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Exemple de la Plateforme mWater
By Mouhamed Fadel Ndaw, Sr. Water and Sanitation Specialist
Novembre 2015
Note de terrain :
Utilisation des TIC pour améliorer les performances des
opérateurs privés d'eau en milieu rural en Afrique de l'Ouest
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1. INTRODUCTION
La présente note de terrain fournit un aperçu de la plate-forme mWater en s’appuyant sur
l’information figurant dans le rapport du Programme Eau et Assainissement (Water and Sanitation
Program - WSP) intitulé « Valorisation du potentiel des TIC dans le secteur eau, assainissement
et hygiène en Afrique1 », complété en juin 2015. Elle vise à fournir des informations sur les projets
pilotes mis en œuvre à l’aide de la plate-forme mWater dans quatre pays de l’Afrique de l’Ouest
(Sénégal, Mali, Benin et Niger) dans le but de démontrer la faisabilité de l’intégration des outils
TIC pour améliorer le suivi et la gestion des réseaux d’adduction d’eau potable en milieu rural et
dans les petites agglomérations.
Axée sur le service, la plate-forme mWater est un système de suivi mobile 2 Web. Elle a été mise
au point par l’entreprise de solutions mobiles sénégalaise Manobi dans le cadre d’un partenariat
public-privé cofinancé par le Programme Eau et Assainissement en 2007. Aujourd’hui, mWater
assure le suivi de 251 réseaux d’adduction d’eau en temps réel et répertorie plus de 35 000 points
d’eau dans les quatre pays, Sénégal, Mali, Bénin et Niger.
La plate-forme mWater est une structure informatique alliant les applications de téléphonie mobile
et les services Internet en vue d’optimiser le cycle de vie des systèmes d’approvisionnement en
eau, de la construction (inventaire et cartographie), à l’opération (collecte de données, gestion
technique et financière) et à la comparaison des performances (benchmarking), comme l’illustre
la figure 1.
Figure 1 : Services offerts par mWater (Source : Manobi)
1 Étude sur la Valorisation du Potentiel des TIC dans le Secteur Eau, Assainissement et Hygiène par Mouhamed Fadel Ndaw, Spécialiste Eau et Assainissement
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2. SUIVI ET RÉGULATION EN VUE D’AMÉLIORER LA PRESTATION DES SERVICES
Le suivi et la gouvernance sont essentiels à la pérennité, au développement et à la qualité des
systèmes d’approvisionnement en eau. L’absence d’une planification durable basée sur des
données fiables et d’une coordination appropriée entre les donateurs internationaux, les ONG et
les gouvernements locaux et nationaux sont à l’origine du taux d’échec élevé des projets eau,
assainissement et hygiène (WASH). En Afrique, bien que les différents pays affichent des
variations considérables, on estime que 24 à 30 pour cent des systèmes d’approvisionnement en
eau dans les régions rurales ne fonctionnent pas2.
Au Sénégal, au Mali, au Bénin et au Niger, environ 53 % de la population rurale ont accès à un
système d’approvisionnement en eau amélioré (voir la répartition par pays Figure 2) et 23 %, soit
environ 8,3 millions de personnes, sont desservis par un réseau d’adduction d’eau. La majorité
de ces réseaux sont gérés par des associations d’utilisateurs, des opérateurs privés nationaux
par l’entremise de mécanismes de gestion déléguée, ou d’autres prestataires de services (les
modèles de gestion variant selon les pays). Le suivi et la gouvernance de ces petits réseaux
d’adduction d’eau, qui requièrent des données fiables et actualisées, sont essentiels à la
durabilité et à la qualité des services.
Figure 1 : Accès à une source d’approvisionnement en eau en milieu rural au Sénégal, au Mali, au Bénin et au Niger (JMP OMS/UNICEF 20143)
Population totale
(en milliers)
Population rurale
(en milliers)
Taux d’accès
en milieu rural
(2012)
Population rurale
desservie (en
milliers)
Accès à réseau
d’adduction d’eau en
milieu rural * (2012)
Population rurale
desservie par un réseau
d’adduction d’eau
(en milliers)
Sénégal 13 726 7 824 60% 4 694 54% 4 225
Mali 14 854 9 507 54% 5 134 10% 951
Bénin 10 051 5 428 69% 3 745 20% 1 086
Niger 17 157 13 726 42% 5 765 15% 2 059
Total 55 788 36 485 53% 19 338 23% 8 321 * Système d’approvisionnement qui fournit un accès à l’eau au moyen d’un branchement domestique, d’un robinet extérieur ou d’une fontaine publique.
