entreprendre - GROUPE SOS

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entreprendre Tous droits de reproduction réservés Date : 01/03/2014 Pays : FRANCE Page(s) : 54-57 Rubrique : Entreprendre Diffusion : (125691) Périodicité : Mensuel Surface : 349 %

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ENTREPRENEURSSOCIAUX

-EPLAISIRSOLIDAIRECadresou diplômés de grandes écoles,cesstart-uppersont préféré la causequi leurtenait à coeuraux multinationalesqui leurtendaient lesbras.Et ilsrévolutionnent le secteur.PARTHOMAS LESTAVEL (ffilestavelt

CHARLES-EDOUARDVINCENT,A2 ans,fondateurd'Emmaùs

Défi. Depuis2007, cetteassociationde recyclagea aidé à laréinsertionde 135 SDR

Polytechnique, Stanford et un premierposte dans une start-up de la SiliconValley. A première vue, Charles-Edouard Vincent,42 ans, est le stéréo

type même de l'entrepreneur qui a réussi. Saufque la boîte qu'il a créée en 2007 est une association affiliée au mouvement de l'abbé Pierrequi emploie des SDFpour recycler dumatérielusagé. Emmaùs Défi emploie ces sans-abripour des contrats de quatre, huit ou seizeheures par semaine dans le but de les réinsérer. En sept ans, 900Zodes 150 SDFpris sousson aile ont retrouvé un vrai travail. Etun toit.

Charles-Edouard est l'exemple parfait de lanouvelle génération d'entrepreneurs sociaux :des jeunes diplômés ou des cadres de grandsgroupes qui préfèrent mettre leur talent auservice de projets utiles, dans l'éducation, lalutte contre l'exclusion ou l'environnement.«Nous voulons avoir un impact positif sur lasociété tout en restant économiquement performants», résume André Dupon, 56 ans, président du Mouves, le Mouvement des entrepreneurs sociaux. Lui-mêmedirigeVitamine T,un géant du secteur, 3 000 salariés, 12filiales,50 millions d'euros de chiffre d'affaires, œuvrant dans le reconditionnement d'appareilsélectroménagers, la médiation sociale, le bâtiment et les espaces verts. D'après le Centred'analyse stratégique, l'économie socialeet solidaire emploie 2,3 millions de personnes dansl'Hexagone et représente 807odu PIB. Avec le

vieillissement de la population, son poidspourrait doubler d'icià 2024, selon le Mouves.«Depuis 2008, des milliers de start-up fleurissent dans le secteur. La faillite de LehmanBrothers a attiré des jeunes cadres soucieuxde donner du sens à leur carrière», expliqueThierry Sibieude, responsable de la chaired'entrepreneuriat social de l'Essec, qui vientde fêter ses dix ans. Simême les écoles de management adaptent leurs programmes. ..

SOLIDES GESTIONNAIRES. Lesentrepreneurs sociauxde l'ancienne génération avaientappris le métier sur le tas, gérant leur association de façon artisanale. Ceux de la nouvellesavent piloter un compte de résultat, mesurerun retour sur investissement et licencier lesmauvais éléments. Même si le choc des cultures est parfois rude. AlixBernard-Bordes, uneex-Essec de 33 ans, a repris ily a trois ans LesAteliers de Provence, une entreprise d'insertion implantée près de Marseille et spécialiséedans lejardinage, le nettoyage et le conditionnement. Ason arrivée, elle découvre une structure déficitaire auxcomptes opaques :«L'ancien.trésorier, un bénévole, maniait des millions !d'euros alors qu'il ne savait pas lire un bilan. Il Iavait même contracté des emprunts toxiques iauprès de Dexia !»Sa réaction ne se fait pas jattendre : elle rompt les contrats non renta- |blés, renégocie les autres et prend son bâton ;de pèlerin pour démarcher les grandes » » » I

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ENERGY. Fondéeen 2012, cette

start-up fournit del'électricité dans

les zonesrurales africaines.

Elle comptedéjà 20 boutiques

au Sénégal.

2,3millions desalariéstravaillent enFrance dansl'économiesociale etsolidaire, quireprésente80ZoduPIB(source:Centred'analysestratégique).

FONDSD'IMPACTCe termedésigneles fondsd'investissementspécialisésdans lefinancementd'entreprisessociales(impactcomme dans«impactsocial»).

