copta

download copta

of 89

Transcript of copta

  • 7/29/2019 copta

    1/89

    Cration dune typographienumrique Copte

    adapte aux usages ditoriaux

  • 7/29/2019 copta

    2/89

    Laurent BourcellierDiplme suprieur darts appliqus, arts et techniques de communication option cration typographique

    cole EstienneLivret daccompagnementSession 2006

    ___________________________________________________________________________________

    Couverture : carton de tisserand, ive - ve sicle, extrait de LArt copte en gypte,2000 ans de christianisme.

    Cration dune typographienumrique copte

    adapte aux usages ditoriaux

  • 7/29/2019 copta

    3/89

    Sommaire

    Avant-propos

    PREMIRE PARTIE

    Les coptes, chrtiens dgypte

    1| Les hritiers des pharaons2| Le christianisme en gypte

    3| Les coptes dans lislam gyptien

    4| Dclin et renouveau

    La langue copte, description

    1| La naissance du copte

    2| Les dialectes & leurs dirences

    3| La linguistique copteLes consonnesLes voyelles

    Les lments diacritiquesLa ponctuation

    Les ligatures

    Les supports et les outils

    relatifs aux critures coptes

    1| Les supportsLes manuscritsLes ostracaLes stles funraires

    2| Les outils

    Le calameLe stylet

    Les divers styles de graphies coptes

    1| Les graphies droitesLonciale bibliqueLonciale copteLonciale alexandrineLonciale nitrioteLonciale maniriste

    2| Les graphies penches

    3| Les cursives

    Limprimerie et la typographie copte

    1| Historique & dveloppementsDu xve au xviiie sicleLe xive & le xxe sicle

    2| Les crations numriques contemporaines

    LIFAOCoptell

    ApaMena

    Transition

    DEUXIME PARTIE

    Le copte lheure actuelle

    1| Le dbut dune nouvelle histoireLe renouveau copteLes effets internationaux

    2| Les crits coptes aujourdhui

    Les ditions

    Les publications archologiques

    3| La musographie

    4| Des besoins commmuns

    Diffrenciation et niveaux de lecture

    1| Les dirents moyens

    La graisse

    La pente

    2| Quelques rappels historiques

    Le romain et litalique en europe

    Le pench

    3| Ladaptation

    La cration dune typographie copte

    1| Les prcautions prendre

    Lvolution des formes

    Loralit

    Le choix des sources

    2| Loptimisation de la lisibilit

    La confusion des glyphes

    Le rythme

    La graisse

    La gestion des diacritiques

    Le gris

    3| La fxation de la orme typographique

    Le module

    Lapproche

    Laxe

    Les empattements

    Les lettrines

    Le choix de glyphes

    La technique au service de lcriture copte

    1| La norme unicode

    Description

    Les classes de caractres

    Les claviers

    2| Lencodage et possibilits

    Les formats de fontes

    FontLab

    Bilan

    Bibliographie

    Annexes

    | Glossaire

    | volutions alphabtiques

    Remerciements

    7

    11

    11

    13

    15

    16

    18

    18

    21

    24

    24

    25

    27

    29

    29

    30

    30

    30

    43

    45

    47

    4748

    49

    49

    53

    57

    60

    61

    65

    66

    75

    79

    79

    79

    87

    93

    97

    98

    105

    109

    109

    109

    111

    112

    112

    120

    130

    130

    133

    133

    133

    133

    133

    133

    137

    139

    141

    141

    141

    144

    145

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

    1

  • 7/29/2019 copta

    4/89

    Avant-Propos

    Cest dabord le hasard de mes lectures qui ma amen dcou-vrir lexistence de la communaut copte dgypte et avecelle, son histoire et sa langue. Dobdience judo-chrtienne, je mesuis rapidement plong dans lhistoire de la naissance du christia-nisme en gypte, dont on oublie trop souvent dvoquer la prsence.Il aut dire quelle est vite toue par les dcouvertes et les tudespharaoniques. Quoi quil en soit, je vais tenter de retracer brive-ment les quelque dix-sept sicles dhistoire de lcriture copte, de lanaissance de cette communaut leur prsence actuelle en gypte.

    Malgr un regain dintrt pour leur langue et leur criture litur-gique, les coptes dgypte sont arabophones. Mais, si la pratique deleur langue a quasiment disparu de la vie courante, le copte nen est

    pas pour autant une langue compltement morte. Actuellement, cesont principalement les tudes archologiques, palographiques etscientiques qui ont vivre la langue copte et ses critures. Sur labase des nombreux manuscrits rassembls dans les bibliothquesdu monde entier, les tudes portent avant tout sur la traduction etldition de ces textes, le plus souvent liturgiques. Mon travail estdestin de telles publications.

    Il existe aujourdhui de rels manques typographiques pour detelles ditions. Ils sont la ois lis la complexit de la languecopte, la orme des glyphes, mais surtout lutilisation du clavierlatin comme moyen de composition.

    Ltude des documents manuscrits est primordiale dans monprojet puisquils sont la base de toutes les recherches possiblesquant la composition et la orme de lcriture copte. Je map-puierai galement sur les graphies contemporaines coptes ainsi quesur les nombreuses tudes dj parues, dont jessaierai de dgagerles contraintes et les questionnements pour servir ma productiontypographique. Parmi ces questionnements, je retiendrai celui quisert au mieux la ormulation de mon sujet de diplme :

    Comment la cration dune typographie numrique peut-ellerpondre aux besoins ditoriaux actuels de lcriture copte ?

  • 7/29/2019 copta

    5/89

    Les coptes, chrtiens dgypte

    1| Les hritiers des pharaons2| Le christianisme en gypte

    3| Les coptes dans lislam gyptien

    4| Dclin et renouveau

    La langue copte, description

    1| La naissance du copte

    2| Les dialectes & leurs dirences

    3| La linguistique copteLes consonnesLes voyelles

    Les lments diacritiquesLa ponctuation

    Les ligatures

    Les supports et les outils

    relatifs aux critures coptes

    1| Les supportsLes manuscritsLes ostracaLes stles funraires

    2| Les outils

    Le calameLe stylet

    Les divers styles de graphies coptes

    1| Les graphies droitesLonciale bibliqueLonciale copteLonciale alexandrineLonciale nitrioteLonciale maniriste

    2| Les graphies penches

    3| Les cursives

    Limprimerie et la typographie copte

    1| Historique & dveloppementsDu xve au xviiie sicleLe xive & le xxe sicle

    2| Les crations numriques contemporaines

    LIFAOCoptell

    ApaMena

    Transition

    PREMIRE PARTIE

  • 7/29/2019 copta

    6/89

    Les coptes, les chrtiens dgypte

    1| Les hritiers des pharaons

    Historiquement, la population copte est bien directementlhritire du peuple gyptien sous les dynasties pharaoniques.La rputation de matre de la magie et de lalchimie dont lgypteut souvent gratie, a eu des retombes sur limage quon se aisaitdes Coptes, hritiers des pharaons, et de leur science secrte.Au Moyen ge, les auteurs arabes considraient les Coptes commeles dpositaires de toute la science magique des anciens gyptiens.Certains rudits pensent mme que le mot alchimie drive de lgyp-tien Khmi, qui dsigne lgypte dans la langue des pharaons commedans celle des chrtiens de la valle du Nil ; lhypothse est controver-se mais elle est rvlatrice de laura qui entoure le mystre copte.

    Pourtant, les Coptes des premiers sicles urent bien surpris parune telle rputation. La littrature copte ancienne comprenddailleurs de nombreuses remarques contre la magie des hiro-glyphes et la culture pharaonique considre comme paenne.La rupture entre les deux cultes ut nette et rsolue. Souve-nez-vous de lancienne gypte, si rebelle Dieu, adoratrice des chats[] et vous comprendrez la puissance du Christ. Ces hommes quise plongeaient autreois dans les plus graves erreurs [] dplorentles coutumes de leurs aeux, plaignent le sort des gnrations ant-rieures et mprisent la science de leurs philosophes crit saint JeanChrysostome (mort en 407) dans son Homlie sur saint Mathieu.Certe, lpoque contemporaine, impressionns par les dcouvertesde lgyptologie, nombre de Coptes, comme certains de leurs compa-triotes musulmans, ont aim insister sur leur liation pharaoni-que , jusqu ressusciter lusage de prnoms comme Ramss ouSsostris. Mais cest un ait nouveau, et les Coptes du pass onttoujours regard lgypte paenne comme une terre dignorance,noye dans les aberrations dune religion dmoniaque.

  • 7/29/2019 copta

    7/89

    Reprsentation du Christ, enluminure

    Euchologe copte (boharique)-arabe

    Monastre de Saint-Macaire,

    Basse-gypte, xive sicle

    BnF, manuscrits orientaux,

    copte 83, . 59 v-60

    2| Le christianisme en gypte

    Le mot copte , ou cophte , apparat dans les rcits desvoyageurs occidentaux de lgypte la n du Moyen ge.Il provient de larabe , qibt, qui dsigne les chrtiens dgyptede souche autochtone. En ait, il sagit dune sorte dabrviationdu grec , Aiguptios, gyptien , qui lui-mme, drivede H(e)t-ka-Ptah ( la demeure du ka de Ptah ), nom sacerdotalde Memphis, la capitale de lgypte pharaonique et par extensionlgypte elle-mme. Copte veut tout simplement dire gyptien ,et depuis les premiers sicles de lIslam, Chrtien dgypte .

    Aux yeux des Coptes, lgypte tient une place importante et myst-rieuse dans le dessein de Dieu tel que le rvle la Bible. Abraham,le pre des croyants, vcut quelque temps au bord du Nil. Joseph

    y ut vizir du pharaon. Mose y reut une ducation princire et ut initi toute la sagesse des gyptiens . Et sae avait promis : Le Seigneur se era connatre des gyptiens et les gyptiens, ce jour-l, connatront le Seigneur (Ancien Testament, Livre prophti-que dsae, Lavenir de lgypte19.20), prophtie que les premierschrtiens ne manqurent pas de mettre en rapport avec lpisodevanglique de la uite de Marie, de Joseph et de leur Enant engypte. Pour le reste, depuis Eusbe de Csare (ive sicle), latradition enseigne que cest lvangliste saint Marc qui, vers 43-48, aurait cr la premire communaut chrtienne Alexandrie,o il serait mort en martyr en 62 ou 68. Lactuel che de lglisecopte orthodoxe, le pape Chnouda III, sintitule patriarche dela prdication de saint Marc et son seizime successeur.

    Aprs quen 313 lempereur Constantin eut dcrt la libertreligieuse pour les chrtiens et quen 391 son successeur Thodoseeut impos le christianisme comme religion dtat, lglise ne cessadtendre son empire sur la socit gyptienne. On estime que vers400une grande majorit des gyptiens taient chrtiens. Alexandrietait alors lun des centres les plus minents de toute la chrtient,le troisime patriarcat aprs Rome et Constantinople.

    Mais lidentit trs ancre de lglise dAlexandrie au ve sicle

    va la conduire se sparer de ses surs romaine et byzantine, lasuite dun malentendu thologique et culturel. Au concile de Chal-cdoine, en 451, urent proclames lunit de personne et la dualit

  • 7/29/2019 copta

    8/89

    sae 19 :

    Le dsarroi des gyptiens

    19. 1 Message intitul Lgypte .

