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DENIS BEAUDOIN
IMPACT DE LA PLURIACTIVITÉ DU MÉNAGE SUR
LA SITUATION FINANCIÈRE EN PÉRIODE
D’ÉTABLISSEMENT EN AGRICULTURE
Mémoire présenté
à la Faculté des études supérieures de l’Université Laval
dans le cadre du programme de maîtrise en économie rurale
pour l’obtention du grade de Maître ès sciences (M. Sc.)
Département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation
Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation
Université Laval
Québec
2011
© Denis Beaudoin, 2011
Résumé
L’établissement en agriculture demeure un parcours semé d’embûches, particulièrement sur
le plan financier, où le recours à des sources de revenus non agricoles fait partie de la
réalité. La pratique de la pluriactivité permet au ménage d’obtenir un revenu
supplémentaire, notamment par le biais d’un emploi extérieur à la ferme, ce qui a une
incidence positive sur la situation financière. Dans ce contexte, l’objectif de cette recherche
exploratoire était de mesurer l’importance financière du revenu de la pluriactivité dans
l’établissement en agriculture. Une enquête téléphonique menée auprès de 243 jeunes
récemment établis en agriculture au Québec a démontré que 62 % des ménages
échantillonnés sont pluriactifs professionnels. L’analyse statistique subséquente des
données de l’échantillon a révélé que le revenu d’emploi extérieur a un impact significatif
sur les dépenses courantes du ménage ainsi que sur les apports monétaires faits dans
l’entreprise en période d’établissement en agriculture.
Avant-propos
Ce projet de recherche a été rendu possible grâce au soutien financier du ministère de
l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) par l’intermédiaire
du Programme de recherche technologique en bioalimentaire (volet demande sociétale). Il a
également bénéficié de l’appui soutenu du Groupe de recherche en économie et politique
agricoles (GRÉPA) de l’Université Laval. Les ressources que ces organisations ont mises à
ma disposition ont grandement contribué à la réussite de ma formation et je tiens à profiter
de cette occasion pour les remercier de m’avoir appuyé dans toutes les facettes de mon
parcours académique.
Je souhaite également remercier sincèrement mon directeur de recherche, Daniel-Mercier
Gouin, pour son encadrement hors pair et la confiance qu’il m’a témoignée afin de mener
ce mémoire à terme. J’aimerais aussi remercier ma co-directrice de recherche, Diane
Parent, pour son expertise et ses encouragements.
J’ai pu compter sur un grand soutien de mes collègues tout au long de ma formation et je
les en remercie. Je souhaite également remercier mes parents, Thérèse et Guy, qui m’ont
appris la valeur inestimable de l’éducation. Enfin, je désire remercier la femme qui a
toujours été derrière moi, ma conjointe, Valérie, pour qui je suis infiniment reconnaissant.
iii
« En vérité, le chemin importe peu, la volonté d’arriver suffit à tout. »
Albert Camus, Le mythe de Sisyphe
Table des matières
Résumé ..................................................................................................................................... i
Avant-propos ......................................................................................................................... ii
1. L’établissement en agriculture dans un cadre pluriactif ................................................ 1
1.1 Objectifs de recherche ....................................................................................... 5
2. La situation financière du ménage agricole ................................................................... 7
2.1 L’approche globale ............................................................................................ 7
2.2 La formation du revenu ................................................................................... 12
2.2.1 Le revenu provenant de l’entreprise agricole .................................... 12
2.2.2 Les revenus hors ferme et le revenu total du ménage agricole.......... 15
2.2.3 La pluriactivité du ménage ................................................................ 18
2.3 L’utilisation du revenu .................................................................................... 22
2.3.1 La consommation .............................................................................. 23
2.3.2 L’épargne ........................................................................................... 25
2.3.3 Le rôle de la richesse ......................................................................... 27
2.4 Grille d’analyse................................................................................................ 29
2.5 Les fonctions de consommation et d’épargne d’un point de vue
théorique .......................................................................................................... 32
2.5.1 La fonction de consommation selon la théorie des comptes
mentaux ............................................................................................. 33
2.5.2 La fonction d’épargne selon la théorie de l’individu
entrepreneur ....................................................................................... 34
2.6 Question de recherche ..................................................................................... 36
3. La mesure du revenu et de son utilisation : aspects méthodologiques ........................ 38
3.1 Population visée ............................................................................................... 38
3.2 Échantillonnage ............................................................................................... 38
3.3 Méthode de collecte de données ...................................................................... 39
3.4 Instrument de mesure....................................................................................... 40
3.5 Bilan de l’enquête ............................................................................................ 43
3.6 Approche d’analyse ......................................................................................... 46
4. L’importance financière du revenu de la pluriactivité : analyse de l’échantillon ....... 48
4.1 Caractéristiques de l’échantillon ..................................................................... 48
4.2 Impact du revenu d’emploi extérieur............................................................... 54
4.3 Analyse des ménages pluriactifs professionnels ............................................. 63
5. Conclusion ................................................................................................................... 72
Bibliographie ........................................................................................................................ 76
Annexe I Questionnaire d’enquête téléphonique .................................................................. 80
Annexe II Procédures d’analyse statistique .......................................................................... 98
Liste des tableaux
Tableau 1 Taux de réponse de l’enquête ........................................................................ 44
Tableau 2 Répartition des ménages selon la présence de revenus d’emploi
extérieur en 2008 et au début de l’établissement .......................................... 45
Tableau 3 Répartition des ménages selon leur type ....................................................... 45
Tableau 4 Modes principaux d’établissement des répondants selon le type de
ménage .......................................................................................................... 48
Tableau 5 Types de productions agricoles principales des entreprises selon le
type de ménage .............................................................................................. 49
Tableau 6 Valeur marchande moyenne et endettement moyen des entreprises à la
fin de l’année 2008 selon le type de ménage ................................................ 50
Tableau 7 Revenus brut et net moyens des entreprises en 2008 et au début
l’établissement selon le type de ménage ....................................................... 51
Tableau 8 Revenus moyens des ménages au début de l’établissement selon le
type de ménage .............................................................................................. 52
Tableau 9 Revenus moyens des ménages en 2008 selon le type de ménage ................. 52
Tableau 10 Dépenses courantes moyennes des ménages en 2008 selon le type de
ménage .......................................................................................................... 55
Tableau 11 Apports monétaires moyens faits par les ménages dans l’entreprise en
2008 selon le type de ménage ....................................................................... 59
Tableau 12 Répartition des ménages pluriactifs professionnels selon le niveau du
revenu d’emploi extérieur au début de l’établissement et en 2008 ............... 63
Tableau 13 Utilité accordée par les répondants des ménages pluriactifs
professionnels aux revenus hors ferme dans l’établissement ........................ 64
Tableau 14 Aspect financier favorisé par les revenus hors ferme selon les
répondants des ménages pluriactifs professionnels qui les ont jugés
essentiels ....................................................................................................... 65
Tableau 15 Présence et montant des apports monétaires médians moyens faits dans
les entreprises des ménages pluriactifs professionnels en 2008 .................... 66
Tableau 16 Mode principal d’établissement des répondants des ménages pluriactifs
professionnels ................................................................................................ 67
Tableau 17 Type de production agricole principale des entreprises des ménages
pluriactifs professionnels .............................................................................. 67
Tableau 18 Valeur marchande moyenne et endettement moyen des entreprises des
ménages pluriactifs professionnels en 2008 .................................................. 68
Tableau 19 Revenus brut et net médians moyens des entreprises des ménages
pluriactifs professionnels depuis l’établissement .......................................... 69
vi
Tableau 20 Dépenses courantes moyennes des ménages pluriactifs professionnels
en 2008 .......................................................................................................... 69
Tableau 21 Intention des ménages pluriactifs professionnels de vivre
principalement des revenus de l’entreprise ................................................... 70
Tableau 22 Statistiques descriptives de l’ANOVA visant à évaluer la relation entre
les dépenses courantes en 2008 et le type de ménage ................................... 99
Tableau 23 Test d’égalité des variances de l’ANOVA visant à évaluer la relation
entre les dépenses courantes en 2008 et le type de ménage .......................... 99
Tableau 24 Test de signification de l’ANOVA visant à évaluer la relation entre les
dépenses courantes en 2008 et le type de ménage ...................................... 100
Tableau 25 Comparaisons multiples de l’ANOVA visant à évaluer la relation entre
les dépenses courantes en 2008 et le type de ménage ................................. 101
Tableau 26 Statistiques descriptives de la régression visant à évaluer la relation
entre les sources de revenus et les dépenses courantes des ménages en
2008 ............................................................................................................. 102
Tableau 27 Test de signification de la régression visant à évaluer la relation entre
les sources de revenus et les dépenses courantes des ménages en 2008 ..... 102
Tableau 28 Coefficient de corrélation multiple de la régression visant à évaluer la
relation entre les sources de revenus et les dépenses courantes des
ménages en 2008 ......................................................................................... 103
Tableau 29 Coefficients standardisés et non standardisés de la régression visant à
évaluer la relation entre les sources de revenus et les dépenses
courantes des ménages en 2008 .................................................................. 104
Tableau 30 Statistiques descriptives de l’ANOVA visant à évaluer la relation entre
les apports monétaires en 2008 et le type de ménage ................................. 105
Tableau 31 Test d’égalité des variances de l’ANOVA visant à évaluer la relation
entre les apports monétaires en 2008 et le type de ménage ........................ 105
Tableau 32 Test de signification de l’ANOVA visant à évaluer la relation entre les
apports monétaires en 2008 et le type de ménage ....................................... 106
Tableau 33 Comparaisons multiples de l’ANOVA visant à évaluer la relation entre
les apports monétaires en 2008 et le type de ménage ................................. 107
Tableau 34 Statistiques descriptives de la régression visant à évaluer la relation
entre les sources de revenus et les apports monétaires des ménages en
2008 ............................................................................................................. 108
Tableau 35 Test de signification de la régression visant à évaluer la relation entre
les sources de revenus et les apports monétaires des ménages en 2008 ..... 108
Tableau 36 Coefficient de corrélation multiple de la régression visant à évaluer la
relation entre les sources de revenus et les apports monétaires des
ménages en 2008 ......................................................................................... 109
vii
Tableau 37 Coefficients standardisés et non standardisés de la régression visant à
évaluer la relation entre les sources de revenus et les apports
monétaires des ménages en 2008 ................................................................ 110
Liste des figures
Figure 1. Modèle économique du ménage agricole ...................................................... 11
Figure 2. Formation du revenu total du ménage agricole ............................................. 13
Figure 3. Revenus agricoles brut et net moyens des entreprises agricoles,
Québec, 2001 à 2008 ..................................................................................... 14
Figure 4. Revenus moyens des ménages agricoles selon trois sources, Québec,
2001 à 2007 ................................................................................................... 16
Figure 5. Revenu total moyen des ménages agricoles et de tous les ménages,
Québec, 2001 à 2007 ..................................................................................... 17
Figure 6. Grille d’analyse typologique de la pluriactivité agricole .............................. 21
Figure 7. Utilisation du revenu total du ménage agricole ............................................. 22
Figure 8. Revenu disponible moyen et dépenses courantes moyennes des
ménages, Québec, 2001 à 2008 ..................................................................... 25
Figure 9. Valeur marchande moyenne et endettement moyen des entreprises
agricoles, Québec, 2001 à 2008 .................................................................... 28
Figure 10. Grille d’analyse théorique de la situation financière du ménage
agricole .......................................................................................................... 30
Figure 11. Grille d’analyse empirique de la situation financière du ménage
agricole .......................................................................................................... 41
1. L’établissement en agriculture dans un cadre pluriactif
La fragilité financière de l’agriculture québécoise
Encore aujourd’hui, l’établissement de la relève agricole représente un défi de taille pour
l’agriculture québécoise. Au-delà des tendances sectorielles et régionales, le
renouvellement de la profession agricole n’est pas assuré. Le taux de renouvellement des
générations1 des agriculteurs québécois tournait autour de 35 % en 2006 alors qu’il était de
112 % au début des années 1990 (TRAGET Laval 2007, p. 4). En d’autres mots, les
agriculteurs étaient plus âgés en 2006. L’évolution structurelle de l’agriculture québécoise
n’est pas étrangère à la situation actuelle (Doyon et al. 2001). Les phénomènes de
spécialisation, de concentration et d’intensification de la production agricole ont concouru
au développement d’une agriculture moderne certes, mais fragilisée à bien des égards.
Ainsi, les hauts niveaux de capitalisation et d’endettement et la faible rentabilité des
entreprises agricoles caractérisent l’agriculture québécoise (Levallois 2006, p. 53).
La valeur marchande moyenne d’une ferme au Québec atteignait 1,4 M$ en 2008 et
l’endettement moyen se situait à 28 % de cette somme (Statistique Canada 2010a, p. 31).
Pour la relève agricole, qu’elle soit familiale ou non, la valeur des actifs agricoles peut
paraître prohibitive au point de devenir une barrière à l’entrée dans la profession (FRAQ et
UPA 2004, p. 31). D’ailleurs, le problème de la capitalisation était reconnu par le ministère
de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) dès 1990 : « Si l’on se fie à
la tendance passée, l’augmentation de la taille et de la valeur des entreprises agricoles à
l’avenir impliquera des mises de fonds de plus en plus considérables » (MAPAQ 1990,
p. 9). Ce phénomène s’est accompagné d’une stagnation du revenu net total des agriculteurs
québécois. En se basant sur des données de 2004, les revenus agricoles (hors subventions)
n’arrivaient pas à couvrir les dépenses de 53 % des fermes du Québec (Groupe AGÉCO
2007, p. 31). Dans ce contexte, si les jeunes souhaitant s’établir en agriculture aspirent à
vivre de leur ferme, la relève agricole est donc défavorisée.
1 Le taux de renouvellement des générations correspond au nombre d’agriculteurs ayant moins de 35 ans en
proportion de ceux de 55 ans et plus.
2
Un processus long, complexe et exigeant
Pour les jeunes qui persistent, l’établissement en agriculture représente un processus
complexe et exigeant dont la durée est variable, mais pouvant s’échelonner sur plusieurs
années (Parent et al. 2004, pp. 10-11). Il comporte généralement deux phases. La première
phase, celle du pré-démarrage, consiste en quelque sorte à définir le projet et à le planifier,
sous forme de plan d’affaires ou de plan d’établissement. Cela donne lieu à des démarches
formelles, comme la consultation de conseillers et la réalisation de stages, visant à
concrétiser le projet d’établissement. Durant cette phase, c’est notamment en raison du
problème de la capitalisation que le montage financier de l’entreprise, permettant d’acquérir
les actifs agricoles, prend toute son importance (Lepage 2008). La relève doit d’ailleurs
faire appel à différentes sources de financement, dont les apports monétaires personnels et
familiaux, les subventions et les emprunts. Le montage financier peut donc avoir une
incidence sur la rentabilité de l’entreprise au cours des années subséquentes (Lepage 2008).
La seconde phase correspond au démarrage ou à la poursuite des activités de l’entreprise
selon qu’elle soit nouvelle ou reprise lors d’un transfert. Cette dernière phase est toute aussi
importante car les cinq premières années sont généralement les plus difficiles dans le cycle
de vie de l’entreprise (Parent et al. 2004, pp. 10-11). En effet, l’établissement est également
un processus d’apprentissage, à coups d’essais et d’erreurs, qui peut s’avérer onéreux pour
la relève agricole. Durant cette période, l’endettement peut peser lourd sur les finances de
l’entreprise et les revenus agricoles peuvent être plus faibles que ce qui avait été prévu
initialement. Cette situation réduit ainsi toute marge de manœuvre financière et le recours à
des revenus hors ferme peut donc s’avérer nécessaire (Brangeon et al. 1994, p. 36).
Le recours au revenu hors ferme
En matière de revenu hors ferme, la tendance des dernières années est révélatrice d’un
phénomène qui a pris de l’ampleur dans les économies industrialisées, ne serait-ce qu’à
l’échelle nord-américaine. Aux États-Unis, le revenu hors ferme comptait en moyenne pour
83 à 90 % du revenu total des ménages agricoles pour la période de 2003 à 2007 (USDA
2008, p. 34). Fait encore plus surprenant, le revenu moyen des ménages agricoles était
supérieur de 16 à 33 % au revenu moyen des ménages aux États-Unis au cours de la même
période (USDA 2008, p. 34). Au Canada, suivant la même tendance, les données de 2007
3
indiquent que sur un revenu total moyen des ménages agricoles de 93 703 $, celui-ci était
composé à 80 % de revenu hors ferme, une proportion relativement stable depuis plusieurs
années (Statistique Canada 2010b, p. 20). De plus, ce sont majoritairement des revenus
d’emploi extérieur à la ferme dont bénéficient les ménages agricoles puisqu’ils constituent
56 % du revenu total moyen (Statistique Canada 2010b, p. 34). Au Québec plus
spécifiquement, le revenu total moyen des ménages agricoles était de 77 290 $ pour la
même année et constitué à 66 % de revenu hors ferme (Statistique Canada 2010b, p. 22).
Dans le cas des ménages agricoles québécois, les revenus d’emploi extérieur à la ferme
contribuaient à la hauteur de 44 % du revenu total moyen (Statistique Canada 2010b, p. 34).
Bien que les ménages agricoles au Québec dépendent moins du revenu hors ferme que ceux
de l’ensemble du Canada, ces statistiques confirment à quel point l’importance financière
du revenu hors ferme est devenue manifeste. Il faut toutefois noter que ces statistiques
témoignent de l’ampleur du revenu hors ferme chez les ménages agricoles en général mais
il n’en demeure pas moins important de nuancer les moyennes statistiques, notamment en
fonction des productions, des régions et des tailles d’entreprise. Les données masquent
également la réalité des jeunes agriculteurs. Il serait donc pertinent d’en savoir davantage
sur l’incidence financière du revenu hors ferme des ménages agricoles, notamment du
revenu d’emploi extérieur, à la lumière de la problématique de l’établissement.
La pratique de la pluriactivité
Le revenu d’emploi extérieur en agriculture réfère généralement à la pratique de la
pluriactivité du ménage. Or, il appert que la pratique de pluriactivité soit très répandue chez
les ménages agricoles mais demeure un phénomène largement méconnu. La pluriactivité
agricole consiste, pour au moins un des membres du ménage, à entreprendre une ou
plusieurs activités en sus de la production agricole, ce qui apporte généralement un revenu
supplémentaire au ménage. L’intérêt de ce concept réside dans le déplacement de
l’attention de l’entreprise vers le ménage comme centre de décisions (Fuller 1990). Selon
une étude exploratoire réalisée récemment au Québec, la pluriactivité était présente chez
72 % des ménages agricoles échantillonnés (Gervais 2007, p. 67). Il peut s’agir d’une
activité de diversification agricole (travail à forfait, transformation à la ferme,
agrotourisme, etc.) mais il s’agit surtout d’une activité professionnelle extérieure (emploi
4
salarié) (Gervais 2007, pp. 10-11). Ainsi, la pluriactivité agricole remplit de nombreuses
fonctions qu’elles soient d’ordre économique, social, lié au style de vie ou culturel (Gervais
2007, p. 56). Et en fonction de la finalité à laquelle répond la pluriactivité agricole,
plusieurs types peuvent être rencontrés dont certains permettent de pallier le manque de
revenu dans un horizon à court ou long terme (Gervais 2007, p. 67). En fait, « les
préoccupations financières ne sont pas totalement absentes dans les décisions de
pluriactivité » (Krebs 2005, p. 96). Et pour une interprétation complète du revenu de
l’entreprise agricole, cela implique de prendre en compte le revenu total du ménage
agricole (Brangeon et al. 1994, p. 32).
Pour le moment, tout porte à croire que les ménages agricoles dont au moins un des
membres s’est établi récemment en agriculture seraient tout aussi, voire davantage,
pluriactifs que l’ensemble des ménages agricoles. Cependant, plusieurs points de vue
s’affrontent à ce sujet. Considérant les besoins financiers additionnels nécessaires à
l’établissement en agriculture, la pratique de la pluriactivité agricole est souvent perçue
comme une nécessité financière dont la finalité est un revenu cible permettant de financer
une capitalisation importante de l’entreprise agricole (Simpson et Kapitany 1983, p. 801).
Par ailleurs, il semble que la consommation et l’épargne du ménage agricole soient avant
tout financées par le revenu de la pluriactivité (Butault et al. 1999, p. 177). Toutefois, la
pluriactivité professionnelle extérieure peut également être le reflet d’un choix individuel,
en vue de la poursuite d’une carrière, où le revenu n’aurait donc rien à voir avec un
raisonnement financier de l’entreprise ou du ménage (Simpson et Kapitany 1983, p. 801).
Essentiellement, la pluriactivité du ménage agricole pourrait donc répondre à une double
logique :
« conjoncturelle, en permettant de compenser la faiblesse du revenu agricole ;
structurelle, en contribuant directement ou indirectement au financement de
l’exploitation agricole et par conséquent, à terme, à son développement ou à sa
survie » (Butault et al. 1999, p. 165).
Bien que de nombreux chercheurs et intervenants se soient attardés aux problématiques de
la relève et de l’établissement en agriculture depuis plusieurs années, il aura fallu attendre
en 2006 avant d’obtenir le tout premier portrait de la relève agricole établie au Québec
5
(MAPAQ 2008). Au préalable, un recensement avait été effectué auprès de tous les
agriculteurs du Québec âgés de moins de 40 ans et possédant au moins 1 % des parts d’une
entreprise agricole au 30 novembre 2006 (MAPAQ 2008). Il en ressort qu’il y avait près de
9000 jeunes de la relève agricole établie en 2006 (MAPAQ 2008). Dans ce recensement,
ceux-ci répondaient, entres autres, à deux questions concernant le travail hors ferme et le
revenu qui y est associé (MAPAQ 2008). De manière générale, 38 % de ces jeunes ont
travaillé à l’extérieur de l’entreprise agricole au cours des douze derniers mois (MAPAQ
2008, p. 29). En moyenne, ils estiment que le revenu gagné à l’extérieur de l’entreprise
agricole équivaut à 46 % de leurs revenus totaux (MAPAQ 2008, p. 29). Avec ce
recensement, il est maintenant possible d’en savoir davantage sur les caractéristiques des
jeunes de la relève agricole établie mais encore bien peu sur la dynamique des ménages
agricoles durant l’établissement. En effet, les agriculteurs étant au centre de l’analyse, la
pluriactivité des ménages agricoles n’est pas considérée. Bien que deux études
exploratoires récentes sur la pluriactivité agricole aient permis de construire une typologie
(Gervais 2007) et de déterminer les motivations d’établissement en pluriactivité (Rivotiana
2008), le phénomène demeure largement méconnu au Québec. À notre connaissance, peu
d’attention a été accordée à l’importance financière du revenu de la pluriactivité agricole
dans l’établissement en agriculture.
