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from kutcha to pucca annalisa caimi – milo hofmann

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annalisa caimi – milo hofmann

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from kutcha to pucca

proposition de reconstruction d’habitats résistants aux calamités naturelles pour les villages de l’Orissa (Inde)

cahier 2

Enoncé Théorique de Travail de Master

Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne

Département d’Architecture

Groupe de suivi Prof. Martin Steinmann

Prof. Claude Morel Didier Challand

Experte

Prof. Isabelle Milbert

Diplômants Annalisa Caimi Milo Hofmann

Février 2005

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Tables des matières

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Tables des matières Introduction 4 État de lieu 6

1. Situation dans le district de Kendrapara 7 2. Le village d’Anduli 11

Bibliographie 14

Bambou 15

1. Propriétés 16 2. Processus de travail 18 3. Construction 20 4. Habitations traditionnelles 22 5. Eléments de construction 24 6. Avantages 29 7. Exemples 33

Bibliographie 38

Exemples 39

1. En cas de désastre 40 1.1 Abris d’urgence 41 1.2 Habitations temporaires 43 1.3 Reconstruction permanente 50 2. Reconstruction low-cost 55

Bibliographie 64

Stratégie du projet 65

1. Scénario d’intervention 66 2. Création d’un nouveau settlement 73 3. Principe de construction des habitats 74 4. Utilisation du bambou 75 5. Programme 76 Bibliographie 79

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Introduction

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Pour mieux définir et comprendre le contexte d’intervention de notre projet, ce deuxième «cahier» complète la première partie d’Enoncé Théorique élaborée pour décembre 2004. À travers l’analyse des interventions effectuées et des projets réalisés dans des situations de post-désastre, nous avons élaboré un scénario, le plus réaliste possible, dans lequel insérer notre travail. Ce deuxième cahier se divise donc en quatre parties: Partie 1ère : État de lieu

Analyse et définition du degré de vulnérabilité aux calamités naturels (tels qu’inondations et cyclones) dans la région du Kendrapara District; conséquences de l’impact des désastres naturels annuels sur les structures (habitations) et les infrastructures publiques. Stratégies adoptées et acteurs intervenants dans les secours immédiats et dans le processus de reconstruction. Analyse du cas spécifique du village d’Anduli.

Partie 2ème : Bambou

Présentation du bambou en tant que matériau de construction; spécificités et potentialités. Exemples de projets de construction d’habitations en bambou.

Partie 3ème : Exemples

Exemples de projets d’intervention post-désastre et de relogement low-cost.

Partie 4ème : Stratégie du projet

Définition du scénario et des phases d’intervention, des acteurs concernés et de la façon dans laquelle ils agissent. Proposition de création d’un nouveau settlement, du principe de construction des habitats qui sera adopté, et des potentialités offertes par un matériaux comme le bambou. Redéfinition du programme du projet.

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État de lieu

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1. Situation dans le district de Kendrapara Vulnérabilité aux risques naturels Le district de Kendrapara s’étale sur une surface de 2'548 km2 et comprend 1’532 villages. À l’Est, ses 48 km de côtes confinent avec la Baie du Bengale (Océan Indien). À cause de sa position géographique, différents types de calamités naturelles frappent cette région avec une récurrence annuelle. Dans le district de Kendrapara, le cyclone tropical est le phénomène naturel le plus fréquent et le plus violent. Presque chaque année, des vents de 180-200 Km/h se manifestent en concomitance à des pluies torrentielles, qui provoquent des inondations intéressants toute la plaine côtière. En plus, l’Orissa est intéressée, avec moins de fréquence (jusqu’aujourd’hui une fois par décennie), par un type de cyclone très puissant, nommé super-cyclone et caractérisé par un vent d’une vitesse qui peut rejoindre les 270-300 Km/h, des tempêtes de pluie, des vagues d’environ 7 mètres de hauteur, et des fortes inondations salines. Si les conséquences du passage d’un super-cyclone sont déchirantes, l’impact d’un cyclone tropical (classifié «severe cyclonic storms») n’est pas moins violent. En relation à ces types de phénomènes naturels, le Gouvernement de l’Orissa a défini 3 catégories correspondant au degré des dégâts subis par les habitations: - Washed Away (WA) house: les murs et la structure porteuse de

l’habitation sont emportés par une inondation - Fully Collapsed (FC) house: le toit et les murs sont entièrement détruits

par l’impact d’un cyclone - Partially Collapsed (PC) house: au moins le 25% (ex. le toit) de la

structure porteuse n’existe plus Ensuite à l’impact d’une calamité naturelle, le pourcentage des différentes catégories de dégât, dans un village, dépende de la position géographique, de la morphologie du terrain, de la topographie du sol, des technologies des constructions employées et de la puissance du cyclone. Dans le district de Kendrapara, parmi les habitations concernées par le super-cyclone du 1999, 53,8% ont été entièrement détruites par le cyclone, 46,1% partiellement détruites, et le 0,1% ont été emportés par la puissance d’une inondation. Même si avec une intensité mineure par rapport au désastre naturel du 1999, chaque année la population se trouve confrontée à la destruction de nombreuses habitations. Dans la plupart de cas, la destruction produite par les cyclones tropicaux, se limite aux constructions précaires en boue et paille (les kutcha houses). Les pucca houses, si bien construites, ne subissent généralement que des dégâts mineurs, qui n’en compromettent pas la possibilité de les habiter.

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Conséquences sur les kutcha houses À selon des facteurs qui la génèrent, une inondation peut être: - inondation locale: causée par des pluies torrentielles, pendant la

mousson et le cyclone, là où il y a un inadéquation du système de drainage. Le niveau de l’eau augmente de manière constante et la vitesse d’écoulement est basse

- inondation improvise: causée par des pluies torrentielles, pendant la mousson et les cyclones, dans une situation où la morphologie du terrain amène à une très haute vitesse d’écoulement et, donc, à un impact improvise extrêmement violent

- inondation saline: les vents du cyclone engendrent des énormes vagues d’eau de la mer, qui se renversent à l’intérieur des terres. Au contact avec la côte, les vagues perdent de plus en plus de puissance et diminuent en hauteur, pour arriver à se dissiper à plusieurs kilomètres de distance de la mer

Les inondations locales ne causent principalement pas une destruction totale des kutcha houses, pour leur basse vitesse d’écoulement, mais elles peuvent engendrer, à cause d’une submersion prolongée des matériaux de construction, des dommages partiels: - le sol devient plus ramolli, en engendrant le baissement du socle en

terre, d’une façon irrégulière, en rendant donc instable l’entière structure porteuse. Ce problème d’instabilité structurelle est bien visible, dans les fissures présentes souvent dans les murs

- la submersion prolongée provoque la détérioration des finitions (recouvrement des mur, bois apparente,…)

Les dégâts majeurs aux kutcha houses sont causés par le cyclone, les vagues d’eau saline qui l’accompagnent et par les inondations improvises. Le fort vent qui caractérise un cyclone a, comme première conséquence, l’envolement du toit et, ensuite, la destruction de la structure porteuse. La puissance des vagues, qui se renversent à l’intérieur des terres depuis la mer, est suffisante à détruire entièrement une habitation qui se trouve sur la côte. Dans ces deux cas, c’est toutefois possible de recycler certains matériaux de construction parmi les débris (bois, bambou, tuiles en ciment, briques). Par contre, une inondation improvise désintègre la plupart des matériaux qui encontre sur le chemin, ne laissant aucune trace des habitations préexistantes. Dégâts aux infrastructures publiques Tous ces phénomènes naturels provoquent importants dégâts non seulement aux constructions, mais aussi aux infrastructures publiques, comme routes, puits d’eau potable et étangs. À cause des dommages subis par les routes reliant les villages et les centres urbains les plus proches, les secours de la part des groupes d’aide, en cas de désastre, ne peuvent pas parvenir à destination immédiatement après l’impact.

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Les dommages aux puits d’eau potable et la pénétration de l’eau saline en profondeur dans le sol engendrent un manque d’eau potable parmi la population survivante qui, une fois avoir exploité la réserve d’eau disponible grâce aux noix de coco, se retrouvent à risque de déshydratation et de diarrhée. Le problème majeur lié aux étangs est qu’une fois la situation rentrée à la normalité, l’eau qu’ils contiennent est extrêmement polluée et risque de propager, encore plus rapidement, des épidémies comme le choléra. Secours immédiats Dans un contexte suivant un désastre, plusieurs groupes d’aide se préoccupent des opérations de secours: - départements gouvernementales, au niveau du Block, du District e de

l’Etat - organisations non-gouvernementales de l’Orissa - organisations non-gouvernementales nationales (Indian Red Cross et

Help Age India) - organisations non-gouvernementales internationales (Nations Unies,

Lutheran World Service) L’ONG internationale Lutheran World Service se préoccupe de assurer l’eau potable, l’Indian Red Cross les médicaments, les départements gouvernementales s’occupent de la distribution de nourriture et les autres ONG fournissent aux victimes toute sorte de matériel de secours. L’efficacité de la distribution dépend essentiellement des conditions des routes d’accès aux villages. Il y a effectivement des villages qui reçoivent les premiers secours déjà après 3-4 jours, dès que la plupart, qui sont difficilement accessibles, les reçoivent seulement après quelques semaines. Le manque d’une assistance de secours immédiate, qui agisse en manière homogène sur le territoire du district, se reflète aussi dans les travaux de reconstruction des habitations. En effet, pour une reconstruction efficace et mitigative, la disponibilité des matériaux de construction et le support des organisations extérieures sont directement proportionnels à la possibilité d’accéder au village. Actuellement, l’isolement des villages résulte, donc, être le problème principal dans un contexte post-cyclone, soit pour ce qui concerne les besoins immédiatement consumables, soit pour les travaux de reconstruction à long terme. Reconstruction La plupart des maisons, environ le 85%, sont reconstruites avec les mêmes techniques et les mêmes matériaux qu’avant, c’est-à-dire, boue, bambou, bois et paille, pour aboutir à des nouvelles kutcha houses, toujours très précaires et, donc, très vulnérables aux futurs risques naturels.

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Cette situation est due principalement à la difficulté, de la part des groupes d’assistance à long terme (comme les Nations Unies), d’agir sur tout le territoire affecté. En outre, cette situation est aggravée par l’augmentation usuelle des prix des matériaux de construction, et par la difficulté de les transporter avec un camion, sur les routes encore très endommagées même après plusieurs mois. En effet, le Gouvernement de l’Etat de l’Orissa ne peut pas contrôler le surcroît des prix apporté par les fournisseurs des matériaux, et ne s’engage pas efficacement pour la manutention des routes principales. Coordination institutionnelle dans la gestion des activités post-désastre La gestion des activités post-désastre est soumise à la responsabilité d’une Commission Spéciale De Secours (Special Relief Commissioner), établie au niveau de l’Etat. Selon les décisions de cette commission, les différents départements du Gouvernement (et le «state control room») effectuent des interventions à bref et à longue termes, soit d’une façon directe, soit en passant par l’administration du district. Au niveau du district, le PWD (Public Works Department) agit directement ou à travers l’administration du bloc, le BDO (Block Development Office). C’est à ce niveau institutionnel, que les différentes organisations non-gouvernementales définissent les buts et les moyens d’intervention. Au niveau du bloc, les apports à bref terme, comme la distribution de la nourriture, des médicaments et des vêtements, sont effectués soit en manière directe par les départements étatiques ou du district, soit par le département du bloc.

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2. Le village d’Anduli Fiche technique État: Orissa District: Kendrapara Bloc: Mahakalapara Gram Panchayat: Balipal Village: Anduli Distance de la Baie du Bengale: 15 km Type de risques naturels Tremblement de terres risque: très modéré fréquence: rare intensité: 3.0 de magnitude Cyclones «severe cyclonic storm» risque: extrêmement forte fréquence: annuelle intensité: vents de 180-200 km/h «super-cyclone» risque: forte fréquence: décennale intensité: vents de 270-300 km/h Inondation locale risque: forte fréquence: annuelle, pendant les moussons et les cyclones intensité: 80 cm de hauteur Inondation improvise risque: très modéré fréquence: rare intensité: 1 m de hauteur Inondation saline risque: modéré fréquence: décennale intensité: vagues d’eau saline, de 50-80 cm de hauteur, de

vitesse très modérée

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Désastre naturel Pour avoir une idée du degré de destruction auquel la population du village d’Anduli doit se confronter, nous décrivons la situation après une des calamités naturelles les plus dévastatrices (super-cyclone), et après la calamité naturelle la plus recourrant (severe cyclone storm). (On utilise ici les définitions appliquées par le Gouvernement de l’Orissa) Conséquences du super-cyclone du 1999 kutcha houses - WA (Washed Away) houses: 0 % - FC (Fully Collapsed) houses: 85 % - PC (Partially Collapsed) houses: 15 % - Dégâts mineurs: 0 % pucca houses - WA (Washed Away) houses: 0 % - FC (Fully Collapsed) houses: 0 % - PC (Partially Collapsed) houses: 20 % - Avec dégâts mineurs: 80 % Conséquences d’un cyclone classifié comme «severe cyclonic storm» kutcha houses - WA (Washed Away) houses: 0 % - FC (Fully Collapsed) houses: 60 % - PC (Partially Collapsed) houses: 35 % - Avec dégâts mineurs: 5 % pucca houses - WA (Washed Away) houses: 0 % - FC (Fully Collapsed) houses: 0 % - PC (Partially Collapsed) houses: 5 % - Dégâts mineurs: 95 % Description chronologique après l’impact Le contexte après un cyclone implique une période de transition entre le moment de la destruction de l’habitat et celui de l’implantation de ses habitats dans une nouvelle structure. Ce passage se compose de deux phases : - le rétablissement d’un environnement adéquat pour pouvoir

entreprendre les travaux - la construction véritable L’isolement des villages, encore accrue par les inondations, oblige la population à trouver des solutions de fortune pour s’abriter: toutes sortes d’objets et de matériaux dénichés sur place sont employés pour la réalisation d’un abri qui trouve place le long des routes, souvent le seul endroit rehaussé par rapport au niveau des eaux.

