Dossier Qoèlet

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ette bande dessinée est une adaptation du roman historique

d’aventures L’Œil de Carafa de Luther Blissett et raconte l’histoire d’un

personnage au long du premier moitié du XVIème siècle et celle de son

énigmatique ennemi Qoèlet, dans une grand trame chorale, presque

feuilletonesque, d’aventures et espionnage.

Trois grands décors : l’Allemagne de la Reforme, la ville folle de Münster, et la

magique et troublante Venise du XVIème siècle.

Cette histoire est pensée en trois albums couleurs d’une soixantaine de pages

chacun.

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Sur le livre L’Œil de Carafa et ses auteurs.

Qualifié par la critique comme chef-d’œuvre et constamment comparé avec Le nom de la rose, L’Œil de Carafa (titre original : Q) est un roman dont l’action a lieu au siècle XVI. Cet ouvrage, qui marie la verve feuilletonesque de la geste d'espionnage et la réflexion politique sur la guerre spirituelle, se dévoile au long de trente ans par différents pays de l’Europe de la Contreréforme, conformant une prodigieuse fresque de l’époque. Ainsi, L’Œil de Carafa est un roman historique, mais aussi, et avant tout, est un récit d’aventures et espionnage où le vrai protagoniste est la foule : des hérétiques, des espions, des putes, des courtisans, des mercenaires, des prophètes improvisés, des serfs… Un roman aussi brillant que maîtrisé, traduit dans une dizaine de langues qui connaît un grand succès commercial.

Derrière le pseudonyme de Luther Blissett se cachent le quatuor d'écrivains, Roberto Bui, Giovanni Cattabriga, Federico Guglielmi et Luca Di Meo, aujourd'hui membres du collectif Wu Ming. Ensemble ils ont publié d’autres livres tels que 54, New Thing, Manituana ou son dernier ouvrage, la séquelle de Q, Altai.

L’Œil de Carafa était publié en français en avril 2001 par les Éditions de Seuil.

L’agent littéraire des auteurs, celui qui gère la gestion des droits, est Roberto

Santachiara. Son adresse e-mail : [email protected]

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La trame du roman.

L’Œil de Carafa est un fascinant roman d’aventures qui entraîne le lecteur au cœur d’une Europe en pleines convulsions : celles des premières années de la Réforme et des débuts de l’imprimerie, où les idées circulent comme des traînées de poudre et ébranlent le pouvoir tant politique que religieux. Dans cette fresque historique "pleine de bruit et de fureur" ponctuée de scènes apocalyptiques, on y croise, au hasard des pages, Martin Luther et Philippe Melanchton, Thomas Müntzer, Jan Matthijs ou Jan de Leyde, mais le personnage protagoniste est un mystérieux héros aux multiples identités successives, souvent dénomme « l’Allemand », celui que ses camarades de Münster connaissaient comme le valeureux capitaine Gert du Puits.

Au début de l’histoire ce personnage est un jeune étudiant de l’Université de Wittenberg, où il s’engage aux côtés de ceux qui, vite déçus par Martin Luther, veulent faire de la religion réformée un instrument de libération des opprimés. Ainsi au premier tiers du livre il participe à la guerre des paysans Allemands, toujours aux côtés de Thomas Müntzer « le Monnayeur » dans cette fameuse rébellion qui préfigurerait, déjà au siècle XVI, l’esprit et le message communiste, et qui finirait de façon sanglante avec la bataille de Frankenhausen.

La seconde partie est dédiée à l’incroyable rébellion de Münster, ou « l’Allemand » aux côtes d’anabaptistes tels que Jan Matthijs où Jan de Leyde prend le pouvoir de la cité pour y instaurer une théocratie délirante, en éliminant la monnaie et déclarant la communauté des biens. Les représailles des princes Allemands et des ecclésiastiques qui assiégèrent la cité pendant 18 mois furent terribles.

Toujours en fuite, réchappant par miracle des terribles désastres qui engloutissent à chaque fois ses compagnons d’idéal, « l’Allemand » sillonne l’Europe de la première moitié du XVIe siècle. Au fil des décennies, se fait peu à peu jour dans sa conscience une vérité tétanisante : la trahison d’un homme, toujours le même, est à l’origine de la ruine de toutes les causes pour lesquelles il s’est battu, de toutes les défaites qu’il a traversées. Un seul homme, son ennemi : Qoèlet.

En suivant d’un bout à l’autre de l’Europe les indices infimes que chacun sème derrière lui, « l’Allemand » et Qoèlet vont cheminer l’un vers l’autre, pour finalement se retrouver à Venise dans le dernier tiers du livre, avec l’intention de régler les comptes de toute une vie.

Mais qui se cache à l’arrière du nom apocalyptique de Qoèlet ? Qui tire les ficelles de la géopolitique religieuse ? On découvre ainsi le cardinal romain Giovanni Pietro Carafa, le contrôleur général de l’Inquisition, qui après toutes ces années de conjurations, de trahisons, et de massacres finira, dans un finale épique et terrible, par devenir le pape Paul IV.

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Sur l’adaptation en BD.

Qoèlet est une adaptation BD en trois tomes du livre L’Œil de Carafa. L’intention de l’auteur est de faire une proposition assez fidèle, quand c’est possible, du roman. La raison est que L’Œil de Carafa est un récit présentant des éléments structuraux et narratifs parfaits pour en faire une adaptation BD.

Du débout, le roman est structuré en deux types de chapitres :

D’un côté ceux qui se déroulent au présent ou en flashback, toujours narrés par une unique voix off, celle du protagoniste, et qui permettent de représenter l’action d’une façon directe avec des dialogues et des phylactères en voix off.

D’un autre côté, en alternance avec les premiers, on trouve des chapitres présentés sous forme de lettres : des missives au moyen desquelles l’espion Qoèlet informe son maitre le cardinal Carafa de ses actions, et qui permettent au lecteur de suivre le récit d’après le point de vue des ennemis du protagoniste, et ainsi de pouvoir se construire une fresque globale de l’histoire. Ces chapitres peuvent être facilement adaptés en BD, car ces lettres accompagnées de dessins qui les illustrent et les complètent, communiquent plus efficacement, si l’on peut dire, que la lecture simple du roman.

Finalement, le roman est divisé en trois actes. Chacun explique des histoires de nos protagonistes en des temps et des décors différents, qui suivent la trame globale vers un final épique. Mais tous les trois constituent des histoires autonomes, ce qui permet de faire l’adaptation en trois volumes. Chaque acte présente un volume narratif idéal pour faire un tome d’environ 60 pages.

Ci-après vous pouvez trouver les premières cinq pages en noir et blanche du tome 1.

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Ci-après vous pouvez trouver les premières quatre pages du tome 1 en couleurs et avec les textes.

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Synopsis détaillé du Tome I

Qoèlet

L’action se déroule en 1555, à Istambul. On présente notre protagoniste, un personnage âgé d’une cinquantaine d’années, avec une cicatrice au dessus de son œil gauche, habillé avec des vêtements riches dans une chambre luxueuse. Il est en train de lire pour la première fois un journal manuscrit écrit en Allemand. C’est le journal de Qoèlet, son légendaire ennemi. Se remémorant alors leur sanglante histoire, il cherche à y trouver un point d’origine :

On explique alors les origines de la Reforme, engagé par Luther, en 1517, quand il clouait dans la porte de l’Église de Wittenberg les fameuses quatre-vint-quinze thèses contre le trafic d’indulgences. C’est le point d’origine de son histoire, et de celle de son ennemi, Qoèlet.

On retourne 30 ans dans le passé. On se situe à Frankenhausen, Thuringe, 1525. Les armés des lansquenets du landgrave Philippe de Hesse ont ravagé les hordes des paysans révoltés en face à la cité de Frankenhausen. Presque huit mil paysans son morts en la bataille. Au milieu des décombres de la bataille on découvre un jeune homme de 25 ans, avec une grosse blessure sanguinolente à son œil gauche : c’est notre protagoniste, à l’époque connu comme « l’Allemand ». Il traine deux grosses sacoches pleines de documents. Il est suivit d’un homme énorme, Elias, portant sur ses épaules un homme presque évanoui, c’est le Magister Thomas Müntzer. Les lansquenets entrent dans la cité. Notre trio de protagonistes cherche refuge dans une maison. Thomas et « l’Allemand » y restent, alors qu’Elias part chercher d’autres réfugiés. Celui-ci tombe malencontreusement sur un group de lansquenets armés, qui l’attaquent. Elias en tue quelques-uns, mais finalement tombe sous l’épée du sergent. Avant de mourir, il crie une énigmatique phrase : « Omnia sunt communia, fils de pute ! ».

Depuis la maison où il a trouvé refuge, « l’Allemand » voit son ami mourir. Dans la même chambre, le Magister blessé est étendu sur le lit. Ils entendent alors des soldats, qui entrent dans la maison. « L’Allemand » se prépare à les affronter, mais le Magister lui prend par le poignet « Les martyrs, ça suffit ! Va-t’en, sauve-toi ! » lui dit-il. « L’Allemand » essaie alors de se cacher, avec les sacoches pleines de documents, derrière une trappe située au plafond. Une des sacoches tombe juste avant que les soldats entrent dans la chambre. L’Allemand se cache au dernier second. Il voit par un petit entrebâillement que les soldats inspectent la sacoche tombée et reconnaissent le Magister : « Il est Thomas Müntzer, le Monnayeur ! »

Un mois plus tard, on retrouve « l’Allemand », qui a pu s’échapper vivant des représailles des soldats, qui ont suivi la bataille de Frankenhausen. Il arrive à Eltersordf, Thuringe, ou il fut accueilli par le pasteur Wolfgang Vogel dans sa ferme misérable. Il se cache sous un nouveau nom : Gustav Metzger (« l’Allemand »).

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Dans sa chambre, Gustav (« l’Allemand ») observe la sacoche avec les documents du Magister Thomas. Il se souvient lorsqu’il l’avait abandonné : après que les soldats aient emmené le Magister, Gustav (« l’Allemand ») sortit de la maison par un trou de la toiture. Sous lui l’enfer se déclenchait : les lansquenets tuaient, violaient, ravageaient et brulaient la ville. Gustav (« l’Allemand ») abandonna la cité en sautant de toits en toits, jusqu’aux remparts. Se souvenant alors du Magister, qui, dit-on, ne faiblit même pas dans les flammes du bucher. Il cria « Omnia sunt communia ! ». Tout est à tous.