    Voici le Seigneur : il arrive en gypte,

    port par un nuage rapide. Les aux dieux

    de lgypte saolent devant lui, et les

    gyptiens voient ondre leur courage.2 Je vais les exciter les uns contre les

    autres, dit le Seigneur, au point quils

    se battront entre eux, individu contre

    individu, ville contre ville, royaume contre

    royaume. 3 Les gyptiens en perdront la

    tte, jembrouillerai leur politique. Alors

    ils consulteront leurs aux dieux et ceux

    qui voquent les morts ou interrogent les

    esprits. 4 Je livrerai lgypte au pouvoir dun

    matre dur ; cest un roi brutal qui dominera

    sur elle. voil ce que dclare le Matre

    suprme, le Seigneur de lunivers.5 Leau tarit dans le Nil, le feuve est

    compltement sec. 6 Les canaux

    empestent, dans les bras du feuve

    gyptien le niveau des eaux baisse jusqu

    lasschement. Papyrus et roseaux se

    anent, 7 comme les herbes aquatiques

    lembouchure du Nil. Et tous les terrains

    cultivs que le feuve ertilisait sont secs,

    balays par le vent. Il ne reste plus rien.8 Les pcheurs se plaignent et se lamentent,

    ceux qui jetaient leurs lignes dans le Nil et

    ceux qui lanaient leurs lets la surace

    de leau, tous sont dans la consternation.9 Cest la dception aussi pour ceux qui

    travaillaient le lin. Les emmes qui ledmlaient, les hommes qui le tissaient

    sont ples dinquitude. 10 Les tisserands

    sont accabls, ceux qui gagnaient ainsi leur

    vie sont tous dcourags.11 Les princes de la ville de Soan sont des

    incapables ; les experts du Pharaon orment

    un conseil stupide. Comment chacun de

    vous peut-il dire au Pharaon : Je suis un

    ls dexpert, moi, un descendant des rois

    dautreois ? 12 Pharaon, o sont-ils, tes

    experts ? Quils te renseignent donc et te

    assent connatre ce que le Seigneur de

    lunivers a dcid contre lgypte ! 13 Les

    princes de Soan sont devenus stupides,

    et ceux de Memphis se ont des illusions.

    Ce sont eux, les ches des provinces, qui

    garent lgypte ! 14 Parmi eux le Seigneur

    a jet le dsarroi : oui ils garent lgypte

    dans tout ce quelle entreprend. On croirait

    voir un ivrogne tituber dans ce quil a vomi.15 Du haut en bas de la socit, il ny a plus

    personne en gypte pour entreprendre rien

    qui vaille.

    Lavenir de lgypte16 Un jour les gyptiens eront penser

    des emmelettes ; ils trembleront de peur

    quand le Seigneur de lunivers agitera la

    main pour les menacer. 17 Pour eux la terre

    de Juda restera un souvenir humiliant.

    Chaque ois quon la mentionnera devant

    eux, ils prendront peur lide de ce que

    le Seigneur de lunivers pourrait dcider

    contre eux.18 Un jour il y aura en gypte cinq villes o

    lon parlera lhbreu, et o lon aura

    ait serment dappartenir au Seigneur de

    lunivers. Le nom de lune delle sera Ville-

    du-Soleil.19 Un jour, il y aura au centre de lgypte

    un autel ddi au Seigneur et une pierre

    dresse en son honneur la rontire du

    pays. 20 Ce sera un signe attestant que

    le Seigneur de lunivers est prsent en

    gypte. Quand les gyptiens appelleront

    le Seigneur au secours contre ceux qui

    les oppriment, il leur enverra un sauveur,

    qui prendra leur dense et les dlivrera.21 Alors le Seigneur se rvlera aux

    gyptiens, ceux-ci le connatront et

    ladoreront par leurs sacrices et leurs

    orandes, ils lui eront des promesses

    et ils les tiendront. 22 Quand le Seigneur

    aura rapp les gyptiens, il les gurira :

    eux-mmes reviendront lui, il accueillera

    leurs demandes et les gurira.23 Un jour, une route reliera lgypte

    lAssyrie. Les Assyriens iront en gypte

    et les gyptiens en Assyrie. Ensemble ils

    rendront un culte au Seigneur.24 Un jour, ct de lgypte et de

    lAssyrie, il y aura en troisime lieu Isral,

    exemple vivant de la bndiction que

    Dieu apportera au monde. 25 Le Seigneur

    de lunivers bnira tout le monde en ces

    termes : Je bnis lgypte, mon peuple,

    lAssyrie, que jai cre de mes mains,et Isral, la part qui est bien moi.

    de nature (physis) du Christ, considr par les chrtiens commevrai Dieu et vrai homme, mais sans division, Verbe de Dieu incarndans le seul Jsus de Nazareth. Pour les gyptiens et leur patriarcheDioscore, cette dnition semblait contredire une ormule quavaitchrie Cyrille et selon laquelle il ny avait quune physis du Verbeincarn. En ralit, le vocabulaire thologique ntant pas, cettepoque, paraitement org, les positions des uns et des autres serejoignaient mais, utilisant les mmes mots avec des dnitionsopposes, ils ne sen rendaient pas compte. Ce que lon appelait

    physis Alexandrie naurait pas d se comprendre comme nature mais comme personne . Toujours est-il que les gyptiens reus-rent la dnition du concile de Chalcdoine. Les Coptes, considrsalors tort comme monophysites, cest--dire comme des hrti-ques croyant en labsorption de lhumanit du Christ par sa divinit,urent perscuts par les empereurs romains dOrient.

    3| Les coptes dans lislam gyptien

    Lhistoire de la culture copte ne nit pas avec larabisation etlislamisation de la majorit des gyptiens mais elle se poursuitjusqu nos jours, scientiquement et liturgiquement.

    Les Coptes accueillent avec passivit linvasion musulmane en639. Pour les Coptes, les Arabes sont culturellement plus prochesque les Byzantins. Leur oi tait-elle si dirente de celle des chr-tiens ? Leur Coran ne tenait-il pas en estime Jsus, Parole (kalm) deDieu, et sa mre la vierge Marie ? Le prophte Muhammad navait-ilpas recommand ses dles dtre tolrants envers les chrtienset les juis, et tout particulirement avec les Coptes ? La traditionmusulmane soutiendra dailleurs, par la suite, que Muhammad eutune concubine copte, Marya.

    Au dbut, la libert religieuse accorde par les calies aux chrtiensut trs satisaisante. Les autorits musulmanes nencourageaientpas les conversions en masse. Il aut attendre la seconde moitidu xe sicle pour trouver un auteur copte crivant en arabe.

    Sous les Omeyyades (650-750), les rapports entre la communaut

    chrtienne dgypte et ses matres musulmans urent plutt harmo-nieux. Larabisation du pays ut touteois encourage par Abdal-lh ibn Abd al-Malik, prohibant, en 707, lusage du copte dans

    Mosque dIbn Touloun au Caire,

    die par un architecte copte en 877 - 879.

    Photographie Lart copte en gypte, 2000.

    ditions Gallimard.

    La Sainte Bible, Ancien et Nouveau Testament

    avec les Livres Deutrocanoniques,

    Livre Prophtique dsa, page 476

    Alliance biblique universelle diuse par Le Cer

    Socit biblique ranaise, 1988.

  • 7/29/2019 copta

    9/89

    les documents publics. Cest sous les Abbassides (750-1258), soucieuxde la prminence de lislam, que la situation des Coptes, en passe dedevenir une minorit, devint plus dicile. En 828-829, clat a la plusgrave mais aussi la dernire des insurrections chrtiennes, celle desBachmourites. partir de 850, les Coptes sont contraints de respecterles chourot, lois discriminatoires appliques de aons diverses.

    Avec la conqute de lgypte par la dynastie chiite des Fatimides(969) commence pour les Coptes une priode prospre mais qui utde courte dure. Le dbut du xie sicle est marqu par la prsencede al-Hkim bi-amr Allh (996-1021), tyran cruel qui perscuta lesCoptes, ordonna la destruction de toutes les glises et lhumiliationdes moines et t obtenir bon nombre de conversions par la violence.La population chrtienne devint de plus en plus minoritaire dans unpays islamis et arabis ; la langue copte elle-mme commena seperdre. Le patriarche Gabriel II Ibn Tourayk (1132-1145) consacra

    lusage du boharique (dialecte copte du Delta) dans la liturgie (aulieu du sahidique, dialecte mridional). Relgu au rang de languesacre, le copte allait lentement steindre en tant quidiome courant.La langue littraire de lglise serait dsormais larabe qui, partirdu xiie sicle, commena aussi sinsinuer dans la liturgie.

    4| Dclin et renouveau

    La situation des Coptes ne se modia pas lorsque lgyptepassa en 1517 sous la domination ottomane. Le dclin dmo-graphique de la communaut saccentua et elle ne compta plus que200 000 dles la n du xviiie sicle, soit 10% de la populationdu pays. Cette poque est marque par les nombreuses tentativesdes missionnaires catholiques pour susciter la cration dune glisegyptienne rattache Rome. Ainsi, au xviie sicle, naquit uneglise copte catholique qui ne recevra un patriarche quen 1899et qui compte aujourdhui 100 000 dles.

    son avnement le khdive Tewq (1879-1892) proclama lga-lit des chrtiens et des musulmans devant la loi, principe qui serainscrit sur la Constitution de 1922. Sous le rgne du roi Fouad Ier

    (1922-1936), les Coptes sont omniprsents sur la scne politiqueet sociale gyptienne.Dans le vieux Caire, plusieurs glises ont t

    construites au ive sicle. Celle-ci a t recons-

    truite au ixe sicle. Daprs les traditions, la

    Sainte Famille y aurait trouv reuge.

    Photographie Edris Abdel-Sayed,

    Les Coptes dgypte les premiers chrtiens du Nil,

    p.24, ditions Publisud.

    Sous Nasser (1953-1970) et ses successeurs, les orientations politi-ques du nouveau rgime contraindront les Coptes un retrait de lavie nationale. partir des annes soixante-dix, lmergence accruedun certain ondamentalisme musulman les inquite. Malgr laprsence du ministre copte Boutros Boutros-Ghali, la prsidencede Sadate (1970-1981) ut marque par de graves dissensions entrelglise et ltat, qui aboutirent lviction temporaire du papeChenouda III. Aujourdhui, la population copte est estime entretrois et huit millions de personnes et lgypte est conronte unedmographie galopante et une conomie prcaire, situation quinourrit les actes violents dune minorit dextrmistes. On remar-que, depuis quelques dcennies, un phnomne dmigration verslEurope ou lAmrique, o de nombreuses communauts coptes sesont installes. Les Coptes dgypte, comme les musulmans, voientdans le renouveau religieux, une rponse aux problmes du pays.

    Mais un tel regain didentit, mis part les aspects positis, ne vapas sans reiner ladaptation des Coptes la modernit et margina-lise le rle des lacs dans lvolution de la communaut.

  • 7/29/2019 copta

    10/89

    La langue copte, description

    1| La naissance du copte

    La langue copte nest autre que la langue gyptienne dans sadernire priode. Lgyptien a t parl, dans la valle du Nil,depuis une poque qui chappe lhistoire. Les plus ancienes tracesdcriture datent de 3 200 avant Jsus-Christ. Durant cette longuepriode, la langue a subi plusieurs transormations et a considra-blement volu.

    Lgyptien proprement dit employait trois sortes de caractres : leshiroglyphes, criture monumentale, les caractres hiratiques, cri-ture cursive sur papyrus, dj en usage dans lAncien Empire, les carac-tres dmotiques, criture encore plus cursive de la Basse-poque.

