CINÉMA ÉGYPTIEN - WIPO
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G E N È V E – J U I N 2 0 0 8 – N ° 3
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CINÉMAÉGYPTIEN La barremonte d’un cran
TECHNOLOGIE SOLAIRE Gérer la propriété intellectuelle
JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE En images
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INNOVATION
VERTE
23 – 27 JUIN GENÈVEComité permanent du droit des brevets (SCP) (douzième session)
Le comité examinera, en particulier, le Rapport sur le système international des brevets.
Invitations: en qualité de membres, les États membres de l’OMPI ou de l’Union de Paris; en qualité d’obser-
vateurs, d’autres États et certaines organisations.
30 JUIN – 2 JUILLET GENÈVEGroupe de travail ad hoc – Union de Locarno
Le groupe de travail ad hoc étudiera des propositions relatives à l’incorporation dans la classification de Lo-
carno d’un niveau supplémentaire de sous classes pour des éléments de dessins ou modèles.
Invitations: en qualité de membres, les États membres de l’Union de Locarno; en qualité d’observateurs, les
États membres de l’Union de Paris ou de l’OMPI qui ne sont pas membres de l’Union de Locarno et certaines
organisations.
3 – 4 JUILLET GENÈVEGroupe de travail ad hoc – Union de Nice
Le groupe de travail ad hoc étudiera des propositions relatives à une procédure de révision modifiée de la clas-
sification de Nice, ainsi qu’à la conception d’une vision plus moderne de cette classification.
Invitations: en qualité de membres, les États membres de l’Union de Nice; en qualité d’observateurs, les États
membres de l’Union de Paris ou de l’OMPI qui ne sont pas membres de l’Union de Nice et certaines organisations.
7 – 11 JUILLET GENÈVEComité du développement et de la propriété intellectuelle (CDPI) (deuxième session)
Les participants de cette session, conformément à la décision adoptée par les États membres, doivent ap-
prouver le rapport de la première session et établir un programme de travail aux fins de la mise en œuvre des
recommandations adoptées; suivre, évaluer et examiner la mise en œuvre de toutes les recommandations
adoptées; et débattre des questions relatives à la propriété intellectuelle et au développement convenues par
le comité et de celles décidées par l’Assemblée générale.
Invitations: en qualité de membres, les États membres de l’OMPI; en qualité d’observateurs, d’autres États et
certaines organisations.
17 – 18 JUILLET GENÈVEConférence internationale sur l’enseignement et la recherche en matière de gestion de la propriété intellectuelle
Cette conférence a principalement pour objectifs: a) de faire le point de la situation en ce qui concerne l’of-
fre et la demande d’enseignement et de recherche en matière de gestion de la propriété intellectuelle dans
diverses parties du monde; b) de mettre sur pied un réseau international d’universitaires et de spécialistes in-
téressés par le développement de ce nouveau domaine d’activité qu’est la gestion de la propriété intellec-
tuelle; et c) de proposer des stratégies et des lignes directrices aux fins de la valorisation de l’enseignement
et de la recherche en matière de gestion de la propriété intellectuelle.
Invitations: professeurs d’écoles de gestion, responsables de la gestion de la propriété intellectuelle dans des
organismes commerciaux et représentants des offices de propriété intellectuelle.
21 – 25 JUILLET GENÈVEComité permanent du droit des marques, des dessins et modèles industriels et des indications géographiques
(SCT) (dix neuvième session)
Le comité poursuivra ses travaux sur les domaines de convergence en ce qui concerne les marques non tra-
ditionnelles et les procédures d’opposition en matière de marques. Il étudiera aussi une évaluation des ré-
ponses au questionnaire sur le droit des dessins et modèles industriels et sur la pratique en la matière, et
examinera d’autres questions d’actualité, telles que les procédures applicables en vertu de l’article 6ter de la
Convention de Paris, et les marques et les dénominations communes internationales pour les substances
pharmaceutiques (DCI), en s’appuyant sur les résultats de la dix huitième session du SCT.
Invitations: en qualité de membres, les États membres de l’OMPI ou de l’Union de Paris; en qualité d’obser-
vateurs, d’autres États et certaines organisations.
Calendrier des réunions
TABLE DES MATIÈRES
GENÈVE, JUIN 2008
L’HOMME DE SCIENCE, LE BREVET ET LES MANGUES
CHANGEMENT CLIMATIQUE
DES TECHNIQUES D’AMÉLIORATION VARIÉTALE POURCOMBATTRE LA FAIM – UN NOUVEAU RIZ POURL’AFRIQUE
LE SECTEUR DES TECHNOLOGIES SOLAIRES – GÉRER LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE
LA BARRE MONTE D’UN CRAN POUR LE CINÉMAÉGYPTIEN – ADEL ADEEB
LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE ET LES ENTREPRISES
DÉCADENCE ET GRANDEUR DES MARQUESPHARMACEUTIQUES
SENSIBILISATION
LA JOURNÉE MONDIALE DE LA P.I EN IMAGES
MOBILISER LES JEUNES TALENTS
NUMÉRISER LA CULTURE TRADITIONNELLE
LE WAYANG SORT DE L’OMBRE
HISTOIRES DE PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE EN AFRIQUE
MARQUES NOTOIRES ARABES
RÉUNIONS DES COMITÉS
NOMINATION DU PROCHAIN DIRECTEUR GÉNÉRAL
L’ACTUALITÉ EN BREF
COURRIER DES LECTEURS
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Rédaction: Elizabeth March
Adjointe à la rédaction: Sylvie Castonguay
Graphisme: Sheyda Navab
Traduction: Henri Tasca
MAGAZINE DE L’OMPI NUMÉRO 3/2008 © Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle
Photographie
de couverture
AFP/John MacDougall
Remerciements
Laurent Mandérieux (Consultant à l’OMPI) –
Le secteur des technologies solaires
Jean-Francois Arrou-Vignod (Section du
multimédia de l’OMPI) – L’homme de science,
le brevet et les mangues
Savitri Mohapatra – Un nouveau riz pour
l’Afrique
Avec la contribution de
Cathy Jewell (Section des relations avec
les médias et avec le public) – Diffuser la
propriété intellectuelle en histoires en Afrique
Wend Wendland and Jessyca Van Weelde
(Section de la créativité et des expressions
culturelles traditionnelles et du patrimoine
culturel) – Numériser la culture traditionnelle
Le problème
“J’ai étudié la production des fruits tropicaux à l’uni-
versité, et je me suis toujours intéressé aux difficultés
que posait celle de la mangue. Vous voyez, la mangue
des Philippines a toujours été délicieuse. Mais avant
1976, c’était un fruit commercialement négligé à
cause de la grande irrégularité de la fructification du
manguier. Elle est très saisonnière. Sur toute une
année, les arbres produisent seulement pendant un
mois. Et quand ils fructifient bien une année, ils ne
produisent pas l’année suivante. Même pendant la sai-
son normale, la production est erratique.
Nous avions déjà une méthode bien à nous, aux Phi-
lippines, qui consistait à induire la floraison avec de
la fumée. Mais c’était une pratique pénible et coû-
teuse. C’est pourquoi nous nous posions tous la
même question, comme étudiants: comment faire
fleurir le manguier?”
Victoire
“Nous avions compris que c’était l’éthylène contenu
dans la fumée qui produisait cet effet. Mais on ne peut
pas utiliser de l’éthylène comme cela; c’est un gaz; il
faudrait couvrir l’arbre. Je me suis donc mis à faire des
essais avec d’autres produits chimiques. Le nitrate de
potassium était loin sur la liste, mais je l’avais ajouté
parce que d’autres études m’avaient appris qu’il y a un
lien entre le nitrate de potassium et l’éthylène. “Ça a
marché – tout est parti de là.
Le procédé est très simple. Il suffit de prendre un kilo
de nitrate de potassium, de le mélanger à 100 litres
d’eau, d’arroser une fois l’arbre, et au bout d’une se-
maine, on voit apparaître les bourgeons. En deux se-
maines, les fleurs s’épanouissent déjà. C’était
vraiment… unique. Je n’ai jamais vu de réaction aussi
spectaculaire que celle-là.”
Retombées économiques
“L’utilisation de nitrate de potassium pour induire la
floraison a été une révolution pour l’industrie de la
mangue aux Philippines. On arrose, et l’arbre produit
des fruits. Cela permet de doubler ou de tripler le ren-
dement. Et en plus, on peut produire des fruits à dif-
férents moments de l’année.
On a dit qu’aucune technologie n’a été aussi béné-
fique à une culture que l’induction de la floraison du
manguier par le nitrate de potassium. Alors qu’elle
avait été pratiquement abandonnée, la mangue est
L’HOMME DE SCIENCE,LE BREVET ET LES MANGUESComment tripler la récolte de mangues aux Philippines
JUIN 20082Ph
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Biographie – Dr. Ramon Barba
Naissance: 1939, Philippines
Études: licence en agronomie (fruits) de l’université des Philippines; maîtrise en horticulture de l’université de
Géorgie (1963); doctorat en horticulture de l’université d’Hawaï (1967)
Distinctions: élu à l’Académie nationale des sciences et de la technologie des Philippines, 2004
La mangue. Un des fruits tropicaux les plus appréciés dans le monde. Les Philippines en ont récolté plusd’un million de tonnes l’an dernier. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. La vigueur de l’activité de productionde mangues aux Philippines peut être attribuée en grande partie à l’ingéniosité d’un seul homme.
Voici 40 ans, en effet, le Philippin Ramon Barba, docteur en horticulture, mettait au point uneméthode toute simple pour induire précocement la floraison du manguier. Son invention, qui estlargement utilisée de nos jours, révolutionna la culture des mangues aux Philippines, faisant de cefruit l’une des principales exportations du pays.
L’histoire de M. Barba est racontée dans un court métrage que vient de publier l’OMPI, à l’occasionde la Journée mondiale de la propriété intellectuelle, dans le cadre de sa série sur les inventeurs etcréateurs des pays en développement. Dans les extraits ci-dessous de ses entrevues avec l’équipe del’OMPI, il décrit son invention, l’effet qu’elle a eu et la bataille qu’il a dû mener pour la breveter.
devenue notre principale production fruitière à
compter de 1974, avec des ventes totales de l’ordre
de USD46 millions. Les Philippines sont actuellement
l’un des principaux exportateurs de mangues au ni-
veau mondial.
Les effets sont sensibles dans tous les domaines liés à
la production de mangues. Tout le monde en a béné-
ficié: les sociétés qui vendent des pesticides, les gens
qui s’occupent des récoltes, les emballeurs, ceux qui
transportent les fruits sur les marchés, ceux qui fabri-
quent les paniers pour les mangues…”
Et les arbres?
“On pourrait s’attendre à ce que les arbres souffrent, à
force de produire aussi souvent des fruits précoces.
Nous avons donc fait une étude, et ce que nous avons
découvert, c’est qu’il y a effectivement une incidence:
après huit ans d’induction, les arbres sont plus petits
de 15% que ceux qui n’ont pas été traités. En revanche,
il n’y a aucun effet néfaste, et les mangues ne sont pas
endommagées. Des manguiers qui sont arrosés au ni-
trate de potassium depuis plus de 30 ans produisent
toujours.”
Aïe, pas de brevet!
“J’étais tellement content de cette découverte, qui
pouvait être utilisée par n’importe quel cultivateur,
que j’ai complètement oublié de la breveter. Jusqu’au
jour où j’ai lu dans le journal que quelqu’un avait le
brevet de l’induction de la floraison des manguiers par
le nitrate de potassium. Je me suis dit: “Mais ce n’est
pas possible! C’est moi qui ai fait cette découverte;
toute la communauté scientifique sait que c’est moi
qui l’ai faite; et voilà qu’elle a été brevetée!”
L’office des brevets m’a expliqué qu’il y avait bien eu
une demande, mais qu’aucun brevet n’avait encore
été délivré. Il m’a mis en contact avec un avocat qui
m’a expliqué que si le brevet était accordé à ce dépo-
sant, l’invention ne m’appartiendrait plus. N’étant pas
reconnu comme inventeur, je perdrais non seulement
la reconnaissance officielle de la paternité de cette in-
vention, mais aussi toutes les possibilités financières
qui pouvaient en découler. Je lui ai demandé ce qu’il
fallait faire, et il m’a répondu: “Nous déposons une de-
mande de brevet et nous contestons l’autre.” J’avais
heureusement des documents qui démontraient que
j’étais bien l’inventeur. Nous avons donc suivi la pro-
cédure, et l’office m’a accordé le brevet.”
Encourager l’inventivité
“Je pense que la créativité est un talent naturel, mais
aussi qu’on peut le développer. La créativité mène à
l’invention. L’instinct de l’inventeur peut parfois être
différent, mais l’important, c’est d’apprendre à suivre
son instinct. Cela se fait, par exemple, dans le cadre
d’une formation et d’une sensibilisation à l’importance
de l’instinct créatif.
Pour moi, ça a commencé à l’école. Mes professeurs
ne me félicitaient pas pour mes notes – peut-être
parce qu’elles n’étaient pas très bonnes – mais ils di-
saient: “Tiens, voilà une idée nouvelle! Bravo!” ou bien
“Ta démarche était très bonne!” Et c’est ce qui m’a en-
couragé à penser comme cela.
Si on vous dit que ce que vous faites est important,
cela vous aide à continuer. Dans un pays qui offre de
meilleures installations ou qui respecte plus l’innova-
tion, vous aurez plus d’inspiration, et peut-être ob-
tiendrez-vous des résultats plus rapidement. Aux
Philippines, il faut se débattre beaucoup plus, ce qui
fait que certaines personnes se découragent et ne réa-
lisent jamais tout leur potentiel.”
Les brevets, c’est excellent
“J’ai appris qu’un brevet peut être très utile. Il protège
vos droits et vous aide à mettre les avantages de
votre invention à la disposition des autres. Il favorise
l’inspiration, parce qu’il garantit qu’elle sera récom-
pensée et reconnue. Aux Philippines, il faudrait que
les gens soient mieux informés, plus éduqués en ce
qui concerne les brevets. Si nos écoles pouvaient en
faire un sujet enseigné dans les cours de sciences, ce
serait un grand pas.
Je suis très fier d’avoir inventé la technique d’induc-
tion de la floraison par le nitrate de potassium. En
tant que scientifique, j’estime qu’une technologie
qui a un effet positif sur l’agriculture justifie toute
une vie de recherche.”
Les vidéos de l’OMPI
consacrées aux inventeurs
et aux créateurs sont
disponibles en ligne,
à l’adresse
www.wipo.int/multimedia/
fr/public_outreach/webcast/
portraits/
ou auprès de la Division
des communications et de
la sensibilisation du public,
à l’adresse indiquée au dos
du présent Magazine.
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Fruits de l’invention
Changements climatiques, sécheresse, désertification,
explosion du prix des aliments, famine… Autant de
dangers étroitement liés les uns aux autres, qui nulle
part ne sont aussi menaçants qu’en Afrique.
À l’occasion de la réunion annuelle de la Commission
du développement durable, au mois de mai, le Secré-
taire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a appelé à dé-
velopper, afin de les atténuer, une nouvelle génération
de technologies d’exploitation agricole pour lancer
une deuxième révolution verte “en vue d’une amélio-
ration pérenne des rendements, qui devra avoir des ef-
fets minimaux sur l’environnement et contribuer aux
objectifs du développement durable.”
Les techniques d’amélioration variétale, qui combi-
nent souvent savoirs traditionnels et biotechnologies
de pointe, contribuent déjà grandement à relever ce
défi. Selon une analyse du Suivi du marché du riz de
l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation
et l’agriculture (FAO), la production de riz de l’Afrique,
en augmentation depuis sept ans, devrait atteindre
23,2 millions de tonnes en 2008. L’un des facteurs dé-
terminants de cette croissance est le succès d’une
nouvelle variété de riz connue sous le nom de Nou-
veau Riz pour l’Afrique ou Nerica.
Cette variété est l’aboutissement des années de tra-
vail d’une équipe de sélectionneurs et de biologistes
moléculaires de l’Association pour le développement
de la riziculture en Afrique de l’Ouest – désormais
Centre du riz pour l’Afrique (ADRAO) – dirigée par
M. Monty Jones, un chercheur de la Sierra Leone. Lors
de la mise sur pied du programme de recherche bio-
technologique par ce dernier, en 1991, le riz était la
principale source d’énergie nutritive et de protéines
de près de 240 millions d’habitants de l’Afrique de
l’Ouest, mais l’Afrique importait la majeure partie de
son riz, ce qui lui coûtait chaque année USD1 milliard.
L’objectif fixé par l’ADRAO était la mise au point d’une
variété de riz adaptée à l’environnement difficile du
continent africain.