Dans les zones rurales des pays en développement, il est fréquent que les données nécessaires
à l’amélioration de la planification, du suivi et de la gestion des services d’approvisionnement en
eau ne soient pas disponibles en raison du coût élevé du système de collecte. L’élaboration
d’outils de suivi appropriés est essentielle pour assurer une bonne gouvernance du secteur, pour
2 Elizabeth L. Kleemeier, mise à jour en 2010, Private Operators and Rural Water Supplies, A desk review of Experiences. 3 WHO/UNICEF, JMP 2014. Progrès en matière d’eau et d’assainissement, mise à jour 2014, Genève : Programme conjoint OMS/UNICEF de suivi de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement.
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renforcer la viabilité du système et pour améliorer la situation des populations défavorisées et
vulnérables sur le plan de l’équité de la prestation des services.
3. LA PREMIÈRE GÉNÉRATION DU PROJET PILOTE MWATER SÉNÉGAL
La plate-forme mWater a été mise au point par l’entreprise Manobi au Sénégal en 2007 afin de
faire face aux difficultés engendrées par le nombre croissant de petits réseaux d’adduction d’eau
dans les zones rurales et les petites agglomérations. Le partenariat public-privé (PPP) entre
PEPAM (le Programme sénégalais d’eau potable et d’assainissement du Millénaire) et Manobi,
signé en Juin 2007, fournissait un cadre alliant des applications de téléphonie mobile et des
services Web pour prendre en charge trois éléments fondamentaux des systèmes
d’approvisionnement en eau : la construction (inventaire et géoréférencement de l’infrastructure),
l’exploitation (collecte de données, gestion financière et technique) et la régulation. Le partenariat
était soutenu par le Programme Eau et Assainissement (WSP) de la Banque Mondiale.
La plate-forme prend en charge la conception et la mise au point d’applications permettant la
collecte et le traitement des données de suivi et d’évaluation en exploitant les technologies de la
téléphonie mobile et les protocoles mobile 2 Web dans des bases de données unifiées. La
première génération de la plate-forme était axée sur le développement de deux ensembles de
services :
Un système d’information géographique qui répertorie les infrastructures
d’approvisionnement en eau et d’assainissement à l’aide des coordonnées GPS;
Un ensemble d’outils et de services permettant aux opérateurs de réseau
d’approvisionnement en eau (associations et opérateurs privés) d’assurer la gestion
financière et technique de leurs petits réseaux.
Le premier projet pilote mWater a été mis en œuvre d’avril à septembre 2008 au Sénégal, dans
les régions de Louga et de Thiès. Dans le cadre du premier ensemble de services, inventaire et
cartographie mWater, 58 formulaires de données électroniques ont été recueillis et transmis au
système grâce à une application PDA, dont 56 relatifs aux points d’eau et deux aux installations
sanitaires4.
Dans le cadre du deuxième ensemble de services (le premier service de gestion de la plate-forme
mWater), les opérateurs utilisaient leurs téléphones cellulaires pour envoyer par SMS des
données sur trois paramètres techniques et financiers (indice de production d’eau, solde de
trésorerie et pannes) qui ont permis de produire des rapports mensuels normalisés de suivi des
performances conviviaux. La figure 3 décrit la fréquence de la production de rapports ainsi que
l’utilisation des paramètres. À la fin de la phase expérimentale du projet, il est apparu que l’accès
à cette information permettait aux municipalités et autres intervenants gouvernementaux de
fournir une meilleure assistance technique et de mettre en œuvre des mesures incitatives afin
d’améliorer leur efficacité opérationnelle.
4 WSP, 2013, Assessment of the mWater platform for the monitoring of rural and small towns piped water schemes in Senegal, Mali, Benin and Niger.
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Figure 2 : Paramètres de base de la plate-forme mWater
Paramètre Fréquence Utilisation
Index du compteur d’eau
hebdomadaire Suivi de la production d’eau
Solde de trésorerie
hebdomadaire Suivi des liquidités dans les livres de caisse en cours et les comptes bancaires
Alerte SMS en cas de défaillance du réseau d’approvisionnement en eau
hebdomadaire Suivi du nombre de pannes et du nombre de jours d’interruption du service
4. LA DEUXIÈME GÉNÉRATION DE LA PLATE-FORME MWATER (MWATER+) AU MALI, AU BÉNIN, AU SÉNÉGAL ET AU NIGER
Les résultats positifs obtenus à la suite de la période d’essai des deux ensembles de services
(inventaire et gestion) au Sénégal ont encouragé la mise au point d’une seconde génération de
services visant à soutenir la gestion des réseaux d’approvisionnement en eau au Mali dans le
cadre du système national de suivi et de soutien technique des petits réseaux portant le nom de
STEFI (Suivi technique et financier). Ces services ont été mis sur pied avec le soutien financier
de l’UNICEF et de l’Agence française de développement. L’outil, dénommé mWater+, a assuré
le suivi de 24 réseaux d’approvisionnement en eau entre avril 2010 et novembre 2011 dans le
cadre d’une phase pilote5. À la fin de cette période, Manobi a maintenu le fonctionnement de la
plate-forme et les opérateurs de service d’eau ont continué à utiliser les services offerts.
