Conseil unique Beaucoup de discours, peu d’avancées

6
Conseil unique Beaucoup de discours, peu d’avancées le 21/10/2012 l’Alsace Région par Annick Woehl Le président Richert, positif, a trouvé que s’est dégagé « un large consensus ». Photo Hervé Kielwasser Adhésions ou critiques à l’égard du schéma envisagé pour le conseil unique, il y a eu 18 interventions, hier à Colmar, sur fond de crainte des urnes. Le groupe projet, qui planche sur le conseil unique d’Alsace, a tenu, hier à Colmar, sa dernière séance. « Aujourd’hui, il ne s’agit pas de tenir des discours », a annoncé d’emblée le président haut-rhinois Charles Buttner, « mais d’entrer dans la discussion, dans les détails ». Et pourtant, pendant plus de deux heures, c’est une succession de discours et de prises de positions à laquelle on a eu droit. Aucune avancée significative, ce qui a fait dire, en fin de réunion, à Jo Spiegel, du canton de Wittenheim : « La méthode n’y est pas. Il faudrait se retrouver en ateliers avec des experts, des élus et des représentants de la société civile. Là, on n’avance pas. Ce qui nous fait avancer, ce sont les coulisses ! » Le président du conseil régional, Philippe Richert, a répété qu’avec le dispositif envisagé, « nous passerons de trois à une assemblée ». Pourtant, sur le schéma présenté s’affichent plusieurs organes : l’assemblée d’Alsace, le conseil d’Alsace, le Céser (Conseil économique, social et environnemental), les conférences de territoire 67 et 68 ; les conseils de territoire de vie… « Attention à ne pas donner l’impression d’un empilement ! », a alerté Antoine Homé, président du groupe socialiste au conseil régional. Là encore, Philippe Richert corrige : « Ce ne sont pas de nouvelles strates, ni administratives, ni politiques, mais il faut une organisation qui nous permette d’être en coproduction. » Le schéma proposé n’a pas convaincu le maire PS de Schiltigheim, Raphaël Nisand : « C’est une architecture extravagante ! Une armée mexicaine ! Tout ça pour quelles économies ? ! À quel prix ? En fait, c’est juste le témoin d’un conservatisme échevelé. » 1

description

Adhésions ou critiques à l’égard du schéma envisagé pour le conseil unique, il y a eu 18 interventions, hier à Colmar, sur fond de crainte des urnes.

Transcript of Conseil unique Beaucoup de discours, peu d’avancées

Conseil unique Beaucoup de discours, peu d’avancées

le 21/10/2012 l’Alsace Région par Annick Woehl

Le président Richert, positif, a trouvé que s’est dégagé « un large consensus ». Photo Hervé Kielwasser

Adhésions ou critiques à l’égard du schéma envisagé pour le conseil unique, il y a eu 18 interventions, hier à Colmar, sur fond de crainte des urnes.

Le groupe projet, qui planche sur le conseil unique d’Alsace, a tenu, hier à Colmar, sa dernière séance. « Aujourd’hui, il ne s’agit pas de tenir des discours », a annoncé d’emblée le président haut-rhinois Charles Buttner, « mais d’entrer dans la discussion, dans les détails ». Et pourtant, pendant plus de deux heures, c’est une succession de discours et de prises de positions à laquelle on a eu droit. Aucune avancée significative, ce qui a fait dire, en fin de réunion, à Jo Spiegel, du canton de Wittenheim : « La méthode n’y est pas. Il faudrait se retrouver en ateliers avec des experts, des élus et des représentants de la société civile. Là, on n’avance pas. Ce qui nous fait avancer, ce sont les coulisses ! »

Le président du conseil régional, Philippe Richert, a répété qu’avec le dispositif envisagé, « nous passerons de trois à une assemblée ». Pourtant, sur le schéma présenté s’affichent plusieurs organes : l’assemblée d’Alsace, le conseil d’Alsace, le Céser (Conseil économique, social et environnemental), les conférences de territoire 67 et 68 ; les conseils de territoire de vie…

« Attention à ne pas donner l’impression d’un empilement ! », a alerté Antoine Homé, président du groupe socialiste au conseil régional. Là encore, Philippe Richert corrige : « Ce ne sont pas de nouvelles strates, ni administratives, ni politiques, mais il faut une organisation qui nous permette d’être en coproduction. »

Le schéma proposé n’a pas convaincu le maire PS de Schiltigheim, Raphaël Nisand : « C’est une architecture extravagante ! Une armée mexicaine ! Tout ça pour quelles économies ? ! À quel prix ? En fait, c’est juste le témoin d’un conservatisme échevelé. »

1

Son collègue UMP de Colmar, Gilbert Meyer, a aussi l’impression « qu’on pédale un peu ». Il a appelé à plus de « clarté » pour pouvoir « emballer les électeurs », faisant référence au futur référendum par lequel les Alsaciens devront dire oui ou non au conseil unique. Et de rappeler qu’il faut commencer par « savoir ce qu’on veut faire avec le nouveau conseil, mettre des options nouvelles, apporter un plus dans les compétences ».

