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SommaireRevue de presse 4

30 jours 5

Courriers/témoignages 6

Débat/opinion 8

Actualités 10• Tous en grève le 20 janvier• Loi d’orientation• Salaires• Assurance maladie• Les nouveaux locaux du SNES• Le tsunami

Eco/social 18• Projet de loi sur le handicap• Réduction du temps de travail

Dossier 21• L’apprentissage, état des lieux

21

L’Université Syndicaliste, hebdomadaire du Syndicat national des enseignements de second degré (SNES, 1, rue de Courty, 75341 Paris Cedex 07.Tél standard : 01 40 63 29 00). Directeur de la publication : Gérard Anthéaume, Tél. 01 42 80 91 04. Rédacteurs en chef : Serge Chatelainet Alexis Chabot. Secrétaire de direction : Thérèse Bara. Collaborateurs permanents : Nicolas Beniès, Fabrice Giovanazzi. Responsable publicité :Clotilde Poitevin, tél. : 05 65 11 00 79. Photocomposition et photogravure: C.A.G. Imprimerie : RPN, Livry-Gargan (93). C. P. N° 0108 S 06386.I.S.S.N. N°0751-5839. Dépôt légal à parution. Conception : Voltaire & Associés, 15, rue de la Banque, 75002 Paris. Prix

du numéro : 1,30 €. Abonnement : 1) Personnels de l’Éducation nationale : France 26 € ; étranger etDOM-TOM : 40 €. 2) Autres, France : 37€ ; étranger : 51€. Publicité : CASDEN (2), ZIG-ZAG ;DIDACTHÈQUE BAYONNE (47), MAIF (48). Photo de Une : Thierry Nectoux. Pour s’informer et donnerson avis : Mél : [email protected], Internet : http://www.snes.edu

DIFFUSIONCONTROLEDIFFUSIONCONTROLE

2 0 0 3

Fenêtre sur La voix des profs

10 Actualités :Tous en grève

DossierL’apprentissage,état des lieux

Métier 29• Les langues vivantes dans la loi d’orientation• La philosophie en séries technologiques• Les CPE dans la loi d’orientation

International 33• Éducation pour tous, rencontre de Beyrouth

Catégo 34• CPGE : les heures supplémentaires• Détachement, et plus si affinités

Fenêtre sur 36• La voix des profs

Culture 38• Livres-revues• Cinéma/Théâtre/Spectacles/Expositions• Multimédia

Portrait 44• Une pratique pédagogique

36

ÉditoLe discours de vœux du président de laRépublique aux « forces vives de lanation » a été cette année éminemmentpolitique et s’inscrit résolument dans lecadre de la « stratégie européenne » deLisbonne et d’une politique libérale.Tandis que la reprise économiques’essouffle, le président fait le pariparadoxal de relancer la croissance…sans augmenter les salaires.Il fait appel à la concurrence pourbaisser les prix au moment où la grandedistribution et les banques ont montréla force des monopoles privés. Il choisitla baisse de l’impôt sur le revenu, lesdégrèvements fiscaux qui touchent lesplus fortunés, et la hausse des impôtslocaux qui, elle, pèse sur l’ensemble desménages.Il veut relancer le crédit à laconsommation dont l’accès estprofondément inégalitaire et coûteux.Sur les services publics, le discoursconfirme l’attaque contre l’ANPE et lapoursuite de la politique de privatisationfaisant fi de tout ce que l’histoirerécente a montré en Argentine, auRoyaume-Uni, aux États-Unis qui ontdémantelé les services publics.L’école, qui n’était déjà plus la prioritédepuis deux ans, est quasiment absentede ce discours, même si le président atenté maladroitement de se rattraper lelendemain devant les « Corpsconstitués ». Et cela à une semaine de laprésentation de la loi d’orientation enconseil des ministres. Il ne s’agit qued’une « réforme » dans la ligne de celledes retraites et de l’assurance maladie,ce qui n’est pas très rassurant. Il n’est jamais question du rôle del’école, de la formation, de l’élévationdes qualifications dans la croissance, le développement, le progrès social.Seul l’apprentissage trouve grâce auxyeux du président comme moyen sûrd’accéder au « bon emploi ».Ces choix budgétaires ont conduitdepuis trois ans à supprimer desdizaines de milliers de postes,notamment d’enseignants etd’encadrement éducatif (surveillants etaides éducateurs) bloquant toutepossibilité de remplacement aujourd’hui,réduisant l’offre de formation, fermantdes sections notamment technologiqueset professionnelles.La loi Fillon en préparation s’inscrit dansce cadre de renoncement à toutepolitique éducative et socialeambitieuse. Ceci nous conforte dansl’idée que l’action unitaire forte est plusque jamais nécessaire. Le 20 janvier,nous serons en grève pour dire que

nous souhaitonsconstruire une école et une société plusjustes, pluségalitaires,solidaires.

Gisèle Jeancosecrétaire générale

Bonne année, bonne santé !C’est ce qu’ensemble nous pouvons souhaiter pour notre syndicat et nos métiers. Et cette année 2005 commencesur une note très positive en terme de syndicalisation : plus de 61 000 collègues ont déjà acquitté leur cotisation syn-dicale 2004/2005, soit déjà quelque 3 500 de plus que l’an dernier à la même date. Les personnels de second degréconfirment ainsi leur volonté de se rassembler plus nombreux dans leur syndicat, et de construire ensemble les ripostesaux agressions et autres projets néfastes.Si vous êtes de celles ou ceux qui n’ont pas encore acquitté leur cotisation, alors faites ce geste sans tarder auprèsde votre section SNES d’établissement ou auprès de votre section académique.

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4 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

REVUE DE PRESSEBONNE ANNÉE

Le travail, c’est la santé...

Le travail ne protège plus de la pauvreté. C’est le constat essen-tiel du Secours catholique, qui a remis son rapport annuel à

Jean-Pierre Raffarin [...]. Près des trois quarts (74 % exacte-ment) dès 690 600 personnes en grande pauvreté accueillies l’andernier par l’association ont un emploi précaire – trois fois plusque la moyenne nationale –, des « sous-contrats » qui entraînentun succesion « de ruptures dans les ressources et donc une vie enpointillé », note le rapport.Ces petits contrats (intérim, temps partiel, CDD, emplois aidés...)leur fournissent un revenu moyen de 540 euros par mois et parunité de consommation, inférieur au seuil de pauvreté (602 eurosselon l’Insee). Ce sont les saisonniers et intérimaires qui ont lerevenu le plus faible (448 euros), tandis que seuls ceux qui ontun CDI à temps complet parviennent à dépasser le seuil(675 euros). [...]Autre constante mise en lumière par le Secours catholique :l’embellie économique des années 1999-2001 n’a pas permis auxpersonnes les plus éloignées de l’emploi de s’y insérer durable-ment : elles sortent du chômage en période de croissance mais yretournent dès que la situation économique se dégrade, commeen témoigne la remontée des taux de chômage des personnesaccueillies, passé de 58,6 % en 2001 à 66,5 % en 2003.Plus d’un quart des chômeurs accueillis est au chômage depuisplus de deux ans, et 66 % des demandeurs d’emplois ne sont pasindemnisés, alors qu’ils ne sont « que » 36,7 % au niveau natio-nal. Entre 1999 et 2003, alors que la proportion de chômeurs nonindemnisés a décru en France (– 10 %), elle a augmenté de 10 %pour ceux qui frappent à la porte du Secours catholique.

17 novembre 2004

Travailler ne protège pastoujours de la pauvreté

7 décembre 2004

CLASSEMENT OCDE DES ÉLÈVES : LA FRANCEMOYENNEMENTPERFORMANTENi cancres ni premiers de la classe :cette année encore, les élèvesfrançais affichent des résultatssans éclat, « légèrement au-dessusde la moyenne » internationale.[...] En 2000, le premier palmarèsavait fait couler beaucoup d’encre :certains pays considérésjusqu’alors comme des modèleséducatifs (France, Allemagne)s’étaient vu voler la vedette pardes nouveaux venus, comme leJapon, la Finlande ou le Canada.Trois ans plus tard, les tendancesgénérales demeurent [...].La France tire, quant à elle, toutjuste son épingle du jeu : les élèvesde Seconde et de Troisième quicomposaient le panel ont obtenudes résultats presque identiques àceux de l’an 2000. En compréhension écrite, ils sont14e si l’on retient les seuls pays del’OCDE [...]. Dans les matièresscientifiques, ils ont obtenu une 10e

place (progressant de 3 rangs).

26 novembre 2004

L’IVG, UNE LIBERTÉFRAGILEAprès 3 ans d’attente, le ministrede la Santé, Philippe Douste-Blazy,a fini par signer, le 23 juilletdernier, l’arrêté autorisant la prisede pilule abortive « en ville » pourdes grossesses ne dépassant pas5 semaines. [...] Non revalorisédepuis 13 ans, le prix de l’acte del’IVG a été augmenté de 29 % cetété. Une façon de lutter contre lesmédecins qui choisissent la clausede conscience pour des questionsde non-rentabilité. De plus, depuisjanvier 2002, toute jeune fillemineure peut se procurer à lapharmacie, gratuitement et sansordonnance, une boîte de Norlevo,la pilule du lendemain qui, prise72 heures après le rapport sexuel,permet d’éviter la grossesse.Problème : sur le terrain, la moitiédes pharmaciens refusent de ladélivrer. Une question d’avance defrais... alors que 8 000 à 10 000jeunes filles mineures se fontencore avorter chaque année.

3 décembre 2004

LES 35 HEURES EN TRAVAILD’ASSOUPLISSEMENT[...] Dimanche, au Bourget,ministre de l’Économie et desFinances encore pour quelquesheures, Nicolas Sarkozyharanguait les militants de sonparti en leur disant : « Si nouspensons que les 35 heures ne sontpas la solution aux problèmes dela France, alors n’hésitons pas àen présenter une réformeprofonde. » Ce n’est pas danscette hypothèse que se place legouvernement. Mais celan’empêche pas Jean-PierreRaffarin d’explorer toutes leshypothèses qui permettraient demontrer que les assouplissementsenvisagés ne sont passymboliques. C’est ainsi qu’ilpourrait jouer sur le compteépargne temps (CET) et le reposcompensateur, sans toucher àl’architecture générale dudispositif mis en place par MartineAubry. Le compte épargne tempspermet de reporter d’une annéesur l’autre une partie des heuresde récupération au titre de la RTT.L’idée serait de permettre saconversion en droit à formation(DIF) ou en épargne pour laretraite, voire en épargned’entreprise. Ce qui reviendrait àpermettre de monétiser tout oupartie des jours de RTT.

8 décembre 2004

LES FONCTIONNAIRESLAISSÉS POUR COMPTERenaud Dutreil a-t-il vraimentl’intention de négocier sur lessalaires des fonctionnaires ? Lessyndicats n’en sont pas convaincus.[...] Alors que son prédécesseurinsistait sur la « modernisationnécessaire » de la fonctionpublique pour faire passer lesréformes, Renaud Dutreil retrouvedes accents poujadistes pour tenterde diviser les fonctionnaires(« rigides, budgétivores etinefficaces ») et le reste desFrançais. Car c’est bien de budget qu’il s’agit.En période de crise de la dettepublique, les fonctionnaires sontdevenus une variable d’ajustementbudgétaire.

Le dessin du mois

Le Canard enchaîné du 15 décembre 2004.

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 5

Papesse. Mort de Françoise Verny, grande figure de l’édition française.

14déc.

Économie(s). Vote du budget de l’Élysée, en hausse de580 % depuis 1995.

20nov.

Mort à crédit. Les principaux créanciers de la planète (untiers de la dette mondiale) annulent 80 % de leurs créances.

21nov.

Démocratie. Début des manifestations contre les résultatstruquées de l’élection présidentielle en Ukraine.

23nov.

Espoir ? La conférence de Charm El Cheikh marque le soutien de la communauté internationale au processus démocratique en Irak.

23nov.

« Oui, si... » de Jacques Chirac à l’adhésion de la Turquie àl’Union européenne.

15déc.

Maladie. Un protocole d’accord est signé entre l’assurancemaladie et trois syndicats de médecins. Il instaure un parcours desoins coordonné.

15déc.

Tsunami. Un raz-de-marée provoqué par un tremblement de terre fait des dizaines de milliers de morts en Asie du Sud-Est.

26déc.

Élections en Irak. Assassinat du gouverneur de Bagdad.4

janv.

Solidarité. En Indonésie, conférence internationale sur l’aideaux pays d’Asie du Sud-Est victimes du tsunami.

6janv.

« Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts » (Newton)Inauguration du viaduc de Millau.

14déc.

30 JOURS

Sous surveillance. La nouvelle Commission européenne estfinalement investie par le Parlement de Strasbourg.

18nov.

Iznogoud. Nicolas Sarkozy est élu président de l’UMP. Hervé Gaymard lui succède à Bercy.

28nov.

Oui ! Référendum interne au Parti Socialiste sur la Constitutioneuropéenne.

1ER

déc.

Grève dans le second degré.7

déc.

Discriminations. Adoption de la loi créant une HauteAutorité contre les discriminations et comportant un dispositif contresexisme et homophobie.

8déc.

Ci-gisent les 35 heures. Raffarin présente son «Contrat 2005» comportant un plan pour revenir sur les 35heures.

9déc.

Justice... Silvio Berlusconi est relaxé dans son procès pour corruption.

10déc.

ASIE DU SUD-EST

L’émotion et la colèreLe 26 décembre, l’Asie du Sud-Est connaissait une catastrophe

naturelle d’une ampleur inédite. Elle a engendré des dizaines de milliers de morts, de blessés, de personnes déplacées et plongéesdans une détresse et un dénuement profonds. D’une telle catastrophe humanitaire, le monde entier s’est ému,entraînant un large mouvement de solidarité. L’émotion doit cependant faire place, d’ores et déjà, à des interrogations sur l’absence de prévention du risque de tsunami, pourtant bienconnu dans cette région, et plus généralement encore sur les responsabilités en cause dans cette catastrophe. L’avenircommande d’y répondre afin d’éviter qu’un tel drame se renouvelle. Lire à ce sujet les articles de la page 17.

©A

FP

Romulus ou Remus ?

Le professeur certifiéRomulus passa de nom-breuses années à pré-

parer ses cours et à corrigerses copies ; à l’écoute de sesélèves, il œuvrait pour la réus-site de tous. Au cours d’unjour faste, il avait obtenu, auprix de nombreuses luttes quesa fin de carrière fût revalo-risée : au 11e échelon, il atten-dait d’accéder à une promo-tion : la hors-classe.Mais c’était sans compter ladécision des Dieux : journéfaste ! Son frère, le profes-seur certifié Remus, obser-vait régulièrement le vol etle chant des oiseaux, il nour-rissait avec attention les pou-lets sacrés, espérait devenir

expert en l’art de lire leursentrailles et surtout s’entre-tenait souvent avec l’augurequalifié. Celui-ci, grâce à sabaguette divinatoire et expertdans l’art d’interpréter lesphénomènes célestes décidaque seul Remus devait accé-der à la hors-classe : son ini-tiation à la science auguralelui semblait bien plus impor-tante que le fait d’enseigner.Qui sait ce que l’augure qua-lifié avait lu dans les entraillesdes poulets ? Qui sait surtoutsi un autre augure qualifié n’yaurait pas lu autre chose ?…Que serait-il alors advenu deRemus ?Ceci est une autre Histoire…

Corinne Gioanni-Massa

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6 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

DEBATCourriers

Le travail n’est plus un rempart contre la précaritéJ. Mancione, Bordeaux

Précarithon

BD ET MYTHOLOGIEUlysse, le vainqueur de la guerre de Troie,ne peut rentrer chez lui. Ce périple est pleinde rebondissements. Sébastien Ferrand a eul’idée d’adapter l’œuvre d’Homère pour larendre visible et lisibles aux jeunes géné-rations. C’est un travail d’utilité publique. Ilfaudrait le subventionner. Trois tomes poursuivre les aventures du roi d’Ithaque protégéd’Athéna et victime de Poséidon. Ce n’est pastrop. Le dernier vient de paraître. Le gra-phisme a évolué. Il est plus fou, plus lié aufantastique. De quoi réjouir les enfants.Que nous sommes restés. N.B.• Ulysse, Émmanuel Proust éditions.

Ainsi en va-t-il du rapport France précaire 2003 remis par leSecours catholique le 16 novembre dernier au Premier ministrede la France, Jean-Pierre Raffarin.

Selon le Secours catholique, le travail n’est plus un rempart contre lapauvreté : « tous les emplois précaires exposent à la pauvreté ». Laphrase a le mérite d’être claire et d’annoncer la couleur du rapport. Leniveau des plus fragiles ne cesse de se dégrader et la proportion des per-sonnes sans ressource augmente. Les revenus, même du travail, nerèglent pas tout. Au contraire, intérim, contrat à durée déterminée, tempspartiel, ... concernent particulièrement les populations les plus dému-nies. Parmi les travailleurs accueillis par l’association, les 3/4 occupentun emploi précaire.Une collègue vient de s’adresser au SNES pour signaler sa situationpersonnelle ; elle n’avait sans doute pas lu le rapport du Secourscatholique. Elle écrit pourtant : «actuellement, n’ayant aucun poste,je vis en tout et pour tout avec 300 €/mois (allocations familiales).Avec un tel budget, difficile de s’offrir un voyage jusqu’à Bor-deaux même pour une bonne cause. On a du mal à imaginer qu’unecatégorie d’enseignants soit très mal lotie, mal logée et qu’ils fontpartie des « travailleurs pauvres». Moi-même, avant d’essayer d’in-tégrer l’Éducation nationale, j’ignorais toutes ces galères auxquellessont confrontés certains enseignants. J’ai 45 ans, 2 enfants à chargeet j’enseigne depuis 7 ans... De l’Éducation nationale, j’espéraismieux. »Le rapport France précaire démonte l’idée des chômeurs bien contentsde l’être : « les gens rencontrés ont une volonté de travail. Pour une ques-tion de dignité par rapport à leur famille et à leur environnement ». Sila monoparentalité augmente, la situation des femmes seules et plusparticulièrement des mères est des plus préoccupantes. Précaires,pauvres et maltraités.Nous sommes sans doute loin des activités d’un syndicat. Et pourtant, cesquestions concernent tout particulièrement l’Éducation nationale et le sec-teur de l’éducation. Chômage, retards de paiement, difficultés à payer sonloyer, la cantine, les déplacements pour se rendre à son travail, ... C’est ce que nous sommes allés dire le 24 novembre – dans le cadre d’uneaction nationale contre la précarité – au rectorat, et pas seulement dire. Les retards de paiement sont proprement scandaleux : comment peut-on accepter qu’un travail effectué soit payé par l’État avec un telretard ? Surtout pour des personnes aux revenus irréguliers ! Manquede personnel pour traiter les dossiers ?Trop de personnels titulaires ? Ah bon ! Ce trop entraînerait le chômagedes non-titulaires ? Et pourquoi M. Fillon envisage-t-il de confier lesremplacements aux collègues de l’établissement ? La garantie de réemploi pour les contractuels n’est pas une aberrationde pensée. Tout le monde sait qu’en droit social, les faits précèdent le

droit. La garantie de réemploi des MA n’était pas en son temps assurée.Le droit à l’action sociale dont sont écartés les non-titulaires chômeursne serait-il pas un moyen honorable d’aider des collègues investis dansleur mission et que le rectorat a élégamment rejetés à l’ANPE. ? Et même si ces collègues ne pouvaient retrouver un emploi de rem-placement garanti, ne pourrait-on pas les aider à préparer leur titu-larisation autrement que par la réouverture des dossiers de candida-ture aux préparations des concours ? Ne pas se laisser endormir.Ces questions posent des choix financiers donc politiques. Face à ceréquisitoire contre l’emploi précaire, le Premier ministre a appelé à« une mobilisation collective » contre la pauvreté et exprimé « lagratitude nationale pour l’engagement personnel au sein des asso-ciations». Il a réaffirmé sa confiance en un retour de la croissance etune baisse significative du chômage en 2005. On connaissait Jean-Pierre Raffarin comme un expert dans l’art d’endormir ses interlo-cuteurs. Parce que les précaires – et les autres – ne peuvent dormirtranquilles, il est temps pour toute la profession de montrer qu’ellene se laisse pas endormir. Le 7 décembre, nous étions en grève pour la déprécarisation de l’em-ploi dans l’Éducation nationale. Continuons à nous mobiliser !

À propos des prisons pour mineursC. H., S1 de Gaillac

Établissements pénitentiaires

Dans une ville accueillante duTarn, le maire se félicite d’avoirobtenu la construction d’un EPM(établissement pénitentiaire pourmineurs) pour 2006. Ce dernier, prévu pour 60 mineursentre 13 et 18 ans, est l’un des 6établissements projetés surl’Hexagone.Actuellement, 14 mineurs sontincarcérés pour la région Midi-Pyrénées à Seysses (où 40 placessont disponibles) dans un quartierqui leur est réservé. Augmenter « l’accueil » peutlaisser craindre de chercher avecplus de zèle des « pensionnaires »dans un contexte sécuritairerenforcé par l’application de la loiPerben. Par ailleurs, 150 personnesdevraient assurer l’encadrementavec pour moitié des adultes de laPJJ (protection judiciaire de lajeunesse). Un encadrement et unsouci éducatifs qui laissentpantois. Tant que les mineurs sonten liberté, dans leur quotidien,leur encadrement éducatif(surveillants, éducateurs,enseignants, infirmières,médecins scolaires) diminuefortement, mais ils auraient droit

à ce qui peut apparaître commeun « traitement de faveur » endétention. Cependant la présenceforte de la PJJ est un leurre. Eneffet, cette dernière se voit deplus en plus contrainte à prendreen charge uniquement desmineurs délinquants et à lescontenir au moyen del’enfermement. C’est une dérivedangereuse car tout jeune enrelation avec la PJJ seracatalogué de délinquant ipsofacto. Le SNPES-FSU (personnelsde l’éducation surveillée) semblebien seul à dénoncer ces projets.Or nous assistons à la logique durépressif vainqueur du préventifet de l’éducatif. Il ne faut pas que ces EPM seremplissent de jeunes dont on saitque 80 % retourneront en prison.Enseignants, parents, citoyens,nous devons dire NON à laconstruction de ces EPM quirésonne dangereusement face àla diminution drastique desmoyens de l’Éducation nationale.Il me semble que nous devrionsdavantage intégrer cettedimension répressive dans notreévocation de la situation et dansnos revendications.

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PRODUCTION CULTURELLE ET OCCUPATIONLa période 1940-44 connut une étonnanteet paradoxale production culturelle enFrance alors que l’Allemagne s’appauvris-sait. Comment l’expliquer ? Les auteursréunis par Albrecht Betz et Stefan Martensessaient d’y répondre. L’histoire culturelleest en train de gagner sa place. Les inter-rogations sont multiples sur ces intellec-tuels et leur réaction, mais aussi leur fas-cination. Une véritable leçon et d’histoireet de comportements. N.B.

• Les intellectuels et l’Occupation 1940-1944, Collaborer, Partir, Résis-ter, Editions Autrement, collection Mémoires.

Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 7

Un collégien arrêté en plein cours au collègeJeanne-d’Albret de Pau et menacé d’expulsionJ.-J. L. M., pour le S2 des Pyrénées Atlantiques

Rafle

Samuel Johnson a 16 ans et demi. Orphelin, Ghanéen réfugié enFrance depuis plusieurs mois, placé par le juge des enfantsdans un foyer de la région paloise, excellent élève assidu au col-

lège Jeanne d’Albret depuis la rentrée de septembre dernier, il ne pré-sente aucun danger ni aucune menace pour notre pays.Le 18 novembre à 9 h45, trois fonctionnaires de la Police Aux Fron-tières viennent l’arrêter à l’intérieur du collège. Ses camarades de laclasse qu’il a dû quitter brutalement pendant le cours sont traumatisés.Le personnel, et particulièrement les enseignants du collège, estchoqué, indigné.Il est ensuite interné au centre de rétention administrative d’Hendaye,puis dans celui du Mesnil-Amelot dans la Seine-et-Marne, à proxi-mité immédiate de l’aéroport de Roissy.Comme il est mineur, la police ne peut pas l’expulser. L’avocateMe Maripierre Massou dit Labaquère a d’ailleurs déposé le22 novembre un recours en référé contre la menace d’expulsiondevant le tribunal administratif de Pau et l’expulsion est suspendue.La police demande alors au consulat du Ghana un laissez-passerpour le Ghana pour Samuel. Le consulat le fournit, en indiquant la datede naissance de Samuel, car il ont reconnu leur ressortissant. Chou blanc pour la police car le document indique que Samuel estmineur. Qu’à cela ne tienne. Elle fait pression sur le consulat pour obte-nir un nouveau document et exige « qu’il soit conforme aux examensradiographiques que nous lui avons fait subir » ! C’est-à-dire qu’ilsveulent faire primer un examen radiologique sans valeur scientifique, ettrès discutable, sur deux papiers officiels indiquant l’âge de Samuel.Il faut absolument que Samuel apparaisse comme majeur pour pou-voir être expulsé, et il faut expulser Samuel pour emplir le quota d’im-migrés à expulser.Malheureusement les pressions sont efficaces et le consulat fournit,paraît-il (personne ne l’a vu), un nouveau laissez-passer avec une datede naissance « convenable ». Jeudi 16 décembre, Samuel doit êtreexpulsé. Il refuse de monter dans l’avion. Il est placé en garde à vue.Il est présenté à un juge qui l’inculpe pour entrave à procédure admi-nistrative. Il est jugé le 20 décembre devant la 17e chambre correc-tionnelle du tribunal de grande instance de Bobigny en Seine-Saint-Denis et condamné à trois mois de prison à Fleury-Mérogis...Le S1 du collège est intervenu dès le 1er jour par une pétition unanimedu personnel, qui a été portée au principal du collège.Une délégation du S1, accompagnée du secrétaire départemental dela FSU, a été reçue à la préfecture le 1er décembre pour s’indigner del’entrée de la police dans un établissement scolaire pour un motif sansaucun rapport avec la sécurité des biens ou des personnes et pour pro-tester contre la politique d’expulsion des étrangers, même mineurs.Le 14 décembre, le secrétaire départemental de la FSU, membre duS2 du SNES, rend visite à Samuel au centre de rétention administrativedu Mesnil-Amelot.Une conférence de presse unitaire intersyndicale est organisée le 18décembre à Pau avec la FCPE, le MRAP et plusieurs autres associations. Le 23 décembre à 15 heures, une manifestation est organisée par lesmêmes devant la préfecture de Pau pour exiger la libération de Samuel. La mobilisation s’étend. Le temps presse. L’indignation est grandede constater une dérive policière de cette ampleur.Cette fois-ci, il s’agit de Samuel Johnson. Mais des dizaines de cascomparables se passent chaque mois dans le département, l’académiede Bordeaux et partout en France. La police intervient pour expulserdes enfants qui sont scolarisés à l’école primaire, comme ils onttenté de le faire à Bordeaux. Chaque semaine, des jeunes gens quicommençaient à s’intégrer dans notre pays et qui sont scolarisésrégulièrement, sont brutalement expulsés dès qu’ils atteignent 18 ans.

Le cas de Samuel est remarquable, car il s’agit d’un mineur dont lapolice essaie de faire croire qu’il est majeur, en employant des pro-cédés inqualifiables, mais il faut prendre conscience que des raflesincessantes se produisent dans notre pays qui n’est plus terre d’asile.Le ministre nous dit que nous devons apprendre à nos élèves lesvaleurs républicaines. Monsieur le ministre, nous n’avons pas lesmêmes valeurs.

Zéro pointéSections SNES-SNEP FSU du collège Jas-de-Bouffan,du lycée de Luynes, du lycée Cézanne, Aix

Télénotes

« Le grand problème de l’État, c’estla rigidité de sa main-d’œuvre »,« Le problème que nous avons enFrance, c’est que les gens sontcontents des services publics ».Renaud Dutreil, ministre de laFonction publique et de la Réformede l’État le 20octobre 2004.Le grand problème du collège Jas-de-Bouffan, du lycée de Luynes, dulycée Cézanne et de tant d’autresétablissements en cette fin depremier trimestre c’est que nous nesommes pas content, des servicesofferts par des entreprises privées(COFRAMI et Microsoft) en sous-traitance du CRDP pour les notes etles bulletins en ligne sur Internet.Ce n’est pas un problème de rigiditémais d’efficacité à cause de sacomplexité et de sa lenteur. Sesconcepteurs savent-ils seulement

qu’ils risquaient l’encombrement àcertaines périodes ? Connaissent-ilsseulement le fonctionnement d’unétablissement et les besoins desenseignants ? La conséquence pourles enseignants, ce sont des heuresde travail en plus sans aucun intérêtpédagogique. Exemple au lycée deLuynes, deux heures et demi pourremplir les bulletins de 35 élèves,soit l’effectif normal d’une classe…quand le logiciel marche ! C’estparfaitement inadmissible!Vu le prix payé, soit 300 euros, parun collège — combien par lesnombreux autres collèges et lycéesabonnés —, on peut se demanders’il n’aurait pas été plus simple deconfier le fonctionnement de cesservices en ligne au... service publicpar exemple, comme c’était le casl’an dernier.

Précision/AutoritéNous avons omis de préciser que l’article de F. de Singly sur l’autorité paru dansL’US Mag du mois de décembre a été reproduit avec l’aimable autorisation desCahiers pédagogiques. L’interview réalisée par J.-M. Zakhartchouk a étépubliée dans le numéro de septembre-octobre (426) de cette revue que l’onpeut se procurer pour exemple sur le site du Cercle de recherche et d’actionpédagogiques (CRAP): www.cahiers_pedagogiques.com

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8 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

DEBATopinion

DISCRIMINATIONS POSITIVES. Le débat autour du traitement des inégalités s’est focalisé sur les formes que peuvent prendre les discriminations positives. Cette question est d’une grande complexité. Les deux points de vue présentés dans ces pages n’engagent que leurs auteurs mais devraient permettrede faire avancer la nécessaire réflexion qui serait prolongée dans le cadre du congrès.

L’inégalité des chances d’ac-cès aux grandes écoles s’estaggravée et les discrimina-

tions dans le monde du travailrestent considérables. I l estessentiel de prendre l’exactemesure de ces réalités pour cou-per court au déni et sensibiliserà l’urgence de l’action. L’obser-vatoire des discriminations y acontribué au moyen du testing,par envoi de C.V. quasi-iden-tiques. Nous avons mis en évi-dence la pluralité et la gravitédes discriminations. Un handicapé a 15 fois moins de chance dedécrocher un entretien d’embauche qu’un candidat ordinaire, unhomme d’origine marocaine ou un candidat de 50 ans a 5 foismoins de chances. Une personne au visage disgracieux ou quihabite un mauvais quartier est également clairement discrimi-née. Ajoutons que pour certains emplois, les femmes sont discri-minées. D’autres encore sont en butte à l’homophobie et les per-sonnes en situation d’obésité sont exclues du marché du travail.Les faits sont incontestables et ce diagnostic attire l’attentionsur la nécessité de traiter sans exclusive toutes les formes de dis-criminations.

Toutefois les politiques relevant de la discrimination positive,qu’elle soit basée sur des critères ethniques ou socio-écono-miques, ne sont pas satisfaisantes : facteurs de discorde, ellesproduisent ou aggravent d’autres types de discriminations. Ellesagissent comme un voile sur les réels mécanismes de l’inégalitédes chances : c’est parce que le fonctionnement de notre systèmeéducatif ou la gestion du personnel des entreprises et des admi-nistrations ne sont pas satisfaisants que cette inégalité existe. Cesont ces dysfonctionnements qu’il faut éradiquer plutôt que d’in-venter des politiques qui visent à corriger après coup et à lamarge les effets les plus choquants de nos propres pratiques degestion.Les jeunes scolarisés dans des lycées où sont regroupés desenfants dont les origines sociales sont défavorisées (et dont lesparents sont souvent étrangers) ne peuvent bénéficier des condi-tions d’enseignement et d’information qui leur permettent d’inté-grer les classes préparatoires. Faut-il prendre acte de cette diffé-rence de niveau et d’information, et faire accéder de manièrefacilitée un modeste contingent d’étudiants issu de quelques

« lycées défavorisés » aux grandesécoles ? C’est la solution choisie parSciences Po. Mais pourquoi ne pasavoir une politique plus ambitieusequi donne réellement leur chanceaux enfants défavorisés ? Et pour-quoi ne pas avoir d’abord songé àmodifier les modalités du concoursd’entrée à Sciences Po ? Lesépreuves de culture générale ou lamaîtrise d’une langue étrangère(essentielle à Sciences Po) favori-sent en effet les enfants aisés. N’est-il pas plus juste, moins stigmatisant

et plus conforme aux idéaux républicains d’amener des lycéens,désavantagés par leur lieu de résidence ou leur origine, à unniveau d’excellence ?Au lieu de remédier aux déficiences du système éducatif, dedoter en ressources supplémentaires tous les établissementsscolaires qui accueillent les jeunes de milieux défavorisés, oucertains élèves qui souhaitent passer des concours, on préfèrecontourner la difficulté en intégrant à la marge un contingent dejeunes issus de ZEP. À l’inverse, l’expérience de l’ESSEC,beaucoup moins médiatisée que celle de Science Po, consistejustement à injecter des moyens et du soutien dans des lycéespeu favorisés pour des jeunes particulièrement motivés. Laméthode choisie pour remédier à une inégalité des chancescroissante et à une reproduction sociale effarante n’est pas anec-dotique. Si la discrimination positive mise en œuvre parSciences Po reste une expérience limitée, elle servira de cache-misère. Elle retarde en effet la réforme des autres voies d’accèsà l’école (qui sont ouvertement discriminantes) et une actionvigoureuse de « justice sociale » dans les établissementsscolaires. De plus si l’on généralisait la nouvelle voie d’accès,on renoncerait aux règles du concours et de l’anonymat au profitde modalités de sélection à la discrétion des enseignants etd’oraux devant des jurys. En quoi ce retour en arrière garantira-t-il à l’avenir un traitement égal et non discriminatoire descandidats ? �

Jean-François Amadieu

Jean-François Amadieu est professeur à Paris I Panthéon Sorbonne. Ildirige l’Observatoire des Discriminations de l’Université Paris I, quimène des études sur toutes les formes de discriminations : genre, eth-niques, âge, géographique, apparence, orientations sexuelles, handicap,etc. Sa méthode est de traiter conjointement les facteurs qui conduisent àdes inégalités d’accès à l’emploi, de déroulement de carrière, de salaires,d’accès à la formation ou encore de licenciement. L’observatoire mènedes travaux (dont une dizaine de thèses) qui utilisent une grande diversitéde techniques d’enquêtes et adoptent une perspective pluridisciplinaire(gestion, sociologie, droit, économie).http://cergors.univ-paris1.fr/observatoiredesdiscriminationsfd.htm

Remédier aux inégalités et aux discriminations,

à l’école et dans le monde du travail demande

une action en profondeur, qui s’attaque aux

racines du problème.

