Eloge des voyages insensés
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Monter une agence à partir de zéro ?Se lancer dans un métier pratique-ment inconnu ? Réussir malgré lesnombreuses contraintes ? LaurenceBapaume, décorée le 26 juin dernierde l’Ordre National du Mérite, l’a fait.Et elle explique comment.
Le Courrier de Russie : Voici maintenant16 ans que vous êtes en Russie. Quellemouche vous a-t-elle donc piquée, en1992, quand vous avez décidé de vousinstaller à Moscou ?Laurence Bapaume : Le hasard ! Eh oui, je
suis arrivée en Russie en y rejoignant mon
petit ami de l’époque. La Russie ne m’at-
tirait pas du tout et j’avais un bon poste à
Paris. En arrivant en 1992, j’ai eu un choc.
Au début, c’était très difficile, les condi-
tions de vie n’étaient pas celles d’aujour-
d’hui, il y avait très peu d’étrangers et je ne
connaissais personne.
LCDR : Et puis, en 1993, vous montezune société de recrutement. Pas banalpour une juriste en propriété industrielle...L.B. : En fait, fin 92, je me retrouve dans
un dîner au milieu d’hommes d’affaires
qui font tous le même constat : « Ici, c’est
incroyable, on ne sait pas comment
recruter du personnel : pour embaucher,
on passe par la secrétaire qui a une sour,
un cousin, une belle-soeur qui pourrait
faire l’affaire. » Les anglosaxons halluci-
naient ! En sortant du restaurant, mon
ami me dit : « Et pourquoi ne monterais-
tu pas une société de recrutement ? ».
Pour trois raisons, je ne vois pas com-
ment… je ne connais pas le métier, je ne
connais personne et je n’ai jamais géré de
personnel de ma vie. L’idée germe dans
ma tête. Bref, pour les fêtes de Noël, je
rentre en France, je vais voir un ami
« chasseur de tête », et lui demande de
m’expliquer son métier. Ensuite, je
dévalise la FNAC de tous les livres sur
le recrutement et en janvier 1993 je me
lance ! Avec un fax, un ordinateur… à
l’époque, il n’y avait pas de mail.
LCDR : Le succès est quasiment immédi-at…L.B. : Le patron de la Société générale
me fait confiance et me demande de
constituer son équipe… Certains d’entre
eux l’auront suivi dans toute sa carrière
en Russie. Il me met ensuite en contact
avec d’autres grosses sociétés comme
Exxon, City Bank, American Express…
LCDR : Et les candidats, d’où viennent-ils ? L.B. : A l’époque, les diplômés se trou-
vaient plus facilement que les gens
expérimentés… Je suis donc allée faire
des présentations dans les grands insti-
tuts et les universités en expliquant ce
qu’était un CV, une carrière profession-
nelle. Le niveau d’étude est excellent en
Russie et j’ai rencontré des étudiants
motivés et parlant anglais, ce qui était
primordial pour mes clients.
LCDR : Vous restez donc en Russie ?L.B. : Oui, car quand j’ai commencé à
travailler, ma vie a changé… J’ai eu envie
de rester car j’ai rencontré dès le départ
des gens extraordinaires, russes et occi-
dentaux qui m’ont donné envie de
continuer… J’ai reçu énormément de ce
pays et j’y suis arrivée à une époque où
tout était encore possible. Certes, ce
n’était pas tous les jours évident… J’ai
vécu une période où je devais me lever à 2
heures du matin pour envoyer des fax au
Kazakhstan, car les lignes téléphoniques
étaient saturées pendant la journée… Je
ne vous parlerai pas non plus de la milice
débarquant dans mon appartement-
bureau, me forçant à stopper mon activité
sur le champ et à déménager dans les 48
heures pour rédémarrer ailleurs.
LCDR : Et aujourd’hui, quel est votremétier ?L.B. : Nous ne nous occupons que de
recrutement de cadres, russes et occiden-
taux, pour les sociétés russes et étrangères.
