Essai de classification naturelle et d'analyse des ...
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ESSAI DE
CLASSIFICATION NATURELLE ET
DâANALYSE DES PHĂNOMĂNES DE LA VIE
PAR P.-N. GERDY,
PROSECTEĂR A LA FACĂLTĂ DE MĂDECIIVE DE PARIS, PROFESSEUR DâANATOMIE ,
DE PHYSIOLOGIE, DE CHIRURGIE, etc.
LâĂ©ternitĂ© du temps nâest remplie que par les phĂ©nomĂšnes de la nature , et, malgrĂ© leur infini© multijplicitĂ© et leurs innombrables modifications, ils offrent des caractĂšres tellement analogues, quâil est possible de les Ă©tudier dâaprĂšs une mĂ©thode universelle.
Lâart dâĂ©tudier nâest, en dernier rĂ©sultat, gnÂź lâart dâanalyser et de classer.
PARIS, \ 0 '
Chez J,-B. BAILLIERE, Libraire, rue de lâEcole de
Médecine, N° 14.
1823,
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AVERTISSEMENT.
tiâouvRAGE que je publie aujourdâhui a commencĂ© de paÂŹ
raßtre dans le Journal complémentaire du Dictionaire des
f Sciences médicales de M. Panckoucke^ en 1821 ; il a été
\ imprimĂ©, article par article, comme dans le Journal. Sa f âą âą
publication, qui ne fait que de finir, aurait pu ĂȘtre beau-
â coup plus rapide, car je lâai livrĂ© tout eniier, a la fois, au
' Rédacteur général.
â Je me suis proposĂ©, dans cet Essai, de classer et dâana-
âą lyser les phĂ©nomĂšnes de la vie dâaprĂšs leur nature, qui me
. semble la seule base de classification naturelle. Je les ai ainsi
: rapprochĂ©s dâaprĂšs leurs ressemblances les plus importantes,
indĂ©pendamment des organes oĂč ils se dĂ©veloppent et des
fonctions auxquelles ils concourent; je les ai considérés à peu
â prĂšs, comme lâon fait en anatomie gĂ©nĂ©rale Ă lâĂ©gard des divers
â tissus, lorsquâon les dĂ©crit indĂ©pendamment des organes dont
ils font partie et des usages quâils remplissent. Mais de mĂȘme
i que dans lâexposition anatomique des diffĂ©rens organes, on
ß ne peut suivre une classification fondée sur la nature des
divers tissus, quoique ce soit la seule naturelle pour lâana-
I tomie, de mĂȘme la classification dĂ©veloppĂ©e dans cet ouvrage
ne peut servir a la description des fonctions des organes ; et
Ăź de mĂȘme que lâanatomie gĂ©nĂ©rale doit faire le complĂ©ment
J dâun cours dâanatomie spĂ©ciale, de mĂȘme lâanalyse des phĂ©no-
mĂšnes de la vie et de leur classement naturel doit couronner
[ la description particuliĂšre des fonctions de la vie.
me conduire a quelques ob«
a
f
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scrvations neuves. On en trouvera, je crois^ dans Tordre des
phénomÚnes vitaux, et surtout dans les phénomÚnes méca-
niques. Jâai tĂąchĂ© dâanalyser ces derniers jusque dans leurs
dĂ©tails 5 et comme jâai remarquĂ©, entre autres choses, que
tous les phénomÚnes de résistance mécanique aux forces qui
tendent a rompre la cohésion de nos tissus, à les comprimer,
h les entraĂźner, ou Ă les pousser dans un sens quelconque ,
ne rentrent dans aucune des fonctions admises par les auÂŹ
teurs, je pense quâil serait convenable dâen former une partiÂŹ
culiÚre , à laquelle on rattacherait tous les modes de résistance
mécanique des parties molles et des parties dures aux forces
qui agissent sur elles. On devrait y rapporter, par exemple,
les rĂ©sistances composĂ©es que jâai indiquĂ©es Ă la page 47 et
aux suivantes.
INTRODUCTION.
Lâhomme hasarde avec lĂ©gĂšretĂ© mille propositions irrĂ©flĂ©chies sur les objets dont il sâentretient Ă chaque instant ; il ne pense pas quâil puisse se tromper, il suit le torrent, et il rĂ©pĂšte des expressions et des erreurs banales, auxquelles il nâattache que des idĂ©es vagues. Il faudrait qu'il rĂ©flĂ©chĂźt pour sâĂ©clairer, mais pour rĂ©flĂ©chir, il faudrait quâil se doutĂąt de ce quâil ignore.
La physiologie offre mille exemples de ces erremens de lâesÂŹ prit humain. Câest Ă lâaide de la rĂ©flexion quâil faut, ici, se diriger au milieu des tĂ©nĂšbres des opinions. La rĂ©flexion seule pourra suivre la rĂ©flexion, et juger si elle sâest Ă©garĂ©e.
Jâai cherchĂ©, et je vais dire ce que câest que la physio- * logie, et comment on procĂšde et comment on peut procĂ©der a son Ă©tude.
La physiologie est la science des phénomÚnes et des pro priétés de la vie.
Les phĂ©nomĂšnes de la vie sont les divers Ă©tats sous lesÂŹ quels les organes peuvent exister. Ainsi, câest parce quâun muscle nâest pas sans cesse contractĂ©, que sa contraction est un phĂ©nomĂšne, et ce nâen serait pas un si cette contraction Ă©tait permanente pour toute la vie. Ce terme nâexprime au fond que la relation du passage d'un Ă©tat Ă un autre Ă©tat ; ce nâest rĂ©ellement quâune expression relative, mĂ©taphysique et abstraite qui indique un changement. Donc un Ă©tat qui serait immuable ne serait pas un phĂ©nomĂšne j mais en est-il dans la nature? Je crois cependant avoir observĂ© quâon attaÂŹ che particuliĂšrement lâidĂ©e d'Ă©tat matĂ©riel ou de disposition anatomique, i° aux Ă©tats les plus permanens des organes, comme la forme des os, 2Âź Ă ceux qui changent peu, comme la forme fondamentale des parties molles, 3° et Ă ceux qui sont les plus habituels, comme la direction verticale des membres. Le premier genre de ces Ă©tats matĂ©riels apparÂŹ tient presqiiâexlusivement Ăą lâanatomie, parce quâil change peu au-delĂ dâun certain Ăąge. La forme des parties njolles, la di-
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rection des membres Ă©tant plus variables pendant la vie, leur connaissance appartient Ă la fois a lâanatomie et Ă la physioÂŹ logie. Câest Ă la rĂ©flexion Ă apprĂ©cier ce quâil peut y avoir de juste dans ces observations.
Quant aux propriétés ou facultés de la vie, ce ne sont aussi que des abstractions dont on a embrouillé le sens dans ces derniers temps.
Lorsque nous concevons les corps douĂ©s Ă 'Ă©tendue et de mobilitĂ© y nous avons dâabord autant dâidĂ©es distinctes, et des corps, et de leur Ă©tendue, et de leur mobilitĂ©, et cependant nous savons que, ni les corps, ni leur Ă©tendue, ni leur moÂŹ bilitĂ© ne peuvent exister les uns sans les autres. Or, nous concevons sĂ©parĂ©ment, ou par abstraction, ce qui est insĂ©ÂŹ parable, et lâabstraction nâexiste que dans notre esprit. Cette abstraction est idĂ©ale; mais ensuite, par mobilitĂ©, nous conÂŹ cevons que les corps possĂšdent la puissance de se mouvoir, lors mĂȘme quâils sont actuellement en repos. Ainsi les proÂŹ priĂ©tĂ©s, les facultĂ©s, les forces des corps sont : diverses maÂŹ niĂšres dâĂȘtre, que nous concevons dans les corps et sĂ©parĂ©ÂŹ ment dâeux y comme principes des impressions quils font sur nous et des phĂ©nomĂšnes quâils nous prĂ©sentent ou peuvent nous prĂ©senter y quoique nous soyons tous bien persuadĂ©s que dans la rĂ©alitĂ©, un corps et ses propriĂ©tĂ©s ne sont quâune seule et mĂȘme chose y ou une seule et mĂȘme existence. Ainsi, dire quâun corps blanc est douĂ© de blancheur y quâun organe sensible est douĂ© de la facultĂ© de sentir ou de sensibilitĂ©, ce nâest exprimer que la mĂȘme chose en des termes diffĂ©rens, et non supposer lâexistence dâĂȘtres rĂ©els, comme quelques criÂŹ tiques cherchent Ă lâinsinuer j câest enfin dire, pour le derÂŹ nier, quâil possĂšde la puissance de sentir lors mĂȘme quâelle nâest pas en activitĂ©. Probablement que la discussion rĂ©duite Ă dâaussi simples expressions ne trouvera plus de contradicÂŹ teurs. Ce langage, tant blĂąmĂ©, a-t il dâailleurs rien dâobscur od de vague, pour celui qui veut prendre la peine de lâanaÂŹ lyser et de lâentendre?
Mais les phĂ©nomĂšnes de la vie peuvent se manifester avec libertĂ©, facilitĂ© et sans aucun risque pour lâindividu; câest le cas de la santĂ©. Ainsi les mouvemens de nos membres peuÂŹ vent ĂȘtre libres, volontaires, faciles et rĂ©guliers. Au contraire ces effets peuvent se passer avec gĂȘne, douleur, ou exposer plus ou moins la vie ou les facultĂ©s physiques et morales de rbomme; câest le cas de la maladie. Ainsi, les mouvemens de nos membres peuvent ĂȘtre pĂ©nibles, irrĂ©guliers et mĂȘme inÂŹ volontaires.
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Et quelle que soit la maniĂšre dont ils se passent, câest touÂŹ jours par le mĂȘme mĂ©canisme ^ par des contractions muscuÂŹ laires vitales et par des moiivemens mĂ©caniques de la part des tendons, des aponĂ©vroses, des os, et le plus souvent, mĂȘme, dans le cas de maladie, sous rinfluence de la volontĂ©. Ce mĂ©- canisme commun aux phĂ©nomĂšnes de la vie en santĂ© comme en maladie, voilĂ le sujet de la physiologie.
Quant aux modifications dont il se revĂȘt dans les phĂ©noÂŹ mĂšnes de la santĂ© et des maladies, elles doivent faire le sujet de deux autres sciences : lâune, dĂ©jĂ Ă©crite , a reçu le nom de pathologie ; lâautre, encore confondue par la plupart des auÂŹ teurs, est la science de la santĂ©. Je la nommerais volontiers hjgiologie.
A lâhygiologie se rapportent les modifications libres, faciles, agrĂ©ables mĂȘmes des phĂ©nomĂšnes des organes, les limites au- delĂ et en-deçà desquelles la libertĂ© disparaĂźt pour faire place Ă la gĂȘne de leurs fonctions. Ainsi cette science doit embrasÂŹ ser la connaissance des divers degrĂ©s de la faiblesse ou de la force musculaire au-delĂ desquels la faiblesse et la force des muscles sont maladives, les divers degrĂ©s de frĂ©quence et de rĂ©gularitĂ© des pulsations artĂ©rielles, en-deçà ou au-delĂ desÂŹ quels il y a gĂȘne, risque pour la vie de lâindividu, ou maÂŹ ladie; les diffĂ©rons degrĂ©s de lenteur ou de promptitude de la digestion au-delĂ ou en-deçà desquels la lenteur ou la promptitude de la digestion exposent ou gĂȘnent constamment la santĂ© ou les facultĂ©s de lâhomme ou de lâanimal.
Lâbygiologie doit noter encore la frĂ©quence, la libertĂ©, lâĂ©tendue des mouvemens respiratoires ; elle doit connaĂźtre Ă quels degrĂ©s sâĂ©lĂšve et sâabaisse la chaleur animale, quelles sont les qualitĂ©s des sĂ©crĂ©tions, dans lâĂ©tat sain, etc.
Je ne mâarrĂȘterai pas maintenant sur lâimportance dâun ouÂŹ vrage qui, en crĂ©ant une science nouvelle, nous apprendrait les limites de la santĂ©. Un praticien seul peut exĂ©cuter cet ouvrage dâbygiologie.
Cependant la physiologie rĂ©clame la connaissance des vaÂŹ riations les plus extraordinaires des phĂ©nomĂšnes et des proÂŹ priĂ©tĂ©s de la vie, par exemple de la force musculaire, de la raretĂ© ou de la multiplicitĂ© des pulsations artĂ©rielles dans un temps donnĂ©, etc., pour mieux saisir lâĂ©tendue des facultĂ©s de la vie, ce qui fait, surtout, son objet.
Outre quâil est des phĂ©nomĂšnes et des propriĂ©tĂ©s des ĂȘtres vivans qui se modifient, il en est qui disparaissent, par exemple les sensations perçues, les contractions volontaires.
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dans certaines paralysies, du sentiment et du mouvement, ainsi que les propriétés dont elles sont le résultat.
Dâautres qui nâexistent pas se montrent pour un certain temps I des sĂ©crĂ©tions nouvelles, a la puberte, l animation des fluides sĂ©crĂ©tĂ©s sur une plaie, dâoĂč rĂ©sulte une cicatrice qui est une membrane de nouvelle formation, et par consĂ©quent des propriĂ©tĂ©s extraordinaires.
Parmi les nombreuses modifications des phĂ©nomĂšnes et des propriĂ©tĂ©s de la vie, il en est qui sont dues a des inÂŹ fluences accidentelles, comme au froid, a la chaleur, h une commotion Ă©lectrique, etc. Il est mĂȘme des phĂ©nomĂšnes entiĂšrement dus Ă celles-ci, soit quâils appartiennent Ă la santĂ© par la libertĂ©, la facilitĂ©, le plaisir qui les accomÂŹ pagne, comme ces Ă©motions agrĂ©ables que nous procure le spectacle et ces pleurs de joie et de sentiment quâil nous fait verser avec dĂ©lices; soit quâils rentrent dans les maladies par la peine, la gĂȘne et la douleur qui les suivent, comme on voit ceux dâun grand nombre dâempoisonnemens. La connaissance des effets de ces influences appartient a la physiologie lorsÂŹ quâelles agissent sur lâhomme et les organes sains, comme sur
- lâhomme et les organes malades. Si elles nâavaient dâaction que dans lâune de ces deux circonstances, elles rentreraient spĂ©cialement dans lâhygiologie ou la pathologie.
Cependant la physiologie note seulement les effets immĂ©ÂŹ diats des influences, lâhygiologie ou la pathologie en rassemÂŹ blent exactement les caractĂšres et tous leur dĂ©tails.
La physiologie, comme toutes les sciences, est fille de lâobÂŹ servation et du raisonnement. MariĂ©es ensemble, lâobservation recueille, la raison pĂšse et juge^ les faits se lient, les conÂŹ naissances sâarrangent en systĂšmes et les sciences viennent au monde. Dans beaucoup dâautres sciences, les mathĂ©matiques sont un moyen de plus pour les Ă©tudier, et leur emploi est des plus heureux ; il est au contraire a peu prĂšs impuissant entre les mains des physiologistes, tant il leur est difficile dâavoir de bonnes donnĂ©es pour bases.
TantĂŽt lâobservation contemple simplement ce qui se passe sous ses yeux sans lâavoir demandĂ© Ă la nature, elle examine les changemens qui sâopĂšrent dans la machine vivante, sur lâĂȘtre sain, sur lâĂȘtre malade, sur soi-mĂȘme; elle regarde les phĂ©nomĂšnes que dĂ©veloppent les puissances de lâunivers diÂŹ versifiĂ©es Ă lâinfini, le froid, la chaleur, la lumiĂšre, les poiÂŹ sons , etc., lâinfluence que leur opposes! souvent lâhabitude; elle interroge la disposition extĂ©rieure de lâĂȘtre vivant, et par
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opposition celle du cadavre glacĂ©, et arrĂȘtĂ©e trop tĂŽt, sa cuÂŹ riositĂ© entraĂźnante demande aux dissections et Ă expĂ©rimenÂŹ tation de nouveaux faits. Ces deux puissans moyens obĂ©issant Ă ses dĂ©sirs, forcent la discrĂ©tion de la nature; celle-ci se dĂ©ÂŹ couvre et lâobservation pĂ©nĂštre dans son sanctuaire, sâinitie h une foule de merveilles mystĂ©rieuses, en suit les mouvemens, et Ă©coute ainsi la nature Ă lâinstant oĂč elle commence Ă parÂŹ ler. T ant de richesses acquises, tant de secrets rĂ©vĂ©lĂ©s fĂ©conÂŹ dent la raison, et les sciences encore faibles sorteiit du nĂ©ant et grandissent avec rapiditĂ©.
Que de trĂ©sors les dissections nâont-elles pas ouverts a la^ physiologie ! Câest de la que nous viennent la plupart de nos connaissances sur ce sujet, comme je mâen suis assurĂ© en dresÂŹ sant approximativement des tables comparatives et numĂ©riques des connaissances physiologiques dues a lâĂ©tude de lâanatomie et Ă lâexpĂ©rimentation. Dans cet essai, dâailleurs incomplet, jâai, obtenu plus de six cent cinquante vĂ©ritĂ©s physiologiques donÂŹ nĂ©es par lâanatomie, et je nâai pu en compter plus dâune cenÂŹ taine fournies par lâexpĂ©rimentation. Celles qui provenaient de lâobservation simple Ă©taient, aussi, fort peu nombreuses, et jâai acquis la certitude quâen achevant cette comparaison nuÂŹ mĂ©rique et en comptant avec sĂ©vĂ©ritĂ© et exactitude, lâanato-^ mie gagnerait, bien davantage encore, au parallĂšle.
Les expĂ©riences oiitj sans doute aussi, contribuĂ© beaucoup Ă Vas^ancement de la science ; mais combien de fois lâesprit sâest Ă©garĂ© Ă leur lumiĂšre vacillante et trompeuse ! Rien de plus difficile que de bien interprĂ©ter le langage amphiboloÂŹ gique des expĂ©rimentations : mille choses dont on suppose lâimpuissance ou dont on ne remarque pas lâaction, mille autres choses rĂ©ellement impuissantes, auxquelles on accorde ^u pouvoir, y multiplient les illusions; portez sur elles lâĆil de la critique, comme nous lâavons fait nous-mĂȘme pour notre instruction, et votre conviction sera entiĂšre. Cependant il en est qui ont une utilitĂ© fort remarquable. Elles sont les plus, sĂ»res dans leurs rĂ©sultats et les plus propres a avancer la science au profit des arts qui en reçoivent le plus dâapplications: lâhygiĂšne et la thĂ©rapeutique. Ce sont principalement celles qui nous apprennent lâaction des diffĂ©rentes influences, soit individuelles, soit Ă©trangĂšres a lâindividu, sur lui-mĂȘme, telles que la gymnastique, les travaux assidus de cabinet,, les passions, le froid, la chaleur, lâhumiditĂ©, etc. Ici, on peut tenir un compte assez exact des circonstances du sujet soumis Ă ces influence.^, soit que ces circonstances puissent les
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neulrallser, les activer ou nâagir dâaucune maniĂšre, et dĂšs- lors on peut connaĂźtre Ă peu prĂšs positivement les rĂ©sulÂŹ tats de ces influences. Cependant, comme, toutes ces circonÂŹ stances Ă©tant Ă©gales dâailleurs pour nos sens ou pour nos im- puissans moyens dâen apprĂ©cier les diffĂ©rences, les phĂ©noÂŹ mĂšnes produits par des influences identiques ne sont pas touÂŹ jours les mĂȘmes, on pourra encore rechercher et trouver les chances dâun effet, par une cause dĂ©terminĂ©e dans un cas qui paraĂźt absolument identique. Câest de la connaissance de ces chances dans des cas de santĂ© et de maladie parfaitement identiques poumons, que la mĂ©decine pratique dĂ©duit toutes ses opĂ©rations, aussi nâest-elle quâun art de probabilitĂ©s, mais de probabilitĂ©s donnĂ©es par lâexpĂ©rience. Ces probabilitĂ©s empiriques, voilĂ la boussole du mĂ©decin, il nây en a pas dâautre. Ce nâĂ©tait pas celle de Philinus de Cos, disciple dâHĂ©rophile, ni de SĂ©rapion dâAlexandrie, ni dâApollonius, ni de Glaucias, ni de Xeuxis, ni dâHĂ©raclide de Tarente, ni des autres empiriques de lâantiquitĂ©. LâexpĂ©rience nâaccorde les mĂȘmes rĂ©sultats quâĂ deux conditions : VidentitĂ© des cas, VidentitĂ© des moyens, câest-Ă -dire lâidentitĂ© dans la santĂ© ou dans les maladies et lâidentitĂ© dans les moyens dâhygiĂšne ou de thĂ©rapeutique. Câest un faux empirisme que celui qui en omet une seule ou qui croit Ă©viter lâomission par une supposition qui Ă©tablit contre la rĂ©alitĂ© une identitĂ© chimĂ©rique. Les emÂŹ piriques, de mĂȘme que les dogmatiques envers lesquels ils sâemportĂšrent quelquefois avec tant de violence, ainsi que les sectaires et les sectateurs passĂ©s et prĂ©sens qui ont occupĂ© et occupent encore le monde de leurs injures et de leurs extraÂŹ vagances, ont tous senti plus ou moins confusĂ©ment et sentent tous la nĂ©cessitĂ© de cette double identitĂ©. Et comment y ont- ils rĂ©pondu? tous, par des moyens de traitemens identiques dans des maladies qui ne lâĂ©taient pas. Cependant tous se proÂŹ clament les apĂŽtres de lâexpĂ©rience, et dans leur illusion ou leur charlatanisme, ils nâont recours Ă lâidentitĂ© des moyens de traitement quâaprĂšs avoir Ă©tabli lâidentitĂ© des cas; les dogÂŹ matiques , par de subtiles suppositions de choses qui nâexisÂŹ tent pas, comme lorsquâHippocrate suppose quâune maladie consiste dans telle altĂ©ration des humeurs ; les empiriques, en affirmant cette identitĂ© des cas par la simple observation du malade ou dâun concours de symptĂŽmes sans, ou presque sans connaĂźtre les altĂ©rations matĂ©rielles intĂ©rieures. CepenÂŹ dant , qui le croirait? leurs dĂ©cisions sont assises sur le trĂ©pied de lâempirisme 5 Vobservation , Vhistoire et Vanaloglsmc, que
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je traduis en un mot par lâidentitĂ©] C'est quâils supposaient lâidentitĂ© dans leur observation, leur histoire, leur analo- gisme, et elle nây Ă©tait pas. Je ne demanderai pas si les secÂŹ taires modernes observent bien la rĂšgle de lâidentitĂ© des cas lorsquâils nous prĂ©sentent lâirritation et la gastrite ou gastroÂŹ entĂ©rite sous des nuances variĂ©es Ă Vinfini^ et si fugitwes quelles Ă©chappent Ă nos sens. Je veux finir une digression dĂ©jĂ trop longue, et je le rĂ©pĂšte , les expĂ©rimentations qui nous enseignent les rĂ©sultats de lâaction des divers agens sur notre Ă©conomie dans des cas identiques, sont de toutes les plus importantes, et câest la connaissance plus au moins juste des probabilitĂ©s de leurs effets qui distingue le praticien sa^^ vaut de lâignorant et du vulgaire.
Les expĂ©riences faites pour reconnaĂźtre les usages dâun orÂŹ gane , ses rapports avec dâautres, la maniĂšre dont il agit, etc., me paraissent beaucoup moins utiles que les prĂ©cĂ©dentes a lâhygiĂšne et Ă la thĂ©rapeutique, et cependant en gĂ©nĂ©ral beau^ coup plus difficiles et plus incertaines dans les consĂ©quences quâon en peut tirer. Savoir les circonstances qui permettent, accompagnent et modifient ou entravent et arrĂȘtent le dĂ©ve^ lopdement dâun phĂ©nomĂšne, voila ce quâil y a de plus imÂŹ portant. De semblables connaissances fournissent dâutiles donnĂ©es pour favoriser le dĂ©veloppement de ces effets ou lâem- pĂȘcher, selon les indications de lâhygiĂšne ou de la thĂ©rapeur tique.
Au contraire le mĂ©canisme de la digestion , de la respiraÂŹ tion nâest-il pas beaucoup moins utile et plus difficile Ă saisir que la connaissance des substances propres Ă ĂȘtre digĂ©rĂ©es ou Ă ne lâĂȘtre pas et des gaz convenables ou impropres Ă la res.- piration? INâest-il pas plus facile dâapprĂ©cier les circonstances les plus favorables a la santĂ©, les plus propres Ă troubler les fonctions, que dâen saisir les actions secrĂštes, et ne vaut-il pas mieux se diriger dans ses recherches du cĂŽtĂ© le plus imÂŹ portant, le plus sĂ»r et le plus facile, a charge de sâoccuper ensuite des objets de la science les moins utiles et les plus sujets aux disputes des opinions?
Ce nâest pas tout encore ; câest surtout dans les expĂ©riences tentĂ©es pour connaĂźtre le mĂ©canisme de lâaction dâun organe, que lâon ne peut y parvenir, le plus ordinairement, quâen agissant sur dâautres organes que lâon coupe, que lâon irrite de plusieurs maniĂšres, en arrivant jusquâĂ celui dont on veut examiner les phĂ©nomĂšnes. On modifie alors dâautres circous- 4ances que celle que lâon voulait modifier et Ă©tudier. 11 est le
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plus souvent impossible de tenir un compte juste, ou a peu prĂšs juste, des changemens que lâon a suscitĂ©s involontaireÂŹ ment , et les rĂ©sultats de lâexpĂ©rience sont nĂ©cessairement faux en entier ou en partie.
Ainsi, par exemple, lorsque lâon remplace lâestomac par une vessie pour savoir si le vomissement peut arriver sansPaction de lâestomac, on suppose que les circonstances sont les mĂȘmes, moins cette action de Vestomac. Cependant le cardia est diÂŹ latĂ© par une canule, ou cet orifice est Ă©tranglĂ© par une ligaÂŹ ture sur une canule plus courte qui ne le dilate pas, et dont lâinfluence sur lui, qui rĂ©siste habituellement au vomisÂŹ sement, est supposĂ©e nulle ; cependant le pylore, par oĂč sâĂ©chappent des matiĂšres dans le phĂ©nomĂšne du vomisseÂŹ ment, nâexiste plus, etc. On arrive Ă des rĂ©sultats qui ne sont pas prĂ©cisĂ©ment le langage habituel de la nature, mais un langage de contrainte oĂč elle ne rĂ©pond pas Ă la question quâon lui fait et ne dit pas la vĂ©ritĂ© quâon lui demande. En effet, que lui demandait-on dans cette expĂ©rience? Si lâestoÂŹ mac Ă©tait actif dans le vomissement. Et quâa-t-elle rĂ©pondu ? Quâun animal pouvait vomir avec un estomac postiche ou une vessie inerte. Je ne multiplierai pas les exemples. Il me suffit de faire observer que, malgrĂ© le trĂšs-grand nombre de tentatives expĂ©rimentales faites pour reconnaĂźtre le mĂ©canisme des organes, on a encore acquis peu de donnĂ©es prĂ©cises sur ce sujet, en sorte quâil reste une foule de phĂ©nomĂšnes trĂšs- complexes pour nous dans lâĂ©conomie, dont nous ne savons que le rĂ©sultat, comme on savait que le sang circule, que nous digĂ©rons, etc., avant que lâon connĂ»t les faits plus cachĂ©s et plus simples dont se composent ces actions vitales coiĂčpliquĂ©es.
Nous ferions une erreur si nous pensions que les physioÂŹ logistes doivent arriver par lâexpĂ©rience a la mĂȘme exactitude que les physiciens ; cela sera Ă jamais impossible, parce quâon ne peut employer Ă la fois les mathĂ©matiques et lâexpĂ©rimenÂŹ tation a lâĂ©tude de la physiologie avec le mĂȘme succĂšs quâĂ celle de la physique. En effet, lorsque les physiciens peuvent ne modifier dans leurs expĂ©riences que les circonstances dont ils recherchent lâinfluence, les physiologistes expĂ©rimentaÂŹ teurs voient se multiplier malgrĂ© eux mille influences de perÂŹ turbation^ lorsque les physiciens modifient dâautres circonsÂŹ tances ou dâautres phĂ©nomĂšnes que ceux quâils veulent Ă©tuÂŹ dier, ils peuvent les apprĂ©cier avec une exactitude mĂ©trique; les physiologistes ne peuvent le plus souvent apprĂ©cier ni mesurer en aucune façon une foule de circonstances nĂ©cessai-
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renient changĂ©es. Cela lient, pour les uns, a ce que les phĂ©noÂŹ mĂšnes physiques sont plus indĂ©pendans et immuables dans des circonstances semblables parfaitement apprĂ©ciĂ©es, et ont lieu dâaprĂšs une loi numĂ©rique et calculable ; comme la vitesse croissante de la chute des graves, lâaĂ©tion dĂ©croissante a disÂŹ tance de lâĂ©lectricitĂ©, etc. ; pour les autres, Ă ce que les phĂ©-
i nomÚnes vitaux sont dépendans les uns des autres par leurs sympathies réciproques, toujours trÚs-mobiles, variables
I souvent sans aucune circonstance appréciable, et le plus sou vent sans aucune rÚgle numérique, sensible et calculable, err sorte que beaucoup de différences leur échappent.
