I. Borziac, V. Chirica, M. Valeanu, Culture et sociétés pendant le paléolithique supérieur à...
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BIBLIOTHECA ARCHAEOLOGICA MOLDAVIAE · VI EDIDERUNT: VICTOR SPINEI et VIRGIL MIHAILESCU-BÎRLIBA
ILIE BORZIAC VASILE CHIRICA MĂDĂLIN-CORNEL VĂLEANU
CULTURE ET SOCIÉTÉS PENDANT LE PALÉOLITHIQUE SUPÉRIEUR À TRAVERS
L’ESPACE CARPATO - DNIESTRÉEN
BIBLIOTHECA ARCHAEOLOGICA MOLDAVIAE · VI EDIDERUNT: VICTOR SPINEI et VIRGIL MIHAILESCU-BÎRLIBA
OUVRAGE PUBLIÉ DANS LE CADRE DU PROJET
CNCSIS – 648 / 2006
ISBN (10): 973-716-495-4 ISBN (13): 978-973-716-495-7
ACADÉMIE ROUMAINE – FILIALE DE IAŞI INSTITUT D’ARCHÉOLOGIE – IAŞI
ILIE BORZIAC VASILE CHIRICA MĂDĂLIN-CORNEL VĂLEANU
CULTURE ET SOCIÉTÉS PENDANT LE PALÉOLITHIQUE SUPÉRIEUR À TRAVERS
L’ESPACE CARPATO - DNIESTRÉEN
IAŞI * 2006
Couverture: Diana CONDURACHE, Bogdan MINEA Traduction: Coralia COSTAŞ Mise en page: Cristian ICHIM
ISBN (10): 973-716-495-4 ISBN (13): 978-973-716-495-7
© INSTITUT D’ARCHÉOLOGIE – IAŞI
EDITURA PIM Soseaua Stefan cel Mare nr. 11 Iasi -700498 Tel. / fax: 0232-212740 e-mail:[email protected] www.pimcopy.ro
EDITURĂ ACREDITATĂ CNCSIS BUCUREŞTI 66/01.05.2006
SOMMAIRE
CHAPITRE 1. L’HISTORIQUE DES RECHERCHES ET CERTAINS ASPECTS HISTORIOGRAPHIQUES……………………….. ……………... …………71. 1. L’historique des recherches et aspects historiographiques concernant l’espace entre les Carpates et le Prout . ……………………… …………91. 2. L’historique des recherches et aspects historiographiques concernant l’espace entre le Prout et le Dniestr …………………… ………. …...……16 CHAPITRE 2. CHRONOSTRATIGRAPHIE, ENCADREMENT PALEOGEOGRAPHIQUE ET DATATION RADIOMETRIQUE DU PALEOLITHIQUE SUPERIEUR DE LA ZONE CARPATO-DNIESTREENNE ET DE L’EUROPE CENTRALE…………………… ……. ………...252. 1. La chronostratigraphie des dépôts quaternaires de l’espace carpato-dniestréen et ses corrélations avec les zones limitrophes ………………… ………...302. 1. 1. La partie supérieure du Pléniglaciaire inférieur Würm I et de transition à Würm II (environ 70.000-45.000 ans B.P.) ……………………... ………..302. 1. 2. La partie inférieure du Pléniglaciaire moyen (48.000-35.000 ans B.P.) ………...322. 1. 3. La partie supérieure du Pléniglaciaire moyen (34.000-26.000 ans B.P.) ………...352. 1. 4. La deuxième partie du Pléniglaciaire supérieur (20.000-14.000 ans B.P.) ………...372. 1. 5. L’étape tardiglaciaire (14.500-10.000 ans B.P.) ……………………. …………392. 2. Les schémas chronostratigraphiques de l’Europe Centrale et de l’Est pendant le Pléniglaciaire moyen et le Pléniglaciaire supérieur ……………. …………412. 3. Séquences chronostratigraphiques et séquences archéologiques ….. ………….502. 3. 1. Le Pré-Aurignacien …………………………………………...……….. ………..502. 3. 2. L’Aurignacien …………………………………………………………… ………..522. 3. 3. Le Gravettien …………………………………………………………… ………..762. 3. 3. 1. Le Gravettien ancien (et moyen) entre ± 30.500 ans B.P. et ± 20.000 ans B.P………………………………………………………………… …………762. 3. 3. 2. Le Gravettien tardif (l’Epigravettien) entre ± 20.000 ans B.P. et ± 10.000 ans B.P. (la culture Molodova-Cosăuţi-Cotu Miculinţi) …………... ……….143 CHAPITRE 3. CONSIDERATIONS GENERALES CONCERNANT LE SCHEMA CHRONOSTRATIGRAPHIQUE INTERREGIONAL ……………. ……….185
CHAPITRE 4. LE PHENOMENE DE LA TRANSITION DU MOUSTERIEN ET LA FORMATION DES CULTURES DU PALEOLITHIQUE SUPERIEUR.. ……….1894. 1. Le Pré-Aurignacien en Europe Centrale, y compris dans la zone carpato-dniestréenne …………………………………………………….. ……….1904. 2. Les processus d’acculturation pendant l’étape de transition du Moustérien au Paléolithique supérieur. La culture Brynzeni ……………….. ……….2134. 3. Stratégies d’adaptation au milieu environnant et à l’alimentation …… ………248 CHAPITRE 5. L’AURIGNACIEN MOYEN À FORMES BIFACES. LA CULTURE PROUT ……………………………………………………………… ………2535.1. Aspects généraux ………………………………………………………….. ………2535.2. La chronologie relative et la radiométrie de la culture Prout ………….. ………297 CHAPITRE 6. LE TECHNOCOMPLEXE GRAVETTIEN …………………… ………..3236. 1. Aspects généraux …………………………………………………………. ……….3236. 2. La caractéristique technico-typologique générale du Gravettien ancien local ……………………………………………………………………… ……….338 CHAPITRE 7. CONSIDERATIONS CONCENANT L’EVOLUTION DU PALEOLITHIQUE FINAL ET DU L’EPIPALEOLITHIQUE ENTRE LES CARPATES ET LE DNIESTR …………………………………………………. ……….3417. 1. La succession et les particularités de l’environnement du Tardiglaciaire de la zone des Carpates et du Dniestr ………………………. ………3437. 2. Les sites de la zone entre les Carpates et le Dniestr pendant la période Tardiglaciaire …………………………………………………………... ………3457. 3. Technique de débitage, particularités de la structure et de la typologie des industries du Paléolithique final entre les Carpates et le Dniestr ……………………………………………………………………………. ……….3497. 4. L’épisode swidérien dans l’Epipaléolithique de l’espace carpatique-dniestréen ………………………………………………………...……………… ………3557. 5. Discussions ……………………………….……………………………….. ……….356 CHAPITRE 8. L’ECOLOGIE ET LA SYNERGETIQUE DES COLLECTIVITES HUMAINES DE L’ESPACE CARPATIQUE-DNIESTREEN PENDANT LE PALEOLITHIQUE SUPERIEUR …………… ………3638. 1. L’écologie et la synergétique de l’homme de l’espace carpato-dniestréen pendant le Paléolithique supérieur ancien………………………. ………3658. 2. La cynérgétique et l’écologie des collectifs humains pendant l’étape finale du Paléolithique ………………………………………………………….. ……….376 CHAPITRE 9. SOCIÉTÉS, ART ET SPIRITUALITÉ ………………………... ………397 BIBLIOGRAPHIE ……………………………………………………………….. ………423
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CHAPITRE 1
L’HISTORIQUE DES RECHERCHES ET
CERTAINS ASPECTS HISTORIOGRAPHIQUES
Cet aspect de la problématique de l’étude de l’époque du Paléolithique supérieur
a été approché en plusieurs travaux consacrés à des synthèses thématiques. (Păunescu,
1970; Cârciumaru, 1980), à des études spéciales (Brudiu, 1974; Chirica, 1989; Tchernysh,
1959; Borziac, 1978; Kovalenko, 1995), à des répertoires archéologiques (Tchernysh, 1973;
Chetraru, 1973; Păunescu, 1998; 2002), mais aussi à des monographies. Dans ce volume,
nous approcherons l’historique des recherches et les aspects historiographiques de trois
manières: a) tenant compte des problèmes de l’encadrement culturel – chronologique; b) des
industries du Paléolithique supérieur; c) de la présentation des sites étudiés par des fouilles,
tout en suivant chaque fois les buts, déterminés par la structure et la nature de l’étude.
Compte tenu du fait que l’étude du Paléolithique supérieur et celle d’autres domains de
l’archéologie et de la préhistoire se sont déroulées dans deux espaces géographiques d’une
zone longuement séparée et sous l’influence de différentes écoles et tendances
scientifiques, nous présenterons séparément les processus afférent aux espaces compris
entre les Carpates et le Prout, et, respectivement, entre le Prout et le Dniestr, afin d’arriver à
des conclusions et appréciations concernant toute la zone géographique considérée.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
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Fig. 1. Carte des plus importantes sites situés entre les Carpates Orientaux et le Dniestre, recherchés par des fouilles (d’après Tchernysch, 1973; Chetraru, 1973; Brudiu, 1974; Borziac, 1994; Chirica, 1989; Păunescu, 1998, 1999). Zone A: Gisements du Préaurignacien de type Stânca I: Stânca I, II, III, IV, Şipot I-II, Stânca Darabani, Osâpca, Chişleanschi Yar; Zone B: Gisements pluristratifiés de Dniestr Moyen – Ataki I-IV, Oselivca I, II, IV, Voronoviţa, Molodova I, V, Cormani IV, Babin I, II etc.; Zone C: Gisements de Prut Moyen: Cotu Miculinţi, Crasnaleuca-Stanişte, Mitoc-La Pichet, Mitoc-Malu Galben, Mitoc-Valea Izvorului, Mitoc-Valea lui Stan, Manoleasa-Prut, Ripiceni-Izvor, Ciuntu,Trinca-Izvorul lui Luca; Gordineşti, Buzdugeni II, Brânzeni I, II, Corpaci, Corpaci-Mâs, Duruitoarea Veche, Cuconeştii Vechi IV, Costeşti I, etc.; Zone D: Gisements de Răut Moyen: Bobuleşti IV, Gura Camencii IV, Căpreşti I-III, Ciutuleşti I, etc.;
Zone E: Gisements de Climăuţi-Raşcov: Climăuţi I, II, Vadu-Raşcov IIII, Raşcov VII, VIII, Valea Adâncă, Sănătăuca, etc; Zone F: Gisements de Bicaz-Ceahlău: Bicaz-Ciungi, Bicaz-Chei,Bofu-Mic, Bofu Mare, Cetăţica I, II, Bistricioara-Lutărie, Ceahlău-Scaune, Poiana-Cireşului, etc.; Zone G: Gisements de la Vallée de la Bistriţa: Lespezi, Buda, etc. Zone H: Măluşteni – Ţepu: Măluşteni I-V, Puricani, Cavadineşti, Ţepu, etc.; Gisements izolés: 1-Culicivca-Cameneţ; 2-Lisicinichi; 3-Zamostie; 4-Otaci II, III; 5-Podgori I; 6- Cosăuţi I; 7-Ivaşcovo; 8-Sredinâi Gorb; 9-Anetovca I; 10-Anetovca II; 11-Leski; 12-Zelenây Hutor; 13-Bol'şaja Accarja; 14-Oxentie; 15-Scoc; 16-Recea; 17-Strachina-Dorohoi; 18-Lespezi; 19-Valea Ursului; 20-Giurgiu.
Chapitre 1. L’historique des recherches et certains aspects historiographiques
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1. 1. L’historique des recherches et aspects historiographiques concernant l’espace entre les Carpates et le Prout Les premières découvertes du Paléolithique supérieur ont été documentées par
les mentions de Gr. Stefanescu, à propos de certaines pièces en silex, dépistées en 1885
dans les dépôts d’argile de la rive droite du Prout, près du village Mitoc, département de
Botoşani.
Pour ce qui est de la période initiale de découvertes de terrain du Paléolithique
supérieur, il faut aussi mentionner les découvertes de Mitoc, effectuées par I. Simionescu
(1901-1903), de Stânca-Ripiceni, effectuées par P. Enculescu (1908) et Em. Protopopescu
Pake (1912). De la sorte, cette phase de début, antérieure à la Première Guerre Mondiale,
est marquée par des découvertes occasionnelles sans localisation précise, effectuées par
des géologues.
La deuxième période comprend l’intervalle temporaire de l’entre-deux-guerres,
lequel dans la zone qui s’étend entre les Carpates et le Dniestr a été marquée par l’activité
de trois spécialistes surtout préoccupés par la géologie et l’archéologie du Quaternaire tardif
– N. Moroşan, I. Botez et C. Ambrojevici. En 1919, N. Moroşan a découvert des silex et de la
faune pléistocène à Ripiceni, dans l’endroit où il a localisé le site “La Izvor”, ultérieurement
investigué par Al. Păunescu (Moroşan, 1938). En 1924, N. Moroşan a découvert le site de la
grotte Stânca-Ripiceni, dont il n’a étudié qu’une fissure latérale, remplie de sédiments et
restes d’habitats, la grotte étant pour la plupart déjà détruite. C’est dans cette séquence que
le chercheur identifie une “parfaite” stratigraphie à dépôts consécutifs des horizons d’habitat,
attribués à l’Aurignacien, au Solutréen et au Magdalénien (Moroşan, 1927). Par la suite,
cette “parfaite” stratigraphie a servi au chercheur P. Boriskovski de point de départ d’amples
reconstitutions stratigraphiques, mais aussi de sources d’erreurs de nos jours évidentes.
Ultérieurement, les recherches de Ripiceni et Stânca-Ripiceni ont été illustrées, à côté des
résultats obtenus par le même chercheur dans l’espace entre le Prout et le Dniestr, dans le
travail intitulé Le Pléistocène et le Paléolithique de la Roumanie de Nord-Est, publié en 1938.
N. Moroşan a aussi effectué d’autres recherches de surface, à droite du Prout, avec des
résultats relativement modestes, mentionnés dans le travail indiqué ci-dessus.
Les recherches de terrain dans l’espace entre les Carpates et le Prout ont été
reprises en 1955, lorsque, sous la coordination de C. S. Nicolăescu-Plopşor on a entrepris
d’amples recherches de terrain y compris des fouilles systématiques dans une série de
nouveaux sites du Bassin de la Rivière Bistrita – Ceahlău et Bicaz. Là-bas, à travers des
surfaces considérables, on a étudié les sites pluristratigraphiques Bistricioara-Lutărie (6
niveaux d’habitat); Ceahlău-Dârţu (4 niveaux); Bofu Mic (2); Podiş (5); Bofu Mare (1);
Cetăţica I (2); Cetăţica II (1); Curtea Bisericii Vechi (1); Lutărie (2); Cremeniş I (1); Cremeniş
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
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II (1); Schitişor (1); Secu (2); Grinţieş-Frasinu (4); Scaune (1); Bicaz-Chei (1). (Nicolăescu-
Plopsor, Păunescu, Moroşan, 1966, 5-116). En 1958, on a finalisé les recherches dans la
zone de Ceahlău, mais sous la coordination de C.S. Nicolăescu-Plopşor on a effectué des
recherches dans les gisements de Buda, département de Bacău (Nicolăescu-Plopsor,
Căpitanu, Buzdugan, Ursachi, 1961, 21-25; Căpitanu, Buzdugan, Ursachi, 1962, 141-144;
Căpitanu, 1967, 267-271). En 1962, on a découvert et étudié le site pluristratigraphique de
Lespezi, département de Bacău (Bitiri, Căpitanu, 1972, 39-68).
En 1956, on a réalisé les premières recherches systématiques de Mitoc, qui ont
déterminé la mise en évidence du gisement dans le cadre d’un site pluristratigraphique
éminent de la zone du Prout Moyen. Ces recherches ont ultérieurement été continuées en
trois endroits: Valea Izvorului, par M. Bitiri, Pârâu lui Istrati et Malu Galben, par V. Chirica,
mais celles-ci appartiennent à la deuxième période de recherches systématiques
mentionnée par nous. (Nicolăescu-Plopsor, Zaharia, 1959, 36). Les recherches de 1961 ont
continuées par les investigations pluriannuelles de Ripiceni-Izvor. Celles-ci étaient
conditionnées par la construction ultérieure de l’hydrocentrale sur le Prout, et ont mené à
une ample monographie signée par l’auteur des recherches, Al. Păunescu (1993). Les
premiers résultats, assez modestes (Păunescu, 1965, 5-31), étaient axés sur la visions du
Paléolithique de la Vallée du Prout, telle que élaborée par N. Moroşan (C. S. Nicolăescu-
Plopşor 1958, 383-391).
La première étape de recherches systématiques par des fouilles dans la zone
comprise entre les Carpates et le Prout a été finalisée en 1970, et comme points de repères
on peut citer la publication de la monographie d’Al. Păunescu, L’Evolution des outils et des
armes en pierre taillée découverts à travers le territoire de la Roumanie (Bucarest, 1970), et
aussi certains gisements plus importants (Păunescu, 1970, 539-541). Parmi les réalisations,
élaborations et successions de la première période de recherches systématiques nous allons
mentionner:
- l’élaboration de la première périodisation culturelle – chronologique du Paléolithique
supérieur de l’espace entre les Carpates et le Prout, constituée en trois étapes d’évolution du
Gravettien, tout en abandonnant les divisions culturelles – chronologiques antérieurement
mises en évidence, telles le Solutréen et le Kostenkien, considérées comme dépourvues
d’importance pour le territoire en question;
- on a mis en évidence l’Epipaléolithique (sans avoir élaboré un contenu bien déterminé de
la notion) et aussi on a identifié et étudié les premiers sites épipaléolithiques appartenant au
Swidérien – Ceahlău-Scaune et Cheile Bicazului;
- on a établi une chronostratigraphie des sites du Paléolithique, à partir surtout de la
stratigraphie de la grotte Stânca-Ripiceni, et l’emplacement des sites à niveaux d’habitat de
type ouvert, dans la zone de Ceahlău et du Bassin de Bistriţa (Lespezi);
Chapitre 1. L’historique des recherches et certains aspects historiographiques
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- on a effectué des recherches complexes par l’utilisation des méthodes interdisciplinaires
(la géologie du Quaternaire, la paléographie, la paléozoologie, la palynologie et la
paléobotanique);
- on a effectué des recherches à travers de grandes surfaces et on a fait des observations et
conclusions planigraphiques;
- on a constitué un collectif de recherches, qui ont suivi une certaine école de recherche, à
savoir l’école nationale roumaine, laquelle a connu d’éminents initiateurs N. Moroşan et C. S.
Nicolăescu-Plopşor.
Dans les travaux mentionnés signés par Al. Păunescu et M. Brudiu, on a compris,
en fait, toutes les données et l’explication et la réflexion conceptuelle d’étape ont acquis une
certaine image restée en usage jusqu’au début des années 1980.
La deuxième étape de recherches systématiques a commencé par l’étude
approfondie du Paléolithique de la zone du Prout Moyen en spécial des sites pluristratifiés
Ripiceni-Izvor, Mitoc-Malu Galben, Cotu-Miculinţi, Crasnaleuca-Stanişte, Mitoc-Valea
Izvorului, Mitoc-Valea lui Stan, Mitoc-Pârâu lui Istrate, etc. mais aussi par la continuation des
recherches interdisciplinaires dans les sites de la zone pré-montagnarde des Carpates.
Le gisement de Ripiceni-Izvor a été étudié pendant plus de campagnes annuelles
par Al. Păunescu, qui a identifié 6 niveaux moustériens à travers de grandes surfaces, 8
niveaux d’habitat attribués au Paléolithique supérieur et un niveau mésolithique. On a
déterminé aussi une stratigraphie complexe des sédiments, on a obtenu des données
exactes par la radiométrie, on a étudié la paléographie et la paléoécologie des gisements
paléolithiques, études, qui ont été finalisées par la monographie Ripiceni-Izvor. Paléolithique
et mésolithique (Bucureşti, 1993). Cette période, qui a duré plus de deux décennies, a aussi
compris d’autres recherches importantes dans la zone. La recherche du gisement de Mitoc-
Malu Galben a été réalisée par V. Chirica. En effet, dans cet important gisement du
Paléolithique européen, les recherches continuent encore, malgré certaines interruptions.
Dans les dépôts du Quaternaire de Malu Galben, on a dépisté 8 niveaux plus consistants
d’habitat, dont 4 attribués à l’Aurignacien et 4 au Gravettien. Plus tard, les résultats des
recherches ont mené à la soutenance de la thèse de doctorat par V. Chirica, publiée en
monographie de site, tout en cumulant les résultats obtenus jusque dans les années 1990.
Parallèlement, les résultats des recherches de Mitoc, sous différents aspects, ont été
annoncés, discutés et publiés en plus de 30 études et contributions scientifiques. Le long de
ces deux décennies on a approfondi les recherches des sites de la zone, alors que M. Bitiri a
étudié par des fouilles limitées le gisement de Mitoc-Valea Izvorului (Bitiri, 1973; Bitiri,
Cârciumaru, 1978; Bitiri, Cârciumaru, Vasilescu, 1979, Bitiri, 1987). Pourtant ni ses efforts ni
ceux des auteurs de recherches interdisciplinaires n’ont réussi à élucider la stratigraphie du
site, ou à proposer un seul encadrement culturel (Păunescu, 1999, 125-139). L’étude du
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
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gisement a été reprise par une équipe internationale coordonnée par V. Chirica et P.
Haesaerts, avec la collaboration d’Allain Tuffreau.
Dans les années 1970-1990, M. Brudiu, parallèlement à l’étude de certains sites
de la zone de sud de la Moldavie (Măluşteni, Ţepu, etc.), a aussi étudié les importants sites
pluristratifiés de Cotu-Miculinţi et Crasnaleuca-Stanişte (Păunescu, 1999). Bien que les
recherches aient eu un caractère limité et dépourvu d’éléments interdisciplinaires, elles ont
pourtant démontré pas seulement leur perspective scientifique, mais aussi le potentiel
énorme de l’archéologie du Paléolithique de la zone du Prut Moyen, potentiel unique en
Europe, et qui, tout comme celui de la vallée du Dniestr, reste encore à valoriser.
Parmi les particularités de cette période d’étude du Paléolithique supérieur, nous
remarquerons les plus importantes réalisations, élaborations et résultats:
- la géochronologie du Paléolithique supérieur de la zone pré-montagnarde a été
complétée de manière essentielle par la géochronologie des sites du Paléolithique sur les
terrasses du Prout, surtout des sites pluristratifiés Ripiceni-Izvor, Mitoc-Malu Galben et Cotu
Miculinţi.
- la chronologie relative des sites a été essentiellement complétée par plus de 300
données radiométriques dont la plupart obtenues grâce à l’activité du chercheur américain
Kh. Honea (Honea, 1984, 23-39; 1986, 1987, 16-24) dont les réalisations ont représenté les
débuts de l’acquisition systématique des données radiométriques pour ce territoire et en
même temps pour ce secteur de l’archéologie.
- la diversité des divisions chrono-culturelles du Paléolithique supérieur dans la zone entre
les Carpates et le Prout a été complétée par plusieures étapes de l’Aurignacien et du
Gravettien (Păunescu, 1993).
- on a déterminé comme étant les plus anciens les niveaux inférieurs de Mitoc-Valea
Izvorului, Cetăţica I, déterminés comme Aurignaciens anciens, les niveaux inférieurs de
l’Aurignacien de Mitoc-Malu Galben, Ripiceni-Izvor et on les a appréciés en tant que
complexes de transition du Moustérien au Paléolithique supérieur (Bitiri, Cârciumaru, 1978,
463-480; Păunescu, 1993; Chirica, 1988; 1989).
- les investigations effectuées sur les échantillons de pollen récoltés des plus importants
sites du Paléolithique de la Roumanie, par le paléobotaniste, paléogéographe et
archéologue M. Cârciumaru, ont permis d’élaborer le schéma de l’évolution du milieu
environnant pendant le Pléistocène supérieur, y compris pour le territoire compris entre les
Carpates Orientaux et le Prout. Ce schéma a représenté le début d’une corrélation du
Paléolithique supérieur local aux zones limitrophes.
- on a élargi les aires de recherches, surtout dans le sud de la Moldavie, par M. Brudiu et
dans les espaces situés entre les bassins des rivières Siret et Prout.
La troisième étape a commencé au début de la dernière décennie du XX-ème
siècle et est encore en cours de déroulement.
Chapitre 1. L’historique des recherches et certains aspects historiographiques
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Les recherches de terrain ont été approfondies à Mitoc-Malu Galben, gisement
utilisé en tant qu’étalon, à côté de ceux de Molodova V et Cosăuţi, pour l’élaboration d’un
nouveau schéma chrono-stratigraphique du Paléolithique de l’Europe Centrale et d’Est
(Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, Van der Plicht, 2003, 63-87). Mais les
plus importantes réalisations se situent dans le domaine de la coordination et de la
publication des données obtenues pendant les recherches antérieures. Al. Păunescu,
utilisant des critères plus anciens d’examen et d’encadrement du Paléolithique supérieur,
divisé en cinq étapes aurignaciennes et sept étapes gravettiennes, a déroulé un travail
immense, systématisant, en deux volumes, toutes les informations concernant le
Paléolithique supérieur compris entre les Carpates et le Prout, parallèlement à trois autres
volumes contenant des informations similaires, et concernant les régions de la Dobroudja, la
Plaine Roumaine et la Transylvanie (Păunescu, 1998-2000). I. Borziac, en collaboration avec
V. Chirica et N. Chetraru, ont publié de manière succincte mais intégrale les informations sur
les sites du Paléolithique supérieur ancien, entre le Dniestr et la Tissa (Iaşi, 1996), les
matériaux, informations et opinions qui n’ont pas été utilisé dans les travaux d’Al. Păunescu
mentionnés ci-dessus.
L’étape contemporaine de l’étude du Paléolithique supérieur, qui a démarré après
1990, se fait remarquer par les particularités suivantes:
- l’intensification des recherches interdisciplinaires dans les séquences stratigraphiques
des gisements pluristratigraphiques, effectuées par des équipes internationales en vue de
l’élaboration d’une conception de la chronostratigraphie du Paléolithiques supérieur dans la
zone située à l’Est des Carpates. - l’internationalisation des informations sur la Paléolithique supérieur de l’espace situé
entre les Carpates et le Prout par la participation des chercheurs aux différentes
manifestations scientifiques internationales (par exemple les colloques de l’Huitième
Commission de l’Union Internationale de Pré- et Protohistoire, UISPP, y compris ceux
organisés à Iasi), mais aussi par l’intensification de l’activité de publication dans les revues
de spécialité à l’étranger, dans l’Europe Occidentale, des travaux communs dans le cadre de
projets de recherche. - l’intensification du processus de datation radiométrique des niveaux d’habitat du
Paléolithique supérieur, indiquée par les plus de 100 nouvelles données (Păunescu, 1998,
2000, Honea, 1987, Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, Van der Plicht
2003).
- la corrélation plus complète des données chronostratigraphiques et radiométriques
obtenues pour le Paléolithique supérieur local avec celles concernant le Danube Moyen et le
Dniestr Moyen (Damboln, Haesaerts, Van der Plicht, 1996, 176-231, Haesarerts Borziac,
Chirica, Damblon, Koulakovska, Van der Plicht 2003).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
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Dans le contexte de ce travail, il est important de noter le processus de mise en
évidence, délimitation technico-typologique et temporelle, et en grande mesure, territoriale,
des principales unités taxonomiques du Paléolithique supérieur, de l’Aurignacien, du
Gravettien et des subdivisions de ceux-ci.
Dans don travail de 1938, N. Moroşan, par des analogies typologiques à
l’Aurignacien du territoire de la France, déclarait la présence de ce phénomène culturel dans
les niveaux inférieurs de Stânca-Ripiceni, dans d’autres endroits découverts par lui à travers
l’espace carpato-dniestréen (Mogoşanu, 1938). Mais à ce moment-là, respectivement la
base de faits matériaux était trop réduite pour pouvoir aussi argumenter l’encadrement
proposé.
Dans le travail collectif consacré au Paléolithique de la zone de Ceahlău, les
auteurs acceptent la présence de l’Aurignacien dans l’espace considéré, et à partir du niveau
initial d’emplacement des niveaux d’habitat paléolithique, ils définissent trois étapes
d’évolution de l’Aurignacien local, tout en leur attribuant un vecteur local d’évolution et des
particularités technico-typologiques, lesquelles étaient d’ailleurs bien évidemment,
approximatives (Nicolăescu-Plopsor, Păunescu, Moroşan, 1966, 5-116). Al. Păunescu, dans
son ample travail de 1970, à partir de certaines particularités archaïques des inventaires, des
positions des niveaux d’habitat dans les dépôts appartenant à l’interstade Würm I-II, a
attribué le niveau inférieur de Cetăţica I, le niveau inférieur de Mitoc-Valea Izvorului, les
niveaux Ia et Ib de Ripiceni-Izvor à l’Aurignacien I. (Păunescu, 1970). Le niveau II (selon son
travail de 1970, ou 2a et 2b selon celui de 1993) du gisement Ripiceni-Izvor et les niveaux
aurignaciens moyens de la zone Ceahlău ont été inclus dans l’Aurignacien II, et le troisième
niveau aurignacien de ce site et les niveaux de l’ ”Aurignacien supérieur prégravettien” de la
zone Ceahlău ont été encadrés dans l’Aurignacien III. Cet encadrement et cette taxonomie
du Paléolithique supérieur ancien de la zone comprise entre les Carpates et le Prout ont été
en grandes lignes ultérieurement acceptés par M. Brudiu qui dans son travail Le
Paléolithique supérieur et l’Epipaléolithique de Moldavie (1974) a apporté de nouvelles
données dans la systématisation du Paléolithique supérieur de la zone. A l’époque, Al.
Păunescu et M. Brudiu considéraient tous les deux que l’Aurignacien local a son origine
dans un Moustérien local nord-pontique à formes bifaces, parce que les formes bifaces sont
présentes pendant l’Aurignacien ancien (Brudiu, 1974, 41-42). Ils considéraient que
l’Aurignacien le long du Prout et celui de la zone Ceahlău ont constitué des phénomènes
séparés (la documentation était assurée par les matériaux lithiques locaux utilisés pour la
taille des outils), mais que le Paléolithique des terrasses de Bistriţa a eu une évolution
similaire au Paléolithique ancien de la zone du Prout (la présence des formes bifaces). On
considère aussi que le Gravettien local est apparu par une évolution graduelle de
l’Aurignacien, tout en apportant l’exemple du phénomène quasi-similaire de Moravie, et
citant les élaborations de B. Klima (Brudiu, 1974, 42). En même temps, l’Aurignacien de
Chapitre 1. L’historique des recherches et certains aspects historiographiques
15
l’espace carpato-proutéen est synchronique à celui de Ţara Oaşului (le Pays d’Oaş), mais on
les considérait comme ayant certains connexions, le dernier étant plus attaché à
l’Aurignacien du Bassin du Wag (Brudiu, 1974, 41).
Les chercheurs cités ont aussi essentiellement contribué à la fondation du
Gravettien en tant que “la deuxième grande culture du Paléolithique supérieur de l’Europe
Centrale et d’Est”, qui apparaît en Moldavie “en ordre stratigraphique, chronologique et
typologique, après l’Aurignacien” (Brudiu, 1974, 45). On affirme aussi que les formes bifaces
de l’Aurignacien local persistent encore en certains complexe gravettiens, bien qu’on
soutient l’idée de l’apparition du Gravettien dans la zone entre les Carpates et le Dniestr
Moyen (Brudiu, 1974, 45). L’apparition ou la mise en évidence des phases du Gravettien ont
constitué un processus similaire à celui de la mise en évidence et de l’enracinement des
opinions sur la taxonomie de l’Aurignacien. Les gisements du Gravettien étant beaucoup
plus nombreux et offrant un matériel beaucoup plus représentatif par rapport à ceux de
l’Aurignacien, on a eu l’occasion de mettre en évidence plusieurs phases évolutives,
lesquelles dans les derniers travaux d’Al. Păunescu, sont arrivées au nombre de 7, à savoir
7 étapes consécutives découlant l’une de l’autre (Păunescu, 1998; 1999). Cette division du
Paléolithique supérieur dans son ensemble a été acceptée et promue par M. Bitiri, qui a
étendu son utilisation pour le cas de Ţara Oaşului (Bitiri, 1972) et par V. Chirica (1989;
1999).
Ce n’est que pendant les dernières années que V Chirica s’est mis à observer
une culture distinctive dans le cadre du technocomplexe aurignacien (Chirica, 2000). Il faut
pour autant mentionner qu’aucune des phases de l’Aurignacien ou du Gravettien n’ait été
strictement définie chronologiquement, stratigraphiquement ou typologiquement, par la mise
en évidence des niveaux éponymes de sites réels. Ceci ne veut pas dire que les
élaborations des spécialistes cités ne sont pas correctes ou bien qu’elles sont inadéquates
aux matériaux visés. Nous considérons pourtant qu’il s’agit là d’une vision, d’une manière ou
d’un modèle de compréhension et interprétation des phénomènes culturels de la zone visée
pendant le Paléolithique supérieur. C’est de la même manière que nous apprécions le
schéma chronostratigraphique de corrélation du processus naturel du Pléistocène tardif avec
l’évolution des cultures paléolithiques de Roumanie, élaboré par M. Cârciumaru et auquel on
a rapporté les études du Paléolithique de la zone carpato-proutéenne (Cârciumaru, 1980).
Mais nous apprécions que leurs observations ne reflètent pas nécessairement la véridicité
des élaborations mais surtout leur aire d’utilisation et d’application pratique, vision exposée
par un archéologue et non par un paléogéographe ou un paléobotaniste. Le schéma en
question et son contenu de faits déterminatifs ont été élaborés à partir des recherches dans
les grottes et les cavernes et on y a corroboré les résultats obtenus des sections ouvertes
dans les terrasses, alors que le processus aurait été plus productif et le schéma plus efficace
si l’on avait procédé de la manière exactement opposée. Mais ce schéma, tout comme
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
16
d’autres élaborations de ce type, feront l’objet d’une section à part du présent travail,
consacrée à la chronostratigraphie du Paléolithique supérieur dans la zone comprise entre
les Carpates et le Dniestr.
1. 2. L’historique des recherches et aspects historiographiques concernant l’espace entre le Prout et le Dniestr Les premières découvertes du Paléolithique de la zone comprise entre le
Dniestr et le Prout ont été réalisées par les géologues et archéologues C. Ambrojevici, I.
Botez et N. Moroşan entre les années 1923 et 1938. Le long du Dniestr Moyen, dans les
années 1928 – 1929, I. Botez a découvert le site Molodova. Les premières données ont été
publiées par I. Botez, à côté des informations sur d’autres points et sites, en 1930.
Antérieurement, dans les années 1926-1927, C. Ambrojevici a découvert 3 sites
paléolithiques près du village Cormani (I-III) (selon A.Tchernysh, 1973) et en 1931, 1932 I.
Botez et N. Moroşan ont identifié à Molodova I plusieurs niveaux datés par des matériaux du
Paléolithique supérieur et du Moustérien; ce sont les mêmes chercheurs qui ont découvert le
site Cormani IV. Antérieurement, N. Moroşan a découvert quelques endroits à matériaux du
Paléolithique supérieur de la Vallée du Prout, près des villages Corpaci et Cuconeştii Vechi
et C. Ambrojevici a découvert quelques gisements dans leurs voisinages: Hotin, Oselivca,
Darabani, etc. Toutes ces découvertes ont eu comme résultat principal le contour de la zone
du Dniestr Moyen en tant que zone de grande importance archéologique. Tous les endroits
et les gisements identifiés ont été publiés dans une série d’articles et par la suite analysés et
encadrés chronologiquement et culturellement par N. Moroşan dans son travail de 1938.
Selon nous, C. Ambrojevici a déterminé la présence de l’Aurignacien à Chişla Nedijmova et
Cormani (Ambrojevici, 1926; 1928). N. Moroşan, à son tour, a accepté l’encadrement dans
l’Aurignacien des matériaux décrits par C. Ambrojevici mais aussi de ceux qu’il avait lui-
même découverts, à côté d’I. Botez, à Cormani IV (Botez, 1933; Moroşan, 1938), Molodova
I, Oselivca I, III, Atachi I, IV, Cormani IV, etc., dépistés par C. Ambrojevici, I. Botez et N.
Moroşan, tout comme par Babin I, Voronoviţa I, qui ont ultérieurement devenus fameux
grâce aux recherches effectuées par A. Tchernysh et I. Ivanova, étant utilisés comme points
de départs dans les recherches de plusieurs spécialistes. L’encadrement dans l’Aurignacien
de certains matériaux de la zone entre les Carpates et le Dniestr fait par C. Ambrojevici et N.
Moroşan (Cormani IV, niv. 7-6, possiblement aussi 5, Oselivca I, niv. III) est confirmé par nos
recherches. Des matériaux du Paléolithique supérieur dépistés et encadrés par N. Moroşan
dans le “Protosolutréen” et le «Solutréen» (à pointes bifaces ou foliacées) ont élargi le
diapason des encadrements post-aurignaciens de l’époque, bien que plus tard, le Solutréen
fût écarté de la taxonomie du Paléolithique supérieur local. Pourtant, il est important que les
Chapitre 1. L’historique des recherches et certains aspects historiographiques
17
chercheurs mentionnés ont eu l’intuition des formes bifaces en tant que types de “fossiles
directrices” pour la périodisation du Paléolithique supérieur.
Le long de cette période d’investigations, on a remarqué les faits suivants:
- on a découvert les premiers gisements et le long de cette étape on a découvert plus de
30 gisements et endroits à matériaux du Paléolithique supérieur, y compris les gisements,
ultérieurement devenus extrêmement importants: Molodova I, Cormani IV, Oselivca (Chisla
Nedjimova), Babin I et Voronoviţa I.
- le Dniestr Moyen a été, par ces recherches, mis en évidence comme territoire d’une large
perspective de recherches.
- on a mis en évidence les premiers départs taxonomiques du Paléolithique supérieur qui
ont été ordonnés chronologiquement et stratigraphiquement selon les concepts occidentaux,
mais tenant compte de la séquence stratigraphique, qui à l’époque semblait parfaite, de
Stânca-Ripiceni.
- dès le début, à cause du spectre large d’intérêt professionnels de N. Moroşan, les
recherches ont bénéficié d’un évident soutient interdisciplinaire, marqué par l’étude de la
géologie, de l’emplacement des niveaux d’habitat paléolithique, des restes paléozoologiques
et paléobotaniques, par les premiers essais d’appréciation paléoclimatique et
paléoécologique des conditions d’existence de l’homme préhistorique de la zone étudiée.
La deuxième étape de recherches commence en 1945, à partir des recherches
de N. Moroşan. Entre les années 1945-1954, le long du Dniestr Moyen, des recherches de
terrain ont été effectuées par S. N. Bibikov, P. I. Boriskovski, A. P. Tchernysh, M. Ia.
Rudinski, à partir des informations antérieures, et ayant aussi un caractère extensif. Grâce à
ces recherches de surface, on a découvert plus de 70 nouveaux endroits à matériaux du
Paléolithique supérieur. Les résultats de ces recherches ont acquis une ample illustration
dans les travaux d’auteur (Bibikov, 1949, Boriskovski, 1949, 1950, Rudinski, 1949) mais
aussi dans des travaux de synthèse (Boriskovski, 1950, 1951). En 1953, P. I. Boriskovski a
publié l’ample monographie Paleolit Ukrainy dans laquelle on a présenté tous les matériaux
connus de la zone comprise entre les Carpates et le Dniestr. Bien qu’il ait critiqué les
conceptions migrationnistes de G. Mortillet, dans son travail de synthèse, Boriskovski a
présenté une nouvelle périodisation du Paléolithique supérieur de la prairie du Dniestr. De la
sorte il a encadré tous les matériaux provenant des recherches de surface dans le schéma
stratigraphique “du migrationniste et du bourgeois”, N. Moroşan, étant défini pour le cas de
Stânca-Ripiceni, de l’année 1938. P. Boriskovskij a défini 7 étapes d’évolution du
Paléolithique supérieur du territoire de l’Ukraine, y compris de la zone du Dniestr Moyen
(1953, 395-415). Ce schéma représente en fait l’illustration est-européenne de la conception
des stades selon laquelle toute la population de l’Europe périglaciaire a connu les mêmes
étapes strictement consécutives d’évolution, réfléchies dans la typologie des outils, dans les
types d’habitat, etc., conditionnées par l’évolution commune, par stades, de la société
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
18
humaine. Dans ce schéma, on a incorporé des matériaux de la zone, tels qu’ils étaient
connus jusque dans les années 1950-1951.
Ultérieurement, les recherches dans la zone du Dniestr ont été continuées par A.
P. Tchernysh qui a établi la présence des niveaux d’habitat dans plusieurs gisements,
antérieurement découverts (Babin I, Voronoviţa I., Oselivca, Cormani IV, Molodova) mais on
a découvert l’important gisement pluristratifié de Molodova V. A la suite des recherches qui
ont duré plus de 10 années, A. Tchernysh a systématisé les matériaux antérieurs et
nouveaux, tout en créant un nouveau schéma taxonomique et évolutif du Paléolithique
supérieur au long du Bassin du Dniestr (Tchernysh, 1959), lequel a été de nouveau
argumenté seulement plus de dix années plus tard (Tchernysh, 1973). Les deux grands
spécialistes P. I. Boriskovski et A. P. Tchernysh ont déterminé 6 étapes d’évolution du
Paléolithique supérieur, qui ont acquis des dénominations locales, selon certains niveaux,
éponymes d’habitat, à contenu, continuité et éléments spécifiques. Pourtant, cette fois-ci, le
support stratigraphique et chronologique pour l’édification du cadre chronologique-culturel a
été représenté par l’étude des dépôts du Pléistocène tardif de la zone du Dniestr Moyen des
sites pluristratifiés de Molodova I, V, Oselivca, Atachi, etc., effectuée par l’illustre géologue
du Quaternaire tardif, I. Ivanova. Dans ce schéma (Tchernysh, 1975; 1977; 1982; 1987) des
analogies déduites des différents niveaux d’habitat et situations paléogéographiques
acquiesçaient la priorité et servaient d’amples et parfois bizarres argumentations pour
soutenir la construction de cette périodisation, qui a eu pourtant un rôle positif aussi dans
l’organisation du matériel.
Le schéma de P. Boriskovski a été le sujet de critiques acutes et d’une révision
quant à sa conception, initialement par l’un des fondateurs de l’archéologie préhistorique
moderne de l’Est de l’Europe – A. N. Rogatchev, suivi par beaucoup d’autres chercheurs, qui
voyaient régulièrement dans les constructions chrono-culturelles l’essence de la théorie des
stades, sans tenir compte des éléments de systématisation, généralisation et sélection des
particularités spécifiques aux divers sites.
Un autre schéma d’évolution du Paléolithique supérieur de l’Est de l’Europe
pendant la période respective a été proposé par A. N. Rogatchev (1957), qui, à partir de la
généralisation des matériaux du Paléolithique supérieur de la zone Kostenki-Borschevo, a
lancé une hypothèse fondamentalement documentée selon laquelle la Plaine Européenne, y
compris le Bassin du Don, a été habitée pendant différentes étapes d’évolution du
Paléolithique supérieur par des collectivités humaines qui maîtrisaient divers niveaux
d’évolution des outils, des typologies des inventaires, les uns plus évolués les autres plus
anciens, mais aussi en divers degrés d’évolution de la spiritualité. Selon cette conception,
pendant le Paléolithique supérieur, les communautés humaines ont évolué dans le cadre des
certaines cultures archéologiques distinctes à caractéristiques territorielles, typologiques et
technologiques et leur âge ne peut être déterminé seulement à partir le degré d’évolution de
Chapitre 1. L’historique des recherches et certains aspects historiographiques
19
l’inventaire archéologique, mais tenant aussi compte des positions des niveaux géologiques
de sédiments (bases stratigraphiques). C’est aussi dans la détermination du spécifique
culturel que la diversité des composants d’un site à l’autre a un rôle important, parce que se
constituants en traits culturels propres à une culture ils peuvent être comparés à d’autres
composants (Rogatchev, 1957). Pour une longue période, la culture archéologique est
devenue une notion théorique et pratique, par l’intermède de laquelle on délimitait les
phénomènes chrono-culturels du Paléolithique supérieur et même moyen. Les longues
discussions concernant l’essence, le contenu et les modalités de mise en évidence et
argumentation d’une culture (civilisation) archéologique n’ont pas eu une solution univoque,
ni pour ce qui est de l’époque paléolithique ni pour d’autres périodes de l’archéologie (Martin,
1971; Renfrew, 1972, 41-47; Clarke, 1968; Gardin, 1967; Mason, Botcharev, 1978, 36-43;
Zahariuc, 1978, 23-30, etc). G. Grigor’ev (1970) a défini la culture comme “notion principale
de la méthode typologique, qui est déterminée par une corrélation rigide des types” et
comme combinaison de la théorie évolutive par stades et de la théorie “culturelle”, pour le
Paléolithique supérieur, émise par A. Rogatchev. Il a aussi proposé une explication de la
notion de “voie d’évolution” laquelle en fait a été acceptée et est utilisée même de nos jours
par certains chercheurs. Pour l’explication du “phénomène culturel molodovien”, G. Grigor’ev
(1976, 39) a divisé “la culture molodovienne du Paléolithique supérieur” considérée
jusqu’alors comme unitaire en quatre étapes d’évolution (1970, 39). Ceci a changé seuls les
accents sur certains types d’outils du Paléolithique supérieur dniestréen, connu jusqu’à
l’étape respective, sans “détériorer” la construction taxonomique d’A. Tchernysh, qui même
dans les travaux ultérieurs, concernant le Mésolithique (1975) ou les sites pluristratifiés de
Cormani IV (1977), Molodova I (1982), Molodova V (1987), a soutenu fidèlement la
périodisation établie dès les années 1957-59.
La troisième étape. Dans les années 1952-53, lorsque toute une série de
nouveaux gisements paléolithiques a été découverte par V. Marchevici qui, dans la Vallée du
Răut et de ses affluents a déterminé une nouvelle zone de présence des sites paléolithiques
(Chetraru, 1962), dont Bobuleşti VI, Ciutuleşti I, Gura Camencii IV, étudiés ultérieurement
par des fouilles par N. A. Chetraru (1970 et 1974 - Borziac, Chetraru, 1995).
N. Chetraru les a encadrés du point de vue chrono-culturel. Ainsi, dans le
répertoire des sites paléolithiques et mésolithiques de l’espace compris entre le Prout et le
Dniestr (1973) et dans certains travaux antérieurs (1969, 1970), N. Chetraru mentionnait que
les matériaux du niveau inférieur de la grotte Brynzeni I (découverte en 1960 et étudiée par
lui en 1960, 1963-1965, 1968 et par I. Borziac et S. Kovalenco en 1987) (Chetraru, 1973;
Chirica, Borziac, Chetraru, 1996), à côté des matériaux du site Bobuleşti VI, sont les plus
anciens du Paléolithique supérieur de la zone et peuvent être considérés les équivalents du
Szélétien de l’Europe Centrale. Les matériaux du Paléolithique supérieur étaient divisés en
deux groupes chronologiques:
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
20
Dans le premier groupe on incluait les collections lithiques de Ciutuleşti I, Gura
Camencii I et IV, Varvareuca VII et Raşcov VII qui, à leur tour, étaient divisées par lui en
deux variantes – du type Gura-Camencii I et IV, avec des éléments aurignaciens et Ciutuleşti
I (avec industrie lamellaire). C’est dans cette situation qu’on utilisait diverses particularités de
base: tout d’abord, les particularités typologiques, deuxièmement les particularités
technologiques ce qui n’élucidait pas la taxonomie chronologique-culturelle des sites
(Chetraru, 1969, 1970, 1973, 1974).
La deuxième division chronologique incluait, dans l’opinion de ce chercheur, les
sites du Paléolithique supérieur final – Duruitoarea Veche, niv. II (découvert par lui et étudié
dans les campagnes de 1958, 1959, 1960, 1965, 1973) (Chetraru, Borziac, 2005), Costeşti I
(découvert en 1958 et encadré en 1959, 1960 et 1973) (Grigor’eva, Chetraru, 1983, 65-88;
Borziac, 1994, 19-40), Otaci I, Iorjniţa, Recea, lesquelles, en base d’une tradition bien
enracinée étaient raccordés aux niveaux 3-4 du site Molodova V (Chetraru, 1974, 18).
Avec la publication des répertoires archéologiques des chercheurs A.Tchernysh
et N. Chetraru (1973), on finalise la troisième étape de recherches du Paléolithique supérieur
de la zone. Ses principales particularités ont été les suivantes:
- la recherche par des fouilles systématiques des sites plus importants, y compris des
gisements pluristratifiés;
- la constitution des collectifs de chercheurs pour le Paléolithique de la zone du Dniestr;
- la constitution des premiers schémas chronostratigraphiques et culturels du Paléolithique
supérieur, la découverte des premières grottes et cavernes à niveaux d’habitat
paléolithiques, y compris du Paléolithique supérieur;
- la découverte et la recherche des sites dans la nouvelle zone à sites nombreux de la
Vallée du Raut;
- la conclusion des premiers répertoires des sites paléolithiques de l’espace carpato-
dniestréen.
A partir des années 1970-73 commence une nouvelle étape de recherche,
conditionnée par le démarrage des travaux de sauvegarde des sites archéologiques des
zones d’inondation et l’extension des bassins des stations hydroélectriques le long du Prout
(Costeşti – Stânca) et du Dniestr (Novodnestrovsc).
C’est pendant les années 1973-1976 que du côté gauche du Prout Moyen on a
étudié par des fouilles systématiques les sites suivants du Paléolithique supérieur: Costeşti I
(1973 par N. Chetraru, G. Grigor’eva, I. Borziac), Corpaci (par N. Chetraru, G. Grigor’eva, I.
Borziac), Corpaci-Mâs (1975-1976, par N. Chetraru, I. Borziac), Brânzeni II (1974 par G.
Grigor’eva), Cuconeştii Vechi IV (1974 par I. Borziac), Gordinesti I (1974-1976 par I.
Borziac), Ciuntu (1974 par I. Borziac), Corpaci ( par N. Moroşan) (Boriscovskij, 1974). Le
long du Dniestr on a étudié les sites Molodova I, Molodova V, Cormani IV, Oselivca I, III,
Atachi I, IV, VI, etc. Ils ont été investigués par des collectifs de chercheurs coordonnés par A.
Chapitre 1. L’historique des recherches et certains aspects historiographiques
21
Tchernysh et I. Ivanova, les recherches ayant pour résultats la publication de trois
monographies collectives à plus de 50 études. Pendant cette période, le long du Dniestr, sur
le territoire de la République de la Moldavie, on a étudié les sites Rascov VII et VIII (par N.
Chetraru, G. Grigor’eva, I. Borziac, 1971-1972), Climăuţi I, Vadul-Raşcov I (par I. Borziac
1971-1975), Iorjniţa (par G. Grigor’eva, 1970). Certaines recherches ont été aussi effectuées
dans la prairie de la rivière Raut – Ciutuleşti I (par N. Chetraru, 1960-1962), (par N. Chetraru,
I. Borziac, 1968), Bobuleşti IV, Gura-Camencii IV (par N. Chetraru, 1968). A partir de l’année
1981, on a commencé les recherches complexes dans le site de Cosăuţi, sous la
coordination d’I. Borziac, lesquelles sont encore en cours de déroulement (Borziac, 1994,
Damblon et al. 1998, Haesaerts et al 2003, Borziac, Haesaerts, Chirica, 2006, etc). En 1989,
on a réalisé des fouilles de sauvegarde dans le site de Climăuţi II (Borziac, Obadă, 1990,
2004, etc), et pendant la période en 1987 – 1993 on a déroulé certaines recherches
interdisciplinaires dans les grottes du nord-ouest du territoire de la République de la
Moldavie (Borziac, Allsworth-Jones, Chetraru, 1993).
Pendant toutes ces années on a accumulé un volume énorme d’informations,
concernant le matériel archéologique du Paléolithique supérieur, la stratigraphie des sites, la
forme des mammifères, la paléoécologie, la spiritualité et la chronologie absolue. Nouvelles
appréciations ont fait par conséquent leur apparition, à l’égard des industries et sites, des
encadrements et modelages de l’évolution du Paléolithique supérieur local ou à travers des
espaces zonaux et régionaux.
En 1978, nous avons proposé et argumenté certaines particularités de transition
du Moustérien au Paléolithique supérieur, et nous avons divisé les sites en quatre groupes
chronologiques, dans lesquels nous avons mis en évidence des cultures ou variantes de
cultures locales ou à éparpillement plus large (Borziac, 1978). A ce moment-là, cette
tentative de périodisation a combiné les particularités positives de la conception des stades
de l’évolution du Paléolithique supérieur, dont P. I. Boriscovski reste l’exposant fidèle, tout en
l’étant aussi par rapport à l’idée d’A. Rogacev sur cette conception, les deux
paléogéologiques de l’espace compris entre les Carpates et le Dniestr, comme zone de
contact entre les Balkans, les Carpates et la Plaine de l’Europe de l’Est (Borziac, 1983, 33-
65). Une tentative de périodisation du Paléolithique supérieur local a été aussi réalisée par
G. Grigor’eva (1980, 71-82). Tout comme N. Chetraru, elle a divisé le Paléolithique supérieur
de l’espace carpato-dniestréen en deux étapes chronologiques: ancienne (Climăuţi I,
Bobuleşti I niveau inférieur) et tardive (Raşcov VII-VIII, Brânzeni II. Iorjniţa, Curesniţa,
Costeşti I, Otaci I).
A l’intérieur de la première étape on distinguait deux grands groups de sites:
1) sites à inventaire aurignacien (surtout des grattoirs);
2) sites dans lesquels, parallèlement aux grattoirs, on identifiait aussi des lames à bord.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
22
Tous les deux types de sites sont caractérisés par la présence des formes bifaces
et des outils denticulés et à creux retouchés. Ils auraient tous évolué des sites moustériens
de type Stânca-Duruitoarea (Grigor’eva, 1980). Nous avons montré les points vulnérables de
cette périodisation qui, au fond, était une expression de la théorie de l’évolution par stades
en termes chrono-descriptifs (Borziac, 1983, 37-38). Une position similaire dans la
périodisation et détermination de l’origine du Paléolithique supérieur sur le Dniestr Moyen et
Inférieur a été exprimée par V. N. Stanko (1980, 5-21).
En 1981, M. Otte a publié le travail Le Gravettien en Europe Centrale (Bruges,
1989, vol 1-2, 505 p., 25 illustrations), dans lequel, tout en approchant la situation des
matériaux du Danube Moyen et du Dniestr Moyen, il a étendu et argumenté l’existence du
Gravettien en tant que faciès à extension européenne, couvrant de la sorte aussi l’espace
carpato-dniestréen, vus seulement les matériaux des sites pluristratifiés étudiés par A.
Tchernysh. Certes, dans le livre mentionné, on a utilisé la périodisation d’A. Tchernysh, mais
on lui a appliqué une appréciation méthodologique et terminologique occidentale (Otte, 1981,
203-280). L’extension du Gravettien vers l’Est avait été annoncée par D. Garrod (Garrod,
1937), qui, afin de différencier le Gravettien français (qui était une subdivision chronologique
du Périgordien local), a désigné les industries de l’Europe Centrale qui possédaient des
nombreuses lames et pointes à bord abattu par le terme de Gravettien oriental. Celui-ci a
graduellement remplacé des termes tels l’Aggsbahien (J. Bauer), le Pavlovien (B. Klima),
utilisés à présent pour désigner des faciès locaux à l’intérieur du technocomplexe gravettien
(Otte, Noiret, 2003; Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, Van der Plicht,
2003; Borziac, Haesaerts, Chirica, 2006).
A présent, le Gravettien oriental est conscientisé par la majorité des chercheurs
comme un technocomplexe du Paléolithique supérieur européen.
La troisième étape des recherches du Paléolithique supérieur prend fin par la
publication en 1987 des matériaux provenant du gisement Molodova I, tout en faisant de
nombreuses analogies avec les matériaux connus à l’époque, et critiquant la théorie des
stades comme théorie d’évolution de l’époque de la pierre et de l’homme préhistorique; on y
acceptait aussi l’existence de certains stades consécutifs dans l’évolution des industries
lithiques, conditionnées pas seulement par le déterminisme historique, antérieurement
soutenu, mais aussi par les possibilités technologiques de la pierre en tant que matériel
primordial pour la réalisation des outils pendant l’époque de la pierre et les connaissances
acquises par la pratique de l’utilisation de ce type d’outils.
Le long de cette étape on peut marquer les particularités d’étude suivantes:
- l’internationalisation du processus de recherche par l’activité des équipes mixtes de
chercheurs et la finalisation de certaines élaborations régionales importantes:
Chapitre 1. L’historique des recherches et certains aspects historiographiques
23
a) l’élaboration du modèle roumain d’évolution du milieu géographique pendant le
Pléistocène tardif et dépendant de celui-ci, des cultures paléolithiques de Roumanie, à
corrélation vers l’Est et vers l’Ouest (Cârciumaru, 1980).
b) L’élaboration du modèle de corrélations entre le processus naturel, le milieu
“paléoécologique et les phases d’évolution” de l’homme du Paléolithique de la Vallée
du Dniestr et des régions limitrophes finalisée en trois monographies collectives
contenant les matériaux de Moldova I (1981), Cormani IV (1977) et Molodova V (1987).
- l’encadrement plus efficient de ces modèles dans les schémas d’évolution du milieu et
des communautés humaines du Paléolithique supérieur de l’Europe Occidentale et l’Europe
de l’Est, le raccordement des sites du Paléolithique supérieur, antérieurement découverts.
A partir de 1990, une nouvelle étape, contemporaine, commence dans l’étude
du Paléolithique. Celle-ci n’est pas marquée seulement par le début d’une nouvelle ère
informationnelle, résultat de la métamorphose politique et des possibilités et des
particularités de recherche, mais aussi de certaines mutations dans l’appréciation des
valeurs intellectuelles, patrimoniales et du contenu conceptuel, véritablement cognitif, des
périodes précédentes. Pendant la période moderne, parallèlement à la complétion,
diversification et appréciation courante et stratégique nationale, des réalisations dans le
domaine de la préhistoire et surtout pour ce qui est du Paléolithique supérieur, on constate
l’apparition et le développement de nouvelles idées, de nouveaux modelages,
encadrements, et naturellement de nouveaux chercheurs y compris originaires d’autres
zones de l’Europe.
25
CHAPITRE 2
CHRONOSTRATIGRAPHIE, ENCADREMENT
PALEOGEOGRAPHIQUE ET DATATION RADIOMETRIQUE DU
PALEOLITHIQUE SUPERIEUR DE LA ZONE CARPATO-
DNIESTREENNE ET DE L’EUROPE CENTRALE
La détermination des conditions climatiques, de la paléogéographie, de la
paléoécologie, de l’évolution des communautés humaines pendant la Préhistoire est une
condition sine qua non des études consacrées à ce domaine de la connaissance. Ceci inclut
aussi les travaux traitant le Paléolithique supérieur de l’espace entre les Carpates et le
Dniestr. Simultanément à la découverte de l’espace entre les Carpates et le Dniestr des
premiers témoignages concernant la présence des habitats paléolithiques supérieurs, on a
signalé la nécessité d’effectuer les premiers essais d’encadrement de ces habitats dans le
Paléolithique supérieur des zones limitrophes et ultérieurement européennes. Pour la
première fois, cette opération a été effectuée par le géologue et le paléontologue N. Moroşan
qui, dès le début, a rendu au processus de recherche un caractère complexe,
interdisciplinaire (N. Moroşan, 1938). Dans son travail Le Pléistocène et le Paléolithique de
la Roumanie de nord-est, il a proposé le premier encadrement culturel-chronologique du
Paléolithique supérieur de l’espace carpato-dniestréen, tout en utilisant les premières
considérations d’ordre paléogéographiques et paléoécologiques. Dans sa qualité d’adepte et
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
26
représentant de l’école française de recherches dans le domaine, N. Moroşan a encadré le
Paléolithique supérieur connu jusque dans les années 1935-1937 dans la chronologie et les
événements paléoclimatique de la période glaciaire Würm III, dont il a identifié les attributs
culturels dans les divisions en stades du Paléolithique supérieur français: Aurignacien,
Solutréen et Magdalénien, division considérées comme des entités dans une évolution
continuelle, par stades, commune à toute l’Europe. Cette conception était aussi celle des
autres chercheurs de l’Est de l’Europe: P. P. Efimenko (Efimenko, 1953), P.I. Boriskosvkij
(Boriskosvkij, 1932; 1940; 1953), etc. On délimitait alors, d’une manière assez
conventionnelle du point de vue territorial et temporel, 2-3 stades d’évolution de
l’Aurignacien, du Solutréen et du Magdalénien, respectivement. Dans la stratigraphie des
dépôts on identifiait des argiles, sables et sols fossiles, mais on ne leur attribuait pas de rôle
d’indicateurs et de repères paléoécologiques et paléoclimatiques.
Après 1946, le Paléolithique de l’espace compris entre les Carpates et le Prout a
fait l’objet des études de C.S. Nicolăescu-Plopsor, Al. Păunescu, M. Brudiu, M. Bitiri
(Ciortescu), V. Chirica, M. Cârciumaru, dont le dernier, dans sa qualité de paléobotaniste et
paléogéographe, a élaboré aussi le plus argumenté schéma chronostratigraphique pour
l’évolution du Paléolithique de la Roumanie (1980). Ces spécialistes ont encadré le
Paléolithique supérieur de l’espace compris entre les Carpates et le Dniestr dans le stade
Würm III, mettant en évidence 5 étapes d’évolution de l’Aurignacien et 7 étapes d’évolution
du Gravettien, mais tout en omettant les stades du Solutréen et du Magdalénien considérés
comme non caractéristiques pour la zone de la Roumanie (Cârciumaru, 1980; Păunescu,
1970; 1998; 1999; Brudiu, 1974; Chirica 1989). En même temps, après la publication du
schéma chronostratigraphique, élaboré par M. Cârciumaru, il est devenu possible de dresser
un encadrement plus véridique des niveaux de culture du Paléolithique carpato-proutéen du
Pléistocène tardif. Pourtant, le schéma de Cârciumaru, bien que raccordé aux schémas
chronostratigraphiques de l’espace européen, a été constitué en base de la sédimentologie
des grottes des Carpates de sud, tout en raccordant les niveaux lithologiques et d’habitat
paléolithique des habitats de type ouvert, qui sont plus nombreux et plus représentatifs de
tous les points de vue. Il fallait toujours faire appel dans le processus d’encadrement
géostratigraphique aux divisions des schémas de l’Europe Centrale et d’Est, ce qui rendait
encore plus difficile les raccordements à la géochronologie alpine. Ce schéma a un rôle
important dans la systématisation géochronologique régionale des principaux événements
du Quaternaire tardif.
Selon le même repère temporel, l’étude du Paléolithique de l’espace compris
entre les Carpates et le Dniestr a fait l’objet des préoccupations d’A. P. Tchernysh, P. I.
Boriskovskij, N. Chetraru, I. Borziac, G. Grigor’eva, N. K. Anisiutkine, S. Kovalenko, qui ont
effectué des déterminations et encadrements chronostratigraphiques.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
27
En 1953, dans le travail fondamental Paleolit Ukrainy, P. I. Boriskovskij a émis un
schéma conceptuel évolutif par stades du Paléolithique supérieur, consistant en 7 étapes
dans lesquelles on préconisait l’existence de l’Aurignacien, du Magdalénien, mais à
dénominations locales: Voronoviţa, Babin, etc. Chaque étape suivait la précédente,
consécutivement, et la genèse du Paléolithique supérieur n’était considérée que locale
(Boriskovskij, 1953, 395-416). Puisqu’à l’intérieur des conceptions sur l’évolution de
l’environnement et des processus climatiques du Pléistocène le monoglacialisme était
dominant, lequel soutenait qu’il a eu une seule période glaciale, pendant laquelle l’époque
glaciale s’est déroulée, les raccords des niveaux d’habitat à certains dépôts du Quaternaire,
les modelages paléogéographiques et paléoécologiques n’ont plus correspondu aux
résultats des nouvelles investigations. A. P. Tchernysh a créé un schéma évolutif du
Paléolithique supérieur en 7 étapes mais il les a raccordées au schéma d’évolution du
Quaternaire à l’intérieur du stadial Würm (Tchernysh, 1959, 1973, 1987). D’autres
chercheurs déjà mentionnés ci-dessus ont dressé des tentatives, parfois assez réalisées, de
mettre en évidence des variantes de cultures et même des cultures distinctes du
Paléolithique tardif de l’espace carpato-dniestréen (Anisiutkine, 1969; Chetraru (Ketraru),
1974; Borziac 1983; 1994, 19-40; 1997, 5-11; 2004, 46-50; Chirica, Borziac, Chetraru, 1996),
tout en encadrant du point de vue chrono-stratigraphique les niveaux d’habitat des différents
sites dans le schéma de l’évolution du Quaternaire tardif, élaboré par I. K. Ivanova et son
équipe. Corrélé aux exemplaires similaires de l’ouest et de l’est de l’Europe, ce nouveau
schéma a servi pour plus de 30 ans d’élément méthodologique et instrument pratique
extrêmement utile pour l’encadrement géostratigraphique et culturel-chronologique des sites
du Paléolithique de l’est de l’Europe (Rogatchev, Anikovitch, 1984, 162-270). En sa qualité
de repère général géostratigraphique, ce schéma a utilisé les sols fossiles nominalisés
Amersfoort, Brörup, Briansk-Dofinovka et deux horizons à traces de brûlures (des incendies
étendues du Quaternaire tardif), dépistés dans des séquences stratigraphiques de Molodova
I, V, Cormani IV (Ivanova, 1987, 106). La division taxonomique – culturelle était effectuée
selon les conceptions paléo-ethnoculturelle d’A.N. Rogthacev (1957), acceptées par la
plupart des spécialistes de l’Europe de l’Est.
Nous avons essayé de corréler les schémas élaborés par I. K. Ivanova et M.
Cârciumaru, tout en encadrant là-dedans les principaux sites paléolithiques de l’espace
pruto-dniestréen (Borziac, 1994, 37). Pourtant, la multitude des nouvelles données
accumulées, y compris dans l’espace situé à l’est des Carpates, l’étude comple
multidisciplinaire des sites Willendorf, Grubgraben, Dolny Vestoniče, Pavlov, etc de l’Europe
Centrale, des sites Mitoc-Malu Galben, Cotu Miculinti, Ripiceni-Izvor (la publication intégrale
des données), Molodova V (la reprise des recherches interdisciplinaires), Cosăuţi, Climăuţi
II, ont créé une réelle possibilité mais aussi la nécessité évidente de revoir les schémas
géostratigraphiques et géochronologiques antérieurement élaborés et de donner une
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
28
explication des nouvelles données. Pour une période de 15 années, ceci a été réalisé par le
géologue et le paléogéographe P. Haesaerts de l’Institut Royal de Sciences Naturelles de
Bruxelles et par l’équipe mixte de spécialistes travaillant sous sa coordination. Parallèlement,
l’étude des niveaux d’habitat des sites du Paléolithique supérieur de la zone considérée a
été aussi prise en charge par M. Otte, de l’Université de Lièges, et son équipe. Un rôle
essentiel dans la réalisation de ces nouvelles investigations a été joué par les équipes de
recherche de la République de la Moldavie (sous la coordination d’I. Borziac), de Roumanie
(coordinateur V. Chirica) et Ukraine (responsable L. Koulakovska).
On a donc commencé une nouvelle étape dans la recherche du Paléolithique
supérieur de l’aire carpato-dniestréenne, laquelle a produit jusqu’à présent d’importants
résultats scientifiques aussi bien pour ce qui est de l’étude des cultures archéologiques du
Paléolithique supérieur qu’à l’égard de l’élaboration d’un nouveau schéma
chronostratigraphique ou de nouvelles élaborations du domaine de la paléoécologie de
l’homme pendant le Quaternaire tardif.
Dans le processus des nouvelles investigations on a utilisé les plus récentes
méthodes de recherche interdisciplinaire. On a obtenu, par exemple plus de 100 nouvelles
données radiométriques, qui documentent, essentiellement, les recherches archéologiques
et géostratigraphiques.
Ces recherches multidisciplinaires du Paléolithique carpato-dniestréen font partie
d’un plus ample programme d’étude de la géochronologie et de la paléoécologie de l’homme
paléolithique de l’Euroasie (Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, 2004). En
même temps, on fait la corrélation des niveaux d’habitat des sites stratifiés de l’aire carpato-
dniestréenne et des zones limitrophes (la Plaine Roumaine, les steppes nord-pontiques).
C’est tenant compte de ces nouvelles directions d’investigation qu’on a choisi les
trois sites pluristratifiés avec les plus étendues séquences de dépôts, obtenant ainsi la
possibilité de recourir à un contrôle réciproque des résultats des investigations. En outre, les
analyses palynologiques, structurales, paléomagnétiques, diatomiques, macrobotaniques,
malacologiques et radiométriques des trois sites ont été effectuées dans un seul centre de
recherche, ce qui a permis une approche unique de toutes les procédures et modalités
d’interprétation primaire et d’étude des résultats.
A l’aide de ces données, il a été possible de tracer les courbes des oscillations
climatiques des schémas chronostratigraphiques. Les résultats des séquences de Mitoc-
Malu Galben, Cosăuţi et Molodova V ont été corrélés avec ceux provenant de l’étude des
sites pluristratigraphiques de l’Europe Centrale – Grubgraben, Willendorf, Dolny-Vestoniče,
Pavlov, Spadzista-Krakov (Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulaskovska, Van der
Plicht, 2003) mais aussi de l’Europe de l’Est – la Crimée, les steppes nord-pontiques
(Gerasimenko, 2003, 116-120). Ces aspects méthodologiques ont permis d’obtenir une
vision unitaire sur les processus sédimentologiques, paléoclimatiques et paléoécologiques
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
29
pour un espace géographique assez grand, mais aussi de créer et constituer dans un seul
endroit une base de données considérable qui permet de compléter et vérifier les faits. Le
schéma interrégional chronostratigraphique représente une nouveauté scientifique dans le
domaine aussi bien comme réalisation qu’en tant que modalité concrète d’application.
Dans l’étape actuelle d’étude du Paléolithique supérieur de la zone carpato-
dniestréenne, on peut encadrer dans le nouveau schéma, pratiquement, la plupart des
niveaux d’habitat de la zone, qui possède une position stratigraphique sûre, certains repères
stratigraphiques clairs, ou des données radiométriques exactes.
En même temps, il est devenu possible de dresser une périodisation plus
détaillée des sites, des périodes climatiques, des événements et des phénomènes
paléoclimatiques du Quaternaire tardif, de les déterminer et les enregistrer à l’intérieur d’une
cyclicité à la durée d’environ 50-70 ans. Cette importante réalisation offre la possibilité de
corréler de manière plus efficace les processus paléoclimatiques à ceux d’évolution des
communautés humaines et de la sorte de suivre dans le temps et dans l’espace la
paléoécologie de l’homme dans son étape d’évolution du Paléolithique supérieur.
A présent, nous distinguons 6 étapes principales paléclimatiques et
d’accumulation spécifique des sédiments tardiquaternaires dans lesquelles on a encadré le
Paléolithique supérieur de l’espace carpato-dniestréen et des zones limitrophes.
I. Les étapes climatiques et chrononstratigraphiques de la partie supérieure de la période
glaciaire Würm I et de transition à Würm II, d’environ 70.000 ans B.P. à 45.000 ans
B.P.
II. La partie inférieure du Pléniglaciaire moyen (environ 45.000-33.000 ans B.P.)
III. La partie supérieure du Pléniglaciaire moyen (environ 33.000-26.000 ans B.P.)
IV. La première partie du Pléniglaciaire supérieur (environ 26.000-20.000 ans B.P.)
V. La deuxième partie du Pléniglaciaire supérieur (environ 20.000-14.000 ans B.P.)
VI. La phase finale du Pléniglaicaire supérieur et la transition à l’Holocène (environ 14.000 –
10.000 ans B.P.). (Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, Van der Plicht,
2003; Borziac, Haesaerts, Chirica, 2005).
Cette division de l’évolution du processus naturel que nous avons effectuée à
partir de l’étude de la sédimentologie, d’après les traces d’habitat humains dépistées, nous
permet une plus facile périodisation et caractérisation de ces dernières, mais aussi de suivre
les corrélations entre l’environnement et le comportement cynégétique des collectivités
humaines et des particularités de leur adaptation au milieu environnant. Suivre les
métamorphoses du milieu ambiant nous permet d’expliquer, d’autre part, beaucoup des
changements dans la culture matérielle des communautés humaines préhistoriques dans
l’étape du Paléolithique supérieur.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
30
2. 1. La chronostratigraphie des dépôts quaternaires de l’espace
carpato-dniestréen et ses corrélations avec les zones limitrophes La période glaciaire Würm (Vistula, Valdai) est constituée par trois étapes
dénommées les Pléniglaciaires Würm I, II, et III, deux grandes étapes interstades Würm I-II
et II-III, et plusieurs interstades plus petits placés à l’intérieur des stadiales et interstadees.
La durée de la période glaciaire Würm se situe entre environ 80.000 et 10.000 ans B.P.
En différentes zones de l’Europe, elle s’est manifestée par des dépôts, sédiments
argileux, de matières grossières alluvionnaires, sables fins quartzitiques, lœss intercalés
dans des horizons de sols fossiles, formés pendants les interstades ou les oscillations
climatiques positives. Nous mentionnons que dans les grottes et cavernes, la genèse et les
conditions d’accumulation des dépôts sont différentes et beaucoup plus compliquées d’après
la structure et la stratigraphie, que celles des dépôts de plein air. C’est la raison pour laquelle
le raccord de certains niveaux d’habitat et lithologiques des abris sous les rochers à ceux de
plein air sera effectuée en ce qui suit avec une certaine précaution et une plus grande dose
de probabilité.
2. 1. 1. La partie supérieure du Pléniglaciaire inférieur Würm I et de transition à Würm II (environ 70.000-45.000 ans B.P.)