Gustav remonte encore dans ses souvenirs…

Premier interlude sous forme de missive. Dans ces lettres, Qoèlet, l’ennemi du protagoniste, informe son maitre, le Cardinal Carafa des faits qui se succèdent dans l’histoire. De cette façon le lecteur voit les faits d’après le point de vue contraire à celui du protagoniste, et ainsi peut se construire une vision globale du récit :

Il s’agit d’une lettre signé Qoèlet, écrite en Octobre 1518 (un an après que Luther clouât ses thèses au portal de la Cathédral de Wittenberg), et envoyée au Cardinal Giovanni Pietro Carafa, membre de la consulte théologique de Sa Sainteté le Pape Léon X.

Dans cette missive, cet énigmatique personnage nommé Qoèlet, qui dit être un moine de Wittenberg, informe son maitre, le cardinal Carafa des faits qui se sont succédés immédiatement après l’acte de Luther. Il y explique que des étudiants affluent à Wittenberg pour écouter les incroyables théories de Luther, qui critique l’achat et vente des indulgences par l’Église en exchange de l’absolution des péchés, comme si c’était un scandale innommable. Une célébrité si subite a rendu Luther arrogant et insolent, celui-ci va alors plus loin : il affirme maintenant qu’il ne faut pas craindre l’excommunion de l’église. Luther veut ainsi dépouiller le Saint-Siège de son arme principale : la menace de l’excomunnion, car il se doute qu’il y en a une prête pour lui, et est à la recherche d’alliés pour l’avenir. Déjà le prince électeur Fréderic de Saxe lui est favorable, et a envoyé à Wittenberg le prestigieux professeur Philippe Melanchton, pour lui venir en aide. Le premier accouchement de ce ménage sera la Bible en Allemand, sur le quelle ils travaillent déjà.

On est à Wittenberg, le 23 d’Avril 1519. On trouve notre protagoniste, « l’Allemand », tout jeune (19 ans). Nous sommes six ans avant la bataille de Frankenhausen. Il fait partie des étudiants qui viennent d’arriver à l’Université de Wittenberg, attirés par les sermons de Luther.

Wittenberg est, d’après lui « une cité de merde », misérable, fangeuse, insalubre… mais elle est pleine d’étudiants, venus de toute l’Europe : une nouvelle génération de docteurs et théologiens qui libèreront le monde des griffes corrompues de Rome. Son ami Heinrich Pfeiffer vient chercher « l’Allemand ». Phillip Melanchton, le fameux théologien, est en train de discuter avec le recteur Karlstadt, il faut aller le voir ! Melanchton est jeune, brillant, érudit. Il cite la bible en disant que tous les hommes doivent obéir ses supérieurs car Dieu a voulu qu’ils soient leurs supérieurs. Par conséquent, résister l’autorité revient à résister à Dieu. Karlstadt défends la thèse contraire mais Melanchton domine plus la rhétorique : si les fideles se comportent bien ils n’ont rien à craindre. Mais s’ils agissent de façon

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maligne, alors malheur à eux, car les supérieurs portent l’épée que Dieu leur à donné. Une voix puissante intervient avec belligérance. Cette voix se demande alors pourquoi son ami Luther à peur de se présenter devant l’autorité de Rome.

Les étudiants regardent celui qui a parlé avec surprise et admiration. C’est le Magister Thomas Müntzer.

Second interlude de l’histoire, sous forme d’une lettre de Qoèlet, signé deux ans plus tard, le 14 Mai 1521, à Worms, siège de la Diète de Worms.

Le frère mystérieux écrit une autre lettre au Cardinal Carafa. Il y expose les faits de la Diète de Worms, lorsque Luther fut convoqué pour que son cas soit examiné et qu’il puisse défendre ses principes sur la réforme protestante. Qoèlet explique comment Luther a tenté de se justifier, mais qu’après plusieurs jours de débats, sa condamnation a été approuvé par quatre votes sur six. Ce fait à réveillé la menace d’une guerre de religion, et qu’un partit luthérien serait disposé à lever en armes. Luther abandonne la cité de Worms en silence, suivi de ses partisans, et disparut. Sans doute s’agit-il d’une manouvre du prince Fréderic de Saxe destinée à préserver Luther des griffes de l’Empereur Charles V et de Rome. Le prince Allemand estime en effet que Luther est le seul qui pourrait prendre la tête d’une reforme contre Rome propre à lui convenir et pour cette raison il veut le protéger !

À Wittenberg, quelques mois après cette missive, le 22 Janvier 1522, « l’Allemand » s’entretient avec son ami Heinrich. Ils sont très déçus par Luther. Depuis que celui-ci s’est caché dans les jupes du prince Fréderic il ose déclarer que le devoir d’un bon chrétien est d’obéir aveuglement à l’autorité. Lui, qui avait désobéi au Pape ! À l’Église Romaine ! Mais dorénavant c’est lui le Pape, et personne n’a le droit de chuchoter … C’est alors qu’ils se souviennent de Thomas Müntzer. Un homme comme lui serait nécessaire ! Il était plus Luthérien que Luther, et maintenant que Luther est fini, il pourrait incarner l’espoir des bons chrétiens. Ils décident d’aller le chercher.

Dans une taverne à Wittenberg, « l’Allemand » et son ami boivent une bière. Ils entendent alors un homme, à moitié ivre, qui critique Luther et Melanchton. Il s’agit du prédicateur activiste Stübner, qui leur parle Müntzer. « L’Allemand » demande s’il sait où il se trouve. Stübner sourit : là ou il va, il laisse son empreinte !

Troisième interlude de l’histoire, sous forme de lettre de Qoèlet, signée quelques jours plus tard, le 27 Janvier 1522 à Wittenberg.

Dans cette lettre, le mystérieux frère explique au Cardinal Carafa qu’une guerre de religion est sur le point de se déclencher. Le peuple, les vilains, les paysans sont mécontents. Ils réclament maintenant des reformes que même Luther n’aurait osé proposer : l’abolition de tous les privilèges ecclésiastiques, la soumission des Écritures à la livre interprétation du peuple, etc. Luther voudrait maintenant ne pas avoir ouvert cette porte, car cela signifie l’abolition de tout pouvoir, même celle de son prince Fréderic ! Le frère soumet alors à Carafa un nouvel cours d’action : Si on attise le feu de la rébellion populaire et la prise d’armes par le peuple, alors Luther et les princes Allemands se verraient dans l’obligation de demander l’aide Rome et de l’Empereur et renonceraient à leurs velléités d’indépendance. Pour ce

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faire, il faudrait trouver un nouveau prophète, quelqu’un d’encore plus démoniaque que Luther pour enceindre la rébellion.

Nous sommes à Halle, en Thuringe, le 30 Avril 1522. « L’Allemand » et son ami Heinrich, sont devant une maison d’artisan. Ils parlent avec un géant miner. C’est Elias (que nous reconnaissons de la séquence de la bataille de Frankenhausen). Ils lui demandent à voir le Magister Thomas. Elias les fait passer, c’est ainsi qu’ils rencontrent le Magister Thomas pour la première fois. Celui-ci leur demande pourquoi ils ont abandonné Wittenberg. Ils expliquent alors la frustration qu’ils ont éprouvée en entendant les paroles de soumission de Melanchton et de Luther et pourquoi ils ont décidé de lui venir en aide. Le Magister sourit, compréhensif. Ils ne se sépareront plus…

Fin du flashback. Nous sommes de nouveau à Eltersdorf, dans la ferme du pasteur Vögel, le 20 Octovre 1525. Assis sur son lit, notre protagoniste « l’Allemand », connu maintenant comme Gustav, se souvient de ce jour qui a changé sa vie, celui où il a connu Magister. Après ce jour il le suivit en pèlerinage à travers la Bohème et la Franconie. Ils étaient seulement cinq, le Magister, Ottilie, la belligérante maîtresse du Magister, le mineur Elias, Heinrich et « l’Allemand », mais ses paroles incendièrent la conscience du peuple, les exhortaient à l’action ! En ce bons temps tout semblait possible.

Gustav (« l’Allemand ») sourit à ce souvenir et ouvre par la première fois la sacoche du Magister. Il en sort un nombre important de lettres, et en prend une.

Nous lisons la lettre de la même façon que les interludes sous forme de lettre de Qoèlet.

Dans cette lettre, Hans Müller von Bulgenbach écrivait de la part des paysans de la forêt noire, qui après avoir écouté le Magister, s’étaient soulevé contre son Seigneur feudale.

Gustav (« l’Allemand ») regarde quelques lettres supplémentaires, du même style, correspondance des révoltés qui s’avaient soulevé grâce aux paroles du Magister, la popularité du Magister grandit avec le temps. Finalement Gustav (« l’Allemand ») prend une autre lettre et la lit.

Nous reconnaissons la typographie, c’est la même que les lettres de Qoèlet ! La lettre est écrite par un moine anonyme du Vatican. Il se montre partisan du Magister, et s’offre de lui expliquer tout ce qui se passe à Rome, car il est très près de ceux qui prennent les décisions. Le moine se propose comme espion du Magister au Vatican !

La lettre est signé Qoèlet (en référence au Livre de Qohelet, Ecclésiaste 12 :14 « Car Dieu amènera toute œuvre en jugement, au sujet de tout ce qui est caché, soit bien, soit mal. »).

Gustav(« l’Allemand ») ne trouve rien spécial dans cette lettre et la laisse avec les autres !

Dans la missive, le moine faisait référence à ce que le Magister faisait dans la cité d’Allstedt. Gustav (« l’Allemand ») se souvient alors de ces temps, à Allstedt.

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On est à Allstedt, Thuringe, au mois d’Avril 1524. On trouve notre groupe de cinq prédicateurs, accompagant dans un grand tumulte, les paysans vers la paroisse des franciscains de Mallerbach, à Neudorf, où ils trouvent les moins usuriers qui extorquent les paysans d’Allstedt. Ils ravagent la chapelle de Mallerbach, et la brulent.

Devant l’église en flammes ou sont réunis les paysans, le Magister fait un sermon très inspiré. Il déclare qu’ils sont la « Ligue des Élus », et qu’ensemble ils en finiront avec l’iniquité de leurs oppresseurs. Des paysans, mineurs, artisans, répondent avec enthousiasme à ses paroles.

Le percepteur des impôts de la cité, face à cette situation, demande de l’aide directement au prince électeur Fréderic. Celui-ci décide alors d’envoyer à Allstedt son frère Jean, duc de Saxe. On demande le Magister Luther, en tant que pasteur de la cité, d’organiser un sermon en son honneur.