Variétés traditionnelles
Les paysans d’Afrique cultivaient essentiellement deux
variétés traditionnelles de riz, chacune avec ses ca-
ractéristiques particulières:
une variété originaire d’Afrique, l’oryza glaberrima,
dont la culture dans la région remontait à 3500 ans.
Il s’agit d’un riz robuste et résistant dont les feuilles
abondantes lui permettent d’étouffer les mauvaises
herbes ou plantes adventices. Il a développé une
grande résistance génétique aux maladies et aux
parasites tels que la cécidomyie africaine destruc-
trice du riz, au virus de la panachure jaune et à la
pyriculariose. Il présente toutefois un rendement
faible, notamment parce que les plants ont ten-
dance à plier lorsque les panicules sont chargées et
prêtes à être récoltées, ce qui entraîne un égrenage
prématuré. La culture de l’oryza glaberrima a donc
été presque entièrement abandonnée en faveur de
celle du riz asiatique, plus productif;
une variété originaire d’Asie, l’oryza sativa, introduite
en Afrique il y a environ 500 ans par des navigateurs
portugais, a remplacé en grande partie les riz indi-
gènes. Bien qu’ayant un rendement élevé, ce riz asia-
tique est toutefois très gourmand en eau. Ses plants
plus courts sont facilement envahis par les adven-
tices et résistent mal aux maladies et aux parasites
du continent africain. Il est particulièrement mal
adapté aux plateaux de l’Afrique subsaharienne, où
les exploitations rizicoles sont trop petites pour que
les paysans aient les moyens d’irriguer leurs cultures
ou d’acheter des engrais et des pesticides.
La solution était, à l’évidence, de croiser les deux es-
pèces, mais ayant évolué séparément pendant des
millénaires, elles étaient trop différentes pour que cela
puisse se faire d’une manière naturelle. Malgré de
nombreuses tentatives, tous les hybrides obtenus
jusqu’alors étaient stériles ou instables.
Aidée de partenaires dans la région et à l’étranger,
l’équipe de M. Jones entreprit donc de collecter et de
classifier toutes les souches de riz disponibles, dont no-
tamment 1500 variétés d’oryza glaberrima africain me-
nacées de disparition qui étaient préservées dans une
banque de gènes. Elle entreprit ensuite le long et mi-
UN NOUVEAU RIZPOUR L’AFRIQUEDes techniques d’amélioration variétale pour combattre la faim
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17 juin: Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse.
nutieux processus de sélection des parents, afin d’obte-
nir la meilleure combinaison de caractéristiques, procé-
dant à des croisements pour produire des lignées
descendantes, puis à des rétrocroisements de ces der-
nières avec l’oryza sativa pour fixer les caractères voulus.
Après une série d’échecs, les chercheurs se tournèrent
vers les techniques de “récupération d’embryons”, qui
consistent à retirer des embryons fertilisés pour les cul-
tiver en milieu artificiel. Ils réussirent ainsi, vers le milieu
des années 1990, à obtenir des plants robustes et fer-
tiles auxquels ils donnèrent le nom de Nerica. Les essais
en plein champ de ce nouveau riz débutèrent en 1994,
et grâce à des techniques améliorées, un grand nom-
bre de lignées de Nerica ont été développées depuis,
chaque année. Il en existe actuellement plus de 3000.
Le meilleur des deux mondes
Les différences génétiques entre les deux espèces
ont rendu la sélection difficile, mais elles ont aussi
conféré aux nouveaux riz des niveaux élevés d’hété-
rosis – le phénomène par lequel la descendance de
deux parents génétiquement différents devient su-
périeure à ces derniers.
Les nouvelles variétés de Nerica étouffent les adven-
tices comme leurs parents africains, sont résistantes à
la sécheresse et aux parasites et s’acclimatent parfai-
tement aux sols pauvres. À l’instar de leurs parents
asiatiques, elles ont également un rendement élevé.
Leurs panicules portent de 300 à 400 grains, alors que
les variétés traditionnelles cultivées dans la région ne
produisent que 75 à 100 grains. Leurs tiges et leurs pa-
nicules sont solides, ce qui évite les pertes par égre-
nage, et la longueur de leurs plants facilite la récolte.
Qui plus est, les riz Nerica les plus prisés arrivent à ma-
turité en trois mois seulement, au lieu des six qui sont
nécessaires aux espèces dont ils sont issus, ce qui per-
met aux paysans africains de faire deux cultures au
cours d’une même saison, par exemple avec une lé-
gumineuse ou une plante à fibres à haute valeur nu-
tritive. Mieux encore, la teneur en protéines des
nouvelles variétés peut atteindre 12%, alors que les riz
d’importation commercialisés sur le marché local sont
limités à 10%. Comme l’a souligné M. Papa Abdoulaye
Seck, directeur général de l’ADRAO, ”Le Nerica consti-
tue une arme puissante dans la lutte contre la faim et
la pauvreté en Afrique.”
Une technologie africainepour l’Afrique
Les progrès réalisés grâce aux travaux de Monty Jones
lui ont valu en 2004 le Prix mondial de l’alimentation.
Il a également été sélectionné l’année dernière par la
revue Time pour figurer sur sa liste des 100 personnes
les plus influentes au monde. Le comité du Prix mon-
dial de l’alimentation a de plus souligné son rôle mo-
bilisateur et l’esprit d’innovation dont il a fait preuve
pour que la technologie que représente le Nerica
puisse être utilisée rapidement par les riziculteurs. Il a
en effet été à l’origine d’accords de partenariat entre
l’ADRAO, les responsables poli-
tiques, les ONG et les services de
recherche, a formé des cultiva-
teurs à la production de se-
mences et mis en place au
niveau des communautés ru-
rales des programmes de parti-
cipation visant à diffuser ces
dernières au plus tôt et à per-
mettre aux riziculteurs – qui sont
majoritairement des femmes –
de participer activement à l’im-
plantation et à l’évaluation des
nouvelles variétés ainsi qu’à la sensibilisation des ré-
gions rurales.
Étant un riz de plateau, le Nerica n’est pas soumis aux
contraintes de production de la riziculture de bas-
fond, de sorte qu’il ouvre aux paysans africains des
zones de culture jusque-là jugées non propices. Au
Nigéria, l’arrivée de ce nouveau riz a permis d’aug-
menter de 30% l’étendue des terres hautes consacrées
à la riziculture. En Guinée, le Nerica a rapidement sup-
planté les variétés modernes introduites par le sys-
tème national. En Ouganda, l’Organisation nationale
de recherche agricole (NARO) rapporte que depuis la
mise en œuvre du programme national de promotion
du riz de plateau, en 2004, le nombre de riziculteurs
est passé de 4000 à plus de 35 000, soit près de neuf
fois plus, en 2007. Parallèlement, les importations de
riz du pays ont diminué presque de moitié, passant
de 60 000 tonnes en 2005 à 35 000 en 2007 et per-
mettant de réaliser, par la même occasion, une éco-
nomie de près de USD30 millions.
Et la propriété intellectuelle dans tout cela? L’AGRAO
fait partie du Groupe consultatif pour la recherche agri-
cole internationale (GCRAI), dont le Service consultatif
central sur la propriété intellectuelle (CAS-IP) a pour
mandat d’aider les centres de recherche agricole à as-
surer la gestion de leurs actifs de propriété intellec-
tuelle en tant que biens publics. L’AGRAO et le CAS-IP
tiennent actuellement des ateliers dans le but de dé-
terminer la meilleure façon de mettre les mécanismes
de propriété intellectuelle au service du nouveau riz et
de son succès. La marque Nerica a été enregistrée au-
près de l’USPTO en 2004, et le CAS-IP a souligné qu’il
deviendra de plus en plus important de protéger la ré-
putation de qualité attachée à ce riz et construite avec
tant de soin par l’AGRAO, et de faire en sorte que les
petits cultivateurs, qui sont de plus en plus nombreux
à en adopter les différentes variétés, soient assurés de
recevoir du NERICA® authentique.
Comme le déclare avec fierté l’AGRAO sur son site
Web, le nouveau riz pour l’Afrique, une technologie
africaine pour l’Afrique, est devenu un symbole d’es-
poir pour la sécurité alimentaire dans une région du
monde dont le tiers des habitants souffrent de mal-
nutrition et où la moitié de la population lutte pour
survivre avec 1 dollar par jour ou moins.
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Les agricultrices du Bénin ont vu leurs revenusaugmenter depuis qu’elles ont adopté le Nerica.
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De nouvelles variétésde riz à hautrendement, robustes età croissance rapide.
Pour plus de
renseignements:
www.warda.org.
Le soleil déverse chaque jour sur la terre infiniment
plus d’énergie que nous ne pourrons jamais en
consommer. Alors qu’un nombre grandissant de voix
s’élèvent pour que des solutions soient trouvées aux
problèmes de changement climatique et de déve-
loppement durable, la demande de technologies per-
mettant de tirer profit de cette ressource inépuisable
connaît une véritable explosion. Les systèmes solaires
photovoltaïques, qui convertissent directement la lu-
mière du soleil en électricité, ne génèrent aucun gaz
à effet de serre, ne comportent pas de pièces mobiles,
ne nécessitent pratiquement aucun entretien. Leurs
cellules durent en outre des dizaines d’années.
Ces systèmes ne datent pas d’hier. C’est un physicien
français, Edmond Becquerel, qui a été le premier à dé-
crire l’effet photovoltaïque en 1839, à l’âge de 19 ans.
Mais il faudra attendre les années 1950 et la mise au
point des premières cellules solaires au silicium par les
chercheurs des laboratoires Bell pour que s’ouvre,
quoique de façon encore hésitante, l’ère moderne du
photovoltaïque. Cette technologie fut utilisée en 1958
dans le cadre du programme spatial américain, pour
l’alimentation du satellite Vanguard, et bénéficia à ce
titre du financement du gouvernement des États-
Unis. La crise pétrolière des années 1970 encouragea
ensuite la commercialisation d’applications terrestres,
puis de petits marchés commencèrent à se définir
dans les années 1980, surtout dans le domaine des
systèmes autonomes destinés aux zones rurales.
L’avènement, dans les années 1990, du marché des
systèmes photovoltaïques raccordés au réseau mar-
qua pour le secteur un tournant décisif. Selon des sta-
tistiques publiées par L’Earth Policy Institute, la
production mondiale de panneaux solaires photovol-
taïques connaît depuis 2002 une progression
moyenne de 48% par an – la plus rapide parmi les
technologies du secteur de l’énergie. Cela a donné
naissance à une industrie florissante qui propose une
large gamme d’applications et consacre des sommes
considérables à la recherche-développement (R&D),
principalement dans un but de réduction des coûts
et de plus grande efficacité.
Isofoton à la loupe
L’un des leaders mondiaux du secteur de l’énergie so-
laire photovoltaïque et thermique est la société es-
pagnole Isofoton. Créée par essaimage en 1981 pour
développer et produire deux cellules solaires à sensi-
bilité bifaciale inventées et déposées par le profes-
seur Antonio Luque de l’Université polytechnique de
Madrid, Isofoton fabrique aujourd’hui des modules et
des cellules solaires, des dispositifs d’orientation, des
convertisseurs, des régulateurs, des éclairages, des
batteries et des systèmes de pompage. La société
conçoit également des produits et des procédés
pour le captage, la transformation, le stockage et la
mise en œuvre de l’énergie solaire. Elle a des filiales en
Chine, en Équateur, aux États-Unis d’Amérique, en Ita-
lie, au Maroc, en République Dominicaine, en Algé-
rie, en Bolivie et au Sénégal, et une présence
commerciale dans plus de 60 pays.
Entreprise axée sur l’innovation, Isofoton attache, dans
sa stratégie commerciale et de R&D, la plus grande im-
portance à la propriété intellectuelle. Jesús Alonso, di-
recteur du service de R&D d’Isofoton, travaille depuis
20 ans dans le domaine de l’énergie solaire. L’article qui
suit est tiré d’une entrevue réalisée pour l’Académie de
l’OMPI, dans laquelle il explique comment la société uti-
lise la propriété intellectuelle pour réaliser ses objectifs
et conserver sa place à l’avant-garde de son secteur.
Acheter ou inventer?
Les sociétés du solaire photovoltaïque, explique
M. Alonso, appartiennent à deux catégories: celles qui,
comme Isofoton, sont issues de l’industrie des semi-
conducteurs et de la microélectronique et celles dont
les origines se situent dans le secteur énergétique, et
notamment pétrolier. Les premières sont générale-
ment créatrices de technologie, tandis que les autres
en sont plutôt acheteuses. Comme le fait remarquer
M. Alonso, “on peut apprendre à fabriquer une cellule
solaire dans n’importe quel bon livre scientifique. Ce
qui est complexe, c’est le savoir-faire qui permet de la
rendre efficace et de la fabriquer pour moins cher, en
plus grande quantité et avec une meilleure qualité.”
LE SECTEUR DESTECHNOLOGIES SOLAIRESGérer la propriété intellectuelle
JUIN 20086
Auto
risat
ion:
Isof
otón
Isofoton en chiffres (2007)
Fondation: 1981
Siège social: Malaga, Espagne
Nombre d’employés: 950
Chiffre d’affaires: 297 millions d’euros
Dépenses de R&D: 18 millions d’euros
Production d’électricité solaire: 85 MW
CH
AN
GEM
EN
T C
LIM
ATIQ
UE
La société Isofoton, pour sa part, a pour politique de
créer elle-même de nouvelles technologies par ses ac-
tivités de R&D et de contrôler ses droits de propriété
intellectuelle, de manière à assurer le plus possible son
indépendance et conserver son avance sur le marché
des applications face à ses concurrents. Elle se donne
d’abord un avantage concurrentiel, en étant la pre-
mière à utiliser une nouvelle technologie ou à ouvrir
un marché, puis utilise la propriété intellectuelle pour
exploiter cet atout. Grâce à une stratégie de finance-
ment axée sur l’innovation, Isofoton a joué un rôle de
premier plan dans l’élaboration des technologies de
concentration solaire (qui consistent à faire converger
une grande quantité d’énergie solaire en un même
point à l’aide de systèmes optiques).
Quel type de protection?
Bien qu’il ne soit pas très volumineux, le portefeuille
de propriété intellectuelle de la société Isofoton, dans
lequel figurent deux demandes de brevet selon le
PCT, n’en a pas moins une grande importance straté-
gique. Le choix du type de protection dépend de l’ob-
jet concerné et du but visé. Lorsqu’il s’agit de protéger
un produit qui est déjà entré dans sa phase de déve-
loppement ou, à plus forte raison, d’application, ex-
plique M. Alonso, le brevet s’impose.
En revanche, les procédés techniques élaborés par
la société ne font pas nécessairement l’objet d’un
dépôt de brevet. Comme le précise M. Alonso, il est
parfois préférable de consacrer ses moyens à la pro-
tection du savoir-faire, d’autant plus qu’il peut en ré-
sulter une économie appréciable par rapport au coût
d’un dépôt de brevet.
La protection des marques de la société Isofoton est
gérée et suivie séparément, par le service de la com-
mercialisation.
Quels marchés?
La société Isofoton fait aussi des choix de protection
différents selon ses marchés et les produits qui y sont
utilisés. Sa stratégie de commercialisation s’articule au-
tour de deux axes principaux:
a) Installations photovoltaïques raccordées au réseau.
Les marchés concernés par ce type d’application
sont principalement l’Europe, le Japon et les États-
Unis d’Amérique. Isofoton adopte à leur égard une
approche large, c’est-à-dire qu’elle s’efforce d’y pro-
téger tous les éléments de ses installations.
b) Installations photovoltaïques isolées. Ce marché
connaît une croissance rapide et vigoureuse dans
les pays en développement. Isofoton ambitionne
d’être plus rapide que ses concurrents à y appor-
ter des solutions adaptées aux besoins locaux, par
exemple en ce qui concerne les systèmes de pom-
page d’eau ou d’éclairage. Sur ce type de marché,
souligne M. Alonso, le fait d’avoir été la première
société à proposer une application technologique
appropriée confère un avantage qui ne disparaî-
tra pas de sitôt. Les décisions de dépôt de brevet
sont prises ici en fonction de l’utilisation réelle et
potentielle de chaque application, et dans le souci
de maintenir l’avantage concurrentiel de la société
et de faciliter la poursuite de son expansion.