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Les matériaux utilisés pour l’abri d’urgence sont: - le bois coupé illégalement dans la forêt, ou le bois dérivant des

arbres qui ont été déracinés par les forts vents - feuilles de bananier - feuilles en plastique - éléments recyclés provenant des habitations détruites: morceaux de

bambou, pièces de bois, briques, tuiles en terre cuite Après 5 jours, une fois le niveau de l’eau rentré à la normalité, les habitants commencent à dégager les débris présentes partout sur le terrain, et à chercher de redéfinir la division des terrains, grâce à des point de repères qui n’ont pas été endommagés (quelques pucca houses et les grandes arbres). Après 10 jours de l’impact, les survivants entreprennent les travaux de reconstruction de leurs habitations, avec les mêmes matériaux et les mêmes techniques constructives employées pour celle qui a été détruite (boue, bambou, bois et paille: matériaux facilement récupérables dans un milieu rural concerné par un cyclone). La construction d’une kutcha house d’une surface habitable de 60 m2 est achevée après environ 2 mois de travail effectué par 4 personnes. Après 15 jours de l’impact, l’Armée Indienne complète le dégagement des débris encombrant la route qui lie Anduli au plus proche centre urbanisé: Kendrapara Town, capitale du district. Les groupes d’aides ont, seulement à ce moment, la possibilité d’accéder au village pour la distribution du matériel de secours. Le Gouvernement de l’Etat de l’Orissa aide les victimes, au-dessous de la ligne de pauvreté, avec une assistance financière, distribuée directement aux bénéficiaires, à selon des dommages subis par leur habitation: - WA (Washed Away) house: 3'500 Rps - FC (Fully Collapsed) house: 2'000 Rps

- PC (Partially Collapsed) house: 1'000 Rps

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Bibliographie Y. Aysan – I. Davis, Disaster and small dwelling. James X James, London, 1992 S. Binari Verma, Rural Prosperity Oriented Programmes. NGO’s and people participation, Aavishkar Publisher, Jaipur, 2003 Floods, flood plains and environmental myths, State of India’s Environment 3, Centre for Science and Environment, New Delhi, 1996 Helping people to cope. UNVolunteers. Support disaster mitigation in India, United Nations Development Programme, 2003 S. Mahapatra – B. Prasad Sahu, Post Disaster Management of Super- cyclone, Mittal Publications, New Delhi, 2004 Office of the United nations Disaster Relief Co-ordinator, Shelter after disaster, United Nations, Geneva, 1982 Orissa Super-cyclone. Report of the State Level Workshop on Strategic Planning in Rehabilitation & Development, Government of Orissa – United Nations, Bhubaneswar, 1999 S. Suri, Orissa Disaster. Agony of the living, Authorspress, Delhi, 2000 www.undp.org (United Nations Developpement Programme) www.idrf.org (India Development and Relief Found) www.act-intl.org (Action by Church Together International)

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Bambou

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Léger, souple, résistant, facile à mettre en œuvre, à la croissance rapide, le bambou constitue un élément essentiel dans la vie quotidienne d’un incalculable nombre de personnes dans des pays comme l’Asie, l’Amérique Latine et l’Afrique. Il permet la subsistance de plus d’un billion de personnes, principalement dans les très pauvres régions rurales des pays en voie de développement. Le bambou est ici employé pour fabriquer des outils de travail, récipients et paniers pour la conservation des aliments, outils à écrire et instruments musicaux, mobilier et décorations religieuses. Il est de même utilisé comme combustible et nourriture, mais avant tout, il represente un matériau largement employé dans la construction et l’extension des habitations: plus d’un milliard d’êtres humains, dans le monde, habitent une maison partiellement ou entièrement bâtie en bambou. En dehors du milieu domestique, le bambou est utilisé pour le travail des champs, pour la construction de ponts et d’échafaudages, des enclos, et dans les interventions pour contrôler la sécurité des cours des fleuves et des bandes côtières. 1. Propriétés Classification Le bambou fait partie des Monocotylédones, appartenant à la famille botanique des graminées. Il peut être classifié en 5 espèces qui diffèrent entre elles par leurs caractéristiques spécifiques, leur végétation et leur taille. Il existe des bambous nains qui couvrent le sol comme des herbes et d’autres qui peuvent atteindre près de 30m de haut et 25-30 cm de diamètre à la base. Distribution géographique On dénombre 1'300 espèces regroupées en 75 genres, répartis sur toute la planète, mais principalement dans les régions tropicales et subtropicales, pour le deux tiers en Asie. Le sud-est de ce continent, et spécialement Inde, Indonésie, Philippines et Chine, constituent les plus grandes ressources de bambou du monde, en accueillant sur leur territoire plus du 65% des espèces connues. Facteur climatiques Les bambous poussent le plus souvent dans les forets et se propagent par reproduction naturelle, en allant à constituer une forme de sous-bois. Si la plupart se développent bien à des températures variant entre 9 C° et 36 C°, certaines espèces, comme le Dendrocalamus Strictus en Inde, sont implantées dans des régions où la température varie de -5 C° à 46 C°. Le taux d’humidité joue un rôle déterminant dans la distribution des espèces, en effet les bambous poussent très bien dans les zones de très haute humidité (80% et plus).

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En outre, la plupart des bambous s’acclimatent dans toutes sortes de sols, avec une préférence pour le type argileux. Anatomie Le chaume est une tige cylindrique creuse composée de nœuds et d’entre-nœuds. À chaque nœud correspond une cloison rigide qui vient renforcer la tige. Le diamètre de la section creuse, l’épaisseur de la paroi et la longueur des entre-noeuds varient selon les espèces. À différence des arbres, les bambous sont dépourvus d’écorces. Leur surface extérieure est extrêmement lisse, ce fini naturel étant dû à la cire sécrétée par l’épiderme, et très résistante, grâce à la silicone contenue dans les fibres. Le chaume est constitué de fibres longitudinales serrées qui confèrent à la plante ses principales qualités: souplesse, flexibilité, élasticité et grande résistance à la traction. En outre, comparé au bois d’œuvre, le bambou est exceptionnellement léger (en moyenne 640 kilos/m3). Les bourgeons se développent à la base des nœuds pour donner des branches, présentant la même structure cloisonnée que les chaumes, qui se divisent en aboutissant à leurs extrémités à des feuilles. Les feuilles, de forme effilée, tombent chaque année et sont aussitôt remplacées par des nouvelles, en permettant ainsi au bambou de rester vert toute l’année. Le bambou se reproduit grâce à un rhizome souterrain, qui présente la même structure que le chaume et porte des racines qui s’insèrent au niveau des nœuds.Chacun de ceux-ci possède un bourgeons qui peut se développer en rhizome ou bien sortir de terre et produire une plante. On distingue deux types de rhizome. Le rhizome leptomorphe se développe de façon horizontale à la surface au sol (il peut s’étendre sur plusieurs mètres en l’espace d’une saison) et il va à constituer des bosquets serrés, en privilégiant les climats tempérés. Le rhizome pachymorphe est plus court, dirigé verticalement et il parcourt peu de distance sous terre, il est en outre typique des bambous les plus anciens et présents essentiellement les régions situées entre les tropiques. La rapidité de croissance du bambou est étonnamment élevée: aucun autre végétal au monde ne pousse si vite. Le bambou possède déjà à sa naissance tous les nœuds renfermés dans le bourgeon. Sa croissance consiste en l’extension de ses entre-nœuds de façon télescopique. Le bambou sort de terre avec son diamètre définitif et, selon les espèces, il croit jusqu’à 15-20cm par jour. La plante atteint sa taille définitive entre deux et quatre mois. À ce stade, la tige est peu résistante; elle se lignifie progressivement et atteint sa maturité entre trois et cinq ans. Le rhizome se développe continuellement sous terre et des nouvelles pousses apparaissent chaque année.

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Action environnementale La canopée de la forêt de bambou maintient la fraîcheur et l’humidité du sol et, en surface, l’humus est composé des feuilles qui tombent chaque année. L’inextricable maillage que forment les rhizomes de bambou fixe et retient la terre. L’eau des pluies est rapidement absorbée par les trois couches (branches et feuilles, humus et rhizomes), et le rhizome filtre les eaux polluées. En outre, le bambou est une plante qui se auto-régénère rapidement, grâce une continuité de croissance après que les tiges ont été coupées, à travers les nouvelles pousses qui réapparaissent chaque année. Une forêt de pins augmente en général de 2 à 5% par an en volume total, dès qu’une plantation de bambous de 10 à 30%. 2. Processus de travail Récolte Dans une plantation ou dans une forêt de bambous, les chaumes sont sélectionnés selon leur usage futur. Après 30 jours, les bourgeons peuvent être utilisés comme nourriture. Paniers et autres types d’objets peuvent être réalisés à partir des cannes de bambou après 6-12 mois. Pour être employé dans la construction, le bambou doit être âgé d’au moins trois ans. Une coupe totale pourrait être considérée la méthode plus commune pour la récolte du bambou, mais elle ne résulte pas économique en vue d’une possibilité d’utilisation future de la même plantation. En effet, pour quatre tiges coupées, une nouvelle pousse en rendant donc nécessaire une sélection des tiges avant la coupe. Dans les forêts indiennes, le bambou est généralement recueilli chaque trois-quatre ans, et la récolte concerne uniquement les tiges plus anciennes. En effet, il faut laisser en place au moins 10 plantes pour leur permettre de supporter les nouveaux bourgeons et pour aussi maintenir le rhizome en pleine activité. Normalement, dans les régions subtropicales, les saisons mieux indiquées pour la récolte correspondent à l’automne et à l’hiver, dès que sous les tropiques, elle est effectuée à la fin de la saison des pluies, lorsque les insectes sont moins actifs. La coupe est généralement accomplie à l’aube, quand la lune est dans son décroît, correspondant au moment dans lequel le bambou est plus pauvre d’eau. Dans cette condition, il résulte être plus résistant à l’attaque des insectes et des champignons. Les chaumes sont coupés au plus près de la base (il faut laisser au moins 30 cm), just au-dessus d’un nœud.

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Après la coupe, les branches doivent être soigneusement enlevées de manière à ne pas endommager la couche extérieure de la tige, qui la protège des insectes et de l’humidité. Transport Après la coupe, on pratique deux entailles immédiatement à côté de la coupe. En y faisant passer des bandes de bambous ou des cordes, plusieurs tiges peuvent être liées entre elles pour les sortir de la forêt. Elles sont ensuite transportées sur des charrettes ou des camions, ou elles sont faites descendre, confectionnées en radeaux, le long d’une rivière jusqu’au prochain point de récolte. Ce dernier mode de transport, appelé «flottage», présente un triple intérêt: outre son faible coût, c’est une méthode naturelle pour débarrasser le bambou de son amidon et simultanément, un moyen de déplacement pour les hommes ou d’acheminement de la marchandise placée sur les radeaux. Séchage Avant leur utilisation, les bambous doivent être laissés sécher dans un endroit abrité et aéré. S’ils sont tenus debout sur des traverses, le temps de séchage dure une vingtaine de jours. Le taux d’humidité descend donc autour de 12 à 15%, en permettant ainsi une diminution du poids, une réduction des dilatations, une augmentation des propriétés de résistance mécanique et une prévention de la formation de champignons. Cependant, le bambou doit être travaillé quand il est encore «vert». En effet, s’il est trop sec, il deviendra cassant et dur, en perdant en partie sa flexibilité naturelle. Durabilité et préservation La durabilité d’une construction en bambou dépend de plusieurs facteurs: le choix des espèces appropriées, l’âge du chaume lors de sa coupe, les techniques de mise en œuvre, mais surtout des traitements de préservation auxquels il est soumis. Comme le bois de construction traditionnel, le bambou nécessite d’un traitement de protection pour en garantir une majeure durabilité. Si pas protégé, le bambou devrait être remplacé après seulement deux-trois ans. Cependant dans des régions caractérisées par un climat très chaud et par un taux d’humidité très élevé, les constructions en bambou peuvent résister plusieurs décennies sans demander d’entretien particulier, à condition qu’elles soient bâties en manière appropriée.

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En plus des changements d’humidité, qui altèrent le bambou, de nombreux insectes se nourrissent des tendres parois, riches en amidon, qui constituent le cœur de la plante. À fin d’éviter le développement et la propagation des organismes destructeurs, le bambou doit être soumis à un traitement de conservation dès la coupe des tiges. Dérivantes des utilisations traditionnelles du bambou, nombreuses méthodes naturelles de préservation sont encore aujourd’hui employées en raison du leur faible coût, de leur efficacité et de la simplicité d’application. La forme de traitement la plus fréquente, spécialement dans les régions subtropicales, est celle de placer les bambous dans l’eau courante pendant une période qui va de 4 à 12 semaines, le temps de dissoudre les sucres qu’ils contiennent. Le traitement par fumigation consiste à placer les bambous au-dessus d’un feu de braises dont la fumée rend la couche plus externe de la tige inaccessible aux insectes. En outre, celle-ci est une méthode qui permet aussi de redresser les tiges tordues. La chaleur risque, cependant, de produire des contractions et de fissurer le bambou. Autre méthode simple et bon marché, courante dans les zones rurales, consiste dans le traitement à la chaux qui, passée régulièrement, a un effet assainissant contre l’humidité et répulsif vers les insectes. Le badigeonnage ou l’imprégnation par des produits chimiques donnent également des très bons résultats, mais leur emploi résulte être limité par le coût qui dépasse souvent le coût du matériau brut. 3. Construction Outils et techniques Le bambou est un matériau très simple à travailler et il peut être employé, dans le secteur de la construction, sous différentes formes. Un simple outil suffit à le façonner: une machette permet de confectionner l’ensemble des pièces et des assemblages nécessaires à la réalisation de toutes sortes de structures (habitations, ponts, échafaudages). Toutes les parties de la nouvelle structure peuvent être réalisées à l’aide de cet instrument et l’on pourrait donc affirmer que la plante se suffit donc a elle-même, fournissant tous les éléments nécessaires pour la construction, même les liens nécessaires aux assemblages.

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Mise en œuvre Tous les éléments composant une construction peuvent être réalisés en bambou: charpente, ossature, poutres, poteaux, chevrons, lattes. Le bambou sert à fabriquer des planchers (poutres, solives, revêtement de sol) et les parois (cloisons intérieures et extérieures, balustrades, armatures pour torchis). Il est utilisé pour la menuiserie (huisseries, portes, fenêtres, volets), pour la couverture (support, tuiles, bandeaux, gouttières), dans les éléments d’assemblage (liens, chevilles, cordes) et de même pour divers équipements (échelles, faîtages...). Les sections entières permettent la réalisation de l’ossature, aussi bien pour les poteaux et les poutres de plancher que pour les éléments de la charpente et les pièces de menuiserie. Fendus en demi-tiges ou en latte, les bambous ont une grande variété d’application (recouvrement de murs et des toitures, comme tuiles de rive, pour les gouttières ou les canalisations). Lattes et planches Les lattes servent au support des couvertures et des planchers comme armatures de cloisons, comme baguettes pour accrocher les éléments végétaux qui constituent une couverture. Pour obtenir ces lattes, on divise en croix la section du bambou à l’aide d’un couteau. La réalisation des planches nécessite l’emploi de sections longues jusqu’à 6-8 m, taillées dans la partie de base ou intermédiaire d’un bambou de 2-3 ans d’âge. La planche répond à des usages multiples: elle fait partie de la composition des planchers, des cloisons, des parois intérieures et des murs; elle est également utilisée sur les plafonds, comme support à la réalisation d’une toiture en terre, comme élément de couverture et comme base pour l’application d’un mortier.

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Assemblages Les assemblages de bambous font appel à des systèmes de construction différents de ceux utilisés pour le bois, en raison de la forme naturelle cylindrique et creuse de la plante. Puisque le bambou se rétracte en séchant, il tend à se fendre sous l’action des clous. Les moyens les plus courants pour unir les différents éléments structuraux sont les lanières de rotin ou de bambou, la fibre de palmier, le fil de fer galvanisé, la corde de nylon; mais on peut de même employer des clavettes et des pièces métalliques, qui résultent être toutefois beaucoup plus coûteuses. Des liens réalisés avec des éléments naturels, tels que les lanières de bambou, se révèlent être très utiles pour assembler rapidement des constructions temporaires, telles que des petits abris, des échoppes, des édifices construits pour les fêtes et les cérémonies religieuses, les échafaudages… À fin d’éviter que les charges verticales n’écrasent les extrémités des poteaux ou des poutres, on laisse un nœud à chaque extrémité, ou l’on insère un cylindre de bois ou de bambou pour consolider la pièce. Des architectes contemporaines, comme Renzo Piano et Shoei Yoh, ont en outre développé des systèmes de platines permettant l’assemblage du bambou en étoile. 4. Habitations traditionnelles En Asie, le bambou a presque complètement remplacé le bois comme matériau de construction. En Indonésie, 35% des habitations sont bâties exclusivement à partir du bambou et un autre 35% est bâti avec un mélange de bambous et bois. Au Bangladesh et en Inde, 60% des constructions est réalisé avec les tiges et les dérivés du bambou. Aux Philippines, presque le 90% des habitations sont en bambou. Les éléments typiques employés sont: tiges, tiges coupées en deux, lattes, planches et cordes et lanières. Ce système constructif présente en outre les suivants avantages: préfabrication, simplicité d’assemblage, facilité de remplacement de parties

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structurelles. Les éléments en bambou peuvent être aisément démontés et réutilisés. Le squelette structurel est constitué par des poteaux enfoncés dans le terrain et connectés par des poutres. Les planches sont fixées aux poteaux en constituant le mur. En s’autoportant, les poteaux supportent la structure du toit, elle aussi constituée par des tiges recouvertes avec une épaisse couche de graminées, ou d’autres éléments végétaux. Des ouvertures dans les parois constituent les portes et les fenêtres et une cheminée de ventilation est normalement prévue en correspondance de la direction du vent. Le sol est réalisé en terre compactée. Ce type de cabane est très simple, mais il se révèle être une excellente protection contre le soleil, le vent et la pluie. La plupart de ces habitations se composent d’une ou deux pièces, complétées par un espace pour cuisiner. Le plan est souvent rectangulaire et couvre une surface d’environ 10-20 m2. Design structurel Normalement, les seules forces horizontales et verticales qui agissent sur la structure sont la pression du vent, l’humidité du toit (composés de matériaux très absorbants), les habitants et le poids propre de la structure. Les charges déterminées par le terrain, l’eau ou les tremblements de terre représentent des événements exceptionnels qui une structure à squelette supporte généralement plus facilement qu’une construction monolithique. Les éléments constituant l’ossature sont connectés entre eux au moyens de joints articulés, qui en permettent une certaine liberté de mouvement et de glissement.