1.1 Objectifs de recherche
Dans le contexte où l’établissement en agriculture se caractérise actuellement par des
obstacles financiers de plus en plus difficiles à surmonter et où l’entrée en agriculture
devient de plus en plus tributaire du revenu de l’ensemble du ménage, nous proposons une
recherche dont l’objectif général est le suivant :
Mesurer l’importance financière du revenu de la pluriactivité dans l’établissement
en agriculture.
De façon à atteindre cet objectif général, les objectifs spécifiques suivants seront
poursuivis :
6
Évaluer la situation financière des ménages agricoles en période d’établissement en
agriculture;
Déterminer l’impact du revenu de la pluriactivité agricole sur la situation financière
de ces ménages.
Pour atteindre ces objectifs, le cadre conceptuel de la situation financière du ménage
agricole sera d’abord élaboré. La grille d’analyse qui en découlera permettra ensuite
d’explorer la problématique au niveau d’un échantillon de ménages agricoles en période
d’établissement, ce qui nécessitera une méthodologie adéquate. Une fois qu’aura été
effectuée la collecte de données, l’analyse des résultats sera l’étape finale de cette
recherche.
2. La situation financière du ménage agricole
La situation financière du ménage agricole en période d’établissement en agriculture est
l’enjeu central de cette recherche puisque c’est par son évaluation qu’il sera possible
d’apprécier toute l’importance financière de la pluriactivité. Afin d’atteindre l’objectif
général, il importe donc d’élaborer un cadre conceptuel de manière à évaluer adéquatement
la situation financière des ménages agricoles qui sont à l’étude. Le but recherché par cette
étape importante de la recherche est, d’une part, de définir les concepts inhérents à la
compréhension de la situation financière et, d’autre part, d’obtenir une grille d’analyse afin
d’élaborer la méthodologie. Le cadre conceptuel sert également à prendre connaissance des
données existantes sur la situation financière des ménages agricoles au Québec et
particulièrement des ménages de la relève agricole établie.
En se basant sur la littérature, ce chapitre s’attarde d’abord à situer l’approche d’analyse qui
sera privilégiée. Il est question ensuite de construire la grille d’analyse pour une
compréhension accrue des points critiques de la situation financière tout en établissant le
portrait actuel des ménages agricoles au Québec. Pour ce faire, la formation du revenu du
ménage agricole est d’abord passée en revue en raison de la variable indépendante à
l’étude : le revenu de la pluriactivité. Ensuite, la contrepartie du revenu, soit son utilisation,
est examinée étant donné que c’est la variable dépendante de la recherche et révélatrice de
la situation financière du ménage agricole en période d’établissement en agriculture. Une
fois la grille d’analyse complétée, il s’agit alors de faire ressortir de la littérature les
théories économiques permettant d’expliquer le fondement des décisions financières du
ménage agricole, soit la relation fondamentale entre le revenu et son utilisation, ce qui
alimente une ou des questions de recherche spécifiques.
2.1 L’approche globale
Du revenu de l’entreprise agricole à la situation financière du ménage
La littérature économique a traité abondamment du revenu agricole dans l’étude de la
situation financière des familles agricoles (Boussard 1987). Historiquement, l’intérêt des
8
chercheurs portait avant tout sur les problématiques entourant la formation des revenus des
entreprises agricoles (OCDE 2003). Jusqu’à récemment, il était rarement question d’autres
sources de revenus puisque les familles agricoles vivaient encore principalement du revenu
de la ferme. Depuis une trentaine d’années cependant, la quantité de travail hors ferme a
monté en flèche, ce qui suscite l’intérêt des chercheurs (Alasia et Bollman 2009). Le
ménage agricole devenant désormais le centre de l’attention, l’analyse du revenu total se
retrouve davantage dans la littérature (Jégouzo et al. 1998). Ainsi, les implications
financières de la pluriactivité du ménage sont désormais un sujet de recherche (Butault
et al. 1997; Krebs 2005). Mais encore peu de chercheurs se sont intéressés à l’analyse
globale de la situation financière. En d’autres mots, la situation financière ne se résume pas
à la seule question du revenu total des ménages agricoles (El-Osta et al. 2007). L’utilisation
qu’en font les ménages agricoles est devenue au fil du temps un sujet d’intérêt, quoique peu
étudié (USDA 2002).
D’une part, le revenu est déterminant dans l’ampleur de la consommation des ménages et
donc, du niveau de vie. D’autre part, l’impact du revenu sur l’épargne et, par voie de
conséquence, sur les différents investissements du ménage laisse entrevoir un lien évident
avec le financement de l’entreprise agricole. Le patrimoine (le niveau de richesse) des
ménages agricoles, par sa capacité d’autofinancement, joue également un rôle au niveau du
revenu et, ultimement, au niveau de la consommation. En tenant compte de l’ensemble de
ces variables, c’est un portrait beaucoup plus complet de la situation financière des
ménages agricoles qui peut être dressé. La présente recherche s’intéresse à une étape
critique du cycle de vie de l’entreprise agricole où le stress financier est potentiellement
plus élevé. Dans un contexte d’établissement en agriculture, il est donc impératif de cerner
davantage la complexité de la situation financière des ménages agricoles en privilégiant une
approche globale.
Parmi plusieurs sujets concernant la situation financière, des données statistiques et de
nombreuses recherches se sont attardées parfois au revenu, d’autres fois à la consommation
et quelquefois à l’épargne des ménages agricoles (ONU 2007). Selon les objectifs
poursuivis, l’analyse se situait sous un angle partiel. Effectivement, les études ont surtout
9
touché la relation entre quelques variables de la situation financière à la fois, sans doute
pour répondre aux priorités de la recherche, mais aussi pour en simplifier l’analyse. De
plus, le peu d’études de nature plus globale s’explique par le fait que les données de haute
qualité, sur les dépenses courantes du ménage agricole notamment, sont éparses (ONU
2007; Zafiriou 2002). Ce n’est pas le cas aux États-Unis où, depuis des années, les agences
gouvernementales collectent des données financières complètes non seulement sur les
entreprises agricoles mais également sur les ménages agricoles (USDA 2002).
Les travaux du USDA
À notre connaissance, le United States Department of Agriculture (USDA) apparaît comme
la seule organisation à avoir schématisé de manière complète la situation financière des
ménages agricoles aux fins d’analyse. La figure 1 représente le modèle économique du
ménage agricole où les membres allouent leur temps entre différentes activités
économiques : la production agricole, l’emploi hors ferme, le travail autonome hors ferme,
la production domestique (tâches ménagères et loisirs) et l’éducation. Pour la plupart, ces
activités concourent directement (activités rémunératrices) et indirectement (éducation) au
revenu du ménage. Le ménage alloue ensuite ce revenu à la consommation et à l’épargne
qui à son tour sera allouée entre différents actifs financiers qu’ils soient agricoles ou non
agricoles. Ceux-ci permettront éventuellement de générer des revenus d’investissement
contribuant également au revenu du ménage. Ainsi, le bien-être économique du ménage
agricole provient du temps qu’il accorde à la production domestique, des différents biens
qu’il possède, de la consommation qu’il engendre mais également de l’intervention étatique
dont il bénéficie. En effet, les revenus fiscaux du gouvernement lui permettent d’intervenir
dans ce modèle économique par des dépenses publiques et des transferts sociaux qui
soutiennent le bien-être économique du ménage agricole.
Dans une étude relativement récente sur le bien-être économique des ménages agricoles
américains et qui est maintenant une référence importante pour tous ceux qui s’intéressent
au sujet, les chercheurs du USDA ont analysé la distribution du revenu et de la richesse
dans les ménages agricoles américains tout en établissant des liens entre l’instabilité du
revenu d’une part et la consommation et l’investissement d’autre part (USDA 2002). Les
10
auteurs de cette étude ont donc fait la démonstration qu’il est erroné de percevoir le bien-
être économique des ménages agricoles uniquement sous l’angle des revenus (USDA 2002,
p. 3). Ils considèrent qu’à la fois la richesse (l’ensemble des biens que possède le ménage)
et la consommation (l’ensemble des dépenses qu’engendre le ménage) doivent être prises
en compte pour être en mesure d’évaluer explicitement le bien-être des ménages agricoles
(USDA 2002, p. 3). Cette approche globale, qui intègre tous les éléments financiers
entourant le ménage agricole, cadre tout à fait avec le premier objectif spécifique de la
recherche qui, rappelons-le, consiste à évaluer la situation financière des ménages agricoles.
Dans la poursuite de cet objectif, bien que l’approche du USDA soit tout à fait pertinente
aux fins de la présente recherche, il y a lieu de l’adapter et de la bonifier pour construire
une grille d’analyse appropriée et détaillée, notamment en ce qui concerne la pluriactivité
agricole. Dans un premier temps, il est donc primordial de définir les concepts clés de la
formation du revenu du ménage agricole et de les bonifier selon la typologie des ménages
pluriactifs de Gervais (2007). Dans un deuxième temps, une fois les ressources financières
définies, il est de mise d’élaborer davantage sur les notions d’utilisation de ces ressources
par les ménages agricoles. À ce sujet, les questions de consommation, d’épargne et de
richesse semblent tout indiquées. La relation financière entre le ménage et la ferme est
également à préciser dans la grille d’analyse en raison notamment de son importance dans
l’établissement en agriculture, que ce soit pour les retraits ou les apports monétaires.
11
Figure 1. Modèle économique du ménage agricole
Source : Figure tirée de USDA (2002), p. 6.
.
12
2.2 La formation du revenu
Comme il a été mentionné auparavant, les membres du ménage agricole allouent leur temps
entre différentes activités économiques. Ce sont évidemment les activités rémunératrices
qui sont intéressantes pour la présente recherche et particulièrement celles qui relèvent de la
pluriactivité agricole. Selon la définition retenue par Statistique Canada, les revenus
générés par l’ensemble des activités économiques du ménage agricole proviennent
essentiellement de deux sources : le revenu provenant de l’entreprise agricole (bénéfice net
d’exploitation) et les revenus hors ferme (Statistique Canada 2010b). La présente section a
pour but de présenter la formation du revenu total du ménage agricole en deux étapes, en
analysant d’abord le revenu provenant de l’entreprise agricole et ensuite les revenus hors
ferme.
2.2.1 Le revenu provenant de l’entreprise agricole
Le revenu provenant de l’entreprise agricole est habituellement la composante instable du
revenu total des ménages agricoles. Ce revenu est le résultat d’une série d’opérations qui
méritent d’être étayées. Comme point de départ, la figure 2 représente la formation du
revenu total du ménage agricole. La séquence d’opérations menant au revenu net et,
ultimement, aux prélèvements ou retraits monétaires2 que font les propriétaires de
l’entreprise agricole est d’abord analysée.
Dans un premier temps, la formation du revenu brut va retenir l’attention. Il y a d’abord le
revenu agricole provenant de la vente de denrées agricoles, et ce, peu importe le type de
production agricole (végétale et animale) (Statistique Canada 2010a). À cela s’ajoutent les
paiements directs, de source publique. Il s’agit généralement d’un soutien financier de
l’État qui prend souvent la forme de subventions en vue de stabiliser les revenus agricoles
ou de dédommager les agriculteurs pour des pertes provoquées par des aléas de la nature
(Statistique Canada 2010a). Dans le cadre de l’établissement en agriculture, ce soutien peut
2 Les « prélèvements » et les « retraits » monétaires sont des synonymes des revenus du ménage retirés de
l’entreprise agricole. Ce concept est similaire au « bénéfice net d’exploitation » qu’utilise Statistique Canada.
13
également être constitué de subventions versées spécifiquement à la relève agricole afin de
couvrir certaines dépenses agricoles et financer des investissements dans les actifs agricoles
(FADQ 2009). À titre d’information, le concept des recettes monétaires agricoles qu’utilise
Statistique Canada est associé à la mesure du revenu brut et réfère à la somme des ventes de
productions végétales et animales et des paiements de programmes (Statistique Canada
2010a). Dans la présente recherche, le revenu brut se compose non seulement des recettes
monétaires agricoles (revenus agricoles et paiements directs) mais aussi d’autres revenus
d’entreprise, tels que les ristournes de coopérative et les revenus de location, et du revenu
provenant d’activités para-agricoles, qui fait référence à la pluriactivité de diversification
agricole, une notion qui est expliquée dans une section subséquente. Une fois formé, le
revenu brut subit dans un deuxième temps d’autres opérations avant qu’il soit possible pour
les propriétaires de retirer des revenus de l’entreprise agricole.
Figure 2. Formation du revenu total du ménage agricole
Retraits
Revenu d’activités
para-agricolesPaiements
directs
Revenu
agricole
Revenu
brut
Avoir net
agricole
Revenu
net
Actifs
agricoles
Dettes
agricoles
Autres
revenus
Revenu
total du
ménage agricole
Revenu d’emploi
extérieurAutres
revenus
Dépenses
agricoles
Du revenu brut, les dépenses agricoles (ou dépenses d’exploitation) sont soustraites, que ce
soit des dépenses variables (semences, moulée, etc.) ou des dépenses fixes (salaires,
intérêts, etc.). Cette opération comptable donne comme résultat le revenu net comptant de
14
l’entreprise agricole (Statistique Canada 2010c). Le revenu net comptant représente le
montant en espèces qui provient de l’entreprise agricole et qui peut être utilisé pour le
remboursement des dettes agricoles, l’investissement dans des actifs agricoles ou les retraits
monétaires par les propriétaires (Statistique Canada 2010c). En déduisant du revenu net les
frais d’amortissement, en tant que provision pour le remplacement du capital de production
de l’entreprise agricole (actifs agricoles), il en résulte le revenu net réalisé (Statistique
Canada 2010c). Il se peut qu’il y ait ensuite une variation des stocks (inventaires à court
terme d’animaux et/ou de récoltes) contribuant positivement ou négativement au revenu
net. Le revenu net positif permet des retraits monétaires pour assurer le coût de vie du
ménage, en plus des salaires déjà versés éventuellement à certains membres du ménage
(selon le statut juridique de l’entreprise), mais il doit aussi permettre d’assurer le
remboursement du capital sur les emprunts. Bien entendu, s’il est négatif, il y a lieu de
croire que le ménage doit soutenir financièrement l’entreprise agricole. En effet, avant de
contribuer au revenu total du ménage, le revenu net devrait à tout le moins aller en priorité
au remboursement des dettes de l’entreprise agricole et si cela n’est pas suffisant les
propriétaires doivent alors y faire des apports monétaires.
Figure 3. Revenus agricoles brut et net moyens
des entreprises agricoles, Québec, 2001 à 2008
0
50 000
100 000
150 000
200 000
250 000
300 000
350 000
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
Revenu brut Revenu net
$ constants (2007)
Source : Statistique Canada (2004 et 2010a), enquêtes financières sur les fermes 2003 et 2008; Notre
compilation et nos calculs (2010).
15
Afin d’avoir une idée de l’évolution récente des revenus agricoles brut et net moyens par
ferme, la figure 3 présente la situation qui prévalait au Québec de 2001 à 2008. Malgré la
crise économique qui perdurait en 2007 et 2008, le revenu brut moyen a augmenté
légèrement depuis 2001 pour avoisiner près de 300 000 $ en 2008 alors que le revenu net a
stagné pour se situer tout juste au-dessus de 50 000 $ en moyenne. Les dépenses agricoles
accaparent donc une partie importante des recettes, environ 83 %, avant même que
l’entreprise puisse effectuer des remboursements, des investissements ou des rémunérations
de ses propriétaires. Concernant les revenus agricoles brut et net, à notre connaissance il
n’est pas possible actuellement de connaître l’état de la situation des entreprises de la relève
agricole établie au Québec. Il est fort probable que le revenu net soit insuffisant pour
rémunérer adéquatement les jeunes agriculteurs.
2.2.2 Les revenus hors ferme et le revenu total du ménage agricole
Dans la formation du revenu du ménage agricole, bien que le revenu provenant de
l’entreprise agricole ait longtemps été le centre de l’attention des économistes, il faut
également considérer les revenus hors ferme. Selon Statistique Canada, les revenus hors
ferme du ménage sont composés du revenu d’emploi extérieur et des autres revenus
(Statistique Canada 2010b). Pour être plus précis, les revenus hors ferme sont la somme des
six sources suivantes : salaires et traitements, revenu net d’un travail indépendant non
agricole (travail autonome), revenu de placements, revenu de pensions, transferts sociaux
gouvernementaux (excluant les montants des pensions) et autres revenus hors ferme
(Statistique Canada 2010b). Le revenu d’emploi extérieur fait référence à la pluriactivité
professionnelle extérieure, une notion qui est abordée dans la section suivante.
Il existe des données sur les revenus hors ferme des ménages agricoles au Québec et qui
différencient le revenu d’emploi extérieur du revenu d’autres sources. La figure 4 permet
d’observer l’évolution de ces deux sources de revenus de 2001 à 2007 et de les comparer au
revenu provenant de l’entreprise agricole (bénéfice net d’exploitation).
16
Figure 4. Revenus moyens des ménages agricoles
selon trois sources, Québec, 2001 à 2007
0
10 000
20 000
30 000
40 000
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
Bénéfice d'exploitation Revenu d'emploi extérieur Revenu d'autres sources
$ constants (2007)
Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 002-0024; Notre compilation et nos calculs (2010).
Alors que les revenus hors ferme moyens ont nettement progressé au cours de cette période,
l’entreprise agricole a généré un revenu stagnant et variable à ses propriétaires, à l’image
du revenu net en général. Plus spécifiquement, le revenu d’emploi extérieur moyen des
ménages agricoles au Québec en 2007 atteignait près de 34 000 $ (44 % du total), le revenu
provenant de l’entreprise agricole était tout juste de 26 000 $ (34 % du total) et le revenu
d’autres sources se situait autour de 17 000 $ (22 % du total). Cette situation est le reflet de
tendances lourdes car en 2001, seulement six ans auparavant, le revenu agricole et le revenu
d’emploi extérieur étaient au coude à coude à 28 000 $ environ et représentaient chacun
40 % du revenu total du ménage agricole moyen. Une fois de plus, la situation des ménages
de la relève agricole établie à l’égard des revenus hors ferme n’est pas disponible à notre
connaissance. La seule statistique disponible provient du portrait de la relève agricole
établie au Québec qui, faut-il le rappeler, n’est pas centré sur l’analyse du ménage agricole.
Quoi qu’il en soit, on y indique qu’en moyenne 46 % des revenus totaux des jeunes
agriculteurs recensés en 2006 ont été gagnés à l’extérieur3 de l’entreprise agricole
3 Le revenu « gagné à l’extérieur » de l’entreprise agricole est interprété comme un revenu d’emploi extérieur.
17
(MAPAQ 2008), une proportion similaire à celle retrouvée chez les ménages agricoles en
moyenne en 2007 (44 %).
En additionnant tous les revenus des ménages agricoles, on constate à la figure 5 que le
revenu total moyen au Québec était de 77 000 $ en 2007 et avait progressé d’environ 10 %
entre 2001 et 2007. En revanche, le revenu total moyen de tous les ménages au Québec a
peu augmenté durant la même période (3 %) pour se situer à 58 000 $ en 2007. Les
ménages agricoles semblaient donc avoir un revenu supérieur au revenu de tous les
ménages de 33 % en moyenne en 2007. Cette proportion est semblable à celle retrouvée
aux États-Unis (USDA 2002). Dans tous les cas, la différence monétaire pourrait
s’expliquer en partie par la source de revenu additionnelle pour le ménage que représente
l’entreprise agricole. Par contre, ce bénéfice net d’exploitation d’un peu plus de 25 000 $ en
moyenne, représentant en quelque sorte le revenu net de l’entreprise agricole, ne signifie
pas pour autant qu’il soit entièrement disponible au ménage. Notamment, il doit permettre
d’assurer le remboursement du capital sur les emprunts qui n’est pas pris en considération
dans le calcul du revenu net, contrairement aux intérêts qui y ont été déduits.
Figure 5. Revenu total moyen des ménages agricoles
et de tous les ménages, Québec, 2001 à 2007
45 000
50 000
55 000
60 000
65 000
70 000
75 000
80 000
85 000
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
Revenu total des ménages agricoles Revenu total de tous les ménages
$ constants (2007)
//
Source : Statistique Canada, CANSIM, tableaux 002-0024 et 202-0403; Notre compilation et nos
calculs (2010).
18
2.2.3 La pluriactivité du ménage
En général, les revenus provenant de l’extérieur de l’entreprise agricole ont souvent été
regroupés sous le vocable de revenus non agricoles ou hors ferme. Cet amalgame de
revenus hors ferme masque toutefois une diversité de réalités vécues par les ménages
agricoles. Afin de bonifier l’analyse de la situation financière, les résultats d’une recherche
précédente sont intégrés à la présente recherche. Suivant la définition de Fuller (1990),
Gervais (2007) a construit une typologie de la pluriactivité agricole au Québec en se basant
sur l’approche de la dynamique familiale.
Pour bien ancrer la notion de dynamique familiale, il est de mise de définir ce qu’est un
ménage agricole, un concept abondamment mentionné jusqu’à maintenant sans toutefois
être défini. Selon Statistique Canada (2009a), le ménage correspond à « […] une personne
ou un groupe de personnes […] occupant un même logement […]. Il peut se composer d’un
groupe familial […], de deux familles ou plus partageant le même logement, d’un groupe
de personnes non apparentées ou d’une personne seule […] ». Évidemment, pour être
qualifié d’agricole, au moins un des membres du ménage doit être qualifié d’agriculteur.
Par ailleurs, un ménage agricole pluriactif est un ménage agricole dont au moins un des
membres est engagé dans une activité autre que la production de denrées agricoles, à
savoir : un emploi non agricole, un emploi sur une autre ferme, une activité de
transformation alimentaire à la ferme ou toute autre activité non agricole sur la ferme
comme l’agrotourisme ou utilisant un actif de la ferme comme le travail à forfait (Gervais
2007, pp. 10-11; Fuller 1990). À l’opposé, un ménage agricole monoactif est engagé
uniquement dans la production de denrées agricoles. L’étude de Gervais a révélé que 72 %
de son échantillon était composé de ménages agricoles pluriactifs.
Pour qualifier les ménages agricoles pluriactifs, Gervais a identifié deux types de
pluriactivité agricole : l’activité professionnelle extérieure ou l’activité de diversification
agricole. Il est important de mentionner que les deux sont extérieures à la production
agricole. En effet, il ne faut pas confondre la diversification agricole avec la diversification
des productions agricoles car ce sont deux notions qui n’ont pas les mêmes implications.
Pour distinguer les deux types de pluriactivité agricole, il suffit de se rappeler que l’activité
19
de diversification agricole requiert l’utilisation d’un des actifs de l’entreprise alors que
l’activité professionnelle extérieure ne le nécessite pas (Gervais 2007, p. 13).