L’Afrique du Nord est, par exemple, pour Isofoton
un marché stratégique où toutes ses applications
sont utilisées; elles doivent donc être protégées
par des droits de propriété intellectuelle, de même
que tous les résultats de R&D qui y sont associés. >>>
7
La puissance du soleil au service du développement durable
Pour la direction de la société Isofoton, le virage vert est non seulement une obligation envers les générations futures,
mais aussi l’élément déterminant du développement d’un monde dont le quart de la population, selon les estimations
de l’Agence internationale de l’énergie, n’a pas accès à l’électricité. La société a réalisé de nombreux projets d’électrifica-
tion rurale, dont notamment les suivants:
en Afrique et en Asie, 150 installations de systèmes photovoltaïques de pompage de l’eau; Isofoton étudie actuelle-
ment de nouvelles applications, en particulier des pompes à grand débit pour l’alimentation en eau des zones agri-
coles, par exemple au Ghana;
au Maroc, avec le financement de l’Office national de l’électricité de ce pays, 34 500 panneaux solaires dans des vil-
lages n’ayant pas accès au réseau électrique national;
au Sénégal, Isofoton a électrifié 10 000 maisons et entrepris l’installation de la première usine photovoltaïque de dessa-
linisation de l’eau par osmose inverse, qui aura une capacité de production de trois mètres cube d’eau potable par jour;
en Bolivie, la société a électrifié 17 000 maisons, écoles et établissements
de santé; le projet est financé à 85% par la Banque Mondiale, le solde prove-
nant des taxes acquittées par les utilisateurs et d’un système de microcrédit.
En Bolivie, un projet d’électrification rurale à l’énergie solaire permet d’alimenter17 000 maisons, écoles et établissements de santé.
Auto
risat
ion:
Isof
otón
Acquisition de licences et partenariats de R&D
Il arrive à Isofoton de développer une technologie sous
licence ou en collaboration, par exemple avec un insti-
tut de recherche ou une université. La société veille tou-
tefois, lorsque que cela arrive, à ce que son personnel
soit directement impliqué dans toutes les phases de re-
cherche et de développement, ce qui lui permet, ex-
plique M. Alonso, de poursuivre ses travaux une fois
l’objectif initial atteint, afin de créer ou de développer
des technologies indépendamment de ses partenaires.
Isofoton utilise dans ses contrats de partenariat de
R&D deux types de clauses en ce qui concerne la ti-
tularité des droits de propriété intellectuelle:
a) Lorsque le contrat est passé avec une université ou
une autre entreprise et porte sur le développement
d’une technologie particulière, Isofoton exige d’être
propriétaire à part entière des droits de propriété
intellectuelle, de manière à disposer d’un droit de
premier refus d’exploitation. La société laisse toute-
fois à ses partenaires la possibilité d’exploiter eux-
mêmes le produit final, à condition que cela ne crée
aucun conflit avec ses intérêts stratégiques et sous
réserve qu’elle ait donné au préalable son consen-
tement à cet effet.
b) Dans le cas d’activités de R&D conduites dans le
contexte d’un programme national ou d’un pro-
gramme-cadre de recherche et de développement
technologique européen, Isofoton exige d’avoir
accès gratuitement à la propriété intellectuelle dé-
coulant de ces dernières, mais pas nécessairement
à des fins d’exploitation directe ou de concession
de licences.
Concession de licences ettransferts de technologie
La fabrication des panneaux solaires photovoltaïques,
explique M. Alonso, comporte deux aspects: la pro-
duction des cellules et l’assemblage des modules. La
stratégie d’Isofoton est fondée sur le principe d’un
contrôle absolu de la technologie des cellules.
La société ne cède jamais ses droits de propriété in-
tellectuelle à des tiers. Elle concède, en revanche, des
licences sur ses technologies de fabrication de mo-
dules, généralement pour des pays jugés moins prio-
ritaires dans sa stratégie commerciale, mais dans les-
quels elle tient à s’assurer une présence dynamique.
Elle établit alors un partenariat fort avec un preneur
de licence local, dans le cadre d’un accord de trans-
fert de technologie lié à la commercialisation de son
principal produit, les cellules solaires Isofoton.
Brevets et concurrence –Éviter les conflits
Isofoton a eu jusqu’à présent peu de problèmes de
défense de brevets. Selon M. Alonso, cela tient au fait
que le secteur de l’énergie solaire compte relative-
ment peu d’entreprises qui connaissent toutes les
forces et faiblesses les unes des autres, y compris sur
les marchés étrangers. “Donc au lieu d’affronter nos
concurrents, nous nous efforçons de conclure avec
eux des accords amiables qui permettent à Isofoton
de protéger ses intérêts sur ses marchés stratégiques.”
La propriété intellectuelle joue un rôle central dans
l’établissement de la politique technologique, com-
merciale et financière d’une entreprise de pointe
comme Isofoton. C’est pourquoi toutes les questions
d’orientation et de stratégie qui y ont rapport sont
examinées collectivement par le conseil de direction
de la société, auquel siègent l’ensemble des chefs de
service, de l’ingénierie et des applications à la com-
mercialisation, aux opérations commerciales, aux fi-
nances et à la recherche.
“Étant une entreprise dérivée, conclut Jesús Alonso,
Isofoton a tout naturellement une mentalité tournée
vers la propriété intellectuelle. C’est le cœur de sa cul-
ture d’entreprise.”
JUIN 20088
La fromagerie Torelli Pierluigi de Parme (Italie) a réduit sesdépenses grâce aux modules photovoltaïques installés surle toit de ses usines.
Auto
risat
ion:
Isof
otón
Principaux producteurs
Les cinq grands pays producteurs de photovoltaïque sont le Japon, la Chine, l’Allemagne, Taiwan et les États-Unis
d’Amérique. La production de la Chine a connu récemment une croissance particulièrement spectaculaire: après
avoir presque triplé en 2006, il semble qu’elle ait encore plus que doublé en 2007.
Avec plus de 400 entreprises dans ce secteur, la Chine détient maintenant plus de 18% du marché du photovol-
taïque, contre 1% en 2003. Elle occupait, en 2007, la deuxième place mondiale, après en avoir délogé l’Allemagne,
tandis que les États-Unis d’Amérique sont passés depuis 2005 du troisième au cinquième rang des pays fabricants
de cellules solaires, dont ils ont pourtant été les inventeurs.
Source: Earth Policy Institute y Prometheus Institute for Sustainable Development
Connue pour être solidement établie et
particulièrement prospère, l’industrie
cinématographique égyptienne tra-
verse néanmoins une période de mu-
tation rapide et d’incertitude. Bien que
ses films, traditionnellement des pro-
ductions à grand spectacle toujours at-
tendues avec impatience par le public
local, soient les plus courus du monde
arabe, le cinéma égyptien est confronté
en permanence à de nouveaux défis.
La préoccupation première des réali-
sateurs de films égyptiens est la re-
cherche de financement. Il devient en
effet de plus en plus difficile de faire
face à la montée irrépressible des budgets de pro-
duction, alimentée par un vedettariat solidement im-
planté parmi les acteurs égyptiens et des coûts
techniques et de main-d’œuvre en constante aug-
mentation. Bien que les canaux de distribution soient
toujours plus diversifiés – recettes des salles, droits de
télévision et, à plus long terme, recettes connexes
(DVD, DHD, etc.) – les revenus d’exploitation des films
connaissent une croissance limitée et ne se réalisent
pleinement que pour les films à grand succès.
L’importance des mises de fonds initiales et le carac-
tère aléatoire des rendements ont fait que les ci-
néastes égyptiens sont depuis longtemps limités à un
petit nombre de producteurs aux poches bien gar-
nies, ayant accès à des sources de financement diver-
sifiées et bénéficiant d’une solide assise dans le
domaine. Le cinéma égyptien est ainsi profondément
modelé par quelques figures majeures qui, souvent,
jouent à la fois le rôle de créateur, de producteur, de
distributeur, de promoteur, et même de responsable
des licences ou des droits secondaires.
Vision créatrice
Adel Adeeb est l’une de ces figures. Élevé dans l’une
des grandes familles dynastiques du cinéma, il a fait sa
place, petit à petit, dans de multiples activités. Il a no-
tamment fondé Good News, une entreprise extrême-
ment prospère et respectée basée au Caire qui
regroupe plusieurs sociétés de communication multi-
média dans les domaines de la presse,
de l’édition et de l’Internet. C’est toute-
fois dans le domaine de la production
cinématographique que le groupe s’est
le plus particulièrement distingué, en
sachant produire des films exception-
nels, accueillis avec autant d’enthou-
siasme par le public que par la critique.
Trois des plus récentes productions
d’Adel Adeeb ont connu des succès re-
tentissants. L’Immeuble Yacoubian, adap-
tation du roman à succès de l’Égyptien
Alaa el-Aswany, le premier film égyptien
de tous les temps à être mis en nomi-
nation pour un Oscar, a mobilisé des
moyens internationaux alors qu’il était encore en cours
de tournage. Le film pose un regard hautement artis-
tique sur la vie et les difficultés de divers personnages de
la société égyptienne et aborde avec une grande sincé-
rité un certain nombre de problèmes de l’Égypte
contemporaine. Morgan Ahmed Morgan est une saga fa-
miliale racontée avec un habile mélange de drame et de
comédie, tandis que Baby Doll Night présente un sujet
provocant d’une manière jamais encore tentée par le ci-
néma égyptien.
Ces films débordent tous trois largement le cadre des
thèmes habituels – histoire d’amour, mélodrame ou
comédie facile – du cinéma à succès. Ils réussissent
pourtant, tout en faisant preuve d’originalité, à trou-
ver une profonde résonance auprès du public, tant en
Égypte que dans le reste du monde arabe.
Habileté financière
Adel Adeeb est un créateur doublé d’un financier
d’une indéniable habileté. Sa stratégie s’articule au-
tour de quatre axes principaux:
financement interne sur les sources de revenus
existantes;
financement externe par le biais de la coproduc-
tion ou de l’investissement extérieur;
concession de licences pour la télévision et les
médias émergents;
création de nouvelles sources de revenus par la
distribution de contenu à l’étranger. >>>
1 www.law.gwu.edu/Academics/CIEC/CIEC+Home.htm.
9
Baby Doll Night a été présenté aufestival de Cannes 2008.
Phot
o: G
ood
New
s Gro
upCet article est un condensé du portrait du réalisateur égyptien Adel Adeeb tracé pour le Creative and InnovativeEconomy Center de la Faculté de droit de l’Université George Washington par BHAMATI VISWANATHAN. Cette
dernière, qui rédige actuellement sa thèse de doctorat à l’université de Pennsylvanie, y parle en particulier de
l’habileté d’Adel Adeeb à trouver des capitaux pour financer ses projets.
LA BARRE MONTE D’UN CRAN POUR LE CINÉMA ÉGYPTIENAdel Adeeb
Il s’agit là de méthodes de finance-
ment courantes, utilisées par les pro-
ducteurs de films du monde entier. Le
dynamisme et l’inventivité avec les-
quels Adel Adeeb recherche des
moyens nouveaux de les exploiter
sont toutefois la marque d’un esprit
d’entreprise hors du commun.
Adel Adeeb a le grand avantage de dis-
poser, pour faire face à ses besoins de
financement interne, d’une entreprise
stable et de grande envergure. Le
groupe Good News compte plusieurs
journaux et magazines de langue
arabe, un portail Internet très fréquenté,
également en arabe, et un certain nombre de parte-
naires dans le commerce de détail. Les canaux de dis-
tribution qu’il possède contribuent à lui assurer une
place de premier rang sur le marché. Il contrôle égale-
ment de nombreuses chaînes de salles de projection,
ce qui lui permet de s’assurer que ses films bénéficient
des horaires de projection les plus favorables dans
toutes les grandes régions métropolitaines. Le fait d’être
en outre propriétaire d’un studio de création ainsi que
d’installations de production et de distribution confère
au groupe Good News un pouvoir sur lequel Adeeb
peut s’appuyer pour assumer les risques liés à la pro-
duction de films innovants.
La flambée des coûts de production cinématogra-
phique l’oblige néanmoins à rechercher des sources de
financement extérieures. Alors que L’Immeuble Yacou-
bian avait coûté environ USD3,97 millions. à produire, la
facture est passée à USD4,9 millions pour Morgan Ahmed
Morgan et à la somme exorbitante – du moins pour
l’Égypte – de USD6,3 millions. pour Baby Doll Night. Tant
que les coûts de production restaient inférieurs à
USD4 millions, Adeeb pouvait en assurer lui-même le fi-
nancement, mais cette époque est révolue. Sa réussite
l’a toutefois placé dans une position qui lui permet d’at-
tirer des investisseurs extérieurs désireux de prendre
pied dans le secteur du cinéma. Il a adopté, à cet égard,
des tactiques relativement nouvelles chez les réalisa-
teurs de films égyptiens. Il a par exemple demandé et
obtenu de la part de la banque HSBC une cote de cré-
dit triple A dans le but d’introduire le groupe Good News
en Bourse dans les Émirats arabes unis – une première
pour une compagnie de films égyptienne.
Le deuxième moyen auquel il a recours est de propo-
ser à des producteurs étrangers des accords de co-
production – pour des films égyptiens ou étrangers.
Reste à savoir si les producteurs du Golfe se laisseront
séduire par cette formule encore nouvelle.
En ce qui concerne la distribution, Adeeb voudrait
augmenter les excellentes recettes déjà réalisées par
le groupe Good News grâce au contrôle qu’il exerce sur
les salles de projection, et cela en s’assurant une place
importante sur le marché des droits de télévision. Ces
derniers sont en effet devenus un vecteur de diffusion
essentiel pour les films égyptiens, que ce soit sur le
marché intérieur ou à l’étranger.
Adeeb tente donc de capitaliser sur
cette vogue en vendant directement
ses droits de distribution aux géants
de la radiodiffusion de l’Égypte et du
Golfe. Il a observé chez les diffuseurs
de télévision un appétit insatiable de
longs métrages. Étant donné que le ci-
néma égyptien produit actuellement
une soixantaine de films par an, n’im-
porte quelle chaîne de télévision im-
portante pourrait facilement acheter
tous les films qui sont proposés sur le
marché et les diffuser en l’espace
d’une seule année.
Transfert des droitsde propriété intellectuelle
L’une des grandes questions qui se posent mainte-
nant à Adel Adeeb est celle du transfert des droits de
propriété intellectuelle relatifs à son catalogue gran-
dissant de films. Il s’est en effet efforcé d’en conserver
le contrôle jusqu’à présent, mais les télédiffuseurs, no-
tamment, tiennent de plus en plus à les acquérir une
fois la phase de commercialisation initiale terminée.
Étant donné qu’elles ont amplement les moyens de
payer, les grandes chaînes de télévision se sont ainsi
constitué un catalogue d’œuvres cinématogra-
phiques égyptiennes de plus en plus important. Il y a
donc toutes les chances qu’Adel Adeeb reçoive une
offre pour le rachat de l’ensemble des droits de pro-
priété intellectuelle relatifs à ses films pour l’Égypte, le
Golfe ou le monde entier.
Si le prix proposé lui convient, il est possible qu’une telle
cession ne l’inquiète pas particulièrement. Cela étant,
Adeeb pourrait laisser échapper, en vendant ses droits,
l’occasion d’exploiter un jour un marché qui n’est pas
encore tout à fait développé, soit celui de la diffusion
sur les téléphones mobiles et sur l’Internet. Il risque en
outre des déceptions s’il estime que le nouveau titu-
laire des droits exploite mal certains marchés alors qu’il
lui doit des redevances aux termes de leur accord.
Payer la note
Adel Adeeb ne manque pas de projets créatifs ambi-
tieux à lancer. Mais maintenant qu’il a ouvert la porte
à des alliances extérieures, il pourrait aussi voir remise
en question l’autonomie dont il a joui jusqu’à présent
dans la gestion du groupe Good News et de ses pro-
jets. Les investisseurs pourraient, en effet, lui deman-
der de faire preuve d’une plus grande transparence
sur le plan financier. Ils pourraient aussi exiger d’avoir
leur mot à dire dans les décisions relatives à la manière
d’investir les fonds disponibles, à la prise de risques, à
la répartition de l’exploitation entre les salles et la té-
lévision, et ainsi de suite. Adeeb devra donc décider,
comme d’ailleurs n’importe quel patron, jusqu’à quel
point il est disposé à laisser des forces extérieures lui
dicter sa ligne de conduite.
JUIN 200810
L’Immeuble Yacoubian, premierfilm égyptien de tous les tempsà être nominé pour un Oscar.
Phot
o: G
ood
New
s Gro
up
Quelle a été l’importance de votre
connaissance de la propriété intel-
lectuelle quand vous avec créé le
groupe Good News?
Il est essentiel de bien comprendre
la propriété intellectuelle quand on
lance une entreprise, surtout si
c’est une maison de production de
films. Le piratage et les autres at-
teintes aux droits peuvent nuire
gravement à la réputation d’un film
et de la compagnie qui le produit,
ainsi qu’aux recettes générées par
son exploitation. Quelques se-
maines après la sortie de L’Immeu-
ble Yacoubian, par exemple, nous
avons été submergés de liens vers
des sites qui prétendaient avoir le
film. Grâce à notre service informa-
tique, qui a fait un excellent travail,
ils ont tous été fermés. Il y a eu un
autre incident avec des vendeurs à
la sauvette qui proposaient des co-
pies pirates du film sur DVD dans
les rues des quartiers populeux du
Caire, comme Ramsis et Isaaf. Ils
ont été dénoncés aux autorités qui
ont mis fin à leurs activités. Mais il
n’y a pas de moyen infaillible de se
protéger contre ce type de vol,
parce que la technologie évolue si
vite qu’on ne peut pas tout arrêter.