Dans la seconde génération de services, le nombre de paramètres recueillis était plus élevé. La
nouvelle plate-forme offrait trois ensembles de services : inventaire et cartographie, gestion
technique et financière des réseaux ainsi que performance du secteur et comparaison des
performances. La figure 4 ci-dessous décrit, pour chaque réseau, les indicateurs que recueille
mWater et dont la plate-forme assure le suivi dans le temps.
Figure 3 : Indicateurs de données dont la plate-forme mWater+ assure le suivi
Indicateurs d’accès Nombre de points d’eau
Couverture de la population
Indicateurs de consommation Lecture des compteurs
Consommation moyenne
Indicateurs de qualité du service fourni par les utilisateurs
Qualité de l’eau
Régularité du service
Indicateurs techniques Capacité fonctionnelle de l’infrastructure
Rendement du réseau ou eau non facturée
Indicateurs économiques et financiers Coûts de l’énergie
5 WSP, 2013, Assessment of the mWater platform for the monitoring of rural and small towns piped water schemes in Senegal, Mali, Benin and Niger.
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Durée de vie de l’infrastructure et de l’équipement
Fonds de renouvellement
Coûts
Coûts de production par m3
Revenus
Relevé d’inventaire
Liquidités disponibles
Indicateurs de détermination des prix Tarifs
Délai moyen de recouvrement des factures
Taux de recouvrement des factures
Le suivi de ces indicateurs permet d’évaluer le fonctionnement du réseau d’approvisionnement
en eau et de prendre des décisions éclairées qui contribueront à assurer la durabilité d’un service
de qualité en s’appuyant sur une information fiable et objective. La collecte d’un plus grand
nombre de données au cours des phases de production, de distribution et de commercialisation
des réseaux a permis à Manobi de bâtir un tableau de bord Web plus complexe de façon à pouvoir
faire le suivi des indicateurs et générer des rapports automatiques (voir figures 5 à 7).
Figure 4 : Application pour téléphone et plate-forme Web mWater
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Figure 5 : Visualisation des données mWater – source d’eau6
Figure 6 : Visualisation des données mWater – Débits d’eau7
L’application permet d’assurer8:
le suivi et la gestion des opérations et de l’entretien des petits réseaux d’adduction d’eau
(pannes, interruptions du service, pertes d’eau et fuites et autres problèmes matériels);
le suivi de la capacité opérationnelle de l’infrastructure et de l’équipement, notamment du
réseau de distribution, des points d’eau, du matériel de pompage, etc.
la cartographie dynamique des composantes du système, permettant la traçabilité et la
visualisation du réseau;
6 S. Adokpo Migan, 2014, mWater – Passage à l’échelle, contractualisation. Atelier régional, WSP, Banque Mondiale, Présentation PowerPoint, 17 diapositives. 7 Adokpo Migan, S. 2014, mWater – Passage à l’échelle, contractualisation. Atelier régional. 8 Cowater & iComms, 2015. TIC dans le secteur Eau, Assainissement et Hygiène (WASH) – BÉNIN – L'étude de cas de MWATER. Étude de cas non publiée préparée pour Programme Eau et Assainissement (WSP).
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la collecte des données relatives à la disponibilité et à la consommation de l’eau,
notamment les volumes d’eau, la quantité d’eau disponible aux points d’eau et dans les
réservoirs ainsi que les frais perçus;
la collecte d’information sur l’évolution de l’offre et de la demande d’eau potable et les
services commerciaux qui y sont associés, notamment les renseignements sur les
usagers, de l’information détaillée sur certains services, les volumes consommés et la
comptabilité;
la collecte et l’analyse des données relatives aux opérations financières et à la pérennité
des services fournis, permettant l’évaluation de l’état de l’infrastructure et de la qualité
des services offerts, de la valeur des investissements en capital, du rendement financier,
etc.
La plate-forme mWater favorise l’interopérabilité ainsi qu’une meilleure accessibilité aux données
grâce à des normes ouvertes en matière de données. Les données peuvent être exportées de la
plate-forme en format Excel ou SIG pour fins d’analyse par n’importe quelle application. Cet accès
aux données doit toutefois être soigneusement contrôlé et régulé par l’établissement de règles
claires et par la précision des rôles et responsabilités.