Jean-FrançoisAmadieuest professeur à Paris IPanthéon Sorbonne. Il dirige l’Observatoiredes Discriminations del’Université Paris I

Faire émerger les compétences...sans discrimination

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 9

La déclaration fracassante deNicolas Sarkozy appelant à lanomination d’un « préfet

musulman » a incontestablement(re)lancé le débat autour desmesures dites de discriminationpositive. Mais cette sortie à viséesélectoralistes a également ren-forcé la confusion autour d’unelogique reposant notamment surun traitement préférentiel. Toutd’abord, en laissant entendre quela discrimination positive se tra-duit par une place réservée dans lahaute fonction publique, l’ancien ministre de l’Intérieur a donnédes gages à ses détracteurs qui la réduisent à une simple tech-nique : celle des quotas. Ensuite, en fondant la discriminationpositive sur un critère religieux (ou, plus largement, ethnique),Nicolas Sarkozy a suscité une réprobation légitime : outre qu’un

verrou constitutionnel « assure l’égalité devant la loi de tous lescitoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion » (pre-mier article de la Constitution de 1958), c’est avaliser uneconception de la société où chacun s’exprime par et pour sa com-munauté. Vision qui affaiblit considérablement la République dèslors obligée d’échanger la « communauté des citoyens » contre lecommunautarisme. C’est ainsi que finalement la discriminationpositive est généralement définie par deux mots : « quotas eth-niques ». Pour essayer de sortir de cette approche réductrice, j’ai proposédans un ouvrage récent (De la discrimination positive, Bréal,2004) de définir la discrimination positive ainsi : « instituer desinégalités formelles pour lutter contre des inégalités de fait ».Sans aucun doute imparfaite, cette définition plus large a l’im-mense mérite de ne pas faire l’impasse sur la discrimination posi-tive « à la française » : aussi bien pour ce qui concerne les zonesd’éducation prioritaire (ZEP) que les zones franches urbaines oumême l’expérience récente menée à Sciences Po Paris. Mais pourne pas participer à la confusion qui entoure ce concept sulfureux,j’ai pris une précaution conceptuelle supplémentaire : toujoursfaire suivre discrimination positive du suffixe « socio-écono-mique » afin d’introduire une distinction, qui me paraît particu-lièrement opératoire, entre discrimination positive « socio-écono-mique » d’une part et discrimination positive « ethnique »d’autre part. Et de considérer que la discrimination positive« socio-économique » est aujourd’hui une nécessité absolue –démarche qui, certes, n’est pas sans effets pervers mais quidemeure un moyen essentiel de réduire la ségrégation scolairequi ne cesse de s’affirmer. S’inscrivant dans une perspectiverépublicaine, cette politique est d’autant plus impérative quel’immobilisme n’est plus acceptable.Sans quotas, sans référence ethnique pour désigner les bénéfi-ciaires potentiels, la discrimination positive « socio-économique »

constitue en effet une solutionvolontariste pour essayer de crédi-biliser cette valeur fondatrice denotre démocratie qu’est l’égalitédes chances. Cela suppose deretrouver l’esprit originel des ZEPet de sortir de la logique de gestioncomptable qui est actuellement lanôtre : celle-ci a considérablementamoindri l’efficacité espérée de la« politique éducative prioritaire »qui, néanmoins, a permis d’éviterque la situation continue de se

dégrader pour des enfants qui dans le même temps voient leursconditions d’habitats se détériorer. Reste que le « saupoudrage »des moyens, qui s’explique en partie par le nombre trop élevé dezones concernées, conduit à des effets insuffisants, par exemple ence qui concerne le nombre d’élèves par classe. Or, l’améliorationdes résultats scolaires des élèves issus des quartiers défavorisés esttrès sensible à une prise en charge très différenciée et à une réduc-tion significative du nombre d’élèves par classe. Loin de remettreen cause le principe des ZEP, donc de la discrimination positive« socio-économique », cette réalité doit nous amener à mieuxcibler les moyens sur les zones où se concentrent les difficultésscolaires.Au-delà, une relance par le haut, qui peut provenir d’un élargis-sement du recrutement des grandes écoles, est souhaitable. L’inno-vation de la filière ZEP à Sciences Po nous indique une voiepossible : tout en entamant une diversification nécessaire de soneffectif, Sciences Po a ainsi suscité une nouvelle dynamique dansles ZEP concernées (élèves plus motivés et équipes enseignantesplus stables notamment). C’est la raison principale pour laquellej’ai appelé avec d’autres, dans un manifeste publié par Le Monde(19/10/2004), toutes les grandes écoles à mettre en place unediscrimination positive « socio-économique », et ce suivant lesmodalités qu’elles considéreront les plus conformes à leurs spéci-ficités. On signale souvent qu’une telle généralisation offre l’op-

portunité de maintenir le concours inchangé. C’est exact et regret-table. Mais en attendant le « grand soir » de la modification desépreuves du concours que j’appelle également de mes vœux, faut-il rester immobile? Combien de temps encore allons-nous espérercette révision du contenu du concours? Refuser que des lycéens deZEP entrent dans une grande école serait-il un meilleur moyen del’obtenir ? C’est oublier que l’expérience de Sciences Po, bienqu’imparfaite, a eu le mérite de convaincre le plus grand nombreque certains élèves de ZEP ont le potentiel pour réussir dans unegrande école.En matière de lutte contre l’inégalité des chances, il est temps defaire preuve de pragmatisme. �

Sortir de la confusion qui entoure le concept de

discrimination positive doit permettre une application

à l’école. Parce qu’il est temps de réagir...

L’amélioration des résultats scolaires des élèves issus

des quartiers défavorisés est très sensible à une

prise en charge très différenciée et à une réduction

significative du nombre d’élèves par classe.

Eric Keslassy,sociologue (Dauphine),enseigne les scienceséconomiques et sociales

Pour la discrimination positive« socio-économique »!

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ACTUALITES ÉDUCATION, FONCTION PUBLIQUE, AGIR

Tous en grève le je

Face à un gouvernement entêté et intransigeantS’il y a un reproche qui ne peutpas être fait à ce gouvernement,c’est celui de manquer de cohé-rence. Sur le fond, comme sur laméthode. Le 16 décembre, F. Fillon pré-sente son projet de loi au Conseilsupérieur de l’Éducation. Desdizaines de tables rondes et ren-contres bilatérales ont eu lieu,mais le projet ne tient presqueaucun, voire absolument aucuncompte des remarques qui ont étéformulées. Le projet est mas-sivement rejeté par le Conseilsupérieur. Ce qui n’empêche pasF. Fillon d’annoncer le soir mêmequ’il présentera son projet enl’état au Conseil des ministres du12 janvier puisque les avis donnéssont « contradictoires » (sic) etqu’il refuse de céder aux « conser-vatismes » (resic). Le 21 décembre après plusieursdiscussions et contacts bilatérauxsur les salaires avec les fédéra-tions de fonctionnaires, leministre R. Dutreil annonce desmesures qui non seulement netiennent aucun compte desdemandes des fédérations pour

rattraper les pertes de pouvoird’achat (5% depuis 2000) maisqui vont encore aggraver cespertes en 2005.

Une multitude de rendez-voussociaux en janvierFace à une telle politique gou-vernementale qui fait sentir ses

effets bien au delà de l’Éduca-tion et de la fonction publique, lemécontentement de l’opinionpublique grandit. Mais le faitnouveau en ce début 2005 c’estque ce mécontentement semblebien devoir retrouver la voie del’action collective. Les médiaspronostiquent un mois de janvierdifficile pour le gouvernementqui sera confronté à une multi-plication des rendez-voussociaux. Si le SNES et les syndi-cats de la FSU du second degré sesentaient encore bien seuls débutdécembre, des actions ont marquédepuis plusieurs secteurs (SNCF,casinos, pédiatres sont les der-niers en date) et, surtout, biend’autres sont annoncées. Et lagrève réussie du 7 décembre aété manifestement un facteurdécisif pour précipiter de nou-velles décisions dans l’Éducation.Les fédérations de l’Éducationse sont en effet réunies le 21décembre et ont assez facilementtrouvé un terrain d’entente surune décision de grève et sur uneplate-forme (cf. ci contre) por-tant sur les questions budgétaires,le refus des mesures de suppres-sion de postes dans le cadre de la

SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES : LE SNES APPELLE A PARTICIPER A LA GRÈVE DU 12 JANVIERLes professeurs de SES sont très inquiets du pro-jet de loi présenté par le ministre de l’Éducationnationale qui remet en cause les possibilitésréelles de choix des élèves et conduira à leurdisparition.La disparition en classe de Seconde d’une desdeux options de détermination contraindra lesélèves à choisir pour l’option restante la LV2. Ilsseront ainsi privés de l’enseignement de SES etne pourront plus choisir leur orientation en

connaissance de cause. Ceci va tarir le recrute-ment de la série ES qui correspond à une fortedemande sociale et à de véritables débouchés.Le SNES demande que la LV2 soit intégrée autronc commun de Seconde, ce qui permettraitde maintenir pour les élèves un choix suffisam-ment large : SES, LV3, langues anciennes, arts... Deplus, par souci d’économie budgétaire le projetprévoit la suppression des dédoublements enlycée notamment en SES.

Les enseignants de SES se mobilisent mercredi12 janvier lors de la présentation du projet auConseil des ministres.Cette journée de grève et de manifestation per-mettra un rassemblement national à partir de 11heures place de la Madeleine à Paris.Pour le SNES, cette action s’inscrit dans la logiquede sa grève du 7 décembre et de ses interventionsau CSE. Elle marquera une nouvelle étape dans lapréparation de la grève nationale du 20 janvier.

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Pour de véritables négociations garantissant des règles nationales, l’égalité de traitement

sur tout le territoire, le respect des engagements des années précédentes et la mobilité du plus grand nombre.

Des promotions permettant l’accès du plus grand nombre à l’échelon terminal de la hors-classe dans le respect des accords de 1989.

Pour le rétablissement de 3 500 emplois d’enseignants,

CPE, CO-Psy pour la rentrée 2005 et augmentation de 4 000 postes

aux concours 2005.

Pour le retour aux recrutements d’étudiants surveillants

avec une première étape de 6 000 embauches pour la rentrée 2005.

Pour le réemploi des non-titulaires et l’arrêt du recours

à la vacation pour les remplacements, des voies de titularisation.

C E Q U E

N O U S VO U LO N S

Pour des objectifs ambitieux pour tous garantis par une loi

budgétaire de programmation sur plusieurs années.

Abandon des logiques ségrégatives et des propositions

inacceptables (baccalauréat, brevet, remplacement, bivalence,

concours à affectation régionalisée, conseil pédagogique...).

Pour le maintien des règles nationales pour nos services,

nos carrières, et non le renforcement des hiérarchies locales.

ABANDON DU PROJET FILLON ET UNE AUTRE LOI D’ORIENTATION

POSTES

Pour le rattrapage du pouvoir d’achat (perte de 5 % depuis 2000).

SALAIRES

MUTATIONS ET PROMOTIONS

LE SNES S’ÉTAIT LANCÉ DANS LA GRÈVE DÈS LE MOIS DE DÉCEMBRE. L’INTRANSIGEANCE DONT FAIT PREUVELE GOUVERNEMENT A ENCORE ACCRU LE MÉCONTENTEMENT, NOTAMMENT DANS L’ÉDUCATION NATIONALEET LA FONCTION PUBLIQUE, CE QUI A CONDUIT À CE QUE SE PRENNENT ENFIN DES DÉCISIONS UNITAIRES,NOTAMMENT D’ALLER À LA GRÈVE LE JEUDI 20 JANVIER.

10 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 11

R DANS LA DURÉE

e udi 20 janviercarte scolaire et sur l’abandon duprojet Fillon, même s’il ne fautpas cacher qu’il reste des avissensiblement différents sur desquestions comme le socle com-mun ou la bivalence. Le lende-main, les fédérations de fonc-tionnaires décidaient, c’est unepremière depuis plusieurs années,d’appeler à la grève le jeudi 20janvier « partout où c’est pos-sible ». La plate-forme (texte ci-

dessous) est essentiellement cen-trée sur les salaires mais évoqueaussi précisément la nécessité dedéfendre et développer les ser-vices publics. De premièresdécisions sont déjà prises dansl’Éducation, les Finances et laSanté. Les PTT seront en grève le18 janvier et la SNCF le 19.

D’autres secteurs sont sur le pointd’arrêter leur position.

La loi d’orientation au cœur de l’action du SNESLe SNES ne peut que se réjouirde ces convergences indispensablespour faire céder le gouvernement.En même temps il restera très atten-tif à ce que l’ensemble de sa plate-forme soit bien présente dans lesmobilisations et en tout particulier

la loi d’orientation. Nous deman-dons une autre loi d’orientationque le projet Fillon dont les ambi-tions affichées ne sont que destrompe l’œil, qui programme desredéploiements, qui institue au col-lège une logique de ségrégation etqui dénature le sens de notre métier.Face à un ministre qui joue mani-

festement l’opinion publique, leSNES poursuivra sa campagnemontrant qu’il existe bien des alter-natives au projet ministériel (aprèsles forums de Marseille et Rouen,les forums de Toulouse, d’Orléanset Paris se tiendront ces prochainessemaines, la brochure « Notreambition pour l’école » a fait l’ob-jet d’un nouveau tirage à 100 000exemplaires).

Le 20 janvier s’inscrit dansune série de rendez-vousd’action.Au-delà de la grève, le SNES pro-pose de saisir toutes les occasionsde se manifester. Le 12 janvier àl’occasion du Conseil desministres qui examinera la loi et àpartir du 15 février, quand le Par-lement en sera à son tour saisi.Le Conseil national des 11 et12 janvier débattra des suites àdonner à ces actions. �

Bernard Boisseau

FÉDÉRATIONS DE L’ÉDUCATION : FAEN - FERC-CGT - FSU - SGEN-CFDT - UNSA ÉDUCATION

COMMUNIQUÉS INTERSYNDICAUX

Alors que le service public d’éducation se doit d’assurer la réussite de tous les jeunes et ainsi derépondre aux besoins de la société, les fédérations de l’Éducation nationale FAEN, FERC-CGT, FSU,SGEN-CFDT, UNSA Éducation, dénoncent une politique qui va à l’encontre de ces exigences.Après les coupes intervenues depuis 2003, les mesures de carte scolaire, de suppressions depostes et de fermetures de classes résultant du budget 2005 sont d’une extrême gravité. Ellessont lourdes de conséquences pour les élèves et l’ensemble des personnels : réduction de l’offred’enseignements, diminution des moyens de lutter contre l’échec scolaire, dégradation des condi-tions de travail et d’enseignement, précarité accrue. La diminution des recrutements compro-met l’avenir.Ces choix budgétaires éclairent pour partie le contenu du projet de loi d’orientation qui nonseulement ne comporte aucune programmation de moyens nouveaux mais prévoit de nouveauxredéploiements. Ce projet rejeté très largement par le CSE tourne le dos aux objectifs qu’ilaffiche. Ses dispositions ne permettront pas de conduire tous les jeunes à la réussite scolaire, deréduire les inégalités et, pour certaines, elles dégraderont les conditions d’exercice de nosmétiers.

Par ailleurs les transferts de personnels résultant de la loi de décentralisation se poursuivent en dépitde l’opposition des personnels.Cette politique intervient dans un contexte de remise en cause des services publics, du statut de leursagents et de baisse de leur pouvoir d’achat.Les fédérations veulent une autre politique permettant de rendre effective une véritable ambition pourles jeunes et le service public. Elles réclament un plan d’urgence pour répondre aux besoins.Elles exigent l’abandon de ce projet de loi, qui ignore les attentes exprimées lors de multiples débats,et l’ouverture d’une véritable négociation pour élaborer une loi ambitieuse pour l’avenir des jeunes.Elles revendiquent une politique des services publics répondant aux besoins de la société et dansce cadre le rétablissement et la progression du pouvoir d’achat.Les fédérations appellent les personnels à se mobiliser avec les parents et les jeunes dans le pro-longement des actions déjà conduites.Elles estiment d’ores et déjà qu’une journée nationale de grève et de manifestation s’imposedans la troisième semaine de janvier, elles souhaitent qu’elle puisse s’inscrire dans une mobi-lisation plus générale de l’ensemble des fonctionnaires. Paris, le 21 décembre 2004

Les organisations syndicales de la fonction publique se sont réunies le 22 décembre 2004.Elles constatent que les décisions unilatérales sur les salaires annoncées par le ministre ne répon-dent en rien aux exigences qu’elles avaient formulées. Loin de constituer un quelconque rattrapageces mesures programment pour 2005 une nouvelle perte de pouvoir d’achat du point d’indice; ellesvont contribuer à un nouvel écrasement de la grille des salaires et créer de nouvelles injustices. Lerefus de négocier s’inscrit dans une politique gouvernementale dont le service public et les agentsfont les frais avec notamment :• Un affaiblissement et une remise en cause du service public.• Une politique de l’emploi faite de suppressions massives, de manques d’effectifs et de précaritéaccrue.• De fortes inquiétudes sur le devenir des garanties statutaires.• Des mesures autoritaires en guise de « dialogue social».Les organisations syndicales considèrent qu’une telle situation implique une mobilisation des per-sonnels dans l’unité la plus large pour exiger une politique des services publics répondant aux besoins.Dans ce cadre elles revendiquent :

• Une mesure immédiate de rattrapage du pouvoir d’achat des salaires et des pensions au regardde la hausse du coût de la vie depuis le 1er janvier 2000, alors que sur cette période le pouvoir d’achatde la valeur du point a perdu près de 5 %.• Des mesures permettant d’assurer une progression du pouvoir d’achat sur la période à venir.• Les indispensables mesures bas salaires, par un relèvement significatif du minimum Fonctionpublique, véritable « sous-smic ».• L’élargissement de l’amplitude de la grille et des carrières. Il s’agit de reconnaître les qualifica-tions, de mettre fin aux blocages des carrières et d’améliorer les promotions.• Le traitement du contentieux accumulé.Les personnels des services publics et de la fonction publique seront dans l’action dans lasemaine du 17 au 21 janvier 2005.Les organisations syndicales de la fonction publique CGT, CFDT, FO, UNSA, FSU, CFTC appel-lent l’ensemble des agents à se mobiliser le jeudi 20 janvier 2005 en manifestant et en déci-dant la grève partout où ce sera possible.

Paris, le 22 décembre 2004

CGT, CFDT, FO, UNSA, FSU, CFTC SALAIRES FONCTION PUBLIQUE : ACTION LE 20 JANVIER 2005

La grève réussie du 7 décembre a été manifestement un facteur décisif pour précipiterde nouvelles décisions d’action

MERCREDI 12 JANVIERLa présentation du projet Fillonau Conseil des ministres estune occasion de manifesternotre désaccord. Comme nous l’avions fait pour lepassage du texte au CSE le16 décembre, le SNES et sesstructures académiques etdépartementales proposent unepalette d’initiatives : rassem-blements, envois de mél, demotions et pétitions, inter-ventions auprès des médias,organisation locale de jour-nées du remplacement Fillon,diffusion de tableaux de rem-placement, etc. Un mél seraadressé à chaque syndiqué don-nant des exemples concretsd’initiatives. Vous pouvez aussiconsulter les sites du SNES. LaFSU tiendra une conférence depresse le 12 au matin à 11h pourprésenter ses propositions. LeConseil national réuni le 12adressera un appel public augouvernement pour qu’ilrenonce à son texte. Cette jour-née sera aussi marquée par lesgrève des enseignants de SES.

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ACTUALITES

SOCLE COMMUN OU CULTURE COMMUNE ?

LANGUES VIVANTES

Loi d’orientation

conduit à construire de nouvelles etprofondes inégalités dans l’accèsaux savoirs : ainsi se crée une écoleà deux vitesses avec des contenusenseignés pour certains et pas pourd’autres (EPS, enseignements artis-tiques, technologie par exemple).Le tri entre les savoirs, y compris àl’intérieur des disciplines, conduità enfermer les apprentissagesautour de quelques savoirs ou com-pétences. Cette conception estinégalitaire puisque ce sont lesélèves qui maîtrisent le plus vite lesconnaissances et les compétencesqui pourront élargir leur champ etque, d’autre part, elle nie l’impor-tance de l’apport des différentesdisciplines à la construction dessavoirs. On apprend à lire, à parler,à écrire, en français mais égale-ment dans toutes les disciplines; lamaîtrise de la langue est un travailcontinu renforcé par la diversitédes approches et des contenus. Ausocle commun est assoccié l’idéeque la difficulté peut être traitéepar un ensemble de techniques,que les contenus enseignés n’ontrien à voir avec la motivation, lacompréhension... La difficulté àapprendre pour certains élèves àtel moment, à tel âge… n’est alorspas analysée.

Notre conception de la culture commune est différenteElle est fondée sur des savoirs et desvaleurs partagés, introduits à tra-vers des disciplines et des contenus. Nous raisonnons ainsi en terme decohérence globale autour d’objec-tifs. Le propre de la culture paropposition au socle, ce sont desobjectifs généraux à atteindre s’ap-puyant sur une culture large etconcourant à développer la culturelittéraire, scientifique, technique,artistique, l’éducation physique…pour permettre l’épanouissementde l’individu y compris sur le longterme et lui donner des instrumentsde compréhension et d’ouverturesur le monde.La mise en cohérence critique desdisciplines peut donner du sens autravail des élèves et leur permettred’acquérir ce qu’on appelle unevéritable culture. Il ne s’agit pasd’empiler, mais d’être dans unelogique de choix de grandes ques-tions à traiter, y compris transver-sales, que les disciplines travaillentensemble avec des méthodesdiverses, des approches et descontenus spécifiques. Ainsi, aucontraire du ministère qui veutintroduire l’éducation à la santé ou

la lutte contre l’obésité comme uneéducation au comportement, nousla souhaitons dans la culture com-mune sur la base de la compré-hension des fonctionnements bio-logiques et des enjeux politiques,sociaux, environnementaux, cul-turels quelle recouvre : quel type desanté pour quel type de mode devie, quels types d’inégalitéssociales conduisent à des pro-blèmes de santé ?Face à Fillon nous opposons uneautre conception de notre métier.Les collègues doivent pouvoirintervenir sur les contenus, donnerleur avis sur ce qui est déjà ensei-gné mais aussi sur l’évolution desprogrammes. Nous proposons uneconception collective du métier etdes apprentissages, de la forma-tion des élèves pour construire uneculture commune qui ne soit pasune simple somme d’éléments quechaque collègue ou discipline dis-penserait isolément. �

Gisèle Jean

Le socle commun proposé par François Fillon estextrêmement étroit en termede contenus à enseignerIl élimine un certain nombre dedisciplines et postule l’existencede préalables à certains enseigne-ments. La conception sous-jacenteest qu’il serait possible de définir unsocle minimum formé d’élémentsde base liés à certaines disciplines,repérables, empilables au fil desannées. Ces derniers seraientconçus comme des outils ou dessavoirs au service des connais-sances à acquérir dans d’autres dis-ciplines. Par exemple, lire seraitessentiellement déchiffrer, alorsque lire est une compétence beau-coup plus complexe. Ce socle commun, en rejetant unepartie jugée non indispensable,

Le projet de loi d’orientation qui sera présenté le 12 janvier a confirmé toutes nos inquiétudes : redéploiement des moyens, remise en cause des dédoublements, des heures statutaires, suppression de la seconde option de détermination en Seconde, risque d’un collège à plusieurs vitesses, remise en cause du bac comme examen national, remplacement, bivalence, mise en place d’un conseil pédagogique... Nous revenons dans ces deux pages sur certains aspects du projet de loi moins traités dans les US précédentes.

On pourrait considérer naïvementque nous avons été entendus surune partie de nos demandes, avecl’annonce de groupes dédoublés,mais le silence est total sur lefinancement de l’opération. Le« seuil » de dédoublement n’estpas annoncé, or il est fondamental.Sur notre autre demande de porterà 3 h/élève tous les enseignementsde LV, les propositions Fillon

n’apportent rien. Plus inquiétante :la mise en place de groupes deniveau en langues sur la base decompétences, la fin de la distinc-tion entre LV1 et LV2 et entre lesniveaux de classe pour la consti-tution des groupes permettraientune réduction des moyens allouésà l’enseignement des LV, et s’ins-criraient mal dans le cadre du bac-calauréat qui, jusqu’à preuve du

contraire, n’est pas une accumu-lation de certifications de niveaude compétences. Le texte ne ditrien non plus sur les moyens etdispositifs permettant de mainte-nir au moins l’actuelle diversifi-cation des langues enseignées.Nous vous renvoyons à l’ana-lyse du groupe langues vivantesdu SNES dans ce même numéroen page 29. �

Permettre à tous de maîtriserles éléments dits de base peut sembler relever d’une bonne intention. Maisderrière cette idée se cacheune conception profondément inégalitaire et erronée de la structuration desconnaissances, à l’opposéde notre notion de culturecommune.

iDébat à Lyoni

École : le choix de l’ambitionEn janvier, le débat sur la loid’orientation de François Fillonbattra son plein. Pour faire partde ses propositions, la FSU orga-nise une rencontre débat avec :Gérard ASCHIERI, Secrétaire géné-ral de la FSU, jeudi 3 février 2005à 18 heures, à l’IUFM de Lyon,5, rue Anselme, Lyon 4e (amphiKergomard).

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 13

Une conception ministérielleréductrice et inégalitaire« dans un cadre budgétairecontraint »…

La circulaire interministérielleprésentée lundi 3 janvier àla presse porte une concep-

tion dangereuse de l’éducationartistique et culturelle en englo-bant les enseignements artistiquesdans « l’éducation artistique etculturelle », comme dans le pro-jet de loi d’orientation pourl’école.Le risque est grand de substitutiondes enseignements aujourd’huiobligatoires dès l’école primaire,par des dispositifs artistiques etculturels divers (classes à projet,visites d’expositions, rencontresavec des artistes…).Pour le SNES, les enseignements

LYCEES : AVENIR DES SÉRIES GENERALES

EDUCATION ARTISTIQUE ET CULTURELLE

Nous connaissions déjà lesintentions ministériellesconcernant la classe de

Seconde : réduction de 2 à 1 dunombre d’enseignements de déter-mination. Cela limitera les possi-bilités de choix des élèves, ne leurpermettra plus une orientation baséesur une découverte de nouvellesdisciplines spécifiques à certainesséries et mettra en péril nombre dedisciplines comme les SES, les dis-ciplines technologiques, les ensei-gnements artistiques, les languesanciennes, les langues vivantes 3 etrégionales (voir L’US n° 609 du 26novembre 2004). Depuis, nous avons découvert dansl’annexe du projet de loi d’orien-tation de nouvelles propositionspour les Premières des séries géné-rales avec l’introduction d’ensei-gnements permettant « une spé-cialisation plus marquée » :initiation à la philosophie, ensei-gnements de communication, degestion des ressources humaines,d’art et de civilisations étrangèresen L, histoire des sciences et destechniques et enseignement ren-forcé de mathématiques en S, ini-tiation à la gestion des entrepriseset droit en ES. Nous prenons actede la volonté affichée de s’inter-

roger sur une évolution des sériesgénérales en cernant leurs diffi-cultés (la L pour se constituer unvivier suffisant d’élèves et la S quireste un parcours difficile oudécourageant pour nombred’élèves), mais nous ne nous satis-ferons pas de voir reprisesquelques pistes de réflexion sansque les conditions de leur mise enœuvre et leurs objectifs réels nesoient précisés. On peut craindreque ces disciplines soient instal-lées, une fois de plus, sur desréductions horaires des disciplinesexistantes. Rien n’est dit non plussur les conditions d’enseignement :qui assurera ces heures et avecquel horaire ? Ces propositions ne sont-elles quedes réponses improvisées à la hâteen réponse aux nombreuses cri-tiques sur la faiblesse du premierprojet dans l’organisation deslycées généraux ou sont-elles por-teuses d’une véritable modifica-tion de l’architecture et de laconception des séries générales ?A ce titre l’introduction d’uneinitiation à la gestion des res-sources humaines en L ou desentreprises en ES n’est-elle pasrévélatrice de la place grandis-sante que le ministère veut don-

ner à « la culture d’entreprise » ?Si on rapproche de la réduction àun seul enseignement de détermi-nation en S1econde, c’est la naturemême des SES et de la série ESqui semble remise en cause.Le SNES demande depuis desannées la prise en compte d’élé-ments d’histoire des sciences etd’épistémologie dans les pro-grammes des disciplines scienti-fiques. Cela ne signifie pas la miseen place d’un enseignement spé-cifique en dehors des disciplineselle-mêmes, mais bien une inté-gration dans les programmes deces dimensions, avec une forma-tion des enseignants à ces problé-matiques et un horaire adapté. Desquestions se posent sur le renfor-cement de l’enseignement demathématiques : s’agit-il d’un ren-forcement horaire, du rétablisse-ment des modules, de la mise enplace d’aide et de soutien ou d’unemodification des programmes ?Pour le SNES, les difficultés desélèves dans cette série proviennentaussi de son architecture unifiant lesanciennes séries C et D pour faireéchec à ce qui était vécu comme lasuprématie des mathématiques.Cette proposition serait-elle, en fait,l’aveu de l’échec de cette réforme ?

Pour la série L, le ministère reprenddes pistes formulées çà et là depuisquelques années, sans réelle cohé-rence : s’agit-il de spécialités deTerminale créant de nouveaux« profils » en L ou d’enseignementsobligatoires en Première seulement?Les réponses à ces questions sontessentielles pour en mesurer l’im-pact sur l’attractivité de la série L,tout comme les précisions indis-pensables sur les ouvertures versle supérieur que ces nouveaux pro-fils sont censés permettre.Inadmissible est la proposition : « àl’exception des langues, les dédou-blements actuels seront réexami-nés en fonction de leur intérêt péda-gogique ». Est-ce leur intérêtpédagogique qui est en cause, ouplus simplement leur coût ? Quiexaminera cet intérêt ? Ceux qui,hier, paraient les TPE de toutes lesvertus et qui, aujourd’hui, les sup-priment en Terminale ?En l’état, qu’elles ne soient qu’unbricolage pour un nouvel affichagedans le cadre d’une réforme dontun des objectifs reste la diminutiondes coûts à la charge de l’Etat ouune transformation inavouée desséries, ces propositions ne peu-vent nous satisfaire. �

Roland Hubert

artistiques sont la pierre angu-laire du développement de l’édu-cation artistique et culturelle. Elledoit s’appuyer sur eux pour per-mettre une véritable formationdes élèves.La circulaire précise « que leministère de l’Éducation nationaleassure aux élèves des écoles et descollèges des enseignements artis-tiques obligatoires »: qu’en sera-t-il réellement demain puisque lesenseignements artistiques ne fontpas partie du socle commun prévupar le projet de loi d’orientationpour l’école, et seraient exclus desdisciplines obligatoirement éva-luées au brevet?Elle annonce la présence d’unechorale dans tous les collèges. Enfait les professeurs n’ont pasattendu les déclarations ministé-

rielles pour en installer dans latrès grande majorité d’entre eux!Cependant, pour qu’elles existentpartout, il faudrait des dotationsspécifiques identifiées « cho-rales », ce que, bien évidemment,la circulaire ne propose pas ! Lasuppression de 7500 postes d’en-seignants, « le cadre budgétairecontraint » comme l’annoncentles deux ministères, et le projetd’une seule option de détermina-tion possible en Seconde, aurapour conséquence la fermetured’options artistiques en lycée. Onvoit mal, dans ce contexte, com-ment le ministère va pouvoir réa-liser « la présence effective d’uneoffre éducative artistique danstous les lycées »..., sauf à fairedisparaître des enseignementsartistiques au profit de disposi-

tifs artistiques qui nécessiteraientmoins de professeurs, voire quiseraient entièrement délégués àdes structures extérieures.Cette circulaire ne répond en riensur le fond à l’attente des ensei-gnants et des élèves, et ne pré-voit aucun financement.Le manifeste pour l’Art à l’École,initié par le SNES et le SNEP, etdéjà signé par d’autres syndicatset associations porte une autreconception et d’autres demandes.Il est signable en ligne :h t tp : / /www.snes .edu/pet i -tions/?petition=5Dans la continuité du manifeste, leSNES et le SNEP organisent uncolloque national les 3 et 4 février2005: « L’art, ça s’apprend! L’art,ça s’enseigne! ». Inscriptions aucolloque: [email protected]

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ACTUALITES

14 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

LA BATAILLE DES SALAIRESUN ENJEU MAJEUR

LES MESURES ANNONCÉES POUR LA FONCTION PUBLIQUE

Avant même de réunir les fédérationssyndicales le 21 décembre, le ministreavait fait savoir qu’il n’y aurait pas

d’accord.Les mesures annoncées au cours d’unepiteuse mise en scène consacrent donc labaisse de pouvoir d’achat du traitement desfonctionnaires et porteront le retard sur lesprix à plus de 6 % fin 2005 par rapport audébut de l’année 2000. Elles traduisent lechoix gouvernemental d’un affaiblissementdu service public, ponctionné dans sesemplois et atteint par le mépris porté à lasituation de ses personnels.Pour Dutreil, c’est par les promotionsd’échelon ou de grade que les agents pour-ront maintenir leur pouvoir d’achat.C’est bien le sens de l’indemnité de som-met de grade, rattrapant ceux des agents quine peuvent plus avancer automatiquementdans leur carrière et que le ministre entendpérenniser. En conséquence, la grille indi-ciaire ne cesserait de se dévaloriser.La rémunération serait éventuellementcomplétée selon les caractéristiques et leclassement du poste occupé. Enfin, le troi-sième élément de la rémunération seraitdéterminé par la manière de servir del’agent, afin que les agents qui « prennent

des initiatives » voient leur pouvoir d’achatprogresser.Ces orientations détruisent les référencescommunes, la solidarité dans le travail.Elles transformeraient profondément lacarrière des fonctionnaires, les relationsde travail au sein des établissements et desservices.C’est d’une autre politique salariale et del’emploi que la fonction publique a besoin.Nous le dirons dans la grève unitaire du 20janvier. � Anne Féray

«

Reprise bousculée » : la der-nière note de conjoncturede l’INSEE est claire. La

croissance attendue du PIB pour2005 (au mieux 2 %) est moinsélevée que celle prévue par legouvernement (2,5 %). Princi-pale conséquence : le chômagedevrait se stabiliser au niveauactuel.Principal responsable : l’envi-ronnement international, avec lahausse du prix de l’énergie, lasurévaluation de l’euro, et desexportations tournées essentiel-lement vers la zone euro, dont lacroissance est faible comparati-vement aux zones d’Asie etd’Amérique.Dans ce contexte, les entre-prises, bien que bénéficiant durelèvement de leurs profits, sontattentistes et l’investissementne progresse pas. Il ne resteplus que la consommation pour

redynamiser la demande.Dans son discours de vœux, leprésident de la République a réaf-firmé le credo gouvernemental :la concurrence pour baisser lesprix, la baisse des impôts, et aemprunté au gouvernement alle-mand l’idée des « micro-cré-dits ». Aucune de ces solutionsn’est crédible. La concurrence ? L’expérienceavortée de l’accord entre la

grande distribution et les indus-triels montre que les rapports deforce l’emportent sur les méca-nismes concurrentiels, surtoutquand la fameuse «concurrencelibre et non faussée» vantée dansla Constitution européenne est lecache-sexe des cartels et desrentes de monopoles, fort bienillustrés par l’exemple desbanques et de la téléphonie.La baisse des impôts ? On saitqu’il s’agit surtout d’un transfertentre impôts d’État et impôtslocaux, et l’OFCE* vient de rap-peler que ce sont les ménagesqui supporteront l’essentiel desprélèvements sociaux supplé-mentaires (3,4 milliards contre1,9milliard pour les entreprises).Résultat : la croissance du pou-voir d’achat des ménages va seralentir (+ 0,5 % au premiersemestre) et celle de la consom-mation va suivre.

COMMENT RELANCER LA CONSOMMATION SANS AUGMENTER LES SALAIRES ?TELLE EST LA QUESTION PARADOXALE DANS LAQUELLE LE GOUVERNEMENT S’EST ENFERMÉ.

