DE L’IMPERIALISME COLONIAL EUROPEEN A LA DECOLONISATION
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DE L’IMPERIALISME COLONIAL EUROPEEN A LA DECOLONISATION
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L’impérialisme colonial : le cas français.
PLA N GENERAL
Introduction :
A / La colonisation française
1. La colonisation, pourquoi faire ?
2. La reprise de la colonisation au XIX° s. : Le pourquoi de Jules Ferry : doc 4 p131.
• (devoirs : Frise chrono p. 125 ; carte p. 144. Vocabulaire p. 130).
3. Nos intérêts « aux colonies ».
B / Quelle perception avions-nous (européens) des colonies ?
1. L’école
2. L’exposition coloniale : les colonies en représentation. p. 133. Exercice.
3. Tintin
C / Colons et colonisés : Etudes de cas : l’Indochine et L’Algérie : Résistances, confrontations (par
qui, où, quand et pourquoi ?) Doc 1 p 130. Exercice et méthode à la maison p. 143.
1. L’exploitation, un « système » ? (doc 1 p 124, doc 4 p 129). 2. Les cas de l’Indochine, de l’Algérie et de Madagascar
INTRODUCTION
2 cartes pages 126-127.
Constatations : une nette accélération des empires mi XIX° et des territoires sous contrôle (sans forcément
être « colonisés ».
On peut se poser les questions suivantes :
_ Pourquoi a-t-on colonisé ? (est-ce que tout le monde était d’accord ?)
_ Comment cela a-t-il pu se faire ? (des situations différentes selon les colonisateurs et les colonies :
voulait-on les assimiler par choix politique ou alors « laisser faire » ?).
_ Qu’est-ce qui a été fait ? Est-ce que tout est négatif ou alors on peut considérer que certaines choses
étaient « bien » ?
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A / La colonisation française
1. La colonisation, pourquoi faire ? (intro) (doc 1 p 124, doc 4 p 129).
Au milieu du XVIe siècle, la France suit l’exemple de ses voisins espagnols et portugais en se lançant dans la conquête
de l’Amérique du Nord. Il faut attendre les expéditions de Jacques Cartier, à partir de 1534, pour voir apparaître une
réelle volonté de colonisation des terres. Les Antilles sont une cible parfaite pour installer de nouveaux comptoirs. Le
commerce étant l’une des principales motivations de l’expansion territoriale du pays, les Français tentent aussi de
prendre pied en Indes et dans les environs de l’Océan indien. Après Madagascar, les colons, avec l’aide de
Compagnies françaises à charte, telles que celle des Indes orientales, fondent divers comptoirs, dont ceux
de Pondichéry et Chandernagor.1
• [en conséquence] La France regroupe aujourd’hui des possessions de statuts divers. Carte 1.
Exercice avec le livre : p.12 , Quelle est la surface de l’empire colonial français ?
Questions 3,4,5 (tableau plus cartes), même page.
Confrontez le fond de carte ci-dessus au planisphère page 8 (bas).
1 L’avancée française finit toutefois par susciter la méfiance des Britanniques, qui ont les mêmes objectifs d’expansion. Supérieurs
en nombre et bénéficiant d’une avance territoriale plus importante, ces derniers enlèvent à la France la majorité de s es colonies, notamment lors de la signature du traité d’Utrecht, en 1713 et de Paris, en 1763 . Lorsque la Louisiane est vendue par Napoléon Bonaparte aux Etats-Unis en 1803, le premier empire colonial français ne compte plus que Saint-Pierre-et-Miquelon, une partie de Saint-Domingue, la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et quelques comptoirs en Afrique de l’Ouest et
en Inde.
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2. La reprise de la colonisation au XIX° s. : Le « pourquoi » de Jules Ferry : doc 4 p131.
(! tombé au bac).
Au début du XIXe siècle, la certitude qu’un empire plus étendu est synonyme de puissance ressurgit peu
à peu dans l’esprit des grands noms du pays. Alors que les troupes françaises se sont déjà installées en
1830 en Algérie sous Louis-Philippe, Napoléon III porte aussi son attention sur le Sénégal,
la Cochinchine (carte ci-dessous), le Cambodge et la Nouvelle-Calédonie. Les problèmes que rencontre
la France en Europe (défaite de 1870) finissent toutefois par placer la colonisation au second plan.