Le déploiement du service mWater+ s’est poursuivi au Bénin à partir de décembre 2011.
Cinquante et un (51) réseaux d’approvisionnement desservant 169 000 personnes dans 13
communes9 ont reçu une assistance technique grâce au soutien du WSP au gouvernement
béninois. Plus tard, en février 2012, le gouvernement du Niger a également sollicité l’appui du
WSP afin d’utiliser la plate-forme mWater pour aider et soutenir 62 réseaux d’approvisionnement
en eau dans la région de Tahoua10. Le projet pilote mis en œuvre entre novembre 2012 et octobre
2013 a connu un tel succès que le gouvernement désire le développer à l’échelle du pays tout
entier.
En janvier 2013, Manobi a entrepris d’offrir le service mWater+ à 14 opérateurs de service d’eau
au Sénégal. Cette opération a été financée par le gouvernement du Luxembourg dans le cadre
du projet LuxDev du PEPAM11. WSP apporte actuellement son soutien à l’OFOR (Office des
Forages Ruraux) dans la zone centrale afin d’étendre le service à 600 réseaux12.
Plus récemment, en septembre 2014, la troisième génération de la plate-forme mWater, dotée
de fonctionnalités avancées, a été déployée à plus grande échelle et utilisée pour répertorier 151
9 Manobi, 2013, Rapport Final de la Mise en Route de la plate-forme mWater d’appui au suivi-gestion des AEP et formation des bénéficiaires, préparé pour Programme Eau et Assainissement (WSP). 10 WSP, 2013, Assessment of the mWater platform for the monitoring of rural and small towns piped water schemes in Senegal, Mali, Benin and Niger. Ces données coïncident aussi à celles figurant sur le site Web de Manobi & Cowater & iComms, 2015. TIC dans le secteur Eau, Assainissement et Hygiène (WASH) – BENIN – L'étude de cas de MWATER. Unpublished case study prepared for WSP. 11 WSP, 2013. Assessment of the mWater platform for the monitoring of rural and small towns piped water schemes in Senegal, Mali, Benin and Niger. 12 Cowater & iComms, 2015. TIC dans le secteur Eau, Assainissement et Hygiène – le cas du Sénégal. Étude de cas non publiée, préparée pour Programme Eau et Assainissement (WSP).
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réseaux d’approvisionnement en eau au Bénin13, où 62 % des réseaux d’adduction d’eau, dont
la gestion était déléguée, font maintenant l’objet d’un suivi à l’aide de mWater14.
La figure 8 illustre le calendrier du développement, de la phase pilote et du passage à l’échelle
de la plate-forme mWater.
Figure 7 : Calendrier du développement des services mWater
13 S. Adokpo Migan, 2014, mWater – Passage à l’échelle, contractualisation. 14 WSP. 2014, Using Mobile to Web Technology (mWater) to Improve Efficiency of Water Supplies (le cas du Bénin), présenté lors de la Semaine mondiale de l’eau 2014 à Stockholm.
Sénégal (2007 à 2009)
Développement des services d’inventaire et
de gestion de base appliqués à 70 réseaux d’approvisionnement
en eau
Mali (avril 2010 – novembre 2011)
Développement et phase d’essai des services de suivi
appliqués à 24 réseaux d’approvisionnement en eau
Bénin (décembre 2011)service mWater+
appliqué à 51 réseaux d’approvisionnement en
eau
Niger (février 2012)service mWater+
appliqué à 62 réseaux d’approvisionnement
en eau
Sénégal (janvier 2013) service mWater+
appliqué à 14 réseaux d’approvisionnement en
eau
Bénin (septembre 2014)
mWaterTM V3.0 avec
fonctionnalités avancées est
active et appliquée à 151
réseaux d’approvisionnement
en eau
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Le service d’inventaire de la plate-forme mWater a été mis en place au Sénégal, au Mali, au Niger
et au Bénin12 avec les résultats indiqués à la Figure 9.
Figure 8 : Résultats du pilote Inventaire de mWater
Pays Points d’eau répertoriés
Sénégal 29 06215
Mali 1 76016
Niger 1 28817
Bénin 3 66318
Total 35 773
Au Sénégal, à compter de juin 2013, près de 30 000 points d’eau ont été répertoriés (soit 85 %
des points d’eau existants). Les principaux avantages de l’inventaire électronique sont la rapidité
de l’enregistrement de chaque point d’eau (entre 3 et 5 minutes par point d’eau), le transfert
automatique et l’intégration immédiate des données à la plate-forme Web et une réduction de
30% des coûts afférents à la collecte des données. Au Bénin, l’utilisation de la plate-forme
mWater a permis de répertorier et de cartographier les réseaux et les composantes de
l’infrastructure de 51 systèmes de distribution en milieu rural.