    Hiroglyphe de sacr etje grave, signife caractre

    sacr incis. Hiratique drive de

    , sacerdotal; ce genredcriture a t ainsi appel parce qu lorigine elle tait employe parles prtres. Enfn lcriture dmotique, de ,populaire,tait en usage dans le peuple lpoque grco-romaine ; elle servaitsurtout rdiger les contrats et les lettres. Cest pourquoi les Grecslui donnrent le nom dcriture pistylographique.

    Le passage dun systme dcriture un autre ne se ait pas en unjour. Le changement dalphabet qua subi lgyptien et pour cause,dun ct, lextrme complexit o tait tombe lcriture dmoti-que devenue de moins en moins accessible ; de plus, il lui manquaittoujours ces lments qui permettent une prononciation correcte :les voyelles. Dun autre ct, partir de la conqute dAlexandre(332avant J.-C.), le grec stait introduit en gypte. Ds le iiie sicle,on voit apparatre des tentatives pour transcrire lgyptien laidedes lettres grecques. On peroit des hsitations, en particulier pourrsoudre le problme de la transcription de consonnes qui existenten gyptien, mais pas en grec.

    On assiste alors une priode de ttonnement qui a produit desdocuments assez divers, regroups sous le terme de vieux copte .Finalement, alors que les pratiques magiques taient particulire-

    ment intresses par un nouveau systme graphique (puisque, pourtre ecaces, les ormules doivent tre prononces sans aute), cestle christianisme qui le ait aboutir : quand il allut traduire massi-vement les critures pour vangliser la population autochtone,

    Les caractres emprunts au grec :

    a (a), b (b), g (g), d (d), e (e), z (z), h (),

    q (th), i (i), k (k), l (l), m (m), n (n), x (ks),

    o (o), p (p), r (r), s (s), t (t), u (u), v (ph),

    c (kh), y (ps), w ()

    Les caractres emprunts au dmotique :

    (ch), (), (dj), (k mouill ou tch),

    j (h) aspiration aible,

    marque une aspiration orte, dordre

    guttural, comme dans le ach allemand

    (ti ; aussi verbe donner)

    superposition de t et/ou i.

    Les sept dernires lettres coptes issues

    des caractres hiratiques, eux-mmes drivs

    des signes hiroglyphiques.

    Dessin Alexis Mallon, Grammaire copte.

    ditions Imprimerie catholique Beyrouth, 1946.

    lalphabet copte ut dnitivement x, constitu des vingt-quatrelettres de lalphabet grec et de sept signes emprunts lcrituredmotique. En outre, lalphabet de la langue grecque, rpandue dansla valle du Nil, au moins parmi les personnes instruites, prsentaitune grande acilit dadaptation.

    Avant davoir dchir les hiroglyphes, Champollion taitconvaincu que la langue copte ntait rien dautre que de lgyptienet que la connaissance du copte, quil apprenait avec ardeur, luiorirait la cle de ce quil cherchait. Il ut dailleurs le premier sin-tresser linguistiquement au copte comme idiome particulier, dgag

    bien quayant des liens trs troits de la langue grecque.Le copte est donc le dernier stade de lvolution de la langue

    gyptienne ; cest lgyptien tel quil se parlait au iie et iiie siclede notre re. Bien entendu, cest un tat de la langue parle, qui a

    volu beaucoup plus vite que la langue transmise depuis des siclesavec le systme hiroglyphique.En copte, le systme verbal est transorm : de lancienne cons-

    truction gyptienne [verbe + sujet], qui ne prenait pas en comptela temporalit, on est pass un ordre [prxe + sujet + verbe] ole prxe indique la valeur temporelle ou modale.

    Pendant sa longue cohabitation avec le grec, lgyptien sest enri-chi de nombreux mots demprunt. Ils apparaissent dans le vocabu-laire chrtien, mais aussi dans les mots de la vie quotidienne.maron martyrs, makariosls du dunt, polis ville, toroslieux, anapausis repos, luph tristesse.

    Le copte nest pas devenu une grande langue, pour deux raisonsprincipales : il na jamais t la langue ocielle et unique dgypteet il a eu une existence de courte dure.

    Pendant une grande partie de la priode romaine et byzantine, lalangue du gouvernement et du monde a t le grec. Lemploi critde la langue indigne sest trouv limit le plus souvent aux besoinsde lglise pour lenseignement religieux et linstruction du peuple.

    Aprs la conqute arabe, le copte a pris un certain essor, maisbientt, il a t tou par la langue des nouveaux matres du

    pays. Au xie

    sicle, peut-tre mme avant, la littrature copte avaitdisparu. Cependant, on a continu longtemps encore parler coptedans les villages de Haute-gypte. Aujourdhui, il est employ prin-cipalement dans la liturgie.

    Portrait de Jean - Franois Champollion

    par Lon Cogniet en 1831

    muse du Louvre,

    dpartement des peintures.

  • 7/29/2019 copta

    11/89

    Manuscrit autographe

    de la Grammaire gyptienne de Champollion,

    Paris 1831

    BnF, Manuscrits orientaux,

    naf 20320, . 224

    2| Les dialectes & leurs dirences

    La langue qui merge au iiie sicle est ortement dialectise. Elle

    ltait probablement depuis les origines, mais seule la notationdes voyelles a permis de sen rendre compte. Dans la priode copte laplus ancienne (iiie -ve sicles), on ne compte pas moins de six grandsdialectes littraires, qui se succdent gographiquement le long dela valle du Nil, et dont certains connaissent plusieurs varits.

    Le boharique (de larabe la Basse-gypte), nommautreois tort memphitique. Ctait le dialecte du Delta. Il eutson ge dor du ve au xe sicle. Au commencement du xie sicle,grce linfuence du Patriarcat, transport dabord dAlexandrie auCaire, le boharique devint la langue ocielle de lglise. partirde cette poque, il commence se rpandre vers le sud et parvient,au cours du sicle suivant, simposer au pays tout entier, en vin-ant son tour le sahidique. Mais, alors, le boharique, en tant quelangue parle, tait dj mort, comme ltait aussi, un sicle plustt, le ayoumique. Le boharique continue encore de nos jours tre employ dans la liturgie de lglise copte.

    Le ayoumique, employ dans le Fayoum, nomm dabordbaschmourique.

    Le msokmique (ou oxyrhynchite) dans la rgion de al-Bahnassa (Oxyrhyncos) entre le Fayoum et Achmounen.

    Le sahidique (de larabela Haute-gypte), appel aupara-vant le thbain. Ce dialecte est originaire de la rgion hermopoli-taine ; mais dj vers le dbut du vie sicle il parvint, sous linfuencedu monachisme pachomien, simposer, comme langue littraireet parle, dans toute la partie de la valle du Nil, comprise entreLe Caire et Thbes, et peut-tre encore plus loin au sud. Il atteintle maximum de son expansion vers le dbut du xie sicle, occupanttoute la valle du Nil, du Caire Assouan.

    Le lycopolitain (ou lyco-diospolitain) sest dvelopp entreAssiout (Lycopolis) et Akhmm.

    Carte de la rpartition gographique

    des dirents dialectes coptes.

    H. David

    Extrait Lart copte en gypte, 2000.

    ditions Gallimard.

  • 7/29/2019 copta

    12/89

    Livre des Petits Prophtes en copte Akhmm,

    Haute gypte, ive- ve sicle

    BnF, Manuscrits orientaux,

    copte 157, .34 v35

    Extrait Lart copte en gypte, 2000

    ditions Gallimard.

    Copte

    a

    b

    g

    d

    e

    z

    h

    q

    i

    k

    l

    m

    n

    x

    o

    p

    r

    s

    t

    u

    v

    c

    y

    w

    f

    j

    alpha / ala

    beta / vita

    gamma

    delta

    epsilon

    zeta / zita

    eta / ita

    theta / thita

    iota

    kappa

    lambda / laoula

    mu / mi / mjnu / ni

    xi / ksi

    omicron

    pi / bej

    rho / ro

    sigma / sima

    tau / da

    upsilon / ypsilon

    phi / fj

    khi / chi

    psi / bsi

    omega

    sai / schai

    ai

    djandja / djendja

    kyima / tschima

    hore / hori

    khai

    ti

    Grec

    A a

    B b

    G g

    D d

    E e

    Z z

    H h

    Q q

    I i

    K k

    L l

    M mN n

    X x

    O o

    P p

    R r

    S s,

    T t

    U u

    F f

    C c

    Y y

    W w

    alpha

    beta

    gamma

    delta

    epsilon

    dzta

    ta

    thta

    iota

    kappa

    lambda

    munu

    xi

    omicron

    pi

    rh

    sigma

    tau

    upsilon

    phi

    khi

    psi

    omga

  • 7/29/2019 copta

    13/89

    cnotice page 23. .

    Tableau illustrant les dirences dialectiques.

    Repris de LArt copte en gypte, 2000.

    ditions Gallimard.

    RMT(homme)

    SN(rre)

    RN(nom)

    boharique

    rwmi

    son

    ran

    ayoumique

    lwmi

    san

    len

    msokmique

    rome

    san

    ren

    sahidique

    rwme

    son

    ran

    lycopolitain

    rwme

    san

    ren

    akhmmique

    rwme

    san

    ren

    Lakhmmique (ou protothbain), idiome employ, vraisemblable-ment, dans la rgion comprise entre Akhmm et Thbes. Il eut sa bellepoque vers le milieu du ve sicle, puis il ut tou par le sahidique.

    De ces six dialectes, le sahidique et le boharique sont les plusimportants et les plus riches en documents. On relve, entre eux,de nombreuses dirences, linguistiques pour la plupart. On noteraainsi que la lettre khai nexiste quen boharique et que le glyphe ,cest--dire un horej barr, est typique du dialecte akhmmique.

    3| La linguistique copte

    En gypte, les Coptes instruits cherchent adoucir les sonori-ts alors que ceux de la Haute-gypte ont une prononciationplus rude, plus gutturale.

    Les consonnes

    Les consonnes coptes peuvent se diviser en : Labiales : betab,pi p,phi v,ai f, Dentales : theta q,tau t,ti ,sigma s, Gutturales : kappa k,khi c,khai ,hore j, Palatales : sai ,djandja ,kyima , Liquides : laoula l,rho r,mu m,nu n,

    Les consonnes aspirables sont : Fortes :pi p,kappa k,tau t, Aspires :phi v,khi c,theta q.

    / Les labiales

    Beta b se prononce actuellement v ; les Coptes le prononcent paroisou et cest pour cette raison que b remplaceou dans plusieurs mots.Ainsi ouon niben scrit aussi bon niben.Il ny a aucune dirence de prononciation entrephi v etai f.

    / Les dentales

    Taut remplace le d ort des quelques mots latins employs en copte.preta = prda ; beretarios= veredariusLe Copte de la Haute-gypte donne au t le son d (ort).Ti se prononce toujours ti (di en Haute-gypte) et lorsque t estsuivi de iota i on crit parois pour ti.mh = timh prixTheta q se prononce la manire du grec moderneSigma s a toujours le son doux s.

    / Les gutturales

    Khi c se prononce sch dans quelques mots. ceroubimKappa k est toujours ort.

    / Les palatales

    Actuellement, les Coptes ne ont aucune dirence de pronon-ciation entre sai et kyima ; ainsi ces deux lettres sont souventcrites lune pour lautre.Il est probable que se prononait autreois tsch.Djandja = dj ; cependant quelques Coptes le traitent la maniregyptienne et le prononcentgdur.

