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www.ccifc.org L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品 L’entretien : Stéphanie Balme, Comment l’Etat de droit peut-il encore progresser en Chine ? Photo : Lu Yanpeng, Paysages interdits LE MAGAZINE DE LA CHAMBRE DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE FRANÇAISE EN CHINE NO.62 ÉTÉ / 2012 中国法国工商会季刊 L’agroalimentaire en Chine Par l’artiste pékinois Victor Xu de l’agence G2S Creative Workshop

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L'agroalimentaire en Chine

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L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

L’entretien : Stéphanie Balme, Comment l’Etat de droit peut-il encore progresser en Chine ?

Photo : Lu Yanpeng, Paysages interdits

Le magazine de La Chambre de CommerCe et d’ industrie Française en Chine

no.62 été / 夏 2012

中国法国工商会季刊

L’agroalimentaire en ChinePar l’artiste pékinois Victor Xu de l’agence G2S Creative Workshop

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Editorial 卷首语

été 2012 / Connexions 3

中国的评论员们也注意到了,时间上的巧合使

得这个国家在2012年和国际同步。在这一年内,世

界1/3的国家(联合国安理会5个常任理事国中的

4国)面临因行政首长的换届选举而带来的政治改

观。在中国,独特的政府换届模式使得大致的选

举结果早已为人知晓:习近平和李克强将替换胡主

席和温总理。在1998和2003年类似的换届选举之

前,很多西方的评论员曾对由此可能带来的社会动

荡的和政治路线的变化做了大量的分析。然而今

年,虽然我们只能读到少量的关于未来中国走向的

分析文章,但是薄熙来的倒台和陈光诚的外逃无

疑昭示了顶层的政治压力已达到了前所未有的一

个水平。有传言十八大将会推迟数月召开,也有传

言最高决策机构---政治局的常委将从9人减少到

7人,这些都会对未来中国政府的行动自由产生制

肘。与此同时,经济火车头气喘吁吁,公众信心出

现危机,多项大的改革止步不前,未来的中国领导

人必须采取新的方式才能重启这台机器。面对目前

的孤立和保守主义倾向,以及不作为的危险诱惑,

为了能够重新释放出中国的能量,特别是中产阶级

的经济和社会潜能 ,制度的深度改革看来是唯一

可行的道路,新的领导团队上台后或将战胜内部

阻力,完成30年来尚未完成的任务,成为改革的

加速器。•

Les éditorialistes chinois l’ont aussi remarqué, les hasards du calendrier mettent le pays au diapason du monde en cette année 2012, où 1/3 des Etats (dont 4 membres sur 5 du Conseil de Sécurité de l’ONU) ont des échéances politiques majeures pouvant entraîner un renouvellement de l’exécutif. En Chine, les résultats d’un processus unique d’alternance gouvernementale sont annoncés depuis longtemps dans leurs grandes lignes : Xi Jinping et Li Keqiang devraient succéder au président Hu et au premier ministre Wen. Avant les transitions similaires de 1998 et de 2003, beaucoup d’analystes occidentaux avaient glosé sur les risques d’instabilité ou imaginé des changements d’orien-tation politique qui n’ont pas eu lieu. Cette année cependant, on ne trouve encore que peu de tentatives de prévision sur les éventuelles nouvelles directions que pourrait prendre la Chine l’année prochaine. Pourtant, tant l’affaire de la chute de Bo Xilai que celle de l’évasion improbable de Chen Guangcheng tra-hissent un retour de tensions politiques au plus haut sommet de l’Etat, à un niveau que l’on n’avait pas vu depuis longtemps. Des rumeurs courent sur un éventuel report de quelques mois du XVIIIe Congrès ou sur une réduction de 9 à 7 du nombre de membres de l’organe suprême chinois, le Comité Permanent du Bureau Politique, et ce n’est pas sans influence sur la marge de manoeuvre du futur gouvernement chinois. Alors que la loco-motive économique s’essouffle, que la confiance de l’opinion dans ses institutions s’abîme, et que beaucoup de grands chan-tiers de réforme patinent, les futurs dirigeants de la Chine vont devoir utiliser de nouvelles méthodes pour faire repartir la ma-chine. Face à la tentation inféconde et aujourd’hui impopulaire du repli identitaire et conservateur, face à la tentation presque aussi dangereuse d’essayer de rester immobile, la seule voie qui semble maintenant encore capable de libérer de nouvelles énergies chinoises, et notamment le potentiel économique et social des classes moyennes, est une réforme en profondeur du système. La prochaine arrivée au pouvoir d’une nouvelle équipe pourrait être le catalyseur qui manquait au régime pour vaincre les oppositions internes et parachever l’oeuvre commencée il y a un peu plus de 30 ans. •

十八大的挑战

Les enjeux du XVIIIème Congrès

Renaud de SpenSRédacteuR en chef

何诺 主编

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Toute reproduction même partielle des textes et docu-ments parus dans ce numéro est soumise à l’autorisation préalable de la rédaction. La CCIFC décline toute respon-sabilité quant aux documents qui lui auraient été fournis, ou aux erreurs qui auraient pu échapper à son attention. Les propos tenus dans les articles n’engagent que la res-ponsabilité de leurs auteurs.

Le magazine de la Chambre de Commerce

et d’Industrie Française en Chine

中国法国工商会季刊

Numéro 62, été 2012

Comité de Patronage 特别支持委员会

Directrice de la publicationFlore CoppinRédacteur en chef Renaud de Spens Graphiste Xie Bin

Ont collaboré à ce numéro : Raphaël Balenieri, Laurent Ballouhey, He Feng, Gaël Bernard, Sébastien Lebelzic.

Comité de relecture : Commission Communication de la CCIFC

Couverture L’agroalimentaire en ChinePar l’artiste pékinois Victor Xu de l’agence G2S Creative Workshop

Publicité Pékin : Sophie [email protected] : Séverine Clément [email protected] du Sud :Alexandre Beaudoux [email protected]

Connexions est édité par la CCIFC

C/O UCCIFE46 Av. de la Grande Armée. CS5007175858 PARIS Cedex 17Tél. +(33)1 40 69 37 60

Imprimé par Beijing Haoxin Advertisement Co., Ltd.北京昊鑫广告制作有限公司

« Dépôt légal » : avril 2011Numéro ISSN : 2116-3707

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L’actualité business Chine 中国商务资讯

Actualité économique et financière 8Entretien avec Stéphanie Balme,Comment l’Etat de droit peut-il encore progresser en Chine ? 14

Dossier 专栏

Avant-propos : Germinaisons chinoises 20前言:中国萌芽� 21Infographie 22中国的农业与食品现状� 24Agriculture chinoise :contraintes gigantesques, besoins énormes 27Toujours plus de grains 30La Chine peut-elle rattraper son retard agricole ? 32Les défis de la filière laitière chinoise 34Les PME françaises misentsur le marché porcin chinois 36Le vin « made in China » gagne du terrain 38La voie raisonnée vers le bio 40Biolice, pour une plasticulture écolo 42De moins en moins de paysans ? 43La sécurité alimentaire est au

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coeur de l’attention des médias 44Le marché chinois,futur de l’agroalimentaire français ? 47Les foies gras Rougié,de 20 à 120 000 canards 50Une distribution fragmentée 52L’internationalisation du goût chinois  53Enquête exclusive sur le goût des Chinois 56Experts européens et chinois s’accordent 58L’appétit international des entreprises chinoises 59« Les entreprises françaises ont desopportunités en Chine. » 60Les membres de la CCIFC actifs dans le domaine agroalimentaire 61

L’actualité de la Chambre 商会简讯�

L’actualité membres 62L’actualité des antennes 66

Magazine 杂谈�

Forum Travailler Ensemble : le 14 juin à Canton 74Photographie : Lu Yanpeng 76Bande dessinée : La balade de Yaya 79Une des medias : Wukan, la rebelle 80Livres 82

2 0 1 2年夏 第 6 2 期

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Sommaire

6 Connexions / été 2012

70 76 MagazineL’actualité de la Chambre27 Dossier

L’agroalimentaire en Chine

08 L’actualité business Chine 14 L’entretien

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C’est l’espérance de vie– homme/femme –escomptée pour 2015 par le gou-vernement. Elle était en 2009 de 73 ans pour le 1 milliard 300 mil-lions d’habitants recensés. Pékin compte atteindre cet objectif grâce à la réforme de la santé qui est en cours. Elle vise notamment àremettre à niveau les infrastruc-tures hospitalières du payset à permettre un accèsuniversel aux services sanitaires de base. Selon le ministère de la Santé, on constateraitdéjà, depuis trois ans,une chute de la mortalitéinfantile. Reste des écarts très importants d’accès aux soins entreles campagnes et les grandes villes.

Montant des investissementsen Chine liés aux ressources eneau, d’ici à 2020. D’après lesstatistiques officielles, le paysaurait investi 345 milliards deyuans en 2011 pour des projetshydrauliques alors même quela deuxième puissanceéconomique du Globe connaîtune crise de l’eau sansprécédent. La Chine dispose de2 100 mètres cubes d’eaudouce par habitant et par an(la moyenne mondiale est de8 500 mètres cubes) mais lapartie nord du pays estrégulièrement soumiseà des situations critiquesde pénurie en eau.

Les chiffresEn Chine, point de débat sur la question. Un simple constat : notre sol en regorge alors... Allons-y ! Les autorités centrales ont ainsi annoncé courant avril – sans que quiconque ne s’y oppose ouvertement – le début des extractions, fortement pol-luantes, de ce gaz dont le pays possède36 100 milliards de mètres cubes de ré-serve, selon l’Energy Information Admi-nistration. Les groupes pétroliers Total et Shell sont dans la boucle, ils ont créé des joint-ventures respectivement avec Sino-pec et CNPC (China National Petroleum Corp), pour l’exploration d’une zone de plus de 3 500 km2 dans le Sichuan. La Chine souhaiterait produire 60 à 100 mil-liards de mètres cubes de gaz par an d’ici à 2020, afin qu’il assure 10% de ses be-soins énergétiques. Dans le même temps, Pékin cherche à diversifier ses sources d’hydrocarbures : Moyen-Orient, Russie,

« Même freinée par la demande externe,la croissance projetée en Chine sera supérieure à 8%en 2012 et en 2013 parce que la consommationet l’investissement devraient rester robustes. »

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La Chine a commencé début avril d’extraire du gaz de schiste.

74,5 ANS

4 000

milliards de yuans

Pékin s’emballe pour le gaz de schisteÉNERGIE

ILS ONT DIT...

Afrique... et bientôt l’Arctique ? La Chine,qui avalera 3 milliards de tonnes équiva-lent pétrole en 2015 (soit plus de 20 % de la consommation mondiale) s’intéresse de près aux réserves en or noir, de l’Islande notamment...

Lire aussi Interview de l’environnementaliste Ma Jun sur http://www.chine-plus.com/videos/2012/0319/73.shtml

Le Fonds Monétaire internationaL dans son rapport du preMier seMestre 2012.

C’est un signe de « fragilité » de l’économie du pays, estime un économiste pékinois après les résultats en dents de scie de Li Ning, plus grand équipementier sportif du pays. Il a en effet, notait récemment Le Fi-garo, « du mal à écouler ses stocks. Du coup, ses ventes en Chine augmentent moins vite que celles de Nike et ont même baissé de-puis janvier. » D’après la presse nationale,

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Le « nike chinois » pique du nez

LA FAUTE À QUI ?

Lire aussi > http://www.chine-plus.com/eco_business/2012/0423/223.shtml

« l’entreprise a un besoin urgent de réor-ganisation, mais que son directeur général Zhang Zhiyong manque de courage et de pouvoir de leadership de crise pour mener cette transformation ».

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été 2012 / Connexions 9www.asie.atelier.fr

Trop, c’est trop ! Après le lait à la mélamine– qui avait défrayé la chronique en entraî-nant la mort de plusieurs bébés en 2009 –, le porc aux anabolisants ou les pastèques qui explosent, le scandale dit « des capsules » de médicaments –fabriquées à partir de cuir de chaussure recyclé a secoué la Chine au printemps. Les autorités centrales disent combattre ce nouveau fléau, provo-qué par la course au profit et le manque de traçabilité des produits. Ainsi, en un an, relatait récemment un quotidien pékinois, « La police a mis à jour plus de 5 200 cas d’aliments frelatés, dont 156 concernant la viande de porc aux anabolisants (24 000 tonnes en tout), 135, de l’huile recyclée

Comment contourner le quota d’importation de films étrangers fixé par Pékin, soit une petite quarantaine de films par an ? En produisant ou en coproduisant sur place. Une solution de plus en plus courante pour les majors améri-caines. Disney et Marvel ont ainsi récemment annoncé une coproduction sino-américaine sur le troisième volet de la série Iron Man. L’heureux élu est la société de production péki-noise DMG. Celle-ci devrait gérer le tournage

Depuis plusieurs mois, les têtes de l’exécutif, dont Wen Jiabao, plaident pour l’arrivée de capitaux privés afin de casser le système actuel monopolisé par quatre grandes banques pu-bliques ; système qui empêche, analyse l’agence de presse Reuters, « le secteur privé et notam-ment les PME de financer leurs besoins de développement ». Le Premier ministre chinois qui regrettait ainsi en mars qu’un particulier ou une petite entreprise ne puissent aujourd’hui en Chine obtenir des prêts « qu’auprès de ces banques {d’État} (...). Si on s’adresse ailleurs c’est très compliqué ». Beaucoup de PME en difficulté à qui ces banques refusent tout crédit s’orientent alors, faute de choix, vers un systèmealternatif d’officines bancaires qui prêtent à des taux quatre à cinq fois supérieurs à la moyenne du marché. Certains ont emprunté à des taux d’intérêt pouvant atteindre, 5% par mois, soit plus de 70% par an.

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Les scandales alimentaires en Chine au coeur de l’attention des médias.

Stop aux intox !

Hollywooddrague la Chine

Prêts bancaires

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PME(60 000), et 170, de la viande de porc ava-riée (6 000 tonnes). » En 2011, 137 per-sonnes en Chine – chiffres officiels – sont mortes après avoir mangé de la nourriture non conforme aux règles d’hygiène.

Interrogé par l’agence Reuters, le numéro 1 de Qatar Airways n’a pas exclu l’idée decommander des avions russes ou... chinois.L’homme d’affaires s’est plaint des retardsde livraison chez Airbus et Boeing – jusqu’à trois ans sur certains appareils. « Pourquoi pas ? », a-t-il répondu au jour-naliste qui lui demandait s’il comptait se fournir en Chine notamment. « Si c’est sûr, efficace et que ça répond aux exigences, alors il n’y a rien de mal. L’Europe et les États-Unis utilisent tout ce qui est fait à

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Les avions chinois sont attendus sur le marché.

Ça décolle !AVIATION

l’Est, alors pourquoi devrions-nous ne pas le faire si cela répond à nos exigences ? »

en Chine, où une partie du film sera réalisée, et le marketing afin de mieux « vendre » (dixit) au public chinois ce futur épisode de « l’homme de fer » pour partie made in China.

L’Actualité Business Chine est réalisée en partenariat avec le magazine Chine Plus.www.chine-plus.com

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L’actualité business Chine 中国商务资讯

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de nuitées de touristes étrangersen Chine en 2017, d’après lesstatistiques officielles (qui se basent sur les tendances mondiales de 2010). L’Empire serait alors la première destination touristique au monde, devant la France, l’Espagne et les États-Unis (Lire ChinePlus 17 « À nous les touristes »). En 2010, la Chine avait accueilli quelque 55,66 millions de visiteurs étrangers (+ 9,4% par rapport à 2009) – contre 78,95 millions en France et 60,88 millions aux États-Unis.

Les chiffresC’est l’un des grands chantiers du XIIe Plan en cours : faire décoller le marché du véhicule « propre » (hybride ou électrique) alors que les objectifs officiels sont de 5 millions d’unités sur les routes chinoises pour 2020 (contre 100 000 actuellement). Comment ? Grâce à un ambitieux pro-gramme d’investissement – sous la forme de subventions publiques de 1,5 mil-liard de dollars par an, pendant encore huit ans. Les constructeurs de tous les pays aujourd’hui se bousculent en Chine pour y imposer le modèle de demain. Au dernier salon automobile de Pékin, fin avril, quelque quatrevingt-huit modèles électriques ou hybrides (de BMW, BYD, Honda, Toyota, etc.), rappelait l’AFP, ont été exposés « Presque tous les constructeurs internationaux ont annoncé des plans pour véhicules électriques en Chine », expliquait

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AUTO CHINA 2012, Nissan présente son concept car hybride, le Pivo3 Electric, micro citadine à propulsion électrique.

137 millions

Le XIIe Plan roule pour l’hybrideAUTO

alors à l’agence de presse française un ex-pert de IHS Global Insight. Mais presque tous, soulignait-il, « sont sceptiques quant au volume des ventes espéré ». Les consom-mateurs chinois ont en effet encore du mal à se laisser tenter par ce genre de modèles.

Dans l’Empire, les habitudes de lecture changent. Alors qu’une enquête offi-cielle indique que chaque Chinois a lu en moyenne en 2011, quatre livres, une centaine de journaux et six à sept maga-zines, les supports numériques ont le vent en poupe. Le nombre de personnes qui lisent en ligne, expliquent les sondeurs, a augmenté de plus de 10% sur un an (en moyenne 47 minutes par jour) ; 27,6% ont dit préférer lire sur leur téléphone por-table, (+ 4,6% sur un an soit 14 minutes/

La banque Centrale chinoise a autorisé en avril un élargissement de la marge de fluc-tuation du yuan. La monnaie du peuple pourra fluctuer de 1% au-dessus ou en dessous du cours pivot fixé quotidienne-ment par la banque Centrale, contre une marge limitée à 0,5% précédemment. « Il s’agit d’un pas supplémentaire dans la stra-tégie des petits pas de Pékin vers l’internatio-nalisation de sa devise », indiquait au Monde Christine Lagarde, directrice générale du FMI. « Tout cela va dans la bonne direction et permettra une appréciation... ou une dé-préciation de la monnaie chinoise. »

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Moins de papier,plus de numérique

Un yuan plus libre ?LIRE EN LIGNE DEVISE

jour). Conséquence : les grands groupes de média misent désormais sur le numérique. Ainsi le portail du Quotidien du peuple, le journal officiel du Parti, a fait son entrée à la bourse de Shanghai au printemps der-nier avec une levée de fonds trois fois supé-rieure aux prédictions, soit 1,5 milliard de yuans !

TÉLEX §§§ CROISSANCE EN BERNE ? Le PIB de la Chine a augmenté de 8,1% sur un an au premier trimestre 2012, ralentissant – rappelle l’AFP – pour le cinquième trimestre consécutif. Il faut remonter au deuxième trimestre 2009 pour trouver plus bas (7,9%). Un chiffre expliqué par la baisse des exportations, conséquence de la crise éco-nomique mondiale, et le ralentissement du secteur de construction. § LES IDE ont par ailleurs baissé de plus de 6% sur un an – alors qu’ils avaient été multipliés par 6 entre 2005 et 2010. À croire que la Chine

ne fait plus recette (ou est devenue trop chère pour certains). En mars, l’investissement en provenance des 27 membres de l’Union européenne, rappelle Xinhua, a chuté de 31,2% sur un an. La grande majorité des investissements directs étrangers en Chine, note l’AFP, « viennent d’Asie, à savoir du Japon, de Corée du Sud, de Hong Kong, de Macao et de Taïwan, ainsi que de cinq pays d’Asie du Sud-Est (Sin-gapour, Malaisie, Thaïlande, Philippines et Indonésie). »

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Un marché de l’emploi effer-vescentles salaires. Au-delà de l’augmentation déjà soutenue du salaire moyen en Chine (+8% en 2011, +9.8% prévu pour 2012), que dire du salaire des cadres ?! Les montants peuvent atteindre des valeurs comparables à ceux observés en Europe, notamment pour des postes de direction à caractère stratégique. Par ailleurs, les sauts salariaux lors des chan-gements de poste vers une autre entreprise se situent entre 15 et 30%, et parfois davan-tage, surtout en cas de surestimation de la rémunération antérieure par le candidat.la volatilité du personnel. En 2011, le tur-nover moyen du personnel était de près de 19% par an. Les moins de 30 ans restent en moyenne moins de 18 mois en poste, et dans certains secteurs particulièrement concur-rentiels, on observe régulièrement des pas-sages éclairs d’un an. Enfin les entreprises se trouvent souvent prises de court lors des départs de collaborateurs, en l’absence de signes annonciateurs évidents.des ambitions individuelles marquées. La course aux titres de fonction valorisants et aux responsabilités croissantes conduit souvent à une fuite en avant dans laquelle les collaborateurs n’ont pas toujours le temps

d’assumer pleinement leurs responsabilités.Ces constats du quotidien sont confirmés par les études de motivation qui montrent que les principaux moteurs de la mobilité professionnelle en Chine sont l’obtention de responsabilités accrues, et une offre de rémunération plus attractive, et ce dans des proportions similaires.comment fidéliser ?offrir une perspective de carrière. Pour répondre aux attentes fortes du personnel chinois en termes de responsabilités et de statut, il est nécessaire de proposer une pers-pective professionnelle claire, jalonnée dans le temps. C’est en prenant les devants sur cette attente que l’entreprise peut simultané-ment faire comprendre ses propres exigences, notamment celle d’une prise de responsabi-lités par paliers qui doit permettre à chaque individu comme à l’entreprise de grandir régulièrement et durablement.accompagner les cadres, développer le leadership. Des responsabilités croissantes doivent être soutenues par l’acquisition d’une plus grande maturité managériale, par exemple à travers un coaching person-nalisé et des programmes de développement du leadership.créer et nourrir une fierté d’apparte-

Comment fidéliser les cadres chinois ?

nance. Une image forte et valorisante de l’entreprise auprès de ses publics donne non seulement un pouvoir d’attraction au moment de la phase de recrutement, mais contribue à la fidélisation du personnel. La marque-employeur doit être nourrie régu-lièrement.intégrer une dimension émotionnelle et culturelle dans les parcours profes-sionnels. On pense ici particulièrement à l’envoi des jeunes cadres chinois dans le pays d’origine de l’entreprise, qu’il s’agisse d’une formation de quelques mois, ou d’une affec-tation professionnelle plus longue.salaires et bien-être. La dimension sala-riale ne peut être négligée bien entendu. Le fait de s’assurer régulièrement d’être dans les prix du marché, voire légèrement au-dessus, contribuera aussi à éviter les déconvenues. Enfin, au-delà des considérations finan-cières, il est important de tenir compte du fait que les nouvelles générations accordent une place plus importante à l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. •

Dragonfly Group est le cabinet de conseil en Ressources Humaines spécia-liste du marché chinois. Notre mission consiste à aider les entreprises occiden-tales dans leurs projets RH en Chine, tant sur le plan stratégique qu’opérationnel : recrutement pour les postes clefs, amé-lioration de l’organisation RH des entre-prises, développement des talents, etc.Nos bureaux se situent à Pékin, Shan-ghai, Canton, Shenzhen, Hong-Kong et Paris.www.dragonflygroup.com

Tous les chefs d’entreprise et managers implantés en Chine le constatent : la dynamique du marché de l’emploi y est un véritable casse-tête, en particulier pour la fidélisation des cadres.

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antoine loUBier : si l’on évoque le sujet de la responsabilité pénale des diri-geants sociaux, en chine, nous devons avant tout définir la notion de « diri-geants sociaux », c’est-à-dire déterminer : les types de structures au sein desquelles les dirigeants sont susceptibles d’être tenus responsables individuellement à raison des décisions qu’ils prennent et qui sont susceptibles de constituer des infractions pénales. La responsabilité pénale des sociétés en Chine est étroitement liée à la notion de « crimes d’unité » (« danwei » -单位) définie par la loi pénale. Les crimes d’unités sont définis comme étant les crimes commis par les unités de travail. Ainsi le droit pénal chinois s’attache à identifier l’unité de tra-vail en tant organisation, qu’elle soit dotée ou dépourvue de la personnalité morale. Cette responsabilité pénale peut atteindre toutes sociétés, entreprises, (WOFE ou JV), orga-nismes publics etc... et plus généralement toute organisation définie comme une «unité de travail ».La responsabilité des dirigeants peut être engagée du fait des actes commis par leur « unité de travail.cela concerne le « représentant légal » de la société, mais cette responsabilité est-elle susceptible de toucher d’autres dirigeants (« managers ») ou d’autres personnels au sein de la société ?Conformément à l’article 31 de la loi pénale,

dans le cadre de crimes d’unités, les per-sonnes physiques qui sont susceptibles d’être tenues pénalement responsables sont d’une part : les personnes ayant directement appor-té leur concours à la commission de l’infrac-tion (qualifiées d’auteurs ou complices) ainsi que la/les personne directement en charge au sein de la société, de superviser l’accomplisse-ment de leur travail. Ainsi, cette responsabi-lité pénale n’est pas limitée aux « dirigeants sociaux » mais peut également atteindre les préposés qui ont commis l’infraction sous la subordination de leurs responsables directs. Cette formulation est très claire dans toutes les dispositions de la loi pénale relatives aux crimes d’unités : je pense notamment aux articles 330 et suivants instituant le « crime de détérioration de la santé publique » et aux articles 338 et suivants instituant le crime de « détérioration de l’environnement et des ressources naturelles ». Dans la pratique, il sera examiné et tenu compte de l’organisation managériale de la société et du rôle de chacun dans la concep-tion, la préparation et la commission de l’infraction ; l’approche est extrêmement factuelle de telle sorte qu’il n’est pas exclu que le représentant légal de la société ne soit pas reconnu responsable pénalement dès lors qu’il n’est pas engagé dans la gestion de la société au quotidien (ce qui est fréquent pour les sociétés à investissements étrangers où le représentant légal réside parfois à l’étranger) et qu’il n’a donné aucune instruction concer-

La responsabilité pénale des dirigeants dans la vie des affaires en Chine

nant l’infraction qui a été commise. Notons que dans le cadre de la constitu-tion et l’enregistrement de sociétés en, les autorités locales (AIC, bureaux des taxes, douanes, bureau de la protection de l’envi-ronnement etc…) demandent impérati-vement à la société nouvellement créée de déclarer l’identité d’un certain nombre de responsables clés au sein de l’entreprise : res-ponsable des douanes, responsable de la pro-duction, responsable fiscal, comptable etc… En cas de poursuites, les services d’enquête et le parquet exploiteront en premier lieu ces archives administratives, mises à leur dispo-sition par chaque bureau concerné. antoine loUBier : peut-il y avoir des cas de « partages » de responsabili-tés entre le « représentant légal » de la société et d’autres managers ? Il n’y a pas de concept de partage de res-ponsabilité. Chacun sera responsable pé-nalement en fonction de son rôle dans la commission de l’infraction en prenant en compte la nature de l’acte (ou de l’omis-sion) constituant un délit pénal et des circonstances : tout d’abord, la gravité de l’infraction est prise en compte, résulte-t-elle d’une négligence ou d’un acte délibé-ré et ses conséquences ?Sera ensuite pris en compte le rôle joué par l’individu : Etait-il complice ou auteur ? A-t-il été contraint par des pressions de sa hiérarchie à commettre l’infraction ? antoine loUBier : la loi pénale chinoise de 1997 amendée à de nom-breuses reprises, a instauré les crimes de « perturbation de l’économie socialiste de marché » et « crimes d’obstruction à l’administration de l’ordre public » ins-tituant notamment: les crimes de « pro-duction et commercialisation de faux produits », de « contrebande », de « per-turbation de l’administration des socié-tés », « de fraude financière », de « fraude fiscale », de « perturbation de l’ordre du marché », les « crimes de détérioration de la santé publique » et crime « dété-rioration de l’environnement et des res-sources ». Quel sont les domaines dans lesquels les dirigeants sociaux sont le plus suscep-tibles de voir leur responsabilité engagée ?

