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LES PAPYRUS DE GENÈVE QUATRIÈME VOLUME N os 147 - 205 TEXTES LITTÉRAIRES, SEMI-LITTÉRAIRES ET DOCUMENTAIRES publiés par SARAH GAFFINO MŒRI, SOPHIE GÄLLNÖ, NOEMI POGET, PAUL SCHUBERT avec des contributions de BERTRAND BOUVIER, CHRISTELLE FISCHER BOVET, CLARISSE MIAZZA, ENRICO NORELLI, ALEXANDRE SOLCÀ, MARTIN STEINRÜCK, CLAUDE WEHRLI (†) GENÈVE BIBLIOTHÈQUE DE GENÈVE 2010

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    LESPAPYRUS DE GENVE

    QUATRIME VOLUMENos 147 - 205

    TEXTES LITTRAIRES, SEMI-LITTRAIRESET DOCUMENTAIRES

    publis par

    SARAH GAFFINO MRI, SOPHIE GLLN,

    NOEMI POGET, PAUL SCHUBERT

    avec des contributions deBERTRAND BOUVIER, CHRISTELLE FISCHER BOVET,

    CLARISSE MIAZZA, ENRICO NORELLI, ALEXANDRE SOLC,MARTIN STEINRCK, CLAUDE WEHRLI ()

    GENVEBIBLIOTHQUE DE GENVE

    2010

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  • LES PAPYRUS DE GENVE

    QUATRIME VOLUMENos 147 - 205

    TEXTES LITTRAIRES, SEMI-LITTRAIRESET DOCUMENTAIRES

    publis par

    SARAH GAFFINO MRI, SOPHIE GLLN,

    NOEMI POGET, PAUL SCHUBERT

    avec des contributions de

    BERTRAND BOUVIER, CHRISTELLE FISCHER BOVET,CLARISSE MIAZZA, ENRICO NORELLI, ALEXANDRE SOLC,

    MARTIN STEINRCK, CLAUDE WEHRLI ()

    2010

    BIBLIOTHQUEDE GENVE

    Ville de GenveDpartement des affaires culturelles

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  • Publi avec lappui du

    Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique

    Collection Les papyrus de GenveVol. 1 2me dition publi par Paul Schubert et Isabelle Jonot (2002) 288 pp.Vol. 2 publi par Claude Wehrli (1986) 161 pp.Vol. 3 publi par Paul Schubert (1996) 196 pp.

    Bibliothque de Genve, 2010Parc des Bastions1211 Genve 4SuisseTl. 41 22 418 28 00Fax 41 22 418 28 01Maquette et mise en page : Compotronic S.A., Boudry/NEImpression: Mdecine & Hygine, GenveISBN 2-88220-027-7

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  • AVANT-PROPOS Le 11 mai 556, lorsquun certain Aurelius Menas a conclu un contrat par lequel il reconnaissait lemprunt dun montant considrable dor et dtoupe, il ne se doutait probablement pas que le contenu du papyrus quil tenait entre ses mains serait diffus travers le monde scienti que sous la forme dune publication papyrologique, presque un millnaire et demi plus tard. Il aurait aussi eu de la peine imaginer que la moiti suprieure du document terminerait ses prgrinations dans la collection de la Biblioth-que nationale autrichienne Vienne, tandis que le bas chouerait des centaines de kilomtres louest, dans la collection de la Bibliothque de Genve (anciennement Bibliothque publique et universitaire). Cest pour-tant le destin courant de nombre de papyrus que des chercheurs du monde entier sefforcent de dchiffrer et dditer depuis plus dun sicle.

    Le prsent volume a connu une longue priode de gestation dont il convient dexposer ici les principales tapes. Le premier volume des Papy-rus de Genve a t produit en trois fascicules entre 1896 et 1906 grce aux efforts de Jules Nicole, lun des pionniers de la papyrologie. Son succes-seur la chaire de grec de lUniversit de Genve, Victor Martin, a passa-blement travaill sur la collection papyrologique genevoise, et il en a publi de nombreuses pices dun grand intrt. Toutefois, diverses tches notamment la publication du codex de la Fondation Bodmer contenant les trois clbres comdies de Mnandre ont empch quil produise lui aussi un volume de Papyrus de Genve. Cette mission attendait plusieurs de ses lves, parmi lesquels on compte notamment les regretts Claude Wehrli, Olivier Reverdin et Jean Rudhardt, ainsi que Bertrand Bouvier ; Andr Hurst faisait partie des pigones. Ce dernier, sduit par les papyrus littraires plutt que documentaires, sest attel la publication de la Vision de Dorothos et du Codex des Visions de la Fondation Bodmer en collaboration avec Jean Rudhardt et Olivier Reverdin, prolongeant ainsi les efforts de Victor Martin dans cette autre collection genevoise. En parallle, les textes coptes de la Bodmeriana taient traits par Rodolphe Kasser. Pour des raisons dont on peut spargner le dtail, cest en d nitive Claude Wehrli qui a produit en 1986 le deuxime volume des Papyrus de Genve, lequel contenait des textes qui avaient fait lobjet de longues san-ces de travail avec Victor Martin. lexception de quelques papyrus de la priode ptolmaque, ces papyrus dataient pour lessentiel du Haut Empire romain.

    Fort de ce premier succs, Claude Wehrli stait dcid poursuivre leffort en sattaquant aux papyrus dpoque tardive, trouvant un alli en la personne de son collgue et ami Bertrand Bouvier. Wehrli a ainsi prsent un premier survol des pices majeures qui devaient constituer le volume suivant, et il a publi certains papyrus dans des revues savantes, parfois en

  • VIII LES PAPYRUS DE GENVE

    tandem avec Bouvier.1 Ce beau projet sest cependant arrt la mort pr-mature de Wehrli en 1989.

    Les circonstances ont ainsi voulu que le ambeau papyrologique soit alors plac entre les mains encore fort inexpertes de Paul Schubert. Comme la collection genevoise venait de senrichir de cartonnages de momies ptolmaques, les papyrus byzantins ont t pris dattendre des jours meil-leurs : le troisime volume des Papyrus de Genve, publi en 1996 dans des conditions plutt prcaires, a ainsi t consacr des papyrus de la priode ptolmaque ainsi qu quelques pices du Haut Empire.

    Il sest ensuite avr que, avant de procder la publication de nou-veaux indits, il convenait de rviser en profondeur les textes dj connus par le premier volume des Papyrus de Genve, lexception des papyrus dj repris dans les Archives dAbinnaeus (P.Abinn.). La nouvelle dition, parue en 2002 grce aux efforts conjoints dIsabelle Jornot et de Paul Schubert, a effectivement apport un clairage diffrent sur nombre de pices pourtant dj bien connues ; mais elle a aussi contribu retarder le projet ddition des papyrus dpoque tardive.

    Cest nalement partir de 2005 quil a t possible de reprendre lide lance par la gnration prcdente des papyrologues genevois. Le soutien

    nancier du Fonds national suisse de la recherche scienti que a permis de constituer une quipe qui a compt successivement Sarah Gaf no Mri, Sophie Glln et Noemi Poget, sous la direction de Paul Schubert.2 Notre projet, sil suivait en gros la voie trace par Claude Wehrli et Bertrand Bouvier, reposait nanmoins sur des bases entirement nouvelles, grce aux dcouvertes que nous avions pu faire en ralisant le catalogue lectronique de la collection de la Bibliothque de Genve partir de 2001. En cours de travail, nous avons notamment retrouv plusieurs botes mtalliques contenant des indits dans leur tat dorigine. Les indits de la collection genevoise ne sont pas pour autant puiss : nous avons opr un choix qui nous a paru reprsentatif des papyrus dpoque tardive. Nous avons aussi inclus dans ce volume un certain nombre de papyrus genevois parus prcdemment dans des publications parses, et quil convenait de rassembler. Lorsque lexamen des papyrus nous a convaincus quune rvision tait ncessaire, nous nous sommes efforcs de mettre jour ltat de la question ; sinon, nous nous sommes contents de fournir au lecteur les lments essentiels. Au l du temps, nous avons pu pro ter de la collaboration pisodique dtudiants et de collgues, que nous avons plaisir associer cette publication : Bertrand Bouvier, Christelle Fischer Bovet,

    1 Pour une brve prsentation des papyrus byzantins de la collection genevoise, cf. C. Wehrli, Pap. Congr. XVIII, vol. I, 91 93.

    2 Projet n 109254 ; prolongation : projet n 117654.

  • AVANT-PROPOS IX

    Clarisse Miazza, Enrico Norelli, Alexandre Solc, Martin Steinrck et Claude Wehrli ().

    En consultant la liste des papyrus et lattribution de chaque pice divers chercheurs, le lecteur pourra constater demble quil sest agi dun travail dquipe au sens le plus large du terme. La plupart des papyrus ont t prpars grce aux efforts conjugus de plusieurs diteurs ; nous avons discut du contenu de ces textes au cours de longues sances de travail. Finalement, tous les manuscrits ont t revus dans le dtail par Paul Schu-bert, lequel sest aussi charg du travail ddition proprement dite du volume ainsi que de la mise en page. Les index ont t raliss par Noemi Poget et Paul Schubert.

    Nous avons conscience du risque inhrent toute publication de papy-rus indits : nos lecteurs repreront sans doute de nombreuses imperfec-tions qui viendront paissir les volumes de la Berichtigungsliste. Lexistence mme de cet instrument de travail ainsi que sa taille dsor-mais monumentale montre toutefois que cest l une dif cult laquelle il est presque impossible de se soustraire, en dpit des meilleures inten-tions. Nous ne pouvons donc que souscrire aux propos dj anciens de Herbert Youtie : () the visual and mental energy available to the reader of papyri does not always suf ce for the job to be done. At some point even the most energetic decipherer will lay down the burden of transcrip-tion as one that he can no longer bear. Almost always he leaves something, whether much or little, for others to complete or emend. 3

    Il nous reste nous acquitter de la tche agrable consistant remercier les nombreuses personnes qui nous ont aids raliser ce projet. toutes les tapes du travail, le personnel de la Bibliothque de Genve a fait preuve dun esprit de collaboration exemplaire. Quil nous soit permis de remercier en particulier le directeur de cette institution, M. Jean-Charles Giroud, qui a bien voulu accepter de poursuivre ldition de la srie des Papyrus de Genve. Sans le concours aimable et ef cace de la conser-vatrice des manuscrits, Mme Barbara Roth, nous ne serions jamais parvenus au bout de la tche. Nous avons conscience davoir mis rude preuve la patience des surveillants de la Salle Snebier (salle des manuscrits de la BGE) ; quils trouvent lexpression de notre reconnais-sance, adresse en particulier M. Pierre-Alain Baudat. Nous avons aussi bn ci de laide de latelier de restauration de la BGE en la personne de Mme Florane Gindroz. Les images des papyrus ont t produites par la photographe de la Facult des lettres de lUniversit de Genve, Mme Viviane Siffert, avec sa comptence habituelle. Les collgues genevois nous ont aussi frquemment secourus pour rsoudre des

    3 H.C. Youtie, The Textual Criticism of Documentary Papyri 6.

  • X LES PAPYRUS DE GENVE

    problmes spci ques, comme par exemple une souscription en copte (Philippe Collombert et Pierre Cherix), le commentaire thologique dun texte particulirement pineux (Enrico Norelli), ou lexamen de certains textes bibliques (Andr-Louis Rey).

    Nous avons aussi eu la chance de bn cier des effets toujours renouve-ls de lamicitia papyrologorum dans nos contacts frquents et fructueux avec de nombreux collgues travers le monde. Il nous est impossible de les recenser ici de manire exhaustive, mais nous ne saurions passer sous silence lassistance toujours ef cace de Klaas Worp et de Nick Gonis, ni les secours amicaux dun grand rudit, Jean-Luc Fournet. Quant Dieter Hagedorn, il nous a fourni de laide dans le dchiffrement de ladresse

    gurant au dos dune lettre. Pour les caractres grecs et les caractres sp-ciaux relevant du domaine papyrologique, nous avons utilis IFAO-Grec Unicode , une police dveloppe par Ralph Hancock et Jean-Luc Four-net ; pour le copte, la police Ifao Copte , mise au point par Jonathan Perez. Il convient de rappeler aussi tout le bn ce que nous avons tir de lusage des grandes banques de donnes papyrologiques accessibles cha-cun en ligne, en particulier le Heidelberger Gesamtverzeichnis, la Duke Data Bank of Documentary Papyri, et la Leuven Database of Ancient Books.