La nuit avant, le 13 Juillet 1524, on trouve le Magister dans sa chambre, à Allstedt. « L’Allemand » est avec lui. Le magister lui demande si toutes ces actions, le châtiment des usuriers et l’incendie des églises d’Allstedt étaient correctes du point de vue moral. « L’Allemand » répond par l’affirmative. Le Magister sourit. Celui-ci dit alors ce qui a prépare pour le sermon de lendemain : il y accable des moines qui qualifie d’hérétique du Saint Évangile ainsi que les gouvernants impies qui leurs protègent. « L’Allemand » se rend compte qu’en réalité le Magister charge contre le même prince électeur et son protégé Luther. Terrorisé, « l’Allemand » lui demande de penser mieux ce qu’il va faire. Mais le Magister a pris la décision…

Fin du flash-back. On est de nouveau à Eltersdorf, le 25 Décembre 1525. Gustav (« l’Allemand ») est dans la chapelle, écoutant le sermon du pasteur Vögel, mais sa tête est ailleurs. Il se souvient qu'après le discours incendiaire du Magister, la situation empira à Allstedt. Le prince électeur et les gouvernants d'Allstedt qui n'avaient pas du tout apprécié ce qui impliquait, décidèrent alors expulser son pasteur, par crainte de la réaction de Fréderic.

Flash-back. On est à Allstedt, le 6 aout 1524. Dans la salle de la chapelle d’Allstedt, nos cinq prédicateurs discutent. Ottilie, la maîtresse du Magister, grande, belle, blonde, avec des seins proéminents et le verbe haut déclare que les serpents qui gouvernent la cité ne pourront pas les expulser si facilement. Ils ont le support du peuple, et n’oseront pas les attaquer. Elias répond qu’ils ne sont pas assez pour confronter les soldats. Avant de pouvoir le faire, la ligue doit grandir, dit « l’Allemand » compter davantage de membres. Et là ils ne pourront pas l’atteindre. C’est exactement ça, dit le Magister, il faut grandir. En tout cas ils doivent partir. Vous voulez plus de membres dans la ligue ? dit Heinrich avec un énigmatique sourire: Je sais ce dont nous avons besoin ! Ne vous ai-je jamais parlé de ma cité natale, Nuremberg ?

Quelques mois plus tard, le 15 Octobre 1524, nous sommes à Nuremberg, Franconie. Notre groupe de cinq élus entre par les portes d'une des plus grandes, belles et riches cités d’Europe. Ils se dirigent vers l’imprimerie Hergott. À l’intérieur de l’imprimerie ils discutent pour imprimer les discours du Magister en des livres

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pour pouvoir les distribuer partout et ainsi convaincre de nouveaux adhérents. Hans Hut est le technicien de l’imprimerie. « L’Allemand » observe le processus d’impression. Il remarque que pour chaque feuille imprimée il y a des restes de papier. Alors il demande à Hans qu’est qu’on fait avec les morceaux de papier restants. Hans lui demande pourquoi il veut le savoir. « L’Allemand » dit que peut être on pourrait les utiliser, avec peu de lignes de texte et quelques dessins pour faire passer son message. De cette façon ils pourraient aller aux villages et les distribuer aux paysans, pour les divulguer. Le Magister trouve que c’est une idée géniale !

Et c’est comme ça que naissent les flugblatte (où feuils volants, des petites feuilles avec des images caricaturales, comme par exemple Luther en train de sodomiser des moins, où des moines déféquant des démons, avec peu de texte, mais qui servaient pour passer leur message aux paysans, qui ne savaient pas lire).

Fin du flashback. Nous sommes à Eltersdorf, le 3 Septembre 1526, plus d’un an après de l’arrivé de « l’Allemand », celui-ci fuyant des représailles des lansquenets et toujours caché sur son nouveau nom, Gustav. Il répare les cages des poulets à la ferme de Vögel. Gustav (« l’Allemand ») continue à se souvenir des faits récents, mais il y a quelque chose qui ne colle pas, quelque chose qui insiste pour sortir à la lumière, mais qu’il garde au fond lui-même …

Enfermé dans sa chambre, il sort une autre lettre de la sacoche du Magister. C’est une autre lettre de l’espion à Rome du Magister, le mystérieux Qoèlet.

Dans la lettre le moine explique au Magister que le prince électeur a reçu quelques exemplaires des livres qu’il est en train d’imprimer à Nuremberg, et que quelques flügblatte sont même arrivées à Rome, causant une grande horreur. Le moine a appris que le prince électeur a décidé de fermer l’imprimerie Hergott et d'emprisonner le Magister et ses alliées. Qoèlet lui demande d’abandonner immédiatement la cité.

Gustav (« l’Allemand ») laisse la lettre dans le giron. Cette missive avait arrivé sans doute tard. Avant qu’il l’avait pu lire, les soldats avaient déjà enfermé l’imprimerie et s’étaient saisi du Magister et Elias. Par fortune, Ottilie, Heinrich et lui-même étaient ors de la cité, distribuant des flügblatte aux paysans.

Flashback au 1 Novembre 1524, à Nuremberg, c’est la nuit. Dans une rue donnant sur l’imprimerie Hergott, nous voyons Heinrich, Ottilie et « l’Allemand » en train d'en sortir des livres cachés dans une charrette, à l'insu des soldats qui gardent l’entré principale.

Vers minuit, Heinrich soudoie les gardiens de la porte de Spittler de Nuremberg. Il dit adieu à Ottilie et « l’Allemand » puis abandonne la cité avec la charrette pleine de livres et de flügblatte. Ottilie et « l’Allemand » se regardent, maintenant il faut libérer le Magister.

Dans le château du fortin, Ottilie s'approche d'un soldat gardant l’entrée. Dévoilant sa généreuse poitrine, elle l'attire dans un passage étroit de la forteresse. « L’Allemand » qui attendait, frappe le soldat avec un gourdin enfile son armure. Ainsi vêtu, il entre avec Ottilie à la forteresse.

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A l'intérieur, et en se faisant passer pour un gardien et sa prisonnière, finalement et après quelques rencontres avec d'autres soldats, ils parviennent à libérer Thomas et Elias, puis s'échappent par la porte principale. De là ils se dirigent vers murailles, d'où ils sautent à l’extérieur de la cité. Là attend Heinrich avec sa charrette pleine de livres et de quelques milliers de flügblatte.

Le lendemain, par une belle journée d’automne, on retrouve nos personnages dans une prairie. A la grande appréhension de tous, le Magister déclare qu’il est nécessaire que la Ligue des Élus se sépare : Maintenant qu’ils ont les livres et les flügblatte et après tout le travail et tous les contacts effectués ces derniers mois, c’est le moment de recueillir les fruits. Il est indispensable que les livres arrivent à Augsbourg, et que le Magister arrive à Bâle, pour obtenir l'appui de la Confédération Helvétique. Il faut enfin disperser les flügblatte aux paysans, et leur faire savoir que ses frères de toute l’Allemagne sont en train de lever les armes. Il faut qu’ils s’unissent à la cause !

Le Magister part avec la charrette de livres, et les quatre membres restants partent de leur côté. C’était des jours heureux, allant de villages en villages : Themar, Unterhof, Regensdorf, Swartzfeld, Ohrdruf…

La voix off et une série d'images expliquent que nos prédicateurs enflamment la population des paysans. De jour en jour, plus de paysans s’unissent à sa cause. Elias commence leur entrainement martial. À utiliser l’épée et le couteau, à désarmer l’adversaire, à la bataille rangée, etc.

Le village de Grünbach leur donne l'occasion de tester leur petite armée, mais la lutte est impossible car le curé de la paroisse prit aussitôt la fuite à la vue de fourches levées. Ainsi ils réquisitionnent le grain de la paroisse pour la cause.

Nos quatre protagonistes, alliés aux paysans de la région célèbrent la victoire, au centre de la place de la ville de Grünbach. Ils planifient déjà leur prochaine action : Avec leur armée et l'appui de la majorité des villages de la région, ils ont désormais besoin de prendre une cité !

Ottilie leur propose Mühlhausen, car il y a là beaucoup d'opprimés qui s’uniront facilement à leur cause. De plus ils peuvent mobiliser les miniers de Mansfeld et les paysans de Salza et Sangerhausen pour leur venir en aide. Ensemble ils peuvent prendre la cité !

Nous sommes le 1 décembre 1524, le jour où se célèbre le grand marché artisanal de Mühlhausen, auquel des gens de Thuringe, Halle, Fulda, Allstedt et Kassel viennent pour commercer. La place du marché est pleine. Elias scrute la multitude, il voit arriver les paysans d’Allstedt, Hainich, Salza… Un petit gamin se dirige vers « l’Allemand », il lui dit que les frères miniers de Mansfeld sont déjà prêts. Le moment est arrivé ! « L’Allemand » fait un petit geste à Ottilie, qui le reconnaît.

Ottilie se dirige vers un riche commerçant. Elle se serre contre lui et lui parle à l’oreille, frottant ses seins contre lui. Le commerçant réponde comme attendu : il met sa main sous la jupe d’Ottilie. Alors elle ferme ses jambes immobilisant le commerçant et commence à crier et à gesticuler « Bâtard ! Vermisseau ! ». Un vendeur de Salza crie aussi « Les mains sous les jupes, c’est ça ce qu’ils font les seigneurs de Mühlhausen ? ». Les autres répondent « Je le reconnais, maudit brasseur, il fait partie du Conseil de la Cité ! On nous à vendu aux brasseurs ! »

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Tout se passe extrêmement vite. Des centaines de personnes se révoltent dans la place. La marée humaine envahit la Kilansgasse, en direction à la Mairie. La garde de la cité procure pour tous les moyens ne pas se laisser voire. La cité est à eux !

Deux mois plus tard, le 15 février 1525, le Magister Thomas arrive à la cité. La nouvelle de son arrivé court de bouche en bouche. Une multitude entoure sa puissante figure sur un cheval noir. Il se dirige au milieu des vivats vers la chapelle de Nôtre Dame. À ses côtés, Ottilie, habillée de blanc et « l’Allemand », Heinrich et Elias qui l’escortent. Le Magister entre dans la chapelle, il commence son discours exalté. Il dit qu’ils ne sont pas seuls, dans chaque cité, de la forêt noire jusqu'à Thuringe, les paysans se soulèvent. Et des autres cités suivent l’exemple de Mülhausen : Sangerhausen, Frankenhausen, Sonderhausen, Nebra, Stolberg, Allstedt, Halle, etc. « L’espoir du monde commence ici, mes frères, il commence avec vous ! ». La multitude clame son nom.

Le Conseil de la cité des grands commerçants, les corporations et les producteurs est annulé. Le nouvel Conseil a été élu par vote populaire de tous les habitants, sans distinction. A tous les citoyens sont assignées des tâches. Elias et « l’Allemand » organisent la milice citoyenne : comment former une phalange, planter les piques, défendre la muraille.