Nous admettons (Borziac 2003, 123-130), tout comme le font d’autres
spécialistes (Anikovich, 2000, 11-31), que l’homme au type physique actuel est apparu
environ 90.000-80.000 ans auparavant, dans l’Afrique de l’Est et de là-bas il s’est peu à peu
répandu dans d’autres zones du globe. Dans le Proche Orient (Quavzeh, Amoud, Hummall,
etc), l’incidence de l’homme au type physique actuel (Homo Sapiens) porteur des industries
moustériennes a eu lieu il y a approximativement 80.000-70.000 ans. Nous considérons qu’il
y a environ 70.000 ans, l’homme a commencé à valoriser aussi le territoire de l’Europe, y
compris l’espace entre les Carpates et le Dniestr, dans cette dernière zone étant représenté
par les industries de la soi-disante culture moustérienne Stânca (Anisiutkine, 1969, 8-15,
2004, 131-158), que nous qualifions de pré-aurignancienne. De toutes ces considérations,
que nous avons aussi argumentées dans d’autres travaux, il résulte qu’on commence
l’examen de la chronostratigraphie de la zone géographique de référence à partir de
l’apparition des industries de type Stânca. N. Anisiutkine est d’avis que la plus ancienne
représentation de la culture Stânca le long du Dniestr Moyen est constituée par les
matériaux du site Osâpka (Anisiutkine, 2001, 55-58). Ces derniers, selon cet auteur, ont été
dépistés dans « le faciès des dépôts alluvionnaires de prairie du socle de la deuxième
terrasse du Dniestr », et sont représentés par le sable quartzitique fin. Ces silex sont
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
31
attribués à l’interstade Amersfoort qu’on peut dater à environ 62.000-61.000 ans B.P. (GrN-
1397 - 61550 ans B.P. - Vogel Zagwijn, 1967). Dans le cas de Molodova V, l’interstade en
question est représenté, selon les observations d’I. Ivanova, par un sol fossile, situé plus bas
dans le 12-ème niveau moustérien du site. Conformément aux opinions de N. Anisiutkine,
c’est toujours dans cet intervalle climatique qu’on peut dater aussi les peu nombreux silex de
Şipot, le site en bas, et de Chetrosu (alluvions). Ces matériaux pas trop représentatifs ont
constitué les bases de la « culture » Stânca et nous considérons qu’ils documentent les
premières apparitions de l’homme au type physique actuel qui étaient encore en grande
mesure les porteurs des industries plutôt moustériennes qu’aurignaciennes. Dans les cas de
Molodova I, Cormani IV, l’oscillation climatique positive est représentée par un sol fossile à
profile bien précisé. Cet interstade a une présence assez évidente dans les dépôts du
Quaternaire tardif de l’Europe Occidentale, Centrale (en Roumanie, M. Cârciumaru l’appelle
Nandru II) et de l’Est (Mologo-Sexna). A Ripiceni-Izvor, les dépôts formés pendant cet
interstade contiennent les niveaux moustériens post-micoquiens II et III, lesquels
conformément aux estimations palynologiques effectuées par M. Cârciumaru, ont été
accumulés dans les conditions d’un climat chaud dans un landschaft de forêts de feuillus
(Cârciumaru, 1980, 117). Particulièrement importantes sont les investigations de Molodova I
et V concernant cet interstade. Les recherches géologiques effectuées par I. Ivanova
démontrent que l’homme de l’époque moustérienne s’est installé là-bas à la fin de cet
interstade, au moment de la formation de la prairie non-inondable (Ivanova, 1987, 120).
Conformément à l’opinion de cet auteur, les niveaux V de Molodova I et 12 de Molodova V
peuvent être raccordés à cet interstade. N. Anisiutkine n’exclut pas l’appartenance du niveau
inférieur de Stânca I à cette étape climatique ou, probablement, au refroidissement
succédant à cet interstade. Dans les cas de Molodova I, V et Chetrosu (attribué dans les
dernières publications à l’interstade Amersfoort), on constate la présence des industries
moustériennes Levallois typiques alors qu’à Stânca I nous déterminons à l’intérieur de
l’industrie des éléments technologiques et typologiques essentiels appartenant au
technocomplexe aurignacien. Puisque ces éléments techno-typologiques aurignaciens sont
intercalés dans les traditions techno-typologiques moustériennes typiques, étant dépistés par
nous dans le cadre d’une culture antérieurement définie comme moustérienne, nous
considérons qu’il est nécessaire de nominaliser ces éléments en tant que pré-aurignaciens
et de tenir compte dans ce cas des mêmes phénomènes d’acculturation observés par les
chercheurs dans le Proche Orient (Garrod, 1962).
Conformément aux données radiométriques, l’interstade Brörup est daté à
environ 59.000-57.000 ans B.P. (Cârciumaru, 1980, 25-27). Cette datation est pourtant
assez ancienne. Selon la périodisation du Quaternaire réalisée à partir des phases de
prépondérance dans les dépôts marins des isotopes d’oxygène, l’interstade Brörup
correspond à la phase 5 (plus exactement 5c).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
32
Pour le Pléniglaciaire compris entre les interstades Brörup et l’oscillation positive
suivante, dénommée Odderade, dans les dépôts sous-aériennes des terrasses du Prout et
du Dniestr, nous distinguons des accumulations d’argiles, lœss, intercalés dans les horizons
de matériaux fracturés et sable alluvionnaire et éolien, formés dans les conditions d’un climat
plus froid et sec. Dans le cas de Ripiceni-Izvor, c’est dans cet intervalle que se situent les
niveaux moustériens IV et V, de tradition technologique et typologique post-micoquienne
(Borziac, Chirica, 2000, 31-36). C’est à ce stadial qu’on attribue, parmi d’autres, les
technocomplexe dépistés dans le niveau supérieur d’habitat de Stânca I, que N. Anisiutkine
qualifie de « partiellement » in situ.
Nous allons mentionner que dans les cas de Molodova I et V, et aussi dans celui
de Cormani IV, I. Ivanova n’a pas divisé clairement les interstades Brörup et Odderade, car
dans la Vallée du Dniestr, dans ses terrasses, les dépôts de la période froide qui les sépare
ne se sont pas conservés.
Depuis environ 56.000 ans B.P. jusqu’à environ 54.000 ans B.P., il y a eu une
oscillation positive (l’interstade) Odderrade (Nandru B, d’après M. Cârciumaru). Cet
interstade, sous la forme d’un sol fossile à divers degrés d’évolution et de conservation, a été
dépisté en plusieurs séquences stratigraphiques d’Europe, y compris à travers l’espace
carpato-dniestréen. Ce sol s’est formé dans des conditions climatiques chaudes, mais,
évidemment, arides, sèches. Ce sont les spectres pollinique dépistés dans les séquences de
Ripiceni-Izvor et Molodova V qui l’indiquent (M. Cârciumaru 1980, 116-125; Paşchevici,
1987, 141-151). Dans les dépôts de cet interstade considéré comme étape de transition de
Würm I à Würm II, on a dépisté les niveaux d’habitat IV moustérien de Ripiceni-Izvor, 12 de
Molodova V, 4 de Molodova I, certains matériaux de Şipot 3 et encore d’autres attribués à la
culture Stânca, lesquels en dépit de la géologie sûre de leur positionnement, et même de la
faune de mammifères, n’ont pas été étudiés en détails et à travers des surfaces
significatives, mais seulement de manière épisodique.
2. 1. 2. La partie inférieure du Pléniglaciaire moyen (48.000-35.000 ans B.P.) La détermination dans le temps des événements paléoclimatiques de la première
partie du Pléniglaciaire moyen est assez difficile parce qu’ils sont plus anciens que la limite
inférieure de la possibilité de datation par l’utilisation de C14.
Conformément aux observations stratigraphiques effectuées dans plusieurs
séquences stratigraphiques à travers l’Europe (Tenaghi, Grande Pile, Molodova V, Mitoc-
Malu Galben, dans certaines séquences en Hollande dépourvues de niveaux paléolithiques
d’habitat, etc), cet intervalle de temps nous permet de constater qu’entre environ 50.000-
49.000 ans B.P. et respectivement environ 46.000 B.P., il y a eu un intervalle temporel froid,
mais relativement humide, alors qu’à partir d’environ 45.500 ans B.P. jusqu’à 43.500-42.000
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
33
ans B.P. il y a eu un climat plus chaud (ce dernier corrélé à l’oscillation positive Moershoofd).
Il y a suivi une phase froide, qui a duré jusqu’à la limite de 40.000 ans B.P., et puis après
une oscillation positive relativement chaude et humide, dénommée Hengelo, qui a duré
jusqu’à la limite d’environ 38.000 ans B.P. En Europe, les phases marquées par la
prédominance du pin sont remplacées par celles dans lesquelles c’étaient les herbes
pérennes qui prédominaient (Djindjian, Kozlowksi, Otte, 1999, 4-6).
En Autriche inférieure, ces changements climatiques ont été enregistrés à
Willendorf II, où l’oscillation positive « Willendorf » a été plus clairement identifiée, celle-ci
ayant, selon les estimations de P. Haesaerts, l’âge d’environ 42.000 ans B.P. et étant
synchrone à Hengelo. Les niveaux d’habitat 1 et 2 de ce site sont attribués par certains
chercheurs à l’étape pré-aurignacienne, tout comme ceux que nous y avons attribués pour
ce qui est de la zone carpato-dniestréenne (Kozlowski, Otte, 2000). Un autre horizon
humifère du niveau 3 d’habitat a acquis le nom de « Schwallenbach », étant daté à environ
39.000-38.000 ans B.P. (Haesaerts, Damblon, Bachner, Trnka, 1996, 40).
Vers l’est, en Moravie, ces deux horizons sont corrélés au sol « Bohunice »,
apprécié par K. Valoch à l’âge d’environ 43.000-38.000 ans B.P. Cette période, d’après le sol
de Bohunice, était encore assez humide.
En Ukraine, cette phase climatique est dénommée l’interstade « Bug » et pour ce
qui est du Dniestr supérieur, on a déterminé à l’intérieur de son étape d’évolution, un climat
périglaciaire, à landschaft steppique (Stepanchuc, 1999, 215).
Donc, l’oscillation positive Odderade a été suive par un brusque et évident
refroidissement du climat, le landschaft a fait l’objet de l’instauration d’un climat froid et sec,
couvert de compositae et gramineae, à une présence d’arbre de seulement 5% (Renault-
Miskovsky, 1991; Cârciumaru, 1980, 27, 110-115). Cette oscillation a duré environ 5000 ans
(environ 53.000-48.000 ans B.P.). Pour cette période on connaît des niveaux moustériens
d’habitat, lesquels ne sont pas pourtant parmi ceux qu’on pourrait attribuer au pré-
Aurignacien.
Les chercheurs hollandais W.H. Zagwijn et R. Paepe considèrent que pendant
l’intervalle de temps situé entre 48.000 ans B.P. et 41.000 ans B.P., en Europe, il y a eu une
amélioration du climat, qui a déterminé l’augmentation du poids de la végétation de forêts,
laquelle, étant composée surtout par le pin et le bouleau, atteignait jusqu’à 20% du total de la
végétation. Parmi les herbes, c’étaient Selaginella selaginoides et Artemisia qui
prédominaient, dénotant un caractère de steppe, froid. Ce landschaft a été établi par I.
Ivanova aussi pour la zone à l’est des Carpates. Vers le nord, la Plaine de l’Europe de l’Est
était représentée par la toundra à petits groupes de bouleaux et pins nains, répandus en
dépressions, refuges naturels dans les vallées des rivières (Velichko, 1988, 181-269).
Le paléobotaniste B. Bastin conteste l’attribution de la phase d’amélioration du
climat dénommée Moershoofd le statut d’interstade, car à ses yeux il faut qu’il y eût un
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
34
développement nécessaire des forêts et des petits arbres dans le landschaft (1970). Nous
considérons qu’il ne se réfère pas au territoire visé par nous, là où, conformément aux
données de G. Paşchevici, les forêts et les petits arbres constituaient plus de 22-24% (1987,
141-151). Dans les dépôts des terrasses du Dniestr et du Prout, nous distinguons des
dépôts de sols fossiles dégradés, lesquels ne peuvent pas être déterminés à coup sûr dans
chaque séquence.
Ce refroidissement a duré jusqu’à la limite de 34.000 ans B.P. et a été
temporairement interrompu par les oscillations climatiques positives Moershofd, Hengelo et
Denekamp, lesquelles ont connu une courte durée. On considérait antérieurement que ce
n’étaitent que les industries moustériennes qui aient évolué tout le long du stadial Würm II.
Nous y incluons aussi les industries pré-aurignaciennes de Willendorf et possiblement celles
attribuées au Paléolithique supérieur de Bacho Kiro et Temnata de Bulgarie.
L’espace carpato-dniestréen est situé au sud des endroits où l’on a identifié les
stratotypes du Pléniglaciaire Würm II et les sols fossiles qui indiquent les oscillations
positives comprises dans cet intervalle temporel, de sorte que dans les séquences locales,
ils ne sont pas assez distincts. De toute façon, ils ont été identifiés à Mitoc-Malu Galben,
Molodova V, Ripiceni-Izvor.
Selon les opinions de N. Anisiutkine, c’est dans les dépôts formés pendant la
phase climatique positive Moershoofd que se trouvent les niveaux moustériens d’habitat des
sites Stânca I, le niveau inférieur, Cormani IV, Molodova I.
Il faut rappeler que pour l’intervalle de temps antérieurement daté à 45.000 ans
B.P. pour le Moustérien, nous n’avons pas de méthodes exactes de datation et l’attribution
des niveaux d’habitat qui ont existé pour une période relativement courte, les périodes
oxygène-isotopiques de sédiments marins est extrêmement approximative. Ce raccord est
relativement approximatif et donne la possibilité de coordonner les industries moustériennes
seulement à l’intérieur de périodes paléoclimatiques toutes entières (pléniglaciales -
interstadees).
La deuxième oscillation climatique positive qui a interrompu l’évolution du
Pléniglaciaire a été évidemment documentée par T. van der Hammen, 1971, ou W. H.
Zagwijn (1974), avec le nom de Hengelo pour l’Europe Occidentale et avec une durée entre
environ 41.000 ans B.P. jusqu’à 37.000 ans B.P. Conformément aux estimations de ces
chercheurs, le climat s’est amélioré, changeant le « désert polaire » avec un landschaft de
silvosteppe, relativement froid, mais humide et à saules (30%), bouleau, pin, Artemisia,
gramineae. Pendant l’amélioration du climat, à la suite des dégèlements massifs, les mares
se sont largement répandues. Ce processus climatique a aussi affecté l’espace carpato-
dniestréen. C’est dans cet intervalle temporelle qu’on situe les niveaux d’habitat des sites
Şipot I, Cormani IV, le niveau 10, Stânca I, le niveau supérieur, Molodova V, le niveau 10a.
Dans les dépôts dans lesquels se trouvent les industries de ces sites, on a établi des
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
35
horizons de sols fossiles embryonnaires qui marquent l’amélioration du climat. Tel que nous
l’avons mentionné, cette oscillation positive Hengelo (synonymes Bohunice, Schwallenbach
I) sur le Dniestr Moyen a été établie à Molodova V dans l’unité sédimentaire 8.
2. 1. 3. La partie supérieure du Pléniglaciaire moyen (34.000-26.000 ans B.P.) Des points de vue stratigraphique et climatique, jusqu’aux recherches récentes
(Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, Van der Plicht, 2003; Haesaerts,
Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, 2004), ce compartiment du stadial Würm II était
diversement interprété mais la plupart des fois en tant que période assez chaude et
relativement humide à un intervalle relativement froid au milieu (le sol double Arcy-Briansk-
Stilfried B-Dofinovka), observé par I. Ivanova dans les séquences de Molodova I et V,
Cormani IV, Ciutuleşti, Corpaci, Corpaci-Mâs, Climăuţi I, II et d’autres séquences de l’espace
carpato-dniestréen. On considérait aussi que la partie inférieure du sol fossile ci-dessus peut
être raccordé à l’oscillation positive Denekamp (30.000-27.000 ans B.P.) et sa partie
supérieure est représentée par le sol Arcy-Stilfried B-Briansk (30.600-26.350 ans B.P.)
(Bastin, 1970).
Pour ce qui est du site de Mitoc-Malu Galben, c’est dans cette division qu’on
encadre les unités stratigraphiques 13-7, déposées sur le versant de la deuxième terrasse
du Prout. Cette accumulation de lœss représente un enregistrement cyclique quasi-continu
de 5 horizons humifères d’intensité décroissante à remplissage de sédiments colluviaux (les
unités 13-11), suivis par les couches sédimentaires de lœss (unités 10-7). Ces 5 horizons
interprétés comme épisodes interstadiaux avec les noms locaux Malu Galben (MG) 13-8,
sont datés radiométriquement, à savoir: MG-13, environ 33.000 ans B.P., MG-12, 31.200
ans B.P., MG-10, 30.500 ans B.P., MG-9, 28.500 ans B.P., et MG-8, 27.500 ans B.P. Les
unités stratigraphiques 12-8 incluses dans cette division contiennent de nombreux ateliers de
taille du silex à outils aurignaciens typiques. Ces ateliers dispersés aussi bien du point de
vue territorial que sur la verticale ont été divisés par V. Chirica et M. Otte en 4 niveaux plus
importants d’habitat (Otte, Chirica, 1993, 55-66). L’unité stratigraphique 7 incorpore les plus
anciennes industries gravettiennes de Mitoc-Malu Galben. Ce sont les sédiments de l’unité 7
qui incluent un humus de toundra daté à environ 26.000 ans B.P., formé dans des conditions
plutôt sévères. Ce sol est un repère stratigraphique assez important qui constitue la
délimitation du Pléniglaciaire moyen de celui supérieur.
A Molodova V, la période comprise entre 33.000 ans B.P. et 26.000 ans B.P.
correspond au pédocomplexe supérieur (unité 10), développé sur des dépôts alluvionnaires
situés dans la partie supérieure des sédiments du Pléniglaciaire moyen. Le pédocomplexe
mentionné contient 2 horizons de sols fossiles qualifiés dans leur ensemble par I. Ivanova en
tant que le sol fossile Briansk (1987, 106). Dans la partie inférieure (les sous-unités 10-1 et
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
36
10-2), ce sol fossile dispose de deux datations précises: 32.600 ans B.P. et 30.400 ans B.P.,
donc il peut être synchronisé aux épisodes interstadees positifs MG-13 et MG-10. Ce sol
fossile double est suivi par un horizon humifère grisâtre-clair (sous-unité 10-3) daté à l’âge
compris entre 26.640 ans B.P. et 25.760 ans B.P.
A la différence de la séquence de Mitoc-Malu Galben, le contenu archéologique
de l’unité 10 de Molodova V est représenté par le Gravettien des niveaux 10 et 9 d’habitat,
datés pendant l’épisode froid, qui sépare les horizons de sol humifère (les unités 10-2 et 10-
3).
Tout comme pour les autres période d’évolution climatique du Quaternaire tardif,
il n’est pas possible de tracer une délimitation stricte entre le Pléniglaciaire moyen et celui
supérieur. A l’est des Carpates, les spécialistes déterminent en tant que Pléniglaciaire
supérieur l’étape « Ostaskovo », dont la durée est située entre approximativement 25.000-
24.000 ans B.P. et 16.000 ans B.P. (Veliciko, Kurenkova, 1990, 255-260). Pendant cette
période, on a constaté des périodes plus chaudes et plus humides alternant avec d’autres
plus froides et plus sèches.
C’est pendant la période de début (environ 26.000-24.000 ans B.P.) qu’a évolué
l’oscillation positive Tursac-Pavlov II. En France, Arl. Leroi- Gourhan a déterminé cet
interstade à partir des analyses polliniques, mais il n’a pas identifié des sols fossiles qui y
correspondraient. En Belgique, l’interstade nominalisé est constitué de deux phases
« Wartons » (environ 25.000-24.000 ans B.P.) et « Kesselt » (environ 22.000 ans B.P.).
Nous considérons que les deux phases correspondent au même phénomène climatique,
mais qui n’a pas été exprimé palynologiquement de la même manière dans les deux sites.0
A Molodova V et Mitoc-Malu Galben, cette période est enregistrée dans des
sédimentations cycliques à deux lots de lœss à sable fin quartzitique, jaune pale, ce qui
indique leur formation dans des conditions froides et contrastantes. A Mitoc, la première
séquence de lœss (l’unité 6-supérieur, située à environ 23.000 ans B.P.) est plus
représentative et constitue selon nous le second repère stratigraphique. Ce premier
complexe de dépôts lœssoïdaux contient encore deux horizons humifères accumulés
pendant l’évolution de deux épisodes climatiques positifs (MG-.6 et 4) et qui sont datés à
Molodova V à 25.000 ans B.P. et, respectivement, à 23.700 ans B.P. Dans les deux sites
pluristratifiés, les premières accumulations de lœss du Pléniglaciaire supérieur contiennent
des niveaux gravettiens d’habitat.
A Mitoc, les niveaux gravettiens II et III sont datés entre 26.450 et 24.480 ans
B.P. et les niveaux III et IV entre 24.480 ans B.P. et 23.390 ans B.P. Si nous suivons le
déroulement des rythmes évolutifs du Gravettien oriental (Otte, Noiret, Chirica, Borziac,
1996, 213-226), nous constatons que le Gravettien de Mitoc-Malu Galben est encadré dans:
le II-ème stade, les cycles 7b, 7a, 7b, 7a; le III-ème stade, les cycles 5b, 5a, 4ba; le IV-ème
stade, le cycle 4a.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
37
A Molodova V, le niveau 8 d’habitat, situé dans un horizon de dépôts humifères
(l’unité 11-2), est attribué au Gravettien ancien. Ce niveau est daté à 25.280 et 24.780 ans
B.P. Le niveau 7 d’habitat, le plus important et le plus représentatif, est placé dans la partie
supérieure du lœss 11-3, dans l’horizon humifère 12-1 et dans l’humus qui le couvre 12-2.
Ces divisions stratigraphiques dans lesquelles se trouve le niveau 7 d’habitat présentent les
dates de 23.650 et 23.000 ans B.P. (Haesaerst, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska,
Van der Plicht, 2003; Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, 2004). Dans
l’industrie du niveau 7 on retrouve des pièces du type pointe à crâne, ce qui relie ce niveau
aux industries du Pavlovien de l’Europe Centrale et à d’autres industries de ce type de
l’Europe de l’Est (Borziac, 1997, 11-18; 1998, 135-141). Pour ce qui est du contenu
paléogéographique du deuxième ensemble de lœss du Pléniglaciaire supérieur, nous
constatons que les unités 2-3 de Mitoc et l’unité 13 de Molodova V reflètent une visible
tendance de refroidissement graduel et aridité toujours plus accrue du climat, survenue plus
intensément dans le sud de l’Europe de l’Est entre 23.000 et 20.000 ans B.P. (Veclici, 1982).
Pendant cette étape d’évolution du climat, on observe des accumulations de lœss
constituées par deux épisodes de gelée et un autre plus chaud, marqué dans des séquences
de biotourbe désagrégée. Le dernier épisode présent la date radiométrique de 21.540 ans
B.P. Les restes d’habitat de cette période sont représentés par la concentration supérieure
gravettienne de Mitoc-Malu Galben et certains horizons vagues d’habitat de Molodova V,
épisodiquement situés entre les niveaux 7 et 6 d’habitat, par exemple niveau 6a
(Tchernysch, 1987, 47).
2. 1. 4. La deuxième partie du Pléniglaciaire supérieur (20.000-14.000 ans B.P.) Dans la zone est-carpatique, cet intervalle temporel a été marqué par une
évolution climatique cyclique qui a laissé ses signes distinctifs dans les sédiments des sites
paléolithiques.
Pour cette période, la séquence de plus de 18m profondeur de Cosăuţi, située
dans les dépôts de la deuxième terrasse du Dniestr, est particulièrement importante tout
comme l’est la partie supérieure de la séquence stratigraphique de Molodova V. A Mitoc, les
dépôts de cette période sont insignifiantes et ne contiennent pas de traces d’habitat. Nous
mentionnons que pour le territoire de l’Europe de l’Ouest on a déterminé l’oscillation
climatique Tursac à la signification d’interstade, datée assez tardivement (environ 21.000
ans B.P.), à partir de l’étude des échantillons de pollen des séquences stratigraphiques des
abris Facteur et Tursac. Il s’agit d’une oscillation tempérée, humide. La datation de l’Abri
Tursac est à 21.180 ans B.P. Cette oscillation climatique positive peut constituer le repère
stratigraphique entre le Pléniglaciaire moyen et le Pléniglaciaire supérieur.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
38
En Europe, la période la plus froide du début du Pléniglaciaire supérieur est fixée
par l’oscillation Brandenburg (20.500-18.000 ans B.P.). En Roumanie celle-ci est placée
entre les phases climatiques positives Herculane I et Herculane II (Cârciumaru 1987, 101).
Dans la zone du Dniestr Moyen, entre environ 20.000 et 17.000 ans B.P., il y
prévalait surtout un milieu humide, alors que se formaient de petits sédiments éoliens,
alternant avec des horizons humifères signalés dans la séquence de Cosăuţi en tant
qu’épisodes interstadiaux courts, cycliques, à dénominations locales et datations
radiométriques: Cosăuţi VII, environ 20.400 ans B.P., Cosăuţi VI, entre 19.400 et 19.000 ans
B.P.; Cosăuţi V, entre 18.000 et 17.500 ans B.P. et Cosăuţi IV, entre 17.200 et 17.000 ans
B.P. Ceux-ci sont séparés par les uns des autres par des périodes pendant lesquelles se
sont déposés les sédiments caractéristiques pour les périodes climatiques assez froides.
C’est dans les dépôts formés au début du Pléniglaciaire supérieur que se sont déposés les
restes d’un nombre impressionnant de niveaux d’habitat humain. A Cosăuţi, entre les unités
stratigraphiques 7-1 et 5-1 on retrouve incorporés les restes de plus de 15 niveaux d’habitat
gravettien.
A Molodova V, le premier niveau d’habitat gravettien tardif daté à 20.400 B.P. – le
niveau 6 d’habitat, est synchrone à l’épisode climatique Cosăuţi V, lorsque les niveaux
d’habitat 5 et 4 datés entre 19.000 et 17.800 ans B.P. coïncident avec les épisodes
interstadiaux positifs Cosăuţi VI et V. Nous pouvons parler de l’existence de la culture
Molodova-Cosăuţi-Cotu Miculinţi.
En Europe occidentale, la plus froide période est le stade Francfoort, situé
chronologiquement entre 19.000 et 18.000 ans B.P. (Djinjian, Kozlowski, Otte, 1999, 46-47).
En cette partie de l‘Europe, pour la fin de ce stade, on a déterminé une
amélioration du climat qui a reçu le nom d’oscillation positive (interstade) Lascaux. A
Cosăuţi, ce sont les unités stratigraphiques incluses dans le cycle « Cosăuţi 5 », qui
correspondent à l’oscillation mentionnée ci-dessus. M. Cârciumaru met en évidence pour
cette période l’oscillation positive Românesti (Cârciumaru, 1987, 101).
Un refroidissement du climat y a suivi, et en Europe Occidentale celui-ci est
connu sous le nom du stade Pomerania, lequel correspond à l’étape moyenne du
Pléniglaciaire supérieur (environ 17.000-14.500 B.P.) (Haesaerts, Damblon, Bachner, Trnka,
1996).
Le long de l’étape moyenne du Pléniglaciaire supérieur, on a enregistré des traits
évidents de refroidissement considérable du climat. Cette situation climatique difficile pour le
milieu environnant, l’écologie de l’homme et des mondes végétaux et animaux était aussi
amplifiée par une aridité évidente. A Cosăuţi, le début de cette période est démontrée par les
dépôts de permafrost de l’unité stratigraphique IV, et à Mitoc-Malu Galben, dans la partie
supérieure de l’unité MG 1b. Dans l’intervalle temporel entre 16.500 et 14.500 ans B.P., dans
les dépôts tardiglaciaires de la zone analysée on a initialement accumulé des dépôts de
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
39
matériaux grossiers alluvionnaires marqués à Cosăuţi et Molodova aussi par des dépôts
éoliens et alluvionnaires de sable fin quartzitique, assez consistents (à Cosăuţi de jusqu’à
3m épaisseur), à Molodova V, Mitoc-Malu Galben, Costeşti, Ciuntu, Duruitoarea Veche,
Cormani IV plus modeste, mais sufisamment représentés pour servir d’indices climatiques et
stratigraphiques. Cette étape froide et aride a été finalisée par des dépôts de permafrost
accumulés pendant la « gelée multiannuelle ». A Cosăuţi dans les dépôts de cette période
on connaît les niveaux d’habitat I, datés à environ 17.100 B.P., 1a et 1b (la date de 16.100
B.P.). En 2005, on a encore identifié trois autres niveaux d’habitat gravettien encadrés dans
cette période. Donc, on a dépisté jusqu’à présent dans le site en question 25 niveaux
d’habitat gravettien dont 6 coïncident dans le temps à la plus froide étape d’évolution du
Pléniglaciaire supérieur.
Les niveaux de permafrost de toundra superposés à ceux de sable fin
quartzitique sont encore signalés à Molodova (les sous-unités 14-1 et 2, accumulés plus tard
que la limite de 16.000 ans B.P.).
2. 1. 5. L’étape tardiglaciaire (14.500-10.000 ans B.P.)
Le long de l’étape qui commence aux environs de 14.000 ans B.P., dans des
conditions climatiques froides et sèches, sur les versants du Prout et du Dniestr, dans le
cadre de leurs systèmes hydrologiques des dépôts éoliens de lœss et de sable fin
quartzitique se sont de nouveau accumulés. Ce processus de sédimentation a duré jusqu’à
la fin du dernier Dryas, étant interrompu de sa continuité naturelle par les oscillations
positives Bölling et Alleröd. C’est pendant ces oscillations que se sont formés les horizons de
sols fossiles signalés à présent et enregistrés stratigraphiquement dans la séquence de
Cosăuţi (Cosăuţi III et II).
Dans le cas de Molodova V, pour les niveaux d’habitat gravettien 3-1, I. Ivanova a
obtenu les dates radiométriques de 13.370 et 10.940 ans B.P., lesquelles dans notre
schéma chronostratigraphiques correspondent aux unités de lœss 14-4. Nous considérons
que ces dépôts de lœss et les restes d’habitat humain qu’elles incorporent sont les plus
tardifs parmi ceux qu’on pourrait attribuer à coup sûr à l’époque tardiglaciaire.
A Mitoc-Malu Galben, les dépôts de cette période représente une couverture
tardiglaciaire, pratiquement homogène, de lœss, sans restes d’habitat humain. A Cosăuţi,
dans les dépôts tardiglaciaires, y compris les sols fossils embryonnaires, corrélés aux
oscillations positives Bölling et Alleröd (Cosăuţi III et II), on a dépisté des os isolés
d’animaux, certains silex, ce qui nous autorise à supposer qu’il y a des restes d’habitat
même de ces périodes.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
40
Les oscillations climatiques documentées à Cosăuţi sont complétées aussi par
l’étude de la faune des mollusques terrestres (Borziac, Cremenetschi, Prepeliţa, 1990, 56-
63).
Dans le cadre de la biogenèse des mollusques terrestres, ce sont les espèces
caractéristiques des landschafts froids de steppe et de toundra qui prédominent, étant
représentées par les espèces Succinea oblonga (drap) et Pupilla muscorum (L.). On a
déterminé 22 espèces appartenant à trois communautés associées l’une à l’autre d’après les
particularités de l’adaptation au milieu – spécifique au vide arctique, cryophiles et
mésophiles, lesquelles au fond correspondent à tous les types de dépôts et divisions
climatiques caractérisés par celles-ci.
La faune des grands mammifères étant moins flexible aux oscillations climatique
de durée relativement courte est représentée par le complexe tardiglaciaire dont le fonds
spécifique est représenté par le mammouth et le renne. C’est le renne polaire qui prédomine,
et dans certains niveaux d’habitat il atteint jusqu’à 70% du total des os fossiles dépistés dans
les aires étudiées par des fouilles (David, 1980, 54). La faune, représentée par le complexe
mammouth – renne, inclut aussi la variante tardiglaciaire renne-cheval, là où l’espèce
prédominante a été déterminée comme étant Rangifer tarandus (L.) (David, Nadachowski,
Pascaru, Wojtal, Borziac, 2003, 85-96). A Mitoc- Malu Galben, à cause du milieu charbonné
dans laquelle elle a été déposée, la faune est assez faiblement représentée; on a pourtant
identifié les espèces: Equus latipes, Bison priscus, Rangifer tarandus (L.), qui prédominent
dans tous les niveaux (Necrasov, Ştirbu, 1987; Gautier, Lopez-Bayon, 1993). A Molodova V,
dans les niveaux d’habitat, c’est le renne polaire qui prédomine, mais le mammouth et le
cheval sont aussi présents (toujours parmi les espèces prédominantes du spectre
faunistique), à côté d’autres espèces (Alexeeva, 1987).
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
41
2. 2. Les schémas chronostratigraphiques de l’Europe Centrale et de l’Est pendant le Pléniglaciaire moyen et le Pléniglaciaire supérieur L’élaboration d’un schéma euroasiatique ou même seulement européen
d’évolution du processus naturel et, par conséquent, d’un schéma unique
chronostratigraphique du Quaternaire tardif est une mission assez difficile et suppose une
multitude de réductions au conventionnel, ce qui ne fait que réduire leur rôle cognitif et aussi
leur possibilité de raccord des niveaux d’habitat et des sites. En plus, tout comme dans notre
cas, on a réalisé des schémas régionaux qui peuvent constituer les parties composantes
d’un schéma plus général (Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, 2004).
Antérieurement, la géologie des amplacements des principaux sites du
Paléolithique supérieur, la détermination de l’évolution du processus climatique et la
paléoécologie de l’homme de l’Europe Centrale ont fait l’objet des recherches de plusieurs
spécialistes (Fink, 1969; Kozarski, 1980; Brandtner, 1996, etc). Les résultats étaient corrélés
aux résultats similaires du territoire de l’Europe de l’Ouest, très rarement avec ceux
provenant de l’Europe de l’Est, y compris de l’espace carpato-dniestréen. Dans le temps,
cette très vaste et considérable recherche a mené à des données particulièrement
importantes et utiles. Les schémas élabores étaient corrélés plus souvent à ceux de l’Europe
Occidentale qu’à ceux de l’Europe Centrale. Les auteurs du nouveau schéma, et tout
premièrement P. Haesaerts, ont constaté la nécessité de la corroboration des principales
séquences des principales sites pluristratifiés de l’Europe Centrale et de l’Est, tout en
élaborant un schéma, utile pour les deux zones, mais aussi comme partie composante d’une
nouvelle vision du processus climatique et paléoécologique de l’Euroasie (Haesaerts,
Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, Van der Plicht, 2003). On a étudié toute une série
de sites emblématiques des points de vue stratigraphique et archéologique du bassin du
Danube Moyen et de la zone comprise entre les Carpates et le Dniestr, on a élaboré deux
schémas chronostratigraphiques régionaux. Réalisés selon des conceptions unitaires, par
l’utilisation d’un corpus très significatif de données de domaines différents, les schémas en
question permettent leur superposition et corrélation. Il faut en ce sens remarquer les
aspects suivants:
a) les principales subdivisions climatiques globales (oscillations positives et négatives de
longue durée) pendant le Quaternaire supérieur coïncident dans les deux zones et l’homme
du Paléolithique a dû supporter une évolution similaire du processus climatique
b) des subdivisions telles Brörup, Moershoofd, Odderade, Hengelo, Maisières (Chirica,
2004, 5-44), Arcy, Tursac, etc, définies pour l’Europe de l’Ouest, trouvent leurs
correspondants dans l’Europe Centrale et de l’Est, y compris dans les formidables
séquences des sites de Mitoc- Malu Galben, Molodova V et Cosăuţi.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
42
La plupart des phénomènes paléoclimatiques des autres zones de l’Europe ont
des correspondants même dans les divisions épisodiques. De la sorte, l’épisode interstade
MG 6 (environ 25.500 ans B.P.), enregistré à Mitoc, est aussi présent dans la suite de
dépôts de Molodova V, mais aussi à Willendorf et Pavlov. Les courtes épisodes interstadiaux
Cosăuţi VII et VI, entre 20.400 et 19.000 B.P., se retrouvent aussi dans les dépôts de
Grubgraben; ils ont des correspondances stratigraphiques similaires et divisions
sédimentologiques formées pendant les périodes froides et sèches. Par exemple, les
subdivisions G1 et G7, fixées à Dolni Vestoniče, occupent des positions similaires dans les
deux schémas régionaux.
Parallèlement à la datation radiométrique, utilisant des schémas régionaux, mais
aussi le schéma euroasiatique (Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, Van der
Plicht, 2003), on peut dresser pas seulement un nouveau raccord des données et des
encadrements chronostratigraphiques antérieurs mais aussi une discussion concernant les
moments et situations lorsque les données radiométriques et stratigraphiques de certains
sites, grâce à de multiples facteurs (objectifs et subjectifs) ne s’encadrent pas dans les
schémas régionaux. Les schémas régionaux peuvent être utilisés dans le processus de
l’encadrement chronostratigraphique des sites à position géologique sûre, mais « rompus »
du contexte fourni par les autres dépôts géologiques antérieurs ou ne possèdent pas de
données radiométriques acceptables.
La comparaison d’un schéma chronostratigraphique régional est-carpatique aux
élaborations des schémas similaires de l’Europe de l’Est peut être réelle quant à sa viabilité.
De la sorte, la majorité des sites du Paléolithique supérieur le long de Desna et de Dniepr
(Iudinovo, Eliseevich, Hotylevo II, Timonovca, Mejirici, Dobranicevka) est encadrée dans les
subdivisions climatiques positives Cosăuţi VII et VI, alors que le site Mezin peut être encadré
dans l’épisode climatique positif MG-4. Certains repères géostratigraphiques sont communs
pas seulement pour les deux schémas stratigraphiques mais ont un vaste éparpillement (par
exemple, le complexe de sol fossile, de type Arcy, Dofinovka, Briansk) et permettent la
corrélation plus sûre des phénomènes paléoclimatiques, des sédiments et des niveaux
d’habitat du Paléolithique supérieur. Ces repères géographiques nous offre une possibilité
sûre de synchroniser les phénomènes culturels du Paléolithique supérieur central- et est-
européen.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
43
Fig. 2. Carte des principaux gisements pluristratifiés, séquences stratigrafiques utilisées à l’ élaboration du schema cronostratigrafique interregionale: Wil.- Willendorf; Grub.-Grubgraben; DV.- Dolni Vestonice et Pavlov; Mol.- Molodova V; M-MG-Mitoc-Malu Galben; Cos-Cosăuţi. (d’après P. Haesaerts; Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, 2004).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
44
Fig. 3. Séquences stratigrafiques pour la Base Autriche, la Moravie, Slovaquie Occidentale, la Pologne de Sud, archéologie, stratigraphie et dates 14C; Symboles graphiques: 1-loess; 2-limons; 3-sable limoneux; 4-sable cuartzitique; 5- craie; 6- graviers; 7-calcaire; 8-horizon illuvié; 9-horizon humifère fortement développé; 10-horizon humifère faiblement développé; 11-horizon brun-jaune bioturbé; 12-krotovines; 13-gley de toundra; 14-hydroxydes de fer; 15-coins de glace; 16-fentes de gel; 17-Moustérien; 18-industries de transition; 19-Aurignacien; 20-Gravettien
ancien et moyen, Pavlovien inclu; 21-Gravettien à pointes à cran; 22-Gravettien tardif (Epigravettien) et facies associés; 23-Paléolitique supérieur indéterminé; 24-Magdalénien. Abréviations: Schwall-Schwallenbach; St.B.-Ştillfried B; DV-Dolny Vestonice; Pavl.-Pavlov (d’après Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, 2004).
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
45
Fig. 4. Séquences régionales pour la zone Ouest-Carpatique (Danube moyen), (symb. grafiques, voir fig.3). (d’après Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, 2004). Abréviations: S, sable; Paléoenvir., paléoenvironnement; P, périglaciaire avec gel profond (permafrost actif); A- arctique; SA.-subarctique; B-boreal; Interst- interstades; GL-stades glaciaires; Pom.- Poméranie; FR.-Frankfurt; Brand.-Brandenburg; DV.- Dolny Vestonice; Scw.-Scwallenbach; Stb.- Stillfried B; Will.-Willendorf; Kr.-Krems-Hundsteig; Alb.- Alberndorf;
Stz.-Stratzing-Galgenberg; Grub.-Grubgraben; Ag.-Aggsbach; La.-Langenlois; Str.- Sranska-Skala; Mil.-Milovice; Pavl.- Pavlov; NC.- Nitra Cerman; ML.- Moravany-Lopata; Sp.- Spadzista; Petr.-Petrcovice; Pred.-Predmosti; Ep.-Epigravettien et facies associés; Grav. sup.- Gravettienn à pointes à cran.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
46
Fig. 5. Mitoc-Malu Galben. Litostratigraphie, archéologie,dates 14C et paléoenvironnement (symb., voir fig. 3). (d’après Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, 2004).
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
47
Fig. 6. Molodova V. Litostratigraphie, archéologie, dates 14C et paléoenvironnment (symb., fig.3, 4).(d’après Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, 2004).
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48
Fig. 7. Cosăuţi I. Litostratigraphie, archéologie, dates 14C et paléoenvironnement. (symb. fig.3, 4). (d’après Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, 2004).
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
49
Fig. 8. Séquences stratigraphiques de la zone est-carpatique en corrélations (symb., fig. 3, 4). (d’après Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, 2004).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
50
2. 3. Séquences chronostratigraphiques et séquences archéologiques La corrélation des niveaux d’habitat du Paléolithique aux niveaux
géostratigraphiques est une des conditions obligatoires d’étude et permet leur encadrement
chronologique relatif et aussi l’élucidation des processus paléoclimatiques et écologiques de
l’époque de leur formation et existence. En ce sens, un schéma chronostratigraphique
détaillé, correct et multilatéralement documenté est extrêment utile et bienvenu. Nous
considérons que le schéma que nous avons proposé peut être un instrument utile en vue de
la coordination chronostratigraphique et culturelle de l’espace carpato-dniestréen et des
régions limitrophes.
2. 3. 1. Le Pré-Aurignacien
Le Préaurignacien a été défini comme variété des sites paléolithiques d’âge
moustérien et à industries présentant des éléments caractéristiques pour le Paléolithique
supérieur, en particulier pour le complexe aurignacien, ce qui nous a permis de les mettre en
évidence dans un groupe de sites à traits technico-typologiques spécifiques. Nous avons
encadré certains sites dans ce groupe selon leur positionnement géostratigraphique et les
techno-complexes lithiques. Nous allons présenter de manière succincte chaque site à part,
et d’autres sites des espaces géographiques limitrophes, considérés comme d’âge
moustérien mais à évidents traits technico-typologiques spécifiques pour le Paléolithique
supérieur.
Le plus ancien site de « l’entité Duruitoarea-Stânca », attribué par N. Anisiutkine
en plusieurs travaux à la culture Stânca, est Osâpca (1969). Du nombre total de 103 pièces,
seules 3 sont dépistées dans les dépôts du « faciès de prairie de la deuxième terrasse du
Dniestr » et non pas à l’endroit où le sondage de 2 x 5 m a été effectué. Les argiles brunes
(le niveau stratigraphique 2) dans lesquelles on a dépisté en situation dispersée les autres
matériaux sont plus tardives. Par conséquent, les matériaux de l’endroit Osâpca n’ont pas
une position géologique sûre dans les dépôts alluvionnaires du socle de la deuxième
terrasse et ne peuvent être datés dans l’interstade Amersfoort.
Dans le site Iarova les silex ont été aussi dépistés en position remaniée dans le
niveau stratigraphique 3 (Anisiutkine, 2001, 114), lequel est superposé par les dépôts de
gravier considérés par N. Anisiutkin comme alluvions de la quatrième terrasse du Dniestr,
mais déposé dans l’interstade Riss-Würm (Ivanova, 1969). Nous considérons que les
matériaux de Iarova n’ont pas une position géologique sûre et leur attribution, effectuée par
N. Anisiutkine, est possible, sans qu’elle soit pourtant démontrée, parce que l’habitation
aurait pu être bien plus tardive.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
51
Les matériaux du site Şipot (de Sus), consistant en 224 pièces, 65 à
transformation secondaire, ont été dépistés dans la partie inférieure d’un sol fossile, pendant
la formation du talus d’un mur d’une carrière, ce qui a détérioré le site. En base de l’analyse
d’un échantillon de ce sol, isolé du contexte des autres dépôts de cet endroit), on a
déterminé le contenu de pollen lequel selon le palynologue G. Levkovskaja correspondrait au
spectre pollinique caractéristique (en général) au stade Moershoofd (Anisiutkine, 2001, 58).
Donc, l’attribution du sol fossile et des matériaux archéologiques est probable, mais non pas
sûre. Le sol en question peut être tout aussi bien attribué à d’autres interstadiaux – Brörup,
Odderade, Arcy, etc.
L’endroit Şipot (le site inférieur) a fourni 33 pièces (12 de surface), 14 pièces à
transformation secondaire. N. Anisiutkine décrit une stratigraphie cumulative, attribuant les
silex à des divisions sédimentaires qui ne sont pas présentes à l’endroit de leur identification
(2001, 60). Donc, le site n’a pas une position géologique sûre et ni une attribution temporelle
correcte non plus.
Dans le cas du site Şipot 3, les matériaux des niveaux lithologiques 4 et 5 sont
très insignifiants, et sont hypothétiquement attribués par l’auteur des recherches à « une
époque plus avancée que celle de l’existence du site Stânca » (2001, 63). L’endroit Stânca-
Darabani a fourni des matériaux de surface dépourvus d’encadrement géologique. Selon
l’avis de N. Anisiutkine, le site Stânca I contient deux niveaux d’habitat. Le niveau inférieur
est placé dans les dépôts accumulés pendant une période froide et sèche, corrélé à l’étape
stadiale entre Brörup et Moershoofd (2001, 51). Nous acceptons ce raccord, avec certaines
réserves, il est vrai (Borziac, 2003). Le niveau supérieur d’habitat, corrélé à l’interstade
Hengelo, est plus remanié et ce raccord est assez hypothétique. Aux endroits Stânca 2 et 4
on a corrélé des matériaux insignifiants, lesquels en lignes générales sont corrélés à
l’industrie du site Stânca 1. Par conséquent, tous les matériaux inclus par N. Anisiutkine
dans la culture Stânca peuvent être groupés autour d’une collection stratifiée provenant du
niveau inférieur de ce site et qui peut être, avec un certain degré de probabilité, à l’étape
pléniglaciaire Brörup-Moershoofd. Les attributions faites à des époques plus anciennes ne
suivent pas des critères suffisants pour un encadrement géochronologique.
C’est toujours à ce niveau (Stânca I, inférieur) qu’on peut raccorder (avec
certaines précisions technico-typologiques et peut-être chronologiques) les matériaux du site
Bobuleşti V (attribué par N. Chetraru au Tayacien), de certains sites des bassins du Dniestr
(Horobra), du Prout (Mersâna, Harasca) et Răut (Chetraru, 1973; 1995). A propos de
Mamaia-Sat, en Dobroudja, inclus par N. Anisiutkine dans le cadre de la culture Stânca,
élargissant ainsi l’aréal d’éparpillement de cette dernière, nous avons déjà fait nos propres
remarques (Chirica, Borziac, 2005, 156-161) et nous ajoutons maintenant que les
particularités technico-typologiques de cette industrie permettent de l’inclure parmi les
cultures pré-aurignaciennes.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
52
En Europe Centrale, c’est au Pré-Aurignacien qu’on attribue les niveaux 1 et 2 de
Willendorf II, qui se retrouvent dans les dépôts de l’oscillation positive « Willendorf »,
synchronisée à l’interstade Hengelo, équivalé au niveau supérieur du site Stânca et daté à
environ 42.000 ans B.P.
Dans les Balkans, à travers le territorire de la Bulgarie, on connaît deux sites qui
peuvent être considérés comme pré-aurignaciens et qui ont une position stratigraphique
sûre. Dans la grotte Bacho Kiro, le niveau 11 s’est formé pendant une période climatique
tempérée et humide, peut-être pendant l’intervalle Willendorf. Ce niveau à grattoirs carénés,
pointes moustériennes et lames à retouches aurignaciennes peut attester la pénétration de
l’Aurignacien en Europe comme une culture déterminable typologiquement (Kozlowski,
1979a, 95-98). L’âge de ce niveau d’habitat est de plus de 43.000 ans B.P. (Gr.N- 7545). Un
autre site de Bulgarie qui peut être inclus armi les sites préaurignaciens est le niveau
inférieur attribué au Paléolithique supérieur (ou à l’étape de transition au Moustérien) de la
grotte Temnata, dont l’âge est de plus de 43.300 ans B.P.
2. 3. 2. L’Aurignacien
Dans l’étape actuelle d’étude, l’Aurignacien est considéré comme un techno-
complexe non-homogène du point de vue technico-typologiquement, étendue dans le temps
entre environ 40.000 ans B.P. et 20.000 ans B.P. et dans l’espace entre le Canal de la
Manche d’Ouest et la Crimée et le Don à l’Est, y compris certaines zones d’Asie – le Proche
et le Moyen Orient.
Selon nous (Borziac, 2003; Chirica, Borziac, Chetraru, 1996; Chirica, Boghian,
2003, vol. I), l’Aurignacien « classique » de la zone carpato-dniestréenne et, possiblement,
de toute sa zone d’éparpillement, a évolué à partir du Pré-Aurignacien de type Stânca. Si
nous admettons plusieurs voies de pénétrations du Proche Orient en diverses zones de
l’Europe, il est apparu comme culture à traits distinctifs dont le créateur a été l’homme de
type physique actuel (Borziac, 2005a, 62-86). Tel que nous l’avons mentionné, pour fixer le
moment du démarrage de ce phénomène dans le temps et dans l’espace, nous disposons
seulement de certaines données hypothétiques géostratigraphiques, alors que les données
radiométriques, peu nombreuses, sont à la limite inférieure de la méthode C14. C’est à
l’Aurignacien que nous attribuons le niveau III de Willendorf, placé dans les dépôts de
l’interstade Schwallenbach I avec les données radiométriques 38.880 et 38.980 ans B.P. Il
est possible que cet Aurignacien de Willendorf soit contemporain au Bohunicien à datations
et positions géostratigraphiques similaires et qui, tout comme le Brynzenien (Borziac, 1997,
11-18; 2002, 35-41) peut être considéré comme industrie de transition du Moustérien au
Paléolithique supérieur (Haesaerts, Damblon, Bachner, Trnka, 1996; Haesaerts, Borziac,
Chirica, Damblon, Koulakovska, Van der Plicht, 2003; Haesaerts Teyssandier, 2003). En
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
53
Europe de l’Est, à travers la vaste plaine est-européenne, il y a encore des variétés de sites
du Paléolithique supérieur qui ont des dates très anciennes. Ce sont les plus anciens sites
de la zone Kostenki, sur le Don Moyen, dont le nombre total est 9, et qui présentent des
datations entre 36.000 et 32.000 ans B.P. (Demidenko, Otte, 2000). Donc, c’est à
l’Aurignacien ancien qu’on attribue des industries assez éloignées géographiquement l’une
de l’autre mais qui sont similaires du point de vue culturel.
Nous observons donc que l’Aurignacien de l’Europe de l’Est in lato sensu est
représenté par un techno-complexe hypothétique, et stricto sensu par des cultures variées
ou locales à interférences plus larges ou plus limitées, déterminées comme appartenant à
l’Aurignacien.
La structure de l’Aurignacien de la zone a été déjà présentée (Borziac, 2001;
Chirica, 1988; 1999; Otte, Chirica, 1993; Chirica, Borziac, Chetraru, 1996, etc.). Nous allons
considérer maintenant surtout l’encadrement géochronologique. A l’Est des Carpates,
l’Aurignacien ancien typique est présent à Mitoc-Malu Galben dans les dépôts des divisions
stratigraphiques MG12-MG9, où l’on retrouve 4 horizons à ateliers et industries
aurignaciennes. Ces dernières contiennent des grattoirs carénés, burins carénés et dièdres,
lames à retouches aurignaciennes, y compris des lames amorphes de type Dufour (qui ne
sont pas encore présentées dans des publications). Par conséquent, on attribue à
l’inventaire un évident caractère aurignacien. Les pièces sont assez standardisées et entre
ces industries et celles pré-aurignaciennes mentionnées ci-dessus il est possible qu’il y ait
un décalage temporaire qui a permis l’évolution des cultures. Dans l’étape atuelle des
recherches, nous ne saurions affirmer à coup sûr que cette évolution a eu lieu à travers
l’espace étudié par nous. Les éléments de l’Aurignacien ancien sont représentés à Ripiceni-
Izvor, les niveaux Ia et Ib, ou Mitoc-Valea Izvorului, mais leur encadrement est beaucoup
plus tardif que l’Aurignacien de Mitoc-Malu Galben, étant des autres discordances techno-
typologiques et stratigraphiques (Chirica, 1988).
Prenant comme critère de datation l’âge de 28.420 ± 400 ans B.P. (Păunescu,
1993) et les sédiments datés radiométriquement de Mitoc-Malu Galben, nous considérons
que les niveaux « aurignaciens » de Ripiceni-Izvor sont encadrés ou peuvent être
synchronisés aux divisions stratigraphiques MG10-MG9. Comme phénomène culturel, ces
niveaux d’habitat sont considérés par nous comme phases anciennes d’évolution de la
culture locale « Prout » qui appartient au technocomplexe aurignacien (Borziac, Levitchi,
2003, 45-52). C’est à ces horizons lithologiques qu’on peut synchroniser le niveau I inférieur
du site Cetăţica, de la zone prémontagne des Carpates, où l’on observe la même structure
de l’industrie, tout comme les éléments pédologiques caractéristiques pour un interstade
(Păunescu, 1998). Nous mentionnons dans ce cadre aussi que les 4 niveaux
« aurignaciens » de Ripiceni-Izvor se superposent, sans des niveaux archéologiquement
« stériles », ce qui nous détermine à considérer qu’ils n’ont pas été strictement délimités l’un
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
54
de l’autre et nous proposons que les deux premiers, plus anciens (Ia et Ib), soient examinés
comme une étape d’évolution, la plus ancienne, de la culture Prout, alors que les niveaux 2a
et 2b peuvent être considérés ensemble avec l’industrie du site Gordineşti, comme phase de
celle-ci, à savoir phase secondaire de son évolution. Nous considérons que les niveaux
d’habitat des sites mentionnés peuvent être synchronisés à la phase tardive d’évolution de
l’épisode climatique positif qui inclut les oscillations cycliques MG12-MG9. C’est au même
intervalle temporaire qu’on peut synchroniser l’industrie du niveau inférieur du site Corpaci
dont l’âge est ed 25.250 ± 300 ans B.P. (GrN-9758) et qui est placé dans un sol fossile qui
peut être raccordé à l’étape mentionnée. De la sorte, nous considérons que l’Aurignacien
moyen est représenté dans la zone de culture Prout, qu’on peut encadrer dans l’intervalle
temporel 27.500-25.000 ans B.P. Selon nous, le niveau inférieur du site Bistricioara-Lutărie
placé dans un horizon d’ « argiles grisâtres » (formé après les dépôts interstadiaux MG9),
peut être raccordé à une phase froide d’évolution du climat, qui correspond au stadial entre
MG6 et MG4. A la phase finale d’évolution de cet interstade on peut encore raccordé le
niveau d’habitat de Cetăţica II, dont l’âge est d’environ 26.700 ± 1100 ans B.P. (GrN 14633),
qui a fourni un matérial lithique pauvre; c’est à Bistricioara-Lutărie le niveau inférieur qu’on
peut synchroniser le niveau inférieur de Dârtu, ont l’âge est de 24.390 ± 180 ans B.P. (GrN-
12673). A l’étape moyenne d’évolution de l’Aurignacien de la zone on peut attribuer le niveau
inférieur de Climăuţi II, à l’âge de 24.840 ± 410 ans B.P. (Lu 2351), placé dans l’horizon
d’humus de toundra formé après le complexe interstade MG12-MG9. Le niveau supérieur de
ce site, considéré aussi comme le plus typiquement aurignacien, est placé dans les argiles
déposées pendant le stadial suivant à l’amélioration Tursac, mais peut être aussi
synchronisé à l’étape climatique froide antérieure à la subdivision Cosăuţi.
La situation devient plus difficile lorsqu’il s’agit de raccorder du point de vue
chronostratigraphique le site Climăuţi I. Conformément à la typologie, l’inventaire contient
d’évidents traits aurignaciens anciens (Borziac, 1994; Chirica, Borziac, Chetraru, 1996). Dans
le sondage de 1989 on a identifié un sol fossile que nous avons corrélé à Stilfried B – Briansk.
Dans les argiles déposées avant la formation de ce sol, on a dépisté trois silex, qui
correspondent à ceux antérieurement identifiés vers le sud, à travers un secteur détérioré de la
station. Si nos suppositions sont correctes, alors les matériaux de ce site peuvent être datés
dans une étape antérieure au début de la formation de ce sol, et sont donc plus anciennes que
l’âge de 31.000-30.000 ans B.P. De la sorte, à Climăuţi on retrouve le seul cas de la zone où
l’Aurignacien est antérieur, mais aussi l’évolution des processus climatiques y a contribué et
favorisé l’apparition et le développement de ce sol fossile. En 2001, à Climăuţi II, on a effectué
2 sondages. Dans celui vers le nord-ouest on a dépisté des pièces aurignaciennes dans le sol
fossile (Borziac, Obadă, 1999). Dans le sondage effectué vers le sud-est, on a déterminé un
autre niveau d’habitat situé dans le lœss sous le sol fossile de type Briansk, qui représentent
les matériaux antérieurement définis comme appartenant au site Climăuţi I.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
55
Fig. 9. Carte des gisements de l’Aurignacien ancien à des bifaciales.1, Buzdugeni 1; 2, Brynzeni-Ţiganca; 3, Gura Camencii IV; 4, Climăuţi I; 5, Scoc; 6, Zelenâi Hutor I; 7, Zelenâi Hutor II.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
56
Fig. 10. Aurignacien ancien, type Mitoc. Mitoc - M.G., niveaux aurignaciens inférieurs.1-6, nucléus.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
57
Fig. 11. Aurignacian ancien, type Mitoc. Mitoc - M. G., niveaux aurignaciens inférieurs.1-12, grattoirs.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
58
Fig. 12. Aurignacien ancien, type Mitoc. Mitoc - M. G., niveaux aurignaciens inférieurs. 1-6, grattoirs-burins carénés.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
59
Fig. 13. Aurignacien ancien, type Mitoc. Mitoc - M. G., niveaux aurignaciens inférieurs.1-6, grattoirs carénés.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
60
Fig. 14. Aurignacien ancien, type Mitoc. Mitoc - M. G., niveaux aurignaciens inférieurs. 1-7, grattoirs carénés.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
61
Fig. 15. Aurignacien ancien, type Mitoc. Mitoc - M. G., niveaux aurignaciens inférieurs.1-9, burins dièdres et carénés.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
62
Fig. 16. Aurignacien ancien, type Mitoc. Mitoc - M. G., niveaux aurignaciens inférieurs.1-5, burins carénés.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
63
Fig. 17. Aurignacien ancien, type Mitoc. Mitoc - M. G., niveaux aurignaciens inférieurs.1-8, burins dièdres.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
64
Fig. 18. Aurignacien ancien, type Mitoc. Mitoc - M. G., niveaux aurignaciens inférieurs.1, fragment de pointe de lance en os; 2, pointe de lance de type Mladec; 4, burin caréné; 5-7, burins dièdres.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
65
Fig. 19. Corpaci-Mâs, niveau d’habitat avec des matériels aurignaciens. Légende: 1, déchets de taille en silex; 2, pointe de lance en ivoire; 3, nucléus en silex; 4, restes fauniques; 5, pièces en grès; 6, foyer; 7, le contour d’habitation aprofondie.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
66
Fig. 20. Aurignacien ancien, type Mitoc. Corpaci-Mâs.1, 2, bifaciales; 3-5, racloirs; 6, petit marteau à des enlévements bifaciales.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
67
Fig. 21. Aurignacien ancien, type Mitoc. Corpaci-Mâs. 1, 2, 4, burins sur troncature retouchée; 3, burin dièdre transversal (type busqué); 5, 8, burins dièdres; 7, burin-racloir; 10-12, grattoirs sur éclat.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
68
Fig. 22. Aurignacien ancien, type Mitoc. Corpaci-Mâs. 1-6, 10, 12, grattoirs carénés; 7, lame aurignacienne à retouches sémi-abruptes; 8, pointe massif; 9, racloir; 11, lame à troncature oblique retouchée.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
69
Fig. 23. Aurignacien ancien, type Mitoc. Corpaci-Mâs.1-2, pointes de lance de type Mladec, en ivoire.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
70
Fig. 24. Aurignacien ancien à des bifaciales, type Climăuţi I. Climăuţi I, 1-10, racloirs diverses.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
71
Fig. 25. Aurignacien ancien. Type Climăuţi. Climăuţi I, 1-4, racloires-bifaciales; 5-13, grattoirs hautes, "aurignaciens".
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
72
Fig. 26. Aurignacien ancien. Type Climăuţi. Climăuţi I, 1-3, grattoirs sur lames massives à des retouches sémi- abruptes sur bords; 4, 5, 7, grattoirs carénés; 6, grattoir caréné-burin; 8, 9, 11, 13, pointes de type "Climăuţi"; 10, éclat à troncature concave retouchée; 12, grattoir haut sur éclat.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
73
Fig. 27. Aurignacien ancien. Type Climăuţi. Climăuţi I, 1-8,14-17, burins diverses; 9, gratoir caréné au museau; 10-13, pièces à des encoches profondes.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
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Fig. 28. Aurignacien ancien. Scoc, 1-2, racloirs bifaciales; 3, 6, denticulés; 4, grattoir; 5, 7, 11, 13, encoches; 8, burin; 9, perçoir; 10, racloir; 12, lame retouchée.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
75
Fig. 29. Aurignacian ancien. Scoc, 1-6,11, grattoirs; 7, 8, lames à rétouches fines; 9, perçoir; 10, raclette.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
76
2. 3. 3. Le Gravettien
Le Gravettien, tout comme l’Aurignacien, est considéré comme un techno-
complexe, à un large éparpillement à travers l’Europe. Selon les territoires et les époques,
on distingue plusieurs types de Gravettien, y compris des cultures à traits technico-
typologiques distinctes.
Conformément aux particularités chronostratigraphiques, technico-typologiques et
aux données radiométriques, le Gravettien de l’espace de l’Europe Centrale y compris le
territoire entre les Carpates et le Dniestr est divisé en deux grands compartiments: le
Gravettien ancien (et moyen) et le Gravettien tardif (Gravettien et Epigravettien). Le
Gravettien ancien (et moyen) commence à partir de 30.000-29.000 ans B.P. et dure jusqu’à
environ 20.000 ans B.P. Le Gravettien tardif ou l’Epigravettien est daté entre environ 20.000
ans B.P. et 10.000 ans B.P. Nous allons utiliser les syntagmes de Gravettien ancien et
Gravettien tardif (Brudiu, 1974; Chirica, 1989; Borziac, 1994; Păunescu, 1998; 1999).
2. 3. 3. 1. Le Gravettien ancien (et moyen) entre ± 30.500 ans B.P. et ± 20.000 ans B.P.
Le Gravettien ancien est divisé à son tour en base des estimations paléoclimatiques,
paléoécologiques et technico-typologiques en cinq étapes, que nous avons désignées comme des
périodes d’évolution du Gravettien ancien en Europe Centrale, y compris dans la zone analysée
par nous.
La première période – depuis son apparition en Europe Centrale, environ 30.500 et
jusqu’à 28.000 ans B.P. – correspond au début de son évolution, laquelle est fixée par la position
stratigraphique du 5-ème niveau de Willendorf II, situé dans un horizon de sol fossile à l’âge de
30.500 ans B.P. et synchronisé par l’interstade Schwallenbach III (Haesaerts, 1990a; 1990b;
1990c; Haesaerts, Damblon, Bachner, Trnka, 1996, 25-42). L’encadrement culturel de ce niveau
d’habitat a été élaboré en base des estimations technico-typologiques relativement récentes
(Djindjian, Kozlowski, Otte, 1999, 400), tout comme à partir des observations stratigraphiques qui
permettent un encadrement plus sûr, plus documenté des sites adjacents à l’interstade
Schwallenbach (Haesaerts, Damblon, Trnka, 1996; Haesaerts, Teyssandier, 2003). Les données
chronostratigraphiques, technico-typologiques et radiométriques nous permettent d’affirmer que le
Gravettien peut être attesté en Europe et, en particulier, à Willendorf, à la limite inférieure de
30.500 ans B.P. Ce Gravettien est dépisté dans un milieu totalement aurignacien. Plus tard, sur le
Danube Moyen, l’Aurignacien est attesté à Albendorf, ayant l’âge d’environ 27.500 ans B.P.
(Trnka, 2005, 195-212). L’Aurignacien, en Europe Centrale, y compris dans la zone analysée par
nous, après Willendorf, est attesté encore à Corpaci-Mâs (environ 26.000 ans B.P.) et Climăuţi II
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
77
(entre environ 24.000 et 20.000 ans B.P.) (Chirica, Borziac, Chetraru, 1996; Borziac, Obadă, 2003,
8-49).
Un âge cohérent, similaire, d’apparition ancienne du Gravettien est attesté aussi pour
la zone carpato-dniestréenne. Les niveaux 10 et 9 de Molodova V, datés entre 29.650 et 28.750
ans B.P., ont une position stratigraphique au début de l’oscillation froide, suivie par l’épisode
interstade MG10 (Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, Van der Plicht, 2003).
Ces apparitions anciennes du Gravettien de Willendorf, Mitoc-Malu Galben et
Molodova V sont complétées par sa présence à la limite de 29.200 ans B.P. dans le niveau
inférieur du site Geissenklösterle du Jura Souabe (Conrad, Bolus, 2003). Des présences plus
tardives du Gravettien que celles déjà mentionnées ci-dessus sont observées à Willendorf sous la
forme de petites agglomérations de silex, datées à 29.000-28.000 ans B.P. (Djindjan, Kozlowski,
Otte, 1999), placées stratigraphiquement à une profondeur plus grande le niveau V, et qui sont
datées à environ 28.200 ans B.P. (Haesaerts, 1990b). En ce contexte, nous allons mentionner le
niveau peu remanié de Dolni-Vestoniče, qui est superpose au plus ancien niveau de ce
remarquanle site (Klima, 1963).
Il est possible de raccorder aux habitats de Molodova V et Mitoc-Malu Galben même le
Gravettien du site de Ciutuleşti, dépourvu de date radiométrique, mais qui est situé
stratrigraphiquement au début de la formation du complexe interstade de type Arcy-Stilfried-
Briansk. La typologie de l’industrie lithique est similaire à celle des niveaux 10 et 9 de Molodova V
(Borziac, Chetraru, 1995).
A Mitoc-Malu Galben, le Gravettien ancien est signalé aussi par l’atelier de processage
primaire du silex, situé à la base de l’unité stratigraphique locale MG7, qui à la date de 28.950 ans
B.P. (Damblon, Haesaerts, Van der Plicht, 1996).
Vers l’Est, il y a deux niveaux d’habitat à Mira, à plusieurs dates radiométriques, à
environ 27.700-26.800 ans B.P. (Sapojnikov, 2003, 222; Stepanchuk, Kohen, 2000-2001;
Gerasimenko 1997; Damblon, Haesaerts, Van der Plicht, 1996; voir l’illustration, fig. 62-90).
La deuxième période d’évolution du Gravettien ancien et moyen (à partir d’environ
28.000 ans B.P. jusqu’à environ 26.000 ans B.P.) correspond à une période de dégradation
climatique (instabilité vers un refroidissement évident). Cette période correspond à l’étape de
fleurissement du Gravettien en Europe Centrale et de sa pénétration vers le Nord et vers l’Est. Le
phénomène de l’évolution évidente du Gravettien en Europe Centrale est marquée par le
Pavlovien (Svoboda, Lozek, Czudek, Havlichek et al., 1996; Svoboda, Klima, Iarosova, Skrdla,
2000; Oliva, 2000a; 2000b). A Dolni-Vestoniče II, le niveau d’habitat suffisamment documenté
stratigraphiquement à l’âge de 27.500 ans B.P. (les agglomérations de matériaux A, B, C). On
signale en même temps les chasseurs gravettiens du site Krems-Hundsteig (27.940 ans B.P. -
Neugebaeur-Maresch 1999; 2000), mais aussi à Mitoc-Malu Galben, datés à 27.500 ans B.P. (la
base de l’unité stratigraphique 7) et possiblement, Mejiginzi, près de la ville Halici (Koulakovska,
Otte, 1998), où le niveau principal d’habitat est daté à environ 27.000 ans B.P.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
78
Si nous considérons les vastes sites du Pavlovien, datés en général entre 26.500 et
25.400 ans B.P. à Dolni-Vestoniče, Pavlov et Predmosti, ceux-ci coïncident à l’étape de
dégradation du climat, lorsque l’humus de toundra GI s’est formé et celui-ci marque
stratigraphiquement la fin du Pléniglaciaire moyen. C’est pendant cette période de refroidissement
qu’on peut situer, étant placés stratigraphiquement dans des dépôts similaires, le niveau 6 d’habitat
de Willendorf, les agglomérations principales de matériaux d’Aggsbach et le premier grand atelier
gravettien de Mitoc-Malu Galben dont l’âge est de 26.450 et 25.050 ans B.P.
Cet important niveau d’habitat de Mitoc-Malu Galben est placé dans l’horizon d’humus,
formé dans des conditions sévères de toundra, suivi par le lœss du Pléniglaciaire supérieur.
Dans ce contexte, les concentrations successives de sites pavloviens, situés dans des
landschafts remarquables dans le voisinage d’agglomération d’os de mammouth, peut-être sans
l’intervention active de l’homme, dénotent une nécessité vitale, dictée par les conditions
néfavorables du climat. La présence du mammouth dans un nombre considérable a conditionné la
présence des nombreux collectifs de chasseurs gravettiens. Les Pavloviens étaient plus fréquents
dans cette zone à cause du milieu humide, à une végétation abondante, laquelle attirait les grands
herbivores lors les Gravettiens ou les Aurignaciens d’autres régions, adjacentes, étaient plus
dispersés, car là-bas, les conditions climatiques étaient différentes (Svobodova, Svoboda, 1988;
Svobodova, 1991).
La troisième période du Gravettien ancien (et moyen) - (depuis environ 26.000 ans
B.P. jusqu’à environ 25.000 ans B.P.) commence par les premiers dépôts de lœss du
Pléniglaciaire supérieur. C’est dans ces dépôts que sont situés les niveaux d’habitat 7 et 8 de
Willendorf et 8 de Molodova 5. Le dernier est situé dans un horizon de sol humifère à remplissage
de lœss daté à 20.500 B.P. et qui est aussi identifié à Pavlov II, Dolni Vestoniče, Predmosti et
Miloviče (Moravie) mais aussi dans le niveau II de Mitoc-Malu Galben où l’on retrouve les
industries finales du Pavlovien. C’est à cette période qu’on peut raccorder aussi certains niveaux
d’habitat tels les industries des sites Otaci II (Kovalenko, Chetraru, 1999, 183-193) et Vadul
Raşcov I (Borziac, 1979, 7-18). Le niveau du site Otaci I est placé dans les dépôts d’humus au-
dessus d’un sol fossile très évident identifié en tant que sol de type Arcy-Stilfried B-Dofinovka. A
Vadul Raşcov, les matériaux lithiques ont été récoltés à la surface, mais du point de vue technico-
typologique ils peuvent être encadrés dans la même catégorie que ceux provenant d’Otaci II
(Kovalenko, Chetraru, 1999, 192). Un point de connexion entre la zone du bassin du Danube et
celle du Dniestr Moyen est représenté par le campement de chasseur de la grotte Molocij Kameni,
dans les Carpates, là où le niveau d’habitat présente la date de 25.550 ± 350 B.P. (Tkacenko,
1997, 29).
Vers l’Est, dans les bassins du Bug de Sud et du Dniepr, on ne connaît pas de sites de
cette période.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
79
Fig. 30. Carte des gisements du Gravettien ancien, de type Molodova-Mitoc: 1, Voronoviţa, niveau inférieur; 2, Babin I, niveau inférieur; 3, Oselivca I, niveau inférieur; 4, Molodova V, niveaux 10-8; 5, Cormani IV, niveau 9-8 (?); 6, Mitoc-Malu Galben, niveaux
gavettiens; 7, Ripiceni-Izvor, niveaux gravettiens 1-2; 8, Bistricioara-Lutărie, niveau gravettien inférieur; Cetăţica II; Ciutuleşti I.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
80
Fig. 31. La stratigraphie des depôts tardiquaternaire de Willendorf II, où on a identifié le plus ancien „Gravetien oriental" de l’Europe (d’après Haesaerts, Damblon, 1993).
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
81
Fig. 32. Gravettien ancien, type Molodova-Mitoc. Molodova V, niveau 10a: 1, nucléus prismatique; 2, burin sur troncature retouchée; 3, racloir sur éclat Levallois; 4, lame à troncature oblique retouchée; 5, lame à un bord retouché; 6, racloir-burin; 7, (niveau 10), lame double appointée, specifique pour ce facies de type Molodova - Mitoc.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
82
Fig. 33. Gravettien ancien. Molodova V, niveau 10: 1-4, lamelles à dos (1, pointe de La Gravette); 6, 8, 10, lames appointées; 5, grattoir massif; 7, grattoir caréné; 9, couteau dit "type Molodova".