    En n, limpression de ce volume naurait pas t possible sans un apport nancier substantiel : nous remercions le Fonds national suisse de la recherche scienti que pour son soutien indispensable.

  • INTRODUCTION

    Prsentation gnrale Ce volume comprend pour lessentiel des papyrus datant dpoque tardive (IVe VIIIe s.). Seules quelques pices datant du Haut Empire ont t incluses, au gr de diverses dcouvertes rcentes ralises dans la collec-tion genevoise. Les textes de contenu chrtien re tent assez bien la diver-sit du matriel tel quon le connat par ailleurs : le lecteur trouvera des passages bibliques (147149), des fragments dhomlies (150152), ainsi que des textes associs la liturgie (153154). Pour les textes littraires ou semi-littraires de contenu profane, certains ont un caractre scolaire (160), tandis que les autres (155159) tmoignent surtout de la varit des auteurs et des uvres qui circulaient en gypte sous lEmpire romain.

    Ce sont toutefois les papyrus documentaires qui se taillent la part du lion dans ce volume. Lettres, ordres, ptitions, contrats ou encore listes viennent enrichir le matriel dj publi. Beaucoup de papyrus se prsen-tent dans un tat fragmentaire ; les parallles nous ont t dun grand secours pour tenter de redonner corps des dbris en pitre condition. Le critre principal de classement de ces papyrus documentaires est dordre thmatique : il nous a en effet paru utile pour le lecteur de trouver ensem-ble par exemple toutes les ptitions, ou tous les ordres, ou encore toutes les lettres. lintrieur de ces catgories gnrales, nous avons adopt comme critre de classement secondaire lordre chronologique.

    Provenance des papyrus Parmi les papyrus prsents dans ce volume, deux dentre eux (163 et 192) proviennent des achats effectus titre priv par lgyptologue douard Naville pour son collgue hellniste Jules Nicole en 1892. Ils portent les cotes dinventaire P.Nicole ; ils ont t donns la Bibliothque Publi-que et Universitaire aujourdhui Bibliothque de Genve en 1917. partir de 1893, Naville a continu dacheter des papyrus, mais directement pour le compte de la BPU. Ces pices portent la cote P.Gen. . Parmi les textes tardifs, qui forment lessentiel du prsent volume, une bonne partie du lot provient du nome arsinote ; on notera cependant dautres provenan-ces, comme le nome hermopolite (190 et 191), le nome hraclopolite (192), Oxyrhynque (182) ou encore Apollonopolis Parva Heptanomias (168).

    Format et sens des bres La manire la plus courante dutiliser un rouleau de papyrus ou une feuille dcoupe dans un rouleau consiste crire en suivant le sens des

  • XII LES PAPYRUS DE GENVE

    bres sur la face que lon appelle, par abus de langage, le recto. Cette manire de faire est celle qui prdomine sous le Haut Empire romain, cest--dire la priode pour laquelle nous possdons le plus grand nombre de papyrus. On pourrait par consquent tre tent doublier que cette pratique nest pas universelle. la priode ptolmaque, on trouve de nombreux documents crits transversa charta : le scribe dcoupe dans un rouleau une bande verticale et crit perpendiculairement aux bres.1 Sous le Haut Empire, on observe le mme phnomne dans des cas particuliers relevant dun type prcis de documents, comme par exemple les reus pour le

    entre le IIe et le IIIe s. ap. J.-C.2 Avec les papyrus dpoque tardive, les scribes optent pour des formats qui diffrent encore plus quaux autres priodes en fonction du type mme de document quils entendent produire, comme la bien montr Jean-Luc Fournet. Ainsi, les lettres de la priode byzantine sont en gnral crites transversa charta sur un billet oblong, perpendiculairement aux bres ; au dos, le scribe fait

    gurer ladresse. En revanche, les ptitions suivent le sens des bres.3Sur la base des documents publis dans ce volume et datant de lpoque

    tardive, il est possible de mettre lpreuve le modle gnral propos par Fournet.

    Liste des documents dpoque tardive, classs par types de documents et par dates :

    Type de document Date Fibres 1 171 Lettre 1e moiti du IVe s. 2 175 Lettre / ordre 336 transversa charta 3 176 Lettre / ordre 360 4 177 Lettre / ordre 385 transversa charta5 172 Lettre IV/Ve s. 6 173 Lettre VIe s. transversa charta7 195 Lettre / reconnaissance

    de dette VIe s. transversa charta

    8 178 Lettre Fin du VIe s. transversa charta9 168 Lettre VI/VIIe s. transversa charta10 169 Lettre VI/VIIe s. transversa charta

    1 Cf. E.G. Turner, The Terms Recto and Verso 35. 2 Cf. P.Diog. 37, introduction ; SB XXII 15848 ; dans le prsent volume, 165. 3 Cf. J.-L. Fournet, Pap. Congr. XXIV 359362 ; id. in R. Delmaire / J. Desmulliez /

    P.-L. Gatier (d.), Correspondances. Documents pour lhistoire de lAntiquit tardive 2632.

  • INTRODUCTION XIII

    11 174 Lettre VI/VIIe s. transversa charta12 179 Lettre / ordre VI/VIIe s. transversa charta13 180 Lettre / ordre VI/VIIe s. transversa charta14 197 Lettre 619629 transversa charta15 193 Reu 551/552 transversa charta16 186 Partage de proprit 473490 transversa charta17 187 Acte de conciliation VIe s. transversa charta18 182 Ptition 468 19 183 Ptition Ve s. 20 167 Ptition Entre 539 et env.

    570 21 184 Ptition 551 22 185 Contrat 326 (?) 23 190 Contrat 23 octobre 522

    (ou 24 octobre 523 ?)

    24 191 Contrat 28 mars 526 25 192 Contrat 30 mars 532 26 194 Contrat 11 mai 556 27 189 Contrat VIe s. 28 181 Contrat / procdure

    darbitrage Dbut du VIIe s.

    29 188 Contrat 9 juin 616 30 198 Contrat / reu 27 dcembre 633

    5 janvier 634 31 196 Contrat seconde moiti du

    VIIe s. 32 203 Liste VI/VIIe s. 33 170 Liste VIIe s.

    Le classement propos ici ne comprend que des types relativement limits. Ainsi par exemple, des ordres ont t rangs avec les lettres parce que, dun point de vue typologique, ils sapparentent aux lettres, mme si strictement parler il ne sagit pas de lettres.

    Le premier groupe qui se dtache nettement consiste prcisment dans les lettres (nos 114). On observe une lgre uctuation au IVe sicle, cest--dire lpoque o lon passe de lancien format dans lequel le scribe suit le sens des bres au nouveau format dans lequel il dcoupe le plus

  • XIV LES PAPYRUS DE GENVE

    souvent une bande transversa charta pour crire perpendiculairement aux bres. Le Ve sicle nest pas reprsent, ce qui re te assez bien ltat

    gnral de la documentation papyrologique cette priode, o lon observe un creux marqu dans le nombre de papyrus attests. Aux VIe et VIIesicles, le format de la lettre dispose transversa charta, avec criture perpendiculaire aux bres, est fermement implant. Le n 15 (193), un reu, prsente un format analogue. Quant aux nos 16 (186) et 17 (187), respectivement un partage de proprit et un acte de conciliation, ils prsentent une diffrence notable : il ne sagit pas dune mince bande de papyrus, mais dune feuille de grandes dimensions ; en cela, ce format est comparable aux nos 9 (168) et 10 (169), des lettres relativement longues, mais elles aussi rdiges transversa charta. Ces deux derniers documents prsentent une forme verticale, alors que, pour les lettres plus petites, le dcoupage transversa charta produit une forme horizontale.

    Les ptitions (nos 18 21) prsentent un contraste trs net avec le format de la lettre, comme la bien soulign Fournet : elles sont toutes crites dans le sens des bres. On observe le mme phnomne avec les contrats (nos 22 31), o le format est toujours le mme, avec une feuille verticale et lcriture dans le sens des bres. Finalement, deux listes (nos 32 et 33) reprennent le format du contrat, avec une forme verticale et lcriture dans le sens des bres.

    En conclusion, le modle propos par Fournet se vri e trs bien dans ce lot de papyrus. Cela peut constituer un outil prcieux dans lidenti cation de textes fragmentaires ou dune lecture dif cile.

    Quelques prcisions sur la terminologie Le mot grec (lat. indictio) peut exprimer soit une priode scale correspondant un cycle de 15 ans, soit une anne de ce cycle. Dans les traductions, nous respectons la terminologie grecque en indiquant, par exemple 7e indiction . Il va cependant de soi quil faut entendre 7e(anne du cycle) indictionnel .

    Lorsque nous citons un papyrus en guise de parallle, nous fournissons frquemment le lieu et la date, a n de placer le document dans son contexte. Sauf indication contraire, toutes les dates sont aprs Jsus-Christ.

  • LISTE DES PAPYRUS

    titre dexemple : 147 = P.Gen. IV 147. Le dernier papyrus du volume prcdent est P.Gen. III 146. Les papyrus ayant fait lobjet dune publication pralable sont marqus dun astrisque. Toutes les dates appar-tiennent lre chrtienne.

    Liste des auteurs :

    AS = Alexandre SOLCBB = Bertrand BOUVIERCFB = Christelle FISCHER BOVETCM = Clarisse MIAZZAEN = Enrico NORELLI

    CW = Claude WEHRLI () MS = Martin STEINRCKNP = Noemi POGETPS = Paul SCHUBERTSGM = Sarah GAFFINO MRISKG = Sophie Kristin GLLN

    Textes littraires ou semi-littraires de contenu chrtien

    147 Paraphrase dun passage biblique (Juges20)

    VIe s. SGM / NP

    148 Septante, Psaume 36 VIe s. SGM / SKG

    149 Texte marginal du codex de la Septantecommentant une citation de Luc 1, 2632

    VIe s. SGM / SKG / EN

    150 Homlie chrtienne contenant une citation de Luc 2, 3435

    VIe s. SGM / PS

    151 Texte chrtien (?) en prose VIe s. SKG

    152 Basile de Csare, Homlie sur lHexamron 1, 67

    VIe s. SGM / PS

    153 Un nouveau fragment danaphore alexandrine

    V/VIe s. SGM

    154 Symbole nicno-constantinopolitain 1e moiti du VIIIe s.

    PS

  • XVI LES PAPYRUS DE GENVE

    Textes littraires ou semi-littraires de contenu profane 155* Fragment de rcit tiologique (?) IIe s. PS 156 Fragment dun texte mdical IIIe s. SGM /

    SKG / PS

    157* Anoubion de Diospolis, pome astrologique en distiques lgiaques

    1e moiti du IIIe s.

    PS

    158* Fragments dune Blemyomachie en hexamtres

    Autour de 400

    MS

    159 loge dune personne dcde VIe s. NP 160 Exercice scolaire contenant des passages

    dIsocrate VIe s. PS

    Textes documentaires 161 Dclaration de proprit concernant des

    chameaux 31 janvier 136

    SKG

    162* Dclaration de naissance dun mtropolite 138143 SKG 163* Lettre daffaires de Lucretius Ammonianos IIe s. CFB 164* Copie dun compte rendu daudience II/IIIe s. PS 165* Reu pour le paiement du 13-22 aot

    230 CW / PS

    166 Fin dune dclaration avec serment 7 octobre 267

    SKG

    167 Dbut de ptition dune religieuse Entre 539 et env. 570

    SKG

    168* Lettre byzantine relative une fondation religieuse

    VI/VIIe s. CW / BB / PS

    169 Lettre dIsaac un vque VI/VIIe s. SGM / SKG / PS

    170 Calendrier de clbrations liturgiques par glises

    VIIe s. SGM / NP

    171 Lettre daffaires 1e moiti du IVe s.

    PS

    172* Lettre daffaires relative la vente de deux chameaux

    IV/Ve s. BB / CW

    173 Fragment de lettre VIe s. AS / NP 174 Fragment dune lettre de recommandation VI/VIIe s. SGM /

    SKG / PS

  • LISTE DES PAPYRUS XVII

    175 Ordre de livraison dtoupe aot/ septembre 336

    SKG

    176 Ordre de restitution adress un magistrat 360 AS / PS 177 Ordre de fourniture de viande 14

    novembre 385

    SKG

    178 Lettre prive comportant un mandat damener Fin du VIe s.

    SKG

    179 Ordre concernant un arbitrage VI/VIIe s. SGM / SKG

    180 Ordre de paiement VI/VIIe s. SGM / PS

    181 Rsolution dune procdure darbitrage portant sur deux salles manger

    dbut du VIIe s.