RÉMUNÉRATIONS DES ACTIFS• Augmentation du point d’indice de 0,5 %au 1er février et de 0,5 % au 1er novembre.• Une « indemnité exceptionnelle de sommetde grade » : versée au cours du premiersemestre 2005 aux titulaires qui ont atteintau 31/12/2004 le dernier échelon de leurgrade ou de leur corps depuis au moins troisans; 1,2% du traitement indiciaire brut verséen 2004.• La suppression de la plus basse échellede rémunération au 1er juillet 2005.

PENSIONS DE RETRAITE+ 2 % au 1er janvier.

DES PRÉLÈVEMENTS NOUVEAUXAU 1ER JANVIER 2005• Pour les actifs, l’assiette de la CSG passede 95 % à 97 % des rémunérations éli-gibles. Les fonctionnaires versent une coti-sation au régime de retraite additionnellepouvant atteindre 1 % du traitement indi-ciaire brut (cf. article US Mag supplément aun° 608).• Pour les retraités imposables, augmenta-tion du taux de la CSG de 6,2 % à 6,6 %.

Inflation prévue en 2005 : + 1,8 %.

L’avis du SNES

L’indice des prix contestéSelon l’INSEE, les prix des produitsde grande consommation ont aug-menté depuis 1998 de 13,2 %, net-tement plus vite que l’inflation glo-bale (9,9 %).L’UFC « Que choisir » a indiqué lesrésultats des relevés opérés parses observateurs sur les 47 pro-duits de grandes marques de sonpanier test : 12,2 % entre 2000 et2004.La crédibilité de la mesure de l’in-flation par l’indice des prix est ànouveau en question.

0,5 % + 0,5% ne font pas 1 %Un enseignant gagnant 2 000 € par mois enmoyenne en 2004 qui est augmenté de 1 % au1er janvier 2005 gagne 20 € de plus pendant12 mois, soit 240 € de plus sur l’année ; il abien été augmenté de 1 % sur l’année. Si, parcontre, il gagne 0,5 % de plus au 1er février et0,5 % au 1er décembre, cela fait 10 € de pluspendant 10 mois et 20 € de plus en décembre ;soit 120 € de plus, c’est-à-dire 0, 5 %. Conclu-sion : en prétendant que les fonctionnairesseront augmentés de 1 % en 2005, le gou-vernement se moque du monde. Pendant cetemps, les prix, eux, augmentent tous lesmois et souvent dès le 1er janvier, en particu-lier les transports publics.

Les revendications salariales sontde retour, y compris dans le privéavec des grèves chez H & M,Lesieur, Total... Les salariés com-mencent à être excédés par le« travaillez plus, mais gagnezmoins » du gouvernement. �

Daniel Rallet*OFCE : Observatoire français desconjonctures économiques©

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 15

L’accès à la culturen’est ni unemarchandiseni un privilège !Prix d’entrée en augmentation de13 %, suppression du tarif réduitaccordé après 15 h et le dimanche,réduction drastique de l’accès gratuitaux collections dont sont victimesles enseignants, les artistes et lesétudiants en art de plus de 26 ans ouétrangers...Décidément, le Louvre, avec l’assen-timent de son Ministère de tutelle,se distingue par une politique de plusen plus mercantile qui va à l’encontredes devoirs de transmission, d’édu-cation, de formation continue, artis-tique et professionnelle qui étaientreconnus depuis longtemps commeindispensables à un travail de démo-cratisation de la culture.Au Louvre comme ailleurs, nous assis-tons à une logique globale de remiseen cause du service public, sous cou-vert de sa réorganisation adminis-trative et de sa prétendue réforme.Malgré la mobilisation des artisteset des enseignants, la direction duLouvre n’a rétabli la gratuité, moyen-nant la signature d’une Conventionnon rendue publique, qu’aux seulsadhérents de l’association Maisondes Artistes prouvant ainsi une nou-velle fois qu’elle cherche à «rentabi-liser» la gratuité en trouvant desbénévoles professionnels ou en for-mation afin d’assurer le développe-ment de sa mission de médiationvers le public.Face à ce constat, un appel unitairevient d’être lancé pour revendiquer leretour à la gratuité sans restrictionpour tous ceux qui viennent d’en êtreexclus et pour l’ouverture d’un véri-table débat public sur une politiquede gratuité qui profiterait au plusgrand nombre.Un rassemblement se déroulera le 15janvier 2005 à partir de 11 h 30 devantla pyramide du Louvre.

Rassemblement unitairedevant le Louvre le samedi 15 janvier 2005

ASSURANCE MALADIECE QUI VA CHANGER

La loi entre véritablement enapplication au 1er janvier 2005,même si certaines mesures ne

seront installées que progressive-ment. Quelles en sont les consé-quences pratiques pour chacun ?

Le « parcours vertueux »Le passage chez le médecin trai-tant(1) devient obligatoire. Dans lecourant du 1er semestre 2005,chaque assuré de plus de 16 ansdevra avoir fait connaître à sacaisse le nom de son médecin trai-tant. Un formulaire est envoyé àchaque assuré au cours des pro-chaines semaines. Ce choix pourraêtre modifié ultérieurement. Lemédecin traitant est chargé decoordonner les soins et de vousdiriger dans le système de santé.S’adresser directement à un spé-cialiste vous coûtera plus cher(dépassement d’honoraires auto-risés) et vous serez moins bienremboursé. Le dossier médical personnalisé(ne sera prêt qu’en 2007) : il doitpermettre un meilleur suivi. Acces-sible par Internet grâce à la carteVitale (progressivement modifiée etdotée d’une photographie) et à lacarte professionnelle des méde-cins, l’accès au dossier sera théo-riquement impossible aux assu-rances et médecins du travail. Vousaurez le droit de refuser l’accès àvotre dossier, mais vous serezmoins remboursé.Les arrêts de travail : les contrôlessont renforcés, notamment pourles personnes fréquemment arrê-tées. La prolongation devra être

prescrite par le médecin qui ademandé le premier arrêt.Les affections longue durée : unprotocole de soins est établi parvotre médecin traitant et le méde-cin conseil de la Sécurité sociale.Seuls les soins mentionnés serontpris en charge à 100 %.Le recours aux génériques va sedévelopper. Si vous exigez le médi-cament d’origine, vous risquez den’être remboursé que sur la base dugénérique par la Sécurité sociale etla mutuelle.

Le coût de la réforme sera supporté surtout par les assurés sociauxUn euro est déduit des rembourse-ments à partir du 1er janvier, pourchaque consultation, acte de biolo-gie ou analyse. Seuls les enfantsde moins de 16 ans, les femmesenceintes et les bénéficiaires de laCMU en sont exemptés,de même sivous êtes hospitalisés. Un plafondannuel de 50 euros est fixé. Cettefranchise doit être fixée annuelle-ment par l’UNCAM(2) : elle risquedonc d’augmenter tous les ans. Lesmutuelles ne la rembourseront pas.Les cotisations augmentent au

1er janvier : l’assiette de la CSG etde la CRDS passe pour les actifs de95 à 97 % de votre salaire net (gaind’un milliard d’euros). Pour lesretraités, le taux de CSG passe de6,2 à 6,6 % (gain de 600 millionsd’euros). Le taux de CSG sur lepatrimoine augmente de 0,7 %(630 millions d’euros) celui de laCSG sur les jeux de 2 % (100 mil-lions d’euros). La taxe sur les entre-prises fera rentrer 780 millions.Le forfait hospitalier : passe à 14euros (15 en 2006 et 16 en 2007).L’aide à l’acquisition d’une com-plémentaire santé: sous conditionde ressources (651,47 euros men-suels) légèrement supérieures àcelles de la CMU. Mais elle estbien inférieure au coût d’un contratmoyen. � Elizabeth Labaye

(1) À ne pas confondre avec le méde-cin référent, dont la rémunération étaiten partie forfaitisée et liée à une pra-tique différente de la médecine de ville(notamment un nombre limité d’actes).La pression des syndicats de méde-cins les plus libéraux fait disparaître cedispositif en 2006 au profit du méde-cin traitant.(2) UNCAM : Union Nationale desCaisses d’Assurance Maladie.

Pour le SNES, cette loi n’améliore en rien le système de santé lui-même. Pire, elle détournede bonnes idées (coordination, suivi des patients) à des fins exclusivement comptables.Elle favorise un parcours à deux vitesses, en permettant l’accès direct aux spécialistes,qui verront leurs revenus augmenter en accueillant les assurés « pressés ». L’objectif de la réforme était de réduire le déficit. Faute de s’en prendre aux racines dumal (salaires, emplois) le déficit continuera à se creuser, sauf si l’UNCAM(2) sous la pres-sion du comité d’alerte créé à cet effet, prend des mesures de déremboursement accruesafin de limiter l’augmentation des dépenses. Des perspectives sombres pour l’avenirde l’assurance maladie.

« SÉCURISATION » DE L’ÉCOLE

Une opération de “Com” inacceptableUne dépêche de l’AFP annonçait le 5 janvier qu’une «vaste opération nationale de sécurisation» avec contrôles d’identité seraitorganisée aux abords de 2 collèges d’Orléans, jeudi 6 janvier en présence du Ministre de l’Intérieur.Renseignements pris, cette opération était censé s’inscrire dans le cadre du protocole «Education-Intérieur» d’octobre2004, n’avait fait, d’après le Ministère de l’Education nationale, l’objet d’aucune concertation préalable et prenait des pro-portions complètement démesurées puisqu’elle concernait 1400 établissements difficiles et 8 000 policiers et gendarmes !Le SNES a dénoncé immédiatement comme la plupart des syndicats d’enseignants, mais aussi de policiers, le caractère tapa-geur d’une telle opération qui n’améliorera en rien la sécurité des établissements et qui est d’autant plus contestable que cescontrôles à priori ne sont justifiés par aucune raison précise et qu’ils ont pris dans certains cas un tour particulièrement inad-missibles ( interventions de chiens policiers – cf reportage diffusé par FR3)Pour le SNES le message ainsi adressé à l’école et aux jeunes est à l’opposé de la démarche d’éducation et de prévention quidevrait pourtant être la première priorité de l’action des pouvoirs publics. Force aussi est de constater que gouvernement selance dans une telle opération alors qu’il vient de supprimer en 3 ans et sans les remplacer plusieurs milliers d’emplois d’en-cadrement éducatif (30 000) dans les lycées, collèges des zones difficiles. Bernard Boisseau (le 6 janvier)

Premiers signataires : Louvre pourTous ; Syndicat national des artistesplasticiens- CGT ; Intersyndicale minis-tère de la Culture : CFDT, FSU, SUD,UNSA ; Fédération FSU ; SUD Education; SUD Etudiant ; Comité des Artistes-Auteurs Plasticiens ; Syndicat nationaldes Designers textile ; Union natio-nale des peintres illustrateurs ; Syn-dicat national des sculpteurs ; Uniondes photographes créateurs ; Unionsyndicale solidaires Paris ; CollectifGratuité enseignante dans les muséesnationaux ; Réseau Stop précarité.

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16 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

ACTUALITES

plan en cinq ans de numérisationdes archives a été décidé. Le premier niveau rassemble lacomptabilité, la trésorerie, lefichier, le secrétariat administra-tif et les salles techniques infor-matiques.Le deuxième niveau regroupe unensemble de quatre salles deréunion ou de formation. Les secteurs d’activité du SNESsont répartis sur les cinq autresniveaux de bureaux, avec à cha-cun des niveaux une salle de tra-vail de 10-12 places.Cette nouvelle organisation devrait

Ce sera l’aboutissement d’unedémarche amorcée il y a unan et demi visant à restructu-

rer les différents locaux du SNESen un seul lieu, pour être plus effi-cace, plus rationnel et plus éco-nome. Le rapport financier jointà cette US donne les éléments definancement de cette opération.Le SNES disposera alors pourl’ensemble de ses secteurs d’acti-vité d’un immeuble sur huitniveaux totalisant un peu plus de3 000 m2 de surfaces. Un niveau regroupera la docu-mentation du SNES , l’IRHSES

Dès aujourd’hui, notez la nouvelle adresse du SNES national(à utiliser dès le 26 janvier 2005) :

SNES - 46, avenue d’Ivry, 75647 Paris Cedex 13La numérotation téléphonique ne changera pas globalement. Le standard restele 01 40 63 29 00.Les sections de Paris, Créteil et Versailles ne sont pas concernées par ce démé-nagement et demeurent rue Beccaria, Paris 12e.Le déménagement se fera entre le 20 et le 28 janvier.Le siège national sera fermé les 27 et 28 janvier.Les services Internet et informatiques seront arrêtés ou très perturbésentre mercredi 26 à 14 h et jeudi 27 à 12 h. ... d’autres informations dans les prochains numéros de L’US.

D’un quartier ... à un autreLe SNES quitte des locaux dontles premiers mètres carrés sontacquis il y a presque 40 ans rue deVillersexel dans le 7e arrondisse-ment. Pour l’anecdote, ils sontvendus à l’époque par la FCPE.Pour des raisons historiques, à lasuite de la Libération, le siège dela FEN est rue de Solferino. C’estcette proximité et celle du minis-tère de l’Éducation nationale quiconduisent le SNES à se déve-lopper à ses débuts dans ce quar-tier bourgeois devenu un des pluschers de Paris. La dispersion desdifférents locaux, leur hétérogé-néité rendent leur gestion et leur

exploitation de plus en plus coû-teuses. Le pas est franchi en2003, et la recherche aboutit àun immeuble du 13e arrondisse-ment, quartier des Olympiades,qui s’il n’est pas l’immeuble idéalrépond à l’essentiel des contrain-tes posées: coût, localisation, sur-faces...Le SNES passe d’un quartierriche et bourgeois à un quartierriche d’histoire populaire etouvrière. Gageons que les mili-tants et les syndiqués sauront don-ner âme et vie à ces nouveauxlocaux, à proximité d’universitésen expansion et de la Bibliothèquenationale. �

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DÉMÉNAGEMENT DU SNESUN NOUVEL OUTIL LE 31 JANVIER, LE SIÈGE NATIONAL DU SNES SERA TRANSFÉRÉ46, AVENUE D’IVRY, DANS LE 13E ARRONDISSEMENT DE PARIS.

Le SNES met à la disposition de toutes lessections d’établissements un nouveau mémodes personnels du secondaire.

Tant sur les problèmes professionnels quoti-diens que rencontrent les personnels dansleurs relations aux élèves, à l’administra-tion, aux parents, que sur les questions destatut, de carrière, de protection sociale. Ilvous donne des éléments de réponse etl’éclairage du SNES.

Nous espérons qu’il constituera un atoutpour faire vivre le syndicalisme de proxi-mité que nous pratiquons, faciliter l’activitédes sections locales, former de nouveauxmilitants et créer les liens tellementnécessaires pour éviter l’isolementsouvent ressenti dans nos professions.

Il est disponible (et bien sûr gratuit) dans votre sectiondépartementale. N’hésitez pas à le demander.

et une partie de ses archives (Ins-titut de recherche sur l’histoiredes enseignements de seconddegré), et ADAPT (activité édi-tion et réflexion pédagogique).L’IRHSES a vocation à être lamémoire du SNES; pour mieuxlui en donner les moyens et faci-liter l’accès à ses archives par leschercheurs et les étudiants, un

permettre un meilleur accueil dessyndiqués, une meilleure commu-nication entre les secteurs du SNESrassemblés dans les mêmes locaux,et avec les militants et les adhé-rents qui participeront aux réunionsou stages de formation au siège duSNES dans des conditions de tra-vail améliorées pour tous. L’avenirdira si ce pari est réussi.

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 17

Le nombre de morts est déjàtrès élevé et il risque des’alourdir encore dans les

semaines qui viennent. Des vil-lages, des villes, des écoles et desoutils de travail ont été détruitspar le flot dévastateur. Les imagesont bouleversé des millions degens ordinaires qui manifestentleur sympathie et leur solidarité enparticipant à toutes sortes de col-lectes de fonds pour venir en aideaux victimes de cette catastrophe« naturelle ».Cet élan de solidarité est en toutcas une bonne nouvelle quimontre que les populations sontcapables de se mobiliser mas-sivement pour venir en aide àd’autres être humains au-delàd’appartenances nationales,ethniques ou religieuses. C’estune véritable gifle à tous ceuxqui raillent les militants qui disentqu’un autre monde est possible,

un monde solidaire, sans guerre etsans pauvreté.Pourtant cet élan de générositéne doit pas nous faire oublier quecette aide, présentée comme d’unmontant élevé, devra être bienutilisée et qu’il faudra égalements’interroger sur les raisons d’unesi grande catastrophe.La question du système d’alerte etd’évacuation a déjà été soulevée, etnous souhaitons qu’il se généra-lise à toutes les parties du mondesans considérations liées à larichesse des habitants des régionscouvertes. D’autres données sont à prendreen compte pour comprendre l’im-pact d’un tel désastre, elles tou-chent au modèle de développe-ment des pays en question. Lesinvestissements réalisés dans tousces pays n’ont pas que de bons ef-fets. C’est vrai que les consé-quences pour la Thaïlande seront

certainement moindres de cellespour le Sri Lanka ou Aceh du faitnotamment du développement desinfrastructures liées au tourisme.Mais ce modèle de développe-ment perpétue beaucoup d’inéga-lités et rend la vie encore plusdifficile pour les plus pauvres.Les éléments des classes socialesles plus défavorisées ne bénéfi-cient pas en Asie de système deprotection sociale d’État et au-cun de ces pays n’a de système desecours bien organisé.Pourtant les pays touchés par letsunami ne sont pas pauvres.L’Inde est une super-puissancenucléaire. La Thaïlande est un paysen développement rapide. Le Pre-mier ministre Thaï et son entou-rage sont des multimillionnaires.Tous ces pays entretiennent desarmées nombreuses et fort coû-teuses dont la fonction n’est pas deprotéger les populations mais deprotéger les intérêts de ceux quisont au pouvoir. Ces armées ser-vent également à maintenir le« mini-impérialisme » de ces Étatsqui sont obligés de donner desgages de sécurité à leurs investis-seurs étrangers à l’ombre de labase US de Diego Garcia.Rien n’est à rejeter dans cette aideaux victimes de cette catastrophe.Ni celle des USA, ni celles desentreprises qui néanmoins pourcertaines d’entres elles, en tirentdes avantages immédiats. Mais ilne faut pas être dupe de l’hypocri-sie de ceux qui continuent de main-

TSUNAMICONSÉQUENCES AGGRAVÉESPAR LE MAL-DÉVELOPPEMENT

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L’AIDE POUR QUOI FAIRE ?

tenir une emprise économique etmilitaire sur cette région, et quicontinuent de faire payer au prixfort médicaments et infrastructuresune fois l’émotion passée.Dans ces conditions, la confé-rences des pays donateurs qui vase réunir à Djakarta devrait rompreavec la politique menée jusqu’icidans cette région. Comme Wal-den Bello, une voix altermondia-liste de la région, demandons quecette conférence débouche sur uncontrôle démocratique de l’aideet son attribution à ceux qui enont besoin, l’annulation sanscondition de la dette au FMI et àla Banque mondiale, la fin de lacourses aux armements et la fer-meture des bases militaires étran-gères de la région avec l’affecta-tion des ressources ainsi dégagéesaux secteurs sociaux, et que lesgrandes entreprises y compris detourisme soient obligées de parti-ciper au financement de la recons-truction et au développement. �

Roger FerrariSecrétaire international

Les dons et promesses de dons s’élèvent àplus de 2 milliards de dollars. Au moins deuxquestions se posent par rapport à ces fonds. Lapremière concerne la concrétisation des pro-messes car elles ne sont pas toujours concré-tisées (en Afghanistan 50 %). La deuxièmeconcerne l’attribution de cette aide et son uti-lisation. Le besoin de transparence et d’éva-luation est absolument nécessaire pour la des-tination de l’aide qui ne doit pas être utiliséepour servir les intérêts économiques ou géo-stratégiques d’États pas plus qu’à des fins derivalité ou de concurrence entre ONG.

Une partie importante devra être destinée àremettre sur pied les moyens d’existencede populations qui ne sont pas sous les pro-jecteurs de l’actualité à savoir hors acti-vité touristique et dans des zones difficilesd’accès. L’exemple de Via Campesina montre, en s’ap-puyant sur des groupes locaux, que l’on peut àla fois intervenir pour des besoins urgents debase (nourriture, eau potable, habitat et médi-cament) comme sur des besoins à plus longterme de reconstruction de leur propre envi-ronnement.

C’est la voie choisie par le SNES qui participeà travers ses cotisations à l’aide d’urgence de30000 euros débloquée par l’Internationale del’Éducation dont la répartition sera assurée parle bureau régional Asie auprès des syndicatsdes pays touchés. En complément, le SNESprend contact avec un syndicat du Sri Lankapour mettre en œuvre un projet de réhabilita-tion de locaux syndicaux et de structure sco-laire. Pour ce projet, vous pouvez envoyer voscontributions au SNES à l’ordre de SNES/Soli-darité Tsunami.

Roger Ferrari

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18 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

ÉCO/SOCIALHANDICAP. Alors que Jacques Chirac avait fait de cette question l’un des chantiersles plus ambitieux de son quinquennat, la loi qui devrait être adoptée solennellementle 18 janvier a fait l’objet d’une valse–hésitation qui a suscité la colère des associationsde handicapés, notamment après le passage du projet de loi au Sénat.

Projet de loi sur le handicap : en demi-teinte ?

iÉtat-civili

Quels noms ?Un des fondements du patriarcat esttombé : depuis le 1er janvier 2005, bienaprès la plupart des pays européens, laloi française permet enfin aux enfants deporter le nom de leur mère.* Cependant,en offrant trois possibilités, la loi ouvrela porte aux désaccords : les parentspourront choisir le nom du père, celui dela mère, ou les deux accolés (en cas dedésaccord, c’est le nom du père qui s’im-pose… grâce à un amendement des séna-teurs). Le principe du double nom,comme cela se fait en Espagne, était lasolution préconisée par le Collectif natio-nal pour le Droit des Femmes, car ellepermet la relation de l’enfant à ses deuxlignées mises à égalité.* La loi est rétroactive,il sera possible de modifierle nom des enfants de moins de 13 ans.

iMédicamentsi

Laboratoireset transparenceGrâce aux laboratoires pharmaceu-tiques il est de plus en plus dangereuxd’être malade.Le fabricant du Distilbène condamné endécembre par le tribunal de Nanterre àindemniser la victime d’un cancer del’utérus, le Vioxx, un anti-inflammatoirede Merck, retiré du marché par son pro-ducteur en octobre dernier (ce médica-ment reconnu comme dangereux a coûté130 millions d’euros à la Sécu en 2003),tandis que le concurrent, la firme Pfi-zer, refuse de retirer du marché sonCelebrex, pourtant accusé de provoquerégalement des accidents cardio-vascu-laires. Et maintenant, c’est le must desantidépresseurs, le Prozac, qui est sus-pecté de susciter des tendances suici-daires et des actes de violence chez lespersonnes qui le prennent pour… s’enprotéger !Tout médicament comporte un risque,mais ce qui est en cause dans cesaffaires, ce sont les tentatives des labosde masquer des résultats négatifsd’études cliniques ou d’étouffer desplaintes de victimes. Bernard Bégaud, président de l'univer-sité Bordeaux II, résume bien le pro-blème : « dès qu'un médicament pré-sente un bénéfice, on perd tout senscritique » (Libération, 3 janvier). Il esturgent de mettre fin à la confusion quiexiste entre des intérêts privés et lecontrôle public, d’assurer la transpa-rence et la publication des études cli-niques, et de procéder à des étudesaprès l’autorisation de mise sur le mar-ché pour voir les effets réels du médi-cament sur une population. La nouvelle« Haute Autorité », indépendante deslabos ? On peut rêver.

Daniel Rallet

Celui-ci avait en effet voté desamendements qui restrei-gnaient considérablement la

portée de la loi. La mobilisation acependant permis des correctionslors du passage en 2e lecture àl’Assemblée, à la fin du mois dedécembre. Si des avancées ont puêtre acquises, notamment sur leprincipe du droit à compensation,(aide à l’aménagement du loge-ment, d’un véhicule adapté, d’unfauteuil..), les associations hési-tent entre espoir et amertume, avecle sentiment qu’une chance a étégâchée. Surtout, beaucoup esti-ment, comme Fernand Tournanprésident de l’APAJH, que « nousn’avons pas une loi de solidarité,mais une loi d’assistance ».Parmi les mesures envisagées, ledroit à l’accessibilité des lieuxpublics et des transports doit êtreeffectif dans un délai de 10 ans(délai que les sénateurs avaientfait sauter, mais rétabli endeuxième lecture). La garantie deressources pour les personneshandicapées dans l’impossibilitéde travailler est acquise à hauteurde 80 % du SMIC (les associa-tions réclamaient l’alignement surle SMIC et s’inquiètent des condi-tions d’attribution, car celles-cisont liées au taux d’incapacité,ce qui ne leur paraît pas perti-nent). Le droit pour les travailleurshandicapés ayant obtenu uneretraite anticipée, de percevoirune retraite à taux plein, a étéajouté in extremis par la secré-taire d’État M.-A. Montchampqui a dû essuyer le feu des cri-tiques après les scandaleux amen-dements votés par la majoritéUMP au Sénat, obligeant le gou-vernement à amender lui–mêmele texte. Dans chaque départe-ment sera créée une maison duhandicap. Pour les enfants handi-capés, le principe d’inscription àl’école la plus proche est adopté,tandis qu’a été supprimé l’amen-dement visant à interdire l’accèsd’un enfant handicapé « si sa pré-sence était jugée à même de pro-

voquer des troubles qui pertur-bent de manière avérée la com-munauté des élèves ». Mais cesprincipes se heurtent à l’insuffi-sance de l’aide matérielle ethumaine à l’intégration (les AVSne compensant pas en totalité lasuppression des emplois-jeunes).L’emploi reste également l’un despoints noirs : 1/4 des adultes han-dicapés est au chômage et la loiqui prévoit un taux de 6 % de per-

sonnes handicapées dans lesentreprises de plus de 20 salariés,n’est pas respectée, malgrél’amende dont le montant vientd’être alourdi. �

Elizabeth [email protected]

* La loi a également adopté une mesurerendant obligatoire sur les bouteillesd’alcool l’information sur les dangersde l’alcool en direction des femmesenceintes.

BÉNÉVOLES

Des gens de bienC

’est plus de 12,5 millions debénévoles que comptaitnotre pays en 2003, ces don-

nées intègrent les actifs qui, horsactivité professionnelle, partici-pent au développement d’asso-ciations dont 84 % fonctionnentsans salariés. Selon un rapportde l’INSEE (2002), 45 % de lapopulation est adhérente d’uneassociation.L’une des données récentesconcerne l’intervention dans cecadre d’une nouvelle générationde retraités. Ces « seniors » uti-lisent leur disponibilité en temps,énergie, compétences pour mili-ter et contribuer au fonctionne-ment d’associations sans butlucratif (loi de 1901).En novembre 2004, une étude du

centre d’études et de recherchessur la philanthropie indique que29 % des 60/69 ans et 19 % desplus de 70 ans sont bénévoles ;ces chiffres évolueront dans lesprochaines années ; ils sont àrelier au développement desétudes dans les années soixantequi fait que leur expérience, leurscompétences sont appréciéesdans les associations qui ne peu-vent s’offrir des professionnelsconsultants ou d’encadrement auprix du marché.L’engagement des enseignantsretraités porte sur les actionshumanitaires et sociales au senslarge du terme, sur l’alter-mon-dialisme, la défense de l’envi-ronnement, la culture, toutesactions visant la solidarité, la jus-

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 19

iDroit du travaili

Borloo invente lesalarié jetableLe « contrat de travail intermédiaire »« offert » aux salariés licenciés (avecmaintien de la rémunération pendantdouze mois), semble de plus en plusêtre la « pilule » pour faire passer l’es-sentiel : l’accélération et « l’assouplis-sement » des procédures de licencie-ment. I l est même question depermettre à une entreprise de licen-cier en quelques jours. Le capitalismerevisite ses origines.

iTextile et Santéi

Bombes à retardementLe 1er janvier 2005, le système des quotasqui régissait le commerce mondial dutextile depuis plus de trente ans, a étédémantelé en application des accordsconclus en 1995 avec la création del’OMC. Ces quotas, définis pour chaquepays exportateur, protégeaient dansune certaine mesure l’industrie des paysdéveloppés, et avaient permis le déve-loppement des exportations de certainspays en voie de développement, duMexique à l’Ile Maurice en passant par leBangladesh. Les gagnants de cette déré-glementation du commerce mondialdevraient être les grandes puissancesasiatiques, l’Inde et surtout la Chine,qui allie faibles coûts de production,qualité et une monnaie sous-évaluée,rattachée au dollar. Les perdants serontles salariés des usines délocalisées dansles pays développés, en particulier dansl’Europe méditerranéenne, et denombreux pays pauvres victimes duredéploiement interne aux pays du Sud.Aucun souci à se faire pour les grandeschaînes de la confection qui font déjàfabriquer leurs produits en Asie, sansêtre très regardantes sur les conditionsde travail.

D’autre part, l’accord sur « les aspectsdes droits de la propriété intellec-tuelle », signé il y a dix ans, toujoursdans le cadre de l’OMC, s’applique pro-gressivement. Depuis le 1er janvier, l’Indedoit respecter les brevets déposés parles multinationales qui produisent lesmédicaments antisida et cesser d’ex-porter ses génériques à prix réduit.L’accord du 30 août 2003 permet desdérogations, mais le pays importateur,le Mozambique par exemple, doit prou-ver l’urgence de la situation pour jus-tifier ses achats de génériques en Inde.Et les grands labos du Nord ont uneconception restrictive de l’urgence !

Daniel Rallet

tice, la lutte contre toutes lesexclusions et la solidarité inter-générationnelle.De nombreux retraités exercentégalement des fonctions électivesou sont bénévoles dans le sec-teur coopératif ou mutualiste quifont partie, les deux derniers, del’économie sociale à côté desassociations et des fondations.Concurrents déloyaux pour lessalariés ? L’expérience des annéespassées le dément : c’est par l’in-tervention des bénévoles appuyéepar un courant d’opinion que lespouvoirs publics ont dû prendre àleur charge des actions (aides auxpersonnes âgées, aux handicapés,emplois-jeunes...).Il n’existe pas à ce jour de statutdu bénévolat à proprement

parler : quelques dispositionslégislatives des années 93 et 2000permettent sous condition l’accèsà des assurances et plus rarementdes allègements d’impôt.À ceux, ignorants ou mal inten-tionnés, qui penseraient que lesretraités sont inutiles, on conseillel’ouvrage documenté de Béné-

dicte Holba (Documentation fran-çaise 2003) « Bénévolat et volon-tariat en France et dans lemonde ». Les mêmes peuventégalement s’adresser au minis-tère de la Jeunesse, des Sports etde la Vie associative qui prépareune loi sur le volontariat (à suivredonc...). Annie Clavel

RÉDUCTION DU TEMPS DE TRAVAIL

Vérités et contrevéritésL

e débat récent sur le tempsde travail se déroule dansune grande confusion, qui

semble parfois entretenue à loi-sir par la presse. Il a notammentété affirmé à droite que les 35heures n’avaient pas créé d’em-plois, que la remise en cause des35 heures allait créer desemplois, que la France s’appau-vrissait par rapport à d’autrespays (notamment les États-Unis)parce qu’on y travaille peu, alorsque la gauche proclamait la mortdes 35 heures. Or, ces quatreaffirmations sont fausses.Concernant les créations d’em-plois, les estimations sérieuses(dont certaines émanant de ser-vices gouvernementaux) varientselon les économistes entre350 000 et 450 000. Certes, onpeut toujours critiquer les hypo-thèses aboutissant à ces résul-tats, mais il faut dans ce cas trou-ver une explication au fait que laFrance a créé plus d’emplois queles autres pays européens à crois-sance comparable dans la période1999-2001, qui est une périoderecord pour la création d’emploien France. Dans le discours gouvernemen-tal, la conversion de jours deRTT en salaire est censée doperle pouvoir d’achat des salariés,donc la consommation. Lesentreprises étant peu habituées à

payer leurs salariés à ne rienfaire, soit (version optimiste) lesheures supplémentaires effec-tuées permettent de produire ceque les salaires supplémentairespermettent de dépenser et laréforme n’a pas d’impact, soit(version réaliste) les heures sup-plémentaires réduisent lesbesoins des entreprises en inté-rimaires et en CDD et le chô-mage augmente.Le nombre d’heures de travailrapporté à la population totaleest 28 % moins élevé en Francequ’aux États-Unis, 11 pointss’expliquant par un temps de tra-vail plus court. Le MEDEF etses représentants en déduisentbrillamment qu’il suffirait d’al-longer le temps de travail pours’enrichir. C’est oublier que laproductivité élevée de la Francen’est possible que parce qu’untemps de travail court permet uneintensité du travail sans équiva-

lent ailleurs. Allonger le temps detravail réduirait la productivité,donc la production. Inversement,les 35 heures ont permis, ne l’ou-blions pas, une formidable réor-ganisation du travail dans lesgrandes entreprises et des gainsde productivité parfois considé-rables (10 % par an dans l’auto-mobile, par exemple, où le pas-sage à 35 heures s’est souventaccompagné du passage d’une àdeux équipes de travail). Pour beaucoup de salariés, laRTT s’est traduite par la modé-ration salariale et une intensifi-cation du travail facteur defatigue et d’accidents, ce qui faitque le temps gagné n’est pas dutemps libre mais du temps derécupération. Comme, parailleurs, le surcoût salarial des35 heures a été en grande partiefinancé par l’État, il est clair queles 35 heures sont une très bonneaffaire pour la plupart desgrandes entreprises, qui n’ontaucune envie de revenir à lasituation antérieure. C’est pour-quoi les 35 heures ne sont pasmortes, loin de là. Surfant sur lemécontentement de certains sala-riés, la réforme prévue par legouvernement Raffarin adapteen fait le temps de travail auxbesoins des entreprises, quivarient d’un secteur à l’autre.

Arnaud Parienty

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Professeur de SVT à la retraite, Françoise s’implique toujours et organise des clubs santé.

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Les rapports d’activité et financier nationaux sont publiés dans lecahier joint à ce numéro de L’US. Ils sont soumis à l’apprécia-tion individuelle de chaque syndiqué(e), qui est invité(e) à se pro-

noncer par un vote à bulletin secret.Le scrutin est organisé dans chaque section SNES d’établissement (S1)selon les indications fournies par votre section académique (S3).Chaque S3 adresse aux S1 le matériel électoral nécessaire (liste desélecteurs et d’émargement des votants, bulletins de vote, procès-ver-bal de dépouillement). Le dépouillement des votes est effectué danschaque S1 à la date fixée par la section académique pour la clôture duscrutin et les résultats sont immédiatement transmis au S3.

Attention • La période de vote est fixée par chaque académie (cf. calendrier).• Dans plusieurs académies, ce vote national est couplé avec d’autres

scrutins : rapports académiques et/ou élections de la Commissionadministrative (CA) académique et/ou de bureaux départementaux(S2). Si c’est le cas dans votre académie / département, pensez à vousexprimer pour chacun des scrutins. Chaque S1 reçoit du S3 le maté-riel approprié qui doit être utilisé.Si le seul scrutin est celui sur les rapports nationaux, vous pouvezéventuellement utiliser le bulletin de vote ci-dessous.

• Les syndiqué(e)s retraité(e)s expriment leur(s) vote(s) individuel(s)les indications fournies par leur section académique.