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
83
Fig. 34. Gravettien ancien. Molodova V, niveau 10: 1, lame appointée; 2-4, 6, 8, racloirs sur des supports alongeés; 3, burin-racloir; 5, 9, gratoirs sur lame; 7, lame massive à troncature retouchée oblique.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
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Fig. 35. Gravettien ancien. Molodova V, niveau 9: 1, burin double sur troncature retouchée; 2, burin double dièdre; 3, grattoir massif sur éclat retouchée; 4, racloir convexe; 5, 8, burins d’angle; 6, lame appointée; 7, lame à encoche et retouches denticulés; 9, grattoir sur lame aurignacienne.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
85
Fig. 36. Gravettien ancien. Molodova V, niveau 9: 1-2, lamelles à dos (2, pointe de La Gravette); 3-4, 6-7, lames appointées, spécifiques pour ce facies; 5, 8-10, 13-14, grattoirs; 11-12, burins.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
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Fig. 37. Gravettien ancien. Molodova V, niveau 8: 1-3, lamelles à dos; 4, 6, 8, 10-11, burins; 5, burin transversal-racloir; 7, grattoir sur lame retouchée; 9, racloir double denticulé.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
87
Fig. 38. Gravettien ancien. Molodova V, niveau 8: 1-2, 4-5, grattoirs sur lames; 3, grattoir-burin dièdre; 6-7, 10, lames retouchées; 8-9, grattoirs carénés-nucléus de lamelles(?); 11-12, burins.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
88
Fig. 39. Gravettien ancien. Ciutuleşti I: 1-3, grattoirs; 4-6, burins diverses; 7-9, lames appointées; 10-11, nucléus prismatiques.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
89
Fig. 40. Gravettien ancien. Ciutuleşti I: 1-7, 9-13, grattoirs diverses; 8, racloir double convexe; 14-25, burins diverses.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
90
Fig. 41. Gravettien ancien. Mitoc-Malu Galben, ensemble gravettien I: 1, nucléus à deux plans de frappe; 2, grattoir sur lame; 3, lame appointée; 4, micro-gravette en schiste noir d’ Audia; 5, burin mixte; 6, lame retouchée; 7, pointe à gibbosité; 8, racloir sur lame (couteau ?); 9, racloir déjeté.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
91
Fig. 42. Gravettien ancien. Mitoc-Malu Galben, ensemble gravettien II: 1, nucléus à deux plans de frappe; 2-3, lames; 4-7, grattoirs sur lame.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
92
Fig. 43. Gravettien ancien. Mitoc-Malu Galben, ensemble gravettien II: 1-4, grattoirs sur lame; 5, burin dièdre sur éclat-racloir double convexe, de type moustérien.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
93
Fig. 44. Gravettien ancien. Mitoc-Malu Galben, ensemble gravettien II: 1-2, burins dièdres; 3, perçoir sur éclat moustérien; 4, grattoir-burin d’angle sur cassure; 5, lame à base tronquée oblique; 6-8, lames appointées; 9, fragment de lamelle à dos; 10, pointe de La Gravette.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
94
Fig. 45. Gravettien ancien. Mitoc-Malu Galben. Ensemble gravettien II. 1, photo et dessin sur pendentif en cortex, decoré par incisions; 2, pendentif en os.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
95
Fig. 46. Gravetien ancien. Voronoviţa I, niveau inférieur: 1-3, grattoirs sur lames; 4-6, burins.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
96
Fig. 47. Gravettien ancien. Voronoviţa I, niveau inférieur: 1, burin dièdre; 2, burin dièdre double sur lame retouchée; 3-5, grattoirs-burins; 6, lame appointée; 7, lame retouchée.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
97
Fig. 48. Gravettien ancien. Voronoviţa I, niveau inférieur: 1, lame appointée; 2-3, pointes moustériennes-lames appointées; 4-5, fragments de bifaciales.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
98
Fig. 49. Gravettien ancien. Babin I, niveau inférieur: 1-8, grattoirs diverses.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
99
Fig. 50. Gravettien ancien. Babin I, niveau inférieur: 1-3, grattoirs sur lames retouchées; 4, grattoir sur lame appointée; 5, grattoir-racloir double; 6, burin double, d’angle sur cassure; 7, burin dièdre; 8-9, grattoirs-burins.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
100
Fig. 51. Gravettien ancien. Babin I, niveau inférieur: 1, lame à retouche bilatérale et encoche; 2, lame massive à retouches bilatérales; 3-5, lames appointées; 6, lame retouchée bilateral; 7-8, lames à retouches unilaterales; 9, pointe à cran; 10, lamelle à dos; 11-12, pointes de La Gravette.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
101
Fig. 52. Gravettien ancien. Babin I, niveau médian: 1, nucléus discoide à éclats; 2-3, nucléus épuisés à lames courtes-racloir; 4-7, grattoirs diverses.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
102
Fig. 53. Gravettien ancien. Babin I, niveau médian: 1-8, burinns diverses.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
103
Fig. 54. Gravettien ancien. Babin I, niveau médian: 1-8, burins diverses.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
104
Fig. 55. Gravettien ancien. Babin I, niveau médian: 1-3, grattoirs-burins; 4-5, perçoirs; 6-7, lames à retouches unilaterales; 8, lame à retouches bilaterales; 9-11, lames appointées; 12, lame à troncature oblique retouchée (d’après I.Borziac).
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
105
Fig. 56. Gravettien ancien. Cormani IV, niveau 7: 1-2, burins dièdres; 3, burin sur troncature retouchée, sur éclat massif; 4-6, lames à retouches d’utilisation; 7, lame appointée; 8, "chopper" (d’après Tchernysh, 1977).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
106
Fig. 57. Gravettien ancien. Cormani IV, niveau 6: 1-3, grattoirs; 4-13, burins diverses (d’après Tchernysh, 1977).
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
107
Fig. 58. Gravettien ancien. Cormani IV, niveau 6: 1-9, burins diverses (d’après Tchernysh, 1977).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
108
Fig. 59. Gravettien ancien. Cormani IV, niveau 6: 1, lame appointée; 2-4, lames retouchées; 6-7, lames à dos; 5, lame à troncature retouchée oblique; 8, racloar-pièce type couteau de "Kostenki" (d’après Tchernysh, 1977).
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
109
Fig 60. Gravettien moyen. Molodova V, niveau 7: 1-2, grattoirs carénés; 3-7, racloirs et racloirs-grattoirs.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
110
Fig. 61. Gravettien moyen. Molodova V, niveau 7: 1, 2, 5, grattoirs doubles sur lames; 4, 7, grattoirs sur lames retouchées; 3, nucléus épuisé; 6, grattoir simple aux bords retouchés dorsal.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
111
Fig. 62. Gravettien moyen. Molodova V, niveau 7: 1, 4-5, lames appointées; 2-3, 7, grattoirs sur lames retouchées; 6, grattoir-burin.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
112
Fig. 63. Gravetian moyen. Molodova V, niveau 7: 1-4, 6, grattoirs; 5, burin dièdre ; 7, gratoir-burin.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
113
Fig. 64. Gravettien moyen. Molodova V, niveau 7: 1-10, burins diverses et grattoirs-burins.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
114
Fig. 65. Gravettien moyen. Molodova V, niveau 7: 1, 3, perçoirs sur lames; 2, lamelle à dos; 4-7, 10-14, pointes de La Gravette; 8, grattoir; 9, lame à troncature retouchée; 15- 18, lamelles à bord abattu; 19-21, "rectangles"; 22, lame-scie; 23-24, pointes à cran.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
115
Fig. 66. Gravettien moyen. Molodova V, niveau 7: 1-2, lames à larges encoches (couteaux type Rgani ?); 3-6,13-14,16-17,poines typiques et atypiques à cran; 8-9, pointes assimetriques pedonqulés(?); 10, 11, 21, pointes de La Gravette; 13,19, lamelles à bord abattu; 18, lame à dos ; 20, pointe double (de lance ?).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
116
Fig. 67. Gravettien moyen. Molodova V, niveau 7: 1, pic en bois de renne; 2-3, „batons’’ percés en bois de renne; 4, manche en côte de mammouth.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
117
Fig. 68. Gravettien moyen. Molodova V, niveau 7: 1, manche en bois de renne; 2, lissoir sur côte; 3, pointe de sagaie fusiforme en os, de section ronde; 4, pointe de sagaie fusiforme en os, de section quadrangulaire.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
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Fig. 69. Gravettien moyen. Zamostie: 1, 3-15, pointes typiques et atypiques à cran; 2, lamelle retouchée ; 14, 16-39, lamelles à bord abattu (d’après Ambrojevici, 1938).
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
119
Fig. 70. Gravettien moyen. Mitoc-Malu Galben. Ensemble gravettien III: 1-2, nucléus; 3, lame; 4-6, grattoirs.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
120
Fig. 71. Gravettien moyen. Mitoc-Malu Galben. Ensemble gravettien III: 1-2, burins; 3-4, lames retouchées.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
121
Fig. 72. Gravettien moyen. Mitoc-Malu Galben. Ensemble gravettien III: 1, fragment de lame à cran; 2, lame appointée, 3, pointe à deux bords à dos; 4, pic triédrique sculpté (?).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
122
Fig. 73. Gravettien moyen. Mitoc-Malu Galben. Ensemble gravettien IV: 1-2, grattoirs sur lames retouchées; 3-7, burins dièdres.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
123
Fig. 74. Gravettien moyen. Mitoc-Malu Galben. Ensemble gravettien IV: 1-6, burins diverses.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
124
Fig. 75. Gravettie moyen. Mitoc-Malu Galben. Ensemble gravettien IV: 1-3, burins; 4, lame tronquée et retouchée; 5, lame retouchée; 6, lame à troncature oblique retouchée; 7, grattoir sur lame à troncature retouchée; 8, lame appointée (perçoir?).
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
125
Fig. 76. Gravettien moyen. Mitoc-Malu Galben. Ensemble gravettien IV: 1, pointe de La Gravette; 2, micro-burin, type Krukowski; 3, pointe à gibbosité; 4, lame à dos; 5-7, pointes à cran; 8-22, micro-gravettes; 23-26, lamelles à dos; 27, denticulé.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
126
Fig. 77. Gravettien moyen. Grotte Ciuntu: 1, grattoir sur lame; 2, burin sur troncature retouchée; 3-10, lames retouchées.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
127
Fig. 78. Gravettien moyen. Grotte Ciuntu: 1, fragment de lame à troncature oblique retouchée; 2, armature (fragment); 3-4, pointes de La Gravette; 5, bifaciale fragmentaire; 6-7, racloirs sur lames massives; 8, poinçon en os de renne.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
128
La quatrième période du Gravettien ancien (et moyen) - (entre environ 25.000 et
23.000 ans B.P.) est marquée dans la zone danubienne par l’apparition dans les industries
gravettiennes des pièces de type pointe à cran (Otte, Kozlowski, 1986). Elles présentent des
dimensions différentes et des modifications et servaient, probablement, comme couteaux,
pointes de flèches et de javelots, mais sont caractérisées premièrement par une particularité
technologique de modelage de la pointe à la partie distale du semi-fabriqué par des
retouches abruptes, mais aussi par la possibilité d’emmanchement. Ces instruments sont
considérés comme des « fossiles » directrices pour le « Gravettien Oriental ». Les principaux
sites et niveaux d’habitat de ce compartiment sont: Spadzista (Krakovie) avec le niveau situé
dans les unités stratigraphiques 6b et 6a, Petrkoviče, Moravani, Nitra, Čerman, Willendorf, le
niveau 9, Molodova V, le niveau 7 et possiblement Mitoc-Malu Galben, le niveau IV (Otte,
Noiret, Chirica, Borziac, 1996; Otte, Lopez-Bayon, Noiret, Borziac, Chirica, 1996; Borziac,
1998, 135-142). C’est au même groupement de sites qu’on peut raccorder Dolni-Vestonice
III (Skrdla, Čilek, Prichystal, 1996). Ces sites sont datés entre 24.500 ans B.P. et 22.000 ans
B.P. (Kozlowski, 1986, 1996; Djindjan, Kozlowski, Otte, 1999). Les nouvelles données ed
Willendorf II, Mitoc-Malu Galben et Molodova permettent des précisions dans ce domaine
(Haesaerts, Damblon, Van der Plicht, 1996, Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon,
Koulakovska, Van der Plicht, 2003; Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska,
2004). En particulier, il semble bien que l’évolution de cette catégorie de sites gravettiens en
Europe Centrale est contemporaine aux dépôts primaire de lœss du Pléniglaciaire supérieur,
formés dans les conditions d’un milieu environnant froid, mais en même temps suffisamment
humide, à humus de toundra sur lesquels se sont accumulés les dépôts de cette période-ci.
Les premières représentations de cette industrie apparaissent il y a environ
25.000 ans B.P., parallèlement sur les deux versants des Carpates. A Willendorf, à partir
d’un échantillon d’os, récolté dans la partie centrale du niveau 9, on a obtenu la date de
24.910 ans B.P. (Kozlowski, 1998, 131). Cette date a été confirmée par une autre, obtenue
d’après un fragment d’omoplate de bison (Haesaerts, Damblon, Bachner, Trnka, 1996). A
Molodova V, dans la zone centrale de l’agglomération de vestiges du niveau 7, étudiée par
A. Tchernysch, directement du niveau d’humus (l’unité stratigraphique 12), on a récolté 3
échantillons de charbon, qui ont fourni des dates entre 25.230 et 25.130 ans B.P.
(Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, Van der Plicht, 2003; Haesaerts,
Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, 2004). Les datations antérieures se situent entre
23.650 et 23.000 ans B.P. Le niveau 7 est déposé dans l’unité stratigraphique 12, mais il est
aussi le plus important niveau paléolithique d’habitat de ce site.
A Mitoc-Malu Galben, Dolni-Vestoniče, Moravani, Lopata et Spadzista, le
Gravettien à pointes à cran est daté entre 24.700 et 23.000 ans B.P. et par conséquent il
peut être un dérivé des premiers sites mentionnés ci-dessus. Par exemple, le complexe
principal présentant de telles pièces de Spadzista, daté à 23.000 ans B.P., est placé sans
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
129
intermédiaire sur la surface dégradée de l’humus de toundra (les sous-unités
stratigraphiques 6a et 6b). Cette situation stratigraphique est caractéristique aussi du niveau
d’habitat de Petrkoviče, daté à 23.370 ans B.P. (Iarosova, Čilek, Oches, Sniezko, 1996). La
nouvelle date confirme nos estimations et infirme la date antérieurement proposée de 20.790
ans B.P. La date de 23.000 ans B.P., obtenue pour le lœss déposé au-dessus de l’horizon
d’humus de toundra du site Nitra Čerman (Barta, 1980) correspond aussi à nos estimations
chronostratigraphiques.
La cinquième période du ce Gravettien (entre environ 23.000 et 20.000 ans
B.P.). La stratigraphie de Molodova V est marquée au début par un lœss, déposé
conformément aux analyses des mollusques terrestres pendant une période froide et aride.
Elle a évolué entre 23.000 ans et 20.000 ans B.P., selon des sites qui ont existé pendant le
stadial Brandenbourg – Lezsno, plus prononcé au nord de l’Europe (Kozarski, 1980).
On constate un décalage entre les dates obtenues d’après les échantillons d’os
du Nord de l’Europe et celles provenant des échantillons de charbon (ces dernières étant
plus sûres) de la zone à l’Est des Carpates. Le climat sévère a aussi conditionné une densité
réduite de la population de l’Europe Centrale y compris de la zone investiguée par nous. A
l’Ouest des Carpates, on a fixé de faibles niveaux d’habitat à Aggsbach (le niveau supérieur)
et à Miloviče, datés à environ 22.500 ans B.P., tout comme certains ateliers de
transformation du silex placés dans la partie inférieure du niveau 5 de Spadzista C, attribués
aux phases finales du Gravettien ancien (Kozlowski, Sobczyk, 1987; Kozlowski, 1998;
Escutenaire, Kozlowski, Sitlivy, Sobczyk, 1999).
A l’Est des Carpates, dans les bassins du Dniestr et du Prout, on n’a enregistré
pour cette étape que quelques rares traces d’habitat humain. A Molodova V, par exemple, on
a identifié seulement quelques silex dispersés dans l’unité sédimentaire 13, qui présente les
dates de 23.120 ans B.P. à la base, 21.500 ans B.P. dans la partie médiane et 20.600 ans
B.P. dans la partie supérieure. D’autre part, tout en accentuant l’exceptionnel potentiel
archéologique de cette zone pendant le Quaternaire tardif (Chetraru, 1973; Tchernysch,
1973; Brudiu, 1974; Păunescu; 1998; 1999), exploité par des recherches systématiques
encore insuffisantes (par comparaison au territoire de la France), nous pouvons conclure
que pendant cette période froide et aride seules ce n’étaient que quelques petites
collectivités de chasseurs qui erraient dans cette zone. Ceux-ci sont encore mentionnés
dans le site d’Oselivka, niv. IV (daté à 22.600 ± 300 ans B.P.) (Tchernysch, 1993, 30).
L’absence d’une population dense gravettienne est liée à une interruption temporaire dans la
zone de l’accès du renne. Des groupes de population qui chassaient régulièrement le
mammouth étaient pénétrés là-bas, et ils sont attribués aux phases finales de l’évolution de
l’Aurignacien – Climăuţi II (niveau supérieur) (20.350 ± 230 ans B.P.) (Borziac, Obadă,
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
130
Fig. 79. L’emplacement des sites Climăuţi,Vadu-Raşcov et Raşcov.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
131
Fig. 80. Raşcov VII: 1-28, nucléus diverses.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
132
Fig. 81. Raşcov VII: 1-21, grattoirs.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
133
Fig. 82. Raşcov VII: 1-29, grattoirs.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
134
Fig. 83. Raşcov VII: 1-23, grattoirs nucléiformes, carénés et au museau.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
135
Fig. 84. Raşcov VII: 1-24, burins sur troncature retouchée.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
136
Fig. 85. Raşcov VII: 1-19, perçoirs diverses, même carénés.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
137
Fig. 86. Raşcov VII: 1-14,16,18-22, pointes-perçoirs de type "Raşcov"; 15, 17, lames retouchées.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
138
Fig. 87. Raşcov VII: 1-76, lamelles, lames retouchees, même abattu, micro-perçoirs.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
139
Fig. 88. Raşcov VII: 1-65, lamelles et lames retouchées, à bord abattu, "rectangles".
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
140
Fig. 89. Raşcov VII: 1-6, fragments de pointes de lance en ivoire de mammouth.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
141
Fig. 90. Raşcov VII: 1-4 fragments de "manches" ou percuteurs (pics?) en bois de renne.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
142
2003), Leski, Sagaidak (21.240 ± 200, 20.300 ± 200 ans B.P.). Les deux derniers sites sont
situés à l’Est du bassin du Dniestr. Il est intéressant à remarquer que c’est le mammouth qui
prédomine aussi dans le niveau d’habitat d’Oselivca. Il est possible que pendant cette
période, dans la zone en question, des habitants venant de l’Ouest aient pénétré, laissant
des traces d’activité à Râscov VII dont l’industrie présente d’évidents traits aurignaciens
(Borziac, 2005). Il faut aussi signaler des traces d’habitat gravettien à Crasnaleuca (Chirica,
1989) et à Podgori (Borziac, 1995, 173-183), sites qui sont pourtant insuffisamment étudiés.
Par conséquent, la période visée, à dépôts de lœss accumulés dans des
conditions froides et sèches, a marqué plusieurs événements d’ordre climatologique,
écologique et culturel, qui peuvent être mentionnés de la manière suivante:
- le renne devient de moins en moins fréquent, alors que le mammouth est presque
toujours présent;
- les communautés gravettiennes deviennent plus rares et une nouvelle vague de
population à traditions aurignaciennes tardives (épiaurignaciennes) pénètrent dans la zone
(voir la problématique terminologique in Demidenko, 2004, 161-195; Sapojnikov, 2003, 195-
237)
- la stratégie de comportement adaptationnel change, étant marquée par le passage de la
manière de vie antérieure, relativement sédentaire, à une activité occupationnelle,
phénomène directement lié au début de la valorisation intense des steppes nord-pontiques,
antérieurement peuplées seulement de manière accidentelle (Sapojnikov, 2003; Stanco
1980, 5-21; 1982; Stanko, Grigor’eva, Schvaiko, 1989, 27-29).
Ce changement évident du comportement cynégétique est mentionné aussi par
d’autres chercheurs (Kozlowski, 1996; Djindjan, Kozlowski, Otte, 1999) qui nomment encore
cette période comme « vide » démographique pour le territoire de l’Europe Centrale.
D’autre part, cette période est marquée par une intensification accentuée de
l’activité humaine à l’Est de la zone du Dniestr Moyen, dans les bassins du Dniepr (la zone
de Desne), du Don Moyen (la zone Kostenki), où l’on signale les grands sites relativement
sédentaires de Hotylevo II, Avdievo, Kostenki, intensément et multilatéralement étudiés
(Sinitsyn, 1993; 1997, 21-66; 1999; Synitsyn, Praslov, 1997, 21-66).
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
143
2. 3. 3. 2. Le Gravettien tardif (l’Epigravettien) entre ± 20.000 ans B.P. et ± 10.000 ans B.P. (la culture Molodova- Cosăuţi-Cotu Miculinţi) La seconde partie de l’évolution du Gravettien, plus spectaculaire, aussi bien
en tant que phénomène culturel, qu’en tant que phénomène démographique et du point
de vue du comportement cynégétique, conformément aux étapes d’évolution du
processus naturel est, elle aussi, conventionnellement divisée en trois périodes.
La première période (entre ± 20.00 et ± 17.000 ans B.P.) est à son tour
divisée en deux groupes: Grubgraben (les niveaux AL 5 jusqu’à AL1) en Autriche
inférieure; Cosăuţi (niveaux 10-2) et Molodova V (niveaux 6-4) sur le Dniestr Moyen.
Dans les deux zones visées, les niveaux se sont déposés en même temps avec les
sédiments de lœss épisodiques, formés dans des conditions froides mais humides, qui
coïncident avec la seconde partie du Pléniglaciaire supérieur, qui a duré entre environ
± 20.000 et ± 17.000 ans B.P.
A Grubgraben, les niveaux d’habitat AL4 et AL5, datés à 19.380 et 18.920
ans B.P. respectivement (dates encore inédites), à deux petits horizons humifères
synchrones, mais aussi l’horizon humifère inférieur qui contient certains artéfacts du
niveau AL5, sont corrélés, en leur ensemble, à un épisode climatique complexe,
dénommé dans ce cas « l’oscillation positive Grubgraben ». Les niveaux AL2 et AL2b,
datés à 18.980 et 18.380 ans B.P. respectivement, sont associés à un lœss placé plus
haut, alors que dans le niveau AL1 il est déposé dans les sédiments de lœss
accumulés avant 16.800 ans B.P. Les industries lithiques des niveaux AL5-AL1 sont
attribuées par A. Montet-White (1990) à l’Epigravettien ancien, alors que F. Brandtner
leur « attribue » un caractère aurignacien. Il est possible que ces industries dont les
pointes à cran manquent soient similaires à celles de Langmannersdorf et Rosenburg,
en Autriche Inférieure, et les deux âges de 18.900-17.700 ans B.P. de Ságvar.(Hongrie)
(Gabori, 1965) et Stranska Skala, de Moravie (Svoboda, Klima, Iarosova, Skrdla, 2000)
sont probablement contemporains aux niveaux AL3-AL1 de Grubgraben.
A l’Est des Carpates, les séquences de Molodova V et Cosăuţi sont
beaucoup plus représentatives et riches de divers domaines, aussi bien archéologiques
que chronostratigraphiques et paléoécologiques. Elles incorporent un nombre plus
grand de niveaux d’habitat tardigravettiens, datés à environ 20.000 ans – 17.000 ans
B.P. et qui, évidemment, s’inscrivent dans la continuité des niveaux antérieurs d’habitat
des gisements Molodova V et Mitoc-Malu Galben.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
144
Fig. 91. Carte des gisements du Gravettien tardif (20.000-10.000 ans B.P.) (de l’Epigravettien de l’espace carpato-dniestréen):
1. Lisicinichi; 2. Voronoviţa I; 3. Babin I; 4. Ataki; 5. Oselivca I; 6. Molodova V; 7. Molodova 1; 8. Cormani IV. 9. Ataci I, II, III; 10. Ciuntu; 11. Cotu Miculinţi; 12. Crasnaleuca; 13. Strachina-Dorohoi; 14. Ripiceni-Izvor, niveaux gravettiens IIa et IIb; 15. Duruitoarea Veche, niveau II; 16. Costeşti I; 17. Manoleasa-Prut; 18. Mereşeuca; 19. Podgori I. 20. Cosăuţi; 21.Srednâi Gorb; 22. Ivaşcovo; 23.
Anetovca II; 24. Vadu-Raşcov III; 25. Bilicenii Vechi; 26.Oxentia; 27. Valea Ursului; 28. Cetăţica I; 29. Poiana Cireşului; 30. Bistricioara-Lutărie; 31. Dârţu; 32. Bofu Mare et Bofu Mic; 33.Ceahlău-Scaune; 34. Bicaz; 35. Lespezi; 36. Recea; 37. Calfa; 38. Răscăeţi; 39. Bol'şaja Akkarja; 40-43. Buda-Lespezi; 44-48. Măluşteni I-V, etc
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
145
Fig. 92. Gravettien tardif. A. Carte des gisements: 1. Mitoc-Malu Galben; 2. Cotu Miculinţi; 3. Ciuntu; 4.Costeşti I; 5. Duruitoarea Veche; 6. Cosăuţi; 7. Molodova I,V; B. Séquence stratigraphique des dépôts quaternaires de Duruitoarea Veche: II, niveau d’habitat du Gravettien tardif; IV, niveau d’habitat du Paleolithique inférieur (d’après Chetraru, Borziac, 2005).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
146
Fig. 93 Duruitoarea Veche, niveau II: 1-3, nucléus; 4, lame à troncature;
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
147
Fig. 94 Duruitoarea Veche, niveau II: 1, 7, nucléus prismatiques; 2, éclat retouché et à encoches; 3, pointe foliacée; 4-6, burins; 8, lame à encoches.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
148
Fig. 95 Gravettien tardif. Duruitoarea Veche, niveau II: 1-5, 7, grattoirs; 6, lame retouchée; 8-11, pointes de La Gravette; 12, couteau type Kostenki; 13, lame à troncature droite retouchée; 14, éclat à troncature oblique retouché.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
149
Fig. 96. Gravettien tardif. Duruitoarea Veche, niveau II: 1-16, burins divers.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
150
Fig. 97. Duruitoarea Veche, niveau II: 1-2, dents de renne, percés; 3, perle en calcite; 4, ébauche (?) en ivoire de mammouth, percée; 5, pièce en os; 6-9, pendeloques en os; 10, manche en bois de renne.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
151
Fig. 98. Duruitoarea Veche, niveau II: pièces en os et en bois de renne. 1, flûtte (?); 2, 5, aiguilles; 3-4, 6, pointes de lance en bois de renne; 7, pièce percée (pendeloque?).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
152
Fig. 99. Duruitoarea Veche, niveau II: 1, pointe de lance; 2, mandibule humaine; 3-6, percuteurs-retoucheurs en pierre.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
153
Fig. 100. Gravettien tardif. Voronoviţa I, niveau supérieur: Planimétrie des restes d’habitat. Légende: 1, ossements; 2, silex; 3, outils en os; 4, outils en silex; 5, calcaire; 6, ocre; 7, foyers; 8, dents de mammouth; 9, limites de l’habitation.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
154
Fig. 101. Gravettien tardif. Voronoviţa I, niveau supérieur: 1-4, nucléus; 5-6, grattoirs nucléiformes; 7-8, burins carénés; 9-18, grattoirs diverses.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
155
Fig. 102. Gravettien tardif. Voronoviţa I, niveau supérieur: 1-5, lames retouchées (4, à crête); 5-8, lames à troncature retouchée; 9, lame à dos; 10-11, microgravettes à enlévements inverses; 12-13, fragments osseux appointés.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
156
Fig. 103. Gravettien tardif. Babin, niveau supérieur. Rélevé planimétrique des découvertes. Légende: 1, silex; 2, ocre; 3, ossements; 4, charbons; 5, foyers (d’après Tchernysh, 1959).
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
157
Fig. 104. Gravettien tardif. Babin I, niveau supérieur: 1-2, nucléus prismatiques; 3-13, grattoirs diverses.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
158
Fig. 105. Gravettien. Babin I, niveau inférieur: 1, poinçon en os; 2, os travaillé; 3, sifflét en phalange de renne, percée; niveau moyen: 4, polissoir en os; niveau supérieur. 5, perçoir en os.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
159
Fig. 106. Gravettien tardif. Ripiceni-Izvor, niveau gravettien IIa: 1-2, 5-6, 11, 16, grattoirs; 3, lame à encoche dorsale; 4, 10, 14, burins; 7, lamelle denticulée; 8, perçoir atypique; 12-13, lames retouchées; 15, pointe foliacée (d’après Al. Păunescu).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
160
Fig. 107. Gravettien tardif. Ripiceni-Izvor, niveau gravettien IIb: 1, 9, micro-gravettes; 2-3, 6, 8, 11-13, 16-17, 19-20, 22, 27, 29, grattoirs; 4, 25, lamelles à encoches; 5, lame à troncature oblique retouchée; 7, lamelle à dos; 10, perçoir; 14, pointe de La Gravette atypique; 18, 21, 26, 28, burins; 23, lamelle Dufour; 24, lamelle à dos tronquée; 30, pièce bifaciale (d’après Al. Păunescu).
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
161
Fig. 108. Gravettien tardif. Culture Molodova-Cosăuţi-Cotul Miculinţi (MCCM). Molodova V, niveau 4: 1, "poignard en os"; 2, "flûtte" en bois de renne (d’après M. Otte).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
162
Fig. 109. Gravettien tardif. Culture MCCM. Molodova V, niveau 3: 1, pointe de sagaie, en ivoire à rainure bilaterale; 2, fragment d’ivoire de mammouth, à des cupules; 3, manche en os de mammouth (d’après M. Otte).
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
163
Fig. 110. Gravettien tardif. Culture MCCM. Molodova V, niveau 6: 1, manche sur côte de mammouth; niveau 5: 2-3, marteaux en bois de renne; 4, poinçon en os; 5, fragment de pointe de sagaie en ivoire, de section ronde (d’après M. Otte).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
164
Fig. 111. Gravettien tardif. Culture MCCM. Cormani IV, niveau 5a: 1, os à des traces d’intérvention anthropique; 2, polissoir en ivoire, gravé; 3, perçoir (?); 4, marteau en bois de renne; niveau 4: 6, marteau ou manche en bois de renne; 7, pointe de sagaie a rainure longitudinale, en bois de renne; 9, poignard en os; niveau 3: 5, outil de fortune, en os; 8, manche-marteau en bois de renne (d’après Tchernysh, 1977).
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
165
Fig. 112. Gravettien tardif. Culture MCCM. Cotu Miculinţi-Gârla Mare, niveau II: 1, marteau ou „baton” en bois de renne; 3, marteau en bois de renne; 4, fragment de pointe de sagaie, en bois de renne; 5, fragment de poinçon en omoplate; niveau III: 2, pointe de lance en bois de renne; 6, 8, harpons; niveau IV: 7, lissoir en os (d’après M. Brudiu, 1980).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
166
Fig. 113. Gravettien tardif. Culture MCCM. Cotul Miculinţi, niveau 1: 1, nucléus; 2-6, grattoirs; 7-8, burins; 9, perçoir; niveaux 2, 4, 6: 10-12, „pointes”-rognons en silex (d’après M. Brudiu, 1980).
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
167
Fig. 114. Gravettien tardif. Culture MCCM. Cotul Miculinţi, niveau II: 1, nucléus à deux plans de frappe; 2-5, grattoirs; 6-13, burins; 14-15, lames à troncature retouchée (d’après M. Brudiu, 1980).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
168
Fig. 115. Gravettien tardif. Culture MCCM. Cotu Miculinţi, niveau III: 1-4, 6 burins diverses; 5, gratoir-burin; 7-11 pièces diverses.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
169
Fig. 116. Gravettien tardif. Culture MCCM. Podgori I, niveau 3: 1-4, 6-7, burins diverses; 5, 8, grattoirs; 9, percuteur en grès; 10, lamelle à dos; 11, éclat retouché.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
170
Fig. 117. Gravettien tardif. Culture MCCM. Podgori I, niveau 4: 1, lamelle à retouches sémi-abruptes, decouverte dans une manche en bois de renne; 2, 5-6, grattoirs; 3, burin d’angle sur casure; 4, lame à troncature partiellement retouchée; 7, lame retouchée; 8, percuteur en grès; 9, nucléus.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
171
Fig. 118. Gravettien tardif. Culture MCCM. Podgori I, niveau 4: 1-2, lamelles à bord abattu; 3, grattoir; 4, burin double sur troncature retouchée; 5, lame; 6, 8, burins; 7, lame à encoche dorsale; 9-10, nucléus de lamelles.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
172
Fig. 119. Gravettien tardif. Culture MCCM. Podgori I, niveau 4: manche en bois de renne, à une pièce en silex enmanchée.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
173
Fig. 120. Gravettien tardif. Culture MCCM. Costeşti I: 1-18, grattoirs diverses.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
174
Fig. 121. Gravettien tardif. Culture MCCM. Costeşti I: 1-25, grattoirs diverses.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
175
Fig. 122. Gravettien tardif. Culture MCCM. Costeşti I: 1-25, grattoirs diverses.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
176
Fig. 123. Gravettien tardif. Culture MCCM. Costeşti I: 1-25, grattors diverses.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
177
Fig. 124. Gravettien tardif. Culture MCCM. Costeşti I: 1-7, burins diverses.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
178
Fig. 125. Gravettien tardif. Culture MCCM. Costeşti I: 1-4, burins diverses; 5, couteau à dos naturel, aménagé.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
179
Fig. 126. Gravettien tardif. Culture MCCM. Costeşti I: 1-20, burins dièdres.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
180
Fig. 127. Gravettien tardif. Culture MCCM. Costeşti I: 1, 3, 7-11, 15, 17-18, 21, 26, 35-36, 38-39, lames et lamelles à dos; 2, 4, 14, 15, 29-30, 34, 41, "rectangles"; 13, lame à double troncature, retouchée et à encoche; 19, 22, lame-scie; 24-25, 27-28, 33, 40, pointes de La Gravette; 31, lame à troncature droite retouchée; 37, lame à troncature concave.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
181
A Molodova V, où les Epigravettiens sont présents depuis environ 20.400 ans
B.P., le niveau 6 couvre une longue période de repos dans la sédimentation et il se trouve en
association à un horizon humifère bien prononcé qui rétablit la connexion à la longue série
de sites correspondant aux niveaux 10-1 de Cosăuţi. Ces derniers sont placés à l’intérieur
d’une triple succession de sols rudimentaires fossiles rapportés à l’épisode interstade
Cosăuţi VI (entre 19.400 et 19.000 ans B.P.), Cosăuţi V (entre 18.000 et 17.500 ans B.P.) et
Cosăuţi IV (jusqu’à 17.200 ans B.P.), qui sont interrompus par deux détériorations
climatiques situées à ± 18.200 ans B.P. et ± 17.200 ans B.P. De tels sites épigravettiens sont
encore dépistés pendant cette époque à Molodova V (les niveaux 5 et 4), Cormani IV
(Ivanova, 1977), Podgori I, dans le voisinage du site Cosăuţi (Borziac, 1994) et aussi à
Crasnaleuca (Chirica, 1989) et Cotul Miculinti (Brudiu, 1987; Păunescu, 1999). Dans la zone
subcarpatique, à cette période-ci, on peut aussi raccorder les sites du Gravettien tardif de
Cetăţica I, le niveau III (à l’âge de 19.760 ± 470 B.P., GrN-14631), Dârtu, le niveau III (à l’âge
de 17.860 ± 190 B.P., GrN-12672) et peut-être aussi Podiş, le niveau II, Lespezi-Lutărie, le
niveau V. Ces niveaux d’habitat sont placés dans les dépôts de lœss. A l’Est du Dniestr,
entre 20.000 et 17.000 ans B.P., on retrouve le grand site des chasseurs de bisons
d’Anetovka II, du bassin du Bug de Sud (Stanko), tout comme Bol’saja Akkarja près
d’Odesse (Sapojnikov, 2003).
Nous mentionnons qu’en Europe Centrale y compris dans la zone entre le Dniestr
et les Carpates Orientaux, entre 20.000 et 17.000 ans B.P., des collectifs humains ont
évolué, lesquels ont abordé une nouvelle activité cynégétique saisonnière: le grand nombre
de site dépendait probablement du caractère tempéré et plus humide du climat, plus propice
à la végétation, en comparaison à la période précédente. La végétation en grande partie de
steppe attirait les animaux tels le cheval et le renne, lesquels deviennent les principales
priorités de l’homme dans l’activité de chasse. De toute façon, la faune de cette période est
plutôt typique, et moins diversifiée que pendant les périodes précédentes, lorsque les grands
herbivores étaient plus fréquents – à savoir le mammouth et le rhinocéros. A partir de cette
étape, la majorité des sites sont placés surtout le long et à travers les routes séculaires de
migration du renne (le printemps, tard pendant l’automne et l’hiver) et dans les habitats de
concentration du cheval et du bison (l’été). Par exemple, le site de Grubgraben se trouve
devant le versement de la rivière Kamp dans le Danube, et c’était au long de cette rivière-ci,
dans le bassin du Danube, en Moravie que les rennes venaient. Le site de Cotu Miculinti se
trouve pas loin de Prouth, le site de Cosăuţi – devant le versement de Murafa, Molodova I et
V devant le versement de la rivière Jvanet, et tout le long de ces cours d’eaux il y avait,
probablement, les routes de migrations des rennes. Le corridor entre les Carpates et les
mares de Polésie était obligatoire pour les rennes qui migraient pendant l’automne de la
Plaine Européenne de Nord vers le Sud et inversement pendant le printemps (Borziac,
Obadă, 1999).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
182
La deuxième période du Gravettien tardif (entre 17.200 jusqu’à 14.500 B.P.)
est associée en Europe Centrale à l’étape climatique extrême dont les sédiments
géologiques représentent des épisodes fréquents à permafrost et dépôts éoliens de sable
quartzitique fin, apporté des plateaux et déposés sur les surfaces des terrasses des rivières,
dans d’autres situations de paysage à l’abri des vents. Les dépôts de sable fin de diverses
nuances, stratifiés d’une manière très évidente, sont présents à Molodova V, Cosăuţi
(jusqu’à la profondeur de 3 m), Mitoc-Malu Galben, Costeşti I. Il n’y a pas de sites
correspondant à cette étape à l’ouest des Carpates, tandis qu’à l’est, à Cosăuţi, dans les
dépôts de ce type on retrouve 6 niveaux d’habitat (1, 1a, b, c, d, e), à Cormani on a signalé
d’autres restes d’habitat, situés aussi bien parmi les dépôts quartzitique que dans la glaise
au-dessus des accumulations (Ivanova, 1977). A l’est du Dniestr, la situation démographique
est relativement différente. Dans les bassins du Dniepr et de la Desna, il existe les sites de
Mejirici, Dobranicevka, Timonovka, Eliseevici, Iudinovo, où la population chassant surtout
des mammouths pendant le processus d’adaptation cynégétique, a su bâtir des habitations
durables par l’utilisation des os de ces grands herbivores (Pidoplicico, 1969). Pour ce qui est
de la zone dniestréenne, la plupart de ces sites sont, en effet, d’origine gravettienne, mais le
début de la construction des habitations a été situé pendant l’étape finale de l’Aurignacien
(Borziac, Obadă, 2004). L’ensemble de ces sites est situé, en général, pendant le stadial
Pomerania (Kozarski, 1980).
La troisième étape d’évolution du Gravettien tardif (de 14.500 jusqu’à 10.000
B.P.) coïncide aux dépôts du tardiglaciaire, d’après Würm III, de la stratigraphie géologique,
qui correspondent aux dépôts du Paléolithique final de la périodisation archéologique.
Parmi les sédiments, on observe deux alluvions de lœss apportées par les eaux
et les vents, qui intercalent en haut et en bas le complexe interstade pulsant Bölling-Alleröd.
En ce qui concerne le lœss occidental, les peu nombreux sites connus jusqu’à
présent sont en majorité attribués au Magdalénien. A Kamegg, dans le bassin du Danube, le
niveau d’habitat daté à 14.100 BO (Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, Van
der Plicht, 2003, 30) est situé à la base d’un lœss comparable à celui de la partie supérieure
de la séquence de Grubgraben. Similairement, l’industrie de Brzoskwinea de la Pologne de
Sud, attribuée au Magdalénien, est située dans les dépôts sableux qui couvrent le Dryas
ancien. Cette industrie peut être parallélisée à celle magdalénienne de la grotte Pekarna, de
Moravie (Svoboda, Čzudek, Havliczek et al., 1994).
A l’est des Carpates la situation est de nouveau plus compliquée. Nous avons
déjà mentionné qu’en Ukraïne Centrale on connaît les suivants datés pendant le
tardiglaciaire: Gontzy, Mejirici avec d’autres habitations en os, datées, en général, à 16.000-
13.000 ans B.P. (Soffer, 1985, Iakovleva, 1996; 2001). Le long du Dniestr, à Molodova V, on
connaît les niveaux 3-1 gravettiens (épigravettiens); à Cosăuţi, dans les dépôts de lœss on a
dépisté certains fragments d’s et silex isolés.
Chapitre 2. Chronostratigraphie, encadrement paleogeographique et datation
183
On peut examiner la situation stratigraphique du site Costeşti I (Grigor’eva,
Chetraru, 1974). I. Ivanova mentionne que le niveau d’habitat est situé dans le lœss de
couverture du tardiglaciaire (1975), au-dessus d’un horizon de sable fin quartzitique;
raccordé au niveau correspondant de Cosăuţi, celui-ci est âgé de plus de 14.500 B.P. Donc,
le niveau d’habitat de ce site est plus récent. Il est possible qu’il se soit formé dans le lœss
antérieur à l’oscillation positive Bölling. Conformément à la structure de l’industrie, à ses
indices métriques, elle diminue dans le contexte des industries épigravettiennes
(tardigravettiennes) de Molodova V, Cosăuţi et Cotu Miculinţi (Borziac, 2004). Elle peut être
attribuée au Magdalénien.
185
CHAPITRE 3
CONSIDERATIONS GENERALES CONCERNANT LE SCHEMA
CHRONOSTRATIGRAPHIQUE INTERREGIONAL
La séquence chronostratigraphique interrégionale du Pléniglaciaire moyen et
supérieur, constituée de deux schémas régionaux qui, de manière éloquente, se complètent
l’un l’autre, dont l’ensemble constitue une nouvelle séquence, associe des données
pédostratigraphiques, des épisodes paléoclimatiques, chronologiques et archéologiques. De
la sorte, on utilise diverses données lesquelles étant bien documentées et unies dans un
système rigide peuvent être vérifiées. En ce contexte, la chronologie des événements
climatiques qui constituent un objectif prioritaire fait partie d’une séquence complexe et
reproductible d’épisodes climatiques courts, bien ajustés dans le temps, grâce à un nombre
de données radiométriques successives obtenues des échantillons de charbon.
D’autre part, l’insertion dans ce système d’un nombre important de sites
archéologiques à une stratigraphie géologique évident et sûre a permis de démontrer le
caractère synchrone de la distribution des principales divisions techno-culturelles des deux
versants des Carpates, ce qui est évident du schéma cumulatif final. D’ailleurs, cet apport est
effectivement inscrit dans les différentes synthèses concernant le Paléolithique Supérieur de
l’Europe Centrale et d’Est (Kozlowski, 1996 ; 1998 ; Djindjian, Kozlowski, Otte, 1999 ;
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
186
Chirica, Borziac, Chetraru, 1996 ; Svoboda, 2001 ; 2003 ; Svoboda, Klima, Jarosova, Skrlda,
2000 ; Djindjian, 2002).
Un autre aspect scientifique de la séquence interrégionale se réfère à l’implication
des variations climatiques et du milieu environnant dans le schéma évolutif du Paléolithique
supérieur de l’époque en question dans le domaine du lœss dessiné là-bas, problématique
non approchée jusqu’à présent. En fait, l’élaboration de notre schéma a permis de mettre en
évidence un parallélisme remarquable entre le processus de l’évolution techno-culturelle et
celui des évolutions paléoclimatique et du milieu environnant respectivement, ce qui a
permis d’identifier une rythmicité pulsante avec un intervalle d’environ 2500 ans.
Ce dynamisme, devenant plus prononcé vers la fin du Paléolithique moyen, a
enregistré une phase d’extension à l’étape du Pavlovien et du Gravettien ancien (entre
28.000 et 25.000 ans B.P.) dans un contexte climatique essentiel tempéré et humide. Il a
continué pendant le Pléniglaciaire supérieur, avec la formation de la première couche
sédimentaire de lœss, entre 25.500 et 23.000 ans B.P., dans un milieu environnant encore
relativement humide, dans lequel les industries gravettiennes avec pointes à crâne ont
évolué en parallèle aux industries gravettiennes dépourvues de telles pointes (Svoboda,
Klima, Jarosova, Skrdla, 2000). D’ailleurs, la diminution du nombre des sites gravettiens
pendant l’intervalle entre 23.000 et 20.000 ans B.P., dans une période extrêmement sèche
est associée à la formation d’une seconde couche de lœss qui coïncide, au fond, dans le
temps, avec l’uniformisation des biotopes steppiques, moins favorables pour les herbivores
autochtones de grandes dimensions, dont l’absence ou la rareté a déterminé la diminution
de la population de la zone.
Il y a suivi un épisode de steppisation xérique (Haesaerts, 1990b, Kozwlowski,
1996). Ce type de milieu environnant a continué, semble-t-il, aussi pendant la seconde
moitié du Pléniglaciaire supérieur, entre 20.000 et 17.000 ans B.P. Les dislocations
humaines périodiques de Cosăuţi sur le Dniestr, Cotu Miculinti et Crasnaleuca sur le Prout et
Grubgraben en Autriche inférieure se sont étendues pendant la phase plus humide de cette
période.
L’extension des biotopes steppiques a influencé d’une manière très évidente la
manière d’existence de la population et sa subsistance cynégétique. A partir de ce moment-
là, tel que l’indique la faune des sites après 22.000-20.000 ans B.P., on peut documenter
surtout la chasse de rennes et de chevaux, et peut-être de bisons aussi, dans les zones
nord-pontiques. Le durcissement et l’aridité toujours plus évidente du climat entre 17.000 et
14.5000 ans B.P. ont provoqué une nouvelle approche par la population de la zone, laquelle
a continué aussi, en partie, pendant le Tardiglaciaire.
Par conséquent, les divers stades évolutifs du Paléolithique dans le cadre du
Pléistocène supérieur, ont dépendu en grande mesure des modifications du milieu
environnant reflétées dans le schéma chronostratigraphique dressé par nous. Celles-ci ont
Chapitre 3. Considerations generales concernant le schema chronostratigraphique interregional
187
aussi déterminé des modifications du monde végétal et animal. Pourtant, le parcours d’une
même phase climatique, dont la durée générale est d’environ ±2500 ans B.P., la fréquence
et les types de sites, semblent être assez indépendants par rapport aux oscillations
climatiques épisodiques de courte durée.
Parmi d’autres, l’hypothèse du « vide » d’occupation de l’Europe Centrale entre
±22.000 et ±19.000 ans B.P. antérieurement proposée par plusieurs auteurs (Soffer, 1985 ;
Kozlowski, 1996 ; 1998 ; Djndijan, Kozlowski, Otte, 1999, Djndijan, 2002) semble assez
relative si on la rapporte à la zone comprise entre les Carpates et le Dniestr, car grâce aux
routes séculaires « obligatoires » des rennes polaires, les traces d’habitat sont présentes à
Cosăuţi, Molodova V, Cormani IV, Crasnaleuca, Cotu Miculinţi, etc. Seulement prou
l’intervalle de temps situé entre 14.500 et 10.000 ans B.P., dans la zone étudiée par nous,
on connaît plus de 50 sites dont l’existence soutient l’argumentation du vide démographique
pendant cette étape.
Enfin, nous sommes conscients du fait que l’éparpillement régional des site et
leur encadrement dans notre schéma ne reflète pas encore une réalité objective complète, et
le degré de découverte et recherche cohérente des sites n’est pas complet et compte tenu
du potentiel archéologique mentionné la situation présente sera sans cesse complétée. Ceci
peut apporter de nouvelles étapes de modelage du processus d’occupation et migration des
formations techno-culturelles sur le fond des changements paléoclimatiques du milieu
environnant mentionné par nous, aussi bien en Europe Centrale, y compris à travers
l’espace carpato-dniestréen, que dans la Grande Plaine Européenne (Mussi, Roebroeks,
Svoboda, 2000).
189
CHAPITRE 4
LE PHENOMENE DE LA TRANSITION DU MOUSTERIEN ET LA
FORMATION DES CULTURES DU PALEOLITHIQUE SUPERIEUR
Les problèmes de la constitution de l’homme de type physique actuel et de sa
culture sont extrêmement compliqués et difficile. Jusqu’à présent, on n’a pas déterminé avec
précision l’endroit dans lequel l’homme de type physique actuel est apparu et aussi s’il y a eu
une seule localisation ou bien plusieurs. Similairement, il n’est pas possible de préciser si
l’homme de type physique actuel est un dérivé de l’espèce Homus Neandertaliensis ou ces
deux espèces se sont dès le début développées et répandues parallèlement dans le Monde
Ancien. Si la première hypothèse, qui était partagée par la plupart des spécialistes jusqu’il y
a peu de temps, est correcte, alors il n’est pas établi dans quels territoires, en quel segment
de type, sous l’influence de quels facteurs, cette transformation et cette transition ont eu lieu
ou si celles-ci ont été spontanées ou lentes. Les discussions et l’apparition des diverses
hypothèses concernant l’une ou l’autres des questions énumérées ont persisté dans la
littérature de spécialité dès l’affirmation du postulat qu’entre l’homme de type physique actuel
(et sa civilisation) et l’homme néandertalien (et sa civilisation) il existe des différences
capitales aussi bien sur le plan biologique que du point de vue de la technologie et de la
typologie des outils.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
190
Certains spécialistes soutiennent que l’hypothèse lancée par D. Garrod (1952a,
78-79), selon laquelle Homo sapiens s’est initialement divisé des néandertaliens du Proche
Orient (Palestine, Syrie, Jordanie) d’où il s’est répandu, avec sa culture encore rudimentaire,
dans d’autres zones de l’Asie, de l’Europe et de l’Afrique (Chirica, Boghian, 2005, vol. I).
D’autres auteurs considèrent que l’homme de type physique actuel et certains éléments de
sa culture sont apparus dans plusieurs zones du Monde Ancien plus ou moins
simultanément, évoluand des communautés néandertaliennes locales (Hahn, 1970.
Dernièrement, grâce aux réalisations du domaine de la chronologie absolue, au
déchiffrement du code génétique, aux études des échantillons anthropologiques d’autres
hypothèses ont été émises. Il y en a quelques-unes affirmant que l’homme de type physique
actuel est apparu quelque part dans le Proche ou Moyen Orient ou en Afrique de l’Est,
approximativement 120.000-100.000 ans auparavant, il a évolué en parallèle à l’espèce
Homo Neandertaliensis et il s’est répandu peu à peu dans d’autres zones de l’Europe, de
l’Asie et de l’Afrique. Cette hypothèse originale est de plus en plus documentée ce dernier
temps et acquiert toujours plus d’adeptes parmi les archéologues et les anthropologues
(Vishniatzky, 1999, 90-114).
En même temps, la résolution définitive et globale de la problématique
mentionnée est loin d’être possible en l’absence de beaucoup de données nécessaires pour
ce faire. Dans l’étape actuelle, il est nécessaire de segmenter le matériel accumulé, étudiant
certains problèmes à la lumière des données correspondant à certaines zones, bien
précisées. De cette manière, on trouvera des solutions au moins à quelques-uns des
problèmes énumérés ci-dessus, ce qui est d’ailleurs l’un des objectifs que nous nous
sommes proposés pour ce travail.
4. 1. Le Pré-Aurignacien en Europe Centrale, y compris dans la zone carpato-dniestréenne
Nous procéderons à l’analyse d’un groupe concret d’industries
paléolithiques, antérieurement attribuées au Moustérien et unies dans la soi-disant
culture moustérienne Stânca. L’aréal est constitué par la zone du Dniestr Moyen et les
zones limitrophes. Dans la mesure du possible, nous essayerons de soutenir
l’hypothèse selon laquelle les technocomplexes analysés, moustériens d’après le type
d’existence et la manière d’évolution, sont des jalons de l’évolution du Paléolithique
supérieur ancien en Europe. Certes, il s’agit d’une hypothèse, et les recherches
ultérieures dans ce domaine peuvent la documenter ou, au contraire, la rejeter.
A partir des premières découvertes du Moustérien dans la zone des
Carpates Orientaux et du Dniestr (Moroşan, 1938), jusqu’à la fin des années 1970, on a
mis en évidence une seule variante de la culture moustérienne – le Moustérien de type
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
191
Levallois, divisé en deux sous-catégories – à savoir à bifaces dans les 5 niveaux
inférieurs du site Ripiceni-Izvor (Păunescu, 1993), à Butesti (Chetraru, 1970, 70-79) et
sans bifaces dans les quatre premiers niveaux inférieurs du site de Molodova I
(Tchernysh, 1982, 6-102), dans les deux premiers niveaux inférieurs du site de
Molodova V (Tchernysh, 1987, 7-40). Plus tard, c’est à la première sous-catégorie
qu’on a attribué les matériaux du site Volodeni II (Borziac, 1994), et respectivement à la
seconde sous-catégorie les matériaux du site de Chetrosu II (Anisiutkine, 2001, 7-53).
Jusqu’à ce moment-là, dans la zone, on connaissait aussi des sites tels Duruitoarea
Veche (deux niveaux inférieur) et Ofatinţi, traditionnellement attribués au Paléolithique
inférieur (Chetraru, 1992, 93-138) et plus de 30 endroits à matériaux de l’époque
moustérienne (Chetraru, 1973; Tchernysh, 1973). Bien que certains auteurs aient
attribué les industries des grottes Ofatinti et Duruitoarea Veche au Moustérien
(Boriskovskij, 1984; Anisiutkine, 2001), nous les en délimitons, tout en les considérant
d’âge acheuléen. L’affirmation s’applique aussi aux industries des sites tayaciens à
niveaux d’habitat remaniés – Mersâna, Horobra, Harasca, Pogreba, Dubăsarii Vechi,
Bobuleşti V (Anisiutkine 1989, 124-137; Chetraru, 1973, 332; 1995).
Sur le fond de ces industries moustériennes, parallèles à la découverte et à
la publication initiale des matériaux du site Stânca I, N. Anisiutkine (1969, 2-29) a mis
en évidence un nouveau type d’industries moustériennes dans la zone entre les
Carpates Orientaux et le Dniestr, ultérieurement unies dans la soi-disant culture
Stânca.
Le long de plus de 30 années, Anisiutkine a étudié et publié des matériaux
de surface ou provenant de fouilles assez limitées, qui lui ont permis pourtant d’édifier
la « culture moustérienne Stânca », et ultérieurement « l’entité Duruitoarea Veche-
Stânca » (Anisiutkine, 2001).
En fait, il affirme que sur l’endroit du site Stânca « à travers certains
secteurs, le niveau inférieur d’habitat est intact ». Ceci nous convainc que les
matériaux des deux niveaux d’habitat ont été strictement séparés les uns des autres,
car selon l’opinion de l’auteur des recherches, les silex sont rencontrés à partir de la
surface et jusqu’à la profondeur de 1,2-1,4 m, sans horizons archéologiquement stériles
et les dépôts à la surface de la terrasse sur laquelle se trouve le site ont été fortement
érodés et soumis à un continuel lavage. Par conséquent, le site de Stânca I ne peut
faire partie de ceux à stratigraphie sûre et permettant une datation géologique.
L’affirmation s’applique aussi à d’autres sites et endroits du Moustérien, antérieurement
inclus par N. Anisiutkin dans la culture Stânca: Stânca II, Şipot, etc. Nous considérons
que la culture Stânca n’a pas de repères chronostratigraphiques solides.
L’analyse des matériaux de deux niveaux d’habitat de Stânca I ou des
matériaux récupérés à la surface, à Stânca II, Stânca-Darabani, Şipot, Osypca,
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
192
Chisleanschi-Jar, etc, a permis à l’auteur mentionné de mettre en évidence, mais
seulement du point de vue typologique, une nouvelle culture moustérienne,
typologiquement différente des deux variantes du Moustérien – Levallois, spécifiées ci-
dessus. Pourtant, cette nouvelle culture n’est pas délimitée territorialement,
spatialement et chrnostratigraphiquement, car elle a été mise en évidence à partir de
sites voisins sur le Dniestr Moyen et de collections extrêmement pauvres, comme celle
de Stânca I qui ne contient que quelques centaines.
A ces collections, morphologiquement et typologiquement inexpressives, on
a adapté et unis des matériaux provenant de sites stratifiés ultérieurement étudiés, tels
ceux provenant des grottes de Buzdujeni I, Trinca I (le niveau inférieur), ou des sites à
niveaux détériorés de Dobroudja (Valoch, 1993, 239-264; Chirica, Borziac, 2005, 156-
161). Parallèlement aux matériaux évidemment moustériens, afin d’élargir les horizons
chronologiques de la culture, N. Anisiutkine a ajouté aussi des matériaux acheuléens
des niveaux inférieurs des grottes Duruitoarea Veche et Ofatinţi, ou ceux de Bobuleşti
V. De la sorte, il a a créé la soi-disant « entité culturelle Duruitoarea Veche – Stânca »,
laquelle, selon lui, unirait des industries diverses à partir de l’Acheuléen (les niveaux
inférieurs des grottes Ofatinţi et Duruitoarea Veche, Osâpca, Iarova, Bobuleşti V)
jusqu’au début du Paléolithique supérieur (le niveau supérieur du site Stânca I)
(Anisiutkine, 2004, 142-143). Faisant appel à des superpositions et parallélismes
souvent injustifiés méthodologiquement, à des analogies stratigraphiques et
faunistiques, N. Anisiutkine a essayé de mettre les bases de la chronostratigraphie et
de l’identité typologique de cette « entité ». L’auteur a essayé aussi d’autres solutions
pour satisfaire les conditions méthodologiquement nécessaires afin de reconnaître une
culture archéologique: il a élargi l’espace de fonctionnement territorial de la culture en
question, il a inclus parmi ses caractéristiques les matériaux des sites non-stratifiés de
Dobroudja – Mamaia Sat, Saligny Peninsula, bien que ceux-ci ne soient pas d’éléments
typologiques conformes à un tel encadrement.
Pour déterminer les éléments ou industries inclus dans la culture Stânca,
l’entité Duruitoarea Veche – Stânca, nous analyserons la typologie et la morphologie
des industries éponymes de la culture Stânca.
Dans le niveau inférieur de Stânca I, on a identifié des nucléus
(discoïdaux (?)-38, globulaires (?) – 34, à 1 talon – 26, sous-prismatiques – 7,
atypiques – 40) à partir desquels et tenant compte de l’évidence morphologique et
statistique des outils demi finis, l’auteur constate que la « technique de percussion
dans cette industrie est primitive, contient beaucoup d’éclats grossier, souvent de type
« clactonien » et est axée sur l’application non uniforme d’éclats aux nucléus
globulaires, atypiques et discoïdaux ». Mais la technique Levallois est vaguement
présente. Les indices techniques de l’industrie sont: Levallois - 3,7%; talons modifiés –
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
193
16,6%; talons retouchés – 9,3%. Nous mentionnons que les nucléus sous-prismatiques,
globulaires et la plupart de ceux atypiques sont le résultat d’un débitage
protoprismatique non- parallèle sur les galets et les petits rochers et ne dénotent pas
une technique moustérienne évidente. Ici, la technique Levallois se présente comme un
anachronisme et non comme un début d’évolution.
Parmi les groupes d’outils, les pointes typiquement moustériennes tout
comme les pointes Levallois et les racloirs typiquement moustériens manquent et 15
pièces du total de 347 considérées comme représentatives sont très peu nombreuses
pour un complexe soi-disant moustérien. D’autre part, la corrélation typologique inclut
plus de 200 pièces atypiques: 4 grattoirs - « raclettes » atypiques, couteaux « à dos »
sans transformation secondaire, diverses formes denticulées atypiques. On y présente
aussi des pièces de type paléolithique supérieur – les grattoirs typiques et atypiques
(18 pièces – plus nombreuses que les racloirs typiques (?)), les burins (6 pièces). Les
pièces typiques sont représentées par 18 bifaces dont 4 entières et 14 fragmentaires.
D’autres groupes typologiques mis en évidence par l’auteur tels les racloirs, grattoirs
typiques et atypiques, burins, denticulées, couteaux « à dos naturel » et modifiés,
« rabots », etc., ne sont pas relevants pour le diagnostic de cette culture. Les éléments
caractéristiques pour le Paléolithique supérieur sont évidemment plus prononcés du
point de vue typologique (y compris les formes bifaces, caractéristiques aussi pour le
Paléolithique supérieur du Dniestr Moyen) (Borziac, 1996, 20-37; Chirica, Borziac,
Chetraru, 1996).
Pour ordonner cette corrélation d’outils atypiques, l’auteur a utilisé la
méthode de la liste typologique pour le Paléolithique inférieur et supérieur élaborée par
F. Bordes (1961). Mais dans l’inventaire, les groupes de pièces sont les suivants: I,
Levallois 2,02 %; II Moustérien typique, 4,3%; III, Paléolithique supérieur 5,2%; IV,
Denticulées et à encoches clactoniennes 23,3%; V, Formes archaïques 4,6%. Comme
particularités spécifiques pour cette industrie, N. Anisiutkine mentionne la rareté des
racloirs, la présence des bifaces et l’absence des pointes typiquement moustériennes.
Pourtant, ce sont justement ces traits qui distancient ce complexe de ceux du
Moustérien denticulé. Nous considérons que ce complexe peut être aussi caractérisé
d’une autre manière, en vue d’un évident « rajeunissement ».
Le niveau inférieur a fourni 320 pièces, dont 111 outils. Les nucléus sont
discoïdaux (1), globulaires (5), protoprismatiques à 2 talons (2), protoprismatiques à 1
talon (11), atypiques (6). Aussi bien les nucléus que les pièces demi finies sont de
dimensions moyennes et petites. Les indices techniques: Levallois 10%; talons
modifiés 29%; talons facettés 17,9%. A une première vue, la technique Levallois
semble plus évidente, mais dans ce cas il s’agit de l’inclusion, dans la statistique, d’un
nombre significatif de lames allongées (dans les limites des proportions de l’industrie)
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
194
et à cause de leurs traits de type paléolithique supérieur dans un contexte
« moustérien », on les a considérées comme de percussion Levallois.
Les outils sont représentés par 4 bifaces, 3 racloirs, 7 grattoirs, 3 burins et
par des outils atypiques – denticulés, à encoches clactoniennes et retouchés, couteaux
« à dos », raclettes, etc., lesquels, ne pouvant pas être classifiés, ont été inclus dans la
catégorie des outils seulement pour en augmenter le nombre. Ces complexes ont été
attribués par l’auteur au Moustérien denticulé à formes bifaces.
De la sorte, nous rencontrons à Stânca I deux complexes de dimensions
insignifiantes de pièces typiquement moustériennes à bifaces non-spécifiques au
Moustérien local de type Levallois à formes bifaces, et à une abondance de pièces
atypiques (denticulées, à encoches, etc) et présentant un contenu assez pauvre de
pièces typiques pour le Paléolithique supérieur. Si à ce dernier groupe on ajoute encore
les bifaces, ce groupe d’outils devient encore plus évident. Certes, il s’agit ici d’évidents
traits de la technique sous-parallèle de débitage, laquelle, dans les deux complexe, est
plus importante que celle moustérienne. La présence de la technique Levallois
constitue, en soi, non pas son étape de constitution, mais un anachronisme, fait
constaté aussi en rapport avec d’autres industries de transition du Moustérien au
Paléolithique supérieur, dans la zone entre les Carpates Orientaux et le Dniestr. Avec
certaines réserves, N. Anisiutkine relie le niveau inférieur du site de Stânca I aux
industries de la grotte Buzdujeni (Chirica, Borziac, Chetraru 1996; Borziac, Allsworth-
Jones, Frenc, Medianik, Rink, Lee, 1997) dans laquelle on a défini 7 niveaux attribués
au Moustérien denticulé. A notre avis, les matériaux de ce site sont nombreux, et du
point de vue du phénomène culturel extrêmement importants pour le Moustérien de
l’Europe.
Pendant les fouilles, on a découvert 7000 pièces en silex, une faune
relativement riche du Quaternaire tardif. Nous ne pouvons pas apporter de précisions
statistiques à l’égard des caractéristiques du technocomplexe et celles publiées par N.
Anisiutkine pour le niveau 5 sont incomplètes.
Dans tous les niveaux d’habitat on a dépisté des quantités importantes de
nucléus, lesquels sont pour la plupart fortement épuisés. Les formes quasi-discoïdales
persistent. Les nucléus et formes demi-finies nous démontrent que la technique
Levallois a été intensément utilisée (approximativement 30-32%) ce qui distancie d’une
manière significative ces industries de celle du niveau inférieur du site Stânca I. La
technique de percussion est basée sur le nucléus discoïdal. En même temps, les
nucléus typiquement Levallois manquent parce que la plupart ont été épuisés par
l’application des éclats.
La variété des nucléus change avec les niveaux mais il y a une particularité
commune: 60-80 % du nombre total sont des pièces denticulées. Typologiquement,
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
195
elles sont représentées par de nombreux et très variés racloirs, simples ou doubles, sur
lame ou sur éclat, parfois à retouches irrégulières, marginales, alternées, denticulées
sur les deux faces. La deuxième position dans l’inventaire revient aux grattoirs
atypiques (« raclettes »). Les perçoirs sur lames ou éclats à bouts courts, aménagés
par deux encoches superposées sont eux aussi nombreux. Mais le rôle le plus
important dans l’industrie de ce site est joué par les denticulées sur lame et sur éclat
sans formes spéciales, préméditées. Les pointes moustériennes sont atypiques, peu
nombreuses, réalisées par des retouches surtout denticulées et alternées. Dans tous
les niveaux du site on a découvert seulement 5 pièces bifaces (environ 0,03% du
nombre total des pièces à transformation secondaire). Parmi celles-ci, seules 2 sont
entières, mais elles ont été abandonnées pendant le processus de la taille. Un fragment
est représenté par la base arrondie d’une biface large, réalisée par de gros
enlèvements (Borziac, 1994, 36). Seul un fragment du niveau 6 est réalisé par des
enlèvements minces et plats et peut être attribué à une biface véritable. Les
technocomplexes ne peuvent pourtant être attribués à un Moustérien à formes bifaces
mais seulement à un Moustérien à denticulées lequel pas seulement qu’il n’est pas
similaire au niveau inférieur du site de Stânca I, mais en outre ne présente pas
d’analogies dans les régions limitrophes ou au contraire plus éloignées, représentant
un phénomène à part aussi bien pour l’Europe de l’Est que pour l’Europe Centrale.
N. Anisiutkine (2004, 142-143) inclut aussi dans la ligne d’évolution de la
culture Stânca les matériaux du niveau inférieur de la grotte Trinca II. Dans le niveau
inférieur de ce site on a dépisté 367 pièces en silex dont 14 nucléus et 104 outils. Les
nucléus, tout comme dans les niveaux de Buzdujeni I, sont fortement épuisés. On peut
énumérer les nucléus quasi-discoïdaux, quasi-prismatiques, atypiques. Parmi les outils
ce sont les racloirs qui prédominent (30% du nombre total). On présente 2 pointes
moustériennes, 2 pointes Levallois, une pointe de lance à transformation biface, des
grattoirs atypiques, pièces à encoches retouchées et denticulées. A la différence des
pièces de Stânca, les pièces demi-finies sont relativement minces, souvent à talons
facettés. Par transformation secondaire, on a appliqué surtout des retouches
marginales minces et moyennes. Parmi les outils de type paléolithique supérieur
figurent aussi trois grattoirs et quelques burins atypiques.
L’industrie de ce niveau d’habitat est déterminée comme non-Levallois, bien
que les indices d’accommodation et de facettage soient d’environ 40%. Les indices
typologiques sont Levallois 7,6%, paléolithiques supérieur 8,4%, denticulé 11,4%,
pièces à encoches et à bec 7,2%. N. Anisiutkine attribue cette industrie au Moustérien
typique (?) et montre qu’elle este située chronologiquement après l’interstade Brörup,
ou pendant le Würm II (d’après le schéma occidental de la géochronologie du
Quaternaire tardif). Nous sommes d’avis que ces techno-complexes ne peuvent être
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
196
situés dans la même culture archéologique ou dans la même lignée d’évolution
(Anisiutkin, 2001, 152-165). Prenant en considération les pièces demi-finies, et
soutenant l’utilisation des retouches marginales minces, le facettage des talons et les
retouches denticulées du complexe du niveau inférieur de la grotte Trinca I, nous
pouvons affirmer qu’il y a plusieurs points de tangence avec les industries denticulées
de la grotte Buzdujeni I qu’avec celles de Stânca I.
De la sorte, les industries de type Stânca I n’ont pas de similitudes dans les
industries stratifiées de la grotte Buzdujeni I et de Trinca I. Elles sont aussi différentes
des grands complexes bien précisés du point de vue géochronologique des sites de
type ouvert de la zone carpato-dniestréenne: Ripiceni – Izvor, Molodova I et V.
N. Anisiutkine a essayé d’établir l’idée que certains sites acheuléens
(Duruitoarea Veche, Ofatinti – le niveau inférieur, Mersâna, Horobra, Iarova, etc) à côté
d’autres sites de type Stânca I pourraient être situés dans le cadre d’une structure
supérieure à la taxonomie de l’évolution du Paléolithique plutôt que l’« entité
Duruitoarea Veche – Stânca » qu’il a définie ou, en fait, intuite. Quel est donc le rapport
entre les sites acheuléens de la zone et ceux attribués à la culture « Stânca » ?
Après la publication des matériaux des sites Duruitoarea Veche, Bobuleşti V,
Ofatinti, à partir de l’analyse des matériaux de Mârsana, Horobra, Harasca, Pogrebea,
Dubasari, il est clair que dans la zone entre les Carpates Orientaux et le Dniestr il a eu
un horizon de sites acheuléens dont les industries ont des tangences techno-
typologiques au Tayacien de France. Tenant compte des éléments technologiques et
de la typologie des industries mentionnées, nous pouvons admettre que dans le
domaine de la technique de débitage, les industries de ces sites démontrent un
archaïsme évident dans la taille non- contrôlée à partir des nucléus grossiers, entraînés
dans le processus de débitage sans une préparation préliminaire – ce qui détermine la
massiveté des éclats, des talons large et lis, l’ongle obtus des talons par rapport à la
surface de détachement des éclats du nucléus, le caractère amorphe des nucléus. La
typologie des pièces est rudimentaire, représentée par les racloirs atypiques, la pointe
de type Tayac, éclats à retouches accidentelles, denticulées, encoches clactoniennes.
La technique biface semble exister mais nous ne connaissons pas une biface typique
ou une pointe biface sûre. Selon l’opinion de N. Chetraru, ces sites peuvent être datés
pendant l’étape antérieure à l’interstade Mikulino (Chetraru, 1995a, 93-138). Supposant
que cette attribution est correcte, la distance temporelle entre ces sites-ci et le plus
ancien site de la culture Stânca – Osâpca, située par N. Anisiutkine dans l’interstade
Amersfoort est de plus de 50.000 ans (?), ce qui nie complètement la continuité
technico-typologique entre le Tayacien est-carpatique et la culture Stânca, même si
nous prenons aussi en considération les rythmes extrêmement faibles de l’évolution
pendant le Paléolithique inférieur et moyen de début.
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
197
De la sorte, les sites de type Tayac de la zone ne peuvent être inclus dans la
même « entité » avec les sites inclus dans la culture Stânca.
En liaison avec le fait que les industries de type Stânca I contiennent des
éléments technico-morphologiques spécifiques au Paléolithique supérieur, nous nous
avons proposés de vérifier la possibilité que ces complexes appartiennent à un
Paléolithique supérieur ancien. Selon nous, les sites inclus par N. Anisiutkine dans la
culture Stânca (Stânca les niveaux 1, 2, Stânca-Darabani, Osâpca, Şipot I), et d’autres
encore présentant des traits technico-typologiques similaires (Iarova, Mamaia-Sat,
Saligny) constituent les plus anciennes manifestations du Paléolithique supérieur en
Europe; d’après leur traits, peuvent être estimé en tant que pré-Aurignacien.
Dans l’étape actuelle des recherches, parmi les plus anciens sites déjà
attribués au Paléolithique supérieur on a déjà dépisté des catégories telles les sites
szélétiens, bohuniciens, aurignaciens, etc (Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon,
Koulakovka, 2004). Il est possible que les habitats du niveau inférieur de Brynzeni I se
retrouvent parmi ces moments (Chirica, Borziac, Chetraru, 1996), tout comme ceux du
niveau 11 de la grotte Bacho-Kiro (Kozlowski, 1979, 77-101). Si le Szélétien, le
Bohunicien et le Brynzénien et d’autres types de sites de transition du Moustérien au
Paléolithique supérieur sont plus ou moins liés à d’autres groupes du Moustérien local
(Chirica, Borziac, Chetraru, 1996; Hahn, 1990), l’Aurignacien apparaît en Europe en
tant que culture constante du point de vue technico-typologique, avec une physionomie
caractéristique pour le Paléolithique supérieur, avec un nomenclateur d’outils et une
série de formes bien déterminées.
L’Aurignacien, en tant que culture du Paléolithique supérieur ancien, a été
défini sur le territoire de la France; plus tard on l’a aussi dépistée en Europe Centrale
(Oliva, 1991, 105-141) et d’Est (Chirica, Borziac, Chetraru, 1996, Demidenko, 2004,
Otte, Noiret, Tatarsev, Lopez-Bayon, 1996, 125). L’Aurignacien est divisé en 5 étapes
d’évolutions, comprises entre 43.000-40.000 jusqu’à 24.000-20.000 ans B.P. Ni en
Europe Occidentale, ni en Europe Centrale ou de l’Est, les spécialistes n’ont pu définir
d’une manière sûre la descendance de l’Aurignacien à partir des variantes locales du
Moustérien (sauf Al. Păunescu, qui parlait de l’évolution des habitats ou des otils
aurignaciens d’un Moustérien très tardif) (Păunescu, 1993).
Dès les années 1950, D. A. Garod a exposé l’hypothèse de la formation
initiale du Paléolithique supérieur, y compris de l’Aurignacien du Proche Orient et du
Moyen Orient (Palestine, Syrie, Levant, les montagnes Zagros (Garrod, 1952). Cette
opinion a été soutenue par F. Bordes (1961; 1974) et par d’autres chercheurs.
