Introduction - odpf.org · Introduction Dans un contexte de forte mobilisation pour le tri...
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Introduction
Dans un contexte de forte mobilisation pour le tri sélectif et contre la pollution des déchets
ménagers, le sujet des emballages plastiques est très facilement abordé. Ceuxci sont indispensables à
notre vie quotidienne et on ne peut alors plus imaginer vivre sans les utiliser. Les premiers sacs
plastiques sont apparus au XXème siècle, précédés par l’invention des sacs en papier. Ils constituaient
alors une grande invention motrice dans un contexte de forte industrialisation. Les matières
plastiques se définissent comme « des matériaux organiques de synthèse fondés sur l'emploi des
macromolécules ». Leurs avantages ne sont alors pas contestés : pratiques, légers, résistants… Mais
on ne se doute pas de leurs conséquences futures.
En 1990, une équipe de chercheurs de l’industrie italienne Ferruzi Ricerca Technologia met
au point un matériau plastique à base de matières agricoles qui disparaît totalement en quelques mois.
Ils commencent donc à réaliser un film à base d’amidon de céréale qui produit un effet très plastique.
Le sac plastique biodégradable est né et cette industrie est devenue leader sur le marché mondial des
sacs biodégradables. Il ne faut alors pas les confondre avec d’autres types de sacs qui ne sont pas
biodégradables, mais simplement dégradables, ce qui ne constitue pas une réelle différence en soi et
en pratique.
Il convient alors de se demander quel matériau est le plus intéressant au point de vue
physique, écologique et énergétique (quantité d’énergie produite lors de l’incinération).
Pour répondre à cette problématique, nous définirons dans un premier temps les structures
moléculaires des trois matériaux étudiés, puis nous expliquerons ensuite chacune de nos trois
expériences et analyserons successivement les résultats.
1
I. Structures moléculaires des différents matériaux étudiés
1°) Les sacs plastiques en PEHD
Le sigle PEHD signifie Polyéthylène Haute Densité, et désigne les sacs les plus courants à la
vente, ou sacs «sortie de caisse ». Ceuxci, comme toute matière plastique sont formés de polymères,
molécules de grande taille constituées par un assemblage de motifs élémentaires. Ce polymère
constitutif du sac en PEHD est issu du pétrole raffiné et est composé de monomères d’éthylène.
Le Polyéthylène ou polyéthène est un des polymères les plus simples et les moins chers. C'est un
plastique inerte.
Sa formule chimique est : − (CH2 − CH2)n − avec n environ égal à 18 000.
Son nom vient du fait qu'il est le polymère obtenu par la polymérisation des monomères d'éthylène
(CH2 = CH2):
2
Ces polymères de PEHD sont en état semicristallin : les molécules sont alignées
parallèlement les unes aux autres. Plus une matière est cristalline, plus le nombre de liaisons
intermoléculaires (liaisons hydrogène) est élevé et plus la résistance du plastique à la traction est
importante.
De plus, pour la plupart des sacs plastiques, des additifs sont ajoutés dans le but d’améliorer
encore leurs caractéristiques. On trouve en effet des stabilisants et antioxydants pour éviter la
dégradation de la matière plastique lors de la transformation ; des pigments pour donner une couleur
particulière ou un motif publicitaire ; des agents antiUV limitant les réactions de dégradation à la
lumière, ainsi que des retardateurs de flamme améliorant la résistance de la matière au feu…
2°) Les sacs en amidon de maïs biodégradables
Les sacs en amidon de maïs sont conçus à 88% à partir de l’amidon extrait des matières
premières agricoles, et à 12% (moyenne variable) avec des additifs biodégradables d’origine
pétrolière pour leur assurer une certaine rigidité. On négligera ces additifs puisqu’ils sont totalement
biodégradables et présents en très petite quantité. On trouve également des sacs plastiques en amidon
de pomme de terre ou de betterave, ce qui ne change pas la structure moléculaire de ces derniers.
L’amidon est un polysaccharide de formule chimique (C6H10O5)n , avec n compris entre 4000 et
5000. Il est composé de molécules de glucose. Il est composé de deux fractions polysaccharidiques :
l'amylose (constitue environ 25% de l'amidon), molécule formée d'environ 600 à 1000 molécules de
glucose en chaînes linéaires. L'amylose est synthétisée par l'amidon synthase insoluble.
l'amylopectine (constitue environ 75% de l'amidon), molécule ramifiée tous les 25 résidus glucoses
environ. La chaîne totale peut faire entre 10 000 et 100 000 résidus glucoses. L'amylopectine est
synthétisée par l'amidon synthase soluble :
3
3°) Les sacs en papier
Le papier est issu de la cellulose végétale, c'est donc une molécule extraite des végétaux, et
plus spécifiquement de l’écorce des arbres.