Plusieurs membres ont insisté sur les attentes de la population, résumées par l’écologiste Henri Stoll : « Plus d’efficacité, moins de strates administratives, que ça coûte moins cher et, surtout, qu’il y ait moins d’élus, au minimum un tiers en moins, sinon on vous dira que vous recasez vos gars et vos présidents ! » On sent bien, dans l’assemblée, une petite angoisse quant à l’adhésion de la population via le référendum… Un référendum (prévu pour le 7 avril ou le 2 juin 2013) qu’Antoine Homé ne souhaite pas « trop tôt », sous peine « de courir un risque d’échec ».

Il a souvent été question des conférences de territoire 67 et 68 (pour travailler sur les sujets spécifiques de chaque département). Pour le président Richert, ils sont là pour « ne pas faire disparaître les identités bas-rhinoise et haut-rhinoise ».

Mais plusieurs critiques ont été émises : le vice-président du conseil général du Bas-Rhin, Alfred Becker, prône leur « abandon », estimant qu’elles sont « une mise sous tutelle des territoires de vie ». Marcel Bauer, maire de Sélestat, craint qu’ainsi « on garde les frontières ». Bernard Stalter, président de Céser, estime que c’est « comme si on maintenait les deux conseils généraux ».

Discussions aussi sur les conseils de territoire de vie, essentiels pour éviter l’impression d’une « centralisation régionale », selon certains ; inutile ou dangereux pour d’autres. « Les maires vont dire : quelle est notre place ? Cela pourra créer le sentiment que le conseil unique veut tout régenter », pense le socialiste Jacques Bigot.

Sur l’implantation des futurs organes, le président de M2A, Jean-Marie Bockel, a placé Mulhouse dans la course. Pas celle du siège des grandes instances, que se disputent Strasbourg et Colmar, mais pour « le Céser, des agences ou directions… » Il a également « regretté qu’aucune séance du groupe projet ne se soit tenue à Mulhouse ».

Jo Spiegel a apporté une « proposition positive », selon lui. Sauf qu’il veut « passer de trois niveaux de décision (actuellement) à deux, avec une assemblée régionale, sans dissocier l’exécutif et le délibératif, et des conseils de territoire de vie, pour obtenir une adhésion des Alsaciens ». Prochain rendez-vous : la réunion des trois assemblées en congrès, le 24 novembre à Strasbourg.

2

Édition Adrien Zeller, « une vie au service de l’Alsace »

le 21/10/2012 l’Alsace Région par Yolande Baldeweck

Adrien Zeller, quelques mois avant son décès. Photo Jean-Marc Loos

Ancien journaliste aux « DNA », Claude Keiflin publie la première biographie consacrée à l’ancien président UMP du conseil régional, décédé il y a trois ans.

Adrien Zeller est mort le 22 août 2009, au moment où ses proches le pensaient tiré d’affaire. Son premier accident cardiaque, intervenu le jour de la Fête nationale, avait surpris la classe politique, tant il avait gardé, à 69 ans, ce dynamisme et cette capacité intellectuelle à poursuivre plusieurs idées à la fois. L’art aussi de se fâcher, pour de vrai ou pour de faux, qui en faisait une personnalité originale et, somme toute, attachante.

Enfant brillant

Si Adrien Zeller a écrit plusieurs ouvrages, dans lesquels il développait ses idées, notamment sur la décentralisation, aucun n’avait jamais été publié sur lui. Le journaliste politique Claude Keiflin, après une enquête minutieuse, a reconstitué le parcours de celui qui a incarné la Région Alsace pendant treize ans. Il a recueilli les témoignages – et les anecdotes – d’une quarantaine de proches d’Adrien Zeller, à commencer par son grand frère Léonard, qui lui a permis de reconstituer son enfance. On y retrouve l’influence de sa mère, « une maîtresse femme » qui, échaudée par les déboires de son entrepreneur de mari, voulait que son fils devienne fonctionnaire. On y découvre surtout un jeune homme brillant, qui collectionne les diplômes. On apprend aussi qu’« Adrien » était apparenté, par son grand-père maternel, à Roland Ries !

3

Un social-démocrate

Sa longue carrière politique, de 1973 à 2009, locale et nationale, a fait oublier qu’Adrien Zeller avait débuté à la Direction de l’agriculture à Bruxelles, comme un des rédacteurs du Plan Mansholt. Les agriculteurs s’en souviendront au moment où il sollicitera leurs voix, comme futur député – réformateur – de Saverne. Ce qui n’empêchera pas ce catholique d’être élu et réélu… dans « la circonscription la plus protestante de France ». Il entretient d’ailleurs d’excellentes relations avec des pasteurs…

De cette époque, où il devient aussi conseiller général et maire de Saverne, date sa réputation d’ « enfant terrible du centrisme alsacien », qui a souvent suivi des chemins de traverse, avant d’arriver à la tête de la Région. Après avoir conduit une liste dissidente en 1992, il n’hésite pas, après le décès de Marcel Rudloff, à s’allier aux écologistes – tant pis pour le TGV ! – pour damer le pion au sénateur RPR Hubert Haenel. Dix-huit mois plus tard, il conclut un « gentlemen’s agreement » avec ce dernier, qui devient son premier vice-président.