Cessons de reprocher entiĂšrement aux physiologistes lâen- I fance de leur science, et de mettre les sciences physiques en
parallĂšle. Les physiologistes ne pourront jamais arriver quâĂ i des rĂ©sultats probables, tandis que les physiciens sont arrivĂ©s
dĂ©jĂ a des certitudes. Celte diffĂ©rence est due a la nature du sujet dont chacun sâoccupe ; et mĂ©connaĂźtre cette vĂ©ritĂ© serait
! mĂ©connaĂźtre lâune et lâautre science. Voyons maintenant ce que peut le raisonnement. AppuyĂ©
sur les faits que lui a donnĂ©s lâobservation, il en dĂ©duit une sĂ©rie de consĂ©quences qui sâenchaĂźnent les unes aux autres, et si lâesprit est assez sĂ©vĂšre pour ne rien supposer, il ne se trompe jamais. Que les mathĂ©maticiens sâĂ©garent en calculant la force du cĆur ou dâautres muscles, câest quâils supposent
1 les premiĂšres donnĂ©es du calcul. Celui-ci pourrait ĂȘtre fort \ juste dans ses parties; comme des suppositions en font la I base, il ne serait pas Ă©tonnant quâil fĂ»t faux, et que cepenÂŹ
dant il fut exact. Noser/âewr^ proviennent ainsi^ toutes de nos I suppositions. Quâon analyse tous les systĂšmes des hommes, on
arrivera toujours Ă cette vĂ©ritĂ©. Nous supposons lorsque nous admettons un fait qui nâest pas, et nous supposons encore lors-
[ que, par ignorance, nous rejetons un fait qui existe. Cepen- \ dant si lâesprit sâĂ©gare Ă la lumiĂšre incertaine des suppositions, I ses consĂ©quences sont presque toujours dans un exact rapport I avec elles, et ce sont alors de justes erreurs. MĂ©fions-nous \ donc sans cesse de cette tendance de notre esprit Ă supposer.
Il ne faut pas non plus ne pas admettre assez, de peur de [' trop supposer. Ce scepticisme outrĂ© conduit nĂ©cessairement Ă [ des erreurs. Il ne faut pas se refuser Ă toute Ă©vidence qui ne j frappe point les sens. Il est, par exemple, des phĂ©nomĂšnes se- i*j condaires qui ne proviennent jamais que dâun mĂȘme effet I primitif; ne peut-on pas alors dĂ©duire lâeffet primitif de lâeffet r secondaire, Ă charge de se rĂ©tracter si cet effet secondaire j
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pouvait provenir visiblement dâun autre effet primitif. Ainsi, jusquâĂ ce quâon voie des fluides se mouvoir dâeux-mĂȘmes^ indĂ©pendamment de la pesanteur, des affinitĂ©s chimiques et dâune force Ă©trangĂšre, ne peut-on pas assurer, lorsquâon les voit sâagiter, quâils le doivent Ă une de ces puissances ? Est-ce pa rce quâon ne voit pas les capillaires quâon peut les dĂ©clarer habituellement inactifs sur le sang qui y circule, et croit-on sâĂ©loi gner en cela de la marche des physiciens et des chimistes ? Ce serait se tromper. En effet, voient-ils dans une tige qui oscille et se courbe alternativement dâun cĂŽtĂ© et de lâautre les molĂ©cules se rapprocher du cĂŽtĂ© concave et sâĂ©loigner du cĂŽtĂ© opposĂ©, jusquâĂ ce quâenfin ces derniĂšres, entraĂźnĂ©es au-delĂ de leur sphĂšre dâactivitĂ© attractive, et successivement toutes celles qui les sĂ©parent de celles du cĂŽtĂ© concave dans lâĂ©paisÂŹ seur de la tige, et les premiĂšres elles-mĂȘmes, sâabandonnent et la tige se brise? Les chimistes qui dĂ©composent lâeau par le contact du zinc et de lâacide sulfurique, voient-ils ces corps agir simultanĂ©ment sur lâoxigĂšne de lâeau; le premier, par son affinitĂ© pour ce principe; le second, par son affinitĂ© prĂ©disÂŹ posante Ă la dĂ©composition de lâeau pour un oxide de zine qui nâexiste pas encore? Voient-ils ensuite au milieu de ces choses invisibles, et cependant admises, lâoxigĂšne de lâeau se porter sur le zinc, qui se combine alors avec lâacide et forme un sulfate qui se dissout dans la liqueur, tandis que lâhydroÂŹ gĂšne rendu libre se dĂ©gage? Voient-ils lâoxigĂšne se combiner avec lâhydrogĂšne, lorsquâils enflamment leur mĂ©lange par lâĂ©ÂŹ tincelle Ă©lectrique et forment de lâeau? Voient-ils enfin le caÂŹ lorique sâĂ©chapper des espaces intermolĂ©culaires des composĂ©s au moment oĂč ils se forment par le rapprochement de leurs parties qui se condensent ? Non sans doute. Ils ne voient de tout cela que les effets secondaires, les effets primitifs leur Ă©chappent, mais ils les dĂ©duisent de ces effets secondaires parce que lâexpĂ©rience journaliĂšre, et lâanalogie des sĂ©paraÂŹ tions et des rĂ©unions qui se passent dans les masses sous nos yeux, montrent sans cesse que ces phĂ©nomĂšnes molĂ©culaires doivent provenir dâeffets primitifs analogues. Ainsi, pleins dâun zĂšle aveugle, ne rĂ©pĂ©tons pas sans rĂ©flexion que les sciences ne marchent en avant quâautant que nous touchons du doigt et que nous voyons des yeux tous les faits que la raison admet comme dĂ©montrĂ©s, lâexpĂ©rience nous donnerait sans cesse des dĂ©mentis nouveaux.
Entrons maintenant dans plus de dĂ©tails sur lâĂ©lude de la physiologie.
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Il est dans tous les phĂ©nomĂšnes de la nature, quels quâils soient, beaucoup de choses Ă Ă©tudier, et il est toujours imÂŹ portant de savoir Ă lâavance tout ce quâil est possible dây observer et tout ce quâon doit y rechercher. La connaissance de ces choses serait un guide fort utile dans lâĂ©tude, elle serÂŹ virait de jalons dans la pratique ; et si Fesprit les coordonnait, il pourrait en rĂ©sulter une mĂ©thode universelle dâĂ©tudier les phĂ©nomĂšnes. Je lâai cherchĂ©e long-temps, cette mĂ©thode, et je crois enfin lâavoir trouvĂ©e. Mais en embrassant, je pense,
' tous les caractĂšres que lâon peut Ă©tudier dans les phĂ©nomĂšnes de la nature, elle en indique plus quâil nây en a Ă observer
Ăź dans certains phĂ©nomĂšnes. En outre, il en est qui, dans cer- I tains cas, sont peu importans, et auxquels il serait ridicule de I sâarrĂȘter. On doit en ĂȘtre prĂ©venu, et se persuader quâune telle i mĂ©thode nâest quâun flambeau propre a nous diriger et a nous ! montrer ce que nous devons rechercher. Je vais en dĂ©velopper 1 rapidement les principes et lâappliquer a lâĂ©tude des pliĂ©no- i mĂšnes de la vie.
Cette Ă©tude doit se composer : iÂź de celle de leurs caracÂŹ tĂšres, 2Âź de celle des propriĂ©tĂ©s des ĂȘtres ou des organes vivans dont ils dĂ©rivent, 3Âź de celle des causes habituelles qui les produisent, 4â de celle des influences variables qui les modifient ou en dĂ©terminent de nouveaux, 5Âź de celles des
' effets qui en rĂ©sultent, 6â de celle de leurs usages ou de leurs fonctions, âjÂź de celle des diffĂ©rences quâils prĂ©sentent dans des circonstances dĂ©terminĂ©es par la mĂ©thode. De ces sept articles, les cinq derniers ne sont que relatifs, et leur Ă©tude nâest que le complĂ©ment de celle dâun phĂ©nomĂšne.
Art. lÂź^ Je crois quâon Ă©tudie et quâon ne peut Ă©tudier gĂ©nĂ©ralement dans des phĂ©nomĂšnes ou dans un ensemble de phĂ©nomĂšnes quels quâils soient, et particuliĂšrement dans ceux de la vie, que les caractĂšres suivans :
IÂź. Les rapports de postĂ©rioritĂ©, de simultanĂ©itĂ©, ^antĂ©ÂŹ rioritĂ© dâun phĂ©nomĂšne avec un ou plusieurs autres, câest-a- dire quels sont ceux qui le prĂ©cĂšdent, lâaccompagnent et le suivent, quâils se montrent eux-mĂȘmes dans lâĂȘtre oĂč se dĂ©ÂŹ veloppe ce phĂ©nomĂšne, ou quâils se passent au-dehors de lui dans les corps extĂ©rieurs.
Ces caractĂšres mettent sur la voie des causes et des effets du phĂ©nomĂšne Ă©tudiĂ©, ou font prĂ©voir entre ce phĂ©nomĂšne et ceux qui le prĂ©cĂšdent, lâaccompagnent ou le suivent, une cause commune qui les rapproche.
2Âź. Leur siĂšge, câest-a-dire la partie, lâorgane, ou Iç point dans lequel ils se prĂ©sentent.
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3â. Leurs'caractĂšres spĂ©ciaux y c'est-Ă -dire ceux qui dĂ©ÂŹ pendent de leur nature particuliĂšre et lui sont propres, comme la force, la vitesse, TĂ©tendue, la direction, la grĂące, qui sont des caractĂšres presqu'excliisivement propres aux mouvemens; comme TagrĂ©raent, la peine, le plaisir, qui sont des caractĂšres propres aux sentimens et aux sensations.
4â. Leur caractĂšre extraordinaire et rare ou commun et habituel.
5â. Leur caractĂšre apercex^able ou inapercevahle. 6°. Leur uniformitĂ© depuis leur dĂ©veloppement jusquâĂ
leur fin, ou 7Âź. Les modifications quâils prĂ©sentent, dans leur commenÂŹ
cement , leur accroissement, leur état stationnaire, leur dé croissement et leur fin.
8Âź. Leur durĂ©e qui peut ĂȘtre continue ou intermittente y et sâil en rĂ©sulte des accĂšs, comme ce sont des ensembles de phĂ©nomĂšnes, ils prĂ©sentent comme phĂ©nomĂšnes les mĂȘmes caractĂšres Ă Ă©tudier que ceux dont je fais maintenant lâĂ©nuÂŹ mĂ©ration.
9". Leur nature, câest-Ă -dire leur maniĂšre dâĂȘtre, ou leur essence propre et manifeste, indĂ©pendamment des caractĂšres moins importons que jâai indiquĂ©s, jusquâici, et de ceux que je vais exposer ensuite.
Ainsi, deux phĂ©nomĂšnes seront pour nous de mĂȘme nature, quand ce quâil y aura de manifeste dans leur essence nous paraĂźtra identique ou Ă peu prĂšs identique, et vice versĂą.
La nature des phĂ©nomĂšnes est simple ou composĂ©e. JâenÂŹ tends par phĂ©nomĂšne de nature simple celui qui rĂ©sulte pour nous dâun seul phĂ©nomĂšne; et par phĂ©nomĂšne dĂ©naturĂ© comÂŹ plexe, celui qui en prĂ©sente plusieurs, dont il est le rĂ©sultat total ou ^ensemble; ainsi la cbylification est un phĂ©nomĂšne complexe qui rĂ©sulte de plusieurs phĂ©nomĂšnes, tels que les contractions des intestins, les excrĂ©tions biliaire et pancrĂ©aÂŹ tique , les sĂ©crĂ©tions muqueuses et exhalatoires, etc., qui sont des phĂ©nomĂšnes simples pour nous, puisque nous ne pouÂŹ vons les dĂ©composer positivement eux-mĂȘmes en dâautres plus simples.
Lâexposition des effets simples dâun pTiĂ©nomĂšne complexe ou lâexposition des phĂ©nomĂšnes intermĂ©diaires Ă une cause et 'a son effet en est lâexplication ou la thĂ©orie. On nây parvient que par lâanalyse; celle-ci nâest que lâĂ©tude particuliĂšre des Ă©lĂ©mens dâun composĂ© ou dâun ensemble, pour mieux conÂŹ naĂźtre ce composĂ© ou ce systĂšme.
10% Leurs lois y câest-a-dire les rĂšgles calculables ou mn,
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calculables que l^on peut observer dans les caractĂšres dâun ou de plusieurs phĂ©nomĂšnes. Lâenfant dort successivement vingt, dix-huit, quinze, douze heures par jour, Ă mesure quâil avance en Ăąge j lâadulte dort de sept Ă huit heures. Ces moyennes-de la durĂ©e du sommeil en sont les lois aux diffĂ©rens Ăąges. La moyenne du nombre des inspirations et des expirations de lâair, des contractions du cĆur, etc., etc., aux diffĂ©rens Ăąges, la rĂ©apparition rĂ©guliĂšre des accĂšs de fiĂšvres intermittentes, la moyenne des succĂšs du quinquina dans ces fiĂšvres, des sucÂŹ cĂšs du mercure dans la syphilis, sont autant de lois rĂ©elles calculables, et dâailleurs variables comme tout ce qui dĂ©pend de la vie.
Voyons maintenant des lois incalculables, et cependant sensibles et manifestes.
Nos sensations tantĂŽt sâĂ©moussent, tantĂŽt deviennent graÂŹ duellement plus vives par lâexercice. ( Voyez page i3 ).
Notre entendement Ă©prouve avec lâĂąge des changemens successifs et prĂ©vus ; lâimagination domine jusquâĂ Tado- lescence, mais alors le jugement devenant plus actif et plus
1 sĂ©vĂšre, finit par Ă©touffer ou diriger les Ă©lans et les inspira- I tion de la premiĂšre. Lâhabitude donne graduellement plus I dâadresse Ă nos mouvemens volontaires, et nous nâapprenons I quâavec le temps Ă balbutier les premiers mots de nos lan- ; guĂ©s, etc., etc. Toutes ces modifications rĂ©guliĂšres et gra^ 1 duelles sont des lois incalculables.
I En attribuant au mot loi lâidĂ©e dâune rĂšgle observable, ; sinon calculable, dans lâexercice des phĂ©nomĂšnes de la vie , i câest indiquer un genre de caractĂšre distinct et cependant peu ; remarquĂ© dans les Ă©dites vivans, et en fixer le sens par un mot j qui nâen a pas de dĂ©terminĂ© en physiologie ; câest enfin lâem- ' ployer dans le mĂȘme sens quâon lâemploie gĂ©nĂ©ralement en i physique. En effet, on ne lâapplique ici quâĂ la rĂšgle obser- I vable dans les phĂ©nomĂšnes de la nature ; ainsi la loi de la I chute des graves est la rĂšgle calculable quâils suivent dans les i espaces quâils parcourent, dans un temps donnĂ©.
Dans les sciences de la structure de la matiĂšre, la loi est I encore une rĂšgle, car câest la disposition rĂ©glĂ©e ou rĂ©guliĂšre, I apprĂ©ciable dans la structure des corps, des cristaux par ! exemple.
Il suit de'ces rĂ©flexions, quâon abuse de cette expression lorsquâon dit que le consensus Ă©tabli entre nos organes est une loi : ce nâest quâun fait harmonique ou sympathique. Une ir-
Ăź
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ritaĂ»on amĂšne une phlogose, câest un fait produit par une cause connue. Lâordre de dĂ©veloppement de chaque phĂ©noÂŹ mĂšne de la phlogose est la loi de leur dĂ©veloppement.
Art. 2. Quant aux propriĂ©tĂ©s vitales, lâesprit doit et ne peut arriver directement a leur connaissance que par celle des phĂ©nomĂšnes. Lorsque nous les vouions connaĂźtre, recherÂŹ chons donc quels sont les phĂ©nomĂšnes de lâĂȘtre vivant, et que ces propriĂ©tĂ©s ne soient que des dĂ©ductions dâobservations positives. Ne jugeons de leur nature que par la diversitĂ© paÂŹ tente de lâessence des phĂ©nomĂšnes, et ces propriĂ©tĂ©s offriront
- alors la réflexion fidÚle de ceux dont elles seront déduites. Ainsi, par conséquent, concevons autant de propriétés di
verses dans lâĂȘtre vivant quâil y a de phĂ©nomĂšnes de nature diffĂ©rente; que par exemple les facultĂ©s de sentir, de se con-r tracter, dâabsorber, de sĂ©crĂ©ter soient autant de facultĂ©s ou de propriĂ©tĂ©s distinctes pour nous, parce que les phĂ©nomĂšnes dont elles sont dĂ©duites nâont pas la moindre ressemblance dans leur nature.
Concevons en outre CQmmQfacultĂ©s complexes toutes celles qui sont dĂ©duites dâun phĂ©nomĂšne composĂ© ou de facultĂ©s plus simples, et ne rejetons pas la digestibilitĂ© ou la facultĂ© de digĂ©rer, du nombre des propriĂ©tĂ©s de la vie, car ce serait nier que des ĂȘtres vivans puissent digĂ©rer; mais classons-la dans les propriĂ©tĂ©s complexes.
Concevons an contraire comme facultĂ©s simples celles qui sont dĂ©duites dâun phĂ©nomĂšne simple pour nous, telle sera la contractilitĂ©, car elle est dĂ©duite des contractions dont nos organes sont susceptibles, et ces contractions, en effet, sont des phĂ©nomĂšnes simples quâil faut isoler, par lâanalyse, de lâaction des nerfs et des autres causes qui les dĂ©terminent. Autrement, ce serait confondre la cause et lâeffet sous une mĂȘme dĂ©nomination.
Mais si, au lieu dâen appeler aux faits dans la dĂ©duction des propriĂ©tĂ©s, on sâĂ©garait dans des suppositions hasardĂ©es, ces suppositions enfanteraient des suppositions, et les propriĂ©tĂ©s seraient incertaines comme elles, et le plus souvent erronĂ©es.
Art. 3. Les causes des phĂ©nomĂšnes de la vie ne sont que des phĂ©nomĂšnes, on les nomme causes relativement Ă ceux quâils produisent. Ces expressions sont donc toujours relatives, puisquâelles indiquent la relation d'un phĂ©nomĂšne producÂŹ teur avec un autre qui en est le rĂ©sultat. Puisque les causes ne sont au fond que des phĂ©nomĂšnes, il sâen suit quâelles dpi: vent revĂȘtir les mĂȘmes caractĂšres que ces derniers, et quâil
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faut encore examiner chez elles ces caractĂšres, avec soin, Jorsqu^on veut faire une Ă©tude approfondie des phĂ©nomĂšnes quâelles produisent.
Quoi quâil en soit, disons dâoĂč viennent les causes qui peuvent agir sur nous.
Elles proviennent : tantĂŽt de nous-mĂȘmes, et sont des causes indwidueUes; 2" tantĂŽt de lâextĂ©rieur, et sont des causes extĂ©rieures.
Les causes individuelles rĂ©sultent elles-mĂȘmes, soit delĂ disposition matĂ©rielle ou structure de lâindividu, et je les nomme causes matĂ©rielles^ soit de ses phĂ©nomĂšnes, et je les nomme causes actives. Ces causes agissent, tantĂŽt, par la continuitĂ© des organes oĂč elles se dĂ©veloppent , comme le nerf excitĂ© qui en transmet lâimpression au cerveau, par sa continuitĂ© avec cet organe ; tantĂŽt, par la continuitĂ© des parÂŹ ties oĂč elles apparaissent, comme les mouvemens du cĆur qui le font heurter le cĂŽtĂ© gauche de la poitrine, par la conÂŹ tiguĂŻtĂ© de cet organe avec ce cĂŽtĂ© ; tantĂŽt, par sympathie y câest-k-dire sans moyen intermĂ©diaire matĂ©riel connu, comme lâaction des organes gĂ©nitaux sur le larynx, surtout au moÂŹ ment de leur dĂ©veloppement, k la pubertĂ©* tantĂŽt enfin les causes paraissent provenir de la constitution entiĂšre et sont constitutionnelles : telles sont celles des affections scorbuÂŹ tiques , rhumatismales, etc.
Dâune autre part, enfin, les causes agissent tantĂŽt direcle- j ment et immĂ©diatement, tantĂŽt indirectement et mĂ©diatement. 1 Art. 4* Les infl.uences sont les actions qui* modifient i les phĂ©nomĂšnes ordinaires de la vie ou en produisent dâacci- i dentels, tandis que les causes mĂȘmes ne donnent lieu quâaux I effets qui la caractĂ©risent habituellement. Les influences sont
comme les causes, des relations abstraites. Câest en effet le rapport que lâesprit saisit entre ce qui influence et les rĂ©-
j sultats qui en sont la suite. Elles ont les mĂȘmes caractĂšres II et naissent des mĂȘmes sources gĂ©nĂ©rales que les causes. Leur l( histoire devrait toujours suivre celle des fonctions dans un I ouvrage de physiologie. i Art. 5. Les effets des phĂ©nomĂšnes de la vie ne sont eux-
\\ mĂȘmes que des phĂ©nomĂšnes considĂ©rĂ©s par rapport k celui i| qui les a produits. Ainsi ce ne sont encore que des relations, II et comme phĂ©nomĂšnes ils en possĂšdent tous les caractĂšres. Il Il est utile de les examiner lorsquâon Ă©tudie spĂ©cialement le It phĂ©nomĂšne qui les produit. I De mĂȘme que les causes de nos phĂ©nomĂšnes peuvent venir
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de rindividu ou du dehors, de mĂȘme les effets peuvent se passer en nous-mĂȘmes ou au dehors, et parce que leurs causes peuvent agir par continuitĂ©, par contiguitĂ©, par sympathie ou par toute la constitution du sujet, ils peuvent ĂȘtre le rĂ©ÂŹ sultat de quatre genres de causes diffĂ©rentes.
Art. 6. Les usages des phĂ©nomĂšnes ou les fonctions quâils remplissent se conçoivent dâaprĂšs leurs rĂ©sultats. Câest donc l'a quâil faut aller apprendre 'a les connaĂźtre. Ce ne sont encore ici, que des relations idĂ©ales analogues Ă celles des proÂŹ priĂ©tĂ©s vitales. Et de mĂȘme quâil y a des facultĂ©s simples, de mĂȘme aussi nous concevons Aes fonctions simples (ce sont celles que remplit un phĂ©nomĂšne simple et unique ) et des fonctions composĂ©es ( ce sont celles qui sont exĂ©cutĂ©es par un ou plusieurs phĂ©nomĂšnes simples ou complexes. )
Art. 7. Les diffĂ©rences des phĂ©nomĂšnes de la vie corÂŹ respondent 'a des circonstances que lâon peut dĂ©terminer et inÂŹ diquer jusquâĂ un certain point, telles sont celles des sexes, des Ăąges, des tempĂ©ramens, de certaines idiosyncrasies, des maladies, de certaines diathĂšses, telles sont enfin les circonsÂŹ tances extĂ©rieures au milieu desquelles on peut se trouver.
Je finis et je me rĂ©sume sur celte introduction. Jâai cherchĂ© Ă caractĂ©riser la physiologie et Ă en distinguer lâhygiologie trop souvent confondue avec elle. Jâai parlĂ© de Tart dâĂ©tudier la physiologie, jâen ai discutĂ© les principes, et pĂ©nĂ©trant plus avant dans les dĂ©tails, jâai appliquĂ© a lâĂ©tude des phĂ©nomĂšnes de la vie une mĂ©thode gĂ©nĂ©rale que j'ai employĂ©e, maintes et maintes fois Ă lâexamen de toutes sortes de phĂ©nomĂšnes de la nature, pour avoir consacrĂ© beaucoup dâinstans et de rĂ©ÂŹ flexions Ă Vart Ă©tudier. Je me trouverais trop heureux si, aprĂšs tant de mĂ©ditations, trois mĂ©thodes universelles d'Ă©tude^ auxquelles je crois avoir enfin ramenĂ© naturellement Jous fis objets dont lâesprit humain peut s'occuper, pouvaient ĂȘtre rĂ©ellement utiles, et devenir un jour classiques dans lâĂ©tude et lâenseignement.
ESSAI DâANALYSE DES
PHENOĂHENES DE LA VIE ;
PAR M. GERDY,
AIDE DâANATOMIE A LA FACULTĂ DE MĂDECINE DE PARIS , ĂLĂVE NATURALISTE
DU GOUVERNEMENT,
Extrait du Journal complémentaire du Dictßonaire des
Sciences médicales.
Les phĂ©nomĂšnes de la vie sont les divers Ă©tats sous lesquels ae prĂ©sentent les organes pendant son cours ; ce sont, en dâautres termes, les cliangemens dont ils sont susceptibles. Avant dâen faire lâanalyse, indiquons-en rapidement les causes.
§. I. Causes des phĂ©nomĂšnes de la vie. â Les causes des phĂ©nomĂšnes de la vie sont plus ou moins intenses, subites et longues dans leur action. Elles peuvent ĂȘtre intermittentes ou continues, agir avec dâautres causes qui augmentent on neutralisent leur puissance ; elles peuvent ĂȘtre rĂ©guliĂšres ou anomales, habituelles ou extraordinaires, sympathiques ou idiopathiques ; directes, comme la contraction musculaire qui agit immĂ©diatement sur les aponĂ©vroses ; indirectes, comme les affections cĂ©rĂ©brales qui agissent sur le cĆur ; permaÂŹ nentes ou non permanentes en mĂȘme temps que leur effet '.
Les causes individuelles sont durables, les unes pour un temps, les autres pour toute la vie. Ainsi, les organes gĂ©niÂŹ taux nâagissent quâun certain temps sur lâĂ©conomie, tandis
* La connaissance de celles-ci est fort importante pour la thĂ©rapeuÂŹ tique : câest lorsque les causes sont permanentes quâil faut les traiter ; dans le cas contraire, les causes sont nuUes pour lâemploi des moyens de traitement.
I
( 2 ) t[ue Pestomac, le cĆur, les poumons agissent pendant tonte la dinĂ©e de lâexistencej les unes sont intermittentes, comme raelion des sens sur le cerveau , celle du cerveau sur les muscles, et celle des muscles sur les tissus fibreux, les os, etc. ; les autres sont continuelles, comme lâaction du cĆur, qui nâolTre jamais que des rĂ©mittences assez lĂ©gĂšres. Il en est plusieurs qui agissent simultanĂ©ment et forment alors un sysÂŹ tĂšme de causes plus ou moins complexe ; ainsi un grand nombre dâagens concourent a la fois a lâexpulsion des matiĂšres fĂ©cales, du fĆtus, etc. Quelques-unes agissent directement par voie de continuitĂ© ou de contiguitĂ©, d autres agissent par les sympathies des organes.
Il est des causes individuelles matérielles de certains phé nomÚnes de la vie, qui sont trÚs-manifestes. La conforma tion et les propriétés physiques des organes sont les causes
^ Ă©videntes de tous leurs pnĂ©nomĂšnes physiques et mĂ©caniques. La conformation, la structure, les propriĂ©tĂ©s des parties transparentes de TĆil dĂ©terminent le trajet de la lumiĂšre dans cet organe et les rĂ©fractions quâelle y subit ; la conformation «du crĂąne, du thorax, du bassin, les propriĂ©tĂ©s des os qui les forment, des ligaraens qui les rĂ©unissent, dĂ©terminent le mode de rĂ©sistance de toutes ces parties ; câest la forme de Tar- ticulation du coude, k direction de ses surfaces, qui dĂ©terÂŹ minent en grande partie la direction de ses mouvemens, etc.
Outre ces causes matĂ©rielles Ă©videntes de certains phĂ©ÂŹ nomĂšnes, il en est qui ne sont dus a aucune action ni extĂ©ÂŹ rieure ni intĂ©rieure apprĂ©ciable, et qui uaissent spontanĂ©ÂŹ ment, au moins en apparence, dans rĂ©conomie j telles sont certaines douleurs accidentelles , certaines sensations, cerÂŹ taines dĂ©gĂ©nĂ©rations qui se dĂ©veloppent dans nos tissus sans quâil soit possible dâen apercevoir la cause. Il est trĂšs-proÂŹ bable que câest a des dispositions matĂ©rielles organiques, insensibles et inapprĂ©ciables, que sont dus ces phĂ©nomĂšnes en apparence spontanĂ©s ^ tels que certains temperamens , certains Ă©tats maladifs quâon appelle diathĂšses. Enfin, il est des dispositions matĂ©rielles, en partie apprĂ©ciables et inapÂŹ prĂ©ciables , qui donnent naissance Ă certains phĂ©nomĂšnes ; telles sont les constitutions diverses des Ăąges , des sexes, des tempĂ©ramens, des diathĂšses, dont la disposition matĂ©rielle ĂȘst toujours partie manifeste , partie mystĂ©rieuse.