    SGM / NP

    182 Plainte auprs du defensor civitatisdOxyrhynque

    468 NP

    183 Brouillon dune plainte contre des voleurs Ve s. PS 184 Fin dune ptition 551 SGM /

    NP 185 Contrat de vente dun terrain 326 (?) SGM /

    NP 186 Partage de proprit entre deux frres 473490 SGM /

    NP 187 Fragments dun acte de conciliation

    concernant un partage VIe s. SKG

    188 Contrat de location dun terrain 9 juin 616 SKG 189 Contrat pass entre deux femmes VIe s. NP 190* Contrat dachat de vin avec paiement anticip 23 octobre

    522 (ou 24 octobre 523 ?)

    BB / CW / PS

    191 Dbut de contrat avec date 28 mars 526 (?)

    SGM / NP

    192 Reconnaissance de dette pour du fourrage 30 mars 532

    CM / PS

    193* Reu pour une livraison de bl au titre de lannone

    551/552 CW / PS

    194 Prt mixte dor et dtoupe 11 mai 556

    AS / PS

  • XVIII LES PAPYRUS DE GENVE

    195 Reconnaissance de dette VIe s. AS / NP 196 Prt dor 2e moiti

    du VIIe s. SKG

    197 Lettre adresse un sellarios 619629 SGM / NP

    198 Reu de paiement 27 dcem-bre 633 5 janvier 634

    SGM

    199 Reu pour le paiement du VIIe s. NP 200* Reu pour le paiement du VIIe s. NP 201 Liste (?) de contenu indtermin Antrieur

    la n du VIe s.

    SKG

    202 Liste de noms VI/VIIe s. SGM / NP

    203 Liste de sommes dues sur limpt VI/VIIe s. SGM / NP

    204* Liste de sommes dues sur limpt VIIe s. CW / PS 205 Texte tachygraphique Env. 468 NP

  • CONCORDANCE ENTRE LES NUMROS DINVENTAIRE ET LES NUMROS DE PUBLICATION

    Manuscrit grec 56 154P.Gen. inv. 17 188 P.Gen. inv. 48 161P.Gen. inv. 49 172 P.Gen. inv. 69 164 P.Gen. inv. 83 204 P.Gen. inv. 106 190 P.Gen. inv. 110 175P.Gen. inv. 135 187 P.Gen. inv. 137 159 P.Gen. inv. 139 202 P.Gen. inv. 140 158 P.Gen. inv. 145 197 P.Gen. inv. 149 189 P.Gen. inv. 150 198 P.Gen. inv. 151 181P.Gen. inv. 156 recto 182 P.Gen. inv. 156 verso 205 P.Gen. inv. 158 165P.Gen. inv. 166 177 P.Gen. inv. 174 169P.Gen. inv. 180 180 P.Gen. inv. 183 151 P.Gen. inv. 184 200 P.Gen. inv. 189 179P.Gen. inv. 190 185 P.Gen. inv. 199 153 P.Gen. inv. 204 193 P.Gen. inv. 245 166

    P.Gen. inv. 247 171P.Gen. inv. 248 183P.Gen. inv. 251 186 P.Gen. inv. 268 157 P.Gen. inv. 270 148 et 149 P.Gen. inv. 282 195 P.Gen. inv. 292 156 P.Gen. inv. 295 191 P.Gen. inv. 297 152P.Gen. inv. 301 168P.Gen. inv. 316 173 P.Gen. inv. 318 167P.Gen. inv. 323 184 P.Gen. inv. 335 178 P.Gen. inv. 335bis 201 P.Gen. inv. 341 162 P.Gen. inv. 382 150P.Gen. inv. 392 160P.Gen. inv. 393 174 P.Gen. inv. 394 203 P.Gen. inv. 399 194 P.Gen. inv. 400 recto 176 P.Gen. inv. 474 147 P.Gen. inv. 476 196 P.Gen. inv. 479 199 P.Gen. inv. 496 170 P.Gen. inv. 500 155P.Nicole inv. 14 192 P.Nicole inv. 24 163

  • SIGNES CONVENTIONNELS

    Les ditions papyrologiques font un usage tendu des signes convention-nels connus sous lappellation du systme de Leiden . Nous en rappe-lons ici les lments essentiels.

    Lettres rellement douteuses ou tellement imparfai-tes que, sans le contexte, elles pourraient tre lues de plus dune faon. Lettres illisibles (mais dont il reste une trace, mme in me) dont le nombre approximatif est connu. Lettres absentes (lacune) dont le nombre approxi-matif est connu.

    ou ou Lettres absentes dont le nombre mme approxima-tif est inconnu. Lettres rtablies par lditeur du texte. Lacunes (omissions du scribe). Ajouts de lditeur pour combler ces lacunes. Abrviations rsolues. Lettres ou mots ajouts par le scribe et supprims par lditeur du texte. Lettres ou mots effacs ou barrs par le scribe. Additions interlinaires. Dchirure du papyrus

    Dans lapparat critique des textes grecs :

    l. legendum

  • 147 PARAPHRASE DUN PASSAGE BIBLIQUE (JUGES 20)

    P.Gen. inv. 474 6,5 cm x 11,3 cm VIe s. ap. J.-C. Planche I Provenance inconnue

    Dans sa partie conserve, ce papyrus est en bon tat, mais la feuille est incom-plte : il manque le dbut et la n des cinq lignes lisibles, ainsi que le haut du document ; les traces dune sixime ligne sont visibles dans le coin infrieur gau-che. Aprs celles-ci, une mince marge infrieure denviron 5 mm apparat. Le dos du document est vierge. Lcriture est perpendiculaire aux bres ; autrement dit, le texte a t crit transversa charta, la manire dune lettre au VIe s. ap. J.-C.1Lcriture se prsente sous la forme dune cursive aise mais peu formelle, avec des lments de lonciale. Les lambda ont de longues hastes descendantes.2 Par le style de lcriture, on peut dater le papyrus du VIe sicle.3

    On reconnat dans ce fragment un rcit fait au prsent, relatif un groupe de personnes dont lidentit est perdue. Il semble que ces personnes souhaitent la victoire (pour elles-mmes ou pour autrui ?) dans un con it de nature indtermine (1). La victoire mne peut-tre lattribution dun territoire, qui stend jusqu une montagne (2). Ensuite, des personnes entrent en guerre contre un ennemi indtermin (3). Dieu accorde son aide (4). En n, il est question de laboureurs qui ne sont pas en mesure de voir quelque chose (5). Lusage de lexpression (l. ) la ligne 4 suggre un texte de contenu biblique.

    Sur la base de certaines correspondances de contenu et de vocabulaire, il semble possible dtablir un lien avec un rcit tir du livre des Juges(chap. 20). Suite loutrage fait la femme dun Lvite, les Isralites se mettent en guerre contre la tribu de Benjamin. On peut relever les correspondances suivantes :

    1 Cf. introduction, XIXIV. 2 Pour des critures semblables avec de longs lambda, cf. p. ex. P.Cair.Masp. II 67151

    (= FIRA III 66 ; pl. VIII, IX et X ; Antinoopolis, 570 ap. J.-C.) ; J.-L. Fournet, Hellnisme dans lgypte du VIe sicle, pl. LXXVILXXVII (= Antiquit Tardive 6 [1998] 6667 ; Aphrodit, 565567).

    3 Pour des parallles palographiques, cf. p. ex. CPR XXIII 33 (550 ap. J.-C. ; Tafel 17) ; P.Kln III 154 (VIe s. ; Tafel XXV) : P.Rainer Cent. 126 (VIe s. ; Tafel 97).

  • 2 LES PAPYRUS DE GENVE

    1 LXX Judic.20, 18

    2 LXX Judic.18, 13 LXX Judic.19, 18

    3 LXX Judic.20, 20 LXX Judic.20, 23

    LXX Judic.20, 28

    4 LXX Judic.20, 28

    La correspondance entre la ligne 5 o il est question de laboureurs et le rcit des Juges est plus problmatique : nous navons pas trouv dlments permettant un rapprochement. Nanmoins, les indices relevs pour les lignes 1 4 indiquent que nous sommes en prsence dune sorte de paraphrase dun passage biblique. Il ne sagit pas dun rcit historique proprement parler ; on peut cependant penser que cette paraphrase sins-rait dans un texte de porte plus gnrale, comme un sermon ou une homlie.

    Lorthographe du scribe est caractrise par des iotacismes (1 : ; 5 : ), et surtout par une utilisation apparement systmatique de

    pour (1 : , moins quil ne sagisse dun subjonctif ; 2 : ; 3 : ; 4 : ; 5 : et ).4

    4 Cf. F.T. Gignac, Grammar I 190 et 277.

  • 147 PARAPHRASE DUN PASSAGE BIBLIQUE (JUGES 20) 3

    Transcription diplomatique

    Texte dit

    1 l. 2 l. 3 l. 4 l. 5 l.

    (...) ils prient un autre () pour que vainque (...) mais lui, jusqu cette montagne (...) allant au combat contre (...) toujours et Dieu le livre (...) des laboureurs qui ne sont pas en mesure de regarder (...)

    1 . Il faut restituer une forme du verbe , p. ex. ou . Cf. p. ex. Joh. Apoc. 6, 2 : .

    2 (l. ) . On pourrait tre tent de prime abord de limiter la correction , et de traduire jusqu cette limite . Une recherche de la chane de caractres dans le Thesaurus Linguae Graecae [version lectronique, tat au 26.08.2008] produit toutefois 19 attestations de , mais aucune attestation de , ce qui suggre que la premire formulation est relativement usuelle. Sil sagit bien dune allusion une montagne, la localisation de cette montagne reste obscure. Deux historiens byzantins tardifs, Thophane le Confesseur (Chronographia, p. 41 de Boor ; VIII/IXe s.) et George Cdrne (Compendium historiarum I, p. 528 Bekker ; XI/XIIe s.), utilisent tous deux lexpression

    depuis Golgotha, o le Christ fut cruci , jusquau Mont des Oliviers . Plusieurs passages de lAncien Testament utilisent des expressions similaires comme par exemple LXX Deut. 1, 20 :

    () et je vous ai dit : vous tes arrivs la montagne des Ammorens. ; LXX Jos. 12, 1 :

  • 4 LES PAPYRUS DE GENVE

    Et tels furent les rois du territoire que les ls dIsral battirent ; et ils se partagrent leur territoire au-del du Jourdain, depuis le lever du soleil, depuis les gorges de lArnon jusqu la montagne dHermon, avec tout le territoire arabe depuis lorient. Chez Flavius Josphe (Ant. Jud. 5, 87), on retrouve le mme type de dlimitation territoriale :

    () dlimitant toute la Iamnie et Gitta, depuis Akkaron jusqu la montagne depuis laquelle a commenc la tribu de Juda. Toutefois, le rapprochement le plus pertinent semble tre celui du passage des Juges relev dans lintroduction ; cf. LXX Judic. 18, 13 :

    De l, ils passrent la montagne dEphram et ils allrent jusqu la maison de Micha.

    3 . La restitution la plus probable est . La tournure partir en guerre est

    abondamment atteste (le plus souvent sans larticle ), mais on trouve aussi plus rarement . la n de la ligne, on pourrait envisager de restituer (dans le sens de partir en guerre contre ), par analogie avec LXX Judic. 20, 20 :

    () et tous les hommes dIsral partirent en guerre contre Benjamin. Plus loin, on retrouve la mme tournure ; cf. LXX Judic. 20, 28 :

    Dois-je choisir de partir encore en guerre contre les ls de mon frre Benjamin, ou dois-je me calmer ?