Nous faisons de notre mieux.
Quels sont les droits de propriété in-
tellectuelle qui ont le plus d’impor-
tance pour les revenus d’exploitation
de vos films?
Les droits vidéo. Les films sortent
d’abord au cinéma, et six mois plus
tard, ils sortent en format vidéo, sur
DVD, etc.
Normalement, cela rapporte beau-
coup d’argent, mais le piratage en
ligne pose un grave problème, car
il peut nous en faire perdre la moi-
tié. Alors qu’à l’étranger, le marché
du DVD peut générer encore plus
de revenus que l’exploitation en
salles, il est pratiquement inexistant
en Égypte. Les DVD coûtent cher,
et en plus, on peut avoir le film gra-
tuitement en ligne! Très peu de
gens vont accepter de payer plus
de 100 livres égyptiennes (environ
20 dollars) alors qu’une version té-
léchargée peut les contenter,
même si elle n’est pas de très
bonne qualité.
Ensuite, après six mois de DVD, le
film commence à passer à la télévi-
sion, ce qui devrait aussi être très
payant… mais là encore, le pira-
tage s’en mêle et fait baisser les re-
venus. C’est pourquoi les droits de
télévision sont maintenant vendus
tout de suite, pendant que le film
est en production, en même
temps que tous les autres droits.
Nous pouvons ainsi nous garantir
un revenu minimum avant même
la sortie en salles.
Comment voyez-vous l’avenir de
l’industrie du film arabe? Y a-t-il de
la place pour de nouveaux joueurs?
Je pense qu’il a un très bel avenir.
On assiste à l’arrivée de toute une
nouvelle génération de jeunes ci-
néastes dont les talents sont re-
connus aussi bien dans leur pays
qu’à l’étranger. À mon avis, et bien
qu’il ait toujours ses problèmes ha-
bituels (mauvaise qualité, mauvais
goût), le marché du cinéma ap-
prend petit à petit. La valeur des
productions s’améliore lentement
mais sûrement, et surtout, les films
deviennent de plus en plus inté-
ressants par leur contenu, plus en
phase avec le monde d’au-
jourd’hui. Le groupe Good News
s’intéresse beaucoup à découvrir et
à financer des talents nouveaux,
capables d’apporter à ce marché
une saveur différente, une touche
inédite. Le jeune Marwan Hamed,
le réalisateur de L’Immeuble Yacou-
bian (son premier film) est un
exemple évident. Il y a aussi Rami
Abdel Jabbar, qui assurera bientôt
la mise en scène d’un long mé-
trage intitulé Biet Min Lahm (La mai-
son de chair).
Quel conseil donneriez-vous à un
aspirant cinéaste, en Égypte?
Faire preuve de professionnalisme.
Comprendre que le monde est
plein de gens qui voudraient en
savoir plus sur ce que nous
sommes, et que nos films doivent
montrer le bon comme le mauvais.
Privilégier la qualité des scénarios
et des acteurs.
Adel Adeeb parle propriété intellectuelle
Adel Adeeb derrière la caméra.
Phot
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up
11
Deux semaines après la présentation au festival de Cannes de son film “Baby Doll Night”, le magazine de l’OMPI
s’est brièvement entretenu avec Adel Adeeb au sujet de la place de la propriété intellectuelle dans l’industrie ci-
nématographique.
Se faire remarquer… mais discrètement! Si l’on en juge
par les noms des produits pharmaceutiques lancés ces
derniers temps, c’est à cela qu’aspirent les fabricants.
Un paradoxe, à n’en pas douter. Mais qui devient lo-
gique dès lors que les choses sont présentées ainsi: à
être trop discret, on court le
risque de disparaître dans la
foule; à être trop voyant, celui
de perdre sa crédibilité. Les
responsables des services
commerciaux des labora-
toires pharmaceutiques ne
redoutent pas seulement de
faire aux médecins et au pu-
blic des promesses qu’ils ne
seront pas en mesure de
tenir; ils craignent aussi les
refus des organismes de ré-
glementation comme la Food
and Drug Administration (FDA)
des États-Unis d’Amérique et
l’Agence européenne des
médicaments (EMEA). Ajoutez à cela le déferlement
médiatique et politique auquel est exposée l’industrie
pharmaceutique et vous comprendrez sans peine
qu’un vent de conservatisme souffle actuellement sur
le choix de ses marques de produits. Il semble bien, en
effet, que malgré une volonté de différenciation large-
ment affichée, la notion déterminante à cet égard soit
celle de la crédibilité.
Bref retour sur le passé
Avant l’arrivée du Viagra, les produits pharmaceutiques
avaient pour la plupart des noms “à l’ancienne”. Tous
étaient construits sur le même modèle – consonne-
voyelle-consonne – et tous, avec leurs terminaisons en
-ol, -en, -in ou -il (Anafranil, Ritalin et autres), sentaient
très fort la chimie. Les patients n’étaient pas censés dé-
battre de leurs ordonnances avec leur médecin, de
sorte que les noms de leurs médicaments pouvaient
être compliqués et rébarbatifs sans que cela pose le
moindre problème. Mais avec le succès de marques
telles que Prozac et Viagra, le vent a tourné. Tout à
coup, la mode était aux noms accessibles et attrayants.
Au-delà de la science, il fallait désormais tenir compte
des aspirations du consommateur. Qu’attend-il de la
vie? Condensons vite tout cela dans le nom d’une pi-
lule! C’est ainsi que sont nés Celebrex, Seasonale, Zes-
tril, des marques qui ont fait entrer la pharmacopée
dans le vocabulaire de tous les jours.
Après une avalanche de noms résolument “aspiration-
nels”, un style plus posé a fait son apparition. Il évoquait
lui aussi la notion de qualité de vie, mais d’une façon
plus onctueuse, plus séductrice, moins insistante et…
banale. Dans son désir de rester à la page sans faire trop
de vagues, l’industrie pharmaceutique créa une nou-
velle convention: les noms de ses produits devaient
avoir une consonance de marque européenne de
chaussures pour femmes. Cela donna lieu à une vague
de mots composés d’un assemblage de voyelles ou-
vertes et de consonnes fluides, dont la plupart étaient
exagérément féminins, tant d’un point de vue gra-
phique que par leur sonorité. On les trouva quelque
temps ingénieux et intéressants, mais leur profusion fut
telle qu’elle leur ôta rapidement tout intérêt créatif.
Une ère nouvelle
Depuis quelque temps, cependant, les tendances
sont aux belles dénominations dont la consonance
n’a plus rien à voir avec le nom pharmaceutique lour-
daud d’antan ni avec le nom poliment aspirationnel
de l’époque récente. Elles outrepassent les limites de
ce qui est attendu et acceptable, et combinent avec
bonheur désir de création et contrainte de crédibilité.
Tendance 1: le nom pharmaceutique version 2.0
Au lieu de créer des noms “à la mode”, certains fabri-
cants sont revenus chercher leur inspiration du côté
des bases scientifiques de leurs molécules… mais pas
entièrement. Ils ont remplacé les appellations de type
chimique, à consonance générique du passé par des
marques qui ont un côté provocant et plutôt attrayant.
Tykerb, par exemple (nom générique lapatinib), le mé-
dicament des laboratoires GSK utilisé dans le traite-
ment du cancer du sein, joue sur sa classification
d’inhibiteur de la tyrosine kinase. Chez Pfizer, Sutent, un
médicament indiqué pour certains cancers du foie et
du système digestif, tire directement son nom de celui
de son générique, sunitinib. Par leur brièveté et leur1 www.interbrandwood.com.
JUIN 200812
LA
P.I. ET LES
EN
TR
EPR
ISES
Au-delà de la science, il faut désormais tenir comptedes aspirations du consommateur. Qu’attend-il de la vie? Condensons vite tout cela dans le nom d’unepilule! C’est ainsi que sont nés Celebrex, Seasonale,Zestril, des marques qui ont fait entrer la pharmacopée
dans le vocabulaire de tous les jours.
Phot
os.c
om
Tout est dans le nom, dit-on. Tout, et même, parfois, la bonne santé d’un bilan. Prenez les noms de médicaments,
par exemple. Chaque mois, l’Office des brevets et des marques des États-Unis d’Amérique en dépose à lui seul plus
de 1000 dans la catégorie de la classification internationale des marques réservée aux produits pharmaceutiques
– la classe 5. Cette dernière est si abondamment fréquentée qu’il devient de plus en plus important pour les fa-
bricants de ce secteur de distinguer leurs marques afin d’assurer le succès de leurs produits. R. JOHN FIDELINO
est directeur mondial de la création de la société de conseil Interbrand Wood Healthcare,1 qui a contribué à la cré-
ation et à la gestion de certaines des marques pharmaceutiques les plus vendues au monde. Dans cet article, il
examine, pour le Magazine de l’OMPI, les dernières tendances de l’art et de la science que constitue la recherche
de noms de médicaments.
DÉCADENCE ET GRANDEURDES MARQUESPHARMACEUTIQUES
rythme allègre, ces mots ont une connotation de
grande efficacité, tandis que par le choix inhabituel des
lettres qui les composent, ils se distinguent radicale-
ment des noms aspirationnels et de leur caractère ron-
flant. Ces “noms pharmaceutiques version 2.0” n’ont
pas vocation à vous mettre à l’aise devant la science; ils
vous font apprécier la science. En étant si proches de
la molécule, ils vous inspirent confiance dans la capa-
cité de cette dernière à répondre à un besoin de votre
organisme, et en la désignant d’une manière inhabi-
tuelle, ils expriment la promesse des produits phar-
maceutiques. Les noms pharmaceutiques version 2.0
permettent à l’industrie pharmaceutique de projeter
une image de perfection technologique tout à fait
conforme aux innovations qu’elle propose.
Tendance 2: le nom porteur d’histoire scientifique
En d’autres temps, les fabricants qui ne fondaient pas
le nom de leurs spécialités pharmaceutiques sur leur
composition s’inspiraient de leurs indications théra-
peutiques. Cela aidait les gens à savoir à quoi servaient
les produits qu’ils prescrivaient. Mais cela avait aussi
pour effet de rappeler constamment au patient le mal
dont il souffrait (Arthrotec pour l’arthrite rhumatoïde,
Cancidas pour la candidose, Hepsera pour l’hépatite B,
etc.). C’est en tentant de remédier à ce problème que
l’on a eu l’idée des noms aspirationnels, mais plus ré-
cemment, les marques de produits pharmaceutiques
ont commencé à éviter en bloc les allusions à la ma-
ladie et au traitement, et à mettre plutôt en évidence
la manière dont les produits agissent. Le nom du Sel-
zentry ou Celsentri de Pfizer, par exemple (nom géné-
rique maraviroc), indique clairement que la molécule
bloque l’entrée du VIH dans les lymphocytes (il est en
effet construit sur l’expression “cell sentry”, qui signifie
en gros “sentinelle des cellules”). Les noms porteurs
d’histoire scientifique ont une consonance plus fami-
lière que les noms pharmaceutiques version 2.0. Ils uti-
lisent des termes connus, mais pour décrire le
mécanisme d’action des médicaments.
Tendance 3: le nom anti-pharmaceutique
Vu sa réputation ternie, certains fabricants ont décidé
d’éviter complètement d’évoquer l’industrie pharma-
ceutique dans les noms de leurs produits. Les marques
qu’ils créent ne visent pas tant à différencier qu’à faire
disparaître tout point de comparaison et à évacuer
ainsi les questions de crédibilité. À cet effet, ils em-
pruntent le plus souvent des constructions normale-
ment utilisées pour d’autres catégories de produits.
Novartis a par exemple structuré le nom Exforge (noms
génériques amlodipine et valsartan) sur le même mo-
dèle que ceux des SUV ou VUS (véhicules utilitaires
sportifs), de sorte que sa marque sous-entend que le
produit est aussi apte à venir à bout de l’hypertension
qu’un tout-terrain à dompter une montagne. La
marque Zingo de la société Anesiva a une consonance
ludique qui convient parfaitement à un injecteur de
poudre de lidocaïne sans aiguille destiné aux enfants.
En évoquant ainsi subtilement d’autres catégories de
produits, ces marques suscitent des émotions sans
toutefois proposer une promesse aspirationnelle.
L’avenir
Bien que son image ait été sérieusement malmenée
ces derniers temps par les médias et le public, l’in-
dustrie pharmaceutique a démontré, par ses récents
lancements de marques, qu’elle dispose encore de
toute sa vitalité. Au lieu de continuer à se déterminer
en fonction des congrès pharmaceutiques, elle a com-
pris qu’elle pouvait tout à fait se distinguer sans com-
promettre sa crédibilité. Un certain nombre de ses
membres ont eu la clairvoyance d’aborder autrement
la création de marques et d’exploiter les ressources de
la langue de manière à façonner à son égard une at-
titude nouvelle et une appréciation de ses innova-
tions. Ces tendances finiront bien sûr par être
reléguées elles aussi, un jour, au rang de conventions
passéistes, mais elles représentent pour l’instant un
symbole et une promesse de renouveau.
13
Franchir l’obstacle réglementaire
Dans 40% des cas, environ, les noms de médicaments soumis à l’approbation des organismes de réglementation tels que la FDA et l’EMEA
se heurtent à un refus. Le motif est généralement très simple: trop grande similitude avec le nom d’un autre produit pharmaceutique, et
donc risque de causer la mort. Selon les directives élaborées à cet égard par l’EMEA, une marque de produit pharmaceutique doit répon-
dre aux critères suivants:
ne pas présenter de ressemblance visuelle ou sonore avec la dénomination commune ou non d’une substance pharmaceutique dont
le principe actif est différent;
se distinguer des noms existants par au moins trois lettres;
ne pas induire en erreur en évoquant un effet thérapeutique ou pharmaceutique ou une composition que le produit ne possède pas;
éviter les qualificatifs composés de lettres ou d’une seule lettre isolée et de chiffres;
ne pas comprendre un segment générique adopté et publié par l’OMS2 ou l’USAN.3
Novartis a structuré samarque Exforge sur lemodèle de celles desSUV, de sorte que samarque sous-entendque le produit est aussiapte à venir à bout del’hypertension qu’untout-terrain à dompterune montagne.
Phot
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2 Organisation mondiale dela santé
3 United States AdoptedNames
JUIN 200814
La Journée mondiale de la propriété intellectuelle connaît un succès grandissant et reçoit de plus en plus d’attention de la partdes médias. Cette année, le grand jour – le 26 avril – tombait un samedi. Un grand nombre de bureaux étant fermés ce jour-là, les célébrations furent avancées dans la plupart des pays, de sorte que l’OMPI a été inondée de coupures de presse et derapports d’activités dès la mi-avril. Tant dans le secteur public que privé, des talents créatifs se sont mobilisés pour trouver denouveaux moyens d’attirer l’attention sur les thèmes de l’innovation et du respect des droits des innovateurs mis à l’honneurcette année. Le Magazine de l’OMPI donne, dans les pages qui suivent, un aperçu des nombreuses activités tenues de par lemonde à cette occasion.
Des DVD et des CDpirates piétinés à
New Delhi! Leréalisateur de films
Bobby Bedi etd’autres représentants
de l’industrieindienne du spectacle
ont fait le voyage deNew Delhi à CapitolHill pour demanderau Congrès un plus
grand respect de leursdroits de propriétéintellectuelle sur leterritoire des États-
Unis d’Amérique.
En Grèce, les passants –jeunes et vieux – des ruesd’Athènes étaient invitéspar des affichesreprésentantd’alléchantes friandises àvenir visiter l’Officehellénique des marques.
La mascotte OMPI de la Journéemondiale de la propriétéintellectuelle 2008 est lavedette d’un film d’animationsur le site vidéo de l’OMPI(www.wipo.int/multimedia/fr/public_outreach/webcast/spots/).Le petit personnage a séduit
l’imagination et figure en bonne place sur de nombreusesaffiches et pages Web.
Le portail des activités de laJournée mondiale de lapropriété intellectuelle surle site Web de l’Office de lapropriété intellectuelle duRoyaume-Uni.
Au Ghana, le projet Anti-Counterfeiting Project a distribué desautocollants pour les pare-chocs de voitures. Les consommateurs ontaussi été sensibilisés aux dangers liés aux contrefaçons d’aliments etde médicaments et invités à les déclarer à la police, dans le cadred’une campagne dirigée par M. Emmanuel Kyeremanteng Agyarko,de l’administration ghanéenne des aliments et drogues, qui a étélargement commentée dans la presse.