Ces divers Ă©tats plus on moins patens de lâorganisation sont les constitutions individuelles ) les phĂ©nomĂšnes qui ert
( 3 ) dĂ©pendent sont constitutionnels et essentiels, comme ils sont en mĂȘme temps simultanĂ©s. On peut les appeler simultaÂŹ nĂ©itĂ©s constitutionnelles et essentielles.
On a encore beaucoup dâexemples de phĂ©nomĂšnes produits les uns par les autres. Je me bornerai a indiquer, eu gĂ©nĂ©ral, tous ceux qui se succĂšdent dans une sĂ©rie dâorganes coiuinus, comme les actes de la digestion , de la circulation, etc. Les phĂ©nomĂšnes producteurs, dans ces cas, sont des causes inÂŹ dividuelles actives.
Beaucoup dâagens extĂ©rieurs dĂ©terminent aussi des chan- gemens dans lâĂ©conomie. Toutes les sensations physiques, par exemple, rĂ©sultent de lâaction de ces derniers.
Mon intention nâest pas de mâarrĂȘter sur toutes ces causes ; je ne 'mulais que les indiquer.
§. IL PhĂ©nomĂšnes de la vie. â Les phĂ©nomĂšnes de la vie diffĂšrent entre eux selon leur siĂšge, leur simultanĂ©itĂ© , leur raretĂ©, leur frĂ©quence, leur intensitĂ© , leur force , leur facilitĂ©, la peine ou ragrĂ©ment quâils procurent, selon les rĂ©sultats de continuitĂ©, de contiguitĂ©, ou de sympathie dont ils peuvent ĂȘtre la cause, selon leur nature simple ou comÂŹ plexe, et selon les rapports quâils ont avec leurs causes, les diffĂ©rences que ces causes peuv'ent prĂ©senter dans leur caractĂšre de force, de durĂ©e, etc. Pour le moment, je ne parÂŹ ierai que de leur nature.
Nature des phĂ©nomĂšnes de la vie. â Ces phĂ©nomĂšnes sont les uns simples , les autres complexes.
Il nâest peut-ĂȘtre aucun phĂ©nomĂšne qui ne consiste que dans un seul et mĂȘme changement, et oĂč il nây ait quâun effet de produit; mais nous devons considĂ©rer comme tels ceux que nous nâavons pu analyser et dĂ©composer en plusieurs phĂ©nomĂšnes plus simples, dont lâeffet complexe serait le rĂ©ÂŹ sultat. Ainsi, un organe sĂ©crĂšte un fluide; nous ne connaisÂŹ sons pas les effets qui se passent dans lĂą sĂ©crĂ©tion : ce phĂ©noÂŹ mĂšne, pour nous, reste simple, quoiquâil soit trĂšs-probableÂŹ ment composĂ©.
PhĂ©nomĂšnes composĂ©s. â Les phĂ©nomĂšnes les plus comÂŹ posĂ©s de lâĂ©conomie vivante chez lâhomme, sont : lâaper- ception ; 2Âź la locomotion ; 3Âź lâexpression vocale ; 4** digestion ; 5Âź la respiration ; 6â la circulation ; -jÂź la nutrition 5 8Âź la gĂ©nĂ©ration ; 9Âź la chute des dents ; 1 oÂź la chute des parÂŹ ties Ă©pidermiques ; ajoutons y encore, 11Âź le relĂąchemenl des tissus J 12" iâinĂammalion j i5° la cicatrisation. Ces trois dei-
( 4 ) iiiers sont des pliĂ©nomĂšnes morbides qui ne rentrent dans aucun des prĂ©cĂ©dens, mais qui, cependant, comme nous le verrons, se rĂ©duisent, en derniĂšre analyse, aux mĂȘmes effets
Ă©lĂ©mentaires. A la perception se rapportent, iÂź la sensation ; ce nâest que
lâimpression reçue par nos parties, et les modifications puy- siques que certains excitans subissent dans Torgane de la senÂŹ sation avant dâagir Ăż 2° la transmission de la sensation ; 3Âź la perception de la sensation actuelle; 4** le jugement. Il faut y rapporter, pour dâautres cas, la perception de souvenirs, dâimaginations, et dâun jugement sur ces souvenirs et ces imaginations; et, pour dâautres cas encore, la perception dâune passion, dâune Ă©motion de lâame.
Tous ces phénomÚnes, excepté les modifications physiques des excitans, sont vitaux.
La locomotion se compose : iâ de la transmission vitale des voĂ»tions du cerveau aux muscles par les nerfs ; 2° de la contraction vitale de ceux-ci ; 3° de la tension mĂ©canique des parties fibreuses qui les unissent aux os ; 4Âź rĂ©sistance immobile ou du mouvement mĂ©canique de ceux-ci et de toutes leurs parties articulaires, selon que lâeffet des muscles est ou nâest pas suivi de mouvement.
Câest encore aux phĂ©nomĂšnes de mouvement quâil faut rapÂŹ porter, 1° les dĂ©placemens des os de la face, lentement opĂ©rĂ©s par la force distensive dâun polype nasal, et que lâon rĂ©duit Ă des rĂ©sistçuices et a des mouvemens mĂ©caniques insensibles des parties que ce polype dilate et sĂ©pare ; 2Âź les contractions involontaires Ă u cĆur, des intestins, etc.; contractions lentes, les expansions de certaines parties, qui sont autant dâactes vitaux ; 3° les rĂ©sistances, les distensions mĂ©caniques, les retours Ă©lastiques , les raccornissemens , les commotions , tous les mouvemens communiquĂ©s aux parties par une force Ă©trangĂšre , toutes les solutions de continuitĂ© ( sections, rupÂŹ tures, briseraens, dĂ©chirures), et tous les dĂ©placemens qui peuvent en ĂȘtre la suite : phĂ©nomĂšnes qui sont tous physiques ou mĂ©caniques.
Lâexpression vocale se compose des phĂ©nomĂšnes vocaux du larynx, et des modifications des sons dans le pharynx, les fosses nasales et la bouche.
Aux phĂ©nomĂšnes du larynx se rapportent, iÂź la contraction vitale des muscles de la glotte ; 2Âź le brisement de lâair contre
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( 5 ) les lÚvres de celle-ci, leurs v ibrations et celles de Pair, qui sont des phénomÚnes mécaniques et physiques.
Aux modifications sonores qui ont lieu au-del'a du larynx , se rapportent, iâ la propagation physique dans le pharynx, Tisthme du gosier, la bouche, les fosses nasales et leurs dĂ©ÂŹ pendances, des sous du larynx ; 2â les modifications physiques quâils y Ă©prouvent, que ces parties restent immobiles ou quâelles entrent en action; 3° les mouvemens de ces organes, qui sont des contractions vitales.
A la digestion se rapportent, 1° la faim et la soif; 2° la prĂ©hension des alimens et des boissons ; 3â la mastication des premiers ; 4° dĂ©glutition ; 5° la digestion ; 6° lâintesti- nation; 7â la dĂ©fĂ©cation.
La faim et la soif sont deux sortes de sensations, et par conséquent des phénomÚnes vitaux.
La prĂ©hension des alimens est un phĂ©nomĂšne de locomotion quâon ramĂšne, comme ceux de la locomotion, Ă des contracÂŹ tions , a des rĂ©sistances mĂ©caniques, et a des mouvemens communiquĂ©s.
La mastication est la suite , 1Âź des contractions vitales des muscles masticateurs, de celles des lĂšvres, des joues et du plancher de la bouche, qui retiennent ou repoussent les aliÂŹ mens sous les dents ; 2*â des mouvemens communiquĂ©s des mĂąchoires ; 3" de leur rĂ©sistance mĂ©canique, et de celle des alimens ; 4â des sĂ©crĂ©tions salivaires et folliculaires de la bouche augmentĂ©es, de la gustation, dâun grand nombre de contracÂŹ tions qui la favorisent, et dâune sĂ©crĂ©tion exhalatoire, qui sont autant de phĂ©nomĂšnes vitaux.
La dĂ©glutition se compose, 1â du rapprochement des mĂą- clioires : câest un phĂ©nomĂšne de locomotion ; 2â des contracÂŹ tions des lĂšvres , des joues, de la langue , de lâisthme du goÂŹ sier, de celles du pharynx et de lâĆsophage, de lâaugmentaÂŹ tion des sĂ©crĂ©tions du pharynx et de rĆsophage : ce sont des actions vitales ; 3Âź des mouvemens communiquĂ©s au larynx , Ă lâĂ©piglotte, aux parties voisines, de la rĂ©sistance des aliÂŹ mens, de leur progression Ăą travers le pharynx et lâĆsophage , et des dilatations quâils font Ă©prouver aux parties dans lesÂŹ quelles ils pĂ©nĂštrent : ce sont autant dâeffets mĂ©caniques.
A la digestion se rapportent tous les phĂ©nomĂšnes qui se passent dans restomac: 1° lâentrĂ©e des alimens et des boissons ^ dans cet organe, sou extension, ses lĂ©gers cliangemens de giluatiojQ et de directiou qui sont des phĂ©nomĂšnes mĂ©caniques ;
( 6 ) 2° lâexcitation plus ou moins sensible que Torgane Ă©prouve , ses sĂ©crĂ©tions et peut-ĂȘtre ses conlractions devenues plus acÂŹ tives, qui sont des phĂ©nomĂšnes vitaux 5 3" les actions chimiques des matiĂšres dans lâestomac, dâoĂč resuite le chyme; 4* la rĂ©ÂŹ sistance et la progression mĂ©caniques des alimens Ă travers le pylore, sous lâinfluence des contractions du viscĂšre.
SJinteslination comprend les phĂ©nomĂšnes qui se passent dans tous les intestins ; des contractions vitales qui agissent sur les matiĂšres contenues; 2° des rĂ©sistances,^ des mquve- inens de progression de la part de ces matiĂšres, des dilataÂŹ tions quâelles font Ă©prouver aux parties des intestins ou elles pĂ©nĂštrent : ce sont tous des phĂ©nomĂšnes mĂ©caniques ; 3â des sĂ©crĂ©tions biliaire, pancrĂ©atique et intestinale augmentĂ©es: ce sont des phĂ©nomĂšnes vitaux ; 4*" ^i^s actions molĂ©culaires de la part des matiĂšres en contact ; dâoĂč rĂ©sultent le chyle, la matiĂšre excrĂ©mentilielle, des liquides et des gaz : ce sont des phĂ©nomĂšnes chimiques; 5â lâabsorption du chyle, et, en mĂȘme temps, des sensations intĂ©rieures plus ou moins disÂŹ
tinctes, enfin, le besoin dâaller a la selle : ce sont des phĂ©ÂŹ
nomÚnes vitaux. La défécation, acte trÚs-composé, résulte, 1° des contrac
tions des muscles abdominaux, et peut-ĂȘtre de la contraction augmentĂ©e du gros intestin, qui sont des phĂ©nomĂšnes vitaux ; 2° de la distension des intestins par les matiĂšres contenues, de leur rĂ©sistance, de celle du diaphragme appuyĂ© sur les poumons, de celle des poumons soutenus par lâair qui les remplit, de celle de lâair Ini-mĂȘme appuyĂ© sur la glotte conÂŹ tractĂ©e â ; enfin, de la dilatation du sphincter et de l expulÂŹ sion des excrĂ©mens, qui sont autant de phĂ©nomĂšnes mĂ©caÂŹ niques , Ă lâexception de la contraction vitale de la glotte.
A la respiration, se rapportent le besoin de respirer, lâins- pĂźralion de Tair, lâaction rĂ©ciproque de lâair et du sang dans les poumons, et lâexpiration du premier.
Le besoin de respirer est une sensation, et par conséquent
un phĂ©nomĂšne vital. Lâinspiration se compose de lâaugmentation transversale,
verticale, et dâavant en arriĂšre, de la capacitĂ© du thorax. Ce mouvement est dĂ», i°à la contraction vitale du diaphragme et de beaucoup de muscles extĂ©rieurs aux cĂŽtes ; 2Âź aux mouvemens mĂ©caniques de celles-ci et du sternum, a la di-
»
â VoyeĂŻ rt'XGf'lĂźenl MĂ©moire de M. Eourdon sur la resplralioo, ete.
( 7 ) Ăźatatioii, probablement mĂ©canique, des poumons par lâentrĂ©e de r air, que sa pesanteur y prĂ©cipite : le mouvement des cĂŽtes est le rĂ©sultat de leur Ă©lĂ©vation et de leur rotation ; celui du sternum, de son Ă©lĂ©vation et de sa projection en avant, surtout par son appendice.
Lâaction rĂ©ciproque de lâair et du sang est fort peu conÂŹ nue. Nous savons cependant, iâ que lâair expirĂ© est chargĂ© de plus de carbone que celui de riiispiralion ; 2° que le sang est plus chaud, dâun rouge plus vif, dâune odeur plus forte , dâune pesanteur plus grande, quâil a moins de capacitĂ© pour le calorique, et contient moins de sĂ©rositĂ© aprĂšs avoir reçu lâinfluence de lâair dans les poumons.
Lâexpiration se compose de phĂ©nomĂšnes inverses a ceux de lâinspiration. La poitrine dilatĂ©e se rĂ©trĂ©cit par des conÂŹ tractions vitales ou par lâĂ©lasticitĂ© de ses parties. La toux, le soupir, le hoquet, etc., sont des phĂ©nomĂšnes momentanĂ©s et accidentels de la respiration et de lâexpression vocale, dont tous les Ă©lĂ©mens se rapportent Ă ceux de ces fonctions.
La circulation , qui consiste dans le transport du sang des poumons Ă tous les organes par les cavitĂ©s gauches du cĆur, et de tous les organes aux poumons par les cavitĂ©s droites de ce viscĂšre, se compose, 1â des contractions des organes cirÂŹ culatoires, qui ont Ă la fois lieu, dans les vaisseaux, par un retour Ă©lastique de leurs parois et par leur contraction 'viÂŹ tale lente^ et, dans le cĆur, par une contraction vitale subite ; 2Âź de la rĂ©sistance du sang , de son reflux , de sa progression, qui sont tous des phĂ©nomĂšnes mĂ©caniques ; 3Âź du redresseÂŹ ment des valvules par le reflux du sang, de leur rĂ©sistance, de la dilatation des organes circulatoires, et de leur rĂ©sisÂŹ tance, qui est toute mĂ©canique, au moins dans les vaisseaux sensibles; vitale, et peut-ĂȘtre en partie mĂ©canique dans le cĆur, sous lâeffort extensif du sang.
A la nutrition se rapportent, 1â le mouvement habituel de composition de nos parties ; 2â le mouvement opposĂ© de dĂ©ÂŹ composition ; 3° lâaccroissement total ou partiel de lâindividu j 4° lâatrophie; 5Âź les ulcĂ©rations spontanĂ©es, 6" les dĂ©gĂ©nĂ©ra- lions variĂ©es de nos tissus, qui sont tous des phĂ©nomĂšnes vitaux.
La gĂ©nĂ©ration se compose, iÂź de la pĂ©riode de lâamour et du besoin physique; 2Âź de la copulation ; 3Âź de la gestation ; 4* de lâaccouchemcnt ; 5Âź de lâalaitement ; 6Âź de lâamour des
pareils.
( 8 ) Uamour et le besoin physique sont des phénomÚnes
vitaux. Dans lâhomme, la copulation rĂ©sulte, de lâĂ©rection de
la verge qui provient dâune expansion vitale, de compressions mĂ©caniques, momentanĂ©es, et plus ou moins soutenues , exerÂŹ cĂ©es par les contractions des muscles bulbo et ischio caverneux sur la verge et le sang qui la remplit 5 2^^ de lâaccouplement et de riniromission de la verge avec mouvemens rĂ©pĂ©tĂ©s qui appartiennent Ă la locomotion, sâaccompagnent de sensations voluptueuses et de convulsions de plaisir ; enfin, de lâĂ©jacu- lation que la voluptĂ© procure : celle-ci rĂ©sulte elle-mĂȘme dâune action primitive inconnue, au moins en partie, qui porte le sperme dans lâurĂštre, et puis de la contraction vitale et convulsive des bulbo-ischio-caverneux , des releveurs de lâanus , et de la progression saccadĂ©e du fluide sĂ©minal dans le vagin, lâutĂ©rus, et peut-ĂȘtre les trompes par un mĂ©caÂŹ nisme encore bien mystĂ©rieux.
Dans la femme, la copulation se compose aussi, de lâaccouplement, des sentimens et des mouvemens voluptueux qui ne sont, en derniĂšre analyse, que des sensations perçues et des contractions volontaires*, de la fĂ©condation, qui lui est particuliĂšre, et consiste dans lâanimation du germe, qui est incounii dans ses phĂ©nomĂšnes Ă©lĂ©mentaires , et paraĂźt ĂȘtre le rĂ©sultat composĂ© dâuu contactfĂ©condant et dâune animation
consĂ©cutive, A la gestation se rapportent, lâunion vitale et intime
du germe fĂ©condĂ© a la surface interne de lâutĂ©rus, ou acciÂŹ dentellement a quelque autre organe, phĂ©nomĂšne analogue Ă la cicatrisation * 2^^ lâabsence habituelle des rĂšgles, lâaccroisÂŹ sement de TulĂ©rus qui est un singulier phĂ©nomĂšne de nutriÂŹ tion , et tous les goĂ»ts, les sentimens et les accidens bizarres des femmes enceintes, qui se rapportent aux phĂ©nomĂšnes habituels de la vie, dont ils ne sont que des modifications ; 3^^ les phĂ©nomĂšnes du fĆtus, parmi lesquels nous nâen conÂŹ naissons pas dâune nature particuliĂšre.
Lâaccouchement consiste : dans les douleurs habituelles de lâenfantement, dans les efforts musculaires de la mĂšre pour lâexpulsion du fĆtus, dans les contractions convulsives de lâutĂ©rus, phĂ©nomĂšnes que lâon ramĂšne k des sensations perçues et a des contractions vitales ; 2^ dans la pression de la poche des eaux, sa saillie , sa rupture , lâĂ©coulement des
phénomÚnes mécaniques 3 dans son mélange avec les
( 9 ) humeurs du vagin, phĂ©nomĂšne chimique ; dans la comÂŹ pression que le fĆtus Ă©prouve, dans sa progression mĂ©canique Ă travers des parties quâil a rompues, a travers dâautres quâil dilate et qui le compriuieni ; dans les changemens de direcÂŹ tion quâil subit jusquâĂ son issue , soit par la torsion et la roÂŹ tation de ses parties, soit par leurs iuliexions qui sont autant dâeffets mĂ©caniques , 3"^ dans ia sĂ©paration du placenta, phĂ©ÂŹ nomĂšne qui rĂ©sulte, et de lu coutrAction de la matrice , et trĂšs-probablement de la mort prĂ©alable des liens organiques du placenta Ă lâutĂ©rus -, 4^ dans celle de rĂ©pichorion et du cordon qui est une sorte de sphacĂšle ; 5*^ dans les lochies, auxquelles se rapportent les sensations, la calorification , les sĂ©crĂ©tions modifiĂ©es dans rutĂ©rus, en sorte que ces lochies ont plus dâun trait de ressemblance avec une inflammation et avec une sĂ©crĂ©tion de pus.
A lâallaitement se rapportent : la fiĂšvre de lait, qui est line modification des sensations, de la calorification, de la circulation, etc., et nâoffre aucun phĂ©nomĂšne dâune nature particuliĂšre; 2* la sĂ©crĂ©tion du lait, qui est un phĂ©nomĂšne vital ; 3Âź la succion de lâenfant, qui est un phĂ©nomĂšne mĂ©ÂŹ canique , provenant du vide opĂ©rĂ© par le nourrisson, de la compression de lâair sur la mamelle, sur le lait tout formĂ© quâelle contient, et probablement de la contraction des vaisÂŹ seaux lactĂ©s.
Lâamour des parens est une passion de lâame et un phĂ©ÂŹ nomĂšne vital.
Le relùchement de nos parties résulte de la diminution de leur cohésion, de leur élasticité et de leurs contractions lentes.
La chute des dents rĂ©sulte de la mort des vaisseaux et nerfs qui sây portent, en un mot, de tous les liens organiques par lesquels ces dents adhĂšrent aux alvĂ©oles, de la disparition de celles ci par la nutrition , de la rĂ©traction simultanĂ©e des gencives. La chute de lâĂ©piderme, des poils, des bois du cerf, des plumes des oiseaux, du fourreau Ă©pidermitfue des serpens, de lâenveloppe extĂ©rieure des crustacĂ©s ou de lâinsecte qui se mĂ©tamorphose, etc., rĂ©sulte aussi de la mort des adÂŹ hĂ©rences organiques par lesquelles ces parties restent fixĂ©es aux tissus sous-jaceiis, et dâune force mĂ©canique par laquelle la sĂ©paration en est opĂ©rĂ©e.
Lâinflammation rĂ©sulte, comme tous les phĂ©nomĂšnes cirÂŹ culatoires , de contractions, de dilatations vasculaires, de rĂ©-
jvistances de la part des vaisseaux et des fluides, de la pro-
( âO )
pression de ceux-ci^ de certains autres phénomÚnes de dou leur, de chaleur, en sorte que rinflamination est un effet trÚs- composé , quoique son mécanisme soit encore enveloppé des ombres du mystÚre.
La cicatrisation est le rĂ©sultat iÂź dhine sĂ©crĂ©tion ; 2Âź de ranimation de son produit et de son adhĂ©sion intime, soit avec la surface libre cutanĂ©e ou muqueuse qui le sĂ©crĂšte, soit avec les deux surfaces contiguĂ«s entre lesquelles il est versĂ©, soit avec les parties au milieu desquelles il est sĂ©crĂ©tĂ© *. A ce phĂ©nomĂšne se rapportent, par consĂ©quent, la rĂ©union d'une plaie, lâadhĂ©sion de deux surfaces sĂ©reuses, la formation da cal, etc.
Tels sont Ă peu prĂšs, je crois, tous les phĂ©nomĂšnes simples auxquels on peut ramener lesefiets compliquĂ©s de l'Ă©conomie. Je vais maintenant les examiner dans un ordre mĂ©thodique et dâune maniĂšre spĂ©ciale.
Je nâai citĂ© en particulier ni les sĂ©crĂ©tions exhalatoires, folliculaires, glandulaires, etc., ni la calorification, ni la rĂ©sistance vitale de nos Ă©lĂ©mens organiques, parce qu'ils sont pour nous autant de phĂ©nomĂšnes simples, puisque nous n'aÂŹ vons sur eux la connaissance dâaucun effet secondaire positif.
PhĂ©nomĂšnes simples, â Ces phĂ©nomĂšnes se sĂ©parent naÂŹ turellement en quatre ordres : ils sont vitaux, mĂ©caniques, physiques ou chimiques.
PhĂ©nomĂšnes vitaux. â Ces phĂ©nomĂšnes 1° ne s'observent que dans les corps vivans, comme la rĂ©sistance que ceux-ci opposent aux forces physiques qui tendent a en sĂ©parer les Ă©lĂ©mens ; 2Âź ils peuvent ĂȘtre dĂ©veloppĂ©s dans ces corps par des actions qui ne sauraient les dĂ©velopper dans aucun des corps inertes, comme lâinflammation locale produite par l'apÂŹ plication de la chaleur a une partie; 3Âź dâautres fois ils sâv maÂŹ nifestent spontanĂ©ment, comme les mouvemens volontaires, tandis que cela n'arrive jamais dans les corps inertes ; 4*" sont variables sous des influences inapprĂ©ciables : ainsi nos impresÂŹ sions changent dâun jour a lâautre, sans cause connue; 5Âź enfin, ils sont rarement assez rĂ©guliers pour que la loi Ă laquelle ils obĂ©issent puisse ĂȘtre exprimĂ©e par le calcul ; en effet, les impressions sâĂ©moussent ou deviennent plus vives, les mouveÂŹ mens sâaffaiblissent ou deviennent plus Ă©nergiques, sans aucun ordre numĂ©rique ni calculable dans les accroissemens ou les
â L'assimilai ion parait pouToir se rĂ©duire aux mĂȘmes Ă©lĂ©mens»
( II ;
dĂ©croĂźsseniens de leur intensitĂ©, de leur promptitude a sâĂ©ÂŹ mousser, Ă sâaifaiblir ou a augmenter dâĂ©nergie.
Il y en a dix-huit genres : G"Ÿ. I. PhénomÚnes de résistance vitale ou d!affinité vi^
taie. â Ils consistent : iÂź dans la rĂ©union des Ă©lĂ©mens organiÂŹ ques, malgrĂ© rinfluencedes forces physiques qui tendent h les dissocier et les dĂ©composent toujours a la mort ; 2Âź dans une certaine tempĂ©rature propre aux ĂȘtres vivans, au milieu dâune atmosphĂšre plus chaude quâeux-mĂȘmes : ce nâest pas par la se/ile Ă©vaporation pulmonaire ou cutanĂ©e quâils rĂ©sistent Ă lâexcĂšs de la chaleur ; nos tissus intĂ©rieurs ont trĂšs-probableÂŹ ment chacun une tempĂ©rature propre, quoiquâil ne sây fasse pas dâĂ©vaporation ; dâailleurs , lorsque la peau est recouÂŹ verte dâun vernis, et quâil ne sâĂ©vapore plus rien Ă sa surÂŹ face, la tempĂ©rature irĂšsĂ©-levĂ©e dâune Ă©tuve ne sây met pas eu Ă©quilibre : assurĂ©ment, ce nâest pas lâĂ©vaporation pulmoÂŹ naire qui sây oppose ; il y a trop de distance de la surface respiratoire Ă la surface des membres, et elles sont sĂ©parĂ©es par des tissus trop peu conducteurs de la chaleur, pour supÂŹ poser quâil sâopĂšre uii refroidissement qui sâĂ©tend rapidement des poumons a la circonfĂ©rence jusquâaux parties les plus Ă©loignĂ©es; cependant, cela devrait ĂȘtre, si tel Ă©tait le mĂ©caÂŹ nisme de celte rĂ©sistance a la chaleur; mais encore, le supÂŹ posĂąt-on , ce ne serait quâune supposition ! 3Âź Ă ces phĂ©noÂŹ mĂšnes de rĂ©sistance vitale rapportons encore la non imbibi- tion des tissus vivans plongĂ©s dans un liquide Ă©tranger ou dans les liquides qui les baignent continuellement. Le dĂ©faut dâimbibition ne tient pas seulement h une constriction insaisisÂŹ sable dans les parties vivantes : quand mĂȘme elles seraient plus contractĂ©es encore aprĂšs la mort, lâimbibitiori sây manifesterait Ă©galement. Il paraĂźt que lâintestin, distendu pendant la vie, ne laisse rien transsuder; cependant il sây opĂšre une transsuÂŹ dation sur le cadavre, lors mĂȘme quâil est plus contractĂ©. La mort, qui suit immĂ©diatement la combinaison de nos tissus avec un corps quelconque, ainsi que nous le voyons lorsÂŹ quâon y applique le feu ou la potasse caustique, marque le triomphe des forces physiques sur la rĂ©sistance vitale : la disÂŹ sociation des Ă©lĂ©mens organiques, qui sâopĂšre bientĂŽt, en est le rĂ©sultat manifeste.
Le phĂ©nomĂšne de la rĂ©sistance vitale est le seul de cette nature qui paraisse avoir lieu dans les fluides ; encore serait-il difficile de dire Ă quel point il sây manifeste ; mais il paraĂźt exister dans la
( ĂźO plupart, car ils sont tous susceptibles de putrĂ©faction hors Je PĂ©conomie : il est vrai qu^il y a beaucoup de circonstances changĂ©es j les humeurs qui font un sĂ©jour prolongĂ© dans nos organes, comme le sang, y jouissent d'un mouvement contiÂŹ nuel , et ne sont pas en contact avec Pair; celles qui y sĂ©ÂŹ journent peu, comme lâurine, la salive, les larmes, le mucus, s'y putrĂ©fieraient trĂšs-probablement, si elles pouvaient y resÂŹ ter partout exposĂ©es Ă l'action de lâatmosphĂšre; aussi, la quesÂŹ tion de la vitalitĂ© des fluides me paraĂźt-elle encore indĂ©cise ^ car ils ne prĂ©sentent aucun des phĂ©nomĂšnes vitaux que nous allons exposer
Ces effets de la rĂ©sistance vitale sont dâune nature bien difÂŹ fĂ©rente de ceux qui vont suivre, et ils sont assurĂ©ment simÂŹ ples pour nous, puisque, dans la rĂ©sistance que nos tissus intĂ©rieurs prĂ©sentent a lâĂ©quilibre de tempĂ©rature comme a Ăźâimbibition, nous nâapercevons qu'un seul et mĂȘme fait.