• Les syndiqué(e)s isolé(e)s en France adressent leur(s) vote(s) indi-viduel(s) directement à leur section académique.

Hors de France et TOMLes sections SNES hors de France et des TOM recevront du SNESnational une circulaire spéciale pour l’organisation des votes sur lesrapports nationaux d’activité et financier.Les syndiqué(e)s isolé(e)s hors de France recevront individuellementles indications leur permettant de voter par correspondance. �

Eugenio Bressan ([email protected])

PRÉPARER LE CONGRÈS NATIONAL DU SNES 2005

20 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

B U L L E T I N D E V O T E

SUR LE RAPPORT D’ACTIVITÉ NATIONAL

SUR LE RAPPORT FINANCIER NATIONAL

RAPPORT D’ACTIVITÉ (1)

POUR CONTRE ABSTENTION

RAPPORT FINANCIER (1)

POUR CONTRE ABSTENTION

(1) Pour chaque vote, ENTOUREZ VOTRE CHOIX

CONTRIBUTIONS POUR LE CONGRÈS NATIONAL

LE MANS 2005Le congrès national se prépare d’abord dans les sections d’établissement(S1). Les syndiqués y débattent des rapports et orientations proposés(publiés avec L’US n° 611 du 17 décembre 2004) et proposent des contri-butions à leurs congrès académiques respectifs, préparatoires au congrèsnational. Nous reviendrons prochainement plus en détail sur la préparationd’un congrès national du SNES.L’US tient toute sa place dans ce débat préparatoire et publiera, dansquatre cahiers spéciaux, les contributions collectives ou individuelles quiseront adressées sur l’un ou l’autre thème de congrès.Les contributions, qui ne doivent pas excéder 2500 signes (le souhait étantd’en publier le maximum pour refléter du mieux possible la diversité desdébats), doivent être adressées à [email protected] contribution devra comporter le numéro et le nom du thème auquelelle se rapporte.

CALENDRIERS ACADÉMIQUES DES VOTESAcadémie Du AuAix-Marseille lundi 21 février 2005 samedi 12 mars 2005Amiens lundi 10 janvier 2005 vendredi 4 février 2005 Besançon mercredi 12 janvier 2005 vendredi 25 février 2005 Bordeaux lundi 24 janvier 2005 vendredi 4 février 2005 Caen lundi 17 janvier 2005 vendredi 11 mars 2005 Clermont-Ferrand mercredi 12 janvier 2005 mercredi 9 février 2005 Corse lundi 28 février 2005 vendredi 11 mars 2005 Créteil lundi 17 janvier 2005 vendredi 28 janvier 2005 Dijon lundi 21 février 2005 vendredi 11 mars 2005 Grenoble lundi 17 janvier 2005 vendredi 4 février 2005 Guadeloupe lundi 17 janvier 2005 mercredi 2 février 2005 Guyane lundi 10 janvier 2005 lundi 31 janvier 2005 Lille lundi 21 février 2005 samedi 12 mars 2005 Limoges lundi 21 février 2005 samedi 12 mars 2005 Lyon lundi 24 janvier 2005 vendredi 11 février 2005 Martinique lundi 10 janvier 2005 samedi 29 janvier 2005 Montpellier lundi 24 janvier 2005 jeudi 10 février 2005 Nancy-Metz lundi 21 février 2005 vendredi 11 mars 2005 Nantes lundi 17 janvier 2005 samedi 5 mars 2005 Nice lundi 10 janvier 2005 jeudi 3 mars 2005 Orléans-Tours lundi 21 février 2005 samedi 12 mars 2005 Paris lundi 7 février 2005 samedi 19 février 2005 Poitiers lundi 21 février 2005 samedi 12 mars 2005 Reims lundi 24 janvier 2005 samedi 12 mars 2005 Rennes lundi 17 janvier 2005 vendredi 4 février 2005 Réunion (La) lundi 31 janvier 2005 vendredi 25 février 2005 Rouen lundi 21 février 2005 vendredi 11 mars 2005 Strasbourg lundi 17 janvier 2005 vendredi 4 mars 2005 Toulouse vendredi 21 janvier 2005 vendredi 11 février 2005 Versailles lundi 17 janvier 2005 mardi 1er février 2005

sur les rapports d’activité et financier nationauxVOTES

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 21

DOSSIERApprentissage : voie de formation ou impasse ?

Dossier coordonné par Pierre Narbonne et Thierry Reygades - [email protected] photos du dossier ont été prises aux lycées Antonin-Artaud de Marseille, Gustave-Eiffel de Cachan et Émilie-de-Breteuil de Montigny-le-Bretonneux.

Apprentissage

État des lieux

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Le développement des formations initiales sous statutd’apprenti , « l’apprentissage », est pour beaucoup – ministère, branches professionnelles, régions… –le moyen de faire réussir davantage de jeunes, de fournir aux entreprises des employés qualifiés,d’éviter l’échec scolaire… Lorsque Jean-Louis Borloovise 500000 apprentis, François Fillon le doublementdu nombre d’apprentis dans les lycées professionnels,peu de voix s’élèvent pour remettre en question ces objectifs. Seules quelques-unes, et notamment les régions et les entreprises, réclament les moyensde ces ambitions.

L’apprentissage est-il vraiment la potion magiquecapable de résoudre les problèmes de formation,d’échec scolaire et de besoin de qualification ?Ce dossier n’a pas la prétention de répondre à cettequestion, mais à travers différents éléments : les flux,les niveaux, les financements, la réussite, et en interrogeant plusieurs acteurs : sociologues,politiques, patrons, formateurs, apprentis, il dresse un état des lieux de cette question.Ce dossier n’est évidemment pas exhaustif, des éléments plus complets sont disponibles sur le sitedu SNES.

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Apprentissage, état des lieuxDO

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Accueil des apprentis

Des structures différentes

La durée du contrat est au moins égale àcelle du cycle de formation qui fait l’objet ducontrat. La prolongation en cas d’échec àl’examen est admise pour un an maximum.Cette durée peut être réduite, en fonction duparcours préalable (jeunes déjà titulaires d’undiplôme et préparant un autre diplôme dumême niveau ou d’un niveau inférieur ; jeunesayant bénéficié d’un contrat de qualification.La durée de formation ne peut être inférieure à400 heures. Pour le baccalauréat professionnel etle BTS, cette durée est fixée par le règlementgénéral du diplôme (1 500 heures pour 2 ans ;750 si la durée du contrat est réduite à 1 an,suite à un positionnement). Il est possible d’en-chaîner les contrats d’apprentissage, pour pré-parer des diplômes successifs (d’où la « voie

L’objet du contrat d’apprentissage est dedonner au jeune ayant satisfait l’obligationscolaire « une formation générale, théo-

rique et pratique », en vue de l’obtention d’unequalification professionnelle sanctionnée par:•un diplôme de l’enseignement professionnelou technologique du second degré ou du supé-rieur ;•un titre d’ingénieur, un titre ou un certificatinscrit au Répertoire national de la certifica-tion professionnelle.Le contrat d’apprentissage s’adresse auxjeunes de 16 ans à moins de 26 ans (avecune dérogation possible pour les jeunes de15ans ayant achevé le premier cycle du secon-daire ou ayant effectué deux ans de classe pré-paratoire à l’apprentissage).

Les chiffres de l’apprentissage•360 000 apprentis (176 000 préparent un

CAP contre 80 000 en LP), 27 000 préparentun BTS (contre 234 000 en lycée).

•Taxe d’apprentissage: 1386 millions d’euros.• Financement total : 3 431 millions d’euros.• Plus de 1 000 centres de formation (CFA et

SA) et près de 2 000 lieux de formation.

Le code du travail (art. R 115-1, créé parle décret 95-403 du 14/4/95) préciseque, selon les cas, les enseignements

dispensés aux apprentis pendant le temps detravail peuvent être donnés :• dans un centre de formation d’appren-tis (CFA) ;• dans une unité de formation par ap-prentissage (UFA) ;• dans une section d’apprentissage (SA).En terme de structure, ce sont les CFA quisont les plus nombreux, gérés par près de1000 organismes. Ils peuvent être classés enfonction de la nature de cet organisme.Pour une section d’apprentissage (SA),une convention est passée entre l’établis-sement et la Région, le chef d’établisse-ment assure la direction de la SA.Une Unité de Formation par Apprentis-sage (UFA) est le résultat d’une conventionentre l’établissement, le rectorat et un CFA.Le directeur du CFA assure la direction del’UFA. �

Le contrat d’apprentissage

« Une formation générale, théorique et pratique »

de l’apprentissage »). L’apprentissage estune voie de formation initiale, ce qui expliqueque son contrôle soit du ressort de l’Éducationnationale. Le code du travail assigne clairementun rôle dans l’apprentissage à d’autres acteurs:chambres consulaires, branches profession-nelles et partenaires sociaux. �

Proportion Proportion de CFA effectifs apprentis

CFA gérés par une association (origine: org. professionnelles, 44 % 44 %mixte org. proffessionnelle et chambre consulaire...)

CFA gérés par l’Éducation nationale ou l’agriculture 27 % 12 %

CFA chambres consulaires 14 % 34 %

Autres (CFA communaux, Université) 15 % 10 % (Univ. : 1,9 %)

Évolutions effectives d’apprentissage en fonction du diplôme préparé250 000

200 000

150 000

100 000

50 000

01995/1996 1996/1997 1997/1998 1998/1999 1999/2000 2000/2001 2001/2002 2002/2003

CAP et autres diplômes niveau V MC Bac professionnel Autres diplômes d’enseignement supérieurBEP BP et autres diplômes niveau V BTS

Après une progression impor-tante entre 1995 et 2000, lenombre d’apprentis s’est stabili-sé autour de 360 000. Ceci est dûà la diminution des apprentis pré-parant les diplômes de niveau 5(–7 % pour les CAP) et à l’aug-mentation de ceux préparant undiplôme de l’enseignement su-périeur (+ 140 % pour les BTS).

Effectifs

Témoignage

Travaillez-vous souvent avec des apprentis ?Récemment, j’ai travaillé avec deux jeunes que j’ai moi-même formés. Une expé-rience à refaire, tant la formation est primordiale. Le manque de main-d’œuvre est cruel, ce qui est dû au fait qu’à une certaine époque, il était debon ton de dévaloriser les métiers manuels au profit des activités, disons, pluscérébrales. Aujourd’hui, il faut relancer la machine. Et le regain d’activité dansce type de secteurs passera forcément par une revalorisation globale dessalaires.Les relations avec les écoles sont-elles efficaces ?J’ai eu l’occasion de travailler avec les compagnons du devoir, et je dois

dire qu’ils réalisent un suivi des élèves de très près. Les autres, en revanche,sont moins efficaces dans ce domaine. Mais aussi étrange que cela puisseparaître, c’est plus avec les parents que j’ai eu des problèmes, ils n’acceptaientpas forcément le fonctionnement de l’entreprise et la communication étaitdifficile.Le système de l’alternance pose-t-il des problèmes ?La règle du jeu est claire dès le départ. On sait à quoi s’attendre… Mais biensûr, c’est toujours la semaine où l’apprenti est en cours qu’on aurait besoinde lui !

Propos recueillis par Matthieu Abadie

Bernard Bellanger, artisan plombier-chauffagiste à Saint-Barthélemy (49)

22 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 23

Financement

Un système complexe

l’affirme le ministère, cette réforme, qui aug-mente les ressources de l’apprentissage, ne di-minuera pas le montant de TA perçu par lesétablissements d’enseignement. Elle n’aurade toute façon aucun effet sur le déséqui-libre de répartition qui affecte les établisse-ments publics, qui demande toujours à êtrecorrigé. �

(1) Ces formations sont définies comme celles qui, « avantl’entrée dans la vie active, préparent les jeunes à un em-ploi d’ouvrier ou d’employé spécialisé ou qualifié, de tra-vailleur indépendant, d’aide familial, de technicien, detechnicien supérieur, d’ingénieur ou de cadre des en-treprises des divers secteurs économiques ». N’en font paspartie: les stages ANPE, stages organisés en fonction desprotocoles d’alternance, stages de la formation profes-sionnelle continue.

Ce système est d’une complexité et d’uneopacité rares, à tel point que l’on ne peutconnaître que d’une manière indirecte lemontant annuel de cette taxe.

Les modifications introduites par la loide cohésion socialeL’objectif est d’augmenter le montant de lataxe affectée à l’apprentissage, en suppri-mant plusieurs chefs d’exonération etd’améliorer la transparence de la collecte,en rendant obligatoire le versement de lataxe à un organisme collecteur. Dans undeuxième temps, il est prévu de modifierles proportions quota /barème à 57%/43%. Il sera donc important de vérifier si, comme

La taxe d’apprentissage, impôt créé en1925, est définie comme « la partici-pation des employeurs au financement

des premières formations technologiques etprofessionnelles (1) ». Elle a donc vocation àcontribuer au financement de la formationprofessionnelle initiale, sous statut d’ap-prentissage comme sous statut scolaire ouétudiant. La taxe d’apprentissage représente 0,5 %de la masse salariale brute (= taxe brute,TB). Elle est divisée en deux parties : lequota (représentant une part de la taxe obli-gatoirement affectée au financement de l’ap-prentissage) et le hors-quota (ou barème).Depuis la loi de 1996, la répartition est lasuivante :Quota : 40 % TB (soit 0,2 % masse sala-riale), réparti en :➣ 75 % pour les CFA (30% TB)➣ 25% pour le fonds national de péréquation,qui a pour objet de corriger les inégalités de ré-partition de la taxe entre régions (10 % TB).Hors quota: 60% TB, réparti entre établis-sements assurant des formations premières :établissements de l’enseignement secondaireou supérieur, public ou privé, technologique ouprofessionnel et CFA (à nouveau).Les employeurs peuvent s’acquitter de leurtaxe en la versant directement en totalité auTrésor public ou en effectuant, directement oupar l’intermédiaire d’organismes collecteurs,des versements au centre de formation.Un des principes essentiels de l’affectationde la TA est celui de la liberté du choix parl’entreprise des établissements bénéfi-ciaires. Ce principe contribue aux inégalitésde répartition de la TA.

Le financement de l’apprentissage com-prend le financement de l’appareil de for-mation et l’ensemble des aides ou incita-

tions aux entreprises employant des apprentis.Ce financement implique, dans un montagecomplexe, trois acteurs essentiels : l’État,les régions et les entreprises, entre lesquelsexistent des flux financiers croisés. Des or-ganismes intermédiaires (branches profes-sionnelles, organismes collecteurs, fonds depéréquation), interviennent dans ces flux etdans la répartition des fonds. Les mesures prévues par la loi de cohésionsociale vont modifier de façon importantemécanismes et circuits de ce financement.Ce qui ressort de ce survol du financementde l’apprentissage est, en premier lieu, sacomplexité, qui fait qu’il est très difficile

Évolution des moyens alloués à l’apprentissage (en millions d’euros)(Présentation du budget du ministère de l’Emploi pour 2005) - (* : Évaluations)

2004 Projet de loide finances 2005

Crédits d’État➣ Transferts aux régions 1294 1134➣ Compensation d’exonérations de charges 791 773

Taxe d’apprentissage➣ Produit de la taxe * 1386 1428➣ Suppression d’exonérations* 123➣ Hausse de 0,06 % 197

Dépense fiscaleCrédit d’impôt* 472

Total 3 431 4 127

Qu’est-ce que la taxe d’apprentissage ?

d’évaluer le coût par apprenti. La diversitédes situations est également importante(écarts importants de ressources entre les

différents types de CFA que les quelquesmécanismes correctifs existants ne font pasdisparaître). �

Établissements bénéficiaires de la TA en 2001% de TA Montant Taxe moyenne/apprenti,

Établissements reçu (en millions élève ou étudianten 2001 d’euros) (en euros)

CFA 46,1 % 443 1386

Établissements Second Public 15,5 % 149,5 105dispensant degré Privé 10,9 % 105 332 (sous contrat)des formations 1 790 (hors contrat)professionnelles Supérieur Public 9,1 % 88 183hors apprentissage Privé 18,1 % 174,3 2 093

Part de la TA dans les ressources des CFA

Pourcentage des ressources Catégorie de CFA totales du CFA

représenté par la TA

CFA d’association loi de 1901 30,5 %

CFA de chambres de commerce et d’industrie 37,4 %

CFA de chambres de métiers 10,4 %

CFA d’EPLE 14,2 %

CFA de collectivité locale 13,2 %

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Apprentissage, état des lieux

24 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

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Questions à Gilles Moreau, sociologue à l’université de Nantes

« Ceux qui ne jurent que par l’apprentissage ne sont pas sérieux »

Les recherches de Gilles Moreau portent sur la jeunesse populaire, principalement celle qu’accueillent leslycées professionnels et l’apprentissage. Il vient de publier Le monde apprenti (2003, Éditions La Dispute),un livre où, à travers des enquêtes empiriques par questionnaires et entretiens, les apprentis s’exprimentlargement sur leurs conditions de formation, de travail et d’insertion. Il a par ailleurs coordonné unouvrage de synthèse sur les enjeux de la formation professionnelle initiale en France : Les patrons, l’Étatet la formation des jeunes (2002, Éditions La Dispute), et publié dans Le Monde diplomatique d’avril 2004un article intitulé : « L’enseignement professionnel ou la défaite d’un projet émancipateur ».

L’US : Au moment où le Premier ministre faitl’éloge de « l’intelligence de la main », où leministre de la Cohésion sociale souhaite ren-forcer les financements de l’apprentissage, où leministre de l’Éducation nationale souhaite dou-bler le nombre d’apprentis dans les lycées pro-fessionnels, peut-on parler d’une revalorisationdes formations professionnelles des jeunes?Gilles Moreau: La question de la revalori-sation de la formation professionnelle ini-tiale des jeunes ne peut pas se résumer à deseffets d’annonces. Ainsi, l’objectif de 500 000apprentis en 2007 est gratuit. Pour atteindre untel niveau, il faudrait que beaucoup plus d’en-treprises acceptent d’accueillir des appren-tis. Or c’est loin d’être le cas, et les incitationsfinancières ne compenseront pas un problèmemajeur: aujourd’hui déjà, beaucoup de jeunesne trouvent pas de maître d’apprentissage.Ainsi, dans mes enquêtes en Pays de la Loire,un quart des apprentis titulaires d’un CAPou d’un BEP et qui voulaient poursuivre enniveau IV n’ont pas trouvé d’entreprise pourles accueillir. On met souvent en exerguecertains secteurs comme le bâtiment qui pei-nent à trouver des apprentis, mais c’est pourmieux camoufler la sélection importante qu’ily a dans d’autres domaines d’activité : encoiffure ou en pharmacie par exemple, il n’estpas rare de contacter cinquante entreprisespour trouver un maître d’apprentissage ! Orcomme le marché de l’apprentissage est unmarché non régulé, le taux d’échec à l’entrée(ou à la poursuite) en (d’)apprentissage estinconnu. Il est réel, mais on fait comme s’iln’existait pas !

L’US : Comment analyser les évolutions desvingt dernières années?G. M.: La détérioration de l’image des for-mations professionnelles est indéniablementliée à celle des conditions de vie, de salaire etde travail des ouvriers et des employés.D’ailleurs, c’est pendant les Trente Glorieusesque le lycée professionnel (le CET à l’époque)a connu son apogée : il formait de bons pro-fessionnels, voire une « aristocratie ouvrière »

et portait haut et fort un projet émancipateur.Mais se contenter d’attendre le retour de joursmeilleurs est contre-productif.

L’US : Comment agir?G. M.: Par exemple en reprenant l’excel-lente idée de Jean-Luc Mélenchon de rétri-buer les stages en entreprise des élèves deLP, en organisant le financement d’un quasi-salaire réglementé nationalement pendantces périodes en entreprise. Pour cela, il fautune volonté politique que le gouvernementJospin n’a à l’évidence pas eue, et que biensûr le ministre Fillon n’a pas. De même,l’investissement des LP dans l’apprentis-sage peut être une bonne chose… Je saiscombien une telle affirmation peut paraîtrechoquante. Mais si l’enseignement profes-sionnel public a, ce que je crois, un savoir-faire, des pédagogies et une expérience enmatière de formation professionnelle, soninvestissement dans l’apprentissage mon-trera sa différence et donc ses forces. Luiseul peut réguler un dispositif aussi peuorganisé et aussi inégalitaire que l’appren-tissage ; lui seul peut insuffler dans l’ap-prentissage un supplément d’humanité enréhabilitant le triple objectif de « formerl’Homme, le travailleur et le citoyen ». Maisune telle perspective doit avoir un sens poli-tique. Il ne s’agit pas tant de « courir après »ou de « concurrencer » les CFA privés quede construire un projet politique d’unifica-tion du système de formation professionnelleinitiale des jeunes.

L’US : Vous pouvez développer?G. M.: Je crois que l’on est face à un « im-pensé historique ». Le LP a été progressive-ment aligné sur le modèle « bourgeois » dulycée, et apparaît donc irrémédiablementcomme une instance de relégation. L’abandonen rase campagne des CAP en 1985 et celledes BEP que la récente décision du ministreFillon de créer les bacs pro en trois ans an-nonce, va dans ce sens. Or, si on regardel’ensemble que constituent LP et apprentis-

sage comme un tout, on voit les choses dif-féremment. La France a un système « dual »de formation des futurs ouvriers et employés(LP d’un côté, apprentissage de l’autre),comme elle avait hier un double système deformation général (primaire/primaire supé-rieur d’un côté, lycée classique de l’autre). Cedernier a été au cours du XXe siècle unifié ;le premier reste, sans aucune raison autrequ’historique, divisé entre apprentissage sco-larisé et apprentissage salarié. Penser un sys-tème public unifié de formation profession-nelle initiale, c’est penser autre chose que la« juxtaposition » des lycées des métiers deJean-Luc Mélenchon. C’est inventer quelquechose qui n’existe pas, mais qui ne peut se

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faire qu’à l’image des processus historiquesd’unification scolaire en France, à savoir,par pilotage de l’État et du service public.

L’US : Et les apprentis ? Vous avez recueilli denombreux témoignages ; pourquoi un jeunechoisit-il aujourd’hui l’apprentissage ? G. M.: Pour qu’un jeune se tourne vers l’ap-prentissage, il faut qu’il trouve dans son his-toire sociale et scolaire les moyens d’avoir unevision positive de ce mode de formation long-temps délégitimé. D’où trois types d’appren-tis. Le premier rassemble les enfants d’artisanset de commerçants, surreprésentés dans cedispositif. Socialisés dans une famille d’in-dépendants, ils adoptent facilement ce modede formation. Ils y réussissent d’ailleurs trèsbien. Je dis souvent que l’apprentissage offreaux enfants d’indépendants ce que l’écolegarantit aux enfants d’enseignants: une proxi-mité d’habitus qui favorise la réussite. Le se-cond type renvoie à ce que j’appelle « l’anti-intellectualisme populaire » ; on le trouveégalement en LP. Il se bâtit sur un « désa-mour » scolaire, une survalorisation de l’ex-périence et le primat de la pratique commeforme de réhabilitation de soi, à leurs yeux im-possible à l’école. Et puis il y a ceux quej’appelle « les nouveaux apprentis ».

L’US : Qui sont-ils?G. M.: Ce sont des jeunes, qui du fait de lapolitique des 80 % au bac et de l’allonge-ment des études sont devenus des « malgré-nous » scolaires, pour reprendre l’expressionde Stéphane Beaud(1) : ils sont maintenus dansle système scolaire sans grand espoir de réus-site et surtout dans une situation impécu-nieuse que leurs origines populaires peuvent

Dès le début du XXe siècle, deux conceptions de la formation professionnelle des jeunes s’oppo-sent. La première repose sur un apprentissage en entreprise, adapté au marché du travail, laseconde insiste sur le rôle de l’école et la formation du citoyen. La loi Astier de 1919 ne résou-dra pas cette contradiction. C’est au lendemain de la seconde guerre mondiale que l’apprentissagedes métiers à l’école s’impose. Les centres d’apprentissage, ancêtres des CET, puis en 1975 desLEP et en 1985 des LP, seront les vecteurs de la formation professionnelle à l’école, en s’appuyantsur le CAP, ils poseront les bases d’une culture technique.Dès 1945, les enseignants seront formés dans des écoles normales d’apprentissage (ENNA), et for-meront à leur tour « l’aristocratie des ouvriers et des employés qualifiés ».Jusqu’en 1975, on assiste à la montée en puissance de la formation professionnelle à l’école etle déclin de l’apprentissage en entreprise.C’est à partir de 1980, que la tendance s’inverse, les lycées professionnels peinent à préserverleur culture technique, les ENNA disparaissent à la création des IUFM, et dans le même temps despans entiers de l’industrie s’effondrent, et le chômage s’envole !Dès lors les vertus formatrices de l’entreprise sont présentées comme novatrices, les incitationsfinancières se multiplient, l’apprentissage élargit son offre de diplôme (du CAP au diplôme d’in-génieur), et Monsieur Borloo annonce un objectif de 500 000 apprentis…

D’après Gilles Moreau, L’enseignement professionnel ou la défaite d’un projet émancipateur, LeMonde Diplomatique, mai 2004.

difficilement compenser. Du coup, ils peinentà épouser le modèle « lycéen » qui domineaujourd’hui dans la jeunesse et qui se définitpar une consommation festive et ludiqueimportante. Ils ont donc le sentiment d’être enporte-à-faux et souvent en souffrent. L’ap-prentissage, par le salaire qu’il offre, certesminime, leur permet de résoudre cette contra-diction initiale. Ils quittent légitimementl’école, et accèdent à un pouvoir d’achat quileur permet de « faire leur jeunesse » à l’instardes autres lycéens. C’est un peu comme s’ilsquittaient l’école pour mieux être « lycéens ».D’ailleurs, leur réseau d’amitié et de socia-bilité reste lycéen et ils ont peu le sentimentd’être salariés.

L’US : Dans un rapport sur « les discrimina-tions à l’embauche des jeunes », Claude Bébéarpropose également l’apprentissage comme voiede formation ; l’apprentissage serait-il exemptde discrimination ?G. M.: C’est l’inverse ! L’apprentissage est« blanc ». Les jeunes issus de l’immigrationsont nettement sous-représentés dans l’ap-prentissage, même dans le bâtiment. Ce n’estd’ailleurs pas la seule différence entre le publicdes LP et celui de l’apprentissage salarié. Laproportion de filles par exemple reste trèsfaible en apprentissage: 30% et cette part n’apas changé depuis 30 ans. Ce qui montre com-bien les comparaisons entre lycée profes-sionnel et apprentissage (en termes d’insertionpar exemple) sont à manier avec d’extrêmesprécautions: ce ne sont pas les mêmes popu-lations. En conséquence, ceux qui ne jurentque par l’apprentissage ne sont pas sérieux. �

(1) 80% au bac, et après? La découverte, 2002.

Formation

Toute une histoire...

Témoignages

Pisset, 16 ans, BEP mécanique automobile, option D

(motocycles, cycles)Pourquoi avoir choisi de suivre une formation en apprentissage ?Parce que je ne voulais pas suivre une forma-tion générale, je savais que je n’aurais pas leniveau nécessaire. L’alternance CFA-entreprise te convient-elle ?Oui, j’aime bien le principe. Je préfère d’ailleursêtre en entreprise, même si les cours m’inté-ressent également. Le fait est que je me sensplus utile à l’entreprise, où j’ai l’impressiond’être important. Je travaille pour l’entre-prise Piaggio, qui fabrique des motocycles. Ily a une bonne ambiance, car je côtoie beau-coup de monde. Je ne pense pas que ça meplairait autant si j’étais seul avec mon patronet seulement quelques employés.Concrètement, comment se passent les cours ?Je ne sais pas si c’est partout pareil, maisdans mon CFA (l’Institut national du cycle etmotocycle, ndlr), je suis à la fois des matièresgénérales et techniques. Le niveau moyen estcelui de la Troisième. Souvent, nous ne faisonsque de la pratique lors de journées appelées« journées atelier ».Quel genre d’élèves y as-tu rencontré ?Je m’attendais à pas mal d’élèves plus oumoins en difficulté scolaire, et j’en ai trouvéquelques-uns. Mais il y a surtout des jeunes quiaiment la mécanique et qui veulent en faireleur métier.

Franck, 18 ans, chômeur depuis juillet 2004

Quelle formation as-tu suivie ?Pendant trois ans, j’ai fait un BEP carrosserieau CFA Saint-Nicolas, à Issy-les-Moulineaux.Ma formation s’est terminée le 29 juillet 2004.Et depuis, que fais-tu ?Je suis au chômage ! Je cherche à droite àgauche, mais je n’ai aucune piste. Ton école ne t’a pas suivi après ton diplôme ?En fait, le problème est que je n’ai pas eumon diplôme, je l’ai raté d’un petit point.Alors l’école m’a « viré ». Après, il n’y a euaucun suivi, ils m’ont laissé me débrouiller toutseul comme si je n’étais jamais passé chezeux. Depuis, je « rame ».Que comptes-tu faire pour te sortir de cette situation ?Je compte aller à l’armée pour au moins un an,histoire de m’occuper. Là-bas, je pourrai pas-ser mon permis de conduire et faire quelqueséconomies. Par contre, après, je ne sais pasvraiment…

Propos recueillis par Matthieu Abadie

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Apprentissage, état des lieux

Questions à Maurice Pinkus, directeur délégué à l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM)

« La voie de l’apprentissage n’est pas la voieréservée aux jeunes en difficulté »

L’US : Le plan Borloo, comme le projet de loiFillon, propose de développer la formation ini-tiale des jeunes en apprentissage. Commentappréciez-vous ces propositions? À quel niveaude diplôme faudrait-il selon vous développer cesformations?Maurice Pinkus: Développer quantitative-ment pourquoi pas, mais il y a des condi-tions. On ne fait déjà pas le plein dans tous noscentres de formation d’apprentis. Dans notrebranche, la métallurgie, il y a une pratiqueancienne de l’apprentissage. Jusqu’en 1985c’était réservé aux CAP, ensuite l’UIMM asouhaité préparer le bac pro par apprentissage,le BTS à partir de 1987 et les diplômes d’in-génieur à partir de 1989. La voie de l’ap-prentissage n’est pas la voie réservée auxjeunes en difficulté. Il s’agit d’un choix desjeunes et des entreprises.En 2004: 11000 apprentis sont entrés dansnos centres, ce qui correspond à environ25000 apprentis en formation. Ces chiffressont stables. On assiste à une augmentationdes plus hauts niveaux, le niveau V diminue,les IV et III augmentent.Le premier niveau demandé devient aujour-d’hui le bac pro. Cela répond à des besoins desentreprises, mais également à une demande desjeunes d’atteindre des niveaux de formationpar des modalités pédagogiques spécifiques.

L’US : Les entreprises ont-elles les moyensd’accompagner les apprentis dans leur forma-tion? En particulier existe-t-il en leur sein unnombre suffisant de tuteurs qualifiés?M. P.: Dans la métallurgie, on a une stabilité deseffectifs d’apprenti. Pour certaines formations onpeut avoir des difficultés à trouver des entreprisesmais la vraie difficulté est d’attirer des jeunes.Ici comme ailleurs, la voie professionnelle estchoisie par défaut. Les services d’orientation nejouent pas leur rôle, à la fois d’information sur

les formations professionnelles et sur l’appren-tissage. Les entreprises doivent participer à la for-mation des jeunes qu’il y ait ou non des possi-bilités de recrutement. Dans le cadre des CFAInous préparons aux diplômes, un contrat doitaboutir à l’obtention d’un diplôme.Le diplôme reste une référence commune quiatteste d’une première formation qui visel’insertion dans l’entreprise. Il faut parfoiscompléter par des CQP ou d’autres qualifi-cations mais le diplôme reste un signal impor-tant pour l’entreprise.Il y a suffisamment de professionnels dansles entreprises aptes à encadrer des apprentiset le tutorat est intégré dans les pratiques desentreprises. On insiste sur la qualité de la rela-tion entre les jeunes et les tuteurs, et il y a desformations souvent prévues pour les tuteurs.

L’US: Le plan Borloo prévoit une réforme de fi-nancement : augmentation de la taxe d’ap-prentissage versée par les entreprises et ver-sement d’un crédit d’impôts par apprenti.Comment appréciez-vous ces évolutions?M. P.: Nous avons été furieux à propos del’augmentation prévue de la TA et la suppres-sion de certaines subventions. Ce n’était pasune demande de notre part. Nous nous sommesdonné les moyens de développer l’apprentis-sage par une mutualisation des fonds de l’al-ternance (35 % vers l’apprentissage). Il n’yavait pas besoin d’augmenter la TA.L’augmentation de la TA contre le créditd’impôts est un marché de dupes !

L’US : La volonté de développement de l’ap-prentissage fait craindre que le patronat necherche à prendre le contrôle des contenus deformation pour les transformer en une seuleadaptation à l’emploi ou pire au poste de travail.Que répondez-vous à ce sujet?M. P.: Le patronat, à travers les CPC(1), per-

met de garder une approche professionnelleaux formations. Pour des raisons budgétaires,l’administration serait trop facilement enclineà transformer ces formations en formations gé-nérales.La formation professionnelle joue pleine-ment son rôle, on parvient à faire acquérir desconnaissances générales en partant du concret.Dans nos formations en CFA, nous dévelop-pons les mêmes savoirs que dans les LP.L’adaptation à l’emploi se situe si nécessaireaprès l’obtention du diplôme. Mais elle estfacilitée par l’expérience due à la périodepassée en entreprise.

L’US: Gilles Moreau parle d’apprentissage « sé-grégatif », est-ce votre analyse?M. P. : Lorsque l’entreprise recrute un ap-prenti, elle utilise les mêmes critères que pourun recrutement d’employé. Les questions demotivation et de maturité des jeunes sont es-sentielles, certains jeunes ne sont pas prêts àintégrer directement l’entreprise.En conclusion, l’UIMM demande une dis-cussion globale sur le développement de l’ap-prentissage avec les responsables politiques eten particulier le développement de partenariatsentre l’Éducation nationale et les branchesprofessionnelles sur cette question.Nous ne sommes pas satisfaits de la démarchepurement quantitative qui, de plus, est éclatéeentre différents ministères et responsablespolitiques. Il faudrait plus de cohérence. �

(1) CPC: commission professionnelle consultative, instanceoù les diplômes professionnels sont définis et élaborés.

Le rôle des régions

Des politiques différenciées

En matière d’apprentissage, sur lequel ellesont compétence, les régions ont menéces dernières années des politiques diffé-

renciées, qui se sont traduites par des évolutionsvariables: certaines d’entre elles, où l’appren-tissage était déjà développé, ont mené des po-litiques volontaristes (Pays de la Loire, RégionPACA), d’autres, qui n’étaient pas des territoirestraditionnels de l’apprentissage, ont mené une

politique qui a abouti à une forte augmentationdes effectifs (Bretagne, Rhône-Alpes).Pour beaucoup de ces régions, l’apprentissageest ainsi devenu une charge financière impor-tante, qui les a conduit à demander des réformesen matière de financement, en particulier à sou-haiter une affectation régionale de la taxe d’ap-prentissage. Plusieurs éléments récents justifient un intérêt

renouvelé pour le contenu des politiques régio-nales concernant l’apprentissage: le change-ment de majorité survenu dans certainesrégions; la volonté gouvernementale de relancede l’apprentissage, qui, pour être effective,exige des relais au niveau régional ; enfin, cer-tains transferts de compétence, qui accentuentle rôle prépondérant des régions dans l’ap-prentissage (détermination du montant de l’in-

L’Union des industries et métiers de la métallurgie(UIMM) est une fédération professionnelle. Elleregroupe 130 syndicats de branche et 93 chambressyndicales territoriales. Elle représente 48000 entre-prises dans lesquels plus de 2 millions de salariés tra-vaillent. C’est un des « poids lourds » du MEDEF.