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Bien que chaque partie est capable de transférer les forces axiales et transversales aux autres éléments, elle n’est pas en mesure de transmettre force de flexion ou de torsion. Les connexions et les joints rigides ne sont presque jamais employés. Presque toutes les structures sont capables de résister aux sollicitations dynamiques (comme les rafales de vent). Ce type de force donne lieu d’abord à une énergie de type cinétique qui est ensuite transformée en énergie. Le matériau de construction ainsi que l’ossature elle-même possède une grande élasticité et une masse réduite. Grâce à sa capacité de changer de forme, sous l’effet de charges extérieures, une structure en bambou peut absorber une grande quantité d’énergie. Les habitations en bambou constituent un des plus anciens exemples de méthodes de construction absorbant énergie. Elles pourraient être définies comme des «structures spatiales avec des joints élastiques» (Otto Frei). 5. Éléments de construction Fondations Dans les constructions réalisées en bambou, il est courant que les poteaux de même nature soient directement ancrés dans le sol, qu’il s’agisse de structures édifiée sur pilotis ou au niveau du sol. Pour mieux protéger de l’humidité et éviter de les remplacer trop souvent, on les fait reposer sur des plots de béton, sur des pierres ou sur des briques. Ossature De la même façon que pour une construction en bois, les charges sont transmises du plancher aux solives, de celles-ci aux poutres d’appui, aux poteaux, et enfin aux fondations. Dans la plupart des habitations traditionnelles en bambou, en Asie comme en Amérique du Sud, la structure est presque toujours réalisée avec ce matériau.

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Grâce à la facilité d’assemblage de deux poteaux de bambou, des adjonctions de petites structures peuvent aisément se rattacher, dans un deuxième temps, à l’ossature principale. Planchers Quand elle n’est pas bâtie sur pilotis, une construction simple en bambou repose directement sur le sol, fait de terre compactée formant un soubassement qui protège des ruissellements et de l’humidité. Un type de plancher le plus courant est réalisé à partir de planches de bambou déroulées et puis aplaties. Ces planches sont fixées, parallèles et serrées, sur les solives et elles sont maintenues en places par des lattes ainsi que par les murs et les cloisons. Plus rarement, le plancher est composé de sections entières de bambou, de petit diamètre, fixées aux solives. Nécessitant d’une importante quantité de matériau, ce système est plutôt appliqué aux plates-formes et aux terrasses. Murs et cloisons Dans les régions subtropicales, les bâtiments doivent résister aux hommes et aux animaux, au soleil, au vent et aux pluies de mousson, tout en procurant une ventilation optimale et une bonne quantité de lumière. Viennent ensuite les critères ornementaux et esthétiques. La construction des murs en bambou fait ainsi l’objet d’infinies variations. En Asie du Sud-Est et en Amérique du Sud, on trouve surtout des murs en planches de bambou, dont la réalisation est assez simple: les planches sont juxtaposées verticalement ou horizontalement et fixées à l’ossature par un quadrillage, intérieur ou extérieur, en lattes toujours de bambou. En Afrique et dans certaines régions asiatiques, les murs sont faits à partir de sections de bambou de petit diamètre. Très résistante, cette méthode est employée principalement pour les enclos pour les animaux, les palissades et les structures temporaires, mais il a le désavantage de n’être pas à bon marché, car il nécessite une importante quantité de tiges. Un autre type de mur est composé en demi-chaumes, pour lequel les bambous sont fendus dans leur longueur en deux moitiés semblables puis emboîtées verticalement. Celle-ci est une méthode

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qui permet d’obtenir un mur très résistant, qui protège efficacement de la pluie et du vent, et permettant aussi une bonne ventilation. Les murs en lattes de bambou sont obtenus en divisant la plante en huit ou douze lattes, que l’on cloue verticalement sur des montants horizontaux; une technique économique mais peu satisfaisante pour l’étanchéité qu’elle offre. Généralement, les murs et les parois peuvent être laissés avec le bambou apparent ou il peut être revêtu en terre ou ciment. Ce type de revêtement ne résulte pas être durable dans le temps, spécialement dans les parties proches du sol, sujettes à l’eau, ou le bambou se gonfle et se contracte le plus. Une méthode beaucoup plus efficace consiste dans le remplissage des vides entre les tiges avec des blocs d’argile. Ouvertures Les ouvertures dans les parois représentent des interruptions d’une structure homogène et du processus de construction. Causant un affaiblissement de la paroi, le nombre et la taille des fenêtres sont généralement très réduits, en limitant aussi les systèmes de fermeture nécessaires. Les fenêtres entendues comme un segment de mur qui est normalement fermé, transparent ou translucide, résistant au vent, n’a pas de place entre les techniques constructives basilaires utilisées dans les zones tropicales. Des systèmes de protection et de fermeture sont quand même conçus et réalisés toujours en bambou. Les volets amovibles sont éléments très simples, placés temporairement en correspondance des ouvertures depuis l’intérieur ou l’extérieur. Très fonctionnels pour ouvertures dans les murs et dans la toiture, les volets pivotants sont réalisés dans le même matériau et avec la même technique de la surface qui les

entourent; qu’ils soient pivotants ou coulissants, ils sont toujours plus larges que l’ouverture, pour couvrir le cadre et contribuer à une majeure protection de l’eau pluviale. Le tressage du bambou pour les parois ou les volets donne lieu, parfois, à des éléments qui fonctionnent selon le principe du brise-soleil, en laissant pénétrer une petite quantité d’air et lumière. Dans la plupart des cas, dans les habitations des zones tropicales, les portes ont la double fonction de porte-fenêtre.

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Panneaux tressés Le panneau de bambou est l’une des techniques les plus employées dans toute l’Asie du Sud-Est. Les diverses formes de tressage produisent une infinie variété de motifs géométriques qui s’appliquent aussi bien aux murs et aux cloisons qu’aux plafonds, aux portes et aux fenêtres. Le bambou est divisé en quatre ou huit lattes qui sont ensuite découpées dans la longueur en lattes plus fines. Il y a différentes qualités de panneau tressé, selon la partie employée du bambou. La première, faite avec la partie externe de la tige, est destinée aux murs et aux cloisons, étant la plus résistante mais aussi la plus chère. La deuxième, réalisée avec le milieu des lattes, est utilisée pour les plafonds, et parfois pour les cloisons; le plus souvent, elle sert de couverture pour les constructions éphémères. La troisième est une association de deux premières, et elle est composée par des panneaux de dimensions généralement standard, conçus artisanalement par des petites entreprises locales. Souvent laissés bruts, ils sont parfois recouverts de chaux, d’un enduit de plâtre ou d’un mortier de terre lié avec de la paille. Les murs en latte de bambou et torchis réalisés en Inde, Amérique du sud et au Sri Lanka, sont constitués de lattes clouées horizontalement sur la structure porteuse à une distance d’environs 8 cm, l’intervalle étant rempli d’un mélange d’argile humide et de paille. Couvertures Pour les constructions traditionnelles du Sud-Est de l’Asie, le type de toit communément réalisé est en pente. La structure est une simple ossature verticale qui soutient la poutre de faîtage. En toutes les directions, la rigidité est principalement fournie par les éléments verticaux ancrés dans le terrain. Dans les zones rurales, la couverture des constructions en bambou est réalisée de bambou ou d’autres graminées, parfois de chaume et de fibre de palmier. Lorsque le propriétaire en a les moyens, il utilise des tuiles mécaniques. Si, dans les villes, la tôle ondulée ou les plaques en Fibrociment ont, à peu à peu, remplacé les couvertures végétales, leur emploi est encore répandu dans les campagnes.

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Entre les méthodes qui garantissent un résultat de longue durée et assez étanche, on retrouve les couvertures en tuiles et en demi-tuiles de bambou, en utilisant une partie ou toute la longueur de la tige. Les toitures réalisées à partir de graminées (comme la fibre de palmier à sucre et les feuilles de palmier) restent encore les plus employées, et leur durabilité dépend des espèces, de la technique de fabrication et de l’épaisseur de la couche de couverture.

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6. Avantages Dans les régions où le bambou pousse en abondance, la construction en bambou se refait à des traditions très anciennes qui, le long des siècles, ont apporté au développement d’une série de techniques, formes et détails constructifs, qui en permettent l’emploi pour une grande variété de fonctions et de structures. Aujourd’hui, la diffusion de matériaux de construction modernes, comme l’acier, le béton et le verre, a signifié un changement dans la conception du bambou, qui a, petit à petit, perdu son image traditionnelle pour devenir le «bois de l’homme pauvre». Cependant nombreuses raisons permettent au bambou d’être toujours un matériau de construction très répandu. La rapidité avec laquelle il pousse et les grandes quantités dans lesquelles il est disponible font que soit un matériau très facile à obtenir. En outre, il possède des caractéristiques (comme un poids léger, une grande résistance à la tension, à la compression et à la flexion, une facilité de façonnage) qui résultent êtres très intéressants en vue d’un manque d’habitations, de plus en plus élevé, pour la population mondiale en croissance continue. De plus que les régions dans lesquelles le bambou pousse, correspondent aux pays avec le taux de croissance démographique plus élevé. Acceptabilité culturelle Le bambou est un des matériaux de construction les plus anciens. En Asie, les habitations traditionnelles ont été (et le sont même aujourd’hui) bâties utilisant ce matériau, associé parfois au bois, à la boue, à la brique et au ciment. Un élément qui favorise ultérieurement l’acceptabilité de la part de la population est le fait que les habitants eux-mêmes peuvent construire leur maison. L’application du bambou au domaine de la construction d’habitations ne serait donc pas étrangère à la sphère culturelle locale, mais au contraire elle permettrait une revalorisation du bambou aujourd’hui considéré comme le «matériau de l’homme pauvre». Soutenabilité La soutenabilité sociale, économique et environnementale est un problème qui caractérise les pays en voie de développement. Le bambou pourrait aider à stimuler un développement soutenable et durable. Le bambou est la plante qui pousse le plus vite (2-3 ans contre les 25 ans d‘un arbre qui fournit le normal bois employé pour la construction) et, en outre, dans en cas de difficulté de transport, il est disponible immédiatement et localement. Les matériaux disponibles régionalement, dans les zones rurales, sont normalement suffisants pour bâtir une habitation en bambou à bas coût. Compétitivité économique Pour un habitant des régions tropicales, et en particulier pour celui des zones rurales, le bambou est un des matériaux de construction les plus économiques. Il permet une extension du logement, en temps relativement bref, à selon de la dimension du ménage et de son développement socio-économiques. Le bambou est un matériau à bon marché et très disponible,

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et les coûts de construction et d’entretien sont très limités car c’est le propriétaire lui-même qui s’en occupe. Parmi les avantages qui offre le bambou le plus important est donc son économicité, qui n’influence pas la qualité et la durabilité d‘une construction, et qui peut donc permettre de garantir un habitat adéquat et approprié, aussi aux personnes qui appartiennent aux classes les plus défavorisées. Disponibilité Dans les pays où le bambou pousse, sa disponibilité pourrait être facilement exploitée. Dans les régions tropicales, c’est possible de faire pousser sur un terrain de 20 x 20 m, pendant 5 ans, assez de bambou pour construire deux habitations de 8 x 8 m chacune. Le bambou peut en outre être planté par les habitants même du village, de façon que chaque famille le cultive selon et pour ses propres nécessités. Étant donné la propagation du bambou à travers le système de racines à rhizome, il recommence à repousser immédiatement après la récolte; au contraire, une forêt qui a été coupée, comporte une importante reforestation. Des recherches effectuées ont amené à affirmer que 70 ha de plantation de bambou, sont suffisants pour construire 1000 habitations chaque année. Par contre, si on utilisait du bois, 600 ha de forêt naturelle seraient détruits. Technologies L’utilisation du bambou ne demande ni de capacités techniques spécifiques, ni d’outils ou de machines mise à part pour une machette. La construction d’habitations en bambou peut donc s’appuyer sur les technologies locales, qui ne requirent pas une connaissance particulière, de façon à permettre l‘auto-construction de la part de la population. La versatilité, typique du bambou, offre plusieurs possibilités de techniques constructives, de la plus simple à la plus élaborée, de la plus économique à la plus chère. Le bambou peut être facilement intégré par des nouvelles technologies, en améliorant la résistance et les potentialités. Durabilité Avec un traitement correct, le bambou peut durer jusqu‘à 30 ans. Sa durabilité peut être incrémentée à selon du choix du type de bambou, de sa préservation, de l‘utilisation des autres matériaux de constructions, du remplacement des parties dégradées de façon régulière,... Flexibilité Le bambou permet une grande flexibilité dans le dessin architectural et dans la construction. Un des majeurs avantages d’une habitation en bambou, c‘est qu’elle peut être régulièrement entretenu, par les occupants même, à travers le simple remplacement des parties détériorées. Rapidité et simplicité de construction La construction d’habitation en bambou peut être réalisée dans une période de temps très réduite, caractéristique essentielle dans le cas de nécessité de fournir rapidement un abri aux victimes d‘un désastre naturel.

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Sécurité Grâce à son poids léger et à son élasticité, la résistance du bambou aux efforts, dérivant des tremblements de terre et des forts vents, est très bonne. En outre, une plantation dense peut fonctionner comme barrière contre la puissance du vent. Confort Dans les zones rurales tropicales, où la température est très haute en été, les nouvelles technologies, associées aux traditionnelles méthodes de construction, peuvent permettre une amélioration du confort intérieur. Travail Une majeure diffusion de la construction d’habitations en bambou peut contribuer à la création des nouvelles places de travail, sans compter les personnes qui pourraient être employées dans la plantation, la récolte, le transport et le commerce de bambou. En Inde, des études menées ont démontrées que si un quart de la demande de contreplaqué serait couverte avec des panneaux en bambou, 11'000 hectares de forêt seraient sauvegardés chaque année. Ce changement serait également important car il pourrait amener à la création de d’un grand nombre de places de travail pour la population locale des villages, extrêmement pauvres. Impact sur l‘environnement L’utilisation du bambou en tant que matériau et techniques applicables, ne comporte pas de dangers pour l’environnement et s’intègre complètement au métabolisme écologique. Comme matériau végétal de construction qui peut se régénérer rapidement, le bambou n’amène aucun problème environnemental. Les parties qui doivent être remplacées à cause de leur altération ou d’une éventuelle extension structurelle, peuvent être facilement réutilisées pour autres fins. La possibilité d’une réutilisation des éléments est de grande importance pour les individus qui ne font pas partie de la «société de l’abondance» et dont l’habilité de recyclage est déjà très développé. En outre, le bambou requit très peu d‘énergie pour la production et le traitement des matériaux de construction: environ 1/8 de celle nécessaire pour en réaliser en béton, avec la même capacité. Déforestation Les habitations rurales dans les zones tropicales des pays en voie de développement sont généralement construits avec les matériaux disponibles sur le terrain: bois, bambou, chaume, terre,… L‘épuisement des ressources de la forêt a amené à un manque du bois de construction. En outre, après un désastre naturel, les victimes ont tendance à construire des abris temporaires avec le bois coupé dans la forêt, ce qui comporte une encore plus grande carence de bois, avec une influence négative sur l‘environnement et sur l‘économie locale avant tout. Le bambou peut donc devenir une bonne alternative au bois, de façon à contrôler le découpage illégal des arbres des forêts et à protéger les ressources naturelles.