La plate-forme mWater+ assure un suivi actif de 251 systèmes d’approvisionnement en eau dans
les quatre pays, soit 7 % du nombre total des réseaux au Sénégal, au Mali, au Niger et au Bénin,
estimé à 3 579, comme l’indique la Figure 10. Ce chiffre exclut les 600 réseaux sénégalais qui
font actuellement l’objet d’un déploiement de la plate-forme mWater+.
15 Total cumulatif (26 262), mWater de base (1758) et mWater+ (678). Source des données : WSP, 2013, Assessment of the mWater platform for the monitoring of rural and small towns piped water schemes in Senegal, Mali, Benin and Niger. 16 WSP, 2013, Assessment of the mWater platform for the monitoring of rural and small towns piped water schemes in Senegal, Mali, Benin and Niger. 17 Cowater & iComms, 2015, TIC dans le secteur Eau, Assainissement et Hygiène – le cas du Niger. Étude de cas non publiée, préparée pour WSP. 18 Cowater & iComms, 2015. TIC dans le secteur Eau, Assainissement et Hygiène (WASH) – BENIN – L'étude de cas de MWATER. Étude de cas non publiée, préparée pour WSP.
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Figure 9 : Déploiement de la plate-forme mWater au Sénégal, au Mali, au Bénin et au Niger19
Pays Réseaux d’approvisionnement
faisant l’objet d’un suivi
Nombre total de réseaux
d’approvisionnement
%
Sénégal 1420 1 505 0,9 %
Mali 2421 600 4 %
Niger 62 1 017 6 %
Bénin 15122 457 33 %
Total 251 3 579 7%
Dans le cas du Bénin, la plate-forme mWater a permis aux municipalités d’avoir accès à des
données essentielles sur les infrastructures d’approvisionnement en eau dans leur région et,
selon Manobi23, elle a également facilité l’accès des prestataires de services au financement en
fournissant des données historiques sur les opérations techniques et financières, et permis des
investissements dans le système, notamment les investissements requis pour l’expansion des
réseaux. Avant l’apparition de mWater, ces données n’étaient tout simplement pas disponibles.
5. FINANCEMENT
L’infrastructure de la plate-forme mWater mobile 2 Web et le logiciel ont été entièrement financés
par Manobi. Des partenaires ont contribué à la mise en œuvre de la plate-forme dans certains
pays en finançant les projets pilotes pour l’expérimenter ainsi qu’en participant au processus de
déploiement, notamment au Bénin.
Au Bénin, des contrats entre entreprises sont conclus dans le but d’optimiser la viabilité financière
du projet et de la stratégie de sortie du Programme Eau et Assainissement/ Banque mondiale, en
collaboration avec la Direction du Service Public de l’Eau de la Régulation.
Selon Manobi, l’expansion de la plate-forme mWater comporte trois types de coûts24:
coûts du référencement/inventaire des réseaux d’approvisionnement en eau, un
investissement en capital nécessaire avant le déploiement de la plate-forme;
19 Données provenant de : WSP, 2013, Assessment of the mWater platform for the monitoring of rural and small towns piped water schemes in Senegal, Mali, Benin and Niger. Toutes les données sont recoupées avec d’autres sources, notamment les études de cas par pays de Cowater préparées pour WSP (2015) et le site Web de Manobi. 20 70 autres réseaux d’approvisionnement en eau ont fait l’objet d’un suivi à l’aide de la version de base de mWater, mais, selon le Programme Eau et Assainissement, ce suivi n’est plus actif depuis juin 2013. 21 Le Mali comptait au total 55 réseaux d’approvisionnement en eau faisant l’objet d’un suivi, mais, pour des raisons de sécurité, ce nombre a été réduit à 24 selon le WSP, 2013. 22 Données actualisées provenant de : WSP, 2014, Using Mobile to Web Technology (mWater) to Improve Efficiency of Water Supplies (le cas du Bénin), présenté lors de la Semaine mondiale de l’eau 2014 à Stockholm. 23 Manobi, 2013, Rapport Final de la Mise en Route de la plate-forme mWater d’appui au suivi-gestion des AEP et formation des bénéficiaires, préparé pour WSP. 24 Manobi, 2013, Rapport Final de la Mise en Route de la plate-forme mWater d’appui au suivi-gestion des AEP et formation des bénéficiaires, préparé pour WSP.