Il rĂ©sulte de la, que la rĂ©sistance vitale est un apanage des solides vivans, et peut-ĂȘtre, sinon de tous les fluides, au moins du sang et du chyle. On ne saurait dâailleurs anaÂŹ lyser et rĂ©duire cette propriĂ©tĂ© a un principe plus simple.
G'Âź. 2. Sensations. â Ce sont les impressions reçues par nos organes, quâelles soient ou ne soient pas perçues.
Les sensations perçues dont nous avons la conscience sont extĂ©rieures ou intĂ©rieures, gĂ©nĂ©rales, comme un malaise, ou particuliĂšres, comme une piqĂ»re. Elles sont plus ou moins intenses et plus ou moins vives, pĂ©nibles ou agrĂ©ables, touÂŹ jours intermittentes ; quelques-unes sâĂ©moussent ou devienÂŹ nent trĂšs-douloureuses par un exercice trop rĂ©pĂ©tĂ©, et se reÂŹ prĂ©sentent avec les mĂȘmes caractĂšres qu'auparavant, lorsÂŹ quâelles ont Ă©tĂ© suivies dâun repos suffisant ; mais il n'y a auÂŹ cun ordre calculable dans les modifications de leurs caracÂŹ tĂšres : elles sont trĂšs-variĂ©es chez les divers individus.
Elles diffĂšrent beaucoup entre elles, selon les causes qui les mettent en jeu : iÂźIes unes sont produites par des excitans maÂŹ tĂ©riels et physiques : je les nomme sensations physiques ; 2Âź il en est qui sont produites par lâexercice des organes, et non par un excitant physique : ce sont des sensations de fatigue ;
> La gangrĂšne, qui est la mort des parties, est lâinverse de la rĂ©sisÂŹ tance vitale : elle arrive assez frĂ©quemment dans lâĂ©conomie; elle se manifeste toujours dans lâĂ©picliorion, le cordon du fĆtus. La putrĂ©facÂŹ tion, qui la suit, estun phĂ©nomĂšne-chimique ; mais, quoique ce phĂ©ÂŹ nomĂšne suppose la vie, ce nâest quâun effet nĂ©gatif, qui ne peut sa placer dans les phĂ©nomĂšnes vitaux.
( i3 ) 3° dâautres se dĂ©veloppent sous lâinfluence du cerveau ou de ses Ă©motions : je les nomme Ă©motions gĂ©nĂ©rales ; 4â dâautres se dĂ©veloppent spontanĂ©ment sans aucun excitant sensible et apprĂ©ciable : je les nomme spontanĂ©es ; 5Âź dâautres ont lieu spontanĂ©ment et par dĂ©faut dâexcitation : ce sont les besoins physiques.
iâ. Les corps dĂ©veloppent les sensations physiques, soit par leur consistance, soit par leur mouvement, etc., lorsÂŹ quâils sont appliquĂ©s Ă nos organes.
Parmi ces sensations, les unes sont mises en jeu par toutes les propriĂ©tĂ©s gĂ©nĂ©rales, comme par la chaleur, la forme, la consistance des corps. Ces impressions physiques gĂ©nĂ©rales sont : les unes extĂ©rieures : ce sont celles qui se passent Ă notre surface j les autres intĂ©rieures : ce sont celles qui ont lieu dans les organes internes , tel est le sentiment de rĂ©plĂ©- tion de lâestomac, du rectum, de la vessie, etc. Les sensaÂŹ tions extĂ©rieures sâĂ©moussent ou sâexaltent par lâexercice ou par lâhabitude. Le coĂŻt, par exemple, exalte toujoitrs momenÂŹ tanĂ©ment les sensations des organes gĂ©nitaux : il les exalte enÂŹ core par lâhabitude, comme on le voit dans lâanaphrodisie; dâautres fois, enfin, câest la continence qui produit cet effet,
j Les autres le sont par des propriĂ©tĂ©s particuliĂšres , ou, si I lâon veut, par des corps spĂ©ciaux ; la vision lâest par la lu- ! miĂšre, lâaudition par les sons , lâolfaction par les odeurs, la
gustation par les saveurs, et il nây a que ces quatre sortes de sensations physiques spĂ©ciales.
Lâimpression du toucher nâen fait point partie : câest une sensation physique gĂ©nĂ©rale dirigĂ©e par la volontĂ©.
La vision et lâaudition agissent avec beaucoup dâĂ©nergie sur le cerveau : ce ne sont pas elles qui sâĂ©moussent journelÂŹ lement, câest lâimpuissance momentanĂ©e du cerveau qui disÂŹ simule alors leurs fonctions.
Lâexercice et lâhabitude nâĂ©moussent non plus ni la sensiÂŹ bilitĂ© gustative du cuisinier, ni celle du gourmet.
2Âź. Les sensations de fatigue, sans excitant physique, se manifestent dans les muscles qui ont agi pendant un certain temps ; elles peuvent ĂȘtre trĂšs-intenses et trĂšs-douloureuses ; elles sâaccroissent par lâexercice, elles disparaissent par le
repos. 3Ÿ. Les émotions générales se font particuliÚrement sentir
dans la poitrine, au cĆur et a lâestomac, mais quelquefois çlles sâĂ©tendent jusquâaux membres et Ă la peau j ceux-la se
( Ăź4- ) raidissent dans la colĂšre ; celle-ci est glacĂ©e dans la penr. Ce» phĂ©nomĂšnes sont aussi diversifiĂ©s que les passions morales ou cĂ©rĂ©brales qui les mettent sympathiquement en jeu. Les senÂŹ sations peuvent acquĂ©rir une intensitĂ© excessive , ĂȘtre extrĂȘÂŹ mement pĂ©nibles ou agrĂ©ables, et durer sans intermission assez long-temps, comme un chagrin profond. Le plus gĂ©nĂ©ÂŹ ralement, elles ne sont que passagĂšres ou momentanĂ©es, amĂšnent frĂ©quemment Ă leur suite des troubles plus ou moins sensibles, et sont perçues par le cerveau.
4Ÿ. Les sensations spontanées se manifestent partout : ce sont les démangeaisons, les picottemens, les senlimens de brisement, de chaleur, de froid, et toutes les nuances de douleur qui se font spontanément sentir dans les divers points de réconomie.
Elles deviennent trĂšs-intenses dans certains cas, peuvent ĂȘtre plus ou moins long-temps permanentes, intermittentes, sont le plus souvent pĂ©nibles, fatiguent dâautant plus quâelles durent davantage, et peuvent amener le marasme et la mort par leur excĂšs ou leur permanence.
5°. Les besoins ou appĂ©tits physiques sont relatifs a toutes les lonctions qui nous fournissent une impression plus ou moins distincte. Nous avons besoin dâexciter lâestomac par des solides, et de rafraĂźchir la gorge par des liquides ; ce sont lĂ les impressions obscures que rĂ©clament la faim et la soif : nous avons besoin de respirer, dâexercer les muscles et les organes gĂ©nitaux, lorsquâils sont reposĂ©s. Le besoin instinctif que nous avons dâexercer les sens me semble se confondre avec les besoins cĂ©rĂ©braux, car ils ne me paraissent pressaus que pour lâintelligence.
Ces besoins vont toujours croissant jusquâau moment oĂč on les satisfait, et sont tous impĂ©rieux : il nây a guĂšre que celui de la gĂ©nĂ©ration qui puisse sâapaiser par la continence; encore cela ne paraĂźt-il possible que pour certains hommes, et dans des circonstances particuliĂšres, comme dans le cas dâun travail dâesprit continuel, de lâĂ©loignement des femmes, de lâusage dâun rĂ©gime peu substantiel, etc.
On ne saurait rĂ©sister Ă la faim que peu de temps, encore moins h la soif ; au rapport de ceux qui ont Ă©prouvĂ© lâune et l'autre, celle-ci est bien plus pĂ©nible et moins supportable.
Le besoin de respirer est le plus impĂ©rieux de tous. Il nâest pas non plus possible Ă lâhomme de rester immobile au-delĂ dâun certain temps ^ il est instinctivement forcĂ© Ă sâagiter.
_ (_i5 ) Les pandiculations dĂ» rĂ©veii, le cLant matinal du coq, ses ailes qu'il agite , tous ces phĂ©nomĂšnes sont les rĂ©sultats de ce besoin, et, s'il nâĂ©tait satisfait, il dĂ©velopperait la douleur au lieu du plaisir qu'il procure.
Le plaisir est commun a tous ces besoins accomplis. La mort les suit au milieu dâhorribles souffrances, lorsquâils ne le sont pas, et lorsqu'ils le sont, ce n'est que pour un temps ; ils renaissent du repos des organes, mais sans aucun ordre parfaitement exact : les plus rĂ©guliers sont ceux de la respiÂŹ ration et de la digestion.
Les sensations inaperçues sont les impressions qui sont reçues par certains organes, sans que le cerveau en ait la conscience. Ou les reconnaĂźt a des mouvemens non commuÂŹ niquĂ©s, mais dĂ©veloppĂ©s spontanĂ©ment dans les parties qui les Ă©prouvent. Un muscle se contracte sous l'influence de la volontĂ© pendant la vie, sons lâinfluence du galvanisme sur le cadavre : ce ne sont pas des mouvemens communiquĂ©s ; ce muscle est donc irritable. Le cĆur cesse bientĂŽt de se conÂŹ tracter, lorsquâon lie les veines qui sây dĂ©gorgent : lĂšve-t-on les ligatures, il se ranime ; le sang lâa excjtĂ© : il est donc senÂŹ sible, et puisque nous nâen avons pas la conscience, il l'est Ă©videmment a notre insu. Voit-on la mimosa pudica se mouÂŹ voir avec effort, et non passivement sous la main qui la touche, on dit quâelle la ressent ; voit-on la dioiiĆa musci- pula se resserrer au contact de lâinsecte imprudent et lĂ©ger, lâenfermer dans ses feuilles (^Jolia sensibilia iusecta incarceâ- rentia) y lâembrasser et le serrer dâautant plus quâil sâagite, jusquâĂ lâĂ©touffer, on dit que lâinsecte lâirrite, et dâautant plus, quâil sâagite davantage. On rapporte tous ces faits Ă lâirritabilitĂ© hallĂ©rienne ; or, lâirritabilitĂ© de Haller est une propriĂ©tĂ© complexe, qui rĂ©sulte de la facultĂ© de sentir et de celle de se mouvoir.
Mais, me dira-i-on peut-ĂȘtre, quelle ressemblance y a-t-il entre une impression perçue et une impression qui ne lâest pas, et pourquoi confondre des faits si diffĂ©rens? Il y a cette ressemblance, que ce sont Ă©galement des impressions; or, câest pour exprimer cette ressemblance quâon les nomme sensations j mais comme elles diflĂšrent, en ce que les unes sont suivies de la pen eption, autre phĂ©nomĂšne bien distinct, puisque dâailÂŹ leurs il se passe dans un autre organe, et que les autres nâen sont pas suivies, nous les sĂ©parons aussi en sensations perçues et inaperçues : ce langage, ce me semble, peint la nature avec la plus exacte fidĂ©litĂ©.
t
( ) Il résulte de ces phénomÚnes, que les organes sont doués
de la racullĂ© de sentir, on sensibilitĂ©, et comme de leurs senÂŹ sations les unes peuvent ĂȘtre perçues, les autres non perçues, on peut l'exprimer, en rq'outani a l'expression sensibilitĂ© les Ă©pithĂšteset inaperçue^ sans indiquer deux propriĂ©tĂ©s distinctes ; ainsi sensibilitĂ© perçue ne doit sigiiitier autre chose que sensibilitĂ© qui peut ĂȘtre ou est suivie de la percepÂŹ tion , et sensibilitĂ© inaperçue y sensibilitĂ© qui ue peut en ĂȘtre ou n'en est pas suivie.
3. Transmissions sensoriales. âCe sont les transmisÂŹ sions des sensations de nos organes au cerveau : ces effets sont bien distincts des prĂ©cĂ©dons. Les transmissions sensoÂŹ riales sont toujours consĂ©cutives aux sensations ; celles ci en sont les causes, celles-lĂ en sont les effets. Les sensations sont simultanĂ©es, au moins pour nous, dans les points de lâorgane oĂč elles se dĂ©veloppent; ainsi, les divers points de la rĂ©tine dans la vision sont impressionnĂ©s Ă la fois ; les transmissions, au contraire, sont une succession d'effets rapides qui se passent le long des nerfs.
Nous ne voyons pas sans doute ces deux effets sâopĂ©rer; mais lors meme que notre intelligence voudrait se persuader quâils n'en forment quâun, elle ne pourrait sâempĂȘcher de les analyser, parce qu'elle ne peut concevoir comme un ce qui prĂ©sente des diffĂ©rences a lâesprit. Nous ne voyons uuiiĂ© que dans une identitĂ© parfaite; partout oii elle nâexisie pas, les idĂ©es se multiplient. Ces phĂ©nomĂšnes de transmission senso- riale sont dâune rapiditĂ© incommensurable ; ils ne causent aucune fatigue ; au moins n'en Ă©prouve-t-on jamais dans les nerfs qui en sont les organes ; ils ont pour rĂ©sultat la percepÂŹ tion sensoriale, dont ils sont la cause immĂ©diate : nous ne saurions les dĂ©composer en aucun autre effet secondaire.
De ces phĂ©nomĂšnes, je tire lâĂ©vidente consĂ©quence que nous jouissons de la transmissibilitĂ© sensoriale.
Les trois genres qui suivent se rapportent tous au cerveau : ce sont des phénomÚnes cérébraujc.
G'*. 4. Perceptions. â La perception est la conscience ou lâidee des choses ; percevoir et avoir une idĂ©e est le mĂȘme phĂ©ÂŹ nomĂšne : toutes nos idĂ©es sont par consĂ©quent des perceptions.
Elles offrent divers caractĂšres, qui sâexcluent et s'allient diversement, comme nous le verrons bientĂŽt.
Elles sont simples ou composées, physiques ou abs-- traiteSj ou imaginairesy et, quelles qu'elles soient, elles pro-
( n ) viennent : ou dâimpressions actuellement reçues par les sens, et sont des perceptions senso riales ; 2Âź ou dâidĂ©es anÂŹ tĂ©cĂ©dentes, et sont des som^enirs / 3° ou de la facultĂ© que nous avons d enfanter des combinaisons que nous nâavons jaÂŹ mais vues , et sont des imaginations ; 4° ou de la facultĂ© que nous avons de tirer des consĂ©quences, de saisir des rapports et ce sont des jagemens. ^
Nos idĂ©es simples proviennent des caractĂšres simples des corps, de ces caractĂšres quâon ne saurait analyser et dĂ©comÂŹ poser en caractĂšres plus simples, de la longueur, de la largeur, de l Ă©paisseur, de la pesanteur, des phĂ©nomĂšnes simples des corps, par exemple. Klles sont simples, parce que nous ne pouvons pousser notre analyse et nos abstractions plus loin.
Nos idĂ©es des corps sont, au contraire, des conceptions obscures de la rĂ©union de leurs divers caractĂšres en un tout. Elles sont complexes ou composĂ©es, car elles rĂ©sultent de plusieurs conceptions particuliĂšres j mais quâon ne sây trompe pas, les idĂ©es que nous avons des divers caractĂšres des corps, quelque lappiochĂ©es quelles soient, ne sont jamais simulÂŹ tanĂ©es.
^ Je nomme idĂ©es physiques celles qui ont un ĂȘtre tout enÂŹ tier pour objet et non pas un seul de ses caractĂšres. Nous les exprimons dans nos langues par des substantifs, que nous appelons physiques; ainsi, les idees que jâai de Paul, de Pi^âie, etc., sont des perceptions physiques, exprimĂ©es par des Substantifs de meme nom r elles sont toujours composĂ©es.
Les idees abstraites sont les conceptions que nous avons de ce que nous appelons les cafaciÚres, les propriétés, les facul tés, les phénomÚnes des corps. Ces caractÚres, ces propriétés ne sont pas des individus , des existences séparées et dis tinctes des corps, et cependant nous en avons des idées dis tinctes ; c est pour cela que nous les nommons ahstracticms , comme si nous disions, idées tirées des corps ; elles en sont ^ en effet, déduites , et on les conçoit séparément.
Dans la rĂ©alitĂ© cependant, ces corps sout uns et insĂ©parables de leurs caractĂšres , de mĂȘme que leurs caractĂšres sont insĂ©ÂŹ parables d eux ; et comme les caractĂšres des corps sont infiniÂŹ ment plus nombreux que ces corps eux-mĂȘmes, il sâensuit que nos idĂ©es abstraites sont infiniment plus nombreuses que nos idĂ©es physiques : elles sont aussi bien plus Ă©videntes et bien plus claires pour nous, et cependant abstraction et obsÂŹ curitĂ© sont presque synonymes pour bien des hommes.
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( t8 )
Les abstractions sont simples ou complexes. Les abstractions complexes sont génériques ou indivis
duelles. . , , , . «i' Les abstractions complexes génériques sont les idees que
nous nous formons dâun eti e gĂ©nĂ©t ique (lamille, genie , esÂŹ pĂšce) : cet ĂȘtre nâexiste que dans notre esprit, dâaprĂšs les idĂ©es que nous avons dâun ensemble de caractĂšres communs ; ainsi, lâidĂ©e dâarbre est une abstraction complexe et gĂ©nĂ©ÂŹ rique : câest une abstraction , parce que lâidĂ©e dâarbre est la conception de ce que les arbres ont de semblable, comme un tronc avec des branches a lâune de ses extrĂ©mitĂ©s, des racines a lâautre, etc., sans idĂ©es de leurs formes, de leurs direcÂŹ tions particuliĂšres. Or, si lâidĂ©e dâarbre est la conception des caractĂšres communs Ă tous les arbres, le mot arbre nâexprime que lâensemble de ces caractĂšres, et comme cet ensemble nâexiste dans aucun individu arbre sans caractĂšres indiviÂŹ duels, il sâensuit quâil nây a pas dâarbres, ou si lâon veut ^ dâarbres comme genre dans la nature, maisâseulement des arbres individus; car on ne trouve a la fois que dans un inÂŹ dividu arbre lâensemble des caractĂšres communs et des caracÂŹ tĂšres individuels. Cette idĂ©e est complexe^ parce quâelle emÂŹ brasse les idĂ©es des divers caractĂšres communs Ă tous les
arbres. Elle est générique^ parce que les idées de caractÚres com
muns a plusieurs individus forment nos classes, nos genres, nos espĂšces, etc. Ces idĂ©es et celles dâordres, de chapitres, de sous-genres, de tribus, etc., sont toutes des abstracÂŹ tions complexes gĂ©nĂ©riques.
Les abstractions complexes indwidaelles sont les idĂ©es . abstraites composĂ©es que nous avons de certains caractĂšres complexes dâun corps. Je dis quâun caractĂšre est complexe, lorsquâil se compose dâune disposition que nous concevons ĂȘtre le rĂ©sultat de plusieurs dispositions plus simples. Ainsi lâĂ©tendue rĂ©elle dâun corps, que nous concevons comme le rĂ©ÂŹ sultat de trois modes dâĂ©tendue diffĂ©rens et insĂ©parables dans ce corps, est un caractĂšre complexe, et lâidĂ©e qui en rĂ©sulte est une idĂ©e complexe. Elle est abstraite, car l Ă©tendue de ce corps nâexiste pas par elle-mĂȘme.
Elle est individuelle, parce quâelle nâest relative quâĂ lâĂ©tenÂŹ due dâun individu : si elle Ă©tait relative Ă 1 Ă©tendue en gĂ©nĂ©ral, ce serait une abstraction complexe gĂ©nĂ©rique.
Les idĂ©es de la forme , de la structure particuliĂšre dâun corps sont aussi des abstractions complexes individuelles.
( 19 ) Les abstractions simples sont les idées que nous avons
des propriétés ou des caractÚres simples des corps, comme de la blancheur, de la pesanteur, etc.
Les perceptions sensoriales sont directement et immĂ©diaÂŹ tement consĂ©cutives Ă mie sensation , quelle qirelle soit. On pourrait les subdiviser dâaprĂšs ces sensations elles-mĂȘmes. Ces idĂ©es sont toujours simples et abstraites. Nous verrons bientĂŽt que lâidĂ©e complexe des corps ne nous vient pas imÂŹ mĂ©diatement par les sens, et que câest un jugement.
Les premiĂšres, toujours simples, ne nous arrivent jamais quâune Ă une, car nous nâacquĂ©rons et nâavons jamais a la fois quâune idĂ©e dans lâesprit. Ainsi, voyons-nous un objet pour la premiĂšre fois, nous prenons successivement connaissance de chacune de ses propriĂ©tĂ©s, et il nây a que ces idĂ©es qui nous viennent par les sens : ce sont lĂ les seules perceptions directement consĂ©cutives Ă nos sensations et nos seules idĂ©es primitives; elles dĂ©rivent toutes de nos impressions, et se rapportent en derniĂšre analyse au monde matĂ©riel.
Les perceptions de la mĂ©moire et de lâimagination dont je vais parler se dĂ©veloppent spontanĂ©ment dans le cerveau, ou sous la seule influence de cet organe, comme lorsquâon se ressouvient ou quâon imagine. Une influence extĂ©rieure peut bien y disposer, mais non les produire; elle ne donne lieu quâa une perception sensoriale.
Les idĂ©es spontanĂ©es tendent continuellement a se dĂ©veÂŹ lopper dans la veille et trĂšs-frĂ©quemment dans le sommeil. La tendance du cerveau a retomber spontanĂ©ment dans cet Ă©tat dâactivitĂ© est telle que, pendant la veille, il se ressouÂŹ vient et imagine irrĂ©sistiblement sâil nâĂ©prouve aucune sensaÂŹ tion physique qui dĂ©tourne son attention. Je ne saurais mieux exprimer celte tendance que par cette expression mĂȘme. Quoi quâil en soit, les perceptions ou les idĂ©es spontanĂ©es, pour ĂȘtre analogues , ne sont pas identiques.
Les unes sont des som^enirs, les autres des imaginations. Les souvenirs sont des idées éprouvées antécédemment,
qui se manifestent de nouveau, sans le secours de la sensa tion dont ils dérivent primitivement. Il y en a de deux sortes assez différentes ; ce sont : les souvenirs de sensations passées et d'idées antérieures,
La rĂ©miniscence de ce que nous avons vu ou entendu , de ce qui a frappĂ© notre odorat, notre goĂ»t ou notre sensibilitĂ© gĂ©nĂ©rale, voila des souvenirs de sensations. De tous, câest
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( 20 ) incontestablement de ceux de la vue et de Pouïe que nous conservons la mémoire la plus exacte et la plus duiable. ^
Les souvenirs dâidĂ©es sont les rĂ©miniscences des peusees que nous avons recueillies, soit dans un entretien familier, soit dans un discours oral, soit dans une lecture. Si par lâobserÂŹ vation dâun fait actuel nous arrivons a une consĂ©quence que nous pouvons avoir lue dans un ouvrage, et depuis oubliĂ©e, ce nâest pas la mĂ©moire qui nous la fournit, mais le juge-
ment. , ,. , Les imaginations sont des conceptions dâun assemblage de
cboses quâon nâa jamais observĂ©es ainsi rĂ©unies dans la naÂŹ ture , mais dont tous les Ă©lĂ©mens sây trouvent, en sorte qu il nây a de nouveau que lâarrangement, lâĂ©tendue de cel arranÂŹ gement , sa forme, et quelques autres caractĂšres de 1 enÂŹ semble. Ainsi, lâidĂ©e dâun animal qui, Ă une tĂȘte, un cou et des ailes de vautour, joint un tronc, une queue et des jambes de lion, est assurĂ©ment une imagination ; car avec des parties puisĂ©es,dans diffĂ©rons animaux on forme un systĂšme qui u a jamais Ă©tĂ© vu dans lâunivers, mais oĂč lâon en trouve tous les elĂ©mens. INos imaginations sont diversifiĂ©es a lâinfini. Je nâen donnerai pas une analyse scrupuleuse et dĂ©taillĂ©e.
Il me suffit de faire observer quâon iiâa, sous un rapport, que deux sortes dâimaginations : iÂź des imaginations de sysÂŹ tĂšmes matĂ©riels , 2â des imaginations de pĂ©hnomĂšiies, dâĂ©ve- neinens, etc., parce que notre esprit ne conçoit que des comÂŹ binaisons de matiĂšre et dâelfets, et que toutes ses idĂ©es dĂ©ÂŹ coulent de cette double source : aussi se persuade-t-on en vain quâon peut concevoir un esprit. Je suis, comme Locke,
persuadé du contraire. Les imaginations sont consécutives aux perceptions senso-
riales ou aux sooveuiis, et en sont bien distinctes, puisque ce sont des idĂ©es dâune combinaison quâon nâa jamais aperçue : rimagiualion fournit aussi des idĂ©es Ă la mĂ©moire, en sorte
I quâil est des souvenirs dâimaginations. ^ , 1 âą Les consĂ©quences ou tes jugemens sont des IdĂ©es dâanalogie,
dâideoiite, de ressemblance, de diffĂ©rence, certains rapports saisis entie deux on plusieurs idĂ©es, quâelles soient ttes perÂŹ ceptions sensoriales, des souvenirs ou des imaginations. INous jngoons tontes nos irlees ^ et nous apprĂ©cions nos jugemens inojncs, loi\â-qne nous raisonnons. \ oyoĂŻis-iious une Ă©tenuiie lim.ßée en k>nguenr, en largeur, en liautour, une couleur parÂŹ ticuliĂšre qUi accompagne ces trois dimensions et les distingue
( 21 ) du milieu oĂč nous les observons, nous voyons successivemenf les rapports qui existent entre ces dimensions et cette couÂŹ leur, nous acquĂ©rons successivement ces idĂ©es simples, absÂŹ traites et sensoriales, et de ces idĂ©es, nous en coiicluon& rexistence d'un corps; et cette perception nouvelle, qui dĂ©ÂŹ coule d'idĂ©es prĂ©liminaires, nous arrive en quelque sorte malgrĂ© nous : câest une consĂ©quence ou un jugement.
En mĂȘme temps que nos jngemeiis sont des consĂ©quences involontaires, ils sont les mĂȘmes chez tous les hommes , toutes circonstances Ă©tant Ă©gales tVailleurs. Ainsi, lorsque nous avons les mĂȘmes notions sur une matiĂšre, nous tombons dâaccord et câest prĂ©cisĂ©ment par cette propriĂ©tĂ©, qui nous> est commune Ă tous^ que nous reconnaissons la vĂ©ritĂ©, lorsÂŹ quâelle nous est dĂ©voilĂ©e avec tous ses caractĂšres, et que nous les avons tous prĂ©sens a l'esprit. La diffĂ©rence,de nos juge- mens ne dĂ©pend nullement de la facufiĂ© que nous avons dâaÂŹ percevoir une consĂ©quence : celle ci nous frappe tous Ă©galeÂŹ ment , lorsque les mĂȘmes notions premiĂšres , les mĂȘmes motifs nous dirigent actuellement, et nos discordances a cet Ă©gard dĂ©pendent toujours de nos premiĂšres idĂ©es, qui sont actuellement diffĂ©rentes, ou des passions qui nous Ă©garent ; en un mot, toutes nos consĂ©quences sont dans un juste rap^- port auecces idĂ©es pj emiĂšreSj dont elles dĂ©nient ; et par cela mĂȘme quâelles nous frappent malgrĂ© nous, nous ne pouvons les modifier quâen agissant sur ces notions premiĂšres. VouÂŹ lons-nous bien juger un acte compliquĂ©, rassemblons tous les faits nĂ©cessaires, et ne prononçons qu'eu les pesant tous avec le plus grand soin et lĂ©quitĂ© la plus sĂ©vĂšre; mais, que par ignorance, par irrĂ©flexion, ou par passion, nous dĂ©ciÂŹ dions, sans tenir aucun compte dâun-ou de plusieurs de ces faits , il est trĂšs-probable que nous tomberons dans l erreur : telles sont les sources des opinions opposĂ©es des hommes, et tel est le mĂ©canisme de la discordance si frĂ©quente de leurs jugemens.