A l’occasion de ce numéro spécial sur les questions de sécurité alimentaire, antoine loUBier, avo-cat associé du cabinet asiallians a le plaisir d’échanger avec JianG Guoyong sur le thème de la responsabilité pénale des dirigeants de sociétés en Chine :

Maître JIANG est associé du cabinet WanG JinG & co, basé à Canton et membre du Réseau Asiallians, où il dirige le Département Droit Pénal.

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Les sociétés exerçant des activités indus-trielles sont soumises à des normes plus importantes et de plus en plus contrai-gnantes. Ces sociétés sont toutes soumises à des normes de sécurité du personnel, de protection de l’environnement, des normes sanitaires pour les produits alimentaires, les médicaments ou même simplement en cas d’ouverture d’une cantine au sein de l’usine. Elles demeurent par ailleurs in fine respon-sables des conséquences des malfaçons de leurs produits. Le non-respect de ces normes peut entrainer la responsabilité pénale de la société et de ses dirigeants étant précisé que ce manquement – sur lequel l’administra-tion ferme parfois les yeux - peut être lié à des pratiques de corruption également sus-ceptibles d’entrainer des poursuites. Chacun se souvient du scandale de « 三鹿 San Lu » du lait en poudre qui a été un véri-table traumatisme pour l’opinion publique chinoise. Le PDG a été condamné à une peine d’emprisonnement à perpétuité et le directeur général à 15 ans d’emprisonne-ment ; c’est un cas extrême qui illustre le propos précédent sur la gravité de l’infrac-tion. Par ailleurs, quelle que soit l’activité de la société, il n’est jamais inutile de rappeler que les pratiques de « pot de vin » avec un client, un fournisseur, un fonctionnaire etc… constituent des infractions pénales punies par des peines d’emprisonnement en général de trois à cinq ans. L’organisa-tion de l’insolvabilité d’une société et de sa faillite constitue aussi une infraction pénale punissable de trois ans d’emprisonnement. La liste est extrêmement longue des « crimes d’unité » punissables d’emprisonnement…Pour autant, les cas de poursuites concer-nant les sociétés à investissements étrangers sont extrêmement rares. antoine loUBier : en cas de violation des règles de protection de l’environne-ment : Quelles circonstances pourraient conduire à une mise en examen et le renvoi de la société et de ses dirigeants devant la juridiction pénale ?Les bureaux ayant une compétence adminis-trative spéciale (bureaux des taxes, douanes, département de prévention du feu, bureaux de la protection de l’environnement, l’AIC)

privilégient une approche destinée à obtenir de la société qu’elle prenne les mesures de correction que le bureau concerné la met en demeure de prendre. Ces bureaux disposent de toute l’autorité permettant d’édicter des mesures administratives contraignantes. L’attitude des dirigeants face aux injonctions de l’administration est un élément impor-tant et dès lors que la société a pris les me-sures correctrices exigées, il est extrêmement rare que ces autorités administratives dénon-cent par ailleurs ces infractions aux autorités de police ou au parquet. Pour autant, il est évident que les éventuelles conséquences dommageables de l’infraction seront prises également en compte. Pour qu’une autorité administrative décide de « renvoyer » au pénal des infractions constatées, il est géné-ralement nécessaire que les conséquences dommageables de l’infraction soient d’une extrême gravité et/ou que les dirigeants de la société aient ignoré les injonctions admi-nistraives. antoine loUBier : Quelle est la fron-tière entre la responsabilité administra-tive et la responsabilité pénale ? Pour un certain nombre d’infractions, il existe des seuils de compétence qui dé-pendent du montant des profits générés par l’activité illicite. Tel est le cas en matière de propriété intellectuelle par exemple : lorsque les grains générés par l’usage frauduleux de secrets commerciaux et savoir-faire d’autrui (ou les pertes subies par le titulaire) dépasse 500.000 RMB, l’infraction pénale est constituée. En matière de contrefaçon de marques, plusieurs seuils peuvent être pris en compte (entre 30.000 rmb et 250.000 rmb en fonction de l’infraction). D’autres seuils sont appliqués, de la même manière en matière de violation de brevets (entre 50.000 rmb et 500.000 rmb). Sous ces seuils, la res-ponsabilité encourue est uniquement admi-nistrative. antoine loUBier : pour revenir à la responsabilité pénale, avez-vous des exemples de cas ayant touché des sociétés étrangères ? Pour les raisons évoquées ci-dessus, ces cas sont très rares. Cependant, une société américaine dont un dirigeant en Chine était impliqué dans une affaire de corrup-

tion de fonctionnaires s’est vue condamnée, ainsi que son dirigeant, pour infractions à la législation chinoise ainsi qu’au « Foreign Corrupt Practices Act » ; cette personne a été poursuivie en Chine et aux Etats-Unis. Rappelons que des faits de corruption com-mis en Chine peuvent également constituer des infractions selon le droit d’un autre pays. antoine loUBier : constatez-vous un renforcement ou un adoucissement des dispositions pénales ?Les 8 amendements de la loi pénale depuis 1997 tentent d’adapter le droit chinois à l’évolution de la société, de l’économie, de sa complexité croissante et de la technolo-gie pouvant être utilisée dans la commission d’une infraction. De nouvelles infractions sont venues prendre place au sein de cette loi pénale. Les peines ont progressivement été modifiées et ont globalement été relevées. Concernant les peines encourues par les dirigeants à titre individuel, il est générale-ment prévu des peines privatives de liberté d’une durée de 3 ans ou plus, fonction de la gravité de l’infraction. Relevons que dans le 8ème amendement, l’Article 201 concernant les infractions fis-cales prévoit désormais que le crime n’est constitué qu’à condition que le contribuable n’ait pas répondu favorablement à l’injonc-tion de l’administration fiscale de régler les pénalités, impôts et intérêts dus. Il s’agissait de prendre en compte la pratique des admi-nistrations fiscales.antoine loUBier : en pratique, quels sont les dirigeants les plus exposés ? Les responsables de sites de production sont les plus exposés car la moindre négligence peut entrainer la mise en cause de la respon-sabilité pénale. Les responsables financiers, comptables le sont également. Il convient d’établir dans le règlement intérieur de la société, des règles de responsabilité, de re-porting, de délégation de signature ou de pouvoir extrêmement précises. •

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Entretien avec Stéphanie Balme

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Dernières parutions de Stéphanie Balme : “Judicial Realities and Legal Challenges in China: Legal Certainty as a Watermark” (World Bank 2012) et “La Justice Pénale en Chine: son évolution et son avenir” (IHEJ 2012).

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connexions : Quand le concept d’etat de droit a-t-il fait son apparition en chine ?stéphanie Balme : Sous Mao, le minis-tère de la Justice avait été aboli. Quand Deng Xiaoping est arrivé au pouvoir, il a très vite voulu montrer qu’il désirait don-ner une place au droit, en faisant adopter une nouvelle constitution en 1978 puis une autre en 1982, toujours en vigueur aujourd’hui. La Révolution culturelle s’est d’ailleurs achevée avec un procès politique, celui de la “Bande des Quatre”. C’était à l’époque relativement facile d’entamer la reconstruction du droit et de la justice ; les premiers enjeux étaient surtout d’ordre quantitatif : il fallait re-cruter des juges, des avocats, construire des tribunaux... Des réflexions profondes avaient cependant été engagées, notam-ment sur le principe d’égalité de tous les citoyens devant la loi, la réhabilitation des victimes de la “justice de classe” mais aus-si la séparation entre justice et politique. Après la crise de la fin des années 1980, la volonté chinoise d’entrer à l’Organisation

Comment l’Etat de droit peut-il encore progresser en Chine ?Chercheur et professeur à Sciences Po Paris, actuellement détachée en tant que professeur invitée à l’Université Tsinghua, Stéphanie Balme dirige le pro-gramme « Droit, Justice et Société en Chine ». Elle est aussi membre du comité de la EU-China Law Studies Association et consultante sur la Chine pour de nombreuses organisations internationales. Au terme d’un séjour de près de 10 ans à Hong Kong puis à Pékin, elle rentre à Paris ou elle va contribuer au déve-loppement des études sur la Chine à Sciences Po.

Mondiale du Commerce a redynamisé les efforts juridiques du régime. Intégrer la Chine dans le monde a été un slogan fédérateur en interne, et a favorisé l’accep-tation de nombreuses normes internatio-nales qui en étaient les conditions. C’est dans ce contexte que la notion de l’Etat de droit s’est trouvée employée

de plus en plus fréquemment dans les discours officiels. En 1999, elle a d’ail-leurs été incluse dans la Constitution, et la notion de “protection des droits de l’Homme” l’y a rejoint en 2004. Ces no-tions ont ainsi perdu en grande partie leur identité d’importation occidentale, acquis une vie chinoise propre, et font désormais l’objet d’un consensus très large dans le pays notamment parmi les praticiens du droit. Les discours critiques (à savoir, par exemple, l’Etat de droit est-il le meilleur mode de gouvernance pour faire face aux défis de la Chine ? Quelle contribution la Chine peut-elle apporter à la réflexion sur l’universalité des droits de l’homme ? etc., sont précisément l’expression de la réappropriation dans le contexte chinois de ces concepts. Ce qui soude maintenant les juristes chinois ensemble, c’est l’idée qu’il faut établir une véritable sécurité juridique pour tous, ce qui est à la fois un élément indispensable pour rassurer les investisseurs, permettre la poursuite du développement économique, stabiliser les conflits sociaux et garantir la protection

de chaque individu face à l’arbitraire. c. : Quel est le bilan de la construction de l’etat de droit en chine ?s.B. : Il est contrasté. Les progrès de l’Etat de droit ont suivi la réforme éco-nomique chinoise, mais pas au même rythme, alors que la société chinoise ainsi que les rapports Etat-société ont change

très rapidement. Sur le plan de la justice ordinaire, des petits conflits et de l’Etat de droit au quo-tidien, les améliorations ont été considé-rables. Les juges sont mieux formés, les avocats de plus en plus nombreux malgré d’importantes disparités géographiques et professionnelles. Pas un seul domainedu droit n’a échappé à la réforme grâcenotamment à la multiplication deséchanges internationaux : le droit du tra-vail, des contrats, de l’environnement, de la propriété intellectuelle, les principes généraux du droit civil, la procédure pénale, les recours administratifs, etc. L’inflation juridique des trente dernières années est saisissante. Les infrastructures sont également meilleures, la justice est moins coûteuse donc plus accessible pour les justiciables. Pour donner un exemple, il y a dix ans, les ordinateurs étaient rares et constituaient d’ailleurs une source de corruption énorme. Aujourd’hui, de superbes tribunaux trônent dans des régions reculées. Le nombre de litiges ne cesse d’augmenter. Alors certes, la pro-

fession a encore, d’après les sondages, mauvaise réputation. Mais les praticiens du droit sont probablement autant vic-times qu’acteurs dans les situations de corruption. Ces problèmes sont endé-miques à la société chinoise actuelle, et tout le monde en souffre. Le système judiciaire a tendance à se protéger •••

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••• en standardisant ses procédures via un réseau informatique très développé : par exemple, l’enregistrement des dossiers et le paiement des frais de justice en ligne sont désormais des pratiques courantes. Outre la justice ordinaire, d’immense progrès ont par ailleurs été faits dans le domaine de la justice des mineurs et de la peine de mort. En revanche, la jus-tice d’exception et la justice pénale posent toujours d’immenses problèmes. Elles reflètent en effet une lutte constante entre différents intérêts antagonistes et ne béné-ficient pas d’une évolution linéaire, on a même parfois l’impression de recul, de fortes tensions. La raison principale est que le rôle spécifique des juges dans un Etat de droit et l’indépendance de la justice ne sont pas abordés par la réforme. En Chine, les juges demeurent des fonctionnaires sans identité professionnelle forte, isolés les uns des autres, à peine différents finalement des autres fonctionnaires ou agents muni-cipaux. Le droit positif est quant à lui un vaste océan de dizaines de milliers de lois, de décrets, de règlements administra-tifs souvent incompatibles entre eux. La Constitution chinoise, qui présente beau-coup de caractéristiques communes avec celle d’un Etat de droit, n’a pas de valeur

juridique établie. Il n’existe pas de méca-nisme efficace de contrôle de constitu-tionnalité en Chine. Ceci est une source d’insécurité juridique. Si beaucoup a été fait, beaucoup reste encore à faire, main-tenant plus sur le plan qualitatif. Cela suscite beaucoup plus d’oppositions que les réformes quantitatives, de la première génération. Les nombreux acteurs en pré-sence ont en tête des modèles très diffé-rents. Les acquis juridiques occidentaux apparaissent aussi bien séduisants pour certains que décadents – ou parfois déjà obsolètes pour d’autres. Surtout, la société civile participe de façon passionnée aux grandes questions liées à la justice et à l’Etat de droit. Les interactions entre les reformes conçues par “le haut” et l’opinion publique adepte de Weibo produisent dé-sormais des phénomènes intéressants. Par exemple, la réforme de la loi de la procé-dure pénale a donné lieu à une consulta-tion publique entre le 30 août et le 30 sep-tembre de l’année 2011. Elle a reçu près de 80 000 propositions, idées etc., ce qui dé-passe largement le cadre des experts. On ne sait pas exactement comment ces pro-positions ont été traitées, mais je trouve extrêmement positif que la société soit à ce point active autour de ces questions.

c. : l’etat de droit est-il aujourd’hui devenu un élément du contrat social chinois ?s.B. : C’est précisément le défi de la Chine contemporaine. Avec le recul, on s’aperçoit que la Chine a beaucoup ac-compli depuis 30 ans, dans ce domaine également. Il y a donc beaucoup d’espoirs. De nouvelles attentes naissent aussi du fait qu’on arrive aujourd’hui déjà à presque la deuxième génération de jeunes adultes qui, enfants, ont été sensibilisés aux discours sur le droit et l’Etat de droit. Les affaires judiciaires, les injustices ou les abus, entraînent une sorte d’activisme populaire désireux d’œuvrer pour la sécu-rité juridique mais qui peut aussi prendre la forme d’un dangereux populisme. Du coup, les grands tribunaux chinois ont tous désormais un attaché de presse et la justice des internautes a souvent plus de poids qu’une décision judiciaire. Dans ce contexte, la question de l’Etat de droit devrait en effet être conçue comme un nouvel élément du contrat social.c. : Quels ont été vos moments les plus riches en chine ?s.B. : Je retiendrais deux moments : la mise en place du dialogue franco-chinois sur l’Etat de droit et lorsque je faisais mes

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Une audience dans un tribunal de la province du Shaanxi. 陕西某法院庭审现场。

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enquêtes de terrain dans les tribunaux de district, en particulier dans la province du Shaanxi. J’ai vécu à ces occasions des moments absolument extraordinaires. Je vais ici surtout parler des enquêtes. Comme souvent les juges habitaient loin du tribunal, ils dormaient même sur place. J’avais une place sur un lit super-posé dans le dortoir des dames, et le soir quand toutes les lumières étaient éteintes on se racontait nos vies qui pouvaient aller de nos histoires personnelles à ce que c’était d’être un juge aujourd’hui, en Chine et dans le monde. On faisait la tambouille dans la salle d’audience, on allait prendre notre douche au commis-sariat de police à côté. Ces juges souvent si décriés me racontaient leur point de vue, je les découvrais plus sensibles que prévu, certains écrivaient des journaux de bords, voulaient témoigner de leur expé-rience professionnelle. Plusieurs fois j’ai eu l’occasion d’accueillir au petit matin les paysans du coin qui venaient dénon-cer leur expropriation ou autre. Avec une tête totalement défaite, certains me

disaient : “Qu’est-ce que tu ressembles à une étrangère, c’est incroyable, d’où sors-tu ? D’autres étaient apeurés et fai-saient demi-tour. Certains me prenaient à parti, comme des femmes en instance de divorce qui m’expliquaient qu’elles étaient battues par leur mari, des femmes spoliées par le comité des villageois, des migrants victimes d’accidents du travail très conscients de leurs droits, des conflits très locaux de propriété intellectuelle, des escroqueries étonnantes, etc.Pendant les séances de médiation ou les audiences, je voyais la misère humaine que l’on retrouve dans tous les tribu-naux du monde, des gens qui divorcent pour 300 yuan, d’autres qui tabassaient la belle-mère parce qu’elle était infernale. J’ai aussi assisté à des procès en pénal, j’ai vu des jeunes délinquants quasi-ment illettrés qui rêvaient de parcourir le monde. Je me rappelle aussi d’un prévenu totalement arrogant qui faisait passer de la drogue par sa petite fille de 4-5 ans, et d’avoir découvert que la toxicomanie était aussi un fléau dans les campagnes

chinoises. Et ce monsieur dont la vie a été totalement saccagée parce qu’il s’était endormi au volant de son minibus et qu’il avait causé la mort de plusieurs per-sonnes... Les familles du village avaient intenté un procès collectif contre lui, mais il n’avait que quelques centaines de yuans en poche, pas d’assurance, ne pourrait jamais rembourser la peine qu’il avait causé, et risquait 25 ans de prison. En larmes, il se prosternait devant le tri-bunal de la même façon dont on se pros-ternait devant l’empereur autrefois, frap-pant neuf fois la tête contre le sol, c’était hallucinant de voir la persistance de ces anciens codes. Cela a été les moments les plus forts de mes années chinoises. Il en reste de grandes amitiés développées avec les juges locaux, un petit livre sur le droit pour les enfants. Je travaille à la rédaction d’un ouvrage de synthèse sur la justice en Chine et espère, un jour, produire un documentaire sur cette justice pas si “ordinaire”. •� Propos recueillis par Renaud de Spens

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ccifc: mr viatour, where this surprising idea is coming from ?olivier viatour: Originaly, we’re producing different types of medias dedicated to high gastronomy since height years. In 2004, we did first a web TV, one of the first of a kind, where the topic was to film Michelin star chefs doing recipes in video for the Internet. In 2007, we did a first book “Cuisinez les Etoiles” (TM: Cook the Stars), where all recipes on paper were linked to videos on the Internet site. Then if the reader is a bit lost with speci-fic terms of great chefs, he can find all images from the basket of ingredients till plating on the site with the chef explanations. Following the success of this first book, and the order from the editor of the second and third tome, we’ve been analysing other opportunities into paper business. Even if I was basically an IT, it seemed to be that paper wasn’t dead at that time. So, in 2008, we launched our magazine, named “FranceChef.Tv” like the web site. The model was the same as in the book, all paper recipes can be found online. It has been wor-king directly, and after two years, in 2010, we decided to launch it in the USA, with a first bi-lingual issue, dedicated to chefs from New York.To promote the launching on East Coast through Barnes & Noble channel, we de-cied to organize a gastronomic promotion in Manhattan at the “famous” Sofitel, where we brought a Michelin star chef from Burgundy. When American chefs heard that a Frenchie was coming to town, they directly proposed to organize a competition. This idea of a coo-king competition between Ronald McDo-

nald and Paul Bocuse made us realized that it could make a hit on TV. So we created rules and we filmed a pilot. After having pitched both US and French broadcasters without success, I decided to keep faith and go to the TV market in Cannes with my idea of series. For a first coming, I wanted to catch people minds, so we decided to organize a game on the Croisette in front the Grand Hotel to wel-come all the TV buyers of the World.Laurent Peugeot, our Michelin star chef from Burgundy, has faced Sébastien Broda, the chef of the Grand Hotel. This party has been an giant success, we didn’t have enough food for everybody. All buyers told us they would prefer a format where their chefs could chal-lenge French chefs. From that time, our show became a format (TV concept) where any countryof the World can challenge France in the kitchen. The first country to jump in was Belgium. In July 2011, we aired “France Chef Belgium” with an unbelievable result because we did the best audience of all summer and we’ve beaten Harry Potter aired in the same time on TF1. Following this success, and my meeting with a Chinese producer in Cannes, I came first to China last August and we star-ted a 50 episodes series between France and China. It has started to air on June 22nd on CCTV 2. That’s the story!c. : if i understand well, you were an it at the beginning?Yes, my first company was doing services for companies about web sites development. We became specialized in Flash and video com-munication systems.

We’ve been the first Alliance partner in Eu-rope of Macromedia (now Adobe). We were doing video conferencing systems and web seminar rooms for embassies and multinatio-nals. It was profitable but totaly boring, but we realized we’re creating kind of interactive TV. So we decided to look for another content to create a web TV. I was working with friend at that time who was coming from Bretagne and has been a cook, before stopping his ca-reer following an accident. One day we filmed a chef who wanted a demonstration video and after having passed the day with him cooking, eating and drinking, we found the idea of doing a web TV about French food.c. : could you tell me more about the show in china ?With pleasure, so 25 great Chinese chefs will compete with 25 Michelin star chefs from France. Both Chinese and French chefs will come from different regions of their countries to introduce Chinese, French and internatio-nal audience to these two wide gastronomies. The French chefs are coming first to China where they will have to work on Chinese way: Chinese products, only wok and steam oven to cook, serving family dishes for a jury that only have chopsticks to eat. When the Chinese chef is coming back to France for the returning game, he will have to cook French way: French products, French kitchen, single plating and meal with starter, main course and dessert. In this way, we can say that’s a true cultural competition.c. : What’s the difference with other coo-king shows like masterchef of topchef ?Our show has been created for the greatest chefs, not for housewives or little cooks. The chefs are competing by teams, with mem-bers of their brigade. We’re letting them 4 hours (the time between lunch and dinner) to establish a meal for a full room of judges, composed of great chefs, journalists and per-sonalities. This jury of 30 persons is changing every day. But the key of the game is the giant black box of ingredients composed by a third well known chef. Because the chefs will have to share this basket one by one. And this is the true strategic part of the game, because if they can read in each other’s game, they can pick up necessary ingredients for a specific recipe. The worst part is that there’re two jokers by team, one to reject an ingredient and force the other team to use it and another to take back one ingredient, wich is the worst. The last thing we’re very proud is that Michelin is our partner for the game. After 8 years dedicating my life to gastronomy, it’s like I was receiving a Michelin star myself. •http://www.francechef.tv/

France chef China

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专栏

20 Connexions / été 2012

Dossier

Avant-propos

Il y a trois ans, Connexions sortait un dossier intitulé « A la table des Chinois » (numéro 50). Depuis, il fallait savoir si le goût chinois avait continué d’évoluer, et surtout remonter la chaîne de production pour aborder l’agriculture, grand sujet qui n’avait pas encore été traité. Dans un pays qui fonde son image d’épinal sur la rura-lité et le paysan (voir p. 43 et l’infographie p. 22) , de nombreux Chinois sont encore persuadés que leurs compatriotes sont à 90% des agriculteurs, alors que ceux-ci ne représentent plus qu’environ 20% de la population), et qui garde encore en ombre subliminale le souvenir mau-dit de la Grande Famine de 1958-1961, d’immenses étapes ont depuis peu été insensiblement franchies, de sorte que les soucis principaux peuvent aujourd’hui passer de la sécurité alimentaire à la sécu-rité sanitaire.En ef fet, sur le plan des quantités produites, l’agriculture chinoise a au-jourd’hui atteint des niveaux tout à fait satisfaisants (voir p. 30), et cela dans un environnement géographique, qui, tous les experts le répètent, n’est pas idéal. Elle est en train de rattraper son retard (voir p. 32), et même de gagner du terrain à l’étranger (voir p. 59). Dans le domaine de la recherche et du développement, les experts chinois, s’ils bénéficient par-fois de coopérations étrangères (voir p. 58), sont d’ailleurs déjà à la pointe depuis longtemps, comme en témoigne l’inven-tion du riz hybride (voir p. 31). Cependant, la qualité n’est pas encore au niveau des pays développés, non seulement parce que les personnels agricoles ne sont pas assez formés (voir p. 43), mais aussi parce que les standards sont encore difficiles à mettre en oeuvre dans des chaînes de production difficiles à maîtriser de bout

Germinaisons chinoises

Les spécialistes distinguent les deux notions. Sécurité alimentaire est sou-vent employée pour désigner la maî-trise des quantités produites et faire en sorte qu’elles soient au niveau des besoins de la population, évitant tout risque de famine, les problèmes de contamination, de conservation ou d’hygiène étant parfois plus spé-cifiquement contenus dans le terme sécurité sanitaire.

