22 pages in-8, la plupart Ă son chiffre. 300/400 Dimanche [17 dĂ©cembre 1843], Ă Sylvain duMOn, [nouveau ministre des Travaux publics]. Elle fait son compliment au ministĂšre, de pareille recrue : « depuis tantĂŽt trente ans jâentends crier Ă tous les ministĂšres Ă la fin de toutes les sessions, âil faudra nous fortifier ou nous Ă©purer avant la prochaine sessionâ : et puis nây plus penser. Cette fois on a fait lâun et lâautre en votre personne : cette pauvre personne en sera-t-elle plus heureuse ? HĂ©las je ne suis pas assez spartiate pour dĂ©sirer Ă mes amis le fardeau et les ennuis du portefeuille ! »⊠Les lettres dictĂ©es semblent sâadresser Ă un Anglais. Mme de Boigne parle du dernier chapitre de son « barbouillage », oĂč est peint « une classe dâhommes qui nâexiste plus, que vous nâavez jamais connue », reprĂ©sentĂ©e par deux notaires, hommes dâesprit et de mĂ©rite, MM. Colin et Baron, le pĂšre de la comtesse de Castries⊠Elle Ă©voque les affaires politiques anglaises, Paul Demidoff, la princesse Obolensky, le baron de Budberg, les DuchĂątel, Rouher et Drouyn de Lhuys, parle des effets dâune grĂšve de cochers de fiacres Ă Paris, exprime des condolĂ©ances et des vĆux, etc. On jOint une l.a.s. de la duchesse de Galliera sur les derniers moments de la comtesse (11 mai 1866).
60. Abel BONNARD (1883-1968) Ă©crivain, ministre de lâInstruction publique du gouvernement de Vichy. 11 ManusCrits autographes signĂ©s, [1932-1933 et s.d.] ; 90 pages in-fol. avec quelques ratures et corrections (quelques pages dĂ©coupĂ©es pour impression, marques au crayon de lâimprimeur). 500/700 artiCles pOur Le Figaro, tĂ©MOiGnant de sOn aMOur des lettres. Marcel Boulenger. Hommage Ă lâami et Ă lâĂ©crivain, lâ« un des chevaliers de la France » (Figaro 25 mai 1932). NĂ©cessitĂ© du loisir (Figaro 31 mai 1933, coupure jointe) : le loisir, câest « la permission dâĂȘtre soi-mĂȘme. [âŠ] Sans le travail, un homme ne peut se connaĂźtre, mais, sans le loisir, il ne peut pas sâaccomplir »... La bibliothĂšque bouleversĂ©e, songeries devant le dĂ©sordre dâun dĂ©mĂ©nagement : « Jâaspire de nouveau, parmi ces livres qui sont pour moi comme les astres que contemple un berger, Ă cette ivresse sereine que seule nous donne la plus haute activitĂ© de lâesprit »⊠Philosophie de la route, sur les styles de conduite automobile, dont le dangereux goujat, reconnaissable à « cette outrecuidance de lâindividu, cette enflure des Moi les plus pauvres [âŠ] qui font Ă la fois la laideur et la misĂšre du monde moderne »⊠Le Peuple de la Musique, rĂ©flexions sur la musique et la littĂ©rature⊠Les Voyageurs, sur la vogue du tourisme : « Depuis que voyager est devenu Ă la mode, il sâest crĂ©Ă© un amphigouri du voyage, comme il y en eut, jadis, de lâamour »⊠Aimer lâombreâŠ, Ă©vocation de ses vacances calmes⊠Ironie et Sagesse, mĂ©ditation avec Fontenelle, Anatole France, Taine et Spinoza⊠LâĂlite Ă©parse, dĂ©plorant la dispersion de lâĂ©lite de la Nation â propriĂ©taires terriens, officiers, professeurs, ingĂ©nieurs, mĂ©decins â « dont il faudrait faire une milice sacrĂ©e » pour dĂ©fendre un idĂ©al de la sociĂ©té⊠MisĂšre moderne, sur lâaspiration perverse de lâhomme moderne à « se dĂ©civiliser » : « il prĂ©tend dĂ©terminer lâavenir en aggravant partout le prĂ©sent [âŠ], il acclame la diminution de lâhomme »⊠Le vieux lettrĂ©, exaltation du livre et de la vie de lâesprit : « Les choses utiles portent notre plafond, mais les choses inutiles portent notre ciel »âŠ
61. Georg BRANDES (1842-1927) Ă©crivain et critique danois. 2 L.A.S., Copenhague janvier-juin 1899, Ă Ădouard rOd ; 1 page in-12 avec adresse au dos, et 1 page in-18. 200/250 prOjet de publiCatiOn en FranCe de sOn kierkegaard. 9 janvier. Il a dĂ©jĂ Ă©crit Ă la librairie Hachette « Ă cause de cette question insignifiante sur une page de mon livre Kierkegaard [âŠ] Naturellement vous pouvez citer de moi tout ce que vous voulez. Je vous ai dĂ©jĂ Ă©crit sur la prĂ©face [âŠ] seulement je demande dâen voir une Ă©preuve pour quâil nây ait pas des erreurs de Fait (tout ce quâon a imprimĂ© sur moi en Allemagne est erronĂ©) ». Il lui souhaite « beaucoup de succĂšs en AmĂ©rique. Je vois dans les journaux des Ătats-Unis quâon vous attend avec plaisir et impatience »⊠24 juin. « Je dĂ©plore surtout pour vous que vos efforts bienveillants nâont pas abouti. Moi je nâai rien Ă faire que me dĂ©clarer content de ce que vous arrangez pour moi. Je rends Ă la maison Hachette sa parole et jâaccepte les 150 francs quâon veut bien me faire parvenir ». Il serait reconnaissant Ă Rod dâessayer de placer ailleurs « le texte de la traduction française »⊠On jOint une minute autographe dâĂdouard rOd, Paris 15 juin 1899, Ă brandĂšs, lui annonçant que Hachette a renoncĂ© Ă son projet de « nouvelle collection Ă©trangĂšre » et Ă publier son volume, en proposant la somme de 150 F « pour la publication dans des revues dâune partie du volume projetĂ© »âŠ
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62. AndrĂ© BRETON (1896-1966). tapusCrit avec additiOns et COrreCtiOns autographes, Manifeste du SurrĂ©alisme, [1924] ; 43 pages in-4, en feuilles. 8 000/10 000 prĂ©Cieux tapusCrit, sOiGneuseMent Ă©tabli et COMplĂ©tĂ© par andrĂ© bretOn, de Ce texte FOndateur du surrĂ©alisMe. Le Manifeste du surrĂ©alisme a paru, suivi de Poisson soluble (dont il devait Ă lâorigine constituer la « PrĂ©face »), en octobre 1924 aux Ă©ditions du Sagittaire, chez Simon Kra. Ce tapuscrit, trĂšs soigneusement Ă©tabli et augmentĂ© par AndrĂ© Breton en aoĂ»t (comme lâindique la lettre dâenvoi du 26 aoĂ»t), suit de peu la fin de la rĂ©daction du manuscrit. Il sâagit dâun double carbone, dont les indications typographiques laissent Ă penser que Breton en espĂ©rait peut-ĂȘtre une publication en revue, la premiĂšre frappe ayant probablement servi Ă la composition de lâĂ©dition. Câest ici le seul tapusCrit retrouvĂ©, inconnu de Marguerite Bonnet lors de lâĂ©dition des Ćuvres complĂštes dans la BibliothĂšque de la PlĂ©iade. Ce tapuscrit est gĂ©nĂ©ralement conforme au texte publiĂ©. Il a Ă©tĂ© Ă©tabli par Breton avec le plus grand soin : il a corrigĂ© les fautes et ajoutĂ© Ă lâencre bleue ou noire les mots oubliĂ©s Ă la frappe, soulignĂ© en bleu les citations ou les titres, et portĂ© tout au long, Ă lâencre rouge, de nombreuses indications typographiques sur la taille des caractĂšres, les blancs Ă introduire (marquĂ©s par des traits et/ou trois Ă©toiles), ainsi que des sauts « Ă la ligne ». Sâil ne contient pas la section Secrets de lâart magique surrĂ©aliste, ajoutĂ©e aprĂšs coup, il est bien complet du « pOĂšMe » (oĂč Breton fait quelques changements typographiques). Sous le titre dactylographiĂ© PrĂ©FaCe, Breton a ajoutĂ© Ă la main, Ă lâencre rouge, le titre ManiFeste du surrĂ©alisMe, complĂ©tĂ© au-dessus Ă lâencre bleue par intrOduCtiOn au, pour finalement tout rayer et inscrire en grosses lettres Ă lâencre bleue le titre MANIFESTE DU SURRĂALISME. On relĂšve dâintĂ©ressantes additiOns et COrreCtiOns. Page 16, dans lâĂ©numĂ©ration des « amis », Breton ajoute dans lâinterligne, entre T. Fraenkel et Jacques Baron, les noms de « Francis GĂ©rard, Pierre Naville, AndrĂ© Boiffard, » complĂ©tĂ©s dans lâĂ©dition par Georges Malkine et Antonin Artaud. Les trois noms de Boiffard, GĂ©rard et Naville sont Ă©galement ajoutĂ©s (p. 26) Ă la liste de ceux ayant fait acte de surrĂ©alisme absolu. Pages 26 et 27, Breton modifie la liste des prĂ©curseurs : il remplace pour Swift « le sadisme » par « la mĂ©chancetĂ© », et pour Sade « lâexotisme » par « le sadisme » ; il augmente sa liste : « Poe est surrĂ©aliste dans lâaventure [âŠ] Nouveau est surrĂ©aliste dans le baiser » (Ă la ligne prĂ©cĂ©dente, il biffe le nom de « Nouveau » pour le remplacer par « Jarry » pour le surrĂ©alisme dans lâabsinthe). Page 27 encore, la note sur les philosophes et les peintres est complĂ©tĂ©e par cette addition : « et, si prĂšs de nous Ă tous Ă©gards, AndrĂ© Masson ». DâiMpOrtantes additiOns autOGrapHes concernent les notes, souvent trĂšs longues, quâAndrĂ© Breton a dĂ©veloppĂ©es, Ă lâencre bleue, notamment sur trois grands bĂ©quets collĂ©s au bas des feuillets du tapuscrit. Page 20, outre une rĂ©fĂ©rence Ă la revue Nord-Sud, une note de 18 lignes dĂ©veloppe le phĂ©nomĂšne de reprĂ©sentation visuelle : « Peintre,
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cette reprĂ©sentation visuelle eut sans doute pour moi primĂ© lâautre. Ce sont assurĂ©ment mes dispositions prĂ©alables qui en dĂ©cidĂšrent. Depuis ce jour il mâest arrivĂ© de concentrer volontairement mon attention sur de semblables apparitions »⊠Page 21, il ajoute une note de 27 lignes avec une longue citation de Knut Hamsun sur ces phĂ©nomĂšnes provoquĂ©s par la faim, ajoutant : « Apollinaire affirmait que les premiers tableaux de Chirico avaient Ă©tĂ© peints sous lâinfluence de troubles cĂ©nesthĂ©tiques (migraines, coliques) ». Page 41, il ajoute sur un grand feuillet deux longues notes, lâune (28 lignes) sur la responsabilitĂ© et lâirresponsabilitĂ© : « Quelques rĂ©serves quâil me soit permis de faire sur la responsabilitĂ© en gĂ©nĂ©ral et sur les considĂ©rations mĂ©dico-lĂ©gales qui prĂ©sident Ă lâĂ©tablissement du degrĂ© de responsabilitĂ© dâun individu [âŠ], jâaimerai savoir comment seront jugĂ©s les premiers actes dĂ©lictueux dont le caractĂšre surrĂ©aliste ne pourra faire aucun doute. [âŠ] Ce qui est vrai de la publication dâun livre le deviendra de mille autres actes le jour oĂč les mĂ©thodes surrĂ©alistes commenceront Ă jouir de quelque faveur. Il faudra bien alors quâune morale nouvelle se substitue Ă la morale en cours, cause de tous nos maux. » Lâautre note (16 lignes) complĂšte le terme dâoracle : « Toutefois, tOuteFOis⊠Il faudrait en avoir le cĆur net. Aujourdâhui 8 juin 1924, vers une heure, la voix me soufflait : âBĂ©thune, BĂ©thuneâ. QuâĂ©tait-ce Ă dire ? [âŠ] Jâaurais dĂ» partir pour BĂ©thune, oĂč mâattendait peut-ĂȘtre quelque chose, Ă cette heure-lĂ . Que voulez-vous, je ne suis pas un apĂŽtre. [âŠ] De mĂȘme, en 1919, Soupault entrait dans quantitĂ© dâimpossibles immeubles demander Ă la concierge si câĂ©tait bien lĂ quâhabitait Philippe Soupault. Il nâeut pas Ă©tĂ© Ă©tonnĂ©, je pense, dâune rĂ©ponse affirmative. Il serait allĂ© frapper Ă sa porte. » On jOint une L.A.S. dâenvoi, Paris 26 aoĂ»t 1924 (1 page in-4 Ă en-tĂȘte de LittĂ©rature, papier jauni et effrangĂ© avec petits manques) : « je serais trĂšs dĂ©sireux de vous faire connaĂźtre mon Manifeste du SurrĂ©alisme qui va paraĂźtre en octobre, suivi dâun certain nombre de textes [surrĂ©alistes biffĂ©] que je crois de nature Ă lâillustrer. Sachant quel intĂ©rĂȘt et quelle extrĂȘme bienveillance vous mâavez toujours tĂ©moignĂ©s, je me flatte de lâespoir que ces quelques pages ne vous ennuieront pas et que, par elles, je ne dĂ©mĂ©riterai pas de votre estime. Je suis heureux, dâautre part, de vous donner la primeur dâun essai de ce genre, qui mâimporte particuliĂšrement »...
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63. AndrĂ© BRETON. tapusCrit avec COrreCtiOns autographes, La Paix par nous-mĂȘmes, [dĂ©cembre 1948] ; 4 pages in-4. 800/1 000 ManiFeste paCiFiste en sOutien Ă lâaCtiOn de Garry davis, le « citoyen du monde », publiĂ© dans le quotidien de gauche Franc-tireur du 9 dĂ©cembre 1948. Ce tapuscrit, double carbone, prĂ©sente 5 additiOns Ou COrreCtiOns Ă lâencre bleue, chacune de plusieurs mots, de la main dâAndrĂ© Breton. Breton commence par paraphraser Charles FOurier en disant : « Les terribles Ă©vĂ©nements qui ont signalĂ© la premiĂšre partie du vingtiĂšme siĂšcle ne sont que des bagatelles en fonction de ceux qui se prĂ©parent. Le monde touche Ă une catastrophe dâun tel ordre quâon peut espĂ©rer que sa seule apprĂ©hension sera de force Ă imposer la paix perpĂ©tuelle. Il nây a rien dâexcessif Ă interprĂ©ter ainsi Ă la fois le cri dâalarme rĂ©itĂ©rĂ© des savants atomistes et lâirrĂ©sistible mouvement de masse quâa dĂ©clenchĂ© le geste symbolique de Garry davis » (qui avait dĂ©chirĂ© son passeport)⊠Breton cite Albert einstein, pour affirmer la nĂ©cessitĂ© de « changer notre façon de penser » et « refaire lâentendement humain », malgrĂ© « les conformismes de gauche comme de droite », pour aller vers « la rĂ©organisation de lâhumanitĂ© sur une base organique », et Ă©radiquer « ce nationalisme ivre et encore avide de sang [âŠ] cet impĂ©rialisme rival du coca-cola et du marxisme dĂ©naturĂ© »⊠On jOint 2 tracts imprimĂ©s : DĂ©claration de Garry Davis premier citoyen du monde Ă lâAssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies le 19 novembre 1948, avec au dos la Liste de soutien du cas Garry Davis, et Les SurrĂ©alistes Ă Garry Davis, fĂ©vrier 1949, tous deux portant le nom dâAndrĂ© Breton parmi les signataires.
64. AndrĂ© BRETON. L.S. cosignĂ©e par Benjamin pĂ©ret, Paris14 janvier 1951, Ă Robert delpire, rĂ©dacteur de la revue Neuf ; 1 page in-4 dactylographiĂ©e (bords un peu effrangĂ©s). 300/400 prOjet dâun nuMĂ©rO spĂ©Cial surrĂ©aliste de neuF. Ils ont examinĂ© le projet avec leurs amis, et font 7 propositions : « 1° Un numĂ©ro spĂ©cial surrĂ©aliste de Neuf ne saurait ĂȘtre Ă©tabli par nous avant la fin de lâĂ©tĂ© ». Ils pensent pouvoir remettre la copie, les illustrations et la maquette de mise en page mi-septembre, pour paraĂźtre en dĂ©cembre. La publication devra faire au moins 120 pages, « dont un tiers rĂ©servĂ© aux illustrations ». Ils chiffrent le budget pour les droits de rĂ©daction et de reproduction, autour de 250.000 F. « 4° Nous estimons quâun tirage supplĂ©mentaire de 5.000 destinĂ© Ă la vente dans les librairies recevrait le meilleur accueil commercial ». Ils suggĂšrent ensuite, pour une composition plus harmonieuse et homogĂšne, que la partie mĂ©dicale de la revue « soit consacrĂ©e Ă la mĂ©decine primitive et [âŠ] Ă ses prolongements dans la mĂ©decine moderne »⊠Ils insistent pour « assumer la responsabilitĂ© intĂ©grale de ce numĂ©ro spĂ©cial (puisque surrĂ©aliste) » ; ils nâentreprendront rien sans avoir obtenu par Ă©crit lâassurance quâon leur en laissera le contrĂŽle total et absolu⊠[Ce projet de numĂ©ro spĂ©cial ne vit pas le jour.] On jOint une L.A.S. de Benjamin pĂ©ret, 1er dĂ©cembre 1950, Ă Delpire : il retourne les Ă©preuves de son article, et demande Ă voir les Ă©preuves « mises en page avec les clichĂ©s pour pouvoir vĂ©rifier les lĂ©gendes » (demi-page in-8).
65. Francis CARCO (1886-1958). 2 L.A.S., Paris 1935 et Dax 1938, Ă TancrĂšde de visan, Ă Lyon ; 1 page in-4, 2 enveloppes, et demi-page oblong in-12 au dos dâune carte postale illustrĂ©e avec adresse. 150/200 7 janvier 1935. « Mon cher vieux, merci pour ton aimable carte que je trouve en rentrant de Hollande. Je suis ravi Ă lâidĂ©e de te revoir dans quelques jours »⊠3 septembre 1938. « Lâarticle que tu mâas envoyĂ© me laisse rĂȘveur. Je ne vois pas trĂšs bien en quoi⊠lâarme dans laquelle jâai servi, joue un rĂŽle quelconque dans le fait dâĂ©crire⊠En poussant les choses plus loin, jâincline Ă penser que le grade, lui aussi, finit par avoir une importance aux yeux de notre confrĂšre⊠On aura tout vu ! »⊠On jOint une lithographie rehaussĂ©e Ă lâaquarelle de diGniMOnt pour les vĆux de 1958, avec p.a.s. de vĆux à « nos chers Ăliane et Francis ».
66. Louis-Ferdinand CĂLINE (1894-1961). L.A.S., 1er mars [1948], Ă son avocat Albert naud ; 3 pages in-fol. (lĂ©gers dĂ©fauts sur les bords). 800/1 000 viOlente lettre COntre lâĂ©diteur denOĂ«l et sur lâĂ©puratiOn. Il prĂ©vient son avocat que « la maison DenoĂ«l-Voiliers doit passer au Tribunal dâĂpuration », et suggĂšre dâenvoyer un secrĂ©taire assister Ă cette sĂ©ance : âŠÂ« Il sây prononcera certainement Ă mon Ă©gard des paroles qui ne seront pas Ă piquer des vers⊠Et qui seraient bonnes Ă retenir pour lâultĂ©rieur usage (en droit) peut-ĂȘtre⊠Mon vĆu serait que lâĂpuration me serve enfin Ă qqchose câest-Ă -dire Ă crever la maudite turne DenoĂ«l ! Il est sorti du cercueil de ce malheureux tout espĂšce de vermines et de funambules et qui sâarrogent des droits extravagants
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sur mes ouvrages⊠DâoĂč me tombent, dâoĂč jaillissent tous ces grotesques ? Brandissant les contrats du mort ! Pillards notariĂ©s ! Je voudrais que mon caractĂšre ignoble ma puanteur trahisonne ma fĂ©lonie vĂ©roliĂšre fassent rugir le tribunal, quâil en foudroye la Voiliers et son maudit bazar ! Jâai de la rescousse en rebatet ! JâespĂšre quâĂ nous deux, nos crimes nos cholĂ©ras câest bien le diable si ce foutu boxon rĂ©chappe ! Mais prĂ©cisĂ©ment le Diable est du coup ! Et il se mĂ©fiera du piĂšge que je lui tends »⊠Lettres (PlĂ©iade), p. 1018.
67. François-RenĂ© de CHATEAUBRIAND (1768-1848). L.A.S., [1811 ?] ; 1 page in-8. 400/500 Mme de Chateaubriand est assez malade, et pas encore levĂ©e : « sans cela elle auroit lâhonneur de vous remercier de votre beau prĂ©sent. Jâavoue monsieur avec sincĂ©ritĂ© que jâai promis beaucoup de billets et que jâignore le nombre que jâen dois avoir. Mais vous pouvez ĂȘtre sĂ»r monsieur, que sâil mâen reste un seul au-delĂ de ceux que jâai promis, il sera pour vous »âŠ
68. François-RenĂ© de CHATEAUBRIAND. 3 L.A. (la 2e signĂ©e dâun paraphe), [Paris mai-septembre 1823] ; 2 et 1 pages in-4 (petites fentes rĂ©parĂ©es) et 3 pages in-8. 1 500/2 000 belles lettres sur lâexpĂ©ditiOn dâespaGne, la Grande aFFaire de sOn MinistĂšre. Vendredi matin [mai 1823]. « Que voulez-vous que je rĂ©ponde Ă un billet digne de Charenton ? Je vous croyois une meilleure tĂȘte. Croirez-vous Ă la dĂ©pĂȘche tĂ©lĂ©graphique sur le retour de M. le Duc dâAngoulĂȘme ? Mina est rentrĂ© en Catalogne aprĂšs avoir passĂ© Ă Ripoll oĂč Romagosa nâavoit pas 300 paysans tout nuds et mal armĂ©s. VoilĂ le grand exploit. Je nâai quâun mot Ă dire Ă toutes ces folies : la guerre nâest quâune guerre politique aujourdâhui, mais si par les ferveurs dâune douzaine de nos amis, elle devoit devenir militaire, je la ferois faire Ă la maniĂšre de Buonaparte avec 600 mille hommes. Et dans cette France pleine de gloire et dâhonneur, je trouverois Ă prĂ©sent un million de soldats fidĂšles. Mettez-vous bien dans la tĂȘte que je ne reculerai pas, et que dĂ©sormais la Cocarde blanche vaut lâautre cocarde »⊠Vendredi 5 septembre. « Je vous lâai dit et vous le rĂ©pĂšte : tant que je serai dans le Conseil, Cadix ne sera pas abandonnĂ©. Jâaimerois mieux ĂȘtre mort vingt fois que de voir reculer un françois. Je vous le rĂ©pĂšte encore, Cadix tombera, lâaffaire dâEspagne rĂ©ussira ; mais vous savez aussi que je nâai pas cru, comme bien des gobes-mouches, que câĂ©toit lâaffaire de quatre Ă cinq mois. Molitor reste Ă Grenade, parce que Bordesoulle nâen veut point. [âŠ] je sais quâĂ Grenade les femmes sont plus jolies quâau port Ste Marie, pour avoir Ă©tĂ© Ă Grenade et au port Ste Marie »⊠Il ajoute en tĂȘte : « Votre sosie est devenu fou et sourd : il est remplacĂ© par un vrai Jean Bart ». 12 septembre 1823. « Au moins cette lettre tombe dans un succĂšs. Vos lettres et vos fleurs mâarrivoient ordinairement quand vous me croyiez bien battu. Je suis fachĂ© que notre vieux Tal. [talleyrand] ne voye dans la prise de Cadix quâune chose Ă©lĂ©gante. Il y a le monde
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entier, et le bon enfant en sait plus que lâancien ministre. Mais câest lĂ ce que son amour propre nâavouera jamais. Ils mâaccableront de mes succĂšs littĂ©raires, pour me contester ceux de ma politique. Mais je les tuerai par les faits, et la France, si on mâĂ©coute, sera si glorieuse et si forte quâelle parlera plus haut que les petites envies, et les ambitions trompĂ©es de mes ennemis. Je ne sais si Mathieu [de Montmorency] crĂšve de haine. Je ne le crois pas. Moi je lâhonore, lâestime, et ne le crains point. Au reste ne croyez pas que jâaie la tĂȘte tournĂ©e du Trocadero. Cette courtisane de fortune se donne au premier venu. Jâen dis ce que Chaulieu dit de sa maĂźtresse Passons la nuit avec elle et comptons peu sur sa foi. Je ne me rĂ©jouis point, parce que je ne me suis jamais dĂ©solĂ©. Jâai toujours Ă©tĂ© certain du succĂšs dĂ©finitif de la guerre dâEspagne, si je restois au ministĂšre ; par la raison que jâai cette volontĂ© bretonne qui ne recule jamais, que lâĂ©vĂ©nement peut tromper, mais quâil ne peut jamais soumettre. Et croyez-moi avec une volontĂ© inflexible, on est presque toujours plus fort que lâĂ©vĂ©nement ». Au dos ou Ă la fin de chaque lettre, apostille « ne varietur » datĂ©e du 29 septembre 1827, avec 3 signatures (Gobet, Hamelin et CĂ©ron).
69. François-RenĂ© de CHATEAUBRIAND. L.A.S., Paris 9 fĂ©vrier 1824, Ă un comte [Charles, comte dâAGOult, ambassadeur de France aux Pays-Bas ?] ; 1 page et demie in-4. 300/400 reCOMMandatiOn du viOlOniste CHarles-pHilippe laFOnt. « M. Lafont est premier violon du Roi, et son talent extraordinaire est connu dans toute lâEurope. Il dĂ©sireroit ĂȘtre admis Ă donner un concert chez le Roi des Pays-Bas ; vous verrez si la chose est possible. Je vous serai infiniment obligĂ© de lui rendre tous les services dont il pourra avoir besoin »âŠ
70. François-RenĂ© de CHATEAUBRIAND. L.A.S., Paris 31 dĂ©cembre 1824, [Ă Hector berliOz] ; 1 page in-4. 700/800 belle lettre CitĂ©e par berliOz dans ses mĂ©moires (chap. VII), en rĂ©pOnse Ă une deMande dâaide du jeune COMpOsiteur, pOur Faire CrĂ©er sa messe soLenneLLe [qui sera crĂ©Ă©e le 10 juillet suivant Ă Saint-Roch ; la lettre a Ă©tĂ© donnĂ©e par Berlioz au collectionneur Jules Lecomte (voir n° 313)]. « Vous me demandez quinze cents francs, Monsieur ; je ne les ai pas. Je vous les enverrais, si je les avais. Je nâai aucun moyen de vous servir auprĂšs des ministres. Je prends, Monsieur, une vive part Ă vos peines. Jâaime les arts et honore les artistes ; mais les Ă©preuves oĂč le talent est mis quelquefois, le font triompher et le jour du succĂšs dĂ©dommage de tout ce quâon a souffert »âŠ
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71. François-RenĂ© de CHATEAUBRIAND. ManusCrit avec COrreCtiOns et additiOns autographes, Avis, [1832] ; 1 page et demie in-4 de la main de son secrĂ©taire Hyacinthe pilOrGe avec corrections autographes. 500/600 Cet avis a paru en tĂȘte des Courtes explications sur les 12,000 francs offerts par Mme la duchesse de Berry aux indigens attaquĂ©s de la contagion (Le Normant, 1832), petit manifeste sur le mauvais accueil fait aux secours offerts par la duchesse de berry, proscrite, aux victimes de lâĂ©pidĂ©mie du cholĂ©ra, par lâintermĂ©diaire de Chateaubriand lui-mĂȘme. Le texte du prĂ©sent manuscrit, conforme Ă celui du livre, prĂ©sente, outre quelques corrections faites par Pilorge, des corrections portĂ©es par Chateaubriand, qui a notamment biffĂ© la phrase « jâaurois pu faire bien plus grand bruit de » et inscrit de sa main au-desus : « dans ces Explications. Jâaurois pu trompĂšter plus haut »⊠Citons la conclusion, qui prĂ©sente aussi une correction : « Au surplus je suis un bien foible avocat et jâai eu bien peu de temps pour plaider une si noble cause ; mais quand il sâagit de secours, de services Ă rendre Ă des malheureux, de flĂ©aux Ă combattre, un chrĂ©tien se trouve tout naturellement armĂ© : sur ce champ de bataille il a pour lui lâavantage [de la position biffĂ©] <du terrain> et le souvenir des anciennes victoires ».
72. François-RenĂ© de CHATEAUBRIAND. L.A.S., 27 avril 1833, Ă la princesse de bauFFreMOnt ; 2 pages in-8, enveloppe. 500/700 Ă prOpOs de la duCHesse de berry [dĂ©tenue Ă la citadelle de Blaye depuis sa tentative de soulever la VendĂ©e, elle approchait du terme de sa grossesse]. « Je suis encore tout honteux, Madame la Princesse, de ma seconde visite, et il a fallu toute votre politesse pour me la pardonner. Je suis maintenant sans inquiĂ©tude ; au reste la lettre nâavoit rien de grave, ni de compromettant pour personne. Je vous remercie infiniment, madame, de votre obligeante communication. Nous nâavons plus quâĂ attendre lâĂ©vĂ©nement, et Ă prier Dieu »âŠ
73. François-RenĂ© de CHATEAUBRIAND. L.A.S., Paris 13 mai 1836, [Ă Mme Augustin tHierry] ; 2 pages in-4. 700/800 belle lettre dâadMiratiOn pOur lâHistOrien des teMps MĂ©rOvinGiens, Ă propos de lâHistoire de Leudaste, comte de tours. â Le monastĂšre de radegonde, Ă Poitiers (cinquiĂšme des Nouvelles lettres sur lâhistoire de France. ScĂšnes du sixiĂšme siĂšcle, parue dans la revue des Deux Mondes, 1er mai 1836). « Plaignez-moi, Madame ; le misĂ©rable travail auquel je suis condamnĂ© qui ne finit point et qui me tue, mâa empĂȘchĂ© jusquâĂ la nuit derniĂšre de lire la nouvelle lettre de Monsieur Thierry. Câest un vĂ©ritable chef-dâĆuvre de narration, du style le plus sain et le plus appropriĂ© au sujet ; câest une haute leçon donnĂ©e Ă tous les barbouilleurs de nos jours. Jâai Ă©tĂ© vivement frappĂ© et touchĂ© de cette peinture des mĆurs de quelques personnages dâun vieux monde qui finit dans un monde qui commence ; jamais on nâa mieux fait sentir une de ces Ă©poques historiques de la mort et du renouvellement dâune sociĂ©tĂ©. Jâaurois Madame, un million de choses Ă vous dire des raisons de mon admiration pour Monsieur Thierry. Veuillez ĂȘtre mon interprĂšte auprĂšs de lui en attendant le jour de ma dĂ©livrance oĂč je mâempresserai dâaller moi-mĂȘme porter Ă votre illustre mari lâexpression de cette admiration »âŠ
74. François-RenĂ© de CHATEAUBRIAND. L.A.S., Paris 12 fĂ©vrier 1838 (?) ; 1 page in-4. 400/500 Il remercie de lâenvoi dâun poĂšme⊠« AussitĂŽt que le travail dont je suis occupĂ©, me laissera un moment de libre, je mâempresserai de lire vos vers. Malheureusement je ne suis pas juge ; jâaime les vers par instinct, sans connaĂźtre leur art »âŠ
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75. François-RenĂ© de CHATEAUBRIAND. ManusCrit avec ratures et COrreCtiOns autographes, Avertissement, [1838] ; 3 pages et demie in-8 de la main de son secrĂ©taire Hyacinthe pilOrGe avec corrections autographes. 600/800 avant-prOpOs du livre CongrĂšs de vĂ©rone. guerre dâesPagne. nĂ©goCiations : CoLonies esPagnoLes (Paris et Leipzig, Delloye et Brockhaus & Avenarius, 1838). Ce manuscrit prĂ©sente dâintĂ©ressantes variantes par rapport Ă lâAvertissement publiĂ©. La dĂ©claration « Mon ouvrage actuel porte en soi sa prĂ©face » est suivie ici de trois lignes retouchĂ©es par lâauteur : « les vĂ©ritĂ©s que je veux dĂ©montrer, les erreurs que je cherche Ă dĂ©truire y sont exposĂ©es, les preuves Ă lâappui »⊠Lâallusion aux « hommes publics qui furent en relation avec moi », que lâon connaĂźt, fait lâobjet ici dâun ample dĂ©veloppement : « ma correspondance isolĂ©e nâauroit point montrĂ© lâenchaĂźnement des faits. Mais dans les lettres que jâai produites, jâai eu soin dâen retrancher ce qui sortoit du cercle des affaires gĂ©nĂ©rales, ce qui pourroit gĂȘner maintenant les auteurs de ces missives, en laissant connoĂźtre des particularitĂ©s que leur devoir les obligeoit alors Ă me mander. Ainsi dans les lettres de M. le Cte de Laferronnays jâai supprimĂ© les jugements sans Ă©quitĂ© de lâEmpereur Alexandre : le genre de supĂ©rioritĂ© de M. le Cte de VillĂšle, ne pouvoit ĂȘtre ni senti, ni connu du Czar : câĂ©toit en vain que M. le Cte de Laferronnays cherchoit Ă rectifier les idĂ©es de lâautocrate ; il suffisoit que le PrĂ©sident du Conseil vĂźt des inconvĂ©nients Ă la guerre dâEspagne pour quâAlexandre fut injuste envers lui »⊠On relĂšve, en outre, quelques formulations qui seront modifiĂ©es avant lâimpression : « la vanitĂ© française » au lieu de « notre vanitĂ© » ; « Quant Ă mes opinions particuliĂšres, comme elles tiennent de celles des divers partis, elles ne plairont guĂšres Ă personne » deviendra « Il faudra croire que le congrĂšs de VĂ©rone nâa jamais voulu la guerre ; que lâentreprise dâEspagne a Ă©tĂ© une entreprise commandĂ©e par les intĂ©rĂȘts de la France ; que lâordonnance dâAndujar, toute belle quâelle Ă©toit philosophiquement parlant, Ă©toit une faute politique ; en un mot, il faudra croire le contraire de ce quâon a cru »⊠Enfin citons cette rĂ©flexion critique, Ă©cartĂ©e de la publication : « Je cherche Ă ĂȘtre juste ; je suis ce que je suis ; je ne puis me changer »âŠ
76. François-RenĂ© de CHATEAUBRIAND. L.A.S., Paris 8 juin 1842 ; Ÿ page in-8. 400/500 « Vous savez, Monsieur, ce qui me sĂ©pare de lâordre politique actuel ; je nâai donc ni droit de me mĂȘler des Ă©lections, ni crĂ©dit pour dĂ©terminer des suffrages ; mais je vous dirai que je ne connois personne plus digne de siĂ©ger dans une assemblĂ©e lĂ©gislative que vous, Monsieur, qui dĂ©fendez avec talent, courage et persĂ©vĂ©rance, les intĂ©rĂȘts, les libertĂ©s, et lâhonneur de notre patrie »âŠ
77. François-RenĂ© de CHATEAUBRIAND. L.S. avec 2 lignes autographes, Paris 20 janvier 1846, Ă un ami ; lettre dictĂ©e Ă Maujard ; Ÿ page petit in-4. 300/400 sur les mĂ©moires dâoutre-tombe. Il lui envoie la « copie exacte de la premiĂšre partie de mes MĂ©moires [âŠ] pour remplacer lâancien DĂ©pĂŽt fait par Mr Sala. Mr Maujard qui vous porte le manuscrit actuel recevra lâancien que je vous prie de me renvoyer afin que je le brĂ»le sous mes yeux. Le prĂ©sent manuscrit sera remis par vous Ă Mr Sala en place de lâancien dans la boĂźte demeurĂ©e vuide »⊠Chateaubriand ajoute de sa main : « Il faut que vous revoyiez ici mon amitiĂ© et mon Ă©criture. Chateaubriand ».
78. François-RenĂ© de CHATEAUBRIAND. L.S., Paris 6 juin 1846, [au poĂšte Jean rebOul] ; lettre dictĂ©e Ă Maujard ; demi-page in-8. 200/300 [Jean Reboul venait de publier ses PoĂ©sies nouvelles, avec le poĂšme Ă M. de Chateaubriand, qui sâachevait ainsi : « Et ta cendre, ĂŽ vieux Cid, gagnerait des batailles ».] « Je ne suis point le vieux Cid, mon illustre ami, je ne suis quâun chrĂ©tien qui sâen va, en vous laissant le champ de bataille ; descendez-y, vous y gagnerez la victoire et vous viendrez me rejoindre. Rapportez-moi des chants que jâai dĂ©jĂ oubliĂ©s. Adieu priez pour votre vieil ami ! »âŠ
79. [François-RenĂ© de CHATEAUBRIAND]. MAUJARD, dernier secrĂ©taire de Chateaubriand. L.A.S. et copie autographe de deux FraGMents des MĂ©moires dâoutre-tombe, Paris 27 dĂ©cembre 1850, au duc de nOailles ; 8 pages in-8, enveloppe. 300/350 envOi dâun ManusCrit de la prĂ©FaCe des mĂ©moires dâoutre-tombe au suCCesseur de CHateaubriand Ă lâaCadĂ©Mie. Maujard envoie au duc une « copie de la PrĂ©face manuscrite des mĂ©moires de M. de Chateaubriand dictĂ©e Ă la fin de 1845 », contenant « en plus de celle Ă©ditĂ©e, quelques petits passages, les uns oubliĂ©s par lâauteur, les autres retirĂ©s sans son avis »⊠Il y joint un passage quâil croit inĂ©dit, et qui prouve que lâauteur « lisait profondĂ©ment dans le cĆur de lâhomme »⊠Maujard a pris soin de copier les passages inĂ©dits de lâ« Avant-propos » des MĂ©moires dâoutre-tombe â ici intitulĂ© PrĂ©face â dâune main plus droite : remarques tĂ©moignant des prĂ©occupations de Chateaubriand dâune publication « par lambeaux », et rĂ©flexions sur lui-mĂȘme et son Ă©criture⊠Le « passage inĂ©dit » joint se rapporte Ă un entretien entre Louis-Philippe et Cavaignac. « Les deux interlocuteurs sont Ă©galement fils de dĂ©collateurs de
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Roi ; lâun riche et noble, va monter au trĂŽne ; lâautre, pauvre et plĂ©bĂ©ien, rester au pied de ce trĂŽne, doublement armĂ© du vote et des ordres sanguinaires de son pĂšre : telle et la sociĂ©tĂ© que lâon trouve toute naturelle aujourdâhui. Quand les RĂ©gicides ont Ă©tĂ© fort nombreux, comme en France, ils ont des enfants ; ces enfants ont des enfants, cela forme dans lâĂ©tat une caste », etc.
80. [François-RenĂ© de CHATEAUBRIAND]. 3 L.A.S. et 1 L.S. Ă lui adressĂ©es, et un manuscrit. 250/300 Ădouard deneuville (envoi dâun manuscrit par cette « plume obscure » de Saint-Omer, 6 mai 1847), de lavillatte (condolĂ©ances), Claude Drigon marquis de MaGny (juge dâarmes, Ă en-tĂȘte du CollĂšge hĂ©raldique et archĂ©ologique de France, 22 janvier 1846, au sujet du Livre dâor de la noblesse), Jean-Baptiste-Julien MandarOux-vertaMy (« vous ĂȘtes la gloire dâune phalange qui sâĂ©teint », Clermont-Ferrand 17 aoĂ»t). Petits Ăchantillons des Productions du cĆur, cahier de poĂšmes « offert Ă Madame la Vicomtesse de Chateaubriand pour une personne inconnue » (cahier petit in-4 de 123 pages). On jOint la copie dâun « Impromptu fait par Mr le comte de Chateaubriand, en se promenant avec sa mĂšre, qui laissa tomber sa tabatiĂšre dans lâĂ©tang de Combourg » ; et une l.a.s. de la comtesse de Durfort Ă Maurice Levaillant (1938).
81. Famille de CHATEAUBRIAND. 98 lettres, la plupart L.A.S., 1810-1827, Ă lâavocat Jean-Baptiste lesueur (fortes mouillures avec des manques au bas des lettres). 300/400 Correspondance dâaffaires avec lâhomme de loi dâHervĂ© de tOCqueville, oncle maternel et tuteur des neveux de Chateaubriand, Louis et Christian de CHateaubriand (fils de son frĂšre aĂźnĂ© Jean-Baptiste-Auguste, guillotinĂ© en 1794), et Ă ce titre en relations dâaffaires avec lâĂ©crivain et sa famille, pour des questions Ă©voquĂ©es ici de donations, successions, transferts de fonds, termes dus, questions de budget personnel, envois de documents, etc. Marie-Anne de Chateaubriand, comtesse de MariGny, sĆur de François-RenĂ© de Chateaubriand (3). Louis, comte de CHateaubriand, neveu de lâĂ©crivain (48, 1811-1827, dont la premiĂšre marque sa majoritĂ©). ZĂ©lie dâOrGlandes, comtesse de CHateaubriand, femme de Louis (10, 1815-1827). Nicolas-François comte dâOrGlandes, pair de France, pĂšre de la prĂ©cĂ©dente (2, 1814-1825). Christian de CHateaubriand, frĂšre de Louis (33, 1810-1823). Louise Le Peletier de Rosanbeau, comtesse de tOCqueville, femme dâHervĂ© (1, 1814). Pierre Marin Rouph de variCOurt, Ă©vĂȘque dâOrlĂ©ans (Ă propos dâune donation de Christian Ă son sĂ©minaire, 1822).
82. Louis de CHATEAUBRIAND (1790-1873) officier de cavalerie, neveu de lâĂ©crivain. 4 L.A., Paris 1-5 avril 1814, Ă sa FeMMe, la comtesse de CHateaubriand, nĂ©e ZĂ©lie dâOrGlandes ; 29 pages petit in-4 ou in-8, la plupart avec adresse. 400/500 trĂšs intĂ©ressante COrrespOndanCe des jOurs suivant lâentrĂ©e des alliĂ©s dans paris. Vendredi 1er avril [1814]. « On sâest battu dans la plaine de St-Denys mercredi matin depuis trois heures du matin jusquâĂ 5 heures du soir. Joseph commandoit avec Mortier et Marmont. Ils ont Ă©tĂ© abymĂ©s. Les Russes, les Autrichiens et les Prussiens, car lâarmĂ©e presque entiĂšre des alliĂ©s Ă©toit lĂ , ont cernĂ© la ville qui a capitulĂ©. Le Prince sCHWarzenberG a fait une proclamation oĂč il se dĂ©claroit le soutien des français dans un changement de gouvernement. Cette proclamation a eu bon effet. Le lendemain jeudi on a vu des cocardes blanches. [âŠ] Nous avons parcouru les rues en faisant crier Vive le roi »⊠DĂ©tails sur la conduite des souverains, « nos libĂ©rateurs », celle du peuple, et lâattente du comte dâartOis⊠Samedi 2 avril. « Demain doit paroĂźtre imprimĂ©e une brochure de mon oncle »⊠On attend la dĂ©chĂ©ance par le SĂ©nat, prĂ©sidĂ©e par talleyrand (« assez singulier que notre salut soit venu par lui »). « Le Prince sCHOuvalOF a dit Ă mon oncle CHateaubriand que lâempereur de Russie nâavait jamais chancelĂ© dans le dessein de nous rendre les Bourbons »⊠Ăchos de la soirĂ©e des souverains Ă lâOpĂ©ra, marquĂ©e par des manifestations lĂ©gitimistes⊠Dimanche soir 3 avril. Nouveaux dĂ©tails sur la capitulation de Paris, et les manifestations de joie, en particulier envers le Tsar alexandre. La plupart des soldats bivouaquent aux Champs-ĂlysĂ©es, et sur les places ; Louis a fait ce quâil a pu pour que la maison de ses beaux-parents fĂ»t « le moins possible pillĂ©e »⊠Le gouvernement provisoire se compose de gens « assez mĂ©prisables », mais câest « par de pareils gens que Charles 2 a Ă©tĂ© rĂ©tabli en Angleterre. Il faut avant tout mĂ©nager tous les partis »⊠Commentaires sur la Garde nationale, les effets du dĂ©cret de dĂ©chĂ©ance, et la dĂ©termination de Schwartzenberg et de Langeron de chercher « la tĂȘte du monstre »⊠Mardi soir [5 avril]. Sur les Ă©changes entre les gĂ©nĂ©raux et marĂ©chaux de NapolĂ©on, et Alexandre, puis Talleyrand, le ralliement de MarMOnt. « Mr de Langeron Ă©crit que câest une dĂ©bandade gĂ©nĂ©rale, quâil patientera quelques jours pour Ă©viter lâeffusion du sang, et que lorsque bOnaparte sera rĂ©duit au petit nombre de forcenĂ©s qui voudront lui rester fidĂšles, il frappera le grand coup, qui sera trĂšs petit »⊠La pusillanimitĂ© de lâassassin du duc dâEnghien fut prĂ©dit par son oncle⊠Attente de Monsieur⊠Mauvais esprit de la Garde nationale⊠Paris est plein « de Jacobins et de canaille qui tremblent dâĂȘtre punis par le frĂšre de leur Roi immolĂ© », mais « quand ils verront que Mr de Talleyrant et autres de sa trempe sont les premiers restaurateurs de la RoyautĂ©, que le SĂ©nat conserve ses droits et ses membres [âŠ] alors ils ouvriront les yeux Ă la vĂ©ritĂ© »âŠ
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83. Louis de CHATEAUBRIAND. 64 L.A. (dont 6 signĂ©es, et 4 incomplĂštes), fĂ©vrier-dĂ©cembre 1823, Ă sa FeMMe, la comtesse de CHateaubriand, nĂ©e ZĂ©lie dâOrglandes (une Ă sa mĂšre, et 2 signĂ©es « Papa » Ă ses filles Louise et Aline) ; 190 pages in-4 ou in-8, la plupart avec adresse, nombreux cachets ArmĂ©e dâEspagne (une avec petits manques). 800/1 000 CaMpaGne dâespaGne. Colonel au 4e rĂ©giment de chasseurs, Louis de Chateaubriand commence la campagne Ă Mansle (Charente), passe rapidement Ă Beauvais, Poitiers, Montlieu, Sault-de-Navailles et Bayonne, puis en Espagne, dâoĂč ses lettres sont datĂ©es de Kerma, Villafranca, Vittoria, Ali, Haro, Burgos, Aranda de Duero, San Sebastian, Madrid, Carabanchel, Puerto de Lapiche, La Carolina, Puerto Santa Maria, La Carlotta, Andujar, Mengibar, Baeza, Grenade, Guadix, Baza, Velez el Rubio, Lorca, Murcie, Crevillente, BurbĂĄguena, et Saragosse. Il parle du plaisir de retrouver son rĂ©giment, de lâentrĂ©e triomphale dans Poitiers, dâune Ă©chauffourĂ©e Ă la frontiĂšre, et de la marche vers Madrid, son rĂ©giment faisant lâescorte du duc dâanGOulĂȘMe⊠Excellent accueil Ă Burgos (regrets de nâavoir pas vu le tombeau du Cid), observations sur lâapprovisionnement, les villages, le paysage aride, « lâarmĂ©e de la foi » qui se joint aux Français, et comparaisons entre cette jeune armĂ©e ardente et les soldats expĂ©rimentĂ©s⊠Bonne rĂ©ception du Prince Ă Madrid, et de Louis chez le marquis de Villesca, grand dâEspagne et du parti du Roi⊠Description touristique de la ville, avant de se mettre en route pour chercher Ă SĂ©ville El rey Fernando⊠Description de lâAlcazar de SĂ©ville ; dĂ©ception en comparant les monuments espagnols aux français⊠Rumeurs dâavancement, Ă©vocation de la « belle affaire » du TrocadĂ©ro, Ă©chos du colonel dâArgout⊠Beau rĂ©cit de la capture du gĂ©nĂ©ral Rafael del Riego⊠DĂ©livrance du Roi dâEspagne et de la malheureuse famille royale⊠La main de la Providence est visible en tout ceci : « On remarque que Bonaparte le 1er gĂ©nĂ©ral de son temps, secondĂ© par ses meilleurs gĂ©nĂ©raux a Ă©chouĂ© ici, et que Mr le duc dâAngoulĂȘme qui (nous pouvons le dire sans lui nuire) a de beaucoup moins grands talents, et en est Ă son dĂ©but comme gĂ©nĂ©ral en chef, a rĂ©ussi complettement. Et cela, ajoute-t-on, est la rĂ©compense de ses vertus » (8 octobre)⊠PriĂšre de suivre sa requĂȘte de changement de garnison, de BĂ©ziers, endroit insalubre : il faudra que « si le ministre accorde le changement, mon oncle [CHateaubriand] obtienne la faveur (bien lĂ©gĂšre de ministre Ă ministre) de la garnison du Mans. [âŠ] Si tu Ă©tois Ă Paris, tu presserais facilement lâoncle lĂ -dessus. Mais je crois que tu ferois bien de lui en Ă©crire, et surtout Ă la tante » (29 octobre)⊠On rencontre aussi les noms des gĂ©nĂ©raux Bonnemains, Bourmont, Bordesoulle, de Castelbajac, de Latour-Foissac, Molitor, Morillo, Ballesteros⊠Etc.
84. Christian de CHATEAUBRIAND (1791-1843) officier, il servit dans lâexpĂ©dition en Espagne, puis entra chez les JĂ©suites ; neveu de lâĂ©crivain. 37 L.A.S. ou L.A., 1817-1824, Ă sa belle-sĆur ZĂ©lie dâOrGlandes, comtesse de CHateaubriand ; 113 pages in-4 ou in-8, la plupart avec adresse. 500/600
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COrrespOndanCe FaMiliale, parlant de son frĂšre Louis, du dĂ©putĂ© Nicolas dâOrGlandes, pĂšre de la comtesse, de son oncle HervĂ© de tOCqueville, de son oncle CHateaubriand et de la vicomtesse, ainsi que des nouvelles du jour : ordonnances sur la Garde nationale et lâarmĂ©e, Ă©vacuation des troupes alliĂ©es, dĂ©buts du Conservateur, changement de ministĂšre⊠Les lettres sont Ă©crites de Paris, Auch, Orthez, Irun, Vittoria, Burgos, Madrid, TolĂšde, Madrilajos, Andujar, Cordoue, Saint-Jean-de-Luz, Lyon, Rome, etc. « Le pauvre oncle ne voit pas en beau, et il a malheureusement bien raison. Tout va chez nous comme au temps de la confusion des langues » (22 octobre 1817)⊠AprĂšs que plusieurs promotions eurent lieu « sous le nez de lâoncle » sans bĂ©nĂ©ficier au neveu, le cher vicomte Ă©tait « tout furieux » : « je lui ait dit pauvre cher homme Ă quoi bon avoir fait le GĂ©nie du christianisme si vous ne savez pas quâil nây a de sacremens que pour ceux qui ont reçu le baptĂȘme » (18 mai 1821)⊠Le plus grand nombre de ces lettres furent Ă©crites dans la campagne dâEspagne : commentaires sur le gouvernement dĂ©labrĂ© qui attend le retour du roi Ferdinand, les dĂ©gĂąts de la peste constitutionnelle, la lĂ©thargie espagnole⊠Il sâimpatiente de savoir si lâoncle a obtenu quâil serve dâofficier dâordonnance au duc dâanGOulĂȘMe, dĂ©plore quâun aide de camp de GuilleMinOt soit pris en flagrant dĂ©lit de conspiration alors que des royalistes Ă©prouvĂ©s attendent encore de bonnes affectations, augure dâune expĂ©dition militaire « facile, et pacifique » (23 avril 1823), tĂ©moigne de lâenthousiasme suscitĂ© par le prince et de lâexcellent accueil quâon fait aux Français, Ă©voque des camisados, des partisans embusquĂ©s quelques mouvements des troupes, la reddition de ballesterOs et le bruit selon lequel « tout est arrangĂ© dâavance avec Cadiz et que le prince nâaura quâĂ se montrer pour que les portes sâouvrent Ă lâinstant » (14 aoĂ»t 1823), la mort de pie VII, la rentrĂ©e solennelle en France voulue par le duc dâAngoulĂȘme, et quelques mois plus tard, sa propre vocation qui lâemmĂšne Ă Rome Ă la recherche de « cette cĂŽte qui me manque » (28 mars 1824), et oĂč se retrouve « notre abbĂ© duc » [de rOHan]⊠On jOint une L.A.S. Ă lâabbĂ© Louis-François duc de rOHan, pair de France [et futur cardinal], Ă Rome, exposant sa dĂ©cision de suivre son « gĂ©nĂ©reux exemple » et dâentrer dans les ordres, [1824].
85. Jean COCTEAU (1889-1963). P.A.S. avec dessin Ă la plume, sur le faux-titre de la piĂšce Les Parents terribles (Gallimard, 1938) ; in-12, ex. dĂ©brochĂ© et usagĂ©, la couv. inf. manque. 150/200 DĂ©dicace ornĂ©e dâun profil Ă la plume : « Mon Roger, voici le premier livre sorti pour ta fĂȘte. Je tâaime et tâembrasse Jean ».
86. Jean COCTEAU. L.A.S., 19 juin 1960, [au musicien Fernand OubradOus] ; 1 page in-4 (on joint un tĂ©lĂ©gramme au mĂȘme). 100/120 « HĂ©las je parle trĂšs rarement en public â car lâimprovisation (seul moyen de contact vrai) me fatigue beaucoup et interrompt mon travail. En outre jâai peur de ne pas ĂȘtre revenu de NĂźmes. Mais je mâattriste de tout cela »âŠ
87. Louise COLET (1810-1876) femme de lettres, maĂźtresse (entre autres) de Flaubert. pOĂšMe autographe signĂ©, Bluette ; 1 page et demie in-8. 120/150 Ce joli poĂšme floral de 6 quatrains, publiĂ© en 1839 dans son recueil Penserosa sous le titre Le Liseron, est une ode Ă cette fleur odorante, pure et modeste, quâelle compare Ă lâamour : « Aimer le liseron, cette fleur qui sâattache Au gazon de la tombe Ă lâagreste rocher Triste et modeste fleur qui dans lâombre se cache Et frissonne au toucher »⊠Le manuscrit prĂ©sente quelques ratures et corrections. De la signature « Louise Colet nĂ©e RĂ©voil », elle a biffĂ© les deux noms de famille pour ne garder que le prĂ©nom.
88. Louise COLET. pOĂšMe autographe signĂ©, Portrait, NĂźmes aoĂ»t 1834 ; 3 pages in-4 (un bord un peu effrangĂ©). 120/150 PiĂšce de 7 strophes, raillant un mauvais auteur dans le milieu corrompu de lâĂ©dition. « Câest un de ces frĂȘlons de la littĂ©rature, Qui, dâauteurs en auteurs, butinent leur pĂąture, Forment pĂ©niblement, de ce quâils ont volĂ©, Un volume indigent, et de vers, et de prose, OĂč, sur le frontispice un article les pose En noir dĂ©mon Ă©chevelĂ© ! »âŠ
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89. COLETTE (1873-1954). ManusCrit autographe signĂ©, Une aile protectriceâŠ, [vers 1945] ; 2 pages in-4 sur papier fort glacĂ©. 500/600 en Faveur de lâassOCiatiOn Lâentraide de Lâaviation, qui rend HOMMaGe aux pilOtes de Guerre MOrts au COMbat et sOutient MatĂ©rielleMent leurs FaMilles. « Une aile protectrice veut ici rassembler les petits des aigles que la guerre foudroya. Tous les orphelins sont poignants, mais ceux que groupe, quâabrite âLâentraide de lâaviationâ, comment oublier que seuls leurs pĂšres [âŠ] traçaient, sur un ciel contestĂ©, le signe de notre droit incontestable ? Ce nâest pas assez que de cĂ©lĂ©brer une fois de plus leur fin dâoiseaux hĂ©roĂŻques, tuĂ©s en plein vol, il faut que leur couvĂ©e soit pour toujours Ă lâabri. Il faut que leurs veuves puissent goĂ»ter une sĂ©curitĂ© matĂ©rielle, rĂ©fugiĂ©es dans un fier et unique souvenir. [âŠ] Le cĆur de Paris, baignĂ© dâune joie rĂ©cente, ne sâest jamais ouvert aussi largement Ă toutes les dĂ©tresses, nâa jamais rĂ©pondu, dâun cri plus Ă©mu Ă tous les appels ». Il faut aider cette Ćuvre dirigĂ©e par la gĂ©nĂ©rale bOusCat sous la prĂ©sidence du gĂ©nĂ©ral de Gaulle. « Quâils dorment en repos, les jeunes hommes qui tombĂšrent, brisĂ©s, de lâazur »âŠ
90. Benjamin CONSTANT (1767-1830). L.A.S., 10 septembre 1824, Ă Ătienne de jOuy ; 2 pages in-8, adresse. 500/600 Il remercie son ami de sa bontĂ©. « Tout ce que je dĂ©sirais & dĂ©sire encore câest que les faits rĂ©tablis circulent dans le monde. La vĂ©ritĂ© fait
son chemin, tout aussi bien que le mensonge, quoique plus lentement. Quant Ă lâarticle quelconque, il est impossible. Je ne puis pas entrer ridiculement dans des dĂ©tails de famille. 2° Je ne puis me prĂ©senter, comme cherchant Ă tirer parti dâune crĂ©ance, ce qui ferait croire Ă des embarras dâaffaires. 3° Je ne puis mettre dans un journal quâun des frĂšres de ma femme lui doit & ne lui paye ni capital ni interets. Enfin une dĂ©nĂ©gation pure & simple nâest pas moins impossible, puisquâil y a un point de vue sous lequel le fait est vrai & le Cte de Fries Ă Vienne & son correspondant en Suisse nây entendraient rien & pourraient repondre eux-mĂȘmes surtout ce dernier qui croirait que je ne me moque de lui, & le desavouer »⊠Il dĂ©sire quâaucune rĂ©futation ne soit insĂ©rĂ©e dans la presse, par ceux qui lui veulent du bien, et « que mes amis seuls mâaident dans la conversation »âŠ
91. Benjamin CONSTANT. L.S., Paris 3 octobre 1830, au baron de la berGerie, ancien prĂ©fet ; 2 pages in-8, adresse (lĂ©g. taches). 200/300 deux MOis avant sa MOrt. Il nâa pas oubliĂ© sa bienveillance, « bienveillance dâautant plus mĂ©ritoire, que vous Ă©tiez le prĂ©fet dâun gouvernement qui me persĂ©cutait tant soit peu et qui persĂ©cutait surtout mon illustre ami. Il y avait donc bontĂ© et courage dans vos procĂ©dĂ©s envers nous. Quant Ă lâouvrage dont vous me faites lâhonneur de me parler, jâen reconnais toute lâimportance et je le lirai avec le plus grand intĂ©rĂȘt dans des momens plus calmes. Aujourdâhui, sans renoncer Ă amĂ©liorer, nous avons beaucoup de choses Ă dĂ©fendre et ce ne sera guĂšre que lorsque nous aurons consolidĂ© la glorieuse rĂ©volution menacĂ©e par un parti qui prend plusieurs formes, que nous pourrons nous occuper de lâexamen de questions importantes »âŠ
92. François COPPĂE (1842-1908). 4 L.A.S., [1890]-1907, Ă sa cousine Marguerite rObert, Ă Quimper ; 4 pages in-8 ou in-12, 3 enveloppes. 150/200 [rome 10 avril 1890]. Ă la suite dâune l.a.s. de leur cousin Auguste, Ă©voquant une audience papale accordĂ©e Ă CoppĂ©e, sa sĆur Annette et leur cousine Alexandrine, François CoppĂ©e envoie des vĆux pour la santĂ© de Marguerite, et des fĂ©licitations sur la promotion de Robert au grade de capitaine. « Annette, la cousine Alexandrine et moi, nous allons continuer notre route jusquâĂ Naples, et nous y prenons un trĂšs vif intĂ©rĂȘt »⊠La FraiziĂšre 13 juin [1894]. « Les enfants sont trĂšs gentils â comme leurs portraits. Nous allons mieux, Annette et moi, et nous voici installĂ©s Ă la campagne, oĂč nous attendons lâĂ©tĂ© â au coin du feu »⊠2 janvier 1907, vĆux : « Annette vieillit beaucoup, hĂ©las ! Elle a passĂ© 80 ans »⊠Beg Meil [septembre 1907]. Ă Beg Meil pour 10 ou 15 jours avec son mĂ©decin et ami, le Dr Duchastelet, il propose de venir demander Ă dĂ©jeuner Ă Marguerite. « Comme je viens de souffrir et souffre encore des gencives, je ne puis absorber que des aliments trĂšs mous, des Ćufs, du poisson, par exemple, et seulement de la mie de pain. â Oh ! ton vieux cousin nâest pas brillant, â mais il se rĂ©jouit quand mĂȘme de te revoir et dâĂ©voquer auprĂšs de toi les anciens souvenirs »âŠ
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93. François COPPĂE. ManusCrit signĂ© avec additions et corrections autographes, Le Bon Cauchemar (Conte de NoĂ«l) ; 8 pages in-fol. montĂ©es sur onglets, reliure demi-maroquin bleu Ă coins, Ă©tui (Alix). 150/200 Conte de NoĂ«l, oĂč Georges Lorphelin, jeune poĂšte sans Ă©diteur et sans le sou, fait un rĂȘve Ă©trange qui le convainc de son bonheur⊠Le manuscrit est mis au net par le secrĂ©taire de CoppĂ©e, Claude COuturier (1858-1918) ; François CoppĂ©e a inscrit le titre, portĂ© des additions et corrections autographes, et signĂ©. On jOint une L.A.S., samedi matin [4 janvier 1908, Ă Victorien sardOu], remerciant le « vieil ami qui sâest souvenu dâune façon si touchante de cette soirĂ©e du Passant, en janvier 1869, de cette belle heure de notre jeunesse »âŠ
94. Lucie DELARUE-MARDRUS (1880-1945). pOĂšMe autographe signĂ©, La Ferme vide ; 2 pages et demie in-fol. 120/150 beau pOĂšMe de treize quatrains : « Assise toute seule Ă lâangle du vieux mur De cette ferme ouverte et pour un moment vide, Je sentais le repos combler mon ĂȘtre avide »... On jOint une L.S. de Judith Cladel (1911), pĂ©tition pour la fondation dâun MusĂ©e Rodin.