CARTE 2
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C’est seulement au cours de la IIIe République (à partir de 1875) que le colonialisme* prend une
ampleur considérable. Plusieurs facteurs peuvent expliquer le phénomène. Tout d’abord, la France sort
d’un conflit désastreux contre la Prusse, durant lequel elle perd l’Alsace et La Lorraine. L’expansion
coloniale apparaît alors pour certains politiques comme un moyen de redorer le blason français. À cela
s’ajoutent les bénéfices commerciaux que peut tirer la France d’un empire colonial étendu. Enfin, et
surtout, certains, convaincus de la supériorité de la civilisation occidentale et dans une démarche
progressiste, pensent que l’un des devoirs moraux de la France consiste à apporter la civilisation dans
les territoires outre-mer. Ainsi, Jules Ferry pousse l’assemblée à voter les crédits qui permettent à la
France de retrouver son « rang », d’où la conquête de la Cochinchine (qui deviendra Indochine, avec
l’extension au Laos et au Cambodge à la fin du XIX° s.
N’oublions pas que l’expansion a pu se faire grâce aux progrès des explorations (en général par les
fleuves) et de la géographie (nota. cartographie).
[Exercice à la maison : c.f. doc 1. P. 128 : « pour ou contre ? », Karl Marx]
Les partisans de la colonisation sont toutefois confrontés aux réticences de certains nationalistes qui
aspirent davantage à la revanche [contre l’Allemagne] qu’à l’expansion, ou de certains socialistes qui
dénoncent l’exploitation des populations colonisées. Mais ces premières difficultés n’empêchent pas la
France de se lancer dans une politique coloniale. Elle vise dans un premier temps le Maghreb, où
l’Algérie est occupée par les Français depuis la Monarchie de Juillet (1830). Il s’agit alors de protéger les
territoires déjà conquis en étendant l’influence française aux pays voisins.
En 1881, la Tunisie passe ainsi sous protectorat français, mais il faudra attendre 1912 pour que
le Maroc s’y conforme à son tour. La France, sous l’impulsion de Jules Ferry, convoite également
l’Indochine. Déjà maîtresse de la Cochinchine depuis le Second Empire, elle parvient à placer l’Annam
sous protectorat2 puis, au prix d’une guerre contre la Chine de 1883 à 1885, à dominer le Tonkin.
Enfin, l’Afrique noire n’échappe pas non plus à l’intérêt des Français. Dès 1895 est créée une fédération de pays
africains sous le nom d’Afrique-Occidentale française. Elle regroupe alors le Sénégal, le Soudan français (futur
Mali), la Guinée et la Côte d’Ivoire. Poursuivant ses progressions sur le continent, la France mettra ensuite en
place l’A.É.F, Afrique Équatoriale française, en 1910, qui rassemblera alors le Tchad, le Congo, le Gabon et
l’Oubangui-Chari.
[En classe : c.f. doc 3. p. 129 la « Conférence de Berlin »].
Encore sous l’effet de la rancœur née des conflits franco-prussiens, l’opinion publique n’est pas tout de suite
impliquée dans la question coloniale. D’ailleurs, il y a et y aura toujours très peu d’émigration spontanée de la
part des Français vers l’extérieur. Il faut attendre la crise de Fachoda (face aux Anglais), en 1898, pour voir
s’éveiller leur intérêt. Chacun se réjouit également de l’arrivée sur le marché de nouveaux produits à prix réduits
2 Définition à apprendre : Le protectorat est une des formes de sujétion coloniale. Il diffère de la colonisation pure
et simple en ce que les institutions existantes, y compris la nationalité, sont maintenues sur un plan formel, la
puissance protectrice assumant la gestion de la diplomatie, du commerce extérieur et éventuellement de l'armée de
l'État protégé.
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issus des colonies (caoutchouc d’Asie, cacao d’Afrique, sucre et rhum des Antilles). Enfin, l’idée que la France
puisse multiplier ses forces militaires grâce à ses possessions coloniales rassure la population3.
3. Quels sont nos intérêts dans les colonies ? p.130
Les colonies fournissent ce dont les métropoles ont besoin pour faire tourner la machine industrielle et
augmenter la diversité de l’alimentation par exemple : sucre, café, coton, caoutchouc (hévéas d’Indonésie
et du Brésil), matières premières : or, argent, cuivre, etc.
(Lire ensemble et prendre des notes : doc. 4. P.131 : « pourquoi exploiter ? »).