Les jugemens sont aussi simples quâils peuvent lâetre, lorsÂŹ qu'ils nâont pour objet quâun rapport entre deux idĂ©es simÂŹ ples, comme entre deux longueurs, deux couleurs dilfĂ©- renies.
Ils sont complexes, lorsquâils consistent a saisir plusieurs rapports entre plusieurs objets.
JN'os idées physiques sont toujours complexes. INos abstractions complexes génériques et nos abstrac-
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tiojis indwiduelles composĂ©es sont aussi des jugemens compoÂŹ sĂ©s, en meme temps que des abstractions : ce sont des jugemens abstraits complexes gĂ©nĂ©riques et individuels. Les idĂ©es que nous avons des facultĂ©s, des forces, des propriĂ©tĂ©s que iioUvS dĂ©duisons des phĂ©nomĂšnes des corps, et non de ces caractĂšres matĂ©riels, en quelque sorte immuables, dont s'occupe lâanaÂŹ tomie, par exemple, dans les corps organisĂ©s, sont des conÂŹ sĂ©quences abstiaites dâune autre espĂšce.
t.e jugement offre^ de son cĂŽtĂ©, une nouvelle source dâidĂ©es a la mĂ©moire et Ă lâimagination, en sorte que nous avons des souvenirs et des imaginations qui reposent sur des idĂ©es de jugemens. Le jugement apprĂ©cie aussi les idĂ©es de la mĂ©moire et de lâimagination ; câest par la comparaison secrĂšte quâil Ă©tablit entre une rĂ©miniscence et une idĂ©e antĂ©rieure, quâil la reconnaĂźt aussitĂŽt pour un souvenir.
Tels sont les phĂ©nomĂšnes ou les idĂ©es simples auxquels ou peut rallier tous ceux de la perception. Lâattention quâon y a ra})porßée nâest quâun Ă©tat particulier de Vanie, qui ne conÂŹ çoit pas dâidĂ©es, mais dispose a la conception dâune de celles que j'ai indiquĂ©es, et les rend constamment plus justes et plus exactes. La rĂ©flexion nâest pas non plus une facultĂ© qui perçoive des idĂ©es particuliĂšres, ce nâest que lâactivitĂ© souÂŹ tenue de la perception, ce nâest que penser.
Toutes nos conceptions, comme lâa observĂ© Locke, dĂ©riÂŹ vent des idĂ©es primitives que nous ont fournies les sensations. En effet, les souvenirs sont des rĂ©miniscences de sensations, ou dâidĂ©es qui en dĂ©rivent Ă©galement 5 les imaginations sont des combinaisons dâĂ©lĂ©meiis que les sens nous ont seuls fait connaĂźtre , ou de pensĂ©es qui se rapportent toujours aux idĂ©es sensoriales ; les jugemens sont des consĂ©quences dĂ©ÂŹ duites des idĂ©es quâavaient primitivement fournies les sens-, ou les souvenirs et les imaginations.
Malgré leurs nuances trÚs-variées, les perceptions ne for ment que quatre groupes distincts, que je représente ici avec leurs caractÚres :
IŸ. Idées sensoriales : perceptions qui nous viennent par les sens, et sont a la fois simples, directes et abstraites.
2Âź. Soweiiirs : perceptions spontanĂ©es dâune sensation ou dâune idĂ©e antĂ©rieure. Ils sont simples ou complexes, physiÂŹ ques ou abstraits, comme lâidĂ©e, dont ils ne sont que la rĂ©miÂŹ niscence.
3â. Imaginations : conceptions originales pour lâesprit qui
( 25 ) les enfante, de combinaisons matĂ©rielles, ou de combiitai- sons dâĂ©vĂ©nemens et de phĂ©nomĂšnes, dont les Ă©lĂ©mens sont des idĂ©es qui se rapportent aux autres groupes.
4°- Jugf^mens : rapports saisis entre deux ou plusieurs choses, consĂ©quences qui peuvent ĂȘtre simples ou complexes, physiques ou abstraites, et dĂ©couler des autres groupes dâidĂ©es.
Ces quatre groupes de perceptions se rapportent a une mĂȘme facultĂ© intellectuelle, la perceptibilitĂ©^ mais chacun en particulier peut ĂȘtre rattachĂ© Ă quatre modifications de la mĂȘme facultĂ©, savoir : Ă la perceptibilitĂ© sensoriale, a la mĂ©ÂŹ moire, Ă lâimagination, au jugement.
G"°. 5. Emotions cĂ©rĂ©brales. âCe sont des Ă©tats de lâintel- ligence, qui consistent dans une sorte de sentiment, dâagitaÂŹ tion et de mouvement, et non dans une perception quelÂŹ conque : ainsi.une Ă©motion nâest pas une idĂ©e. Jâai prĂ©fĂ©rĂ© celte expression gĂ©nĂ©rique au mot passion, parce que le sens en est plus Ă©tendu, et quâil sâapplique avec plus dâexacÂŹ titude Ă tous les phĂ©nomĂšnes de ce genre. Les Ă©motions sont excessivement variĂ©es, et leurs nuances sont si fuÂŹ gitives, quâil est trĂšs-difficile de les bien saisir, et par consĂ©ÂŹ quent de classer ces Ă©motions dâune maniĂšre naturelle. Voici mes premiĂšres tentatives h cet Ă©gard \ jâen forme treize groupes :
1°. Emotions (Vattention : tension des facultĂ©s perceptiÂŹ bles, qui favorise beaucoup les idĂ©es , les rend plus exactes et plus durables : on les a faussement rapprochĂ©es des perÂŹ ceptions. Lâattention nâest pas une idĂ©e; elle a lieu dans l'acÂŹ tion de regarder, dâĂ©couter, de flairer, de goĂ»ter, de toucher.
2Ÿ. Emotions de plaisir : sentimens agréables que tout le monde connaßt.
3Âź. Emotions de peines : sentimens de gĂȘne, plus ou moins insupportables.
4â. Emotions de dĂ©sirs., ou besoins moraux : impulsion plus ou moins prononcĂ©e vers un objet, dont le rĂ©sultat effecÂŹ tif amĂšne le plaisir, et dont le rĂ©sultat nĂ©gatif amĂšne la peine : faite de la douleur, dĂ©sir des plaisirs sensuels (^gourmandise) , de Vunion des sexes, de la possession des richesses, des honneurs {ambition), etc., des biens de quelquun en particulier {envie); dĂ©sir de connaĂźtre cer-
laines choses {curiosité).
C ^4 ) 5 ..Emotions d'aversion ou de dégoût : elles sont oppo
sĂ©es aux prĂ©eedeii tes. â
6 . Emotions de volontĂ© : Ă©motions par lesquelles nous e.7cigeons et commandons, pour ainsi dire. Ce tm sont assu- renieut pas des dĂ©sirs, quoique le plus souvent elles leur soient consĂ©cutives; telles sont : la volontĂ©, \'entĂȘtement,
\ opiniùtreté, le despotisme et le caractÚre impérieux eu activité.
Celte espĂšce d Ă©motion, quâon a rapportĂ©e aux idĂ©es, en la regardant comme une des facultĂ©s de penser, nâest pas plus une perception que les autres Ă©motions ; ce nâest aussi qu'une sorte de mouvement intellectuel.
Cependant la volontĂ© agit sur les facultĂ©s de lâintelligence : ^ d examiner par quel mĂ©canisme; il me suTiit d indiquer que câest le plus souvent en mettant eu jeu l ailention , qui est une autre Ă©motion.
^ . Emotions de conjiance y en soi ou en autrui : i° or^
gneil, audace, courage, assurance, espoir, etc. ; bonne- joi, française, sincérité, etc.
^ 8 . Emotions de méfiance : doute, crainte, frayeur,
etomiement, sentiment de respect, d'admiration, de mo-
estie, timidité y honte, etc. Ajoutez-y, comme assez analo- guts, ko émotions dey?mo?e/^ce, de^^/^e, à 'hypocrisie, etc.
y âą Emotions f Irritation : impatience, colĂšre , fuivur ;
e es sont caractérisées par des agitations, des mouvemens musqués, par une irritation morale plus ou moins pénible.
10 . Emotions de gaité : agitations plus vives que brus ques , excitations morales agréables, joie, etc.
11 . Emotions de tristesse : abattement moral; tristesse, mélancolie,, etc.
I2â. Emotions dâattachement : amour, amitiĂ©, Ă©gdisme
humanitĂ©. Jlanprochez-en la compassion, qui est un sentiÂŹ ment inĂ©ie de peine, dâintĂ©rel et dâattachement pour lâĂ©tie qui la lait connaĂźtre.
J 3â. Emotions de haine : haine.
Sans doute, Ă ces treize premiers groupes, on pourra en ajouter d autres; mais je crois que câest la seule marche a suivre dans la classification des Ă©motions cĂ©rĂ©brales. Toutes les grandes divisions se plient difficilement aux nuances de la nature, et câest pour cela que les naturalistes ont multipliĂ© les leurs sous le nom de familles.
G . 6. Calme cĂ©rĂ©bral. â Etat passif de tranquillitĂ©, lâia-
( 25 ). verse des Ă©motions. On Ta comparĂ© a la sĂ©rĂ©nitĂ© de lâatmoÂŹ sphĂšre qui nâest pas agitĂ©e par les vents, et a la surface polie dâune mer tranquille.
De ces divers Ă©tats dâagitation ou de calme moral, nous pouvons dĂ©duire autant de facultĂ©s vitales simples. Câest de la permanence plus ou moins soutenue , de la frĂ©quence , de lâintensitĂ©, etc., des phĂ©nomĂšnes de lâintelligence, des Ă©moÂŹ tions et du calme cĂ©rĂ©bral, que nous nous formons les idĂ©es des caractĂšres intellectuels ou moraux des individus : ils/re- sultent, par consĂ©quent, du genre dâesprit, du gĂ©niĂ©Wdes passions liabiluelles de chacun.
Remarques sur les phénomÚnes cérébraux. Ces phéno mÚnes , que nous avons passés rapidement en revue dans les trois genres piécédens, offrent des intermittences et des mo difications fort remarquables dans le sommeil.
TantĂŽt ces intermittences sont complĂštes j le sommeil est entier : nous nâavons aucune idĂ©e, aucune Ă©motion, il nây a plus de moi, et lâentendement repose dans un calme parÂŹ fait. TantĂŽt, au contraire, lâesprit pense, et sa sĂ©rĂ©nitĂ© nâest obscurcie par aucun nuage j tantĂŽt, enfin, en meme temps que lâesprit sâabandonne a ses pensĂ©es, il est agitĂ© dâĂ©motions violentes. Ce sont ces pliĂ©nomĂšnes quâon appelle songes ou. rĂȘves; leur analvse met en Ă©vidence les modifications des phĂ©nomĂšnes cĂ©rĂ©braux dans le sommeil.
Les perceptions sensoriales ont lieu dans cet Ă©tat. Nous rĂ©pondons aux questions quâon nous fait, et par les expres- gions mĂȘme de lâinterlocuteur, ce qui prouve que nous enÂŹ tendons ; nous pouvons distinguer les objets dans le sorn- uambuiisme, les Ă©viter ou nous en approcher a notre grĂ© , les toucher et les reconnaĂźtre, Ă©prouver avec conscience des sensations spontanĂ©es, des malaises, des besoins physiques. Cependant ces perceptions sont obscures et plus ou moins inexactes selon les cas, mais en gĂ©nĂ©ral fort imparfaites; elles ne peuvent quâĂ©garer le jugement, qui est toujours en raison des idĂ©es dâoĂč il dĂ©rive, comme nous lâavons prouvĂ©. Les influences qui les mettent en jeu sont frĂ©quemment la cause dĂ©terminante des songes, et modifient toujours ceux-ci lorsquâils ont dĂ©jĂ lieu. ^
Les souvenirs sont trĂšs-frequens dans les songes; on croit voir, entendre, loucher ; il nâeu est rien. On mĂ©connaĂźt ces souvenirs ; on se rappelle aussi souvent avec plus d Ă©nergie, dâexactitude et de vĂ©ritĂ© diverses idĂ©es, des vers, un frag-
( 26 ) ment dâauteur, par exemple, dont on ne saurait se ressouÂŹ venir dans la veille. Câest ce quâon a observĂ© chez certains somnambules qui se sont Ă©tonnĂ©s de ce quâils avaient rĂ©citĂ© pendant le sommeil. Mais les souvenirs ne sont pas toujours P Ăšs-ex.'icts, ce ne sont souvent que des idĂ©es obscures et incomplĂšies de ce quâon a senti, ou des idĂ©es quâon a Ă©prouÂŹ vĂ©es auiĂ©cĂ©demment. Les sensations qui nous ont fortement frappĂ©, ou qui sont encore trĂšs-rĂ©centes, se reprĂ©sentent souÂŹ vent en songe : nous voyons la tĂȘte dâun criminel tomber sous le glaive de la loi, nous en sommes vivement Ă©mus 5 dans le sommeil ce hideux tableau se reprĂ©sente a nos yeux, et nous frissonnons dâhorreur. Une beautĂ© nous a touchĂ© ; son image nous suit dans les bras du repos. Une sensation actuelle provoque aussi nos ressouvenirs , quelquâinexacte que soit lâidĂ©e sensoriale quâelle dĂ©termine : un militaire enÂŹ dormi entend-il le tambour ou le canon Ă lâoccasion dâune fĂȘte, il se croit Ă une bataille oĂč il a assistĂ©, et tous les Ă©vĂ©- nemens sâen dĂ©roulent a son esprit, etc.
Lâimagination est trĂšs-frĂ©quemment en activitĂ© dans les songes, et son activitĂ© est prodigieuse. Nous croyons assister Ă une piĂšce jusquâĂ la fin ; nous lâavons par consĂ©quent comÂŹ mencĂ©e, achevĂ©e tout entiĂšre et en peu de temps, pendant notre sommeil; nous avons une foule dâidĂ©es, de combuiai- sons matĂ©rielles bizarres, ou dâĂ©vĂ©nemens impossibles. Nous sommes ici dâabord, et bientĂŽt nous sommes a cent lieues au- delĂ , sans nous apercevoir du changement de la scĂšne; nous avons aussi dfs imaginations dâune grande justesse et dâun goĂ»t exquis. On a vu des somnambules incapables de rĂ©souÂŹ dre un problĂšme dans la veille, et le trouver rĂ©solu a leur lever, ou un poĂšte achever des vers qui lâarrĂȘtaient depuis longÂŹ temps.
Le jugement, dans les songes comme dans la veille, est toujours en rapport avec les idĂ©es dont il est la consĂ©quence: soit donc une perception sensoriale, un souvenir inexact, une imagination bizarre et impossible Ă rĂ©aliser, il les admet comme rĂ©els : la consĂ©quence est fausse, mais elle est en rapport avec lâidĂ©e ou les idĂ©es dâoĂč elle dĂ©rive; il croit voir, entendre, toucher, en un mot sentir, lorsquâil nâĂ©prouve quâun souvenir. Il se trompe, parce que les sens ne lui prouÂŹ vent pas la nullitĂ© de lâexcitant que la mĂ©moire lui prĂ©sente avec dâautant plus dâĂ©nergie que lâinfluence des souvenirs nâest neutralisĂ©e par aucune sensation.
( 27 )
La mĂ©moire offre successivement au vo3ââageur lâidĂ©e de PAraĂ©rique et de lâAfrique ; son imagination rapproche et unit les Ă©vĂ©nemens qui Pont frappĂ© a des distances si diffĂ©ÂŹ rentes. Lâintelligence nâaperçoit que ces Ă©vĂ©nemens ; les disÂŹ tances de temps et de lieu sont milles pour elle; le jugement admet la rĂ©alitĂ© de ce qui est impossible, parce que la perÂŹ ception des souvenirs dans les songes est le plus souvent inexacte, et nâaperçoit quâun cĂŽtĂ© des objets.
Les sensations, les pensĂ©es^ peuvent dĂ©terminer toutes sortes dâĂ©motions pendant le sommeil.
Enfin, lâentendement peut reposer dans le calme le plus parfait au milieu des Ă©vĂ©nemens les plus propres Ă lâĂ©pouÂŹ vanter pendant un songe.
Observons, eu finissant, que nous conservons a notre rĂ©veil la mĂ©moire de la plupart des songes, et qu il en est dâautres dont nous perdons le souvenir ; en gĂ©nĂ©ral nous opus rapÂŹ pelons les Ă©vĂ©nemens auxquels nous avons participĂ© avec conscience, soit comme acteur, soit comme spectateur , et nous oublions les scĂšnes auxquels nous avons jouĂ© un rĂŽle plus ou moins fatigant a notre insu.
Ainsi, nous transportant en idĂ©e a un spectacle , nous participons ou croyons participer avec conscience a des scĂšnes que notre imagination invente, nous sommes Ă©mus dâune foule de sentimens divers, et la mĂ©moire en reproduit au rĂ©veil lâimpression conservĂ©e; quâau contraire unsomnam- J)u!e se transporte en rĂ©alitĂ© dans un lieu , quâil rĂ©ponde aux personnes qui lâinterrogent, se tourmente, sâagite sans Ă©moÂŹ tion rĂ©elle, compose un Ă©crit, rĂ©solve un problĂšme; ces Ă©vĂ©nemens lui sont, pour ainsi dire, Ă©trangers, il n en a quâune conscience si imparfaite quâil ne sây croit pas prĂ©sent; aussi ne se les rappelle-t-il pas, et ne doit-il pas se les rappeler
Ă son rĂ©veil. G'Âź. 7. Trcinsmissiojis volitioiiuelles. â Les nerfs nous ol-
frent un genre de phĂ©nomĂšnes que l on ne saurait confondre avec les transmissions sensoriales, bien quâils se passent dans les mĂȘmes organes , bien que ce soient aussi des phĂ©nomĂšnes de transmission; ce sont les transmissions des volitions : elles diffĂšrent de celles des sensations par leur origine, par le sens de leur propagation, et autant quâune volition s Ă©loigne dâune sensation. Ainsi, quoique ces deux phĂ©nomĂšnes pre- senient un trait frappant dâanalogie dans leur caractĂšre de transmission j nous concevons nĂ©cessairement deux propriĂ©tĂ©s
( 28 ) simples dans les nerfs, la transmissibilitĂ© sensorlaley et la transmissibilitĂ© voliiionnelle, ou seulement une propriĂ©tĂ© Ă Q transmissibilitĂ© qui est complexe et se dĂ©compose en deux propriĂ©tĂ©s plus simples ; ce sont celles que jâai indiquĂ©es , et les rĂ©sultats sont les mĂȘmes.
8. Contractions vitales. â Ce sont des raccourcisse- niens de fibres dans un sens, tandis quâelies augmentent dans dâautres.
Parmi les contractions, il en est de subites, comme celles du cĆur , des muscies volontaires, lorsquâils obĂ©issent Ă la volontĂ© , des intestins , etc.
Mais il en est dâautres qui sâopĂšrent lentement j elles ont Ă©tĂ© trop souvent confondues avec lâĂ©lasticitĂ© des organes : telles sont celles de la peau contractĂ©e par le froid , de la peau et des muscles coupĂ©s qui se contractent lentement ei au- delĂ de leur premier mouvement de rĂ©traction, qui est un phĂ©ÂŹ nomĂšne dâĂ©lasticitĂ©; telles sont encore celles des altĂšres, des veines resserrĂ©es jusquâĂ effacer leur cavitĂ©; celles dâoĂč dĂ©pend la fermetĂ© des organes vivans ; la raideur des cadavres , opposĂ©e h la flacciditĂ© qui la suit dans toutes les parties molles.
Ces contractions lentes se distinguent de lâĂ©lasticitĂ©, iÂź par leurs effets, qui sont portĂ©s Ă un plus haut degrĂ© que ceux de 1 Ă©lasticitĂ© , comme on le voit dans les vaisseaux, qui se resserrent peu Ă peu complĂštement lorsquâils sont vides ; 2 par la lenteur de leur action qui, abandonnĂ©e Ă elle-mĂȘme^ prolonge long-temps ces effets, tandis que lâĂ©lasticitĂ© qui nâa plus d entraves agit subitement, aiitaut quâelle peut; 5â par leur disparition aprĂšs la raideur cadavĂ©rique , au moment de la flacciditĂ©, tandis que lâĂ©lasticitĂ© subsiste seule, et ne dispaÂŹ raĂźt que par la putrĂ©faction.
Les contractions sont volontaires, ou en partie soumises à la volonté, ou involontaires.
Les contractions volontaires succĂšdent Ă la volontĂ© qui les dĂ©termine : telles sont celles de nos muscles ; elles sont en rapport jusquâĂ un certain point avec lâiiUensitĂ© et la durĂ©e des voĂ»tions; elles sont vives, subites, nĂ©cessairement inÂŹ termittentes, et produisent, par leur exercice trop soutenu ou trop actif, le sentiment de fatigue; ce sentiment en sâaccroisÂŹ sant amĂšne la douleur et lâimpuissance des contractions.
Ces contractions offrent entre elles des harmonies fort
( 29 ) [ singuliĂšres ; ainsi, il est difficile de frotter sa poitrine dâune ! main tandis quâon la frappe de lâautre, et il est certains inou-
veinens inverses quâil est absolument impossible, au moins [ sans un long exercice, de pouvoir exĂ©cuter ; il serait peut-
ĂȘtre impossible de diriger a la fois ses deux yeux eu deÂŹ hors , etc.
Les contractions en partie soumises a la volontĂ© sâobserÂŹ vent dans le pharynx. )
Le pharynx, comme Ta observĂ© M. Magendie, paraĂźt ne pouvoir exercera vide des mouvemens de dĂ©glutition; ce nâest assurĂ©ment point [)ar un sentiment de fatigue, car nous nâen Ă©prouvons pas le moins du monde alors dans cet organe.
Les contractions involontaires agissent presque continuelÂŹ lement, et cependant elles nâentraĂźnent jamais le sentiment de fatigue; telles sont les contractions du cĆur, qui ont lieu pendant toute la vie a des intervalle^ fort rapprochĂ©s.
Parmi toutes ces contractions les unes sont sensibles, telles sont celles du cĆnr, de lâĆsophage, des intestins, de lâiitĂ©- rus : parmi celles-ci il en est de subites et de lentes. Les antres sont insensibles, telles que celles des capillaires ; elles sont trĂšs-probablement inapercevables , parce que les organes qui les prĂ©senieui Ă©chappent aux yeux; mais elles sont prouvĂ©es par les effets quâelles dĂ©termine«it. Ainsi les mouvemens proÂŹ gressifs des fluides absorbĂ©s sur les diffĂ©rentes surfaces, ne peuvent sâopĂ©rer que sous lâinfluence des contractions des capillaires veineux ou lymphatiques qui les absorbent. Ce nâest pas le cĆur qui a pu les pousser dans ces vaisseaux, puis.- quâils ont Ă©tĂ© absorbĂ©s; ce nâest pas un phĂ©nomĂšne de capilÂŹ laritĂ© : il cesse sur le cadavre avant la dĂ©sorganisation â ; et dâailleurs les absorptions et la circulation capillaire ont tous les caractĂšres des phĂ©nomĂšnes vitaux. Il se pourrait que ce fĂ»t par la capillaritĂ© que le fluide sâengageĂąt dâabord dans lâorifice absorbant; mais assurĂ©ment il nây circule que sous lâinfluence active de ses parois.
Ces contractions sont, au reste, fort peu connues ; on a cependant fait a leur égard beaucoup de suppositions que le raisonnement réprouve.
Il résulte de ces faits que les organes susceptibles de con-
« On trouve louiours, dans le pĂ©ritoine, une petite quantitĂ© de sĂ©ÂŹ rositĂ© qui i/a point Ă©tĂ© absorbĂ©e depuis la mort; elle provient de lâexhalation qni a persistĂ© aprĂšs lâabsorption. 11 y a toujours aussi de la synovie dans les grandes articulations, etc.
I
( 3o ) traction sont douĂ©s de contractilitĂ©, que cette facultĂ© peut agir lentement et ĂȘtre lente^ ou agir subitement et ĂȘtre subite; que cette propriĂ©tĂ© peut ĂȘtre mise en jeu par la volontĂ© dans certaine parties, et ĂȘtre volontaire^ ou en ĂȘtre indĂ©pendante, et ĂȘtre involontaire.
Je ne pense pas qu'on puisse admettre une contractilitĂ© insensible et sensible , parce que si les contractions sont telles, cela provient trĂšs-probablement du volume des orÂŹ ganes, et non dâun caractĂšre particulier dont nous ayons la connaissance.
G'Âź. 9. Ejcpansions vitales. â Les expansions vitales sont des phĂ©nomĂšnes inverses des contractions* ils consistent dans Faugmentation active d'Ă©tendue des parties qui les Ă©prouvent ; tels sont les rĂ©trĂ©cissemens de la pupille par l'augmentation de r iris vers son centre; la dilatation active des oreillettes et des ventricules du cĆur; la turgescence du mamelon, de la verge, du clitoris. Ces expansions sont sensibles et Ă©nerÂŹ giques. Sâil en est d'insensibles dans les capillaires et les bouÂŹ ches absorbantes, nous nâen avons aucune preuve positive; elles sont subites et vives dans le cĆur, plus lentes dans la verge, le mamelon, le clitoris ; elles se rapportent Ă lâex- pansibilitĂ©.
G'Âź. 10. FĂ©condation. â La fĂ©condation est l'action du sperme sur le germe quâil anime ; il faut distinguer ce phĂ©ÂŹ nomĂšne de lâanimation, dont je vais m'occuper. Cet effet prouve que la matiĂšre fĂ©condante, quelle quâelle soit, est douĂ©e dâune propriĂ©tĂ© que je regarderai comme vitale, parce que probablement elle ne persiste dans le sperme de lâhomme que peu de temps aprĂšs son excrĂ©tion. Ne pourrait-on pas la nommer animatilitĂ©?
G'Âź. II. Animation.âLâanimation est le dĂ©veloppement, par une vie propre, d'une partie qui auparavant existait dâune vie.commune avec tout lâĂȘtre dans lequel elle est renfermĂ©e. 11 y a deux sortes de phĂ©nomĂšnes d'animation dans lâhomme: lâune a lieu fĂ©condationl'autre paraĂźt spontanĂ©e.
L'animation par fĂ©condation se prĂ©sente dans le germe, dont je regarde lâexistence, chez lâhomme, comme trĂšs-proÂŹ bable, par lâanalogie des autres ĂȘtres organisĂ©s. On a cru a tort que cela supposait l'emboĂźtement de germes infinis. Nâest-il pas possible que les germes soient un produit des organes, comme le sperme lâest du testicule, et qu'ils ne puisÂŹ sent ĂȘtre produits par leur organe respectif, que lorsque ce
( 3i ) dernier a acquis tout le dĂ©veloppement convenable ? Celle supposition ne sâaccorderait-elle pas mieux avec les phĂ©noÂŹ mĂšnes de la vie , qui nâapparaissent chacun dans leurs organes respectifs, quâau moment oĂč ceux-ci ont acquis un certain dĂ©veloppement? On a cru encore que les mulets prouvaient quâil n y avait pas de germe ; mais ces phĂ©nomĂšnes ne prouÂŹ vent rien, sinon que la matiĂšre qui peut animer, peut encore inodilier le dĂ©veloppement du germe. Ces faits sont inconÂŹ cevables sans doute, mais quelque supposition quâon ait faite et quâon fasse, la mĂȘme difficultĂ© subsiste et subsistera, et on ne saura comprendre comment la matiĂšre fĂ©condante transmet les caractĂšres du mĂąle au petit. Si lâon ne conçoit pas quâune graine sâanime sous lâinfluence dâune matiĂšre fĂ©condante, on ne conçoit pas davantage que la rĂ©tine Ă©prouve une sensaÂŹ tion et le cerveau une idĂ©e sous lâinfluence de la lumiĂšre. Tous les phĂ©nomĂšnes de la ntaure sont en derniĂšre anaÂŹ lyse inconcevables, et il faut se borner Ă les admettre, dâautant mieux que câest moins leur mĂ©canisme quâil nous importe de connaĂźtre, que les circonstances et le mode de leur dĂ©veloppement.
\Janimation spontanĂ©e est celle qui se manifeste lorsque des organes ou des ĂȘtres nouveaux sâaniment Ă©ventuellement et spontanĂ©ment dans nos tissus, tels que des fausses memÂŹ branes, des cicatrices, des hydalides, et peut-ĂȘtre des kystes et des vers intestinaux, etc.
Jâappelle ces animations spontanĂ©es, parce quâelles notis paraissent telles; il est possible quâelles ne le soient pas. Mais jusquâĂ ce quâon sache le comment, ce doit ĂȘtre pour nous comme si elles lâĂ©taient.