95. Tristan DERĂME (1889-1941). 3 ManusCrits autographes signĂ©s, 1932 et s.d. ; 8 pages et demie in-4, cachets encre Ă son adresse La Maison du PoĂ«te Ă Oloron Sainte-Marie (marques au crayon de lâimprimeur). 300/400 CHrOniques littĂ©raires pOur Le Figaro. Autour de la contre-assonance (24 aoĂ»t 1932). RĂ©ponse Ă un article dâAndrĂ© ThĂ©rive affirmant que « Georges Courteline avait âpar certaines recherchesâ prĂ©figurĂ© les contre-assonances. [âŠ] Loin de songer Ă dĂ©mĂȘler les rĂšgles dâune musique Ă©trange, Courteline se divertissait seulement Ă montrer que des mots qui se terminent par les cinq mĂȘmes lettres, dans le mĂȘme ordre, peuvent fort bien ne pas rimer entre eux »⊠amicale RĂ©bellion, ou : de la rime, Ă propos de remarques dâEugĂšne Marsan, pour qui la rime pourrait, en certains cas, disparaĂźtre. DerĂšme cite Dumas pĂšre et Sainte-Beuve, pour plaider que « supprimer la rime, câest supprimer le vers ; Ă moins, bien entendu, quâon ne rĂ©ussisse Ă substituer Ă la rime une autre musique Ă©galement ignorĂ©e de la prose »⊠Lâoptimiste et lâhuĂźtre. Portrait dâun vieil original, qui professe le plus grand optimisme. « Câest un extravagant. Jâen connais des milliers. Leurs exploits nous sont familiers. Un plan de lâunivers dĂ©core leur pupitre. Ils cueillent en eux seuls les plus rares des fleurs, cassent vingt fois leur fil sans emporter une huĂźtre, et contemplent le monde Ă travers une vitre que leurs songes ont peinte aux plus tendres couleurs »⊠On jOint 5 L.A.S. Ă Maurice levaillant, 1920-1929.
96. Tristan DERĂME. 3 ManusCrits autographe signĂ©s ; 5 pages et demie et 3 pages in-4, et 5 pages oblong in-8. 300/400 Encore M. Michon ou Les Oncles de la RĂ©publique, sur les subventions thĂ©Ăątrales, que le dĂ©putĂ© Michon voudrait supprimer, la plupart de ses Ă©lecteurs nâallant jamais au thĂ©Ăątre⊠« On peut ĂȘtre bon français sans aimer Racine, ni MoliĂšre. Certes. Mais on peut ĂȘtre meilleur homme en les pratiquant. [âŠ] Nous sommes tous usagers. Nous payons donc tous une parcelle de la subvention, et câest justice »⊠De M. Henri Bremond ou dâune âprofondeurâ perdue, Ă propos du livre de lâabbĂ© Bremond, La PoĂ©sie Pure. Dâun livre incomplet et dâun tigre entier (27 janvier 1926), sur les poĂštes « qui ont imaginĂ© de couper le vers Ă la rime », citant Paul Fuchs et Franc-NohainâŠ
97. Ămile DESCHAMPS (1791-1871). 6 L.A.S. (dont un pOĂšMe), Versailles juillet-septembre 1857, Ă Charles baudelaire ; 23 pages la plupart in-8. 5 000/6 000 trĂšs bel enseMble sur le sOutien dâun des pOĂštes FOndateurs du rOMantisMe Français Ă lâauteur des FLeurs du maL lOrs de sOn prOCĂšs. 14 juillet. Son « exquise traduction des contes fantastiques de lâHoffmann amĂ©ricain » [Edgar pOe] a charmĂ© sa convalescence, et voilĂ quâil reçoit ces Fleurs du Mal : « Je viens dâaspirer tous leurs poisons enivrants, tous leurs parfums terribles. Vous seul pouviez faire cette poĂ©sie, dont lâexplication est dans lâĂ©pigraphe dâAgrippa dâAubignĂ©, pour le fond des choses ; dont le secret, pour la forme savante et ciselĂ©e est dans la dĂ©dicace au parfait magicien Ăšs langue française, notre grand et cher ThĂ©ophile Gautier ! Pour ne mâen tenir quâĂ ce qui concerne lâart â le poĂ«te restant le maĂźtre de ses idĂ©es, comme a dit magistralement V. Hugo â je ne puis me taire sur les prodiges de poĂ©sie et de versification »⊠Et de nommer Don Juan aux enfers, les Spleen, Les Femmes damnĂ©es, Les MĂ©tamorphoses du vampire, Litanies de Satan, Le Vin de lâassassin, ConfessionâŠ, « poĂ©sies sans modĂšle et sans imitateurs pour longtemps. Votre verve, votre coloris, votre harmonie Ă part ont pu seuls en venir Ă bout ; et que de secrets de forme comme de cĆur sâen Ă©chappent ! Que de vers trempĂ©s dâune vigueur Ă©tonnante ou dâun enchantement inaccoutumĂ©, que de tours ellyptiques et nouveaux, que de rythmes dociles et fiers ! »⊠[La copie de cette belle lettre avait Ă©tĂ© jointe par Baudelaire au dossier constituĂ© pour sa dĂ©fense lors du procĂšs des Fleurs du Mal.]
...â/â...
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20 aoĂ»t [le jour mĂȘme du procĂšs]. Il reçoit les Articles justificatifs et il se dĂ©pĂȘche de lui envoyer « quelques pauvres vers », en tĂ©moignage dâune « sympathie reconnaissante et une admiration vraie », en brouillon : « Vous pardonnerez aux ratures de la plume comme aux fautes de lâĂ©crivain ». Lâarticle dâĂdouard tHierry dans le Moniteur est un « chef-dâĆuvre de pensĂ©e et de forme. [âŠ] Ceux de MM. Dulamon et dâaurevilly sont dignes de leurs auteurs et de vous, câest beaucoup dire, et jâadmire comment ces trois esprits si distinguĂ©s, si Ă©minents et si divers se sont rĂ©unis sur votre terrain avec une fraternitĂ© de sentiment si frappante. Quant Ă lâarticle de M. asselineau, il est dĂ©veloppĂ© de main de maĂźtre, philosophiquement et poĂ«tiquement. [âŠ] Soyez fier de tous ces glorieux tĂ©moignages, cher poĂ«te »⊠Il attend le verdict : « personne nâattend avec plus dâespĂ©rance et dâimpatience que moi, lâissue favorable de tout ceci »⊠20 aoĂ»t. PoĂšme de 78 vers, datĂ© en tĂȘte « Versailles 20 aoĂ»t 1857 » : « Quoi ! Ce livre effrayant de Charles Baudelaire Susciterait des lois lâĂ©quitable colĂšre ? Non, non. â Dans le rĂ©el il a pris son sujet. En brisant le miroir dĂ©truirait-on lâobjet ? La peinture, aprĂšs tout, nâest point lâapologie. [âŠ] Mais un livre qui met sur son front : FLeurs du maL, Ne dit-il pas dâabord tout ce quâil porte au ventre ? »⊠Ce manuscrit, signĂ© en fin, avec plusieurs ratures et corrections, est celui mĂȘme envoyĂ© le 20 aoĂ»t. Il prĂ©sente des variantes avec le texte publiĂ© dans Le PrĂ©sent du 1er septembre, repris dans lâAppendice de lâĂ©dition posthume des Fleurs du Mal (1868), puis dans les Ćuvres complĂštes de Deschamps (Lemerre, t. II, 1873, p. 126). 21 aoĂ»t. Il envoie une copie corrigĂ©e de ses vers (ce nouveau manuscrit est conservĂ© Ă la BibliothĂšque littĂ©raire Jacques Doucet), priant de brĂ»ler le brouillon. Il a appris par le journal « le jugement du Tribunal. Les ConsidĂ©rants sont trĂšs doux â mais comptez-vous appeler en Cour impĂ©riale ? Veuillez me dire vos projets â je suis si prĂ©occupĂ© de vous ! » il a partagĂ© son admiration pour Baudelaire avec son ami Gaston de saint-valry⊠27 aoĂ»t. Il accepte de voir ses vers dans la revue Le PrĂ©sent : « il mâagrĂ©e beaucoup que le public soit mis dans la confidence de ma sympathie pour le poĂ«te »... Il en envoie une nouvelle copie corrigĂ©e : « Jâai ajoutĂ© pour sous-titre : Ă quelques censeurs. â Le jugement Ă©tant intervenu depuis que jâai Ă©crit cette piĂšce, la chose jugĂ©e doit ĂȘtre respectĂ©e par lâauteur comme par lâimprimeur. De lĂ quelques lĂ©gĂšres variantes [âŠ] il faudra conserver la date de Versailles, 18 aoĂ»t 1857 au bas de la piĂšce »⊠Il revient sur le « bonheur littĂ©raire » de sa traduction dâEdgar pOe, et sur sa notice dâun « grand style ». Il lui offre son Macbeth et son romĂ©o « dĂ©jĂ bien anciennement imprimĂ©s, lâOdĂ©on va monter lâun et reprendre lâautre »⊠Il ajoute en post-scriptum des fĂ©licitations Ă PhiloxĂšne bOyer Ă lâoccasion de son mariage, et son projet dâune visite Ă ThĂ©odore de banville⊠2 septembre. Il est « tout confus » de la prĂ©sentation de ses vers dans Le PrĂ©sent. « Je suis plus Ă lâaise pour vous parler de lâEssence du rire. Câest lâĂ©tude charmante et profonde dâun philosophe, dâun poĂ«te et dâun esprit si lumineux ! â Vous avez dĂ©frichĂ© lĂ un champ tout neuf, et une moisson dâor en a jailli. Tout Ă coup rien de plus solidement et de plus ingĂ©nieusement pensĂ©, rien de plus savamment, de plus pittoresquement exprimĂ©, et quel art il vous a fallu pour rendre sensibles et comprĂ©hensibles au lecteur, des nuances si dĂ©licates, des idĂ©es si nouvelles et si enveloppĂ©es dâombres presque mystiques »⊠Anciennes collections PouLet-maLassis, puis Joseph Pierre. Lettres Ă Baudelaire (Ă©d. Claude et Vincenette Pichois, La BaconniĂšre, 1973, p. 123-134).
98. DIVERS. 11 L.A.S. et 1 L.S., 1945-1969. 150/200 PĂšre bruCkberGer, Jacques CHaban-delMas, AndrĂ© CHaMsOn (sur lâaffaire Pasternak : « malheureux enjeu de la lutte de deux mondes ! ou de la rĂ©sistance des noisettes sous les marteaux-pilons »), Jacques CHanCel, Paul Claudel, Alice HaliCka (sur un projet dâexposition en Inde), RenĂ© HuyGHe, Pierre-Jean jOuve (l.s., Ă propos des inondations de Florence en 1966), Jacques lassaiGne, Jean sennep, gĂ©nĂ©ral Paul steHlin, AndrĂ© de vilMOrin.
99. Minou DROUET (nĂ©e en 1947) poĂ©tesse prodige. L.A.S., Le Pouliguen 29 dĂ©cembre [1955], Ă Albert WilleMetz, prĂ©sident de la SACEM ; 1 page et quart in-8. 200/250 rare lettre Ă lâĂąGe de Huit ans pOur sOn adMissiOn Ă la saCeM. [Elle rĂ©ussira lâexamen dâadmission en fĂ©vrier 1956, malgrĂ© une polĂ©mique au sujet de la paternitĂ© de ses poĂšmes.] « Je mâappelle Minou Drouet, je suis nĂ©e le 24 juillet 1947 Ă la Guerche, je suis française, tĂȘtue et musicienne. Je suis musicienne dâailleurs avant dâĂȘtre tout le reste et je pense que le reste nâa aucune importance. Puisque vous aussi vous ĂȘtes musicien, je suis sĂ»re que vous devez ĂȘtre trĂšs gentil, alors je viens vous demander de bien vouloir me laisser dans votre maison quâon appelle la SACEM [âŠ] On a lâair de jouer au petit Chaperon-rouge, je fais toc toc Ă votre porte et vous allez me rĂ©pondre Minou tire la bobinette et la chevillette cherra ! Il paraĂźt que vous allez me faire passer un examen, jâespĂšre quâil nây aura pas trop de problĂšmes ! »âŠ
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100. Minou DROUET. 3 L.A.S. dont une avec pOĂšMe, 1956 ; 10 pages in8 et 3 pages et quart in4, 2 enveloppes. 300/400 bel enseMble de la jeune prOdiGe, ĂąGĂ©e de neuF ans. [7 mars 1956]. Elle remercie MaĂźtre de rienzi, son « ami bleu », pour lâenvoi dâun stĂ©rĂ©oscope et parle de son amour pour sa maman Ă qui on fait des misĂšres⊠Elle transcrit au stylo rouge le poĂšme Ciel de Paris : « Ciel de Paris poids secret chair qui, par hoquets, crache Ă nos faces par la gueule ouverte des rangĂ©es de maisons un jet de sang »⊠AprĂšs le poĂšme, quâelle a Ă©crit vite, elle avait « des tas dâautres choses mais jâavais envie de faire pipi, faut pas le dire, alors pendant que jây Ă©tais je chantais au WC les mots qui me restaient dans le cĆur [âŠ] aprĂšs ça mâa rasĂ© de les ajouter »⊠Elle remercie pour de nouveaux cadeaux, dont une serviette en cuir. Elle raconte son examen Ă la SACEM ; câest elle qui a voulu le passer : « Je voulais sauver Maman, crier Ă ces saligauds des journaux que câĂ©tait moi qui faisais mes pauvres machins. La pauvre idiote que je suis croyais quâelle vivait ses pires jours, quand on lâaccusait de supercherie. [...] Le terrible est que, maintenant, on croit Ă ce quâon appelle mon gĂ©nie. Jâai pas de gĂ©nie, pas de talent, je nâai quâun cĆur Ă qui on fait payer cher son effrayant besoin de chanter »... Elle ne laissera personne la mener en laisse et ne veut pas ĂȘtre sĂ©parĂ©e de sa mĂšre qui possĂšde le vrai gĂ©nie, le gĂ©nie de lâamour. Elle sent en elle une faim de rythmes toujours nouveaux, parle de cinĂ©ma, de lâenregistrement dâun disque... Lettre (minute) au Directeur de lâAssistance publique : « Je suis Minou Drouet, la pauvre petite fille dont on a tant parlĂ© parce quâelle a eu le malheur dâĂ©crire un malheureux petit livre Arbre mon Ami. Je nâai pas de gĂ©nie, pas de talent, je nâai rien quâun cĆur, rien quâune oreille terriblement rivĂ©e au rythme du vent, de lâarbre, de la mer ». Elle craint dâĂȘtre sĂ©parĂ©e de sa mĂšre, et raconte les manĆuvres de son Ă©diteur julliard pour « forcer maman Ă lui abandonner la direction de ma vie »... On jOint un exemplaire des PoĂšmes et extraits de lettres (Julliard, 1955), tirĂ© Ă 500 exemplaires sur pur fil Lafuma, avec dĂ©dicace autographe signĂ©e à « mes TrĂšsors bleus », 5 mai 1926.
101. Isabelle EBERHARDT (1877-1904) romanciĂšre, voyageuse et journaliste dâorigine suisse, elle vĂ©cut et mourut en AlgĂ©rie Ă lâĂąge de 27 ans. ManusCrit autographe, Bled-el-Attar ; 2 pages in-fol. avec quelques ratures et corrections. 2 500/3 000 rarissiMe ManusCrit du dĂ©but dâune nOuvelle, trĂšs diffĂ©rent du texte portant le mĂȘme titre, Bled-el-Attar (La CitĂ© des parfums), recueilli par Victor Barrucand Ă la fin de Dans lâombre chaude de lâislam (Fasquelle, 1906). Ămouvante histoire dâune jeune prostituĂ©e mauresque des bas-fonds de BĂŽne : « Mannoubia Ă©tait la fille dâune veuve, Khadoudja, qui vendait le pain sur le marchĂ© arabe de BĂŽne ». Ă la mort de sa mĂšre, la petite « alla mendier, dans les rues. Mannoubia Ă©tait gracieuse. Son visage un peu bronzĂ© par le soleil Ă©tait dâune grande puretĂ© de traits et, dans son regard, il y avait quelque chose de dĂ©jĂ conscient, de dĂ©jĂ femme, qui troublait. Un soir, elle rencontra TĂ©boura [...] une vieille Mauresque dont la fille, pendant dix ans, avait affolĂ© les jeunes Musulmans de BĂŽne et de Constantine. Puis, la fille Ă©tait morte [âŠ] Dans cette Ăąme Ă©trange, faussĂ©e, dâoĂč le sens moral semblait absent, il y avait des trĂ©sors dâamour et de bontĂ©... Et, cependant, toute sa vie sâĂ©tait Ă©coulĂ©e parmi les courtisanes Mauresques, dont lâexistence est comme voilĂ©e de mystĂšre, qui gĂźtent en des maisons dâaspect farouche [...] Servante dâabord, puis duĂšgne, TĂ©boura avait aimĂ© ces femmes, dâun amour de mĂšre... [...] Maintenant que sa fille Ă©tait morte, la pitoyable vieille souffrait de sa solitude et de son abandon »... Lorsquâelle rencontra Mannoubia, elle lâadopta et celle-ci devint courtisane : « Sa beautĂ© avait quelque chose de mystĂ©rieux, dâindĂ©finissable, et, en mĂȘme temps, de voluptueux jusquâĂ lâangoisse ». Mannoubia Ă©tait fantasque, folle de joie puis profondĂ©ment dĂ©pressive, prostrĂ©e : « Parfois elle renvoyait tout Ă coup les plus riches et les plus gĂ©nĂ©reux dâentre ses amants, et recherchait lâamour brutal des soldats et des portefaix »... Elle crut tomber amoureuse, quitta la ville pour une grande ville arabe, puis sombra dans lâennui : « Elle Ă©tait, Ă dix-huit ans, presque riche dĂ©jĂ et, un jour, elle dit Ă TĂ©boura : â Je vais mourir de langueur, tante TĂ©boura. Nous sommes riches. Invente un moyen de me distraire ! ». Le rĂ©cit sâarrĂȘte ici. On jOint une carte postale de la tombe dâIsabelle Eberhardt Ă AĂŻn-Sefra, au dos de laquelle le Dr Chobaut a relevĂ© lâinscription, le 15 mai 1923.
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102. ĂRASME (1469-1536). Lettre manuscrite (copie contemporaine), [Anvers vers le 13 juillet 1516], Ă son ami Glareanus ; 1 page in-8 (petit trou de vers sans atteinte au texte) ; en latin (portrait gravĂ© joint). 1 000/1 500 COpie COnteMpOraine dâune Main alleMande, peut-ĂȘtre par un Ă©lĂšve de Glareanus, seule source connue pour cette lettre, arrivĂ©e Ă BĂąle en septembre. [Heinrich lOris (1488-1563), nĂ© dans le canton de Glarus (dâoĂč son pseudonyme Glareanus), humaniste, mathĂ©maticien et musicologue Ă BĂąle.] « Magnopere optabam te hic adesse. Non potuisset deesse fortuna verum certa polliceri non possum ausim toties falsus. Princeps adornat navigationem in Hyspaniam sub idus Augusti quanquam incerta omnia. Vagantur et hic passim militum greges, ut nuper apud vos. Si cupis evolare tuo Marte, quicquid Erasmus commendacione possit, id amicissimo impendet. Monioius tuas laudes aiude accipiebat. Longum foret de songulis scribere singulis. Proinde de ceteris ex Ludovico Bero cognosces. Illud, mi Glareane, tibi persuasum habe, te michi ex animo charum esse, idque tuo merito. Bene vale et rescribe quam ego copiosius : nam hec scripsi ab aula reversus et mox aliud ingressurus iter. Discipulos tuos meo nomine salutabis omneis. Salutabis et Oswaldus nostrum. Mitte carmen tuum de me scriptum una cum versibus Buschii. Rursum vale et Retho medico salutem dices ». Ărasme voudrait que son ami fĂ»t avec lui, bien quâil ne pĂ»t lui promettre de la chance. Le Prince [CHarles quint, devenu roi dâEspagne en janvier] se prĂ©pare Ă
un voyage en Espagne en aoĂ»t, mais tout ce qui concerne ce voyage est trĂšs incertain. Des troupes de soldats errent⊠Il fera tout ce quâil peut, comme devoir de lâamitiĂ©, si son ami souhaite Ă©viter la guerre⊠Ăcrire au sujet de ses affaires personnelles prendrait beaucoup trop de temps, mais Glareanus pourra se renseigner auprĂšs de Ludovicus berus [Ludwig bĂ€r (1479-1554), ami bĂąlois dâĂrasme qui en fit son premier lĂ©gataire]. Il Ă©crit depuis le palais, et fera bientĂŽt un autre voyage. En conclusion il le prie de lui envoyer la chanson sur lui-mĂȘme, avec des vers de Buschius [lâĂ©rudit allemand Hermann von dem Busch]⊠Ancienne collection John Henry ott de Zurich (1617-1682). the Complete Letters of Erasmus by P.S. Allen (vol. II, n° 440).
103. LĂ©on-Paul FARGUE (1876-1947). ManusCrit autographe, La Quinzaine astrologique, [aoĂ»t 1941] ; 4 pages in-4 avec qqs ratures et corrections (qqs lĂ©gĂšres mouill. aux bords). 300/400 Chronique destinĂ©e Ă Lectures 40, revue publiĂ©e par DenoĂ«l. Fargue y tint sa « Quinzaine astrologique » du 1er juillet 1941 jusquâĂ la fin de lâannĂ©e. La prĂ©sente « Quinzaine astrologique » est consacrĂ©e Ă PtolĂ©mĂ©e de PĂ©luse, « le Roi des Astrologues », qui prĂ©dit que ceux nĂ©s sous le signe du Lion parviendraient dâeux-mĂȘmes aux honneurs. « NapolĂ©on Bonaparte, ce lion rasĂ© de prĂšs, nâest-il point nĂ© le 15 aoĂ»t 1769 » ? Mais il ne faut pas gĂ©nĂ©raliser, car toutes sortes dâinfluences peuvent brouiller les cartes de la Terre et du Ciel. « Les natifs du Lion, signe gouvernĂ© par le Soleil dont il est le domicile, Mercure Ă©tant en chute, Saturne en exil, et qui influence particuliĂšrement la France et lâItalie, la Sicile et la BohĂšme, Versailles, Rome, Ravenne, Prague, PĂ©rouse et Damas, feront donc bien de se munir prudemment, Ă tout hasard, du talisman qui seul convient : bijou, bague ou broche, en or avec un rubis, achetĂ© ou fabriquĂ© un dimanche Ă une heure solaire, câest-Ă -dire Ă partir de minuit une et jusquâĂ minuit soixante », etc. Suivent des indications des pierres, parfums, fleurs, mĂ©tal et nombre et jours qui les favorisent, leur type physique et leur type dâintelligence, leur attirance pour le brillant, le luxueux, lâexotique. « Les jeux de hasard et les spĂ©culations financiĂšres ne les laissent aucunement indiffĂ©rents. Ils voient grand, trĂšs grand â et mĂȘme trop grand. Câest dâailleurs ce qui peut les perdre »...
104. LĂ©on-Paul FARGUE. rue de Villejust (Paris, Jacques Haumont, 1946) ; in-16 de 61 p. 100/150 Ă©ditiOn OriGinale tirĂ©e Ă 1500 exemplaires sur vĂ©lin blanc, celui-ci imprimĂ© pour Agathe et Paul rouart, avec envOi autographe signĂ© sur le faux-titre : « Ă Agathe et Paul Rouart, leur ami. LĂ©on-Paul Fargue ». On jOint un exemplaire de PoĂ©sie dâAgathe rOuart-valĂ©ry (Mazamet, Babel Ă©diteur, [1991]), avec envoi a.s. Ă Jean Levaillant (1994), et 3 poĂšmes autographes ajoutĂ©s.
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105. FEMMES DE LETTRES. Environ 35 manuscrits, lettres ou piĂšces. 100/120 Clarence bell (Et puis, voici les heures que je te dois, 1949, cahier dactyl. de poĂšmes avec poĂšme et envoi a.s., et 4 poĂšmes autogr.) ; Marthe dupuy (poĂšme a.s.) ; Nane GerMOn (8 poĂšmes autogr. et L.A.S. Ă une amie) ; Jane kieFFer (3 poĂšmes a.s. et L.A.S.) ; Caecilia vellini (poĂšme ronĂ©otĂ© avec envoi). Dâautres poĂšmes ou manuscrits signĂ©e Armie, Doucette, Ritzi, Tanagra, etc., et qqs photos. Plus un poĂšme a.s. par Ch. Brun.
106. Georges FEYDEAU (1862-1921). 4 L.A.S. « Georges », Ă sa FeMMe Marie-Anne ; 5 pages in-12 Ă son adresse 146 rue de Longchamp, et 4 pages in-8 Ă en-tĂȘte et vignettes du Grand HĂŽtel du Louvre et Paix, Marseille (qqs petites fentes Ă une lettre). 500/600 COrrespOndanCe qui reFlĂšte la MĂ©sentente du COuple, qui se sĂ©pare en 1909. Paris. « Ma chĂ©rie. ça tâest Ă©gal que je tâappelle comme ça ? Câest un qualificatif que jâai toujours rĂ©servĂ© Ă ma femme et Ă mes enfants. Toi tu me donnes du âMon bon vieuxâ. Je ne te demande pas de mâappeler âmon chĂ©riâ, â je nâai pas le droit dâempiĂ©ter sur les privilĂšges dâautrui â mais tu pourrais trouver autre chose que cette Ă©pithĂšte protectrice et dĂ©daigneuse ». Il lui a envoyĂ© des billets de sleeping pour quâelle rentre de Nice, et des places pour le ThĂ©Ăątre de la GaitĂ©. Il parle longuement de sa fille Germaine, quâil lui tarde de revoir. Il raconte une promenade avec Langenhagen, avec lâexplosion dâune petite bombe « grosse comme un bouchon de champagne », place de la Concorde. Nouvelles des enfants⊠â Il la prie de dire Ă leur fils Jacques dâarrĂȘter de faire mettre sur son compte toutes ses commandes : il a donnĂ© des instructions pour « quâil ne soit payĂ© aucune de ses emplettes que je nâaurais pas autorisĂ©e. Câest le moins que Jacques me doive, quand il dĂ©sire quelque chose, de me le demander »⊠Marseille. « Ma chĂšre amie. Il est entendu que tu ne mâĂ©cris jamais que pour des questions dâargent. Ce ne sont pas des lettres, mais des prĂ©sentations de factures. ça ne doit pas mâĂ©tonner dâailleurs, habituĂ© que je suis Ă nâavoir quâune raison dâĂȘtre Ă la maison : payer ». Il lui reproche de ne pas inclure dans les « dĂ©penses diverses » le linge et les bottines des enfants, et dâavoir encore besoin dâargent : « Je sais bien que tu tiens une table dâhĂŽtes, mais enfin il me semble que la maison pourrait marcher avec trois mille francs par mois ». Il lui en renvoie 2000⊠â Il repousse son dĂ©part de Marseille, souhaitant assister Ă la matinĂ©e quâon donne ce dimanche : « Je crains dâailleurs quâelle ne soit pas fameuse Ă©tant donnĂ© le soleil resplendissant dont nous jouissons » ; mais la premiĂšre a trĂšs bien marchĂ©, et les articles sont excellents. Sur ses enfants : il a reçu une lettre de Michel, et sâĂ©tonne quâil soit le seul Ă lui Ă©crire : « Quant Ă Germaine un mot de sa part vaut son pesant dâor. En dehors de sa coiffure et de sa toilette le reste nâexiste pas ». Il sâinquiĂšte de la baisse de spectateurs au ThĂ©Ăątre des NouveautĂ©s ces derniers temps, et demande sâil a reçu des visites, « des paquets, des factures, des embĂȘtements », etc. Il demande avec insistance de chercher ses « boutons de manchette nacre Ă torsade dâor », auxquels il semble beaucoup tenir⊠On jOint une L.A.S. du peintre CarOlus-duran Ă sa fille Marie-Anne Feydeau, San Remo 10 mai 1907, racontant son sĂ©jour en Italie, et le portrait quâil fait du Prince Charoon du Siam (plus une carte postale de « Jeanne » Ă la mĂȘme).
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107. Louis de FONTANES (1757-1821) Ă©crivain et homme politique, Grand MaĂźtre de lâUniversitĂ©, ami de Chateaubriand. L.A.S. « F. » (« copie » ou minute), [1802-1803 ?], au Citoyen Premier consul [napOlĂ©On bOnaparte] ; 1 page et quart in-4 avec quelques ratures et corrections. 300/400 reCOMMandatiOn de sOn aMi bOnald, pOur un prOjet de livre. « Vos pensĂ©es ne pouvaient avoir un plus digne commentateur que M. de Bonald. Le sujet que vous lui proposez est dâaccord avec toutes les mĂ©ditations de sa vie. Il nâa jamais partagĂ© lâenthousiasme des publicistes modernes pour les institutions anglaises et la politique mercantile lui est odieuse. Mais un pareil ouvrage ne peut se faire quâĂ Paris. Il faut prendre des renseignemens aux Bureaux de la marine, citer des faits, et peindre les vexations les plus recentes de lâAngleterre et dans les Indes et dans lâEurope. La mauvaise fortune a forcĂ© M. Bonald de retourner dans le Rouergue sa patrie. La rĂ©volution lui enlĂšve tout son patrimoine et ne lui laisse quâune nombreuse famille, des vertus, des talens et de la pauvretĂ©. Son genre de mĂ©rite qui est celui dâune tĂȘte forte et pensante ne peut ĂȘtre apprĂ©ciĂ© que par un petit nombre de lecteurs. Le temps, si vous nâexistiez pas, pouvait seul le mettre Ă sa place. Mais le suffrage dâun grand homme peut hĂąter pour M. Bonald la justice des contemporains. Daignez lâappeller Ă Paris. Une gratification mĂ©diocre lui suffira. Câest un homme dĂ©licat et laborieux qui meritera vos encouragemens. Je reponds de lui. Au reste jâai dĂ©jĂ Ă©crit dans le Rouergue, et M. Bonald va executer vos ordres. Vous mâavez fait lâhonneur de mâinterroger quelquefois sur la cause de la dĂ©cadence des lettres. [âŠ] il ne suffit pas que le chef de lâetat les aime et les honore. Il est placĂ© trop haut pour tout voir. Il faut encore que les administrateurs subalternes aient de lâesprit et du goĂ»t et devinent le merite qui se cache. Mon ambition serait dâentourer votre puissance de tout ce qui nous reste encore dâhommes distinguĂ©s. Le talent aujourdâhuy ne peut avoir de plus noble occupation que celle de servir vos desseins et votre renommĂ©e »⊠On jOint une l.a.s. de ThĂ©odore de la rive offrant cet autographe Ă un collectionneur (GenĂšve 24 avril 1875).
108. Paul FORT (1872-1960). ManusCrits autographes pour PoĂšmes de France, 1914-1916 ; environ 500 pages formats divers, la plupart in-4, sous une chemise-Ă©tui Ă rabats demi-maroquin bleu, rĂ©unie sous un Ă©tui avec un volume des PoĂšmes de France, reliĂ© demi-maroquin bleu. 1 500/2 000 iMpOrtant enseMble de brOuillOns et ManusCrits pOur PoĂšmes de FranCe, buLLetin Lyrique de La guerre, dont Paul Fort fut le rĂ©dacteur unique et gĂ©rant. Cette revue patriotique fut bimensuelle du 1er dĂ©cembre 1914 au 15 janvier 1916, puis mensuelle du 1er septembre 1916 au 1er janvier 1917 (ces derniers numĂ©ros portent un avis de prĂ©publication des poĂšmes dans LâOpinion). Ces manuscrits et brouillons sont Ă©crits au crayon ou Ă lâencre, principalement sur des cahiers dâĂ©colier ou des feuillets tirĂ©s de cahiers, avec de trĂšs nombreuses ratures et corrections, parfois en plusieurs versions, dont les plus abouties portent un nom de dĂ©dicataire ; quelques poĂšmes sont mis au net Ă la plume, et signĂ©s. Parmi les poĂšmes les plus aboutis, citons La CathĂ©drale de reims (poĂšme liminaire de la revue, datĂ©e du surlendemain du bombardement), Senlis, Le Soldat de grandâgarde, Le Saint Peuple Belge (plusieurs versions de cette piĂšce dĂ©diĂ©e dâabord Ă Maeterlinck, puis Ă Fuss-AmorĂ©, puis à « mes amis Dumont-Wilden et G. Fuss-AmorĂ© »), VeillĂ©e des saints patrons de France au Mont Saint Michel, Le Bruit français, Les DĂ©trousseurs, Vision, Le Coq de reims, Les Vallons de lâArgonne, Les PĂȘcheurs du Pont-Neuf, Nos belles victoires (qui occupe la totalitĂ© du n° 18), Le HĂ©ros suprĂȘme⊠Y figurent aussi des notes sur les saints de Bretagne, la bataille de lâYser, des Ă©crivains, philosophes, compositeurs et peintres reprĂ©sentatifs du « gĂ©nie allemand », des princesses françaises, les Ăšres gĂ©ologiques et leurs terrains, ainsi quâun brouillon de lettre aux souscripteurs, et quelques fragments dâĂ©preuves corrigĂ©es. On a reliĂ© en volume et recueilli sous le mĂȘme Ă©tui une collection de PoĂšmes de France, 1914-1916, Ă laquelle manquent le no 10 (15 avril 1915) et le n° 30 et dernier (1er janvier 1917), avec 2 enveloppes adressĂ©es Ă Pierre Gompel, Ă en-tĂȘte de la revue, avec cachet AbonnĂ©.
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109. Paul FORT. 5 ManusCrits autographes signĂ©s, plus 3 lettres Ă lui adressĂ©es, 1916-[vers 1921] ; 145 pages in-4 ou in-8 sous 4 chemises-Ă©tuis Ă rabats demi-vĂ©lin rĂ©unies sous un mĂȘme Ă©tui. 2 000/2 500
* Ballades Françaises inĂ©dites. Au Pays de lâYveline. « Extrait dâun volume intitulĂ© : Deux ChaumiĂšres au Pays de lâYveline » (pour la 18e sĂ©rie des Ballades françaises publiĂ©e en 1916, chez A. Monnier ; 12 pages in-8). Plus 3 L.A.S. adressĂ©es Ă Paul Fort. â Gustave eiFFel, Les BruyĂšres, SĂšvres, 14 juin 1916, remerciant de lâenvoi dâun exemplaire dĂ©dicacĂ© des Deux chaumiĂšres, « petit recueil dĂ©licieux », quâil a lu Ă sa famille⊠â Paul dOuMer, Paris 20 juin 1916, belle lettre sur ce recueil : « Le gracieux pays, de paix, dâamour et de rĂȘve ! »⊠â Michel zĂ©vaCO, Paris 14 aoĂ»t 1917, belle et longue lettre sur lâAnthologie des Ballades françaises. * Que jâai de plaisir dâĂȘtre Français ! (75 pages petit in-4 ou in-8). Manuscrit partiel de cette 20e sĂ©rie des Ballades françaises (publiĂ©e en 1917 chez Fasquelle, dans la « BibliothĂšque Charpentier »), comprenant lâAvant-Propos, Le Voyage en VendĂŽmois (8 poĂšmes) et Deux proses du temps de guerre (La Mort de Pierre et VoilĂ pourquoi nos enfants sont des hĂ©ros). * deux COnFĂ©renCes : PremiĂšre causerie pour la Muse française au Pont-neuf, dĂ©cembre 1917 ; troisiĂšme causerie Ă la Muse française au Pont Neuf sur la chanson populaire, [fĂ©vrier 1918] (22 pages in-4, et 17 pages in-8). Introductions Ă la poĂ©sie lyrique et Ă la chanson populaire, prononcĂ©es dans les salons dâĂmile Duard, place Dauphine, lors des lundis de lâ« Anthologie parlĂ©e des poĂštes de France ». * Comme une solennelle Musique (13 pages grand in-8 sur papier japon), long poĂšme dĂ©diĂ© Ă AndrĂ© Fontainas, qui sera recueilli dans Au pays des moulins. Le Voyage de Hollande, suivi de Comme une solennelle musique (27e sĂ©rie des Ballades françaises publiĂ©e en 1921 chez Fasquelle, dans la « BibliothĂšque Charpentier »).
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populaire, prononcĂ©es dans les salons dâĂmile Duard, place Dauphine, lors des lundis de lâ« Anthologie parlĂ©e des poĂštes de France ». (13 pages grand in-8 sur papier japon), long poĂšme dĂ©diĂ© Ă AndrĂ© Fontainas, qui sera recueilli
Au pays des moulins. Le Voyage de Hollande, suivi de Comme une solennelle musique (27Au pays des moulins. Le Voyage de Hollande, suivi de Comme une solennelle musique (27Au pays des moulins. Le Voyage de Hollande, suivi de Comme une solennelle musique e série des Ballades françaises publiée Ballades françaises publiée Ballades françaisesen 1921 chez Fasquelle, dans la « BibliothÚque Charpentier »).
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110. [Paul FORT]. Environ 70 L.A.S. (et qqs cartes de visite autographes), 1916-1919, Ă Paul FOrt ; la plupart classĂ©es sous chemises autographes de Fort, sous chemise-Ă©tui Ă rabats demi-vĂ©lin. 1 500/2 000 autOGrapHes donnĂ©s par Paul Fort Ă son ami le bibliophile Pierre GOMpel . Jean Ajalbert, Guillaume apOllinaire (2 de 1918, lâune sur la sĂ©ance Duard, lâautre du 22 juillet, regrettant de nâavoir pu aller applaudir Fort : « Tu sais mon amitiĂ© et mon admiration pour toi »), Henry Bataille, LĂ©on Bernard (Le Film Apollon), ĂlĂ©mir Bourges, Francis CarCO (3), Jacques Copeau, Alfred Cortot, Jean CrouĂ©, Ămile jaques-dalCrOze (au sujet dâun concert sur les Ballades françaises), Jacques Dehelly, Suzanne DesprĂšs, Georges Duhamel, Louis Dumur, Marc Elder, Jean Ernest-Charles, Ămile Fabre, Louise Faure-Favier, AndrĂ© FOntainas (3), Ăšve Francis, Paul GĂ©raldy (2), Edmund GOsse (2, en anglais, 195-1917), Jean de Gourmont (2), Lucien Guitry (4), Raoul Gunsbourg,
Georges Lafenestre, Jeanne Landre (2), Georges Le Cardonnel (2), SĂ©bastien-Charles Leconte, Marcel LĂ©vesque, Pierre lOuĂżs (2, 1918, parlant de la poĂ©sie de Fort et de sa quasi-cĂ©citĂ©), Jacques Madeleine, Maurice Magre, Joseph-Charles Mardrus, Camille MauClair (3), Victor-Ămile Michelet, Francis de Miomandre, Pierre Mortier, Pol Neveux, Xavier Privas (2), Ernest Raynaud, Jean riCtus (2, 1917), Albert rObida (2), Paul-NapolĂ©on Roinard, Vera Sergine, AndrĂ© suarĂšs (2, 1916-1917, dont une longue Ă propos de Que jâai de plaisir dâĂȘtre Français Ă lui dĂ©diĂ©), Jules Supervielle, Jules Truffier (2), Alfred Vallette, WillyâŠ
111. Paul FORT. ManusCrit autographe signĂ©, Le ThĂ©Ăątre dâArt et les temps hĂ©roĂŻques du Symbolisme, [1918] ; 39 pages petit in-4, sous chemise-Ă©tui Ă rabats demi-vĂ©lin. 500/700 COnFĂ©renCe sur le tHĂ©Ăątre dâart, prononcĂ©e au ThĂ©Ăątre du Vieux-Colombier, le 21 janvier 1918, avec le concours de Lucien Guitry, Ădouard De Max, Suzanne DesprĂ©s, LugnĂ©-Poe, LĂ©on Bernard, etc. Le poĂšte remĂ©more son Ă©poque de « grands rĂȘves » de lycĂ©en, au dĂ©but de 1890, puis raconte sa direction du ThĂ©Ăątre dâArt (qui deviendra lâĆuvre), et Ă©voque le souvenir dâune foule dâauteurs, acteurs et artistes : Sarcey, Becque, Antoine, AndrĂ© de Lorde, Jules Renard, Rachilde, Saint-Pol Roux, Alfred Vallette, Gauguin, Ămile Bernard, Verlaine, MallarmĂ©, MorĂ©as, RĂ©gnier, ViĂ©lĂ©-Griffin, etc. Il raconte avec humour ses propres efforts de comĂ©dien, quelques dĂ©convenues dues Ă lâinexpĂ©rience des collaborateurs, et des anecdotes sur les reprĂ©sentations de Madame la Mort de Rachilde, thĂ©odat de Remy de Gourmont, et des piĂšces de MaeterlinCk (Lâintruse, Les Aveugles, Marie-Magdeleine, PellĂ©as et MĂ©lisandeâŠ). On jOint environ 21 L.A.S. Ă lui adressĂ©es, Ă propos de cette confĂ©rence : Pierre Bertin, Paul Brulat, Suzanne DesprĂ©s (3), Ăšve Francis, Lucien Guitry (4), Louise Lara, Georges Lecomte, Marcel LĂ©vesque, Maurice Magre, Albert Mockel, Fernand NoziĂšre, Ernest Raynaud, Paul-NapolĂ©on Roinard, Henriette Sauret, Albert tâSerstevens, Jules Truffier ; plus une carte de visite autogr. de Paul Doumer. Plus un billet dâinvitation au nom de M. et Mme Pierre Gompel ; une carte de visite a.s. dâenvoi nommant les participants : L. Guitry, De Max, S. DesprĂ©s, LugnĂ©-Poe, etc. ; et 2 cartes postales a.s. Ă Pierre Gompel (1918).
112. Paul FORT. 3 L.A.S. ; et 17 manuscrits ou L.A.S. Ă lui adressĂ©s ou le concernant, avril-juillet 1918 ; sous chemise-Ă©tui Ă rabats demi-vĂ©lin. 500/600 enseMble COnCernant sa Candidature Ă lâaCadĂ©Mie Française. * Henriette sauret : manuscrit a.s., Paul Fort, [avril 1918] (6 p. ayant servi Ă lâimpression), et 2 L.A.S. au collectionneur Pierre Gompel relatives Ă lâenvoi de ce manuscrit (avril 1918). * Paul FOrt : 3 L.A.S. Ă son ami Pierre Gompel. Nantes 1er juin 1918, copie annotĂ©e de sa lettre de candidature Ă©crite en mai, « au cours de ma mission de propagande en 1918, lorsque je sollicitai le fauteuil dâAlfred MĂ©ziĂšres. [âŠ] Nota : jâobtins une seule voix, celle dâAnatole France ». La lettre Ă©voque sa tournĂ©e de confĂ©rences au bĂ©nĂ©fice de comitĂ©s rĂ©mois et champenois, et rappelle son titre principal : 25 volumes de Ballades françaises⊠â Lettre dâenvoi du mĂȘme jour Ă©crite des deux cĂŽtĂ©s dâune carte postale reprĂ©sentant le chĂąteau de Nantes, proposant des rĂ©ponses dâacadĂ©miciens Ă joindre « Ă lâun de mes livres avec ma lettre : cela ornera le bouquin »⊠Paris 24 juillet 1918, annonce de lâenvoi de plus de 100 lettres, « toutes de personnalitĂ©s artistiques ou politiques », dont SuarĂšs, LouĂżs, Aman-Jean, ValĂ©ry, Lavedan, Mauclair, ZĂ©vaco⊠* 9 L.A.S. ou cartes Ă Paul Fort, rĂ©ponses dâacadĂ©miciens au sujet de sa candidature : Jean Aicard, Maurice BarrĂšs, EugĂšne Brieux, Paul Deschanel, Maurice Donnay, Ernest Lavisse, Marcel PrĂ©vost, Henri de RĂ©gnier, Edmond Rostand ; cartes de visite autogr. dâĂmile Boutroux, Charles de Freycinet, Pierre Loti (avec son secrĂ©taire Gaston Mauberger), Alexandre Ribot.
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113. [Paul FORT]. 34 L.A.S. et 2 manuscrits autographes Ă lui adressĂ©s, 1918-1920 (plus une carte de visite autogr.) ; sous chemise-Ă©tui Ă rabats demi-vĂ©lin. 600/800 Ă prOpOs des baLLades Françaises, de COnFĂ©renCes, de COllabOratiOns au monde nouveau, etc. Antoine Albalat, Henri Bachelin, Henri Bergson, Ămile Boutroux, RenĂ© Boylesve, Francis Carco (il veut « mettre dans des bouquins un peu de cette flamme qui mâa permis dâĂȘtre ton ami »), Raymond Clauzel, Lucien Descaves, Georges Duhamel (2), AndrĂ© Fontainas (2), Anatole France, Gustave Fuss-AmorĂ© (article sur LâĂle-de-France et nos petites villes glorieuses), AndrĂ© Gide, LĂ©on Guillot de Saix (2, une au sujet dâun livret dâopĂ©ra-comique Ă tirer de Paris sentimental), Ămile Henriot, Charles-Henry Hirsch, LĂ©o Larguier, Louis LĂ©on-Martin, Maurice Maeterlinck, Dominique Parodi, Gaston Picard, Edmond Pilon (2), Henri de RĂ©gnier (et un poĂšme a.s., LâOmbre), Jules Romains, Jean RoyĂšre (2), Saint-Georges de BouhĂ©lier, Alphonse SĂ©chĂ©, Jules Supervielle (belle lettre admirative), Gustave-Louis Tautain, Alfred ValletteâŠ
114. [Paul FORT]. 2 ManusCrits autographes, et 50 L.A.S. Ă lui adressĂ©es ou le concernant, 1919 ; sous chemise-Ă©tui Ă rabats demi-vĂ©lin. 800/1 000 enseMble sur « lâHOMMaGe Ă paul FOrt Ă lâOCCasiOn de ses nOCes dâarGent aveC la pOĂ©sie », initialement prĂ©vu pour le 11 novembre 1919, et repoussĂ© au 18, Ă cause de lâanniversaire de lâArmistice, premier « Mardi du Boulevard », sĂ©rie consacrĂ©e aux Ă©crivains et artistes, au thĂ©Ăątre de la Renaissance (programme imprimĂ© joint). * AndrĂ© FOntainas (1865-1948) : ManusCrit autographe de sa causerie sur Paul Fort (16 p. in-4), avec l.a.s. [Ă EugĂšne FiguiĂšre, organisateur de la matinĂ©e], 11 novembre 1919, et l.a.s. Ă Paul Fort, 2 novembre 1919 (collĂ©es aux derniers feuillets du manuscrit). Aperçus de « la vie rĂ©elle, problĂ©matique ou mythique de Paul Fort », pour servir dâintroduction Ă la dĂ©clamation de ses Ćuvres⊠* Lettres adressĂ©es Ă Paul Fort ou Ă EugĂšne FiguiĂšre, la plupart dâacteurs sollicitĂ©s pour cet hommage : Blanche Albane, Alexandre ArquilliĂšre, LĂ©on Bernard, Pierre Bertin, AndrĂ©e de Chauveron, Georges Courteline, Jean CrouĂ©, Suzanne Dehelly, Jeanne Delvair, Ădouard De Max, Ămile Duard, Yvonne Ducos, Ăšve Francis, Jeanne Fusier, Roger Gaillard, Paul Gavault, Firmin GĂ©mier, Lucien Guitry, Jean HervĂ©, Louise Lara, Charles Le Goffic, Marcel LĂ©vesque, AurĂ©lien LugnĂ©-Poe, Augustin Martini (plus manuscrit a.s. de sa Parodie de La Petite rue silencieuse (Senlis)), Mme Nobis, Henri Rollan, Alphonse SĂ©chĂ©, Vera Sergine, EugĂšne et Louise Silvain, CĂ©cile Sorel, Jules Truffier, Marcel VallĂ©e. Plus 2 tĂ©lĂ©grammes par LĂ©vesque et de Mme Segond-Weber.
115. Paul FORT. ManusCrit autographe, HĂ©lĂšne en fleur et Charlemagne, 1919 ; un volume in-8 de 231 pages, reliure plein vĂ©lin ivoire, tĂȘte dorĂ©e, dos lisse avec titre, Ă©tui. 1 000/1 200 beau ManusCrit COMplet de Ce reCueil de vers formant la 26e sĂ©rie des Ballades françaises, publiĂ© en 1921 aux Ăditions du Mercure de France, suivi de PoĂ«tes. Paul Fort a calligraphiĂ© avec soin son manuscrit. Il a composĂ© la page de titre avec des coupures imprimĂ©es, et inscrit au bas la date « 1919 » ; il a rĂ©digĂ© la liste dâ« Ouvrages du mĂȘme Auteur », composĂ©e des 25 prĂ©cĂ©dents volumes de Ballades françaises. HĂ©lĂšne en fleur est dĂ©diĂ© Ă sa femme : « Ă Germaine Tourangelle et Ă la petite Muse nouveau-nĂ©e » ; il se compose de 176 piĂšces numĂ©rotĂ©es (177 dans lâĂ©dition), classĂ©es en 7 livres : I Lâinvite au pardon (1-31) ; II Les Adieux de Port-royal (32-42) ; III Le roi de VerriĂšres ou les Enfances-Bourrelier (43-72) ; IV Le Bois Loriot (73-104) ; V [mal numĂ©rotĂ© « Livre quatriĂšme »] Le Pauvre PĂȘcheur et la nuit Ă©toilĂ©e (105-134) ; VI [« cinquiĂšme »] HĂ©lĂšne en fleur Ă la roseraie (135-164, lâĂ©dition ajoutera un 159 « Quelle heure est-il, Confucius ? »âŠ, dâoĂč un dĂ©calage dâun numĂ©ro) ; VII LâAutomne avait jonchĂ© la terre⊠(165-176). Charlemagne, ou le rĂȘveur et lâinnocent, qui fit lâobjet dâune prĂ©publication dans Le Monde nouveau (n° 2, 1920), comporte 12 sĂ©quences numĂ©rotĂ©es ; il est dĂ©diĂ© Ă J.-H. Rosny aĂźnĂ©. Suit PoĂ«tes, poĂšme-sketch dĂ©diĂ© Ă la comĂ©dienne Suzanne DesprĂšs, oĂč interviennent des poĂštes anciens et modernes de tous les pays, la derniĂšre rĂ©plique Ă©tant une pastiche de La Fontaine : « La raison des Paul Fort est toujours la meilleure »âŠ
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116. [Paul FORT]. 36 lettres Ă lui adressĂ©es ou le concernant, la plupart L.A.S. (plus 17 cartes de visite autographes), janvier 1920 ; sous chemise-Ă©tui Ă rabats demi-vĂ©lin. 400/500 bel enseMble relatiF Ă sa nOMinatiOn Ă la lĂ©GiOn dâHOnneur, par dĂ©cret rendu sur la proposition de LĂ©on bĂ©rard, ministre de lâInstruction publique et des Beaux-arts, le 15 janvier 1920, dont 4 L.S. de LĂ©on BĂ©rard aux parrains du candidat (RenĂ© Boylesve, Georges Lecomte, Marcel PrĂ©vost, J.H. Rosny aĂźnĂ©), annotĂ©es et renvoyĂ©es par eux Ă Paul Fort avec leurs fĂ©licitations. FĂ©licitations au nouveau chevalier par Jean Ajalbert, Antoine Albalat, Johannin Ardouin, Alfred Athis, Marcel Batilliat, LĂ©on Bernard, Wladimir Bienstock, ThĂ©odore Botrel (au dos dâun poĂšme patriotique impr.), FrĂ©dĂ©ric Boutet, Paul Brulat, Romain Coolus, Guy-Charles Cros, Louis DelaquerriĂšre, Louis Dumur, Fagus, Gabriel Faure, Louise Faure-Favier, Max et Alex Fischer, Paul Gavault, Enrique GĂłmez Carrillo, LĂ©on Guillot de Saix, Jeanne Landre, LĂ©o Larguier, Marius-Ary Leblond, Maurice Le Blond, AndrĂ© de Lorde, Victor Margueritte, Maurice Martin du Gard, Albert Mockel, Edmond Pilon, Paul Reboux, Jean RoyĂšre, Ădouard Sarradin, AndrĂ© SuarĂšs, Gustave-Louis Tautain, Paul ValĂ©ry, Alfred Vallette, Fernand VandĂ©rem, Fritz Vanderpyl, Louis Vauxcelles, AndrĂ© Warnod, etc.
117. [Paul FORT]. 28 manuscrits, lettres ou piĂšces, la plupart autographes signĂ©s, 1920 ; sous chemise-Ă©tui Ă rabats demi-vĂ©lin. 800/1 000 dOssier relatiF au banquet OFFert Ă paul FOrt pOur FĂȘter sa lĂ©GiOn dâHOnneur, aveC les ManusCrits des disCOurs et les lettres lues ; ce Banquet Paul Fort eut lieu au CafĂ© du Globe, boulevard de Strasbourg Ă Paris, le 14 avril 1920. Ces documents sont classĂ©s par Paul Fort sous 4 chemises autographes. * 6 ManusCrits autographes ou autographes signĂ©s : discours dâAlphonse sĂ©CHĂ©, AndrĂ© FOntainas, LĂ©on bernard (signĂ©), et rĂ©ponse de Paul FOrt (signĂ©e) ; tOuny-lĂ©rys, de LâĂ©claireur de lâEst, au nom des compatriotes de la ville natale du poĂšte, Reims (signĂ©) ; Ă©pĂźtre en vers de Tristan derĂšMe (signĂ©e). * 3 tapusCrits : Tristan bernard (poĂšme Ă Paul Fort, ballade mĂ©tropolitaine, avec corrections autogr., signĂ©, et discours avec envoi a.s. Ă Fort) ; Jean rOyĂšre (discours). * 13 lettres, la plupart L.A.S., Ă Paul Fort ou Alphonse SĂ©chĂ©, lues au banquet : AndrĂ© antOine, Henri Barbusse (copie par Suzanne DesprĂ©s avec lettre dâenvoi), LĂ©on bĂ©rard, RenĂ© bOylesve (carte de visite), Henry COCHin, Maurice dOnnay, Ămile Fabre, FaGus, Paul Gavault, Lucien Guitry, Ădouard HerriOt, Max jaCOb, Henri de rĂ©Gnier. Plus un tĂ©lĂ©gramme dâAnna de Noailles. * Jean ManĂ©Gut : manuscrit a.s. avec fragments de tapuscrits insĂ©rĂ©s, de son compte rendu du Banquet Paul Fort pour Comoedia (avec coupure du journal, 17 avril 1920). * Carton dâinvitation et 3 photographies originales.
118. [Paul FORT]. Environ 130 lettres, la plupart L.A.S. (plus 17 cartes de visite autogr.), la plupart Ă Alphonse sĂ©CHĂ©, ou Ă Paul FOrt, 1920 ; sous chemise-Ă©tui Ă rabats demi-vĂ©lin. 600/800 Ă prOpOs du banquet OFFert Ă paul FOrt, le 14 avril 1920, pour fĂȘter sa rĂ©ception dans la LĂ©gion dâhonneur [nommĂ© chevalier par dĂ©cret du 15 janvier 1920, le Prince des PoĂštes fut reçu dans lâordre le 9 avril 1920, par Alphonse SĂ©chĂ©]. La plupart rĂ©pondent Ă lâinvitation dâAlphonse SĂ©chĂ©, organisateur du banquet ; elles ont Ă©tĂ© remises Ă Paul Fort, qui les a classĂ©es sous 2 chemises autographes. Marcel Batilliat, AndrĂ© Beaunier, Pierre Benoit, Ămile Bernard, Tristan Bernard, Wladimir Bienstock, AndrĂ© Billy, RenĂ© Blum, Abel Bonnard (comparant Fort Ă lâalouette), Jean de Bonnefon, Henry Bordeaux, ThĂ©odore Botrel, RenĂ© Boylesve, Adolphe Brisson, Paul Brulat, Carol-BĂ©rard (belle lettre Ă lâencre rouge comme « Conservateur des Jardins dâUtopie » au Prince des PoĂštes), Jean Cassou comme secrĂ©taire de P. LouĂżs), Henriette Charasson, Raymond Clauzel, Romain Coolus, LĂ©o Claretie, Jacques Copeau, Georges Courteline, Max Daireaux, Henry Davray, LĂ©on Deffoux, Ernest Delahaye, Tristan DerĂšme, Charles Derennes (3, une au « plus aĂ©riennement et le plus dĂ©licieusement français des poĂštes français »), Suzanne DesprĂšs, Henri Dickson, Auguste Dorchain, Paul Doumer, Ădouard DucotĂ©, Louis Dumont-Wilden, Raymond Duncan, Henri Duvernois, Marc Elder, EugĂšne Fasquelle, Max et Alex Fischer, Camille Flammarion, Robert de Flers, Maurice de Fleury, RenĂ© Fonck, AndrĂ© Fontainas, Paul Fuchs, Joachim Gasquet, Paul Ginisty, Enrique GĂłmez Carrillo, Paul Gsell, Charles GuĂ©rin, LĂ©on Guillot de Saix, Lucien Guitry, Reynaldo Hahn, AndrĂ©-Ferdinand HĂ©rold, Edmond Jaloux, Guy Lavaud, Maurice Le Blond, Paul Leclercq, SĂ©bastien-Charles Leconte, Charles Le Goffic, Hugues Le Roux, Camille Le Senne, AndrĂ© de Lorde, Georges Lorin, AurĂ©lien LugnĂ©-Poe, Jacques Madeleine, Alexandre Mercereau, Albert Mockel, EugĂšne Montfort, EugĂšne Morel, Pierre Mortier, Ludovic Naudeau, Raymond de Nys, Maurice des Ombiaux, Charles Oulmont, Louis Payen, Gaston Picard (belle lettre saluant le « clair gĂ©nie français » de lâauteur des Ballades), HĂ©lĂšne Picard, Edmond Pilon, Xavier Privas, Ernest Raynaud, Jean-Michel Renaitour, Georges Ricou, Louis de Robert, Auguste Rondel, J.H. Rosny aĂźnĂ©, Jean RoyĂšre, Han Ryner, Saint-Georges de BouhĂ©lier, Saint-Pol-Roux, Edmond SĂ©e, Paul Souday, Joseph Uzanne, Fernand VandĂ©rem (3), Louis Vauxcelles, Paul Vidal, TancrĂšde de Visan, Waldemar-George, etc.
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119. [Anatole FRANCE]. LĂ©ontine LiPPmann, Mme Albert ARMAN DE CAILLAVET (1844-1910) maĂźtresse et Ă©gĂ©rie dâAnatole France, elle tint un important salon littĂ©raire. L.A., Samedi soir [18 aoĂ»t 1888 ?, Ă Anatole FranCe] ; 6 pages in-8 sur papier gris. 500/600 belle lettre dâaMOur passiOnnĂ©e Ă anatOle FranCe, dans laquelle se retrouve lâinspiration du roman quâAnatole France tira de leur liaison brĂ»lante et tourmentĂ©e, Le Lys rouge (Calmann-LĂ©vy 1894). [La lettre suit de peu des indiscrĂ©tions sur leur liaison colportĂ©es par Line de nittis.] « Mon bien aimĂ©, tu me dĂ©sespĂšres, tu me brises le cĆur. La cause de tes souffrances est comme la lueur de ces Ă©toiles mortes depuis longtemps dont tu me parlais lâautre jour. Et cependant je comprends que tu souffres, puisque je souffre moi-mĂȘme. Et pour ma souffrance, tu nâas que mĂ©pris et colĂšre, tu sens que le souvenir qui me hante et me torture quelquefois, que la misĂ©rable jalousie dont jâai pu ĂȘtre atteinte, nâest pas digne de vivre un instant seulement en face du rayonnement et dans la gloire de notre amour. [...] Oh toi mon amour, toi mon beau rĂȘve rĂ©alisĂ©, ne souffre pas et ne me fais pas souffrir ! Mais rien au monde nâest restĂ© debout, rien nâexiste sous la face des cieux, rien que toi et moi. Le reste est apparence et illusion vaine. Et ce passĂ©, ce passĂ© dont tu fais ton supplice mon adorĂ©, il nâest plus quâen toi, je nâai gardĂ© aucune trace de ce qui fĂ»t, je ne vis quâen toi et par toi, tu me caches lâunivers. Mon Ăąme nâest quâun miroir qui reflĂšte ton image. Ah ta lettre est cruelle, infiniment cruelle [...] Ah mon ami, mon unique ami, ne me donne pas le dĂ©sespoir de ne pouvoir que te torturer. DĂ©sire moi, tu le peux, tu en as le droit, ne tâeussĂ©-je appartenu quâune heure, cette heure a tout noyĂ©, tout effacĂ©, elle sâest levĂ©e dans ma vie comme le soleil qui Ă©teint toutes les lueurs »... Avant lui sa vie Ă©tait vide : « il nây avait quâun besoin immense, quâun dĂ©sir fou, le dĂ©sir de toi. De toi qui ne me connaissais pas, mais que je pressentais. Crois moi, crois moi, ce que je tâĂ©cris lĂ câest avec le plus profond de moi-mĂȘme, câest le cri de mon ĂȘtre qui va Ă toi. [...] je suis une malheureuse, jâempoisonne tout, je flĂ©tris tout autour de toi. Pardonne moi je tâen supplie. Et laisse moi espĂ©rer que tu voudras encore de moi quand je vais revenir dans bien peu de jours. Je le sais, je le sais, je suis sĂ»re que nous serons encore follement heureux, mais que de souffrances endurĂ©es, quelle horrible absence ! »... Il semblerait que « lâaffreuse Line », Mme Alexandre Dumas fils, et son fils Gaston aient bavardĂ©, et que par des rumeurs, leur liaison ait Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e. Elle sâinquiĂšte de lâavenir et recommande Ă France de traiter son mari avec « beaucoup de patience et de douceur. [...] Tu as tant de tact et de souplesse et je serais si dĂ©solĂ©e que vos rapports ne fussent pas trĂšs bons. Il suffit dâun mot, dâune flatterie dĂ©guisĂ©e pour le mener par le bout du nez »... PubliĂ©e (incomplĂštement) par Jacques Suffel : Anatole France et Madame de Caillavet, Lettres intimes (1984, n° 52, p. 72). Ancienne collection Alfred duPont (V, 3 juin 1977, n° 71).
120. StĂ©phanie FĂ©licitĂ© Du Crest, comtesse de GENLIS (1746-1830) femme de lettres, elle fut gouvernante des enfants du duc de Chartres. reCueil de 58 lettres (la plupart L.A.) et 2 ManusCrits autographes signĂ©s, 1816-1830, Ă Juliette rĂ©CaMier (quelques lettres Ă des tiers, Ă elle transmises) ; ; 133 pages formats divers, nombreuses adresses (une lettre incomplĂšte, 3 l.a.s., 3 l.s., et 8 lettres dictĂ©es, un ms incomplet) ; le tout montĂ© sur onglets dans un volume in-4 plein chagrin rouge, filets Ă froid sur les plats, dos ornĂ© de compartiments de filets Ă froid, titre en lettres dorĂ©es, petite dentelle dorĂ©e Ă lâintĂ©rieur (Ottmann-Duplanil). 5 000/6 000 trĂšs belle rĂ©uniOn de dOCuMents retraçant lâaMitiĂ© entre deux Grandes daMes de lettres, sOus le siGne de MadaMe de staĂ«l et de CHateaubriand. [AprĂšs avoir Ă©tĂ© sous lâEmpire plus ou moins lâennemie de Mme de StaĂ«l et de Mme RĂ©camier, quâelle voyait comme des rivales, la comtesse de Genlis, au dĂ©but de la Restauration, se prit pour Mme RĂ©camier dâune amitiĂ© ardente, qui sâexprime avec chaleur et dĂ©licatesse dans ces lettres, et qui dura jusquâĂ sa mort en 1830.] Ce recueil a Ă©tĂ© composĂ© par la niĂšce de Juliette RĂ©camier, AmĂ©lie lenOrMant : elle en a numĂ©rotĂ© les lettres, de 1 Ă 49 (avec quelques bis, manquent les lettres 1 bis, 11 et 12, remplacĂ©es par des copies faites par Maurice Levaillant), et foliotĂ© Ă la suite le manuscrit de la nouvelle, en indiquant quâil « manque quelques feuillets [11] » (paginĂ© par Mme de Genlis de 1-72, il compte 28 feuillets retrouvĂ©s par Mme Lenormant, plus quelques bĂ©quets).
