JNGG 2002 E Pp Khattabi
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7/21/2019 JNGG 2002 E Pp Khattabi
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JNGG 2002, 8 et 9 Octobre 2002, Nancy 1
1
IDENTIFICATION DES FACTEURS ET DES MECANISMES A L’ORIGINE DESGLISSEMENTS PLANS PROFONDS DANS LE RIF CENTRAL (MAROC) A L’AIDED’UNE DEMARCHE METHODOLOGIQUE PLURIDISCIPLINAIRE : RESULTATS DEL’ETUDE DETAILLEE.
EL KHATTABI Jamal1, BOULEMIA Chérif 1, CARLIER Erick 1, COLBEAUX Jean Pierre2
1 Laboratoire Artois Mécanique et Habitat – Equipe Hydrologie Sol et Environnement, Université d’Artois, FSA,
Technoparc Futura 62400 Béthune, [email protected] Université de Lille 1, UFR des Sciences de la Terre 59655 Villeneuve d’Ascq Cedex.
Résumé
La bordure Nord du Rif Central (Maroc) est sujette à de nombreux glissements de terrain. Une
approche transversale basée sur une démarche méthodologique pluridisciplinaire, alliant
géomorphologie, géologie, hydrogéologie et géotechnique s’avère nécessaire pour comprendre la
genèse des glissements plans profonds de la région. La structure complexe de cette région est
caractérisée par des différences lithologiques notables, une fracturation importante et des nappesde charriage dont les contacts tectoniques ont un rôle majeur dans la circulation des eaux
souterraines. Dans cet article sont exposés les résultats de notre étude qui montrent un contrôle des
instabilités par plusieurs facteurs macro-déstabilisateurs, essentiellement le contact tectonique qui
sépare les nappes de charriage de Tisirène et Chouamat. Par ailleurs, des mécanismes micro-
déstabilisateurs sont identifiés, résultant de transformations progressives d’ordre structurel des
matériaux schisteux de Chouamat.
Mots clefs : pluridisciplinarité, Rif Central, facteurs macro-déstabilisateurs, mécanismes micro-
déstabilisateurs, glissements plans profonds, charriage.
AbstractThe northern edge of the Central Rif (Morocco) is subject to numerous landslides. It is necessary to
adopt a transverse approach based on a multidisciplinary methodology combining geomorphology,
geology, hydrogeology and geotechnics in order to understand how such deep plane slips are
generated. The complicate structure in this area characterised by significant lithological
differences, severe fracturing and thrust sheets where tectonic contacts play a major role in
groundwater circulation. We present in this paper, the results of our study. These results show a
control of instabilities by several macro-destabilizing factors, primarily the tectonic contact which
separates the Tisirène and Chouamat thrust sheets. In addition, the mechanisms micro-destabilizing
are identified, resulting from progressive transformations of materials with schistose structure of
Chouamat.
Key words : multidisciplinary, Central Rif, macro-destabilizing factors, micro-destabilizing
mechanisms, deep plane slips, thrust.
1. Introduction
Les mouvements de terrain, phénomènes naturels ou liés aux actions anthropiques, sont souvent à
l'origine de nombreux dégâts tant matériels qu'humains. La prévention de ces dégâts se concrétise
par une modélisation prédictive fiable et par la réalisation des cartes de risques nécessaires à tout
aménagement. Pour y aboutir, il est indispensable de définir les facteurs et les mécanismes qui
engendrent ces mouvements afin de mieux approcher les phénomènes d'instabilités et évaluer les
risques. Compte tenu de la complexité des phénomènes d'instabilité, nous avons opté pour la mise
en place d'une démarche pluridisciplinaire associant géomorphologie, géologie, hydrogéologie et
géotechnique. Cette démarche se compose d’une phase d'analyse de l’instabilité ( phase 1) suivie
d'une modélisation et d'une cartographie des risques ( phase 2) (Fig. 1).
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Figure 1. Schéma global de l’étude des instabilités de versants.
Pour valider notre démarche, nous l’avons appliquée à la région du Rif Central située dans le nord
marocain. Cette région est caractérisée par de fréquents mouvements de terrain endommageant
régulièrement l'habitat, ainsi que le réseau routier et ses infrastructures.