    4 . Pour des restitutions possibles, deux solutions sont envisageables : a) un adjectif en ; b) une forme (2e pers. sing.) dun verbe en . Pour la premire possibilit, cf. Philo De sacr. Abelis et Caini 63 :

    Pour rendre grces au Tout-Puissant, ceignons-nous et soyons toujours prts, en vitant de nous mettre en retard. Pour la seconde solution, cf. Athen. Deipn. 349e (= Machon fr. 11, 151 152 Gow) : Dis-moi ce que tu veux ; pourquoi me regardes-tu toujours ? ; Ach. Tat. 1, 9, 3 :

    Toi, tu (la) regardes toujours, tu (l)coutes, tu manges et tu bois (avec elle). Le contexte du passage, o apparaissent plusieurs mentions de personnes la 3e pers. pl., fait pencher la balance en faveur de la premire solution. Dans la multitude des adjectifs en , cest gurant dans le passage de Philon cit ci-dessus qui semble le plus appropri : la ligne prcdente, il est question de partir en guerre ; il sagit alors pour certaines personnes dtre toujours prtes ( ) ; Dieu leur livre alors leur ennemi ( , cf. note suivante).

    . Dautres possibilits de restitution existent : , voire [. Le choix de se justi e par le parallle avec le passage

    de LXX Judic. 20, 28 (cf. introduction).

    5 (l. ). En dpit de la lacune, une infraction la Lex Youtie semble simposer, puisque le scribe crit systmatiquement pour . Le

  • 147 PARAPHRASE DUN PASSAGE BIBLIQUE (JUGES 20) 5

    terme dsigne un laboureur, cf. Etym. Magn. s.v. : (Le

    mot ) veut dire le laboureur, celui qui, avec ses bufs, renouvelle la terre, cest--dire quil lentaille et la dcoupe.

  • 148 SEPTANTE, PSAUME 361

    P.Gen. inv. 270 32 cm x 20 cm VIe s. ap. J.-C. Planches II et III Provenance inconnue

    Cette page de codex comporte le dbut du Psaume 36 tel quil apparat dans la Septante : sur le recto, les versets 210, et sur le verso, les versets 1017 (148).2En marge du texte des Psaumes, on trouve des notes marginales sur les deux faces, au sommet et au bas de la page, avec une citation de lvangile de Luc 1, 2632 (149). Le papyrus, en assez mauvais tat de conservation, se compose de trois fragments principaux. La partie centrale de la page a disparu, et sur les fragments restants, lencre est efface par endroits. Au recto, lcriture suit le sens des

    bres ; au verso, elle est perpendiculaire aux bres. Marges suprieure et ext-rieure : 5 cm ; marge infrieure : 3,5 cm en moyenne ; marge intrieure : 2,5 cm. Une fois les fragments de la page mis en place, on obtient une page large de 20 cm et haute de 32 cm environ, ce qui place le codex dans le groupe 3 de la typologie tablie par Turner.3 Sur les deux faces, les premires lignes du fragment tir du Psaume 36 sont relativement bien conserves. En bas de page elles sont presque compltes ; il manque gnralement deux lettres. La premire ligne du recto com-mence au milieu dun mot. Les versets 12 devaient se trouver sur la page oppo-se, qui est perdue. La dernire ligne du verso sarrte quant elle la n du ver-set 17 ; on peut donc supposer que le scribe a copi la suite du Psaume sur dautres feuillets. Le scribe passe systmatiquement la ligne chaque dbut de kolon. Les autres lignes commencent en retrait environ une fois sur deux ou sur trois, mais cette rgle nest pas systmatique. Il procde souvent des csures de mots. Le scribe nest pas toujours rgulier dans la taille des lettres. la n de la ligne 12 notamment, qui est trs longue et empite sur la marge, les lettres dimi-nuent de taille. Lcriture, soigne, prsente un style hybride. En effet, par la forme des lettres sinscrivant le plus souvent dans un carr, elle sapparente forte-ment la majuscule biblique.4 En revanche, certaines dcorations sur le nu et le tau, ainsi que la forme du kappa et de lalpha, proche du style de lcriture copte, rappellent le style de la majuscule alexandrine.5 Ce style hybride est attest par dautres tmoignages dont la datation prsente quelques dif cults, mme si les

    1 Nous remercions vivement nos collgues Andr-Louis Rey et Enrico Norelli, qui ont eu la gentillesse de relire une premire version de ldition de ce papyrus et nous ont fait profiter de leur rudition. Les erreurs qui subsistent ne sauraient en aucun cas leur tre imputes.

    2 Le n 36 dans la Septante grecque et la Vulgate latine correspond au n 37 dans la version hbraque masortique, qui sert en gnral de base pour la numrotation dans les traductions modernes de lAncien Testament. Cf. Traduction cumnique de la Bible768769. Par verset, il faut entendre le dcoupage moderne du texte.

    3 Cf. E.G. Turner, The Typology of the Early Codex 1516. 4 Cf. G. Cavallo, Ricerche sulla maiuscola biblica ; pour une description sommaire de ce

    style, cf. Cavallo / Maehler, GB 13c. Pour un parallle trs proche de notre codex, contenant galement un passage des Psaumes (6874), cf. P.Naqlun II 15.

    5 Cf. 151 et 152.

  • 148 SEPTANTE, PSAUME 36 7

    spcialistes penchent pour le VIe sicle.6 Les notes marginales du Psaume 36, 217 et le passage de Luc sont copis dans une encre plus claire. Lcriture est de petite taille, penche vers la droite, et beaucoup moins formelle que celle du texte central. Elle se caractrise par la petite taille de lalpha et de lomicron, trs arrondis, et de lupsilon, anguleux et trac en deux fois ; par le delta, le lambda, et le kappa, nettement plus larges, avec une diagonale descendante courbe et allonge ; par le nu, trac en une fois, avec une diagonale arrondie et lgrement surleve par rapport la ligne. On en trouve plusieurs parallles au VIe sicle.7Cela renforce quelque peu la datation propose pour le texte du Psaume. Sur les deux faces, dans la marge suprieure, les notes sont rdiges sur deux colonnes comportant chacune sept lignes. Au recto, les lignes de la premire colonne sont plus serres que celles de la seconde, ce qui donne faussement limpression que la seconde colonne comporte une ligne de plus que la premire. Sur le verso, les deux colonnes sont clairement spares par un espace orn dune croix ; les colonnes sont moins nettement spares au recto, o la croix est peu lisible. Le texte de la premire colonne du recto se termine dans la marge intrieure (810) ; il est repris lidentique la premire colonne du verso. Dans la marge intrieure du recto, on distingue une srie de signes dont lidenti cation reste incertaine.

    Dans ce passage, les croyants sont exhorts ne pas envier les succs des impies, et ne pas semporter contre eux, mme lorsque ceux-ci leur font du tort. Sans laisser chir leur foi envers Dieu, ils doivent vivre paisible-ment ; un jour les injustes disparatront, tandis que les croyants possderont leurs terres et vivront en paix. Ce texte fait partie des psaumes attribus David. Dans sa version hbraque, il sagit dun psaume alphabtique : chaque couple de kola commence par une lettre. On le considre pour cela comme un psaume dinstruction , dont lapprentissage serait facilit par sa structure alphabtique.8

    Le document comporte des nomina sacra : (22) ; (43).9 Il faut aussi restituer la ligne 4. En ce

    qui concerne lorthographe, on relvera la prsence de plusieurs cas de iotacisme (24, 32, 57).

    Le texte du papyrus a t collationn daprs ldition du texte de la Septante dAlfred Rahlfs, rvise par Robert Hanhart, ainsi que daprs leditio maior de Rahlfs. Les sigles des trois manuscrits fondamentaux pour ltablissement du texte de la Septante sont :

    6 Cf. Cavallo / Maehler, GB 38a et 38b ; G. Cavallo, Ricerche sulla maiuscola biblica 114116 et pl. 102103.

    7 Cf. Cavallo / Maehler, GB 30a et 31a33b. 8 Cf. TOB 768. 9 Cf. A.H.R.E. Paap, Nomina Sacra.

  • 8 LES PAPYRUS DE GENVE

    - B (Vaticanus gr. 1209, IVe s.) - S (Sinaticus, IV/Ve s.) - A (Alexandrinus, Ve s.)

    Pour le passage trait ici, il convient de relever aussi les manuscrits et tmoignages suivants de la tradition indirecte :

    - R (Verona, Bibl. Capit., I, VIe s.) - Z (Bibl. Vat., Vat. Syr. 162, Codex Zuqninensis , VIe s.) - He (Commentaire aux Psaumes dHesychios de Jrusalem [actif au

    Ve s.]) - L (recension de Lucien, prtre dAntioche [actif au IIIe s.] ;

    Lb = tmoignage dun groupe de manuscrits

    Ps. 36, 1

    Ps. 36, 2

    Recto

    Ps. 36, 3

    Ps. 36, 4

    Ps. 36, 5

    Ps. 36, 6

    Ps. 36, 7

  • 148 SEPTANTE, PSAUME 36 9

    Ps. 36, 8

    Ps. 36, 9

    Ps. 36, 10

    Verso

    Ps. 36, 11

    Ps. 36, 12

    Ps. 36, 13

    Ps. 36, 14

    Ps. 36, 15

    Ps. 36, 16

  • 10 LES PAPYRUS DE GENVE

    Ps. 36, 17

    21 : BS : A 2324 BSA 3132 LbZHeA : BS 57 l. 60 : A : BR

    lignes du papyrus

    versets bibliques

    1 De David. Ne ten amme pas contre ceux qui font le mal et nenvie pas ceux qui provoquent le dsordre :

    13 2 car ils se desscheront et tomberont aussi vite que lherbe.

    48 3 Espre dans le Seigneur et fais le bien ; occupe la terre et fais patre (tes troupeaux) pour la faire prosprer.

    911 4 Fais tes dlices du Seigneur, il taccordera ce que ton cur dsire.

    1214 5 Rvle au Seigneur ta voie, place ton espoir en lui ; et lui-mme agira

    1517 6 et fera sortir ta justice comme la lumire ainsi que ta rsolution comme le midi.

    1822 7 Soumets-toi au Seigneur et supplie-le. Ne ten-amme pas contre celui qui prospre dans son exis-

    tence, (ou) celui qui commet de transgressions. 2326 8 Mets n ta colre et dlaisse ton motion ; ne ten-

    amme pas car cela te causera du tort : 2730 9 car ceux qui causent du tort seront anantis, tandis

    que ceux qui attendent avec persvrance le Seig-neur, eux hriteront la terre.

    3134 10 Et sous peu le pcheur nexistera pas : tu cherche-ras un endroit pour lui, et tu nen trouveras pas.

    3538 11 Mais les doux hriteront la terre et prospreront dans la plnitude de la paix.

    3942 12 Le pcheur piera le juste et grincera des dents contre lui.

    4345 13 Mais le Seigneur se rira de lui, parce quil voit lavance que son jour viendra.

    4650 14 Les impies ont dgain lpe, ils ont dirig leurs ches pour frapper le mendiant et le pauvre, pour

    gorger ceux qui ont le cur droit.

  • 148 SEPTANTE, PSAUME 36 11

    5153 15 Mais leur pe, quelle aille dans leur cur et leurs ches, quelles se brisent !

    5456 16 Le peu qua le juste est suprieur labondante richesse des pcheurs ;

    5760 17 car les bras des impies se briseront, mais le Seigneur soutient les justes.

    4 . La restitution du nomen sacrum dans la lacune se justi e la fois par la place disponible et par la pratique du scribe dans les parties conserves du papyrus ; cf. (43) ; (22). Pour les diffrentes manires dcrire ces deux nomina sacra, cf. Paap, Nomina sacra 101102 et 105106.

    12 . La version de la Septante diffre ici de celle du texte massortique, qui comporte cet endroit : Tourne tes pas vers le Seigneur.

    21 . Le texte est trs mutil cet endroit, mais lomega et leta sont bien visibles.