En sens inverse, les colonies sont un marché extérieur, exutoire de la fabrication courante et bon marché
des industries européennes. Le fait de placer des capitaux (même dans des Etats indépendants d’ailleurs)
sert l’ « impérialisme » (contrôle indirect des économies). Les métropoles appliquent les principes de la
division du travail4 aux populations indigènes. Le fait de placer des capitaux rapporte de l’argent (aussi)
aux classes moyennes et aux élites européennes (on comprend qu’ils ne voudront pas qu’on quitte les
colonies après 1945).
Les nouveaux territoires sont aussi des terres à évangéliser (un des buts des Eglises chrétiennes est de
« conquérir » le plus grand nombre possible d’âmes). Le rôle des communautés religieuses est double :
expliquer la parole du christ et soigner les corps (création de dispensaires avec médecins, infirmières,
lazarets pour soigner les infections, etc.). La religion va de pair avec le mode de pensée occidental (dont
l’école). Ce qui est complexe c’est la très grande diversité des moyens pour apporter « notre culture ».
Fiche vocabulaire à constituer : Comptoir p.128 ;
Les mandats sont confiés par la S.D.N aux vainqueurs de la 1°G.M. (post 1918) sur les ex-territoires occupés
par l’’Empire ottoman (battu en 1918), qui s’étendait jusqu’au Maghreb (sauf Maroc) en passant par le
Liban et la Syrie (confiés aux Français), l’Iraq (au R.U.)5.
http://bricabraque.unblog.fr/tag/liens/page/2/
3 Les Allemands qui savent que la France veut sa revanche (en Europe), voient plutôt d’un bon œil la diversion des forces
françaises en Afrique.
4 La division du travail est au sens général, la répartition du travail, entre des individus ou des groupes spécialisés dans des
activités complémentaires. C'est aussi une forme d'organisation de la production humaine, s'appuyant sur la décomposition du travail en tâches parcellaires, réparties entre plusieurs individus ou groupes d'individus, afin d'augmenter la puissance productive. 5 Mandat p. 142.
Apartheid : mot afrikaans, signifie littéralement : séparation (orig. Neerland). Il s’agit de la ségrégation des
populations de races différentes en Afrique du sud (jusqu’en 1990) ; l’ « apartheid est l’expression
institutionnelle de l’idéologie raciste coloniale la plus brutale », Ziegler (sociologue suisse, années trente).
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B / Quelle perception avions-nous des colonies, et inversement ?
Jules Ferry déclarait : « il faut dire ouvertement que les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races
inférieures. Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles
ont le devoir de civiliser les races inférieures ». En 1925,Léon Blum (socialiste) disait de son côté : « Nous
admettons qu'il peut y avoir non seulement un droit, mais un devoir de ce qu'on appelle les races
supérieures, revendiquant quelquefois pour elles un privilège quelque peu indu, d’attirer à elles les races
qui ne sont pas parvenues au même degré de culture et de civilisation ».
C'est alors généralement dans les milieux libéraux que se trouvent les opposants à la colonisation. Ils
s'opposent en particulier à cet argument selon lequel il faut apporter la liberté par la force. Yves
Guyot (homme politique français) écrit ainsi (années): « Il est étrange qu'il faille employer le canon contre
les opprimés pour les délivrer de leurs tyrans »
NIGER
1. Les Français ont une idée scolaire de leur empire.
Durant toute la période coloniale, le récit scolaire vise à rendre légitime la colonisation. : il en présente une image
harmonieuse, idéalisée (c.f. carte page suivante). Au moment de l’expansion, les manuels racontent les batailles
victorieuses contre les « sauvages sanguinaires », en valorisant le courage des militaires dans ces contrées
réputées hostiles, comme l’Afrique « continent des ténèbres » ; la France est supposée amener l’ordre et la paix.
A l’apogée de son empire, l’idéologie coloniale imprègne l’école républicaine : glorification des batailles et héros
coloniaux , (Faidherbe, Lyautey) : œuvre de « civilisation », modernisation, efforts de « mise en valeur »,…
L’histoire enseignée vise à convaincre, dès le plus jeune âge, de l’utilité de l’empire.
Passée la phase de conquêtes, les bâtisseurs cèdent la place (vers 1900) aux guides de la « plus grande France.
Pourtant, en 1957, à la veille des indépendances africaines, seuls 15 % des enfants des territoires africains (donc
l’élite) sous domination française étaient scolarisés.