Sa formule chimique est : ( C6H10O5 ) n avec n compris entre 200 et 14 000.
La cellulose est un glucide, polymère du glucose (ou polysaccharide de glucose), et le principal
constituant des végétaux et en particulier de la paroi de leurs cellules.
Ainsi, sa masse moléculaire est comprise entre 32 400 g.mol1 et 2 268 000 g.mol1.
4
La cellulose est constituée en 2 principales parties : la cellobiose et l’anhydroglucopyranose.
Au contact de l’eau, la cellobiose se dissout à 20%, et l’anhydroglucopyranose, un composé anhydre
du glucose, se dissout totalement. L’extrémité réductrice sert à lier les monomères.
II. Expérience d’étirement / Résistance à la traction
Matériel nécessaire : 1 potence
2 pinces
des masses marquées de 5, 20, 50, 100, 200g
1 échantillon de sac plastique en PEHD
1 échantillon de sac plastique biodégradable
1 échantillon de sac en papier
Schéma explicatif :
5
Format des échantillons :
6
Nous avons utilisé ce format, car il permet d’empêcher une cassure au niveau des points
d’étirement. Ainsi le plastique s’étire en son milieu, l’expérience n’est pas faussée. De plus on
minimise les erreurs expérimentales avec les arrondis ainsi l’échantillon ne casse pas à cause d’une
découpe mal réalisée. De plus, les trois échantillons sont de même épaisseur, soit 17 microns. On
peut ainsi calculer la largeur S des échantillons au point d'étirement:
S = 17,0 . 106 x 2,0 . 102
S = 3,4 . 107 m²
S = 3,4 . 101 mm²
Photographie de l’expérience :
1°) Observation de l’étirement de l’échantillon de sac plastique en PEHD
Résultats de l’expérience :
7
Échantillon de sac plastique en PEHD
masses marquées
appliquées (en
grammes)
force de tension F exercée
par la masse marquée sur
l'échantillon (en Newton)
F/S en
N.mm2
étirement E (en cm)
20 0,20 0,6 0,0
50 0,50 1,5 0,0
100 1,00 2,9 0,0
200 2,00 5,9 0,1
300 3,00 8,8 0,3
400 4,00 11,8 0,5
500 5,00 14,7 1,0
600 6,00 17,6 1,5
700 7,00 20,6 2,0
800 8,00 23,5 2,5
900 9,00 26,5 4,0
1000 10,00 29,4 7,0
1055 10,55 31,0 cassure
On ajoute une goutte d’eau au centre le l’échantillon Aucune réaction
8
0 2 4 6 8 10 120
2
4
6
8
10
12E=f(F/S) pour l'échantillon de sac en PEHD
F/S en N.mm2
E en
cm
Observations :
On observe grâce à la courbe que la force de résistance R de l'échantillon compense celle
exercée par les masses marquées F lorsque F est comprise entre 0 et 2 N : l'étirement est quasiment
nul. L'échantillon oppose une importante résistance à la force d'étirement lorsque celleci est
comprise entre 2 et 4 N : l'échantillon s'étire de 0,5 cm. De 4 à 8N, l'échantillon s'étire lentement et
progressivement de 0,5 à 2,5 cm. A partir de 8 N, la force F devient très importante, et la résistance
exercée par l'échantillon n'est plus suffisante : celuici s'étire très fortement jusqu'à 7 cm et se casse
net lorsque F=10,55 N.
L’eau n’est pas un facteur modifiant l’étirement de l’échantillon : le plastique en PEHD est
imperméable.