    3132 . La tradition manuscrite hsite entre lindicatif futur et le subjonctif aoriste . Aprs la ngation forte , le subjonctif est naturel, mais la xation de la tournure dans le sens de il est certain que narrivera pas fait que lindicatif futur est aussi frquemment utilis. Cf. R. Khner, Ausfhrliche Grammatik der griechischen Sprache II.2, 221; F. Blass / A. Debrunner / F. Rehkopf, Grammatik des neutestamentlichen Griechisch 365, p. 294295. Ici lindicatif futur constitue une lectio facilior, du fait de lattraction avec le verbe

    de la ligne 33.

    4445 . La n de la ligne 44 est trs efface : on distingue des traces dencre puis un eta. la ligne 45, le my est visible, mais il est dif cile dtablir sil est prcd dune lettre. Cest pourquoi une autre lecture possible serait

    . Dans ce cas, la ligne 45 commencerait en retrait, comme la ligne 44.

    48 . Puisque ces deux dernires lettres de la ligne sont visibles sur la partie droite du papyrus, et daprs lespace couvert par la lacune, cette ligne commence en retrait.

    50 . Le texte massortique diffre cet endroit : celui qui marche droit .

  • 149 TEXTE MARGINAL DU CODEX DE LA SEPTANTECOMMENTANT UNE CITATION DE LUC 1, 26321

    P.Gen. inv. 270 32 cm x 20 cm VIe s. ap. J.-C. Planches IV et V Provenance inconnue

    Pour la description de ce papyrus, cf. 148.

    crites en marge du Psaume 36, ces notes comportent trois squences de texte. Dans ldition, ces squences de texte sont traites comme trois units :

    a) 110 et 2127 (= recto, col. i et verso, col. i) : note marginale n 1, copie double au sommet de chacune des deux pages.

    b) 1117 et 2834 (= recto, col. ii et verso, col. ii) : note marginale n 2 = citation de lvangile de Luc (1, 2628 et 3032), dans la seconde colonne au sommet du recto (versets 2628) et du verso (versets 3032).

    c) 1820 et 3538 (= recto, bas de page et verso, bas de page) : note marginale n 3, efface au bas du recto, puis recopie au bas du verso.

    Recto a) Col. i : note marginale n 1 (ver-sion 1) Lignes 110

    b) Col. ii : note marginale n 2 = Luc 1, 2628 Lignes 1117

    Psaume 36, 2-10 c) Note marginale n 3 (version 1) Lignes 1820

    1 Enrico Norelli a bien voulu accepter dtre associ au commentaire thologique du texte prsent ici. Quil veuille trouver dans ces lignes lexpression de notre profonde gratitude pour son aide prcieuse. Nous avons pris le parti dintgrer sa contribution dans le corps du texte, en qualit de co-auteur.

  • 149 TEXTE MARGINAL DU CODEX DE LA SEPTANTE 13

    Verso a) Col. i : Note marginale n 1 (version 2) Lignes 2127

    b) Col. ii : note marginale n 2 = Luc 1, 3032 Lignes 2834

    Psaume 36, 1017 c) Note marginale n 3 (version 2) Lignes 3538

    Les notes marginales n 1 et 3 ont t copies double, une fois sur chaque page. Quant la colonne de droite (note marginale n 2), elle comporte en premire ligne un titre sommaire, indiquant quil sagit dun extrait de lvangile, en loccurrence un passage de lAnnonciation. Le passage nest pas copi double : une partie gure au recto et le passage se poursuit au verso. Il manque toutefois le verset de Luc 1, 29, qui aurait d se trouver entre la dernire ligne du recto et la premire du verso. Ce verset relate ltonnement de Marie devant les paroles de lange :

    ces mots, elle fut trs trouble, et elle se demandait ce que pouvait signi er cette salutation. Labsence de ce verset ne compromet pas le sens gnral du passage cit.

    Au recto, pour le texte c) = note marginale n 3, le scribe semble stre interrompu au milieu dune phrase, avant deffacer le texte et de le rcrire de manire complte au verso. Si lon compare les deux faces, on constate que le scribe a mieux serr son texte au verso quau recto. Il en va de mme pour la premire colonne du sommet de la page (texte a), dont la ligne 5 comporte moins de lettres que la ligne 24, o le mme texte a t recopi. On peut avancer lhypothse que le scribe a dabord crit le texte de lvangile sur la colonne de droite au sommet des deux pages, avec lintention de placer sa gauche le texte complet de la colonne i, puis la troisime squence de texte en bas de page ; faute de place au recto, il aurait repris les mmes textes au verso, en les adaptant mieux lespace disponible.

    Au niveau de leur contenu, ces notes maginales posent deux questions principales : dabord, celle des liens unissant les trois squences de texte ; ensuite, celle du rapport entre ces notes marginales et le Psaume36.

    Lextrait de lvangile de Luc raconte larrive de lange Gabriel auprs de Marie, pour lui annoncer quelle va donner naissance Jsus. La nature du texte de la premire colonne est dif cile dterminer, mais il traite du mme thme. En effet, on lit de manire assez certaine

  • 14 LES PAPYRUS DE GENVE

    (24) ; renvoie en dbut de ligne. Or, il sagit l dune allusion au rcit de lAnnonciation dans Matthieu 1, 20 : . On observe galement un certain paralllisme au commencement des deux textes : (22 ; aussi 3) et

    (12). Ce paralllisme suggre une quivalence entre le Logos et Gabriel ; si la lecture des lignes 2324 est exacte, le Logos apparat Marie, la manire de lange de lvangile.

    Dans la seconde colonne, la citation de lvangile est introduite de manire tre rattache ce qui prcde au moyen dun . Cet lment donne limpression que lextrait biblique est cit pour illustrer le texte de la premire colonne. Dans tous les cas, ces deux textes de nature diffrente forment un ensemble cohrent, ayant pour thme lAnnonciation Marie et lincarnation du Christ.

    Le texte situ en bas de page traite lui aussi de la thmatique de lannonce de la naissance du Christ : il voque larrive de la bonne nouvelle (35), la mission de lange (37 : ) et lattente du Christ (3738). Il se distingue cependant des deux premiers textes par sa forme, car il sagit dune sorte dhymne rdig la premire personne (36 : ), adress Dieu ou Marie.

    Mme si ces notes marginales ne correspondent aucun texte connu, il est nanmoins possible den prciser la porte thologique. La nue de feu peut avoir diffrentes fonctions : manifester la gloire de Dieu, protger, menacer, dtruire. Dans notre cas, cest apparemment la premire fonction qui est en jeu. Mais on pourrait tre encore plus prcis, en prenant en considration le contexte dEx. 14, 24. Dans Ex. 14, 10 on lit dans la version grecque des Septante :

    . Ici, la gloire se manifeste sur la tente du Tmoignage ou sur le Tabernacle ; or cette tente devient une

    gure de Marie chez les auteurs chrtiens. Cf. Proclos de Constantinople (mort en 446), Discours 6,17 (Migne, PG 65, 756 B) :

    Celle-ci est la tente du tmoignage de laquelle Jsus, tant le Dieu vritable, sortait aprs les neuf mois du temps de la gestation. Il sagit dune allusion probable la sortie du grand-prtre de la tente de la rencontre aprs le rite de lexpiation ; cf. Lv. 16, 18. En outre, ou peut se rfrer aux Questions de Barthlemy (infra) ; et en latin, par exemple, au rcit de la Dormition de Marie du Pseudo-Mliton de Sardes (vers 500), recension B2 17,1 : tabernaculum gloriae. En fait, ce thme traverse toute lpoque byzantine et le Moyen ge occidental, avec une quantit de manifestations.

  • 149 TEXTE MARGINAL DU CODEX DE LA SEPTANTE 15

    Les premiers chrtiens ont pass au crible les critures a n dy retrouver des prophties relatives lhistoire de Jsus. En outre, ils ont souvent rapport Jsus les passages de la Septante o il tait question du

    . La double interprtation de ces passages, les rapportant Dieu et au Christ, pouvait se justi er par un texte comme Ps. 110, 1 (

    , o le texte hbreu a deux mots diffrents), dj interprt dans ce sens dans Mt. 22, 4345 et parallles ; Actes des aptres 2, 34 ; Lettre de Barnab 12, 10 ; ensuite Just. Martyr, Apol. 1, 47, 2 ; Dial. avec Tryphon 32, 6 ; 83, 1, 2 ; 127, 5 ; puis par exemple Origne, Commentaire sur Matthieu 16, 4, 114 et ailleurs, ainsi que dinnombrables autres auteurs. On pourrait alors se demander si Ex. 14, 10 na pas pu tre lu comme une prophtie de la naissance de Jsus et avoir rendu possible la mise en rapport de celle-ci avec la nue. Quoi quil en soit, lexpression

    est courante dans le Pentateuque (p. ex. Ex. 34, 5 ; Nb.11, 25 ; Dt. 31,15) ; elle a pu aussi tre exploite lorsquil sagissait de rendre compte de la manire dont le Logos tait devenu homme. Voyons pourquoi cet effort tait ncessaire.

    Le paralllisme indniable (cf. ) entre Luc 1, 26 et notre note marginale n 1 ne laisse aucun doute sur lidenti cation entre le Logos et lange Gabriel. Or cette ide nest pas isole, au contraire : ce papyrus fournit une nouvelle attestation dune reprsentation connue par ailleurs, selon laquelle lange Gabriel qui annonce Marie la conception et la naissance de Jsus est le Logos lui-mme, le Christ prexistant, et la conception se fait en lien troit avec cette annonciation. Comme la sug-gr autrefois Carl Schmidt, une telle ide a pu se dvelopper en rapport avec la conviction que le Christ prexistant, lors de sa descente dans ce monde, a pris laspect des anges des diffrents cieux pour ne pas tre reconnu.2 Une telle ide est particulirement dveloppe dans lapocryphe chrtien dnomm Ascension du prophte sae. Toutefois, ce texte prci-sment oblige ne pas lier trop troitement ces deux notions. En effet, dans ce dernier crit, il y a un rcit de la naissance de Jsus, mais il nest pas du tout question dannonciation Marie et rien ne laisse conclure une connaissance de lvangile de Luc. En outre, le Christ sassimile aux anges des diffrents cieux ; donc, lorsquil arrive sur terre, il ressemble aux anges infrieurs du rmament, ce qui ne saccorde pas avec son apparition sous la forme de Gabriel, qui est lun des anges les plus levs.

    Quoi quil en soit, lide que le Christ tait lange Gabriel lors de lannonciation apparat de la manire la plus claire avant le milieu du IIesicle dans un apocryphe chrtien bien connu, lEptre des aptres, conserv seulement en thiopien classique (guze) et partiellement en

    2 Cf. C. Schmidt, Gesprche Jesu mit seinen Jngern nach der Auferstehung 281293.

  • 16 LES PAPYRUS DE GENVE

    copte (et en petite partie en latin). Au chapitre 14, on trouve un dialogue entre le Christ ressuscit et ses disciples, rapport par ces derniers :3

    Ne saviez-vous pas que lange Gabriel est venu, et a apport de bonnes nouvelles Marie ? Nous lui avons dit : Oui, Seigneur. Il a rpondu et nous a dit : Ne vous souveniez-vous pas que je vous ai dit nagure, que pour les anges, jtais comme un ange ? Nous lui avons dit : Oui, Seigneur. Il nous a dit : Alors, sous lapparence de lange Gabriel, japparus la vierge Marie, et je lui ai parl. Son cur ma reu, et elle a cru, et elle a ri [cf. Gn. 18, 1215]. Moi, le Verbe, jentrais en elle et suis devenu chair. Je suis devenu mon propre serviteur sous lapparence dun ange. Jai fait cela, puis je suis retourn vers mon Pre .