L’hypothèse en cause s’est avérée extrêmement viable et à présent nous sommes en
train d’acquieser de nouvelles confirmations archéologiques et anthropologiques.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
198
De nos jours, certains chercheurs soutiennent que le Paléolithique supérieur
a commencé à se constituer environ 100.000-80.000 ans B.P. en Afrique de l’Est ou
dans le Proche Orient et le Moyen Orient, dans la caverne Tabun (niv. Ec.), en
Quafzeh, Hummal (niv. 1a), Adulum et ainsi de suite, où l’on a dépisté les niveaux
d’habitat à traits proéminents spécifiques au Paléolithique supérieur (des grattoirs sur
lames allongées à retouches abruptes sur les bords, des grattoirs carénés, des
grattoirs dièdres, etc.) qui à leur tour étaient superposés par les niveaux d’habitat à
inventaire typiquement moustérien (Cf. Chirica, 1999; Chirica, Boghian, 2005, vol I).
Par exemple, dans la grotte Taboun, le niveau du Paléolithique supérieur ancien – Ec.
Amudien, a été superposé par un niveau moustérien de type Yabrud (Moustérien-
Levallois). Un niveau similaire qui contient des outils du Paléolithique supérieur a été
dépisté dans la grotte Hummal. La caractéristique des sites du Proche Orient avec les
niveaux d’habitat du Paléolithique supérieur, intercalés parmi les niveaux du
Moustérien local est trouvée dans un série de travaux ou plus anciens ou plus récents.
Dans le Proche Orient, parallèlement aux industries anciennes du
Paléolithique supérieur, on a aussi dépisté des échantillons archéologiques qui
pourraient correspondre aux industries mentionnées. De la sorte, sur le mont Carmel
(Palestine) dans les grottes Taboun et Schoul, on a dépisté des restes de squelettes
humains (Schoul, VIII, IV) à évidents traits de homo sapiens, mais situés dans des
niveaux à industries moustériennes typiques. Pour élucider les problèmes énumérés,
un rôle important revient aux vestiges de la grotte Quafzeh. Celle-ci se trouve, elle
aussi, en Palestine, et a fourni, parallèlement à une industrie de type Paléolithique
supérieur, aussi les restes de 10 néanderthaliens à traits d’homo sapiens fortement
évidents, ce qui confirme une fois de plus l’hypothèse de l’apparition de l’homme de
type physique contemporain et de sa culture moustérienne précisément dans cette
zone. En ce contexte, l’attention est retenue par l’enterrement (Homo XI) qui a été
réalisé de manière préméditée et qui a fourni les éléments d’un rituel cristallisé dès
maintenant, ce qui relie les restes squelettiques de là-bas au Paléolithique supérieur
ancien (Chirica, Boghian, 2005, vol. I).
Les vestiges de la grotte Quazfeh ont été datés à 92.000-90.000 ans. En
même temps, dans cette zone, on a aussi découvert des niveaux d’habitat à industries
du type Paléolithique supérieur, qui contenaient des échantillons anthropologiques
néanderthaliens. De toute façon, ceux-ci démontrent que l’homme néanderthalien et
celui de type physique contemporain ont longuement vécu ensemble dans cette zone
géographique.
Si nous considérons l’apparition de l’homme de type physique actuel dans le
Proche Orient à 100.000-80.000 ans B.P. non pas comme un incident parmi d’autres
mais comme un phénomène historique, alors nous pouvons admettre que, entre le
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
199
moment de cet événement dans le Proche Orient et son apparition en Europe Centrale
(en base de la chronologie avec C14), nous avons un intervalle de plus de 30.000 ans.
On ne connaît pas avec certitude les voies initiales de sa pénétration en
Europe. Des restes de son existence et pénétration n’ont pas été observés ni dans le
Caucase, ni en Afrique de Nord, ni vers le détroit de Gibraltar. Il est presque sûr que la
pénétration initiale a eu lieu à travers les détroits de Bosfor et de Dardanele, vers les
Balkans, la Dobroudja, l’Europe Centrale, ayant probablement eu lieu vers la fin du
stade Würm II (environ 70.000-65.000 ans B.P.). Pendant cette période, pendant la
régression Carangat, le niveau de l’eau de la Mer Noire et dans les détroits baissait de
50-70 m et la mer devenait un lac clos; en parallèle à la facilitation du passage de l’Asie
en Europe, utilisant la terre ferme ainsi créée, un nouveau morceau de terre ferme
apparaissait entre la Dobroudja et la Crimée. Celui-ci devait être utilisé par certains
groupes de néanderthaliens mais aussi par les hommes de type physique
contemporain. C’est pendant l’intervalle Amersfoort – Moershoofd, qu’on peut
synchroniser la pénétration de l’homme physique contemporain en Europe. Certains
groupes de néanderthaliens, tout comme certains d’autres appartenant à l’homme de
type physique contemporain, pendant les régressions Carangat, à cause de l’impacte
démographique de l’Asie Mineure et du Proche Orient, ont pénétré vers le nord, tout en
traversant les Détroits et atteignant ainsi les Balkanes, l’Europe Centrale, la Crimée et
le territoire compris entre les Carpates et le Dniestr. Il est possible qu’à travers l’espace
entre le Dniestr et les Carpates, sous la forme des industries de type Stânca I, nous
trouvons les traces du plus ancien Pré-Aurignacien d’Europe, à industries de type
Stânca I. Il n’est pas exclu que les sites szélétiens de type Brynzeni I et Staroselie,
considérés comme des sites de transition du Moustérien au Paléolithique supérieur,
aient apparu à partir de la symbiose des traditions aurignaciennes et de celles locales,
moustériennes, pendant l’intervalle mentionné, à travers l’espace compris entre le
Dniestr et les Carpates, l’Europe Centrale et la Crimée.
Ce serait l’une des explications de l’apparition initiale du Paléolithique
supérieur et de l’Aurignacien en Europe, l’intervalle caractéristique pour la culture
Stânca – Pré-Aurignacien.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
200
Fig. 128. Carte des plus importantes sites préaurignaciens de l’epace carpato-dniestréen et Dobroudja (d’après I. Borziac). 1. Stânca I-IV; 2. Stânca-Darabani; 3. Osâpca; 4. Şipot 1-2; 5. Chişleaski-Iar; 6. Iarova; 7.
Harasca; 8. Anetovca I; 9. Bobuleşti V (?); 10. Mamaia-Sat; 11. Saligni.
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
201
Fig. 129. Préaurignacien. Stânca I. 1-7, nucléus du niveau supérieur.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
202
Fig. 130. Préaurignacien. Stânca 1. Pièces en silex du niveaux supérieur. 1-2, grattoirs simples; 3-5, grattoirs carénés; 6, perçoir; 7, 10, 11, pièces à bec; 8-9, pointes; 12, couteaux à dos naturel; 15, éclat Levallois; 14, pièce type burin; 16, burin.
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
203
Fig. 131. Préaurignacien. Stânca I. Pièces bifaces. 1-2, niveau inférieur; 3-6, niveau supérieur.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
204
Fig. 132. Préaurignacien. Stânca I, niveau inférieur. 1-5, racloirs; 7, 9, racloirs-grattoir; 6, pièce à béc; 8, racloir à encoche "clactonienne".
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
205
Fig. 133. Préaurignacien. Stânca I, niveau inférieur. 1, 2, grattoirs carnés; 3, 4, 8, grattoirs simples; 9, grattoir à museau; 5,7, grattoirs sur le talon de percution; 6, racloir; 10, pièce à encoche; 11-12, perçoirs; 13,13a,14, burins.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
206
Fig. 134. Préaurignacien. Stânca I, niveau inférieur. 1, pièce double; 2, 4, pièces à encoches; 3, 5 –10, denticulés.
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
207
Fig. 135. Préaurignacien. Stânca I, 1-5, bifaciales du niveau inférieur.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
208
Fig. 136. Préaurignacien. Stânca I, 1-6, bifaciales du niveau inférieur.
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
209
Fig. 137. Préaurignacien. Şipot I, 1-2, pièces à encoches; 3, grattoir-perçoir; 4, 7, racloirs; 5, pièce à béc; 6, nucléus sur éclat; 8-9, bifaciales.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
210
Fig. 138. Préaurignacien. Şipot I, 1-2, grattoirs sur lame; 3, grattoir haut; 4, burin; 5, pièce à bec-racloir court; 6-7, denticulés; 8, pièce à encoche "clactonienne"; 9, nucléus Levallois.
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
211
Fig. 139. Préaurignacien. Şipot II, 1, nucléus discoidal; 2, racloir; 3-4, grattoirs au museau; 5, grattoir double sur talon de percution, sur éclat; 6, raclette; 7 nucléus prismatique; 8, racloir droit-denticulé.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
212
Fig. 140. Préaurignacien. Chişleanski-Iar. Secteur de nord, 1, 2, 4, 7-8,10, racloirs; 3, limande; 5, racloir-grattoir; 6, 9, grattoirs simples. (Pour les pièces de Préaurignacien de type Stânca on a gardé la typologie, de N. Anisiutkine. (d’après N. Anisiutkine, 2001, 195 - 233)
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
213
4. 2. Les processus d’acculturation pendant l’étape de transition du Moustérien au Paléolithique supérieur. La culture Brynzeni Les sites inclus dans le Pré-Aurignacien, que nous mettons ici en évidence
comme une hypothèse de travail, ne présentent (à l’exception des complexes de Stânca I) ni
des niveaux sûrs d’habitat humain, de la faune, une planigraphie satisfaisantes, pour les
soumettre à une analyse détaillée, ni des corrélation aux sites préaurignaciens d’Europe
(Borziac, Haesaerts, Chirica, 2005, 163-194). Dans le premier groupe, les gisements sont
situés sur les terrasses du Dniestr et de ses affluents.
Un second groupe de sites, à pièces moustériennes et du Paléolithique supérieur,
y compris de l’Aurignacien, constitue, selon nous, un phénomène d’acculturation. Dans cette
classe d’industries, nous avons inclus les sites suivants: la grotte Brynzeni I, niveau 3
(inférieur) (le site éponyme), Cetăţica I, le niveau inférieur, Ripiceni-Izvor (niveaux
aurignaciens Ia et Ib), Mitoc-Valea Izvorului, Bobuleşti VI. A la différence des sites pré-
aurignaciennes, cette classe contient des niveaux d’habitat à faune riche (Brynzeni I),
stratigraphie sûre, planigraphie et on l’a identifié sans le bassin du Dniestr (Bobuleşti VI,
dans la vallée de la rivière Răut, le long du Prout Moyen, Brynzeni I, Ripiceni-Izvor, Mitoc-
Valea Izvorului) et dans la zone prémontagne des Carpates.
Selon nous (Borziac, 2003, 123-129; 2005a; 2005b), le Pré-Aurignacien a pénétré
en Europe, y compris dans l’espace carpato-dniestréen, à la suite de la pénétration de séries
successives de migrateusr, et leur culture s’est constituée en dehors de l’Europe (Afrique de
l’Este, Asie Antérieure). La conséquence de la pénétration en Europe pendant une
régression de la Mer Noire, il y a environ 70.000-60.000 ans (Borziac, 2005a, 35; 2005b) a
été l’apparition des industries à composantes traditionnelles structurelles moustériennes et
du Paléolithique supérieur, déterminées comme de « transition », aussi bien à travers
l’espace carpato-dniestréen que de l’Europe Centrale, Volynija, Crimée, la zone du Don
Moyen (Amirachanov, Anikovich, Borziac, 1993, 311-330; Allsworth-Jones, 1986, 83-156;
1990b, 163-240; Anikovitch, 2000, 9-31; Chabay, 1998, etc.).
Une autre explication, qui était antérieurement soutenue et considérée comme
fondamentale (Tchernysh, 1959; 1973; 1987; Păunescu, 1970; Brudiu, 1974; Valoch, 1972,
161-171; 1984, 439-467; 1989, 89-91), serait l’acceptation de la possibilité d’une évolution
autochtone des Néandertaliens à industries moustériennes, jusqu’à l’homme de type
moderne et l’apparition des industries préaurignaciennes. Dans ce cas, nous admettrons
l’évolution des Néandertaliens à partis des Homo sapiens, supposition qui pourtant n’est pas
acceptée.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
214
Fig. 141. Carte des sites de transition de Moustérien au Paléolitique supérieur. Culture Brynzeni. 1, Molodova V, niv. 10a; 2, Brynzeni I, niveau inférieur; 3, Ripiceni-Izvor, niv.1a et 1b; 4,
Bobuleşti VI; 5, Cetăţica I, niv. inférieur (d’après I. Borziac).
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
215
Le site de la grotte Brânzeni I a été découvert et étudié par N. Chetraru (1960,
1963-1965, 1968), I. Borziac et S. Kovalenko (1987), I. Borziac, N. Chetraru et Ph. Allsworth-
Jones (1993) (V. Chirica, I. Borziac, N. Chetraru, 1996, 13-30).
Le niveau inférieur, dont l’épaisseur est de 0,45-0,60 m, a fourni une collection
considérable de pièces lithiques, restes fossiles des animaux du Pléistocène, pièces en grès,
marne, ce qui nous offre la possibilité d’affirmer la présence d’un véritable niveau d’habitat
paléolithique, homogène et extrêmement important.
On n’a pas dépisté de structures spatiales distinctives, de restes de foyers, etc.
Certaines pierres plus grosses, situées à l’entrée dans la grotte sous la corniche, semblent
ne pas être un aménagement artificiel, mais au contraire, elles doivent être tombées de la
corniche du plafond.
La faune de grands mammifères est présentée par les suivantes espèces
principales, qui servaient d’objets de chasse: Equus latipes Grom. – 8419 os/ 194 individus;
Rangifer tarandus – 3987/117; Bison priscus -321/21; Mammuthus primigenius Blum. – 32/4;
Coelodonta antiquitatis Blum – 28/6; Cervus elaphus - 34/8; Capreolus capreolus - 17/4, etc.,
totalisant 45 espèces (David, 1980). Cette quantité énorme d’animaux chassés par elle-
même confirme les suppositions que dans la grotte il y avait une habitat de longue durée,
peuplée par une communauté humaine nombreuse. Ce sont les pièces lithiques découvertes
là-bas qui indiquent cette situation: plus de 8500 pièces en silex, 28 en quartzite, 86 en grès
dur.
La transformation primaire. La structure des pièces sans transformation de
l’industrie du niveau inférieur est la suivante:
Groupes de pièces du niveau inférieur de la grotte Brânzeni I.
No. Groupes de pièces Quantité %
1 Rochers en silex 22 0.26
2 Nucléus de diverses formes, en différents états de taille 327 3,83
3 Lames, fragments de lames 557 8,87
4 Eclats, fragments d’éclats 5.560 60,49
5 Pièces de modification des nucléus 41 0.48
6 Eclats amorphes, fragments en silex, déchets 848 9,94
7 Total des pièces sans transformation secondaire 7.155 83,87
La structure de l’industrie dénote le poids hasardé du débitage. Parmi les
nucléus, ce sont les nucléus quasi-prismatiques qui prédominent (115/ 35,17%), suivis par
les nucléus sous-discoïdaux à débitage concentrique (85/ 26%), quasi-discoïdaux à débitage
hasardé (64/ 19,57%). Les lames ne constituent que 8,87% du nombre des pièces sans
transformation secondaire. On a calculé les indices techniques pour les lames et les éclats:
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
216
IFL strict – 25,44%. IF lam. large – 45,84%, IFI strict – 19,18%; IFI large – 44,32%. Ces
indices nous convainquent du fait qu’à la base du débitage les traditions Levallois sont très
fortes, ce qui nous permet d’attribuer l’industrie à une phase archaïque d’évolution du
Paléolithique supérieur.
La typologie. Les pièces typiques et atypiques à transformation secondaire
constituent 1.378 exemplaires (16,13% du nombre total de pièces). Les pièces typiquement
moustériennes (d’après la Liste-type, élaborée par F. Bordes en 1961) sont les suivantes:
racloirs, pièces de type racloir – 58 /4,20%; pointes Levallois – 18 / 1,30%; pointes
moustériennes - 4/ 0,29%; couteaux à dos naturel et retouchés – 78 / 5,66%; pointes
foliacées – 21 / 1,51%; pièces à encoches – 136 / 9,98%; pièces denticulées – 301 / 21,90%;
pièces à troncature retouchée – 13 /0,94%.
Si nous incluons là-dedans les lames retouchées, lesquelles sont Levallois 11 /
8,05%, alors la quantité de pièces considérées de tradition moustérienne est de 629. Nous y
ajoutons les lames Levallois à retouches, dont le nombre est de 740 / 53,70%. Donc plus
que la moitié des pièces à transformation secondaires de la collection sont archaïques, de
tradition moustérienne. Les pièces bifaces (entières ou fragmentaires), dont le nombre est de
25 / 1,81% occupe du point de vue typologique une position intermédiaire entre l’outillage de
transition moustérienne et celui du Paléolithique supérieur. D’après les formes grossières qui
ne sont pas définies du point de vue typologique, tout comme par la transformation des
surfaces (lesquelles sont aménagées par des enlèvements plats mais grands et relativement
profonds), il est possible de les attribuer au Moustérien.
Dans le contexte de l’industrie figure aussi une composante typologique
essentielle, caractéristique pour le Paléolithique supérieur: grattoirs divers, parmi lesquels
aussi des grattoirs carénés (aurignaciens), au museau, atypiques – 52 / 3,77%; un groupe
important de burins, de dives types, y compris des burins dièdres que des burins à
troncature retouchée, sur des fragments de demi fabriqués – 96 / 6,96%; perçoirs – 17 /
1,23%; lames à bords retouchés de manière abrupte, y compris de type Dufour – 13 / 0,94%;
lames typiques pour le Paléolithique supérieur à retouches, semi-abruptes, aurignaciennes –
258 / 18,72%, à côté d’autres pièces atypiques, constituant ensemble 46,30% de l’outillage à
transformation secondaire. Dans cette industrie, nous avons, à première vue, un mélange de
traditions moustériennes et de type paléolithique supérieur dans la technique de débitage, un
mélange d’environ 50 / 50 des types d’outils, à savoir de type moustérien et de type
paléolithique supérieur. Mais cette industrie est située dans un niveau lithologique de dépôts
sûr, elle est fondée sur la même matière première. Les pièces archaïques et les pièces de
type Paléolithique supérieur sont présentes aussi bien dans la partie inférieure du niveau
d’habitat et dans sa partie supérieure. Dans le spectre faunistique, on rencontre les rapaces
de caverne Ursus spelaeus Rozen. 1/1; Hyaena spelea Goldf. - 4/2; Panthera spelea Goldf.
– 1/1, dans un petit nombre, il est vrai, mais qui pourtant témoigne de l’âge ancien du site.
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
217
Tenant compte du spectre faunistique, dans lequel ce sont les espèces adaptées aussi bien
aux conditions climatiques âpres qu’à celles plus douces qui prédominent et que ce
phénomène caractérise surtout les périodes interglaciaires, de l’industrie archaïque de
transition du Moustérien au Paléolithique supérieur, du spectre palynologique du niveau
inférieur d’habitat, nous considérons que ce niveau s’est constitué pendant l’accumulation de
dépôts de la fin de l’interstade Moershoofd et pendant l’interstade Hengelo
(approximativement entre 43.000 et 37.000-35.000 ans B.P. (Haesaerts, Borziac, Chirica,
Damblon, Koulakovska Van der Plicht, 2003; Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon,
Koulakovska, 2004; Borziac, Haesaerts, Chirica, 2005).
Ripiceni-Izvor, niveaux aurignaciens 1a et 1b. Deux autres niveaux d’habitats,
à caractères technico-morphologiques et typologiques de « transition » sont encadrés dans
la série stratigraphique de l’important site paléolithique Ripiceni-Izvor. Al. Păunescu a défini
les deux niveaux comme appartenant à l’Aurignacien ancien (Păunescu, 1993; 1999). Ceux-
ci, sans un horizon stérile du point de vue archéologique entre eux, sont situés au-dessus
d’un niveau moustérien de transition post-micoquienne. La faune en est pratiquement
absente. Il y a 3.317 pièces en silex. La matière première est commune aux deux divisions
mises en évidence par Al. Păunescu. Le nombre des nucléus est de 173 et parmi ceux-ci il y
a des exemplaires quasi-prismatiques, discoïdaux, globulaires, amorphes. Ils sont différents
de ceux de la grotte Brynzeni I seulement par le fait qu’ils sont épuisés. Le nombre des
lames est de 290 (y compris les lames retouchées) – 8,74%. Dans le cas de Brynzeni, les
lames constituent 8,87%. Les lames taillées en technique Levallois représentent 16%
(niveau 1a) et 14,5% (niveau 1b) parmi les artéfacts découverts. La structure de l’inventaire
archaïque est la suivante: racloirs, pièces de type racloir – 37/12.3% (dont 297 pièces
typiques à transformation secondaire, à Brânzeni 4,2%); pointes moustériennes – 2;
denticulées, pièces à encoches 177 (59/59%). Dans son ensemble, le groupe moustérien
contient plus de 68% du nombre total de pièces à transformation secondaire. Il y a 12 pièces
bifaces (4,04%). Les pièces de type paléolithique supérieur – les grattoirs de différents types,
y compris les carénés atypiques, les burins, y compris les dièdres, constituent moins de 23%
du nombre total de pièces à transformation secondaire. Les lames à bord abattu manquent
parmi ces pièces-ci (Păunescu, 1999; Chirica, Borziac, Chetraru, 1996).
Du point de vue de la technique de débitage, de la morphologie des artéfacts, de
la typologie des outils de travail, de la structure de l’inventaire, nous incluons la collection
des niveaux aurignaciens 1a et 1b de Ripiceni dans la culture Brynzeni de transition du
Moustérien au Paléolithique supérieur. Cette opinion est aussi soutenue par V. Chirica qui
parle de la culture Ripiceni-Brynzeni (Chirica, 1999). Le poids de l’Aurignacien dans cette
collection est même moindre que dans le niveau antérieur de la grotte Brynzeni. Nous
mentionnons seulement le fait que dans le niveau 1a, le groupe caractéristique à
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
218
Fig. 142. La stratigraphie des depots de grotte Brynzeni. Section par le paroi de nord-ouest des fouilles de Borziac, 1987. Légende: A. couche (déblés) de fouilles effectuées par N. Chetraru. 1, tchernozém, matériels roulés; 2, couche de limon jaune-ouvert, aux graviers, faune et pièces de Paléolithique final (Mésolitique, selon N. Chetraru et S. Covalenco); 3, couche de loess
jaune-ouvert, sans matériels archéologique; 4, couche de limon brun à graviers et calcaire, faune et pièces en silex, atribuées à la période de transition de Moustérien au Paléolitique supérieur; 5, couche de limon brun, à gravier, sans matériels archéologiques.
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
219
Fig. 143. Industries de transitions. Grottte Brynzeni I, 1-9, racloirs (1-4, racloirs-perçoirs).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
220
Fig. 144. Industries de transition. Grotte Brynzeni I, niveau inférieur. 1-8, racloirs.
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
221
Fig. 145. Industries de transition. Grotte Brynzeni I, niveau inférieur. 1-12, 14, racloirs, 13, burin.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
222
Fig. 146. Industries de transition. Grotte Brynzeni I, niveau inferieur. 1, 5, 7, 9, bifaciales, 6, racloir double droit-convexe; 8, grattoir sur lame aurignacienne retouchée; 2-4, pointes à enlévements bifaciales.
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
223
Fig. 147. Industries de transition. Grotte Brynzeni I, niveau inférieur. 1-9, racloirs.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
224
Fig. 148. Industries de transiţion. Grotte Brynzeni I, niveau inférieur. 1, 2, 4, 7, bifaciales diverses; 3, pointe (type Jerjmanovice); 5, 6, 8, pointes moustériennes.
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
225
Fig. 149. Industries de transition. Grotte Brynzeni I, niveau inférieur. 1-5, pièces bifaces diverses.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
226
Fig. 150. Industries de transition. Grotte Brynzeni I, niveau inférieur. 1-17, racloirs.
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
227
Fig. 151. Industries de transition. Grotte Brynzeni I, niveau inférieur. 1-18, grattoirs.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
228
Fig. 152. Industries de transition. Grotte Brynzeni I, niveau inférieur.1-18, burins diverses.
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
229
Fig. 153. Industries de transition. Grotte Brynzeni I, niveau inférieur. 1-12, 14-18, burins; 13, denticulé; 19, couteau à dos naturel; 20, éclat à encoche; 21, burin; 22-23, 25 lames retouchées; 24, grattoir.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
230
Fig. 154. Industries de transition. Grotte Brynzeni I, niveau inférieur. 1-3, lames à dos abattu (1-2, type Dufour); 6, 6a, 6b, 24, 25, lames à encoches; 9, 10, 12, lames retouchées; 13-15, 17-22, pièces à troncature droite retouchée; 11,16, 20, 21, 23, pièces esquillées; 26, éclat retouché.
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
231
Fig. 155. Industries de transition. Grotte Brynzeni I, niveau inférieur. Pendentif en ivoire de mammouth, décoré à motif ponctiform.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
232
l’Aurignacien représente 4,82% et dans le niveau 1b - 3,29%. Les bifaces sont similaires à
celles de Brynzeni. Il y a des pointes bifaces triangulaires, à base droite, et il y en a aussi en
forme de feuille, dont la base est vaguement arrondie et la largeur plus grande dans le
deuxième tiers des pièces en question. Leur section est lentiforme, les surfaces ont été
attentivement réalisées, par des enlèvements petits et plats. A partir d’un échantillon de
charbon prélevé d’un foyer, on a daté le niveau 1b d’habitat à 28.420±400 B.P. (BlN-809). Si
nous admettons que le niveau 1a d’habitat a été formé avant le niveau Ib, la date
caractérisant le niveau 1a serait donc plus ancienne, bien que l’horizon dans lequel se soit
préservé ce niveau 1a n’a pas été strictement déterminé du point de vue géologique. Il est
possible que la datation soit correcte (voir aussi V. Chirica, 1988, 11-22). Selon nous, les
matériaux de ces collections sont situés dans les dépôts antérieurs à l’interstade Arcy-
Stilfried-Briansk-Dofinovka, à savoir, entre celui–ci et l’interstade Shwallenbach. Ils peuvent
donc être antérieurs à 32.000 ans B.P. Si notre encadrement est juste, alors conformément à
la technique plus évoluée de taille du silex et selon la typologie des outils, ces niveaux
d’habitat sont plus avancés et peuvent donc être considérés comme une étape d’évolution
plus tardive de la culture Brynzeni, mais l’outillage lithique ne peux pas apartenir à
l’Aurignacien typique comme a soutenu Al. Păunescu (1988; Chirica, 1988, 14-20)
Bobuleşti VI. Un autre site important qui fait partie de ce groupe est Bobuleşti VI,
dont la faune est absente. On a dépisté une collection de plus de 12.400 pièces en silex,
dont 690 présentent la transformation secondaire (5,57%) (Chetraru, 1997, Chirica, Borziac,
Chetraru, 1996, 43-51). Parmi les nucléus, dont le nombre total est de 170 (1,49%), on a
constaté que ce sont les quasi-prismatiques qui prédominent (7,71%) à plusieurs talons de
percussion. On a identifié aussi des formes archaïques – discoïdales, cubiques, globulaires,
amorphes. Il y a 945 lames (7,71%). Les indices techniques sont les suivants: IFI strict –
16,66%; IFI large – 43,33%, IFe strict – 17,47%; IFe large – 31,39%. Conformément à la
technique de débitage, y compris la technique Levallois, l’industrie est similaire aux
technocomplexes présentés ci-dessus.
Le contexte moustérien est représenté par les groupes suivants: racloirs – 25
(3,62%), pointes Levallois – 2 (0,29%), couteaux à dos naturel et retouché – 17 (2,46%),
denticulés – 85 (12,31%), pièces à encoches – 72 (10,42%). Un nombre considérable revient
aux lames (y compris aurignaciennes) et aux éclats à retouches, dont certains, parfois, sont
accidentelles 92 (13,31%) et respectivement 240 (34,78%). Parmi ceux-ci, il y en a
beaucoup de denticulés et peuvent être inclus dans le substrat de l’inventaire archaïque à
transition moustérienne, lequel constitue environ 50-52% du nombre total des outils dans la
collection.
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
233
Fig. 156. Industries de transition. Ripiceni-Izvor, niveau aurignacien 1a. 1, 14, bifaciales; 2-4,10, 21, racloirs; 5, 8,12, burins; 6, 7, 9,11,15,16,18, 33, grattoirs; 13, 23, denticulés; 17, 20, encoches; 19, lame fragmentaire retouchée (d’après Al. Păunescu).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
234
Fig. 157. Industries de transition. Ripiceni-Izvor, niveau aurignacien 1b. 1,7,10,13, grattoirs; 2, grattoir-burin; 3, pointe Levallois retouchée; 4,12, bifaciales; 5, 8, denticulés; 6, 14, burins; 9,15, racloirs; 11, pointe retouchée sur lamen (d’après Al. Păunescu).
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
235
Le groupe aurignacien, caractéristique, est plus nombreux, constituant 7,21%. Le
pourcentage plus élevé est représenté, tout d’abord, par les lames aurignaciennes
retouchées, les grattoirs carénés (12 pièces), les burins dièdres (12 pièces); on y trouve
aussi des pièces de type rabot.
Les pièces bifaces (9-1,30%) sont plus réduites, elles ont des bases arrondies,
obliques, et légèrement concaves. La transformation des surfaces est plus systématique,
plus fine. Tenant compte de particularités mentionnées, nous remarquons aussi que dans
cette collection les éléments aurignaciens sont plus prononcés. Tout d’abord, on atteste des
retouches plus abrupte, plus « agressives », dénommées aurignaciennes, des bords de
certains grattoirs sur lame, de certaines lames à retouches continues sur un bord ou sur les
deux bords. Les burins dièdres et les grattoirs carénés sont plus visibles. On retrouve aussi
des lames de type Dufour, caractéristiques pour l’Aurignacien. Il est possible que le site soit
relativement tardif parmi les sites mentionnés ci-dessus (Chirica, Borziac, Chetraru, 1996,
43-51).
Mitoc-Valea Izvorului. Une autre industrie du nombre de celles incluses dans la
phase de transition est celle découverte du côté gaude de la rivière Ghireni, dans l’endroit
dénommé Valea Izvorului (Păunescu, 1999). Les informations sur la stratigraphie du site et
l’intégrité de la collection de pièces lithiques découvertes là-bas sont contradictoires.
L’auteur principal des fouilles, M. Bitiri – Ciortescu, et M. Cârciumaru, considèrent que là-
bas, on a découvert une industrie unique qui marque l’étape de transition du Moustérien au
Paléolithique supérieur (Bitiri, Cârciumaru, 1978; Bitiri, Cârciumaru, Vasilescu, 1979; Bitiri-
Ciortescu, 1987). A partir de la typologie, Al. Păunescu a divisé la collection en trois
composantes – Moustérien, Paléolithique, Mésolithique (Păunescu, 1999). Cette division
semble inexacte et par conséquent nous soutenons l’opinion des auteurs des fouilles, à
certaines réserves. Il n’est pas exclus que la collection contienne des pièces gravettiennes
provenant de l’immense site de Mitoc-Malu Galben, situé tout près de là-bas. (Chirica, 1988;
Chirica, Borziac, Chetraru, 1996, 81-82).
Dans la technique de débitage, on constate aussi des éléments archaïques,
moustériens, et des éléments spécifiques au Paléolithique supérieur. On y retrouve aussi
des nucléus quasi-prismatiques, discoïdaux, amorphes. Les lames représentent 11% du
nombre total de pièces. Parmi les pièces typiques on retrouve: 45 racloirs (12,86%), 40
lames et éclats à encoche (11,43%), 39 grattoirs (11,14%); 11 burins (3,14%), 12 perçoirs
(3,43%), 16 bifaces (4,57%); 115 denticulés (32, 85%); d’autres pièces; ILty – 44,53%; IR –
12,56%; IB-4,57%. Il est évident que c’est la composante moustérienne qui prédomine à
l’intérieur de cette industrie. Nous remarquons le nombre assez grand de denticulés et de
pièces à encoches retouchées. Cette caractéristique de l’industrie approche cette collection
de celle du niveau inférieur de la grotte Brynzeni. Les pièces bifaces, nombreuses et
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
236
Fig. 158. Industries de transition. Bobuleşti VI. 1-15, racloirs diverses.
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
237
Fig. 159. Industries de transiţion. Bobuleşti VI. 1-11, bifaciales.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
238
Fig. 160. Industries de transition. Bobuleşti VI. 1-18, grattoirs diverses.
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
239
Fig. 161. Industries de transition. Bobuleşti VI. 1, 2, lamelles Dufour; 3-13, burins diverses; 14, pointe moustérienne; 15, racloir concave; 17-20, éclats retouchés et à des encoches.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
240
diversifiées, sont semblables à celles de Brynzeni. Pourtant, à l’intérieur de ce groupe, nous
identifions aussi des pièces à une transformation fine des faces plates, parmi lesquelles la
bien connue pointe biface.
Tenant compte de la similitude structurelle et typologique de la corrélation
présentée, à celle décrite ci-dessus, à certaines réserves nous incluons cette industrie dans
la culture Brâynzeni. Les dites réserves sont dues à plusieurs aspects: la stratigraphie n’est
pas interprétée par les chercheurs des recherches d’une manière univoque, M. Bitiri
considère la collection comme homogène et originale, tandis qu’Al. Păunescu la divise en
trois groupes. Nous espérons que la reprise des fouilles dans ce site par V. Chirica avec la
participation de P. Haesaerts apportera de la lumière à cette situation et nous aurons
plusieurs éléments concernant l’encadrement culturel et chronostratigraphique.
Nous incluons aussi dans ce groupe la collection du niveau inférieur du site
Cetăţica I de la zone Ceahlău, laquelle est assez modeste en ce qui concerne la quantité de
pièces.
On a trouvé plus de 40 pièces à transformation secondaire, dont une biface
cordiforme, qui n’est pas spécifique au Paléolithique de la zone, deux fragments de bifaces,
5 racloirs, 3 burins carénés, d’autres pièces qui ont initialement permis aux auteurs des
recherches (Nicolăescu-Plopsor, 1965) d’attribuer cette collection à l’Aurignacien ancien.
C’est toujours à l’Aurignacien qu’Al. Păunescu (1999) a, à son tour, attribué cette collection.
Al. Păunescu a effectué certaines recherches auxiliaires et il considère que le niveau
inférieur d’habitat du site Cetăţica I est situé dans un niveau de sol fossile. Ce dernier, bien
qu’embryonnaire, ou très insuffisamment préservé sur la place du site, peut être synchronisé
au cycle MG 10 de la séquence stratigraphique du site Mitoc-Malu Galben (Borziac,
Haesaerts, Chirica, 2005). Nous incluons cette collection dans la culture Brynzeni.
Pour élucider les données statistiques, technico-morphologiques et typologiques,
nous présentons la culture Brynzeni conformément aux caractéristiques illustrées. C’est
dans ce dernier que nous avons inclus les groupes de pièces du Szélétien et du Bohunicien
de l’Europe Centrale considérés comme de transition du Moustérien au Paléolithique
supérieur mais qui représentent aussi un phénomène d’acculturation.
De la sorte, la phase de transition du Moustérien au Paléolithique supérieur de
l’espace carpato-dniestréen inclut 6 technocomplexes parmi lesquels les niveaux
aurignaciens 1a et 1b de Ripiceni-Izvor. Nous avons déjà proposé (Borziac, 1994, 19-40,
Chirica, Borziac, Chetraru, 1996) que ces industries soient encadrées dans la culture
Brynzeni, parce que ce site a été le premier étudié par des fouilles systématiques, a offert la
plus grande et la plus complexe collection de pièces lithique, de la faune et aussi une
stratigraphie sûre.
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
241
Fig. 162. Industries de transition. Mitoc-Valea Izvorului,1-6, racloirs.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
242
Fig. 163. Industries de transition. Mitoc-Valea Izvorului, 1-3, racloirs bifaciales; 4, racloir denticulé; 5, pointe Levallois retouchée; 6, 7, perçoirs; 8-10, burins; 11, béc burinant alterne sur éclat denticulée; 12-15, grattoirs; 16, couteau à dos; 17-18, pièces tronquées; 19-25, 28, pièces à encoches; 26-27, 29, denticulés.
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
243
Fig. 164. Industries de transition. Mitoc-Valea Izvorului, 1-4, 7, 8, 21, 23, 25, 26, denticulés; 5, 6, 28, nucléus; 9, grattoir-burin; 10-14, grattoirs; 15, racloir simple convexe; 16, pièce à encoche, 17-19, 24, burins; 20, lame fragmentaire à retouches continues; 22, perçoir en os; 27, lamelle fragmentaire à dos.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
244
Cette culture a existé dans l’aire carpato-dniestréen pendant l’intervalle compris
entre environ 41.000-40.000 ans jusqu’à 32.000-30.000 ans B.P. La technique de débitage
est basée surtout sur le nucléus quasi-prismatique, à plusieurs talons de percussion, mais
parmi les nucléus, il y a un nombre considérable (20-30%) correspondant aux formes
archaïques – discoïdales, cubiques, globulaires, amorphes. Les lames ne constituent que 6-
11% du nombre total des pièces. La technique Levallois est présente entre 15% et 28-30%,
étant plus manifeste par les facettes des talons des semi-fabriqués. Les pointes Levallois
sont rares, les lames et les éclats sont plus fréquents. La typologie des outils n’est pas, en
effet, influencée par la technique Levallois.
Du point de vue structurel, les industries sont divisées en trois composantes
distinctives:
a) la composante typologique moustérienne ou archaïque qui contient divers racloirs,
couteaux à dos naturel et retouché, pointes Levallois et moustériennes, raclettes, pièces à
encoches et denticulées; les outils dans le compartiment moustérien constituent dans toutes
les industries plus de 50% des pièces à transformation secondaire;
b) la composante typologique paléolithique supérieure qui contient des grattoirs de divers
types y compris dièdres, perçoirs typiques, pièces à troncature retouchée, lames retouchées,
y compris lames aurignaciennes; les lames et lames à bord abattu sont rares ou
complètement absentes; l’inventaire de type paléolithique supérieur est en proportion de
moins de 40-45% du nombre total de pièces à transformation secondaire;
c) la composante des pièces bifaces, qui occupe une position intermédiaire entre celle
moustérienne et celle de type paléolithique supérieur; elle est représentée par des petites
haches de main (Cetăţica I, Brynzeni), racloirs à transformation biface (Cetăţica I, Mitoc-
Valea Izvorului, Brynzeni I, Bobuleşti VI), pointes bifaces, réalisées d’une manière grossière
(Brynzeni I, Ripiceni-Izvor) ou bien plus d’une manière plus ciselée (Mitoc-Valea Izvorului,
Bobuleşti VI); parmi les formes entières on distingue les pièces cordiformes, sous-
triangulaires à la base droite, légèrement concave ou oblique, et arrondies; il y a des bifaces
partielles, représentées par les pièces de type Prondnik; d’après la manière de réalisation, le
choix du support pour la taille, on peut les classifier en pièces archaïques, attribuées aux
traditions moustériennes, et plus ciselées, qu’on peut relier aux traditions plus avancées du
Paléolithique supérieur (Bobuleşti VI, Mitoc-Valea Izvorului).
Nous considérons qu’à la base du contexte moustérien, aussi bien technologique
que typologique, il y a eu les traditions du post-Micoquien de la zone, marqué par les
niveaux moustériens du site Ripiceni-Izvor. Dans le cadre des industries moustériennes de
là-bas, se retrouvent tous les types d’outils, qui plus tard apparaissent dans le cadre de la
culture Brânzeni, y compris les diverses formes bifaces. Le compartiment de type
paléolithique supérieur pouvait apparaître, à case de l’évolution intérieure de l’industrie et
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
245
Fig. 165. Industries de transition. Cetăţica I, niveau inférieur. 1, 2, 5, bifaciales; 3, 6, 10,18, racloirs; 4, 8,10,12,14-17, grattoirs; 7, nucléus; 9, denticulé; 13, lame aurignacienne,19-24, grattoirs de niveau II, aurignacien (d’après Al. Păunescu).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
246
des nécessités des porteurs de cette culture, ou comme résultat de l’influence, sous
différentes formes, du Pré-Aurignacien, exercées au niveau des communautés de la zone
qui ont vécu ensemble pour une longue période de temps.
Pendant l’étape actuelle des recherches, à l’intérieur de la liste des échantillons
anthropologiques nous n’avons pas la possibilité d’affirmer ou d’infirmer trois modèles
probables d’apparition de cette industrie, désignée de manière conventionnelle en tant
qu’industrie « de transition ».
a) la réflexion, dans le cadre des industries lithiques, de certaines réalités de cohabitation et
la combinaison naturelle, d’origine génétique, du Moustérien de type Ripiceni-Izvor, à un
évident caractère vectoriel post-micoquien (Chirica, Borziac, 2005).
b) la combinaison par acculturation des traditions culturelles des Néanderthaliens et des
nouveaux Pré-Aurignaciens, ayant comme résultat l’apparition des industries à caractère
mixte
c) la pénétration vers l’ouest de certaines communautés à industries de type szélétien et
leur mélange au fond local « pré-aurignacien » et tardimoustérien.
L’identification dans la Caverne des Os des échantillons anthropologiques de
l’homme de type physique contemporain à certaines réminiscences néanderthaliennes nous
donne l’espoir de leur liaison aux phases locales de l’Europe Centrale de la transition du
Moustérien au Paléolithique supérieur. Ces échantillons sont datés à environ 32.000 ans
B.P.
Pour une élucidation exhaustive de la culture Brynzeni, nous allons récourrir à
des superpositions aux phénomènes culturels de transition du Moustérien au Paléolithique
supérieur qui ont été étudié dans d’autres zones géographiques de l’Europe y compris les
zones limitrophes de l’aire étudiée par nous.
Encadrement chronostratigraphique. La corrélation des dépôts de la grotte
Brynzeni aux dépôts subaériennes pris en considération dans le schéma
chronostratigraphique régional est difficile. Les sédiments de la grotte ne reflètent pas les
réalités déterminées pour les séquences de Molodova V et Mitoc. La faune, à certaines
particularités, peut nous offrir un certain encadrement. Ce sont les mammifères de troupeau
qui prédominent, à savoir le chevale, le bison et le renne polaire. On y retrouve aussi de
grands mammifères – le mammouth et le rhinocéros, qui ne sont pas spécifique pour le
climat froid et humide des interstades. On retrouve aussi les espèces Lepus aff., Timidus L.,
Felix (Linx) linx L., caractéristiques pour le climat froid et humide. Cette particularité du climat
est aussi soutenue par la présence des rongeurs: Castor fiber L. Dicrostonix torguatus,
Microtus nivalis, etc., tout comme par la présence dans le spectre pollinique des espèces
d’herbes caractéristiques pour les steppes froides. Ces observations nous permettent de
corréler le temps de l’existence du site au climat stadial, froid et relativement humide, qui
conditionnait la présence des grands mammifères de troupeau. En ce sens, une importance
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
247
capitale revient à l’association renne polaire – cheval – bison – mammouth qui n’a pas été
dépistée en aucun autre site paléolithique de l’espace de l’est des Carpates (Borziac, 1994,
30-32, Chirica, Borziac, Chetraru, 1996, 16-17). On a, jusqu’à présent, dépisté 7 données
exactes, toutes établies à Oxford, à partir des échantillons d’os: OxA - 4120 – 14.700 ±130;
OxA - 4123 – 16.600 ± 160; OxA - 19.220 ± 180; OxA - 22.330 ± 230; OxA - 22.530 ± 250;
OxA - 4132 – 26.200 ± 360; OxA - 4122 – 26.600 ±370 (Chirica, Borziac, Chetraru, 1996,
30).
Ces dates permettent de distinguer trois étapes chronologiques. Les deux
premières dates pourraient refléter un intervalle possible de l’existence du niveau supérieur
de la grotte. Le second groupe de trois dates refléterait un intervalle pendant le Gravettien
moyen (tout comme dans la grotte Ciuntu – Borziac, Allsworth-Jones, French, Medianik,
Rink, Lee, 1997) – quand la grotte aurait été habitée par les Gravettiens; la troisième étape
chronologique, marquée par les deux dates plus ancienne, indiquerait une présence de
l’homme dans la grotte pendant l’interstade Arcy- Stilfried B. Mais, la réalité des données
radiométriques nous permet de constater que les matériaux archéologiques de la grotte sont
mélangés. Pourtant, cet aspect n’a pas été fixé dans le processus répété de vérifications, car
nous avons identifié une industrie homogène à évidents et multiples traits archaïques qui ne
correspondent pas aux données radiométriques et par conséquent nous pouvons supposer
les possibilités suivantes:
1. Les données sont incorrectes et étant obtenues à partir des échantillons d’os, il est
possible qu’elles ne reflètent pas les âges réels, tel que les auteurs des recherches ont
d’ailleurs mentionné dans la lettre associée aux résultats reçus, et qui était déjà indiquée
dans des autres publication. Les os ont été très influencés par le milieu très carbonaté des
dépôts.
2. Les données sont correctes, mais reflètent les différentes réalités chronologiques que
nous n’avons pas divisées pendant le processus des fouilles, à cause d’un mélange fort
d’éléments technico-typologiques.
3. Les données représentent deux réalités chronologiques, documentées respectivement
par les niveaux d’habitat humain de pléistocène, mais les niveaux plus anciens sont
évidemment rendus plus récents par la qualité des échantillons.
Nous considérons que l’âge d’environ de 27.000 ans B.P. peut, tout comme pour
les niveaux 1a et 1b de Ripiceni-Izvor (dont l’âge est de 28.420 ± 400 B.P.) être un âge
minimal ou bien l’âge le plus tardif de la culture Brynzeni, alors qu’il est préférable pourtant
d’établir l’âge le plus ancien.
Les éléments d’évolution. Dans son ensemble, aussi bien conformément à la
technique de débitage qu’à la structure typologique, l’industrie de la grotte Brynzeni a un
aspect plus archaïque. La technique Levallois y persiste, étant encore plus massive qu’à
Ripiceni-Izvor et Bobulesti VI, et on constate aussi la présence pas seulement des types
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
248
archaïques de nucléus mais aussi des demi-fabriqués massifs à talons larges et bulbes de
percussion proéminents. La technique indirecte, de taille secondaire est elle aussi évidente.
Le résultat en est une industrie fortement non - lamellaire alors qu’à Ripiceni-Izvor et
Bobulesti VI la présence des lames est très évidente, même dans le cadre d’une débitage
non-parallèle, basé surtout sur des éléments quasi-prismatiques poly-talonnés. A Ripiceni,
Cetăţica et Bobuleşti, le nombre de denticulées et de racloirs est plus réduit. Les retouches
deviennent plus abruptes, le nombre de pièces caractéristiques pour l’Aurignacien
augmente. Nous considérons que ces métamorphoses technologiques et typologiques
représentent une expression correcte de l’évolution. A cause de l’absence d’une datation à
l’extrémité inférieure de la chronologie interne nous pouvons évaluer d’une manière plus
précise le vecteur de son évolution.
4. 3. Stratégies d’adaptation au milieu environnant et à l’alimentation
La transition du Moustérien au Paléolithique supérieur a duré des dizaines de
milliers d’années et quelle que soit la modalité dans laquelle elle a eu lieu à l’intérieur d’un
milieu géographique, à certaines particularités de landschaft, paléoclimatiques et des
ressources naturelles y compris des matières premières minérales, animales et végétales, et
de leur degré de valorisation dépendait la capacité cynégétique d’existence des collectifs
humains. La matière première de roches dures utilisée pour la réalisation des outils était le
silex de qualité supérieure, noir, et grisâtre, qui est fréquemment rencontré dans les dépôts
du Crétacien, et identifié souvent dans les vallées du Dniestr et du Prout Moyen et de leurs
affluents. (Muraru, 1990, 149-159). Le silex était accessible aux collectivités humaines aussi
bien sous la forme des grand rochers qu’en tant que galets roulés par l’eau.
1. Les aspects de l’adaptation ne sont reflétés que de manière tangentielle mais il
y a beaucoup de repères concernant l’opinion de certains chercheurs qui sont d’avis que
beaucoup de sites paléolithiques de la zone peuvent être considérés comme ateliers pour la
transformation du silex (Otte, Chirica, 1993, 55-66). De telles considérations pourraient être
le résultat du fait que les sites en question ont été étudiés à travers des surfaces
périphériques ou dans les zones où se trouvaient les concentrations d’aires traditionnelles de
préparation des nucléus. L’abondance des déchets non-utilisés, le poids quantitativement
considérable des nucléus, y compris de ceux abandonnés dans les phases initiales de
percussion dénote la richesse de la matière première dans la zone en question, qui
constituait évidemment un élément d’attraction pour les communautés humaines de
l’époque.
Le relief complexe à ressources d’eau suffisantes à possibilités flexibles
d’aménagement des embuscades et de la chasse les animaux étant suivis le long des voies
d’accès traditionnelles à l’eau utilisées par les animaux, mais aussi le long des voies
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
249
traditionnelles de migration cyclique et saisonnière, représentait une autre particularité
agréable qui favorisait l’emplacement des campements.
L’efficacité de la chasse est démontrée par les restes faunistiques de plus de 200
chevaux, 120 rennes, 25 bisons, 5 mammouths, 20 biches, etc, découverts dans le niveau
inférieur de Brynzeni I, qui, atteste aussi la longue durée de l’existence des habitats. Le fait
que dans le niveau d’habitat on a dépisté des crânes entiers de cheval et de renne démontre
que la chasse avait lieu près du site et que les animaux chassés étaient ultérieurement
apportés dans la grotte.
Nous n’avons pas de témoignages concernant l’aménagement d’habitations ou
de foyers dans les sites de la culture Brynzeni. L’utilisation des grottes était préférable, mais
en leurs absence l’homme s’arrêtait aussi dans les endroits protégés de manière naturelle et
également convenables du point de vue de la stratégie économique, de sorte que nous
pouvons considérer que les terrasses des rivières Bistrita, Prut, Răut ont été occupées par
les collectivités humaines pendant de longues périodes de temps.
Certes, prenant en considération le potentiel économique de la zone, mais aussi
les nouvelles capacités cynégétiques et d’adaptation et de valorisation, des collectivités
humaines, nous considérons que nous ne connaissons pas pourtant tous les sites de cette
période.
Pour expliquer les traits généraux et particuliers de l’évolution de cette culture,
nous passerons de manière succincte en revue les phénomènes culturels synchrones ou
considérés par nous relativement synchrones dans les zones limitrophes, ou bien qui sont
considérés comme ayant des particularités évolutives similaires, conditionnées et imprimées
dans les restes de la culture matérielle par les légités de transition du Moustérien au
Paléolithique supérieur, afin d’essayer d’établir une corrélation de la culture Brynzeni au Pré-
Aurignacien de la zone, au Szélétien, au Bohunicien, etc.
La Culture Brynzeni et le Pré-Aurignacien de type Stânca. Il est possible que les
deux types de phénomènes culturels aient été synchrones. A une première vue, même la
technique des complexes Stânca I et de la culture Brynzeni semble similaire elle aussi. La
présence de la technique Levallois, des industries facettées, des nucléus typiques
discoïdaux, quasi-prismatiques, différencie la culture Brynzeni de celle de Stânca I. Les
racloirs typiques de la culture Brynzeni, les pointes moustériennes et Levallois de Brynzeni,
Mitoc-Valea Izvorului, Bobulesti VI n’ont pas de similitudes dans le Pré-Aurignacien. Ils se
différencient comme formes, proportions ou modalités de préparation des bifaces de la
culture Brynzeni et Stânca I.
La Culture Brynzeni et le Szélétien de l’Europe Centrale. Dans les premières
publications concernant le site de la grotte Brânzeni (Chetraru, 1973; 1974; 1975), on
remarque la similarité de la structure de l’inventaire à celui de la culture Szélétienne; on
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
250
constate en même temps les indices d’une culture distincte, sans éléments typologiques ou
superpositions, similitudes ou analogies concrètes.
Dans son travail de 1986, Ph. Allsworth-Jones examine plus de 70 sites de
l’Europe Centrale, lesquels, selon lui, constituent le fond principal de la transition du
Moustérien au Paléolithique supérieur, en mettant en évidence 5 groupes géographiques
des sites « de transition ». Nous parlerons de deux niveaux de la grotte éponyme Széléta et
au matériel de la grotte Jankovici, les principaux éléments responsables de la détermination
des la « physionomie » technico-typologique et chronostratigraphique du « phénomène »
Széléta, et peut-être, de la culture Brynzeni aussi.
A propos du niveau inférieur de la grotte Széléta, Ph. Allsworth-Jones, réunissant
tous les matériaux des recherches plus anciennes ou plus récentes, présente les suivants
groupes de pièces: grattoirs – 11 dont 10 simples sur lames et éclats (2 à retouches sur les
bords et un atypique caréné), 7 burins: 2 dièdres, 2 sur lames rompues, 2 latérales sur
troncature retouchée de manière oblique et un multiple mixte. Plus nombreux sont les
perçoirs atypiques (6), lames à retouches continues sur les bords (8), 3 lames sur troncature.
Nombreux sont aussi les bifaces (110) et les racloirs (30). Les bifaces sont extrêmement
bifaces. La majorité en sont des pointes à la base légèrement arrondie, mais présentant une
transformation des faces planes extrêmement grossière. Les bords de plus de 60 de ces
pièces sont retouchés de manière abrupte et semi-abrupte, usés et épuisés. Cette
particularité des bifaces des niveaux 3- 4 de la grotte Széléta est remarquée aussi par
d’autres chercheurs. Les racloirs sont typiques pour le Moustérien et ont de petites
dimensions, tout comme les bifaces. Le niveau supérieur (5-7) est représenté par les mêmes
types de pièces et pratiquement en proportions similaires au niveau inférieur. Les formes
bifaces sont moindres (78). Mais il existe une grande différence entre leur modalité de
réalisation et celle caractérisant celles du niveau inférieur. Celles-ci sont plus minces, ont
des séquences lentiformes et les surfaces planes sont réalisées d’une manière très attentive
par des enlèvements plats. Les bords sont aigus mais on rencontre les mêmes formes.
Certains chercheurs expliquent cette différence dans la manière de réalisation par
l’évolution. L’argument – les âges différents des datations radiométriques: niv. 4 Szélétien
ancien ≥ 41.700 (GXO – 197) et niv. 7 Szélétien tardif 32.600 ±400 (Gr N-1935). Mais dans
ce cas, il est possible qu’il y ait aussi une autre explication, à savoir la possibilité que la
grotte ait été initialement habitée par des groupes de chasseurs ambulants qui possédaient
les outils nécessaires à la chasse (y compris les pointes de lance) et qui, dans l’absence de
la matière première, les ont transformés en pièces poly-fonctionnelles – comme grattoirs,
racloirs, etc. Le déficit de matière première pour la réalisation des outils d’utilisation
quotidienne est confirmé aussi par le nombre très petit de nucléus dépistés dans les sites
szélétiens typiques, tout comme par la petite quantité de déchets à transformation primaire
et secondaire. Dans les sites attribués au Szélétien on a identifié des nucléus: Széléta (inf.)
Chapitre 4. Le phenomene de la transition du mousterien et la formation des cultures du paleolithique superieur
251
– 9, Széléta (sup.) – 5, Jankovich - ?, Otaslavice – 115, Yezerany I - 195, Yezerany II – 85,
Orechov I – 144, Orechov II – 36, Dubicko - 36, Miscoviče – 37, Rozdrojoviče – 25, etc.
De telles proportions entre les groupes de pièces, mais qui varient
quantitativement selon les dimensions des collections sont rencontrées dans la plupart des
sites attribués au Szélétien (Ph.Allsworth-Jones, 1986, tableaux 4, 5, 6, 7).
Les identités technico-typologiques, d’emplacement des campements etc. nous
suggèrent les aspects suivants:
- à la différence des sites szélétiens des grottes, le site Brynzeni n’est pas un campement
temporaire des chasseurs, mais un site de longue durée qui a été utilisée par une
communauté de gens qui sont revenus là-bas, et à l’intérieur de laquelle il est possible de
suivre tous les cycles d’activité.
- dans la technique de percussion, à la différence des sites szélétiens, la technique
Levallois est plus évidente, atteignant 10% pour les lames et 21% pour les éclats, Iflam =
25,44%; If.ecl = 44,32%
- dans la typologie des burins ce sont d’autres sous-types qui prédominent par
comparaison au Szélétien. C’est toujours à Brynzeni qu’on retrouve beaucoup des grattoirs
et racloirs dans une proportion quasiment égale, alors que les technocomplexes sont plus
nombreux mais moins variés.
- à Brynzeni on retrouve plus de pièces à dos abattu mais la collection des pièces est
aussi beaucoup plus nombreuses que dans n’importe quel site attribué au Szélétien:
pourtant les pointes La Gravette sont absentes et les poitnes présentes sotn spécifiques à
l’Aurignacien.
Donc, pour ce qui est de la comparaison entre la grotte de Brânzeni et les
industries du Szélétien de l’Europe Centrale nous constatons qu’elles présentent une
structure similaire mais les pourcentages des pièces et certains aspects typologiques sont
différents. La technique archaïque de percussion est plus évidente à Brynzeni et là-bas le
poids des pièces atypiques est lui aussi plus grand – il s’agit des denticulés, des pièces à
encoches latérales retouchées et des lames et éclats à retouches dues au hasard et à
l’utilisation.
Si nous superposons que les niveaux aurignaciens d’habitat 1a et 1b de Ripiceni-
Izvor et aussi Mitoc-Valea Izvorului au Szélétien de l’Europe Centrale, nous observons un
traît aurignacien plus évident que dans les habitats szélétiens et, évidemment, que dans
ceux de Brânzeni I. Il se manifeste par la « retouche aurignacienne aggressive », la
présence des grattoirs typiques et des burins dièdres; les bifaces sont importants aussi bien
dans le Szélétien que dans la culture Brynzeni, surtout par leur présence que par leur
quantité. Dans la culture Brynzeni le caractère des lames est plus prononcé (mais non pas
comme résultat de la percussion sous-parallèle) et il dénote son origine dans un faciès du
Moustérien à évidents traîts avancés (Trinca I, niv. 3a ? – Chirica, Borziac, 2005, 130-150).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
252
Dans cette phase des recherches, nous considérons que les industries inclues
dans la culture Brynzeni peuvent être encadrées dans le technocomplexe de transition
szélétien mais d’origine locale et à traits technico-typologiques locaux. La culture Brynzeni
peut être caractérisée comme phénomène archéologique culturel tout comme le Bohunicien
représenté par une série d’industries à caractéristiques de transition de l’Europe Centrale
(Bohuniče, Ondratiče, Stranska Skala, etc.).
Bien que dans les industries mentionnées se retrouvent il y ait certaines
particularités levalloisiennes (composante conservatrice des industries de transition), nous
considérons que la présence des formes variées de pièces bifaces, y compris en quartzite
ou en d’autres matières premières, détache ces industries du Bohunicien et les place parmi
les szélétiennes, dans lesquelles d’ailleurs la composante aurignacienne est plus évidente
alors que la technique Levallois n’est que modestement représentée.
Pour exemplifier, nous analyserons seuls les matériaux accessibles dans la
littérature à propos de Bohuniče. La chronologie du Bohunicien est suffisamment
documentée (Svoboda, 2001; Oliva, 1984, Valoch, 1989 etc). Du point de vue
chronostratigraphique, celui-ci est plus ancien que l’interstade Schwallenbach (ses phases
de début), et simultanné aux phases tardives de ce même interstade. Le substrat génétique
très levalloisien dans la technique de percussion des industries bohuniciennes (lesquelles,
selon certains chercheurs: Valoch, 1989; Demidenko, Usik, 1993a; 1993b; Kozlowski, 1996;
Chirica, Borziac 2005a; 2005b sont pourtant héritée, possiblement, du Moustérien-Levallois
de Molodova I et V) distancie ces industries aussi bien du Szélétien que de la culture
Brynzeni. La présence à Bohunice des formes bifaces (16, selon Ph. Allsworth – Jones,
1986, tab. 4.7) peut être conditionnée par les influences synchrones szélétiennes régionales.
Ces pièces semblent plutôt post-micoquiennes que szélétiennes (Svoboda, Lozek, Vlcek,
1996).
Dans la culture Brânzeni, on peut aussi inclure certains sites connus seulement
d’après les matériaux récoltés de la surface, parmi lesquels certaines formes bifaces de la
zone de la rivière Răut, mais qui nécessitent une recherche plus ample. Nous considérons
qu’il serait possible d’établir une évolution locale des industries de type Brynzneni dans le
cadre du technocomplexe aurignacien.
253
CHAPITRE 5
L’AURIGNACIEN MOYEN A FORMES BIFACES.
LA CULTURE PROUT
5.1. Aspects généraux
La culture Prout a été initialement marquée comme variante du Paléolithique
supérieur ancien par l’industrie du site Gordineşt, à l’intérieur de laquelle les formes bifaces
étaient indiquées comme significatives, importantes et nombreuses. Dans l’étape actuelle de
la recherche, parmi les sites de la zone étudiée, dans le cadre de cette culture nous incluons
Gordineşti I, Corpaci niv. inférieur, Ripiceni-Izvor niveaux aurignaciens 2a, 2b et Trinca
Izvorul lui Luca (Trinca-IL). Le site éponyme est Gordineşti I et il a été découvert et étudié en
1974, 1975 et 1976 par I. Borziac. Le site se trouve dans la vallée de la Rivière Racoveţ, sur
un promontoire – colluvion de la rive droite du cours d’eau, dans l’endroit dénommé La Izvor,
à 50-70 m de la périphérie de sud-ouest du village. Ce promontoire, qui s’étend dans la
direction ouest-est, détérioré par des carrières, partiellement en latéral et à l’extrémité d’est,
est constitué par des calcaires tortoniens et sarmatiens, qui en forment la base visible, et qui
sont couverts de dépôts alluviaux mélangés, mais aussi par des argiles, un sol fossile que
nous apprécions comme Brörup ( ?) – c’est là-bas qu’on a dépisté des pièces du Moustérien
ancien, et par des argiles intensément lavées, tout comme par un niveau de sol
contemporain, vaguement mis en évidence. Le niveau d’habitat, vaguement remanié, sans
que cela affecter son essence, est situé dans le niveau d’argiles brunes-jaunes (selon nos
estimations, occasionnées par les observations stratigraphiques, effectuées avec Ph.
Allsworth-Jones, dans le mur d’un sondage de 1993), qui représentent, peut-être, un sol
fossile dégradé. Si ces observations sont correctes, alors elles nous permettent d’identifier
les restes de ce sol fossile de type Arcy-Kesselt – Stilfried B. Cette possibilité nous est
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
254
Fig. 166. Carte des gisements de l’Aurignacien moyen à bifaces. La culture Prout. 1, Gordineşti; 2, Trinca-Izvorul lui Luca; 3, Mitoc-Valea Izvorului; 4, Corpaci, niveau
inférieur; 5, Ripiceni-Izvor, niveaux auri-gnaciens 2a, 2b; 6, Balatina; 7, Culicivca (?).
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
255
suggérée par le caractère de l’industrie lithique, exposé ci-dessous. A travers la surface
d’environ 100m2 des fouilles, à la profondeur de 1,4-1,m, à la base du niveau lithologique 4,
on a dépisté 6000 pièces en silex noir, à une patina blanche – bleuâtre, et un vague
polissage spécifique, impossible à confondre aux silex provenant d’autres sites
paléolithiques de la zone, à part Trinca-IL, incluse dans ce groupe culturel. La faune est
vaguement représentée seulement par quelques dents et certains fragments de maxillaires
d’Equus latipes Grom., Bison priscus. Jusqu’à présent, on n’a pas découvert ni des foyers ni
des charbons pour la datation bien que dans le niveau d’habitat quelques petits restes de
cendres soient présents. La faune, tout comme celle d’autres sites de ce groupe, n‘est
conservée que dans une trop petite mesure et est représentée par les mêmes espèces que
dans les autres sites (Păunescu, 1999, 236-243 ; Borziac, Levitki, 2003, 28-50). Les résultats
des recherches effectuées dans ces sites ont été publiés en détail, et avec certaines
références nécessaires (Borziac, 1994 ; Chirica, Borziac, Chetraru 1996 ; Borziac, Levitki,
2003, 28-52) ; nous allons procéder à quelques généralisations.
La technique de percussion est caractérisée par des nucléus, semi-fabriqués
(éclats, lames, lamelles, déchets, etc) qui sont groupés pour toutes les industries
mentionnées :
Groupes de pièces sans transformation secondaire des sites de la culture Prout Gordineşti I Ripiceni -2a Ripiceni -2b Corpaci Trinca-IL No.
Crt.
Groupes de
pièces Quant. % Quant. % Quant. % Quant. % Quant. %
1 Grosses
pierres,
prénucléus
6 0,10 8 0,19 3 0,06 36 0,25 27 0,74
2 Nucléus
fragmentés
62 1,04 184 4,58 193 4,25 171 1,21 146 4,17
3 Lames,
fragments de
lames
594 9,93 252 6,27 373 8,23 2412 17,05 418 11,94
4 Lamelles,
fragments de
lamelles
24 0,40 51 1,27 87 1,91 116 0,82 54 1,54
5 Lames à crête 53 0,88 5 0,12 7 0,15 56 0,39 19 0,54
6 Avivages 12 0,20 7 0,17 5 0,11 47 0,33 3 0,21
7 Eclats,
fragments
d’éclats
3930 65,68 871 21,66 1038 22,89 10903 77,09 2334 66,40
8 Déchets,
éclats de
finissage
1267 21,19 2484 61,79 2530 55,80 404 2,85 249 711
9 Percuteurs 1 0,01 1 0,02 2 0,19
10 Silex
desquamés
34 0,57
11 Total 5983 100 4020 100 4534 100 14142 100 3238 100
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
256
Les nucléus sont représentés, pour la plupart, par les exemplaires prismatiques, quasi-
prismatiques, mais il y a pourtant certaines formes et types spécifiques. A Gordineşti, 70% des
nucléus sont des nucléus quasi-prismatiques, mais il y a aussi les nucléus Levallois, servant à la
réalisation des lames (6), des nucléus secondaires, faits d’éclats massifs (5), ou à éclatement sur
le tranchant, faits de plaquettes en silex (5), dont 3 sont en connexion. A Corpaci, le niveau
inférieur, il y 3 nucléus discoïdaux Levallois pour la réalisation des éclats, 19 nucléus secondaires,
18 nucléus à un talon. Dans les niveaux 2a et 2b de Ripiceni tout comme à Trinca-IL, l’éclatement
est marqué par les nucléus quasi-prismatiques, mais dans les groupes des lames et des éclats il y
a des semi-fabriqués Levallois : à Ripiceni-Izvor, niveaux aurignaciens 2a, 2b – 9-11%, à Trinca-IL
– 8,9-10%. A Gordineşti, la présence des nucléus typiques Levallois est associée à plus de 16%
du nombre total de semi-fabriqués à talons facettés ou retouchés, d’après les méthodes
moustériennes de préparation préliminaire des talons des nucléus. Dans cette industrie, ce sont les
traditions Levallois qui sont beaucoup plus présentes que dans le cas du niveau inférieur de
Kulicivka, par exemple, où ceci est souvent indiqué et commenté en tant qu’argument sérieux pour
la détermination du site comme site de transition (Anikovich, 2000). Il faut pourtant tenir compte du
fait que les matériaux du site de Kulicivka ne sont pas publiés dans une mesure satisfaisante, tel
que l’indiquent les auteurs mentionnés ci-dessus, par rapport aux publications monographiques de
Gordineşti (Borziac, 1994).
Donc, la technique de percussion dans le cadre de cette culture est lamellaire, axée
sur le nucléus quasi-prismatique, prévalent dans les industries, mais à évidentes réminiscences
moustériennes, de tradition Levallois.
1. Là dedans, on a inclus aussi les outils typiques et atypiques, examinés sous l’aspect de la
technique de percussion.
2. Al. Păunescu inclut parmi les déchets (ici et infra) beaucoup d’éclats petits,
morphologiquement prononcés, limitant de manière essentielle le nombre des pièces, qu’on peut
analyser et inclure dans la statistique.
La typologie. Dans le cadre de cette culture, tout comme dans le cas de l’Aurignacien
ancien de la zone la typologie est marquée par la particularité de l’association dans le cadre des
complexes des groupes archaïques d’outils typiques pour le Moustérien et de ceux spécifiques au
Paléolithique supérieur. Mais, à l’intérieur des industries, on constate des manifestations différentes
des groupes d’outils, et aussi d’autres modalités de développement réel dans le temps, des
procédés de transformation secondaire et de finissage des outils. Il faut mentionner que les
groupes d’outils, mis en évidence par nous, reflètent les structures intègres des sites, sans unités
ou groupes restants, qui n’y soient pas inclus, bien que dans certains cas, nous avons dû faire
preuve d’un prudent conventionnalisme chaque fois qu’il s’agissait de l’attribution concrète de
certaines pièces, gardant pourtant l’ensemble des principes de la classification typologique
nécessaires et adéquats pour le Paléolithique supérieur. Les corrélations quantitatives entre les
divers groupes peuvent être représentées de la manière suivante :
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
257
Groupes de pièces à transformation secondaire dans le cadre de la culture Prout (dressé par I.Borziac)
Ripiceni - Izvor Gordineşti Trinca – Izvorul lui
Luca Niveau 2a Niveau 2b
Corpaci Nom des groupes d’outils
nr. % nr. % nr. % nr. % nr. % (1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9) (10) (11)
Grattoir simple 36 4,45 31 11,78 14 8,14 15 4,90 7 3,44Grattoir atypique
7 0,82 6 2,28 6 3,49 13 4,25 7 3,44
Grattoir ogival 2 0,23 4 1,31 Grattoir sur lame, éclat retouché
17 2,0 18 6,84 8 4,65 12 3.92
Grattoir sur lame aurignacienne
2 0,23 1 0,38
Grattoir en éventail
1 0,38 1 0,58
Grattoir sur éclat
13 1,52 6 2,28 4 2,33 4 1,31
Grattoir caréné 27 3,17 3 1,06 3 1,75 2 0,65 2 0,98Grattoir caréné atypique
5 0,58 3 1,06 2 1,16 5 1,63
Grattoir caréné à museau
6 0,70 7 2,66 1 0,58 1 0,33
Grattoir plat à museau
1 0,58 1 0,49
Grattoir nucléiforme
3 0,35 2 0,76 1 0,33
Rabot 1 0,33 Grattoir-burin 3 0,35 3 1,06 1 0,33 1 0,49Perçoir 4 0,47 2 0,76 1 0,33 Perçoir atypique
5 2,91 2 0,65
Burin dièdre droit
1 0,11 1 0,38 2 1,16 4 1,31 3 1,47
Burin dièdre déjeté
1 0,11 1 0,38 3 1,75 2 0,65 1 0,49
Burin dièdre d’angle
3 0,35 1 0,38 1 0,58 2 0,65 1 0,49
Burin d’angle sur cassure
8 0,94 3 1,06 5 2,91 3 0,98 3 1,47
Burin dièdre multiple
3 0,35 1 0,38 2 1,16 1 0,33 1 0,49
Burin busqué 2 0,23 2 0,76 3 0,98 Burin sur troncature droite retouchée
3 0,35 11 1 0,58 3 1,47
Burin sur troncature à multiples retouches
3 0,35 7 2,66 1 0,58 3 1,47
Burin multiple mixte
3 0,35 2 0,76 1 0,58 1 0,33
Pièce de type à cran
1 0,33
Pièce à troncature droite retouchée
1 0,11 2 0,76 1 0,58 5 1,63 2 1,96
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
258
(1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9) (10) (11)
Pièce à troncature oblique retouchée
1 0,11 1 0,58 4 1,31 11 5,41
Pièce à troncature concave retouchée
1 0,38 1 0,33
Lame à troncature concave retouchée
1 0,33 2 1,96
Lame à retouches continuelles sur un bord
74 8,69 20 3,80 2 1,16 10 3,26 20 9,85
Lame à retouches continuelles sur les deux bords
15 1,76 12 4,56 2 0,65 62,94
Lame aurignacienne
10 1,17 4 1,31
Pièce de type pointe à face plane
1 0,33
Pic 1 0,58 Pièce à encoches
109 12,80 39 14,82 48 27,91 68 21,22 21 10,34
Pièce denticulée
34 3,99 63 23,95 25 14,54 49 16,01 10 4,92
Pièce esquillée 4 0,47 2 0,76 1 0,33 3 1,47Racloir 18 2,11 4 1,52 21 12,21 5 17,97 16 7,88Pièce de type raclette
2 0,23 2 0,76 1 0,58 1 0,33
Segments de cercle
2 0,76 4 1,31 19 9,35
Lamelle denticulée
1 0,11 2 0,76
Bifaces 35 4,11 7 2,66 9 5,32 17 5,55 8 3,94Divers 3 0,35 Eclats retouchés
369 43,36 11 4,18 33 16,26
Lamelles à bord abattu
7 0,7 3
Pièces de type à dos
7 0,82 1 8,49
Pointes de divers types
10 1,17 3 1,14 8 3,94
Pièces à bec retouché
2 0,23 8 0,5
Total des pièces
851 100 263 100 172 100 172 100 203 100
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
259
Le groupe ancien est représenté par des racloirs, pointes moustériennes
retouchées, pointes Levallois et pseudo-Levallois.
Le compartiment de pièces anciennes est représenté par les pointes Levallois
retouchées et non retouchées, denticulées et à encoches retouchées, d’autres types
anciennes.
Le groupe ancien est structuré autour de la présence des semi-fabriqués
Levallois, avec les pourcentages dans les industries (selon la séquence présentée dans le
tableau ci-desssus) de 16%, 9-10%, 9-11% et 6% respectivement. Les pointes typiques
Levallois retouchées ne sont pas présentes, mais dans chaque industrie, il y a des pointes
typiques et pseudo-, non retouchées. Les pointes moustériennes retouchées ont été
identifiées à : Gordineşti – 2 exemplaires, Trinca-IL – 0, Corpaci – 2, Ripiceni – 2a-2, 2b-3
(mentionnées dans le tableau à la position 96).