Dans cet article nous présenterons les résultats de l’étude détaillée, qui succède à l’étude
préliminaire (phase 1). L’étude préliminaire a permis d’identifier et de cartographier les glissements
plans profonds dans la région. L’étude détaillée a pour objectifs de déterminer les facteurs macro-
déstabilisateurs et les mécanismes micro-déstabilisateurs à l’origine de ces mouvements.
2. Présentation de la région d’étude
La région se situe sur la bordure Nord du Rif central, à cheval sur les feuilles topographiques à 1/50
000 de Béni Boufrah et Rouadi (Fig. 2). Elle est limitée, à l’Ouest, par l’oued Mestasa et à l’Est, par
l’oued Tarmast.
Figure 2. Localisation de la région étudiée par rapport aux feuilles topographiques à 1/50 000 (feuilles 7 et 8).
Phase 1
ANALYSE DE L’INSTABILITE
ETUDE DETAILLEE
CORRELATIONS ET VERIFICATIONS
GENESE DES MOUVEMENTS
DE TERRAIN
ETUDE PRELIMINAIRE
MODELISATION ET CARTOGRAPHIE
MODELISATION
Calculs
à la rupture
Calculs paréléments finis Calculs en
poussée et butée
MODELE DE
COMPORTEMENT
CARTOGRAPHIE DES RISQUES
Cartes traditionnelles par
zona es
Cartes issues du modèle de
com ortement
ZERMOS CARTES DE Fs
Phase 2
Fs : coefficient de sécuritéZERMOS : Zones Exposées aux Risques
de Mouvement du Sol et du sous-sol.
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Située sur le versant méditerranéen, la région se distingue par un climat semi-aride marqué par une
alternance de saisons sèches (juin à septembre) et de saisons humides (octobre à mai) (El Khattabi,
1997). Toutefois, sur les hauts versants du sud (arrière pays), ce climat est de type sub-humide
(Maurer, 1968). En examinant les cartes topographiques, on peut s’apercevoir rapidement que le
relief est très accentué et contrasté.Les observations de terrain montrent principalement une succession lithologique avec des
alternances très irrégulières de schistes et de grès, et parfois de niveaux calcaires ou marneux. Ces
alternances lithologiques appartiennent aux formations géologiques des nappes de charriage de
Tisirène et de Chouamat (Andrieux, 1971 et Besson, 1984) (Fig. 3).
Alors que les connaissances en matière de géologie structurale du secteur sont avancées, celles
relatives à l’hydrogéologie sont limitées (Thauvin 1971; Pascon et Vander Wusten 1983 et
Direction de l’Hydraulique 1982 et 1983-1984).
Figure 3. Eléments structuraux tirés de la carte géologique du Rif Central (Andrieux et Mégard, 73).
Sur le plan hydrologique, la région est bien drainée par un réseau hydrographique très dense et bien
hiérarchisé. Deux domaines hydrogéologiques se distinguent : la zone amont caractérisée par des
précipitations importantes et surtout par des infiltrations facilitées par les bancs gréseux fracturés.La zone aval est marquée par des précipitations et des infiltrations moins importantes, sauf dans les
vallées (El Khattabi, 2001 ; El Khattabi et al., 2002a et 2002b).
3. Analyse de l’instabilité des versants rifains : étude détaillée
Les conclusions de l’étude préliminaire ont permis de distinguer la dynamique superficielle de la
dynamique profonde des versants rifains et de définir la typologie des mouvements de terrain.
L’étude a été orientée sur les glissements plans profonds (Fig. 4) dont la surface de rupture se
matérialise au niveau de la zone de charriage et particulièrement dans les formations sommitales de
la Nappe de Chouamat.
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Figure 4. Répartition géographique des glissements plans profonds dans le Rif Central.
L’étude détaillée qui s’appuie sur une seule tâche « élaboration des données » (Fig. 5), a pour
objectif de déterminer les facteurs macro-déstabilisateurs et les mécanismes micro-déstabilisateurs.
Figure 5. Elaboration des données.
L’étude consiste à recueillir des données, analyser les caractéristiques des matériaux à l’aide
d’essais in-situ et de laboratoire et affiner la compréhension du comportement des zones pré-localisées en élaborant des cartes de synthèse (Fig. 6).
1 et 2 : permettent de définir une campagne de reconnaissance du site.3 : passage vers l’étude en laboratoire : échantillonnage et complément d’information.
4 et 5 : conforte les résultats et constitue un complément d’information pour l’élaboration des cartes de synthèse.
Figure 6. Organigramme de l’élaboration de données.