    / Les liquides

    Les liquides ont leur valeur habituelle.

    Les voyelles

    Il existe sept voyelles coptes : Brves : alpha a,epsilon e,omicron o,

    Longues : eta h,omega w,ou, Longue ou brve : iota i.Gnralement iota i est bre la n des mots et long lintrieur.

  • 7/29/2019 copta

    14/89

    Lectionnaire copte (boharique)

    des dimanches de Carme

    Basse-gypte, 1555

    Papier, 128 ., 29,5x20,5 cm

    BnF, Manuscrits orientaux,

    copte 114, . 56 v-57.

    Etah se prononce soit comme dans vhr= schphr, soit commeun iotai : lhl= schlil.Omega w a la valeur de : jwb chose, rwmi homme.Omicron o a celle de o : son rre, soni voleur

    Les Coptes ont toujours prononc les mots grecs introduits dansleur langue suivant la prononciation dite romaqueoumoderne. Cetteprononciation a tendu son infuence jusque dans lorthographe :on a crit comme on prononait. La plupart des diphtongues ontdisparu et ont t remplaces par des voyelles simples.En consquence, ai se prononce et scrit e, par exemple ke pour kai, dikeospour dikaios. ei se prononce et scrit souvent i ; h et oi se prononcent aussii. Il y a donc cinq manires direntes de reprsenter le son i :ei / oi / h / i / u , do rsulte linconvnient, dans lcriture, de

    rquents remplacements de lettres par dautres.

    Les lments diacritiques

    Dans la langue copte on peut dicilement parler daccentua-tion. Les lments diacritiques jouent un rle soit dindicateursde syllabation, soit de sparateurs des mots. Il ny a pas de ormestandard pour ces diacritiques : ils peuvent tre en orme de point,de tiret, daccents graves, aigus ou circonfexes, dapostrophes. Lessystmes utiliss sont dirents dun scriptorium lautre mais aussiselon les copistes.

    On relve nanmoins laccent tonique qui marque une des voyellesdu mot (la voyelle ormative) et qui se situe toujours la dernireou lavant-dernire syllabe.rWmi hommesOlsel consolervHri merveillenoU Dieu

    Un diacritique qualie un signe qui ajout u

    lettre, permet den modier sa valeur (accents

    cdille, signes).

    La syllabation consiste en la dcomposition

    en syllabes dune squence de la chane parle

  • 7/29/2019 copta

    15/89

    La voyelle (auxiliaire) e, quand elle est place en dbut de mot,ne scrit gnralement pas ; elle est indique par un accent gravedans les mots qui commencent par m ou n :kaj = emkaj douleur~jot = enjot tre dle

    En sahidique, la voyelle auxiliaire e est le plus souvent indiquepar un petit trait horizontal :mkaj, njot

    Il existe un certain nombre dabrviations utilises par les Coptes et quise distinguent par lutilisation dune surligne. Cette surligne peut treplace sur une lettre, sur deux lettres ou sur trois lettres conscutives.

    ihsihsous Jsus cscristos Christ

    pnapneuma esprit eoueqouab saintpspois le Seigneur ilhmierousalhm Jrusalem

    Le mot v Dieu ne prend pas de surligne ; pneuma scritpna.Le mot pois est quelqueois crit pos; cest une orthographedectueuse qui provient dune conusion entre o et dont la partiesuprieure est relie au s dans les manuscrits (). Le mme motscrit aussi ps sans surligne.

    Lorsquelle est place sur une lettre, la surligne indique la sylla-bation comme dans ntafmton, lire entaemton.

    En copte, les nombres sont reprsents par des lettres surmontesdun seul trait (surligne) jusqu mille et de deux partir de mille :

    On trouve aussi une surligne plus courte qui se place cheval surdeux lettres et qui change leur valeur phontique : autwmsm

    1 a

    2 b

    3 g

    4 d5 e

    6 jou

    7 z

    8 h

    9 q

    10 i20 k

    30 l

    40 m

    50 n

    60 x

    70 o80 p

    90 f

    100 r

    200 s

    1 000 1

    9 000 9

    Extrait dun ac-simil dun manucrit copte

    de la Bibliothque vaticane.

    Les Manuscrits coptes et coptes-arabesillustrs,

    tome xcvi, 1974,

    Librairie orientaliste Paul Geuthner.

    Il existe encore dans les crits coptes, dautres accents, des points,qui peuvent se placer au-dessus ou en dessous de chaque lettre, etparois tre doubls comme des trmas :

    A / B / E / / / / / / / / / /

    Lorsquils sont placs au-dessous de la lettre, ils peuvent aussicomplter la prsence dune surligne :

    / / /

    On trouve galement, selon les dialectes, dautres accents ormel-lement proches daccents circonfexes : / /

    La ponctuation

    Il ny a pas proprement parler de vritable ponctuation dans lalangue copte. Il sagit plutt de signes que lon nomme dipls etqui sont plutt des sparateurs logiques servant la sparation desmots ou des phrases. On relve de nombreuses ormes de dipls, selonles dialectes, les monastres, les copistes, les manuscrits. La ormeoriginelle est >. Mais l encore il y a plusieurs ormes possibles :, /- /. /; /n / / / / / / / /

    Les ligatures

    Le copte ne comprend que peu de ligatures. Elles sont, en gnral,associes des termes religieux issus le plus souvent de la languegrecque. Elles peuvent aussi rsulter dune astuce de copistes pourjustier, au mieux, certaines lignes de manuscrits, dans leur composi-tion. Ces ligatures sont la contraction, la simplication ou la super-position de deux signes (de nombreuses avec la lette ror commeseconde ). Dans le dernier cas, il est alors rquent que ces nouveauxglyphes aient une hauteur plus importante que les autres caractres.La orme de ces ligatures dire peu dun copiste lautre :

    P /p / / / / / / / /

    Discours de Chenout

    [Sermons contre les hrsies]

    Monastre Blanc, Haute-gypte,

    viiie - ixe sicle,

    Parchemin, 3 quaternions 34 x 26 cmMuse du Louvre, dpartement

    des Antiquits gyptiennes,

    e 10612 (r 111), . 21 v-22.

    noter, le oliotage de la page

    dans le coin suprieur gauche.

    Ci-contre la ligature rquente

    dans ce manuscrit.

  • 7/29/2019 copta

    16/89

    Les supports & les outils relatifs aux critures coptes

    1| Les support

    En gypte, les grands actes de droit public comme les lettres privestaient traditionnellement crits sur papyrus ; ce support coteuxest souvent remplac dans les documents coptes, surtout quand lecontenu nest pas de premire importance, par dautres matriaux,aciles trouver et peu chers, tessons de poterie, clats de calcaire,que lon regroupe sous le nom gnrique dostraca. Il nest pas rareque lexpditeur dune lettre crite sur un ostracon sexcuse auprs dudestinataire de ne pas avoir trouv de papyrus, il nest pas rare nonplus que ne sachant pas crire, il asse appel quelquun dautre.

    Les manuscrits

    Le christianisme, entre autres, est caractris par labandon durouleau antique et ladoption du codex, livre orm de plusieurseuilles plies en deux et cousues ensemble en cahiers, lensembletant ensuite couvert dune reliure. Les manuscrits coptes ne ontpas exception et les rouleaux sont rares. Au ive sicle, en gypte,on abrique aussi bien des codices de parchemin que de papyrus. Uncodex de parchemin est le plus souvent constitu de quaternions,cahier orm de quatre euilles plies en deux, soit huit euilletsou seize pages. Ces cahiers sont signs, cest--dire numrots, lapremire et la dernire page, pour aciliter le travail du relieur.

    Quant au papier, son apparition dans les manuscrits coptes dsla n du xe sicle, a modi un peu les habitudes. Les cahiers sontplus souvent des quinions, orms de dix euillets, eux-mmes issusde cinq euilles plies en deux, en quatre, en huit ou en seize selonleur ormat initial. La direnciation entre les ormats est lie laonction du manuscrit : exemplaire dapparat, livre de prire depoche , recueil pour les lectures monastiques.

    Le copiste oprait sur une page rgle, cest--dire avec des lignesmarques, soit la pointe sche pour les parchemins, soit, pour le

    papier, laide dun mastara qui a gissait par pression.

    Le coret de bois est recouvert de plaques de

    mtal richement dcores. Largent est repouss,

    grav et dor sur certaines parties. Les deux aces

    dirent lgrement dans le dtail de lorne-

    mentation. Celle du dessus porte en son centre

    une croix, dcoupe dans une euille de mtal et

    maintenue par de petits clous, o sont enchsss

    des cabochons en pte de verre. En haut et en

    bas court une inscription trs orne, en copte :

    Au commencement tait le Verbe et le Verbe

    tait auprs de Dieu. Cest aunsi que commence

    lvangile de Jean.

    crin dvangliaire

    glise Sainte-Barbe,

    Vieux-Caire, xviiie sicle

    Bois, argent dor, pte de verre,

    36,5 x 31,5 x 8,5 cm

    Le Caire, Muse copte.

    Photographie LArt copte en gypte.

    Tout le travail de prparation, de copie, de dcoration, se aisaitdans des ateliers situs dans des monastres ou des glises. Lescolophons, notes places la n des manuscrits, dans lesquelles lescribe donne son nom, son origine, parois la date et le lieu de sacopie, renseignent sur ces lieux. Les dates sont toujours donnesselon lre des Martyrs, qui commence lavnement de lempereurromain Diocltien, grand perscuteur des chrtiens, en 284.

    La dcoration des livres coptes, que ce soit sous la domination byzan-tine ou le pouvoir musulman, na jamais pu prtendre au luxe. Ellene manque cependant pas dintrt. Dans le texte mme des manus-crits anciens, la sobrit de la copie nest releve que par quelquessignes marginaux marquant les changements de section.

    Cest probablement partir de ces marques quapparat entre leviiie et le xiie sicle, lornementation discrte aux couleurs pures,

    de base, (rouge, jaune et vert) que lon peut observer dans lesmanuscrits des grands monastres comme le monastre Blanc Sohag, le couvent de Saint-Michel-du-Fayoum. Le moti de baseen est la tresse colorie. Tandis que les lettres initiales sont agran-dies et embellies de motis en tresse, oblos ( ou ), dipls (>) etcoronis ( ) se dveloppent, sur les marges, en feurons, rinceauxbourgeonnants, guirlandes, se transormant parois en serpent ouen oiseaux de toutes sortes. La dcoration gure reste nanmoinsexceptionnelle et le plus souvent marque par des infuences ext-rieures (art persan, art armnien). On en trouve des traces jusquaudbut du xixe sicle. Entre le xiie et le xvie sicle, on voit se ctoyerou se mler les motis traditionnels et une ornementation nette-ment inspire par lart musulman : les rontispices se ont ogives oucoupoles, les gures gomtriques remplacent les entrelacs, lor, lebleu et le rose ont leur apparition.

    lheure actuelle, tous les manuscrits coptes recenss sont conser-vs dans des bibliothques, des muses ou des collections prives,

    et ce, partout dans le monde.

    Livre des Petits Prophtes en copte Haute

    gypte, ive- ve sicle

    BnF, Manuscrits orientaux,

    copte 157, .34 v35

    Photographie Pages chrtiennes dgypte.

    ditions BnF.

  • 7/29/2019 copta

    17/89

    Livre des Petits Prophtes en copte

    Haute-gypte, ive-ve sicle

    BnF, Manuscrits orientaux,

    copte 157, .34 v35

    Photographie Pages chrtiennes dgypte.

    ditions BnF.