Les racloirs sont présents dans les sites suivants : Gordineşti – 18 (2.11%),
Trinca-IL – 4 (1,52%), Ripiceni-izvor 2a-2b - (17,19%), Corpaci – 16 (7,88%). Dans les cas
de Ripiceni-Izvor et Corpaci, les racloirs sont plus nombreux que les grattoirs. C’est dans les
mêmes sites qu’on a constaté la présence des racloirs déjetés, convergents, doubles,
concaves. La transformation des bords est réalisée par des retouches systématiques, semi-
abruptes. Les lames sont présentes surtout sur les bords des semi-fabriqués, particularités
distinctives des lames moustériennes. A Gordineşti et Ripiceni-Izvor on rencontre aussi des
racloirs bifaces qui déterminent, en fait, leur caractère ancien. Les denticulés sont assez
fréquents, tout comme les pièces à encoches retouchées. A Gordineşti, ce dernier groupe
inclut 146 exemplaires (16%), à Ripiceni-Izvor – environ 26%, à Trinca-IL – 24%, Corpaci –
environ 7%. Donc, par rapport à l’Aurignacien ancien, nous avons dans ce cas une
association pas tout à fait ordinaire de pièces atypiques denticulées, à encoches, dans la
technique Levallois, qui n’est pas tout à fait spécifique à l’Aurignacien typique, mais plutôt à
la culture Brânzeni ; ce rapprochement n’est pas singulier.
Tout comme dans la culture de transition, Brânzeni, la position intermédiaire entre
les groupes ancien et, respectivement, Paléolithique supérieur, est occupée par les pièces
bifaces transformées, lesquelles sont présentes dans les pourcentages suivants : Gordineşti
– 35 (4,1%), Trinca-IL – 7 (2,62%), Ripiceni-Izvor – 2a – 9 (5,37%), 2b – 17 (5,55%), Corpaci
– niveau inférieur 8 (3,94%). La marge de variation est donc entre 3 et 6 %. Mais dans le
cadre de ces industries, nous mentionnerons quelques particularités qui sont identifiées dans
la modalité de finissage des faces planes, des formes et des types, et qui les différencient
des bifaces de la culture Brânzeni et de l’Aurignacien ancien de type Climăuţi. Pour ce qui
est de la transformation, elle est plus grossière que sur les pièces de Corpaci, laquelle est
d’ailleurs similaire à celle de Brânzeni I, niveau inférieur, Bobuleşti VI et les niveaux
aurignaciens 1a et 1b de Ripiceni Izvor. A Ripiceni-Izvor, 2a et 2b, la transformation est
perfectionnée, plus minutieuse, mais encore assez étendue, lorsqu’il s’agit de la dimension
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
260
des enlèvements. Ecore plus, la transformation atteint son plus haut degré de
perfectionnement à Gordineşti, là où le perfectionnement est similaire à celui des pointes de
lance de la culture Streletskaja, sur le Don (Kostenki), Donet (Biriuciaya Balca, Sunghir, tout
comme à celui spécifique à la pointe biface de Mitoc-Valea Izvorului. Une transformation
similaire est aussi visible sur certaines pointes foliformes du Solutréen français.
Après la taille biface de la culture Brânzeni et de l’Aurignacien du type Climăuţi
pouvait être et elle était probablement réalisée par l’utilisation de la technique de frappe par
le contact, alors les pièces de la culture Prout étaient sans doute réalisées par la technique
de pression et détachement des enlèvements plats des faces planes à l’aide du médiateur.
La taille des faces planes de certaines exemplaires de pointes foliacées de Gordineşti est
d’autant plus perfectionnée que les négatifs des enlèvements plats sont vaguement
saisissables.
Si nous considérons les formes et les types, alors dans la culture Prout ils sont
plus variés, plus diversifiés.
A Gordineşti, la forme typique significative est la pointe foliacée à la base arrondie
régulièrement, avec la largeur la plus grande dans le premier tiers de la longueur, à partir de
la base, la section uniformément lentiforme, le périmètre accommodé droit et aigu. Ce type
est accompagné d’une forme triangulaire, régulière, allongée, à la base légèrement concave.
Le premier type est présent à Ripiceni-Izvor - 2a et 2b, à Trinca IL. Le second type
(triangulaire) est aussi présent à Ripiceni-Izvor (Păunescu, 1999, 242, fig. 78-20), où l’on
retrouve aussi les formes atypiques cordiformes et asymétriques. Les formes foliacée et
cordiformes peuvent être interprétées comme pointes de lance, les formes asymétriques
comme couteaux et racloirs. Il n’est pas exclu que parmi les fragments, qui sont d’ailleurs les
plus nombreux, il y ait eu des formes triangulaires.
A Trinca-IL, il y a aussi une pointe mince, transformée partiellement de manière
biface, et qui, ayant la forme d’une feuille de saule et de dimensions assez petites (3,8 x 1,8
x 0,6 cm) pouvait être utilisée aussi comme pointe de flèche. Si elle appartient à ce niveau,
que nous examinons, alors il s’agit peut-être d’un témoignage de l’apparition des armes à
distance déjà dans l’étape de l’Aurignacien moyen d’ici (environ 26.000-25.000 ans B.P.).
Parmi les bifaces, il y a aussi des pièces brisées dans le processus de réalisation, mais
aussi des pièces abandonnées, à cause des défauts de la matière première. De toute façon,
l’une des caractéristiques les plus importantes de la présence typologique comme partie
composante dans le cadre des industries des bifaces est représentée par les déchets taillés
des pièces bifaces, qui démontrent sans aucun doute l’homogénéité intégrée aux restes des
pièces des industries en question. Ceci est un facteur déterminant et important, parce que
leur absence représente un témoignage inverse. Par exemple, aussi bien à Molodova V, le
niveau 10 qu’à Kulicivka, le niveau 3 (inférieur), on a dépisté une pointe biface (Tchernysh,
1961 ; 1987), mais leur liaison aux industries de ces niveaux d’habitat est souvent
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
261
Fig. 167. Aurignacien moyen à bifaces. La culture Prout. Gordineşti, 1-8, nucléus.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
262
Fig. 168. La culture Prout. Gordineşti,1-14,16,17, racloirs diverses; 15,18, lames à des retouches aurignaciennes (lames appointées).
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
263
Fig. 169. La culture Prout. Gordineşti, 1-12, bifacales.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
264
Fig. 170. La culture Prout. Gordineşti,1-7, 9-15, bifaciales; 8, lame retouchée.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
265
Fig. 171. La culture Prout. Gordineşti, 1-14, grattoirs diverses.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
266
Fig. 172. La culture Prout. Gordineşti, 1-15, 20, grattoirs diverses; 16-18, encoches; 19, raclette.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
267
Fig. 173. La culture Prout. Gordineşti,1-25, grattoirs.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
268
Fig. 174. La culture Prout. Gordineşti, 1-11, burins diverses; 12, éclat "mustérien", retouché dorsal; 13-14,16-18, 20-21, lames retouchées.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
269
Fig. 175. La culture Prout. Gordineşti,1-9, lamelles type Dufour; 10-11,16-20, pointes sur lames; 12-13, 21, perçoirs; 24, lame à encoche laterale; 22-23, 25-30, lames à des encoches; 31, éclat à enchoche.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
270
contestée (Anicovich, 1998 ; Cohen, Stepanchuc, 1999 ; 2000-2001). Nous mentionnons que
la modalité minutieuse de transformation des faces planes identifiée dans 3 des 5 sites
inclus dans cette culture représente une particularité importante de cette dernière. Nous
mentionnons encore qu’à Corpaci, les proportions des pièces bifaces sont plus grandes, plus
massives et comme particularité typologique, nous observons sur 3 d’entre elles l’application
des enlèvements burinants.
Les grattoirs forment les groupes de pièces les plus nombreux de Gordineşti,
Trinca-IL et Corpaci. Dans ce dernier site les grattoirs ne forment pas de séries d’outils
typiques. A Gordineşti le type prédominant est le grattoir simple sur lame courte mais large,
à la lame transformée de manière semi-abrupte et souvent à bords retouchés. Ce type est
aussi fréquent à Trinca-IL, mais pratiquement il est absent des complexes de Corpaci, où les
types réalisés à partir d’éclats sont plus nombreux, alors qu’à Ripiceni, ils sont rares et
réalisés à partir d’éclats plats.
Les formes carénées sont prédominantes à Trinca-IL, sont présentes aussi à
Gordineşti, et dans les deux sites on rencontre aussi les formes à museau. Toujours dans
ces sites, il y a aussi les grattoirs à lame large et base étroite, transformés sur les bords à
retouches semi-abruptes « aurignaciennes » continuelles. C’est toujours dans ces
complexes qu’on rencontre des grattoirs ronds, « aurignaciens » à retouches sur la face
plane de la pièce. Les grattoirs carénés de formes transitionnelles vers les burins carénés ne
sont pas spécifiques pour cette culture. Quelques formes similaires sont présentes dans
l’industrie du site Trinca-IL.
En ce qui concerne les burins, nous mentionnons qu’ils sont toujours en position
numérique secondaire par rapport aux grattoirs. Si, en général, nous superposons ces
groupes d’outils, nous observons la corrélation suivante :
Gordineşti – 121 / 27 ; Trinca-IL – 81/ 27 ; Ripiceni-Izvor, niveau Ia – 40/16,
niveau Ib – 59/16 ; Corpaci, niveau inférieur – 18/ 19, ou Gordineşti 4,5/1 ; Trinca-IL – 3/1 ;
Ripiceni, 2a – 2,5/1, 2b – 3,7/1 ; Corpaci -1/1. D’après cet indice, Gordineşti démontre une
présence beaucoup plus massive des grattoirs par rapport aux burins.
Parmi les grattoirs, ce sont ceux faits sur éclats qui prédominent, suivis par les
grattoirs faits sur lames larges et courtes, aux bords continuellement retouchés et ensuite
par les grattoirs à formes hautes.
Les burins sont prédominés par les burins dièdres de centre, sur cassure d’angle,
mais nous mentionnons encore une fois que les burins ne forment pas de séries et sont, en
beaucoup de cas, typologiquement non- expressives. Nous pouvons donc conclure que la
transformation de l’os, du bois animal, de l’ivoire, d’autres matériaux organiques durs ne
constituait pas une prédilection ou une occupation prioritaire dans le cadre de cette culture.
Dans ce cas aussi, nous nous permettons d’émettre une supposition, résultante de deux
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
271
Fig. 176. La culture Prout. Trinca-I.L, 1-3, 5-7, grattoirs; 4, 8, lames aurignaciennes retouchées (racloirs doubles droits sur lame massive).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
272
Fig. 177. La culture Prout. Trinca-I.L, 1-7, 9-12, grattoirs diverses; 8, lame à fines retouches; 13, pièce bifaciale.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
273
Fig. 178. La culture Prout. Trinca-I.L, 1, 8, 12, grattoirs simples et carénés au museau; 9-11, 14, burins dièdres; 13, pièce de type segment de cercle; 15, pointe de foliacée.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
274
Fig. 179. La culture Prout. Trinca-I.L, 1-3, grattoirs carénés au museau; 4-6,8, burins sur troncature retuchée; 7, burin dièdre; 9, pièce à encoche; 10, fragment de pièce biface; 11, burin d’angle transversal.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
275
Fig. 180. La culture Prout. Trinca-I.L, 1, racloir double fragmentaire; 2-13, burins diverses.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
276
Fig. 181. La culture Prout. Trinca-I.L, 1, grattoir sur lame; 2, lame retouchée à le bout tronqué droit; 3, pièce à encoche; 4,13, racloirs; 5, grattoir; 6, 8, pointes sur lames aurignaciennes; 7, 10, lames retouchées; 9,11-12, burins.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
277
Fig. 182. La culture Prout. Trinca-I.L, 1, 4, fragments de pièces bifaces-pointes de lance; 2,11, lames retouchées sémi-abrupte; 3, burin-pièce esquillé; 5-8, grattoirs; 9, pièce combiné; 10, éclat Levallois-racloir.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
278
Fig. 183. La culture Prout. Trinca-I.L, 1, 3, 10-11, grattoirs; 2, 5, 6, 8-9, lames retouchées; 4, 7, burins.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
279
Fig. 184. La culture Prout. Trinca-I.L, 1, pendentif triangulair allongé en grès; 2, fragment de pièce biface; 3, 5, perçoirs; 4, grattoir au museau; 6, grattoir simple sur lame.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
280
circonstances. Le niveau, encore évidemment ancien, de l’évolution générale des porteurs
de cette culture, ne facilitait pas évidemment la transformation de la matière première
mentionnée. Ou bien, l’environnement interstadial, relativement chaud, ne favorisait pas la
présence dans la zone du renne et du mammouth, qui étaient les espèces principales
fournissant la matière animale dure utilisée pendant le Paléolithique supérieur. Mais
l’explication peut être encore plus prosaïque. Par exemple, on n’a pas étudié les secteurs
des sites où une telle transformation avait lieu. Malheureusement, l’os, le bois d’animal et la
défense n’ont pas été préservés, d’habitude, dans ces sites et ceci probablement aussi à
cause de l’influence des facteurs du milieu environnant. Nous avons observé que les niveaux
d’habitat du Paléolithique, y compris la faune, se sont mieux conservés dans les conditions
de leur accumulation pendant les périodes froides et sèches. Ceci peut être un indicateur de
l’intervalle pendant lequel les niveaux d’habitat se sont formés.
Les pièces sur lamelles, les microlamelles, ne sont pas caractéristiques pour
cette culture, mais dans le cas de trois sites on a dépisté des formes géométriques
significatives, déterminées et mentionnées typologiquement comme segments de cercle.
Nous croyons que pour la première fois, les segments de cercle ont été dépistés dans le
niveau 2a de Ripiceni-Izvor, mais étant bizarres et inattendus pour un complexe déterminé
comme ancien pour le Paléolithique supérieur, tel qu’ils étaient normalement considérés, ils
sont longuement restés inédits. Ce n’est qu’après l’apparition de ceux de Corpaci, leur
présence à Ripiceni dans un niveau considéré comme aurignacien est devenue explicable.
En 1975, de telles pièces ont été dépistées à Corpaci, dans le niveau inférieur,
qui à côté des matériaux découverts en 1976 ont été publiées en 1981. De ce niveau, on
connaît 19 pièces de type segment, qui sont réalisées à partir de lames simples, ont la
courbure retouchée de manière abrupte et sont allongées. Certains chercheurs les
considèrent comme « pointes à un bord retouché ». Dans le niveau 2b du site Ripiceni-Izvor,
dans l’absence complète des pièces réalisées à partir de lamelles, on a dépisté 4 segments,
et dans le site Trinca IL – 2 segments. Ainsi, ces pièces, parallèlement à la structure
typologique des groupes identifiés de pièces typiques, les formes bifaces y compris les
triangulaires à une parfaite transformation des faces planes deviennent des éléments
significatifs pour la culture Prout.
Pour la première fois, en beaucoup de publications et avec diverses
comparaisons à d’autres cultures du Paléolithique supérieur, on a décrit et analysé ces
segments qui dans la zone étaient caractéristiques seulement pour le Mésolithique
(Chetraru, 1973 ; Păunescu, 1970). Dans les zones limitrophes de l’espace carpato-
dniestréen, on ne connaît pas de sites à une structure similaire des industries dans lesquels
on associerait des groupes de pièces lithiques, et qui soient caractéristiques pour le
Moustérien, le Paléolithique supérieur et le Mésolithique ancien. Pourtant, certaines
analogies et analyses en parallèle des situations plus éloignées sont possibles.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
281
En Europe, les plus anciens segments de cercle ont été identifiés et déterminés
comme tels dans la structure de transition du Moustérien au Paléolithique supérieur de type
Uluzzien, de la péninsule Apennine (Palma di Cesnola, 1965 ; 1966). Dans le cadre de cette
culture, dans les industries à traditions moustériennes dans la technique d’éclatement
primaire, par exemple dans le site Cavallo, à plusieurs niveaux d’habitat dans lesquels on
perçoit une ligne évolutive de cette culture, dans les sites Uluzzo I et Uluzzo II, Foreste
Umbra, San Romano etc., il y a des segments grossiers en association aussi bien aux
grattoirs et burins qu’aux denticulés et racloirs. Cette culture, répandue dans le centre et au
sud de la péninsule Apennine, a une véritable techno-typologie des formes anciennes vers
un perfectionnement des représentations typologiques, situation que les chercheurs
expliquent par les facteurs internes de l’évolution, mais aussi par la transition à l’utilisation
des matériaux lithiques plus flexibles du point de vue de leur transformation. Dans le cadre
de l’industrie en question, c’est l’impératif exclusif de l’innovation locale qui fonctionne, et
dans ce contexte on retrouve des segments de grandes dimensions (2,3-3,1 cm) qui peu à
peu deviennent plus minces (moins de 1 cm) situation que nous expliquons par l’utilisation
de certaines outils composites, et parmi ceux-ci les segments étaient utilisés en série comme
applications dans les manches transversaux. De tels manches ont été dépistés dans le
Gravettien moyen et tardif du Dniestr (Tchernysh, 1987).
L’Uluzzien d’Italie est divisé en trois phases évolutives – ancienne (environ
34.000-31.000 ans B.P., représentée par le niveau inférieur de la grotte Cavallo), moyenne
(environ 31.000-30.000 ans B.P.) et tardive, du sud de la Péninsule et Sicile, où les
segments minces sont associés dans le cadre des industries à des lames et lamelles à bord
abattu, grattoirs courts carénés mais aussi simples, réalisés sur lames. Les chercheurs
italiens expliquent l’apparition de cette culture comme résultat autochtone de l’évolution du
Moustérien denticulé de la zone centrale de l’Italie. A ce point nous devons mentionner
qu’auparavant, G. Grigo’reva, analysant les possibles tangences typologiques entre
l’Uluzzien et le niveau inférieur du Corpaci, fait des allusions très prudentes à la possibilité
que les phénomènes constitués par ces industries, à étranges associations anciennes et
tardives dans leur typologie, aient une certaine liaison. Nous devons pourtant attirer
l’attention sur la présence à Corpaci des formes bifaces assez perfectionnées, élément
typologique qui n’est pas spécifique à l’Uluzzien. Après la découverte des segments à
Corpaci, des formes bifaces assez perfectionnées, élément typologique qui n’est pas
caractéristique pour l’Uluzzien, on pouvait s’attendre à leur apparition aussi dans d’autres
industries anciennes. Et elles ont apparu à Ripiceni-Izvor, niveau aurignacien 2b, à Trinca-IL,
en association à un inventaire aurignacien qui, selon nous, a un vecteur évolutif local
provenant des industries à formes bifaces locales plus anciennes (Borziac, 1978).
Les segments de cercle, à certaines formes bifaces, ont été découverts à
Zwierzyniec, et à Krakowie (Pologne). Mais dans ce cas-là, la stratigraphie était assez
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
282
discutable car elle contient des déformations essentielles et on est aussi en présence de
plusieurs niveaux d’habitat, et par conséquent la détermination sûre de l’association de
certaines pièces atypiques de type paléolithique supérieur de 3 pièces bifaces à certains
segments dépistés là-bas est mise en discussion (Allsworth-Jones, 1986).
Dans l’étape présente des recherches, les segments de cercle, comme partie
composante des industries du Paléolithique supérieur ont été aussi signalés à Pavlov, mais
dans un complexe typiquement gravettien ( Svoboda, Klima, Iarosova, Slkdrla, 2000), tout
comme dans le site Tel’manskaja de Kostenki, sur le Don Moyen (Rogatchev, Anikovitch,
1984) et dans ce contexte ces apparitions indépendantes ne sont pas pris en discussion. Si
l’apparition dans l’Europe Centrale, à Pavlov, et peut-être à Zwierzyniec des segments de la
zone du Prout Moyen par la pénétration des porteurs de la culture du Prout vers le nord-
ouest et ouest est possible mais discutable parce qu’il est difficile à argumenter la
transformation essentielle de l’inventaire aurignacien resté dans l’inventaire gravettien, sur le
Don les segments ont apparu de manière convergente et une autre explication de leur
genèse est nécessaire.
Nous considérons que dans les sites inclus dans la culture Prout, comme partie
composante du techno-complexe aurignacien, il est possible que les segments de cercle,
comme expression de l’apparition des outils composites, sont soit une invention soit une
innovation technique-typologique locale. En tant que sémi-fabriqués pour la réalisation
d’autres pièces, ils sont des lames de petites dimensions et ont des tangences de ce point
de vue aux lames et lamelles retouchées. Tout d’abord, nous considérerons les lames
grandes retouchées. Dans aucune des collections examinées en ce contexte, il n’y a pas de
séries, comme par exemple à Climăuţi I. Comme représentation de l’Aurignacien, les lames
des niveaux 2a et 2b de Ripiceni-Izvor sont plus typiques tout comme sont les grattoirs sur
lames retouchées de Gordineşti. Pour le reste, nous mentionnons que les lames de ces
industries ont des retouches plates, d’aiguisement ou d’amincissement, marginales. Dans la
collection plus nombreuse du site Gordineşti, on a dépisté 8 lames minces, à retouches
abruptes (1), semi-abruptes (4) et minces, plates, marginales (3). Elles sont toutes
fragmentaires et une seule peut avoir été réalisée en style gravettien (Borziac, 1994, 47, fig
22, 1-8). A Corpaci, niveau inférieur, à part la série homogène et expressive des segments
on a dépisté seulement 3 fragments de lames à retouches minces marginales. Dans d’autres
sites elles sont absentes. Celles qu’on a dépistées peuvent être considérées comme des
lames Duffour et sont en concordance organique avec l’inventaire aurignacien de ces sites.
D’autres groupes d’outils sont moins importants. Par exemple, les burins, peu
nombreux, sont en fait aurignaciens. A Gordineşti on a aussi remarqué quelques perçoirs sur
lames, à la pointe modelée minutieusement par des retouches semi-abruptes. Les denticulés
sont plus abondantes et plus typiques pour l’industrie des sites Gordineşti et Ripiceni-Izvor,
niveau 2a et 2b, et secondaires en rapport aux autres groupes d’outils dans d’autres sites.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
283
Fig. 185. La culture Prout. Ripiceni-Izvor, niveau aurignacien IIa. 1, racloir-béc; 2-3, 9-10, 12, 17-18, grattoirs; 4, 14-15,19, burins; 5, perçoir atypique; 6, racloir denticulé; 7, denticulé; 8, racloir; 11, lame à encoche; 13, 16, bifaciales.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
284
Fig. 186. La culture Prout. Ripiceni-Izvor, niveau aurignacien IIb. 1, 5, 7, 11-13, grattoirs; 2-4, 8, segments de cercle; 9, 14-16, 18-21, bifaciales; 17, burin; 22, racloir (d’après Păunescu, 1993).
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
285
Ainsi, on peut délimiter les caractéristiques principales de la structure de ces industries,
leurs particularités technico-typologiques.
Dans la technique de percussion, ce sont les nucléus quasi-prismatiques qui
prédominent à certains exemplaires Levallois pour des lames à Ripiceni et Gordineşti, ceux à
plusieurs talons étant prévalents à Corpaci et Trinca-IL. La technique n’est pas lamellaire et les éclats
figurent partout en qualité de semi-fabriqués préférables pour la réalisation des outils. A la différence
des industries de l’Aurignacien ancien de la zone, la technique Levallois y persiste encore, étant
exprimée par les nucléus typiques, talons facettés, semi-fabriqués de type Levallois. Nous
mentionnons dans ce contexte l’importance de cette particularité pour la développer en ce qui suit.
Tout comme dans le cadre typologique de la culture Brynzeni, nous déterminons dans la
typologie deux compartiments structuraux magistraux : la composante ancienne, moustérienne,
d’après l’héritage traditionnel, et celle du Paléolithique supérieur, considéré ici comme relativement
récent, innovateur.
Le compartiment ancien est représenté par des racloirs, pointes moustériennes et pièces
denticulées, à retouches alternantes et creux lamellaires retouchés, qui sont en fait atypiques, et
pourtant abondants à Gordineşti et Ripiceni-Izvor. Dans ce cas, ils sont significatifs pas autant par
des formes spécifiques que par leur quantité appréciable. Les pointes moustériennes sont
singulières, mais présentes aussi dans les trois premiers sites mentionnés. Les racloirs sont présents
dans tous les complexes et parmi les plus typiques exemplaires, lesquels d’ailleurs ne se
différencient par rien de ceux des niveaux complexes moustériennes, ce sont les exemplaires de
Gordineşti et Corpaci, niveau inférieur. Les pièces de type Paléolithique supérieur sont dominées
surtout par les grattoirs aurignaciens de Gordineşti et Trinca-IL, où il y a des grattoirs carénés à
épaulements et à museau. Tout aussi significatifs sont, évidemment, les segments de cercle,
lesquels, tenant compte de leur expressivité typologique bien déterminée, ne peuvent pas être
considérés comme une apparition des lames et lamelles à bord abattu dans la continuité évolutive
possible mais absente de cette culture ; ces lames et lamelles sont ici de type aurignacien
(Duffour ?), extrêmement peu nombreuses et indéterminables, à cause de leur fragmentation
(Gordineşti et Corpaci, niveau inférieur). Les pointes folacées sont importantes non pas autant par
leur présence que par la manière minutieuse de réalisation des faces planes (Gordineşti, Trinca-IL,
Ripiceni-Izvor) et par la présence des formes atypiques triangulaires à « hélerons » et la base
concave (Gordineşti, Ripiceni-Izvor, 2b, Trinca-IL). La découverte de ces pointes foliacées dans les
niveaux stratifiés des sites mentionnés nous donne peut-être la possibilité d’attribuer d’autres pièces
de ce type, dépistées de manière fortuite dans certains endroits, au Paléolithique supérieur de cette
zone (Varvareuca VII, Căpreşti I, sur le Răut. Les pièces de ce type sont caractéristiques et
importants pour les cultures du Paléolithique supérieur ancien des vallées du Don (Streletzkaja :
Rogatchev, Anikovich, 1984) et du Donetz. Mais dans le cadre de ces cultures, ces pièces ont eu
une apparition convergente, et probablement des origines génétiques différentes.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
286
Fig. 187. La culture Prout. Corpaci, niveau inférieur, 1-6, racloirs.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
287
Fig. 188. La culture Prout. Corpaci, niveau inférieur, 1-4, racloirs.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
288
Fig. 189. La culture Prout. Corpaci, niveau inférieur, 1, pointe carénée; 2, 4, pièce à troncature oblique retouchée; 3, lame retouchée; 5, pointe-racloir à encoche sur un bord; 6, burin sur lame; 7, racloir-denticulé; 8, grattoir sur talon d’éclat; 9, fragment de pointe mustérienne (?); 10, racloirs transversaux; 11, racloir-burin.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
289
Fig. 190. La culture Prout. Corpaci, niveau inférieur, 1-3, bifaciales; 4, lame à retouches fines sur bord; 5, lame à encoche laterale; 6, racloir.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
290
Fig. 191. La culture Prout. Corpaci, niveau inférieur, 1, pointe de lance bifaciale-burin; 2, lame à enlévements bifaciales alternantes; 3, fragment de biface massive; 4, pointe sur lame aurignacienne à retouches sémi-abruptes; 5, racloir; 6, pointe Levallois retouchée.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
291
Fig. 192. La culture Prout. Corpaci, niveau inférieur, 1-7, grattoirs.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
292
Fig. 193. La culture Prout. Corpaci, niveau inférieur, 1-6, 8-10, grattoirs diverses; 7, grattoir-burin.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
293
Fig. 194. La culture Prout. Corpaci, niveau inférieur, 1, lamelle Dufour; 2, 7, lames retouchées; 3, pointe massif à encoche "clactonienne"; 4, racloir-pointe; 5, burin d’angle; 6, 8-9, grattoirs; 10, burin sur troncature retouchée droite double; 11, burin sur troncature retouchée oblique.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
294
Fig. 195. La culture Prout. Corpaci, niveau inférieur,1-12, burins diverses.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
295
Fig. 196. La culture Prout. Corpaci, niveau inférieur, l, lame retouchée; 2-3, pointes de La Gravette; 4-8, 11-18, 21, lamelles à retouches sémi-abruptes; 9, lame à retouches et encoches; 10, 26, 28, lames retouchées; 22, 27, grattoirs sur talon d’éclat; 17, 20, 25, burins; 24, burin transversal; 23, lame à troncature oblique retouchée.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
296
Fig. 197. La culture Prout. Corpaci, niveau inférieur, 1-20, segments de cercle; 21-30, lames retouchées et à troncature retouchée.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
297
Nous devons encore mentionner que certaines pointes triangulaires à la base
concave sont signalées aussi pour le Moustérien tardif ou le « Gravettien oriental » de la
grotte Staroselije de Crimée.
Nous définissons donc ces industries à partir de leurs particularités mentionnées
comme appartenant à une culture spécifique locale du cadre du techno-complexe
aurignacien moyen de la zone carpato-dniestréenne, que nous avons dénommée la culture
Prout (Borziac, 1994 ; Borziac, Levitki, 2003 ; 2005 ; Borziac, Haesaerts, Chirica, 2005).
5. 2. La chronologie relative et la radiométrie de la culture Prout.
Du point de vue stratigraphique, c’est le niveau inférieur du site de Corpaci qui est
documenté de la manière la plus efficace. Selon nos observations et nos représentations
documentaires, ce niveau est situé dans la partie inférieure d’un sol fossile bien conservé, bien
mis en évidence et à un profil pédologique complet. D’après les appréciations du géologue O.
Adamenko, ce sol fossile peut être corrélé au sol Briansk – Dofinovka. L’effet du classement
des matériaux d’après les fractures, en l’absence des surfaces stables de contact pendant
l’intervalle de temps d’accumulation du sol fossile, en l’absence des solutions de cimentation et
fixation, a conditionné l’accumulation des silex plus lourds sur la surface de la couche bien
constituée du point de vue lithologique, du niveau de formation de l’humus, créé avant le sol
fossile. La position initiale pouvait être encore plus supérieure dans le niveau du sol, que celle
de la situation hypsométrique dans laquelle on l’a découverte. Donc, son âge peut être plus
récent que l’appréciation indiquée par la position stratigraphique au début de la formation du
sol fossile. Si nos appréciations sont correctes, alors la date exacte obtenue à partir d’un
échantillon de minces fragments de charbon identifiés de manière dispersée dans les divers
secteurs du champ des fouilles – 25.250±300 ans B.P. (GrN - 9750) reflète peut-être une
situation chronologique réelle du site. Dans le cas où nos affirmations ne reflètent pas une
situation de réelle stabilisation des silex dans la couche de sol fossile, les silex ont une position
stratigraphique « légitime » du point de vue hypsométrique, alors la date radiométrique peut
être plus récente. Nous rappelons que le sol fossile mentionné a commencé à s’accumuler il y
a environ 31.000-30.000 ans B.P., y compris dans la zone carpato-dniestréenne. De toute
façon, l’âge de ce site ne dépasse pas les limites chronologiques supérieures de ce site,
lesquelles sont estimées à environ à 24.500-23.500 ans B.P. (Ivanova, 1987 ; Cârciumaru
1987 ; Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, Van der Plicht, 2003 ; Haesaerts,
Borziac, Chirica, amblon, Koulakovska, 2004 ; Borziac, Haesaerts, Chirica, 2005). Utilisant la
position stratigraphique de ce site et la date radiométrique unique en tant que repère, nous
attachons les sites de cette culture à la séquence chronologique suivante : Ripiceni-Izvor,
niveaux aurignaciens 2a, 2b, Gordineşti, Trinca-IL, Corpaci. Conformément à la technique de
débitage, à la typologie et à la technologie encore anciennes, plus grossières pour la
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
298
réalisation des bifaces, et aussi à la présence plus considérable des éléments moustériens, la
position stratigraphique immédiatement après un niveau assez proche chronologiquement
daté à 28.420±420 (BlN - 809), nous permet de considérer le niveau 2a de Ripiceni comme le
plus ancien de cette culture, étant suivi par le niveau 2b. Le niveau d’habitat de Gordineşti,
d’après la présence des réminiscences Levallois de la technique de percussion, et l’absence
des segments de cercle (jusqu’à présent ce qui ne veut pas dire qu’il s’agit d’une absence
totale de ces pièces), peut être considéré comme synchrone, ou prenant en considération une
transformation perfectionnée des formes bifaces par rapport à celle pratiquées à Ripiceni,
suivant du point de vue chronologique le niveau 2a. Le site de Trinca-IL peut être synchronisé
au niveau 2b de Ripiceni. Le niveau d’habitat de Corpaci peut être considéré (si nous mettons
l’accent sur la date radiométrique) comme le plus récent de cette culture. Nous avons
antérieurement considéré plutôt la position stratigraphique que la date exacte, et déterminé le
niveau inférieur de Corpaci comme le plus ancien de ces sites (Borziac, Levitchi, 2005). A
présent, nous avons la possibilité de présenter une alternative à la chronologie de ce site.
Dans le cadre de son industrie, les bifaces semblent plus grossières et dans leur morphologie
on observe une tendance de positionnement de la plus grande largeur des pièces dans leur
partie médiane (dans le cas de deux pièces entières et d’un fragment), alors que dans d’autres
sites la largeur maximale est située à 2/3 de la partie proximale des bifaces. Mais la
transformation négligente des surfaces peut être aussi interprétée comme une particularité de
ces industries, mais aussi comme une régression dans l’évolution de ces armes typiques. Elles
sont ultérieurement mentionnées comme apparitions singulières dans les niveaux gravettiens
1a, 1b, 2a, 2b de Ripiceni-Izvor (Păunescu, 1999, 224-260). Pourtant l’attribution et l’examen
de ces niveaux « gravettiens » d’habitat méritent, nécessitent et auront une re-considération en
ce qui suit.
En général, dans l’étape actuelle des recherches, nous considérons que cette
culture a évolué seulement dans le cadre naturel de l’interstadial Arcy – Kesselt – Briansk –
Dofinovka, entre environ 28.000-27.000 et 24.000 ans B.P.
L’étendue territoriale de la culture Prout peut être établie le long du cours
moyens du Prout, car c’est là-bas, sur les deux rives, qu’on a découvert, jusqu’à présent, les
sites mentionnés. Pourtant, une étendue plus large est possible. Dans ce contexte, nous
mentionnons de nouveau le niveau inférieur de Kulicivka, déjà invoqué ci-dessus. Si la
présence de pièce biface du niveau inférieur de ce site est « légitime » là-dedans, alors ce
niveau peut être considéré comme appartenant à la culture Prout. Le reste de l’inventaire de
ce niveau d’habitat, y compris ses réminiscences archaïques, Levallois, sont en parfaite
concordance aux inventaires des sites Ripiceni-Izvor, niveaux aurignaciens 2a et 2b, et
Gordineşti. Il n’est pas exclus que les sites de type Kulicivka, le niveau inférieur, pussent
générer dans leur évolution la culture Prout, ou au moins supporter une influence typologique.
Pourtant, la date de 31.000 ans B.P. de ce niveau d’habitat n’est pas sûre, et les publications
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
299
systématiques sont quasi-absentes – les publications de V. Savich, V. Cohen et V.
Stepanchuc sont extrêmement sélectives et orientées vers l’argumentation de l’appartenance
du site à la « phase Babin », mises en évidence par A. Tchernysh et les auteurs, mentionnés
sont axés sur l’argumentation du « caractère de transition » du site en question et sur la mise
en évidence du « Créménicien » comme expression podoléenne du « Bohunicien ».
L’approche a donc été sélective et tendancieuse. Nous considérons qu’une fois que des dates
bien argumentées deviennent disponibles, l’étude et la publication intégrale du matériel
lithique, y compris des lames et lamelles à transformation secondaire (parmi lesquelles il est
possible qu’il y ait des segments) conditionneront pas seulement la perception juste et
adéquate de leur valeur mais aussi les limites d’une interprétation conjoncturelle. Dans la zone
du Dniestr Moyen, parmi les sites stratigraphiques (Oselivca III, par exemple) il y en quelques
uns qui, d’après la position des formes bifaces peuvent aussi être attribués à la culture Prout.
Pourtant, leurs matériaux, obtenus par des recherches de surfaces, par A. Tchernysh, restent
pour la plupart pas seulement inédits mais aussi inaccessibles.
Sur le Dniestr, on connaît le site à 3 niveaux d’habitat Mirna, qui a un niveau
d’habitat plus représentatif à l’âge d’environ 27.000 ans B.P., qui est à présent en cours
d’étude (Cohen, Stepanchuc, 2000). L’industrie est considérée comme de transition, et dénote
la présence des formes transformées de manière biface et un caractère microlithique de
l’industrie. Sur le Dniestr il y a des sites antérieurs, moustériens, à inventaire « microlithique »
et à formes bifaces, par exemple Orel, lesquelles ont été, peut-être, mises à la base de
l’apparition des industries de type Mirna. Cependant, nous insistons sur le fait que le site est
en cours d’investigation et les conclusions concernant son attribution culturelle sont du
domaine de l’avenir, tandis que celles déjà effectuées (Stepanchuc, 1999 ; 2000 ; Sapojnicov
2003, etc.) peuvent être traitées de labiles mais déjà discutables. V. Cohen et V. Stepanchuc
considèrent que le niveau moyen d’habitat de Mirna comme « de transition » et à éléments
Levallois. I. Sapojnikov considère qu’il s’agit d’un niveau à caractère « gravettien »
(Sapojnicov, 2003).
A travers l’espace entre Cetăţica I et le Danube Moyen, on ne connaît pas de sites
aurignaciens à formes bifaces. Ceux de Ţara Oaşului (Bitiri, 1972 ; Chirica, Borziac, Chetraru
1996) à de telles formes peuvent être considérés comme des sites szélétiens périphériques.
On ne connaît pas d’industries bifaces non plus dans la zone actuelle des steppes nord-
pontiques. A Muralovca, il existe une pointe biface mais le caractère de l’industrie de ce site
est autre, mais la datation radiométrique est plus récente que la limite de 20.000 ans B.P.
(Sapojnicov, 2003).
La genèse de la culture Prout, selon nous, a un caractère local, et ceci peut être
documenté dans la mesure où un tel processus peut être déchiffré dans le processus d’étude
des industries lithiques.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
300
La structure de l’industrie du site Brynzeni incluse dans la culture homonyme, à part
les segments de cercle, est similaire à la structure des industries, y compris de l’industrie
Prout. Pourtant, tous les groupes d’outils ont un caractère plus évolué à l’intérieur de cette
dernière. Dans la culture Brynzeni, la technique de débitage est ancienne et il y a plus de
semi-fabriqués massifs grossiers. Les nucléus discoïdaux non-Levallois et les nucléus
amorphes, cubiques et à plusieurs talons sont aussi présents dans une quantité plus grande.
Beaucoup plus significatif est le pourcentage des semi-fabriqués courts mais massifs, à talons
larges, incliné obliquement, par rapport au revers de la pièce et à talons facettés, boulbe de
percussion proéminent. En fait, les nucléus secondaires réalisés à partir d’éclats sont absents.
Tout ceci reflète une technique plus ancienne et comme définition générale, différente de celle
de la culture Prout. Parmi les processus de la transformation secondaire dans la culture
Brynzeni, la technique « aurignacienne » d’application des retouches continuelles semi-
abruptes et l’enlèvement plat quasi-parallèle appliqué dans la culture Prout pour la réalisation
des grattoirs et burins carénés, ne sont pas de processus caractéristiques. Dans la culture
Brynzeni, les burins typiques dièdres de centre et d’angle sont rares et atypiques. Les formes
bifaces de Brynzeni, Ripiceni-Izvor, niveaux aurignaciens 1a et 1b ne sont pas encore
déterminées strictement du point de vue de la morphologie, mais présentent une
transformation grossières des faces planes, par des enlèvements moyens et grands et elles
sont essentiellement différentes de celles de la culture Prout. Cette particularité est marquée
par les types bien déterminés en tant que formes, des sites de la culture Prout. Et pourtant, la
similitude de la structure des industries nous signale la possibilité de distinguer à l’intérieur de
la culture une phase plus évoluée de la culture Brynzeni. Non pas par hasard, bien que de
manière simpliste et dans beaucoup de compartiments de manière formelle, certains
spécialistes unissaient les industries de la grotte Brynzeni I et d’autres de la susmentionnée
culture de transition à caractère d’acculturation avec les sites de la culture Prout dans une
seule culture de transition du Moustérien au Paléolithique supérieur, ignorant les particularités
techniques-typologiques qui les distancient et qui ont un caractère évidemment temporaire
(Chirica, 2001 ; Noiret, 2004). Ces spécialistes, par le facteur exposé ci-dessus, soutiennent
au fond notre thèse antérieurement présentée (Borziac 1994, Chirica, Borziac, Chetraru, 1996)
sur la genèse de la culture Prout à partir des industries locales de transition du Moustérien au
Paléolithique supérieur.
L’évolution ultérieure de la phase conventionnellement dénommée Corpaci de la
culture Prout n’est pas claire. Il est possible que le site de Ripiceni donne l’occasion d’observer
une continuation de la ligne évolutive déjà essentiellement enrichie à éléments typologiques
gravettiens (grattoirs plats simples, lames et lamelles à bord abattu, y compris les pointes La
Gravette, burins sur troncature retouchée réalisés à partir de lames, etc) mais aussi que c’est
là-bas que ce sont conservées quelques très rares formes bifaces, y compris formes
culturellement significatives, triangulaire, à la base concave.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
301
Fig. 198. Carte des gisements de l’ Aurignacien moyen et tardif sans bifaces. 1. - Mitoc - La Pichet; 2. - Brynzeni II; 3. - Cuconeştii Vechi IV; 4. - Cetăţica 1; 5 - Ceahlău - Dârţu; 6. - Bistricioara - Lutărie,
niveaux gravettiennes; 7. - Climăuţi II, niv.1 et II; 8. - des sites Raşcov VII et VIII; 9. - Giurgiu-Malu Roşu.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
302
Fig. 199. Aurignacien moyen et tardif sans bifaciales, type Climăuţi II. Bistricioara-Lutărie, niveau aurignacien I: 1, lame appointée; 2-3, 8, 12, 14, 15,18, 20-22, grattoirs; 4, 6-7, 9, 13, lames à retouches continues; 10-11, pièces denticulées; 16-17, racloirs; 19, burin; 5, pointe en os.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
303
Fig. 200. Aurignacien moyen et tardif, sans bifaciales.Ceahlău-Dârţu.1-14, niveau I aurignacien; 15-47, niveau II aurignacien: 1,31, burins; 2, pièce à encoche; 4,13, 32, 34, racloirs; 9, pointe Chatelperon atypique; 23, lame à troncature oblique retouchée; 3, 5 - 8, 10-12, 14, 15-21, 24-26, 28-30, 34, 35, 37, 38, 40, 42, 44, 46, grattoirs; 27, rabot; 36, 39, denticulés; 33, 41, 45, lames à retouches continues; 45, lamelle Dufour; 47, lame aurignacienne.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
304
Fig. 201. Aurignacien moyen et tardif. Climăuţi II, niveau inférieur: 1-5, 7-10, grattors diverses; 6, 11, grattoirs-burins.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
305
Fig. 202. Aurignacien moyen et tardif. Climăuţi II, niveau inférieur: 1, racloir; 2 racloar-pièce esquilléé; 3, grattoir massif en schiste silicolitique; 4, burin dièdre; 5-6 burins sur troncature retouchée, sur éclats.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
306
Fig. 203. Aurignacien moyen et tardif. Climăuţi II, niveau inférieur: 1, pointe-lissoir en cote de mammouth; 2, perçoir en os de mammouth; 3, fragment de bois de renne, taillé et decoré.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
307
Fig. 204. Aurignacien tardif. Climăuţi II, niveau supérieur. A, la planimétrie des pièces en os, ivoire, calcaire. Légende: 1, pierre en calcaire; 2, foyer; 3, ossements de mammouth; 4, défenses de mammouth; 5, cranes de mammouth; 6, limites des détériorations antérieures. B, la réconstitution d’habitation, par I. Borziac, d’apres Borziac, Obadă, 2003).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
308
Fig. 205. Aurignacien tardif. Climăuţi II, niveau supérieur: 1, nucléus sur éclat-racloir convexe; 3, racloir convexe; 2, 4, 6, 7, 8, pièces denticulées; 5, nucléus secondaire de lame, sur éclat massive à cortex.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
309
Fig. 206. Aurignacien tardif. Climăuţi II, niveau supérieur: 1-13,15-16,18-19, pièces en silex; 14,17, pièces en marne siliceuse.1, 3, lamelles à bord abattu; 2, lamelle Dufour; 4-7,12, lames retouchées; 8, coupe de burin retouché; 11-13, pièces esquillées; 15,17, encoches; 16-18, racloirs dubles-pièces esquillées; 19, lame à un bord retouché sémi-abrupte.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
310
Fig. 207. Aurignacien tardif. Climăuţi II, niveau supérieur: 1-14, grattoirs diverses; 7, grattoir-burin dièdre.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
311
Fig. 208. Aurignacien tardif. Climăuţi II, niveau supérieur: 1-7, 7, 11-13, burins diverses; 8, burin sur lame retouchée; 10, grattoir circulaire-pièce esquillée-burin.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
312
Fig. 209. Aurignacien tardif. Climăuţi II, niveau supérieur: 1-15, burins et grattors-burins.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
313
Fig. 210. Aurignacien tardif. Climăuţi II, niveu supérieur: 1-12, burins diverses.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
314
Fig. 211. Aurignacien tardif. Climăuţi II, niveau supérieur: 1-14, burins diverses.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
315
Fig. 212. Aurignacien tardif. Climăuţi II, niveau supérieur: 1-10, burins diverses.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
316
Fig. 213. Aurignacien tardif. Climăuţi II, niveau supérieur: 1, racloir-burin; 2-5, nucléus de lamelles; 6-7, burins dièdres; 8, burin sur troncature retouchée-racloir convexe-pièce esquillée.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
317
Fig. 214. Aurignacien tardif. Climăuţi II, niveau supérieur: pièce en ivoire de mammouth.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
318
Fig. 215. Aurignacien tardif. Climăuţi II, niveau supérieur: 1, 2, lissoirs en cote de mammouth; 3, retouchoir en cote de mammouth; 4-5, pointes de lance fragmentaire.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
319
Fig. 216. Aurignacien tardif. Climăuţi II, niveau supérieur: 1, ébauches de bracelets en ivoire; 2, 3, fragments de bracelets en ivoire; 4, plaquette en grès, gravée.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
320
Fig. 217. Aurignacien tardif. Climăuţi II, niveau supérieur: 1, 3, fragments de bracelets en ivoire; 2, fragment d’ivoire, taillé.
Chapitre 5. L’Aurignacien moyen à formes bifaces. La culture Prout.
321
Fig. 218. Aurignacien tardif. Climăuţi II, niveau supérieur: 1-23, coquilles pércées en gastéropodes fossiles; 24-27, pendentifs en os de lapin; 28-29, os sciés et gravés; 30, fragment de bracelet incisé en ivoire; 31, fragment de bois de renne scié; 32, coquille de gastéropode marine ornamentée (tête de figurine anthropomorphe détérioré avec intention ?).
323
CHAPITRE 6
LE TECHNOCOMPLEXE GRAVETTIEN
6. 1. Aspects généraux
Dans la littérature de spécialité, on retrouve deux types de “Gravettien”: le
Gravettien de l’espace occidental, en tant que division taxonomique du Paléolithique
supérieur de France, mise en évidence par D. Peyrony et initialement formé par la phase
finale (la IVème) du Périgordien, qui, tout comme l’Aurignacien, pendant la première moitié
du XXème siècle, constituait l’une des deux cultures (étapes) du Paléolithique supérieur
ancien. Dans les niveaux IV-VI de la grotte La Penne, datés ultérieurement à environ
28.000 B.P. et de l’abri sous rocher (Abri Pataud), daté à 28.150 +-250 B.P. (GrN -
4634), on a dépisté les plus anciennes industries du Gravettien occidental, qui
contiennent des types de pièces, tels les pointes La Gravette, micro-gravettes, ou burins
de type Raysse et Noailles. Le Gravettien, initialement mis en évidence par H. Breuil,
devient une réalité archéologique du Paléolithique supérieur, au début en divers espaces
géographiques de la France Franţei - Périgord, Languedoc, au nord de la France, puis
en Italie, dans la zone cantabrique de l’Espagne ( Palma di Cesnola, 1998, 379-394;
Broglio, Laplace, 1966, 303-361, etc.). Dès 1924, H. Breuil a observé que les industries à
pointes de type La Gravette de l’Europe Centrale (Predmosti) contiennent aussi d’autres
types intéressants: pointes à cran et pointes à retouches plates “solutréennes”, tout en
mentionnant “deux variétés” de Gravettien à travers l’espace européen, mais il expliquait
ces différences par la chronologie différente des sites. Ces différences dans la typologie
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
324
ont été aussi observées par les chercheurs russes - P. P. Efimenko et S. N. Zamjatnin,
mais elles étaient toujours expliquées par la position chronologique différente entre les
sites de l’Europe occidentale d’une part et ceux de l’Europa Centrale et de l’Est de l’autre
part (Efimenko, 1958). Après la séparation des matériaux szélétiens de certaines
collections de l’Europe Centrale et la publication en français des matériaux de Gagarino,
on a observé que dans le cadre de sites à pointes La Gravette, de l’Europe centrale il y a
aussi des types significatifs tels les pointes à cran (divisées en plusieurs sous-types),
associations de nombreuses lames et lamelles à bord abattu, ce qui a déterminé D. A.
Garrod de définir le „Gravettien occidental” en tant qu’étape du Périgordien local, et le
„Gravettien oriental”, en tant que phénomène culturel et chronologique à part, sans lui
donner ni d’explication ni une détermination stricte des points de vue technique -
typologique et territorial (Garrod, 1938, 1-24). Pour une certaine période, la notion de
„Gravettien oriental” a été abandonnée et ce n’est qu’en 1951 que F. Felgenhauer, pour
délimiter le contenu culturel et typologique des termes et notions „Aggsbakien” et
„Gravettien oriental” a proposé d’employer pour toute une série de sites à éléments
gravettiens de l’Europe Centrale le terme de „Gravettien oriental autrichien - morave -
slovaque”. Pourtant ni ce chercheur ni d’autres chercheurs slovaques n’ont pas établi
du point de vue typologique le contour du „Gravettien oriental” de cette zone de l’Europe.
Pour certaines industries de l’Europe Centrale, H. Delporte a introduit le terme de
„Pavlovien”, lequel est divisé en deux catégories – pouvu et dépourvu de pièces
„géométriques triangulaires”. La superposition du „Gravettien oriental” de l’Europe
Centrale aux cultures du Paléolithique supérieur du l’Est de l’Europe a contribué à
imposer le terme et le contenu de la notion à travers l’Europe de l’Est. Ces
superpositions et ces analyses visaient aussi les matériaux des sites le long du Dniestr
Moyen, étudiés et publiés par A. Tchernysh. Un rôle bénéfique dans la „propulsion” du
„Gravettien oriental” à travers l’espace de l’est du Continent a été joué par le volume de
M. Otte Le Gravettien en Europe Centrale, qui a étendu la notion de „Gravettien” aux
matériaux de Moldova V, Cormani V et Molodova I (Otte, 1981). Dans le cadre du
Gravettien, il en distinguait un de type „Willendorf – Pavlov – Kostenki” et un autre de
type Molodovien, dont la „typologie ne contenait que quelques unes des particularités
typologiques du premier (niv. 7 du site Molodova V, à pointes de types pointes à cran”).
Selon N. Moroşan (1938), à propos des matériaux de la zone carpatique-
dniestréenne, le terme de „Gravettien” est utilisé non pas comme élément technique-
typologique déterminant de l’appartenance culturelle, mais comme „temps d’existence”
des phénomènes culturels qui se sont manifestés dans le cadre de la conception
déterminative stadialiste. Dans le travail de 1966, sur le Paléolithique de Ceahlău, C. S.
Nicolăescu-Plopşor divisent la partie supérieure du Paléolithique supérieur de la zone de
Ceahlău en 4 phases du Gravettien, sans spécifier ou déterminer leur essence
Chapitre 6. Le Technocomplexe gravettien
325
typologique. La division du Gravettien en étapes évolutives est aussi utilisée
ultérieurement par Al. Păunescu (1970), mais il faut préciser encore une fois que cette
„division en étapes” n’est pas soutenue par des précisions typologiques distinctes.
Dans l’étape actuelle des recherches, nous divisons le Gravettien oriental, y
compris celui de l’espace carpatique-dniestréen en 5 stades évolutifs, définis de manière
conventionnelle ; nous précisions que cette division est réalisée à partir de 3 positions de
délimitation: 1, la stratigraphie et la chronologie relative (Haesaerts, Borziac, Chirica,
Damblon, Koulakovska, Van der Plicht, 2003; Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon,
Koulakovska, 2004; Borziac, Haesaerts, Chirica, 2005); 2, la chronologie absolue; 3, la
typologie déterminante, structurelle, des industries et des types significatifs (Otte, Noiret,
Chirica, Borziac 1996, 213-226), déterminant au début les niveaux de culture des sites
indicatifs; nous y associons les sites à moins de critères de détermination, créant ainsi
des groupes de sites à traits spécifiques techniques-typologiques et structuraux –
scientifiques. Pourtant, selon nous, le nouvel ordre n’est pas une délimitation absolue ou
complète, car la découverte et l’étude d’autres industries pourront compléter ou même
infirmer les association d’industries imaginées par nous.
Nous définissons, pour la zone carpatique-dniestréenne, trois grandes étapes
d’évolution du Gravettien, à savoir le Gravettien ancien, moyen et récent. Du point de vue
technique - typologique, nous mettons en évidence les rythmes évolutifs mentionnés.
Dans le cadre de l’évolution du Gravettien, à partir de et dépendant de l’évolution de
l’environnement naturel, nous observons une série d’étapes à caractéristiques
écologiques et cynégétiques concrètes, que nous préciserons au moment de leur
délimitation.
Le Gravettien ancien (la culture Molodova-Mitoc M.G.). A présent, dans le
cadre du Gravettien ancien de la zone carpatique-dniestréenne, nous incluons les
niveaux 10, 9, 8 du site Molodova V, Mitoc 1 et 2 (selon la stratigraphie des niveaux
d’habitat gravettien – les cycles pédologiques 7b, 7a, 6b, 6a), le niveau d’habitat du site
Ciutuleşti, au total - 6 niveaux d’habitat. Dans ce „Gravettien ancien”, nous incluons deux
stades, mais le Ier stade, daté à 30.500+- 90/800 B.P. (GrN-11193), n’est pas bien
représenté dans la région qui nous concerne. Le niveau 10a d’habitat de Moldova V, à un
matériel extrêmement pauvre et indéterminable typologiquement, peut être considéré de
transition, peut-être de type Bohunicien, et le niveau 10 ne semble pas y avoir de liaison
génétique (voir fig. 30).
A Willendorf II, le Ier stade est représenté par une industrie lamellaire, à
nucléus à enlèvement quasi-parallèle, nucléus secondaires pour la réalisation des lames
et sans réminiscences archaïques dans la technique de percussion. La liaison génétique
au niveau 4, considéré comme Aurignacien, avec les âges de 32.060+-250 B.P. et
31.700+-1800 B.P., semble assez problématique. Selon d’autres chercheurs (Kozlovski,
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
326
1996 c, 191-202; Djindjian, Kozlowski, Otte, 1999), dont l’opinion est aussi soutenue par
nous dans l’étude présente, le Gravettien de l’Europe Centrale est d’origine allochtone,
bien qu’il y aient des avis affirmant à plusieurs reprises la possibilité de l’évolution du
Gravettien ancien du Dniestr (Molodova V, niv.10-8), de Szélétien de l’Europe Centrale
(Grigor’eva, Anikovich, 1991, 73-87; Ankcovich, 1992, 207-243), ou du Bohunicien
(Stepanchuk, 1999, 216-222) (voir fig. 30).
Le IIème stade du Gravettien oriental dans la zone carpatique-dniestréenne est
représenté par les niveaux 10-8 du site Molodova V. Du point de vue stratigraphique le
niveau 10 est situé dans les dépôts de lœss à restes humifères, nominalisé par P.
Haesaerts avec l’indice stratigraphique 10 (les subdivisions 10-3 et 10-4, datées entre
28.730 et 27.700 B.P.; ce qui est en effet le début de la sédimentation du sol fossile Arcy,
de l’intervalle plus froid entre celui-ci et la phase chaude Kesselt. Donc, à travers
l’espace considéré, le début du Gravettien ancien est situé à environ 29.000-28.500 ans
B.P.
Le niveau 10 a l’âge d’environ 29.500-29.000 ans BP (Haesaerts, Borziac,
Chirica, Damblon, Koulakovska, Van der Plicht, 2003, 46). Le niveau d’habitat, étudié à
Molodova V à travers environ 630m2 (Tchernysh, 1987, 27) était constitué de deux
agglomérations de matériaux archéologiques et faunistiques (centrale et de l’est), qui ont
fourni la plupart des matériaux. A. Tchernysh (1987, 27) considère que les 5 foyers,
certaines pierres brûlées, les concentrations de matériaux autour des foyers représentent
les traces des habitations temporaires. Le chercheur fait des analogies à une situation
planigraphique similaire, du site Voronoviţa I, niv. sup., affirmant la possibilité de
l’existence des abris artificiels.
Les pièces en silex (voir le tableau cumulatif des industries du Gravettien
ancien du bassin du Dniestr Moyen) du niveau 10 sont représentées par environ 500
exemplaires, dont 20 nucléus (environ 4 %), 115 lames et lamelles (23 %), 323 éclats,
fractures, fragments d’éclats, résultant du débitage et de la transformation secondaire
(64,6 %) et 50 pièces à transformation secondaire (environ 10 %). Dans ce niveau, tout
comme dans d’autres niveaux d’habitat du Gravettien dniestréen, on a utilisé le silex
local, „podoléen”, gris, à diverses nuances, de très bonne qualité. D’autres matières
premières (le grès siliceux et glaucolithique, le schiste noir d’Audia, le quartzite, le
ménilite, etc) n’ont été que très rarement utilisées, et l’obsidien n’a été utilisé que dans
un cas – dans le niv. 5 de Cosăuţi. Parmi les nucléus du niveau 10 de Molodova, ce sont
les nucléus quasi-prismatiques de dimensions moyennes et grandes qui prédominent
(60-130 mm la longueur des fronts de percussion). Les lames et les éclats sont
moyennes et grandes (60-70-120-160 mm longueur). Un nucléus est discoïdal atypique,
et la présence de la technique Levallois n’est pas attestée. La technique de percussion
dans ce Gravettien ancien de la zone, est strictement lamellaire. Certaines
Chapitre 6. Le Technocomplexe gravettien
327
„réminiscences” archaïques, signalées et mentionnées dans le cadre des phases „Babin
et Molodova” (les phases I et II d’évolution du Paléolithique supérieur de la zone du
Dniestr Moyen), normales pour toute l’époque du Paléolithique supérieur et ne sont pas
comparables aux éléments archaïques en débitage, présentes dans la culture Brynzeni,
sur le Prout. Donc, à la limite d’environ 30.000 ans B.P. nous dépistons dans la zone un
Gravettien sans liaison aux „archaïsmes”, antérieurement présentées.
Parmi les outils, ce sont les burins (18 pièces), lames retouchées et à pointes
(11) qui prédominent, alors que les grattoirs (5), les pointes sur lames (3), les lamelles à
bord abattu (3), les lamelles à encoches latérales retouchées (3) sont moins
nombreuses. On y a retrouvé aussi une pièce combinée – grattoir burin et une pièce
unique – une pointe biface à pédoncule en relief (Borziac 1983; 1994; 2002).
En tant que pièces significatives typologiquement, outre cette pointe biface, on
constate aussi les pointes typiques La Gravette (3), les lames aiguës aux bouts et aux
bords à retouches plates systématiques (forme typique pour le Gravettien ancien de la
zone, désigné par nous de type Molodova-Mitoc), les grattoirs longs simples à bords
retouchés, les burins d’angle dièdres sur lames longues, les racloirs et les „couteaux” sur
lames longues, à retouches marginales plates. Toutes ces pièces (à part la forme biface
singulière) représentent la base typologique de l’inventaire lithique du Gravettien ancien
de la zone carpatique-dniestréenne. Ces particularités sont présentes, bien que dans des
associations et corrélations numériques différentes, dans d’autres sites ou industries,
inclus dans ce Gravettien ancien. Le niveau 9 de Molodova V a été étudié à travers la
même surface, et se trouvait dans le même niveau de sol fossile (la subdivision 10-4) et
a été daté à 29650 ± 1320 (Lg.15) et 28100 ± 100 (Lg.18).
D’après Tchernysh (1973), ce niveau était considéré comme un important
repère chronostratigraphique pour l’élaboration et la détermination d’un schéma des
stades évolutifs du Paléolithique supérieur du bassin du Dniestr et des zones limitrophes.
Les recherches stratigraphiques, effectuées par P. Haesaerts, I. Borziac, L.
Kulakovskaya, V. Chirica, en 1999-2002 à Molodova V ont considérablement contribué
pas seulement à préciser la position stratigraphique et à obtenir de nouvelles données
pour le Gravettien ancien, mais aussi pour les niveaux d’habitat ultérieur de là-bas
(Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, Van der Plicht, 2003 ; Haesaerts,
Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, 2004 ; Borziac, Haesaerts, Chirica, 2005). A la
suite des recherches mentionnées, on a établi que le niveau 9 est situé au début de
l’épisode froid entre les oscillations chaudes Arcy et Kesselt, synchronisé à l’unité N6-10
(Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, Van der Plicht, 2003) et au premier
habitat gravettien de Geissenklösterle du Jura Souabe (Conrad, Bolus, 2003) (voir fig.
32-40).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
328
C’est toujours pendant la même période qu’on a daté le premier habitat
gravettien de Mitoc- M.G. - à la base de l’unité stratigraphique 7, qui a fourni la date
exacte de 28.950 B.P. (GrN-12636). Dans cet horizon d’habitat on a dépisté des grattoirs
sur lames longues, pointes La Gravette, lames aigues à retouches plates, lesquelles,
typologiquement, correspondent au Gravettien ancien de Molodova V; pour ces éléments
typologiques nous considérons qu’elles peuvent représenter une seule culture du
Gravettien ancien. Ces niveaux d’habitat sont corrélés au niveau V de Willendorf II, et de
Dolni Vestonice qui représentent la première étape d’occupation gravettienne le long du
Danube Moyen ou de l’Europe Centrale, représentant le même phénomène culturel
(Djindjian, Kozlowski, Otte 1999, 400; Haesaerts, 1990 b; Borziac, Haesaerts, Chirica,
2005).
Un peu plus récents (datés entre 29.000 et 28.000 ans B.P.), d’autres niveaux
d’habitat, temporaires, de Willendorf II, Mitoc - M. G. ou Dolni Vestonice, reflettent,
probablement, le même phénomène culturel (Haesaerts, 1990a ; 1990b) (voir fig. 41-44).
Ces industries du Gravettien ancien représentent l’étape primaire de la
présence du Gravettien en Europe Centrale, y compris la zone carpatique-dniestréenne,
entre approximativesment 30.500 et 28.000 ans B.P. Conventionellement, cette étape est
considerée par nous (Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, Van der Plicht,
2003 ; Borziac, Haesaerts, Chirica, 2005) comme la première étape d’évolution du
Gravettien dans la région géographique considérée
La seconde étape est marquée par une dégradation climatique de la phase
finale du Pléniglaciaire moyen, qui a eu lieu entre 28.000 et 26.000 B.P. Conformément à
l’estimation d’A. Tchernysh (1987), c’est le long du Dniestr que se sont développées les
industries incluses dans la deuxième étape d’évolution du Paléolithique supérieur local,
qu’il considère comme ancienne. C’est dans cette phase d’évolution que nous incluons
aussi le niveau 8 de Cormani IV, celui de Ciutuleşti I et Mitoc-M.G. (ceux des cycles de
sédimentation 7b, 7a et peut-être aussi 6b).
Pour ce qui est des habitats de Mitoc-M.G. nous avons les données suivantes:
le cycle 7b, 27500 ± 600 B.P. (OxA-1778), 25.330 ± 420 B.P. (GrN-14913) et 28.910 ±
480 B.P. (GrN-12636). A Ciutuleşti I ( Chirica, Borziac, Chetraru, 1996), le niveau
d’habitat n’a pas de données exactes, mais sa position, à la base du sol fossile de type
Arcy-Kesselt-Bryansk, nous donne la possibilité de l’attribuer au IIème stade d’évolution du
Gravettien local. Le niveau 8 de Cormani est situé dans la partie inférieure du sol fossile
mentionné, et le niveau supérieur (7) présente les dates entre 24.500 et 25.500 B.P.
(Tchernysh, 1987, 35), position qui nous permet l’encadrement du niveau 8 et
possiblement du niveau 9 de là-bas dans le même IIème stade.
Ainsi, dans le IIeme stade d’evolution du Gravettien local nous incluons les
premiers deux niveaux inferieurs de Mitoc-M.G., Cormani IV, niveaux 9 et 8, Voronoviţa I,
Chapitre 6. Le Technocomplexe gravettien
329
niveau inferieur, Babin I, niveau inferieur ; dans la region du Dniestr superieur, niveau
moyen d’habitat de Mejiritsy (Koulakovska, Otte, 1998) (voir fig. 46-48).
La technique de débitage continue à être quasi-parallèle, lamellaire, et
nécessite, probablement, une plus intense utilisation du médiateur au débitage. Dans la
stratégie de sélection des semi-fabriqués, ce sont les lames qui continuent à prédominer,
mais les éclats sont eux aussi fréquents, surtout ceux pour la réalisation des burins
dièdres et d’angle, 30.500 et 28.000 B.P. (Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon,
Koulakovska, Van der Plicht, 2003; Borziac, Haesaerts, Chirica 2005).
Revenant au niveau 9 d’habitat de Moldova V, nous mentionnons qu’à travers
la surface étudiée on a dépisté 4 agglomérations de matériaux archéologiques,
représentés par des restes faunistiques, rochers de calcaire, pièces en silex. Dans le
cadre des agglomérations et à l’extérieur de celles-ci, on a identifié 9 foyers, représentés
par des taches de sol brûlé, de couleur rougeâtre - brique, à diamètres de 0,40-0,95 m.
La planigraphie des restes d’habitat, représentés par des foyers singuliers ou des pairs
de foyers, à l’intérieur des agglomérations, ont permis à A. Tchenysh de constater
l’existence dans le site de certaines habitations légères, temporaires, construites par
l’utilisation des peaux d’animaux et des restes végétaux (Tchenysh, 1987, 30).
Dans le niveau d’habitat, on a dépisté environ 1000 pièces en silex, parmi
lesquelles 33 nucléus (3,3 %), 180 lames (18 %), 710 éclats et déchets. Les nucléus, tel
que nous avons déjà mentionné, sont à un ou plusieurs talons quasi-prismatiques. Les
dimensions des lames et des éclats sont moyennes et grandes. Les outils de travail sont
représentés par 105 pièces à transformation secondaire (10,1 %)1.
Les pièces caractéristiques pour le Gravettien sont les lames allongées,
minces, dont on a réalisé les grattoirs simples à retouches marginales plates sur les
bords, les lames aiguisées par des retouches similaires, les burins latéraux sur
troncature retouchée et ceux d’angle. Il y a aussi deux pointes typiques La Gravette. Par
rapport à l’inventaire du niveau 10 de ce site, nous observons une certaine diminution
des dimensions des outils de travail, des retouches plus marginales et plus minces des
outils. Pour le reste, l’inventaire est similaire à celui dépisté dans le niveau 10 du site.
Dans le niveau gravettien de Mitoc2, situé à la base de l’unité stratigraphique
7, (la profondeur de référence de l’auteur– 7,10-7,40-7,85-8,10 m) on a dépisté plus de
6000 pièces en silex, parmi lesquelles plus de 160 nucléus quasi-prismatiques, plus de
1 Les matériaux des niveaux X-IX du site Molodova V sont présentés d’après Tchenysh (1987) et selon l’étude effectuée par I. Borziac en 1975. C’est de la même manière qu’on a procédé pour les niveaux gravettiens de Molodova I, Cormani IV, Babin I, Voronoviţa I, Oselivca. 2 Les matériaux sont présentés par V. Chirica (The Gravettian in the East of the Romanian Carpatians, Iaşi, 1989, 52-53), Al. Păunescu (Paleoliticul şi mezoliticul de pe teritoriul Moldovei cuprins între Siret şi Prut, Bucureşti, 1999, 150). Pour le moment, ils sont incomplets et seront publiés de manière intégrale en 2007 in ERAUL 74 (en cour d’impression). C’est de la même manière qu’on procède dans le cas de matériaux d’autres sites gravettiens, qui (surtout Mitoc MG) ont été examinés par I. Borziac, avec V. Chirica, M. Otte et P. Noiret en 1994.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
330
2000 lames et lamelles, 64 outils de travail. Les grattoirs simples - réalisés à partir des
lames allongées pourvues ou dépourvues de retouches plates marginales sur les bords –
sont plus fréquents. Les burins d’angle et sur troncature retouchée sont présents dans
une proportion égale. Il y a plus de 10 lames aiguisées par des retouches,
caractéristiques pour le Gravettien ancien de Molodova V (niv. X-IX). A partir de ces
niveaux-ci, on retrouve aussi des pièces spécifiques au Gravettien local, telles les
pointes La Gravette, les diverses lames à bord abattu. La présence des lames à bout
oblique retouché et un fragment de rectangle est aussi importante par le fait
qu’ensemble, ils signalent l’apparition des applications pour les pièces composites à
manches. La pointe à cran est fragmentaire et ce n’est pas le cas de fixer l’apparition
dans la zone de ces pièces significatives pour le Gravettien oriental.
Le niveau II d’habitat a fourni plus de 30.000 pièces lithiques. La position
suivante à l’intérieur de la collection est occupée par les nucléus quasi-prismatiques à
plusieurs surfaces et fronts de percussion. Ce sont les semi-fabriqués à talons de
percussion à surface réduite ou ponctiforme qui sont plus fréquents (plus de 30 % du
nombre des éclats et des lames). Ceci suppose l’implémentation de manière plus large
des médiateurs dans le processus de débitage. Les nucléus secondaires, obtenus à
partis d’éclats massifs, sont eux aussi plus fréquents. Tout ceci, en ensemble, dénote
une certaine évolution ascendante de la technique de percussion, qui, continue à rester
dans les limites de l’évolution du technocomplexe gravettien .
Les outils de travail sont représentés par 44 (?) pièces, parmi lesquelles 32
grattoirs sur lame, 1 grattoir - burin, 1 burin dièdre 2 lames retouchées, 2 lames aiguisée
par des retouches, 4 microgravettes, et 1 racloir (Păunescu, 1999, 150). Selon nos
estimations de 1994, dans la collection du niveau II gravettien de Mitoc MG, il y a plus de
120 pièces à transformation secondaire, mais qui, dans leur ensemble reflètent la même
structure typologique.
Eléments spatiaux. Dans le cadre des deux niveaux d’habitat on a dépisté des
agglomérations de silex, interprétées comme des ateliers pour la transformation primaire
et secondaire du silex. On a aussi dépisté plus de 12 foyers, dont 3 n’ont été que
partiellement étudiés. Le positionnement des foyers à l’intérieur de certaines
agglomérations de silex, lesquelles, conventionnellement, dans l’ensemble peuvent être
interprétées comme des traces d’abri temporaires (Chirica, 1989, 129-139).
Dans le niveau I gravettien de Mitoc MG, on a dépisté un pendentif, d’une
forme partiellement circulaire et plate, à la base légèrement concave, en cortex de silex.
Le pendentif présente tout autour de son périmètre des incisions profondes
transversales, tandis que sur les faces plate il y a des groupes de lignes incisées, en
différentes corrélations les unes par rapport aux autres. Dans la partie supérieure, la
pièce est modelée par un orifice pour la pendaison (voir fig. 45). La pièce, a été
Chapitre 6. Le Technocomplexe gravettien
331
initialement interprétée comme pendentif, et la gravure incisée, selon V. Chirica, reflète
certains aspects de la spiritualité, liés à la magie de la chasse. La pièce a été largement
étudiée dans la littérature de spécialité (Chirica, 1989; Chirica, Cârciumaru 1991; Chirica
C-V., 1997; Borziac, Chirica C-V. 1996), mais son essence attributive n’a pas été
contestée. Il n’est pas exclus, que l’ornement incisé indique le côté informationnel –
numérique de la spiritualité des Gravetiens. Les deux interprétations sont plausible, étant
encadrées, toutes les deux, dans l’axe de la spiritualité et non pas de l’utilitarisme
quotidien. La pièce, ayant la datation exacte du niveau d’habitat, peut être considérée
comme l’une des plus anciennes présentes dans la zone, connues jusqu’à présent, de la
spiritualité gravettienne. Dans le cadre du Gravettien ancien de la zone, on a inclus
l’industrie lithique du site Ciutuleşti, initialement superposée par N. Chetraru au niveau 7
du site Molodova V (Chetraru, 1973) sans en déterminer de manière plus exacte la
chronologie et l’attribution culturelle. Elle a été ultérieurement attribuée au Gravettien
ancien (Borziac, 1994; Chirica, Borziac, Chetraru 1996). Dans ce dernier volume,
l’industrie du niveau d’habitat paléolithique de Ciutuleşti I est synchronisée aux niveau
10-9 du site Molodova V.
Le site est situé dans la prairie de la rivière Răut (Chetraru, 1973; Borziac,
Chetraru, 1997) et reste jusqu’à présent le seul site stratifié et à un niveau sûr d’habitat
paléolithique du bassin du Răut. Le niveau d’habitat est incorporé dans la partie
inférieure de l’accumulation du sol fossile, apprécié comme étant de type Arcy-Kesselt-
Briansc. Donc, du point de vue stratigraphique, le niveau d’habitat peut être corrélé aux
niveaux d’habitat 10-9 du site Molodova V. Dans la faune ce sont le bison et le cheval qui
prédominent et cet aspect reflète le caractère interstadial de la formation des dépôts.
Parmi les nombruses nucléus, ce sont les nucléus quasi-prismatiques à
plusieurs talons de percussion qui prédominent. Les semi-fabriqués (lames et éclats)
sont de dimensions moyennes et grandes. Parmi les 104 pièces, déterminées comme
outils de travail, il y a des grattoirs réalisés à partir de lames allongées, burins d’angles
faits à partir de lames de dimensions grandes, 4 grandes lames aiguisées par des
retouches plates, pièces, caractéristiques pour l’Aurignacien ancien de Molodova V. Une
pièce – une pointe de La Gravette aciforme – est particulièrement importante, mais aussi
4 autres fragments de pointes La Gravette, tout comme quelques pièces massives
discoïdales, présentes aussi dans les collections de niv. 10-9 du site Molodova V
(Tchenysh 1987, 31), du niveau 8 du site de Cormani IV (la collection de 1974, qui n’a
pas reflétée dans le volume monographique, dédié au site en question, les observations
d’A. Tchernysh (1977, 24), mais qui a été étudié de manière complémentaire par I.