IP Australia a organisé diverses activités, depuisdes salons et séminaires sur l’innovation à
l’intention des petites entreprises jusqu’à unconcours national destiné aux lecteurs de
journaux, en passant par un concours deconception d’avions en papier pour les écoliers.
Phot
o: ©
AFP/
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N LA JOURNÉEMONDIALE DE LA P.I.2008 EN IMAGES
15
“Non au piratage” scandaient dans les rues de Karachi(Pakistan) les participants à cette manifestation organiséepar le cabinet Ali & Associates en collaboration avecl’Association pakistanaise pour les droits de propriétéindustrielle et intellectuelle (PIPRA).
En Nouvelle-Zélande, desfirmes du secteur privécomme le cabinet depropriété intellectuelleBaldwins ont tenu desséminaires et des débatsd’experts, et invité lepublic à poser desquestions sur la propriétéintellectuelle. L’Officenéo-zélandais de lapropriété intellectuelle aorganisé un concoursdont les participantsdevaient créer un dessin,un court métrage, unmotif sonore ou un articlepour une campagne depropriété intellectuelle.
Les grandes associations de titulaires dedroits, et notamment l’Associationinternationale pour les marques (INTA),ont organisé des séances d’information àl’intention de leurs employés et clients,afin d’encourager leurs membres àmarquer la Journée mondiale de lapropriété intellectuelle.
Avec leurs crânes à lunettes et leurs oscroisés, les affiches de l’Office desbrevets de la Pologne attiraientirrésistiblement l’attention.
En Turquie, l’Institut des brevets avait organisé uneexposition intitulée “Il est temps de réfléchir” àl’intention des enfants des écoles primaires et uneautre pour les projets élaborés dans le cadre deleurs cours par les étudiants en technologie etdessin industriel.
Le Centre national de la propriété intellectuellede Géorgie (Sakpatenti) a conçu une cartepostale qui a été envoyée à des inventeurs et àdes créateurs œuvrant dans 200 domainesd’activité différents à travers le pays.
Au Brésil, l’université de São Paulo aorganisé un séminaire sur la biodiversité, ledéveloppement et la culture, et sur l’accès àl’information et au savoir.
Les Bermudes, l’Égypte, les Émirats arabes unis, lesFidji, l’Inde, l’Iran, la Jordanie, le Kenya, la Namibie, lePakistan, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, lesPhilippines, la République de Corée, la Turquie et detrès nombreux autres pays ont envoyé des coupuresde presse et des reportages télévisés. Ici, un articleparu au Costa Rica.
Au lycée Al-Majd de Sharjah, auxÉmirats arabes unis, plus d’un millierde lycéens ont participé à unecampagne de sensibilisation à lapropriété intellectuelle. Chacun areçu un bloc-notes (ci-contre àgauche) spécialement imprimé àl’occasion de la Journée mondialede la propriété intellectuelle parles organisateurs, le groupeBPG (Brand Owners’ ProtectionGroup) et les services
douaniers de Sharjah.
Phot
o: B
PG-G
CC
Fondation Mawhiba, Arabie Saoudite
“Il est de notre devoir à tous, en cette ère de l’innova-
tion, de favoriser l’épanouissement des dons et des ta-
lents” écrit le Roi Abdullah bin Abdulaziz, Serviteur des
Deux Saintes Mosquées. Le souverain est président de
la nouvelle fondation Mawhiba, également connue
sous le nom de Fondation Roi Abdulaziz et ses com-
pagnons pour la douance et la créativité.
La fondation Mawhiba a été établie afin de permettre
à l’Arabie saoudite de faire face à un certain nombre
de priorités, toutes recensées dans le cadre d’une stra-
tégie de développement national à 15 ans. Les plus
importantes sont la concurrence internationale pour
le recrutement de personnel hautement qualifié, l’im-
portance grandissante des secteurs du savoir dans
l’économie mondiale, les besoins d’une population
sans cesse plus jeune et la récente accession de l’Ara-
bie saoudite à l’Orga-
nisation mondiale du
commerce (OMC).
Misant sur le principe
que la croissance et la
prospérité futures
d’une nation reposent
sur les talents de sa
jeune génération, la
fondation Mawhiba
met en place des pro-
grammes de grande
envergure favorisant
le développement
des aptitudes des sur-
doués et de la créativité chez les jeunes. Elle vise à
créer ainsi une masse critique de nouveaux dirigeants
dans les domaines de la science et de la technologie
et à accroître la capacité nationale d’innovation.
La fondation envisage par ailleurs son action d’une
manière holistique, souhaitant stimuler non seule-
ment les talents intellectuels de ses bénéficiaires, mais
aussi les qualités personnelles qui leur seront néces-
saires pour réaliser pleinement leur potentiel de fu-
turs cadres. Elle met notamment l’accent sur les
initiatives suivantes:
cours d’été intensifs dans des universités natio-
nales et internationales de premier rang;
service Imagine: interface électronique permettant
aux élèves des écoles moyennes et secondaires
de soumettre des idées ou des projets à des ex-
perts aux fins d’évaluation;
service Shawer: services de conseil en enseigne-
ment spécialisé pour les jeunes surdoués, leurs pa-
rents et leurs enseignants;
concours et prix de créativité scientifique s’adres-
sant aux jeunes de moins de 25 ans et compre-
nant notamment des récompenses pécuniaires et
la possibilité de participer à des conférences et des
salons de l’innovation à caractère international. Au
mois de mars, par exemple, la fondation Mawhiba
et la compagnie pétrolière saoudienne Aramco
ont organisé Ibtikar, le premier salon saoudien de
l’innovation, sous le slogan “Entretenir l’innovation
pour favoriser la prospérité” (voir la rubrique Prix et
médailles du Magazine de l’OMPI n° 2/2008);
portail national pour la douance, la créativité et
l’innovation, conçu pour servir de lien entre les
étudiants, les enseignants, les innovateurs, les mi-
nistères et les institutions privées, et de point d’ac-
cès à quantité de ressources électroniques et de
réseaux interactifs.
La fondation Mawhiba laisse tout de même place à la
détente. Elle organise aussi, en collaboration avec le
National Talent Training Center, des équipes de jeunes
de moins de 18 ans qui participent à RoboCup – une
compétition internationale dont le but est la création,
avant l’an 2050, de robots humanoïdes autonomes ca-
pables de gagner un match de football contre les hu-
mains qui seront alors champions du monde.
Young InventorsInternational, Canada
“Les universités, écrit Anne Swift dans Xconomy,1
constituent un écosystème fécond, particulièrement
favorables à l’esprit d’entreprise des étudiants, des en-
seignants et des membres du personnel.” Elle parle
d’expérience. Au cours de sa deuxième année de
sciences politiques et d’économie à l’université de To-
ronto (Canada), Anne a en effet conçu et un clavier
souple, qu’elle a voulu breveter et commercialiser.
Lorsqu’elle a découvert combien cela nécessitait de
compétences et de connaissances, elle a décidé de
créer une communauté où les étudiants désireux de
mettre une invention sur le marché pourraient se ren-
seigner et échanger des idées, entre eux et avec des
MOBILISER LESJEUNES TALENTS
1 www.xconomy.com/2008/02/25/universities-an-entrepreneurs-ecosystem/
JUIN 200816
Mawhiba vise à créer une masse critique denouveaux dirigeants dans les domaines de la scienceet de la technologie et à accroître la capaciténationale d’innovation.
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Le Magazine de l’OMPI se penche sur deux des organismes de plus en plus nombreux qui participentcette année aux célébrations de la Journée mondiale de la propriété intellectuelle. Tous deux sontextrêmement actifs et partagent le même objectif: encourager l’innovation chez les jeunes de talent.
spécialistes. C’est ainsi qu’en 2001, alors qu’elle était
encore étudiante, elle fonda Young Inventors Interna-
tional (YII).
Aujourd’hui, son réseau sans but lucratif a des bureaux
au Canada et aux États-Unis d’Amérique, et compte
plus de 1800 membres dans plus de 30 pays dont
l’Afrique du Sud, l’Australie, la Croatie, l’Inde, Israël, l’Ita-
lie, le Mexique, la Pologne, le Royaume-Uni et Singa-
pour. Ensemble, ses membres comptent plus de 500
brevets et demandes de brevet.
“Lorsqu’on apprend ce qu’est l’innovation et comment
il faut s’y prendre pour amener une idée sur le mar-
ché, explique Anne avec l’assurance qui la caractérise,
c’est un savoir-faire professionnel précieux et transfé-
rable que l’on acquiert; et YII estime qu’il n’y a pas de
meilleur moment pour amener ses idées sur le mar-
ché que lorsqu’on est étudiant.”
Établi dans le but de fournir à ses membres un appui
pratique, de l’information et des contacts, le réseau YII
offre également des séminaires en ligne sur des
thèmes tels que la propriété intellectuelle, la re-
cherche de débouchés commerciaux, la production
de prototypes et le financement. Ces “webinaires” sont
diffusés dans des salles de cours et des locaux de
clubs universitaires. YII a aussi organisé des confé-
rences internationales à l’université de Toronto ainsi
qu’au Massachusetts Institute of Technology (MIT), et
envoyé un groupe spécial de ses membres au forum
Dow Jones sur les entreprises émergentes.
À l’occasion de la Journée mondiale de la propriété
intellectuelle 2008, YII a ouvert un forum en ligne où
les participants pouvaient poser des questions sur les
brevets, les marques et le droit d’auteur à des avocats
spécialisés en propriété intellectuelle. Il y a eu aussi
une entrevue avec Gauri Nanda, l’inventrice de Clocky
– un réveil tout duveteux qui saute de votre table de
nuit et va se cacher ailleurs quand vous appuyez sur
son bouton de rappel d’alarme. Clocky a connu un
succès instantané dans les médias le jour où un blo-
gueur l’a découvert sur le site Web de la classe de
Gauri et l’a diffusé, déclenchant un déluge de de-
mandes d’information de dormeurs invétérés. Des en-
registrements sont accessibles dans les deux cas sur le
site Web du réseau.
Les membres de YII sont déjà nombreux à faire leur
marque, et Anne les énumère: Jose Gomez-Marquez,
étudiant diplômé au Worcester Polytechnic Institute,
a coïnventé Aerovax, un dispositif d’inhalation à bas
prix pour l’administration du vaccin contre la rou-
geole. Gilad Shoham, dessinateur industriel déjà
primé par le passé et fondateur de la société Medo-
nyx Inc. de Toronto, travaille sur des produits visant à
réduire la fréquence des infections nosocomiales.
Rahul Shetty, cardiologue en Inde et fondateur de la
société Mezocore Technologies au Canada, travaille
actuellement à l’élaboration d’un logiciel de formation
des médecins permettant la simulation des actes mé-
dicaux et chirurgicaux. Eric Groset de D&G Solutions,
étudiant à l’université California State, a inventé la
“chaîne stéréo de poche” LiveSpeakR, un système de
haut-parleurs portatif qui est en attente de brevet.
Young Inventors International veut aussi une plus
grande ouverture sur l’étranger. “Si vous avez le désir
d’innover ou d’entreprendre – ou si ce sont des choses
que vous avez déjà faites – dit Anne, nous aimerions
beaucoup vous accueillir parmi les membres de notre
dynamique communauté internationale.”
Pour plus de
renseignements:
www.mawhiba.org.sa
et
www.younginventors.org.
17
Anne Swift a étésélectionnée par lemagazine Glamour pourfigurer au classement des“10 jeunes universitairesqui changeront le plus le monde” (2003). Elleconseille actuellementune jeune entreprise dansle secteur de l’énergiesolaire thermale.
Phot
o: A
nne
Swift
Filmez votre propriété intellectuelle
Le prix du meilleur court métrage portant sur des questions de
propriété intellectuelle a été remis par l’OMPI, dans le cadre du
concours international Film Your Issue, à une équipe d’étudiants
en journalisme de l’université nationale Zaporizhzhya d’Ukraine.
Intitulé Copyflights, le film met en scène des avions de papier qui
évoquent à la fois l’essor des idées et la fragilité des créations non
protégées face aux visées malhonnêtes des “hommes en noir”.
Les gagnants se sont intéressés au droit d’auteur parce que le
sujet leur tenait à cœur en tant que futurs journalistes, mais aussi
à cause d’une mauvaise expérience qu’ils ont vécue eux-mêmes.
Comme l’a raconté au Magazine de l’OMPI l’une des jeunes ci-
néastes, Aleksandra Zborovskaya, l’équipe a en effet soumis à
une agence de publicité des scénarios originaux qui ont été uti-
lisés sans son autorisation. “Nous avons fait cette erreur parce
que nous manquions d’expérience et d’information, dit-elle, mais
maintenant, nous connaissons nos droits en tant que créateurs,
et nous voulons le faire savoir à d’autres, pour qu’ils soient plus
prudents.”
L’OMPI a salué le film pour sa créativité et l’originalité du thème
choisi, pour sa photographie saisissante et pour son excellente
construction, en relevant toutefois l’utilisation erronée du ©
comme symbole universel de la protection des droits de pro-
priété intellectuelle.
Film Your Issue est un concours annuel organisé par un consor-
tium d’entreprises américaines du secteur des médias et d’ONG,
afin de sensibiliser les cinéastes de demain à l’importance des
grands enjeux mondiaux.
Pour regarder Copyflights: http://vids.myspace.com/index.cfm?fuseaction =vids.
individual&VideoID=32043530. Créé et filmé par Aleksandra Zborovskaya,
Maria Korniyenko, Viacheslav Malinov, Lidia Pikhteeva, Olga Kayda.
Copyflights. “Dans notre pays, trop de gens considèrent que ce n’est pasun problème. On vole votre idée, et tout le monde oublie votre nom.”
C’est dans ce but que la communauté massaï de Lai-
kipia, au Kenya, a pris contact avec l’OMPI, en 2006.
Suite à une visite effectuée à son invitation, l’Organi-
sation lancera en septembre un programme de for-
mation pilote en vue d’aider les communautés
autochtones à réunir des données sur leurs traditions
culturelles, à archiver ce patrimoine pour les généra-
tions futures et à gérer, ce faisant, leurs droits de pro-
priété intellectuelle.
La technologie au service de la tradition
Les techniques numériques modernes offrent un
moyen pratique de recenser, d’enregistrer et de nu-
mériser les expressions culturelles traditionnelles. Elles
répondent parfaitement, en cela, à la volonté des
communautés autochtones de préserver leur patri-
moine culturel, de lui donner une vigueur nouvelle,
de le promouvoir et de le transmettre aux prochaines
générations. Le recensement et la numérisation de
traditions vivantes, réunissant des expressions de la
créativité collective et individuelle, représentent tou-
tefois un travail extrêmement complexe. En outre, le
patrimoine culturel immatériel doit être protégé, une
fois cette opération effectuée, par des droits de pro-
priété intellectuelle gérés d’une manière rigoureuse,
car sa numérisation crée également un risque d’ex-
ploitation non autorisée.
Le programme de formation pilote de l’OMPI tiendra
compte à la fois de l’utilité de la technologie pour les
communautés autochtones et du besoin impérieux
de donner à ces communautés les moyens de pren-
dre, en connaissance de cause, des décisions concer-
nant la gestion des questions relatives à la propriété
intellectuelle qui soient en adéquation avec leurs va-
leurs et leurs objectifs de développement. Il a princi-
palement pour but de transmettre à des membres de
la communauté les compétences et les connaissances
techniques de documentation, d’archivage et de ges-
tion de la propriété intellectuelle requises pour qu’ils
puissent assurer eux-mêmes le recensement, le clas-
sement et la protection de leur patrimoine culturel.
Les communautés pourront ainsi élaborer leur propre
politique de propriété intellectuelle ainsi que les pro-
tocoles et les outils techniques nécessaires à la ges-
tion de leurs enregistrements et autres formes de
documentation culturelle (voir encadré).
Le programme pilote sera mis en œuvre en septem-
bre, en collaboration avec l’American Folklife Center
de la Bibliothèque du Congrès de Washington et le
Center for Documentary Studies de l’université Duke
de Durham, en Caroline du Nord.
La communauté massaïpremière bénéficiaire
Au mois de septembre, deux membres de la com-
munauté massaï, accompagnés d’un expert des mu-
sées nationaux du Kenya, se rendront d’abord à
l’American Folklife Center, puis au Center for Docu-
mentary Studies. Ils y suivront une formation inten-
sive dans des domaines tels que la planification de
projets, l’éthique en matière de recherche, les mé-
thodes d’archivage numérique, les techniques docu-
mentaires et l’élaboration et la gestion de bases de
NUMÉRISER LA CULTURETRADITIONNELLEProgramme de formation de l’OMPI à l’intentiondes communautés autochtones
JUIN 200818©
OM
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Manifestationtraditionnelle massaï
Partout dans le monde, les cultures autochtones ont vu imiter, retravailler, copier et commercialisersans autorisation, sans aucune mention de leur origine et, souvent, sans aucun respect pour leursignification culturelle et religieuse, leurs rites, leur musique, leurs symboles et leurs arts créatifs.Jugeant que cette situation n’a que trop duré, un grand nombre d’entre elles ont entrepris de soustraireleur patrimoine à toute cette cupidité afin de pouvoir le transmettre aux générations futures.
données et de sites Web. La formation en propriété
intellectuelle sera assurée par des fonctionnaires de
l’OMPI, avec le soutien du Bureau du droit d’auteur
des États-Unis d’Amérique.