Illustrons chacun de ces deux types par un exemple. Si un membre du ménage occupe un
emploi salarié à l’extérieur de la ferme, il s’agira d’un revenu d’activité professionnelle
extérieure. Par contre, si ce même individu utilise un bâtiment de la ferme pour opérer un
atelier de transformation alimentaire, ce sera un revenu de diversification agricole. La
grande majorité des bases de données sur le revenu agricole considère le revenu de
diversification agricole au même titre que les autres revenus de l’entreprise agricole. Cela
implique d’envisager une certaine difficulté à séparer les sources de revenus dans la
comptabilité des entreprises agricoles pour en arriver à une interprétation adéquate.
Néanmoins, cette nomenclature de la pluriactivité agricole a l’avantage de permettre une
meilleure comparaison des ménages agricoles entre eux plutôt que de considérer seulement
les revenus hors ferme. Aux fins de la présente recherche, le revenu d’activités para-
agricoles et le revenu d’emploi extérieur forment le revenu de pluriactivité agricole.
La typologie développée par Gervais (cf. figure 6) rend compte des différents types de
pluriactivité selon leur fonction et leur finalité. La forme principale de pluriactivité a
d’abord été déterminée en se basant sur l’importance en termes de temps ou de revenus
d’une activité pluriactive d’un membre du ménage (Gervais 2007, p. 53). Les quatre
fonctions de la forme principale de pluriactivité sont les suivantes : sociale, économique,
culturelle et style de vie (Gervais 2007, p. 53). Ainsi, cette fonction varie selon
l’importance financière de la pluriactivité. Par exemple, lorsque la fonction de la forme
principale de pluriactivité est économique, les revenus d’activités hors ferme sont beaucoup
plus élevés que dans le cas des autres fonctions (Gervais 2007, p. 54). Les types de
pluriactivité sont au nombre de 14 au total selon leur finalité : 10 types de pluriactivité
professionnelle extérieure et 4 types de pluriactivité de diversification agricole (Gervais
2007). Les types les plus intéressants dans le cadre de la présente recherche sont ceux qui
sont susceptibles de caractériser l’établissement en agriculture dans un cadre pluriactif.
20
Parmi les types de pluriactivité professionnelle remplissant une fonction économique,
mentionnons la pluriactivité résignée, la pluriactivité de transition (vers l’entrée) et la
pluriactivité professionnelle (Gervais 2007, pp. 61-62). La pluriactivité résignée est une
situation où le ménage n’a pas le choix d’aller chercher un revenu extérieur étant donné la
faiblesse relative du revenu agricole. Peu importe les intentions ou les contraintes du
ménage concernant l’entreprise agricole, le revenu de la pluriactivité devient donc une
nécessité pour assurer le niveau de vie à long terme. Durant la phase de démarrage de
l’entreprise agricole, l’endettement élevé qui prévaut à ce moment peut s’avérer excessif
pour certains ménages, ce qui motive leur entrée en pluriactivité « pour leur permettre de
faire face à leurs obligations financières sans compromettre le niveau de vie familial »
(Krebs 2005, p. 97). La pluriactivité de transition (vers l’entrée) désigne une situation où le
ménage est en mesure d’aller chercher un revenu extérieur pour soutenir le développement
de l’entreprise agricole. Dans une stratégie de croissance, ce type de pluriactivité cadre bien
dans un contexte d’établissement en agriculture où la relève agricole doit financer des actifs
agricoles à plus ou moins long terme (Krebs 2005, p. 97). Enfin, la pluriactivité
professionnelle concerne les membres du ménage souhaitant mener une carrière, et ce, en
parallèle à la situation de l’entreprise agricole. Ces trois types de pluriactivité n’auront
évidemment pas le même impact sur la situation financière du ménage durant
l’établissement en agriculture. En effet, selon la forme principale de pluriactivité pratiquée,
l’impact sur la consommation du ménage et sur le financement de l’entreprise risque d’être
différent. Mais le rôle financier joué par la pluriactivité durant le processus d’établissement
paraît indéniable.
21
Figure 6. Grille d’analyse typologique de la pluriactivité agricole
Source : Figure tirée et adaptée de Gervais (2007), p. 56.
Ménage
Pluriactivité agricole Monoactivité agricole
Activité professionnelle
extérieure
Activité de
diversification agricole
Fonction économique
Pluriactivité occasionnelle
Pluriactivité de transition
(vers la sortie)
Pluriactivité résignée
Fonction sociale
Pluriactivité de support
Pluriactivité sociale
Pluriactivité de transition
(retraite sur la ferme) Fonction économique
et sociale
Pluriactivité technique
Fonction économique
Pluriactivité de
transformation
Fonction culturelle
Pluriactivité agro-
touristique
Fonction liée au style de
vie et sociale
Pluriactivité de façade Fonction sociale et
économique
Pluriactivité de transition
(vers l’entrée)
Pluriactivité professionnelle
Fonction liée au style
de vie
Pluriactivité d’occupation
Fonction culturelle et
sociale
Pluriactivité professionnelle
(tradition)
22
2.3 L’utilisation du revenu
Du revenu total du ménage agricole, il faut soustraire les impôts et cotisations payés pour
en arriver au revenu disponible. Il est généralement reconnu que l’utilisation de tout revenu
dans un ménage se résume à deux activités principales : la consommation et l’épargne
(Villieu 2008). La figure 7 permet de remarquer leurs positionnements respectifs dans la
situation financière du ménage agricole.
Figure 7. Utilisation du revenu total du ménage agricole
Revenu
total du
ménage agricole
Impôts et
cotisations
Avoir net
non agricole
Consommation
Revenu
disponible du
ménage agricole
Épargne
Dettes non
agricoles
Taxes
Actifs non
agricoles
Actifs
agricoles
Dettes
agricoles
Apports
Avoir net
agricole
Richesse du
ménage agricole
Tel que mentionné auparavant, les membres du ménage peuvent effectuer des retraits
monétaires de l’entreprise, c’est-à-dire d’en retirer des revenus, ce qui contribue au revenu
total. Dans le sens inverse, il y a les apports monétaires qui peuvent être faits dans
l’entreprise par les membres du ménage et pouvant servir à deux utilisations principales :
les achats d’actifs et les remboursements d’emprunts. Ainsi, l’épargne est un aspect
financier du ménage qui peut avoir des répercussions importantes pour l’établissement en
agriculture. De plus, la richesse du ménage et son rôle régulateur ne sont pas à négliger. La
section suivante traite tour à tour de ces importantes composantes financières.
23
2.3.1 La consommation
Bien que le revenu agricole soit généralement instable dans le temps, la consommation est
relativement stable considérant l’importance accordée par les ménages au maintien d’un
certain niveau de vie. Formellement, selon Statistique Canada, la consommation (courante)
est définie comme étant le total des dépenses encourues pendant l’année pour
l’alimentation, le logement (possédé ou loué), l’entretien ménager, les articles et
accessoires d’ameublement, l’habillement, le transport, les soins de santé, les soins
personnels, les loisirs, le matériel de lecture, l’éducation, les produits du tabac et les
boissons alcoolisées, les jeux de hasard, et un groupe divers d’articles (Statistique Canada
2009b). Donc, les dépenses courantes du ménage, ou ordinairement le coût de vie du
ménage, incluent non seulement les montants déboursés pour les produits et services
achetés durant l’année (et les taxes) mais aussi les remboursements effectués (capital et
intérêts) sur des emprunts à court et long termes (prêt automobile, hypothèque résidentielle,
etc.). Dans le cas du ménage agricole, ces emprunts correspondent aux dettes non agricoles.
Par ailleurs, lorsqu’il est question de niveau de vie, le revenu disponible du ménage est
généralement évoqué pour l’illustrer mais il peut également se traduire par un ensemble de
composantes dont le revenu, mais aussi la consommation et la richesse. Il ne faut
évidemment pas confondre le niveau de vie et la qualité de vie. En effet, peu importe le
niveau de vie du ménage, la qualité de vie dépasse la stricte sphère économique du ménage
car elle relève aussi de critères sociaux et environnementaux.
Même si au cours des dernières décennies le revenu disponible des ménages agricoles est
devenu comparable, voire supérieur, à celui de l’ensemble des ménages, il semble que des
différences sont observées au niveau des dépenses de consommation (USDA 2002, p. 11).
Les chercheurs du USDA ont examiné les dépenses de consommation des ménages
agricoles américains. Par exemple, les dépenses relatives au logement des ménages
agricoles sont souvent plus faibles car plusieurs de ces coûts sont considérés comme des
dépenses de la ferme. Dans la même veine, les dépenses d’alimentation peuvent être plus
faibles pour certains ménages qui consomment une partie de la production de la ferme. Par
contre, bien que certaines dépenses de transport puissent imputées à l’entreprise, plusieurs
de ces coûts sont plus élevés en raison des distances plus grandes parcourues en milieu
24
rural. Somme toute, les dépenses de consommation moyennes des ménages agricoles
américains équivalaient à environ 70 % de celles des autres ménages américains en 1999, et
ce, malgré un revenu disponible relativement supérieur (USDA 2002, p. 12). Par ailleurs,
les dépenses de consommation des ménages agricoles semblent être plus élevées pour ceux
dont les membres sont des agriculteurs âgés de 35 ans et moins car elles sont plus de trois
fois celles des 65 ans et plus (USDA 2002, p. 12). Cette statistique confirme en quelque
sorte comment les jeunes agriculteurs en processus d’établissement peuvent subir des
difficultés financières. En fait, cela s’explique par les dépenses accrues pour l’éducation,
l’habillement et les articles personnels dans une période d’accumulation de biens (USDA
2002, p. 13). Ces quelques constats sur les dépenses de consommation illustrent à quel
point il peut y avoir des différences marquées selon les types de ménages agricoles.
Pour ce qui est du portrait des dépenses courantes des ménages agricoles au Canada, à notre
connaissance il n’y a pas de statistiques pour ce groupe en particulier et c’est également le
cas des ménages de la relève agricole établie. Néanmoins, les données sur les dépenses
courantes des ménages en général permettent d’avoir une idée de leur niveau et c’est ce que
présente la figure 8. Le niveau moyen des dépenses courantes des ménages au Québec a
suivi l’évolution du revenu disponible moyen de 2001 à 2008. Les dépenses courantes
moyennes étaient de 46 961 $ en 2008, une proportion de 97 % environ du revenu
disponible moyen qui s’établissait à 48 470 $. Comme il a été mentionné auparavant, par
rapport à tous les ménages, les ménages agricoles au Québec ont en moyenne un revenu
total supérieur, ce qui laisse présager un revenu disponible supérieur et ainsi, un niveau de
dépenses courantes supérieur. Par contre, comme l’ont analysé les chercheurs du USDA,
les ménages agricoles ont tendance à maintenir un niveau de consommation inférieur aux
autres ménages. Un questionnement peut également se faire sur les ménages de la relève
agricole établie qui vivent une situation particulière en raison de leurs obligations
financières accrues. Il y aurait donc avantage à obtenir un portrait complet des ménages
agricoles à ce sujet.
25
Figure 8. Revenu disponible moyen et dépenses courantes
moyennes des ménages, Québec, 2001 à 2008
35 000
40 000
45 000
50 000
55 000
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
Revenu disponible Dépenses courantes
$ constants (2007)
//
Source : Statistique Canada, CANSIM, tableaux 202-0603 et 203-0001; Notre compilation et nos
calculs (2010).
2.3.2 L’épargne
Dans la littérature économique, l’épargne est considérée comme étant « la partie non
consommée du revenu disponible » (Villieu 2008, p. 4). Dans les études empiriques, il est
relativement plus simple d’étudier la consommation plutôt que l’épargne parce que les
ménages préfèrent une trajectoire de consommation stable dans le temps, ce qui fait varier
l’épargne en fonction du revenu (Sand 2002, p. 2). Le niveau d’épargne des ménages au
Québec est relativement faible. La figure 8 montre qu’en soustrayant les dépenses
courantes du revenu disponible du ménage, le montant résiduel est demeuré en deçà de 5 %
du revenu disponible de 2001 à 2008. Encore une fois, le portrait du niveau d’épargne des
ménages agricoles et plus spécifiquement des ménages de la relève agricole établie est
inconnu à notre connaissance. De telles données seraient fort pertinentes pour analyser
l’ampleur de l’épargne chez les ménages agricoles et les utilisations qui en sont faites.
26
Au-delà de « mettre de l’argent de côté », les motivations d’épargner sont nombreuses,
mais peuvent être résumées à quatre principales (Mishra et Morehart 2002, p. 27). Il peut
d’abord s’agir de maintenir un certain niveau de vie après la retraite en retirant un revenu
d’actifs financiers (placements). L’épargne peut aussi servir à financer l’éducation des
enfants ou des activités de loisir (consommation future). Ou encore le ménage peut vouloir
se prémunir de l’incertitude entourant la variabilité du revenu (épargne de précaution).
Enfin, il peut également être question d’une somme d’argent épargnée en vue d’acheter des
biens dispendieux (actifs agricoles ou non agricoles).
Le ménage fait ainsi face à plusieurs choix d’allocation de l’épargne qui sont dans les faits
des investissements (Mishra et Morehart 2002, p. 28). Les ménages agricoles ont d’abord
un portefeuille significatif d’actifs non agricoles et parmi ceux-ci, il y a les actifs
personnels (résidence, automobile, etc.), les actifs financiers (compte d’épargne,
placements, etc.) ainsi que d’autres actifs (USDA 2002, p. 14). Du côté des actifs agricoles,
l’entreprise agricole peut autofinancer ses investissements à même le revenu net mais, tel
que le montre la figure 7, les ménages agricoles peuvent également y faire des apports
monétaires pour financer l’achat de terres, de bâtiments, de machinerie ou de quota, un
aspect non négligeable dans le cadre de l’établissement des jeunes agriculteurs. Pour le
ménage agricole, c’est le mouvement inverse des retraits monétaires. De plus, les retraits en
moins du ménage peuvent être considérés comme des apports monétaires « déguisés »
puisque cette somme demeure dans l’entreprise et masque une forme de financement.
Par ailleurs, il semble que le revenu extérieur à la ferme joue un rôle positif sur la situation
financière puisque cela permet d’accroître la capacité d’épargne et le financement interne
(autofinancement) de l’entreprise agricole par le biais des apports monétaires du ménage
(Butault et al. 1999, p. 165). De plus, il permettrait « un assouplissement des conditions
d’octroi de crédit » en agissant auprès des institutions financières comme « une garantie
supplémentaire » pour ainsi améliorer les possibilités de financement externe (endettement)
de l’entreprise agricole (Butault et al. 1999, p. 176; Krebs 2005, p. 102). Il semble aussi
que les ménages agricoles pluriactifs préfèrent financer les investissements agricoles à
même les résultats financiers de l’entreprise agricole (Krebs 2005, p. 102). Ce faisant, le
27
revenu extérieur sert essentiellement à soutenir les dépenses courantes du ménage (Krebs
2005, p. 102).
2.3.3 Le rôle de la richesse
Plusieurs ménages agricoles sont en mesure d’établir leur propre filet de sécurité en
utilisant une stratégie d’épargne et d’accumulation de richesse (El-Osta et al. 2007, p. 291).
La richesse du ménage agricole est mesurée par l’équité ou l’avoir net, agricole et non
agricole, des propriétaires, c’est-à-dire la valeur marchande de tous les actifs (le
patrimoine) moins toutes les dettes, tel que représentée à la figure 7. En général, les
différentes sources de revenus des ménages agricoles contribuent à la richesse par l’épargne
investie dans les actifs (Blank et al. 2004, p. 1300). La richesse est également favorisée par
l’appréciation de la valeur des actifs et d’éventuels gains en capital (Blank et al. 2004,
p. 1300). Puisque la richesse agit comme un stock et le revenu comme un flux, l’épargne
joue un rôle direct en aidant les ménages agricoles à maintenir un niveau de vie d’année en
année puisqu’elle peut être utilisée pour maintenir la consommation durant les périodes de
déficits des revenus (Mishra et Morehart 2002, p. 27). C’est ce qu’on appelle la désépargne.
Lors des périodes de faibles revenus, les ménages agricoles sont donc en mesure de
maintenir leur niveau de vie en se finançant par des garanties d’emprunt ou en liquidant des
actifs (Jones et al. 2006, p. 3). Selon Hill, il ne fait aucun doute qu’une évaluation complète
de la position économique des agriculteurs et de leurs ménages doit prendre en compte leur
richesse (Hill 2002, p. 6). Le statut économique d’un individu, qui se retrouve dans sa
consommation potentielle de biens et services, est tiré à la fois non seulement de son revenu
courant mais aussi de sa valeur nette (Hill 2002, p. 4). Dans le secteur agricole, il y a une
combinaison de revenu agricole faible et de richesse élevée d’où l’expression consacrée :
« vivre pauvre et mourir riche »4. Ceci signifie que l’agriculteur est faiblement rémunéré
durant sa vie active mais, une fois à la retraite, son patrimoine (agricole) peut représenter
un fonds de retraite considérable. Ce vieil adage est moins vrai aujourd’hui puisque le
revenu du ménage agricole n’est plus dépendant du seul revenu agricole et les agriculteurs
4 C’est l’expression « live poor and die rich » traduite de l’anglais de MacMillan et Loyns (1969).
28
vivent donc relativement moins pauvrement qu’autrefois. Des mesures basées à la fois sur
le revenu et la richesse donneraient une meilleure idée de la capacité d’un ménage à
soutenir un niveau de vie constant que des mesures du seul revenu (Jones et al. 2006, p. 1).
Selon une étude du USDA, seulement 5 % des ménages agricoles aux États-Unis avaient,
en 2003, à la fois un revenu et une richesse sous les médianes respectives des ménages
américains (Hopkins et al. 2007). Les bases de données actuelles ne permettent pas de
connaître la position relative des ménages agricoles au Québec, en termes de distribution
quant à leur revenu et à leur richesse, mais il est raisonnable de croire qu’ils présentent un
portrait semblable.
Le niveau de richesse des ménages agricoles au Québec est inconnu puisqu’il n’est pas
possible actuellement d’obtenir la valeur de leur avoir net non agricole. Les seules données
disponibles sont pour tous les ménages et proviennent de la dernière enquête sur la sécurité
financière de Statistique Canada, effectuée en 2005 et dont les données ont été compilées
par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). On y apprend que l’avoir moyen des
ménages était de 317 567 $ alors que l’endettement moyen était 37 369 $ (ISQ 2010).
Donc, l’avoir net moyen était de 280 198 $. En comparaison, l’avoir net agricole des
ménages agricoles donne un aperçu partiel de leur niveau de richesse et c’est ce que
présente la figure 9.
Figure 9. Valeur marchande moyenne et endettement moyen
des entreprises agricoles, Québec, 2001 à 2008
29
0
250 000
500 000
750 000
1 000 000
1 250 000
1 500 000
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
Valeur marchande Endettement
$ constants (2007)
Source : Statistique Canada (2004 et 2010a), enquêtes financières sur les fermes 2003 et 2008; Notre
compilation et nos calculs (2010).
La valeur marchande moyenne des entreprises agricoles au Québec était de l’ordre de
1,4 M$ en 2008 tandis que l’endettement moyen se situait à 400 000 $ environ, ce qui fait
un avoir net agricole moyen de 1 M$. Ainsi, les ménages agricoles ont un niveau de
richesse plus élevé que tous les ménages, ne serait-ce qu’en raison de l’entreprise agricole.
Par contre, durant la période de 2001 à 2008, la valeur marchande moyenne des entreprises
agricoles a augmenté de 14 %, surtout à cause de l’inflation de la valeur des terres et des
quotas, et l’endettement moyen de 34 %. Bien qu’en termes absolus l’avoir net se soit
apprécié pendant cette période, les agriculteurs sont donc relativement plus endettés
qu’auparavant.
2.4 Grille d’analyse
Pour évaluer la situation financière des ménages agricoles, un long détour aura été fait pour
constater la complexité des relations financières qui lient le ménage agricole et l’entreprise
agricole. La formation du revenu a d’abord été considérée avant d’analyser son utilisation
ainsi que le rôle de la richesse dans la situation financière. Afin d’atteindre le premier
objectif spécifique de cette recherche, soit d’évaluer la situation financière des ménages
agricoles, la grille d’analyse complète présentée à la figure 10 sert d’outil, à la manière
d’un « tableau de bord », pour une compréhension efficace des enjeux financiers auxquels
30
font face les ménages de la relève agricole en période d’établissement d’un point de vue
théorique.
D’une part, les membres du ménage agricole participent aux activités de l’entreprise,
agricoles et para-agricoles, qui génèrent des revenus auxquels s’ajoutent les paiements
directs et les autres revenus. Le revenu net qui en découle, s’il est positif, sert à rembourser
les emprunts mais également à autofinancer les investissements dans l’entreprise et,
finalement, à permettre aux propriétaires d’en retirer des revenus pour les besoins
financiers du ménage (salaires et retraits monétaires). D’autre part, les membres du ménage
agricole ont la possibilité d’occuper des emplois extérieurs qui donnent lieu à des revenus
additionnels, tout comme les autres revenus, et qui constituent ensemble des revenus hors
ferme. Le revenu total ainsi formé sera, après impôts, consacré à deux utilisations
principales, soit les dépenses courantes et l’épargne du ménage. Celle-ci rend possible une
multitude d’investissements dont le financement de l’entreprise agricole par le biais des
apports monétaires. À terme, la richesse du ménage agricole est déterminée par la valeur
nette des actifs en leur possession, agricoles et non agricoles.
Figure 10. Grille d’analyse théorique de la situation financière du ménage agricole
31
Revenu
total du
ménage agricole
Retraits
Autres
revenus
Revenu d’emploi
extérieur
Revenu d’activités
para-agricolesPaiements
directs
Revenu
agricole
Revenu
brut
Avoir net
agricole
Impôts et
cotisations
Richesse du
ménage agricole
Avoir net
non agricole
Consommation
Revenu
net
Revenu
disponible du
ménage agricole
Épargne
Actifs
agricoles
Dettes
agricoles
Dettes non
agricoles
Apports
Taxes
Autres
revenus
Actifs non
agricoles
Dépenses
agricoles
L’analyse de la situation financière du ménage agricole aura également permis d’apprécier
l’importance de points critiques qui peuvent avoir une incidence sur l’établissement en
agriculture. Premièrement, les bases de données actuelles ne permettent pas de jeter la
lumière sur la situation financière des ménages de la relève agricole établie. Néanmoins, il
est possible de dresser un portrait financier, somme toute général, des ménages agricoles au
Québec. Par contre, les niveaux de consommation et d’épargne des ménages agricoles sont
inconnus et il semble que ce sont deux aspects financiers importants pour tout ménage dont
au moins un des membres est en processus d’établissement en agriculture. Néanmoins, il
semble que le faible niveau du revenu net des entreprises des jeunes agriculteurs est
plausible et laisse présager des retraits monétaires moindres. Le revenu total de ces
ménages agricoles étant plus faible, les dépenses courantes sont affectées à la baisse et, en
fin de compte, le niveau de vie également. Dans cette situation financière délicate, hormis
une meilleure gestion des finances de l’entreprise pour générer un bénéfice net
32
d’exploitation supérieur, seuls les revenus hors ferme permettent de soutenir le niveau de
vie de ces ménages agricoles et d’espérer une épargne suffisante pour que soient possibles
des apports monétaires dans l’entreprise afin de l’aider à se développer.