Borziac à partir de 1975, où il y a aussi 4 pièces massives, discoïdales, à couper.
Toujours dans la collection de 1974 du niveau 8 de Cormani IV il y a 3 pièces de type
pointes La Gravette, qui antérieurement n’étaient pas dans la collection.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
332
Ainsi, d’après ces particularités typologiques, le niveau de Ciutuleşti I est
encadré par nous dans le Gravettien ancien de type Molodova-Mitoc. Il est important
qu’aussi bien à Molodova V, les niv.10-9 et à Mitoc-M.G., le niveau gravettien inférieur et
à Ciutuleşti, on a dépisté les semi-fabriqués (lames et fragments de lames, mais non pas
de nucléus ou d’éclats) en schiste noir d’Audia, qui est rencontré seulement dans les
Carpates. Cette particularité de la présence de cette roche à l’intérieur des industries
mentionnées nous indique, peut-être, que la population, désignée par nous sous la
syntagme de Gravettiens anciens, ait pu valoriser l’espace de la zone, pénétrant vers
l’ouest de la zone du Danube Moyen, où ils sont attestés déjà à environ 30.500-30.000
B.P. (Haesaerts, 1990 ; Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, Van der
Plicht, 2003; Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovka, 2004). Nous allons
remarquer une particularité. Dans tous les sites mentionnés, il y a un petit nombre (1-3,
et plus rarement 4-5) de pièces de types pointes La Gravette, mais évidemment
parfaites, y compris aciformes (Ciutuleşti I, Cormani IV) et microgravettes (Molodova V,
niv. 10, 9). Ce niveau nous suggère l’idée que ces sites représentent peut-être les plus
anciennes traces du Gravettien de la zone, lorsque dans les industries, à côté du schiste
noir d’Audia, il y avait aussi des outils apportés là-bas par la population initiale.
Le niveau inférieur de Babin I. Le site a été découvert en 1928 par N. Moroşan
et étudié par des recherches de surface par cet archéologue en 1928-1932, par C.
Ambrojevici en 1929, par P. Boriskovsky en 1946-1947 et par des fouilles à travers une
surface cumulant un total (la tranche et les sondages) d’environ 695 m2 par A. Tchernysh
en 1948-1951 et 1953 (Tchenysh, 1959, 16-17).
Le site se trouve à environ 300 m vers le nord-est du village Babin, la rég.
Cernăuţi, sur un plateau haut (70-80 m d’après P. Boriskovsky, 105-130 m de la surface
de l’eau du Dniestr, d’après A. Tchenysh) de la rive droite du Dniestr, à environ 1,5 km,
obliquement (voir fig. 49-55).
Dans les dépôts du Quaternaire tardif, superposés au calcaire détérioré de la
rive de base du Dniestr, ayant l’épaisseur de 1,5-2,7 m dans cet endroit, on a identifié 3
niveau d’habitat paléolithique (Tchernsh, 1959). Le niveau inférieur était placé dans un
niveau d’argiles grisâtres-brunes (sol fossile ?) à la profondeur de 1,80-2,10 m. Il a été
identifié et étudié par A. Tchenysh à travers une surface d’environ 90 m2. A travers la
surface étudiée, on a dépisté des restes faunistiques (renne – 535 os, 11 ind.; cheval 38
os, 4 ind.; mammouth 1/1), pièces en silex grisâtre de Volynija, à une faible patina, restes
de cendre, ocre, 10 foyers de formes ovales ou circulaires (aux diamètres d’environ 0,3 –
0,9 m), d’autres matériaux qui, dans leur ensemble documentent un véritable niveau
d’habitat paléolithique. Les pièces lithiques sont représentées par environ 1450 pièces
(celles provenant des fouilles d’A. Tchenysh, récoltées de la surface, étant identifiées
dans un mélange, ne sont pas prises en considération), et sont constituées par 12
Chapitre 6. Le Technocomplexe gravettien
333
nucléus, 320 lames, 192 outils à transformation secondaire et déchets1. Le débitage est
quasi-parallèle, il est basé sur les nucléus quasi-prismatiques de dimensions moyennes
et grandes, à plusieurs talons de percussion. En tant que semi-fabriqué pour la
réalisation des outils on a utilisé surtout les lames longues massives, éclats longs, plats.
Parmi les outils on distingue les grattoirs (31), burins (44), outils composites (7), perçoirs
(3), lames retouchées sur les bords et aiguisées par des retouches (69), pièces de type à
cran (2), pièces à dos (4), éclats et lames à retouches accidentelles.
Parmi les grattoirs il y a quelques pièces carénées, 3 grattoirs double et deux
autres à éléments d’amincissement plat par des retouches dorsales. Ce sont les grattoirs
simples réalisés à partir de lames larges, grandes et massives. Les burins sont variés, et
incluent des burins dièdres, sur troncature retouchée, mixtes et de type transversal. Ils
sont réalisés sur des lames (18), éclats (19), lames primaires et à crête. Ce sont les
burins simples d’angle qui prédominent tandis que la position secondaire est occupée par
les burins latéraux sur troncature retouchée. Les pièces composites sont représentées
par 6 grattoirs simples réalisés à partir de lames combinées à 3 burins d’angle et trois
autres sur troncature oblique retouchée.
Les lames retouchées sont plus expressives. Parmi celles-ci il y a des pièces
variées: 6 – à retouches aurignaciennes semi – abruptes, 24 – à retouches partielles
semi – abrupte et aplaties, 8 – à retouches marginales minces d’utilisation. Il y a aussi 3
pièces entières et 3 fragments de lames aiguisées par des retouches plates,
caractéristiques pour le Gravettien ancien de Molodova V et Cormani IV (voir fig. 56-59).
Mais la collection inclut aussi deux fragments de pièces à cran. Un fragment
présente des retouches semi-abruptes sur une partie d’un bord, formant ainsi le
pédoncule caractéristique pour de telles pièces, un autre fragment, d’une pièce plus
massive, présente un „pédoncule” formé par des retouches scalariformes dans la partie
ventrale du semi-fabriqué. Si la détermination typologique de ces pièces (tenant compte
aussi de leur fragmentation) est correcte, alors ceci nous indique peut-être, une époque
plus tardive, ou final sinon de transition à l’étape suivante d’évolution du Gravettien
ancien, où de telles pièces sont typiques.
D’autres pièces typiques gravettiennes sont représentées par trois pointes
typiques de La Gravette, dont deux étaient attribuées par A. Tchernysh (1959), les
pointes de type Font-Yves, et une lame plus grande, de type La Gravette, mais
fragmentaire. Dans le niveau inférieur on a dépisté certaines pièces en matériaux
animaux durs. Parmi ceux-ci, un fragment de perçoir en os tubulaire, une pointe en bois
de renne, une plaquette polie, en ivoire, des bois de renne à traces de démembrement
longitudinal et transversal, une phalange de renne perforée, que nous interprétons
1 La présentation des pièces et de l’industrie de Babin I, a été effectée sur la base de l’éxamen de l’inventaire, fait par I. Borziac en 1975.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
334
comme sifflét, « attrape sonore ». Nous mentionnons que le niveau n’est pas daté
radiométriquement.
Encadrement chronologique. A la suite des recherches préliminaires, C.
Ambrojevici a attribué les matériaux de ce site (dans son ensemble) à l’Aurignacien.
C’est ainsi que le matériel mélangé récolté de la surface était considéré aussi par P.
Boriskovsky (1953, 74), mais il supposait aussi une influence „solutréenne” lorsque la
discussion était axée sur l’implication d’une pointe foliacée parfaite, découverte à la
surface. A. Tchenysh à la suite de l’utilisation préférentielle du matériel des fouilles, mais
aussi des plus anciennes pièces du matériel récolté à la surface par ses prédécesseurs
tout comme par lui-même, a inclus les matériaux du niveau inférieur de Babin I dans la
première étape d’évolution du Paléolithique supérieur du Bassin du Dniestr, dénommé
par lui „Babin”. Le chercheur invoquait aussi la position hypsométrique intérieure, en
comparaison à deux autres niveaux, qui, selon lui, correspondait aux niveaux 10 – 9
d’habitat de Molodova V, et qui, dans leur ensemble, « ouvrait » le Paléolithique
supérieur du Dniestr. I. Ivanova, soutenait initialement la possibilité que ce niveau
documente stratigraphiquemet „le plus ancien Aurignacian” de la zone du Dniestr
(Ivanova, 1959, 272-274), pour constater ultérieurement que la „stratigraphie” géologique
incertaine ne permet pas à coup sûr l’attribution du niveau mentionné à la plus ancienne
étape d’évolution du Paléolithique supérieur du Dniestr (Ivanova, 1987). A ce moment-là,
il y avait déjà de nombreuses et variées données concernant une stratigraphie plus
complexe et, évidemment, beaucoup mieux documentée des sites pluristratigraphiques
de Cormani IV, Molodova I et V. M. Otte, (1981) a encadré d’une manière plus
documentée le niveau inférieur de Babin I au „Gravettien oriental”, n’a pas pourtant
contesté l’âge ancien du site dans le cadre du technocomplexe mentionné. M. Anikovich
et A. N. Rogatchev (1984) ont accepté l’encadrement de ce niveau, tout comme des
niveaux inférieurs, dans le „ Molodovien ancien”. Ultérieurement, M. Anikovich a contesté
la possibilité de mettre en évidence la „phase Babin” dans la taxonomie du Paléolithique
supérieur ancien du Dniestr (Anikovich, 1989 ; Grigor’eva, Anikovich, 1991, 7b).
Invoquant comme argument l’appartenance possible de la pointe biface (comme élément
archaïque de l’industrie) au niveau inférieur, la présence in situ des grattoirs réalisés à
partir de lames larges à retouches semi-abruptes sur les bords, nous considérions
antérieurement l’encadrement du niveau en discussion dans la culture Prout comme
plausible. A ce moment-là, nous prenions aussi en considération
les grattoirs à formes hautes et les burins d’angle, lesquels, en général sont
caractéristiques pour l’Aurignacien (Borziac, 1994). Une raison pour ne pas accepter cet
encadrement est la présence massive des burins sur troncature retouchée, et
certainement des pièces à cran, qui sont caractéristiques pour l’étape ultérieure du
Chapitre 6. Le Technocomplexe gravettien
335
Gravettien de la zone, aussi bien pour la zone du Danube Moyen que pour le Dniestr
Moyen.
Tenant compte de ces suggestions, en absence de données sûres, de critères
strictes, chronostratigraphiques, nous encadrons le niveau inférieur de Babin I, dans
l’étape ancienne d’apparition en Europe Centrale, y compris dans la zone carpatique-
dniestréenne, des industries gravettiennes à pointes à cran. Cette apparition est estimée
comme ayant l’âge d’environ 27.000 B.P. et on considère que elle a eu lieu
« simultanément » sur les deux versants – d’ouest et d’est des Carpates (Haesaerts,
Borziac, Chirica, Damblo, Koulakovska, Van der Plicht, 2003; Haesaerts, Borziac, Chirica,
Damblon, Koulakovska, 2004; Borziac, Haesaerts, Chirica, 2005).
Le site Voronoviţa I, site de type ouvert, a été dépisté en 1920 par C.
Ambrojevici, qui a récolté les matériaux de surface et a effectué certains sondages, sans
mentionner dans la publication préliminaire la présence des niveaux d’habitat in situ
(Ambrojevici, 1930). Les résultats des recherches initiales de C. Ambrojevici ont été repris
par P. Boriskovsky (1953), qui a complété les données par de nouveaux matériaux des
recherches de surface (1949-1950). Dans les années 1950-1953, A. Tchenysh a effectué
des fouilles dans le site, définissant deux niveaux d’habitat du Paléolithique supérieur
(Tchenysh, 1959, 40-41; 1973, 17) (voir fig. 100-102) .
Le site est situé vers le nord-ouest du village Voronoviţa, rég. Cernăuţi, Ukraïne,
sur la rive droite haute (60-75 m du talweg) du Dniestr, dans l’endroit ayant les
coordonnées 48033’18”N, et 26041’37” E.- possiblement sur la 4ème terrasse du Dniestr
(Ivanova, 1959). Comme unité géomorphologique, l’endroit de l’emplacement du site
représente un promontoire, formé par deux fossés. Le bout du promontoire est aménagé
par une fortification défensive du site énéolithique de type cucuténien. Par des sondages
en vue des fouilles plus extensives on a étudié une surface générale de 262 m2. Le niveau
inférieur d’habitat (d’ailleurs, tout comme celui supérieur) se trouve dans le niveau
lithologique 3, décrit par A. Tchenysh comme étant représenté par l’argile lœssoïde brune,
et placé entre les quotas de 1,6 - 2,8 m profondeur. A travers la surface étudiée du niveau
inférieur, on a dépisté deux agglomérations de matériaux lithique et faunistiques, rochers
de calcaire, à foyers dans leur enceinte.
Éléments d’aménagement spatial. L’une des agglomérations avait une
configuration ronde, le diamètre de 3,8 – 4 m, et au centre il y avait un foyer au diamètre
de 0,7 m. Les limites externes de l’agglomération, selon A. Tchenysh, correspondaient au
contour planimétrique d’une petite habitation temporaire “familiale”. La seconde
agglomération avait une forme allongée dans le plan avec les dimensions de 8 x 5 et
incorporait dans son enceinte 10 foyers, dont certains étaient superposés, ce qui
documente une durée plus longue de l’existence d’une habitation “communale”. Dans le
périmètre de l’habitation supposée, on a dépisté des défenses de mammouth, conservées
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
336
fragmentairement, et qui étaient enterrées verticalement. Dans la construction de cette
habitation on a aussi utilisé par endroits des os de mammouth, bois de renne. Il est
possible que cette habitation soit l’une des plus ancienne du technocomplexe gravettien
local et, tout comme l’habitation du niveau 9 du site Molodova V, atteste le processus initial
d’aménagement des habitations de surface du Gravettien local, processus qui s’est plus
intensément et plus évidemment développé dans le Gravettien moyen et tardif.
Conformément aux estimations paléontologiques, effectuées par le chercheur
ukraïnien dans le niveau inférieur du site Voronoviţa I, on a dépisté les os des mammifères
suivants: Equus caballus L. – 158 os, 16 ind. (?), Mammouthus primigenius Bl.-215/12;
Rangifer tarandus L-61/9; Rhinoceros antiquitatis Bl-12/2; Ursus arctos-1/1. Il est possible
que ces déterminations contiennent certaines inexactitudes (tout comme dans les
déterminations de la faune du niveau supérieur du site), exprimées dans le nombre réduit
des os identifiés et le nombre trop grand d’animaux chassés. Il est possible que beaucoup
des os, pris singulièrement, en tant que tels, appartenaient aux mêmes animaux. La
structure de la faune ne nous indique pas le caractère stadial ou interstadial de l’époque de
l’accumulation du niveau d’habitat.
Tenant compte du fait que des matériaux de niveaux d’habitat différents y sont
mélangés, les collections de surface, mentionnées et utilisées par P. Boriskovsky (1953) et
partiellement, par A. Tchenysh (1959), en diverses constructions culterelles –
chronologiques ne sont pas examinées dans ce contexte.
Conformément aux publications d’A. Tchernysh, le niveau inférieur du site a
fourni plus de 1500 pièces en silex grisâtre, de très bonne qualité, parmi lesquelles 124
nucléus (y compris 38 fragments), 444 lames et 1161 outils de travail, qui constituent 7,73
% du nombre total de silex dépistés dans ce niveau d’habitat.
Les nucléus, tout comme dans d’autres sites du Gravettien ancien de la zone,
décrits ci-dessus, sont de dimensions moyennes et grandes, pour la plupart de formes
prismatiques et quasi-prismatiques et, dans leur ensemble, dénotent une technique
relativement avancée de percussion, qu’on peut qualifier de quasi-parallèle. Quelques
nucléus „archaïques”, mentionnés aussi par A. Tchernysh (1959, 46; 1973, 17)
représentent des exemplaires épuisés, intensément modifiés dans le processus
d’éclatement.
Typologiquement, l’inventaire est représenté par les burins (58-50 %), grattoirs
(13-11,20), lames retouchées (26-22,41 %), pointes (9.7,75 %), grattoirs-burins (2-1,72 %)
un perçoir , 2 fragments de pièces bifaces transformées, dont un fragment de pointe de
lance foliacée à la base arrondie.
1 Dans le Gravettien antérieurement caractérisé, sans prendre en considération l’âge relativement ancien dans le cadre du Paléolithique supérieur, les réminiscences archaïques sont vaguement conservées.
Chapitre 6. Le Technocomplexe gravettien
337
Les grattoirs sont réalisés à partir de lames longues, relativement massives et
larges, sont représentés par des grattoirs simples sans retouches latérales (6), à un bord
(3), ou aux deux bords retouchés complètement ou partiellement. Les formes hautes sont
représentées par deux grattoirs carénés de manière atypique.
Parmi les burins, il y a 17 pièces dièdres, 22 d’angle, 6 latéraux sur troncature
retouchée, 2 transversaux, 2 mixtes et 4 sur angle de cassure. Les burins sont pour la
plupart réalisés à partir de grandes lames (18), lames moyennes (11), éclats. 19 burins
réalisés à partir de lames à un bord ou aux deux bords retouchés de manière semi-
abrupte. Un burin est dièdre plat et est réalisé à partir d’un racloir, transformé (jugeant
d’après la patina des négatives des enlèvements burinants) beaucoup plus tard, que
l’époque de la réalisation du racloir en tant que tel.
Les lames aigues et retouchées sur les bords sont extrêmement efficaces et
significatives comme échantillons typologiques, caractéristiques pour le Gravettien ancien.
Trois d’entre elles (dont une fragmentaire) sont similaires à celles des niveaux inférieurs de
Molodova V et Cormani IV. Deux pièces sont plus courtes, plus larges, ont les bords
partiellement (l’une) et presque intégralement (l’autre) transformés par des retouches
systématiques „en écaille”. Elles peuvent aussi être qualifiées de pointes typiquement
moustériennes.
Les pièces bifaces sont, conformément à la transformation des surfaces plates,
similaires à celles décrites dans le cadre des industries de la culture Prut. Les deux sont
fragmentaires et cet aspect dénote leur utilisation quotidienne par les habitants du site.
Les pièces à dos sont absentes. Leur absence et la présence des bifaces
peuvent être expliquée d’une double perspective : soit dans le site il n’y avait pas l’élément
de la réalisation et de l’utilisation des pièces composites à manches, soit la présence des
bifaces et l’absences de pièces à dos dénotent l’appartenance de l’industrie à l’Aurignacien
de type Prout. Mais il est possible que là-bas on ait aussi à faire à l’interférence ou à
l’échange de pièces ou traditions entre les Gravetiens anciens et les porteurs de la culture
Prout. Ceci n’est pas exclus car les deux traditions culturelles ont existé dans la zone plus
ou moins simultanément.
De toute façon, les grattoirs réalisés à partir de lames longues, les burins faits à
partir du même type de semi-fabriqués, les grandes lames aiguisées par des retouches
confirment, semble-t-il, l’appartenance de l’industrie au niveau inférieur de Voronoviţa I à
un faciès commun au Gravettien local ancien, tout comme les niveaux mentionnés de
Molodova V, Cormani IV, Mitoc-MG et Babin I. Bien sûr, toutes les industries incluses dans
ce Gravettien ancien initial possèdent des valeurs similaires des indices typologiques, ce
qui permettrait de mettre en évidence un faciès local spécifique au Gravettien initial
pénétré dans la zone.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
338
6. 2. La caractéristique technico-typologique générale du Gravettien ancien local.
Dans la technique de percussion, ce sont les éclats quasi-parallèles qui
prédominent, et ils sont appliqués au nucléus prismatique à un, deux ou plusieurs talons de
percussion. Les pièces, sélectés pour le finissage des outils de travail, sont pour la plupart
des lames et éclats de dimensions moyennes et grandes (entre 50-60 et 120-180 mm)
Les procédés prévalents de finissage secondaire sont : les retouches plates,
marginales, continuelles, l’enlèvements buriné et les retouches sous-parallèles (utilisées
pour le finissage des lames des grattoirs).
La transformation plate d’aiguisement (la transformation des bifaces) est en effet
absente ou bien elle n’est présente que de manière accidentelle. La transformation par des
retouches abruptes „agressives” est rare ou manque complètement. Parmi les types d’outils,
il faut mentionner les suivants comme les plus fréquents ou parfois prévalents:
• Les grattoirs simples faits de lames longues, larges, plus rarement – massive. Ils ont les
bords non retouchés, ou partiellement retouchés, à retouches d’aplatissement et
d’aiguisement.
• Les lames longues aiguisées par des retouches d’un ou des deux bouts, qui sont
significatives pour le Gravettien ancien local.
• Les burins d’angle (dièdres) sur lames longues, parfois à double représentation, et
souvent à un bord ou aux deux bords retouchés de manière semi-abrupte.
• Les pièces bifaces sont singulières (Molodova V/10-1 pièce; Voronoviţa I, inf.-2
fragments) et ne présentent pas de transformation locale (les éclats spécifiques,
morphologiquement, provenant de la transformation des bifaces sont absents des industries)
• Les pièces à dos sont rares (2-3 en chaque industrie, incluse dans ce Gravettien) et sont
représentées par des exemplaires assez parfaites, ce qui détache les industries
mentionnées de celles aurignaciennes.
• Les pièces carénés (les grattoirs, les burins) manquent ou sont singulières (par exemple,
dans le niveau 10 du site Molodova V).
• Les pièces composites (grattoirs doubles, grattoirs-burins, etc) sont rares, mais
relativement parfaites.
• En général, le nomenclateur (la typologie) des pièces et la diversité variable dans le
cadre des types sont minimaux.
Toutes ces considérations nous suggèrent que le Gravettien ancien de la zone
n’est pas d’origine autochtone, ce qui, dans l’étape actuelle des recherches est acceptable à
nos yeux. Conformément à nos estimations antérieures (Otte, Noiret, Chirica, Borziac, 1996 ;
Chapitre 6. Le Technocomplexe gravettien
339
Otte, Lopez-Bayon, Noiret, Borziac, Chirica, 1996), le Gravettien ancien local est représenté
par le IIème stade évolutif du Gravettien Oriental, mais dans les industries les types et les
formes caractéristiques et significatives qu’on lui rattache ne sont pas présents – pointes à
cran, couteaux de type Kostenxi, unifaces à transformation plate, tout comme la variété
exubérante de pièces à dos abattu (pointes, lames et lamelles, rectangles, éléments des
outils composites à manches en bois ou matériaux animaux durs), dont la présence n’est
qu’annoncée par des pièces isolées.
Au Nord et à l’Est, on ne connaît pas d’industries gravettiennes plus anciennes.
Elles sont attestées à Willendorf II, niv. 5, qui a une position stratigraphique plus ancienne
dans les dépôts et datations radiométriques de plus de 30.000 B.P. Dans l’étape actuelle des
recherches, nous considérons que l’origine du Gravettien ancien local se trouve à l’ouest.
341
CHAPITRE 7
CONSIDERATIONS CONCENANT L’EVOLUTION DU
PALEOLITHIQUE FINAL ET DU L’EPIPALEOLITHIQUE ENTRE LES
CARPATES ET LE DNIESTR∗
Le processus des métamorphoses climatiques de la fin du dernier Pléniglaciaire
durant la transition vers l’époque de l’Holocène a provoqué des changements irréversibles
dans l’environnement, changements qui ont aussi déterminé la cynégétique des collectivités
humaines qui habitaient à ce moment-là en Europe, y compris de la zone entre les Carpates
Orientaux et le Dniestr. Ces changements, dans la mesure des possibilités et en
dépendance aux sources des faits disponibles au moment respectif, ont été analysés par les
archéologues (M. Brudiu, Al. Păunescu, V. Chirica, I. Borziac, A. Tchernysh, M. Bitiri, C.S.
Nicolăescu-Plopşor, N. Chetraru), paléobotanistes (F. Damblon, M. Cârciumaru, G.
Paschevici, S. Medeanik, N. Volontir), paléontologues-paléobotanistes (A. David, L.
Alexeeva, A. Prepeliţă, A. Cepalyaga, T. Obadă, V. Pascaru, A. Nadachowski, Al. Bolomey,
I. Lopez-Bayon), paléogéographes (C. Mihăilescu, P. Doluhanov, N. Hotinski, etc). Nous
remarquons surtout la contribution des géologues I. Ivanova et P. Haesaerts qui ont mis les
∗ Publie, en roumain, en Revista Arheologică, S.N., II, 1-2, 2006, par I. Borziac et V. Chirica.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
342
bases de la chronologie relative et exactes des plus importants sites de la zone attribués au
Paléolithique supérieur, contributions effectuées à la suite de recherches interdisciplinaires
multilatérales auxquelles les auteurs de l’étude présente ont aussi eu leur modeste apport. A
la base de notre exposé il y a eu les données et les publications des recherches
mentionnées, que nous allons mentionner précisément à chaque occasion. Dans ce
contexte, nous nous référerons aux problèmes en question en fonction des nouvelles
données et des élaborations plus récentes ou plus anciennes, mais aussi dans la vision des
achèvements récents dans l’étude du Paléolithique supérieur européen. Nous utilisons aussi
nos recherches et élaborations, y compris celles pratiques, de terrain, acquises pendant les
investigations que nous avons faites dans les sites paléolithiques, épipaléolithiques et
mésolithiques de la zone en question pour plus de 30 ans.
La population du Paléolithique final dans l’aire carpatique – dniestréenne a été
peut-être la plus dense de l’Europe et était concentrée surtout en trois zone géographiques :
les bassins géographiques du Dniestr et du Prout Moyen et la zone de pré-montagne des
Carpates Orientaux (Tchernysh, 1973; Chetraru, 1973 ; Brudiu, 1974 ; Borziac, 1994 ;
Chirica, 1989 ; 1991 ; Păunescu, 1998 ; 1999). En fait, ces zones ont été plus intensément
peuplées pendant tout le Paléolithique supérieur et seuls certains sites isolés sont
rencontrés dans les espaces des interbassins (voir fig. 1, 9, 62, 91, 128, 141, 166, 198).
La période qui marque le début des oscillations climatiques, à la différence de la
stabilité relative spécifique à la période antérieure, à savoir pendant le dernier Pléniglaciaire,
est estimée à environ 14.500 ans B.P. Le climat, extrêmement froid et sec qui a favorisé les
accumulations de sable fin quartzitique et matériel détritique alluvionnaire tout comme les
couches de lœss à traces de permafrost sur les pentes et les terrasses du Dniestr et du
Prout et de ses affluents, s’est relativement amélioré présentant une tempérance et
humidification relative, phénomènes climatiques produites dès le débuts des accumulations
de lœss de la couverture tardiglaciaire. Le changement graduel du climat âpre et sec a
favorisé le déclanchement d’une période cyclique oscillatoire de phases positives et
négatives du climat, mais dans les deux cas à évidentes tendances vers l’humidification. Ces
pulsations paléoclimatiques tout comme beaucoup d’autres avant celles-ci ont laissé leurs
traces dans le processus d’accumulation des dépôts sédimentaires, leur structure et
caractère dans la flore et la faune tardiglaciaires. A leur tour, ces dernières ont influencé
plusieurs particularités de la vie de l’homme qui a habité dans la zone. A partir du moment
mentionné et jusqu’à environ 10.000 ans B.P., le climat prédominant de l’espace visé tout
comme à travers tout le continent, on a enregistré quelques périodes plus chaudes et
d’autres alternantes, froides.
Chapitre 7. Considerations concenant l’evolution du Paleolithique final et du l’Epipaleolithique
343
7. 1. La succession et les particularités de l’environnement du tardiglaciaire de la zone des Carpates et du Dniestr
L’étape la plus âpre et la plus sèche de l’évolution climatique du dernier
Pléniglaciaire würmien qui a duré entre environ 16.500 et 14.500 ans B.P. dans la partie de
nord de l’Europe Centrale est dénommée le stadial Poméranie (Kozarski, 1980). Pendant
celui-ci, les dépôts du Quaternaire tardif ont été représentés par des sables fins quartzitiques
et le matériel détritique alluvionnaire qui est dépisté en fait partout à travers les surfaces des
terrasses des rivières, lesquelles sont moins exposées, et où parfois ce type de sédiments a
acquis des épaisseurs considérables. Par exemple, dans la séquence de Cosăuţi, la couche
de sable structurée de manière efficace atteint une épaisseur d’environ 3,5 m (fig. 7). Les
dépôts de lœss de cette période sont intercalés ou contiennent les sables mentionnés et les
spécialistes les considèrent comme les exposants de l’activité éolienne (Haesaerts, Borziac,
Chirica, Damblon, Koulakovska, Van der Plicht, 2003 ; Haesaerts, Borziac, Chirica,
Damblon, Koulakovska, 2004). On peut affirmer, que le climat âpre et sec a été accompagné
tout le long de ce stadial par des vents intenses qui ont contribué au transport du matériel
détritique des plateaux vers les terrasses, y compris dans des quantités considérables du
sable fin quartzitique (Ivanova, 1987, 116-117, Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon,
Koulakovska, Van der Plicht, 2003, Borziac, Haesaerts, Chirica, 2005).
Les horizons de sable fin quartzitique sont dépistés dans les séquences sur la
place de plusieurs sites du Paléolithique supérieur de la zone – Cormani IV, Oselivca I, Ataki
I, Molodova I, Costeşti, I (Chetraru, 1983 ; Păunescu, 1998 ; Borziac, Haesaerts, Chirica,
2005, 192-195) et servent d’indices selon lesquels après la fin de leur accumulation dans le
climat il y a eu des changements orientés vers la tempérance et l’augmentation de l’humidité,
particularités qui fixent le début de l’oscillation climatique positive Dryas I. Cette oscillation
climatique positive de la fin du Paléolithique supérieur est aussi nommée Pré-Bölling
(Mstino) (J. K. Kowlowski, St. Kowlowski, 1975, 23, 1977). Ce microstadial (Bölling, en
Europe Occidentale) est nommé par nous « Cosăuţi III » (voir fig. 7). Celui-ci, selon les
appréciations de P. Haesaerts, correspond à une période relativement plus froide au milieu
de son évolution temporelle, marquée dans les sédiments par le lœss. Le microinterstadial
qui a suivi à la phase froide Dryas I a été constitué par deux phases chaudes (au début et à
la fin) avec une étape plus froide au milieu. Les phases chaudes ont contribué à
l’accumulation des sols fossiles embryonnaires. Pendant cette étape, au niveau du
landschaft, les forêts de conifères, situées dans les vallées et les pantes exposées, au soleil
ont acquis une plus grande prépondérance que dans la période antérieure, alors que les
plateaux étaient couverts de végétation pérenne plus consistante. La végétation relativement
abondante pendant les étés favorisait la vie des troupeaux de chevaux, la présence
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
344
saisonnière du renne migrateur mais n’étaient pas suffisante pour les grands herbivores tels
le mammouth et le rhinocéros laineux. Ces espèces du Quaternaire tardif deviennent
toujours plus rares ou disparaissent complètement de la zone (David, Nadachovski, Pascaru,
Wojtal, Borziac, 2003, 85-96). Les os isolés de mammouth et les pièces en ivoire dépistés
dans certains sites de cette période (Cosăuţi, Molodova I, niveau superieur, Molodova V,
niveaux 3, 2, 1a, 1, Costeşti etc) représentent peut-être des acquisitions accidentelles des
dépôts antérieurs où ils étaient naturellement conservés, à cause de la gelée multi-annuelle
mentionnée par certains chercheurs (Ivanova, 1987, 123 ; Haesaersts, Boziac, Chirica,
Damblon, Koulakovska, Van der Plicht, 2003, 163-168). Les restes faunistiques étaient
collectés et utilisés par l’homme préhistorique pour la réalisation des artéfacts et la
construction des habitations (Pidoplicico 1969, 46-138 ; Soffer, 1985, 127-139). La
persistance des forêts mentionnées et l’existence de la steppe périglaciaire à végétation
herbivore sont indiquées par les spectres de pollen déterminés pour l’interstade Bölling
(Cârciumaru, 1980, 65-94 ; Paşchevici, 1987, 140-144), dont la durée s’étend entre environ
13.100-12.700 ans B.P.
L’horizon supérieur de sol fossile du cadre de l’oscillation Cosăuţi a été couvert
d’un humus de toundra à permafrost qui démontre une nouvelle dégradation du climat,
lequel dans la littérature de spécialité a acquis le nom de Dryas II. Pendant ce microstadial,
des dépôts de lœss se sont accumulés. Plus froid que la période Bölling, le microstadial
Dryas II est resté relativement humide mais à vents constants qui diminuaient l’humidité, de
sorte que la végétation ne pouvait pas se développer trop. Selon les appréciations des
chercheurs C. Mihăilescu et S. Medianic, le landschaft était représenté par la steppe froide
périglaciaire à communautés de Compositae et de Graminae sur les plateaux et petites
forêts isolées de sapins, pins et bouleaux sur les pantes des vallées et sur les terrasses
exposées vers le sud à l’abri des vents (Medianic, 1994). L’humidité relative est documentée
par la présence continuelle dans les spectres de pollen des spores de mousse, lichens,
champignons (Paşchievici, 1987, 142). Ce refroidissement relatif a duré entre environ 12.700
et 12.300 ans B.P. La couverture de lœss formée pendant Dryas II à la limite d’environ
12.200-11.000 ans B.P. a été à son tour couverte d’un horizon d’humus qui signale un
nouveau chauffage temporaire, avec les mêmes caractéristiques temporelles,
paléobotaniques, paléozoologiques et paléogéographiques tout comme dans la période
Bölling qui ont acquis le nom d’Alleröd. Dans les sédiments locaux, cette période est
marquée par les dépôts du sol embryonnaire de l’unité stratigraphique Cosăuţi II (Haesaerts,
Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, Van der Plichr, 2003 ; Borziac, Haesaerts, Chirica,
2005) (fig.7). Pendant cette-ci, les forêts de conifères se sont développées de nouveau (la
phase des petites forêts de pins, d’après M. Cârciumaru (1980, 224), son climat devenant
plus chaud et plus humide ce qui a favorisé l’accumulation du sol embryonnaire mais aussi
une présence massive dans les spectres de pollen des mousses, champignons, lichens, qui
Chapitre 7. Considerations concenant l’evolution du Paleolithique final et du l’Epipaleolithique
345
continuaient à être une nourriture suffisante pour les troupeaux de rennes, qui pendant
l’hiver migraient de la zone vers la Plaine Nord-Européenne (Borziac, Obadă, 1996. Parmi
les restes faunistiques des sites humains de cette période, on retrouve aussi le cheval,
tandis que les restes de bison et d’élan y sont extrêmement rares, ce qui représente un
indicateur du climat humide du landschaft à secteurs marécageux (David, 1980, 138 ;
Alexeeva, 1987, 154 ; David, Nadachovski, Pascaru, Wojtal, Borziac, 2003, 85-96).
Le dernier refroidissem,ent considérable du climat et par conséquent – une
oscillation négative de l’environnement est celle qui a eu lieu entre environ 9.200et 8.400 ans
B.P., dénommée Dryas III. Dans la séquence de Cosăuţi, elle est marquée par les dépôts
d’argiles, placés hypsométriquement entre les unités sédimentaires Cosăuţi II et l’horizon B
du sol de l’Holocène ou le sol de tchernozem dont l’accumulation a commencé après la limite
de 8.200 ans B.P. Ce refroidissement a conditionné aussi la préservation dans le landschaft
de la steppe froide périglaciaire avec sa végétation et sa faune spécifiques et qui ont
caractérisé en grandes lignes toute l’époque du dernier Pléniglaciaire würmien. Une stabilité
relativement générale a favorisé au-delà de certaines intensités et discontinuités temporaires
(Djindjian, Kozlowski, Otte, 1999 ; Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, Van
der Plicht, 2003, 63-88 ; Borziac, Haesaerts, Chirica, 2005, 192-195), la présence dans la
zone entre les Carpates et le Dniestr de la population gravettienne tardive (ou
épigravettienne) qui a réussi pour une période de plus de 10.000 années à s’accommoder et
s’adapter dans son essence à l’environnement, ce qui a déterminé une cynégétique
spécifique pour ce qui est des composantes vitales du milieu environnant. Cette cynégétique
incluait pas seulement les possibilités de la nature de fournir des ressources comestibles
accessibles, mais aussi aux capacités adaptives de l’homme de les acquérir et utiliser de
manière si raisonnable et efficace que possible, maintenant en même temps sa place à
travers l’espace géographique de la zone.
7. 2. Les sites de la zone entre les Carpates et le Dniestr pendant la période tardiglaciaire
Pour examiner les sites de la zone en question d’âge tardiglaciaire, nous
utiliserons les données radiométriques exactes, les données relatives géostratigraphiques et
aussi certaines observations techniques-typologiques que nous avons faites pendant l’étude
de certains sites et aussi certains repères paléozoologiques et paléobotaniques qui d’ailleurs
sont plus sûrs seulement pour la détermination des phases finales du tardiglaciaire mais non
pas pour ses phases initiales.
A la suite des investigations personnelles dans la zone sous-carpatique et aussi
conformément aux données publiées par C.S. Nicolăescu-Plopşor (1958), M. Brudiu (1974),
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
346
V. Căpitanu, M. Bitiri (1972), M. Cârciumaru (1980), V. Chirica (1989 ; 1991), etc, Al.
Păunescu attribue « aux phases gravettiennes VI et VII » qui sont synchroniques à l’étape
tardiglaciaire, une série de sites dont nous mentionnons ceux ayant fourni le plus
d’informations et les dates les plus exactes : Poiana Udeşti, attribuée à la phase VII
d’évolution du Gravettien local, Bicaz-Ciungi (phase VI), Bistricioara-Lutărie, niveaux V, VI,
VII (les phases VI, VII), Ceahlău-Bofu Mic, niveau II, Ceahlău-Cetăţica, niveau IV, Dârtu
niveaux IV, V, Podiş, niveaux IV, V (phases VI-VII), Poiana Cireşului, niveau supérieur, etc.
(Păunescu, 1998 ; 1999).
Deux sites de cette zone sont de type svidérien – Ceahlău-Scaune et Bicaz-Chei
(Păunescu, 1998, 112). L’attribution tardiglaciaire des sites énumérés est effectuée d’après
les emplacements des niveaux d’habitat dans les argiles de la dernière couverture du
Pléistocène, des dates plus anciennes que le début de la période tardiglaciaire, d’après la
typologie des outils de travail. La faune est représentée seulement par quelques très rares
os de renne. Ce n’est que dans le site Buda qu’on a découvert une agglomération d’os de
bison, mais il est possible que le niveau d’habitat identifié là-bas soit plus ancien et permette
la corrélation à des sites tels Bol’şaja Akkarja (Sapojnicov, 2003).
Dans la zone du Prout Moyen, à l’étape tardiglaciaire on a attribué les sites Cotu
Miculinţi (niveaux 1-3), Crasnaleuca-Stanişte, terrasse, niveau supérieur, Manoleasa-Prut
(Păunescu, 1999), Costeşti I (Grigor’eva, Chetraru 1983, 24-28), Brynzeni I, niveau II
(Borziac, 1994, 19-40 ; Chetraru, Kovalenko, 1998, 57-67).
C’est dans la sixième étape d’évolution du Paléolithique supérieur de la prairie du
Dniestr laquelle selon lui correspond au Paléolithique final, synchronisé par I. Ivanova à
l’étape tardiglaciaire de l’évolution du processus naturel (Ivanova, 1987, 128) qu’ A.
Tchernysh inclut une série de sites parmi lesquels ceux fournissant le plus d’informations et
les dates les plus précises et documentées sont : Molodova I, niveaux moyen et supérieur,
attribués au Paléolithique supérieur, Molodova V, niveaux 4, 3, 2, 1 et nous y ajoutons : les
niveaux épipaléolithiques 1a et 1b ; Babin I, niveau supérieur, Ataki I, niveau I, Voronoviţa,
niveau supérieur, Cormani IV, niveau 2, 1, tout comme toute une série de sites ou endroits
ayant fourni des matériaux plus modestes peuvent être attribués à la phase tardiglaciaire
(Tchernysh, 1959, 1968a ; 1973 ; 1977 ; 1982 ; 1987). Pendant l’étape finale du
Paléolithique on peut aussi inclure les sites Lisicinichi (Krukowski, 1939, Borisovski, 1953),
Balamutovka II, III, Voronoviţa III, IV, Grusevti III, IV, Ataki V, Cormani II, etc, qui complètent
de manière essentielle le tableau démographique la présence de l’homme cette période de
la zone (Tchenysh, 1973). Nous évoquons ces sites peu étudiés pour concrétiser la situation
démographique dans la zone dans le cadre de l’étape du Paléolithique final, car certains
spécialistes (par exemple Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Loulakovska, Van der
Plicht, 2003, 39 ; Djindjian, Kozlowski, Otte, 1999) considèrent que pendant l’étape
Chapitre 7. Considerations concenant l’evolution du Paleolithique final et du l’Epipaleolithique
347
tardiglaciaire l’Europe Centrale y compris la zone carpatique-dniestréenne était très
faiblement peuplée.
De la sorte, totalisant ces données, nous observons que dans la zone visée, dans
la phase actuelle des recherches on connaît plus de 50 ( ?) sites humains, qui peuvent être
datés avec un degré plus bas ou plus haut de certitude pendant l’étape tardiglaciaire. En
même temps, il faut aussi constater qu’en fait ces sites sont pour la plupart attribués au
Gravettien (ou à l’Epigravettien). Donc, il s’agit d’une continuité constante dans la présence
de ce technocomplexe pour une période très longue pendant la zone prise en considération.
Après les derniers épisodes d’apparition à travers le territoire visé de l’Aurignacien tardif (ou
du « Gravettien épiaurignacien », selon une formule pas trop heureuse, lancée par I.
Sapojnikov (2003, 277), représenté par le site Rascov VII (Kovalenco, 2005, 36-44 ; Borziac,
2005, 6-169), le fond culturel gravettien a été, selon nous, ébranlé dans une certaine mesure
seulement par l’infiltration (ou les processus génétiques initiaux de fondation ?) dans ses
étapes finales d’évolution de réalités typologiques que nous attribuons au Svidérien.
Les sites énumérés se trouvent en diverses situations paléogéographiques : sur
les terrasses hautes des vallées pré-montagnes des Carpates (Brudiu, 1987), les plateaux à
la base de la vallée du Dniestr (Babin I, Voronoviţa I, etc.), sur des colluvions et
promontoires, qui représentent des passages de la troisième terrasse à la deuxième terrasse
du Dniestr et du Prout, sur les terrasses de ces rivières et de ces affluents. Dans la zone
sous-carpatique, les sites humains de cette période occupent dans la plupart des cas les
endroits utilisés déjà antérieurement en tant que dislocations humaines de cette période
dans les étapes plus anciennes du Gravettien et de l’Aurignacien (Păunescu, 1988).
Il est possible que leur emplacement ait été conditionné par deux particularités
cynégétiques et traditionnellement comportementales : 1) dans les endroits de concentration
des rennes avant leur initiation des migrations saisonnières vers le nord et, peut-être, 2) près
des endroits où il y avait des dévoilements naturels de sel, dont le rôle dans l’alimentation et
la préparation des produits a été sans doute connu par les autochtones de la zone. Il n’est
pas exclu que les sources de sel de la zone sous-carpatique aient été découvertes
initialement par les animaux, et servaient d’endroit de concentration de ceux-ci. L’homme,
venant sur cet endroit, ayant pour but la chasse, a découvert aussi les sources de sel qui ont
été plus largement utilisées pendant le Néolithique et les périodes historiques ultérieures. A
l’étape actuelle des recherches, nous ne disposons pas encore de preuves concrètes
suffisantes sur l’utilisation du sel dans le Paléolithique de cette zone, et nos suppositions ne
sont que purement hypothétique. Pourtant, on connaît par exemple que les animaux, sans
l’intervention de l’homme, utilisaient le sel.
Dans les zones du Prout et du Dniestr les sites de cette période étaient tout
comme dans la zone pré-montagne, placés dans les endroits traditionnels d’établissement
des Aurignaciens et des Gravettiens de leurs périodes antérieures d’évolution. Mais leurs
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
348
emplacements présents étaient conditionnés par la présence des passages des rivières des
routes traditionnelles séculaires de migration des troupeaux d’animaux, surtout des rennes
(Borziac, Obadă, 2003, 3-6, 9). Nous remarquons qu’il est possible que les sites de la zone
précarpatique représentent des campements des chasseurs de la fin de l’hiver et du début
du printemps des terrasses du Prout et du Dniestr – sites temporaires ou saisonniers
d’automne et les sites où parmi les restes faunistiques c’étaient les espèces de fond telles le
cheval et le bison qui prédominaient peuvent être considérés comme sites d’été. Mais nous
ne nous permettons pas de diviser les sites en dislocations typiques saisonnières,, avec la
promptitude démontrée par Sapojnikov (2005, 17) et d’une manière tout aussi sûre, bien que
pour notre zone cette division serait peut-être plus documentée, ayant un nombre plus grand
de sites, une multitude de données complémentaires, mais aussi la diversité des conditions
paléogéographiques de leur emplacement dans le cadre du landschaft. Nous supposons que
vers cette étape d’évolution la population gravettienne a développé une plasticité
considérable, une « momerie » d’adaptation extrême par rapport au milieu environnant,
circonstances qui lui permettaient pas seulement d’utiliser les ressources locales mais aussi
d’en exploiter quelques-unes, qui se trouvaient à des distances considérables des endroits
traditionnels de leur emplacement. Par exemple, les ressources en silex de qualité supérieur
sur le Dniestr Moyen, le Prout Moyen étaient connues aux Aurignaciens et aux Gravettiens
de la vallée de Bistrita (Borziac, Chirica, 1999, 67-70) de la dépression intra-montagnes de
l’Hongrie. Il est possible que l’ambre dépistée à Cosăuţi dans le niveau 5 d’habitat provient
de la zone de la ville contemporaine Zitomir de l’Ukraine (Borziac, 2006, 33). La découverte
des nouvelles ressources matérielles, situées à des distances considérables des endroits
traditionnels d’emplacement, y compris de ceux antérieurement inconnus, avait lieu dans le
cadre des investigations de chasse dans ces temps-là, et qui lorsque les résultats étaient
positifs était suivie par des migrations humaines plutôt massives. Cette stratégie cynégétique
de l’homme du Paléolithique supérieur a été analysée plus en détail par O. Sofer (1985, 127-
215). Ici nous exposons la possibilité que certains sites de la zone nord-pontique dans la
faune desquels c’est le bison qui prédomine (Anetovka II, Bol’saja Akkarja, peut-être Buda
de la zone de pré-montagne des Carpates Orientaux), représentent des sites d’été des
Gravettiens qui migraient vers l’est pendant l’année, lorsque dans la zone, en l’absence du
renne, les ressources alimentaires étaient limitées. Il est possible qu’à la suite de
l’application d’une telle stratégie certaines collectivités gravettiennes tardives aient migré
vers la vallée du Dniesrt vers l’est (Vladimirovka) et peut-être à des distances encore plus
grandes, vers le sud-est, atteignant le territoire de la Crimée (Bibicov, Stanko, Cohen, 1994,
129-150).
Les sites de l’étape finale du Paléolithique de la zone entre les Carpates et le
Dniestr ont été étudiés à travers des surfaces différentes, tout en appliquant diverses
méthodes de recherche et ont fourni des collections de matériaux différentes. Ceci se réfère
Chapitre 7. Considerations concenant l’evolution du Paleolithique final et du l’Epipaleolithique
349
aussi bien à leur classification comme source informative qu’à la quantité, qui permet
l’évaluation de la situation démographique locale à l’étape du Paléolithique final. Ces
particularités impliquent des difficultés sérieuses pour ce qui est du processus d’examen
technique-typologique, planigraphique, stratigraphique, de la structure de l’inventaire –
procédures très nécessaires pour la détermination du vecteur de la tendance évolutive
générale vers la fin du Paléolithique. Mais, en dépit de ce qu’on a mentionné, nous
considérons qu’il est pourtant possible d’investiguer la soi-disante transformation locale du
Gravettien en Mésolithique, ou, de manière plus concrète, de déterminer la possibilité ou
l’impossibilité, sur ces bases, d’étudier la transition directe du Gravettien tardif (ou de
l’Epigravettien) au Mésolithique, tel que certains chercheurs l’indiquaient (Tchernysh, 1973 ;
1975, Chetraru, 1973 ; Kovalenko 2003). Pour effectuer cette opération, il est nécessaire
d’analyser les principaux groupes de pièces des spectres typologiques des sites
tardiglaciaires de la zone qui ont fourni le plus d’informations.
7. 3. Technique de débitage, particularités de la structure et de la typologie des industries du Paléolithique final entre les Carpates et le Dniestr
La longue évolution du Gravettien local pas seulement suppose mais aussi
dénote une évolution évidente de la technique de transformation primaire et secondaire de la
pierre, des innovations et des disparitions du répertoire des pièces typiques des outils de
travail et des armes en pierre, os, corn, ivoire – particularités empreintes dans les restes des
sites humains. On considère que pendant son évolution, la technique lamellaire de
percussion s’est perfectionnée et le résultat en est représenté par les changements formels
subis par les principales formes d’éclatement ( Borziac, Chirica, Văleanu, 2003, 31-45).
La technique de percussion. Pendant toute l’évolution du technocomplexe, y
compris de la zone carpatique-dniestréenne, c’est la technique quasi-parallèle de débitage
qui a persisté dans le domaine de la percussion ; parmi les nucléus, initialement les
exemplaires à plusieurs talons étaient plus fréquents, suivis par les nucléus bipolaires à
talons inclinés (ou obliques, par rapport au front de percussion) et les nucléus coniques
étaient extrêmement rares. Les nucléus pyramidaux épuisés n’étaient pas du tout présents
dans les industries. Plus tard, la modalité d’amincissement de la soi-dissante partie dorsale
du nucléus par des enlèvements bilatéraux transversaux et le procédé de rotation et de
changement consécutif du front de percussion. Par l’enlèvement du tranchant aigu de cette
manière, qui servait initialement pour fixer le nucléus, on obtenait de nouveau des lames
étroites et longues, la première en étant une lame à crête. Pendant l’étape finale du
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
350
Les principaux groupes de pièces des sites du Paléolithique final et de l’Epipaléolithique de l’espace carpatique – dniestréen (dressé par I.Borziac). Sites
Groupes
de pièces
Mol
odov
a, I,
n. 2
Mol
odov
a, I,
n. 1
Mol
odov
a, V
, n. 3
Mol
odov
a, V
, n. 2
Mol
odov
a, V
, n. 1
a
Mol
odov
a, V
, n. 1
Cor
man
i IV
, n. 2
Cor
man
i IV
, n. 1
Cor
man
i IV
, n. B
Cor
man
i IV
, n. A
Ose
livca
I, n
iv. s
up.
Ose
livca
III
Sili
ste
Cos
test
i I
Total des pièces
5583 17525 8032 4595 6050 4125 2403 410 141 387 6082 1283 740 16740
Nucléus 187 598 123 160 118 189 81 21 17 56 596 74 16 1435 Quasi-prismatiques
12 397 121 132 96 142 54 8 3 42 408 51 9 997
Pyramidaux 6 11 2 3 1 6 3 1 1 3 2 3 3 Lames, lamelles, fragments
1729 5971 1605 1253 589 950 404 134 - 76 1553 237 225 437
Eclats 3423 10365 6309 2286 4111 2131 1918 255 39 292 5105 184 586 10470 Pièces à transformation secondaire
244 576 267 231 243 304 102 28 112 39 379 112 138 462
Burins 126 286 183 141 131 179 44 15 12 9 124 55 18 132 D’angle 61 148 79 87 81 111 16 7 8 3 89 37 7 47 A retouches latérales
58 112 93 27 37 46 25 7 3 6 27 11 8 64
Sur cassure 7 26 11 17 13 22 3 1 5 - 11 9 2 21 Grattoirs 45 80 37 32 39 48 19 3 - 7 95 12 29 171 Simples-lames 23 42 19 23 24 30 9 2 2 4 67 7 16 94 Simples-éclats 7 12 4 3 2 2 3 1 3 1 12 2 2 46 Arrondis 3 6 3 2 3 5 2 - - - 3 1 5 20 Hauts 2 3 6 1 3 6 1 - - 1 2 - - 13 Latéraux 6 6 3 2 5 2 3 - - 1 7 -2 5 24 Doubles 1 4 2 1 2 - - - - - 2 - 1 1 Angulaires - - - - 1 - - -1 - 3 1 - 12 Grattoirs-burins 2 7 - 1 1 2 2 - - - 3 2 - 14 Pointes La Gravette
6 5 8 6 2 2 - 1 - - 5 1 3 12
Pointes Svider - - - - 1 2 - - - - 3 2 3 - Pointes-triangles
- - - - 1 - - - - - 3 - - -
Pointes-lames 4 2 3 2 4 2 2 2 - 1 5 3 3 5 Segments - - - - 2 - - - - - 2 - - - Trapèzes - - - ? ? - - - - - - Rectangles 3 8 1 - - 2 - 2 - - 9 3 - 11 Lames à dos 47 24 9 20 22 6 8 4 - - 22 - 3 30 Lames retouchées
28 13 30 9 20 36 16 4 - 18 88 12 37 89
Troncature droite
8 2 - - 2 2 1 - 4 - 5 2 - 6
Troncature oblique
5 3 - 2 1 3 1 - - - 3 3 - 5
Pièces à coche 14 8 4 8 - 12 2 1 3 3 6 3 5 39 Perçoirs 12 3 1 - 2 2 1 1 1 2 6 3 - 12 Pièces Tranche 1 - - - - - - - 1 3 - - - 1-
*Ce tableau présente les industries du Dniestr Moyen les plus fréquemment
invoquées dans les discussions concernant la « microlithisation », la « géométrisation » et la
transition du Gravettien local au Mésolithique.
Chapitre 7. Considerations concenant l’evolution du Paleolithique final et du l’Epipaleolithique
351
Gravettien de la zone, on a assisté à l’apparition de procédés évolutifs de perfectionnement
du processus de réalisation des lames et surtout des lamelles. Le premier en est l’utilisation
des éclats massifs en tant que nucléus. Leur éclatement sur un côté longitudinal pour obtenir
les lames et lamelles étroites et minces peut être considéré comme une innovation qui a
commencé à être implémentée après environ 18.000 ans B.P. et qui a évolué jusqu’à la fin
du Paléolithique supérieur. Des nucléus secondaires, à partir des éclats ont aussi été
produits. Une seconde particularité du processus évolutif de percussion est la modalité
d’utilisation plus ample et plus fréquente des médiateurs dans le processus de percussion.
Ce trait, même en l’absence des médiateurs dans les collections, peut être suivi par la
présence d’un nombre toujours plus avancé de semi-fabriqués à talons ponctiformes (jusqu’à
35% de leur nombre total) mais aussi par l’absence des « gouttières » sur les bords des
talons des nucléus, qui indiquent une technique de percussion par frappes directes. Ces
particularités innovatrices sont caractéristiques pour tous les complexes tardiglaciaires, y
compris pour ceux considérés par A. Tchernysh comme appartenant au Mésolithique ancien
(Tchernysh, 1973 ; 1975). Ce n’est que dans les complexes épipaléolithiques qu’on identifie
certains nucléus épuisés pyramidaux (en forme de crayon) mais ils n’atteignent pas encore
la perfection de ceux des complexes mésolithiques proprement-dits de la zone.
Nous considérons que les soi-disants « marteaux-pioches » en bois de renne, évidemment
fréquents dans les industries du Gravettien moyen et tardif de la zone ont été pour la plupart
utilisés en tant que médiateurs, parfois soutenus par des outils auxiliaires en silex.
La microlithisation en tant que processus évolutif de transformation secondaire de
la pierre. On considère que vers la fin de leur évolution, les industries paléolithiques de la
zone présentent une évidente tendance vers la « microlithisation » (Tchernysh, 1975) qui se
manifeste aussi bien dans la réalisation des semi-fabriqués bruts mais aussi dans leur choix
pour la réalisation des outils de travail, dans les dimensions moyennes des outils typiques.
Nous mentionnons que la principale prémisse dans le processus de
microlithisation (bien sûr dans le cadre des possibilités limitées objectivement par les
particularités physiques du silex) a été le perfectionnement et l’adaptation continuelle de la
main de l’homme comme instrument intermédiaire entre la raison et l’objet du travail. La
deuxième prémisse a été l’accumulation de la pratique de travail, le perfectionnement et la
standardisation des outils de travail, lesquels en dernière instance, étaient modelés par les
particularités de leur utilisation traditionnelle. La troisième prémisse a été la transition
graduelle à l’utilisation des pièces standardisées pour la réalisation de certains types
d’opérations ou de leur application à la transformation de certaines matières premières ;
dans ce cas aussi, la standardisation et la limitation du nomenclateur des outils de travail du
Paléolithique final local sont déterminées par les nécessités de la chasse et la transformation
des produits provenant de la chasse surtout du renne (Borziac, 2006). Mais en aucun site
attribué au Paléolithique final les dimensions des outils n’atteignent une limite minimale qui
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
352
pourrait indiquer la transition du Paléolithique final au Mésolithique. Les dimensions de
certains groupes d’outils sont réduites (par exemple les lamelles à retouches fines sur les
bords, et avec les bords à retouches abruptes) à cause de leur utilisation en tant
qu’application pour les outils composites. Ce type d’outils est apparu dès les phases initiales
du Paléolithique supérieur européen (Palma di Cesnola, Dini, 1971) et il n’est en aucun cas
nécessaire de lier cette particularité de la transition au Mésolithique bien que c’est justement
pendant le Mésolithique que de tels outils sont arrivés à leur étape d’éparpillement maximal
et à leur plus grande diversité typologique.
Le tableau présenté indique le fait que tous les sites du Paléolithique final dans la
zone tout comme dans les périodes précédentes d’évolution du Gravettien local, les burins
sont en fait dans tous les cas plus nombreux que les grattoirs, et aussi que d’autres groupes
de pièces typiques. Pendant les étapes moyennes de son évolution (23.000-16.000 ans
B.P.) parmi les burins c’étaient les exemplaires à retouches latérales, d’angles qui
prédominaient pendant l’étape du Paléolithique final. Leur multitude parmi les outils est
probablement déterminée par les processus intenses d’utilisation en tant que matières
premières pour la réalisation des outils de travail, armes, pièces de parure, accessoires pour
la chasse, transport, etc, des matériaux durs d’origine animale, et avant tout de l’ivoire et en
spécial du bois de renne. La disparition de ces matières premières en même temps avec
l’instauration de l’Holocène a changé de manière évidente la structure de ces groupes
d’outils typiques. Pendant le Mésolithique, les grattoirs prédominent partout les autres
groupes d’outils typiques. Le tableau présenté montre que dans tous les sites les grattoirs
sont en position secondaire par rapport aux burins à l’intérieur des collections de pièces
lithiques.
La microlithisation dans la typologie du Paléolithique final s’est manifestée par la
diminution des dimensions des grattoirs sur lames, par l’apparition dans un nombre
considérable des grattoirs sur éclats (comme exemple évident – la collection de grattoirs de
ce genre du site Costeşti I (voir fig. 58, 120-123, 127) y compris des grattoirs latéraux sur
éclats. Mais cette tendance a été elle aussi en grande partie dictée par les particularités
physiques des peaux de renne, lesquelles à la différence de celles de bison et de cheval
sont plus fines et méritent une transformation plus minutieuse. Ceci parce que la graisse est
en contact direct avec les racines des fourrures animales, lesquelles à la différence de celles
de cheval et de bison nécessitaient une préservation intacte mais aussi d’être suffisamment
fixée dans la peau pour pouvoir être utilisée à la réalisation des vêtements, des accessoires
etc. Nous pouvons dans ce cas aussi supposer que le « caractère aurignacien » des
industries lithiques de certains sites du Paléolithique supérieur des steppes nord-pontiques,
datés à l’âge moyen de 20.000 ans B.P. a été conditionné par les occupations permanentes.
La présence des grattoirs à formes hautes, carénés, nucléiformes, à museaux etc. s’est
consolidée pendant plusieurs siècles à cause de l’utilisation de ces formes d’outils à la
Chapitre 7. Considerations concenant l’evolution du Paleolithique final et du l’Epipaleolithique
353
transformation des peaux de bison et cheval, devenant le long du temps traditionnels des
composantes des industries lithiques. D’ailleurs, le traditionalisme, développé sous diverses
formes de la culture matérielle et représente, en fait, le contenu de chaque culture
archéologique.
Dans l’espoir de ne pas trop détailler le sujet, nous nous référons pourtant à cette
particularité fréquemment controversée de l’évolution des industries lithiques à l’étape finale
du Paléolithique supérieur et de transition au Mésolithique, connue sous le nom de
géométrisation de certains types d’outils. Nous mentionnons que, pendant l’évolution du
Paléolithique supérieur européen, quelques étapes du début du processus de géométrisation
peuvent être observées.
- La première tentative de commencement du processus désigné par nous en tant que
géométrisation est identifiée dans les industries de transition du Moustérien au Paléolithique
supérieur de la culture Uluzzienne, sur le territoire de la péninsule Apenninne. A l’intérieur de
celles-ci, parallèlement aux racloirs, pointes moustériennes, pièces denticulées, on rencontre
aussi des pièces du type « segment de cercle », assez grossières, mais aussi assez
distinctives comme type et définies comme formes. Leur manière d’utilisation est vague,
mais on a exposé l’hypothèse qu’elles étaient enfilées dans des manches de bois (Palma di
Cesnola, 1966). C’est toujours pendant l’étape ancienne du Paléolithique supérieur qu’on a
situé certaines pièces de formes géométriques, « quadrilatères » et « trapèzes » dépistées
dans le niveau C du site Buran – Kaya III de Crimée, daté à 31.000-33.000 et 35.000-38.000
ans B.P. Ce niveau d’habitat a fourni une série de « trapèzes » réalisés à partir d’éclats, aux
bords transformés par des retouches plates, identiques à celles appliquées sur les pièces de
type « esquilles ». Il n’est pas exclu que ces pièces fussent utilisées en tant qu’armature
pour les outils composites à manches. Le niveau C de la grotte Buran-Kaya est attribué au
Szélétien de Crimée. Une telle « géométrie » dans les cultures paléolithiques ultérieures de
Crimée, mais aussi d’autres zones de l’Europe, n’a pas été encore découverte dans un autre
site.
- Un autre essai de géométrisation est signalé dans certaines industries gravettiennes
moyennes de l’Europe Centrale. Par exemple, les segments de cercle ont été dépistés dans
un site du Gravettien moyen de la zone de la Krakowie, Pologne – Zwierzyniec, à côté des
pointes bifaces (J. K. Kozlowski, Saches-Kozlowska, 1981, 35-41). Dans les sites du
Gravettien « oriental » avec des pièces à cran de type Pavlov-Predmosti on a aussi dépisté
certains « segments de cercle » allongés et certains triangles asymétriques à retouches
abruptes sur les bords (Klima, 1976, 66 ; Svoboda, Klima, Iarosova, Skrdla, 2000, 197-217).
Les sites de la culture Pavlov sont datés à environ 25.000-23.000 ans B.P. (Svoboda, Lozek,
Vlcek, 1996).
- Les segments de cercle ont été aussi dépistés dans le Paléolithique supérieur de la
Prairie du Prout. De la sorte, dans les sites Corpaci, niveau inférieur, Ripiceni-Izvor, niveau
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
354
2a, Trinca-Izvorul lui Luca on a dépisté « pointes allongées » à un bord courbé, à retouches
abruptes. L’inventaire de ces sites contient aussi des pointes bifaces, racloirs et lames à dos,
lamelles à bord abattu, rarement des pointes gravettiennes. Le niveau inférieur du site
Corpaci est daté à 25.250±300 B.P. (GrN-9758). A partir de certaines estimations
techniques-typologiques et de corroboration, ces sites ont été unis dans la culture Prout,
mise en évidence par nous dans le cadre du technocomplexe aurignacien local (Borziac,
1994, 19-39 ; Chirica, Borziac, Chetraru, 1996, 33 ; Borziac, Leviţki, 2003, 28-53) (voir fig.
186, 197).
- Pendant le Gravettien final, ou l’Epigravettien, dans la zone entre les Carpates et le
Dniestr (d’une manière plus évidente que dans d’autres zones de l’étendue du Gravettien
oriental), un autre essai de géométrisation a été effectué. Celui-ci a été liée directement de
l’évolution des outils composites à manches en bois d’animal, os et peut-être bois. De tels
manches sont rencontrés dans le niveau 7 du site Molodova V, où il y aussi des « pointes
trapézoïdales » et « lames à deux bouts retouchés » (Tchernysh, 1987, 52-56). Les pièces
de configuration géométrique – rectangles allongées, parfois à bouts légèrement retouchés,
obliques, ou à un bord à retouches abruptes – deviennent répandues dans le niveau 6-1a de
ce site, et, avec les manches longitudinaux en os (Borziac, Beldiman, 1996, 52-56). Dans le
niveau 1 et Ia de ce site, ces résultats de la « géométrisation gravettienne antérieure » sont
annoncés par A. Tchernysh en tant que témoignages du démarrage du Mésolithique ou en
tant qu’éléments qui confirment l’évolution du Paléolithique local final vers le Mésolithique
(Tchernysh, 1987, 50-80). De tels « rectangles » sont rencontrés dans certains niveaux
d’habitat du site Podgori I, où on a aussi dépisté un manche en bois de renne avec une lame
de ce type préservée dans l’ensemble du manche (Borziac, 1995, 173-182) (voir fig. 119).
Pourtant, ces pièces ont connu une évolution évidente dans les niveaux d’habitat du site
Cosăuţi, car on les a dépistées en chacun de ces niveaux-ci. Les plus représentatives pièces
de ce type ont été dépistées dans les niveaux d’habitat gravettien 7-3.
En d’autres mots, ce que nous avons présenté ci-dessus nous donne la
possibilité de considérer que la géométrisation pas seulement qu’elle représente une
caractéristique exclusive des industries et la typologie du Mésolithique, mais aussi que la
dans la zone la géométrisation qui a existé dans le Gravettien n’a pas connu d’évolution
dans le Mésolithique local.
Pour conclure cette étape de notre exposé, nous constatons que ni la typologie
des principaux groupes d’outils et leur structure, ni la « microlithisation » ni la
« géométrisation » du Paléolithique supérieur local y compris dans le cadre des complexes
tardiglaciaires qui ont évolué entre 14.500 et 10.000 ans B.P. n’ont conditionné la transition
locale au Mésolithique. Selon nous, à la fin du Paléolithique supérieur de la zone, le
Svidérien a aussi acquis une certaine implication dans le cadre culturel local. Le Svidérien
est une culture épipaléolithique à plusieurs subdivisions territoriales et temporelles de
Chapitre 7. Considerations concenant l’evolution du Paleolithique final et du l’Epipaleolithique
355
l’Europe Centrale de Nord et d’Est (Zaliznyac, 1989 ; 1999, 37-62). Dans certains compelxe
du « Mésolithique ancien » de la zone du Dniestr (Tchernysh 1975) et aussi de la zone sous-
carpatique, on mentionne les présences typologiques du Svidérien et pour décrire d’une
manière plus complète le problème du Swidérien dans la zone, nous allons approcher cet
aspect aussi, et nous espérons apporter ainsi notre contribution à ce propos.
7. 4. L’épisode swidérien dans l’Epipaléolithique de l’espace carpatique-dniestréen
Dans les années 1967-1972, I. Rafalovici et V. Lăpuşneanu ont étudié un site
néolithique, un autre médiéval ancien et deux nécropoles de la période La Tène de la
première époque du fer et, respectivement, des nomades tardifs, placés sur un promontoire
près du village Seliste, le département Orhei, à la droite de la vallée Răut. Parmi les
matériaux lithiques du site, néolithique selon eux (Rafalovici, Lăpuşneanu, 1974, 104-140),
nous avons mis en évidence une collection de plus de 300 pièces lesquelles, d’après la
technique de débitage, la typologie des pièces typiques et la présence de la patina ont été
attribuées au Mésolithique (Corpaci, 2001, 36). Parmi celles-ci, on a aussi dépisté une pointe
swidérienne typique à pédoncule réalisée à partir d’une lame. Les recherches ultérieures de
1974, 1984, 1986, 2000, 2002 et 2004 ont permis de déterminer à la surface du promontoire
de Seliste plus de 400 autres pièces de facture mésolithique parmi lesquelles un fragment et
une pointe svidérienne complète, des matériaux dont l’ensemble nous a permis d’établir que
ce faciès de l’Epipaléolithique (ou de la culture swidérienne) caractérise aussi le territoire
entre le Dniestr et le Prout. Auparavant, A. Tchernysh a signalé la présence de telles pièces
significatives aussi dans certains sites du Paléolithique final et du Mésolithique ancien de la
prairie du Dniestr. De la sorte, il confirme la présence singulière ou tout en plus par 2-3
exemplaires des pointes de flèche svidériennes à Sanatauca I, Oselivca I, niveau supérieur,
Molodova I, niveau mésolithique, Ataki VI (y compris 2 pointes triangulaires), Babin III
(Tchernysh 1975, 58-114). En 1975, l’un des auteurs (I. Borziac) a eu l’occasion d’analyser
les matériaux mésolithiques de la collection d’A. Tchernysh qui se trouvaient à l’Institut de
l’Etude de l’Ukraine de Lvov et a dépisté dans le niveau I du site Molodova V 2 pointes
swidériennes, le niveau en question étant attribué par A. Tchenysh au Mésolithique ancien.
Ce niveau d’habitat a l’âge radiométrique de 10.940±150 ans B.P., est synchronisé au début
de l’oscillation positive Alleröd (Ivanova, 1987, 122) et peut nous servir de bon repère
chronologique dans notre exposé actuel. A côté de ces pointes, on a découvert des
industries qu’on peut considérer en fait comme épipaléolithiques anciennes mais à une
évidente spécificité mésolithique et selon nous les industries en question n’ont pas une
origine locale. C’est ainsi qu’on distingue une série de sites épipaléolithiques, épigravettiens
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
356
au fond, mais à certains éléments (surtout des pointes svidériennes à pédoncule),
caractéristiques et relevantes pour la culture swidérienne, qu’on peut interpréter de plusieurs
manières : a) comme points temporaires de présence des Swidériens dans la zone le long
de leur migration vers le sud-est, lorsqu’ils sont arrivés jusqu’en Crimée (Vekilova, 1971 ;
Bibikov, Stanco, Cohen, 1974) ; b) comme sites, où ceux-ci ont par endroit acquis un
éparpillement certains types du massif Swidérien des zones plus nordiques et ; c) comme
zone, qui a connu le début de la formation du Swidérien à partir du Gravettien local ; cette
particularité nous permettrait de manière plus explicite à supposer par exemple le départ des
Gravettiens vers le nord, à la suite de la retraite des rennes pendant l’Epipaléolithique
lorsque la culture swidérienne a démarré. La majorité des chercheurs considère que la
constitution du Swidérien a été possible par la collaboration de plusieurs éléments
typologiques du Gravettien (Epigravettien) de l’Europe Centrale (y compris le territoire de la
zone carpatique – dniestréenne, qui dans l’étape présente du Paléolithique final avait la plus
consistante population gravettienne d’Europe). La plupart des chercheurs considèrent aussi
que les Swidériens (tout comme les Gravettiens d’ailleurs) étaient surtout des chasseurs de
rennes. Laquelle de ces explications, tenant compte des matériaux connus jusqu’à présent,
serait pas seulement vraisemblable mais faciliterait aussi l’explication de la retraite de la
population tardigravettienne de la zone et son remplacement par la population
mésolithique ? Acceptant la date d’environ 11.000 ans B.P. pour le déclanchement du
« phénomène swidérien » ou des cultures à pointes de flèches réalisées à partir de lames, y
compris à pédoncules, en Europe d’Est (la zone est-baltique, la Plaine nord-européenne, et
est-européenne, date relative, synchronisée au début de l’oscillation positive Alleröd, mais
aussi à la date exacte du niveau I d’habitat de Molodova V), nous considérons que notre
hypothèse, ou modèle de changement des populations dans la zone, a des positions assez
rigides. Les deux autres explications de la présence du Swidérien dans la zone carpatique-
dniestréenne sont aussi dignes à être prises en considérations, care ensemble elles méritent
une approche spéciale.
7. 5. Discussions
Suivant les opinions de certains chercheurs, qui se sont occupés de l’étude du
processus naturel du Quaternaire tardif de la zone mais aussi des aires plus larges, nous
considérons que l’évolution du Paléolithique final a coïncidé à l’étape tardiglaciaire (environ
14.500-10.000 ans B.P.), l’Epipaléolithique à l’étape de déstabilisation du processus naturel
(environ 12.000-10.000 ans B.P.), étape qui a mis fin au dernier Dryas. Donc,
l’Epipaléolithique représente, en fait, une continuation de l’évolution du Paléolithique final
dans des conditions climatiques nouvelles. Le Mésolithique, dans sa forme ou ses
Chapitre 7. Considerations concenant l’evolution du Paleolithique final et du l’Epipaleolithique
357
hypostases culturelles rencontrées dans l’espace carpatique-dniestréen, met en évidence
des phénomènes de l’étape d’évolution ancienne de l’Holocène et, du point de vue de la
stratigraphie des dépôts sa place serait légitime dans les sédiments du début de
l’accumulation de l’horizon B du sol de type tchernozem. Tel que tout ceci l’indique, nous
arrivons à la conclusion qu’il faut attribuer les sites humains où la faune présente encore des
restes du renne à l’Epipaléolithique, ou en lignes générales au Paléolithique final. C’est dans
cette étape d’évolution qu’on a encadré tous les sites dont les industries ont été mentionnées
dans le tableau présenté ci-dessus mais aussi beaucoup d’autres encore, qui n’ont ni
stratigraphie sûre, ni faune mais dont les matériaux sont similaires à ceux-ci. Certes, dans ce
groupe, on a aussi inclus le niveau II de la grotte Brynzeni I, laquelle en base d’un os de
sanglier (qui pourrait apparaître dans la collection de la faune du niveau épipaléolithique
accidentel à l’intérieur du niveau de tchernozem ci-dessus, qui contient des restes de la
culture matérielle des époques plus tardives (Chetraru, 1970) et une pointe à bord courbe
retouché de manière abrupte - type qui est rencontré dans les complexe épipaléolithiques
(Tchernysh, 1975) a été attribué de manière incorrecte selon nous au Mésolithique
(Chetraru, 1973, 142-143 ; Chetraru, Covalenco, 1998, 57).