En Avril les citoyens de Salza se soulèvent. La proposition de lui apporter un soutien fut mise à un vote. C’était une bonne occasion pour mettre en pratique ces mois d’entrainement. C’était très facile, la cité de Salza tombait en ses mains sans presque avoir des combats, alors qu’ils profitèrent pour ravager un château et un couvent. Leur retour à Mülhausen, donna lieu à de grandes festivités.

Au cours de celles-ci, « l’Allemand » buvant de la bière s'adonne à ces réjouissances. Il retrouve Elias assis sur un banc, préoccupé. Il doute qu'ils soient préparés pour soutenir une vraie bataille contre les soldats des princes…

Fin du flashback. Nous sommes le 23 Janvier 1527, à Eltersdorf. Les lumières des fenêtres de la chambre de Gustav (« l’Allemand ») se détachent dans la nuit enneigée. Gustav (« l’Allemand ») lit les lettres tirées de la sacoche à la lumière de la bougie. On aperçoit une autre lettre de Qoèlet adressée au Magister Thomas.

Dans cette missive le moine presse le Magister de ne pas perdre le temps : après toutes ses actions les princes Allemands sont désemparés car l'ampleur de la révolte. Les troupes de Philippe, le landgrave de Hesse se déplacent très lentement, partout ils doivent faire face aux attaques des paysans. C’est maintenant le moment d’attaquer, si on laisse les princes respirer, ils pourront se reprendre.

Gustav (« l’Allemand ») regarde la signature « Qoèlet ». C’était la troisième lettre d’un informateur prodigue en détails. Quelqu’un qui avait gagné la confiance du Magister avec ses conseils. Il se souvient de ce jour …

Flash-back. Nous sommes le 9 Mai 1525, à Mülhausen. Le Magister agite la lettre de Qoèlet devant ses amis, « l’Allemand », Elias, Heinrich Pfeiffer, Ottilie. Les soldats du landgrave de Hess sont aux portes de la cité de Frankenhausen, dit-il. C’est le moment d’attaquer. Il explique ce que son informateur lui apprend dans la lettre. Elias et Pfeiffer n'en doutent pas, c’est trop risqué d'abandonner les murs de Mülhausen, c’est une folie. Ils essaient de convaincre le Magister en vain, mais

Page 25: Dossier Qoèlet

celui-ci croit que le Seigneur est avec eux, et que fou ou non, il n'abandonnera pas les paysans de Frankenhausen. Ottilie est avec le Magister, « l’Allemand » également, bien que celui ci ne soit pas expansif.

Quelques heures plus tard Heinrich parle avec son vieil ami, « l’Allemand ». Il lui demande d'essayer de convaincre le Magister de se raisonner. Ce qu’il propose est une folie. « L’Allemand » répond qu’il ne peut livrer les paysans à leur sort. « Sauve-toi. N'y va pas » dit Heinrich. Ce sera la dernière foi qu’ils se voient.

Le lendemain matin, le 10 Mai 1525, la colonne des élus, les inconditionnels de Müntzer, abandonnent Mühlhausen en silence. Cinq mille paysans au total. Ils marchent vers la bataille. En tête le Magister Thomas chevauchant un cheval noir aux sacoches remplies de lettres.

Quelques jours plus tard, ils rejoignent les frères de Frankenhausen, ils sont désormais huit mille. Mais de mauvaises nouvelles leur parviennent : Fulda à été conquis par les soldats. Et Eisenach, Salza, Sonderhausen, sont cernées par le landgrave Philippe. Ils sont isolés.

Cinq jours plus tard. Le fatidique 15 Mai 1525.

L’armée des lansquenets est en parfaite formation surplombée de nuages apocalyptiques. Face à eux, les colonnes des paysans semblent très faibles. Au milieu d’elles, le Magister Thomas, impressionnant sur son cheval noir chargé des deux sacoches contenant tous ces documents. « L’Allemand », armé d'une arquebuse, tremble entouré de ses compagnons. Soudain le ciel s'ouvre sur les troupes et un rayon de lumière forme un bel arc-en-ciel. Les paysans semblent en extase, ils vivent un miracle, ce sont les drapeaux de l’armé céleste qui vient à son aide. Puis on entend un bruit assourdissant, sont-ce les trompettes de Dieu qui annoncent la fin des temps ? Des explosions cassent les lignes de paysans ; ce n’étaient pas les trompettes de Dieu mais les canons des lansquenets. C’est un carnage.

Puis c'est la charge de la cavalerie.

Quelques instants plus tard tout n'est que chaos de corps, de sang et de boue. « L’Allemand » titube sans savoir où aller.

De la fumée, émerge la figure puissante d’Elias soutenant le Magister et ses deux sacoches. Il se dirige vers « l’Allemand », le regard ferme. Elias lui donne les sacoches et le supplie d’aller chercher refuge à la cité. Elias, le Magister et « l’Allemand » se perdent dans la fumée.

Quatrième et dernière interlude du premier volume, sous forme de lettre de Qoèlet, écrite quelques jours après la bataille de Frankenhausen, le 28 Mai 1525 à Wittenberg.

Le mystérieux frère adresse une autre lettre au Cardinal Carafa. Il y expose le destin des armées de paysans battues par les Princes Allemands. Les têtes de Müntzer et de ses compagnons ont roulé par la place de Görmar. Müntzer, qui face aux tortionnaires n’avait pas ouvert la bouche, criait « Omnia sunt communia », la même devise qui avait animé la fureur populaire ces derniers mois, à l'heure de leur mort. Le frère confesse que pour porter à terme la mission que Carafa lui avait

Page 26: Dossier Qoèlet

donné, il dut agir de façon précipité, même au risque de mettre en péril les efforts qu’il avait accomplis pour gagner la confiance de Müntzer, pour lui passer les fausses nouvelles qui lui firent perdre la bataille. Son armée en guenilles n’avait aucune possibilité contre les troupes de lansquenets et la cavalerie des princes. Müntzer s'est révélé être le choix adéquat lorsque le Cardinal lui avait ordonné de chercher un antagoniste de Luther pour fomenter l’esprit de rébellion entre les paysans Allemands. L’équilibre est rétabli, désormais les prétentions de Luther sont amoindries et le statu quo entre les Princes Allemands, Rome et l’Empereur Charles V, est maintenu.

Il finisse sa missive en se mettant à la disposition du Cardinal pour de nouvelles commandes.

La lettre est signée : Le fidèle observateur de Votre Seigneurie, Qoèlet.

FIN DU PREMIER VOLUME.

Page 27: Dossier Qoèlet

Personnages principaux.

« Chaque dimanche, les sermons du Magister Thomas élevaient les cœurs de

l’assistance, et tout nous était permis à l’époque : surtout de nous venger des

toutes ces immondes usuriers qui étranglaient les paysans, faire justice de toutes

ces années de grandes bouffes sur le dos des pauvres gens. Nous nous faisions

nommer la ligue des élus, et nous étions armés. »

Page 28: Dossier Qoèlet
Page 29: Dossier Qoèlet

« L’Allemand », nôtre protagoniste, aux différentes années.

Au premier volume, de 1519 à 1525,

connu comme « Gustav Metzger ». De

jeune étudiant de Wittenberg à rebelle

de la guerre des paysans.

Au second volume, de 1525 à 1538,

connu comme Gerrit Boeckbinder ou

« Gert du puits », le fameux capitan

des anabaptistes de Müntzer.

Au troisième volume de 1541 à 1555,

connu comme Ludwig Schaliedecker,

riche marchand.

Et aussi au troisième volume, connu

comme « Titien, le baptiste »

prédicateur baptiste en chasse de

son ennemi, Qoèlet.

Page 30: Dossier Qoèlet

Mystique, apocalyptique,

révolutionnaire.

« Thomas Müntzer, l’homme

qui a déclaré la guerre aux

princes. Sa voix : le feu qui a

incendié l’Allemagne. »

Page 31: Dossier Qoèlet

« L’homme qui me conduit

auprès du Monnayeur est une

montagne : un nuage de

cheveux et de barbe ceint sa

tête de taureau, il a des mains

énormes de mineur. Il se

nomme Elias, suit Müntzer

depuis Zwickau comme une

grande ombre protectrice :

pas une fois il ne l’a

abandonné. »

Page 32: Dossier Qoèlet

« Ottilie est forte et décidée, elle a une

poitrine superbe. Quand les distillats

d’herbes et de cépages délient la lange

du Magister, faisant glisser allègrement

son discours vers les parties basses du

corps et de l’esprit, il déclare que ces

mamelles grandes et fermes renferment

le secret et la force de la création, que

l’élan et les révélations de ces derniers

mois, ô combien frénétiques en

découlent. »

Collègue étudiant du cercle de

Wittenberg, ami de

« l’Allemand ».

« C’est un provocateur, un

agitateur de métier, et il vaut mieux entretenir des relations amicales avec lui si

l’on ne souhaite pas devenir la cible de son esprit libre. Son intelligence brillante

s’exerce aussi dans le domaine des Écritures.

Page 33: Dossier Qoèlet

« Une barbe pointue, il est maigre

et émacié comme seuls les

prophètes peuvent l’être. Ses

leçons sont brillantes, il alterne les

citations d’Aristotle et les passages

des Écritures, qu’il est en mesure

de lire en hébreu, comme s’il

s’abreuvait à un puits de

connaissance sans fond. »

Recteur de Wittenberg.

Page 34: Dossier Qoèlet

« Dans la fresque, je suis une des figures de l’arrière-fond.

Au centre se tiennent le pape, l’empereur, les cardinaux et les princes d’Europe.

Aux deux bords, les agents discrets, comme moi, qu’on entrevoit à peine derrière les tiares et les couronnes, mais qui supportent l’entière géométrie du tableau, le remplissent et, tout en restant cachés, permettent à ces têtes d’en occuper le centre. »

Page 35: Dossier Qoèlet

Bref synopsis des volumes II et III

Qoèlet

1538, Vilvoorde, « l’Allemand » assiste à la décapitation de Jan de Batenburg, le fou

hérésiarque sanguinaire aux côtés de qui a passé les derniers mois. Il est perdu, en

très mauvais état, presque fou. Quelque temps plus tard, Eloy Pruystinck l’accueil

dans sa communauté chrétien à Anvers, ou il se récupère lentement. À demande

d’Eloy, « l’Allemand » raconte son histoire :

Après Frankenhausen, il a dut aussi fuir la ferme du pasteur Vogel, cherché par les

troupes des ecclésiastiques. Il commençait alors un périple par les pays bas qui le

finalement lui porterait à connaître le prédicateur Jan Matthys à Amsterdam, dans

un épisode d’action qui ferait qu’on passe à le connaitre comme Gert « du Puits ».