2.5 Les fonctions de consommation et d’épargne d’un point de vue théorique
Les hypothèses économiques tentant d’expliquer les relations entre les différents concepts
financiers étayés auparavant sont nombreuses et font toujours l’objet de vives discussions
parmi les économistes. Notamment, le long débat théorique sur la formation de la
consommation et de l’épargne oppose, depuis la grande dépression des années 1930, les
« keynésiens » et les « néoclassiques » (Villieu 2008). Ainsi, le « problème » du
consommateur, soit la prise de décisions économiques dans un contexte de ressources
limitées et de besoins illimités, a été analysé sous plusieurs angles, tant au niveau
macroéconomique que microéconomique. Quelle que soit l’école de pensée, les hypothèses
dites « dominantes » ont toutefois été contestées lorsqu’elles ont été appliquées au contexte
des ménages agricoles en raison de la spécificité économique du secteur agricole.
Cette section s’attarde surtout à tirer des enseignements de la littérature économique sur la
relation entre le revenu et deux aspects qui s’avèrent importants pour cette recherche : la
consommation et l’épargne. En effet, la consommation du ménage témoigne de son niveau
de vie alors que l’épargne offre la possibilité d’effectuer des investissements. Les
chercheurs ayant étudié les fonctions de consommation et d’épargne auprès des ménages
agricoles ont donné des résultats qui méritent d’être soulignés en raison de leur pertinence
pour la présente recherche. C’est notamment le cas de la théorie des « comptes mentaux »
où Thaler (1985) et ensuite Carriker et al. (1993) ont innové en matière de fonction de
consommation. Il en est de même pour la théorie de « l’individu entrepreneur » où Leon et
Rainelli (1976) ont renouvelé l’intérêt pour la fonction d’épargne. Les différents constats
qui de dégagent de leurs travaux permettent ultimement de formuler une ou des questions
de recherche spécifiques.
33
2.5.1 La fonction de consommation selon la théorie des comptes mentaux
Pour comprendre l’organisation économique du ménage, il est primordial de s’attarder
d’abord à la relation fondamentale entre le revenu et la consommation, qui demeure sans
contredit un des intérêts principaux de la recherche économique. Cette relation est
couramment appelée la fonction de consommation et la théorie du consommateur est
devenue incontournable pour analyser les décisions du ménage en termes de
consommation. La propension à consommer, comme l’a formulé Keynes (1936), est un
déterminant fondamental de l’équilibre macroéconomique. En effet, la consommation des
ménages est la composante largement dominante de l’économie mais également sa
composante la plus stable, et donc la plus prévisible, alors que l’investissement, le
corollaire de l’épargne, est fortement volatile (Villieu 2008). De nombreux chercheurs ont
examiné la consommation des ménages agricoles en fonction du revenu total disponible en
estimant leur propension marginale à consommer (Langemeier et Patrick 1990), soit le
rapport de l’accroissement de la consommation à l’accroissement du revenu.
La littérature économique a souvent considéré que la propension marginale à consommer
un revenu était équivalente peu importe sa source (Friedman 1957). Cela implique que les
revenus de sources différentes sont des parfaits substituts ou encore, que les revenus sont
dits « fongibles » (Thaler 1985). Ce point de vue semble de plus en plus critiqué. Les
innovations dans le domaine de l’économie béhaviorale (ou comportementale) ont mis de
l’avant la question de la fongibilité des différentes sources de revenus. En effet, Thaler
(1985) présente une théorie dans laquelle les agents économiques catégorisent les sources
de revenus dans différents « comptes mentaux » où la propension marginale à consommer
le revenu de chacun des comptes peut différer. Si les revenus de sources séparées ne sont
pas des substituts parfaits, une hausse de revenu d’une source peut ne pas produire le même
changement dans la consommation qu’une hausse de revenu d’une autre source.
Le secteur agricole a produit de nombreuses preuves qui appuient cette théorie des comptes
mentaux. Carriker et al. (1993) ont remarqué que les ménages agricoles forment un
excellent groupe pour étudier cette théorie parce qu’ils ont normalement trois sources
différentes de revenu avec des degrés variés de stabilité : revenu agricole, paiements directs
34
et revenus hors ferme. Ces chercheurs ont posé l’hypothèse que les ménages agricoles
traitent les paiements directs et les revenus hors ferme différemment du revenu agricole.
Suivant Thaler (1985), ils ont soutenu que les revenus provenant de sources séparées sont
consommés à des taux marginaux différents. Un revenu entièrement prévisible, tel que les
revenus hors ferme, peut être consommé à un taux plus élevé qu’un revenu davantage
incertain, soit le revenu agricole. Selon Carriker et al. (1993), cela signifie que la
propension marginale à consommer est reliée à la variabilité du revenu. En raison des
différents degrés d’incertitude entourant les sources de revenus, les ménages maintiennent
un système de « comptes mentaux » et ainsi, consomment différemment les revenus selon
les sources (Carriker et al. 1993, p. 739).
En analysant un groupe de fermes au Kansas (États-Unis) de 1977 à 1990, Carriker et al.
(1993) ont étudié les propensions marginales à consommer le revenu agricole, les
paiements directs et les revenus hors ferme. La variabilité du revenu agricole de leur
échantillon était deux fois plus élevée que les revenus hors ferme et les paiements directs.
En conséquence, la propension marginale à consommer le revenu agricole était beaucoup
moins élevée que celles des revenus hors ferme et des paiements directs.
2.5.2 La fonction d’épargne selon la théorie de l’individu entrepreneur
En théorie, il y a une croyance générale que l’épargne s’effectue dans les ménages et
l’investissement dans les firmes. De plus, au niveau du ménage, la consommation est
souvent considérée comme la fonction principale et l’épargne une activité dérivée (Keynes
1936). Or, cette conception présente des lacunes lorsqu’elle est appliquée aux ménages
agricoles où l’épargne et l’investissement sont interdépendants. D’un point de vue
keynésien, l’épargne a un caractère passif, soit la part du revenu qui reste après que les
besoins de consommation aient été satisfaits (Villieu 2008). Même un auteur néoclassique
comme Friedman (1957), qui utilisait un concept d’épargne active, développe tout de même
son analyse autour du point de vue de la fonction de consommation. Cette incohérence
semble justifiée par l’importance relative de la consommation dans l’économie. Il est donc
35
rarement question dans la littérature économique de la fonction d’épargne ou de la
propension à épargner.
Leon et Rainelli (1976) ont néanmoins tenté d’examiner la fonction d’épargne auprès des
ménages agricoles. Contrairement au salarié qui peut consommer pratiquement tout son
salaire, l’agriculteur est un entrepreneur qui ne peut pas disposer à volonté du revenu net de
son entreprise. Il doit allouer une partie voire même la totalité du revenu net à d’autres
utilisations, soit au remboursement des emprunts, au remplacement des actifs amortissables
et, si possible, à l’autofinancement des investissements. Dans le cas d’un entrepreneur, il y
a fusion du ménage et de l’entreprise faisant en sorte qu’il y a compétition entre les besoins
du ménage (dépenses courantes) et les besoins de l’entreprise (maintien et croissance des
actifs agricoles). Avec des ressources financières limitées, l’agriculteur est parfois obligé de
placer les besoins de son entreprise devant ceux du ménage s’il veut augmenter son revenu
futur (Leon et Rainelli 1976). Dans les cas extrêmes, il se peut même que la consommation
du ménage devienne le résidu de l’utilisation du revenu agricole.
C’est dans ce cadre que Leon et Rainelli (1976) se sont intéressés à l’épargne des ménages
agricoles et ont formulé une théorie de « l’individu entrepreneur ». Selon ces chercheurs, le
concept d’épargne résiduelle n’est pas très réaliste. L’épargne devrait plutôt être considérée
comme le résultat d’une action délibérée de l’individu entrepreneur (Leon et Rainelli 1976).
Ce constat serait donc pertinent pour les ménages agricoles et, en général, pour les
entrepreneurs qui allouent une part importante de leur revenu à l’épargne. Pour cette raison,
le comportement financier des ménages agricoles devrait donc être examiné en fonction de
l’épargne au lieu de la consommation. Leon et Rainelli (1976) ont justifié cette approche en
raison du peu d’intérêt de la recherche envers le comportement des individus entrepreneurs.
Selon ces chercheurs, une meilleure connaissance des niveaux d’épargne et d’emprunt, et
de leurs déterminants, permettrait une meilleure compréhension du rôle de
l’autofinancement en agriculture.
Ces chercheurs ont donc analysé le comportement d’épargne des agriculteurs d’un groupe
de 337 fermes en France et en Suisse en 1969. Leurs résultats indiquent que le revenu
36
disponible total du ménage agricole aurait une influence significative, surtout sur les plus
petites fermes, où les revenus hors ferme jouent un rôle important dans la formation de
l’épargne. L’âge exerce également une certaine influence sur le comportement d’épargne
car les jeunes agriculteurs seraient plus enclins à épargner (Leon et Rainelli 1976). Enfin, il
semble que l’avoir net du ménage est un facteur dans la détermination du niveau d’épargne
car à un certain niveau de revenu, les agriculteurs ayant un avoir net supérieur ont tendance
à moins épargner (Leon et Rainelli 1976).
Ainsi, ces résultats confirment en quelque sorte qu’il existe un comportement financier
spécifique aux individus entrepreneurs. La coexistence du ménage et de l’entreprise veut
dire que les besoins de consommation doivent être subordonnés à l’accumulation du
capital, qui à son tour mène à un haut niveau d’épargne. Dans cette perspective, un
agriculteur ne devrait pas être comparé à un salarié selon Leon et Rainelli (1976).
Considérer la nécessité de satisfaire les besoins financiers du ménage oblige l’agriculteur à
viser un revenu cible plutôt qu’un revenu maximal, il ne devrait donc pas être considéré
comme un entrepreneur capitaliste (Leon et Rainelli 1976).
2.6 Question de recherche
La revue de littérature qui précède a des implications importantes pour la recherche. Étant
donné l’arbitrage qui doit être fait entre la consommation et l’épargne, le revenu de la
pluriactivité aura certainement un impact financier important dans cette décision du ménage
dans un contexte d’établissement en agriculture. D’abord, il pourrait y avoir des niveaux
différents de dépenses courantes entre les ménages pluriactifs et monoactifs. En effet, la
contribution du revenu de la pluriactivité à un revenu disponible plus important, de même
que la stabilité relative du revenu d’emploi extérieur, nous permettent d’anticiper un coût
de vie plus élevé chez les ménages pluriactifs. Par ailleurs, le revenu de la pluriactivité
permet aussi d’entrevoir des implications quant au financement de l’entreprise agricole, que
ce soit de l’interne (par le revenu d’activités para-agricoles) ou de l’externe (par le revenu
d’emploi extérieur) via l’épargne du ménage sous forme d’apports monétaires faits dans
37
l’entreprise. Cette utilisation est tout à fait plausible dans le cadre de l’établissement en
agriculture.
Pour les ménages pluriactifs, le revenu de la pluriactivité pourrait donc bonifier les
utilisations possibles du revenu disponible tant au niveau des dépenses courantes du
ménage que du financement de l’entreprise agricole. Suivant la littérature, les ménages
pluriactifs pourraient soit privilégier davantage les dépenses courantes ou le financement
agricole selon la finalité attribuée au revenu de la pluriactivité.
C’est ce que les deux théories présentées précédemment proposent. Selon la théorie des
comptes mentaux, le revenu de la pluriactivité pourrait correspondre à un compte mental
privilégiant le niveau de vie du ménage en raison de la relative stabilité de cette source de
revenu. Ou encore, selon la théorie de l’individu entrepreneur, le ménage pourrait dédier le
revenu de la pluriactivité à un compte mental privilégiant le financement de l’entreprise
dans une optique d’épargne active. Tout dépend de la perspective du ménage.
Alors où est l’impact du revenu de la pluriactivité et quelle est son ampleur? La littérature
qui précède nous permet donc de formuler la question de recherche suivante, à laquelle
nous tenterons de répondre :
Quel est l’impact financier du revenu de la pluriactivité sur les dépenses courantes
des ménages et sur le financement de l’entreprise agricole?
3. La mesure du revenu et de son utilisation :
aspects méthodologiques
Cette recherche privilégie une approche inductive exploratoire (Creswell 2009). En ce sens,
les résultats ne sont pas une finalité en soi. Bien que l’objectif général soit de mesurer
l’importance financière de la pluriactivité, l’idée maîtresse n’est pas de tester des
hypothèses mais bien de tenter de répondre à des questions visant à avancer les
connaissances en matière d’établissement en agriculture au Québec. Toutefois, étant donné
la nature financière de la recherche, c’est davantage une analyse quantitative exploratoire
qui est effectuée. Ce chapitre est consacré à la méthodologie qui est appliquée à la présente
recherche.
3.1 Population visée
Considérant le manque flagrant de données secondaires sur la relève agricole établie
pertinentes pour analyser la problématique, la question de recherche explicitée auparavant
est étudiée empiriquement au moyen d’une collecte de données primaires visant les
ménages agricoles dont au moins un des membres s’est établi récemment en agriculture au
Québec. La population cible est constituée des agriculteurs du Québec âgés de moins de 40
ans et possédant au moins 1 % des parts d’une entreprise agricole. Ce sont les critères
utilisés par le MAPAQ dans le Recensement de la relève agricole établie qui a été effectué
en date du 30 novembre 2006. De plus, l’établissement de ces agriculteurs est récent afin
d’obtenir un juste portrait de l’incidence financière de la pluriactivité durant cette étape
critique de l’entreprise agricole. Par conséquent, les agriculteurs ciblés sont établis depuis
le 1er
janvier 2004 mais pas plus tard que le 31 mars 2007 pour que ces établissements aient
un historique significatif.
3.2 Échantillonnage
Selon les données du MAPAQ, la population d’agriculteurs au Québec correspondant aux
critères susmentionnés serait estimée à environ 1500 individus (MAPAQ 2008). Aux fins
39
de l’enquête, l'échantillon utile doit être suffisamment large, environ 250 individus, pour
permettre d'atteindre les objectifs de recherche. Ainsi, en considérant un taux de réponse lié
à une enquête téléphonique d'environ 50 %, l'échantillon initial doit préférablement avoir
une taille de 500 individus. Néanmoins, pour des raisons d'exclusion de l'enquête ou autres,
il est préférable d'avoir un tirage préalable de 1000 individus.
3.3 Méthode de collecte de données
Pour pouvoir enquêter ces individus, l’approbation de la Commission d’accès à
l’information est nécessaire afin d’obtenir auprès du MAPAQ les renseignements
nominatifs de 1000 individus tirés au hasard de la base de données du Recensement de la
relève agricole établie et correspondant aux critères de la population visée. Le choix est fait
de mener une enquête de type téléphonique au moyen d’un questionnaire. L’entretien
téléphonique présente plusieurs avantages. C’est une méthode moins coûteuse que
l’entrevue semi dirigée, son taux de réponse est généralement plus élevé que l’enquête
postale et c’est une manière rapide de collecter des données en général (Jackson et Verberg
2007). L’entretien téléphonique comporte cependant quelques inconvénients. L’appel
téléphonique peut être mal perçu, l’entretien doit être de courte durée et les questions
doivent demeurer le plus simple possible (Jackson et Verberg 2007). Pour joindre les
individus échantillonnés, il suffit donc d’avoir en main leur nom et leur numéro de
téléphone obtenus préalablement du MAPAQ à la suite de l’approbation de la Commission
d’accès à l’information.
L’échantillonnage probabiliste systématique est privilégié. Cette technique permet de
choisir les observations (individus enquêtés) de l’échantillon de départ de manière aléatoire.
Ainsi, une fois les individus identifiés dans l’échantillon de départ (liste de 1000 individus),
ils sont interpellés dans une séquence constante. Plus précisément, dans cette enquête, étant
donné l’objectif d’atteindre un échantillon utile de 250 individus sur un tirage préalable de
1000 individus, il est donc souhaité que le quart de la liste ait répondu. Au lieu d’appeler
tour à tour chaque individu de la liste, le choix d’une approche aléatoire est fait et implique
que le troisième individu sur quatre est appelé (cela résulte d’un tirage au hasard d’un
40
chiffre de un à quatre). Cela signifie que, sur la liste de départ de 1000 individus, le
troisième individu est appelé, ensuite le septième, le onzième et ainsi de suite. À la fin d’un
premier tour de la liste, si l’objectif de 250 répondants n’est pas atteint, la même séquence
est répétée (en commençant cette fois-ci par le quatrième individu et ainsi de suite), et ce,
jusqu’à saturation de l’échantillon utile visé.
3.4 Instrument de mesure
Afin de réaliser l’enquête téléphonique, un questionnaire est développé et cette étape est
cruciale dans l’obtention de données de qualité. Les questions sont basées sur les variables
à l’étude, soit celles dérivées de la grille d’analyse théorique expliquée auparavant. Étant
donné la difficulté à obtenir des données précises et dans un court délai lors d’un entretien
téléphonique, un choix est fait quant aux variables à privilégier tout en respectant l’objectif
général de la recherche. Ainsi, la figure 11 présente les variables retenues aux fins
d’enquête dans une grille d’analyse empirique. Par rapport à la grille initiale, les variables
qui ne sont pas mesurées apparaissent en grisé alors que celles qui pourraient être calculées
par déduction sont en pointillé. Pour ce qui est de la consommation du ménage, des taxes
qui l’accompagnent, et du remboursement des dettes non agricoles, ces variables sont
regroupées pour former les dépenses courantes.
Les actifs non agricoles du ménage, pour leur part, sont plutôt difficiles à mesurer lors d’un
entretien téléphonique notamment lorsqu’il y a plusieurs membres dans un ménage car
chacun a ses propres biens et c’est le même constat qui peut être fait pour les dettes non
agricoles. L’absence de ces deux variables explique pourquoi il n’est pas possible de
mesurer ni l’avoir net non agricole ni la richesse du ménage agricole. Les sources de
revenus de l’entreprise agricole sont multiples et sont difficilement mesurables lors d’un
entretien téléphonique. C’est particulièrement le cas du revenu d’activités para-agricoles
qui est une des deux composantes du revenu de la pluriactivité. Le choix est donc fait de
mettre l’emphase sur le revenu de la pluriactivité agricole provenant d’un emploi extérieur.
En conséquence, il est uniquement question du revenu d’emploi extérieur et de son impact
sur les dépenses courantes du ménage et le financement de l’entreprise agricole. Les
41
apports permettent d’évaluer à quel niveau est financée l’entreprise par le ménage. Il n’est
par contre pas possible de connaître les destinations de ces apports monétaires dans
l’entreprise. En effet, cela exigerait de consulter des données comptables de l’entreprise.
Figure 11. Grille d’analyse empirique de la situation financière du ménage agricole
Retraits
Autres
revenus
Revenu d’emploi
extérieur
Revenu d’activités
para-agricolesPaiements
directs
Revenu
agricole
Avoir net
agricole
Impôts et
cotisations
Richesse du
ménage agricole
Avoir net
non agricole
Revenu
net
Revenu
disponible du
ménage agricole
Autres
revenus
Actifs non
agricoles
Apports
Revenu
brut
Revenu
total du
ménage agricole
Épargne
Actifs
agricoles
Dettes
agricoles
Dépenses
courantes
Dépenses
agricoles
Enfin, certaines variables pourraient être calculées sans être mesurées. Les dépenses
agricoles se calculent aisément en soustrayant le revenu net du revenu brut. C’est le même
principe qui s’applique à l’avoir net agricole qui résulte de la soustraction de la valeur des
dettes agricoles de la valeur des actifs agricoles. Il est possible d’estimer le revenu total du
ménage agricole en additionnant les trois sources possibles de revenu. Si la proportion du
revenu disponible dédié aux dépenses courantes est connue, il est alors possible d’estimer le
revenu disponible du ménage une fois que les dépenses courantes auront été mesurées, ce
42
qui permet ensuite d’estimer la valeur des impôts et cotisations en soustrayant le revenu
disponible du revenu total. Le calcul du revenu disponible estimé duquel les dépenses
courantes ont été soustraites permet à son tour d’estimer l’épargne du ménage. En
soustrayant les apports monétaires de l’épargne, il est également possible d’estimer la
valeur de l’épargne dédiée aux actifs non agricoles. Il faut toutefois être extrêmement
prudent dans l’interprétation des valeurs issues de ces calculs car tout dépend du niveau de
précision des variables mesurées lors de l’enquête. En effet, l’estimation des variables, tout
en permettant d’atteindre un portrait relativement complet de la situation financière du
ménage, peut s’éloigner considérablement de leur véritable mesure. C’est pourquoi les
variables mesurées sont privilégiées dans l’analyse.
Dans l’élaboration du questionnaire, une attention particulière est portée à la formulation
des questions pour qu’elles soient dans un langage clair, précis et familier (Jackson et
Verberg 2007). Afin de faciliter le déroulement de l’entretien téléphonique, l’ordre dans
lequel apparaissent les questions est également pris en compte pour que des questions
factuelles soient posées au début de l’entrevue et que les questions sensibles, au niveau des
finances personnelles (ex. : dépenses courantes du ménage), soient réservées pour la fin de
l’entrevue (Jackson et Verberg 2007). Le questionnaire comporte des questions ouvertes et
fermées. Dans l’optique de limiter la durée de l’entretien, les questions ouvertes sont
strictement orientées vers des réponses de nature quantitative. Il en est de même pour les
questions fermées qui offrent un choix de réponses balisées. Toutefois, des choix de
réponses à des questions financières présentent des intervalles certes larges, mais
permettant tout de même d’obtenir des réponses relativement sensibles (sources et niveaux
des revenus, apports monétaires, dépenses courantes, etc.). Par contre, aux fins de l’analyse
quantitative des données, seules les valeurs médianes des catégories rapportées peuvent être
utilisées, ce qui enlève de la précision aux résultats et apporte une limite aux conclusions
pouvant en être tirées.