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Manuel 1930.
L’empire colonial français entre les deux guerres (1919-1939)
Source : S. Berstein et P. Milza, Histoire du XX° siècle, 1900-1939, Hatier, 1986.
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2. L’exposition coloniale : les colonies en représentation. (p. 133).
Exercice livre et page suivante
Celle-ci magnifie les ressources (culturelles) de l’empire ; les Français en sont très fiers (1931).
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L’image a participé à la mise en place (caution !) de la hiérarchie des races, issue du darwinisme et de la sacralisation de la science (seconde partie du XIX° s.)
L’indigène portant la modernité.
Mars 1934 : photomontage en couverture du numéro que l’hebdomadaire Vu consacré à la
colonisation.
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EXERCICE : étude de documents.
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3. l’ « Affaire Tintin au Congo ». Pas très loin du cas français ?
D’une année d’édition à l’autre le dessinateur belge Hervé dut adapter son discours qui était devenu « raciste » : « Il
n’est pas admissible que Tintin puisse crier sur des villageois qui sont forcés de travailler à la
construction d’une voie de chemin de fer ou que son chien Milou les traite de paresseux » (plainte d’un
étudiant congolais à Bruxelles en 2007) ; Hergé s’était expliqué, disant qu’« il s’agissait d’une œuvre
naïve qu’il fallait replacer dans le contexte des années 30, où tous les Belges pensaient faire du très
bon travail en Afrique. » (…) « Pour le Congo, tout comme pour Tintin au pays des Soviets, il se fait que
j’étais nourri des préjugés du milieu bourgeois dans lequel je vivais… C’était en 1930. Je ne connaissais
de ce pays que ce que les gens en racontaient à l’époque : "Les nègres sont de grands enfants,
heureusement que nous sommes là !", etc. Et je les ai dessinés, ces Africains, d’après ces critères-là,
dans le pur esprit paternaliste qui était celui de l’époque en Belgique. »
Tintin au Congo (éditions de 1931 et de 1984).
13 lewebpedagogique.com/.../
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C / Le « système » colonial. Colons et colonisés : Résistances, confrontations
Les cas de l’Indochine, de L’Algérie et de Madagascar.
Marge PAGE
(Doc 1 (fresque 1931) p
124, doc 4 p 129 et
questions).
Vocabulaire / notion :
« Système colonial » :
dans certains cas les
colonisateurs européens
se « contentent »
d’encadrer les
« locaux » ; la réalité
économique est détenue
par les métropoles ; en
Algérie (depuis 1830),
l’Etat a délégué un
gouverneur général.
Vocab et doc p. 130 :
Assimilation ; et p.
142.
Exercice et méthode à la
maison p. 143
(exploitation des
paysans du Tonkin).
Questions 2 à 5.
La plupart du temps, les colonisateurs se contentent d’encadrer les « gouvernements »
locaux (exple : les petits rois en Inde6) ; mais la réalité économique est détenue par les
européens (Français au Maroc par exemple, Hollandais à Java), ce qui n’empêche pas les
révoltes chroniques comme la guerre du Rif dans les années vingt.
• Le cas de l’Indochine (1847-1954)
Les Français s’emparent de Hanoi en 1873 et occupent le delta tonkinois, sous la pression
des chambres de commerce de métropole, Jules Ferry impulse les moyens pour 6 mois,
d’où l’occupation du Tonkin (leur empereur cède). On débouche sur un traité en 1884,
plaçant les territoires impériaux sous le PROTECTORAT français (mais la Chine grogne) ; un
incident en 1885 fait que Ferry tombe politiquement ; la Chine accepte la situation. Le
Laos est rattaché simplement par exploration entre 1886 et 1895 (J. Ferry est à nouveau
président du conseil). On a créé en 1887 l’Union indochinoise et un gouvernement
général est nommé en 1897.
http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article399
Le développement des Nationalismes : doc 5 p 129, exemple Hô chi Minh
6 Les britanniques vont opérer un regroupement de l’Inde et de la Birmanie ; le tout étant administré par l’Indian Office, alors
que les dominions dépendent des affaires étrangères (foreign), car ils ont leur propre gouvernement (Canada, Australie,
Nouvelle Zélande, Afrique du sud).
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• Le « cas » de l’Algérie : L’Algérie a été en vain traversée de l’espoir d’inventer une culture commune
aux indigènes et aux colons. A-t-elle été vraiment « française » ?