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Propriétés Les propriétés mécaniques du bambou dépendent de l’espèce, de l‘âge, des facteurs climatiques, de l‘humidité contenue et de la longueur de la tige. L’utilisation du bambou est extrêmement satisfaisante en rapport aux structures monolithiques. En beaucoup de cas, le bambou est techniquement supérieur comme matériau, si comparé au bois, au métal, au béton, parce qu’il offre une meilleure prestation au regard de l’élasticité nécessaire et une majeure résistance aux charges de compression, tension, torsion et aux forces de rupture présentes. En outre, le rapport poids/résistance est meilleur de celui d’autres matériaux, comme son comportement en cas de combustion. Soumis à une flexion exagérée, le bambou, à différence du bois, avant de se fracturer, se fissure grâce à ses fortes fibres. Cette caractéristique permet de réparer ou remplacer la partie endommagée, sans avoir des conséquences importantes sur la stabilité structurelle de la construction. La qualité élastique du bambou est meilleure que celle du bois, pour une structure résistante aux tremblements de terre et aux forts vents. Un autre avantage, par rapport au bois, est que le bambou n‘est pas caractérisé par la présence des rayons et il réagit donc mieux au découpage. Entre les nombreuses essences diffusées dans l’Etat de l’Orissa, celles qui se prêtent mieux au secteur de la construction sont le Dendrocalamus

Strictus et la Gigantochloa Rostrata. La première est une des deux plus importantes essences d’Inde. Elle est couramment employée pour la construction, les outils agricoles, les instruments musicaux, mobiliers; les jeunes germes constituent une nourriture de base, et autres parties de la plante sont employés par la médicine traditionnelle. Le Dendrocalamus Strictus pousse, en touffes denses, pratiquement sur tout type de terrain et il possède une bonne résistance aux sécheresses. La période de majeure croissance se concentre dans les premiers 2-3 mois, pendant lesquels les tiges assument leur pleine hauteur (8-16 m) et diamètre. La croissance se complète environ deux mois après la saison des pluies. Normalement, la récolte peut être effectuée en cycle de 3-5 ans. Si non traité, le bambou peut être employé pour 2-5 ans mais, en le soumettant à un traitement de préservation (immersion ou fumigation) sa durée de vie peut être prolongée jusqu’à 15-20 ans. Des poteaux en bambou non traité, enfoncés directement dans le sol, sont rapidement (1-2 ans) détruits par termites et champignons, dès que, si protégés, ils durent environ 3-5 ans. La Gigantochloa Rostrata, de diffusion plus réduite, pousse jusqu’à une hauteur de 5-8 m et suit un cycle de récolte de trois ans. Les tiges sont employées couramment dans la construction et la fabrication de paniers et corbeilles; les grains sont utilisés comme nourriture par la population locale.

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7. Exemples Les nombreux avantages, la réduite provision de bois et d‘autres matériaux conventionnels à la construction, surtout dans les pays en voie de développement, conduisent à reconsidérer de plus en plus la possibilité d‘utiliser le bambou pour faire face au manque d‘habitations. Il peut être employé, associé à des technologies appropriées, comme réponse et réaction aux expériences négatives dérivantes de l’utilisation de matériaux de construction importés, sans aucune adaptation aux différents particularités presentes, depuis les pays industrialisés à ceux en voie de développement. Le fait que le bambou permette un considérable gagne économique pourrait être considérée comme une des principales raisons pour l’employer comme matériau de construction, en particulier dans les régions en voie de développement. Dans ces pays, la population a encore tendance à accepter les coûts élevés du béton et de l’acier, car ils représentent le monde moderne. De conséquence, une majeure diffusion et application du bambou dans la construction pourraient être possible si elles satisfaisaient ces deux conditions principales: les habitations en bambou doivent rencontrer les besoins et les exigences des occupants, même au niveau esthétique; les habitants doivent apprendre à valoriser leur habitations traditionnelles plus que les styles basés sur des models étrangers. Dans le monde entier, nombreux projets encouragent l’utilisation du bambou pour résoudre non seulement le manque d’habitations à faible coût, mais aussi pour créer des nouvelles places de travail pour la population locale, en apportant des connaissances supplémentaires au savoir faire traditionnel.

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Model Bamboo Housing. Guyaquil. Ecuador Pour encourager la diffusion de l’utilisation du bambou dans la construction, l’International Network for Bamboo and Rattan (INBAR) a développé un projet d‘habitation-modèle à Guyaquil (Ecuador). L‘objectif principal était la documentation et la démonstration de toutes les méthodes de constructions en bambou existantes, surtout en Asie et en Amérique Latine, en les intégrant dans un seul projet, de façon à divulguer, à échelle mondiale, une connaissance complète de ce matériau à travers un exemple d’habitation. En janvier 2004, une expérience similaire a été amenée à Bangalore, en Inde. Dans ce modèle, 10 différents types de murs en bambou ont été employés simultanément: - cabane traditionnelle: des poteaux en bambou en constituent la structure principale. Des lattes en bambou aplati sont placées horizontalement, avec un espace de 5 cm, sur les deux côtés, avec la partie verte (partie dure externe) vers la structure. Le mur est souvent recouvert par une couche de boue et de fumier de vache, mélangé avec de la paille. - cabane améliorée: la structure principale est comme celle de la cabane traditionnelle, mais en plus le placage de lattes est recouvert par un grillage, pour faciliter l‘adhésion d‘une couche de mortier du ciment extérieur. - Quincha traditionnelle avec structure en bois: la structure principale est en bois, et elle est recouverte sur les deux côtés par des bandes en bambou aplati horizontales, qui sont placées avec la face verte vers la structure. Le mur est

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recouvert par une couche de mortier du ciment. - Quincha traditionnelle avec structure en bambou: la structure principale est constituée par des mâts en bambou, et elle est recouverte sur les deux côtés par des lattes en bambou aplati horizontales. L‘extérieur du mur est recouvert par une couche de boue et de fumier de vache. - Quincha améliorée: la structure principale est comme celle de la Quincha traditionnelle, à laquelle un grillage est appliqué à l’extérieur du mur, pour faciliter l‘adhésion d‘une couche de mortier du ciment. - Hogar de Cristo amélioré: la structure principale est en bois, et recouverte sur les deux côtés par des lattes en bambou aplati. Le côté extérieur des lattes est recouvert par une couche de mortier du ciment. Par contre le côté vert, qui donne vers la structure, est laissée apparent. - Bambou en diagonale avec revêtement: des lattes en bambou sont disposées diagonalement, sur les deux côtés de la structure en bambou, avec un écartement de 5 cm. Entre les lattes diagonales, une couche de mortier du ciment est jetée sur un grillage placé entre la structure porteuse et les lattes en bambou. - Système modulaire utilisant, tous les 1-1,5 mètres, des mâts forés avec un intervalle de 15 cm pour permettre l‘introduction de pièces d‘acier. Les tiges de bambou sont attachées aux pièces d‘acier, horizontalement et verticalement, en constituant une grille. Un grillage est enfin appliqué, pour faciliter l‘adhésion d‘une couche de mortier du ciment extérieur. L‘épaisseur totale du mur résulte être de 5 cm. - Bandes apparentes: les lattes en bambou aplati, disposées horizontalement, sont laissées apparentes vers l‘extérieur et sont recouvertes d‘une couche de mortier du ciment vers l‘intérieur. - Lattes apparentes: les lattes en bambou sont placées selon différentes directions et la partie intérieure du mur est recouverte d‘une couche de mortier du ciment.

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Viviendas Hogar De Cristo Habitations à faible coût Ecuador Viviendas Hogar De Cristo (VHC) est une organisation non-gouvernementale de l‘Ecuador, engagée dans la construction des habitations à faible coût, pour lesquelles elle utilise 300'000 tiges de bambou par année pour. VHC existe depuis 30 années et a réalisé plus de 60'000 maisons. VHC a développé son propre méthode de production des habitats en bambou, qui est très rapide à appliquer et à bas coût économique. Il consiste dans un système constructif qui emploie des éléments préfabriqués (Sistema de Prefabricado Artesanal) qui, outre à contribuer à la création de nombreuses places de travail, permet une production en série d’une grande quantité d’unités d’habitation (50 unités/jour), qui en cas d’urgence (ex.désastre naturel) peut être doublée ou triplée. Étant l’Ecuador très sujet aux cyclones et aux séismes, les habitations ont été conçues pour être rapidement assemblables (une habitation en 4-5 heures), dans la nécessité d’un relogement immédiat de la population frappée. Le processus d‘achat d‘une maison prend entre 4 et 6 semaines de temps. Ensuite à une première sélection du bénéficiaire, qui doit répondre à des critères spécifiques (famille pauvre, plusieurs enfants, possession d‘un terrain, revenu suffisant pour garantir le paiement total entre 3 ans, avec 4 US$ par mois), le contrat d’achat est signé, avec un versement initial d’une somme de 15-20US$. Les éléments préfabriqués sont donc mis à disposition et peuvent être transportés sur place. L‘assemblage peut être effectué par les habitants eux-mêmes ou par des constructeurs. Les habitations disponibles sont de trois types: - 6.4 x 3.2 m, constituée par 6 panneaux et couvrant une surface de 20.5

m2 - 6.4 x 4 m (mediana), constituée de 6 panneaux et couvrant une surface

de 25.6 m2 - 6.4 x 6.4 m (grande), constituée de 8 panneaux et couvrant une surface

de 41 m2 Chacun de ces trois modèles est constructible à partir d’une structure en bois et des panneaux en bambou aplati (3.2 x 2.5 m), planches en bois pour le sol, les portes et 3 fenêtres, plaques en zinc pour le toit.

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Chaque panneau est constitué par 4 bandes de bambou aplatit de 3 mètres de longueur (Cana picada). Le bambou des panneaux n‘est pas traité contre les insectes et le temps, pour ne pas augmenter le prix total, mais les clients sont sollicités à le faire une fois la construction terminée, avec des méthodes simples et économique (mélange de pétrole et insecticides). Le coût d‘une maison en bambou, du type moyen, correspond à 350 US$, dont 144 US$ sont subventionnés par le Gouvernement. Le client doit payer le restant 186 US$ (4-5 US$ par mois pour 3 ans).

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Bibliographie K. K. Seethalakshmi – M. S. Muktesh Kumar, Bamboos of India, INBAR Editions, New Delhi, 1998 G. Langlais, Maisons de bambous, Editions Hazan, Paris, 2002 D. Farrelly, The book of bamboo, Thames & Hudson, London, 1996 Bamboos Current Research. Proceeding of the International Bamboo Workshop held in Cochin. India, Kerala Forest Research Institute, 1998 M. P. Ranjan – N. Iyer – G. Pandya, Bamboo and cane crafts of Northest India, National Institute of Design Publications, New Delhi, 1998 S. Vélez, Grown your own house, Vitra Design Museum Publications, Weil am Rhein, 2000 K. Dunkelberg, Bamboo as a Building Material, Information of the Institute for Lightweight Structures, University of Stuttgart, n. IL 31, Stuttgart, 1985 Guìa para Autoconstrucciòn utilizando la Guada como elemento principal, GTZ - Cooperaciòn Colombo Alemana, 4ème édition, Republica Federal de Alemania – Republica de Colombia, 2002 Guada en la reconstruccion, séminaire du 10 – 12 février 2000, Armenia www.archnet.org www.nid.edu (National Institute of Design, New Delhi) www.inbar.int (International Network for Bamboo and Rattan) www.skat.ch

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Exemples

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En vue d’une construction résistant aux risques naturels et/ou d’une reconstruction suivant à celles-ci, nous retenons intéressant d’analyser non seulement des exemples concernantes un cadre d’intervention lié aux désastres, mais aussi des projets de relogement low-cost visant à un développement sociale et économique de la population bénéficiaire. 1. En cas de désastre… Dans le contexte suivant un désastre naturel, trois sont les types de structures d’habitation mises en place, correspondant à phases d’intervention différentes. Dans un premier temps, les organisations gouvernementales, et non, s’occupent d’apporter les premiers secours aux victimes, en matière de logements temporaires, de nourriture, de vêtements et médicaments. Généralement, les habitations temporaires peuvent être classées en deux catégories principales: structures à bref terme, et structures à moyen ou long terme. Les structures à bref terme (abris d’urgence) consistent, dans la plupart des cas, des tentes transportées sur place immédiatement après le désastre, soit par camion soit par hélicoptère. Elles accueillent la population pour une période de temps très limitée, en garantissant un premier et immédiat abri. Leur conception doit considérer non seulement un coût très réduit, à cause du grand nombre de structures nécessaires, mais surtout une simplicité et rapidité dans le transport et le montage. Les structures à moyen-long terme constituent, ordinairement, des habitations temporaires, qui permettent de loger la population pendant la construction de logement de type permanent. Normalement, ces deux types d’installations sont suivies par un processus de reconstruction de structures permanentes.

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1.1 Abris d’urgence Two Persons Emergency Unit Abri temporaire alternatif à la tente

Le Departement of Construction Management of Florida International University a développé un projet pour une structure temporaire à bref terme qui, après avoir accomplit sa fonction d’abri d‘urgence (abriter deux personnes adultes pour une période de trois mois), pourrait être déconstruit et entièrement recyclé. Cet abri temporaire est composé des plusieurs panneaux ondulés totalement recyclables, qui peuvent êtres transportés et assemblés par deux personnes seulement. La mise en place et les liaisons ont été étudiées pour être les plus simples possibles, de manière à permettre une construction de la part des occupants mêmes. Outre que répondre aux nécessites primaires, telles que une protection et une sécurité contre les éléments naturels (pluie, neige, vent, chaleur), contre les insectes et les animaux, cet abri temporaire a aussi été étudié pour être facilement transporté, assemblé, démonté et recyclé. Paper emergency shelter Abris d’urgence pour l’UNHCR Architecte: Shigeru Ban Conception et réalisation du prototype: 1995-1996 Construction: février - septembre 1999 Lieu: camp de réfugiés de Byumba, Rwanda Au printemps 1995, l’architecte Shigeru Ban contribua aux efforts du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR) pour procurer des logements temporaires à plus de deux millions de Rwandais fuyant le génocide en Tanzanie et au Zaïre. Pour répondre à l’urgence de la situation, Ban proposa qu’un abri composé d’une structure en tubes de carton et d’une bâche en plastique standard de 4 x 6 m soit remise aux réfugiés. Durant plusieurs mois, Ban expérimenta divers matériaux pour l’ossature des abris: bambou, aluminium, plastique et tubes en carton. De nombreux facteurs l’incitèrent à opter pour ces derniers. D’abord, ils atténuaient le grave problème de la

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déforestation locale, car les réfugiés abattaient les arbres pour construire leurs abris. Ensuite, les tubes étaient économiques et ne risquaient pas d’être revendus. De plus, la possibilité de les produire sur place permettait de gagner du temps et de l’argent. Au printemps 1995, trois prototypes différents furent construits dans le cadre de la première phase du projet. Ces abris, chacun d’une surface au sol de 16 m2 et recouvert d’une bâche en plastique de 4 x 6 m, furent réalisés par Vitra, fabricant de meubles suisse. Vitra les soumis à des tests de durabilité et de résistance aux termites, et évalua leur coût. Le premier prototype ressemblait à une tente triangulaire traditionnelle, dotée d’un tube de carton à chaque extrémité, et soutenue par des cordages et des piquets. Le deuxième, un abri de forme asymétrique composé de tubes de carton assemblés en V à chaque extrémité, libérait davantage d’espace intérieur. Cordes et piquets étaient nécessaires pour soutenir l’ensemble. Enfin, le troisième prototype, le plus grand, utilisait trois bâches en plastique et reprenait le principe des poteaux situés aux extrémités. Sa charpente en tubes de carton proposait davantage de surface au sol, de sorte que l’abri pouvait servir, par exemple, de dispensaire provisoire. Au cours de la deuxième phase, il fut envisagé de produire les tubes sur place. En février 1997, des spécialistes et un fabricant de carton furent engagés pour apprendre l’utilisation des machines nécessaires à la production des tubes, démontrant ainsi la possibilité d’en produire une grande quantité, sur place, dans une situation d’urgence.