Nous rapportons encore Ăą ces phĂ©nomĂšnes, lâanimation de la matiĂšre des pattes de lâĂ©crevisse, de lâaraignĂ©e, des bras du polype, primitivement sĂ©crĂ©tĂ©e, «te.
Il rĂ©sulte de ces faits quâil est des parties douĂ©es de la facultĂ© vitale dâĂȘtre animĂ©es par ou sans fĂ©condation; on peut lâappeler animitĂ©^ et la distinguer en animitĂ© par fĂ©condaÂŹ tion^ et en animitĂ© spontanĂ©e.
Les phĂ©nomĂšnes qui vont suivre sont probablement comÂŹ plexes, mais ils sont encore Ă analyser. Tous les efforts tentĂ©s jusquâĂ ce jour Ăą cet effet, nâont abouti quâa des supposiÂŹ tions. Il est probable mĂȘme que jamais on ne pourra y parÂŹ venir, parce quâils se passent dans la profondeur de nos tissus, ou dans des parties qui Ă©chappent Ăą nos sens par leur tĂ©-
(30 unitĂ©. Ils sont crailleurs trop diffĂ©rens des pliĂ©noraĂšnes 'viÂŹ taux simples que nous avons analysĂ©s jusquâici, pour que nous puissions deviner ceux dont ils sont le rĂ©sultat commun.,
12 et 13. Composition et dĂ©composition continuelles de TĂ©conomie.â La composition et la dĂ©composition continuelles des corps vivans sont des phĂ©nomĂšnes sur lesquels on a encore peu de donnĂ©es. LâexpĂ©rience de la coloration des os par la garance et lâictĂšre en sont des preuves Ă©videntes; mais peut- on se persuader que, dans lâexpĂ©rience de la garance, quelque chose de cette plante ait pu vivre avec nous et disparaĂźtre presÂŹ que aussitĂŽt? Quoi quâil en soit, Ă chaque moment nous assiÂŹ milons des matiĂšres Ă notre propre substance, et a chaque instant nous en rendons Ă la nature. Cette circulation de maÂŹ tiĂšre Ă travers nos tissus, est au moins manifeste et hors de doute; mais lâest-il que, pendant le peu de temps que cette matiĂšre reste dans nos tissus, elle fasse essentiellement partie de nous-mĂȘmes, et soit animĂ©e des facultĂ©s de la vie ; ou au conÂŹ traire y a-t'il une trame organique permanente ou plus lenÂŹ tement muable, dans laquelle celle-ci vient se dĂ©poser pour un moment? Toutes les substances assimilĂ©es disparaissent- elles aussi vite que la garance ou que la matiĂšre de la bile dans lâictĂšre, etc. ? , Ces deux phĂ©nomĂšnes opposĂ©s quâon dĂ©signe en commun sous le nom de nutrition , peuvent ĂȘtre rapportĂ©s aux facultĂ©s simples de composition et de dĂ©composition, quâon peut apÂŹ peler , si lâon veut, assimilĂŒĂ© et dĂ©sassimilitĂ©.
G'*". i4 - Accroissement. â Câest un phĂ©nomĂšne, probableÂŹ ment composĂ©, dont les Ă©lĂ©mens nous Ă©chappent. Il consiste dans une augmentation lente, et plus ou moins durable ou permanente, des corps, en longueur, en largeur et eu Ă©paisseur*.
Il y en a trois sous-genres. \Jaccroissement de VĂą^edont les effets sont permanens,
et qui, sans suivre des lois mathĂ©matiques , est assez rĂ©guÂŹ lier pour ne pas dĂ©passer certaines limites, et se prolonger au-del'a dâun certain temps. On dit quâaprĂšs TĂąge de vingt- cinq ans, chez lâhomme, il ne se fait plus quâen largeur; mais ne prendrait-on pas lâembonpoint de lâage adulte, qui est le produit dâune sĂ©crĂ©tion graisseuse plus abondante, pour un accroissement rĂ©el. Je crois quâil nâ(St pas encore prouvĂ©. Quoi quâil en soit, les parties accrues restent en cet Ă©tat, et ne redeviennent plus ce quâelles Ă©taient. Cet accroissement est permanent.
C 33 )
\Jaccroissement extraordinaire et morbide, dont les effets sont durables ; câest l'augmentation dâune partie, indĂ©ÂŹ pendamment des autres, et dâune maniĂšre extraordinaire j telle est riiypersarcose.
accroissement non permanent. Ce genre dâaugmentaÂŹ tion ne dure quâun temps j tel est celui de lâutĂ©rus. Son dĂ©veÂŹ loppement est lent, et assez durable encore pour quâil soit bien diffĂ©rent des expansions vitales ; cependant, il diffĂšre beaucoup des deux prĂ©cĂ©dons, parce quâil ne paraĂźt pas rĂ©ÂŹ sulter dâune augmentation rĂ©elle de matiĂšre solide : au moins ses effets ne sont-ils pas permanens.
Il rĂ©sulte de ces faits que les parties vivantes sont douĂ©es de la propriĂ©tĂ© de sâaccroĂźtre , quâon pourrait appeler accres^ cibilitĂ©, et distinguer en accrescibĂŻlitĂ© des Ăąges , en accres~- cihilitĂ© maladive et en accrescibĂŻlitĂ© momentanĂ©e.
G"Âź. i5. Absorption.-^\JahsoĂŻĆž^\ox\ est lâacte par lequel les parties vivantes emportent, molĂ©cule Ă molĂ©cule, au moyen dâune foule dâorifices ouverts a leur surface ou dans lâiniĂ©rieur
â de leur tissu, les matiĂšres quâelles touebent, ou la subÂŹ stance mĂȘme de nos parties.
Elle ne varie pas de nature, pour sâopĂ©rer sur des surfaces diffĂ©rentes, cutanĂ©es, muqueuses, sĂ©reuses, etc. ; mais elle varie beaucoup sous dâautres rapports ; ainsi elle a lieu , 1 â sans suppuration, dans les perforations spontanĂ©es, lâaminÂŹ cissement sĂ©nile des os , dans celui qui est produit par un fongus, un anĂ©vrysme, etc.; 2â avec suppuration, dans les ulcĂ©rations cutanĂ©es, la plupart des ulcĂ©rations intestiÂŹ nales , etc.
Il nâest pas nĂ©cessaire de faire observer que la sĂ©crĂ©tion purulente qui accompagne ces derniĂšres Ă©rosions, est un phĂ©ÂŹ nomĂšne accessoire bien diffĂ©rent.
G^*. 16. SĂ©crĂ©tions. â Les sĂ©crĂ©tions sont des phĂ©nomĂšnes qui consistent dans la sĂ©paration dâun fluide du sang, comme de lâurine , de la sueur, etc.
Ces sĂ©crĂ©tions diffĂšrent beaucoup entre elles par la nature, par lâabondance de leurs produits , etc.
Ne peut-on pas les séparer en pliisieure groupes, sous le rapport des organes qui les produisent ?
Sécrétions exhalatoires, qui ont lieu sur les surfaces des membranes par une infinité de bouches vasculaires qui y sont ouvertes.
3
f 34 ) Sécrétions par desjrauges : telles sont celles qui ont lieu
sous la langue par les franges sous-linguales, qu'on y observe ; celles qui ont lieu dans les cavitĂ©s synoviales, et dont on fait sortir de la synovie par la pression ; dâoĂč l'on voit que la syÂŹ novie des-articulations provient de deux sources diffĂ©rentes, des membranes et des franges vasculaires ou glandes synoÂŹ viales.
Sécrétions folliculaires, qui ont lieu à la surface libre et concave des follicules sébacés et muqueux, et donnent pour produit, les premiÚres, une substance grasse, assez consis tante, les secondes, un fluide muqueux.
SĂ©crĂ©tions glandulaires y qui ont lieu par des organes paÂŹ renchymateux , dâoĂč naissent une foule de canaux excrĂ©teurs qui se rĂ©unissent, comme les racines dâun arbre, en un ou plusieurs troncs principaux.
Parmi celles-ci, il en est dont les canaux excrĂ©teurs sâouvrent directement sur les surfaces oĂč ils doivent verser leur fluide, comme celui du pancrĂ©as dans l'intestin, ceux des glandes salivaires , etc.; d'autres sont portĂ©es par un excrĂ©teur dans un rĂ©servoir, dâoĂč elles s'Ă©chappent au moyen dâun autre conduit excrĂ©teur ; ainsi, les urines sont versĂ©es dans la vesÂŹ sie , et elles sâĂ©vacuent par lâurĂštre ; d'autres communiquent mĂ©diatement avec leur rĂ©servoir, comme le canal hĂ©patique avec la vĂ©sicule du fiel.
Enfin, nos tissus peuvent devenir, extraordinairement, or ganes sécréteurs dans une plaie, une rupture, etc.
Quoi quâil en soit de ces diffĂ©rences dans les organes sĂ©crĂ©ÂŹ teurs , il est Ă©vident que la facultĂ© de sĂ©crĂ©ter est fort rĂ©panÂŹ due dans lâĂ©conomie ; partout, elle y est indĂ©composable pour nous, quoique assurĂ©ment composĂ©e dans sa nature.
G"Âź, CalorificationsâLa calorification est le phĂ©nomĂšne spontanĂ© de la production de chaleur dans les ĂȘtres vivans. Les rapports singuliers quâil y a entre cet effet et la respiraÂŹ tion , lâaugmentation de la tempĂ©rature du sang a son issue des poumons semble mettre sur la voie des Ă©lĂ©mens de ce phĂ©nomĂšne. Cependant, jusquâĂ ce quâon ait dĂ©montrĂ© posiÂŹ tivement que la chaleur animale est tout entiĂšre produite par la combinaison dans les poumons du carbone du sang avec lâoxigĂšne de lâair; jusqu'Ă ce quâon ait expliquĂ©, sans suppositions , les augmentations locales de tempĂ©rature dans les inflammations, lâinfluence nerveuse sur la calorificaÂŹ tion , etc., nous serons, je pense, forcĂ©s de regarder ce phĂ©-
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nomĂšne comme un phĂ©nomĂšne simple parce quâil nâa pu encore ĂȘtre analysĂ© dâune maniĂšre exacte. On a cru que la calorification prenait aussi sa source dans le dĂ©gagement du calorique latent du sang, lorsque des particules de celui-ci sont solidifiĂ©es dans lâassimilation ; mais on nâa pas observĂ© que le phĂ©nomĂšne inverse de lâassimilation, qui liquĂ©fie en mĂȘme temps que lâautre solidifie, devait faire Ă©quilibre Ă ce J âą T. ^
dernier. Il résulte de ces réflexions, que nous sommes forcés de
regarder la calorification comme un phénomÚne trÚs-proba blement complexe, mais encore simple pour nous. INous le rapporterons alors a une propriété simple , la caloricité : mot déjà employé dans ce sens par M. le professeur Chaussier.
G*Âź, i8. Electrification. â Câest la production vitale de lâĂ©ÂŹ lectricitĂ©.
Telles sont les commotions Ă©lectriques que donnent Ă voÂŹ lontĂ© la torpille {raja torpĂ©do), une espĂšce de silure, le gymnotus electricus. Elles ont tous les caractĂšres des phĂ©ÂŹ nomĂšnes vitaux; elles varient selon la force, la volontĂ©, lâirriÂŹ tation de lâanimal, selon quâil a fait un plus ou moins grand nombre de dĂ©charges , etc.
Lâhomme jouit-il de la mĂȘme facultĂ© dans certains cas morbides ?
Un homme instruit et peu susceptible de conter des merÂŹ veilles, mâa assurĂ© quâen Italie, Ă la suite dâune maladie , pendant plusieurs semaines, par le seul frottement du chanÂŹ gement de chemise , il sâĂ©chappait une foule dâĂ©tincelles Ă©lecÂŹ triques de la surface de son corps, dâailleurs parfaitement dĂ©nuĂ© de poils et dans les mĂȘmes circonstances que celui des personnes qui lâapprochaient.
Il y a loin sans doute de ce phĂ©nomĂšne involontaire au prĂ©cĂ©dent, mais il peut servir a Ă©veiller lâattention des obserÂŹ vateurs. «
RĂ©sumĂ© des phĂ©nomĂšnes vitaux simples et de leurs propriĂ©tĂ©s. â* Ces phĂ©nomĂšnes, que nous venons de classer dâaprĂšs leurs ressemblances, et de sĂ©parer dâaprĂšs leurs difÂŹ fĂ©rences, forment dix-huit genres distincts et naturels quâon ne saurait confondre entre eux. Pour suivre la marche de lâesprit humain et celle des physiologistes mĂȘmes, nous les avons rapportĂ©s a autant de facultĂ©s vitales simples, gĂ©ÂŹ nĂ©riques , câest-Ă -dire, que, par cela mĂȘme quâun organe est susceptible de produire un phĂ©nomĂšne, nous en avons con-
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du quâil est douĂ© de la facultĂ© de le prĂ©senter : ce nâest qiiâexpriraer rigoureusement le fait dans un langage abstrait, communĂ©ment employĂ© par tous les hommes, parce qu il leur est trĂšs-naturel et trĂšs-intelligible, quoique certaines perÂŹ sonnes sâimaginent le contraire. Nous voudrions pouvoir porter lâanalyse plus loin, et ramener, comme on lâa fait jusÂŹ quâici , a un trĂšs-petit nombre de phĂ©nomĂšnes et de facultĂ©s simples et distinctes, les phĂ©nomĂšnes vitaux et les facultĂ©s vitales j mais cela nous semble impossible , a moins de conÂŹ fondre les plus disparates sous un mĂȘme titre. Nous ne sauÂŹ rions donner notre assentiment Ă lâanalyse qui rapporterait tous les phĂ©nomĂšnes vitaux a des sensations et a des contracÂŹ tions , ou a la sensibilitĂ© et a la contractilitĂ©, ni Ă celle qui les rapporterait a la nutrition et a l action vitale. La premiĂšre serait fort incomplĂšte et inexacte; la seconde ne serait pas poussĂ©e assez loin, on plutĂŽt il ny aurait pas meme danaÂŹ lyse. Je fais ces rĂ©flexions critiques pour prouver que câest moins le dĂ©sir dâinnover qui mâanime, que celui de justifier lâanalyse que je prĂ©sente des phĂ©nomĂšnes vitaux. Mais nous verrons quâil y en a bien dâautres, dans les etres vivans, que ceux auxquels nous avons particuliĂšrement rĂ©servĂ© ce nom ^ parce quâils font essentiellement le caractĂšre de la vie.^
On a cru, a tort je pense, quâon ne pouvait connaĂźtre les facultĂ©s vitales sans en connaĂźtre les lois , et on sâest trompĂ© bien davantage si lâon a pu penser que, pour les connaĂźtre, il fallait trouver lâordre mathĂ©matique de leur action. Cet ordre mathĂ©matique est fort rare dans les phĂ©nomĂšnes de la vie, et encore nâest-il jamais rigoureux, car il ne lâest pas mĂȘme dans la circulation, les mouvemens respiratoires, les fiĂšvres, et quelques affections intermittentes qui nous offrent lâordre numĂ©rique le plus parfait dans les phĂ©nomĂšnes de la vie. Si ou invoquait un gĂ©nie du premier ordre pour faire en physiologie ce que Newton fĂźt en physique , on ouÂŹ blierait que les difficultĂ©s sont incomparablement inĂ©gales. En effet, les phĂ©nomĂšnes vitaux ou les propriĂ©tĂ©s vitales sorit variables et mobiles sous une foule dâinfluences inapprĂ©ÂŹ ciables et dans des circonstances parfaitement semblables pour nous. Les circonstances, les variations des phĂ©nomĂšnes et des propriĂ©tĂ©s physiques, au contraire, sâapprĂ©cient souvent jusque dans leurs nuances les plus dĂ©licates, parce quâils peuvent lâĂȘtre par les moyens et lâintelligence des hommes. Les lois des facultĂ©s vitales nâont rien de calculable, et ne
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permettent tout au plus que des approximations ; les lois des forces physiques, au contraire, sont calculables, parce quMles suivent un ordre numĂ©rique. Newton, armĂ© du tĂ©lescope, put trouver dans le ciel les faits propres a lâĂ©clairer ; les physioloÂŹ gistes, armĂ©s du microscope, trouvent encore la nature trop obscure pour quâil soit possible dây lire, et les donnĂ©es propres Ă les diriger leur Ă©chappent dans une foule de cas trop compliquĂ©s. Newton put employer lâarme puissante du calcul, et, savant des donnĂ©es quâil avait acquises, trouver la loi quâil cherchait et qui existait. Les physiologistes et les physiciens eux-mĂȘmes ont inutilement appliquĂ© le calcul aux phĂ©nomĂšnes de lâĂ©conomie ; ils nâont pu acquĂ©rir de donnĂ©es positives et trouver une loi qui nâexiste pas ; -enfin, je lâai dit ailleurs, les physiologistes ne peuvent arriver quâĂ des proÂŹ babilitĂ©s, lorsque les physiciens arrivent Ă des certitudes : cela tient a la nature de leur sujet respectif.
PhĂ©nomĂšnes mĂ©caniques. â A cet ordre, je rapporte, dans trois sous-ordres , tous les phĂ©nomĂšnes de mouvenieiiĂą communiquĂ©s, de rĂ©sistance physique, indĂ©pendans de la vie, et de solution de continuitĂ© observables dans lâĂ©conomie aniÂŹ male.
1Âź' Sous*ORDRE. â Al Mouvemcns mĂ©caniques, sans 50- lutioii de continuitĂ©. â Les mouvemens mĂ©caniques sont dĂ©ÂŹ terminĂ©s tantĂŽt par les contractions ou les expansions vitales de quelques organes, tantĂŽt par des agens extĂ©rieurs.
Parmi les premiers de ces mouvemens, les uns sont comÂŹ muniquĂ©s immĂ©diatement par les organes en action : telles sont les extensions immĂ©diates des tenvlons et des aponĂ©ÂŹ vroses des muscles, les mouvemens des matiĂšres alimentaires, du sang, de lâurine, qui sâavancent sous lâorgane qui les presse, de la peau qui obĂ©it aux muscles peauciers, etc. ; les autres, au contraire, sont tantĂŽt dĂ©terminĂ©s par des intermĂ©diaires mus passivement, comme ceux des os qui sont produits par lâintermĂšde des tendons et des aponĂ©vroses, comme ceux enÂŹ core des parties articulaires et de toutes les parties qui sont emportĂ©es par les os dans leur mouvement.
Je forme deux groupes des mouvemens mĂ©caniques : I. Moui'emens mĂ©caniques molĂ©culaires.â A ce premier
groupe, je rapporte les distensions, les resserremens méca niques, les retours élastiques des organes. Ces mouvemens se passent dans les parties molles et les parties dures, dans les articulations immobiles de celles-ci, dans leur continuité, et
( 38 ) sâopĂšrent toujours par le jeu de leurs molĂ©cules les uns sur les autres. Rapportez-y encore les contractions par raccourÂŹ cissement , et enfin les Ă©branlemens ou commotions de nos parties, qui sont des phĂ©nomĂšnes molĂ©culaires communs aux solides et aux fluides.
G''Âź. 19. 1°. Distensions mĂ©caniques,âCes phĂ©nomĂšnes ne sâobservent que dans les solides, et plus particuliĂšrement dans les parties molles ou les chairs, que dans les parties dures, les fibro-cartilages, les cartilages et les os. Dans plusieurs circonstances, ils se manifestent cependant dâune maniĂšre sensible dans ces derniers Habituellement les cartilages des cĂŽtes sont tordus dans Tinspiration, et par consĂ©quent distendus ; ces distensions se manifestent surtout dans les cĂŽtes en certaines occasions.
Ces phĂ©nomĂšnes sont extrĂȘmement frĂ©quens dans les tissus mous; nous ne pouvons flĂ©chir un membre dans un sens, que la distension ne se manifeste dans les parties molles du cĂŽtĂ© opposĂ©.
On est Ă©tonnĂ© du degrĂ© quâils peuvent atteindre, lorsque la force extensive agit avec lenteur. A cet Ă©gard, rien nâest plus remarquable que les distensions lentes des parois de lâabdomen dans la grossesse, lâhydropisie abdominale, les hydropisies de Tovaire, les tumeurs fibreuses de lâutĂ©rus, etc.
Ne confondez jamais avec ces effets ceux qui se manifesÂŹ tent aussi Ă un trĂšs-haut degrĂ© dans les os par une action lente qui les presse ou les distend. La tĂȘte des hydrocĂ©phales peut acquĂ©rir une ampliation considĂ©rable; les fosses nasales , le sinus maxillaire sâĂ©tendre beaucoup sous lâeffort toujours actif dâun polype, etc.
Toutes ces distensions lentes des parties dures ne sont pas des phĂ©nomĂšnes mĂ©caniques : ce sont des modifications dĂ©ÂŹ terminĂ©es dans la nutrition des parties par une force mĂ©caÂŹ nique, et, dans la rĂ©alitĂ©, des phĂ©nomĂšnes de nutrition '. Il nâen rĂ©sulte pas moins des faits qui prĂ©cĂšdent ces derniers,
â Ces phĂ©nomĂšnes prouvent avec Ă©vidence lâinfluence des forces mĂ©caniques sur les parties solides de noire corps. Bichat sâest, je crois , trompĂ©, lorsquâil a niĂ© que les saillies des attaches musculaires, les impressions des circonvolutions cĂ©rĂ©brales de lâintĂ©rieur du crĂąne et celles des muscles marquĂ©es sur tous les os, fussent dues Ă lâaction mĂ©canique des organes. Les Ă©minences dâinsertion ne sont assurĂ©ment pas dues Ă une extension mĂ©canique , mais Ă lâaccroissement des os, qui est modifiĂ© , favorisĂ© , peut-ĂȘtre mĂȘme excitĂ© et activĂ© dans le sons de lâaction musculaire.
Quant au.\ impressions des os, elles sont dues à la seule présence
' ( 39 )
que la distensibilité est une propriété physique de nos or- ganes.
20. 2°. Resserremens mĂ©caniques.âCes phĂ©nomĂšnes ont lieu dans les solides et les fluides. On en a des exemples dans le resserrement quâĂ©prouvent les viscĂšres dans les efforts pour aller a la selle, dans le resserrement des poumons durant lâexpiration, etc. Ces effets ont aussi lieu, quoique moins sensiblement, dans les os, les cartilages, et les fibro-carti- lages. Ils ont lieu dans le sens dâune concavitĂ© dâune courbure subite imprimĂ©e aux os qui en sont susceptibles: aux cĂŽtes, au pĂ©ronĂ©, par exemple; au crĂąne, choquĂ© ou pressĂ©, etc., avec violence.
Ils doivent avoir lieu dans les matiĂšres contenues dans les viscĂšres digestifs ; ils arrivent assurĂ©ment aux gaz compriÂŹ mĂ©s dans les intestins, et Ă lâair dans les poumons. Mais le sang se resserre-t-il sous lâinfluence du cĆur? Nous lâignoÂŹ rons. Cependant, comme la force du cĆur est trĂšs-grande , comme le sang contient beaucoup de fibrine , comme sa temÂŹ pĂ©rature est assez Ă©levĂ©e, comme les liquides sont compresÂŹ sibles , quoique trĂšs - faiblement, il pourrait arriver que le sang se resserrĂąt dans les ventricules.
Il résulte de ces faits, que les parties organiques sont douées de compressibilité.
G"^ 21.3°. PhĂ©nomĂšnes d'Ă©lasticitĂ©^ ou retours Ă©lastiques. â Ces phĂ©nomĂšnes consistent dans le retour actif des parties Ă un Ă©tat de repos, lorsquâelles cessent dâĂȘtre comprimĂ©es ou distendues par une force quelconque.
TantĂŽt le retour a lieu par une extension ou un Ă©cartement molĂ©culaire consĂ©cutif Ă une compression, comme cela arrive aux viscĂšres abdominaux qui repoussent les parois de la caÂŹ vitĂ© oĂč ils sont renfermĂ©s, lorsque celles-ci suspendent leur action j aux os courbĂ©s qui, par une action momentanĂ©e,
*
des organes, qui agissent en limitant, par leur présence, le dévelop
pement de ces parties. , , âą âą i i Ni les uns ni les autres nâcxistent chez les jeunes su)els , dont les
muscles faibles ont dâailleurs peu agi , et dont les saillies cĂ©rĂ©brales et musculaires sont encore peu prononcĂ©es; mais Ă inesuie que les muscles deviennent plus forts et agissent dayantage, Ă mesure que ces saillies se marquent par le dĂ©veloppement des organes , et dans les. muscles, par la diminution des masses du tissu cellulaire intermus- culaire,âou par leur action plus Ă©nergique et plus frĂ©quente, la nuÂŹ trition moule les os sur les parties qui les touchent, et ceux-ci cq.
conservent rempreinte fidĂšle.
( 4» ) sâĂ©tendent du cĂŽtĂ© convexe de leur courbure, et se redres- sent; aux ailes du nez, qui sâouvrent dâelles-mĂȘmes, aprĂšs quâelles ont Ă©tĂ© resserrĂ©es; a lâair des poumons qui, Ă la suite dâun effort, repousse Ă la circonfĂ©rence les parois du thorax, etc.
TantĂŽt le retour Ă©lastique a lieu au contraire par le resÂŹ serrement dâun solide Ă la suite dâune extension : il est extrĂȘmement frĂ©quent ; il ne saurait se manifester dans les fluides, parce quâils ne sont pas susceptibles de distension. On a sans doute de trĂšs-nombreux exemples de ce resserreÂŹ ment ; mais il faut prendre garde de confondre les retours Ă©lastiques par contraction avec les contractions vitales lentes. Nous en avons, a lâarticle de celles-ci, donnĂ© les caractĂšres distinctifs.
Il y a une contraction Ă©lastique dans les artĂšres qui , disÂŹ tendues par lâeffort du sang, reviennent subitement sur elles- mĂȘmes ; dans la peau et les muscles coupĂ©s qui se rĂ©tractent subitement ; dans une aponĂ©vrose dâenveloppe incisĂ©e qui sâouvre davantage; dans un os qui, distendu par une inflexion curviligne, se redresse et diminue dans le sens de sa disÂŹ tension, etc.
Tous les phĂ©nomĂšnes de ce genre se rapportent a lâĂ©lastiÂŹ citĂ© extensive ou contractive.
22. 4*â* Contractions par raccornissement. â Ce sont les mouvemens de racoquillement si connus qui se manifestent dans presque tous les tissus organiques (dans tous ceux qui nâont pas une grande duretĂ© et une grande inflexibilitĂ©), lorsÂŹ quâon les expose a la chaleur ou au contact dâun acide trĂšs- Ă©nergique.
Ce phĂ©nomĂšne est placĂ© subies limites de la vie, car les tissus oĂč il se manifeste meurent en mĂȘme temps quâil y apparaĂźt.
G^Âź. 23. 5Âź. Ehranleniens ou commotions.â On rapporte a ce genre dâeffets lâĂ©branlement dont toutes nos parties sont susceptibles, les unes sans accidens, les autres avec des soufÂŹ frances plus ou moins graves. Peut-ĂȘtre eĂ»t-on dĂ» regarder ce phĂ©nomĂšne comme un effet composĂ©, rĂ©sultant des mouÂŹ vemens et des chocs partiels des molĂ©cules de nos tissus.
IL Mouvemens de dĂ©placement. â Ils sont trĂšs-diffĂ©- rens dans les fluides et dans les solides.
AutĂŻcle ĂŻÂź'.ââ Mouvemens des Jluides. â Ce sont de& progressions et des rĂ©trogressions.
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24. 1°. Progressions et rĂ©trogressions des fluides. ââ On observe des mouveraens de progression dans le cours des matiĂšres digestives qui sâavancent dans lâappareil digestif de la bouche a lâanus, dans la prĂ©cipitation de lâair dans les pouÂŹ mons, dans lâinspiration, etc.; mais on observe, en outre^ des rĂ©trogressions dans les vaisseaux. Dans tous ces mouve- mens de niasse, au moins dans tous ceux des liquides et des gaz, les molĂ©cules sont dĂ©placĂ©es et mues en roulant les unes sur les autres.
Ces niouvemens sont dĂ©terminĂ©s par la contraction des canaux oĂč se trouvent les matiĂšres mues, et peuvent lâĂȘtre en partie par leur resserrement mĂ©canique. Dans chaque conÂŹ traction , la matiĂšre comprimĂ©e rĂ©siste, et sâĂ©chappe la oĂč elle trouve une rĂ©sistance infĂ©rieure a la force qui la presse : elle se partage alors en trois portions, lâune progressive, lâautre rĂ©trograde, et la troisiĂšme immobile. La rĂ©trogression dans les vaisseaux est due en particulier a ce que la rĂ©sistance a la progression est supĂ©rieure Ă celle de la rĂ©trogression ; mais Ă mesure que la progression de la premiĂšre sâopĂšre, elle sâĂ©ÂŹ tend successivement aux diverses parties des deux autres, qui sâavancent chacune a leur tour.