L’Algérie7 a été peuplée d’Européens, mais assez longtemps après la conquête de 18308. L’occupation sera
« restreinte, progressive et pacifique ». C’était sous-estimer la guérilla qui s’installa aussitôt ; les « colonnes
guerrières » à la française surent lui donner la réplique… Puis vinrent les valses-hésitations de Paris, divisée entre
colonistes et anti-colonistes ; la révolted’Abd El-Kader (1843) difficilement mâtée par Bugeaud laissa le pays aux
militaires. Le gouverneur général appliquera les décrets de Paris, sans aucun contrôle parlementaire, et dans un
désintérêt chronique de la métropole. Les trois départements du « territoire national » inventés par la II°
République (1848-1850) resteront sous régime d’exception jusqu’en 1946, et rien ne sera jamais expliqué
démocratiquement aux Français… C’est sous la III° rep. qu’on songea enfin à « faire du colon » dans cette terre, d’où
l’arrivée d’Alsaciens-Lorrains, Corses, Cévenols ; mais la France déjà malthusienne* n’aura jamais les moyens
humains de peupler son outre-mer, par contre les autres nations sud-européennes, plus prolifiques, fourniront la
moitié des colons. Pour leur faire place (423 000 en tout en 1886) la dépossession de la terre indigène s’accélère :
aux colons les bonnes terres et les belles fermes, aux indigènes les mauvaises et la précarité de l’ouvrier agricole.
Les musulmans végètent à l’écart du progrès dont on lui jette les miettes.
Une fascinante société coloniale « Belle époque » a pu néanmoins fleurir en 1890 : la colonie s’est hiérarchisée :
Villes / campagnes, fonctionnaires métropolitains /population bigarrée.
Cette colonie développe une agriculture d’exportation (oranges de Blida, vin) aux côtés de l’agriculture traditionnelle
vivrière. Cette « concurrence » n’est pas forcément vue d’un bon œil par les agriculteurs de métropole.
Une solution : Faire des réformes ? Réponses de la métropole. (suite dans le chapitre sur la décolonisation)
7 Le nom date de 1839.
8 Débarquement de 35 000 hommes le 14 juin 1830. Le dernier descendant direct de Louis XIV (Charles X) pensait y redorer son
blason ; quelques mois plus tard c’est son cousin Louis-Philippe d’Orléans qui doit décider de rester ou non.
http://www.algerie56.fr/documents/doc_03.htm
En 1954 : 82 % des Européens d’Algérie vivront en ville ;
soucieux de partager avec l’indigène… sauf la terre, l’argent,
la famille et la foi.
Et pourtant, leur sang a été partagé pendant les 2 guerres
mondiales et leurs élites éduquées à la française rêvent
d’autres destins. En 1940, 1 million d’hommes croisent 9
millions de musulmans (avec un taux de natalité respectif de
1.9 % et de 4.5 %, et une mortalité infantile de 4.6 et de 18.1
%).
La misère des campagnes a déjà effectué son transfert vers
les bidonvilles. Seul un petit algérien sur 5 va à l’école, alors
que les Européens d’Algérie sont tous à l’école primaire.
Le salaire moyen est de 1000 f (18 euros) pour le roumi, et
de 380 F pour l’indigène.
Au moment de la première émeute de Sétif en 1945,
l’Algérie compte 10 % de colons d’origine européenne.
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• Le cas de Madagascar
En 1895 la France envoie un corps expéditionnaire de 15 000 hommes : un protectorat est imposé !
Devant l’ « insurrection » fomentée par la reine de Tananarive, le ministre des colonies fait le choix
d’envoyer un « spécialiste ». La « grande île est conquise en 1896-1897 par Galliéni qui débarque avec un
bataillon de la légion et fait fusiller les chefs des « insurgés » (« méthode Galliéni ») ; il fait ensuite
organiser des cérémonies de soumission et exile la reine. De nombreuses insurrections continueront
pourtant à parsemer le 20 ° s. En 1915 l’opposition à la colonisation sera organisée autour de sociétés
secrètes « nationalistes » (lourdement condamnés en 1916) ; la revendication « indépendantiste » est
reprise par des militants communistes en 1929.
A Madagascar l’insurrection de 1947 (vingt mois) est réprimée dans le sang selon la méthode de 1896/ 97 !
