Comme un gros coeur qui bat...

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gros gros cœur qui batC O L L E C TI O N « JE V E U X Q UO N P A R L E D E N O U S » Une visite au Collège catholique Samuel-Genest » 5 Michel Gratton Comme un

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Je veux qu'on parle de nous... Une visite au Collège catholique Samuel-Genest

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grosgros cœur qui bat…

COLLECTION « JE VEUX QU’ON PARLE DE NOUS »

Une visite au Collège catholique Samuel-Genest

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Michel Gratton

Comme un

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Comme un gros cœur qui bat…

Michel Gratton

Une visite au Collège catholique Samuel-Genest

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L’un des plus beaux voyages...

La lecture des livres de cette belle collection m’épate. Mais, en même temps, elle ne m’étonne pas.

Ce que je revis en lisant ces livres n’est que fi dèle à ce que j’ai vécu au cours des 30 dernières années de ma vie. Ce que je ressens, ce sont cette même joie et cette même fi erté que j’ai toujours ressenties à circuler dans les corridors et les classes de nos écoles. Comme enseignant, comme directeur, comme surintendant ou, aujourd’hui, comme directeur de l’éducation.

Ce que je revois, ce sont les visages de gens qui ont comblé ma vie. Le dépassement quotidien de mes collègues de travail. L’épanouissement de nos élèves. L’engagement de leurs parents.

J’entends leurs voix et leurs rires. Et je ressens toutes les espérances de tous ces passagers partant ensemble pour l’un des plus beaux voyages. Celui de l’éducation et de la réussite de chaque enfant qui entre chez nous.

Comme madame Lise Bourgeois, qui a conçu et lancé cette collection il y a trois ans, moi aussi « Je veux qu’on parle de nous... ». Pour partager nos valeurs, nos efforts, nos rêves.

Bonne lecture!

Bernard RoyDirecteur de l’éducationConseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE)

Nous tenons à remercier sincèrement la direction, le personnel et les élèves du Collège catholique Samuel-Genest d’avoir rendu cet ouvrage possible.

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À Samuel-Genest, il y a un élève dont le pays d’origine est la Cité du Vatican.

Ce ne serait qu’une rareté intrigante si ce n’était que ce genre de choses ne semble arriver qu’à « Sam », le surnom affectueux que l’on donne au Collège catholique Samuel-Genest depuis sa fondation ou presque.

En fait, le drapeau aux clés d’or, que l’on associe à la papauté, n’est qu’un des 37 drapeaux qui ornent l’entrée du collège. Et chacun d’eux représente le pays d’origine d’au moins un élève de l’école.

Sam est donc une école franchement « multiculturelle ». Mais ce serait presque banaliser la réalité de ce milieu scolaire unique dans notre communauté que de s’en tenir à cette généralité pour le décrire.

Sam, c’est la communion des différences. C’est en fait un merveilleux carrefour cosmopolite qui grouille tout autant d’imagination et d’intelligence que d’entraide et de compassion.

Sans parler des personnages aussi engagés que colorés qui forment son personnel.

On le sent en franchissant la porte d’entrée. Il y a quelque chose de différent ici. Quelque chose de profond, de vrai. Comme un gros cœur qui bat.

On sent d’abord le poids de la tradition. À 30 ans, Sam a une glorieuse histoire. Et puis on est saisi par ce sentiment qui semble fl otter dans les corridors. Un sentiment que l’on est tous dans le même bateau. Et que c’est seulement ensemble que l’on s’en sortira.

« Ce qui va t’impressionner, ce n’est pas ce que je vais te dire, c’est ce que tu vas voir. » C’était tout ce que le directeur

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Réal Charette avait à me dire avant de me laisser explorer et découvrir par moi-même son école.

J’étais très curieux avant d’arriver. Je brûlais d’envie de connaître Sam. Parce qu’au fi l des ans Sam a eu bien des réputations. Celle du collège catholique privé et exclusif d’origine où seuls les enfants de l’élite sociale de la région, et même de la province, étaient admis. Celle de l’école offrant une concentration scientifi que et qui a la réputation d’être la meilleure de toutes. Sam, c’était pour la crème de la crème.