  • 7/29/2019 copta

    18/89

    Feuillet dun manuscrit sahidique

    des Eptres catholiques

    Monastre Blanc, Haute-gypte, xe sicle,

    parchemin, 23 x 18,5 cm

    BnF, Manuscrits orientaux

    copte 12911, 116 r & 121 v.

    Signifcation dlments dcoratis *

    Lornementation :

    On suppose que les premiers ornements rpondaient parois des gestes caractres ludi-

    ques et spontans, ou constituaient des marques de proprit, ou encore taient conus

    comme des symboles magiques. De telles dcorations ont d susciter lmerveillement,

    tout ce que produisait lartiste tant considr comme surnaturel. Cest peut-tre ainsi

    que le signe ornemental est devenu symbolique.

    La reprsentation de loiseau :

    Lhomme reste au sol mais loiseau vole, cest lui qui peut le plus acilement aller le plus

    prs du ciel et donc le plus prs de Dieu. Les animaux volants ont donc de tout temps

    exerc un attrait puissant sur le plan religieux symbolique et mystique. Il est intressant

    de noter que dans lhistoire, on a aussi attribu le pouvoir de voler dautres animaux

    que lon munissait dailes pour cette raison. Ces dessins tmoignent dune activit spiri-tuelle, sans expression verbale, transormant consciemment limage en signe porteur

    de sens, en symbole.

    Les symboles vgtaux :

    Lhomme est entour de plantes et elles reprsentent son espace vital. Constituant

    galement une grande part de son alimentation, il nest pas tonnant que leurs repr-

    sentations soient nombreuses. On retrouve donc des symboles vgtaux dans de multi-

    ples civilisations, comme expression ondamentale de la vie, de la croissance, de la

    ertilit et de la condation. Ils reprsentent le passage dune vie vgtale primitive

    une vie suprieure.

    Les tressages et les entrelacs :

    Un objet souple dune certaine longueur ait la ois appel la main et lintelligence

    et le rsultat parat dune certaine manire, beau, ornemental, ou au contraire myst-

    rieux par sa complexit, ses nuds, ses tressages. Peut-tre peut-on y voir le corps du

    serpent, avec sa mythologie et ses signifcations symboliques : il peut apporter la mort

    par ses morsures, il peut tre considr alors comme celui qui dcide de la vie et de la

    mort. Par le phnomne de la mue, il suscite une signifcation lie la proccupation

    de lhomme sur la renaissance et limmortalit.

    * Daprs Adrian Frutiger dans LHomme et ses signes.

    ditions Atelier Perrousseaux, 2000.

  • 7/29/2019 copta

    19/89

    Les textes gnostiques

    de la bibliothque de Nag Hammmadi

    Lensemble des codices se compose de textes

    religieux et hermtiques, douvrages de sen-

    tences morales, dcrits apocryphes et plus

    curieusement encore dune r-criture de La

    Rpubliquede Platon. Outre lintrt des ma-

    nuscrits pour lhistoire du livre et la palogra-

    phie copte, ils reprsentent un tmoignage

    capital pour lhistoire de la philosophie et

    du christianisme primiti. Leur analyse est

    nanmoins trs dicile puisque leurs auteurs,

    les circonstances, les lieux de leur rdac-

    tion sont inconnus. En revanche, on peut

    aujourdhui les considrer comme dcisis

    pour la recherche sur le gnosticisme des pre-

    miers temps. Les textes religieux, dit gnosti-

    ques , proposent des interprtations et des

    rituels chrtiens dirents de ceux ocialiss

    en 325 et qui avaient t immdiatement

    rejets comme hrtiques. Cest pourquoi ils

    urent rassembls, protgs et cachs par les

    communauts dites dviantes .

    La gnose signie la connaissance. Les gnosti-

    ques avaient une toute autre relation aux tex-

    tes sacrs que les chrtiens en ce sens quils ne

    sattachaient aucunement leur historicit

    mais leur sens sotrique. Les gnostiques en-

    visagent donc les choses divines comme une

    connaissance intrieure et secrte, transmise

    par la tradition et par linitiation.

    La bibliothque de Nag Hammadi ore

    de nombreux tmoignages de ces courantsgnostiques prtendant contenir un ensei-

    gnement secret tout en sinspirant parois

    de lAncien Testament. Parmi le corpus

    de la bibliothque se trouvent des livres

    dits hermtiques sinscrivant dans la

    tradition du Corpus Hermticum.

    Le codex VI est en eet compos dun trai-

    t de titre inconnu et surnomm LOgdoade

    et LEnnade, dune prire daction de grce

    et dun long ragment du Discours Parait.

    Ces deux derniers textes sont en partie

    repris dans lAsclpius

    tandis que le premier

    est tout ait indit. Ces crits peuvent

    tre mis part tant ils sloignent des tho-

    ries gnostiques largement diuses dans le

    reste de la bibliothque.

    Mais leur intrt rside surtout dans

    leur inspiration gyptienne trs marque

    en comparaison des textes grecs et latins

    connus ce jour. Ils ne rejettent dailleurs

    aucunement la religion gyptienne mais

    propose de la spiritualiser . Plus quun

    systme religieux la manire chrtienne,

    lhermtisme est une voie. Complmen-

    taires et susants, ils exposent eux trois

    lensemble de la doctrine hermtique, le

    chemin initiatique devant conduire

    lillumination divine .

    Il sagit dune des dirences ondamentales

    entre chrtiens et gnostiques ou hermtiques.

    Si le christianisme se repose sur la vrit his-

    torique, les courants gnostiques, hermtismecompris, accordent une place primordiale au

    symbolisme, voire lallgorie. *

    Apocryphe se dit des crits similaires aux

    livres canoniques et mettant en scne les

    personnage du christianisme, mais nappar-

    tenant pas au Nouveau Testament.

    Lsotrisme est la doctrine selon laquelle

    certaines connaissances ne doivent pas

    tre divulgues un grand public mais un

    groupe restreint de disciples.

    Le gnosticisme regroupe diverses ormes

    de pense religieuse dans lempire

    romain entre le ier sicle avt. J.-C. et le

    ive sicle ap. J.-C. et dont le oyer principal

    ut Alexandrie. Toutes sont ortement mar-

    ques par la dualit entre la matire, aisant

    lobjet dun rejet, et lesprit. La pense

    gnostique ut dclare hrtique par lglise.

    LHrsie est lensemble des courants

    religieux parallles au catholicisme mais

    condamns par LEglise comme corrompant

    les dogmes.

    Lhermtisme est une doctrine obscure is-

    sue dune srie de textes traditionnellement

    attribus Herms.

    La source Q, de lallemand Quelle qui

    signie source , dsigne les passages

    communs aux vangiles de Matthieu et Luc,

    appels aussi double tradition.

    cpage 39.

    / Les manuscrits de Nag Hammadi

    En dcembre 1945, dans la rgion de Nag Hammadi en Haute-gypte, des paysans dterraient ortuitement une jarre renermantdouze codices orms de cahiers de papyrus relis de cuir et lesrestes dun treizime. Ces codices contenaient une cinquantainede textes, tous tant des traductions coptes doriginaux grecs, pourla plupart inconnus, que les premires annonces de la dcouverteidentirent comme gnostiques (Puech et Doresse, 1948) sur labase de la similitude du contenu de certains dentre eux avec desdoctrines que des auteurs chrtiens des iie, iiie et ive sicles les

    Justin, Irne, Hippolyte et piphane condamnrent commehrtiques et auxquelles ils appliqurent cette tiquette.

    Dcouverte dans une rgion qui vit limplantation de nombreuxmonastres au ive sicle, il y a tout lieu de croire que cette collection

    ut runie par et pour des chrtiens de cette rgion, pour lesquels cestextes avaient une valeur sacre, et que ses propritaires lenoui-rent, une date inconnue, pour la mettre labri dune campagnevisant renorcer lorthodoxie.

    On stonnera peut-tre de trouver la bibliothque de Nag Hammadirange parmi les textes sacrs en compagnie des crits canoniques juis etchrtiens. Il y a pourtant au moins trois bonnes raisons cela. La premi-re est quune grande partie de ces textes, dont la rdaction est grosso modocontemporaine de la priode o se sont fxs les canons des critureshbraques et de la Bible des chrtiens, se prsente comme une rcritureet un prolongement de ces crits. Gense rcrite, apocalypses, paroles duSauveur et dialogues avec ses disciples, vangiles, actes et lettres dap-tres orment en eet la majeure partie de ce corpus qui constitue, aveclimmense littrature apocryphe, en quelque sorte une autre Bible .Et cest prcisment par lexclusion de ces textes et dautres du mmegenre que se sont orms les canons jui et chrtien. La seconde raisonest que ces textes urent probablement considrs comme sacrs par leursutilisateurs anciens, lgal des critures canoniques, voire mme peut-tre davantage. La troisime, quon a tendance oublier, est que ces

    textes reprennent vie dans la culture religieuse contemporaine. La Bibleet les textes de Nag Hammadi sont indissociables comme lavers et lerevers dune mme tradition. *

    Ces textes ressuscitent des ormes du christianism

    primiti que la tradition postrieure a combatt

    et sest eorce de aire disparatre, mais

    jourent nanmoins un rle essentiel dans

    ormation. Leur dition, leur traduction dans d

    langues modernes et leur tude, qui en est encor

    ses dbuts, ouvrent donc une entre nouvelle

    la priode du iie sicle, si importante dans la orm

    tion du christianisme. Touteois, linterprtati

    de ces textes nouveaux est particulirement d

    cile. On ignore en eet lidentit de leurs aute

    les lieux, dates et circonstances de leur rdacti

    en grec, de leur transmission, de leur traductio

    en copte, de leur copie dans les codices.

    De laborieuses recherches permettent n

    moins de les situer dans leur contexte et d

    tirer de nombreux renseignements qui claire

    lhistoire des premiers sicles chrtiens sous

    jour nouveau. Ainsi, pour ne donner quun se

    exemple, lvangile selon Thomas est devenu u

    pice matresse de la recherche sur le personna

    historique de Jsus de Nazareth et sur les origin

    du christianisme.

    Une partie des codices

    de Nag Hammadi photographie

    lors de leur dcouverte en 1945.

    Photographie LArt copte en gypte, 2000

    ditions Gallimard.

    * Louis Painchaud Ph.D.

    responsable de ldition des textes de Nag Hammadi

    Facult de thologie et de sciences religieuses, Universit Laval, Qubec.

  • 7/29/2019 copta

    20/89

    La bibliothque se compose de 13 livres, appels

    codex daprs le nom scientique donn tout

    assemblage de euilles plies en deux et cousues

    ensemble. Ces livres reprsentent les spcimens

    les plus anciens connus ce jour.