Enfin, en 1958 la République malgache sera « membre de la communauté française »…
CONCLUSION
La France commence à admettre que ses citoyens noirs (DOM notamment) souffrent d’un passif particulier, lié à la
traite négrière et à la colonisation ; pourtant en 1965 le 1° président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor dresse un
bilan de la colonisation française (il est vrai au sujet seulement de son pays) : « il est frappant que le Sénégal soit
français de culture (et de tempérament). Saint-Louis a fêté en 1959 les 300 ans de sa fondation par un
Dieppois.
En 1789 ils envoyaient leur cahier de doléances aux Etats-Généraux ; ils ont donc bien partagé les joies et
les épreuves de la France (et même participant au parlement depuis 1848). (…) On oublie pourtant que le
revenu (1965) moyen soit six fois moins élevé qu’en France, mais si nous avons trop de commis ou de
chauffeurs, par contre nous avons plus de professeurs, d’ingénieurs que d’avocats. (…)
Les Sénégalais (bons soldats) ne se sont pas laissé passivement assimiler ; ils ont réagi à la civilisation
française pour produire des esprits nouveaux : des métis culturels tels le philosophe Gaston Berger, Maurice
Béjart). Les vertus (qualités) françaises ont servi de levain à l’ancienne colonie : la méthode, la volonté de
rationnaliser (notre négritude), et (nous) donner l’efficacité. Nos cadres sont fervents francophones et
militants de la négritude (nous sommes Sénégalais en partie à cause, ou grâce, à la présence française
pendant 300 ans »)9.
9 Texte légèrement aménagé par mes soins.
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LE BAC
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Document 4. Affiche du P.C.F. en réaction à la célébration du centenaire de la conquête de l’Algérie.
Source : Affiche du Parti communiste français et de la CGTU (Confédération générale du travail unifié), 1930.
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ETUDE D'UN ENSEMBLE DOCUMENTAIRE
D’après le sujet donné en Asie – Série S – Juin 2005
Mise en forme du sujet - Arnaud LEONARD – Lycée Français de Varsovie
Sujet : La colonisation française du milieu du XIX ème siècle à 1939 : ambitions et réalités
Liste des documents :
Document 1 : photographie de l'exposition coloniale internationale de Paris de 1931.
Document 2 : photographies de la présence française en Afrique noire.
Document 3 : extrait des mémoires d'un écrivain malien.
Document 4 : point de vue d'un colonisé au Vietnam.
Document 5 : point de vue d'un homme politique français.
Première partie : Analyser l'ensemble documentaire en répondant aux questions :
1. Tous les territoires de l'empire colonial français sont-ils pris en compte dans cet ensemble documentaire ? Justifiez votre réponse.
2. Quels aspects de la colonisation sont mis en valeur dans l'ensemble documentaire ?
3. Quels sont les éléments de fragilité de l'empire colonial qui apparaissent dans l'ensemble documentaire ?
4. En quoi la scolarisation est-elle révélatrice de la politique coloniale française et de ses contradictions ?
5. Dans le document 5, quelle vision de la colonisation veut faire passer l'auteur ?
Deuxième partie :
A l'aide des documents et de vos connaissances, vous rédigerez une réponse organisée au sujet : « la colonisation française du milieu du XIXème siè cle à 1939 : ambitions et réalités » .
Document 1
Présentation de l'exposition coloniale internationa le de Paris de 1931
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Source : Album illustré de l'Exposition coloniale de 1931
Couverture anonyme.
Document 2
Photographies de la présence française en Afrique n oire.
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2A : école primaire dans un village d'Afrique occidentale en 1906
Source : cliché. Archives nationales-section Outre-mer- /De Selva-Tapabor.
2B : plantation de café au Cameroun vers 1932
Source : cliché. Archives nationales-section Outre-mer- /J.L. Charmet.
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Document 3
Amadou Hampâté Bâ raconte le retour au Soudan franç ais (le Mali actuel) des soldats noirs après la première guerre mondiale en 1919.
« Quand les rescapés rentrèrent au foyer en 1918-1919, ils furent la cause d'un nouveau phénomène social qui ne fut pas sans conséquence sur l'évolution future des mentalités : je veux parler de la chute du mythe de l'homme blanc en tant qu'être invincible et sans défauts.
Jusque-là, en effet, le Blanc avait été considéré comme un être à part : sa puissance était écrasante, imparable, sa richesse inépuisable, et de plus il semblait miraculeusement préservé par le sort de toute tare physique ou mentale (...)