    Plusieurs thmes convergent ici, dont celui de la ralit de lincarnation de Jsus : lptre (compose probablement vers 140 en gypte) polmique en fait contre des doctes, cest--dire des gens qui niaient la ralit de lhumanit de Jsus. Mais la question qui relie ce passage notre texte est celle de savoir comment cet tre prexistant qui est le Logos divin a pu devenir un tre humain. Or les deux vangiles devenus canoniques qui traitent de la naissance de Jsus, Matthieu et Luc, ne mettent pas cette naissance en rapport avec le motif dun tre cleste qui entre dans ce monde comme tre humain : ils ignorent la prexistence de Jsus, ou en tout cas ne la traitent pas explicitement. Inversement, lvangliste Jean a une conception trs claire de la prexistence de Jsus comme Logos, mais ne prsente pas sa naissance comme la circonstance dans laquelle ce Logos devient un tre humain. Cependant, trs tt, mme avant la composition de lvangile de Jean, des groupes de croyants en Jsus, mettant laccent sur sa qualit divine ou en tout cas cleste, ont identi dans la naissance par Marie le lieu du passage de cette condition divine la condition humaine. plusieurs reprises on a donc racont la naissance de Jsus de manire en expliciter ce caractre.4

    Lptre des aptres, crite une poque o il ny avait pas encore de canon du Nouveau Testament, semble bien utiliser le rcit dannonciation de lvangile de Luc, mais elle essaie en mme temps de trouver dans ce rcit des lments aptes rsoudre le problme qui vient dtre mentionn. Dans ce but, elle exploite aussi le motif selon lequel le Seigneur ou Logos prexistant est descendu du ciel le plus lev jusque dans ce monde en prenant laspect des anges (mais, comme mentionn prc-

    3 Traduction : cf. J.-N. Prs, Lptre des Aptres accompagne du Testament de notre Seigneur et notre Sauveur Jsus-Christ 7374. Le passage est aussi attest en copte : cf. C. Schmidt, Gesprche Jesu, 5* ; traduction compare et annote du guze et du copte ibid., 5053. dition du guze : L. Guerrier / S. Grbaut, Le Testament en Galile de Notre-Seigneur Jsus-Christ.

    4 Cf. E. Norelli, Marie des apocryphes 33102.

  • 149 TEXTE MARGINAL DU CODEX DE LA SEPTANTE 17

    demment, dune manire diffrente de ce que lon trouve dans lAscension du prophte sae).

    Dans ce cadre conceptuel, on se reprsentait donc aisment le Christ comme un ange, prcisment loccasion de sa venue sur terre. On pouvait par consquent interprter le rcit de Luc en imaginant que Gabriel tait lui-mme le Logos ou en tout cas le Seigneur prexistant qui descendait pour devenir homme, ce qui ntait srement pas lintention de Luc, pour les raisons dj mentionnes. cela saccordait aussi le fait que le verbe

    prsent dans Luc 1, 26 est couramment utilis pour dsigner la mission que Jsus a reue de Dieu.5

    Le lien entre lannonciation et la conception apparat dans plusieurs textes chrtiens anciens et a connu un certain succs dans lart guratif.6Toutefois, lidenti cation du Logos avec Gabriel lors de lannonciation est beaucoup plus rare : en dehors de lptre des aptres, elle ntait connue jusqu prsent que par le trait gnostique Pistis Sophia, chap. 8. Il sagit dun texte plus tardif (IIIe s.), de forme nettement gnostique.7 Le prsent papyrus revt par consquent une importance remarquable pour lhistoire des ides chrtiennes. Bien entendu, lptre des aptres remonte au milieu du IIe sicle, une priode qui est une sorte de laboratoire thologique du christianisme ancien, o des reprsentations de ce genre pouvaient tre assez bien tolres ; 149, en revanche, a t copi au VIe sicle, sans que lon puisse a priori dterminer sa date de rdaction. Or le VIe sicle est une poque laquelle le canon du Nouveau Testament sest af rm depuis longtemps et o de telles reprsentations christologiques pouvaient paratre dmodes, sinon franchement hrtiques.

    Il y a deux possibilits dinterprtation. Lune est que la note marginale reproduirait un texte plus ancien, que le scribe de la scholie comptait au nombre de ses . Ceci nous mettrait en prsence dun docu-ment ancien ; mais il ny a aucune manire de le prouver, moins quon puisse lidenti er avec un texte dj connu, ce que nous ne sommes pas parvenus faire. Ou alors, le scribe reprend des reprsentations encore courantes dans des milieux marginaux ou clos on hsiterait dire populaires car le mot prendrait ici un tour ambigu.

    En faveur de la seconde hypothse, on pourrait mentionner des paral-lles. Ainsi, les Questions de Barthlemy (2, 20), qui sous leur forme actuelle ne sont pas antrieures la seconde moiti du IVe sicle, af rment

    5 Cf. Mt. 12, 40 ; le phnomne apparat ailleurs dans le Nouveau Testament, notamment chez Jean.

    6 Pour les textes, cf. C. Schmidt, Gesprche Jesu 289293 ; pour laspect guratif, E. Kirschbaum (d.), Lexikon der christlichen Ikonographie IV (1972) 430431.

    7 Cf. C. Schmidt, Gesprche Jesu 288289. La traduction annote de lptre par Prs ne comporte aucun lment pertinent sur le point qui nous intresse.

  • 18 LES PAPYRUS DE GENVE

    que lorsque Marie tait encore leve dans le Temple, Dieu lui-mme lui tait apparu sous la forme dun ange et lui avait annonc : Encore trois ans et je tenverrai ma Parole et tu concevras mon Fils .8 Cette apparition saccompagne dun nuage de rose, ce qui indique que Luc fait rfrence lExode. Cf. Luc 1, 35 : Le Saint-Esprit descendra sur toi, sur toi la puissance du Trs-Haut tendra son ombre. Ce passage est interprt laide dEx. 40, 34 : Alors la nue couvrit la tente de la rencontre et la gloire du Seigneur remplit la demeure. Ce dernier passage est combin comme il arrivait aussi dans lexgse juive avec Ex. 16, 10 (cf. supra) et 16, 13 : Le matin, il y eut une couche de rose autour du camp. 9 Ce parallle con rme que le livre de lExode a t largement mis contri-bution en rapport avec la naissance de Jsus par Marie, comme cela a t mentionn plus haut.

    Signalons un autre exemple, moins directement li aux thmes de notre papyrus, mais attestant galement la permanence de traditions archaques autour de la naissance de Jsus dans des milieux gyptiens plus ou moins sotriques : il sagit dune homlie transmise en traduction copte sous le nom de Cyrille de Jrusalem mais qui nest pas de lui dans laquelle on af rme que, selon lvangile pour les Hbreux, le Pre bon appela une grande puissance cleste appele Michel et lui con a le Christ. Elle descendit dans le monde (et) sappela Marie. Il demeura dans son sein sept mois, ensuite elle lenfanta. 10 En n, les rcits de la Dormition de Marie pas antrieurs au Ve sicle sous leur forme actuelle, mais trs probablement existant au plus tard vers la n du IVe s. attestent que des motifs archaques en rapport avec Marie, cette fois, lautre extrmit de sa vie, ont survcu pendant plusieurs sicles dans des milieux quil est dif cile de prciser.11

    Deux autres traits de la note marginale n 1 du prsent papyrus semblent con rmer quelle recle des lments de christologie archaque. Lun concerne le dbut des lignes 45 / 2324. Derrire le Logos qui quitte le ciel et apparat sur la terre, il y a vraisemblablement une christologie lie la reprsentation juive de la Sagesse de Dieu, hypostasie, qui dune

    8 Trad. J.-D. Kaestli in J.-D. Kaestli / P. Cherix, Lvangile de Barthlemy daprs deux crits apocryphes 112 ; commentaire : 7172. Texte latin : U. Moricca, Revue Biblique 30 (1921) 498. Marie qui grandit dans le Temple fait lobjet du texte du IIe sicle appel par les modernes Protvangile de Jacques et, dans le plus ancien manuscrit (P. Bodmer V, dbut du IVe s.), .

    9 Sur la question de lexgse juive, cf. Joseph, Ant. Jud. 3, 203 ; J.-D. Kaestli / P. Cherix, Lvangile de Barthlemy 74.

    10 Cf. E. Norelli, Marie des apocryphes 6769. Il ne sagit pas ici de lvangile des Hbreuxattest aux II/IIIe sicles.

    11 Cf. E. Norelli in Il dogma dellAssunzione di Maria : problemi attuali e tentativi di ricom-prensione ( paratre).

  • 149 TEXTE MARGINAL DU CODEX DE LA SEPTANTE 19

    gnration lautre est descendue dans les mes des saints et des prophtes (Sap. 7, 27), mais de manire partielle et sans trouver en aucun dentre eux sa demeure d nitive (Sir. 24, 7) ; cf. aussi Baruch 3, 15 4, 1, notamment 3, 38 : Aprs cela, on la vit sur la terre et elle vcut parmi les hommes. Pour ceux qui croyaient en Jsus, la Sagesse divine descendait de manire d nitive en ce dernier et trouvait en lui ce repos que, selon le livre du Siracide (24, 3, 8), elle avait trouv en Isral. Cette christologie est atteste entre autres par un fragment de lvangile des Hbreux (conserv par Jrme, Commentaire sur Esae 11, 13) et le roman dit pseudo-clmentin.12 Ces textes, et dautres encore, relient cette descente au baptme de Jsus ; notre papyrus pourrait attester son rattachement la naissance de ce dernier. Un motif de cette r exion sapientiale qui fut rattach la naissance de Jsus est la descente de la Parole de Dieu pendant la nuit de lextermination des premiers-ns dgypte ; cf. Sap. 18, 1416. La colonne de feu de lExode, ainsi que ltablissement de la demeure dIsral au dsert, rattache elle aussi la sagesse dans le mme livre (Sap. 18, 14), a galement t identi e avec le Christ ; et elle est voque en toute probabilit par la de notre fragment.

    Un autre lment gure aux lignes 56 / 24. Cette expression fait allusion Mt. 1, 20. La citation de lannonciation Marie chez Luc est donc claire par la note marginale laide de lannonciation Joseph chez Matthieu. Ici aussi, on pourrait voir linterprtation christologique dune expression de lvangliste. Que pouvait signi er la tournure selon laquelle Jsus tait ? Dans notre cas, il faut considrer quil tait (le) Saint Esprit. Cela non plus ne saurait nous tonner, car ce que les modernes ont appel Geistchristologie est une conception bien reprsente au IIe sicle : encore une fois, on aurait une ide christologique archaque conserve beaucoup plus tard. Pour lessentiel, une telle conception suppose que llment divin en Jsus est le Saint Esprit. On voit bien quune reprsentation comme celle de notre papyrus nest pas concevable avec une doctrine trinitaire un peu prcise, car notre texte af rme la fois que Jsus est le Logos et quil est lEsprit. Cest une conception binitaire qui identi e le Logos avec lEsprit ; elle aussi est bien connue.13 Le papyrus semble donc reprsenter un nouveau tmoin sous cet angle aussi.

    Une fois le contenu de ces textes tabli, il reste encore examiner pourquoi ils gurent en marge du Psaume 36, 217. Ce dernier exhorte les croyants agir de manire juste et pieuse, sans chercher se venger des criminels. Ceux-ci seront limins par Dieu, alors que les croyants qui

    12 Cf. E. Norelli in A. Guida / E. Norelli (d.), Un altro Ges ? 7476. 13 Cf. M. Simonetti, in M. Simonetti, Studi sulla cristologia del II e III secolo 2352.

  • 20 LES PAPYRUS DE GENVE

    attendent Dieu seront protgs par lui, et possderont leur pays (cf. p. ex. Psaume 36, 4 ; 9 ; 11 ; 1819). Lauteur des notes marginales semble considrer que la venue du Christ, annonce par lange dans les notes marginales, ralise les promesses contenues dans le Psaume 36. Notons galement que le Psaume 36 fait partie des psaumes attribus David (

    , cf. Ps. 36, 1, qui ne gure pas sur le papyrus) et que lextrait de Lucinsiste particulirement sur le fait que le Christ est un descendant de David (lignes 15 et 34 = Luc 1, 27 et 32).

    Les notes marginales comportent plusieurs nomina sacra : en scriptio plena (4 et 23) ; (6 / 24) ; (15 / 34) ;

    (17 et 34) ; (37) ; (34) ; (32) ; (37). Pour les mots qui ne sont

    pas des nomina sacra, le scribe semble utiliser deux signes dabrviation. Il y dabord le surlignage : (13, 15 et 32) ; (26) ; puis une ondulation verticale : (11 / 28) ; (4 / 23).

    a) Col. i : note marginale n 1 Recto (version 1)

    Verso (version 2)

    7 et 26 l.