ELABORATION DES DONNEES
5
ETUDE IN SITUETUDE EN
LABORATOIRE
3
2
4
1
ELABORATION DES
CARTES DE SYNTHESE
Mécanismes micro-
déstabilisateurs
ANALYSE PRELIMINAIRE
Facteurs macro-
déstabilisateurs
CORRELATIONS ET VERIFICATIONS
ETUDE DETAILLEE
ELABORATION
DES DONNEES
DETERMINATION DES
FACTEURS MACRO ET DES
MECANISMES MICRO
ETUDE PRELIMINAIRE
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3.1. Identification des facteurs macro-déstabilisateurs
L’élaboration de cartes de synthèse (Fig. 7), de plus en plus précises, permet de définir les facteurs
potentiels d’instabilité.
Figure 7. Détail de la tâche "collectes, analyses et traitements".
Les facteurs macro-déstabilisateurs dégagés lors de l’étude détaillée se résument aux pentes
naturelles, aux précipitations, à la sismicité, aux conditions hydrauliques (écoulements souterrains
et gradients hydrauliques), et à la structure géologique (fracturation et morphologie du charriage
tectonique).
- Sismicité : le Rif connaît au Messinien et au Plio-Quaternaire une activité sismique très intense
(Ramdani, 1991). Celle-ci est engendrée au niveau des accidents tectoniques par le rejeu de faillesd’une part normales de direction N-S, d’autre part décrochantes senestres NE-SW et dextres NW-
SE (Aït Brahim et al., 1990). En l’absence de données précises permettant d’associer aux secousses
sismiques le déclenchement des glissements, ce facteur n’a pu être quantifié.
- Pluviométrie : l’analyse des éléments météorologiques a été réalisée pour quatre stations de
Pluviométrie
311,3
349
304,9
473,1
334,3291,1
308,5
0
50
100
150
200
250
300
350
400
450
500
M a r g a a
( 1 9 9 4 ) /
1 2 a n s
M a u r e r
( 1 9 6 8 )
E l
K h a t t a b i
( 1 9 9 7 ) /
M o y e n n e
M a u r e r
( 1 9 6 8 )
1 9 9 4 -
1 9 9 8
1 9 9 4 -
1 9 9 8
Al Hoceima Jebha BéniBoufrah
Targuist
Al Hoceima Margaa (1994) / 12 ans
Al Hoceima Maurer (1968)
Al Hoceima El Khatt abi (1997) / 7ans
1990-1996
Al Hoceima Moyenne
Jebha Maurer (1968)
Béni Boufrah 1 994-1998
Targuist 1994-1998
Figure 8. Comparaison des valeurs moyennes annuelles de précipitations (en mm) des différentes stations.
COLLECTES, ANALYSES ET TRAITEMENTS
Sismicité
Données climati ues
Forages et Sondages Cartes Photos aériennes
Données
hydrogéologiques
Données
géologiques
Cartes
géologiques
Cartes
topographique
Données existantes
Analyse préliminaire
Paramètres
hydrauliques Piézométrie Hydro-
géochimie Structure Litho-stratigraphie
Cartes de
sismicité
Cartes
hydrogéologiques
Coupes
géologiques
Cartes
structurale
Cartes
des pentes
Cartes
d’exposition
des versants
Cartes de
couverturevégétale
Analysemorphologique
Tableaux
de synthèse
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mesure : Jebha, Al Hoceima, Béni Boufrah et Targuist (Fig. 2). La comparaison des données
pluviométriques annuelles des différentes stations montre que les hauts sommets du Sud sont plus
arrosés (Fig. 8). Entre les stations de Jebha et Al Hoceima éloignées de plus de 60 km, la variation
pluviométrique est de l’ordre de 40 mm. Alors qu’entre la station de Béni Boufrah (répondant aux
mêmes conditions pluviométriques que les stations précédentes) et la station de Targuist, cettedifférence s’élève à plus de 165 mm pour un éloignement d’à peine 8km.
Suivant la direction E-W, le climat présente donc des caractéristiques constantes dans l’espace et
dans le temps, et seules les variations saisonnières sont observables. L’influence des données
climatiques comme facteurs potentiels, ne seront donc pas à prendre en compte dans cette direction.