Mais, depuis, les soldats noirs avaient fait la guerre dans les tranchées aux côtés de leurs camarades blancs (...)
Quand ces tirailleurs rentrèrent au pays, ils racontèrent, au fil des veillées, tout ce qu'ils avaient vu. Non, l'homme blanc n'était pas un surhomme bénéficiant d'on ne savait quelle protection divine ou diabolique, c'était un homme comme eux, avec le même partage de qualités et de défauts, de force et de faiblesse. Et quand ils découvrirent que leurs médailles et leur titre d'ancien combattant leur valaient une pension inférieure de moitié à celle des camarades blancs dont ils avaient partagé les combats et les souffrances, certains d'entre eux osèrent revendiquer et parler d'égalité. C'est là, en 1919, que commença à souffler pour la première fois un esprit d'émancipation et de revendication qui devait finir, avec le temps, par se développer dans d'autres couches de la population. »
Amadou Hampâté Bâ (1900-1991), écrivain malien : extraits du premier volume de ses mémoires, Amkoullel, l'enfant peul, Actes Sud, 1991, p.365 et 366.
Document 4:
Le point de vue d'un colonisé au Vietnam. Entretien avec M. Hoang Xuan Han.
« Une fois que j'ai terminé l'enseignement secondaire, il faut dire assez brillamment, eh bien, il y a un général français qui présidait la cérémonie des prix au lycée A. Sarraut (1) qui me prend en amitié et qui me dit « toi tu dois continuer, et si tu veux entrer à Polytechnique (2) (...) viens au lycée Saint- Louis » (2).
On m'a accordé une bourse d'Etat pour aller à Saint- Louis et là au bout de deux ans, je suis entré à Polytechnique (...). Après les Ponts et Chaussées (3) (en 1934), je suis rentré au Vietnam (...) avec des recommandations des Français d'ici (de la métropole) pour voir s'il y a du travail là-bas pour nous. Eh bien, j'ai été déçu. J'ai consulté tout le monde, les hommes les plus haut placés, des Français et même des camarades de Polytechnique qui m'ont dit que je devrais revenir en France. Pour des raisons politiques, on ne voulait pas des Vietnamiens. J'ai des camarades qui sont sortis des Mines (3), très brillants (...) et bien là-bas, on devient agent des chemins de fer, et d'autres ne sont pas embauchés du tout (...). Alors je suis revenu en France et j'ai fait l'agrégation de mathématiques en 1936 grâce à une bourse (...). Une fois agrégé, on me recrute au ministère des Colonies. »
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Source : cité par Trinh Van Thao dans L'école française en Indochine, Karthala, 1995, pages 301-302.
(1) Lycée de Hanoi (Vietnam).
(2) Grand lycée parisien avec classes préparatoires.
(3) Polytechnique, Ponts et Chaussées, les Mines : grandes écoles de l'enseignement supérieur situées en métropole.
Document 5 :
Le point de vue d'un homme politique français.
« Pendant douze années, sous les tropiques comme en France, gouverneur général ou ministre, j'ai longuement médité sur la colonisation, sa légitimité, ses conséquences morales. (...) Dans l'action coloniale ainsi comprise, il n'y a plus comme au début, « droit du plus fort », mais bien « droit du fort à aider le faible », ce qui paraît vraiment le droit le plus noble et le plus haut de tous.
L'opération n'est plus unilatérale ; elle n'évince pas un possédant au profit d'un spoliateur ; elle peut, plus justement que celle qui la précéda, réclamer le titre de « pacte colonial », car elle est conçue pour l'avantage des deux ayants droit, liés par une politique d'association. La possession lointaine ne sera plus à présent un simple comptoir, un dépôt de richesses, un débouché où « le conquérant » vient rafler les épices et écouler sa marchandise en pressurant une race indigène tailla blé et corvéable à merci. Les colonies cessent de n'être que des marchés ; ce sont des entités vivantes, des créations d'humanité, des parties solidaires de l'Etat français dont on va, par le progrès scientifique, moral, économique et politique, favoriser l'accès à de plus hauts destins, au même titre que les autres parties du territoire national.
Source : Albert Sarraut *, Grandeurs et servitudes coloniales, Le Sagittaire, 1931.
* Albert Sarraut a été gouverneur de l'Indochine (1911-1914 et 1916-1919) et ministre des colonies (1920-1924 et 1932-1933).