  • 149 TEXTE MARGINAL DU CODEX DE LA SEPTANTE 21

    b) Col. ii : note marginale n 2 = Luc 1, 2628 et 3032 Recto (Luc 1, 2628)

    Verso (Luc 1, 30-32)

    31 l.

    c) Bas de page : note marginale n 3 Recto (version 1)

    Verso (version 2)

    18 et 35 l.

  • 22 LES PAPYRUS DE GENVE

    Col. i (La citation suivante) provient des exemples : La parole fut envoye dans une nue de feu ; la parole, quittant le Ciel, apparat sur terre Marie, et lenfant n delle est le Saint Esprit, essence de feu insaisissable, intelligence infaillible incarne du grand Tout-Puissant lui-mme, parole sainte.

    Col. ii (recto)14De lvangile : En effet, Gabriel lange fut envoy par Dieu dans une ville de Galile du nom de Nazareth, une jeune lle accorde en mariage un homme nomm Joseph, de la famille de David ; cette jeune lle sappelait Marie. [Lange] entra auprs delle et lui dit : Sois joyeuse, toi qui as la faveur de Dieu, le Seigneur est avec toi.

    [ ces mots, elle fut trs trouble, et elle se demandait ce que pouvait signi er cette salutation.]

    Col. ii (verso) De lvangile : Et lange lui dit : Sois sans crainte, Marie, car tu as trouv grce auprs de Dieu. Voici que tu vas tre enceinte, tu enfanteras un

    ls et tu lui donneras le nom de Jsus. Il sera grand et sera appel Fils du Trs Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trne de David son pre.

    Bas de page vangile dune personne non spci e : Soudain arrive ta parole bonne et vridique, et toujours ton commandement est bien administr, et je me rjouis de faon trs manifeste de lannonce de lange, et de lattente des nations (de la venue) de notre Seigneur Jsus-Christ.

    1 / 21 . La forme verbale est fournie exempli gratia. En revanche, lexpression

    est suf samment courante pour tre considre ici comme assure, ce dautant plus que, dans la seconde version (21), vient corroborer une partie de la restitution de la ligne 1. Cf. p. ex. Simpl. In Arist. cat. comm. 14 A (vol. 8, p. 56 Kalb eisch) : comme cela est vident partir des exemples ; Cyrill. Alex., De adoratione et cultu in spiritu et veritate (vol. 68, p. 937 Migne) :

    Or en ce qui concerne la qualit des murs, le fait que lusage tir des exemples est accept par la loi, on pourrait lapprendre de ce qui est introduit. Le mot peut tre pris ici dans le sens dexemple, et par extension denseignement, dillustration tire des critures. Cf. Eus. Demonstr. evang. 1, 7, 7 :

    () comme dans

    14 La traduction du passage tir de lvangile de Luc est reprise de la TOB.

  • 149 TEXTE MARGINAL DU CODEX DE LA SEPTANTE 23

    lexemple o chez Mose [cest--dire dans le Pentateuque] la prophtie dit () . Le scribe a d disposer de modles dexgse du texte biblique.

    3 / 22 . propos de cette nue de feu, cf. introduction. On trouve divers parallles dans des textes apocryphes. Cf. Apoc. Pauli 13 : et je regardai, et je vis une nue de feu qui stendait sur tout le monde ; Act. Pauli et Theclae 34 :

    Et il y avait une nue de feu autour delle, de sorte que les btes sauvages ne la touchaient point, et on ne le voyait pas nue. Dans les Actes dAndr et de Matthias 30 figure une expression parallle, o il est question de larchange Michael, envoy dans une nue de feu la manire du de notre texte :

    Alors Andr dit au Seigneur : Seigneur Jsus-Christ, [toi qui mas permis (?)] dexcuter et de raliser ce prodige dans cette ville, ne mabandonne pas, mais envoie ton archange Michel sur un nuage de feu, et cerne cette ville, en sorte que, si quelquun voulait la fuir, il ne pourrait chapper au feu. Et aussitt un nuage de feu descendit et entoura toute la ville, telle une muraille. [trad. P. Geoltrain / J.-D. Kstli (d.), crits apocryphes chrtiens II 516]. Dans notre texte, le envoy dans une nue de feu peut tre mis en parallle avec lange Gabriel du passage de Luc (cf. introduction). Dans la Bible, les nues et le feu sont chacun des lments qui accompagnent les manifestations divines, ou qui caractrisent les tres divins ou clestes. Lors de la Trans guration du Christ, les disciples aperoivent une nue ( ), de laquelle retentit la voix de Dieu dclarant que Jsus est son ls ; cf. Luc 9, 34 et Marc 9, 7. Dans la version de lvangile de Matthieu 17, 5, cette nue est dsigne comme une , qui nest pas sans rappeler la

    de notre texte. Dans Exode 14, 24, Dieu apparat sur une colonne de nue et de feu : . Pour dautres exemples, cf. A. pke, , , Theologisches Wrterbuch zum Neuen Testament IV (1942) 907912 ; F. Lang, , VI (1954) 933935, 941 et 946947.

    45 . Les lignes suivantes sont dcales par rapport celles du verso, avec comme consquence un manque de place pour crire le texte en entier ; cf. introduction. On peut supposer quil a utilis plus despace pour crire le nom de Marie au dbut de la ligne 5 quau dbut de la ligne 24, o il est trs condens.

    7 / 25 / . Le mot est rare dans le sens d infaillible . On le trouve nanmoins attest dans Od. 13, 86 ( propos du passage

    ) : Le navire nest ni sr, ni enracin dans la plaine. Cf. aussi Didym. Alex., De Trin. 7, 8, 4 : annoncer de manire infaillible .

  • 24 LES PAPYRUS DE GENVE

    810 Le scribe, aprs avoir utilis lespace disponible entre le bord suprieur de la feuille et le texte des Psaumes, a continu sa copie dans la marge gauche. De la n du passage, il ne subiste que les deux dernires lettres de . En dessous, on distingue divers signes de nature indtermine.

    12 . Cf. Luc 1, 26 : Au sixime mois, lange Gabriel fut

    envoy par Dieu.

    18 / 35 . La troisime squence de texte commence elle aussi par un titre ; cf. introduction. Le titre doit signi er que le scribe cite un passage dun vangile dont il ignore lauteur. Pour un parallle contemporain lusage de dsignant une personne non dter-mine, cf. Justinian. Novellae 119, 11 (p. 577 Schll / Kroll) :

    Si jamais quelquun fait son testament et lgue quelque bien immobilier sa propre maisonne ou une quelconque autre personne sous lappellation de legs () .

    . La lecture de lupsilon tant incertaine dans les deux versions parallles, il est possible de lire aussi . Le cas chant, il pourrait sagir dune allusion Matth.21, 5, o Jsus fait rfrence un passage de LXX Zach. 9, 9 :

    Proclame, lle de Jrusalem : Voici, ton roi vient toi, juste et sauveur, doux et mont sur un attelage tir par un jeune ne. Ce passage est abondamment cit dans la littrature chrtienne du fait que le vers de Zacharie est interprt a posteriori comme une annonce de la venue du Christ. Une telle interprtation saccorderait bien avec une autre annonce similaire apparaissant la ligne 38 (cf. infra). Dans ce cas, dsignerait un homme qui est faite lannonce de la venue du Christ. Une telle interprtation se heurte toutefois un problme de cohrence avec la suite de la phrase, o lon trouve le pronom (19 et 36) qui semble sappliquer Dieu : . Cest la raison qui nous incite maintenir aux lignes 18 et 35. Une autre hypothse consisterait cependant lire tout de mme , et considrer que le texte sadresse en entier Marie, qui reoit la bonne nouvelle ; il faudrait alors supposer que se rapporte aussi elle ; mais il est dif cile de faire porter sur Marie .

    (l. ). Cf. Luc, 2, 13 :

    Tout coup il y eut avec lange larme cleste en masse qui chantait les louanges de Dieu et disait : Gloire Dieu au plus haut des cieux, et sur la terre paix pour les hommes, objets de sa bienveillance .

    20 vacat. Il sagit du dernier mot visible sur cette partie du papyrus, moins que hypothse peu probable la suite ait t entirement efface. En revanche, dans la version parallle (37), le texte se prolonge sur deux lignes.

  • 149 TEXTE MARGINAL DU CODEX DE LA SEPTANTE 25

    24 . Le dbut de la ligne est trs endommag, mais on distingue un mu, puis quelques traces de lettres, et en n un alpha. Le premier alpha est trs abm. Cette lecture est renforce par la suite du texte, dans laquelle on trouve une paraphrase de lvangile de Matthieu (1, 20), comprenant un qui doit logiquement se rfrer Marie ; cf. introduction.

    3738 . La ligne 38 est restitue daprs le parallle de Gen. 49, 10 :

    Il ne manquera pas de chef issu de Juda ni de guide issu de ses cuisses, jusqu ce que vienne ce qui lui est rserv, et lui, il est lattente des nations. [trad. M. Harl, La Bible dAlexandrie. La Gense 308]. Ce verset est tir de la bndiction de Jacob. Le passage parallle de la version massortique est corrompu, ce qui na pas empch une interprtation messianique ; cf. E. Norelli (d.), Ippolito. LAnticristo, 179181. Ces versets ont t compris par les interprtes chrtiens comme une annonce de la venue du Christ ; cf. Harl 309. L attente des nations est comprise comme celle de la venue du Christ, daprs de nombreux passages des interprtes chrtiens du texte biblique. Cf Justin Martyr, Apol. 1, 32, 2, qui explique ce point dans le dtail ; Dialogue avec Tryphon 52, 2, 3 ; Ph. Bobichon, Justin Martyr, Dialogue avec Tryphon 724 n. 5 (952955 pour la rception en milieu latin) ; pour lhistoire de linterprtation, M. Simonetti, Annali della Facolt di Lettere-Filoso a e Magistero dellUniversit di Cagliari 28 (1960) 403473. Voi aussi Cyrill. Alex., Comment. ad xii prophetas, In Oseam i, 4, 5 (vol. I, p. 30 Pusey) : car Emmanuel nous claire, (lui qui est) lattente des nations ; In Zachariam, tome IV, xi, 8, 9 (vol. II, p. 460 Pusey) :

    dailleurs il y a eu lattente des nations, cest--dire le Christ ; In Zachariam, tome VI, xiv, 15 (vol. II, p. 535 Pusey) : (scil. )

    lui-mme (le Christ) est lattente des nations, selon les dires du patriarche [Jacob] ; Comm. in Isaiam prophetam (vol. 70, p. 563564 Migne) :

    car le Christ est lattente des nations, selon les dires du Saint [Jacob] . Pour la dsignation de Jacob comme patriarche, cf. Cyr. Alex., Comm. ad xii prophetas, In Zachariam tome III, viii, 14, 15 (vol. II, p. 395 Pusey) :

    le patriarche Jacob rappelle son souvenir de la manire suivante . Cyrille fait donc clairement allusion au passage de la Gense contenant la bndiction de Jacob.