> DANS CESSTRUCTURES,LE MOT «PROFIT»DEVIENT DE MOINS EN MOINS TABOU***entrepriseslocales.Leplanportesesfruits.Alixdécrocheun contrat avec Eurocopter,leplus gros employeurde la région.Dès 2012,lescomptesdela sociétépassent au vert.

SUBVENTIONSVITALES.Cequidistinguelesentreprisessocialesdeleursconsœursditesordinaires? Pasleur activité,puisqu'ellesévoluent dans tous les secteurs, des services àl'agricultureen passant par l'industrieet l'artisanat. Pas leur taille non plus,puisque desstart-upcôtoientdesmastodontesde plusieursmilliersdesalariés(11000dansleGroupeSOS,leplus granden France).Auniveaudu statut,enrevanche,une entreprisesocialeseconstruit

surn'importequelmodèlejuridique:elle peutadopterune formeclassique(sociétéanonyme,SARL)ou se singulariseren se constituantenassociationouen scop.Touscesmodèlesn'offrent cependant pas les mêmes possibilités.Ainsi,un statut de sociétéclassiqueest plus àmême d'attirerdesinvestisseurs,carilpermetdelesrémunérer.L'associationn'autorisantpaslesbénéfices,elle s'accordemal avecle versementde dividendes.Maiselleestadaptéesionvit essentiellementde subventions.

Lecas est d'ailleurs fréquent.Quand ellesremplissentune missionquientre dans lecadre d'une politiquepublique, lesentreprisessocialestouchentdesaidesetdesdonsquisont

LES CINQ POINTS CLES POUR REUSSIRDANS CE SECTEURENGAGEZ-VOUSSUR DE BONNESMOTIVATIONS. «Ils'agit de répondre à unbesoin, pas de fuir l'univers capitaliste», avertit Thierry Sibieude,professeur à l'Essec.

RENONCEZ A FAIREFORTUNE. Les salairessont convenables,mais bien inférieursà ceux pratiqués dansles grands groupes.Mieux vaut le savoirdès le départ.

FAITES VOS ARMESDANS UNE GRANDESOCIÉTÉ. Passer parun groupe du CAC 40pour maîtriser la gestion de projet et le suivifinancier vous seraprécieux par la suite.

RESTEZ CONCENTRESSUR LES BONSOBJECTIFS. Soyezambitieux, mais si vousattaquez trop defronts en même temps,vous risquez d'éparpiller vos ressources.

ADAPTEZ VOTREFINANCEMENT ÀVOTRE ACTIVITÉ. Lesressources viennentsouvent de dons et desubventions. Adressez-vous aux bonspourvoyeurs de fonds.

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SOIERIES DU MEKONG. Les ouvrièresy sont payées de 1,5à 4 fois le salaire légalen vigueur dans le textile au Cambodge.

parfoisleuruniquesourcederevenus. Commel'association Sport dans la ville (fondée en1998par PhilippeOddou, 42 ans, un anciende L'Oréalet de BNPParibas),qui aide lesjeunes des quartierssensiblesà s'intégrerdans lemonde du travail grâce au sport. Son budgetde 6millionsd'eurosprovientà 700Zodesdonsd'entrepriseset à 300Zodessubventions.

OBJECTIFS SOCIAUX. Ce sont aussi lesaidesquipermettent à AlixBernard-Bordesdemaintenir le business model des Ateliers deProvence. L'Etatfinance en effet 8007odu salairede ses34salariés,toustravailleurshandicapés.Heureusement,carelle doitaligner sestarifs sur ceuxde la concurrence,tout en employantdeuxfoisplus depersonnel.«Mesemployés sont atteints de bipolarité ou de schizophrénie. Quand ils vont bien, ils sont trèscompétents.Maislorsqu'ilspaniquent, ils nepeuvent plus travailler.Je suisobligéede prévoirdes remplaçants.»Petiteparticularité, lesaidesverséessonten généralassortiesd'objectifs sociaux.«Celapeut être le nombre d'emploiscréés oude personnesqui sontsortiesdel'exclusion»,préciseJean-MichelCaye,associéau BostonConsultingGroup.