Et puis, un jour, à ma grande surprise, on me confi ait que Sam n’était plus que l’ombre de lui-même. Qu’il était devenu une école « à problèmes » depuis l’amalgamation d’une population de gens plus démunis.

Mais j’avais des doutes. Quelque chose me disait que ce n’était pas aussi simple que ça... Parce que j’avais déjà entendu ce genre de chanson. L’arrivée de populations moins bien nanties semble toujours susciter des craintes démesurées qui se concrétisent rarement dans les écoles du Centre-Est. Malheureusement, les appréhensions de certains restent trop souvent ancrées comme étant la réalité absolue.

Ce n’est pas ce que j’ai vu.

« À mes yeux, Sam a toujours été et est encore la meilleure école de la province. » Johanne Pharand n’y va pas par quatre chemins. La conseillère en orientation y travaille depuis 24 ans.

Elle connaît Sam comme si elle l’avait tricoté. Elle est bien consciente que certains ne partageraient pas cet avis. Mais elle

À mes yeux, Sam a toujours été

et est encore la meilleure école de

la province.

«

»

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n’en démord pas moins, parce que, pour elle, la valeur d’une école ne se mesure pas seulement en fonction des résultats aux examens du Ministère.

« Oui, on accueille des élèves plus diffi ciles qu’autrefois, et oui les temps ont changé… Les foyers familiaux ont beaucoup changé, mais chaque élève ici a quand même son histoire... Et Sam a toujours eu l’engagement d’accepter l’élève tel qu’il est. »

« On les nourrit, on les habille, on va cogner à leur porte pour leur dire de venir à l’école... Si l’école ne peut aider ces gens-là, qui va les aider? »

« À part ça, pour ce qui est des notes, quand on prend nos élèves des programmes enrichis, on est aussi forts sinon plus forts que les autres. »

Oui, les temps ont changé. Et Samuel-Genest aussi.

Mais Sam ne s’est pas endurci. Sam n’est pas devenu moins bon. Sam a grandi, mûri.

Parmi toutes les qualités qui en avaient fait une école supérieure à la moyenne, Sam a misé sur l’idée de faire vivre pleinement les valeurs chrétiennes qui étaient, en somme, sa première raison d’être.

C’est toujours l’école des meilleurs. Sauf que l’on regarde maintenant au-delà des notes pour évaluer son excellence.

« Seule une vie pour les autres vaut la peine d’être vécue. »

Cette citation d’Albert Einstein orne l’un des murs de Samuel-Genest.

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Peu importe à qui l’on s’adresse à Samuel-Genest, on nous dira d’aller « parler à Thérèse ».

Elle a un nom prédestiné. Thérèse Desautels est agente de pastorale. « Ma foi passe par mes mains, dit-elle. Il faut bouger, il faut poser des gestes. »

Si telle est la mesure de sa foi, Thérèse déplacerait des montagnes. Parce qu’elle en déplace, de l’air. Elle fait de la pastorale depuis 40 ans, surtout auprès des plus démunis : les pauvres, les sidéens, les gens délaissés par leur famille. Ce qu’elle veut, c’est « faire vivre aux jeunes un engagement avec la parole du Christ. »

« Quand tu réussis à engager les jeunes dans des activités, tu n’as pas de problèmes. Vous devriez voir tous les élèves qui viennent m’aider à faire des paniers de Noël pour les familles démunies! » dit-elle.

Elle garde un plat de bonbons sur son bureau. Sa porte est toujours ouverte. « Les jeunes entrent pour prendre un bonbon... S’ils veulent jaser, ils me regardent. Je leur demande si ça va... »

Sa volonté de faire une différence pour les jeunes et avec les jeunes est à l’origine d’un des projets les plus dynamiques et inspirants de tout le système scolaire. Un projet qui porte le nom « Changer ma communauté ».

Tout a commencé il y a huit ans, un jour où son collègue Henri Babin était venu la voir à son bureau. Le prof d’éducation physique à l’entrain contagieux avait lui-même tout un parcours humanitaire à son actif.