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1.2 Habitations temporaires Paper Log House Architecte: Shigeru Ban Des catastrophes naturelles, telles que les séismes qui frappèrent Kobe (Japon, 1995), Kaynasli (Turquie, 2000) et Bhuj (Inde, 2001), ont amené l’architecte Shigeru Ban à concevoir des habitations très économiques pour reloger rapidement des dizaines de familles sinistrées, pendant la reconstruction des leurs logements. Peu après le premier séisme, Ban détermina les critères de ces structures temporaires: matériaux peu coûteux, méthodes de construction simples, isolation satisfaisante, le tout pour un résultat agréable sur le plan esthétique. Japon Date d’achèvement: septembre 1995 Lieu: Nagata, Kobe Conçu pour un milieu urbain, le premier type d’habitation temporaire se constitue d’une structure carrée, de 16m2, composée par une toiture à faîtage et des murs en tubes de carton de 108 mm de diamètre et 4 mm d’épaisseur. L’étanchéité est assurée par un ruban en mousse placé entre les tubes. Le soubassement est réalisé avec des caisses de bières remplies de sable. Les membranes en PVC du plafond et du toit sont séparées pour permettre à l’air de circuler et ainsi, de rafraîchir les espaces en été lorsque les extrémités de la toiture sont ouvertes, ou de retenir la chaleur en hiver en les maintenant fermées. Dans certains cas, lorsqu’une famille nombreuse a besoin d’une habitation plus grande, deux unités sont réunies. Un espace de deux mètres est alors laissé entre celles-ci, et couvert en reliant les toitures pour former un espace commun. Il ne fallut plus de huit heures pour terminer les six premiers logements. En un mois, il s’en construisit vingt et une. Avec un coût unitaire de 250'000 yens (environ 2'000 euros), les habitations en tubes de carton remplissaient les conditions financières et matérielles d’une situation particulièrement critique. Elles étaient moins chères et plus faciles à monter que d’autres logements préfabriqués temporaires et, en outre, le fait qu’elles soient également recyclables a contribué à la réussite du projet. Plan et coupes

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Turquie Date d’achèvement: janvier 2000 Lieu: Kaynasli Un violent séisme frappa, en novembre 1999, le nord-ouest de la Turquie, laissant 80'000 personnes sans toit. Un modèle d’habitation en tubes de carton fut construit en coordination avec une association locale et grâce au soutien financier de particuliers. Inspirée de l’abri de Kobe, cette structure fut adaptée au mode de vie et au climat turcs. Le plancher, par exemple, rectangulaire et plus large, mesurait 3 x 6 m. Cette différence est essentiellement due au fait que les familles turques sont en moyenne des familles plus nombreuses, et à la taille standard du contreplaqué disponible en Turquie. Cette habitation fut également mieux isolée que celle de Kobe. Les tubes des murs furent remplis de papier usagé, et ceux du plafond de fibre de verre. Outre l’enduit étanche passé entre les tubes, on utilisa du carton et des feuilles de plastique pour renforcer l’isolation, selon les besoins des occupants.

Plan au sol Plan de la charpente

Coupe transversale Coupe longitudinale

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Inde Date d’achèvement: septembre 2001 Lieu: Bhuj En janvier 2001, l’Inde subit un des plus fort tremblement de terre de son histoire. Ce séisme, dont l’épicentre se situait près de Bhuj (Gujarat), a causé la mort de 20'000 personnes et plus de 600'000 autres se retrouvèrent sans abri. Ban a été donc contacté pour la construction de vingt logements temporaires. L’architecte utilisa des tubes en cartons pour bâtir les murs de l’habitation d’une surface de 3.2 x 4.9 m, mais il rencontra des difficultés à trouver les matériaux adéquats pour les fondations et la toiture. L’usage des caisses de bières, efficace au Japon et en Turquie, était difficilement applicable à Bhuj. Il utilisa donc les décombres des bâtiments pour les fondations, ensuite recouverts d’un sol traditionnel en terre. Pour la toiture, l’architecte choisit des bambous fendus pour les arceaux et des bambous entiers pour les pannes. Un tapis de jonc tissé sur place fut placé sur les arceaux, puis une bâche en plastique transparent pour protéger l’ensemble de la pluie, et enfin un autre tapis de jonc. La ventilation était assurée par des orifices percés dans le tapis, qui laissaient circuler l’air au travers des pignons. Cette ventilation permettait aussi de faire la cuisine à l’intérieur des maisons. À différence des logements réalisés au Japon et en Turquie, en Inde les structures ont été conçues pour une durée plus longue dans le temps et donc ont été caractérisées par des mesures ultérieures d’adaptation aux conditions et caractéristiques du site. Outre à un rehaussement de protection contre l’eau pluviale, la structure en tubes de carton s’appuyait sur un socle en béton, et se complétait par une véranda constituant un espace semi-ouvert, typique des habitations traditionnelles indiennes.

Espace Intérieur (3 x 4.80 m)

Véranda / espace semi-ouvert (3.30 x 1.80 m)

Coupe et plan

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Bâche en plastique

Panne de bambou fendu

Pièces principales en bambou entier

Mur en tubes de carton

Tige d’acier verticale

Tapis de jonc

Raccord supérieur en contreplaqué

Plâtre versé dans les tubes d’angle

Tige d’acier

Rigole en tôle galvanisée

Fondations en béton préfabriquées

Axonométrie

Détails de construction

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Transitional Housing Competition Contexte En 1995 l’organisation non-gouvernementale Architecture for Humanity a été le promoteur d’un concours d’architecture pour le projet d’habitations temporaires destinées aux réfugiés du Kosovo. Le but de cette initiative visait à favoriser le développement des méthodes constructives qui pourraient permettre un rapide retour à un déroulement normal de la vie. Mais le sujet de ce concours ne se limite pas uniquement au cas du Kosovo. En effet désastres naturels et conflits armés causent, dans le monde entier, la destruction d’habitations obligeant la population à vivre dans des structures temporaires pendant le processus de reconstruction. Concepts, techniques et matériaux qui peuvent être utilisés par les réfugiés du Kosovo, pourraient être exploités aussi en autres pays et par autres communautés. Dans un monde caractérisé par des technologies innovatrices et une richesse des ressources, le défi principal consiste dans la conception d’un abri d’urgence à utiliser quand les technologies locales sont inapplicables et les ressources locales ont été détruites. Problématique À conclusion du conflit, les trois quarts du million d’individus qui composent la population frappée se sont répandu dans les villes et les villages sur l’entier territoire du Kosovo. Une fois de retour à leur lieu d’origine, la population s’est trouvée face à des conditions extrêmement précaires. Le rapport élaboré par l’United Nations High Commission for Refugees a estimé qu’entre le 40% et le 50% des habitations était complètement détruit et que, en outre, des mines étaient disséminées partout, en rendant encore plus difficultueux le retour des gens. Le manque de nourriture a été accru par la destruction ou la contamination des infrastructures d’approvisionnement d’eau potable. Le besoin immédiat a été donc celui d’abriter les familles jusqu’au moment où leurs anciennes maisons étaient redevenues habitables. En vue de cet objectif, les suivants critères ont été considérés par les participants au concours: Critère 1

Conception d’une structure qui soit assez résistante dans le temps pour permettre la reconstruction d’une habitation permanente

La possibilité de reconstruction d’une structure permanente est déterminée par la disponibilité des matériaux et par la présence de main d’œuvre qualifiée. Dans le cas d’un processus de reconstruction lent et difficile, l’abri temporaire doit permettre d’y habiter même pour plusieurs années.

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Critère 2 Conception d’une structure qui soit le plus économique possible

Dizaine de milliers d’unités sont nécessaires immédiatement et le financement disponible pour la reconstruction est souvent très limité. Une rapidité de montage et une réduite somme d’argent font que la solution d’abri temporaire doit être conçue dans une optique low-cost. Critère 3

Conception d’une structure qui puisse être mise en place rapidement

Critère 4

Conception d’une structure qui puisse être réalisée par les constructeurs locaux

La construction d’un abri temporaire, et la reconstruction d’habitations permanentes, sont à considérer comme une opportunité potentielle pour le développement et la réhabilitation d‘une société. Critère 5

Conception d’une structure qui peut être utilisée dans des endroits différentes et dispersés

Critère 6

Conception d’une structure qui garantit un espace protégé et sain Projet gagnant Titre: Future Shack Architecte: Sean Godsell Surface habitable: 15 m2 Matériaux utilisés: container recyclé,

éléments en acier revêtement intérieur en bois

Projet et réalisation: 1985 – 2001 Dans sa proposition, l’architecte a conçu l’abri temporaire en profitant des opportunités offertes par les modernes containers, habituellement employés pour les transport des marchandises. Pensés comme produits standardisés rapidement transportables et stockables, les containers présentent des caractéristiques typiques des abris d’urgence. Le container-abri, proposé par Godsell, utilise sa fonction originaire pour répondre à sa fonction nouvelle. Il contient tous les éléments nécessaires pour, une fois arrivé à destination, se transformer en une habitation temporaire: quatre «jambes» télescopiques qui en permettent la mise en place sans avoir besoin de réaliser des fondations; des citernes pour l’eau; des panneaux solaires pour la production

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Plan Élévation postérieure

Coupe longitudinale Élévation antérieure

d’énergie; une rampe d’accès; un toit qui, détaché et en sailli par rapport à l’involucre, garantit l’isolation thermique. Chaque cellule peut être équipée d’une niche-lit, d’une cuisine et d’une toilette. Le module peut être réalisé en 24 heures.

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1.3 Reconstruction permanente Sandbag Shelters. Iran Architecte: Nader Khalili Réalisation: 1995 Lieu: Ahwaz Dans le monde entier, le manque d‘habitat concerne des millions des personnes qui ont perdu leur propre maison à cause de la guerre ou des catastrophes naturelles. L‘architecte iranien Nader Khalili soutient que ce problème peut être résolu en utilisant le potentiel présente dans la construction en terre. Après une recherche dédiée aux techniques constructives traditionnelles en terre de l‘Iran, l‘architecte Khalili a développé le système de sandbag (appelé super-adobe). La technique sur laquelle il se base consiste dans le remplissage des sacs avec de la terre, et de les poser en cours sur un plan circulaire, de façon à former un dôme. Un fil de fer barbelé est placé entre les cours pour éviter le déplacement des sacs. Ce système profite des formes des arcs, des dômes et des voûtes, pour créer une structure qui est stable et esthétiquement acceptée par la communauté. Ces formes courbes se réfèrent aux anciennes constructions en terre du Moyen-Orient, dès que le fil de fer barbelé, sollicité aux efforts de tension, fait allusion aux tensio-structures des cultures nomades. Le résultat est une structure extrêmement sûre. L‘introduction d‘un fil de fer barbelé dans une structure sollicitée à compression garantit la résistance aux tremblements de terre; la forme aérodynamique résiste aux forts vents; les sandbags aident à la résistance contre les inondations; et la terre garantit une bonne climatisation intérieure. Le système des sandbags est particulièrement convenable dans le but de fournir des abris d‘émergence au maximum des personnes le plus vite possible. En effet, c‘est une méthode économique et simple, qui requit uniquement l‘utilisation des mains, en permettant l‘auto-construction de la part de la population affectée, dans un temps réduit. Chaque habitation comprend un espace principal avec des espaces auxiliaires, comme de niches, pour la cuisine et pour les services sanitaires. Cette structure de base permet d‘effectuer des extensions spatiales, jusqu‘à constituer une maison complète et permanente, qui répond aux besoins des habitants.

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Évolution du plan

Plan

AUM House. Inde L’objectif du projet a concerné la conception et la réalisation d’un type d’habitation résistant aux risques naturels et à faible coût, qui puisse être préfabriqué et transporté avec un camion sur le site affecté par un désastre. Un prototype d’une surface de 23 m2, résistant aux tremblements de terre, aux cyclones et aux inondations, a été présenté en 1999 pour la première fois, en occasion de l’«India International Trade Fair ‘99» de New Delhi. Préfabriquée à Auroville, en Tamil Nadu, la structure a été transportée avec un camion, pendant 5 jours, pour une distance de 2'900 km. Son poids est de 22,5 tonnes. Sponsorisé par la HUDCO, le module a été assemblé en 66 heures avec la participation de 18 personnes spécialisées. L’AUM House a été testée pendant l’année 2000, dans le relogement des habitants de l’Etat de l’Orissa, frappés par le super-cyclone du 1999. Le résultat de cette expérimentation a été satisfaisant, mais le problème majeur est dérivé du coût de transport, résultant être supérieur à celui de l’habitation. La particularité technique de cette structure, à assembler sur place, est l’utilisation d’un type de brique, en terre cuite, qui présente un trou au milieu, dans lequel une barre métallique est introduite pour favoriser la liaison entre fondation, mur et toit, en correspondance des points faibles de la construction. Ensuite aux premiers tests de résistance aux cyclones et aux tremblements de terre, le plan a été modifié pour en améliorer la stabilité.