9
2°) Observation de l’étirement de l’échantillon de sac plastique biodégradable
Résultats de l’expérience :
Échantillon de sac plastique biodégradable
masses marquées
appliquées (en
grammes)
force de tension F exercée
par la masse marquée sur
l'échantillon (en Newton)
F/S en
N.mm2
étirement E (en cm)
20 0,20 0,6 0,1
50 0,50 1,5 0,3
100 1,00 2,9 0,5
200 2,00 5,9 1,2
300 3,00 8,8 1,7
400 4,00 11,8 2,3
500 5,00 14,7 2,8
600 6,00 17,6 3,3
700 7,00 20,6 4,2
800 8,00 23,5 5,0
875 8,75 25,7 cassure
On ajoute une goutte d’eau au centre le l’échantillon Aucune réaction
10
Observations :
On remarque que l’échantillon de sac en amidon de maïs biodégradable subit un étirement
progressif car son étirement commence dès le moment où l’on accroche la première masse marquée.
Cet étirement se poursuit jusqu’à une valeur maximale E de 5 cm où F est égale à 8,75 Newtons, puis
le sac plastique casse à la moindre masse supplémentaire. En observant la courbe, on remarque que
l’étirement et la force F exercée divisée par la largeur S sont proportionnels.
L’eau n’est pas un facteur modifiant l’étirement de l’échantillon : le plastique biodégradable est
imperméable.
11
0 5 10 15 20 250
1
2
3
4
5
6E=f(F/S)
F/S en N.mm2
E en
cm
3°) Observation de l’étirement de l’échantillon de sac en papier
Résultats de l’expérience :
12
Échantillon de sac en papier
masses marquées
appliquées (en
grammes)
force de tension F exercée
par la masse marquée sur
l'échantillon (en Newton)
F/S en
N.mm2
étirement E (en cm)
20 0,20 0,6 0,0
50 0,50 1,5 0,0
100 1,00 2,9 0,0
200 2,00 5,9 0,0
300 3,00 8,8 0,0
400 4,00 11,8 0,0
500 5,00 14,7 0,0
600 6,00 17,6 0,0
700 7,00 20,6 0,0
800 8,00 23,5 0,0
900 9,00 26,5 0,0
1000 10,00 29,4 0,0
1055 10,55 31,0 0,0
On ajoute une goutte d’eau au centre le l’échantillon Cassure
Observations :
On remarque que l’échantillon de sac en papier résiste fortement à l’étirement exercé par les
masses marquées. En effet, son étirement est nul, même lorsque la force exercée vaut 10,55N, force à
laquelle l’échantillon de sac en PEHD se casse.
En revanche, l’ajout d’une goutte d’eau au centre de l’échantillon provoque une cassure immédiate :
le papier n’est pas imperméable.
13
4°) Analyse des résultats
force de tension F exercée par
la masse marquée sur
l'échantillon (en Newton)
F/S en
N.mm2
étirement E (en cm) de
l’échantillon de sac
plastique en PEHD
étirement E (en cm)
de l’échantillon de sac
plastique
biodégradable
étirement E (en cm)
de l’échantillon de
sac en papier
0,20 0,6 0,00 0,10 0,00
0,50 1,5 0,00 0,30 0,00
1,00 2,9 0,00 0,50 0,00
2,00 5,9 0,10 1,20 0,00
3,00 8,8 0,30 1,70 0,00
4,00 11,8 0,50 2,30 0,00
5,00 14,7 1,00 2,80 0,00
6,00 17,6 1,50 3,30 0,00
7,00 20,6 2,00 4,20 0,00
8,00 23,5 2,50 5,00 0,00
9,00 26,5 4,00 cassure 0,00
10,00 29,4 7,00 0,00
10,55 31,0 cassure 0,00
On ajoute une goutte d’eau au centre le
l’échantillon soumis à une tension de 5N
Pas de réaction Pas de réaction cassure
14
Conclusion :
Au fur et à mesure de l'allongement de l'échantillon de sac plastique en PEHD, les chaînes de
macromolécules en phase amorphe qui le composent sont étirées et alignées. Au point d’élongation
maximale, toutes les molécules sont alignées et le polymère devient encore plus cristallin. Il oppose
alors une forte résistance avant de casser net. Il en est de même pour l’échantillon de sac plastique
biodégradable. Les sacs plastiques en PEHD sont plus résistants que les sacs biodégradables, car leur
état est plus cristallin.
Le sac en papier quant à lui ne se déforme pas. Ceci est dû à sa composition : il est composé à 100%
de cellulose. Or les brins de cellulose ne se déforment pas lorsqu’ils sont normalement assemblés,
mais au contact de l’eau, les composés du papier se dissolvent instantanément. En effet les 2 parties
constitutives de la cellulose étant solubles dans l’eau, ceci explique la destruction du polymère au
contact de l’eau.