De plus, bien que le questionnaire vise à évaluer la situation financière du ménage en
période d’établissement en agriculture, il est difficile dans le cadre d’une enquête
téléphonique de mesurer certaines variables (revenus, apports, dépenses, etc.) tout au long
43
de cette période, d’une durée variable de surcroît pour chaque ménage. Le choix est donc
fait d’évaluer la situation financière pour deux années seulement : la première année
complétée suivant l’établissement en agriculture et l’année 2008. Pour chacun des ménages,
cela permet de comparer la situation financière du début de l’établissement avec celle de
l’année 2008. Par contre, la population visée fait en sorte que les individus échantillonnés
se sont établis en 2004, 2005, 2006 ou au début de 2007. Cela implique que des ménages
ont des écarts variables de comparaison. Ainsi, bien que les ménages puissent tous être
comparés pour l’année 2008, la première année complétée suivant l’établissement diffère
entre eux et ne permet pas une telle comparaison pour tout l’échantillon. Cette limite dans
les données a des répercussions dans les méthodes d’analyse possibles, discutées plus loin.
Enfin, avant d’effectuer l’enquête, un prétest a été effectué sur un groupe de cinq individus
correspondant aux critères d’échantillonnage susmentionnés. Cette étape a pour but de
valider le questionnaire, de vérifier la durée moyenne des entretiens et de noter toute
observation permettant d’améliorer le questionnaire (Jackson et Verberg 2007). Celui-ci est
donc modifié en conséquence pour qu’il soit le plus adéquat possible afin de réaliser
l’enquête formelle. La forme finale du questionnaire se trouve à l’annexe I.
3.5 Bilan de l’enquête
L’enquête téléphonique a été effectuée entre le 11 novembre et le 22 décembre 2009. Les
appels téléphoniques ont été faits aux heures présentant un potentiel élevé de joindre les
individus ciblés : les périodes du matin entre 8h00 et 10h00, du dîner entre 11h30 et 13h30
et du soir entre 17h30 et 21h00. Le tableau 1 présente le taux de réponse de l’enquête. Sur
un échantillon de départ de précisément 999 individus, il s’est avéré que 115 n’étaient pas
admissibles à l’étude pour plusieurs raisons : entreprises en double, numéros erronés et
critères d’échantillonnage invalidés. 447 individus ont fait l’objet d’une ou deux tentatives
d’appel et, pour cette raison, ne sont donc pas considérés pour le calcul du taux de réponse
de l’enquête. Ainsi, sur un échantillon effectif de 397 individus, 49 n’ont pu être joints
malgré trois tentatives d’appel et plus, 105 ont refusé de participer à l’enquête pour des
raisons diverses dont le manque de temps et d’intérêt et 243 individus ont complété
l’entretien téléphonique bien que quelques répondants n’aient pas répondu à certaines
44
questions. À la fin de la période d’enquête, il a été jugé que ce nombre de répondants était
suffisant pour atteindre l’objectif de l’échantillon utile aux fins d’analyse qui avait été fixé
à 250 individus. Au terme de l’enquête, le bilan indique que le taux de réponse est de
61,2 %, ce qui est plus que satisfaisant et bien au-delà de l’objectif qui avait été fixé, soit
50 %.
Tableau 1
Taux de réponse de l’enquête
Échantillon de départ 999
Individus non admissibles
155
Peu de tentatives d’appel
447
Échantillon effectif
397
Individus non joints
49
Refus de participer 105
Entretiens complétés 243
Taux de réponse (%) 61,2
Source : Notre compilation (2010).
Dans l’intérêt de classer les ménages des répondants selon le type de pluriactivité pratiqué,
la question concernant la présence de revenus d’emploi extérieur dans le ménage en 2008 et
la première année complétée suivant l’établissement permettait ainsi d’en savoir davantage.
Le tableau 2 présente les résultats à cette question. Dans l’ensemble de l’échantillon, 151
répondants ont indiqué la présence de revenus d’emploi extérieur dans le ménage pour ces
deux années alors que 70 n’en avaient pas. 13 ménages avaient ce type de revenu en 2008
seulement tandis que neuf ménages l’avaient uniquement la première année complétée
suivant l’établissement. Il faut toutefois noter que rien ne permet de confirmer si le revenu
d’emploi extérieur a été présent ou absent dans le ménage entre la première année
complétée suivant l’établissement et l’année 2008, ce qui représente une limite aux données
et aux conclusions pouvant en être tirées. Néanmoins, la durée de l’établissement des
individus échantillonnés étant faible, soit moins de six ans, il est possible et raisonnable de
45
croire que la situation des ménages au regard du revenu d’emploi extérieur n’ait pas
changé. Ce premier classement permet donc de caractériser le type de pluriactivité pratiqué
par les ménages échantillonnés et c’est ce qu’indique le tableau 3.
Tableau 2
Répartition des ménages selon la présence
de revenus d’emploi extérieur en 2008
et au début de l’établissement
2008
Oui Non Total
Oui 151 9 160
Début1
Non 13 70 83
Total
164 79 243
1Note : L’expression « début » signifie la
première année complétée
suivant l’établissement.
Source : Notre compilation (2010).
Tableau 3
Répartition des ménages selon leur type
Type de ménage Nombre Proportion (%)
Pluriactif professionnel 151 62,1
Monoactif 70 28,8
Pluriactif de transition 9 3,7
Pluriactif récent 13 5,4
Total 243 100,0
Source : Notre compilation (2010).
Parmi les ménages échantillonnés, 151 ayant obtenu un revenu d’emploi extérieur pour ces
deux années sont donc qualifiés de pluriactifs professionnels, soit plus de 62 % de
46
l’échantillon. 70 ménages n’ayant pas obtenu de revenu d’emploi extérieur pour ces deux
années sont qualifiés de monoactifs, soit près de 29 % de l’échantillon. Cependant, il faut
nuancer que ces ménages auraient pu tout aussi bien avoir obtenu un revenu d’activités
para-agricoles, ce qui indiquerait qu’ils pratiquent la pluriactivité de diversification agricole
et ferait en sorte qu’ils soient qualifiés de pluriactifs. Aux fins de la présente recherche, ils
seront désignés comme étant des monoactifs. Les ménages ayant obtenu un revenu
d’emploi extérieur au début de l’établissement uniquement sont classés comme étant des
pluriactifs de transition alors que les ménages ayant obtenu ce revenu en 2008 uniquement
sont considérés comme étant des pluriactifs récents. Somme toute, l’échantillon en présence
semble être similaire à celui de l’étude de Gervais (2007) qui avait trouvé que 64 % des
ménages échantillonnés étaient pluriactifs professionnels.
3.6 Approche d’analyse
L’analyse des données est avant tout exploratoire et favorise dans un premier temps la
présentation de statistiques descriptives (Creswell 2009). Par la suite, afin de dégager des
résultats significatifs en lien avec la problématique de recherche, la voie de l’inférence
statistique est empruntée (Creswell 2009).
Le classement des ménages selon le type de pluriactivité est déterminant dans l’analyse des
données qui va s’en suivre. En effet, il permet de comparer les types de ménages selon leur
situation financière. Bien entendu, ce sont les ménages pluriactifs et monoactifs
professionnels, clairement en plus grand nombre dans l’échantillon, qui intéressent
davantage cette recherche et qui sont privilégiés dans l’analyse des résultats. Quoique peu
nombreux dans l’échantillon, les ménages pluriactifs de transition et récents sont tout de
même d’intérêt car ils témoignent des différentes logiques financières pratiquées par les
ménages agricoles. Pour cette raison, les résultats les concernant sont tout de même
présentés afin d’avancer les connaissances en matière de pluriactivité et d’établissement en
agriculture. Ensuite, il s’agit de déterminer l’impact financier du revenu d’emploi extérieur
en analysant l’ensemble des ménages. L’échantillon est d’une assez grande taille, ce qui
signifie qu’il devrait y avoir suffisamment de variance en termes de revenu d’emploi
47
extérieur pour vérifier son impact sur les dépenses courantes et le financement de
l’entreprise comme le précise la question de recherche.
L’approche d’analyse favorisée est tributaire de la qualité des données présentes et doit
tenir compte de ses limites. Ainsi, il a été mentionné auparavant que les données de la
situation financière des ménages échantillonnés étaient collectées pour deux années
seulement : l’année 2008 et la première année complétée suivant l’établissement. Il est
possible de comparer tous les ménages pour l’année 2008 uniquement. En effet, la première
année complétée suivant l’établissement, dépendant du ménage, pourrait être 2004, 2005,
2006 ou 2007, ce qui rend la comparaison de tous les ménages au début de l’établissement
complexe. Il faut se rappeler que les 243 cas d’établissement considérés dans l’échantillon
vont de deux ans et huit mois au minimum à moins de six ans au maximum. Donc,
l’approche préconisée dans l’analyse des résultats consiste à tenir compte des ces limites
quant à la comparaison des ménages au début de l’établissement.
La méthodologie appliquée a permis de produire des résultats probants qui sont analysés
dans le chapitre suivant. Les données ont d’abord été validées avant que certaines d’entre
elles subissent des transformations mathématiques. Ainsi, les variables présentant des
intervalles de valeurs monétaires se vont vu attribuer des valeurs médianes pour chacune
des catégories de réponses pour qu’elles deviennent des variables continues. Cela permet
donc de calculer les moyennes de celles-ci. Certes, cette façon de faire enlève de la
précision aux résultats et constitue une limite à leur interpréation mais permet tout de même
de jeter un regard sur les tendances des ménages échantillonnés. Par ailleurs, le traitement
des données validées a été effectué avec le logiciel SPSS (Green et Salkind 2005), qui a
rendu possible la réalisation des analyses statistiques dont les procédures complètes sont
présentées à l’annexe II. Dans l’interprétation des résultats, il faut garder en tête que
certains ménages n’ont pas répondu à certaines questions lors de l’entretien téléphonique, et
ce, pour diverses raisons : soit qu’ils n’étaient pas en mesure d’y répondre ou soit qu’ils ne
voulaient tout simplement pas y répondre. Le choix a été fait de traiter les données de tous
les ménages même si certaines variables analysées présentent une taille d’échantillon plus
faible que les 243 répondants de l’échantillon total.
4. L’importance financière du revenu de la pluriactivité :
analyse de l’échantillon
L’analyse des résultats a pour but ultime de contribuer à l’atteinte de l’objectif général de
cette recherche, soit de mesurer l’importance financière du revenu de la pluriactivité dans
l’établissement en agriculture. Plus spécifiquement, les résultats qui suivent sont présentés
de manière à tenter de répondre à la question de recherche formulée auparavant qui est de
connaître l’impact financier du revenu de la pluriactivité sur les dépenses courantes des
ménages et sur le financement de l’entreprise agricole. La première section présente les
caractéristiques de l’échantillon au niveau des entreprises agricoles et des sources de
revenus du ménage. Les résultats concernant l’impact financier du revenu d’emploi
extérieur suivent dans la deuxième section. Enfin, la situation spécifique des ménages
pluriactifs est analysée dans la troisième section.
4.1 Caractéristiques de l’échantillon
En premier lieu, il convient d’avoir un portrait de l’ensemble des ménages échantillonnés.
Concernant le mode d’établissement des jeunes agriculteurs échantillonnés, le tableau 4
révèle que 62 % des répondants se sont établis en acquérant une entreprise existante alors
que 38 % l’ont fait en démarrant une nouvelle entreprise.
Tableau 4
Modes principaux d’établissement des répondants selon le type de ménage
Mode principal
d’établissement
Pluriact.
prof.
(n=151)
Monoact. (n=70)
Pluriact.
de trans.
(n=9)
Pluriact.
récent
(n=13)
Total
(n=243)
Démarrage d’une
nouvelle entreprise % 47,7 24,3 11,1 23,1 38,3
Acquisition d’une
entreprise existante % 52,3 75,7 88,9 76,9 61,7
Source : Notre compilation (2010).
49
Les démarrages sont dans une proportion plus importante que prévue, ce qui reflète
probablement le relatif essor qu’a connu ce mode d’établissement ces dernières années, qui
est confirmé par le recensement effectué par le MAPAQ en 2006. En effet, les répondants
de ce recensement s’étaient établis par le démarrage dans une proportion de 27 % (MAPAQ
2008). On peut également remarquer une nette tendance pour ce qui est des répondants des
ménages pluriactifs professionnels qui ont effectué des démarrages dans une proportion de
près de 48 %. Les trois autres types de ménages sont en grande majorité associés à un
processus de transfert d’entreprise.
Le tableau 5 présente les productions agricoles des entreprises de l’échantillon catégorisées
selon les formes de soutien en agriculture. En général, les productions sous gestion de
l’offre sont les plus représentées, ensuite les productions couvertes par le programme
d’assurance stabilisation des revenus agricoles (productions dites stabilisées) et enfin, les
productions non soutenues spécifiquement par les pouvoirs publics (productions dites non
soutenues). En général, les productions sous gestion de l’offre arrivent au premier rang des
trois types de production agricole et caractérisent 45 % des entreprises échantillonnées, ce
qui est légèrement supérieur à la proportion du recensement du MAPAQ qui était de 42 %
(MAPAQ 2008). Parmi les types de ménages, les pluriactifs professionnels se démarquent,
dans une proportion de 64 %, par des entreprises orientées vers des productions exigeant
moins de capitalisation, en termes d’acquisition de quotas.
Tableau 5
Types de productions agricoles principales des entreprises selon le type de ménage
Type de
production
agricole
Pluriact.
prof.
(n=151)
Monoact.
(n=70) Pluriact.
de trans.
(n=9)
Pluriact.
récent
(n=13)
Total
(n=243)
Productions sous
gestion de l’offre % 35,8 60,0 77,8 46,2 44,9
Productions
stabilisées % 41,7 25,7 0,0 46,2 35,8
Productions
non soutenues % 22,5 14,3 22,2 7,7 19,3
Source : Notre compilation (2010).
50
Pour ce qui est du niveau de capitalisation et d’endettement des entreprises, le tableau 6 en
fait le portrait. Avec une valeur marchande moyenne de 1,3 M$, les entreprises
échantillonnées sont représentatives de la ferme moyenne au Québec qui avait un actif de
1,4 M$ en 2008 (Statistique Canada 2010a). Par contre, l’endettement moyen des
entreprises échantillonnées est relativement élevé. Alors que la ferme moyenne au Québec
avait un endettement de 28 % en 2008 (Statistique Canada 2010a), les entreprises
échantillonnées se situent tout près de la barre des 50 %. Encore une fois, on remarque un
contraste important entre les ménages pluriactifs professionnels et monoactifs pour ce qui
est de l’endettement et de la valeur marchande des entreprises agricoles. Les répondants
appartenant à des ménages pluriactifs professionnels se sont établis sur des entreprises
relativement très endettées et dont la valeur marchande est moindre que les trois autres
types de ménages. Quoique peu nombreux, les pluriactifs récents ont des entreprises
relativement peu endettées.
Tableau 6
Valeur marchande moyenne et endettement moyen des entreprises
à la fin de l’année 2008 selon le type de ménage
Pluriact.
prof.
(n=144)
Monoact.
(n=66) Pluriact.
de trans.
(n=8)
Pluriact.
récent
(n=11)
Total
(n=229)
Valeur marchande $ 1 119 241 1 709 552 1 444 444 1 421 818 1 316 681
Ratio d’endettement % 55,0 40,5 45,6 36,5 49,6
Source : Notre compilation (2010).
Du coté des revenus bruts et nets, le tableau 7 indique que, dans l’ensemble, ils ont évolué
positivement entre le début de l’établissement et l’année 2008. De manière étonnante, le
revenu brut moyen en 2008 est semblable à celui retrouvé dans l’ensemble des entreprises
agricoles au Québec la même année, soit environ 300 000 $ (Statistique Canada 2010a). Par
contre, le revenu net moyen de l’échantillon en 2008 était d’un peu plus de 38 000 $, ce qui
est près de 25 % inférieur au revenu net moyen des entreprises agricoles au Québec la
même année (Statistique Canada 2010a). Cette situation pourrait s’expliquer par le niveau
d’endettement car les charges d’intérêts élevées, caractérisant l’établissement en
51
agriculture, peuvent peser lourdement sur les dépenses de l’entreprise, affectant le revenu
net à la baisse.
Les ménages monoactifs tirent mieux leur épingle du jeu dans leurs entreprises que les
pluriactifs professionnels et les deux autres types de ménages. Cette situation s’explique
probablement par le fait que les agriculteurs des ménages monoactifs se sont établis dans
une plus grande proportion dans des entreprises existantes qui sont moins endettées,
notamment dans le cadre de transferts parents-enfants, et où les productions dominantes
sont sous gestion de l’offre, ce qui leur permet d’espérer des revenus supérieurs. En
contraste, les jeunes agriculteurs des ménages pluriactifs professionnels se sont établis pour
moitié en démarrant de nouvelles entreprises, donc plus endettées à l’établissement et
également de moins grande taille, et dont la rentabilité est plus difficile à obtenir dans les
premières années du cycle de vie de l’entreprise. Les pluriactifs de transition ont un revenu
brut d’entreprise qui s’est détérioré entre le début de l’établissement et l’année 2008 mais
où le revenu net s’est accru de manière importante durant cette période. Il est difficile de
comprendre cette évolution tout à fait incohérente faute de données complémentaires.
Tableau 7
Revenus brut et net moyens des entreprises en 2008
et au début l’établissement selon le type de ménage
Pluriact.
prof.
(n=146)
Monoact.
(n=67) Pluriact.
de trans.
(n=9)
Pluriact.
récent
(n=12)
Total
(n=234)
Revenu
brut
au début $ 192 347 343 934 238 889 197 917 238 083
en 2008 $ 239 796 414 706 222 222 271 875 291 155
Revenu
net
au début $ 25 171 49 067 37 500 37 500 33 120
en 2008 $ 30 308 54 291 48 611 41 667 38 462
Source : Notre compilation (2010).
52
Les tableaux 8 et 9 donnent un aperçu des sources de revenus des ménages échantillonnés
depuis le début de l’établissement en agriculture : la première année complétée suivant
l’établissement et l’année 2008.
Tableau 8
Revenus moyens des ménages au début de l’établissement selon le type de ménage
Source de revenus
Pluriact.
prof.
(n=145)
Monoact.
(n=68) Pluriact.
de trans.
(n=9)
Pluriact.
récent
(n=13)
Total
(n=235)
Revenus retirés
de l’entreprise $ 13 383 22 717 15 000 18 654 16 400
% 22,3 88,7 32,0 98,0 34,8
Revenus d’emploi
extérieur $ 44 052 0 29 167 0 28 059
% 73,5 0,0 62,1 0,0 59,6
Revenus d’autres
sources $ 2 433 2 929 2 778 385 2 479
% 4,1 11,4 5,9 2,0 5,3
Revenu total
estimé
$ 59 948 25 616 46 944 19 038 47 106
% 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
Source : Notre compilation (2010).
Tableau 9
Revenus moyens des ménages en 2008 selon le type de ménage
Source de revenus
Pluriact.
prof.
(n=145)
Monoact.
(n=68) Pluriact.
de trans.
(n=9)
Pluriact.
récent
(n=13)
Total
(n=235)
Revenus retirés
de l’entreprise $ 17 017 24 638 21 389 22 692 19 668
% 25,8 89,9 77,8 43,2 37,6
Revenus d’emploi
extérieur $ 45 948 0 0 27 885 29 641
% 69,5 0,0 0,0 53,1 56,6
Revenus d’autres
sources $ 3 125 2 754 6 111 1 923 3 065
% 4,7 10,1 22,2 3,7 5,8
Revenu total
estimé
$ 66 090 27 392 27 500 52 500 52 374
% 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
Source : Notre compilation (2010).
53
Les trois sources de revenus sont présentées d’une part, en valeur, et d’autre part, en
proportion du revenu total. Il faut se rappeler que les valeurs sont les moyennes des valeurs
médianes des catégories de revenus qui ont été déclarées par les répondants pour chacune
des sources de revenus du ménage. De plus, le revenu total a été estimé car il est la somme
des médianes des trois sources de revenus des ménages. Les revenus d’autres sources sont
plus élevés pour les ménages qui en ont obtenus que ce qu’indiquent les moyennes pour
tous les ménages.
En général, le revenu total des ménages échantillonnés était constitué de revenus d’emploi
extérieur dans une proportion de près de 60 % au début de l’établissement et cette
proportion a quelque peu baissé à environ 57 % en 2008. En ajoutant à cela les revenus
d’autres sources, c’est près des deux tiers du revenu total depuis l’établissement qui était
hors ferme, ce qui reflète la proportion du ménage agricole moyen au Québec qui était de
66 % en 2007 (Statistique Canada 2010b). Par contre, les revenus d’emploi extérieur
correspondaient en moyenne à 44 % du revenu total du ménage agricole au Québec
(Statistique Canada 2010b), une proportion plus faible que celle retrouvée dans
l’échantillon. Ainsi, la réalité des ménages des jeunes agriculteurs est davantage
caractérisée par les emplois extérieurs. Les revenus d’autres sources qu’ils obtiennent sont
plus faibles que les ménages agricoles au Québec et cela s’explique probablement par le
peu de revenus de placement, ou de cette nature, qu’ils ont pu obtenir en étant au début de
leur vie active.
En analysant les résultats selon les types de ménage, c’est sans surprise que les ménages
pluriactifs professionnels vont chercher la très grande majorité de leur revenu d’un emploi
extérieur dans une proportion d’environ 70 % en 2008, en légère baisse de près de 74 % au
début de l’établissement. Les ménages pluriactifs récents et de transition, selon l’année en
question, ont obtenu des revenus d’emploi extérieur du même ordre, soit autour de
28 500 $, ce qui est considérablement plus faible que les ménages pluriactifs qui ont obtenu
46 500 $ en moyenne pour les deux années à l’étude. Les revenus retirés de l’entreprise
sont moins importants dans le cas des ménages pluriactifs professionnels, ce qui reflète sans
doute le plus faible revenu net de leurs entreprises. Bien qu’ils soient plus faibles, les
54
revenus retirés de l’entreprise par les pluriactifs professionnels ont progressé plus
rapidement que ceux des monoactifs entre le début de l’établissement et l’année 2008, soit
27 % contre 8 % respectivement. En valeur, les revenus retirés de l’entreprise par les
pluriactifs récents et de transition se rapprochaient de ceux des monoactifs en 2008. Ce qui
frappe le plus de ces résultats, c’est le revenu total moyen des ménages pluriactifs
professionnels qui est plus du double de celui des monoactifs pour les deux années
analysées. Culminant à 66 000 $ en 2008, le revenu total moyen des pluriactifs
professionnels demeure en deçà des 77 000 $ des ménages agricoles au Québec en 2007
(Statistique Canada 2010b).