Au début des années 1980, alors jeune enseignant dans le nord de la province, il était parti à la recherche de lui-même en Inde. Il voulait travailler avec Mère Teresa. Il allait passer ses deux mois de vacances à aider les lépreux.

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« J’ai vécu l’expérience de Dieu » dit-il. Revenu au Canada, il décidait de vendre tous ses biens et de retourner en Inde pour y fonder un orphelinat pour enfants sourds et aveugles également atteints d’un handicap mental ou physique. La plupart étaient rejetés par la société. Au bout d’un an, l’orphelinat comptait 120 enfants. Il y passa quatre ans et légua à la communauté indienne un établissement dont le travail charitable se poursuit aujourd’hui.

« C’est ça, le secret de la vie, dit-il. Aller vers les autres. Aller vers les pauvres. C’est ça qui nous rend humains. Montrer que le royaume de Dieu est ici. Répondre aux besoins de notre communauté. J’ai eu une belle vie. C’est ce que je souhaite donner aux jeunes. »

« Il faut faire quelque chose, lui dit Thérèse. On va changer notre communauté, Henri. »

« On vous demande de fermer les yeux et d’imaginer que vous montez en montgolfi ère au-dessus de la ville. Nous sommes 10 ans plus tard qu’aujourd’hui. Quelles améliorations aimeriez-vous voir dans votre ville dans 10 ans d’ici? »

Thérèse Desautels a fait cet exercice auprès de tous les élèves des classes de la 9e à la 11e, avec l’aide de ses collègues Henri Babin et Isabelle Lapointe. Le projet « Changer ma communauté » était né. Il invitait les élèves à s’impliquer dans leur communauté. De changer la vie des gens pour le mieux.

Les élèves choisis doivent suivre pendant un an un cours de leadership offert après les heures de classe. Le cours est crédité. Par la suite, chaque élève peut soumettre un projet communautaire.

« Changer ma communauté » a fait boule de neige. Centraide Ottawa lui a décerné en 2009 son Prix du bâtisseur communautaire. L’an dernier, les élèves de Samuel-Genest ont créé, organisé et coordonné au moins 10 projets différents.

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D’une soirée multiculturelle à un voyage en famille au Biodôme de Montréal.

Il est important de préciser que, bien que les leaders, dans le cadre de ces projets, soient peu nombreux, plusieurs élèves de Sam y participent comme bénévoles, ce qui, au fi l des ans, fait pas mal de monde.

De même, plusieurs des élèves responsables des projets reviennent à la charge année après année, même s’ils ne sont crédités qu’une seule fois, en 10e, pour le cours de leadership. Une tendance qui en dit long sur leur engagement et sur « l’effet Sam ».

Cindie et Mélissa sont deux de celles qui ont continué à s’impliquer « pour rien », comme elles le disent.

« Ce qui m’a motivée à continuer, c’est de voir que les gens étaient heureux » dit Cindie. Son premier projet, qu’elle répète depuis trois ans, était une excursion en autobus jusqu’au Biodôme. Elle est également ministre de l’environnement du collège et s’implique beaucoup dans ce domaine, aussi.

Mélissa, elle, a organisé une fête pour les enfants de sa communauté. « J’ai recruté 20 bénévoles. On a envoyé des invitations. On a organisé une journée remplie d’activités à mon église » dit-elle. Pourquoi le fait-elle? « J’aime aider les autres. Mon devoir, c’est de faire une différence. Si je commence comme ça, qui sait jusqu’où ça peut nous mener? »

« Il se passe tellement de choses ici, dit le directeur. Chaque vendredi, je dois faire une revue des événements de la semaine en trois paragraphes. J’aurais besoin de trois pages! »

J’aime aider les

autres. Mon devoir,

c’est de faire une

différence.

«»

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Il n’exagère pas. Car, aussi impressionnant que soit le projet « Changer ma communauté », j’ai l’impression, au terme d’une visite de quatre jours, de ne pas voir le bout de tout ce qui se passe de bon et de fascinant à Samuel-Genest.