Au niveau de la résistance à la traction, le sac en PEHD est donc le matériau la plus
intéressant : il est imperméable et résiste à une traction plus importante que le sac biodégradable.
15
0 5 10 15 20 25 30 350
1
2
3
4
5
6
7
8
E=f(F/S)
échantillon de sac en PEHDéchantillon de sac biodégradable
échantillon de sac en papier
F/S en N.mm2
E en
cm
III. Expérience de dégradation / Enfouissement
Pour montrer de manière concrète la dégradation des trois types de sacs étudiés, nous avons
imaginé et réalisé une expérience permettant de comparer les dégradations progressives de ces sacs.
Matériel nécessaire : 3 grands cristallisoirs
1 sac plastique en PEHD incolore et sans motif de masse m =14g
1 sac plastique biodégradable incolore et sans motif de masse m =14g
1 sac en papier incolore et sans motif de masse m =14g16
– échantillon d’humus pouvant remplir chacun des 3 cristallisoirs
–
Schéma explicatif :
Photographie de l’expérience :
L’humus placé dans chacun des trois cristallisoirs est de même origine, les masses d’humus
présentes dans chaque cristallisoir sont équivalentes afin de minimiser les erreurs expérimentales
même si le risque est minime.
Ces trois sacs ont une masse de 14g et ne comportent aucun motif qui pourrait influencer les
résultats.
1°) Observation de la dégradation du sac plastique en PEHD
Après un mois et demi d’expérience, le sac plastique en PEHD présente toujours le même
aspect que lors de son enfouissement. Il est resté très résistant et n’a pas été détérioré.
17
L’humus est plutôt humide en raison de l’humidité ambiante et les herbes présentes à l’origine se
sont progressivement décomposées. En effet les racines n’ont pas pu se développer dans
l’environnement du cristallisoir de plus, l’obscurité et les périodes de temps sec ont empêché leur
développement.
Après trois mois d’expérience, le sac et l’humus présentent les caractéristiques expliquées ci
dessus ; les herbes ont disparu.
A la fin de l’expérience, après 4 mois et demi d'expérience, le sac est toujours intact ;
l’humus est sec en raison de l’absence de précipitations.
Le sac n’a donc pas du tout été dégradé durant quatre mois et demi d’enfouissement.
2°) Observation de la dégradation du sac plastique biodégradable
Après 1 mois et demi d’expérience, l’humus ainsi que les herbes présentent les mêmes
caractéristiques que pour le sac en PEHD.
L’état de ce sac plastique est différent de celui en PEHD: il est devenu poreux, il se casse et se fissure
au moindre contact. Il est beaucoup plus fin et son apparence se rapproche de celle du papier.
Après 2 mois d’expérience, l’humus présente les mêmes caractéristiques que l’expérience
avec le sac en PEHD ; les herbes ont également disparu. Le sac biodégradable est quasiinexistant, on
observe en effet quelques résidus semblables à de fines « miettes » de papier.
A la fin de l’expérience, le sac a totalement disparu, les résidus auparavant observables ne
sont plus visibles. L’humus est sec en raison de l’absence de précipitations.
Le sac a donc été totalement dégradé après quatre mois et demi d’enfouissement.
3°) Observation de la dégradation du sac en papier
Après 1 mois et demi d’expérience, l’humus ainsi que les herbes présentent les mêmes
caractéristiques que pour le sac en PEHD.
Le sac en papier est devenu poreux et fin en raison de l’humidité (il est perméable).
Après 2 mois d’expérience, l’humus présente les mêmes caractéristiques que l’expérience
avec les autres sacs ; les herbes ont également disparu. Le sac en papier est toujours présent même
s’il est encore très fin.
18
A la fin de l’expérience, le sac a partiellement disparu, seuls quelques résidus de papier sont
encore visibles. L’humus est sec en raison de l’absence de précipitations.
Le sac a donc été partiellement dégradé après quatre mois et demi d’enfouissement.
4°) Analyse des résultats
Tableau récapitulatif :
Durée de l’enfouissement Etat du sac en PEHD Etat du sac
biodégradable
Etat du sac en papier
1 mois et demi Intact Poreux Poreux et Fin3 mois Intact Partiellement dégradé Poreux et Fin4 mois et demi Intact Totalement dégradé Partiellement dégradé
Conclusion :
Dans le cas de notre expérience, les bactéries sont présentes en grande quantité et on
considère cette quantité équivalente dans les trois cristallisoirs. Le sac plastique biodégradable a mis
quatre mois et demi pour se dégrader complètement et le sac en papier a été partiellement dégradé.