La prĂ©cipitation de lâair dans les poumons est le rĂ©sultat de sa pesanteur et du vide qui tend Ă sâopĂ©rer dans le thorax.
Dans tous les cas, la progression des matiĂšres a lieu en raison de la force compressive et des obstacles qui sây oppoÂŹ sent. Comme ces obstacles sont toujours actifs, le mouveÂŹ ment progressif ne sâentretient quâautant que le jeu de la force impulsive se rĂ©pĂšte et se soutient.
En mĂȘme temps que les matiĂšres se meuvent mĂ©caniqueÂŹ ment, soit par progression, soit par rĂ©trogression, elles dilaÂŹ tent mĂ©caniquement les parties oĂč elles pĂ©nĂštrent, avec une Ă©nergie qui est en raison de la force qui les presse.
Article âĂ . â Mouvemens des solides. G"Âź. 25. 2Âź. Glisseniens des tissus mous. â On en observe
deux espĂšces bien distinctes : dans la premiĂšre, les parties glissent les unes sur les autres, comme deux corps sans adhĂ©ÂŹ rences : tel est le glissement des intestins non adhĂ©rons les uns contre les autres, les glissemens des divers points dâune sĂ©reuse contre dâautres points, etc.; dans la seconde espĂšce de glissemens, les parties se meuvent lâune sur l'autre, en distendant un tissu lĂąche intermĂ©diaire : tel est le glisserneni
de la peau unie, dâune maniĂšre lĂąche, aux parties sous*ja-
I
9
(40 centes, par un tissu iamineux, ou cellulaire, trĂšs-extenÂŹ sible.
DĂ©place mens des parties dures. â Ces mouvemens se passent dans les articulations mobiles, et en mĂȘme temps dans le corps des os et des cartilages.
Dans ces mouvemens, les os articulĂ©s se comportent comme des leviers de premiĂšre, de deuxiĂšme et de troisiĂšme espĂšce. Ils prĂ©sentent, comme ces mĂȘmes leviers, un centre de mouÂŹ vement , un point dâappui, un point de rĂ©sistance et un point de puissance.
Le centre de mouvement est le point autour duquel tourÂŹ nent tout le levier ou les divers points du levier, selon que le centre de mouvement est ou nâest pas hors du levier. Il est hors de lui, lorsque le tibia se meut autour du centre de la courbe des condyles du fĂ©mur; il se trouve au contraire dans un point de son Ă©tendue, et il occupe particuliĂšrement le centre de sphĂ©ricitĂ© de la tĂȘte du fĂ©mur, lorsque son col sâinÂŹ cline sur lâaxe de la cavitĂ© cotyloĂŻde.
Le point dâappui est le point rĂ©sistant sur lequel le levier sâappuie dans son mouvement. Ce point est plus ou moins rapprochĂ© du centre des mouvemens du levier, ou confondu avec lui, selon les cas. Il en est toujours distant, lorsque celui-ci est hors du levier.
Le point de la rĂ©sistance est celui oĂč agit la rĂ©sistance. Le point delĂ puissance est le point oĂč se passe lâaction de cette derniĂšre.
Câest des rapports de ces trois derniers points que rĂ©sultent les trois espĂšces de leviers que lâon trouve dans la nature.
Les parties non articulĂ©es avec dâautres parties solides , comme le larynx, lâhyoĂŻde de lâhomme, se meuvent comme des projectiles, et non comme des leviers. Les mouvemens trĂšs-leniemeut imprimĂ©s aux os de la face par un polype qui les sĂ©pare, sont des mouvemens complexes oĂč ces os agisÂŹ sent en se sĂ©parant de maniĂšres trĂšs-diversifiĂ©es.
Mouvemens du corps des parties dures. â Ils consistent ou dans les dĂ©placeraens uniformes de toute la partie, ou dans une inclinaison, ou dans un circumduction, ou dans une rotation, quâil ne faut pas confondre avec la rotation articuÂŹ laire dont je parlerai ci-aprĂšs.
G'Âź. 26. y. DĂ©placemens uniformes de toute la partie mise en mouvement. â Ils sâobservent dans les os courts du carpe et du tarse ,* lorsquâils glissent sur eux-mĂȘmes, sans
( 45 ) sâincliner lâun sur lâautre ; dans les mouvemens d ascension
du larynx et des arceaux de sa trachĂ©e, etc. 4°â Inclinaisons. ââ Ce sont des mouvemens dans
lesquels les parties sâĂ©cartent de leur direction actuelle par rapport au plan sur lequel elles portent : telles sont les
flexions des os ou leur retour a lâextension. G^Âź. 28. 5". Circwndiictions. â Ce sont les dĂ©placemens
successifs dâun os qui est actuellement incline sur son articuÂŹ lation , et qui se meut suivant la circonfĂ©rence dâun cercle, en roulant, dans son article, sans changer dâinclinaison. Ce mouvement est distinct de lâinclinaison ^ et sâinterrompt sitĂŽt que celle-ci se manifeste, parce quâils ne peuvent sâopĂ©rer
ensemble. G"Âź. 29. 6°. Tournoieniens. â Ils sâobservent dans l huÂŹ
mĂ©rus, le radius, le fĂ©mur, lorsque ces os tournent autour dâun axe longitudinal, fictif, Ă©tendu obliquement du centre de mouvement de leur col, dans lâhumĂ©rus et le fĂ©mur au centre de mouvement qui passe par leur extrĂ©mitĂ© infĂ©rieure, et dans le radius au centre de mouvement qui occupe 1 intĂ©ÂŹ rieur de lâextrĂ©mitĂ© infĂ©rieure du cubitus. On peut y rapÂŹ porter encore le mouvement de lâatlas autour de l apophyse odontoĂŻde, en considĂ©rant lâatlas comme un segment ou une
portion cylindrique dâun os long. Mouvemens articulaires des os et des cartĂ»ages. 11 y
en a deux genres i ce sont des glisseinens ou des rotations. G'^Âź. 3o. 7°. GUssemcns articulaires. â Les glissemens
ou les frottemens de premiÚre espÚce sont les plus répandus et les plus fréquens des mouvemens articulaires.
Ces glissemens diffĂšrent dans les diverses articulations, et
selon les mouvemens qui sây passent : i"*. Dans les unes, comme dans celles du carpe, du tarse,
des apophyses articulaires des vertĂšbres, on observe des mouvemens de glissement qui passent ou peuvent se passer dans toute lâĂ©tendue des surfaces articulaires : ce sont des
glissemens articulaires rectilignes. 2Âź. Dans dâautres, comme dans certains mouvemens des
articulations de la tĂȘte du fĂ©mur, delbumĂ©rrrs, du genou, du coude, des phalanges entre elles , de lâapophyse odonÂŹ toĂŻde avec lâatlas , de lâextrĂ©mitĂ© inlĂ©rieure du radius et du cubitus, des cartilages arytĂ©noĂŻdes, une surface concave tourrre autour dâune courbe, et par consĂ©quent autour du
centre du cercle dont la courbe forme une portion, ou , au
â ( 44 )
contraire, une convexité glisse sur une autre surface plus ou moins concave autour de son centre de sphéricité.
Dans ces deux cas, le contact est plus ou moins Ă©tendu : ce sont des glisseiiiens curvilignes.
Dans les mouvemeus articulaires, on trouve une troisiĂšme espĂšce de glissement, que jâappellerais volontiers pivotant : tel est celui qui se passe dans lâarticulation de la petite tĂȘte de lâextrĂ©mitĂ© infĂ©rieure de lâhumĂ©rus avec le radius, lors des mouvemens de pronation et de supination. Dans ce glissement, une des surfaces se meut en tournoyant autour dâun axe qui passe a peu prĂšs par son centre, et qui doit varier dans le mouvement mĂȘme par la sphĂ©ricitĂ© imparfaite des surfaces.
G'Âź. 3i. 8°. Rotations ajuiculaĂźres. â Les rotations artiÂŹ culaires ou les froltemens de seconde espĂšce sâobservent dans les mouvemens de circumduction de lâhumĂ©rus, du fĂ©mur, du premier mĂ©tacarpien, de lâextrĂ©mitĂ© sternale de la claviÂŹ cule, dans ses mouvemens dâinclinaison, etc.
Dans ces divers mouvemens, le contact est successif, et iiâa lieu a la fois que par la simple apposition de quelques points; Ă mesure que cette apposition se fait dans un sens, elle cesse successivement dans le sens opposĂ©, par le soulĂšveÂŹ ment et lâĂ©cartement des points eu contact, comme dans le mouvement dâune roue. Les parties qui se touchent ne se meuvent point sur dâautres, comme cela arrive dans les glis- semens ; dans ceux-ci, les contacts changent et se rĂ©pĂštent a chaque instant, sansque le corps de la partie qui glisse cesse de toucher, dans une Ă©gale Ă©tendue, le corps sur lequel il se meut. On pense que la difficultĂ© de ces mouvemens et lâusure des surfaces frottantes proviennent de ce que les inĂ©galitĂ©s de ces surfaces sâengrĂšnent et se brisent successivement. On pense encore que, si ce fait nâa pas lieu dans les glissemens arÂŹ ticulaires, cela tient a la synovie, qui en mouille les surfaces, et ramĂšne leur mĂ©canique par le jeu des molĂ©cules de ce liquide a celle des frottemens de deuxiĂšme espĂšce ou de roÂŹ tation.
Dans les mouvemens de circumduction, la surface artiÂŹ culaire roule sur lâopposĂ©e par tous les points dâune ligne cirÂŹ culaire dont le centre des mouvemens varie comme les inÂŹ clinaisons qui font varier la circonfĂ©rence du cercle. Le» inclinaisons de la clavicule sur le sternum rĂ©sultent dâun mouvement de bascule articulaire, et ce mouvement est un
_ ( 45 ) _ commencement de rotation, une rotation peu Ă©tendue. Il en est de mĂȘme des mouvemens des os du tarse, du carpe , quand ils ne glissent pas , mais sâĂ©cartent seulement dâun cotĂ©, comme lorsque sous le poids du corps la voĂ»te du tarse se redresse par le simple Ă©cartement de ses os en bas, et que
ceux-ci arc-boutent en haut. Jâappliquerai ailleurs celte analyse aux mouvemens comÂŹ
posés de Téconoraie, comme je le fais plus bas, pour les ré
sistances. 2Âź Sous-ordre. â B. RĂ©sistances. â Elles sâopposent a
lâaction des forces distensives, compressives ou impulsives. Elles se distinguent en six genres, selon quâelles ont lieu
par cohĂ©sion, par rĂ©pulsion, par transmission, par force dâinertie, ou par un mouvement de cĂ©der incomplet. Par les trois premiers mĂ©canismes, la rĂ©sistance sâoppose au briseÂŹ ment ; par le quatriĂšme;, elle sâoppose au dĂ©placement^ par
le cinquiĂšme, Ă lâun et Ă lâautre. 32. 1°. RĂ©sistances par cohĂ©sion. â La cohĂ©sion ne
sâobserve que dans les solides : câest la force dâunion de leurs parties les plus petites. Elle rĂ©siste aux efforts distensifs et Ă la rupture, dâautant plus que ces efforts sont portĂ©s plus loin , jusquâĂ ce quâenfiu sa rĂ©sistance soit Ă©gale h leur action.
Les tissus mous tiraillĂ©s peuvent se distendre, mais ils nâen rĂ©sistent pas moins Ă lâaction qui les distend. Il faut prendre garde de confondre avec la rĂ©sistance physique Ă la distension lâeffet de la contraction vitale des muscles j celui-ci cesse aprĂšs la raideur cadavĂ©rique, et alors il ne reste plus que la cohĂ©sion physique des tissus.
Dans les os, il faudrait un effort prodigieux pour les briser par la seule distension perpendiculaire de leur tissu, parce
'que leur cohĂ©sion est extrĂȘmement Ă©nergique. Tel est lâordre de cohĂ©sion des tissus quâil va toujours dĂ©ÂŹ
croissant des os aux ligamens, aux tendons, aux aponévroses, au tissu jaune, à la peau, et aux autres tissus mous.
G'Âź. 33. 2°. RĂ©sistançes par ressort ou rĂ©pulsion. â La rĂ©pulsion est la force par laquelle les molĂ©cules des organes sont maintenues Ă©cartĂ©es jusquâaux limites de lâĂ©tendue de ces parties. Elle sâoppose Ă la compression, a la circompression et a lâanĂ©antissement des parties, avec dâautant plus dâĂ©ner-
- gie que le corps est plus comprimĂ©, jusquâĂ ce quâenfin celui-ci, par son ressort ou sa rĂ©pulsion, fasse Ă©quilibre a la
force qui le presse.
( 46 ) Ce phénomÚne a lieu dans les fluides circomprimés. Leur
ressort est tel que, si on leur ouvre le passage le plus Ă©troit, leurs molĂ©cules sans cohĂ©sion sây Ă©chappent avec vitesse. Leur mobilitĂ© est si grande, que la compression ne peut agir sur elle quâautant quâelle est circompressive. Parmi eux, les fluides Ă©lastiques ne rĂ©sistent absolument et puissamment quâaprĂšs sâĂȘtre rĂ©duits plus ou moins, selon TintensitĂ© de lâagent compressif; au contraire, les liquides rĂ©sistent avec Ă©nergie, et sont Ă peine compressibles : cependant on sait acÂŹ tuellement, par expĂ©rience, quâils le sont.
Les tissus mous rĂ©sistent Ă©nergiquement, par leur ressort, a la compression qui les embrasse exactement : dans le resÂŹ serrement de lâabdomĂšn, par exemple.
Dans les tissus durs, et surtout dans les os, dont la co hésion retient immobiles les particules, celles-ci agissent avec tout leur ressort, leur incompressibilité, et cÚdent a peine à la circompression et a la pression. Cependant, plus le point sur lequel agit la circompression est étroit, plus celle- ci agit avec avantage.
G^Âź. 34. 3°. RĂ©sistances par transmission, â Elle a lieu par le passage de lâeffort de la partie sur laquelle il agit, dans une ou plusieurs parties voisines qui lui sont continues ou contiguĂ«s.
La partie rĂ©siste ainsi au mouvement ou a la pression que lâeffort lui communique, et lâeffet est dâautant plus efficace , que la dĂ©charge de lâeffort a Ă©tĂ© plus rapide.
Ce phĂ©nomĂšne a lieu dans les fluides enfermĂ©s exactement, et le mouvement alors sây propage avec une grande rapiditĂ© : câest ainsi quâest produit le phĂ©nomĂšne du pouls. Comme le sang est fort peu compressible au moment oĂč il est chassĂ© dans lâaorte, le mouvement se propage avec vitesse, et tout vibre, frĂ©mit et bat a la fois dans lâĂ©conomie, comme un Ă©cho qui se rĂ©pĂšte en cent lieux en mĂȘme temps, comme cette longue poutre qui, par sa continuitĂ©, reprĂ©sente simultanĂ©ÂŹ ment, Ă unç extrĂ©mitĂ©, les mouvemens quâon lui commu- ' nique Ă lâautre. Mais si les liquides, exactement enfermĂ©s, deviennent trĂšs-propres Ă transmettre un mouvement ou un effort par leur rĂ©sistance, sitĂŽt quâils cessent dâĂȘtre dans ces circonstances, cette rĂ©sistance sâĂ©vanouit.
Les tissus mous sont de fort mauvais conducteurs dâun effort, parce quâils participent de la mobilitĂ© des fluides, lorsÂŹ quâils ne sont pas bien circonscrits par lâaction qui les presse.
( 4: ) il aâen est pas de mĂȘme des os : leur cohĂ©sion, leur faible
compressibilitĂ©, ou leur ressort, les rend excellens conducÂŹ teurs dâune action mĂ©canique ; aussi se la transmettent-ils les uns aux autres, avec une .vitesse qui ne le cĂšde pas a celle clĂ©s liquides exactement enfermĂ©s. Dans ce cas, ils la transÂŹ mettent aux parties sous-jacentes qui les supportent, a celles sus-jacentes qui les soutiennent, enfin, selon les cas, Ă toutes Jes parties qui les entourent, mais surtout Ă dâautres os ou Ă des cartilages, si leurs connexions le leur permettent.
G"Âź. 55. 4*^* RĂ©sistances d'inertie. â Elles consistent dans la tendance dâune partie a rester dans lâĂ©tat oĂč elle se trouve.
Ce genre de rĂ©sistance est donnĂ© par la masse, le volume, la consistance, le mouvement, ou le repos de la partie. La masse est donnĂ©e par la quantitĂ© de inatiĂšre quâelle offre sous son volume, ou si lâon veut, par sa pesanteur spĂ©cifique- et plus elle est grande, plus lâeffort a besoin dâĂ©nergie, parce quâil se divise davantage.
Le volume de la partie influe, en ce quâil favorise davanÂŹ tage la rĂ©partition de lâeffort et son extinction. La mollesse dâun organe augmente sa force dâinertie contre les mouvemens qui lui sont communiquĂ©s, par la tendance continuelle de ses parties a se sĂ©parer en vertu de la seule pesanteur.
Le mouvement est la circonstance la plus favorable Ă la rĂ©sistance, sâil est inverse a celui de la puissance; mais câest prĂ©cisĂ©ment lâopposĂ© dans le cas contraire.
Les liquides, les tissus mous, offrent une grande rĂ©sistance par leur force dâinertie. Les tissus durs , plus susceptibles de se mouvoir dans leur masse par la soliditĂ© de leurs parties, rĂ©sistent moins sous ce rapport; mais, dâune autre part, leur grande densitĂ© offre un obstacle puissant.
G'Âź. 3(). . RĂ©sistance par mouvement de cĂ©der. â Elle agit en obĂ©issant en partie Ă la pression ou au mouvement, quâelle neutralise bientĂŽt ; câest le roseau qui rĂ©siste en pliant. Elle a lieu , le plus frĂ©quemineni, soit dans les parties molles, soit dans les tissus durs, et sauve de bien des accidens. On sait que souvent les parties seraient rompues, si elles ne cĂ©ÂŹ daient lĂ©gĂšrement : ce fait est sensible dans les cartilages des ailes du nez, des oreilles, etc.
RĂ©jlexions sur les rĂ©sistances composĂ©es. â On les raÂŹ mĂšne toutes, par lâanalyse, aux divers genres de rĂ©sistances simples que je viens dâindiquer.
Dans les fluides et les tissus mous, elles ont a la fois lieu
( 48 ) par rĂ©pulsion ou ressort, par transmission, par appui et par inertie, lorsquâune force compressive agit sur eux. Dans les tissus mous , il y a en outre, dans ce cas , rĂ©sistance par coÂŹ hĂ©sion et par mouvement.
Dans les tissus durs , le phĂ©nomĂšne est diffĂ©rent dans leurs parties, les os, par exemple, et dans leur ensemble, et il y diffĂšre selon lâĂ©tendue, la direction, la forme, la situation, la structure, et les propriĂ©tĂ©s physiques de ces organes. InÂŹ diquons ces particularitĂ©s.
Les puissances mĂ©caniques ont peu dâaction sur les parties dures peu Ă©tendues. Le point quâelles frappent ou quâelles pressent est plus rĂ©sistant, parce que la partie toute entiĂšre fuit sous son influence. La rĂ©sistance a lieu surtout par mouÂŹ vement, et souvent par transmission. Au contraire, dans les parties Ă©tendues, comme le corps du fĂ©mur, le point passif est comme tendu entre des points qui, lorsque lâaction est subite, nâont pas mĂȘme le temps de la ressentir, que dĂ©jĂ elle a cessĂ©, soit quâelle ait ou nâait pas brisĂ© lâos. Dans ce cas, la rĂ©sistance a lieu par ressort au point comprimĂ©, et, par cohĂ©sion, au point opposĂ© : il en est de mĂȘme des points centraux des os larges. Vers les points mobiles ou articuÂŹ laires des grands os, la rĂ©sistance se rapproche de celle des os courts.
On sait que les os courbes offrent plus de rĂ©sistance Ă la convexitĂ© de leur courbure que sâils Ă©taient planes ; ils rĂ©sisÂŹ tent par le mĂ©canisme des voĂ»tes par cohĂ©sion dans le sens de la concavitĂ©, et par ressort Ă la convexitĂ©. 11 paraĂźt que la courbure des os longs augmente leur rĂ©sistance, suivant leur longueur, comme les flexions dâun ressort.
La forme des os longs influe beaucoup sur leur rĂ©sistance; par leur canal, la quantitĂ© de matiĂšres restant la mĂȘme, ils offrent beaucoup plus de rĂ©sistance quâun os qui serait dâĂ©gal poids, dâĂ©gale hauteur, et massif. Ils rĂ©sistent au brisement, suivant leur hauteur; par leur ressort, suivant leur circonÂŹ fĂ©rence; par le mĂ©canisme des cylindres creux, çâest-Ă -dire par le ressort des molĂ©cules osseuses, Ă la surface externe; par leur cohĂ©sion, a la surface interne, si lâeffort agit sur deux points opposĂ©s ; .par le ressort de lâos tout entier, si la puissance agit sur toute sa circonfĂ©rence Ă la fois. LâĂ©largisÂŹ sement des extrĂ©mitĂ©s des os longs favorise la superposition, et par cela mĂȘme la rĂ©sistance au dĂ©placement.
La forme dentelée des os du crùne en assure le rapproche^
( 49 ) ment et la rĂ©sistance j la forme bizarre des vertĂšbres y conÂŹ tribue encore, en portant par leurs apophyses la rĂ©sistance sur les points de lâos les plus solides : ces os rĂ©sistent encore par leurs anneaux, comme les cylindres.
La situation influe beaucoup sur le mode de rĂ©sistance des parties dures 5 les parties mobiles, supportĂ©es et couvertes par des chairs, comme lâomoplate, rĂ©sistent surtout par transÂŹ mission et par un mouvement de cĂ©der.
Les parties articulées par des jointures mobiles, comme les os longs , résistent aux efforts transmis à leurs parties congé nÚres , et leur en transmettent a leur tour. Ces os se pressent aussi les uns les autres par leur ressort mutuel, leur pesan teur, etc.
Les parties articulĂ©es lĂąchement rĂ©sistent en mĂȘme temps Ă)ar un mouvement de cĂ©der. Les parties articulĂ©es par des igamens solides rĂ©sistent encore par transmission de mouveÂŹ
ment , par la cohĂ©sion des ligamens, etc., selon la maniĂšre dont agit la puissance. Celles qui sont articulĂ©es solidement par de forts fibro-cartilages, comme les vertĂšbres, rĂ©sistent par leur cohĂ©sion, dans un sens, et leur ressort dans un autre, lorsquâon les flĂ©chit.
Celles qui sont articulées par des surfaces inégales, comme les os de la face, résistent par transmission, et en outre, souvent, par le mécanisme des tenons, qui est une sorte de cohésion.
Celles qui sont articulĂ©es a la circonfĂ©rence par des denteÂŹ lures, rĂ©sistent par transmission Ă toute la circonfĂ©rence, et par une sorte de ressort et de cohĂ©sion des articulations, selon que ces dentelures sâappuient sur lâos sur lequel sâopĂšre la transmission, ou selon quâil s'appuie sur elles.
Les os compactes et les points compactes résistent plus que les points spongieux à une pression étroite, par leur ressort.
Les points les plus durs rĂ©sistent probablement le plus ; cependant il nâest pas rare de trouver des fractures, par contre-coup, aux rochers.
Passons Ă la rĂ©sistance composĂ©e des membres, de la colonne vertĂ©brale, de la poitrine, du bassin, de la face et de la tĂȘte.
Les membres infĂ©rieurs rĂ©sistent au poids du corps par le mĂ©canisme des colonnes lĂ©gĂšrement inflĂ©chies, et formĂ©es de plusieurs piĂšces; câest, par consĂ©quent, par le ressort et la cohĂ©sion de leurs os et des cartilages intermĂ©diaires.
Le tarse rĂ©siste par un mouvement de ses os tel quâils se resserrent vers la surface supĂ©rieure, et sâĂ©cartent dans le sens
4
I
( ) opposĂ©, comme cela arrive dans les rotations articulaires j il rĂ©siste aussi par une transmission de Teffort sur le sol par les parties antĂ©rieure, postĂ©rieure et externe de la plante du pied qui sây appuient.
La colonne vertĂ©brale rĂ©siste de haut en bas par le mĂ©caÂŹ nisme des ressorts inflĂ©chis et Ă base large, et en outre comme une colonne de plusieurs piĂšces creuses. De ces inflexions, qui augmentent la rĂ©sistance en raison du carrĂ© de leur nombre, plus un, il rĂ©sulte quâelle est seize fois plus rĂ©sistante, de haut en bas, que si elle Ă©tait verticale.-En derniĂšre analyse, câest toujours par ressort, par cohĂ©sion et par transmission.
Elle résiste, suivant sa circonférence, comme un cylindre irrégulier, dont les apophyses extérieures auraient encore leur mode de résistance particulier.
Les cavitĂ©s cylindriformes, comme la poitrine et le bassin, rĂ©sistent aussi comme des cylindres de plusieurs piĂšces, suiÂŹ vant leur circonfĂ©rence. Mais comme ces cavitĂ©s sont fort irÂŹ rĂ©guliĂšres dans les divers points de leur contour, comme celle du thorax est trĂšs-mobile dans ses parois, il sâensuit que le mĂ©canisme de leur rĂ©sistance varie nĂ©cessairement en raison de ces modifications. Je mâĂ©carterais de mon objet en mâen occupant. J e ferai seulement observer que, dans ces cavitĂ©s comme dans les cylindres et les sphĂ©roĂŻdes, tout effort fait sur un point de leur contour en suit la circonfĂ©rence, autant que la rĂ©gularitĂ© le permet, et sâĂ©teint en partie dans le sacrum ou le rachis, et avec dâautant plus dâexactitude, que lâeffort est plus directement opposĂ©; que, lorsque le contour de la cavitĂ© est fixĂ© sur un appui Ă©tranger, et quâelle Ă©prouve un effort a lâopposĂ©, le mouvemeiii sây rend toujours en suivant sa courÂŹ bure, pour se rĂ©pandre par transmission dans le point dâapÂŹ pui ; quâoutre la rĂ©sistance de transmission, qui se fait touÂŹ jours au moins indirectement, on y observe, lorsquâil nây a pas dâappui Ă©tranger, celle de mouvement, et que, dans lâun et lâautre cas, celle de cohĂ©sion et celle de ressort ont lieu aux circonfĂ©rences intĂ©rieure et extĂ©rieure dâune maniĂšre inÂŹ verse, comme je vais lâexpliquer en pariant de la rĂ©sistance du crĂąne.
Dans la cavitĂ© ellipsoĂŻde du crĂąne, lâeffort se divise en rayonnant, et chaque rayon de cette puissance suit la courÂŹ bure de la cavitĂ©, et va se rĂ©unir au point opposĂ© en un centre, qui est le foyer oĂč ils convergent tous.
Cependant, lorsque ce foyer nâest point appuyĂ©, une partie des rayons sâĂ©chappent indirectement par la colonne cervi-
( 5i- ) cale, et lâautre imprime un mouvement Ă la totalitĂ© de la tĂȘte, si on ne s^y oppose par un effort. Dans ce cas, le crĂąne rĂ©siste au dĂ©placement, et par la force dâinertie de la tĂȘte, et par le mouvement de la totalitĂ© de celle-ci, et en partie par transmission. Toutes les fois, au contraire, quâau point de convergence des rayons de lâeffort se trouve un appui, soit le rachis, soit un soutien Ă©tranger, ils sâĂ©chappent par cette voie. Ainsi, que la tĂȘte soit appuyĂ©e sur lâocciput, et quâon fasse effort sur le front, câest a lâocciput que sera le foyer de concentration et de transmission.
Mais, dans ce cas, les deux moitiĂ©s opposĂ©es de lâel^ lipse du crĂąne tendent a se rapprocher, ou se rapprochent de maniĂšre Ă redresser leurs surfaces concaves et convexes, et il doit se faire une saillie anguleuse en dehors par le rapÂŹ prochement de la circonfĂ©rence de ces deux moitiĂ©s elliptiÂŹ ques au point fictif oĂč lâon conçoit quâelles se confondent. Il suit de lĂ , que leur surface interne sâĂ©tend et lâexterne se resÂŹ serre-, la premiĂšre, malgrĂ© la cohĂ©sion ; la seconde, contre lâeffort opposĂ© par le ressort des molĂ©cules qui la forment; quâĂ lâendroit fictif oĂč les circonfĂ©rences des.deux demi ellipses se rencontrent, leur surface externe sâĂ©tend malgrĂ© la cohĂ©ÂŹ sion, par la saillie anguleuse qui doit avoir lieu, tandis que lâinterne se resserre malgrĂ© le ressort des molĂ©cules , en sorte que la rĂ©sistance au brisement du crĂąne, dans ce cas, a lieu Ă lâintĂ©rieur et Ă lâextĂ©rieur dâune maniĂšre inverse par la coÂŹ hĂ©sion et le ressort des particules osseuses.