N'allezpasimaginer que le mot «profit»esttabou dans ces structures. Quelle que soitlanoblesse duprojet, les entrepreneurs sociauxsaventqu'il faut dégager desrésultats pour lepérenniser. «Nousvisons l'équilibrefinancier

dèscetteannée, soitdeuxans aprèsnotre création»,confirmeAlexandreCastel,28 ans, fondateur de Station Energy.LasociétéouvreauSénégal,en Côted'Ivoireet auBurkinaFasodesboutiquesoù lesparticuliersviennent rechargerleurs appareilsélectroniquessurdesbatteries alimentéesàl'énergiesolaire.Elles'apprêteà lever de l'argent auprès de fonds de privateequityspécialisés,dits fonds d'impact. «Nousavonsdes investisseurset nouscomptonsbienleur verser des dividendesquand nous seronsrentables»,affirmel'entrepreneurquia faitsesarmesà HECet à l'Ecoledes minesde Douai.

SALAIRES MODESTES. Pour le reste, lesentrepreneurs sociauxn'ontpaspeur d'affronter les entreprises traditionnelles, comme entémoigneAymericBellamy-Brown,30ans,ex-EMLyonet directeur marketing des Soieriesdu Mékong.Il a quitté en 2010 son poste dechef de projet chez Cartier pour créer cettestart-upquicommercialiseen Francedes foulards tissés à la main. Lesstylistes sont françaismais le centre de production setrouve auCambodge, à 20 kilomètres de la frontièrethaïlandaise. Lestisserandes gagnent de 100à 300 dollars par mois alors que le salaire légals'élèveà peine à 70dollars.Malgrécebeaurésultat, la sociétéestime être une entreprisecommelesautres.«Nosconcurrentssont Zara,H&M,Esprit,voireBurberry,expliquelejeunepatron. Nousvendonsdes produits de qualitéen adoptant les codesduluxe. Etnos clientesachètent nos foulards parce qu'ils leur plaisent, pas par bonne conscience.»

Attention, on ne se lance pas dans l'économie sociale et solidaire pour faire fortune.AymericBellamy-Brownse paie 2400 eurosbruts par mois.AlixBernard-Bordes,la dirigeante desAteliersde Provence,3000 euros.Pas grand-chose quand on sait que la jeunefemmemanageune équipede 35salariés,gèretoute la partie commerciale et une partie del'administratif. Sans compter le travail d'accompagnementauprès des handicapés. Maiscommedans beaucoupd'entreprisessociales,AlixBernard-Bordeslimitelesrémunérations.Chezelle,l'échelledes salairesva de 1à 3.Exresponsablemarketing stratégiquedugroupeOrange,elle gagnait bien davantage dans sa«vie d'avant». Même chose pour PhilippeOddou,le directeurdel'associationSportdansla ville. «Sij'étais resté chez BNPParibas, jegagnerais deux fois plus.Mais cen'est pas lesujet.J'ai fait un choixdevie et de cœur.»Etiljure qu'iln'a pas envie de reveniren arrière. »

3QUESTIONSÀ JEAN-MARCBORELLOPrésident du GroupeSOS: crèches,centres de santé...

MANAGEMENT: En quoi lesentrepreneurs sociaux ont-ils changé depuis vingt ans?JEAN-MARC BORELLO:Ils n'ont plus rien à voiravec leurs prédécesseurs!Ils ne sont plus militants ausens politique, mais au sensentrepreneurial du terme. Lesocial business explose danstous les pays développéset attire les meilleurs profils.

Comment rentabilise-t-onun groupe de 11000 salariéset de 650 millions d'eurosde revenus dans le social?J.-M. B.: Je fais partie d'unegénération d'autodidactesqui a appris la gestion dansles livres. Notre croissance estde 2C^ par an. En mettanten commun les fonctionssupports, nous réalisons deséconomies d'échelle. Résultat,nos frais de fonctionnementsont bien inférieurs auxstandards du secteur.

Vous touchez vous-mêmele salaire d'un dirigeant...J.-M. B.: Tout à fait. Jetouche lOOOO euros parmois. Mais le Groupe SOSa instauré une échelle desalaires de 1 à 10, à quelquesexceptions près: quand,par exemple, on rachèteun établissement de santé,on ne peut pas diminuerle salaire des chirurgiensou des chefs de service.

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