Sécurité alimentaire ou sécurité sanitaire ?

en bout, comme dans le porc (voir p. 36) ou encore plus le lait (voir p. 34 et p. 58). Ces problèmes sont bien connus des spécialistes et font en outre désormais les «unes» des media chinois (voir p. 44), dépassant la sphère sanitaire pour deve-nir le vecteur d’un mécontentement so-cial important, de plus en plus méfiant à l’égard des produits alimentaires chinois. Cette dimension sociale est paradoxale-ment un atout : elle contribue à ce que la sécurité sanitaire alimentaire soit prise très au sérieux par les autorités, qui sont en train de donner au pays les moyens de mettre en place une agro-industrie raisonnée (voir p. 40). Cela ouvre de nombreuses fenêtres d’op-portunités pour les entreprises françaises (voir p. 60), à la fois pour celles qui veulent exporter, sourcer (voir p. 47), produire pour le marché local (voir p. 50), ou offrir des services de restauration (voir p. 43). Le savoir-faire de la grande nation agri-cole qu’est la France peut être utilement employé en Chine. •

Renaud de Spens, Rédacteur en chef

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L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

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三年前,《联结》曾经做过一个专题,

名叫《中国人的餐桌》(第50期)。从那以

后,一方面我们想要继续探索中国人口味

的变化,另一方面,我们更想寻到生产链

的源头,了解农业产业,这是一个目前为

止我们还没有涉及的重要主题。中国给人

的第一印象是由农民组成的农业大国(见

43页和22页),大部分中国人还相信中国

90%的人口是农业人口,其实现在他们只占

总人口的20%),中国人潜意识里还留存中

1958-1961年的大饥荒的记忆,在历经了

多次大的跨越以后,我们现阶段的主要问

题,已经不再是粮食安全问题,而是食品

卫生问题(见下页的词汇表)。

实际上,就生产量来讲,中国农业产

量已达到了令人非常满意的水平(见30

页),虽然专家们不断强调当地的地质环

境并不理想。中国正在追赶(见32页),

并一定程度上开始超越外国(见59页)

。在研发领域,中国专家从中外合作中获

得了一定的益处,很长时间以来处于国

际尖端见58页),比如在杂交水稻领域

(见31页)。但是,从质量上来讲,中国

还没有达到发达国家的水平,一方面由

于农业技术人员缺乏培训(见43页),

另一方面也由于生产领域的标准由于操

作的难点无法得到落实,比如在养猪行业

(见36页),或者在奶产品行业(见34页

和58页)。这些问题不但专业人士知晓,

现在也成为中国媒体的“头条”(见44

页),超出了卫生领域的范畴,成为发泄

社会不满和表达对中国食品产品缺乏信任

的一个途径。食品问题的社会尺度却又催

生出一个积极的作用:它促使行业主管部

门开始认真对待食品卫生问题,打算在当

地建立起一个合理的食品加工行业(见40

页)。

这些转变为法国企业带来了很多的机

遇(见60页),无论是对于食品出口商,

海外采购商(见47页),本地生产商(见

50页),还是餐饮业(见53页)而言。农业

大国法国的技能将在中国发挥出自己的用

处。•� 主编:何诺�

前言

中国萌芽

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agin

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ina

«Le secteur de l’agriculture est d’une importance stratégique pour la sécurité de toute la société, car il constitue le fon-dement important du développement économique et social, de l’amélioration des conditions de vie de la population et du maintien de la stabilité sociale» - HU Jintao.Le XIIème Congrès a confirmé la priorité

donnée à l’agriculture, ce qui constitue de réelles opportunités pour les entre-prises françaises présentes en Chine.Coordinateurs : Marion Lespine, LimagrainFranck Desevedavy, AsialliansRenseignements sur les activités du groupe de travail : [email protected] / www.ccifc.org

Le Groupe de travail Sécurité alimentaire de la CCIFC

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专栏

22 Connexions / été 2012

Dossier �� La R&D en Chine

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Dossier

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L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

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�� La R&D en Chine

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Dossier

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专栏

24 Connexions / été 2012

Dossier

新中国在建立后致力于工业化和

现代化,农业和农村成了被遗忘的角

落,特别是在大饥荒年代,农村为了保

障城市的供给,成为饥饿的重灾区。曾

几何时,我们常听见“八亿农民”的说

法,于是这个数字被定格在公共意识

中,不管城市化进程每年把多少农民

卷入城市,我们脑海中依然保留着关

于农业行业的老数据和老印象。

《联结》知道农业的现代化对中

国的经济持续稳定发展的意义有多么

重要。并且,正确认识农业的发展现状

也有利于提高居民生活幸福指数。继3

年前《中国人的餐桌》专题后,本期我

们追本溯源,直击农业发展现状和存

在的问题。

《中国农民是谁》篇

2011人口普查数据显示,农村现

在居住人口占全国总人口一半左右,而

持有农业户口的人数占全国总人的三

分之二。一方面,我们可以看出,从历

史发展的角度,农村人口正在快速减

少,另一方面,我们知道,上述两个数

据之差的背后是庞大的在城市务工的

农民工群体。

数据背后隐藏的是农民生活的困

境,农村发展的困境和农民工进城务

工后的身份困境。

农村要想从小农经济过渡到现代

经济,产业化发展是走出困境的必由

之路,这也是本期《联结》关注的主要

问题。

《对谷物的需求不断增长》篇

立马格兰的Alain Bonjean先生逐

个分析了主要粮食作物的产业现状和

未来趋势。

中国的农业与食品现状

得益于70年代袁隆平院士发明的

杂交水稻,中国的水稻产品和水稻技

术不仅足够自用,还大量出口;但与此

同时,世界粮食需求结构也在发生变

化,由于小麦的可加工性比水稻强,未

来对后者整体的需求随着生活水平的

提高逐步下降。

小麦的成绩同样喜人:一方面中国

成为了世界上最大的小麦生产国,另一

方面,何中虎科研小组的研究成果成

功的改善了中国小麦的质量,特别是保

质期方面,符合食品加工业发展的需

要。

中国目前虽然是玉米的最大生产

国,但是随着中国人食品结构里奶产

品和肉制品的大量增加,需要玉米做

为饲料,将会从少量外销专为大量进

口,大豆也面临同样的问题。

中国还是一个蔬菜生产大国,蔬

菜资源非常丰富,但是蔬菜的保险和

配送技术有待提高。

“大力发展农业”被写入了《十二

五计划》:不但要发展生物技术,还要

在传统农业领域提倡合理耕种,提高

农业机械化,有效利用水资源。总之,

中国农业主要依靠自身技术发展,而

中国的农业技术的进步又将会给全人

类的发展带来巨大贡献。

《中国农业能迎头赶上吗》篇

Alifang的Testa先生分析了中国农

业的几大主要问题:

地区发展的不均衡是农业发展的

基本现状,这也是中国现阶段各个领

域面临的共同问题,是关于国家治理

模式的问题。

更具体的说,农业机械化问题是

其中一个突出的矛盾,农机设备主要是

进口设备,国内的产品无法与其竞争,

这些大型设备进入条块分割的农村

后,由于农民缺乏培训,土地的集中化

率过低,导致这些精良而昂贵机械丧

失了用武之地。

农业现代化停滞不前,从根本上说

是个思想认识问题,“要么革新,要么灭

亡”,将是中国农业必将面临的选择。

Testa先生在文章结尾给出了能够

促进革新的3点建议。

《食品安全:一个链条上的所

有环节》篇

Alban Renaud先生透过近几年发

生的食品卫生安全危机,试图分析中

国食品加工行业的症结所在。

他指出中国主管部门并不缺乏食

品卫生意识,相关的立法比较健全。但

是为什么还是危机频发呢?关键在于

整个生产链条过长,缺乏有效的跟踪

机制,无法找到食品卫生问题的真正

责任人,甚至连主管部门的责任分工

也不明确。

按照国外的经验,食品加工行业在

分工合作中要把各自的责任落实到书

面,并且定期组织内部审计。当然,现

阶段这些措施得到贯彻的可能性看起

来不是很大,但是毫无疑问在未来,只

有落实这些措施,食品卫生安全才有

可能得到保证。

《中国奶业面临的挑战》篇

奶业的丑闻把这个行业推倒了食

品卫生安全的风口浪尖,而奶制品行

业试图在危机中抓住转变的机遇,获

得新生。

首先,加大牧场集约化经营是未

来的发展方向,从前分散的一家一户

的奶农模式既缺乏效率,也难以监

督。

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L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

été 2012 / Connexions 25

允许外资进入,将带来外国先进

的管理经验和知识技能,特别是奶牛

品种方面的知识。中国奶牛的基因性

低产能,牛奶里的黄曲霉毒素等到问

题,在外国专家的帮助下,一一浮出水

面。不可否认的是,中国奶业今后如果

继续开放和变革的步伐,将会在十年

的时间内走完欧美国家花了百年才走

完的路。

《法国中小企业看好中国的养

猪业市场》篇

和牛奶一样,中国消费者对猪肉的

需求量每年都在稳步增长,国内猪肉

的供应已经跟不上节奏,2011年,中国

取代俄罗斯,成为欧美第一大猪肉出口

对象国。

国内猪肉行业滞后的原因和奶业

类似,分散的一家一户的养猪模式和

母猪品种的基因劣势是罪魁祸首。行业

向外资的开放也将成为趋势和主流。

法国中小企业如果能够抓住机会,

结群发展,提供全套集约化管理的方

案,未来在中国的市场前景将会非常广

阔。

《中国企业的国际雄心》篇

中国食品集团怀揣着“走出去”的

梦想,瞄准海外收购,出发点往往是通

过购得高档食品品牌,提升中国产品的

档次和形象。

雄厚的资本,加上政府的支持,中

国食品集团在海外频频出手。但是由于

隔阂和疑虑,特别是政府背景的不明

朗,中国企业的竞标经常失手。以光明

集团为例,海外收购屡试屡败,不过最

近刚刚传来了消息,光明终于以高价购

进英国Weetabix集团的60%的股份,成

为中国食品业有史以来最大的一次成

功的海外收购。

在经济危机的背景下,欧洲的食品

集团如何对待中国的海外收购行为呢?

《对外直接投资》篇在结尾对未来的

趋势走出了扼要的分析。

总结

通过以上分析,我们不难看出中国

农业领域正在经历转型期,除了推进

农业的现代化,没有别的路可走。法国

是一个农业强国,法国企业,特别是中

小企业理应能够帮助中国同行重整和

壮大种植业和食品加工业,以此分得

中国经济增长的一杯羹,应对欧洲经

济危机带给自身的生存压力。•

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专栏

26 Connexions / été 2012

Dossier

L’agriculture chinoise peut-elle relever le défi permanent posé par des contraintes géographiques et démogra-phiques particulièrement tendues ?

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L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

été 2012 / Connexions 27

Manque de terre et d’eauL’agriculture chinoise est d’abord péna-lisée par le manque de terres arables, en raison de l’importance des zones mon-tagneuses et désertiques du pays : 1/7e du territoire seulement est cultivable et les 2/3 de la Chine sont au dessus de 1000 mètres d’altitude. Elle est également handicapée par son morcellement : 200 millions de foyers exploitent chacun, en moyenne, une superficie de 0,65 hectare. De plus, du fait de l’urbanisation croissante, de la pollution et de la désertification, on estime que la surface cultivable diminue d’environ 2 500 km² par an.Depuis 1997, la Chine a ainsi perdu 8,2 millions d’hectares de terres arables en raison de l’urbanisation, de l’industrialisa-tion, des programmes de plantation de forêts et des dégâts causés par les catas-trophes naturelles. « Actuellement, 37% des terres chinoises sont dégradées et la surface de terre disponible par habitant est inférieure de 60% à la moyenne mondiale. La réduction continue des terres arables menace grandement la capacité de la Chine à maintenir son autosuffisance en céréales et accroît la compétition pour la terre – ainsi que les expulsions », a constaté le rapporteur spécial de l’ONU Olivier De Schutter, lors d’une mission en Chine.Autre défi pour la Chine, le décalage exis-tant entre les provinces. 90% de la produc-tion agricole vient de la moitié Est du pays. La grande plaine du Nord et des provinces comme le Shandong et le Heilongjiang

Agriculture chinoise : contraintes gigantesques, besoins énormes

Alors que les risques de famine ne sont pas complètement éradiqués et font l’objet d’une veille préventive constante de la part des autorités, le mécontentement social suite aux scandales sanitaires récurrents ainsi que la problématique de l’exode rural font que le développement de l’agriculture chinoise est bien plus qu’un enjeux économique.

concentre les céréales, les vergers ou l’aquaculture et la Chine du Sud la culture du riz, soit 1/4 de la production agricole chinoise. Les hauts plateaux de l’ouest et les zones désertiques comme le désert de Gobi ne permettent pas une répartition harmonieuse des zones de production.En outre, la Chine connaît un important déficit en eau surtout dans le nord du pays qui ne dispose que de 20% de l’eau disponible. « Une grande partie de cette eau, plus de la moitié, est polluée et n’est pas forcément  toujours utilisable en irri-gation. », affirme Alain Bonjean, PDG de Limagrain (voir entretien page suivante), et les ressources hydrauliques sont éga-lement menacées par le réchauffement climatique ; selon le chercheur Piao Shi-long du Centre de Recherches sur le climat à Pékin, « la hausse des tempéra-tures va accroître l’évaporation des sols et provoquera des pénuries en eau pour l’agriculture. L’approvisionnement des sols en eau pourrait diminuer de 13% d’ici 2050 et la production de riz de 4 à 14% ».

Une équation d’autant plus inquiétante que le ministère de l’Agriculture table sur une croissance nécessaire de 4% par an de la production de céréales en Chine pour nourrir une population qui devrait atteindre 1,39 milliard en 2015. Course à la productivitéLa Chine est le premier consommateur mondial d’engrais et l’accès aux produits est parfois problématique. L’an dernier, le pays en a importé la moitié des huit mil-lions de tonnes utilisées par ses agricul-teurs. L’association chinoise de l’industrie de sel inorganique explique que l’objec-tif du gouvernement est désormais de prendre des participations dans les prin-cipaux producteurs de potasse mondiaux et d’acquérir des mines au Laos, au Canada et au Congo. Elle prévoit que la demande chinoise continuera d’augmenter pendant au moins dix ans.Mais cette volonté du gouvernement chinois de miser sur les pesticides et les engrais ne va pas sans questions pour la santé. Les risques sont donc grands de voir certains agriculteurs jouer aux apprentis sorciers pour augmenter leur production. La formation agronomique insuffisante des agriculteurs chinois peut aboutir à des résultats catastrophiques : « il arrive que des champs soient détruits simple-ment parce qu’ils sont brûlés par les doses d’engrais trop importantes. Certains agri-culteurs pensent pouvoir tripler le ren-dement en triplant les doses d’azote par exemple. Mais l’engrais devient alors •••

En valeur arithmétique, la Chine représente 7% des terres cultivables de la planète mais comme en Chine du sud on fait 2, voire 3 récoltes par an sur le même sol, on obtient le chiffre de 9 à 10% du total des terres cultivables disponibles dans l’année.

Terres arables : 7% ou 10% ?

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专栏

28 Connexions / été 2012

Dossier

••• toxique pour les plantes et extrê-mement polluant pour les sols. », explique Alain Bonjean.Selon des études menées discrètement depuis 2007 et qui viennent d’être ren-dues publiques, jusqu’à 10% du riz récolté en Chine serait contaminé par des métaux lourds toxiques dispersés dans la nature. Conséquences incontrôlées de la rapide croissance industrielle, des substances telles que le cadmium, l’arsenic et le mer-cure ont ainsi contaminé pendant des années les sols, l’air et les nappes phréa-tiques d’une grande partie du territoire chinois.Les terres agricoles situées à proximité des zones industrielles sont touchées et notamment les céréales. « De toutes les cultures, le riz a la plus grande capacité à se charger en cadmium, qui se retrouve dans l’eau d’irrigation des rizières après avoir ruisselé des mines, notamment des mines de plomb, d’étain et de cuivre »,

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« La réduction continue des terres arabLes menace grandement La capacité de La chine à maintenir son autosuffisance en céréaLes. »

Les sécheresses extrêmes que connaît la Chine ont des conséquences dramatiques sur les prix des produits agricoles. 中国出现的严重的旱情导致农产品价格急剧上涨。

assure un expert agronome. Ce sont ainsi 20 millions de tonnes de riz qui seraient contaminées par ces métaux lourds chaque année et des dizaines de millions de cultivateurs dans les zones polluées qui en sont les principales victimes. Le riz est l’aliment de base en Chine et les contrôles sont restés lettres mortes ces dernières années.« Ce qui est préoccupant en Chine, c’est qu’il n’existe pas de normes de culture pour les terres contenant des métaux lourds. La production continue norma-lement et le riz pollué circule librement sur les marchés tandis que les habitants hors des régions polluées sont aussi mis en danger, explique Chen Tongbin, spé-cialiste du problème de pollution des sols à l’Académie des Sciences de Chine. Les sols pollués se répartissent sporadique-ment au Nord, mais sont relativement concentrés au Sud, surtout dans les pro-vinces du Hunan, du Jiangxi, du Yunnan

et du Guangxi ».Recherche et développementUne des solutions avancées par le gouver-nement chinois pour améliorer les rende-ments et limiter l’utilisation des pesticides et autres produits chimiques concerne les OGM.Autre piste à l’étude : le riz hybride, né des recherches du Professeur Yuan Longping. « Le riz est un aliment fondamental. La moi-tié de la population mondiale mange du riz et, en Chine, c’est l’aliment de base de 60% de la population, assure le chercheur. Il est donc primordial pour nous d’accroître la production pour garantir notre sécurité alimentaire ».En quelques décennies, la Chine est par-venue à assurer son autosuffisance ali-mentaire et à nourrir 1/5 de la population mondiale. C’est un résultat impression-nant, à la hauteur des défis qui restent à relever. •

Sébastien Le Belzic

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L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

été 2012 / Connexions 29

Vos contacts français : Stephane CamguilhemMobile : +86 139 1008 9254Email : [email protected] IthurburuaMobile : +86 139 1181 2797Email : [email protected]

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30 Connexions / été 2012

Dossier

Toujours du riz, mais en déclinPlus de 90% de la production et de la consommation de riz mondiale est faite en Asie. Le développement des riz hy-brides, inventés dans les années 70 par le professeur Yuan Longping (prix Wolf 2004), a permis des gains de rendement extrêmement importants en Chine. On est passé de 3-4 tonnes par hectare à 7-8 tonnes en moyenne. Si seulement 16 millions des 29 millions d’hectares de riz cultivés dans le pays sont hybrides, c’est parce qu’on ne sait encore qu’en pro-duire avec la sous-espèce indica. D’ici 5 à 10 ans, grâce à la continuation des tra-vaux du professeur Yuan, toujours actif aujourd’hui à 82 ans, on arrivera proba-blement aussi à faire des hybrides avec la sous-espèce japonica sans ajout d’indica.Cependant, depuis la seconde guerre mondiale, on a constaté au Japon et dans les pays de l’Asean que lorsque le niveau de vie augmente, la consommation de riz baisse au profit de la farine. Ainsi, le Vietnam, l’Indonésie et les Philippines qui ne produisent pas de blé, se sont mis à en importer assez massivement depuis quelques années. Et en Chine, alors que depuis les Song et la construction du Grand Canal, le Sud, producteur de riz, exportait largement sa production au Nord, producteur de blé, la tendance est en train de s’inverser. Ainsi, 30% du blé est déjà consommé au sud du Yangzi et cette proportion ne cesse d’augmenter.Cette tendance s’explique par le fait que le riz se transforme beaucoup moins que le blé, et se consomme principalement

sous une seule forme, celle du grain. Le blé au contraire entre dans la composi-tion de produits très différents quand il est moulu en farine : crêpes, nouilles, pe-tits pains cuits à la vapeur, etc. et accom-pagne l’évolution des goûts alimentaires.Toujours plus de blés et de meilleure qualitéLa Chine est devenue autosuffisante en blé et est même aujourd’hui le 1er pro-ducteur mondial avec environ 115 mil-lions de tonnes par an, c’est à dire le même volume que l’Union Européenne à 27. Son ren-dement moyen national est excellent, avec 4,7 tonnes par hectare. Cela corres-pond à ce que faisait  la France dans les années 1970 ou à ce que produit l’Europe centrale de nos jours. C’est plus du double du rende-ment moyen étasunien et le quadruple de celui de l’Australie. En outre, les blés produits depuis une quinzaine d’an-nées sont de bien meilleure qualité, ce qui permet d’en utiliser une partie dans l’industrie. Il y a 10-15 ans, près de 85% du blé chinois était destiné à la production domestique de nouilles, petits pains à la vapeur, raviolis, etc. Ces produits rancissaient très vite et devaient être consommés immédiate-ment. Or les foyers  n’ont aujourd’hui en général plus le temps de passer autant de temps à la cuisine, avec l’urbanisation et

le développement du travail des femmes. Afin de produire des aliments manu-facturés qui rancissent moins, il a donc

fallu améliorer la qualité des blés chinois, ce qui a été acquis notamment grâce aux recherches de l’équipe du professeur He Zonghu (CAAS-CIM-MYT).D’autre part, il y une ré-duction globale des pains cuits à la vapeur et une translation de ces volumes sur de la panification oc-cidentale, qui nécessite d’autres types de blés, plus durs et avec plus de gluten. En termes de volume, aujourd’hui cela

représente à peu près 15% de la produc-tion globale de blé et on estime que d’ici 2025 cela atteindra 30% du volume total.Des besoins croissants en maïs et en soja La Chine est aussi le 1er producteur asia-tique de maïs, avec 155 millions de tonnes alors que le 2nd, l’Inde, n’en produit que 17. Malgré cela, la Chine qui, jusqu’à mainte-

« 15% de La production gLobaLe de bLé est destinée à de La panification de type occidentaLe, ce chiffre atteindra 30% en 2025. »

Toujours plus de grains

Aujourd’hui, des progrès extraordinaires ont été faits dans le domaine de l’autosuffisance céréalière en Chine, et le pays est déjà devenu le  leader incontesté du riz et du blé dans le monde.

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La Chine est le 1er producteur de légumes, avec 40% de la production mondiale. 中国是世界蔬菜第一大生产国,

占全世界总产量的 40% 。

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nant était un léger exportateur de maïs, est en passe d’en devenir un importateur structurel. La classe moyenne chinoise consomme en effet de plus en plus de produits laitiers et de viande. Pour nourrir les animaux il faut disposer de maïs et aus-si de soja qui sont largement importés. A ce sujet, signalons que les importations de maïs et de soja, qui proviennent large-ment d’Amérique du nord et d’Amérique du sud, sont en grande partie des OGM alors que la Chine n’a pas encore basculé au niveau législatif dans la possibilité de produire et de commercialiser des OGM pour des produits alimentaires en Chine. La Chine est également le 1er produc-teur de légumes, avec 40% des légumes mondiaux, dans des gammes de produits extrêmement divers du nord au sud du pays. La conservation et la distribution de la production est cependant à améliorer car il y a encore beaucoup de pertes. Mais la Chine investit dans ce domaine et la si-tuation devrait évoluer très positivement. Le tournant du XIIe planL’amélioration de la production agricole et le développement des agro-industries sont au cœur du XIIe plan quinquennal. La réussite du pari agricole conditionnera

aussi le maintien de la paix sociale dans le pays. Les priorités fixées à la recherche chinoise sont bien sûr les biotechnologies mais également des domaines beaucoup plus classiques comme l’agriculture rai-sonnée, la mécanisation, une meilleure gestion de l’eau, etc.Auparavant la Chine était prête à impor-ter toutes les technologies de l’étranger ; aujourd’hui elle entend devenir en grande partie autosuffisante avec des technolo-gies chinoises. Les experts étrangers ne sont plus utilisés que quand ils apportent un plus par rapport aux technologies na-tionales. C’est une évolution mondiale. Par exemple, dans le domaine du séquençage, jusqu’à récemment les technologies se situaient essentiellement en Amérique du nord et un peu en Europe ; actuellement la donne change et la zone Asie Pacifique et notamment la Chine concentre de plus en plus de séquenceurs à haut débit. Cet effort technologique et de recherche aura un très gros impact à l’avenir, aussi bien au niveau agricole qu’au niveau de la santé humaine ou animale. •

Alain Bonjean, Directeur de Limagrain Chine

Propos rapportés par Renaud de Spens

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Les Chinois mangent moins de mantou et plus de pain à l’occidentale. 中国人馒头吃的少了,西式面包吃的多了。

Alain Bonjean, Directeur de Limagrain Chine, agronome de formation, est en Chine depuis 12 ans. Alain Bonjean, 利马格兰首席执行官,农学家,在中国已

经生活了12年。

Le gouvernement chinois pousse le développement du riz hybride dans des territoires comme l‘Afrique, cer-tains pays d’Asie du Sud-est ou d’Asie centrale voire d’Amérique du sud, un peu en compensation des achats d’énergie ou de minerais. Les dirige-ants chinois affirment que le modèle de développement agricole chinois peut être exporté en Afrique afin que les populations du continent puissent manger à leur faim. Alors qu’aujourd’hui l’Afrique est loin d’être autosuffisante sur le plan alimentaire, il s’agit d’une démarche originale au delà des rivalités politiques et économiques.

R.d.S

Le riz hybride, un outil diplomatique

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专栏

32 Connexions / été 2012

Dossier

Il y a plusieurs réalités agricoles comme il y a plusieurs Chine. On ne peut pas comparer Shanghai ou Pékin à de petites villes de provinces, de la même manière qu’on ne peut pas comparer plus de 2 000 grandes fermes d’Etat, dont cer-taines dépassent les 6 millions de mu1, avec les quelques mu de terres détenues par des millions de petits paysans ! Comme tout en Chine, l’activité agricole est très disparate. L’ouver-ture de la Chine à la mé-canisation agricole date seulement du début des années 80. De nombreux centres de recherches lo-caux ont essayé de déve-lopper des équipements en s’inspirant de matériels étrangers, mais ces efforts n’ont donné que peu de résultats, généralement en raison de l’incapacité des concepteurs à adapter les matériels proposés aux contraintes locales.Des technologies inadaptées pour la majorité des paysansDans les années 90, la Chine a com-mencé à s’intéresser à ce domaine

capital pour l’économie nationale, mais encore une fois sans réels moyens, ce qui a permis aux géants étrangers du secteur - principalement John Deere et Case New Holland - de venir s’installer en position de quasi-monopole sur les gammes de matériels de très forte puis-sance. Incapables de rivaliser avec ces

grands acteurs étrangers, les fabricants de tracteurs chinois ont essayé de développer leurs propres technologies sans pouvoir rivaliser avec les matériels importés.Certes, depuis 2000, les grandes fermes du nord de la Chine se sont équi-pées de matériels très modernes et puissants, mais elles sont loin de re-présenter toute la Chine.

L’immense population de petits pay-sans ne peut utiliser ces technologies inadaptées. Certains gros tracteurs ont été offerts à des villages, mais aucun pay-san ne veut ni ne peut utiliser un équi-pement de cette taille dans ses quelques mu de terre. Ces dernières années, des politiques avantageuses de subventions

La Chine peut-elle rattraper son retard agricole ?

Stéphane Testa a 15 ans d’expérience en tant qu’importateur, distributeur et fournisseur de biens et de services auprès de l’industrie agroalimentaire

chinoise. I l a réal isé plusieurs projets de coopérations industrielles entre l’Europe et la Chine.

« pour parLer de modernisation agricoLe, iL faut que Les agricuLteurs deviennent des chefs d’entreprise. »

pour des matériels agricoles fabriqués en Chine ont vu le jour et l’on voit de plus en plus de petites sociétés pro-posant du matériel très simple et bon marché. Innover ou disparaître En fait, la modernisation agricole est tout d’abord une question humaine, une question d’état d’esprit. L’enjeu est simple : « innover ou disparaître », or les changements requis entraînent des modifications des pratiques culturales ancestrales et la mise en place de nou-velles conditions de production : les fer-tilisants doivent développer les plantes tout en respectant l’environnement, les pesticides doivent être employés selon des protocoles précis avec les matériels adéquats. Penser que les OGM pourraient pallier l’ignorance et la méconnaissance des pratiques culturales reste très risqué.Le frein majeur à la modernisation de l’agriculture chinoise reste le niveau

En 2011, la Chine a enregistré le plus important déficit commercial de son histoire : 34 milliards de dollars. 2011年,中国出现了有史以来最严重的一次贸易逆差:340亿美元。

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L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

été 2012 / Connexions 33

d’éducation des agriculteurs. Leurs terres leur apportent un revenu annuel brut ra-rement supérieur à 20 000 RMB. Leur inté-rêt est donc la rentabilité à court terme, mais certainement pas l’innovation. Dans ce contexte, ils préfèrent souvent louer leurs terres pour aller travailler en ville, où les salaires sont meilleurs.Pour parler de modernisation agricole, il faut que les agriculteurs deviennent des chefs d’entreprise. Un nouveau métier d’agriculteur entrepreneur doit naître qui permettra aux paysans:• d’apprendre à gérer de manière

saine et raisonnée leur exploitation,• d’envisager une politique de pro-

duction à moyen et long terme leur assurant un revenu stable,

• d’accéder au crédit afin de se méca-niser pour diminuer la pénibilité de leur travail. •

Stéphane Testa, Directeur Général, Alifang1. 1 mu = 650m2 soit 1/15 d’hectare

La Chine est le 1er exportateur mondial, tous produits confondus, et a enregistré, en 2011, un excédent commercial de 155 milliards de dollars. Aussi impression-nant qu’il soit, ce chiffre marque cepen-dant une baisse de 28 milliards de dollars comparé au résultat de 2010. Ce recul de l’excédent commercial chinois est en partie dû au secteur agricole (au sens large, incluant les produits de la pêche et de la pisciculture) et agroalimentaire. Ce secteur ne représente que 4% des échanges commerciaux chinois mais a affiché, en 2011, le plus important déficit commercial de son histoire : 34 milliards de dollars. Si les exportations ont aug-menté de 23% pour atteindre 60 milliards de dollars, les importations ont progressé plus rapidement encore (+30%, soit 22 milliards de dollars) pour afficher 94 mil-liards de dollars.La hausse des prix du soja et l’envolée des cours du coton sur le marché mondial ex-pliquent 40% de la progression de la fac-ture agricole. Les importations chinoises de soja ont en effet diminué en volume mais ont progressé de 18% en valeur. La hausse des importations de coton a été de 18% en volume mais de 67% en val-eur. Les poissons et crustacés ainsi que les viandes sont responsables de 10% de la hausse en valeur.