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Questions à J.-L. Mélenchon, sénateur et ancien ministre de l’Enseignement professionnel

« L’apprentissage ne permet pas d’anticiperles besoins en qualification »

demnité forfaitaire versé aux employeurs).Les informations disponibles sont encore frag-mentaires ; quelques régions ont initié uneréflexion. C’est en particulier le cas de laRégion Rhône-Alpes, qui vise un effectif de50000 apprentis dans 5 ans (contre 32000aujourd’hui), ce développement « devant sefaire en complémentarité des formations enlycées professionnels et technologiques » etvisant « des publics qui n’ont pas accès à cesformations ou pour lesquels le système scolairene convient pas ». Cette région mène une

réflexion pour « labelliser des CFA publicshors murs, en travaillant avec les lycées pro-fessionnels de la Région » et s’interroge éga-lement sur le montant des primes versées, lapréoccupation première étant de savoir com-ment être incitatif envers les employeurs, maissurtout envers les jeunes.La loi de cohésion sociale entraîne des ten-sions entre régions et gouvernement, qu’ex-pose l’association des régions de France (ARF).Cette loi est ressentie « comme une volontéaccrue de prise de contrôle par l’État de l’ap-

prentissage au détriment des régions ». L’ARFprécise que « Les régions exigent aujourd’huiune clarification en la matière, confirmant unexercice de compétence de plein droit enmatière d’apprentissage et leur garantissant lesressources nécessaires notamment par percep-tion directe de la taxe d’apprentissage ». Maisla loi prévoit également des conventions État-région, pour développer et moderniser l’ap-prentissage : les régions Alsace, Lorraine,Bourgogne, semblent néanmoins se montrerintéressées par cette perspective... �

L’US : La relance de l’apprentissage apparaîtcomme une priorité du gouvernement enmatière de formation professionnelle. Quelle estvotre analyse, de cette politique? Est–elle àmême de répondre aux besoins de qualificationdes années à venir?Jean-Luc Mélenchon : Je ne le crois pas.L’urgence est de conduire une politique volon-tariste pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée qui s’annonce avec les départsmassifs en retraite. Les emplois sans qualifica-tion disparaissent inexorablement. Tant mieux !Le système de formation doit donc répondre àl’exigence d’élévation du niveau de qualifica-tion. C’est un enjeu vital pour les salariés et pourque notre économie productive puisse conser-ver son avantage comparatif. D’autant que lesdélocalisations concernent aussi à présent lesmétiers qualifiés ! Dans ce contexte, le déve-loppement prioritaire de l’apprentissage est uncontresens. Ce mode pédagogique n’est adaptéqu’à quelques métiers où l’observation du gesteprofessionnel est essentielle. Partout ailleursla qualification intègre un nombre croissant desavoirs généraux. L’opposition entre savoir etsavoir-faire recule avec l’élévation du contenutechnique des objets produits et des procédés deproduction. Je suis donc consterné par ce qui estprévu par le gouvernement: 150 000 apprentissupplémentaires sur une classe d’âge en déclindémographique, c’est autant de jeunes en moinssous statut scolaire ! Du point de vue de laproduction, c’est également aberrant. Car l’ap-prentissage ne permet pas d’anticiper les besoinsen qualification, il se contente de reproduire letissu existant.Cette priorité donnée à l’apprentissage est àinscrire dans une tendance lourde. En périoded’État minimum la question est posée desavoir si l’enseignement professionnel quali-fiant est du ressort du service public ou du sec-teur privé. Trois facteurs poussent à la priva-tisation. D’abord la méconnaissance de cequ’est la qualification professionnelle par les

élites politiques et de nombreuses sphères del’Éducation nationale. Ensuite, une gestion del’État à courte vue : abaisser ses dépenses entransférant au secteur privé une partie de sesmissions. Enfin et c’est le plus dangereux: lesavoir qualifiant, indispensable à chacun pourtravailler, est le plus facilement marchandi-sable. Il est la cible prioritaire des lobbiesmondiaux de l’enseignement lucratif.

L’US : Quelle doit être, selon vous, la place del’apprentissage parmi l’ensemble des voies deformation professionnelle initiale, et la place duservice public dans l’apprentissage? J.-L. M. : Il ne s’agit pas de dénigrer l’ap-prentissage mais de le démythifier ! Car il bé-néficie d’un a priori favorable aveuglé. Sonbilan pédagogique n’est jamais fait. L’idéeque l’insertion professionnelle des apprentisserait meilleure, est une illusion. Je proposede partir de ce double constat : l’alternances’est développée sous statut scolaire, la « sco-

larisation » des enseignements se développesous statut d’apprenti. La réflexion peut doncpartir des exigences intellectuelles et« concrètes » du travail contemporain et pasde querelles abstraites entre gens qui n’ont passouvent mis les pieds dans un atelier.Je mets en garde les élus régionaux et lessyndicats patronaux: l’apprentissage tous azi-muts met notre avenir économique et celui desjeunes en danger. L’idée de contrat d’ap-prentissage de moins d’un an prévu par legouvernement est aussi totalement néfaste. Ils’agit en effet d’autoriser le commerce del’enseignement des certificats de compétenceprofessionnelle, ces sous-diplômes à duréede vie limitée !Pour moi, le service public doit être présentpartout. L’expérience montre que le systèmede formation public est plus performant etmoins coûteux. Cela est vrai aussi pour lavoie de l’apprentissage. La présence d’unCFA dans un lycée professionnel ou techno-logique permet un meilleur suivi des jeunes,qui peuvent passer d’une voie à l’autre selonleurs besoins pédagogiques.

L’US: Que penser des mesures annoncées visantà améliorer le statut des apprentis? Améliorerle statut de l’apprenti sans se préoccuper decelui du lycéen ou de l’étudiant ne biaise-t-il pasles choix? J.-L. M. : Les 350 000 apprentis actuels re-présentent une réalité sociale qu’il faut prendreen compte. Les mesures contribuant à amé-liorer ce statut sont donc nécessaires. Le re-venu attaché au statut d’apprenti est le prin-cipal facteur d’attractivité de l’apprentissage.Le problème qui devrait être traité est celui dustatut du jeune en formation professionnelle.Dans ce cadre, l’intérêt d’une allocationd’études est évident si l’on se réfère aunombre de lycéens ou d’étudiants qui tra-vaillent parallèlement à leurs études et quisouvent vivent sous le seuil de pauvreté. �

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Apprentissage, état des lieux

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«De l’avis unanime de l’ensemble desacteurs, l’apprentissage apporte uneréponse très adaptée au besoin de quali-

fication puis d’insertion professionnelle desjeunes ; [...] l’apprentissage permet d’accéderplus rapidement à un emploi que tout autre modede formation... ». C’est ainsi qu’est présenté l’ap-prentissage, dans l’exposé des motifs de la loi decohésion sociale : l’« unanimité » des acteursrend inutile toute analyse précise, construiteautour des nombreux éléments disponibles, rap-portés dans des études de la DARES, de la DEP...Qu’apportent ces études? Seules quelques don-nées globales peuvent être rappelées ici :

Réussite aux examens • La revue du CEREQ de novembre 2002,dresse le constat suivant: « les apprentis réus-sissent aujourd’hui aussi bien aux examens, sice n’est mieux, que leurs homologues préparantleur diplôme par la voie scolaire. Ce quitémoigne probablement de changements impor-tants dans ces deux populations ».• Ce constat doit être nuancé si l’on prend encompte le nombre important de ruptures decontrat d’apprentissage : de 25 % tous secteursconfondus avec des pointes à 50 %.

Insertion professionnelle•En termes bruts, l’insertion des apprentis dansl’emploi est effectivement meilleure que celledes lycéens, après l’obtention de leur diplôme:début 2003, 7 mois après avoir terminé leur for-mation initiale, le taux d’emploi des apprentisest de 69 %, contre 58 % pour les lycéens• Cette comparaison doit être faite avec pré-caution, car d’autres facteurs interviennentdans l’insertion (note de la DEP 04.21) :➣ la population des apprentis est essentiel-lement masculine (plus de 2/3 des effectifs), orl’insertion des garçons est toujours plus facileque celle des filles ;➣ la majorité des sortants d’apprentissage(61 %, contre 40 % pour les sortants de lycée)a reçu une formation orientée dans le domainede la production, caractérisé par une meilleureinsertion par rapport au secteur des services ;➣ il y a corrélation entre le développement del’apprentissage et la présence de débouchés.• La note « premières synthèses » (DARES,janvier 2004) conclut que « les caractéristiquesindividuelles restent essentielles pour expli-quer l’insertion » et relève que, pour les jeunesen difficulté d’insertion, le passage par l’al-ternance est moins réussi que pour les autres

publics (échec à l’examen supérieur à 40 %).Ces jeunes sont surreprésentés dans les secteursdu commerce et de la vente.Cette même note constate que la qualité del’insertion (stabilité dans l’emploi) est meilleuredans certains secteurs (ceux qui ont le moinsrecours à l’alternance, comme les services auxentreprises, à l’opposé du secteur des servicesaux particuliers). Elle dépend aussi du niveaude formation (à l’embauche dans la formationen alternance) : plus celui-ci est élevé, meilleureelle est. �

La position du SNUEPSyndicat National Unitaire de

l’Enseignement Professionnel (FSU)

La loi Borloo et le projet de loi d’orientationsur l’école convergent pour tenter de passerrapidement de 350 000 à 500 000 apprentis.La première, ignorant totalement l’ensei-gnement professionnel public, met en œuvredes mesures pour améliorer le statut desapprentis, la qualité de l’apprentissage, lefinancement des CFA et des incitations finan-cières à l’embauche d’apprentis. Le ministreFillon réduit le périmètre de l’enseignementprofessionnel : déprofessionnalisation desBEP et dans une certaine mesure des bacspro, réduction de la durée de formation :généralisation des bacs pro 3 ans, accèslimité à l’enseignement supérieur pour lesélèves de bac pro… et introduction systé-matique de l’apprentissage en LP.Pour le SNUEP, l’apprentissage n’est pas unsystème de formation adapté à notre temps.Mais le SNUEP estime indispensables les rela-tions entre l’école et l’entreprise. Il militepour instaurer une charte de la qualité desstages et « des maîtres de stage », afin d’enaméliorer l’efficacité.Pour les jeunes, la rémunération qu’offrel’apprentissage constitue un attrait incon-testable. Aussi, par souci d’égalité, le SNUEPpropose d’accorder une allocation d’études àtous les jeunes qui entreprennent des étudesprofessionnelles.Contrairement à ce qui est annoncé, il nes’agit plus de complémentarité entre deuxsystèmes de formation, mais de remplacerpeu à peu le service public par la formationpatronale. Si aujourd’hui les LP sont en pre-mière ligne, ces relances répétées de l’ap-prentissage et de l’alternance visent àterme à réduire l’ensemble du système édu-catif, du collège à l’université. Même sil’apprentissage ne se pose pas de la mêmemanière à tous les niveaux d’enseignement,il y a urgence pour tous les syndicats de laFSU concernés à trouver une réponse uni-taire à cette offensive. Voir sur notre site :h t t p : / / w w w . s n u e p . c o m /publications/special_apprentissage2004.pdf

Insertion

Des études éclairantes

Cité technique Jules Verne: de la section d’apprentissage au CFA public, un choix des personnels

En octobre 2004, la nouvelle équipe de la Régionet le rectorat décident de créer trois CFA publicsdans trois établissements de l’académie (il n’y ena aucun à l’heure actuelle) ; la question est alorsposée au LT Jules Verne: être ou ne pas êtrecandidat. Le débat est beaucoup moins consensuel quepour l’ouverture de la SA de BTS MAVA, lespositions vont du « non » de principe (ne soyonspas le cheval de Troie de l’apprentissage public)au « oui » catégorique (il ne faut pas abandonnerles jeunes apprentis au seul privé, faisons évoluerl’apprentissage dans le bon sens). Un vote à bulletin secret est organisé, ouvert à tousles personnels de la Cité Technique, enseignantset non enseignants. La moitié des personnels aparticipé au vote ; deux tiers se sont prononcéspour le « oui ».En décembre 2004, le CA a approuvé la candi-dature du LT par deux tiers de ses voix. C’estmaintenant la Région qui décidera si un CFApublic doit être créé au LT Jules Verne. �

Taux d’échec à l’examen des titulaires d’un contrat d’apprentissage(premières synthèses janvier 2004)

Diplôme % d’échec Part des bénéficiaires

CAP et BEP 33,3 64,4

Bac pro, BP et autres diplômes de niveau IV 27,5 18,8

BTS et DUT 30,1 8,0

Mentions complémentaires (IV et V) 27,6 8,8

Total 31,4 100

L a Cité Technique Jules Verne, à Mondevilledans le Calvados, est constituée d’un LP et

d’un LT. Elle propose, entre autres, un ensemblede formations dans le secteur de l’automobile, duBEP au BTS. Le BTS MAVA (Maintenance etaprès-vente automobile, option véhicules parti-culiers) a été créé au LT Jules Verne en 1992.Courant 2003, la Région, à la demande de laprofession, souhaite ouvrir une deuxième sec-tion de BTS MAVA option véhicules particuliersen Basse-Normandie, sous statut d’apprentis-sage ; il y a au moins un CFA candidat.Inquiets de la perte de poids de l’enseignementpublic dans leur secteur, les collègues se concer-tent. Fin 2003, le conseil d’administration du LT voteà l’unanimité une motion soutenant la demandede création de SA de BTS MAVA. Cettedemande est déposée au conseil régional, en jan-vier 2004À ce jour, la Région devrait avoir fait son choixparmi les trois CFA privés et le lycée Jules Verne.

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METIER

Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 29

LANGUES VIVANTES Interrogations sur la loi d’orientation

LES ÉVALUATIONS INTERNATIONALES : PISA 2003Mercredi 12 janvier 200514 h - 17 h Lycée Michelet à Vanves. Métro CorentinCelton, Porte de Versailles, Plateau de Vanves bus 58-89Ouvert à tousAvec la participation Antoine Bodin expert en évaluationet Anne Laure Monnier de la DEP.Tous les trois ans, sous l’égide de l’OCDE, l’évaluation inter-nationale PISA mesure et compare les compétences desélèves de 15 ans dans les trois domaines : compréhensionde l’écrit, culture mathématique ou culture scientifique.En 2003 c’est la culture mathématique qui était au centrede l’évaluation menée dans les quarante pays participants. La publica-tion début décembre des résultats a donné lieu à de nombreux com-mentaires dans les médias, ces derniers focalisant le plus souvent sur lesclassements des pays.Avant le congrès, le SNES entend mener une réflexion critique sur les éva-luations, leurs pertinences, leurs enjeux : quels sont les choix métho-dologiques retenus dans PISA, quel est le cadre théorique qui les sous-tend, quelles conclusions peuvent être tirées des résultats ? Dans quellemesure ces évaluations peuvent-elles être instrumentalisées par lesdécideurs pour justifier des orientations en matière de politique d’édu-cation ?

ET DES PRATIQUES

A C A D É M I Q U E S

O B S E R V A T O I R E S

DES PROGRAMMES

L’enseignement des LV s’inscritpour le ministère dans le cadred’une gestion plus rigoureuse

(cf. p. 27) et de la constructioneuropéenne (p. 3 et 24-25).

Quelles langues enseigner ?Le rapport Thélot souhaitait imposerl’anglais de communication inter-nationale dès le CE2 en tant quecompétence à acquérir, nous avonsexprimé notre désaccord. Le projetde loi Fillon prévoit une languevivante à l’école primaire, dès leCE1 et qu’une deuxième languevivante sera progressivement pro-posée à partir de la Cinquième.Quels seront les horaires de LV1en Sixième, de la LV2 en Cin-quième, Quatrième et Troisième ?Quelle continuité entre le primaireet le collège ?Pour le SNES, la discipline languevivante ne doit pas se transformeren simple savoir-faire. C’est unediscipline qui contribue, au mêmetitre que les autres disciplines, à laculture commune. Le ministère semble avoir renoncéà l’objet mal identifié qu’est l’an-glais de communication internatio-nale. Il est inacceptable que s’im-pose comme norme ce qui n’est pasparlé dans tel ou tel pays de lasphère anglophone. Une générali-sation de l’enseignement d’unelangue vivante au CE1 paraît sur-prenante alors que la généralisationau CE2 ne peut pas se faire fauted’enseignants. L’enseignement de lalangue vivante pose déjà beaucoupde problèmes au niveau du CM etnotamment des problèmes didac-tiques car les enseignants n’ont pastoujours reçu la formation néces-saire comme le montrent les der-niers rapports de l’inspection géné-rale ou les recherches de l’INRP deLine Audin.Ne faudrait-il pas favoriser la sen-sibilisation aux LV dès que pos-sible ainsi que les liens entrelangue maternelle et autres languesafin de permettre aux élèves d’ac-quérir une meilleure maîtrise dela langue ou des langues ?La diversification des langues dansle second degré est devenue unepeau de chagrin. Les cartes deslangues et l’instauration de pôlesdans les académies ne semblent pasrégler la question du maintien dela diversification. Celle-ci ne s’amé-liore pas, même dans les académiesqui ont affiché la politique des pôleset la volonté de sauver l’allemand oudes langues de faible diffusion.

Aucune réelle évaluation desclasses bilangues en Sixième n’aété faite pour l’instant.Les sections européennes préco-nisées restent très marginales etdéjà le « vivier » des enseignantsen DNL se pose. Elles serventd’affichage dans les différentescirculaires tandis que la diversifi-cation s’amenuise (cf. rapportn° 63 du Sénat de J. Legendre).

Quels contenus ?Selon une note de la DEP publiéeen 2004, qui a été très médiatisée etque rappelle le ministère (p. 4),l’enseignement des langues vivan-tes en France va mal par rapportaux autres pays européens évalués.Il faudrait selon le ministère réfor-mer cet enseignement en dévelop-pant la communication et en utili-sant le cadre européen commun deréférence pour évaluer les élèves. Un communiqué de presse duSNES (12 mars 2004) a analysé endétail cette note de la DEP. Il s’in-terroge sur la validité de cetteenquête menée dans plusieurs payseuropéens : peut-on comparer lesrésultats si les conditions d’ensei-gnement sont différentes et si lestatut de la langue n’est pas lemême dans les pays considérés ?Pour améliorer les compétencesorales des élèves, il faut que ceux-ci puissent travailler en groupesréduits permettant la prise deparole et avec une fréquence decours d’au moins 3 h/semaine.Il est clair aussi que l’apprentissagedes langues en France ne s’amé-liorera pas si un travail importantn’est pas fait par l’institution sur lesreprésentations qu’ont les françaisdes langues, et si les langues n’ac-quièrent pas davantage droit decité dans les médias (en multi-pliant les VO par exemple, lesémissions sur les chaînespubliques). Il est fondamental de rappelerqu’on ne peut pas avoir pour leslangues vivantes les mêmes objec-tifs dans le cadre de l’école quedans un cadre professionnel : ondoit viser certes la communica-tion mais aussi les compétenceslinguistiques et culturelles en tra-vaillant sur les liens entre langue etpensée. La pratique raisonnée de lalangue doit se faire tout au long ducursus. Il est scandaleux de laissercroire, en entretenant des ambi-guïtés entre apprentissage, maî-trise et bilinguisme, que les condi-tions d’apprentissage scolaire (sauf

l’exception que sont les filièresbilingues), pourraient être lesmêmes que les conditions d’ap-prentissage naturelle (immersiondans la famille ou dans le pays).

Quelle évaluationaux examens ?Le niveau attendu en fin de Troi-sième est de B1 en LV1 et A2 enLV2, en fin de Terminale B2 enLV1 et B1 en LV2.Ce sont ceux du cadre européende référence (la grille a été publiéedans le dernier 8 pages LV).Il est nécessaire d’évaluer l’oraltant au brevet qu’au baccalauréat sil’on souhaite que les compétencesorales des élèves progressent. La généralisation des épreuvesécrites au détriment de l’oral onteu des conséquences néfastes surla didactique des LV au lycée.L’épreuve orale du baccalauréatdoit évoluer : tous les collègues seplaignent de la liste de textes troplongue que doivent présenter lesélèves et de l’épreuve qui ne per-met pas d’évaluer les compé-tences orales du candidat maisplutôt sa capacité à mémoriser lecommentaire du professeur.

Quel cadre ?Le projet prévoit la généralisationdès le collège de « groupes deniveaux déterminés conformémentau cadre européen de référence »et un dédoublement en Terminale.Pourquoi prévoir un dédouble-ment en Terminale (si ce n’estune justification de la suppressiondes TPE) mais pas en Seconde et

en Première? Y aura-t-il dédou-blement dans toutes les séries?Ces groupes de niveaux au col-lège sont une généralisation desNouveaux modes d’organisation(NMO) expérimentés au lycée.Nous rappelons notre hostilité à lacréation de groupes de languesen dehors de la référence à laclasse. Nous ne voulons pas degroupes de niveaux dont nousconnaissons tous les inconvé-nients, quelle que soit la disci-pline. Cette nouvelle organisa-tion pénaliserait les élèves desgroupes faibles et alourdiraitencore davantage la tâche desenseignants. En effet, cette orga-nisation demande de nombreusesheures de concertation commenous l’ont signalé les collèguesqui ont mené ces expérimenta-tions dans certains établissementssans moyens supplémentaires.Loin de réduire le nombred’élèves par classe, elle conduiraà accroître les effectifs par classe.Beaucoup d’interrogations demeu-rent sur les postes nécessaires pourintroduire les dédoublements enlycée, la LV en Cinquième, surla façon d’améliorer réellementl’enseignement des languesvivantes et d’assurer le maintiend’une réelle diversité. �

Thérèse Jamet-Madec,Martine Villy

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30 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

PHILOSOPHIE

Enseignement de la philosophieen séries technologiques

SCIENCES ET TECHNIQUES DE LABORATOIRE

Quel avenir pour les spécialités?

Le stage du 19 novembre 2004était consacré à l’enseigne-ment de la philosophie dans

les séries technologiques. Nous avons rappelé le contenude la rencontre entre le SNES et legroupe d’experts (GEPS). Nousavons fortement insisté sur l’idéede maintien d’une culture com-mune qui impose clairement descontenus exigeants et en cohé-rence avec l’esprit de l’enseigne-ment philosophique tel qu’il estpratiqué dans toutes les séries.Notre principal souci a été de luirappeler l’importance de la voietechnologique aux yeux du SNESet son attachement à la place del’enseignement de la philosophiedans cette voie, qui est et doit res-ter une voie de réussite (le tauximportant de poursuite d’étudesdes bacheliers technologiquesaujourd’hui en est un indice). Ilnous faut constamment luttercontre le discours qui tend à déva-loriser cette voie et à en faire uneorientation « par défaut », ainsique contre la tendance à réduireles flux d’élèves vers ces séries.Pour autant, nous n’en avons pasmoins conscience de la spécifi-cité de l’enseignement de la phi-losophie dans la voie technolo-gique, spécificité qui se manifestepar une forte demande, de la partdes élèves, d’une explicitation

peut-être plus large, et de laconstruction de médiations per-mettant de s’approprier les conte-nus de savoirs et les pratiques dela réflexion philosophique.En ce qui concerne le choix desnotions, nous avons égalementsouligné qu’il importait de pré-server un juste équilibre entre desnotions plus axées sur la pratique(du type justice, travail, échanges,politique, et même langage...) etd’autres qui relèvent plus de laphilosophie générale, voire de lamétaphysique (comme le sujet,la liberté, la vérité, la nature, lamort, le bonheur, voire la reli-gion). Cette double orientation,outre qu’elle paraît susceptiblede maintenir la double exigenceprécédemment rappelée, ren-contre en effet, si l’on en croitles témoignages des collèguesenseignant dans ces séries, lademande des élèves, chez qui l’in-térêt pour la philosophie ne seraitpas lié exclusivement à leur domi-nante disciplinaire. De ce pointde vue, le contenu du programmeFichant offre une certaine diver-sité, même si l’on peut s’étonnerde certains choix (en particulierl’absence insistante de la notionde langage, déjà écartée, malgré lademande du groupe philo duSNES, du programme des sériesscientifiques).

Quant aux documents d’accom-pagnement, le GEPS n’a pas sou-haité en produire. Il s’est limitéstrictement à la confection duprogramme. La question deshoraires, des coefficients, demême que celle des épreuves etde l’évaluation (qui ne rentrenten aucune façon dans ses attri-butions) ont donc été laissées decôté. Nous avons obtenu l’assu-rance qu’un paragraphe portantsur le travail des élèves et lanécessité d’une réflexion com-mune sur les pratiques philoso-phiques, issu de la version ini-tiale du programme Fichant pourles séries technologiques, seraitréintégré dans le texte. Ce n’estpas suffisant, et en particulier toutce qui touche aux horaires et auxconditions d’enseignement(dédoublements pas toujoursfaits...) n’est absolument pas prisen compte. Le SNES pour sa partprendra ses responsabilités etdemandera une audience à laDESCO pour faire entendre sesdemandes.Sur les conditions de la consulta-tion, il semble que le ministèren’ait pas prévu de faire bénéfi-cier les collègues de réunions detravail interacadémiques sur lenouveau programme. Pourtant lescollègues qui enseignent dans cesséries, et aussi ceux qui n’y ensei-

gnent pas ou plus, ont à débattrecollectivement, non seulement ducontenu du programme, mais desconditions d’enseignement dansces séries, ce qui n’a pas été prévuà ce jour !Les échanges qui ont eu lieu lematin du stage ont permis derevenir sur nos expériences,diverses de par la multiplicité desséries et des élèves dont nousavons la charge, et fait apparaîtreclairement le souci de prendre encompte tous les éléments de notreenseignement, le problème deshoraires et des coefficients, desconditions d’enseignement et despratiques, les attentes des col-lègues en termes de formation,la question de l’évaluation – donton sait à quel point elle est déter-minante sur l’interprétation quiest faite d’un programme – etcelle, incontournable, desépreuves.Les difficultés, parfois bienréelles, du terrain, nous font tou-cher du doigt à la fois la nécessitéde faire de la voie technologiqueune authentique voie de réussite,mais aussi les obstacles qui s’yopposent encore, et l’on sait quel’on ne peut tout résoudre par unsimple changement de pro-gramme. �

Julien Cueille,Jean-Noël Gramling

La rénovation de la série STLs’engage dans des conditionsbien différentes et beaucoup

moins définies que celle de lasérie STI, pour laquelle les tra-vaux ont commencé sur la based’un projet global qui concernel’ensemble des baccalauréats decette série.La situation la plus claire est cellede la spécialité « biochimie-géniebiologique », pour laquelle ungroupe de travail a commencé lestravaux de rénovation, suite à unecommande ministérielle. Pour lesdeux autres spécialités, chimie etphysique de laboratoire (CLPI etPLPI), les hypothèses suivantessemblent être, ou avoir été envi-

sagées. L’idée d’une fusion desspécialités chimie et biochimie aété explorée lors de la premièreréunion du groupe de travail «bio-chimie-génie biologique», pourêtre finalement écartée. En ce quiconcerne la spécialité « phy-sique », deux projets paraissentexister : l’un intègre cette spécia-lité dans la nouvelle architecturede la série STI, dans le baccalau-réat « ingéniérie des systèmesautomatiques », l’autre envisa-geant une fusion des deux optionsdu baccalauréat «PLPI » (mesuresphysiques et optique, et contrôleet régulation) et du baccalauréat«génie optique ».C’est donc le terme d’incertitude,

pour ces deux spécialités, quisemble le mieux caractériser leursituation actuelle. Pour le SNES,la nature, très différente, des troischamps (biochimie - microbiolo-gie, physique et chimie ) sur les-quels sont construits les trois spé-cialités de cette série, justifie lemaintien d’une structuration iden-tifiant trois baccalauréats. Cettesérie peut contribuer à développerl’accès aux études scientifiques, àpartir d’une approche technolo-gique : c’est dans cette optiqueque les travaux de réformedevraient s’engager, plutôt qued’envisager des regroupementsartificiels. Rappelons enfin quele fait qu’une formation soit peu

répandue ne saurait être la seulejustification à sa transformation,d’autres critères devant entrer encompte lorsqu’il s’agit de déciderde la pertinence de son existenceFaites-nous parvenir avis ou ana-lyses sur le devenir de la série. �

Pierre Narbonne

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 31

SCIENCES ET TECHNIQUES INDUSTRIELLES

L’année de tous les dangers«N

ous voulons construire desséries générales technolo-giques industrielles » a

déclaré un inspecteur général lorsde la dernière commission pro-fessionnelle consultative de lamétallurgie. L’orientation des for-mations serait donc profondémentmodifiée.En effet, des groupes de travail,pilotés par l’Inspection Générale(IG), ont commencé à élaborerles maquettes des cinq baccalau-réats technologiques industriels(1).Selon nos informations, l’Ins-pection Générale chercherait àredéfinir des contenus davantagetransversaux et plus tournés versdes concepts généraux. Ainsidisparaîtraient les supports spé-cifiques (bois, systèmes motori-

sés, structurelles métalliques,optiques, matériaux...) au profit depédagogies davantage centréessur l’analyse système. Concrète-ment, dans les établissements neseraient conservés qu’environ30% des équipements. Dans lemême temps, les horaires élèvesseraient limités aux alentours de30-32 heures, la langue vivante 2serait imposée, ce qui entraîneraitune forte baisse des horaires desenseignements technologiques.S’il est nécessaire de rénover lescontenus des STI, cette rénovationne peut pas faire abstraction del’existant.Pour le SNES, une des failles duprojet de l’IG est de ne pas avoiranalysé les motivations des élèvesqui suivent ces formations. En

particulier, pourquoi ce sont lesformations les plus générales quiperdent des élèves, alors que lesformations centrées sur desdomaines spécifiques maintien-nent leurs effectifs ?En généralisant les STI, on perdrade fait les formations les plus por-teuses : l’Inspection Généralecommet une erreur d’analyse dra-matique pour les formationsindustrielles, pour les enseignantset pour la réussite des élèves.La force des séries technologiquesest de développer des activités etdes projets s’appuyant sur dessupports techniques choisis parles élèves en relation avec leurprojet de formation vers le bac etau-delà. Il ne faudrait pas oubliercette réalité. Il faudrait en parti-

culier mettre en débat le cadragede cette réforme(2), et travailler àla fois sur les contenus des ensei-gnements technologiques et géné-raux en cohérence et complé-mentarité. �

Thierry Reygades

(1) Voir L’US n° 607 du 16/10/2004.(2) Le SNES réclame « la lettre decadrage » que le ministère refuse defournir.

CONSEILLERS PRINCIPAUX D’ÉDUCATION

L’évolution du métier au regard de la loi d’orientationL

a loi d’orientation de 1989,en modifiant le statut de1970, avait ouvert de nou-

velles perspectives à la concep-tion du métier. En inscrivant dansun décret « les CPE sont associésaux personnels enseignants pourassurer le suivi individuel desélèves et procéder à leur évalua-tion...», elle confère aux CPE unchamp de responsabilités plusimportant.Mais le CPE ne dispose pas d’uncontenu de programme à trans-mettre, mais plutôt des savoir-faire et des savoir-être qui contri-buent à permettre à l’élève deconstruire ou de consolider sespropres savoirs et de communi-quer. Ces « savoirs » ne peuventpas être mis sur le même planque les notes des contrôles orauxet écrits par matière. Son rôle estsurtout de mettre des élèves dansles meilleures conditions pos-sibles d’apprentissage.La «note vie scolaire » ne peutêtre une appréciation chiffrée, etl’obtention d’un diplôme doit res-ter liée à l’évaluation de résultatset en aucun cas à l’attitude ou aucomportement, ou à l’engagementde l’élève dans la vie de l’éta-blissement. Le CPE lors desconseils de classe intervient dans

l’appréciation globale, en appor-tant des informations complé-mentaires sur les élèves, il peutexpliquer un comportement, ourelativiser certaines analyses. Ilest souvent la mémoire de la sco-larité et d’une partie du vécu desélèves. Il assure le lien tout lelong de la scolarité, surtout lors-qu’il suit, comme c’est souvent lecas, des cohortes d’élèves.La traduction comportementaledans une note chiffrée « vie sco-laire», serait susceptible d’alté-rer le relationnel qui existe entrele CPE et les élèves. Par exemple,les fonctions de médiation,d’écoute, s’en trouverait dénatu-rées. L’apprentissage à lacitoyenneté conçu comme desréflexions et pratiques forma-trices, pourrait conduire certainsélèves à devenir des profession-nels de la délégation. Il ne peut enaucun cas être confondu avec lapratique de la civilité, car lacitoyenneté à l’école ne doit pasdevenir le nouveau nom de la dis-cipline ou être le substitut de l’au-torité perdue.A la différence des professeurs, leCPE gère non un groupe restreintd’élèves, mais une masse sou-mise à une discipline collective del’établissement. Souvent seul en

collège, le CPE ne peut connaîtretous les élèves de la même façon,et l’évaluation par le biais d’unenote chiffrée serait délicate, voireimpossible et surtout partiale.L’évaluation de l’assiduité et du

comportement doit rester cequ’elle est aujourd’hui, unesimple possibilité de mention surles bulletins et non devenir unenote de conduite. �

Evelyne Salé

AFFECTATION DES ENSEIGNANTS À ST-PIERRE-ET-MIQUELON ET DES CPE ET CO-PSY À MAYOTTE

Le BO du 16 décembre 2004 rappelle les modalités de candidature pourles collectivités territoriales de Saint-Pierre-et-Miquelon et Mayotte. Le dossier doit être rempli en l igne sur le site SIAT(www.education.gouv.fr, rubrique « personnels, concours, carrière »puis « enseignants ») du 10 au 24 janvier 2005, puis édité en deuxexemplaires (pièces justificatives en un seul exemplaire) et transmis auchef d’établissement avant le 25 janvier 2005. Lesdits dossiers devrontêtre reçus par la DPE B4 avant le 7 février 2005. Sont concernés par ce mouvement tous les personnels du second degrésouhaitant s’installer à Saint-Pierre et les seuls CPE, CO-Psy et directeurde CIO souhaitant muter à Mayotte. Cette année encore le MEN « ne donne pas priorité» (sic !) aux collèguesde plus de 56 ans et à ceux ayant accompli moins de deux années dansune académie métropolitaine ou dans le même DOM. Deux conditions tota-lement inacceptables parce qu’elles tendent à limiter sans aucune jus-tification la mobilité des personnels... ce que nous combattrons lors dela FPMN correspondante.Pour tout renseignement concernant les conditions de vie et de rému-nération dans ces deux territoires, vous pouvez consulter le site dusecteur Hors de France (www.hdf.snes.edu), rubrique recrutement puisTOM, ou nous joindre par téléphone (01 40 63 29 41) ou par [email protected]. N’oubliez pas de nous faire parvenir votre fiche syndicale (téléchargeablesur notre site) !

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32 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

METIERCO-PSY

De qui parle le ministre ?

