CÔTE CAMARGUAISE
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BLOCS-PAYSAGES FAÇADE MÉDITERRANÉENNE
Bloc-paysage « Côte camarguaise » Panorama des paysages du littoral, 2017
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CÔTE CAMARGUAISE
La Camargue est la plus vaste zone humide d’Europe et le seul véritable delta en France. Elle est formée de
langues de terres sablo-argileuses d’origine alluvionnaire (dépôts argileux ou sableux laissés par les eaux du
fleuve) et de vastes étangs. Connu pour son caractère sauvage, cet espace a pourtant subi de nombreux
aménagements (endiguements, canalisations, etc.) destinés à l’installation d’activités humaines : cultures
céréalières, pâturages et salins. Le Rhône rejoint aujourd’hui la mer via deux embouchures, le Grand Rhône
et le Petit Rhône, entre lesquels s’étend l’île de Camargue ou la Grande Camargue. Une longue digue
parallèle à la côte sépare deux ensembles distincts : la Camargue fluviale – labyrinthe de terres agricoles,
d’étangs d’eau douce et de roselières – et la Camargue littorale, véritable mosaïque de dunes, lagunes et
sansouïres. Depuis l’arrêt de l’exploitation salinière, une évolution naturelle du trait de côte sur la partie
littorale est envisagée.
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Pressions/dynamiques
La beauté sauvage de la Camargue attire de nombreux usages (caravaning, circulation de véhicules à
moteur, cabanisation, kitesurf, pêche, chasse, baignade, etc.), parfois peu compatibles avec la préservation
du site naturel. Les risques de submersion marine sont prégnants sur cette zone basse également marquée
par une forte mobilité du trait de côte. La qualité de l’eau des étangs et des lagunes est impactée par les
rejets des cultures en amont. Activité traditionnelle camarguaise à préserver, le pâturage extensif des
manades de taureaux et de chevaux tend à disparaître au profit du maraîchage ou de la riziculture.
Enjeux
La gestion du site naturel vise à trouver un équilibre entre maintien des activités agricoles traditionnelles,
ouverture au tourisme et protection des milieux naturels, dans un contexte marqué par la montée des eaux
et l’érosion du trait de côte. L’objectif est également de retrouver une circulation de l’eau la plus gravitaire
possible. Du point de vue de la biodiversité, la Camargue est un lieu d’alimentation, de repos et de
reproduction pour de nombreux oiseaux, une nurserie pour la faune marine et un habitat d’espèces
végétales de grand intérêt.
MOTIFS DU PAYSAGE
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Prairie
Ces terrains herbeux, humides et plus ou moins salés servent à l’alimentation des manades (troupeaux) de
taureaux et de chevaux de race Camargue. Des cyprès sont établis en brise-vent entre les parcelles. Une
véritable harmonie se dégage de la combinaison entre les paysages plats et ouverts des prairies et les
espaces aquatiques qui les bordent. Les prairies humides sont menacées par le drainage et l’endiguement
pratiqués pour les mettre en culture, notamment pour la riziculture.
Taureaux camarguais et flamants roses. « C'est la Camargue des espaces ouverts, des manades, avec la saladelle pour emblème, de la salicorne et des tamaris, des pelouses rases et des croûtes de sel brillant au soleil. C’est une Camargue changeante au fil des saisons par sa palette colorée aux nuances multip les. Camargue mythique, chantée par les poètes, lieu de traditions, de festivités, dont l'influence résonne jusqu'à Arles et au-delà. La Camargue rêvée par le visiteur. », extrait de L’Atlas des paysages des Bouches-du-Rhône, 2007, à propos de la moyenne Camargue.
Mas
Ferme camarguaise construite en pierre de taille et implantée sur des hauteurs correspondant à des
bourrelets alluviaux (dépôts argileux ou sableux laissés par les eaux du fleuve). L’ensemble est souvent
abrité du vent par des arbres en bosquet.
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Le Mas de la Cure aux Saintes-Maries-de-la-Mer, Bouches-du-Rhône. Les bâtiments sont établis autour d’une cour carrée. Le logis principal est assorti de nombreuses dépendances (bergerie, écurie, cave, hangar…) qui attestent de l’évolution de l’agriculture en Camargue.