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Earthquake Rehabilitation Project Gujarat Projet de reconstruction et réhabilitation ensuite à un tremblement de terre. Inde Promoteur: Swiss Red Cross Années de réalisation: 2001-2002 Contexte Le 26 janvier 2001, un tremblement de terre d’intensité correspondant à 7.9 sur l’échelle Richter, frappa le Gujarat, l’état plus occidental de l’Inde. Un secours immédiat, outre que la planification d’une reconstruction et d’une réhabilitation à long terme ont été nécessaires en réponse aux énormes dégâts subis soit au niveau des vies humaines que des propriétés. Le tremblement de terre a démontré le très haut dégrée de vulnérabilité des habitants de cette région, non seulement au regard des tremblements de terre mais aussi vers autres types de calamité, tels que cyclones et sécheresses. Cette urgence a déterminé, dans la zone concernée par le désastre, la distribution des nombreux kits de secours et, dans autres régions du pays, l’organisation d’une assistance à la population, visant à une mitigation du risque et à une reduction de la vulnérabilité. Estimation des nécessités Au Gujarat, la SRC (Swiss Red Cross) a rejoint la zone frappée 48h après le désastre, pour contribuer aux secours d’urgence. À sujet des interventions à long terme, la SRC a supporté la reconstruction d’habitations et la mise en place d’infrastructures sanitaires et d’eau, accompagnée par une campagne d’information au regard des mesures d’hygiène et d’approvisionnement des moyens de subsistance. À ce propos, la SRC a élaboré une proposition de projet en collaboration avec le Mahila SEWA (Self Employed Women’s Association) Trust, présente à Ahmedabad. La SEWA est une union commerciale avec un grand potentiel opérationnel dans les régions assujetties aux tremblements de terre. Le but de cette association concerne l’organisation des femmes pour qu’elles assument un rôle important au niveau familial et à celui de l’auto-soutien. Ensuite au tremblement de terre, l’équipe de la SEWA a accompli une évaluation des dégâts et des nécessités immédiates et à long terme, et a estimé que 161 villages nécessitaient d’assistance. Pour 30 de ces villages, la reconstruction de 3'000 logements a été considérée comme prioritaire. La proposition élaborée par la SRC et soumise à la «Swiss Solidarity» concernait donc la reconstruction d’habitations, latrines, écoles, centres communautaires et infrastructures pour la récolte de l’eau, éducation à la santé et le soutien au développement d’activités permettant un gagne économique, pour 550 ménages en trois villages. La concrétisation de la proposition finale a été prévue en une période d’une année, à partir d’octobre 2001 jusqu’à septembre 2002.

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Composants stratégiques Les réponses aux problématiques identifiées dans les trois villages concernés par le projet peuvent être résumées comme les suivantes: - construction de 550 habitations résistants aux tremblements de terre et

aux cyclones, pour compenser la perte d’abri permanent - installation de 550 latrines (une par habitation), accompagnée par une

promotion d’une éducation à la santé, focalisée sur les mesures préventives concernant l’hygiène, les installations sanitaires et le soin médical

- mise en place, pour 550 unités d’habitation, de citernes pour la récolte de l’eau pluviale pour faire face au besoin d’eau potable

- construction de trois centres communautaires, équipés d’installations sanitaires, salles de cours et espaces ouverts, pour compenser la perte des infrastructures permettant le déroulement d’activités communautaires,

- distribution d’instruments (machines et connaissances techniques) pour la production de matériaux de construction, et établissement d’un fond de financement qui garantisse le capital initial nécessaire, pour permettre la subsistance des artisans, des petits fermiers et des bergers

Planning En plus des structures opératives existantes dans les villages, la SEWA a prévu des activités additionnelles supportées par un groupe de techniciens, outre qu’un service de coordination de ceux-ci au niveau du district et un coordinateur du logement au niveau étatique. Après le tremblement de terre, la construction d’un grand nombre de logements, en une période de temps très limité, était de primaire importance. Le processus de reconstruction a été confié aux communautés, en se fondant sur une participation familiale sous la forme de contribution aux travaux en tant que main d’œuvre et financement, à travers la création d’un fond communautaire. Construction Le temps nécessaire au développement du lent processus de participation et gestion familiale et la nécessité immédiate de fournir une habitation pour 550 ménages comportait la prise en compte de besoins qui, pour la SEWA, comprenaient aussi les 27 villages concernés par des autres projets de reconstruction. Les décisions prises au regard du design et de la construction dans un village, devaient considérer les problématiques présentes dans tous les autres sites. Le principe de la «core house» a, ici, été adopté, permettant de disposer en un temps assez limité d’un noyau, de 20 m2, à partir duquel on peut ensuite procéder à un agrandissement suivant les besoins et les disponibilités financières individuels.

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Partenaires Une démarche innovatrice de gestion du projet a été mise en place, en se fondant sur les connaissances et les compétences présentes sur le site, qui ont été accrues grâce à l’introduction de nouvelles méthodes de construction. Le modèle organisationnel se base sur une structure triangulaire qui implique trois organismes: l’agence de financement, représenté localement par la SEWA; les responsables de la réalisation (comprenant les représentants des ménages); une équipe de techniciens faisant partie de la Skat Consulting, représenté par la DA (Development Alternatives) de Delhi. Impact Pour répondre à une réhabilitation non seulement immédiate, la définition du projet a concerné 2'372 individus en zone rurale et urbaine, et elle a été effectuée sur la base des principes présents dans le « Code of Conduct for the International Red Cross and NGOs in Disaster Relief ». L’étude d’évaluation a démontré que non seulement la proposition prévue par la SEWA permettait un développement à long terme, mais qu’elle se révélait être aussi plus rapide et plus efficace que les activités supportées par des autres agences internationales. Ce résultat a été permis grâce au modèle d’organisation adopté, qui se fondait sur un travail avec, et à travers, la participation des femmes. Extension du projet Nombre de villages concernés: 3 Nombre d’habitations: 550 Surface habitable / habitation: 20 m2 (core unit) Coûts de construction: Prix au m2: 40 US$ Prix par unité d’habitation: 1'000 US$

core unit extension

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2. Reconstruction low-cost Azadpura Housing Project. Orchha. Inde Promoteurs: Governement of Madhya

Pradesh Development Alternatives

Années de réalisation: 1996-1997 Contexte L’état du Madhya Pradesh est situé au centre du subcontinent indien, et il est celui le plus vaste: il s’étale sur une superficie équivalente à 443'446 km2 avec une population de 74 millions d’habitants. Le village d’Azadpura se trouve à 11km de ville de Jhansi sur la route pour Orchha, et il compte une population d’environ 850 personnes, appartenant principalement aux communautés des Yadavs, Rajputs et Sahariyas. Ces derniers, qui représentent le groupe le plus pauvre de la région du Bundelkhand, constituent le 36% de la population totale et ils habitent en agglomérats séparés du village principal. Leur revenu dérive principalement du salaire journalier pour des travaux de construction qui ne demandent pas une main d’œuvre qualifiée, de la production de panier, ou de la récolte et de la vente illégales du bois provenant de la jungle. Habitations existantes Les habitations existantes sont très précaires. Les murs sont réalisés avec une épaisse maçonnerie composée (pierres et briques locales) s’appuyant sur des fondations minimales. Les toits sont en pente et constitués de tuiles en terre cuite, produite localement et posées sur une structure en bois. Les tuiles, typiques de Jhansi et des districts environnants, sont cuites directement dans les habitations en utilisant le fumier de vache et le bois provenant de la jungle. Le manque de combustible de qualité adaptée, de connaissances appropriées, et un processus inadéquat de production, amènent à un résultat inadapté et qui demande un remplacement annuel d’au moins 25% de tuiles composant la toiture. Objectifs et bénéficiaires La communauté des Sahariyas a été choisie comme bénéficiaire du programme pour l’amélioration des habitations, en sélectionnant les 50 ménages plus vulnérables qui nécessitaient une assistance pour la construction d’une pucca house. La participation des familles s’est révélée être beaucoup plus élevée que le minimum demandé par le programme et elle est consistée en main d’œuvre non qualifiée, transport de matériaux de construction, et récupération de matériaux déjà utilisés. La continuité du programme TARA Gramin Nirman Kendra (TGNK), promu par la TARAGram, et les efforts effectués pour la transmission et la diffusion de connaissances de nouvelles technologies se manifestent en nombreuses nouvelles structures, qui démontrent une générale acceptation de celles-ci de la part de la population.

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Concept architectural Initialement un modèle d’habitation a été élaboré pour permettre une première estimation financière. En tout cas, aucune proposition standardisée a été effectuée, et la taille et la forme de l’unité ont été déterminées seulement par les limites financières disponibles pour chaque logement et par la présence de structures adjacentes. L’emplacement de chaque construction se basait sur le plan foncier existant. Le design de chaque habitation a été conçu pour répondre aux besoins de chaque famille particulière, en outre des toilettes et un espace pour cuisiner ventilé ont été considérés comme partie intégrant de la conception. Avant ce projet, à Azadpura, aucun type d’installation sanitaire existait dans le village. Une toilette privée («twin-pit») a été prévue seulement dans le cas d’une demande explicite de la part de la famille bénéficiaire. Dans la promotion de ce projet, les avantages dérivants d’une majeure intimité pour les femmes et d’un plus grand confort pour les personnes âgées ont été emphatisés pour en consentir une plus grande acceptation. Impacts Le processus de construction d’habitations à Azadpura démontre comme soit possible obtenir une augmentation rapide de qualité des technologies utilisées au sein d’une communauté à travers l’information, la connaissance et les démonstrations. En trois mois, la population a été introduite aux nouvelles technologies, qui ont été appliquées à des simples réalisations qui montrent les potentialités des blocs de terre comprimée. En outre, la formation d’une équipe de production de ce matériau offres une opportunité d’emploi sur place pour les jeunes du village. Aspects sociaux Les femmes ont été reconnues comme propriétaires du logement, et elles ont été au centre du projet entier. Leur collaboration pour la prise de décisions concernantes l’emplacement de l’habitation, de la position des fenêtres et des portes et leur participation dans la construction vrai et propre ont été des facteur déterminant pour la réussite du programme. L’équipe responsable du projet a fait que chaque famille était consciente des coûts et de la disponibilité des matériaux de construction.

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Extension du projet Nombre de villages réalisés: 1 Nombre d’habitations: 50 Nombre de personnes concernées: 250 Surface bâtie: 22’000 m2 Surface habitable / habitation: 17 m2 Coûts de construction et matériaux utilisés: Prix au m2: 12.20 US$ Prix par habitation: 290 US$ Fondations: en blocs de pierre Murs: blocs de terre compressée Toit: en tuiles préfabriquées en ciment

Nouvelle habitation Ancienne habitation

Plan du village

Axonométrie habitation Schéma d’implantation

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Socialized and Incremental Housing Project. San Carlos Conception et réalisation d’habitats low-cost Philippines Promoteur: JF Ledesma Foundation Inc. Années de réalisation: 1994-2003 Contexte Avec une population qui dépasse les 76 millions d’habitants, les Philippines sont le neuvième pays plus peuplé d’Asie. Entre 1960 et 1995, la croissance urbaine annuelle était équivalente au 5.14%, un des taux les plus élevés au niveau mondial. Aujourd’hui, environ 52% de la population habite en zone urbaine, où le 20% des 7.5 millions de ménages se situe au-dessous du seuil de pauvreté. En outre, plus de 60% des ménages urbains vivent dans des bidonvilles. Dispositions régionales En se basant sur un coût minimal par unité équivalent à 2'870 US$, une somme correspondante à 7.2 billions d’US$ a été estimée être nécessaire pour faire face au manque de logement. N’étant le Gouvernement pas en mesure d’assurer l’entier financement du projet, une série de dispositions et des mesures au niveau régional ont été prises pour en permettre la concrétisation. Les services de rétablissement de la National Housing Authority (NHA) du pays sont à disposition des personnes concernées par les projets d’infrastructures soutenus par le Gouvernement. Le Local Gouvernement Code du 1991, l’Urban Development and Housing Act, et le Comprehensive and Integrated Shelter Financing Act ont été tous conçus pour permettre la réalisation de logements à faible coût pour des occupants informels dans leurs respectifs lieux d’origines. Objectifs L’objectif primaire du projet consiste en une reduction de la pauvreté à travers l’assignation d’un abri adéquat et d’un terrain, outre qu’à la constitution d‘opportunités professionnelles, grâce à une formation concernant les technologies pour une construction alternative qui emploie des matériaux à base de terre (Sustainable Building Technologies). Composants stratégiques Le projet se fonde sur une approche qui inclue les suivantes mesures: - identification du groupe des ménages concernés - sélection d’un groupe de responsables qui vivent et travaillent en rapport

étroit avec la population - encouragement d’une recherche et évaluation participative, à travers

l’organisation de workshops - prévision d’un soutien politique pour le développement institutionnel des

groupes organisés pour une assistance concernant les domaines du logement et celui de la micro-finance

Les coopératives qui reçoivent assistance sont caractérisées par une politique dans laquelle les femmes assument les rôles les plus importants.

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Un des éléments plus importants de ce projet est l’accès à des propriétés foncières permanents, à travers des programmes gouvernementaux existants, comme le Group Land Acquisition et le Development and Community Mortgage Programme. Concept architectural Le projet prévoit trois types d’habitations, qui se développent à partir de trois différentes unités de base (core unit) de 28 m2. Ces trois noyaux permettent un agrandissement du logement en étapes successives d’expansion horizontale et/ou verticale, selon trois schémas différents, jusqu’à couvrir une surface habitable de 60 m2, suivant les besoins et les possibilités financiers des bénéficiaires. Chaque unité de départ prévoit, en outre, l’intégration d’installation sanitaire (toilettes). Dans la conception, et dans le degré d’acceptation des nouveaux habitats, un facteur déterminant a été la reprise des modèles traditionnels pour ce qui concerne les formes, les typologies et l’organisation des espaces internes et externes des habitations. Technologies constructives L’introduction de technologies constructives nouvelles et alternatives a initialement freiné le cours du projet, étant nécessaire un certain temps pour permettre aux travailleurs d’acquérir les compétences et l’expérience dans la production des SBT (Sustainable Building Technologies). Un programme de formation continue et interne a permis une meilleure efficacité. En outre, les analyses des coûts du projet ont démontré comme l’entier processus de construction, en utilisant des SBT associées à un design architectural intelligent, permet aux bénéficiaires d’économiser entre le 25% et le 30% des coûts dérivant de l’utilisation de matériaux de construction conventionnels. Impact Le programme a concerné environ 2'630 ménages avec un impact indirect sur 25'000 individus, il a permis la réalisation de 710 unités d’habitation et il a fourni assistance à 445 familles désavantagées en augmentant le nombre des logements disponibles. En outre, le projet a permis l’organisation de trois coopératives engagées dans la production de SBT et dans la construction d’unités d’habitation à travers ces technologies alternatives, pour offrir des opportunités de travail aux pauvres des zones urbaines. L’expérience est, aujourd’hui, reproposée dans des autres villes des Philippines. Financement Le projet a été rendu possible grâce à l’important soutien du Gouvernement et de la JF Ledesma Foundation Inc. (JFLFI). Dans le rôle de promoteur social, cette dernière a financé la construction des unités d’habitation, tandis que le Gouvernement local s’est occupé des infrastructures, comme les canalisations, les routes et autres services de base.