RENTRÉE 2005 EN COLLÈGE

Mise en place de la nouvelle Troisième

Le projet de loi d’orientationpour l’École, qui est en faitune révision du code de

l’Éducation, a été présenté auCSE le 16 décembre. Il n’a reçu lesoutien que du MEDEF, de laCG PME, de l’Association desmaires de France et de la CGC.Pour l’essentiel les mesures lesplus rétrogrades ont été mainte-nues : retour à un lycée filiarisé,disparition du deuxième ensei-gnement de détermination,bourses au « mérite », délestageprécoce vers l’apprentissage, socleminimum pour les uns et ouver-ture culturelle pour les autres...En ce qui concerne l’orientation,le code de l’éducation qui reprend

les lois existantes, notamment laloi de 1989 n’évoque que les«personnels d’orientation». Nousavions déjà alerté à l’époque, surle flou d’une telle appellation quipeut désigner n’importe qui.Dans le rapport annexé au projetde loi, le ministre confie aux« conseillers d’orientation » lamission de prévoir avec les pro-fesseurs principaux les actionsqui permettront aux élèves de pré-parer leur poursuite d’études ouleur avenir professionnel.De quels personnels s’agit-il ?Officiellement il n’y a plus de«conseillers d’orientation » dansl’Éducation nationale !Contrairement à ce qu’affirmait

encore le cabinet lors de notredernière audience, le MENsemble donc bien avoir tranchésur les évolutions du corps quiapparemment passeraient obliga-toirement par la suppression dutitre de psychologue ! L’ajout dans le projet de loi de laréférence aux « perspectives pro-fessionnelles liées aux besoinsprévisibles de l’économie »confirme la volonté d’encadrerles possibilités d’orientation enfonction des débouchés locaux età court terme. (On remarque quela première rédaction qui situaitles besoins sur le long terme aété modifiée.) Ce projet doit êtreprésenté au conseil des ministres

du 12 janvier. C’est le moment devous exprimer en faisant parvenirdes messages au cabinet duministre pour protester contre lamise en place d’une École ségré-gative où les choix d’orientationseront largement déterminés dèsle début du collège et où il s’agitdavantage de révéler des «talents » que de les faire naître etde les développer. Dans cecontexte, c’est sûr, des conseillersd’orientation-psychologuesseraient, comme le soulignel’OCDE, trop « coûteux » !Alertons les parents, informonsles élus et participons activementà la grève du 20 janvier. �

Catherine Remermier

La nouvelle Troisième seramise en œuvre à la rentréeprochaine, conformément à

l’arrêté du 2 juillet 2004, publié auBO n° 28 du 15 juillet 04 (consul-table sur notre site). Désormais iln’y aura plus qu’une classe deTroisième et la LV2 devient obli-gatoire pour tous les élèves (saufceux en grande difficulté qui choi-siront le module de découverteprofessionnelle de sixheures).Parmi les nouveautés, figure l’op-tion de découverte professionnellede trois heures (DP3) dont lecontenu sera défini par un arrêtésoumis au prochain CSE. Nousrappelons que le SNES n’a jamais

été demandeur de cette option.Offerte à tous les élèves, elle doitselon nous constituer une ouver-ture culturelle sur le monde dutravail et l’ensemble des métiersexistants (pas seulement ceux pré-parés par la voie professionnelle).Elle ne saurait se réduire à uneéducation à l’orientation, mais aucontraire amener les élèves à voirle travail «vivant» dans sa com-plexité, dans les ressources indi-viduelles et collectives qu’il mobi-lise, dans ses évolutions, à aborderdes notions élémentaires de droitdu travail, de sécurité au travail...Si le texte soumis au CSE diffèreconsidérablement du projet initial

et prend en compte certaines denos critiques, le contenu de cetteoption reste décevant à bien deségards : nous y reviendrons dansune prochaine US.Ne constituant pas une discipline,cette option a vocation à être priseen charge par une équipe pluri-disciplinaire restreinte. Au-delàdu respect du volontariat des per-sonnels que nous exigeons (afinque l’option ne serve pas devariable d’ajustement des ser-vices) se pose la question légi-time de leur formation. Se poseégalement la question du finan-cement de ces trois heures dans lecontexte actuel de saignée bud-gétaire. Pour toutes ces raisons,nous appelons les personnels descollèges à refuser systématique-ment de mettre en place cetteoption si l’établissement ne reçoitpas le complément de dotationnécessaire (et a fortiori si aucuneéquipe ne se porte volontaire). Rien ne justifie que les élèvesconcernés par l’option de troisheures soient regroupés dans unemême classe. Mais le module desix heures (DP6) implique davan-tage la constitution d’une classe,celle-ci étant alors plutôt implan-tée en LP. Cette mesure transi-toire réservée, à notre demande, àun public restreint d’élèves repé-rés en voie de décrochage sco-laire fera l’objet d’une évaluationau terme de deux années de fonc-

tionnement. Qu’elle soit implan-tée en collège ou en LP, la classeà DP6 doit garantir aux élèvesconcernés le même tronc com-mun que les autres (hormis laLV2) avec respect des horaireset programmes nationaux pourchaque discipline. Nous deman-dons donc un effectif restreintpour permettre aux élèves d’entrerefficacement dans tous lesapprentissages.La classe a vocation à se substituerà toutes les classes plus ou moinsdérogatoires actuelles (Troisièmed’insertion, technologique, pré-paratoire à la voie profession-nelle...). Nous avons toutefoisappris que la DESCO souhaiteune suppression « en biseau » desTroisièmes d’insertion. Là où ellesexistent, il appartient aux équipesconcernées de faire remonter àleur IA (via le CA) si elles sou-haitent le maintien ou la fermeturede leur Troisième d’insertion... età en informer le S2/S3. L’im-plantation en LP de ces classesétant décidée par l’autorité aca-démique, après consultation desComités techniques paritaires,c’est en effet aux niveaux dépar-temental et académique que leSNES pourra veiller à ce qu’ellesne soient pas créées à côté desTroisièmes dérogatoires exis-tantes, mais bien à la place. �

Ingrid Huet etMonique Parra-Ponce

ENSEIGNEMENTS ARTISTIQUES : INSCRIVEZ-VOUS AU COLLOQUE

ET SIGNEZ-LE MANIFESTEN’oubliez pas de vous inscrire au col-loque national SNES-SNEP des 3 et4 février 2005 (voir US n°611 du 17décembre 2004). Pour tout renseigne-

ment : http://www.snes.edu/clet/rubrique.php3?id_rubrique=94 ou 01 4063 28 47.Le manifeste SNES-SNEP pour l’Art à l’école est déjà signé par des orga-nisations syndicales et associations : APEMU, CRAP, SNUEP-FSU, SNEPAP-FSU, SNU-CLIAS-FSU, SNAC-FSU, SNESUP-FSU, SNUPDEN-FSU, SNICS-FSU, UNSEN-CGT. Signez-le, diffusez-le et faites-le signer.Il est signable en ligne : http://www.snes.edu/petitions/?petition=5 ettéléchargeable : http://www.snes.edu/clet/article.php3?id_article=856(voir aussi l’US n°611 du 17 décembre 2004).

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Coopération syndicaleLe SNES est engagé depuis plusieurs années avecla NEA (USA), la FCE (Canada) et l’AEU (Australie),dans le programme de coopération syndicale JohnThompson ; ce programme est destiné à la forma-tion de responsables syndicaux de pays d’Asie,avec l’objectif de renforcer leurs capacités d’orga-nisation et d’action. La session 2004 s’est tenue du13 au 29 octobre à Kuala Lumpur (Malaisie) avec22 stagiaires venus de syndicats de sept états del’Inde, et du Sri Lanka. Le SNES a co-financé et par-ticipé à la conception et à l’animation du stage.

« Pratiquer la démocratie »Un nouveau programme de formation « Pratiquerla démocratie » conçu par le SNES et mis en œuvrepar le CSFEF après une préparation collective dansune cellule pédagogique pluriculturelle, a été testéà Dakar (Sénégal) du 25 au 28 octobre 2004 et àLibreville (Gabon) du 31 octobre au 4 novembre.À Libreville ont participé les responsables syndicauxdu SENA (20 personnes) ; à Dakar y ont participé5 syndicats de l’éducation, en tout 57 séminaristes.Le programme a remporté un franc succès : durantles deux derniers jours les participants se sontcréés leurs propres supports d’intervention dansdes assemblées publiques avec leurs compa-triotes : dessins, chants, labyrinthe, textes ont étéconçus afin de rappeler le sens profond du vote, àla fois pouvoir, droit et devoir, condition politiquede toute démocratie.

Formation

Stage

INTERNATIONAL

Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 33

Ces deux événements se sont déroulésavec la participation des ONG impli-quées dans le processus de l’Éducation

Pour Tous. Les syndicats francophones présentsont été pris en charge grâce à une subventionde l’Agence Intergouvernementale de la Fran-cophonie, via le Comité syndical francophonede l’éducation et de la formation (CSFEF).La présentation des études de cas régionalesd’Afrique, d’Asie, d’Amérique Latine et dumonde arabe a permis de lancer le débat surle renforcement des capacités des organisa-tions de la société civile (OSC), et d’exami-ner les besoins réels sur le terrain et les défismajeurs à relever.Des discussions inter-régionales sur la défini-tion des priorités conjointes selon les besoinscommuns ont permis de dégager les orienta-tions suivantes : les ressources pour le renfor-cement des capacités ; la mise en réseau ; lepartage de ressources pour le renforcementdes capacités ; l’élargissement et le déplace-ment des modèles/cadres de renforcementdes capacités ; l’engagement dans les poli-tiques de développement de l’éducation ; ladéfinition des objectifs stratégiques, desactions possibles et des partenaires.Ces priorités devraient être transformées enplans d’action au niveau régional. La défini-tion du rôle de la consultation collective desONG sur l’EPT (CCONG/EPT) ainsi quecelui de l’UNESCO ont été évoqués. Toute-fois, un accent particulier a été mis sur l’éla-boration des plans d’action nationaux et lamise sur pied des véritables coalitions natio-nales prenant en compte tous les partenairesimpliqués dans l’Éducation Pour Tous.Les travaux de la réunion annuelle de laCCONG ont débuté par le lancement régio-nal du Rapport mondial de suivi 2005 qui asuscité un véritable débat, notamment surl’efficacité du dispositif pour atteindre l’ob-jectif EPT, et sur la place accordée à la socié-té civile dans l’élaboration et l’exécution desplans nationaux.La projection d’une cassette vidéo sur lesjeunes et les enfants dans les zones deconflit, qui traitait de la Palestine, a soulevéun débat houleux autour de l’élaborationd’une déclaration devant tenir compted’autres zones dans le monde se trouvantdans la même situation, telles que : la Répu-blique Démocratique du Congo (RDC), leDarfour et autres...Des initiatives du développement de laCCONG/EPT ont été mises en exergue. Ils’agit : d’une initiative d’alphabétisation pour

les exclus ; de contributions de la société civi-le au Rapport de suivi mondial 2006 ; decontributions des OSC au sommet mondialsur les objectifs du développement du millé-naire (ODM).En conclusion, les participants ont manifestéleur inquiétude quant à l’atteinte des objectifsde l’EPT par rapport à la situation actuelle surle terrain et les insuffisances de financement. Lessyndicats, minoritaires dans ces assises, ontinsisté à travers leurs interventions surl’Éducation publique et de qualité pour tous quimet l’enseignant au centre car son action estdéterminante dans le processus.Certains participants ont a nouveau mis enaccusation les États du Nord qui prétendentvouloir réaliser les objectifs de Dakar surl’EPT alors qu’ils mènent des politiquescontraires aussi bien dans leurs coopérationsbilatérales qu’à travers les instances interna-tionales où ils siègent. Ces critiques portentnotamment sur les politiques qui sont impo-sées aux États en matière de recrutement, deformation et de rémunération des person-nels.Afin de jouer un rôle plus efficace dans ceprocessus de promotion et de réalisation del’EPT, les organisations syndicales et lesONG francophones ont décidé de la mise enplace d’un réseau d’information et d’échan-ge pour permettre aux coalitions nationalesde s’enrichir de réussites d’autres pays etpour peser plus efficacement au niveau inter-national. �

Roger Ferrari

ÉDUCATION POUR TOUS (EPT). À Beyrouth, se sont tenus sous l’égide del’UNESCO, le séminaire international sur le renforcement des capacitéspour l’engagement de la société civile dans les politiques de l’EPT du 7 au8 décembre 2004, ainsi que la réunion annuelle 2004 de la consultationcollective des ONG sur l’Éducation Pour Tous du 9 au 11 décembre 2004.

Rencontre de Beyrouth

NOS COLLÈGUES EN AFRIQUELa situation sociale de nos collègues en Afrique ne s’améliore pas. Nous avons eu des contactstéléphoniques avec des organisations membres de l’IE. Dans plusieurs pays les enseignants ontappelé à des manifestations et à des actions de grève. C’est le cas notamment au Bénin, au Sénégalet au Niger pour les salaires et le déroulement des carrières.Au Bénin. Les collègues font 3 jours de grève par semaine depuis le 12 octobre 2004, le Secrétairegénéral du SYNEMP Bénin nous a précisé les demandes qui sont : paiement des rappels de pro-motion ; le décrochage du traitement des enseignants de la grille salariale de la fonction publique ;la négociation du statut juridique des contractuels de l’État ; bilan de santé pour les enseignants ;droit à la formation continue pour tous les enseignants.Au Niger. Dans un récent contact, le Secrétaire général du Syndicat des Enseignants du Niger(SNEN) nous a dit : « Les cours n’ont pas repris normalement au Niger depuis le 4 octobre 2004,c’est la grande mobilisation des enseignants dans tout le pays, il y a des meetings, des marches àl’appel du SNEN ». Les revendications sont : évaluation des élèves par les enseignants ; déblocagedes salaires et des régimes indemnitaires bloqués depuis 5 ans ; réforme de la retraite des ensei-gnants ; arrêt du recrutement d’enseignants non qualifiés appelés « volontaires » ; recrutementd’enseignants qualifiés.Après toutes ces actions et des interventions des associations de parents d’élèves et des droitsde l’homme, le gouvernement nigérien a annoncé l’ouverture des négociations avec les syndicats.Le SNES suit attentivement l’évolution de la situation. Issa Koulibaly

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34 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

CATÉGORIESTAUX DE RÉMUNÉRATION DES HSA ET DES HEURES DE COLLES, MAXIMA DE SERVICE : c’est la confusion la plus totale depuis que l’administration utilise des logiciels mal programmés, qui remettent en cause rien moins que les décrets de 1950.

CPGE : heures supplémentaires,entre gabegie et irresponsabilitéD

’une académie à l’autre, onest stupéfait de l’ampleurde la confusion qui s’est

installée depuis qu’en dépit detoute logique, l’administrationsemble avoir décidé que le tauxde rémunération des HSA desprofesseurs de CPGE serait lié àl’effectif de la classe où ilsenseignent. Les collègues ayantdes effectifs pléthoriques aurontainsi une augmentation d’envi-ron 10 %, ceux en effectifsfaibles une diminution du même

ordre, la majorité ne sera pastouchée. Pourtant la circulairedu 29 mars 2004, qui doit beau-coup à la persévérance duSNES, en abrogeant les inégali-tés entre disciplines, avait clari-fié la situation. Il n’existe plusque deux maxima de service debase : 10 heures en premièreannée, 9 heures en deuxièmeannée et l’on attendait une sim-plification du même ordre pourla rémunération des HSA et desheures de colles. Des effectifs

faibles ou pléthoriques peuventmodifier ces maxima mais pour-quoi cela aurait-il désormaisune incidence sur le taux desHSA ? Cette mesure noussemble injuste et, après enquêteet courriers auprès de la DPE,l’origine de celle-ci reste incon-nue, les rectorats répondent« c’est le logiciel, c’est le logi-ciel ! ». Si l’on persistait, c’esttoute l’interprétation du décretde 1950 depuis 53 ans qu’il fau-drait revoir et une telle mesuredevrait alors s’appliquer auxprofesseurs du secondaire. Parexemple l’heure de premièrechaire produirait mécanique-ment une augmentation de 7 %du taux de l’HSA. Mais ontouche à l’absurdité la plusaiguë lorsque l’on apprend quecertains rectorats s’apprêtent àpayer les heures d’interrogation(colles) selon les effectifs de laclasse, alors que ces interroga-

tions sont individuelles ou pargroupe de 3 (scientifiques) à 12(informatique) ! Le logiciel en ad’ailleurs perdu la raison, cer-tains codes taux étant introu-vables, tout paiement est sus-pendu jusqu’à nouvel ordre. Lesprofesseurs, les étudiants ouassistants qui interrogent enprépa depuis le mois de sep-tembre apprécieront. Pour notrepart, nous sommes sidérés de lalégèreté de l’administration, quin’a consulté personne, a déjugéune précédente directive de ladirection des affaires financièreset renvoie maintenant la respon-sabilité au bureau des classespréparatoires, qui s’occupe dequestions pédagogiques ! Nousattendons une réponse claire àce sujet avant de publier de nou-veaux taux, car nous espéronsque la raison prévaudra. �

Jean-Hervé [email protected]

DE NOUVELLES PROCÉDURES D'ÉVALUATION DES ENSEIGNANTS sont expérimentées dans le plus grand secret.Elles concentrent dans les mains du chef d'établissement l'essentiel de l'évaluation.

Infantile et malsainL

’évaluation des fonction-naires est en pleine transfor-mation. Cette évolution, le

ministère voudrait bien l'étendreà tous les personnels de l’Éduca-tion nationale, en particulier auxenseignants. Des expériencessont mises en place dans cer-tains établissements, souventdans le plus grand secret, sansaucune concertation. Cela donnedes résultats comme celui quevous trouverez ci-joint. Si lesujet n’était pas aussi sérieux onpourrait sourire de l’apprécia-tion (A pour acquis, NA pournon-acquis, etc.) qui est la copiedu modèle d'évaluation desélèves du premier degré. Chacunaura noté que les items proposés

portent, pour une part impor-tante, sur l’activité pédagogiquede l'enseignant dont l’évaluationse trouve, de fait, transféré auchef d’établissement. On sedemande comment un chefd’établissement peut apprécier«l’adaptation aux programmes»ou « la lisibilité de la progres-sion» pour l’enseignement dansune discipline où il n'a aucunecompétence. L’absence de noteclôturant cette évaluation metbien en évidence la volonté dene plus faire appel à desbarèmes chiffrés, barèmes dontl’existence est pourtant le seulmoyens d’assurer une véritabletransparence. À travers une telleévaluation c’est la nature même

de notre métier qui est remis encause, l’essentiel des item repo-sant soit sur l’apparence soit surdes activités qui ne constituentpas le noyau dur du métier d’en-

seignant. Aujourd’hui le minis-tère reste silencieux sur cesexpérimentations.

Daniel [email protected]

MAXIMA DE SERVICE CPGESelon le décret de 1950, les maxima de service CPGE s’appliquentaux professeurs ayant un service complet en classes préparatoires.Nul besoin d’avoir un poste étiqueté CPGE pour en bénéficier, lescollègues effectuant une suppléance complète en CPGE y ont aussidroit. Depuis la rentrée, invoquant l’utilisation d’un nouveau logi-ciel, certains rectorats contreviennent au décret de 1950 : c’est trèsgrave et nous intervenons fermement. L’informatique est au servicede l’homme, et non le contraire.

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 35

Candidatures et sélectiondes dossiersMinistères, hôpitaux et collecti-vités territoriales sont invités àproposer des postes pour l’ac-cueil en détachement des ensei-gnants. Pourront y postuler lesenseignants totalisant au moinsquinze années de service d’en-seignement. Les modalités decandidature et de formulationdes vœux doivent être préciséespar arrêté et ne sont pas encoreconnues. Une « commission d’instructionet d’orientation » créée auprèsdu recteur formule un avis surchaque dossier, en fonction despréférences du candidat, à partirde la qualification et des « com-pétences et de la manière deservir » des candidats, appré-ciées par l’inspecteur et le chefd’établissement.C’est ensuite à l’administrationd’accueil de faire connaître sonchoix parmi les dossiers qui luiauront été transmis.

Détachement puisintégrationPendant la première année, l’en-seignant est détaché auprès desa nouvelle administration. Ilreçoit une formation d’adapta-tion à l’emploi. Il lui est garantiune « rémunération globale » aumoins égale à celle qu’il perce-vait antérieurement.

À l’issue de cette premièreannée, l’intégration dans le nou-veau corps ou cadre d’emploipeut être prononcée à la demandede l’intéressé et sous réserve del’accord de l’administration d’ac-cueil. L’éventuelle indemnitécompensatrice qui maintenait sarémunération globale antérieurecesse de lui être versée. Sa rému-nération suit alors les règles ducorps d’accueil, le reclassementétant censé assurer un indicesupérieur ou égal à celui détenuantérieurement. Pendant cinq ans, le retour dansle corps d’origine est de droit.

L’intervention syndicaleL’intervention de la FSU a per-mis en premier lieu, d’ouvrir lebénéfice de ce dispositif à tousles enseignants du premier et dusecond degré, le projet initialécartait les AE, PEGC, institu-teurs et CE d’EPS. En revanche,le texte voté par le Parlement nementionne que « les corpsenseignants », écartant notam-ment les personnels d’éducationet d’orientation. En commissiondu conseil supérieur, la FSU avoté un vœu pour qu’ils puis-sent être concernés.En second lieu, nous avons faitretirer comme élément d’appré-ciation de la valeur profession-nelle « l’investissement profes-sionnel au-delà de la classe, dans

SUR LE FOND

Départs anticipési

Dispositif longuescarrièresDepuis le 1er janvier 2005 les départsen retraite anticipée sont désormaisaccessibles aux fonctionnaires (loi deFinances pour 2005, article 119), maismalgré les améliorations obtenues surle dispositif initialement envisagé(suppression de la durée minimum deservices publics), les conditions exi-gées restent restrictives et le disposi-tif n’entrera pleinement en vigueurqu’en janvier 2008.Voir supplément à L’US n° 604 du16 juin 2004, page 14.

Retraite des fonctionnairesiparents de trois enfantsi

Un nouveau reculvoté au SénatLes dispositions applicables pour ledépart en retraite des fonctionnairesparents de trois enfants viennentd’être brutalement modifiées (1). Ledroit à la liquidation de la pension deretraite avant 60 ans et après 15 ansde service est désormais lié à la« condition d’une interruption de l’ac-tivité pour chacun des enfants ».L’amendement adopté écarte de faitles pères de famille du droit à cettedisposition. Il s’applique à toutes lesdemandes qui n’ont pas encore donnélieu à une décision de justice. Il va également se traduire par unerégression pour de nombreusesfemmes. L’expérience a en effet mon-tré qu’un tel arbitrage, déjà retenupour la bonification pour enfant, a defait privé aussi des milliers de mèresde ce droit. La FSU, avec les collèguesconcernées n’a cessé de dénoncer cesrégressions. En dépit d’une disposition complémen-taire (2) permettant « d’assimiler à uneinterruption de l’activité toute périoden’ayant pas donné lieu à cotisationobligatoire dans un régime de base deretraite », ce vote n’en constitue pasmoins un nouveau recul des droits desfemmes fonctionnaires en matière deretraite.La FSU déplore le mépris avec lequelle gouvernement a systématiquementesquivé ses questions sur ce dossier etdénonce tant le procédé que la déci-sion. La loi renvoie à la publication dedeux décrets en Conseil d’État, dont larédaction peut être déterminante pourun grand nombre de mères de famille.La FSU poursuivra ses interventions etinvite les personnels à se mobilisermassivement le 20 janvier.

(1) Loi de finances rectificative pour 2004,article 136, JO du 31/12/04(2) Elle ne vaut, actuellement, que pour ce texte(parents de trois enfants).

SECONDE CARRIÈRE Le gouvernement annonce qu’environ 500 enseignantspourraient bénéficier dès la rentrée 2005 d’un détachement en application de la loi Fillon de 2003. Les décrets d’application seront publiés au coursdes prochaines semaines, mais les projets d’arrêtés qui doivent les compléterne nous sont pas encore connus.

Détachement, et plus si affinités

ou en dehors de l’établissement ».L’administration a refusé laconsultation des CAP, maiss’est engagée à ce que la com-mission d’instruction et d’orien-tation comprenne des représen-tants des personnels.Enfin, elle a écarté notredemande d’assurer, le caséchéant lors de l’intégration, lebénéfice de l’indice à titre per-sonnel. � Anne Féray

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S’il répond à un besoin de mobilité professionnelle,ce dispositif est limité. Le gouvernement annonce500 emplois environ pour la rentrée 2005, un mil-lier par an ensuite alors que les ayants droit sontenviron 400 000.Les suppressions d’emploi annoncées hypothè-quent ces engagements et laissent prévoir des ten-sions fortes dans les administrations d’accueil quidevront départager recrutements externes, promo-

tions de leurs agents et postes offerts aux ensei-gnants.La qualité de la formation sera déterminante.La FSU a rappelé son opposition à la loi de réformedes retraites. Elle a renouvelé ses demandes d’uneCPA attractive, de rétablissement des congés mobi-lité et d’amélioration des conditions de travail.Elle s’est abstenue lors de la réunion de la commis-sion des statuts du conseil supérieur.

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NE PAS JETER SVPLa loi Fillon sur les retraites a été adoptée enjuillet 2003. Loin de « sauver le régime parrépartition » comme il a été dit, elle n’assuremême pas son financement à terme rapproché.Les nouveautés de la loi rendent encore pluscomplexe la constitution d’un dossier de pen-sion. Ce dossier reprend en effet la totalitéd’une histoire professionnelle personnelle, mais aussifamiliale et sociale. Les difficultés ne sont certes pasnées avec la loi Fillon. Mais les débats vifs auxquels ellea donné lieu ont conduit chacun à se poser d’une façondifférente la question de la retraite.L’objet de ce livre est de répondre à cette interrogation.Les auteurs se sont efforcés d’informer très précisé-ment les collègues pour la reconstitution de leur car-rière, la constitution de leur dossier de retraite et l’éva-

luation du montant de leur retraite de la tion publique. Ce livre a été conçu pour les militants syndicaux dans cette tâche, le souci d’informer le plus clairement possur le contenu précis de la réforme.Ce faisant, le livre est un moyen, à traverconnaissance informée de la question

retraites, de contribuer à reconstruire une mobilisatiodurable pour contraindre les pouvoirs publics à resur les nombreux aspects négatifs de la loi en vigueudepuis le 1er janvier 2004.Les auteurs, Marcel Brissaud, Viviane Defrance, Domnique Deligny, Philippe Dupont, Anne Féray, ElizabeLabaye, Madeleine Lagane, Gilles Moindrot, Jean çois Quantin, Érick Staëlen travaillent sur les quesde retraites au sein de la FSU et de ses divers syndic

BON DE COMMANDE

Syndicat (ou section) : ..............................................................................................................................................................................................................................................................

Adresse : ...............................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Code postal :......................................................................................................... Ville : ......................................................................................................................................................................

Nombre d’exemplaires : ...................................... Montant total de la commande : ............................€ (4 € par exemplaire)

Prix pour les syndicats et les SD : 4 € – Prix public : 10 €

Bon de commande à envoyer à l’Institut de recherches de la FSU – 3/5 rue de Metz, 75010 Paris

Connaître ses droits, calculer sa retraite

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36 - US MAGAZINE - Supplément au no 611 du 17 décembre 2004

FENÊTRE SURLA VOIX DES PROFS

De fait, « il peut être tenu pour acquisqu’entre la moitié et les trois-quarts desenseignants se sont plaints au cours de

leur carrière de troubles vocaux ». C’est laconclusion d’une enquête récente de l’INRSqui fait le point sur les données disponiblesà ce sujet, malheureusement insuffisammentétudié en France. Laryngites, rhinopharyngites, enrouement,douleurs dans le cou, raclements de gorge…voix fatiguée ou qui se casse, doivent alerterl’enseignant. Le soir, après de nombreusesheures de cours, la voix peut être complète-ment aphone, avec une gorge douloureuse. Ilpeut alors s’agir d’un épuisement muscu-laire (hypokinésie), et peuvent se développerdes lésions (nodules, kystes). Une enquête de la MGEN (2001) met enévidence une forte présence de laryngite etrhinopharyngite chez les enseignants (près de20 %, c’est-à-dire 10 fois plus que les autresprofessions), alors que le nombre total d’af-fections déclarées est plus faible chez lesenseignants que dans la population générale. La prévalence est plus forte chez les femmes(23,4 %) que chez les hommes (14,4 %), etdans la tranche d’âge 30/39 ans (22,3 contre18,3 pour les plus de 50 ans), la lésion la plusfréquente étant le nodule de la corde vocale.Les enseignant(e)s de maternelle sont parti-culièrement concerné(e)s, sans doute en rai-son des techniques vocales utilisées, de la pri-mauté de l’oral sur l’écrit et de la nécessité decouvrir le bruit des enfants. Parmi les ensei-gnants du second degré, les professeursd’EPS sont particulièrement touchés, ainsique les professeurs de langues et de fran-çais qui peuvent être considérés comme « per-sonnels à risque », de même que les ensei-gnants débutants qui ne maîtrisent pas encorel’utilisation de leur voix.

Quels sont les facteurs aggravants ?Le bruit est l’une des causes des difficultés :l’acoustique des salles, la réverbération du

bruit, les chaises bruyantes, les gymnasesvastes et sonores, la mauvaise isolation parrapport aux pollutions acoustiques exté-rieures, (travaux de rénovation dans les éta-blissements, par exemple) sont des facteursentraînant des comportements de forçagepour passer au-delà des bruits parasites.Les pollutions environnementales sont éga-lement des facteurs aggravants ; au-delà de lapollution ambiante, le travail quotidien dansles établissements expose aux poussières decraie, à la présence dans l’air de solvants(feutres), d’ozone (photocopieuses)... Biendifficile d’y échapper ! D’où la nécessité detravailler l’ « instrument à cordes » qu’est savoix, et de la protéger comme un violonisteson Stradivarius ! On sait d’ailleurs que lesenseignants ayant pratiqué dans l’enfance lechant ou le théâtre, ou qui s’y adonnent dansleurs loisirs, présentent moins de troublesque leurs collègues (études de Carrière etArnoux-Sindt, citées par l’INRS).Attention également au tabac !

Quelle stratégie de prévention ?Aujourd’hui ces problèmes relèvent trèslargement encore d’une prise en charge indi-viduelle, chacun se débrouillant avec « sa »voix sans forcément faire le lien avec sapratique ou son environnement profession-nel. Certes, la prise de conscience que lavoix des profs est l’instrument de la trans-mission des savoirs et qu’elle doit rester laplus harmonieuse possible a progressédepuis quelques années. Une circulaire du23 mai 1997 rappelle que l’enseignant « enfin de formation initiale » doit savoir « uti-liser l’espace et le geste et placer sa voix ».Mais l’intendance ne suit pas ! trop peu d’IUFM ont mis en place des formations àdestination des stagiaires. C’est notammentle cas de l’IUFM de Paris. Cyrille Rault-Gregorio, formateur en édu-cation musicale, chanteur et chef de chœur,est l’un des maîtres d’œuvre de cette for-mation :« Les modules “ voix de l’enseignant ” sedéroulent en deux temps :• Deux conférences (optionnelles) sur lavoix de l’enseignant. Il s’agit de présenter lefonctionnement physiologique du systèmephonatoire et d’observer les risques liés àl’exercice du métier d’enseignant ainsi quede donner des conseils plus techniques pour

LA VOIX EST L’INSTRUMENT DE TRAVAIL DES ENSEIGNANTS. Pour Anne Leymarie-Selles, orthophoniste, la voix « est lefruit d’une synergie entre la respiration, la vibration laryngée et la résonance. Elle s’inscrit dans la globalité corporelleet psycho-sociale de chacun, avec son histoire passée et immédiate de notre premier cri à notre dernier râle, elle estnotre compagne si quotidienne que nous la négligeons parfois ».*

Les profs et leur voix :un accord pas toujours parfait

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Bibliographie• Corps et pédagogie, accord perdu entre le corps et le savoir ? Coordonné par Véronique Vanier - ADAPT Éditions.

• Troubles de la voix chez les enseignants, étude de L’INRS Documents pour la médecine du travail n° 98, 2e trimestre 2004.

• Enquête épidémiologique sur la santé des mutualistes MGEN. Sous la direction de Viviane Kovess, 2001.

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Supplément au no 611 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 37

DOMINIQUE AUDOUX, médecin scolaire à Nevers, compétente en phoniatrie

éviter la fatigue vocale (cas le plus généra-lement observé dans les pathologies de lavoix chez l’enseignant).•Une série de quatre séances de travail enpetits groupes avec un professeur de chantcomplète ces conférences et constitue la par-tie pratique de ce module. Il ne s’agit pas decours de chant mais de cours de placement dela voix permettant de prendre conscience denos possibilités vocales.Le travail de la voix lyrique permet de déve-lopper une utilisation de la voix optimale,notamment en ce qui concerne le rapportfatigue/puissance, c’est pourquoi nous faisonsappel à ces personnes. Il va sans dire que, si ces séances sont géné-ralement très utiles pour une première décou-verte, elles ne constituent pas une forma-tion suffisante pour placer la voixdéfinitivement (rien n’est d’ailleurs définitifen matière de voix). L’idéal serait de pouvoirproposer quelques séances d’une ou deuxheures dans le cadre de la formation continueà intervalle régulier et ce, tous les deux outrois ans. La voix évolue tout au long de lavie et les sensations que l’on découvre dansle cadre de ce type de module se perdentassez rapidement. Les stagiaires de l’IUFM semblent très deman-deurs de ce type de cours et d’informations carles modules sont tous complets.»

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Quel rôle pourla médecine de prévention ?Lorsque le problème n’a pas été traité en amontpar la formation, ce qui est le cas le plus fré-quent, ce risque professionnel devrait impliquerdavantage la médecine de prévention : sans« surmédicaliser » la question, celle-ci peutjouer un rôle de conseil, mais aussi intervenirauprès des établissements (examen des locaux,évaluation de l’hygrométrie, de l’ambiancethermique, observation des postes de travail…).La faiblesse du nombre de médecins de pré-vention – en moyenne 1 médecin pour 18 000personnels (contre 3 300 dans le privé) –, rendcette prévention tout à fait aléatoire, les méde-cins étant contraints d’assurer l’urgence (per-sonnels en difficulté) au détriment de la pré-vention, des visites sur le terrain et de laformation. Du coup, pratiquement rien n’est faità ce niveau (l’académie de Versailles mènecependant une action en lien avec un pho-niatre, mais cela reste un cas isolé). Une inter-vention des représentants syndicaux dans lesCHS devrait permettre d’attirer l’attention surce problème, et de sensibiliser l’administration.De même, les demandes syndicales en forma-tion initiale et continue n’intègrent sans doutepas suffisamment cette exigence. �

Elizabeth Labaye

*Dans un article extrait de « corps et pédagogie », Adapt.

La MGEN a fait la proposition d’ une expertise collectivesous la responsabilité d’un chercheur de l’INSERM,expertise qui sera menée sur plusieurs années(2004/2006). Elle a pour objectif de définir les différentstroubles rencontrés chez les professionnels qui utilisent lavoix ; d’analyser les données disponibles sur les problèmesde voix des enseignants (prévalence, évolution sur les 20 dernières années), d’étudier les différentes causespossibles de dysfonctionnement de la voix dans ces populations, de s’interroger sur les facteurs aggravantsliés au sujet lui–même ; de présenter différentes modalitésde dépistage (comment faire un bilan vocal ?), de diagnostic et de prise en charge ; d’analyser les répercussions de ces troubles sur l’activité des enseignants et leur impact en santé publique ; de faire le bilan et l’analyse critique des programmes de prévention dans différents pays.