Étang doux
L’étang est une nappe d’eau peu profonde et bordée de plantes hygrophiles (qui se développent en milieu
humide). Alimenté en eau douce par le fleuve, il développe une végétation spécifique de roseaux (sagne en
provençal, notamment utilisés pour la fabrication de toitures), de joncs ou de scirpes. Délimités par des
digues, ils sont aussi appelés clos.
Parc ornithologique du Pont de Gau aux Saintes-Maries-de-la-Mer, Bouches-du-Rhône. La Camargue possède de nombreux étangs protégés et dédiés à la préservation de l’avifaune.
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Digue à la mer
Levée de terre longitudinale réalisée pour protéger les activités humaines face aux incursions marines et
fluviales et rendre les terres cultivables en réduisant la salinité de l’eau. Elles sont souvent renforcées par
des enrochements. L’influence de la mer ne se fait sentir qu’en deçà de cette digue parallèle au trait de
côte, qui délimite la Camargue fluviale de la Camargue littorale.
Ancien salin
Les salins (terme provençal désignant un marais salant) forment un ensemble de bassins protégés par des
digues. Des roubines (canaux) alimentées en eau de mer par des ouvrages hydrauliques (martelière,
pompe, écluse, etc.) la conduisaient jusqu’à des bassins d’évaporation permettant la récolte du sel, les
partènements. C’est aujourd’hui un paysage en reconversion sur les salins acquis par le Conservatoire du
littoral. L’écoulement naturel de l’eau salée ou saumâtre permet de voir évoluer les anciens partènements
en lagunes (voir le motif correspondant) et en champs de sansouïres.
Paysage de sansouïres sur les anciens salins de Camargue, Bouches-du-Rhône.
Canal
Creusement aménagé par l’homme pour conduire l’eau
salée de la mer jusqu’aux salins. Il est assorti d’ouvrages
hydrauliques : stations de pompage, écluses, martelières,
etc.
Martelière sur les anciens salins de Camargue, Bouches-du-Rhône.
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Étang lagunaire
La lagune est une étendue d’eau saumâtre salée, voire hypersalée (plus salée que la mer), connectée à la
mer par un passage (le grau) et souvent de faible profondeur. Elle appartient au système hydraulique de
l’ancien salin et évolue constamment au gré des marées, du climat et du vent. Elle est bordée de
sansouïres.
La sansouïre est un habitat typique des lagunes méditerranéennes, composé de plantes adaptées au milieu
salée : salicorne, obione, zostère, etc. Elle peut former d’immenses champs aux reflets rougeâtres, inondés
en hiver et desséchés en été. Les salicornes constituées en touffes éparses sont appelées enganes. C’est un
pâturage pour les manades camarguaises.
Lagune et îlots de sansouïres aux anciens salins de Camargue, Bouches-du-Rhône. La grande diversité des lagunes joue un rôle écologique majeur : nurserie pour les poissons et zone d’alimentation pour les oiseaux. La qualité de l’eau des lagunes est impactée par le morcellement des étangs délimités par des digues et par les rejets agricoles, issus de la riziculture notamment. L’intervention du Conservatoire du littoral et de ses partenaires vise à recréer un écoulement naturel des eaux entre les lagunes, les anciens salins et la mer, tout en protégeant les activités humaines situées en amont.
Champ de sansouïres sur les salins de Camargue, Bouches-du-Rhône.
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Îlot
Les îlots sont des amas de sable et d’argile formés par les dépôts alluvionnaires successifs du fleuve et de la
mer. Certains sont reliés entre eux par des digues. Parmi eux, on distingue les montilles, dunes fossiles
fixées par la végétation (oyat, pin, tamaris) et ne bénéficiant plus d’alimentation en sable. Elles attestent de
l’évolution du trait de côte, phénomène à l’origine de la formation du delta de Camargue.
Montilles surmontées de pins à Beauduc (Arles, Bouches-du-Rhône).
Cordon dunaire et plage
Estran sableux en pente douce, la plage est surmontée d’un cordon dunaire, bourrelet de sable structuré
par le vent et maintenu par une végétation pionnière (l’oyat notamment). Ce dernier est souvent conforté
par des enrochements.
Mouvante, la frange littorale subit l’effet conjugué des courants, des apports sédimentaires de
l’embouchure et du vent. Le trait de côte est percé de graus, passages naturels ou aménagés pour relier les
lagunes à la mer. La plage est fortement fréquentée en saison estivale, ce qui entraîne de fortes nuisances
paysagères et écologiques (installations de cabanes temporaires ou « en dur »). Le Conservatoire du littoral
cherche à limiter ces dégradations.