À leur retour au Kenya, les Massaï recevront de l’OMPI,
pour leur propre usage, un kit élémentaire de matériel
de terrain, des ordinateurs ainsi que des logiciels. La
communauté recevra aussi un soutien continu de la
part des musées nationaux du Kenya.
La communauté massaï et les musées nationaux du
Kenya participeront directement, en partenariat, à l’éva-
luation de ce programme pilote et formuleront ensem-
ble des recommandations en vue de son amélioration
et de son développement. L’OMPI se fondera sur ces in-
dications pour étudier la possibilité d’offrir la même for-
mation, sur une base annuelle, à d’autres communautés
autochtones et institutions culturelles, en collaboration
avec des organismes intéressés dans d’autres pays.
Projet de l’OMPI relatif au patrimoine créatif
Le programme pilote s’inscrit dans le cadre du projet
de l’OMPI relatif au patrimoine créatif, qui vise l’élabo-
ration d’un ensemble d’outils pratiques de gestion des
questions de propriété intellectuelle liées à l’inven-
taire, à l’enregistrement et à la numérisation du patri-
moine culturel immatériel. Ces derniers comprendront
notamment un guide à l’intention des musées, ser-
vices d’archives, bibliothèques et autres institutions
culturelles, dans lequel il sera traité spécifiquement
de la gestion de la propriété intellectuelle des col-
lections autochtones.
En complément, un ensemble de principes directeurs
d’élaboration de protocoles de propriété intellec-
tuelle à l’usage des communautés autochtones et
locales est en cours de rédaction aux fins de consul-
tation. Le but ainsi recherché est de donner à ces
communautés les moyens d’établir elles-même les
protocoles, contrats et stratégies d’utilisation des ex-
pressions de leur culture traditionnelle, tant par leur
propres membres que par les tiers. Cela pourrait no-
tamment les aider à instaurer une plus grande équité
dans leurs relations avec les chercheurs et les repré-
sentants du secteur privé.
19
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Gestion de l’accès par les communautés autochtones
De nombreux protocoles et codes de conduite en matière de propriété intellectuelle ont été élaborés par des musées et au-
tres institutions culturelles, ainsi que par des communautés autochtones. L’OMPI a établi une base de données en ligne
(www.wipo.int/tk/fr/folklore/culturalheritage/) permettant la consultation de tels protocoles, politiques, codes et pratiques ainsi
que d’accords types relatifs à l’enregistrement, à la numérisation et à la diffusion du patrimoine culturel intangible, dans les-
quels l’accent est mis sur les questions de propriété intellectuelle. On peut également y consulter des enquêtes sur l’expé-
rience acquise dans divers pays. Cette base de données contient également des renseignements sur la manière dont les
communautés autochtones abordent les questions de propriété intellectuelle dans le cadre de la gestion de l’accès, du
contrôle et de la titularité de leur documentation culturelle, dont notamment les exemples suivants:
le Sealaska Heritage Institute, fondé par les communautés Tlingit, Haida et Tsimshian d’Alaska dans le but de promouvoir
et de protéger leurs cultures, a adopté une Politique en matière de droits de propriété culturelle et intellectuelle, régis-
sant la protection des emblèmes, des chants, des récits et des noms, ainsi qu’une Politique en matière de photographie
(y compris les vidéos et les films), qui limite l’enregistrement de leurs célébrations et manifestations culturelles à des fins
commerciales;
en Jamaïque, la communauté rastafarienne, représentée par l’Ethio-Africa Diaspora Union Millennium Council, a élaboré
un projet de contrat de propriété intellectuelle pour l’enregistrement visuel et sonore de ses interprétations ou exécutions,
ainsi que pour d’autres activités médiatiques;
en Australie, la communauté Warumungu a établi le centre d’archives numérique Mukurtu Wumpurrarni-kari, où sont
conservés les photographies, enregistrements visuels et sonores et reproductions numériques de ses objets et docu-
ments culturels. Les paramètres d’accès à ces archives sont fondés sur un ensemble de protocoles culturels Warumungu
limitant les possibilités de consultation et de distribution des savoirs culturels;
En Arizona, la tribu Hopi a élaboré un Protocole applicable à la recherche, aux publications et aux enregistrements, qui
précise la façon dont le peuple hopi souhaiterait que ses ressources intellectuelles et ses expressions culturelles tradi-
tionnelles soient utilisées par les tiers.
Le programme de formation pilote résulte de la visite effectuée dans lacommunauté massaï de Laikipia (Kenya) en 2006, par une mission d’experts del’OMPI.
LE WAYANGSORT DE L’OMBRE
De nombreuses formes d’expres-sion de la culture et du folklore quise transmettent de génération engénération depuis des siècles, voiredes millénaires, sont aujourd’huimenacées de disparition. La mon-dialisation amène avec elle de nou-
velles influences culturelles, latechnologie, de nouveaux moyensde communication, et les jeunes,attirés par les villes et la culture demasse, se détachent de leurs tradi-tions. Les anciens disparaissent, etavec eux, leur savoir. Tandis quecertaines communautés s’efforcentde préserver leur patrimoine cultu-rel en l’imprimant, en le filmant ouen le confiant à des musées, d’au-tres l’adaptent à la société mo-derne et lui donnent ainsi unsouffle nouveau. L’art indonésiendu théâtre d’ombre – ou wayang –est un bon exemple.
Proclamé chef-d’œuvre du patri-moine oral et immatériel de l’hu-manité par l’UNESCO en 2003, lewayang est pratiqué depuis plus dedix siècles, soit bien avant l’intro-duction de l’écriture en Indonésie.Né d’un rituel consistant à appelerles esprits des morts en projetantsur un mur les ombres créées pardes lampes à huile de coco, il futd’abord repris et adapté, au neu-vième et au dixième siècle, par lescommunautés hindoues pourconter les exploits des héros du Ra-mayana et du Mahabharata, puismodifié de nouveau au MoyenÂge, où il fut utilisé pour éduquer
les foules aux thèmes de l’isla-misme. Bien qu’un grand nombrede ses variantes aient disparu, lewayang existe encore, et cela sousplus de 60 formes en Indonésieseulement. Il est utilisé à des finscérémoniales, spirituelles, de diver-
tissement, d’éducation et, depuispeu, de sensibilisation aux droits depropriété intellectuelle.
Lorsque la Direction générale desdroits de propriété intellectuelled’Indonésie (DGIPR) s’est fixécomme objectif stratégique, en2005, de mettre sur pied des cam-pagnes de sensibilisation du pu-blic, elle avait décidé de ciblerparticulièrement les jeunes desécoles secondaires et les PME. Il luifallait toutefois trouver, avec unbudget limité, le moyen d’intéres-ser ces publics. On pensa toutd’abord au matériel de sensibilisa-tion des jeunes de l’OMPI, et no-tamment aux bandes dessinéesBrevets, Le droit d’auteur et Mar-ques, qu’il aurait suffi de traduire.Mais une brève étude de marchésuffit à démontrer que si le mes-sage était clair, les jeunes Indoné-siens ne se sentaient rien decommun avec les personnages deces bandes dessinées ou avec lecontexte dans lequel ils évoluaient.On avait donc besoin d’imagesplus conformes à la culture indo-nésienne et de personnages aveclesquels le public pouvait ressentirune affinité. Et c’est ainsi que l’onpensa au wayang.
Adapter le message
Les Indonésiens ont grandi avec lethéâtre d’ombres. Ils en connaissenttous les protagonistes, toutes les in-trigues, ainsi que tous les enseigne-ments et maximes de la sagesse
populaire qu’il a pour rôle de trans-mettre. La division de la sensibilisationde la DGIPR entreprit donc une étudedes personnages du wayang, afin desavoir lesquels étaient le plus suscep-tibles de faire passer un message re-latif à la propriété intellectuelle. Ellearrêta, son choix sur un vieil hommereconnu pour sa grande sagesse.
Il fallut aussi adapter la façon de dé-livrer le message. Le ton adopté enIndonésie pouvait en effet être plusmoralisateur que ce qui serait ac-cepté dans la culture occidentale, etil ne viendrait à l’idée de personne,dans ce pays, de désobéir à un ordredirect donné par un vieux sage. C’estpour cela que dans l’affiche ci-dessus, il ordonne aux PME: “Venez déposerle résultat de votre travail de créationauprès de la DGIPR” et dans uneautre qui s’adresse aux jeunes il dit:“Stop! Pas de piratage!”
L’initiative de sensibilisation de laDGIPR repose certes sur les outilsmultimédias de la communicationmoderne, mais c’est grâce à l’utili-sation des expressions culturellestraditionnelles que son messageest en train de faire sa marque.
JUIN 200820
L’OMPI a accueilli àGenève au mois d’avril,
dans le cadre de sestravaux sur la propriété
intellectuelle et lesexpressions culturelles
traditionnelles, unereprésentation de
théâtre wayang montéepar la fondation
Yayasan Redi Waluyo deJakarta. Une exposition
de photographies duJaponais Yoshi Shimizu
sur le théâtre wayangl’accompagnait.
Phot
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Pour plus de
renseignements:
www.wipo.int/portal/en/news/
2008/article_0022.html
21
“Les journalistes, déclare M. Paulin Edou Edou, directeur général de l’Organisation afri-
caine de la propriété intellectuelle (OAPI), sont nos partenaires stratégiques dans notre
action de sensibilisation au rôle de la propriété intellectuelle en tant que catalyseur de
la croissance économique et de l’amélioration du niveau de vie”.
M. Edou Edou s’adressait au premier Séminaire OMPI-OAPI pour les journalistes, qui
s’est tenu du 15 au 17 avril à Yaoundé (Cameroun). Des journalistes des 16 États mem-
bres de l’OAPI étaient réunis à cette occasion, afin de se familiariser avec le système de
la propriété intellectuelle et son importance stratégique dans le développement éco-
nomique, social et culturel de leurs pays.
Musiciens, scientifiques, gardiens des savoirs traditionnels et chefs d’entreprise sont
venus dire en personne aux journalistes ce que signifie pour eux la propriété intellectuelle. Leurs interventions ont suscité un intense
débat chez les participants, qui ont souligné la nécessité d’encourager une plus grande reconnaissance politique de la propriété in-
tellectuelle dans les pays africains et de créer ainsi un contexte plus fertile, dans lequel les journalistes puissent éduquer, informer, et
même divertir leurs lecteurs en leur parlant de ces questions.
E’Eyo – Le grand succès de la télévision gabonaise
Une équipe de journalistes de la première chaîne de la Radio Télévision Gabonaise (RTG1) a démontré, en racontant comment elle s’y
est prise pour lancer la première émission jamais consacrée à ce sujet dans un pays de l’OAPI, que la propriété intellectuelle peut être
un sujet de télévision tout à fait passionnant.
L’idée est due à M. Cyr Nze Menzu, un haut fonctionnaire du ministère du commerce et de l’industrie détaché auprès de RTG1, qui pen-
sait pouvoir éveiller un vif intérêt pour la propriété intellectuelle chez les gens ordinaires en leur montrant à quoi servent les brevets,
les marques, le droit d’auteur, les dessins et modèles et les indications géographiques dans leur vie quotidienne. D’abord sceptique,
le conseil de direction de RTG1 finit par se laisser convaincre par M. Nze Menzu et ses associés de produire la série, qui fut baptisée E’Eyo
– du nom du créateur et protecteur suprême du savoir dans la mythologie du peuple Fang du Gabon.
Le premier épisode de E’Eyo a été diffusé à l’occasion de la Journée mondiale de la propriété intellectuelle 2007. Il a donné à la télévi-
sion gabonaise le signal d’un nouveau départ, en attirant l’attention du public sur des domaines de la science, de la technologie, de
la créativité et de l’innovation jusqu’alors inexplorés par les médias nationaux. La quantité de courrier reçue par la station a démontré
que la direction avait été bien inspirée: la formule élaborée par les producteurs avait conquis le public, en offrant à son imagination
un regard nouveau sur l’univers de la création et les moyens de mieux comprendre l’économie du savoir. La série n’a pas cessé depuis
de battre des records d’audience, son public s’enrichissant constamment de nouveaux responsables politiques, chef d’entreprise, cher-
cheurs, universitaires, artistes ou membres du public en général.
L’équipe gabonaise n’a pas cherché à minimiser l’importance des nombreux obstacles auxquels doivent s’attendre les journalistes dé-
sireux de produire en Afrique une émission consacrée à la propriété intellectuelle. Elle a insisté notamment sur la nécessité d’établir
des liens étroits dans les communautés du droit, des sciences, de la technologie et des affaires, afin de s’assurer un courant continu
d’informations intéressantes, instructives et susceptibles de stimuler la réflexion. Elle a en outre créé un organisme sans but lucratif,
Le Club des Amis de la Propriété Intellectuelle (CAPI), afin de dynamiser encore plus son action de sensibilisation à la propriété intellectuelle
et d’assurer d’une manière plus durable, espère-t-elle, le financement d’émissions telles que E’Eyo.
Lorsqu’ils se font l’écho des succès du système de la propriété intellectuelle, voire des controverses qui l’entourent, les journalistes exercent unrôle de sensibilisation important. Mais pour pouvoir le faire d’une manière efficace, ils doivent comprendre les bases du fonctionnement de cesystème et l’importance qu’il revêt pour l’intérêt public. Il est donc essentiel que les offices et autres organismes de propriété intellectuelle leurfournissent des informations concrètes et actuelles, afin qu’ils puissent les appuyer dans leur stratégie de communication.
HISTOIRES DE PROPRIÉTÉINTELLECTUELLE EN AFRIQUE
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Des journalistes du Gabon démontrent que lapropriété intellectuelle peut être un sujet detélévision passionnant.
MARQUESNOTOIRES ARABES
Inspiré par le succès croissant des
marques arabes sur les marchés lo-
caux et internationaux, le Famous
Arab Brand Names Group (Groupe
des marques notoires arabes) a vu
le jour en Jordanie en mars 2008.
Cette initiative est due à une idée
de M. Talal Abu-Ghazaleh, prési-
dent de l’Organisation Talal Abu-
Ghazaleh, et sera présidée par la
Société arabe pour la propriété in-
tellectuelle (ASIP), avec l’aide d’en-
treprises et d’organismes de
premier plan du monde arabe. Elle
aura pour activités l’organisation
d’expositions destinées à promou-
voir des produits nouveaux, d’ate-
liers sur la protection des marques
et de voyages qui permettront aux
membres de faire connaître leurs
marques sur les marchés étrangers.
Comme l’a expliqué M. Mutasem
Dmour, le directeur exécutif de
l’ASIP, la création de ce groupe
s’inscrit dans la foulée de l’aug-
mentation du nombre d’enregis-
trements de marques dans les
pays arabes et d’une prise de
conscience de la supériorité de la
valeur des marques bien établies
par rapport à celle des actifs cor-
porels des entreprises. “L’ASIP, a-t-il
déclaré, est très fière de participer
à cette initiative, car elle est le
complément de son objectif de
protection de la propriété intel-
lectuelle dans le monde arabe par
la modernisation des systèmes,
des lois et des règlements qui
existent dans ce domaine.”
Les marques Al-Jazeera (réseau d’in-
formation), Emirates (transport aé-
rien), Almarai (produits laitiers) et Al
Arabiya (radiodiffusion) sont, selon
l’ASIP, parmi les marques arabes les
plus renommées. Elles dominent
également le classement, publié en
2006 par la revue économique
Forbes, des 40 plus grandes
marques d’entreprises arabes. La liste
avait été élaborée sur la base d’une
enquête en ligne dans laquelle il
était demandé à 1200 consomma-
teurs de la région d’indiquer les
marques notoires qui leur inspiraient
le plus d’admiration et de confiance.
La marque du spectaculaire hôtel
Burj Al Arab, qui domine la côte de
Dubaï, et celle de la chaîne saou-
dienne de librairies Jarir figurent
aussi en bonne place à ce palmarès.
L’équipe de recherche de la revue
Forbes observe que les sociétés
arabes doivent satisfaire les exi-
gences et les sensibilités culturelles
d’une clientèle complexe, formée
de résidents nationaux et d’expa-
triés. “Le plus difficile, lorsque l’on
veut développer une marque
arabe, c’est de trouver le moyen de
penser globalement, tout en agis-
sant localement.”