    Table des matires

    de la Bibliothque de Nag Hammadi

    Codex I

    (Codex Jung)

    1. Prire de laptre Paul

    2. Le Livre secret de Jacques

    3. Lvangile de vrit

    4. Le Trait sur la rsurrection

    5. Le Trait tripartite

    Codex II

    6. Le Livre secret de Jean

    7. Lvangile selon Thomas

    8. Lvangile selon Philippe

    9. LHypostase des archontes

    10. Symphonia de lhrsie 40

    du Panarion dpiphane

    11. LExgse de lme

    12. Le Livre de Thomas lAthlte

    Codex III

    13. Le Livre secret de Jean

    14. Lvangile des gyptiens

    15. Eugnoste le Bienheureux

    16. La Sophia de Jsus-Christ

    17. Le Dialogue du Sauveur

    Codex IV18. Le Livre secret de Jean

    19. Lvangile des gyptiens

    Codex V

    20. Eugnoste le Bienheureux

    21. LApocalypse de Paul

    22. LApocalypse de Jacques

    23. LApocalypse de Jacques

    24. LApocalypse dAdam

    32. Fragment de lAsclpius

    Codex VI

    25. Les Actes de Pierre et des douze aptres

    26. Le Tonnerre, intellect parait

    27. Authentikos Logos

    28. Aisthesis dianoia noma

    29. Passage paraphras

    de La Rpublique de Platon

    30. Discours sur logdoade et lennade

    31. La Prire dactions de grce

    35. LApocalypse de Pierre

    36. Les Enseignements de Silouanos

    37. Les Trois Stles de Seth

    Codex VII

    33. La Paraphrase de Sem

    34. Le Second Trait du grand Seth

    Codex VIII38. Zostrianos

    39. La Lettre de Pierre Philippe

    Codex IX

    40. Melchisedek

    41. La Pense de Nora

    42. Le Tmoignage de la Vrit

    Codex X

    43. Marsans

    Codex XI

    44. LInterprtation de la connaissance

    45. Exposs valentiniens

    46. Rvlations reues par lAllogne

    47. Hypsiphron

    Codex XII

    48. Les Sentences de Sextus

    49. Fragment central de lvangile de vrit

    50. Fragments non identis

    Codex XIII

    51. La Protennoia trimorphe

    52. Fragment du 5e trait du Codex II

    Lvangile selon Thomas, codex II.

    Prsent sous la orme dun dialogue entre

    Jsus et laptre Thomas, ce document est

    compos de 114 logia du grec signiant

    paroles plus ou moins lointains des quatre

    vangiles du Nouveau Testament. On

    peut dater aujourdhui le manuscrit aux

    annes trois cent cinquante environ,

    comme le reste du corpus. Mais il a t

    tabli quil sagit dune traduction grecque,

    3 ragments ayant t retrouvs et pouvant

    tre dats environ de lan 200. La version

    grecque de lvangile est donc antrieure

    cette date. Les meilleurs spcialistes diver-

    gent encore sur son interprtation, les uns

    pensant tre remonts aux origines de Jsus,

    les autres considrant lvangile comme la

    source Q du Nouveau Testament.

    Sil permet de rpondre certaines

    questions et met la lumire sur la diversit

    doctrinale du christianisme primiti, le cin-

    quime vangile permet dj de remarquer

    quel point la tradition chrtienne nest

    pas immuable. On a souvent parl d in-

    dits de Jsus comme un scoop secrtement

    gard pendant prs de 2000 ans. Pourtant le

    mystre qui plane au dessus de ce document

    peut aujourdhui tre en partie expliqu.

    On sait que la bibliothque de Nag Ham-

    madi ut cache au ive sicle de notre re

    alors que le conseil de Nice proclamait

    lunit de la oi et ocialisait la doctrine.

    Toutes dviances taient alors juges

    hrtiques. En raction luniormisationde la religion, les textes urent naturelle-

    ment cachs et protgs en attendant quils

    puissent tre remonts la surace. Per-

    sonne navait imagin quils resteraient

    enouis pendant 1600 ans !

    Il aut savoir que lensemble des textes

    est disponible au grand public depuis 1975.

    Lvangile de saint Thomas a t traduit,

    publi et comment en plusieurs langues et

    il est, dans sa version originale, la proprit

    du Service des antiquits de lgypte et non

    du Vatican.

    Sa premire dition photographique est

    parue ds 1956 et sa premire tude critique

    publie en 1959. En revanche, il audra

    attendre quinze ans en France avant la

    sortie dune dition provisoire et quinze

    annes supplmentaires pour une version

    intgrale. On raconte mme que louvrage

    critique aurait ait lobjet dun procs entre

    les membres de lglise et leurs auteurs.

    Dabord censur, louvrage sera autoris

    deux ans plus tard.

    Mais il convient de modrer la polmique.

    La bibliothque de Nag Hammadi et son

    inestimable vangile de saint Thomas

    ont une valeur historique et thologique

    incalculable. Il aut bien comprendre que

    le contenu de ces textes est susceptible de

    remettre en cause les bases de la chrtient.

    Ce point est susant pour imaginer le

    Vatican capable de dissimuler toutes preu-

    ves qui iraient lencontre de sa doctrine et

    qui pourrait largement la discuter.

    Nanmoins, comme larme Jean DanielKaestli, proesseur en thologie luniver-

    sit de Lausanne et spcialiste de

    saint Thomas, lglise a conscience de

    lintrt historique des textes dits d-

    viants et de la ncessit de leur tude.

    Mais surtout, devrait-elle craindre quoi qu

    ce soit alors que ses dogmes et son organi

    tion institutionnelle ont t ociellemen

    tablis au iie sicle ?

    Cest cette mme poque que urent

    mise labri toute littrature dviante. Si

    nous navons pas connu ces textes avant

    1945, ce nest certainement pas cause d

    lomerta religieuse mais parce que ceux-c

    urent dissimuls par leurs adeptes, puis

    perdus. Leur existence ntait dailleurs p

    un secret puisquils sont notamment cits

    par Origne ; on ne savait seulement pas

    quel en tait prcisment le contenu.

    Il aut alors distinguer la proccupation

    purement historique de lintrt thologi

    que dun tel document.

    La doctrine repose en eet sur un tmo

    gnage. Au moment mme o la chrtient

    dcidait dtablir une doctrine et une

    organisation ocielle, le conseil de Nice

    avait dj choisi de ne pas lintgrer son

    enseignement.

    Peu copi et compos sur un unique exem

    plaire, il navait pas touch un large publi

    et prenait un caractre plutt condentie

    et sotrique. Aujourdhui, la question

    divise toujours la communaut scientiqu

    alors que lglise se reuse compltement

    le prendre en considration.

    Sources : bibliothequedenaghammadi.com

  • 7/29/2019 copta

    21/89

    Extrait dun codex hagiographique

    avec un rontispice orn,

    Monastre de Saint-Michel,

    aujourdhui Hamouli (Fayoum),

    premire dcennie du xe sicle,

    parchemin 33,4 x 26 cm

    New York, Pierpont Morgan Library, m613.

    / Le fonds copte de la Bibliothque nationale de France

    Cest dabord leur intrt pour le texte biblique qui a pouss lesorientalistes, ds le xviie sicle, se procurer des manuscrits pourpouvoir apprendre, entre autres, le copte et tudier ses textes.Beaucoup de collectionneurs taient aussi des rudits et ne cher-chaient pas orcment des exemplaires richement enlumins maisdes livres susceptibles de aire progresser leurs connaissances. Onrepre certains de ces anciens possesseurs grce leurs cachets, des numros, des listes ou des reliures particulires.

    Au dbut du xviie sicle, Nicolas-Claude Fabri de Peiresc (1580-1637)est lun des premiers aire rechercher des manuscrits dgypte par desreligieux missionnaires, des diplomates ou des marchands. Plus encorequaucun des collectionneurs de la gnration suivante, il est un vri-

    table savant. Une lettre que lui adresse en 1629 depuis Alexandrie unjeune magistrat, Franois-Auguste de Thou, montre quel point lesdeux hommes taient proches de la conviction qui conduirait Cham-pollion, deux cents ans plus tard, au dchirement des hiroglyphes :

    Ces gens ici parlent la langue Arabesque, mais ils ofcient dansleurs glises en une langue particulire dont ils ont perdu lusa-

    ge, comme nous lavons ait de la latine, & il ny a que les plussavants qui lentendent. Cette langue sappelle aussi Cophte, &les caractres sont Grecs corrompus absolument, mais les vocablessont entirement dirents. Je tasche de recouvrir un livre escriten laditte langue pour lemporter avec moi, afn que vous voiez,& si vous jugez que ce soit lancienne langue gyptienne commeceux de ce pas le tiennent, je tascherois den avoir u ne Bible.

    Peiresc tait ort gnreux de son savoir et de ses manuscrits quisont passs dans dautres collections avant dentrer la Biblioth-que royale, o lon peut en reprer six dans le onds copte.

    Gilbert Gaulmin (1585-1665) possdait quinze manuscrits copteset dix-huit arabo-chrtiens, qui urent vendus aprs sa mort laBibliothque royale : certains de ces manuscrits portent le c achet

    de cire de Jean Magy, marchand marseillais, ou celui de son corres-pondant au Caire, Franois Daniel.

    Lettre pour un rglement dhritage, viiie sic

    Djm, Haute-gypte (rive gauche de Louqso

    Feuillet de papyrus, 54 x 20,5 cm

    Muse du Louvre,

    dpartement des Antiquits gyptienne.

    Photographie Pages chrtiennes dgypte.

  • 7/29/2019 copta

    22/89

    Lintrt de Colbert (1619-1683) ministre de Louis XIV, qui possdaitlui-mme trois manuscrits coptes, avorisa lachat de cette collectionpar la Bibliothque du roi. Le mme Colbert commandita, au nom duroi, les missions en Orient du dominicain Johann Michael Wansle-ben, dit Vansleb, qui acheta dix-sept manuscrits coptes Chypre etdouze au Caire en 1672-1673. la n du xviie sicle, la Bibliothqueroyale comptait ainsi cinquante et un manuscrits coptes.

    Avec les conscations rvolutionnaires, les manuscrits continu-rent arriver en grand nombre, en particulier le onds de labbayede Saint-Germain-des-Prs, qui conservait les manuscrits Sguier-Coislin, ceux dEusbe Renaudot, ceux de Bernard de Montau-con acquis Venise en 1698, soit une vingtaine de manuscrits.Achats et dons divers vinrent ensuite grossir la collection, parmilesquels un lot dune trentaine de manuscrits donns par la Mission

    archologique du Caire (anctre de lInstitut ranais darchologieorientale). Ainsi, en 1890, le onds copte comptait 150 numros.Cinq de ces 150 numros contiennent les milliers de euillets et deragments achets par Gaston Maspero et provenant de ce qui utjusquauxiie sicle un des plus grands monastres de Haute-gypte,le monastre Blanc. Cette dcouverte donnait enn accs, par descentaines de textes nouveaux, la littrature copte classique, cest--dire des textes chrtiens de toutes sortes, en dialecte sahidique,lesquels sont encore lobjet dtudes par les spcialistes.

    Le savant Seymour de Ricci avait eectu au dbut du xxe sicle denombreuses missions en gypte et rapport toutes sortes de docu-ments en grec, copte, arabe. Le legs dune partie de sa collection la Bibliothque nationale (1943-1944), est le dernier apport nota-ble au onds copte de la BnF.

    / Les manuscrits des monastres gyptiens

    Le monastre Blanc est un tablissement ond au ive sicle prsde lancienne Panopolis des Grecs et de lactuelle Sohg, dont les

    manuscrits sont crits en dialecte sahidique, principalement surdes parchemins et souvent ltat de ragments. Une partie de labibliothque du monastre Blanc est actuellement disperse entreplusieurs dizaines de collections dans le monde. On estime les dates

    Vue extrieure de lglise du monastre Blanc,

    die par Chenout,

    suprieur du monastre au ve sicle.