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Le recueil sâouvre sur une charmante Ă©pĂźtre Ă ma vieille montre usĂ©e et nâallant plus (46 vers) : « Durant un demi siĂšcle attachĂ© Ă mon sort Tu fus ma compagne fidĂšle »⊠Il se conclut par le manuscrit de FrĂ©dĂ©ric de Prusse et LĂ©onie ou le ChĂąteau de Copet, datĂ© 5 fĂ©vrier 1818, ManusCrit de travail, avec ratures, corrections et bĂ©quets, de cette nouvelle qui sera publiĂ©e en 1831 sous le titre AthĂ©naĂŻs ou le chĂąteau de Coppet en 1807 ; le manuscrit prĂ©sente dâimportantes variantes avec lâĂ©dition, et lâon peut penser que les 11 feuillets manquants ont Ă©tĂ© utilisĂ©s dans la version dĂ©finitive. Mme de Genlis a voulu narrer les amours du prinCe auGuste de prusse et de MadaMe rĂ©CaMier, qui se dĂ©roulĂšrent au chĂąteau de Coppet, chez Mme de staĂ«l, en 1807 : le Prince Auguste arracha une promesse de mariage Ă Juliette RĂ©camier, promesse qui ne fut point tenue. On retrouve dans cette histoire les habituĂ©s de Coppet : August Schlegel, Mathieu de Montmorency, Benjamin Constant, Camille Jordan, Jean de Sismondi, ElzĂ©ar de Sabran, Mme de KrĂŒdener, etc. LâhĂ©roĂŻne se nomme ici « LĂ©onie » (AthĂ©naĂŻs dans lâĂ©dition) ; aussi Mme de Genlis nomme-t-elle souvent « LĂ©onie » Mme RĂ©camier dans ses lettres. Entre les deux manuscrits figure une correspondance cordiale, pressante, par moments passionnelle, qui parle beaucoup de lâĆuvre de Mme de Genlis, de dĂ©marches de Mme RĂ©camier en sa faveur auprĂšs dâĂ©diteurs et de la Cour, et bien entendu, de ses relations Ă©troites avec la famille dâOrlĂ©ans. Nous nâen pouvons donner ici quâun rapide aperçu, en suivant lâordre du recueil. Vendredi matin. Le visage de Mme RĂ©camier « dit tout. Il instruit de vos sentimens, il conte votre histoire [âŠ] Votre premiĂšre visite peut former beaucoup plus quâune liaison. VenĂ©s donc, puisque je suis boiteuse, et vieille et dâune sauvagerie dĂ©sormais invincible »⊠18 janvier 1817 : « cachĂ©s bien ce billet Ă ma rivale qui seroit bien en colĂšre du titre que mon cĆur indiscret vous donne »⊠â PriĂšre de trouver des souscripteurs (la marĂ©chale Moreau, Mme de StaĂ«l) pour des concerts de Garat. « Je vous aime, discrĂštement, mysterieusement, et passionnĂ©ment »⊠â Elle sâinterroge sur « ce confident de vos mystĂ©rieux amours », et sur ses chagrins : « Vous ne connoissĂ©s pas ma foiblesse pour les larmes. [âŠ] Si je ne vous avois pas aimĂ© avant, cela eut Ă©tĂ© de ce moment⊠Pauvre petite ! ContĂ©s moi vos peines »⊠â « Mme de S. [staĂ«l] est jalouse de moi, je suis jalouse de la rue du Colombier, comme je vous fais Ă©pier je sais que vous y allĂ©s sans cesse »⊠â Elle se rĂ©jouit du rĂ©tablissement de Mme de StaĂ«l, et indique un remĂšde de Tronchin ; elle dĂ©crit sa chambre qui ressemble à « un piano Ă queue »⊠â RemĂšdes contre la mĂ©lancolie, dont une Histoire des poisons dont elle fait ses dĂ©lices⊠â Jeudi soir [1818]. Envoi de pages de sa nouvelle de LĂ©onie ; elle a pour elle un exemplaire de son Dictionnaire critique et raisonnĂ© des Ă©tiquettes de la Cour, et un pour M. de Balange [ballanCHe] ; billets pour lâouverture du cours de botanique⊠â Elle va partir pour la campagne Ă Romainville, et a arrangĂ© Ă Neuilly « lâaffaire de lâinfortunĂ© que vous et moi avions commencĂ© Ă tirer de lâabyme. Mme la d. de bOurbOn a Ă©tĂ© admirable dans cette occasion. [âŠ] Que sont donc devenues mes lettres au roi &c. Il est singulier quâon ne me les ait pas rendues, quâen veut-on faire ? »⊠Samedi soir : « Vous ne me rĂ©pondĂ©s point, ma jolie nouvelle est toute finie, et mĂȘme lâavertissement dont je suis sure que vous serĂ©s trĂšs contente »⊠écouen 5 septembre 1817, sur lâachĂšvement de son Dictionnaire : « Il est curieux amusant et moral, mais comme vous aimerĂ©s Petrarque. Si je pensois que vous ne regarderiĂ©s pas cela comme une scĂšne embarassante je vous aime assĂ©s pour vous le dĂ©dier, et je ne le dĂ©dierai Ă nulle autre »⊠[Samedi soir 1817]. Elle a presque terminĂ© inĂšs, et demande le prĂȘt des Lettres de Mme de SĂ©vigné⊠écouen 22 aoĂ»t 1817. PriĂšre dâintervenir auprĂšs dâun libraire lyonnais qui pourrait se charger dâun nouvel ouvrage. « Mais je vous demande le secret »⊠25 aoĂ»t 1817 : « Ah ! Quel beau sĂ©jour que celui cy pour finir Laure et PĂ©trarque. Ma tĂȘte et mon cĆur ont 15 ans ! VoilĂ mon dernier roman et certainement mon chef dâĆuvre. Quel mĂ©lange dâentousiasme de gloire et dâamour ! De grandeur et de dĂ©licatesse ! Je me suis fait PĂ©trarque »⊠Jeudi soir. Le Dictionnaire sâimprime lentement, mais le second volume est presque copié⊠14 mai 1817, Ă un comte, demandant son appui : elle est « une personne qui a consacrĂ© sa vie aux arts, Ă la littĂ©rature, Ă lâinstruction
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de la jeunesse, et qui Ă toutes les Ă©poques a proffessĂ© les mĂȘmes principes. Une personne enfin qui a toujours Ă©tĂ© française et qui sous tous les regnes a tĂąchĂ© autant que ses talens le lui permettoient de faire valoir et regretter les grands rois de la race lĂ©gitime. [âŠ] il me semble que le repos est un bien qui mâest du »⊠Vendredi [19 septembre 1817] : « VoilĂ ma copie presque finie, ayĂ©s donc la bontĂ© de mâenvoyer lâĂ©crit de mon engagement pour que je le signe, et en mĂȘme tems je remettrai le manuscrit »⊠â Au sujet de lâhĂŽtel dâAngiviller Ă Versailles, appartenant au Roi, oĂč elle voudrait obtenir un appartement. 14 mai 1817, Ă lOuis XVIII, belle supplique au « petit fils de Louis 14 » pour obtenir un appartement Ă Versailles oĂč elle finira ses jours, et pour son fils adoptif Casimir baeCker⊠ChĂąteau de Villers, Creil 15 aoĂ»t 1818. Elle a retrouvĂ© une amie de sa jeunesse, la duchesse de la rOCHeFOuCauld, qui a redĂ©couvert en elle un talent de harpe « trĂšs cĂ©lĂšbre jadis et qui pouroit encore briller dans la sociĂ©tĂ© »⊠â Elle charge Mme RĂ©camier de nĂ©gocier son « livre de Souvenirs [âŠ] tĂąchĂ©s dâavoir 2000ff dâAimery en lui remontrant quâil est comme tout neuf, et que le moment y donne le plus grand intĂ©rĂȘt, que dâailleurs il est dâune trĂšs grande utilitĂ© pour lâĂ©ducation »⊠Il faut aussi dire Ă lâĂ©diteur quâelle achĂšve « un important roman », Les Parvenus ou les aventures de Julie, et vanter le succĂšs du Dictionnaire⊠19 [aoĂ»t] 1818. Elle est tourmentĂ©e dâapprendre que le livre de Souvenirs est en vente chez un libraire dâAix-la-Chapelle, et pourtant « nous sommes bien convenues quâil ne seroit vendu quâĂ un particulier, comme manuscrit dâune bibliothĂšque particuliĂšre »⊠Dimanche [Creil juillet 1818], sur la duchesse de la rOCHeFOuCauld : « Câest une chose Ă voir que les admirables Ă©tablissemens, hopitaux, manufacture &c fondĂ©s par son mari Ă Liancour Ă 2 lieues dâici. Il est adorĂ© dans cette contrĂ©e, et le mĂ©rite »⊠Place royale mardi soir [1823]. Le plan des Prisonniers est fait, et Les VeillĂ©es de la chaumiĂšre paraĂźtront dans douze jours : « je suis contente de lâouvrage qui sera certainement trĂšs utile ; il y a entre autres deux contes qui auront surement beaucoup de succĂšs La CuisiniĂšre romanesque exaltĂ©e par les mĂ©lodrames et Le Petit Savoyard »⊠Paris 5 octobre 1818. « M. le D. dâ[OrlĂ©ans] eut achetĂ© surement le livre de Souvenirs Ă tout prix sâil eut Ă©tĂ© en vente, mais non autrement. VendĂ©s le donc si vous pouvĂ©s pour une bibliothĂšque particuliĂšre et dans ce cas vous en garderiĂ©s en entier lâargent en Ă -compte. Si vous vous donnĂ©s la peine de le faire un peu valoir vous en viendrĂ©s Ă bout »⊠â « Ne voyĂ©s point eMery câest un arabe qui nâa jamais dâargent. [âŠ] Je suis dans la plus mortelle agitation. Dans mon 1er mouvement jâai eu lâimprudence dâĂ©crire et de promettre formellement. Ah ! je ne me mettrai jamais dans une telle situation ! â Il nây a rien Ă faire avec les libraires riches »⊠â « VoilĂ donc mon cher PĂ©trarque pris ! Jâaurois mieux aimĂ© quâil me fut restĂ© ! CâĂ©toit une belle chose Ă laisser par testament, et un beau sacrifice dâamour propre ! »⊠Elle laisse Juliette maĂźtresse des conditions, mais prĂ©cise : « Que lâon songe ce que câest quâun roman historique de moi » ; Mademoiselle de Lafayette fut enlevĂ©e en 8 heures, Jeanne de France (4000 ex.) en deux mois⊠Dimanche. Puisque Mme RĂ©camier veut se mettre « Ă la tĂȘte de mes affaires », elle lui prĂ©sente son Dictionnaire des Ă©tiquettes de la Cour pour mieux le placer chez un Ă©diteur autre que Maradan. Il se lira « de suite comme le dict. philosophique de Voltaire, nâĂ©tant point sur deux colonnes. Câest continuellement un tableau comparatif des usages et des mĆurs de lâancien rĂ©gime et du regne de Napoleon. Comme il demandoit une grande connoissance de lâancienne cour et de lâancien monde, je pouvois seule le faire, parmi les gens qui peuvent Ă©crire avec quelque agrĂ©ment [âŠ]. Je vous donne ma parole dâhonneur quâil nây a pas un seul mot direct ou indirect contre Mme de stael, ni contre aucun auteur vivant »⊠Son dictionnaire est « aussi purement Ă©crit que celui de Voltaire lâest platement [âŠ], et quâil est amusant, curieux et moral »⊠â Sur ses projets Ă©ditoriaux, et ses conditions : un Almanach des devises de fleurs, et de nouvelles Ă©ditions de BĂ©lisaire et des Leçons dâune gouvernante (ouvrage « fait pour lâĂ©ducation de M. le duc dâOrleans de Melle dâOrlĂ©ans et de ses freres »)⊠â « Vous mâaviĂ©s promis le dessin du chateau il faut absolument que je le voye. â Je ne vous consulterai plus que sur une seule chose sur cette nouvelle, mais qui ne vous regarde pas, câest sur le portrait de M. de Montmorency. â Je voudrois bien voir promptement le Val de loup pour lâinsĂ©rer dans mes petits Voyages dâEugĂšne, que jâai rĂ©uni,
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corrigĂ© et fort augmentĂ©. Jâai livrĂ© toute la fin du Dictionnaire [âŠ]. Vous mâaviĂ©s offert le payement en entier [âŠ], si en effet il Ă©toit possible de donner les 2 mille francs qui restent dus, tout de suite cela me feroit plaisir »⊠[1823, Ă CHateaubriand] : longue lettre (la fin manque) sur lâĂ©volution de la politique, « sanctifiĂ©e » par « lâexcĂšs du dĂ©sordre » et transformĂ©e en une « noble science des esprits Ă©tendus et des grandes Ăąmes ». Elle encourage le ministre à « purifier cette nation » par « de grandes actions inattendues, dignes dâexciter lâentousiasme. Il faut gagner le peuple, les artisans et les artistes, les gens de lettres, les savans » : elle propose des bains publics gratuits sur la Seine, un palais de « nouvelles inventions » et des sciences naturelles, une EncyclopĂ©die villageoise publiĂ©e au bĂ©nĂ©fice dâun hĂŽpital et de gens de lettres dĂ©munis, qui serait le « contrepoison » du Voltaire des chaumiĂšres, et qui contiendrait des articles sur des principes et pratiques religieux, les mĂ©tiers et produits des campagnes. Elle dĂ©nonce lâHistoire philosophique et politique de Raynal, dont elle a prĂ©parĂ© une Ă©dition « Ă©purĂ©e »⊠Suit une Ă©numĂ©ration de ses publications rĂ©centes et prochaines, dont Les Prisonniers, « que je dĂ©die Ă Mme RĂ©camier qui mâen a donnĂ© lâidĂ©e »⊠[1823]. « Les affaires vont Ă merveille ! Je vous conjure, Ă genoux, de vous rĂ©veiller, et de rĂ©veiller pour lâencyclopĂ©die ; lâamour de la vraie gloire, la religion, la conscience [âŠ] tout parle en faveur de ce projet, digne dâĂȘtre Ă©xĂ©cutĂ© par le ministre actuel » ; elle a prĂ©parĂ© des projets de lettres aux souverains, et des prospectus⊠23 dĂ©cembre [1825], pour faire nommer son libraire ladvOCat Ă la commission qui prĂ©parera le projet de loi sur la propriĂ©tĂ© littĂ©raire⊠29 octobre 1821, en faveur dâune « infortunĂ©e » : « TĂąchĂ©s dâengager M. de Chateaubriand Ă obtenir un secours de Madame ou de M. la D. de Berri. Jâagirai de mon cĂŽtĂ© auprĂšs de Melle dâOrlĂ©ans et de Mme la D. de Bourbon »⊠1er septembre 1823. Ses Prisonniers lui paraissent bĂȘtes, dĂ©sormais, « car mon ambition pour eux est fort augmentĂ©e, et ma prĂ©somption est trĂšs abbatue ! Ă 77 ans, sept mois et sept jours, aprĂšs avoir Ă©crit plus de cent volumes, vous demander de vous dĂ©dier un ouvrage, voilĂ une confiance qui ressemble beaucoup au radotage. [âŠ] il est vrai que jâai encore beaucoup dâidĂ©es dans la tĂȘte, je voudrois les donner toutes et nâen point emporter ; je suis comme les gens qui dĂ©balent Ă la hĂąte au risque de tout gĂąter. Vous mâavĂ©s dĂ©fendu toute cĂ©rĂ©monie, vous voyĂ©s oĂč cela conduit ! »⊠15 fĂ©vrier 1826. « Vous mâavez donnĂ© lâespoir que monsieur Chateaubriand viendroit aussi je lâĂ©tonnerai sur notre encyclopĂ©die [âŠ] je serai si heureuse de le revoir face Ă face. Vous savez comme je vous aime protĂ©gez notre encyclopĂ©die cela est digne de vous »⊠21 juillet 1829, reproches Ă CHateaubriand qui avait promis dâaller la voir avec sa femme, et de lui « envoyer une multitude de chapelets de Rome »⊠Etc. Ex libris Henri lavedan, BibliothĂšque du chĂąteau de Loubressac.
Mme de GENLIS : voir aussi le n° 562.
121. Marie-ThĂ©rĂšse roDet, Madame GEOFFRIN (1699-1777) femme de lettres et amie des philosophes, elle eut un des salons les plus cĂ©lĂšbres de son Ă©poque. L.A., Vienne 12 juin 1766, Ă son ami M. bOutin le fils, receveur gĂ©nĂ©ral des finances, Ă Paris ; 6 pages in-4, adresse avec contreseing ms de Bouret. 2 000/2 500 trĂšs lOnGue et belle lettre sur sOn sĂ©jOur Ă vienne lOrs de sOn vOyaGe vers la pOlOGne. RĂ©pondant Ă lâinvitation du Roi de Pologne stanislas pOniatOWski, Mme Geoffrin (alors ĂągĂ©e de 68 ans) a quittĂ© Paris quelques semaines plus tĂŽt. Elle raconte Ă son « cher petit ami » sa halte Ă Vienne, oĂč elle est arrivĂ©e il y a quelques jours, en parfaite santĂ© : « Jâay eu pendant tout le voiage, ces sertaine belles couleurs que jâavois pendant celuy du Housset, quoi que je nâaye pas bue le petit coup, ni chantĂ© la
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chansonnette »⊠Elle sâest arrĂȘtĂ©e Ă Dorlac [Durlach] oĂč elle a Ă©tĂ© reçue par le Margrave et la Margravine : « nous avons eu les yeux mouillĂ© en nous sĂ©parant. Jây ay ai Ă©tĂ© aussi a mon aise que je le suis chez moi. On mâa fait promĂȘtre dây retourner. Le prince et la princesse ont de lâesprit, et du goĂ»t pour les arts. Mais cela nâest ni eclairĂ©, ni conduit, cette petit cour la est magnifique et servie a la françoise ». Son voyage fait plus de bruit Ă Vienne quâĂ Paris : « Il y avoit quinze jours que le prince de kaunitz avoit donnĂ© ordre aux postes que lâon lâaverti de mon arriver ». Elle pensait sĂ©journer trois ou quatre jours dans son auberge, mais il en a Ă©tĂ© tout autrement. DĂšs son arrivĂ©e, sa chambre a Ă©tĂ© remplie de valets et de pages, porteurs de compliments et dâinvitations, puis « les embassadeurs de toutes les cours, et tous les seigneurs que jâay reçu chez moi depuis bien des annĂ©es, et dont je ne souvenois presque plus, sont venu me voir, avec des expressions de reconoissance, et de sentiments, dont jâay estĂ© confondue ». La princesse kinski ne la quitte plus. Le prince Galitzine est venu le soir mĂȘme de son arrivĂ©e : « Il ma donnĂ© tout ce qui me manquoit dans mon auberge il mâanvoye tous les matins du cafĂ© Ă la crĂšme. Son carosse est le mien, enfin je suis comblĂ©e et accablĂ©e de ces attentions » ; câest un homme adorable, qui ne la quitte pas. Elle va tous les jours chez le prince kaunitz, « le per ministre de tous les pers ministre de lâEurope. Il a un pouvoir absolu et une reprĂ©sentation dâune dignitĂ©, et dâune magnificence ynimaginable ». Elle va dĂźner dans son jardin Ă deux pas de Vienne, oĂč on fait une trĂšs bonne chĂšre ; et elle passe ses soirĂ©es dans son appartement au palais impĂ©rial, « superbe, bien eclairĂ© et remplie de toute la cour et la ville, et on y est comme si on etoit dans son boudoir » ; Kaunitz sâassied Ă cĂŽtĂ© dâelle et lui parle « avec beaucoup dâintimitĂ©. Et lĂ , on me fait des prĂ©sentations sans fin, en me parlant de ma grande rĂ©putation, et de mon grand mĂ©rite. Vous autre qui vous moquĂ© de moi toute la journĂ©e, vous seriez confondus si vous voiez le cas que lâon fait de moi ici »⊠Elle raconte encore sa premiĂšre rencontre sur la promenade publique avec lâEmpereur, qui vint lui parler Ă la portiĂšre de son carosse : « Il me dit que le roi de Pologne etoit bien heureux dâavoir une amie comme moi. Je fus confondue et nâay jamais etĂ©e si bĂȘte ». Le lendemain, elle a Ă©tĂ© reçue par lâImpĂ©ratrice Marie-tHĂ©rĂšse Ă Schönbrunn : « Limperatrice ma parlĂ© avec une bontĂ©, et une grace inexprimable elle mâa nommĂ©e toutes les archiduchesses lâune apres lâautre, et les jeunes archiducs. Câest la plus belle chose, que cette famille quâil soit possible dâimaginer. Il y a la fille de lâempeureur arriere petite fille du roi de France, elle a deux [douze] ans. Elle est belle comme un ange. Lâimperatrice ma recommendĂ©e dĂ©crire en France que je lâavois vue cette petite, et que je la trouvois belle » [il sâagit de Marie-antOinette]⊠Elle croit rĂȘver, et a confiĂ© la veille Ă Kaunitz : « Mon prince la reine de TrĂ©bisonde ne pouvoit pas ĂȘtre reçue mieux que moi. Il me rĂ©pondit personne ne peut ĂȘtre vu ici avec plus destime, et de considĂ©ration que vous. Vous etes respectĂ©e plus que vous ne pouvez jamais vous lâimaginer»⊠Le Roi de Pologne a tout mis en Ćuvre pour « rendre mon voiage tres commode », et lui a envoyĂ© un gentilhomme au titre de capitaine, parlant toutes les langues, chargĂ© de la conduire chez lui, avec meubles, vaisselle dâargent, cuisinier⊠Elle charge son petit ami de compliments pour tous ses proches. Elle lui Ă©crira de Varsovie. Elle ajoute pour finir que « lâimperatrice ma trouvĂ©e le plus beau teint du monde ». Elle quitte Vienne le lendemain. Publication par Edmond et Jules de GOnCOurt, Portraits intimes du XViiie siĂšcle (Dentu, 1857-1858, t. I, p. 166-175). Ancienne collection du marquis de bienCourt.
122. Edmond de GONCOURT (1822-1896). 2 L.A.S., 1873-1892 ; 2 pages et quart in-8. 120/150 3 aoĂ»t 1873, [Ă ArsĂšne HOussaye], le remerciant au nom des Goncourt [article du 2 aoĂ»t, « Fausse monnaye du gĂ©nie »], « mais si le PĂšre Ăternel a un abonnement au Gaulois et si votre prose a Ă©tĂ© communiquĂ©e par un chĆur dâarchanges Ă Gavarni, soyez persuadĂ© que Gavarni aura dit de sa plus douce voix : cet ArsĂšne ! Il fait bougrement son pĂšre de lâĂglise Ă mon endroit ! »⊠16 aoĂ»t [1892]. Il souhaite consulter le document sur « le thĂ©Ăątre de la Guimard, jouĂ© Ă Pantin et Ă la ChaussĂ©e dâAntin », alors que « mon Ă©tude sur la GuiMard est tout prĂšs dâĂȘtre terminĂ©e »âŠ
123. Julien GREEN (1900-1998). 13 L.A.S., 1926-1940 et 1959, Ă Marcel tHiĂ©baut, de la revue de Paris ; 16 pages in-4 ou in-8. 700/800 belle COrrespOndanCe littĂ©raire, en partiCulier sur ses dĂ©buts dâĂ©Crivain. 29 septembre 1926 : « Je viens de lire le bel article que vous avez eu la bontĂ© dâĂ©crire sur mon livre [Mont-CinĂšre, son premier roman, 1926] et vous remercie beaucoup de votre grande bienveillance. Vous ne pouvez savoir combien il mâest agrĂ©able dâavoir Ă©tĂ© aussi admirablement compris. Je souhaite fort que mon prochain roman vous plaise autant que le premier »... 23 octobre : « Une lettre de Maritain confirme ce quâon mâavait laissĂ© prĂ©voir chez Plon, et mon livre ne peut paraĂźtre en revue [...] Dans tous les cas, mon prochain livre aprĂšs celui-lĂ est pour la Revue, sâil lui convient, je vous le promets. DĂšs que jâaurai achevĂ© mon roman, je compte Ă©crire une longue nouvelle (dâenviron 200 pages). Je vous en soumettrai le manuscrit »... Lundi : « il mâest impossible de prendre une dĂ©cision au sujet de la publication en revue de mon roman alors que ce roman est Ă peine commencĂ© et me tiendra en haleine peut-ĂȘtre une annĂ©e entiĂšre. Quoi quâil en soit, croyez bien que je ne le proposerai Ă personne sans vous en avoir parlĂ© au prĂ©alable »... ZĂŒrich : « Le roman que vous me demandez si aimablement pour la Revue nâest pas encore commencĂ©. Gringoire sây intĂ©resse beaucoup mais, vous le savez, il mâest impossible de me dĂ©cider avant que mon roman soit, au moins, en train »... 27 janvier 1939 : « Je mâexcuse de vous presser, mais je voudrais que mon journal paraisse au printemps, si cela est possible. Je suis obligĂ© de vous demander une rĂ©ponse au sujet des pages que je vous ai fait remettre le 12 janvier »... 6 juillet 1959 : « Ne voyez, je vous prie, dans mon silence que la marque de la perplexitĂ©. Jâaurais voulu vous donner mon roman, mais en le recopiant pour Plon, je me rends compte, hĂ©las, de plus en plus quâil est presque impossible de le dĂ©couper sans nuire dâune façon sĂ©rieuse Ă une certaine continuitĂ© que je me suis efforcĂ© dâobtenir. Vous me direz que câest le cas de bien
...â/â...
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des romans quâon publie en revue, mais je crois que ce lâest plus particuliĂšrement du mien. Il y a des cas oĂč âĂ suivreâ nâest pas concevable. Cela mâennuie beaucoup pour plusieurs raisons dont la moindre nâest pas lâintĂ©rĂȘt que vous portez Ă mon Ćuvre, mais aprĂšs y avoir longuement rĂ©flĂ©chi, je crois quâil est nĂ©cessaire que je fasse ce sacrifice »...
124. Sacha GUITRY (1885-1957). ManusCrit autographe signĂ©, La Poison, [1951] ; 3 pages in-4. 500/600 artiCle sur sOn FilM La Poison, publiĂ© dans LâAurore du 26 novembre 1951. Il nâa pas voulu faire une Ćuvre dramatique, câest-Ă -dire dĂ©nuĂ©e « totalement dâironie », mais il a cherchĂ© le « comique macabre qui se dĂ©gage ordinairement des situations les plus tragiques. Telle est lâidĂ©e fonciĂšre, tel est lâobjet de La Poison. Jâai voulu â jâai du moins dĂ©sirĂ© que ce crime sordide fĂ»t exposĂ©, conduit, dialoguĂ©, mis en scĂšne et jouĂ© de maniĂšre que le public en soit le spectateur â en sâamusant, sâil le veut bien, dâun bout Ă lâautre ». Il raconte sa rencontre avec « un trĂšs cĂ©lĂšbre avocat dâAssises qui en Ă©tait alors Ă son 142Ăšme acquittement », et qui lui a donnĂ© lâidĂ©e du film, oĂč lâon voit le futur meurtrier demander conseil Ă un avocat pour exĂ©cuter son crime et⊠ĂȘtre acquittĂ©. On jOint 2 L.A.S., Paris 15 avril 1925 et 26 mai 1930, Ă LĂ©on treiCH, le remerciant pour son livre qui lâa Ă©mu et pour « ce bel article de vous sur mon pĂšre »âŠ
125. Sacha GUITRY. tapusCrit avec signature et signes autographes, Grasse ; 2 pages et demie in-4. 200/300 bel HOMMaGe Ă la Grasse, ses Fleurs et ses parFuMs. « Oh ! Pourquoi Grasse â et non pas : GrĂące ? [âŠ] Grasse, vous ĂȘtes la patrie des fleurs et le berceau de Fragonard. Ne dites surtout pas : pure coĂŻncidence. Dieu sait bien ce quâil fait. Et sâil a dit Ă Fragonard : â tu naĂźtras lĂ ! Câest parce quâil voulait quâil fĂ»t la GrĂące mĂȘme »âŠ
126. Sibylle-Gabrielle-Marie-Antoinette de Riquetti de Mirabeau, comtesse de Martel, dite GYP (1849-1932). L.A.S. « Mirabeau Martel », vendredi 20 [1891, Ă François laurentie] ; 23 pages et quart in-4 Ă lâencre violette sur papier vert dâeau. 200/300 au sujet des mĂ©moires de talleyrand, dont un article de Laurentie dans LâAvenir mettait en doute lâauthenticitĂ©. Gyp en retrace lâhistoire : « Je suis la petite niĂšce de Monsieur de baCOurt, et je vous assure que ce nâest ni lui, ni ses hĂ©ritiers qui ont tripatouillĂ© les mĂ©moires qui devaient former au moins quinze volumes ». Bacourt a Ă©tĂ© secrĂ©taire de Talleyrand, et Ă sa mort en 1838, celui-ci lui a lĂ©guĂ© ses MĂ©moires, « le priant de les mettre en ordre sans aucun concours Ă©tranger et de les publier trente ans aprĂšs sa mort ». M. de Bacourt sâest attachĂ© Ă classer, dĂ©chiffrer ces 40 annĂ©es de mĂ©moires, auxquels Ă©taient joints « une magnifique collection dâautographes », des lettres reçues de NapolĂ©on, Metternich, des Empereurs de Russie et dâAutriche, de FouchĂ©, de JosĂ©phine et de Marie-Louise, etc. Gyp et sa mĂšre ont copiĂ© une partie de ces mĂ©moires, et dĂ©but 1865, les documents furent emballĂ©s et cachetĂ©s avec la mention « Ă remettre Ă Monsieur le duc de Valençay et Ă Madame la Marquise de Castellane, trois mois aprĂšs la publication des mĂ©moires ». M. de Bacourt mourut en 1865, en confiant les MĂ©moires Ă lâavocat Paul Andral, pour les publier en 1888. AprĂšs la mort dâAndral en 1889, les MĂ©moires sont enfin publiĂ©s en « quatre piteux volumes » par le duc de Broglie en 1891, et Gyp assure : « Je ne crois pas quâaucun passage du texte primitif y soit intĂ©gralement rĂ©pĂ©tĂ© », et elle se demande ce quâest devenue la collection dâautographes⊠On jOint une L.A.S., 8 septembre, prĂ©cisant que Paul Andral Ă©tait le petit-fils de Royer-Collard, un des exĂ©cuteurs testamentaires et lâami de Talleyrand.
127. Sibylle-Gabrielle-Marie-Antoinette de Mirabeau-Martel, dite GYP. L.A.S. « Gyp », Ă un « cher confrĂšre » ; 10 pages in-4 Ă lâencre violette. 200/300 au sujet du COMte de CHaMbOrd, en rĂ©ponse Ă un article de Jean Bernard, paru le 21 aoĂ»t dans le journal LâAvenir. Gyp proteste contre une phase quâon lui attribue : « tout son entourage savait quâil ne voulait pas entendre parler de rĂ©gner ». Elle a certes parlĂ© de « lâeffroyable appĂ©tit des Bourbons » ; elle a dit que « ce Prince nâaimait que la chasse, et câest exact ». Mais câĂ©tait aussi un homme « brave, honnĂȘte et droit », obligĂ© de jouer un rĂŽle qui « lui Ă©tait visiblement insupportable, mais je suis convaincue que jamais il nâa songĂ© Ă se dĂ©rober aux devoirs quâil lui imposait ». Elle Ă©voque lâessai manquĂ© de restauration de la Monarchie en 1873, et sa rivalitĂ© avec le comte de Paris : on lâa appelĂ©, et « il est venu se jeter, tĂȘte baissĂ©e, dans le plus dĂ©plorable guet-apens. [âŠ] Lâintrigue orlĂ©aniste nâa Ă©chouĂ© que grĂące Ă la rencontre â imprĂ©vue â de deux honnĂȘtes gens : le Comte de Chambord qui nâa pas voulu renier son drapeau, et le MarĂ©chal de Mac Mahon qui nâa pas voulu trahir le sien. Ce fut un effondrement ! » Mais le comte de Chambord nâa jamais variĂ© Ă ce sujet et « en 1873, la noblesse de son attitude Ă©tonna. Au milieu dâune agitation au cours de laquelle le Duc dâAumale â qui reluquait la PrĂ©sidence â tirait dans les mollets de son neveu [le comte de Paris] qui espĂ©rait la royautĂ© ». Deux mois avant sa mort, il accepta de rencontrer les princes dâOrlĂ©ans, et rĂ©gla ses obsĂšques en relĂ©guant le comte de Paris Ă la quatriĂšme position. Tout ceci montre « quâil nâavait pas abdiquĂ© ses droits. Si ses dĂ©fauts Ă©taient frappants, son caractĂšre inspirait le respect. Ce nâĂ©tait pas le type de ri rĂȘvĂ©, mais câĂ©tait quand mĂȘme un âchic typeâ ».
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128. JosĂ©-Maria de HEREDIA (1842-1905). pOĂšMe autographe, Petit Ăvangile ; 1 page in-4 Ă lâencre violette (papier un peu jauni sur un bord). 200/250 PiĂšce de 22 vers, reprenant la lĂ©gende des « fils de la Vierge » : « JĂ©sus rit au soleil dâavril ; La Vierge file sa quenouille, Deçi delĂ , tirant le fil »⊠On jOint 2 L.A.S., Ă un directeur et Ă un poĂšte, 2 octobre 1896 et s.d.
129. HISTORIENS. 27 lettres ou piĂšces, la plupart L.A.S. 150/200 Jules BarthĂ©lemy-Saint-Hilaire (4, 1857-1875, parlant notamment de Thiers), Victor Cousin, Alfred-Auguste Cuvillier-Fleury (3), LĂ©opold Delisle (Ă Ătienne Charavay sur lâauthenticitĂ© dâune lettre de Racine), Albert Duruy, François Guizot (1852, sur lâhistoire de ClĂ©ment XIV de Theimer), Gustave Hanotaux, Gabriel de La Landelle, Charles de Lasteyrie (sur le canal de Marseille au RhĂŽne), FrĂ©dĂ©ric Le Play, FrĂ©dĂ©ric LoliĂ©e, Louis-Antoine-François de Marchangy, Alfred Nettement, Louis-Emmanuel Guignard vicomte de Saint-Priest (8, sur lâEncyclopĂ©die du XiXe siĂšcle en prĂ©paration), Philippe de SĂ©gur (Ă lâamiral JaurĂšs). Plus un portrait gravĂ© de Paul Thureau-Dangin.
130. Ălisabeth-Françoise-Sophie de La Live de Bellegarde, comtesse dâHOUDETOT (1730-1813) femme de lettres, amie de Jean-Jacques Rousseau et Saint-Lambert. ManusCrit autographe, De la fortune de Buonaparte, [vers 1800] ; 6 pages petit in-4. 250/300 prOpHĂ©tique visiOn du Futur eMpereur. « La rĂ©volution française dont le grand caractĂšre a Ă©tĂ© la destruction nâa produit pour lâhistoire aucun personnage distinguĂ©. [âŠ] Un seul homme aujourdâhui semble annoncer une sorte de gĂ©nie et se prĂ©sente aidĂ© dâun grand bonheur et dâune grande fortune [âŠ] Buonaparte ne sera jugĂ© par lâhistoire et la postĂ©ritĂ© que par ses succĂšs. Il lui est imposĂ© dâĂȘtre grand et de faire de grandes choses »⊠Etc.
131. Victor HUGO (1802-1885). L.A.S., 6 avril [1825], au baron dâeCkstein ; 1 page in-8 et adresse dĂ©coupĂ©es collĂ©es sur carte (rousseurs et traces dâencadrement). 300/350 « Monsieur le Bon dâEckstein est un des hommes dont la vue est un besoin pour moi. Il me semble quâil y a des siĂšcles que nous ne nous sommes rencontrĂ©s. Serait-il assez aimable pour venir dĂźner avec nous jeudi 14 avril [âŠ] Nous espĂ©rons un bon Oui. Son ami, Victor Hugo »⊠Au dos, on a collĂ© une photographie dâAlexandre Dumas (fente). On jOint 5 L.A.S. (traces dâencadrement et jaunissures) : Louise COlet, erCkMann-CHatrian (dĂ©dicace sur page dĂ©tachĂ©e de LâAmi Fritz), François GuizOt, Alfred de viGny, etc. Plus une photo (carte postale) de Gorki et Skitalec, et une permission dâembarquer (Caen 1757).
132. Victor HUGO. L.A.S. « Victor H. », 8 mai [vers 1840], Ă Joseph MĂ©ry, au bureau du Vert-Vert ; 1 page in-8, adresse. 200/250 « Il est impossible dâavoir plus de style, plus dâesprit, plus dâĂąme et plus de cĆur que vous. Je voudrais bien vous embrasser, mon grand poĂ«te, mon excellent frĂšre »âŠ
133. Victor HUGO. L.A.S., 1er mai [1841], Ă AnaĂŻs sĂ©Galas ; 1 page in-8, adresse. 600/800 avant sa rĂ©CeptiOn Ă lâaCadĂ©Mie Française. Il craint dâavoir eu de billets. « LâAcadĂ©mie me prĂ©pare par une foule de prĂ©cautions oratoires Ă la portion congrue ; je vous Ă©cris donc du fond de lâombre la plus profonde ; je ne sais pas encore si jâaurai des places, mais je sais que je vous en donnerai. [âŠ] Je tiens beaucoup Ă ce que vous assistiez Ă cette sĂ©ance ; il me semble quâil y manquerait de la lumiĂšre si vous nây Ă©tiez pas »⊠On jOint une photographie par nadar.
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134. Victor HUGO. L.A.S., Hauteville House 30 novembre [1868] ; 1 page in-8 (mouill., petits trous par corrosion dâencre, lĂ©g. fentes). 1 200/1 500 COntre lâesClavaGe. Il a reçu la « lettre Ă©loquente » de son correspondant, mais ignore si son « envoi en rĂ©ponse » lui est parvenu, « car il y a autour de mon Ăźle un cordon sanitaire, et pour moi la poste ressemble un peu Ă la police Facies non ⊠una, Non diversa tamen, qualem decet esse sororum ». Il lui fait un nouvel envoi [Seconde lettre Ă lâEspagne, 22 novembre 1868 (Actes et paroles, II, 1868, iv)] : « Les comitĂ©s rĂ©publicains dâEspagne mâont Ă©crit, et je leur rĂ©ponds. Cette fois, il sâagit de lâesclavage. Ne soyez pas sujets et nâayez point dâesclaves. Nâayez pas de roi Ă Madrid et pas de nĂšgres Ă Cuba »âŠ
135. Victor HUGO. brOuillOns autographes, [1863-1866] ; 2 pages et demie in-8 sur une brochure, et 2 pages grand in-fol. (un pli fendu). 1 000/1 500 * Brouillon Ă©crit sur les deux faces de la couverture (dont une partie a Ă©tĂ© dĂ©coupĂ©e) et sur la page de titre de la brochure de Ciro Gojorani et Stanislao Mercantini, Post tenebras Lux. Versi (Cremona, B. Mntaldi, 1863). Ce premier jet donnera le texte plus Ă©laborĂ© connu sous le titre Le tyran, recueilli dans les Proses philosophiques. « Il existe des sceptiques agrĂ©ables que le mot tyran fait sourire. Est-il bien sĂ»r quâil y ait jamais eu des tyrans, sâĂ©crient-ils. Lâhistoire voit les trĂŽnes Ă la loupe. JuvĂ©nal a exagĂ©rĂ© Messaline, Tacite a grossi NĂ©ron, dans tous les cas, sâil y en a eu il nây en a plus. Tyranniser, câest un mot vide de sens. Tyrans, tyrannie, despotes, despotisme, que signifient ces dĂ©clamations ? Tout un cĂŽtĂ© des philosophes et des poĂštes radote. Les trois quarts des tragĂ©dies rabĂąchent. Nous sommes heureux. De grĂące rayez ces noms, matiĂšre Ă amplification. Ne nous parlez plus de Richard 3 laissons lĂ Henri VIII »⊠Etc.
* Brouillons de premier jet notĂ©s Ă la plume et au crayon au dos dâun numĂ©ro du Moniteur de Castelnau Lodge datĂ© des 6 et 7 mars 1866, imprimĂ© Ă Londres, et adressĂ© Ă Hugo : « Ă lâauteur des Chansons de rues et des Bois. Souvenir »⊠Il sâagit de quelques notes (sur les variĂ©tĂ©s dâhuissier) et de nombreuses rĂ©pliques de Glapieu, Rousseline, le procureur du Roi, Cyprienne et Edgar Marc, destinĂ©es aux derniĂšres scĂšnes de Mille francs de rĂ©compense, dont les actes III et IV furent Ă©crits en mars 1866. En voici quelques-unes : « Gl. bas au baron. â M. vous vous appelez AndrĂ©. Si par hasard vous vous appelez aussi Cyprien â voici un papier qui peut vous intĂ©resser. / Le P. Ă lâhuissier. â Saisissez ce papier. Aucun papier ne doit ĂȘtre communiquĂ© Ă qui que ce soit sans passer dâabord sous les yeux de la justice. [âŠ] / Il est Ă©crit : tu Ă©pouseras ton Edgar. Il sort avant que les paroles se sont accomplies. » « CâĂ©tait vous. â Ne vous nommons pas. Je ne vous reconnais pas tout haut. Je vous mĂ©nage. »
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« Gl. Edgar â câest Edgar ? Mademoiselle nâest-ce pas câest Edgar? [âŠ] Câest Edgar. Pardon, M. le juge â une minute. Cela change la question. Monsieur est Edgar. Vous comprenez⊠/ Cyp. Câest mon Edgar »⊠« Ah ! çà mais ce nâest plus ça. Ce nâest plus ça du tout. Vous vous appelez Edgar Marc. Vous ĂȘtes Edgar. Une minute, monsieur le p. du R., câest Edgar »⊠« messieurs et dames, jâavais mes raisons. Voulez-vous me permettre de les garder pour moi. La VĂ©ritĂ© finit toujours par ĂȘtre inconnue. » Lâautre moitiĂ© de cette grande feuille est recouverte dâesquisses pour une scĂšne de marins, qui pourrait se rattacher au dĂ©but de LâHomme qui rit, ou Ă une suite Ă©bauchĂ©e des travailleurs de la mer. « Les pilotes font leurs conditions en pleine mer. Ils abordent le navire en danger/dĂ©tresse et discutent le sauvetage. [âŠ] â DâoĂč venez-vous ? / Le capitaine â Je ne sais pas. / Le pilote â OĂč allez-vous ? / Le capitaine â Je ne sais pas. / Le pilote â Voulez-vous que je vous tire ? [âŠ] voulez-vous que je vous tire Ă Guernesey ? / Le C. â OĂč est Guernesey ? / Le p. â Là »⊠Etc. On jOint une l.a.s. de Paul MeuriCe (Veules 1er septembre 1897) Ă propos des Ćuvres de Hugo ; un feuillet dâadresse au nom de Mme Victor Hugo, place Royale ; et un petit ensemble de fac-similĂ©s, coupures de presse, copies, documents divers.
136. Victor HUGO. dessin original à la plume, encre brune ; 13,5 x 7,5 cm (encadré). 4 000/5 000 reCHerCHes pOur sOn MOnOGraMMe : déclinaison de onze monogrammes VH, de tailles diverses.
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137. Victor HUGO. L.A.S. « V. H. », 2 janvier, Ă un rĂ©dacteur du rappel ; 1 page in-8. 400/500 « Je lis dans le rappel vos belles paroles. Elles font plus que me charmer, elles mâĂ©meuvent. Je salue votre noble esprit »âŠ
138. Victor HUGO. Dessin original Ă la mine de plomb ; environ 8 x 8 cm sur une page in-8 de papier vergĂ©. 300/400 Esquisse dâun motif dĂ©coratif, probablement un projet de corniche de cadre sculptĂ©.
139. [Victor HUGO]. Juliette DROUET (1806-1883) actrice, maĂźtresse de Victor Hugo. 2 L.A.S., 1836-1841, Ă Victor HuGO ; 4 pages in-8 chaque. 600/800 belles lettres aMOureuses. Mardi soir 6 h [2 aoĂ»t 1836]. « Vous savez ma pauvre Ăąme que je vous aime plus que jamais. Vous savez que jamais je ne pourrai rĂ©sister au son de votre voix adorĂ©e [âŠ]. Fussiez-vous coupable je crois quâalors je vous pardonnerais car je ne veux pas je ne peux pas savoir que vous souffrez Ă cause de moi. Mon bien-aimĂ© tu mâas bien dit la vĂ©ritĂ© nâest-ce pas ? Je nâai rien Ă craindre tu nâes pas capable de me trahir toi ? Aussi pardonne-moi ma lettre, pardonne-moi le mal que je tâai fait pardonne-moi aussi celui que je me suis fait Ă moi-mĂȘme. Va jâai bien souffert, jâĂ©tais bien malheureuse du moins je le croyais. [âŠ] tu nâoublieras dans aucun cas que tu mâappartiens exclusivement au moins de corps. Moi je tâappartiens corps et Ăąme »⊠10 mars mercredi midi Ÿ [1841]. « Bonjour mon Toto bien aimĂ©, bonjour mon Toto chĂ©ri. [âŠ] je tâaime de toute mon Ăąme voilĂ ma santĂ©. Baise-moi toi scĂ©lĂ©rat baise-moi mon adorĂ© je tâaime. Je tâaime »⊠La petite Lanvin est venue : « La pauvre petite, ça fait pitiĂ© de la voir. Heureusement quâil y a beaucoup de ressource dans la jeunesse car ce serait dĂ©sespĂ©rant si elle restait dans cet Ă©tat-lĂ . Jâattends mes crĂ©anciers tout Ă lâheure je vais me lever pour les recevoir. Demain, mon cher adorĂ©, tu tĂącheras de me mener voir mon pauvre pĂšre, nâest-ce pas, mon bon Toto »⊠On jOint la copie par Juliette Drouet de deux fragments de Victor Hugo (1 p. in-4, interpellations pour la Chambre des Pairs ?) : « Ă loi, chose changeante ! La tranche du Code est peinte comme lâarc-en-ciel. â Vous dites que ce siĂšcle est le siĂšcle de lâutile et vous partiez de lĂ pour exclure lâart, la poĂ©sie, la beautĂ©. Pauvres gens qui ne savez pas ce quâil y a de plus utile sur la terre, câest lâagrĂ©able. Ătez lâagrĂ©able de ce monde, Ă quoi sert le reste ? »⊠; et une l.a.s. de Claire Pradier Ă sa mĂšre Juliette Drouet, [5 juin 1844], avec compliments respectueux « au bon monsieur Toto que jâembrasse ».
140. [Victor HUGO]. Juliette DROUET. P.A. et L.A., 1873-1874, Ă Victor HuGO ; 1 page in-fol. (41,5 x 11 cm) avec titre au dos, et 4 pages in-12. 400/500 DĂ©pense gĂ©nĂ©rale et recette du mois dâavril 1873 : rĂ©capitulatif journalier des dĂ©penses, dont des mois de Blanche et Suzanne (30 francs Ă chacune), et dâAmbroisine (25), du bois, du charbon et beaucoup de voitures, faisant un total de 1 995,14 francs. La recette est moindre, et provient de remboursements de Suzanne et Blanche et dâargent « reçu de M. ». Paris 17 fĂ©vrier 1874 mardi soir 7 h. Belle lettre dâanniversaire de leur liaison. « Cher bien-aimĂ©, ce que tu dis tout haut mon cĆur le soupire tout bas, ce que tu Ă©cris en lettres de flamme me brĂ»le lâĂąme. Je tâaime passionnĂ©ment, Ă©perdument, religieusement comme les saintes aiment Dieu. Je mâen veux de nâĂȘtre pas phisyquement Ă la hauteur de mon amour. Je voudrais, quitte Ă en mourir aujourdâhui mĂȘme, te prouver que je tâadore comme la premiĂšre fois oĂč je me suis donnĂ©e Ă toi. Mais je suis retenue de mon cĂŽtĂ©, comme tu lâes du tien, par la crainte de te faire un mal irrĂ©parable. [âŠ] mon cĆur souffre en mĂȘme temps que la sagesse mâapprouve et me donne le courage de me rĂ©sister Ă moi-mĂȘme »âŠ
141. [Victor HUGO]. Juliette DROUET. ManusCrit autographe, [Guernesey juillet-aoĂ»t 1878] ; 25 pages grand in-fol. sur papier bleutĂ© (un bĂ©quet ajoutĂ© Ă la derniĂšre page avec petit manque ; quelques bords effrangĂ©s avec quelques lĂ©gers manques) ; en espagnol et en français. 5 000/7 000 dOCuMent exCeptiOnnel OĂč juliette drOuet relĂšve dans les Carnets intiMes de viCtOr HuGO les preuves de sOn inFidĂ©litĂ©, et des Ă©bats Ă©rOtiques du pOĂšte aveC blanCHe lanvin, dOnt la dĂ©COuverte prOvOquera une viOlente rupture entre juliette et viCtOr. Juliette Drouet a fait ici un relevĂ© minutieux des notations secrĂštes notĂ©es par Hugo en espagnol (quelques-unes en latin), avec leur traduction en regard ; dâavril 1872 Ă septembre 1873, elles concernent toutes Blanche Lanvin, la femme de chambre, puis copiste, devenue maĂźtresse, le dernier grand amour du poĂšte, et selon Juliette, « la crĂ©ature qui a dĂ©truit mon bonheur, ce qui ne compte pas, mais plus que cela, hĂ©las ! hĂ©las ! peut-ĂȘtre le plus grand gĂ©nie du monde ». Il est question pour la premiĂšre fois de ce document dans la lettre de Juliette Ă son neveu Louis Koch (Guernesey, 17 juillet 1878), que nous venons de citer ; elle veut lui envoyer, pour le faire traduire, « le relevĂ© pendant deux ans de phrases en espagnol, Ă©crites jour Ă jour dans des calepins soigneusement datĂ©s et circonstanciĂ©s », quâelle vient de finir de copier ; mais elle dĂ©cide de le traduire elle-mĂȘme : le 21 juillet, elle rĂ©clame un
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« vocabulaire français-espagnol », dont elle accuse rĂ©ception le 28. Sa connaissance de la liaison entre Hugo et Blanche avait dĂ©jĂ provoquĂ© la fugue de Juliette vers la Belgique, en septembre 1873. Cette nouvelle enquĂȘte lâoccupera encore des mois. (Voir Juliette Drouet, Lettres familiales, Ă©d. G. Pouchain, CondĂ©-sur-Noireau, Ăditions Charles Corlet, [2001], pp. 394 sqq.)] Juliette a copiĂ© sur de grandes pages, divisĂ©es en deux colonnes (« Texte » et « Traduction ») quelque 220 inscriptions de ces calepins, dont lâimportance varie, de quelques mots Ă plusieurs lignes. Y sont consignĂ©s de petits gestes Ă©rotiques, la rĂ©ception de lettres, des paroles, des sorties et promenades Ă Guernesey, aussi bien que les rĂšgles de la jeune femme (« Aristote »), puis son dĂ©part pour Paris, un retour clandestin, et le dĂ©part de Hugo et Juliette pour Paris, oĂč la liaison continue, non sans pĂ©ripĂ©ties. Blanche est dĂ©signĂ©e par son prĂ©nom, ou les pseudonymes, « Alba » et « HĂ©berthe », ou encore, une initiale. La premiĂšre note de Juliette marque lâembauche de Blanche : « entrĂ©e le 7 avril 72 ». Les derniĂšres, des 24 [et 26] septembre 1873, figurent sur un fragment de papier rapportĂ©. Lâultime ligne nomme la mĂšre adoptive de Blanche, et le nom de Mme Lanvin est suivi des mots « empezado por Alba », que Juliette a traduits : « commencĂ© pour Alba ». Nous ne pouvons citer que quelques extraits de ce document capital, qui tĂ©moigne dâun Ă©pisode dramatique dans la longue relation de Victor Hugo et Juliette Drouet ; nous mettons la traduction française entre crochets obliques < >. « EntrĂ©e le 7 avril 1872. / â 13 mai revenue avec Monsieur de la reprĂ©sentation de Ruy Blas avec Suzanne dans une calĂšche. en torse Ă minuit ». 15-17 septembre 1872. « 15 â 10a vez â las espaldos hermosas. <15 â 10e fois. â les Ă©paules belles.> / 16 â 11a vez. â ha hecho un nino. Se pecede vez. <16 â 11e fois â a fait un enfant, se pourra voir.> / 17 â 12a vez. Cada dia, algo mas. <17 â 12e fois â chaque jour, quelque chose un peu plus> »⊠21 dĂ©cembre. « Sobre la boca de Alba <sur la bouche dâAlba> »⊠5 janvier 1873 (en français) : « Affliction faite involontairement. Prendre garde de ne pas affliger ce tendre cĆur et cette grande Ăąme »⊠22-27 janvier : « 22 - por que el tiempo pasa, Alba crea que me burla de ella. <22 â Parce que le temps se passe, Alba croit que je me moque dâelle.> / 26 â Alba b. dado. mano cogida. <26 â Alba baisers donnĂ©s. main prise.> / 27 â Alba. Peligro. Aguardarse. No quiero malo para ella, ni para la questione mi corazon. <27 â Alba â pĂ©ril â espĂ©rer. Je ne veux de mal pour elle, ni pour la question de mon cĆur> »⊠4-5 fĂ©vrier : « 4 â esta tarde J.J. no es quieta ; pero ne quiero que safrier, ni ella, ni la otra. <4 â ce soir J.J. nâest pas tranquille ; mais je ne veux pas quâelle souffre, ni elle, ni lâautre.> / 5 â a b. tocado corcovas de delentes y de detras ; pero vestida. â Clamavi : ardeo dum tibi cogito !
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dixit : amo te (vos). [âŠ] >5 â a b. touchĂ© les bosses de devant et de derriĂšre ; mais vĂȘtu. â âJe me suis Ă©criĂ© : je brĂ»le quand je pense Ă toi !â Elle a dit : âJe vous aime.â> »⊠19 fĂ©vrier : « Dialogo â te he poseida esta noche en sueno. â Y yo tambien la otre noche. â Eras contienta ? â (Ha puesto su cabeza en mi seno y ha di cho : Si). â Quieros que te haga un niño ? â Si [âŠ] <Dialogue : je tâai possĂ©dĂ©e cette nuit en songe. â Et moi aussi, lâautre nuit. â Ătais-tu contente ? â Elle a mis sa tĂȘte dans mon sein et a dit : oui !) â Veux-tu que je te fasse un enfant ? â Oui> »⊠5 mars : « Se ha venido esta mañana. La he puesto, con bezos, la catanita y el medallon a se cuello, y a sus jarreteras. Visto quasi a todo. Tomado a todo. â He visto a su seno por la primera vez el 9 enero, y he tocado al huerto del paradiso de A. pour la primavera vez el 5 de marte. <5 Elle est venue ce matin. Je lui ai mis, avec des baisers, la chaĂźne et le mĂ©daillon Ă son cou, et puis ses jarretiĂšres. Jâai vu presque tout, pris aussi tout â jâai vu son sein pour la premiĂšre fois le 9 janvier ; et jâai touchĂ© le jardin du paradis de A. pour la 1Ăšre fois le 5 de mars> »⊠30 mars : « Se ha venido esta mañana. B A su piĂ© nudo. â Ha dicho una palabra que me hace pensar. â Observer, antes que andar mas delante. <30. Elle est venue ce matin. B. (baisers) sur pied nu. â Elle a dit une parole qui me fait penser/rĂ©flĂ©chir. â Observer, avant que dâaller plus avant> »⊠1er avril : « [âŠ] por la primera vez, vis tomtod. todo hecho, minus el niño. parece muy enamorada. â por la primera vez, me ha dicho tu. <pour la premiĂšre fois, vu et pris tout. Tout (a Ă©tĂ©) fait moins lâenfant. paraĂźt bien amoureuse. â pour la premiĂšre fois, elle mâa dit tu.> » 19 avril : « la escalera. la jarretiĂšre. a.b.l. â tunc regina Saba coram rege crura nudavit. <lâescalier. la jarretiĂšre. a.b.l. alors la reine de Saba mit Ă nu ses jambes devant le roi.> » 22-24 mai : « 22. Salon vert. Se ha subido. Aristote. poco osc. â despues de la comida. Strand. todo como antes. habia destacho (destejo) les botones de su âcorsageâ para que pudiese tomer la a su seno. 720 F. <22. Salon vert. Elle est montĂ©e. Aristote â peu de b. â AprĂšs le diner. Strand. tout comme avant. elle a dĂ©tachĂ© les boutons de son corsage, pour que je puisse lui prendre son sein. 720 F. / 24 mai â ahier (ayer). Despues de la comida. Strand, y pasage detras el huerto. Todo corno las otres tardes. Aristote. toison collĂ©e. â Quieres mi ha sobre ? â Si. â A las nueve de la tarde, Strand, y el banco de los baños. Todo como siempre. Los dos dedos. <24 mai. Hier aprĂšs le dĂźner. Strand et passage derriĂšre le jardin, tout comme les autres soirs. Aristote. Toison collĂ©e. â Veux-tu mâavoir dessus ? â Oui ! â Ă neuf heures du soir. Strand et le banc des bains. Tout comme toujours. Les deux doigts »⊠Etc. 1er juillet 1873 (le dĂ©but en français) :« Blanche sort de chez J. Elle part ce matin pour Paris par Jersey. â A las 11 h. ha dispareido el vapor. <Ă 11 h a disparu le vapeur.> » 6 aoĂ»t : « empesa a engañer me con un de su mesa. no ha podido decir otra cosa. rumpido esta vez, par la ultima vez. no la dexarĂ© sin assistancia. <Commence Ă me tromper avec quelquâun de son carrĂ© (de sa table). Elle nâa pu dire autre chose (le contraire). Rompu cette fois, pour la derniĂšre fois. Je ne la laisserai pas sans assistance »⊠8 aoĂ»t : « Desperancia. Se ha hechado a mis pies. Va irse de esta quartel. He perdonado, pero⊠<8. DĂ©sespoir. Elle sâest jetĂ©e Ă mes pieds. Elle va sâen aller de ce quartier. Jâai pardonnĂ©, maisâŠ> » 14 septembre : « HĂ©berthe. hoy por la primera vez en la misma cama. de las dos Ă las seis. <aujourdâhui pour la 1Ăšre fois dans le mĂȘme lit. de 2 h. Ă 6 h.> » 16 septembre : « HĂ©berthe en su cama (IIII) »âŠ
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142. Joris-Karl HUYSMANS (1848-1907). L.A.S., 27 juin 1887, Ă Gustave GuiCHes ; 4 pages in-8 (petites fentes aux plis rĂ©parĂ©es, et lĂ©gĂšres rousseurs). 400/500 trĂšs belle lettre Ă propos du deuxiĂšme roman de Gustave GuiCHes (1860-1935), LâEnnemi, mĆurs de province (1887). Il a commencĂ© LâEnnemi dimanche et il lâa terrassĂ© ce lundi soir. « Câest un livre de pas Ă pas, dâobservations accumulĂ©es, de seuil dâĂąme, par consĂ©quent un livre qui bourdonne dans le crĂąne quand on le ferme. Mais ce qui sort de plus clair, de plus net de tout cela, câest une bonne et belle sĂ©rie de trouvailles dâartiste. Je suis vraiment trĂšs content, et trĂšs requis par le style, fermement piochĂ© et pavĂ© des tĂ©rĂ©brantes expressions qui vous fripent la moelle â les croisades de recouvrement â les honnĂȘtetĂ©s minĂ©rales â les ombres qui parquĂštent de losanges de soleil â les en crever par la gueule â puis un tas dâautres dont le souvenir mâĂ©chappe devant le papier. Vos paysages sont odorants â et faisandĂ©s Ă point, comme de terrestres venaisons et de cĂ©lestes gibiers. Lâun des premiers â les vignobles pourris, damassĂ©s dâulcĂšres sont de terrifiante allure »... Il admire aussi la « ritournelle de dĂ©solation » du phylloxera, et le ton gĂ©nĂ©ral : « la cĂ©lĂ©bration artiste de la mitoyenne imbĂ©cillitĂ© et de lâordinaire ordure dâĂąme des personnages. Un vrai son dâargent ignoble sonne lĂ -dedans, comme un glas. Ils sont tous cochons, enfin !! »... La seule partie du livre qui le « jugule » moins, câest celle dâAlfred, mais ses types secondaires sont enlevĂ©s en quelques traits. « Au reste, je vais reprendre, lentement, maintenant le livre â et dĂ©guster les petits verres â la bonne liqueur cruelle de la vraie vie, sans espoir, et sordide et bĂȘte »...