Réservé face au conseil d’Alsace

« C’était un social-démocrate », analyse Claude Keiflin, en observant également qu’ « il était mal accepté par les Strasbourgeois et par une certaine bourgeoisie ». Il n’a d’ailleurs rejoint le CDS que lorsque Pierre Méhaignerie, son ami à qui il téléphonait souvent, en a pris les rênes. Mais « il aurait aussi pu tomber à gauche, sous l’influence de sa première épouse, Anny », tôt décédée. C’est finalement en UMP qu’il bouclera sa carrière…

Claude Keiflin revient sur l’attitude réservée, voire critique, de l’ancien président face au conseil d’Alsace. Zeller n’y croyait pas ou plus, craignant notamment qu’un référendum divise les Alsaciens. Il prévoyait aussi une querelle du siège de l’assemblée unique. L’avenir lui donnera-t-il tort ?

On ne sait pas davantage, au bout des 400 pages, s’il se serait représenté aux régionales de 2010. S’appuyant sur un déjeuner avec Adrien Zeller, au printemps 2009, Philippe Richert assure que non. Huguette Zeller, son épouse, devenue, depuis, conseillère régionale, ne confirme, ni n’infirme.

RENCONTRER Claude Keiflin présentera son ouvrage, paru aux Éditions du Signe, samedi prochain à 15 h à la Librairie Kléber, à Strasbourg, dans un dialogue avec Philippe Richert.

4

Informations politiques

Ça se raconte

Buttner aux sénatoriales, Danési aussi

le 21/10/2012 l’Alsace Région par Y.B.

Si le président du conseil général du Haut-Rhin, Charles Buttner, s’est rallié au projet de conseil unique, c’est parce qu’il a eu la garantie d’être numéro 2 de la liste sénatoriale, derrière la sortante Catherine Troendlé, assurent ses amis. Ce qui supposerait que l’autre sénateur UMP, Jean-Louis Lorrain, ne se représente plus. François Fillon aurait promis son soutien à Charles Buttner, s’il est élu à la tête de l’UMP. Les sénatoriales de 2014 auront lieu avant l’élection des conseillers d’Alsace, en 2015. À condition que le référendum se passe bien…

CUMUL – La gauche a annoncé une loi interdisant de cumuler exécutif local et mandat national. Pour l’heure, elle suscite des réticences au PS. Dès lors, les deux présidents de conseils généraux, Charles Buttner et Guy-Dominique Kennel, s’ils partaient aux sénatoriales et à condition d’être élus, seraient hors jeu pour le conseil d’Alsace. Promise à un Haut-Rhinois, la présidence de l’assemblée délibérative ne serait pas perdue. Francis Flury, qui participe à toutes les négociations, serait sûrement candidat, parient certains élus. Il ne sera pas le seul.

DANÉSI REPART – Le président des Maires du Haut-Rhin, René Danési, avait raté un siège de sénateur de dix voix, en 2004. Sa liste était arrivée troisième, derrière celles de l’UMP Hubert Haenel et de Jean-Marie Bockel, alors PS, qui avaient emporté chacun deux sièges. Les listes de Gilbert Meyer et Charles Buttner étaient arrivées quatrième et cinquième. « Je serai dans la course, quelle que soit la configuration », prévient René Danési, qui dit ne pas craindre Charles Buttner. « Les maires sont énervés par les économies de bout de chandelle du Département », soutient-il. Il est membre de l’UDI de Jean-Louis Borloo, à laquelle la Gauche moderne de Jean-Marie Bockel vient d’adhérer.

POUR UNE CAMPAGNE DU OUI – Après avoir publié une tribune en faveur du conseil unique d’Alsace, sept jeunes militants, membres de l’UMP, du MoDem, du PS, d’Europe Écologie et de « Bougeons les lignes » ont décidé de créer une association pour militer en faveur du oui. « Oui à une Alsace Unie », comme l’association qu’ils ont créée. Car ils craignent une abstention fatale au scrutin.

CONSEILS DÉPARTEMENTAUX – Le président bas-rhinois, Guy-Dominique Kennel, partisan des conseils de territoire, pensait avoir convaincu les Haut-Rhinois. Il a été surpris de recevoir, vendredi soir, un document les mettant sous la coupe des conseils départementaux. Dans la version initiale, ceux-ci n’avaient qu’un rôle consultatif. « Les conseils de territoire

5

tirent leur légitimité de l’exécutif, avec un vice-président à leur tête », affirme Kennel. D’évidence, cela pose problème…

6