Les importations chinoises sont en ef-fet concentrées sur un faible nombre de produits. Le soja (30% de la valeur des im-portations), le coton (10%) représentent, avec les huiles, la moitié des importations en valeur.Les Etats-Unis restent le premier fournis-seur de la Chine avec près de 23 milliards de dollars, suivi du Brésil (15 milliards), de l’Union Européenne (6 milliards) et de l’Argentine (5 milliards). La France à elle seule a exporté plus de 2 milliards de dollars, majoritairementdes vins et des alcools.Les exportations chinoises reposent pour près de 40% sur les poissons, crustacés (entiers ou en préparation), suivis des fruits et légumes (25%), entiers ou en préparation. Le Japon reste le premier client suivi de l’UE 27, de Hong-Kong et des Etats-Unis.D’après certains experts chinois cités dans la presse fin 2011, la Chine pourrait dans les 5 à 10 prochaines années, deve-nir le premier importateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires.Source : La lettre électronique de l’Institut de l’Elevage (Idele), numéro 1, mars 2012

La lettre électronique Idele_Chine est un instrument unique en Français qui informe sur l’actualité des filières ruminants dans ce pays, analyse les chiffres et les stratégies des acteurs. Elle est ou-verte à des contributions d’experts du secteur et est complétée par des données de références (cartes, tableaux statistiques, liens vers des sites d’information spécialisés) régulièrement tenues à jour sur le site idele.fr, à la disposition des abonnés. Renseignements : [email protected]

Un déficit commercial agricole record en 2011

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En 2011, la Chine a enregistré le plus important déficit commercial de son histoire : 34 milliards de dollars. 2011年,中国出现了有史以来最严重的一次贸易逆差:340亿美元。

Répartition des importations chinoises en valeur (2011)

Soja30%

Coton9%

Fruits4%

Autres32%

Poisson,crustacés,

mollusques6%

Viandes et abats comestibles 4%

Lait et produits laitiers 3%

Graisses et huilesanimales ou végétales 12%

Source : GEB-Institut de l’Elevage d’après douanes chinoises

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专栏

34 Connexions / été 2012

Dossier

La confiance est revenue au rayon frais. Quatre ans après le scandale du lait frelaté qui avait provoqué la mort de six bébés, les consommateurs chinois ont enfin retrouvé le plaisir du lait et des yaourts frais. Après avoir connu une forte baisse en 2009, la demande augmente désormais entre 5% et 8% par an. À ce rythme, le marché des produits laitiers pourrait doubler d’ici 2016, selon une étude de l’institut de recherche Euromonitor. Cette embellie était pourtant loin d’être ac-quise. Pour reconquérir les consommateurs, le gouvernement chinois et l’industrie laitière ont redoublé d’efforts. « Après l’affaire du lait frelaté, les autorités chinoises ont fermé des centaines et des centaines de laiteries. Mais le problème en Chine c’est qu’il n’y a pas de chaîne. Si le scandale a pu se produire, c’est précisément parce que la chaîne est fragmentée », explique Karen McBride, une spécialiste qui conseille WonderMilk, une ferme ultramoderne de 7 000 vaches située à la périphérie de Pékin. D’où la nécessité de centraliser la production dans de grandes fermes, plus productives et plus efficaces. Une concentration encoura-gée par le gouvernement mais qui a d’abord été le fait des grands producteurs tels que Mengniu, soucieux de s’approvisionner en lait de meilleure qualité afin d’à leur tour monter en gamme. Certes, plus de 80% de la production de lait en Chine est toujours

assurée par des petits élevages de moins de dix vaches. Mais les élevages industriels se développent rapidement : à l’heure actuelle, 600 000 vaches laitières sont élevées dans de telles structures, soit 10% du cheptel chinois.Étroitement surveillée par le gouvernement central, l’industrie laitière a fait un grand bond en avant, notamment grâce aux investisse-ments étrangers qui affluent dans ce secteur-clé. « La Chine est en train de faire en dix ans ce que l’Europe et les Etats-Unis ont mis cent ans à réaliser. Les investissements étrangers ont un énorme impact sur l’industrie laitière chinoise, car le développement des grandes fermes industrielles a fait naître un besoin de savoir-faire professionnel. On ne peut pas diriger une grande ferme sans un management bien formé », estime Alastair Pearson, représentant en Chine de World Wire Sires, une entreprise américaine spécialisée dans la génétique animale. Mais de nombreux problèmes demeurent. En premier lieu, la mauvaise productivité des vaches chinoises, lesquelles donnent peu de lait par rapport à leurs cousines européennes ou américaines. « Les vaches chinoises ne sont pas faites pour l’industrie laitière : elles

Les défis de la filière laitière chinoise

L’industrie laitière s’est modernisée pour retrouver la confiance des consommateurs. Mais de nombreux problèmes persistent.

grossissent vite mais ne produisent pas for-cément plus de lait » note Karen McBride. Un problème de génétique, qui, combiné à une alimentation encore basique et à un management peu soucieux du confort animal, mine les rendements des petites exploitations. Reste que les solutions existent, notam-

ment en matière de nutri-tion animale. Implantée en Chine depuis 1997, la société bretonne Olmix propose ainsi aux éleveurs chinois un additif alimentaire à base d’algues vertes qui permet de faire baisser le taux d’afla-toxines – une toxine cancé-rigène qui prolifère si les ali-ments destinés aux vaches sont mal stockés et qui peut se retrouver ensuite dans le lait.

« La Chine va beaucoup plus vite sur la sé-curité alimentaire que l’Europe, notamment parce qu’elle incorpore des technologies étrangères », note David Chérel, chargé du développement commercial de la société en Chine. De quoi rassurer peut être les mamans chinoises qui, malgré les progrès de l’industrie laitière, préfèrent toujours le lait en poudre importé pour leurs bébés. •

Raphaël Balenieri

« 80% de La production de Lait en chine est toujours assurée par des petits éLevages de moins de dix vaches. »

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La Chine a importé 99 000 vaches en 2011 principalement pour recapitaliser le cheptel mais ce chiffre est insuffisante pour compenser les abattages massifs (près de 2 millions de vaches) suite à la crise de la mélamine survenue en 2008.2011年中国进口了99 000只奶牛,虽然一定程度上缓解了牲畜的短缺,但是由于三聚氰胺事件宰杀了2百万只奶牛,对

于填补由此造成的空白,还远远不够。

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La  filière porcine chinoise est à la peine. Malgré le soutien des autorités, la pro-duction de cochons n’arrive pas à suivre la consommation. Rien n’y fait : les Chinois ont toujours plus d’appétit pour le porc, une chair très populaire en Chine où elle représente 65% de la viande consommée. Une demande à la hausse qui pousse de plus en plus les producteurs porcins à faire appel au savoir-faire étranger, notamment français, pour augmenter tant la producti-vité que la qualité de leurs élevages. La Chine détient pourtant plus de la moi-tié du cheptel mondial de porcs et pro-duit 50 millions de tonnes de viande de porc par an. Mais ce volume est toujours insuffisant et les importations augmentent très fortement. En 2011, la Chine a ainsi été contrainte d’importer 780 000 tonnes de viande de porc en provenance de l’Union Européenne, devenant ainsi le premier marché à l’export de l’UE, une place autre-fois détenue par la Russie. En cause, le morcellement de la filière. « En Chine, la majorité des éleveurs porcins ne sont pas des professionnels. La produc-tion porcine reste assurée à 40% par des petits producteurs qui ne détiennent que quelques cochons et cela malgré le déve-loppement très rapide de l’élevage indus-triel, plus productif », explique Yann Morel, représentant en Chine de la Cooperle Arc-Atlantique, le premier producteur porcin en France. À cela s’ajoutent la mauvaise alimentation donnée aux bêtes et une génétique ani-male encore embryonnaire. Résultat, une truie élevée dans le Sichuan, le premier bassin porcin en Chine, donne naissance à seulement 14 porcelets par an…contre 28 porcelets en moyenne pour une truie française nourrie avec de bonnes céréales

Les PME françaises misent sur le marché porcin chinoisS’il n’a pas toujours bonne presse à domicile, le savoir-faire porcin français a la cote auprès des éleveurs chinois.

Français du Porc (IFIP). Pour rattraper ce retard, estime-t-il, les PME françaises doivent se regrouper et propo-ser des solutions « globales ». En 2009, l’IFIP s’était ainsi associé à treize industriels français pour mettre en œuvre le premier projet franco-chinois de filière porcine intégrée. Situé à Handan, dans le Hebei, cet élevage « clé en main » de 750 truies vise à produire 200 000 porcs d’ici 3 ans, à destination du marché local. Des porcs « made in China » dont on pourra assurer la traçabilité, puisqu’ils auront été nourris, élevés, puis abattus en un seul et même endroit, sous l’œil vigilant d’un manage-ment franco-chinois. « Handan a permis de faire comprendre que sur l’ensemble des maillons, les PME françaises ont des compétences et que ces compétences sont excellentes si elles sont associées. Il ne faut pas sectionner l’offre : le modèle français est le seul à avoir une connaissance de la sélection des porcs à l’abattage, c’est notre spécificité », explique Philippe Lecouvey. Les contrats ont déjà été signés avec des investisseurs chinois pour que ce projet inédit soit répliqué dans quatre provinces chinoises. Dernière étape avant que Handan ne s’attaque au marché chinois du jambon, du pâté et des autres produits transformés… •

R. B.

rigoureusement contrôlées ! C’est pourquoi la Chine se tourne désor-mais vers les technologies étrangères – et notamment françaises. Objectif : parvenir à l’autosuffisance, renforcer la sécurité alimentaire, et se former au traitement des effluents porcins et autres mauvaises odeurs… Trois expertises sur lesquelles la France, 3ème producteur de porcs de l’Union européenne, a une carte à jouer. Certes, les PME françaises arrivent un peu tard sur un marché déjà occupé par les gros producteurs porcins européens, Allemagne, Pays-Bas et Danemark en tête. Mais « depuis trente ans les éleveurs por-cins chinois travaillent avec des partenaires étrangers et pourtant les améliorations techniques ont stagnées », note Philippe Lecouvey, directeur général de l’Institut

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La filière porcine chinoise est très morcelée et la majorité des éleveurs ne sont pas pro-fessionnels. 中国猪业条块分割严重,大部分养殖户不是专业人员。

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Depuis, la culture de la vigne a fait des émules. Outre les productions familiales, des groupes internationaux tels que Pernod Ri-card investissent désormais dans le Ningxia. Des marques locales réputées, telles que Sil-ver Heights et Grace Vineyard, ont émergé et commencent même à remporter des prix. Mais les vins du Ningxia ont encore du chemin à parcourir. D’abord parce que ces bouteilles jouent toujours dans la catégorie des vins de moyenne gamme. « À Bordeaux, il faut attendre vingt à trente ans pour pro-duire un très bon vin. Les vins du Ningxia n’en sont pas là : dans cinq ans, ils ressem-bleront peut-être à un bon Bordeaux chinois, mais pas à un bon Bordeaux français ! » note Liu Yi, directrice d’une société d’importation de vin français basée à Pékin. Reste que les vins du Ningxia arrivent à pic sur un marché en plein essor. Selon les spé-cialistes, le ralentissement de la croissance économique en Chine devrait en effet favo-riser les vins chinois de moyenne gamme, au détriment des très bons vins importés du Bordelais. •

Raphaël Balenieri

Rien ne prédestinait le Ningxia à devenir l’un des bassins viticoles les plus prometteurs de Chine. Pauvre, aride, balayée en hiver par des vents secs et froids, cette minuscule province coincée entre le désert de Mongolie inté-rieure et les premières méandres du fleuve Jaune n’offrait pas à première vue un envi-ronnement idéal pour la culture de la vigne. C’est pourtant dans ce milieu hostile que sont produits aujourd’hui les meilleurs vins chinois. Elaborés par de petites exploitations familiales, souvent conseillées par des œnologues formés en France, les vins du Ningxia ont réussi, en quinze ans seulement, à conquérir les bars à vin qui fleurissent à Pékin comme à Shanghai. Septième producteur mondial, la Chine produit 900 millions de bouteilles de vin par an, principalement à destination du marché

Le vin « made in China » gagne du terrain

intérieur, en plein boom. Si le Shandong, le Shanxi et le Xinjiang concentrent l’essentiel de la production, le Ningxia lui se distingue par la qualité de ses cépages. « Le Ningxia

est aujourd’hui la meil-leure région viticole en Chine. Mais est-ce que cela sera toujours le cas dans cinq ou dix ans ? Rien n’est figé » relativise Jim Boyce, consultant et fondateur du site gra-pewallofchina.com. Le Ningxia compte aujourd’hui une ving-taine d’exploitations viticoles. Les premières s’y sont installées dès la fin des années 1990, at-

tirées par des terrains alors très bon marché. Poussés par le gouvernement, les paysans locaux abandonnèrent progressivement les cultures traditionnelles, notamment celle du goji, cette petite baie rouge utilisée par la médecine chinoise, pour se lancer dans le raisin, plus rentable.

« Le raLentissement de La croissance économique en chine devrait favoriser Les vins chinois de moyenne gamme, au détriment des très bons vins importés du bordeLais. »

La France est le 1er exportateur de vins (en bouteille).3700% c’est l’augmentation des ex-portations des vins et spiritueux fran-çais depuis 2011.3/4 de ces exportations concernent le bordeaux et le cognac.52% de part de marché en valeurL’Australie, 2ème exportateur, arrive loin derrière avec 17,7% de PDM en valeur.

Les chiffres du vin en Chine

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Le vin chinois monte en gamme. Au Ningxia, des petits producteurs produisent depuis une quinzaine d’années des crus de qualité.

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Actuellement 3ème pays producteur de produits agricoles biologiques, la Chine a commencé de développer une agriculture organique au début des années 80 en reprenant les méthodes traditionnelles de fermage : rotation et diversification des cultures, compos-tage, etc. Les fermes chinoises d’agri-culture organique représenteraient plus de 2,45 millions d’hectares mais les sta-tistiques peu fiables en rendent difficile la cartographie. Aujourd’hui, la politique agricole raisonnée se traduit localement par l’allocation de subventions comme par exemple dans le domaine de l’éle-vage pour les projets de méthanisation, constate David Chérel, business develo-per chez Olmix. Une production destinée majoritai-rement à l’exportDès le début, la production agricole orga-nique a été tournée vers l’export. Encore de nos jours, la Chine exporte la majorité de sa production - principalement du riz, du soja, des légumes, des céréales, des herbes médicinales et du thé - vers l’Eu-rope, les Etats-Unis, la Corée et le Japon. « Face au potentiel de ce marché, des compagnies comme le Groupe Huiyuan (leader dans les jus de fruits) sont en train

La voie raisonnée vers le bio

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Confrontée aux besoins croissants de la population, à l’évolution qualitative de ses besoins et à une plus grande vigilance des consommateurs, la Chine vit une période charnière qui pourrait trouver dans l’agriculture raisonnée une nouvelle voie de développement.

Agriculture bio ou raisonnée ?Ce n'est pas un terme consensuel chez les spécialistes, mais certains, considé-rant que le bio et la traçabilité parfaite des produits est encore à un horizon lointain en Chine, préfèrent parler d'objectifs d'agriculture raisonnée pour le pays, c'est à dire par exemple d'utilisation mesurée des pesticides et engrais, de maîtrise de la chaîne du froid et des règles d'hygiène de base.

de développer des bases de plantations organiques dans le pays. », note Tho-mas Vincendeau, Business Analyst, chez Shiyao Investment. Et pour répondre aux normes internationales, les Chinois ont édifié un système de certification et depuis 2005, des normes nationales uni-fiées viennent s’ajouter pour les produits alimentaires issus de la filière organique. Selon l’administration centrale de Certifi-cation et d’Accréditation, il existe 23 or-ganismes de certification pour les labels agricultures organiques et pas moins de 7 934 certifications différentes.Un marché intérieur en forte crois-sanceFace à la multiplication des scandales, la

population et en avant-garde, la classe moyenne aisée urbaine, s’inquiète de plus en plus de sa sécurité alimentaire. Si la production organique était jusqu’alors principalement destinée à l’export, la demande intérieure de produits issus de l’agriculture raisonnée croît de manière significative - 25% (TCAM) en 2011 selon les organisateurs de Organic Expo Beijing - et le poids total du marché s’élèverait à 95 millions de dollars. D’après les estima-tions, la Chine devrait dans la prochaine décennie se positionner au 4ème rang mondial pour ce qui est de la consom-mation d’aliments biologiques.Néanmoins, selon David Chérel, le déve-loppement de ce marché intérieur est freiné par deux facteurs : les prix des pro-duits environ 1,5 à 3 fois plus chers que les produits basiques et la confiance des consommateurs refroidis par le manque de transparence des labels. Un des derniers scandales a d’ailleurs fait beaucoup de bruit car il concernait une marque étrangère et la viande de porc, la plus prisée des Chinois. Soupçonné d’avoir vendu de la viande de porc faus-sement labellisée «bio», Wallmart a dû fermer quinze magazins à Chongqing fin 2011. • Flore Coppin

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Si le pays est pour l’instant resté rela-tivement prudent sur l’utilisation des Organismes Génétiquement Modifiés dans l’agriculture alimentaire, il investit massivement dans la recherche à ce su-jet. Les OGM font partie des solutions aux contraintes géographiques chi-noises. Comme en Occident, l’opinion publique chinoise est parfois sus-picieuse sur le sujet, dans un contexte de scandales alimentaires à répétitions. Lors de la visite aux Etats-Unis du vice-président chinois Xi Jinping en mars 2012, l’entreprise OGM Monsanto en avait profité pour exhumer une vieille photographie montrant Xi, alors jeune cadre prometteur, reçu à son siège social. Certains blogueurs chinois s’en étaient émus, croyant y déceler le signe d’une prochaine invasion d’OGM améri-

cains qui menacerait l’indépendance et la sécurité alimentaire de leur pays. Pourtant, la Chine pratique le principe de précaution. Pour l’instant, seuls des OGM non alimentaires ont été autori-sés. Ainsi, la sylviculture s’appuie déjà sur plusieurs espèces modifiées comme des peupliers pour accélérer le reboi-sement du pays. Des expériences sont aussi menées par exemple pour créer des pauwlonia à croissance rapide, ou pour améliorer la résistance des fibres de bambous, afin de créer des espèces utilisables dans l’industrie du meuble. L’effort de recherche sur les OGM est très important en Chine, s’élevant à plus de 2,28 milliards d’euros sur 10 ans. Une partie importante porte sur le domaine alimentaire. Les enjeux sont cruciaux : il s’agit non seulement d’améliorer

les rendements, mais aussi de limiter l’utilisation des pesticides et engrais, et d’économiser les rares ressources en eaux du pays. Par exemple, les agro-nomes chinois ont déjà mis au point un maïs qui ne nécessiterait que deux ou trois arrosages par ans, contre qua-tre à cinq aujourd’hui, ce qui devrait à terme résoudre le problème historique du manque d’eau en Chine du Nord. Deux OGM de riz et un OGM de maïs développés en Chine ont déjà passé presque toutes les étapes pour pou-voir être commercialisés. Il ne faudra encore probablement que peu de temps pour que les OGM alimentaires soient libéralisés, et le secteur paraît rapidement promis à une croissance exponentielle.

Renaud de Spens

La Chine, future puissance OGM ?

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Dossier

Ce plastique constitue une véritable agression visuelle, mais aussi et surtout une catastrophe écologique. La situation préoccupe depuis longtemps déjà les autorités chinoises, bien conscientes des conséquences dramatiques pour l’envi-ronnement et pour la santé. Mais cette situation pose également un véritable dilemme pour la Chine. Dans les zones ru-rales en effet, cette pollution est en grande partie due à une pratique agricole utilisée pour répondre aux enjeux de productivité de l’agriculture chinoise: la plasticulture. La plasticulture pour répondre aux enjeux de productivité agricoleLa plasticulture, et en particulier la pose de film de paillage en champs, est un moyen depuis longtemps utilisé dans le monde, pour favoriser la pousse des plantes en dé-but de croissance. Ce film de paillage pré-sente de nombreux intérêts: il préserve la structure du sol, limitant le lessivage ; il évite l’évaporation de l’eau et réduit les besoins hydriques de la plante ; enfin il réchauffe le sol.Introduit en Chine dans les années 80, le paillage s’est considérablement répandu depuis, en termes de surface mais aussi de variétés concernées : en 2010, les agriculteurs chinois ont posé pas moins de 1,18 millions film plastique sur 15,6 millions d’hectares. Le recours au paillage dans la campagne chinoise s’est même accéléré au cours des 15 dernières années. A tel point que cette tech-nologie de culture est devenue incontour-nable dans certaines régions pour assurer les rendements (Xinjiang et Shandong en tête).

Biolice, pour une plasticulture écoloQui a déjà parcouru la campagne chinoise aura forcément été frappé par la marée de plastique, qui vole au vent, s’accroche aux buissons, jonche le sol et le bord des routes, ou termine sa course dans les arbres. On l’appelle la « pollution blanche ».

Biodégradation du film Biolice en 120 jours. Biolice生物塑料农用薄膜在120天里无污染化降解。

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Des dégâts environnementaux dra-matiquesLe film de paillage traditionnel est compo-sé de polyéthylène. Très rarement ramassé après son utilisation, le plastique se déchire et se fragmente mais s’accumule au bord des routes ou, pire, reste dans les champs où il finit par se mélanger à la terre après plusieurs labours. Ainsi après 30 ans d’une utilisation de plus en plus intensive, ce sont des millions de tonnes de plastique qui ont été enfouis dans le sol.Biolice, 100% biodégradable et 100% compostableAlternative au polyéthylène, les bioplas-tiques se distinguent par leur biodégra-dabilité. L’avantage d’un film de paillage biodégradable est qu’il n’est pas néces-saire de le retirer : en fin de culture, les qua-lités mécaniques du film auront diminué. Enfouis progressivement dans le sol, les résidus sont bio-assimilés par des micro-organismes.. La Chine, pour répondre au double défi de productivité de son agriculture et de la préservation de l’environnement, s’inté-resse aujourd’hui nécessairement à ces bioplastiques. C’est dans ce contexte qu’en

2009, le Yunnan a lancé un appel à projets destiné à vérifier la viabilité d’une utilisation de film de paillage biodégradable. Depuis l’Auvergne, Limagrain Céréales Ingrédients (LCI) a répondu à cet appel avec Biolice, 100% biodégradable et 100% compos-table, fabriqué à partir de grains entiers de maïs - certifiés non OGM, selon un process d’innovation inédit sur le marché mondial des films de paillage et labélisé. Depuis 4 ans, Limagrain a ainsi fourni plu-sieurs centaines de tonnes de Biolice à l’agriculture locale du Yunnan, espérant bien transformer l’essai et par la suite sé-duire d’autres provinces en Chine. Au-delà des programmes locaux de pro-motion de ces techniques de culture plus écologiques, une loi imposant le recours aux films plastiques biodégradables reste nécessaire pour véritablement résoudre le problème de la pollution blanche. Le gou-vernement chinois semble d’ailleurs s’atte-ler plus concrètement au sujet puisqu’une réglementation spécifique favorisant le plastique dégradable vient d’être annon-cée pour la fin de l’année 2012. • Marion LESPINE Affaires institutionnelles Limagrain Chine

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Selon une étude menée dans 17 provinces et régions de Chine par l ’Universi té du peuple de Pékin et publiée en février, les autorités ont confisqué depuis la f in des années 1990 tout ou par tie de leurs terres à plus de 43 % des paysans chinois. Selon cet te étude, p lus d ’un paysan sur huit (12,7 %) n’a obtenu pour ses terres aucune compensation, et seuls 2,8 % de ceux qui ont reçu de l ’argent se sont dit sat-isfaits du montant accordé. Mais pour les gouvernements locaux, l ’opération est très prof itable, puisqu’en moyenne, les terres confisquées sont revendues 40 fois plus cher.

Le fléau des expropriations Lors du recensement décennal de 2011, la Chine s’est découverte beaucoup moins rurale qu’auparavant. L’étude a en effet démontré que les Chinois n’étaient plus que 674 millions (soit 50,32 %) à résider à la campagne, alors qu’ils étaient 63,9 % dix ans auparavant. Cependant, 935 millions de personnes - soit plus des deux tiers de la po-pulation totale - sont tou-jours titulaires de Hukou (户口) ruraux. Les campagnes se dépeuplent en grande partie en raison des migrations des pay-san-ouvriers (nongmingong 农民工), dont le nombre a augmenté de plus de 10% depuis 2008, d’après un récent rap-port du Bureau national des statistiques. Selon la définition officielle, ce sont des paysans qui vivent au moins six mois par an d’un travail autre que celui de la terre,

souvent loin de leur village d’origine. Fait intéressant : environ la moitié de cette population est désormais constituée de

« 80 hou », ces jeunes nés dans les années 80. Or beaucoup d’entre eux ne connaissent pas le travail agricole, et il est probable qu’un grand nombre ne revienne jamais dans leur village d’origine.Le décl in du nombre d’agriculteurs devrait d’ail-leurs s’accentuer dans les prochaines décennies.

Dans son «rapport sur la modernisation de la Chine 2012» - publié en mai -, l’Aca-démie chinoise des sciences affirme que les Chinois sont aujourd’hui 310 millions à exercer le métier d’agriculteur, mais les chercheurs estiment que ce chiffre devrait être divisé par 10 dans les 40 pro-chaines années. Un exode rural motivé

De moins en moins de paysans ?

Selon les régions, la situation des quelques 310 millions d’agriculteurs chinois est variable, mais il est possible de dégager quelques caractéristiques communes.

« Le paysan chinois serait encore 100 fois moins productif qu’un paysan français ou japonais. »

par des conditions de vie extrêmement dures. Selon le Bureau national des sta-tistiques, le revenu moyen des titulaires d’un hukou rural était de 6977 yuans par an en 2011. En comparaison, les citadins gagnaient en moyenne 21810 yuans par an - plus de trois fois plus. Et l’écart n’a fait que se creuser depuis 1894, où les inégalités étaient au plus bas depuis les réformes d’ouverture, puisque les cita-dins ne gagnaient qu’1,7 fois plus que les ruraux. Lors de l’Assemblée Nationale Populaire en mars dernier, le profes-seur Yuan Longping, a attiré l’attention des députés sur la question. D’après les chiffres gouvernementaux sur lesquels s’appuyait son plaidoyer, le revenu an-nuel d’un cultivateur de riz du Hunan pour un mu de terre était de 186 yuans en 2010, dont 104 yuans de subventions gouvernementales. Cependant en 2011, l’augmentation des coûts de production a entraîné une baisse de ces revenus à 116 yuans, dont 109 de subventions ! Les marges sont faibles, et c’est ce qui avait poussé en 2006 le gouvernement central à exonérer d’impôts tous les agriculteurs du pays. Mais ceux-ci souffrent égale-ment d’un cruel manque de mécanisa-tion, d’où une productivité faible. •

Gaël Bernard

Affiche de propagande des années 60 représentant de village de Dazhai dans le Shanxi qui avait été édifié comme modèle par Mao. 60年代在被毛泽东树立为典型的山西大寨村粘贴的宣传画。

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En 2011, toute l ’opinion publique chinoise a entendu parler du riz pollué au cadmium, du porc au clenbuterol ou de l’huile de récupération. Et il y a quantité d’autres petites affaires locales. Pour mettre en bouche, on pourrait citer cette histoire d’une entreprise du Jiangsu ayant produit et vendu 14 000 tonnes de sel de table fabriqué à par-tir de pesticides lavés et séchés. Le sel ainsi proposé contenait près de 55 mil-ligrammes de glyphosate (désherbant toxique) par kilo, et a été distribué dans 12 provinces, générant un profit de 100% pour le producteur. Or Chen Junshi, vice-directeur de la Commission Nationale de Discussion sur les Standards de Sécurité Alimen-taire, n’hésite pourtant pas à affirmer que l’intensité de contrôle du gouvernement chinois est la plus forte au monde. Malgré les milliers d’insultes que cela lui vaut sur l’inter-net, il maintient sa position. Et il se pourrait qu’il n’ait pas tout à fait tort...L’insécurité alimentaire, un fantasme ? En partie, af firment cer-tains chercheurs comme Yun Wuxin, qui souligne que toutes les “affaires” ne sont pas tou-jours des accidents sanitaires mettant en péril la santé des consommateurs. Par exemple, l’histoire des “pastèques explosives” du Jiangsu, en mai 2011, qui a marqué l’opinion publique par son caractère spectaculaire, était probable-ment en partie due à l’utilisation d’un produit légal pour favoriser la croissance

végétale et n’a lésé que les agriculteurs touchés par le phénomène qui n’a été observé que sur 50 hectares : ces pas-tèques ont explosé avant leur récolte et d’ailleurs n’auraient présenté aucun danger à la consommation.Et pourtant, plus de 80% des Chinois estiment que la sécurité alimentaire se dégrade d’année en année, malgré les 5 000 entreprises fermées en 2011, les 1 200 procédures pénales et les 2 000 personnes physiques condam-nées. Leur inquiétude et leur manque de confiance dans les institutions reflètent des réalités persistantes étroitement liées au système administratif et poli-tique.Une partie des problèmes réside... dans les solutions

La multiplication des ins-titutions compétentes engendre confusion et déperditions de moyens. Toute la Chine avait ri en 2001 lorsqu’à Zhengzhou des agents de différentes administrations s’étaient disputés en pleine rue pour chacun revendiquer le bénéfice d’une amende à prélever sur un magasin de petits pains à la vapeur.