La microlithisation graduelle des industries de l’époque comprise entre environ
20.000 et 10.000 ans B.P., ayant aussi des explications plus vraisemblables que leur
évolutionnisme inhérent, à propos desquelles nous avons déjà exprimé notre opinion ci-
dessus, n’a pas mené à la formation des industries mésolithiques locales dans la zone
considérée par nous. On n’a pas finalisé ce soi-disant processus antérieur (Tchernysh 1973,
43-105 ; 1975 ; Dolukhanov, 1977, 13-16 ; 1979, 152 ; Doluhanov, Paschevici 1977, 134-
144 ; Stanko, 1992, 18-27) ni à la suite des tentatives de géométrisation présentes en
diverses industries du Paléolithique supérieur d’Europe, y compris de l’espace visé par nous.
L’apparition dans les industries du Paléolithique supérieur des microlithes « géométriques »
a été examinée dans un travail antérieur par G. Grigor’eva (1983, 55-61). Les observations
utiles faites par ce chercheur, la révision des sites à microlithes dans les industries du
Paléolithique supérieur d’Europe (Borziac, Grigorieva, Chetraru, 1981, 64-75) sont pour nous
évidemment importantes et nous les acceptons de plein cœur. En même temps nous avons
certaines réserves par rapport aux conclusions exposées dans ce travail. G. Grigorieva
remarque : « on peut constater que les segments ont été une composante des industries
lithiques tout le long de l’évolution du Paléolithique supérieur et à sa fin – les trapèzes
aussi ». Nous avons établi que les segments dans les différentes industries n’ont été
présents que de manière sporadique : ils ont eu des formes, proportions et utilisations
différentes et en fait ils représentent une exception qui en aucun cas, particulier, concret, n’a
mené à l’apparition des industries de « type azilien », à segments dont l’origine, selon nous,
n’est ni en Europe d’Est, ni en Europe Centrale, y compris dans la zone carpatique-
dniestréenne. Les industries « aziliennes » à segments dans leur inventaire sont apparues
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
358
en Europe d’Est (par exemple en Crimée (Bibikov, Stanko, Cohen, 1994, 202-205), dans le
sud de l’Europe Centrale ( ?) ou du Proche Orient où elles sont datées à environ 14.400 ans
B.P. Il est possible qu’à la base de leur évolution il y a eu les industries de type Clisura du
territoire de la Grèce (Boroneanţ, 2000, 362). On peut aussi constater que les rares
segments des industries locales de la fin du Paléolithique supérieur, parfois considérées
comme mésolithiques anciennes (Taxobeni, Brynzeni I, niveau supérieur) (Borziac, 2002 ;
Covalenco, Chetraru, 1999, 15-22) sont une expression de l’infiltration dans la zone des
groupes isolés de chasseurs du Danube Moyen (Boroneanţ, 2000, 366).
Nous considérons que la fin de leur évolution s’est produite chaque fois à cause
des changements cyclique dans l’environnement, qui déterminaient de nouvelles directions
d’activité cynégétique et, donc, l’utilisation de certains types d’outils. Pourtant, ni la
microlithisation ni la géométrisation n’ont pas déterminé la transformation du Paléolithique
final en Mésolithique dans cette zone.
Selon certaines appréciations, le Paléolithique supérieur « représente l’époque de
la chasse collective spécialisée de grands herbivores dans des espaces ouvertes (toundra –
steppe froide) de l’Europe périglaciale », et le mésolithique « représente l’époque de la
chasse individuelle, non spécialisée, à l’aide des armes à distance (l’arc et les flèches) dans
le cadre des espaces fermés, emboisés (Zaliznyak, 1998, 224-230). Selon nous, ces
appréciations sont trop générales pour être nécessairement correctes. Tout d’abord, le
Paléolithique supérieur a évolué pendant longtemps en diverses zones climatiques de
l’Euroasie, y compris chaudes, mais aussi à montagnes et de prémontagnes et assez
emboisées, surtout pendant les époques interstadiales. La faune des sites paléolithiques, y
compris ceux situés dans la zone périglaciale, est représentée par des restes ostéologiques
d’animaux qui vivaient associés en troupeaux ou menaient une vie surtout solitaire.
Deuxièmement, les armes à distance (l’arc et la flèche, propulseurs pour les dardes) ont été
largement utilisées pendant le Paléolithique supérieur (Praslov, 1982, 232-233 ; 1991, 44 ;
Borziac 2004, 50-54). Des pointes de flèche en os et en silex ont été dépistées dans le site
Cosăuţi dans les niveaux d’habitat dont l’âge est de plus de 17.000 ans B.P. (Borziac, 1991,
69, fig 4-8, 10, 11), dans le site Anetovka II (Stanko, Grigor’eva, Schvaiko 1989, 46-48), faits
qui infirment les situations mentionnées. Selon nous, l’Epipaléolithique, dans le cadre de
nouvelles conditions climatiques globales, causées par les métamorphoses de
l’environnement et leurs conséquences pour le monde végétal et animal. Tout comme dans
le Paléolithique supérieur, l’évolution de l’économie basée sur la chasse et la récolte a
continuée pendant le Mésolithique, et pendant cette époque le type anthropologique de la
population ne s’est pas modifié.
La question suivante se pose donc : pourquoi la transition du Paléolithique au
Mésolithique donc, et par la suite à l’agriculture et à l’élevage du bétail ne s’est pas produite
par exemple pendant l’interstadial Arcy (Denecamp) – Kesselt – Bryansk – Dofinovka ? Nous
Chapitre 7. Considerations concenant l’evolution du Paleolithique final et du l’Epipaleolithique
359
considérons que cette période de transition n’a pas démarré à cause du fait que la
population de l’Eurasie de cette période-là n’avait pas encore accumulé cette quantité de
connaissances y compris pratiques, sur l’environnement, qui lui aurait permis un nouveau
saut qualitatif dans le processus cynégétique d’adaptation au milieu. Ceci aurait été possible
seulement après la transition par les âpres conditions de vie du dernier Pléniglaciaire lorsque
la saturation du bagage de connaissance sur l’environnement s’est produite et on a par
conséquent accumulé de nouvelles qualités d’adaptation.
On considère, parfois même de manière explicite, que dans l’étape du
Paléolithique final, la population de la zone pléniglaciaire de l’Euroasie a supporté une crise
économique acute, favorisée par l’étroitement de l’espace géographique vital,
l’appauvrissement évident de la végétation et la raréfaction ou parfois même la disparition de
certaines espèces d’animaux qui constituaient la base alimentaire de l’homme. Ce n’est pas
en dernière instance que cette crise est devenue possible aussi en tant que résultat naturel
de l’augmentation du nombre de la population et de l’extermination conséquente par
l’homme de certaines espèces d’animaux du Quaternaire tardif, qui jouaient un rôle
important dans l’alimentation de la population locale, telles le mammouth, le rhinocéros
laineux, le bison. Ces considérations ont été à plusieurs reprises affirmées aussi pour ce qui
du territoire de la zone de sud de la Plaine Est-Européenne (Stanko, 1980, 5-21 ; 1982, 45-
51 ; 1990, 11-13) et dans plusieurs aspects les chercheurs ont probablement raison. Mais
nous indiquons toute une série de facteurs compensateurs de la crise économique
mentionnée qui ont eu un caractère aussi bien objectif que subjectif.
Comme facteurs compensateurs objectifs, on peut énumérer :
- l’élargissement de l’espace vital en dépendance de la régression vers le nord de la zone
arctique et en rapport avec ceci, le reflux de la population dans les nouveaux espaces et la
décompression de la situation démographique ;
- l’enrichissement efficient de la flore et de la faune à case du chauffage et la hausse du
degré d’humidité ;
- la multiplication des espèces animales de forêt qui menaient une manière de vie surtout
solitaire, comme compensation de la réduction essentielle des animaux de troupeau et du
renne migrateur ;
- la formation, à la suite de la dégelée et la retraite du glacier, des bassins aquatiques, des
espaces lacustres et des marécages, lesquels ont évidemment favorisé la multiplication des
espèces d’oiseaux qu’on pouvait chasser à l’aide de l’arc et de la flèche, l’utilisation en
alimentation des poulets et des œufs, la pratique de la pêche comme source de complétion
des produits alimentaires, l’introduction dans l’alimentation des mammifères aquatiques et
des mollusques, aussi bien aquatiques que terrestres ;
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
360
- l’utilisation plus ample et plus multilatérale du bois dans l’activité domestique (la
construction des bâtiments, outils de travail, de chasse et de pêche), le bois devenant peu à
peu plus varié et plus accessible que le corne et l’ivoire et aussi plus facile à transformer ;
- le dévoilement à la suite de la dégelée et de la retraite du glacier, de la dégelée de la
glace multiannuelle, de nouvelles sources de matière première dure pour la réalisation des
outils de travail, y compris des galets des socles des terrasses, lavés par les eaux des
rivières qui deviennent beaucoup plus accessibles et faciles à obtenir, etc.
Comme facteurs subjectifs compensateurs de la crise économique de la fin du
Paléolithique supérieur, on peut considérer :
- l’enrichissement et la diversification qualitative et quantitative des connaissances sur
l’environnement, qui servaient comme instrument efficient dans le processus d’adaptation au
milieu et d’une nouvelle orientation cynégétique de vie dans le contexte du processus naturel
en discussion ;
- la connaissance plus profonde des propriétés des matériaux utilisables et l’augmentation
du coefficient de l’utilité du répertoire typologique d’outils, les innovations dans le domaine
des outils composites y compris l’utilisation à large échelle de l’arc et de la flèche, des
propulseurs de lances, dardes, qui ont été inventées dès le Paléolithique supérieur ;
- les essais anciens de domestication ou d’utilisation primaire de certaines espèces
d’animaux sans les sacrifier – le renne (Borziac, 1993a, 36-.49), le cheval (Rogatchev, 1957,
79-157), essais qui dans les étapes initiales du Néolithique ont eu pour résultat les premières
domestications efficaces d’animaux ;
- la segmentation des collectivités humaines, lesquelles devenant plus petites et donc plus
mobiles ont eu la possibilité de couvrir, à la recherche des sources d’existence des espaces
géographiques plus grands et, ainsi, de recourir à un croisement génétique plus ample et
plus diversifié qui a stabilisé et solidifié le fond génétique de la population ;
- mais les mesures les plus compensatoires d’annihilation de la crise économique ont été
les processus de transition de la chasse et de la récolte de la nature à l’agriculture et
l’élevage prémédité du bétail, processus qui se sont manifestés en tant que réponse
adaptive aux provocations hostiles imposées par l’environnement ; la transition à l’agriculture
et l’élevage du bétail ont modifié de manière essentielle la cynégétique de l’homme de la
première époque du fer, en lui attribuant de nouveaux vecteurs d’évolution économique et
sociale et aussi un caractère d’évolution progressive irréversible ;
En tant que conclusions plus évidentes, qui selon nous découlent de l’exposé ci-
dessus, nous mentionnons :
- l’évolution lente mais perpétuelle du Gravettien tardif (ou l’Epigravettien) de la zone
carpatique-dniestréenne encadré par nous dans la culture Molodova-Cosăuţi-Cotu Miculinţi
(MCCM) a été effectuée par des infiltrations allogènes en deux reprises : dans l’étape initiale
de constitution de l’entité culturelle par les porteurs de la culture Rascov à caractère
Chapitre 7. Considerations concenant l’evolution du Paleolithique final et du l’Epipaleolithique
361
épiaurignacien (à la limite de 21.000-19.000 ans B.P.) qui est survenue dans le bassin du
Bas Danube – Albendorf (?) et deuxièmement, à la fin de son évolution, par les porteurs de
la culture swidérienne ; mais un autre scénario est aussi possible. Le début de la constitution
du Swidérien a eu lieu le long du Dniestr Moyen, d’où il s’est répandu vers le nord-est (le
Plateau de Volanie, les Plaines Nord- et Est-Européennes) et vers le sud-est (Crimée) ;
- Les évolutions quantitatives et qualitatives dans le domaine de la transformation du silex
n’ont pas mené à la création, à partir du Gravettien local, d’une nouvelle culture ou de
certaines cultures mésolithiques locales ;
- La population autochtone gravettienne dans l’étape de transition du Pléistocène à
l’Holocène disparaît de la zone créant ainsi au début de l’Holocène un hiatus démographique
(partiel peut-être) qui a duré 500-800 ans jusqu’à ce la population tardenoisienne de type
Grebeniki s’est infiltrée dans la zone. De toute façon, cette période qui aurait été
« prédestinée » pour le Mésolithique ancien n’est que très peu investiguée et documentée.
Pour cette raison, nous ne nions en totalité la possibilité de l’existence du Mésolithique
ancien dans l’espace carpatique-dniestréen, mais nous ne disposons pas encore des
données suffisantes pour son élucidation et définition plus complète.
363
CHAPITRE 8
L’ECOLOGIE ET LA SYNERGETIQUE DES COLLECTIVITES
HUMAINES DE L’ESPACE CARPATIQUE-DNIESTREEN PENDANT
LE PALEOLITHIQUE SUPERIEUR∗
synergie : l’action simultanée de plusieurs organes
dans l’accomplissement d’une fonction (Dictionnaire
actuel de la Langue Fançaise, Flamarion, 1989)
La préhistoire de l’homme, y compris de l’espace carpatique-dniestréen, est
fondamentalement liée à l’évolution et les métamorphoses de l'environnement, qui ont
déterminé, en grande mesure, pas seulement les vecteurs d'évolution et conduite de
l'homme, mais aussi les capacités des diverses zones de „supporter” la présence d'un
certain nombre d’hommes.
La dernière particularité était déterminante dans le cadre du choix du
comportement stratégique à l’égard de la continuité des campements dans un même
campement ou de l'abandon de ce dernier, à la recherche d’autres, plus favorables. Plus une
période d'évolution de l'homme est éloignée dans le temps, plus son niveau de
développement, d'accumulation de pratiques positives de vie et de perception de
l'environnement est réduit, plus la dépendance de l'homme par rapport au milieu est grande,
∗ Publié en roumain en Arheologia Moldovei, XXIX, 2006, par I.Borziac, V. Chirica, A. Prepeliţă.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
364
complète et inconsciente. Ceci concerne aussi celle période de temps dans l’évolution de
l’homme lorsque l’espèce Homo sapiens a commencé à se constituer et on a assisté au
démarrage des étapes initiales d’évolution et constitution de sa culture et de sa spiritualité.
C’est pendant cette période que les capacités instinctives d’adaptation de l’homme à
l’environnement ont commencé à se modifier, par l’inclusion des capacités acquises à cause
de l’accumulation plus rapide et de la préservation plus efficace dans la mémoire des
générations des informations sur le monde entourant. Dès cette période, l’homme n’utilise
plus les ressources naturelles grâces à ses seuls instincts, mais il recourt aussi à certaines
modalités de facilitation de leur processus d’obtention, applique certaines stratégies
comportementales selon le degré d’hostilité de la nature par rapport à sa personne et, en
fonction de la situation, il crée certaines disponibilités pour leur diminution car il s’adapte au
milieu environnant et crée des possibilités et situations atténuantes.
Certains spécialistes, étudiant l’écologie de l’homme dans les diverses étapes de
son évolution, se contentent de décrire la situation concrète du monde animal et végétal pour
la période en question, considérant leur mission accomplie (Anisiukine, 2001) et ce n’est que
très rarement qu’on a aussi étudié certaines mesures d’adaptation de l’homme et de
sélection de certaines stratégies comportementales et de protection momentanée, de durée
mais aussi l’élaboration de certaines prédictions de comportement dans des situations
similaires pour l’avenir (Soffer, 1985). A partir d’A. Hekkel (1866), qui a introduit dans les
sciences la notion d’écologie (Hekkel 1970, 69-70), et jusqu’à présent, ce domaine a connu
des évolutions (Syrbu, 1997, 40-72), de sorte que dans l’étape actuelle, le terme d’écologie
suppose ”la science qui étudie les conditions d’existence des organismes vivants et la
corrélation de cette existence à l’environnement”. On distingue „l’écologie de l’individu”-
l’autoécologie, ”l’écologie des populations” – la dynamique populations et şi „synécologie”-
l’écologie des communautés, y compris de celles organisées socialement (Dajo, 1975, 9-12),
dans le cas donné, des communautés humaines du Paléolithique supérieur.
L’écologie des communautés, la synécologie des collectifs humains, dans les
diverses étapes d’évolution de la société constitue, en fait, la synergétique c’est-à-dire la
science qui étudie les processus de l’auto-organisation dans la nature et la société. Les
objets d’étude de la synergétique sont les mécanismes spontanés d’organisation et
maintenance de systèmes compliqués, surtout de ceux qui se trouvent en corrélation avec
l’environnement, dans un équilibre instable (Nazaretian, 1991 ; Jants, 1980).
On sait déjà que les groupes humains ont depuis toujours vécu dans un équilibre
instable avec l’environnement, situation qui caractérisait aussi l’époque du Paléolithique
supérieur. Dans les différentes étapes d’évolution, en parallèle au processus d’adaptation à
l’environnement, l’homme a acquis et développé sa propre capacité, relativement réduite,
mais qui sans doute existait, de prédiction du comportement de l’environnement pour la
période immédiatement ultérieure. Le mécanisme de la capacité de prédiction peut être
Chapitre 8. L’ecologie et la synergetique
365
représenté de manière graphique de la manière suivante (voir fig. 219) (Rostius, 1989, 34). A
présent, l’homme élabore des pronostications de comportement de l’environnement en base
de la recherche du bagage scientifique informationnel accumulé, enregistré et préservé
(Mihăilescu, 2004), mais auparavant ce mécanisme fonctionnait de manière intuitive et était
développé de manière plus acute. Selon nos estimations antérieures, la durée de l’existence
du Paléolithique supérieur était d’approximativement 35.000-30.000 ans B.P. (Anikovich,
1998, 143-155) et on considérait que l’homme de type physique actuel est apparu en Europe
il y a 35.000-40.000 ans auparavant, évoluant de l’homme de Neandertal, qui y habitait déjà.
A présent, on considère que Homo sapiens a pénétré en Europe venant du Proche Orient et
de l’Afrique de l’Est, il y a environ 100.000-80.000 ans et a évolué longtemps parallèlement à
l’homme de Neandertal, avec qui il a eu des interférences de divers types, y compris moins
amiables. Ces hypothèses sont basées sur les datations exactes, les estimations
anthropologiques et en bases des recherches basées sur le code génétique. Le
Paléolithique supérieur a des particularités générales européennes, mais aussi d’autres
locales, conditionnées par l’environnement. Il est divisé en Paléolithique supérieur ancien
(qui inclut les interférences culturelles avec le Moustérien local - "le technocomplexe
szélétien" et le Préaurignacien de type Stânca (Borziac, 1994, 19-40 ; 2003, 123-130 ;
Anikovich, 2000), l’Aurignacien et le Gravettien ancien, et tardif – Epigravettien (Borziac,
2005, 6-16).
8. 1. L’écologie et la synergétique de l’homme de l’espace carpato-dniestréen pendant le Paléolithique supérieur ancien
L’étape ancienne d’évolution du Paléolithique supérieur qu’on peut considérer
comme étant de transition du Moustérien au Paléolithique supérieur, de pénétration de
certaines communautés allochtones, à une culture spécifique au Paléolithique supérieur est
estimée comme ayant eu lieu entre environ 60.000-40.000 ans B.P. (Anikovich, 1998, 147 ;
Borziac, 2005, 6-16). On y inclut les sites attribués au Préaurignacien et ceux appartenant à
la voie „szélétienne” de transition du Moustérien au Paléolithique supérieur, et que nous
incluons dans la culture Brynzeni et dans le Préaurignacien (Chirica, Borziac, 2005, 5-36),
tout comme dans les étapes anciennes des technocomplexes aurignacien et gravettien. A
ces étapes d’évolution du Paléolithique supérieur correspondent quatre subdivisions de
l’évolution du processus naturel, récemment déterminées pour l’ Europe Centrale (voir fig.
220) (Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, Van der Plicht, 2003, 163-188):
1. La partie finale du stade Würm I et de transition à Würm II ( 70.000 – 45.000 ans B.P.)
2. La partie inférieure du Pléniglaciaire moyen ( 45.000 – 33.000 ans B.P.)
3. La partie supérieure du Pléniglaciaire moyen ( 33.000 – 26.000 ans B.P.)
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
366
4. La première partie du Pléniglaciaire supérieur ( 26.000 – 20.000 ans B.P.)
La partie finale du stade Würm I, dans les dépôts du Quaternaire tardif de la
zone, est caractérisée par les sédiments de lœss et matériel détritique de l’étape stadiale qui
a évolué entre les interstades Amersfoort et Brörup, le sol fossile Brörup, les lœss entre les
interstades plus petits: Moershoofd, Hengelo et les sols fossiles, déposés pendant cette
période. Antérieurement, cette étape, dans la zone du Dniestr Moyen, a été intensément
étudiée et a eu comme base de recherche les sédiments de Cormani IV, Molodova I et V,
Oselivca, Atachi etc. A travers l’espace compris entre les Carpates Orientaux et le Prout,
c’est surtout M. Cârciumaru (1977, 191-198 ; 1980 ) qui s’est occupé de l’étude de la
paléogéographie et de la géologie de l’emplacement des sites paléolithiques, mais d’autres
chercheurs (Bitiri, Cârciumaru, Vasilescu, 1979, 33-42 ; Saraiman, Chirica, 1999) ont aussi
contribué à l’investigation de ce processus, et parmi eux P. Haesaerts, qui a contribué à la
connaissance du processus climatique, de la sédimentologie et de la chronostratigraphie du
Quaternaire tardif de l’Europe Centrale, par la documentation multilatérale et l’établissement
d’un nouveau schéma chronostratigraphique (Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon,
Koulakoska, Van der Plicht, 2003, 163-188 ; Borziac, Haesaerts, Chirica, 2005, 164-198).
C’est pendant cette période que les habitats moustériens ont évolué dans la zone, tout
comme les industries préaurignaciennes de type Stânca. Ces dernières n’ont ni de repères
stratigraphiques certes et vérifiables stricte, ni des restes de faune, étant raccordées
stratigraphique et chronologiquement en base de certaines estimations palynologiques et
mises en parallèle des sédiments. De la sorte, nous n’avons pas trop de données sur leur
écologie, sauf celles résultant des appréciations typologiques, lorsque les technocomplexes
ne sont pas mélangés. Puisqu’ils ne sont pas synchronisés à ceux moustériens tardifs, de
type postmicoquien (Ripiceni-Izvor) et moustérien-Levallois sans formes bifaces, de type
Chetrosu, Molodova I, V et Cormani IV, nous utiliserons pour la période respective les
données obtenues de leur étude. Dans les limites des possibilités, nous nous référons et
citons les élaborations et les données paléoclimatiques, paléozoologiques, paléobotaniques
et archéologiques, qui nous permettent à déchiffrer certains moments comportementaux et
d’adaptation de l’homme à l’environnement. Les situations de l’environnement, pendant
l’oscillation Brörup et celles ultérieures à celle-ci, sont beaucoup mieux évaluées. Après cette
oscillation, qui a été relativement chaude et humide, à valeurs climatiques moyennes
pendant l’été d’environ +10° -13° et à hivers relativement chauds, à faune thermophile et
flore abondante, pendant laquelle on a accumulé un sol fossile spécifique, dépisté en
plusieurs séquences des terrasses du Dniestr et du Prout et qui a duré entre environ 62.000
et 58.000 ans B.P., des changements plutôt tempérés, froids et arides sont survenus, et ont
contribué à l’accumulation des dépôts de lœss , sable fin quartzitique, d’autres matériaux
détritiques. Antérieurement, dans la faune, on détermine le spectre spécifique dans lequel
c’étaient le cheval et le bison qui prédominaient mais on note aussi la présence du
Chapitre 8. L’ecologie et la synergetique
367
mammouth. L’oscillation climatique après Brörup, conformément aux paramètres
paléoclimatiques spécifiques, a contribué à la présence encore plus massive du mammouth,
près d’autres mammifères. Celui-ci est présent, même prépondérant dans les niveaux
d’habitat moustérien de Ripiceni-Izvor, Chetrosu, Molodova I et V, Cormani IV (Păunescu,
1993 ; Anisiutkine, 2001, 124 ; Alexeeva, 1987, 153-162) . Pour ce qui est de la période en
question, on constate une première étape de présence massive du mammouth. Le renne est
encore relativement rare (probablement grâce aux particularités de l’environnement encore
relativement tempéré), mais l’homme commence à choisir les endroits de passage des
rennes migrateurs au-delà du Dniestr (Chetrosu, Molodova I, V, Cormani IV) et du Prut
(Ripiceni-Izvor) pour établir ses campements, là où nous dépistons les débuts de la
formation d’une série stratigraphique spectaculaire d’habitats humains. Tenant compte du
fait qu’entre les niveaux d’habitat de ces sites il y a eu des hiatus de quelques milles années,
le choix consécutif du même endroit dans le relief pour y établir leur habitat était dicté pas
tant par la "mémoire des générations ", que par les particularités écologiques des grands
mammifères, qui servaient d’objectif de la chasse. Il n’y a pas de données concrètes
concernant les modalités et les procédés de chasse des moustériens tardifs ou des
préaurignaciens, mais le fait que dans les sites mentionnés on rencontre de grands os de
mammouth: crânes, maxillaires, mandibules, tibias, fémurs, défenses (sans viande attachée
– tel que l’indique l’absence des traces d’enlèvement de la viande de ces os), qui étaient
utilisés en d’autres buts domestiques, nous permet de supposer que l’homme s’occuper de
la chasse dans le voisinage immédiat des sites, donc ils établissaient leurs campements tout
près des „arrêts” pour la chasse. Cette particularité est en concordance avec les opinions
formulées par O. Soffer (1985, 396), qui suppose que les Moustériens avaient une stratégie
spécifique de chasse, selon laquelle ils chassaient tout près de leur site, ou qu’ils
établissaient leurs sites dans les espaces géographiques extrêmement riches en gibier.
Nous considérons que les Préaurignaciens locaux, tout comme les Moustériens, pratiquaient
la chasse collective par l’utilisation des particularités favorables du territoire, qui étaient
marqué dans la zone étudiée par nous, surtout par les vallées du Dniestr et du Prout, où l’on
a découvert et étudié les plus importants sites, y compris des habitats de chasse à l’aide du
feu. Les conditions climatiques relativement sévères ont déterminé l’homme à aménager des
habitations pour s’assurer l’abri et la protection. De la sorte, à Ripiceni-Izvor ou Chetrosu, on
a dépisté les plus anciennes traces d’habitations moustériennes d’un large espace
européen. Et, parce que les grands os des mammouths étaient à la portée, ils les utilisaient
pour fixer et soutenir le socle (l’infrastructure) des habitations, et leurs toits (Păunescu 1993,
37-42 ; Anisiutkine, 1981, 7-53). Cette particularité constructive a constitué une importante
découverte dans le domaine des habitations moustériennes, étant largement utilisée aussi
dans le Paléolithique supérieur européen, y compris celui local (Borziac, Obadă, 2003, 37-
54). Les abris de plein air, encore rudimentaires à Ripiceni-Izvor et Chetrosu, apparaissent à
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
368
Molodova I comme un type d’aménagement suffisamment précisé du point de vue de la
forme, de l’aménagement extérieur et intérieur. Ils sont ronds, à un ou plusieurs foyers
intérieurs, qui servaient aussi bien pour le chauffage que pour la transformation thermique du
gibier. La forme stable, ronde était déterminée par l’utilisation comme pilon central, d’un
arbre autour duquel on fixait des poutres obliques qui s’y appuyaient. Ultérieurement,
l’infrastructure établie de cette manière était couverte de branches, restes végétaux, peaux.
Si notre hypothèse est correcte, il en résulte que l’homme pouvait utiliser les grandes et
lourdes peaux des mammouths comme toiture. L’utilisation des troncs d’arbre comme pilons
centraux peut expliquer l’absence des traces de fosses à l’intérieur des habitations
paléolithiques, pour lesquelles on utilisait les eaux et les peaux des mammouths comme
matériel constructif. Dans toutes les époques préhistoriques, y compris pendant le
Paléolithique, l’habitation a été l’un des plus importants moyens d’adaptation à
l’environnement, de protection par rapport à ce dernier, qui pouvaient être hostile à l’homme.
Des traces de chauffage, mais aussi de préparation thermique de la viande ont
été découvertes dans les niveaux inférieurs de Stânca I, de la grotte Trinca et plus
fréquemment à Molodova I, V, Chetrosu et Cormani IV (Anisiutkine, Borziac, Chetraru,
1986). Les perçoirs en silex, des industries préaurignaciennes, bien que rudimentaires,
démontrent que la préparation des peaux (tout comme celle des racloirs et des grattoirs
d’ailleurs) et leur utilisation en divers buts domestiques, y compris la réalisation des
chaussures et des vêtements. Pendant les périodes plus froides, stadiales, d’après Brörup,
le territoire carpatique-dniestréen avait l’aspect d’une steppe froide, à petites forêts de pins,
bouleaux et saules, très bas, situées dans les vallées et les endroits plus longtemps exposés
au soleil. Les plateaux étaient des espaces plutôt vides, couverts de flore cryophile de
steppe froide, à Compositae, Gramineae et d’autres espèces d’herbes. Leur présence nous
est indiquée par les spectres pollinique, établis pour les dépôts en question de la zone
(Bolihovskaja, Paşchevici 1982, 120-145 ; Paşchevici, 1987, 141-152), tout comme dans la
faune des petits rongeurs et des mollusques terrestres, identifiés dans les dépôts stadiaux
de cette période. Par exemple, dans les dépôts pléniglaciaires entre Brörup et Arcy-
Denekamp-Briansk (qui ont été pour une courte période modifiés positivement par les
oscillations Moershoofd et Hengelo), on a établi l’existence des espèces cryophiles et de
type arctique de mollusques terrestres: Succinea obloga Drap., Pupilla muscorum (L),
Vallonia tenuilabris (Al. Br.), Pupilla sterri (Voith.), Helicopsis striata (Mull.), Columella
cf.columella (Martens), C. edentula (Drap), etc. (Motuz, 1987, 162-167).
Vers la fin de la période des oscillations Hengelo-Arcy-Briansk, le mammouth
commence à disparaître petit à petit. Par exemple, à Brynzeni I, le niveau inférieur, attribué à
la voie szélétienne de transition au Paléolithique supérieur, le mammouth est toujours plus
rare, alors que le cheval prédomine par sa présence considérable et le renne polar
commence à devenir toujours plus nombreux. La prédominance de ces espèces nous
Chapitre 8. L’ecologie et la synergetique
369
indique la présence de l’humidité basse dans l’environnement, qui ne favorisait pas une
végétation abondante, qui aurait donné des sources viables pour le mammouth, mais
suffisantes pour les chevaux et les rennes polaires, ce qui d’ailleurs indique aussi un
refroidissement évident du climat. Il est possible que les habitants de ce site et aussi d’autres
sites de cette période (Mitoc, niveaux inférieurs, Bobuleşti VI etc.) eussent chassé surtout
des chevaux, bisons et rennes, qui sont des animaux de troupeaux et sont caractérisés par
certains comportements saisonniers migratoires, ce qui déterminait les gens de l’époque à
utiliser d’autres stratégies de chasse que celles des périodes précédentes. Nous
mentionnons encore que la présence du mammouth, à Molodova I ,V et Ripiceni-Izvor, dans
la faune des niveaux moustériens, mais aussi dans ceux aurignaciens, à Mitoc-Malu Galben,
peut servir d’indice de leur âge antérieur au début de l’oscillation Arcy-Stilfried B, ce qui veut
dire qu’ils sont plus anciens que les habitats considérés comme aurignaciens, de Ripiceni-
Izvor. Pendant l’étape de transition du Moustérien au Paléolithique supérieur, l’homme fait
des incursions plus éloignées pour chasser et dans les sites on apporte seules les parties les
plus importantes des animaux chassés. A Brynzeni I, le cheval était chassé tout près du site,
car dans le niveau d’habitat on a dépisté des crânes entiers de chevaux (David, 1980, 106-
116). Pour chasser les rennes ou les bisons, les habitants de là-bas effectuaient des
incursions plus éloignées. Les communautés humaines utilisaient en tant qu’abris les grottes
et les cavernes (par exemple, Brynzeni I), mais ils aménageaient aussi des habitations-abris,
tel que l’indiquent les agglomérations circulaires à matériaux lithiques de Mitoc-Malu Galben.
En tant qu’abris légers, réalisés de restes végétaux, ils n’ont pas laissé de traces évidentes
dans les niveaux d’habitat. Les collectifs humains étaient assez rares. Par exemple, on les
reconnais d’après les traces d’habitat, dépistées dans la zone carpatique-dniestréenne, mais
manquent dans les steppes nord-pontiques, où il y a surtout des espaces moins protégés et
qui, étant plus sévères, n’étaient pas acceptables pour l’existence humaine. Là-bas, tout
comme dans les Carpates, les sites tardimoustériens, à faune de mammouth, sont
totalement absents.
La partie supérieure du Pléniglaciaire moyen (32.000-25.000 ans B.P.) est
marquée par une amélioration et une humidification du climat, particularités qui ont favorisé
l’accumulation d’un sol fossile, suffisamment marqué dans les séquences stratigraphiques
d’Europe, et qui était connue sous les noms d’Arcy-Stilfried B-Briansk-Dofinovka. Dans les
dépôts de Mitoc-Malu Galben et Molodova V, P. Haesaerts a identifié certains cycles
rythmiques dans l’accumulation des sédiments de cette période et, selon lui, une pulsation
rythmique du paléoclimat, qui a déterminé le caractère de ces sédiments. A Mitoc-Malu
Galben, c’est pendant la période en question que se situent les unités stratigraphiques 13 -
7, qui sont déposées dans la colluvion du versant droit de la deuxième terrasse du Prout
(Borziac, Haesaerts, Chirica, 2005, 168-195). Cette accumulation de lœss représente un
enregistrement cyclique de 5 horizons humifères d’intensité décroissante, avec une couche
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
370
intermédiaire de lœss , entre les cycles en question (les unités 13-11). On les a dénommés
Mitoc-Malul Galben (MG), étant datés de manière radiométrique à respectivement: MG-13,
environ 33.000 ans; MG-12, 31.200 ans; MG-10, 30.500 ans; MG-9, 28.500 ans; MG-8,
27.500 ans B.P. Les unités 12-8 contiennent quatre horizons distincts du point de vue
hypsométrique, à ateliers aurignaciens, ce qui nous fais croire que l’endroit du site a été
longtemps très attractif pour les communautés humaines préhistoriques, surtout à cause de
la présence dans le voisinage immédiat des dépôts de silex de qualité supérieure. L’unité
stratigraphique 7 contient les plus anciennes industries gravettiennes, et est datée à environ
29.000-28.000 ans B.P. A présent, dans ce site, l’Aurignacien tardif est remplacée par des
industries gravettiennes anciennes. A Molodova V, le niveau 10a marque une transition du
Moustérien au Paléolithique supérieur, mais qui est assez conventionnel, car les industries
du Gravettien ancien apparaissent assez rapidement. La faune des horizons aurignaciens de
Mitoc-Malu Galben est représentée de cheval et bison, tout comme à Brynzeni I, mais il y a
aussi des restes fossiles de mammouth. La faune des mollusques, analysée par A. Prepeliţă,
est représentée par les espèces suivantes: Succinea oblonga (Drap.), Pupilla lœss ica Loz.,
P. sp,, Valonia pulchella (Mull.), qui sont des taxons pour d’autres espèces de l’association
caractéristique de la phase de transition du pléniglaciaire à l’interstade. Les espèces cryo-
thermophiles à une large sphère d’existence - taïga, forêts de feuillus, silvosteppe froide. Il
est très probable que cette large sphère soit plus spécifique au stade entre Hengelo et Arcy.
Dans le site de Molodova V, dans les dépôts afférents, on a identifié les niveaux d’habitat
10a, 10, 9, 8, attribués à la phase de transition du Moustérien au Paléolithique supérieur
(niv.10a) et au Gravettien ancien, datés à environ 29.000-26.000 ans B.P. (Chirica, Borziac,
Chetraru, 1996, 185-200 ; Borziac, Haesaerts, Chirica, 2005, 174-186 ; Tchernysh, 1987, 5-
105). Dans la faune de ces niveaux d’habitat on retrouve des espèces telles: Mammuthus
primigenius Blum., Coelodonta antiquitatis Blum., Bison priscus (présentes), Equus caballus
L. (prédominante), Rangifer tarandus L. (relativement considérable) (Alexeeva, 1987, 153-
165). La présence de cette dernière espèce est conditionnée par le choix de l’endroit des
campements, sur la route de migration des rennes, et pendant l’étape interstadiale était
probablement périodique. Conformément aux estimations de la paléobotaniste G.
Paşchevici, pendant cette étape, la flore de la zone du Dniestr Moyen était représentée par
arbres, parmi lesquels Pinus silvestris et P. cembra, Abies, l’épicéa, le bouleau. Les feuillus
sont représentés par le chêne, le charme, le tilleul, l’orme. Du pourcentage d’environ 50 %
pollen d’arbres (quantité qui caractérise pleinement un interstade), plus de 10-14 % est
représenté par les espèces de feuillus. On sait que le pollen de conifères est plus volatil,
peut être transporté à de longues distances, et tenant compte du voisinage des Carpates et
de leur verticalité, on peut ainsi expliquer la présence parfois excessive de pollen de
conifères dans le cadre des séquences stratigraphiques de la zone. Cette particularité est
aussi illustrée dans la plupart des spectres polliniques, déterminés pour la zone en question
Chapitre 8. L’ecologie et la synergetique
371
(d’ailleurs aussi pour les Carpates méridionaux) par M. Cârciumaru (1980, 156-189). Les
plateaux étaient parfois couverts de buissons et herbes de steppes. Cette situation de
l’environnement favorisait l’existence des animaux de troupeaux, tels le cheval et le bison,
plus rarement on rencontrait le mammouth et le rhinocéros, qui étaient présents pendant des
microstadiales et pendant les hivers aussi. Le même comportement caractérisait aussi la vie
des rennes. Pendant cette période, nous connaissons seulement des sites de type ouvert.
Dans certains d’entre eux (Mitoc-Malu Galben, niv. inférieur gravettien, Molodova V, niv. 9, 8,
Ciutuleşti, Cormani IV, niv. 9, 8, 7) on a dépisté des agglomérations d’os à foyers au centre,
qui sont interprétés comme des habitations d’hiver (Chirica, 2001 ; Tchernysh, 1977, 7-75 ;
1987, 22-46 ; Borziac, Chetraru, 1986). L’utilisation à large échelle du feu, la présence des
grattoirs et des perçoirs dans les industries nous permettent de considérer que l’homme s’est
adapté encore plus à l’environnement et comme stratégie, il choisissait son endroit de
campement dans le voisinage des routes séculaires des troupeaux d’animaux. On chassait
aussi des animaux solitaires, tels l’élan, le cerf noble, la biche, d’autres animaux adaptés à la
vie dans les conditions du landschaft de silvosteppe. Dans cette étape, à l’intérieur de la
population locale, on distingue des groupes à industries lithiques, spécifiques pour
l’Aurignacien ancien (Mitoc-Malu Galben, niveau inférieur, Corpaci-Mâs, Cetăţica I, niveau
inférieur), pour l’Aurignacien moyen : Gordineşti, Corpaci, niveau inférieur, Ripiceni-Izvor,
niveaux aurinaciens 1a, 1b, 2a, 2b, Trinca-Izvorul lui Luca (Boziac, Levitski, 2003, 28-52),
mais aussi pour le Gravettien ancien (Molodova V, niveaux 10-8, Cormani IV, niveaux 9-7,
Babin I, niveau I, Voronoviţa I, niveau inférieur, Ciutuleşti I, d’autres sites de la zone sous-
carpatique. Nous attribuons les six derniers sites aurignaciens parmi ceux mentionnés ci-
dessus à la culture locale Prut, qui peut être considérée comme représentant une
composante du technocomplexe aurignacien de l’Europe Centrale. Dans la zone sous-
carpatique, c’est pendant cette période qu’apparaissent les premiers habitats humains du
Paléolithique supérieur, tels ceux de Bistricioara-Lutărie, Cetăţica I, Dârţu, Bofu Mic, Podiş et
d’autres encore, qui plus tard deviennent des sites traditionnels des groupes humains,
constituant ainsi des sites pluristratifiés. En même temps, il s’agit d’une zone spécifique
d’emplacement des communautés humaines dans les mêmes endroits. Là-bas, les hommes
étaient attirés par les rennes polaires qui hibernaient dans la zone de prémontagne mais qui
ne migraient pas toujours, et passaient leur été dans les zones alpines. Probablement là-
bas, les hommes ont aussi été attirés par les sources de sel brut, qui apparaissent à la
surface et conformément aux appréciations de certains spécialistes, on les a déjà utilisées
dès le Néolithique, jusqu’à présent. Il est possible que les sources de sel aient été
découvertes par les animaux qui venaient dans la zone de prémontagne, étant attirés par
leurs présence et accessibilité. Les hommes étant impliqués dans le processus de la chasse,
ont eux aussi découvert les sources de sel. Bien que nous n’ayons pas encore des
informations directes sur l’utilisation du sel pendant le Paléolithique, cette explication des
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
372
particularités écologiques et cynégétiques de comportement de l’homme dans le choix de la
zone d’emplacement des sites est très vraisemblable à nos yeux. Un rôle important dans le
choix de l’endroit des campements était joué par les sources locales de matières premières
pour la réalisation des outils. Pendant le Paléolithique supérieur de l’espace carpatique-
dniestréen, divers types de silex ou d’autres roches locales ont servi de matières premières
prévalentes. Les dépôts du Crétacée sont largement présents dans la zone du Prout et du
Dniestr et ils incluent des concrétions, parfois même des horizons plus compacts de silex
noir et gris, de qualité supérieure. Le soi-disant silex "de Prut", noir, gris, maronnâtre est
rencontré aussi dans la zone du Dniestr et le silex grisâtre, soi-disant de Volhinia, est à son
tour rencontré dans la zone moyenne du Prout. Le silex est aussi présent dans les socles
des terrasses des rivières, dans les dépôts de gravier, tout comme dans les lis mineurs
actuels du Prout, du Dniestr et de leurs affluents. Ni pour les Moustériens ni pour les
habitants du Paléolithique supérieur, les matières premières dures de la zone carpatique-
dniestréenne ne constituaient pas un problème difficile à résoudre. Le silex de Prout était
aussi utilisé dans la zone sous-carpatique (Chirica, 1989). C’est de là-bas, vers l’est qu’on a
emporté des outils en schiste noire d’Audia. Toujours locaux étaient les grès devoniens, qui,
en tant que galets entiers ou fragmentaires, étaient utilisés comme outils auxiliaires:
enclumes, supports, percuteurs. Comme matières dures d’origine animale, pour la réalisation
des outils, armes, objets de parure, on utilisait les os des animaux chassés, la défense de
mammouth et aussi les bois de renne et de cerf, tel qu l’indique la présence massive des
burins. Sans doute, on utilisait aussi le bois, surtout pour l’aménagement des abris
temporaires, des habitations, pour la construction desquels on utilisait aussi des os grands
de mammouth, des bois de renne (par exemple, dans le niveau 7 du site Molodova V).
Le sol fossile de type Arcy-Stilfried B-Briansk, antérieurement accumulé, à la
limite de 25.000 ans B.P., a été couvert au début par un humus de toundra, puis par une
série de lœss qui démontrent un nouveau changement du climat, à évidents tendances vers
le refroidissement et une relative aridité. Pourtant, tel que le démontrent les recherches de P.
Haesaerts, effectuées sur les séquences des sites de Molodova V, Mitoc-Malu Galben, tout
comme dans certains sites du Danube Moyen, ce vecteur d’évolution du processus naturel
n’a pas été conséquent dans la stratigraphie, car on observe des dépôts cycliques,
représentés par les humus et sols embryonnaires, humifères, formés pendant certains
changements positifs du climat, accompagnés par une plus haute humidité et formés tous
pendant le Pléniglaciaire würmien (Damblon, Haesaerts, Van der Plicht, 1996, 131-177).
Cette période instable de l’environnement, généralement âpre, a commencé il y a environ
26.000-25.000 ans B.P. par un microstade (une nouvelle oscillation climatique), qui a duré
plus de 700 ans. Une autre oscillation positive a suivi, généralement dénommée Tursac-
Pavlov II (Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, Van der Plicht, 2003, 163-
188), identifiée en Belgique par les phases consécutives, Wartons (25.000-24.000 ans B.P.)
Chapitre 8. L’ecologie et la synergetique
373
et Kesselt (environ 22.000 ans B.P.). Il est possible que les deux phases aient représenté
une même étape d’amélioration temporaire du climat, mais palynologiquement elles n’ont
pas été exprimées de manière identique ni interprétées d’une perspective unitaire
(Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon, Koulakovska, 2004, 33-56). A Molodova V et Mitoc
Malu-Galben, cette oscillation positive est enregistrée par deux cycles de sédiments de
lœss, jaune – pale, qui indiquent leur formation en conditions tempérées et contrastantes. A
Mitoc, la première séquence de lœss (les unités stratigraphiques 6 et 5) est plus
représentative et constitue, pour l’époque, un repère stratigraphique évident. Cette série
contient deux horizons humifères, accumulés pendant deux épisodes climatiques (MG-6 et
4), et qui, à Molodova V, sont datés respectivement à 25.000 et 23.700 ans BP. Aussi bien à
Mitoc qu’à Molodova V, ces unités stratigraphiques contiennent des niveaux d’habitat
gravettiens. Il s’agit des niveaux II et III de Mitoc et des niveaux 8 et 7 de Molodova V. Le
niveau 7 de Molodova V, le plus important de ce site, est situé pendant la partie supérieure
du lœss 13-2 et continue dans l’horizon humifère 12-1 et l’humus qui le couvre, 12-2 (voir fig.
220). Ces divisions stratigraphiques de Molodova V ont les données radiométriques de
23.650 et 23.000 ans B.P., respectivement. Dans le niveau 7 de Molodova V et les niveaux II
et III de Mitoc on rencontre les pièces spécifiques de type pointe à cran, qui les lie des
industries du Pavlovien de l’Europe Centrale, où elles sont plus anciennes, et d’où,
probablement, en tant qu’innovation technologique ou infiltration, dans le contexte d’une
nouvelle vague de Gravettiens, elles ont été apportées dans l’espace carpatique-dniestréen
(Borziac, Haesaerts, Chirica, 2005, 189-172). Il est très possible que cette vague de
migrateurs, suivant un vecteur ouest-est, ait déterminé le début du spectaculaire "épisode
gravettien" pendant le Paléolithique supérieur de la Plaine Est-Européenne, souvent
désignée dans la littérature comme le "Gravetien oriental”. Dans les industries lithiques de ce
Gravettien, on présente des pièces à traits spécifiques (voir fig. 35). C’est dans le niveau
d’humus se superposant au sol fossile de type Arcy-Stilfried B-Briansk que se trouve le
niveau d’habitat du site Climăuţi II. En association à d’autres sites de l’Aurignacien moyen et
tardif, ceci est inclus par nous dans l’Aurignacien sans formes bifaces, qui a évolué dans la
zone entre environ 25.000 jusqu’à environ 20.000 B.P., parallèlement au Gravettien local et
à celui à pièces de type pointe à cran. Le niveau inférieur de Climăuţi a l’âge de plus de
24.000 ans B.P., et le niveau supérieur est placé dans le lœss superposant le niveau
d’humus mentionné, et a l’âge d’environ 21.000-20.500 ans B.P. Des niveaux aurignaciens
et gravettiens de la même période sont identifiés aussi dans la zone du Prout (Ciuntu), et
dans la zone prémontagne des Carpates (Borziac, Allsworth-Jones, French, Medianik, Rink,
Lee, 1997, 285-301). Dans la faune, cette étape est marquée par une nouvelle apparition
massive du mammouth et une disparition ou au moins une raréfaction temporaire du renne,
par la présence du cheval et du bison. Cette situation est valable aussi pour la zone du
Danube Moyen. Par exemple, pour cette période, à Pavlov II, Predmosti, Dolni-Vestonice, on
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
374
a attesté une présence massive du mammouth, dont les os étaient aussi utilisés à la
construction des habitations (Borziac, Grigor’eva, Chetraru, 1981, 3-98 ; Păunescu, 1998 ;
Klima, 1976). Une situation paléoécologique similaire est marquée aussi pour l’espace
carpatique-dniestréen. De la sorte, à Molodova V, dans le niveau 7, ce sont les os de
mammouth qui prédominent, et ils ont été utilisés à l’aménagement d’une grande habitation
à plusieurs foyers, découverts dans le périmètre de celle-ci. Les os de mammouth
prédominent aussi dans le niveau inférieur du site Oselivca III, mais la présence du
mammouth est plus évidente dans le niveau supérieur du site Climăuţi II, où on a dépisté les
restes squelettiques de plus de 20 mammouths, dont les os avaient été utilisés pour la
construction d’une habitation (Borziac, Obadă, 2003, 7-50) (voir fig. 204). La présence plus
évidente des mammouths dans l’Europe Centrale, sur le Danube Moyen, est liée aux sites
gravettiens à pointes à cran. Dans la zone carpatique-dniestréenne il y a des sites
gravettiens à pourcentages supérieurs de la faune à mammouth et à pointes à cran, mais on
y retrouve aussi des sites aurignaciens tardifs dépourvus de tels pièces, à savoir Dârţu (les
deux niveaux inférieurs), Podiş, niveau inférieur, Bistricioara-Lutărie, niveau inférieur,
Climăuţi II (à inventaire caractéristique aurignacien, fig. 221). Il est possible que cette
particularité du spectre faunistique local se soit conservée jusqu’à la limite de 20.000 ans
B.P. De toute façon, à Climăuţi II, à éléments aurignaciens tardifs, et à formes gravettiennes
dans l’industrie, le mammouth est évidemment plus nombreux, alors qu’à Cosăuţi, le niveau
9, ayant l’âge d’environ 19.000 ans B.P, celui-ci n’est plus présent. Le mammouth devient
une espèce toujours plus rare aussi dans les niveaux d’habitat de Molodova V et Cormani IV
(Alexeeva, 1987, 156). Le climat, les processus naturels de la zone, pendant l’intervalle entre
25.000 et 20.000 ans B.P. sont d’une certaine manière similaires aux mêmes phénomènes
de l’environnement spécifiques à la période entre les oscillations climatiques Brörup et
Hengelo, lorsqu’un tel intervalle de refroidissement a été signalé, maintenant pourtant un
certain degré d’humidité et une présence importante du mammouth, tel qu’indiqué par les
restes faunistiques. Selon les estimations de M. Cârciumaru et G. Paşchevici, pendant
l’étape en question, on a considérablement réduit le pourcentage des forêts de conifères et
encore plus celui des forêts de feuillus, les espaces ouverts ou couverts de buissons se sont
élargis. Pendant les étés humides, ces espaces se couvraient d’une riche végétation
pérenne, qui favorisait la vie des grands herbivores. Dans la faune de ces sites de la période
en question, à part le mammouth, on rencontre aussi des os de cheval, bison, élan, cerf
noble et toujours plus souvent le renne, qui devient pas seulement la principale source de
chasse, mais aussi une espèce taxon à l’intérieur du spectre faunistique tardiglaciaire.
Pendant cette étape, une certaine adaptation de l’homme à l’environnement a eu lieu, mais
aussi une réaction constante d’orientation cynégétique, pour maintenir les capacités vitales.
Vers la fin de cette période, le climat continuait à se refroidir et à devenir plus aride. Le
phénomène climatique, de modification des conditions d’environnement, est prouvé par la
Chapitre 8. L’ecologie et la synergetique
375
présence de la faune de mammifères et rongeurs, dépistés dans les grottes Ciuntu et
Duruitoarea Veche, où des espèces cryophiles apparaissent, telles le renard polaire, le lapin
blanc et le lemming onglé (David, 1980, 25-32), mais aussi des mollusques terrestres. Dans
les spectres de Molodova V, Mitoc Malu Galben et Climăuţi II, étudiés par A. Prepeliţă, on
retrouve plusieurs espèces cryophiles et même de type arctique, telles Vallonia tenuilabris,
qui prédomine par rapport à d’autres espèces. Comme abris, l’homme utilisait aussi bien les
grottes (Stânca-Ripiceni, Duruitoarea Veche, Ciuntu), et ses propres aménagements (Mitoc-
Malu Galben, niveaux II-III, Cormani IV, niveaux 5, 5a, Molodova V, niveau 7, Climăuţi II,
niveau supérieur). Le feu était largement utilisé, tout comme pendant les étapes antérieures,
pour chauffer et préparer à chaud la nourriture, pour la sécher et donc la conserver ; on
utilisait aussi les peaux des animaux chassés, comme accessoires pour dormir, et peut-être
pour le transport également. La présence ou l’absence des ressources naturelles
conditionnait le sédentarisme relatif ou les déplacements accidentels, par hasard ou
prémédités, qui déterminaient les migrations pas seulement de quelques petits collectifs
humains, mais aussi de grandes communautés humaines. De la sorte, pour cette période,
nous remarquons l’apparition de l’ouest, dans la prairie du Dniestr, des chasseurs de
mammouths, rencontrés à Climăuţi, et qui, à la différence des gravettiens de Molodova V,
Cormani IV, Oselivca III, etc., étaient les porteurs de la culture gravettienne tardive. C’est
toujours de l’ouest que sont probablement arrivés les Gravettiens orientaux, à pointes à cran
et à couteaux de type Kostenki, signalés à Mitoc, niveau III, Molodova, niveau 7, qui se sont
déplacés du Danube Moyen (Willendorf II) vers l’Est et le Nord-Est (Pologne-Spadzista, la
Plaine Est-Européenne: Kostenki, Avdievo, Zaraisk etc.). Les mouvements massifs mais
dépourvus d’organisation de population étaient conditionnés par les facteurs positifs
(attractifs) et négatifs (répulsifs) des phénomènes naturels. Pourtant, pour trouver le vecteur
correcte du mouvement dans l’espace, dans le choix des endroits d’emplacement des
campements, les gens savaient faire certaines prévisions d’adaptation, à résultats positifs et
négatifs, connus du passé. Ces prévisions offraient à l’homme la possibilité de continuer à
s’adapter à l’environnement sévère des conditions glaciales et de pénétrer, grâce à degré
croissant d’adaptation, dans des zones à climat encore plus froid. Cette adaptation a été un
processus extrêmement long, difficile et basé sur les expériences des réussites et des
échecs du passé. Les acquisitions spécifiques aux communautés humaines du Paléolithique
supérieur ancien, y compris de la zone carpatique-dniestréenne, leur ont permis de faire face
au plus difficile segment de la glaciation würmienne (W III, dénommé „le Maximum Valdai”),
qui a commencé à environ 20.000-19.000 ans B.P. Les données, obtenues dans le cadre
des recherches multidisciplinaires, dans les sites Molodova V, Mitoc-Malu Galben, Climăuţi
II, ont permis pas seulement de modeler un nouveau schéma chronostratigraphique (voir fig.
220) du Quaternaire tardif, et la corrélation à celui élaboré pour le Danube Moyen et la
Plaine Européenne d’Est, mais aussi la possibilité d’effectuer un modelage de l’adaptation de
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
376
l’homme à l’environnement, la connaissance des capacités de l’environnement de l’étape du
Paléolithique supérieur de l’espace géographique pris en considération, d’offrire les
ressources nécessaires à la survie de l’homme.
8. 2. La cynérgétique et l’écologie des collectifs humains pendant l’étape finale du Paléolithique
L’étape finale du Paléolithique supérieur de l’espace carpatique –dniestréen
correspond dans le temps à l’évolution prépondérante du technocomplexe gravettien tardif,
ou à l’Epigravettien, qui a évolué à partir d’environ 20.000 jsuqu’à 10.000 ans B.P. Le
processus naturel, dans la phase finale d’évolution du Pléistocène supérieur a souffert des
métamorphoses essentielles en comparaison à l’intervalle de la première partie du
Pléniglaciaire supérieur. L’oscillation positive Tursac (Haesaerts, 1990 523-538), courte et
pas visible partout en Europe, a été suivie en Europe de sud-est, y compris dans la zone
entre les Carpates Orientaux et le Dniestr, par l’instauration d’un climat âpre et arride. Ce
comportement des phénomènes naturels peut être étudié en vue d’établir plusieurs
possibilités d’identification, à partir des sédiments accumulés pendant cet intervalle de
temps. Conformément aux estimations de P. Haesaerts et des élaborations antérieures,
effectuées par I. Ivanova (1897, 94-123), M. Cârciumaru (1980, 236-240), d’autres
géographes et géologues, dans les sédiments pléistocènes tardifs, on peut identifier les
divisions suivantes (voir fig. 220):
1. La seconde partie du Pléniglaciaire supérieur (environ 20.000 - 14.500 ans B.P.) ;
2. La période tardiglaciaire (environ 14.500-10.000 ans B.P.).
Pendant l’intervalle correspondant à cette période, le cadre naturel a été dominé
par la dernière glaciation, laquelle, tout comme les précédentes, n’a pas été représentée par
le déroulement uniforme d’un climat constant. Après l’oscillation Tursac, laquelle n’a pas été
identifié précisément du point de vue stratigraphique dans les sédiments de la zone, étant
pourtant identifiée en Europe Centrale et d’Ouest, on a enregistré dans les sédiments de
Cosăuţi (qui devient un site important pour l’étude de cette étape), une série de
représentations cycliques constituées de sols embryonnaires fossiles, plus exactement des
horizons humifères suivis par des horizons d’humus à intercalations de gravier mince et de
lœss, qui attestent l’existence de certaines périodes de climat froid, tempéré mais humide,
en cyclicité avec certaines étapes courtes de chauffage. La période de plus de 2500 ans
(20.000-19.500 et 17.500-17.00 B.P.) est bien documentée en Europe Centrale par les
sédiments du site Grubgraben, où l’intervalle de temps 18.900 – 18.380 contient des
horizons humifères, intercalés par les niveaux d’habitat AL2a-AL2b, considérés par A.
Chapitre 8. L’ecologie et la synergetique
377
Montet-White (1990) comme "épigravetiens" et par F. Brandtner (1996, 121-145), comme
"aurignacoïdes". Si l’opinion du dernier chercheur est correcte, alors nous considérons qu’il
est possible de les corréler aux plus tardives apparitions des éléments aurignaciens dans la
zone du Dniestr Moyen, par exemple à Raşcov VII (Borziac, 2005, 6-16), où l’industrie
lithique présente des réminiscences aurignaciennes évidentes en associations à celles
typiquement gravettiennes (voir fig. 222). Si nos estimations sont correctes, l`âge du site
Raşcov peut être attribué à la phase de refroidissement tempéré et humide après l’oscillation
positive Tursac (environ 21.000-20.000 ans B.P.), lorsque dans la zone il y avait encore le
mammouth et le rhinocéros laineux, mais aussi à une présence massive du renne, fait
enregistré à Raşcov VII (Chetraru, Covalenco, 2000, 31-49).
A Cosăuţi, entre 20.400 et 17.200 ans B.P., en même temps avec les dépôts
cycliques mentionnés, nous rencontrons aussi une séquence de plus de dix niveaux
d’habitat gravettien (epigravettien), à faune prédominée par le renne et l’absence
pratiquement totale du mammouth et du rhinocéros. L’intensification de la pénétration du
renne dans la zone et le flux de la population épigravettienne sont documentés par plus de
100 sites et endroits à matériaux lithiques et faunistiques de cette période (Borziac, Chirica,
Prepeliţa, 2006). La triple succession d’horizons humifères est raccordée par P. Haesaerts
aux microinterstades Cosăuţi VI (entre 19.400 et 19.000 B.P.), Cosăuţi V (entre 18.000 et
17.500 B.P.) et Cosăuţi IV (jusqu’à 17.200 B.P.), étant séparés par un climat plus âpre, entre
18.000 et 17.200 B.P., par un massif niveau de matériel détritique (voir fig. 220). A Molodova
V, où l’Epigravettien este présent à partir de 20.400 ans B.P., le niveau 6 d’habitat couvre un
hiatus évident dans les dépôts et la sédimentation, étant associé à un horizon humifère
interstadial, qui fait la liaison avec la longue série de niveaux d’habitat de Cosăuţi. Les
niveaux 4 et 5 de Molodova V sont placés toujours dans les dépôts entre 18.000 et 17.200
ans B.P., niveaux associés à d’autres niveaux de la zone, de Cormani IV et Podgori I. A
commencer par la limite d’environ 20.400 ans BP, les collectifs humains deviennent
beaucoup plus mobiles, les niveaux d’habitat d’habitat sont minces et représentent des
restes saisonniers d’habitat. La mobilité des collectifs humains était directement conditionnée
par l’environnement pulsant, et l’homme, dans son processus de recherche des ressources
nécessaires, de nourriture, matières premières, changeait fréquemment son emplacement.
En base des analyses et des déterminations techniques-typologiques, nous mettons en
évidence pour la période en question et les phases ultérieures au Pléistocène supérieur, la
présence de la culture gravettiene tardive (ou épigravettienne), que nous avons dénommée
Molodova-Cosăuţi-Cotu Miculinţi (Borziac, 2004, 46-50). Dans les industries de cette culture,
il n’y a pas de formes typiques pour le "Gravettien oriental" – les pointes de type à cran, les
pièces de type couteau Kostenki, les pièces à esquilles, mais nous constatons un évident
élément de la géométrisation de l’inventaire lithique par la présence des rectangles (fig. 224).
La base de l’existence cynégétique de cette culture a été la chasse prépondérante du renne
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
378
polaire, parallèlement à d’autres sources, et la base technique-typologique, son spécifique,
est déterminée par la transformation des produits provenant de la chasse et son soutient par
des instruments efficaces. En tant que modèle de comportement vis-à-vis du choix de
l’endroit d’emplacement, on peut déterminer l’habitation saisonnière située dans l’endroit où
les routes de migrations des rennes traversent les fleuves, et dont l’emplacement est changé
avec le changement de ces routes (chaque 50-60 ans), le déplacement saisonnier - l’été
dans les steppes nord-pontiques pour la chasse de bisons (Anetovka II, Bol’şaja Akkarja)
(Sapojnikov, 2003), et pendant le saison froid dans la zone prémontagne là où le renne
hibernait, et où, ultérieurement, les troupeaux se concentraient avant le déclanchement des
migrations. Maintenant nous essayons à définir trois zones à emplacement territorial multiple
sur les mêmes endroits: - La zone subcarpatique (la dépression subcarpatique externe, d’est);
- Les vallées du Dniestr et du Prout, et de leurs affluents;
- Les steppes nord-pontiques.
Il n’est pas exclus que nous déterminions à Bol’şaja Akkarja et Anetovka II
plusieurs horizons culturels saisonniers, superposés et interprétés par les chercheurs (en
l’absence des horizons sédimentaires qui ne pouvaient pas s’accumuler), en tant que sites
de longue durée. La vallée du Prout Moyen est intermédiaire et secondaire; le long du
Dniestr, les sites étaient placés sur la voie des routes séculaires de migration des rennes, à
leur traversée du Dniestr (Lisikniki, Babin,Voronoviţa, Oselivka, Atachi, Molodova I, V,
Cormani IV, Podgori, Cosăuţi), qu’on peut considérer comme des sites d’automne-début
d’hiver. Une telle situation peut être aussi marquée pour le Prout Moyen, car à Crasnaleuca-
Stanişte et Cotu Miculinţi, il y a des sites pluristratigraphiques appartenant à cette période.
Les habitats disparaissent à Mitoc-Malu Galben, et on les retrouve encore
occasionnellement à Ripiceni-Izvor (Păunescu, 1993, 12-20). L’hiatus entre les niveaux 7 et
6 de Molodova V, entre les niveaux de la culture Prut de Ripiceni (les niveaux aurignaciens
Ia, Ib, IIa, IIb de la systématisation d’Al. Păunescu) et ceux gravettiens, l’absence constante
des traces d’habitat à Mitoc-Malu Galben après la limite de 20.000 ans B.P., tout ceci peut
être interprété comme un changement cyclique considérables des routes de migrations des
rennes, lequel, selon les estimations pour d’autres territoires (où les rennes migrent même
de nos jours) a une cyclicité d’environ 500-600 ans (Haesaerts, Borziac, Chirica, Damblon,
Koulakovska, Van der Plicht, 2003, 77). Les habitats des grottes Duruitoarea Veche, Ciuntu
et, peut-être, de Stânca-Ripiceni, niv. sup., représentent des campements de courte durée
de certains groupes de chasseurs ambulants, qui étudiaient les routes de déplacement et les
fréquences de la présence du gibier disponible.
Dans la zone subcarpatique, le territoire était attractif pour l’homme pour au
moins deux raisons, déjà mentionnées d’ailleurs: l’hibernation dispersée des rennes, la
pratique de la chasse individuelle, ou en petits groupes, et la présence des sources de sel.
Chapitre 8. L’ecologie et la synergetique
379
Là-bas, on connaît aussi des sites pluristratifiés de cette période: Poiana Cireşului, Lespezi,
Bistricioara-Lutărie, Cetăţica I, Bofu Mic, Bofu Mare, Dîrţu, Podiş etc. Cette zone a un
potentiel écologique extrêmement riche pour les Epigravettiens et nous considérons que
jusqu’à présent on a dépisté seulement quelques sites, alors que d’autres n’ont pas encore
été découverts.
Selon les estimations, à la suite de l’étude des spectres polliniques des
séquences des sites datés pendant cette période (Molodova V, Cosăuţi, Cormani IV, Bol’şaja
Akkarja, Anetovka II) (Paşchevici 1987, 147-152 ; Borziac, Kremenetzkij, Prepeliţă, 1990 ;
Medianik, Sapojnikov, 1992, 66-69 ; Stanko, Gigor’eva, Şvaiko, 1989), ou de ceux de la zone
subcarpatique (Păunescu, Cârciumaru et all. 1977, 157-183), ce large espace a été le
témoin d’une steppe froide périglaciairee, à végétation plus abondante pendant les
microinterstades mentionnés, et plus réduites pendant les périodes qui les séparent. Parmi
les associations pérennes de la flore spontanée, ce sont les Laminaceaea, Gramineae,
Compositae qui prédominent, les mousses et les lichens étaient fréquents et représentaient
un support comestible suffisant pour les rennes, chevaux, bisons, mais insuffisants pour les
grands herbivores, le mammouth et le rhinocéros. L’aridité croissante a mené à la disparition
de ces animaux de la zone en question. Ils pouvaient y être présents mais seulement dans
un nombre très réduit pendant les périodes plus humides, mais cessent à conditionner la
survie de l’homme tel que c’était le cas pendant les périodes précédentes (Climăuţi II, par
exemple). A l’est et nord-est de la zone carpatique-dniestréenne, les conditions du
Pléniglaciaire supérieur sont plus âpres, mais évidemment plus humides, ce qui a favorisé
l’extension d’une végétation abondante pendant les courts étés. Cette végétation a favorisé
la présence continuelle et massive du mammouth. C’est pendant ce temps que dans la zone
entre le Dniepr et le Don, a évolué la soi-disante province culturelle du Paléolithique tardif,
dénommée Dniepr -Don, et dont la cynérgétique était basée sur la chasse des mammouths
et l’utilisation des produits résultant de celle-ci (Anikovich, 1998, 35-60). Nous mentionnons
encore la rare présence ou l’absence totale des restes faunistiques du renne. Nous
expliquons ce phénomène par le fait que pendant les courts printemps, à la suite de la fonte
des neiges et de l’existence de la limite sud de la calotte glaciaire, de grandes surfaces
devenaient inaccessibles pour la pénétration des rennes. Pour cette période on connaît les
sites Mezin, Dobranicevka, Mejirici, Kostenki I et IV, Hotylevo, Iudinovo, Timonovka, Pensk,
Byki etc., où le mammouth est assez bien représenté, et ses os étaient largement utilisés
(comme dans le cas de Climăuţi II) (Borziac, Obadă, 2003, 7-52) dans des buts différents, y
compris la construction des habitations. Dans le même espace géographique, les os de
renne sont soit rares, soit totalement absents. Il n’est pas exclus que l’habitation de Climăuţi
II représente le prototype existent antérieur aux aménagements mentionnés, découverts et
étudiés dans la zone entre les bassins hydrographiques du Dniepr Moyen et du Don Moyen,
étant plus ancien et plus rudimentaire comme aménagement. Parallèlement aux habitations
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
380
durables, du type Climăuţi II, l’homme construisait et utilisait les habitations construites de
restes végétaux, temporaires, légers, du type des chalets et chaumières, qui étaient
couvertes de peaux de mammouth, cousues l’une à l’autre. Les restes de telles habitations
ont été découverts dans la zone subcarpatique (les taches immenses de brûlure?), à
Molodova V, Cosăuţi, Cormani IV. Ces habitations saisonnières, rondes ou ovales, à la
surface du sol, à un diamètre de 3-5 m, ont été identifiées par certaines traces de piliers,
pierres aménagées autour de leur périmètre et la cessation brusque ou extrêmement
évidente de la concentration des restes d’habitat (des os d’animaux, ou des traces de
cendre, ocre, agglomérations de pièces en silex) à l’extérieur de celles-ci. Ces habitations
temporaires, saisonnières étaient avec ou sans foyers à l’intérieur, d’autres foyers étant
aménagés soit à l’entrée ou parmi les complexes d’habitat dans leur périmètre. On a
découvert des habitations de ce type, à un foyer dans l’enceinte de l’habitation et un autre, à
l’entrée supposée dans l’habitation. Les foyers à l’intérieur des habitations étaient circulaires,
ovales, simples ou complexes. Quelques-uns d’entre eux, tels ceux des niveaux 3 et 3a de
Cosăuţi (voir fig. 223) avaient deux ou plusieurs petites fosses, situées dans leur périmètre,
et qui représentent les traces de certains supports pour la préparation à chaud du gibier. Les
foyers servaient aussi comme source de chauffage des habitations, et comme parties
composantes de certains rituels, liés à la magie de la chasse. Plus de 20 foyers des divers
niveaux d’habitat du site Cosăuţi présentaient de petites fosses au diamètre de 3-4 cm et la
profondeur de 3-5 cm, remplies de cendre, ou de restes de charbon, situées sur le périmètre
du foyer, ou n’importe où à travers sa surface (voir fig. 227). Ces petites fosses se formaient
lorsque le feu était allumé, tel que l’indique les restes compacts de charbon, qui occupent
tout le volume des fosses. Nous pouvons estimer que les habitations temporaires étaient
aménagées et utilisées d’après le modèle de celles aménagées par les habitants actuels de
l’Asie de Nord, appartenant aux Iukaguires, Nenetes, Tchukhotes. Ces habitations avaient
l’infrastructure réalisée à partir de poutres soutenus de manière concentrique par un tronc
central, étaient couvertes de peaux et restes végétaux: herbe, roseau, carex, branches de
conifères. Pendant cette étape, l’homme utilisait, probablement, des vêtements compliqués
et efficaces qui le protégeaient du froid. Les vêtements étaient faits de peaux d’animaux
cousues à l’aide d’aiguilles en os, telles que celles découvertes dans certains niveaux
d’habitat de Duruitoarea Veche, Cosăuţi etc. Plus de 100 aiguilles, entières et fragmentaires,
ont été découvertes à Cosăuţi seulement. L’utilisation des vêtements est documentée aussi
par la figurine féminine, découverte dans le niveau 3 de Molodova V, qui est représentée
dans des habits à capuchon (Tchernysh, 1987, 89-90). De la sorte, par l’utilisation des
vêtements en fourrure, pour la saison froide (pour laquelle on chassait le renard, le loup,
l’hermine etc.), des abris aménagés intentionnellement, ou de ceux naturels, et utilisant
l’alimentation riche en albumine et graisses, l’homme a su s’adapter aux conditions âpres du
Pléniglaciaire supérieur. Pour survivre pendant les longs hivers et printemps pauvres en
Chapitre 8. L’ecologie et la synergetique
381
végétation comestible et en gibier, l’homme utilisait toutes les ressources naturelles
disponible : le gibier fourni par les grands ou les petits animaux, de repaire, la cueillette des
œufs, la chasse des oiseaux, la cueillette des mollusques, des insectes. Dans les niveaux
d’habitat 3 et 3a de Cosăuţi, on a dépisté des coques d’œuf d’oies sauvages. Pendant le
Paléolithique final on pratiquait la pêche spécialisée, à outils spécifiques; à Cosăuţi, Cotu
Miculinţi et Molodova V on a dépisté des harpons en os et bois de renne, et à Cosăuţi, des
tridents en bois de renne (voir fig. 228) (Borziac, 1991, 39). Il ne s’agit pas dans ce contexte
de minimaliser le rôle des produits végétaux. Ceux-ci étaient consumés sans transformation
thermique, ils fournissaient les vitamines nécessaires, et aidaient l’homme à dépasser
diverses maladies. Les principaux produits végétaux étaient les fruits sauvages, les racines
comestibles, les semences des plantes, peut-être les champignons. Il n’est pas exclu que
l’homme préhistorique connaissait et utilisait une série beaucoup plus large et variée de
produits de la flore spontanée que c’est le cas à présent. La chasse, en tant qu’occupation
principale de la population, était réalisée par divers procédés. On pratiquait la chasse
individuelle ou collective des animaux solitaires ou de troupeaux. En certains cas, on
pratiquait la chasse par des embuscades dans les endroits de concentrations traditionnelles
ou sur les routes vers les sources d’eau. Selon certaines sources fournies par les scènes de
peinture pariétale paléolithique du territoire de l’Europe Occidentale (Espagne, France,
Italie), la chasse était pratiquée par des procédés divers (Niaux, Marsoulas, Castillo, Font-de
Gaume, Piletta etc). Une image de la grotte Pasiega (Espagne) démontre la chasse des
bovines par l’utilisation des filets, qui pouvaient être réalisé à partir de fascicules de peau ou
de restes végétaux. Dans la grotte Casillo, un dessin pariétal représente un système
compliqué de pièges, constitué de fossés, palissades et filets. On suppose que l’homme
avait commencé à utiliser par seulement les armes de frappe directe (lance, javelot), mais
aussi les armes à distance: l’arc et la flèche. Par exemple, à Cosăuţi et Anetovka II on a
dépisté des pointes de flèche, en bois de renne et en os, à Cosăuţi, des éléments de l’arc,
constitués de fragments de bois de renne (voir fig. 229) (Borziac, 1991, 58-73). Pour la
chasse, le transport des produits provenant de la chasse et la cueillette, le transfère d’un
endroit à l’autre, l’homme a inventé les moyens de transport, des possibilités et utilités de
dépôts, représentées par des peaux, restes végétaux, bois. On mentionne que dans les
diverses étapes du Quaternaire final, l’homme a inventé trois choses importantes: des outils
pour tailler, d’autres, aigus, pour piocher (en os - bois), des pots et d’autres moyens pour le
transport. Ces constatations ont le rôle d’incorporer des activités majeures dans l’adaptation
de l’homme au milieu. Pour s’adapter au climat âpre, l’homme qui habitait dans les zones
périglaciaires de l’Europe et de l’Asie, a inventé assez tôt beaucoup de procédés, outils,
armes, qui lui ont servi de support efficace en vue de l’accommodation et la survie.