Quels conseils pouvez-vous donner pour mieux utiliser sa voix ?La posture est un des éléments essentiels dans la manière de bienprojeter sa voix (la voix projetée étant destinée à un groupe, cen’est pas une voix utilisée en conversation) : la voix résultant dusouffle expiratoire, ce souffle doit donc être suffisamment puis-sant pour faire vibrer les cordes vocales de manière efficace. Lesouffle sera d’autant plus puissant que la respiration est debonne qualité, l’utilisation de la respiration abdominale plus au-tomatisée avec une bonne connaissance de cette respiration : ins-piration en gonflant le ventre et non pas paradoxale, en rentrantle ventre comme elle est souvent inconsciemment utilisée. La respiration est de meilleure qualité si le thorax est verticali-sé, les épaules dégagées, abaissées, décontractées, le cou droit,le menton en très léger « rengorgement », c’est-à-dire ni en l’airni pointé vers le sol, attitude en souplesse, sans raideur ;En position debout, les pieds légèrement écartés assurent un an-crage au sol qui permet de donner de la puissance au souffle pourpeu qu’on prenne conscience de son trajet jusqu’au larynx.C’est un travail qu’effectuent les professionnels de la voix, no-tamment les chanteurs qui apprennent à prendre conscience dela trajectoire de leur souffle expiratoire. En position assise, on veille à ne pas pencher son thorax en avant(position utilisée par contre lors d’une écoute dite bienveillan-te en situation duelle, mais ceci est une autre histoire), à garderla même position du tronc-épaules-cou-menton et à éviter decroiser les jambes sous le bureau pour la même raison que dansla position debout. L’important est de bien connaître le processus de fonctionnementet de production de la voix et surtout de la sienne propre :

quelle hauteur, son timbre, en étudiant sa propre posture, ses va-riations et les conséquences sur sa voix. Si l’on sent des tensions dans les mâchoires, dans le cou, dansles muscles de la face, dans les épaules, des douleurs dans la gor-ge, de la sécheresse, des variations d’intensité de sa voix selonles moments de la journée, etc., c’est que l’on force.

Que faire alors pour protéger sa voix ?•Prendre conscience de sa propre respiration en s’exerçant à la res-piration abdominale régulièrement, sans chercher à l’utiliserde façon consciente.

•Renforcer sa musculature abdominale, gage d’une meilleureexpression du souffle, notamment expiratoire, meilleure puis-sance de celui-ci.

•Prendre conscience de sa propre posture peut se faire en se pla-çant contre un mur, cela permet de se rendre compte de sa propreverticalité, par rapport à la posture « idéale».

•Utiliser largement la relaxation du cou, des mâchoires (bailler,grimacer...), des épaules, cela peut se faire tous les jours, avant ouaprès les cours.

•Utiliser des phrases courtes, utiliser les silences, balader son re-gard sur l’auditoire en captant les regards successifs.

Pour protéger sa voix quand on parle à un auditoire, il faut vraimentl’adresser à quelqu’un : elle ne doit pas voleter dans le vide.

À qui s’adresser en cas de problèmes de voix ?Les ORL ou les phoniatres sont les professionnels de référencepour les diagnostics ; mais les orthophonistes sont particulièrementdésignés et compétents pour le suivi, l’entraînement et la réédu-cation des troubles de la voix.

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L’Égypte antique continue d’exercer une fasci-nation sur nous, pour un régime qui a tenu plu-sieurs siècles. Ses trésors sont encore visibles

aujourd’hui, témoignage de cette civilisation quinous a léguée une partie de notre environnement cul-turel – par exemple notre calendrier – et politique.Cette histoire ne cesse d’être racontée. L’originalitéde ce catalogue et de cette exposition à l’Institut duMonde Arabe est de mettre en relation des œuvres– limitées tout de même à la période du nouvelempire pour l’essentiel – et la vie politique commecelle des individus avec leurs peurs, leurs faiblesses,leurs sexualités, pour reconstruire leur monde. Unefaçon de lier archéologie et histoire. Les différentescollaborations couvrent tous ces champs donnantenvie d’en savoir davantage, d’aller voir sur placeen Égypte ainsi que cette exposition. Signalons unenouveauté difficile à accepter : il fallait un partenaire,ce fût Total. � Nicolas Bénies

Ce livre là nous propose une autre vision de notre histoire,celles des Provinces françaises, avec ses paysages, seslieux, ses Saints... Se dessine ainsi une cartographie des

peurs, des angoisses, mais aussi des difficultés, des famines, desdisettes qui ont structuré la France dite profonde jusqu’au XIXe

siècle. Une partie de ces croyances, de ces superstitions faitencore partie de notre fond commun sans que nous le sachionstoujours. C’est une sorte de résumé culturel, d’explications decertains de nos préjugés. L’iconographie est adaptée au sujet.Les photographies laissent planer les fantômes de nos propresdémons. La conclusion de l’auteur montre que l’irrationnel aencore de beaux jours devant lui. Le besoin de croire, écrit-il«ressurgit avec d’autant plus de force que l’homme se sent fra-gile et impuissant à maîtriser son environnement. Or l’incerti-tude des temps actuels semble engendrer un regain d’intérêtpour les phénomènes irrationnels». � N. B.

CULTURELivres/Revues

Notre sélection� POUR OU CONTRE

La Turquie est à la mode. Laquestion de son adhésion à l’UEprovoque une profonde divisionà droite qui pourrait conduireune partie d’entreelle à voter nonau référendum.

Mis à part les clichés,avouons-le, marqués

par le racisme,commentanalyser lasituation dans cepays? Trois livres permettentde l’ébaucher. Le premier,généraliste, se propose d’endresser un portrait historique.Des repères nécessaires pour

juger de la place de la révolution desannées 20 mise en place par Kémal.Cette Histoire de la Turquiecontemporaine est essentielle parcequ’elle comble un vide béant. Ledeuxième, La République laïqueturque, à travers des études assezlongues – en particulier sur lesystème scolaire hérité du kémalismemais remis en cause par les forcesintégristes – permet de continuer àen dessiner le portrait. Portraitcontrasté, entre laïcité – l’État estlaïc depuis Kémal – et la montée desforces religieuses voulanttransformer l’État. Enfin, le dernierse veut plus polémique et devraitfaire réagir, Lettres aux turco-sceptiques. Des affirmations serontcontredites, y compris d’un auteur àl’autre, et des démonstrations ferontréfléchir.• Histoire de la Turquie contemporaine,Hamid Bozarslan, Repères/LaDécouverte ; La République laïqueturque, trois quarts de siècle après safondation par Atatürk, sous la directionde Robert Anciaux, Complexe ; Lettresaux turco-sceptiques, sous la directionde Gengiz Aktar, Actes Sud.

� CRI DE COLÈRESouvenons-nous. Le 2 septembre2004, Sylvie Trémouille et DanielBuffière, inspecteurs du travail, sontassassinés par l’exploitant agricolequ’ils venaient contrôler. C’était enDordogne. Cet événement est d’abordpassé inaperçu. Il a fallu lamobilisation de ce petit corps – 1500personnes – pour que gouvernementet médias commencent à s’intéresserà cette affaire. À ce meurtre ! GérardFiloche, lui-même inspecteur dutravail, crie, en même temps que sescollègues, sa révolte contre unsystème qui présente le droit dutravail comme des contraintes, desrigidités pour les entreprises et nonpas des garanties pour les salariés.

Révélateur de ce monde libéral.• On achève bien... les inspecteursdu travail, Gérard Filoche, Jean-Claude Gawsewitch éditeur.

� REGARDER LE CINÉMAL’histoire du cinémaest en train de seréaliser. Parfois detrès étranges façons.Comme ce livre. 1001films, un titre quiattire l’œil. C’est lebut. Dans l’ordre

chronologique, sous la direction deSteven Jay Schneider, unesoixantaine de critiques nous livreune lecture des films qui ont compté.Il en est d’autres, bien sûr, et l’onpourra critiquer tel ou tel oubli. Telque, il se présente comme un outil dedécouverte. Une fiche technique aumilieu de photos, d’affiches pourdonner l’envie d’en découvrirdavantage. Un bel objet à la gloired’un art spécifique du 20e siècle. N.B.• Éditions Omnibus

�COMPRENDRE LA GUADELOUPEComplexité des rapports entre Noirset Blancs dans la Guadeloupe de la fin

du XVIIIe siècle que ce livre, fondé surdes sources inexploitées, permet decomprendre tout en ouvrant uneperspective inédite sur le mécanismede l’esclavage et le fonctionnementde la société coloniale. Il met enlumière la catégorie des libres decouleur, ces descendants d’esclaves,eux-mêmes propriétaires d’esclavesqui jouent un rôle clé dans la sociétéesclavagiste et pendant laRévolution. Une société complexetouchée par la vague révolutionnairevenue de France. L’esclavage, d’abordaboli en 1794, est rétabli en 1802. Faitunique dans l’histoire, cet ouvrageraconte cet incroyable aller-retour. Ilbouleverse la problématique de laRévolution et des révoltes dans lescolonies françaises des Amériques.

Florence Dursapt• Esclavage, métissage,liberté, La Révolutionfrançaise en Guadeloupe(1789-1802). FrédéricRégent, Grasset.

� POUR L’ANNULATIONDE LA DETTE... PAR LE DROIT !Le CADTM a conçu ce petit livre pourdémontrer que la théorie juridiquede la « dette odieuse » devraitpermettre d’éradiquer une grandepartie du montant de l’endettementdes pays du Sud. Le moratoire n’estpas une solution. Les derniersévénements en Asie du Suddevrait conduire à l’annulationpure et simple de la dette. Unargumentaire à développer.• Le droit international un instrumentde lutte ?, CADTM/Syllepse

� PORTRAIT D’UNE VILLEVarsovie. Qu’est-elle devenue ?Quels sont ses animateurs ?Comment s’est-elle recomposée ?Les interviews réunies ici essaientde répondre à ces questions. Pour

découvrir la Varsovie enmouvement. N.B.• De Bartek Chacinski,Autrement.

ÉGYPTE, ENTRE MYTHE ET RÉALITÉ

Une référence

Une histoire de France

Pharaon, exposition à l’Institut du Monde Arabe,jusqu’au 10 avril 2005, co-édition IMA/Flammarion

La France des croyances et des superstitions,Christophe Lefébure, Flammarion

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NOS COLLÈGUES PUBLIENT� ENTRÉE DANS L’ÉCONOMIELes auteurs se sont mis en quatrepour nous présenter l’essentiel desconnaissances économiques etsociales pour préparer les examenset concours de l’enseignement supé-rieur. Au-delà, les dossiers commeles ouvrages recensés permettront àtout un chacun d’aborder ces rivagesqui semblent difficiles de l’économiepoltique.• Économie, analyses contemportaines,D. Fleutot, J.-Y. Letessier, P. Madelaine, J.-P.Testenoire, Foucher.

� PENSER AUTREMENTJean-Yves Lacroix poursuit ses inves-tigations autour de la constructiond’autres sociétés alternatives auxcapitalismes. Dans ce premier tome– trois sont prévus – il passe en revueles utopies depuis les débuts de laréflexion philosophique. Il prétend quela philosophie ne se comprend que liéeà l’utopie.• Utopie et philosophie, Jean-Yves Lacroix,Bordas.

� UNE REVUE ÉTRANGELes cahiers du détour sont issus prin-cipalement d’un atelier d’écriture thé-rapeutique dans le cadre de l’ACERMA,une association qui œuvre à la réin-sertion des malades alcooliques. Qu’onl’ouvre, et on s’apercevra qu’il s’agit d’unevéritable revue de littérature. Tous lestextes d’où qu’ils viennent trouvent icileur place. Le numéro 6 de juin 2001 por-tait, par exemple, sur le thème du buvard.•Les numéros sont en vente à l’ACERMA, 22, quaide Loire, 75019 Paris. [email protected]

Notre sélection

� NOTRE TEMPS ET LE SIENRéédition de deux livres essen-tiels à toute bibliothèque, Le casColtrane d’Alain Gerber où défiletoute une époque, celle d’unegénération venue à la moder-nité par Coltrane et le free jazz.Le romancier s’essaie à analyser

l’art particulier du génie déguisé ensaxophoniste ténor et il le fait en lienavec son époque, la sienne mais aussi lanôtre. À ce moment-là on pouvait sebattre pour ou contre Coltrane. On aperdu, malheureusement, l’habitude deces joutes absolument nécessaires àtoute formation à toute culture unifianttoute une génération.

L’autre est une biographiebizarre, démontée à l’image desa musique. Celle d’Art Pepper,un des grands altistes de cetemps. Une légende. Qu’aucunromancier n’aurait osé racon-ter. Un polar de l’extrême. Il fal-

lait qu’il le fasse. Elle permet d’appré-hender une des grandes voix du siècleprécédent. Straight Life, Pepper savaitmanier l’ironie. Il fut un révolté, un mar-ginal et sa sonorité d’alto ne ressemblaitqu’à lui-même. Il raconte qu’il avaitsombré dans le coltranisme, perdantainsi sa personnalité en jouant du ténor.Il a fallu qu’il retrouve l’alto pour seretrouver lui-même. Une grande leçon.•Le cas Coltrane, Alain Gerber; Straight LifeArt Pepper, Editions Parenthèses, diffusionHarmonia Mundi.

� COMMENT NAÎT UNE OEUVRE D’ARTPar l’intermédiaire de l’analysedes films de J.-L. Godard, J.-P.Esquenazi esquisse une théori-sation des conditions socialeset esthétiques permettant decerner la naissance d’une œuvre

d’art, d’une nouvelle culture. Godard sesert des traditions du film noir américainnotamment pour les bousculer, les méta-morphoser, les faire siennes. La nou-velle vague, à ses débuts, se poseracomme les révolutionnaires de cet artjeune, le cinéma. D’après l’auteur, ilsrépondent à une nouvelle donne socialerésultant des aspirations de ce qu’ilappelle une nouvelle classe moyenne.Même si ces concepts n’ont pas grandsens, il n’empêche qu’il trace un paral-lèle intelligent, intéressant, entre lesenquêtes sociologiques et la formeesthétique des films de Godard. Cettethèse doit être discutée parce qu’ellepermet de lier esthétique et social touten laissant intact le mystère de l’œuvreelle-même.

•Godard et la société française des années1960, J.-P. Esquenazi, Armand Colin

Supplément au no 617 du 17 décembre 2004 - US MAGAZINE - 39

ClassiqueBARTOK,

SAVANT ET POPULAIREIl y a un mois, l’Opéra Bastillerésonnait des accords duConcerto pour orchestre deBela Bartok sous la direction de PierreBoulez. Interprétation magistrale, quirappelait aussi bien l’importance dansla musique du XXe siècle du compositeurhongrois, mort en exil aux États-Unis en1945, que l’excellence du chef français. SiBartok marque un tournant, à l’égal d’unStravinsky ou d’un Schoenberg, dansl’histoire de la musique, c’est d’abordpar sa tentative pour régénérer le lan-gage musical en le replongeant auxsources de la musique populaire. Dans sesœuvres majeures, cette fusion de lamusique dite «savante» – sous l’influencemajeure de Debussy – et de la musiquepopulaire est unique. Ainsi, depuis Lemandarin merveilleux jusqu’à la Musiquepour cordes, percussion et célesta – sansdoute son chef d’œuvre – en passant parles trois concertos pour piano, les concer-tos pour violon ou une abondante musi-que de chambre, l’œuvre de Bartokdemeure essentielle. On s’en persuaderaen écoutant les œuvres orchestrales sousla baguette de Ferenc Fricsay (DG), hier,ou de Pierre Boulez (Sony ou DG) aujour-d’hui, les œuvres pour violon interprétéespar Yehudi Menuhin (EMI) ou Isaac Stern(Sony), les concertos pour piano dansl’interprétation de Geza Anda ou de Mau-rizio Pollini (DG).

Alexis Chabot

LE GÉNIE ET L’HISTRION GÉNIAL

Histoires du 20e siecle

Comment penser le20e siècle, ses révo-lutions sans faire

référence à Elvis Presleyd’un côté et à Charlie Par-ker – Bird, l’Oiseau pourl’éternité – de l’autre.Bird ne fut pas un génieprécoce. Il mit du tempsavant de savoir le B A BA

de la musique. Il travailla dur, parceque la musique, le saxophone altoqu’il s’était choisi le refusaient. Laquestion qu’on est obligé de seposer, que s’est posée Alain Gerberdans cette fausse-vraie autobio-graphie à la mode américaine, fai-sant intervenir tous les proches pourcerner l’enfance du personnage touten laissant le mystère entier, estcomment devient-on un génie ?Parker n’est pas né avec une cuilleren or – même pas en argent – pourle jazz. Mais il vivra entouré decette musique à Kansas City où ilest né en 1920, il apprendra parcœur – quand il pourra – tous les

solos de Lester Young, le saxophoniste ténor, poète de l’indicible, alorschez Count Basie, capable de toutes les enfances. Il se forgera songénie. Personne ne peut ignorer Charlie Bird Parker, celui que ses ailesempêchaient de marcher et qui sait nous entraîner – encore aujourd’huimystère du mystère – toujours plus haut, toujours plus près du soleil.Bien sûr qu’il s’est brûlé les ailes ! Ce livre-là est un roman – c’est écritsur la couverture – plus vrai que vrai, obligeant à écouter cet Oiseau,à le réécouter encore. Toujours.Elvis Presley commence sa carrière lorsque Parker – il mourra le 12 mars1955 chez la baronne Nica – accède à l’éternité, en juillet 1954. Cetterencontre avec Sam Phillips – producteur des disques Sun – a été plu-sieurs fois racontée ne serait-ce que parce que les marchands ont voulufêter le soi-disant 50e anniversaire du Rock, l’an dernier. Il manquait pour-tant une biographie complète de ce « poor white trash » accédant au sta-tut de légende de son vivant, influençant tous les musiciens des années60 à qui, sans le vouloir, il montra la voie. Or Elvis ne fut ni plus ni moinsqu’un chanteur de blues. Son répertoire le démontre, sa manière de sevêtir, de se coiffer – les cheveux longs, la « banane » alors que la modeétait à la coupe « GI» – viennent directement du ghetto noir de Mem-phis, « Beale Street », comme le blues qu’il chante. Le terme de Rock& Roll – à connotation directement sexuelle et grossière – s’est imposépour faire oublier que « toute la musique que j’aime, elle vient de là, ellevient du blues ». Et de la Country & Western. Cette alliance ne devaitpas se voir, sinon la société étatsunienne était menacée d’explosion. Lesmots cachent ces réalités pour laisser le racisme faire son œuvre de divi-sion. Sebastian Danchin, spécialiste du blues, a réussi le tour de forcede nous faire comprendre le phénomène Presley. Et nous présenter sonentourage dont le fameux Colonel Parker – ni colonel, ni Parker – quimétamorphosera le révolté en marchandise pour son plus grand profitde joueur invétéré et faussaire patenté. Une histoire triste, et pas seule-ment américaine, d’un artiste vaincu par la barbarie du profit à courtterme. Sa consommation excessive de médicaments a été la seule façonde se construire un monde paralèlle pour continuer à vivre. La thèse del’auteur, la revanche du sud contre les Yankees n’emporte pas totalementl’adhésion. � Nicolas Bénies•Charlie, Alain Gerber, 559 pages, Fayard. Elvis Presley ou la revanche duSud, Sebastian Danchin, 479 pages, Fayard/La Biographie.

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Beyrouth, années quatre-vingt : pendant lesconflits, la vie continue. Pour Lina, douzeans, la guerre fait rage au dehors mais

d’abord dans sa maison où l’on est, dit laréalisatrice, comme dans l’œil du cyclone.Danielle Arbid, qui a déjà regardé son pays endocumentariste (Seule avec la guerre, 2000)cherche ici, dans une fiction teintée d’auto-biographie, à reconstruire une mémoire dis-persée où se confondent les émois de la guerreet ceux de l’adolescence : attentes inquiètes,petites joies et grandes souffrances, premierbaiser et vie dévastée. Vue comme un négatif photographique, l’his-toire d’hommes qu’est la guerre devient stric-tement une histoire de femmes : une enfant auregard sauvage que personne n’élève, unemère abandonnée, une vieille tante tyran-nique dont la guerre n’a pas modifié lesvaleurs, une petite bonne sensuelle en quête

feutré d’Arbid ni de l’hystérie filmique d’unGitaï qui construit l’horreur en reporter musclé,ni du naturalisme compasionnel de Yedaya.Mais les trois films, même s’ils semblent détour-ner le regard des théâtres habituels de la vio-lence guerrière, ont en commun de nous rap-peler qu’un pays est toujours en guerre lorsquele corps et l’âme des femmes y sont des champsde bataille. � Jacqueline Nacache• Dans les champs de bataille, Danielle Arbid(France-Belgique-Liban).

insatiable de plaisir. Les bombes qui écla-tent au dehors resserrent le groupe dans lesabris et en exacerbent les tensions. Le corpsfragile de la petite Lina et ses beaux yeuxgraves sont le lieu où s’affrontent, symboli-quement, les camps en présence ; l’amour etla haine, la promesse et la trahison, la jouis-sance et la mort. On retrouve ici l’écriture inti-miste du très beau court-métrage Étrangère,conjuguée avec le talent singulier de DanielleArbid pour disloquer les images tout en ména-geant la fluidité du récit et des sentiments. Les coïncidences de la distribution font qu’onne peut pas ne pas penser à deux films israélienségalement tournés vers la souffrance desfemmes : importées et vendues comme desanimaux dans Terre Promise (Amos Gitaï),cherchant à survivre comme on cherche à mou-rir pour les prostituées de Mon trésor (KerenYedaya). Bien sûr on ne rapprochera le style

regretter l’expérience de cette traversée nord-américaine du monde non pas selon Garpmais selon Bush : lui, les pommes pourries nel’inquiètent pas. Françoise Jeancolas-Audé• The corporation. Documentaire de Mark Achbaret Jennifer Abbott.

Le court se fait longSeul lieu qui rende véritablement compte dujeune cinéma français dans toute sa diver-sité, le festival de Clermont-Ferrandaccueillera cette année sa 27e compétitionnationale, 17e internationale et 4e compéti-tion labo. Plus de 60 films français et 70 filmsinternationaux d’une cinquantaine de paysseront présentés. Notamment un programmespécial Norvège et un programme boxe, etbien sûr des séquences scolaires, des ren-contres avec des réalisateurs, compositeurs...et le marché du film court. Tout autour, desexpos, animations, concerts, spectacles, etc.• Festival du court métrage, 28/01-5/02. Toutesles infos sur www.clermont-filmfest.com

Le court se fait livreDirigée par deux cinéphiles passionnés etdéfenseurs de longue date du court métrage,cette somme couvre avec rigueur, précision etenthousiasme, tous les aspects d’un formatméconnu : histoire, esthétique, économie,théorie. Pour maints cinéastes, de Cocteau àFranju, de Vigo à Marker, le court ne fut nibout d’essai ni salle d’attente du long, mais lecadre d’œuvres fondamentales ; par-delà sesmérites proprement esthétiques, le court estaussi le terrain où s’épanouissent les formespériphériques, mal-aimées des structuresdominantes, expérimen-tal, militantisme et pro-pagande, danse et poésie.Le court métrage touche àtout, ce qui n’en fait pasun format dilettante, maisun lieu essentiel deréflexion sur le film ;

l’histoire du court, nous rappelle ce beaulivre, c’est celle du cinéma tout court. J. N.• Une encyclopédie du court métrage français,Jacky Evrard/Jacques Kermabon, Festival Côtécourt. Ed. Yellow Now.

MUSIQUECompositrices et auteures du XXe siècleUn chant à soi est un partage de plaisirs etd’admirations, en même temps qu’unegageure musicale ludique. Un programmeéclectique et intense, qui raconte, avec unegénérosité virtuose, qu’au-delà des conquêtesencore à mener, créer au féminin c’est avanttout créer. Que la musique soit classique, dejazz ou populaire elle emporte tout. L’auteurfemme ou homme fait preuve du même élan,du même don.Œuvres de Tori Amos, Lili Boulanger, Lind-say Cooper, Lydia Domancich, MargueriteDuras, Graciane Finzi, Sofia Goubaïdoulina,Juliette, Léa Kettering, Huguette Légaré, Mar-guerite Monnot, Nathalie Quintane, MartheVassallo, Virginia Woolf. Traditionnels bre-tons et irlandais. Avec Lydia Domancich(piano), Marthe Vassalo (chant), FrédériqueBruyas (lecture).• Un chant à soi, 14 et 15/01 à 21 heures, au Triton.

Le Triton se veut club de jazz. Mais il setrouve de l’autre côté du périphérique. Pour-tant sa programmation devrait retenir l’atten-tion. D’abord parce qu’il met en valeur lesmusiciennes, ensuite parce qu’il permet desrencontres prometteuses, comme celle du per-cussionniste François Merville et son quartetavec l’œuvre Hermeto Pascoal, la banlieueet le Brésil. La musique Klezmer sera aussi dela fête. Les 28/01 et 18/02. Les autres musiquesne sont pas oubliées, la salsa, le 29/01, letango, le 3/02 et le jazz lui-même, en parte-nariat avec la Mission Jazz 93, le 4/02.• Le Triton, 11 bis, rue du Coq-Français, 93260 LesLilas. M° Mairie des Lilas. Réserv. au 01 49 728313. Prix des places 12,50 €. Tarif réduit 10,50 €.

CULTURECinéma/Théâtre/Spectacles/Expositions

Histoire de femmes

CINÉMALe monde selon Bush

Mark Achbarest l’auteurde Chomsky,les médias etles illusionsnécessaires,un film sur lel i n g u i s t edepuis long-

temps contempteur du système états-unien.Cette fois, pour comprendre l’entreprise, avecla cinéaste Jennifer Abbott et le juriste JoëlBakan – auteur en 1997 d’un essai sur l’en-treprise mondialisée qui interrogeait « Lanature de cette nouvelle institution domi-nante » – il a pris à la lettre son statut de«personne morale ». Retenant le mot «per-sonne », les cinéastes utilisent la clé (sarcas-tique) de la psychanalyse pour en pénétrerméthodiquement l’inconscient. Il y a effet demasse et de coup de massue. Le film est long(2 h 25) et, soyons francs, éprouvant. Lesinformations sont simultanées : plusieursniveaux de sous-titres s’ajoutent aux donnéesde l’image montée court et de la bande-son.C’est en flux tendu que l’attention du specta-teur est sollicitée. De cette densité démons-trative émergent, entre autres, des questions dedatation: l’enquête est-elle concomitante avecle scandale Enron peu évoqué? De même ilest troublant que seuls les propos d’un traderfassent allusion au 11 septembre 2001 quiaurait été une belle opportunité de spéculer surl’or. Il semble que le film ait été finalisé à uneépoque où on pouvait imaginer la défaite deBush et l’arrivée au pouvoir d’une adminis-tration plus attentive aux dérives du capita-lisme. À la fin de 2004, The corporation estpresque déjà un document d’histoire.Soit. Pourtant la charge instruite par le dossierest passionnante. De sa complexité émanentdes lumières révélatrices. Personne ne devrait

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Dans l’œil du cyclone

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Daphnis et Chloé de Ravel :un DVD prêté aux enseignantsÉdité par le SCEREN-CNDP en partenariat avecRadio France, ce DVD est mis à la dispositiondes enseignants sous forme de prêt dans lesCRDP, CDDP, CLDP. Il n’est pas destiné à la vente.Réalisé pour des élèves, par des étudiants dulycée de l’image et du son d’Angoulême, il proposedeux visions d’un concert : celle traditionnelleavec les instrumentistes sur scène ; l’autre,inédite où s’éclairent les différents pupitres del’orchestre en fonction des instruments quientrent en jeu. Le livret d’accompagnementdonne des pistes pédagogiques pour préparerle concert, permettre une écoute attentive, etl’exploiter en classe.

Dix ans déjàLa femelle du requin, revue littéraire, fêtera sesdix ans en 2005. Ce numéro permet de découvrirun nouvel auteur, Thomas B. Reverdy, et deprendre conscience de l’importance de l’œuvre deAntonio Tabucchi. Un dossier de 30 pages lui estconsacré. • http://lafemelledurequin.free.fr

Deux clubs de jazzLe Triton se trouve de l’autre côté du périphé-rique. On sait que c’est une frontière difficile àfranchir. Pourtant la programmation mérite qu’ons’y arrête. Les 26 et 27/11, Vicente Pradal proposede découvrir les « canciones » des XVII et XIXe

siècles. Un grand moment en perspective. Le 30,deux saxophones s’affronteront : Sylvain Cathalaau ténor et Stéphane Payen à l’alto.Le New Morning, de son côté, invite Archie Shepp,saxophoniste mythique, et ses amis qui se pro-duiront le 25/11. Le 26, ce sera le tour de DavidMurray, autre saxophoniste ténor, désormaisinstallé en France. Le 1/12, ce sera un hommageà Janis Joplin et le 2, le pianiste cubain – dont ledernier disque, Mulatos, Ota Records/Night &Day – Omar Sosa, qu’il ne faut pas rater.• Le Triton, BP 13, 11 bis, rue du Coq-Français, 93260 Les Lilas,http://www.letriton.com• New Morning, 7-9, rue des Petites-Écuries, 75010 Paris,http://www.newmorning.com

Depuis une trentaine d’an-nées, la création chorégra-phique ne cesse d’innover

et d’être marquée par une grandediversité d’expressions, un espacede métissage et de brassageculturel. Un foisonnement dejeunes créateurs et de compa-gnies, empruntant à toutes lescomposantes de la créationcontemporaine, du théâtre (PinaBausch fut l’une des plus presti-gieuses figures de ce rapproche-ment) aux visuels plastiques etcinématographiques, en passantpar les arts de la rue, la poésie...tout en générant aussi ses propresdécouvertes et novations. L’ac-tualité témoigne de cette diver-sité et vivacité, d’un déferlementd’imagination et de fantaisie.On danfe création «extravaganteet sensuelle» de José Montalvoet Dominique Hervieu au ThéâtreNational de Chaillot (20/1 au 19/2,en tournée avec notamment unarrêt en juin à la Maison des Artsde Créteil, où la Cie en résidence asu faire danser tout un quartier...);L’enfance de Mammame de Jean-Claude Gallotta au Théâtre del’Olivier (Istres, 1/2) ; Traverséed’ombres de la Compagnie Retou-

ramont – enrésidence à laMaison duthéâtre et de ladanse à Epinay-sur-Seine quifourmille d’ini-tiatives – auThéâtre duLierre à Paris (19-22/1) avant decontinuer vers la salle Pablo-Neruda de Morsang-sur-Orge le31/1, au théâtre de Chatillon enmars... jusqu’à Chaillot et àl’Opéra-Bastille à l’automne.Le mois de janvier est intégrale-ment consacré à des découverteschorégraphiques dans ce mêmethéâtre (www.letheatredulierre.com)et au Théâtre de la Bastilleaccueillant chaque mois de nou-velles créations chorégraphiques(«Tourlourou» de Carlotta Sagna,27-30/1, «Vaisseaux brûlés» dePascal Gravat, 10-18/2)... Moinsprestigieuses mais reflétant aussiune grande diversité, des créationschorégraphiques se destinent plusparticulièrement à un jeune public.Au Théâtre Dunois (Paris 13e) enpermanence, notamment Trace delumière de la Cie Claire Laronde(26-30/1), et à l’Espace Paris-

Plaine (15e) avec Le fabuleux des-tin de Sissi et François-Josephimaginé par Ethéry Pagava, ouplus ponctuellement au ThéâtreFirmin Gémier d’Antony (92)accueillant Curieuses, un voyageoriginal dans l’univers de Barbe-Bleue (26/1) ou à l’Étoile du Nord(75018) avec un mini-festival du11 au 29 janvier...Dans le prochain Mag, nous don-nerons la parole à Michel Caserta,chorégraphe, chercheur et fonda-teur-directeur infatigable de labiennale nationale de danse duVal-de-Marne, qui, depuis plusde 20 ans, a accompagné etcontribué à l’émergence de nou-veaux talents... �

Philippe LavilleLes lieux évoqués dans ce texte sont par-tenaires de «Réduc’SNES», Chaillot appli-quant un tarif réduit à tout enseignant(coordonnées et précisions sur les spec-tacles sur www.snes.edu).

Sortez avec Réduc’SNESEléments de programmation de quelques nou-veaux ou fidèles partenaires :• Centre culturel Marcel Pagnol à Bures-sur-Yvette (01 69 18 79 50) Les chardons rouges, deJean-Jacques Greneau, sur la résistance d’Helzaà Grozny, « comme un chardon rouge enracinédans les pierres » au milieu de « cette guerre quin’a de logique que par la raison du plus armé etqui engendre la violence des opprimés », élé-ment d’un cycle « Chantiers de guerre» créé parla Compagnie du Minotaure (5/02, précédé à 17hd’une conférence-débat dans le cadre du 60e

anniversaire de la victoire sur le nazisme : «Résis-tance/terrorisme ? » animée par Lucie Aubrac,avec la participation de la porte-parole des mèresde soldats russes envoyés en Tchétchénie...).• Centre dramatique de Thionville-Lorraine(nouveau nom du TPL, 03 82 82 14 92) Bar suivide La Festa, les remous de la société sicilienneécrits par Spiro Scimone mis en scène par Lau-rent Vacher (11-15/01).•Château de Morsang-sur-Orge (01 69 72 2030)le Théâtre du Conte Amer présente 4 pièces deMonique Enckell questionnant avec constanceet humour notre monde à la dérive, la spoliationdes richesses, les injustices... (18-30/01).• Théâtre du Chaudron (75012 Cartoucherie(01 43 28 97 04) Georges Sand à l’Assembléenationale, une femme en politique, un hommageà cette militante de la liberté et des luttes contrel’injustice et la misère, contre la peine de mortet pour les droits des femmes... conçu et réalisépar Jeanne Champagne (6-12/01).•Théâtre du Chêne Noir à Avignon (04 90 8240 57) adaptation très contemporaine du grandpoème épique du Prix Nobel de littérature FrédéricMistral, Mireille par Gérard Gelas (14/01-4/02).•Théâtre International de Langue Française :Un obus dans le cœur de l’auteur libanais/québecoisWajdi Mouawad, une histoire de voyage à travers lesquestionnements de la vie comme les perçoivent lesenfants... mise en scène Christian Gagneron (toutpublic dès 14 ans, 25/01-19/02, 01 40 03 93 90).• Théâtre Jean-Vilar à Vitry (01 55 53 10 60)création par Caroline Gautier et Carlo Carcanod’un opéra poétique et humoristique dont le per-sonnage principal est une classe représentéepar un chœur d’enfants, d’après l’œuvre d’Ed-mondo de Amicis, particulièrement de « Cuore »,célèbre roman de 1884, contemporain de Pinoc-chio... (22-23/1).• Théâtre de l’Olivier à Istres (04 42 55 24 77)avec le 7e festival des arts du geste Les élancéesassociant spectacles de danse, cirque, théâtrevisuel... (février).•Théâtre de la Tempête (Cartoucherie, 01 43 2836 36) Le procès de Kafka, mis en scène parPhilippe Adrien, directeur du théâtre (11/01-13/02;rencontre-débat après le spectacle du 13/01).• Théo-Théâtre (01 45 54 00 16) pour découvrirde jeunes compagnies avec Hors course de BenoitMarbot (jusqu’au 19/02), Demande à la pous-sière de John Fanche (jusqu’au 5/02), Lescaprices de Marianne de Musset par la CompagnieLa Strada (jusqu’au 6/02).Détails sur ces lieux et programmations, etd’autres composantes de l’actualité culturellesur le site du SNES à l’adresse www.snes.edu/snesactu/ rubrique culture... avec l’accès per-manent à la base « Réduc’SNES » répertoriantla centaine de lieux accessibles à tarif réduitpour les syndiqués... [email protected]

pour son 80e anniversaire. Il évo-quera, à ce propos, les carrières etles musiques de Arnold Schön-berg – musicalement progressisteet politiquement réactionnaire –et de Hanns Eisler, le composi-teur attitré de Brecht comme dethèmes révolutionnaires.Pour terminer dans la beauté etdans la danse ce trimestre, la citése penche sur la MPB, musiquepopulaire brésilienne, avecforums, concerts et diversesexpressions pour aborder ce pays-continent (du 19 au 29/03).Le cinéma ne sera pas oubliéavec les films de Walter Sallesreliant Paris et le Brésil pouressayer dedéfinir desn o u v e l l e sformes denarrations.• Rens. au 0144 84 44 84.w w w . c i t e -m u s i q u e . f r

MUSIQUELe monde tel qu’il devrait être

Comme chaqueannée, depuis cinqans maintenant, lafédérations desassociations desmusiques et dansest r a d i o n n e l l e s(FAMDT) organiseen partenariat avecla Maison des Cul-

tures du Monde et l’IRMA, unfestival Planètes Musiques pourfaire se rencontrer toutes lesmusiques du monde. Une sorte demanifeste pour un autre monde,ouvert sur les autres cultures etcapable de dialoguer les unes avecles autres. Un programme ouver-tement opposé aux principesmêmes du libéralisme. Un acte defoi dans notre commune huma-nité. Il aura lieu du 24 au 26/02 àParis, avec la tenue de deux tablesrondes sur Sauvegarde du patri-

moine immatériel et musiques tra-ditionnelles en France (le 25) etPourquoi diffuser des musiquestraditionnelles/musique dumonde ? (le 26 à 10 h), troisconcerts et une sortie d’album.Une tournée sera ensuite organiséepassant par Bouguenais (44), le14/04, St-Bonnet près de Riom(63) du 13 au 16/05, Tulle (19) le18/03... Nicolas Béniès• Rens. au 05 49 95 99 90,www.famdt.com

Un festival permanentLa cité de la musique proposeplusieurs rencontres. Beetho-ven/Chostakovitch face au pou-voir avec l’orchestre sympho-nique de Budapest et un forum(21 et 22/01), Le blues urbain(28 et 29/01) donc une nuit dublues avec Jean-Jacques Milteauet Mighty Mo’ Roddgers, unelégende. Pierre Boulez sera l’in-terlocuteur du thème Musiquepure engagée (du 5 au 22/02),

Ont participé à la conception de ces pages : Nicolas Béniès, Françoise Jeancolas, Philippe Laville, Jacqueline Nacache.