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coûts de l’équipement et de la mise en route pour les prestataires de services, incluant un
téléphone cellulaire configuré avec l’application mWater, la saisie des données initiales et
la formation du personnel des prestataires de services;
coûts d’opération et d’entretien de la plate-forme mWater, incluant un soutien régulier et
la production de rapports.
Ces coûts varient selon les pays et sont illustrés dans le cas du Bénin et du Niger dans les Figures
11 et 12. C’est au Mali que les coûts ont été les plus élevés avec un montant total de 2 673 000
F CFA par réseau25.
Figure 10 : Coût de la plate-forme mWater par réseau au Bénin26
25 WSP, 2013, Assessment of the mWater platform for the monitoring of rural and small towns piped water schemes in Senegal, Mali, Benin and Niger. 26 S. Adokpo Migan, 2014, mWater – Passage à l’échelle, contractualisation.
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Figure 11 : Coût de la plate-forme mWater par réseau au Niger27
Sont inclus ci-dessus les coûts liés au renforcement des capacités du gouvernement local et du
gouvernement central pour l’utilisation de la plate-forme, à l’évaluation des données et à leur
intégration dans les prises de décision en matière de gestion, aux coûts pour le prestataire de
service afférents à la collecte continue des données et au temps d’antenne ainsi qu’aux coûts
pour le gouvernement liés à la surveillance du processus de suivi. Il n’y a aucun coût
d’équipement additionnel puisque mWater est exécuté sur des ordinateurs et des téléphones
intelligents existants.
6. PRINCIPAUX DÉFIS
Les principaux défis suivants ont été recensés lors de la mise en œuvre de la plate-forme dans
les quatre pays pilotes:
La spécificité du secteur de l’eau dans chaque pays
La spécificité du secteur de l’eau dans chaque pays constitue un défi qui requiert une importante
mise en contexte ainsi qu’un ajustement à la réalité de la gestion de l’eau en milieu rural. Par
exemple, il a été nécessaire d’adapter le système en fonction de l’existence d’un organisme de
réglementation, du type de mode de délégation (gestion publique/communautaire ou privée des
réseaux d’approvisionnement en eau), de la multiplicité des réseaux gérés par le même
opérateur, de l’existence de services de soutien technique, de la diversité de la structure de
fixation des prix selon le pays, etc. Dans chaque pays, la plate-forme a dû être adaptée en
fonction de ces différents aspects.
27 Manobi, 2013, Rapport Final de la Mise en Route de la plate-forme mWater d’appui au suivi-gestion des AEP et formation des bénéficiaires, préparé pour le WSP.
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La connexion avec les opérateurs de téléphonie mobile
La création de partenariats avec des opérateurs de téléphonie mobile dans de nouveaux pays
peut poser des problèmes techniques et financiers lors du déploiement des services. Les
négociations transfrontalières peuvent être simplifiées en s’associant avec un opérateur qui
travaille dans plusieurs pays.
Manque d’infrastructure de téléphonie mobile et Internet
La couverture et la fiabilité de l’infrastructure TIC, particulièrement l’infrastructure de la téléphonie
mobile, se développent rapidement dans les pays africains, y compris dans les zones rurales.
Toutefois, il existe encore des régions éloignées qui n’ont pas accès à ces services ou à
l’électricité, des facteurs qui limitent l’applicabilité de la plate-forme mWater (par exemple, au
Niger, le taux de pénétration de la téléphonie mobile n’est que de 40 %). Le coût de l’accès à
l’Internet peut également s’avérer prohibitif.
Résistance au changement
La transparence et l’imputabilité que favorise la plate-forme mWater dans le secteur de l’eau
constituent des avantages directs pour le public, mais certains opérateurs et gouvernements
locaux peuvent être moins enclins à adopter un système qui favorise la reddition de comptes au
public et la transparence financière.
Relations entre les différents intervenants
La gestion des relations entre les intervenants du secteur public et du secteur privé, y compris
d’éventuels partenaires de mise en œuvre, nécessite une étroite coordination entre les diverses
parties prenantes, qui n’ont pas toujours les mêmes objectifs. L’atteinte d’un consensus peut
demander beaucoup de temps et d’efforts particulièrement dans le cas de partenariats public-
privé.
7. FACTEURS DE SUCCÈS DU DÉPLOIEMENT DE LA PLATE-FORME MWATER
L’expérience du déploiement de la plate-forme mWater dans les quatre pays pilotes a fait ressortir les principaux facteurs de succès suivants28:
1. Processus axé sur la demande : Le client doit se faire le promoteur du projet, stimuler le
processus de déploiement en fonction de ses besoins, avec la participation des
prestataires de service d’eau.