On doit observer que la rĂ©sistance du crĂąne rĂ©unit tous les modes de rĂ©sistances simples dont nous avons donnĂ© lâanalyse.
Il en est de mĂȘme pour le thorax et le bassin : seulement^ les phĂ©nomĂšnes que je viens dâanalyser ne peuvent se dĂ©veÂŹ lopper que suivant leur circonfĂ©rence transversale, avec des modifications donnĂ©es par lâirrĂ©gularitĂ© de leur forme ; mais ces dĂ©tails seraient dĂ©placĂ©s ici : il me suffit dâavoir dĂ©comÂŹ posĂ© une des rĂ©sistances les plus complexes de lâĂ©conomie animale.
Quant Ă la face, elle rĂ©siste surtout par transmission, k lâaide des appuis divers quâelle prend sur le crĂąne. Ses os rĂ©sisÂŹ tent entre eux par leurs appuis rĂ©ciproques , se tiennent par des inĂ©galitĂ©s qui sâengrĂšnent, et cflrent jusquâĂ un certain point la disposition de tenons engagĂ©s dans leurs mortaises, disposition plus frappante encore dans les os du crĂąne, et (jui rapproche ce mode de rĂ©sistance de celui par cohĂ©sion.
( 52 ) 3Âź SotJS-ORDRE. â C. Solutions de continuitĂ©. â Ce sont
les séparations qui arrivent à nos tissus, lorsque leur résis tance est inférieure k la force qui agit sur eux. 11 y en a trois genres.
G"Âź. 37. Sections. â Ce sont celles qui sont opĂ©rĂ©es dans nos tissus, soit en sciant, soit en pressant, soit par Tun et lâautre mĂ©canisme a la f(^is. Dans tous les cas, les parties ne rĂ©sistent Ă la section que par leur ressort, leur cohĂ©sion, et quelquefois en fuyant un peu.
G"Âź. 38. Ruptures. â Ce sont des solutions produites par des forces qui agissent contre la cohĂ©sion des parties, et les distendent au-dela de leur rĂ©sistance, les unes par une tracÂŹ tion dans la direction mĂȘme des parties (celles-ci ne sont guĂšre possibles que dans les tissus mous) 3 les autres, par un effort qui, en flĂ©chissant la partie, la distend dans un sens, et la comprime dans l^autre jusquâĂ la rupture.Celles-ci commencent au cĂŽtĂ© convexe, et finissent au cĂŽtĂ© concave, par la sĂ©paration croissante des parties inflĂ©chies : telles sont proÂŹ bablement toutes les fractures dans les ruptures par inflexion. Parmi ces-fractures, les unes ont lieu la oĂč la cause sâest fait immĂ©diatement sentir : elles sont directes j dâautres sont plus ou moins Ă©loignĂ©es de ce point : on les appelle fractures par contre-coup.
Les fractures par contre-coup ne peuvent guÚre avoir lieu que dans les os longs et les os larges. Telles sont dans les os longsla fracture du corps ou du col du fémur par une chute sur les talons ou sur les genoux, celles des cÎtes dans leur corps par une force qui agit sur le sternum, etc.
Dans les os larges et dans ceux du crĂąne, par exemple, qui en prĂ©sentent le plus de variĂ©tĂ©s ; iÂź les unes ont lieu Ă la lame interne seulement de lâos frappĂ© ; 2Âź d'autres dans un point plus ou moins Ă©loignĂ© ou opposĂ©, comme k la voĂ»te orbitaire et au rocher , lorsque la puissance agit au sommet du crĂąne. Dans le premier cas , la fracture a lieu par la distenÂŹ sion de la lame interne, qui a Ă©tĂ© portĂ©e aii-delk de la cohĂ©ÂŹ sion de celle-ci, tandis que la lame externe sâest resserrĂ©e. Lorsque la cassure de celle-ci arrive en mĂȘme temps que la premiĂšre, elle est produite comme dans les fractures par flexion dont jâai parlĂ© tout k lâheure. Dans le second cas, la fracture rĂ©sulte de ce que le point brisĂ© est trop faible pour rĂ©sister au seul rayon de mouvement qui a passĂ© par son Ă©paisÂŹ seur. La fracture dâun point rĂ©sistant, comme le rocher, pro-
( 53 )
vient trĂšs-probablement de la concentration du mouvement en ce point. Il y produit un effet quâil nâa pu dĂ©terminer sur le point immĂ©diatement choquĂ©, probablement parce que celui-ci a cĂ©dĂ© par un lĂ©ger mouvement, et a rĂ©sistĂ© par la transmisÂŹ sion de lâeffort dont il sâest dĂ©chargĂ©, comme une voĂ»te, sur les os voisins, tandis que le rocher, oĂč il se concentre, ne pouÂŹ vant se dĂ©charger nulle part, le mouvement y reste dans toute son Ă©nergie.
39. Usure des dents. â Lâusure des dents consiste dans la sĂ©paration, molĂ©cules Ă molĂ©cules, des parties de leur couronne, par le frottement. Elle devient de plus en plus sensible avec lâĂąge.
PhĂ©nomĂšnes physiques. âLes phĂ©nomĂšnes physiques de la vie chez lâhomme se rapportent Ă la pesanteur , au passage de la lumiĂšre et de lâĂ©lectricitĂ© Ă travers nos organes, et Ă la sonorĂ©itĂ© quâils prĂ©sentent.
G"Âź. 4o. Pesanteur. âToutes nos parties solides obĂ©issent Ă la pesanteur. Nos liquides nâen sont pas exempts, et les effets en sont plus ou moins sensibles, comme lâa observĂ© M. BourÂŹ don. Cette pesanteur de liquides est plus remarquable chez le vieillard que chez lâenfant; câest elle qui souvent engorge en grande partie les veines et le tissu cellulaire des jambes, et toujours elle augmente cet effet dans la station verticale. Cette pesanteur des solides et des fluides de lâĂ©conomie est continuelle et sans intermission, et la gravitĂ© est une proÂŹ priĂ©tĂ© commune aux corps vivans, ainsi quâĂ tous les autres corps.
G"Âź. 4t* Transmission de lâĂ©lectricitĂ©. â LâĂ©lectricitĂ© se communique Ă travers tous nos tissus, et la rapiditĂ© de la communication ne paraĂźt pas moindre quâĂ travers les meilÂŹ leurs conducteurs : il est probable quâun corps vivant lâattire Ă©galement en raison inverse du carrĂ© de la distance, et en raiÂŹ son directe de sa masse.
G"^Âź. 42 TransluciditĂ©. â La lumiĂšre est rĂ©flĂ©chie par tous nos tissus ; comme tous les corps, ils lâabsorbent, et lâabsorÂŹ bent diffĂ©remment en partie, car ils sont colorĂ©s diversement. Beaucoup de tissus et dâhumeurs sont plus ou moins diaÂŹ phanes , mais quelques-uns seulement sont habituellement traÂŹ versĂ©s par la lumiĂšre ; ce sont les membranes et les humeurs transparentes de lâĆil, lâĂ©piderme, les ongles, une partie de lâĂ©paisseur de l^ peau, toute son Ă©paisseur lĂ oĂč elle est mince, et les membranes muqueuses eu contact avec la lumiĂšre.
( 54 ) On distingue, dâune maniĂšre plus ou moins parfaite, Ă traÂŹ vers ces membranes, les vaisseaux de leur Ă©paisseur, et quelques-uns de ceux qui sont sous-jacens. La transluciditĂ© est donc une propriĂ©tĂ© commune a certains tissus vivans. Il est probable que la rĂ©fraction de la lumiĂšre y suit toujours les mĂȘmes lois que dans les corps inertes.
G'Âź. 43. SonorĂ©itĂ©. â Tous nos tisslis sont plus ou moins sonores, et ils le sont dâautant plus, qu'ils contiennent plus
Enfin, jouissons-nous de la facultĂ© de conduire la chaleur ? elle ne paraĂźt pĂ©nĂ©trer que quelques tissus inertes, comme rĂ©pidermique ; mais, il faut Tavouer, la science nâa rien de trĂšs-positil a cet Ă©gard.
PhĂ©nomĂšnes chimiques. â Cet ordre est trop peu connu pour prĂ©tendre y Ă©tablir des genres bien fondĂ©s. ISous y rapÂŹ portons les actions et rĂ©actions molĂ©culaires, opĂ©rĂ©es Ă lâextĂ©ÂŹ rieur, ainsi que dans lâintĂ©rieur de nos organes et de nos tissus. INous ne faisons quâen indiquer les diffĂ©rences les plus senÂŹ sibles, et nous nâen caractĂ©risons que quelques-unes.
1Âź. Parmi ces phĂ©nomĂšnes, les uns se passent a rextĂ©rieur du corps ou Ă lâintĂ©rieur des voies respiratoires, et sâopĂšrent entre lâair et les fluides qui y sont exhalĂ©s ou sĂ©crĂ©tĂ©s 5 tels sont VĂ©vaporation de la sueur, des fluides sĂ©bacĂ©s, des larmes, de lâhumeur folliculaire des paupiĂšres, des fluides perspiratoires et folliculaires de la membrane des fosses naÂŹ sales; tel est le mĂ©lange de lâacide carbonique avec lâair amÂŹ biant , versĂ© a la surface de la peau et dans lâintĂ©rieur des pouÂŹ mons, probablement par sĂ©crĂ©tion. Ce ne sont que des phĂ©ÂŹ nomĂšnes Ă 'Ă©s^aporation et de mĂ©lange,
2°. Dâautres se passent entre les fluides sĂ©crĂ©toires , persÂŹ piratoires et folliculaires, qui se rencontrent sur les membranes muqueuses ou folliculaires : ce ne sont peut-ĂȘtre que des mĂ©~
langes de sĂ©rositĂ©, de mucus, etc. 3°. Dâautres, comme la formation des graviers et des calÂŹ
culs , se passent dans les voies biliaires et urinaires, et ne paraissent ĂȘtre que des prĂ©cipitations ou des cristallisations,
4°. Dâautres, beaucoup plus obscurs, plus variĂ©s, moins communs, se passent dans les voies digestives , entre des maÂŹ tiĂšres liquides, molles ou solides, quelquefois gazeuses, venues du dehors, et des fluides perspiratoires, folliculaires, sĂ©crĂ©ÂŹ toires, qui y arrivent ou sây rencontrent. Ăeux-ci ne sont point les mĂȘmes dans la bouche , lâestomac, le duodĂ©num et
( 53 ) le reste des intestins, comme le prouve la diffĂ©rence des proÂŹ duits dĂ©veloppĂ©s dans Pestomac, le duodĂ©num et les autres intestins, et comme le fait prĂ©voir la diffĂ©rence des ĂŒuides Salivaire, gastrique, biliaire, pancrĂ©atique et intestinaux. Cependant, ne pourrait-on pas Ă priori dĂ©duire de cette derÂŹ niĂšre observation autant de sortes de phĂ©nomĂšnes chimiques distincts, en attendant du reste les lumiĂšres de TexpĂ©rience, qui pourra apprĂ©cier et caractĂ©riser les influences des produits dâune de ces actions sur la suivante ? Il est inutile de faire obÂŹ server que les sĂ©crĂ©tions digestives Ă©tant des rĂ©sultats de la vie, elles sont soumises aux mĂȘmes variations que celle-ci, et doivent par suite modifier les phĂ©nomĂšnes chimiques 5 quâelles doivent encore varier selon les matiĂšres prĂ©sentĂ©es aux organes digestifs, et quâil est impossible de les caractĂ©ÂŹ riser actuellement.
5°. Dâautres se passent plus profondĂ©ment dans nos vaisÂŹ seaux, entre les fluides apportĂ©s par lâabsorption des surÂŹ faces de nos organes, entre les produits de la dĂ©composition nutritive, et entre les fluides circulans. Ces phĂ©nomĂšnes doivent sâopĂ©rer dans le systĂšme capillaire gĂ©nĂ©ral et tout le long du systĂšme veineux gĂ©nĂ©ral, qui, de distance en disÂŹ tance, reçoit de nouveaux produits : ils doivent surtout sâopĂ©rer avec activitĂ© dans les veines sous-claviĂšres, au dĂ©ÂŹ bouchĂ© des gros troncs lymphatiques. Lâaction molĂ©culaire du sang et du chyle, qui se dĂ©veloppe a lâarrivĂ©e de celui-ci dans les ve'ines que je viens de citer, ou dans lâune dâelles seulement, nâa peut-ĂȘtre quâune analogie illusoire avec celle des corps inertes , parce que les deux fluides paraissent jouir de la vie, puisquâils offrent des phĂ©nomĂšnes de rĂ©sistance vitale h la putrĂ©faction.
6â. Dâautres semblent sâopĂ©rer entre lâair et le sang, et il paraĂźt que les choses se passent dâune maniĂšre analogue parÂŹ tout oĂč lâair et le sang ne sont sĂ©parĂ©s que par des membranes trĂšs-minces , comme dans les poumons, soit quâune portion de lâair, comme lâoxigĂšne, soit absorbĂ©e, soit quâelle pĂ©nĂštre a travers les membranes jusquâau sang, par un phĂ©nomĂšne purement mĂ©canique, ou sollicitĂ©e par un affinitĂ© chimique. Ce sont lĂ , en apparence, des phĂ©nomĂšnes Ă 'oxi^Ă©nation qui se passent Ă la fois dans les poumons et Ă la peau, autant, toutefois, que la nuditĂ© et la finesse de celle-ci peuvent le permettre. Je ne parle ici quâavec lâhĂ©sitation du doute, parce quâĂ prĂšs bien des rĂ©flexions pour comprendre la nature de ces
( 56 ) phĂ©nomĂšnes, et savoir sâils sont vitaux ou chimiques^ comme je l'ai supposĂ© dans cette classification, je trouve des-raiÂŹ sons Ă©gales pour les deux opinions, et toutes, si faibles, que je ne puis sortir de mon indĂ©cision.
En effet, quand je considĂšre que les changemens de lâair et du sang sont variables comme les phĂ©nomĂšnes vitaux , que le sang rouge est formĂ© dans les capillaires pulmonaires aux dĂ©pens du sang qui y arrive, comme les fluides sĂ©crĂ©tĂ©s le sont dans les capillaires des glandes aux dĂ©pens du sang quâelles reçoivent, que ce sang rouge est fait aux dĂ©pens du sang noir, comme la bile est peut-ĂȘtre elle-mĂȘme sĂ©parĂ©e du sang noir abdominal, que ce ne serait pas l'a, dâailleurs, la seule analogie des fonctions des poumons et du foie, que les quaÂŹ litĂ©s de lâair expirĂ© proviennent des modifications que lâair inspirĂ© a Ă©prouvĂ©es dans les capillaires des bronches, comme les fluides sĂ©crĂ©tĂ©s sont le rĂ©sultat des modifications que le sang a reçues dans les vaisseaux capillaires des glandes, je suis tentĂ© de croire qu'". les prĂ©tendus phĂ©nomĂšnes chimiques de la respiration sont une Ă©laboration vitale , comme les sĂ©crĂ©ÂŹ tions, la nutrition, que, jusquâĂ prĂ©sent, on ne peut placer ailleurs que parmi les phĂ©nomĂšnes vitaux, et que ce nâest pas au moins un phĂ©nomĂšne chimique dans tous ses Ă©lĂ©mens. Jâincline bien davantage encore vers cette opinion, quand je me rappelle lâimpuissance, lâincertitude des thĂ©ories chimiques, elles qui portent habituellement une Ă©vidence mathĂ©matique, elles pour qui la nature nâa rien de cachĂ© lorsquâelles tiennent une fois les Ă©lĂ©mens et les produits dâune action molĂ©culaire.
Mais, quand je compare ensuite la rapiditĂ© de lâaction pulmonaire Ă la lenteur de presque toutes les Ă©laborations viÂŹ tales, le contraste me semble frappant; quand je la compare Ă la rapiditĂ© de la plupart des combinaisons molĂ©culaires, je suis plus Ă©tonnĂ© encore de cette ressemblance; et, quand, enfin, je vois lâinfluence de lâoxigĂšne dans la respiration, son influence sur le sang Ă travers les parois dâune vessie, Ă travers les parois des capillaires des membranes dâun caÂŹ davre que jâexpose Ă lâair, je lâavoue, je suis Ă©branlĂ© dans ma premiĂšre opinion; mais, enfin, je ne suis pas plus conÂŹ vaincu par ces rĂ©flexions que par les premiĂšres.
Je me borne Ă ce lĂ©ger aperçu ; car je nâen finirais pas si je voulais placer ici toutes les objections et les rĂ©pliques que je me suis faites, Ă lâoccasion de ces considĂ©rations. Il me suffit dâavouer quâelles nâont pu me tirer de mon incertitude.
( 5? ) Lâanalogie des pliĂ©noinĂšnes qui se passent dans le systĂšme
capillaire gĂ©nĂ©ral mâinspire, Ă leur Ă©gard , les mĂȘmes douteĂ
et les mĂȘmes idĂ©es. Ainsi, nous achevons de dĂ©montrer : iÂź. que les causes des
phénomÚnes de la vie proviennent de causes individuelles ou
de causes Ă©trangĂšres Ă lâindividu ; 2â. Que, parmi les premiĂšres, il est des propriĂ©tĂ©s ou faÂŹ
cultĂ©s qui sont intimement liĂ©es aux qualitĂ©s matĂ©rielles des organes vivans, sans quâon puisse les aj)prĂ©cier autrement que par les phĂ©nomĂšnes dont on les dĂ©duit j
3°. Que les phĂ©nomĂšnes complexes de lâĂ©conomie se rapÂŹ portent tous en derniĂšre analyse Ă des phĂ©nomĂšnes vitaux, mĂ©caniques, physiques et chimiques j
4Âź. Que les premiers prĂ©sentent dix-huit genres distincts, dont les uns sont trĂšs-rĂ©pandus et gĂ©nĂ©raux, savoir : iÂź la rĂ©sistance vitale, 2â les sensations, 3Âź les contractions, 4°» 5Âź la composition et la dĂ©composition continuelles de lâĂ©cono- nomie, 6â lâaccroissement, 7° la calorification , 8° les sĂ©crĂ©ÂŹ tions, 9° lâabsorption j les autres, plus circonscrits et spĂ©ÂŹ ciaux, savoir : 10Âź les transmissions sensoriales, 11Âź les perÂŹ ceptions , 12*^ les Ă©motions, iSÂź le calme de lâesprit, i4° les transmissions volitionelles, les expansions, 16Âź lâanimaÂŹ tion, 17* la fĂ©condation, 18â TĂ©leclrification, qui est loin dâĂȘtre dĂ©montrĂ©e, mĂȘme chez lâhomme malade ;
5Âź. Que parmi les phĂ©nomĂšnes mĂ©caniques se placent vingt- un genres divers, savoir : les distensions , 2° les resserre- mens, 3Âź les effets dâĂ©lasticitĂ©, 4° raccornissemens , 5Âź les Ă©branleinens ou commotions, 6* les progressions et les rĂ©troÂŹ gradations des fluides, 7'â les glissemens des tissus mous, 8Âź les dĂ©placeinens uniformes de toute la partie mise en mouveÂŹ ment, 9Âź les inclinaisons, 10â les circonductions, ii* les tournoiemens, 12Âź les glissemens articulaires, iS^Ies rotaÂŹ tions articulaires, 14â les rĂ©sistances par cohĂ©sion, i5Âź par ressort ou rĂ©pulsion, 16â par transmission , 17Âź par inertie, 18° par mouvement de cĂ©der, 19Âź les sections , 20Âź les rupÂŹ tures, 21*^ lâusure des dents;
6Âź. Que, dans lâordre des phĂ©nomĂšnes physiques, viennent se placer quatre genres, iâ la pesanteur, 2^ la transmission Ă©lectrique, 3â la transluciditĂ©, 4*" la sonorĂ©itĂ© ;
7°. Que, dans lâordre des phĂ©nomĂšnes chimiques , on ne peut encore Ă©tablir de genres bien fondĂ©s.
8Âź. Quâen somme, il y a au moins quarante-quatre genres de phĂ©nomĂšnes simples dans rhomme vivant.
( 58 )
Je termine ici un essai, sans doute rempli de beaucoup dâimperfections ; je les abandonne a la sagacitĂ© des lecteurs, qui mâobligeront toujours en me les faisant connaĂźtre ; a leur gĂ©nĂ©reuse indulgence, qui voudra bien me les pardonner en faveur des incertitudes et des difficultĂ©s, sans nombre quâĂ©ÂŹ prouve tout voyageur qui ouvre une carriĂšre nouvelle.
En effet, jusquâici les physiologistes nâont exposĂ© les phĂ©ÂŹ nomĂšnes que dans lâordre de leur succession, comme on dĂ©ÂŹ crit les procĂ©dĂ©s dâune opĂ©ration quelconque. Câest la mĂ©ÂŹ thode par laquelle on doit commencer lâexposition des phĂ©ÂŹ nomĂšnes de la vie,, mais elle nâempĂȘche pas ensuite de classer, et dâanalyser ces phĂ©nomĂšnes dâaprĂšs leur nature^ JusquâĂ prĂ©sent, on a rien tentĂ© Ă cet Ă©gard, et il nây a rĂ©ellement pas de classification naturelle en physiologie..Une classificaÂŹ tion naturelle est lâexposition de certaines matiĂšres rapproÂŹ chĂ©es en raison des ressemblances, et sĂ©parĂ©es en raison des diffĂ©rences tirĂ©es de leur nature. Or, il est Ă©vident quâaucun auteur nâa encore essayĂ© dâen faire en physiologie. SĂ©parer les phĂ©nomĂšnes de la vie en ceux qui servent Ă l'entretien de Vindividu, et eu ceux qui servent Ă la reproduction dp VespĂšce y câest nâavoir Ă©gard quâĂ un caractĂšre relatif, Ă leurs usages, et non Ă leur nature. Toute considĂ©ration de ce genre ne doit ĂȘtre quâaccessoire. C^est dâaprĂšs^de tels principes quâont procĂ©dĂ© les naturalistes ; aussi ont-ils le plus perfectionnĂ© ces mĂ©thodes dĂ©classement. Elles leur Ă©taient indispensables pour exposer les nombreux objets de leur science.
On trouve cependant les germes dâune classification phyÂŹ siologique naturelle dans divers ouvrages. Celui.qui a le plus fait Ă cet Ă©gard, aidĂ© des lumiĂšres de ses prĂ©dĂ©cesseurs, câest Kichat. Il rapporte tous les phĂ©nomĂšnes de lâhomme vivant Ă des phĂ©nomĂšnes vitaux et de tissu^ Il distingue ensuite impliÂŹ citement les phĂ©nomĂšnes vitaux en ceux :
1°. De la sensibilité^ qui est animale (percevante, p. iG) ou organique (inapercevante, p. i6);
De la contraciililĂ©^ qtiâil divise en aninhale (volonÂŹ taire, p. 3o) et en organique (involontaire, p. 3o);
De f 'extensibilité active ( expansibilité, p. 3o ). Il réduit les phénomÚnes de tissu : 1Ÿ: A la contractilité par défaut d'extension (contractilité
vitale lente, p. 3o, et retour Ă©lastique par resserrement,.
p.4o); 2°. A la contractilitĂ© par raccornissement (p. 4o)5 3°. A lâeâjr^e/25z^//zYe(distensibilitĂ©, p. Sq).
( 59 ) Ainsi BicLat admettait implicitement, et en quelque sorte
à son insu, plusieurs genres de phénomÚnes simples, savoir : IŸ. Des sensations perçues et inaperçues (p. 12, i5) ; 2*. Des contractions volontaires et involontaires (p. 28,29) ; 3°. Des expansions vitales ou extensions actives (p. 3o),
qui sont trois genres de phénomÚnes vitaux ; Des retours élastiques par contraction ou resserrement
(p-4o), avec lesquels il a confondu, ainsi que tant dâauÂŹ tres, les contractions vitales lentes (p. 28); ^
5Ÿ. Des contractions par raccornissement (p. 40)5 - 6Ÿ. Des extensions passives (p. 38), qui sont des phéno
mĂšnes mĂ©caniques, et il mĂ©connut, comme on le voit, les phĂ©nomĂšnes de la rĂ©sistance vitale (p. 11), indiquĂ©s par Dumas, comme je le raconterai dans les dĂ©tails historiques qui feront le sujet dâun autre travail.
Ces faits, ajoutĂ©s aux prĂ©cĂ©dons, donnent sept genres de phĂ©nomĂšnes, mentionnĂ©s vaguement dans les auteurs, par les propriĂ©tĂ©s quâils en ont dĂ©duites, dâailleurs, sans aucune idĂ©e de classification, au lieu de quarante-quatre genres, au moins, quâon peut observer dans lâhomme. Ces divers genres, dont on peut dĂ©duire autant de propriĂ©tĂ©s ou facultĂ©s gĂ©nĂ©ÂŹ riques, offrent plusieurs espĂšces distinctes, que je nâai fait^ quâindiquer. Je nâai trouvĂ© nulle part, la plus grande partie de ces subdivisions des genres que jâai signalĂ©es , et elles ne pouvaient guĂšre sâapercevoir que de la route dans laquelle je me suis engagĂ©. Enfin, cette classification naturelle met sur. la voie des analogies des corps vivans et des corps inertes ; elle montre par quels points ils sâĂ©loignent ; quels genres de phĂ©nomĂšnes et de propriĂ©tĂ©s les physiologistes peuvent obserÂŹ ver par la seule Ă©tude de la vie; quels sont ceux qui rĂ©claÂŹ ment dâeux des connaissances de mĂ©canique, de physique et de chimie, et oĂč ils peuvent employer les moyens dâĂ©tude particuliers de ces sciences ; quels sont ceux que le mĂ©decin peut traiter sans connaissance dç mĂ©canique, de physique et de chimie, et quels sont ceux enfin oĂč il a besoin de ces
lumiĂšres.
FIN.
N IMPRIMERIE DE C,-L.-F. PANCKOUCKE.
ERPxATJ,
Page I, ligne 5, au lieu de aide dâanatomie, lisez ; prosecteur. Idem. , ligne 11, aa lieu de ils, lisez : les organes. Idem., ligne \ i, au lieu de rapidement les causes, lisez : rapide-r
fnent les principaux caractĂšres de leurs causes. Page 3, lig. 4Ăź de encore , lisez : aussi. Idem., lig. 14» âl^Âź indiquer., lisez : quâen indiquer les
principaux traits. Page 4) lig- 18, au lieu de ceux-ci, lisez : ceux-là . Page 11, lig. 7, au lieu de décomposent, lisez : séparent. Idem., lig. 10, au lieu de de cette nature, lisez : des phénomÚnes
vitaux, Page i3 , lig. 11, au lieu de le sont, lisez : sont développées. Page i4> lig. 42, au lieu de forcé à , lisez ; forcé de. Page i5, lig. 2g, au lieu de étouffer. On, Usez : étouffer, on. l^age 16, lig. 5, 6, 8, att lieu des mots perçue, inaperçue, lisez : perce-,
uanle, inapercei^atite. Page 24, lig- 34, au lieu de fait connaĂźtre, lisez : cause. Page 23 , lig. 55, au lieu de dâoĂč , lisez : dont. Page 28, lig. I, 2, 3, le mot de transmissibilitĂ©, imprimĂ© en caracÂŹ
tĂšre italique^ doit ĂȘtre lu en caractĂšre romain. Page 3o, lig. Sq, au lieu de infinis, lisez : Ă lâinfini. Page 3 I , lig. 3^, 5t5, au lieu du mot animilĂ©, lisez : animabililĂ©. Page 52, lig. 10, au lieu de nous, Usez : lâanimal. Idem., lig. 34, au lieu de et se, lisez ; et ne pas se. Page 35 , lig. 38, au lieu de mĂȘmes, lisez { mĂȘme. Page 38, lig. i , au lieu de les uns, lisez : les unes. /dem. ,lig. 2, rtw/iett raccourcissement, lisez: raccornissemenl. Page 3q, lig. q, au lieu de dâune concavitĂ©, lisez : de la c(mcavitĂ©. Page 48, lig. 4 I, au lieu de peu Ă©tendues., lis^z : peu Ă©tendues lorsÂŹ
quâelles tendent Ă les hriser. Entin, supprimez tous les numĂ©ros placĂ©s Ă la suite de ceux des
genres, depuis le iq*â jusquâau 36Âź.
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