En outre, l’influence des données climatiques est beaucoup plus importante suivant la direction N-
S. Les versants situés dans l’arrière pays non seulement subissent des précipitations plus
importantes mais se distinguent également par une capacité d’emmagasinement considérable, en
raison des facilités d’infiltrations à travers les fissures des bancs gréseux qui couvrent les sommets.
- Topographie : les valeurs élevées des pentes (plus de 30°) font que ce facteur joue un rôle
important dans la déstabilisation des versants. Néanmoins, en raison du relief très accentué de toutela région, ces pentes ne constituent pas un facteur distinctif d'instabilité. Plusieurs cartes
clinométriques, réalisées à l'échelle 1/5000 dans les secteurs côtiers de Cala-Iris et Taghzoute,
montrent des variations le long des falaises correspondant respectivement à des glissements côtiers
G1 (PMR) et G2 (Taghzoute).
- Conditions hydrauliques : à partir des données récoltées au cours des campagnes
hydrogéologiques (Direction de l’Hydraulique, 1970, 1971 et 1975) et de l'analyse des forages
hydrauliques (Direction de l’Hydraulique, 1982 et 1983-1984), plusieurs cartes ont été élaborées. Il
s'agit des cartes piézométriques et des variations des teneurs en éléments chimiques.
Par ailleurs, le recours au traitement statistique des données chimiques par l'Analyse en
Composantes Principales montre que la minéralisation des eaux souterraines augmente de l’amont
(sud) vers l'aval (nord).
Figure 9. Corrélation entre les glissements plans profonds et les écoulements souterrains (G1,2,… : glissements).
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Les corrélations, au niveau spatial, entre le sens de glissements et les directions des lignes
d’écoulements souterrains dévoilent un sens conforme (Fig. 9). De plus, dans l’arrière pays les
glissements se présentent là où les gradients hydrauliques sont les plus importants.
- Structure géologique : pour vérifier le rôle de la structure géologique dans l’apparition desglissements, un schéma structural a été réalisé en utilisant la méthode morphostructurale (Colbeaux
et Sommé, 1981 et Deffontaines, 1990). La fracturation relevée sur la carte géologique du Rif
Central (Andrieux et Mégard, 1973) et sur les schémas structuraux des Bokoya (Mourier, 1982) et
du Rif Central (Besson, 1984), a été complétée par l’analyse des traits morphologiques en se basant
sur les directions, les nombres et les longueurs cumulées des oueds, des thalwegs et des ravins. Ce
schéma a permis d’identifier les directions qui ont caractérisé la structuration de la chaîne rifaine.
Ces directions sont marquées par les orientations N-S à sub-méridiennes, E-W, NE-SW, ENE-
WSW et NW-SE (Aït Brahim et Chotin, 1989). L’examen de la fracturation indique par endroit la
délimitation des glissements par une ou plusieurs failles qui contribuent directement ou
indirectement à leur apparition : c’est le cas du glissement de Torrès (G5).
Figure 10. Corrélation glissements et morphologie du charriage.
Par ailleurs, l'altitude du niveau sommital de la Nappe de Chouamat, repérée et interprétée sur les
forages et les cartes géologiques, a permis de réaliser la carte de la morphologie du charriage
tectonique. La superposition de cette carte et de celle des glissements montre que ceux de l’arrière
pays (au sud) se démarquent par des pendages de charriage élevés (Fig. 10). Par contre, au niveau
du littoral, les glissements semblent être liés à l’appel au vide, suite à la mise en affleurement du
charriage (confirmé par les observations de terrain).
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3.2. Identification des mécanismes micro-déstabilisateurs
Les analyses portent sur l’eau recueillie et les matériaux échantillonnés. Cette étude aboutit à
l’identification des mécanismes générant l’instabilité (Fig. 11), qui interviennent au niveau
microscopique, d’où la dénomination mécanismes micro-déstabilisateurs.
Figure 11. L’étude en laboratoire.
Les observations de terrain ont révélé la présence systématique au pied des glissements, de
matériaux remaniés appartenant aux formations sommitales de la Nappe de Chouamat. Ce constat aorienté notre étude de laboratoire vers la caractérisation des schistes intacts et remaniés de la série
de Chouamat (Photo. 1), par une identification physique et mécanique.
Photo. 1. Schistes remaniés à l’interface Chouamat-Tisirène.