Elle n’est pas grande... mais elle est toute là! En 1996, Nathalie Gosselin représentait le Canada en judo aux Jeux olympiques d’Atlanta. Aujourd’hui, elle est professeure de judo à Samuel-Genest.

Je m’adonne à passer devant sa classe. Il y a là une dizaine de grands gaillards en uniformes qui ont l’air de s’amuser ferme à jouer... au soccer!?! Je comprends que c’est l’heure de la pause. Nathalie Gosselin, accotée à la porte d’entrée, les regarde avec le sourire. Elle intervient de temps à autre pour maintenir l’ordre. On l’écoute.

Le directeur m’explique que les élèves de sa classe sont considérés comme des décrocheurs potentiels. Le judo n’est qu’une des activités qu’offre le collège pour les inciter à rester à l’école.

Nathalie Trépanier garde un souvenir impérissable du « Bye-Bye Sam », alors qu’elle était en 11e année. C’était en 1993, avec l’animatrice culturelle Lise Paiement, devenue depuis une véritable légende dans le monde de l’éducation en Ontario français. Elle me raconte que Michel Blais, un ancien élève, lui aussi, de Lise Paiement, fut l’un des grands responsables du « Garneau Chaud », à l’école secondaire Garneau.

Mais on peut dire que le « Bye-Bye Sam » est celui qui a inspiré tous les autres. En tant que professeure d’art dramatique, Nathalie Trépanier est responsable du spectacle de fi n d’année. Pour les élèves de sa classe de 11e, c’est le couronnement de leurs efforts.

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« On se sent comme une famille, dit Patrick, l’un des principaux membres de la troupe. Tu vis avec cette classe-là pendant un an. »

« L’école trouve des façons de nous rapprocher, dit Elsa, une autre comédienne. J’aime l’art dramatique parce que ça me permet de sortir de ma timidité. » En temps normal, elle est si réservée que son prof de mathématiques, éberlué en la voyant sur scène, lui a lancé : « Mais... tu parles, toi? »

« C’est ma place ici, c’est une école très enrichissante, dit Julianne, un autre membre de la troupe. Je ne me verrais pas à une autre école. Et j’en ai visité d’autres... » Julianne est aussi une grande joueuse de volley-ball, un sport qu’elle compte continuer à pratiquer avec les Coyotes de La Cité collégiale. Elle aurait pu choisir d’aller ailleurs, où l’on offre une concentration en sports. Mais le collège offre aussi un programme « Sam sportif » pour encourager les athlètes de sa communauté à poursuivre leurs études.

Émilia est arrivée du Costa Rica en 9e année. « Les élèves sont très chaleureux, dit-elle. Ils veulent te rencontrer. » En plus du « Bye-Bye », elle est aussi responsable d’un projet de « Changer ma communauté ». Elle organise un spectacle multiculturel. « Je veux montrer aux gens le multiculturalisme qui existe dans notre école. Les gens sont vraiment fi ers de leur culture! »

Patrick est aussi l’une des « dynamos » engagées dans le projet « Changer ma communauté » – quand il n’organise pas de manifestations auprès du conseil des élèves pour obtenir quelque chose. Elsa est l’une des fortes en concentration scientifi que.

« Il faut que chaque élève sente qu’il a sa place, dit Nathalie Trépanier. Je suis à ma place. Je n’aurais pas voulu aller ailleurs qu’à Sam. »

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Mon souvenir du « Bye-Bye 2010 » : la foule est en liesse, les fi nissants de 12e sont particulièrement bruyants, le spectacle est drôle, les profs semblent s’amuser sur scène encore plus que les élèves et... le menu de la cafétéria en prend pour son rhume!

Quand Andrea White n’enseigne pas la langue de Shakespeare, elle plante un arbre devant l’école. « Pour redonner un peu de sa beauté naturelle à ma communauté, un petit peu à la fois. » Et célébrer le 30e anniversaire du collège en présence d’une invitée de marque, madame Gisèle Lalonde, l’une des fondatrices de Samuel-Genest.

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Andrea White et Cindie, ministre de l’environnement, ainsi que les autres membres du club de l’environnement du collège, prennent leurs arbres au sérieux. L’enseignante a fait une recherche particulière pour trouver celui qu’elle me montre, un arbre originaire du Japon qui s’adapte particulièrement bien au milieu urbain.