4.2 Impact du revenu d’emploi extérieur
Après avoir parcouru les sources de revenus des ménages, la présente section s’intéresse à
déterminer l’impact financier du revenu d’emploi extérieur au niveau de deux aspects
financiers du ménage en période d’établissement en agriculture : les dépenses courantes et
les apports monétaires dans l’entreprise. Pour ce faire, les ménages sont d’abord comparés
selon leur type au moyen d’une analyse de la variance (ANOVA) pour vérifier s’il y a des
différences significatives pour chacune de ces deux variables (Field 2009). Ensuite, à l’aide
d’une régression linéaire multiple, le lien de causalité sera vérifié entre les sources de
revenus et chacune de ces deux variables (Field 2009). Pour faciliter la comparaison et
l’analyse, l’année 2008 sera le seul point de repère utilisé pour l’ensemble des données. À
cette étape-ci, il faut se rappeler que les données à l’étude sont fondamentalement des
valeurs médianes issues de catégories de réponses. Bien que ces transformations
mathématiques permettent d’obtenir des variables continues, elles ne sont pas distribuées
normalement. Ainsi, les résultats des analyses statistiques multivariées (impact d’une ou
plusieurs variables indépendantes sur une variable dépendante) retrouvés dans cette section
doivent être interprétés avec précaution car en absence de normalité de la distribution des
variables à l’étude, une des conditions préalables à la réalisation de ces analyses, cela
empêche de généraliser les résultats à la population à l’étude (Field 2009). Néanmoins, cela
n’empêche pas d’effectuer ces analyses, tout en gardant en tête cette limite, puisque la taille
55
de l’échantillon est relativement importante (243 répondants) et qu’il s’agit d’une recherche
exploratoire visant à dégager des tendances et à faire avancer les connaissances sur le sujet.
Les dépenses courantes de l’échantillon sont présentées au tableau 10 en valeur et en
proportion du revenu disponible. Bien que les statistiques descriptives indiquent des
différences apparentes entre les types de ménages quant aux dépenses courantes, il est
nécessaire d’un point de vue statistique de vérifier si ces différences sont significatives
(Field 2009). Dans un premier temps, une ANOVA à un seul facteur de regroupement a été
utilisée pour évaluer la relation possible entre la valeur des dépenses courantes et le type de
ménage. La variable indépendante de l’ANOVA était le type de ménage et incluait quatre
niveaux : pluriactif professionnel, monoactif, pluriactif de transition et pluriactif récent. La
variable dépendante était constituée des dépenses courantes du ménage en 2008.
Tableau 10
Dépenses courantes moyennes des ménages en 2008 selon le type de ménage
Pluriact.
prof.
(n=149)
Monoact.
(n=68) Pluriact.
de trans.
(n=9)
Pluriact.
récent
(n=13)
Total
(n=239)
Dépenses courantes $ 34 128 18 860 18 333 27 115 28 808
Proportion du revenu
disponible % 76,9 77,8 83,9 71,9 77,1
Source : Notre compilation (2010).
Ce test s’avère significatif (F = 14,394 et p < 0,05). Puisque l’analyse de la variance
conduite s’est avérée significative, il est possible d’approfondir l’analyse en effectuant des
comparaisons multiples visant à déterminer quels types de ménages avaient les dépenses
courantes les plus significativement différentes en 2008 d’un point de vue statistique. Bien
que le test F de Levene démontre une hétérogénéité des variances pour chacun des quatre
types de ménages, cette hétérogénéité justifiait une méthode de comparaisons multiples
appropriée (Field 2009). Ainsi, en raison de cette hétérogénéité des variances, la méthode
de Tamhane a été retenue pour effectuer les comparaisons multiples (Field 2009). Les
résultats de cette analyse sont présentés au tableau 25 à l’annexe II. Un bref examen de ce
tableau permet de dire qu’il existe une différence statistiquement significative (p < 0,05)
56
entre les dépenses courantes moyennes en 2008 des ménages monoactifs (18 860 $)
relativement à celles des pluriactifs professionnels (34 128 $). Aussi, une autre différence
significative est observée pour les dépenses courantes moyennes entre les ménages
pluriactifs professionnels et les pluriactifs de transition (18 333 $), qui de toute façon ont un
niveau de dépenses courantes similaire aux monoactifs en 2008. Toutefois, il semble n’y
avoir aucune différence significative pour ce qui est des autres comparaisons possibles
entre les quatre groupes en ce qui a trait aux dépenses courantes. De ce test statistique, il est
possible de retenir que les dépenses courantes moyennes en 2008 des pluriactifs
professionnels sont significativement plus élevées que celles des monoactifs, ce qui n’est
pas une surprise en toute logique considérant l’écart de revenu total observé.
Avec des dépenses courantes moyennes d’environ 19 000 $ en 2008, les monoactifs sont
donc dans une situation financière difficile par rapport aux 34 000 $ des pluriactifs
professionnels. Tel que mentionné auparavant, le ménage moyen au Québec avait un niveau
de dépenses courantes de près de 47 000 $ en 2008. Fondamentalement, selon le USDA, les
ménages agricoles semblent avoir des dépenses courantes moindres que les autres ménages.
D’un autre côté, il est plausible de croire que les ménages composés de jeunes agriculteurs
ont tendance à avoir un niveau de dépenses courantes supérieur considérant leurs plus
importantes obligations financières en début de vie active.
En termes de proportion du revenu disponible consacrée aux dépenses courantes, la
situation est toute autre car les monoactifs et les pluriactifs professionnels se situaient
autour de 77 % en moyenne, tout comme l’ensemble de l’échantillon. C’est tout de même
surprenant dans le cas des monoactifs car leur niveau moyen de dépenses courantes était
déjà faible. Cette proportion est semblable à celle de l’ensemble des ménages agricoles aux
États-Unis qui se situait à 70 % en 1999 (USDA 2002). En revanche, les ménages au
Québec ont des dépenses courantes moyennes composant 97 % du revenu disponible.
Somme toute, la situation des ménages échantillonnés semble indiquer que l’épargne est
jugée prioritaire, comparativement à l’ensemble des ménages, ce qui concorde en quelque
sorte avec les travaux de Leon et Rainelli (1976) qui avançaient que l’individu entrepreneur
a une vision active de l’épargne dans une stratégie délibérée pour investir dans son
57
entreprise. Il reste à savoir si cette épargne est précisément investie dans l’entreprise via les
apports monétaires ou si elle est consacrée à des investissements à l’extérieur de la ferme.
Dans un deuxième temps, une analyse de la régression linéaire multiple, selon la méthode
des moindres carrés ordinaire, fut conduite afin d’évaluer dans quelle mesure les revenus
retirés de l’entreprise, le revenu d’emploi extérieur et les revenus d’autres sources peuvent
déterminer les dépenses courantes du ménage (Field 2009). Le modèle de régression était
spécifié comme suit :
cdv_2008i = a + b1retraits_2008i + b2emploi_2008i + b3autres_2008i (1)
où
cdv_2008i = Variable dépendante représentant les dépenses courantes du ménage en
2008 ;
retraits_2008i = Variable indépendante représentant les revenus du ménage retirés de
l’entreprise en 2008 ;
emploi_2008i = Variable indépendante représentant le revenu d’emploi extérieur du
ménage en 2008 ;
autres_2008i = Variable indépendante représentant les revenus d’autres sources du
ménage en 2008.
Avant même de procéder à l’estimation de cette équation, il était impératif d’émettre les
hypothèses de recherche suivantes concernant les relations attendues entre les dépenses
courantes du ménage et les trois sources de revenus considérées dans le modèle de
régression (Field 2009) :
Ha1 : β1 > 0 : Les revenus du ménage retirés de l’entreprise influencent positivement
les dépenses courantes du ménage ;
Ha2 : β2 > 0 : Le revenu d’emploi extérieur du ménage influence positivement les
dépenses courantes du ménage ;
Ha3 : β3 > 0 : Les revenus d’autres sources du ménage influencent positivement les
dépenses courantes du ménage.
Les postulats sont donc que plus les revenus retirés de l’entreprise, les revenus d’emploi
extérieur ou les revenus d’autres sources sont élevés, plus les dépenses courantes du
58
ménage vont augmenter significativement (Ha1, Ha2 et Ha3). Selon les résultats de l’analyse,
la combinaison des trois sources de revenus du ménage s’est avérée significativement reliée
aux dépenses courantes du ménage (F = 52,842 et p < 0,05). Par ailleurs, le carré du
coefficient de corrélation multiple ajusté (R2 ajusté) démontre qu’environ 40 % des
variations dans les dépenses courantes du ménage sont expliquées par la combinaison des
trois sources de revenus du ménage, une valeur jugée convaincante (Field 2009).
Le tableau 29 à l’annexe II rapporte la signification des trois sources de revenus et leurs
coefficients non standardisés respectifs. Comme il avait été anticipé, plus les revenus retirés
de l’entreprise augmentent plus les dépenses courantes augmentent significativement. En
effet, pour illustrer l’importance de chaque source de revenus, chaque tranche de 1000 $ de
revenus retirés de l’entreprise supplémentaire apporte une augmentation des dépenses
courantes de 396 $ en moyenne par année, ceteris paribus. De plus, l’augmentation des
revenus d’emploi extérieur s’avère significativement positive par rapport aux dépenses
courantes. En effet, chaque tranche de 1000 $ de revenu d’emploi extérieur supplémentaire
fait en sorte d’augmenter les dépenses courantes de 395 $ en moyenne par année, ceteris
paribus. Toutefois, bien que les revenus d’autres sources s’avèrent positivement associés
avec les dépenses courantes du ménage, selon cette analyse, il semblerait qu’ils ne les
influenceraient pas significativement.
En ce qui a trait à l’impact relatif de chacune des deux sources de revenus trouvée
statistiquement significative dans l’analyse, les coefficients standardisés rapportés au
tableau 29 de l’annexe II permettent d’affirmer que les revenus d’emploi extérieur semblent
avoir l’impact le plus important sur les dépenses courantes du ménage. Les revenus retirés
de l’entreprise arrivent donc au deuxième rang. Cela n’est pas surprenant considérant
l’importance des revenus d’emploi extérieur en proportion du revenu total moyen des
ménages échantillonnés.
Constituant un aspect financier d’intérêt dans l’établissement en agriculture, les apports
monétaires des ménages échantillonnés sont présentés au tableau 11. La dernière ligne du
59
tableau présente la proportion des ménages qui ont fait des apports monétaires dans
l’entreprise depuis l’établissement.
Tableau 11
Apports monétaires moyens faits par les ménages
dans l’entreprise en 2008 selon le type de ménage
Pluriact.
prof.
(n=144)
Monoact.
(n=66) Pluriact.
de trans.
(n=8)
Pluriact.
récent
(n=11)
Total
(n=229)
Apports monétaires
de tous les ménages ($) 9 709 2 571 2 222 3 654 6 996
Apports monétaires
uniquement des ménages
qui en ont faits ($) 18 900 15 000 5 000 11 875 17 526
Proportion des ménages
qui ont fait des apports
monétaires (%) 53,0 15,7 44,4 30,8 40,7
Source : Notre compilation (2010).
Comme premier constat, une majorité des ménages pluriactifs professionnels, soit 53 %,
ont fait des apports dans l’entreprise, ce qui contraste nettement avec les monoactifs, à
peine 15 %. De toute évidence, ces derniers n’ont pas de sources de revenus hors ferme
d’importance si ce n’est que la possibilité de désépargner des actifs non agricoles ou
d’obtenir une somme d’argent d’une autre source comme un don par exemple.
Premièrement, tout comme l’analyse pour les dépenses courantes, malgré les différences
apparentes entre les types de ménage, une ANOVA à un seul facteur de regroupement a été
utilisée pour évaluer la relation possible entre la valeur des apports monétaires et le type de
ménage (Field 2009). La variable indépendante de l’ANOVA était le type de ménage et
incluait quatre niveaux : pluriactif professionnel, monoactif, pluriactif de transition et
pluriactif récent. La variable dépendante était les apports monétaires du ménage dans
l’entreprise en 2008.
Ce test s’avère significatif (F = 5,261 et p < 0,05). L’étape suivante a été d’effectuer des
comparaisons multiples pour vérifier s’il y a des différences statistiquement significatives
60
entre les quatre types de ménages pour ce qui est des apports monétaires en 2008 (Field
2009). Le test F de Levene démontre que pour chacun des quatre groupes il y a une
hétérogénéité des variances (Field 2009). La méthode de Tamhane a été retenue pour
effectuer les comparaisons multiples étant donnée l’hétérogénéité des variances des quatre
groupes pour les apports monétaires comme c’était le cas pour les dépenses courantes
(Field 2009). Le tableau 33 à l’annexe II présente les résultats de ces comparaisons
multiples qui indiquent qu’il y a une différence statistiquement significative (p < 0,05)
entre les apports monétaires moyens en 2008 des ménages monoactifs (2 571 $) par rapport
à ceux des pluriactifs professionnels (9 709 $). Aussi, une autre différence significative
s’observe entre les pluriactifs professionnels et les pluriactifs de transition (5 000 $).
Toutefois, il semble n’y avoir aucune différence significative pour ce qui est des autres
comparaisons possibles entre les quatre groupes pour ce qui est des apports monétaires.
Tout comme pour les dépenses courantes, les ménages pluriactifs professionnels ont un
niveau d’apports monétaires dans l’entreprise significativement plus élevé que les
monoactifs.
Ces résultats ne sont pas surprenants considérant le revenu total des pluriactifs
professionnels et les sources de revenus hors ferme à leur disposition mais il est difficile
d’apprécier la pleine mesure de l’analyse de ces résultats puisqu’il n’y a pas actuellement
de comparaisons possibles avec les bases de données disponibles. Néanmoins, ces résultats
renforcent le constat fait auparavant à propos de la théorie de l’individu entrepreneur de
Leon et Rainelli (1976) car on constate plus spécifiquement que la moitié des ménages
pluriactifs professionnels ont clairement une démarche d’épargne active et de financement
de l’entreprise agricole. Par ailleurs, il est possible que ces ménages aient consacré une
partie des revenus hors ferme à un compte mental dédié au financement de l’entreprise
agricole tel qu’envisagé par Carriker et al. (1993). L’autre moitié du groupe ne semble donc
pas considérer les apports monétaires comme une avenue possible d’utilisation de leur
revenu disponible au point de ne jamais en avoir faits dans l’entreprise depuis
l’établissement. Pour ces ménages, le compte mental des revenus hors ferme viserait alors
les dépenses courantes et l’épargne non agricole du ménage.
61
Deuxièmement, à l’image de l’analyse des dépenses courantes, une régression linéaire
multiple, selon la méthode des moindres carrés ordinaire, a été réalisée afin d’évaluer dans
quelle mesure les revenus retirés de l’entreprise, le revenu d’emploi extérieur et les revenus
d’autres sources influencent les apports monétaires du ménage dans l’entreprise (Field
2009). Le modèle de régression était spécifié comme suit :
apports_2008i = a + b1retraits_2008i + b2emploi_2008i + b3autres_2008i (2)
où
apports_2008i = Variable dépendante représentant les apports monétaires du ménage
faits dans l’entreprise en 2008 ;
retraits_2008i = Variable indépendante représentant les revenus du ménage retirés de
l’entreprise en 2008 ;
emploi_2008i = Variable indépendante représentant le revenu d’emploi extérieur du
ménage en 2008 ;
autres_2008i = Variable indépendante représentant les revenus d’autres sources du
ménage en 2008.
La prochaine étape nécessite d’émettre les hypothèses de recherche suivantes concernant
les relations attendues entre les apports monétaires du ménage faits dans l’entreprise et les
trois sources de revenus considérées dans le modèle de régression (Field 2009) :
Ha1 : β1 < 0 : Les revenus du ménage retirés de l’entreprise influencent négativement
les apports monétaires du ménage ;
Ha2 : β2 > 0 : Le revenu d’emploi extérieur du ménage influence positivement les
apports monétaires du ménage ;
Ha3 : β3 > 0 : Les revenus d’autres sources du ménage influencent positivement les
apports monétaires du ménage.
Ainsi, plus les revenus retirés de l’entreprise sont élevés, plus les apports monétaires vont
diminuer significativement (Ha1). En effet, il devrait y avoir un lien direct inverse entre les
revenus retirés de l’entreprise et les apports monétaires comme il a été expliqué auparavant
dans le cadre conceptuel. De plus, concernant les revenus d’emploi extérieur et les revenus
d’autres sources, plus ils sont élevés, plus les apports monétaires du ménage faits dans
l’entreprise vont augmenter significativement (Ha2 et Ha3), à l’image des dépenses
62
courantes. Il s’avère que la combinaison des trois sources de revenus a une relation
financière significative avec les apports monétaires, (F = 22,804 et p < 0,05). L’analyse
statistique confirme que le carré du coefficient de corrélation multiple ajusté (R2 ajusté) est
de 22 %. Cela signifie que les variations dans les apports monétaires sont expliquées par la
combinaison des trois sources de revenus. Cette valeur est moindre que celle de la
régression impliquant les dépenses courantes (40 %). En conséquence, les sources de
revenus du ménage influencent moins les variations dans les apports monétaires que les
variations dans les dépenses courantes. En d’autres mots, pour expliquer l’ampleur des
apports monétaires, il est nécessaire de chercher davantage des facteurs au-delà des revenus
du ménage. Par exemple, Leon et Rainelli (1976) mentionnent que l’âge est un facteur
déterminant de la formation de l’épargne ainsi que l’avoir net du ménage (ou la richesse).
Ainsi, plus l’avoir net sera élevé moins un ménage aura tendance à épargner. Dans le cas
des ménages pluriactifs professionnels, l’avoir net (agricole) est relativement plus faible
que celui des trois autres types de ménages, ce qui pourrait expliquer cette épargne accrue,
et ce, en plus de l’influence manifeste du revenu disponible supérieur à leur disposition.
En poursuivant l’analyse de la régression, le tableau 37 à l’annexe II présente la
signification des trois sources de revenus et leurs coefficients non standardisés respectifs.
Selon les résultats, la hausse des revenus retirés de l’entreprise a un impact négatif
significatif sur les apports monétaires. Ainsi, chaque tranche de 1000 $ de retraits de
l’entreprise supplémentaire fait en sorte de diminuer les apports monétaires de 159 $ en
moyenne par année, ceteris paribus. Cela confirme donc le lien direct inverse entre les
revenus retirés de l’entreprise et les apports monétaires. Du côté du revenu d’emploi
extérieur, l’impact est significativement positif sur les apports monétaires. Chaque tranche
de 1000 $ de revenu d’emploi extérieur supplémentaire soutient une augmentation des
apports monétaires de 193 $ en moyenne par année, ceteris paribus. Enfin, les résultats
indiquent que les revenus d’autres sources sont positivement associés avec les apports
monétaires mais n’ont pas d’influence significative sur ceux-ci. En examinant l’impact
relatif respectif des revenus retirés de l’entreprise et des revenus d’emploi extérieur, que cet
impact soit négatif ou positif, les revenus d’emploi extérieur ont définitivement l’impact le
63
plus important sur les apports monétaires selon les coefficients standardisés présentés au
tableau 37 de l’annexe II.
4.3 Analyse des ménages pluriactifs professionnels
Dans la section précédente, les résultats ont fait la démonstration que l’impact du revenu
d’emploi extérieur s’avère significatif avant tout sur les dépenses courantes du ménage et
ensuite sur les apports monétaires dans l’entreprise. La section suivante porte plus
spécifiquement sur les ménages pluriactifs professionnels. En effet, il paraît intéressant
d’analyser davantage l’impact du revenu d’emploi extérieur selon ses différents niveaux au
début de l’établissement et de caractériser ces ménages et leurs entreprises.
Les catégories de revenu d’emploi extérieur formulées dans le questionnaire d’enquête
téléphonique sont rapportées au tableau 12.
Tableau 12
Répartition des ménages pluriactifs professionnels selon le niveau du revenu
d’emploi extérieur au début de l’établissement et en 2008
Catégorie de
revenu d’emploi
extérieur
Niveau du
revenu d’emploi
extérieur
au début en 2008
n % n %
Moins de 25 000 $ Faible 30 20,7 26 17,9
Entre 25 000 et 49 999 $ Modéré 65 44,8 67 46,2
Entre 50 000 et 74 999 $ Élevé 32 22,1 29 20,0
75 000 $ et plus Très élevé 18 12,4 23 15,9
Total 145 100,0 145 100,0
Source : Notre compilation (2010).
Chaque niveau de revenu est qualifié dans un ordre croissant de faible, modéré, élevé et très
élevé. On y constate ensuite la répartition des ménages selon ces différents niveaux de
revenu la première année complétée suivant l’établissement et l’année 2008. Somme toute,
64
les proportions sont demeurées sensiblement les mêmes entre les deux années. Près des
deux tiers des ménages pluriactifs professionnels avaient un niveau de revenu d’emploi
extérieur qualifié de faible ou modéré. De plus, le groupe de ménages ayant un niveau très
élevé demeure minoritaire quoiqu’en croissance.
Des indices quant à l’importance du revenu d’emploi extérieur pour les ménages pluriactifs
professionnels sont indiqués au tableau 13. Peu importe le niveau du revenu d’emploi
extérieur au début de l’établissement, les répondants ont déclaré majoritairement, dans une
proportion de 59 %, que les revenus hors ferme5 ont été essentiels dans leur établissement.
Lorsque le niveau du revenu d’emploi extérieur augmente, les répondants sont toujours
relativement plus nombreux à juger que ces revenus ont été utiles dans leur établissement,
jusqu’à 83 % dans le cas du niveau très élevé.
Tableau 13
Utilité accordée par les répondants des ménages pluriactifs professionnels
aux revenus hors ferme dans l’établissement
Niveau du
revenu d’emploi
extérieur
Ces revenus
n’ont rien
changé
Ces revenus
ont facilité
un peu
Ces revenus
ont été
essentiels
n % % %
Faible 30 30,0 20,0 50,0
Modéré 65 36,9 9,2 53,8
Élevé 32 25,0 9,4 65,6
Très élevé 18 11,1 5,6 83,3
Total 145 29,7 11,0 59,3
Source : Notre compilation (2010).
Le cas des répondants pour qui les revenus d’emploi extérieur du ménage ont été essentiels
dans leur établissement est examiné plus particulièrement au tableau 14. Les données
indiquent que 57 % de ces répondants ont déclaré que l’aspect financier le plus favorisé par
5 Tel que formulée dans le questionnaire, la question concernait les revenus hors ferme, ce qui inclut les
revenus d’emploi extérieur et d’autres sources.
65
les revenus hors ferme dans leur établissement a été le niveau de vie du ménage. Par contre,
plus le niveau de revenu d’emploi extérieur au début de l’établissement augmente, plus les
répondants indiquent que c’est plutôt le financement de l’entreprise qui a été favorisé. C’est
notamment le cas des ménages ayant des niveaux élevé et très élevé.