Et si aujourd’hui une partie des leçons de cette politique ont été digérées et que l’on tente au contraire de regrouper les autorités de contrôle, il reste que la prin-cipale réponse de l’Etat aux problèmes n’est que l’augmentation de leurs pou-voirs. Comme le dénonce le vice-pro-cureur général de Hangzhou Lian Bin, « personne ne réfléchit aux problèmes

La sécurité alimentaire est au cœur de l’attention des médias Il ne se passe pratiquement pas une quinzaine sans que la presse chinoise ne rapporte un nouveau scandale de sécurité alimentaire.

« aLors qu’iL n’y a pas de “risque zéro” en occident, iL serait injuste d’accabLer La chine de reproches. »

des conf lits d’intérêts des autorités de contrôle, à part ces autorités elles-mêmes ». En d’autres termes, les solu-tions sont conformes aux intérêts des autorités de contrôle, mais ces intérêts ne vont pas toujours dans le sens d’une amélioration de la sécurité alimentaire. Et beaucoup d’administrations locales dépendent encore aujourd’hui directe-ment des bénéfices tirés de la gestion du contrôle sanitaire. Par exemple, en Mongolie Intérieure, un restaurant de 40m2 doit payer à peu près 60 yuan de taxes par an. Son district se fait ainsi 3 millions de yuan de recettes chaque année, dont 2 millions allaient naguère au paiement des agents de contrôle ! Ce n’est en effet que depuis 2011 que ces agents sont directement payés par le ministère des finances. Rien d’éton-nant à ce qu’un agent déclare sous

5 000 entreprises ont fermées en 2011, 1 200 procédures pénales ont été engagées et 2 000 personnes physiques condamnées suite à des scandales alimentaires.2011年,食品卫生安全问题造成5 000家企业关停,引发1 200项诉讼, 2 000名自然人被追究相关责任。

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5 000 entreprises ont fermées en 2011, 1 200 procédures pénales ont été engagées et 2 000 personnes physiques condamnées suite à des scandales alimentaires.2011年,食品卫生安全问题造成5 000家企业关停,引发1 200项诉讼, 2 000名自然人被追究相关责任。

couvert d’anonymat à l’hebdomadaire Nanfang Zhoumo fin 2011 que la res-tauration est comme une “mine d’or” pour les autorités de contrôle sanitaire. Le fait aussi que la perception des taxes sanitaires et le contrôle soient faits par les mêmes organes favorise un système de clientélisme et facilite les tentations de corruption. Lors du scandale du porc au clenbuterol en 2011, 5 000 tonnes de viande contaminée ont été décou-vertes et 989 personnes ont été mises en cause, parmi lesquelles pas moins de 74 agents de l’Etat. Sur le plan de la législation et des stan-dards, certaines affaires comme celle du lait contaminé à la mélamine de Sanlu en 2008 ont montré que des ambi-tions trop élevées pouvaient pousser à la fraude. Ainsi, c’est l’exigence d’un taux minimal de protéines calqué sur

les standards occidentaux qui a fait que certains producteurs malhonnêtes ont ajouté dans le lait une matière toxique faisant monter ce taux. Or, pour beau-coup de raisons liées à l’environnement et aux conditions d’élevage, les vaches chinoises produisent un lait à la fois plus rare et moins riche que leurs consœurs occidentales. En 2011 encore, 40% des producteurs de lait frais contrôlés ne parvenaient pas à respecter ces stan-dards. Un long chemin à parcourirDe facto, quelques hauts responsables admettent que le chemin est encore long à parcourir en Chine pour arriver à un niveau comparable à celui des pays développés. « Dire qu’il y a une différence est un euphémisme », avoue Zhang Yong, directeur du Bureau de la Sécurité Alimentaire au Conseil des Af-

faires d’Etat. Il pointe à la fois le manque de bonnes pratiques des entreprises, le déficit d’auto-régulation des marchés (qui ne bénéficient ni d’organisations professionnelles indépendantes du pouvoir, ni d’associations de consom-mateurs bien établies) ou la faiblesse de l’environnement juridique. Il ajoute qu’il ne faut pas oublier que le niveau de dé-veloppement chinois reste à la traîne : si par exemple on compte près de 70 000 élevages de porcs aux Etats-Unis, dont 90% traitent plus de 500 têtes, il y en a 76 millions en Chine, dont une majorité de petites exploitations... Alors qu’il n’y a pas de “risque zéro” en sécurité alimen-taire en Occident, comme le rappellent plusieurs affaires chaque année, il serait injuste dans ces conditions d’accabler la Chine de reproches. •

Renaud de Spens

On ne fait pas de bon vin sans bon raisin ni de bon lait sans de bonnes vaches laitières. Mais pour obtenir de bons produits encore faut-il que les intrants et tous les produits (aliments, médicaments, eau, engrais…) donnés aux terres et cultures et aux animaux soient eux-mêmes de bonne qualité. La Chine ne s’y est pas trompée et outre l’adoption en 2009 de la loi sur la Sécurité Alimentaire, un nombre important de règles et de normes ont été adoptées pour garantir cette sécu-rité. Celles-ci concernent par exemple l’utilisation des pesticides, des médi-caments pour les animaux, et des se-mences. En cas de manquements, les sanctions peuvent être lourdes et aller jusqu’à la prison à vie.Malgré ces mesures, la sécurité alimen-taire en Chine reste hasardeuse. Le vrai problème concerne en fait la traçabi-lité. La règle d’or en la matière est qu’il n’existe pas de sécurité alimentaire sans traçabilité. Or c’est bien là que le bas blesse car en Chine il est très diffi-cile de mettre en place une traçabilité efficace en raison du nombre considé-

rable d’intermédiaires. En effet, chaque intermédiaire peut à un moment ou un autre introduire dans la chaîne de pro-duction alimentaire des intrants inter-dits. Ainsi, si en théorie la traçabilité peut être garantie de l’abattoir jusqu’à l’étal, l’ajout d’additifs dans l’alimenta-tion d’un porc lors de son élevage à la ferme reste possible. Certes il existe un contrôle des autorités, mais son effica-cité reste très limitée, notamment en raison de la diversité des administra-tions compétentes et de la répartition des rôles au niveau local. Enfin, en milieu agricole, les relations entre pro-ducteurs et l’administration sont telles qu’il est souvent difficile à ces dernières de prendre les mesures qui s’imposent. L’une des seules solutions pour amé-liorer la traçabilité consiste pour les acheteurs de produits alimentaires pri-maires d’établir des cahiers des charges stricts et de procéder à des audits régu-liers sur le terrain. Hélas, de tels audits sont parfois irréalisables.

Alban Renaud, Avocat au Barreau de Paris

Partner of ADAMAS – Attorneys-at-law

Tous les maillons de la chaîne

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Dossier

Les changements structurels du secteur agroalimentaire chinois et ses perspectives de croissance représentent une opportunité à saisir pour les acteurs français.

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L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

été 2012 / Connexions 47

L’augmentation du nombre d’habitants dans ces zones participe également à cette dynamique, les zones urbaines devraient en effet passer de 607 millions aujourd’hui à 822 millions d’habitant en 2025.Le marché de l’agroalimentaire est en phase de « rattrapage » par rapport aux pays développés, devant croître, selon les prévisions, de 10,1 % en moyenne par an entre 2012 et 2016. L’indicateur clé du sec-teur – produits transformés / produits agri-coles bruts - est aujourd’hui de 1:3, devant à terme rejoindre le niveau standard de 3:1 des pays développés. Des infrastructures en voie de moder-nisationAujourd’hui, le principal défi de l’industrie l’agroalimentaire chinoise est celui de la modernisation de ses infrastructures. Le retard de la Chine dans l’application des standards sur la chaîne du froid entraîne un taux élevé de détérioration des produits périssables (fruits et légumes, volailles, fruits de mer et viande…) et limite ainsi les pos-sibilités de transport des produits frais. On constate en effet qu’aujourd’hui, seuls 20% des produits périssables sont transportés dans des camions réfrigérés, le reste étant transporté dans des camions ordinaires. De récents scandales alimentaires illustrent le chemin restant à parcourir pour atteindre les standards de qualité des pays dévelop-pés, comme en mai 2012, où des paysans du Shandong ont été soupçonnés d’avoir aspergé des choux avec du formol pour préserver leur fraîcheur. Le secteur a pris la mesure de cet enjeu de modernisation des infrastructures, no-tamment des équipements frigorifiques, une amélioration sensible est aujourd’hui observable, favorisée par certains facteurs.

D’une part le recours à l’importation d’équi-pements frigorifiques (principalement d’Allemagne) répondant aux exigences de productivité, d’économie d’énergie et de fiabilité. D’autre part la présence d’acteurs étrangers (Auchan, Wal Mart, Carrefour, leaders de la distribution en Chine) aux cotés des acteurs locaux (KPI Com-pany Ltd et Times Ltd) déjà soumis à des stan-dards Groupe élevés. Ces multinationales ont aussi vu leurs conditions d’entrée sur le marché facilitées avant l’aban-don en 2004 de l’obliga-tion pour les entreprises étrangères de passer par une Joint Venture pour accéder au marché.Changement des habitudes de consommationA cette transformation profonde du secteur correspond un changement des habitudes de consommation. Le régime alimentaire des Chinois est en train de se diversifier et stimule par exemple la demande de nouveaux aliments, on constate en effet depuis quelques années l’arrivée de nou-veaux produits sur les tables des consom-mateurs chinois comme les baies (myrtilles, bleuets..), pour leurs apports en vitamines, ou l’avocat. On voit également la progres-sion d’aliments peu utilisés auparavant comme l’oignon, très présent dans les recettes occidentales. Les Chinois mettent l’accent sur un régime alimentaire sain et nutritif, ils se tournent vers des produits bio, chinois ou importés, plus onéreux mais de plus en plus accessibles pour les popula-tions urbaines.

En 2011, certains produits stimulent particu-lièrement la croissance de l’industrie agroa-limentaire : les produits laitiers (28 milliards de dollars), les produits de boulangerie (19,3 milliards de dollars) et les produits secs transformés (15,2 milliards de dollars).

Ce changement de style de vie et des habi-tudes alimentaires du consommateur urbain chinois se retrouve dans ses comporte-ments d’achat, consa-crant moins de temps à l’achat et à la prépa-ration de la nourriture, il privilégie aujourd’hui un plein au supermar-ché à des courses jour-

nalières dans des petits marchés locaux. Le temps consacré à la préparation de nourri-ture diminue également et on assiste par exemple à une très forte augmentation des ventes de légumes en conserve, des plats cuisinés bio et des surgelés.Des consommateurs plus exigeants et internautesL’augmentation des achats alimentaires par internet témoigne de cette tendance, stimulée également par l’augmentation de l’utilisation et de l’accès à internet, ainsi que du nombre de chinois détenteurs de carte bleues. Les entreprises Amazon.com, Wo-mai.com et Dangdang.com se positionnent actuellement sur ce secteur en plein essor, dont une forte barrière à l’entrée reste la maîtrise de la chaîne d’approvisionne-ment et de ses coûts. La vente de boisson et de nourriture par internet devrait faire un bond de 485,6 millions de dollars en 2011 à 3,1 milliards en 2016. •••

Le marché chinois, futur de l’agroalimentaire français ?Le marché de l’agroalimentaire chinois est aujourd’hui en plein essor, il était estimé à 140,4 milliards de dollars en 2011, en croissance moyenne annuelle de 13,3% depuis 2007.

« L’an dernier, La france a vendu pour 908 miLLions d’euros de produits aLimentaires à La chine. ceLa représente 8,3% des exportations vers ce pays. »

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48 Connexions / été 2012

Dossier

••• En 2010, le marché des produits ali-mentaires emballés était encore dominé par les compagnies locales, Mengniu Dairy et Yili, producteurs de produits laitiers et de glaces, respectivement numéros 1 et 2 du marché. On retrouve également dans les acteurs principaux Shineway, producteur de produits à base de viande, Hangzhou Wahaha, producteur de boissons, Bright Dairy & Food, spécialisé dans la production, transformation et distribution de produits laitiers, China National Cereals (COFCO), Henan Shuanghui Investment & Dévelop-pement Co. Ltd., spécialisé dans la transfor-mation de viande et People’s Food Holding Ltd. qui transforme et distribue de la viande fraiche et surgelée. Des acteurs internatio-naux comme Mars Inc., Nestlé, Danone ou Kraft food sont également présents dans le top 20 des produits emballés en part de marché.Des acteurs en forte croissance ex-terneLes partenariats et les fusions-acquisitions augmentent ces dernières années chez les entreprises internationales et locales en Chine. Ils répondent à un besoin de se développer rapidement en acquérant une technologie, un nouveau marché ou des parts de marché de manière accélérée. C’est le cas de Nestlé, présent depuis

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En 2011, certains produits stimulent particulièrement la croissance de l’industrie agroalimentaire : les produit laitiers, les produits de boulangerie et les produits secs transformés. 2011年,某些产品特别刺激了农食加工业的增长:奶制品,面包产品和烘干产品。

plus de 20 ans en Chine, dont la stratégie depuis quelques années repose sur une forte croissance externe. Le géant alimen-taire s’impose en Chine sur le marché de la nutrition et de l’alimentation infantile notamment par le biais d’acquisitions. En 2011 le ministère du commerce chinois a approuvé le rachat par Nestlé d’une participation de 60% dans le groupe Hsu Fu Chi International, acteur majeur de la confiserie et du snack, pour 1,7 mil-liards de dollars. La même année Nestlé a annoncé l’acquisition de 60% de la so-ciété d’alimentation chinoise Yinlu Foods Group, spécialisée dans le lait d’arachide et le porridge au riz prêt à consommer. Cette année encore, l’entreprise a rache-té la division nutrition infantile de Pfizer pour 11,85 milliards de dollars (9 milliards d’euros). Ce marché est estimé à 30 mil-liards de dollars dans le monde, avec une croissance moyenne de 13% dans les pays émergents qui représentent les trois quarts du marché mondial. Ces acquisitions lui permettent de s’ouvrir sur un nouveau réseau de distribution que représentent les villes du Tiers 2 et en dessous, comme Qingdao ou Kumming soutenues par le XIIème plan quinquen-nal et représentant un fort potentiel de consommation.

Les changements structurels qui sont en train de s’opérer dans le secteur agroali-mentaire chinois et ses perspectives de croissance représentent une opportu-nité à saisir pour les acteurs français. L’an dernier, la France a vendu pour 908 mil-lions d’euros de produits alimentaires à la Chine. Cela représente 8,3% des exporta-tions vers ce pays. Elle a déjà su faire valoir certains de ses atouts sur ce marché, on remarque l’explosion de ses exportations de vins et de spiritueux. Leader sur le marché des vins étrangers en Chine, elle détenait 46% de part de marché en 2010. Cette réussite montre bien la place que peuvent se faire les produits français dans les habitudes alimentaires des chinois. Ils sont de plus très appréciés et bénéficient d’un capital confiance important aux yeux des consommateurs pour leur qualité et leur sécurité alimentaire. Le fromage et le foie gras, des marchés encore balbutiants en Chine, pourraient percer de la même manière. La France doit tirer profit de l’essor de cette demande : il faut mainte-nant aider les PME françaises dans leur dé-marche afin de leur permettre d’atteindre ce marché en plein boom. •

Yannig Gourmelon Principal

Roland Berger Strategy Consultants

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L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

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20 ANS ENSEMBLE!二十载,光辉共度!

November 24th 2012 Sofitel Wanda BeijingFrench Chamber Gala 2012

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Dossier

est devenu fournisseur exclusif de la fa-meuse chaîne de restaurants de canards laqués haut de gamme Dadong, qui pro-pose sur sa carte du foie gras cuisiné à la chinoise (chaud et dans une consistance moelleuse qui rappelle le tofou).Mais le premier client sur Pékin n’est aujourd’hui autre que... Zhongnanhai, le siège du pouvoir suprême chinois, confie Jean-Marie Vallier. Le foie gras est aujourd’hui un produit indispensable dans les nombreuses réceptions diplo-matiques offertes par les autorités du pays.Face à la concurrence chinoise, qui manque souvent d’auto-financement et se retrouve donc avec une pression sur les coûts difficilement compatible avec la qualité des produits, la ferme pékinoise de Rougié parvient à gérer de façon plus rigoureuse son besoin en fond de roule-ment ; elle n’a jamais fait de compromis sur l’alimentation des canards, se fournis-sant dans le haut de la gamme, quatre fois plus cher que les premiers prix. En outre, des « conseillers culinaires » sont en contacts réguliers avec les chefs, afin que l’offre réponde précisément aux exi-gences de la demande.Prochain objectif pour Rougié en Chine ? « Nos abattoirs actuels ont une capa-cité d’un million de canards par an, ex-plique Jean-Marie Vallier, c’est donc le chiffre à dépasser pour passer à la pro-chaine étape de notre croissance dans le pays. ». •

Renaud de SpensAvec la collaboration d'Aujourd'hui la Chine

(Philippe Dova)

Avec une production de près de 10 mil-lions de canards, soit un tiers de la pro-duction de foie gras en France, Rougié est l’une de marques majeures de ce produit sur le segment de la restauration. Contrai-rement à beaucoup d’autres entreprises, leur stratégie en Chine n’a pas pour objet de délocaliser la produc-tion pour la réimporter ensuite, ni même d’expor-ter à l’étranger : elle s’inscrit d’abord dans le sillage de la mobilité de leurs prin-cipaux clients, les chefs de la restauration haut de gamme.En France, à partir des années 80, les progrès en matière de chaîne du froid permettent aux chefs cui-siniers de travailler le foie gras cru. Mais celui-ci est difficile à expor-ter. Pour suivre les chefs qui s’installent au Japon, Rougié a l’idée de créer une ferme en Chine avec des partenaires chinois. L’expérience tourne court car le Japon décide de fermer ses frontières aux foies gras produits en Chine.L’expérience n’aura pas pourtant été en-tièrement négative : « Les Chinois se sont retrouvés avec une production à écouler, ils devaient payer leurs fermiers et ils ont commencé à vendre les foies d’oie aux restaurateurs chinois. Les Chinois se sont mis à consommer du foie gras et se sont découvert une passion pour ce produit, c’est un exemple unique au monde », explique le directeur export de la firme,

Guy de Saint Laurent .La culture du foie gras se développe dans la restauration chinoise entre 1990 et 2005. Dans le même temps, des chefs renommés occidentaux s’installent en Chine et comme les importations et ex-portations de foies crus y sont rigoureu-

sement interdites, ils n’ont d’autre solution que d’uti-liser les produits locaux, de qualité assez irrégulière par rapport aux standards de leurs recettes.C’est en 2007 que Rougié se réimplante dans le pays. Elle fait appel à Jean-Marie Vallier, jeune entrepreneur breton installé depuis plu-sieurs années en Chine et qui y a déjà à son actif trois créations d’entreprises. De

plus, grâce à Jacques Rougié, petit-fils du fondateur historique de la marque, la firme française reprend une petite ferme bio au nord est de Pékin. Cette fois, elle s’assure quasiment 100% des parts dans l’affaire, et commence petit, avec seule-ment 20 canards... La production croît très rapidement, puisqu’elle s’élève déjà à 120 000 canards par an en 2011. Le chiffre d’af-faires double chaque année et l’entreprise parvient aujourd’hui à occuper 80% des parts de marchés des chefs occidentaux dans les grandes villes.Le marché des chefs chinois, encore né-gligeable en valeur, est un objectif stra-tégique sur lequel la firme s’enorgueillit aussi de quelques beaux succès : Rougié

Les foies gras Rougié,de 20 à 120 000 canardsLa stratégie d’internationalisation de Rougié n’a, contrairement à d’autres entreprises, pas pour objet de délocaliser la production pour la réimporter ensuite, ni même d’exporter à l’étranger : elle s’inscrit d’abord dans le sillage de la mobilité de leurs principaux clients, les chefs de la restauration haut de gamme.

« notre premier cLient sur pékin n’est aujourd’hui autre que... zhongnanhai, Le siège du pouvoir chinois. »

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52 Connexions / été 2012

Dossier

Thomas Vincendeau Business Analyst, Shiyao Investment Fondée en 1999 par Benoit Rossignol, ancien responsable d’investisse-

ment pour le secteur agricole et agroa-limentaire de la Banque mondiale en Chine, Shiyao Investment est une petite banque d’investissement spécialisée dans les secteurs agricole, agroalimen-taire, de la distribution alimentaire et des Sciences de la Vie, avec un focus strict sur la région Grande Chine et Japon.

Une distribution fragmentée

Un des enjeux principaux pour les entreprises étrangères exportant des produits alimentaires en Chine est de les distribuer sur un marché gigantesque mais atomisé.

Connexions : Quels sont les principaux débouchés pour distribuer des produits alimentaires en Chine ? Thomas Vincendeau : Les hypermarchés et les supermarchés haut de gamme sont incontestablement les principaux dé-bouchés pour les produits alimentaires importés. Les principales chaînes d’hy-permarché en Chine que sont Wal-Mart (US), Carrefour (France), Tesco (UK) et Sun Art (Auchan et RT-Mart), donc principale-ment des grand groupes internationaux, ont l’expérience des produits importés. Certains supermarchés haut de gamme tels que City Shop à Shanghai, Jenny Lou à Beijing, se sont spécialisés dans les produits d’importation avec un très large choix de produits importés (jusqu’ à 80% des produits référencés). Enfin le dernier

canal de distribution, en plein essor, est le e-commerce. Une entreprise chinoise comme « Yesmywine » se targue d’avoir plus de 4 millions de personnes enregis-trées sur son site internet et de vendre plus de 10 000 bouteilles de vin par jours… Le potentiel est donc énorme !C. : Comment le marché de la distribution est -il structuré ?T. V. : Il est difficile de comparer la distri-bution monolithique à l’européenne et la distribution chinoise car celle-ci est extrê-mement fragmentée. On peut dire qu’au-jourd’hui aucun leader n’a émergé sur le marché chinois car ce dernier est en effet trop fragmenté par province. Cependant, certaines entreprises comme Goodwell, DKSH, Itochu, Nanpu, Wilson food ou Si-nodis se développent massivement sur le territoire chinois ouvrant des bureaux dans les principales provinces. Les grands groupes internationaux et Hong-Kongais

La structure de la distribution des produits agroalimentaires importés en Chine

Producteur étranger

Exportateur / Consolidateur étranger

Importateur (avec license d’importation)

Distributeur local (1st tiers, 2nd tiers, 3rd tiers...)

Deuxième distributeur

Agent logistique (avec license d’importation)

Centrale d’achat Hypermarché / Hôtel

MarchéMagasin non franchisé

Superette franchiséeSuper marché HypermarchéHôtel

Restaurant

Repackeur / DistributeurGrossiste

Importateur / Distributeur général (avec license d’importation)

Importateur avec license

Source : USDA

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L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

été 2012 / Connexions 53

Christophe Solas, PDG de Sodexo Chine Sodexo, le spécialiste de la restauration et des services aux collectivités œuvre depuis plus de

vingt ans à la professionnalisation du secteur en Chine. Christophe Solas nous donne son opinion sur l’évolution des goûts en Chine.

Connexions : Comment adaptez-vous votreoffre aux différents publics chinois ?Christophe Solas : Notre particularité est d’opérer sur des lieux de travail. Ce sont principalement des entreprises, mais aus-si des hôpitaux, des écoles, des administrations etc. Les conditions de restauration y sont très dif férentes de celles que l’on a à la maison ou au restaurant, mais il y a une structure traditionnelle de repas « à la chinoise » que nous conservons : un ou deux plats de viande et/ou de pois-son, un ou deux plats de légumes et un ou deux plats mélangeant protéines et végétaux, avec du riz et parfois une soupe et des fruits.  Nous avons des équipes spécialisées qui développent des menus dédiés avec des diététiciens et des nutritionnistes. Mais selon les publics, la différence majeure est le nombre de choix disponibles, moins important en milieu industriel où les budgets sont limités. Nous devons aussi nous adapter à l’une des spécificités de la Chine, qui est la régionalisation : nous

avons des recettes qui sont très pré-sentes dans certaines régions et que l’on retrouve beaucoup moins dans d’autres. C. : Depuis votre arrivée, avez-vous remarqué des évolutions dans le goût des Chinois ?C. S. : Cela dépend des populations. Les repas dédiés aux «cols bleus» n’ont presque pas changé depuis 1995. Le seul phénomène notable, que nous observons depuis deux ou trois ans, est que les direc-tions portent de plus en plus d’attention aux attentes de leurs employés. Pour le dire simplement, il y a 17 ans, les ouvriers mangeaient ce que leur entreprise leur donnait. Ce n’était pas dans la culture de contester. Aujourd’hui, leurs attentes sont

mieux prises en compte. Dans beaucoup de cas, nous avons introduit des enquêtes consomma-teurs, même si certains de nos clients refusent toujour s d ’en f a i re .  En revanche, il y a beau-coup plus d’évolution du côté des « cols blancs ». La Chine s’est ouverte, les gens voyagent de plus

en plus à l’étranger et on observe une véritable internationalisation des goûts. Les consommateurs attendent donc une cuisine un peu plus internationale. Par exemple, les pâtes (italiennes) et les pizzas sont très bien acceptées, alors que ce n’était pas du tout le cas il y a 17 ans. De même, les plats japonais, thaïlandais, indiens etc. ont beaucoup de succès. Nous subissons positivement l’influence de l’évolution de l’offre de restauration •••

L’internationalisation du goût chinois Ce sont les jeunes « cols blancs » qui guident la révolution de la modernité alimentaire en milieu urbain.

restent les meilleures clefs d’entrées pour la Chine, néanmoins une fois que le pro-duit est arrivé au niveau provincial ce sont majoritairement des groupes chinois qui prennent le relais et effectuent la distri-bution. Ainsi établir un réseau de distri-bution performant en Chine nécessite de bien sélectionner son importateur prin-cipal ainsi qu’un bon réseau de « sous-distributeurs  » au niveau provincial. En général, les entreprises vendant des produits importés ouvrent un bureau commercial dans la plus grande ville de la province, s’adressent directement à la grande distribution ou aux grossistes et chargent des distributeurs mandatés de distribuer dans les villes et aux alentours. Ces sous-distributeurs passent souvent eux-mêmes par d’autres distributeurs, d’où le nombre important de prestataires qui interviennent entre le producteur et le consommateur final. •

Propos recueillis par Flore Coppin

« un souci de bien être et de santé se déveLoppe, dans LequeL L’aLimentation joue un rôLe important. »

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专栏

54 Connexions / été 2012

Dossier

••• commerciale.L’autre évolution notable, aussi bien chez les hommes que chez les femmes des nouvelles générations, est un souci de bien être et de santé qui se développe, et dans lequel l’alimenta-tion joue un rôle important. Les gens veulent manger sain et équilibré. Cela est très marqué dans les grandes villes. C. : Comment vous positionnez-vous par rapport aux nombreux problèmes de sécurité alimentaire qui frappent le pays ?C. S. : La sécurité alimentaire est un point clef de notre positionnement. Nos clients pensent - à juste titre - que nous sommes capables d’apporter des garanties supé-rieures à la moyenne du marché. Dès le départ, nous avons beaucoup investi sur la question car les problèmes sont per-sistants. La chaîne d’approvisionnement alimentaire est encore en plein dévelop-pement en Chine, même s’il y a déjà eu de gros progrès. Nous choisissons donc avec soin nos fournisseurs et nous avons en

permanence des gens sur le terrain pour s’assurer de la conformité des conditions de livraisons, contrôler les produits à la réception, former les employés sur site et vérifier la mise en œuvre de nos standards. C’est un travail énorme qui a un coût, car

entre un produit dont la qualité et la tra-çabilité sont garanties et un autre il peut y avoir des écarts de prix conséquents. C’est donc l’un de nos gros investissements, mais cela paye car nous n’avons jamais eu de problème majeur. • Gaël Bernard

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L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

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56 Connexions / été 2012

Dossier

Enquête exclusive sur le goût des ChinoisC’est inévitable, les goûts des Chinois ne cessent d’évoluer. Jusqu’où va leur exploration culinaire ? Quelle est l’image des produits français ?