Le marché est très différent ici de ce qu’il
est en Europe. C’est un marché récent,
avec seulement 15 ans d’existence. Au
départ, les Russes allaient se former et
acquérir un savoir-faire au sein de sociétés
occidentales. Maintenant, pour des
raisons financières, ces mêmes candidats
sont attirés par des sociétés russes. Les
salaires y sont très élévés. Beaucoup de
Russes avaient quitté leur pays après la
perestroïka car on leur offrait ailleurs, au
Canada par exemple, des opportunités
interessantes. Certains sont partis faire des
MBA et maitenant ils reviennent. Les
Russes sont très patriotes, et leur pays leur
offre maintenant des opportunités bien
plus intéressantes qu’en Occident.
LCDR : La Russie attire-t-elle lesOccidentaux ?L.B. : Bien évidemment. Le marché russe
est un véritable eldorado pour qui a de
l’ambition. En Europe, les problèmes
économiques rendent les opportunités bien
moins intéressantes, en termes de postes
comme en termes de salaires. Il y a ici un
dynamisme qu’il n’y a plus en France. Tout
est encore possible en Russie !
Propos recueillis par Carine Borg
C O M M U N A U T E8 Le Courrier de RussieLe Courrier de Russie Du 18 juillet au 1 août 2008
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La vraie cuisine française
Certains livres, forts de leur succès
national, traversent les frontières
à la conquête de nouveaux
lecteurs. D’autres passent inaperçus
dans leur pays d’origine avant de percer à
l’étranger une fois traduits – nul n’est
prophète en son pays ?. L’Eloge des voy-ages insensés de Vassili Golovanov fait
partie de ces derniers. Remarqué par un
libraire de Tulle – petite ville du
Limousin – qui en a commandé et
vendu quelques centaines d’exemplaires,
le livre est devenu un phénomène de la
dernière rentrée littéraire en France.
Pendant des siècles, les voyageurs ont
tant exploré et décrit
les moindres recoins
de la planète que les
nouvelles généra-
tions, semble-t-il, ne
peuvent plus éprou-
ver l’ivresse de la
découverte. Aux
voyageurs d’aujour-
d’hui, il appartient de
restituer le mystère
dévoilé par leurs
prédécesseurs et de
sauver l’humanité du
« cauchemar de l’om-niscience et de la fatu-ité ». « C’est l’idée de l’île que j’ai aimée,bien avant d’y mettre le pied », avoue l’au-
teur, rappelant à la vie les fantômes de
Stevenson, Defoe et Jules Verne. Il n’est
pas le seul à invoquer leurs esprits car « lagénéalogie poétique des îles » a toujours
exercé sur l’homme une attraction parti-
culière : de Gauguin à Rockwell Kent,
de Robert Merle à Michel Houellebecq,
d’Antonioni à Pavel Lounguine, les
voyageurs du siècle dernier ont souvent
rêvé « l’île », où le rêve et le réel s’en-
tremêlent et se font gardiens des secrets.
Mais tout voyage n’est-il pas en réalité
un voyage à l’intérieur de soi ? Il permet
de fuir un monde devenu pâle copie de
celui que l’on nous promettait à l’adoles-
cence, et surtout de « comprendre de quoiest faite une vie humaine, ce qui reste enmémoire jusqu’à la vieillesse, ce qui, danscette vie, est le plus important ». C’est ce
voyage qu’entreprend le journaliste
Vassili Golovanov en 1992 sur l’île de
Kolgouev, ellipse presque parfaite perdue
dans la mer de Barents. Là, sur ce
morceau de terre austère aux couleurs
polaires, l’auteur se plonge dans la vie
des Nenets, un peuple du Nord oublié de
tous, même si « en Russie, être loin desautorités a toujours été considéré commeun bien. »
Golovanov porte un regard de lumière
sur ces terres perdues, comme s’il venait
de mettre un peu de neige fraîche sur ses
paupières engourdies par la vie « sansdestinée ni destin », celle des gens qui
connaissent la malédiction de Sisyphe
sans avoir « commis ses crimes ni accomplises exploits : stupidement, rouler encore etencore la pierre de la vie jusqu’au sommetde la montagne, sans réfléchir ». Sa
plume, précise et évasive à la fois, insai-
sissable, rêveuse, rappelle les aquarelles
de Ciurlionis.