Avec Matthys en tête, et avec d’autres, comme l’acteur, proxénète et ivrogne Jan de

Leyde, ils commencent à lancer des messages radicaux, et ils deviennent vite

fameux soulevers des masses. Matthys envoie comme son avant-garde Gert et Jan

de Leyde à la cité de Münster, ou le prédicateur local Bernhard Rothmann est déjà

en train d’enrôler ses adeptes aux doctrines anabaptistes qui trouvent une grande

acceptation entre la classe baisse. Gert, Jan de Leyde et Rothmann feront face d’un

côté à l’évêque von Waldeck, qui dominait le gouvernement de cité, et de l’autre

aux puissants marchands luthériens qui dominent le commerce, et par conséquent,

les richesses de la cité.

En parallèle à ce narration, on apprend par les lettres que l’espion Qoèlet envoie à

son maître Carafa, qu’il est déjà au courent du danger qui supposent les

anabaptistes à Münster. Ainsi il se dirige vers la cité avec l’intention de s’infiltrer

dans les files des rebelles.

Après des diverses actions rebelles, et des combats avec les luthériens et les

ecclésiastiques, le capitaine Gert « du Puits », assisté par ses copains, le malandrin

Redeker, son fidèle lieutenant le culte mercenaire Heinrich Gresbeck, et les

marchands Knipperdoling et Kibbenbrock, finira nonobstant par se faire avec le

gouvernement de la cité, au milieu d’une explosion de joie des citadins.

En février 1534 le prédicateur Jan Matthys arrive finalement à la cité. Ses élèves,

Gert et Jan de Leyde, lui confèrent finalement le pouvoir de la cité.

Là commence le cauchemar. Matthys, imbibé par la parole de Dieu, expulse de la

cité tous ces qui ne communient avec sa doctrine anabaptiste. Il instaure une

farouche théocratie, décrétant la communauté de tous les biens et abolissant la

monnaye. Les exécutions et les châtiments se multiplient dans la cité assiégée par

les troupes ecclésiastiques, qui réunissent de plus en plus de soldats.

Page 36: Dossier Qoèlet

Gert est obligé alors à abandonner la cité pour chercher des armes et des alliés aux

cités anabaptistes hollandaises. Quand il retourne à Münster, en septembre 1534,

la situation est devenue terrible. Matthys s’est fait tuer, et Jan de Leyde s’est

instauré comme Le Roi de Münster, mais la folie ne s’est arrêtée pas avec lui. Des

assassinats, une famine terrible dans la cité assiégé, des épisodes de cannibalisme,

tous les biens qui sont partagés, même les femmes et les enfants ! Gert ne peut pas

supporter ce délire destructif et aberrant. Il abandonne la cité.

Nous apprenons par les lettres de Qoèlet, que c’était lui-même qui, infiltré comme

un des rebelles (qui apparaissent dans l’histoire, bien qu’on ne sait pas encore

qui !) a incité la folie et le délire des gouvernants Jan de Leyde et Bernard

Rothmann, détruisant toute possibilité de faire passer l’anabaptisme comme une

possibilité tolérable, et provoquant la chute terrible de la cité : Finalement, après

18 mois de siège, la cité est prise par les troupes ecclésiastiques et tous ses

leadeurs exécutés.

« Un Dieu, une foi, un baptême »,

devise bercée dans une monnaye

du Royaume de Münster

Eloy à écouté avec attention l’histoire de « l’Allemand », le fameux capitain Gert

« du Puits ». C’est l’homme parfait qu’il cherchait pour donner son coup ! À mode

d’épilogue, Eloy explique alors ce qu’il a en tête : escroquer aux Fugger, les

banquiers de l’Église et l’Empereur, avec des fausses lettres de crédit. Pour faire ça,

il est en contact avec Lazarus Tucher, un ancien agent au service d’Anton Fugger.

Lazarus lui confie à « l’Allemand » qu’il était en charge au début du 34 de l’agence

des Fugger à Cologne. Là il a appris qu’il y avait un agent secret, connu comme

« Messire Q » au service de Rome, qui avait un crédit illimité chez les Fugger, et

qu’il se dirigeait à Münster avec une grande quantité d’argent juste à l’époque de la

rébellion Anabaptiste. Par ce qu’il pouvait apprendre, « Messire q » serait un agent

actif en Allemagne depuis 1520 !

Gert se rend compte alors que ce Messire Q et Qoèlet, celui qui avait écrit ces

missives à Thomas Müntzer qui lui portaient à la perdition, sont la même

personne : Un espion au service des ecclésiastiques. Un infiltré qui avait obtenu sa

confiance, et qui leurs avait expédie au massacre le moment venu, à

Frankenhausen, et aussi à Münster. Un homme en personne, le même, à l’arrière de

toutes ses défaites.

Page 37: Dossier Qoèlet

Qoèlet

Nous retrouvons « l’Allemand » à Bale, en 1545. Après l’escroque aux Fugger

« l’Allemand » a gagné une fortune et un nouvel nom : Ludwig Schaliedecker, celui

de son ancien associé, Eloy, appris et exécuté par l’Inquisition à pétition des

Fugger.

En parallèle, Qoèlet reçoit l’avis de son maître du nouveau péril pour l’orthodoxie

ecclésiastique, que Carafa représente. Celui que supposent les spirituels, des

ecclésiastiques comme le cardinal anglais Reginald Pole et ses associés, qui avec

ses thèses d’ouverture cherchent à trouver une harmonie entre Rome et les

luthériens. Ils ont publié un libelle « Les bienfaits du Christ » qui peut devenir une

arme définitive dans ses mains, car dans ses pages intègre habillement dans la

doctrine ecclésiastique la théorie luthérienne de la justification par la foi.

« L’Allemand », toujours en fuite et avec une nouvelle identité, pars vers Venice, à

indications d’un curieux commerçant et trafiquant de livres, Pietro Perna, qui lui

propose un nouvel négoce qui lui convient bien : l’impression clandestine et la

diffusion de « Les bienfaits du Christ ». « L’Allemand » comprends vite l’importance

de ce document, et il commence à concevoir une façon de l’utiliser pour démasquer

son ennemi, Qoèlet, l’espion qui est à l’arrière de toutes ces défaites.

Arrivé à Venise, « l’Allemand » se loge au Barillet, un auberge et bordel. La régente,

dame Demetra, vite lui fait la proposition à « l’Allemand » (qui passe à être connu

comme Ludovico) de devenir le propriétaire et protecteur du local, ce qu’il accepte.

Ensemble avec Pietro Perna, Ludovico prépare l’impression clandestine des

premiers exemplaires de « Les bienfaits» et ils commencent à les diffuser.

Ces entreprises attirent l’attention des Miquez, une puissante famille de juifs

portugaises, banquiers à Venice. Le jeune héritier des Miquez explique à Ludovico

son histoire : sa fuite commençait en 1492, quand les souverains d’Aragon et

Castille décidèrent de payer la dette démesurée qu’ils avaient contractée auprès

des banquiers juifs en lançant l’Inquisition contre eux. Les Miquez s’abritèrent au

Portugal où ils embrassèrent la foi chrétienne. Quelques années plus tard, l’histoire

se répéta, et ils fuirent aux Pays-Bas, et finalement à la cité de Venise, où ils ont

renouvelé ses négoces. C’est facile à comprendre, alors, pourquoi ils sont

intéressés à collaborer en la diffusion clandestine de « Les bienfaits », un libelle qui

essaye de casser l’orthodoxie religieuse de l’église pour la replacer pour une

posture plus tolérante. Avec les moyens et les contactes des Miquez, la diffusion de

« Les bienfaits » prends une nouvelle dimension, Ludovico se rend compte que cela

peut devenir vraiment un document virale ! Il accepte enthousiasmé.

Qoèlet continue avec ses enquêtes pour trouver d’où sortent ces exemplaires si

diffusés de « Les bienfaits ». Tous les indices lui portent à Venice. Nous l’apprenons

Page 38: Dossier Qoèlet

par les lettres qu’il envoie à Carafa, mais aussi par le journal qu’il commence à

écrire, et par lequel nous suivons ses pensées.

Il commence alors une double enquête. D’un côté Qoèlet découvre qu’à l’arrière de

l’impression du libelle il y a un personnage Allemand, propriétaire d’un bordel, qui

porte le nom d’un ancien hérésiarque, mort à Anvers. De l’autre côté, Ludovico

découvre qu’un espion Allemand est dans sa recherche à Venise.

Ludovico conçoit alors un plan pour faire sortir l’espion dans la surface : il se fera

passer par Titien, un nouvel prédicateur baptiste, Allemand, qui parcoure la région

baptisant les fidèles tout en répétant les fameuses frases que Bernard Rothmann

utilisait à Münster, dix ans avant : un appât impossible de résister pour son

ennemi.

Cependant à Rome, le pape est mort. Deux candidats : le cardinal spirituel Reginald

Pole et le prince noir de l’orthodoxie et gardien de l’Inquisition, le cardinal

Giovanni Pietro Carafa ! Sur l’élection du pape rechute le destin de nos

protagonistes.

Il commence le conclave, Carafa lance ses armes. D’un côté les spirituels avec Pole

en tête, et de l’autre Carafa commande à Qoèlet lancer une offensive contre les juifs

de Venice ; c’est bien l’heure que l’inquisition agit. Les évènements se succèdent

vite : les collaborateurs en l’impression et diffusion de « Les bienfaits » sont

capturés par l’Inquisition, aussi les juifs alliés des Miquez, ils doivent abandonner

vite Venise.

Qoèlet ferme le cercle autour de Titien, mais quand il est en train de le capturer

finalement, il découvre que c’était un piège ! Le chasseur devient chassé, c’est

Ludovico, « l’Allemand », qui capture finalement son légendaire ennemi.

« L’Allemand » enlève la capuche de Qoèlet pour découvrir son visage : c’est

Heinrich Gresbeck ! le lieutenant du légendaire capitaine Gert « du Puits » à

Münster, son premier, son fidèle ami, qu’il croyait mort.

Ils conversent largement, Gresbeck explique son histoire et celui du terrible

cardinal Carafa. Ils se dirigent vers la conclusion : Aux 79 ans, le cardinal Carafa

devient finalement le pape Paul IV. Avec lui l’orthodoxie et l’intransigeance

religieuse arrivent à la maxime expression. « L’Allemand » et les Miquez

abandonnent Venise pour s’installer à Constantinople, et Gresbeck meurt à mains

des sbires de Carafa ; mais avant sa dernière trahison, il arrive à donner à

« l’Allemand » son journal.