Parallèlement, on sait d’après des estimations scientifiques qu’un sac plastique en PEHD devrait
mettre environ quatre siècles à se dégrader. On peut alors se demander pourquoi le sac plastique en
PEHD ne se dégrade pas à la même vitesse que le sac biodégradable.
Le sac en papier, constitué de molécules de cellulose, est sensible à l’humidité : sa
dégradation est donc due à l’humidité constante de l’humus dans le cristallisoir pendant toute la durée
de l’expérience et à la présence d'agents dégradants qui contribuent à l'accélération du processus.
Les sacs biodégradables constitués de macromolécules d’amidon se dégradent très facilement.
Cette dégradation est due à l’hydrolyse de ces molécules, permise par les agents dégradants (ici eau
et bactéries) du milieu de dégradation (ici un environnement sousterrain). Les macromolécules
d’amidon de formule C6H10O5 sont suffisamment courtes pour être hydrolysées par ces agents. Ceux
ci parviennent en effet à « casser » les liaisons faibles grâce à des réactions enzymatiques complexes,
et dégradent ainsi le sac.
En revanche, dans les chaînes moléculaires constituant les sacs plastiques en PEHD résultant
de la polymérisation des monomères de CH2, il n'existe pas de liaisons faibles. De ce fait, les agents 19
dégradants ne peuvent pas agir sur la molécule, ce qui explique la conservation de l'état physique du
sac.
La dégradation, ou hydrolyse des molécules constitutives de la matière plastique, est donc due
aux attaques du milieu de dégradation (eau, bactéries, lumière…). Celleci dépend de la présence de
liaisons hydrogène ; une telle différence de dégradation s’explique par la structure moléculaire des
matières plastiques.
En ce qui concerne la dégradation, le matériau le plus intéressant est donc le sac plastique
biodégradable : c’est celui qui se dégrade le plus rapidement lors de l’enfouissement ; on peut donc
l’intégrer sans risque à un compost.
IV. Expérience de combustion / Dégagement de CO2
Nous avons soumis les trois matériaux étudiés à un test de combustion afin de définir lequel
des trois émet le plus de CO2 lors de sa combustion. En effet, les plastiques (bio ou pas) et les papiers
sont intégrés aux déchets ménagers, et incinérés dans des déchetteries. Or, plus il y a de CO2 libéré
lors de l’incinération, plus il y a d’énergie libérée. En déterminant à l’aide d’échantillons le matériau
dégageant le plus de CO2, on détermine celui qui permet de produire le plus d’énergie.
Matériel nécessaire : 2 grands saladiers (volume = 6,5 L)
1 sonde à dioxyde de carbone reliée à un logiciel de mesure
1 « louche » de 20 cm de long
du fil de fer
du sable
1 allumegaz à long bec
de l’alcool à brûler
10 échantillons de 18,000 cm² de chaque matériau, soit 1,000% de la surface
totale d'un sac
du ruban adhésif
1 pipette jaugée de 1mL
20
Schéma explicatif :
Photographie de l’expérience :
21
A l’aide de la pipette jaugée, on place 0,2 mL d’alcool dans la « louche » ; cet alcool joue le
rôle d’un bec Bunsen, et va permettre la combustion totale des échantillons.
Les saladiers sont hermétiquement fermés grâce au ruban adhésif.
Nous avons effectué 10 mesures du taux de CO2 présent dans le milieu expérimental pour chaque
matériau afin d’obtenir des valeurs les plus proches possibles de la réalité. La durée de chaque
acquisition est de 2 min 30 s, et on enflamme l’alcool au temps t=10s.
1°) Observation de la combustion de l’échantillon de sac plastique en PEHD
Courbe moyenne des dix expériences :
22
Observations :
A t=10s, on enflamme l’échantillon de sac plastique en PEHD. L’échantillon s’enflamme très
rapidement et on observe une flamme très importante ; des gouttes enflammées retombent dans la
« louche ». D’après le graphique, le taux de CO2 dégagé est constant à partir de t=1min environ : le
maximum de CO2 dégagé est atteint et vaut 1.117%.