Le saviez-vous?
On considère généralement que
les marques sont une création
occidentale, née de la révolution
industrielle. Cette conviction a tou-
tefois été remise en question par
l’anthropologue britannique David
Wengrow, selon lequel certains
symboles apparaissant sur des
contenants très anciens ainsi que
des pratiques commerciales de
l’Antiquité égyptienne et irakienne
pourraient être les ancêtres du sys-
tème des marques de commerce
que nous connaissons aujourd’hui.
Une étude de David Wengrow sur
ces questions, intitulée Prehistories
of Commodity Branding, a été pu-
bliée dans l’édition de février 2008
du journal Current Anthropology.
JUIN 200822
Lancée en 1996 grâce à unsubside de USD150 millions del’émir du Qatar, Al Jazeera étaità l’origine une chaîne denouvelles télévisées de languearabe, diffusées par satellite. Elle est aujourd’hui un réseaumondial dont les émissionsd’information et dedivertissements sont écoutéesdans plus de 100 millions defoyers, et ce, dans de multipleslangues.
Le groupe Emirates, quicomprend notamment lacompagnie aérienne et hôtelièredu même nom, a annoncé pourl’exercice 2007/2008 unbénéfice de USD1,45 milliard –son vingtième en autantd’années. La compagnieaérienne Emirates a transportél’an dernier plus de 21 millionsde passagers et a été nommée“Meilleure compagnieaérienne 2008” par les lecteursdu magazine Arabian Business(www.ArabianBusiness.com).
En 1976, la société Almarai(vertes prairies en arabe) adécidé de transformer sesméthodes traditionnelles defabrication de laitages afin depouvoir répondre à lademande sans cesse croissantede son marché. Aujourd’hui,cette entreprise saoudiennelivre chaque jour ses produits àplus de 34 000 détaillants danssix pays du Golfe et se présentecomme la plus importanteentreprise intégrée deproduction laitière du monde.
Établie en 2003 à Dubaï par legroupe saoudien MBC (MiddleEast Broadcasting Center) dansle but de concurrencer Al Jazeera,la chaîne d’informations Al Arabiya est réputée, commecette dernière, pour diffuserl’actualité en temps réel et surun rythme rapide. Elle estsystématiquement classéeparmi les meilleures chaînespanarabes par les divers publicsdes pays du Moyen-Orient.
Le 13 mai dernier, le Co-
mité de coordination de
l’Organisation Mondiale
de la Propriété Intellec-
tuelle (OMPI) a désigné
M. Francis Gurry, ressor-
tissant de l’Australie, pour
devenir le prochain direc-
teur général de l’OMPI.
Cette nomination sera
s o u m i s e a u x f i n s d e
confirmation à l’Assem-
blée générale de l’OMPI à sa prochaine réunion, qui
se tiendra du 22 au 30 septembre. Le directeur géné-
ral élu prendra ses fonctions le 1er octobre.
M. Gurry a été choisi à partir d’une liste initiale de
15 candidats, soumise au comité de coordination par
les États membres de l’OMPI. Trois journées avaient
été réservées pour la réunion du Comité de coor-
dination, mais le processus a été accéléré par le re-
trait de sept candidatures après le deuxième tour
de scrutin.
Après l’élimination, au troisième tour de scrutin, de
M. M. Masood Khan, actuellement ambassadeur du
Pakistan auprès des Nations Unies à Genève, le der-
nier tour s’est déroulé entre deux fonctionnaires en
exercice de l’OMPI, M. Gurry et M. José Graça Aranha,
ressortissant du Brésil. M. Gurry l’a emporté, avec
42 voix contre 41 pour M. Graça Aranha.
Le processus d’élection des directeurs généraux est
régi par la Convention instituant l’Organisation
Mondiale de la Propriété Intellectuelle et la Procé-
dure de désignation d’un candidat et de nomina-
tion au poste de directeur général de l’OMPI,
adoptée par l’Assemblée générale de l’OMPI en sep-
tembre 1998. Francis Gurry deviendrait le quatrième
directeur général de l’OMPI, après M. Kamil Idris
(Soudan, 1997-2008), M. Arpad Bogsch (États-Unis
d’Amérique, 1973-1997) et M. Georg Bodenhausen
(Pays-Bas, 1970-1973).
Carrière à l’OMPI
Depuis son entrée à l’OMPI en 1985 en qualité de
consultant au Bureau de la coopération pour le déve-
loppement et des relations extérieures avec l’Asie et le
Pacifique. M. Gurry a occupé les postes suivants:
1988 à 1990: chef de la Section du droit de la propriété in-
dustrielle
1990 à 1993: Cabinet du directeur général
1993 à 1997: directeur du Centre d’arbitrage et de mé-
diation; conseiller juridique par intérim (1996-97)
1997 à 1999: conseiller juridique; également chargé de su-
perviser les domaines d’activité suivants: Centre
d’arbitrage et de médiation de l’OMPI; commerce
électronique
1999 à 2003: sous-directeur général et conseiller juridique;
également chargé de superviser les domaines d’ac-
tivité suivants: Centre d’arbitrage et de médiation de
l’OMPI; commerce électronique; et à partir de 2002:
Traité de coopération en matière de brevets (PCT);
droit et politiques en matière de brevets et classifi-
cation internationale des brevets (CIB); savoirs
traditionnels, expressions culturelles traditionnelles,
ressources génétiques et sciences de la vie
Depuis 2003: vice-directeur général, chargé de superviser
les domaines d’activité suivants: PCT; droit et poli-
tiques en matière de brevets et classification inter-
nationale des brevets (CIB); normes de l’OMPI;
statistiques de l’OMPI; Centre d’arbitrage et de mé-
diation de l’OMPI; savoirs traditionnels, expressions
culturelles traditionnelles, ressources génétiques et
sciences de la vie.
Au cours de sa carrière à l’OMPI, M. Gurry a pris une
part active à la création du Centre d’arbitrage et de
médiation de l’OMPI ainsi qu’à l’élaboration du Règle-
ment uniforme des litiges relatifs aux noms de do-
maine, adopté en 1999 par l’Internet Corporation for
Assigned Names and Numbers (ICANN) et observé
par l’ensemble des unités d’enregistrement de noms
de domaine de l’Internet.
Avant d’entrer à l’OMPI, M. Gurry était juriste de pro-
fession et avait occupé plusieurs postes universitaires.
Il est titulaire d’une licence et d’une maîtrise de droit
de l’Université de Melbourne, ainsi que d’un doctorat
de l’Université de Cambridge au Royaume Uni. Il est
l’auteur de nombreuses publications et articles sur les
questions de propriété intellectuelle, parus dans des
revues internationales.
RÉUNIONS DE COMITÉS
Francis Gurry désigné pour devenir le prochaindirecteur général
23
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ncis
Gurr
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Francis Gurry, directeurgénéral élu de l’OMPI.
JUIN 200824
Grâce à son “balai amélioré”, Sam
Houghton est devenu, à l’âge de
cinq ans, le plus jeune inventeur du
Royaume-Uni à détenir
un brevet. Il n’avait en
fait que trois ans lorsque
l’idée de son invention
lui est venue, en regar-
dant son père balayer la
cour avec deux balais –
l’un pour les feuilles, et
l’autre, pour les plus pe-
tits débris. Sam lui sug-
géra d’attacher les deux
ensemble avec un gros
élastique. Jugeant l’idée
suffisamment nouvelle,
utile et inventive, le père
de Sam – qui est juste-
ment conseil en brevets
– déposa une demande de protec-
tion auprès de l’Office de la pro-
priété intellectuelle du Royaume-
Uni (IPO). Celle-ci fut accueillie, et
un brevet a depuis été délivré.
“J’ai vu mon papa balayer, et je l’ai
fabriqué, raconte Sam. Il y a deux
brosses, parce que l’une ramasse
les gros morceaux, et l’autre est là
pour les petits bouts qui restent. Je
ne sais pas si je veux être inventeur
quand je serai grand, mais j’ai
trouvé ça amusant.”
Sam est un passionné des aven-
tures de Wallace, l’inventeur cala-
miteux, et de son chien Gromit, les
vedettes des films d’animation de
Nick Park adoptées par l’IPO comme
mascottes de sa campagne Crac-
king Ideas (www.crackingideas.com).
“Des personnages comme Wallace
& Gromit peuvent vraiment être
une source d’inspiration pour les
jeunes inventeurs, explique Sally
Long, directrice du projet Cracking
Ideas. Sam nous a montré ce qui
peut sortir d’un jeune esprit. L’âge
des inventeurs ne figure pas tou-
jours sur les demandes de brevet,
mais nous n’avons jamais vu
quelqu’un d’aussi jeune que Sam
en obtenir un, et nous pensons
qu’il est le plus jeune jusqu’à main-
tenant.” Source: Office de la propriété in-
tellectuelle du Royaume-Uni
La 61e Assemblée mondiale de la santé, qui s’est
tenue du 19 au 24 mai à Genève, a adopté une réso-
lution sur une Stratégie et plan d’action mondiaux
pour la santé publique, l’innovation et la propriété
intellectuelle, destinée à promouvoir de nouvelles
approches pour la recherche-développement de
produits pharmaceutiques et à améliorer l’accès aux
médicaments, notamment en ce qui concerne les
maladies qui touchent plus particulièrement les pays
en développement.
Cette résolution est l’aboutissement d’un processus
qui s’était engagé en mai 2003, lorsque l’Organisation
mondiale de la santé (OMS) avait créé une Commis-
sion sur les droits de propriété intellectuelle, l’innova-
tion et la santé publique (CIPIH). Suite au rapport de
cette dernière, l’OMS a établi en 2006 un Groupe de
travail intergouvernemental sur la propriété intellec-
tuelle, la santé publique et l’innovation (IGWG).
Le Directeur général de l’OMS est prié, dans cette ré-
solution, d’assurer la coordination avec les autres or-
ganisations intergouvernementales concernées, dans
le respect de leurs mandat et programme respectifs,
en vue d’une mise en œuvre effective de la stratégie
et du plan d’action mondiaux. En tant qu’institution
des Nations Unies spécialisée dans les questions de
propriété intellectuelle, l’OMPI a fourni un soutien
technique actif au Secrétariat de l’OMS depuis le
début du processus et continuera d’y apporter le
meilleur appui possible, à la demande de ses parte-
naires et dans le cadre de son mandat.
L’ACTUALITÉ EN BREF
Le plus jeune titulaire de brevet du Royaume-Uni
Santé publique, innovation et propriétéintellectuelle – Nouvelle résolution de l’OMS
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“J’ai vu mon papabalayer, et je l’aifabriqué.”
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L’Office européen des brevets (OEB)
et l’Office des brevets et des
marques des États-Unis d’Amérique
(USPTO) ont annoncé leur intention
de lancer, en septembre, un pro-
gramme pilote de coopération in-
titulé “Patent Prosecution Highway”
(PPH). Ce programme, qui s’ap-
puiera sur les procédures d’examen
accéléré déjà en place dans les
deux offices, réduira les dédouble-
ments, en permettant à chaque of-
fice d’exploiter les travaux effectués
précédemment par l’autre.
Pour Jon Dudas, sous-secrétaire du
commerce pour la propriété intel-
lectuelle et directeur de l’USPTO, “ce
programme pilote est un important
pas en avant dans les efforts de
coopération entre l’USPTO et l’OEB
pour gérer la charge de travail. Il
nous permettra de profiter des tra-
vaux de chacun et de réduire ainsi
nos arriérés, tout en préservant une
qualité de brevets élevée”.
Le “Patent Prosecution Highway”
permet au demandeur dont la de-
mande déposée auprès de l’OEB
ou de l’USPTO comporte au moins
une revendication admissible, de
requérir auprès de l’autre office un
examen accéléré des revendica-
tions figurant dans les demandes
correspondantes. Toutes les condi-
tions de participation au pro-
gramme pilote seront disponibles
avant sa mise en œuvre sur le site
de l’OEB et sur le site de l’USPTO.
Cette initiative expérimentale vise
à évaluer l’intérêt des demandeurs
et à déterminer si le programme
améliore l’efficacité et la qualité,
tout en réduisant la charge de tra-
vail de chaque office. La période
d’essai sera fixée à un an, mais
pourra être prolongée ou écourtée,
en fonction du volume d’activité et
d’autres facteurs. Source: OEB
Pour la première fois au mois de mai, l’Académie de
l’OMPI a fait ses valises pour aller donner à l’université
Chulalongkorn de Bangkok (Thaïlande) un cours d’été
de deux semaines qui a attiré 27 étudiants et jeunes
professionnels de neuf pays. L’objectif des cours d’été
est de donner aux participants une connaissance
d’ensemble des enjeux internationaux de la propriété
intellectuelle et de son importance comme outil de
développement, ainsi que de leur présenter le rôle et
les fonctions de l’OMPI.
Interrogé à l’issue du cours, Fabian Hafenbrädl, étudiant
à l’Institut Max Planck de droit de la propriété intellec-
tuelle, en Allemagne, a observé: “Mes études de droit
sont axées sur la législation allemande et européenne.
Le cours d’été de l’OMPI m’a aidé à mieux comprendre
les enjeux internationaux”. Zhao Zhao, une Canadienne
qui étudie à l’université George Washington, aux États-
Unis d’Amérique, a déclaré pour sa part: “Grâce au cours
d’été, je sais maintenant quels sont les domaines de la
propriété intellectuelle qui me passionnent vraiment”,
tandis que Romeo Jr. A. Sustiguer, un jeune cadre des
Philippines, ajoutait: “Le logo de l’OMPI sur le certificat
contribue à ma crédibilité en tant que professionnel
des technologies de l’entreprise.”
Les prochains cours d’été de l’OMPI auront lieu en Croa-
tie (du 30 août au 11 juillet), au Mexique (du 28 juillet au
8 août) et en République de Corée (du 11 au 22 août).
Les frais d’inscription s’élèvent à 300 dollars pour les étu-
diants et 500 dollars pour les jeunes cadres.
Pour plus de renseignements:
www.wipo.int/academy/en/courses/summer_school/index_all.html
Premier cours d’été de l’OMPI en Thaïlande
Programme pilote Patent Prosecution Highway
Des Pringles et des cendres
Celui qui avait créé l’emballage distinctif des chips Pringles pour la compagnie Proc-
ter & Gamble nous a quittés, emportant dans la tombe l’invention dont il était si
fier. Frederic J. Baur, chimiste et technicien en stockage des produits alimentaires à
la retraite décédé au mois de mai à l’âge de 89 ans, avait en effet demandé, dans ses
dernières volontés, à ce que ses cendres soient enterrées dans un tube de Pringles.
Selon un archiviste de Procter & Gamble, M. Baur avait obtenu en 1970, suite à une
demande déposée en 1966, un brevet pour sa boîte cylindrique et pour la mé-
thode d’emballage par empilement des chips à la forme ondulée Pringles.
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Le Magazine de l’OMPI a publié, voici trois ans, un arti-
cle sur notre projet de construction d’école dans le vil-
lage de Gando, au Burkina Faso (Créateurs modèles –
Diébédo Francis Kéré, ar-
chitecte; n° 3/2005).
C’est d’ailleurs ainsi
que beaucoup de
gens en ont entendu
parler pour la pre-
mière fois.
Cette école compte
aujourd’hui plus de
450 élèves, et nous
aurons bientôt terminé
la construction d’un
nouveau bâtiment,
avec quatre salles de
classe supplémen-
taires. Nous travaillons
aussi ailleurs. La photo
ci-jointe montre l’an-
nexe d’une école se-
condaire en latérite –
un matériau courant dans notre région – que nos
gens ont terminée récemment pour une ONG à envi-
ron 600 km de Gando.
C’était le premier contrat rémunéré pour les ouvriers,
tous des jeunes de Gando qui ont été formés sur les
projets réalisés dans le cadre du programme de notre
association Schulbausteine für Gando (Des briques
pour l’école de Gando). Le résultat a été accueilli avec
une grande fierté, non seulement par les membres
de la communauté de Gando, mais aussi à travers
tout le Burkina Faso.
C’est avec humilité, mais aussi avec fierté, que je vois
se réaliser ce rêve, que nous avons commencé voici
quelques années. Ce projet prouve qu’il est possible
de présenter des technologies nouvelles à des mem-
bres d’une communauté pauvre et de leur montrer
comment les utiliser pour construire des habitations
meilleures et plus durables.
Je suis fermement convaincu que c’est grâce à des
projets de ce genre, utiles aux gens dans leur vie de
tous les jours, que nous pourrons amener des chan-
gements dans cette région, que l’on entend si souvent
qualifier de cas désespéré. L’expérience m’a appris que
l’on ne peut pas changer les choses en restant assis
derrière un bureau, à regarder les problèmes de loin.