Parallèlement à l’aménagement des abris artificiels, le perfectionnement des vêtements,
l’utilisation ample du feu, les hommes utilisaient les particularités des matières animales et
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
382
végétales dures, du bois animal, de l’os, des défenses de mammouth, du bois. L’homme
préparait des pointes de lance et des flèches en os şi bois d’animal, des propulseurs en bois
d’animal et en bois, des perçoires, polisseurs, marteaux et pics en bois de renne, qui étaient
utilisés surtout au débitage du silex (voir fig. 229), d’autres outils nécessaires aux activités
quotidiennes, mais particulièrement importantes pour l’accommodation à l’environnement
(voir fig. 225, 226, 230).
En liaison avec l’accommodation à l’environnement mais aussi avec
l’approvisionnement des produits alimentaires, certains chercheurs considèrent que
certaines communautés humaines étaient "spécialisées" dans la chasse des diverses
espèces d’animaux. On utilise fréquemment des déterminations telles "chasseurs de
mammouth de la zone périglaciaire", "chasseurs de bisons" des steppes nord-pontiques",
"chasseurs spécialisés du renne" des espaces emboisés, des ours des cavernes carpatiques
etc. Du point de vue conceptuel, ces identifications sont basées sur les restes de faune
fossile, prépondérante en certains sites. Par exemple, à Dolni-Vestoniče, Pekarna, Pavlov,
Climăuţi II, Mezin, Dobranicevka, Mejirici, Kostenki I, Byki, Ripiceni-Izvor, etc. c’est le
mammouth qui prédomine; à Buda-Dealul Viei, Anetovka II, Muralovka, Zolotovka etc. ce
sont le bison et le renne qui sont prépondérants ; à Cosăuţi, Lisikiniki, dans certains niveaux
d’habitat de Molodova V, le renne. Pourtant, selon nous, ces particularités sont liées non pas
à la "spécialisation" des chasseurs, qui ont habité dans les sites mentionnés, mais à la
prépondérance de certaines espèces d’animaux, qui reflètent les particularités de
l’environnement. En même temps, la prédominance de certaines espèces peut être encore
expliquée par la chasse saisonnière des animaux. La prépondérence du renne dans la faune
fossile de Molodova V, Cormani IV, Molodova I, niveau 2 et 1, Cotu Miculinţi, Buda-Dealul
Viei, Lisikiniki etc., peut déterminer non pas la spécialisation de la chasse mais l’existence
saisonnière (fin d’automne - hiver) des niveaux d’habitat (Borziac, Chirica, 2005). A partir
d’environ 17.400 ans B.P., après l’oscillation climatique positive Laugerie-Lascaux, signalée
aussi à Cosăuţi par les cycles à horizons humifères, et à Molodova V par un sol fossile à
profile incomplet, la plus âpre période du Pléniglaciaire supérieur est survenue, étant
marquée par les sédiments du matériel détritique (Cosăuţi, Molodova V), lœss mélangée à
sable fin quartzitique (Cormani IV, Cosăuţi, Ciuntu, Costeşti I, Mitoc-Malu Galben), ou de
sable fin quartzitique, bien sédimenté dans les horizons distinctifs (Cosăuţi, Costeşti I, Cotu
Miculinţi) (Borziac, Haesaerts, Chirica, 2005, 167-189). L’adaptation à l’environnement a
continué et l’homme a habité à travers l’espace pris en considération même pendant cette
période. Certains spécialistes, prenant en considération, la relative rareté des sites en
Europe Centrale, pendant l’intervalle entre 17.400 şi 14.500 B.P., parlent d’un "hiatus" des
habitats, d’une extrême décroissance démographique de la population, causée par un climat
âpre et aride, qui a périclité la faune et la végétation (Dindjian,2002, 250-255). Pour la zone
carpatique-dniestréenne, ces appréciations sont relatives, parce qu’on a découvert de
Chapitre 8. L’ecologie et la synergetique
383
nombreux sites uni- et pluristratifiés. Ce n’est qu’à Cosăuţi, dans le niveau de plus de 3 m
épaisseur, à sables fines quartzitiques, accumulés pendant cette période, qu’on a identifié 7
niveaux d’habitat, dont seulement le niveau I a été étudié à travers une surface plus grande,
les autres étant dépistés dans la séquence stratigraphique de la carrière. Pour cette période,
nous signalons seulement la présence du renne, le mammouth, le bison et le cheval, étant
représentés dans une proportion insignifiante. Dans la faune des mollusques terrestres c’est
Vallonia tenuilabris qui prédomine et qui est un évident indice du climat âpre et sec. On
considère que cette période, très difficile du point de vue de la survie des communautés
humaines, a cause une crise évidente de l’économie basée sur la cueillette et la chasse –
économie non-réproductive pour la préservation des ressources absolument nécessaires;
pour la dépasser, il a fallu adopter une économie productive, basée sur l’élevage du bétail et
l’agriculture. Mais ces estimations, corroborées souvent aux théories économiques marxistes
ne sauraient être complètement correctes. La nature a mis à la disposition de l’homme une
série de particularités compensatoires qui ont annihilé en grande mesure la disparition de la
faune de grande taille, qui constituait la base de l’existence de l’homme pendant toute
l’époque paléolithique. Même la transition du Paléolithique supérieur au Mésolithique a duré
des milliers d’années, pendant lesquels les collectifs humains n’ont pas "observé" la soi-
disante "crise" économique. La transition au Mésolithique et ultérieurement aux nouvelles
méthodes d’adaptation à l’environnement a eu lieu en dehors de la zone carpatique-
dniestréenne, où, pendant l’étape finale du Pléistocène certains groupes humains locaux, à
traditions gravettiennes (ou épigravettiennes), ont été remplacés par d’autres qui se
trouvaient dans le stade mésolithique d’évolution des industries lithiques, mais aussi pendant
le processus avancé d’évolution économique. De cette manière, il est possible de présenter
la situation écologique et les processus d’adaptation à l’environnement pendant le
Paléolithique supérieur de la zone carpatique - dniestréenne. Nos opinions peuvent proposer
et compléter la connaissance des compliqués processus d’interférences entre les collectifs
humains et l’environnement.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
384
La structure proposée pour les possibilités d’alerte des protections
I. Le stoquage des informations
II. Périmètre de connaître l’avenir (prévisionner)
III. L’élaboration de la stratégie de protection concernant le milieu
IV Les résources pour la réalisation de la stratégie de la chasse
Fig. 219. Représentation graphique du possible mécanisme de pronostication et adaptation au milieu, propre à la mentalité de l’homme préhistorique (d’après Iu. Rosţius, 1986).
Chapitre 8. L’ecologie et la synergetique
385
Fig. 220. Esquisses stratigraphiques des sédiments des sites paléolithiques pluristratifiés Molodova V, Mitoc-Malu Galben et Cosăuţi et leur corroboration avec le schéma chronostratigraphique régional est-carpatique. Symboles graphiques:1, loess; 2, terre glaise; 3, sable argileux; 4, sable fin quartzitique; 5, ditrite de craie; 6, gravier; 7, calcaire; 8, horizon alluvionnaire; 9, horizon humifère très développé; 10, horizon humifère faiblement développé; 11, horizon brun-jaune de bio-tourbe; 12, krotovine; 13, terre glaise de toundra; 14, hydroxydes de fer; 15, fissures de glace; 16, fissures de gel; 17, Moustérien; 18, industries de transition; 19, Aurignacien; 20, Gravettien ancien et moyen, y compris Pavlovien; 21, Gravettien à pointes à cran; 22, Gravettien tardif (Epigravettien). Abréviations: Şchwall.-Schwallenbach; St.B-Stilfried B; DV-Dolni Vestonice; Pavl.-Pavlov (D’après P.Haesaerts et autres 2003;2004;2005).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
386
Fig. 221. Climăuţi II, niv. sup. Pièces en silex, caractéristiques pour l’Aurignacien tardif.
Chapitre 8. L’ecologie et la synergetique
387
Fig. 222. Raşcov VII. Pièces en silex, caractéristiques pour la culture Raşcov (D’après N. Chetraru, dessins, M. Otte).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
388
Fig. 223. Site pluristratifié Cosăuţi, culture gravettien tardif, Molodova-Cosăuţi-Cotu Miculinţi. [1], Plan d’une habitation du niveau 3 d’habitat. Légende.1, nucléi; 2, outils en silex; 3, os de renne; 4, pierres en calcaire; 5, foyers; 6, fosses domestiques; [2], Reconstitution graphique de cette habitation. (Dessin et reconstitution , I. Borziac ).
Chapitre 8. L’ecologie et la synergetique
389
Fig. 224. Pièces en silex, spécifiques à la culture Molodova-Cosăuţi-Cotu Miculinţi; Cosăuţi, niv. III.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
390
Fig. 225. Pointes La Gravette et lames à bord abattu, spécifiques à la culture Molodova-Cosăuţi-Cotu Miculinţi; Cosăuţi, niv. 3 d’habitat.
Chapitre 8. L’ecologie et la synergetique
391
Fig. 226. Manche transversal double pour un outil composé, à une lame à dos découverte enfilée dans la manche. Podgori I, niv. 3; 1, 2, pointes du soi-disant type "Cosăuţi"; 3-19, rectangles allongés (3-6,11-12, obsidienne), Cosăuţi, niv. 5.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
392
Fig. 227. Cosăuţi, niv. 3. Plans et sections d’un foyer, avec nombreuses fosses petites et plus grandes aussi à l’intérieur de son périmètre.
Chapitre 8. L’ecologie et la synergetique
393
Fig. 228. Harpons appartenant à la culture Molodova-Cosăuţi-Cotu Miculinţi. 1-3, 5, Cotu Miculinţi (d’après M. Brudiu), 6, 7, Cosăuţi.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
394
Fig. 229. Cosăuţi, niv. 3. 1-2, éléments de l’arc composé, en corne de renne; 3-6, pointes de flèches, en os; 7-12, pointes de flèches, en silex.
Chapitre 8. L’ecologie et la synergetique
395
Fig. 230. Cosăuţi, niv. 3., pointes de lance pour la pêche, en corne de renne, ornementées.
397
CHAPITRE 9
SOCIÉTÉS, ART ET SPIRITUALITÉ
„Toute religion, toute valeur, toute pensée s’élabore mécaniquement au
fil des temps parcourus rétrospectivement par la science préhistorique.
La vanité ne s’accorde même pas à une telle richesse, à de telles
certitudes, à telles facilités qu’offrent les données archéologiques à toute
réflection spirituelle. L’outil, le feu, la chasse, la mort, le foyer, les règles,
l’art, le conflit, l’imaginaire, l’invention, le mythe, le partage, l’autorité, la
lucidité et les règles morales: toute “nature de l’humain” se trouve
disponible, sure vérifiable, incontestable et, surtout, articulée selon des
règles de succession logique impitoyable, balayant tout l’argument
théoretique fondé aujourd’hui sur la seule réflection philosophique.
L’aventure de l’humanisation n’a qu’un seul sens, qu’une seule
cohérence, qu’une seule logique; elle n’admet pas la fantasie, ni le
dogmatisme” (M. Otte, 2004, 5).
Le Paléolithique supérieur se caractérise par l’apparition de symboles et de l’art
figuratif , à traits spirituels. Dans la zone géographique prise en considération, les
communautés humaines ont réalisées seulement (ou presque) des pièses d’art mobilier, en
utilisant comme support diverses matieres premières. Les plus anciens objets d’art, tout
comme ceux de parure sont signalés dès la plus ancienne phase de l’Aurignacien, bien que
il y a des decouvertes encore plus anciennees à des éléments artistiques, tout d’abord
symboliques. Ainsi, dans la grotte Kozarnika (Bulgarie), dans les niveaux d’habitat datés
entre 1, 4 et 0, 9 KA, on a découvert plusieurs éclats en os, décorés par des incisions
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
398
(Guadelli & Guadelli, 2004); pendant le Paléolithique moyen, les découvertes sont plus
nombreuses, car les Néanderthaliens ont contribués bien a la développement de la
spiritualité (Chirica, Boghian, 2003, vol. I). En ce qui concerne le Paléolithique supérieur
ancien, il faur préciser que dans le niveau 11 de la grotte Bacho-Kiro, on a découvert des
dents de renard et d’ours intentionnellement perforées (J. K. Kozlowski, 1979). Les traces
d’usure au niveau de la perforation attestent qu’on les portait pendues ou cousues. Dans le
niveau 1 de la grotte Istálóskő (daté entre 44. 300±1. 900 B.P. - Gr. N-4659 et 39. 800±900
B.P. - Gr. N-4658), on a découvert deux pendentifs perforés: une imitation de dent de cerf
réalisée en bois de cerf, et une lamelle pentagonale en ivoire, découpée (Vertes, 1955). Il est
intéressant de signaler que sur plus de 5.000 restes osseux découverts à ce niveau, il n’y a
que cinq fragments provenant de mammouth, quelques objets en ivoire (des baguettes) et
cinq os de cerf appartenant à un unique individu. Les autres restes osseux proviennent du
gibier usuel: renne, mouflon, chèvre sauvage, loup et ours de caverne (Kozlowski, 1992).
Des pendentifs en os d’animaux ont aussi été découverts dans diverses sites aurignaciens
d’Europe, surtout occidentale, mais aussi dans les gisements de l’Europe de l’Est ou
Centralle. Par exemple, un pendentif en calcaire découvert à Trou Magrite (Belgique) imite
(parfaitement) une canine de cerf (White, 1989).
Dans les sites aurignaciens tardifs, le nombre de pendentifs en dents perforées
augmente (la grotte Mladeč, en Moravie, et la grotte Mamutowa en Pologne), la moyenne
variant de 4 à 6 exemplaires dans chacun des niveaux d’habitat.
Même à Mladeč on a aussi découvert trois objets en os, considérés comme des
perçoirs, avec un bout arrondi, plus large que la partie allongée, bien façonné et perforé. On
a aussi identifié 22 dents perforées, dont 9 de castor, 10 incisives de renne, les autres
provenant d’ours, chevaux et loups (Skutil, 1938). Le nombre limité d’artéfacts lithiques a fait
conclure qu’il s’agit d’un campement saisonnier de chasse. On a découvert aussi des restes
humains de sept individus: deux crânes dans une grotte latérale, les autres dans la salle
principale. Cette découverte peut évoquer un petit groupe exterminé ou bien un sacrifice
rituel, vu que ce ne sont pas des tombeaux (Kozlowski, 1992), bien que la majorité des
spécialistes ne sont pas d’accord avec l’éxistence de ces éléments de spiritualité dans le
Paléolithique supérieur.
Dans la grotte Mamutowa, on a découvert de nombreux objets de parure à des
traits symboliques, spirituels. Nous mentionnerons 13 dents perforées dont 4 de loup, 3 de
renard, 3 d’ours de caverne, 1 de cheval, 1 de cerf et 1 de bovidé. Il est difficile d’établir
quelles espèces étaient les plus fréquentes dans la faune chassée ; à ce qu’on sait, le loup
et le cerf étaient les plus rares. Les pendentifs en ivoire sont plus nombreux et plus
diversifiés par rapport à ceux daté pendant l’Aurignacien occidental, qui sont standardisés.
Cinq pendentifs sont obliquement taillés en lamelles, extraites de diverses baguettes en
ivoire. Les trois autres pendentifs sont plus grands, faits de plaquettes en ivoire, avec une
Chapitre 9. Sociétés, art et spiritualité
399
perforation dans le plan des plaquettes.
Le niveau gravettien de la grotte n’a pas fourni d’objets de parure ce qui montre
que les pendentifs proviennent du niveau aurignacien, fait corrélé aussi aux pointes en ivoire
de type Mladeč découvertes dans ce contexte. La grotte représentait probablement un
campement de chasse visité de façon saisonnière. On estime que ces objets faisaient partie
des tenues habituelles des chasseurs, idée confirmée aussi par le lustre identifié au niveau
de la perforation. Ils suggèrent la quête, par le porteur, de certains moyens d’identification,
auxquels on attribue souvent une signification magique, peut-être rituelle: la canine d’ours
avait possiblement le rôle de conférer au porteur la force vitale de l’animal. La fonction
purement esthétique est exclue, parce qu’il s’agit de dents appartenant à certains animaux,
souvent rares, et quand ces dents étaient introuvables, on réalisait des imitations d’habitude
toujours en matières animales dures. Nous constatons donc une activité habituelle de
sélection, déterminée par des nécésités rituelles, donc spirituelles.
Très souvent, les coquilles sont utilisées pour diverses parures, tel qu’il en est
dans le site aurignacien de Krems-Hundsteig, de la Basse Autriche, où l’on a découvert un
grand nombre de mollusques de provenance très éloignée, tel le littoral méditerranéen,
probablement adriatique (450 km). Dans d’autres sites, comme Langmannersdorf, on a
trouvé des mollusques fossiles du Tertiaire, tandis que dans le troisième niveau aurignacien
de Kostenski I, on a identifié des espèces qui vivent seulement sur le littoral de la Mer Noire
(Soffer, 1985). Tout ceci confirme la tendance d’utilisation des matières premières allogènes
pour les parures qui ont aussi la qualité d’indice d’origine de certaines populations, ce qui
dénote, de nouveau, l’importance des activités de facture spirituelle.
Il est presque indubitable que les pendentifs n’ont pas été exclusivement utilisés
pour le but qui les caractérisait au moment de leur production: la pièce perforée en grès (ou
schiste) de Zlutavy IV (Moravie) semble avoir été utilisée par la suite en tant que retoucheur
(Oliva, 1987), mais son importance rituelle pour le porteur est évidente.
On ne connaît pas de pièces de gravure ou sculpture schématisée ou réaliste
provenant de l’Aurignacien de l’est et du centre-est de l’Europe. Les lignes gravées sur le
cortex des sites aurignaciens Zlutova I, Nova Dedina, Kvasiče, Otaslavič de Moravie (Oliva,
1987) pourraient être aussi interprétées d’une autre manière.
Pour ce qui est des origines de l’art figuratif de la première étape (ou culture) du
Paléolithique supérieur, la période 35.000-30.000 ans B.P. a produit des changements
importants dans le Bassin supérieur du Danube. Il s’agit des grottes de Jura Souabe où, à ce
qu’on sait jusqu’à présent, le « Groupe aurignacien allemand » est le plus ancien, avec une
datation relativement certaine et une thématique interprétable. C’est de Vogelherd que
provient aussi un squelette de Homo sapiens sapiens, le plus ancien découvert dans un
contexte archéologique contrôlé et classifié (Müller-Beck, 1989), si on ne prendre en
considération les découvertes de Roumanie la Grotte des Os.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
400
Les statuettes de Geissenklösterle représentent des éléments anthropomorphes
ou zoomorphes, réalisées en ivoire (Hahn, 1995). Parmi celles zoomorphes, quatre sont des
représentations de mammouths, quatre autres de félins, deux autres de bisons, une d’ours,
une de cheval et une autre de rhinocéros. Toutes ces espèces sont figurées dans des
attitudes agressives et sont très fréquentes dans les niveaux 4 et 5 de Vogelherd, surtout le
mammouth et le cheval (Hahn, 1986). Les statuettes présentent des traces de couleur rouge
et des signes qui semblent spécifiques aux diverses espèces. On ajoute quelques figurines
anthropomorphes: une statuette en ronde bosse schématique (Vogelherd, niveau IV: Hahn,
1986), tout comme la bien connue figurine à tête de lion de Hohlenstein-Stadel reconstituée
à partir de plus de 200 fragments (Delporte, 1995). Sur le bras gauche, celle-ci présente une
série de signes linéaires, parallèles, gravées, qui pourraient être un tatouage. La présence
de la figurine démontre la longue tradition de ces représentations magdaléniennes
interprétées en tant que « sorciers » à masques et peaux d’animaux (Marshak, 1990). C’est
dans la même thématique qu’on pourrait encadrer le demi-relief schématique de
Geissenklöstere, représentant un personnage en position d’orant, à queue d’animal (Hahn,
1986). A ces représentations masculines, s’ajoute une statuette féminine, à contour découpé
en schiste, découverte en Basse Autriche, à Stratzing, proche de la sculpture allemande du
Haut Danube aussi bien par sa position chronologique (32.000 B.P.) que par son aspect
cultuel. A part ces représentations figuratives, il y a aussi d’autres nombreux objets d’art et
de parure, tels que les baguettes en ivoire, les bâtons perforés (même à plusieurs
perforations), les pendentifs en ivoire, les diadèmes, etc. (Hahn, 1995).
L’art aurignacien du Haut Danube est apparu en tant qu’expression d’une magie
destinée à transférer à l’homme des qualités de l’animal et à assurer le succès de la chasse.
Le choix de l’animal indique aussi une manière stratifiée de penser, avec un principe d’ordre,
pas nécessairement égalitaire, mais plutôt hiérarchique. La force et l’agressivité sont une
toute petite partie du message qui, certes, comprend aussi d’autres éléments plus
complexes, impossibles à déchiffrer de nos jours (Hahn, 1989). Pourtant, il ne s’agit pas d’un
système religieux complexe et structuré, mais à notre oppinion, on peut estimer l’existence
du sacré individuel ou collectif.
On connaît aussi des motifs gravés dans la grotte Jenö Hillebrand (nord des
montagnes Bükk d’Hongrie). Ceux-ci apparaissent dans la partie de la caverne qui n’a pas
fourni que des traces d’habitat néolithique. Se basant sur l’analyse des sédiments et des
traces de l’argile dans les gravures, L. Vértes (1964) est arrivé à la conclusion qu’il s’agit du
Würm Moyen.
De tels motifs décoratifs apparaissent aussi en milieux géographiques différents,
mais appartiennent à l’Aurignacien centro-européen. Dans le site de Muralovka (Praslov,
Filipov, 1967), près de Rostov sur Don (19.630±200 B.P.), en contexte d’une industrie à
grattoirs aurignaciens et lamelles Dufour, on a découvert une dent perforée de renard, un
Chapitre 9. Sociétés, art et spiritualité
401
fragment de lissoir à motif ovale gravé, évoquant les vulves de l’art occidental, tout comme
des fragments de bois de cerf et des os à incisions profondes. L’outillage lithique de
Muralovka appartient à l’Aurignacien, mais chronologiquement les objets d’art correspondent
à l’art géométrique et abstrait de l’Epigravettien de l’Est.
En Europe de l’Est on a identifié une civilisation spécifique au Paléolithique
Supérieur, mais allogène, comparable à l’Aurignacien de la période de 30.000 ans B.P. ,
dans le niveau inférieur de Kostenki-Spitsinskaja. Cette civilisation a été datée à
32.200±2.000-1.600 ans B.P. (GrN 10.512) et elle a fourni environ 50 objets de parure: des
pendentifs d’aspect aurignacien, réalisés en dents d’allopex (37 exemplaires) ou en matières
fossiles rares: bélemnite (4 pièces), mollusques et coraux. Il y a aussi quelques pendentifs
cylindriques en calcaire (Kozlowski, 1992), ce qui ateste l’existence d’un vrai sanctuaire du
Paléolithique supérieur européen.
Dans le Châtelperronien et les industries à pointes foliacées il y a des différences
en ce qui concerne l’expression symbolique et l’art. Le Châtelperronien est caractérisé par la
présence d’objets de parure comparables à ceux de l’Aurignacien centro-européen, mais
aussi par l’absence de manifestations d’art figuratif. Quant aux industries à pointes foliacées,
ce n’est que dans les niveaux d’habitats datés après 32.000 ans B.P. que l’on constate
l’apparition de manifestations artistiques, donc spirituelles, comparables à celles de
l’Aurignacien. De la sorte, à Brynzeni I, dans le niveau 3, on a découvert une incisive
perforée de cheval et un pendentif en ivoire (Chetraru, 1989). Cette couche contient une
industrie à pointes foliacées, racloirs, bifaces, à côté de grattoirs communs, et burins de type
Paléolithique supérieur. Le pendentif présente un « corps » triangulaire et un « cou » très
allongé, ce qui pourrait suggérer une représentation anthropomorphe schématisée ou bien
ichtyomorphe. La partie triangulaire est couverte par une décoration pointillée qui rappelle
certains modèles aurignaciens (Bosinski, 1982). En ce qui concerne l’âge de ce niveau, nous
précisons que les données de chronologie absolue sont confuses et déroutantes (il existe
deux séries de datations: l’une située à environ 18.000 ans B.P. et l’autre à plus de 45.000
ans B.P.). Pourtant, l’outillage lithique est très concluant pour ce qui est de son attribution à
la période de transition du Paléolithique moyen au supérieur, ou de la première phase
d’habitat de type Paléolithique supérieur (Chirica, Borziac, Chetraru 1996) ; I. Borziac parle
d’une culture spécifique, le Brynzenien (voir ce volume, infra).
A Sungir, une phase évoluée de la culture Kostenki-Streletskaja a fourni une
industrie caractérisée par des burins, grattoirs, racloirs, d’autres pièces de débitage et des
pointes foliacées triangulaires à base concave, très bien taillées (Bader, 1978 ; Guzlitzer,
Pavlov, 1993). Sungir représente en Europe de l’Est l’art du complexe à pointes foliacées,
étant daté à 24. 430 ± 400 B.P. (GrN – 5446, sur os de cerf, ou par deux autres analyses,
IGAN-5446, IGAN-5425) (Svezhentsev, 1993). Sur une surface de 1. 800 m2, le niveau
archéologique a fourni 30 petites fosses remplies d’os, entourant trois amas d’ossements au
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
402
niveau du sol, interprétés en tant que structures d’habitations. O. N. Bader (1978) a
découvert un contour découpé en ivoire, représentant un cheval, qui pourrait aussi être
utilisé en tant que pendentif à cause de l’orifice dans la partie dorsale. La surface a été
colorée d’ocre rouge. R. White (1995) a observé au microscope que chaque point creux
présente du pigment noir, probablement du manganèse. Il s’agit donc d’un objet d’une
remarquable beauté, peint en bichromie, rouge – noire. C’est toujours dans le niveau
archéologique qu’on a découvert un disque en ivoire à ornement pointillé.
Les tombeaux de Sungir:
a. Le tombeau no. 1 (d’un homme): on y a découvert 2. 936 perles et fragments de perles.
Dans la zone des avant-bras et des cuisses on a trouvé des bracelets en ivoire polis (25 au
total), dont certains avec traces de peinture noire. Ceux-ci étaient perforés aux bouts,
présentant un ou deux orifices, censés les tenir unis dans un cercle. Au cou de l’homme il y
avait un pendentif en schiste peint en rouge, avec un point noir sur chaque face. On a
encore découvert des dents de renard, un autre pendentif fragmentaire zoomorphe, à taches
noires sur chaque face, tout comme un disque en ivoire, à perforations sur les deux faces,
avec rayures vers la perforation centrale (Kozlowski, 1992 ; White, 1995).
b. 1. Le tombeau no. 2 (d’un garçon): les restes humains étaient couverts de 4. 903 perles,
plus petites que dans le cas de l’homme (2/3), mais de la même forme, et de 250 canines de
renard polaire, perforées. Sur la poitrine du garçon il y avait un pendentif en ivoire en forme
d’animal, et au cou une aiguille en ivoire qui attachait une sorte de mante. Sous l’épaule
gauche il y avait une sculpture de mammouth en ivoire et toujours du côté gauche, un
segment médian d’un fémur humain robuste, très bien poli, dont la cavité médullaire avait été
remplie d’ocre rouge. Du côté droit, on a découvert une « lance » longue, en ivoire de
mammouth (2. 40 m longueur, plus de 20 kg), et, à côté, un disque en ivoire avec une
perforation centrale et des stries (Kozlowski, 1992 ; White, 1995).
b. 2. Le tombeau no. 2 (d’une fillette): le corps, disposé tête à tête comme une continuation
du corps du garçon, offrait 5. 274 perles en ivoire, entières ou fragmentaires, identiques à
celles du garçon. De chaque côté il y avait des lances en ivoires, deux bâtons en bois
d’animal, perforés, dont l’un décoré par des files de points creux, et trois disques à
perforations centrales et stries radiales (Kozlowski, 1992 ; White, 1995).
Des restes anthropiques montrent qu’il s’agit d’hommes modernes, avec
quelques traits mongoloïdes: les enfants du tombeau no. 2 présentent quelques
caractéristiques néanderthaliennes, bien qu’ils appartiennent à l’homme de Cro-Magnon
(Boriskovski, 1984).
Tout en citant R. White, R. Leakey (1995) observe pluseurs traits dans l’art
aurignacien:
- les morts étaient intentionnellement enterrés – une coutume qui commence à se cristalliser
pendant le Moustérien, mais elle devient plus complexe dès le dépôt de biens funéraires (le
Chapitre 9. Sociétés, art et spiritualité
403
Sungirien – les industries à pointes foliacées)
- l’accélération brusque dans le rythme de l’innovation technique et des échanges culturels ;
- les différences régionales entre les cultures, en tant qu’expression de certaines
caractéristiques du milieu écologique
- les dimensions des surfaces des zones à habiter
- en tant que matière première, on utilisait, outre la pierre, les matières dures animales (os,
ivoires, etc.)
- l’apparition du langage, en tant que témoignage des relations économiques, sociales,
possiblement même émotionnelles et artistiques (spirituelles), conséquence de tous ces
aspects, étroitement interdépendants, l’expression artistique a connu une évolution
étonnante devenant figurative, naturaliste et tridimensionnelle.
Nous distinguons quatre phénomènes différents dans le temps et dans l’espace:
1. Pour la période antérieure à 35.000 ans B.P. , il n’y a que des objets de parure
personnelle, à rôle d’identification sociale. Une composante magique, spirituelle, pourrait
aussi exister dans le but de s’approprier la force de l’animal et de s’assurer le succès dans la
chasse.
2. Entre 35.000 et 32.000 ans B.P. , dans le bassin supérieur du Danube, l’art réaliste
figuratif se manifeste pour la première fois sous la forme de sculptures zoomorphes et
anthropomorphes, à signification essentiellement magique, peut-être même religieuse.
3. Entre 32.000 et 28.000 ans B.P. , dans le sud-ouest de l’Italie, apparaissent des
représentations zoomorphes et sexuelles féminines, gravées sur des blocs en pierre
(Kozlowski, 1992), mais la decouverte de la grotte Chauvet, en France, apporte l’aparition de
l’art religieuse comme élément de l’existence du sacré individuel et collectif, du premier
sanctuaire paléolithique du Monde entier.
4. Après 28.000 ans B.P. , en Russie, à Sungir, un art figuratif zoomorphe statuaire s’est
manifesté, caractérisé par une remarquable expressivité. L’art aux connotations spirituelles
se manifeste presque dans toutes les gisements du Continent.
Il est possible que pendant l’Aurignacien, on ait utilisé des matières premières
périssables pour la production des œuvres d’art, comme le bois. Bien que ces
représentations ne puissent jamais être connues, on peut cependant énoncer des opinions
acceptables concernant l’interprétation culturelle et artistique de ces créations esthétiques.
*
Du point de vue artistique, on estime que « le Gravettien est caractérisé par un
évident progrès dans la sensibilité esthétique » (Klima, 1989), partiellement accentué aussi
par les nouvelles conditions de vie de la troisième partie de l’Interpléniglaciaire.
Sur le fond culturel commun, il y a eu de nombreux faciès locaux, caractérisés
par des styles spécifiques de l’art mobilier. En même temps, certaines formes d’outils et
motifs artistiques se répandent dans d’autres aires géographiques. Puisque le Gravettien
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
404
représente le seul complexe où la composante technologique se combine d’une manière
remarquable à l’artistique, et à la spirituelité, en réalisant une thématique spécifique au
niveau continental, nous considérons nécessaire de présenter les découvertes d’art en
parallèle avec leur systématisation, thématique et régionale, proposée par divers
spécialistes.
A côté des pièces à bord abattu, les statuettes féminines représentent « les
fossiles directrices » de « l’unité gravettienne ».
Le Gravettien de l’Allemagne est groupé en trois zones géographiques: Vallée du
Rhin, Jura Souabe et Jura Bavarois, qui ont fourni – dans le domaine des manifestations
artistiques – presque exclusivement des objets de parure. Il s’agit de pendentifs en ivoire, de
petites dimensions, de forme ovale (en goutte), avec perforation dans l’extrémité proximale.
A Geissenklösterle, on a trouvé 93 pendentifs (les niveaux Is, It, Ia-c), à Brillenhöhle – 36
exemplaires (le niveau gravettien VII), et à Hohler Fels – 13 exemplaires (A. Scheer, 1995) ;
B. Klima (1968) a démontré que 18 pendentifs trouvés dans les grottes de Weinberghöhle
présentaient des similarités avec les pièces de Mamutowa (Pologne).
Le pourcentage de pendentifs entiers varie entre 38% à Geissenklösterle et 64%
à Brillenhöhle. La plupart sont en ivoire, mais il y en a aussi des exemplaires en pierre
(Bockstein Törle, Brillenhöhle) ou os (Brillenhöhle) (Scheer, 1995).
Comme une autre fonction spirituelle, on a constaté que les pendentifs ont été
découverts dans la majorité des cas près des foyers ou d’autres zones d’activité, associés à
des outils: microgravettes, lamelles à dos, burins, pièces esquillées. A Geissenklösterle on
distingue 3-4 concentrations de pendentifs: l’une à l’entrée, autour d’un petit foyer, une autre
au centre d’une surface fouillée, et deux autres autour d’un grand foyer, au milieu de la
grotte. Quelques exemplaires sont répandus à proximité de la paroi sud-est. A l’entrée il n’y
avait que de pendentifs finis, alors que les pièces du centre étaient en diverses phases de
fabrication (y compris de nombreuses ébauches). Autour du grand foyer il y a aussi des
produits finis.
Certains pendentifs, surtout à Brillenhöhle, présentent des traces d’ocre rouge, à
fonction symbolique, probablement celui des vêtements sur lesquels ils étaient appliqués,
puisqu’il n’y a pas d’indices qu’ils eussent été peints intentionnellement, tel que c’est le cas à
l’Abri Blanchard.
Il existe des pendentifs faits d’autres matières premières: dents, canines,
mollusques, tubes en os, ammonites, pierre, vertèbres de poissons.
Les canines perforées proviennent des animaux suivants: renard
(Geissenklösterle, Brillenhöhle, Hohler Fels, Weinberghöhle), loup (Geissenklösterle,
Weinberghöhle), mouflon (Geissenklösterle), ours et renne (Weinberghöhle), cerf (seulement
deux exemplaires: Geissenklösterle et Hohler Fels). Des incisives de cheval proviennent de
Hohler Fels. Parmi les mollusques fossiles, on retrouve des bivalves (Geissenklösterle et
Chapitre 9. Sociétés, art et spiritualité
405
Brillenhöhle) et des gastéropodes (Brillenhöhle, Hohler Fels). Les tubes d’os sont des
fragments d’os longs de lièvres. Un petit tuyau en ivoire, découvert à Hohler Fels est unique
et il présente des similarités à ceux de Pavlov et Dolni Vestoniče, qui sont pourtant
beaucoup plus grands. Les ammonites (Geissenklösterle et Hohler Fels) proviennent du Jura
Souabe, la perforation étant probablement naturelle. Les 33 pendentifs de Pavlov II présente
des similitudes avec ceux étudiés surtout à Bockstein Törle (Scheer, 1995).
Enfin, nous mentionnons qu’à Weinberghöhle on a découvert aussi une statuette
féminine en pierre, stylisée (Leroi-Gourhan, 1988).
Les sites gravettiens de Moravie (Dolni Vestoniče, Pavlov et Předmosti) forment
un groupe à part, ayant une industrie lithique, des types d’habitat et des manifestations
artistiques à caractéristiques communs.
Dolni Vestoniče présente un complexe d’habitat situé sur le versant lœssique de
la Montagne Pavlov, allant de la base – le site inférieur, plus ancien, daté à 29. 300 ± 750 –
690 B.P. (GrN 18187) et 27. 250 + 590 – 550 B.P. (GrN 18188), en passant par la partie
centrale – le site médian, daté à 25. 600 ± 170 B.P. et 22. 250 ± 570 B.P. , jusqu’au sommet
– le site supérieur daté à 25. 950 + 630 – 580 B.P. (GrN 18189) (J. Svoboda, 1991).
A Pavlov, près de Dolni Vestoniče, on a découvert un complexe à 11 niveaux
d’habitat, situé entre 24. 630 ± 460 et 26. 730 ± 250 B.P. (Kozlowski, 1992).
A Předmosti, le niveau principal gravettien se trouve à la base du dernier lœss et
il est daté à 26. 870 ± 250 B.P. (Svoboda, 1991).
En général, le Pavlovien peut être placé dans une période de temps comprise
entre 29.000 et 22.000 ans B.P. , étant contemporain d’une série de sites du bassin
carpatique, parmi lesquels Nemšová (28. 570 ± 1. 345 B.P.), la Grotte Slaninova (27. 950 ±
270 B.P.), Bodrogkeresztúr-Henye Hegy (environ 28.000 B.P.), du sud de la Pologne –
Spadzista C2 – le niveau IV, et en Italie – Willendorf – les niveaux 5-9 (Svoboda, 1991).
Dans cette partie de l’Europe, c’est le Gravettien et le Pavlovien, deux cultures à des
manifestations rituelles, cultuelles, bien representées.
Bénéficiant d’une humidité constante du sol, des objets en os, ivoire ou terre
glaise se sont parfaitement conservés dans les sites pavloviens:
a) Des objets plastiques figuratifs sont de deux tailles: les grands, de véritables œuvres d’art,
bien réalisés, réalistes, près de ceux du Périgordien français, pourraient représenter des
personnages féminins importants, réels; les petits, schématisés, pourraient être des
personnages mythiques, appartenant à un monde spirituel inconnu, selon l’avis de B. Klima
(1989). Dans beaucoup de cas, les caractères sexuels primaires des figurines ne sont pas
identifiables à cause de l’abstraction. Parfois, les figurines de terre glaise portent aussi des
parures, représentées par des incisions linéaires punctiformes ou en forme de bandes. Dans
certains cas, le décor peut suggérer la coiffure ou les accessoires vestimentaires. Il existe
aussi des figurines féminines qui ne se différencient pas de celles d’oiseaux. Dans l’opinion
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
406
de B. Klima (1989), il s’agit ici d’une idée complexe qui traverse les mythologies de plusieurs
cultures, conformément à laquelle l’âme de l’homme provient d’un oiseau, et au moment de
la mort, l’âme s’envole comme un oiseau.
b) Les représentations schématiques peuvent être groupées en trois catégories:
- figurines anthropomorphes rudimentaires, réalisées sur des métacarpiens de mammouth et
représentant seuls la tête et le corps ; on en a produit en série à Předmosti ; quelques
formes similaires, en terre cuite proviennent de Pavlov I, auxquelles on ajoute une forme
plus simple, en ivoire, de Dolni Vestoniče ;
- représentations féminines très schématisées, au corps réduit à un bâton et seins
hypertrophiés, mais sculptés d’une manière réaliste, utilisées en tant que pendentifs ; de
telles figurines pouvaient former des colliers ;
- un autre type de représentations féminines en ivoire a la partie supérieure du corps réduite
à un bâton alors que les pieds sont écartés, le sexe étant marqué par une incision (Dolni
Vestoniče – le site médian) ; un objet similaire provient de Předmosti (Kozlowski, 1992).
En ce qui concerne les figurines zoomorphes de terre cuite de Dolni Vestoniče et
de Pavlov I, nous en remarquons le réalisme. Les représentations les plus fréquentes de
Dolni Vestoniče sont celles d’ours (12 exemplaires) et lion (7), suivi par celles du mammouth
(3), Vulpes ou Lagopex (3), loup (3), lièvre (1), glouton (1), bison (1), rhinocéros (1), oiseaux,
surtout les hiboux (5) (Kozlowski, 1992). A Pavlov, parmi les 38 animaux de terre cuite, ce
sont l’ours et le mammouth qui prédominent, suivis par le rhinocéros, le loup, le cheval, etc.
Si l’on considère aussi les plus de 100 fragments de pattes de mammouth, alors cet animal
occuperait indubitablement la première position (Klima, 1989).
Toutes ces figurines présentent un corps schématisé et une tête avec beaucoup
de détails, presque naturaliste. Dans leur majorité, seuls des fragments se sont préservés, à
cause de la pâte faite exclusivement de lœss et cuite à des température basses (Hahn,
1990). Les représentations zoomorphes ont été aussi exécutées selon d’autres techniques: à
Pavlov et à Předmosti, on a découvert des figurines de mammouth à contour découpé en
ivoire et c’est toujours de Pavlov qu’on a trouvé une statuette de lion en mouvement, elle
aussi en ivoire (Oliva, 1995).
Le style pavlovien est aussi caractérisé par des décorations gravées sur des
objets utilitaires et non-utilitaires. Il s’agit de motifs géométriques:
- demi-cercles concentriques, composés de lignes parallèles incisées, sur des diadèmes
(Dolni Vestoniče, Pavlov I), sur des boucles à cheveux et des pendentifs allongés et plats ;
- lignes en zigzags, disposées le long des diadèmes, et en séries, sur des défenses ou
omoplates de mammouth (Předmosti) (Kozlowski, 1992).
Un motif intéressant a été identifié sur une défense de mammouth de Pavlov I,
interprété par B. Klima (1989) comme un paysage des Montagnes Pavlov. La position du
campement serait indiquée par un cercle double. Cette explication semble acceptable si l’on
Chapitre 9. Sociétés, art et spiritualité
407
considère la pièce en elle-même. Pourtant, si l’on examine la signification des gravures
gravettiennes en général, nous observons qu’à une seule exception près, les aspects
mentionnés ci-dessus ne représentent pas des choses concrètes, l’exception étant la
superbe gravure représentant une femme, suggérée par des ovales, triangles et lignes
incisées, de Předmosti. « C’est une synthèse géniale des motifs géométriques et de l’art
figuratif » (Oliva, 1995).
Le Pavlovien a aussi fourni des objets de parure: il existe un grand nombre de
pendentifs, attachés à des colliers ou des vêtements ; les dents perforées sont nombreuses
(39 – dans le site médian de Dolni Vestoniče, 24 – dans celui supérieur) et des canines
presque exclusivement de renard et de loup. Les dents d’ours et d’homme ne sont que
rarement utilisées. De la faune chassée, le loup et le renard occupent la quatrième place
après le mammouth, le renne et le cheval.
Les colliers incluent aussi des pièces telles des perles cylindriques évidées à
l’intérieur et incisées, sphériques, ovoïdes ou bilobées ; les pendentifs en plaquettes ou
galettes de schiste et surtout mollusques fossiles sont eux aussi fréquents – des coquilles
tubulaires (Dentalium Bandensee) souvent recoupées en forme de petites bagues ; les
bivalves (Pecten Glicymeris) qui présentent une perforation obtenue par usure ; les autres
espèces (Turitella, Melanopsis, Conus, Natica, etc.) sont perforées dans la dernière bague.
Les fossiles proviennent des Montagnes Pavlov, où, à côté des coraux et des lilias, il y avait
aussi des fossiles (Kozlowski, 1992).
On a aussi trouvé des pendentifs plus élaborés en os, dont certains considérés
comme zoomorphes (les hiboux de Pavlov I), ou en forme de seins. Les autres objets de
parure sont des diadèmes et aiguilles en ivoire ou des plaquettes en os allongées et
perforées aux deux extrémités, souvent incisées. Des plaquettes plus courtes, à perforations
marginales, avaient probablement été attachées aux vêtements (Pavlov I). Nous
mentionnons aussi les bagues en ivoire (les 7 pièces de la structure 4 de Pavlov I) (Oliva,
1995 ; Klima, 1989). L’absence d’éléments iconographiques ou d’objets de parure dans les
tombeaux rend difficile l’interprétation de ces pièces.
Il est intéressant qu’à Dolni Vestoniče, on ait aussi découvert « l’habitation d’un
artiste », d’une forme de construction à part. Dans les cendres du foyer, on a trouvé plus de
2000 figurines de terre cuite, entières ou fragmentaires. Il semble que c’était l’endroit de
célébration de certaines cérémonies magiques (Klima, 1989; Otte, 1993).
Parmi les plus intéressantes découvertes, il faut aussi mentionner le tombeau
Brno II, situé dans un lœss au-dessous de la couche géologique PK I (l’interstade Stillfried
B). C’est là-bas qu’on a trouvé plus de 600 perles de Dentallium, groupées près du crâne et
couvertes d’ocre rouge, 30 disques en os, ivoire et calcaire, présentant souvent des entailles
et une cannelure gravée formant la raie du cercle, deux grandes bagues de calcaire et une
statuette masculine en ivoire formée de trois parties: la tête (d’une longueur de 66 mm), le
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
408
tronc (137. 5 mm) et le bras gauche (96 mm). La tête et le tronc sont longitudinalement
perforés, et l’extrémité proximale a été aplatie pour être fixée sur la figurine (Leroi-Gourhan,
1988). La figurine est assemblée par la technique du fausset. Les détails anatomiques,
typiquement masculins, ont été disposés, curieusement, sur des malformations
pathologiques de l’ivoire, tel que le canal nerveux, très large, de manière axiale sur l’objet.
L’ensemble, contemporain au Pavlovien, est curieux, puisqu’il n’existe pas dans
les habitations de ce style artistique une autre statuette certainement masculine, même
fragmentaire. En ce qui concerne les autres pièces, à Předmosti, on a découvert des bagues
en pierre, semblables les unes aux autres, et des disques similaires ont été trouvés à Pavlov
I et dans le plus ancien Gravettien de Hongrie (Bodrogkeresztúr – Henye Hegy).
Des éléments pavloviens ont aussi été découverts dans la grotte Kulna du karst
morave, dans un niveau de faune tempérée (bovidés), daté par radioactivité entre 23.000 et
21.000 B.P. (quatre fragments d’objets cylindriques, ornés d’un décor pointillé), dans la
grotte Krizova (un fragment de disque à une perforation biconique) (Oliva, 1995), tout
comme dans la grotte Oblazowa du sud de la Pologne. Dans ce dernier cas, on a découvert
un fragment d’outil en bois d’animal, aigu à l’extrémité destinée à l’attacher, avec un décor
en demi-cercles, comme ceux des diadèmes pavloviens, une aiguille d’oreille, incisé, une
coquille de Conus probablement fossile, une section plan-convexe, dans laquelle on peut
identifier un boomerang (Kozlowski, 1992).
*
Les gisements situés sur la Vallée du Don (Kostenki I, le niveau 1, Kostenki XIII
et Kostenki XVIII) et sur la Vallée du Seim (Avdeevo) ont fourni un matériel archéologique
d’une incontestable valeur artistique, presque identique du point de vue du style et de la
technique de réalisation, ce qui a mené à l’idée d’une unité culturelle tout à faite particulière.
Chronologiquement, il s’agit d’une séquence située entre le Pavlovien et le maximum du
dernier Pléniglaciaire. Les sites kostenkiens précèdent la transgression maximale du stade
Bradenburg-Belogovo. Par des datations radiométriques, Kostenki I, le niveau 1 se situe
entre 23. 770 ± 200 B.P. (LE 2951) et 20. 100 ± 680 B.P. (LE 3277), et Avdeevo entre 22.
700 ± 700 B.P. (GIN 1571) et 20. 100 ± 500 B.P. (GIN 1746). Un laboratoire américain
propose pourtant pour Avdeevo deux dates beaucoup plus récentes: 16. 565 ± 270 B.P. (QC
886) et 16. 960 ± 420 B.P. (QC 621) (Svezhentsev, 1993).
La grande richesse stylistique du Kostenkien est aussi manifestée par les
représentations zoomorphes, groupées en deux catégories:
- les statuettes de mammouth en ronde-bosse (16 exemplaires à Kostenki I, le niveau 1 ; 1 à
Avdeevo). Celles-ci sont réalistes, bien que simples et schématisées, et présentent des
similitudes avec les figurines de terre cuite du Pavlovien. Elles sont presque exclusivement
réalisées en calcaire, et dans beaucoup de cas, la tête a été intentionnellement omise.
- des têtes, réalisées en ronde-bosse, surtout en calcaire. A Kostenki I, dans le niveau 1,
Chapitre 9. Sociétés, art et spiritualité
409
structure 1, on a découvert 11 têtes d’oiseaux, 5 de lion et 5 d’ours, 2 de cheval, 1 de loup
tout comme une quantité de tête provenant d’animaux non-identifiées (Kozlowski, 1992).
Les statuettes anthropomorphes de Kostenki I, de niveau 1 et d’Avdeevo, à la
différence de celles du Pavlovien, présentent des parures représentées sur la surface du
corps. Deux statuettes en ivoire ont au-dessus des seins et sur le dos une bande en relief
avec une décoration incisée, tandis qu’une autre statuette en calcaire porte un collier riche,
deux bracelets et deux autres à l’articulation de la main. Les mêmes motifs suggèrent des
détails plutôt de coiffure dans le cas d’un exemplaire de Kostenki 1, niveau 1. Beaucoup de
statuettes ont été trouvées dans des fosses à objets de parure, tel que c’est le cas à
Avdeevo (Grigor’ev, 1995).
Les objets de parure – des pendentifs – sont de deux types:
- en calcaire, de forme circulaire, avec une perforation asymétrique ;
- en os, respectivement, en forme de « panier ». Le nombre des dents perforées est près
de celui enregistré dans le Pavlovien. A Avdeevo, on a trouvé 13 incisives de loup, 8
d’Alopex et 2 d’ours ; par contre à Kostenki I, niveau 1, seul Alopex et le renard sont
représentés. Parmi les objets de parure il y avait aussi des diadèmes et des aiguilles, mais
l’absence des sources iconographiques funéraires empêchent leur reconstitution (Kozlowski,
1992).
Le style kostenkien, homogène quant aux manifestations artistiques, est corrélé à
un outillage lithique et à des structures d’habitat homogènes, ce qui permet l’assertion qu’il
s’agit d’une entité ethno-culturelle d’origine centro-européenne, arrivée là-bas par une
migration directe à partir de l’horizon à pointes à cran appartenant au fond pavlovien. C’est
en ce sens que plaident les nombreuses similitudes artistiques et techno-typologiques avec
le Pavlovien (Soffer, 1993). Les habitations de transit, qui marquent cette migration vers l’est
des groupes à pointes à cran, connus dans le sud de la Pologne (Cracovie – Rue Spadzista,
le niveau 6b), n’ont fourni que de très rares témoignages artistiques. De la sorte, à Cracovie-
Spadzista, on a découvert un intéressant objet d’ivoire, en forme de hache, probablement de
cérémonie, à incisions sur les bords, tout comme quelques baguettes en os incisées, et
quelques os de mammouth peints en ocre, mais dépourvus de motifs décoratifs bien
délimités (Kozlowski, 1992).
Dans la Plaine russe, les sites de Kotilevo II près de Briansk, dans le bassin
supérieur de Desna et Gagarino, dans le bassin supérieur du Don, ont en commun un style
artistique différencié de celui de la culture Kostenki – Avdeevo. Par des datations
radiométriques, Kotilevo II est placé entre 24. 960 ± 400 ans B.P. (IGAN 73) et 23. 660 ± 270
ans B.P. (LU 359), et Gagarino entre 21. 800 ± 300 ans B.P. (GIN 1872) et 20. 150 ± 300
ans B.P. (LE 1432B) (Svezhentsev, 1993). Il s’agit donc d’un phénomène parallèle au style
kostenkien, peut-être même en ce qui concerne la spiritualité des communautés.
Nous ne pouvons conclure avant de mentionner l’amulette-pendentif en cortex de
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
410
Mitoc-Malu Galben (Chirica, 1989 ; 2001 ; Chirica, 1995a), découverte dans les carrés B 3-5
(le complexe 27), datée à 26. 400 ± 1. 040 B.P. (Gx 9418) et ornée d’un décor incisé stylisé
très intéressant (Chirica, 1982 ; Cârciumaru, Chirica, 1987). Ce décor a été interprété
comme représentant une tête de bovidé ou une silhouette humaine courant. C’est de Mitoc
que provient aussi un pendentif non-décoré, en os (Otte, Chirica, Beldiman, 1995). Le nord-
est de la Roumanie a aussi fourni des bâtons perforés, non décorés, en métatarse de cheval
(Crasnaleuca) ou décorés d’incisions longitudinales en bois de renne (Cotu Miculinţi)
(Brudiu, 1987). Il faut mentionner encore les découvertes de grotte Cioarei, de Boroşteni
(Cârciumaru, Mărgărit, 2002) et de Ţibrinu, en Dobroudja (. Păunescu, 1996-1998).
*
Dans la région de l’Europe Centrale, après le déplacement vers la Plaine Russe
des communautés de la culture kostenkienne, on peut constater une baisse du nombre des
habitations humaines, surtout en Tchéquie, Slovaquie et Pologne méridionale. Dans le
bassin du Danube Moyen apparaissent de nouveaux centres culturels en connexion avec les
chasseurs de rennes de l’Epigravettien, qui venaient de la Plaine germano-polonaise.
D’après la circulation de la matière première, nous pouvons supposer qu’ils se déplaçaient
vers le nord pendant l’hiver, le long des vallées des rivières Váh (Vág), Morava et Hornad
(Hernád), et peut-être vers le nord-est, dans la direction du bassin du Haut Danube.
En Europe de l’Est, les populations épigravettiennes sont distribuées en trois
zones écologiques différentes:
- à l’est des Carpates, dans les bassins du Siret, Prut et Dniestr, des chasseurs de rennes,
mais aussi de cheval et d’autres animaux spécifiques avaient le même habitat que les
populations du Bassin du Danube Moyen
- dans la partie médiane de la Plaine Russe, les chasseurs de mammouth ont maintenu leurs
préférences antérieures
- dans la partie méridionale de la Plaine Russe, jusqu’au littoral de la Mère Noire, les
groupes d’Epigravettiens étaient spécialisés dans la chasse du bison ; cette préférence
cynégétique a déterminé une plus grande mobilité des populations, à habitats de plus courte
durée ; on a découvert des sites d’été sous forme de simples campements, comme
Amvrosievka, Bolşaia Akkarja, Anetovka 2 (Krotova, Belan, 1993 ; Boriskovskij, 1993) ou, au
contraire, des campements d’hiver, dans les steppes nord-pontiques, à faune beaucoup plus
riche, incluant le cheval et le renne – Kamennaia Balka II (Leonova, 1993). Du point de vue
culturel, cette zone est plus homogène que celle du nord de la Plaine Russe. L’absence de
l’ivoire et la mobilité accrue ont affecté la production des objets de parure et des objets
symboliques en général (Kozlowski, 1992 ; Boriskovskij, 1993 ; Krotova, Belan, 1993 ;
Leonova, 1993).
Les sites épigravettiens du bassin moyen du Danube sont plus pauvres en
manifestations artistiques. Dans les sites ságváriens, datés entre 18.000 et 14.000 ans B.P. ,
Chapitre 9. Sociétés, art et spiritualité
411
on n’a pas découvert de manifestations d’art figuratif, ni sculpté ni gravé. Certains objets
symboliques non-utilitaires et certains objets de parure sont d’origine naturelle. Le site de
Pilismarót-Palrét, près de Esztergom, sur le Danube, daté à 16.000 B.P. , a fourni deux
galets incisés, dont la forme naturelle peut évoquer un corps humain assis.
Les groupes épigravettiens confectionnaient souvent des objets de parure en
matière fossile. A Szob, sur le Danube, on a trouvé trois dépôts de coquilles fossiles de
Turitella, de 100 pièces chacun. D’ailleurs, des coquilles fossiles telles Pirenella, Clavatulla
et Dentalium ont aussi été découvertes à Pilismarót-Palrét, tout comme à Sávgár et même
dans le nord-est de l’Hongrie (Tarcal). Elles étaient toutes très peu modifiées, avec
seulement quelques traces de perforation (Kozlowski, 1992).
On a aussi trouvé des pendentifs et petits galets perforés à Arka, dans le nord-
est de la Hongrie, et Csákvár a fourni des dents perforées et quatre fragments de bracelets
en ivoire. Pendant l’Epigravettien, le bois de renne remplace l’os, aussi bien dans le cas des
constructions que de la réalisation des objets utilitaires et non-utilitaires.
C’est toujours dans le bassin du Danube, mais dans sa partie inférieure, dans la
zone de Porţile de Fier (Roumanie) que se trouvent les sites épigravettiens Dubova-Cuina
Turcului, niveaux I-II ; Dubova-Climente II ; Ogradena – Icoana, niveau I ; Ogradena-
Răzvrata, niveau I ; Veterani – Terasă, niveau 1, qui ont fourni un riche inventaire d’objets
utilitaires et non-utilitaires, tout comme d’objets de parure, surtout en matières dures
animales: fragments de plaquettes et polissoirs en os ou bois de cerf, décorés par des motifs
géométriques gravés, une phalange d’équidé ornée sur toute la surface d’un rhombe, de
deux triangles et de petites lignes obliques gravées, une spatule fragmentaire en os, gravée
d’une bande hachurée, des pendentifs en os, en dents perforées ou en coquilles, des perles
en vertèbres de grands poissons (Otte, Chirica, Beldiman, 1995).
A Dubova-Cuina Turcului, on a découvert deux pendentifs en os, de type long.
L’un d’eux, fragmentaire, provenant du niveau I, daté entre 12. 600 ± 120 B.P. (Bln 803) et
11. 960 ± 60 B.P. (GrN 12. 665), est décoré d’incisions obliques courtes, tandis que l’autre,
découvert dans le niveau II, daté à 10. 125 ± 200 B.P. (Bln 802), est rectangulaire et
présente sur la surface plane des faisceaux de lignes gravées disposées en position
longitudinale et oblique. Deux exemplaires identiques ont aussi été signalés de l’autre côté
du Danube, en Serbie, dans les habitations I et III de Vlasac (Otte, Chirica, Beldiman, 1995).
Le répertoire des motifs géométriques gravés pendant l’Epigravettien de cette
région (zigzags, méandres, hachures, triangles, rectangles), présente des analogies étroites
avec l’Epigravettien final – le Romanellien de l’Italie Centrale (Chirica, 1995a ; 1995b). Le développement de l’Epigravettien à l’est des Carpates peut être suivi dans le
cadre d’une unité régionale basée sur des éléments lithiques molodoviens et bien attestée
dans les séquences de Molodova V, niveaux 6-3, et de Cosăuţi, qui couvrent une période
comprise entre 17.000 et 13.000 ans B.P. Divers sites de cette période présentent une
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
412
manière de vie similaire à celle de la zone carpatique, y compris des déplacements
saisonniers entre le Dniestr Moyen et la Volhynia. C’est la raison pour laquelle, dans
l’opinion de J. K. Kozlowski (1992), les manifestations artistiques de cette phase du
Molodovien présentent les mêmes aspects que le Ságvárien. Un trait est l’absence d’art
figuratif, à l’exception de certains objets naturels, sommairement modelés, qui ressemblent à
des statuettes: Molodova V, niveau 3 et Cosăuţi, niveau 2. La « statuette » de Cosăuţi est un
galet sculpté, donnant l’image de profile d’un bison (Borziac, Chirica, 1996). Le niveau II de
Cosăuţi est daté entre 19. 020 ± 925 B.P. (SOAN 2462) et 15. 520 ± 800 B.P. (LE 3305), et
les niveaux 6-3 de Molodova V sont datés de la manière suivante (Svezhentsev, 1993):
• niveau 6: 16. 750 ± 250 B.P. (GIN 105)
• niveau 5: 17. 100 ± 180 B.P. (GIN 52)
• niveau 4: 17. 100 ± 1. 400 B.P. (GIN 147)
• niveau 3: 13. 370 ± 540 B.P. (GIN 9)
Dans le niveau 3 de Molodova V, on a découvert deux fragments de lances en
ivoire, à incisions bilatérales, et des traces de tranchage. D’après A. P. Tchernysh et M. Otte,
cette pièce représenterait une figurine anthropomorphe schématisée (Otte, 1981). Le niveau
6 a produit une figurine anthropomorphe – pendentif en ivoire.
Le site à deux niveaux d’habitat de Climăuţi II, niveau supérieur, a fourni une
coquille d’oursin, dans le creux de laquelle il y avait une concrétion de marne. L’objet
ressemble à une tête humaine (Borziac, Chirica, 1996).
A Cosăuţi, Climăuţi II et Molodova V, niveaux 6-3, on a découvert de nombreux
galets et plaquettes gravés. C’est de Cosăuţi que proviennent des pointes en ivoire et bois
d’animaux et des harpons décorés d’incisions, méandres et spirales. Il existe aussi des
objets intéressants, à destination controversée, tel que celui du niveau III de Cosăuţi ou l’os
tubulaire à perforations de Molodova V, niveau 4, interprété comme flûte (Collins, 1986).
Les objets de parure sont nombreux et diversifies. Outre les pendentifs en dents
d’animaux et coquilles fossiles, et les perles, on a aussi decouvert des fragments de
bracelets en ivoire, decores d’incisions, ou sans decor.
A Duruitoarea Veche, niveau II, on a découvert un fragment de bracelet – un
lame en ivoire, perforée et polie sur les deux faces, aux dimensions de 3, 6 x 18 x 5 cm
(Chirica, Borziac, 1995). De même, à Cosăuţi, niveau IV, daté entre 17. 640 ± 830 B.P. (LE
3308) et 17. 100 ± 250 B.P. (GIN 4150), on a découvert deux fragments de grands bracelets,
à décor incisé, de 32 et 34 cm de largeur, à section biconcave. Le niveau III, daté entre 17.
840 ± 550 B.P. (SOAN 1462) et 16. 160 ± 250 B.P. (GIN 4149) a fourni trois fragments de
bracelets d’une largeur comprise entre 50 et 70 mm, dont l’un avec une perforation bilatérale
(Chirica, Borziac, 1995) ; de Climăuţi II proviennent quatre fragments de bracelets en ivoire
(Chirica, Borziac, 1995).
Il faut aussi mentionner que le niveau II de Cosăuţi a fourni une bonne quantité
Chapitre 9. Sociétés, art et spiritualité
413
de pièces d’art a conotation symboliques, parmi lesquelles on mentionne un disque rond, en
ivoire, de 3, 5 cm de diamètre et de 7 mm de largeur, considéré comme représentant
l’ébauche d’un pendentif, tout comme une amulette-pendentif en pierre arrondie, décorée
d’un ornement pointillé, avec des entailles sur les bords. L’amulette présente certaines
similitudes avec celle, gravettienne, de Mitoc (Chirica, Borziac, 1995 ; Borziac, 1990).
*
Dans la region géographique de la Plaine Russe (la zone moyenne), le
mammouth continue à être chassé à une large échelle dans la période postérieure au
Maximum Valdai (post 18.000 ans B.P.). Les plus importants sites sont Mézin, sur la Desna,
et Meziritchi et Dobranicevka, sur le Dniepr.
A Mezin, daté à 15. 100 ± 200 B.P. (OxA 719) (Svezhentsev, 1993), on a
découvert cinq habitations entourées de nombreux foyers et ateliers de taille (Soffer, 1985).
A Meziritchi, daté entre 15. 245 ± 1080 (QC 900) et 14. 300 ± 300 (GIN 2596) (Svezhentsev,
1993), on a découvert quatre structures d’habitat, faites d’os de mammouth (Soffer, 1985), et
à Dobranicevka, daté à 12. 700 ± 200 (OxA 700) (Svezhentsev, 1993), toujours quatre
structures, mais plus modestes, entourées de fosses à provisions (Soffer, 1995).
Les manifestations artistiques sont nombreuses, mais pour la plupart abstraites
et géométriques. Les statuettes anthropomorphes existent mais sont schématiques et
décorées de motifs géométriques gravés.
La spécificité de cette zone géographique et de la période mentionnée sont
données par les découvertes de Mezin, avec ses statuettes à partie supérieure droite et
svelte, et à partie inférieure moins volumineuse, marquée par une légère exagération des
fesses et des hanches (Soffer, 1985). Chacune des deux zones présente des décorations
spécifiques: sur la partie supérieure il y a des lignes obliques à l’intérieur d’un rectangle, ce
qui a été interprété comme une image stylisée de visages couverts de capuchons ; la partie
inférieure est décorée d’un triangle symbolisant le sexe. Ces statuettes ont été classifiées
par L. A. Yakovleva en quatre types: « les sveltes », « les courtes et trapues », « celles à la
partie supérieure très plate » et « les schématiques » (Kozlowski, 1992). Les statuettes de
Meziritchi ont un décor plus varié, mais avec une constante: le rectangle dans la partie
supérieure et le triangle dans la partie inférieure.
A Meziritchi, on a découvert quelques dizaines de dents perforées, surtout de
renard et Alopex. L’ambre représente une matière première importante pour la production
des perles, aussi bien à Mezin qu’à Meziritchi. L’ambre provient probablement des dépôts de
sables du Paléogène, situés à une distance de 100 km. La présence de coquilles marines
(Baccinum, Certhium, Nassa et Cardium) nécessite une explication plus détaillée, puisque la
Mère Noire se situe à quelques centaines de kilomètres, une autre zone écologique étant
aussi interposée (Kozlowski, 1992). On n’exclut pas certains éléments indiquant l’initiation
d’échanges entre les communautés humaines contemporaines.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
414
Sur le cours supérieur de la Desna, on a identifié un groupe de chasseurs de
mammouth, avec un outillage pauvre mais homogène (burins, grattoirs, lames à bord abattu)
et à structures d’habitat faites d’os de mammouth (Soffer, 1985). La taille de l’os et de l’ivoire
est moins développée que chez les autres groupes épigravettiens de la Plaine Russe. Il
s’agit des sites d’Eliseevici, près de Briansk, daté entre 15. 600 ± 1. 350 B.P. (QC 889) et 14.
470 ± 100 B.P. (LU 126), à une daté isolée à 12. 970 ± 140 B.P. (LU 102), et de Iudinovo,
daté entre 14. 650 ± 105 B.P. (AA 4802) et 13. 300 ± 700 B.P. (GIN 2003) et 12. 200 ± 300
B.P. (IGAN 86) (Svezhentsev, 1993).
Les recherches de K. M. Polikarpovici à Eliseevici, en 1935, ont permis de
dégager une structure d’habitat de type « Kostenki – Anasovka », tout comme une
« cuvette » - un léger creux dans le sol entouré d’os longs, verticalement placés, à côté
d’une agglomération de crânes de mammouth, dans le périmètre de laquelle on a trouvé la
plupart des objets d’art, dont une statuette féminine modelée de manière réaliste, l’unique
représentation anthropomorphe naturaliste de l’Epigravettien de la zone, et plusieurs
plaquettes en ivoire, à motifs gravés. Les figurines se font remarquer par la souplesse et la
proportion entre les parties du corps, la partie inférieure étant allongée. L’élément le plus
caractéristique est constitué par le modelage naturaliste des pieds, inconnu dans le
Paléolithique Supérieur (Kozlowski, 1992).
Une collection de 13 plaquettes en ivoire, découvertes à Eliseevici, toutes
décorées, est unique dans le cadre du Paléolithique Supérieur. Ces objets non-utilitaires ont
souvent été désignés comme des churingas, par Z. A. Abramova, l’affirmation étant
suggérée par une pièce qui semble être complète et à forme de demi-lune. On a démontré
que cette plaquette a été décorée après l’utilisation, vu qu’elle a été polie et que des éclat
avaient été détachés, détériorant ainsi la surface et les bords de l’objet. Les fragments
d’autres plaquettes ont été décorés après cassure des objets. Tout ceci démontre que les
décorations sur les fragments en ivoire n’avaient pas tous une signification esthétique, vu
que certains ont été utilisés pour des supports pour la gravure de divers signes et motifs
géométriques à caractères symboliques (zigzags, lignes ondulées multiples, rectangles,
motifs en forme d’échelle et surtout d’écaille de poisson) sur des objets rituels (Kozlowski,
1992).
L’évolution de l’art épigravettien reste en rapport avec la manière de vie des
groupes humains: pauvre chez les groupes de chasseurs de renne et bison, plus nobles que
les groupes gravettiens ; développée chez les chasseurs de mammouth, qui se déplaçaient
tout aussi peu que ceux du Gravettien. La hiérarchisation sociale des populations
épigravettiennes n’est pas connue. Les objets à fonction rituelle ou signification symbolique
étaient probablement produits dans le cadre des clans. Les tombeaux épigravettiens sont
absents, à l’exception de ceux trouvés à Kostenki II (11.000 ± 200 B.P.) et à Cosăuţi, sur le
Dniestr, dépourvus de mobilier funéraire.
Chapitre 9. Sociétés, art et spiritualité
415
Les transformations dans l’organisation sociale semblent se rapporter à la
disparition de l’art figuratif et à l’évolution de l’art abstrait. On peut admettre que c’est la
disparition d’une hiérarchie sociale (liée à l’accès différencié aux pratiques rituelles ou
magiques) qui a permis une plus large diffusion des connaissances liées à la signification
symbolique des motifs abstraits. La réalisation de ces objets symboliques dans le cadre des
unités sociales plus restreintes a imposé des formes plus simples et plus faciles à énoncer.
Les signes graphiques et les formes abstraites deviennent un élément important pour
l’identification des groupes socioculturels, à aires culturelles beaucoup plus limitées que
celles de la période anté-pléniglaciaire.
Les groupes humains épigravettiens se sont inspirés du milieu naturel pour créer
des signes et motifs stylisés assimilant les formes naturelles des galets aux contours
zoomorphes ou anthropomorphes ; d’autre part, ils ont conçu des signes à partir des motifs
zoomorphes. Tel que L. A. Yacovleva l’a démontré, certains éléments réalistes de ces motifs
pourraient être reconnus dans les compositions non-figuratives des extrémités de défenses
de mammouth du site Kiev-Kirilovskaja (Soffer, 1985).
Le même intérêt pour la nature pourrait être identifié dans la symbolisation des
forces de la nature: l’eau est exprimée par des lignes ondulées et les représentations
schématiques de poissons et d’écailles.
A la différence d’O. Soffer, qui observe que « les objets conservés dans les sites
récents sont stylistiquement indistincts et ne transmettent aucun message », J. K. Kozlowski
considère que « les chasseurs de mammouth post-pléniglaciaires ont exprimé leur identité
pour la première fois à la fois par divers aspects de leur culture matérielle et spirituelle »
(Kozlowski, 1992).
L’art pariétal épigravettien dont on a longuement cru qu’il n’existait pas dans
cette partie de l’Europe, a apporté un surcroît plus de variété dans l’art tardiglaciaire dans
son ensemble.
Pour cloturer, il est nécessaire de mettre en évidence les mots de A. Leroi-
Gourhan (1990): « Est-il indispensable de parler de religion … si l’on tiens compte d’une
spiritualité aux racines multiples, profondement insérées dans les différents domains de la
psychologie des Anthropiens. L’homme, créaeur d’outils, est aussi créteur de symboles
d’expression verbale ou des formes symboliques ».
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
416
Fig. 231. Art mobilier paléolithique de Roumanie. 1. Gura Cheii-Râşnov; 2. Dorohoi-Strahova; 3-4. Mitoc-Malu Galben.
Chapitre 9. Sociétés, art et spiritualité
417
Fig. 232. Art mobilier paléolithique de Roumanie 1. Grotte Cioarei-Boroşteni ;2. Ţibrinu-Constanţa.
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
418
Fig. 233. Objets en marne. 1. Pendentif fragmentaire (Molodova V, niv. 6, d’après Tchernish); 2. Amulette-pendentif; 3. Plaquette incisée; 4. Figurine feminine; 5. Bison (2 à 5 de Cosăuţi, niv. 2).
Chapitre 9. Sociétés, art et spiritualité
419
Fig. 234. Pièces en marne et autres matériaux. 1. Amulette-pendentif : ivoire de mammouth, ornement en pointillé (grotte Brînzeni, selon N. Chetraru); 2. Pièce perforée : ivoire de mammouth, ornement en pointillé et 3. pièce en marne, incisions longitudinales (Cosăuţi) ; 4. satuette féminine schématique (Polismarot-Palret, selon V. Dobosi)) ; 5. tête de figurine, ornement incisé (Kostenki I, selon A. Rogatchev); 6. Fragment de statuette feminine; 7. Plaquette en marne décorée (Molodova V, selon Tchernysch).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
420
Fig. 235. Pièces en ivoire de Molodova V (selon A. Tchernysh) : 1. Pièce d’usage inconnu (niv. 6); 2. Ivoire incisé (niv. 3); 3. Pointe de sagaie (niv. 3); 4-6-8. Pointes en ivoire (niv. 5 et 3); 5. Pendentif en ivoire (niv. 8).
Chapitre 9. Sociétés, art et spiritualité
421
Fig. 236. 1. Ciseau en ivoire (Costeşti I); 2. Fragment d’ivoire avec traces de découpage transversale (Cosăuţi, niv. I); 3-5. Pointes des niveau 7 et 6 de Molodova V (d’après A. Tchernysh).
I. Borziac, V. Chirica, M. C. Văleanu
422
Fig. 237. 1-5. Fragments de bracelets des niveaux IIIA, III et IIIB de Cosăuţi; 6. Fragment de bracelet (?) du niv. II de Duruitoarea-Veche (d’après N. Chetraru); 7-9. Perles en canines de renard et molaires de renne du niveau VI de Cosăuţi.
423
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