143. PanaĂŻt ISTRATI (1884-1935). ManusCrit autographe signĂ©, Les rĂ©cits dâAdrien Zograffi **** Les HaĂŻdoucs ** Domnitza de Snagov, [1926] ; [2]-276 pages in-8 Ă©crites au seul recto, en feuilles, sous 2 plats de reliure et Ă©tui (fentes rĂ©parĂ©es Ă la derniĂšre page). 5 000/6 000 iMpOrtant ManusCrit du quatriĂšMe et dernier vOluMe des rĂ©Cits dâadrien zograFFi, publiĂ© chez Rieder en 1926. Le manuscrit contient un avant-propos inĂ©dit de 4 pages (il sera remplacĂ© par une double dĂ©dicace Ă Romain Rolland et Georges Ionesco) oĂč Istrati explique pourquoi ce volume est le dernier (et non lâavant-dernier, comme le prĂ©voyait le plan) des rĂ©cits dâAdrien Zograffi. Mais, aprĂšs un exil de dix ans, il est retournĂ© dans sa Roumanie natale, devenue « la Grande Roumanie », et a Ă©tĂ© horrifiĂ© : « alors que je mâĂ©vertuais Ă dĂ©crire des horreurs turques et grecques du temps de lâOccupation, le gouvernement roumain exterminait avec une fĂ©rocitĂ© autrement mĂ©diĂ©vale la population de cette âGrande Roumanieâ qui nâĂ©tait plus occupĂ©e maintenant par personne. Mes histoires de viols et de massacres dâil y a cent ans pĂąlirent devant les fusillades dâenfants, de vieillards et de femmes avec leurs bĂ©bĂ©s dans les bras, que des officiers de lâarmĂ©e rĂ©guliĂšre, dĂ©clarĂ©s âhĂ©ros nationauxâ par le sĂ©nat roumain, poursuivaient et abattaient Ă travers les campagnes de la Bessarabie ». RentrĂ© en France, « le cĆur meurtri », il tenta dâalerter lâopinion contre les crimes des « bourreaux du peuple roumain », mais sans grand succĂšs. « « Je mâĂ©tais jurĂ© de ne plus songer Ă lâart, avant de venger les victimes [âŠ] Alors lâamour pour mon Ćuvre diminua, jâabrĂ©geai ce que jâavais Ă dire sur le passĂ©, et jâavoue que jâai Ă©crit ce volume avec peu dâĂ©lan »⊠Le livre nâen est pas moins passionnant. Il mĂȘle fiction et rĂ©alitĂ© historique. Ă la maniĂšre dâune abllade, Istrati y raconte la suite des aventures des HaĂŻdoucs roumains en rĂ©volte contre la domination turque et grecque. AprĂšs la mort de leur chef Cosma, les HaĂŻdoucs prennent pour capitaine la compagne de Cosma, Floarea Codrilor, surnommĂ©e Domnitza de Snagov. Elle mĂšnera ces rebelles au grand cĆur, capables de la pire violence, dans une Ă©popĂ©e palpitante, qui commence par une expĂ©dition punitive contre
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le monastĂšre dâOrbou et son prieur violeur et sanguinaire. Elle mĂšne ses compagnons jusquâĂ son domaine de Snagov, oĂč elle veut mettre en Ćuvre les idĂ©es haĂŻdouques de retour Ă la terre et dâabolition de lâesclavage. Mais lâaventure sâachĂšvera tragiquement par la mort de Floarea dans la montagne et lâarrestation de ses derniers compagnons. Le livre se clĂŽt sur une chanson haĂŻdouque. Le manuscrit, Ă lâencre noire, de la belle et rĂ©guliĂšre Ă©criture dâIstrati remplissant la page sans marge, prĂ©sente des ratures, corrections et additions de la main de lâauteur ; de nombreuses corrections sont en outre portĂ©es Ă lâencre rouge par un lecteur (probablement Jean-Richard Bloch), rectifiant et polissant le style dâIstrati ; dâautres indications typographiques en rouge montrent que ce manuscrit a servi pour lâimpression ; on relĂšve de lĂ©gĂšres variantes avec le texte imprimĂ©. Le rĂ©cit (dont manque le dĂ©but) commence Ă la page 5, Ă la suite des pages 1-4
de lâavant-propos, Ă la sixiĂšme phrase du discours de Floarea, exhortant les haĂŻdoucs Ă se rassembler autour dâelle. Outre lâavant-propos, les notes de bas de page, la plupart expliquant des mots de vocabulaire roumain ou tzigane, ont disparu de lâĂ©dition. Seule une note, page 208 du manuscrit, faisant rĂ©fĂ©rence Ă un livre de M.N. Iorga lâHistoire des roumains et de leur civilisation (1922), a Ă©tĂ© retenue. La page de titre porte cet envoi : « Ă Philippe Ciprut pour sa forte vie dâhomme bon. Avec ma sincĂšre amitiĂ© PanaĂŻt Istrati juillet 1927 ». Y est jointe une photographie dâIstrati (carte postale), dĂ©dicacĂ©e au verso : « Ă Philippe Ciprut cette image prise au moment oĂč, Ă Bucarest, on errait comme deux dĂ©payĂ©s. Fraternellement PanaĂŻt Istrati oct. 1929 ». On jOint deux Ă©ditions originales brochĂ©es des rĂ©cits dâAdrien Zograffi (in-8) : II Oncle Anghel (Rieder, 1924, un des 300 ex. sur vergĂ© pur fil), III * PrĂ©sentation des HaĂŻdoucs (Rieder, 1925, un des 40 sur Hollande) ; plus Les Chardons du Baragan avec 30 compositions originales en couleurs de L. Screpel (Aux Quatre Coins du Monde, SociĂ©tĂ© dâĂ©ditions françaises et internationales, 1947, un des 100 ex. sur vĂ©lin de Rives, avec suite des 15 h.t. en noir, sous emboitage).
![Page 61: L & MANUSCRITS AUTOGRAPHES](https://reader036.fdocument.pub/reader036/viewer/2022062408/62ac42f00056db794921662b/html5/thumbnails/61.jpg)
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144. Max JACOB (1876-1944). ManusCrit autographe signĂ©, Roman abrĂ©gĂ©, Saint-Benoit-sur-Loire ; 9 pages petit in-4. 1 000/1 300 ManusCrit dâun COnte Ou nOuvelle, prObableMent inĂ©dit ; non datĂ©e, elle est dĂ©diĂ©e « Ă Pierre Colle, poĂšte », son futur exĂ©cuteur testamentaire. Cette curieuse nouvelle, dans le genre des contes de Jouhandeau (lâaction se situe dans la Creuse), raconte la fausse amitiĂ©, qui cache une terrible rivalitĂ©, entre un bon avouĂ© de province, MaĂźtre Julien Bonnefous, de la ville du Blanc-Sainte-Mesme, dâun caractĂšre plutĂŽt bonhomme en apparence, mais aigre en dedans, faible et lĂąche, et le principal clerc de son Ă©tude, Thomas Thomas, personnage mauvais, veule et tyrannique, qui tient, sous des dehors aimables, son patron et toute la ville au creux de sa mainâŠÂ« Sâil y a jamais eu dâamitiĂ© entre le clerc et lâavouĂ© câest que lâamitiĂ© peut exister entre gens Ă mauvaises humeurs. Thomas nâa dâamitiĂ© que pour une vieille parente auvergnate quâil ne voit jamais et un camarade de la guerre qui ressemble Ă Bonnefous. Bonnefous a pour amis tout le dĂ©partement de la Creuse. PlutĂŽt quâamis ils Ă©taient prĂ©occupĂ©s lâun de lâautre et le furent vingt-cinq ans. Thomas accordait Ă son patron de la douceur et une politesse naturelle alors que lui-mĂȘme nâavait que lâaffectation de ces deux vertus ». Le patron croyait quâil ne pouvait se passer du bon sens et des prĂ©cisions de son clerc. « LâamabilitĂ©, la gracieusetĂ© Ă©tait le clou des rapports de ces deux bilieux »⊠Cette fausse amitiĂ© « Ă©tait empoisonnĂ©e par des nuages et des criailleries dâune familiaritĂ© casaniĂšre. Lâami Bonnefous remplaçait les violences par des aigreurs [âŠ] il nâĂ©tait grossier que dans ses goĂ»ts secrets. Au lieu de mettre son clerc dehors il se rĂ©signait lĂąchement au malheur », mais il rĂȘvait secrĂštement dâune vengeance Ă©clatante⊠On verra comment, aprĂšs des annĂ©es de tyrannies, dâhumiliations, de dĂ©goĂ»t, Bonnefous se venge dâune façon tout aussi mesquine de son clercâŠ
145. Max JACOB. L.A.S. « le pauvre Jacob », Saint-BenoĂźt-sur-Loire (Loiret) 28 janvier 1943, à « Cher Jean » ; 1 page et quart in-4. 300/400 lettre de COnseils Ă un peintre. « Toutes mes fĂ©licitations ! Vous avez compris â mais, restez humain !.. ça va bien â Vendre ou ne pas vendre ça nâa aucune importance â question de chance ! pensez Ă un idĂ©al Ă atteindre et qui recule, hĂ©las, sans cesse. Vous ĂȘtes sur la voie. Je connais la fameuse pensĂ©e de pasCal. Elle prouve que lâon peut ĂȘtre un grand chrĂ©tien et ne pas savoir de quoi il sâagit en peinture. Jâai entendu un grand professeur non chrĂ©tien et qui valait Pascal dire que la peinture consistait Ă rendre le relief (ou Ă peu prĂšs cette phrase qui supprime dâun coup toute la peinture orientale et lâart roman en peinture). La peinture est une concentration. Atteignez la sigillaritĂ©. Merci dâavoir confiance en moi. Lisez le Journal dâEugĂšne Delacroix, Les MaĂźtres dâautrefois de Fromentin et en gĂ©nĂ©ral toutes les critiques Ă©crites par les peintres, des gens du mĂ©tier »... Il ajoute : « RĂ©flĂ©chir aux conditions de lâart câest-Ă -dire Ă lâesthĂ©tique, câest se faire une esthĂ©tique Ă soi mĂȘme si on pense comme les autres. Car si on pense comme les autres on nâexĂ©cute pas comme eux. [...] Vie intĂ©rieure ! Vie spirituelle ! Vie morale Lente. Pourquoi toujours cette rapiditĂ© ? Vous mourrez un jour, non ? »
146. Max JACOB. L.A.S., Saint-BenoĂźt-sur-Loire (Loiret) 16 juillet 1943, [Ă Pierre albert-birOt] ; 1 page in-4 (cachet PAB). 300/400 bel Ă©lOGe des mĂ©moires dâadam. « Il y a quarante ans que nous essayons de retrouver lâhomme. SursaturĂ© de formules, on a interrogĂ© lâinconscient : ça nâa pas donnĂ© lâhomme ! On a essayĂ© du catholicisme aprĂšs 1918 parce que lâinconscient nâavait fait que dĂ©cevoir, mais le catholicisme sâarrĂȘte Ă lâĂglise qui nâest quâun homme spĂ©cial (faute de rigueur). Aujourdâhui dans le roman retour Ă la psychologie â vain retour : les Russes ont tout dit ! â Dans cette inquiĂ©tude de lâhomme qui voudrait bien savoir ce quâil est parce que la GenĂšse ne lui suffit pas tu es le seul Ă oser cette sublime tentative : mettre le premier homme sous le ciel. Et il se trouve que toi tu es le seul qui puisse tenter cet effort Ă cause de ton ingĂ©nuitĂ© profonde car il y fallait ce don merveilleux, Ă cause de ta haine des affĂ©teries Ă la Max Elskamp, Ă la Ch. L. Philippe, Ă la Francis Jammes. Oui tu Ă©tais le seul Ă pouvoir prendre ce rĂŽle Ă©crasant et tu lâas rempli comme toujours, toi seul poĂšte Ă©pique de notre temps »...
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147. JOURNALISTES. 35 lettres, la plupart L.A.S., au journaliste Paul GiannOli. 50/60 AndrĂ© Asseo, Michel Aubriant, RenĂ© Biosca, MichĂšle Boegner, François Botti, Alex Grall, Jean-Ămile Jeannesson, Jean-Paul Lacroix, Pierre-Jean Launay, Jacques Moulinier, Marc Petit, Jean-Jacques Raffel, Pierre Stora, Carmen Tessier, Henri Tisot, etc.
148. Pierre-Jean JOUVE (1887-1976). L.A.S., 14 juillet 1966, [Ă Gaston paleWski] ; 1 page in-4. 100/120 « Connaissant votre fidĂ©litĂ© si ancienne, je tiens Ă vous exprimer mes fĂ©licitations pour le haut grade dans la LĂ©gion dâHonneur qui vous est accordĂ©. Je me souviens de votre prĂ©sence, qui avait bien voulu enrichir ma rĂ©ception, par Louis jOxe, cet hiver »âŠ
149. Henry de JOUVENEL (1876-1935) homme politique et journaliste, second mari de Colette. L.A.S., 12 aoĂ»t 1927, au journaliste Ămile burĂ© ; 5 pages in-4. 150/200 au sujet de la sOCiĂ©tĂ© des natiOns : « Je ne vois le salut quâen elle. Je crois quâĂ son sort est liĂ© celui de la France, que notre prestige national dĂ©cline ou grandit avec le sien, quâelle seule peut apporter aux petites nations dont la cause fĂ»t toujours liĂ©e Ă la nĂŽtre le moyen dâexpression et lâinstrument de dĂ©fense commune qui leur a manquĂ© pendant toute lâhistoire ». Cette coalition nâest-elle pas le meilleur moyen de prĂ©venir la guerre ? Mais il faut Ă©viter « les fissures dans ce front commun de la paix que notre effort doit tendre Ă organiser et qui nâest dĂ©jĂ pas trop large, puisque les Ătats-Unis et la Russie ne font pas partie de la S.D.N. ». Pour lui, « la SociĂ©tĂ© des Nations reprĂ©sente la mĂ©thode de la paix. Cette mĂ©thode, notre pays doit sâen constituer le dĂ©fenseur parce que ses traditions, ses intĂ©rĂȘts, les responsabilitĂ©s que lui a crĂ©Ă©es la victoire vouent la France Ă la grande tĂąche dâorganiser lâEurope »⊠On jOint un article dactylographiĂ© signĂ© dâĂmile burĂ©, en rĂ©ponse Ă la lettre de Jouvenel.
150. August von KOTZEBUE (1761-1819) Ă©crivain allemand. L.A.S., Königsberg 10 janvier 1808, Ă la librairie kuMMersCHe, Ă Leipzig ; 2 pages in-4, adresse avec cachet de cire rouge ; en allemand. 300/400 Il parle dâabord du remboursement de 140 friedrichsdor effectuĂ© par Lagarde, et remercie Kummersche de son aide. Baczko accepte la proposition de 7 reichstaler par page grand 8°. Il pense avoir fini Ă PĂąques son histoire de Prusse [Preussens Ă€ltere Geschichte]. Son roman Leontine est presque entiĂšrement terminĂ©, mais il ne peut le faire imprimer avant la mort de son beau-pĂšre. Il demande quâon lui envoie des vestes et pantalons Ă Reval [Tallinn]. Il Ă©voque enfin lâachat au professeur Sprengel de Halle dâun petit appareil botanique [« einen kleinen botanischen Apparat »], et dâun microscope de poche Ă LondresâŠ
151. Ernest LA JEUNESSE (1874-1917). ManusCrit autographe signĂ©, LâHolocauste, roman contemporain, 1898 ; 116 pages in-4 dont 97 entiĂšrement autographes, et 19 avec coupures de presse collĂ©es et additions et corrections autographes (qqs ff. lĂ©gĂšrement effrangĂ©s sur les bords). 400/500 ManusCrit COMplet de ce « roman contemporain », publiĂ© chez Fasquelle, dans la « BibliothĂšque Charpentier », en 1898. Le manuscrit comporte quelques fragments dĂ©coupĂ©s dâune prĂ©publication dans un journal. Câest le roman dâun adultĂšre Ă©tudiĂ© minutieusement, et douloureusement : la liaison est dĂ©couverte par le mari, et lâamant meurt solitaire alors que son enfant naĂźt⊠La page de titre, calligraphiĂ©e en grosses lettres, comporte une prĂ©cision rayĂ©e, non retenue : « roman lyrique contemporain »⊠Au verso de la page 67, dessin Ă la plume de trois tĂȘtes dâhomme. On jOint un petit ensemble de coupures de presse sur ce roman.
152. Alphonse de LAMARTINE (1790-1869). L.A.S., Naples 28 novembre [1820, au marquis de la MaisOnFOrt, ministre plĂ©nipotentiaire en Toscane] ; 4 pages in-4. 500/600 lettre de lâapprenti diplOMate prOpOsant dâabandOnner la pOĂ©sie en Faveur de la CarriĂšre diplOMatique. M. de FOntenay lui a communiquĂ© de la part du marquis des choses si flatteuses quâil ne peut rĂ©sister au dĂ©sir dây rĂ©pondre. « Si jâĂ©tois encore dans mon tems de verve jây rĂ©pondrois mĂȘme en vers, mais il ne faut Ă©crire ainsi quâau public. Jâai connu et aimĂ© vos vers bien avant que vous nâayez connu les miens, jâaurois donc le droit de vous rendre Ă plus juste titre, tous les Ă©loges que vous voulez bien leur donner, je nâen ferai rien cependant parce que mes louanges aujourdâhui auroient lâair de nâĂȘtre dictĂ©es que par la reconnoissance. Le parfum durable de ces legeres fleurs que vous avez laissĂ© Ă©chapper de vos mains, est un garant plus sur de vos charmants talents. Vous les dĂ©daignez maintenant, et jâai Ă peu prĂšs renoncĂ© aussi Ă ceux que jâaurois pu acquĂ©rrir ; lancĂ© par la nĂ©cessitĂ© dans une toute autre carriĂšre jâai changĂ© de but, et par consĂ©quent de route. Je ne songe plus Ă la gloire ; câest plus prudent ; je cherche Ă mĂ©riter par mon travail une petite existence agrĂ©able dans un Ă©tat et dans un pays qui rĂ©pondent Ă tous mes goĂ»ts »⊠Il aimerait obtenir la place de secrĂ©taire auprĂšs du marquis et « dans un pays comme Florence » ; mais il prie le marquis dâĂ©couter sa confession : « Vous avez peut-ĂȘtre une rĂ©pugnance assez gĂ©nĂ©rale pour les poĂ«tes, mais vous verrez que
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je ne le suis pas, dans lâacception ordinaire de ce mot, je ne lâai jamais Ă©tĂ© que comme vous, par intervalles, par dĂ©sĆuvrement, par occasion, jamais par Ă©tat. Je ne compte plus faire un vers de ma vie, tout sây oppose, je travaillerai paisiblement, sous vos directions, ne recherchant que cette douceur et cette simplicitĂ© de rapports et de vie quâun caractĂšre aussi aimable quâon dĂ©peint le vĂŽtre assure Ă ce qui vous entoure, et que le mien me fait trouver aisĂ©ment »⊠Il prie le marquis de soutenir cette dĂ©marche « bien naĂŻve pour un apprenti dipplomate »⊠On jOint une L.A. (incomplĂšte de la fin), Aix-les-Bains 27 juillet [1821, Ă AmĂ©dĂ©e de pastOret] (2 pages in-4), le remerciant de ses bons offices auprĂšs du Roi en faveur de son ami EugĂšne de GenOude. « Je reste aux eaux pour ma femme plus que pour moi jusquâĂ la fin de septembre, et je me fais un bien grand plaisir de lâidĂ©e de vous y voir quelques moments. Tous les rapports si obligeants et si aimables que jâai eu le bonheur dâavoir avec vous monsieur me font vivement dĂ©sirer dâen fonder de plus intimes encore sur une connoissance plus rĂ©elle »âŠ
153. Alphonse de LAMARTINE. L.A.S., [Paris automne 1824], Ă lâĂ©diteur Urbain Canel ; 1 page et demie in-8, adresse. 250/300 sur sa Candidature Ă lâaCadĂ©Mie Française. ⊠« voici la position des choses : jâentre en jeu avec 12 Ă 13 voix. Mr Droz avec 8 ou 9 et Mr Guiraud avec 6 ou 8, mais une fois Mr Droz Ă©liminĂ© six des siennes passeront en masse Ă Mr Guiraud par opposition violente Ă moi. Ce sont MM. Lacretelle Roger, Auger, Raynouard et Campenon. Il y aura donc Ă peu prĂšs Ă©galitĂ© et câest alors que deux ou trois voix comme celles de MM. de SĂ©gur, Duval, Picard &c. que je nâaurois pas du premier abord, decideroient lâelection en ma faveur en se reportant sur moi. Vous en savez autant que moi-mĂȘme Ă present. Agissez sur cette partie semi libĂ©rale »âŠ
154. Alphonse de LAMARTINE. L.S. avec post-scriptum autographe, Paris 18 avril 1843, Ă bOCaGe ; 1 page in-8 Ă son chiffre couronnĂ©, adresse. 100/150 sur la preMiĂšre reprĂ©sentatiOn de LuCrĂšCe de pOnsard [OdĂ©on, samedi 22 avril 1843, avec Bocage dans le rĂŽle de Junius ; Lamartine avait assistĂ© Ă une lecture de la piĂšce, par Bocage, le 15 avril, dans le salon de Marie dâAgoult]. Il accepte « avec bonheur et reconnaissance si câest pour jeudi ; samedi je ne pourrais malheureusement pas. Jâai un engagement pris et ne saurais le rompre »⊠Il ajoute de sa main : « Mme Damoreau ayant sa reprĂ©sentation samedi il mâest impossible de ne pas y assister. Elle a Ă©tĂ© si bonne pour notre concert ». On jOint sa photo (par Alexandre Martin, format carte de visite), et un exemplaire de la circulaire lithographiĂ©e aux abonnĂ©s du Cours familier de littĂ©rature, Paris 8 fĂ©vrier 1862.
155. [Alphonse de LAMARTINE]. Paul de SAINT-VICTOR (1827-1881). CaHier autOGrapHe de Minutes de la COrrespOndanCe de laMartine, [1848-1849] ; cahier petit in-8 de 94 pages, reliĂ© sur brochure demi-vĂ©lin Ă coins. 700/800 prĂ©Cieux reCueil tenu par le Futur Critique, alOrs seCrĂ©taire de laMartine, de 100 minutes de lettres dictĂ©es par Lamartine, non datĂ©es, avec indication des noms (et souvent des adresses) des correspondants, la plupart pour remercier de leur soutien, ou de lâenvoi dâĂ©crits. Au gĂ©nĂ©ral Antonini (fĂ©licitations sur la sortie hĂ©roĂŻque de la forteresse de Venise) ; EugĂšne Magne (remerciements pour un article de soutien) ; Antonin Roques (Ă propos de la calomnie et de lâinjustice ; lui dĂ©conseillant de sâexpatrier en Orient en ces temps de rĂ©novation, de labeur et de catastrophes sociales) ; aux Ă©lĂšves de Saint-Cyr (promesse dâappuyer leur pĂ©tition Ă lâAssemblĂ©e nationale, en souvenir des premiers pas de la rĂ©volution) ; au professeur Schoebel (sur lâHistoire des Girondins) ; Henry Rocher, surnumĂ©raire Ă la Manufacture des tabacs, Ă Morlaix ; lâabbĂ© Lenoir, Ă Monceaux ; M. Raganeau, boulanger Ă MĂ©rignac ; M. TrĂ©vez, tailleur Ă Cluny (dont la bienveillance fait exagĂ©rer les amertumes dâune disgrĂące politique) ; M. Bertrand, sous-prĂ©fet de BĂ©ziers (lorsquâil pourra ouvrir son cĆur devant son pays on nây lira que dĂ©vouement, abnĂ©gation et patriotisme) ; au gouvernement provisoire de Valachie (encouragement du simple citoyen) ; M. Ledoux, Ă la Nouvelle-OrlĂ©ans (sur lâaccueil fait en AmĂ©rique Ă la proclamation de la RĂ©publique française) ; au ministre de lâInstruction publique (recommandant Devert, poĂšte et journaliste de talent, et Guyard, Ă©crivain distinguĂ© et journaliste rĂ©publicain) ; M. Duffour, Ă Arreau (remerciement pour un hommage Ă feu Chateaubriand, grand
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poĂšte et le maĂźtre le plus cher de sa jeunesse) ; M. LĂ©lan, notaire et maire Ă Belz (associant son nom Ă ceux des courtisans de son impopularitĂ©) ; M. Trouessard (sa lettre lui apparaĂźt comme une protestation de la conscience publique) ; Duseigneur (vĆux pour lâauteur de beaux vers) ; Alphonse Rastoul (gratitude pour Lamartine : poĂšte, orateur, historien, homme dâĂ©tat) ; Gustave de GĂ©rando (admiration pour lâidĂ©e inspirĂ©e Ă lâorigine du DĂ©mocrate chrĂ©tien, ou Manuel Ă©vangĂ©lique de la libertĂ©, de lâĂ©galitĂ© et de la fraternitĂ©) ; M. MacKay (remerciement du portrait du plus grand homme dâĂtat rĂ©publicain des temps modernes, Washington) ; M. Guzon, Ă©lĂšve de TroisiĂšme au lycĂ©e Corneille (lâenfant parle avec un accent viril de patriotisme et de loyautĂ©) ; M. Sirodot (rĂ©futation de son amendement au projet de constitution) ; M. PechmĂ©ja, chancelier Ă lâambassade ottomane ; Auguste Breuil (la poĂ©sie patriotique reste Ă crĂ©er) ; au ministre de la Justice (appuyant une pĂ©tition de grĂące en faveur dâun dĂ©tenu repentant de 15 ans), au ministre de la Guerre (proposant un capitaine retraitĂ© pour la croix) ; dâautres lettres Ă MM. Brunie, Jules David, Charles de LanguardiĂšre, Lindherm, Geoffrin, Grill, Urbain Verdier, Ernest Perrot, PĂ©guy, dâOlincourt, Paul dâAubarĂšde, lâabbĂ© Masson, Munroe, TrĂ©lat, etc.
156. Alphonse de LAMARTINE. L.A.S., Paris 9 aoĂ»t 1849 ; 1 page in-4. 120/150 « Je vous aurais une obligation de plus si vous voulez bien voir M. javal que vous mâavez dit connaĂźtre au sujet de la vente dâune de mes terres Ă son choix dont je suis forcĂ© de me dĂ©faire. Dans le cas oĂč M. Javal voudrait donner suite Ă lâouverture quâil mâa fait faire dites-lui que je suis Ă ses ordres pour les renseignements tous les jours ici chez moi mais seulement dâaujourdâhui Ă huit jours. Plus tard je serais absent »⊠On jOint une enveloppe a.s. Ă LĂ©on Duportal, au bureau du Moniteur de lâindre, Ă ChĂąteauroux, [Macon 19 fĂ©vrier 1858].
157. Alphonse de LAMARTINE. L.A.S., Paris 1er juin 1858, Ă un ami [Louis-Marie vicomte de MarCellus ?] ; 3 pages in-4. 500/700 iMpOrtante lettre pOlitique prOtestant COntre lâinGratitude de la natiOn devant sa ruine, et rĂ©suMant sa trajeCtOire pOlitique. Il est touchĂ© de lâintĂ©rĂȘt que son ami prend Ă sa situation, car tout ce quâon dĂ©bite sur les causes de sa mauvaise fortune est « la fable de la malveillance et de lâingratitude » ; Lamartine succombe sous les effets de la crise viticole et la crise du numĂ©raire. « Il nây a lĂ ni spĂ©culation, ni dissipation, ni prodigalitĂ©, il y a malheur. Vous connaissez ma vie, câest celle dâun artisan laborieux et Ă©conome Ă Paris, câest celle dâun large propriĂ©taire rural Ă la campagne responsable de la vie de cinq cents ouvriers de la vigne souvent sans pain. Mes amis avaient cru trouver comme ceux de Chateaubriand et Dupont de lâEure, de Foy, et Lafitte le moyen honorable de payer mes crĂ©anciers et de me conserver le toit que vous connaissez dans une souscription nationale. Ils nâont trouvĂ© en rĂ©alitĂ© que lâoccasion de me faire outrager par tous les partis »... Les partis ne lui pardonnent pas ses services, et le parti lĂ©gitimiste fut « le plus acharnĂ© le plus inique le plus injurieux [âŠ] le faubourg St Germain a votĂ© vingt sous ! Ă la mairie du 11e arrondissement, câest lâobole dâune pauvre servante. Lâaristocratie française qui possĂšde les milliards de la fortune territoriale en France a rĂ©compensĂ© par ce mĂ©pris lâhomme qui sâest le plus dĂ©vouĂ© Ă son salut et Ă son honneur. Vous savez comment en 1830 jâai sacrifiĂ© quinze ans ma carriĂšre, ma fortune, ma jeunesse mon ambition lĂ©gitime aux scrupules de mes souvenirs aux Bourbons ! Vous savez que jâai refusĂ© trois fois aux instances personnelles de Louis-Philippe dâaccepter ses faveurs, ses ambassades, ses ministĂšres par respect pour la mĂ©moire de Louis XVIII et Charles X ! Vous savez comment jâai confessĂ© sous les bayonettes et sous les coups de fusil les prĂ©fĂ©rences lĂ©gitimistes de ma jeunesse, mĂȘme en 1848 ! Vous savez si un lĂ©gitimiste a Ă©tĂ© ou proscrit, ou insultĂ© ou exclus des Ă©lections et de lâAssemblĂ©e constituante Ă cette Ă©poque oĂč jâai patronnĂ© moi-mĂȘme leurs candidatures ! Vous avez lu lâHistoire de la restauration oĂč leur gouvernement a Ă©tĂ© pour la premiĂšre fois vengĂ© des calomnies de lâopposition de 15 ans ! Vingt sous et lâoutrage de ce parti, le seul que jâaye servi avant le jour de la RĂ©publique obligĂ© et unanime ! VoilĂ la rĂ©compense ! Ou plutĂŽt voilĂ la dĂ©rision ; il nâen sera pas ainsi impunĂ©ment, jâaccepte lâoutrage mais je mâexpliquerai ! Câest un parti qui sâest perdu trois fois faute dâhommes ! Il se perd en ce moment faute de cĆur. Il sâassocie Ă ses plus mortels ennemis les OrlĂ©anistes contre moi câest-Ă -dire contre le seul homme qui lui ait rendu hommage dans son malheur ! [âŠ] je ne mourrai pas ou je ne mâexilerai pas sans lui avoir dit ma pensĂ©e »⊠La derniĂšre page est Ă©crite au dos dâun feuillet biffĂ© (paginĂ© 32) du manuscrit de son « Entretien » sur PĂ©trarque [Cours familier de littĂ©rature, 31e et 32e Entretiens, 1858]
158. Alphonse de LAMARTINE. L.S., Paris 23 avril 1863 ; 1 page et demie in-4 (petite rĂ©paration). 100/150 Il sollicite une aide financiĂšre pour lâĂ©dition de ses Ćuvres complĂštes. Il lui reste 9 tomes Ă imprimer : « Cent vingt mille francs environ me manquent [...] Jâai Ă vous proposer de me les avancer pour deux ans. Je vous les rembourserai en argent ou en livres, Ă votre choix, le 1er janvier 1865. Sans cette aide je nâai quâĂ livrer mes terres ; elles sont engagĂ©es en entier au CrĂ©dit foncier. Je pĂ©ris moi et mon entreprise au moment oĂč je touchais au but »⊠On jOint une L.A.S. de Pierre-Jean de bĂ©ranGer Ă une dame au sujet dâun magistrat ; une L.A.S. de Louis blanC Ă Pagnerre (9 octobre 1862), Au sujet du 12e volume de son Histoire de la rĂ©volution française ; une L.A.S. de Charles rOlland Ă Pagnerre lui demandant de lui envoyer 20 exemplaires du Manuel Ă©lectoral.
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159. Alphonse de LAMARTINE. L.S., Paris 8 janvier 1864, [Ă Louis ratisbOnne] ; la lettre est Ă©crite par sa niĂšce Valentine de Cessiat ; 3 pages et demie in-8. 250/300 belle lettre sur alFred de viGny, mort le 17 septembre 1863, et auquel il consacra les 94e et 95e entretiens du Cours familier de littĂ©rature (octobre-novembre 1863). Il sait que son correspondant est un jeune homme dâhonneur : « votre caractĂšre et vos talents ont inspirĂ© une assez juste confiance Ă M. de Vigny, pour vous lĂ©guer le soin de ses Ćuvres posthumes. Jâai applaudi Ă ce choix, par mon amitiĂ© pour lui, et par mon estime pour vous ; lâĂ©diteur est en tout digne de lâĂ©crivain »... AccusĂ© dâavoir mal interprĂ©tĂ© la pensĂ©e de Vigny sur « un ouvrage charmant », mais « un peu dangereux », Chatterton, Lamartine reconnait quâil a pu lui attribuer trop de repentir. « Ce qui a pu mâinduire en erreur câest lâidentitĂ© de ses principes sociaux et des miens pendant les annĂ©es qui ont suivi 1848. Je lâai vu tous les jours en effet prĂȘt Ă se dĂ©vouer avec toutes ses armes Ă la dĂ©fense dâune sociĂ©tĂ© Ă laquelle il ne cherchait plus de torts. [âŠ] Vous me reprochez encore, dâavoir enlevĂ© de lâintĂ©rĂȘt Ă sa maladie en la reprĂ©sentant comme douce bien que mortelle. En allant le voir peu de jours avant sa mort, je le trouvai en effet debout et en apparence guĂ©ri. Câest ce qui me fit croire Ă la cessation de sa maladie [âŠ] La meilleure preuve, Monsieur, de sa lumineuse intelligence conservĂ©e jusquâau dernier moment, câest le soin scrupuleux quâil prenait de revoir et de corriger ses Ćuvres et lâheureuse pensĂ©e quâil nourrissait dĂ©jĂ de vous choisir pour son reprĂ©sentant devant la PoĂ«sie et la postĂ©ritĂ© »⊠On jOint une L.A.S. dâElme CarO Ă Ratisbonne, 18 janvier 1867, Ă propos du Journal dâun poĂšte (1 p. in-12).
160. Valery LARBAUD (1881-1957). L.A.S. « Valery », Valbois (Allier) 28 novembre 1933, Ă Marcel ray ; 6 pages in-8 Ă son adresse. 500/700 belle lettre Ă sOn aMi le plus anCien et le plus intiMe. [Marcel ray (1878-1951) fut professeur dâallemand, historien de lâart et diplomate.] Larbaud raconte la suite des travaux dans sa maison du Bourbonnais : avec lâaide de Maria, il a rangĂ© tous les livres de la bibliothĂšque, malgrĂ© des vertiges au sommet de lâĂ©chelle et la chute de piles de volumes sur la tĂȘte, sans parler de lâastiquage des vieilles reliures en veau plein, et de la fabrication de jaquettes de papier cristal pour une multitude de brochĂ©s. « Pour garder de la place aux futures acquisitions et aux livres envoyĂ©s par des confrĂšres, jâai donnĂ© plusieurs centaines de volumes de âcaractĂšre frivoleâ ou que jâavais en double, ou dâune utilitĂ© contestable, Ă la bibliothĂšque de lâĂcole de Cesset-Breuilly [âŠ] Cela va de Guerre et paix Ă ma vieille âjuxtaâ de lâiliade, et dâune EncyclopĂ©die vieillie au GĂ©nie du Christianisme en passant par des collections massives des âGrands Romans du XIXe siĂšcleâ et des âLectures contemporaines et rĂ©trospectivesâ. Jâai donnĂ© aussi un meuble vitrĂ© pour y ranger les plus dignes de lâĂȘtre. Lâinstituteur me dit que ce don a dĂ©veloppĂ© le goĂ»t de la lecture chez les 550 habitants de notre commune »⊠Il a offert une centaine de romans policiers Ă la bibliothĂšque municipale de Saint-Pourçain, et a reçu des remerciements de « toute la hiĂ©rarchie » de lâenseignement primaire de lâUniversitĂ© de Clermont-Ferrand ; il a dâautres idĂ©es pour lâinstruction populaire, voire dâ« une vocation dâhellĂ©niste ou de latiniste parmi les enfants de notre village ». Puis il raconte la plantation de sapins, Ă laquelle il a participĂ©, se rappelant « le dicton espagnol quâon nâa vraiment vĂ©cu que si on a fait un enfant, ou Ă©crit un livre, ou plantĂ© un arbre [âŠ] Entre temps jâai travaillĂ© beaucoup, et mĂȘme trop, voyant grandir vers un bouquin de 300 pages et plus une chose que jâaurais voulue courte. AvancĂ©e comme elle est et recopiĂ©e dĂ©jĂ trois fois (sans parler de versions antĂ©rieures,) jâai encore, par moments, lâenvie de tout planter lĂ , et de recommencer sous une autre forme »⊠Il termine en pressant Ray Ă venir occuper la « Chambre de Marcel », et son lit « entre une chromo de propagande pour lâArmĂ©e rouge et une image populaire grecque reprĂ©sentant les Autocrators de Byzance »⊠Il joint « votre exemplaire de mon Gouverneur de Kerguelen. Jâai Ă©crit Ă LĂ©ger [Saint-John Perse] en lui envoyant le sien »⊠On jOint Le Gouverneur de Kerguelen (Les Amis dâĂdouard n° 159, Abbeville, impr. F. Paillart, 1933), Ă©dition originale, n° 61 des 200 exemplaires sur Arches numĂ©rotĂ©s, avec envOi autographe signĂ© : « Ă Marcel Ray / bien affectueusement, / Valery / Valbois (Kerguelen) 25.XI.â33 ».
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161. Valery LARBAUD. 4 volumes brochĂ©s, avec dĂ©diCaCes autographes signĂ©es (exemplaires un peu dĂ©fraĂźchis). 300/400 Samuel Taylor COleridGe. La Chanson du vieux marin. Traduction nouvelle de Valery Larbaud [dĂ©diĂ© Ă Marcel Ray] (Paris, Victor Beaumont, 1911) : « Ă Madame Suzanne Ray en sincĂšre hommage. Valery Larbaud (de Montpellier) ». Valery larbaud. â A.O. Barnabooth. Ses Ćuvres complĂštes, câest-Ă -dire : un conte, ses poĂ©sies et son journal intime (Ăditions de la Nouvelle Revue française, 1913) : « Ă Marcel Ray, affectueusement. Valery ». â Lob von Paris, trad. Max Rychner (Zurich, Verlag der Neuen Schweizer Rundschau, 1930) : « Mon cher Marcel, jâavais pensĂ© vous trouver, et je par demain (29 dĂ©c.) ! Et je ne pense pas revenir aprĂšs le 1er janvier. Je vous Ă©crirai. Nous vous envoyons tous nos meilleurs vĆux Ă tous deux pour tous deux. Valery ». â thĂ©ophile Dondey de Santeny (1811-1875) (Tunis, Ăditions de Mirages, 1935, « Les Cahiers de Barbarie », 4), un des 30 ex. dâhommage sur alfa (n° H.C. 17) : « Ă Marcel Ray avec la vieille amitiĂ© de Valery Larbaud ». On joint : Samuel butler, La Vie et lâhabitude, traduit de lâanglais par Valery Larbaud (Ăditions de la Nouvelle Revue française, 1922, ex. de passe h.c.).
162. Paul LĂAUTAUD (1872-1956). 3 L.A.S., Paris 1917-1918 et 1937, [Ă LĂ©on deFFOux] ; 1 page in-8 chaque Ă en-tĂȘte et vignette du Mercure de France. 300/350 1er mai 1917. FĂ©licitations sur sa nouvelle dans La Caravane : « Câest contĂ© sans longueurs et comme par quelquâun qui vous dit une petite histoire en passant, ce qui est peut-ĂȘtre la meilleure façon de conter. Mais je crois bien que la morale du conte mâa encore plus amusĂ©. Elle mâa fait songer que bien de nos chers maĂźtres ne sont peut-ĂȘtre pas devenus Ă©crivains autrement que votre AmĂ©dĂ©e »... Il a Ă©tĂ© aussi intĂ©ressĂ© par son Ă©tude sur Maupassant : « Je nâai jamais beaucoup aimĂ© la littĂ©rature de Maupassant [...]. Jâai horreur de ce genre dâhomme. Et malgrĂ© tout cela, lâhomme mâintĂ©resse grandement »... 18 janvier 1918. Il est trĂšs privĂ©, comme fumeur : « Puisque vous ĂȘtes dans un mĂ©tier de soldats, vous est-il possible dâavoir du tabac de troupe ? Je vous demande cela Ă tout hasard, ne sachant Ă quel saint me vouer. [âŠ] Sâil nây a pas moyen, je me rĂ©signerai. Il est bien entendu que je parle dâacheter, et que je vous rembourserai le prix des paquets »... 8 juillet 1937, au sujet de Jean bOnnerOt (lâĂ©diteur de la correspondance de Sainte-Beuve) : « Mademoiselle Marie dOrMOy, bibliothĂ©caire Ă Sainte-GeneviĂšve (BibliothĂšque Jacques Doucet Ă©galement) donnera chez elle [...] une petite rĂ©ception en son honneur, Ă propos de son Prix de la Critique »... Il a relu son article sur la destruction des lettres dâAdĂšle HuGO. « Une fois de plus je vous le dis avec grand plaisir : grand intĂ©rĂȘt toujours de vos articles de ce genre, apprenant toujours quelque chose, toujours merveilleusement faits »...
163. AndrĂ© LEBEY (1877-1938). ManusCrit autographe signĂ©, Pierre LouĂżs, [1922] ; 5 pages in-4. 100/150 HOMMaGe Ă pierre lOuĂżs, paru en premiĂšre page du journal LâĂ©clair, le 21 janvier 1922. Lebey rend un Ă©mouvant hommage Ă son ami Pierre LouĂżs, dĂ©jĂ terriblement diminuĂ© [il mourra en juin 1925]. Il Ă©voque son amitiĂ©, dont la dĂ©dicace de la Femme et le Pantin est le tĂ©moignage. Il cite un poĂšme inĂ©dit Gibier divin, et se rappelle les diffĂ©rentes habitations de LouĂżs, notamment la rue GrĂ©try, oĂč il a pu rencontrer toute la jeune littĂ©rature, entendre Debussy jouer Ă lâharmonium La Damoiselle Ă©lue, retrouver Paul ValĂ©ry, Jean de Tinan, Heredia, Pierre Quillard, Ferdinand HĂ©rold, Claude FarrĂšre, etc. Il loue la culture et le talent de son ami : « Croire passionnĂ©ment Ă lâart dâĂ©crire pour soi-mĂȘme câest une vertu » ; et il dĂ©plore son Ă©tat actuel : « Cette luciditĂ© constante, qui savait Ă©valuer, juger et crĂ©er en dehors de toute combinaison et de tout intĂ©rĂȘt, Pierre LouĂżs y sacrifia tout. Je ne lâai jamais entendue aussi nette que dans sa parole. Je ne lâai jamais vue vivre aussi limpide et calme que dans le regard clair et bleu, aujourdâhui voilĂ©, de mon ami. »
164. Rosamond LEHMANN (1901-1990) romanciĂšre anglaise. L.A.S., Londres 5 mai 1952, Ă Maurice bOurdel, des Ă©ditions Plon ; 2 pages in-4 ; en anglais. 100/150 Il est peu probable quâelle assiste au CongrĂšs de lâĆuvre du VingtiĂšme SiĂšcle, et mĂȘme si elle trouve le temps dây aller, elle ne fera pas de communication : « Je ne suis pas orateur, et le temps oĂč je croyais que des manifestations etc. avec des Ă©crivains pouvaient contribuer grandement Ă la culture europĂ©enne ou aider la cause de la libertĂ©, est bien rĂ©volu »... Elle sâoccupe dâailleurs de terminer son roman [LâĂ©cho dans le vallon] quâelle souhaite « dĂ©sespĂ©rĂ©ment » remettre Ă ses Ă©diteurs... On jOint une L.A.S. de Louise Weiss (MontrĂ©al 1946 ?).
165. Julie de LESPINASSE (1732-1776). Lettre Ă©crite sous sa dictĂ©e par dâaleMbert, au Bouloi par Nemours 9 septembre [1770], au marquis de COndOrCet, Ă Ablois par Epernay en Champagne ; 2 pages in-4, adresse (petite dĂ©chir.). 1 200/1 500 belle lettre diCtĂ©e Ă sOn « seCrĂ©taire » dâaleMbert. « Et moi aussi [âŠ) me voilĂ Ă la campagne ainsi que mon secretaire (qui vous salue) & câest en veritĂ© comme si jâavois fait le tour du monde [...] il nây a ici que nous dâetrangers. Nous en sommes fort aises, mais nous le serions bien plus de vous y avoir. Nous remplissons
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nos journĂ©es de lectures fort agreables, & quand il fera beau, nous y joindrons le divertissement de la promenade »... Elle le croit Ă Ablois, et aurait Ă©tĂ© enchantĂ©e dây ĂȘtre avec lui ; elle demande des nouvelles des maĂźtres de la maison [M. et Mme de Meulan]. ...« Vous nâetes pas tout Ă fait bien instruit sur le chapitre de Lisieux, Mr dâussĂ© pretend quâil y a 4 chanoines qui ont protestĂ© (le secretaire vouloit faire la dessus ses rĂ©flexions, mais on les lui interdit, & câest bien le plus petit sacrifice quâil puisse faire.) dez sera professeur Ă lâEcole militaire Ă la nomination de Mr dâaleMbert, câest une bonne place, & qui seroit encore meilleure sâil nâetoit pas mariĂ©, car il ne pourra pas avoir sa femme avec lui »... Elle Ă©voque encore la comtesse de CHOiseul, Mme dâHĂ©riCOurt et son fils. ...« Le secretaire vous embrasse, et vous attend »... Sur le feuillet dâadresse, COndOrCet a notĂ© de sa main une demi-page dâĂ©quations : « Supposant Aâ = 1 + x, Bâ = 1 â x »⊠etc. Ancienne collection robert gĂ©rard (1996, n° 55).
166. Julie de LESPINASSE. L.A., « ce jeudi au soir » 28 septembre [1775], [Ă COndOrCet] ; 5 pages et quart in-4. 1 200/1 500 lOnGue et belle lettre littĂ©raire Ă COndOrCet. Elle est allĂ©e visiter la campagne de Condorcet Ă Nogent : « jâai Ă©tĂ© enchantĂ©e de sa situation, il nây a rien de si gai, de si variĂ©, ni dâaussi agreable ; le jardin est vraiment beau, et quand il sera cultivĂ©, il y aura du fruit excelent, et en grande abondance ; jây ai cueilli une figue et un grain de raisin muscat, et je doute que celui de Fontainebleau, si vantĂ©, soit aussi bon ; mais je vous demande a genoux de laisser ces beaux arbres debouts ; ils sont non seulement agreables, mais ils sont necessaires, il seroit trop incomode dâaller gagner la seconde terrasse, sil nây avoit pas dâombre dans la premiere ; dâailleurs savĂ©s vous bien que tant de meurtre ne vous vaudroit que 30 loĂŒis. Câest le dernier mot de ceux qui savent estimer ces choses lĂ ; ha ! bon Condorcet ne vous rendĂ©s pas si coupable pour si peu dâargent »... La maison est en bien mauvais Ă©tat, et Julie Ă©numĂšre tous les travaux qui y seront nĂ©cessaires, puis donne des nouvelles de leurs connaissances, M. de saint-CHaMans, la duchesse Danville [la rOCHeFOuCauld-dâenville]. ...« Il y a un journal de linGuet qui fait ecumer de rage Mr de la Harpe, nous savons que penser de Linguet, mais de bonne foi, nâa t-il pas a se venger de Mr de La Harpe ? Et lorsquâon a mis dans la boĂŒe un homme, lorsquâon a voulu le tuer a coup dâepingles et puis a coup de poignard, et quâon ne la pas laissĂ©
mort sur la place, faut il bien sâetonner que cet homme se venge comme il peut ; hĂ© bien Mr de La Harpe ne se possede pas. Il a de plus un petit mecontentement quâil nâose pas prononcer ; Mr de vOltaire a beaucoup loĂŒe son eloge de Catinat, il ne disoit mot de celui de Mr de Guibert, ce silence nâetoit pas penible a Mr de La Harpe ; mais câest que Mr de Voltaire nâavoit point lâeloge de Mr de Guibert. Il lâa lu enfin, et il en a ecrit un eloge a Mr de sCHOnberG, que je nâai pas laissĂ© dans la poche de Mr de Schonberg et jâespere bien quâil ira dans la vĂŽtre [...] Mr dâaleMbert vous aura mandĂ© que lâexperience de lâabbĂ© bOssu est fini ; il est bien content de Mr turGOt, il est bien juste que les gens honĂȘtes lâaiment et le loĂŒent, les fripons et les sots sont si acharnĂ©s »... Ancienne collection robert gĂ©rard (1996, n° 66).
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167. Julie de LESPINASSE. 2 L.A., [1775 et s.d.], au marquis de COndOrCet ; 4 pages in-8, et 1 page in-4 avec adresse et cachet cire rouge aux armes (brisĂ©, petite fente). 1 000/1 300 11 heures du soir vendredi [1775]. « Mde la vicomtesse de la rOCHeFOuCauld que je ne connois point, vient dans le moment de mâenvoyer demander si jâai eu ce soir des nouvelles de Mr turGOt. Cela mâinquiete, jâai peur quil ne lui soit arrivĂ© quelque chose, je voudrais deja ĂȘtre a demain je vais ecrire a Mr de vaines ; mon dieu que le malheur rend timide ; et quil est penible dâĂȘtre averti par la crainte du vif interet quâon prend a ses amis, Mr Turgot ne se doute pas, a quel point il a troublĂ©, je ne dirai pas mon bonheur mais mon repos [...] je voudrois quâil ne toussat plus, et quâil eut faim, il ne sera bien gueri quâalors »... Elle prierait bien Mme Danville [La Rochefoucauld dâenville] de la mener Ă Versailles pour le voir, mais elle craint dâĂȘtre indiscrĂšte... Ce mercredi 3 heures. Elle le prie de demander Ă la duchesse Danville, « avec beaucoup dâesprit, beaucoup de delicatesse, et surtout beaucoup de discretion » dâavoir la bontĂ© de donner deux places Ă deux personnes qui auraient grand plaisir Ă faire le voyage de Versailles avec elle et avec Condorcet : « ce second voyageur est Mr de Guibert »... Ancienne collection robert gĂ©rard (1996, n° 69).
168. Julie de LESPINASSE. L.A., « Jeudi au soir », Ă Jean-Baptiste suard ; 1 page petit in-8, adresse (une partie du feuillet dâadresse dĂ©chirĂ©, lĂ©gĂšre mouillure). 700/800 « Lâhomme propose et le diable dispose ; ne comptĂ©s pas sur moi. Mde de St Chamans a besoin de moi, cela doit passer avant ce qui nâest que mon plaisir. SoyĂ©s asses bon pour dire mon intention et mes regrets, et je vous prie aussi de faire mantion de moi au temple. Dites que vous avĂ©s bien voulu vous charger de me dire de leurs nouvelles. Bon soir, si de vivre beaucoup etoit bien vivre je serois plus heureuse et plus vieille que Dieu ». Elle espĂšre le voir samediâŠ
169. Claude LĂVI-STRAUSS (1908-2009). L.A.S., 20 mai [vers 1950 ?, Ă Robert delpire de la revue Neuf] ; 1 page in-4, en-tĂȘte du Laboratoire dâethnologie⊠MusĂ©e de lâHomme. 200/250 Il autorise Ă envoyer quelquâun chez lui pour « photographier le masque auquel sâintĂ©resse Monsieur bretOn ». Il donne son adresse, demandant une confirmation par tĂ©lĂ©phone, chez lui ou au MusĂ©e de lâHommeâŠ
170. Claude LĂVI-STRAUSS. L.A.S., Paris 3 janvier 1964, [Ă Gaston paleWski, ministre de la Recherche scientifique] ; 1 page in-4, en-tĂȘte CollĂšge de France, Chaire dâAnthropologie sociale. 150/200 « Vos aimables fĂ©licitations me touchent dâautant plus vivement quâelles ajoutent une note personnelle Ă une distinction qui me flatte, mais oĂč jâaperçois dâabord le tĂ©moignage de votre bienveillance Ă mon endroit ». Il dit au ministre sa reconnaissance et son « fidĂšle attachement »âŠ
171. LITTĂRATURE. 6 L.A.S., 4 L.A. et un manuscrit autographe, XIXe siĂšcle. 400/500 Ulrich GuttinGuer (lettre dâenvoi de ses « derniers vers »), Paul-Gabriel-Othenin comte dâHaussOnville (fragment dâarticle sur le duc de Bourgogne), FĂ©licitĂ© de laMennais (Ă son Ă©diteur Lecou, Ă propos du Livre du peuple), Prosper MĂ©riMĂ©e (1846, au sujet dâune commission et dâune requĂȘte au ministĂšre de lâIntĂ©rieur), Ătienne-Denis pasquier (Ă un ami, sur une querelle entre deux gĂ©nĂ©raux), Charles de rĂ©Musat (4, 1824-1826, parlant de littĂ©rature et de politique : un concours de la SociĂ©tĂ© de la Morale chrĂ©tienne, Le Globe, lâorientation de Charles X ; Guizot, de Broglie, Bastard de Saint-Denis ; Talma ; Auguste de StaĂ«l ; Augustin Thierry ; lâengouement pour Clara Gazul ; Prosper de Barante, etc.), Charles sainte-beuve (2, Ă son Ă©diteur Charpentier Ă propos de Töpffer, et 1858 Ă un marquis). On jOint un ex. dĂ©brochĂ© dâil Pianto dâAuguste barbier (1833) ; le discours de rĂ©ception de Jules janin Ă lâAcadĂ©mie avec envoi Ă Louise Bertin (Ă©crit par sa femme, 1871) ; plus la copie dâune lettre de Nerval.
172. LITTĂRATURE. 12 L.A.S. et 1 L.S. 100/120 Paul dĂ©rOulĂšde (1875, Ă Edmond About), Maxime du CaMp (1869, au sujet de lâarrestation dâun malfaiteur par un policier au langage vert), Georges leCOMte (1910 Ă Louis Alibert, et une l.s. Ă Paul ValĂ©ry), Jules leMaitre (8, 1884-1903 et s.d., Ă divers).
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173. LITTĂRATURE. 7 L.A.S. 150/200 Henry bataille (Ă Pierre LouĂżs, pour un dĂźner avec Lorrain, MendĂšs, Mirbeau, RodenbachâŠ). Georges duHaMel (2 Ă Marcel ThiĂ©baut, 1929, changeant le titre du 4e volume des aventures de Salavin : Le Club des Lyonnais au lieu de LâĂ©tĂ© de la grande Ă©preuve). Octave Mirbeau (rendez-vous chez Tortoni pour « une affaire sĂ©rieuse »). AndrĂ© rOuveyre (Ă Rachilde, 1918, au sujet de La Maison du fou de Louis Artus). CornĂ©lie renan (1892, sur la mort de son « bien-aimĂ© mari »). Jean sCHluMberGer (1934, au sujet de la candidature de Paul Desjardins pour le prix Nobel de la paix).
174. LITTĂRATURE. Environ 110 lettres, la plupart L.A.S. adressĂ©es Ă Maurice levaillant, 1911-1953 ; formats divers, nombreuses enveloppes, plus quelques cartes de visite autographes. 500/700 Jean Ajalbert, Jean Albert-Sorel, ArsĂšne Alexandre, Henri Allorge, Fernand Baldensperger, Joseph BĂ©dier, AndrĂ© Bellessort, RenĂ© Benjamin, Pierre Benoit, AndrĂ© Berge, Louis Bertrand, LĂ©on Blum, Jules Bois, Henry Bordeaux (4), Adolphe Boschot, Marcel Boulenger, Marcel Bouteron, RenĂ© Boylesve, Henri Bremond, Pierre Camo, Henriette Charasson (3), Michel Corday, Hugues Delorme, Charles Derennes, Lucien Descaves, Maurice Donnay (5), RenĂ© Doumic (27), AndrĂ© Dumas (3), Marie-Jeanne Durry, Henri Duvernois (3), Gabriel Faure, Paul Fort, CĂ©cile Gazier, Georges Goyau (3), Fernand Gregh (3), Gustave Guiches (3), Gyp, Ămile Henriot, Francis Jammes, Gustave Kahn (3), etc.
175. LITTĂRATURE. Environ 100 lettres, la plupart L.A.S. adressĂ©es Ă Maurice levaillant, 1909-1934 ; formats divers, nombreuses enveloppes, plus quelques cartes de visite autographes. 500/700 LĂ©o Larguier, Henri Lavedan (6), Charles Le Goffic (4), Maurice Levaillant, Xavier de Magallon, FrĂ©dĂ©ric Masson, Alfred Masson-Forestier (sur Racine), Camille Mauclair (3), François Mauriac, Henry de Montherlant (2), Paul Morand, Anna de Noailles (4), Pierre de Nolhac, Jacques Normand (5), comtesse Jean de Pange, Edmond Pilon (4), Louis Pize, François PorchĂ©, Ernest PrĂ©vost (3), Alfred Quidant, Rachilde, Ernest Raynaud, Henri de RĂ©gnier (9), Marie de RĂ©gnier, AndrĂ© Rivoire, Anna Rodenbach, Gaston Roupnel (5), Albert-Ămile Sorel, Paul Souday, Marcelle Soulage, Jules Supervielle, AndrĂ© ThĂ©rive, Paul ValĂ©ry (carte de visite), Fernand VandĂ©rem (5), Ămile Vitta, Miguel ZamacoĂŻs, etc.
176. LITTĂRATURE. 73 lettres ou piĂšces, la plupart L.A.S. adressĂ©es au critique et journaliste LĂ©on treiCH. 400/500 Juliette Adam, Auguste Bailly, GĂ©rard bauĂ«r (et ms), Maurice Bedel, Tristan bernard (8), AndrĂ© Berry (3), Louis Bertrand, Jacques Chardonne, Alphonse de ChĂąteaubriant, Georges Courteline, Lucie Delarue-Mardrus, Joseph delteil (3 plus plaquette), Maurice dOnnay (7), Luc Durtain (3), FranC-nOHain (4), Maurice Genevoix, Paul GĂ©raldy, Fernand Gregh, Paul Guth, Myriam Harry, Ămile Henriot, Joseph kessel (3), Jean de La Varende, Abel Lefranc, Ferdinand Lop, Maurice Magre, Louis Martin-CHauFFier (longue lettre autobiographique), AndrĂ© Maurois, Henry de MOntHerlant (2), Paul MOrand (2), Ernest PĂ©rochon, Raymond queneau (2), Jules Romains, J.H. rOsny aĂźnĂ© (et une lettre ouverte sur lâAcadĂ©mie Goncourt), AndrĂ© Rouveyre, Willy. Plus un fac-similĂ© de Jean Cocteau.
177. LITTĂRATURE. 7 lettres ou piĂšces, la plupart L.A.S. ou cartes. 100/120 Henry Bataille (sur la dĂ©coration de ses bureau et salon), LĂ©on Deffoux, Claude FarrĂšre, Henry Houssaye, François Mauriac, Octave Mirbeau, Victorien Sardou. On jOint 5 l.a.s. de Charles marquis dâArGent Ă lâavouĂ© Fagniez (chĂąteau de Bouville 1834-1837) ; plus 1 L.S. et 2 cartes de visite a.s. de LĂ©on Bonnat, Louis LĂ©pine et EugĂšne Poubelle, et 2 cartes dâentrĂ©e aux Salons de 1875 et 1877.
178. LITTĂRATURE. 23 lettres ou piĂšces, la plupart L.A.S. adressĂ©es Ă Marguerite steinlen, 1952-1977. 300/350 Raymond abelliO (5, sur ses travaux), ThĂ©rĂšse Aubray (carte post.), Gaston baCHelard (tapuscrit corrigĂ© et signĂ© sur le Voyage au pays des Articoles de Maurois), Jean CassOu (2), Jean COCteau (enveloppe autogr.), Charles Galtier, AndrĂ© George, Maurice Goudeket, Jean-Jacques Kihm, Jean Masson, AndrĂ© MaurOis (4), Francis de MiOMandre (2), Jean paulHan (il a « un trĂšs beau Klee » qui lui vient de Klee lui-mĂȘme), Louis Pauwels. Plus la copie de 2 poĂšmes de Musset.
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179. LITTĂRATURE. 4 COrrespOndanCes de critiques, journalistes et historiens. 200/300 Jules bertaut (1877-1959). Environ 100 L.A.S. Ă sa secrĂ©taire Betty Strauss, 1949-1956, sur ses travaux, commandes de livres, les finances, etc. (qqs doc. joints). Adolphe bOsCHOt (1871-1955). 40 L.A.S. Ă Maurice GuilleMOt, 1895-1945 et s.d., Ă©voquant notamment ses travaux sur Berlioz. Henri bOnnal (1844-1917, gĂ©nĂ©ral). Environ 100 L.A.S. Ă daniel-lesueur ou Henri lapauze, 1897-1916, traitant de sujets littĂ©raires et militaires. Georges CHaMpeaux. Environ 100 L.A.S. Ă Henri bĂ©raud (ou Ă Marise BĂ©raud), 1923-1941, correspondance littĂ©raire ou politique de ce journaliste au ProgrĂšs de Lyon, puis Ă Gringoire.
180. Pierre LOUĂżS (1870-1925). 2 L.A.S. « Pierre », [Bayreuth] 1er septembre [1892] et s.d., Ă sOn FrĂšre Georges lOuis ; 4 pages in-8 et 1 page obl. in-12. 250/300 bayreutH. Il projette de revenir par Chaumont et Ăpernay pour voir leurs « pauvres vieux domestiques », et sera Ă Paris vers le 12. « Hier sâest achevĂ© un mois pendant lequel je nâai rien Ă©crit pour moi. [âŠ] Pour ĂȘtre tout Ă fait exact, je tâavouerai une Ă©bauche de sonnet, qui nâa pas abouti. Je suis tout Ă fait innocent de ce Stryge que publie le Voltaire et je suis bien ennuyĂ© dâavoir encore un homonyme. Je viens dâachever avec une joie infinie As you like it. Le premier acte surtout est adorable. Les autres sont un peu insignifiants, mais il y a de si jolies choses. En dehors de cela je fais du latin ; câest ce qui fait que ma traduction traĂźne ; jâen ai dĂ©jĂ Ă©crit les trois quarts [...]. AprĂšs les faire-part de Gide et de RĂ©gnier, tu as failli en recevoir un de moi : âPierre LouĂżs nâest plusâ. Je suis tombĂ© du haut dâun petit escalier sur une table renversĂ©e qui mâa meurtri toute la hanche droite »... â « Ma lettre est partie et jâai oubliĂ© le plus intĂ©ressant : câest dans la loge de Mme WaGner que je dois assister Ă la reprĂ©sentation de mercredi. Teodor de WyzeWa qui est ici me propose de ma prĂ©senter ; il y a ses entrĂ©es et le droit dâamener qui il veut »...
181. Pierre LOUĂżS. L.A.S., Barcelone 14 octobre [1900, Ă Charles ThĂ©odore FĂ©ret] ; 2 pages in-12 (petite tache Ă un coin). 120/150 « AstartĂ© nâa Ă©tĂ© tirĂ©e quâĂ 100 exemplaires. Je nâen ai plus aucun depuis quatre ans. Tous Ă©taient sur papier de luxe : hollande, chine ou japon. Vous me voyez au regret de ne pas pouvoir vous offrir mĂȘme le dernier mais il faudra que vous attendiez jusquâau jour oĂč jâaurai le temps de rĂ©unir ces vers Ă ceux que jâai fait depuis, en une nouvelle Ă©dition moins restreinte, pour mes nouveaux amis inconnus »âŠ
182. Pierre LOUĂżS. ManusCrit autographe, Un roman sur lâaviation, traduit de lâanglais en 1648 ; 3 pages et demie in-4. 150/200 NOte dâĂ©ruditiOn bibliOGrapHique, au sujet de la premiĂšre traduction de lâanglais en français que Lanson date de 1664 ; LouĂżs relĂšve toutefois quelques exceptions, dont the Man in the Moon de Francis GOdWin, publiĂ© Ă titre posthume en 1638. « Si lâon en croyait Brunet et Barbier, lâouvrage aurait Ă©tĂ© traduit de lâanglais par Jean Baudoin, le traducteur de Lucien. [...] La vĂ©ritĂ© est que le roman fut mis en français tant bien que mal par un Ăcossais, Thomas daran, qui entreprit de le faire connaĂźtre Ă Paris. Daran avait un ami en France, un compatriote, en la personne du cĂ©lĂšbre chimiste Davisson, mĂ©decin du Roi et directeur du Jardin des Plantes. Il lui envoya son manuscrit. Davisson le remit Ă Baudoin, qui le corrigea et le fit imprimer ». LouĂżs en donne la collation.
183. MANUSCRITS. 18 ManusCrits autographes signĂ©s (un signĂ© et corrigĂ©), pour Le Figaro (la plupart avec marques de lâimprimeur). 500/700 Paul arbelet (Le Premier Amour de MĂ©rimĂ©e), AndrĂ© beaunier (2 chroniques Ă travers les revues, sur Nerval et sur Rimbaud), RenĂ© benjaMin (Alphonse Xiii cĆur de lâEspagne), Louis bertrand (2 : BarrĂšs et lâAllemagne et un musĂ©e Lamartine Ă Paris), Henry bOrdeaux (Le Cas Baudelaire), Alfred Capus (Les Femmes voilĂ©es), Abel HerMant (DĂ©fense de la langue française. Sottises et sottise, signĂ© Lancelot, 1928), Gustave kaHn (Verlaine, Ă lâheure des FĂȘtes galantes), LĂ©o larGuier (Le raisin de Balzac), Pierre de nOlHaC (Ă propos dâune exposition de François Boucher, ms corrigĂ© et signĂ©), Aurore sand (Ă Majorque, en 2 parties), Fernand vandĂ©reM (4 chroniques Choses et gens de lettres, une Ă©preuve corrigĂ©e jointe). On jOint 2 manuscrits consacrĂ©s Ă Maurice Levaillant, et qqs coupures de presse.