L’histoire de ce « voyage insensé »
dans le Nord est ponctuée par des digres-
sions et des incursions dans la mytholo-
gie, la littérature ou la philosophie, et le
roman devient con-
versation, échange
spirituel avec un ami
proche. Mais
Golovanov dirige
notre regard encore
au-delà de la vie des
habitants d’une île
polaire ou des erre-
ments d’un intel-
lectuel dans le chaos
de l’après-perestroï-
ka. Plus qu’une sim-
ple entité géo-
graphique, son
« Île » est un bouquet
composé de rafales de vent, de couleurs
du soleil couchant et de l’odeur du feu de
bois. Renversant.
Daria Moudrolioubova
Vassili Golovanov, Eloge des voyages insensés, ou L’Île,
Paris, Editions Verdier, 2008. 505 p. Traduit du russe
par Hélène Châtelain.
Chronique littéraire
Ile libératrice Vassili Golovanov, Eloge des voyages insensés
Les Français en Russie
Entretien avec la directrice de l’agence de recrutement Brainpower
Programme de TV5
•Union sacrée Policier d’Alexandre Arcady, 1988
Simon est juif et Karim est arabe, tout les sépare. Simon,agressif et percutant, est l’un des meilleurs éléments
de la Brigade des Stupéfiants. Agent secret, Karim est à l’opposé : la vie souterraine, la guerre des ombres. Leurs
trajectoires vont se croiser lors d’une mission : l’arraisonnement d’un cargo chargé de drogue en provenance
du Moyen-Orient. C’est ensemble qu’ils vont mener à bien ce combat, et vont former l’union sacrée. Avec
Richard Berry, Patrick Bruel, Bruno Cremer, Claude Brasseur.
Le 30 juin à 20h30•Série noire d’Alain Corneau, 1979
Marié à Jeanne qui ne l’aime plus, Frank Poupart est vendeur de vêtements : il fait du porte-à-porte.
Ce jour-là, il vient de vendre sa dernière robe de chambre. Comble du sordide, sa cliente le paye avec
sa nièce, Mona, 16 ans, prostituée. Et Mona s’attache à Frank désespérément car il va pouvoir l’aider
à récupérer l’argent de la vieille, puis la tuer. Frank se donne alors, enfin, l’impression de vivre, tel un
héros de roman policier. Avec Patrick Dewaere, Myriam Boyer, Marie Trintignant, Bernard Blier.
Le 23 juin à 20h30•Mes meilleurs copains Comédie de Jean-Marie Poiré, 1988
Cinq copains, la quarantaine, se retrouvent le temps d’un week-end pour le passage en France de
Bernadette, une vedette de rock qu’ils ont aimée autrefois. C’est l’occasion de régler quelques vieux
comptes. Avec Gérard Lanvin, Christian Clavier, Jean-Pierre Bacri, Marie-Anne Chazel.
Déconseillé aux moins de 10 ans (-10)
Le 26 juin à 23h, le 29 juin à 01h35•La vie d’artiste Comédie de Marc Fitoussi, 2007
Alice, comédienne, rêve que son nom soit à l’affiche. Bertrand, professeur de français, voudrait devenir
écrivain à succès. Il tente péniblement de terminer son second roman. Cora espère bouleverser le
monde de la chanson française. En attendant, elle doit se contenter d’un poste d’animatrice dans un
bar karaoké… le chemin de la gloire est parsemé d’embûches. Avec Sandrine Kiberlain, Denis
Podalydès, Emilie Dequenne, Aure Atika.
Le 3 juillet à 23h
Retrouvez la liste des programmes sous-titrés en russe sur www.tv5.org
• Visas et enregistrements• Voyage de reconnaissance• Recherche de logement
• Renégociation du bail
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AIDE A L'EXPATRIATION
Le romandevient
conversation,échange spi-rituel avec unami proche.
« La vie, de quoi est-elle faite, capitaine ? Comment, en quelles unités mesurer le sentiment
qui naît du mélange léger de la brume du soir, du crépuscule et de l’odeur du samovar
fumant sur le pont du bateau qui remonte le fleuve ? Que diriez-vous, capitaine ? »
Laurence Bapaume : « Il y a ici un dynamismequ’il n’y a plus en France »
Laurence Bapaume en compagnie de Michel Perhirin et son épouse
D.R
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