Les Chinois connaissent un net boulever-sement de leurs habitudes alimentaires. Ils affirment consommer plus de viande (41%), plus de produits laitiers (53%), plus de fruits (64%) et de produits frais du mar-ché (56%) qu’il y a cinq ans et seulement à Shanghai, plus de plats déjà préparés (38%), phénomène à relier au rythme de vie effréné de la ville et à son occidenta-lisation véloce. Les produits consommés ne sont pas les seuls à traverser ce bouleversement : les pratiques de repas se « modernisent » également les consommateurs chinois af-firment désormais passer moins de repas

en famille (46%) pour plus de déjeuners dans des fast food (38%) ou au restaurant avec leurs collègues (52%).Une nécessaire adaptation des marques étrangèresLes marques étrangères sont de plus en plus présentes dans les grandes sur-faces mais leur adaptation aux goûts des consommateurs chinois est maintenant incontournable et très appréciée tant au niveau marketing que produit. (Voir Connexions 60 – Analyse Ifop Asia Du marketing pull au marketing push). Le résultat est évident, 65% des consomma-teurs chinois admettent acheter plus de

Total

Chine

Allemagne

USAJapon

FranceIta

lie

Nouvelle-Zelande

Australie

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an

Hong-Kong

Espagne

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Homme Femme 20-29 30-40 Shanghai Beijing

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59% 55%

76%

4% 4% 4% 4% 4% 6%1%

31% 32% 30%25%

38% 38%

24%

Dans les 5 prochaines années, pensez vous acheter plus/moins ou autant de marques importées?

Origine préférée pour les marques alimentaires

GRAPHIQUE 1

GRAPHIQUE 2

marques importées qu’ils ne le faisaient il y a cinq ans. Et cette progression ne s’arrêtera pas là ; ces mêmes deux tiers prévoient une augmentation pour les cinq années à venir (Graphique 1). Mais malgré cet engouement pour les marques internationales, les marques chinoises restent les marques préférées des consommateurs, affinité oblige ! Les marques allemandes et américaines grâce à leur visibilité et leur image rassu-rante, arrivent en seconde et troisième places (Graphique 2). Et les produits fran-çais alors ?Un challenge à relever pour les Fran-çaisFiers de notre gastronomie, nos compa-triotes et industriels français pourront être déçus de voir que les marques fran-çaises n’arrivent qu’à la 5ème place et ont donc un challenge à relever ! Cela-dit, le cliché du Français au béret, baguette de pain et bouteille de vin s’est bien installé en Chine. La France impose en effet son hégémonie pour ses produits phares : vins et spiritueux, pains et pâtisseries

Les Chinois connaissent un net bouleversement de leurs habitudes alimentaires. 中国人的饮食习惯发生了极大改变。

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L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

été 2012 / Connexions 57

(Graphique 3). L’excellence française n’est pas reconnue au delà et les pro-duits français restent souvent devancée par les Australiens, Néo Zélandais, Amé-ricains, Taïwanais, Japonais, en plus des produits chinois (Graphique 4). La Nou-velle Zélande et l’Australie sont les favoris pour les produits laitiers ; ils bénéficient d’une image de pureté et de fraicheur. Il est cohérent que la Chine arrive égale-ment en peloton de tête pour les fruits, la viande et les plats préparés. Mais la viande est aussi l’expertise du Pacifique : Etats-Unis, Australie et Japon ! Mais où sont donc passés notre bon lait de Nor-mandie, nos melons de Cavaillon, nos charolais et nos plats Fleury Michon ? Les consommateurs chinois recherchent sé-curité, affinité et réputation de la marque ; l’origine est un contributeur important de la réputation d’une marque. A l’instar de l’industrie du luxe et de la beauté qui ont réussi à ancrer des valeurs Made in France, il reste de belles opportunités à saisir pour exporter notre savoir faire et savoir vivre alimentaire. •

Stéphane Courqueux, Managing Director, IFOP Asia

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Origine préférée pour des catégories de produits spécifiquesGRAPHIQUE 4

France Italie

Hong-Kong France

Pays-Bas

Italie Australie

Hong-Kong France

Nouvelle-Zelande Chine

Chine Chine

Australie Taiwan

USA Taiwan

Chine USA

Australie Japon

Pay-Bas

Japon Hong-Kong

USA Australie

Nouvelle-Zelande USA

Nouvelle-Zelande

Japon Hong-kong

France Coree

Italie Japon

Taiwan Italie

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21% 22%

19% 16%

18% 22%

18% 12%

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12%

18% 20%

18% 18%

Produits laitiers Fruits

Viande Plats préparés

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Origine préférée pour des catégories de produits

spécifiquesGRAPHIQUE 3

Nouvelle-Zelande

Nouvelle-Zelande

Australie

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France

France

France

Chine

Chine

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France

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Japon

Espagne

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Les Chinois connaissent un net bouleversement de leurs habitudes alimentaires. 中国人的饮食习惯发生了极大改变。

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专栏

58 Connexions / printemps 2012

Dossier

Le progrès qualitatif de l’agro-industrie chinoise est avant tout une question d’amélioration des processus et d’harmo-nisation des standards. Pour le faire, les hauts fonctionnaires chinois sont extrê-mement demandeurs de programmes de coopération avec des experts de pays développés. Le volet du « Projet Commer-cial UE-Chine II (EUCTP II) » a pour mis-sion de contribuer à la mise en œuvre technique des résultats des dialogues UE-Chine pour une période de 5 ans, de 2010 à 2015. A peu près un cinquième de son budget de 25 millions d’euros et de ses ressources humaines est consacré à l’agriculture et l’agroalimentaire. La mission de la petite équipe dirigée par Javier Burchard est de proposer et d’organiser une vingtaine de projets par an. Réunions, tables rondes, visites d’étude, sessions de formation, conseil : il s’agit de faire communiquer les experts européens avec les cadres et les respon-sables techniques des ministères chinois idoines, de l’agriculture à la supervision de la qualité, en passant par le commerce, l’inspection et la quarantaine et la santé.Certaines de ces activités répondent à un besoin très ponctuel, comme dans le domaine de l’harmonisation de stan-dards. Le 25 avril dernier par exemple, un séminaire a ainsi été organisé pour contri-buer à l’élaboration des standards sur les boissons alcoolisées chinoises, pour les harmoniser avec ceux de l’UE. D’autres se construisent sur plusieurs ses-sions, comme la coopération sur la santé animale. Ainsi, une délégation chinoise avait été invitée à visiter le laboratoire de référence européen et mondial sur la bru-cellose en mai 2011, à Maisons-Alfort, ce qui avait permis de créer un laboratoire chinois sur le même modèle, à Qingdao, bénéficiant d’un transfert de technologie. Une table ronde du 27 au 28 avril 2012 a

L’Union Européenne contribue à l’harmonisation des standards et à la définition des meilleures pratiques agroalimentaires en Chine

Experts européens et chinois s’accordent

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permis d’évaluer les débuts du projet et d’en élaborer un calendrier de lancement. Une nouvelle visite de laboratoires euro-péens est prévue pour juillet 2012. Enfin, une partie de ces événements a pour objet d’augmenter la prise de conscience des autorités chinoises sur certaines problématiques, comme en mars 2012 avec un séminaire sur l’utilisa-tion des techniques de traçabilité pour améliorer la sécurité sanitaire alimentaire. Pour Javier Burchard, les problèmes ac-tuels de la Chine en agroalimentaire sont d’abord liés au sous-développement. La situation rappelle ce que l’on connais-sait en Europe il y a à peu près 60 ans. Les secteurs les plus complexes comme l’industrie du lait ne pourront parvenir au niveau européen que dans 20 à 25 ans, car ils sont affectés par une multitude de facteurs d’une chaîne complexe, de la production à la distribution, dépendant

de l’alimentation et de la santé animale jusqu’à la technique et la gestion de la réfrigération, du stockage, voire de l’éti-quetage. Les solutions ne passent pas seulement par l’adoption de standards qui peuvent être trop difficile à mettre en œuvre pour l’instant, mais aussi par exemple par l’ins-tauration de pratiques d’achat du lait, comme en fixant le prix en fonction de la quantité de protéine et de gras dans le lait, et non du volume total de liquide. Le projet se terminera en 2015. Il devra avoir permis l’établissement de routines de dialogues entre les experts et les administrations entre la Chine et l’Union Européenne. Ces habitudes de commu-nication, affirme Javier Burchard, sont primordiales : un grand nombre de ma-lentendus, seraient en réalité liées à un manque de rencontres et de dialogues. •

Propos rapportés par Renaud de Spens.

Javier Burchard est un expert en agriculture et en santé animale, avec 30 ans d’expé-rience au Canada, en Chine et en Amérique Latine. Il est responsable de la partie agricul-ture et SPS (Sanitaire et Phytosanitaire) du « Projet Commercial UE-Chine ». Javier Burchard是农业和动物健康专家,在加拿大,中国和拉美有着30年的专业经验。现为欧盟中国商务合作项目的农

业和动植物检疫部分的负责人。

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L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

été 2012 / Connexions 59

La Chine met le prix pour acquerir les fleurons de l’industrie agroalimentaire mondiale.

Pour assurer leur développement sur le gigan-tesque marché intérieur, les groupes chinois de l’agroalimentaire voient aujourd’hui bien au-delà de leurs frontières. Encouragés par le gouvernement central, ces derniers inves-tissent massivement à l’international, en rachetant, ici et là, des fleurons européens, américains et australiens. À la clé, des marques étrangères réputées pour monter en gamme et gagner en visibilité internationale. Telle est du moins la stratégie de Bright Food, numéro 3 de l’agroalimentaire en Chine et champion de l’internationalisation. Candidat malheureux au rachat de United Biscuits et de Yoplait, ce groupe détenu en partie par la mairie de Shanghai a enfin réussi à mettre pied en Europe en achetant en mai dernier 60% des actions du britannique Weetabix, célèbre pour ses céréales de petit-déjeuner. Bright Food avait proposé une offre très généreuse pour remporter ce qui allait devenir la plus grande acquisition jamais réalisée par un groupe agroalimentaire chinois à l’étranger. La Chine veut créer des champions mon-diaux« Les entreprises chinoises de l’agroalimentaire peuvent parfois surpayer des acquisitions pour obtenir une société, des parts de marché ou une marque qu’elles veulent vraiment. Il n’y a pas toujours qu’une logique économique derrière ces acquisitions, mais aussi une logique politique. Le cas de Bright Food est un cas d’es-pèce » analyse Christine Lambert-Goué, direc-trice chez Invest Securities China, une banque d’affaires basée à Pékin. Incontournable sur le marché chinois, Bright Food s’internationalise à grands pas. Objectif ? Réaliser 30% du chiffre d’affaires à l’étranger d’ici 2015, contre seulement 5% aujourd’hui. « L’intérêt stratégique de Bright Food est à l’intérieur de l’intérêt national chinois. La Chine encourage les entreprises agroalimentaires à devenir mondiales », explique Jean-Paul Larcon, professeur de stratégie à HEC Paris. Mais l’internationalisation n’est pas toujours

L’appétit international des entreprises chinoises

facile. Après avoir investi avec succès en Austra-lie et en Nouvelle-Zélande dès 2010, le groupe avait peut-être vu trop grand en s’attaquant au leader français des produits laitiers, finalement tombé l’année dernière dans le panier de l’améri-cain General Mills. Avant cela, Bright Food avait tenté de racheter l’activité sucrière de l’australien CSR et le spécialiste américain des vitamines GMC. En vain. Affaiblie par la crise écono-mique, l’industrie agroa-limentaire européenne doit-elle se méfier de cet appétit chinois ? Si les groupes agroalimentaires chinois cumulent les points forts – accès aux réseaux d’information privilégiés, forte capacité d’emprunt et soutien gouvernemental – ils restent toutefois soumis aux mêmes lois du marché. Bien qu’ambitieux, les champions chinois de l’agroalimentaire restent par conséquent prudents dans leurs investissements à l’étranger.

Une prudence qui ne va cependant pas empêcher les groupes agroalimentaires chinois de continuer à prospecter en France. « Les produits agroalimentaires français ont

une très bonne image en Chine. Aujourd’hui les investissements se concentrent essentiel-lement sur le domaine viticole. Dans les autres secteurs agroalimentaires, les acquisitions sont en-core modestes », tempère Marion Lespine, respon-sable des affaires institu-tionnelles de Limagrain en Chine. Mais le potentiel est

grand. Aujourd’hui davantage tournés vers l’Asie, les investissements directs étrangers (IDE) chinois pourraient donc affluer, d’ici quelques années, dans l’industrie agroali-mentaire française, reconnue en Chine pour son expérience notamment en matière de…sécurité alimentaire. •

Raphaël Balenieri

« bien qu’ambitieux, Les champions chinois de L’agroaLimentaire restent prudents dans Leurs investissements à L’étranger. »

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Weetabix a été racheté par le chinois Bright Food en mai 2012. 维他麦集团于2012年5月被中国光明食品集团收购。

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专栏

60 Connexions / été 2012

Dossier

« Les entreprises françaises ont des opportunités en Chine. »

Pour Bruno Bézard, ministre-conseiller pour les affaires économiques et financières, et Carole Ly, conseillère agricole à l’ambassade de France, les Français ont des atouts à faire valoir dans le secteur agroalimentaire chinois.

Connexions : Quelles sont les nouvelles opportu-nités offertes par le 12e plan pour les entreprises agroalimentaires françaises ?Le futur de la Chine est indissociable des transformations de son monde agricole et rural, qui regroupe encore presque la moitié de la population chinoise. Par le passé, l’agriculture a soutenu la crois-sance économique des autres secteurs et permis d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. Cependant, le modèle agri-cole connaît aujourd’hui des limites fortes. Parallèlement, l’augmentation du niveau de vie a créé une demande ali-mentaire nouvelle et plus diversifiée, en quantité mais aussi en qualité. La Chine est ainsi redevenue importatrice nette de produits agricoles. Pour faire face à ces défis, le douzième plan quinquennal ambitionne de transformer l’agriculture chinoise en recherchant des économies d’échelle, en mécanisant, en dévelop-pant des filières agro-industrielles et en intégrant les nouvelles technologies permettant de gagner en productivité et en valeur ajoutée.Ces ambitions constituent autant d’op-portunités pour nos entreprises. Pour l’Ambassadeur et le service économique régional que nous représentons, le dé-veloppement des entreprises françaises du secteur agricole est l’une des grandes priorités de notre action économique et commerciale en Chine. Il s’agit en effet de capter ces nouveaux besoins :-En terme d’importations de produits d’abord. La Chine peine à répondre à la demande qui porte autant sur des ma-tières premières (viande de porc, de vo-

laille, orge, céréales fourragères, poudre de lait, lactosérum…) que des produits transformés : épicerie ou nourriture in-fantile par exemple pour ne pas parler des vins et spiritueux dont le marché est déjà bien développé.-Mais aussi pour accompagner techno-logiquement les transformations agro-industrielles qui sont à l’œuvre sur l’amont agricole : équipements agricoles, matériel vé-gétal, médicaments et vaccins vétérinaires.Mais plus largement, la restructuration à l’œuvre dans le secteur agricole chinois consti-tue autant d’opportu-nités de partenariats ou d’investissements avec les grands groupes agroalimen-taires du secteur, dont certains sont en phase d’internationalisation.C. : Y-a-t-il une taille minimale d’entreprise pour pouvoir s’implanter sur le marché chinois ?Le marché chinois n’est certes pas un marché facile mais il n’est pas hors de portée, même pour des PME. Il nécessite cependant une réflexion stratégique, un grand professionnalisme, une expertise technique avérée, de la souplesse et de la réactivité. Il est également nécessaire de jouer la carte collective, notamment pour de plus petites structures, en utili-sant le cas échéant les organismes exis-tants pour ce faire tels qu’UBIFRANCE, SOPEXA, l’ADEPTA et bien sûr la CCIFC. La mutualisation des moyens et la

coopération entre PME sont à recher-cher sur un marché dont les besoins peuvent souvent paraître dispropor-tionnés à nos yeux d’européens. Il existe dans ce domaine des exemples réussis d’entreprises qui ont su travailler en-semble pour se positionner sur le mar-ché chinois. Votre magazine en donne

d’ail leurs cer tains exemples dans le secteur par exemple de la mécanisation agricole ou de l’éle-vage porcin.C. : Quels sont les sec-teurs d’investissement ou de coopération les plus porteurs ?S a n s p a r l e r d e s opportunités d’im-p o r t a t i o n s d é j à

évoquées, la restructuration à l’œuvre dans le secteur agricole chinois devrait ouvrir des opportunités de partenariats ou d’investissements dans les secteurs suivants où la France dispose de vraies potentialités :- secteurs laitiers,- santé animale et plus globalement l’éle-vage pour lequel la France dispose de modèles alternatifs au « tout intensif »,- chaîne du froid et marchés de gros,- equipements agricoles et matériel végétal. Nous ne pouvons donc qu’inciter les entreprises, les interprofessions, les or-ganismes consulaires à se mobiliser afin de saisir ensemble ces opportunités. •

Propos recueillis par Renaud de Spens

«Le déveLoppement des entreprises françaises du secteur agricoLe est L’une des grandes priorités de notre action économique et commerciaLe en chine. »

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L’agroalimentaire en Chine 中国的农业食品

été 2012 / Connexions 61

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62 Connexions / été 2012

L’actualité de la Chambre 商会简讯

L’actualité membres AREVA signe une série d’accords miniers en Chine

AREVA annonce la signature d’une sé-rie d’accords avec

l’électricien CNNC (China National-Nuclear Corporation) prévoyant entre autres la fourniture d’uranium naturel sur la période 2012-2025. « Ces accords témoignent de la solidité de la relation entre AREVA et l’industrie nucléaire chinoise, dont CNNC est un acteur majeur. Ils confortent notre collabora-tion minière avec ce partenaire straté-gique, notamment dans la fourniture d’uranium, et s’inscrivent dans la conti-nuité des liens que nous avons déjà tissés dans d’autres domaines du cycle nuclé-aire », a déclaré Luc Oursel, Président du Directoire d’AREVA, à l’issue de la cérémonie de signature des contrats à Beijing. Présent en Chine depuis près de 30 ans, AREVA est un partenaire de ré-férence de l’industrie nucléaire chinoise avec laquelle le groupe collabore dans la fourniture d’uraniumnaturel, la livraison de combustible nu-cléaire, les services aux centrales existan-tes et la construction de nouveaux ré-acteurs. Avec 15 réacteurs en exploitation, et 26 réacteurs en cours de construction, le secteur nucléaire chinois connait une croissance forte depuis plusieurs années.

Bignon Lebray : l’activité Chine, plus que jamais !

Le Cabinet con-firme son choix stratégique axé sur

la Chine, illustré en 2007 par l’ouverture de son bureau à Shanghai et la constitu-tion d’équipes biculturelles basées en France et en Chine. Bignon Lebray pour-suit son accompagnement des entreprises françaises s’implantant en Chine et sou-

haite développer sa clientèle chinoise de plus en plus nombreuse, en la conseillant dans ses projets d’investissements en Eu-rope et en France.Rémi de GAULLE, Associé depuis 1993, apportera son expertise reconnue en droit des Affaires non seulement au-près des entreprises françaises présentes en Chine, mais aussi auprès des acteurs économiques chinois avec lesquels il tisse des liens depuis plusieurs années.Bruno LEFEBURE, Associé depuis 2006, animera l’équipe du Desk Chine en France et continuera à apporter sa connaissance du droit chinois qu’il exerce depuis 12 ans (dont 10 années passées en Chine). Conseil d’entreprises françaises et européennes installées en Chine, il continuera à les suivre dans leurs activités en Asie.

Jacques Ferrier ArchitecturesForte d’une expérience dans des secteurs d’activités variés (bureaux, centre culturels,

équipements publics d’envergure…), l’agence Jacques Ferrier souhaite désor-mais renforcer son développement au-delà des frontières françaises. Créée en 1990, l’agence Jacques Ferrier Architectures n’est plus une illustre incon-nue en Chine et pour cause son activité sur le continent remonte à 2004. Cepen-dant, c’est en 2010 que l’agence affirme son identité en réalisant dans le cadre de l’exposition universelle de Shanghai le Pavillon France. Invitant les visiteurs à découvrir la culture française au travers d’une exposition dite « sensorielle » elle s’inscrit ainsi dans la philosophie dével-oppée par l’agence, à savoir la « Ville Sen-suelle ». Elle continue son développement

ADAMAS a fêté le 25 mai dernier

à Pékin, et le lendemain à Shanghai, le 20ème anniversaire de l’ouverture officielle de ses bureaux en Chine. ADAMAS est en effet le tout pre-mier cabinet d’avocat européen à se voir accorder en 1992 l’autorisation d’exercer dans ce pays. Cet anni-versaire a été célébré à Pékin avec la participation de Madame Sylvie

ADAMAS célèbre ses 20 ans de présence en Chine

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BERMANN, Ambassadeur de France à Pékin, et des Hauts Responsables du Ministère Chinois de la Justice et de la Cour Suprême de Chine. A cette occa-sion, Madame l’Ambassadeur a rappelé dans son discours qu’ADAMAS, premier cabinet européen autorisé à exercer en Chine, a joué un rôle fondamental, non seulement pour les entreprises français-es, mais également par son engagement pour le développement des relations en-tre les Cours Suprêmes française et chi-noise et ainsi qu’entre diverses universités des deux pays. Madame l’Ambassadeur a également souligné les actions du cabi-net pour favoriser la connaissance par les opérateurs étrangers du droit chinois des affaires. Adamas est en effet, dès 1995, à l’origine de la publication en langue française d’un Code du Droit Chinois

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été 2012/ Connexions 63

合法中文化的律师团队。百能律师事务所伴

随希望到中国投资的法国企业,为其提供相

关法律咨询,并希望发展中国客户,为中国

客户到欧洲和法国投资提供相关法律服务。

海谧•戴高乐律师于1993年成为法国百能律

师事务所合伙人,在商法领域为对中国投资

的法国企业以及中国企业和经济实体提供

相关专业法律咨询和服务。海谧•戴高乐律

师与多家中国企业和经济实体有着多年的

交往。乐逸飞律师于2006年成为法国百能

律师事务所合伙人,根据其拥有的在中国法

领域的长达12年的实践经验(乐逸飞律师在

中国工作10年之久)主持巴黎总部的中国团

队的工作。乐逸飞律师为在中国投资的法国

公司和欧洲公司提供法律咨询和服务,并继

续发展其亚洲业务。

AREVA(阿海珐)在中国签署一系列

矿冶协议

阿海珐宣布同中核集团(CNNC)签署了一系

列协议,尤其包括从2012 年至 2025 年供应

天然铀的协议。

“这些协议显示阿海珐同以中核集团为佼

佼者的中国核电工业之间的牢固关 系。这

些协议还加强了阿海珐同这一战略合作伙

伴的铀矿开采合作关系,尤其 是在铀供应

领域,并且同我们已经在核循环其他领域形

成的联系相一致”,吴 赛先生在合同签字仪

式结束时说。

阿海珐在中国发展已有近30年,是中国核电

工业的领先合作伙伴。阿海珐集 团同中国

核电工业在天然铀供应,核燃料供应,对现

有核电厂和新建反应堆的建设提供服务等

阿达姆斯于5月25日在北京,5月26日在上

海庆祝了其中国代表处成立20周年。

阿达姆斯于1992年即取得中国司法部颁

发的外国律师事务所在华执业执照,是首

家获得在华执业执照的欧洲律师事务所。

这次周年庆活动在北京举行,到场参加的

人士包括法国驻华大使Sylvie BERMANN女

士,以及中国司法部和最高法院的高级官

员。 活动现场,大使女士在其讲话中回忆

到,阿达姆斯作为首家获准在华执业的欧

洲律师事务所,发挥了其重大的作用,不仅

是为法国公司,而且为法国和中国的最高

法院之间的联系以及两国诸多大学之间的

联系的发展做出了巨大贡献。大使女士还

强调了阿达姆斯在向外国企业介绍中国商

事法律方面所做出的努力。事实上,阿达

姆斯在1995年曾出版首个法语版本的中国

商事法典,为外国企业介绍了其有必要了

解的中国法律。该法典包括了仲裁法和环

境法领域的全套中国法律。共有一百多名

人士参加了阿达姆斯在北京的庆祝活动,

其中包括其法国、欧洲及中国的客户以及

中国政府机关的代表。阿达姆斯的12位法

国合伙人出席了此次活动,并出席了随后

由中国法国工商会举办的年度酒会,与中

国法国工商会一起庆祝了20岁生日。

会员动态

des Affaires, lequel présentait le droit chinois nécessaire à l’époque aux opéra-teurs étrangers. Ce code s’étoffera par la suite de véritables ouvrages touchant au droit chinois, mais cette fois dans les domaines de l’arbitrage ainsi que de l’environnement. Plus d’une centaine de personnes ont participé à Pékin à cette importante manifestation, parmi lesquelles les clients français, européens et chinois du cabinet et des représentants d’institutions publiques chinoises. Cette manifestation, à laquelle une douzaine d’associés français d’ADAMAS s’est rendue, a été suivie, à Shanghai, d’une autre célébration dans le cadre du Gala au cours duquel a été également célébré le 20ème anniversaire de la création de la Chambre de Commerce Franco-Chi-noise.

方面开展合作。中国核电工业目前的在运反

应堆有15 座,在建反应堆有26 座,最近几

年一直呈现大幅增长态势。

百能律师事务所:蓬勃发展的中国

业务

为了扩展百能律师事务所在中国的业务,法

国百能律师事务所正式任命海谧•戴高乐律

师(Rémi DE GAULLE)作为法国百能律师事

务所驻中国上海代表处的首席代表,乐逸飞

律师(Bruno LEFEBURE)作为巴黎总部中国团

队负责人。

百能律师事务所已经证实其以中国业务为重

点的战略选择。2007年,百能律师事务所在

中国上海市成立了代表处,并在法国和中国

组建了一支由法国律师和中国律师组成的融

阿达姆斯在上海和北京庆祝其中国代表处成立20周年

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64 Connexions / été 2012

L’actualité de la Chambre 商会简讯

en Chine en travaillant notamment sur des projets tels que le lycée français in-ternational de Pékin et vient récemment d’être désignée lauréate pour l’extension du Musée d’Histoire Naturelle de Pékin.L’ouverture d’une agence en Chine appa-raissait donc comme une suite logique. Par ailleurs et toujours dans une dynamique de développement international l’agence est maintenant membre de la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine. Initiative qui saura lui permettre de développer de nouveaux projets.