    Photographie LArt copte en gypte, 2000.

    ditions Gallimard.

    de ces manuscrits entre le vie et le xiie sicle mais les seuls colophonsconservs qui donnent des dates prcises, concernent la priode duxe au xiie sicle. Une autre collection, qui appartient aujourdhui laPierpont Lorgan Library, New-York, comprend une cinquantainede codices de parchemin complets, sahidiques et ayoumiques, prove-nant dun monastre de Saint-Michel, au Fayoum. Ils sont dats duixe et du xe sicle et prsentent beaucoup de points communs avecceux du monastre Blanc, dont certains ont dailleurs t copis auFayoum. De plus, la British Library conserve un ensemble dunevingtaine de manuscrits sahidiques provenant dun monastre de largion dEsna ( une centaine de kilomtre s au sud de Louxor), critssur parchemin ou sur papier, dats de la n du xe et du dbut du xiesicle. Enn, la bibliothque Vaticane possde seize manuscrits deparchemin, en dialecte boharique, dats du ixe sicle, et qui appar-tenaient au monastre de Saint-Macaire, au Ouadi Natrum.

    Les ostraca

    Le papyrus tait un produit du pays mais il allait tout de mmelacheter et le prparer. Les ostraca taient prts lemploi et necotaient rien ; ils ont par dnition, des contours trs irrguliers : ilsagit en eet de matriau de rebut ou de vaisselle casse. Les tessonsde poterie, en terre brune ou de tonalit rose rouge orang vi selonle type de pte, peuvent prsenter une courbure convexe plus oumoins accentue ; ils sont en gnral, dans ce cas, choisis aiblementctels pour ne pas gner lcriture. On peut reprer des ragmentsdamphore cannele, de jarre poisse (soit lint rieur, soit au revers),de coupe pied, de plat dcor peint. Quant aux clats de calcaire,ils orent selon leur qualit, une surace accidente ou au contrairetrs plane. Lencre noire y contraste davantage avec la blancheur dela pierre et ils sont inscrits recto verso, voire sur le ct.

    Comme pour les types dcritures, on observe une grande varitdans le contenu des ostraca. Leur texte, gnralement bre, compl-te le message des papyrus. Les tessons se prtent bien des essaisdivers qui peuvent tre des exercices de copie, des aide-mmoires

    pour la mditation, mais aussi des balbutiements dapprentis magi-ciens, des ormules et des rites magiques. Il nest pas toujours acilede distinguer de quel type dactivit il sagit, dautant que beaucoupde ces ostraca taient lavs et rutiliss plusieurs ois.

    Ce tesson est un objet magique, une amule

    dont les indications sont diciles lucid

    Sur des dizaines de pices de ce genre, on trou

    des croix, des toiles, des animaux et parois d

    mots qui dsignent des gestes accomplir. C

    montre bien quici, il ny a pas de rupture en

    religion et magie.

    Ostracon magique dAssiout, viie- viiie sicle

    Terre cuite, 24,2 x 14,4 cm

    Le Caire, Muse copte, 5517.

    Photographie LArt copte en gypte, 2000.

    ditions Gallimard.

  • 7/29/2019 copta

    23/89

    Huit ostraca coptes

    gypte, viie et viiie sicles

    Calcaire et terre cuite

    Muse du Louvre,

    dpartement des antiquits gyptiennes.

    Photographie Pages chrtiennes dgypte.

    ditions BnF.

    Les stles funraires

    Dune taille en gnrale assez modeste (environ 60 x 30 cm), lesstles unraires retrouves et conserves datent le plus rquem-ment de la priode byzantine. Elles sont souvent ornes dun bas-relie reprsentant le dunt ou le suggrant, et dun dcor architec-tural (ronton, colonnes). Il nest pas rare de trouver sur ces pierrescalcaires de brves pitaphes rdiges en copte. Linscription peuttre alors en relie ou simplement grave. Parois sous la ormedune prire, elle peut renseigner sur le nom, le statut et la date dela mort du dunt. On retrouve aussi de aon quasi systmatique, lesymbole de la croix anse ankh, lantique signe de vie gyptien, christianis par ladjonction des lettres a et w qui rappellent laparole de Jsus dans lApocalypse de Jean (22,13).

    De tout temps et partout dans le monde, les critures ont connu

    deux ormes dexpression distinctes, savoir la orme monumen-tale des inscriptions lapidaires et lautre, courante, plus cursive,employe pour les notes, la correspondance, les livres. Ces deuxstyles dcritures sont raliss laide dinstruments dirents quiont eux-mmes infuenc leur orme respective. Alors que la ormemonumentale na pas volu en raison du caractre durable de sonsupport, la courante a volu de manire plus considrable. Lescaractristiques de cette volution sont avant tout la simplicationdes gestes et la plus grande rapidit dexcution qui a conduit latransormation des droites monumentales en courbes.

    En ce qui concerne les lettres coptes monumentales, il est importantde prciser que leur orme ne dire pas des ormes calligraphiquessau pour certains caractres en raison de leur ornementation. Ellessont de module carr et ne prsentent aucun dpassement, ni de laligne de base, ni de la hauteur dil. Ces ormes de caractres sonttout de mme distinguer, dautant quil semble quelles serventde modle aux lettrines de certains manuscrits.

    Atypique, cette stle est sculpte dans du b

    et adopte la orme assez rare dune croix an

    avec deux branches latrales trs court

    Emprunt lpoque pharaonique, le signe ank

    christianis par les Coptes, devient rcurre

    dans lart unraire comme symbole de vie et

    rsurrection. Lpitaphe, longue, se lit en aisa

    le tour de lobjet : Dieu des esprits et Seigneur

    toute chair, donne le repos lme de notre du

    rre, le diacre Pantolcos, ls de eu le diac

    Thtr maon de Tebtynis, qui sest endormi

    13 mchir de lan 641 de Diocltien. Le texte

    termine par la datation. Le quantime du mois (

    mchir correspond la priode de vrier / ma

    est suivi de la ne anne de Diocltien (re

    Martyrs). Ainsi on peut assigner la stle la da

    de 641 + 284, soit 925 de lre chrtienne.

    Stle unraire

    gypte, premire moiti du xe sicle

    Bois, 41,8 x 9,9 x 5,8 cm

    Paris, muse du Louvre,

    dpartement des Antiquits gyptiennes.

    Photographie LArt copte en gypte.

  • 7/29/2019 copta

    24/89

    tui calames de Pamio

    Antino, poque byzantine,

    Cuir, roseau, bois de buis, 23,5 x 8,2 cm

    Paris, muse du Louvre,

    dpartement des Antiquits gyptiennes.

    Photographie LArt copte en gypte.

    ditions Gallimard.

    2| Les outils

    Lvolution des signes dans nimporte quel systme dcritureva de pair avec les moyens et les procds dexpression. Lesmatriaux ont dtermin la production des outils adquats aveclesquels il a t possible de xer et de conserver les inormations. Engypte, les hiroglyphes ont t cisels dans la pierre puis estampssur des tablettes dargile et enn tracs sur du papyrus. Cest le aitde dessiner ou de peindre en deux dimensions et sur des supportsplus lgers qui a largi les possibilits dexpression et augment larapidit de leur ralisation. Les principaux instruments qui permet-tent dappliquer une couleur sont le pinceau et le calame, qui repo-sent sur le principe de la rserve et qui donnent ainsi la possibilitde tracer plusieurs signes sans interruption.

    Le calame

    Les scribes de lpoque pharaonique utilisaient, pour crire, destiges de jonc dont lune des extrmits avait t pralablementmche pour en aire un pinceau. partir de lpoque grecque,probablement en relation avec ladoption de lalphabet grec, onprit lhabitude demployer des ragments de roseau.Cet usage se gnralise la n du ive sicle. Le tube tait coupobliquement, la pointe ainsi orme tant endue dans le sens dela longueur, puis dans sa partie extrieure de lextrmit, trancheen biais pour des raisons de stabilit. Le tube creux constituait ainsiun rservoir qui rduisait les va-et-vient en direction de lencrieret augmentait donc la rapidit dcriture. Sa souplesse permettaitaussi dappuyer plus ou moins, la ente de la plume laissant ainsichapper une quantit variable dencre. Cet usage se gnralise la n du ive sicle.

    Les dirences importantes de longueur de ces instruments (de 6 30 cm environ) sont dues lhabitude de les re tailler continuellementen cas dusure ; certains sont mme els aux deux extrmits dans

    le but, sans doute, dcrire avec deux couleurs direntes (rouge etnoir). De rares exemplaires sont orns en rserve sur ond ocre, demotis gomtriques qui leur conrent un caractre plus prcieux.

    Calame dAntino et Edou, poque byzantin

    Roseau, 14,1 cm et 15 cm

    Paris, muse du Louvre,

    dpartement des Antiquits gyptiennes.

    Photographie LArt copte en gypte.

    ditions Gallimard.

  • 7/29/2019 copta

    25/89

    Ainsi le calame a t lun des instruments prrs, mis au jourplusieurs ois au cours des ouilles archologiques. Il ut trs rpandu,et ce partout dans le monde, cause de son emploi agrable et ilest rest loutil de ca lligraphie le plus important pendant presquedeux mille ans. Il est par consquent comprhensible que lemploiaussi prolong dun instrument ait marqu lvolution ormelledes lettres.

    Le stylet

    Les styles ou stylets sont de longues aiguilles pleines, de sectionovale ou circulaire. Ces pointes sches servaient tracer la rgluredes parchemins, qui permettait de cadrer les textes. On traait deslignes horizontales, pour guider lcriture, lesquelles taient ensuiterelies par deux lignes verticales limitant les marges. Les bois utiliss

    (acacia, bne, buis, olivier) devaient tre durs pour que le scribepuisse appuyer susamment ort an de ormer un lger sillon.

    Styles

    Antino, poque romaine ou byzantine

    Bois daccacia et bois dbne,

    18,1 cm et 13,5 cm

    Paris, muse du Louvre

    dpartement des Antiquits gyptiennes.

    On observe de grandes similitudes dans les ha

    tudes calligraphiques et graphologiques romain

    et coptes. regarder de prs les manuscrits ou

    gravures lapidaires, on remarque acilement

    modes de trac, de tenue doutil, de grosseur

    caractres et leurs volutions, variantes au cou

    des sicles et selon les supports dcriture.

    Ainsi les premires onciales romaines de

    n du ive sicle que lon trouve dans certa

    palimpsestes latins possdent un rythme visu

    identique aux onciales bibliques coptes, bas

    sur un module carr qui nautorise que de ra

    ascendantes et descendantes.

    Les remarques sur le rythme sont identiques lo

    quil sagit des cursives. De plus, dans les deux c

    les liaisons entre les signes sont rares ; on obser

    en outre une grande puissance qui pousse av

    intelligence et une certaine lgance les tracs a

    limites de la disproportion des caractres.

    Il en va de mme pour les grati dont les viincisions dans la pierre relvent des mmes pra

    ques chez les Romains et chez les Coptes.

    LES DIVERS STYLES DE GRAPHIES COPTES

    Il ny a pas proprement parler de stabilisation des critures coptesni de standardisation. Les direntes ormes ont toutes plus oumoins coexist. Bien quil nexiste pas encore de classement satisai-sant, les critures des manuscrits coptes littraires peuvent se rpar-tir grossirement en plusieurs catgories. Par leur gomtrie gn-rale, dabord, trois amilles se distinguent : les droites, les penches,les cursives. Chaque amille rassemble plusieurs types dcriture,lesquels regroupent les variations particulires de graphies.

