Insuffisance cardiaque, cette inconnue

1
] SHAPE est une orga#isation de cardioiogues europ#e~S, cr##e sp#cEiq~eme~# pour prendre la mesure de i'expansion de i"insuffisa#ce cardJaq~e en Europe, SHAPE sJgn~fie " Study group on Hear~ failure Awareness and Percep~o# i# ~ " " -u, ope, Groupe d'e~#de s~r ~ prise de co#scie#ce e, ~ # percep~io# de rinsuhTsance cardiaque en E~ropeo C ette demarche correspond & une prise de conscience du corps medical :les gens sont peu ou non informes des grands problemes de sante; la necessite d'une prevention, d'une consultation precoce, d'une serie d'explorations et d'analyses, d'un suivi regulier, bref : d'un diagnostic precoce, d'un traitement adequat, d'une observance hygieno-dietetique et d'un suivi medico-biologique n'est pas entree dans les habi- tudes. Bon usage des antibiotiques, traitement hormonal de la meno- pause, prise en charge precoce de la bronchite chronique, risque cardiovasculaire specifique de la femme ont ainsi fait I'objet recent d'une information par le corps medical. SHAPE a presente les resultats fran(;ais et europeens d'etudes menees dans le public et le corps medical de 9 pays 0) sur la perception de ]'insuffisance car- diaque. Dans le public, 86 % des interroges ,~ ont entendu parler ,, de I'insuffisance car- diaque, mais la quasi-totalite d'entre eux ignore sa significa- tion (2) : seulement 3 % savent identifier signes et symptSmes, contre 51 o/0 pour I'accident vas- culaire cerebral (AVE;) et 31 O/o pour I'angine de poitrine. Enfin, un tiers des interroges rat- tribuent au vieillissement (3) et les deux tiers attribuent davantage de deces au cancer et au sida. Elle touche un demi-million de sujets en France et est respon- sable de 32 000 deces annuels Sa mortalite est estimee & 60 o/o dans les 5 ans du diagnostic, mais pres de 40 % des patients decedent dans I'annee de la pre- miere hospitalisation. La con- naissance des traitements pos- sibles est embryonnaire, voire nulle. Le public ignore que I'on peut corriger les troubles du rythme par stimulation (resyn- chronisation), proposer une transplantation, etc. Concernant les medecins, SHAPE constate leur mecon- naissance de la reelle prevalen- ce de la maladie, de sa letalite par rapport au cancer, I'insuffi- sance d'examens specialises prescrits pour le diagnostic : 35 % les prescrivent fr~quem- mont. Ce n'est donc pas syste- matique (& quoi servent troponi- ne et BNP ?). Concemant la nature des medicaments pres- criptibles, on realise que les plus recentes directives de la Societe europeenne de cardio- Iogie n'ont pas impact& II existe des differences selon les pays, mais globalement ,, SHAPE r~vele la m~connais- sance et le manque de mobilisa- tion concernant cette maladie ,,. L'insuffisance cardiaque est une question de Sante publique pr@ occupante car ,, alors qu'il existe des centres anti-canc~- reux, des unites de soins inten- sirs coronariens clans chaque CHU de France, il y a peu de r~seaux ou d'unites de soins dedies & I'insuffisance car- diaque ,, (Pr Faiez Zannad, CHU de Nancy). Apparemment, seule la Suede aurait fait & ce jour la demarche ! Pour que la sensibilisation ne soit pas feu de paille, SHAPE a cree un site d'information ouvert & tous : www.insuffisancecar- diaque-europe.com (www.heartfaflure-europe,com) et propose la Charte du patient insuffisant cardiaque, remar- quable Iivret d'inforrnation (14 p.) telechar9eable sur le site. J.-M. M. INSULINE, DIABETE ET INSUFFISANCE CARDIAQUE : INCOMPATIBLES Selon une ~tude parue dans 1'6di- tion tie janvier ne I'American Heart Journal, les diab~tiques en insuffi- sance cardiaque avanc6e trait6s par insuline out un taux de mortali- t6 ~ 1 an quadrupl~ par rapport aux diab6tiques trait~s par anti-diab6- tiques oraux, donn6es publi6es par une 6quipe de rUniversit~ de Californie ~ Los Angeles (UCLA). R~sultat paradoxal quaflzion coilnait le risque cardiovasculaire dO au alia- b~te de type 2. II s'agit de la pre- mitre 6tude qui montre ce risque dans I'insuffisance cardiaque avan- c6e. Le risque serait en fait li~ ~ la qualit6 de I'equilibration eu diab6te et du taux de glyc~rnie obtenu. Cela revient ~ r6~tudier les strat6gies de contrOle de la glyc~mie chez les insuftisants cardiaques, estime le cardiologue californien Gregg Fonarow (l~coie oe m6decine, UCLA). Aux letaZs-Llnis, I'insuffisance car- diaque touche environ 5 millions tie sujets et c'est I'une des causes majeures d'ilospitaiisation chez les sujets de 65 afls et plus : 45 % de ces sont diabetiques. Source : HeartCenterOnl_i (1) France, Allemagne, Italie, Pays- Bas, Pologne, Roumanie, Espagne, Suede, Royaume-Uni : 8 000 per- sonnes du public, 3 000 g~nera- listes, 4 000 sp~cialistes. (2) Le mot n'est pas clair, En anglais, il I'est davantage : heart failure sfgnifie defaiflance cardiaque (3) Deux grandes causes : hyperten- sion art~rielle non contrSl~e, infarc- tus du myocarde massif ou infarctus r#cidivants, mais la prevalence aug- monte avec I'&ge. Revue Fran£aise des Laboratoires, janvier 2005,N ° 369 11

Transcript of Insuffisance cardiaque, cette inconnue

]