23
2°) Observation de la combustion de l’échantillon de sac plastique biodégradable
Courbe moyenne des dix expériences :
Observations :
A t=10s, on enflamme l’échantillon de sac plastique biodégradable. L’échantillon se consume très
rapidement sans produire une importante flamme. D’après le graphique, le taux de CO2 dégagé est
constant à partir de t=1min 10s environ : le maximum de CO2 dégagé est atteint et vaut 1.163%.24
Max : 1.163%
3°) Observation de la combustion de l’échantillon de sac en papier
Courbe moyenne des dix expériences :
25
Observations :
A t=10s, on enflamme l’échantillon de sac en papier. L’échantillon se consume très
lentement. D’après le graphique, le taux de CO2 dégagé est constant à partir de t=40s environ : le
maximum de CO2 dégagé est atteint et vaut 1.025%.
4°) Analyse des résultats
Graphe récapitulatif :
26
Conclusion :
On observe donc que l’échantillon de plastique biodégradable dégage le plus de CO2, suivi de
l’échantillon de PEHD, et du papier. Comme on a réalisé la combustion de seulement 1% de chacun
des sacs, on peut élargir les résultats au sac entier. On en conclut donc que le sac biodégradable est le
matériau le plus intéressant au niveau de la production d’énergie. De plus, le CO2 dégagé lors de sa
combustion n’a aucun impact sur l’environnement car le carbone dégagé est celui capté par les
plantes dont il est issu : le bilan carbone est nul. En revanche, le carbone dégagé par le PEHD issu du
pétrole, provient du carbone stocké il y a des millions d’années sous forme d’hydrocarbures, et
présente un danger environnemental important puisqu'il constitue un apport supplémentaire de ce gaz
dans l'atmosphère. De plus, on trouve la plupart du temps de nombreux additifs dans les sacs en
PEHD tels que des antioxydants, des retardateurs de flamme, etc… très toxiques lors de leur
combustion.
Au point de vue énergétique, et même environnemental, le sac plastique biodégradable est le
matériau le plus intéressant.
Conclusion
D’après l’expérience d’étirement réalisée, le matériau le plus intéressant est le plastique en
PEHD : le plus résistant à la traction et imperméable. En ce qui concerne l’expérience
d’enfouissement, le sac plastique biodégradable est incontestablement le matériau le plus intéressant :
il se dégrade en environ 4 mois quand la dégradation des deux autres matériaux est plus longue. De
même, pour l’expérience de combustion, ce matériau est celui qui dégage le plus de CO2 : il produit
donc plus d’énergie que les deux autres matériaux lors de son incinération ; et le CO2 dégagé n’est
27
pas dangereux pour l’environnement (à l’inverse du CO2 produit par le PEHD) car le bilan carbone du
sac plastique biodégradable est nul.
Au point de vue écologique et énergétique, le sac plastique biodégradable est le matériau le
plus intéressant ; et, même si sa résistance à la traction est un peu moins importante que les deux
autres matériaux, ces sacs sont aussi pratiques que les autres considérant la masse des produits
(souvent très légers) transportés dans ces sacs. De plus, ces sacs peuvent être incinérés sans danger, et
être incorporés à un compost. On peut également remarquer que les sacs biodégradables sont plus
agréables au toucher, et font moins de « bruit » lorsqu’on les froisse.
La nécessité des sacs plastiques est aujourd’hui tout à fait incontestable. Invention
révolutionnaire, elle a su répondre à un réel besoin de la part des usagers. Mais les désavantages
environnementaux des sacs plastiques en PEHD et des sacs en papiers ont progressivement été mis en
évidence. Les sacs plastiques biodégradables, ne présentant pas d’inconvénients écologiques,
contrairement aux sacs plastiques en PEHD, et capables de répondre aux mêmes besoins, constituent
un important progrès en matière de respect de l’environnement ; solution tout à fait réalisable à la
condition d’une prise de conscience générale. En France, un amendement a d’ailleurs été voté à
l’unanimité le 11 octobre 2005, interdisant la vente ou la distribution de sacs plastiques non
biodégradables à partir du 1er Janvier 2010 ; amendement qui s’inscrit dans une volonté actuelle
grandissante de respect de l’environnement et de développement durable. On voit alors la nécessité
d’adapter ces solutions rapidement en France, mais aussi de les concrétiser à l’échelle mondiale.
28