L’identification physique des deux matériaux schisteux de Chouamat ne révèle pas de grandes
différences sur le plan qualitatif. Avec une composition d’une part chimique très proche et d’autre
part minéralogique marquée par la présence de : kaolinite, illite, chlorite, quartz et interstratifiés(illite/smectite, chlorite/smectite, illite/vermiculite et chlorite/vermiculite). Néanmoins, une nette
différenciation au niveau de la microstructure est observée (Photo. 2). Les schistes intacts se
ETUDE EN LABORATOIRE
IDENTIFICATION MECANI UE
ELABORATION DE CARTES DE SYNTHESE
Intact
MATERIAU
Remanié
IDENTIFICATION PHYSI UE
Analyse quantitative
Analyse qualitative
EAU
Analyse
chimique
Caractéristiques mécaniques
Caractéristiques physiques
Caractéristiques chimiques
IN SITU
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caractérisent par une microstructure très compacte orientée selon la schistosité S1. Alors que, les
schistes remaniés montrent une microstructure très lâche en agrégats non orientés.
A : schiste intact (état initial), B : schiste remanié (état final), C : schiste à éléments intacts (état intermédiaire).
Photo. 2. Différents états des schistes de Chouamat.
Ainsi, les schistes intacts se transforment en schistes remaniés en passant par des états intermédiaires (Photo.3). L’état final se distingue par la disparition de la schistosité S1 et l’apparition d’une porosité inter et
intragrégats à l’image de celle décrite par Delage (1985) pour les argiles sensibles du Canada. Cettetransformation est à l’origine d’un affaiblissement des caractéristiques mécaniques (Tableau 1) et
hydrauliques des matériaux schisteux (El khattabi, 2001).
Tableau 1. Quelques caractéristiques mécaniques des schistes de Chouamat.
Schiste intact Schiste remanié
Type d’essai CU CD CU CD
Teneur en eau W (%) 15% 17% 16% 21%
Cohésion (kPa) Cu = 33 C’ = 30 Cu = 44 C’ = 13Angle de frottement
(degrés)ϕCU = 44 ϕ’ = 39 ϕCU = 13 ϕ’ = 25
Du point de vue comportemental, les matériaux remaniés sont très sensibles à la présence de l'eau. Ainsi, àl'essai CU (Consolidé Non Drainé) le schiste remanié présente une cohésion supérieure à celle du schisteintact; ceci serait lié aux pressions développées par l'eau qui englobe les amas d'agrégats et qui justifie lafaible valeur de l'angle de frottement (ϕCU ). L’essai CD (Consolidé Drainé), quant à lui, illustre des valeurs
de cohésion et d’angle de frottement toujours inférieures dans les schistes remaniés.
4. Synthèse
Des relations entre les glissements plans et les facteurs potentiels d'instabilité, sont décelées parcorrélation cartographique. Ces relations ont permis de distinguer deux secteurs :
- l’arrière pays (versants internes), marqué par des pentes très raides, des précipitations et
infiltrations considérables, un charriage à pendage assez marqué et des gradients hydrauliques
importants. Toutefois, les glissements n'interviennent qu'au niveau des zones où l'épaisseur de
la Nappe de Tisirène décroît considérablement ;
- la zone littorale (falaises), où le seul appel au vide lié à la mise en affleurement de la
Nappe de Chouamat et la transformation des matériaux schisteux, est à l’origine des
glissements observés.
La réalisation de coupes géologiques à l’aide du logiciel Visual Modflow, a permis de procéder à
des interprétations structurales et à la vérification des relations entre les différents ensembles et
l’apparition des glissements profonds. Dans la région des fenêtres (Fig. 11), non affectée par ces
glissements, la pente topographique et le pendage du charriage sont moins élevés et l’épaisseur de la
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nappe de Tisirène demeure quasiment constante. Cette configuration dévoile le rôle de la butée dans
ce type de mouvement (Fig. 12).
A : zone sud affectée par un glissement B : zone des fenêtres non affectée par les glissements.
Figure 12. Coupes Nord-Sud.
La configuration de la zone des fenêtres est liée à une tectonique de blocs qui correspondrait selon
Morel (1987) à des réajustement isostatiques dans le Rif. Ainsi, sur la coupe E-W, on peut déceler
dans cette zone le jeu vertical de la faille régionale de Rouadi-Jbel Hmam qui délimite deux blocs
(Fig. 13).
Figure 13. tectonique de bloc de la région (Ri-J.H : faille Rouadi-Jbel Hmam).