SHAPE e s t une orga#isation de cardioiogues europ#e~S, c r # # e sp#cEiq~eme~# pour prendre la mesure de i ' e x p a n s i o n de i"insuffisa#ce cardJaq~e en Europe, SHAPE sJgn~fie " Study group on Hear~ failure Awareness and Percep~o# i# ~ " " -u, ope, Groupe d'e~#de s~r ~ prise de c o # s c i e # c e e, ~ # percep~io# de rinsuhTsance cardiaque en E~ropeo

C ette demarche correspond & une prise de conscience

du corps medical : l e s gens sont peu ou non informes des grands problemes de sante; la necessite d'une prevention, d'une consultation precoce, d'une serie d'explorations et d'analyses, d'un suivi regulier, bref : d'un diagnostic precoce, d'un traitement adequat, d'une observance hygieno-dietetique et d'un suivi medico-biologique n'est pas entree dans les habi- tudes. Bon usage des antibiotiques, traitement hormonal de la meno- pause, prise en charge precoce de la bronchite chronique, risque cardiovasculaire specifique de la femme ont ainsi fait I'objet recent d'une information par le corps medical. SHAPE a presente les resultats fran(;ais et europeens d'etudes menees dans le public et le corps medical de 9 pays 0) sur la perception de ]'insuffisance car- diaque. Dans le public, 86 % des interroges ,~ ont entendu parler ,, de I'insuffisance car- diaque, mais la quasi-totalite d'entre eux ignore sa significa- tion (2) : seulement 3 % savent identifier signes et symptSmes, contre 51 o/0 pour I'accident vas- culaire cerebral (AVE;) et 31 O/o pour I'angine de poitrine.

Enfin, un tiers des interroges rat- tribuent au vieillissement (3) et les deux tiers attribuent davantage de deces au cancer et au sida. Elle touche un demi-million de sujets en France et est respon- sable de 32 000 deces annuels Sa mortalite est estimee & 60 o/o dans les 5 ans du diagnostic, mais pres de 40 % des patients decedent dans I'annee de la pre- miere hospitalisation. La con- naissance des traitements pos-

sibles est embryonnaire, voire nulle. Le public ignore que I'on peut corriger les troubles du rythme par stimulation (resyn- chronisation), proposer une transplantation, etc. Concernant les medecins, SHAPE constate leur mecon- naissance de la reelle prevalen- ce de la maladie, de sa letalite par rapport au cancer, I'insuffi- sance d'examens specialises prescrits pour le diagnostic :

35 % les prescrivent fr~quem- mont. Ce n'est donc pas syste- matique (& quoi servent troponi- ne et BNP ?). Concemant la nature des medicaments pres- criptibles, on realise que les plus recentes directives de la Societe europeenne de cardio- Iogie n'ont pas impact& II existe des differences selon les pays, mais globalement ,, SHAPE r~vele la m~connais- sance et le manque de mobilisa- tion concernant cette maladie ,,. L'insuffisance cardiaque est une question de Sante publique pr@ occupante car ,, alors qu'i l existe des centres anti-canc~- reux, des unites de soins inten- sirs coronariens clans chaque C H U de France, il y a peu de r~seaux ou d'unites de soins dedies & I ' insuff isance car- diaque ,, (Pr Faiez Zannad, CHU de Nancy). Apparemment, seule la Suede aurait fait & ce jour la demarche ! Pour que la sensibilisation ne soit pas feu de paille, SHAPE a cree un site d'information ouvert & tous : www.insuffisancecar- d i a q u e - e u r o p e . c o m (www.heartfaflure-europe,com) et propose la Charte du patient insuffisant cardiaque, remar- quable Iivret d'inforrnation (14 p.) telechar9eable sur le site.

J.-M. M.

INSULINE, DIABETE ET INSUFFISANCE CARDIAQUE : INCOMPATIBLES Selon une ~tude parue dans 1'6di- tion tie janvier ne I'American Heart Journal, les diab~tiques en insuffi- sance cardiaque avanc6e trait6s par insuline out un taux de mortali- t6 ~ 1 an quadrupl~ par rapport aux diab6tiques trait~s par anti-diab6- tiques oraux, donn6es publi6es par

une 6quipe de rUniversit~ de Californie ~ Los Angeles (UCLA). R~sultat paradoxal quaflzi on coilnait le risque cardiovasculaire dO au alia- b~te de type 2. II s'agit de la pre- mitre 6tude qui montre ce risque dans I'insuffisance cardiaque avan- c6e. Le risque serait en fait li~ ~ la qualit6 de I'equilibration eu diab6te et du taux de glyc~rnie obtenu. Cela revient ~ r6~tudier les strat6gies de

contrOle de la glyc~mie chez les insuftisants cardiaques, estime le cardiologue californien Gregg Fonarow (l~coie oe m6decine, UCLA). Aux letaZs-Llnis, I'insuffisance car- diaque touche environ 5 millions tie sujets et c'est I'une des causes majeures d'ilospitaiisation chez les sujets de 65 afls et plus : 45 % de ces sont diabetiques.

Source : HeartCenterOnl_i

(1) France, Allemagne, Italie, Pays- Bas, Pologne, Roumanie, Espagne, Suede, Royaume-Uni : 8 000 per- sonnes du public, 3 000 g~nera- listes, 4 000 sp~cialistes. (2) Le mot n'est pas clair, En anglais, il I'est davantage : heart failure sfgnifie defaiflance cardiaque (3) Deux grandes causes : hyperten- sion art~rielle non contrSl~e, infarc- tus du myocarde massif ou infarctus r#cidivants, mais la prevalence aug- monte avec I'&ge.

Revue Fran£aise des Laboratoires, janvier 2005, N ° 369 11