À Constantinople, à mode d’épilogue (et connectant avec les premières pages du

premier volume) « l’Allemand » est en train de lire le journal de Qoèlet, le seul

document qui explique toute son histoire et celle de son ennemi, avant qu’elle ne

soit perdue dans l’oubli.

Page 39: Dossier Qoèlet

Thomas Müntzer dans

une gravure du siècle

XVI de Christoffel Van

Sichem.

Flügblatt

anti-ecclésiastique

de fin Siècle XVI

Décapitation des paysans après la bataille de Frankenhausen.

« Conséquemment, la somme totale est : 80 décapités, et de ces, à 69 on

les a arraché les yeux et amputé les doigts, sont 114 florins avec 2 cents.

Il faut soustraire : 10 florins, livrés aux citizens de Rothenburg ; à

Ludwig von Hutten ; restent 102 florins. Il faut rajouter deux mois de

salaire ; pour chaque mois, 8 florins, alors 16 florins ; totale : 118 florins

et 2 cents » (carte de payement du bourreau Augustin, alias Awe, pour le

margrave).

Carte de la cité de Münster.

« Son nom latin, Monasterium, évoque un lieux de paix,

à l’écart du monde. Münster, en revanche, demande

d´être ferrée à chaud. Neuf portes conduisent à elle,

munies de trois canons. Une muraille épaisse et des

passages étroits. Quatre donjons bas et massifs se

tendent vers les points cardinaux, comme autant

d’avant-postes. Trois hommes de front peuvent

parcourir l’enceinte qui l’enveloppe entièrement. L’eau

du fossé est le cours dévié du fleuve Aa, qui coupe la

ville en deux. La fossé est double. De l’eau noire

précède la première enceinte, de l’eau noire lui

succède, enjambée par de petits ponts qui mènent au

deuxième mur, plus bas, ponctué de tours massives.

Inexpugnable. »

Miscellanées

Page 40: Dossier Qoèlet

Les cages dans lesquelles on exposait les têtes

des meneurs de Münster au clocher de St.

Lambert, « Le passé se trouve au-dessus de leurs

têtes. Quand ils se hasardent à les lever, les cages

le leur rappellent. »

Première impression à Venice

de « Les bienfaits du Christ »

par l’imprimeur Bernardo

Bindoni 1543

Giovanni Pietro Carafa, le pape

Paul IV, « Même si c'était mon

propre père qui était hérétique,

je ramasserais du bois pour le

faire brûler. »

Jan Matthys dans une gravure de

Van Sichem. Derrière lui, sa mort

pendant le siège de Münster

Jan de Leyde dans une gravure de

Heinrich Aldegrever, 1536

Page 41: Dossier Qoèlet

Qoèlet

PAGE 1 1 Plan de détail, zoom très proche de la première page d'un livre. Au premier plan, de grandes lettres gothiques, de style Allemand, XVIe siècle, écrite avec une plume une grande lettre Q Narratif : Hors d'Europe, 1555 2 Le plan se retire légèrement. C’est la première page manuscrite d’un journal. Off : Il est écrit sur la première page: Dans la fresque, je suis l’une des figures à l’arrière-plan. 3 Le plan se retire légèrement, il montre la première page du livre, des lignes régulières des lettres écrites à l'encre. On peu presque lire la frase : Tagebuch von Q (Journal de Q en Allemand). Off : Des noms, des lieux, des dates, des réflexions. C’est le carnet des derniers jours convulsifs. Les pages sont vieillies et jaunies, poussières de décennies passées. 4 Le plan se retire légèrement. Le livre est un peu plus qu'un paquet de vieux papiers manuscrits, il se trouve sur une écritoire en bois. On peu voir le dos et la tête couverte par un chapeau d'un homme, notre protagoniste, de quelques 60 ans, qui est assis sur une chaise face au journal. Dans la première page du livre il est écrit le suivant :

Tagebuch von Q Ich bin eine der Hintergrunde Figure des Freskos. Der Papst, der Kaiser, die Kardinale und Europas Prinzen ins mittel betonen. Ins Margins, die diskrete und unsichtbare Agenten, die belauern hinter die Kronen, aber die in wircklichkeit die ganze Geometrie des

Bild stützen und, öhne inhen endecken lassen, alle diese Köpfen ihre Zentrum okupieren

lassen.

Off : Le livre, le dernier exemplaire rescapé peut-être, n’a plus été ouvert. Les noms écrits au livre sont des noms de morts. 5 Le plan se retire et montre dans un angle élevé la chambre où il y a cet homme qui lise le journal, dans son écritoire. La chambre est luxueuse, avec décoration turque-ottomane, XVIe siècle. Le coucher du soleil se filtre à travers les fenêtres ornées. L'homme, vu de derrière ne montre pas son visage. Off : Les miens, et ceux des hommes qui ont parcouru ces sentiers tortueux. Les années que nous avons vécues ont enseveli à jamais l’innocence du monde. Je vous ai promis de ne pas oublier. Je vous ai sauvé de l’oubli.

Page 42: Dossier Qoèlet

PAGE 2 Dans cette page on change le style des dessins. Ici on cherche sembler des gravures anciennes, tels que ces d’Albrecht Dürer. Le gauffrier est constante sis cases par page. 1 L’image montre la ville de Mayence aux côtés du Rhein, avec la cathédrale Martinsdom en premier terme. Off : Un point de départ. Texte : 1517, Mayence. La plus vaste principauté ecclésiastique d’Allemagne attend la nomination d’un nouvel évêque. 2 Albert de Hohenzollern, le jeune archevêque de Magdebourg, est assis a table avec ses principaux collaborateurs, tous des riches et des nobles comme lui. Texte : Albert de Hohenzollern, archevêque de Magdebourg et de Halberstadt fait son offre : Il propose 14 000 ducats pour l’archevêché et 10 000 ducats pour la dispense papale qui lui permettrait de cumuler les charges. 3 Albert de Hohenzollern serre la main avec un noble ecclésiastique dans la cathédrale de Mayence. Texte : Il obtient la nomination. Albert s’empare d’un tiers du territoire Allemand. 4 Albert de Hohenzollern serre maintenant la main avec un banquier (c’est Jacob Fugger « le riche ») d’Augsbourg. En premier terme un écrivain rédige le document accréditaire du emprunt qu’ils viennent de convenir. Texte : On négocie l’affaire à travers la banque Fugger d’Augsbourg, qui avance la somme. Une fois l’opération conclue, Albert doit aux Fugger 30 000 ducats. 5 L’image montre un prédicateur qui parle au peuple réuni dans la place d’un village Allemand. Texte : Ce sont les banquiers qui indiquent les modalités du paiement : Albert encouragera la prédication des indulgences du pape Léon X sur ses terres. 6 L’image montre une file de fidèles font la queue pour acheter une des indulgences ecclésiastiques qui leur absout de ses péchés, à un évêque, entouré par des soldats. Texte : Les fidèles verseront une contribution pour l’édification de la basilique Saint-Pierre. En échange, ils recevront un certificat par lequel le pape absoudra leurs péchés.

Page 43: Dossier Qoèlet

PAGE 3 1 Dans l’image un plan serré d’une de ces achats, un fidèle qui donne des monnaies d’or à un fonctionnaire en échange d’un document scellé. Texte : La moitié de ces recettes suffira à financer les chantiers de Rome. Albert utilisera l’autre moitié pour s’acquitter de sa dette envers les Fugger. 2 Dans l’image, premier plan d’un enflammé prédicateur : Johan Tetzel Texte : Johan Tetzel, le plus habile des prédicateurs, est chargé de cette mission. Tetzel bat les villages pendant l’été 1517. 3 Tetzel, de dos, face à un petit village de Thuringe. Il fait un geste de rage avec sa main. Texte : Le prédicateur s’arrête aux confins de la Thuringe, domaine de Frédéric le Sage, duc de Saxe. Il lui est impossible de s’y introduire. 4 Premier plan de Frédéric le Sage, duc de Saxe, avec un sourire satisfait. Texte : Frédéric perçoit lui-même les indulgences par le biais de la vente des reliques et ne tolère pas de concurrents sur son territoire. 5 Le plan montre des fidèles qui montent une côte, au-dessus du quelle leur attend Tetzel et une foule de fidèles. Texte : Mais Tetzel est un fils de pute : il sait que les sujets de Frédéric n’hésiteront pas à parcourir quelques lieus au-delà de la frontière. Un laissez-passer pour le paradis vaut bien le trajet. 6 En l’image on peu voir un jeune moine, de dos, qui gesticule avec rage, avec un de ces documents d’indulgences dans sa main, face à un group d’universitaires et fidèles. Texte : Le va-et-vient des âmes en quête d’assurance indigne au plus haut point un jeune moine augustinien, docteur à l’université de Wittenberg. Il ne peut supporter le marché obscène que Tetzel a institué, étalant le blason et la bulle du pape.

Page 44: Dossier Qoèlet

PAGE 4 1 Le jeune moine, encore de dos, est en train d’afficher sur la porte d’une église, au-dessus d’autres anciens affiches, un grand feuille manuscrit avec une longue liste en deux colonnes. Texte : 31 octobre 1517, le moine affiche sur la porte nord de l’église de Wittenberg quatre-vingt-quinze thèses contre le commerce des indulgences, écrites de son poing. 2 Le jeune moine, de face en premier plan, abandonne avec un regard dur et décidé la scène. Derrière lui, les gens du peuple observent avec excitation le feuille qu’il vient d’afficher. Texte : Il se nomme Martin Luther. Son geste donne le signal de départ à la Réforme. A partir d’ici on retourne aux dessins réalistes et en couleurs de la première page 3 Plan fermé de profile du visage (presque plus que l’œil) du notre protagoniste. Derrière lui, une des colonnes de la chambre, avec des gravures arabes. Off : Un point de départ. Des souvenirs qui recomposent les fragments d’une époque. 4 Le plan se retire et montre notre protagoniste, en plan moyen de profile, en train de lire le journal. Il est richement habillé, les chevaux blancs, le visage dur et le regard mélancolique. 5 à 8 Le plan montre ce que notre protagoniste voit : le finale de la première page, où on peu lire :

Ihre Wachsam, Q

Le plan se raproche lentement dans chaque case à la lettre Q. Dans la case 8, on voit une grande Q, arrière de laquelle (dans le noir de son encre) on voit une scène de bataille dantesque. Off : La mienne. Et celle de mon ennemi : Qoèlet.