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184. MANUSCRITS. 28 ManusCrits autographes signĂ©s dâarticles. 500/700 Henri baCHelin (La Parabole du Mariage, 1927), RenĂ© benjaMin (3 sur les instituteurs, un incomplet, plus 4 l.a.s.), Jean-Jacques brOussOn (sur A. France), Pierre devOluy (La Montagne niçoise), Jacques dHur (Le Vent des paroles sur Marcel Cachin), Pierre dOMinique (Le Fou dans la SociĂ©tĂ©), Maurice dOnnay (discours dâun hommage Ă Aristide Bruant), Roland dOrGelĂšs (Les suprĂȘmes erreurs de M. Outrey), Marcel espiau (thĂ©Ăątre, jazz-band et cinĂ©ma), Jean Fayard (un LibĂ©ral chez les Fascistes), Daniel HalĂ©vy (Souvenir dâEugĂšne Le roy), Ămile HenriOt (Jean de Santeuil), Pierre lasserre (LaĂŻcitĂ© et humanisme, et sur Renan), Charles le GOFFiC (ms avec corrections autogr. Ce quâil faut voir en Bretagne, plus l.a.s.), Pierre lOeWel (3 : La FĂȘte des vignerons Ă Vevey, Chez Blasco ibañez, et sur des livres dâhistoire), Joseph-Henri lOuWyCk (AprĂšs les fĂȘtes panceltiques de riec-sur-Belon), Xavier de MaGallOn (Le mort de lâannĂ©e sur Joachim Gasquet), Louis Mandin (Le roman de lâhomme politique honnĂȘte), Gaston piCard (Ce quâil faut voir dans le Nivernais, plus 2 l.a.s.), Gabrielle reval (La princesse Marie Laetitia Bonaparte), Jean rOlland (3 mss sur les communistes, Staline, etc.).
185. Gabriel MARCEL (1889-1973) philosophe. L.A.S., 3 fĂ©vrier, Ă une dame ; 4 pages petit in-8. 100/120 intĂ©ressante lettre sur lâĂ©COle-FOyer les plĂ©iades en suisse, et sOn FOndateur rObert nussbauM. « La trĂšs intĂ©ressante expĂ©rience que jâai faite de lâĂcole-Foyer mâa convaincu des services essentiels quâelle peut rendre aux enfants. Non seulement je ne crois pas quâil y ait antagonisme entre lâintĂ©rĂȘt du corps et le dĂ©veloppement intellectuel, mais encore je suis persuadĂ© que la vie quâon mĂšne au chalet, le contact direct qui sây Ă©tablit avec les choses, la prĂ©sence immĂ©diate et continue du rĂ©el, peuvent avoir pour lâesprit des enfants les plus heureux effets : tout lây oriente vers lâexpĂ©rience concrĂšte et prĂ©cise ; ce nâest point lâatmosphĂšre livresque du lycĂ©e »⊠Conscient que lâĂ©cole nâest pas seulement lĂ pour former des ĂȘtres, mais aussi pour les prĂ©parer aux examens, il pense toutefois quâun enfant qui aura appris Ă voir et Ă rĂ©flĂ©chir Ă partir de ses propres observations, sera infiniment plus capable de comprendre un livre et dâen pĂ©nĂ©trer tout le sens : câest une des prĂ©occupations fondamentales de M. nussbauM : « Ce nâest pas un hygiĂ©niste qui ferait de surcroĂźt de la pĂ©dagogie ; il est convaincu quâil y a une hygiĂšne de lâesprit [âŠ] une hiĂ©rarchie des activitĂ©s mentales », dont les lycĂ©es ne tiennent absolument pas compte. « Aux PlĂ©iades on a le culte de la sincĂ©ritĂ©, on y voit le principe de toute discipline, intellectuelle ou morale ; on cherche Ă faire aller de pair la culture que donnent les livres avec lâexpĂ©rience personnelle et directe qui seule la rend assimilable »⊠Robert Nussbaum est « un des esprits les plus vivants, les plus divers, et les plus Ă©quilibrĂ©s que je connaisse. Jâajoute quâau point de vue moral il est la conscience mĂȘme »âŠ
186. Roger MARTIN DU GARD (1881-1958). 3 L.A.S., Paris 1946-1955, [au professeur Jules FrOMent puis son Ă©pouse Nelly] ; 6 pages in-8 (traces de scotch aux coins, petites fentes). 300/400 28 janvier 1946. Belle lettre Ă son ami [professeur de neurologie Ă Lyon], dĂ©jĂ trĂšs malade : « je sais que vous supportez cette Ă©preuve avec une fermetĂ© dâĂąme admirable et une patience angĂ©lique, [âŠ] jâai hĂąte de vous voir enfin franchir le dernier pas vers la dĂ©livrance et la ârĂ©surrectionâ »... Ces longues semaines doivent ĂȘtre fort propices Ă dâinfinies mĂ©ditations. Il doit entendre de loin les rumeurs du monde : « Pour nous, qui restons Ă la merci directe des Ă©vĂ©nements, la tentation du dĂ©couragement est forte. Difficile, dans cet univers oĂč rĂšgne lâabsurde, de conserver vivaces sa confiance en lâhumanitĂ© et sa foi en lâavenir. [âŠ] jâavoue que je sombre, Ă tout instant, dans le dĂ©sespoir, et que mon travail en est passablement paralysĂ© »⊠17 juin 1946. Lettre de condolĂ©ances Ă lâĂ©pouse de son ami, pour qui il avait « un trĂšs grand attachement ». Il est inconsolable, et gardera le souvenir de leur chaleureuse amitiĂ© comme un bien prĂ©cieux. « La mort rĂ©volte toujours autant lâincroyant que je suis, mais plus encore [âŠ] lorsque je vois disparaĂźtre un ĂȘtre en qui la vie Ă©tait si intense, si communicative, dâun dynamisme contagieux ! » Il se souviendra toujours de la façon dont il les a accueillis Ă Sainte-Foy pendant lâexode : « Je ne pense pas seulement Ă lâhospitalitĂ© si gĂ©nĂ©reuse quâil nous a dâemblĂ©e offerte, mais au rĂ©confort inouĂŻ que jâai puisĂ©, Ă ce moment tragique, dans sa soliditĂ© morale, sa joyeuse activitĂ©, sa confiance inĂ©branlable en lâhomme et en lâavenir de la France »⊠1er dĂ©cembre 1955. Il Ă©voque ses nombreux ennuis de santĂ©, continuels et trĂšs fatigants : « Je nâose plus faire aucun projet, car ces crises sont imprĂ©visibles et fondent comme la foudre sur le pauvre patient »... Il se rĂ©jouit de la belle relation quâil a avec ses petits-enfants, « une exquise et complĂšte intimitĂ©, pleine de confiance et dâaffection, et qui me console des dĂ©ceptions que je puis avoir ailleurs »⊠Il a beaucoup travaillĂ© « pour la prĂ©paration du âmonument funĂ©raireâ que mâĂ©lĂšve la maison Gallimard en publiant prochainement mes Ćuvres complĂštes dans la collection de La PlĂ©iade ; jâai Ă©crit, pour cette Ă©dition, une centaine de pages de âSouvenirs littĂ©rairesâ ; et cela nâa pas Ă©tĂ© sans peine ! »âŠ
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187. Antun Gustav MATOĆ (1873-1914) poĂšte et Ă©crivain croate. L.A.S. avec dessin, Paris 31 juillet 1901, Ă AndrĂ© rOuveyre ; sur une carte postale illustrĂ©e, adresse au dos. 200/250 Au recto de la carte illustrĂ©e dâune photographie de lâĂ©glise de Sceaux, il a dessinĂ© Ă lâencre un homme qui sâaccroche dâune main au clocher, tenant dans son autre main une fleur. Il a Ă©crit autour : « Grimpe, grimpe, mon vieux, et garde tes culottes. [âŠ] Jeanne tâembrasse (elle dort, je suis en train de turbiner) »⊠Au verso, sur lâadresse, Rouveyre a dessinĂ© au lavis dâencre de Chine un bonhomme coiffĂ© dâun haut-de-forme avec une femme en chignon, bras levĂ©s, et signĂ© : « Victor Hugo ».
188. Camille MAUCLAIR (1872-1945). 6 ManusCrits autographes signĂ©s, [1932 et s.d.] ; 27 pages petit in-4 (petite dĂ©chir. au dernier ms). 300/400 artiCles de Critique dâart pOur Le Figaro. Nos peintres au Maroc (16 mai 1932), sur Delacroix, puis lâaccĂšs plus grand au pays dont jouissent Majorelle, Baldoui, Brindeau, Gaudissard, etc. « LâAfrique du Nord, et spĂ©cialement le Maroc, est une source de robustesse, une Jouvence, un avenir de glorieuses possibilitĂ©s »⊠Premiers contacts, tour des galeries parisiennes : Fernando de Sotomayor, « le peintre officiel, et le peintre de la Galice », Jeanne Alix qui « laisse loin derriĂšre elle les meilleurs Utrillos », et le groupe Jean Dunand, Jean Goulden, Paul Jouve, F.L. Schmied⊠Le redressement des Salons, sur lâexposition du cinquantenaire de la SociĂ©tĂ© des artistes français ; les Salons de 1932 « marquent la rĂ©solution majoritaire du refus des idĂ©es poisons, dâune dĂ©fense française contre les sophismes internationalistes »⊠LâExposition Gustave DorĂ©, rĂ©trospective au Petit Palais : « Avec quelques Ă©lĂ©ments de nature, dOrĂ© osait des architectures de rĂȘve, des sites incroyables et plausibles, oĂč se satisfaisait Ă©perdĂ»ment le dĂ©sir de la grandeur qui lâobsĂ©dait. Il a atteint parfois, dans sa tĂ©mĂ©ritĂ© enthousiaste, aux extrĂȘmes limites, aux tout derniers confins de la grande poĂ©sie et de sa traduction plastique »⊠Le Salon des Tuileries, rĂ©fugiĂ© dans la « NĂ©o-Parnasse », boulevard Raspail, dont le meilleur est la sculpture, avec Despiau, Wlerick, Belmondo⊠Expositions : Albert Marquet et J.F. Williamson, Paul Beaumont et Mohammed Racine, Albert Gauthier, Suzanne Cappiello, Jacques-Ămile BlancheâŠ
189. Ălisa MERCĆUR (1809-1835). ManusCrit autographe, Arthur, roman de mĆurs, [vers 1832] ; 210 pages grand in- fol., la plupart Ă©crites au seul recto (mouillures et effrangeures). 700/800 ManusCrit de Ce rOMan publiĂ© Ă titre pOstHuMe sOus le titre quatre amours dans le tome III des Ćuvres complĂštes dâĂ©lisa MercĆur, de Nantes (Paris, chez Madame veuve MercĆur, 1843), oĂč il est prĂ©cĂ©dĂ© dâune Ă©pĂźtre dĂ©dicatoire et une dĂ©dicace Ă Juliette RĂ©camier. Le manuscrit se compose de 20 chapitres (21 dans lâĂ©dition, oĂč le 8e est scindĂ© en deux) : « Un bal » ; « Portraits de famille » ; « La Poitrinaire » (ici « La Chute des feuilles », corrigĂ© en « La DerniĂšre Feuille » dans deux autres versions plus dĂ©veloppĂ©es) ; « Ressemblance physique » ; « DiffĂ©rence morale » ; « Une leçon de monde » ; « La Marquise de Fermont » ; « Un titre » ; « Le DĂ©dit » ; « Un suicide » ; « Un serment » ; « LâĂchelle retournĂ©e » ; « Une rencontre » ; « Juliette » (incomplet de la fin) ; « Le Baron de Saint-Aire » ; « Les Habitans du presbytĂšre » ; « LâIntrigante » ; « La Confession » ; « VoilĂ ce qui vient de paraĂźtre » ; « La Charrette des condamnĂ©s ». On rĂ©vĂšle de nOMbreuses variantes par rapport au texte publiĂ©. Sây ajoutent deux autres versions de travail incomplĂštes des chapitres 5 et 6, et une version antĂ©rieure du chap. 8, plus Ă©loignĂ©e de la version imprimĂ©e, et avec plusieurs pages de dĂ©veloppement auxquels est substituĂ©e dans lâĂ©dition une chute plus incisive, un fragment du dĂ©but du chapitre huitiĂšme « Un titre », et quelques fragments.
190. Octave MIRBEAU (1848-1917). L.A.S., 23 avril 1899, [Ă lâarchitecte et critique dâart Frantz jOurdain] ; 1 page in-8 Ă son adresse 3 boulevard Delessert. 100/150 On lâa nommĂ© membre dâun comitĂ© de la Presse artistique. « Mais je me suis fait une rĂšgle de conduite de nâĂȘtre ni dâaucun syndicat, ni dâaucun comitĂ©. Il mâen coĂ»te vraiment de ne pouvoir accepter dâĂȘtre avec vous, car, parmi les noms que vous me citez, jâen vois beaucoup qui sont les noms dâamis trĂšs chers et de confrĂšres que jâestime et que jâadmire »...
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191. Octave MIRBEAU. L.A.S., Veneux-Nadon par Moret (Seine-et-Marne) jeudi matin [19 septembre 1901, Ă Jean FinOt, directeur de La revue] ; 1 page et quart in-8 (petit deuil). 150/200 Il le remercie de sa lettre et de lâarticle dans La revue. « Quant Ă la question de collaboration, puisque vous semblez trouver un petit intĂ©rĂȘt pour vous, je vous la promets de grand cĆur. Je vous donnerai dâici deux mois, une nouvelle assez longue et qui vous plaira, par son cĂŽtĂ© dâhumanitĂ©. Nous en reparlerons. Je suis trĂšs accablĂ© par un affreux accident de voiture arrivĂ© Ă ma femme, depuis 13 jours, et câest seulement aujourdâhui que je suis un peu rassurĂ©. Le chirurgien, le docteur isCHWall, que je vous recommande pour sa science opĂ©ratoire et pour son intelligence, mâassure que le danger est Ă©cartĂ©. Mais il faut encore beaucoup de soins et de surveillance. Je ne suis guĂšre en Ă©tat de travailler pour lâinstant »... Son livre [La Philosophie de la longĂ©vitĂ©, 1900] lui a plu infiniment : « Il contient des pages admirables et il respire une bontĂ©, et un amour de la vie, qui vous enveloppent tout entier »... On jOint une L.A.S., [31 mars 1900], Ă Alfred bruneau (1 p. in-8), sâexcusant de ne pouvoir aller aux obsĂšques du beau-pĂšre de Bruneau.
192. FrĂ©dĂ©ric MISTRAL (1830-1914). L.A.S., Maillane (Provence) 4 mars 1911, Ă Arthur Meyer ; 2 pages oblong in-12. 100/150 « Remerciement pour le plaisir que jâai eu Ă lire Ce que mes yeux ont vu : un demi-siĂšcle de vie parisienne et dâhistoire de France, que je ne connaissais que par Ă©cho en vision lointaine et que je retrouve pleine de façon alerte et lĂ©gĂšre, comme il convient du reste Ă cette pĂ©riode de dĂ©composition nationale et sociale ! Et merci pour le souvenir donnĂ© Ă Mireille (page 285) par le directeur du Gaulois, journal qui fut toujours trĂšs amical pour moi ! »âŠ
193. Henry de MONFREID (1879-1974). L.A.S. avec aquarelle originale signĂ©e, Paris 23 dĂ©cembre 1963, Ă un ami ; 1 page oblong in-8, et aquarelle 12 x 16 cm collĂ©e au f. supĂ©rieur de la lettre. 400/500 « Ă la veille de NoĂ«l nous pensons Ă vous comme Ă tous les fidĂšles amis hĂ©las de plus en plus rares, qui nous restent encore. Je vous envoie une pochade du petit mas abandonnĂ© au bord de lâĂ©tang de Leucate oĂč jâaime Ă rĂȘver dans la solitude quand la nostalgie mâemporte sur la Mer Rouge »⊠Lâaquarelle est signĂ©e en bas Ă gauche des initiales et datĂ©e 23-12-63. On joint le carton dâinvitation Ă lâexposition de la Collection G.D. de Monfreid (1951).
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194. Charles de seConDat, baron de La BrĂšde et de MONTESQUIEU (1689-1755). L.S., La BrĂšde 15 juin 1751, Ă la marquise du deFFand Ă Paris ; de la main de son secrĂ©taire Henry saint-MarC ; 2 pages in-4, adresse avec cachet de cire rouge Ă ses armes. 4 000/5 000 trĂšs belle lettre. [Montesquieu, devenu presque aveugle Ă la fin de sa vie, dictait ses lettres et ses Ćuvres ; il est Ă©mouvant de penser que cette lettre mĂ©lancolique Ă©tait destinĂ©e Ă son amie aveugle comme lui.] « Je vous avois promis, Madame, de vous ecrire ; mais que vous manderai-je dont vous puissiĂ©s vous soucier. Je vous offre tous les regrĂȘts que jâai de ne plus vous voir. A present que je nâai que des objets tristes, je mâoccupe Ă lire desromans ; quand je seray heureux, je lirai des vieilles chroniques, pour temperer les Biens et les maux ; mais je sens quâil nây a pas de lecture qui puisse remplacer un quart-dheure de ces soupers qui faisoient mes delices ». Il la prie de parler de lui Ă Mme du CHĂątel. Il apprend que « les requetes du palais nâont pas Ă©tĂ© favorables » Ă Mme de stainville : « dites-luy combien je suis sensible Ă tout ce qui la touche, et cette personne char[m]ante qui nâaura jamais de rivalle aux yeux de personne que madame sa mere. Parlez aussi de moy Ă ce president [HĂ©nault] qui me touche comme les graces, et mâinstruit comme MaCHiavel, qui ne se soucie point de moy, parce quil se soucie de tout le monde ; et dont jâespere toujours dâacquerir lâestime, sans jamais pouvoir esperer les sentiments. Je nâaurois jamais finy si je voulois suivre cette phrase ; mais câest assez le desobliger pour le mal que je luy veux. Je nâentends ici parler que de vignes, de misere et de procĂšs, et je suis heureusement assez sot pour mâamuser de tout cela, câest Ă dire pour mây interesser ; mais je ne songe pas que je vous ennuye Ă la mort, et que la chose du monde qui vous fait le plus de mal câest lâennuy. Et je ne dois pas vous tuer comme font les italiens par une lettre »⊠Il ajoute : « Faites, je vous prie, bien des compliments de ma part Ă toutes nos convives ; et pardonez-moy la libertĂ© que je prends ».
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195. Henry de MONTHERLANT. 18 L.A.S., 1937-1947, Ă lâĂ©diteur Jean viGneau ; 31 pages formats divers, qqs enveloppes ou adresses 800/1 000 intĂ©ressante COrrespOndanCe Ă sOn Ă©diteur sur la Guerre, la dĂ©Faite et lâĂ©ditiOn sOus lâOCCupatiOn. Jean Vigneau, qui Ă©ditait Montherlant chez Bernard Grasset avant la guerre, a crĂ©Ă© sa propre maison dâĂ©dition en 1941 Ă Marseille, et Ă©dita Roger Peyrefitte (Les AmitiĂ©s particuliĂšres) et Montherlant, dont il publia Les Nouvelles Chevaleries et Le Solstice de Juin. Les premiĂšres lettres (1937-1938) sont relatives Ă des envois de livres, Ă une confĂ©rence que Montherlant doit faire Ă Londres avec Marie ScheikĂ©victh... Metz 26 septembre 1938 : « Bien que rĂ©formĂ© de guerre dĂ©finitif, je suis parti samedi me mettre Ă la disposition de lâautoritĂ© militaire ». MenacĂ© dâune saisie, il veut se mettre en rĂšgle avec les impĂŽts⊠« Jâai envoyĂ© Ă Brun il y a 15 jours ce qui est dactylographiĂ© du 4e livre des J. Filles. Il pourra le publier tel quel aprĂšs la guerre, sâil mâarrive un malheur. Et de mĂȘme La rose de sable, dont le manuscrit (moins ses coupures) est chez Tournier, le libraire, Ă Tunis »⊠Nice 10 fĂ©vrier 1939. Il a Ă©tĂ© gravement malade et doit partir en convalescence Ă Peira Cava ; il charge Vigneau de sâoccuper de sa dĂ©claration de revenus, et de tirer au clair ses problĂšmes avec la SociĂ©tĂ© des Auteurs⊠Paris NoĂ«l 1939, relatant une entrevue avec Grasset au sujet dâune Ă©dition illustrĂ©e des Olympiques. Marseille 25 fĂ©vrier 1940, sur sa tentative manquĂ©e pour se faire engager dans les chars⊠24 juillet : « Jâai baignĂ© dans la bataille, et jâen ai plus vu en 3 semaines quâil y a 22 ans en 2 annĂ©es. Y apprenant que lâinsomnie, poussĂ©e au point de 3 H par nuit de sommeil, et jamais plus, est q.q.ch. comme le cancer, â et en rapportant quatre petits Ă©clats de bombe dans la cuisse, Ă qq. centimĂštres du plus noble objet du corps humain, mais sans gravitĂ© aucune. AprĂšs tout cela, il faut bien dire que la guerre est quelque chose dâincomparable. La France, câest les Ă©curies dâAugias Ă nettoyer. Avec espoir ou sans espoir ? Lâauteur de Service inutile se garde ses pensĂ©es lĂ -dessus. [âŠ] Il nây a dâacquis â et de bien acquis ! â jusquâĂ prĂ©sent, que la dĂ©faite. Sur elle on peut penser. Mais les conditions dâoccupation, et la dĂ©cision finale, sont encore si mouvantes, ou si inconnues, que sur lâavenir il est inutile de penser. La dĂ©faite, elle, est largement mĂ©ritĂ©e. Elle est, si jâose dire, la fleur dâun arbre qui poussait depuis vingt ans. Chacun de nous a arrosĂ© cet arbre, et nous sommes tous peu ou prou responsables »... tulle 4 aoĂ»t : « Votre projet dâune maison dâĂ©dition en joue libre est sĂ©duisant », Ă condition que la « libertĂ© de sâexprimer » puisse encore sâexercer en zone libre. MalgrĂ© des menaces : « Je ne changerai pas un iota Ă ma conduite actuelle »⊠Nice 8 novembre. Il va aller quelques jours Ă Vichy : « Je suis autant dâaccord aujourdâhui avec le gouvernement pĂ©tain, que je lâĂ©tais le premier jour, lorsquâil dĂ©cida lâarmistice, et souhaite que la sorte dâapaisement quâon nous annonce ait une solide rĂ©alitĂ© [...] JâĂ©cris un livre de souvenirs sur les Ă©vĂ©nements actuels. Il ne peut, nâest-ce pas, sâappeler autrement que Le Solstice de Juin (vous vous souvenez que lâarmistice fut signĂ© le jour du solstice ?) »... Mars-avril 1941, sĂ©jour Ă Grasse ; il espĂšre voir Vigneau. Paris 18 dĂ©cembre 1942 : « un inĂ©dit ? Les Ă©diteurs de par ici ayant surtout du trĂšs beau papier, les propositions quâils me font me donnent des droits dâauteur entre 100 et 150.000 frs, mĂȘme pour un texte court (60 pp. dactylo), tirage de 200 Ă 300 ex. Secondaire que soit pour moi la question dâargent, la marge est tout de mĂȘme un peu grande avec ce que vous voulez bien mâoffrir. Mais pourquoi ne pas reprendre mes âgrands titresâ (Ă lâexception des Olympiques, ill. par Despiau Ă la N.R.F., des CĂ©libataires par Salvat, Flammarion, et de la Petite infante, par Andreu, chez Lefebvre ; tous volumes qui se sont vendus 5000 fr lâexemplaire environ) ? Ou encore, si un gros livre ne vous est pas possible, pourquoi ne pas reprendre un de mes textes plus courts, formant un tout, et que jâaime ? P. ex. la Lettre dâun pĂšre Ă son fils, ou la Gloire du CollĂšge (de la relĂšve) »⊠Etc. On jOint un tĂ©lĂ©gramme, et la fin du tapuscrit dâune confĂ©rence de Montherlant (3 ff.).
196. Paul MORAND (1888-1976). L.A.S., Paris 1er avril 1921 ; 1 page et demie petit in-8, en-tĂȘte MinistĂšre des Affaires Ă©trangĂšres. 150/200 « Je serai trĂšs heureux et honorĂ© que vous vouliez bien faire figurer mon nom dans votre choix de poĂ©sies. Je vous envoie mon premier volume de poĂ©sies qui est Ă©puisĂ©, au cas oĂč vous ne lâauriez pas eu »âŠ
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197. Paul de MUSSET (1804-1880) Ă©crivain, frĂšre dâAlfred. L.A.S., 15 dĂ©cembre 1843, [Ă la vicomtesse Isabelle de COurval, au chĂąteau de Pinon (Aisne)] ; 3 pages in-8. 250/300 De retour dâun sĂ©jour au chĂąteau de Pinon (Aisne), « le pays du bien-ĂȘtre et de la libertĂ© », il donne Ă©cho Ă la chĂątelaine des deux grands sujets de conversation Ă Paris : « le voyage du Duc de bOrdeaux et lâaffaire du ministre OlOzaGa. Des dames trĂšs convenables et qui ont eu beaucoup dâamoureux rejettent avec horreur les suppositions criminelles Ă propos des verroux fermĂ©s par le chef du cabinet espagnol. On assure que la Reine-mĂšre [Marie-Christine de Bourbon] dit ici naĂŻvement quâautrefois Olozaga se permit avec elle une conversation du mĂȘme genre oĂč il devint plus entreprenant quâil ne convient Ă un bon sujet. Elle ne doute pas quâil ait agi de mĂȘme avec sa fille. Dâautres personnes font observer que NarvaĂšs [narvaez], lâaccusateur dâOlozaga est bien plus dangereux et plus corrompu que le ministre, ce qui place lâinnocente isabelle entre deux Ă©cueils. M. MiGnet qui est un honnĂȘte homme traite avec conscience la question politique seulement [âŠ]. Pour moi, je dis comme Rabelais : je nây Ă©tais pas »⊠Il livre ensuite son jugement sur lâopĂ©ra de dOnizetti, Maria di rohan : musique « parfaitement fade pour ne pas dire mauvaise », rĂ©serves sur les interprĂštes, etc. « Quand le spectacle mâennuie je voudrais pouvoir sommeiller et Ă lâopĂ©ra le bruit mâen empĂȘche. Ce thĂ©Ăątre fait trop lâimportant »⊠On jOint une l.a.s. dâEdmond dâaltOn-sHĂ©e Ă la mĂȘme, 26 juin 1840.
198. Pablo NERUDA (1904-1973). pOĂšMe autographe signĂ©, [Un Canto para Bolivar], New York 1943 ; 1 page oblong in-8, portant au dos une P.A.S. musicale dâArthur rubinstein. 1 500/1 800 deuxiĂšMe strOpHe du CĂ©lĂšbre pOĂšMe un Canto Para boLivar, lu par Neruda Ă lâUniversitĂ© de Mexico le 24 juillet 1941 pour le 101e anniversaire de la mort de Simon Bolivar, et publiĂ© alors dans une Ă©dition tirĂ©e Ă 500 exemplaires (Imprenta Universitaria, Mexico, 1941). Neruda a notĂ© ici cette strophe dans un album dâautographes Ă New York en 1943. « Tu pequeño cadĂĄver de capitĂĄn valiente ha extendido en lo inmenso su metĂĄlica forma, de pronto salen dedos tuyos entre la nieve y el austral pescador saca a la luz de pronto tu sonrisa, tu voz palpitando en las redes ». [« Ton petit cadavre de capitaine courageux / a dĂ©ployĂ© dans lâinfini sa forme mĂ©tallique, / tes doigts surgissent soudain entre la neige / et le pĂȘcheur austral tire tout Ă coup ton sourire Ă la lumiĂšre, / ta voix palpitante entre ses filets »]. Au verso, P.A.S. musicale dâArthur rubinstein, qui a notĂ© 4 mesures de lâhymne national polonais : « Himno Polaco », signĂ© dâune grande signature avec la date : « Santiago 18-7-37 ».
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199. Anna de NOAILLES (1876-1933). L.A.S., Ă un journaliste ; 7 pages oblong in-4 (petite fente rĂ©parĂ©e). 200/300 RĂ©ponse Ă une enquĂȘte sur les livres passĂ©s inaperçus ou ignorĂ©s depuis le dĂ©but du siĂšcle. Elle met dans ce nombre les poĂšmes dâOlivier de laFayette, dâHenri FranCk et de Jean dOMinique, et ceux des poĂštes morts Ă la guerre : Ămile despax (La Maison des Glycines), Jean-Marc bernard. Pour les romans, elle cire Fanny dâErnest Feydeau, « poignant rĂ©cit de passion et de jalousie », Julia de trĂ©cĆur dâOctave Feuillet, « mise au tombeau par une jeune gĂ©nĂ©ration souvent dĂ©nuĂ©e de romanesque ». Elle conclut : « je ne crois pas Ă lâinjustice totale de la renommĂ©e. Toute Ćuvre saisissante, originale, magnifique prend sa place dans lâamitiĂ© et la vĂ©nĂ©ration des hommes. Elle peut connaĂźtre, au cours du temps, les oscillations de la gloire, le creux de la vague, mais pouvons-nous imaginer un Baudelaire, un Ronsard, un Descartes, un Balzac, un Flaubert inconnus ? Et Hugo ? »âŠ
200. Steve PASSEUR (1899-1966) auteur dramatique. 3 ManusCrits autographes signĂ©s, [1944 et 1954], 17 pages in-4. 100/150 Un homme de thĂ©Ăątre au Français, [1944], sur Pierre dux qui vient dâĂȘtre nommĂ© administrateur de la ComĂ©die-Française. Un merveilleux tournoi de films, [1944], au sujet dâun concours mettant en lice films anglais et français. ProcĂšs hors tribunalâŠ, divers Ă©chos de lâactualitĂ© thĂ©Ăątrale, avec lettre dâenvoi (24 juin 1954), au sujet du Dialogue des CarmĂ©lites, dâaprĂšs la nouvelle de Gertrud von Le Fort, adaptĂ© pour la scĂšne par Bernanos, et dont deux AmĂ©ricains avaient achetĂ© les droits ; sur La Mutinerie du Caire, piĂšce qui triomphe Ă Broadway et qui devrait ĂȘtre montĂ©e Ă Paris ; sur Jeanne au BĂ»cher, mis en scĂšne par Rossellini, etc. On jOint une L.A.S. de Marcel aCHard (23 octobre 1952) sur Steve Passeur.
201. JosĂ©phin PĂLADAN (1859-1918) le SĂąr. ManusCrit autographe signĂ©, Une esthĂ©tique chrĂ©tienne, [1912 ?] ; 12 pages in-4 avec qqs ratures et corrections, Ă lâencre bleue sur papier jaune. 300/400 Ă©lOGe de vers LâĂ©terneLLe beautĂ© du pĂšre adrien Munier, S.J. (1912). PĂ©ladan distingue nettement entre la situation lĂ©gale des catholiques, et la pensĂ©e chrĂ©tienne, les valeurs spirituelles rĂ©sistant aisĂ©ment aux contradictions des partis. « Vers lâĂ©ternelle beautĂ©, titre heureux, formule dâart Ă©vidente & aussi formule morale exemplaire. Ces deux mots en se rencontrant sâaccomplissent lâun par lâautre. SĂ©parez-les ? LâĂternitĂ© envisagĂ©e comme fin derniĂšre nous inquiĂšte : la trompette formidable de Berlioz rĂ©sonne & on entend lâĂ©cho du fameux discours sur le petit nombre des Ă©lus ! La BeautĂ© prise isolĂ©ment & sans Ă©pithĂšte Ă©voque la passion ses dĂ©sordres & ses dĂ©sastres. [âŠ] Quelle antinomie plus irrĂ©ductible que celle du Beau, & du bien ? Les philosophes ont Ă©puisĂ© leur subtilitĂ©, devant cette Ă©nigme »⊠Or les artistes et le public nâont jamais Ă©taient aussi dĂ©sorientĂ©s quâaujourdâhui, et lâĆuvre du P. Munier apporte un rameau dâolivier Ă la mĂȘlĂ©e des thĂ©ories. Se rĂ©fĂ©rant Ă Maxime de Tyr, au thĂ©Ăątre français classique, Ă Saint Augustin et Ă Bossuet, Munier a composĂ© une « thĂ©ologie de lâesthĂ©tique, Ă la fois transcendantale et simple », dont PĂ©ladan cite quelques extraits. Ce livre fait date dans lâĂ©volution du catholicisme. « Depuis la Renaissance, nul ayant qualitĂ© clĂ©ricale nâavait tentĂ© un tel concordat entre lâorthodoxie & lâArt [âŠ]. Depuis Lacuria, lâauteur immortel des Harmonies de lâĂtre, on nâavait pas eu un livre aussi chaud, aussi lumineux, aussi fĂ©condant que celui oĂč un pĂšre jĂ©suite aussi artiste que mystique, a tentĂ© et je crois rĂ©alisĂ© le prodigieux mariage de lâArt & de la Foi »âŠ
202. Silvio PELLICO (1789-1854). L.A.S., Turin 8 avril 1839, au poĂšte Jules CanOnGe Ă Paris ; 1 page in-4, adresse avec marque postale, cachet de cire noire (brisĂ©) ; en français. 200/300 Il le remercie pour lâenvoi de son recueil Le tasse Ă Sorrente, tĂ©rentia, Le Monge des Ăźles dâor, poĂ«mes, nouvelle et impressions (Gosselin, 1839). « Quoique souffrant, luttant contre la tristesse, et ne sachant presque plus Ă©crire, jâaime encore la belle poĂ©sie. Jâai lu avec plaisir le volume [âŠ] Votre Ăąme est riche en sentimens nobles et gracieux. Chacune de ces compositions a des beautĂ©s ; jâai de la prĂ©dilection pour le tasse, le Christ consolateur et la lĂ©gende du Monge. [âŠ] Cette piĂšce si touchante (le Monge) que vous appelez modestement un simple rĂ©cit en prose cadencĂ©e, me plaĂźt tout-Ă -fait »âŠ
203. Valentine PENROSE (1898-1978) poĂ©tesse et plasticienne surrĂ©aliste. pOĂšMe autographe signĂ©, [1946] ; 1 page et demie in4. 250/300 Beau poĂšme de 29 vers. « Comme il nâĂ©tait plus question dâeau ni de fleurs ni de chanter ni dâĂ©crire sous bois les cĆurs Ă©tant perdus les cĆurs Ă©tant touchĂ©s »... Ancienne collection Christian zervos (12-16 novembre 1998, n° 179).
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204. Roger PEYREFITTE (1907-2000). 72 L.A.S., 1940-1952, Ă son Ă©diteur Jean viGneau ; 150 pages formats divers, nombreuses enveloppes ou adresses (plus quelques cartes de visite et 2 tĂ©lĂ©grammes). 5 000/7 000 iMpOrtante COrrespOndanCe Ă sOn preMier Ă©diteur, prinCipaleMent pendant lâOCCupatiOn, sur la GenĂšse des amitiĂ©s PartiCuLiĂšres et la vOCatiOn littĂ©raire de peyreFitte, OĂč il est trĂšs sOuvent questiOn de MOntHerlant. Vigneau Ă©dita les cinq premiers romans de Roger Peyrefitte, dont Les AmitiĂ©s particuliĂšres (1943), qui eut un retentissement considĂ©rable, couronnĂ© par le prix Renaudot, vĂ©ritable acte de naissance de sa vocation littĂ©raire. Nous ne pouvons citer que quelques extraits de cette passionnante correspondance. La correspondance commence en octobre 1940, alors que Peyrefitte rĂ©side chez ses parents au chĂąteau dâAlet (Aude) ; câest Montherlant qui a recommandĂ© Peyrefitte Ă Jean Vigneau. Peyrefitte revient sur lâaffaire de sa dĂ©mission forcĂ©e de la diplomatie, parlant de « signature extorquĂ©e ». Dans une longue lettre Ă lâambassadeur Louis de Robien (non transmise par Vigneau, 2 dĂ©cembre), il expose longuement les faits, expliquant quâil fut Ă Vichy « la victime dâun infĂąme guet-apens policier » ; Ă la suite dâune « vĂ©ritable torture morale », on lâobligea Ă signer une dĂ©position, puis Ă choisir entre la rĂ©vocation et la dĂ©mission, sans quâil puisse sâexpliquer ; il aimerait pouvoir rentrer dans « la CarriĂšre »⊠3 dĂ©cembre : « Comme je vous lâai dit, mes loisirs forcĂ©s sont au moins laborieux : jâĂ©cris, jâĂ©cris, â câest un bonheur. Quelquefois, jâĂ©prouve une certaine amertume en me disant que, je ne suis sĂ»r dâĂ©crire que pour moi, mais câest toujours ça ! »⊠8 avril 1941 : ses parents ont vendu la propriĂ©tĂ© familiale, et voudraient sâinstaller Ă Pau. « Mon roman tourne au chef-dâĆuvre de plus en plus. Mais quel travail ! Câest Ă prĂ©sent que je vois ce que câest que dâĂ©crire. Il sâagit de rĂ©crire, â de recomposer aprĂšs avoir composĂ© »⊠9 avril, sur MOntHerlant et « lâimmense affection que jâai pour Henry, qui est plus quâun frĂšre pour moi, qui est un autre moi-mĂȘme »⊠17 avril, allusion Ă une affaire survenue Ă Montherlant Ă Vichy⊠2 mai, Peyrefitte raconte la mort de son pĂšre. toulouse 27 mai, sur son dĂ©mĂ©nagement Ă Toulouse, et projet de voyage Ă Marseille pour lire Ă Vigneau les premiĂšres pages de son roman⊠15 aoĂ»t, de retour Ă Toulouse aprĂšs un sĂ©jour dâun mois Ă Paris : « LâatmosphĂšre de notre capitale est absolument irrespirable, et jâavais hĂąte de me retrouver de ce cĂŽtĂ©. Il nâest guĂšre plaisant de se promener dans des rues oĂč sont affichĂ©s chaque jour les noms des gens que lâon a fusillĂ©s la veille ». Son roman, « maintenant dument tapĂ©, est âen rĂ©visionâ. Jâaurais besoin de deux ou trois mois pour le mettre absolument au point, et en faire, je crois pouvoir le dire, quelque chose de parfait. [...] Henry me semble fort dĂ©primĂ© »⊠6 novembre : « Oserai-je le dire, que je suis de plus en plus content de la rĂ©vision de mon roman ? Elle nâest pas encore bien avancĂ©e, mais enfin, un premier jet est tapĂ©, et vous aurez de quoi lire »⊠18 novembre, sur la venue prochaine de Vigneau Ă Toulouse : « Avec vous, revient lâEspoir, ce qui est plus que le titre dâun roman, mais la raison de la vie. Avec vous, revient la possibilitĂ© dâune conversation, de lâĂ©change de deux idĂ©es ; avec vous revient lâesprit. [âŠ] La rĂ©vision de mon roman est avancĂ©e (page 210), mais jâai perdu beaucoup de temps Ă trouver un dactylographe qui fĂźt moins dâune faute Ă chaque ligne, et finalement jâai achetĂ©, aujourdâhui mĂȘme, une machine Ă Ă©crire pour le taper moi-mĂȘme »... 15 avril 1942 : « je termine en ce moment la dictĂ©e â dĂ©finitive (!) â de mon roman, laquelle sera achevĂ©e Ă la fin du mois » ; il ira le porter Ă Marseille. 12 mai, envoyant ses trois cahiers avec les derniĂšres corrections : « Vous voici donc Ă mĂȘme dâaborder le CerbĂšre de la Censure, espĂ©rant quâil ne mourra pas de ce gĂąteau. Je continue la rĂ©vision du texte, de maniĂšre Ă ce que nous puissions aborder ensuite lâimprimeur, vers le 1er juin, car jâattends dâores et dĂ©jĂ avec impatience le rĂ©sultat, si captivant, de vos dĂ©marches administratives Je nâai pas besoin de vous rappeler cette considĂ©ration, qui vous est venue de vous-mĂȘme, mais qui mâa beaucoup frappĂ©, Ă savoir : si le refus implique lâinterdiction dâimprimer en z. o. [zone occupĂ©e] et pourrait faire risquer la saisie de ce cĂŽtĂ©. Mais Ă ce que me disait Montherlant, lâesprit souffle Ă Paris dans notre sens, et, du moins lĂ -bas, il nây aurait pas Ă craindre de difficultĂ©s »... 5 juin, sâinquiĂ©tant du silence de Vigneau : « La preuve que les nouvelles sont bonnes, ou quâelles ne le sont pas ? Tel Goethe ou Gautier â ânec pluribus imparâ â, je poursuis, dans la paix du sage, la rĂ©vision de mon livre â de notre livre â, mais je brĂ»le, par intermittence, de savoir que jâĂ©cris, non seulement pour la postĂ©ritĂ©, mais pour notre temps. Quid de Vichy ? Je sais bien que jâai mille et une raisons de dormir sur mes deux oreilles et mes lauriers : dâabord, le fait que nous ayons choisi de tirer une Ă©dition de luxe ; ensuite, la possibilitĂ© dâimprimer Ă Paris ; enfin, celle dâimprimer en Suisse »... 25 juin. Il aura fini sa rĂ©vision Ă la fin du mois : « Mille regrets pour la scĂšne du pĂšre de T. : elle nâest pas possible, et jây ai passĂ© plusieurs jours vainement. Vous le voyez, je ne suis pas un jongleur : je ne peux Ă©crire que dans le vrai â ou dans le vraisemblable, et cela serait invraisemblable (Georges ne pourrait manquer dâĂȘtre aperçu dans lâantichambre par le supĂ©rieur. Tous les subterfuges que jâai tentĂ©s mâont laissĂ© froid, lâun aprĂšs lâautre). Au contraire, je trouve plus Ă©mouvante cette scĂšne imaginĂ©e de loin par le jeu dâĂ©cho qui en provient, â plus Ă©mouvante aussi par le contraste entre ce que Georges se reprĂ©sente et cette âsĂ»retĂ©â de son lit, de son incognito (sâil est prĂ©sent, il doit craindre, avant tout, dâĂȘtre dĂ©couvert). [...] Trop brutal aussi que lâauteur assiste lui-mĂȘme au drame quâil a provoquĂ©, etc., etc. Mais il reste de vos suggestions que jâai beaucoup creusĂ© sa rĂ©flexion solitaire, et lâĂ©motion que vous regrettiez de voir perdue nâest ainsi que transposĂ©e. Au demeurant, je suis trĂšs content de mon travail, encore si considĂ©rable, et lâeffort me promet quâil sera rĂ©compensĂ© »⊠Paris 4 aoĂ»t, il redoute « quelque complication pour cet ouvrage quâattendent la France et lâAll. rĂ©unies »⊠Luchon 20 aoĂ»t : « JâĂ©crivaille un peu, â je taquine mon prochain sujet »⊠toulouse 10 septembre, aprĂšs le visa officiel : « Avec quelle joie saurai-je que les presses roulent enfin sur mon manuscrit ! Jusque-lĂ , je serai incapable de toute affabulation nouvelle ». Il interroge Vigneau sur la date de parution, le tirage, les livres de Montherlant⊠Barante 19 septembre, sur son sĂ©jour au chĂąteau de Barante, et ses dĂ©marches Ă Vichy pour sa rĂ©intĂ©gration. 9 octobre, il se rĂ©jouit de sa prochaine rĂ©intĂ©gration dans la diplomatie, et surtout dâavoir trouvĂ© son nouveau roman : « En toute vĂ©ritĂ©, je croyais avoir tout mis de moi dans Les AmitiĂ©s, et je suis satisfait de voir que jâaie encore tant Ă dire »⊠toulouse NoĂ«l, hĂ©sitations sur le choix du nouveau titre : Le DĂ©mon du matin ou une annĂ©e de collĂšge ou Les enfants des hommes⊠7 janvier 1943 : « Je suis heureux dâapprendre que le texte des AmitiĂ©s est enfin sur le chantier » ; il a des passages Ă revoir sur les Ă©preuves⊠18 janvier, sur lâavancement du roman Mademoiselle de Murville. 15 fĂ©vrier, expliquant quâil doit reprendre entiĂšrement
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son roman sur les Ă©preuves⊠3 mars, il faut adresser un jeu dâĂ©preuves Ă Montherlant qui va les revoir aussi les Ă©preuves ; il explique longuement sa volontĂ© irrĂ©vocable de changer le titre : « il nây aura pas, il ne peut y avoir dâAmitiĂ©s ParticuliĂšres » ; il propose Les enfants et les dieux⊠14 avril, rapportant le jugement de Montherlant sur Les AmitiĂ©s particuliĂšres⊠27 avril, il vient de terminer les corrections, sâinquiĂšte de la censure, puis parle de Montherlant et de son Port-royal⊠2 mai, sur la correction des Ă©preuves, dont il faut prĂ©voir une troisiĂšme sĂ©rie⊠Etc. Des lettres plus tardives sont Ă©crites de Naples en 1949 et de Taormina en 1950 et 1952. On jOint le double dâune lettre Jean Vigneau Ă Etienne Gril, de la SociĂ©tĂ© des gens de Lettres, 3 octobre 1942, le consultant sur la signature du contrat avec Peyrefitte, « Ă©crivain de grand talent et de grand avenir »âŠ
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205. POĂMES. 8 ManusCrits autographes signĂ©s (un non signĂ©), un tapuscrit signĂ© et une plaquette imprimĂ©e avec poĂšmes a.s. 150/200 Pierre benOit (tapuscrit signĂ© de 4 poĂšmes), Henri CHantavOine (cahier de 12 piĂšces, Le PoĂšme de la veillĂ©e) François COppĂ©e (2 poĂšmes : « Embarquons-nous. Je tâaime !... »), Paul GĂ©raldy (Ă©tĂ©), Jacques nOrMand (2 poĂšmes : La ronde des cheveux coupĂ©s, et remercĂźment Ă une dame inconnue), Jean raMeau (restitution), Ernest raynaud (Ode Ă taine), AndrĂ© rivOire (Sur la terrasse non signĂ©, plus 2 en tapuscrit), Ămile vitta (plaquette La Promenade Franciscaine, Messein 1926, avec 2 poĂšmes a.s. ajoutĂ©s). Plus qqs doc. joints.
206. Marcel PROUST (1871-1922). L.A.S. « Marcel », Jeudi soir [1er aoĂ»t 1907], Ă Reynaldo HaHn ; 8 pages in-8 (petit deuil). 8 000/10 000 trĂšs belle lettre Ă reynaldO HaHn, qui est COMMe un pOĂšMe en prOse syMbOliste autOur de la CrĂ©ature de sOnGe qui a inspirĂ© sOn esquisse CydaLise, Marie de reszkĂ©. [La jolie Ă©tude ou esquisse de Cydalise avait paru en avril 1892 dans Le Banquet, avant dâĂȘtre recueillie en 1896 Les Plaisirs et les Jours, premiĂšre des « Cires perdues » ; Proust y avait voulu faire le portrait de la comtesse de Mailly-Nesle, nĂ©e Marie de Goulaine (1856-1935), qui sâĂ©tait remariĂ©e en 1896 avec le tĂ©nor Jean de ReszkĂ©.] Il regrette un peu que Reynaldo ait montrĂ© Cydalise « Ă Cydalise. Elle ne pourra se reconnaĂźtre dans ce miroir oĂč ne sâest reflĂ©tĂ© quâun aspect [âŠ] peutâĂȘtre irrĂ©el et en tout cas si fragmentaire, si passager, si relatif Ă moi, â dâelle-mĂȘme, que je suis peutâĂȘtre le seul Ă pouvoir en le confrontant Ă un souvenir y trouver quelque vĂ©ritĂ©. Non, Madame de reszkĂ© pour moi, câest Viviane, la fĂ©erique apparition, au seuil de la ForĂȘt de BrocĂ©liande ou du Lac dâAmour, dont le visage adorable et les yeux de songe enchantent les lĂ©gendes de burne-jOnes. Figures qui paraissent trop conventionnelles dans lâart pour ĂȘtre âcruesâ par qui les regarde dans Burne-Jones ou dans Gustave MOreau, mais que la nature rĂ©alise une fois pour montrer quâune beautĂ© si âartistiqueâ peut ĂȘtre vraie. Ainsi Madame RezskĂ©, sans doute autrefois Sarah bernHardt. Dans une certaine mesure Me GreFFulHe. Mais seule Madame de ReszkĂ© est la crĂ©ature du songe, qui dĂ©passe infiniment la beautĂ© que nous nous sommes faite avec la Bretagne, mais qui doit ĂȘtre la vraie beautĂ© de Cornouailles, celle que ses poĂštes seuls ont vue, celle de Viviane encore une fois, celle dâiseult, dâIseult qui errait mĂ©lancolique et dĂ©daigneuse dâune destinĂ©e princiĂšre, jusquâau jour oĂč elle entendit la voix. de tristan. Je suis sĂ»r que câest cela la vraie beautĂ© de Bretagne et jâirai jusquâĂ Pontaven, jusquâau Helgoat voir si les lacs nây ont pas la couleur des yeux de Made de RezkĂ©. Naturellement toutes les personnes qui la connaissent et les faux gens dâesprit diront que ce nâest pas elle du tout, quâelle est gaie, parisienne, mondaine, quâelle sâennuierait dans la lande et la BrocĂ©liande et nâa rien dâune fleur dâajonc. Câest possible. Mais cela nâenlĂšve rien Ă la vĂ©ritĂ© de mon point de vue, que dâailleurs Madame de RezkĂ© trouverait peutâĂȘtre trĂšs faux. Que ses yeux, son visage, aient un mystĂšre quâelle ne connaisse pas elle-mĂȘme, cela nâempĂȘche pas que ce mystĂšre est ce quâun poĂšte doit sâefforcer de saisir et dâexprimer â et nullement de faire double emploi avec M. de Turenne ou M. Bourdeau pour lâidĂ©e quâils peuvent se faire dâelle, quâelle peutâĂȘtre se fait dâelle-mĂȘme. Cette idĂ©e-lĂ fĂ»t-elle vraie mâest indiffĂ©rente ». Et Proust cite deux vers de baudelaire sur les yeux, et ajoute : « PeutâĂȘtre les yeux seuls reflĂštent ces secrets mais du moins ils le rĂ©vĂšlent bien Ă qui sait y lire. Du reste tout ce que vous me dites de son chant, dâelle-mĂȘme, de ce quâhier vous appeliez âson gĂ©nieâ ne conspire-t-il pas avec ma rĂȘverie ? Et puisque nous nâavons pas de fausse modestie Ă faire entre nous, ne pourrons-nous pas ĂȘtre certains quâune idĂ©e partagĂ©e par nous deux a beaucoup de chances de contenir plus de vĂ©ritĂ© que toutes les idĂ©es rĂ©unies des personnes citĂ©es plus haut, quand on y ajouterait tous ceux que vous pouvez imaginer. Cydalise a Ă©tĂ© Ă©crit en revenant de chez la Pcesse MatHilde oĂč Me de ReszkĂ© (alors de M[aill]y Nesle) Ă©tait ce soir-lĂ en rouge et parlait Ă Porto-Riche »... Il Ă©voque malicieusement en post-scriptum le mariage, le matin mĂȘme, de Maria Ruspoli, « jeune fille de 19 ans », avec « Votre nom Monsieur, mais pas de pensĂ©e » [le duc AgĂ©nor de GraMOnt, ĂągĂ© de 55 ans, dont câĂ©tait le troisiĂšme mariage]... Correspondance, t. VII, p. 239-240.
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207. Marcel PROUST. L.A.S., « 44 rue Hamelin » [24 ? janvier 1920, Ă Henri vOnOven ? au Figaro] ; 4 pages in-8. 2 000/2 500 lettre inĂ©dite pOur Obtenir un artiCle dans Le Figaro. « Robert de Flers (Ă qui je vais Ă©crire pour le remercier) me dit que le plus simple serait que M. levaillant vienne Ă mon jour et Ă mon heure [âŠ] Voulez-vous donc avoir la bontĂ© de demander Ă M. Levaillant sâil voudrait bien venir dĂźner demain dimanche, soit aprĂšs demain lundi, auprĂšs de mon lit [âŠ] Je lui rendrai sa libertĂ© aussitĂŽt aprĂšs le dĂźner. Sâil aime mieux que je lui Ă©crive ce que je lui aurais dit de vive voix, il me semble que ce serait beaucoup plus simple, mais je serais, dans le cas oĂč M. Levaillant prĂ©fĂšrerait la 1re combinaison, bien heureux de serrer la main de ce noble et charmant poĂšte ». Il dit ses « sentiments admiratifs pour des chroniques que je nâai jamais oubliĂ©es et que ce fut un si grand regret pour moi de ne plus avoir Ă lire que je me souviens encore des reproches que je me permis de faire Ă CalMette quand vous futes nommĂ© secrĂ©taire de la RĂ©daction »...
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208. Marcel PROUST. L.A.S., 44 rue Hamelin [25 janvier 1920, Ă Maurice levaillant au Figaro] ; 10 pages et quart in-8 (1Ăšre page lĂ©g. salie). 5 000/6 000 belle et lOnGue lettre inĂ©dite, dOnnant des indiCatiOns en vue dâun artiCle sur lui dans Le Figaro, aprĂšs sOn prix GOnCOurt. « Monsieur et cher ConfrĂšre Puisque nous nâavons pas pu nous joindre (je mâĂ©tais permis de vous faire demander de me faire le plaisir de venir dĂźner dimanche et lundi dernier, mais vous nâĂ©tiez pas libre et depuis mon Ă©tat de santĂ© sâest trop aggravĂ© pour que je puisse vous donner rendez-vous) je vais vous donner q.q. prĂ©cisions sur le plaisir que (Ă ce que mâa dit Monsieur de Flers) vous voulez bien me faire. Jâai eu derniĂšrement le prix Goncourt. Pour des raisons qui nâont rien Ă voir avec la littĂ©rature, la presse quotidienne a mal accueilli ce prix, voulu cependant avec tant dâardeur par des hommes comme Monsieur ĂlĂ©mir bOurGes que je nâai jamais vus, que je ne connaĂźtrai naturellement jamais. Mais les revues ont au contraire opĂ©rĂ© une sorte de ârĂ©tablissementâ en ma faveur. Inutile de rappeler la mauvaise humeur des journaux. Mais M. de Flers mâa dit que vous voudriez bien, dans votre prochain âA travers les Revuesâ et dans le suivant (auquel jâattache plus dâimportance encore, je vais vous dire pourquoi), donner q.q. extraits des articles Ă©logieux qui mâont Ă©tĂ© consacrĂ©s et faire ainsi contrepoids Ă toute une campagne de journaux qui se sont imaginĂ©s que jâavais plus de 50 ans, que je roulais sur les millions (!), que jâĂ©tais antidreyfusard, alors que jâai Ă©tĂ© un dreyfusard de la 1Ăšre minute promoteur et signataire de toutes les listes etc, et qui ont trouvĂ© plus commode de me juger sur toutes ces contre-vĂ©ritĂ©s, que de me lire ». Il suggĂšre de « prendre prĂ©texte dâun article sur Flaubert » (dans la Nouvelle revue Française du 1er janvier 1920) et dâen citer quelques phrases, ainsi que divers articles qui lui ont Ă©tĂ© consacrĂ©s, notamment par Jacques bOulenGer et Fernand vandĂ©reM, Francis de MiOMandre, LĂ©on daudet et Alain Mellet dans lâAction Française, rOsny aĂźnĂ©, Paul sOuday, Henriette CHarassOn... « Je vous conseille (si vous me permettez un conseil) de vous contenter pour tous ces articles dâune phrase ou deux seulement, sauf peut-ĂȘtre pour Jacques Boulenger. Pour GiraudOux il suffit de dire que lâarticle est intitulĂ© du cĂŽtĂ© de chez Marcel Proust et que je suis le littĂ©rateur quâil prĂ©conise. Non que son article ne soit ravissant. Mais les coupures y seraient trop difficiles Ă faire ». Il signale enfin dans la Nouvelle revue Française « un article trĂšs court de Jacques riviĂšre sur le Prix Goncourt », qui doit, dans le n° de fĂ©vrier non encore paru, « commencer une longue Ă©tude sur moi. Câest justement cette Ă©tude dont je vous demanderai de donner de larges extraits dans votre A travers les Revues suivant, ainsi que dâun article de moi sur Venise qui paraĂźtra dans Feuillets dâart »⊠Il prĂ©sente ses excuses pour son insistance. « Mon moi est particuliĂšrement haĂŻssable qui vous demande de ne parler que de lui, et souligne dans les articles ce qui est Ă sa louange. (Au reste toutes rĂ©flexions faites, ne vaut-il pas mieux que je ne souligne rien et que vous dĂ©tachiez ce qui vous paraĂźt le mieux ?) Mon excuse est que je reçois depuis un mois cinquante âcoupuresâ dâinjures par jour, et qui sont, tout de mĂȘme, plus Ă©loignĂ©es de la vĂ©ritĂ©, me dotant dâune perruque etc. Jâai dâautres excuses encore, mais je nâai rien mangĂ© depuis huit jours ni dormi, jâai 39 degrĂ©s Âœ de fiĂšvre, et je sens que ce que je vous ai Ă©crit est dĂ©jĂ si amorphe et si ennuyeux pour vous, que je nâose pas, dans un Ă©tat pareil, prolonger cette lettre. Je vais
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me procurer mes livres pour vous en faire hommage, cela demandera peut-ĂȘtre q.q. jours car on est occupĂ© ici Ă me soigner »⊠Il ajoute que, dans les articles que lui ont consacrĂ©s Abel HerMant et son « cher ami » Robert dreyFus dans Le Figaro, « il y aurait de bien jolies phrases Ă cueillir ; mais je suppose quâun journal ne peut se citer lui-mĂȘme, autrement que par voie dâallusion ». On jOint un tĂ©lĂ©gramme de Proust Ă Maurice Levaillant, [25.I.1920] : « Mon cher confrĂšre jâai laissĂ© pour vous un paquet et une lettre au Figaro si vous ne pouvez pas y passer en temps utile pour votre article tĂ©lĂ©graphiez-moi et je vous les ferai porter Ă Montmorency »âŠ
209. Marcel PROUST. L.A.S., Lundi [9 fĂ©vrier 1920], Ă Maurice levaillant au Figaro ; 7 pages in-8, enveloppe. 4 000/5 000 belle lettre inĂ©dite, aprĂšs lâarticle de Maurice Levaillant dans Le Figaro du 8 fĂ©vrier, « Les Petites PolĂ©miques. Du cĂŽtĂ© de chez les Goncourt ». Il remercie son « cher ConfrĂšre » de sa charmante lettre, et aurait voulu le remercier de vive voix. Il a fait tĂ©lĂ©phoner au Figaro pour lui demander de venir dĂźner. « Mais vous nây Ă©tiez pas. Je me suis levĂ© aprĂšs le dĂźner et je suis allĂ© au Figaro trĂšs tard (pour la 1Ăšre fois depuis la mort de CalMette !). Mais vous nây Ă©tiez pas et on mâa dit que vous ne veniez jamais Ă ces heures là ». Il nâa pas voulu dĂ©ranger Henri vOnOven qui Ă©tait « Ă sa âmise en pageâ ; et comme je nâavais rien Ă lui dire et que je lui aurais seulement exprimĂ© le plaisir de le retrouver aprĂšs si longtemps jâai trouvĂ© plus gentil de ne pas le dĂ©ranger ». Il remercie Levaillant de son article Du cĂŽtĂ© de chez les Goncourtâ : « jâai cru comprendre que vous aviez bien voulu prendre de la peine, non seulement pour le faire, mais pour le âfaire paraĂźtreâ. Jây ai de plus trouvĂ© de trĂšs jolies choses. Mais malgrĂ© cela laissez-moi vous dire que jâai Ă©tĂ© un peu dĂ©sappointĂ©. [âŠ] il semble ne pas mâĂȘtre favorable. Je vous expliquerai de vive voix pourquoi. Nous nâen sortirions pas si nous entrions par correspondance dans cette discussion. Dâailleurs je ne peux que vous remercier puisque me donnant, malgrĂ© vous, moins que je ne souhaitais, vous mâavez donnĂ© beaucoup plus, un vĂ©ritable article construit et plein de talent, alors que je pensais seulement Ă un âA travers les Revuesâ. Seulement Ă cela je pense beaucoup ». Il regrette que Levaillant nâait citĂ© aucun des articles quâil lui avait envoyĂ©s, « ni le mien sur Flaubert. Nous nây pouvons plus rien. Mais je voudrais (puisque vous comptez parler de lâarticle de Jacques riviĂšre, et du mien sur Venise), bien dĂ©cider avec vous la maniĂšre pratique de ne pas Ă©chouer cette fois comme la 1Ăšre. Le second Ă©chec serait dâailleurs plus grave pour moi que le 1er, puisque Ă votre 1er A travers les Revues vous avez substituĂ© un article, ce qui, en somme, est la mariĂ©e trop belle du dicton, tandis que si le second A travers les revues ne paraissait pas, vous ne pourriez plus recommencer un nouvel article pour en donner un Ă©quivalent plus prestigieux ». Il tient beaucoup Ă ce que le Figaro « donne des extraits de lâarticle de RiviĂšre » (retardĂ© par une grĂšve dâimprimeurs) et de son propre article sur Venise dans Feuillets dâart, et demande Ă qui il doit sâadresser pour cela, et comment : « Rien quâen me disant ce que je dois demander et Ă qui je dois le demander vous me serez fort utile »âŠ
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210. Marcel PROUST. L.A.S., Dimanche [21 et 25 fĂ©vrier 1920], Ă Maurice levaillant au Figaro ; 8 pages in-8, enveloppe. 8 000/10 000 iMpOrtante lettre inĂ©dite sur la suite de sOn Ćuvre, sodome et gomorrhe, lâHOMOsexualitĂ© et la MOrale. Il a fait tĂ©lĂ©phoner en vain « toutes les heures » au Figaro pour tenter de joindre son « cher ConfrĂšre » : « Le but du tĂ©lĂ©phonage Ă©tait de vous demander de venir dĂźner avec Gide et Polignac. Je regrette cette âpartie remiseâ, pour des raisons tout intĂ©ressĂ©es. La premiĂšre Ă©tait dâavoir enfin le plaisir de vous connaĂźtre ce que rend si difficile, non mes âmaniesâ, mais un Ă©tat de santĂ© qui va sâaggravant ; la seconde de vous dissuader de consacrer une chronique plutĂŽt quâun âA travers les Revuesâ aux articles que je vais vous envoyer. La troisiĂšme Ă©tait que plein de remords dâĂȘtre la cause involontaire que vous ayez respirĂ© lâatmosphĂšre mĂ©phitique dâune basse correspondance, il me semblait quâau contact de tel ou tel de mes amis vous seriez transportĂ© Ă une altitude plus rapprochĂ©e de la vĂŽtre, et de laquelle les mĂ©disances dont vous me parlez nâauraient mĂȘme plus Ă©tĂ© perceptibles ». Il a dĂ» interrompre sa lettre, et la reprend aprĂšs « quatre jours de trop grande souffrance physique [âŠ] Je dois vous dire (mais ceci, entre nous deux nâest-ce pas, je tiens absolument Ă ne pas avoir lâair de mâexcuser dâavance, et je ne veux pas que le plus lĂ©ger renseignement transpire sur les ouvrages Ă paraĂźtre) que vos correspondants se trompent en croyant que je suis dans Sodome et Gomorrhe lâapologiste de la âsodomie et du tribadismeâ. Ă mon grand regret, car jâaurais voulu ĂȘtre impartial, peindre sans juger, je me trouve forcĂ© par la logique de mes personnages, dâen sembler le dĂ©tracteur. Encore une fois, ce nâĂ©tait pas mon dĂ©sir. Mais je vous expliquerai de vive voix comment, menĂ© par les caractĂšres dĂ©crits, jâai donnĂ© une impression de flĂ©chir, de flĂ©chir progressivement et de plus en plus, qui me contrarie autant que de donner lâimpression contraire. Je ne suis pas plus pour lâart moralisateur que pour lâart immoral (ce qui ne veut pas dire non plus, je suis un partisan de lâArt pour lâArt ; je suis si vous voulez partisan de lâArt seul moyen de rĂ©aliser la VĂ©ritĂ©). Du reste soyons tranquilles : vos correspondants seront choquĂ©s tout de mĂȘme, car si ma peinture est hĂ©las tendancieuse (contre les modĂšles) elle nâen est pas moins dâune cruditĂ© qui suffira Ă choquer. [âŠ] Je pense que lâAcadĂ©mie Goncourt, la Nelle Revue Fçaise ont dĂ» recevoir des torrents de lettres de ce genre mais comme ils ne mâen ont pas parlĂ©, je nâai pu demander de qui elles Ă©taient. En tous cas je vous en prie pas dâallusions ni privĂ©e ni encore moins imprimĂ©e, Ă Sodome et Gomorrhe ».