Il faut dire qu’elle connaissait un peu ce pays. Dans sa vie « pré-Sam », elle a vécu un an dans un village du nord du Japon. Pourquoi? Pour la même raison que cette native de Cornwall a fait un baccalauréat en communications et en journalisme, avant d’aller étudier le cinéma pendant un an dans le sud de la France. Parce que ça lui tentait de le faire.

Dans sa plus récente vie, elle est devenue la championne écolo de Sam depuis qu’elle a accepté de prendre les rênes du nouveau club de l’environnement. Le club n’existe que depuis deux ans mais, comme tout ce que l’on entreprend ici, il fait bouger les choses.

« Les jeunes s’en occupent beaucoup, dit Andrea. Ils organisent beaucoup d’activités à l’heure du midi ». Dont des lunchs « sans déchets ». L’élève qui remet le plus petit sac à ordures après son repas gagne une collation du genre « muffi n biologique ».

On a fait un concours de collecte de piles, incitant notamment les gens de l’école à changer les piles de leurs avertisseurs de fumée. Les pompiers du poste du quartier n’avaient jamais vu une aussi grande quantité de piles que lorsque Sam leur a remis le fruit de sa collecte.

On a aussi organisé une véritable « corvée » pour nettoyer les rues avoisinantes de l’école. Chaque classe titulaire a contribué à ramasser toutes sortes de déchets. « Les élèves n’en revenaient pas de voir le genre de choses que les gens faisaient tout simplement jeter n’importe où : des bouteilles de bière, des enjoliveurs, des bicyclettes... »

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Un moment touchant à la fi n du « Bye-Bye » : on honore quatre professeurs qui prennent leur retraite. Deux de ceux-là sont d’origine haïtienne. Ils retournent dans leur pays dévasté par les catastrophes naturelles et miné par la pauvreté, qui est encore pire que lorsqu’ils l’ont fui pour venir s’établir au Canada.

« C’est un cri du cœur, un cri d’amour, dit Madame Rose Michelle Pierre Noël, une enseignante orthopédagogue qui vit au Canada depuis 40 ans. On a besoin de nous. Le tremblement de terre a frappé toutes les classes sociales. » Avec un groupe de compatriotes, elle a déjà contribué à la construction d’une école et compte maintenant fonder un orphelinat dans sa région natale.

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« C’est le temps de retourner pendant que je suis encore capable d’aider, dit Jean-Claude Mont-Louis. Je retourne enseigner dans le village où j’ai grandi. » À 67 ans, il a passé plus de la moitié de sa vie au Canada, où il s’est établi en 1975. Son histoire mériterait qu’on y consacre un livre, ne serait-ce que pour illustrer la façon dont il ne faut pas traiter les immigrants. Lui qui était un professeur respecté en Haïti, il a vécu dans la pauvreté et le chômage ici pendant presque 20 ans, avant de fi nalement trouver, grâce à un programme de La Cité collégiale, un emploi comme éducateur de l’enfance en diffi culté à l’école Jeanne-Lajoie.

« J’ai aimé Samuel-Genest, surtout parce que j’ai pu aider les nouveaux arrivants. Mes anciens élèves reviennent me voir pour me remercier et ça m’enrichit, dit Madame Michelle. Si j’ai réussi à le faire ici, je peux le faire à Haïti. »

Quand on connaît les gens de Sam, on sait que, pour eux, de retourner aider la communauté de leur jeunesse est la chose la plus normale qui soit...

Un appareil radio qui fonctionne sans pile... un plunger automatique à pression d’air... la découverte d’une bactérie jusque-là inconnue... six éprouvettes à bord de la navette spatiale pour une expérience sur la cristallisation des protéines...

C’est presque injuste de s’arrêter là, mais la liste des inventions et des exploits des élèves de Samuel-Genest de la concentration scientifi que, sur la scène régionale, provinciale et nationale, ne cesse de s’allonger d’année en année.