Inauguration de la forêt Mazars à Kulun Qi

Dans le cadre de son soutien au

projet de reforestation de Shanghai Roots & Shoots, Mazars s’est engagé à planter 5 000 arbres (formant la forêt Mazars) pour compenser partiellement son empre-inte carbone. C’est dans cette optique que neuf collaborateurs des quatre bureaux de Mazars en Chine se sont rendus en Mon-golie intérieure (20 - 23 avril) : contribuer au projet de l’ONG de planter un million d’arbres d’ici à 2014 pour combattre la désertification à Kulun Qi (Mongolie In-térieure).Durant ce périple, les participants ont bradé leur costume d’auditeur contre celui de jar-dinier pour planter des peupliers et élaguer les arbres plantés en 2007, avant de revêtir la blouse du professeur pour dispenser un cours de sensibilisation environnementale aux élèves de l’école locale. Ce voyage a également permis aux collaborateurs Ma-zars, devenus ambassadeurs, de constater par eux-mêmes les conséquences drama-tiques du changement climatique. La poli-tique PSR (Partnership Social Responsibil-ity) de Mazars ne repose pas uniquement sur le soutien aux projets environnemen-taux mais affiche une forte volonté de jouer un rôle actif en tant qu’auditeur engagé dans le développement durable.

Communiquez sur votre actualité en Chine !

Membres de la CCIFC, envoyez-nous vos communiqués de presseà l'adresse : [email protected] La CCIFC se réserve le droit de publier les communiqués et de les modifier selon sa ligne éditoriale.

Jacadi Paris, ouvre sa 30eme boutique en Chine

Jacadi Paris la marque em-blématique de la mode en-fantine transmet l'élégance

à la française partout dans le monde. Jacadi Paris réechante les codes intempo-rels du bon goût et transmet les valeurs d'éducation et de respect.Jacadi Paris, ouvre sa 30eme boutique en Chine :Shanghai Xintiandi, 119 Madang road, pres de Taicang lu, contact: 021-63012885 Nous vous invitons à découvrir la Nou-velle Collection été 2012 dans un intéri-eur de maison de famille à la française. •

Jacques Ferrier 建筑事务所

Jacques Ferrier建筑事务所在建筑领域方面

有着丰富的经验(例如办公楼、文化中心及

公共设施的建设),如今他们希望开拓海外

市场。

成立于1990年的Jacques Ferrier建筑事务所

在中国却不甚出名,因种种原因直至2004

年其业务范围才有所涉及中国。然而,他们

在2010年世博会上设计的法国馆使其声名

鹊起。秉承“性感城市”的理念,他们以一

场名为“感官”的展览引领游客体验法国文

化。他们其后在中国持续发展发展,例如建

造北京法语国际学校,以及最近获得的北京

自然历史博物馆扩建项目。

因而Jacques Ferrier建筑事务所在中国成立

办事处显得水到渠成。一直活跃于国际市场

的该事务所如今是中国法国工商会成员之

一,这也带给他新的发展机遇。

玛泽森林在库伦齐的开幕礼

来自玛泽四个中国办事处的九位员工前往内

蒙古参与植树活动(4月20至23日),支持“

上海根与芽”的造林项目:在2014年前种植

一百万棵树减缓库伦齐的荒漠化现状。玛

泽捐献5,000棵树(建立「玛泽森林」),作

为集团每年碳排放量的部份补偿。参加者

在旅程中换下会计师西装,穿上园丁服,种

植杨树,修剪于2007年种植的树木,再换上

教师装束为库伦齐当地学生教授环保意识

课题。对玛泽员工而言,能亲眼看到气候变

化造成的严重后果,并成为提高身边人环境

意识的大使,是个难能可贵的经验。作为社

会责任合作关系政策的一部份,玛泽不仅支

持此环保计划,亦积极地发挥其「可持续发

展」审计师的作用。

亚卡迪法国,中国第30家店铺开业

亚卡迪法国,象征儿童时尚的品牌,将法国

式的优雅传遍全世界

亚卡迪法国,永恒的灵感来自于品味与传播

教育和尊重的价值

亚卡迪法国,中国第30家店铺开业

上海新天地, 马当路119, 进太仓路,

电话:021-63012885

我们邀请您来光顾设计灵感来源于法国居

家布置的店铺,在这里发现2012夏天的新

品。•

L’actualité membres 会员动态

Page 65: Connexions 62

5th Multinational Corporations Leaders Roundtable La CCIFC a eu le plaisir de mener une dé-légation française pour le « 5th Multina-tional Corporations Leaders Roundtable » du 22-23 juin au China World Summit Wing à Pekin composée des entreprises suivantes : Alstom, Areva, BNP Paribas, Calyon, EADS, EDF, GAC-SOFINCO, Gide Loyrette Nouel, Richemont, Safran, Total. L’objectif de cette conférence or-ganisée par le China International Coun-cil for the Promotion of Multinational Corporations (CICPMC) et plusieurs organisations des Nations Unis est de pro-mouvoir l’investissement des entreprises multinationales, de renforcer la respon-sabilité sociale des entreprises et de faciliter le développement durable. Conduite par Mme. Annick de Kermadec Bentzmann, présidente de la CCIFC, la délégation a rencontré M. Zheng Wantong, Vice Chairman duCPPCC and Président du CICPMC. M. Jia Qinglin (Chairman CPPCC, quatrième dans la hiérarchie du comité permanent du bureau politique du Parti communiste chinois (PCC)) était aussi présent à la cérémonie d’ouverture.

été 2012/ Connexions 65

La CCIFC a lancé depuis début mars un nouveau service de commercial à temps partagé. Le commercial à temps partagé aura pour rôle principal de prospecter, négocier les contrats, suivre les ventes et les contacts et faire un reporting men-suel à l’entreprise commanditaire. Il sert d’interface tout comme un agent com-

mercial indépendant mais bénéficie du réseau CCIFC et travail de manière tout a fait transparente. Une solution plus sûre et plus efficace pour lancer et main-tenir ses ventes exports Chine !Durée minimum du service : 5 jours par mois (4 jours de prospection + 1 jour de reporting)

Durée minimum d’engagement : 3 moisDurée du préavis : 1 moisTarif : 7 500 RMB / mois**hors commissionnement à négocier avec l’entreprise et hors note de frais liées à l’activité commerciale.Contact : Guillaume [email protected]

Service Appui aux Entreprises 企业支持

Actualités 简讯

Service de commercial à temps partagé 新业务:商务代理

Après 2 saisons en partenariat avec Ubi-france, la CCIFC poursuivra en 2012 Villes d’Avenir sur 3 destinations avec un nouveau partenaire et une nouvelle formule. Cette nouvelle version de Villes

d’Avenir permettra aux participants de maximiser leurs chances de succès en ou-plant des villes en fort développement à des secteurs stratégiques.La CCIFC et son nouveau partenaire

assureront également le suivi des rencon-tres afin de transformer au mieux les ren-contres en business.Contact : Guillaume [email protected]

Urumqi, Ville d’Avenir - 18 et 19 octobre 明日之城未来市场-乌鲁木齐,10月18-19日

Conducted by CCIFC and in partnership with Ifop, the Business Climate Survey 2012 is the first most representative independent business survey of its kind. An invitation to answer the survey will be sent soon to the representatives of French companies in China. Please note that your information will be treated in the strictest confidence. The results summary will be presented in September 2012 and will provide interesting feedbacks on how French companies view the business environment in China. By answering the survey, you may have a chance to win an Air France round-trip flight China/France!

Business Climate

Survey 2012

in partnership with

With the support

Contact: Flore Coppin, Communications Director - [email protected]

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66 Connexions / été 2012

L’actualité de la Chambre 商会简讯

En présence de Monsieur Emmanuel Lenain, Consul Général de France à Shanghai, et de Ma-dame Annick de Kermadec-Bentzmann, Présidente de la Chambre de Commerce et d’Industrie Fran-çaise en Chine.Ce 14 Juillet 2012 dès 19H30, venez célébrer la Fête Nationale Française au Shanghai Marriott Hotel City Centre !Laissez-vous conquérir le temps d’une soirée par le charme des nuits parisiennes et ses spectacles volup-tueux tout en savourant des millésimes et un buffet exquis à la française.

L'actualité des Antennes 商会各地动态

Shanghai 上海

Déjà 62 nouveaux membres nous ont rejoints à Shanghai !上海已经有62名新会员入会 !

Nouveaux Membres 新会员ACTE International, AES-International Consulting Co Ltd (Shanghai), AES-In-ternational Consulting Co Ltd (Suzhou), Asia BioBusiness Consulting Ltd, Aufinia Consulting Limited, Auria Life, Bassetti China, Baudry & Partners, BERNAR-DAUD, Bluestar AMG, Bole Associated Limited, CAUDALIE, Centdegres, Chine Facile Co Ltd, Claude Colucci Design, Controlsys, Creastyle, Dagobear, DHD Holding Limited, EMBALL’ISO Cold Chain Technology (Shanghai) Co Ltd, Fa Shi Na Information Technology (Shan-ghai)Co Ltd, Fagor Trading (Shanghai) Co Ltd, Francois de Yrigoyen, GEFCO Inter-national Logistics (China) Co Ltd, Gmet Limited, Groupe 8 Complus, Groupe Val d’Orbieu, Guy De Clery Shanghai Co Ltd, GYS China, HONGBOX, Inmind Conseil, IT LOG LTD, Jacques Ferrier Architectures, Kitchen Spring, L Deve-lopment & Management (Shanghai) Ltd, LCI (Shanghai) Information & Consul-ting Co Ltd, Liu Ping, MusicMatic Asia, Netk5, OC&C Strategy Consultants, Pacif ic Prime International Ltd., Paris, 16eme Nord, Pierre-Armand FIEVET, POCLAIN HYDRAULICS (Shanghai) Co Ltd, POP GROUP(SHANGHAI) Trading Co.;ltd, PRAGMATY, Qualipac China Co Ltd, Renault SAS Shanghai RO, Sephora (Shanghai) Cosmetics Co.;Ltd, SFA China (Ningbo Shufan Sanitary Ware & Bath Equipement Co Ltd), Shanghai CP, Sinostrat Solutions, Sorgem China, Spasso China, Sydney D Footwear Ltd, Telma Vehicle Braking Systeme (Shanghai) Co Ltd, The True Training by Durga-ji, Unique, the difference, Wayma Software (Ningbo) Co Ltd, William VOLCOFF, WINSTON&STR AW LLP, WORMS Asisa Ltd.

Shanghai : Gala 2012上海2012年年度晚宴Chers Membres et Chers Amis,Ce 26 mai 2012, le Gala 2012 de la CCIFC Shan-ghai a rassemblé près de 800 invités afin de célébrer son 20e anniversaire !Le précieux soutien de nos partenaires nous aura permis d’offrir à nos convives une soirée inou-bliable et exceptionnelle marquée par le charme de 5 Miss spécialement venues de France pour cet événement. La CCIFC renouvelle ses remerciements aux entre-prises sponsors : Citroën, Adamas, BNP Paribas, Ernst & Young, Le Bo Couture, 16ème Nord, AST Consulting, OPEN Information Techno-logy, Carrefour, Faurecia, Gide Loyrette Nouel, Imerys, Robert Wan, Saint Gobain, Areva Cast, Eramet, Eurocopter, NMW Avocats, SweetPearl, Veolia.Les sociétés suivantes pour leurs généreux dons et apports en nature : ASC et Champagne Barons de Rothschild pour le Champagne, Val d’Orbieu pour ses millésimes, Grand Marnier pour son cocktail spécial anniversaire, G2S Creative Works-hop pour la création de la vidéo célébrant les 20 ans de la CCIFC et pour les interviews réalisées de S.E.Mme l’Ambassadeur de France en Chine, Mme Sylvie BERMANN, Monsieur Emmanuel Lenain, Consul Général de France à Shanghai et Madame Annick de Bentzmann, Présidente de la CCIFC et le Groupe Accor pour l’accueil des Miss durant leur séjour à Shanghai.Une mention particulière va aux entreprises ayant fait des cadeaux pour la Lucky Draw : Cartier, Dior, Groupe Accor, Robert Wan, Christofle, Le Bo Couture, L’Oréal Yue Sai, Champagne Barons de Rothschild, Val d’Orbieu et le GIE Tahiti Tourisme.

Un remerciement particulier à la célèbre Jin Xing pour l’animation de la soirée et à la soprane fran-cophone Qiu Shuwei pour son interprétation de la Vie en rose.Un remerciement spécial à Mane pour son parfum spécial 20 ans de la CCIFC, à Yue Sai et l’Oréal et à Melody Paris pour son chocolat spécialement gravé pour l’anniversaire de la CCIFC.La CCIFC tient aussi à remercier les entreprises et artistes ayant contribué à l’animation de la Soirée : 16ème Nord pour sa collection élégante pour homme, Pronuptia pour ses somptueuses robes de mariée, Le Bo Couture pour son défilé Haute Couture, Robert Wan pour les parures en perles noires de Tahiti des Miss, des Mannequins et des VIP, le comité Miss France et l’Agence 53-11 pour les défilés et le Show des Miss, Franck Provost pour les coiffures des Miss, des mannequins et de nos VIP, Yue Sai pour le maquillage de S.E.Mme l’Ambassadeur de France en Chine, des Miss, des mannequins et de nos VIP, Paloma Sanchez pour les bijoux du défilé des Miss en maillot de bain, la CCISM et les danseuses tahitiennes pour leur ballet polynésien. Nous tenons à remercier égale-ment les entreprises et personnes ayant contribué à l’organisation de la soirée : L’artiste Anqi Lin pour la création artistique de tous les supports de commu-nication, Altavia pour l’impression de haute qua-lité de tous les supports de communication, DBX International pour la conception et la réalisation de l’aménagement scénographique, Parishine pour le son et lumière et Cedric M pour la couverture vidéo de la soirée.Madame de Bentzmann, Monsieur Manuel Deleers et les élus pour leur contribution à l’orga-nisation de cette soirée anniversaire.Merci à vous !

14 Juillet 2012 2012年7月14日法国国庆

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été 2012/ Connexions 67

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Nous remercions nos partenaires :

PlatinE

aRGEnt

OR

BROnzE

EN NATURE

c:98 m:79 y:0 k:0c:5 m:85 y:61 k:0

婕妮璐

le vendredi 13 juillet 2012, sur invitation

请持请柬出席,2012年7月13日(周五),新法国大使官邸

Fête du 14 juillet7月14日法国国庆日

La célébration de la Fête nationale française à Pékin aura lieu cette année pour la première fois dans les salons et jardins de la nouvelle Résidence de France à Pékin le vendredi 13 juillet. Une journée organisée par l’Ambassade de France en Chine et la Chambre de Commerce et d’Industrie française en Chine au cours de laquelle la communauté française de Pékin, ses partenaires, amis et officiels chinois se réuniront à la nouvelle Résidence de France à Pékin

68 Connexions / été 2012

L’actualité de la Chambre 商会简讯

Pékin 北京

Déjà 423 membres nous ont rejoint en 2012 !2012年已经有423名会员入会 !

Nouveaux membres du Comité de Patronage 新特别支持委员会会员Airbus China (Aviation), Dassault Sys-tèmes (IT).

Nouveaux membres 新会员AES International (Consulting), Atos In-formation Technology (China) Co., Ltd (Information Systems), Bodinier Régis (Communications, advertising, PR), CFP Asie (Education/Recruiting), China Insti-tute (Consulting/Non Profit), Maxim’s de Paris (Entertainment Restaurants), Sino-trad (Other Professional Services), Sparkle-Jade Industrial Sourcing China (Aeronot-ics/Industry), Terra Lorraine (Consulting), Them (Software/Information Systems), Vossloh Cogifer (Machinery).

Nouveaux domiciliés 新入驻企业Conseil Régional des Pays de la Loire (Re-gional Representation), L’esprit des vignes (Wine and Spirits).

Gala 20 ans CCIFC le 24 Novembre 11月24日法商会20周年年度晚宴La CCIFC célébrera son 20ème anniversaire le 24 novembre prochain au Sofitel Wanda à Pékin lors d’un évènement placé sous le signe de la Haute Couture. La designer Guo Pei nous présentera ses créations ex-ceptionnelles. Ne manquez pas cette soirée exceptionnelle. Plus d’information très prochainement…Si vous souhaitez célébrer vos 20 ans en Chine avec nous, faites nous signe des maintenant ! Contact : Sophie [email protected]).

L'actualité des Antennes 商会各地动态

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été 2012/ Connexions 69

Among your team, you have certainly identified High Potential Managers and you wonder: How to retain and keep them motivated?

How to recognize and reward them in your organization?How to improve their management skills and performance?

taRGEt PaRticiPantsThis program has been specifically designed for functional management who have been identified as having high potential and whose next career step implies broader managerial responsibilities or a supervising position within their current organization (cross-functional project, business unit, department, branch, etc.), such as: HR managers, marketing managers, team managers, project managers,  product managers, engineers…

FacilitatORsTeachers and experts come from EscP Europe (ranked 3rd worldwide by Financial Times for its Master in Management in 2011) and have been selected by the Paris chamber of commerce and industry.At the end of the program, participants will receive an official certificate from the Paris Chamber of commerce and industry.

OBjEctivEs The Global Manager Program will provide participants with a solid and sound knowledge of the foundations of general management skills and business practices while preparing them to deal with the complexity of the current global environment.

PlacE CCIFC Beijing OfficeCCIFC Shanghai Office

cOntEntsThe program is composed of 5 modules (2 days each):

Strategic management Key aspects of Financial Accounting and analysis Marketing Motivate your team Leadership and coaching

GlOBal ManaGER PROGRaM

BEijinG calEndaRA 10 days program on 3 months: 5 sessions:

sHanGHai calEndaR

Module 1

Module 3

Module 4

Module 5

Module 2

october 8-9, 2012

November 12-13, 2012

November 29-30, 2012

december 10-11, 2012

october 29-30, 2012

Strategy Management

Marketing Management

Motivate your team

leadership and coaching

Key aspects of financial Accounting and analysis

Module 1

Module 3

Module 4

Module 5

Module 2

october 11-12, 2012

November 15-16, 2012

November 26-27, 2012

december 13-14, 2012

November 1-2, 2012

Strategy Management

Marketing Management

Motivate your team

leadership and coaching

Key aspects of financial Accounting and analysis

invEstMEnt *42 000 RMB/Member, *52 000 RMB/Non member* The price includes: training fees, educational material, coffee breaks, lunches and tax.

deadline for registration: august 31st, 2012

cOntact BeIJING: Hailing HuANGTel: + 86 (0) 10 6461 0260 *40e-mail : [email protected]: Sandrine delNeGRoTel: + 86 (0) 21 6132 7100 *132e-mail : [email protected]

国 际 经 理 人 特 训

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Objectif de la journée « Echanger entre nous, mieux se connaître et partager nos problèmes, solutions et contacts ». Près de trente dirigeants d’entreprises, représentant 24 entreprises basées à Qin-gdao, dans le Shandong et même à Yantai, se sont retrouvés pour cette journée excep-tionnelle organisée par le représentant de la CCIFC à Qingdao, Olivier Baleix (so-ciété Impacct) et Maxime Lacroix (société Atherm). Visite de l’usine d’EvialisLa journée a démarré par une visite de l’usine d’Evialis, du Groupe InVivo NSA. Pionnier de l’alimentation et de la santé animales avec plus de 60 ans d’expertise, InVivo NSA se situe aujourd’hui parmi les leaders mondiaux du secteur. La fil-iale Evialis Shandong (www.evialis.com.

cn) est implantée à Qindao depuis 2007 et est composée d’une usine de production et d’un laboratoire d’analyse performant. Evialis Shandong met au cœur de sa stra-tégie le contrôle qualité, la traçabilité et la sécurité alimentaire pour conquérir des parts de marchés dans le secteur des productions animales chinois. Après une présentation générale de la société, les participants ont pu découvrir la chaîne de production et de commercialisation du « Prémix » (mélange de vitamines et oligo-élements pour les animaux). La visite s’est ensuite poursuivie dans le laboratoire d’analyse physico-chimique et micro-biologique dans les domaines couvrant l’ensemble de la chaîne agroalimentaire : l’alimentation animale, l’alimentation hu-maine, la diététique et les nutraceutiques.

Après-midi ateliers de travailAprès le déjeuner, l’après-midi a été con-sacré à plusieurs présentations et ateliers de travail pour échanger sur les probléma-tiques concrètes rencontrées par les entre-prises dans cette région. Un premier atelier Ressources humaines a permis d’échanger sur les questions de re-crutement. De formation et de salaire. Où recruter ? Quels niveaux de salaire propos-er ? Comment fidéliser ses collaborateurs ? Pour apporter des éléments de réponses, la société Jingshang Qingdao (Swarowski) a présenté comment elle s’y est prise pour recruter et former un gros effectif indus-triel sur une courte période. La société Defontaine Qingdao a ensuite présenter son programme de fidélisation du “middle management” qui passe notamment par la formation des collaborateurs. Un deuxième atelier a porté sur le finance-ment des entreprises. Coface a présenté ses solutions d’assurance crédit. La Société Générale a présentation l’organisation du système bancaire chinois et les dispositifs d’accompagnement de l’activité des PME françaises en ChineEnfin, les échanges ont aussi porté la préparation de chaque entreprise sur la nouvelle loi de sécurité sociale pour les étrangers ainsi que des mesures de préven-tion face aux risques accrus de fraudes et piratage sur internet. Objectif atteint pour cette journée qui fut un réel succès. Prochain rendez-vous pris à l’automne.

Sophie LavandierResponsable événementiel-sponsoring

Qingdao, le dynamisme de la communauté d’affaires française

Le 8 juin 2012, la CCIFC a organisé à Qingdao une journée d’échanges pour les entreprises française installées dans la région.

70 Connexions / été 2012

L’actualité de la Chambre 商会简讯

La CCIFC à Qingdao Pour toute information sur les activités de la CCIFC à Qingdao, contactez le représentant local de la Chambre, Monsieur Olivier Baleix : [email protected]

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QINGDAO

Pékin 北京

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été 2012/ Connexions 71

Chine du Sud 华南CANTONINTERWINE à Canton du ven-dredi 25 au Dimanche 27 Mai 2012 Le Pavillon France organisé pour la pre-mière fois par la Chambre sur le salon Interwine (spécialisé pour les vins et spi-ritueux) a réuni 6 producteurs et impor-tateurs français du 25 au 27 Mai à Can-ton pour cette 8ème session.Nous avons eu le plaisir d’aider les so-ciétés La Gamme Beaujolaise, Birkedal-Hartmann, SARL B com C, Château de Chambert, Onlywines et Sinoexport à promouvoir leur vins et spiritueux en Chine du Sud. Cette volonté pour la CCIFC d’accompagner des entreprises sur Interwine s’explique par l’appétit croissant des provinces du Sud de la Chine pour la consommation de vin et spiritueux importés. En effet, la consom-mation de vin en Chine a déjà été multi-pliée par deux entre 2005 et 2009 et cette croissance devrait se poursuivre à un

serons ravis de participer à la prochaine session d’Interwine ».La CCIFC organisera le prochain Pavil-lon France sur Interwine à Canton du 14 au 16 Novembre 2012.Pour plus d’informations, contacter Alexandre Beaudoux [email protected]

rythme de 20% par an d’ici 2014 plaçant ainsi la Chine en 6eme position parmi les pays consommateur de vin. Et bien que ces vins soit encore essentiellement Chi-nois, l’importation de vin étranger est en pleine expansion, avec une croissance an-nuelle de 67,7%.Interwine a cette année attiré 31 642 visiteurs professionnels grâce à ses 593 exposants répartis sur 1081 stands pour présenter leurs produits du terroir. Té-moignage de Frédéric Ly, directeur de la société Onlywines, importateur de vins français et exposant sur le Pavillon France à Interwine : « La présence sur ce salon nous a permis d’augmenter notre notoriété. De plus la mise en place d’un stand CCIFC met en valeur notre force et rassure les visiteurs concernant la provenance et la qualité des vins, et nous profitons de tarifs préféren-tiels. Tout le monde est gagnant. Nous pensons que le stand était très bien placé. Sur le salon nous avons eu une bonne as-sistance de l’équipe de la CCIFC et nous

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72 Connexions / été 2012

L’actualité de la Chambre 商会简讯

SHENZHEN

1 an du Club R&D de Shenzhen Le 6 Juillet 2012, La Chine du Sud a fêté les 1 an du Club R&D. Cette journée a été marquée par des débats entre industriels et la visite d’entreprises chinoises et fran-çaises. Des délégations de l’ambassade de France à Pékin et du consulat de Shang-hai de se joints à cet événement qui s’est clôturé par un cocktail dinatoire.

Mission annuelle PFCE les 21 et 25 mai L’Association Partenariat France Chine Electricité (P.F.C.E.) a pour objectif de promouvoir des PME/PMI françaises dans la réalisation du programme nu-

cléaire chinois, en particulier à travers l’implantation d’unités en Chine et la création de partenariats entre entreprises françaises et chinoises dans les domaines de la conception, de la fabrication, de la construction, de la mise en service, et de la maintenance des centrales nucléaires de production d’électricité. Sous la direction de Mr Jean Claude PRENEZ Président et PIAP Director d’EDF les missions annuelles ont pour objectif de visiter : les sites nucléaires en CHINE, des entre-prises françaises, de pouvoir le savoir faire français et d’échanger avec les partenaires chinois. Cette année la délégation a pu rencontrer des acteurs marcheurs dans le domaine du nucléaire, bureau NDRC à Guangzhou, directeur du site Yangjiang

M.Jiang, a Dajing l’assistant manager de TNPJVC M.Liu Haijun.

Nouveaux membres 新会员DK Multimedia, AES-International Consulting, PFCE, ADEN, Qual-ipac Ltd, SAGA International Freight Fowarding CO, Proralu Marine, Norev SA , Overseas Engineering Limited, Me-dia 6, Vin Excellent, Enza, Hamelin, Bigben Interactive

Fête nationale le vendredi 13 juilletDétente et convivialité sont les mots d’ordres pour cette soirée au Seaword/Shehou.

CHENGDU

Le bureau de Chengdu 成都联络处成立La CCIFC a ouvert son bureau de Chengdu le 6 février 2012 avec Hervé Lambelin comme Directeur. Depuis juil-let 2011, la Chambre était déjà représen-tée dans cette ville par Mme Marie Yi. Le bureau, situé dans le quartier des affaires de Chengdu, s’appuiera sur une étroite collaboration avec les autres chambres européennes déjà présentes pour se déve-lopper. Le bureau couvre les provinces du Sichuan, Hubei, Hunan, Guizhou et la muncipalité autonomne de Chongqing.Contact : Hervé LambelinDirecteur du [email protected]

Nouveaux membres 新会员Atoutibet (travel tourism services), ADEN services (engineering), AES- International Consulting, Bug Tracker Group (IT), CFP

Asie (education-training), Desir (restau-rant), Ecole Francois (education- training), ParexDavco (construction materials), PCM (environmement), Sparkle Jade (ma-chinery)

Les conférences CCIFCDepuis son ouverture, le bureau de Chengdu a organisé des conférences à destination de la communauté d’affaires française et en parte-nariat avec les chambres britanniques et alle-mandes. Ainsi, le 24 avril, Sébastien Jouin, Délégué du Service Economique du consul-tat à Chengdu a présenté aux représentants des entreprises une conférence sur le thème : les prévisions économiques nationales à lumière du contexte économique en Chine du Sud-Ouest. Le 15 juin une dizaine de participants ont participé à la présentation de M. Rodriquez de la société Aden Service sur le thème de la sécurité alimentaire en Chine. Le même jour, M. Eric Tarchoune de la société Dra-gonfly Group a donné une conférence sur le thème du leadership en Chine. •

Chine de l’Ouest 西部

Chine du Sud 华南

Nouveau rédacteur en chef pour Connexions《联结》杂志新任主编Renaud de Spens, sinologue et journaliste, ancien attaché de presse à l’ambassade de France en Chine, a rejoint l’équipe de la CCIFC pour être rédacteur en chef de Connexions. Il a aussi pour mission de concevoir et lancer une nouvelle version du site internet de la Chambre.

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Magazine 杂谈

Forum Travailler Ensemble : le 14 juin à Canton

Vaizoue Huynh, présidente de la dy-namique association et élu du bureau de Chine du Sud de la CCIFC a répondu à Trait d’Union.