  • 150 HOMLIE CHRTIENNE CONTENANT UNE CITATION DE LUC 2, 34351

    P.Gen. inv. 382 12 cm x 6,5 cm VIe s. ap. J.-C. Planches VI et VII Provenance inconnue

    Ce fragment conserve le coin suprieur de la page dun codex de papyrus, avec une portion de texte sur chacune des deux faces. Comme il ne subsiste aucun lment de la reliure, et que lordre de succession des deux faces nest pas dtermin par le contenu du texte, on ne peut pas tablir a priori sil sagit du coin extrieur de la page, ou au contraire du coin intrieur, cest--dire le plus proche de la reliure. On peut cependant relever la prsence dun nombre ( ) dans la marge de lune des deux faces. Il ne sagit vraisemblablement pas dune numrotation stichomtrique.2 On pourrait plutt penser une numrotation ionienne qui renverrait un numro de chapitre, comme dans le cas du Codex Sinaiticus.3 Selon toute vraisemblance, ce nombre a d tre crit dans la marge extrieure de la page. Ce critre permet donc de distinguer un recto (sens des fibres : ) et un verso (sens des fibres : ). La feuille complte, plie verticalement en son milieu, comportait quatre pages ; il nest pas possible de prciser si la page numrote est la deuxime ou la quatrime de la feuille. Si la hauteur de la page reste incertaine, en revanche la prsence dune citation de lvangile de Luc permet de reconstituer la largeur approximative de la colonne, dont il manque environ les trois quarts. Le texte est align gauche, mais pas droite. La marge suprieure est de 3 cm, celle de droite au recto vaut, en moyenne, 1 cm, et celle de gauche au verso entre 1 et 1,5 cm. La marge infrieure nest pas conserve. Le texte est crit lencre noire, dun trait dont lpaisseur varie considrablement. Le style correspond la majuscule alexandrine, un stade de dveloppement relativement prcoce que lon peut situer au VIe sicle.4

    De ce fragment, seules les lignes 48 au recto ont t identifies : il sagit dun passage de lvangile de Luc (2, 3435), insr dans un contexte quil est difficile de dterminer avec prcision. Si lon tente de reconstituer la largeur de la colonne en la compltant avec la citation biblique, on constate que la largeur des lignes varie considrablement, ce qui suggre que le

    1 Ce papyrus a fait lobjet dune prsentation dans le cadre du colloque Lire les papyrus du Nouveau Testament avec les autres papyrus dgypte / New Testament Egyptian Papyri Among Others (Lausanne, 2224 octobre 2009), organis par Claire Clivaz et Jean Zumstein. Une pr-publication est prvue dans les actes de ce colloque.

    2 Cf. E.G. Turner, GMAW2 24 et 31. 3 Cf. G. Cavallo, Ricerche sulla maiuscola biblica, vol. II, tav. 38, col. ii. 4 Cf. Cavallo / Maehler, GB n 22b (= P.Oxy. XV 1820 ; Od. 18 ; LDAB 2228 = Mertens /

    Pack3 1130.01 ; VIe s.). Les autres exemples de majuscule alexandrine retenus par Cavallo / Maehler (en particulier les nos 37, 47b, 51 et 52a) sont plus tardifs, mais prsentent un stade plus formalis de ce style. Sur la majuscule alexandrine, cf. en particulier 152.

  • 150 HOMLIE CHRTIENNE CONTENANT UNE CITATION DE LUC 27

    passage des critures est interrompu par des lments de mise en contexte. Nous avons vraisemblablement affaire une homlie chrtienne dans laquelle lauteur cite lvangile de Luc. Le passage de Luc 2, 3435 correspond la prophtie de Symon concernant la naissance de Jsus : Il est l pour la chute ou le relvement de beaucoup en Isral et pour tre un signe contest. Toi-mme, un glaive te transpercera lme. Ainsi seront dvoils les dbats de bien des curs. [trad. TOB] Il a t passablement repris et comment, soit dans sa totalit soit partiellement.5 Ce procd est courant par ailleurs : titre dexemple, on peut le rapprocher de P.Kln X 408 (VIe s.), contenant un passage de lptre de Jacques.6

    Transcription diplomatiqueRecto ( ) Verso ( )

    5 Cf. p. ex. Cyril. Alex., Comment. in Johannem vol. 3, p. 91 ; Basil., Epist. 260, 6 ou encore Amphil., In occursum domini 196198. On trouvera dautres citations dans lapparat critique de ldition The New Testament in Greek. The Gospel according to St Luke, vol. I 4849. Sur la citation de passages no-testamentaires, voir P. Prigent, Les citations des Pres grecs et la critique textuelle du Nouveau Testament , in K. Aland (d.), Die alten bersetzungen des Neuen Testaments, die Kirchenvterzitate und Lektionare 436454.

    6 LDAB 10083. Les papyrus de contenu juif ou chrtien sont rpertoris par J. van Haelst, Catalogue des papyrus littraires juifs et chrtiens ; ce document est une addition postrieure au catalogue. Pour dautres exemples similaires, cf. P.Schubart 44 (= LDAB6083 = van Haelst 1171 ; codex en papyrus, VIe s. ; commentaire ou homlie sur Matth.1617) ; P.Lond.Lit. 229 (= LDAB 6119 = van Haelst 1146 ; codex en papyrus, V / VIe s. ; homlie apocalyptique) ; P.Rein. II 63 et 64 (= LDAB 6341 = van Haelst 970 + 1167 ; codex en papyrus, VIe s. ; anglus et homlie). Plus largement, ce fragment sinscrit dans une longue liste de textes non identifis o apparaissent des citations bibliques insres dans des homlies. Cf. van Haelst, nos 10821190, et en particulier : 1082, 1083, 1085, 1086, 1092, 1130, 1147, 1151, 1152, 1159, 1161, 1163, 1164, 1165, 1174, 1175, 1181, 1184, 1190.

  • 28 LES PAPYRUS DE GENVE

    ditionRecto ( )

    Luc 2, 34

    Luc 2, 35

    Verso ( )

  • 150 HOMLIE CHRTIENNE CONTENANT UNE CITATION DE LUC 29

    Recto

    2 . Il est vraisemblablement question de Symon, lauteur de la prophtie cite dans le passage de Luc. Cf. p. ex. Cyrill., Comm. in Joh., vol. II, p. 15 (Pusey) :

    Mais aussi Symon le juste dit, en annonant le mystre du Christ : etc. .

    49. En compltant la lacune au moyen du texte de lvangile de Luc tel quil nous est transmis, on obtient des longueurs de lignes assez irrgulires, ce qui suggre que ces lignes contenaient des lments de mise en contexte. Le phnomne est particulirement frappant pour la ligne 7, qui est plus longue que les autres, ainsi que pour la ligne 8, o au contraire la place est trop importante pour la simple citation biblique. titre dexemple, on peut mettre en parallle le texte de Luc avec la manire dont Amphilochios linsre dans son homlie :

    Luc 2, 34 Amphilochios, In occursum domini 196198

    Mme si notre papyrus ne contient pas le passage dAmphilochios, le procd utilis ici semble analogue.

    Verso

    3 . = faire un bruit confus, bavarder, bafouiller, rpter encore et encore ; au passif, faire lobjet de discussions frquentes . Lexpression est frquemment utilise chez les auteurs chrtiens. Cf. p. ex. Cyril. Alex., Comm. in Johannem vol. 1, p. 257 : [Basil. Seleuc.], De vita et miraculis sanctae Theclae 1, 12 :

    Basil. Caes., Epist. 99, 3 : ; idem, Epist. 129, 1 :

    .

  • 151 TEXTE CHRTIEN (?) EN PROSE1

    P.Gen. inv. 183 7,5 cm x 8 cm VIe s. ap. J.-C. Planches VIII et IX Provenance inconnue

    Cette petite page dun codex en parchemin comporte sur chacune de ses deux faces huit lignes presque intgralement conserves. Dans la marge, on distingue encore les trous ayant servi la reliure. Ces trous permettent de dterminer avec certitude sur quelle face de la feuille se trouvent respectivement le recto et le verso. Marge suprieure : 1 cm ; marge extrieure : 1 cm ; marge infrieure : 2 cm ; marge intrieure : 0,5 cm au recto, 1 cm au verso. Le codex duquel est issu ce parchemin appartient au groupe XIV, dit des miniatures, de la typologie tablie par Turner.2 Le texte, crit lencre brune, est encore bien lisible au recto, mais plus effac au verso. Lcriture, verticale, appartient la catgorie appele majuscule alexandrine ou onciale copte .3 Elle sen rapproche notamment par la forme de lalpha, trac en un trait et surmont dune boucle ; delta et lambda, dont la diagonale descend de gauche droite en partant dune boucle ; mutrac en une fois avec des traits arrondis ; upsilon trac en une fois sous la forme dune paire de cornes recourbes ; phi de taille nettement plus grande que les autres lettres. Certains traits horizontaux sont allongs, crant ainsi des ligatures entre les lettres. Les epsilon, sigma et thta ont une forme plutt circulaire et la diffrence de taille avec les lettres larges mu, nu, omega et eta nest pas trs mar-que. Lcriture appartient la forme la plus ancienne de la majuscule alexan-drine, dans laquelle le contraste de taille entre les lettres nest pas trs marqu, et o les lettres epsilon et sigma ont une forme arrondie et non pas ovale. On peut la dater du VIe sicle.4 Le texte comporte quelques signes de ponctuation et dabrviation. En-dessous du phi de la ligne 16 gure une petite croix.

    Ce document comporte un passage de texte en prose qui ne semble pas tre connu par ailleurs. Il sagit dun monologue dans lequel le locuteur exprime sa perplexit face sa situation. Les objets en or apparaissant au dbut de la portion conserve du texte (1 : ) sont manifestement en sa possession, comme il ressort de la suite. Le locuteur a t convoqu par un roi, mais ne peut pas partir, peut-tre parce quil est retenu par ses richesses (28). Or ses possessions ne lui servent rien, puisquil ne parvient pas les dpenser (912). Il constate nalement que son corps ressemble sa propre tombe (1316). Ces lignes suggrent que les richesses quil dtient ont un effet corrupteur.

    1 Nous remercions Enrico Norelli pour son aide dans la prparation de ce texte. 2 Cf. E.G. Turner, The Typology of the Early Codex 2930. 3 Cf. Cavallo / Maehler, GB p. 5 et 23 ; P.Horak 3, introd., p. 11 ; J. Irigoin, JB 8 (1959)

    49 ; voir aussi 152, introduction. 4 Cf. PSI I 1 (= Cavallo / Maehler, GB 8d ; V/VIe s.) ; P.Amh. II 192 (= Cavallo / Maehler,

    GB 8e ; milieu du VIe s.).

  • 151 TEXTE CHRTIEN (?) EN PROSE 31

    Les deux pages ne comportent aucun lment certain et explicite qui permette de le placer dans un contexte chrtien : on ny observe aucune mention de Dieu, ni du Christ, ni de personnages ou de concepts explicite-ment chrtiens. Aucun mot ne se prte une copie sous la forme dun nomen sacrum. Nanmoins, la structure narrative du passage, les thmes abords, ainsi que le format mme du livre rendent probable quil puisse sagir dun passage tir dun texte apocryphe chrtien. Les codex de format miniature recenss par Turner sont en majorit des textes chrtiens. Parmi les textes chrtiens, on remarque par rapport aux autres formats un plus grand nombre de psautiers et dcrits apocryphes ; la langue copte est galement plus prsente.

    titre de comparaison avec notre texte, on peut voquer un rcit gu-rant dans les Actes de Thomas 17, 1 20, 2.5 Thomas appel aussi Judas se rend auprs du roi indien Goudnaphar, lequel lengage comme archi-tecte pour construire un palais. Thomas distribue aux pauvres lor et largent que lui remet le roi, tout en con rmant au souverain quil est en train de lui construire un palais. Finalement, le roi se rend compte de la supercherie : le palais construit par Thomas sera une vision de lesprit, et non un btiment de pierre. Le fragment de parchemin ne prsente aucune correspondance exacte avec le texte des Actes de Thomas, mais on peut relever plusieurs points de contact : la mention dor ; un roi convoque le personnage ; ce dernier dpense ou souhaite dpenser des richesses mises entre ses mains. Notre monologue pourrait ainsi par exemple consti-tuer une sorte de digression sous la forme dune thope dans laquelle Tho-mas, convoqu par le roi pour rendre des comptes, se demanderait com-ment dpenser largent qui lui a t con .

    La convocation par un roi, lie lacquisition de biens matriels, rap-pelle aussi de manire distante la Parabole du festin , que lon trouve dans des versions lgrement diffrentes dans les vangiles de Matthieu (Matth. 22, 114), de Luc (Luc 14, 1224) et de Thomas (v. de Thomas64 ; Nag Hammadi Codex II 2 p. 44, 1035). Dans cette parabole, un personnage ou un roi prpare un festin, puis envoie ses serviteurs chercher les invits ; ces derniers dclinent linvitation en invoquant diffrents empchements. Dans lvangile de Thomas, les raisons invoques par les invits pour ne pas se rendre au festin sont pour la plupart en rapport avec lacquisition de biens matriels : lun attend quon lui rende de largent prt, lautre doit sabsenter cause dune maison quil vient dacheter,

    5 Les Ac