Pointe de Beauduc à Arles (Bouches-du-Rhône) vue depuis la mer. La flèche de sable et le cordon dunaire émergent d’un paysage particulièrement plat.
Brèche dans la digue entre la mer et l’étang de Sainte-Anne à Arles (Bouches-du-Rhône). Dans un contexte de montée du niveau de la mer et pour favoriser un écoulement naturel propice à la biodiversité, le Conservatoire du littoral et ses partenaires souhaitent reconnecter les eaux des étangs et des lagunes avec les eaux marines et fluviales. C’est pourquoi certaines digues ne seront plus entretenues ou percées de brèches. Les zones basses cultivées, elles, continueront à être protégées.
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Mer
Mer Méditerranée.
L’île de Camargue est une zone basse ; il n’est pas rare de voir la mer franchir régulièrement le trait de côte.
Sur une partie du site, l’arrêt de l’activité salicole a permis de privilégier une évolution naturelle des lieux.
Afin de lutter contre l’érosion et de régénérer la ressource piscicole, des réserves de pêche en mer visent à
préserver les herbiers de zostères, ces habitats sous-marins servant de refuges pour les poissons et de
fixateurs des fonds sableux.
Pointe de Beauduc à Arles, Bouches-du-Rhône.
POUR EN SAVOIR PLUS
Sites classés et inscrits au titre de la loi de 1930 (Provence-Alpes-Côte d’Azur) http://www.paca.developpement-durable.gouv.fr/sites-classes-et-inscrits-r178.html
Atlas du littoral de Provence-Alpes-Côte d’Azur, 2015 http://www.paca.developpement-durable.gouv.fr/l-atlas-du-littoral-r2052.html
Pôle-relais lagunes méditerranéennes http://www.pole-lagunes.org/
Observatoire photographique du paysage littoral vu depuis la mer – OPPLVM/Région Provence-Alpes-Côte d’Azur http://fr.calameo.com/read/004713252b1b0dff34d3d
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Atlas des paysages des Bouches-du-Rhône, 2007 https://www.departement13.fr/a-la-decouverte-du-13/atlas-de-paysages/
Atlas des paysages du Languedoc-Roussillon, 2008 http://paysages.languedoc-roussillon.developpement-durable.gouv.fr/atlas.html
Parc naturel régional de Camargue http://www.parc-camargue.fr/
Tour du Valat, Institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes http://www.tourduvalat.org/
Syndicat Mixte pour la protection et la gestion de la Camargue Gardoise http://www.camarguegardoise.com/
Stratégie d'intervention 2015-2050 Provence-Alpes-Côte d’Azur, Conservatoire du littoral http://www.conservatoire-du-littoral.fr/98-delegation-de-rivages-paca.htm
Stratégie d'intervention 2015-2050 Languedoc-Roussillon, Conservatoire du littoral http://www.conservatoire-du-littoral.fr/99-delegation-de-rivages-languedoc-roussillon.htm
Encyclopédie du littoral : les rivages du Conservatoire, Actes Sud-Conservatoire du littoral, 2010
CRÉDITS
Conservatoire du littoral La Corderie Royale 17306 ROCHEFORT www.conservatoire-du-littoral.fr Délégation Provence-Côte d’Azur Bastide Beaumanoir 3, rue Marcel Arnaud 13100 AIX-EN-PROVENCE [email protected] Avec le soutien financier de la Fondation d’entreprise Procter & Gamble pour la protection du littoral 163-165, quai Aulagnier 92600 ASNIERES-SUR-SEINE FRANCE Dessin : Alain Freytet, paysagiste DPLG Rédaction, iconographie : Thomas Berland Application web : Nicolas Durou Crédits images et photos Prairie : Véronique PAGNIER, via Flickr, CC BY-SA 2.0 Mas : G.Vlassis. Étang doux : Par Dkiechle, via Wikimédia Commons, CC BY-SA 4.0
Ancien salin : Marc Thibault/Tour du Valat. Canal : Marc Thibault/Tour du Valat. Étang lagunaire : Marc Thibault/Tour du Valat ; Marc Thibault/Tour du Valat. Îlot : Marc Thibault/Tour du Valat. Cordon dunaire et plage : Jean Belvisi/OPPLVM ; Marc Thibault/Tour du Valat. Mer : Michel Gauthier-Clerc/Tour du Valat.