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Puis il Ă©voque les fonctions de professeur de Levaillant : « je vous trouve injuste pour elles en disant âprimum vivereâ. Car il me semble que rien ne peut ĂȘtre plus intĂ©ressant, jâai toujours rĂȘvĂ© autrefois dâĂȘtre professeur. Mais si le âprimum vivereâ joue un rĂŽle, pourquoi ne pas me permettre (sans en mĂ©connaĂźtre pour cela le caractĂšre trĂšs Ă©levĂ© et diminuer en quoi que ce soit ma reconnaissance) de rĂ©tribuer la publicitĂ© que vous me faites. Ce serait une joie pour moi de tendre la main Ă un confrĂšre aussi sympathique. Et je ne vois ce quâil y a lĂ dedans de plus choquant pour vous, que dâĂȘtre rĂ©tribuĂ© par le journal lui-mĂȘme. Je vous le dis en toute simplicitĂ©. Comme quelquâun qui ne connaĂźt nullement les habitudes de la presse. Mais si je mâen rapporte Ă mon sentiment personnel et cordialement proposĂ© comme je le fais, rien ne me semble plus naturel. Je suis un confrĂšre, je ne dis pas un banquier ou un homme politique, il sâagit dâaider Ă lâapprĂ©ciation plus juste dâune Ćuvre dâart. Je vous laisse juge »... On jOint 3 tĂ©lĂ©grammes de Proust Ă Levaillant : [20.II ? 1920], il ne peut le voir mercredi mais « je vous Ă©crirai ce que je souhaite »⊠; [25.II.1920], il lui fait dĂ©poser au Figaro des articles, dont celui de RiviĂšre et le n° de Feuillets dâart ; [1.III.1920], le remerciant de son « bien joli » article [29 fĂ©vrier, « Quelques revues. Lectures françaises »] : « je suis tout Ă fait de votre avis sur les romantiques et les classiques. Le romantisme vous a dâailleurs fourni une passerelle charmante un rialto entre les deux parties si bien Ă©quilibrĂ©es »⊠Plus une lettre du Dr F. Vallon (Vincennes 8 fĂ©vrier 1920) Ă Levaillant, lui reprochant de faire lâĂ©loge « du futur auteur de Sodome et Gomorrhe », apologiste des « vices contre nature », et critiquant vivement les volumes dĂ©jĂ parus.
211. Pascal QUIGNARD (nĂ© 1948). L.A.S., Paris 17 octobre [1975] ; 2 pages in-8 (petite fente rĂ©parĂ©e). 100/120 ChargĂ© de cours durant deux ans Ă Vincennes, il a tout quittĂ© pour un poste de lecteur Ă plein temps chez un Ă©diteur ; mais ce travail le déçoit, et il regrette lâenseignement. Il rappelle ses traductions dâĆuvres grecques et ses quelques essais publiĂ©s chez divers Ă©diteurs ; « mais je me demande si je ne pourrai pas faire valoir mon Ă©dition des Ćuvres complĂštes de Maurice ScĂšve & lâessai que, sĂ©parĂ©ment, jâai consacrĂ© Ă cette Ćuvre â afin peut-ĂȘtre dâobtenir un poste dâassistant & poursuivre alors dâautres travaux sur le XVIe siĂšcle ? »⊠On jOint quelques documents divers.
212. Charles-Ferdinand RAMUZ (1878-1947). L.A.S., Paris 27 mars 1913, Ă Mme Ădouard rOd ; 2 pages in-8 Ă son adresse 24, rue Boissonade. 200/250 Il la remercie de son aimable pensĂ©e et de ses nouvelles. Il avait appris quâelle avait dĂ©mĂ©nagĂ©, sans parvenir Ă retrouver sa nouvelle adresse : « Je vois que vous ĂȘtes restĂ©e fidĂšle Ă ce joli quartier de Passy », et il ira sonner Ă sa porte un dimanche, « dĂšs que lâinstallation toujours compliquĂ©e dâun mĂ©nage me laissera plus de loisir »âŠ
213. [Marcel RAY (1878-1951) Ă©crivain et diplomate, ami de Valery Larbaud]. Ensemble de 5 livres Ă lui dĂ©dicacĂ©s (brochĂ©s, un peu dĂ©fraĂźchis). 200/250 LĂ©on-Paul FarGue, PoĂšmes (Ăditions de la Nouvelle Revue Française, 1912, sur Japon). â Lucien Febvre, Autour de lâHeptamĂ©ron, amour sacrĂ©, amour profane (Gallimard, 1944). â Adrienne MOnnier, La Figure (La Maison des Amis des Livres, 1923). â Philippe sOupault, Le Bon ApĂŽtre (Ăditions du Sagittaire, S. Kra, 1923) ; Le Bar de lâAmour (Ămile-Paul frĂšres, 1925, Les Cahiers du Mois 11). On jOint une L.S. dâadieu des membres de lâAlliance française au Siam Ă lâambassadeur Marcel Ray (reliĂ©e Ă son nom, avec sa photo jointe) ; le n° du 1er aoĂ»t 1911 de La Nouvelle revue Française avec article de M. Ray sur La MĂšre et lâEnfant de Charles-Louis Philippe.
214. [Juliette RĂCAMIER (1777-1849) lâamie de Chateaubriand]. 3 L.A.S., Ă elle adressĂ©es ou Ă elle relatives, 1804-1844. 400/500 Jean-Nicolas bOuilly (Ă Kotzebue, 25 avril 1804, lâassurant quâil peut se vanter dâĂȘtre toujours dans le cĆur de Mme RĂ©camier, « car la belle passe pour ĂȘtre la plus jolie indiffĂ©rente de Paris »). Henri de laCretelle (belle l. Ă Mme RĂ©camier, [1844], dĂ©sirant venir lire lâĂ©pĂźtre quâil a consacrĂ©e Ă son « illustre ami » Chateaubriand, Ă un petit auditoire : Ballanche, le duc et la duchesse de Noailles, Mme Gay, Ămile de Girardin, Custine, etc.). Jacques rĂ©CaMier (Ă Mlle Juliette Monnet, 15 novembre 1822, exprimant son plaisir, et celui de sa femme, de leur sĂ©jour Ă Chantilly).
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215. Henri de RĂGNIER (1864-1936). ManusCrit autographe signĂ©, La Comtesse de Noailles, [1933] ; 5 pages in-4 (en partie dĂ©coupĂ©es pour impression, marques dâimprimeur). 300/400 bel HOMMaGe Ă anna de nOailles, « une Reine du Verbe », morte le 30 avril, paru Ă la une du Figaro du 5 mai 1933 sous le titre « La Voix qui sâest tue » (coupure jointe). RĂ©gnier parle de la jeune Anna de Brancovan, sensible Ă la nature, appelĂ©e par la Muse Ă crĂ©er « un chant nouveau dâune irrĂ©sistible allĂ©gresse lyrique », qui dâannĂ©e en annĂ©e « sâĂ©levait plus ample, plus grave, plus pathĂ©tique [âŠ] Ces chants, lumineux et ardent poĂšme de la vie en ses orgueils et ses joies Ă©taient aussi le poĂšme de ses dĂ©sespĂ©rances, de ses dĂ©tresses et de ses deuils. Les vivants et les morts y mĂȘlaient leurs voix auxquelles une voix inspirĂ©e prĂȘtait ses accents. Puis lâinstant vint oĂč la voix merveilleuse se fit plus intime et plus intĂ©rieure »⊠Il Ă©voque son goĂ»t de vivre en dehors de la Tour dâIvoire, dans son temps, pleinement Française de cĆur et dâesprit. « Quâelle ne soit plus, cette merveilleuse vivante, la rend plus tendrement, plus intimement prĂ©sente Ă notre admiration Ă©merveillĂ©e ! [âŠ] Il me semble encore entendre sa parole Ă©loquente en ses vĂ©hĂ©mences gĂ©nĂ©reuses, en ses enthousiasmes spontanĂ©s, en ses dĂ©licieuses injustices, en ses loyaux partis pris qui avaient toujours pour raison la dĂ©fense ou lâexaltation de la PoĂ©sie et de la BeautĂ© »âŠ
216. Henri de RĂGNIER. 3 ManusCrits autographes signĂ©s ; 10 pages et demie in-4. 300/400 pOĂšMe, LâApostrophe dâAdraste Ă EroxĂšne, 4 quatrains en rimes alternĂ©es : « Vous avez pris mon cĆur, vous avez pris ma vie ; Mes matins et mes jours et mes soirs sont Ă vous, Et vous faites ma joie ou ma mĂ©lancolie Selon que vos beaux yeux sont sĂ©vĂšres ou doux »⊠Ba-ta-clan. Souvenirs dâenfance, provoquĂ©s par la nouvelle dâun incendie au Bataclan, dont le nom seul suggĂ©rait jadis « un monde inconnu auquel je prĂȘtais je ne sais quoi de merveilleux et dâun peu effrayant »⊠Il dit sa dĂ©ception Ă la vue du bĂątiment modernisĂ© ; et dâĂ©voquer avec nostalgie quelques personnages pittoresques qui peuplaient alors ces lieux⊠PĂąques nomades. « Le voyage de Rome est un Ă©vĂ©nement dans la vie dâun Ă©crivain. Chacun sâen est formĂ© dans lâesprit une image quâil souhaite de confronter avec la rĂ©alitĂ©. Que ce soit la Rome antique ou la Rome papale, la Rome du Forum ou la Rome du Vatican, Rome exerce sur quiconque un merveilleux et puissant prestige »⊠Sa premiĂšre impression, il y a trente ans, fut confuse, mais il en Ă©numĂšre les beautĂ©s, insistant sur la bonhomie et la gentillesse dâautrefois, sans rapport avec la Rome dâaujourdâhui, « orgueilleuse et hautaine » : mĂȘme les vocifĂ©rations dâun cocher contre la pluie « ne seraient sans doute pas tolĂ©rĂ©es dans la stricte Rome mussolinienne »âŠ
217. Marie de RĂGNIER, dite GĂ©rarD DâHouviLLe (1875-1963). 4 ManusCrits autographes signĂ©s, [1933] ; 23 pages in-fol avec quelques ratures et corrections. 400/500 CHrOniques pOur Le Figaro. Cris dâhirondelles, hommage Ă lâaugure ailĂ© du printemps, Ă©voquant un souvenir dâenfance, faisant rĂ©fĂ©rence Ă un incident qui bouleversa le jeune Gabriele dâAnnunzio, citant des strophes de ThĂ©ophile Gautier, et terminant par une invocation aux hirondelles elles-mĂȘmes : « hirondelles, tournez, criez, transpercez les longs nuages roses et les pluies irisĂ©es ou la certitude illusoire dâun jour lumineux », etc. (coupure jointe du Figaro, 15 mai 1933). Chronique des thĂ©Ăątres de Paris, sur des nouveautĂ©s (dĂ©but mai 1933) : La Maison des confidences dâHenri Duvernois (Grand Guignol), Le Locataire du troisiĂšme sur la cour de JĂ©rĂŽme K. JĂ©rĂŽme (ThĂ©Ăątre des Arts), Yvette et les enfants de Madeleine Jacques de Zogheb (Studio des Champs-ĂlysĂ©es) et Ma sĆur de luxe dâAndrĂ© Birabeau (ThĂ©Ăątre de Paris). Chronique des thĂ©Ăątres de Paris, consacrĂ©e aux danses « de la plus Ă©trange beautĂ© » de Djemil Anik, prĂ©sentĂ©es au ThĂ©Ăątre de lâAtelier, et Ă une soirĂ©e de comĂ©dies au Studio 27, de Birabeau, Duvernois, et plus particuliĂšrement la baronne de Brimont, dont Province, piĂšce inĂ©dite, est jugĂ©e « du talent le plus fin et fort ironiquement douloureux »⊠à propos dâorgandi, Ă lâoccasion de lâexposition Le DĂ©cor de la vie sous la iiie rĂ©publique au MusĂ©e des Arts dĂ©coratifs (avril 1933) : « La mode est une sorte de diablerie, une illusion, qui fait trouver charmantes, pour un moment trĂšs bref, certaines formes, certaines couleurs certaines coiffures, et horribles les mĂȘmes affiquets dĂšs quâils sont relĂ©guĂ©s en de vieilles armoires »âŠ
218. Ădouard ROD (1857-1910). ManusCrit autographe de 20 pOĂšMes, 1889-1903 ; cahier petit in-4 Ă couverture cartonnĂ©e et dos toilĂ©, 31 feuillets Ă©crits au recto (mal paginĂ©s, plus ff. vierges). 1 000/1 500 CaHier de 20 pOĂšMes, en Grande partie inĂ©dit. [Firmin Roz, en rĂ©vĂ©lant le poĂšme Passante, Ă©crit : « si le charme de ses romans laisse parfois deviner un poĂšte, [âŠ] Ădouard Rod nâa pas publiĂ© de vers ; il en a Ă©crit de charmants » (F. Roz, Ă©douard rod, Sansot 1906) ; cependant, quatre poĂšmes portent au crayon la mention « publiĂ© ».] Ce cahier comprend 20 poĂšmes ; les premiers ont Ă©tĂ© recopiĂ©s avec soin par Rod Ă lâencre violette vers 1900, avec la date de composition, certains avec quelques corrections ; puis, Ă partir de 1903, Rod semble avoir utilisĂ© le cahier comme un manuscrit de travail de ses poĂšmes, certains Ă©tant trĂšs corrigĂ©s. Spleen, 1889 (?), 4 quatrains : « LâEnnemi cruel, lâEnnemi mortel, le cher Ennemi »⊠; Flirt sentimental, 1889 (?), 5 quatrains : « O
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main qui ne sera jamais mienne, / Beaux yeux que je ne baiserai pas »⊠; romance vieillote, 1890 (?), 6 sizains : « Le temps est passé⊠/ Mon cĆur est blesĂ© »⊠; Lied, 1890 (?), 2 quatrains : « Mon cĆur est un oiseau chanteur »⊠; Fleurs alpestres, 1891, 5 quatrains : « OĂč donc est le temps, oĂč donc sont les jours »⊠; BĂ©nĂ©diction, 1891, 3 quatrains : « Soyez bĂ©nis, ĂŽ vous, vouq ui mâavez souri ! »⊠; Vision, 1890 (?), 5 quatrains : « Jâinvoque Amour. Il vient dans un songe »⊠; AprĂšs une visite au sanctuaire delle Carceri, « Assise, septembre 1891 », 6 tercets et un monostique : « CĆur affamĂ© dâamour, cĆur altĂ©rĂ© de foi »⊠; Bernardino Luini, « Milan, septembre 1891 », 3 quatrains : « Ă peintre divin de la femme »⊠; Fatalisme, novembre 1900, 3 quintils : « Nous portons notre destinĂ©e / Dans les lignes de notre main »⊠; Si le bonheur est quelque partâŠ, 36 vers : « Si le bonheur est quelque part, vois-tu, chĂšre Ăąme »⊠; A Monsieur Ă©douard tavan, pour le remercier de la âCoupe dâonyxâ, « Paris 2 janvier 1903 », 7 quatrains avec corrections : « Heureux qui lentement polit ses vers ! heureux »⊠; Caprice (Ă©pigraphe en italien de Fogazzaro), 4 sizains : « Jâai fait le choix dâun sommet »⊠; Maggiolata, 4 quatrains : « Le parfum des violettes / SâĂ©panouit dans les prĂ©s »⊠; Nocturne, 3 quatrains : « Tais-toi, jâentends frĂ©mir les musiques sacrĂ©es »⊠; Le 10 juin 1903 [assassinat du roi et de la reine de Serbie], 9 quatrains : « Adieu, Reine tombĂ©e en un destin dâAtrides ! »⊠; Ă Mozart (ff. 31 Ă 33 dĂ©tachĂ©s, avec dactyl. et Ă©preuve), 10 quatrains : « Si jamais enchanteur eut un pouvoir dâOrphĂ©e »⊠; Passante, 4 quatrains avec corrections : « Ce cĆur est un temple en ruine »⊠; CamĂ©lias, un quatrain trĂšs corrigĂ© : « Jâaime, plus que les fleurs au parfum indiscret »⊠; Les marronniers, 2 quatrains : « Sous lâombrage frais des marronniers verts »âŠ
219. Ădouard ROD. 2 ManusCrits autographes signĂ©s du poĂšme Don Juan ; chacune sur 2 pages in-4. 200/250 Deux versions de ce poĂšme composĂ© de deux sonnets, avec ratures et corrections, sur papier vergĂ© et filigranĂ© ; une note indique quâil doit ĂȘtre classĂ© « dans la sĂ©rie les Amants » : « Si ton Ăąme orageuse et prompte Ă la dĂ©tresse Don Juan, savait aimer assez Ă©perdument Lâamour, tu nâirais pas de maĂźtresse en maĂźtresse Chercher Ă ton dĂ©sir un vain apaisement »âŠ. On jOint le manuscrit autographe du poĂšme La Ballade du Cavalier (3 pages in-8 Ă lâencre violette, plus une page abimĂ©e de brouillon), manuscrit de travail restĂ© inachevĂ©, environ 15 quatrains : « Vous qui passez, beau sire Lance au poing, heaume au front Voulez-vous pas me dire De grĂące, votre nom ? »âŠ
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220. Ădouard ROD. 14 L.A.S., 1905-1906, Ă sa FeMMe valentine ; environ 35 pages principalement in-8 et 3 cartes postales avec adresse, 5 enveloppes. 1 000/1 200 intĂ©ressante COrrespOndanCe Ă sa FeMMe « vally » pendant ses vOyaGes en italie. rome 11 janvier 1905. Il parle de son vieux projet sur Laurent de MĂ©dicis, de sa rencontre au Vatican avec le Cardinal Merry del val, « qui mâa fait une impression extrĂȘmement sympathique. Il est beau, fin, Ă©lĂ©gant, parle le français Ă la perfection ». Il espĂšre ĂȘtre reçu par le Pape⊠18 janvier. Il se rend Ă un banquet organisĂ© en son honneur par La Nueva Antologia ; il renonce Ă la Sicile, « inutile de prolonger », mais il constate que lâItalie lui fait du bien : « si lâon peut ĂȘtre heureux quelque part, cela doit ĂȘtre en Italie et ne peut ĂȘtre que là ». Quant Ă la politique française, il lit Ă peine les journaux, juste assez pour comprendre que ce cabinet est mort : « aussi longtemps quâil ne sera pas tout Ă fait enterrĂ©, je craindrai de le voir renaitre de ses cendres »⊠Pistoia 7 mars. Le temps est maussade et il commence Ă se lasser du voyage : « la curiositĂ© sâeffrite ». Il raconte les somptueux palais de Bologne, « mais la ville est froide ». Il a assistĂ© Ă une leçon de Caverni, grand spĂ©cialiste de Dante, trĂšs vieux, qui peine Ă trouver ses mots et ses idĂ©es. Il pense rentrer Ă Florence oĂč il retrouvera son ami le poĂšte FOGazzarO⊠Novembre 1905-janvier 1906 : nouveau sĂ©jour en Italie, de Turin Ă la Sicile, en compagnie de sa fille Marie. Vicence 3 dĂ©cembre 1905. AprĂšs un charmant sĂ©jour chez le poĂšte FOGazzarO, oĂč ils ont pu se reposer aprĂšs le tourbillon de Turin, ils sâapprĂȘtent Ă partir pour Padoue, Ferrare et Ravenne. Il gronde un peu son fils, qui ne lui Ă©crit pas⊠Florence 9 dĂ©cembre. « Nous voici dans la ville des fleurs et des souvenirs ». Il admire les paysages toscans, mais prĂ©fĂšre la campagne romaine. « Le matin appartient au travail ; je tĂąche de faire un article, et câest bien difficile quand on a le ciel de lâItalie au-dessus de soi ». Il parle de ses enfants⊠rome 21 dĂ©cembre. Visite au Vatican avec sOderini, oĂč il rencontre Ă nouveau le Cal Merry del val. Il part demain pour la Sicile⊠Catane 27 dĂ©cembre. Il est chez Giovanni verGa, jusquâau 29. Ils quitteront Palerme le 4 ou le 5 pour rejoindre Rome. « Marie jouit extrĂȘmement de son voyage, moi aussi ». Il commence pourtant Ă avoir un peu envie de rentrer et « maugrĂ©e contre les quatre confĂ©rences que jâai encore Ă faire en Suisse ». Ils ont visitĂ© Taormina, « câest magnifique »⊠Palerme 30 dĂ©cembre. Visite de Palerme, sous la pluie, et de Monreale avec le Prince et la Princesse de trabia, qui les ont conduits en automobile et les ont invitĂ©s Ă rĂ©veillonner le lendemain ⊠rome 6 janvier 1906. Il profite du mauvais temps pour avancer sa correspondance et corriger ses Ă©preuves. Il annonce la maladie de Nancy vuille, qui semble sâaggraver ; elle devra sans doute subir une seconde opĂ©ration. Il a Ă©tĂ© trĂšs bien reçu Ă Turin et a retrouvĂ© des amis Ă Rome... Etc. Avril 1906 : dĂ©primĂ© aprĂšs le dĂ©cĂšs de son amie Nancy Vuille, Rod entreprend un nouveau et bref sĂ©jour dans le Nord de lâItalie. [Milan 21 avril]. Il part pour Ravenne ; sa famille lui manque : « jâai plus besoin dâaffection que de paysages »⊠ravenne 23 avril. Il sâinquiĂšte pour la santĂ© de son fils Francis. Il ne sait ce quâil va faire : rentrer Ă Paris, ou bien aller Ă Salsomaggiore. « Cette ville est ce quâon peut trouver de mieux dans un Ă©tat comme le mien. Et le travail de bibliothĂšque est celui qui me convient le mieux »⊠26-27 avril. Il attend de leurs nouvelles, inquiet pour Francis. Hier il avait dĂ©cidĂ© dâaller Ă Rome, aujourdâhui il dĂ©cide de rentrer Ă Paris⊠28 avril. RassurĂ© sur leur compte, il va accompagner breWster Ă Salsomaggiore⊠On jOint 1 L.A.S. Ă son fils Francis, Rome 25 janvier 1905, dans laquelle il lui annonce son retour Ă Paris ; 2 L.A.S. de sa fille Marie Ă sa mĂšre et Ă son frĂšre Francis (Rome 18 dĂ©cembre et Palerme 31 dĂ©cembre1905).
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221. [Ădouard ROD]. 68 L.A.S. de sa FeMMe valentine (« Vally »), 1891-1909, Ă Ădouard rOd ; plus de 160 pages in-8 ou in-12 et 27 cartes postales. 600/800 belle COrrespOndanCe de sOn Ă©pOuse, qui signe le plus souvent « Ta Valy », la plupart Ă©crites lOrs des FrĂ©quents vOyaGes de rOd en suisse et en italie (Lausanne, GenĂšve Rome, Sicile : 1903-1904, 1905, 1906, 1907). [6-14 mars 1903]. 4 trĂšs intĂ©ressantes lettres Ă propos de la vente zOla [HĂŽtel Drouot 9-13 mars 1903] : « Les tableaux de CĂ©zanne se sont vendus fort chers » ; « Fasquelle a achetĂ© les poupĂ©es italiennes » ; Mme zOla se dit mĂ©contente du rĂ©sultat de la vente, etc. Nouvelles de la famille et de la santĂ© des enfants Francis et Marie⊠Elle raconte sa vie Ă Paris, ses sorties au thĂ©Ăątre ou au concert, ses nombreuses visites mondaines, celles des amis et des connaissances mondaines et littĂ©raires⊠Allusion dans une lettre Ă lâAffaire dreyFus dont elle dĂ©plore lâagitation et les tĂ©moignages de piCquart⊠Elle sâoccupe des retours et renvois dâĂ©preuves, du suivi de sa correspondance ; elle va prendre les eaux Ă Vichy ; part en vacances en famille (Ă MĂącon) alors que Rod reste Ă Paris⊠Janvier 1906 : 8 lettres Ă Rod qui, de retour dâItalie, est allĂ© au chevet de Nancy vuille Ă GenĂšve : agonie, puis dĂ©cĂšs de Nancy, avec de grandes dĂ©monstrations dâaffection de Valy et Marie⊠Elle se rĂ©jouit quâil soit de retour Ă temps pour les Ă©lections prĂ©sidentielles⊠PrĂ©paratifs dâune grande soirĂ©e dansante (11 fĂ©vrier 1907)⊠Ămouvante lettre Ă Rod qui se trouve au chevet de son ami breWster (13 juin 1908)... Etc. On jOint un ensemble familial de 38 L.A.S. de Marie et Francis Ă leurs parents, 1903-1908 (certaines autour de la maladie et du dĂ©cĂšs de Nancy vuille, qui Ă©tait la marraine de Francis) ; 7 L.A.S de son beau-frĂšre et 2 de son cousin Ă lui adressĂ©es ; et 1 L.A.S. du pĂšre de Rod (1890).
222. Ădouard ROD. 17 Minutes autographes, janvier-dĂ©cembre 1907, Ă divers correspondants ; 18 pages la plupart in-4. 400/500 brOuillOns de lettres : Ă Pierre de COubertin, Ernest tissOt (rĂ©ponse Ă une enquĂȘte), Remy de GOurMOnt (remerciant pour CĆur virginal), AgĂ©nor bOissier, Maxime FOrMOnt, M. perrOy « administrateur de la revue hebdomadaire », Robert GanGnat, etc. Ă propos de la premiĂšre de LâEau courante (Lausanne 2 fĂ©vrier 1907), rĂ©ponses Ă des articles, renvois dâĂ©preuves, autorisations de publication, recommandations, etc. On jOint plus de 270 copies carbones dactylographiĂ©es de lettres de Rod (env. 300 p. in-4). IntĂ©ressant ensemble de copies de lettres, sans doute inĂ©dites [elles ne figurent pas dans la correspondance publiĂ©e par J.J. Marchand, Ă©douard rod et les Ă©crivains italiens] : 41 lettres de Rod Ă ses confrĂšres, personnalitĂ©s ou amis Ă©crivains italiens et suisses : raMuz (6 lettres, 1907), Antonio FOGazzarO (7 lettres, 1906-1907), Mme neera (6 lettres, 1907), Grazia deledda (1907), Giovanni Cena (3, 1907), FerrerO, Milelli, saGre, MOndellO, CaMerini, etc. Et 236 lettres de Rod Ă des correspondants divers français ou suisses, critiques littĂ©raires, Ă©diteurs, libraires, journalistes, etc. (dont breWster, Paul MarGueritte, tissOt, etc.), des annĂ©es 1906-1907, et 1909-1910 (jusquâau 24 janvier, peu avant son dĂ©cĂšs)âŠ
223. [Ădouard ROD]. 16 L.A.S. Ă lui adressĂ©es, 1890-1909. 300/400 Julia daudet (2 lettres, s.d. et 1909, intĂ©ressantes considĂ©rations littĂ©raires, et sur Lâindocile de Rod) ; Fernand desMOulin (remarques sur le roman de Rod Le Dernier refuge, lu sur Ă©preuves, 1896,) ; RenĂ© dOuMiC (1894, sur sa collaboration Ă la Semaine littĂ©raire) ; Jean-Jules jusserand (1890, longue lettre de conseils littĂ©raires, encourageant Rod Ă publier une Ă©tude sur Stendhal) ; Paul MarGueritte (7, correspondance amicale) ; Victor MarGueritte ; Henri de rĂ©Gnier (remerciant pour un article dans Le Gaulois) ; Maurice treMbley (1905) ; Alexandrine Ămile zOla (1903, sur la publication de la correspondance de Zola : « Lâavenir, quoiquâil rĂ©serve Ă sa chĂšre mĂ©moire, ne pourra pas entamer le colossal et solide monument quâil sâest fait. Sa gloire est assurĂ©e ce ne sont pas les criailleries des âcannibalesâ qui lâĂ©branleront »)âŠ
224. [Ădouard ROD]. 6 L.A.S., [1910-1913], Ă Mme Ădouard rOd ; 18 pages formats divers. 100/150 lettres de COndOlĂ©anCes et de sOuvenir, aprĂšs le brusque dĂ©cĂšs dâĂdouard Rod (29 janvier 1910). Mme Paule barrĂšs, RenĂ© bOylesve, RenĂ© dOuMiC (2), Fernand desMOulin, Georges de pOrtO-riCHe.
Ădouard ROD : voir aussi les nos 61, 212, 271.
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225. Anne de ROHAN (1584-1646) poĂ©tesse protestante, fille de RenĂ© II de Rohan et de Catherine de Parthenay, avec qui elle subit le siĂšge de La Rochelle. L.A.S. « Anne de Rohan », Ă Mme de brĂ©zĂ© ; 2 pages petit in-8, adresse avec petits cachets de cire rouge Ă son chiffre couronnĂ© sur lacs de soie bleue. 300/400 trĂšs rare. « Lâesperense que javois de vous treuver [Ă ] Angers Ă la Tousainct me fist partir pour vous y aler dire adieu mais je feu si maleureusse que vous ni estiez point. Sest pourquoy jâay recours Ă sest lestre pour vous continuer les asurenses de mon servise et de mon afection. Croiant partir dan sainc ou six jours pour men aler Ă Paris je vous suplie tres humblement quenquorre que je sois privĂ©e pour quelque temps du contentement de vous voir que je ne le sois point de lhonneur de vos bonnes grases »⊠On jOint une L.A.S. de Marie-ĂlĂ©onore de ROHAN (1629-1682, fille dâHercule de Rohan duc de Montbazon, elle devint bĂ©nĂ©dictine, abbesse de la TrinitĂ© de Caen puis de MalnoĂŒe, et Ă©crivit des ouvrages de piĂ©tĂ© ; 1 page in-4). « Je vous remercie dâavoir songĂ© a ce que je vous avois tesmoignĂ© souhaiter. La difiqultĂ© seulle quâon i aporte me fait conoistre que la Religion romaine se contente dexterieur puisquâune aumosne considerable que jâofrirois pour cela vaudroit bien la peyne de passer par dessus des choses qui au fonds ne sont que formalitĂ©s pour lesquelles mesme observer on en seroit quite pour ne benir un endroit en nostre particulier ». Elle a eu la permission de S.A.R. de faire faire une sĂ©pulture Ă feu le duc de RohanâŠ
226. AndrĂ© ROLLAND DE RENĂVILLE (1903-1962) poĂšte et essayiste, membre du groupe du Grand Jeu. 43 L.A.S., Tours puis Paris 1929-1954, Ă son ami Camille bizOt ; 147 pages in-4 ou in-8 (bas de la 1Ăšre lettre effrangĂ©). 1 000/1 500 lOnGue et iMpOrtante COrrespOndanCe littĂ©raire. tours 5 novembre 1929 : il est « trĂšs satisfait de la presse au sujet de rimbaud le Voyant. Aucune satisfaction en somme ne mâaura Ă©tĂ© de ce cĂŽtĂ©-lĂ refusĂ©e, et je ne mâattendais pas Ă ce retentissement : plus de cent articles en q.q. mois. Ceci mâencourage Ă continuer, mais actuellement tout mon temps est pris par la prĂ©paration du concours de la Magistrature. [...] JâĂ©cris en principe toujours des poĂšmes, mais Ă de longs intervalles. Jâen trouve 2 assez anciens, datant dâun an environ, que je tâenvoie [poĂšme en prose joint : Bougerait-il ?]. Les SurrĂ©alistes viennent de mâadresser une enquĂȘte sur lâAmour, trĂšs belle, quâils lancent en ce moment. Ma rĂ©ponse paraĂźtra dans le prochain N° de la rĂ©volution surrĂ©aliste. [...] Emmanuel berl est un sinistre con. Je le connais personnellement : il a environ 35 ans, ne tây trompe pas. Je nâai pas lu les thibault, mais je crois que câest une Ćuvre sĂ©rieuse. Jâai Ă©galement eu lâoccasion de voir R. Martin du Gard. Type bien »... 14 mars 1930, il a Ă©chouĂ© au concours. « Au point de vue littĂ©raire, je ne compte pas rester sur mes lauriers rimbaldiens [âŠ] Jâai Ă©crit 50 pages dâun Essai sur la PoĂ©sie que jâai dĂ» laisser en plan. Entre temps je collabore Ă des revues telles que les Cahiers du Sud, Bifur, VariĂ©tĂ©s, etc. [âŠ] aprĂšs ĂȘtre entrĂ© en relations avec eluard et araGOn, je me suis brouillĂ© avec eux pour leur avoir refusĂ© ma collaboration Ă la rĂ©volution surrĂ©aliste. [...] je jouis maintenant dâune certaine notoriĂ©tĂ© dans les milieux dâavant-garde, ce qui me procure de trĂšs intĂ©ressantes relations. Par exemple : Robert desnOs, Jean Cassou, G. Ribemont-Dessaignes, etc. Je ne sais si tu as lu le N° de dĂ©cembre des Cahiers du Sud composĂ© en partie par moi et mon groupe [Grand Jeu], et consacrĂ© aux rapports entre la PoĂ©sie et la critique »... 26 juin 1930, il travaille Ă son essai sur la PoĂ©sie, mais a arrĂȘtĂ© de collaborer aux petites revues, et dâĂ©crire des poĂšmes : « La PoĂ©sie ne me parait justifiable que par le gĂ©nie ou presque. Tout ce que jâai pu Ă©crire en fait de poĂ©sie me semble dĂ©goĂ»tant, ou naĂŻf pour le moins ». Il est prĂȘt Ă aider delteil ; mais les poĂšmes de CHabaneix sont de « charmantes insignifiances »⊠Paris 19 fĂ©vrier 1931, il est attachĂ© au ministĂšre de la Justice, et collabore aux Nouvelles LittĂ©raires⊠La correspondance sâinterrompt en 1938, pour reprendre en juillet 1945. Il Ă©voque son travail prenant de magistrat, mais aussi son activitĂ© littĂ©raire, avec la publication dâun recueil dâĂ©tudes, univers de la Parole, dâun recueil de poĂšmes, La Nuit, lâEsprit ; la prĂ©paration des Ćuvres complĂštes de riMbaud pour la PlĂ©iade avec Jules Mouquet ; la vie littĂ©raire, les nouveaux poĂštes, saint-pOl rOux, Supervielle, etc. Il Ă©voque aussi de grandes personnalitĂ©s. « Jâai beaucoup connu artaud, surtout entre les annĂ©es 1930 et 1934, oĂč nous avons Ă©tĂ© intimes. Je le voyais presque chaque jour, et je possĂšde de lui pas mal de lettres intĂ©ressantes quâil mâĂ©crivait lorsquâil partait en voyage pour tourner des films, ou lorsque je mâabsentais moi-mĂȘme. Je les publierai un jour probablement. LorsquâArtaud devint fou et fut internĂ©, je le perdis de vue, forcĂ©ment, et je lâavoue, cessai de prendre le mĂȘme intĂ©rĂȘt Ă ce quâil pouvait Ă©crire dĂ©sormais. Jâai peut-ĂȘtre eu tort car il a donnĂ© encore de belles choses dans ses intervalles de demi-luciditĂ©. Jâai surtout souffert Ă la fin de 1947 de la mort de LĂ©on-Paul FarGue que je connaissais intimement lui aussi, et que je voyais chaque dimanche. Jâaimais beaucoup lâhomme, autant que jâadmire son Ćuvre »⊠(10 mai 1948). IL revient sur la fin de LĂ©on-Paul FarGue⊠« Quant Ă R. desnOs, il faisait partie de la RĂ©sistance, et comme tel avait Ă©tĂ© dĂ©portĂ©, je crois en 1943, sinon plus tard. En 1945, il fut dĂ©livrĂ© par les troupes amĂ©ricaines, mais le typhus sâĂ©tait dĂ©clarĂ© dans son camp. Il en fut atteint, et fut emportĂ© en qq. heures. Je connais bien MiCHaux et pourrai me charger de lui faire signer un livre. Je suis en froid avec eluard qui ne me dĂ©dicace plus ses livres (en raison de son attitude politique et du fait que je nâai pas voulu rendre compte de ses âpoĂšmes politiquesâ vraiment idiots !). Je suis en bons termes avec bretOn mais ne le vois quâune fois par an environ. Quant Ă CHar, je me suis rĂ©conciliĂ© avec lui, aprĂšs une brouille qui dura 20 ans... survenue Ă la suite dâun article assez vache de ma part, il est vrai, contre lui. Char habite lâIsle-sur-la Sorgue (Vaucluse) et je ne lâai jamais vu. Mais nous nous Ă©crivons parfois »⊠(3 dĂ©cembre 1950). Sur la mort de RenĂ©-Guy CadOu, sur lequel il porte un jugement mitigĂ©, tout en reconnaissant « beaucoup dâĂ©motion et de sensibilitĂ© de vrai poĂšte dans ses Ă©crits » ; et sur la mort dâAndrĂ© Gide : « Je lâai rencontrĂ© assez souvent, mais nâai jamais Ă©tĂ© trĂšs influencĂ© par son Ćuvre. Toutefois jâadmire son art merveilleux ; et sa fidĂ©litĂ© Ă la vĂ©ritĂ© objective, Ă la libertĂ© faisaient de lui un tĂ©moin irremplaçable en ces temps de partisannerie et de mensonge mĂ©thodiques »⊠Etc.
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227. [D.A.F., marquis de SADE]. Marie-Madeleine Masson de PLissay, Mme Claude-RenĂ© Cordier de Launay de MONTREUIL, dite la PrĂ©sidente de MONTREUIL (1721-1789) Ă©pouse dâun prĂ©sident Ă la Cour des aides, belle-mĂšre du marquis de Sade qui avait Ă©pousĂ© en 1763 sa fille PĂ©lagie. L.A.S. « M. de M. », Paris 23 aoĂ»t [1775], Ă lâavocat GauFridy ; 4 pages et demie in-4. 1 000/1 200 lOnGue et intĂ©ressante lettre dĂ©nOnçant la COnduite du Marquis de sade aveC sa FeMMe. « Il est des choses sur lesquelles elle ne peut sâaveugler interieurement quelquâenvie quâelle en ait. Il est de nĂ©cessitĂ© absolue de dĂ©couvrir le monstre infernal qui cherche Ă lâabuser contre son propre interĂȘt celui de ses enfans et de son mari mĂȘme, en reveillant la haine et la discorde dans un temps surtout oĂč lâunion et la confiance seroit si nĂ©cesseraire. Ce monstre, Ă mon avis, est Mr de S. [sade] lui-mĂȘme. [âŠ] Vous ne connoissez peut-ĂȘtre pas si bien que moi toutes les tournures dont il est capable quand il veut satisfaire ses passions, quâelles quâelles soient. [âŠ] ce nâest pas la premiĂšre fois quâil agit contre ses interĂȘts pour suivre le transport qui le guide. Il sçait que Made de S. ne peut quâestimer sa mere et tout ce qui lâentoure, et ne peut quâĂȘtre convaincue de la faussetĂ© de toutes les noirceurs quâil leur a imputĂ©es. [âŠ] Ne mâa tâil pas envoyĂ© il y a trois mois sous la suscription de Madame, mais de son Ă©criture a lui la copie dâune de ses lettres anonimes avec une grande colere (clairement simulĂ©e) et des citations que jâai vĂ©rifiĂ© fausses. Dans le tout son style et ses vues percent »... Elle donne longuement son sentiment au sujet de ces lettres anonymes, et explique les raisons de ses soupçons, rapprochant les envois des lettres des dĂ©placements de Sade entre Paris et la Coste ; sa fille lui a Ă©crit « une lettre infĂąme, dictĂ©e ou soufflĂ©e par Mr dans sa colere », qui veut faire passer sa mĂšre pour une persĂ©cutrice. Il faut absolument rĂ©ussir Ă dĂ©sabuser Mme de Sade, « de qui que viennent ces anonimes »⊠Il faut aussi « suivre en tout les ordres du Roy donnĂ©s par le Ministre »⊠Elle Ă©voque encore « le nouvel incident », les bruits et et les « furieuses craintes » dans la famille de Sade⊠Il faudrait que son gendre prenne conscience du danger avant quâil ne soit trop tard : « Il devroit desirer lui-mĂȘme le moyen le plus sur, et calculer quâil est toujours avantageux de parer le danger du moment, et de sacrifier quelques annĂ©es de libertĂ© au repos du reste de sa vie, et de fournir des moyens au rĂ©tablissement de son honneur. Ă 35 ans on a encor bien du temps devant soi. [âŠ] Pour moi, qui nâen ai pas tant, fatiguĂ©e de toutes ces horreurs, ayant fait en toute circonstance lâimpossible pour les sauver, nâen recevant que des injures et des infamies pour reconnaissance, voyant quâils veulent se perdre et leurs enfans, lasse dây sacrifier mon repos et ma santĂ© inutilement, jâabandonnerai tout, ils deviendront ce quâil plaira Ă la Providence »⊠Ancienne collection Alfred duPont (I, 11-12 dĂ©cembre 1956, n° 308).
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228. Claire SAINTE-SOLINE (1891-1967) romanciĂšre. 7 L.A.S., 1962 et s.d., Ă Robert lĂ©vesque ; 10 pages in4 ou in8, une enveloppe. 150/200 belle COrrespOndanCe aMiCale et littĂ©raire. Elle parle de ses vacances et de ses voyages en Bourgogne, en Corse, Ă AthĂšnes, Ă Rome oĂč elle sâest rendue pour un congrĂšs du Pen Club et qui a « un tel charme quâon souhaiterait y vivre »... Elle Ă©voque le Maroc (LĂ©vesque est professeur Ă Fez) oĂč la misĂšre et le chĂŽmage restent les mĂȘmes, jusquâĂ lâInde, « ce drapeau de la non violence » qui devient enragĂ©e. Elle compte publier un livre de nouvelles, envoie son recueil De la rive Ă©trangĂšre, des revues et un ouvrage de MOntHerlant « comme toujours irritant et savoureux »... Elle est allĂ©e voir La Paix dâAristophane montĂ©e par Jean vilar qui lui a paru indigente et dâun goĂ»t affreux : « le rĂ©gime nâa rien Ă craindre dâune pointe si faible et si Ă©moussĂ©e » ; elle a Ă©galement vu le film dâAlain resnais LâAnnĂ©e derniĂšre Ă Marienbad : « quelle volontĂ© de faire saugrenu ! Il faut voir le public [...] il sort extĂ©nuĂ©, knock out » ; quant Ă la Biennale au Palais de Tokyo, câest « affreux, dĂ©sespĂ©rant »⊠Etc. On jOint 8 lettres ou cartes diverses adr. Ă Robert LĂ©vesque.
229. George SAND (1804-1876). L.A., [Paris janvier 1833 ?, Ă sa MĂšre Mme Maurice dupin] ; 1 page in-8 Ă son chiffre (petit manque Ă un angle sans toucher le texte). 400/500 lettre inĂ©dite Ă sa MĂšre. « Ma chĂšre Maman Je vous envoye deux billets de thĂ©Ăątre. Je vous enverrai une loge pour un autre spectacle demain ou aprĂšs. Je ne puis rien avoir de mieux aujourdhui. Mais jâai craint que vous ne mâaccusassiez dâoubli, et je vous fais passer tout ce que jâai reçu. Je suis horriblement enrhumĂ©e et ne sors pas de la journĂ©e. Faites moi donner de vos nouvelles. Je vous embrasse mille fois. »
230. George SAND (1804-1876). L.A.S. « George », [Paris 6 mai 1833], Ă Adolphe GuĂ©rOult ; 3 pages in-4, adresse (quelques lĂ©gĂšres fentes). 2 000/2 500 Ă©tOnnante lettre FĂ©Ministe, sur ses vĂȘteMents MasCulins, et sur le saint-siMOnisMe. George Sand a renvoyĂ© Ă GuĂ©roult sa lettre, sur laquelle elle a commencĂ© Ă Ă©crire sa rĂ©ponse. GuĂ©roult (journaliste au Globe et au Journal des DĂ©bats) Ă©crivait notamment Ă Sand : « Vous ĂȘtes nĂ©e, et vous mourrez femme. Quand vous portez le costume de votre sexe, jâĂ©prouve prĂšs de vous une sorte de respect, car comme femme, vous avez souffert assez noblement pour le mĂ©riter. En homme vous ĂȘtes gentille, vous ĂȘtes un joli page quâon a envie dâembrasser pour ses beaux yeux, mais il y a lĂ -dessous quelque chose oĂč perce le travestissement, lâespiĂšglerie de carnaval. En homme, je ne vous prends nullement au sĂ©rieux »... Sand renvoie cette page « absurde » et « inconvenante », et ajoute : « Personne ne doit mâĂ©crire ainsi. Critiquez mon costume dans dâautres idĂ©es et dâautres termes si vous avez envie »... Elle pense que GuĂ©roult Ă©tait gris en Ă©crivant ainsi : « Musset nâaurait pas fait mieux ». Elle ne se fĂąche pas pour autant. Elle ne veut pas « soutenir une controverse sur le saint-simonisme. Jâaime ces hommes et jâadmire leur premier jet dans le monde. Je crains quâils ne sâamendent trop Ă notre grossiĂšre et cupide raison, non par corruption, mais par lassitude, ou peut-ĂȘtre
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par une erreur de direction dans un zĂšle soutenu. Vous savez que je juge de tout par sympathie. Je sympathise peu avec notre civilisation transplantĂ©e en Orient. Jâen aimerais mieux une autre qui nâeĂ»t pas surtout L[ouis]-Philippe pour patron et Janin pour coryphĂ©e. â Câest peut-ĂȘtre une mauvaise querelle. Aussi nây devez-vous pas faire attention, et surtout ne jamais vous effrayer des moments de spleen, ou dâirritation bilieuse oĂč vous pouvez me trouver. Vous vous trompez si vous croyez que je sois plus agacĂ©e maintenant quâautrefois. Au contraire je ne sache pas lâavoir Ă©tĂ© moins. Jâai sous les yeux de grands hommes et de grandes pensĂ©es. Jâaurais mauvaise grĂące Ă nier la vertu et le travail. Mes idĂ©es sur le reste sont le rĂ©sultat de mon caractĂšre, et mon sexe avec lequel je mâarrange fort bien sous plus dâun rapport, me dispense de faire grand effort pour mâamender. Car aprĂšs tout je serais le plus beau gĂ©nie du monde que je ne remuerais pas une paille dans lâunivers, et sauf quelques bouffĂ©es dâardeur virile et guerriĂšre, je retombe facilement dans une existence toute poĂ©tique, toute en dehors des doctrines et des systĂšmes. Si jâĂ©tais garçon, je ferais volontiers le coup dâĂ©pĂ©e par-ci, par-lĂ , et des lettres le reste du temps. NâĂ©tant pas garçon je me passerai de lâĂ©pĂ©e et garderai la plume, dont je me servirai le plus innocemment du monde. Lâhabit que je mettrai pour mâasseoir Ă mon bureau importe fort peu Ă lâaffaire, et mes amis me respecteront, jâespĂšre, tout aussi bien sous ma veste que sous ma robe. Je ne sors pas ainsi vĂȘtue sans une canne, ainsi soyez en paix. Il nây aura pas de grande rĂ©volution dans ma vie pour cette fantaisie de porter un habit de bousingot quelques jours en passant, dans des circonstances donnĂ©es, oĂč jâattache de tendres superstitions et le secret de certains souvenirs profonds Ă ce travestissement. Soyez rassurĂ©, je nâambitionne pas la dignitĂ© de lâhomme. Elle me parait trop risible pour ĂȘtre prĂ©fĂ©rĂ©e de beaucoup Ă la servilitĂ© de la femme. Mais je prĂ©tends possĂ©der aujourdâhui et Ă jamais la superbe et entiĂšre indĂ©pendance dont vous seuls croyez avoir le droit de jouir. Je ne la conseillerai pas Ă tout le monde, mais je ne souffrirai pas quâun amour quelconque y apporte, pour mon compte, la moindre entrave. Sinon point dâamour, Ă jamais, JâespĂšre faire mes conditions si rudes et si claires que nul homme ne sera assez hardi ou assez vil pour les accepter. [âŠ] Prenez-moi donc pour un homme ou pour une femme, comme vous voudrez. Duteil dit que je ne suis ni lâun ni lâautre, mais que [je] suis un ĂȘtre. Cela implique tout le bien et tout le mal ad libitum. Quoi quâil en soit, prenez-moi pour une amie, frĂšre et sĆur tout Ă la fois. FrĂšre pour vous rendre des services quâun homme pourrait vous rendre, sĆur pour Ă©couter et comprendre les dĂ©licatesses de votre cĆur. Mais dites Ă vos amis et connaissances quâil est absolument inutile dâavoir envie de mâembrasser pour mes yeux noirs, parce que je nâembrasse pas plus volontiers sous un costume que sous un autre »... Pour finir, elle avertit quâon ne changera pas son caractĂšre. On jOint la rĂ©ponse a.s. de GuĂ©roult (1 page et demie in-4), sâexcusant pour la lĂ©gĂšretĂ© de ses paroles. Correspondance (Ă©d. Georges Lubin), t. II, p. 878.
231. George SAND. 136 L.A.S., Paris ou Nohant 1844-1858, Ă son homme dâaffaires Gabriel FalaMpin ; environ 210 pages la plupart in-8, montĂ©es sur onglets et reliĂ©es en un volume in-8 demi-veau fauve. 15 000/20 000 IMpOrtante COrrespOndanCe Ă sOn HOMMe dâaFFaires, qui jette un jOur nOuveau sur les COnditiOns dâexistenCe de GeOrGe sand, sur sa FOrtune et sur ses biens, sur ses revenus et sur ses prOblĂšMes dâarGent (rentrĂ©es diFFiCiles, nOMbreuses dettes), ses dĂ©penses et ses besOins, etc. Nous ne pouvons en donner ici quâun trop bref aperçu. Elle charge Falampin de faire rentrer lâargent qui lui est dĂ» par des journaux et revues (La rĂ©forme), dâexaminer ses traitĂ©s avec les Ă©diteurs perrOtin, Garnier ou Hetzel. Falampin Ă©tait Ă©galement directeur artistique de Lâillustration. Elle le prie de commander des vers au poĂšte-ouvrier Charles pOnCy : « il nây a aucun moyen de lui faire accepter de lâargent si ce nâest en payement de son travail de maçon ou de poĂšte »⊠Elle Ă©crit pour lui un article sur les tapisseries de bOussaC (la Dame Ă la Licorne), et elle lui envoie des dessins de sOn Fils MauriCe, notamment « un aspect trĂšs fidĂšles des pierres jĂŽmatres, ce cromlech celtique qui figure dans Jeanne »... Ă la fin de 1847, elle le charge de nĂ©gocier avec lâindustriel delatOuCHe la vente dâHistoire de ma vie, « une sĂ©rie de souvenirs et de rĂ©flexions, oĂč je tĂącherai de mettre quelque intĂ©rĂȘt et quelque utilitĂ© pour toutes les classes de lecteurs. Ce ne seront point des confessions Ă la Jean-Jacques, ouvrage que je blĂąme autant que je lâadmire, et oĂč il confesse tout le monde, ce que je trouve assez sournois et rancuneux. Dieu merci je ne ferai de peine et de mal Ă personne. Il y a longtemps que je travaille Ă ramasser les matĂ©riaux de mes petits mĂ©moires. Je nâai plus quâĂ mettre en ordre » (20 dĂ©cembre 1847). Falampin suit Ă©galement pour Sand le procĂšs quâelle a intentĂ© Ă la suite de la reproduction illicite de La Mare au Diable. Elle lui parle dâun projet dâĂ©dition expurgĂ©e de rabelais qui permettrait « dâinitier les femmes et les jeunes gens Ă un chef-dâĆuvre »⊠Elle prie Falampin de nĂ©gocier avec Le SiĂšcle la vente de de La Petite Fadette (septembre 1848), et dâen rĂ©cupĂ©rer le manuscrit au journal Le CrĂ©dit. Elle parle des loyers et du bail de son appartement de la rue Saint-Lazare (square dâOrlĂ©ans quâelle habite avec Chopin). En mai 1847, CHOpin a Ă©tĂ© « trĂšs dangereusement malade pendant que jâĂ©tais clouĂ©e ici [Ă Nohant], ne pouvant quitter ma famille dâun instant, et tout cela mâa Ă©mue et brisĂ©e plus que de raison. Le voilĂ encore une fois sauvĂ© »... Elle donnera bientĂŽt congĂ© de son appartement ; mais elle garde lâatelier de peintre de son fils Maurice. Elle ne veut plus que Marie de rOziĂšres sâoccupe de ses affaires.... George Sand se montre ici une femme avisĂ©e, attentive Ă la gestion de son patrimoine, notamment de lâhĂŽtel de Narbonne, rue de La Harpe Ă Paris, dont Falampin est le gĂ©rant ; elle sâinquiĂšte des dĂ©penses et des travaux. Ainsi (11 novembre 1846) : « Les dĂ©penses me paraissent Ă©normes, et je voudrais bien que vous ne fassiez plus faire de ces grands travaux qui augmentent mon budget, sans augmenter les revenus. [âŠ] Vous me direz que la valeur augmente en raison de mes dĂ©penses. Je crois le contraire; car au printemps dernier, lorsque je vous ai interrogĂ© sur la valeur de cet immeuble, vous mâavez dit au moins 230 000 f. Et maintenant quand nous venons dây faire pour environ 5 000 f. de dĂ©penses nouvelles, vous terminez votre Ă©tat de situation par une Ă©valuation du capital Ă
...â/â...
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200 000 et mĂȘme 190 000 f. [âŠ] Il valait donc mieux laisser les choses dans lâĂ©tat oĂč elles Ă©taient et ne pas me fendre encore dâune somme, pour une augmentation de revenus dont je ne jouirai pas, ni mes enfants non plus, car une propriĂ©tĂ© semblable est une ruine. Vous mâaviez dit, il est vrai, que vous feriez diviser les grands appartements en petits, et jâavais approuvĂ©, mais je nâavais pas lâidĂ©e que quelques cloisons Ă Ă©tablir pussent coĂ»ter 5 000 f. [âŠ] Je trouve aussi lâĂ©clairage Ă 300 f. par an exhorbitant, et je crois que le concierge vous trompe lĂ -dessus. [âŠ] Mes portiers les plus voleurs nâont jamais atteint ce chiffre dans leurs mĂ©moires antĂ©rieurs Ă votre gestion »âŠ. Ă la fin de 1846 et en 1847, elle prĂ©pare le MariaGe de sa Fille sOlanGe aveC ClĂ©sinGer (19 mai 1847), et recommande le plus grand secret Ă Falampin. Elle donne Ă sa fille lâhĂŽtel de Narbonne par contrat de mariage. Mais la brouille avec son gendre survient bien vite ; les dettes de ClĂ©singer vont lâobliger de vendre lâhĂŽtel de Narbonne. Sand ne veut pas que son fils Maurice soit lĂ©sĂ© par la suite dans sa part dâhĂ©ritage. Elle parle longuement de ses diffĂ©rends avec sa fille et son gendre. Ainsi, le 19 aoĂ»t 1847, aprĂšs une explication dĂ©sagrĂ©able avec ClĂ©singer : « Ma fille mâa fait beaucoup plus de peine, en ne dirigeant pas bien cette tĂȘte violente et faible en mĂȘme temps. Jâai Ă©tĂ© forcĂ©e de me montrer sĂ©vĂšre et de ne pas cĂ©der Ă des exigeances qui eussent peu Ă peu compromis je ne dis pas mon avenir, je ne pense jamais Ă cela, mais celui de mon fils qui est le plus doux et le plus juste des ĂȘtres. Jâai trouvĂ© mal quâon ne mâeĂ»t pas avouĂ©, lorsque je questionnais avec sollicitude et indulgence, quelques dettes que lâon ne mâa confessĂ© que lorsquâon a prĂ©tendu me les faire payer. Je nâai voulu autoriser un emprunt sur la dot de ma fille, quâĂ la condition dâen savoir et dâen surveiller lâemploi. On me fait un grand crime de cela, et moi, je crois avoir rempli mon devoir. On sâest pris en outre dâune folle jalousie pour ma pauvre Augustine [brault, que Sand a adoptĂ©e] quâon a abreuvĂ©e de chagrin et la vie commune est devenue intolĂ©rable dĂšs le premier essai. Jâai Ă©tĂ© et je suis encore trĂšs malade de ces malheurs domestiques dont la cause nâemportait certainement pas les rĂ©sultats. La crise dans laquelle mon gendre sâest placĂ© nâavait rien de grave en elle-mĂȘme. Ses dettes nâĂ©taient pas exhorbitantes et rien nâĂ©tait plus facile que dâen sortir sans colĂšre et sans bruit. Mais son cerveau est aussi faible quâexhaltĂ©, et celui de ma fille est beaucoup trop entier »... Et le 22 novembre 1847, aprĂšs une entrevue douloureuse avec Solange : « ces malheureux enfants, qui sont rĂ©ellement fous Ă lâheure quâil est, sont bien mĂ©chants dans leur folie. Ils ne respectent rien ni personne. Pour un peu, ils mâaccuseraient de friponnerie moi-mĂȘme. Ils mâont fait bien du mal, ils mâen font encore et ils mâen feront toujours »... Elle sera soulagĂ©e dâapprendre la sĂ©paration de biens entre les deux Ă©poux, en juillet 1848. Au dĂ©but de 1849, elle est « sans argent », et presse Falampin de rĂ©gulariser lâaffaire de la rente qui lui revient de son demi-frĂšre Hippolyte Chatiron, et celle de lâarrĂȘt rendu par la Cour de cassation Ă son profit contre la commune de Nohant-Vic. En mai, elle veut liquider lâinscription de rentes sur lâĂtat au profit de son fils, mais se heurte Ă des difficultĂ©s avec le TrĂ©sorâŠ
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En 1850, elle hĂ©site Ă sâinscrire Ă la SociĂ©tĂ© des Auteurs dramatiques : « Jâai dans lâidĂ©e que câest un coupe-gorge, mais enfin puisquâil nây a pas moyen de lâĂ©viter je signerai quand on me mettra en mesure de le faire »⊠Elle sâinquiĂšte de lâannonce dâune Petite Fadette aux VariĂ©tĂ©s. Elle le charge dâempĂȘcher les reprĂ©sentations de François le Champi, pour garder ses droits sur la piĂšce ; il doit Ă©galement vĂ©rifier les recettes dĂ©clarĂ©es par les thĂ©Ăątres pour lui payer ses droits... Devant prendre un nouveau fermier, elle prie Falampin dâexaminer les garanties des personnes qui se prĂ©sentent.... Elle le pousse Ă rĂ©clamer le paiement de lâamende Ă laquelle la SociĂ©tĂ© des Gens de lettres a Ă©tĂ© condamnĂ©e contre elle : « Je ne suis pas intimidĂ©e de leurs injures »⊠Elle le prie de se renseigner discrĂštement « sur la situation actuelle dâune ancienne femme de chambre Ă moi dont la fille est ma filleule et que je secours depuis de longues annĂ©es sans trop savoir si je ne suis pas exploitĂ©e »⊠Le 24 mai, elle se plaint de la lenteur avec laquelle Falampin rĂ©pond Ă ses questions, et elle se demande sâil veut continuer Ă se charger de ses affaires⊠En fĂ©vrier-mars 1851, ayant besoin dâargent aprĂšs avoir fait de grands travaux Ă Nohant, elle charge Falampin de rĂ©cupĂ©rer lâargent qui lui est dĂ» sur les reprĂ©sentations de Claudie Ă la Porte Saint-Martin et la reprise de François le Champi Ă lâOdĂ©on ; elle surveille de prĂšs et conteste les comptes fournis par les agents dramatiques. Elle le prie de trouver « un bon sujet, homme ou femme, qui saurait faire la cuisine passablement », pour remplacer sa cuisiniĂšre qui se meurt. Elle lui demande aussi de rĂ©cupĂ©rer Ă la revue des deux mondes le manuscrit de son roman Le ChĂąteau des DĂ©sertes, qui doit lui ĂȘtre rendu aprĂšs la publication. En janvier 1852, elle charge Falampin de renouveler son abonnement Ă La Presse, et lui recommande de ne pas donner son adresse parisienne, 3 rue Racine : « Je me cache comme toujours, pour Ă©viter les ennuyeux mais non pour cause de danger »⊠Le 19 dĂ©cembre 1854, elle envoie son article sur les Visions de la nuit dans les campagnes, avec « six bois » de son fils : « Maurice vous demande de faire graver avec un peu plus de soin que de coutume, de ne pas faire trop charger les fonds et noircir les transparences, afin de laisser dĂ©truite le moins possible ses petits effets nĂ©cessaires aux sujets »⊠Elle accuse rĂ©ception dâenvois dâargent, ou charge Falampin de diverses commissions ou paiements : achat de plumes, commandes de livres, vin de champagne, notes dâĂ©picier, paiement dâun livre sur la Flore du centre de la France, etc. Correspondance (Ă©d. G. Lubin), t. XXV. Ancienne collection du Colonel Daniel siCkLes (XVII, n° 7663, 25-26 octobre 1994).