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PAGE 5 1 Grande case, qui occupe la moitié supérieure de la planche. La scène se situe 30 ans avant. Elle montre la scène après la bataille de Frankenhausen, la bataille la plus important de la guerre des paysans Allemands, en 1525. L’image se situe aux portes de la cité, ou presque la totalité des paysans qui se sont réunis pour combattre les landsknecht (landsquenets) de Frédéric de Saxe, ont été tués impitoyablement. Des corps partout, et quelques paysans qui fuissent la scène en s’internant dans les rues de la cité en flammes. Narratif : Frankenhausen, Thuringe, 15 Mai 1525 2 Plan très proche frontale des yeux d’un jeune homme entre la fumée 3 Le plan se retire légèrement, a fermé du visage du jeune homme. C’est nôtre protagoniste, « l’Allemand » qui a maintenant quelques 25 ans. Il est sale, brulé et saigneux après la bataille. Off : A l’aveuglette, ou presque. 4 Le plan se retire légèrement. A l’arrière de « l’Allemand » nous voyons un grand homme, Elias, très corpulent, barbu, qui charge sur ses épaules un homme évanoui, le Magister Thomas, tout en suivant « l’Allemand ». Off : 5 Le plan se retire légèrement. Nous voyons notre trio de protagonistes qui avance frontalement entre des autres paysans, qui fuissent la bataille. « L’Allemand » porte deux grosses sacoches de selle sur ses épaules. Off : Tenir les sacoches d’une main ferme. 6 Plan zénithal de dos sur notre trio de protagonistes qui marchent par une grande rue de Frankenhausen entre une foule de paysans fuyant des landsquenets. 7 Le plan zénithal se retire légèrement, montrant la foule de paysans qui fuissent. Nos protagonistes au milieu de la scène, très petits, entre la tourbe de fugitifs. Off : Cacher le Magister.

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PAGE 6 1 Plan fermé d’une femme qui crie terrorisée, la moitié de son visage sous des bandages, la chair martyrisée. Femme : Des soldats ! Des soldats ! 2 Grande case. On montre ce qu’elle voit : les silhouettes lointaines des soldats landsquenets se découpent sur un fond de flammes. Ils entrent dans la rue, armés d’archebuses et des torches. 3 Case horizontale. « L’Allemand » se tourne pour regarder les soldats avec préoccupation. Elias qui transporte le Magister inerte, la femme et d’autres paysans, tous illuminés par les flammes, le suivent. Off : Où est Dieu omniprésent ? … 4 C’est Elias qui réagit, il prend « l’Allemand » par le bras. Elias : Allez ! Par ici ! 5 Plan général des toits de la cité, des colonnes de fumée, et des flammes qui illuminent par en dessous. Off : … Son troupeau est massacré.

Case extraite de mes premières esquisses du projet, qui datent de 2008

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PAGE 7 1 Plan élevé du trio de protagonistes. Quelques instants plus tard, ils sont à coté d’une grande porte, qui appartient à une maison de la rue des épiciers. Elias a laissé le Magister appuyé contre le mur, où il reste début au prix de grands efforts, pâle, abasourdi, le regard perdu. À ses côtés « l’Allemand » et les deux sacoches. Elias presse « l’Allemand » qui le prend par le bras. Elias : Entre à l’intérieur, tu dois protéger le Magister. J’irai chercher Jacob et Matthias ! « L’Allemand » : C’est moi qui irai, Elias ! 2 Plan fermé du visage étourdi du Magister Elias (hors case) : Non, mon ami. Tu t’occuperas de lui. 3 Plan du protagoniste, qui avec un grand effort prend le Magister sur une épaule, avec l’autre il tient les deus sacoches. Le plan est frontale et on montre c’est qu’on voit de l’intérieur de la maison. La porte est ouverte et ils sont découpés contre la lumière qui vient de l’extérieur. En premier terme une silhouette mystérieuse, c’est une femme âgée qui assisse sur une chaise observe « l’Allemand ». 4 Plan de ce que « l’Allemand » voit : la femme vieille avec le regard perdu, vide, assis dans un coin au fond de la pièce, sur une chaise de paille à moitié crevée. Quelques pauvres objets dans la chambre : un banc en mauvais état, une table, des tisons qui évoquent un feu récent dans une cheminée noircie par la suie. 5 Plan de profile de « l’Allemand » qui parle désespéré avec la vieille femme. « L’Allemand » : Sœur, nous amenons un blessé. Il a besoin d’eau et d’un lit, au nom de Dieu… 6 Plan fermé et légèrement tordu du visage perdu de la vieille femme, les yeux sont vagues, aqueux, elle ne réagit pas, ne sait même pas qu’il est là. 7 « L’Allemand » prend le Magister et les sacoches et se dirige vers les escaliers. Au contre-plongé, avec la vieille femme en premier plan. « L’Allemand » : Morbleu ! Off : Ce que je dois faire : Surtout, ne pas perdre de temps.

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PAGE 8 1 Plan cinétique d’Elias qui coure frontalement à travers une étroite ruelle de la ville. 2 Elias courant, sort de la ruelle à la rue principale des épiciers. Les deux côtés de la rue sont pris par les soldats. 3 Plan américain d’un furieux landsquenet, à cheval. Landsquenet : Halte ! 4 Plan du visage bloqué d’Elias. Derrière lui, des autres landsquenets viennent par la ruelle par où il est venu en sa chasse. Il est entouré ! Voix des landsquenets : Nous le tennons ! 5 Plan fermé d’Elias, furieux, il ferme les dents. 6 Elias dégaine l’épée, plan fermé sur son poing qui prend la manche de l’épée. 7 Plan cinétique, montre Elias qui se lance en criant contre les fantassins.

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PAGE 9 1 Elias en a éventré un premier et jeté à terre un second d’un seul coup. 2 Trois soldats se précipitent sur lui. Insensible à la douleur, il saisit son épée des deux mains, comme s’il s’agissait d’une faux, il assène des coups du tranchant. 3 Plan du visage sauvage d’Elias, éclaboussé des goutes de sang en premier terme. Derrière lui un grande figure, le cavalier qui charge vers lui. 4 Le plan s’approche dramatique, le soldat enlève l’épée, prêt à couper. 5 Dans sa chambre, au premier étage de la maison de la rue des épiciers, « l’Allemand », dans le noir, observe accroché à la fenêtre comment son ami Elias est coupé au dos avec l’épée du cavalier « L’Allemand » : Non ! 6 Plan fermé du visage d’Elias, complètement ensanglanté, les yeux et les dents serrés 7 Plan s’accroche, Elias ouvre les yeux, furieux, les dents encore serrés. Son visage est un masque de sang et de fureur. 8 Plan du dos d’Elias qui se relève. Devant lui le soldat fait tourner son cheval, l’épée en haut.

Cases extraites de mes premières esquisses du projet, qui datent de 2008

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PAGE 10 1 Camera au sol, nous voyons Elias, géant, écarte les jambes, deux racines. 2 Plan cinétique du soldat, qui chevauche frontalement, il porte l’épée en un angle bas. 3 Plan d’Elias, qui enlève les bras et la tête vers le ciel, l’épée encore serré 4 Plan fermé de la main droite d’Elias, qu’il ouvre délicatement, laissant tomber son épée par la manche 5 Grand plan cinétique. En premier terme le soldat, qui chevauche de dos vers Elias, avec l’épée enlevé horizontalement. En second terme Elias, en pied, les jambes ouvertes, les bras en croix, la tête en haut. L’épée qui tombe lentement. En troisième terme des autres landsquenets qui se dirigent vers eux. Elias crie. Elias : Omnia sunt communia ! 6 Plan cinétique fermé du visage d’Elias, qui crie au ciel. Elias : FILS DE PUTE ! 7 Plan cinétique. La tête d’Elias roule, le sang qui sort par son cou coupé trace des spirales géométriques par le ciel de la nuit.

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PAGE 11 1 Plan comme la case 5 de la page 9, « l’Allemand » en premier terme, avec la fenêtre par laquelle on peut voir le corps décapité d’Elias. « L’Allemand » est maintenant de face, il se mord le poing, le rictus larmoyant. 2 Plan générale de la chambre du premier étage. Dans un lit, le Magister est étendu. Il y a un petit escalier de main qui permet accéder à une trappe au toit des poutres de bois. « L’Allemand » s’incline sur le Magister. A son côté, appuyés au lit, les deux sacoches. « L’Allemand » : Magister, écoute-moi, nous devons partir, ils arrivent… Seigneur, Magister… 3 Plan fermé de « l’Allemand » qui se tourne en direction à un côté, quand il entend des voix qui viennent de bas. Voix (hors case) : Tiens, tiens, qu’avons-nous donc ici ? 4 Plan de la chambre de l’étage inférieur de la maison. Deux landsquenets ont entré dans la chambre et insultent la vieille femme, qui ne réagit. Landsquenet 1 : Sale vermine ! Racaille ! Landsquenet 2 : Laisse la vieille et partons, ici nous ne trouverons rien. 5 Plan de la porte de la chambre presque fermé vu des escaliers. Par la porte entrouverte nous voyons le visage effrayé de « l’Allemand » Landsquenet 1 (hors case) : Attends, juste un coup d’œil, puis nous repartons. Peut-être qu’elle cache quelque chose. 6 Plan américain de « l’Allemand », résolu, serre les doigts sur son épée, avec l’intention de la dégainer. Off : Le Magister est incapable de bouger. Nous voilà pris au piège. Comme Elias. J’aimerais posséder le même courage que lui. 7 Plan fermé d’une main du Magister, qui se serre sur le bras de « l’Allemand », empêchant qu’il dégaine l’épée. Magister (hors case) : Qu’as-tu l’intention de faire ? 8 Plan américain du Magister, le visage cendré, les yeux au toit. Il parle avec un grand effort. Magister : Les martyrs, ça suffit ! Va-t’en, sauve-toi ! 9 Plan générale vu de l’haut des escaliers. On voit un des landsquenets (le 2) qui se dirige vers la camera et commence à monter les escaliers. Derrière lui, dans la chambre principale, l’autre landsquenet et la vieille femme par terre, il l’a coupé. Landsquenet 2 : Montons, voir ce qu’il y a là-haut.