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Extension du projet Nombre de villages réalisés: 14 Nombre d’habitations: 710 Surface bâtie: 20’590 m2 Surface habitable / habitation: de 28 m2 à 60 m2 Nombre de personnes concernées: 25’000 Coûts de construction et matériaux utilisés: Prix au m2: 94 US$ Prix par unité d’habitation: 2870 US$ Fondations: en béton Murs: blocs de terre compressée Toit: tuiles préfabriquées en ciment

Core Unit Phase 1 Expansion Phase 2 Expansion

Design 1

Design 2

Design 3

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Low-cost Housing Project Réalisation d’habitations à faible coût Dire Dawa. Ethiopie. Promoteur: German Agency for Technical Cooperation Années de réalisation: 1999-2003 Contexte L’Ethiopie a une population correspondant à 60 millions d’habitants, et elle est un des pays de l’Afrique subsaharienne plus sujets à un phénomène d’urbanisation extrêmement rapide. Aujourd’hui, seulement le 15% de la population se situe dans des zones urbaines, mais, en 20 ans, le 50% de la population y habitera. Dans les villes, 85% des habitants vivent dans des conditions inhumaines, complètement dépourvues d’hygiène. Les constructions se caractérisent, généralement, par une qualité déplorable déterminée par un manque de main d’œuvre qualifiée, un élevé gaspillage de matériaux, une gestion inadéquate et inefficiente des terrains à bâtir, une absence de contrôles de qualité et une connaissance très limitée des technologies appropriées. La diffusion des compétences, dans le domaine de la construction, joue un rôle fondamental pour le développement du potentiel que ce secteur présente en tant que engin de croissance économique. Partenaires Le Low-cost Housing Project a été promu par le Ministère éthiopien des Travaux et Developpement Urbain avec le soutien de la GTZ (German Agency for Technical Cooperation). La première phase du projet a été réalisée entre le 1999 et le 2002. Objectifs et bénéficiaires Le fait de disposer d’une habitation joue un rôle déterminant dans la considération d’un individu en tant qu’être humain. À partir de cette considération, le projet vise à rendre accessible l’acquisition d’un logement, aux représentants de la population urbaine à faible revenu économique, en améliorant ainsi leurs conditions de vie non seulement à travers la réalisation d’une habitation, mais aussi à travers un accroissement des opportunités de travail. Les bénéficiaires sont constitués par les ménages urbains appartenant au 50% plus bas de revenu économique avec un potentiel d’épargne pour un acompte initial d’au moins le 20% des coûts de construction. Une attention particulière a été prêtée à la sélection des ménages à nom d’une femme. Aspects sociaux Pour éviter une ségrégation sociale et la criminalité, des modèles d’implantation mixte ont été encouragés, en manière aussi à faciliter le développement économique à travers l’acquisition des compétences. D’une façon traditionnelle, ce principe permet à l’Ethiopie de se préserver d’un haut taux de criminalité qui caractérise, par exemple, les pays voisins. La sauvegarde du besoin basilaire d’une habitat approprié est, avant tout, une pré-condition pour garantir soit un niveau de santé adéquat, soit une participation active dans la vie publique et sociale.

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Concept architectural La réalisation du projet s’est déroulée en deux phases: la première a concerné la construction de la «Nazareth House», de 36 m2; pendant la deuxième, a été développé un nouveau type d’habitation, le «Growing House». Le modèle consiste en un système modulaire composé par deux unités de base qui, à partir d’une surface de 30 m2, peut être agrandi jusqu’à 120 m2, à selon des besoins et des moyens économiques de ses habitants. La «Growing House» permet une certaine densification (construction en verticale) outre que de réduire les frais pour les infrastructures basilaires, un problème essential pour les Communes avec un budget très limité. Les prix au m2 des unités de base varient entre 40 US$ et 80 US$. La définition du principe constructif a été conçue en accord au Code des Constructions Ethiopien pour la durabilité garantie aussi pour les générations futures. Technologies constructives Étant l’Ethiopie située en correspondance d’une zone assujettie aux tremblements de terre, l’application des technologies spécifiques pour une construction résistant à ce type de hasard s’est donc rendue indispensable. Le principal matériau de construction employé est constitué par des blocs forés en béton, étant facilement productibles et demandant difficilement d’entretien après la mise en oeuvre. Également, on a employé un système de plaques et de linteaux préfabriqués et des cadres des fenêtres outre que le moulage des blocs forés préfabriqués pour la réalisation des poutres, en permettant une construction sans l’utilisation du bois. Ce principe soutient, donc, une préservation environnementale, en raison du fait que les forets en Ethiopie couvrent seulement le 2% de la surface du territoire national. Financement Une coopération avec le système de financement local est résultée être d’importance essentielle, pour permettre une exécution soutenable du projet. La Construction and Business Bank of Ethiopia a donc été le partenaire principal pour le Low-cost Housing Programme. À travers des facilitations prévues par le projet, la banque offres, aux bénéficiaires, des prêts avec des taux d’intérêt correspondant au prix du marché. Les certificats individuels d’attribution des terrains et des unités d’habitation représentent, pour la banque, une garantie ultérieure et, pour les bénéficiaires, une garantie de devenir moins vulnérables en tant qu’êtres humains.

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Extension du projet Nombre de villes: 5 Nombre d’habitations: 2'460 en 5 villes Surface bâtie: 450'000 m2 Coûts de construction et matériaux utilisés: Prix au m2: de 40 à 80 US$ Prix par unité d’habitation: de 1'500 US$ à 9'000 US$ Fondations: en béton Murs: blocs forés en béton Toit: tuiles préfabriquées en

ciment (Nazareth House) dalle en béton (Growing House)

Plan rez-de-chaussée

Plan premier étage

Coupe

Elévation

Growing House

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Bibliographie M. Mc Quaid, Shigeru Ban, Phaidon, Paris, 2004 J-M Martin, Progettare per l’emergenza, Casabella, n. 179, février 2004, pp. 18 – 21 www.undp.org (United Nations Developpement Programme) www.idrf.org (India Development and Relief Found) www.earth-auroville.com (Auroville Earth Institute) www.archnet.org www.skat.ch www.shelterproject.org

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Stratégie du projet

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1. Scénario d’intervention Dans un contexte extrêmement à risque de catastrophes naturelles, c‘est essentiel une précise définition des acteurs qui peuvent intervenir pour améliorer les conditions de vie de la population locale. Possibles acteurs 1. Niveau local:

- groupes locaux (communauté survivante) - autorité locale du Gram Panchayat - travailleur dans le secteur de la construction

2. Niveau régional: - Départements du Gouvernement (au niveau de l’Etat, du District et du

Block) concernant l’habitat et la reconstruction, Commission Spéciale De Secours, organisations non-gouvernementales présentes sur le territoire

- groupes de professionnels: architectes, ingénieurs, planificateur - secteur privé: entreprise de construction, fournisseurs de matériaux et

d‘équipements

3. Niveau national: - Gouvernement Centrale, Armée Indienne - organisations non-gouvernementales d’aide au développement - institutions de financement des habitations (comme la HUDCO)

Les interventions de ces acteurs peuvent se dérouler pendant une, ou plusieurs, des suivantes phases: Phase 0 – période précédente à un désastre naturel Phase 1 – période des secours immédiats Phase 2 – période de réhabilitation et de reconstruction Phases d’interventions • Besoins et ressources des survivants Phase 1 – période des secours immédiats (de l‘impact jusqu’aux 5 jours après) Après un désastre naturel, une quantité suffisante de matériaux pour la construction d‘abris d’urgence peut être accumulée en profitant principalement des 2 sources: - matériaux indigènes (commercial et non commercial) - matériaux récupérés parmi les décombres (bois, bambou, tuiles en

terre cuite, briques) Dans les zones rurales, les constructions sont réalisées surtout à partir des matériaux indigènes. Par contre, les matériaux qui sont produits industriellement sont ceux qui surviennent le mieux à l‘impact d‘une calamité naturelle, et sont, donc, faciles à récupérer parmi les décombres, et à être réutilisés d’une façon efficace.

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Les abris d’urgence doivent répondre à des fonctions vitales: - protection contre la chaleur, le vent et la pluie - dépôt des affaires personnels - sécurité émotionnelle et le besoin d’intimité - éviter la diffusion des épidémies - établissement d‘une étape de départ pour les interventions successives

actions (sauvetage, réhabilitation sociale et reconstruction) Une analyse de la condition globale du contexte d’intervention est, pendant la période immédiatement suivant le désastre, plus importante qu‘une détaillée estimation des dommages qui les habitations ont subi: - nombre d’habitations détruites - évaluation des conditions climatiques - accessibilité aux zones affectées Les nécessités qui se présentent dans un contexte post-désastre peuvent être anticipées, et une préparation efficace peut aider à réduire la souffrance des victimes. C‘est donc important d‘avoir une certaine connaissance de la situation pre-désastre, à travers une documentation simple et claire: - identification des zones de danger - description des techniques constructives les plus répandues - mappe des éléments à risque - profile socio-économique de la population (revenu, type de travail) - profile démographique de la population (nombre d‘habitants par

habitation) - profile sociologique de la population (culture, mode de vie, …) - potentialités locales (capacités intellectuelles et manuelles de la

population, disponibilité des matériaux) Toutes ces informations n‘aident pas uniquement à affronter mieux la situation chaotique présente immédiatement après un désastre, mais elles constituent aussi la base essentielle d’un projet à long terme, qui vise à la reduction de la vulnérabilité aux calamités naturelles. • Abris d‘urgence Phase 1 – période des secours immédiats (de l‘impact jusqu’aux 5 jours

après) Phase 2 – période de réhabilitation et de reconstruction (du 5ème jour) Généralement, les abris d‘urgence fournis par les organisations de secours ont des formes et des dimensions standardisées, de manière à faciliter le stockage. Mais le principe d‘un «abri standardisé» n‘est pas efficace parce qu’il ne considère pas, par rapport au contexte d’intervention: - le climat - les valeurs culturels - le nombre de membres par famille - l‘importance de l‘auto-construction (très répandue en zones rurales) - les matériaux locales - les prix de production trop élevé en relation au niveau de vie

économique de la population

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En outre, pour qu‘un abri d‘urgence puisse résulter vraiment efficace, il devrait être transporté sur le lieu du désastre pendant les premiers jours après l‘impact, ce qui n‘est pas toujours possible à cause de l‘état des routes, qui rendent inaccessible la plupart des zones affectées. • Habitations temporaires Phase 2 – période de réhabilitation et de reconstruction (à partir du 5ème jour) Les habitations temporaires sont conçues comme des unités fournies aux victimes, à des prix très bas, pour pouvoir leur permettre de se loger pendant la période nécessaire (de quelques mois à quelques ans) à rejoindre un niveau économique, suffisant pour construire une nouvelle structure permanente. Le problème principal est qu‘une habitation temporaire peut coûter plus qu‘une structure permanente, spécialement dans un contexte où les habitants sont habitués à construire eux-mêmes leur maison, avec des matériaux locaux. En outre, dans la plupart des cas, une habitation temporaire qui garantit les fonctions primaires, est difficilement laissée par la population, qui la voit comme une structure «permanente». • Alternative: reconstruction rapide des habitations permanentes Phase 0 – période avant un désastre naturel: prévention, mitigation, préparation Phase 1 – période des secours immédiats (de l‘impact jusqu’aux 5 jours après) Phase 2 – période de réhabilitation et de reconstruction (du 5ème jour) Au lieu de chercher d’offrir des abris d‘urgence ou des habitations temporaires, nous trouvons plus intéressante la stratégie d‘encourager une reconstruction rapide des habitations permanentes, qui satisfait les suivants critères: - techniques constructives résistantes aux calamités naturels - matériaux disponibles localement - dessin architecturale traditionnel Cette approche implique que les survivants doivent construire leurs propres abris d’urgence (comme c’est déjà le cas maintenant), toutefois elle présente les suivants avantages: - les ressources à dispositions (matériaux, personnels spécialisés,

argent) sont concentrées dans un projet permanente, et donc à bas coût globale

- après une catastrophe, on peut compter sur une majeur disponibilité économique, grâce aux financement et aux subventions prévues

- fournir des abris aux victimes les plus pauvres rentre dans une sphère d’action internationale

- la période pendant laquelle les victimes sont privé d’une habitation permanente est réduite

- les modes de vie et les connaissances de la communauté, sont pris en considération et valorisés

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- le principe d‘auto-construction fait que le coût globale d‘une habitation soit relativement faible

- l’intégration de nouvelles méthodes constructives à celles traditionnelles, pour aboutir à des structures résistantes aux futures calamités naturelles, est plus facilement acceptée par la population locale

Cette stratégie requit, que tous les survivants aient l‘accès, d‘une manière ou d‘une autre, à une habitation permanente. Pour effectuer une reconstruction qui soit soutenable et économiquement faisable, c‘est important de s‘appuyer sur le principe du «technology transfert», c‘est à dire la transmission de connaissance concernant les technologies de construction appropriées (résistance aux hasard naturels et faible coût) à la population affectée par le désastre. En considérant le principe d‘auto-construction, ces méthodes ne doivent pas dépasser un niveau technologique trop élevé pour la communauté. En outre, un des éléments-clé, dans un programme de relogement post-désastre, est le système de financement disponible. Des subventions distribuées totalement en argent ont une efficacité limité seulement au bref terme, et peuvent engendrer une relation de dépendance des bénéficiaires vers les organisations d‘assistance. C‘est plus intéressant pour les individus particuliers, et pour la communauté entière, de participer directement au financement des programmes de relogement (abris temporaires et reconstruction permanente). Donc, l‘assistance peut être fournie sous forme de: - contrôle des prix de marché (par le Gouvernement Centrale) - prêts à intérêts limités (par les institutions financières) - plans d‘aide financier (par le Gouvernement Centrale) - réformes concernantes l‘utilisation du sol (par le Gouvernement de

l‘Etat) Attribution des rôles Pour aboutir à une coordination efficace pendant les périodes des secours immédiats et de réhabilitation, nous proposons la suivante attribution des rôles, aux différents acteurs intervenants en cas de désastre naturel: Acteur: Armée Indienne But: rendre accessible le village depuis l’extérieur Stratégie: dégager les décombres sur les routes principales Acteur: Département des Travaux Publics But: permettre un trafic routier efficace Stratégie: rétablissement des routes du Gram Panchayat et amélioration de leur connexion au réseau des routes principales Acteur: organisations des secours immédiats But: transport alternatif à la route, pour faciliter la distribution de matériel de secours Stratégie: profiter des rivières existantes

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Acteur: Département Forêt (pour le bois et le bambou) But: stimuler les activités de reconstruction, en profitant des potentialités locales Stratégie: distribution contrôlée des matériaux de construction écologiques, localement disponible après l’impact Acteur: Gouvernement de l’Etat But: éviter une situation de monopole de la part des fournisseurs des matériaux Stratégie: encourager des nouveaux entrepreneurs, à travers des subventions, à produire les matériaux de construction, pour en augmenter la provision à disposition Acteur: Gouvernement d’Etat But: stabilisation des prix de marché des matériaux de construction Stratégie: contrôler d’une manière stricte les fournisseurs Acteur: ONGs spécialisées dans le secteur (comme Oxfam India et Lutheran World Service) avec leurs propres financements et autres ONGs avec l’assistance financière du Gouvernement Centrale (par le programme Rural Water Supply Scheme) But: rendre accessible l’eau potable Stratégie: garantir immédiatement, dans tous les villages affectés, une pompe d’eau potable chaque 1’000 personne Acteur: Département de la Santé et les ONGs qui s’occupent du secteur sanitaire But: rendre accessibles les médicaments Stratégie: garantir immédiatement une unité sanitaire mobile chaque 3’000 personne Les organisations non-gouvernementales, extérieures au contexte d’intervention, doivent agir en rapport étroit avec les organisations locales. En effet, la collaboration entre ces organisations est d’importance fondamentale dans l’adoption d’un comportement adapté, et pour une rapide capacité d’intervention. Les organisations internationales (comme les Nations Unies) ont le potentiel d’être politiquement indépendantes, de pouvoir mobiliser une assistance qui touchent différents secteurs (santé, construction, éducation,…), et de permettre l’accès aux connaissances, les plus spécifiques et les plus récentes.