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232. George SAND. L.A.S., [Nohant] 27 septembre 1856, [Ă Madame prOst] ; 6 pages in-8 Ă lâencre bleue. 1 200/1 500 trĂšs belle lettre sur sOn eMplOi du teMps et ses OCCupatiOns Ă nOHant. George Sand a offert un « meuble de tapisserie » Ă la mĂšre de son banquier ; elle en raconte lâhistoire... « Je passe ma vie Ă la campagne de la façon la plus rĂ©guliĂšre et la plus tranquille. Je ne dĂźne pas dehors deux fois par an. Je travaille Ă mon Ă©tat de romancier de 1 h. Ă 5 â dans le jour, et de minuit Ă 4. Le reste est pour la famille, et pour un peu de sommeil. Mais en famille, nous sommes tous occupĂ©s de nos pattes, soit quâon lise ou quâon cause, rie ou babille, de 9 h. Ă minuit, chacun dessine, brode ou coud. Jâai les yeux trop fatiguĂ©s pour faire des petits ouvrages comme autrefois. Je fais donc de grandes fleurs et de grands feuillages sur du trĂšs gros canevas. Mes enfans, câest Ă dire mon fils et un ou deux de ses amis qui sont presque toujours avec nous, mâont dessinĂ© et coloriĂ© largement sur du papier, de jolies compositions de feuilles et de fleurs dâaprĂšs nature, que je copie avec mon aiguille, en les interprĂ©tant un peu Ă ma guise. Donc, depuis trois ans, [...] jâai bien fait de la tapisserie pendant au moins deux mille heures [...] Mais la littĂ©rature, et je crois, tout ce qui est dĂ©pense du cerveau, ne permet guĂšres lâabsorption de toutes les heures de la journĂ©e, et dâailleurs je ne saurais vivre sans voir une bonne partie du jour ou du soir ceux que jâaime. Ce serait peut-ĂȘtre un tort ou un mal de faire autrement. Donc, je nâai pas Ă me reprocher dâavoir fait tant de points dans du canevas. Dans le principe, ce meuble Ă©tait destinĂ© Ă notre salon de campagne : mais il eut Ă©tĂ© sali en quinze jours par les crayons, les cigarettes, les aquarelles, les enfans, les toutous, mangĂ© surtout par le soleil. Jâai songĂ© Ă le vendre, me disant que si jâen trouvais quelques milliers de francs (de la part dâun amateur dâautographes, car certes il ne vaut pas cela), je me reposerais de ma littĂ©rature pendant quelques mois, ce qui me ferait grand plaisir et grand bien [...] Mais il est arrivĂ© que Monsieur votre fils a bien voulu sâoccuper de me procurer par ce quâon appelle les affaires, (chose que je nâentends pas et Ă quoi je rĂ©pugnerais de recourir sâil me fallait accepter lâaide de gens que je nâestime pas), un petit bĂ©nĂ©fice reprĂ©sentant pour moi un peu de loisir et de promenade dont jâai tant besoin. [...] Vous me dites que vous attacherez du prix Ă ce qui est de moi ; jâai donc du plaisir Ă vous lâoffrir, et Ă vous dire que câest tellement de moi, quâil nây a pas un seul point qui ne soit de moi »... Elle ira Ă Paris, mais : « Je ne sais pas quand je pourrai quitter ma chaĂźne, câest toujours lâhistoire des petites Ă©conomies que je ne peux pas faire [...] Je me plais dâailleurs beaucoup Ă la campagne ; mais quand mon fils passe lâhiver Ă Paris, je trouve le tems plus long ici »... Correspondance (Ă©d. Georges Lubin), t. XXV, p. 937.
233. George SAND. L.A.S. « GS », [Nohant 21 juillet 1859, Ă Gustave vaĂ«z] ; 1 page in-8 Ă son chiffre. 300/350 « Si vous avez besoin de moi. Je ne vas pas au bain et je suis dans la bibliothĂšque, faisant une brochure sur la paix, oĂč je regrette quâil ne me soit pas permis de prendre pour Ă©pigraphe M. pour le P. [Merde pour le Pape] Avez-vous de la biĂšrre ? Bon courage ! » [Pendant que VaĂ«z travaille au livret de La Mare au diable, G. Sand commence une brochure politique sur la situation italienne, La Paix.] Lettres retrouvĂ©es, n° 161.
234. George SAND. L.A.S., Nohant 6 avril 1868, [Ă Francis laur] ; 5 pages in-8 Ă son chiffre. 1 000/1 200 belle lettre de COnseils sur la pOlitique Ă sOn jeune prOtĂ©GĂ©, et sur la naissance de sa petite-fille Gabrielle (11 mars 1868). « Cher enfant, jâai Ă©tĂ© Ă Cannes, Ă Monaco, Ă Menton, etc. avec Maurice. Nous sommes revenus vite, Lina nous donnant une seconde petite fille, charmante et bien en train de vivre. La petite mĂšre se porte bien. Aurore est superbe. Gabrielle, la seconde, hume le doux air de notre printemps. Tout va Ă merveille cette fois et nous sommes heureux. Des hauteurs de la Corniche et de la Turbie, nous avons vu, durant une journĂ©e bien claire, le grand profil de la Corse Ă lâhorizon de la MĂ©diterranĂ©e, et le profil plus pĂąle et plus lointain de la Sardaigne [Laur y Ă©tait ingĂ©nieur aux mines dâIglesias]. Nous tâavons envoyĂ© des baisers et des vĆux par-dessus lâespace. Nous eussions Ă©tĂ© bien tentĂ©s de tâaller trouver, mais le temps manquait, nous Ă©tions partis un peu tard et nous avions hĂąte de revenir au nid qui se remplissait dâun hĂŽte nouveau. Tu me fais une question Ă dĂ©router les 7 sages de la GrĂšce. La politique nâest pas une science dans laquelle on puisse et doive sâabsorber avec fruit. Câest un art qui prend ses racines dans la philosophie et le socialisme. Si ces racines avaient rencontrĂ© le bon sol, la politique pousserait toute seule, et il ne sâagirait plus que dâĂ©carter les dĂ©vorants ou les orages. Mais dans lâĂ©tat des choses, il me paraĂźt impossible dâavoir une bonne thĂ©orie. Lâart de conduire les hommes au vrai est donc un tĂątonnement perpĂ©tuel, et aucune thĂ©orie ne peut servir infailliblement. Ă preuve les hĂ©sitations et les contradictions apparentes des hĂ©ros eux-mĂȘmes. Politique proprement dite, câest lâexamen des faits changeants et multiples, la prĂ©vision, habile ou déçue des effets que
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doivent produire et que ne produisent pas toujours les causes. Câest une sĂ©rie dâinspirations au jour le jour oĂč lâon est cruellement trompĂ© quand on nâest pas surpris par des rĂ©sultats inespĂ©rĂ©s. Chose flottante et illogique comme la vie humaine, et sur laquelle on ne peut Ă©tablir un plan fixe. Il nây a quâune certitude, la foi au progrĂšs, lâespoir et le dĂ©sir dây travailler. Mais on y travaille bien ou mal, selon que lâon est plus ou moins sagace, et aucune expĂ©rience acquise ne peut servir de base certaine Ă une expĂ©rience nouvelle. Câest donc lâinconnu, câest lâavenir ! Nul ne peut te prendre par la main et te montrer le sentier. Ă toi de le discerner Ă travers les mirages, Ă toi de te diriger dâheure en heure comme fait le genre humain. Lâimportant câest dâavoir le cĆur pur et chaud avec la tĂȘte saine. â Tu as la religion sociale dans lâĂąme, â mais qui te renseignera sur lâapplication ? Elle se composera toujours de moyens changeants comme les faits, et ondoyants comme les milieux et les circonstances »... Correspondance (Ă©d. Georges Lubin), t. XX, p. 780.
235. George SAND. L.A.S., Nohant 23 juillet [1871], Ă Gustave Flaubert ; 3 pages et demie in-8 Ă son chiffre. 1 500/2 000 belle leçOn dâOptiMisMe aprĂšs la Guerre et la COMMune. « Non, je ne suis pas malade mon chĂ©ri vieux troubadour, en dĂ©pit du chagrin qui est le pain quotidien de la France. Jâai une santĂ© de fer et une vieillesse exceptionnelle, bizarre mĂȘme, puisque mes forces augmentent Ă lâĂąge oĂč elles devraient diminuer. Le jour oĂč jâai rĂ©solument enterrĂ© la jeunesse, jâai rajeuni de vingt ans. Tu me diras que lâĂ©corce nâen subit pas moins lâoutrage du tems. ça ne me fait rien, le cĆur de lâarbre est fort bon et la sĂšve fonctionne comme dans les vieux pommiers de mon jardin qui fructifient dâautant mieux quâils sont plus raccornis. [...] A Rouen vous nâavez plus de prussiens sur le dos, câest quelque chose, et on dirait que la rĂ©publique bourgeoise veut sâasseoir. Elle sera bĂȘte, tu lâas prĂ©dit, et je nâen doute pas. Mais aprĂšs le rĂšgne inĂ©vitable des Ă©piciers, il faudra bien que la vie sâĂ©tende et reparte de tous cĂŽtĂ©s. Les ordures de la Commune nous montrent des dangers qui nâĂ©taient pas assez prĂ©vus et qui commandent une vie politique nouvelle Ă tout le monde : faire ses affaires soi-mĂȘme et forcer le joli prolĂ©taire crĂ©Ă© par lâempire, Ă savoir ce qui est possible et ce qui ne lâest pas. LâĂ©ducation nâapprend pas lâhonnĂȘtetĂ© et le dĂ©sintĂ©ressement, du jour au lendemain. Le vote est lâĂ©ducation immĂ©diate. Ils ont nommĂ© du Raoul Rigault et compagnie. Ils savent maintenant ce quâen vaut lâaune. Quâils continuent et ils mourront de faim. Il nây a pas autre chose Ă leur faire comprendre Ă bref dĂ©lai ». Puis elle demande Ă Flaubert oĂč en est son travail sur La tentation de Saint Antoine : « Travailles-tu ? Saint-Antoine marche-t-il ? Dis-moi ce que tu fais Ă Paris, ce que tu vois, ce que tu penses. Moi je nâai pas le courage dây aller. Viens donc me voir avant de retourner Ă Croisset. Je mâennuie de ne pas te voir. Câest une espĂšce de mort »... Correspondance (Ă©d. Georges Lubin), t. XXII, p. 476.
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236. George SAND. L.A.S. « ton vieux troubadour », [Nohant] 10 avril [1874], Ă Gustave Flaubert ; 4 pages in-8 Ă son chiffre. 1 500/2 000 trĂšs belle lettre sur La tentation de saint antoine de Flaubert, sur le suCCĂšs, le rOMan et le tHĂ©Ăątre. « Ceux qui disent que je ne trouve pas St Antoine beau et excellent en ont menti, je nâai pas besoin de te le dire. Je te demande un peu comment jâaurais Ă©tĂ© faire mes confidences aux commis de LĂ©vy que je ne connais pas ! Je me souviens, quant Ă LĂ©vy, de lui avoir dit ici, lâĂ©tĂ© dernier, que je trouvais la chose superbe et de 1er n° ». Elle ne peut lui faire un article, venant de refuser dâen faire un sur Quatre-vingt-treize de Victor HuGO : « Jâai dit que jâĂ©tais malade. Le fait est que je ne sais pas faire dâarticles et que jâen ai tant fait pour Hugo que jâai Ă©puisĂ© mon sujet. Je me demande pourquoi il nâen a
jamais fait pour moi, car enfin je ne suis pas plus journaliste que lui, et jâaurais plus besoin de son appui quâil nâa du mien. En somme, les articles ne servent Ă rien, Ă prĂ©sent, pas plus que les amis au thĂ©Ăątre. Je te lâai dit, câest la lutte dâun contre tous, et le mystĂšre, sâil y en a un, câest de provoquer un courant Ă©lectrique. Le sujet importe donc beaucoup au thĂ©Ăątre. Dans un roman on a le temps dâamener Ă soi le lecteur. Quelle diffĂ©rence ! Je ne dis pas comme toi quâil nây a rien de mystĂ©rieux. Si fait, câest trĂšs mystĂ©rieux par un cĂŽtĂ© : câest quâon ne peut pas juger son effet dâavance et que les plus malins se trompent dix fois sur quinze. Tu dis toi-mĂȘme que tu tâes trompĂ©. Je travaille en ce moment Ă une piĂšce, il mâest impossible de savoir si je ne me trompe pas. Et quand le saurai-je ? le lendemain de la 1Ăšre reprĂ©sentation, si je la fais reprĂ©senter, ce qui nâest pas sĂ»r. Il nây a dâamusant que le travail qui nâa encore Ă©tĂ© lu Ă personne, tout le reste est corvĂ©e et mĂ©tier, chose horrible ! Moque-toi donc de tous ces potins, les plus coupables sont ceux qui te les rapportent. Je trouve bien Ă©trange quâon dise tant contre toi Ă tes amis. On ne me dit jamais rien Ă moi : on sait que je ne laisserais pas dire. Sois vaillant et content, puisque St Antoine va bien et se vend supĂ©rieurement. Que lâon tâĂ©reinte dans tel ou tel journal, quâest-ce que ça fait ? Jadis ça faisait quelque chose, Ă prĂ©sent rien. Le public nâest plus le public dâautrefois et le journalisme nâa plus la moindre influence littĂ©raire. Tout le monde est critique et fait son opinion soi-mĂȘme. On ne me fait jamais dâarticles pour mes romans. Je ne mâen aperçois pas ». Elle termine : « Je tâembrasse et nous tâaimons » ; et elle signe : « Ton vieux troubadour ». Correspondance (Ă©d. Georges Lubin), t. XXIV, p. 18.
237. George SAND. L.A.S., Nohant 26 [pour 22] juillet 1875, [Ă CHarles-edMOnd, rĂ©dacteur au journal Le temps] ; 3 pages in-8 Ă son chiffre. 1 000/1 200 sur les Contes dâune grand-mĂšre, et sur tOlstOi. Elle lui envoie « la fĂ©e PoussiĂšre qui est bien griffonnĂ©e, parce que je lâai faite et refaite. Je vais mettre au net le GnĂŽme des huitres, et vous le recevrez incessamment ». [Ces deux contes paraĂźtront dans Le temps les 11 et 25 aoĂ»t.] Elle voudrait lire le manuscrit de son ami Charles rOllinat « sur les Poquelin. Je veux le lire. Sâil est mauvais, sans ressource, je lui dirai de vous en dĂ©barrasser. Sâil y a du bon, je le lui ferai refaire. Mais il vous a donnĂ© une traduction de Mr ToltoĂŻ [sic], une incursion au Caucase, dont tOurGueneFF lui a dit en propres termes : câest aussi beau que le texte. En ce cas, câest dâune rĂ©elle valeur car le ToltoĂŻ est bon et les deux hussards que jâai lus dans le temps Ă©tait un petit chef-dâĆuvre. On a dit Ă Rollinat, au mois de mars, que son Caucase ne paraitrait que dans six mois. Je trouve cela trĂšs dur quand on a de la place, et tant de place ! pour certains romans interminables oĂč une situation unique est dĂ©layĂ©e en un nombre indĂ©fini de feuilletons. Jâaime beaucoup personnellement lâauteur du Beau Solignac [Jules Claretie] ; il a toujours Ă©tĂ© charmant pour moi, mais sâil mâeĂ»t consultĂ©e, je lui aurais dit dâen supprimer les deux tiers. Le roman-feuilleton ne souffre pas ces dĂ©veloppements. Je mâen suis aperçue en lisant Nanon dans le temps ; ce qui me plaisait sur le papier, mâa paru insupportable en chapitres. Câest pour cela que je voudrais vous faire une sĂ©rie de contes ou dâanecdotes tenant chacun dans un seul feuilleton. Je trouve cela trĂšs difficile, pour moi surtout, habituĂ©e Ă barbouiller tant de papier sans compter mes pages. Mais je veux tĂącher dâen venir Ă bout, au moins pour une demi-douzaine ». Elle ajoute : « Ne prendrez-vous pas de vacances ? Envoyez donc vos turcs Ă la promenade et venez nous voir »... Correspondance (Ă©d. Georges Lubin), t. XXIV, p. 350.
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238. Germaine neCker, baronne de STAĂL (1766-1817). 5 L.A. (dont une signĂ©e de son paraphe), [Stockholm 1813], au comte Wolf von baudissin ; sur 5 pages in-8, 4 adresses. 1 500/2 000 pendant sOn exil en suĂšde. [Le jeune comte Wolf Heinrich von baudissin (1789-1878), diplomate, Ă©crivain et traducteur allemand, est alors secrĂ©taire de lĂ©gation du Danemark Ă Stockholm.] Elle sollicite le jeune diplomate au sujet dâun visa sur une procuration pour son amant Albert de rOCCa : « Je suis honteuse de vous donner tant dâembarras [âŠ] Je ne saurois vous dire assez combien jâai dâestime pour votre caractere et dâattrait pour votre esprit »... Elle lui apprend les derniĂšres nouvelles politiques : « Savez vous que le traitĂ© dâEspagne est revenu sans ĂȘtre ratifiĂ© parce quâil y avoit un dĂ©faut de forme relatif Ă lâĂ©noncĂ© de la captivitĂ© de Ferdinand 7. Le tout a Ă©tĂ© renvoyĂ© Ă lâAngleterre [âŠ] Le subside de lâAngleterre pour lâexpĂ©dition est de 200 mille livres sterlings par mois. Se peut-il quâon veuille braver tout cela chez vous ? »⊠Elle le supplie de lui donner des nouvelles : « Vous savez quel intĂ©rĂȘt de cĆur pour vous et dâame pour le monde mâattache Ă ces nouvelles »... Elle apprend « que vous allez recevoir demain lâordre de partir â Mon Dieu que câest triste [...] Ah que la politique serre le cĆur ! »... Elle dĂźne ce soir chez le Prince [bernadOtte] : « Ainsi je ne vous attends quâĂ dĂ©jeuner et Ă souper â Mon Dieu que je suis triste de votre dĂ©part â je le suis plus que je ne devrois lâĂȘtre »... On jOint une petite L.A.S. de son mari, Erik Magnus staĂ«l de HOlstein.
239. SULLY-PRUDHOMME (1839-1907). pOĂšMe autographe, Les Destins ; titre et 17 ff. in-fol. montĂ©s sur onglets, reliĂ©s en un vol. cartonnage bradel papier gris, piĂšce de titre maroquin rouge, Ă©tui. 800/1 000 ManusCrit de travail des chants I et II de ce poĂšme en trois chants publiĂ© chez Lemerre en 1872. Le texte, trĂšs travaillĂ©, prĂ©sente de nombreuses ratures et corrections, ainsi que des bĂ©quets avec de nouvelles rĂ©dactions collĂ©es sur le texte primitif. La page de titre prĂ©cise « Prologue et premier chant », mais le prologue fut Ă©cartĂ©, et la pagination commence à « 4 ». Les chants I et II mettent en scĂšne la Terre avant la CrĂ©ation, convoitĂ©e par lâEsprit du Mal (chant I) et lâEsprit du Bien (chant II). Le premier chant du manuscrit est particuliĂšrement retravaillĂ©, et prĂ©sente dâintĂ©ressantes variantes par rapport Ă la version publiĂ©e. En voici les premiers vers, avant modifications et lâaddition dâune invocation Ă la Muse : « LâĂšre du grand tumulte et de lâeffervescence Est close. Chaque monde Ă©merge et prend naissance Vers le centre quâil fuit toujours prĂ©cipitĂ©, DĂ©jĂ tiĂšde et solide, encore inhabitĂ©, La Terre se dĂ©gage, et durcit, nue et blĂȘme, Rien ne sent, rien ne pense, et nul ne hait ni nâaime. Pas un souffle de vie. Il passe seulement, Comme dans les sommeils, un bref tressaillement. La matiĂšre indĂ©cise entre toutes les formes, HĂ©site, en oscillant sur ses pĂŽles Ă©normes »... Ancienne collection Daniel siCkLes (XVI, 7126).
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240. Paul VERLAINE (1844-1896). L.A.S. « PV », Vendredi soir [janvier 1887, Ă son ami Ernest delaHaye] ; 1 page in-8. 1 000/1 200 « Probablement, trĂšs probablement, mais rien que trĂšs probablement, mes deux malles et quelques cadres iront Dimanche implorer lâhospitalitĂ© de Mme Delahaye mĂšre si gracieusement offerte. Jâirai sans doute les accompagner, ou [Edmond] Thomas que jâen chargerais en cas dâempĂȘchement mien, car je sors Dimanche seul[emen]t de 8 Ă 4 de lâaprĂšs-midi et je nâai pas trop de temps »... Il ajoute quâon peut venir le voir les jeudis et dimanches « Lit 6, salle Follin Hl Broussais 96 rue Didot »⊠[EntrĂ© Ă lâhĂŽpital Broussais le 5 novembre 1886, Verlaine nâen sortira finalement que le 13 mars.]
241. Alfred de VIGNY (1796-1863). pOĂšMe autographe signe, Fragment de : La maison du Berger. PoĂ«me, juin 1845 ; 2 pages in-8. 800/1 000 Strophes 16 Ă 19 (28 vers) de La Maison du Berger, poĂšme publiĂ© dans la revue des deux mondes le 15 juillet 1844 et recueilli dans Les DestinĂ©es (1864). Ces strophes, qui concluent la premiĂšre partie du poĂšme, dĂ©veloppent le thĂšme de la nostalgie du voyage lent, propice Ă la rĂȘverie, Ă lâheure de la vitesse. Ce manuscrit, Ă lâencre brune, est inscrit au recto de deux feuillets lignĂ©s, probablement dĂ©tachĂ©s dâun carnet ou album. Il est signĂ© en fin et datĂ© « 1845 juin ». « Ăvitons ces chemins. â Leur voyage est sans grĂąces Puisquâil est aussi prompt, sur ses lignes de fer Que la flĂšche lancĂ©e Ă travers les espaces Qui va de lâarc au but en faisant siffler lâair. [âŠ] On nâentendra jamais piaffer sur une route Le pied vif du cheval sur les pavĂ©s en feu ; Adieu, voyages lents, bruits lointains quâon Ă©coute Le rire du passant, les retards de lâessieu, Les dĂ©tours imprĂ©vus des pentes variĂ©es Un ami rencontrĂ©, les heures oubliĂ©es, Lâespoir dâarriver tard dans un sauvage lieu. La distance et le temps sont vaincus. La science Trace autour de la terre un chemin triste et droit. [âŠ] Jamais la RĂȘverie amoureuse et paisible Nây verra sans horreur son pied blanc attachĂ© »âŠ
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242. Alfred de VIGNY. pOĂšMe autographe signĂ©, Le Bateau, septembre 1859 ; 2 pages oblong in-4 en tĂȘte dâun album « Cahier de dessin » de 33 feuillets (dont 9 vierges), cartonnage papier glacĂ© vert, Ă©tiquette de titre sur le plat sup. (18 x 28 cm, les deux premiers feuillets dĂ©tachĂ©s â ou ajoutĂ©s â et remontĂ©s au papier gommĂ©, qqs serpentes usagĂ©es). 1 000/1 200
pOĂšMe insCrit en tĂȘte de lâalbuM dâauGusta bOuvard, le « dernier aMOur » de viGny. Vigny a inscrit, dans une superbe calligraphie Ă lâencre brune, chacune sur une page, les deux strophes (de 9 vers chacune), numĂ©rotĂ©es I et II, de ce poĂšme de 1831, qui fut mis en musique par Marie Menessier-Nodier et publiĂ© (avec la partition musicale) dans la revue des deux mondes du 1er juillet 1831 (une version augmentĂ©e dâune strophe mĂ©diane fut rĂ©vĂ©lĂ©e aprĂšs la mort du poĂšte). Ce manuscrit prĂ©sente quelques variantes ; il porte Ă la fin une grande et belle signature, et la date : « 7bre 1859 ». « Viens sur la mer, jeune fille ! Sois sans effroi Viens sans trĂ©sor, sans famille Seule avec moi. [âŠ] Pour lâesclave on fit la terre O ma BeautĂ© ! Mais pour lâhomme libre austĂšre lâimmensitĂ© Chaque flot sait un mystĂšre de voluptĂ© Leur soupir involontaire veut dire : Amour solitaire et LibertĂ©. » Cet album avait Ă©tĂ© utilisĂ© par Augusta FrOustey dite bOuvard (1836-1882) lors dâun long voyage comme prĂ©ceptrice en Allemagne et en Suisse. LâĂ©tiquette porte lâinscription en partie effacĂ©e « Cannstadt 7 DĂ©cembre 1858 ». Elle y a fait 13 dessins Ă la mine de plomb, principalement des paysages ou vues de monuments pittoresques, certains datĂ©s (21 et 31 mai 1859) ou lĂ©gendĂ©s : « Maison de la baronne Fitinghoff Ă Elisabeth », « CimetiĂšre de Cannstadt » 10 juin 1859 (signĂ© « A.F. »), « type irlandais », « Isle-la-Hesse vue du jardin de la ferme » [en Belgique, chĂąteau de son pĂšre naturel le baron Poupart de Wilde]. Elle y a Ă©galement collĂ© des gravures, parfois annotĂ©es (Constanz, Ludwigsburg, Rorschach, « Lac de Constance vu de lâhĂŽtel dâAllemagne 1859 », Saint-Gall, illustrations pour Les Natchez et Atala, religieux du Mont Saint-Bernard, horloge de la cathĂ©drale de Strasbourg, Ulm), et 3 photographies (cour du palais ducal Ă Venise, Versailles). Exposition Alfred de Vigny, BibliothĂšque nationale, 1963, n° 299. Le poĂšme et un dessin reproduits dans Maurice Toesca, un dernier amour, Alfred de Vigny et Augusta (Albin Michel, 1975, p. 112/113).
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243. Alfred de VIGNY. 10 L.A., 1861-1863, Ă Augusta bOuvard ; 24 pages in-8 montĂ©es sur onglets sur des ff. de papier vergĂ©, le tout reliĂ© en un volume in-8 demi-maroquin vert Ă coins avec filet dorĂ©, dos Ă nerfs ornĂ© de fleurons dorĂ©s, Ă©tui (Devauchelle). 8 000/10 000 iMpOrtante COrrespOndanCe, tĂ©MOiGnaGe patHĂ©tique des trOis derniĂšres annĂ©es de la vie du pOĂšte, Ă auGusta bOuvard, le « dernier aMOur ». [Augusta FrOustey, dite bOuvard (1836-1882), fille naturelle du baron Poupart de Wilde, a rencontrĂ© Vigny en 1858 ; elle est alors prĂ©ceptrice dans une famille russe. Un an plus tard, Vigny lâinstallera dans un meublĂ©, prĂšs de chez lui, rue du ColisĂ©e ; elle vivra dĂ©sormais de leçons particuliĂšres. Cette liaison dura jusquâĂ la fin de la vie de Vigny, souffrant prĂšs de deux ans un terrible martyre de la « gastralgie » ou cancer gastrique qui devait lâemporter (« les lugubres lettres dâamour de Vigny vieillissant Ă une jeune institutrice », a Ă©crit Francis AmbriĂšre) : la derniĂšre lettre, ici recueillie, est Ă©crite moins dâun mois avant sa mort ; quelques jours auparavant, Vigny avait rĂ©digĂ© un codicille Ă son testament, lĂ©guant Ă Augusta (alors enceinte) une somme de 20.000 francs, « en tĂ©moignage de lâattachement particulier que je lui ai vouĂ© et de mon estime pour son caractĂšre courageux, pour ses talents rares et sa vie laborieuse ». La plus grande partie des lettres de Vigny (38) Ă Augusta a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e par V.L. Saulnier en 1952, Lettres dâun dernier amour : « Ces textes sont extrĂȘmement Ă©mouvants, bouleversants parfois ; cruels tĂ©moignages sur lâagonie dâun grand poĂšte ; jamais nous nâavons Ă©tĂ© si prĂšs de lui, dans lâintimitĂ© la plus humaine ». Une version trĂšs romancĂ©e de cette liaison a Ă©tĂ© donnĂ©e par Maurice Toesca, un dernier amour, Alfred de Vigny et Augusta (Albin Michel, 1975), avec des fragments dâune douzaine de nouvelles lettres. Cette correspondance, selon Madeleine AmbriĂšre, « permet de suivre un itinĂ©raire fiĂ©vreux et pathĂ©tique dâamour et de mort », « la triste histoire, dans la nuit de la souffrance des derniĂšres annĂ©es, des amours encore mal connues avec Augusta Bouvard, sous le signe des illusions perdues ».] * Jeudi Ă midi 12 septembre [1861] (8 pages). « Je ne souffre plus mais jâai cruellement souffert. â Depuis Jeudi dernier, je ne pouvais plus rien manger un bouillon sans pain, une tasse de lait, tout Ă©tait repoussĂ© Ă lâinstant par lâestomac. [âŠ] Jâai toujours gardĂ© le lit depuis huit jours. â La nuit et le jour il y a deux personnes Ă . mon chevet. Il mâest dĂ©fendu de parler parce quâil a suffi de dire un mot pour me faire autant de mal que si je mangeais. [âŠ] on ne me soutient absolument quâavec du lait de chĂšvre. Ce sont les jolies petites chĂšvres du jardin Catelan qui mâenvoient tous les jours leur lait avec beaucoup de bontĂ©. Je nâai plus cette affreuse douleur contre laquelle jâai luttĂ© dix-huit mois. Mais je ne reprends pas la force de sortir du lit ». Il sâinquiĂšte de la sĂ»retĂ© de leur correspondance. « Il nây a que le silence et la solitude absolue qui puissent en ce moment me conduire peu Ă peu Ă reprendre dans quelques jours, dit-on, la force de me lever et de supporter quelque nourriture. Me voilĂ comme les naufragĂ©s de la MĂ©duse, pauvres
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affamĂ©s Ă qui lâon dĂ©fendait de manger en arrivant au port parce quâun morceau de pain les eĂ»t tuĂ©s. Jâai Ă©tĂ© jusquâau bout de mes forces »... Il engage Augusta Ă beaucoup travailler « pour oublier le chagrin que te fait mon absence et mon silence forcĂ©. â Souviens-toi que câest la seule peine qui te soit venue de moi et quâelle est involontaire ». Il ne sait comment il lui fera parvenir cette lettre⊠« Je suis heureux de penser que tu as, prĂšs de toi, HĂ©loĂŻse. Tu peux Ă prĂ©sent voir tout Paris avec elle, et avec Black. Elle peut jouir de ta libertĂ© sans crainte de me rencontrer. Tu auras le temps de voir ta bonne Anna et de lâinstaller. â Tu es bonne comme un Ange pour elle ». Il ajoute, vendredi : « Toujours bien faible. Le lait des petites chĂšvres me plaĂźt parce que je me souviens que tu les aimes. Mais je ne peux pas ĂȘtre assez vite rendu Ă la santĂ©, je crois, par un rĂ©gime si lĂ©ger. On mâen donne 4 petites tasses par jour. Câest la seule boisson que je puisse garder sur lâestomac ». Ils pourraient utiliser Victoire pour leur correspondance, mais pas Antony [desCHaMps] : « Il est transparent pour tout le monde et connaĂźt des personnes dangereuses pour toi qui as tant de craintes. Je sais bien ce que souffre ton bon petit cĆur en ce moment, va, et jâen ai un chagrin qui augmente mes incomprĂ©hensibles douleurs. â Je nâai vu personne aujourdâhui, je ne nĂ©glige rien pour reprendre assez de santĂ© pour retourner vite Ă toi mon cher amour. » * Lundi 23 septembre 1861 (10 pages). « Tu fais bien, mon pauvre petit Ange. Sois bonne, sois attentive avec tout le monde. Cultive et conserve toutes les amitiĂ©s. Les familles qui peuvent veiller sur toi me seront chĂšres. [âŠ] Je veux que tu te portes bien et que tu aies dans ce monde tous les bonheurs qui me manquent, câest beaucoup ». Il a eu la visite dâAntoni desCHaMps et dâAdolphe FranCk : « jâai bien souffert des efforts inutiles que je faisais pour cacher cette crampe dâestomac qui mâest revenue et que je nâai pu dissimuler. â Je ne puis voir quâune personne Ă la fois et rarement. Ma faiblesse est telle que je ne puis me tenir debout ». Il nâa rien pu manger depuis vingt jours : « Je ne croyais pas que lâon pĂ»t vivre aussi longtemps de lait de chĂšvre froid qui nous glace ». Il peut Ă nouveau « supporter le bouillon
de poulet et de veau avec lâarow-root des enfans de deux ans. Les insomnies me fatiguent affreusement. Je ne puis mâendormir que vers 6 ou 7 heures du matin quand les bruits de Paris commencent et Ă force de lassitude. Mauvais somme plein de cauchemars et de noirs tableaux ». Mardi. Il explique quâil ne peut manger des glaces : « Câest la glace pure que lâon fait fondre dans mon verre et qui seule empĂȘche des vomissemens. [âŠ] Je suis forcĂ© de mâinterrompre Ă tout moment parce que ma vue a des Ă©blouissemens bleus et rouges. â Tes lettres sont charmantes, mon petit Ange, et pleines de ton bon cĆur et de ton aimable esprit ». Il espĂšre, mais avec une pointe de jalousie, quâAugusta peut jouir de sa libertĂ© : « combien de fois, sortie dĂšs le matin rentres-tu Ă 10 h 1/2 et onze heures du soir ? [âŠ] Tu peux recevoir Ă prĂ©sent tes amies Polonaises, sans craindre quâelles me trouvent assis chez toi [âŠ] Je te sais bon grĂ© de me dire les jours et des leçons et il me semble que je tâaccompagne par la pensĂ©e dans tous ces petits voyages ». Il Ă©voque lâinstallation par Augusta de sa vieille femme de chambre dans un hospice, mais lui conseille de limiter ses secours : « Il est de la nature mĂȘme de ces maisons publiques dâĂ©pargner souvent, quand on voit des secours extĂ©rieurs arriver aux malades par des Dames protectrices. Plus on avance la main plus lâHospice retire la sienne. Cela peut avoir pour la malade ce danger que si les voyages Ă©loignent les personnes qui la soutiennent, le pli est pris de la rĂ©duire quelque peu. â Le Directeur mâa dit quâelles nâavaient rien Ă apporter et tout Ă recevoir. Ătre lĂ Ă©tablie câest recevoir un brevet de LongĂ©vitĂ©. [âŠ] Et les doux visages paisibles et honnĂȘtes des sĆurs, leur sourire rĂ©signĂ© sous un front si pur et si jeune, leur bontĂ© qui jamais ne sâoffense et ne se rĂ©volte de rien. â Oui, oui ce sont lĂ les plus belles fleurs que le Catholicisme ait fait naĂźtre »⊠Il prie Augusta de ne pas Ă©pargner ses lettres : « ne les affranchis jamais. Les grandes enveloppes valent mieux que les autres parce quâelles ne ressemblent pas Ă des lettres de femme ». Il a brĂ»lĂ© sa derniĂšre lettre : « câĂ©tait trop triste et je tâaurais fait mal. Je veux bien souffrir tout ce que jâĂ©prouve de cruel ; mais te le dĂ©crire est vraiment audessus des forces qui me restent. Depuis dix-huit mois je nâai pas Ă©tĂ© un soir prĂšs de toi sans avoir un vague pressentiment dâune crise comme celle du 4 septembre. â Chez toi, dans tes bras, lĂ au milieu des baisers et du bonheur. â Je ne cesse de penser Ă lâeffroi que tu nâas pas eu pauvre cher petit Ange et câest de cela que nous devons remercier la DestinĂ©e. Je baise ta bouche mille fois, mon Ange bien aimĂ©. » * Jeudi 3 octobre 1861 (4 pages). « Mais, mon Ange, dis-moi donc ce que deviennent mes lettres. JâespĂšre que tu les as toutes Ă prĂ©sent. Je tâai Ă©crit la nuit, toute la nuit, Samedi dimanche et Lundi, [âŠ] un volume entier [âŠ] Les malades, dans les longues insomnies, se souviennent de tout et pensent Ă tout ». Il rappelle quâil est tombĂ© malade le 4 septembre. Il tente dâarranger leur correspondance, soit « par lâarc de triomphe et la Victoire », soit par Antoni desCHaMps : « je vais le prier de passer chez moi pour quelque chose de particulier. â Je ne puis voir et ne vois personne. [âŠ] je suis encore trop faible pour une conversation prolongĂ©e avec deux personnes Ă la fois. Les insomnies mâaccablent et des douleurs au cĂŽtĂ©. Mais en prenant tout goutte Ă goutte je puis espĂ©rer reprendre la force de manger, sans retomber dans ces horribles crampes dâestomac que tu sais et quâil faut guĂ©rir Ă force de patience et de courage. On essaie de tout ce qui a la rĂ©putation dâĂȘtre lĂ©ger pour lâestomac et jusquâĂ ce jour tout mâa Ă©tĂ© douloureux exceptĂ© lâarow-root, mais il me laisse une telle faiblesse quâhier je nâai pu traverser le salon sans une sorte de dĂ©faillance. AprĂšs un mois sans nourriture je pardonne cela Ă mon faible corps. Quant Ă mon Ăąme elle ne perd rien, crois-moi, de sa force, de sa sĂ©rĂ©nitĂ© mĂȘme Ă prĂ©sent que je sais quâil nây a pas de grand pĂ©ril. Elle ne perd rien non plus
...â/â...
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de sa constance Ă tâaimer et ne se tourmente que pour toi-mĂȘme ». Il va la suivre par la pensĂ©e dans ses leçons, « puisque jâai ce chagrin de ne pouvoir te voir et tâaccompagner oĂč tu vas. â Encore un baiser ici pour ce soir. » * 17 mai [1862] (5 pages et demie). « Je nâai jamais tant souffert que depuis trois semaines, mon amie chĂ©rie. â Je tâĂ©cris Ă 4 h du matin, rĂ©veillĂ© par la douleur comme par un ressort invisible et silencieux qui jamais ne manque son heure (3 h 1/2) Ă quelque moment que je me couche. â Lâinsomnie et la faiblesse mâaccablent. Je voudrais toujours tâĂ©crire, mais lâeffroi me prend de tâattrister et de te faire mal. Le dĂ©couragement que je cherche Ă repousser monte sur moi comme la marĂ©e et mâinonde. Cela devient du Spleen. â On espĂ©rait me voir capable de reprendre quelques forces en mangeant mais le plus lĂ©ger aliment ajoutĂ© Ă ma seule nourriture (le bouillon et une petite tasse de lait) me cause des douleurs si violentes quâhier je me roulais sur le tapis. Jâessaie de me lever dans le jour et je nâen ai pas la force, si ce nâest vers 3 h ou 4 h quelquefois et soutenu pĂ©niblement ». Il essaiera nĂ©anmoins de la voir passer, « mais je penserais avec peine que tu es lĂ quand le temps nâest pas trĂšs beau. â On me dit aussi quelquefois quâil pleut et quâil fait chaud ou lourd ou froid, je nâen sais rien, je ne le sens presque pas tant lâautre douleur rĂšgne en moi et absorbe toute sensation ». Il la remercie de ses fleurs : « leur feuille verte mâa fait une fois sourire doucement. Le sourire mâest devenu bien Ă©tranger. â Le silence et la solitude seront mes seuls sauveurs et le rĂ©gime de naufragĂ© rĂ©gulier et terrible de rigueur. â Je le suis avec rĂ©signation, mais je suis triste jusquâĂ la mort, comme dit lâEvangile. â Vois mon ange, ce que câest que la science humaine ! » Il rapporte la confidence du « plus savant des mĂ©decins » qui le soignent, dĂ©sapprouvant les mĂ©dicaments de ses confrĂšres : « En consultation avec eux, il approuvait ou se taisait diplomatiquement ». Il Ă©voque Londres, « la ville de charbon de terre et de brouillard aux murs de brique grise barbouillĂ©s dâencre et de boue. Fog and Smoke ont empoisonnĂ© tes amies, jâen suis bien aise »... Puis il parle de sa photographie par adaM-salOMOn : « Le premier des hommes Adam et le plus sage des Rois : Salomon forment Ă eux deux un sculpteur admirable qui vient de mâenvoyer plusieurs petites rĂ©ductions de ton grand portrait de moi qui est son chef-dâĆuvre. Jâen ai rĂ©servĂ© une pour toi, la voici. Il faut que tu les aies toutes trois. â Tu me diras celle que tu prĂ©fĂšres et qui cause le mieux avec toi. â Je lâai bien embrassĂ©e, celle-ci, avant de la laisser partir. â Elle est la meilleure, je crois, mais qui se juge soi-mĂȘme ? â Sois mon juge avec ton cĆur, toi, mon Augusta »⊠laMartine est venu la veille pour le voir : « On venait de me remettre au lit avec un frisson violent, je nâai pas pu lui parler ». Il arrĂȘte dâĂ©crire : « Ma vue se trouble de zig-zag bleus et rouges. â Embrasse-moi â je vais Ă©teindre mes bougies, mes compagnes de nuit. » * Dimanche matin. â 24 aoĂ»t [1862] « jour de St BarthĂ©lemy martyr, comme moi » (2 pages). « Jâai Ă©tĂ© bien souffrant depuis mardi, chĂšre ange et aujourdâhui il me faut rester au lit. â Le vautour de PromĂ©thĂ©e mâa mordu si fort que je ne peux rien prendre qui ne me laisse de longues et constantes douleurs. â Depuis trois jours je nâai rien rien mangĂ© que des tasses de bouillon de poulet et du lait. â Il est bien injuste que je sois ainsi torturĂ© nâest-ce pas ? JâespĂšre que deux jours de prison encore suffiront Ă me remettre debout ». Il espĂšre pouvoir aller la voir le lendemain « et prĂ©senter mes hommages Ă madame La Fauvette qui ne mâa pas seulement chantĂ© un Allegro. Le mĂ©decin est
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venu hier soir et ce matin. â Il le fallait bien. â Je ne dois prendre absolument rien que du lait. Câest par trop pastoral mais je suis rĂ©signĂ© Ă toutes les abstinences des moines. Cependant il me faudra autant de baisers que jâen dĂ©sire en tâĂ©crivant ceci. » * Lundi [1er dĂ©cembre 1862] (8 pages). « Jamais je nâai souffert autant quâĂ prĂ©sent. Avant-hier soir et sans cause, Ă 10 h les mĂȘmes accidens. Mais comment en ĂȘtre surpris au milieu de tant dâinquiĂ©tudes qui mâentourent et mâassiĂšgent, des cris perçans que jâentends jour et nuit, qui me font sortir du lit Ă 4 h du matin et que rien ne peut calmer chez une malade [sa femme Lydia] dont la vue sâaltĂšre et dont en mĂȘme temps les pieds sont atteints de douleurs inouĂŻes ». Sa lettre a Ă©tĂ© interrompue « par une de mes crampes dâestomac les plus violentes. [âŠ] Au milieu dâune tristesse si profonde, je tâen prie, ne te laisse pas entraĂźner Ă des propositions impossibles, comme celles que tu me rĂ©pĂštes deux fois. Mon Dieu ! que tu les trouverais Ă©tranges, toi-mĂȘme, si tu passais un moment dans cette maison dĂ©solĂ©e. â Des lectures ? â Ă qui ? Ă une personne qui ne peut rien Ă©couter et dont le lit est entourĂ© de gardes malade et de mĂ©decins. â Câest dans lâĂ©tat de repos oĂč elles sont possibles, et cet Ă©tat nâexiste jamais ici. â Et dâailleurs, comment expliquer ta prĂ©sence ici Ă ceux qui savent et Ă ceux qui seulement soupçonnent. â Quelle impossible et douloureuse diplomatie pour moi. â Dans aucun temps je nâen serais capable. â Hors de chez soi, oui, tout est possible, mais ainsi, lâon nây peut seulement songer. Câest alors que tout serait pour toi sĂ©rieux et irrĂ©parable danger ». Il se dĂ©sole de la fatigue et de lâennui des courses dâAugusta dans Paris pour ses leçons : « Mais que peut un prisonnier trĂšs-malade et si Ă©crasĂ© que je suis ? » Lamennais et Chateaubriand aussi ont donnĂ© des leçons : « AprĂšs tout je vois lĂ des conversations variĂ©es, du mouvement, des spectacles, la vie enfin. Et pour moi, depuis plus dâun an oĂč est le bonheur, la consolation, le repos seulement ? Toujours souffrir sans sommeil, sans trĂšve Ă prĂ©sent ! Le miracle est que jây aie survĂ©cu jusquâĂ ce jour. [âŠ] Tes derniĂšres lettres me serrent le cĆur. â Elles se ressentent du voisinage de certaines femmes. Quelques mots secs et amers sâen Ă©chappent brusquement. [âŠ] Depuis lâorigine de cette lente maladie, tout ce que le courage et la bontĂ© peuvent inspirer je crois lâavoir fait. Quâas-tu Ă me reprocher ? [âŠ] La maladie nous bourdonne aux oreilles des sentences douloureuses. â Jâen Ă©coute toutes les nuits qui me font lever et marcher seul dans ma chambre. Un cri me fait tressaillir et passer dans lâappartement voisin. Sans en avoir la force, je vis comme un voyageur que la cloche du chemin de fer appelle et force de sâhabiller Ă la hĂąte. â Et je cache ce que je souffre et vais souffrir dans ma chambre, comme lorsque je me sauvais de la tienne pour aller seul dans les Champs ElysĂ©es ». Puis il dit son mĂ©contentement de la reprise du More de Venise au ThĂ©Ăątre Historique, par des « aventuriers » qui lâont « trompĂ© et contre leur intĂ©rĂȘt mĂȘme ; contre tout droit et toute convenance, mâont cachĂ© les rĂ©pĂ©titions, la premiĂšre reprĂ©sentation mĂȘme et ont fait la distribution des rĂŽles contre mes instructions ». Il a tentĂ© de faire interdire les reprĂ©sentations, mais « ils ont continuĂ©, et jâai cru mĂȘme quâils profiteraient de cet escamotage pour plus longtemps, mais les huissiers les ont arrĂȘtĂ©s Ă temps et, dâaprĂšs ce que beaucoup de personnes disent, câĂ©tait une sorte de Carnaval de Venise plutĂŽt quâune tragĂ©die. Tout y manquait, jâai en cela accordĂ© trop de confiance Ă des inconnus qui sâentendaient pour soustraire une suite de reprĂ©sentations, sur ces trĂ©teaux qui vont ĂȘtre rasĂ©s et ne seront peut-ĂȘtre jamais reconstruits »... Il ajoute quelques lignes mardi soir, concluant : « Je souffre affreusement, jâattends mon mĂ©decin, et ne pourrai rien prendre mĂȘme du lait Ă lâheure du dĂźner. Jâai des crampes bien violentes. » * Lundi 3 fĂ©vrier 1853 (1 page bordure deuil [Lydia de Vigny est morte le 22 dĂ©cembre]) « Si Madame de St Aman [Augusta] veut venir mercredi soir vers 8 h 1/2 ou 9 hs elle trouvera seul un malade qui hier et avant-hier lâĂ©tait plus douloureusement que jamais et aujourdâhui est abattu par une inexprimable faiblesse Ă©gale Ă la tristesse mortelle de son Ăąme. » * Mardi 11 fĂ©vrier 1863 (1 page deuil). « Jâai Ă©tĂ© bien malade encore et saisi par une violente crise. Demain soir la petite marquise poudrĂ©e en verra les traces et je lâattends comme elle le dĂ©sire. Jâai Ă peine de mon lit, la force de le lui Ă©crire. » * Dimanche 24 mai 1863 (4 pages deuil) [on verra que le ton a bien changĂ©, et que Vigny voussoie maintenant Augusta]. « Je suis au lit, ma chĂšre amie, jây ai reçu votre derniĂšre lettre au milieu de mes cruelles douleurs. â Elle est plus loyale que les autres. Son langage est moins empreint dâamertume, de chicanes extravagantes et de singuliers rĂŽles distribuĂ©s par vous autour de vous ». Si Augusta est souffrante et doit interrompre ses leçons, Vigny tĂąchera de lâaider, mais se montre blessĂ© du mot de sacrifices dit par Augusta : « pendant ces deux ans de ponctualitĂ© tout a Ă©tĂ© sacrifice de ma part. Il ne mâest pas permis, il ne mâest pas possible de les rendre rĂ©guliers, et Ă peine pourrai-je quelquefois subvenir Ă quelque accident de votre vie ». Il lui conseille de se rapprocher de sa famille, et de se faire amicalement remplacer par ses amies institutrices. Il a des visites « soir et matin » de parents anglais et de sa famille française : « Cette assiduitĂ© me touche mais quelquefois mâaccable de lassitude. [âŠ] Soyez moins amĂšre pour ceux qui vous aiment et que vous mĂ©connaissez, ma chĂšre amie. Il faut savoir, dans ce triste monde, faire la part de toute chose. Ne pas se dire blessĂ©e des regrets et de la douleur bien lĂ©gitime dont on est tĂ©moin. â Il faut comprendre tous les nĆuds de convenances et les nĂ©cessitĂ©s dâaffaires par lesquels un homme est liĂ© comme par les chaĂźnes de Gulliver. Câest bien assez dâen souffrir, il ne faut pas attendre de lui que, sans y ĂȘtre obligĂ©, il en rende compte. â Câest une plaisanterie froide et amĂšre que de parler dans chaque lettre de sa jeunesse. AprĂšs 25 ans cela nâest plus convenable. â Cela semble Ă un reproche fait Ă dâautres de : ce que de plus que vous on en pourrait avoir. Adoucissez-vous, calmez-vous, soignez-vous et soyez sĂ»re que je ferai tout ce que peut faire la plus sincĂšre affection, au milieu des accablemens de souffrances et dâaffaires cruelles »⊠* 24 aoĂ»t 1863 (2 pages et demie deuil) [câest la toute derniĂšre lettre Ă Augusta ; Vigny meurt le 17 septembre]. « Il faut se rĂ©signer Ă ma prudence. Il le faut. Il faut me laisser faire et vivre en Trappiste quoique jâen souffre cruellement, mon amie. Mais il sâagit de vous. â Moi seul je peux mesurer la portĂ©e des calomnies, des mĂ©disances, des espionnages multipliĂ©s, perpĂ©tuels, nuit et jour que lâassiduitĂ© ne cesse de mâapporter. Moi seul je peux accomplir en silence ce que je veux faire pour satisfaire mon cĆur. Vous-mĂȘme nâen devez rien savoir. Seulement ne mâaccusez jamais. Ne cessez pas dâaccomplir votre carriĂšre et dâexercer ce grand art que COnFuCius nomma le perfectionnement de soi-mĂȘme et des autres. â LâĂducation et tout ce qui la rend accomplie est une chose presque sacrĂ©e. â Jâaime Ă me reprĂ©senter dans mon lit de supplice un nuage de petits ChĂ©rubins qui vous entoure les pieds et vous baise les mains, comme ceux de la Vierge de Morillo [Murillo]. Une seule chose me reste Ă reconquĂ©rir, câest la force de me tenir debout et de marcher seul. Aucun des naufragĂ©s de la MĂ©duse nâa souffert plus que moi exceptĂ© ceux qui ont mangĂ© de lâHomme. Attendez donc avec courage amie toujours aussi chĂšre et croyez en moi ». Il ajoute : « Vous avez raison de fermer vos oreilles et vos yeux Ă la voix et Ă lâaspect des mĂ©chans qui se lasseront de leurs inutiles manĆuvres contre vous qui ne leur avez rien fait. » Lettres dâun dernier amour (lettres v, vi, ix, xvii, xxiii, xxxii, xxxiii, xxxiv, xxxvii, xxxviii).
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244. VOLTAIRE (1694-1778). L.A.S. « V », F[erney] 16 ou 17 novembre [1770], au marquis de villevieille, « capitaine au regiment du Roy etc. hĂŽtel du Chatelet rue de lâUniversitĂ© Ă Paris » ; 2 pages in-4, adresse avec marque postale et fragment de cachet de cire rouge. 7 000/8 000 trĂšs belle lettre Ă©vOquant le sOuvenir de la Marquise du CHĂątelet, et juGeant le systĂšme de La nature du barOn dâHOlbaCH. [La lettre est adressĂ©e Ă Philippe-Charles de pavĂ©e, marquis de villevieille (1738-1825), brillant officier, qui fut aussi le disciple de Voltaire, et devint conservateur de la BibliothĂšque Sainte-GeneviĂšve. Il avait Ă©tĂ© invitĂ© par son colonel, le (futur) duc du ChĂątelet, au chĂąteau de Cirey, dâoĂč il avait Ă©crit Ă Voltaire, qui se souvient ici de son sĂ©jour auprĂšs dâĂmilie du ChĂątelet de 1734 Ă 1744.] « Votre lettre de Cirey Monsieur adoucit les maux qui sont attachez Ă ma vieillesse. Jâaimerai toujours le maitre du chatau ; et je nâoublierai jamais les beaux jours que jây ay passez. Je vous scais tres bon grĂ© dâĂȘtre attachĂ© Ă votre colonel qui est assurĂ©ment un des plus estimables hommes de France. Je lâay vu naĂźtre, et il a passĂ© toutes mes espĂ©rances. Je ne scais comment je pourais vous faire tenir la petite rĂ©ponse au Sisteme de la nature. Ce nest point un ouvrage qui puisse etre imprimĂ© Ă Paris. En rendant gloire Ă Dieu, il dit trop la vĂ©ritĂ© aux hommes. Il leur faut un dieu aussi impertinent quâeux. Ils lâont toujours fait Ă leur image. Paris sâamuse de ces disputes comme de lâopera comique. Il a lu le Sisteme de la nature avec le meme esprit quâil lit de petits romans. Au bout de trois semaines on nâen parle plus. Il y a comme vous le dites des morceaux dâĂ©loquence dans ce livre, mais ils sont noyez dans des declamations et dans des repetitions. Ă la longue, il a le secret dâennuier sur le sujet le plus interessant. La chanson que vous mâenvoiez doit avoir baucoup mieux reussi. Je suis bien aise quâelle soit en lâhonneur de lâhomme du monde Ă qui je suis le plus devouĂ©, et Ă qui jâay le plus dâobligation [le marquis de CHOiseul]. Jâose etre sur que les niches quâon a voulu lui faire ne seront que des chansons. Sâil me tombe entre les mains quelque rogaton qui puisse vous amuser je ne manquerai pas de vous lâenvoier. Je suis Ă vous tant que je serai encor un peu en vie »⊠Correspondance (PlĂ©iade), t. X, p. 483.
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245. Ămile ZOLA (1840-1902). L.A.S., MĂ©dan 14 juillet 1889 ; 1 page in-8. 250/300 Il informe son correspondant, comme convenu, quâil se rendra Ă lâappartement mercredi matin « pour achever de mâentendre avec le peintre, au sujet de la dĂ©coration du porche »âŠ
246. Ămile ZOLA. L.A.S., MĂ©dan 21 septembre 1897, [Ă son traducteur anglais Ernest vizetelly] ; 3 pages in-8 (petite fente au pli mĂ©dian). 1 000/1 200 sur les Ă©ditiOns aMĂ©riCaine et anGlaise de Paris (dans le People du 24 octobre 1897 au 27 mars 1898, puis en librairie : New York, MacMillan, 1898, et Londres, Chatto & Windus, 1898). Il envoie le traitĂ© signĂ© Ă M. Brett, mais non encore son portrait, et accuse rĂ©ception dâun chĂšque de 2000 francs comme avance sur les droits que produira la traduction amĂ©ricaine de Paris. « Vos ennuis avec le journal le People, et les journaux des colonies anglaises me chagrinent pour vous ; mais je nây puis rien faire. Mon Ćuvre est ce quâelle est, trĂšs morale, trop morale ; et tant pis pour les hypocrites qui ne la comprendront pas. Je ne puis que vous autoriser Ă lâaccommoder au goĂ»t de ces hypocrites. M. Chatto a grand tort de sâinquiĂ©ter. La maison Charpentier nâa rien Ă voir dans lâaffaire ; et quant Ă moi, je suis prĂȘt Ă faire le possible pour que M. Chatto mette son Ă©dition en vente le jour mĂȘme oĂč paraĂźtra lâĂ©dition française. [âŠ] Nous paraĂźtrons ici le jour oĂč le Journal publiera le dernier feuilleton ; et comment prĂ©voir la date exacte ? Je promets formellement dâindiquer cette date Ă M. Chatto, huit ou dix jours Ă lâavance. [âŠ] Mon conseil est que M. Chatto soit prĂȘt Ă lancer son Ă©dition dĂšs le 15 janvier ; et si lâapparition est retardĂ©e de quelques jours en France, il attendra. Lâorthographe exacte des deux noms que vous me demandez est Monferrand et Harn »âŠ
247. Ămile ZOLA. L.A.S. « Z », [Upper Norward] Lundi soir [19 dĂ©cembre ? 1898, Ă son traducteur anglais Ernest vizetelly] ; 1 page et demie in-8. 1 000/1 200 lettre dâexil en anGleterre pendant le prOCĂšs de JâaCCuse ! « Mon cher confrĂšre, je reçois une lettre de ma femme, qui mâannonce de nouveau son arrivĂ©e pour demain soir mardi. Câest Fasquelle qui doit vous prĂ©venir ; et, comme elle paraĂźt craindre quâil nâoublie, je vous demande le service, mĂȘme si vous ne receviez rien, dâaller, Ă Victoria, attendre au train de cinq heures. Puis, si vous ne trouviez personne, vous mâenverriez une dĂ©pĂȘche. Ce sera peut-ĂȘtre un dĂ©rangement inutile, mais je serais dĂ©sespĂ©rĂ© si ma femme arrivait sans vous trouver »âŠ
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248. [Marius-AndrĂ© AILLAUD (1909-1972) peintre et graveur]. Environ 100 lettres ou piĂšces et photographies, plus de nombreuses coupures de presse, 1930-1956 ; le tout montĂ© (parfois au scotch) dans 2 albums in-4. 200/250 Carte dâĂ©lĂšve et certificat dâinscription Ă lâĂcole nationale supĂ©rieure des Arts dĂ©coratifs (1930). ArrĂȘtĂ©s dâaptitude Ă lâenseignement du dessin (1932). Certificat de rĂ©compenses Ă lâĂcole des Beaux-Arts (1938). Carte dâĂ©lĂšve aux Beaux-Arts (1939). Premier Ă©tat dâune aquatinte (autoportrait). Documents relatifs Ă son sĂ©jour Ă lâAcadĂ©mie de France Ă Rome en 1939-1940. Liste dâĆuvres exposĂ©es Ă lâArt français, avec prix manuscrits (1947). Correspondances Ă©manant des ministĂšres des Colonies et de lâInstruction publique et des Beaux-arts, de lâInstitut de France, de musĂ©es ; fĂ©licitations sur son Prix de Rome, commandes, etc. Lettres et documents par Adolphe Boschot, Charles Couyba, Jacques Ibert, Paul Landowski, Jean MĂ©decin, Robert Pougheon, Robert Rey, etc., avec qqs minutes autogr. dâAillaud. Cartons dâinvitation, photographies originales dâAillaud dans son atelier, avec des camarades et ses Ă©lĂšves... Nombreuses coupures de presse.
249. Ferdinand BAC (1859-1952). L.A.S. avec dessin, FĂȘte Dieu juin 1947, Ă une dame ; 1 page petit in-4. 100/150 CHarMante lettre illustrĂ©e dâune Fleur dessinĂ©e et COlOriĂ©e : « Reçois lâadorable billet avec la VĂ©ronique ! » Il va se mettre « Ă rĂ©diger le liszt et le berliOz â souvenirs personnels â pour vous. Quant Ă saint-Granier [le chansonnier] il faut Ă©viter de donner de la publicitĂ© Ă sa dĂ©jĂ si lointaine parentĂ© avec le promoteur de âlâImmaculĂ©e Conceptionâ. Ces choses, comme tout ce qui est paradoxal, risquent dâĂȘtre mal accueillies. Essayons de vivre et de mourir en paix avec les morts et les vivants. Le paradoxe me semble de plus en plus ĂȘtre la vĂ©ritable loi de ce monde. Jâai justement terminĂ© sOCrate, poursuivi par une meute qui crie : âĂ mort ! Ă mort ! Il dit la vĂ©ritĂ© !â » Il prĂ©voit une prochaine visite Ă Paris, et conclut : « ChĂšre Madame aux CamĂ©lias nous avons beaucoup dâannĂ©es manquĂ©es Ă rattraper. Cela me rend triste et pressĂ© de faire rendre du mille % de mes minutes »âŠ
250. BEAUX-ARTS. 7 L.A.S. et 1 L.S., au galeriste RenĂ© MendĂšs-FranCe. 400/500 Camille bryen, Luis Fernandez (2, de Cantenac, parlant de MirĂł et dâun tableau), Ladislas jaHl, Sigismond kOlOsvari, AndrĂ© level (1929, parlant de Picasso et de Max Jacob), ManĂ©-katz, Geza szObel (l.s.). On jOint le fac-similĂ© dâune lettre de Picasso Ă BĂ©la Czobel, la copie dâun texte de Jean Cassou sur Jules Lefranc, et le catalogue dâexposition des SurindĂ©pendants (1957).
251. Ămile BERNARD (1868-1941). 2 L.A.S., [Tonnerre], 30 juin et 28 dĂ©cembre 1916, Ă son ami Mme duCHateau Ă Paris ; 4 pages petit in-4 et 2 pages in-8, enveloppes. 200/300 30 juin. « La piĂšce que je vous dĂ©die va fort bien. Jâai Ă©crit 3 actes pleins et jâai dĂ©jĂ entamĂ© le 4e. Je crois que cette satyre dramatique ne vous dĂ©plaira pas. Vous y ĂȘtes le FantĂŽme, câest-Ă -dire le retour du PassĂ© vivant parmi les morts modernes⊠Je vous rĂ©serve cette lecture pour novembre au coin du feu ». Il a fait une grande marche, seul, dans la campagne en faisant des poĂšmes, et une autre le lendemain avec tasset. « Depuis, la pluie mâa fait prisonnier, mais jâai Ă©crit un long, long poĂšme, renĂ© que je vous ferai connaĂźtre » [RenĂ© est le prĂ©nom du fils de Mme Duchateau qui quitte la France avec sa famille]... 28 dĂ©cembre : il lui adresse ses vĆux et souhaite « la fin prompte et propice de cette horrible guerre qui tient les mĂšres en angoisse et frappe sans pitiĂ© lâintelligence et lâavenir de notre France Ă©ternelle. [âŠ] Je suis dans lâencre. Câest-Ă -dire que jâĂ©cris, jâĂ©cris, jâĂ©cris [âŠ] Je suis plongĂ© dans lâApocalypse, que je prends comme base mystique pour une recherche de lâHarmonie des couleurs, par la voie des analogies. [âŠ] Je suis enivrĂ© de ces peintures fantastiques, mystĂ©rieuses et grandioses ; câest un abĂźme sur le bord duquel je me penche avec le sentiment du vertige : sortirai-je, de ce puits profond comme le ciel, la vĂ©ritĂ© dĂ©finitive de mon art ? [âŠ] Je veux que mon ouvrage soit vaste. La science de Dieu doit ĂȘtre la clef de toutes les sciences. Telle est ma conviction »âŠ
252. Antoine BOURDELLE (1861-1929). 2 L.A.S., Paris mars-dĂ©cembre 1924, Ă Henry bernstein ; 1 page in-8 et adresse, et 1 page in-4 (un bord effrangĂ©, coins froissĂ©s et un manquant sans toucher le texte). 500/600 11 mars 1924. « Vos cordiales fĂ©licitations donnent une force Ă la pensĂ©e de la LĂ©gion dâhonneur. Dans lâardente bataille du chantier il est bon que la voix dâun compagnon sâĂ©lĂšve. La pierre sâen assure et se loge mieux Ă son plan. Je suis dans lâocĂ©an, pour lâancienne PhocĂ©e, pour lâadmirable Massilia. Je construis un bas-relief, vaste, divers tout le dessus du cadre de scĂšne du nouvel opĂ©ra marseillais. Ma main par mon esprit est frĂ©missante car câest lĂ -bas la patrie du puGet, dont les splendides galĂšres royales rĂȘvent puissamment au fond des flots »... 3 dĂ©cembre 1924. Lettre Ă laquelle fut Ă©pinglĂ© un « dessin fait aprĂšs lecture de votre beau livre Judith » : « Je suis honorĂ© par lâenvoi de vos Ćuvres puissantes. TouchĂ© par les dĂ©dicaces qui les dĂ©signent en faveur de mon Art. Permettez-moi de joindre Ă mes sentiments mon admiration pour votre grand Art »...
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253. Alexander CALDER (1898-1976). L.A. (la fin manque), à « Cher Gaby » ; 1 page in-4. 300/350 « As-tu vu mon histoire de cirque (le mien) ? CâĂ©tait horriblement Ă©crit, mais je nâai pas lâhabitude dâĂ©crire, mĂȘme en Anglais, ou AmĂ©ricain. Peut tu le rectifier un peu ? Dis Ă M. delpire, de la revue Neuf â que nous lâaimons beaucoup, et que jâaimerais mâabonner â MOI », et aussi Talcot Clapp et Sandra Calder, dont il donne les adresses, « et peut la galerie le regler pour moi »⊠On jOint un exemplaire de Permanence du Cirque (Revue Neuf [n° 7], 1952, cart. toile verte, couv. illustrĂ©e collĂ©e sur le plat sup.) contenant le texte illustrĂ© de Calder, « Voici une petite histoire de mon cirque ») ; plus 2 L.A.S. de Tristan rĂ©My sur le cirque et la prĂ©paration de ce numĂ©ro.