En plus des facteurs macro-déstabilisateurs identifiés, les mécanismes micro-déstabilisateurs se
manifestent par la transformation progressive des matériaux schisteux intacts en matériaux
remaniés, sous l’action de l’eau. Cette transformation est également facilitée par les anisotropies et
les surcharges (Nappe de Tisirène). Ceci induit dans le matériau une cinétique, orientée par lesanisotropies, qui provoque un remaniement de type "bréchification" où des éléments de nature
différente s’imbriquent avec création de vides non connectés (porosité secondaire). La première
conséquence majeure se manifeste par l’action de l’eau. En effet, dans les schistes intacts,
l’organisation minéralogique sous forme de feuillets bien compacts et orientés, leur confère une
faible sensibilité à l’eau. La disparition de la schistosité dans les matériaux remaniés diminue les
circulations, provoquant une chute de la perméabilité qui évolue entre 10 -9 m/s et 10-11 m/s. A
saturation, l’eau provoque des pressions qui ont tendance à écarter les agrégats, à l’origine d’un
coefficient de gonflement plus important. Par conséquent, les caractéristiques mécaniques du
matériau s'affaiblissent.
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5. Conclusions et perspectives
Au terme de l'étude détaillée, les facteurs potentiels d'instabilité ainsi que les mécanismes associés
sont identifiés. Des relations entre les différents facteurs ont été prouvées, à l’image du contrôle des
écoulements souterrains par la structure. Les différents facteurs correspondent à :• la sismicité qui se justifie par l'intense activité sismique à laquelle est soumise la région et
par la néotectonique;
• la pluviométrie qui est significative dans la direction N-S;
• la pente topographique,
• les conditions hydrauliques, qui concernent les écoulements souterrains et surtout lesgradients hydrauliques, très importants au sud,
• la structure géologique qui se manifeste d'une part par l'intermédiaire d'une fracturation
intense dans laquelle interviennent différentes directions (N-S à sub-méridiennes, E-W, NE-
SW à ENE-WSW et NW-SE) et d'autre part, par le pendage du charriage.
La zone de charriage intervient directement dans l'apparition des instabilités. Elle constitue le
facteur majeur d’instabilité dans le Rif Central. A son contact, les matériaux schisteux de Chouamatsubissent des transformations d'ordre structurel provoquant leur remaniement. Ces changements
sont à l'origine d'un affaiblissement des caractéristiques mécaniques et hydrauliques des matériaux.
Les mécanismes sont ainsi identifiés.
Tous ces facteurs qui interviennent directement ou indirectement dans le déclenchement des
glissements plans profonds ont été intégrés dans un modèle de calcul à la rupture. Les simulations
effectuées permettent de suivre l’évolution du coefficient de sécurité Fs dans un modèle spatio-
temporel qui tient compte des écoulements souterrains définis selon des équations spécifiques (El
Khattabi, 2001 ; El Khattabi et al. 2002a-2002b).
6. Bibliographie
Aït Brahim L. et Chotin P, Genèse et déformation des bassins néogènes du Rif central (Maroc) au
cours du rapprochement Europe-Afrique, Geodinamica Acta (Paris), 3,4, pp 295-304, 1989.
Aït Brahim L., Chotin P., Tadili B. et Ramdani M., Failles actives dans le Rif central oriental
(Maroc), C.R. Académie des Sciences, Paris, T310, Série II, pp 1123–1129, 1990.
Andrieux J. et Mégard F., Carte géologique : Feuille de Béni Boufrah (Maroc) à 1/100 000,
Direction des Mines et de la Géologie, Division de la Géologie, Editions du Service Géologique
du Maroc, Notes et Mémoires N°217, 1973.
Andrieux J., La structure du Rif central : étude des relations entre la tectonique de compression et
les nappes de glissement dans un tronçon de la chaîne alpine , Notes. Mém. Serv. Géol. Maroc,
N°235, Rabat, 152p, 1971.Besson F., Etude géologique et structurale des Nappes de Flyschs et des Zones Externes dans la
région de l’oued Rhiss (Rif central, Maroc), Thèse d’Université, Orsay, Paris, 190p, 1984.
Colbeaux J-P. et Sommé J., Fracturation du substrat crayeux et géomorphologie dans le nord de la
France : Exemple de la Feuille de Desvres à 1/50 000, Bulletin de l’Association Française pour
l’Etude du Quaternaire, 1, pp 33-39, 1981.
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