2. Standardisation : Une terminologie standardisée assure l’uniformité des descriptions et
des catégorisations des infrastructures, ainsi qu’une définition claire des indicateurs de
28 Les facteurs de succès sont tirés des sources suivantes : WSP, 2014, Using Mobile to Web Technology (mWater) to Improve Efficiency of Water Supplies le cas du Bénin), présenté lors de la Semaine mondiale de l’eau 2014, à Stockholm. Cowater & iComms, 2015, TIC dans le secteur Eau, Assainissement et Hygiène – le cas du Niger. Étude de cas non publiée, préparée pour WSP. Cowater & iComms, 2015, TIC dans le secteur Eau, Assainissement et Hygiène (WASH) – BÉNIN – L'étude de cas de MWATER. Étude de cas non publiée, préparée pour WSP. Cowater & iComms, 2015, TIC dans le secteur Eau, Assainissement et Hygiène – le cas du Sénégal. Étude de cas non publiée, préparée pour WSP.
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suivi de performance. De plus, la standardisation des formats de rapport facilite
l’évaluation et la comparaison des performances.
3. Projet pilote : Le succès d’un projet pilote apporte aux différentes parties prenantes une
preuve tangible des résultats obtenus et permet de déceler et d’atténuer les obstacles
potentiels. Des résultats démontrant l’amélioration de la performance et de la rentabilité
des réseaux peuvent contribuer à accroître la confiance des parties prenantes dans les
atouts de l’application.
4. Ordre de mise en œuvre : La plate-forme mWater doit être mise en œuvre graduellement,
en commençant par les services d’inventaire/cartographie, puis le suivi des services de
base et enfin les services à valeur ajoutée. Ce type de mise en œuvre permet au secteur
de mieux comprendre l’outil, facilite son acceptation et son utilisation, et contribue à
renforcer les capacités de manière durable.
5. Modèle de gestion basé sur le partage des coûts : Un modèle de gestion basé sur le
partage public-privé des coûts contribuera à assurer la viabilité financière de la plate-
forme.
6. Clarté des rôles et des responsabilités : Les rôles et les responsabilités, ainsi que la
réglementation sur l’accès aux données (conditions d’accès, propriété des données)
doivent être clairement définis, y compris dans les contrats de service de TI et les ententes
entre les parties prenantes, afin d’assurer les niveaux d’accès aux données les plus
appropriés ainsi que l’efficacité de leur analyse et de leur utilisation.
7. Suivi et supervision : Il est primordial d’assurer un suivi continu de la phase de
déploiement afin d’assurer une mise en place appropriée des systèmes et processus ainsi
que l’atteinte des résultats. Un suivi étroit effectué par des niveaux de gouvernement
supérieurs utilisant les données obtenues permet, au besoin, de prendre des mesures
correctives avec chaque prestataire de services et d’institutionnaliser l’utilisation des
données aux fins de suivi.
8. Surveillance de la qualité de la connectivité sans fil : Une méthodologie de gestion rapide
des incidents rencontrés doit faire l’objet d’une entente avec le fournisseur de services
mobiles afin de garantir la prise en charge des problèmes de service dans un délai de 24
heures.
9. Formats de rapports flexibles : Une plate-forme flexible pouvant être personnalisée pour
répondre aux besoins spécifiques d’un pays en matière de présentation de rapports et
générer les rapports requis facilite la communication des données et incite les prestataires
de services et le gouvernement à l’utiliser.
10. Collecte de données standardisée : Une méthode uniforme de collecte de données,
précisant à quel moment et à quelle fréquence les données doivent être recueillies chaque
mois, facilite la comparaison des rapports générés entre prestataires de services et entre
municipalités.
11. Propriété des résultats : Les principales parties prenantes, y compris l’organisme de
régulation du secteur, doivent activement participer au processus de planification et de
mise en œuvre. La collecte des données, et surtout leur utilisation dans la prise des
décisions liées à la planification et à la gestion, doit être institutionnalisée à tous les
niveaux et intégrée dans la réglementation des secteurs pour que les parties prenantes y
aient recours régulièrement.
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12. Renforcement des capacités : Le processus de renforcement des capacités doit être
adapté à chaque groupe d’utilisateurs (administrateurs, approbateurs, opérateurs,
utilisateurs), y compris le renforcement continu des capacités de toutes les parties
prenantes et des utilisateurs de l’outil.