254. Jean CARRIĂS (1855-1894) sculpteur. L.A.S., Paris 29 juin 1892, Ă la baronne de lanGsdOrFF ; 3 pages in-8, enveloppe. 150/200 Depuis quâil habite une partie de lâannĂ©e la NiĂšvre, « il nây a absolument rien dans mon atelier du Boulvard Arago qui vaille la peine dâun dĂ©rangement ». Il regrette « bien sincĂšrement nâavoir rien ici de particuliĂšrement intĂ©ressant Ă vous montrer. En retour sâil y avait quelque chose dans Paris, que vous dĂ©sireriez voir en compagnie du potier statuaire, vous pouvez user de mon temps et de ma volontĂ©, Ă vouloir vous ĂȘtre agrĂ©able »âŠ
255. Mary CASSATT (1844-1926). L.A.S., Paris 18 fĂ©vrier [1896], Ă Rose danielsOn, Ă Putnam Heights (Connecticut) ; 4 pages in-12 (deuil), enveloppe ; en anglais. 2 000/2 500 ĂMOuvante lettre sur la MOrt de sa MĂšre [dĂ©cĂ©dĂ©e le 21 octobre 1895]. Elle est trĂšs déçue de ne pouvoir espĂ©rer la visite de Rose au printemps : elles auraient pu se consoler mutuellement. Sa perte ne diminue pas avec le temps, au contraire : elle dĂ©sire de plus en plus disparaĂźtre. Le monde lui paraĂźt si vide, et elle-mĂȘme semble un encombrement inutile (« I do not find my loss less, as time goes on, quite the contrary I long more & more to be gone. This world seems such an empty place & I seem such a useless encumbrance to it. Will we ever learn the mystery of our being here ? »). Elle sâintĂ©resse profondĂ©ment Ă la photographie nouvelle qui lui paraĂźt comme une ouverture vers lâau-delĂ (« I am deeply interested in this new photography, it seems like an opening into the beyond, though of course it is not; but it proves what limited creatures we are »)⊠Elle Ă©voque la mort de Mr Herendon, dont la femme doit avoir la consolation que son mari avait une longue et cruelle maladie, et quâil est mort noblement en tĂąchant de sauver une autre vie. Mary a eu un hiver sans gelĂ©e ni neige. La description faite par Rose de son climat hivernal est effrayante. Chez elle, il fait bon mĂȘme lâhiver, quand le soleil brille, car elle a une longue galerie plein sud, vitrĂ©e ; mais câest solitaire, sa mĂšre lâaimait tant⊠Tous sont maintenant enterrĂ©s au cimetiĂšre du village, et elle peut aller les voir tous les jours (« My place is warm even in winter, when the sun shines, for I have a long gallery, full south enclosed in glass. My place is so lovely, my mother loved it so, it only makes me sad to see it now, sadder than I am when away from it; but all are now buried there in the village churchyard, & I can go & see them every day »...)âŠ
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256. Marc CHAGALL (1887-1985). ManusCrit autographe signĂ© avec dessin Ă la plume, Paris, 1910-1911⊠; 1 page in-4 (25 x 20 cm), indication de clichage. 6 000/8 000 « Seule la grande distance qui sĂ©pare Paris de ma ville natale mâa retenu dây revenir immĂ©diatement ou du mois aprĂšs une semaine ou un mois. Je voulais mĂȘme inventer des vacances quelconques rien que pour pouvoir revenir. Câest le Louvre qui mit fin Ă toutes ces hĂ©sitations ». Le dessin Ă la plume, en bas de la page, reprĂ©sente un couple allongĂ©, la tĂȘte de la femme penchĂ©e sur lâhomme, avec une tour Eiffel sâinclinant au-dessus dâeux, avec des immeubles en arriĂšre-plan.
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257. Marc CHAGALL. L.A.S. « Marc » avec dessin, Paris 1948, Ă son « cher Bouche » ; 1 page in-12 (13,2 x 10 cm), au dos dâun carton dâinvitation (encadrĂ©). 2 500/3 000 « Comment ça va ? Enfin lâexposition est ouverte. Ida tâĂ©crira sur elle. Moi je tâembrasse bien et te dit Ă bientĂŽt »... Le dessin en bas de page, Ă lâencre et aux crayons de couleur rouge, vert et jaune, reprĂ©sente une fleur avec des feuilles. Ce billet est Ă©crit au dos du carton dâinvitation Ă lâexposition Chagall inaugurĂ©e le 24 octobre 1947 au MusĂ©e dâArt Moderne Ă Paris.
258. Gaston CHAISSAC (1910-1964). 7 L.A.S. et 1 P.A.S., [Boulogne-par-les-Essarts (VendĂ©e) 1948], Ă Jean bOuret ; environ 16 pages formats divers, la plupart petit in-4 sur feuillets de cahier dâĂ©colier. 2 500/3 000 trĂšs belle et intĂ©ressante COrrespOndanCe sur ses Ă©Crits et sur sa peinture, aveC le Critique dâart jean bOuret, du journal Ce Soir. [1.Vii.1948]. Il demande Ă Bouret de lui accorder « une prĂ©face pour un recueil de mes Ă©crits », dont il lui enverrait le manuscrit. Il lui fait part de ses malheurs : « Jâai bien pĂąti. Et ces 5 derniĂšres annĂ©es que je viens de passer ici oĂč je suis le cordonnier sans clientelle [âŠ] mâont passablement dĂ©primĂ©. Câest pas drĂŽle tous les jours ». Il donne son adresse Ă Boulogne-par-les-Essarts (VendĂ©e), et ajoute quâil part chercher du « bois mort pour cuire la soupe »⊠Il apprend par un journal que « les VendĂ©ens disent quâils ont un grand Ă©vĂȘque et un petit prĂ©fet. [âŠ] tout ce que je sais câest que Monseigneur Cazeau ne mâa pas accordĂ© la prĂ©face que je lui avais demandĂ©e pour mes poĂ«mes hippoboscaliens (dont ma Libellule au tambour fait partie) et que le prĂ©fet ne mâa pas accordĂ© un secours pour me permettre de poursuivre mes recherches picturales et scupturales » ; il aurait peut-ĂȘtre dĂ» demander la prĂ©face au prĂ©fet et le secours Ă lâĂ©vĂȘque⊠Câest en VendĂ©e quâil a Ă©crit ses « poĂ«mes hippoboscaliens » dont quelques-uns doivent paraĂźtre dans une anthologie de Jean lâanselMe. Il a fait la connaissance de Marcel CHabOt, un libraire-poĂšte, qui vend aussi des instruments de musique dans sa librairie du chef-lieu, un homme charmant qui « a la foi et il vibre comme ces instruments Ă cordes quâil vend » ; et dont le dernier opus, FidĂ©lia, semble avoir un certain succĂšs dans la rĂ©gion, malgrĂ© son rĂ©alisme, etc. Il parle des personnages politiques, du clergĂ© de la rĂ©gion et du problĂšme des Ă©coles en VendĂ©e, qui sont trop Ă©loignĂ©es (il aimerait en voir ouvrir une aux Essarts) : « Le maire dâiçi me semble trĂšs toquĂ© des Ă©coles libres mais peut-ĂȘtre espĂšre-t-il arriver Ă leur redonner leur authenticitĂ© dâantan. En VendĂ©e on a un faible marquĂ© pour tout ce qui est inauthentique et
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le VendĂ©en nâest dâailleurs jamais un novateur mais toujours un suiveur ». Il est allĂ© acheter des couleurs, car on lui a commandĂ© la dĂ©coration murale dâun cabaret « içi mĂȘme chez des gens qui ont connu des jours extrĂȘment dificiles car lâhomme est un de ces trĂšs bon artisan quâon dĂ©daigne et la femme a de ces folles audaces comme de me charger de dĂ©corer son cabaret ». Il raconte cet endroit, lâexcentricitĂ© de sa propriĂ©taire, etc. Le vernissage de ces dĂ©cors muraux aura lieu le dimanche 4 juillet 1948. Il transcrit pour finir son poĂšme La Libellule au tambour⊠Il Ă©crit de nombreuses lettres à « toutes sortes de gens », et mĂȘme Ă la chĂątelaine dâun domaine voisin oĂč il avait remarquĂ© « de vieilles souches dâarbres que jâutilise depuis quelques temps pour fabriquer des statuettes pour lâart brut, Galerie Drouin », pour lui demander la permission de ramasser « ces souches si magnifiquement sculptĂ©es par le temps ». Il nâa pas manquĂ© de dire Ă cette dame toute son admiration pour ses souches : « Car il faut ĂȘtre honnĂȘte, sinon lorsquâon peint par exemple on a trop tendance Ă en plagier pour en mettre plein la vue aux clients et leur faire ouvrir le gousset. Et en faire des recĂ©leurs car je ne vois pas quel autre nom donner Ă qui achĂšte de lâinauthentique pareil. On ne doit rien cacher non plus et câest pourquoi jâavoue dessiner non pas avec ma main gauche mais avec ma bouche »⊠Il prĂ©cise quâil nâest pas VendĂ©en mais « Yonnais de lâYonne ». Il part sur une longue digression Ă©logieuse sur le peintre vendĂ©en LĂ©opold MarbĆuF, de La Roche-sur-Yon, qui peint des tableaux religieux, etc., avant de revenir Ă lui : « Par içi on ne me prend probablement ni pour un peintre ni pour un cordonnier car non seulement on ne mâachĂšte pas de tableaux et on ne me fait pas rĂ©parer de souliers mais il y a : âsans proffessionâ dâinscrit sur ma carte dâĂ©lecteur ce qui montre sans doute quâon ne me prend pas davantage non plus pour un littĂ©rateur. [âŠ] Câest faute de souliers Ă rĂ©parer que jâĂ©cris Ă Pierre et Paul pour mâoccuper. Je ne peux pas rester Ă rien faire ». Il a mĂȘme Ă©crit Ă des cultivateurs pour leur demander des prĂ©faces Ă ses poĂšmes, sans succĂšs⊠« Je pense Ă faire une exposition de peintures monumentales mais il me faudrait pour cela trouver Ă emprunter pour les peindre et pour les frais de lâexposition. Comme garantie jâoffre de donner au prĂȘteur les tableaux de cette exposition si dans 10 ans je nâai pu lui rembourser lâargent prĂȘtĂ© et les intĂ©rĂȘts ». Il a connu Albert Gleizes, quâil a vu peindre : « je nâignore pas sa façon de procĂ©der qui fait trĂšs amateur qui tient Ă obtenir un rĂ©sultat qui fasse travail dâhomme de mĂ©tier »⊠Il va lui envoyer son manuscrit, quâil prie de dĂ©poser au Mercure de France aprĂšs y avoir joint sa prĂ©face. Il parle de Monseigneur Cazeau et de son nouveau catĂ©chisme⊠Il lui envoie son manuscrit, et parle de son exposition Ă Nantes Ă la Galerie Michel COluMb, prolongĂ©e jusquâau 20 juillet : « Il nây a rien de vendu encore et je nâespĂšre guĂšre. Je vous ai expliquĂ© quâon ne veux pas me faire travailler comme cordonnier ici en VendĂ©e et cela est cause que je me trouve dans une situation pĂ©nible et humiliente ». De plus le journal Samedi-Soir ne manque pas une occasion de lâattaquer, avec des faits inexacts : « Mon exposition de lâan dernier Ă lâArc en ciel fut il est vrai prĂ©sentĂ©e par dubuFFet sur le dĂ©sir de paulHan et câest peut-ĂȘtre la cause de tout mais bien des annĂ©es avant de savoir lâexistence de Dubuffet et de celle de Paulhan jâĂ©tais encouragĂ© et protĂ©gĂ© par la camarade Jeanne kOsniCk-klOss et Otto FreundliCH. Samedi-Soir vat jusquâĂ raconter que je peins avec des lĂ©gumes Ă©crasĂ©, il a lâimagination fertile certes et je vois quâon est sans pitiĂ© et sans regret de lâhomme du peuple victime de lâintolĂ©rence et la sottise des
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gens et de la maladie. [âŠ] Je ne pensais pas peindre un jour et si je lâai fait et persistĂ© câest sur les conseils et les encouragements de camarades communistes qui ont Ă©tĂ© pour moi dâun dĂ©vouement sublime ». Ce journal a tout lâair dâĂȘtre « Ă la solde des capitalistes contre lesquels je lutte par des moyens nouveaux »⊠Bouret doit avoir reçu son manuscrit, « oĂč jâai peut-ĂȘtre tout de mĂȘme mis trop de fantaisie ». Il nâespĂšre guĂšre de son exposition Ă Nantes, « pour peu que les Nantais soient comme leur abbĂ© CHeval et sa clique qui nâont mĂȘme pas visitĂ© mon atelier lorsquâils sont venu dans le pays »... Il nâĂ©tait pas de lâexposition chez AndrĂ© pOuGet, « peut-ĂȘtre parce que mes toiles sont des faux dubuFFet pour Monsieur rOMi, qui sait ». Il manque de tout pour peindre, et se sent trĂšs fatiguĂ© : « Je ne puis guĂšre songer Ă faire une autre exposition Ă Paris. Elle ne servirait vraisemblablement pas Ă grand chose Ă part de me faire assommer encore plus ». Il propose Ă Bouret de lâaider Ă se documenter pour des articles, ça lui ferait plaisir de lui ĂȘtre utile. Il parle des moissons et du travail acharnĂ© des paysans pour si peu dâargent, et ajoute : « Je vous ferais volontiers cadeau dâune gouache [âŠ] reprĂ©sentant des empreintes de dĂ©tritus disposĂ©es pour figurer par exemple un portrait, mais Ă condition que vous y collaboriez en mâadressant quelques dĂ©tritus de votre choix (qui me serviraient pour la faire) ou plutĂŽt leurs empreintes sur du papier »⊠Sur une carte postale reprĂ©sentant son SamouraĂŻ « aujourdâhui dans la collection Paressant ». Il tenait Ă lui dire que sa mĂšre aussi avait Ă©tĂ© serveuse Ă La Rochelle oĂč elle avait connu « le fils du grand GOunOd qui un jour de pluie lâavait abritĂ©e de son parapluie au retour du marchĂ© pour que sa coiffe de maraichĂšre ne se mouille, ne sâabime pas »⊠Invitation manuscrite (papier rose dĂ©coupĂ© dâune couverture de cahier) : « Dans son atelier de Boulogne (VendĂ©e), Chaissac expose ses nouvelles pierres peintes. Vernissage le mercredi 14 juillet »...
259. Gaston CHAISSAC. L.A.S. avec COllaGes, Sainte-Florence par LâOie 27 mai 1955, Ă ThĂ©odore kOeniG Ă Bruxelles ; 1 page in-4 (27 x 21 cm, 2 trous de classeur). 5 000/7 000
Ă©tOnnante lettre Ă©Crite par-dessus un superbe COllaGe, fait de bouts de papiers de diverses couleurs dĂ©chirĂ©s et harmonieusement collĂ©s. Il remercie ThĂ©odore Koenig (192-1996, poĂšte belge, cĂ©lĂšbre aussi pour ses collages) de lâenvoi de son livre, Le Jardin zoologique Ă©crit en mer⊠Il lui rapporte les derniers Ă©vĂ©nements du village : les frĂšres Souriseau dans les champs, Bruno Masson et Michel Joyau faisant « la corvĂ©e dâeau pour la cantine scolaire [âŠ] Plusieurs des ci-dessus dĂ©signĂ©s sont un peu âsonge-malicesâ mais si divinement dĂ©coratifs. Avec la belle saison, nos chasseurs de reptiles : Michel Carcaud, etc, ont repris leur activitĂ© ». Il rapporte aussi ses trouvailles : « Jâai rĂ©cupĂ©rĂ© sur des tas dâordures des chandeliers anciens, une assiettes dĂ©corĂ©s de limoges peu endommagĂ©e et un coussin oriental en cuir avec appliques dĂ©coratives et auquel il ne manque pas une seule franges »⊠On jOint une enveloppe dĂ©corĂ© de collages envoyĂ©e par Chaissac Ă ThĂ©odore Koenig, [19 aoĂ»t 1955] (trous de classeur).
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260. Gaston CHAISSAC. L.A.S. avec 2 pOĂšMes autographes signĂ©s au crayon, au dos dâun dessin aquarellĂ© original, lĂ©gendĂ© et signĂ©, 16 fĂ©vrier 1959 ; 2 pages in-4 (27 x 21 cm, trous de classeur). 4 000/6 000 belle lettre Ă©Crite au dOs dâune aquarelle en pleine paGe. Le dessin, composition abstraite sur une pleine page, est lĂ©gendĂ© et datĂ© : « Le Martyre des 40 saints couronnĂ©s par Gaston Chaissac, du 16-2-59 ». Au dos du dessin, la lettre Ă©voque M. paGani de la galerie Grattacielo Ă Milan, qui sâintĂ©resse Ă la « production artistique » de Chaissac [il y sera exposĂ© en 1961], Monique Reignier « Ă©lue reine des ardĂ©chois de Paris »⊠« Melle Delpeuch, du passage Ă niveau de Cheyssac, commune de Vebret (Cantal), ayant oubliĂ© de fermer la barriĂšre, AndrĂ© Beignier qui passait Ă vĂ©lomoteur sâest fait Ă©craser par lâexpress Aurillac-Paris. Il semble Ă©galement que le but des curĂ©s est de maintenir les crĂ©dules dans la crĂ©dulitĂ© pour continuer dâen vivre. Je peins, jardine et cuisine »⊠Les deux courts poĂšmes, sans titre, sont Ă©crits en marge et tĂȘte-bĂȘche de la lettre. « Ma fronde Ă©tait garnie / Et devant ma tente /Je visais de mon mieux »⊠(7 vers). « La nuit des septs matins / LâĂąme en peine et les mains / Dans les poches jâai poursuivi / Mon bout de chemin du jour »⊠(10 vers).
261. [Gustave COURBET (1819-1877)]. sOn COuteau Ă palette ; 18 cm de long, lame en mĂ©tal Ă la marque Alp. Magnier, r. Fbg St Denis, Paris, manche en bois. 800/1 000 COuteau Ă palette du peintre Gustave COurbet. Il est accompagnĂ© dâune lettre dâauthentification par M. Romand, receveur de lâEnregistrement Ă Thiaucourt (Meurthe & Moselle), 17 octobre 1913 (sur papier Ă en-tĂȘte, avec cachets et lĂ©galisation de la signature), certifiant Ă Henry Poulet, maĂźtre des requĂȘtes au Conseil dâĂtat, que « ce couteau Ă palette vient de Gustave Courbet. Il a Ă©tĂ© donnĂ© par la sĆur du peintre Ă mon oncle maternel lOintier Ămile Inspecteur des ForĂȘts (peintre & sculpteur) Ă Ornans, dĂ©cĂ©dĂ© le 4 fĂ©vrier 1884. Transmis Ă mon pĂšre et longtemps utilisĂ© par lui, aprĂšs avoir servi au peintre et Ă mon oncle, il a Ă©tĂ© plusieurs fois repassĂ© & rognĂ© »âŠ
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262. DESSINS DE PRESSE. 55 dessins ou aquarelles. 150/200 Gus (1911-1997). 5 aquarelles signĂ©es (env. 27 x 36 cm), 1976-1987, sur la maladie de RamsĂšs II, les vacances, la Bourse. AndrĂ© lebOn (1918-1996). 50 dessins la plupart Ă lâencre de Chine, formats divers, la plupart pour tĂ©lĂ©-7 Jours : sur les Ă©missions tĂ©lĂ©visĂ©es, et portraits (Geza Anda, Bach, Boulez, N. Coward, M. Genevoix, Gide, Giono, A. GolĂ©a, R. Kemp, Liszt, Maurras, Salacrou, etc.).
263. Achille DEVĂRIA (1800-1857). L.A.S. avec dessin, Ă son « gros Abel » ; 1 page in-4. 150/200 « Mon gros Abel voulez-vous que nous allions demain matin chercher le portait de Roger »⊠En bas, dessin Ă la plume Ă lâimitation dâune mĂ©daille antique avec profil de femme coiffĂ©e dâun diadĂšme et dâune rĂ©sille, avec lâinscription abel.
264. Divers. 20 L.A.S. ou L.S., 1945-1953, [la plupart Ă Robert delpire] (bords un peu effrangĂ©s Ă qqs lettres). 250/300 autOur de la revue neuF, revue artistique destinĂ©e (au dĂ©part) au corps mĂ©dical, crĂ©Ă©e en 1950 par Robert delpire, jeune Ă©tudiant en mĂ©decine, auquel le directeur de la Maison de la MĂ©decine avait demandĂ© de rĂ©flĂ©chir Ă une publication culturelle. Lettres de peintres et dâĂ©crivains : RenĂ© bertelĂ©, Bill brandt, Marc CHaGall, Bernard dOrival, Pierre duMayet, Bernard GHeerbrant, Robert Giraud, Paul lĂ©autaud (lettre dictĂ©e), Georges liMbOur, Henri pastOureau, Jean paulHan, Pierre prĂ©vert (2), Raymond queneau, Maurice rapHaĂ«l (3), Pierre sOulaGes.
265. AndrĂ© DUNOYER DE SEGONZAC (1884-1974). L.A.S., Saint-Tropez 19 avril 1970, Ă un PrĂ©sident ; 1 page in-4. 80/100 Il sâexcuse de ne pouvoir aller Ă Florence pour lâinauguration de lâĂ©glise de Sainte-Marie Madeleine de Pazzi, « retenu par mon travail en Provence, oĂč je dois rester jusquâen juillet »âŠ
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266. Jean EFFEL (1908-1982). 8 dessins originaux avec titres et lĂ©gendes autographes ; 8 pages in-4 (20 x 27 cm). 250/300 suite dâesquisses Ă©rOtiques de preMier jet au CrayOn autOur de la CrĂ©atiOn dâĂšve, pOur Le roman dâadam et Ăšve (1974), classĂ©es sous diverses rubriques. â Solitude : Adam sâaccouple avec des animaux sous le regard de Dieu : « Le cĂ©libat lui pĂšse »⊠â Maquette : un ange commente lâappareil gĂ©nital dâĂšve. « Notez la simplicitĂ© de cet appareil : vous appuyez sur un bouton ». â Formation : dialogues entre deux anges devant Dieu, agenouillĂ© devant Ăšve : « Je crois quâil fait le con », et la main sur les fesses : « La crĂ©ation est finie ? â Il y met la derniĂšre main »⊠â Pansement : Adam se rĂ©veille, sexe dressĂ© : « Il reprend ses sens »⊠; Adam devant Ăšve : « Elle me fait bander »⊠PrĂ©sentation : Adam, entre Dieu et Ăšve, proteste : « Jâen veux pas. Elle est toute trouĂ©e »âŠ
267. LĂ©onor FINI (1908-1996). L.A.S., Jeudi, Ă Roger laurent ; 1 page ÂŒ in-4. 120/150 au sujet dâun dĂ©COr de tHĂ©Ăątre. Elle est « trĂšs mĂ©contente », car personne nâa reçu les invitations dont elle lui avait confiĂ© la liste. « Maintenant je voudrais [âŠ] quâon fasse chercher chez CastainG 21 rue Bonaparte une chaise Ă bascule (rocking chair), la seule trouvĂ©e possible, quâon loue pour 8000 fr par mois [âŠ] mais elle vaut la peine car lâautre fauteuil est trĂšs laid et dĂ©range le dĂ©cor du jardin »⊠On jOint 3 L.A.S. dâhommes de thĂ©Ăątre : Raymond rOuleau Ă Roger Laurent (1953, plus une lettre non identifiĂ©e au mĂȘme Ă en-tĂȘte du Ohel Theatre), et Antoine bOurseiller Ă Claude Sainval (1970, au sujet du dĂ©cor de LâEscalier).
268. Jean-Louis FORAIN (1852-1931). L.A.S., 13 mai 1925 ; 1 page in-8 Ă lâen-tĂȘte du Cercle de lâunion artistique. 100/120 Il accorde lâautorisation de « publier un Esprit de Forain aux Ă©ditions Gallimard, Ă la seule condition que vous vouliez bien me communiquer votre manuscrit »âŠ
269. Charles GARNIER (1825-1898) architecte. L.A.S. Ă un ami ; 1 page in-8, en-tĂȘte MinistĂšre des travaux Publics. Agence des travaux du Nouvel OpĂ©ra. Bureau de lâArchitecte. 80/100 Il envoie « un petit machin que vous allez me faire le plaisir dâimprimer tout vif dans votre Figaro. Nâen dites rien Ă WOlFF, depuis quâil nous a abandonnĂ© je ne me console plus mais ça ne fait rien imprimez tout de mĂȘme et Ă lâĆil. Ne blaguez plus Alphand il est bigrement fort »⊠On joint une signature dĂ©coupĂ©e.
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270. Ădouard GOERG (1893-1969). ManusCrit autographe signĂ©, Trois photos de nu, [1950] ; 6 pages in-8. 250/300 artiCle sur la pHOtOGrapHie de nu, destinĂ© au 1er numĂ©ro de la revue Neuf publiĂ©e par la Maison de la MĂ©decine. Goerg compare le travail du peintre Ă celui du photographe : ils « marchent lâun et lâautre dans un monde diffĂ©rent. Câest que le peintre ne voit quâavec ses yeux tandis que le photographe regarde avec ses yeux mais voit alors avec son objectif. Pour, par ou avec celui-ci, il âarrangeâ le monde, âchangeâ le monde, ou ârecrĂ©eâ le monde. Trois photos nous sont ici proposĂ©es qui illustrent ces 3 comportements diffĂ©rents. Un nu dans lâatelier de Matisse [de brassaĂŻ]. Un nu dont les volumes prennent poids et relief par un jeu de lumiĂšre qui les renforce et les accentue [de FaCCHetti]. Un nu dans un monde recrĂ©Ă© [de Lucien lOrelle] »⊠Il analyse chaque clichĂ©, et conclut que si peintres et photographes partagent des domaines communs, on ne peut les confondre : « Quelle mauvaise photo de nu serait celle qui aurait lâair dâun tableau, quel mauvais tableau de nu celui qui aurait lâair dâune photo »⊠On joint la L.A.S. dâenvoi du manuscrit Ă Robert Delpire (1950).
271. EugĂšne GRASSET (1841-1917) peintre et dĂ©corateur. 2 L.A.S. avec dessins, avril-septembre 1902, Ă Ădouard rOd ; 2 pages in-8 Ă son monogramme et 2 pages in-12 (carte). 300/400 lettres aveC dessins sur lâart italien. 30 avril. Au sujet du terme « tondo qui veut dire rond » qui sâapplique « Ă toute peinture en cercle (Della Robbia). Le PĂ©rugin en a fait au CollĂšge del Cambio ». Il sâapplique aussi aux tableaux religieux « surmontĂ©s dâun compartiment arrondi au-dessus », et Ă des voĂ»tes, appelĂ©es aussi « lunettes » (dessin) ; le tableau rond se nomme aussi lunette en français⊠9 septembre. Il envie Rod dâĂȘtre « dans un joli pays bien frais oĂč vous travaillez dans la tranquillitĂ© et la verdure. Jâavale les poussiĂšres de la capitale retenu par dâabsurdes et arriĂ©rĂ©s travaux »⊠Il lui explique, avec 2 dessins Ă la plume, les termes architecturaux de « Peduccio », qui est la « retombĂ©e », et de « Lunettes », ou « lâintrados de la voĂ»te, c.Ă .d. sa face interne (imbotta en italien) »⊠Les triangles courbes des voĂ»tes sont bien des lunettes, ou « voussures, ce qui Ă©vite toute erreur »âŠ
272. Ămile GRAU-SALA (1911-1975). Maquette originale signĂ©e de dĂ©cor, [1948] ; gouache sur papier noir, signĂ©e en bas Ă droite, 18 x 22,5 cm (encadrĂ©e). 500/600 Pharmacie Ă lâancienne, dĂ©cor pour la comĂ©die de Jean nOHain (1900-1981), Plume au vent, crĂ©Ă©e Ă la ComĂ©die des Champs-ĂlysĂ©es le 16 avril 1948.
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273. Ămile GRAU-SALA. 2 Maquettes originales signĂ©es de costumes, [1949] ; gouaches signĂ©es en bas, 31,5 x 24,5 cm chaque (encadrĂ©es). 500/600 Deux costumes pour la comĂ©die de Marcel aCHard, La Demoiselle de petite vertu, crĂ©Ă©e Ă la ComĂ©die des Champs-ĂlysĂ©es le 21 novembre 1949, dans une mise en scĂšne de Claude Sainval : « PĂ©nĂ©lope » [jouĂ©e par Margo Lion], « RaphaĂ«l Costella 2e acte » [jouĂ© par Claude Sainval].
274. Jean-Jacques Waltz dit HANSI (1873-1951). dessin original Ă la plume et aquarelle, et 2 L.A.S. Ă M. Marty ; 24 x 18 cm Ă vue, 1 page in-8 et 2 pages in-4 (le dessin et la premiĂšre lettre sous un cadre). 500/700 prOjet de COuverture de brOCHure publiCitaire, reprĂ©sentant une Alsacienne tenant deux Ă©pis de blĂ© et un sac de Potasse dâAlsace marquĂ© dâune cigogne ; Ă lâarriĂšre-plan, un paysan guide une charrue tirĂ©e par deux bĆufs. 30 juin. Envoi dâĂ©preuves : « il y a quelques coquilles, et quelques rectifications dans les cadres et le placement des clichĂ©s. PriĂšre de mâenvoyer les Ă©preuves corrigĂ©es, que je vous retournerai immĂ©diatement comme bon Ă tirer, avec les hors-textes placĂ©s Ă leur place »⊠27 juillet. Instructions pour lâimpression, avec deux petits cartons colorĂ©s. « Les 2 tons peints au patron feraient mieux sur gris que sur blanc â et ce serait plus dans le caractĂšre dâune feuille de garde. [âŠ] La toile dâAlsace de la couverture est imprimĂ©e dâaprĂšs un dessin de Hansi par MM. Gros, Roman et Cie Ă Wesserling (Alsace) »âŠ
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275. Jules HarDouin-mansart (1646-1708) architecte, surintendant des bĂątiments de Louis XIV. L.S. « Mansart », Marly-Le-Roy 3 juillet 1699, Ă M. MariGner ; 2 pages petit in-4 (lĂ©gĂšres rousseurs). 1 000/1 200 Il a bien reçu sa lettre « avec le marchĂ© des terres faittes Ă Maintenon par le Sr le duC qui servira bien au memoire que vous mâavez donnĂ© pour les 30000ll Ă revenir au Roy ». Ce nâest pas la peine quâil vienne « demain pour travailler Ă lâEtat au vray nâayant point de temps Ă vous donner pour cela, je choisirai un jour tout entier pour terminer cette affaire ». Il le prie de tenir « lâoriginal du grand Etat tout prest pour demain au soir, dont il aura fait une copie : « Je travaillerai demain au soir et dimanche du grand matin aux Etats des Controlleurs »⊠rare.
276. Antoine-Julien HĂNARD (1812-1887) architecte. 5 L.A.S. (minutes ou copies), Paris et Fontainebleau 1854-1860, Ă napOlĂ©On iii ; 11 pages et demie in-fol., la plupart Ă son en-tĂȘte. 300/400 prOjets pOur lâalGĂ©rie et pOur un MOnuMent Ă lâallianCe des natiOns. PĂ©titions pleines dâardeur patriotique et impĂ©riale, en vue de projets divers relatifs Ă lâAlgĂ©rie, terre qui rendra au centuple Ă lâEmpire, ce quâelle aura coĂ»tĂ© : « La France lâaura conquise, votre puissance, Sire, lâaura fĂ©condĂ©e » (28 janvier 1854) ; la moralisation du travail des ouvriers, et un Ă©tablissement gĂ©nĂ©ral pour la colonisation de lâAlgĂ©rie (vers 1854) ; un monument pour cĂ©lĂ©brer lâalliance des grandes Puissances de lâEurope, « couronnĂ©es par le gĂ©nie de la France » (15 dĂ©cembre 1859) ; la crĂ©ation dâune place Ă Paris pour ce monument, en supposant un monument de NapolĂ©on III sur le pont dâIĂ©na et lâĂ©dification dâun Palais du Roi de Rome (23 janvier 1860)... Plusieurs mois aprĂšs un Ă©change encourageant avec M. de Dalmas au sujet du projet dĂ©posĂ© aux Tuileries, il renouvelle sa demande dâaudience (20 juin 1860)...
277. Georges RĂ©mi, dit HERGĂ (1907-1983). L.S., Bruxelles 11 dĂ©cembre 1974, Ă Philippe Rouberol Ă Saint-Germain-en-Laye ; 1 page in-4 dactylographiĂ© Ă en-tĂȘte Studios HergĂ© avec vignette de Tintin et Milou. 300/400 « Ă la question que vous me posez, je ne peux que rĂ©pondre : âOui, tintin et les Picaros est bien avancĂ© ; jây travaille tous les jours ; mais je ne peux pas encore fixer une date pour la parution de cette nouvelle histoireâ. Je vous demande encore un peu de patience »âŠ
278. Louise HERVIEU (1878-1954) dessinatrice et Ă©crivain. L.A.S. « Votre pitoyable Louise », Boulogne 21 juin 1931, Ă la femme de lettres RenĂ©e dunan ; 2 pages in-4. 150/200 Elle a reçu son dernier livre, « un livre rare dâĂ©nergie et de puissante comprĂ©hension ». Elle parle ensuite de la santĂ© de sa mĂšre quâelle a dĂ» faire admettre Ă la maison spĂ©ciale de santĂ© de Neuilly-sur-Marne, filiale de Ville-Ăvrard... « Et voilĂ oĂč ont abouti des annĂ©es une existence de soins et de tendresses, quâelle nâa jamais voulu reconnaĂźtre, quâelle ne pouvait peut-ĂȘtre pas reconnaĂźtre. Encore une de mes dĂ©faites. Et maintenant la pauvre crĂ©ature achĂšve lamentablement sa vie Ă Neuilly s/Marne dans des peines corporelles, qui souvent terrifient le cĆur. [...] Elle a repris, en partie, une luciditĂ© souvent cruelle »... On jOint une L.A.S. de ThĂ©rĂšse debains, 5 fĂ©vrier [1937 ?], au sujet de sa participation Ă une exposition collective Ă la galerie Bernheim-Jeune avec Gromaire, Goerg, Laboureur, Lhote...
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279. MikhaĂŻl LARIONOV (1881-1964). Carte pOstale signĂ©e illustrĂ©e de dessins originaux, à « Monsieur Serge Jastrebzoff 278, Bd. Raspail Paris (14e) » (9 x 14 cm). 5 000/6 000 Carte pOstale peinte pOur serGe FĂ©rat. La photographie de la carte postale reprĂ©sentant la Scierie du Vauvrilly Ă La CharitĂ© sur Loire a Ă©tĂ© entiĂšrement rehaussĂ©e par Larionov Ă lâaquarelle et Ă la gouache : nuages dans le ciel, arbres en vert, maisons, prairie, avec trois vaches ajoutĂ©es⊠Au verso, Larionow a signĂ© de son nom en lettres peintes multicolores, ainsi que le nom et lâadresse du destinataire ; sur le timbre, il a peint un faux cachet postal « pivOtin ». Dans la partie rĂ©servĂ©e Ă la correspondance, il a peint des branchages et un oiseau multicolores.
280. Marie LAURENCIN (1883-1956). L.A.S. avec dessin, Paris 3 dĂ©cembre 1918, Ă un ami ; 1 page in-4 (26 x 21 cm, encadrĂ©e). 3 000/4 000 belle lettre illustrĂ©e. Elle est ornĂ©e dans le coin supĂ©rieur gauche haut dâun ravissant mĂ©daillon Ă lâaquarelle, reprĂ©sentant une jeune femme coiffĂ©e dâun chapeau bleu. « Cher ami, Jâai Ă©tĂ© trĂšs attentive Ă votre lettre et jâaimerais faire une sĂ©rie de dessins avec vous. â Quand aux jeunes filles passionnĂ©es de peinture, il faut leur procurer de quoi peindre et attendre ! »âŠ
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281. Henri LAURENS (1885-1954). L.A.S. avec dessin, Paris 18 juin 1953, Ă Pierre berĂšs ; 1 page in-4 (27 x 2 cm, encadrĂ©e, un peu passĂ©e). 3 000/4 000 belle lettre illustrĂ©e. Un grand dessin Ă la plume en tĂȘte de la lettre reprĂ©sente une femme nue allongĂ©e, rehaussĂ©e aux crayons de couleur bleu et jaune. Il souhaite Ă BerĂšs de bonnes vacances. « Peut-ĂȘtre si il fait chaud rencontrerez-vous au bord de la mer le modĂšle de ce dessin »âŠ
282. Fernand LĂGER (1881-1955). L.A.S., Dimanche [20 juillet 1947], Ă M. sCliar ; 1 page petit in-4. 500/600 Il avertit son correspondant que « les deux tableaux : celui pour Mr levy et celui pour Mr Marx sont Ă disposer, sont dĂ©posĂ©s, chez Mr leFĂšvre-FOinet Emballeur et marchand de couleurs 19 rue Vavin ». Il donne son adresse « 86 Rue Notre Dame des Champs ».
283. Jean-Baptiste LEMOYNE (1704-1778) sculpteur. L.A.S., 30 janvier 1761, [au marquis de MariGny ?] ; 1 page in-4. 300/400 « Votre bontĂ© mâayant ordonĂ© de faire le buste du Roy pour la facultĂ© de mĂ©decine de MontpeliĂ©, jâay lâhonneur de vous demandĂ© de doner vos ordres pour quâil me soit dĂ©livrĂ© le bloc de marbre nĂ©ssĂ©ssaire a cette ouvrage »âŠ
284. Aristide MAILLOL (1861-1944). L.A.S. avec dessin, Banyuls-sur-Mer, 30 juillet 1938 ; 2 pages in-8, recto-verso, sous cadre double face (42 x 35 cm). 3 000/4 000 Il a cherchĂ© « un dessin possible pour le texte de Sapho. Me basant sur les odes connues jusquâĂ lâĂ©dition que je possĂšde, jâavais fait plusieurs dessins sur lâode oĂč Sapho parle dâAthis, mais aprĂšs avoir fait traduire le texte anglais, jâĂ©tais loin du sujet. Jâai du recommencer et voici le calque de la gravure que je vais exĂ©cuter » ; peut-ĂȘtre faut-il le soumettre Ă lâĂ©diteur avant de commencer. En post-scriptum, Maillol retranscrit la traduction quâon lui a donnĂ©e : « Je vous aimais Athis il y a longtemps / au temps de ma jeunesse en fleur »⊠Le dessin en bas de page (8 x 11,5 cm) est un calque en bleu rehaussĂ© Ă la mine de plomb reprĂ©sentant un couple de femmes nues allongĂ©es sâembrassant.
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285. Jean-Denis MALCLĂS (1912-2002). 6 Maquettes originales de costumes, pour Gorgonio, [1961] ; gouaches, 4 signĂ©es, env. 27 x 20 cm chaque (2 encadrĂ©es). 1 000/1 200 Costumes pour la piĂšce de Tullio pinelli, Gorgonio, adaptĂ©e par Claude Santelli, et montĂ©e par Claude Sainval au thĂ©Ăątre des Champs-ĂlysĂ©es le 24 fĂ©vrier 1961, avec Jacques duMesnil dans le rĂŽle-titre. « Jacques Dumesnil â Gorgonio » ; « ĂnĂ©e â Bernard NoĂ«l » ; « Apollinaire â [Roger] Crouzet » ; « Le docteur â M[arcel] AndrĂ© » ; « Les Notables » (3 personnages, annotĂ© par Roger Lauran : Roger Lauran, Maurice Hanoteau, Hubert Beauchet). Les trois autres portent des Ă©chantillons de tissu Ă©pinglĂ©s : « lâivrogne » [Gabriel Gobin] ; « le pĂšre â le fils » (2 personnages) ; « la fille â la mĂšre » (2 personnages). Plus une Ă©tude de fleurs, signĂ©e en bas Ă droite.
286. Jean-Denis MALCLĂS. Maquette originale de dĂ©cor, signĂ©e en bas Ă droite ; plume et aquarelle 12,5 x 14,8 cm sur feuillet 19,5 x 23 cm (encadrĂ©e). 350/400 Place de village du Midi ou dâEspagne avec une fontaine ; dĂ©dicace Ă Roger Lauran. On jOint une reproduction dĂ©dicacĂ©e par MalclĂšs « Ă lâami Antoine » (35 x 44,5 cm, encadrĂ©e).
287. Jean-Denis MALCLĂS. dessin original signĂ© sur la page de garde dâEdmond rOstand, Cyrano de Bergerac, texte prĂ©sentĂ© et commentĂ© par Jacques Truchet, illustrations de Jean-Denis MalclĂšs (Imprimerie Nationale, 1983) ; in-4, rel. basane rouge. 100/150 Grand dessin Ă pleine page aux encres noire et rouge, tĂȘte de Cyrano de profil, dĂ©dicacĂ© « Ă Roger Lauran amitiĂ© 17 juin 1985 Jean Denis MalclĂšs ».
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288. Jean-Denis MALCLĂS. 8 cartes avec P.A.S., 1986-2000, Ă Roger Lauran Ă la ComĂ©die des Champs-ĂlysĂ©es ; la plupart oblong in-8, 4 enveloppes. 100/150 Cartes illustrĂ©es pour des vĆux ou des vernissages, avec notes amicales autographes. On jOint une carte de vĆux illustrĂ©e par MalclĂšs et signĂ©e par les FrĂšres jaCques (1980) ; plus 3 autres cartes illustrĂ©es de MalclĂšs.
Jean-Denis MALCLĂS : voir aussi les nos 19, 24, 33, 34.
289. Ădouard MANET (1832-1883). L.A.S., Jeudi 17 avril [1879] ; 1 page in-8 (encadrĂ©e). 3 000/4 000 « Vous voudrez bien Ă la fin de lâexposition envoyer La Liseuse de Mlle Cassat chez Mr Antonin Proust dĂ©putĂ© 32 Bd Haussmann oĂč vous toucherez les 300 frs convenus »... [Il sâagit de la quatriĂšme exposition des Impressionnistes, en avril 1879, au 28 avenue de lâOpĂ©ra. Mary Cassatt y exposait douze tableaux, dont sa Femme lisant, aujourdâhui au Joslyn Museum dâOmaha (Nebraska). Le critique dâart et homme politique Antonin prOust (1832-1905), ami de Manet, fut lâun des premiers acheteurs de Mary Cassatt.]
290. Ădouard MANET. L.A.S., Ă son cher barbOu ; demi-page in-8 (encadrĂ©e). 2 500/3 000 « Je crois que le type de Gavroche a disparu. Je ne peux pas en trouver »âŠ
291. Georges MATHIEU (1921-2012). L.A.S. ; 1 page in-fol. Ă lâencre rouge, vignette et devise Non nobis, Domine, non nobis sed nomini tuo da gloriam. 100/120 Lettre dâenvoi dâun « texte promis »... On jOint 2 photographies (retirages) de Pierre Bonnard sur un bateau avec des amis ; et 2 photographies (cartes postales) de Manet et Millet.
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292. Henri MATISSE (1869-1954). L.A.S avec dessin, Vence 25 dĂ©cembre 1948, Ă Florence GOuld ; 1 page in-4 (27 x 21 cm, le nom de la destinataire un peu effacĂ©). 6 000/8 000 belle lettre de vĆux illustrĂ©e dâun Grand dessin de deux Fleurs, Ă la plume et aux crayons rouge et bleu. « Joyeux NoĂ«l & mes meilleurs vĆux pour lâannĂ©e 1949. SantĂ©, Bonheur & tout »âŠ
293. Henri MATISSE. L.A.S avec dessin, Nice 29 janvier 1949, Ă Madame COllin Ă Neuilly ; 1 page in-4 (27 x 21 cm), enveloppe. 4 000/5 000 lettre illustrĂ©e dâun dessin de Fleur. La partie gauche de la page est ornĂ©e dâun grand dessin de fleur aux crayons de couleur, aux pĂ©tales rouges et Ă la tige bleue. Matisse remercie sa correspondante de sa lettre charmante. « Je me souviens que lorsque vous me veillez dans la piĂšce qui touche celle des oiseaux, dans laquelle je fais ma chambre Ă coucher au RĂ©gina Ă©vid[emmen]t, vous passiez une grande partie de vos nuits en lettres pour vos amis »... Il fait « une chapelle de Couvent Dominicaines. Câest pour exĂ©cuter 15 m de longueur de vitraux que jâai quittĂ© Vence »⊠[Il sâagit de la Chapelle du Rosaire Ă Vence, Ă©rigĂ©e par Auguste Perret, et consacrĂ©e en juin 1951.]
294. Henri MATISSE. L.A., [Ă Marguerite steinlen] ; 1 page oblong in-8 (petites fentes au pli rĂ©parĂ©es). 500/600 Billet Ă propos dâun appartement libre Ă Nice : « Pour les Walter il y a Avenue Emilia 6 (Bd Gambetta prĂšs de la rue Verdi) un petit appartement deux piĂšces, petites, avec 1 salle de bains une cuisine et une cave, une terrasse de 10m de long sur 2m large â neuf â chauffage central particulier â donc sans redevances. Pour 4000 fr. âLe bonheur est dans les petits appartements !â » âŠ
295. Joan MIRĂ (1893-1983). L.A.S. avec dessins, Palma de Mallorca 18 mai 1961, Ă Henri MatarassO ; 2 pages in-4 (28 x 21,8 cm, recto-verso). 5 000/6 000 MaGniFique lettre enluMinĂ©e de Cinq dessins abstraits aux crayons de couleur rouge et bleu, dont la grande signature. « Dans les premiers jours de juin, je rentre Ă Paris pour le deuxiĂšme round, et je vais aussitĂŽt mâoccuper de la litho » puis il fera un saut dans le midi et viendra « boire un verre avec vous » ; il lui adresse ses amitiĂ©sâŠ
296. Joan MIRĂ. P.A.S. ; demi-page oblong in-4, au crayon. 300/400 Page dâalbum : « Avec mes hommages et fĂ©licitations, MirĂł ». En dessous, une autre signature.
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297. Claude MONET (1840-1926). L.A.S., Giverny 15 mai 1905, Ă M. Gravereau ; 1 page in-8 Ă lâen-tĂȘte de Giverny. 1 000/1 200 Il remercie Gravereau (horticulteur grainetier Ă Neauphle-le-ChĂąteau) « de lâenvoi de vos belles et dĂ©licieuses asperges, que nous avons mangĂ©es avec plaisir et dont je vous remercie bien ». Il tient aussi Ă sâacquitter de sa derniĂšre facture de 795 F, et joint cette somme, soit 700 F en billets de banque et un mandat postal de 95 FâŠ
298. Giorgio MORANDI (1890-1964). 3 L.A.S., Bologne 1959-1962, Ă une dame ; sur 1 page in-8 chaque ; en italien. 400/500 21 avril 1959, remerciant pour lâenvoi dâune belle Ă©dition des eaux-fortes de jOnGkind⊠20 octobre 1959, remerciant de la trĂšs belle publication des Cent Croquis de Jacques villOn, qui lâa vivement intĂ©ressé⊠25 juin 1962, remerciant pour lâenvoi du beau volume Art de FranceâŠ
299. PEINTRES. 11 L.A.S et 1 P.S., 1871-1902, la plupart Ă Maurice Georget la CHesnais ; env. 23 pages formats divers. 100/120 AmĂ©dĂ©e besnus (10, 1877-1902, plus une de son fils Georges) ; Alexandre COlin (2, plus faire-part de ses obsĂšques). On jOint une L.A.S et une carte du statuaire CHatrOusse ; des coupures de presse Ă propos de Besnus et Colin ; 2 faire-part de dĂ©cĂšs de Carl-Joseph kuWasseG ; une note de La Chesnais concernant GĂ©riCaultâŠ
300. Raymond PEYNET (1908-1999). L.A.S., Brassac-les-Mines 3 mars 1944 ; 1 page in-8 (encadrĂ©e avec reproduction dâun dessin). 60/80 Il envoie un dessin : « Je lâai fait simple et aĂ©rĂ©, et dâun trait assez fort pour quâĂ lâimpression il vienne nettement. JâespĂšre quâil vous plaira. Si toutefois vous aviez des objections Ă me faire, ne vous gĂȘnez pas ». Comme paiement, il souhaite troquer ce dessin contre une reliure sur la piĂšce de Labiche, un chapeau de paille dâitalieâŠ
301. Georges ROUAULT (1871-1958). 2 L.A., [LâIsle-sur-Serein (Yonne) 1914-1918], Ă M. Girardin, chirurgien dentiste, Ă Paris ; 1 page in-12 avec adresse au dos, et 2 pages in-12. 250/300 [Fin septembre ? 1914]. Il craint dâavoir oubliĂ© de signer le congĂ© : « Je suis un peu tourmentĂ© par les Ă©vĂ©nements, jâai encore de la famille Ă Paris. Croyez-vous Ă une seconde bataille de la Marne Ă livrer dans un bref dĂ©lai ? Je suis bien profane, mais jâai lâimpression dâun gros danger pour Paris si on ne rejette pas par une victoire prochaine cette ruĂ©e fantastique »⊠Il ne sait quoi rĂ©pondre Ă un parent affolĂ©, concernant des valeurs en dĂ©pĂŽt au CrĂ©dit lyonnais. « Les Allemands ne sont pas encore Ă Paris que diable »⊠[19 avril 1918]. Il ne sait comment le remercier, mais il le fera Ă son
...â/â...
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retour « dans des conditions qui ne puissent blesser un homme ayant dâaussi dĂ©licates intentions Ă mon Ă©gard ! »⊠Il redoute ce dĂ©mĂ©nagement quâil faudra surveiller : « Au besoin je vendrais mon piano en ayant un autre au musĂ©e, câest un excellent JockĂ© mais il est trĂšs lourd [âŠ] si nous savions que la guerre doive finir bientĂŽt nous ne ferions pas ce dĂ©mĂ©nagement, mais ce ne sera certainement pas fini en octobre »âŠ
302. Thomas ROWLANDSON (1756-1827). dessin original avec lĂ©gende autographe, [1808-1809] ; plume avec lavis et aquarelle, 10 x 14,5 cm (encadrĂ©). 1 200/1 500 aMusant dessin non retenu pour lâĂ©dition illustrĂ©e par Rowlandson des Surprising Adventures of the renowned Baron Munchausen, containing Singular travels, Campaigns, Voyages ans Adventures de Rudolph Erich Raspe (London, Plummer for Thomas Tegg, 1809). Il reprĂ©sente une Ă©norme baleine au premier plan tirant un vaisseau au loin et porte la lĂ©gende manuscrite : « The Baron relates his adventures on a voyage to North America. Pranks of a whale â which are well worth with the readers attention » [le Baron raconte ses aventures dans son voyage en AmĂ©rique du Nord. Tours dâune baleine â qui mĂ©ritent lâattention du lecteur]. Câest lâĂ©pisode oĂč la baleine joue un mauvais tour Ă lâĂ©quipage : en colĂšre, elle saisit dans sa bouche lâancre et lâemporte en entraĂźnant le navire.
303. ThĂ©ophile Alexandre STEINLEN (1859-1923). 7 L.A.S., Paris 1894-1920 ; 9 pages et demie formats divers, 2 adresses. 350/400 2 mai 1894, Ă un cher maĂźtre : « depuis tant de jours je remets la visite que je vous ai promise et de laquelle je me faisais une joie » ; il espĂšre le voir le lendemain « au dĂźner que le Crayon offre Ă Renouard »⊠5 mai 1916. « PrĂ©cisĂ©ment demain je dĂźne avec notre imprimeur Mr Chachoin, il doit ĂȘtre question de notre affiche : la semaine prochaine, dĂšs les premiers jours je mây consacrerai »⊠18 fĂ©vrier 1917 : « Je sors du gros de la prĂ©paration de lâExposition projetĂ©e par notre ami dâA. [âŠ]. Câest mardi lâinauguration â JâespĂšre ĂȘtre assez bien pour pouvoir faire acte de prĂ©sence ce jour-lĂ â mais je ne me requinque guĂšre, depuis une 10e de jours jâai pris le parti de coucher Ă lâatelier pour nâavoir pas Ă mettre le nez dehors »⊠9 octobre 1917, Ă une dame : sa gravure est excellente, mais « câest le modĂšle, dont le âgraphismeâ ne permettait pas la coupe nette et ferme quâexige (il me semble) la xylographie â câĂ©tait un crayon, je crois, un dessin au trait, au pinceau, Ă la plume eĂ»t mieux fait lâaffaire »⊠25 septembre 1919, Ă Ivan laMberty, Ă Bruxelles. Il est navrĂ© de « la fĂącheuse aventure » qui lui arrive ; il Ă©tait inquiet de son silence, et avait interrogĂ© Colette et Inghel, Massa et les petits Naudin : « Nous espĂ©rons et faisons des vĆux pour que cette chaude alerte nâait pas de mauvaises suites »⊠5 fĂ©vrier 1920 : « Quâont dit, quâont imagĂ© Cyril et Galbez dans leur album Les CrucifiĂ©s ? Rien de plus que la simple, la cruelle vĂ©ritĂ©. Tous les hommes, tous les artistes Ă©pris de libertĂ© se doivent de protester contre les poursuites iniques engagĂ©es contre eux, doivent se solidariser avec eux, ce que je fais fraternellement »⊠21 septembre 1920, Ă Armand dayOt. « Ici aussi nous avons Ă©tĂ© trĂšs Ă©mus et inquiets des notes pessimistes de quelques gazettes â câĂ©taient de misĂ©rables et faux bruits. Notre bon maĂźtre [Anatole FranCe] est en pleine convalescence chez son ami le Dr Couchoud Ă Versailles »âŠ
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![Page 127: L & MANUSCRITS AUTOGRAPHES](https://reader036.fdocument.pub/reader036/viewer/2022062408/62ac42f00056db794921662b/html5/thumbnails/127.jpg)
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304. ThĂ©ophile Alexandre STEINLEN. 2 L.A.S., [1906] et s.d. ; 1 page in-12 avec adresse au dos (Carte pneumatique), et 1 page in-8. 100/150 Jeudi [5 avril 1906], Ă Roger Marx. « Le dessin en question ne mâest rentrĂ© quâhier tard dans la soirĂ©e â jâattendais son retour pour vous avertir â car je nâai pu rien faire dans le sens de ce que vous dĂ©siriez â le dessin est donc Ă votre disposition dĂšs quâil vous plaira de le venir prendre » Ă son atelier »⊠Lundi, Ă Aristide bruant : « Ci le dessin de Serrez vos rangs veux-tu bien ĂȘtre assez aimable pour donner les fs 20 au porteur Ă qui je les dois »âŠ
305. Chu TEH-CHUN (1920-2014). 2 L.A.S., Bagnolet 1978, Ă son « Cher Raoul » [le critique dâart Raoul-Jean MOulin] ; 1 page in-4 et 1 page in-8. 100/120 21 janvier. Il lui envoie un catalogue de son exposition Ă la Maison de la Culture de Saint-Ătienne : « Jâai voulu te faire la surprise dây inclure lâextrait du texte que tu as eu lâamabilitĂ© de faire pour le journal LâHumanitĂ© en 1974 »⊠17 novembre. Il a appris sa nomination Ă un poste important de lâA.I.C.A. (Association Internationale des Critiques dâArt) : « Jâen suis heureux pour toi et tâen fĂ©licite ! Je travaille beaucoup en ce moment »âŠ
306. Georges WAKHEVITCH (1907-1984). 3 Maquettes originales de dĂ©cors pour Siegfried de Jean GiraudOux, [1952] ; gouaches, la 3e signĂ©e en bas Ă droite, 17,5 x 24,5 cm chaque, sous un mĂȘme cadre. 1 400/1 500 enseMble des trOis Maquettes de dĂ©COrs pour la reprise de Siegfried de Jean GiraudOux Ă la ComĂ©die des Champs-ĂlysĂ©es, mis en scĂšne par Claude Sainval, avec Raymond Rouleau dans le rĂŽle-titre : bureau (actes I et III), salon de travail avec bibliothĂšque (acte II), et gare-frontiĂšre (acte IV).
307. Angel ZARRAGA (1886-1946) peintre et illustrateur mexicain. L.A.S., Paris 22 mars 1927, Ă Albert Gleizes ; 1 page in-4 (salissures, fentes rĂ©parĂ©es). 200/250 « Je reçois Ă lâinstant lâinvitation pour votre confĂ©rence de cet aprĂšs-midi. Jâaurais Ă©tĂ© particuliĂšrement heureux dây assister mais il mâarrive la plus banale et la plus stupide des aventures : un abcĂšs Ă une dent qui me tient sur les dents [âŠ]. Excusez-moi je vous prie et dites-moi si votre confĂ©rence sera publiĂ©e et oĂč. Vous savez avec quelle confiance et quel intĂ©rĂȘt, malgrĂ© notre long silence, je suis toutes vos manifestations »âŠ
![Page 128: L & MANUSCRITS AUTOGRAPHES](https://reader036.fdocument.pub/reader036/viewer/2022062408/62ac42f00056db794921662b/html5/thumbnails/128.jpg)
ADEr est adhĂ©rent au registre central de prĂ©vention des impayĂ©s des commisaires-priseurs auprĂšs duquel les incidents de paiement sont susceptibles dâinscription. Les droits dâaccĂšs, de rectification et dâopposition pour motif lĂ©gitime sont Ă exercer par le dĂ©biteur concernĂ© auprĂšs du SYMEV, 15 rue Freyssinet 75016 Paris
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LETTRES & MANUSCRITS AUTOGRAPHES
ORDRE DâACHAT - Salle des ventes Favart - Mercredi 26 et jeudi 27 avril 2017
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ORDRE DâACHATJe vous prie dâacquĂ©rir pour mon compte personnel aux limites indiquĂ©es en euros, le ou les lots que jâai dĂ©signĂ©s ci-dessous. (Les limites ne comprenant pas les frais lĂ©gaux).
ENCHĂRES PAR TĂLĂPHONEJe souhaite enchĂ©rir par tĂ©lĂ©phone le jour de la vente sur les lots ci-aprĂšs. Me joindre au : NumĂ©ro de Carte dâIdentitĂ© / Passeport / Carte Drouot :
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Lot N° Description du Lot Limite en Euros
Date :Signature obligatoire :
Copie de la piĂšce dâidentitĂ© obligatoire
ADER, Société de Ventes Volontaires - Agrément 2002-448 - Sarl au capit a l de 7 500 euros 3, rue Favar t 75002 Par is - Tél . : 01 53 40 77 10 - Fax : 01 53 40 77 20 - contact@ader-par is . frN° s iret : 450 500 707 000 28 - TVA Intracom. : FR 66 450 500 707 - www.ader-par is . fr
Les informations recueillies sur ce formulaire dâenregistrement sont obligatoires pour participer Ă la vente puis pour la prise en compte et la gestion de lâadjucation.
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Conditions gĂ©nĂ©rales :La vente se fera expressĂ©ment au comptant.Aucune rĂ©clamation ne sera recevable dĂšs lâadjudication prononcĂ©e, les expositions successives permettant aux acquĂ©reurs de constater lâĂ©tat des objets prĂ©sentĂ©s.
Lâadjudicataire sera le plus offrant et dernier enchĂ©risseur et aura pour obligation de remettre ses nom et adresse. En cas de contestation au moment des adjudications, câest-Ă -dire sâil est Ă©tabli que deux ou plusieurs enchĂ©risseurs ont simultanĂ©ment portĂ© une enchĂšre Ă©quivalente, soit Ă haute voix, soit par signe, et rĂ©clament en mĂȘme temps cet objet aprĂšs le prononcĂ© du mot « adjugĂ© », ledit objet sera immĂ©diatement remis en adjudication au prix proposĂ© par les enchĂ©risseurs et tout le public sera admis Ă enchĂ©rir Ă nouveau.
Les éventuelles modifications aux conditions de vente ou aux descriptions du catalogue seront annoncées verbalement pendant la vente et notées sur le procÚs-verbal.
Catalogue : 20 ⏠dont TVA Ă 5,5 % au titre du droit dâauteur. Les images sont propriĂ©tĂ© exclusive dâADER. Toute reproduction ou diffusion nĂ©cessite une autorisation Ă©crite de la Maison de Vente.
Frais de vente et paiement :Lâadjudicataire devra acquitter, en sus du montant de lâenchĂšre, par lot, les frais et taxes suivants :- 25 % TTC (20 % de TVA) sauf pour les livres 22 % TTC (5,5 % de TVA).- 5,5 % de frais additionnels au titre de la taxe Ă lâimportation temporaire, pour les lots dont le numĂ©ro est prĂ©cĂ©dĂ© dâun astĂ©risque.Dans certains cas, ces frais pourront faire lâobjet dâun remboursement Ă lâacheteur.
Le paiement devra ĂȘtre effectuĂ© immĂ©diatement aprĂšs la vente :- en espĂšces (euros) jusquâĂ 1 000 ⏠pour les ressortissants français ou jusquâĂ 15 000 ⏠pour les ressortissants Ă©trangers (sur prĂ©sentation dâun justificatif de domicile, avis dâimposition, etc. ; en plus du passeport).- par chĂšque bancaire (en euros) Ă lâordre de ADER, avec prĂ©sentation obligatoire dâune piĂšce dâidentitĂ© en cours de validitĂ©. Les chĂšques Ă©trangers ne sont pas acceptĂ©s.- par carte bancaire (Visa, Mastercard).- par paiement « 3D Secure » sur le site www.ader-paris.fr- par virement bancaire en euros Ă lâordre de ADER.
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Les acheteurs, souhaitant exporter leurs achats, devront le faire savoir au plus tard le jour de la vente. Ils pourront rĂ©cupĂ©rer la TVA sur les honoraires dâachat Ă la condition quâun justificatif de douane en bonne et due forme soit remis Ă ADER et que le nom de la Maison de Vente y soit mentionnĂ© en tant quâexportateur. Le bordereau dâadjudication est dĂ» intĂ©gralement ; la TVA est remboursable par la suite sur prĂ©sentation des rĂ©fĂ©rences du compte bancaire.
Lâenvoi des lots achetĂ©s peut ĂȘtre organisĂ© par ADER Ă la charge et sous la responsabilitĂ© de lâacheteur.Câest un service rendu par ADER qui se rĂ©serve la possibilitĂ© dây renoncer si les conditions lĂ©gales ou pratiques prĂ©sentent le moindre risque. Les dĂ©lais ne sont pas garantis et sont tributaires de lâactivitĂ© de la Maison de Vente.Le coĂ»t de lâemballage et de lâexpĂ©dition est Ă la charge de lâacheteur ; le rĂšglement Ă lâordre dâADER.Les acheteurs sont invitĂ©s Ă organiser eux-mĂȘmes le transport de leurs achats si ces conditions ne leur conviennent pas.
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CONDITIONS DE LA VENTE
Photographies et conception du catalogue : Sam MOrY, Ă©lodie BrOSSEttE et Delphine GLACHANtISO 9001:2008
BUREAU VERITASCertification
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![Page 132: L & MANUSCRITS AUTOGRAPHES](https://reader036.fdocument.pub/reader036/viewer/2022062408/62ac42f00056db794921662b/html5/thumbnails/132.jpg)