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PAGE 12 1 Plan général de l’intérieur de la chambre. « L’Allemand », chargé avec les deux sacoches est en train de monter par l’escalier de main ver la trappe su toit. 2 Quand « l’Allemand » est presque arrivé à la trappe, une des sacoches tombe. « L’Allemand » élonge le bras mais il n’arrive pas à la prendre. « L’Allemand » : Non ! 3 Plan fermé du landsquenet 2 qui monte l’escalier, Il regarde en haut. Derrière lui, le landsquenet 1, qui aussi regarde en haut. Landsquenet 2 : C’était quoi, ça ? 4 Plan de la trappe vu de la chambre. Nous voyons l’Allemand, dans la trappe, qui retire l’escalier. 5 Plan zénithale de la chambre. Les deux soldats entrent lourdement dans la chambre, les épées dégainées. Dans un côté le Magister au lit, rigide. Au sol, la sacoche tombée, ouverte, avec plusieurs documents et cartes qui ont sorti de son intérieur. 6 Le landsquenet 1 batte le Magister, incliné sur lui. Derrière lui, le landsquenet 2 cherche dans la sacoche, il tient quelques papiers dans sa main, d’autres tombent au sol. Landsquenet 1 : Qui-est tu ? C’est ta maison ? Landsquenet 2 : Merde, regarde ça ! Il faut prévenir le capitaine ! 7 Plan fermé du landsquenet 2 qui regarde à camera, avec un souris cruel : Landsquenet 2 : C’est Thomas Müntzer, le Monnayeur… 8 Plan fermé de « l’Allemand », dans le grainier qu’il y a au toit, sur la trappe. Il regarde ce qu’il passe dans la chambre a travers une fente qui laisse passer la lumière de la chambre, allumant une grotesque frange dans son visage. Off : Mon cœur explose. Ils traînent à bout de bras l’homme qui a déclaré la guerre aux princes. 9 Plan de l’extérieur de la maison, au fond la cité en flammes. Off : Où est Dieu omniprésent ? Ni ici ni ailleurs.

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PAGE 13 1 Plan général d’un village triste et misérable. Quelques fermes dispersées, au fond de montagnes peuplées d’arbres. Le jour est nuageux, des couleurs éteints. Narratif : Eltersdorf, Franconie. 16 mai 1525 2 Premier plan d’un tronc sur une base de bois Off : Gagner son pain est véritablement une entreprise fatigante et triste. 3 Premier plan de l’hache qui coupe en deux le tronc. Des échardes qui sautent. Off : L’homme s’invente de pieux mensonges au sujet du travail. Une abominable idolâtrie, le chien qui lèche le bâton de son maitre, voilà ce dont il s’agit. 4 C’est « l’Allemand » qui coupe le bois. Il appuie l’hache contre la base de bois, et il se sèche la sueur du front avec le dos de la main, avec visage fatigué. Il est plein de boue, assez décharné. Il habille un simple pourpoint, plein de bouts. Off : Le billot et la hache depuis le lever du jour. Des tâches répétitives, pure contrainte des membres, effectuées jour après jour pour mériter une gamelle digne d’un chien de ferme. 5 Plan de dos de « l’Allemand », devant lui la ferme misérable du pasteur Vogel. Off : Je coupe du bois dans la cour qui sépare le potager et l’écurie de la maison de Vogel. 6 Premier plan du pasteur Vogel, un vieil sec et misérable. Il essaie de faire rentrer les porcs dans la cour. Off : Wolfgang Vogel : Pasteur d’Eltersdorf, disciple de Luther. C’est « lis-la-bible » pour tous, grâce à son refrain. « Maintenant que Dieu parle votre langue, vous devez apprendre à lire la Bible tout seuls. Vous n’avez plus besoin de théologiens ». 7 Vogel tombe au sol, trainé par les porcs. Off : « De toi non plus, alors », lui répondait-on fréquemment sans parvenir à le décourager. Voilà bien les gens d’Eltersdorf. 8 Plan très fermé de « l’Allemand », il regarde en face. Un premier rayon de soleil l’illumine le visage. Off : Eltersdorf. J’ai une chambre, une assiette de soupe et un nouvel nom : Gustav Metzger. J’ignore par quel mystère je suis encore vivant.

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PAGE 14 1 Plan extérieur de la ferme du pasteur Vogel, avec le potager et l’écourie. Off : Les nouvelles de l’extérieur parlent de massacres généralisés : les représailles des princes se sont révélées à la hauteur du défi que nous avions lancé. Il n’est pas question pour l’instant de poursuivre ma route. 2 Plan général de la chambre de « l’Allemand », tel qu’il décrit. Sur la table, la sacoche. En premier terme, « l’Allemand » de dos. Off : Ma chambre : des murs en bois, un lit de sangle, un tabouret et une table. Mes possessions : la sacoche du Magister, grumeau informe de boue séchée. 3 Premier plan de la sacoche. Off : Rien plus que cette sacoche, qui m’a suivi depuis Frankenhausen, la bouche ouverte de l’enfer, le seul objet qui me remémore encore les promesses non tenues et le passé. 4 Premier plan du visage dramatique de « l’Allemand » on voit du bas son expression douteuse, blessé, affligé. On voit le reflet des flammes sur ses yeux Off : J’aurais dû la brûler aussitôt, mais chaque fois que je m’apprêtte à m’en saisir, je me revois au sommet de cet escalier, attiré ver le bas par son poids, abandonnant le Magister à son destin. 5 Plan avec les couleurs orange fort du feu, du Magister Thomas au bucher. Il a un visage farouche, sauvage. Off : On dit qu’il ne faibli même pas dans les flammes du bucher. Magister : Omnia sunt communia ! 6 Plan du visage de « l’Allemand » les yeux fermés fortement Off : Tout est à tous. 7 Même plan que la case 5, mais le zoom est très exagéré sur le visage coléreux et rougeaud du Magister. Les couleurs, le visage, même le dessin, tout doit faire penser au enfer. Off : Sa voix : Le feu qui a incendié l’Allemagne.

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PAGE 15 Dans cette page, il y a trois grandes cases horizontales avec beaucoup de texte. Le texte représente le contenu d’une lettre, écrite par le mystérieux moine Qoèlet. Il est écrit avec la même typographie gotique manuscrite de la page 1 (le journal de Qoèlet). Le texte occupe plus or moins la moitié de chaque case, et il est écrit sur un papier vieilli. La description des images, dans le reste d’espace, est simplement suggéré, le style de dessin pour ces cases peut être différent, plus picturale, moins réaliste. 1 Une simple celle d’un moine Wittenbergien. Au côté droit de l’image on voit une table et un moine qui écrit (son visage hors du plan). Au côté droit de l’image et au centre, la lumière qui entre par les fenêtres. Lettre mandée à Rome depuis la ville saxonne de Wittenberg, addressée à Gianpietro Carafa, membre du conseil théologique de Sa Sainteté Léon X, et datée du 10 octobre 1518. A mon illustrissime et révérendissime seigneur et très respectable maître, Le serviteur le plus fidèle de Votre Seigneurie s’apprête à rendre compte de ce qui se produit dans cette lande perdue qui semble devenue depuis un an le foyer de toutes les diatribes. Depuis que, il y a de cela huit mois, le moine augustinien Martin Luther a affiché ses tristement célèbres thèses sur le portal de la cathédrale, le nom de Wittenberg n’a cessé de voyager de lèvres en lèvres. 2 L’image montre une tourbe d’étudiants, qui remplissent une grande chambre de l’université où une figure grosse prédique sur une chaire De jeunes étudiants des États limitrophes affluent dans cette ville pour écouter ces incroyables théories de la bouche même du prédicateur. La prédication contre l’achat et la vente des indulgences paraît remporter un succès particulier auprès des péchés en échange d’une pieuse donation à l’Église, est à présent l’objet de toutes les critiques, comme s’il s’agissait d’un scandale innommable. Cette célébrité soudaine a rempli Luther de gloire et d’arrogance. Il se sent comme investi d’un devoir supraterrestre, ce qui le pousse à courir des risques supplémentaires et à s’engager plus avant. 3 En l’image le visage audacieux de Luther Luther soutient maintenant qu’il ne fallait pas nourrir trop de craintes sur les conséquences qu’une excommunion injustifiée comporterait, car celle-ci ne concerne que la communion extérieure avec l’Église, et non la communion intérieure. Une excommunion injustifiée nuira d’autant moins à l’âme ; elle peut même se transformer en précieux mérite si elle est supportée avec résignation filiale envers l’Église. Il a conclu par ces mots : « Hereux et béni celui qui meurt en état d’excommunication injustifiée. Ayant subi cette dure punition par amour de la justice, il recevra par la grâce de Dieu la couronne éternelle du salut ».

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PAGE 16

1 Frédéric le sage, duc de Saxe, est réuni dans une fastueuse chambre avec ses collaborateurs, la cathèdre de docteurs, assis sur des fauteuils. Votre Seigneurie mesurera mieux que son serviteur la funeste gravité de la thèse de Luther : il entend priver le Saint-Siège de son meilleur rempart, l’arme de l’excommunication. Aux yeux de l’humble observateur de Votre révérendissime Seigneurie, il semble évident que Luther flaire l’odeur d’une excommunication à son encontre, ainsi que le renard flaire l’odeur des limiers. Il aiguise déjà ses armes doctrinales et cherche des alliés pour un proche avenir. Le prince électeur Frédéric de Saxe a déjà pris une posture favorable au respect du moine et il se dispose à fermer files avec les théologiens de son Université. 2 Philippe Mélanchthon, jeune noble arrogant, et Martin Luther conversent dans une chambre de l’université de Wittenberg, entourés d’étudiants. Philippe Mélanchthon est arrivé le 25 août à Wittenberg, en qualité de professeur de grec, quittant la prestigieuse université de Tübingen. Jamais on n’a vu, je crois, de professeur aussi jeune dans une université de l’Empire : il n’a que vingt et un ans. Nonobstant, quand ce prodige de science classique a prononcé son discours inaugural, au moyen duquel il a illustré la nécessité d’une étude rigoureuse des Écritures dans le texte original, une forte entente est aussitôt née entre lui et Martin Luther. Le premier fruit de cette alliance sera sans doute la Bible en Allemand, à laquelle, dit-on, les deux hommes travaillent ensemble. 3 L’image montre de nouveau la celle du moine de Wittenberg. On voit ce qu’il est en train d’écrire, et qu’il signe avec la même lettre Q de la page 2. Sachant que Votre Seigneurie tient à recevoir des informations particulières au sujet des choses importantes, je continuerai de suivre avec attention les deux théologiens, et de rapporter tout ce qui les concerne à Votre Seigneurie, dans l’unique espoir de lui être encore utile. Je baise humblement les mains de Votre Seigneurie illustrissime et révérendissime.

De Wittenberg, le 10 octobre 1518, Le fidèle observateur de votre Seigneurie,

Q.

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L’auteur. Eduard Torrents.

Né à Barcelone en 1976. Il effectue des études

d’ingénierie industrielle, et travaille pendant

dix ans dans une entreprise multinationale de

construction automobile. Finalement en 2008 il

décide de travailler exclusivement à

développer sa facette d’auteur BD.

En 2010 il publie son premier ouvrage,

« Ramon Llull, La controvèrse juive », chez

Glénat BD, qu’il scénarise et dessine.

Actuellement il vient de publier la BD en deux

volumes « Le convoi » avec le scénariste Denis

Lapière pour Les éditions Dupuis.