Tableau 14
Aspect financier favorisé par les revenus hors ferme selon les répondants
des ménages pluriactifs professionnels qui les ont jugés essentiels
Niveau du
revenu d’emploi
extérieur
Niveau de
vie du ménage Financement de
l’entreprise NSP / NRP
n % % %
Faible 15 73,3 20,0 6,7
Modéré 35 60,0 34,3 5,7
Élevé 21 47,6 47,6 4,8
Très élevé 15 46,7 46,7 6,7
Total 86 57,0 37,2 5,8
NSP / NRP : Ne sait pas / Ne répond pas
Source : Notre compilation (2010).
Le tableau 15 montre que les apports monétaires constituent définitivement un aspect
important de l’établissement en agriculture pour ce qui est des ménages pluriactifs
professionnels, dans le même sens que la notion d’épargne active (Leon et Rainelli 1976).
La proportion des ménages ayant fait des apports monétaires dans l’entreprise depuis
l’établissement augmente sensiblement selon le niveau de revenu d’emploi extérieur au
début de l’établissement. Les ménages dont les niveaux de ce revenu étaient élevés et très
élevés ont contribué financièrement à leur entreprise dans des proportions de 72 % et 89 %
respectivement. Encore une fois, la moyenne pour la valeur des apports monétaires cache
une grande hétérogénéité. Les ménages dont les revenus d’emploi extérieur étaient très
élevés au début de l’établissement faisaient en 2008 des apports monétaires dans
l’entreprise de loin supérieurs à ceux pour qui ces revenus étaient faibles, soit près de
20 000 $ de plus.
66
Tableau 15
Présence et montant des apports monétaires médians
moyens faits dans les entreprises des ménages
pluriactifs professionnels en 2008
Niveau du
revenu d’emploi
extérieur
Proportion des
ménages totaux Apports
en 2008
n % $
Faible 13 43,3 9 792
Modéré 26 40,0 15 833
Élevé 23 71,9 19 348
Très élevé 16 88,9 29 688
Total 78 53,8 18 900
Source : Notre compilation (2010).
Tous les résultats présentés jusqu’à maintenant semblent confirmer que le revenu d’emploi
extérieur permet systématiquement de financer l’entreprise agricole lorsqu’il est situé à des
niveaux élevés et très élevés. Tel qu’analysé auparavant, plus le revenu d’emploi extérieur
du ménage augmente plus les apports monétaires augmentent aussi. Par contre, rien
n’indique pour quelles utilisations dans l’entreprise sont destinés ces apports monétaires.
De manière intuitive, la logique de financer une capitalisation importante au début de
l’établissement semble aller de soi.
Les tableaux 16, 17, 18 et 19 donnent des indications supplémentaires quant à la finalité du
revenu d’emploi extérieur des ménages pluriactifs professionnels dans un contexte
d’établissement en agriculture. Pour ce qui est du mode d’établissement (cf. tableau 16), à
première vue les ménages sont plutôt partagés entre l’acquisition et le démarrage d’une
entreprise. Cependant, ceux ayant obtenu des revenus d’emploi extérieur faibles et très
élevés au début de l’établissement sont caractérisés autrement. Les premiers ont des
répondants qui se sont établis dans une proportion de 70 % par l’acquisition d’une
entreprise existante alors que les seconds ont des répondants qui ont été impliqués dans le
démarrage d’une nouvelle entreprise dans une proportion de 72 %.
67
Tableau 16
Mode principal d’établissement des répondants
des ménages pluriactifs professionnels
Niveau du
revenu d’emploi
extérieur
Acquisition
d’une entreprise
existante
Démarrage
d’une nouvelle
entreprise
n % %
Faible 30 70,0 30,0
Modéré 65 55,4 44,6
Élevé 32 46,9 53,1
Très élevé 18 27,8 72,2
Total 145 53,1 46,9
Source : Notre compilation (2010).
Le même constat peut être fait pour les productions dans lesquelles les répondants se sont
établis, selon les formes de soutien en agriculture (cf. tableau 17).
Tableau 17
Type de production agricole principale des entreprises
des ménages pluriactifs professionnels
Niveau du
revenu d’emploi
extérieur
Productions sous
gestion de l’offre Productions
stabilisées Productions
non soutenues
n % % %
Faible 30 50,0 40,0 10,0
Modéré 65 49,2 32,3 18,5
Élevé 32 12,5 62,5 25,0
Très élevé 18 5,6 44,4 50,0
Total 145 35,9 42,1 22,1
Source : Notre compilation (2010).
68
À un niveau faible de revenu d’emploi extérieur au début de l’établissement, 50 % des
répondants œuvrent dans des productions sous gestion de l’offre alors que 50 % des
répondants dont ce niveau est très élevé évoluent dans des productions qui ne bénéficient
pas de programmes de soutien spécifiques. Si ces derniers, dans une large proportion,
financent leur entreprise à même le revenu du ménage, force est de constater qu’ils le font
dans les productions qui exigent probablement le moins de capitalisation mais qui en
revanche n’offrent aucun filet de sécurité financière. En effet, les résultats confirment une
fois de plus que les ménages pluriactifs professionnels sont très différents les uns des
autres.
Ceux ayant obtenu des revenus d’emploi extérieur élevés et très élevés au début de
l’établissement sont associés à des entreprises relativement peu capitalisées (cf. tableau 18)
et moins génératrices de revenus bruts (cf. tableau 19) en 2008 comparativement à ceux
ayant obtenu des revenus faibles et modérés.
Tableau 18
Valeur marchande moyenne et endettement moyen des entreprises
des ménages pluriactifs professionnels en 2008
Niveau du
revenu d’emploi
extérieur
Valeur
marchande Ratio
d’endettement
n $ %
Faible 30 1 229 483 80,4
Modéré 65 1 324 677 47,5
Élevé 32 662 031 57,2
Très élevé 18 577 647 46,8
Total 145 1 062 786 56,4
Source : Notre compilation (2010).
69
Tableau 19
Revenus brut et net médians moyens des entreprises des ménages
pluriactifs professionnels depuis l’établissement
Niveau du
revenu d’emploi
extérieur
Revenu brut
au début Revenu brut
en 2008 Revenu net
au début Revenu net
en 2008
n $ $ $ $
Faible 30 258 750 307 500 25 000 28 333
Modéré 65 236 310 294 841 33 532 38 294
Élevé 32 110 938 146 875 14 919 19 758
Très élevé 18 67 647 101 471 16 912 25 735
Total 145 192 606 241 021 25 621 30 585
Source : Notre compilation (2010).
L’importance première du revenu d’emploi extérieur pour les ménages en situation
d’établissement en agriculture est confirmée en quelque sorte au tableau 20.
Tableau 20
Dépenses courantes moyennes des ménages
pluriactifs professionnels en 2008
Niveau du
revenu d’emploi
extérieur
Dépenses
courantes Proportion du
revenu disponible
n $ %
Faible 30 23 500 77,3
Modéré 65 29 531 79,3
Élevé 32 42 891 75,5
Très élevé 18 50 278 68,1
Total 145 33 837 76,6
Source : Notre compilation (2010).
70
Les dépenses courantes des ménages pluriactifs professionnels en 2008 varient en moyenne
du simple au double selon que leur revenu d’emploi extérieur au début de l’établissement
était faible ou très élevé. Tel qu’analysé auparavant, plus le revenu d’emploi extérieur du
ménage est élevé plus les dépenses courantes le sont aussi. La proportion du revenu
disponible consacrée aux dépenses courantes est de seulement 68 % à un niveau très élevé
de revenu d’emploi extérieur au début de l’établissement. Ainsi, ceci indique que ces
ménages ont la possibilité d’épargner davantage que les autres et expliquerait sans doute
que les apports monétaires dans l’entreprise sont plus importants dans leur cas.
L’intention véritable des ménages à long terme est remarquée au tableau 21. Bien que 58 %
des répondants des ménages pluriactifs professionnels aient déclaré que c’était l’intention
de leur ménage de vivre principalement de l’agriculture, ce n’est qu’une minorité de ceux
ayant obtenu des revenus d’emploi extérieur élevés et très élevés au début de
l’établissement qui va dans ce sens. En effet, plus ce revenu est élevé, moins il semble que
l’entreprise agricole devienne un jour le gagne-pain principal. Ainsi, le revenu d’emploi
extérieur sert ici aussi bien aux dépenses courantes du ménage qu’à financer l’entreprise
agricole en période d’établissement même si l’intention n’est pas d’en vivre. Ce dernier
constat confirme l’impact indéniable du revenu d’emploi extérieur sur deux aspects
financiers importants du ménage en période d’établissement en agriculture.
Tableau 21
Intention des ménages pluriactifs professionnels de vivre
principalement des revenus de l’entreprise
Niveau du
revenu d’emploi
extérieur
Oui Non
n % %
Faible 30 90,0 10,0
Modéré 65 56,9 43,1
Élevé 32 43,8 56,3
Très élevé 18 33,3 66,7
Total 145 57,9 42,1
71
Source : Notre compilation (2010).
5. Conclusion
La pluriactivité du ménage est une problématique dont la réalité dans le monde agricole
actuel est manifeste. L’intérêt d’étudier plus particulièrement l’établissement en agriculture
dans ce cadre visait à comprendre davantage la situation financière du ménage durant cette
phase critique du cycle de vie de l’entreprise. La littérature consultée s’est peu intéressée
jusqu’à maintenant au rôle joué par le revenu de la pluriactivité, ou par les revenus hors
ferme, en période d’établissement en agriculture. Il était donc souhaité que cette recherche
contribue à avancer les connaissances en la matière dans une démarche exploratoire.
L’objectif général de cette recherche était donc de mesurer l’importance financière du
revenu de la pluriactivité dans l’établissement en agriculture.
Comme premier objectif spécifique, il était proposé d’évaluer la situation financière des
ménages agricoles en période d’établissement en agriculture. En documentant les
différentes approches utilisées par les économistes, il est devenu évident que l’approche
globale préconisée par le USDA était la voie à suivre pour considérer la situation financière
dans son ensemble. Le cadre conceptuel a donc servi à identifier et à définir tous les
concepts auxquels fait référence la situation financière, tant au niveau de la formation du
revenu que de son utilisation. La grille d’analyse complète qui a été élaborée permet de
comprendre les liens entre tous les aspects financiers du ménage agricole. En parallèle à
cette démarche, il a été possible de dresser un portrait évolutif, somme toute partiel, de la
situation financière du ménage agricole au Québec afin d’en apprécier les points critiques
mais également pour connaître l’état des données disponibles sur le sujet. Les données
financières sur les ménages de la relève agricole établie se sont avérées quasi inexistantes.
La méthodologie élaborée pour cette recherche a conduit à la réalisation d’une enquête
téléphonique qui a permis de recueillir des données auprès de 243 ménages au Québec dont
au moins un des membres s’est établi récemment en agriculture.
En raison de la méthodologie utilisée, soit une enquête téléphonique, il était certes possible
de mesurer le revenu d’emploi extérieur du ménage mais le revenu d’activités para-
agricoles a dû finalement être écarté de l’analyse à cause de la difficulté de déterminer son
73
impact sur la situation financière du ménage. Au terme de l’enquête, il s’avère que 62 %
des ménages échantillonnés ont un revenu d’emploi extérieur et sont qualifiés de pluriactifs
professionnels. Cette proportion est sensiblement la même que celle qui avait été trouvée
dans l’échantillon de l’étude de Gervais (2007). Le revenu d’emploi extérieur des
pluriactifs professionnels était estimé en 2008 à environ 46 000 $ en moyenne, soit une
proportion de près de 70 % du revenu total du ménage qui était estimé en moyenne à
66 000 $. Les dépenses courantes atteignaient plus de 34 000 $ en moyenne et les apports
monétaires moyens faits dans l’entreprise étaient de près de 10 000 $. Pour ces deux
aspects financiers, les pluriactifs professionnels ont des valeurs significativement plus
élevées que les monoactifs. La situation financière de l’échantillon ainsi dressée permet
donc d’atteindre le premier objectif spécifique.
Pour le deuxième objectif spécifique, il était proposé de déterminer l’impact du revenu de
la pluriactivité sur la situation financière des ménages agricoles. Les théories économiques
étudiées soutiennent que, comme tous les ménages, les ménages agricoles doivent faire
l’arbitrage entre la consommation et l’épargne. La littérature a également révélé que, dans
le monde agricole, le ménage utilise différemment le revenu selon sa source et que les
revenus hors ferme sont davantage utilisés pour les dépenses courantes en raison de leur
relative stabilité (Carriker et al. 1993). De plus, le ménage agricole ne considère pas
l’épargne de la même manière puisque l’entreprise représente une priorité entrepreneuriale,
ce qui explique son souci d’y réinvestir une partie de son revenu disponible sous forme
d’apports monétaires (Leon et Rainelli 1976). La question de recherche spécifique visait
donc à savoir quel est l’impact du revenu de la pluriactivité sur chacun des deux aspects
financiers.
Avec l’analyse statistique multivariée conduite sur les données de l’ensemble de
l’échantillon, il est possible de conclure que le revenu d’emploi extérieur a un impact
significatif sur les dépenses courantes du ménage et, dans une moindre mesure, sur le
financement de l’entreprise via les apports monétaires effectués. Afin de pousser plus loin
l’analyse des ménages pluriactifs professionnels, l’impact du revenu d’emploi au début de
l’établissement selon quatre niveaux a été étudié pour caractériser ces ménages. Il en ressort
74
que plus les revenus d’emploi extérieur du ménage au début de l’établissement sont élevés
plus ils sont jugés essentiels par les jeunes agriculteurs. De plus, à des niveaux élevés et
très élevés de revenu d’emploi extérieur, près de la moitié des répondants qui estimaient les
revenus hors ferme essentiels à leur établissement en agriculture ont indiqué que ceux-ci
avaient favorisé le financement de l’entreprise. D’ailleurs, les apports monétaires effectués
dans l’entreprise sont supérieurs pour les deux plus hauts niveaux de revenu d’emploi
extérieur. Cela s’explique probablement par le démarrage de nouvelles entreprises dans des
productions non soutenues spécifiquement qui nécessitent moins de capitalisation, sont
moins endettées mais génèrent moins de revenus. Pour ces ménages aux revenus d’emploi
extérieur élevés et très élevés, les dépenses courantes sont évidemment plus élevées et
l’intention de vivre de l’entreprise ne devient plus un objectif à long terme, ce qui ne les
empêche pas d’y investir des montants importants. L’analyse statistique multivariée a
mesuré l’importance financière du revenu de la pluriactivité. Pour l’illustrer, il semble que
chaque tranche de 1000 $ supplémentaire de revenu d’emploi extérieur augmente les
dépenses courantes du ménage de 395 $, ceteris paribus. Dans la même veine, chaque
tranche de 1000 $ supplémentaire de revenu d’emploi extérieur augmente les apports
monétaires faits par le ménage dans l’entreprise de 159 $, ceteris paribus. Ces résultats
répondent en quelque sorte à la question de recherche spécifique. De plus, l’impact du
revenu d’emploi extérieur du ménage sur les dépenses courantes semble être le plus
important, ce qui permet d’atteindre l’objectif général de cette recherche.
Les résultats ne doivent pas occulter les limites à cette recherche exploratoire. À ce titre, il
faut mentionner que l’entretien téléphonique est une méthode d’enquête qui ne permet pas
toujours d’obtenir un niveau de précision élevé de l’information recueillie. En conséquence,
des choix ont été faits pour faciliter l’enquête et l’analyse subséquente des données.
L’évaluation de la situation financière des ménages a été effectuée pour deux années
seulement, la première année complétée suivant l’établissement et l’année 2008, ce qui
donne seulement un aperçu de son évolution depuis l’établissement. De plus, les analyses
comparatives des ménages se résument essentiellement à l’année 2008 afin d’avoir une
même base de comparaison. Par ailleurs, plusieurs variables, dont les choix de réponses
étaient initialement des intervalles (des catégories), en raison notamment de la sensibilité de
75
certaines questions, ont subi des transformations mathématiques en se voyant attribuer des
valeurs médianes. Cela enlève nécessairement de la précision aux données mais dans le seul
but d’obtenir une analyse statistique satisfaisante répondant aux objectifs de recherche. De
plus, l’absence de distribution normale des variables continues analysées limite la
généralisation des résultats. Ainsi, bien que la taille de l’échantillon soit importante en
rapport avec la population à l’étude, l’interprétation des résultats doit être considérée à la
lumière des limites étayées précédemment, ce qui fait en sorte que cette recherche est avant
tout exploratoire.
En terminant, le cadre conceptuel de cette recherche visait une meilleure compréhension de
la situation financière globale en agriculture en plaçant le ménage agricole au centre de
l’analyse. De cette manière, la pluriactivité agricole prend tout son sens et dès lors, le
revenu d’emploi extérieur tient davantage d’une véritable stratégie du ménage aux finalités
diverses que d’un simple revenu hors ferme. Au terme de cette recherche, il est clair que
l’impact du revenu d’emploi extérieur est considérable en période d’établissement en
agriculture, d’abord sur les dépenses courantes du ménage et ensuite sur les apports
monétaires faits dans l’entreprise. Les ménages pluriactifs professionnels ont des niveaux
de dépenses courantes relativement élevés et plus de la moitié d’entre eux ont fait des
apports monétaires importants dans l’entreprise alors qu’une proportion importante des
ménages ne semble pas avoir l’intention de vivre principalement de l’agriculture. De
manière nettement contrastante, la plupart des ménages monoactifs tirent l’essentiel de leur
revenu de l’entreprise agricole mais peinent à en vivre. Ces ménages peuvent-ils améliorer
leur situation financière si ce n’est que par le revenu d’un emploi extérieur? Comment ces
différents cas de figure interpellent-ils la politique agricole québécoise à l’endroit de la
relève agricole? Si, pour une part considérable des ménages, l’apport d’un revenu d’emploi
extérieur est devenu incontournable pour s’établir en agriculture, les critères d’admissibilité
des mesures qui discriminent présentement cette trajectoire d’établissement en agriculture
ne pourraient-ils pas être modifiés? Si le but est d’établir le plus grand nombre de jeunes
agriculteurs au Québec, ne faudrait-il pas reconnaître tous les types de ménages agricoles
dans le soutien à la relève?
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Annexe I
Questionnaire d’enquête téléphonique
81
Rapport d’enquête
Nom de la personne enquêtée :
Numéros de téléphone :
Numéro d’identification :
Gestion des appels 1er
2ème
3ème
4ème
5ème
Enquêteur
Date
Heure
Pas de réponse (√)
Pas disponible (√+R-V)
Refus de répondre (√)
Non admissible (√)
Entrevue complétée (√)
Durée (min.)
82
Commentaires :
83
Présentation de la recherche
Demandez la personne.
Si elle n'est pas disponible, demandez à quel moment vous pouvez la
rejoindre.
Si la personne est là, présentez-vous et indiquez-lui le but de votre appel en
vous inspirant du texte suivant :
Bonjour Monsieur (ou Madame), mon nom est , de
l'Université Laval.
Je vous appelle dans le cadre d'un projet de maîtrise financé par le
MAPAQ.
Le Groupe de recherche en économie et politique agricoles de l’Université
Laval réalise une enquête sur les aspects financiers de l’établissement en
agriculture.
Je souhaiterais vous poser des questions dans un entretien téléphonique
qui prendra une dizaine de minutes environ. Acceptez-vous de participer à
notre étude?
Si la personne refuse, remerciez-la (et cochez la case appropriée du rapport
d’enquête).
Si la personne accepte, remerciez-la et engagez-vous quant à la
confidentialité des renseignements personnels en vous inspirant du texte
suivant :
Cette recherche a été approuvée par le Comité d'éthique de l’Université
Laval (numéro d’approbation : 2009-151 / 08-06-2009).
Avant de débuter, je tiens à vous mentionner que toute l’information que
vous allez me fournir va demeurer strictement confidentielle.
84
A. Caractéristiques de l’établissement
1. Quelle est votre date de naissance?
Année / Mois / Jour :
Si la date est antérieure au 1er décembre 1969, un critère d’échantillonnage est invalidé. Arrêtez l’entrevue et remerciez la personne (et cochez la case appropriée du rapport d’enquête).
Je vais vous poser quelques questions sur votre établissement en
agriculture. L’établissement est le moment à partir duquel vous
possédez au moins 1 % des parts dans l’entreprise agricole actuelle.
2. Quand avez-vous acquis vos premières parts dans l’entreprise actuelle ou démarré
cette entreprise?
Année / Mois :
Si la date est antérieure au 1er janvier 2004, un critère d’échantillonnage est invalidé. Arrêtez l’entrevue et remerciez la personne (et cochez la case appropriée du rapport d’enquête).
3. Quelle proportion des parts de cette entreprise possédez-vous présentement?
%
Si le pourcentage n’est pas d’au moins 1 %, un critère d’échantillonnage est invalidé. Arrêtez l’entrevue et remerciez la personne (et cochez la case appropriée du rapport d’enquête).
4. Quelle proportion des parts de cette entreprise avez-vous acquise initialement?
%
85
A. Caractéristiques de l’établissement (suite)
5. Parmi les deux (2) choix suivants, quel mode d’établissement s’applique à votre
situation?
Acquisition en totalité ou en partie d’une entreprise existante (transfert) (0)
Démarrage d’une nouvelle entreprise (1)
6. Est-ce un établissement dans un cadre familial?
Oui (0) Non (l)
7. Avez-vous bénéficié d’une subvention au démarrage (de 10 000 $) de La Financière
agricole?
Oui (0) Non (l)
8. En quelle année l’avez-vous obtenue (la première tranche)?
Année :
9. Avez-vous bénéficié d’une subvention à l’établissement de La Financière agricole?
Oui (0) Non (l)
10. Quel était le montant de cette subvention (ou le montant additionnel à la subvention
au démarrage)?
10 000 $ (0)
20 000 $ (1)
30 000 $ (2)
40 000 $ (3)
11. En quelle année l’avez-vous obtenue (la première tranche)?
Année :
Si démarrage, passez à la question 7.
Si non, passez à la question 12.
Si non, passez à la question 9.
86
B. Caractéristiques de l’entreprise
Les prochaines questions concernent votre entreprise.
12. L’entreprise est située dans quelle région?
Bas-Saint-Laurent (01)
SaguenayŔLac-Saint-Jean (02)
Capitale-Nationale (03)
Mauricie (04)
Estrie (05)
Montréal (06)
Outaouais (07)
Abitibi-Témiscamingue (08)
Côte-Nord (09)
Nord-du-Québec (10)
GaspésieŔÎles-de-la-Madeleine (11)
Chaudière-Appalaches (12)
Laval (13)
Lanaudière (14)
Laurentides (15)
Montérégie (16)
Centre-du-Québec (17)
87
B. Caractéristiques de l’entreprise (suite)
13. Quelles sont les activités de production agricole par ordre d’importance en termes
de revenus bruts?