8. CONCLUSIONS
1. Les quatre projets pilotes mis en œuvre successivement au Sénégal, au Mali, au Bénin et au
Niger, ont montré qu’il est possible de recueillir des données dans des régions rurales
éloignées à l’aide de téléphones mobiles et de mettre en place une plate-forme Web avec
des données en temps quasi réel qui peuvent être analysées et utilisées pour améliorer la
gestion des réseaux d’approvisionnement en eau.
2. Le service d’inventaire offert par la plate-forme mWater a démontré qu’il est possible et
nécessaire de recueillir des informations sur les infrastructures d’eau et d’en planifier le
renouvellement ou le déploiement afin d’en assurer une gestion efficace, et pour ce faire :
a. uniformiser la description des infrastructures d’eau ainsi que la méthode de collecte de
données;
b. organiser l’utilisation par toutes les parties prenantes d’une plateforme commune de
données en assurant la collecte et la mise à jour des mêmes ensembles de données sur
une infrastructure;
c. réduire les coûts et les délais d’établissement de l’inventaire et de la cartographie des
infrastructures d’eau.
3. Les services de gestion technique et financière ont montré qu’il est possible de recueillir des
données opérationnelles et de fournir de précieuses informations aux prestataires de services
afin d’améliorer la capacité d’analyse des données du secteur et, par le fait même, la gestion
des réseaux et la production de rapports automatisés :
a. Le module de gestion des clients renforce la confiance des usagers dans la qualité du
service offert par l’opérateur grâce à une plus grande transparence de la prestation du
service.
b. Le module d’alerte de défaillance du réseau ou de l’équipement contribue à améliorer
l’organisation des services d’entretien.
c. Le module de génération automatique de rapports relatifs à la production, à la distribution
et à la gestion des réseaux accroît l’interaction entre les opérateurs d’eau, les
municipalités et l’autorité gouvernementale du secteur, et permet d’améliorer le suivi
effectué par le gouvernement local.
d. La transparence appliquée en matière de flux financiers et de gestion technique des
systèmes d’approvisionnement en eau contribue à améliorer la qualité des rapports
comptables. Elle accroît également la possibilité pour les prestataires de services
d’autofinancer l’extension des réseaux et les branchements domestiques en ayant
recours à des banques commerciales et à des institutions financières locales, dans la
mesure où les données facilitent l’évaluation des possibilités économiques qui s’offrent
aux investisseurs et aux opérateurs.
4. Les services de comparaison des performances et de régulation permettent à l’État d’utiliser
efficacement les résultats pour planifier et assurer le suivi des investissements, améliorer
l’accès à l’eau des populations les plus vulnérables ainsi que sa qualité. Ils permettent aussi
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de comparer en temps quasi réel la performance des opérateurs et facilitent la prise de
décisions des organismes de régulation concernant la gestion des contrats et le soutien aux
prestataires de services.
5. L’approche régionale que permet l’adoption de la plate-forme mWater facilite :
a. le partage des coûts d’investissement et d’exploitation de l’outil, rendant ainsi le service
plus accessible au plus grand nombre possible d’opérateurs, de municipalités et de
services gouvernementaux.
b. la standardisation des indicateurs de suivi à l’échelle régionale et nationale en matière de
performance des systèmes d’approvisionnement en eau, permettant ainsi la comparaison
à différents niveaux.
c. l’incitation au développement de la qualité du service par un partage des expériences en
s’appuyant sur une base technique commune aux pays voisins dans le cadre d’une
coopération Sud-Sud directe et simplifiée.
6. Les projets pilotes ont démontré qu’une plate-forme fondée sur les TIC comme mWater
permet de partager l’information entre toutes les parties prenantes du secteur, facilite
l’harmonisation des outils de suivi et de production de rapports et, de ce fait, facilite les
comparaisons aux niveaux local, régional et national. Il en résulte une meilleure planification
sectorielle ainsi qu’une distribution des ressources plus efficace basées sur les résultats
obtenus au niveau local. La concentration des ressources sur les régions et les populations
mal desservies permet une répartition plus équitable des services.
7. La plus grande disponibilité de l’information et l’amélioration de la gestion des réseaux grâce
à l’exploitation de la plate-forme mWater contribuent à accroître la rentabilité et favorisent la
mise en œuvre de PPP-concessions avec des opérateurs privés.
8. La comparaison (Benchmarking) de la performance des opérateurs privés peut contribuer à
améliorer la transparence, à rehausser les normes commerciales et à mettre en évidence les
régions qui nécessitent un renforcement des capacités.
9. Enfin, les projets pilotes ont démontré que pour assurer la pérennité de la plate-forme TIC et
de son utilisation continue, il est nécessaire non seulement d’apporter un appui financier et
humain initial mais aussi de prévoir une stratégie de sortie des financements externes par
l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan d’affaires approprié.