Trait d’Union : Quel est le principe du Forum Travailler Ensemble ?Vaizoue Huynh : La première édition du Forum Travailler Ensemble a eu lieu le 16 Janvier 2009. C’était une initia-tive menée conjointement par la Jeune Chambre Économique des Français de Pékin, la Chambre de Commerce et d’Industrie Française en Chine, la Mis-sion Économique et la section Chine des Conseillers du Commerce Extérieur.Ce Forum est né du constat que les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) et grands groupes français en Chine ne travaillaient pas suffisamment ensemble et qu’il était important de dével-opper une solidarité commune entre ces entreprises. Pour l’édition de Canton, cela fait déjà plusieurs mois qu’une équipe de quatre personnes (une stagiaire, et trois

Après Pékin et Shanghai, le Forum Travailler Ensemble initié en 2009 s’est déroulé le 14 juin dernier à Canton. Une première en Chine du Sud, organisé par la Jeune Chambre Economique des Français de Canton.

personnes qui le font à leurs heures per-dues) le prépare. Nos partenaires de la CCIFC et d’Ubifrance ont également aidé à l’organisation.

T.d’U. : Concrètement, qu’apporte ce forum ?V.H. : Concrètement le Forum Travailler Ensemble apporte une visibilité nationale aux entreprises présentes. Nous avons eu des sociétés de Shanghai, Pékin et même Hong-Kong qui ont participé à ce Forum car elles savent que cela fonctionne et leur amène une image positive en les associant à un évènement dynamique et utile. Cela permet avant tout de se faire connaitre des autres acteurs économiques français im-plantés en Chine de deux manières : avant le forum, grâce à toute la communica-tion mise en place autour de l’évènement. Nous prenons le parti, une fois les entre-prises inscrites, de parler d’elles, d’en faire mention dans nos courriels, d’afficher leur descriptif sur notre site... Ensuite le jour du forum toutes les entreprises inscrites ont reçu un livret avec l’ensemble des par-ticipants présents, ainsi que leurs contacts. Après le forum de nombreuses entreprises restent en contact et continuent de bénéfi-cier du rayonnement de l’évènement.Le Forum a également permis de créer des partenariats, de rencontrer directement les personnes pour apporter des solutions con-crètes. Ce n’était pas un simple network-ing : les rendez-vous étant ciblés à l’avance les participants ont pu aller directement au cœur du sujet. Nous avons l’exemple d’une société de contrôle qualité qui a participé au Forum de Shanghai qui est aujourd’hui partenaire d’un grand groupe français et toujours en négociation avec un autre. Un

des autres avantages du Forum est aussi de faire des rencontres auxquelles on ne s’attend pas. Vous pouvez obtenir des con-seils dans tous les domaines : assurances, aides juridiques, design, communication, packaging... et aussi bénéficier de nom-breux services tels que le placement de stagiaires.

Cette édition était une première en Chine du Sud ?V.H. : Oui! Créée en 2010, la Jeune Chambre Economique des Français (JCEF) de Canton est la plus récente des JCEF de Chine. Jusqu’à maintenant nous avions organisé un concert de charité, des événements fédérateurs plutôt à caractères festifs.Aujourd’hui, de plus en plus de nos mem-bres sont confrontés à des problématiques qui peuvent être résolues en discutant avec d’autres qui ont connu des difficultés simi-laires. Il était logique, deux ans après notre création, d’organiser ce Forum Travailler Ensemble qui a déjà fait ses preuves à Pékin, Shanghai, Hong-Kong, Singapour et Bangkok. Une trentaine d’entreprises ont répondu à notre invitation et de nom-breux contacts se sont créés, certaines par-ticipaient pour la première fois à ce genre de manifestation. De plus, nous l’avons organisé dans un cadre très convivial fa-cilitant ainsi les rencontres et les interac-tions entre participants. •

Propos recueillis par Philippe Dova et Catya Martin (Trait d’Union)

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Lu Yanpeng est un artiste chinois de 28 ans, premier prix du 11ème festival de photographie de Pingyao. Deux exposi-tions lui ont été consacrées à YISHU 8 et certaines de ses œuvres y sont toujours présentées. Ses œuvres sont déjà entrées dans des collections prestigieuses comme

celle de Gilles Fuchs et de l’Adiaf Voir et donner à voir : au début du 20ème siècle, la technique photographique prenant le relais de la peinture nous assurait le pou-voir de nous approprier le monde rien que par nos yeux ! Le photographe allait mieux que le peintre témoigner de la réalité vi-sible, attester de sa force ou de sa fragilité, l’interroger et la dénoncer. Avec le travail de Lu Yanpeng, quelque chose s’inverse, se joue de façon radica-lement différente. Le Palais impérial que tout le monde connaît y est montré de loin, selon une profondeur de champ qui fait penser au cinéma, et qui nous interdit de nous en approcher. L’ensemble paraît flou, mis volontairement à distance, d’une autre époque.Cité interdite au regard, le vide, et la brume qui le rend perceptible occupent ici le tiers de l’image, nous n’avons donc pas le choix, habiter ce vide, plonger dans

ce gris livide et cesser de vouloir tout voir.Paysages interdits qui imposent une dis-tance que certains ressentiront comme dérangeante, en pensant qu’el le les condamne à ne plus rien voir.Inter-dit : le mot en français prend toute sa force : ce qui est dit « entre » et qui oblige à ne pas tout prendre, tout consommer, que ce soit par le regard, le geste, ou la parole. Les paysages de Lu Yanpeng appa-raissent comme « interdits », non pas au sens où nous n’aurions pas le « droit » de les voir et d’y pénétrer, mais parce qu’en s’y promenant, le regard éprouve qu’il ne voit que dans la mesure où il ressent, et que la distance, loin d’abolir l’émotion, la rend possible. •

Christine Cayol

Exposition actuelle :C’était le printemps de Claire Tabouret, lauréate du Prix YISHU 8Du 2 juin au 1er septembre 2013

YISHU 8N°20 (Jia) Dong Huangchenggen Bei Jie, Dongcheng District, Beijing+86 (10) 6581 0958 www.yishu-8.com

Lu Yanpeng

Lu Yanpeng 卢彦鹏

Paysages interdits

La photographie, qui a pour mission de donner à voir, se trouve avec Lu Yanpeng détournée dans un geste poétique où le recours à l’argentique et au papier traditionnel permettent de voir autrement.

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La série Au coeur de ce chaos déclenché par les combats, deux enfants vont se lier d’ami-tié, alors que tout semblait les séparer : Yaya est la fille d’un riche commerçant chinois, et Tuduo est un gamin des rues. Les deux jeunes héros vont nous mener de Shanghai à Hong Kong, traversant une Chine en guerre, à la recherche des parents Yaya.

Le Tome 5 Avec l’aide de Chan, Yaya et Tuduo ont enfin réussi à s’échapper de l’île aux perles. Mais ils vont devoir être plus soudés que jamais : Tuduo souffre d’une étrange fièvre, Zhu est à leurs trousses et la guerre les rattrape.Yaya va très vite apprendre que le danger ne se trouve pas toujours là où on l’at-tend…

La balade de Yaya

Bande dessinée franco-chinoise

Golo Zhao - Dessinateur Né en 1984, il est diplômé de l’Académie des beaux-arts de Guangzhou et de l’Aca-démie cinématographique de Beijing (Bei-jing Film Academy). Passionné de dessin et d’animation, il a travaillé pour des ma-gazines de bande dessinée avant de réaliser La Balade de Yaya. Il a notamment rem-porté en 2010, le prix de meilleure bande dessinée au Festival International d’Ani-mation et de bande dessinée à Hanghzou.

Chine 1937. Les Japonais entrent dans Shanghai et poussent à l’exode des milliers de Chinois et d’Occidentaux retranchés dans les concessions. 

Jean-Marie Omont - ScénaristeNé au Maroc en 1972 où il a passé les dix premières années de sa vie, il se plonge très tôt dans tout ce qui peut lui raconter la France : livres, films et surtout bandes dessinées. Après ses études de cinéma à Bordeaux, il devient assistant réali-sateur pendant dix ans. Il écrit au-jourd’hui pour la télévision, la bande dessinée et développe des projets pour le cinéma. •

Les auteurs

Les éditions FeiCréées en 2009 par XU Ge Fei, une jeune Chinoise passionnée par la culture de son pays d’origine et celle de la France, les Éditions Fei ont pour but de faire découvrir aux lecteurs occidentaux les créateurs de bandes dessinées chinoises trop longtemps méconnus par le public.Conscientes que la principale gageure du passage d’une culture à l’autre ré-side dans la qualité de la traduction et de l’adaptation, les Éditions Fei privi-légient une étroite collaboration entre scénaristes et graphistes chinois et occidentaux en amont de la création.Les Éditions Fei proposent des œuvres originales et inédites dans le respect et le soutien aux artistes chinois qui peuvent exprimer leur talent, tout en franchissant plus aisément la barrière culturelle. « Juge Bao « est la première série publiée par les Éditions Fei.

La Balade de Yaya (t.5 L’île)Date de parution : 17 février 2012Tome 5 sur 9 : La promesseDessinateur : Golo ZhaoScénariste : Jean-Marie Omont96 pages, couleur, 8,50€

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Bande dessinée 连环画

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Wukan, la rebelle

« Nous sommes en décembre 2011 après Jésus-Christ ; toute la Chine con-tinentale est occupée par le régime communiste... Toute ? Non ! Car un village peuplé d’irréductibles Chinois résiste... » Goscinny et Uderzo au-raient pu s’inspirer de l’histoire de Wu-kan pour créer un “Astérix en Chine”.Cela n’était au départ qu’une banale histoire d’expropriation... D’après une étude de l’Université du Peuple publiée début 2012, ce genre d’injustice est très partagée dans les campagnes du pays : près de 43% des paysans chi-nois se seraient fait con-fisqués tout ou une par-tie de leurs terres depuis les années 90, pour une compensation en générale dérisoire, voire inexistan-te pour 12,7% d’entre eux. Ce racket adminis-tratif est très profitable, puisque les terres sont revendues en moyenne 40 fois plus cher à divers investisseurs. Wukan s’était faite pillée comme d’innombrables autres localités : “Dans toute ma vie, se souvient le vil-lageois Hong Ruiqing, né en 1977, on n’a reçu que deux fois de l’argent en échange de ces réquisitions :une fois 500 yuan, en 1993, suite à la construction d’une route, et une autre fois 50 yuan”. Des grands groupes s’y

étaient implantés, comme Country Gar-den, le premier investisseur immobilier en Chine, qui avait ouvert une porcherie sur 160 hectares en collaboration avec une entreprise locale, Fengtian.Pendant 20 ans, les Wukanais n’avaient pas résisté alors que leur patrimoine im-mobilier était peu à peu grignoté. Ils méconnaissent leurs droits, et étaient en outre menacés par les autorités du vil-

lage dès qu’ils expriment un doute. Cependant, à partir de 2009, les jeunes partis travailler à Canton avaient commencé à dif-fuser chez eux de nouvelles idées, et certains villageois étaient monté à l’échelon provincial pour y faire des pétitions. Sans résultat. Mais en 2011, la résilience des administré atteint ses limites. Beaucoup de vil-lageois qui avaient été

obligés de devenir pêcheurs souhait-ent retourner à la terre, en raison de la hausse du prix des carburants et de l’aggravation de la pollution littorale qui fait drastiquement baisser leurs profits. Ils se rendent alors compte que Wu-kan n’a déjà plus aucune terre arable ! Le 21 septembre 2011, pour la première fois, les habitants de Wukan lancent une pétition collective. Les autorités locales y répondent en embauchant des mafieux qu’elles payent 3000 yuan par jour et

Ce modeste village littoral de 12 000 habitants de la province de Canton restera dans l’histoire  pour avoir expulsé ses autorités locales et arraché le droit d’organiser des élections libres. Pourra t-il devenir un modèle pour le pays tout entier ?

qu’elles affublent d’uniformes de la po-lice armée pour intimider les villageois. L’affaire s’envenime encore après la mort suspecte de Bo Xuejin, l’un des meneurs des mécontents, pendant qu’il se trouve en garde à vue. Le reste a envahi les réseaux sociaux chi-nois et fait la “une” des media interna-tionaux. Après une assemblée générale le 9 décembre, les villageois expulsent leurs fonctionnaires locaux. Ils vont subir une sorte de siège pendant près d’un mois, al-ors que de nombreux journalistes parvi-ennent cependant à se rendent sur place, alertés par Weibo. Finalement, suite à l’arbitrage de Wang Yang, secrétaire gé-

« L’affaire de Wukan n’est ni un accident ni un cas particuLier eLLe montre La voie à L’ensembLe de La chine. »

Un villageois insert un bulletin de vote dans une urne installée dans la cour d’une école dans le village de Wukan en février 2012.2012年2月,在乌坎村的一所学校的操场上,一位农民正在往 投票箱中塞入选票。

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néral du Guangdong, ils obtiennent le droit d’organiser des élections libres pour choisir leurs autorités. Les scrutins ont lieu à partir du 3 mars 2012. L’activiste Lin Zuluan, 67 ans, est élu président ; avec 108 autres concitoyens, il compose le conseil municipal. L’attention média-tique commence alors à quitter le village pour voguer vers d’autres cieux.C’est le moment que choisit Jiang Beishu, “écrivain indépendant”, pour le visiter et écrire un long compte rendu sur son expérience (http://blog.ifeng.com/arti-cle/17734215.html).Pour “ne pas se faire remarquer”, il a pris le bus. Là ! Il a sous-estimé la perspicacité des Wukanais :

un passager lui demande s’il est un jour-naliste venu faire un reportage... Dès l’arrivée, il aperçoit un grand grafit-to : “Il faut punir sévèrement les fonc-tionnaires corrompus qui détruisent nos terres arables !” Le village est certes une sorte de banlieue semi-industrialisée à deux heures de Lufeng, où tous les bâ-timents “ont deux ou trois étages” et où l’on voit “plus de murs et de friches que de champs”, mais ce n’est pas un désert culturel : outre “plusieurs fast-food” et un “centre de presse équipé en WIFI”, l’auteur remarque qu’on y trouve aussi un “magasin de beaux-arts ouvert par un jeune de lagénération post 90”. Mais le

plus frappant, observe t-il, sont la dizaine de temples des ancêtres devant lesquels de l’encens brûle continuellement, soit pour conjurer le mauvais temps soit pour se protéger des fonctionnaires cor-rompus, et surtout le vieux théâtre de l’Immortel Weng, lieu de discussion et de rassemblement communautaire d’où est partie l’insurrection du 9 décembre 2011.Le blogueur citoyen assiste à la session du premier mai du conseil municipal de Wukan, organisé sur la scène du théâtre de l’Immortel Weng. Tout à coup, quelques trentenaires surgissent et cri-ent : “les représentants de Wukan tra-hissent le village !” Après quelque émo-tion, on se rend compte qu’il s’agit d’un malentendu. Ayant remarqué à l’ordre du jour du conseil que certaines questions n’avaient pas fait l’objet de concertation populaire préalable, certains citoyens n’avaient cependant pas compris que la session n’était consacrée qu’à des dis-cussions préliminaires et n’allait entéri-ner aucune décision. C’est que, comme l’écrit Jiang Beishu, “la démocratie n’est pas une plaisanterie à Wukan”. La ré-cupération des terres ne serait d’ailleurs « qu’une sorte de cadeau qui viendra ré-compenser la résistance collective ». Le but est l’établissement d’un système re-spectueux du droit et de la démocratie, qui permettra de régler de nombreux au-tres problèmes. « L’affaire de Wukan n’est ni un accident ni un cas particulier », affirme en outre l’auteur : elle montre la voie à l’ensemble de la Chine. Lin Zuluan, nouveau pré-sident du conseil municipal, lui confie qu’il pense que c’est seulement si une solution aux problèmes ruraux est trou-vée que la société chinoise pourra trouver une harmonie. Et cette solution, conclut Jiang Beishu, ne peut passer que par une gestion et un contrôle des problèmes par la base. •

Renaud de SpensExtrait du «Dictionnaire impertinent de la Chine», à paraître en novembre 2012 aux éditions Bourin, par Renaud de Spens et Jean-Jacques Augier.

Un villageois insert un bulletin de vote dans une urne installée dans la cour d’une école dans le village de Wukan en février 2012.2012年2月,在乌坎村的一所学校的操场上,一位农民正在往 投票箱中塞入选票。

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une des medias 头条新闻

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sir, quand il écrit par exemple de retour à Pékin : « Je prends un café noir très allongé et le temps d’écrire un peu sur le toit aménagé en terrasse d’un des petits bars de Nanluoguxiang. … Tout est ban-cal, bricolé, tout semble chiffonné, pourtant je sens ici une familiarité, une complicité, une contiguïté très forte entre les choses, et pour rien au monde je ne vou-drais défaite l’équilibre subtil de ce désordre idéal. »…Ou bien cette notation plus littéraire comme dans cette « siheyuan » ( maison chinoise traditionnelle) de Pékin : » Je n’aime pas tellement le jaune effronté du for-sythia malingre qui pousse contre le mur nord de la cour. En revanche, j’aime sa traduction littérale ( ying chun hua) : » Fleurs qui souhaitent la bienvenue au printemps ».A n’en pas douter nous sommes arrivés grâce à ce Carnet de voyages dans le cœur de l’Asie, même à vrai dire en son for intérieur.

La montée en puissance de la Chine Et la logique de la stratégie, Edward N. Luttwak, Editions Odile Jacob, 262 pages, 24,90 €

Edward Luttwak est un spécialiste américain de stratégie et de géopo-litique parmi les plus reconnus sur le plan international. Rattaché au Centre d’études stratégiques et in-ternationales de Washington, il est l’auteur du Grand Livre de la straté-gie et d’autres sur l’Empire byzantin

et l’Empire romain qui ont fait sa réputation. Mais il est aussi devenu un grand connaisseur du monde asiatique et de la Chine contemporaine en particulier. C’est à titre de stratège et non de sinologue qu’il intervient puisqu’il estime que la logique de la stratégie, étant universelle, s’applique de façon équivalente dans toutes les cultures et à toutes les époques.Observateur attentif du développement du pays, et se disant très sensible aux espérances et aux ambitions de ses dirigeants, il veut les mettre en garde contre une marche ascendante aveugle. Car celle-ci en viendrait à heurter la logique paradoxale de la stratégie qui veut qu’une crois-sance économique très forte et une augmentation aussi rapide de la puissance militaire dont elle est la consé-quence ne peuvent coexister et même perdurer. Telle fut

L’arbre à singes, Carnet d’Asie, Vincent Hein, Editions Denoël 162 pages, 16,50 €

Vincent Hein continue de marcher sur les traces de son premier récit de voyage « A l’est des nuages » publié d’abord en 2009 et reparu en poche chez Arléa en 2011. Notre « barbare en Asie », comme l’aurait sans doute surnommé Henri Michaux qu’il affec-

tionne et auquel sa prose fait parfois penser, s’est installé à Pékin en 2004 où il a fondé famille mixte franco-chinoise avec la belle Ma Xiaomeng et le petit Edgar. Ce qui n’ a en rien ralenti les pérégrinations de notre voyageur conteur puisqu’il a parcouru successivement Séoul, Pékin d’où il remonte sur les pistes des anciens Mongols vers Huhehote, « une ville loqueteuse », ce qui est à la fois vrai et un peu injuste pour qualifier la dynamique capitale ac-tuelle de Mongolie intérieure. Mais c’est un bon exemple de l’écriture toute en notations subjectives, suggestives, souvent poétiques de Vincent Hein qui n’épargne pas de ses piques les lieux qu’il n’aime pas trop. Telle cette com-paraison audacieuse et drôle, après visité la ville murée ancienne de Pingyao qui ne l’a pas trop séduit : « Un genre de Mont –Saint- Michel chinois, plat, sans aucune vue et loin de la mer...», puis cet au-revoir ironique et dépité : « Le soleil s’en va avec l’air de s’essuyer le front et semble vouloir nous dire qu’il en a fait assez pour aujourd’hui.Très bien. N’insistons pas.Demain, je quitterai Pingyao ».En route vers le sud, à Canton, Hong Kong, Tai O, port de pêche peu connu, il continue de nous donner envie d’emprunter ses pas, tellement ses notes de voyage éveillent notre curiosité. Car l’auteur sait tracer en quelques mots, comme s’il peignait à coups de pinceaux à l’encre de Chine, les petits tableaux de la vie quotidienne qui le ravit et il réussit à merveille nous faire partager ses petits moments de plai-

Par Laurent Ballouhey

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pourtant la voie que les Etats Unis eux-mêmes ont suivie pour imposer leur hégémonie au monde, mais dans le cas de la Chine, cela ne pourrait qu’inquiéter en priorité ses voisins proches ou lointains. L’ascension de la Chine revêt par exemple une significa-tion particulière pour le Vietnam et l’Inde , qui partagent des frontières contestées et se sont affrontés dans le pas-sé, alors que la puissance militaire chinoise ne peut être ressentie comme une menace par la France ni l’Europe. Car la Russie et l’Asie centrale s’interposent entre elles. La logique de la stratégie, où croissance économique et puissance militaire vont de pair, pousse ainsi les voisins de la Chine à former des coalitions diverses contre elle – Inde- Vietnam, Japon- Australie, Etats-Unis- Vietnam, tandis que l’alliance plus ancienne entre le Japon et les Etats Unis se renoue et se renforce. Dans cette perspec-tive, la défense de la France sera à terme affectée par ce redéploiement global, de même qu’il finira par sin-quiéter la Russie à son tour. Confrontée à un danger de l’Orient et non plus de l’Occident, la Russie sera alors peut-être obligée de se tourner vers l’ Europe pour nouer une coopération stratégique avec elle, ce à quoi elle se refuse jusqu’ici. Ce scénario serait le moins favorable à la Chine qui aurait ainsi atteint le but contraire de la diplomatie chinoise.

Chine. L’envers et l’endroit, Eric de La Maisonneuve, Editions du Rocher, 221 pages, 18,90 €

Cet essai sur la puissance chinoise et son émergence, qui est en fait autant généraliste que stratégique, entend présenter une image contrastée de la Chine et de son développement. Elle diffère sensiblement des essais écrits dans l’admiration de ses per-formances économiques comme des dénonciations indignées face aux

déficiences de son système politique en matière de liber-tés publiques ou d’atteintes aux droits fondamentaux des citoyens. C’est cette Chine aux deux visages que l’auteur veut décrire, le yin et le yang selon la théorie chinoise, ou l’envers et l’endroit selon la notre vision du monde.Le développement chinois depuis 30 ans est •••

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Le rêve de la montagne d’or, Zhang Ling , traduit du chinois par Claude Payen, Editions Belfond, 590 pages, 22 €

En Chine, de la f in du XIXe siècle au début du XXIe siècle, à Kaiping au fin fond de la province du Guangdong, ou ailleurs, le mythe de la Montagne d’or a traversé cinq générations d’hommes ou de femmes. Ils ont poursuivi ce même rêve et sont partis à la dé-couverte de cette Montagne

qui était censée contenir des réserves d’or inépuisables qu’ils auraient exploitées avant de revenir au pays natal. Aujourd’hui encore on peut visiter près de Kaiping toutes ces maisons appelées « diaolou » et abandon-nées depuis les années 20 dans la riche campagne du Guangdong. Ce premier roman nous retrace à sa façon la saga riche et complexe de cette émigration chinoise partie à la recherche de l’eldorado en Amérique du nord, qu’elle a contribué à construire en un siècle de travail, de larmes, de souffrances et aussi de réussites et d’enri-chissement. Cette aventure nous est racontée à travers le destin tragique d’une famille attirée par l’espoir d’une vie meilleure sur les terres américaines.Une sociologue sino-canadienne, Eddy Smith, ne pen-sait passer que quelques jours pour régler une affaire de succession en Chine. C’est alors qu’elle découvre la véritable valeur de l’héritage que lui laisse son aïeul, qui n’est autre que l’histoire fascinante et dramatique de ses ancêtres, de toute sa famille, et par la même de sa propre histoire dont elle ignorait tout. Ce beau roman familial et historique esquisse la vi-sion de la conscience nationale chinoise forgée souvent dans l’humiliation au cours de ces 200 ans passés. Ce faisant, il donne aussi à comprendre les ressorts ac-tuels du nouvel essor national qui réapparait parfois teinté d’arrogance dans cette période d’émergence du pays. •

图书精选Coup de coeurLivres 图书

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••• certes exceptionnel mais il va s’essouffler bientôt et les tâches encore à accomplir sont très nombreuses et constituent un véritable défi. La croissance économique à deux chiffres n’a permis qu’à 20 % de la population d’émerger pour accéder à cet objectif proclamé du « petit bien-être ». D’autant que la richesse chinoise a été en grand partie accaparée par 150 millions d’individus qui constituent les « nouveaux riches », soit les 10 % de la population du pays. Pour le reste, l’immense partie est encore à maints égards sous-développée, surtout dans les campagnes ; les systèmes d’éducation et de santé sont désuets, parfois en régression ou à l’abandon, comme les écoles primaires dans les régions rurales ; la bulle immo-bilière gonfle ou risque d’éclater dans les villes, l’inflation a repris et la corruption étend son emprise partout. Pour tenter de résoudre tous ces problèmes, la Chine cherche à emprunter un nouveau modèle et de parvenir à un autre type de développement plus durable, plus attentif aux besoins sociaux de la grande partie de la po-pulation (éducation, santé, logement) et plus soucieux de l’environnement dans les campagnes et du mode de vie dans les zones urbaines. C’est ainsi que la Chine, loin d’être un succès sans ombre , pas plus qu’elle ne serait la menace parfois agitée, est avant tout un défi pour elle-même, une tâche énorme pour son peuple et un casse-tête pour ses dirigeants à la veille d’effectuer une transition délicate lors du XVIIIe Congrès prévu à l’automne 2012. Ce livre constitue un bon exercice de préparation pour tenter de connaitre la suite de l’Histoire. •

Une autre Chine, gens de Pékin, observateurs et pas-seurs des temps, François Laplantine, Editeur De l’ incidence, 190 pages, 17 €

La Chine qui intéresse l’observa-teur, comme se décrit l’auteur de cet ouvrage à la fois très univer-sitaire et très original , n’est pas celle des prouesses ou des images spectaculaires qui veut qu’on construise ici « toujours plus grand, plus haut, plus fort, plus

vite ». Le regard se fait plus curieux, plus terre à terre, plus concret, tout en restant savant, pour cerner ce que devient « l’homme pékinois » dans un espace et une temporalité en constante fluctuation. Ses observations personnelles de la vie pékinoise sont confortées ou au contraire contestées de l’intérieur au travers d’une double exploration : par la littérature chinoise contemporaine riche d’une centaine d’ou-vrages traduits en français (Yu Hua et Yan Lianke sont souvent mis à contribution) ; et par le cinéma chinois d’aujourd’hui (plus de quatre-vingt films vus ou revus ). Pour évoquer autrement que par des chiffres ou des tableaux statistiques les transformations économiques et sociales du pays, l’auteur choisit d’observer les corps en mouvement, les gestes, les attitudes, les comporte-ments qui composent une « ambiance urbaine ». Les recours au langage des romans et des sons et images des films servent en complément à tenter de répondre à la question de savoir comment le passé, le présent et le futur sont en train de s’enchevêtrer et souvent de s’entrechoquer pour rendre compte de façon la plus riche possible de la modernité chinoise. Ce livre ne prétend pas proposer un « discours de savoir » sur la Chine, mais celui-ci refermé, c’est un large panorama, très vivant, très savant et très informé et très cultivé, du Pékin contemporain dans toute sa diversité qui nous a été donné à voir et à lire. Un livre riche et précieux donc, parfois un peu ampoulé mais c’est un péché véniel face à ce qu’il nous apprend. •

作品赏析Vu de l’esprit

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