1ère
2ème
3ème
Activités de production agricole
Céréales et protéagineux (1)
Pommes (2)
Autres arbres à fruits (3)
Légumes frais (4)
Légumes de transformation (5)
Pommes de terre (6)
Fourrages pour vente (7)
Cultures abritées (en serre) (8)
Pépinière ornementale (en conteneur) (9)
Pépinière ornementale (en plein champ) (10)
Gazon (11)
Arbres de Noël (12)
Acériculture (13)
Ventes de bois (14)
Petits fruits (15)
Bovins laitiers (16)
Bovins de boucherie (17)
Veaux lourds (de grain ou de lait) (18)
Porcs (19)
Ovins (lait, viande ou autre) (20)
Œufs de consommation (21)
Œufs d’incubation (22)
Poulets (de chair) (23)
Dindons (24)
Chevaux (25)
Aquiculture (26)
Chèvres (lait, viande ou autre) (27)
Cervidés (28)
Bisons (29)
Lapins (30)
Animaux à fourrure (31)
Sangliers (32)
Apiculture (33)
Autre Ŕ précisez (34) :
Autre Ŕ précisez (35) :
Autre Ŕ précisez (36) :
88
B. Caractéristiques de l’entreprise (suite)
14. À combien estimez-vous la valeur marchande totale de l’entreprise à la fin de
l'année 2008 (terres, bâtiments, machineries, équipements, troupeau, quota et
autres)?
$
15. La valeur de la résidence est-elle incluse dans ce montant?
Oui (0) Non (l)
16. Selon vous, la taille de votre entreprise a évolué de quelle manière depuis votre
établissement?
Augmenté (0) Diminué (l) Stable (2)
17. Parmi les catégories suivantes, laquelle reflète le mieux le montant total des
investissements effectués sur l’entreprise depuis votre établissement, sans compter
l’acquisition des parts (terres, bâtiments, machineries, équipements, troupeau, quota
et autres)?
Moins de 50 000 $ (0)
Entre 50 000 et 99 999 $ (1)
Entre 100 000 $ et 249 999 $ (2)
Entre 250 000 et 499 999 $ (3)
500 000 $ et plus (4)
18. À combien estimez-vous les dettes totales de l’entreprise à la fin de l'année 2008
(emprunts à court et long termes)?
$
19. Selon vous, l’endettement de votre entreprise a évolué de quelle manière depuis
votre établissement?
Augmenté (0) Diminué (l) Stable (2)
89
C. Revenus de l’entreprise
La prochaine question concerne le revenu BRUT total de l’entreprise,
soit l’ensemble des recettes monétaires provenant de la vente de
produits agricoles auxquelles s’ajoutent les subventions, les revenus
d’activités complémentaires et les autres revenus.
20. Parmi les catégories suivantes, laquelle reflète le mieux le revenu brut total de
l’entreprise en 2008? …et dans l’année suivant votre établissement (1ère
année
complétée)?
2008 1
ère
année
Moins de 25 000 $ (0)
Entre 25 000 et 49 999 $ (1)
Entre 50 000 et 99 999 $ (2)
Entre 100 000 et 249 999 $ (3)
Entre 250 000 et 499 999 $ (4)
Entre 500 000 et 999 999 $ (5)
1 000 000 $ et plus (6)
La question suivante concerne le revenu NET de l’entreprise, qui
correspond au revenu brut total duquel on a soustrait les dépenses
avant les retraits des propriétaires, le remboursement des emprunts et
l’autofinancement des investissements.
21. Parmi les catégories suivantes, laquelle reflète le mieux le revenu net de l’entreprise
en 2008? …et dans l’année suivant votre établissement (1ère
année complétée)?
2008 1
ère
année
75 000 $ et plus (0)
Entre 50 000 et 74 999 $ (1)
Entre 25 000 et 49 999 $ (2)
Entre 0 et 24 999 $ (3)
Moins de 0 $ (4)
90
C. Revenus de l’entreprise (suite)
22. En 2008, y a-t-il une portion du revenu brut total de l’entreprise qui provenait
d’activités complémentaires à l’agriculture, c’est-à-dire des revenus de travail à
forfait, de transformation alimentaire, d’agrotourisme ou d’autres activités de ce
genre? …et dans l’année suivant votre établissement (1ère
année complétée)?
2008 1
ère
année
Oui (0)
Non (1)
23. Quelles étaient ces activités en 2008? …et dans l’année suivant votre établissement
(1ère
année complétée)?
2008 1
ère
année
Travail à forfait
Transformation alimentaire
Agrotourisme
Autres Ŕ précisez :
24. Pour l’année 2008, à combien estimez-vous la proportion du revenu brut total de
l’entreprise provenant de ces activités (en %)? ...et pour l’année suivant votre
établissement (1ère
année complétée)?
2008 : % 1ère
année : %
Si NON + NON, passez à la question 25.
91
D. Caractéristiques du ménage
Je vais maintenant vous poser des questions sur votre ménage. Un
ménage fait référence à une personne ou un groupe de personnes
occupant un même logement.
25. En vous incluant, votre ménage compte combien de membres de 15 ans et plus?
personnes
26. Combien y a-t-il de personnes de moins de 15 ans?
personnes
27. Êtes-vous le seul ménage propriétaire à bénéficier des revenus de l’entreprise?
Oui (0) Non (l)
28. Le ou les autres ménages comptent combien de personnes au total?
personnes
E. Revenus du ménage
29. Parmi les catégories suivantes, laquelle reflète le mieux la somme des revenus
retirés de l’entreprise par votre ménage en 2008? …et dans l’année suivant votre
établissement (1ère
année complétée)?
2008 1
ère
année
50 000 $ et plus (0)
Entre 25 000 et 49 999 $ (1)
Entre 10 000 et 24 999 $ (2)
Moins de 10 000 $ (3)
30. Votre ménage a-t-il l’intention de vivre principalement des revenus retirés de
l’entreprise?
Si oui, passez à la question 29.
92
Oui (0) Non (l)
93
E. Revenus du ménage (suite)
31. En vous incluant, y a-t-il un membre de votre ménage qui occupait un emploi à
l'extérieur de la ferme ou sur une autre ferme en 2008? …et dans l’année suivant
votre établissement (1ère
année complétée)?
2008 1
ère
année
Oui (0)
Non (1)
32. En vous incluant, quels étaient les membres de votre ménage qui occupaient un
emploi extérieur en 2008? …et dans l’année suivant votre établissement (1ère
année
complétée)? [Remplir la section gauche du tableau suivant]
33. En 2008, pour cette (chacune de ces) personne(s), considérez-vous que c’était un
emploi permanent ou temporaire? [Remplir la section droite du tableau suivant]
2008 1
ère
année Perm. Temp.
Répondant
Conjoint
Parents
Autres Ŕ précisez :
34. Parmi les catégories suivantes, laquelle reflète le mieux la somme des revenus de
votre ménage provenant d'un emploi extérieur en 2008? …dans l’année suivant
votre établissement (1ère
année complétée)? ...et quelles sont vos prévisions dans
cinq (5) ans?
2008 1
ère
année
dans
5 ans
75 000 $ et plus (0)
Entre 50 000 et 74 999 $ (1)
Entre 25 000 et 49 999 $ (2)
Moins de 25 000 $ (3)
0 $ (4)
Si NON + NON, passez à la question 35.
94
E. Revenus du ménage (suite)
35. En 2008, y a-t-il une portion des revenus de votre ménage qui provenait d’autres
sources, c’est-à-dire des revenus de placements ou de pension, des allocations
gouvernementales ou des revenus divers? …et dans l’année suivant votre
établissement (1ère
année complétée)?
2008 1
ère
année
Oui (0)
Non (1)
36. Parmi les catégories suivantes, laquelle reflète le mieux la somme des revenus de
votre ménage provenant d’autres sources en 2008?…et dans l’année suivant votre
établissement (1ère
année complétée)?
2008 1
ère
année
Moins de 10 000 $ (0)
Entre 10 000 et 24 999 $ (1)
Entre 25 000 et 49 999 $ (2)
50 000 $ et plus (3)
37. [Selon la situation du ménage] Pour l’année 2008, quelle proportion du revenu total de votre ménage attribuez-vous
à chacune des sources de revenus suivantes (en pourcentage, pour un total de
100 %)?…et pour l’année suivant votre établissement (1ère
année complétée)?
2008 1ère
année
% % Revenus retirés de l’entreprise
% % Revenus d’emploi extérieur
% % Revenus d’autres sources
Si la personne a répondu NON + NON aux questions 31 et 35 (aucun revenu hors ferme), passez à la question 40.
Si NON + NON, passez à la question 37.
95
F. Utilisation des revenus du ménage
Les questions suivantes visent à savoir comment les revenus de votre
ménage sont utilisés.
38. Selon vous, les revenus hors ferme de votre ménage ont facilité votre établissement
de quelle manière?
Ils ont été essentiels (0)
Ils ont facilité un peu (l)
Ils n’ont rien changé (2)
39. Selon vous, depuis votre établissement, les revenus hors ferme de votre ménage ont
surtout favorisé lequel des deux (2) aspects financiers suivants?
Le niveau de vie du ménage Le financement de l’entreprise
40. Depuis votre établissement, votre ménage a-t-il fait des apports monétaires
personnels dans l’entreprise pour couvrir les dépenses, rembourser les emprunts ou
financer les investissements, sans compter l’acquisition des parts?
Oui (0) Non (l)
41. Parmi les catégories suivantes, laquelle reflète le mieux la somme des apports
monétaires personnels faits dans l’entreprise par votre ménage en 2008? …dans
l’année suivant votre établissement (1ère
année complétée)? ... et quelles sont vos
prévisions dans cinq (5) ans?
2008 1
ère
année
dans
5 ans
50 000 $ et plus (0)
Entre 25 000 et 49 999 $ (1)
Entre 10 000 et 24 999 $ (2)
Moins de 10 000 $ (3)
0 $ (4)
Si non, passez à la question 42.
Si n’ont rien changé, passez à la question 40.
96
F. Utilisation des revenus du ménage (suite)
Je termine avec des questions sur les dépenses courantes de votre
ménage. Les dépenses courantes correspondent à l’ensemble des
dépenses encourues pendant l’année par votre ménage pour
l’alimentation, le logement (loyer ou hypothèque), l’entretien ménager,
l’habillement, le transport, les soins personnels, les loisirs, l’éducation,
et tout autre article de consommation.
42. Selon vous, quelle proportion du revenu disponible de votre ménage (ou encore,
quelle proportion du revenu après impôts) était consacrée aux dépenses courantes en
2008 (en pourcentage)?
Par exemple, si vous estimez le revenu disponible de votre ménage à
50 000 $ et les dépenses courantes à 25 000 $ par année, la proportion
consacrée aux dépenses courantes sera de 50 %, le revenu excédant sera
épargné ou utilisé pour rembourser la dette. Cette proportion peut être
supérieure à 100 % si le revenu disponible n’est pas suffisant pour couvrir
les dépenses courantes.
%
43. Selon vous, les dépenses courantes de votre ménage ont évolué de quelle manière
depuis votre établissement?
Augmenté (0) Diminué (l) Stables (2)
44. Et en terminant, parmi les catégories suivantes, laquelle reflète le mieux la somme
des dépenses courantes de votre ménage en 2008?
Moins de 15 000 $ (0)
Entre 15 000 et 24 999 $ (1)
Entre 25 000 et 49 999 $ (2)
Entre 50 000 et 74 999 $ (3)
75 000 $ et plus (4)
97
Ceci complète le questionnaire. Le temps que vous nous avez
accordé est très apprécié. Merci beaucoup et au revoir.
Annexe II
Procédures d’analyse statistique
99
Tableau 22
Statistiques descriptives de l’ANOVA
visant à évaluer la relation entre les dépenses
courantes en 2008 et le type de ménage Descriptives
cdv_2008 dépenses courantes en 2008
68 18860,29 11585,453 1404,943 16056,02 21664,57 7500 62500
13 27115,38 16196,905 4492,213 17327,69 36903,08 7500 62500
9 18333,33 12311,072 4103,691 8870,21 27796,46 7500 37500
149 34127,52 18705,863 1532,444 31099,22 37155,81 7500 87500
239 28807,53 17999,784 1164,309 26513,86 31101,20 7500 87500
0 monoactivité
1 pluriactivité récente
2 pluriactivité de transition
3 pluriactivité
professionnelle
Total
N Mean Std. Deviation Std. Error Lower Bound Upper Bound
95% Confidence Interval for
Mean
Minimum Maximum
Tableau 23
Test d’égalité des variances de l’ANOVA
visant à évaluer la relation entre les dépenses
courantes en 2008 et le type de ménage
Test of Homogeneity of Variances
cdv_2008 dépenses courantes en 2008
4,075 3 235 ,008
Levene Statistic df1 df2 Sig.
100
Tableau 24
Test de signification de l’ANOVA
visant à évaluer la relation entre les dépenses
courantes en 2008 et le type de ménage
ANOVA
cdv_2008 dépenses courantes en 2008
11970069545,1 3 3990023182 14,394 ,000
65140076898,4 235 277191816,6
77110146443,5 238
Between Groups
Within Groups
Total
Sum of Squares df Mean Square F Sig.
101
Tableau 25
Comparaisons multiples de l’ANOVA
visant à évaluer la relation entre les dépenses
courantes en 2008 et le type de ménage
Multiple Comparisons
Dependent Variable: cdv_2008 dépenses courantes en 2008
Tamhane
-8255,090 4706,787 ,471 -22579,48 6069,30
526,961 4337,527 1,000 -13642,20 14696,12
-15267,223* 2079,002 ,000 -20793,02 -9741,43
8255,090 4706,787 ,471 -6069,30 22579,48
8782,051 6084,428 ,660 -8994,00 26558,10
-7012,132 4746,405 ,650 -21382,71 7358,44
-526,961 4337,527 1,000 -14696,12 13642,20
-8782,051 6084,428 ,660 -26558,10 8994,00
-15794,183* 4380,487 ,027 -29973,14 -1615,22
15267,223* 2079,002 ,000 9741,43 20793,02
7012,132 4746,405 ,650 -7358,44 21382,71
15794,183* 4380,487 ,027 1615,22 29973,14
(J) type type de ménage
1 pluriactivité récente
2 pluriactivité de transition
3 pluriactivité
professionnelle
0 monoactivité
2 pluriactivité de transition
3 pluriactivité
professionnelle
0 monoactivité
1 pluriactivité récente
3 pluriactivité
professionnelle
0 monoactivité
1 pluriactivité récente
2 pluriactivité de transition
(I) type type de ménage
0 monoactivité
1 pluriactivité récente
2 pluriactivité de transition
3 pluriactivité
professionnelle
Mean
Difference (I-J) Std. Error Sig. Lower Bound Upper Bound
95% Confidence Interval
The mean difference is significant at the .05 level.*.
102
Tableau 26
Statistiques descriptives de la régression
visant à évaluer la relation entre les sources de revenus
et les dépenses courantes des ménages en 2008
Descriptive Statistics
28826,09 18004,493 230
19652,17 16597,558 230
30054,35 28630,920 230
3163,04 5720,047 230
cdv_2008 dépenses
courantes en 2008
retraits_2008 retraits en
2008
emploi_2008 rev.
d'emploi ext. en 2008
autres_2008 rev. d'autres
sources en 2008
Mean Std. Deviation N
Tableau 27
Test de signification de la régression
visant à évaluer la relation entre les sources de revenus
et les dépenses courantes des ménages en 2008
ANOVAb
30603405758,3 3 1,020E+010 52,842 ,000a
43629637719,9 226 193051494,3
74233043478,3 229
Regression
Residual
Total
Model
1
Sum of Squares df Mean Square F Sig.
Predictors: (Constant), autres_2008 rev. d'autres sources en 2008, emploi_2008 rev.
d'emploi ext. en 2008, retraits_2008 retraits en 2008
a.
Dependent Variable: cdv_2008 dépenses courantes en 2008b.
103
Tableau 28
Coefficient de corrélation multiple de la régression
visant à évaluer la relation entre les sources de revenus
et les dépenses courantes des ménages en 2008
Model Summary b
,642a ,412 ,404 13894,297
Model
1
R R Square
Adjusted R
Square
Std. Error of
the Estimate
Predictors: (Constant), autres_2008 rev. d'autres sources en
2008, emploi_2008 rev. d'emploi ext. en 2008, retraits_2008
retraits en 2008
a.
Dependent Variable: cdv_2008 dépenses courantes en 2008b.
104
Tableau 29
Coefficients standardisés et non standardisés de la régression
visant à évaluer la relation entre les sources de revenus
et les dépenses courantes des ménages en 2008
Coefficientsa
8392,277 2040,374 4,113 ,000
,396 ,057 ,365 6,912 ,000 ,931 1,074
,395 ,033 ,629 11,907 ,000 ,933 1,072
,241 ,162 ,077 1,487 ,138 ,981 1,020
(Constant)
retraits_2008 retraits en
2008
emploi_2008 rev.
d'emploi ext. en 2008
autres_2008 rev. d'autres
sources en 2008
Model
1
B Std. Error
Unstandardized
Coefficients
Beta
Standardized
Coefficients
t Sig. Tolerance VIF
Collinearity Statistics
Dependent Variable: cdv_2008 dépenses courantes en 2008a.
105
Tableau 30
Statistiques descriptives de l’ANOVA
visant à évaluer la relation entre les apports
monétaires en 2008 et le type de ménage Descriptives
apports_2008 apports monétaires en 2008
70 2571,43 6796,358 812,320 950,89 4191,96 0 37500
13 3653,85 10338,812 2867,470 -2593,84 9901,53 0 37500
9 2222,22 2635,231 878,410 196,60 4247,84 0 5000
146 9708,90 15956,596 1320,577 7098,84 12318,97 0 62500
238 6995,80 13662,523 885,610 5251,13 8740,47 0 62500
0 monoactivité
1 pluriactivité récente
2 pluriactivité de transition
3 pluriactivité
professionnelle
Total
N Mean Std. Deviation Std. Error Lower Bound Upper Bound
95% Confidence Interval for
Mean
Minimum Maximum
Tableau 31
Test d’égalité des variances de l’ANOVA
visant à évaluer la relation entre les apports
monétaires en 2008 et le type de ménage
Test of Homogeneity of Variances
apports_2008 apports monétaires en 2008
12,530 3 234 ,000
Levene Statistic df1 df2 Sig.
106
Tableau 32
Test de signification de l’ANOVA
visant à évaluer la relation entre les apports
monétaires en 2008 et le type de ménage
ANOVA
apports_2008 apports monétaires en 2008
2795226653,27 3 931742217,8 5,261 ,002
41444269145,1 234 177112261,3
44239495798,3 237
Between Groups
Within Groups
Total
Sum of Squares df Mean Square F Sig.
107
Tableau 33
Comparaisons multiples de l’ANOVA
visant à évaluer la relation entre les apports
monétaires en 2008 et le type de ménage
Multiple Comparisons
Dependent Variable: apports_2008 apports monétaires en 2008
Tamhane
-1082,418 2980,310 1,000 -10197,68 8032,85
349,206 1196,440 1,000 -3063,35 3761,76
-7137,476* 1550,416 ,000 -11255,17 -3019,79
1082,418 2980,310 1,000 -8032,85 10197,68
1431,624 2998,998 ,998 -7721,92 10585,17
-6055,058 3156,946 ,359 -15405,29 3295,18
-349,206 1196,440 1,000 -3761,76 3063,35
-1431,624 2998,998 ,998 -10585,17 7721,92
-7486,682* 1586,042 ,000 -11787,78 -3185,58
7137,476* 1550,416 ,000 3019,79 11255,17
6055,058 3156,946 ,359 -3295,18 15405,29
7486,682* 1586,042 ,000 3185,58 11787,78
(J) type type de ménage
1 pluriactivité récente
2 pluriactivité de transition
3 pluriactivité
professionnelle
0 monoactivité
2 pluriactivité de transition
3 pluriactivité
professionnelle
0 monoactivité
1 pluriactivité récente
3 pluriactivité
professionnelle
0 monoactivité
1 pluriactivité récente
2 pluriactivité de transition
(I) type type de ménage
0 monoactivité
1 pluriactivité récente
2 pluriactivité de transition
3 pluriactivité
professionnelle
Mean
Difference (I-J) Std. Error Sig. Lower Bound Upper Bound
95% Confidence Interval
The mean difference is significant at the .05 level.*.
108
Tableau 34
Statistiques descriptives de la régression
visant à évaluer la relation entre les sources de revenus
et les apports monétaires des ménages en 2008
Descriptive Statistics
7065,22 13825,017 230
19815,22 16513,644 230
29836,96 28739,922 230
2923,91 5167,466 230
apports_2008 apports
monétaires en 2008
retraits_2008 retraits en
2008
emploi_2008 rev.
d'emploi ext. en 2008
autres_2008 rev. d'autres
sources en 2008
Mean Std. Deviation N
Tableau 35
Test de signification de la régression
visant à évaluer la relation entre les sources de revenus
et les apports monétaires des ménages en 2008
ANOVAb
10170589144,9 3 3390196382 22,804 ,000a
33598432594,2 226 148665630,9
43769021739,1 229
Regression
Residual
Total
Model
1
Sum of Squares df Mean Square F Sig.
Predictors: (Constant), autres_2008 rev. d'autres sources en 2008, retraits_2008 retraits en
2008, emploi_2008 rev. d'emploi ext. en 2008
a.
Dependent Variable: apports_2008 apports monétaires en 2008b.
109
Tableau 36
Coefficient de corrélation multiple de la régression
visant à évaluer la relation entre les sources de revenus
et les apports monétaires des ménages en 2008
Model Summary
,482a ,232 ,222 12192,852
Model
1
R R Square
Adjusted R
Square
Std. Error of
the Estimate
Predictors: (Constant), autres_2008 rev. d'autres sources en
2008, retraits_2008 retraits en 2008, emploi_2008 rev.
d'emploi ext. en 2008
a.
110
Tableau 37
Coefficients standardisés et non standardisés de la régression
visant à évaluer la relation entre les sources de revenus
et les apports monétaires des ménages en 2008
Coefficientsa
4350,349 1791,879 2,428 ,016
-,159 ,050 -,189 -3,142 ,002 ,935 1,069
,193 ,029 ,401 6,640 ,000 ,931 1,074
,034 ,157 ,013 ,217 ,828 ,983 1,018
(Constant)
retraits_2008 retraits en
2008
emploi_2008 rev.
d'emploi ext. en 2008
autres_2008 rev. d'autres
sources en 2008
Model
1
B Std. Error
Unstandardized
Coefficients
Beta
Standardized
Coefficients
t Sig. Tolerance VIF
Collinearity Statistics
Dependent Variable: apports_2008 apports monétaires en 2008a.