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Pour ce qui concerne la reconstruction rapide des habitations permanentes, notre projet voudrait s’appuyer sur les suivants acteurs, déjà existants sur le territoire: Au niveau local: - Self-Help Groups Les Self-Help Groups sont composés au maximum de 20 habitants qui forment une coopérative, dont le but est de développer et de rendre autonomes des activités déjà existantes sur place, en utilisant des financements provenant du gouvernement. - Gram Panchayat Administrativement composé par plusieurs villages, il représente l’organisme décisionnel principal. Constitué par les membres les plus importants de communautés existantes, le Gram Panchayat gère les terrains et les infrastructures publiques sur son territoire (écoles, centres communautaires, étangs, temples, puits d‘eau). - Sarpanch Le Sarpanch est le représentant des habitants des villages composant le GP; il est élu tous les quatre ans par la population même. Avec les membres du Gram Panchayat, il gère l’attribution des lotissements et la distribution des fonds provenant de programmes gouvernementaux. Au niveau régional: - Development Technocrat Forum (DTF) Les professionnels de la région, architectes et ingénieurs, auraient le potentiel de satisfaire l‘assistance technique nécessaire dans une reconstruction post-désastre mais, pour les plus pauvres, l‘accessibilité à leur connaissance n‘est pas possible financièrement. C‘est à cause de cette carence, que dans le cadre du programme Promotion of Appropriate Housing Technologies and Opportunities for

Sustainable Livelihoods in India, les Nations Unies ont créé le DTF dans le district de Kendrapara. Le DTF est un groupe d‘architectes, d‘ingénieurs et de planificateurs, qui offre un support technique, pour ce qui concerne la construction disaster-resistants. - Organisations non-gouvernementales Certaines des ONGs internationales, agissant dans la région, apportent principalement un support financier, en promouvant la réalisation des centres communautaires tels que dispensaires, écoles ou autres bâtiments publiques. Par contre, les ONGs régionales cherchent plutôt à former la population locale pour ce qui concerne la réalisation et l’utilisation des infrastructures publiques telles que canalisations, latrines, routes,…

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- Secteur privé Le secteur privé est composé soit par les grandes entreprises régionales, soit par les petits artisans locaux. Ces sont ces derniers qui devraient être les plus engagés, dans la distribution des matériaux, en vue d’un développement économique local et décentralisé. Au niveau national: - Gouvernement Central Le Gouvernement Central prévoit plusieurs programmes de financement pour la concrétisation des projets, qui aboutissent à l’amélioration de vie des plus pauvres. Nous considérons très important de souligner qu’on a constaté que, à cause d’une mauvaise communication entre les acteurs des différents niveaux (national, régional et local), les potentiels bénéficiaires ne peuvent actuellement pas profiter, d’une façon complète et efficace, de ces financements.

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2. Création d’un nouveau settlement

Principalement, il y a deux possibles démarches qu‘on peut suivre dans la reconstruction permanente: - déplacer l‘entière communauté affectée dans une autre zone, qui n’est

pas à risque - introduire des mesures mitigative Le relogement dans un site sûr n‘est pas une solution réelle, pour les suivantes raisons: - la démarche administrative pour s’installer sur un nouveau terrain est

trop longue, par rapport à l’urgence de reloger les victimes - les constructions publiques (écoles, dispensaire, marché,…) et les

infrastructures (pompes d’eau potable, étangs,…) doivent faire partie du projet de reconstruction, même si elles n‘ont pas subit des importants dégâts

- la population n‘a pas le désir d‘abandonner son environnement familière

- la population veut rester le plus proche possible des actuels terrains agricoles (surtout les propriétaires fonciers et les ouvriers agricoles)

En outre, dans l‘Etat de l‘Orissa, c‘est vraiment presque impossible de trouver des zones qui sont totalement sûres, et qui n‘ont jamais été touchées par un désastre naturel. Avec une intensité et une fréquence qui dépendent de la position géographique, les cyclones et les inondations touchent toutes les régions. Résulte, donc, important de développer une stratégie de planification des zones rurales qui tient en compte des phénomènes naturels. Le but est celui d’aider une société à co-exister avec ce danger continue, sans qu‘elle souffre chaque fois. L‘alternative que nous proposons est, donc, une démarche qui prend en considération, soit un partiel déplacement de la communauté, soit l‘introduction des mesures mitigatives. Cette stratégie implique que la partie de la communauté qui habite dans la zone plus à risque soit déplacée vers une moins dangereuse, à l‘intérieur du même village, et que cette nouvelle zone d’habitation satisfasse les lignes directrices disaster-resistants, soit à la grande échelle, soit à la petite échelle: - définition de l‘utilisation du sol - planification des lotissement - emplacement des maisons - techniques constructives La proposition d‘une nouvelle implantation, à l‘intérieur d‘une structure résidentielle déjà existante, peut être considérée soit comme un projet de reconstruction rapide après un désastre, soit comme un projet d‘expansion en situation normale (croissance démographique de la population). En outre, notre proposition de créer un nouveau settlement à Anduli a comme objectif la concrétisation des principes qui peuvent, aussi, être utilisés pour limiter la vulnérabilité des habitats précaires, dans les autres trois settlements existants.

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3. Principe de construction des habitats Le principe constructif que nous proposions est celui de la «core house» (noyau habitable), ou d’habitation extensible. Jusqu’au présent, ce principe a été appliqué dans la conception de nombreux projets concernant la réalisation des logements à faible coût, dans le monde entier. Une de ses caractéristiques principales est l’extrême flexibilité, qu’il présente et qui en rend possible l’utilisation en situations très différentes entre elles. L’habitation est conçue pour être bâtie progressivement, à selon des exigences individuelles et des possibilités financières de ses habitants. La première étape consiste dans la réalisation d’un noyau de départ (dans certains cas comprenant aussi un espace sanitaire), conçu en manière d’en consentir une immédiate possibilité d’usage. Les composants initiaux doivent permettent une variété de futures possibles extensions qui peuvent s’ajouter, en tout moment, à l’espace originaire de l’habitation. Généralement prévue pour des personnes possédant un revenu économique extrêmement bas, la «core house» est souvent bâtie par les habitants mêmes, en manière de réduire le plus possible les coûts de réalisation. Le système et les détails constructifs devraient donc être les plus simples possibles. Le fait que la «core house» soit extensible permet une grande flexibilité, pour ce qui concerne les coûts, le temps, l’espace, et la méthode de construction. Celle de la «core house» résulte, donc, être une façon extrêmement efficace pour le développement d’agglomérats d’habitations de manière durable et soutenable. Le principe s’applique en façon optimale au relogement de larges groupes de personnes possédant exigences et aspirations individuelles. Dans des villages comme Anduli, intéressés chaque année par cyclones et inondations, le noyau originaire doit être extrêmement solide (matériaux permanents, technologies disaster-resistants), et il doit permettre l’accès à la toiture, pour garantir un abri surélevé en cas de forte inondation. L’espace de base doit être garanti à tous, de façon que les occupants de chaque habitation puissent disposer d’au moins une pièce qui supporte l‘impact des calamités naturelles. La successive extension de la structure pourrait se réaliser avec différents types des matériaux, à selon des possibilités financières des habitants.

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4. Utilisation du bambou Extension de la maison à partir du noyau rigide Conscients de la qualité spatiale présente dans les existantes maisons à cour, traditionnellement bâties en boue et paille (kutcha houses), et conscients des limites économiques à disposition, on propose la possibilité d’une extension qui emploie un matériau très économique et très disponible sur place: le bambou. Le but de ce choix d‘utilisation est d‘aboutir à une structure qui, par le fait d‘être bâtie avec un matériau économique, permette la reprise des grandes typologies traditionnelles, tout en garantissant une certaine sécurité statique. En effet, l‘extension devrait être constituée par une ossature en bambou, qui par son dessin structurel, et par sa liaison au noyau de base rigide, résulte être résistante aux hasards naturels. L’utilisation du bambou dans le domaine de la construction est déjà présente dans la tradition locale, mais les technologies et les systèmes constructifs employés ne garantissent pas toujours une bonne résistance structurelle, surtout aux impacts des calamités naturelles. On pourrait donc prévoir une amélioration des techniques traditionnelles avec l’apport de connaissances nouvelles et qui s’adaptent au contexte dans lequel elles sont appliquées (simplicité de réalisation qui ne demande pas des machines ou outils, en se fondant uniquement sur les potentialités presentes sur place). Protection contre les forts vents et les inondations Pour garantir qu’une quantité suffisante de matériau soit toujours à disposition de la population, nous proposons le reboisement des forêts de bambou, autour du village. Outre qu’une ressource permanente pour la construction, ces forêts peuvent contribuer à une reduction de la vulnérabilité aux catastrophes naturelles, en agissant comme barrière de protection contre les forts vents, et en facilitant en manière naturelle l’absorption de l’eau pluviale. Abris d’urgence Après un désastre naturel, la première réponse à la nécessité de disposer d’abris d‘urgence est donnée directement par la population affectée. Pendant cette période, les habitants qui ont perdu leur propre habitation peuvent se construire des abris d’urgence, en utilisant directement le bambou (outre que nombreux autres matériaux recyclés), présent sur le site, qui pourrait être réutilisé lors de la construction successive d’une structure permanente.

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5. Programme

Village:

- reboisement d’une forêt de bambou couvrant une surface de 20'000 m2

- réalisation d’un dispensaire de 50 m2 qui, outre que fournir un service de santé de base,

- création d’un centre du bambou, structure dans laquelle on travaille le bambou et on le prépare en tant que matériau de construction

Settlement: étant donné que les trois settlements existants sont constitués chacun d’environ 40 habitations, on propose la création d’un nouveau settlement avec 40 lotissements

- étant donné l’absence d’une division parcellaire définie et régulière,

sur la base des cas analysés, on considère trois dimensions différentes de lotissement: 49 m2 (7 x 7 m), 98 m2 (14 x 7 m), 196 m2 (14 x 14 m)

- mise en place d’un système de drainage efficace pour une évacuation rapide de l’eau, de façon à éviter les inondations locales

- installation des pompes à eau potable (1 chaque 50 personnes) - installation de blocs sanitaires (2 toilettes twin-pit + un puits d’eau)

annexés à des structures accueillant 1 espace supplémentaire individuel (à utiliser en tant que dépôt, cabane pour le bétail,…) pour 3 / 4 lotissements

Habitat: en vue d’un projet low-cost, les habitats («core houses») devront être conçus de façon à garantir une optimisation des espaces, permettre une auto-construction de la part des habitants, utiliser les matériaux locaux et les techniques constructives appropriées et consentir une réalisation par étapes. Tout en tenant compte des contraintes économiques, l’habitat devra être résistant aux risques naturels, résoudre le problème de la climatisation intérieure, s’adapter aux besoins des habitants, et offrir un espace extérieur. Les éléments architecturaux qui caractérisent les habitations traditionnelles seront intégrés, en cohérence avec leur usage originaire, pour améliorer la qualité des espaces et leur utilisation.

- réalisation d’un noyau rigide de 15 m2 pour chaque ménage, de

façon à garantir au moins une pièce qui puisse supporter l’impact des calamités naturelles

- étant donné que les typologies présentes se composent de 1 jusqu’à 4 pièces, on considère une possibilité d’extension de l’habitat jusqu’à 4 pièces, au maximum, avec une variation de surface nette de 15 m2 jusqu’à 60 m2

- à partir d’un noyau de base, chaque étape de l’extension peut s’accomplir soit d’une façon horizontale, soit d’une façon verticale, selon l’espace à disposition dans le lotissement

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- l’extension du noyau initial sera à réaliser en utilisant comme matériau de construction le bambou, en considérant nécessaires environs 200 m2 de plantation à bambou pour la réalisation d’une maison à 4 pièce de surface nette correspondant à 60 m2

- étant donné la tradition de vivre en famille élargie (comprenant jusqu’à 3 ménages), on prend en considération la possibilité d’embriquement de plusieurs habitats sur le même lotissement

- étant donné l’importance d’un espace externe, on prévoit que chaque habitat dispose d’un tel espace, qu’il soit privé et/ou semi-privé

- étant donné l’adoption des principes d’auto-construction et de technologies low-cost, on envisage un coût de départ de 25'000 Rps, pour le noyau de base, et un coût maximal de 50'000 Rps

Dans les trois différentes échelles (village, settlement, habitat), les propositions doivent être cohérentes avec les suivantes lignes directrices à adopter, dans un contexte fortement sujet au risque de cyclone et d’inondation: Village:

- le niveau maximal d’inondation doit être considéré - pour minimiser le risque d’inondations, les habitations doivent aller

s’implanter, sur un terrain de bonne qualité, en correspondance du point le plus haut possible, par rapport à la morphologie du territoire

- certains éléments, comme les arbres, peuvent constituer une solide barrière perméable, en diminuant l’exposition directe aux forts vents

Settlement:

- un alignement à rangée engendre une augmentation de la vitesse du vent, tandis qu’une disposition décalée la diminue

- une dispersion des habitats permet le découpage du vent et donc, une atténuation de sa puissance

- un système de drainage doit être présent, pour permettre une évacuation assez rapide de l’eau depuis les routes, outre qu’en consentir le stockage pour fournir une réserve d’eau à utiliser dans les périodes de sécheresse

Habitat:

- pour réduire la puissance d’impact d’une possible vague, engendrée par le cyclone, il faut tenir en compte la position géographique de la mer. Une vague qui frappe un mur perpendiculairement peut le détruire; si l’impact se vérifie sur un angle oblique, ses forces sont dissipées avec des conséquences moins importantes

- l’impact du vent résulte être mineur, s’il a lieu sur la façade de taille plus réduite

- un plan asymétrique, n’offrant pas de contreventement adéquat, est moins résistant qu’une construction compacte avec une structure régulière

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- selon des études, effectués par des ingénieurs, sur l’effet de la géométrie d’une structure, en relation à la résistance aux forces du vent, est recommandé un plan rectangulaire avec les suivantes proportions: longueur / largeur = 1,5

hauteur / largeur = 1 En outre, un plan de forme longue et étroite, ou à zigzag, est à éviter.

- les habitations doivent permettre de monter sur le toit, pour

échapper aux fortes inondations - un rehaussement de la structure d’au moins 80 cm doit être garanti,

comme protection contre les inondations, de façon à permettre aux habitants de disposer du temps nécessaire pour se mettre à l’abri sur le toit

- toutes les parties qui constituent la structure doivent être strictement liées entre elles, tant horizontalement que verticalement

- le mur doit permettre une connexion continue, depuis les fondations jusqu’au toit

- le toit doit être ancré au mur et à la fondation, pour garantir une continuité structurelle qui évite l’envolement du toit

- horizontalement, des renforcements doivent être présents aux angles et aux intersections des murs

- les murs doivent être contreventés pour garantir une bonne stabilité aux forces latérales

- dans le cas de toit en pente, l’angle doit correspondre à 30 degrés

et la longueur de l’avant-toit doit être la plus courte possible, voire inexistante

- pour éviter une pression supplémentaire sur le toit, les ouvertures

doivent se trouver au milieu du mur, et jamais juste au-dessous du plafond

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Bibliographie S. Binari Verma, Rural Prosperity Oriented Programmes. NGO’s and people participation, Aavishkar Publisher, Jaipur, 2003 Community Contingency Plan for floods & cyclones. Orissa, Orissa State Disaster Mitigation Authority – United Nations, Bhubaneswar, 2000 Helping people to cope. UNVolunteers. Support disaster mitigation in India, United Nations Development Programme, 2003 A. K. Lal, Handbook of Low-cost Housing, New Age International Publisher, New Delhi, 2003 S. Mahapatra – B. Prasad Sahu, Post Disaster Management of Super- cyclone, Mittal Publications, New Delhi, 2004 J. P. Misra, Rural development and population, Anmol publications, New Delhi, 2002

G. C. Mathur, Low-cost Housing in Developping Countries, Oxford & IBM Publishing, new Delhi, 1993 B. Narayan, Disaster management, A. P. H. Publishing Corporation, New Delhi, 2002 Office of the United nations Disaster Relief Co-ordinator, Shelter after disaster, United Nations, Geneva, 1982 Orissa Super-cyclone. Report of the State Level Workshop on Strategic Planning in Rehabilitation & Development, Government of Orissa – United Nations, Bhubaneswar, 1999 Prerana. Sustainable Recovery throught Appropriate Technology Transfer, United Nations Development Programme, Orissa, India www.undp.org (United Nations Developpement Programme) www.idrf.org (India Development and Relief Found)