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DANSE ET CRÉATION CONTEMPORAINE

Un monde enchanté

Voyage culturelSyrie-Liban, carrefour des civilisations, du 26/04 au7/05 (départ de Paris). Réduc’SNES s’applique aussià cette initiative d’une association animée par des col-lègues, organisatrice de séjours et de cours de languesà Bègles (33) : 05 56 85 62 70 ou 06 09 27 04 31.

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CULTUREMultimédia

La demande de ressources pourl’enseignement du français langueétrangère (FLE) a considérable-ment augmenté ces dernièresannées, y compris parmi nos col-lègues enseignant en France, etégalement pour des actions hors ducadre scolaire. Là encore, même siInternet n’est évidemment pas lapanacée, il serait dommage de nepas s’intéresser aux possibilitésoffertes par le réseau. On peut eneffet y trouver réponse complèteou partielle aux divers besoins :• acquérir des compétences ouconnaître les modalités d’une cer-tification ;• contacts ou adresses ;• travaux de didactique deslangues ;• pistes pédagogiques, éventuelle-

ment fiches prêtes pour l’utilisationen classe ;• exercices et logiciels en ligne ou àtélécharger, références de cédéroms ;• bibliographies... ou catalogues.On trouve ainsi des sites (et réfé-rences) pour travailler les quatrecompétences :1. l’expression écrite à l’aide ducourrier électronique, par la parti-cipation à des forums, des créa-tions collectives, jeux, ateliersd’écriture dirigée... ;2. la compréhension écrite avec lapresse écrite, les contes... ;3. la compréhension orale à l’aide delogiciels, en écoutant des radios... ;4. l’expression orale avec des logi-ciels, voire en communicant avecdes internautes à l’aide d’unmicrophone et d’une webcam.

Et on trouve évidemment aussides ressources pour acquérir desconnaissances : vocabulaire, gram-maire...Les listes de diffusion et forumssont bien utiles pour échangerentre collègues du FLE et on peutmême en créer pour amener lesélèves à communiquer. Par ailleurs, on profitera de l’exis-tence de sites en France comme àl’étranger pour varier les approchesou trouver la démarche adaptée àsa propre situation ; et on n’ou-bliera pas tout ce qui sert au FLE

ET AUSSI, TOUJOURS POUR LE FLE

• Méthodologis http://perso.wanadoo.fr/methodologis/. Portail réalisé par Pierre Picard,professeur au Centre Audiovisuel de Royan pourl’Étude des Langues. Voyez par exemple Civilisation.

• FIPF http://www.fipf.org/index_ressources.htm.Site de la Fédération internationale des profes-seurs de français. Des fiches pédagogiques (“Quoifaire avec…”), des liens (“médias”, “que faireavec les mots ?”), des projets d’échanges.

• Le monde du FLE http://fle.asso.free.fr/liens/index.htm. Site des associations de françaislangue étrangère, ADACEF, ANEFLE, ASDIFLE etSIHFLES, avec notamment des ressources péda-gogiques autour de Noël, de la chanson, de labande dessinée, etc. À connaître aussi pour les

adresses de listes de diffusion et forums, asso-ciations, syndicats...

• EduFLE.net http://www.edufle.net/article111.html.40 sites de grande qualité sélectionnés en fonc-tion de l’avis des utilisateurs, commentés, clas-sés : arts, chansons et comptines, culture,expressions idiomatiques et proverbes, gram-maire, jeux, littérature, outils de référence, pro-duction et compréhension, prononciation etvocabulaire.

• Francofil http://www.francofil.net/fr/fle_fr.html.Centre de ressources académiques, scientifiqueset culturelles sur les pays francophones. À noter :liens vers institutions, échanges linguistiques,recherche d’emploi.

• Francophonie : http://www.francophonie.org/(agence de la francophonie), http://dglf.cul-ture.fr/ (Délégation générale à la langue fran-çaise, avec pages sur la francophonie, la languefrançaise et les textes littéraires, la traduc-tion, etc.), http://www.auf.org (agence uni-versitaire de la francophonie à Montréal).

• Espace pédagogique FLE : http://www.u-grenoble3.fr/espace_pedagogique/index.html.

• À visiter : http://www.francparler.org/cgi/index.pl, un site de l’agence intergouvernemen-tale de la francophonie.

• Catalogue des listes de diffusion francophones :http://www.francopholistes.com/ et http://www.fr.net/news-fr/liste.html.

Pour le FLE, que chercher sur Internet ?

Ne négligez pas d’utiliser pour le FLE des sites aussi divers que cesquelques exemples arbitraires (vous trouverez évidemment des listes plusétoffées sur les portails principaux).• Comptines, chansons et poésies : http://www.momes.net/comptines/

index.html• Chansons populaires : http://www.geocities.com/Vienna/Choir/7173/

index.htm• Poésie : http://poesie.webnet.fr/• Ambassades de France : http://www.adit.fr/• Guide de l’Internet culturel : http://www.culture.gouv.fr/culture/int/• Assemblée nationale : http://www.assemblee-nat.fr/• Géographie de la France : http://www.france.diplomatie.fr/ rubrique

découvrir la France.• Histoire et géographie : http://www.ac-toulouse.fr/histgeo/• Exercices du Gril : http://www.univ-tlse2.fr/gril/• Orthonet, du Conseil international de la langue française

http://www.cilf.org/ (histoire de l’orthographe, etc.).• Trésor de la langue française : http://atilf.atilf.fr/tlf.htm• Cours de la BBC : http://www.bbc.co.uk/education/languages/french/

index.shtml• Ressources sur les langues (ministère de la Culture) : http://www.culture.fr/

culture/dglf/liens/liens.htm• Répertoire de ressources éducatives en français : http://www.lettres.net/• Radio France International : http://www.rfi.fr/• Radio France : http://www.radiofrance.fr/

NE NÉGLIGEZ PAS

FRANÇAIS LANGUE ÉTRANGÈRE - FRANÇAIS LANGUE SECONDE

Des ressources sur le réseau

sans être fait pour le FLE : sites desmédias, journaux et revues écrits,des radios, ou sites présentant civi-lisation, histoire, géographie, ins-titutions... et pourquoi pas le jar-dinage !Nous vous proposons quelquesliens, certains étant des portails siriches qu’un seul serait déjà sus-ceptible de vous guider dans unelongue exploration aussi fructueuseque diversifiée. Après essai, vousgarderez dans vos signets un petitnombre de sites pour une grandevariété de types de recherches. �

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• fle.fr http://www.fle.fr/. Portailde référence, animé par l’Espaceuniversitaire Albert Camus deMontpellier, sélection commen-tée des meilleurs sites pour pro-fesseurs et étudiants : ressourcespédagogiques, certifications etformations du FLE... Ne négligezpas la rubrique Le cartableconnecté qui conduit celui quiapprend à des activités (orales,etc.) en fonction de ses besoins.• ÉduFLE.net http://www.edufle.net/. Site coopératif, lieud’échanges entre les acteurs FLE.Nombreuses ressources (dossiersdidactiques, activités et exercices,bibliographie) très bien commen-tées. Ne manquez pas la rubriqueRechercher, avec activités et exer-cices en ligne classés selon unetypologie détaillée (grammaire,vocabulaire, écoute/oral, écrit, etc.).• EduSud http://www.edusud.org/ressources/fle/sitographie.html. Portail du Réseau africainde formation à distance (RESA-FAD), avec des liens largementcommentés. À noter : formation àdistance, cédéroms, français pré-coce, français sur objectifs spéci-fiques, enseignement bilingue, etc.). • ClicNet http://clicnet.swarthmore.edu/fle.html. Cet annuairede 400 ressources pédagogiquespour animer les cours, classés partypes d’activité et niveaux requis

a été créé par Carole Netter, ensei-gnante de français à l’Universitéde Swarthmore (USA).

• Bonjour de France http://www.bonjourdefrance.com/.L’école Azurlingua de Nice, offrefiches pédagogiques complètes(documents didactisés, déroulementdes séquences...), directement uti-lisables en classe, deux forums, etc. • FLE sitographie http://perso.wanadoo.fr/fle-sitographie/. Lesite de Thierry Lebeaupin (centrede linguistique appliquée, Besan-çon) est régulièrement mis à jour,très riche, bien classé. À noter :liens vers les médias franco-phones (journaux, radios), versles dictionnaires généraux et spé-cialisés, vers des moteurs derecherche. « J’ai créé ce site pouravoir un outil de travail me ser-

vant au CLA comme à l’étrangeret montrant concrètement à quoipeut servir Internet. J’expose unepratique qui me convient tout enpensant qu’elle peut aussi conve-nir à d’autres. En fait si la mon-dialisation effraie certains, onpeut également parier qu’elleserve “l’intelligence distribuée”et favorise la transmission de l’in-formation, la connaissance descultures, le renouvellement péda-gogique, et surtout la communi-cation grâce au travail collabo-ratif, dimension la plus novatriced’Internet.»

• L e w e b o s c o p e h t t p : / /millennium.arts.kuleuven.ac.be/weboscope/ Guide pour les res-sources en didactique du FLE surInternet, il s’adresse surtout aux(futurs) professeurs de FLE.Rubriques pour l’utilisation d’In-ternet, pour lire, écrire, écouter,parler et une série d’activitésvisant l’intégration maximale desdifférentes compétences. Et aussides outils de travail des connais-sances, grammaire, vocabulaire,interculturel. �

Le tracé des courbes mathématiques peut être grandement facilité par desoutils informatiques. Pour l’élève qui veut vérifier son travail commepour l’enseignant qui veut intégrer ces tracés dans un cours ou un exer-cice, sur papier ou sur un site Internet, sans avoir à passer par le scanner. Sous Linux, on pourra utiliser :• kmplot (du bureau KDE) qui contient de nombreuses fonctionnalités,tracé de courbes en coordonnées orthogonales ou polaires, fonctionsexplicites ou paramétriques, combinaisons de fonctions (possibilité dechoix de couleurs, de l’échelle du quadrillage), les fonctions dérivées, lestangentes. Il sera ensuite possible d’imprimer la composition ou del’exporter au format pdf en passant par la fonction Imprimer ou unautre format en faisant une capture d’écran. Documentation en français :http://docs.kde.org/fr/HEAD/kdeedu/kmplot/.• Mathplot permet en plus du tracé, le positionnement de points, de tan-gentes, des intersections avec l’axe x’x, sur la courbe, des minima et/oumaxima, les points d’intersections de deux courbes avec affichages descoordonnées. On peut même tracer les solutions des systèmes d’inéqua-tion. Page officielle : http://merd.sourceforge.net/pixel/mathplot.html. Mais chacun trouvera bien entendu ces deux logiciels libres dans sa dis-tribution Linux.À noter aussi un programme gratuit multiplate-forme, car écrit en Java,que vous pourrez donc utiliser dans un navigateur sous Mac ou Linux ouWindows. Il offre en plus la possibilité de tracer des courbes en 3D, maisne permet ni la sauvegarde, ni l’exportation, ni le choix des couleurs (il fau-dra faire des captures d’écran). Voir http://vallyr.club.fr/java.html.Rubrique suivie par Claude Micouin : [email protected].

DES NOUVELLES DES LOGICIELS « ALTERNATIFS »

Pages réalisées par Alain Prevot pour Adapt-SNES 237, boulevard Saint-Germain, 75007 Paris, tél. : 01 40 63 27 70

[email protected]À partir des données réunies par Marylène Cahouet, Valérie Sultan, ChristineChollet. De nombreux liens et commentaires sont évidemment tirés des portailsci-dessus.Ces articles sont soumis à la licence libre GPL, c’est-à-dire que la reproductionexacte et la distribution intégrale sont permises sur n’importe quel support, àautant d’exemplaires que vous le désirez, pourvu que cette notice et lesmentions de copyright soient préservées.Tous les articles multimédias parus dans L’US Magazine, des centaines de testsde cédéroms, de nombreux liens, le catalogue des publications d’Adapt (commandeen ligne possible) sur http://www.adapt.snes.edu

NOS SITES DU MOISUn site à suivre

L’association Sésamath s’efforcede développer une mutualisationde ressources à l’intention descollègues de mathématiques.Avec en particulier des logicielset exercices gratuits (par télé-chargement en ligne) ou regrou-pés sur un cédérom diffusé parGénération-5 pour un prix rai-sonnable. • Allez voir au moins le portail sésa-

math http://www.sesamath.net.Vous pouvez téléchargerMathEnPoche, logiciel libre.

• Si vous préférez, pour 20 euros,un CD, une interface graphique« professionnel le », uneversion enregistrant les scores,etc., informez-vous surhttp://www.generatio5.fr.

Nous avons expliqué dès le second dossier (US Magazine 11/99) pourquoil’Éducation nationale et ses personnels se devaient de développer l’utilisa-tion de logiciels libres : pour des raisons relatives aux valeurs que nousavons pour mission de transmettre, pour des raisons pédagogiques, pour desraisons pratiques et économiques. Nous revenons très régulièrement sur cesquestions et nous avons créé une rubrique spécifique. Nous pensons cepen-dant que seront amenés à installer et utiliser de tels logiciels, soit les collèguesbien au fait des questions informatiques, soit les collègues qui auront pro-gressivement développé leur utilisation des ordinateurs qui les entourent, quelsqu’ils soient. Nos articles donnent le plus souvent la priorité à ces collègues,qui ne gèrent pas le réseau d’établissement et hésitent à demander le rem-placement du pack Microsoft en vente quasi-forcée (et payé avec l’achat del’ordinateur) par un pack de logiciels libres, système d’exploitation compris.Dans cet esprit, nous avons expliqué le mois dernier (et ce n’est pas la pre-mière fois !) comment réaliser des outils pédagogiques et nous avons décritpar défaut les commandes usuelles sur des logiciels MS très connus. Notrepropos n’étant pas d’inciter à préférer MS, nous avons précisé que laméthode était identique sur certains logiciels libres et, sur deux sites cités,l’un explique comment faire des diaporamas avec OpenOffice.org, libre,gratuit, facile, performant... Si, après cela, quelqu’un cherche à se procurerPWPT... c’est à n’y rien comprendre !Nous avons reçu quelques réactions hostiles. Hostiles à... ? À l’utilisation deslogiciels MS ?... Comme nous le redisons chaque mois, il est maintenant trèsfacile de faire d’autres choix sans perte de temps. Nous vous renvoyons auxarticles déjà parus : Pourquoi et quels LL (11/99 et 12/01) ? Des réseaux libresdans les écoles (12/2002) ; installer Linux (06/04) ; notre rubrique Logicielslibres et alternatifs chaque mois, etc. Et bientôt ce dossier : S’équiper en LLfacilement, chez soi et dans l’établissement, pour toutes les fonctions clas-siques, facilement, rapidement, avec des logiciels performants. Ces texteset des liens sont sur notre site. Lequel est en cours de transfert sous Spip(libre) avec, déjà, notre catalogue de publications et, prochainement, unerubrique consacrée aux LL, restructurée. Alain Prevot, pour Adapt

MICROSOFT OU LOGICIELS LIBRES ? POUR QUI « ROULE-T-ON » ?

Sur le Web, les incontournables du FLE

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au centre (il est un roi), soit en leplaçant à l’extérieur (il est unétranger). Dans les deux cas, il nepeut se structurer. Nous savonsaujourd’hui que les processusd’apprentissage doivent permettreque le sujet qui apprend établisseun rapport avec le monde. Ce quiconduit alors à évoquer desnotions comme celle de liberté etde bonheur : la liberté, ce n’estpas une faculté que l’on apprenden soi, c’est le produit d’uneconnivence avec des contraintes.Le bonheur, ce n’est pas rêverd’éliminer un jour toutes lescontraintes, c’est apprendre à« jouer » avec. Le bonheur estdonc la conséquence d’un « tra-vail » dans l’imprévu fait de« noces longues »(1) et désinté-ressées. Le CREPS Aquitaineorganise autour de ce thème les15, 16 et 17 mars prochain (2005)un colloque intitulé « art de jouer,art de vivre... » où se rencontrerontphilosophe, artiste, entraîneurs... (2)

Pour en revenir au problème d’in-terdisciplinarité, je prendrail’exemple des cours d’anatomieque nous donnons dans nos éta-blissements. Il y a une façon clas-sique d’enseigner cette matière,façon que l’on pourrait qualifierde « très chirurgicale ». Maisquel sens cela a-t-il réellementcompte tenu des problèmes qui seposent à nous en matière d’en-

traînement ? Si l’omoplate, parexemple, n’est plus simplementdécrite mais problématiséecomme un élément de la posturebipède permettant de faire face de

lui un invisible qui est une véri-table conception du monde. Or jepense que cette conception est laplupart du temps négligée alorsque c’est sur elle que tout repose.Parler d’exercice, c’est – celadevrait être – parler de l’appren-tissage de « quelque chose » parun individu qui, en l’apprenant,s’humanise. De quelle nature estcette chose, de quel homme est-il alors question et pour quelhomme cet apprentissage est-ilentrepris ? Malheureusement cemoment de réflexion en amontde l’apprentissage ne sembleguère faire problème dans lesmilieux de l’entraînement sportifcomme dans les milieux de l’édu-cation. De façon générale, noussommes trop centrés sur lescontenus et négligeons la partd’invisible qui porte sur le sens.Aucun contenu n’est porteur desens en lui-même. Le sens, c’estchacun d’entre nous qui leconstruit avec sa propre histoirede vie en interrogeant sans cesseles représentations à priori qui

L’US : François Bigrel, vous êtesl’instigateur des Rencontres duCREPS Aquitaine qui traitenttous les quatre ans de thèmesdébordant largement le cadre dela seule pratique sportive. Vousavez produit en 2001 par exemple« Variations sur l’exercice », unouvrage collectif qui constituejustement les actes des rencontresde cette année-là. Que voulez-vous interroger dans la pratiquede l’exercice ?F. B. : Prenons l’exemple de l’en-seignement des sports collectifscomme le basket ou le handball.Il est fréquent de faire précéderces apprentissages d’un jeu« idéal », la « passe à dix » censéeapprendre aux jeunes à se passerla balle afin qu’ils transfèrent celaensuite dans le jeu lui-même. Jeconsidère aujourd’hui que nonseulement cet exercice ne permetpas d’avancer dans l’apprentis-sage de ces sports, mais pire, qu’ilgêne cet apprentissage. Il est vraique quand on observe un matchde handball, on voit bien que lesjoueurs se font des passes et on enconclut « aisément » qu’il fautfaire des passes pour jouer auhand. Malheureusement faire despasses n’est pas du tout la finalitédu jeu. Cette finalité est de faireface à l’incertitude posée par lessituations de jeu dans laquelle,certaines fois seulement, la passeest nécessaire. On joue pourinventer en situation des solutionspermettant de résoudre les pro-blèmes, à chaque fois originaux,qui s’y posent. La « solution » enhandball, ce n’est pas de faire dixpasses, c’est de marquer un but !Celui qui a la balle en main doitdonc décider ou de tirer ou depasser la balle et il faut alors, pourl’entraîner, le replacer dans lecontexte des « exigences de lasituation ». Il faut qu’il se frotte àce que Miguel Benasayag appelledes « conditions nécessaires »,pour qu’émerge le comportementadapté du handballeur. Entre une« pédagogie de la passe » pouramener au handball, et une péda-gogie du handball par lui-même,il y a un monde. Que ce soit dans la pratique spor-tive ou dans d’autres champs desavoirs, l’exercice charrie avec

existent ici ou là. La situationsportive de compétition a unedouble singularité : l’originalitédes circonstances qui la définis-sent, lesquelles en nombre quasi

infini rendent la situation néces-sairement unique (et donc impré-visible pour une part), et l’indi-vidu qui vit cette situation, qui estun être singulier. La question estdonc celle du sort « philoso-phique » que l’on fait subir à lanotion de « situation », et, der-rière cette question, c’est cetteautre, très ancienne, du rapportentre le sujet et l’objet.

L’US : En quoi votre recherchepeut-elle interpeller d’autreschamps disciplinaires ?F. B. : Justement en interrogeantles représentations du sujet d’unepart et les connaissances et lessavoirs d’autre part. Il y a deuxfaçons d’évincer ce sujet de l’acted’apprendre : soit en le plaçant

PORTRAIT UNE PRATIQUE PÉDAGOGIQUE

”L’exercice charrie avec lui une véri

Repenser l’exigence de « haut niveau »

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façon originale à l’environne-ment, cela prend tout de suiteune autre dimension. C’est auformateur d’organiser et d’assu-mer le savoir original qu’ilconstruit et propose en s’ouvrantà des champs théoriques mul-tiples parce que, tout simplement,compte tenu de la mission quilui est confiée, il a trouvé ce senslà « pour lui ». Le grand pro-blème est donc celui de la for-mation des formateurs. L’anatomie dont nous avons besoinn’est pas celle du chirurgien. Il ya un savoir d’ordre anatomique àaménager en s’appuyant sur la

connaissance de la connaissanceque, par tradition, nous mécon-naissons : le bon formateur c’estcelui qui n’a jamais abandonné laquestion qui l’a mis, lui, en tra-vail. Il faut alors parler des sciencesen montrant leur degré relatif devalidité et cesser de les « fanati-ser », ce qui est toujours une solu-tion de facilité. D’une part, elles nedisent pas la vérité mais une véritéparmi d’autres et ne sont d’aucunsecours en matière de choixéthique. Pour former véritablement,il faut apprendre avant tout auxjeunes de quelle nature est le savoir.Pour cela, il faut par exempleenseigner en faisant de l’épisté-mologie, en retraçant la genèsedes connaissances, en montrantcomment les scientifiques qui

s’appuient sur les mêmesconnaissances proposent pour-tant des modèles explicatifsconcurrents... Ce n’est pas seu-lement en voyant tomber lapomme que Newton a fait sesdécouvertes...

L’US : Où se situent les freinspour transformer la formationdes formateurs ? F. B. : Il y a quelques années estparu dans La Recherche unarticle intitulé « La maladie del’orme, ou l’ignorance ensciences ». Cet article racontaitl’anecdote suivante : les ormes

ont eu une maladie au XIXe siècleà Paris. Un botaniste a étudié etsoigné, à ce moment là, cettemaladie. Actuellement les ormesont cette même maladie mais per-sonne ne peut les guérir. Alors onles coupe ! Cet article souhaitaitmontrer que quelquefois « lascience crée de l’ignorance »parce qu’aujourd’hui, il y a unspécialiste de l’écorce qui est àTokyo, un autre, spécialiste del’aubier, qui est à San Francisco...L’Université a construit son pou-voir sur quelques illusions quiont conduit à une perte impor-tante de sens. En privilégiant le« comment », nous avons négligéle « pourquoi ». Or les princi-paux paradigmes ayant cours àl’Université ont maintenant cinq

siècles. Pourquoi continuent-ilsde « travailler » sans être inter-rogés alors qu’ils influencent for-tement une certaine conceptionde la formation des maîtres ?Pourquoi ne savons-nous formu-ler l’exigence de « haut-niveau »qu’à travers la lecture autoriséepar ces paradigmes-là ? Pourquoipersonne aujourd’hui n’est fina-lement plus capable de trouverdu sens à la recherche scienti-fique telle qu’elle est produite ?Nous lui faisons une confiancequi est à l’image de notre igno-rance. Ce n’est plus acceptableaujourd’hui. Je crois qu’il n’y a qu’une seulecompétence à laquelle nous devonsen permanence nous préparer :c’est celle de tenter d’« apprendreà penser ». Penser, c’est intro-duire de la relativité dans sonpropre point de vue et dans le pointde vue de l’autre tout en s’ap-puyant sur lui. C’est aussi avoirle courage de faire ce que dit PaulValéry du métier d’artiste,« s’avancer dans l’arbitraire et lais-ser derrière soi la nécessité ». Cecourage de l’arbitraire définit àmes yeux la vie humaine : quandBorg a inventé son revers à deux

mains, il a ouvert un champimmense pour tous ceux qui sontun peu faibles avec une seule main.Combien avons-nous perdu dejoueurs de tennis qui auraient étébons à deux mains mais quin’osaient pas ? et a contrario com-bien avons nous perdu égalementde joueurs que l’on a forcé à jouerà deux mains alors que cela neleur convenait pas. Borg s’est« avancé dans l’arbitraire » et « alaissé derrière lui la nécessité »

(mais pas l’obligation). Aujour-d’hui nous savons que l’on peutfaire un revers à une ou à deuxmains et que cela est équivalenttant que le revers est « efficace ».Il nous faut former l’aptitude à« inventer » et cela dans tous lesdomaines, car notre conditionhumaine en situation l’exige. �Propos recueillis par Sylvie Nony

(1) Expression de Michel Serres.(2) Liste dans l’encadré ci-contre.

Apprendreà « avancerdans l’arbitraire »

SIXIÈMES RENCONTRES DU CREPS AQUITAINE15, 16 ET 17 MARS 2005

Avec : ANDRACA Pierre, CTR natation ; BACRI Jean-Pierre, acteur etauteur ; BASSIS Odette, présidente du GFEN, docteur en sciences del’éducation ; COSTANTINI Daniel, entraîneur national (FFHB) ;DI MARTINO Jean-François, entraîneur national FFEscrime ; DUFLOColas, philosophe, professeur d’université ; GATIEN Jean-Philippe,équipe de France de tennis de table ; JACQUARD Albert, généticien,écrivain ; LEVEQUE Claude, artiste plasticien ; LEVY Alain, champion dumonde de bridge ; PERRENOUD Philippe, professeur d’université ;PLEWINSKY Catherine, éducatrice sportive (natation) ; RAT Michel,entraîneur national (FFB) ; SCRIBOT Francis, professeur agrégé d’EPS ;SCHWINT Daniel, professeur d’université ; SUSBIELLES François, CTRpelote basque.Dépliant à demander au CREPS Aquitaine, 653, cours de la Libération, 33405 Talence Cedex.

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Il faut apprendre avant tout aux jeunes

de quelle natureest le savoir

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Le bon formateur c’est celui qui n’a jamaisabandonné la question qui l’a mis, lui, en travail

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ADAPT

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Un service du SNES

LE SITE D’ADAPTIl a fait peau neuve : Alain Prevot, responsable des pages multimédia dans L’US, vient de le réaménager.Vous pouvez consulter tous nos ouvrages (avec couverture couleur, sommaire complet, introduction,4e de couverture) comme si vous les feuilletiez. La commande en ligne avec paiement par cartesécurisé fonctionne bien : et c’est tellement plus simple !Il est accessible directement www.adapt.snes.edu ou depuis le site du SNES.Y sont proposés, outre le catalogue des ouvrages édités, des tests de CD-Rom éducatifs (400 environ)ainsi que de nombreux liens et toutes les pages multimédia de L’US.

Autour des pratiquesartistiquesCorps et pédagogieUn recueil d’articles pour tenter de comprendrece qui se joue dans les corps, qu’il s’agisse deceux des enseignants ou de ceux des élèves :quel rôle, encombrant ou créatif, le corps peut-il tenir dans les apprentissages ? Commentaffronter la difficulté d’être qui rend nos métierssi exigeants ?Approches philosophique, psychanalytique ousociologique, témoignages : une quinzaine decontributions dont deux autour de Claude Pujade-Renaud et de Michel Bernard.•Coordonné par V. Vanier, 144 pages, sept. 2004, 14€.

Entrées dans la ville - Enseignerla ville : une démarche citoyenne La ville, devenue l’environnement quotidien de laplupart d’entre nous, est le lieu d’enjeux majeursde notre société. Comment la décrypter, s’yregarder, la redécouvrir peut-être pour se l’ap-proprier ? C’est la médiation des arts qui estproposée ici, en connexion avec les autres dis-ciplines scolaires, pour analyser avec des élèves

les multiples visages de cet espaceurbain, lieu de tension et de créa-tion (avec la participation d’A.Hayot, ethnologue et de F. Pavloff,écrivain).• Coordonné par V. Vanier, 1998,88 pages, 10 €.

LettresEntre deux langues,Autobiographie et bilinguisme

Recueil de 25 très beaux textesoù des écrivains de double cultureparlent de leur identité, de leurrapport à l’école et à la création(Pasolini, Hélias, Sarraute, Memmi,Chamoiseau, Kundera, Makine etbien d’autres). La possession d’une

seconde langue maternelle, qu’elle soit régio-nale ou étrangère, permet d’aborder de manièreoriginale l’autobiographie. Textes assortis decommentaires sobres et efficaces pour travail enclasse.•Par Micheline Cellier-Gelly, Claire Torreilles et Marie-Jeanne Verny, 144 pages, 15 €.

Exercices de remédiationpour la classe de françaisOutil de travail individuel ou collectif destinéaux élèves de collège. Des centaines d’exercicessimples et progressifs utilisables dans des classeshétérogènes, pour la remédiation comme pourl’approfondissement. (Même collection et mêmesauteurs que « La Bible et l’Odyssée » et « Fableset contes. »)• Par D.Beloud, F. Droz et I. Hout.

Trois titres disponibles :

Au pays des mots : pour se familiariser avec ledictionnaire et les rapports entre les mots (défi-nitions, familles de mots, antonymes, synonymes,homonymes, polysémie, champs lexicaux, expres-sions toutes faites).• 64 pages, (pochette de deux cahiers), 2004, 12 €.

Au pays de l’écrit : pour s’approprier un manuel,comprendre les consignes, repérer les types detextes, exploiter titre et couverture d’un livre,jouer avec les mots.• 64 pages, 2004, 12 €.

Fables et contes : pour repérer le schéma nar-ratif, le point de vue, savoir décrire, lire l’image,s’entraîner à l’oral, s’initier au latin et à la languemédiévale, parodier.• 64 pages, 2003, 10 €.

Lectures croisées : le commentaire detexte en français, philosophie et histoireNos élèves ont à pratiquer l’exercice ducommentaire dans trois disciplines avecdes consignes parfois très différentes. Com-ment s’y retrouvent-ils ? Cet ouvrageconfronte les pratiques, les présupposéset l’histoire de l’exercice scolaire dans lestrois matières, propose différentesapproches disciplinaires du même texte ets’interroge sur la paraphrase qui est au coeurmême de l’activité du commentaire.• Pochette de 84 pages, 1994, 11 €.

Histoire des sciencesUne dizaine d'ouvrages à la fois accessibles etrigoureux, en co-édition Vuibert/Adapt, peuventêtre consultés et commandés sur le sitewww.adapt.snes.edu

Théâtre : le désir de jouerLe désir de faire du théâtre estdevenu extrêmement fréquent.Qu’est-ce qui aujourd’hui lemotive ? De quoi est-il le signe ?Quelle est sa légitimité ? A quellereconnaissance peut-il prétendre ?

Est-ce encore le théâtre qui est en jeu ? Cetouvrage, en croisant des points de vue différents,s’interroge sur l’universalité d’un désir profon-dément humain, en même temps que sur la diver-sité des pratiques et la singularité des parcoursd’acteurs.• Coordonné par Luc Boucris, 2000, 192 pages,11,50 €.

Aventures d’écritureLes ateliers d’écriture se multi-plient dans des lieux et des milieuxtrès différents. D’où vient ce plai-sir d’écrire individuellement maisen groupe, à partir d’un déclen-cheur ou de contraintes formelles?

Écrivains et enseignants s’interrogent sur la via-bilité de ce type d’écriture dans l’institution sco-laire et témoignent de pratiques très variéesdans des lieux divers (dont un entretien avecFrançois Bon).• Coordonné par V. Vanier, 2002, 135 pages, 14 €.

De l’écrit à l’écran :Maupassant, Renoir, SantelliQuand Renoir, avec Une partie decampagne, et Santelli, avec L’En-fant, adaptent Maupassant àl’écran, ils invitent à redécouvrirla poésie de l’eau, à regarder au-

delà des personnages, à prendre la mesure desretournements si fréquents chez Maupassant.L’étude conjointe des nouvelles et des films, parses va-et-vient constants, permet de comprendrecomment les images, par la logique qui leur estpropre, peuvent féconder une lecture et débou-cher sur une poétique.•Par Luc Boucris, Prix Maupassant, 1996, 100 pages,10 €.

La lecture plaisir : de festivalsen concours littérairesL’apparente désaffection pour la lecture quitouche les élèves n’est pas fatale. Depuis desannées, des enseignants lancent des expériencespédagogiques pour développer cette activité delecture. Pour qu’elle retrouve son mystère etredevienne un plaisir, il est parfois souhaitable depasser par des chemins détournés : Goncourt desLycéens, Festival du Premier Roman de Cham-béry, mais aussi expériences plus modestes etmoins médiatiques. • Coordonné par V. Vanier, 1998 - 112 pages, 10 €.

Le mythe d’Orphée dansles métamorphoses d’OvideOrphée, c’est l’amour, la mort, lamusique, la poésie... Ce mythe grec(sans texte grec), d’une exceptionnellefécondité puisque indéfiniment repris,est étudié ici à travers les Métamor-phoses d’Ovide. Cette étude intéressera les profsde lettres bien sûr mais aussi tous ceux quiaiment l’histoire d’Orphée, l’opéra de Monteverdiou les films d’Angelopoulos. • Coordonné par Françoise Létoublon, 2001,128 pages, 11 €.

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