Dans une culture comme la mienne, marquée par une
crise éducationnelle et où l’accès à l’information est
pratiquement inexistant, on ne peut y arriver qu’en
montrant l’exemple, par des projets où les gens tra-
vaillent ensemble, les uns pour les autres. Ce n’est pas
la méthode la plus rapide ni la plus pratique, mais si on
se place dans une perspective de long terme, c’est la
méthode la plus durable.
Pour l’instant, nous avons une très forte demande de
construction de nos modèles dans d’autres villages,
et nous espérons pouvoir y faire face. Nous voudrions
aussi construire et équiper un centre de recherche du
bâtiment dans le village où je suis né. Nous pourrions
y étudier des matériaux et des techniques de
construction. Ce serait en même temps un centre de
formation où les jeunes pourraient apprendre ces
techniques. De plus, les échanges internationaux d’ex-
perts techniques et d’étudiants seraient encouragés
tout particulièrement. Je voudrais que la construction
de ce centre serve à établir solidement et pour le long
terme les principes d’une construction adaptée au cli-
mat de ma région natale.
Je suis reconnaissant au Magazine de l’OMPI et à
toutes les autres personnes qui ont accordé de l’im-
portance à mon travail et lui ont donné une couver-
ture médiatique.
Diébédo Francis Kéré
Architecte et fondateur de Schulbausteine für Gando
Burkina Faso
Construire pour un changement durable – École de Gando
JUIN 200826Ph
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Les lettres des lecteurs sur des sujets abordés dans les articles du Magazine de l’OMPI et sur d’autres questions d’ac-
tualité dans le domaine de la propriété intellectuelle sont les bienvenues. Elles doivent être adressées au rédac-
teur en chef, soit à l’adresse électronique [email protected], soit par télécopieur ou par courrier postal aux
coordonnées figurant au dos du Magazine. Les lecteurs sont priés d’indiquer leur adresse postale. Nous som-
mes au regret de ne pas pouvoir publier toutes les lettres reçues. Le rédacteur en chef se réserve le droit de mo-
difier ou d’abréger les lettres (l’auteur sera consulté si des modifications importantes sont nécessaires).
COURRIER DES LECTEURS
Il est encore tôt pour tirer des conclusions définitives, mais il semble bien que la stra-
tégie de dépôt de marques et de concession de licences que nous avons adoptée
dans notre pays commence déjà à améliorer la vie des 15 millions d’Éthiopiens qui dé-
pendent du secteur caféicole. Grâce à cette initiative et à la publicité donnée à l’affaire
Starbucks, les cafés fins éthiopiens sont plus connus, et les producteurs sont en meil-
leure position pour négocier leurs prix. Il s’est créé un cadre de promotion conjointe
qui satisfait à la fois les besoins des acteurs de la filière du café et ceux des consom-
mateurs. Bien qu’aucune étude d’impact n’ait encore été effectuée et qu’un certain nombre de facteurs puissent
avoir contribué à l’augmentation du prix des cafés fins, on peut s’attendre à ce que les mesures d’amélioration
de la qualité mises en place par le gouvernement et les agriculteurs, le cadre coopératif et la position commer-
ciale améliorée résultant de l’initiative assurent le maintien de cette augmentation des prix au cours des années
à venir.
L’initiative vise à faire ressortir toute la valeur immatérielle attachée à nos trois variétés de café fin et à augmen-
ter la part qui revient aux caféiculteurs. Elle présente aussi l’avantage d’inverser la tendance désastreuse qui fai-
sait que les agriculteurs arrachaient des plants de café traditionnels, comme le Harar, pour cultiver à la place un
narcotique nommé khat.
De nombreux pays en développement considèrent que la propriété intellectuelle profite principalement aux
États-Unis d’Amérique, à l’Europe et au Japon. C’est une erreur. La propriété intellectuelle, si elle est utilisée adé-
quatement, peut remplir les besoins de pays comme l’Éthiopie. Je crois personnellement que tous les pays, qu’ils
soient pauvres ou riches, ont la capacité de créer des actifs de propriété intellectuelle.
Getachew Mengistie, Directeur général, Office éthiopien de la propriété intellectuelle
Une nouvelle image de marque pour les cafés d’Éthiopie…
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Les lecteurs de votre article de
l’année dernière sur l’Éthiopie et la
société Starbucks (Quand l’origine
compte: Deux cafés; Magazine de
l’OMPI n° 5/2007) seront peut-être
intéressés par la nouvelle de la
création de la marque d’identité
Ethiopian Fine Coffees (Cafés fins
d’Éthiopie) et de son dévoilement,
le 4 mai dernier, à l’occasion d’une
réunion des parties prenantes et
des distributeurs autorisés. C’est à
l’agence Brandhouse que le gou-
vernement éthiopien a confié le
soin d’élaborer une identité glo-
bale, susceptible de représenter
adéquatement les variétés de
cafés fins du pays et de les élever
au rang qui doit être le leur, parmi
les meilleurs aliments et boissons
de la planète.
La grande qualité des cafés d’Éthio-
pie étant extrêmement peu
connue, tant des négociants et dis-
tributeurs que des consommateurs,
il était essentiel de créer une
marque globale simple, facile à re-
tenir et instantanément reconnais-
sable, disant haut et fort “Éthiopie” et
évoquant l’excellence et la diversité
de ces produits. Brandhouse tenait
aussi à exprimer tout le dynamisme
et l’énergie du pays et à saisir tout
l’éclat et la vitalité de ses couleurs,
afin de rendre justice aux variétés
Yirgacheffe, Harar et Sidamo. Eu
égard à la richesse de l’histoire de
l’Éthiopie et à la diversité de ses
peuples, l’agence devait également
faire preuve de sensibilité culturelle
et créer une identité dont toutes les
personnes employées dans l’indus-
trie du café seraient fières.
Le cœur de la marque est donc un
grain de café stylisé en forme de let-
tre ‘E’ (ou une lettre ‘E’ stylisée en
forme de grain de café) qui établit
un lien fort entre la nation et le pro-
duit. Étant destiné à être vu par des
publics très divers et utilisé de ma-
nières très variées à travers le
monde, le symbole devait impérati-
vement avoir un caractère universel
et être facile à reproduire, que ce soit
par les distributeurs autorisés sur les
emballages de vente au détail ou
simplement au pochoir, par exem-
ple sur un sac de café Sidamo.
Crispin Reed, directeur général,
Brandhouse
Londres, R.-U.
…pendant que les caféiculteurs commencent à récolter les fruits de la propriété intellectuelle
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I.
La Journée mondiale de la propriété intellectuelle estdéjà passée. Elle avait pour thème, dans le monde en-tier, la nécessité de protéger les droits de propriété in-tellectuelle. C’est pourquoi j’ai trouvé que la mise enplace non autorisée, la veille, d’un “torrent” permettantle partage poste-à-poste (P2P) d’un livre que j’ai contri-bué récemment à écrire ne manquait pas d’ironie. Sur-tout si j’ajoute que le livre en question explique auxchefs d’entreprise, spécialistes en sécurité et autrescomment s’y prendre pour protéger leurs actifs de pro-priété intellectuelle.
Devrais-je en être fier, me suis-je demandé avec un cer-tain amusement? Ce n’est pas tous les jours, en effet,que le titre d’un livre – Secrets volés, fortunes perdues– devient réalité! Mais les réseaux P2P sont là pour per-mettre aux gens de télécharger illégalement les œu-vres de création d’autrui, et cela sans payer. Ou, pourmettre les choses dans une perspective plus person-nelle, pour voler la créativité et les idées expriméesdans “mon” livre. L’amusement s’estompe tout à coup, laréalité s’impose, et mon humeur change – “Arghh!”
Regardons-le d’un peu plus près, ce modèle d’affairesparasite. Une recherche sur Google effectuée en tapantle titre du livre accompagné du mot-clé torrent m’adonné pas moins de 110 résultats – c’est quand mêmebeau, la célébrité! Les sites vers lesquels pointaient lesliens ainsi trouvés se disaient bibliothèques de l’avenir,distributeurs de livres électroniques gratuits, etc. Mais
comment, me suis-je demandé, ce “commerce” non au-torisé se finance-t-il?
Les recettes “licites” sont fournies par la publicité. Cha-cun des utilisateurs qui s’enregistrent pour avoir le droitde télécharger un contenu devient, pour le propriétairedu site, un membre/utilisateur/lecteur confirmé, quipeut dès lors être proposé aux annonceurs, car il re-présente pour ces derniers un acheteur potentiel. Enoutre, les annonces contextuelles de Google, Yahoo,MSN et autres génèrent des recettes supplémentaireschaque fois qu’elles conduisent un internaute vers lesite de l’annonceur – autre tintement, quoique moinssonore, du tiroir-caisse virtuel.
La partie “illicite” des recettes débute lorsque l’adresse decourrier électronique de l’utilisateur confirmé est ven-due à des mécréants fabricants de logiciels espions etautres “maliciels”. Les fichiers qui sont alors proposés aumalheureux sont accompagnés – gratuitement, bien sûr!– de codes ayant pour objet de le dépouiller de certainesdonnées personnelles. Et en prime, lorsqu’il tente de fer-mer une fenêtre il peut se trouver redirigé involontaire-ment vers des sites douteux – les bas-fonds de la toile.
La vie est parfois amusante quand on l’observe avec dé-tachement. Elle le devient beaucoup moins lorsque l’oncommence à comprendre ce qui s’y passe vraiment. Ilne reste plus alors qu’à trouver le moyen de remettre ledentifrice dans le tube!
Les licences obligatoires ne sont pas une solution pour les pays pauvres
Christopher Burgess(d’après un article paru
dans SC Magazine)Coauteur de
Secrets Stolen, Fortunes Lost:
Preventing Intellectual
Property Theft and
Economic Espionage
in the 21st Century
(mars 2008, Syngress),Washington.
JUIN 200828
Nul doute qu’à la réunion de l’As-semblée mondiale de la santé,cette semaine, des activistes vien-dront clamer une fois de plus laconviction mal fondée selon la-quelle les brevets sont un obstacleà l’accès des pauvres aux médica-ments essentiels. Une étude réali-sée en 2004 et publiée dans lejournal Health Affairs1 permet pour-tant de constater que les médica-ments brevetés représentent moinsde 2% des produits énumérés surla Liste modèle de l’OMS des médi-caments essentiels.
La situation sanitaire désastreuseque connaît une grande partie del’Afrique n’est pas due aux brevets.À quoi servirait même la gratuitédes médicaments si les patientscontinuent à boire de l’eau puiséedans des rivières polluées, à utiliserpour le chauffage et la cuisson lescombustibles traditionnels créa-teurs de problèmes respiratoiresque sont le bois et les bouses d’ani-maux ou à partager leur lit avec des
moustiques porteurs de malariavenus des dépotoirs à ciel ouvert?
Ce ne sont pas les brevets qui em-pêchent l’accès équitable aux soinsde santé des femmes enceintesquand ceux qui les aident à accou-cher travaillent avec un matérielmédical moribond et quand leursnouveau-nés sont couchés nus, àmême des sols de terre battue.
Ajoutez à cela l’inadéquation desassurances, les administrateurs quine rendent de comptes à personne,les taxes d’importation exorbitantesqui frappent les médicaments, lesproduits pharmaceutiques contre-faits, le mauvais état des routes, l’in-suffisance du personnel médical, ladécrépitude des établissements desanté et la corruption, et vous sau-rez quel est le véritable contexte dela santé, celui que de nombreux ac-tivistes feignent d’ignorer.
Nombreux sont, en revanche, lespays en développement qui sou-
tiennent ardemment le systèmedes licences obligatoires, tout en ré-clamant de la part des investisseursprivés qu’ils financent la rechercheet le développement de nouvellesmolécules pour combattre les ma-ladies de la pauvreté. Mais com-ment fait-on pour convaincre unactionnaire d’investir en recherche-développement si l’invention quien résultera a toutes les chancesd’être accueillie par des préjugésd’idéologues plutôt que par desprincipes économiques rationnels?
Ce n’est pas en cassant les brevetsde médicaments et en paralysant lacréation de produits pharmaceu-tiques destinés à sauver des viesque les pays pauvres améliorerontles soins médicaux. Nos gouverne-ments ont besoin qu’on les aide àadopter les politiques économiquesprudentes qui auront les meilleureschances de leur donner une infra-structure de santé bien conçue etd’assurer la santé des pauvres.
Franklin CudjoeRédacteur en chef de
www.africanliberty.org
et directeur exécutif ducentre de réflexion IMANI,
Ghana.
Le P2P – Un modèle d’affaires parasite
1 http://content.healthaffairs.org/cgi/content/full/23/3/155
Tout en vous félicitant pour la qualité du Magazine de l’OMPI, je tiens à vous faire partde mon étonnement de voir que l’auteur de l’article Bienvenue dans le domaine public(publié dans le n° 1/2008) inclut Maurice Ravel dans la liste des auteurs dont les œu-vres tombaient dans le domaine public à la fin de l’année 2007. En effet, les deux loisfrançaises ayant institué des prolongations de la protection en raison des deux guerresmondiales sont toujours en vigueur, et dans le cas particulier des musiciens, quiétaient déjà protégés en France pendant 70 ans avant la directive européenne de
1993 harmonisant la durée des droits, ces prolongations subsistent.
Certains de vos lecteurs seront peut-être intéressés par un billet que j’ai eu l’occasion d’écrire à ce sujet dansle blog du Bulletin des bibliothèques de France, sous le titre “Durée des droits d’auteur et musique: Ah Dieu,que la guerre est jolie!” (http://blogbbf.enssib.fr/?2007/03/23/151-duree-des-droits-dauteur-et-musique).
Yves Alix, Rédacteur en chef, Bulletin des Bibliothèques de France
Note de la rédaction: Toutes nos excuses! L’erreur avait été relevée par nos collègues spécialistes de la Divi-sion du droit d’auteur, et dûment corrigée dans le Magazine en ligne. À notre grand regret, la version im-primée a toutefois été diffusée telle quelle.
Les œuvres de Ravel ne sont pas encore dans le domaine public
Je vous écris pour informer voslecteurs des grands progrès ac-complis cette année par la fonda-tion Authentics dans le cadre deson action de sensibilisation auxincidences négatives de la contre-façon. La fondation est une orga-nisation internationale sans butlucratif dont l’objectif est d’infor-mer les consommateurs, sur leterrain et par l’intermédiaire del’Internet, afin qu’ils sachent déce-ler les copies et comprennent lepréjudice que causent à notreéconomie et à notre monde lesachats de produits contrefaits.Nous avons organisé sur le thèmeFakes cost more un sommet quis’est tenu le 10 mars dernier àBruxelles (Belgique). L’allocutiond’ouverture a été prononcée parM. Jose Manuel Barosso, présidentde la Commission européenne, enprésence du mannequin Yasmin
LeBon et de la comédienne AliceTaglioni. Cette manifestation a étésaluée par la presse internationaleet son message – les faux coûtentplus cher – a été entendu par desconsommateurs du monde entier,des pays de l’Union européennejusqu’au Moyen-Orient et en Chine.
À notre époque, rien n’échappe àla contrefaçon, et cela n’était nullepart plus évident qu’à l’expositiontenue pendant le sommet Fakescost more, où chaque faux était ac-compagné d’une notice expli-quant ce qui en faisait un dangerpour la santé ou la société. Il yavait de tout: des plaquettes defrein de piètre qualité, des batte-ries dangereuses, des médica-ments mortels, et même unefausse Ferrari P4 – dont l’original aété produit à seulement quatreexemplaires par le constructeur –qui a reçu une attention considé-rable de la part des médias, vuqu’un réseau de contrefaçon deFerrari venait justement d’être dé-mantelé la semaine précédenteen Italie. Les visiteurs ont été par-ticulièrement réceptifs aux misesen garde relatives aux risquesposés par les fausses pièces déta-chées pour automobiles.
L e s i t e d e l a f o n d a t i o n ,www.myauthentics.com, expliqueaux consommateurs commentacheter intelligemment et sansdanger. Il a reçu cette année la vi-site de dizaines de milliers d’inter-nautes et était conseillé par lasociété eBay, dans sa récentecampagne de lutte contre lacontrefaçon, aux personnes dési-reuses de s’informer d’une ma-nière plus approfondie sur cephénomène. Grâce à des initia-tives innovantes, la fondation Au-thentics fait passer son message àun public de plus en plus impor-tant, par exemple par des présen-tations dans des universités, surdes sites de réseautage social etautres. Elle est convaincue qu’unconsommateur à qui on a faitprendre conscience de toutes lesrépercussions du commerce desproduits de contrefaçon cesserapour toujours d’en acheter.
LiliAna AndreanoRédactrice en chef de la fondationAuthentics
Les faux coûtent plus cher
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