    1| Les graphies droites

    Dfnition de lonciale en occident.*

    Au terme du ive sicle, Yhodose, empereur dOrient, signe les dits de Constantinople

    et le Christianisme est proclam religion dtat (381). On voit apparatre les premires

    invasions barbares. Lempire romain dcline mais ladministration impriale maintient

    son infuence. Cest dans ce contexte que lglise catholique stablit. Elle en prote

    pour codier ses rites. Lalphabet oncial, trac dans les monastres, est linstrument

    majeur de la sauvegarde de cette culture classique. Le choix de cet alphabet spcique

    relve dune volont politique dont le souci consiste direncier les ormes des textes

    sacrs de celles des crits paens tracs en rustica. Lonciale permettra ainsi de conserver

    intacte la connaissance et de transmettre les livres et les dogmes.

    Lonciale est une lettre dune grande puissance. Son originalit est dautant plus notable

    quelle na pas laiss de postrit. Ne du systme de lpitome, dont elle conserve la

    robustesse et la puissance du contraste entre ses pleins et ses dlis, elle a occup une place

    essentielle et simpose comme la graphie de prdilection des textes sacrs. Elle spanouit

    principalement dans les monastres et devient lcriture monastique par excellence.

    Lonciale se caractrise par son absence de minuscules : son alphabet est capita -

    lis, ses lettres sont de ormes rondes et de ha uteurs direntes, avec un dpassementparois suprieur, parois inrieur, ce qui constitue une grande singularit pour des

    lettres capitales.

    * Daprs Claude Mediavilla dans Calligraphie

    ditions Imprimerie nationale, 1993.

    Taille du calameClaude Mediavilla dans Calligraphie

    ditions Imprimerie nationale, 1993.

  • 7/29/2019 copta

    26/89

    Les vangiles

    Parchemin,

    Italie, ve sicle,

    calligraphi en onciales contraste

    St. Gall, Bibliothque abbatiale.

    Reproduction Calligraphie, Claude Mediavilla

    ditions Imprimerie nationale, 2003.

    Fragment agrandi du rescrit de Diocltien

    et de Maximilien,

    Papyrus, dbut du ive sicle,

    cursive romaine.

    Muse de Leipzig

    Reproduction Calligraphie, Claude Mediavilla

    ditions Imprimerie nationale, 2003.

    pitome de Tite Live, iiie si

    ragment du papyrus roma

    Le verso du papyrus a t utilis au ive si

    pour retranscrire lptre aux Hbre

    en onciales grecqu

    Londres, British Museu

    Reproduction Calligraphie, Claude Mediav

    ditions Imprimerie nationale, 20

  • 7/29/2019 copta

    27/89

    Codex Alexandrinus,

    Num xxi, 24 xxii. ii, page 93,

    Fac-simil de lAncien Testament,

    premire partie.

    Bibliothque dgyptologie

    du Collge de France.

    En Occident, la chronologie de lonciale distingue trois priodes avec pour chacune

    delles, un aspect dirent : l onciale romaine (aux ive et ve sicles), lonciale clas-

    sique (au vie sicle) et lonciale tardive (du viie au ixe sicle). On la retrouve jusquau

    xiie sicle souvent relgue au rle de titre et dinitiale.

    Quant la signication du terme onciale , son tymologie voquerait lcriture

    dune once, elle pourrait aussi voquer la quantit dor, une once, pour tracer des

    lettres. Chez saint Jrme, le terme d onciale est simplement employ comme cri-

    ture de grand module.

    Les critures coptes des manuscrits sont toutes dnies commedes onciales. Il savre cependant que certains types de ces cri-tures ne rpondent pas ou trs peu la dnition occidentale delonciale. On recense de nombreuses ormes dcriture direntes,chacune relevant de lpoque, du lieu, du dialecte, du copiste, dusupport et du contenu du texte manuscrit.

    Lonciale biblique

    Lonciale carre, dite biblique , est la plus ancienne (ds le ive si-cle), du moins sur parchemin. En eet, la palographie des manuscritsde papyrus nest pas exactement la mme. Elle reste trs hasardeusedans la mesure o les manuscrit s sont moins nombreux, plus ragmen-taires, et ne sont presque jamais dats. Certaines critures, probable-ment les plus tardives (viie -viiie sicles), sont comparables celles desmanuscrits de parchemin, dautres nont exist que sur papyrus.

    La collection des codices de papyrus dcouverts Nag Hammadien 1945 a montr combien des critures contemporaines ( ive sicleenviron, daprs les papyrus documentaires contenus dans les reliures)peuvent tre direntes les unes des autres. Cependant, cest pource support et pour cette priode ancienne (avant la conqute arabe)que la comparaison avec les critures grecques peut tre la plus utile,tant la similitude avec celles des manuscrits grecs est grande *. Cetteonciale biblique se prolonge tardivement (ixe sicle), sous des ormes

    plus ou moins assouplies. Entre deux manuscrits contemporains etissus du mme endroit, on remarque des ormes sensiblement diren-tes pour certaines lettres, particulirement alpha a, mi m, upsilonu.

    * H. Maehler, Zur Datierung griechischer Buchschriten des 4. bis 8.

    Jahrhunderts aus gypten , Paleografa e codicologia greca,

    Alessandria, 1991, p. 31 - 40.

  • 7/29/2019 copta

    28/89

    Cest pourquoi il est important de considrer non seulement laorme des lettres, mais leur taille, et surtout le ormat des euillets :les manuscrits les plus anciens ont des ormats rduits, qui dpassentrarement 15 x 12 cm ; plus tard, les dimensions sont beaucoup plusimportantes et le texte, souvent dispos sur deux colonnes, a unecouleur beaucoup plus once, compte tenu du ait que les carac-tres sont tracs avec un calame plus large e t sont donc plus gras ;cest lonciale biblique archasante. Le point commun ces di-rentes ormes donciale biblique rside dans la manire dont ellessont traces. Le calame est tenu en position pratiquement horizon-tale (~0), la largeur maximale de la plume porte sur les verticales,les artes minima de linstrument dessinent de ns dlis.

    Tenue de calame 0.

    Manuscrit des Prophtes mineurs

    en copte akhmmique,

    Akhmm (Haute-gypte) ive ou ve sicle,

    parchemin 14 x 12 cm,

    Paris, BnF, Manuuscrits orientaux, Copte 157

    Photographie Lart copte en gypte, 2000.

    ditions Gallimard.

    Feuillet dun lectionnaire grec-copte (sahidiqu

    Monastre Blanc, Haute-gypte, ixe sicle

    Parchemin 42 x 33 cm

    BnF, Manuscrits orientaux, copte 12921, . 1 v

    Photographie Pages chrtiennes dgypte.

    ditions BnF.

  • 7/29/2019 copta

    29/89

    Feuillet dun recueil de lectures

    de lAncien Testament en copte (sahidique),

    Monastre Blanc, Haute-gypte, xie sicle (?)

    Parchemin, 40 x 28 cm

    BnF, Manuscrits orientaux, copte 12919, . 14 v-15

    Photographie Pages chrtiennes dgypte.

    ditions BnF.

    Lonciale copte

    On voit apparatre ensuite, dans les manuscrits sahidiques, loncialegrecque de type copte (telle que la dnie J. Irigoin e n 1959 ;bien que la pertinence de cette terminologie ait t conteste, ilnen existe pour linstant aucune autre). Certains exemples de cetteonciale sont trs proches de celles des manuscrits grecs, tandis quedautres se distinguent par un trac moins souple et souvent pluspais, prdominant aux xe et xie sicles, et constituent un type dcri-ture propre appele onciale copte (A. Boudhors, 1997).

    Malgr ces dirences, lonciale grecque de type copte et loncialecopte proposent toutes deux des ormes de lettres et des principesde trac communs. Ainsi, on remarque acilement que tous lesglyphes sont en gnral troits (surtout lomicrono et lepsilone

    dont le trac devient orthogonal et non plus rond). On se rendbien compte de lvolution par rapport lonciale biblique en cesens quun seul geste participe au trac dune lettre, loutil nestpas relev. De cette remarque nat la justication de ces bouclescaractristiques dont le plus fagrant exemple est la transormationdu mi (m) de lonciale biblique en mi (m). Ces boucles se trouventaussi aux extrmits des ts des lettres, crant une sensation dem-pattement. Laspect gnral de ces critures est plus souple, pluslanc, et lon note ainsi parois un eet swash de certaineslettres en bout de ligne.

    swash, mot anglais qui signie clapotis

    et qui dsigne des caractres typographiques

    aux terminaisons ou aux attaques lances.

    Fac-simils de manucrits coptes

    et de la collection Borgia (142)

    Les Manuscrits coptes et coptes-arabesillustrs,

    tome xcvi, 1974,

    Librairie orientaliste Paul Geuthner.

    irht section grecque.

    Le Poetica de Robert Slimbach (Supp Lowercase Ending II) par Adobe

    Copyright 1992 Adobe Systems Incorporated.

  • 7/29/2019 copta

    30/89

    Fac-simils de manucrits coptes

    de la Bibliothque vaticane

    gr1613, gr2125, 68,

    Les Manuscrits coptes et coptes-arabesillustrs,

    tome xcvi, 1974,

    Librairie orientaliste Paul Geuthner.

    irht section grecque.

  • 7/29/2019 copta

    31/89

    Lonciale alexandrine

    On ne trouve que peu dexemples de lonciale alexandrine.Elle accompagne le plus souvent une onciale biblique et cre ainsiun deuxime niveau de lecture pour la numrotation ou les titresdes psaumes (en rouge dans le copte 1292, .29 v). Elle a le mmemodule carr que lonciale biblique mais ressemble plus, dans lesormes de ses caractres, lonciale grecque de type copte : onretrouve les boucles caractristiques et un trac plus n.

    Feuillet dun manuscrit des Psaumes

    en copte (sahidique)

    Monastre Blanc, Haute-gypte, ixe -xe sicle

    Parchemin 40 x 30 cm

    BnF, Manuscrits orientaux, copte 1292, . 29 v

    Photographie Les pages chrtiennes dgyptes.

    ditions BnF.

    Lonciale nitriote

    la mme poque, aux ixe-xie sicles, dans les monastres de OuadiNatroun, au sud-est dAlexandrie, les manuscrits bohariques sontcopis sur parchemin dans une criture qui nest pas sans rappelerlonciale biblique mais qui possde ses caractristiques propres etque lon appelle onciale nitriote . Les critres les plus remar-quables sont sans doute la boucle de lalpha (a) trace par deuxns dlis parallles adoptant ainsi lexacte orme du a latin desonciales romaines tardives du viiie sicle ; lepsilon (e), rond,et dont le dli suprieur semble le plus souvent rong ou inexis-tant ; le schai () dont la partie suprieure est crase an que sasortie se pose sur la ligne de base et non en dessous.

    Ttravangile copte boharique

    Basse-gypte, 1178-1180

    Parchemin, 286 ., reliure Louix XIV,

    38,5 x 27,5 cm

    BnF, Manuscrits orientaux, copte 13.

    Bibliothque de lOratoire ;

    bibliothque de Mazarin.

  • 7/29/2019 copta

    32/89

    Psautier copte boharique

    Ouadi Natroun, xe ou xie sicle,

    Parchemin, 210 ., reliure Louix XIV,

    28 x 21 cm

    Paris BnF, Manuscrits orientaux,

    copte 4, os94 v-95

    Photographie Lart copte en gypte, 2000.

    ditions Gallimard.

  • 7/29/2019 copta

    33/89

    Lectionnaire copte (boharique)

    des dimanches de Carme

    Basse-gypte (?), 1555

    Papier, 128 ., 29,5 x 20,5 cm

    Par