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Que dire des racontars selon lesquels le collège n’est plus la puissance scientifi que d’antan? Faudrait que quelqu’un m’explique. Parce qu’en 2009-2010 j’ai compté non moins de 15 médailles régionales obtenues par des élèves de la 7e à la 12e, dont cinq d’or aux Olympiades du Musée des sciences et de la technologie et à Expo-Sciences d’Ottawa. Sans parler de la médaille de bronze au concours national d’Expo-Sciences.

C’est tout? Non. Lors du concours provincial de dissertation en biotechnologie, trois élèves de 12e de Samuel-Genest ont pris les trois premières places de la province. Et les élèves de 9e ont décroché une première place, deux deuxième place et cinq troisième place à la foire virtuelle pancanadienne.

Entre 10 % et 12 % des élèves de Samuel-Genest sont inscrits à la concentration scientifi que. Ils n’ont rien à prouver. Ils sont aussi forts que jamais.

Mais l’excellence de Sam ne s’arrête pas au domaine des sciences. Sam’Artiste et Sam Sportif sont aussi devenus des programmes très populaires auprès des élèves. « On ne peut pas se concentrer juste sur une chose, avec la diversité d’élèves que nous accueillons. Il nous faut être aussi bons en arts, en sports et en pastorale que nous le sommes en sciences » dit le directeur Réal Charette.

« Il faut un personnel qui s’implique pour réussir. Notre but, c’est de faire une différence dans leur vie. Il faut comprendre que, comme prof, on est là pour le jeune, avec le jeune. »

« Ce qui m’épate ici, c’est la passion des gens » dit Richard Paquette, enseignant en informatique qui a passé la première partie de sa carrière comme programmeur chez Nortel.

« C’est incroyable ce que certains jeunes vivent, dit Johanne Pharand en parlant des moins favorisés. L’école a mis en place des programmes pour aider ces jeunes-là. On va jumeler des cours de cuisine à des cours de sciences, des cours de religion

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à des cours d’éducation physique. On va faire des pieds et des mains pour aider le jeune. »

« Il y a beaucoup d’amour ici, dit Martin Gagnon, l’âme de Sam’Artiste. Les jeunes ont besoin d’amour... Ici, les jeunes sont honnêtes. Ils vont te dire ce qui se passe. »

« Ailleurs, un élève pourrait venir te voir pour contester la note qu’il a obtenue à un test. Ici, il vient te voir parce qu’il n’a pas mangé, dit Marc Bertrand, l’un des directeurs adjoints. Je me sens utile à Sam. J’aurais pu aller ailleurs, mais c’est ici que je veux travailler. »

Thérèse Desautels rit de bon cœur. Elle a une anecdote sympathique à me conter, tout à fait à l’image de Sam. Un jeune élève d’origine haïtienne nouvellement arrivé est venu la voir l’autre jour. « Il m’a raconté : “On a eu un truc à la maison. Tu mets du pain dedans et, quand il est grillé, ça saute!” »

Il n’y a rien d’ordinaire chez Sam...

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Dans la même collection

1 Une petite école... un grand cœur!Une visite au Centre scolaire catholique Jeanne-Lajoie, pavillon secondaire

2 La passion de la différence...Une visite à l’École secondaire catholique Franco-Cité

3 Garneau chaudUne visite à l’École secondaire catholique Garneau

4 Le feu sacré des Dragons NogardsUne visite à l’École secondaire catholique Marie-Rivier

Conception graphique et impression : Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques, 2010.

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J’avais une petite idée de ce que je cherchais. Mais je ne savais vraiment pas ce que j’allais trouver.

J’ai trouvé des écoles en effervescence. J’ai trouvé des gens d’un dévouement total. Mais j’ai surtout trouvé des élèves heureux. Des élèves aux yeux brillants, gonfl és d’espoir en l’avenir et de confi ance en eux.

Et j’ai compris.

J’ai compris que c’est possible. Qu’on ne rêve pas lorsqu’on dit que chaque élève peut réussir. Et, qu’aux yeux de mon ordinaire, j’avais peut-être la chance de voir en mouvement les meilleures écoles… au monde.

– Michel Gratton